K NAN NN À Wa PA IN D LE LAN RRES à NAN LEXLE 7, S N= 7, IN = 7 Ÿ 2 LA “4 A AN A] Ï À g DNS 22 SK L AA JE NV = 4. EE AA | san >: +7 RCE « 8 1 UN x, re se: ra n “ . à : ï “ v FL ga Je + Ne = à | ACER A M'A Fig \ h HR ; | ni F5 Î 3 "7 M M À 4 4 LALUR 18 h f NH ARCHIVES NÉERLANDAISES SCIENCES EXACTES ET NATURELLES/ PUBLIÉES PAR ; LA SOCIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES A HARLEM, ET REDIGÉES PAR ‘- E. H VON BAUMHAUER Secrétaire de la Société AVEC LA COLLABORATION DE MM. R. van Rees, J. van der Hoeven, D. Bierens de Haan, C. A. J. A. Oudemans et W. Koster. TOME PREMIER. Te PERTE mo AHSA Y L u Î Ke. 1993 P LIBRARIES LA HAYŸE, MARTINUS NIUHOFF, : | 1866. bai TABLE DES MATIÈRES. Programme de la Société Hollandaise des Sciences à Harlem nee Do D. en di el. Pag. I—XI1. a ODDe Lii..:ll.. cie... ie. ne Aer "XIII et XIV. E. H. von Baumnauer, Sur le Taret et les moyens de préserver le a ui Le ue nn... Pag. 1. R. Logarro, Remarques sur une formule de M. E. Reboul pour évaluer M 2 d'une assurance de SUEVIE. ..........4.:.1.t/...1...:... nr. 46. P. J. van KerckHorr, Sur la Classification des radicaux organiques EM Ab BOTiS. MUTRElS. ee. deu... eue Le mr. 63. =. De l’atomicité et de l’affinité............... HN 0 E, WW. van Eenen, Notice sur le Bolet Parasite.…..........1...... » . 80. G. J. Murper, Matériaux pour servir à l’histoire de l’eau en combi- naison chimique, Extrait communiqué par M. E. Mulder ......... AU 88 C. H. D. Buiss BarzoT, Formation et discussion des équations Fo le côté et les diagonales du polysone résulier ur. "nee HIS OT R. Logarro, Note sur la formation des équations, qui font connaître le coté et les diagonales des polygones réguliers. ................ » 115. M. J. Banon GuyBen, Nouvelle note sur la formation des équations, dont les racines sont les côtés et les diagonales, qui émanent d’un EME SOMME d'un polygone régulier... ..........,...,...)..:.. ” 131. G. J. Muzper, La chimie des huiles siccatives et ses CURE » 141. E. H. von Baummauer, Sur l'analyse organique... ............... y AT. F. Kaiser, Sur la détermination absolue de l'erreur personnelle dans les observations LÉO EN 00e 22e Me ar qu Lotus 198. W. F. R. SuRINGAR, La sarcine de l'estomac; recherches sur la nature végétale, la structure anatomique et les lois qui président au déve- Lbnement de Cet DrpanISme, 4. ” 209. J. VAN DER Hozven, Embryogénie des planaires d’eau douce par 272 ACIER ES A A cs A A EE W. Koster, Sur la signification morphologique de l'os occipital et des deux vertèbres cervicales supérieures... .................... 70978) II TABLE DES MATIÈRES. F. E. Vos, Absence partielle, à l’un des côtés du corps, du cordon limite. du sympathique. ..,:. 21/0’ ARR Te Pag. 293. À. Beester, Jz., Recherches électrolytiques,. J. VAN DER Ho ven, Considérations sur le genre Ménobranche et sur ses affinités naturelles. .21.2910 Pat Ries nr ATEN ST Se Note additionnelle —— Note sur le carpe et le tarse du Cryptobran- chus Japonicus ses s se ee ee + Sos ess ss sens ss ss ss Dr. T, Zaaïser, Recherches sur la forme du bassin des femmes Jayanaisess 0,0) ie Sen A TS E. H. von BaAumHAUER, Sur l’Aréomètre normal.................. F. J. SramkarT, Sur l’influence de l’action capillaire et de la pres- sion de l’air dans la construction et l’emploi des aréomètres. — Détermination expérimentale de la quantité de liquide soulevée par l’action capillaire à la surface extérieure des tubes............... C. A. J. À. Oupemans, Sur l’origine des stomates de quelques espèces d'ARBIMIA, 2. 5421.48. SUR PU SN NS AR RES SE F, C. Donpers, La vision binoculaire et la perception de la troisième dimension. 2} VAL LR RER SP AN AR ARENR RER ROUE LT H. W. SCHROEDER VAN DER KoOLKk, Sur la théorie de la dissociation de M. ° Samte-Clare! Deville. 0 ROSE NNeRSS À. C. Oupemaxs, Sur la densité de l’acide acétique hydraté et des mélanges d’acide acétique hydraté eb d’eau ..........,......... E. H. von Baumnaugr, Sur le fer météorique, de Prambanan dans le- district de Soerakarta ftle de Java 0 0 700 RS F. W. van Eenen, L’asclepias cornuti Dre naturalisée dans les dunes maritimes de la Hollande... rat W. Koster, Remarque sur la signification du jaune de l’œuf des Oiseaux, comparé avec l’ovule des Mammifères. ................. [4 [/4 [/4 469. 472. PROGRAMME DE LA Société Hollandaise des Sciences à Harlem, POUR L'ANNÉE 1866. La Société Hollandaise des Sciences a tenu, le 19 Mai 1866, sa cent-quatorzième séance annuelle. La séance fut ouverte par le Directeur-Président, M. L. J. Quarles van Ufford, qui rappela les pertes éprouvées par la Société depuis la dernière assemblée générale, et rendit hommage aux mérites des défunts: M. F. A. baron van Hall, directeur de la Société, MM. H. J. Halbertsma et R. Lobatto, membres regnicoles et J. G. Forchhammer, de Copenhague, membre étranger. Le pré- sident donna ensuite connaissance de la nomination de M.M. J. À. Willink Wz., H. Hoeufft van Velzen et A. van Stralen, aux fonctions de Directeurs de la Société. Le Secrétaire fit connaître que, depuis la dernière séance générale, les parties suivantes des publications de la Société avaient paru : 1°. Mémoires, Tome XXII, 2e partie: J. Brissez, Ueber die Bryozoen der Aachner Kreidebildung. | 20. Mémoires, Tome XXIII, W. SARTORIUS VON WALTERSHAUSEN, Untersuchungen über die Klimate der Gegenwart und der Vorwell, mit besonderer Berücksichtigung der Gletscher- Erscheinungen in der Diluvialzeit. 3°. Archives Néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, Tome I, 1e et 2e livraisons. NOV + o 4089 Il PROGRAMME 1866. Le Secrétaire communiqua ensuite : 1°. Que Mr. le Prof. T. Zaaïjer de Leïden, avait offert à la Société, pour être publié par ses soins, un mémoire écrit en allemand: Untersuchungen über die Form des Beckens Javanischer Frauen, et que les Directeurs avaient décidé, sur l’avis de juges compétents, d'accueillir ce mémoire dans les publications de la Société. 2°. Qu'il avait été envoyé un mémoire allemand en réponse à la question IIT, page 3, du Programme de 1865: La Société demande une myologie comparée des membres antérieurs des reptiles et des oiseaux, mise en rapport avec la dénomination des muscles correspondants ou homo- logues chez les mammiféres et surtout chez l’homme. À l'unanimité des voix, il a été décidé par la Société d'accorder à l’auteur de ce mémoire la médaille en or et, en outre, la prime de 150 florins; à condition qu’il ajouterait à. son travail les figures reconnues nécessaires par les juges du concours, et que la biblio- graphie de la matière serait traitée d’une manière plus complète. L'ouverture du billet a fait connaître que l’auteur du mémoire était M. Nicolas Rüdinger, Dr., adjoint royal et prosecteur à l'Institut anatomique de Munich. 3°. Que la Société avait reçu deux mémoires, tous deux en allemand, en réponse à la question VIII, page 4, du Programme de 1865: L'origine de plusieurs roches nous est encore inconnue; la Société désire qu’au moins une roche, au choix de l’auteur, soit examinée en vue de décider si elle a été déposée d’une dissolution dans l’eau ou bien formée par la solidification d’une masse fondue par la chaleur. La Société a décerné, à l'unanimité des voix, la médaille d'or à chacun de ces deux mémoires, dont l’ouverture des billets a fait connaître les auteurs: M.M. Louis Dressel S. J. de Maria- Laach en Prussse, et Ernest Weiss, Dr. en Sc., Professeur à l’école royale des mines de Sarbruggen. On a nommé membre de la Société Mr. W. Koster, membre PROGRAMME 1866. til de l’Académie royale des Sciences, professeur à la faculté de médecine d’Utrecht. Ont été nommés membres de la Commission de rédaction des Archives Néerlandaises des sciences exactes et naturelles, MM. C. À. J. À. Oudemans et W. Koster, membres de la Société. La Société à mis, cette année, au concours les questions sui- vantes, auxquelles elle demande qu'on réponde avant le 1er Janvier 1868. I. La Société demande une description, accompagnée de figu- res exactes, des appendices coecaux du pylore chez les poissons ; elle désire en même temps des recherches nouvelles sur la petite glande que Stannius et Brockmann ont fait connaître comme pancréas chez certains poissons osseux. IT. La Société demande la détermination exacte des forces élec- tro-motrices pour au moins six éléments galvaniques: il faudra tenir compte du degré de concentratiou des liquides employés, ainsi que de la température. IT. Malgré les recherches qui ont été publiées, tout récemment encore par À. Paalzow (Pogg. Ann. CXXVII, page 126), sur la chaleur de l’étincelle électrique, il reste encore beaucoup d’in- certitude relativement à la connexion qui existe entre cette cha- leur et la résistance. La Société demande qu’on étudie cette connexion. IV. La Société demande des recherches sur la transformation des corpuscules blancs du sang en corpuscules rouges. Comment se fait cette transformation, et à quelles causes doit-on l’attribuer ? V. On demande une description anatomique de Chionis alba Forster, accompagnée des figures nécessaires, et qui permette de fixer, par comparaison, la place que ce genre doit occuper dans la classification naturelle des oiseaux. LV PROGRAMME 1866. VI. La chaleur obscure peut amener les corps à l’état d’in- candescence. La Société désire que ce fait soit étudié de nouveau et exactement apprécié. VII Nous ne possédons pas encore une connaissance exacte des roches volcaniques de Java, surtout des roches les plus anciennes, qui forment l’assise fondamentale des volcans, et qu’on a regardées quelquefois comme des basaltes, des porphyres, des diorites, où même comme des syénites. La Société demande une détermination et une description minéralogiques d’au moins une trentaine de ces roches. Les échantillons devront être choisis de manière à caractériser les différentes phases de l’histoire des volcans; il sera donc né- cessaire d'indiquer, avec précision, la position géologique de chacun de ces échantillons. | L'auteur du mémoire couronné sera tenu de remettre à la Société des exemplaires des roches décrites. VIII. Les figures, dites de Widmanstädt, que la corrosion par l'acide nitrique produit à la surface du fer météorique, paraiïs- sent indiquer la présence, dans les différentes masses de fer mété- orique, d’alliages définis du fer, principalement avec le nickel et le cobalt. La Société désire qu’on entreprenne de déterminer la composition de quelques-uns de ces alliages définis, et, en même temps, qu'on essaie de faire apparaître les mêmes figures sur des mélanges artificiels de fer, de nickel et de cobalt. IX. La Société demande une description géologique de Sumatra. X. La Société demande une description géologique des allu- vions fluviatiles de Surinam, aussi bien des plus récentes, qui continuent à se déposer de nos jours, que des alluvions ancien- nes qui forment les bords des rivières en dessus des points où la marée cesse de se faire sentir. PROGRAMME 1866. V XI. La Société demande des recherches expérimentales sur le rapport qui existe entre le degré de trempe du verre et son pou- voir dispersif. XII Les expériences de Fizeau (Cosmos, 5 Juillet 1865) sur la propagation de la lumière à travers les corps, à différentes températures, semblent indiquer que l’eau n’est pas la seule sub- stance qui présente un maximum de densité à une température déterminée. La Société désire qu'on examine un certain nombre de corps à ce point de vue. XIII. Il résulte des recherches de Melsens (Cosmos, 2 août 1865) qu’en présence de plusieurs métaux différents, l'électricité de tension ne cherche pas toujours sa voie à travers ceux qui passent généralement pour les meilleurs conducteurs. La Société demande qu’on soumette ce fait remarquable à un nouvel examen. La Société rappelle qu’elle a proposé les années dernières les questions suivantes pour qu'il y soit répondu avant le premier Janvier 1867. IL. Les poissons de l'archipel Indien ont été l’objet des recher- ches d’un savant hollandais. La Société désire que les autres vertébrés de ces îles, surtont ceux de Borneo, de Celèbes et des Moluques, et avant tout ceux de la Nouvelle Guinée soient sou- mis à un pareil examen. Elle décernera sa médaille d’or au naturaliste qui lui enverra, soit la description de quelques espè- ces nouvelles de mammifères, d'oiseaux ou de reptiles de ces îles, soit un mémoire contenant des faits nouveaux et remarqua- bles sur la structure et la manière de vivre de quelques-uns de ces animaux. VI PROGRAMME 1866. II. La Société demande une détermination aussi exacte que possible des erreurs des tables de la lune, qu'on doit à M Hansen, par les occultations des Pleïades, observées pendant la dernière révolution du noeud de l'orbite lunaire. III. Le célèbre mécanicien Ruhmkorff a obtenu des étincelles d’une longueur extraordinaire par les machines d'induction qui portent son nom. La Société désire voir déterminer par des recherches théoriques et expérimentales les lois qui régissent la longueur et l'intensité de ces étincelles dans des machines de grandeur et de construction différentes. IV. Quelle différence y a-t-il entre la perception des sons avec une seule et avec deux oreilles ? La Société demande des recher- ches précises sur cette différence et en général sur l'influence de l'audition biauriculaire. V. D’après les recherches de M. Pasteur et d’autres savants la fermentation est due au développement de cryptogames et d’infusoires. La Société demande à ce sujet des recherches nou- velles et positives, et, dans le cas où les résultats de M. Pasteur se trouveraient confirmés , une description exacte de ces plantes et de ces animaux et de leur mode d’action. VI. Quelle est la meilleure construction de bateaux à vapeur, destinés à débarrasser les rivières des amas de glaçons qui ob- struent leur cours? La Société désire qu’en répondant à cette question on tienne bien compte de tout ce que la pratique a déjà décidé sur ce sujet, tant dans notre pays qu'ailleurs. VII. A l'exception de quelques terrains sur la frontière orien- tale du Royaume des Pays-Bas, les formations géologiques de ce pays recouvertes de terrains d’alluvium et de diluvium ne sont encore que fort peu connues. La Société désire recevoir un exposé de tout ce que les forages exécutés en divers lieux et d’autres PROGRAMME 1866. VII observations pourraient faire connaître avec certitude sur la nature de ces terrains. VIII. On sait, surtout par le travail de M. Roemer à Breslau, que plusieurs des fossiles que l’on trouve près de Groningue appartiennent aux mêmes espèces que ceux que l’on trouve dans les terrains siluriens de l’île de Gothland. Ce fait a conduit M. Roemer à la conclusion que le diluvium de Groningue a été transporté de cette île de Gothland; mais cette origine paraît peu conciliable avec la direction dans laquelle ce diluvium est déposé, direction qui indiquerait plutôt un transport de la partie méridi- onale de la Norvège. La Société désire voir décider cette ques- tion par une comparaison exacte des fossiles de Groningue avec les minéraux et les fossiles des terrains siluriens et autres de cette partie de la Norvège, en ayant égard aussi aux modifica- tions que le transport d’un pays éloigné et ses suites ont fait LI subir à ces minéraux et à ces fossiles. IX. La combustion de l'acier, du fer et d’autres métaux dans l'oxygène est accompagnée de l’apparition d’une multitude de particules incandescentes, qui jaillissent de la surface du corps en combustion et que l’on retrouve après l'expérience au fond du vase dans lequel la combustion s’est opérée. Le même fait sobserve dans l’arc lumineux électrique d’une forte pile entre deux rhéophores métalliques, dont un du moins est en fer ou en acier. . La Société demande une explication, fondée sur des recherches nouvelles et décisives, de la cause de ce phénomène. . X. On demande une continuation des recherches remarquables de M. Brewster sur les liquides et les gaz qui remplissent les petites cavités que l’on trouve parfois dans les minéraux cristallisés. XI. La Société demande une comparaison anatomique exacte entre le squelette du Cryptobranchus Japonicus et celui des sala - VIII PROGRAMME 1866. mandres fossiles d'Oeningen, ainsi que celui de la salamandre de Roth. | XII. La Société demande une description exacte, avec des figures, du squelette et des museles de Sciurus vulgaris, com- parés à ce que l’on sait, sur ce sujet, des Lemurides et des Chi- romys, pour que la place à assigner à ce dernier genre dans la classification naturelle puisse être déterminée avec plus de sûreté qu'il n’a été possible jusqu'ici. XIII. La Société demande une description anatomique, avee des figures, du Potto américain (Cercoleptes Illiger, Vivera cau- divoluula Pallas), comparée à la structure d’autres mammiféres, comme MNasua et Procyon et à celle des quadrumanes. Elle recommande principalement à l'attention de l’auteur la communication de M. Owen (Proceedings of the Zoologic. Society 1835, p. 119—124). XIV. La Société désire que l’action physiologique de l’acide carbonique sur l'organisme animal, surtout sur celui de l’homme, soit l’objet d'expériences nouvelles et décisives. XV. On demande des recherches exactes sur la répartition des plantes et des animaux dans les couches de houille de quelques pays différents. e XVI. Un mémoire de Savart, communiqué par extrait dans le journal l’Institut N°. 313 en 314, par M. Masson, contient l'exposé d'expériences sur le mouvement simultané de deux pendules. La Société désire que ces expériences soient répétées et expliquées, si leur résultat se confirme. XVII. Les dernières recherches sur les battements et les sons résultants ne conduisent pas nécessairement à abandonner le principe de Daniel Bernoulli de la coëxistence des petites oseil- PROGRAMME 1866. IX lations pour les vibrations qui se propagent dans un milieu in- défini. Le cas est tout autre s’il s’agit de vibrations à noeuds et à ventres fixes dans un milieu circonscrit. La Société demande des recherches nouvelles, tant expérimen- tales que théoriques, sur les sons résultants et les vibrations des cordes tendues et des membranes qui les produisent par leur combinaison et leur interférence. XVIII. Il parait que le phénomène, dit de Porret, du transport électrique de la matière à travers un diaphragme poreux n’est pas un fait isolé, mais qu’en le considérant dans ses rapports avec d’autres phénomènes on trouvera qu'il n’est qu'un cas particulier d’une action générale. La Société demande donc des recherches nouvelles sur ce phénomène, en rapport surtout avec celles de M. Hittorff sur le transport des éléments dans l’électrolyse. XIX. Des recherches récentes ont montré une analogie impor- tante entre le pouvoir conducteur des corps pour la chaleur et pour le courant électrique. Les substances comparées à cet égard étaient toutes de bons conducteurs de l'électricité. La Société demande des recherches sur le pouvoir conducteur pour la chaleur de quelques substances isolantes ou peu conduc- trices, comme le verre, le marbre etc., et une discussion des résultats obtenus, en rapport avec ce que les recherches remar- quables de M. Gaugain ont appris sur le pouvoir conducteur et la capacité inductive de pareilles substances pour l'électricité. XX. La Société demande des recherches expérimentales nouvelles sur le frottement intérieur ou viscosité des liquides en mouvement et sur leur frottement contre les parois du canal ou du tube dans lequel ils se meuvent. Elle désire surtout qu'un liquide visqueux, par exemple une huile grasse, soit étudié expérimentalement sous ce point de vue. XXI. La Société dune des recherches ultérieures exactes X PROGRAMME 1866. sur les phénomènes remarquables de dissociation découverts par M. Sainte-Claire-Deville. XXII. On demande la détermination exacte de la chaleur pro- duite par la combustion des glycerides. XXIIT. La distillation fractionnée et la précipitation fractionnée, préconisées comme moyens pour séparer l’un de l’autre les corps homologues dans leurs mélanges, sont comme tels très insuffisants. La Société demande la recherche de meilleurs moyens pour obtenir ce résultat. XXIV. Il parait que la diminution de température dans les couches successives de l'air atmosphérique n’est pas égale sous les différentes latitudes ; la Société voudrait voir éclaircir ce point si intéressant pour la météorologie par de nouvelles recherches. XXV. La Société demande un mémoire illustré contenant des recherches microscopiques très exactes sur la formation et le dévelop- pement de l’oeuf dans l'ovaire des poissons et des oiseaux. XXVI. La Société demande une monographie aussi complète que possible des lichens des Pays-Bas. XXVIL Nous possédons des déterminations trés exactes de la densité et de la dilatation des mélanges d'alcool éthylique et d'eau par Gilpin, Gay Lussae et M. von Baumhauer. La Société demande des déterminations non moins exactes pour les mélanges d’eau et d'alcool méthylique. XXVIII. Nous ne connaissons que dans un petit nombre de cas, avec assez d’exactitude, la densité des corps solubles dans l’eau, qui ne saurait être trouvée par la pesée hydraulique ordinaire. Vu que la densité est un des caractères les plus distinctifs des corps, la Société demande la détermination exacte et à diverses PROGRAMME 1866. XI températures d'au moins cinquante corps solubles dans l’eau. XXIX. De plusieurs plantes, p. e. Aesculus Hippocastanum, Amygdalus communis, Querceus peduneulata, Tilia parvifolia et grandifolia, Geranium etc., une certaine quantité d’ovules ne se développent pas. La Société désire voir expliquer la cause de cette anomalie constante par des recherches microscopiques, illustrées par des figures. Ces recherches doivent comprendre au moins dix espèces de plantes. XXX. Dans les recherches volumétriques la condensation des gaz sur les surfaces exerce une influence fâcheuse, vu que le manque de données précises sur cette condensation à diverses températures et à diverses pressions ne nous permet pas d'appliquer au volume les corrections nécessaires. La Société demande de nou- velles recherches sur cette question importante. XXXI. La Société demande des déterminations de la tempéra- ture d'eaux profondes stagnantes (lacs) à diverses profondeurs. XXXII. La Société demande une description minutieuse, basée sur des expériences nouvelles, de la fécondation dans la famille des Graminées: elle désire une réponse exacte aux questions suivantes : 1°. Les anthères s’ouvrent-elles avant, après ou bien au moment de la séparation des glumelles (paleae) ? 2°. Le pollen se repand-il sur les stigmates avant, après ou bien au moment de la séparation des glumelles ? 3°. Cette séparation des glumelles influe-t-elle sur la descente du pollen sur les stigmates ? 4°. Quelles causes extérieures peuvent faciliter ou empêcher cette descente du pollen sur les stigmates ? 5°. Les stigmates sécrètent-ils une matière apte à retenir les grains de pollen ? ; XII PROGRAMME 1866. G°. Par quelle voie les tubes pollinaires descendent-ils vers le sac embryonnaire ? Ces recherches doivent comprendre en premier lieu le froment, l'orge, le seigle et l’avoine, et ensuite une quantité aussi grande que possible d’autres plantes appartenant à diverses subdivisions de la famille des Graminées. Le prix ordinaire d’une réponse satisfaisante à chacune de ces questions est une médaille d’or de la valeur de 150 florins, et de plus une gratification de 150 florins, si la réponse en est jugée digne. Il faut adresser les réponses, bien lisiblement écrites en hollandais, français, anglais, italien, latin, ou allemand (en lettres italiques) affranchies, et accompagnées de billets conformes à ceux généralement adoptés dans les concours, à M. le Professeur E. H. von Baumhauer, Secrétare Perpétuel de la Société Hollandaise des Sciences à Harlem. AVANT-PROPOS. Partout, aujourd'hui, la science est cultivée avec une ardeur de plus en plus féconde. Les limites de son domaine s'étendent continuellement, le nombre des travailleurs s'accroît en proportion, les Sociétés savantes se multiplient, les recueils spéciaux s’effor- cent d'enregistrer, à mesure qu'ils se produisent, les résultats des investigations nouvelles. Au milieu de cette activité qui entraîne, dans une rivalité géné- reuse, toutes les nations civilisées vers le but commun, la Néer- lande ne reste pas oïisive. À toutes les époques, notre pays a tenu sa place avec honneur dans le monde intellectuel et aujourd’hui encore, pénétré de l'importance du progrès des connaissances positives, il n’est pas le dernier à y contribuer dans la mesure de ses forces. Malheureusement, les travaux de nos compatriotes franchissent difficilement les frontières de notre territoire. La langue dans la- quelle ils sont écrits habituellement les rend le plus souvent inac- cessibles aux étrangers, et ils ne reçoivent ainsi qu’une plublicité restreinte et ordinairement insuffisante. | Il résulte de là deux inconvénients principaux. D'abord, nos savants n'obtiennent pas, en dehors du pays, la notoriété et la justice auxquelles leurs services pourraient leur donner droit. Ensuite, — et cette considération est d’un ordre plus élevé, — les résultats de leurs recherches, n'étant pas assez généralement connus en temps utile, ne peuvent avoir sur les travaux ultérieurs la part d'influence qu’ils étaient destinés à exercer; de nouveaux efforts, qui auraient pu être évités, deviennent ainsi nécessaires XIV ” : AVANT-PROPOS. pour retrouver ces résultats; il y a perte de temps et de force dans le travail général. Depuis longtemps frappée de ces effets fâcheux de notre isole- ment scientifique, la Société Hollandaise des Sciences a résolu de faire une tentative pour y porter remède. Elle entreprend, à cet effet, de faire paraître, en langue française, un recueil destiné à assurer une publicité plus large aux recherches des savants Néer- landais. Ce recueil portera le titre de: Archives Néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, publiées par la Société Hollandaise des Sciences à Harlem Il embrassera, comme son titre l'indique, l’ensemble des sciences mathématiques, physiques et naturelles ; tout ce qui verra le jour, sur ces matières, soit dans la Néer- lande, soit dans les Indes Néerlandaises, trouvera, pour autant que possible, sa place dans les Archives. Elles inséreront des mémoires originaux, mais elles donneront en outre des extraits des travaux de quelque importance qui auront déjà paru, en Hol- landais, dans d’autres ouvrages ou journaux. En un mot, les Archives se proposent de tenir l'étranger au courant de tout ce qui se produira de sérieux, chez nous, sur le terrain scientifique. Les Archives ne s’astreindront pas à une périodicité rigoureuse, mais paraîtront à des intervalles déterminés par le plus ou moins d’abondance des matières. Elles seront publiées en livraisons de b à 6 feuilles d'impression, formant par an un volume d’environ 30 feuilles. 1 La rédaction est confiée au secrétaire de la Société, assisté dans ce travail, des lumières spéciales de plusieurs membres de la Société. MM. KR. van Rees, J. van der Hoeven, D. Bierens de Haan, C. A. J. A. Oudemans et W. Koster, répondant à l'appel qui leur était fait, ont bien voulu s'engager à prêter leur précieux concours. Le nom de Mr. H. J. Halbertsma avait été adjoint aux leurs: malheureusement, la mort est venue enlever, inopinément, ce savant distingué avant que notre projet eût pu recevoir un commencement d'exécution. H. H. VON BAUMHAUER. ARCHIVES NÉERLANDAISES Sciences exactes et naturelles, SUR LE TARET ET LES MOYENS DE PRÉSERVER LE BOIS DE SES DÉGÂTS. COMMUNIQUÉ PAR E. H. VON BAUMHAURR. Pendant environ vingt-cinq ans on n'avait plus guère entendu parler, dans la Néerlande, de dommages causés par le Taret au bois des constructions maritimes, lorsque, dans le courant de l'été de 1858, la sollicitude publique fut de nouveau éveillée sur ce sujet. Des réparations entreprises, à cette époque, aux ouvra- ges du port de Nieuwendam, village situé sur l’Y, firent décou- vrir que tous les pilotis du port se rompaient, à fleur du sol, au moindre effort, et qu'ils étaient entièrement rongés par le Taret. Feu le secrétaire de l’Académie Royale des Sciences d'Amsterdam, Je Prof. W. Vrolik, fixa sur ce sujet l’attention de la première classe de l’Académie dans la séance du 27 Novembre 1858. À la suite de cette communication, la classe nomma dans son sein une commission, composée de MM. W. Vrolik, P. Harting, D. J. Storm Buysing, J. W. L. van Oordt et E. H. von Baum- hauer, chargée de rassembler et d'examiner tout ce qui était connu relativement à l’histoire naturelle du Taret, et en même temps de rechercher les moyens propres à préserver le bois de l’action destructive de ce mollusque. Considérant l'importance capitale de la question pour notre pays, ARCHIVES NÉERLANDAISES. T. I. 1 2 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. baigné de tant de côtés par la mer, la commission invoqua pour son travail l'appui du Gouvernement, lequel s’empressa de faire droit à sa demande. Le sujet n'ayant guère moins d'importance pour d’autres pays situés le long de la mer, et des recherches sur les moyens de s'opposer aux ravages du Taret ayant été entreprises et publiées, surtout en Angleterre, en France et en Belgique, j'ai pensé que la communication sommaire des résultats auxquels nous sommes parvenus pourrait offrir quelque intérêt, et même quelque utilité, à l'étranger, ne fût-ce qu'à raison de la grande échelle sur laquelle notre travail a été exécuté. Ce travail a déjà fait l’objet de six rapports, rédigés par la Commission, et qui ont paru dans les Comptes-rendus de l’Académie, ( Verslagen en Mededeelingen der Koninklijke Akadenne van Wetenschappen, 1860—1865.) Avant de faire connaître les expériences auxquelles la Com- mission s’est livrée, je crois devoir donner un aperçu des résul- tats tant de l’examen auquel M. Harting à soumis la structure du Taret, que des recherches sur la manière de vivre de ce mollusque, qui ont été poursuivies avec beaucoup de soin par M. P. Kater Gz., à Nieuwendam. SUR LE MÉCANISME DE L'APPAREIL À L'AIDE DUQUEL LE TEREDO NAVALIS CREUSE SES GALERIES. Après les recherches de Leendert Bomme !), Osler ?), De- france %), Caillaud ‘), Albany Hancock 5), Deshayes 5) et Quatrefages 7) sur la structure et le mode d’action des mollus- ques qui perforent des matières dures, telles que le bois et la pierre, on est arrivé aujourd'hui à la conviction que quelques-uns de ces animaux, comme les Lithodomes, les Clavagelles, les Modioles, les Gastrochènes, les Saxicaves, que l’on trouve toujours logés dans des pierres calcaires, pratiquent leurs excavations par voie chimique, savoir par l’action dissolvante d’une sécrétion acide, tandis que d’autres, tels que les Pholades et les Tarets, n’em- ploient dans ce travail que des moyens purement mécaniques. Mais la lecture des écrits que nous venons de citer suffit à mon- trer qu'il règne encore beaucoup d'incertitude dans l'explication de la manière dont ces mollusques, surtout ceux que nous avons nommés en dernier lieu, procèdent dans leur travail. En effet, tandis que Hancock regarde, non la coquille, mais le pied charnu comme l'instrument térébrant, et que Quatrefages attribue ce rôle à une partie du manteau de l'animal, sétendant comme un 1) Verhandelingen van het Zeeuwsch Genootschap, T. VI, p. 364; 1773. 2) Philos. Transact. 1826, p. 342. s) Dict. d'Histoire natur., art. Taret. +) Mémoire sur les Mollusques perforants. Natuurk. Verhandelingen van de Hollandsche Maatschappÿ der Wetenschappen. T. XI. 5) Ann. a. Magaz. of Nat. Hist., 1848. s) Exploration scientifique de l’ Algérie. 7) Annal, des Sciences naturelles. Zool. 3me Sér. XI p. 19. LE 4 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. repli à la surface de la coquille, Caiïllaud à indiqué expressément le test lui-même comme l'instrument perforateur; ce dernier ob- servateur a fait voir qu'en fixant, à l’aide d’un peu de gomme laque, la coquille d’un taret à l’extrémité d’une petite tige en bois, et faisant tourner celle-ci entre le pouce et l’index, on parvient, en quatre heures et demie de temps, à forer dans le bois un trou de 30 millimètres de profondeur. M. Harting est arrivé aux mêmes conclusions par un examen microscopique minutieux de la coquille et de l'appareil musculaire du Taret; nous allons donner les points principaux de son travail, avec les figures qui servent à les éclaircir. La coquille se compose de deux valves égales qui, de même que dans toutes les autres espèces des genres Teredo et Pholas, ne sont pas unies l’une à l’autre au moyen d’une charnière. Ces valves sont maintenues en place par un repli du manteau, en forme d'arc (PI. IT, fig. IV, b), qui les embrasse postérieurement !). En outre la partie dorsale du manteau présente un prolongement (PL I, fig. IV, a et fig. VI, a), qui recouvre jusqu'à une certaine distance le côté dorsal des valves, et s'étend de part et d'autre à leur surface, en formant deux lobes (PI. IE, fig. IV, c et fig. VI, b), qui toutefois ne contractent pas d’adhérence avec la coquille; la partie moyenne du prolongement pénètre, de son côté, entre les deux valves dans l’intérieur de la coquille, où elle s’unit aux deux lobes du manteau qui tapissent la face intérieure des valves. (Voyez la figure schématique IT, PI. IV, dans laquelle b indique le point où le prolongement palléal se dirige à l’intérieur.) Par ce mode d'union les valves sont maintenues en rapport mutuel; mais tandis que chez d’autres mollusques bivalves, qui ne perforent pas, ce rapport est entièrement fixe, à cause de la présence d’une charnière, ici il laisse aux valves un certain jeu 1) Nous ferons remarquer que, dans tout ce qui suit, nous entendons par extrémité antérieure le bord extrême de la coquille, par extrémité postérieure l’ouverture des siphons, par face dorsale le côté où les valves s’unissent, et par face abdominale le côté opposé. E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 5 qui leur permet de se déplacer un peu l’une à l'égard de l’autre. Les valves sont en outre rattachées par les deux muscles adduc- teurs, que nous examinerons bientôt de plus près. La coquille présente, même lorsque les valves sont le plus rapprochées l’une de l’autre, trois ouvertures spacieuses. La première, à la face dorsale (PI. IT, fig. VIIT, a), est occupée, dans l’état intact, en partie par le prolongement palléal, dont il a été question plus haut et dont une continuation s’introduit, par cette ouverture, dans l’intérieur de la coquille; en partie par le petit muscle adducteur. La seconde ouverture est postérieure (PI. IT, fig. VII, a), et sert à livrer passage aux organes internes contenus dans la cavité du manteau. | Enfin la troisième, placée obliquement en avant (PI. I, fig. V, aa, fig. VIT), est la plus grande et reste toujours béante pour laisser passer le pied (fig. V, b). Chacune des valves, qui composent la coquille, est formée de de trois parties, savoir: 1°. Une partie postérieure (PL. IT, fig. VIIT, ff, fig. IX, f, fig. X, f), que nous pouvons nommer partie cervicale; c’est la portion la moins voûtée et la plus mince de la coquille; son bord postérieur est reçu dans le repli du manteau que nous avons déjà men- tionné, et par cette disposition le manteau se trouve déjà rattaché assez solidement à la coquille. 2°, La partie moyenne (PL. IT, fig. VIIT, bb, fig. IX, b, fig. X, b), est la plus grande, elle est fortement voûtée et offre, vue de côté (fig. IX), une forme semi-lunaire; sa portion abdominale est un peu plus pointue, courbée en dedans, et se termine par un petit renflement ou tubercule (PL IT, fig. VII, b', fig. X, b’), qui, lorsque la coquille est fermée, se trouve en contact avec le tubercule semblable de la valve opposée. 30. La partie antérieure, qui fait suite au tiers supérieur de la partie précédente , est plus ou moins cochléariforme (PI. IT, fig. IX, c, ne, ©, de. MIT, cc, fe. VID, Ce): et son bord fait, lorsqu'on regarde la coquille de côté (fig. IX), un angle d’un peu plus de 6 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 90° avec le bord libre de la partie moyenne. La limite de ces deux parties est marquée par une ligne en zigzag qui ressemble à une sorte de suture. (PL IT, fig. VIIL, ee, de. IX 60e A, fig. I, ee). Cette partie de la coquille se recourbe vers le dos et en dedans, et se termine de ce côté par un petit tubercule arrondi (PI. IE, fig VIL, d, fig. VITE, d, fig. X, d), situé dans le voisinage immédiat du tubercule analogue de l’autre valve. C’est par ce point que passe l’axe de rotation des deux valves; c’est- à-dire que lorsque la coquille s'ouvre ou se ferme, les tubercules restent dans leur position relative, tandis que toutes les autres parties des valves décrivent autour d’eux un are de cercle plus ou moins grand. Chacune de ces protubérances porte une saillie courte et pointue, sur laquelle s’implantent, à peu près à angle droit, les deux grandes apophyses, en forme d’épines, qui s'étendent dans l’in- térieur de la coquille, jusqu’au tiers ou jusqu'à la moitié de sa longueur (PI. II, fig. VII, ee, fig. X, e). Ces apophyses sont faiblement arquées et légèrement aplaties; elles pénètrent entre les parties molles, de telle manière que leur face interne repose sur la masse viscérale et sur le pied, qui fait corps avec cette dernière partie; leur face externe est en contact avec le côté interne de la mince lame palléale, qui tapisse les valves inté- rieurement en s'étendant jusqu'à leur bord extrême, et qui n’est elle-même qu'un prolongement de la portion, beaucoup plus con- sidérable, du manteau située en dehors de la coquille (PL IT, fie V,; c) Quand on regarde la coquille à la loupe, on aperçoit déjà un grand nombre de stries d’accroissement courbes, c’est-à-dire environ parallèles, comme d'ordinaire, aux bords de la valve; l’examen 1) Quatrefages (1. c. p. 22) dit que ces apophyses, cwllerons des auteurs français, pénètrent dans la masse viscérale. Ceci n’est pas tout à fait exact. La masse viscérale est contenue dans une membrane propre; sur celle-ci repose de chaque côté l’apophyse, recouverte à son tour par le lobe du manteau, c’est-à-dire par la partie qui constitue la matrice de la coquille et lui corres- pond par sa forme. E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 1 au microscope montre que ces stries différent pour chacune des trois parties de la valve, quoique en réalité elles forment un tout continu. Sur la partie postérieure ou cervicale de la valve (PI. Il, fig. I, /), les stries se présentent comme de simples lignes arquées, auxquelles on ne remarque pas d’autres particularités. Il en est à peu près de même de celles qu'on observe à la moitié postérieure et la plus grande de la partie moyenne (PI. II, fig. I, b): elles ne montrent également que de simples épaissis- sements linéaires; toutefois, entre chaque paire des stries les plus fortes, qui sont les stries d’accroissement proprement dites, on en découvre une multitude d’autres, plus fines, qui suivent la même direction. Mais la moitié antérieure possède une structure tout à fait différente et fort remarquable. Ici (PI. III, fig. I, ee) les stries d’accroissement forment les séparations d'autant de rangées de petites dents aiguës, cunéiformes. Chacune de ces petites dents a la forme d’un carré long; elle est limitée de part et d'autre par deux petits plans triangulaires inclinés l’un vers l’autre (PI. IIT, fig. IT, vu en dessus, fig. III, vu de côté); son tranchant est placé dans la direction de l’axe de l'animal. La grandeur de ces petites dents varie suivant la position qu'elles occupent; celles qui se trouvent dans le voisinage du bord cardinal sont les plus petites, celles qui se rapprochent du bord extérieur, les plus grandes. Et, comme la partie de ia coquille qui avoisine la charnière est la plus anciennement formée, la seule qui existât dans le jeune âge, il s’ensuit que la dimension moyenne des dents croît avec la taille de la coquille, c’est-à-dire avec celle de l’animal. Sur une coquille, par exemple , de 7!/; millim. dans sa plus grande dimension, dont le nombre total des ran- gées s'élève à 41, la largeur de chacune d'elles, près de la partie cardinale, est de 52 mmm. ('/, millim.), et la largeur de chaque compartiment séparé, occupé par une dent, de 28 mmm. (x millim.); tandis que les mêmes mesures, prises au bord de la valve, donnent 145 et 45 mmm. ('}; et ‘|: millim.). En ce dernier point les petites dents cunéiformes s'élèvent à une 8 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. hauteur de 32 mmm. ('/;;, millim.) au-dessus de leur support commun. En moyenne, on compte dans chaque rangée environ 100 dents, par conséquent plus de 4000 sur chaque valve et plus de 8000 sur les deux valves réunies. La partie antérieure, en forme de cuiller, offre une structure analogue, mais encore plus délicate. Les stries d’accroissement y forment un angle d’un peu plus de 90° avec celles de la partie moyenne, dont elles sont la continuation. Elles se montrent comme de petites côtes saïllantes, dont le bord extérieur est découpé en petites dents pressées l’une contre l’autre (PI. II, fig. I,c et fig. IV). Ces denticules sont également en forme de coins ; leurs tranchants sont perpendiculaires à l’axe de l’animal, et font, par conséquent, aussi un angle droit avec les tranchants des dents de la partie moyenne. Mais ils sont beaucoup plus petits que ces dernières: leur largeur n’est que de 10 à 15 mmm. (l/1oo à '/5 millim.). Aussi leur nombre est-il encore plus consi- dérable, bien que cette partie de la coquille soit la moins déve- loppée. Sur la même coquille de 7,5 millim. de diamètre, le nombre des denticules s'élève, en moyenne, à 250 sur chaque côte, ce qui fait 10250 pour les 41 côtes et 20500 pour l’en- semble des deux valves. Nous devons encore faire remarquer ici que cette partie cochlé- ariforme se compose évidemment d’une matière plus solide que le reste de la coquille. Elle a plus d'éclat, offre un aspect ana- logue à celui de la porcelaine, et sa surface est lisse et unie même dans les intervalles entre les côtes. La considération de la structure que nous venons de faire con- naître, conduit M. Harting à la conclusion, qu'il serait difhicile d'imaginer un instrument plus propre que cette coquille à creuser des galeries dans le bois. En effet, chaque valve présente, en quel- que sorte, la réunion d’une mèche à cuiller, ou d’une gouge, avec une lime. Sur une lime ordinaire en acier on a pratiqué deux séries d’entailles se croisant à angle droit, afin que l'instrument puisse entamer l’objet à limer simultanément dans deux directions diffé- rentes ; ici le même but est atteint par les deux séries de denti- E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET, 9 cules, dont l’action se porte également dans deux directions per- pendiculaires entre elles; avec cette différence, tout à l'avantage de notre coquille, que les intervalles entre les dents ne sy encrassent pas aussi facilement par la limaille, que dans une lime ordinaire. Toutefois, la direction flexueuse des galeries, dans lesquelles il n’est pas rare de rencontrer des angles droits ou même légè- rement aigus (PI. I, fig. II, g); le défaut de cylindricitè de ces mêmes conduits, qui paraissent souvent comme composés d’an- neaux empilés, les uns plus larges les autres plus étroits ; la forme qu'affecte le fond de chaque galerie, fond qu'on trouve toujours parfaitement lisse et hémisphérique, sans saillie aucune au milieu; toutes ces circonstances démontrent, selon M. Harting, que l’ac- tion exercée sur le bois par le Taret, ne saurait être assimilée à celle d’une tarière creusant un trou par un mouvement de rotation ; ce serait plutôt à l’action d’une râpe qu'il faudrait la comparer, d’après les résultats de l'étude anatomique attentive que M. Harting a faite du système musculaire du Taret. Quoique lié, pour la vie entière, à la demeure qu'il s’est construite lui-même, le Taret possède pourtant un système musculaire très développé. On peut affirmer en outre, qu'il applique tous ses muscles, — en n'exceptant que ceux qui servent à mouvoir les siphons, d’une manière plus ou moins directe, au creusement de ses galeries. Un premier système de museles est celui qu'on rencontre dans le manteau. Cet organe est pourvu, dans toute sa longueur, de fibres musculaires longitudinales et transversales. Ces fibres per- mettent à l'animal d’allonger ou de raccourcir son corps, et aussi, par l’action partielle de quelques faisceaux, de lui imprimer un léger mouvement de torsion. À la base des palettes se trouve un anneau musculaire puis- sant; au moyen de cet anneau les extrémités postérieures, élar- gies, des palettes peuvent être portées en dehors, et en même temps l'accès des deux siphons, et par suite l’entrée et la sortie de l’eau, peuvent être plus ou moins entravés. 10 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. Comme nous l’avons vu, le manteau se prolonge, dans le voi- sinage de la coquille, en un appendice qui s'étend des deux côtés sur la surface dorsale des valves (PL IL. fig. IV, a et fig. VI, a), et dont la portion centrale forme un renflement relative- ment considérable, composé de divers éléments anatomiques. À l'épiderme, dont la mince couche revêt la surface extérieure, succède un tissu aréolaire (PL. IV, fig. II, a, fig. III une partie sous un plus fort grossissement) composé de faisceaux de fibres, qui toutefois, comme on peut le voir clairement en beaucoup d’en- droits (fig. IV), ne sont que les plis d’une membrane hyaline. Les contours de ces fibres apparentes sont plus foncés et plus nets que ceux du tissu connectif ordinaire, ce qui tient uniquement à la plus grande épaisseur de la membrane plissée. Elles ressemblent, au premier coup-d'oeil, à des fibres élastiques; mais l’action de l'acide acétique, qui les fait disparaître, prouve qu’elles sont de nature différente. Dans les mailles formées par ces faisceaux fibreux, se trouvent des corps d'apparence vésiculaire, ressemblant plus où moins à de grandes cellules adipeuses, mais ne réfractant que très-faible- ment la lumière, arrondis ou elliptiques, d’un diamètre de 80 à 104 mmm. (environ ‘2 à lo millim.). Ce sont des cavités, limitées par une membrane propre et remplies d’un liquide limpide. Sous l'influence de l'acide acétique le contenu et la paroi se gonflent considérablement, de manière à n'être bientôt plus reconnaissables. Ce ne sont pas, évidemment, de véritables cellules, maïs seule- ment des cavités, dont l'enveloppe est constituée par la même membrane qui forme en dehors les faisceaux apparents du tissu connectif. Il est difficile de dire quelle est la signification de ces. Corps. Ils rappellent plus ou moins les cavités analogues, également entourées d’une membrane, qu'on rencontre dans la glande thyreoide des mammifères. Quatrefages dit que la partie appelée par lui Capuchon Céphalique, et qui en réalité est homologue de celle que nous considérons en ce moment, est, pendant la vie, un organe érectile, pouvant se gonfler et dureir par le sang qui sy accumule. Il serait done possible que ces cavités dussent E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 14 être considérées comme autant de petits sinus donnant un accès temporaire au sang. A partir de ce tissu aréolaire, s'étendent en rayonnant des fibro-cellules musculaires assez courtes (voyez la figure schéma- tique PI IV, fig. II), d’un diamètre de 7 à 8,6 mmm. ('/u, à lus millim.), qui se terminent aux deux extrémités en filaments très-fins (PL. IV, fig. V). Pour expliquer maintenant le rôle physiologique de cet organe, il faut se rappeler qu'il reçoit de part et d'autre, dans deux replis arqués du manteau, les portions cervicales des valves de la coquille. Par la contraction des faisceaux de fibres musculaires, dont il a été question tout à l'heure, les deux valves doivent donc s’écarter un peu l’une de l’autre, mouvement qui se concevra encore mieux, Sil se confirme que cet organe peut durcir, par l’afflux du sang, et fournir ainsi un meilleur point d'appui à l’action des muscles. Jusqu'à un certain point, cette partie se laisse done comparer au ligament cardinal d’autres mollusques bivalves, mais seulement en ce quelle sert également à ouvrir la coquille. Car le ligament véritable, là où il existe, est toujours composé de tissu élastique, et son action est purement passive, tandis que chez le Taret l'ouverture de la coquille est un effet musculaire et par consé- quent actif. En outre, la charnière fait ici défaut, ce qui permet de supposer que l'animal est en état de modifier à volonté, par la contraction partielle des faisceaux de fibres musculaires, la direction dans laquelle les valves s’écartent, de manière à ce que ce soient tantôt les parties moyennes, tantôt les parties antérieures des valves qui s’éloignent le plus l’une de l’autre. Du reste, l'effort que cette action exige est extrêmement faible, et le mouvement des valves elles-mêmes très-limité. Ceci s'accorde avec le peu de longueur des fibro-cellules musculaires qui, en outre, sont beaucoup plus transparentes et plus molles que celles dont se composent les muscles adducteurs. Ces muscles addueteurs sont au nombre de deux. Le premier, et le plus grand, est déjà bien connu; il a été décrit par tous 1172 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. ceux qui ont fait du Taret l’objet de leurs recherches. Il s'étend (PL I, fig. V, m), entre les deux valves sous forme d’une masse musculaire relativement très-considérable, qui oceupe environ les deux tiers de la longueur de la coquille et un tiers de sa largeur, et qui s'implante de chaque côté sur un bourrelet, situé à la limite entre les parties moyenne et cervicale de la valve. (Voyez la ligne d'in- sertion, sur la figure schématique IT, PI. IV en m.) Le second ou petit muscle addueteur, qui paraît avoir échappé à la plupart des observateurs, se trouve près du côté dorsal de la coquille, dans la cavité entre les deux parties antérieures des valves. On aperçoit sa surface extérieure, revêtue d’un mince épiderme et légèrement saillante, immédiatement en avant du prolongement palléal, décrit plus haut, qui s'étend sur la face dorsale de la coquille; en apparence il n’est même qu'une conti- nuation de cette partie, mais en réalité il en est tout-à-fait distinct. La masse principale de ce muscle s'implante sur les côtés, recourbés en dedans, des parties antérieures, cochléariformes, des valves (Voyez PL I, fig. V, p, PI IV, fig. Il, p), en dessous de la ligne qui passe par les deux extrémités tuberculeuses, accolées, c’est-à-dire par le centre de rotation des valves. De cette masse principale quelques faisceaux minces se portent sur les deux apophyses épineuses (PI. Ill, fig. V, e), qui sont comparables à deux bras de leviers dont le point d'appui commun se trouverait dans le centre de rotation des valves. IT est clair que, par cette disposition, l’action du muscle se trouve considérablement renforcée. Les deux muscles adducteurs se composent des mêmes éléments microscopiques, savoir de fibres ou de fibro-cellules, faciles à isoler, de forme rubanée, larges de 6 mmm., épaisses de 1 mmm., et dont la longueur est relativement considérable et probable- ment égale à celle des muscles eux-mêmes, vu qu'on ne découvre nulle part d’extrémités libres. Ces fibres se distinguent des fibro- cellules du manteau, non-seulement par leur plus grande lon- gueur, mais aussi par leurs contours beaucoup plus foncés, qui annoncent des parois plus épaisses et, par suite, une solidité plus grande. E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 13 L'effet que les museles produisent en se contractant est évident. Le grand muscle adducteur, situé dans un plan qui se trouve un peu au-dessus du centre général de rotation des valves, opère le “approchement des côtés ventraux des valves, en même temps que celui de toutes les autres parties des valves, situées vers le dos, de ce même côté du centre de rotation. Le petit musele adducteur, placé en avant du centre de rotation, exerce une action plus restreinte. Lorsqu'il se contracte, les extré- mités antérieures des deux parties cochléariformes des valves se rapprochent l’une de l’autre; simultanément toutes les parties de la coquille situées plus en arrière éprouvent un léger déplacement en avant, comme si elles tendaient à tourner autour d’un axe passant par le centre de rotation; mais l’arc qu’elles décrivent ainsi est nécessairement très-petit, à cause du peu de longueur du muscle. On voit que la direction du mouvement imprimé par l’un des museles adducteurs, fait à peu près un angle droit avec la direc- tion du mouvement dû à l’autre muscle, tout comme les parties antérieure et moyenne des valves, qui reçoivent le mouvement en premier lieu, se rencontrent également sous un angle de 90°. Enfin, le Taret possède encore un organe musculaire, sans lequel il lui serait impossible de creuser ses galeries. C’est la partie appelée pied, qui peut se porter en dehors à travers l’ouver- ture antérieure des valves (PI. IT, fig. V, b, fig. IV, d, la ligne pointillée indiquant le contour du pied à l’état d'extension; PI. I, fig. II en b), qui est susceptible d'extension et de rétraction, et qui se termine antérieurement par une ventouse discoïde à l’aide de laquelle l'animal peut se fixer. De ce qui précède on peut déjà conelure que le Taret, bien loin d’être, comme Deshayes l’a prétendu, un animal ne possé- dant que peu ou point de muscles, est au contraire très-richement pourvu de ces organes. Des faisceaux musculaires longitudinaux et transversaux dans toute l’étendue du manteau, un véritable sphineter à la base des siphons, un organe musculaire qui recoit et recouvre une partie des valves, deux muscles adducteurs pour 14 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. le mouvement d’occlusion des valves, un pied pourvu d’une ven- touse et susceptible d’exsertion et de rétraction, — voilà en effet une profusion d'instruments moteurs, telle qu'on n'aurait pas cru devoir s'attendre à la rencontrer chez un animal qui passe sa vie entière confiné dans un canal étroit, qu'il ne doit jamais quitter. Aussi tous ces moyens de motion n'ont-ils qu'un seul but essen- tiel, celui de mettre le Taret en état de creuser sa galerie. Mais tous les muscles que nous venons d’énumérer ne concou- rent pas à ce but d’une manière également directe. Quand l’eau a pénétré par le siphon branchial, l’animal peut, par la contrac- tion des muscles transversaux du manteau, forcer le liquide à parcourir le corps dans toute sa longueur jusqu'au fond de la galerie, puis à ressortir avec force par le siphon cloacal. Le Taret se sert indubitablement de ce moyen lorsqu'il à besoin de se débarrasser de la fine râpure de bois que les valves de sa coquille ont détachée. Il peut ensuite ramener un peu en arrière la partie antérieure de son corps, en faisant agir ses fibres musculaires longitudinales, et en s'appuyant, avec les deux palettes, contre la paroi interne du tube calcaire, à une distance de deux ou trois millimètres de l’ouverture extérieure par laquelle sortent les siphons. Il est probable que le Taret prend cette position durant ces périodes de repos, qui reviennent de temps en temps, et qu’il emploie à réparer son instrument. Le Taret possède au contraire dans le muscle annulaire à la base des palettes, le moyen d'empêcher ou d’entraver à volonté la sortie de l’eau, de sorte que son corps, distendu par le liquide, occupe alors toute l'étendue de la galerie, et que sa partie anté- rieure vient toucher, avec les valves de la coquille, le fond de la cavité. Dans cette position il peut continuer son travail de mineur. Il commence alors par étendre son pied, qu'il fixe, par succion, contre une partie latérale de la cavité. En même temps les valves s’écartent un peu, puis, pendant que le pied tire la coquille à soi et en presse ainsi la surface extérieure contre le bois, les valves se referment de nouveau, et les denticules dont elles sont garnies coupent dans le bois. E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 19 Dans ce travail il est encore une couple de particularités dignes de remarque. Et d'abord le peu d’étendue du mouvement dont les valves sont susceptibles, leurs extrémités antérieures ne pouvant s'éloigner qu'à une très-petite distance l’une de l’autre. Mais cette circonstance, vu l’espace étroit dans lequel le Taret travaille, ne lui offre que des avantages ; par une succession rapide des mouve- ments d'ouverture et d’occlusion de la coquille, il atteint bien mieux son but — réduire le bois en poussière impalpable, — que si chaque coup de l'instrument avait eu une plus grande am- plitude. Nous devons rappeler, en second lieu, que les directions des mouvements des deux muscles adducteurs font entre elles un angle droit, de même que les directions qu'affectent les tranchants des denticules sur les deux parties d’une même valve. Or il est clair, d'après la description que nous avons donnée plus haut, que si le grand muscle adducteur se contracte seul, les denticules de la partie antérieure, cochléariforme, de la valve ineisent le bois; si, au contraire, le petit muscle adducteur se raccourcit, c'est la partie moyenne de la valve qui subit un mouvement de rotation, et les dents qu’elle porte entrent en action. Ainsi done, soit que les deux muscles se contractent simultanément soit qu’ils agissent tour à tour, les cellules ligneuses se trouvent entamées crucialement par les incisions successives, ce qui les partagerait en petites pièces quadrangulaires, s’il ne s’opérait aucun déchi- rement dans le tissu. Ils est évident que la plus rude besogne est à charge de la partie cochléariforme, car c’est elle qui agit d’abord sur le bois encore intact. Aussi cette partie possède-t-elle une structure plus solide et des denticules beaucoup plus fins, et est-elle mise en mouvement par un muscle d’un volume con- sidérable ; en outre, la puissance de ce musele se trouve encore notablement accrue par son implantation sur les deux parties moyennes des valves, chacune de celles-ci pouvant être envisagée comme un long bras de levier, dont l’extrémité parcourt un chemin au moins quatre fois plus considérable que la portion de la valve qui exerce l'effort proprement dit. 16 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. Le pied ne peut rester fixé au même endroit que pendant un temps fort court. La forme du fond de la cavité, arrondi régu- lièrement en bassin, suffit à prouver que les valves de la coquille se mettent à chaque instant en contact avec une partie différente de ce fond. Le pied se déplace done peu à peu, de manière à imprimer un mouvement de rotation à la coquille et, en même temps, à toute la partie du corps située en dehors d'elle, jus- qu'aux palettes. Lorsque la torsion ainsi produite devient trop forte, le pied lâche tout à fait prise et le corps revient à sa position primitive. Aïnsi donc, les mouvements de rotation et de va-et- vient, remarqués par quelques observateurs, bien loin d’être la cause de l'effort exercé, doivent plutôt en être regardés comme l'effet; ce sont des déplacements, rien de plus. 6 Le Taret ne fore done pas ses galeries, mais il les creuse, par une action analogue en quelque sorte à celle d’une râpe, au moyen des milliers de denticules tranchants dont ses valves sont armées. Si les dents ne s’ébrèchent pas rapidement, elles le doivent sur- tout à leur forme en coins et à la direction oblique des plans qui limitent chacun de ces coins. D'ailleurs, à mesure que l’ani- mal prend de l’accroissement, de nouvelles rangées de dents se forment, de telle sorte que les rangées qui ont servi dans la Jeunesse ne sont plus d’aucun usage dans un âge plus avancé; ce sont principalement les rangées extérieures, formées en dernier lieu, qui s’acquittent du travail. Le sens du tact réside, chez le Taret, dans le pied-suçoir. Celui-ci n’est pas seulement nn organe musculaire, mais aussi un organe riche en nerfs. Quatrefages a déjà fait connaître les deux petits ganglions, situés sur les intestins, qui fournissent de nerfs cette partie du corps. Le pied étendu commence par tâter l’endroit avant de s’y fixer et de tirer la coquille après soi. Naturellement il évite les endroits qui menacent d'offrir trop de résistance ; mais il évite avec un soin égal les parties où il ne reste plus qu'une paroi ligneuse trop mince pour présenter une résistance suffisante. Dans ce cas, en effet, la galerie s’est rapprochée, soit de la surface du bois, soit d’une galerie voisine; or il n'arrive jamais E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 17 qu'un Taret détruise l'ouvrage d’un autre; cela, d’ailleurs, ne lui servirait de rien, car eût-il pénétré à travers la paroi ligneuse, il viendrait se heurter au tube calcaire, qui, n'étant guère moins dur que les valves, ne peut être attaqué par elles. Là où le Taret rencontre, soit cet obstacle, soit tout autre, il se détourne sim- plèement de côté; il agit comme la Taupe, qui, creusant ses tranchées de préférence dans une terre meuble, contourne les pierres qu’elle rencontre par accident dans le sol, et change de direction quand elle est arrivée près du revers d’un fossé, afin de ne pas déboucher à l'air libre. Ajoutons encore, que les conclusions touchant la manière dont le Taret creuse ses galeries, déduites d’abord par M. Harting de l'examen anatomique des organes, ont été depuis pleinement con- firmées par l'inspection directe; M. Kater, ayant ouvert latérale- ment une des galeries, de façon à mettre l’animal en partie à nu, la vu à l'oeuvre, exécutant les mouvements mentionnés plus haut. IL. SUR LA MANIÈRE DE VIVRE DU TARET. 4 Contrairement à l'opinion de Sellius, qui regardait les Tarets comme hermaphrodites, de Quatrefages nous a appris qu'ils ont les sexes séparés, et que le nombre des individus mâles est à celui des femelles à peu près comme 1 : 20. Les femelles sont ovipares. Les oeufs sont expulsés par le siphon branchial; de Quatrefages les trouva dans ce siphon et dans le canal branchial Jui-même. Le mode de fécondation est toutefois inconnu; tout ce qu'on peut conjecturer, c’est que, dans cet acte, deux Tarets différents font sortir leurs siphons et les amènent en contact. Rousset avait déjà fait cette observation, et M. Kater l’a confirmée. ARCHIVES NÉERLANDAISES T. I. 2 18 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. En ce qui concerne les métamorphoses que les oeufs subissent, tant dans les branchies qu’au dehors dans l’eau environnante, on n’a rien ajouté à ce que nous avaient fait connaître en 1849 les recherches de Qnatrefages. Ce naturaliste nous apprend que les oeufs parcourent, à partir de leur origine, la série des modifications, que l’on retrouve aujourd’hui chez tous les animaux, savoir for- mation de la tache germinative et de la vésicule de Purlinje, disparition de celles-ci et fractionnement du vitellus. Les oeufs donnent naissance, dans la cavité branchiale même de la mère, aux larves, qui se présentent comme de très-petits animalcules arrondis, de forme vésiculaire, garnis de cils vibratiles, à l’aide desquels ils se meuvent réguliérement et se rendent probablement de la cavité branchiale dans le siphon. Dans une troisième phase du développement, la coquille bivalve se forme, le pied apparaît à l'extérieur, les cils vibratiles se rapprochent en forme de cou- ronne, et la larve possède ainsi la faculté de se déplacer dans l'eau aussi bien en rampant qu’en nageant. La ponte des oeufs se fait d’une manière successive, et principalement dans le mois de Juin, quoique, jusqu'au 29 Juillet, M. Harting ait trouvé des oeufs dans tous les Tarets qu'il a ouverts. Le développement des. oeufs a lieu très rapidement; en quatre jours ils sont passés à l'état de larves, devenues aptes à vivre dans le bois. C’est vers la fin du mois de Juin que M. Kater les observa en plus grand nombre à la surface du bois, et déjà à la date du 15 Juillet, il les trouva à l’intérieur du bois sous forme de Tarets parfaite- ment développés. Jusque dans le mois de Septembre, mais pas plus tard, il vit les larves pénétrer dans des pièces de bois placées à dessein dans l’eau ; au moment où il constata leur présence, les ani- maux pouvaient avoir, à ce qu'il suppose, de 8 à 14 jours et, quoique encore très petits, ils ressemblaient complétement aux TFarets plus âgés. Les Tarets pénètrent dans le bois, naturellement par de très- petites ouvertures, dans une direction perpendiculaire à la surface, puis ils se détournent, au moins habituellement, afin de suivre la direction des fibres ligneuses, le plus souvent en montant, mais E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 19 quelquefois aussi en descendant. Quoiqu'ils ne s’introduisent pas dans la terre, ni dans la boue, on en découvre ordinairement les premières traces vers le bas, immédiatement au-dessus du fond vaseux dans lequel les pilotis sont enfoncés; aussi est-ce en ce point que les pilotis cassent en général. Lorsque les Tarets se sont logés dans une pièce de bois, on les reconnaît aux très-petits trous qu'on remarque à la surface, et aux tubes extrêmement déliés qui en sortent: ce sont les siphons, dont chaque animal ne montre qu’un seul dans les pre- miers temps, le second n’apparaissant que plus tard. Ces siphons sont maintenus habituellement en dehors du bois, dans l’eau en- vironnante ; mais le plus léger attouchement suffit pour que l’animal les retire. L'un d'eux est plus court et plus large que l’autre, mais ils paraissent servir tous deux à l’expulsion des fèces, qui consistent, en grande partie, en particules ligneuses réduites en poudre très-ténue. On sait, en effet, que le Taret ne creuse pas le bois pour se nourrir de ses éléments, mais seulement pour se procurer un abri convenable ; la substance ligneuse, détachée dans son travail, passe par le canal intestinal, et ensuite par un des siphons, le plus souvent, d’après les observations de M. Vrolik, par le plus court, mais quelquefois aussi par le plus long; elle est expulsée sous forme d’une matière blanche très-fine. Le siphon long paraît servir principalement à l’introduction des aliments, qui consistent en infusoires, diatomées et autres animalcules inférieurs, que l’eau de mer entraîne avec elle en pénétrant dans le siphon. Il est cependant encore incertain si les matières rejetées par le siphon long proviennent directement du tube intestinal, ou bien si elles s’introduisent d’abord, avee l’eau affluente, du dehors, pour être expulsées de nouveau après un court séjour à l’intérieur. Le Taret a besoin, pour sa respiration, d’une eau claire et pure, de sorte qu’on a fait plus d’une fois la remarque que les pieux placés dans une eau sale et trouble, dans le voisinage de latrnes par exemple, étaient les moins attaqués. L’eau doit avoir en outre, un degré déterminé de salure; le Taret cesse de pou- voir vivre dans l’eau de mer mêlée d’une trop grande quantité D 20 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. d’eau douce; c’est un point sur lequel nous reviendrons plus tard. Le Taret continue à croître dans le boïs: tandis que la galerie qu'il se pratique ne présente, près de la surface du bois, qu'un diamètre de 7; à % millim., elle s’élargit peu à peu jusqu'à acquérir un diamètre de 5 millim. et plus; quant à la longueur qu'atteint l'animal, et par conséquent aussi le tuyau qui le ren- ferme, nous l'avons trouvée quelquefois de 30 à 40 centimétres. Vers le haut, toutefois, il ne s’avance que jusqu'à mi-chemin entre les niveaux du flot et du jusant; quoique le Taret se trouve alors, pendant quelque temps, partiellement au-dessus de l’eau, il paraît que le bois conserve assez d'humidité pour l'entretien de la vie de l’animal. Les recherches de M. Kater ont encore fait connaître, ce que du reste Sellins avait déjà remarqué, que les Tarets peuvent hiverner dans le bois, et que ce sont les individus ainsi conservés qui donnent lieu, au printemps, à tous les phénomènes de la reproduction, savoir: formation des oeufs, fécondation, dévelop- pement et expulsion des jeunes. La partie des téguments extérieurs qui constitue le manteau, dépose une matière calcaire, qui vient tapisser directement la sur- face intérieure de la galerie creusée dans le bois; entre ce revé- tement calcaire et le corps de l’animal, il reste un espace sufii- sant pour que les mouvements ne soient gênés en rien, au moins pendant l’acte de l'expiration; car il est possible que lorsque le Taret absorbe l'eau qui doit servir à sa respiration, son corps se trouve plus distendu et remplisse plus exactement le tube calcaire. La forme de ce tube, sécrété peu à peu, répond entièrement à celle de la galerie qui a été lentement pratiquée dans le bois: il offre donc également l'apparence d’une série d’anneaux placés à la suite les uns des autres. À mesure que l’animal progresse, un nouvel anneau s'ajoute à ceux qui existaient déjà, de sorte que lorsque le tuyau se trouve fermé, à son extrémité centrale, par une lame calcaire, sa longueur représente la longueur totale de l'animal. Parmi les segments du tuyau, ceux qui sont le plus rapprochés de la surface du bois sont les plus anciens et les plus E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 21 durs; à l’intérieur du bois, là où la galerie se termine, l’anneau calcaire, nouvellement formé, est d’abord mou, flexible, peu consistant; plus tard cette partie prend également la solidité nécessaire et ferme le tuyau, comme Sellius l'avait déjà remarqué. Dans l'espèce décrite par nous, nous n'avons jamais observé la formation de deux ouvertures entourées de matière calcaire, situées l’une à côté de l’autre, offrant à peu près l'apparence d’un huit renversé æ, et servant au passage des siphons, telles que Deshayes les a décrites et figurées. Le tube calcaire, une fois formé, constitue à chaque Taret un abri propre, à l’aide duquel il s’isole en quelque sorte de ses compagnons et n’a plus rien à craindre de leur voisinage. Jamais on ne voit un Taret percer le tube d’un autre. Les tubes chemi- nent à côté les uns des autres et se croisent en tous sens; mais, quelque vermoulu que soit le bois, toujours 1l reste une paroi ligneuse, souvent très mince il est vrai, entre deux tubes voisins. L'existence des Tarets adultes paraît liée en quelque sorte au bois. Retirés de leurs galeries et placés dans de l’eau de mer, ils ne purent guère être conservés en vie, par M. Kater, pen- dant plus de trois ou quatre jours. Laissés dans le bois, mais placés hors de l’eau de mer, ils meurent dans l’espace de vingt- quatre heures. Privés à la fois du contact du bois et de celui de l’eau de mer, ils périssent au bout de un à deux jours. Dans le bois humide, c’est-à-dire imbibé d’eau de mer, leur existence se prolonge un peu plus longtemps. Le bois et l’eau de mer leur sont done, l’un et l’autre, néces- saires. Si on leur fournit ces deux conditions d'existence, c’est- à-dire si on met dans de l’eau de mer le bois qui les renferme, on peut, comme M. Kater nous l’a appris, les garder vivants pendant plusieurs mois de suite. Le Taret ne reste pourtant pas dans la jouissance paisible de la demeure qu'il s’est construite et de la nourriture que l’eau lui apporte. Il sy voit exposé aux attaques d’un ennemi, d’un annélide, auquel feu M. W. de Haan a donné le nom de Lycoris Doi E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. fucala. De nos jours comme à des époques antérieures, on a constamment trouvé cet annélide partout où se trouvait le Taret ; ses oeufs et ses larves se rencontrent déjà au milieu de ceux du mollusque. M. Kater a remarqué que l’annélide adulte, partant du fond vaseux où il se tient,') et dans lequel les pieux sont enfoncés, grimpe, le long de la surface du bois, vers l’ouverture pratiquée par le Taret; là, il suce en quelque sorte sa victime, puis, après avoir légèrement élargi l'entrée du conduit, il y pénètre et s’y loge à la place du Taret. Plus tard l’annélide reparaît au jour et se met à la recherche d’une nouvelle proie. Tous les auteurs du siècle précédent ont rencontré cet annélide dans le bois, en même temps que le Taret. Il est à remarquer qu'un annélide semblable, peut-être la même espèce, a été trouvé dans les cavités creusées dans la pierre par les Pholades. Nous en avons découvert une figure dans un livre rare publié, en l’année 1684, par un savant Jésuite. *) Il importe beaucoup que l’annélide dont nous nous occupons soit bien connu, et que l’on sache bien, non seulement que par lui-même il est parfaitement inoffensif, mais en outre qu'il nous rend le service de dévorer le destructeur du bois. C’est un anné- lide étroit, long de dix à quinze centimètres, pourvu latéralement d’un grand nombre de petits pieds terminés en pointe et garnis de poils, et montrant en avant une paire de fortes mâchoires supérieures, cornées et aiguës, et des mâchoires inférieures recour- bées en crochets et portées en dehors à l’aide de la lèvre infé- rieure, qui se développe à peu près comme un doigt de gant retourné. Derrière la tête se trouvent quatre paires de branchies tubuliformes. (Voir la PL I, fig. IIL.) C’est avec les armes que nous venons de faire connaître, que l’annélide poursuit et dévore le Taret. Les observations de M. Kater nous apprennent qu'on le trouve de préférence dans les galeries 1) Il s’y enterre pendant l’hiver. 2) Recreatio mentis et oculi in observatione animalium Testaceorum a F. Phihppo Bonano, Socielalis Jesu. Romae 1684. Superiorum permissu. E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 29 vides, avec les restes du Taret; parfois même on le voit comme revêtu des téguments du Taret dont il est occupé à fouiller les intestins. Une fois même M. Kater a été assez bien servi par le hasard, qui toutefois ne procure ces bonnes fortunes qu'à l’obser- vateur assidu, pour saisir l’instant où l’annélide, sortant par une des ouvertures du bois qu'il habitait, s'empara d’un Taret, que M. Kater avait déposé sur le fond du vase qui renfermait le bois. Il vit l’annélide saisir le Taret avec ses mâchoires, l’en- traîner dans le canal qu'il occupait et le dévorer si complétement qu'il ne resta finalement que les deux valves de la coquille. C’est d’une manière tout à fait différente que les cirripèdes (Balanus sulcatus), contribuent à préserver le bois. Lorsque ces animaux, auxquels nos marins et les habitants de nos côtes don- nent le nom de Pustules de mer ou d’Epines de mer, se mul- tiplient tellement à la surface du bois que leurs disques se touchent, sans laisser le moindre espace à nu, la conséquence naturelle est que la larve du Taret ne trouve aucun endroit où elle puisse se fixer, et qu'il lui est impossible par suite de pénétrer dans le bois; cet effet préservatif se produit lors même que les coquii- les sont tombées ; il suffit que les disques soient restés adhérents. EEE SUR LES CIRCONSTANCES QUI FAVORISENT LES RAVAGES DU TARET. La Commission donne, dans son premier rapport, un aperçu historique des dégâts commis par le Taret, à différentes époques, dans la Néerlande. Là où le Taret fut remarqué pour la première fois, la première idée qui se présenta fut celle d’une importation du dehors; c’est ainsi qu'on accusa presque partout des navires, venus des Indes 24 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. Orientales, d’avoir amené cet hôte destructeur. Une couple de faits suffiraient à montrer la fausseté de cette opinion, si elle conservait encore des partisans. Lors de l’approfondissement dé Dumbartdock à Belfast, William Thompson !) trouva à douze pieds au dessous du sol, dans une argile bleuâtre, un trone d'arbre entièrement eriblé par le Taret. Si l’on considère la pro- fondeur à laquelle ce débris fut découvert, et si l’on songe en outre qu'il gisait au dessous d’une série de couches de coquilles, on arrive à la conclusion que ce tronc d'arbre fut déposé en cet endroit il y a bien des siècles, longtemps avant que le Taret fût connu en Europe, et longtemps avant qu'un navire, venu de l'Est ou de l'Ouest, pût aborder à Belfast. On a trouvé, en outre, dans différentes localités, du bois fossile perforé par le Taret; par exemple dans l'argile de Londres, dans le terrain éocène de Bruxelles, où M. van Beneden a découvert du bois de buis fossile renfermant des restes de Taret, et, à une profondeur considérable, près de Gand, lors de la construc- tion de la citadelle. Le Taret existait donc déjà à une époque géologique antérieure à la nôtre, et il paraît habiter en tout temps nos côtes. Mais quelle est la raison pour laquelle, à des époques déterminées, comme dans les années 1730, 1770, 1827, 1858 et 1859, ïl s'est multiplié si prodigieusement qu'il a pu détruire, en très-peu de temps, des digues entières ? Déjà en 1733, Massuet assigna pour cause à ce fait un accrois- sement du degré de salure de salure de l’eau, par suite d’une diminution dans les quantités de pluie et de neige tombées, et la même opinion se trouve émise dans les rapports de beaucoup d'ingénieurs en chef du Waterstaat. Pour décider jusqu'à quel point cette opinion pouvait être fondée, la commission voulut examiner si la proportion de sel, contenue dans l’eau de l’'Y et du Zuyderzée, avait augmenté à la 1) W. Thompson, Ox the Teredo navalis and Limnoria lerebrans, in Edinb. New Philosoph. Journal for January 1855. E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 25 suite des sécheresses continues des années antérieures à 1859, sécheresses qui avaient rendu inutile l’épuisement des polders, et diminué notablement par conséquent l’afflux d’eau douce. J’en- trepris, dans ce but, une série de recherches sur la salure tant de l’eau de l’Y que de celle d’une couple de points du Zuyder- zée. Ces eaux, en effet, avaient déjà été soumises antérieurement à un examen; en 1825 M. G. J. Mulder avait trouvé dans l’eau du Zuyderzée, puisée près de Muiderberg, le 14 Juillet 1825, au moment du reflux et par un vent du Nord, sur 1000 parties 9,651 p. de matières solides; et dans l’eau de l’Y, prise devant Amsterdam, le 5 Septembre 1825, entre le flux et le reflux, 9,959 de matières solides. Moi-même j'avais, de concert avee M. F. H. van Moorsel, déterminé, en 1855, la composition de l’eau de l’Y, puisée devant Amsterdam, le 22 Juin, à la marée montante; cette analyse avait donné: À Chlorure de sodium ........... 4,6213 Chlorure de magnésium........ 0,3995 Silgate derpolasse.. 0.01. C,0020 Sulfate de:chaux. : 42.100 0,1380 Sulfate. de magnésie........:). 0,4992 Chlorure de potassium......... 0,1525 Matières organiques et perte... 0,1135 HO SR QE TEE ME NRA traces. Del aMMONIAC. ii SAN eu . traces. Carbonate:de chaux... 0,0615 8 See a dit ue ELU 0,0055 |. Peroxyde de fer, alumine et acide E ä Phosphorique M Lee 0,0015(% 5 Sulate de chaux 44 ti Le 0,0170 SE Chaux Wnies/ à des .1#. 1001 0,0035 = 5 Magnésie | acides organiques... 0,0540 e Matière organique et perte..... 0,0800 _ HEC Densité a...) lerOr= AC OUS Pour mes nouvelles recherches je fis prendre, le 17 Octobre 1859, de l’eau de l’'Y près de Nieuwendam, à la basse mer, et 26 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. le 18 Octobre de l’eau du Zuyderzée, à la hauteur de Stavoren à marée montante, et à la hauteur de Harlingen à la basse mer. Je trouvai pour la composition de ces trois échantillons d’eau, sur 1000 parties: Nieuwendam. Stavoren. Harlingen . Sel MAT QT et au D 10,304 24,S19 23,848 Sulfate.de: chaux Lu A ue 0,653 1,186 1169 pulfaté de masnesie 0 00 0,736 1,902 1,880 Chiorure de magnésium. ......:. 0,301 0,301 0,459 Chlorure de-potassiuin. 1:02 0,133 0,474 0,559 Silice, Tode, Brôme, Sels Ammonia- caux , Matières organiques et perte. 0,578 0,628, 2 40,8% Somme des matières solides. ... .. 12,705 99,310 28,780. L'eau ayant été évaporée à siccité et les matières solides reprises par l’eau bouillante, il resta un résidu insoluble (incrustation des chaudières) s’élevant, pour 1000 parties d’eau, à: Nieuwendam. Stavoren. Harlingen. 0,406 0,907 0,992 et composé de sulfate et de carbonate de chaux, de carbonate de magnésie, de silice et de matières organiques. Si nous comparons les résultats de cette analyse à ceux rap- portés plus haut, nous voyons que la somme des matières solides contenues dans l’eau de l’Y, à Nieuwendam, est précisément le double de la proportion de sels trouvée par moi en 1855 dans l'eau de l’Y devant Amsterdam, et qu'elle est d'un tiers plus élevée que la proportion trouvée par M. Mulder en 1825. Nous voyons, en outre, que l’eau de l’Y en 1859 était beaucoup plus riche en sels que l’eau du Zuyderzée, à la hauteur de Muider- berg, en 1825, La grande richesse en sel de l’eau de Harlingen et de Stavoren en 1859, comparée à l’eau du Zuyderzée, près de Muiderberg en 1825, est très-digne d'attention; en 1859, en effet, nous trouvons le degré de salure de l’eau du Zuyderzée de très-peu inférieur à celui de la mer du Nord. On voit que, par suite de la faible quantité d’eau douce déversée dans les années 1857, 1858 et 1859, la salure du Zuyderzée et de l'Y s'était accrue E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 27 très-considérablement en 1859; il est probable que cette eircon- stance seule a pu permettre au Taret, au moins en ce qui con- cerne J'Y où on ne le rencontrait pas habituellement, de com- mettre tant de dégâts dans les années 1858 et 1899. M. Storm Buysing a, en outre, comparé les niveaux relatifs des eaux de l’'Amstel et des eaux de l'Y, tels qu'ils se trouvent annotés dans les registres du bureau hydrographique de la ville d'Amsterdam. Cette comparaison a fait voir que dans les années 1128, 1828, 1838 et 1859, la hauteur moyenne du golfe a été presque constamment inférieure à celle des eaux extérieures, même à marée basse. Ce n’est que pour les mois de Janvier, Février et Mars 1728 qu'on trouve pour le niveau moyen du golfe de l’'Amstelland un excès respectivement égal à 0,037, 0,035 et O,014 mètre. Quoiqu'il ne faille pas en conclure que le golfe n’a rien déversé du tout, pendant les mois où le niveau de la basse mer resta, en moyenne, supérieur à celui du golfe, on peut pourtant affñr- mer hardiment que la décharge n'a pu être que très-faible. Outre ces données basées sur des chiffres, on trouve encore, ei et là, dans les rapports des ingénieurs en chef du Waterstaat, des renseignements qui montrent l'influence qu'ont eue sur le Taret les niveaux des eaux intérieures. Mais ce n’est pas uniquement l’accroissement de salure de l’eau qui entoure nos digues, accroissement produit par un changement dans les hauteurs relatives des eaux intérieures et extérieures, qu'il faut prendre en considération lorsqu'il s’agit d'expliquer la multiplication du Taret; les variations de la température sont une condition dont on doit tenir compte également. Il importait done d’examiner de près les données qui concer- nent cet élément, et de rechercher ce qu'elles avaient pu offrir de particulier pendant les années qui s'étaient fait remarquer par l'abondance des Tarets. * M. Buys Ballot eut l’obligeance de nous fournir à ce sujet les renseignements suivants : Les années 1731—1733 font partie du premier groupe d’obser- 28 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. vations régulières faites à Utrecht par Musschenbroek. Ce groupe comprend onze années, et il donne pour chaque mois une valeur moyenne plutôt supérieure qu'inférieure à la valeur qui se rap- | porte au mois correspondant des seules années 1731—1733; ces années 1731—1733 sont done au nombre des années froides de la période 1729—1739. Maïs les valeurs données par ce groupe de onze années sont plus fortes que celles qui résultent d’une autre longue série d'observations faites à Harlem, de sorte que, si l'élévation des premiers chiffres ne provient pas de quelque erreur dans l'addition ou dans les indications du thermomètre observé à Utrecht, les années 1731—17353 ont du être un peu plus chaudes qu'une année ordinaire dans la Néerlande. Les années 1824 jusques et y compris 1828 ont été toutes les cinq trop chaudes. Il en est de même des années 1831—-1836. Pour ce qui regarde les quantités de pluie, des observations s'étendant du mois d'Avril au mois d'Octobre inclusivement, et commençant avee l’année 1743, montrent que les étés pendant lesquels il est tombé le plus de pluie sont ceux des années 1745—1748, 1701, 1755, 1760—1764, 1167—1769, 1781, 1782, 1792, 11498, 1816,:1820, 1828-1851, 4840 /et 191, surtout 1829 et 1841. Les années 1770, 1827 et 1833 ne sont done pas au nombre des années pluvieuses. Toutes trois se sont fait remarquer par l'abondance des Tarets. En 1827 et 1833 la température fut très élevée, et tout le monde se souvient de la sécheresse et des cha- leurs qui ont caractérisé les années 1858 et 1859. La réunion de ces deux circonstances paraît donc exercer une influence favo- rable sur l'apparition et la multiplication des Tarets. La chaleur seule ne semble pas être suffisante. Les années 1790 jusques et y compris 1794, 1747-—1750, 1756—1761 furent très chaudes, surtout les premières, sans qu’on puisse dire que le Taret ait été exceptionnellement commun; du moins on ne trouve pas qu'il ait été fait mention du fait. Pour obtenir des notions plus certaines sur les variations E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 29 qu'éprouve la salure de l’eau dans l’Y, dans le Zuyderzée et dans la mer du Nord sur les côtes de la Néerlande, j'ai fait, depuis le mois de Mai 1859 jusqu’en Janvier 1865, une série nombreuse d'essais, dans lesquels je déterminais la proportion de chlore de l’eau, comme indiquant assez bien le degré de salure. Ces essais ont porté sur de l’eau puisée, d’abord deux fois par semaine et plus tard deux fois par mois, et tant à la mer basse qu'à la mer pleine, à Nieuwendam, à Stavoren, à Harlingen et à Flessingue. Au moment de puiser l’eau, on annotait en même temps la hauteur de la mer, rapportée à l'échelle d'Amsterdam ou au niveau moyen de l’Océan, l’état de l'atmosphère, la direc- tion du vent et la température tant de l'air que de l’eau. Les résultats de ces recherches, continuées pendant six années, se trouvent dans les six rapports publiés par notre Commission. Je me contenterai ici d'en extraire les données suivantes: 1% Tandis que l'Océan renferme de 37 à 39 millièmes de matières salines, à Flessingue, ville située au bord de la mer du Nord à l'embouchure de l’Escaut Occidental, l’eau possédait, pendant l'été de 1859, une proportion de sels, passablement con- stante, de 29 à 30 p. m.; à partir du moins d'Octobre, cette proportion s’abaisse lentement, de manière à n’être plus que de 27,9 p. m. au mois de Janvier 1860; elle s'élève de nouveau à 28 p. m. dans le courant de l’été de 1860, pour tomber à 26 p. m. vers la fin de cette même année; à partir de ce moment elle augmente progressivement jusqu'au mois de Novembre 1861, atteint alors 33 p. m., descend lentement jusqu'en Mars 1862 (29 p. m.), se relève peu à peu jusqu'en Novembre 1862 (32 p. m.), retombe à 30 p. m., oscille entre 30 et 33 p. m. pendant l’année 1863, et présente en 1864 une moyenne un peu plus basse, les variations restant comprises entre 29 et 32 p. m. On voit qu’ à Flessingue le degré de salure de l’eau n’est pas soumis à de fortes variations. 20. À Harlingen, situé à l’extrémité supérieure du Zuyderzée, Ja où cette mer n’est séparée de la mer du Nord que par quel- ques îles, nous trouvons en Mai 1859 la proportion de sel à 30 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. environ 29 p. m.; elle monte jusqu'au mois de Juillet (30 p. m.) puis décroît d’une manière continue jusqu'en Juin 1860, époque à laquelle elle n’est plus que de 21 p. m.; à partir de ce moment elle se.relève lentement jusqu'au mois d'Aofût 1861 (environ 30 p. m.); en Janvier 1862 elle est retombée à 14 p. em, ef pendant toute cette année elle varie entre 19 et 22 p. m.: au mois de Juillet 1863 elle atteint un maximum de plus de 30 p. m.; après être redescendue jusqu'à 23 p. m. dans le courant de l’hiver de 1863—1864, elle atteint de nouveau un maximum de 81 p. m. au mois de Mai, et s’abaisse jusqu'à 20 p. m. vers la fin de 1864. 3, À Stavoren, situé également le long du Zuyderzée, sur la côte frisonne, mais beaucoup plus au Sud que Harlingen, l’eau nous offre, vers le milieu de 1859, une proportion de sel de 24 p. m.; mais déjà à la fin de cette même année la proportion n’est plus que de 14 p. m., et, continuant à décroître, elle atteint en Mars 1860 un minimum de 10 p. m.; elle varie ensuite entre 9 et 14 p. m., mais, à partir du milieu de 1861, elle reprend une marche ascendante et s’élève en Novembre 1861 jusqu'à un maximum de 20 p. m.; elle diminue alors jusqu'en Juillet 1862 (10 (p. m.), puis présente un maximum de 22 p. m. en Octobre 1862, un minimum de 12 p. m. en Janvier 1863, et un nou- veau maximum de 24 p. m. vers le milieu de 1863; après avoir un peu fléchi pendant l’hiver, elle atteint en Juillet 1864 un maximum de 29 p. m.; à partir de cette époque nous la trouvons en baisse, et à la fin de 1864 elle n’est plus que de 15 p. m. 4, Le quatrième point choisi pour nos déterminations est celui où l'attention fut d’abord attirée sur les ravages du Taret; c’est Nieuwendam, petite localité située au bord du golfe du Zuyderzée qu'on appelle l’Y, et dans lequel, outre le tribut d’eau douce apporté par l’Amstel, le Spaarn et d’autres rivières de moindre, importance, se décharge une grande quantité d’eau provenant des polders. Nous trouvons dans l’eau de cette localité, au commen- cement de 1859, une richesse en sel de 10 p. m.; cette propor- tion va jusqu'à 13 p. m. dans le courant de l'été, puis diminue continuellement, de manière à se trouver réduite à 7 p. m. dans mn E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 31 l'automne de 1860; pendant l'hiver suivant elle s'élève à 12 p. m. pour retomber de nouveau à 7 p. m. durant l'été de 1861; à partir de ce moment elle croît constamment et est encore une fois de 12 p. m. en September 1862; l'hiver la voit fléchir un peu, mais pendant toute l’année 1863 elle se maintient très élevée, entre 12 et 15 p. m.; au mois de Décembre 1863 elle atteint même le chiffre exceptionnel de 27 p. m.; enfin pendant l’année 1864 elle varie entre 9 et 12 p. m. Il est évident que les fortes variations qu'éprouve la salure des eaux de l’Y et du Zuyderzée dépendent de la quantité de pluie tombée, non-seulement dans notre pays mais dans tout le bassin du Rhin, car une partie des eaux du Rhin se rend, par l'Yssel, dans le Zuyderzée. De tous les faits que nous avons pu rassembler découlent les conclusions suivantes : 1°. Le Taret se trouve constamment sur nos côtes. 29, [1 ne nous a pas été apporté des Indes Orientales où Oecidentales. 30, Il n'apparaît donc pas à de certaines époques pour dispa- raître plus tard. 40. Il y a seulement des années où son développement semble être favorisé; telles furent surtout les années 1731, 1770, 1827, 1858 en 1859. D0. Les trois circonstances, sous lesquelles on observe cette multiplication exceptionnelle, sont la chute d’une faible quantité de pluie et -— comme conséquence directe ou éloignée — la dépression du niveau des eaux intérieures et l'accroissement de salure de l’eau de nos bras de mer. Comme circonstance favo- risante accessoire on peut noter l'élévation de la température atmosphérique. IV: EXPÉRIENCES ENTREPRISES POUR PRÉSERVER LE BOIS DES ATTEINTES DU TARET. Pour apprécier équitablement les expériences auxquelles la com- mission s’est livrée, il ne faut pas perdre de vue que lorsqu'on eut connaissance, en 1858 et 1859, des dégâts considérables commis par le Taret à beaucoup de nos ouvrages maritimes, de nombreux moyens de préservation furent recommandés, de divers côtés, au Gouvernement, et que la nature de plusieurs de ces moyens fut tenue secrète par les personnes qui les préconisaient. Pour que son travail offrit toutes les garanties désirables d’im- partialité, et bien que convaincue à priori de l’inefficacité d’un grand nombre des moyens proposés, la Commission a eru devoir n’en écarter aucun sans l'avoir expérimenté. En outre, et pour autant que possible, elle a toujours fait préparer les pieux d'essai par les inventeurs ou prôneurs mêmes des procédés à examiner, afin de se mettre ainsi à l’abri de toute espèce de réclamations. Les expériences ont été faites, la première année dans les ports de Flessingue, Harlingen, Stavoren et Nieuwendam, et ensuite dans les ports de Nieuwe Diep et de Stavoren. On y employait des pieux en bois de chêne, de sapin rouge, de sapin ordinaire et de pin sylvestre, ordinairement de 1 mètre de longueur sur 2 ou même 3 décimètres d’équarrissage; ces pieux étaient préparés de différentes manières, et l’on avait soin de placer à côté, comme contre-épreuve, des bois de la même espèce mais n’ayant reçu aucune préparation. On peut rapporter à trois groupes principaux les essais tentés par la Commission. E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 33 10. Enduits appliqués à la surface du bois ou modifications apportées à cette surface. 2, Imprégnation du bois avec différentes substances qui le modifient aussi bien à l’intérieur qu'à la surface. 3, Emploi de bois exotiques, différents des bois ordinaires de construction. A. ENDUITS APPLIQUÉS À LA SURFACE DU BOIS. Les moyens, appartenant à ce groupe, qui ont été examinés par la Commission sont les suivants: 10. Moyen imaginé par M. Claasen, et tenu secret par l'inventeur. 2%, Couleur métallique imaginée par M. Claasen, également un moyen secret. 30. Moyen de M. Brinkerink, consistant en un mélange de tale de Russie, goudron de houille, résine, soufre et verre finement pulvérisé, appliqué à chaud sur les bois rendu préalablement un peu rugueux à l’aide d’un rabot à dents; la couche appliquée avait une épaisseur d’une couple de millimètres. 4. Moyen de M. van Rijswijk, ayant quelque analogie avec le précédent. D. Vernis à la paraffine, obtenu par la distillation séche de la tourbe, de la fabrique de MM. Haages et Cie. à Amsterdam. 6°. Goudron de houille, appliqué à froid sur le bois en plu- sieurs couches successives, où appliqué à chaud sur le bois préalablement carbonisé à la surface ; quelques pieux furent traités de la manière suivante: on commençait par y forer des trous, qu'on remplissait de goudron, puis on adaptait aux ouvertures des bouchons qui les fermaient exactement, et qu’on chassait avec assez de force pour que la pression fît pénétrer le goudron dans le bois; d’autres pieux encore furent enduits d’un mélange de goudron de houille avec de l’acide sulfurique, du sel ammoniac, de la térébenthine, de l'huile de lin. 1°. Peinturage, soit avec des couleurs à la térébenthine, soit ARCHIVES NÉERLANDAISES T. I, 3 34 E. H. VON BAUMHAUER SUR LE TARET. avec des couleurs à l'huile de lin, entre autres avec le vert de chrome et avec le vert-de-gris. 80. Flambage ou carbonisation superficielle du bois. Les pieux ainsi préparés furent placés dans l’eau à la fin du moi de Mai 1859, et déjà l'examen auquel ils furent soumis à la fin du mois de Septembre de la même année fit voir qu'aucun des moyens employés ne pouvait offrir un préservatif contre l’action destructive du Taret; il n'y avait d'exception à faire que pour les pieux traités d’après le n°. 6; ceux-là ne montraient que ei et là quelques traces de Taret. Mais lors d’une nouvelle visite faite dans l'automne de 1860, par conséquent après que le bois eut séjourné dans l’eau pendant au moins une année et demie, les pieux enduits de goudron de houille furent trouvés également attaqués fortement par le Taret. Le résultat de ces essais donna à la Commission la conviction intime qu'aucun enduit extérieur, de quelque nature qu’il soit, aucune modification n’intéressant que la surface du bois, ne sau- rait le garantir efficacement des atteintes du Taret. En supposant même que l’un ou l’autre de ces moyens empêchât les larves de se fixer au bois, le frottement de l’eau, celui des glaçons, d’autres causes encore de dégradation extérieure ne tarderaient pas à endommager suffisamment la surface du bois pour en livrer l'accès au Taret. C’est ici le lieu de dire quelques mots d’une pratique généra- lement usitée chez nous pour éloigner le Taret, et qui consiste à couvrir le bois de clous de mailletage. Cette opération est fort dispendieuse, car, pour qu’elle protège complétement le bois, ïl est nécessaire que les têtes carrées des clous joignent exactement ; pour obtenir plus sûrement ce résultat, avant de mettre à l’eau les pilotis qui ont recu leur armature de clous, on les abandonne à l'air pendant quelque temps, afin que la rouille, se formant à la surface du fer, bouche les interstices qui restent inévitablement entre les têtes des clous. Mais cette précaution elle-même n’est pas d’un effet infaillible, car la Commission à rencontré plus d’une fois, dans le cours de ses investigations, des pilotis qui E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 35 avaient séjourné dans l’eau pendant plusieurs années, et dont la surface était entièrement recouverte d’une couche de rouille dure et épaisse de plus d’un centimètre, et qui, malgré cela, étaient rongés par le Taret à l’intérieur. Pour les portes d’écluse, on les recouvre fréquemment avec des lames de fer, de cuivre ou de zine. Il est clair que lorsque ce revêtement est parfait, et aussi longtemps qu'il demeure intact, il n'y a pas à se préoccuper des attaques du Taret. Malheureu- sement l'expérience à appris que l’usure produite par différentes causes, telles que le choc de l’eau et des glaçons qu’elle charrie, ne laisse pas longtemps la couverture dans cet état de complète intégrité. La nature apporte quelquefois, comme nous l’avons vu pag. 23, une protection plus efficace en recouvrant le bois de balanes ou d’autres testacés, à la condition toutefois que ce revêtement se fasse avant que la larve du Taret ne se soit attachée au bois. Les faits de ce genre ont conduit M. Lehmann à la proposi- tion, passablement bizarre, d’implanter sur le bois la moule ordinaire (Mytilus edulis). B. IMPRÉGNATION DU BOIS AVEC DIVERSES SUBSTANCES. La Commission à examiné, dans cette catégorie, les moyens suivants : 1°. Sulfate de cuivre. L’imbibition des pieux au moyen de ce sel eut lieu dans la fabrique de M.M. van der Elst et Smit à Am- sterdam. L'expérience prouva, dès l’été de la première année, 1859, que ce moyen n'avait absolument aucune action sur le Taret. Neänmoins, pour obtenir la conviction que la non-réussite de ces essais ne devait pas être attribuée à une préparation in- suffisante du bois, la Commission fit venir, de la fabrique de M. Boucherie à Paris, deux pièces de tronc de hêtre recouvert de son écorce, deux pièces équarries de bois de hêtre sans écorce et deux pièces rondes de bois de sapin, le tout préparé au sulfate 3% 36 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. de cuivre. Ces pièces, mises en expérience, ne résistérent pas mieux au Taret que celles sorties de la fabrique d'Amsterdam. Nos expériences confirment donc complétement les résultats obtenus par M. l’Ingenieur Noyon (Sur l’inefficacité du procédé Boucherie en eau de mer, Annales des Ponts et Chaussées de Mars et Avril 1859.) 20, Sulfate de protoxyde de fer (Vitriol vert). Les pieux furent imprégnés de ce sel dans la fabrique de M.M. van der Elst et Smit. Déjà dans le courant du premier été on put se convaincre que ce moyen n'empêchait nullement le bois d’être détruit par le Taret. La même chose s'applique au moyen suivant. 3”. Acélale de plomb. Les pieux imprégnés de cette substance provenaient de la même fabrique que les précédents. On s’étonnera peut-être que la Commission n'ait pas essayé l’action du sublimé corrosif. Elle a cru pouvoir s’en dispenser parce que, à son avis, l'inefficacité du sublimé était déjà suffisamment établie, surtout par des expériences faites antérieurement, sur une grande échelle, dans le chantier de la marine à Rotterdam. Il est à remarquer que dès l’année 1730 des préparations mer- curielles et arsénicales ont été essayées, mais sans résultats satis- faisants. Notre compatriote Job Baster en fait mention dans sa lettre au Président de la Société Royale de Londres. Voyez: Phil. Trans. Vol. XLI for the years 1739, 1740, p. 276 et suiv, 4. Verre soluble et chlorure de calcium. Des pieux de chêne et de sapin rouge furent imprégnés, dans la fabrique de M.M. van der Elst et Smit, d’abord d’une dissolution de verre soluble (sili- cate de soude) et ensuite d’une dissolution de chlorure de cal- cium; cette double opération avait pour but de donner naissance, dans les pores du bois, à un silicate de chaux. Les pieux ainsi préparés furent laissés à l'air pendant une demi-année, avant d’être mis à l’eau, afin que la combinaison chimique, si elle devait se produire, pût s'effectuer aussi complétement que possible. Ces pieux furent descendus dans l’eau, au Nieuwe Diep, en Mars 1862, et lorsqu'ils en furent retirés au mois d'Octobre de la même année, on put s'assurer que la préparation à laquelle E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. SU ils avaient été soumis avait été impuissante à les mettre à l'abri des atteintes du Taret. | 5, Huile de goudron. La firme Haages & C°. à Amsterdam, livra des pieux de chêne et de sapin rouge injectés avec un produit de la distillation sèche de la tourbe, auquel elle donne le nom de huile de goudron ou huwle de parafine: elle désira garder le secret sur la manière dont elle obtient cette huile de goudron et sur le procédé suivi pour la faire pénétrer dans le bois. Au mois de Juillet 1860 on plaça, tant à Stavoren qu'à Nieuwe Diep, une dizaine de pieux ainsi préparés et appartenant à l’une et à l’autre des deux essences nommées. On les visita dans le courant de la même année, après qu'ils eurent passé tout l’été dans l’eau, et on reconnut qu'ils avaient résisté à l’action du Taret. La Commission avait combiné ses expériences de telle sorte que, mettant dans l’eau dix pieux de chaque espèce de bois ayant subi une manipulation déterminée, on pouvait, pendant dix années consécuti- ves, retirer chaque année un de ces pieux pour le soumettre à l’exa- men. On procédait à cet examen en enlevant, au moyen d’une doloire, le bois à la surface sur une épaisseur de quelques millimètres, ce qui suffisait à mettre bien en évidence les galeries du Taret lors- qu'il en existait. Les pieux reconnus intacts étaient replacés dans l’eau, et l’année suivante on constatait de nouveau leur état de conservation en enlevant la couche superficielle du bois. En opérant de cette manière on acquérait la certitude, si les pieux restaient épargnés par le Taret pendant plusieurs années de suite, qu'ils ne devaient pas cette protection à un revêtement superficiel, mais que le bois résistait par lui-même aux efforts destructeurs du mollusque. On n'avait donc pas à craindre de voir des pilotis, préparés d’une manière semblable, perdre plus tard leur faculté de résistance, soit par des causes de dégradation extérieure, telles que le frottement de l’eau et des glacons, soit par une action lente de dissolution exercée par l’eau sur le principe actif de la sub- stance préservatrice. Lorsque les pieux traités à l'huile de goudron furent retirés en 1862, par conséquent après un séjour dans l’eau de plus 38 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. de deux années, ou plutôt de trois étés, on trouva des traces de Taret sur les pieux en chêne, mais non sur ceux en sapin rouge; mais, à la visite de Novembre 1863, des Tarets bien développés se montrèrent partout, aussi bien dans le bois de sapin que dans celui de chêne, tant sur les pieux déjà débarras- sés antérieurement, par la doloire, de leur couche superficielle, que sur ceux qui n'avaient encore, jusque-là, été soumis à aucun examen. 6°. Huile de créosote. C’est, comme on sait, un produit de la distillation sèche de la houille, débarrassé, par une nouvelle distillation, tant des principes les plus volatils qui servent ulté- rieurement à la préparation de la benzine, que des matières très peu volatiles qu'on emploie comme asphalte. Des essais avaient déjà été tentés, aussi bien à l'étranger que dans la Néerlande, avec du bois imprégné d'huile de créosote. Dès l’origine de ses travaux la Commission accorda une atten- tion spéciale à ce moyen important. Les bois de diverses espèces, préparés à l’huile de créosote dans la fabrique de la Société pour la préparation et la con- servation du bois à Amsterdam, furent placés dans l’eau, au mois de Mai 1859, à Flessingue, à Harlingen et à Stavoren. Au mois de Septembre suivant, à Flessingue, les pieux de chêne, de sapin et de sapin rouge furent trouvés intacts, tan- dis que les pieux non préparés avaient été attaqués. Au mois d'Octobre de la même année, on examina les pieux de sapin et de sapin rouge créosotés placés à Harlingen : ils montrèrent éga- lement un parfait état de conservation. Tandis qu'à Flessingue les pieux d'essai étaient fixés au moyen de boulons en fer, à Harlingen ils avaient été attachés à d’autres pieux qui n'avaient reçu aucune préparation: le Taret avait exercé ses ravages dans ces derniers, mais n'avait pas pénétré dans le bois créosoté. On ne put également découvrir aucune trace de Taret sur les pieux créosotés, de chêne et de sapin, qui se trouvaient à Stavoren et qu'on visita au mois d'Octobre 1859. À Nieuwendam on avait mis dans l’eau, en Mars 1859, trois E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 39 pieux de chêne, trois de sapin et trois de sapin rouge, tous eréosotés dans la fabrique d'Amsterdam. On procéda à l'examen vers la fin du mois de Septembre de la même année. Les pieux étaient reliés par des traverses en bois non préparé; on trouva que le Taret avait pénétré par les traverses jusque dans le bois créosoté, que parfois il sy était arrêté immédiatement au- dessous de la surface, mais que d’autres fois il avait pénétré à une profondeur de quelques millimèters; dans le chêne il s'était même introduit par d’autres points, par des parties de la surface qui n'étaient pas en contact avec dn bois non préparé. Les recherches sur l'influence de l’huile de créosote furent reprises en Juillet 1860, en opérant sur dix pieux de chaque essence de bois {chêne et sapin rouge), et en suivant la marche indiquée au paragraphe 5°; les localités choisies furent Nieuwe Diep et Stavoren; dans cette dernière les pieux qui, pendant la première campagne , étaient demeurés intacts, furent replacés dans l’eau, après que leur surface eut été enlevée par la doloire. Plus tard, en Août 1861, on mit encore en expérience, dans ces deux loca- lités, des pieux en bois de sapin, de hêtre et de peuplier, adressés à la Commission par le fabricant anglais Boulton, et qui avaient été créosotés dans les ateliers de cet industriel. Tous ces pieux furent examinés, vers l’automne, en 1862, en 1863 et en 1864. Tandis que les pieux de bois non préparé, placés, en guise de contre-épreuve, dans le voisinage des autres, furent trouvés chaque année remplis de Tarets, on ne découvrit lors du premier examen, des traces de Taret que dans les pieux en chêne créosotés dans la fabrique d'Amsterdam; mais en sciant les pieux on s’aperçut que l'huile de créosote n'avait pénétré le bois de chêne que très incomplétement. Le troisième examen, auquel on procéda en 1864, fit voir que les pieux en sapin, en hêtre et en peuplier, créosotés en Angle- terre dans la fabrique de M. Boulton, et qui, ayant séjourné dans l’eau de mer depuis le mois d'Août 1861, avaient été exposés pendant plus de trois années à l'influence du Taret, étaient demeurés parfaitement intacts: un examen minutieux ne 40 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. put faire découvrir la moindre trace de vermoulure, même dans les pieux qui avaient déjà été retirés de l’eau en 1862 et en 1863, sur lesquels la couche superficielle du bois avait été chaque fois enlevée jusqu'à une profondeur de quelques millimètres, et qu'on avait remis dans l’eau après chacune de ces opérations ; on constata de nouveau, en 1864, que ces pieux avaient résisté complétement et ne s'étaient pas laissé entamer par le Taret. Un résultat également favorable et décisif fut obtenu avec les pieux en sapin rouge, créosotés dans la fabrique de la Société pour la préparation et la conservation du bois à Amsterdam. Bien que ces pieux fussent plongés dans l’eau de mer depuis le mois de Juillet 1860, et qu'ils y eussent passé, par conséquent, déjà cinq étés consécutifs, on ne put rien découvrir qui ressemblât à des galeries de Taret; un seul de ces pieux, dans un point où la couleur du bois indiquait suffisamment la non-pénétration de l'huile de créosote, montra de très petites vermoulures, mais l'absence d’une couche calcaire et tout l’aspect des conduits prou- vaient clairement qu’il fallait les attribuer à un animal différent du Taret. Quant aux pieux non préparés, qui devaient servir à l'épreuve contradictoire, il n'en était rien resté que les petits abouts qui s'élevaient au-dessus de l’eau; tout le reste était entièrement con- verti en une masse spongieuse qui se brisait au moindre effort. Le résultat fourni par les pieux en chêne créosotés fut moins satisfaisant. Dans tous ces pieux, en effet, on trouva ci et là des galeries de Taret, mais toujours en faible quantité; en sciant les bois, on s’assura en outre que ces altérations se mon- traient constamment dans des parties dont la couleur témoignait que l’huile de créosote n'avait pu y pénétrer. Quoique l’on n’ait encore essayé nulle part ailleurs, pour autant que nous sachions, de préserver le bois de chêne des atteintes du Taret, la Commis- sion attachait pourtant une grande importance à cette recherche. En effet, pour beaucoup d'ouvrages maritimes, le bois de chêne ne peut être remplacé ni par le sapin rouge, ni par quelque autre bois léger se laissant facilement imbiber par l'huile de E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 41 créosote. La Commission a done fait créosoter, dans le fabrique d'Amsterdam, des pieux de chêne par un procédé perfectionné ; ces pieux ont été placés, en Novembre 1864, dans l’eau de mer à Nieuwe Diep, et la Commission se propose de les y laisser pendant trois années avant de procéder à l'examen. Le pétrole avait également été recommandé à la Commission, mais celle-ci n’a pas jugé utile de faire des essais avec cette sub- stance, surtout à cause de l'élévation de son prix comparé à celui de l’huile de créosote; quand même le pétrole agirait aussi efficacement que l'huile de créosote pour protéger le bois contre le Taret, son prix l’empêcherait toujours d’être employé à cet usage. C. EMPLOI DE BOIS EXOTIQUES, DIFFÉRENTS DES BOIS ORDINAIRES DE CONSTRUCTION. La Commission n’a pas été à même de faire beaucoup d’expé- riences sur ce sujet. Elle à acquis la certitude que le Groenhart de Surinam, le Bulletrie, les chênes américains et le bois si dur de Mambarklak ne sont pas épargnés par le Taret. On lui a envoyé en outre une forte pièce de bois de Gaïac, qui était restée pendant cinq ou six années dans l’eau de mer à Curaçao, et qu'elle a trouvée entièrement rongée par le Taret, preuve évidente que les bois les plus durs ne sont pas à l’abri des atteintes du mollusque. La Commission a reçu, il est vrai, un grand nombre de com- munications relatives à des bois connus pour être vénéneux, pour enivrer ou tuer les poissons dans l’eau; mais elle n’a pas eu l’occasion de soumettre ces bois à des expériences. Nous atten- dons des lumières, à cet égard, de recherches que, à la demande de la Commission, le Gouvernement a ordonné de faire, tant dans nos possessions des Indes Orientales que dans celles des Indes Occidentales, 42 E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. En résumé, il résulte des expériences auxquelles la Commis- sion s'est livrée pendant six années consécutives : 10. Les enduits les plus divers appliqués à la surface du bois, dans le dessein de recouvrir celui-ci d’une enveloppe sur laquelle le jeune Taret ne puisse se fixer, n’offrent qu'une protection tout à fait insufisante: une pareille enveloppe ne tarde pas à être endommagée, soit par des actions mécaniques comme le frotte- ment de l’eau et des glaçons, soit par l’action dissolvante de l’eau; dès qu’un point de la surface du bois est mis à découvert, quelque petit qu'il soit, le Taret encore microscopique pénètre dans l'intérieur du bois. Le revêtement du bois avec des lames de cuivre ou de zine et le mailletage sont des procédés trop dispendieux, et ne défendent d’ailleurs le bois qu'aussi longtemps qu'ils forment une surface parfaitement continue. 2, L'imprégnation avec des sels inorganiques solubles, consi- dérés habituellement comme étant des poisons pour les animaux, ne met pas le bois à l'abri de l’invasion du Taret; il faut attri- buer cette inefficacité en partie à ce que les sels absorbés par le bois en sont extraits par l’action dissolvante de l’eau de mer, en partie aussi à ce que plusieurs de ces sels ne paraissent pas avoir d'action vénéneuse sur le Taret. 3%. Quoiqu'on ne sache pas avec certitude si, parmi les bois exotiques, il ne s’en trouve pas qui résistent aux ravages du Taret, on peut affirmer pourtant que la dureté du bois n’est pas un obstacle qui empêche le mollusque d'y ereuser ses galeries ; les ravages observés dans le bois de Gaïac et dans le Mamber- klak sont là pour le prouver. 4, Le seul moyen que l’on puisse regarder, avec une grande probabilité, comme un véritable préservatif contre les dégâts auxquels le bois est exposé de la part du Taret, est l'huile de créosote; toutefois, dans l'emploi de ce moyen, il faut temir soigneusement compte de la qualité du liquide, de la manière dont l’imprégnation se fait, et de la nature du bois que l'on soumet à cette préparation. Ces résultats du travail de la Commission sont confirmés par E. H. VON BAUMHAUER. SUR LE TARET. 43 l'expérience d’un grand nombre d'ingénieurs des Ponts et Chaus- sées, tant dans la Néerlande qu'en Angleterre, en France et en Belgique. C’est ainsi que, tout récemment encore, un ingénieur belge, M. Crepin, s’exprimait de la manière suivante dans un rapport, en date du 5 Février 1864, sur des expériences faites à Ostende : L'expérience nous paraît aujourd'hui décisive, et nous pen- sons pouvoir conelure que les bois de sapin bien préparés à la créosote, avec des huiles de bonne qualité, sont à l'abri des atteintes du Taret et dans des conditions qui leur assurent une longue durée. Tout se réduit donc, à notre avis, à une question de bonne préparation avec de bonnes huiles créosotées, et à l'emploi des bois propres à l’imprégnation. On a reconnu que les bois résineux s’emprègnent beaucoup mieux que les autres et que les sapins blancs doivent être rejetés.” D'un autre côté M. Forestier, ingénieur français à Napoleon- Vendée, résume en ces termes, dans un rapport du 3 Mars 1864, les résultats des expériences entreprises par lui dans le port des Sables d'Olonne : Ces résultats confirment pleinement ceux constatés à Ostende, et il nous paraît difficile de se refuser à admettre que les expé- riences d’Ostende et des Sables d'Olonne sont décisives, et prou- vent d’une manière incontestable que le Taret ne saurait attaquer des bois convenablement créosotés.” EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE L Fig. LE Teredo navalis, vu du côté abdominal. a. coquille ; b. pied ; c. palettes ; d. siphon branchial ; e. » cloacal; nr IL Fragment de bois avec galeries de Taret. AB, Surface extérieure ; C, Orifices externes des ga- leries. D, Taret occupant une des galeries ; a. coquille ; b. pied faisant saillie au dehors. Gj palette de l’un des côtés ; d. siphon branchial; ei cloacal ; f. portions du tube calcaire ; g. point où l’unedes galeries se recourbe à angle droit. Fig. ITI. Zycoris fucata. PLANCHE IL. Les figures I, IT, IV, V et VI sont grossies quatrefois, les figures VIT, VIII, IX et X, huit fois. Fig. I et IT. Extrémité postérieure du Teredo navalis, vue de deux côtés différents ; a. palettes ; b. siphon branchial ; Gt: ms Lcloacal ” III. Une des palettes, séparée et grossie davantage. n IV. Extrémité antérieure du Teredo navalis, vue de côté. a. prolongement du man- teau à la face dorsale; b. pli du manteau, dans le- quel se trouve enchäs- sée la partie cervicale de la coquille. c. Un des lobes latéraux qui s’étendent sur la partie dorsale de la coquille. d. Contour du pied à l’état d’extension. Fig. V. La même, vue du côté abdo- minal. aa. ouverture abdominale de la coquille ; bd. pied ; c. lame palléale interne, appliquée sur la surface intérieure de la coquille. »r NI La même, vue du côte dorsal. a. prolongement palléal ; b. lobes latéraux ; c. petit muscle adducteur. » NII. Coquille, vue du côté abdo- minal. a. ouverture entre les deux valves ; des bb. parties moyennes valves ; EXPLICATION b'. tubercules à l’extrémité abdominale des val- ves ; cc. parties antérieures des valves ; d. tubercules entre lesquels se trouve le centre de rotation des valves; ee. apophyses épineuses. Fig. VIII. Coquille, vue du côté dorsal. a. ouverture entre les deux parties moyennes des valves ; bb. parties moyennes ; 6, » antérieures des valves : d. tubercules ; DES FIGURES. 45 e. limite des parties anté- rieure et moyenne ; Æ. partie postérieure ou cer- _ vicale des valves. Fig. IX. Coquille, vue de côté; les lettres ont la même signification que dans la figure précédente. ” X. Une des valves, vueen dedans. b. c. f. Comme dans fig. VIIT; b'. tubercule de la partie moyenne ; d. tubercule de la partie antérieure ; e. apophyse épineuse ; g. bourrelet sur lequel s’im- plante le grand muscle adducteur. PLANCHE II. Fig. I. Une des valves de la coquille d’un jeune individu de Teredo navalis, vue du côté extérieur , sous un grossissement de 40 fois JS. partie cervicale; b. [/4 C. 2 ee. limite entre les parties antérieure et moyenne. » IT. Une partie des rangées de den- ticules de la portion moyenne moyenne ; antérieure ; de la valve, sous un gros- sissement de 150 fois. Fig.IIT. Une de ces rangées, vuede profil. » IV. Partie de la portion antérieure de la valve , grossie 150 fois. »_V. Coquille avec les deux muscles adducteurs. m. grand muscle adducteur ; p. petit muscle adducteur, avec les fibres qu’il en- vole aux apophyses épi- neuses €. PLANCHE IV. Fig. I. Style hyalin, grossi 60 fois. ”“ II. Figure schématique, représen- tant une coupe du prolonge- ment palléal z, lequel se porte en dedans vers à, ainsi que l’empreinte du grand muscle adducteur en # et celle du petit en p. » III. Tissu aréolaire du prolongement palléal, sous un grossisse- ment de 300 fois. Fig. IV. Portion du même, qui montre clairement la nature mem- braneuse du tissu connectif. "NV. Fibres musculaires du prolon- gement palléal. ” NI. Fibres des muscles adducteurs. REMARQUES SUR UNE FORMULE NM EL BEBOUL. A Mathématicien attaché à L'IMPÉRIALE à Paris, POUR ÉVALUER LE PRIX D'UNE ASSURANCE DE SURVIE, PAR R. LOBATTO, Professeur honoraire à l'Ecole polytechnique à Delft. :) 1. Il s’agit de déterminer la valeur d’un capital exigible au décès de l’un de deux individus À, préalablement désigné, pour- vu que l’autre B soit encore en vie. Cette question a déjà été résolue depuis longtemps. La formule dont on s’est servi jusqu’ ici pour calculer cette valeur, et dont on trouve la démonstration dans la plupart des traités sur ia matière ?) est présentée ordi- nairement sous la forme suivante pt (RS) ee Et pr PAR RS (1) 2 Q 0 où («8) désigne la valeur du capital 1 exigible au décès de l'un ou l’autre des deux individus supposés âgés respectivement de a et b ans; BA_. la valeur d’une rente viagère 1 constituée :) M. R. Lobatto, mathématicien distingué, que la mort nous a enlevé le 9 Fevrier 1866, n’a pu surveiller lui même l’impression de son dernier travail. C’est avec un sentiment de douleur et de respect pour son exposition claire et lucide d’un sujet assez conpliqué d’analyse, que j’ai entrepris de réviser les épreuves de son mémoire. D: 08 EE 2) Voyez entre autres l’ouvrage du Dr. J. H. Meïer, Algemeine Anleilung zur Berechnung der Leibrenten und Anwartschaften, Tom I, pag. 351, et celui de M. le Dr. Zellmer. Die mathematischen Rechnungen bei Lebens- und Rente- Versicherungen, pag 62. R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. 47 sur la vie jointe de deux individus âgés de a—1 et b ans, AB_, celle relative aux âges « et b—T; a, b, indiquant les nombres des vivants, d’après la table de mortalité, aux âges «, b, et a=,, b_, ceux relatifs aux âges a—1, b—-1. 2. La formule précédente semble différer de celle donnée par le géomètre anglais F. Baïly dans son excellent ouvrage sur la théorie des assurances sur La vie (8° Chap., probl. 8), savoir LE ju es ja gite Es (2) 21 1+: er à : désignant l’interêt annuel du capital 1. Mais il est aisé de prouver la parfaite identité des deux formules précédentes. En effet, le premier terme ne est U à Il précisément la valeur de l'assurance désignée ci-dessus par (#8). D'ailleurs, l’on a, comme on sait, la relation dpt AN, 4 b on ds lun entre les valeurs AB relative aux âges a, b, et A_, B_. rela- tive aux âges a—1, b—1. Elle donne, par le changement de HER el Abu (AS) 24 be d’où l’on déduit DOUPA MEN o be vie D > AB 1 +2 do b, ce qui transforme la formule (2) en à ON da bis / Ge Je PAIE SN ARR CE PUR OUS L nd . ER la même que celle (1) énoncée ci-dessus. Si cest l'individu À qu'on désigne comme survivant, la 48 R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. valeur zx' de l’assurance, relative à ce cas, aura évidemment pour expression ce qui donne DU D (CE) ainsi que cela doit être, puisque si 4 et B ont contracté conjointement une assurance réciproque, il est bien clair que le payement du capital assuré sera exigible lors du décès de l’un des deux individus sans désignation préalable. Ce dernier résultat ne ressort pas si directement de la formule telle qu’elle a été donnée par Baily. Cependant ce géomètre ne manque pas d'ajouter l'observation que pour calculer la valeur de x' relative à la survie de 4, lorsque celle relative à la sur- vie de B a déjà été calculée, il suffit de soustraire cette dernière valeur x, de celle de l’assurance exigible lors de la dissolution du couple 4, B par la mort de l’un d’eux. 3. En 1861, M. Reboul a publié dans le Rundschau der Ver- sicherungen, journal consacré aux intérêts des assurances en géné- ral, une nouvelle formule pour la solution du problème qui nous occupe, et destinée à remplacer celle de Baïly qui lui a paru défectueuse, et peu propre d’ailleurs au calcul logarithmique. D’après M. Reboul la valeur de l’assurance en cas de survie de B, devrait s’exprimer par la formule 1 1 rad Ê di 3 48) (— (4 es AU odees (1+1i) (1+4+8B—AB) où À, B désignent respectivement les valeurs d’une rente viagère 1 sur la vie de chacun des deux individus, et 48 de celle consti- tuée sur leur vie jointe. Voici la marche suivie par ce géomètre pour parvenir au résultat précédent. Le prix d’une assurance d’un capital 1 sur la vie de A s'ex- 1À 1 — prime, comme l’on sait, par R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. 49 Observant que cette quantité est une fonction de 4, valeur de la rente viagère, M. Reboul a eru devoir en conelure qu’en général les valeurs des prix d'assurances doivent pouvoir s’ex- primer également au moyen de celles des rentes viagères. C’est ce qu'il a voulu établir spécialement pour les assurances en cas de survie, qui jusqu'ici semblent faire exception à cet égard. Soit done x la valeur d’une telle assurance exigible lors du décès de 4; B étant le survivant désigné, et y celle relative au cas où 4 est désigné comme le dernier mourant. Il est évident qu’on devra avoir l'équation 1 — A 1+4 : prix de l’assurance à réaliser lors du décès de 4; donc L'EUy 1 — A HR RAT RU RS CR — Il ne s’agit par conséquent que d'obtenir la valeur de y. A cet effet, M. Reboul s’appuye sur le raisonnement suivant. 4. Supposons que À et BF conviennent d'acheter une assurance constituée sur leur plus longue vie, ou, en d’autres termes, exigible au décès du survivant d’entre eux, et que y soit la somme à y contribuer de la part de À. Si le payement devait s'effectuer par une prime annuelle payable à l’avance (praenu- merando), jusqu'à la mort du survivant, cette prime aurait pour valeur 1 — (A + B — AP) TO) HA UDC Or, la part de À dans le prix d’une rente viagère 1 payable sur le même pied, jusqu'à la mort du survivant, s’élevant à i' 1 c. + À — =: AB, (voir Baïly, Tom.1, chap. 4, $ 84), la part y dans la rente g s’exprimera par 1 Hd Ce Be NI ARCHIVES NÉERLANDAISES. T. I. 4 D0 R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. Done en remplaçant g par sa valeur précédente, il en résultera ht die lun 1—:(4+ B— AB) —— si ie Re Re 1 +5 2 > TEDU ARE AM À ce qui est la nouvelle formule proposée par M. KReboul. Cette formule est susceptible d’être réduite à la forme simplifiée !) de B — À (5) Hp LS A BND En l'appliquant au cas où c’est À qui doive survivre à P, elle donne il È — 1AB A — (6) RE rue ; (l DHTML Apte) On en tire de même la rélation voulue Sous ce rapport, la formule (4) semble aussi exacte que celle (1) qui satisfait à la même condition. Néanmoins, je crois devoir révoquer en doute l'exactitude théo- rique de la formule de M. Reboul. En effet, je remarque d’abord que, la prime annuelle q n'étant introduite dans le raisonnement que comme une quantité auxiliaire qui disparaît du résultat final, il n'existe à priori aucun motif de la considérer plutôt comme praenumerando que comme post- numerando. Si l’on adopte cette dernière hypothèse, on aura PE he ee Lo Homolt em ur 1) Cette nouvelle forme qui ne paraît pas avoir été remarquée par M. Reboul est bien plus appropriée au calcul que celle proposée par M. Wiegand (voir le ARundschau, XI Jahrg. pag. 200). Elle m'a été communiquée par M. le Dr. F. J. Stamkart, à Amsterdam. R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. phil La part de À deviendrait — q (A — : AB); d'où l’on déduirait Di 4 ms CP A8) ; 2 (+5) (A + B — 4B) et il en résulterait pour la valeur cherchée D Le A 1 (4 PA Va 2 A = puupeur 1 +: expression susceptible d’être réduite à la forme simplifiée ru / D enr RC Qt (7) 1 +114 + PB — AB 2 UE Ce dernier résultat, obtenu par un raisonnement analogue à celui qui a conduit à la formule (5), en diffère cependant essen- tiellement, quoiqu'il vérifie également la relation 1 — 14B HA ———— = (cé); ET ce dont il est facile de s'assurer, en permutant entre elles les lettres À et P. Or, il est manifeste que les formules (5) et (7), qui ne s’ac- cordent pas, ne peuvent être exactes toutes les deux ; d’ailleurs, on ne pourra allèguer aucun raisonnement plausible pour préférer l'une à l’autre. Si donc la formule (5) ne peut être considérée comme exacte, il faut nécessairement qu'il se soit glissé, dans la démonstration de M. Reboul, une méprise qui a donné lieu à un résultat erroné. Il me semble qu’il n’est pas difficile de signaler cette méprise. 5. En effet, quoiqu'on puisse admettre que, lorsqu'il s’agit de fixer la part à contribuer par chacun des deux individus À, B, dans l'achat d’une rente (praenumerando), constituée sur leur AALEE D2 R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. plus longue vie, le prix doit être partagé dans le rapport de à ÉMyhE 1 AB à À + B — L AB, il ne s'ensuit nullement 2 2 2 2 | que la prime q à payer conjointement par eux doive être partagée dans le même rapport. Car ce serait admettre implicitement que l — 2 Cr er nn du survivant, doit être partagé dans ce même rapport, c’est-à-dire qu'on devrait avoir la proportion le prix assurance , exigible au décès POSER TAB) 14 44 BAR: EEE je? 2 - que M. Reboul semble avoir regardée comme un axiome, mais dont la justesse aurait besoin d’être préalablement démontrée en toute rigueur, ce qui me paraît impossible, puisque cette pro- portion manque de fondement théorique. On peut s'assurer d’ailleurs qu’il n’est pas possible de rendre la formule de M. Reboul identique avec celle de Baïly ou celle (2) qui la réprésente sous une autre forme, et que les géomètres ont admise jusqu'ici sans aucune objection. Néanmoins, M. Reboul a cru devoir attaquer l’exactitude de la formule de Baïly, et la regarder comme défectueuse, comme étant basée sur l'hypothèse fausse que, pour deux individus mourant tous les deux dans la même année, il y a probabilité égale pour chacun d’eux de mourir le premier. ) 6. Voici le raisonnement de Baïly, dont la rigueur n’a été contestée jusqu'ici par aucun des auteurs qui ont traité la matière. 1) On lit ce qui suit à la page 202 du journal cité. »Die Formel welche man bei Baily findet ist mangelhaft und unbequem weil sie sich nicht zur Berechnung mit Logarithmen eignet; die Methode sie zu herhalten ist nicht streng genug, weil sie sich auf die augenscheinlich falsche Hypothese stüzt, dass in dem Falle wo zwei Leben in dem Laufe desselben Jahres erlôschen, das eine Leben eben so viele Chancen habe als das andere zuerst zu erlôschen, so dass die Wahrscheinlichkeit der Eintritt dieses Kreis- nisses durch 2 in dem ganzen Verlauf der Rechnung ausgedruckt wird. R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. 53 Il y a deux cas de survie à considérer. À meurt dans la pre- mière année et P lui survit au bout de ce temps, ou bien À et B meurent tous les deux dans cet intervalle, mais À le premier. La probabilité du premier événement est égale à Mare) Pa LL Dis ea, et celle du second à L Ci (Poser ju do ü! &o bo DE Had A D, TT OT AU AE annuels aux âges a et b: donc la probabilité que B survive à A dans le cours de la première année, y compris le cas où ils seraient morts tous les deux avant la fin de ce terme, aura en désignant par À a&,, À b, les nombres des décès pour valeur 1 as D (bi ANG +5 Aa AUS), [e) Or, l'exactitude du second terme, objet de l’attaque de M. Reboul, peut facilement être prouvée de la manière suivante. Partageons l’année en { intervalles égaux, et supposons, ce qui est permis, que les décès annuels soient distribués d’une manière uniforme sur ces divers intervalles de temps, de manière e , « 1 1 A 4 qu'on puisse égaler à à A Go, — À b,, les nombres des décès dans ; l chacune de ces périodes. La probabilité que À existe encore au bout de la première de ces périodes et qu'en même temps À soit mort dans cet intervalle, a pour valeur _. (b, — - A bo) . ds Vo ou bien : 1 dr (es A 2 ee, Pour le second inter- l valle cette probabilité de survie de B s’exprimera par De Ve) ee DA l O ds C A & l 2 do et ainsi de suite jusqu'à peu. Pi taie) as b, { 54 R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. Ajoutant toutes ces valeurs, au nombre de {, on obtiendra la somme . j diA ds ds 0 Se 0 l ) 1 b DA ae () A di 2 O O pour la probabilité de survie de B au bout de la première année. Si maintenant on passe de la discontinuité à la continuité, en supposant le nombre { d'intervalles infini, on voit de suite que la valeur précédente convergera vers sa limite 1 2 nn A GA De 2 b, aa, + ce qui s'accorde avec l'expression adoptée par Baïly et ses successeurs. 1. Selon M. Reboul, l'emploi de la formule de Baïly présen- terait en outre l'inconvénient que les huit quantités qu’elle ren- ferme devraient être calculées avec une exactitude bien supérieure à celle qu'exige le résultat; puisque le dernier ne s'obtient qu'en soustrayant l’un de l’autre deux nombres dont les trois premiers chiffres ne diffèrent en général pas entre eux. ; J'observe, d’abord, que la formule citée n’exige le calcul que de cinq quantités diverses, savoir les valeurs de 4B, B4_,, AB_, 1 Gb re et les deux rapports 1, 7 !. ensuite, que l’inconvénient signalé O O ne peut se présenter que dans le cas où les deux individus dif- fèrent peu d'âge. En effet, s'ils étaient également âgés, la valeur de x se réduirait au premier terme - (o 8). Dans tous les autres pa 1B do 9 devra s'élever à mesure que le prix de l’assurance surpassera la 7. de cas, la différence des deux termes L ms A R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. £. REBOUL. 55 1 « A valeur - («8), ou, en d’autres termes, à mesure que les âges des 9? o deux individus différeront plus entre eux. Ayant eu occasion d'appliquer la formule de Baïly, j'ai pu m'assurer par expérience que dans les cas les plus défavorables, l'erreur, si l’on applique le calcul à une assurance de /{ 100, ne pourra porter que sur le chiffre des millièmes, et puisqu'il faut encore diviser par 2, l'erreur, si elle s'élève à deux unités de ce rang, ne pourra affecter le résultat final que d’un millième en plus ou en moins, erreur tout-à-fait négligeable dans la pratique des assurances. Même en appliquant la formule de Baiïly telle qu’elle a été obtenue par lui, sous la forme moins simple (2), il ne deviendrait nulle- ment nécessaire d'effectuer, ainsi que lavance M. Reboul, des multiplications et des divisions par de grands nombres. Pour faire voir que l'emploi de logarithmes à 7 décimales suffit pour obtenir le degré de précision voulu, je n'aurai qu'à prendre le même exemple calculé par M. Reboul à sa manière. Üna supposé &——.25,b— 30, 4B — 14,206, BA. — 141554, RDS — PL 2H9, 0, — 182; 4,. = 114, 4, —=:7160, = O4. Fe 2 La valeur du premier terme __—. , calculée pour un capital 100 — 4 4B 1,04 trois chiffres décimaux, il suffira d'employer des logarithmes à cinq décimales, de fl 100, devient. . Pour l'obtenir seulement avec AB = 14,206 56,824 48,176 log. 1,63524 1,04 log. 0,01703 ILAL5S15: log 161801 56 R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. log, AP), = L FOo30412 log. ‘4, —= 2:8992068 4,0468480 logvas Li 12,8881410 1,1581070 log. 14,39153 lon (1 4) =) 1e0S Ut los. a, 1208222808 4,0647389 log. a,, — 2,88817410 Hirooure log. 1,04 = 0,0170353 1,1589646 log. 14,41998 0,02845 0,02845 X 100 — 2,845 41,515 38,670 2 19,335 résultat qui s'accorde jusqu'aux millièmes avec celui obtenu par M. Reboul à l’aide d’nn calcul plus prolixe. Après avoir écarté les principales objections que M. Reboul à cru devoir élever contre la formule de Baïly, je n'hésite pas à émettre l'opinion que cette dernière est parfaitement exacte, et que celle de M. Reboul doit être considérée comme défectueuse, au moins sous un point de vue théorique. Tout en convenant que les résultats fournis par ces deux for- mules n’offrent pas, en général, des différences sensibles, je pense néanmoins qu'il n’y pas lieu d'accorder à la formule de M. Reboul la préférence sur celle de Baïily admise jusqu'ici. Au reste, je soumets volontiers les remarques précédentes an jugement des géomètres qui se sont spécialement occupés de la théorie mathématique des assurances sur la vie. 8. La formule (1) étant basée sur la supposition que .le paye- ment du capital assuré ne s'effectue qu'au bout de l’année où arrive le décès de À, je terminerai cette note en exposant une solution du problème, applicable au cas où l'assurance est exigible : R. LABATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. 57 immédiatement après le décès de À, condition qui, à ce que je sache, n’a pas été considérée jusqu'ici, et qui se rapproche plus de ce qui à effectivement lieu dans la pratique des assurances. Soient a, b les âges respectifs de À, B. Désignons en général par ar le nombre des vivants à l’âge à + n; par À 4x = An — An + 1 le nombre des décès annuels à l’âge « + n. Soit r la valeur du capital 1 augmenté de la rente annuelle :. Partageons l’année en { intervalles de temps égaux, et supposons, comme ci-dessus (n°. 6), que les décès annuels se distribuent uniformément sur ces divers intervalles, de manière que le nombre des vivants à, ad . 0 , . (9) CFE A (4) diminue régulièrement de -2___1 où © pendant chacune de l l ces périodes. D'après ce qui a déjà été établi au n°. 6, la probabilité pour B de survivre à À au bout du premier intervalle de temps a pour expression 1 1 A @ Î 1 A 4 ee be) = —— Dune Goes) b.) à (er ls als ( L On aura pareillement pour ces probabilités relatives aux inter- valles suivants Le ( —{sb) un D (Pr. + (1 — - A DE flo l b. l A ao o V5 o Vo À be os be) - onu pe de) AUDI) meehete. ae x | l l Go oi l ÿ) ni Donc, en posant pour simplifier V'r =— e, il viendra, relati- vement à la première année, pour les valeurs des sommes dues aux intervalles successifs de la première année Ie 1 1 D (D) 2 2) l se lo | : ( F' ï 181 us a D0s SE an 2 PAS RAR LUS) AD ATEN Le? | 1 + c) sb ini ne RCE ina ns x + D8 R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. 1 1 + — b, Aa X (9 do bo oh el 1 TN a or nes no 2 3. ed 2 0 DE US UE QU Le coefficient de 0, à a, pourra être mis sous la forme PE Tr ONE en CE DO en ei — à d “ = Lot ( (E2 9— 1 Celui de À &, À b,, qu'on peut écrire sous la forme 1 \ ç 2 ,,9 gr 9! il h.2 je Huile: + = Des revient évidemment à (— FNAC ie Ci) — 1 (2 Lee 0 ] = N. (ane On obtiendra ainsi pour la première année L M b, à & + N a &, à bol ; Gb :\ et il est aisé d’entrevoir que, relativement aux années subsé:- quenies, on aura L DE bh 6 hi 20 bar Ur V l M D; AGEN o ANAUER ba, ete. Tab TE r? ù Mr (bad Dan a b3 À Ga À — a NT Re 00 nl ete. + O40 A4 AD AG XD RS A SA De rte A AU è l FE ; F2 a etc.(- R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. 5) La première série renfermée entre les crochets peut être rem- lacée par celle-e1 P lo b, dl; b, a b, = ee rat ui G6C l 2? Qi b; 2 bs a, 3 $ == eu ne TE NT GG r | bed ) d'où l’on conclut sans peine que la première partie de la valeur de À pourra être représentée sous la forme d__1 2 BA; — AB, (4 2e) M 11 BA_; indiquant le prix d’une rente viagère 1 relative aux âges a_; et b. Quant à la seconde partie, en l’écrivant sous la forme N (a — @) (bi — b dore \ 4 b — b n te = " ( Li ob) 14 | il est aisé de s’assurer qu'elle exprime la quantité b_ Peel) AB ir e BA_; + _. 48.) ) me etc. 2 N e) Prenant la somme, on obtiendra X=N-+(N(r-+1)—Mr) AB (M Nyr AB Nr AB a O Le) Il reste maintenant à rechercher les limites vers lesquelles les coefiicients M, N convergent, à mesure que les intervalles de temps deviennent plus nombreux, ou bien lorsque le nombre ! Ro 1 augmente indéfiniment. Pour y parvenir, faisons { = -, donc e = Vr— +1; on a d’abord A nimes La supposition {— « donne 3 — 0, et puisque # prend alors DAME AE D la forme indéterminée 5: on trouvera, en recourant au calcul Tr — 1. différentiel, M — r log. r pour la valeur limite de 47. 60 R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. Di Tony remplace logr lon 0 00) nan la série lv Le ds i — : pee = 1% — etc., il viendra CR Re Le (: LE : int r Pi 1 ue 1 ue r 2 2r : 2 Un pour la valeur approximative de cette quantité. Quant à la limite de la valeur de N qui pourra s’écrire ainsi io ae DE Ne 1 Ru Q t? pi (o EN 1) 2 EU l (e due 1) r 12 (e — 1)?, on l’obtiendra de suite, en observant que, d’après ce qui vient d'être trouvé, la fraction Abe D a pour limite ; que t (eo — 1) log. r d’ailleurs e — r* converge vers l’unité. On obtiendra par conséquent Valeur limite de N — . fl Lai Er log. r r log. r\ dont la valeur approximative sera, en vertu de ee qui précède, N— ir REF ReS 2(r—1) 2r 4r 2 Si maintenant on substitue les valeurs approximatives de HM et N que nous venons d'obtenir, dans la valeur générale de X, on trouvera que celle-ci se réduit à l'expression plus simple NX ==) 04 — M BA_; ee _ AB. do 0 Telle est la valeur de l'assurance qu'il fallait déterminer, et qui sera d'autant plus exacte que le taux d'intérêt sera moins élevé. 9. Le calcul intégral aurait pu nous conduire plus directement aux valeurs limites des coefficients Ï, N. En effet, en nommant x une partie de l’année prise pour unité, on aura évidemment pour la valeur de l’assurance relative à la première année 1 f 2 + (1 — x) A bot do bo Jo A4 AR TT PE ET me à R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. GI A A A AE ne a D NT AO G ti l ni l À. one M— PA a ve log? 7? GE loger lors EE) 1 Hu 7 / log: (1 — x) dx dx Le “À dx pepe fée re Hu redlos pi lo ri r* log. r log-r Mo r re Nr los. » log. r ; 1 mt 0 Donc N — de sure, y l ae. 1 Ge 1)= . 2 r log. r log. ro lo Fr Nloe Er Ce qui s'accorde avec les résultats obtenus au n°. précédent. 10. Il ne sera pas superflu de remarquer encore que la série 1e | A do ADO AtAb Le A Ga A Ds et ete." Go Do r r2 \ qui entre dans la seconde partie de la valeur de X, obtiendra, en général, une valeur assez minime, pour qu'il soit permis de la négliger par rapport à la partie multipliée par M. Pour s’en con- vaincre d’une manière satisfaisante, supposons que la courbe de mortalité se change en ligne droite à partir de l’âge «a, les décès annuels A &, A b, Seront constants, et si « et # désignent les com- pléments de vie de À et B, c’est-à-dire les différences entre chacun des âges «a et b, et celui qui termine la table de mor- talité, on aura évidemment a, — « A & et b, — BA, ce qui Change la série en celle-ci N 1 1 1 HAS (eur he a Ê ( ae Be di pen UNE À étant supposé plus âgé que B. Cette nouvelle série a pour somme a 62 R. LOBATTO. REMARQUES SUR UNE FORMULE DE M. E. REBOUL. En fixant le taux d'intérêt à 49,,, et mettant pour N sa valeur L , 1 Q Là « approximative =. cette somme deviendra égale à D 1 AN ob LE É Prenons pour exemple «a — 50, b — 40, et soit 100 l’âge où se termine la table de mortalité, on aura « = 50, 8 = 60, 1 (1.40) 50 négligée — 0.1407; ce qui fournit pour la valeur de la partie . (1—0.1407) = PT Que 3000 3000 ce qui produit une différence au-dessous de ft. 4 sur le prix d'assurance d’un Capital de fl. 1000; erreur qui diminuera néces- sairement lorsque « et 8 augmentent, c’est-à-dire à mesure que les deux individus seront moins âgés. Quels ques soient les âges, } A] , . 3 l'erreur à laquelle on s'expose ne peut surpasser la nie (2 On pourrait donc, lorsque aucun des deux individus n’aura atteint un âge avancé, se borner à la formule approximative 1= ie Abe pp do \ plus facile à calculer que celle de Baïly. Delft, Novembre 1865. SUR LA CLASSIFICATION DES RADICAUX ORGANIQUES ET LEURS RAPPORTS MUTUEIS, PAR P. J. VAN KERCKHOFF (Extrait d’un mémoire lu dans la Séance de la première classe de l’Académie Royale des Sciences d'Amsterdam du 27 Juin 1863.) Comme introduction l’auteur donne un aperçu historique de la signification attachée aux expressions radical composé, alome et équivalent, et signale les définitions plus exactes qu'on com- mence à accepter généralement. Viennent ensuite quelques remar- ques sur l’atomicité, tant des éléments que des radicaux composés, et Sur la liaison intime de ce principe avec la théorie des types. Les premiers essais de classification des substances organiques ont été tentés sur ces substances mêmes, d’abord en les groupant en familles, selon l’analogie de leurs propriétés tant physiques que chimiques, plus tard en les rangeant en séries suivant leurs fonctions, leur composition ou leur mode de génération. Dans les derniers temps, plusieurs chimistes ont préféré de classifier ces substances selon les radicaux qu'on est autorisé à y admettre. D’après cette manière de voir il devient done nécessaire de clas- sifier les radicaux eux-mêmes. Le seul principe actuellement admissible qui puisse servir de base, est certes celui de la composition, mais il convient en outre que dans cette classification on retrouve, autant que possible, l’indica- tion: 1°. de la valeur atomique des radicaux ; 2°. du caractère propre . qu'ils communiquent aux substances dont ils font partie ; 3°. de l’ana- logie ou de la différence qu'ils présentent sous le rapport de leurs fonctions et 40. de leur mode de génération les uns des autres. En adoptant le nom déjà usité de série homologue pour 64 P. J. VAN KERCKHOFF. SUR LA CLASSIFICATION l’ensemble des radicaux dont les fonctions sont semblables, dont l’atomicité est la même et dont la composition diffère pour chaque terme de G H,, on pourra désigner par le nom de série isologue les radicaux dont les fonctions sont semblables, mais dont la composition varie pour deux termes successifs de l’atome H et dont l’atomicité par suite est différente. Enfin l’on peut désigner par le nom de série hétérologue les radicaux qui remplissent des fonctions plus ou moins dissemblables, en même temps que deux termes subséquents diffèrent de 2 atomes H en moins et d’un atome G en plus. Tous les termes d’une pareille série possèdent donc une même atomicité. Il est vrai qu'on pourrait prendre l'expression de série hété- rologue dans un sens plus général, en disant que deux termes successifs diffèrent en composition par la substitution de un ou plusieurs atomes d'hydrogène par un radical soit monatomique, soit polyatomique qui présente un caractère moins basique. Mais comme c’est surtout l'oxygène qui par son entrée dans le radical, en déplaçant l'hydrogène, change les fonctions que le radical remplit dans ses combinaisons, il est plus pratique de s’en tenir à la première définition. Partant du principe de ces trois sortes de séries, il n'est pas possible de placer tous les radicaux organiques dans un tableau à surface plane, mais il devient indispensable de les ranger dans un espace à trois dimensions. C’est ainsi que tous ces radi- caux trouveront, chacun, leur place dans un cube dont les trois dimensions représenteront respectivement la direction des séries homologues, isologues et hétérologues. La planche V ci-jointe offre le dessin d’un cube ou paralléhpi- pède ainsi construit et placé de telle manière que la face anté- rieure, la face supérieure et une des faces latérales soient visibles. Sur ces faces se trouvent marqués les radicaux connus, qui y prennent place chacun dans le compartiment appartenant au terme correspondant de la série. Ceux qui se trouvent à l’intérieur n’y sont pas indiqués, mais deviennent visibles en enlevant successi- LI vement une tranche de séries prise parallèlement à l’une des Li DES RADICAUX ORGANIQUES ET LEURS RAPPORTS MUTUELS. 6) faces, p.e. à la face ADGC. Les dessins IT à X sur la planche VI représentent les radicaux qui deviennent ainsi visibles après avoir enlevé une, deux, trois tranches etc. Le cube dont les compartiments égaux et également distancés logeront ainsi chacun un radical, est formé en rangeant d’abord suivant une direction parallèle à l’arête AB, tous les radicaux homologues entre eux, à commencer par celui qui renferme le plus petit nombre d’atomes de carbone pour le maximum du nombre des atomes d'hydrogène. On range ensuite parallèlement à l’arête AC, toutes les séries isologues et suivant la direction de l’arête AD, toutes les séries hétérologues. Il est évident qu'à l’angle A du cube se trouvera placé le radical € H,, qui pour un seul atome de carbone renferme le maximum des atomes d'hydrogène. Observons d’abord que chacune des séries homologues peut être représentée par une formule, p. e. la première suivant AB, par Gr H2,,1, une autre parallèle, mais inférieure, située dans la face ACEB, par €, H2,, une troisième parallèle et située dans la même face, par €, He,_1, une quatrième située dans la face AUFB. par C, IL,_: O, etc. Pour chacune des séries isologues on trouvera de même une expression, p. e. pour celle qui est placée dans l’arête AC, la formule € H3_,, quand on désigne par la lettre m» le nombre des atomes d'hydrogène qu'un terme renferme en moins que le premier terme de la série. Une seconde série isologue, située dans la face ACEB, aura pour formule G: H;_,; une troisième C3 H;_,, et ainsi de suite. Il y en aura une située dans la face ADGC, qui aura pour expression € H1_, @; tandis que dans l'intérieur il y en aura telles que €: H:, 0, GC: H5_» © etc. En désignant par p le nombre des atomes d'oxygène dans le radical, chaque série hétérologue aura une formule propre, p. e. GH3_o 0, Go 5-0, O,, Ga Ho_ 2, 0, etc. La formule générale qui comprend tous les radicaux possibles sera nécessairement F Cr Ho) m0 9. ARCHIVES NÉERLANDAISES. T. I. D 66 P. J. VAN KERCKHOFF. SUR LA CLASSIFICATION Les trois espèces de séries, homologue, isologue et hétérologue, étant ainsi placées selon trois directions perpendiculaires entre elles, remplissent l’espace cubique, pour autant que les termes de ces séries peuvent exister, ce qui n’a lieu que pour un petit nombre de termes aussi longtems que la valeur de » est petite. À mesure que cette valeur augmente le nombre des termes des séries aug- mente aussi. La classification proposée ouvre de nouveaux aperçus sur les relations des radicaux entre eux, tant sous le rapport de leur com- position, que de leur atomicité, de leur génération et de leurs fonctions. Pour cela on n’a qu'à considérer les séries qui se pré- sentent quand, au lieu de suivre une des directions AB, AC ou AD, on prend quelque autre direction et qu'on note les ter- mes de ces nouvelles séries. C’est ainsi que dans toute direction parallèle à la diagonale AE de la face ABEC, on trouve pour deux termes consécutifs une différence de € H dans la composi- tion et une augmentation d’atomicité d’une unité. Dans une direction parallèle à la diagonale AF de la face ADEB, on rencontre des séries dont l’atomicité, pour chacune d'elles, est con- stante et dont les termes diffèrent de € 9. Remarquons en passant que ces séries comprennent les radicaux qui s’engendrent les uns des autres au moyen de leurs combinaisons avec le cyanogène. Suivant la direction AG, la différence en composition est de — H, +0 — et ainsi de suite pour les autres directions telles que BC, BD, etc. Les séries parallèles à la diagonale AH du cube sont remar- quables, en ce qu’elles contiennent comme termes les radicaux tant des substances qui par la distillation sèche perdent de l'acide carbonique, que de celles qui en résultent comme produits pyrogé- nés. La différence d’un terme à l’autre, dans cette direction, est de — H + ca et l’atomicité varie. Les avantages que présente la classification proposée sont les suivants : 1°. Elle montre, dans différentes directions, la liaison entre les radi- caux de substances qui se trouvent en rapport de génération mutuelle. DES RADICAUX ORGANIQUES ET LEURS RAPPORTS MUTUELS. 67 2%, Elle fait voir, au premier coup d'oeil, quels sont les radicaux dont l’atomicité est la même ou bien diffère. Pour un grand nombre de cas, elle donne la valeur numérique de l’atomicité. 3%, Elle signale les radicaux qui, en entrant dans des combi- naisons analogues, produisent des substances douées de propriétés analogues. 40, Elle fait connaître la différence de caractère ou de fonctions entre des substances constituées de la même manière, mais ren- fermant des radicaux différents. 5°. On y retrouve le lien qui unit les différents radicaux qu’on peut supposer exister dans la même substance, suivant qu'elle se décompose d’une manière ou d’une autre. 6°. Elle comprend tous les radicaux organiques primitifs. D’après la construction du tableau stéréométrique, il est évident que tous les radicaux monatomiques se trouvent situés dans la couche horizontale supérieure du cube, tous les radicaux diato- miques dans la seconde couche, et ainsi de suite. L'expérience prouve qu'en effet un très grand nombre de radicaux possèdent en réalité l’atomicité qui leur est assignée par le tableau, mais elle nous fait connaître un nombre plus considérable encore de radicaux dont l’atomicité est moindre que celle de leur position dans le tableau. Quand on compare la différence entre l’atomicité expérimentale et l’atomicité théorique, on trouve qu'elle est tou- Jours un nombre pair. D'un autre côté, les exemples sont fréquents qu'un radical de composition donnée fonctionne, tantôt avec une certaine atomicité, tantôt avec une atomicité moindre; et dans ce cas encore, la différence entre ces deux atomicités est toujours un nombre pair. Cette observation donne lieu à admettre la loi empi- rique, que l’atomicité des radicaux organiques peut diminuer de deux ou d’un multiple de deux. Il est évident que cette loi ne se rapporte qu'aux radicaux dont l’atomicité est de trois ou d’un nombre supérieur ; les radicaux monatomiques et diatomiques ne pou- vant diminuer de valeur atomique sans cesser d’être des radicaux. Des exemples très nombreux font voir la généralité de cette Loi. 5 * DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITÉ, PAR P. J. VAN KERCKHOFF. (Extrait d’un mémoire lu dans la Séance de la première classe de l’Académie Royale des Sciences d'Amsterdam du 28 Avril 1865.) L'auteur commence par rappeler les diverses acceptions dans lesquelles le mot d’atonucité ‘) est employé par divers auteurs, nommément par MM. Würtz et Kékulé. Quelle que soit cette diversité, l’atomicité indique toujours que les atomes comparés entre eux possèdent une certaine valeur de combinaison ou de sub- stitution, qu'on peut exprimer en unités de certains atomes pris pour point de départ. Tout en rendant justice à l'importance de la théorie de l’ato- micité, l’auteur se propose d'appeler l’attention sur ce que cette théorie a d’incomplet jusqu'à présent, et de fournir quelques con- sidérations qui lui paraisssent devoir augmenter sa signification. $ 1. Alomicté el affinité. Le principe de l’atomicité, quelque juste qu’il soit, ne rend pas suffisamment compte des phénomènes chimiques. Son impor- tance même a peut-être été la cause qu’on n’a eu en vue que ce côté de la question à résoudre, c’est-à-dire qu’on s’est tout sim- plement occupé du nombre des atomes monatomiques qui se com- binent avec un atome donné, sans avoir égard à la force chimique qui les unit. Cette dernière, en effet, peut grandement varier avec la nature des atomes qui se combinent, quoique le nombre de 1) Ce mot a été employé comme étant celui dont l’usage est le plus géneral. Le mot d’Aydricité (ou encore mieux celui de guantivalence) exprime la même idée d’une mauière moins sujette à des malenteudus. P. J. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L’AFFINITE. 69 ces atomes dans les diverses combinaisons soit le même. Cette force chimique (continuons de l'appeler affinité) n’est donc pas proportionnelle à l’atomicité. On ne peut nier qu’on ne se soit trop peu occupé d'elle. Nos connaïssances de l'affinité sont bien plus limitées que celles que nous possédons à l’égard de l’atomicité. Cette dernière se laisse mesurer, et par conséquent exprimer en nombres, tandis que nous savons tout simplement que l’affinité varie avec la nature des éléments ou radicaux qui entrent en combinaison, et qu’elle dépend des circonstances dans lesquelles les matières réagissantes sont placées. Jusqu'à présent on n’a pas pu obtenir une mesure commune applicable aux différentes combinaisons. Il est vrai que quelques chimistes ont supposé que la chaleur dégagée pendant les combinaisons pourrait servir de mesure de l’affinité, maïs cette hypothèse est loin d’être démontrée, attendu qu’en sus de la chaleur il y a encore d’autres effets produits. _ Mais l'absence actuelle d’une mesure de l’affinité n’est pas une raison pour négliger celle-ci dans nos vues sur les combinaisons chimiques. Quelle que soit la mesure de l’affinité, l’atomicité certes n’est pas cette mesure; elle ne pourrait l'être que pour autant que l’affinité d’un atome donné pour un ou plusieurs atomes d’un radical différent fût entièrement épuisée, et en cas que les atomes qui s'unissent au premier sy joignissent avec la même force ou du moins avec des forces comparables. Quant au premier point, les faits manquent pour admettre que la saturation complète ait ja- mais lieu, et quant au second il est, sinon vrai, du moins très vraisemblable que les différents atomes d’un radical monatomique, en se joignant à un atome polyatomique, s’y trouvent unis par des forces différentes. L’atomicité d’un radical dépend surtout de ce radical lui-même et n’est que secondairement influencée par la nature de celui qui se combine avec lui. L’affinité au contraire dépend tout à la fois - de la nature de l’un et de l’autre des radicaux qui vont former la combinaison. | | Dans chacune des combinaisons H.H, H.CI, H.Br, H.I, il 7O pP. 3. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITÉ. existe un atome d'hydrogène en même temps qu'un atome d’un autre radical monatomique; l’atomicité de l’hydrogène est donc ici partout la même, mais l’affinité de ces divers radicaux pour l'hydrogène est très différente dans ces diverses combinaisons. Nous savons parfaitement que, dans les circonstances ordinaires, l’affinité du chlore pour l'hydrogène l’emporte sur celle du brôme, et celle du brôme sur celle de l’iode; seulement nous ne savons pas exprimer ces affinités en chiffres. De même, dans les combi- naisons H, Q et H,:S l'oxygène et le soufre ont la même atomicité, mais pourtant leurs affinités pour l'hydrogène diffèrent. L’'affinité de l'azote pour l'hydrogène et celle pour le chlore diffèrent consi- dérablement, tandis que son atomicité par rapport à ces deux éléments est la même. Il serait difficile, peut-être impossible, de citer un exemple d’un radical dont l’affinité pour deux autres fût exac- tement la même, au moins dans les mêmes circonstances. On conclut avec raison à l’atomicité d’un radical de ce que celui-ci s'empare d’un certain nombre d’atomes d’un radical mona- tomique, mais il n'est pas permis de conclure de ce fait que l’affinité du radical en question soit épuisée par cette adjonction. Il se peut fort bien qu'elle ne le soit pas, mais que ce qu'il en reste ne suffise plus pour s’adjoinüre encore deux de ces mêmes atomes, tandis que ce reste d’affinité suffirait bien pour l’adjonction de deux atomes monatomiques d’une autre substance. Si les affinités d’un radical donné pour deux autres, dont les atomicités sont égales, diffèrent beaucoup entre elles, il n’y a rien d’invraisemblable à supposer que la combinaison du premier avec le second renferme un autre nombre d’atomes que la combinaison du premier avec le troisième. En effet, on voit 1 at. diode se combiner avec un seul atome d'argent et pas davantage, tandis que ce même atome d’iode s'empare de 3 at. de chlore. De même, 1 at. de brôme ne s’adjoint que 1 at. de sodium et il peut s'emparer de 5 at. de chlore. On trouve ainsi 8 at. de chlore en combinaison avec un atome d’iode, et 5 at. de chlore avec un seul de brôme. Il faut donc se garder d'admettre l’atomicité d’un radical comme 4 P. J. VAN KERCKHOFF. DE L’ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITÉ. 71 étant constante, quelle que soit la nature des radicaux monato- miques qui s’y unissent. C’est cependant une thèse que l’on à admise pour ainsi dire tacitement, mais que des faits nombreux contredisent. La considération des combinaisons atomiques donne lieu à une observation très importante: c’est qu'un atome d’un radical s’unit à un nombre d'atomes d'autant plus grand d’un autre, qu'il y a plus d’analogie entre les propriétés des deux radicaux. On pourrait dire ainsi: le nombre d’atomes qui s'unissent à un atome donné est d'autant plus grand que les deux radicaux élémentaires se trouvent plus voisins dans la série électro-chimique. Voici quelques exemples: Br CI, en comparaison avec K Br PCË ” " HN UINANE Au Cl, ” 7 Pr AC) CI, à Cl, 9; 7 7 " K; 9 CL 9; K, @s Cl, 9; + ES 7 to sr 07 7 nr. K3@Qs $ 2. Combinaisons saturées et non-saturees. Le plus souvent on désigne comme combinaisons non-saturées celles qui peuvent encore s’adioindre des atomes monatomiques pour former des combinaisons plus complexes. À cette occasion on observe que le nombre des atomes monatomiques qui accèdent à la combinaison déjà formée, est toujours un nombre pair. Les expressions : combinaison saturée et non-saturée, ne sont pas heureusement choisies. En effet, il est à remarquer que dans toute substance isolée les affinités ont suffisamment disparu pour rendre tout existence possible; il y a donc saturation dans les circonstances données. Cet équilibre cependant peut cesser d'exister dans d’autres circonstances. Dans la molécule Au CI l’affinité de Au pour Cl est tout aussi bien saturée qu’elle l’est dans la molé- cule AuCI;, car dans certaines circonstances la première est au moins aussi stable que la dernière. 72 BP. J. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITÉ. La signification du mot saturé n'est donc pas absolue, mais relative. L’affinité d’un radical pour un second peut entièrement être satisfaite en même tems que le premier en possède encore pour des atomes monatomiques de nature différente. Alors certes la combinaison des deux premiers radicaux peut s'appeler saturée relativement à ces deux, mais elle est non-saturée vis-à-vis du troisième radical qui pourra s’y joindre; elle serait donc saturée et non-saturée à la fois. Dans un sens absolu, on ne pourrait nommer saturées que les combinaisons qui sont impuissantes à former des combinaisons plus complexes avec des radicaux monatomiques, ou avec des molécules qui elles mêmes seraient formées par des radicaux monatomiques. L'acception la plus usuelle du mot saturé est dans le sens de combinaisons, dont l’un des radicaux simples s’est associé au maximum du nombre d’atomes d’un autre radical monatomique. (Kekulé, Würtz, Naquet, L. Meyer). Telles sont par exemple: KCI, Nal, FeCL, Bel, AuCh, HN, ASC 0e PCI, Sn Cl,, etc. Quand, d’un autre côté, on trouve que ces mêmes substances peuvent encore s'unir à d’autres pour former des combinaisons plus complexes (effet qui ne peut résulter que d’une affinité qui leur reste encore), alors il ne semble pas permis de les nommer saturées. Il paraît donc: 1°. que chaque radical élémentaire possède un maximum d’atomicité par rapport à un ou plusieurs atomes mona- tomiques, mais que cette atomicité n'indique pas un épuisement absolu de son affinité; 2°. qu'une combinaison aïnsi formée con- serve encore un reste d’affinité, insuffisant pour s’adjoindre deux atomicités nouvelles, mais suffisant pour équivaloir en force chimique à un reste pareil existant dans une autre combinaison. En admet- tant ces deux points, qui paraissent être suffisamment prouvés par les faits, et adoptant pour ces restes d’affinité (trop petits pour l’adjonction de deux atomicités) le nom de complément ou celui d’affinité résiduelle, on peut dire que des combinaisons dites saturées se combinent quelquefois entre elles si leurs affinités résiduelles se trouvent dans un certain rapport. Quel est ce rapport, et comment se P. J. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITÉ. 13 mesurent ces affinités résiduelles, voilà ce qu’on ignore complétement. D’après ce qui précède l'expression de combinaison saturée pourrait être prise dans trois sens différents : 1°. Combinaison saturée en tant qu'elle existe dans des circon- stances données comme substance stable, incapable de s'emparer de nouveaux atomes monatomiques, tandis que dans d’autres cir- constances elle s’en empare quelquefois. 20, Combinaison saturée, celle qui renferme le maximum d’atomes monatomiques unis à un radical donné, mais qui n’a pas encore perdu le pouvoir de se combiner avec d’autres molécules, égale- ment composées d’atomes monatomiques ou autres. 39. Combinaison saturée dans le sens absolu, c'est-à-dire inca- pable de se combiner avec d’autres radicaux ou d’autres molécules. S1 l’on veut continuer de se servir de l'expression combinaison saturée, il est préférable de l’employer dans le second sens, qui est aussi le plus fréquent. Il semblait cependant opportun de sig- naler ce qu'il y à de vague dans ce terme; son emploi peut donner lieu à des malentendus. Mais, en se servant de la seconde définition, il ne faut pas oublier que ie même radical peut présenter des combinaisons saturées dans lesquelles son atomicité n’est pas nécessairement la même. C’est ainsi que dans la combinaison saturée de l’antimoine avec le chlore, Sb CI, l’antimoine est pentatomique et que dans celle de l’antimoine avec l’iode, 5b I, ce même élément est triatomique. La même raison qui fait considérer comme combinaisons non-satu- rées dés corps tels que AuCl, SCL, PtCL, PCE, SnCl, etc. (puisqu'ils sont en état de s’adjoindre une molécule de chlore), peut être invoquée pour considérer également comme corps non-saturés ceux qui résultent de cette adjonction, c’est-à-dire: Au CI,, S CL, PtCI,, PCs, SnCl,, etc., car ceux-ci sont encore capables de s'unir à des molécules formées d’atomes monatomiques pour for- mien D. 6. NaCl, AuCL,; 2KCI, PCI; 2K CI, SnCl,; ete., ou bien ils peuvent entrer en combinaison avec des corps qui, ainsi qu'eux mêmes, sont nommés saturés. C’est aïnsi que naissent p. 6e. Sn Cl, 28 Cl,; SbCl, PCI etc. 74 P. J. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITÉ. Le nombre des combinaisons plus complexes dont la constitu- tion ne se laisse pas expliquer par la théorie de l’atomicité, mais exige la considération de l’affinité complémentaire ou résiduelle, est très grand. Voici quelques exemples saillants. 2K CI, He CL K CI, He CL K CI, 2 He CI, 2KI, HelI, KT, PAU K Cy, Au Cy K Cy, Au Cy: K Cy, Ag Cy K Cy, Hg Cy 83 H Cy, Sb Cls 4H Cy, Fe, CI 2 H Cy, Fi CI Na CI, AuCk + 2H, 9 2KCI, PCI 2KF, SiF, 8 Ag CI, 2 Ag Br Ce sont bien toutes de véritables combinaisons chimiques, de sorte qu'il est indispensable d'admettre qu'il existe de l’affinité entre les molécules constituantes; il ne peut pas être question d’une autre force physique quelconque comme cause de la com- binaison. Comment maintenant concilier l'existence de pareilles combi- naisons avec la théorie de l’atomicité? On pourrait l'essayer en disant qu'un des radicaux simples qui s’y trouvent, possède alors une atomicité plus élévée que d'ordinaire; que p. e. le mercure serait hexatomique dans 2KCI, Hg C,, l’or pentatomique dans K(GN), Au(GN}:, le platine octatomique dans 2K CI, PtCI, l'argent tri-atomique dans K(GN), Ag(GN). Mais quelle expli- cation trouverait-on pour des composés comme 3 Ag CI, 2 Ag Br? Cette hypothèse paraît peu vraisemblable. Il y a cependant une autre manière d'envisager ces combi- P. J. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITE. 19 naisons, c’est de les considérer non pas comme des réunions im- médiates d’atomes élémentaires, mais comme formées de deux substances dont chacune (quoique appartenant aux combinaisons dites saturées dans la seconde des acceptions citées plus haut) possède un reste ou résidu d’affinité, dont la valeur, trop petite pour l’adjonction de deux atomicités, est pourtant assez grande pour équilibrer un reste pareil de l’autre substance. C’est ainsi qu'on pourrait admettre pour la molécule Pt CI, que l’affinité de Pt n’est pas complétement épuisée par Cl, quoique le reste ou résidu ne suffise plus pour s'emparer de deux nouvelles atomicités. De même dans la molécule K CI l’affinité d’un des deux radicaux n'aurait pas été complétement satisfaite par l’autre, de sorte qu'il resterait également un résidu d’affinité. Le résidu d’affinité de PtCl,, correspondant à deux fois celui de K CI, ïl y aurait une cause pour la réunion des molécules en un corps plus complexe 2 K CI, PtCl,. D’après cette manière de voir, qui paraît très probable, il existerait des combinaisons moléculaires, dont la véritable formule serait dualistique. Ces combinaisons, résultant, aussi bien que les combinaisons atomiques, de la force chimique ou affinité, doivent nécessairement se faire en propor- tions déterminées. L’atomicité cependant ne peut plus ici servir de mesure; n'est-il pas probable qu’on finira par trouver une unité de mesure commune pour ces combinaisons moléculaires , comme les atomes monatomiques le sont pour les combinaisons atomiques ? Quand on admet un complément ou résidu d’affinité dans les molécules, on ne fait que formuler ce que l’expérience prouve. L’explication qu’on vient de donner est done, certes, non moins probable que d’autres qui ont été proposées. N'est-ce pas une contradiction dans la même phrase, quand M. L. Meyer!) s'exprime ainsi: ,,[l existe un grand nombre de cas dans lesquels il se forme une combinaison entre des molé- cules, que nous nous sentons obligés de considérer, d’après l’hypo- thèse d'Avogrado, comme des molécules formées, destituées d’affi- 1) Die modernen Theorieën der Chemie, p. 115. 16 P. J. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITÉ. nités disponibles.” Pour cet auteur ce n’est plus l’affinité (la force chimique) qui est en jeu dans ces combinaisons moléculaires, mais une espèce de force physique plus ou moins analogue à la cohésion !). M. Würtz?) admet en sus de l’affinité ordinaire, qui provoque la formation des molécules, une autre attraction qui serait la cause de la combinaison des molécules entre elles. Mais comme il ajoute Cette attraction qui n’est peut-être qu'un degré de l’affinité,” il paraît que son opinion n'est pas en contradiction avec le principe développé dans cette note. Ceux qui considèrent comme entièrement différentes la force qui provoque la réunion des atomes et celle qui fait naître les com- binaisons de molécules, n’ont jamais établi quelle est cette diffé- rence ; ils n’ont pas cité de faits qui la prouveraient. S'il est vrai que la stabilité des combinaisons atomiques est plus grande, dans la majorité des cas, que celle des combinaisons moléculaires, il ne s'ensuit pas une différence dans la nature des forces en jeu. En outre, il existe des combinaisons moléculaires plus stables quelque- fois que les molécules qui les forment ; telle est p.e. H;3N, H(GN). Quand on considère les actions chimiques en relation avec le principe de la conservation du travail (de l’energie), il n'y a pas de raisons pour supposer que la force chimique qui produit la combinaison des atomes soit une autre que celle qui rive ensemble les molécules. Admettant que l’affinité proprement dite n’est autre chose qu'une énergie potentielle résidant dans les substances, et qui, dans des circonstances déterminées, se change en énergie actuelle, laquelle, tout en disparaissant comme affinité par la production d’une com- binaïison, réparaît sous une autre forme, telle que chaleur ou lumière ou électricité, — en admettant cela, il n’en résulte nullement que la combinaison chimique formée aurait perdu toute énergie poten- tielle vis-à-vis d’autres substances. 1) Zbid. p. 116. 2) Réperl. de Ch. 1864, p. 249. Sur quelques points de philosophie chimique, bp: 19,80; P. J. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITÉ. 41 $ 3. L'affimté comme travail (Énergte). Dans les derniers temps, on a commencé à considérer la plupart des éléments isolés non pas comme des atomes isolés mais comme des molécules renfermant deux ou plusieurs atomes homogènes, dont la réunion provient de leur affinité réciproque, tout aussi bien que la réunion d’atomes hétérogènes résulte de leur affinité. Si cette manière d'envisager la constitution des éléments est admise, il en résulte que la formation d’une telle molécule entraîne la perte d’une certaine quantité de travail chimique qui se change en d'autre travail, et que, par contre, au moment où la décom- position d’une telle molécule est provoquée par quelque travail étranger, il y aura apparition de travail chimique, s’accumulant dans les atomes. D’après cela, dans tauie action chimique il faudra avoir égard, non-seulement au travail chimique des atomes hétérogènes, mais aussi à celui des atomes homogènes; peu importe que ce soient des actions chimiques dites de combinaison, c’est-à-dire produites par la réaction de molécules hétérogènes, chacune composée d’atomes homogènes, qui produisent de nouvelles molécules renfermant chacune des atomes hétérogènes, ou bien que ce soient des actions dites de décomposition, c’est-à-dire celles où des molécules formées d’atomes hétérogènes disparaissent pour produire des molécules renfermant des atomes homogènes. Supposant qu'on fasse agir l’une sur l’autre deux molécules hétérogènes, chacune formée d’atomes homogènes, il pourra se présenter un des trois cas suivants. 10. Le travail chimique qui disparaît par la combinaison des atomes hétérogènes des deux molécules, l’emportera sur le travail chimique qui reparaît par la séparation des atomes homogènes de chaque molécule. 20. Le contraire pourra avoir lieu. 30. Le travail chimique des deux côtés pourra être égal. Dans le premier cas, 1l y aura action chimique dans l’acception usuelle de ce mot. L’excès du travail chimique des atomes hété- 78 P. 3. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITÉ. rogènes sur celui des atomes homogènes disparaissant, un autre travail quelconque sera produit, ce qui le plus souvent sera de la chaleur. Dans le second cas, il n'y aura pas d'action chimique propre- ment dite. Pour que celle-ci apparaisse, il faudra joindre à l'énergie des atomes hétérogènes une certaine quantité d'énergie étrangère, suffisante pour que leur somme l’emporte sur l’énergie chimique entre les atomes homogènes. Le troisième cas est probablement purement hypothétique. Beaucoup de substances se trouvent dans le second cas à la température ordinaire, et dans le premier cas à des températures plus élevées. D’autres, au contraire, qui à des températures très basses se trouvent dans le premier cas, sont dans le second quand la température est moyenne ou élevée. Les recherches des derniers temps tendent à prouver qu’à des températures très élevées toutes les molécules renfermant des atomes hétérogènes se transforment en molécules ne contenant que des atomes homogènes. En résumé, il paraît que les combinaisons qui sont formées de molécules réunies par suite de l’affinité résiduelle, sont celles qui se décomposent le plus facilement par l’action de la chaleur, pour ne laisser que des molécules moins complexes: que les combinai- sons constituées par une molécule unique renfermant des atomes hétérogènes, supportent, en règle générale, une température plus élevée que les premières, et qu’enfin les molécules formées d’atomes homogènes sont les seules qui résistent aux plus hautes températures. . L'auteur entre dans plusieurs détails à cet égard, trop étendus pour pouvoir être reproduits ici, et il cite des exemples pour faire ressortir ses vues. S À. Changement d’atonncité par nombres pairs. L'auteur rappelle que dans son Mémoire sur la classification des radicaux organiques, il avait signalé le fait que ces radicaux, quand ils se combinent en plus d’une proportion avec des radi- caux monatomiques ou polyatomiques, ne changent leur valeur P. J. VAN KERCKHOFF. DE L'ATOMICITÉ ET DE L'AFFINITE. 49 atomique que par nombres pairs. On remarque la même loi pour les radicaux élémentaires. Les seuls composés qui paraissent con- tredire cette règle, sont l’oxyde nitrique, le peroxyde nitrique et le peroxyde chlorique. Il est donc permis de dire qu’une molécule déjà formée (peu importe qu'elle soit formée d’atomes homogènes ou hétérogènes) ne s’adjoint jamais un nombre impair d’atomes monatomiques pour former une nouvelle molécule; ce dont elle s’empare est une molé- cule ou radical d’atomicité paire. Donc, un radical simple ou composé quelconque, figurant dans quelques combinaisons avec une seule atomicité, pourra quelquefois, dans d’autres combinaisons, se présenter avec trois, ou cinq, ou sept atomicités, mais jamais avec deux, ou quatre, etc. La possibilité existe que l’atomicité d’un radical soit rehaussée de deux manières différentes. D'abord , il se peut que les deux atomes monatomiques qui accèdent, et qui formaient ensemble une molécule homogène, n’entrent en combinaison qu'en se détachant l’un de l’autre. Dans ce premier cas, il y a évidemment un véri- table changement d’atomicité du radical donné. En second lieu, il est très possible que les deux atomes monatomiques qui se joignent au radical, ne se détachant pas l’un de l’autre, entrent en com- binaison comme molécule. Dans le second cas, la force chimique qui les unira au radical donné sera moindre que dans le premier cas, parce qu'une partie de leur force chimique à été absorbée par leur réunion en une seule molécule. Il faut espérer que l’ex- périence décidera un jour. Serait-il par trop invraisemblable que les substances formées comme la première supposition l’admet, satisfissent à la loi d'Ampère, et que celles qui présentent des anomalies fussent constituées comme le veut la seconde suppo- sition, c'est-à-dire fussent des combinaisons non d’atomes mais, de molécules, réunies par des affinités résiduelles ? NOTICE SUR LE BOLET PARASITE (Boletus parasiticus BuLLiaRD.) PAR F. W. VAN EEDEN. Au mois de Septembre 1864 je trouvai dans le Bois de Harlem deux exemplaires de ce champignon remarquable, dont la pre- mière description a été donnée par Bulliard, en 1791, (Champignons de France, p. 317, pl. 451, fig. 1.)!) Ce champignon, acquisition nouvelle à la Flore des Pays-Bas, a été décrit et figuré dans le journal hollandais Album der Natuur, et j'ai été assez heureux de le retrouver en Septembre 1865 en plus grande abondance, à deux endroits du même Bois de Harlem. Tous les individus que j'ai recueillis, parasitaient sans exception sur le Scleroderma vulgare*), gastéromycète bien connu et très- fréquent dans nos environs. Les deux endroits où je les ai trouvés, sont bien restreints. Le premier est une pelouse ombragée de jeunes hêtres maigres et élancés, et ne comprend que quelques mètres au plus; l’autre est situé sous des chênes au bord d’une allée sablonneuse. Le sol est très-sablonneux, couvert de mousse (Mnium hornum) et d’un maigre gazon. 1) Fries (Zpicrisis syst. myc. p. 412) dit que le B. parasite a été trouvé dans les bois de l’Amérique septentrionale, en y ajoutant que Bulliard Pa trouvé en Europe, parasitant sur le Scleroderma verrucosum. Selon Bulliard (Champ. de France, p. 317) il a été trouvé en Provence et en Lorraine, mais rarement aux environs de Paris. Selon Rabenhorst (Dewtschlands Kryplogamen- Jiora 1844, Nachtrag. p. 412) il a été trouvé en Allemagne par Rostkovius, croissant très-rarement dans les bois aux environs de Stettin, mais sans au- cune mention si ces exemplaires étaient véritablement parasites. Selon Streinz (Nomencl. fung.) le B. parasite a été décrit par Persoon (Yycol. eur. IT p. 141.) sous le nom de B. séramineus; enfin une description accompagnée d’une figure se trouve dans les Ouflines of British Fungology de Berkeley, T. 15, fig. 4. Sa description manque dans les ouvrages de Schaeffer, Batsch, Bolton, Sowerby, Nees von Esenbeck et Krombholtz. 2) Bulliard cite le Sci. verrucosum, mais sa figure présente plutôt les carac- tères de notre Sci. vulyare. F. W. VAN EEDEN. NOTICE SUR LE BOLET PARASITE. 81 Ayant observé que le Bolet parasite aime un terrain sans taillis, ombragé d'arbres d’une certaine hauteur, je supposai que les environs de Harlem m'offriraient l’occasion de le trouver encore quelque part ailleurs, mais toutes mes recherches à cet égard ont été infructueuses. Selon la description de Bulliard, le B. parasite a le chapeau hémisphérique, coriace, glabre, de couleur brun bistré, d’abord uni, se partageant à un certain âge dans tous les sens par de larges crevasses très-profondes ; tige courbée, amincie à sa base, fendue extérieurement, chair très-ferme, jaune, tubes décurrents, courts, jaune foncé. Dans le Système de Fries il est placé dans la tribu des Boleti Ochrospori, sous-tribu des Viscipelles. Mes exemplaires répondent à cette description, sauf la lacération du chapeau en lambeaux carrés ou polygones, qui leur manque com- plétement. Je suppose néanmoins que dans l'individu représenté par la figure sur la planche VIT, la lacération de la tige est un indice suffisant d’une disposition pareille à celle des exemplaires trouvés en France, mais seulement moins forte. D'ailleurs Bulliard a figuré deux jeunes imdividus, dont le chapeau n’est pas lacéré, et qui présentent une parfaite ressemblance avec ceux de Ber- keley et avec les miens. Cette observation m'a porté à croire que les exemplaires du Bois de Harlem meurent avant d’avoir atteint leur maturité, conclusion confirmée par l’étude de leur végétation. Le parasitisme de ce Bolet me paraît très-intéressant. Quelque- fois on voit une douzaine de petits 'Bolets entourant le Scelero- derme si naturellement, qu’ils en semblent, au premier abord, des produits ou des rejetons. Leur présence ne paraît lui être aucunement nuisible. La vie des Bolets parasites est d’une durée beaucoup plus courte que celle de la plante nourricière. Après deux ou trois semaines ils commencent à se faner, et se dessèchent en noireis- sant, sans lacération du chapeau, tandis que le Seléroderme reste intact. En les recueillant jeunes, on peut les sécher, et les con- server assez bien dans leur forme caractéristique. Harlem, Janvier 1866. ARCHIVES NÉERLANDAISES. T. I. 6 MATERIAUX POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE L'EAU EN COMBINAISON CHIMIQUE PAR G. J. MULDER. EXTRAIT COMMUNIQUE PAR M. E. MULDER. Les chimistes consacrent, pour ainsi dire, à chaque corps une monographie spéciale, et l’histoire de l’eau reste subordonnée à celle des combinaisons dont elle fait partie. Et pourtant, une monographie de l’eau serait une oeuvre d’un haut intérêt et d’une importance majeure; car, non seulement l’eau est le milieu ordi- naire dans lequel nous faisons réagir les corps, mais il y a, en quelque sorte, une harmonie naturelle entre l’eau et tout ce qui existe sur la terre. M. G. J. Mulder apporte, pour cette oeuvre, son contingent d'expériences et de vues dans le mémoire étendu (392 pag.) dont nous nous proposons de donner une idée, néces- sairement bien incomplète. Ce travail fait partie du tome 3% du recueil publié par l’auteur sous le titre de Scheikundige Verhan- delingen en Onderzoekingen. Le mémoire est divisé en trois parties; dans les deux premières l’auteur s'occupe spécialement de la solubilité des sels dans l’eau, d’abord en ne supposant qu'un sel unique en dissolution dans le liquide, puis en admettant la présence simultanée de deux ou de plusieurs sels différents; la troisième partie donne, sous le titre de Règles el remarques, un résumé général de ce qui est connu d’essentiel relativement à l’eau considérée dans ses rapports divers avec les éléments et avec les corps composés, principale- ment avec les sels. Outre un nombre considérable de déterminations propres à l’auteur, et ayant pour objet, soit la solubilité, soit les tempéra- tures auxquelles les sels hydratés perdent une certaine proportion G. J. MULDER. MATÉRIAUX POUR SERVIR A L'HISTOIRE, ETC. 89 d’eau, on trouve dans son ouvrage l'historique à peu près complet des recherches antérieures sur la matière. I. Dissolutions saturées ne renfermant qu'un sel unique. L’exécution des expériences qui ont été entreprises pour déter- miner la solubilité des sels, a laissé, en général, beaucoup à désirer. Ce sont encore les recherches, déjà anciennes, de Gay- Lussac qui méritent le plus de confiance. Deux méthodes, comme on sait, peuvent être employées: la méthode par refroidissement, dans laquelle une dissolution préparée à une température supérieure, est ramenée au degré de chaleur pour lequel on veut connaître la solubilité; et la méthode par simple dissolution, qui consiste à mettre un excès du sel, réduit en poudre, en contaet avec de l’eau et à maintenir le tout à la température voulue jusqu'à ce que le liquide puisse être considéré comme saturé de sel. La solution saturée étant obtenue par l’une ou l’autre de ces méthodes, on en pèse une partie et on détermine la quantité de sel que cette partie renferme, soit par l’évaporation à siccité, soit par voie chimique en dosant un des éléments du sel. Les deux méthodes donnent des résultats concordants lorsqu'on opère avec soin. Mais, dans la méthode du refroidissement, il est très difficile d'éviter la sursaturation de la solution. Aussi l’auteur ne s'est-il servi de cette méthode que pour les déterminations qui devaient se faire à 0°. Il préparait une dissolution du sel saturée à la température de l'air, la renfermait, avec quelques cristaux du sel, dans un flacon bien bouché à l’émeri, et laissait celui-ci entouré de glace fondante pendant au moins sept jours. Dans tous les autres cas, la seconde méthode a seule été suivie. Une température à peu près stationnaire pendant quelques heures, comme cette méthode l'exige, a été obtenue, soit dans une cave dont les différentes parties marquaient 4°,25, 5° et 7° au thermomètre, soit dans des appartements nor chauffés et tenus fermés, soit à l’aide d’un bain-marie convenablement disposé. Une condition essentielle, c’est que le mélange d’eau et de sel, en commençant l’expérience, soit à une température inférieure à celle G* 84 G. J. MULDER. MATERIAUX POUR SERVIR A L'HISTOIRE de l'enceinte dans laquelle on le place, et que cette dernière température soit stationnaire ou très faiblement ascendante, mais jamais décroissante. Les flacons contenant les mélanges étaient secoués continuellement, afin de renouveler le contact entre l’eau et le sel. Au bout de trois ou quatre heures on laissait déposer, on décantait et on observait la température. Quant à une dissolution saturée exactement à la température de son ébullition, il est pour ainsi dire impossible de l’obtenir. Par suite de l’évaporation incessante de l’eau, un certain degré de sursaturation est inévitable, et ce degré variant avec la méthode choisie, les résultats dépendent entièrement de cette méthode. L'auteur n'ayant en vue que de connaître le maximum de la proportion de sel que l’eau peut dissoudre, qu’il y eût sursaturation ou non, a procédé en évaporant la solution, à la température de l’ébullition, jusqu’à ce que le sel commencât manifestement à se déposer. Les résultats obtenus pour les différents sels examinés ont été utilisés pour construire, d’après le procédé connu, les courbes de solubilité de ces sels, et on a déduit de ces tracés graphiques la solubilité pour tous les degrés de température compris entre ceux auxquels les expériences ont été faites. Partout la solubilité a été expri- mée par la proportion de sel anhydre dissoute dans 100 parties d’eau. Nous reproduisons ici sur les planches VIIT et IX les tracés graphi- ques donnés par l’auteur dans son ouvrage; ce sont, comme il Le dit lui- même, des réductions à une petite échelle, qui ne doivent être consi- dérées que comme fournissant une image générale de la marche des solubilités. Nous joignons à ces figures l’indication, exprimée en équi- valents, de la proportion d’eau et de sel dissous pour quelques points remarquables de l'échelle des températures, tels que le point 0°, le point d’ébullition de la solution et le point de rebrous- sement qu'offre la courbe de solubilité de quelques sels : Eg. de sel. Eg. d’eau. Qu USE Te GRO RON. de, ane __]: 16 (Point d’ébullition.) qu #21000 pen | 107,65 — 1: 13 (Point d’ébullition.) | qe V1 Se Fo ne Lou — 1: 19 (Point d’ébullition.) DE L'EAU EN COMBINAISON CHIMIQUE. Nisrale de”baryte........ Chlorhydrate d’ammoniaque itrate de plomb........ Sulfate de potasse. ....... Sulfate de cobalt......... Sulfate de nickel......... Sulfate de cuivre......... Sulfate de magnésie...... Sulfate d’ammoniaque..... Dulfate) de ZINC. :.:.....: Jodure de potassium... ... Nitrate. de soude. ........ Carbonate de potasse si sites Nitrate de potasse........ Alun potassique.......... Nitrate d’ammoniaque.. Eq. 1 ge 1T1020,9 0° 115° ms 102°,25 | 0s | 104 © |164° de sel. Eq. d’eau. — 1 : 290 — l: 41,7 (Point d’ébullition.) — l: 20 — 1: 6,8 (Point d’ébullition.) — 1: 50 — ] 14 (Point d’ébullition.) — 1 :114 — 1: 36 (Point d’ébullition.) — 1: 35,2 — 1 : 10 (Poinf d’ébullition.) — ] : 99,2 — l: 9,6 (Point d’ébullition.) — 1: 57,8 — 1: 11,4 (Point d’ébullition.) ik D Or ei D td OH NN LS ANT 24,8 8,6 (Point d’ébullition.) 10,4 6,8 (Point d’ébullition.) 20,3 12,7 14,4 8,3 (Point d’ébullition.) 13 4,3 (Point d’ébullition.) 8,7 7 (Point d’inflexion.) 3,7 (Point d’ébullition.) 84,4 3,4 (Point d’ébullition.) 3 pour cent. — 1: 24 (Point de fusion aq.) 13,6 (Point d’ébullition.) — 97 pour cent — 2084 pour cent (Legrand) (Point d’ébul.) M 86 G. J. MULDER. MATERIAUX POUR SERVIR À L'HISTOIRE Phosphate de soude ...... Chlorure de calcium. ..... Nitrate de strontiane..... Sulfate de'soude.:""0 17 Carbonate de soude....... [ Qo Sulfate de manganèse. .... | 54° 102°,5 0° Sulfate de protoxyde de 0 | 100° 0° Chlorure de strontium.... | 66°,5 630,5 . de sel. — LL: Eq. d’eau. 631 32 (Point d’inflexion.) 24 (Point de fusion ag.) 20 (Point d’ébullition.) 12,4 6 (Point d’infl. et de fusion aq.) 1,9 (Point d’ébullition.) 30 13 (Point de rebroussement.) 11,4 (Point d’ébullition.) 20 10 (Point de rebroussement.) 7,6 (Point d’ébullition). : 162 15,6 (Point de rebroussement). 18,6 (Point d’ébullition.) 83 10 (Point de rebr. et de fus. aq.) 13 (Point d’ébullition.) 15,2 11 (Point de rebroussement.) 18 (Point d’ébullition.) 13 (Point de rebroussement.) Voici quelques-unes des conséquences que l’auteur déduit de ses expériences : La dissolution doit être considérée comme une action récipro- que, action du sel sur l’eau aussi bien que de l’eau sur le sel. Les sels qui, à une certaine température, cristallisent avec une certaine proportion d’eau, restent unis à cette eau quand ils se trouvent en dissolution à la même température; toutefois cette eau contribue, tout comme le reste du liquide, à exercer l’ac- tion dissolvante. DE L'EAU EN COMBINAISON CHIMIQUE. 81 La solubilité de plusieurs sels présente des particularités intéres- santes. C’est ainsi que les solubilités, à une même température, du chlorure de barium (sel qui cristallise avec 2 équivalents d’eau) et du nitrate de baryte (sel qui se dépose à l’état anhydre), offrent une différence qui demeure constante entre les limites de 4° et 90°; et cette différence est précisément égale à celle qui existe entre les équivalents des deux sels (26,5). — Aïnsi encore, le chlorure de potassium et le chlorure de sodium possèdent à 0° des solubilités qui sont en raison inverse de leurs poids équivalents; la même relation se retrouve entre quelques autres sels, mais elle ne constitue pas une règle générale. Tout comme les substances élémentaires, les combinaisons salines peuvent éprouver sous l'influence de la chaleur, — que l'auteur appelle un facteur de tous les corps, — des modifica- tions isomériques, qui expliquent la propriété dont jouissent plu- sieurs sels, comme le sulfate de soude, de voir leur solubilité diminuer à partir d’une certaine température. C’est à tort qu’on a cru trouver la cause de ce phénomène dans la diminution qu'éprouve la quantité d’eau de cristallisation du sel; il faut bien plutôt envisager celle-ci comme n'étant elle-même qu'un effet de la transformation isomérique. Cette transformation peut s'effectuer aussi bien à de basses températures qu'à des degrés de chaleur plus élevés; on la rencontre dans des sels anhydres tout comme chez des sels hydratés. L'auteur affecte les premières lettres de l'alphabet à la représentation de ces états isomériques ; c’est ainsi, par exemple, qu'il distingue un nitrate de strontiane a et un nitrate de strontiane b. Le sulfate de magnésie fixe des proportions d’eau différentes suivant la température à laquelle il cristallise ; il est assez remar- quablé que la courbe de solubhilité ne présente aucune trace d’ano- malies correspondantes. Dans la considération des solubilités , il est nécessaire de tenir compte, — ce qui n'a pas été fait jusqu'ici, — de la propriété que possède l’eau d'offrir un maximum de densité vers 4°; la solu- bilité montre fréquemment des anomalies aux environs de ce point. 88 G. J. MULDER. MATERIAUX POUR SERVIR A L'HISTOIRE L'auteur admet parmi les sels, envisagés sous le rapport des variations que la solubilité éprouve lorsque la température s'élève, les divisions générales suivantes : 1. La solubilité augmente régulièrement, maïs faiblement, et la ligne qui la représente n'offre qu'une courbure très légère. Le sel marin présente ces caractères; sa courbe de solubilité s’écarte peu d’une ligne droite parallèle à l’axe des abscisses, et elle se confondrait, pour ainsi dire, avec cette droite, si l’on tenait compte de la dilatation que la chaleur fait subir à l’eau. Il est à remarquer, en effet, qu'il y a une correspondance presque parfaite entre cette dilatation et l’accroissement de solubilité du sel marin, pour la même température. On pourrait dire que cet accroissement est à peu près déterminé par la place qui est rendue disponible pour le sel dans l’eau, en vertu de la dilatation de cette dernière. 2, La solubilité croît régulièrement, et plus que dans le cas précédent : a. La ligne de solubilité n'étant que très légèrement courbe. À cette division appartiennent : le chlorure de potassium, l’iodure de potassium, le nitrate de baryte, le nitrate de plomb, le sul- fate de magnésie, le sulfate de nickel, le sulfate de cobalt, le sulfate d’ammoniaque, le chlorure de barium, le sulfate de zinc, le chlorhydrate d’ammoniaque. b. La ligne de solubilité offrant une courbure plus prononcée. Ici se rangent: le sulfate de cuivre, le nitrate de soude, l’hypo- sulfite de soude, l’acétate de soude. 30. La solubilité croît régulièrement, d’abord dans la mesure de 20. b, ensuite rapidement, de manière que la courbe se rap- proche quelquefois d’une ligne droite. Tel est le cas pour le nitrate d’ammoniaque, le nitrate de potasse, l’alun. Lorsque la courbe change de direction, c’est qu'il se produit une modification isomérique, un nouveau sel en quelque sorte, dont la ligne de solubilité peut être ramenée à l’une des trois divisions précédentes. Le passage d’une des directions à l’autre peut d’ailleurs se faire par une inflexion graduée, comme dans DE L'EAU EN COMBINAISON CHIMIQUE. 89 le carbonate de potasse, le phosphate de soude, le chlorure de calcium, ou par un changement brusque, comme dans le chlorure et le nitrate de strontiane. Parmi les sels qui présentent ce der- nier caractère, il en est quelques-uns, tels que le sulfate de soude, le sulfate de manganèse, le carbonate de soude, le sulfate de fer, qui dans leur nouvel état isomérique possèdent une solu- bilité décroissante, circonstance qui ne s’est pas encore rencontrée dans les sels à courbure simple. Il ne faut pas confondre les états isomériques dont nous venons de parler, avec d’autres modifications de même nature, mais moins stables, qu'éprouvent tous les sels et tous les corps en général, même l’eau, lorsque la température s'élève ; n’était cette transformation lente, la solubilité des sels pourrait toujours être représentée par une ligne droite. La solubilité de plusieurs sels, tels que le sulfate d’ammoniaque et le sulfate de zinc, ne peut être déterminée qu'entre des limites fort étroites, parce que ces sels se décomposent aisément par la chaleur; c’est ainsi qu'il n'existe plus de sulfate neutre de zine à une température supérieure à environ 90°. Parfois l’eau elle- même est un agent de décomposition, comme le nitrate de bis- muth nous en offre un exemple. IL. Dissolutions saturées renfermant deux ou plusieurs sels différents. Dans cette partie, l’auteur se pose deux questions principales : 1. Quelle est la solubilité de chacun des sels dans la solution commune. 2 Quelle relation y a-t-1l entre les quantités pondérales de sels réunis dans une même dissolution, jusqu’à saturation. Les expériences ont été faites, soit en mettant une dissolution saturée d’un sel en contact avec un excès d’un autre sel, soit en introduisant simultanément dans l’eau un exeès de chacun des deux sels. Le résultat essentiel de ces expériences à été, que lorsque deux ou plusieurs sels peuvent se dissoudre ensemble, hbrement et jusqu'a saturation, on trouve dans tous les cas des rapporis équivaients entre les divers sels. L'auteur admet en con- 90 G. J. MULDER. MATERIAUX POUR SERVIR À L'HISTOIRE séquence que les sels forment, dans ces circonstances, de véri- tables combinaisons. Ces combinaisons, dit-il, peuvent être faibles; il peut être impossible de les obtenir à l’état solide; elles peuvent dépendre, ce qui même s’observe toujours, du sel dominant ou de la température; il n’en est pas moins vrai que se sont des combinaisons chimiques. Sous le point de vue qui nous occupe, les sels peuvent se distribuer en trois groupes: 1°. Sels qui se dissolvent, ensemble, en quantités déterminées uniquement par la nature et la solubilité du sel double qui se forme. 2%, Sels qui se dissolvent, ensemble, en quantités déterminées par leur solubilité propre. 3°. Sels qui se comportent comme ceux de 1°. où 2°, mais pour lesquels un excès d’un des sels en présence exerce une influence prépondérante. Ces derniers ont été intercalés par l’auteur entre ceux qui com- posent les deux premiers groupes. A la série 1°. appartiennent, en général, les sels doubles dont la constitution est la plus simple. Si l’on ajoute un sel 8 à une dissolution saturée d’un sel À, il arrive constamment, ici, qu'une portion de À est expulsée. Si l’on met les deux sels ensemble en présence de l’eau, un des deux sels au moins se dissout en proportion moindre que dans l’eau pure. Supposons, par exemple, qu'à une solution saturée de chlorure de potassium on ajoute un excès de sel ammoniac, une partie du chlorure de potassium se séparera du liquide et sera remplacée par une certaine quantité de sel ammoniac; l'inverse aura lieu si c’est le chlorure de potas- sium qu'on ajoute à une dissolution saturée de sel ammoniac. Dans les deux cas, de même que dans celui où l’on met à la fois un excès des deux sels en présence de l’eau, jusqu'à satu- ration, il se forme le même sel double, savoir 2 Ka OI + 5 NH, CI, à une certaine température. À une autre température le rapport entre les deux sels serait différent. Lorsque les deux sels se trouvent unis en rapport équivalent simple, le sel double peut fréquemment être isolé à l’état solide; cela est rarement possible dans le cas contraire. DE L'EAU EN COMBINAISON CHIMIQUE. 91 Les sels de la série 2°. peuvent être distingués en: a. Sels dont la solubilité, dans les dissolutions où ils se trouvent réunis, ne dépend que de la solubilité propre d’un des deux sels. b. Sels dont la solubilité dépend, dans les mêmes circonstan- ces, de la solubilité propre de chacun des deux sels. A la catégorie a appartiennent, par exemple, le bicarbonate de potasse et le bicarbonate de soude. Si l’on sature de bicarbonate de potasse une dissolution déjà saturée de bicarbonate de soude, à la température de 10°, tout le bicarbonate de soude reste en dissolution et, pour 1 équivalent de ce sel, le liquide prend en outre 2 équivalents de bicarbonate de potasse. Si, opérant à la même température, on ajoute au contraire un excès de bicarbo- nate de soude à une dissolution saturée de bicarbonate de potasse, celui-ci conserve sa solubilité propre, et dissout une quantité de bicarbonate de soude telle, que 4 équivalents du premier sel se trouvent unis, dans la dissolution, à 1 équivalent du second. Comme exemple de la catégorie b, nous citerons le nitrate de potasse et le nitrate de soude, qui se dissolvent comme si chacun d'eux se trouvait seul en présence de l’eau, 2 (KaO, NO;) + 71 (NaO, NO), au moins lorsqu'on sature de nitrate de soude une dissolution déjà saturée de nitrate de potasse; car quand on opère d’une manière inverse, le nitrate de soude seul conserve sa solubilité propre, celle du nitrate de potasse se trouvant augmentée: KaO, NO; + 3 (NaO, NO.). L'auteur pense que les résultats de ses expériences sont con- traires à la loi de Berthollet, qui admettait l'existence simultanée de quatre sels distincts dans un liquide formé en dissolvant dans l'eau deux sels à bases et à acides différents. Considérons le nitrate de baryte et le sel ammoniac, qui se dissolvent dans je rapport de 1 équivalent du premier pour 19 éq. du second, lors- qu'on part d’une dissolution saturée de nitrate de baryte; tandis- que le rapport est de 1:5, quand c’est une dissolution saturée de sel ammoniac qui fournit le point de départ. Dans la première hypothèse, 100 parties d’eau tiennent en dissolution 8,6 p. de nitrate de baryte et 38,6 p. de sel ammoniac. Si l’on suppose 92 G. J. MULDER. MATERIAUX POUR SERVIR A L'HISTOIRE que les deux sels se décomposent mutuellement, de manière à donner du chlorure de barium et du nitrate d’ammoniaque, et que l’excès de sel ammoniac reste comme tel dans la dissolution, on pourra établir le calcul suivant: 8,6 de nitrate de baryte fourniront 6,9 de chlorure de barium et 5,5 de nitrate d’ammo- niaque, et comme le chlore de 6,9 de chlorure de barium provient de 3,5 de sel ammoniac, il restera de ce dernier sel, après l'échange: 38/6 2 35 1351. ; D’après cela, la quantité d’eau nécessaire pour tenir en disso- lution les nouveaux sels qu’on suppose formés, est facile à trouver: Eau. 6,9 BaCI exigent pour se dissoudre à la temp. de 18°,75 .... 19,9 D NEO, NO rm % / D y 04e MOTO BE ANS 35, LNH C1 7204 ot An 0e NANTES 114,9 Il faudrait donc 117,9 parties d’eau, au lieu des 100 parties qui suffisent pour dissoudre 8,6 p. de nitrate de baryte et 38,6 de sel ammoniac. L'auteur en conclut qu'il ne se forme, ni chlo- rure de barium, ni nitrate d’ammoniaque. Cet exemple, et beau- coup d’autres du même genre, lui font admettre que deux sels à bases et à acides différents, mis en présence dans l’eau, s’unis- sent en un sel double, au lieu de donner naissance à quatre sels, comme le voulait Berthollet; bien entendu, quand les sels sont employés en rapport simple d’équivalents. S'il en est autrement, il peut y avoir partage d'action chimique et, comme conséquence, production de quatre sels distincts. L'auteur fait observer que si, dans le cas ordinaire d’une dis- solution de deux sels, c’est-à-dire quand il y a rapport simple d'équivalents, on voulait admettre l'existence de quatre sels, on devrait nécessairement envisager de la même manière la consti- tution de tous les sels doubles cristallisés ; car pourquoi en disso- lution, et non à l’état solide ? L'auteur trouve une confirmation de ses vues dans l’expérience suivante. On dissout dans l’eau, dans le rapport des équivalents des deux sels, d’un côté du chlorure de sodium et du nitrate de DE L'EAU EN COMBINAISON CHIMIQUE. 93 potasse, de l’autre du nitrate de soude et du chlorure de potas- sum. Les deux dissolutions possèdent exactement la même densité et le même indice de réfraction. En les évaporant, à la tempé- rature de D°—8", en présence de l’acide sulfurique, toutes deux laissent d’abord déposer du nitrate de potasse. Quand on les évapore à chaud, c’est au contraire le sel marin qui eristallise en premier lieu, dans l’une comme dans l’autre. Cela est d'accord avec les solubilités relatives du sel marin et du nitre à chaud et à froid. D’après cela, les deux solutions paraissent renfermer les mêmes sels, et paraissent n’en renfermer que deux, le nitrate de potasse et le chlorure de sodium; ïl ny a absolument aucun motif valable pour admettre l’existence de quatre sels dans cha- que solution. Lorsque, à une dissolution saturée de deux sels, on vient à ajouter un troisième sel, une portion de celui-ei prend place dans la combinaison qui existe au sein du liquide. En général, quel- que soit le nombre des sels solubles dont on présente successive- ment un excès à une dissolution déjà saturée, pourvu que ces sels ne se précipitent pas mutuellement, tous entreront pour une part en solution, et le résultat final sera un seul fout chimique, que tous les sels mis en présence auront contribué à édifier, et dont la solubilité propre déterminera celle de chacun des con- stituants. L'auteur est d'avis que ce qui est vrai des dissolutions satu- rées, l’est également des dissolutions non saturées ; que dans les eaux naturelles ordinaires, par exemple, les différentes matières salines tenues en dissolution forment une seule combinaison chi- mique, qui se détruit par l’évaporation ou ‘sous d’autres influences. La même vue s’appliquerait à tous les liquides de l'organisme végétal où animal. Dans un paragraphe spécial, l’auteur examine la solubilité de quelques sels doubles cristallisables, comparée à celle des sels simples et à celle des sels doubles non cristallisables. À en juger d’après ce qu'on sait aujourd’hui, les sels doubles dans lesquels on trouve un rapport simple, tel que 1:1, 1:2 etc., entre les 94 G. 5. MULDER. MATERIAUX POUR SERVIR A L'HISTOIRE nombres d’équivalents des sels composants, auraient une plus grande densité et, comme conséquence, une moindre solubilité que les sels doubles dans lesquels s’observent des rapports plus compliqués, tels que 1:7, 1:18, ete. La faculté qu'ont les pre- miers de pouvoir cristalliser, dépendrait de cette différence. II. Régles et remarques. Cette troisième et dernière partie donne un aperçu général de l’histoire chimique de l’eau. L'eau peut jouer différents rôles, avoir différentes significations, dans les combinaisons dont elle fait partie; sous ce rapport, l’au- teur distingue : a. L'eau de conshtulion, c'est-à-dire l’eau qui tient dans un acide une place pouvant être occupée par une base, et l’eau qui dans une base peut être remplacée par un acide. La première peut être représentée par HO, la seconde par OH. b. L'eau à laquelle peut se substituer un corps de nature com- plexe, tel qu’un sel; suivant que ce corps jouit d’un caractère électro-positif ou éleetro-negatif, on peut appliquer à l’eau qui est susceptible de le remplacer, le signe ho ou oh. c. L'eau qui entre, il est vrai, par quantités équivalentes dans la constitution d’un corps, mais qui, pour autant que nous sachions, ne peut, dans une combinaison solide, être remplacée en raison équivalente par d’autres corps. Nous désignons cette eau par ag. On trouve des exemples de ces différents rôles de l’eau dans les combinaisons : SO,, HO, Ka0,O0H, MgO, SO,, ho, 6 aq. Par eau d'ordre cjjérent, l'auteur désigne l’eau qui présente le même caractère, la même signification chimique, mais dont les diverses portions sont retenues dans la combinaison avec une force inégale; c'est ainsi, par exemple, que les trois équivalents d’eau de PhO,, 3 HO ne sont pas de même ordre. Il ne faut pas perdre de vue toutefois, qu'on ne sait absolu- ment rien de l’arrangement des éléments dans les combinaisons. On ne peut dire si l’eau existe comme telle dans les bases ou DE L'EAU EN COMBINAISON CHIMIQUE. 95 les acides hydratés; on n'a aucune preuve qu'il en soit ainsi, même pour l’eau de cristallisation qui se dégage le plus facilement. Si nous continuons à parler d’eau dans une combinaison, c’est que nous n'avons le plus souvent pas d'autre moyen de nous exprimer intelligiblement. C’est dans les éléments qu’il faut chercher la raison des pro- priétés des composés, par conséquent aussi de la propriété de s'unir à l’eau. Aucun métal ne jouit de cette propriété, et parmi les métalloides, les halogènes seuls la possèdent. Dans les corps composés qui peuvent entrer en combinaison chimique avec l’eau, et qui renferment, soit de l’oxygène, soit de l’hydrogène, soit un corps halogène, c’est à ces éléments qu'il faut rapporter essen- tiellement la cause de la propriété en question. Aïnsi, tandis que les métaux ne se combinent pas avec l’eau, beaucoup d’oxydes métalliques fournissent des hydrates; l’eau s’unit à l'acide cyan- hydrique, mais non au cyanogène, etc. L'auteur insiste sur les modifications profondes que l’état de dissolution, analogue à l'état de liquéfaction par la chaleur, apporte aux propriétés des corps; il ne pense pas que ce chan- gement puisse être attribué uniquement à la plus grande mobilité des molécules ; il rappelle l'influence de la nature des dissolvants sur les réactions des corps. Les propriètés des corps sont dans une dépendance si étroite de la chaleur, sous toutes ses formes diverses de chaleur latente, spécifique et libre, qu’on peut appeler, en quelque sorte, un corps de la mañere plus de la chaleur. Nous avons déjà vu, dans ia première partie, que tous les sels, à l’exception du sel marin et peut-être de quelques autres, éprouvent probablement des trans- formations isomériques, — ou plutôt polymériques, — quand la température s'élève; que ces transformations se manifestent par une diminution dans la faculté des sels de maintenir de l’eau en combinaison chimique; qu’elles sont tantôt brusques, comme dans le sulfate de soude, tantôt graduelles, comme dans le car- bonate de potasse. | Quand deux sels s'unissent pour former un sel double, le 96 6G. J. MULDER. MATERIAUX POUR SERVIR A L'HISTOIRE, ETC. nombre d’équivalents d’eau augmente ordinairement. Ainsi le chlorure de potassium et liodate de potasse, qui sont anhydres quand ils cristallisent séparément, prennent 1 équivalent d’eau lorsqu'ils sont réunis. L'eau dite de cristallisation concourt à édifier la forme cris- talline. Tous les sels solubles dans l’eau sont déliquescents. Le degré de déliquescence d’un sel quelconque dépend: 1°. du sel lui- même; 2. de la température de l'air et 3°. de l’état hygromé- trique de l'air. Toutes les dissolutions salines qui laissent déposer des cristaux par le refroidissement, peuvent offrir le phénomène de la sur- saturation. Lorsqu'un corps peut fixer chimiquement plus d’un équivalent d’eau, la chaleur qui se dégage dans la combinaison de chaque équivalent successif, diminue, en général, à mesure que le nombre d’équivalents augmente ; c’est ce que font voir, entre autres, les expériences de Favre, Silbermann et Gaillard. Il y à une certaine relation entre la solubilité des corps solides et leur poids spécifique. Cette règle, déjà énoncée par Berthollet, a été confirmée, dans beaucoup de cas, par Kremers. En général, la solubilité diminue à mesure que la densité augmente. Il est bien entendu, d’ailleurs, que la règle dont il s’agit ne s'applique pas à l’ensemble de tous les corps, mais seulement dans les limites de certains groupes. Quand un corps solide se dissout dans l’eau, il y a ordinaire- ment condensation. La pression augmente la solubilité. L'auteur traite encore de l'influence des sels sur le point d’ébul- lition de l’eau, de la température de la vapeur des dissolutions bouillantes, et de beaucoup d’autres particularités intéressantes, dans lesquelles nous ne pouvons le suivre. Mae = HÉPE Tr RrT ARC me a ARCHIVES NÉERLANDAISES DES Sciences exactes et naturelles, FORMATION ET DISCUSSION DES EQUATIONS POUR LE CÔTÉ ET LES DIAGONALES DU POLYGONE RÉGULIER. PAR C. H. D. BUIJS BALLOT. Extrait des : Verslagen en Mededeelingen de l’Aeademie Royale des Sciences d'Amsterdam, Tome XVI, pag. 293—326.) 1. En géométrie élémentaire on rencontre nécessairement la formule pour le côté du polygone régulier à » côtés en fonction de celui du polygone à 2» côtés, ou, si l’on veut, pour la corde d’un arc en fonction de celle de l'arc double. Or, cette formule donne les diagonales des polygones en question, et même toutes les diagonales, en doublant toujours l’are. Finalement, dans le cas d'un polygone à un nombre impair de côtés, on se trouve constamment ramené à la corde simple, puisque pour un arc Der , il y à toujours une valeur de m, telle que nl 241— +1 (mod. 2n+1;. C’est ainsi qu’on trouve pour: = 2 2, 3, 4, (0010 LOG ON AO MA AE PASS TE ES 2H 8 AS De 6, 13 8, OS DT Pr at 7 UT, EN PEN EL ARCHIVES NÉERLANDAISES. T. I. 1 98 C. H. D. BUIJS BALLOT. FORMATION En outre, on s'aperçoit bientôt qu'un tel redoublement successif nous donne deux sortes de propriétés; dont l’une est commune à un ou plusieurs autres polygones déterminés, tandis que l’autre a lieu exclusivement pour le polygone én question; c’est cette dernière propriété, qui en constitue le caractère essentiel. De cette . manière, on devra se trouver ramené à une définition algébrique de cet assemblage de polygones, à une équation dont les côtés de ces polygones soient les racines. Mais, comme aux côtés on peut substituer les diagonales, et que celles-ci ramènent tout de même, par un redoublement suc- cessif de l’arc sous-tendu, à la diagonale primitive, ce qu’on vient de dire les regarde tout aussi bien que les côtès: donc, chaque diagonale doit être de même une racine de l'équation mentionnée. Quant à cette équation, elle ne contiendra que des puissances paires de x; il faut qu’on puisse la réduire en autant de fac- teurs, qu'il y a de polygones à caractère commun: or, pour chacun de ces derniers il y a une équation caractéristique, qui doit se retrouver dans l'équation générale et qui, par suite, doit y entrer comme facteur. De plus, aussitôt que le nombre des côtés n’est pas premier, il faut qu'à chacun des diviseurs il corre- sponde un facteur spécifique. !) 2. Doit x, y, 7, u, v, successivement la corde de Parc simple, double, quadruple, octuple, et seize fois plus grand, on a y—=a (4x?) (À), 5=y?(4—y?) (2), u?—z2(4—252) (3), v?—u(4—u?) (4). Maintenant, si l’on fait y — x, on exprime que la corde de l’arc double est égale à celle de l’arc simple; ce qui est le caractère du triangle. La formule (1) donne, après avoir divisé par +?, —=4—x? ou x?—3—0 (5). Si l’on fait z—2x, l’on exprime que la corde de l’arc quadruple équivaut à celle de l’arc simple; caractère du triangle et du pentagone. Les équations (1) et (2) donnent 1—(4—x?) (4—4zx?+x*), ou bien 1) Voyez sur la méthode pour trouver ces facteurs une Note de l’auteur, Versl. en Meded. Tome XIIT, p. 430. ET DISCUSSION DES ÉQUATIONS. 99 O = 25—8 xt + 20 2—15 —(x—3) (xx? +5). (6). De même, dans la supposition u = x, les équations (1), (2) et (3) donnent O—x14—16x!21 104 x10— 352 28 + 660 a5—672 at +336 x? —63 — (223) (a6—7 xt + 14 &2—7) (af—6 x +9 x°—3), (7) pour le caractère du triangle, de l’heptagone et de l’ennéagone. Enfin, des formules (1), (2), (3) et (4) on déduit, en y faisant v—x, O0= 2332 x? 84464 %°6— 4082 x? 14238400 x? ?—95680 x? 0 + + 283360 x18 — 615296 x16+ 980628 x1# — 1136960 x1? + 4940576 x19—537472 84201552 36—45696 x + 5440 r?—255 = (2°—3) (xt —5 x? 45) (28 —7 »6+ 14 xt —8 2 +1) OM AT z15 | 119 z12— 442 310, 935 x° — 1122 x5 + + 714 zt — 204 x? +17) = 0; (8). contenant les caractères du triangle et du pentagone et des polygones à 15 et à 17 côtés. En continuant de la même manière, on obtiendrait pour l’ hendéca- gone et le polygone à trente et un côtés une équation du 64nt degré. 3. Lorsque la corde d’un arc œ équivaut à celle de l'arc 27 y, on voit que le degré de léquation est 2°+1-— 2: puisque cette équation est de la forme x (4—x), et que l’on divise après par a". Chaque équation contient les facteurs caractéristiques pour les deux polygones à 2 p—1 et à 2 p + 1 côtés: le degré de chaque facteur est moindre d’une unité que le nombre des côtés; donc, les degrés des deux facteurs sont 2 p—2 et 2p, et le degré de l'équation elle-même est 4 p—2. Mais, quelquefois ces facteurs se subdivisent en d’autres, comme on à déjà pu le voir plus haut. Pour les trouver, remarquons que pour 2 p + 1 premier, on a une équation complète C(2p+1), de degré 2p, qui donne tous les côtés et diagonales de valeurs différentes. Si, au contraire, 2 p+ 1 n’est pas premier, l’équa- tion correspondante spécifique S (2p + 1) ne contiendra pas toutes les diagonales; spécialement pas celles qui forment un système, où les diagonales se retrouvent avant qu’on ait parcouru toutes les 2yp +1 circonférences, c’est-à-dire, dans le cas d’un arc q 9, où q est diviseur de 2 p + 1. 7 # 100 C. H. D. BUIJS BALLOT. FORMATION Pour le polygone à 15 côtés p. ex. les cordes de 59%, et de 10 y, sont celles du triangle et exigent ainsi le facteur C (3); les cordes de 39», de 6, de 9%, de 12%, coïncident avec le côté et les diagonales du pentagone, et exigent par suite le fac- teur C (5). Pour les cordes qui restent, de 6, de 2, de 4, de Ty, de 8y, de 11%, de 13% et de 149, il faut recourir au facteur spécifique S (15) du 8° degré. Ainsi les équations 5) à 8) doivent avoir la forme CG=0; C6) x C6) = 0; CE) SSSR EN donc (9) = 0(5).x S (0): | C5) DC) XX SABLE CHUTES 07 donc'C (19) =A0 6) >x) 05) 5erS ar C'est-à-dire CB)—=r2--3—0; C()=zxi— 5x —5—0; C(T)= xs — Tai +147 —7—=0; C(9)= 285 — 9 x6 +27 x — 830 x + 9 —= 0, E (9) = 25 — 6x + 9x? —3; (9) C (15) = 14 — 15 12 + 90 #10 — 275 x8 + 450 6 — — 318 4 +140 x? —15—=0, E (15) = x —7x6 + 14 xt — 8 x'+]; C(A17)=x!6—17x1t + 119 x1? — 442 104935 x8— — 1122 x6 + 714 x — 204 x° + 17 = 0. 4. Remarquons que la circonférence étant divisée en parties égales aux points À, B, C, D, E, F, G ... L, M, N, on obtient le poly- gone dit régulier en joignant les points dans le même ordre. Mais, lorsqu'on passe chaque fois un point, ou deux points etc., et qu’on joint ainsi À, C, E, G, ... M, À, ou À, D, G, ... L, À, les poly- gones sont dits étoilés. Il va sans dire que tout ce que nous avons trouvé pour la première catégorie subsiste également pour la seconde. Lorsque 2 n + 1 est premier, il y aura autant de polygones, en général, qu'on pourra tirer de lignes diverses entre les som- mets; 2 n + 1 étant un nombre divisible, il y a autant de sortes de polygones qu’il y a de facteurs, et chaque sorte a un ET DISCUSSION DES ÉQUATIONS. 101 nombre complet d'individus, qui pourtant se reproduisent deux à deux. Donc, pour un polygone à m X n X p côtés on a m — ] MANS M dinde individus de la sorte M, 2 |: CRE | ER Un ras ” PUS TAN AE) Ne p — 1 a Te Le mn — 1 m + n — 2 9 SA ENT 9 ee 4 AT EE nn 1/4 " / 1/4 MN, nor mhp—2 DR AT : = MP, np — 1 n+p—2 Eure A RNA FE AN ee COR 7 HO) P 9 2 a nd ompel) me.) or np 2 2 2 2 ; D. On peut parvenir aux mêmes résultats par d’autres voies encore. Par exemple, le théorème de Ptolemée est d’un usage fort utile, pourvu que les côtés et les diagonales du quadrilatère inscrit soient des cordes de 2” w. Il est préférable de l'appliquer à un trapèze, la figure ayant alors deux, quelquefois même trois côtés égaux, et étant de la plus grande simplicité. Pour l’heptagone A, B,...G, on prendra le trapèze ABCG, dont les côtés AB, BC, GA soustendent un are y, le côté CG un arc 4 y, et l’on à AB x CG + AG X CB — AC x BG ou DC x) Mod og br X x — (æœ 4 — x?}?, d’où l’on déduit, comme on avait déjà trouvé dans la formule (7) DES Memo ld 52 ST) 0, Pour l’hendécagone A, B,...L, prenons le trapèze ABCL, dont les côtés AB, BC, LA soustendent un arc +, et CL un are 8 v; on trouve par le théorème mentionné D 0 Va Maud u)@-my ULIX x = (S PONT ee = 102 C. H. D. BUIJS BALLOT. FORMATION ou, après réduction, 0O—=x'#— 16 x!2 + 104 x10 —_ 552 x8 + 660 36 — 671 xt + + 830 x? — 55 —=(x10— 11x58 +44x6—77xt +55x?—11)(xr—5x?+5). (11) Pour le polygone à treize côtés on prendrait comme côtés du trapèze les cordes de y, 4, 49 et 4. Cette méthode, on le voit, n’élève pas autant le degré de l'équation finale, que celle du N°. 2; mais, en revanche, il n’est pas si évident ici quels sont les facteurs non-caractéristiques. 6. Dans un cas spécial le trapèze donne lieu à une formule pour la corde 4 d’un arc triple: lorsque les trois autres côtés du trapèze sont égaux à la corde a de l'arc simple. Alors le théorème fournit ad= a? (4— a?) — a? —=a? (3 —a?), d'où d—=a(3 — at). (12) La supposition de d — a donne le côté du carré a? = 2. (13) En répétant la même opération, on obtient e—=d(3—d?)—=a(9—30 a? +27at —9a$ + af); et, suivant qu'on prend e— + a, ou = — a, on trouve les équations (a? — 4) (a? — 2) (ai — 3 a + 1) = 0, (14) (at — Bai + 5) (at — 4 at EE 2) —=)0; (15) dont l’une contient C (2, C (4) et S (10), l’autre C (5) et S (8). Il est nécessaire qu'on rencontre ici tous ces polygones, comme ayant la propriété commune que la corde de 9 œ est égale à celle de ç; mais il n’en résulte pas clairement pourquoi on les trouve ainsi distribués. On pourrait encore chercher la corde de 5 &, et supposer égales les cordes de g et de by, ou bien cellés de 3 et de 5w; de même encore celles de ky» et de {», enfin en général les cordes de ny et de (n +1) dans un polygone à 2 n + 1 côtés. 1. Cette dernière méthode, à laquelle on est conduit en com- mencant par la première, est naturellement tout aussi rigoureuse et bien définie; elle exprime le caractère du polygone de (2n+1) côtés; elle a l’avantage de ne pas introduire des facteurs étran- gers, de ne pas élever le degré de l’équation finale plus qu'il ET DISCUSSION DES ÉQUATIONS. 103 n’est nécessaire et de donner immédiatement cette équation, lorsque 2 » + 1 est premier. Ainsi la substitution de x D” 4 — x? pour x dans la valeur I n D Med Ô de la corde de 5 ou de aan 0 selon que » est pair ou im- pair, donne, après la réduction du radical V4 %?, une équation de degré 2 n, précisément tel qu'il est nécessaire pour trouver les » côtés des n polygones divers à n côtés. Pour les polygones à un nombre pair de côtés 2m—2(2n+ 1), il faut de nouveau mettre x? (4— x?) au lieu de x?2; donc ces équations seront toujours des fonctions symétriques par rapport à æ? et4 — x°; mais elles ne donneront que S (2 m), puisque les facteurs correspondants à des polygones moins élevés, y manquent nécessairement. On trouve ainsi GB)—=r-4—0; Der 5— 0: C(d)—=(x? —2)C(2)=0, S (4) = zx? —2—=0;: Boat Dr +5—0: CE) — 32 —1)C(3)C (2) —0, BHO) = Tr? 1—0;: C(T)=x$ —Txi + 4x? —7—=0; ONE) = (x nn 4) CC2)= 0), D (8) —=xt — 4x +2—=0;: Or Gr +T9zx1—3)C(3) —=0, 00 SD = rt 6 xt 9x5 —0;: | LHO)—= (xt 3x +1)C(5)C (2) —=0; SOS x? 10; COM) =rt0— 11x$ +44 r6— 77 xt + 55% 11—=0; GO (Lx F1)S(6)S (4) C(B)C(2)=0, SUP N = Ti 4 ma 1 — 0; M) ri .19 x10 + 65 x°-—196 26 -F 182 x — PER. 13 =;'0; C(14) = (x$ — 5x +6Gx2—1)C(7)C(2)=0, S (4) = 2x6 — 5 xi + 6x? —1—=0; 104 G. H. D. BUIJS BALLOT. FORMATION CHB)= xt —7Tat+ldzi—8zx +1) C(É)0C(6)=0, S(0)= at — 1x Fldrz 87x10; C (16) —={x8 —8 6 +20 xi—16 x? +2) S(8) S(4) C(2) = 0, S(16)= xt — 842 +20zx!—10 2h20: C(17)=2xt6—1721 141197! 2442 5104935 x8—1122%6+ + 714 x4—204 x? + 17 = 0; | C (18) = (2° — 6% +9 æ2—1) S (9) S(6) C(3)C(2)—=0, S (18) = zx 062 E9ir2 10; C(19)=2x"t—19 24192 xt —665x12+1729x0 2717 xt + 2508 35 — 1254 x* + 285 x? — 19 — 0; C (20) = (x—8 af + 19 xt — 12 x? +1) S(10) S (5) C (4) C(2)—=0, S(20)= m8 a+ 19xt 12x10 C(21)= (xt? — 11 x + 44 af — 78 af +60 x—16 x? +1) C(7C(3)=0, S(21)= xt? — 11 + 44 26-78 x6 + 60 xi— (16) A6 22 0; C (22) = (x'0—9 x8+28 x — 35 xt +15 x°—1) C(11) C2)=0, S (22) = x1—9 75 + 28 a6—35 x1+15 x?—1—=0. 8. Pour chercher les propriétés de ces équations et de leurs coefficients, il vaudra mieux avoir recours à des formules de goniométrie. | Celles qui dome nn Cos p , pour n pair, et Sin ny pour n impair, en fonction de Sin æ de degré n — 1 et n, n (n°? —4) 1073 Cm mt a fi | Se 00 g. [" Sin 9 — Sins ii 2 3 ne [n pair] ET DISCUSSION DES EÉQUATIONS. 105 n (n? — 1) &. SIN 1 ie + 11228 : n—1 . 9 PPT : n(n?—1?)(n2—3?)...Îfn?—(n—2)"; Sn a! m2 30e dl)» [x impair|, Sin y —= Sin 9 — (17) | / nous donnent les équations requises, lorsqu'on prend Sin # y = 0. : . TT NE b TT Les racines en sont alors Sin en général Sin E , et celles- n n e Q . e TT TT ci, en les multipliant par 2, deviennent les cordes de ——, is , que n n l’on cherche. On voit immédiatement que pour 2 n + 1 premier, tous les coefficients ont 2 »+ 1 pour diviseur; pour les autres 2n +1, ces derniers pourront se perdre en entier ou en partie. Or, les racines de notre équation pour un polygone à 2n+1 TE boules Ctant 2 Sin y, en général 2 Sin p vw, Où y —= = —- 2n et les facteurs en sont x? — 4 Sin? y, en général +? — 4Sin* pw, jusqu’à x? — 4 Sin? ny. Soient les coefficients de l'équation WA D, C, D,.... alors on a A4 sSin?pu—9>(1—Cos2py)—=2(n+1) —2n+ 1. (18) l 1 Pour trouver les autres coefficients, nommons les racines en général a, et employons les relations de Girard mA mat Boat Co'ars —.,,,. 4 Ms EN. Ainsi l’on a za? — Az a — 2 B, et, d’un autre côté, 0 — To; Sin pv — 4 > (1 — Cos 2 py)r — — +42 (1 — 2,Cos 2 p y) + 2 x (1 + Cos 4 p y) — mt) +2(n—1)=6rn+<3=38(2n—+l); donc 2B—(2n+1)} —3(2n+1)={(n—1)(2n +1). (19) De même > a — Az a? — BE a + 3 C, et encore = a — OL > Sin py — 8 s(L — Cos p vw)? — 10 (2 n + 1), BB 20 Dan 1) 3 (2n +1)? — {fn — 1) (Pr + 1,2 + + 8 C, d'où C — tee TD eue toi @n E 1). (20) On trouve encore ainsi D — 106 C. H. D. BUIJS BALLOT. FORMATION 9. On voit que tous ces coefficients ont 2 n + 1 pour diviseur, comme :ïil résulte aussi des formules (16). Seulement, lorsque 2 n + 1 nest pas premier, le facteur de 2 n + 1 peut être, et est quelquefois, fractionnaire, et ôte un diviseur de ce nombre D'ineute Mais cette propriété est générale. Car, on 2 127/Sinfimr 0022) (Hd par? jCos pme — oo () Cos [(p—2)max] + 6) Cos [(p— 4) mx] —...; d’où, pour p pair, S 9 Sin? mx = 2 qe 1} 2 Cos pm x —(1) = Cos [(p—2)mx] + 1 1 1 ii (!) 5 Cos[(p—4) ma]. 1) (22) Tout facteur > dans les termes du second membre est 1, sauf le terme du milieu, qui est », puisque Cos [(p—p) n] = Cos0 = 1; LA d done ce terme acquiert la valeur n À (P : à EM É PU : ñ DRE De plus, la somme des autres termes, lesquels forment une série de coefficients du binôme, est 1. 27, et celle des termes d’ ordre pair ou impair, chacune la moitié, done 27°. La dernière somme contient le terme maximum, si on l’en soustrait, il reste = LP(p— 1)... GP#1). D Hu 2e Ne mais ces termes sont de signe contraire à celui des autres termes. Leur L'p(pr bai) somme est donc et celle-ci ajoutée au PR SD terme antérieurement déterminé, donne Le AU ee on ua 2 Ci, (23) 2 1072 420000 10. Au lieu de déterminer ces coefficients l’un après l’autre, 1) La notation (5) est celle du coefficient du binôme d’ordre 4 pour l’ex- posant p. ESS ET DISCUSSION DES EQUATIONS. 107 comme précédemment, cherchons à trouver la loi qu'ils suivent. Divisons ces coefficients, hors le premier, par 2 n + 1, et écrivons les quotients, à la manière du triangle de Pascal, en ligne inclinée; ces quotients formeront des progressions arithmé- tiques d'ordre supérieur. (Propriété commune aux coefficients du binôme.) Dans chaque polygone suivant à 2 n + 1 côtés on ren- contre un terme de plus, et le dernier terme est l'unité, tout comme pour ces coefficients. En outre, les avant-derniers coefficients du binôme forment une progression arithmétique du premier ordre; la troisième, en remontant à partir du dernier, une progression du deuxième ordre; ceux qui se trouvent les 2 g + 1 mes en avant du dernier une progression du 2g“e ordre. La même chose à lieu pour nos quotients. Reprenons la seconde des formules (17), posons Sin np — 0, changeons » et m en divisons par m Sin y, il vient 2 — 1... (m2 — 1) (m°? — 3?) D p Sin? Sin 9 — dons 0 ua ous dus mo SRE SRE AAA DUR D Dr 97) (nt 5) gop ut HONG A RG 7 n2 Le coefficient avant-dernier, qui est “ à est un facteur du 6 second degré, le suivant un facteur du quatrième degré, tout comme dans la suite des coefficients du binôme. Ecrivons mainte- nant 2n + 1 au lieu de m, cette équation devient D) (n—1) n(n+l)(n+2),,.. De pur (e ç 4° AT Pt AMEN ET j (DAS 4 Jets le on MOT 1 a 3 de id ou, en introduisant les cordes au lieu des sinus, x — ? Sin #, D no 0 Dream) ls l2008 102084 D Mobmsr2)(n = Dr l)(n+2)(n4+3) 1 : Toast 516 ns 108 C. H. D. BUIJS BALLOT. FORMATION — 1 — (54 sa SE ET) de — fé ) 2 et+...(24) de sorte que ces coefficients ne diffèrent des coefficients du binôme que par des diviseurs bien déterminés 1, 1, 1. Cette propriété est pour nous de grande valeur, puisqu'il n’est besoin mainte- nant que de connaître le diviseur qui doit transformer les derniers coefficients. À cet effet, il faut prendre les diagonales inclinées qui occupent un rang d'ordre impair, en remontant de la dernière, et diviser tous ces nombres par 1, 1... Le premier terme donne toujours pour quotient l'unité. Aïnsi, du systême de coefficients du binôme 7 260 84 126 126. 84, 950 2) E 1 10 45 120 210 / 2592 210 120 400 1.11 55165 330. 462 462. 330:1/09109) PPS 1°12 66 220 495 192 922, 792 495 220 66 l 13 78 286 715 1281 1110 1110 1287 1119 28640 Mn on déduit le système suivant de nos quotients ET DISCUSSION DES ÉQUATIONS.. : 109 ES FE bi Mi1N8) 36, 01. 143 199 66 16 1 5 L' 9 451 140 973 8832 2454 99 181 1 Mt 10197. 201476 128 715 499143 29 1. D'où, en multipliant chaque ligne horizontale par le dénominateur de la fraction qui est à la tête, le système des coefficients eux- mêmes L 3 1 5 D 1 { 14 1 di 9 27 30 9 1 11 44 qi DD 12 (27) Rd 69 106 182 91 15 D 154400 )275 450: 318, 1250 015 MT 049 442) 935. 1122, T14:2204: 117 2100152665 ::4729 2717 2508 12541285, 119 1240189 9522940 5133, 7007 5148 2079 385 21 1 25 230 1311 4692 10948 16744 16445 9867 3289 506 23. Dans le système (26) les diagonales inclinées à droite ont pour différence 2 (g—1) ème (où qg est le nombre d'ordre de la diagonale en comptant de la dernière) la fraction qui y est à la tête. Quant aux diagonales inclinées à gauche, elles ont pour différence q ième les produits ! 21, 1 22, 1 23, 1 24... 11. À la propriété des coefficients du binôme qui s'exprime dos (1 + x} (LL Ex = (A +zx)" * *, il correspond une pro- priété analogue, un peu moins simple. Aïnsi les coefficients de 110 C. H. D. BUIJS BALLOT. FORMATION l'équation du degré 2 (in+n), ne diffèrent que très peu du pro- duit des deux équations du degré 2 m et 2». La plus simple dif- férence résulte, soit de la multiplication de C(2m+1) x C(2q+1) et OC (2n+1) x C(2p+1), lorsque m+n—9p +9; soit même de la comparaison de {C(2m—+1)}? et de C(2p+1) x C(2q+1), lorsque 2 m—= p +- q et que la différence (2m +1)? —(2p+1) (2 g + 1) est très-faible. Ainsi CG (D) =785 10 763575072035 —=C(8) X C(7)— (x? —4) —=C(3) x C(7) —C (2); | C (5) x CII) = 16 x HAL 70 5952780120) + 660 25—671 xi + 330 x°—D5 = C (7) x C(9)+xi— — 6 x?+8—=C(7) x C (9) +C (4). a 12. Nous avons vu aux Nes. D et 6 que l'équation exprimant l'égalité de deux cordes de multiples différents de l’arc simple menait tantôt à des C tantôt à des S. Prenons Sin (2n +1) : — ar soie il faudra dans le premier membre de la dernière équation (17) mettre + 1 pour Sin|(2n+1) : — alors on à 0 — Sin [(2n + 1)2] —Sin 2 —Sin 7, Cos [(n+ 1) ?],(29) 2 2 2 2 O — Sin [(2n + nl + Sin : — Cos _. Sin [(n + 1) 51-80) Tous les polygones correspondants à (29) seront des facteurs de C(2n+1)—+1; ceux qui correspondent à (30), se trou- veront parmi les facteurs de C (2 n + 1) — — 1. Parmi les fac- teurs de (29) et (30) il faut qu’il se trouve les côtés et les diago- nales des polygones à 2n+2 et à 2n côtés; et comme dans ces polygones à un nombre pair de côtés, les diagonales sont ou des côtés ou des diagonales de polygones à un nombre moindre de côtés, nous pourrons remplacer ici C par S. Afin de parvenir à ces équations, il faut chercher d’abord quelles valeurs de 1 TT TT 7 TT L] AN em Ar RCE EN — - satisfont 4 (29 gi 2 (n + 1), Zn, n + I nu à 4 ET DISCUSSION DES EÉQUATIONS. 111 et à (30): ensuite on observera si p! — 1 y donne pour (x + 1) v! la valeur Sin 1, ou bien — Sin 1. Lorsqu'on veut que la corde de 9, soit égale à celle de y, sauf le signe, on a Sin 9 p! —Sin 1, d'où p! —18°, — 45°, — 90", Memo oh — Snypt, dou?! = 36, — 221. Dans le premier cas, 9 = 36, — 90, — 180, donne le décagone et l’octogone (si l’on veut Le carré); dans le dernier cas, 9—72,—45, donne le décagone (si l’on veut le pentagone) et l’octogone. Par suite C(9)—+1=$(10)S(4) C(2)—0 et C(9,——1=S(8) 0 (5 Naturellement, on peut réunir les résultats C (2n +1) = 1 et C(2n+1)——1 dans la seule équation {C (2n + 1)}2 — 1 —0, comme dans les formules suivantes, où le signe X sépare les deux facteurs DES x C(2)= 0; IC (5) F —1—S (4) C (3) x S (6) C (2) — 0; {C (7) 2 —1—=S$S(8)C (3) x S(6)5 (4) C se BONE 1=S (8) C(5) x S(10)S os — 0: {C (11)}2 — 1 —S(12) C (5) S(4) x S(10)S ve )CC2)= {C (13)}? — 1 —=S (12)C (7) S(4) x S(14)S Fans on (C (15)? — 128 (16) C (D) x S (148 (88 (DC (2)=0; |, 1C (17)? —1—S (16) S (9) C (3) x S(18)S (8)B (6) S (4) S (2) —0: {C (19)}2 — 1 —S (20) $ (9) S (4) C (3) x S (18)S (10,8 (6) C:(B) C:(2) = 0: {C (21)}? — 1 —=S (20) C(11),S(4) xS(22) S(10) C(B) C(2)—=0; {C (23)}? — 1 —S (24) C (11) (8) x S (22)S (12) S(6)S (4) C (3)C (2)=0. Pour les polygones à un nombre pair 2 x de côtés, on a tou- jours {C (2)? —1—C(2n—1) C(2n+1) C (2). (32) 13. On pourrait encore prendre égales les cordes de ky et de 4», : de On À te ce qui donne Sin . — or , Où en réduisant 112 C. H. D. BUIJS BALLOT. FORMATION Sin É s): Cos 3) 0 (33) 2e DIN ARE ou Sin _ :) Cos (es EN (34) 2h DE 7 En cherchant quelles sont les valeurs de œ qui correspondent à ces conditions, on se trouve ramené aux polygones de Æ£ +} et de Æ—! côtés: mais on en emploie seulement quelques diago- nales. Donc, on ne retombera pas sur C (4 + /) ou C (4 — l) mais au contraire sur S(£+/), S(k— 1): néanmoins leur produit con- tiendra tous les facteurs tant de C (k+/) que de © (4 — }). Pour 45, 1=53,onax(b—5r+:) =?) d'où 21=— 4x +2 =$ (8) —=.9, ) 2 6 a +80 (2) 0 | (36) Pour k=7,/=3ona x (7—14 x2+17xt—26)= +x(3—x?), d’où x°—7xt+18x2—4—$S(10)C(2) = 0, x$—xt +15 x? —10—=C(5)S (4) = 0. Lorsqu'on élève les équations au carré, on trouve dans ces (57) deux cas, 9—6zx2+xt —=25—50 x? +385 xt — 10 x° + xt, | d’où S(8). S(4) C(2)—=0 (38) et 9— 6 x2 + xt —49—196 x? +294 xi—210 x° + 77 xi— dd Tite d'ou $ (10) C(5) S(4) C(2)=0, (39) le même résultat que donnerait la multiplication des équations (36) ou (37.) 14. Lorsqu'on désire des équations pour les cosinus des an- gles du polygone eux-mêmes, il faut observer que chaque côté est égal à la somme des projections de tous les autres côtés sur celui-ci; done, en prenant l’unité pour chaque côté de Per COS AE ; nñn 9 1 = Cos —” + Cos ‘2 + Cos —— n ñn ñn (40) De ce caractère on déduit la nouvelle propriété que le carré d’un côté est égal à la somme des carrés des autres côtés, aug- menteé du double produit de ces côtés deux à deux, multiplié par le cosinus de l’angle intercepté, c’est-à-dire ET DISCUSSION DES EQUATIONS. 113 GT 1=n—1 + 2 }(n—2) Cos A + (n—3) Cos Fa Coste. n n n ser, (41) n |” ou bien, en passant au polygone de n — 1 côtés On —1+2 \ — 2) Cos —_ + (n — 3) Cos Fe ne NET Nes OT en) 2 Re 1e) ou, lorsqu'on réduit par la formule Cos ® = Cos (27 — #), 0=1+ 2 \Cos Os à LU , (42) n n n ou, pour » impair, en prenant (2n +1) = 2x 0= 1 +2 (Cos y + Cos 29 + Cos 3p+...+Cosny); (43) où l’on déduit les Cos ny à l’aide des formules D) 2 2 D Cours MO 2) po Le 1:2 1..2: 8. 4 RU nm). ini li sd Moore: (n—1l).n [n pair] _… n(n?—1) n(n?—1)(n2—3?) (1 ? Cosnp=nCosp——"Cosp+ se © Cos5o+ 1.72:.5 1. 2. 5. 4, 5 Le , DR DEN PAR et ren me onu Du %);: ein Cosry, (44) REA ARE [n impair| les analogues des équations (17). De cette manière, les coefficients deviennent pour n = 1 à 9 ARCHIVES NÉERLANDAISES. T, I. 8 114 ©. H. D. BUIJS BALLOT. FORMATION ET DISCUSSION, ETC. 12 nr LAN 4 dues jose de 1 612, up (45) ht 6 4 Rio So Sen su 8. 94 40 — 80 199" 6404) 1 — 8 —40 80 240 — 192 — 448 128 256 1 10 — 40 — 160 240 672 — 448 — 1024 256 9512. La somme de chaque ligne horizontale est toujours 2 n + 1. Les diagonales inclinées à droite ont deux à deux le signe + et —. Les diagonales inclinées à gauche ont, sauf le signe, un diviseur 2», et chaque terme y est répété deux fois; divisons par ce fac- teur 2, alors on à 1 rl 21—1 I 1 3|—1—2 1 1 4 1—2— 5 Pa pour n — D 1 3— 3— 4 1 1 Gi —1 5 6G— 4—5 ZT 1 1 —1—4 6 10—5—6 1 1 8 1—4—10 10 15—6—7 11 9 1 5—10—20 15 21—7—811 Lorsque maintenant on monte par diagonales, on rencontre les coefficients du binôme, deux fois de suite pour le même exposant. Et il ne faut point sen étonner, puisque les coefficients de 44 ne sont autre chose que (n+1) n(n—1) (n+2)(n +1) n (n—1){(n — 2) HOME 12 SE UAUTE de PE AE NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS, QUI FONT CONNAÎTRE LE CÔTÉ ET LES DIAGONALES DES POLYGONES RÉGULIERS PAR R. LOBATTO. Extrait des: Verslagen en Mededeelingen de l’Académie Royale des Sciences d'Amsterdam. 2e Série, Tome 1. pag. 33—68. 1. Cette méthode-ci est fondée seulement sur la théorie des fonctions goniométriques: c’est la voie qui semble être la plus propre à obtenir des résultats généraux. Elle se distingue des méthodes que M. Buys-Ballot a données en dernier lieu dans sa , Q 4 Q HV Î note, en ce que les équations complètes sont de puissances CL T n Q Q e e Q ou 9” selon que x est impair ou pair. Ces équations ont donc un degré moindre de moitié, et cela résulte de ce qu’elles ne donnent que le côté et les diagonales qui en réalité différent de NES valeur, et dont le nombre est L ou 5 respectivement. Les équations de la note citée ne contiennent, il est vrai, que les puissances paires de æ; mais il est difficile de comprendre com- ment on pourrait interpréter ici les racines négatives: car il ne semble pas qu'on puisse les expliquer en comptant les diagona- 8 *# 116 R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. les dans un ordre inverse, comme on l’a fait dans la note citée !). 2. En premier lieu tâchons de déduire l'équation pour le po- lygone à n côtés de celle pour le polygone à n — 2 côtés. Soit «= 7 , d’où 2x l’angle au centre du polygone à n côtés, n dont le côté sera 2 Sin «: alors la corde de l’angle 2 (n—1)a sera une diagonale égale à la corde de l’angle 2: on arrive ainsi à notre équation fondamentale Sin \O EE 1) a} — Sin Me | (ds) Pour la résoudre, employons une des formules pour le sinus du multiple d’un arc Sin 4x = Sin cv. 2 Costl à — (n — 2) 273 Cosë « + si (n 0) (a ne) Dn—5 Cos’—° DE Q ue 4) (a ri, 5) Cm, Le 2 ie 2. 3 DT OS 0 Qi ED Rue é (24) Changeons »# en n —1, posons 2 Cos « — x, et divisons par Sin «, nous aurons: (n — 4) (n —5) Sa 2 An? — (n ae 3) x"—+ at War hr ote » A ADN enr +... = Î. (2) Maintenant distinguons les cas de » pair et impair, et commen- cons par celui où x est impair. 3. I. n impair. — Alors l'équation (2) est de degré impair »—2. Mais parmi les n — 3 diagonales qui aboutissent toutes à un même point, il ny en a que _. qui soient différentes, puisque la corde de p. 2 « est égale à celle de (n — p). 2 «. Par suite, l'équation qui comprend le côté et les ne diagonales différen- ‘) Voyez No. 4 de la note suivante de M. Badon Ghyben. R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. 117 , N tes, sera du degré ET 1 L1 ai nous allons voir comment on peut déterminer ce facteur de l'équation (2). 4, Pour » — 3, notre équation donne x — 1—0 (3), t «=. (4) Pour »# — D, on trouve par (2) æ° —2x—1—0:..,. ‘(5) et par (1) Sin 4e — Sin «, donc | du=Gk+ l)n—ne= ÉRTI dd Ut do, pour. — 0, et = Î: ed (5°) Des valeurs plus grandes de k ne donneront pas d’autres valeurs de Cos « ou de x; de plus, les valeurs « — 0, ou « — hx, ne peuvent convenir ici, puisqu'on a chassé le facteur Sin « en établissant l'équation (2). Des trois autres valeurs de «, il n’y a que les deux premières qui regardent le pentagone; la dernière donne le facteur étranger x + 1. Donc en divisant (5) par ce facteur, le quotient x?— x —1—=0 (6) sera l’équation du pentagone, et donnera deux valeurs pour x ou Cos w, qui peuvent servir à la détermination de Sin «, c’est-à- dire du côté et de la diagonale. Pour n — 7, on trouve par (2) x5 — 4 x + 3x—1—0; (7) et par (1) Sin 6 « = Sin «; done « — — De ete = ŸÈ7 : On y satisfait par les valeurs « = 7, — ca, — D, et . — 7 (aa) 7 ï 7 D D Observons que les deux dernières valeurs sont les suppléments des deux premières de (5%), qu’elles correspondent donc au pen- tagone et à l'équation (6) pour x négatif. Par suite x? + x —1 est le facteur étranger, dont il faut débarrasser l’équation (7) par la division; le quotient x° — x? — 2 x + 1 —0 (8) sera l'équation de l’heptagone; elle donnera par ses trois racines le côté et les deux diagonales de cette figure. 118 R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES EÉQUATIONS. Lorsque n —9,on a x? — 6 x5 + 10 x —4 x —1—0, (9) AR EUR ARTE os .. 4e ir mn, 71 QT 5e d'or 2 TE À x Gr deux systèmes à ==, — ,— —,——, to; —", —"" (97 y Hs D 10 0 ri og | Ces trois dernières valeurs sont de nouveau les suppléments des trois premières des valeurs (7). Faisons x négatif dans (8) et x3 + x? —2x— 1 sera le facteur étranger de (9); l’autre fac- teur dt — x — 5 x? + 2 x + 1 = 0 (10) sera donc l'équation de l'ennéagone. Mais cette équation com- plète a encore le facteur x — 1, puisque “ — . — : appar- tient au triangle: done on peut l'écrire (x—1)(x?—3 x—1)—0; (104) où le second facteur donne le côté et deux diagonales différentes de l’ennéagone. Prenons n = 11, on ax°—8 x7+21 %5— 20 x5 +5x—1—=0, Gi) et Sin 10 « — Sin «; à la seconde de ces équations correspondent les valeurs œ 7 À bœucs no hi ee tie rat “0e np (1 14} D PL EEE D ÿ 9 :) 95 dont le dernier système contient les suppléments du premier système (97). Changeons x en — zx dans (10); x! + x — — 3 x? —2 x + 1 sera le facteur étranger qui en résulte ; divi- sons l’équation (11) par ce facteur, le quotient D a A D) pe) VS TN SI (12) sera l’équation de l’endécagone. Soit » — 13, alors (2) et (1) deviennent æ'1— 10 x° + 36 x7 — 56 x5 + 35 x3 — 6x — 1 = 0, (13) et Sin 12 « — Sin «; celle-ci donne pour racines 0 Le D x Ta 9% 11 x a ee ru no eee Cl 5. 13 15 13 15 13 A 27 He TT 060 TT Hire TEA 10 ob de D dont les cinq dernières sont les suppléments des premières valeurs (114). Par suite, en faisant x négatif dans (12), le (02 (152) R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. 129 pobnome rc? + æ'— 4 2 — 58 x? + 3 «x + 1 sera le facteur étranger contenu dans (13), dont l’autre facteur Dr D GA Ars Gr 35% A0 (14) sera l'équation du polygone à treize côtés. Enfin pour n — 15 on à Re t9 gti + 55 %%— 14120 x? + 126 x° — 56 x + tm d = 0, (15) et Sin 14 « — Sin «, où correspondent les valeurs MLRUNPE 87 F9 DM 119 ÉMENE DE AG M so os, 0 do jo ft D tr Ga sn. 10m sex (150) D 3 ds 19 le dernier système contenant les suppléments du premier système (137), on en déduit pour le facteur étranger, par le changement de x en — x dans (14), G + xs — 5 xt — 4x5 + 6 x? + 8 x — 1]; et en divisant l'équation (15) par ce facteur, on trouve pour l’autre facteur 2T— 2 —6 x5 +5 x +10 x —6 x? —4 x +1, (16) équation du polygone à treize côtés. Mais, dans le premier système (154) se trouvent les angles à , 7 37 die 2° qui appartient au triangle, « — 5’ —= F ? qui appar- tiennent au pentagone; donc l’équation (16) aura les facteurs x — let x? — x — 1,ce qui donne pour le troisième facteur gt + x — 4 x? — 4 x + 1; ainsi pour (16) il faut écrire (@— 1) (x? —x—1) (x +xi —4x?—4x+1)—=0, (16°) où le dernier facteur donne le côté du polygone à 15 côtés, et celles des diagonales qui n’appartiennent pas en même temps au triangle où au pentagone; les diagonales qui font partie de ces deux dernières figures, sont comprises dans le premier et le deuxième facteur. D. De la même manière, dans le cas général de 2 » + 1, on peut diviser la fonction (2) en deux facteurs, l’un de degré 11 MES , l’autre de degré — 2 120 R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES EQUATIONS. Car l'équation (1) à un système de A ” 2 2n+1 un autre de _— racines _ “ -; ces dernières sont les sup- n — 1 pléments du premier système analogue pour le polygone à 2 n — 1 côtés; donc l'équation de ces polygones, après y avoir changé — 3 x en — x, sera le facteur étranger de degré “ . Quand on divise par ce facteur l'équation (2), de degré » — 2, on obtient dans l’autre facteur, de degré ” — F l'équation du polygone à 2 n + 1 côtés. | Lorsque 2 n + 1 est un nombre composé p. ex. = p. q. r, où p, g,r sont des nombres premiers, les équations des polygones à p, à q, à r côtés seront diviseurs de l’équation obtenue. 6. Passons maintenant à une méthode générale pour obtenir l'équation du polygone à n côtés. L’équation Sin » « — (17) (-)- — + Cos » Ê, suivant que » est de la forme 4 k + 1 ou 4 4 —1. Maintenant employons la formule Cos n 8 — 2" 1 Cosr8 — n. 23 Cos—? 8 + 25 Cost—+6 — se change par la supposition de « =; — 5 en Sin MAS PIE ON CRE ER RER (18) 2. 3 posons-y le côté du polygone 2 Sin « = 2 Cos 8 = y, faisons Cos n B—0, comme il suit de (17), et divisons par y, nous aurons po — ny + ic ny — (m—4) er) NY TE. = 0) EE 2 2. 3 Supposons-vr—=3, =0,= tr =), == et nous retrouverons les équations (9) de la note de M. Buys-Ballot. Elles ne contiennent que des puissances paires de y et ont, par suite, autant de racines négatives que de positives; circonstance dont nous avons cherché à donner l'interprétation dans nos remar- ques au N°. 1. Notre équation (2) a de même des racines R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. 124 Cos « négatives; mais les valeurs de «, étant < 7, donnent pour les diagonales Sin « toujours des valeurs positives. L'équation (18) donnant pour + 2 Cos n £ la corde de l'arc 2 n «, il s'ensuit que l’équation (19) multipliée par + y ou —Y, selon que n est de la forme 4% + 1 ou 4k — 1, donnera tou- jours les cordes de tous les multiples impairs de l’arc 2 « en fonc- tion de la corde y de l’arc simple. Aïnsi l’on trouve corde 3. 24 —= — y (y? —5); corde D. 2a — y (y —5 y? +5); corde 7. 20 = — y (y$ — 7 y" + 14 y? — 7); conne 9.20 — y (y? —3) (y° —6 y +9 y? —3); corde 11. 24 = — y (y19 — 11 y$ + 44 y$ — 77 y + + 55 y? — 11); (20) corde 13. 20 — y (y'2—13y!9 + 65 y —196 y5 + + 182 y — 91 y? + 13); corde 15. 24 = — y (y? — 3) (y — 9 y? +5) (y$ — novel y S get A): corde 17. 20 — y (y'$ — 17 yi# + 119 y!? — — 442 y109 + 935 y$ — 1122 y$ + 714 y — — 204 y? + 17). 7. On a remarqué dans la note précédente (N°. 9) que dans quelques-unes de nos équations les coefficients sont divisibles par le nombre des côtés 2 n + 1. Il suit de la formule (19) que cette propriété a lieu généralement pour tout 2 n + 1: 5, 7, 11, 15, 17, 19, où les fractions n— 3 (n — 4) (n — D) (n — 9) (n—6) nr — 7) Re 2. SUR Co D sens RAR sont des nombres entiers. De plus, ces équations, en négligeant le terme qui renferme la puissance supérieure de x, ont souvent pour diviseur y? — 1. Car l’équation (18), après y avoir substitué 2 Cos f— y, devient 2 Cos n B—y——n7y | pes Art 00) 5 RO RG D -lCRebe D. +. + (21) n—"7 2. 3. À 122 R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES EÉQUATIONS. Pour Ê = 2 y = 2 Cos 8 —= 1, le premier membre devient 2 Cos - — 1, et puisque pour » de la forme 6 k + 1, Cos _ — = Cos (+ 2) = :. la valeur du premier membre se réduit dans cette hypothèse à zéro. Dans ce cas, le second membre doit done s'annuler aussi pour y? — 1; en d’autres mots, il a le facteur y? — 1. Cette propriété existe donc pour les polygones à 5, 7, 11, 15, 17, 19, 23, 25,.... côtés, et ainsi pas seulement pour ceux à un nombre premier de côtés. 8. On peut encore férure une autre équation de la formule (1), qui donne rnuelt n ®* 0, =="Sin \f — 1) 4! — Sin « = Sin Cu 2 os 22 (2 ) w} n in Re D = (22) Ces deux facteurs donnent pour « les deux systèmes A D PO 21 AN RE re M M men 9 a eu te 0 un NS CORRE RE RS TO LR) dns (n — 2) 7x on M ne FE n | n — 5 Le premier de ces systèmes a D valeurs, qui sont les suppléments des angles appartenant au polygone à n — 2 côtés: ce système conduit donc au facteur étranger, tandis que les nu | valeurs du second système correspondent au polygone à n côtés. Employons de nouveau l'équation (18) pour notre facteur N «x Cos -—, et posons 2 Cos 1 « — x, alors nous obtenons 2 n — 3 (n—4)(n—5) ,_ RAS n—2 DT LME PO ee A SE EE LENS ee Fe 20) 24a gt —nz" + n =: n Due , (24*) et en négligeant le facteur z, puisque » est impair, 2 nr Son La gi — me ee. ca gt... En=0.(24) ‘Pour en déduire l'équation en x, observons que la relation R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES EQUATIONS. 125 2 Cos « — 4 Cos? Li «x — 2, donne Z= 32 — 2. Donc, puisque n — 1 et les autres exposants dans (24) sont des nombres pairs, on peut prendre 3? ==v; ensuite on n'a qu'à diminuer de deux unités, à l’aide de l’algorithme de Horner, toutes les racines de l'équation en v pour en déduire l’équation en x. Puis qu'on à x —= 2 Cos « — 2 — 4 Sin? L « — 2 — y? (voyez N°. G), on peut déduire de cette équation en x, par le même algorithme, l'équation en x + 2 — «uw et remplacer w ensuite par y?. Passons maintenant au cas de # pair. 9. IL. » pair. En premier lieu, appliquons la méthode des N°. 3 et 4. L'’équation (1), réduite à la forme (21), comporte ici les deux systèmes de valeurs HAN Dim DT PNEU) E | NT TN NES YO OO n n n n 25 ON HART deu ROUTE cer 69 |" Dh neo de U umorais correspondant aux valeurs (23). Les 5 — 2 dernières valeurs appartiennent au polygone à x — 2 côtés, comme suppléments de ses angles primitifs, et conduisent ainsi au facteur étranger. nm e « L % Les 5 premiers angles ont deux à deux une somme égale à x; seule- ment dans le cas de n = 4 k + 2, l'angle au milieu n'aura pas d'angle supplémentaire, mais aussi sera égal à ! x. En tout cas ces valeurs de « donneront le côté et les diagonales pour les multiples impairs de l'arc; et, entre autres, le diamètre pour TT — 2° donnant la racine x — 0. Les diagonales omises seront le côté et les diagonales du polygone à - côtés, et devront se déduire, de celui-ci. 124 R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. a \ MES 10. Pour x —=4, on a par (2) mL (26) 8 x t rs ee 271 e ï " (27) Or, ces deux angles, étant supplémentaires, ne font connaître que le côté du carré. | Pour n—\60n a 4% 0 x — 0) (28) 7 3 T 5 x TT et A PER ER net 284 6 6 pointes he La dernière, comme la troisième, mène à l'équation x? —=0, le facteur étranger de (28); les deux autres correspondent à l’autre facteur GT? 197 0, (29) Soit n — 8, alors 45 — 5xt + 6x? —2—0O, (30) D Dee Sn Lo Re eh US (304) 8 8 8 8 3 di) dont les deux dernières, comme appartenant au triangle, donnent le facteur étranger x? — 1. L'autre facteur xt — 4x? + 2 = 0 (31) contiendra ainsi le côté de l’octogone et la diagonale de l’arc triple. Supposons æ — 10, donc Bo 1 x$. 2 15 ES 10 47 07 (32) RS PE Re D n, Dr on == =) nr me F0 DO «10 T0 10 Les trois dernières valeurs appartiennent au carré, et mènent : É 5 x TT par suite au facteur étranger x? — 2. L’angle Te correspond au facteur x? — 0; donc, après la division par ce dernier fac- teur étranger x? et par le premier x? — 2, on trouve De Dpt OU 0 (33) pour le troisième facteur, déterminant le côté du décagone et la diagonale de l'arc triple. Pour n = 12 on à g10 — 9 28 + 28 26 — 39 xt AD me OR +, Lodge 3 2 R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. 129 7 3 x D x Ta 9 x 11 x Ne en er ee Mn VOA CUEE MÉREMNer 1 12 12 12 12 12 œ = =, — res Sepi En (344) D D (6) Les quatres derniers conduisent au pentagone, soit comme angles sy rapportant directement, soit comme suppléments de ces angles; ils donnent donc les facteurs étrangers x? — x — 1,etx? +zx+l. y De plus, le deuxième et le cinquième, étant égaux à : et — ù appartiennent au carré et donnent le facteur étranger x? — 2. Par la suppression de ces trois facteurs, on trouve le quatrième Die DipPiA , =>0 (35) pour le côté et la diagonale de l’arc quintuple du dodécagone. Soit n — 14; on trouve xl2— 11x10 +45 %8 — 84 x$ +70 x — 21 x? —0, (36) du br Tr 9 Ilze 5x D im D dd 14 14. IL ru at en (36e) 6 6 6 6 6 Dans le dernier système, . et _ appartiennent à l’hexagone et donnent le facteur étranger x? — 3; co et … appartien- (6) D] nent au triangle et donnent le facteur x? — 1 ; l’angle 0 ainsi que l’angle du milieu du premier système . donnent le fac- teur x?. Divisons (36) par tous ces facteurs, et le quotient Lire 14 2 —" 5 A0 (37) donnera le côté et les diagonales des arcs triples et quintuples du polygone à 14 côtés. 11. Tout comme au N°. 8, on pourrait faire usage ici de l'équation Cos Lin wi 0 afin d'obtenir pour chaque valeur de » une équation déjà délivrée de tout facteur étranger. 196 BR. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. Supposons par exemple n — 10; alors (18) nous donne g10 10 58 + 35 36 — 50 74 + 25 z2 —_ 2 — 0. (58) Après avoir pris 3? — v, on diminue les racines de 2, par l’algo- rithme de Horner, pour trouver la nouvelle équation en x = v — 2 dr (Le D Du DM 0 qui, après qu'on a ôté le facteur x, devient la même que (33) pour le décagone. 12. Passons à la recherche de l'équation générale dont les n — 2 racines donnent directement le côté et toutes les diagonales. L’équation fondamentale Sin n « — O0, devient pour dE Sin n « — + Sin n B, suivant que * est impair ou pair. Maintenant posons 21006 = 2 Sme 0, et l’équation (24) devient (n — 3) (n — 4) 1. 2 la Fe AN (n RME 2) 7 + die Lu UT Le ts de a = Ce RL À Or, n étant pair, cette équation aura un diviseur y; après l'avoir Ôté, nous trouvons PES AT ee RE (39) Pour n — 4, elle donne g? — 2 = OC. (40) Soit n — 6, elle fournit y‘ — 4 y? +3 = 0. (HE) Puisque deux des diagonales appartiennent au triangle, il faut que cette équation ait le facteur y? — 3, et il vient CE CE (41) Pour n—8, on a y5—6 y + 10 y’ —4 — 0; (424) deux diagonales appartenant au carré, on a le facteur 7°—2, et par suite (y? — 2) (y — 4 y? + 2) = 0. (42) n — 10 donne y — 8 y5 + 21 y — 20 y? + 5—0; (48) R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES EQUATIONS. 127 mais quatre des diagonales se retrouvent dans le pentagone, dont l'équation est y‘ — 5 y? +5 — 0; done (43+) devient (y — 5 y? + D) (y —8 y? +1) = 0. (43) Soit » — 12: alors la formule (39) nous fournit ÿ10— 10 5 + 36 y — 56 g* + 35 y: — 6 — 0; (44) les diagonales appartiennent en partie à l’hexagone, en partie au carré; donc cette équation a les facteurs (ie 1) (gà—3) et yf 2; done (y? —1) (y2 — 2) (y? — 3) (y — 4 y? + 1)—=0... (44) Quand n — 14, l'équation (39) devient g12— 1279 + 55 y8 — 120 75 + 126 y — 56 y? +7 —=0, (45) tandis qu'entre les diagonales il n’y en a pas qui appartiennent à quelque autre polygone de cette classe d’un degré moindre. Enfin, pour » — 16 on trouve Y14—14712478 y10— 220 79 +330 y —252 +84 y? —8—0.(46:) Parmi les diagonales on distingue ici le côté et les diagonales de l’octogone, pour lequel on a trouvé l’équation (42). Notre équation devient par l'introduction de ce facteur (y2 — 2) (gf—4 y? +2) (y5—8 7° + 20 y—16 y? + 2) — 0. (46) 15. La même formule (2) peut servir encore à exprimer la corde d’un multiple pair d’un arc en fonction de la corde 7 de are simple, de la même manière qu'il a été fait pour les mul- tiples impairs à la fin de N°.7. On n’a besoin que de la formule 2 Sin n « — + 2 Sin » F pour la corde de ». 2 «, selon que n est de la forme 4 £ + 2 ou 4 k, tandis que y = 2 Cos 8 — — 2 Sin « est la corde de l’arc simple 2 v. Les résultats obte- nus nous fournissent donc, puisque 2 Sin ê—p/ 4 — y?: Vorde 2.2 « — UV — y. | Corde 4.20 —— y (y? — 2) y 4 — y?; | Biide Go y (y2——1) (y? — 3) v 4 = y?: Corde 10.24— y (y“—5y?+5) (y —3 y2+1) V 4—y?; Corde 12.20 ——7y (y? — 1) (y? — 2) (y? — 3) (yi— —4y2+1) y 4 — y?. Corde 8.2a—— y (y? — 2) (y: — 4 y? +92) y 4—y?; . 128 R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES EÉQUATIONS. 14. On doit à M. Buys-Ballot (voyez la note précédente N°. 7) l’observation que les polygones à un nombre de côtés divisible par quatre, ont des équations symétriques par rapport à y? et 4—y?. Nous avons vu (N%. 8 et 11) que l'équation Cos L n « = 0 nous sert à trouver l'équation d’un polygone, sans facteur étranger. Faisons »n—2m, et m pair, done x un multiple de 4; alors on a l’équation connue m Aa m ï Cos m « = Cos” «x — ( 0 ) Cos”—"* «, Sin? «+ ( ñ ) Cos”—{«, Sini x — —..+ 6) Cos' v. Sin”—t4 + ie Cos2«. Sin”? « + Sin” «: (48) où le second membre est symétrique par rapport à Sin? et Cos? «, et, puisque Sin « — - y et Cos « — : V 4— y?, symé- trique aussi par rapport à y? et 4 — 72. Pour m—2,{(n—= 4), on a pour le carré Cos? o& — Sin? « — O0 d'où y? — (4 — y?) = 0. (49) Soit m— 4, alors Cost « — 6 Cos? x. Sin? « + Sin‘ « = 0. Mais 1 — (Sin? & + Cos? c)2 donne 2 Sm°e Co — = 1 — Sin! &« — Cos' «; (a) par la substitution de cette valeur notre équation devient 4 Sin' o +4 Cost « — 3 —0 ou (y?)}2+(4—y2)?—12 — 0. (50) Faisons m— 6 et la formule (48) devient Cos® à — Sin 5 « — 15 Sin? «. Cos? «. (Cos? « — Sin? «) —=0; divisons par Cos? « — Sin? «, qui correspond au carré, nous obtenons Cos' & + Sin‘ « — 14 Sin? «, Cos? « —0 ou par (a) 8 Sin‘ «+ + 8Cosa— 7—0, done (y2)?+(4—y2}? —14—=0. (51) Pour m —3, l'équation (48) donne Cos5 « + Sin « +70 Sin“ x. Cosi « — 28 Sin? «. Cos? «. (Sin « + Cost &) = 0. Substituons Cost « + Siné « — 1 — 2 Sin? &. Cos?«, Cos8 & + + Sins = 1 + 2 Sini.e Coste . 4) Sins PO et nous aurons 1 — 32 Sin? «. Cos2 « + 128 Sin‘ «. Cos' « —0, ou par (a) R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. 129 16 Cos* « + 16 Sin’ « + 128 Sin: o. Cos* « — 15 = }! (16 Sm' « + +2) (H6Cos'e +2) —17—=0, d’où (y}2+9) [(4—y?)2+2} — 84 — 0. (52) _ 15. Il ne semble pas superflu d'indiquer la relation remarquablé qui existe entre les équations en y pour » pair et # impair. Afin de montrer comment les équations pour » pair se dédui- sent des autres, reprenons les formules générales (24) et (39), qui ont lieu pour toutes les valeurs de », tant paires qu'impaires. Or, on voit que (39) se déduit de (242) par la différentiation par rapport à y, et la division subséquente par n y. En outre, 2 [Cos {(n — 1) 8} + Cos {(n +1) 8] =4 Cosn £. Cos 8— == 2y Cos n B, d’où De D or — 2 os {(u—1) gi +Cos{(n+1) 11. y Ainsi, pour avoir l’équation du polygone à 2 » côtés, il faut prendre la somme de celles pour 2 n— 1 et 2 n +1, différentier ce ré- sultat, et diviser ensuite par 2 n y. Par exemple n—d43.).y12= 13 y10+65 y —156 y$+ 189 yi—91 y2+13—0, ‘rer Mi EN y10— 11 y5 + 4A4y$ — 771y*+55y?—11=0, somme. ...y12—12 y10 +54 y8—112 y°+105y'—36y?+2—=0); différentiez : 12 y11— 120 y9 +432 y7 — 672 75 +420 7*—1727= 0; Doierpanl2y: 910 —10 95 +356 y° —56 g° +39 y? — 6 —0: On a encore : Cos {(n — 1) 8 ) 8 — Cos {(n+1) 8— 2 Sin n £. Sim P, Sin » 8 __ 2 [Cos |(n—1) 8] —Cos |(n+1)8}] BR 4 Sim? 6 D Cos a A 27 Cos J(n = 1) 6" D * et, par suite, (54) Or, le premier membre n’est autre chose que (39) multiplié par y; de sorte qu'on peut aussi prendre la différence entre les équa- tions qui servent pour 2n—+1 et 2n—1,et la diviser par y? —4, pour obtenir l'équation correspondante à 2 n. Par exemple ARCHIVES NÉERLANDAISES. T. I. 9 130 R. LOBATTO. NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. n=13...712—138 7109 +65 y5—156 y° +182y—91 y2+18 —=0, e à AA Yo 98 + dy — 717" +5 y2—11—=0, différence : y! 214 y1 0 + 76 y5—200 y° +259 y—146 y?+24—0, divisez par y2—4: y10—10 48 + 36 9° — 56 y' +39 y? — 6—0. 16. L'opération inverse, qui consiste à déduire l’équation pour n impair de celles qui se rapportent à n pair, est plus facile. Car on a: Sin {(n + 1) 8} — Sin {(n — 1) 8) — 2 Sin 8. Cos » 8; done Sin {(n +1) 8} — Sin {(n — 1) 6; à Sin 8 Ainsi, on na qu'à prendre la différence des équations correspon- dantes à 2 n + 2 et à 2 n pour obtenir celle du polygone à 2n+ 1 côtés. Par exemple n— 12... 71910 9 F30 7° —"06 Fo) peu n' = 107% Y— 8 y° + 21 y —20 y? F5 —=0, 2 Cos n B = différence. ... 710 — 11 y5 + 44 y$ — 77 g* +55 y —11 = 0. Par conséquent, on préférera de commencer le calcul par les équations pour un nombre pair de côtés; de simples soustrac- tions donneront celles pour un nombre impair. Il faut encore observer que les coefficients de notre équation (39) sont des coefficients du binôme, savoir: n — 2 n — 3 n — 4 n — D (à : (aide (1) On les trouvera donc très facilement dans le tableau (25) au No. 10 de la Note précédente. Ainsi, pour n — 14, ces coefficients seront 12, 55, 120, 826,50, 6 (55) cost | NOUVELLE NOTE SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS DONT LES RACINES SONT LES CÔTES ET LES DIAGONALES, QUI ÉMANENT D'UN MÊME SOMMET D'UN POLYGONE RÉGULIER. PAR M. J. BADON GHYBEN. Extrait des: Verslagen en Mededeelingen de l’Académie Royale des Sciences d'Amsterdam, 2e Serie, Tome 1, pag. 293—316. 1. Reprenant, à mon tour le sujet intéressant déjà traité par MM. Buys-Ballot et Lobatto, je démontrerai que la formation des équations mentionnées ne revient qu'à l'application de la formule connue er = ml — É : “ mi + ( : Fm —. (1) où ch. (a) désigne la corde de l’are (a), et m — ch (x — a); le rayon du cercle étant pris pour unité. Quand le premier membre de (1) s’évanouit, on obtient D 1) fred. darui EC LA (® m ( ; ) er A Li A) tandis que le terme général du rang ? + 1 est de la forme (nu —13—1)(n—i—2)....(n —25 En (2°) î 9 *# 104 : J. BADON GHYBEN. NOUVELLE NOTE Or l'équation (2), qui pour » pair peut être divisée par m, ne contient, par suite, que des puissances paires de m, et peut admettre ainsi la substitution m? — 4 — x?. De la sorte, l’équation qui résulte de cette substitution ne contiendra encore elle-même que des puissances paires de x. Les racines, valeurs de x?, seront, à cause de la substitution employée, les carrés des côtés et des diagonales du polygone régulier à n côtés in- scrit au cercle à rayon, égal à l'unité, pour autant que ces côtés et ces diagonales diffèrent en grandeur. L’équation (2) que l'on vient d'obtenir, sera, par conséquent, celle que l’on cherche. Seulement, dans le cas ou le diamètre du cercle sera une des diagonales du polygone, on ne retrouvera pas cet x? = 4 parmi les racines x? de l’équation (2). 2. La transformation mentionnée se fait très-aisément à l’aide de l'algorithme connu de Horner pour diminuer d’une quantité donnée les racines d’une équation. Mais, cette transformation ne sera nécessaire que pour ” impair: puisque pour # pair on na qu'à changer immédiatement m en æ dans l’équation (2). Soit, par exemple, n — 14, l'équation (2) donnera après la division par m mi2— 12 m10 + 55 m5 — 120 m6 + 126 m° — 56 m? +71—=0; et celle-ci, par la transformation pour m? —4=——x?, donnera X12 — 12 x10 +55 x8 — 120 x6 + 126 x° — 56 x2 + 71—=0. Au contraire, pour » — 17 l'équation (2) donnera tout de suite mi6—15 mi +91 m'2—286 m!° + 495 m8 — 462 m° + + 210 m° —36 m° +1 —= 0, qui par la même transformation, deviendra x16— 17 xi# +119 x1? — 442 x10 4 985 x8 — 1122 x6 + + 714 x! — 204 x? + 17 = 0. (Voyez la note de M. Buys-Ballot, No. 7, formule (16), et celle de Lobatto, N°. 6, formule (20) et N°. 12, formule (44c.) 3. Pour démontrer ces propriétés, illustrées par un exemple au Nv. 2, remarquous que le premier membre de (1) s’annulera pour na—=2kn, où k est arbitraire sauf la condition de n’être égal ni à n, ni à quelque multiple de », puisque alors « deviendrait égal SUR LA FORMATION DES EQUATIONS. 133 à 2 x ou à un de ses multiples , et que, par suite, ch (a) s’annulerait de même: ce qui rendrait le premier membre £, indéterminé. Dans cette supposition on à BE % à dans (29 m = ch (Haas n UE }; © de sorte que pour toute valeur entière de £, non multiple de n, cet m sera racine de l'équation (2). Or, cette formule (3) ne donne que n — 1 valeurs à m, à savoir pour É=1,—=2,=3,...—n— 1; toute autre valeur de * donnera un même résultat que celles-ci; c’est donc ainsi qu'on obtient les n — 1 racines de (2). Mais ces valeurs de m sont, deux à deux, égales en valeur absolue et munies d'un signe contraire, p. ex. pour k — 1 et — n — 1, pour D — 2 et — n — 2, en général pour f = let im — 1; en outre, dans le cas de n pair, on a m — 0 pour la seule valeur de £ — 1 n. Tout ceci est en accord avec les remarques du N°. 1. Aïnsi, les racines de l’équation (2) auront la forme m= + ch fn — 22), (32) Do él, —,2,....jusques à ! (rx — {), où à 1 n, selon que » est pair ou impair. De plus, la substitution de m? — 4 — x? nous donne D 0 (2%) = + 0h = 4 (4) n où Æ passe par la même série de valeurs, que ci-dessus. Ces valeurs de x sont précisément le côté et les diagonales du poly- gone régulier à n côtés et par conséquent les racines de l'équation cherchée, prises une fois positivement, l’autre fois négativement. Le nnstre y manque toujours, puisque la valeur m — 0 vient d'être rejetée. Or, pour » pair, les valeurs de m et de x, données par (3) et par (4), coincident, lorsqu'on ne prend pas garde à la valeur m — 0; c'est pourquoi il suffit, dans ce cas, de substituer x à m dans l'équation (2); et cela résulterait tout ainsi bien de l’inspection de la figure, x et m étant les cordes d’arcs supplémentaires. 134 J. BADON GHYBEN. NOUVELLE NOTE 4. De ce qui vient d'être observé à l’égard des .cordes m dans (3), il résulte une explication meilleure du signe négatif, adhérent à quelque diagonale. On peut l’interpreter ici d’une manière analogue que pour la sécante goniométrique. Qu'on fasse tourner la première corde d’un arc x — à autour d’une extré- mité de cet arc, pour faire coïncider cette ligne successivement avec les cordes des autres ares multiples, et qu’on prenne cette région de la ligne comme partie positive, en comptant de cette extrémité de l'arc; il arrivera, nécessairement, que l’autre côté, négatif, de cette ligne décrira aussi les diverses diagonales; de telle sorte que foutes les diagonales seront décrites une fois par la région positive, une autre fois par la région négative de la ligne primitive. D. Lorsque »#, étant un nombre premier, surpasse D, l’équa- tion en x ne semble pas admettre une résolution en facteurs, sans qu'on n'introduise les fonctions goniométriques, toujours im- médiatement connues comme racines de cette équation. Ainsi l’on pourrait bien écrire, au lieu de la dernière équation du N°. 2, je En «2 Ca je — ch? (5 pa je — ch? (3 mais on ne saurait combiner un certain nombre de ces facteurs de telle sorte qu'on pût éliminer les fonctions goniométriques ; comme il arrive lorsqu'on prend le produit de tous les huit facteurs. 6. Mais il n’en est pas ainsi à l'égard de l’équation (2) en m. On peut toujours la réduire à un produit de deux facteurs algébriques, quand » est premier et même quand » n’est qu'im- pair; les deux facteurs sont alors tous les deux de degré 1 (n — 1), mais , en revanche, ils contiennent tant les puissances paires qu'im- paires de +. Donc cette réduction ne peut offrir quelque avantage qu’à raison de la moindre grandeur des coefficients numériques ; néan- moins, elle est assez intéressante pour que nous la reproduisions 11. Faisons usage de la substitution m°? —2 + y, dans l’équation (2); supposons que l'équation F (y) = 0 (B) Se 0% en soit le résultat; elle exige SUR LA FORMATION DES EQUATIONS. 135 y—=m? —2—= ch ( — nn — n — 9 Sinvers (- is — — 2—2 — 2 Sinvers nr = n n = 2 Cos enis = 2 Sin É pe en = Ch (- at 4) ; (6) n 2 n n donc, les racines de l'équation (5) ont la forme (6) pour les n — 1 valeurs de k: 1, 2, 3,...1 (n — 1), n étant impair. Mais la supposition m? — 2 — y donnera en même temps F CG 4) TE 0, ! (94) avec les racines y = — ch (x — 2), (6) ñn pour les mêmes valeurs de ». Donc l'équation EF) x F(—y) = 0 (6°) aura les racines ÿ— + af: — 22°) (6?) ñn Le signe +, ajouté à l’équation (5/), à pour but de rendre toujours positif le premier terme après la multiplication des deux facteurs. ; Or, pour 4 = 1, 2, 3, ... 1 (n — 3), 1 (n—1), la for- mule (6%) devient + ch CO ET (—),. + (7), n n A + C EU — —— |; n les mêmes valeurs qui résulteraient de la formule (34). Done, les racines étant les mêmes, les équations (2) et (55) doivent être identiquement égales; c’est-à-dire qu'on a d’après (2) + F(m) X F(—m) = 0. (bc) 7. Par exemple, pour » == 7 l’équation (2) devient m$ — 5 m' + 6 m? — 1 = 0, d’où l’équation en m? — 2 = y Dr ge ion a 0 136 J. BADON GHYŸBEN. NOUVELLE NOTE de sorte qu’on a pour le signe — : m$ — 5 m° + 6 m°? — 1 — (m5 + m° — 2 m —1) (m° — —m'—2m+1l) = 0. Le premier facteur a pour racines ai TT at 3 n sas (AN Fr à : M "en (), = + « (=), = ch (5 le second facteur (voir la note de Lobatto, N°. 4, form. (8), où on ne l’a trouvée qu'en rejetant un facteur étranger), NAN (5), des ES re (5 7 7 7 Soit encore n — 17, on trouve de la même manière m16 — 15 mt + 91 m1? — 286 m'° + 495 m° — 462 m° + + 210 m° — 36 m? + 1 = (m5 + m7 — 7 m5 —6Gms + + 15m + 10 m3 — 10 m2? — 4m +1) (m5 — m7 — 7 m$ + + 6 m5 + 15 m' — 10 m° — 10 m? + 4 m + 1) = 0, dont le premier facteur à pour racines ch (= rio É) + ch Es uno (es 17 17 17 17 9 x 1i x 13 z 15 x ca (ha (4) + à (He), — a (5) PR Ga Jr 0 PAT PO PRES tandis que celles du second facteur sont les mêmes, au signe près qui toujours est inverse. 8. La dernière réduction peut nous servir à en trouver une semblable à l'égard de l'équation en x, dans le cas où ! » est. un nombre impair. Distribuons les x, que donne l'équation (4), dans ces deux groupes + ch (=): + ch (4: + ch (7,2 et n n n + ch (=); + (7), + c Cib. | n n Quant à l’équation en x, on peut toujours la résoudre en deux facteurs, dont l’un a pour racines les valeurs du premier groupe, et l’autre celles du second groupe. Soient ces deux facteurs Fanr)iebule (o PR cuis) rs à . > SUR LA FORMATION DES ÉQUATIONS. Lo Pour un » pair, le facteur F, (x) contient justement les racines que la formule (4) donne pour ! » au lieu de »; donc F, (x) —0 est l'équation pour le polygone à ! n côtés, et il n’y a pas lieu de s'étonner qu’elle est facteur de l’équation (2). Quand, de plus, 1 n est impair, les racines de F, (x) coïncident avec les valeurs de m qui résulteraient de la formule (3) pour le polygone à 1 » 2 côtés; donc, on n'a qu'à changer m en » et n en ! n dans l’équa- tion (2), pour obtenir le facteur F, (x); et celui-ci admet une division ultérieure en deux facteurs, suivant le procédé du N°. 6. 9. Soit, par ex., # — 14, 1 n — 1; la formule (2) devient pour le polygone à 7 côtés: m$ —5 mi +6 m'—1—= 0, d’où, par la méthode du N°. 2, pour l'équation en x 6 — 7 xt + 14 x? — 7 = 0, donc, on à au lieu de l'équation du N°. 2 pi LR 55 xs 1120 x6 + 1926 x = 56 22 ET — — (26 — 5 gt +6 x2 — 1) (x6 — 7 xt + IA &2 — 7) — = (ai Hat —2m—1)(xi—rx—0% +1) (x — 7 xt + + 14 x? — 7) = 0: où, en dernier lieu, on a encore appliqué la transformation du D © pour #7 — 1. 10. D’après les valeurs de x DNA de la formule (4), on à D pr i—)0 ch? (5e 1191-91) Sinvers ÉLa T — : n n —21Cos 2 rs (: — =) = ch ( ° — n n n Pour un » pair, cette dernière valeur coïncide avec celle que (3) donnerait pour m à l'égard du polygone à ! n côtés. C’est- à-dire, q'après avoir obtenu l'équation (2) en m pour ce dernier polygone, on n’a qu’à y changer m en 2 — zx? {et cela de nouveau par l'algorithme de Horner), pour avoir immédiatement 138 J. BADON GHYBEN. NOUVELLE NOTE l'équation en x à l'égard du polygone à »n côtés. Mais, observons que, pour 1 » pair, le facteur m de (2), qui est rejeté par la divi- sion, donnerait un certain facteur 2 —x?2, qu'il faut restaurer dans le résultat de la transformation; c’est-à-dire qu’il faut mul- tiplier le résultat par ce facteur. Or, dans ce cas de £ » pair, il suffit, ce qui a été dit au N°. 3, de changer immédiatement m en n», sauf à multiplier ensuite par 2 — x?°. 11. L'équation pour le quadrilatère est x? — 2 = 0. Changeons x en 2 — x? et multiplions par x? — 2, le résultat 1(2—22)? — 2} jxt 2} xt —6 x +l0 ri 4e=0 se rapportera à l’octagone. Changeons de nouveau æ en 2 — x? et multiplions par x? —2, il viendra 1(2—22)6 — 6 (2—7x72) #4 402 —1wx7) 4 ANR = 21 — 14 x1? +78 x19 — 220 x8 +330 x6 — 252 x + + 84 x —8 = 0, équation du polygone à 16 côtés. | 12. Quoique la discussion des N°s. 8 et 10 ne nous aïde en rien pour obtenir les équations cherchées, celles-ci pouvant être obtenues à moins de frais par la formule originale (2), cependant on peut s’en servir utilement pour trouver immédiatement le résul- tat de la division de l’équation pour » par l'équation pour ! ”. Ainsi l’on vient de trouver (N°. 9) l'équation pour n = 14, réduite au produit de deux facteurs, dont le dernier est l’équation pour n — 7. L'autre facteur, en remettant m au lieu de x, était m6 —5 m'+6 m?—1 —= 0; en y substituant m—2—x?, on obtient l’équation pour n — 14. Mais, d’un autre côté, si dans l'équation pour n — 14 on met 2 — x? pour x, on trouvera l'équation pour » —28, moins le facteur x? — 2. Donc le quo- tient de l'équation pour n — 28 et de celle pour n = 14, se déduira aisément en substituant 2 — x? pour x dans l’autre fac- teur, l'équation pour x = 7, et en y ajoutant encore le facteur x? — 2. Aïnsi l’on trouve, par l'algorithme de Horner, pour le quotient cherché (x? — 2) (x12 — 19x10 + 53 x8 — 104 x6 + 86 x! — 24 m2 +1). SUR LA FORMATION DES EÉQUATIONS. 139 Pour en déduire l'équation du polygone régulier à 28 côtés, on multipliera ce quotient avec l’équation pour x == 14, et le résultat 226 — 26x24 + 300 x2? — 2024 x20 + 8859 x18 —26334 x16 + —+94264 1477520 x1°2+75582 x10-—48620 x5 419448 75 — — 4368 x + 455 x? — 14 = 0 devra coïncider avec la formule (2) pour »n — 28, en y chan- geant m en x. 13. Done, pour trouver la réduction pour un polygone dont le nombre n de côtés contient un facteur puissance de 2, il faut descendre successivement à des polygones à un nombre de côtés moitié moindre, jusqu'à ce qu'on arrive à un » double d’un nombre impair; dès-lors on peut appliquer les résultats des N°. 8 et 10. C’est ainsi que pour n — 24 on se trouvera ramené à n — 12, ensuite à » — 6; arrivés à ce point, nous pouvons faire usage du N°. 8, puisque 6 — 2 X 38. Pour n = 3 ou à x? — 3 —0; donc, selon N°. 8, pour n = 6, (x? — 53) (x? —1)= xt —4 x +3 —0. Changeons x en 2 — x°, alors les règles donnent pour n —= 12 Gt —42? +3) (xt —4 x? +1) (x? —2) — (xt — 4 x? +3) MOT Det 2) — x10 10 x + 36 x6t — 56% # +93) x —6 = 0. Continuant de même, le facteur x5 — 6 x +9 x? — 2 nous donnera ici CU OL ES — 112 26 105 x%= 36 x210, et on trouveva pour n — 24 22? — 29x20 + 9210 x18 — 114016 + 3876 œ11 — 8568 x 1 ? + + 12376 x10 — 11440 x8 + 6435 x6 — 2002 xt + 286 x? — — 12 = 0. 14. Dans ce qui précède se trouve réuni tout ce dont on aura besoin pour résoudre, autant que possible, les équations mention- nées en facteurs à coefficients entiers. 15. Ajoutons, comme application aux polygones dont la con- struction actuelle est possible, c'est-à-dire ne résulte que de racines carrées, les valeurs de x pour le cas de n — 17, indiqué par Gauss. Comme la déduction est assez laborieuse, je me borne 140 3. BADON GHYBEN. NOUVELLE NOTE SUR LA FORMATION, ETC. à en donner les résultats, ordonnés suivant leurs grandeurs crois- santes, _17—V17—V34 211792 V 17+30/11—V 11043817 Si Du 5 ra x? _17—V1T+V84—9v17—2 V 17+3V17+V170+38V17 RE Re x? 174 17849172 V 1731/1741 170—381/17 2 Do 8 ; ai Vtt V 174301717038 0/17 8 k TX? CS ne TE NN EU EU IT HV ITS VIT—E V 1730/17/10 38117 8 _IT+V17+VB4E2VIT+ V17—3v 1717038711 ET FRTTMEEN ÿ Mer TROT 3 x? 17—1/17+ 13429 y 17+9 V 17+8V17+V170+38V17 D AUNENE 8 2 —— LA CHIMIE DES HAUILES SICCATIVES ET SES APPLICATIONS, G. J. MULDER. Extrait des: Scheikundige Verhandelingen en Onderzoekingen, Tome IV, lère partie, 332 pages. En quoi consiste ce qu'on appelle la dessiccation des couleurs à l'huile ? Est-elle due à l'huile seule ou bien les substances incor- porées avec l'huile y contribuent-elles pour leur part? Quels sont les produits qui se forment par la dessiccation ? Ce sont là des questions auxquelles la chimie n’a pas fait, jusqu'ici, de réponses bien satisfaisantes, et c’est en voulant s’en rendre un compte plus exact, que l’auteur a été amené à entreprendre les recherches qui font le sujet du présent mémoire. Il a divisé son travail en deux parties: dans la première, il fait connaître les résultats qui ont rapport à la chimie pure des huiles siccatives ; dans la seconde, il passe en revue les principales applications à l’art du peintre. L'examen a porté spécialement sur l’huile de lin; ce n’est qu'accessoirement quon s'est occupé d’autres huiles siccativés, telles que l'huile d’oeillette et l'huile de noix. Avant d'aborder l'étude de la dessiecation des huiles et de l'influence qu'exercent sur ce phénomène la lumière, la chaleur et certaines substances étrangères, il est nécessaire d’être fixé sur la composition élémentaire des huiles siccatives, et surtout 149 -__ & J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES sur les produits de décomposition qu’elles fournissent par la saponi- fication ou par la distillation sèche. Pour qu’on puisse être censé avoir de la composition des huiles une connaissance satisfaisante, permet- tant de pénétrer dans les modifications qui s’opèrent au sein de ces mélanges, il faudra que les résultats de l’analyse élémentaire s’ac- cordent avec les nombres qu’on peut déduire de l'analyse immédiate. On a toujours négligé d'établir cette correspondance, et en compa- rant, à ce point de vue, les compositions élémentaire et immédiate 4 assignées à une même huile, on trouve des discordances notables. & 1. Composition élémentaire de quelques huiles siccatives. Les résultats obtenus par l’auteur s’éloignent sensiblement de ceux auxquels d’autres chimistes sont parvenus. L'écart ne peut être expliqué par une différence dans les proportions relatives des matières grasses simples qui existent dans une huile, suivant la diversité des provenances. Car, bien que cette différence doive être admise, comme elle doit être faible et que, d’ailleurs, les principes gras mélangés se rapprochent beaucoup par la composi- tion, elle ne pourra avoir d'influence appréciable sur la composi- tion élémentaire de l'huile. L'auteur a trouvé, en effet, les mêmes quantités de C, H, O pour des huiles siccatives de même nom mais d’origine tout à fait différente. Les huiles qu'il à analysées sont les suivantes : Deux sortes d'huile de lin, les mêmes qui ont servi dans la suite des recherches : « une huile du commerce; b une huile fraf- chement exprimée de graines recueillies depuis au moins une demi-année et légèrement chauffées. Les mêmes huiles ont encore été analysées après décoloration par digestion, à la température ordinaire, avec du charbon animal. $ Une huile d’oeillette préparée fraîchement, mais avec des graines âgées d’au moins six mois. SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 143 Une huile de noix fraîche et obtenue à froid avec des noix récol- tées depuis un mois. Une huile de chènevis également fraîche et préparée à froid, mais avec des semences déjà un peu anciennes. Voici les résultats obtenus : Huile de lin légèrement colorée. Huile de lin décolorée par le charbon animal. EE SR S a. b. a. ô. LE DER 16,9 76,8 77,0 76,8 12 (cit ROUES Ki PEN À 11,2 11,2 11,2 (0 STAR 12,0 12,0 11,8 12,0 Huile d’oeillette. Huile de noix. ne D —< Huile de chènevis. le anal. 2e anal. le anal, 2e anal. G 76,5 76,6 76,1 76,0 76,0 | à HA ONENIES | PP 11,2 11,3 LI22 ES O 12,3 12,2 12,6 12,8 197 On voit que les espèces d'huiles analysées différent plus ou moins par la composition centésimale, de sorte que, si elles ren- ferment toutes le même principe siccatif, elles ne peuvent pour- tant être considérées comme des mélanges identiques des mêmes corps gras. Elles doivent donc présenter, chacune, quelque chose de spécial dans leur emploi comme huiles siccatives. $ 2. Produits de la saponification de quelques huiles siccatives. Quantités d'acides gras que fournissent les huiles siccatives. On verra plus loin que les huiles siccatives renferment toutes, comme principe essentiel, de l'acide linoléique ; qu'il s’y ajoute, dans tou- tes, une certaine quantité d’un acide élaïque, et, en outre, dans l'huile de lin, de l'acide palmitique et de l'acide myristique ; dans l'huile d’oeillette, de l'acide myristique et de l’acide laurique; et dans l’huile de noix, également de l’acide myristique et une plus forte proportion d'acide laurique. 144 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES Ces divers acides sont unis à l’éther glycérique, et la première question qu'on peut se poser est de savoir si, comme l’analogie porte à le supposer, les huiles siccatives sont formées de glycé- rides à 3 équivalents d'acide. La saponification de glycérides semblables doit donner les quantités suivantes d'acides gras: "Stéarine 5.1 done... 95,7 d’acide stéarique. PAIEMENT PR 95,3 palmitique. Myristine..... DTA NNANETES 94,7 » myristique. Eaurine 4 4 DRE TA A e 94,0 laurique. Hlaime. on Ur E ARRUE SN élaïque. Linoléine . .... HA AN ER 95,2 linoléique. Or, en déterminant la quantité totale d’acides gras qu’on peut retirer de différentes huiles, l’auteur a trouvé: H. de lin fraîche. H. de lin du commerce. H. d’oeillette fraîche. H. d’oeill. du commerce. 95,4 95,0 94 94,5 H. de noix fraîche. H. de noix du comm. H. de noix très vieille. H. de chènevis fraîche. 94,38 90,4 90,9 87,1 98,1 H. d'olive vieille. 93,8. En comparant le nombre inscrit sous chaque huile à ceux qui appartiennent aux divers corps gras neutres que cette huile ren- ferme, on voit qu'il y a un accord très satisfaisant pour les deux sortes d'huile de lin, les deux sortes d'huile d’oeillette et l’huile de noix fraîche, surtout en tenant compte de la volatilité très appré- ciable de l'acide laurique à 100°. Mais les autres huiles analysées ont donné trop peu d'acides gras, ce qu'il faut attribuer aux acides gras volatils qui se forment dans ces huiles à mesure qu’elles vieillissent, et qui se perdent dans le cours de l’analyse. : L'huile de lin rancit lentement. On n’a pu retirer de l’huile ordinaire que des traces d’acides gras volatils, soit en la chauffant directement pendant 10 heures à une température de 100° (4 dix- millièmes de perte de poids), soit en distillant les produits de la saponification décomposés par l’acide sulfurique. L'huile d’oeillette rancit plus vite que l'huile de lin, et l'huile de noix rancit très rapidement. L'auteur pense que la linoléine pure n’est SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 145 pas susceptible de rancir, et que les huiles siccatives ne possèdent cette propriété qu’en vertu et en proportion de la palmitine, de la myristine, de la laurine et surtout de l’élaïne qu’elles renferment. Volatilité, des acides gras. Les acides, étendus chacun sur une superficie de 20 centim. carrés, ayant été soumis, pendant 6 heures, à une température de 80°, voici les pertes de poids qu'on à observées : Poids de l'acide Perte de poids Perte p. 100. Acide élaïque (de l’huile d’olive).. 0,4100 inappréciable ADAITLIQUE 54e a pit + 2e 0,2495 idem RP ARAMISÉIQUE 2... cie ciee à 0,2525 0,0305 121 AP ldnrIque 4.4... 0,3770 0,1190 31,6 En continuant à chauffer, les deux derniers acides auraient nécessairement fini par se volatiliser complétement. Il résulte de là, que les huiles siccatives desséchées à l'air, puis exposées à une température de 80°, doivent perdre de leur poids en propor- tion de l'acide myristique et laurique qu’elles contiennent: l'huile d’oeillette plus que l'huile de lin, et l’huile de noix le plus. Produits de ta saponification de l'huile de lin. De l'huile récem- ment exprimée fut saponifiée par la potasse, dans un ballon bouché et au bain-marie; la dissolution, parfaitement limpide, fut préci- pitée par l’acétate de plomb, le savon plombique bien malaxé sous l’eau chaude, et traité immédiatement par l’éther. La partie insoluble dans l’éther était blanche; elle fut décomposée par l'acide chlorhydrique étendu, et le mélange des acides gras, après avoir été lavé à l’eau, fut dissous dans l'alcool. La solution abandonna des cristaux par refroidissement à la température ordinaire; elle en donna d’autres par évaporation spontanée, et laissa, après évaporation complète, un résidu butyreux. Les acides gras solides se trouvaient donc ainsi séparés en trois parties par la cristallisation. Acides palmitique et myristique. La partie déposée en premier lieu, après purification dans l'alcool, fut reconnue, au moyen du point de fusion et de la composition des sels sodique et plom- bique, pour être de l’acide palnutique. Il n’y avait ni acide stéa- rique, ni quelque autre acide au-dessus de C,, H,, O,. ARCHIVES NÉERLANDAISES T. I. 10 146 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES On trouva, de même, que la seconde portion était essentielle- ment composée d'acide myristique: sa quantité était à peu près égale à celle de l’acide palmitique. La troisième partie, qui était la plus considérable, fut trans- formée en sel barytique. La majeure partie de celui-ci put être dissoute par l’éther; le premier traitement du savon plombique par l’éther y avait donc laissé une certaine quantité de linoléate de plomb. Ce qui resta du sel barytique fut décomposé par l'acide chlorhydrique ; on obtint une matière rouge dont on ne put séparer autre chose que quelques traces d'acide myristique. Cette matière rouge, résineuse, soluble dans l'alcool et dans l’éther, est un produit d’oxydation de l'acide linoléique, dont il sera question plus tard sous le nom d'acide linoryque rouge. Ce produit s'attache opiniâtrement, dans tout le cours de l’opération, aux acides pal- mitique et myristique, qu'on ne parvient à en débarrasser que par le charbon animal. Le résultat final est qu’en fait de glycérides des acides gras de la série C, H, O, , l'huile de lin ne renferme que la palmitine B(Co Hay Oh Ce Hs 0. 6t la myristine 3(C,. 4,0) Een Quantités d'acide palmitique et d'acide myristique. On ne connaît pas de méthode qui conduise à une séparation quantitative exacte des acides gras. En décomposant, comme ci-dessus, par l’aeide chlorhydrique la portion du savon plombique que l’éther ne dissout pas, et faisant cristalliser dans l'alcool le mélange des acides palmitique et myristique, on ne put retirer que 6,3 d'acides pour 100 p. d'huile. Cette quantité est beaucoup trop faible, ce qui est dû à ce que la légère solubilité du palmitate et du myristate de plomb dans l’éther s'accroît notablement en présence du linoléate. En séparant les acides gras du savon potassique, au moyen de l’acide sulfurique étendu, lavant à l’eau, puis faisant cristal- liser deux fois dans un peu d’alcool refroidi par le mélange de glace et de sel marin, on obtint 9,4 d'acides. Enfin, une troisième méthode fut essayée. On fit dissoudre, à chaud, dans l'alcool faible, toute la matière de l'opération précé- dente, et on ajouta de l’ammoniaque et un excès d’acétate mag- SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 147 nésique dissous dans l’alcool. Au bout de 48 heures, la portion non dissoute fut séparée et débarrassée de la magnésie par l'acide sulfurique étendu; les acides gras furent repris par l’alcool et la solution évaporée à sec. On trouva ainsi 10,8 d'acides pour 100 d'huile. D’après cela, l’auteur adopte, en nombres ronds, 10 p.c. pour la proportion d'acides palmitique et myristique dans l'huile du lin. À cause de la faible différence des poids, le même nombre peut représenter aussi la proportion de palmitine et de myristine. Acide élaïique. L'huile de lin parfaitement desséchée sur verre cède — comme nous verrons plus loin — à l’éther une quantité d'acides gras s’élevant, en nombres ronds, à 20 p. c. du poids primitif de l’huile: ils forment un liquide épais et ne renferment aucun produit dérivé de l'acide linoléique. Si l’on en retranche les 10 p.c. d'acides palmitique et myristique que nous venons de trouver, il restera 10 p. c., c’est-à-dire 1}, du poids de l’acide linoléique, pour un acide gras liquide, qu'on peut isoler en faisant agir l’éther sur le savon plombique du mélange d'acides. Le même acide peut s’obtenir en traitant par l’éther le savon plombique préparé directement avec l'huile de lin. On laisse évaporer à l'air la solution éthérée du linoléate plombique, on reprend par l’éther, on évapore de nouveau et on répète plusieurs fois ces opérations; le linoléate s’oxyde et devient insoluble dans l’éther, qui ne renferme plus alors que le sel plombique de l'acide gras cherché. Cet acide gras est un liquide épais, incolore, qui ne se colore en rouge, ni à l'air, ni par la potasse caustique, et qui n’a, par conséquent, rien de commun avec l’acide linoléique. Il possède une réaction acide, devient butyreux par N O,, mais ne donne pas d'acide élaïdique. Il se comporte comme de l'acide élaïque oxydé. On voit qu'il est nécessaire d'admettre dans l'huile de lin l’exis- tence d’une petite quantité d’un acide oléique; mais on ne peut décider, jusqu'à présent, si c’est l’acide élaïque proprement dit C,, H,, O, ou quelque autre de la même série. Nous l’appelle- rons provisoirement acide élaïque. Comme on n’a pu parvenir à 107 148 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES séparer cet acide de l'acide linoléique, tout ce que nous dirons de ce dernier devra être entendu du mélange des deux acides. En réunissant les divers résultats obtenus, et supposant, en outre, que la palmitine et la myristine existent en quantités égales, on trouve pour l'huile de lin une composition qui est dans un accord satisfaisant avec les analyses élémentaires rapportées p. 143 : 5 p Palmibne-5p Myristio -L 10 p. Elune 80 n. Dinoléne = p. Palmitine + 5 p. Myristine + 10 p. Elaïne <- 80 p. inpiène — And GiuL 81706 3,740 1,73 _ 61,68 11,0 76,9 H 0610 0,595 1,18 8,64 11.05 Le O 0,595 0,665 1,09 1,68 12,0 11,9 Il est fréquemment question de la présence, dans l'huile de lin, de mañères albumineuses el mucilagineuses, auxquelles on attribue la propriété de retarder la dessiccation de l’huile. Il est probable que ces matières se rencontrent, en effet, dans l’huile exprimée à froid et encore trouble. Mais dans l'huile du com- merce, claire et préparée à une température à laquelle l’albumine est coagulée et le mucilage végétal desséché, il serait difficile de comprendre sous quelle forme ces deux substances pourraient exister. Le précipité, prétendument mucilagineux, qu’on obtient en agitant de l'huile de lin avec une solution de sous-acétate de plomb, n'est autre chose que le produit d’une saponification partielle. Par l’action de l’éther on n’en a retiré que de l'huile non altérée et du lino- léate de plomb; l'alcool en a ensuite extrait une trace d'acide lino- léique oxydé, et ce qui est resté n’était que du carbonate de plomb formé sous l'influence de l’air. Quant à l'huile traitée par le sous-acétate, on y a trouvé 2 p.c. d'oxyde de plomb dissous à l’état de linoléate; à l'air, elle se colore en rouge et donne un sédiment blanc, ce qui est dû à l'oxydation de l’acide lino- léique. La saponification partielle ainsi produite par le sous-acétate de plomb, montre que dans l'huile de lin ordinaire il y a déjà un commencement de dissociation entre l’acide linoléique et l’éther glycérique. | Acide linoléique. — Equivalent. L'auteur, adoptant les résultats de l’analyse élémentaire de Schüler, s’est proposé surtout d’ob- SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 149 » tenir des linoléates bien constitués, afin d’en déduire l’équivalent de l'acide. Il a pris pour règle de réduire, autant que possible, le nombre des manipulations, à cause de l'oxydation rapide de l'acide linoléique et surtout de ses sels; malgré cette précaution, ce n’est qu'avec la chaux qu'il a pu obtenir un sel non oxydé. Il a opéré surtout d’après les deux procédés suivants: 10. L'huile de lin est saponifiée par un alcali, à 100° et à l'abri de l'air; la solution est précipitée par un excès de chlorure de calcium ou d’un sel métallique; le précipité bien lavé, puis comprimé entre du papier joseph, est desséché à 100° dans un courant d'hydrogène; on le traite alors par l’éther anhydre, on évapore la solution à sec et on dessèche le résidu à 100°, le tout au sein du courant d'hydrogène. 20. On saponifie par la potasse; l'acide gras est séparé par l'acide sulfurique et lavé; sa solution alcoolique est débarrassée des parties cristallisables par le mélange de glace et de sel marin, puis précipitée par la dissolution calcaire où métallique; le pré- cipité est lavé à l’eau, comprimé, et séché à 100°. Un linoléate calcaire (mêlé d’éléate), préparé d’après 1°. et légé- rement coloré, donna, à l'analyse, pour C, H, O des nombres s’accordant avec les résultats de Schüler: HO, C,, H,,0,; mais on obtint moins de chaux que cette formule n’en exige, une partie de la base ayant été enlevée au sel par les eaux de lavage. Pour prévenir cet effet, on prépara un nouveau sel en em- ployant une dissolution de ehlorure de calcium dans l’eau de chaux et lavant le précipité à l’eau de chaux. Le sel obtenu était tout à fait incolore. Il fut trouvé exactement aussi acide que le premier. Un troisième sel calcaire fut alors préparé d’après 2°. avec la précaution de le précipiter en présence de l’ammoniaque et de le laver à l’eau de chaux; malgré la présence d’un excès de chaux dans le savon ainsi obtenu, l’éther, employé comme dans 1°, ne put encore en extraire qu'un sel renfermant tout aussi peu de chaux que les deux précédents. Les trois sels étaient représentés, avec un accord remarquable, 150 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES par da formule. 3 (Ca 0, C.. H,,:0.) FH0,0C,, 4,000 avait pu les regarder comme neutres, ils auraient conduit pour l'acide à la formule HO,C,, H,, O,. On s’adressa ensuite, pour précipiter l'acide gras, aux sels métalliques, dont la base est insoluble dans l’eau. Des sels à réaction acide, quoique neutres, comme les sulfates de zinc et de cuivre, ayant donné, d’aprés 1°, des savons tellement acides qu'ils ne pouvaient être d'aucune utilité pour la fixation de l’équivalent, on opéra la précipitation sous l'influence de l’ammoniaque. Un sel cuprique, ainsi obtenu, offrit la composition 3 Cu O, 2 (C Er Où). Un sel plombique, préparé selon 2°, au moyen d’acétate de plomb basique, donna de même 3 PbO, 2 (Css Ha Os). Un second sel plombique, préparé de la même manière, mais traité en outre par l’éther comme dans 1°, renfermait 29,6—29,9 p. c. d'oxyde de plomb; PhO, Cx Hy Os: exige 31,4 de Pb O. Un troisième sel plombique, obtenu d’après 1°. et en se ser- vant d’acétate de plomb neutre, renfermait une quantité d'oxyde de plomb qui se rapprochait de 31,4. Enfin, on prépara encore trois savons cupriques: le premier, en opérant, dans le procédé 2°., la précipitation par le sulfate de cuivre en présence d’un excès d’ammoniaque, et en traitant le savon par l’éther comme dans 1'°.; le deuxième en remplaçant l’ammoniaque par la potasse; le troisième en se servant d'huile d’oeillette. Les trois sels donnèrent 13,7 — 14,2 — 13,8 d'oxyde de cuivre; Cu O, Giz: Hair Os exige 14,0 de Cu O0. L'analyse élémen- taire de deux de ces sels montra qu'ils avaient déjà absorbé presque 1 équivalent d'oxygène. Malgré la variabilité de composition des linoléates, l’auteur pense que les deux sels plombiques et les trois sels cupriques cités en dernier lieu, établissent suffisamment l’équivalent de l’acide linoléique: HO, Css Ho Où. Propriétés. L’acide linoléique est un liquide consistant, incolore, prenant aisément une teinte rouge à l’air, pouvant être refroidi beaucoup au-dessous de 0° sans se solidifier, à réaction acide, soluble dans l'alcool et dans l’éther. Quand il n'offre que peu de SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 151 surface à l'air, il peut être chauffé à 100° sans être notablement altéré, mais s’il y a présence de bases, il s’oxyde rapidement avec coloration en rouge. En couches minces, l'oxydation s’achève _en peu de jours à la température ordinaire; l'acide oxydé est resté incolore, maïs il devient rouge de sang par la chaleur. Les sels à base alcaline sont les seuls solubles dans l’eau. _ L'alcool, à l’aide de l’ébullition, dissout les sels de baryte et de chaux; l’éther dissout les sels de chaux, de zinc, de cuivre, de plomb. Tous les linoléates dégagent, quand on les chauffe, une odeur d'acides gras volatils; cette odeur doit provenir de l’acide élaïque; car l’acide linoléique ne donne, en s’oxydant, que des produits solides. Acide linoxyque blanc. Une dissolution de linoléate de plomb dans l’éther, étendue en couche mince sur du verre, y laisse, après évaporation, une pellicule blanche, devenant en peu de jours translucide, sèche et fragile. F'acide linoléique s’est alors changé, par oxydation, en un nouvel acide qui reste uni à l’oxyde de plomb. L'analyse du sel plombique a donné: C—479 H—6,4 O—189 PbO— 26,8 ce qui conduit à PbO, C:H:,0, pour le sel, et à HO, C..H,,0,, pour l'acide à l’état libre. Cette analyse se trouve confirmée, quant à l'acide, par une autre exécutée sur un sel plombique qu’on avait traité par l’éther additionné d’un peu d'acide acétique, afin d’ex- traire l’acide élaïque mélangé. L'acide linoléique oxydé a été nommé par l’auteur acide lino- æyque. I est facile de l’isoler en décomposant le sel plombique, mis dans l'alcool, par un courant d'hydrogène sulfuré. On filtre, et on sépare l’acide linoxyque de l'alcool, soit par l’eau, dans laquelle il est insoluble, soit par évaporation. C’est une substance blanche, térébenthineuse, gluante, qui devient peu à peu rouge de sang quand on la chauffe, sans éprouver de changement dans sa composition. Ni l’acide, ni ses sels, n’ont pu être obtenus cristallisés. L'’acide blanc, en solution alcoolique, est transformé dans sa modification rouge par les alcalis caustiques fixes, mais non par leurs carbonates ni par l’ammoniaque, même à laide 152 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES de la chaleur. Les sels alcalins sont solubles dans l’eau. Le sel de chaux se dissout dans l'alcool bouillant. Les sels des terres alcalines et de l’oxyde de plomb, chauffés, fondent facilement et deviennent rouges. * L’acide linoxyque blane prend également naissance par l’oxy- dation, à l’air, de l'acide linoléique libre; mais il retient alors l'eau formée, de sorte que sa formule est HO, C,,H,:0,, 2 aq. Cette formule, que l'analyse assigne à l'acide hydraté, se trouve confirmée par la détermination de l'augmentation de poids qu’éprouve l'acide linoléique exposé à l’air en couche mince. D’après la for- mule, et en supposant que l’acide élaïque mélangé ne gagne rien, l'augmentation devrait être 22,6 p. c.; on a trouvé dans une expérience 19,7. L’acide linoxyque blanc, hydraté, perd peu à peu sa glutinosité lorsqu'on l’abandonne à l'air, en couche mince; mais il a besoin de beaucoup de mois avant d’être tout à fait sec. IL est devenu alors insoluble dans l'éther, et s'est changé en une substance neutre HO, C,,H,,0,,, que l’auteur appelle linoxyne et que nous retrouverons plus loin. On accélère la transformation en humectant de temps en temps la couche avec de l’éther, pour remettre en solution l'acide non encore altéré. Acide linoxyque rouge. Cette modification prend naissance, en petite quantité, en présence de l'air, à la température ordinaire. Mais, pour que sa production soit complète, il faut la chaleur, les acides énergiques ou les alcalis. En traitant le linoxate de plomb blanc par l’acide chlorhy- drique étendu et chaud, il se sépare de l’acide linoxyque, d’abord blanc, mais qui rougit de plus en plus; on redissout dans l'alcool et on évapore. Aïnsi obtenu l'acide est rouge brunâtre, résineux, mou et très facilement fusible. Il-donne avec l'alcool et l’éther des dissolutions rouges, à réaction acide. On a trouvé pour cet acide C— 66,9, H—8,8, O— 24,3, ou C,,H,,0,, et pour _son sel sodique NaO, C,,H,,0,. Sous l'influence de l'acide chlor- hydrique, l'acide libre a perdu 1 éq. d’eau sans changer nota- blement de propriétés. SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 193 On l’obtient avec sa composition normale en chauffant, à 100”, le produit HO, C,,H,,0,, 2 aq. de l'oxydation à l'air de l'acide linoléique. Cette substance perd alors, en moyenne, 6,7 p. €. de poids, c’est-à-dire à peu près 2 éq. d’eau; l'analyse a donné, en effet, C— 64,4, H—8,9, O-- 26,7, ce qui s'éloigne peu de HO, C.,,H,,0,. Ainsi préparé, l’acide est d’un beau rouge de sang, translucide, mais glutineux. Il est remarquable que l'acide linoléique, qui, libre ou combiné avec l’oxyde de plomb, s’oxyde si rapidement à la température ordinaire, ne puisse être transformé qu’en partie en acide lin- oxyque quand on chauffe pendant longtemps son sel plombique à 100°; il paraît se former alors une combinaison constante 4-0: +0C..H4;,.0,-+2 Pb O. Il est également remarquable que le produit, déjà obtenu par Sace, de l'oxydation de l'acide linoléique par lacide nitrique étendu, ne soit autre que celui de l'oxydation à l’air: de Pacide linoxyque blanc qui est transformé ensuite en acide rouge. La chaleur, les acides et les alcalis changent l'acide linoxyque blanc en acide rouge. Réciproquement, l’action directe de la lumière solaire sur l'acide rouge en couche mince, le ramène à sa modification blanche; peu de jours suffisent, et on hâte la transformation en mouillant journellement avec un peu d’éther. On a trouvé que l'acide ainsi transformé avait gagné 6 p. c. en poids; cela représente exactement les 2 éq. d’eau que l'acide blane HO, C.,,H,,0,, 2 aq. avait perdus en se changeant, par la chaleur, en acide rouge, et que celui-ci reprend à l’atmosphère en redevenant acide blanc. Sauf cette eau, il n’y a aucune diffé- rence de composition entre les deux acides. Conshtuhion de l'acide linoléique. I est impossible, jusqu’à pré- sent, de rendre compte de la constitution véritable de l'acide linoléique. Il ne fait pas partie du groupe des acides dits acetylés, auquel appartient, entre autres, l'acide élaïque; car, en le chauf- fant avec un excès de potasse caustique, on n’a obtenu ni hydro- gène, ni acide acétique; il ne s'est formé que des carbures d’hy- drogène gazeux et liquides, et une faible quantité de quelque acide 154 G. J. MULDER. LA CH'MIE DES HUILES gras volatil; la décomposition complète ne se fait ainsi que très difficilement. L’acide linoléique est placé entre la grande série homologue des acides gras et les camphènes et corps analogues, dont il se rapproche par ses produits d'oxydation. L’acide palmitique est probablement la substance-mère, tant de l'acide linoléique que de l'acide élaïque. Acides gras fixes de l'huile d’oeillette et de l’hule de noix. La solution alcoolique des acides gras, obtenus en décomposant les savons sodiques par l'acide sulfurique, fut fortement refroidie, puis évaporée et refroidie de nouveau; on obtint ainsi deux ceris- tallisations d'acides gras de la série C,H,0,, dont on se borna à constater les caractères généraux et le point de fusion. Deux sortes d'huile d’oeillette, dont une fraîchement extraite, donnèrent, de cette manière, de l'acide myristique et une pro- portion plus forte d’acide laurique. Une troisième sorte fournit, en outre, une très petite quantité d'acide palmitique. Dans aucune des trois on ne rencontra d'acide stéarique. Une huile de noix, récemment extraite de noix fraîches, ne donna que de l’acide myristique et de l’acide laurique. Les essais de détermination quantitative des deux acides gras n’ont fourni que des résultats peu satisfaisants. La 2me et la 3me des méthodes employées pour l'huile de lin (p. 146) ont donné pour l'huile d’oeillette 13,7 et 11,6, pour l'huile de noix 10,9 et 12,7 p.c.; quantités trop faibles, à cause de la solubilité de l’acide laurique et du laurate de magnésie dans les circonstances données. En faisant dessécher, à l'air, 100 p. d’huile en couche mince, on a pu en extraire ensuite, par l’éther, les quantités suivantes d'acides gras: H. d’oeillette fraîche. H. d’oeill. du comm. H. de noix très vieille. H.denoix moims vieille. 27,5 28,6 34,9 86,1 Mais on ne peut déduire de là, comme on l’a fait pour l'huile de lin (p. 147), la quantité d'acide élaïque, parce qu’on n'a pu trouver la quantité totale d'acides myristique et laurique. SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 155 En essayant de mettre d'accord les données insuffisantes aux- quelles on vient de parvenir et les résultats de l'analyse élémen- taire (p.143), on pourrait établir, en guise d'exemple, la compo- sition suivante : | Myristine...,... 14 | Myristine...... 10 Hans délette. Ladrime:frs02L 6 EE TL) Lautine: 14018 20 Flames anis 8 laine: ue 6 Hlinolénestt.. 12 Linoléine....... 64 La partie de l'huile desséchée qui ne se dissout pas dans l’éther présente les mêmes caractères, que l’on opère sur l’huile de noix où sur l’huile de lin. Il doit pourtant y avoir quelque différence dans la linoléine des trois espèces d'huiles, car le mélange de tous les acides de l’huile de lin se colore beaucoup plus promp- tement à l’air que celui de l’huile d’oeillette et surtout que celui de l’huile de noix. L’huile de lin se dessèche aussi en beaucoup moins de temps que l'huile d’oeillette et celle-ci plus rapidement que l'huile de noix. En laissant oxyder à l'air une couche mince de linoléate de plomb préparé avec l’huile d’oeillette, on à obtenu un linoxate dont la couleur blanc grisâtre n’était mêlée d’aucune trace de rouge, et qui ne se colorait même que très peu à 100°. Malgré cette différence, l’analyse établit l'identité de l'acide contenu dans ce sel avec l’acide linoxyque provenant de l’huile de lin (p. 151). PE e $ 3. Produits de la distillation sèche de l'huile de lin. Pour ne pas détruire, par une trop forte chaleur, les premiers produits de la décomposition de l'huile, l’auteur a opéré à une température un peu inférieure au point d’ébullition, de manière à n'achever qu'en 36 heures la distillation de 500 grammes d'huile. Il passa d’abord un liquide légèrement coloré, puis une matière 156 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES blanche butyreuse, et il resta dans la cornue une quantité beau- coup plus considérable d’un produit non volatil. Produit fire. Ce produit, débarrassé par l’éther des dernières traces de matière grasse, était de couleur foncée, vu en masse, mais jaune paille en couche mince. Il était très élastique et res- semblait, à sy méprendre, à du caoutchouc qui a été fondu par la chaleur; c’est la glu artificielle. Voici le résultat d’une des analyses qui en ont été faites: C— 79,1, H— 11,2, O —9,7 ou Ca: Hy Où. On voit que ce produit caractéristique et essentiel de l’huile de lin, et probablement de toutes les autres huiles siccatives, n’est autre chose que l’anhydride de l'acide linoléique. T1 pourrait être considéré (n’en serait-il pas de même du caoutchouc fondu ?) comme un produit d’oxydation du caoutchouc, celui-ei étant repré- senté par C;H: d’après Faraday- et Payen. Il faudrait alors rap- procher le caoutchouc, non des résines, maïs des huiles siccatives qui, à leur tour, s’éloignent beaucoup des huiles non siccatives. Bouis a obtenu un résidu élastique analogue de l'huile de ricin chauffée; il déduit de son analyse C.;6H.,,06; mais la formule C;, H,: O, rendrait également bien les résultats et rapprocherait les deux matières. L'ammoniaque est sans action sur la matière élastique de Jhuile de lin. Traitée à chaud par la potasse et l’eau, elle finit par se dis- soudre en entier; la solution est incolore; elle donne par l’acide chlorhydrique un précipité qui, par le repos, se rassemble à Ia surface où il se contracte en une membrane visqueuse, élastique. La substance ainsi séparée se dissout dans l’alcool bouillant, d’où l’acétate de plomb la précipite sous forme d’un sel plombique dont l’analyse à donné: C— 65,0, H—8,8, O—7,5, PbO—18,7 ou Pb0,C,,H.:0:. Il paraît done que, sous l'influence de la potasse, C:,H,,0, se change en un acide dont la molécule à un poids double: HO, CiisOs | Mis en contact pendant un mois, à la température ordinaire, avec l'acide nitrique fumant rouge, l’anhydride linoléique se change SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 151 en une masse rouge, boursouflée, que la friction dans l’eau désa- grége en une poudre orange. C’est un acide, insoluble dans l’eau ; soluble, avec coloration rouge, dans lalcool bouillant, l’éther, les alcalis, l’acide sulfurique concentré. Les sels de chaux, de baryte, de plomb, de cuivre, sont insolubles dans l’eau. L’acide fond, sans altération, au-dessous de 100°; il brûle comme une résine. L’analyse de l'acide fondu à 100° et celle de plusieurs sels ont conduit à la formule HO, C,,H,,0,, qui renferme H, de moins que l’acide linoxyque. Produits volatils. On y a constaté positivement l’existence de l’acroléine, changée partiellement en acide acrylique, et des acides sébacique, palmitique et myristique. On à obtenu par là une con- firmation décisive de ce que la saponification avait déjà appris: que l'huile de lin renferme, à côté de la linoléine, une certaine quantité d’élaïne, de palmitine et de myristine. L'examen des matières distillées n’a pas été poussé plus loin; elles devaient naturellement contenir tous les produits connus de la décomposi- tion de l’élaïne, etc. Lorsque, au lieu de chauffer doucement, on fait bouillir l'huile de lin avec force, les produits que nous venons de faire connaître se forment encore; mais, sous l'influence de la température supé- Tieute, l'anhydride linoléique se décompose à son tour: il ne reste dans la cornue qu'un résidu insignifiant, et il passe à la distil- lation une quantité considérable d’un liquide, d’abord incolore, mais qui se colore plus tard en laissant déposer des matières cristallines. Ce mélange de carbures d'hydrogène et d’autres pro- duits n’a pas été étudié. La distillation sèche de l'huile d’ociilette et de l'huile de noix à présenté, en général, les mêmes phénomènes que celle de l’huile de lin. On y a retrouvé l’acroléine et l'acide sébacique, ainsi que l’anhydride linoléique. Seulement, le contenu de la cornue s’épaissit beaucoup plus lentement; il faut pousser la distillation plus loin et on obtient moins d’anhydride; le tout à cause de la plus forte proportion des acides gras mêlés à l'acide linoléique. 158 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES $ 4. Achon de l'air sur l'huile de lin, à la lumière diffuse et à la température ordinaire. L'action de l'air sur les huiles a été étudiée par divers expé- rimentateurs, par de Saussure d’abord, par Cloëz en dernier lieu (Bullet. de la Soc. chim. de Paris, Janv. 1865). Maïs leurs recher- ches n’ont pas jeté beaucoup de jour sur la question, parce qu’ils ont opéré sur des huiles contenues dans des tubes ou des capsu- les de verre, tandis qu'il est absolument nécessaire d’exposer l'huile en couche très mince à l’action de l’air, si l’on veut que cette action puisse s'achever et que les résultats obtenus aient quelque valeur. Toutes les expériences de l’auteur ont porté sur des huiles étendues en couches très minces à la surface de lames de fer-blane ou de verre, et dont on déterminait fréquemment les variations de poids, comme traduisant assez exactement la marche suivie par l’oxydation et la dessiccation. Produit fixe de l'oxydation de la linoléine. — Linoxyne. La linoléine pure n'ayant pas encore été obtenue, il faut déduire les change- ments qu’elle subit de ceux que l’huile elle-même éprouve. De l'huile de lin ayant été parfaitement séchée à l'air, en couche mince, fut traitée successivement par l’éther, l'alcool et l’eau, et le résidu insoluble desséché sur l’acide sulfurique. On obtint ainsi une substance d’un blanc presque pur, amorphe, plus ou moins élastique, comme du euir ou de la gutta-percha. L'auteur la nomme linoxyne. On la retire de l'huile d’oeillette et de l'huile de noix comme de l'huile de lin. C’est la base essentielle de toute peinture à l’huile. On l’a trouvée composée de: C— 62,6, H— 9,0, O — 28,4 ou C; Hx On. : C’est, comme on voit, un produit d’oxydation de l’anhydride de l'acide linoléique. La linoxyne n’est pas hygroscopique; dans une atmosphère très SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 159 humide elle n’augmente, en 24 heures, que de 11, p.c. en poids. Elle ne supporte pas une chaleur de 100° sans prendre une teinte rouge; en même temps elle perd 1,9 p. c. de son poids. Elle se décompose avant de fondre, et répand alors une odeur très irritante, qui rappelle celle de l’acroléine, odeur que le linoxate de plomb et l’acide linoléique dégagent également par la chaleur. Elle est plus pesante que l’eau; insoluble dans l’eau, l'alcool, l’éther. Dans le chloroforme et le sulfure de carbone elle se gonfle beaucoup; un mélange de chloroforme et d'alcool finit par la dis- soudre. L’essence de térébenthine la rend très gélatineuse, mais n’en dissout que peu. Les acides étendus ne la dissolvent pas et ne lui font éprouver aucune altération. L’acide sulfurique concentré la colore en brun foncé et la dissout à une douce chaleur; l’eau précipite des flocons gris de cette dissolution. L’acide nitrique concentré la colore de suite en rouge; à chaud, il se dégage des vapeurs nitreuses et il reste une matière jaune, facilement fusible, insoluble dans l’eau, soluble dans l'alcool et dans l’éther; soluble également, avec colo- ration rouge, dans la potasse, d’où l'alcool la précipite de nouveau. La linoxyne prend une couleur rouge dans une dissolution de potasse, et à chaud elle s’y dissout en donnant une liqueur rouge et limpide. L’acide chlorhydrique produit dans cette dissolution un précipité jaune, fioconneux {qui devient rouge lorsqu'il est séché en masse cohérente), soluble dans l’alcool et surtout dans l’éther, qu'il colore en jaune ou en rouge suivant le degré de concen- tration, et qui l’abandonne sous forme de vernis visqueux après évaporation. Toutes ces propriétés de la dissolution potassique de la linoxyne appartiennent aussi à la dissolution potassique de l’acide linoxyque. L'analyse a donné, en effet, pour le précipité jaune séparé par l'acide chorhydrique, la formule HO, Cz H;; Oo On n'a pu constater la formation d'aucun autre produit, de sorte qu’il faut admettre que, sous l'influence de la potasse, à chaud, la linoxyne éprouve une modification moléculaire qui la change en acide linoxyque ronge. À l’aide d’une digestion prolongée, l’ammoniaque donne égale- 160 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES ment avec la linoxyne une solution rouge, d’où l’acide chlorhy- drique précipite un corps floconneux. L'huile de lin sèche, qui se compose essentiellement dé lin- oxyne, se colore en rouge, avec une légère diminution de poids, quand on la chauffe à 80°; et cette matière rouge, exposée à la lumière solaire directe, redevient blanche en augmentant de poids; il ne se forme pas d'acide linoxyque, car la matière ne devient pas visqueuse, mais reste sèche. Comme pour l'acide linoxyque, il paraît donc exister pour la linoxyne une modification blanche et une modification rouge, qui différent par la proportion d’eau. Il est probable que la linoxyne blanche est C; H; O: et la rouge C39 Hs6 O3; une expérience, citée plus haut, a donné une perte de poids de 1,9 p.e. par une chaleur de 100°, tandis qu'il faudrait 2,9 pt c: La linoxyne, matière indifférente, ne diffère que par HO de l'acide linoxyque. Les deux substances sont des produits d’oxy- dation, à l'air, de l'acide linoléique: si cet acide est libre ou uni à une base métallique, il se forme de l’acide linoxyque; sil est combiné avec l’éther glycérique, c’est la linoxyne qui prend naissance. L'auteur signale les rapports de composition et de propriétés que l'huile de lin et ses produits d’oxydation à l’air présentent avec certaines autres matières organiques, telles que l’acide subérique, le liège, la euticule des plantes, la graisse animale siceative appelée age ou axin au Mexique. Produits fixes de l'oxydation des autres principes de l'huile de hin. De l'huile de lin devenue parfaitement sèche à l’air avait gagné 12,4 p.c. en poids, ou, en défalquant 1,2 p. ce. d'humidité condensée, 11,2 p.c. Les 111,2 p. d'huile sèche cédérent à l’éther 21,1 p. Dans cette partie soluble dans l’éther on ne put recon- naître ni matière grasse neutre, ni glycérine, ni acide linoléique ; elle renfermait 0,5 p. ec. (du poids primitif de l'huile) d’un acide soluble dans l’eau, non volatil, et qui à paru être de l’acide gly- cérique ; le reste ne se composait que d'acides palmitique et myris- | tique. D’autres expériences ont donné des nombres un peu diffé- SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 161 rents et, en moyenne, on a trouvé pour la composition de l'huile sèche : Acide soluble dans l’eau............ 0,5 Mélange d’acides gras.............. 19,5 Lingxynenronts 4. RER AA REIN EEE 91,2 1ETR Tout l’éther glycérique de l’huile ayant disparu par voie d’oxy- dation, on peut calculer la perte que l'huile a subie de ce chef. En partant de la composition en nombres ronds établie p. 148, on trouve que 100 parties d'huile renferment 8,2 p. de C, H, O, ; il y a donc eu 8,2 p. c. de perte. Mais, d’un autre côté, l’anhy- dride de l'acide linoléique a pris 8 éq. d'oxygène pour se trans- former en linoxyne; cela fait 21,0 d'augmentation de poids pour les 100 p. d'huile. La différence 21,0 — 8,2 — 12,8 représente l'augmentation réelle. Or, l’expérience a donné 11,2. On voit que l’accord est satisfaisant entre ces deux nombres auxquels on est parvenu par des voies si différentes. L’accroissement de poids ne peut d’ailleurs pas être tout à fait constant; il doit varier, entre autres, avec le genre d’oxydation qu'éprouve l'acide élaïque dans les circonstances données. Produits volatils de l'oxydation de l'huile de lin. Pour étudier ces produits, on a fait passer un courant d'air, sec et privé d'acide carbonique, sur de l'huile de lin fraîche, renfermant 1 p. c. de borate manganeux, et contenue dans un ballon exposé à la lumière du soleil; les produits volatils étaient recueillis dans l’eau de baryte. L'expérience fut arrêtée au bout de 9 jours, alors que le poids de l'huile avait augmenté d'environ 10 p. c., bien que l’action fut encore loin d’être terminée. On trouva dans l’eau de baryte de l’acide carbonique (0,045 pour 5,711 d'huile), de l’acide formique et de l’acide acétique ; l'huile solidifiée, mais non sèche, céda à l’eau des traces d’acide acrylique C, H, O.. Dans une autre expérience, faite en hiver, on fit imbiber d'huile bowllie des fragments de ponce calcinée, et on fit passer le courant d'air sur ces fragments pendant plusieurs jours, chaque jour pen- ARCHIVES NÉERLANDAISES, T, I, li # 162 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES dant quelques heures. On trouva, comme précédemment, de l’acide carbonique (0,022 pour 30 d'huile), de l'acide formique et de l'acide acétique dans la baryte. Le flacon renfermant la ponce imbibée d'huile fut alors chauffé à 80° pendant que le courant d'air le traversait: on recueillit en peu d’heures une quantité d'acide carbonique presque égale à la moitié de celle qui s'était dégagée en plusieurs jours à la température ordinaire; du reste, la baryte ne contenait encore que les acides formique et acétique. Citons encore une expérience qui fait connaître approximative- ment les quantités relatives des produits volatils et l'augmentation en poids de l’huile. Un courant d'air fut conduit à la surface de - 11,921 d'huile bouillie (renfermant 2,6 p. ce. d'oxyde de plomb); il traversait ensuite des tubes à chlorure de calcium, où l’on peut admettre qu'il se dépouillait des acides acétique et formique, et des tubes à chaux sodée qui retenaient l'acide carbonique. L'action fut entretenue du 22 avril au 14 mai; on trouva alors 0,242 pour l’augmentation en poids de l’huile, 0,326 pour celle des tubes à chlorure de calcium, et 0,068 pour celle de la chaux sodée. Ces premiers produits volatils de l'oxydation, à quel principe de l'huile sont-ils dus? Pour le découvrir, on traita par l’éther de l'huile qui avait été laissée, en couche mince, à l’air pendant un temps suffisant pour qu’elle fût recouverte d’une légère pelli- cule, mais non pour que les parties sous-jacentes fussent séchées. L'éther n’enleva aucune trace d’acides gras. L’oxydation s'était donc portée uniquement sur la linoléine, respectant, jusque-là, l’élaïne, la palmitine et la myristine. Les matières grasses extraites par l’éther cédèrent à l’eau des traces de deux acides, l’un volatil l’autre non volatil, qui offrirent les réactions de l'acide acrylique et de l'acide glycérique. La présence de ce dernier a pu être constatée dans toutes les couches d'huile de lin ou de peinture, sèches mais non trop anciennes. On en trouve d'autant plus que la dessiccation à eu lieu à une température plus basse. La chaleur et surtout la lumière solaire favorisent, au contraire, la produc- tion des acides acrylique, formique et acétique. Après trois mois, on ne retrouve plus aucun de ces acides. SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 163 D’après tout ce qui précède, voici ce qui se passe pendant la dessiceation de l'huile. Les giycérides se décomposent, d’abord la linoléine, plus tard l’élaïne, la palmitine et la myristine. Tout l'éther glycérique est transformé, sous l'influence de l'oxygène, en une série de produits qui finissent par se dégager compléte- ment: d’abord en acides glycérique et acrylique, puis en acides acétique et formique, finalement en eau et acide carbonique. L'’anhydride de l’acide linoléique s’oxyde également, mais en don- nant naissance à une matière solide, la linoxyne. Les acides pal- mitique, myristique et élaïque non altérés (sauf le dernier, qui s’oxyde plus ou moins) restent mêles à la limoxyne. Cette première période de l'oxydation, la seule que l’auteur ait étudiée, dure longtemps quand la température est basse et que l'huile est à l’abri de la lumière solaire directe. Tôt ou tard cepen- dant, les acides élaïque, palmitique et myristique s’oxydent à leur tour, et la couche devient fragile; enfin, la linoxyne elle-même est attaquée, et la couche est détruite. Dans les nombreux tableaux numériques où l’auteur a consigné les résultats de ses expériences sur la dessiecation des huiles, on peut suivre, jour par jour, les progrès de l'oxydation mesurés par les variations de poids. On y reconnaît qu’une couche mince d'huile de lin non bouillie, exposée à l'air, à la lumière diffuse, n'éprouve d’abord presque aucun changement; ce n’est qu'après quelque temps, ordinairement au bout de 7—10 jours en été, que l'oxydation commence à devenir notable; elle continue alors avec force pendant 3—6 jours, puis redevient très faible, mais est souvent encore appréciable au bout de plusieurs mois. En été l'huile peut être regardée comme sèche après 12—14 jours; en hiver il faut un temps plus long. Elle forme une couche d’abord blanche mais qui Jaunit avec le temps. Après que l’action principale est terminée on trouve quelquefois, d’un jour au suivant, une dimi- nution de poids au lieu d’une augmentation; cela est dû au déga- gement de produits volatils formés antérieurement mais retenus jusque-là par l'huile. L'augmentation totale de poids est, en général, de 10—12,4 p. c. LE 164 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES Cette augmentation se réduit à 6,4—8,4 lorsque l'huile, séchée à l'air, est ensuite exposée, pendant plusieurs heures, à une chaleur de 80°. La perte ainsi éprouvée se compose de 1,2 p. c. d’humi- dité atmosphérique, que l'huile chauffée reprend à la température ordinaire, et d'environ 4 p. c. d’autres matières volatiles à 80°, principalement d’acide myristique. L'huile séchée, puis chauffée à 80°, est en même temps devenue d’un rouge brun; la transfor- mation de la linoxyne blanche dans sa modification rouge, notable à 100°, commence déjà à 80°; il est probable que l’acide élaïque déjà- altéré contribue aussi à cette coloration. Cette coloration per- siste à la lumière diffuse; mais deux jours d'exposition à la lumière solaire directe suffisent à rendre sa couleur blanche à la couche d'huile. | $S 5. Action de l'air sur l'huile d’oeillette et l'huile de noix, a la lumuëre diffuse. Ces deux huiles sèchent assez vite, moins vite pourtant que l’huile de lin, et elles restent longtemps plus ou moins collantes. Eten- dues en couches minces, elles furent exposées à la lumière dif- fuse, dans un appartement chauffé chaque jour pendant 8 heures, du 21 novembre au 24 janvier. L'action principale eut lieu pour l'huile d’oeillette du 7° au 30° jour, pour l'huile de noix du 2° au 16°; la dessiccation de l’huile de noix se fit donc beau- coup plus rapidement; il est vrai que cette huile (la seconde des trois sortes mentionnées p.144) était déjà ancienne, tandis que l'huile d’oeillette était toute récente. A la fin de l'expérience les deux huiles étaient sèches, non collantes, incolores; chauffées à 80° elles ne devinrent pas rougeâtres, comme l'huile de lin, mais seulement d’un jaune clair. L'huile d’oeillette avait gagné 12,2 p. c. en poids pendant la dessiccation, l’huile de noix 8,7. Ces gains se changèrent en pertes de 3,0 et 1,8 p.c. par une exposition à 80°, pendant 10 heures, de l’huile séchée. Comme on voit, l’huile de noix n’augmente pas SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 165 autant en poids que les huiles de lin et d’oeillette; c’est que, renfermant moins de linoléine, elle produit moins de linoxyne. Si l’on suppose ‘/, de linoléine dans l’huile d’oeillette, et 2/; dans l'huile de noix, le reste étant de la myristine et de la laurine, et qu’on calcule la perte due à l'oxydation et à la volatilisation de Ce H5 O:, et le gain résultant de l'oxydation de C+ Hz O:, on trouve un gain final de 11,5 pour l'huile d’oeillette et de 9,3 pour l'huile de noix. Ces nombres se rapprochent assez de ceux donnés par l'expérience (dont il faut retrancher 1,2 pour la vapeur d’eau condensée), pour que la composition hypothétique donnée p. 155 en reçoive un certain appui. Cette composition est d'accord aussi avec la perte considérable que les huiles d’oeillette et de noix, séchées, subissent quand on les chauffe à 80°; ce sont les acides myristique et laurique qui se volatilisent et qu'une chaleur plus prolongée chasserait complétement; il y a done une plus forte proportion de ces acides, et une moindre de linoléine, que dans l’huile de lin. & 6. Influence de la lumiere et de la chaleur sur l'oxydation des huiles siccatives. . La lumière et la chaleur favorisent, toutes deux, l'oxydation des huiles siccatives en couches minces, et cela, non seulement pendant qu’elles agissent, mais encore après que leur influence directe a cessé de se faire sentir. Les deux agents partagent égale- ment la propriété d'opérer la décoloration de l'huile. Une couche mince d'huile de lin, exposée au so/eil le 29 avril, devint active dès le premier jour et en 4 jours l’action principale était terminée; l'expérience ayant été continuée jusqu’au 19 août, on trouva une augmentation totale de poids de 7,7 p. c., se rédui- sant à 6,2 par la dessiccation à 80°. Avec une couche plus mince (0,589 au lieu de 6,860 sur 220 centim. carrés), l’activité, éveillée encore dès les premiers instants, était à peu près épuisée au 166 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES bout de 3 jours; après 4 mois on constata une augmentation de poids de 5,4 p.c., devenant 4,1 à 80°. Sous l'influence des rayons solaires, l'acide élaïque est attaqué beaucoup plus fortement qu'à la lumière diffuse, et une propor- tion plus grande des produits volatils se dégage déjà avant toute application de chaleur artificielle. C’est ce qui explique pourquoi l'augmentation de poids et la réduction qu’elle subit à 80° sont toutes deux plus faibles dans le premier cas que dans le second. Avec l’huile d’oallette au soleil, l'oxydation a commencé après 4 jours et a duré 12 jours (en septembre). L'huile fraîche a gagné D,1 p.c. (en deux mois), moins que l'huile de lin parce qu'elle renferme moins de linoléine. Une huile déjà ancienne n’a gagné que 1,8 p.c., à cause des acides gras volatils qui se sont dégagés. L'huile ancienne, dont l’élaïne est en voie de décompo- sition, donne une couche plus dure au soleil; mais si la myris- tine et la laurine participent à l'oxydation, la couche devient trop fragile. Quant à l'influence de la chaleur sur l’oxydation de l’huile de hin, voici ce que l'expérience a appris. Soumise à l’action calorifique des rayons solaires, mais garantie, par une feuille de papier gris, de l'effet de la lumière, une couche mince d'huile éprouve une dessiccation un peu plus ra qu'à la température de l'air. Sous l’action d’une chaleur de 80°, appliquée chaque jour pen- dant plusieurs heures (2—7), l'huile en couche mince s'est mon- trée active dès les premières heures, s’est solidifiée en 3 jours, et a accusé, après 15 jours, un accroissement de poids de 4,8 p. e. Cet accroissement est moindre que pour l'huile séchée à la tempé- rature ordinaire, puis chauffée à 80°, parce que l'oxydation est plus énergique et que, outre l'acide myristique volatilisé dans le second cas, il se perd encore 2 à 3 p.c. d’acide élaïque oxydé. Contrairement à l’opinion commune, la chaleur seule, non accompagnée d’oxydation, n’exalte pas les propriétés siccatives de lhuile: de l'huile chauffée en masse, pendant 10 heures, à SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 167 100°, ou pendant # d'heure jusque près de l’ébullition, ne s’est pas montrée ensuite plus siccative que l’huile ordinaire. De l'huile qui avait été soumise, en masse, pendant # h. à une température voisine de l’ébullition, et pendant % h. à l'ébulli- tion même, ayant été séchée ensuite, en couche mince, au soleil, on a observé une augmentation de poids plus considérable qu'avec l'huile non chauffée préalablement: 9,9 p. c., se réduisant à Titan 807. L'influence de la chaleur sur l'oxydation des huiles d’oeællette et de noix ressort des faits suivants: Exposées à une température de 80°, chaque jour pendant 8 h., ces huiles n’augmentèrent de poids que le premier jour ou les deux premiers jours, suivant que la couche était plus ou moins mince. Les jours suivants il y eut diminution, et après 3 à 4 semaines, la perte totale s’éle- vait pour l'huile d’oeillette à 4 ou 0,9 p. c. et pour l'huile de noix à 3,1 ou 2,2 p.c., selon que l'huile employée était plus ou moins vieille. La présence d’une forte proportion d'acides myris- tique et laurique dans les deux huiles, et celle d'acides gras vola- tils dans les huiles déjà vieilles, expliquent ces résultats. Citons encore une expérience qui se rapporte à une huile non siccative. De l'huile d'olive, déjà un peu rance, fut exposée en couche mince à la lumière diffuse, et chauffée chaque jour pen- dant 8 h., à 80°. Après 2% mois on ne trouva aucune diffé- rence de poids, la légère augmentation des premiers jours ayant été compensée par une perte subie plus tard. L'huile avait été changée en acides gras, et l'acide élaïque avait probablement été oxydé. | ÿ $ 7. Influence que certaines substances exercent sur la dessiccation des huiles siccahives. Acide sulfurique. De Vhuile de lin fraîche a été mise en con- tact, pendant 24 h., avec de l'acide sulfurique concentré, puis lavée. La dessiccation en couche mince, à la lumiere diffuse, 168 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES n’a pas été plus rapide que celle de l’huile ordinaire ; mais l’aug- mentation de poids, tant à la température ordinaire qu’à 80° (14,7 et 11,6 p.c.), a été plus forte d'environ 3 p.c. Cette diffé- rence ne peut être expliquée que par un mode différent d’oxyda- tion de CHsO,, qui a donné naissance à environ 3 p. c. de produits non volatils. L'huile n'avait du reste éprouvé qu’une trace de saponification par l'acide. *_ Charbon animal. L'huile de lin décolorée par le charbon animal n’a pas été trouvée plus siccative que l’huile ordinaire. Il n’y a donc pas de mucilage dans l'huile de lin, ou ce mucilage n’a pas la propriété, qu'on lui attribue souvent, de s'opposer à la dessiccation. Borate manganeux. C’est un siccatif énergique: avec de l'huile mêlée de 2 p. e. de ce sel, l’action principale était terminée, et l'huile sèche, en 2 jours (mai). Le borate manganeux intervient comme agent de transmission de l'oxygène, l’oxyde manganeux absorbant facilement de l'oxygène à l'air et le cédant avec la même facilité à l'huile. On détermina encore l'influence qu’exercent un certain nombre d’autres substances par leur mélange avec de l'huile de lin non bouillie. Voici le nombre de jours qui fut trouvé nécessaire (fin de mars) pour la dessiccation : Acide slannique.....:...... 4 jours Oxyde de cine. v2004008 9 jours Spath flnOm. pesto bye Acide antimonique ......... 4 Silico-fluorure de potassium. 6 » Salt | foncé. 22123800 12 y Verre en poudre. ..::...... T Oxyde de zinc avec potasse.. 12 » Oxyde d'antimoine...... bols Alumine; silice; smalt clair. BOF AAA Lou À 8 » On peut énoncer comme règle générale, que les bases sont capables d’agir comme siccatifs proprement dits, c’est-à-dire de rendre l'huile plus siccative sans l'intervention de la chaleur; loxyde de plomb se trouve en tête; après lui vient l'oxydule de manganèse, puis les bases alcalines et les matières qui en ren- ferment, comme le verre. Plusieurs expériences de l’auteur sont relatives à l’action exercée à une température voisine de l’ébullition de l'huile. De l'huile de SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 169 lin non bouillie ayant été chauffée à cette température, pendant 14 h., avec un excès d'oxyde rouge de mercure, d'acide stannique, d'acide antimonique, on trouva que les deux premières substances étaient devenues noires, la troisième jaune; l'huile traitée par l’'oxyde de mercure s'était colorée en rouge. Les huiles ayant été filtrées, puis abandonnées à l'air, en couches minces (mars), ceiles qui avaient été chauffées avec l’oxyde de mercure et l’acide anti- monique furent trouvées sèches au bout de 7 jours, tandis que la troisième ne montrait encore aucune trace de dessiccation. L’acide stannique n’a donc, dans ces conditions, aucune influence favorable. De l'huile de lin fut chauffée pendant 1 h., à une température approchant de l’ébullition ou même l’atteignant, avec un excès de minium, de terre d'ombre, de peroxyde de fer naturel, de sul- fate de zinc. En couches minces, l’huile au minium et celle à la terre d'ombre séchèrent en 3 jours (mars), celle au peroxyde de fer en 8 jours; l'huile mêlée avec le sulfate de zinc ne commenca à sécher que le 13m%e jour, tout comme l'huile chauffée sans mé- lange. L'effet de la terre d’ombre s'explique par l’oxyde manga- noso-manganique que cette substance contient habituellement. Dans d’autres expériences, on n’a fait intervenir qu’une digestion à 109° de l'huile avec les matières solides. La digestion ayant été prolongée pendant 4 h., puis l’huile filtrée et étendue en couche mince, voici ce qu'on trouva (mars): DRM nn en à. I. rouge et épaisse ; beaucoup de plomb en dissol. ; sèche en 1 jour Sous-acétate de plomb Id. Id. Id. Acét. de plomb neutre Id. Id. Id. Acélate manganeux. Id. du manganèse en dissol.... sèche en 2 jours Vert-de-gris....... El'iverticlair 2..." Cuivr en dissoi tete nne CAE NE Oxyde de zinc...... H. presquein colore. traces de zinc en dissol.. .... 7 OEM Perox.de manganèse. H. un peu verdâtre. traces de manganèse. ...... HE NOT Ox. rouge de mercure X.en partie décolorée traces de mercure. ...,.... 2 UE gnesie, Lt. Id. lIEnQ EN AdISSO AC r n12 » Sulfatle de zinc...... Id. Id. Id. Une seconde série d'expériences à 100° fut faite dans des con- ditions un peu différentes. Le mélange d'huile et de matière solide 170 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES (en proportions à peu près équivalentes) fut chauffé pendant 2 h., puis étendu en couche mince sans filtration préalable (mars —avril). Le résultat fut que l’oxyde de plomb et surtout le minium avaient rendu l’huile très active (dès le premier jour), que l’oxyde de zine n'avait ajouté que peu de chose et le peroxyde de fer rien du tout à la propriété siccative de l'huile chauffée, en masse, à 100”, et enfin que celle-ci n’était pas plus active que lhuile de lin non chauffée. Si l’on ne demande à l’huile que de sécher rapidement, l’ébullition avec l’oxyde de plomb ou le minium n’est donc pas nécessaire; une simple digestion à 100?, pendant 2 h., suffit. On constata encore qu'aucune des substances ajoutées à l'huile n'avait modifié, d’une manière appréciable, l'augmentation finale de poids (11 à 13 p.c.) par la dessiccation ; la présence de bases n’est pas nécessaire pour que l’oxydation se fasse. Une proportion notable de terre de pipe calcinée ayant été in- timemement mêlée avec quelques-unes des couleurs précédentes, on ne remarqua aucun changement apporté à la dessiccation. Les quatre oxydes, dont il vient d’être question, ont encore été expérimentés de la même manière, avec cette différence que l'huile de lin non préparée était remplacée par de lhuile bouilhe du commerce, renfermant 2,6 p. c. d'oxyde de plomb. Dans ce cas, aucun des oxydes n’a eu quelque influence, ni sur la rapidité de l'oxydation, — essentiellement achevée dès le premier jour, — ni sur l’augmentation de poids, dont les variations ne pouvaient être attribuées qu'à la différence d'épaisseur des couches; tout s’est passé comme avec l'huile bowlhe employée sans mélange. L'augmentation de poids était aussi à peu près la même (peut-être un peu moindre) que dans les expériences où l’on s'était servi d'huile non bouillie. Les mêmes faits ressortent d’une dernière série d'expériences dans laquelle on avait simplement mêlé à l'huile bowlhe de petites quantités d'oxyde de plomb, de chromate de plomb, de céruse, d'oxyde de fer, d'oxyde de zinc et d'argile calcinée. Le résultat général est que l'huile de lin bouillie adinattel c'est-à-dire préparée avec addition d’une certaine quantité d'oxyde SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 171 de plomb, possède un pouvoir siccatif que ne peut augmenter aucune substance métallique, et que ne peut diminuer aucune matière indifférente. Dans les circonstances où l'on a opéré, à la tempé- rature ordinaire et à la lumière diffuse, toutes les couches pré- parées avec l'huile bouillie ont montré un accroissement de poids à peu près constant, de 10-—12 p. e., se réduisant à 7—8 par application d’une chaleur de 80°. Huile d'oeillette et huile de noix avec oxyde de plomb. On: ajouta 4,6 p. c. d'oxyde de plomb à de l'huile d’oeillette fraîche, et 6,4 p. c. à de l’huile de noix déjà ancienne, et on fit digérer à 100° pendant 3 heures. On laissa sécher ensuite en couche mince; l'expérience se faisait au mois de novembre, dans un apparte- ment chauffé 8 heures par jour, à la lumière diffuse. L'action principale eut lieu pendant les 2 ou 3 premiers jours, et au bout de 5 semaines l’augmentation de poids fut trouvée de 7,5 p. c. pour l'huile d’oeillette, et de 6,2 pour l'huile de noix. Huile de lin en couches épaisses el couleurs en masses. Toutes choses égales d’ailleurs, la rapidité de l'oxydation dépend de la surface que l'huile présente à l'air et, par conséquent, de l’épais- seur de la couche. Quelques expériences ont été faites avec de l’huile de lin contenue dans de petits creusets mesurant environ 6 centim. carrés à l’ouverture. On ajouta une substance différente dans chaque creuset; on les chauffa pendant 2 heures sur le même bain de sable, puis on les abandonna à l'air, à la lumière diffuse. Voiei les résultats : A dE DAT H. de lin avec H. de lin avec 2 avril. aa nd ie un it 0 206mMfaten one cale seule. 0,239ox.defer. 0,372 céruse. de zinc. de plomb. 5,650 5,647 5,905 5,510 3,956 Perdn par la: chaleur... .. 0,232 0,355 0,603 0,206 0,688 5,418 5,292 5,302 5,304 3,268 23 juin. Gagné en poids. 0,129 0,049 0,169 0,051 0,039 L'augmentation la plus forte est de 3 p. c. et appartient à la céruse. Une boule (25 mm. de diamètre) de mastic fait avec de l'huile 172 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES de lin bouillie, qui contenait 2,6 p. c. d'oxyde de plomb, et de la craie, n'a gagné, du 2 avril au 23 juillet, que 0,3 p. c. en poids ; un disque (60 mm. de diamètre sur 5 d'épaisseur) de mastic pré- paré avec la même huile, de l’oxyde de plomb et du minium, a gagné, dans le même intervalle, 1,1 p. ce. Le premier était sec dans toute son épaisseur et contenait de la linoxyne blanche; le second, dur à la surface mais encore mou à l’intérieur, renfer- maït de l'acide linoxyque blanc. Dans le mastic à la craïe, l’oxy- dation n’a pu provenir que de l’air, et si le poids est resté station- naire, c'est que de l’acide carbonique a dû être mis en liberté. Pour le mastic plombifère, le minium a dû céder de l'oxygène et les acides formés, acrylique, glycérique etc., ont pu être retenus par l’oxyde de plomb. APPLICATIONS. Guidé par les vues auxquelles l’avait conduit l'étude chimique des huiles siccatives, l’auteur a examiné ensuite les principaux procédés usités où recommandés dans la pratique pour la prépa- ration des huiles et des couleurs, et pour leur emploi, soit dans la peinture en bâtiments, soit dans la peinture d'art. Cette partie de son travail n'étant pas de nature à pouvoir être analysée ici avec la même étendue que la partie purement théorique, nous nous bornerons à en extraire un petit nombre de données et de considérations. Préparation des huiles siccatives. La préparation que l’on fait subir aux huiles à pour objet, soit de hâter la dessiccation, soit d'améliorer la qualité de la peinture, deux effets qu’il est néces- saire de distinguer si l’on veut apprécier convenablement la valeur des différentes pratiques. La qualité de la peinture sèche dépend des éléments qui peuvent entrer dans sa composition et dont les principaux sont: la linoxyne, de consistance analogue au cuir, et qui fait la base essentielle des huiles siccatives séchées; les acides palmitique, SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 173 myristique et élaïque, qui donnent de la flexibilité à la couche; l’'anhydride de lacide linoléique, substance très élastique, sem- blable au caoutchouc, et qui contribue beaucoup à la bonne qualité de la peinture; des combinaisons des acides gras avec des bases, et surtout du linoxate de plomb, sel qui communique de la dureté à la peinture; enfin, des matières indifférentes qui lui donnent du corps, de la solidité, de l’opacité et de la couleur. Les transformations auxquelles les substances que nous venons d’énumérer doivent naissance, ont pour condition première la faiblesse de l’affinité qui unit le groupe ©, H. O, à C 32 H, 0; et aux autres acides gras, et la facilité avec laquelle une disso- ciation s'opère entre ces éléments. Les opérations auxquelles on soumet l'huile ont pour but de favoriser cette dissociation, de mettre en jeu, par un commencement d’oxydation ou de saponi- fication, les actions chimiques au sein du liquide, actions qui continueront ensuite à se développer spontanément quand l’huile sera exposée, en couche mince, à l'atmosphère. Le temps seul suffit déjà à amener un commencement de dis- sociation. C’est pourquoi les vieilles huiles sont si estimées des peintres : l’huile vieille est de l'huile renfermant une proportion plus ou moins considérable d’acides gras en liberté ; elle est éminem- ment propre à s'unir aux bases métalliques; elle devient beau- coup plus promptement siccative par l’ébullition. L’ébullition active la dissociation; elle donne lieu à la produc- tion d’une certaine quantité d'anhydride linoléique et à la volati- lisation d’une partie des acides palmitique, myristique et élaïque. L'un et l’autre effet sont en proportion de l’intensité et de la durée de l’ébullition ; si on la pousse assez loin pour obtenir l'encre d’im- primerie, on n’a plus qu'un mélange d’anhydride et de charbon. L’ébullition seule ne rend pas, comme nous l’avons déjà vu, l'huile très siccative. Il faut de plus le contact renouvelé de l'air, ou mieux encore l'addition d’un peu d'oxyde de plomb; cette substance détermine la formation d’une certaine quantité de lino- léate de plomb, qui se transforme en linoxate dans la dessiccation de la peinture à l'air. L’emploi de l’oxyde de plomb permettrait DL G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES d'obtenir une huile très siccative sans avoir besoin d’élever la température au delà de 100°. On recommande encore une foule d’autres substances qui agissent plus ou moins comme siccatifs in- dépendamment du concours de la chaleur. Mais, ce n’est qu'au moyen de l’ébullition qu’on provoque la formation de l’anhydride linoléique et le dégagement partiel des acides gras, double effet sans lequel la peinture sèche n’acquiert pas toutes les propriétés requises. Le minium agit plus efficacement que la litharge dans l'ébullition: outre la saponification partielle, il favorise encore, par l’oxygène qu'il abandonne, l'oxydation de l'huile. L’acétate de plomb n'a pas d'avantages qui lui soient propres: l'acide acétique se dégage pendant qu’on chauffe, et l’oxyde de plomb agit seul. Après avoir discuté un certain nombre des procédés employés ou proposés, l’auteur conseille de s’en tenir au précepte suivant pour préparer une huile fortement siccative et en même temps décolorée : Faire bouillir doucement, au contact de l'air, pendant 2 heures, de l'huile de lin ordinaire avec 3 p. c. de minium; laisser dépo- ser; filtrer si cela est nécessaire; verser l’huile dans de grandes caisses en plomb, peu profondes, recouvertes de verre de manière à garantir de la poussière mais à permettre la circulation de l'air; exposer à la lumière solaire pendant l'été. Préparation des couleurs. L'huile de lin bouillie, renfermant 2,6 p.c. d'oxyde de plomb, possède un maximum de pouvoir siccatif, auquel n’ajoutent plus rien (p. 169) les oxydes, libres ou unis à des acides faibles, qui entrent dans la préparation des couleurs à l'huile. Mais on peut se demander si, parmi ces oxydes, il n’en est pas qui exercent sur l’huile une action chimique de nature à améliorer la qualité de la peinture. Les acides palmitique, myris- tique et élaïque, mis en liberté, s’unissent-ils à l’oxyde, et la linoléine donne-t-elle du linoxate au lieu de la linoxyne qui se forme en l'absence des oxydes ? Dans cette hypothèse, et en sup- posant qu’on se serve d'huile non bouillie et d'oxyde de plomb, on trouve qu'il faudrait 44 parties de eet oxyde pour saturer les acides de 100 p. d'huile. La peinture sèche serait alors composée SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. 175 de trois savons de la consistance du diapalme et d’un savon dur “et fragile, le linoxate de plomb. Les choses se passent ainsi, au moins en partie, pour la pein- ture au minium, qui devient en effet fort dure et qui contient beaucoup de linoxate de plomb; seulement, dans la pratique, on emploie ordinairement cinq fois plus de minium que la saponifi- cation n’en exigerait. Mais il en est autrement des oxydes qui ne peuvent céder de l'oxygène; ceux-là ne donnent lieu à la pro_ duction d’un linoxate que lorsque l'huile à été bouillie ou forte- ment chauffée avec eux. Une couche de peinture appliquée depuis 11 mois, et pour laquelle on avait fait usage d’huile de lin bouillie mêlée avec 2) p.c. de céruse, ayant été analysée, on n’y trouva, à côté des acides palmitique, myristique et élaïque, unis sans aucun doute à l’oxyde de plomb, que la faible quantité d'acide linoxyque provenant du linoléate de plomb dissous dans l’huile bouillie (2,6 d'oxyde de plomb représentent 9,4 de linoxate). La couche était formée essentiellement de linoxyne, et il en est encore de même lorsque, comme dans la pratique, on ajoute jusqu'à 250 ou 280 parties de céruse à 100 p. d'huile; de pareilles peintures ne deviennent pas fragiles par la dessiccation, elles restent coriaces. D’après cela, 9 p.c. d'oxyde de plomb, nécessaires pour saturer les acides palmitique, myristique et élaïque, suffiraient dans une couleur. L'auteur est disposé, néanmoins, à croire que l’anhydride linoléique, ou quelque degré d’oxydation inférieur à l’acide lino- xyque, joue, pendant quelque temps, le rôle d’acide et fixe de l'oxyde de plomb, qu'il abandonne plus tard pour se transformer en linoxyne indifférente. Il se base surtout sur la circonstance que les couleurs à l’acétate de plomb ou de cuivre dégagent de l'acide acétique en séchant: il se forme donc un acide, et pour- tant le produit final est la linoxyne. | Avec l’oxyde de plomb, l’oxyde de fer et l’oxyde de zine, le résultat à été le même qu'avec la céruse: couche coriace, dont la linoxyne constitue la base et où ne se trouve que la quantité d'acide linoxyque correspondant à l’oxyde de plomb contenu dans l'huile bouillie. On n’a pu décider si les oxydes de fer et de zinc 176 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES se combinent, comme l'oxyde de plomb, avec les acides palni- tique, myristique et élaïque. En tout cas, les autres oxydes sont beaucoup moins propres à fixer ces acides que l’oxyde de plomb. Aussi, l’auteur établit-il comme conditions indispensables pour obtenir une peinture de bonne qualité: 1° l'emploi d'huile de lin bouillie, bien préparée et renfermant 2—3 p. c. d'oxyde de plomb; 2°. l’addition d’une quantité de céruse, d'oxyde de plomb ou de minium (le minimum devra être fixé par expérience) suffisante pour saponifier les acides. Aucun des mélanges tant vantés dans ces dernières années et. vendus comme des secrets, aucun des innombrables siccatifs pro- posés, ne peut fournir une peinture de première qualité si les deux conditions précédentes ne sont observées. Si elles le sont, tous ces mélanges, toute la portion des oxydes de plomb qu’on ajoute pour donner à la couleur la propriété de couvrir, peuvent être rem- placés, dans beaucoup d’usages ordinaires, par des substances sans valeur: il suffit que ce soient des matières indifférentes, assez dures, bien pulvérisées, et incorporées en quantité aussi grande que possible sans que la peinture perde la propriété de bien s'étendre sous le pinceau. L'auteur a essayé le minium de fer d’Auderghem et des poudres de tuiles rouges, de briques bleues, de fer limo- neux, d'hématite, de minerai de fer magnétique ; de toutes ces sub- stances il a obtenu des résultats qui paraissent très satisfaisants. Analyse de quelques matières employées dans la peinture ordinaire. Parmi ces matières, celle qui a fait le plus de bruit dans ces derniers temps est le minium de fer d'Auderghem. L'auteur en à analysé trois échantillons, dont l’un a portait la marque authen- tique de la fabrique d’Auderghem, tandis que c était une contre- facon. La dessiccation à 150° fit perdre 0,7 p. c. d’eau à a et 1,8 à b; c renfermait un peu d'acide sulfurique : eut AN ORNE IE ane Oxyde rouge de fer... 69,6 69,2 Al OZet Pe10,::. 1482 Acide silicique........ 29,0 29,2 Fer Ou en on 74,0) AMIS deeleee sie lai 1,4 1,6 LE 0 gg pot qi 3,1/Soluble dans H CI. Faute Pas des 2,4 Insoluble dans H C1. SICCATIVES ET SES APPLICATIONS. LT Les substances connues sous les noms de gris de zinc, couleur de fer et couleur-diamant, ont également été analysées. La seconde renfermait 2 parties d'huile de lin bouillie pour 10 p. de matières fixes. La troisième était composée, sur 100 p., de 45,9 de prin- cipes huileux et de 54,1 de matières fixes. On a trouvé dans les matières minérales : Gris de zinc. Couleur de fer. Couleur diamant. Zinc métallique.... 92,7 Sulfate de baryte:. 48,8 Oxyde rouge de fer.. 18,7 Oxyde de zinc.... 4,6 CETURE A Ua Un 38,1 ie Alumine (sol. d. HCI.) 10,1 33.9 Sable, carbonate vor Zinc métalliqne.... 12,5 É Alumine (ins. d.HCI.) 28,1 de chaux , eau... | Acide silicique.. .... 48,1 Peinture du fer. L'’oxydation du fer se faisant beaucoup plus activement une fois que la rouille a pris naissance en un point quelconque, il est nécessaire de combattre le mal dès sa première apparition: sans attendre que le moment soit venu de repeindre l'ouvrage en entier, il faut couvrir de couleur tous les endroits où la rouille se montre, et mettre autant de soin à préserver ceux qui sont cachés à la vue que ceux qui sont exposés aux regards. Il ne peut qu'être utile de garnir les grands ouvrages en fer, en des endroits peu apparents, de pièces de zinc en contact métal- lique avec le fer, afin de mettre celui-ci dans un état électrique qui s'oppose à l'oxydation; le fer seul doit alors être recouvert de peinture, le zinc reste à nu. C'est surtout dans les points où les différentes pièces d’un ouvrage se joignent, aux vis, aux boulons etc., qui servent à opérer l'assemblage, que l'oxydation commence de préférence, pour se propager de là sur toute la surface. Ce sont donc ces parties qu'il faut surtout garantir, tant à l’intérieur qu’à l’exté- rieur. Toutes les surfaces destinées à être mises en contact avec d’autres devront être bien débarrassées de. rouille préalablement, puis enduites d’une matière préservatrice, en couche assez épaisse pour que tous les interstices se trouvent remplis. Le goudron de houille est préférable, pour cet objet, aux couleurs à l'huile; les acides gras de l'huile favorisent plus ou moins l'oxydation, une fois qu’elle a commencé; le goudron, jamais. ARCHIVES NÉERLANDAISES. T. I. 12 178 G. J. MULDER. LA CHIMIE DES HUILES ETC. Il reste alors à couvrir toute la surface du métal. Quand il s'agit du bois, il est utile de donner une première couche sim- plement avec de l’huile de lin bouillie: cette huile pénètre, en partie, dans les pores du bois, et sert d’intermédiaire pour établir une forte adhérence entre le bois et la couche de peinture pro- prement dite. Maïs pour le fer, qui ne s’imbibe pas, cette première couche de vernis peu solide, bien loin de favoriser l’adhérence, l’affaiblirait; il vaut mieux appliquer immédiatement le mélange d'huile et d’autres matières propre à composer une peinture solide ; seulement, on donnera à la première couche assez de fluidité pour qu'elle s’insinue bien dans toutes les inégalités de la surface. Il est évident qu'une surface nette, mais rugueuse, est celle qui assure le mieux la liaison entre le métal et la peinture. La fonte a ordinairement le degré de rugosité convenable. Au con- traire, les fortes tôles et les fers en barres qu'on emploie fréquem- ment aujourd’hui dans les grands ouvrages, ont une surface assez lisse. Maïs ce fer, laminé à chaud, est recouvert d’une couche bleuâtre de suboxyde (à proprement parler mélange de fer et d'oxyde ferroso-ferrique) qui, à l'inverse de la rouille, protége le fer contre l’oxydation en le rendant passif; il est donc avan- tageux de conserver cette couche. La fonte possède une pellicule analogue, dont l'utilité suffirait pour faire rejeter la méthode, parfois usitée, de nettoyer les pièces de fonte dans un bain d'acide étendu; cette méthode a, d’ailleurs, cet autre défaut que l’acide pénètre dans les petites cavités de la fonte, ne peut plus en être éloigné complétement, et exalte considérablement, par son contact, la tendance du fer à se rouiller. Il faut seulement débarrasser la surface de la fonte et du fer laminé de tout ce qui peut s’en détacher à l’aide de grattoirs et de brosses métalliques ; maïs tout ce qui résiste à ces moyens doit être respecté. L'expérience a appris que les couleurs préparées avec les oxydes de plomb sont excellentes pour protéger contre l’oxydation le fer exposé à l'air, et qu’elles sont nuisibles sur le fer plongé dans l’eau de mer. Relativement aux mêmes couleurs appliquées sur le fer immergé dans l’eau douce, l'expérience n’a pas encore prononcé. SUR L’ANALYSE ORGANIQUE, PAR E. H. VON BAUMHAUER. ) Dans une communication adressée à l’Académie Royale des Sciences d'Amsterdam, en 1853, et relative au dosage de l'oxygène dans les corps organiques qui ne renferment pas d'azote, ?) j'avais pris, en quelque sorte, un engagement qui n’a pas été tenu jusqu’à présent. Je terminais, en effet, ma note en disant: ,, Pour les sub- stances qui contiennent de l'azote, je désire arriver à déterminer le carbone, l'hydrogène et l'oxygène dans une seule expérience et, par conséquent, à l’aide d’une même quantité de matière.” Aujourd'hui je suis en état de remplir cette promesse. Je rappellerai, en peu de mots, le principe sur lequel était fondée la méthode proposée par moi, à cette époque, pour trouver la quantité d'oxygène dans les matières non azotées. Cette méthode consistait à employer, dans le procédé ordinaire de dosage du carbone et de l’hydrogène, un volume d’oxygène mesuré d'avance, pour réoxyder le cuivre réduit par la formation de l'acide carbo- nique et de l'eau; la différence entre l'oxygène contenu dans ces deux produits de l’analyse et celui dont on constate la disparition dans l'appareil, donnait la quantité d'oxygène renfermée dans la substance analysée. 1) Communiqué au Congrès des Naturalistes à Hanovre, en Septembre 1865. 2) Werslagen en Mededeelingen, tome I, page 359. 12* 180 E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. D’après cette manière d'opérer, il était indispensable de connaître la capacité totale de l’appareil, afin de pouvoir appliquer au volume gazeux les corrections barométrique et thermométrique; et, bien que j'eusse indiqué le moyen d'y parvenir avec un degré d’exac- titude passablement grand, il faut reconnaître pourtant qu'il vaut mieux pouvoir déterminer la quantité d’une matière par la mesure des poids que par celle des volumes, surtout quand les appareils dont on fait usage ne laissent pas que d’être assez compliqués. Depuis lors, plusieurs autres chimistes se sont occupés du pro- blème du dosage de l’oxygène dans les substances organiques. Maumené !) a proposé de brûler la matière par la litharge mêlée d’un peu de phosphate de chaux. On obtient ainsi, outre l'acide carbonique et l’eau, du plomb métallique; et la quantité de ce plomb permet de calculer quelle est, dans l'oxygène néces- saire pour la production de l'acide carbonique et de l’eau, la part qui n’a pu être fournie par le corps organique lui-même. Stromeyer ?) opère la combustion au moyen de l’oxyde de cuivre, et déduit, pareillement, la proportion d'oxygène de la substance analysée, de la quantité de cuivre et d’oxydule de cuivre qui s'est formée. À cet effet, on dissout, après l'opération, tout le contenu du tube dans un mélange d’acide chlorhydrique et de sulfate de peroxyde de fer, et l’on dose, à l’aide du caméléon, le protoxyde de fer qui a pris naissance; la quantité d'oxygène enlevée à l’oxyde de cuivre, pendant la combustion, s’en déduit aisément. A. Ladenburg *) s'exprime ainsi au sujet de ma méthode: ,Je dois faire mention également d’une notice de von Baumhauer, qui contient le principe d’une méthode très élégante de dosage de l'oxygène ;. mais, l’auteur n'ayant pas donné, comme il l’avait promis , l'exposition détaillée de son mode d’expérimentation, on ne peut en faire usage, jusqu'à présent, dans la pratique.” Le chimiste que nous venons de nommer, détermine l’oxygène des 1) Comptes-rendus, T. LV, pag. 439. 2) Annalen der Chemie und Pharmacie, T. CXVII, pag. 247. 3) Annalen der Chemie und Pharmacie, T. CXXXV, pag. 1. E. H. VON BAUMHAUER. SUR L’ANALYSE ORGANIQUE. 181 matières organiques en les brûlant dans un mélange de quantités pesées d’iodate d'argent et d'acide sulfurique; on dose ensuite, par titrage, l’iodure d'argent formé. | Dernièrement, enfin, ©. G. Wheeler !) a publié une méthode .pour doser, simultanément dans une même quantité de matière, le carbone, l'hydrogène et l’azote des substances organiques azotées. Dans cette méthode, qui consiste simplement dans la réunion du procédé de dosage de l'azote, à l’état gazeux, selon M. Dumas, avec le mode ordinaire de détermination du carbone et de l'hydrogène, l’oxygène est de nouveau trouvé au moyen de la perte. Toutes les méthodes imaginées, jusqu'ici, pour doser l'oxygène conjointement avee le carbone, l'hydrogène et l'azote, offrant l'inconvénient d’être embarrassantes et d'exiger beaucoup de temps, les chimistes continuent de déterminer l’oxygène par différence. J'espère avoir réussi à écarter toutes les difficultés dans le procédé expéditif et fort simple auquel je suis parvenu, surtout après que j'eus pris connaissance des recherches de Ladenburg. La méthode que je publie aujourd'hui, avait déjà été essayée par moi il y à bon nombre d’années, mais toujours avec des résultats trop incertains: ce qui me manquait, c'était une sub- stance abandonnant, par la chaleur, une quantité parfaitement constante d'oxygène. J'avais tâché d'atteindre le but à l’aide du chlorate de potasse; mais, bien que je l’eusse préparé à l’état de pureté chimique, je n’en obtenais jamais de résultats concor- dants en le chauffant dans un tube de verre; il faut en attribuer la cause à la vapeur blanche qu’on observe constamment lorsqu'on soumet ce sel à l’action de la chaleur. L’iodate d'argent, proposé par Ladenburg mais employé par lui d’une manière différente, satisfait complétement à la condition voulue. Suivant sa prescription, j'ai préparé le sel en traitant, dans un matras à long col, de l’iode par de l'acide nitrique fumant (dens. 1,5); on évapore ensuite le mélange avec de l’eau, et on répète cette opération jusqu'à ce que tout l’acide nitrique 1) Journ. für Pract. Chemie, T. XOVT, pag. 239. 182 E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. se soit dégagé. La poudre blanche, cristalline, d'acide iodique est dissoute dans l’eau, et la solution filtrée après déposition; la liqueur limpide est précipitée par le nitrate d'argent neutre, mais de façon à ce qu’il reste encore de l'acide iodique libre dans la dissolution. On lave le précipité par décantation, après quoi on le sèche dans une atmosphère ne contenant aucune matière orga- nique, de préférence dans l'obscurité, et à une température qui peut s'élever jusqu'à 150° C sans qu’on ait à craindre de décom- position. En se transformant, par la chaleur, en iodure d’argent, ce sel doit abandonner 16,96 p. c. d'oxygène; j'ai trouvé 16,92 p. c. comme moyenne d’un assez grand nombre d’expériences qui pré- sentaient un accord satisfaisant. Dans l’exposition de ma méthode, je décrirai d’abord le dosage fort simple du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène des matières organiques, dosage pour lequel il est absolument indifférent que la matière renferme ou ne renferme pas d'azote; je ferai connaître ensuite le procédé plus compliqué qui permet de trouver simul- tanément la proportion d'azote. & 1. Dosage du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène. On prend un tube à combustion ouvert aux deux bouts et long de 70 à 80 centimètres; on le remplit de la manière suivante (Voyez Planche X, fig. 1): 1°. Une colonne d’environ 20 centimètres de fine tournure de cuivre rouge (z). 20. Une longueur de 10 c. de petits fragments de porcelaine, qui ont été lavés à l'acide chlorhydrique, puis calcinés (x). 3. Une colonne d'environ 25 c. d'oxyde de cuivre (c): forte- ment calciné, en petits fragments de la grosseur des grains de blé sarrasin et débarrassés, par tamisage, de la poudre plus ténue. On peut placer un petit tampon d’asbeste en avant et en arrière de cette couche. E. H. VON BAUMHAUER. SUR L’ANALYSE ORGANIQUE. 183 4, La matière à analyser, pesée dans une nacelle de verre, de porcelaine ou de platine ou, pour les matières volatiles, dans une petite boule de verre, qu'on fait glisser, à l’aide d’une baguette de verre, jusqu'à une distance de 5 c. derrière l’oxyde de cuivre (e). Lorqu'on a affaire avec des substances très diffi- ciles à brûler, on peut les mêler avec de l’oxyde de cuivre avant de les introduire dans la nacelle. D. À une distance de 6 à 7 c. plus en arrière, se place une seconde nacelle contenant un poids déterminé d’iodate d'argent. On a besoin, dans cette méthode, d’un courant d'hydrogène pur, ainsi que d’un courant d'azote pur. Ces gaz sont fournis par l'appareil à dégagement constant d'hydrogène A (fig. I), et par le gazomètre rempli d'azote B, lesquels sont unis au robinet à deux voies m. Pour purifier les gaz, on leur fait traverser d’abord un tube rempli de tournure de cuivre rouge et maintenu incan- descent dans tout le cours de l'expérience, puis deux tubes en U, dont le premier est rempli de ponce imbibée d’acide sulfurique concentré, tandis que le second contient dans une branche de la chaux sodique et dans l’autre du chlorure de calcium; ce second 4 tube est mis en communication avec le tube à combustion OC. * Avant d'adapter au tube à combustion les appareils destinés à l'absorption de l’eau et de l'acide carbonique, on chauffe la partie antérieure du tube jusqu'un peu au-delà de la tournure de cuivre, et on le fait traverser par un faible courant d'hydrogène, afin d'acquérir la certitude qu’il ne reste dans le cuivre métallique absolument aucune partie oxydée. On chasse ensuite l'hydrogène par l'azote, puis, tout en entretenant un courant lent de ce gaz, on chauffe la partie du tube où se trouvent la porcelaine !) et loxyde de cuivre. Ce :) La porcelaine sert uuiquement à séparer le cuivre de l’oxyde de cuivre. Avec le fourneau d'analyse que j’ai décrit précédemment dans les Annalen der Chemie und Pharmacie, T. XC, pag. 25, on est entièrement le maître de chauffer une portion déterminée du tube, et d’avancer aussi lentement qu’on le désire; ce résultat est obtenu au moyen d’un petit registre, qui glisse sur la gaze métallique du fourneau, et dont la longueur dépasse un peu celle d’un des compartiments de la cheminée. 184 E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. Le tube à chlorure de calcium : et l'appareil à potasse k sont maintenant adaptés, au moyen d’un bouchon bien séché, au tube à combustion. | Lorsqu'on analyse des matières qui ne contiennent pas d'azote, ou des matières azotées dans lesquelles on ne cherche pas à déter- miner par une seule et même expérience, non seulement le car- bone, l’hydrogène et l'oxygène, maïs aussi l’azote, l'appareil se termine à la ligne pointillée xx. Après qu’on a fait passer pendant quelque temps le courant d'azote, on détache les appareils d'absorption et on les pèse. Le courant d'azote n’a d'autre but que de remplir tout l’appareïl de ce gaz et d'en saturer la dissolution de potasse; c’est une précau- tion qui a été observée dans toutes les analyses. Les appareils d'absorption ayant été pesés, on les remet en place, puis on chauffe avec beaucoup de circonspection, en faisant glisser lente- ment le registre, la substance à analyser, tout en maïntenant un faible courant d'azote. Lorsque la matière est entièrement brûlée, ou du moins complétement carbonisée, on procède à l’échauffe- ment très graduel de l’iodate d'argent; l'oxygène dégagé brûle les parties charbonneuses et oxyde le cuivre provenu de la réduction de l’oxyde; ce qui reste d'oxygène est fixé par la tournure de cuivre z. Après la décomposition totale de l’iodate d'argent, on fait encore traverser, pendant quelque temps, l'appareil par le courant d'azote; ensuite on enlève les appareils d'absorption pour les peser. On ferme peu à peu les robinets du fourneau, sauf ceux qui correspondent à la tournure de cuivre z; sans inter- rompre le courant d'azote, on attend que l’oxyde de cuivre se soit entièrement refroidi, après quoi on attache de nouveau à l'appareil un tube à chlorure de calcium pesé. On remplace main- tenant le courant d'azote par un courant d'hydrogène, pour réduire loxyde qui s’est formé à la surface de la tournure de cuivre; l’oxygène que celle-ci avait fixé se trouve aïnsi condensé, à l’état d’eau, par le tube à chlorure de calcium dont on détermine de nouveau le poids. L'eau ainsi trouvée met en état de calculer la quantité d'oxygène que l’iodate d'argent contenait en sus de celui E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. 105 nécessaire pour la combustion complète de la matière organique, c'est-à-dire, en d’autres termes, pour sa transformation en acide carbonique et eau. Après quon a retiré, à l’aide d’un fil de cuivre terminé en crochet, les nacelles du tube à combustion, celui-ci se trouve tout disposé pour une nouvelle analyse. Parmi les analyses assez nombreuses que j'ai exécutées de cette manière, j'en choisis une couple dont je ferai connaître les résul- tats, tant pour donner une idée du degré d'exactitude auquel le procédé permet d'atteindre, que pour montrer la marche à suivre dans le calcul de l'analyse. 1°. On a pris 0,452 gr. d'acide oxalique sec et 1,256 gr. d'iodate d'argent sec. On a obtenu: i Acide carbonique. . . 0,443, par conséquent & ..0,1208 et 9 ..0,3222 A 0,090, par conséquent H..0,010 et 9 ..0,080 L'eau obtenue en second lieu s'élevait à 0,1495, d’où 8 ..0,138. Comme nous l'avons dit précédemment, la quantité d'oxygène de l'iodate d'argent avait été trouvée, en moyenne, de 16,92 p.c.; les 1,256 gr. employés ont donc fourni 0,2125 G. D'après cela, il est facile de calculer la quantité d'oxygène contenue dans l'acide oxalique analysé: Q contenu dans € G2...... 0,3222 ed HR TO nus 0,0800 ri HO 0,1330 __ 0,5352 dont il faut retrancher 6 de Ag1O....... 0,2125 Reste pour @ de l'acide oxalique..... 7 NO SET On déduit de là pour la composition centésimale de l'acide oxalique : Trouvé. Calcule. Ci. 26,173 26,66 Fu Le 2,21 2,23 Das TS tai 100,33 100,00. 186 E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. 2. On à pris 0,493 gr. d'acide urique see, et 4,195 gr. d’iodate d'argent sec devant fournir 0,6979 gr. d'oxygène. On a obtenu: Acide carbonique. 0,643, par conséquent €... 0,1754 et 0... 0,4676 An Ar ns) 0,107, par conséquent H...0,0119 et 9...0,0951 L'eau obtenue en second lieu s'élevait à 0,309, d’où a...0,2747. D'après cela, l'oxygène de l’acide urique s'établit de la manière suivante : 9 contenu dans 6 0,...... 0,4676 9 ” CAN EN RONA 0,0951 9 2 CAR à DE 0,2747 _ 0,8374 dont il faut retrancher Q de Ag 10,...... 0,6979 9 de l'acide urique.. lue 013008 La composition centésimale devient : Trouvé. Calculé. ANA 30,58 3), 11 es 2,41 2,38 Nine 33,33 RAA 28,30 28,58 $ 2. Dosage simullané du carbone, de l'hydrogène, de l'oxygène et de l'azote. Veut-on déterminer tous les éléments dans une seule et même portion de matière !)}, ce que la faible quantité qu'on à à sa disposition peut rendre nécessaire, il est possible d'y parvenir en conservant la même méthode d'analyse, qu'on modifie seulement de manière à pouvoir doser l’azote en même temps. Je propose pour cela l’ancien procédé de Gay-Lussac pour le dosage de 1) Il va sans dire que lorsque la substance renferme des matières inorga- niques (cendres), on peut en trouver le poids en pesant la nacelle après l’ex- périence. | E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. 187 l'azote, procédé qui donne réellement encore les meilleurs résul- tats, lorsqu'on y apporte les corrections nécessaires, telles que je les ai indiquées il y a environ dix-huit ans !). Seulement, je me sers aujourd'hui, pour faire ce dosage, d’un appareil beaucoup plus simple, que je crois devoir décrire ici en raison des avantages nombreux qu'il présente: il convient parfaitement pour toutes les analyses de gaz; il rend certaines corrections superflues ; il peut être disposé facilement dans un vase cylindrique en verre, rempli d’eau, ce qui permet de régler, à volonté, la température du gaz et du mercure; enfin il n’exige qu’une quantité minimum de mercure, et n'expose à aucune perte de ce métal. Deux tubes M et N (fig. II), de même diamètre, rétrécis aux deux extrémités, et dont l’un, M, est divisé en centimètres cubes ? ), sont reliés l’un à l’autre par nn tube solide de caoutchouc *). Le tube M, le baromètre à siphon O00, le thermomètre TT et la lame de verre à glaces QQ, sur laquelle est tracée une divi- sion en millimètres, sont fixés sur une planche convenablement entaillée. Le tube N, au contraire, est librement suspendu à un cordon solide de soie qui, après avoir passé sur une poulie $, va s’enrouler plus loin sur une bobine pourvue d’un arrêt; on est ainsi le maître de régler, à distance, la hauteur du tube N. Les lectures se font à distance, à l’aide d’une lunette ou d’un cathétomètre. L'appareil étant ouvert des deux côtés, on verse du mercure dans le tube N jusqu'à ce que les deux tubes M et N soient à moitié remplis. En relevant le tube N, on peut faire monter le mercure dans M jusqu'à son extrémité supérieure; et, réciproque- :) Scheikundige onderzoekingen gedaan in het Laboratorium der Utrechtsche Hoogeschoo!, Tome IV, page 334. 2) Il peut aussi porter une échelle linéaire divisée en millimètres ; on dresse alors un tableau des capacités correspondant à chaque intervalle des divisions, capacités déterminées par des pesées de mercure. *) Les tubes de caoutchoïc employés par la Compagnie des Eaux des dunes, sont garnis d’une couple de couches d’un tissu de lin et résistent à une pression de plusieurs atmosphères. 188 E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. ment, on peut entièrement vider ce tube de mercure, en laissant descendre N; de sorte que, si l’on désire nettoyer le tube M, on n'a qu'à appliquer une pince au-dessous de 3, pour pouvoir déta- cher M du reste de l'appareil, qui contient alors tout le mercure. Pendant que le tube M se trouve entièrement rempli de mer- cure, on le relie, au moven du tube en caoutchouc SS 1}, à l'appareil fig. I; toutes les manipulations, jusqu'à l'instant où la combustion de la matière allait commencer, ont été exécutées préalablement, et le courant d'azote continue à traverser l’appa- reil. Dès que le niveau du mercure dans le tube M à atteint les divisions du tube, on ferme l’appareil, derrière le tube à com- bustion, en appliquant une pince au point b; on laisse descendre le tube de verre N jusqu'à ce que le mercure s’y trouve environ 200 millim. plus bas que dans le tube M; ensuite on éteint toutes les lampes et on laisse refroidir l'appareil entier, ce qui permet de juger, en même temps, si toutes les jonctions ferment hermétiquement. Durant ces différentes manoeuvres, et de même pendant qu’on effectue les lectures, l'appareil à potasse doit être placé horizontalement; il offre alors un libre passage au gaz, tandis que, dans sa position oblique, la communication est inter- ceptée, aux points x et m, par la solution alcaline; le tube montant vu est rempli de chlorure de calcium, et le second tube rr, de fragments de potasse caustique. Lorsque le refroidissement est complet, on détermine la hau- teur que le mercure oceupe dans le tube M, tant par rapport à la propre division du tube que relativement à l'échelle en verre juxtaposée ; on note aussi, sur cette dernière échelle, le niveau du mercure dans le tube N et dans les deux branches du baro- mètre; enfin, on prend la hauteur du thermomètre. On remet ensuite le mercure à peu près au même niveau dans 1) Je ferai remarquer ici que j’introduis toujours dans les tubes de caout- chouc des tubes de verre qui s’y adaptent exactement, et qui possèdent les courbures que la forme de lappareil exige; non seulement on évite par là l'occlusion des caoutchoucs par la compression, mais cette disposition présente, A en outre, dans les déterminations volumétriques, un avantage facile à saisir. E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. 189 les tubes M et N; on attend une demi-heure, puis on procède à une seconde lecture des différentes données que nous venons d’énumérer. La formule !) V a Fe F: (pb! FT kr) (b + k) — (b! — k) donne alors, d’une manière fort simple, le volume total du gaz contenu dans l'appareil, volume auquel il ne s’agit plus que d'appliquer les corrections pour la température et la hauteur barométrique. La combustion de la matière à analyser se fait maintenant de la manière ordinaire, sauf que l'azote ne circule pas dans l'appa- reil, la pince b restant serrée. Pour le moment, on ne chauffe pas encore l'iodate d'argent. Après que la combustion est achevée, on laisse refroidir l’appa- reil pendant plusieurs heures, puis on fait de nouveau les lectu- res spécifiées plus haut. La différence des volumes trouvés avant et après la combustion, et auxquels on a fait les corrections barométrique et thermométrique, donne le volume, et par suite le poids en centièmes, de l'azote contenu dans la substance examinée. On détache maintenant l'appareil en xx, et on desserre la pince b. On chauffe successivement le cuivre, la porcelaine et l'oxyde de cuivre, au milieu d'un faible courant d’azote; ensuite on chauffe lentement l’iodate d'argent, et on achève l'expérience comme il a été dit précédemment. En opérant ainsi, on peut doser, dans une seule expérience, 1) Dans cette formule, T représente la différence, exprimée en centimètres cubes, entre les deux volumes notés successivement sur le tube M. b', hauteur du baromètre lors de a première lecture; &, Id. à la seconde lecture. k!, différence de niveau du mercure dans les deux tubes M et N, lors de la première observation; #, même différence, dans la seconde observation ; cette dernière peut, naturellement, être positive, négative ou nulle. Il n’y a pas, ici, de correction à faire pour la tension de la vapeur d’eau, le gaz ayant été desséche et la tension produite par la solution de potasse pou- vant être négligée. 190 E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. tous les principes constituants d’une matière organique; toutefois, lorsqu'on n'y est pas forcé, il vaut mieux ne déterminer, dans une première analyse, que le carbone, l'hydrogène et l'oxygène, et faire une opération distincte pour le dosage de l'azote. $ 3. Dessiccation des mañeres. Pour dessécher la substance à analyser et l’iodate d'argent, dans les nacelles mêmes qui servent à les peser et à les intro- duire dans le tube à combustion, j'ai construit un appareil simple (fig. III), qui permet d'exposer plusieurs nacelles à la fois, à une température déterminée, dans un courant d'air sec. Dans une cuvette en cuivre À, fixée à un support vertical, se trouvent mastiqués trois tubes de verre. Deux de ces tubes sont ouverts aux deux bouts: le troisième, celui du milieu, est en forme de y et ses trois extrémités sont ouvertes; la branche verticale de ce tube renferme un petit thermomètre, qui y est adapté, au moyen d’un bouchon, de manière que son réservoir descende dans la branche horizontale ; ‘il est soumis, par consé- quent, à la même température que les nacelles, qu'on introduit dans les tubes, où elles peuvent être déplacées au moyen d'une baguette de verre. Les trois tubes sont reliés à une de leurs extrémités, par des tuyaux en caoutchouc, à un appareil B rempli de chaux vive et de chlorure de calcium; à l’aide des robinets en cuivre qui sur- montent cet appareil, on peut régler, à volonté, le passage de l'air. Les trois autres extrémités sont mises en communication, de la même manière, avec un petit flacon ©, contenant de l’acide sulfurique dans lequel plongent les extrémités inférieures des tubes; par là on est averti de la rapidité du courant d'air aspiré. Le flacon, à son tour, est joint, au moyen d’un tuyau de caout- chouc garni d’une pince, avec un aspirateur sur lequel nous revien- drons plus loin. On remplit l'étuve avec de la paraffine, matière qui devient limpide comme de l’eau lorsqu'elle est fondue, de E. H. VON BAUMIAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. 191 sorte qu'on est à même d'observer tous les changements de cou- leur que la substance pourrait éprouver pendant la dessiccation. Cet appareil, dans lequel plusieurs nacelles peuvent être séchées en même temps, est très commode dans l'usage, se laisse nettoyer sans peine, et n’est pas sujet à se briser facilement. Je puis également recommander les pinces dont je me sers habituellement, et que la figure VI représente en grandeur natu- relle ; elles permettent de régler un courant d'air avec la dernière précision, et la mobilité de leur traverse inférieure leur donne, sur d’autres instruments analogues, cet avantage qu'on n'est pas obligé, pour les appliquer, de défaire des jonctions déjà établies dans l'appareil. Bien qu'un aspirateur quelconque puisse être utilisé pour mon appareil de dessiccation (par exemple l'aspirateur à rotation que j'ai décrit ailleurs !) }, je crois pourtant devoir faire connaître ici un appareil très simple, à la fois aspirateur et perspirateur, qui est extrêmement convenable pour les laboratoires qui possè- dent une conduite d'eau. J'ai déjà fait usage de cet appareil, — dont, au reste, le principe n'est pas nouveau et ne m'appartient en aucune façon, — pendant environ huit ans, dans le labora- toire d'Amsterdam; en arrangeant mon laboratoire particulier à Harlem, je l'ai disposé de la manière suivante: Au troisième étage, à environ treize mètres au-dessus du sol du laboratoire, est établi un entonnoir de verre (fig. V), auquel sont adaptés, au moyen d’un bouchon de caoutchouc, deux tubes en composition; l'un de ces tubes, b, qui amène l'eau dans l'inté- rieur de l'entonnoir, sy recourbe de manière à imprimer à la veine liquide un mouvement heliçoïde; l'autre tube, aa, tube d'aspiration, débouche tout en haut de l’entonnoir. Par sa partie inférieure, l'entonnoir s'adapte à un tube en composition c, d'un diamètre trois fois plus grand que celui du tube adducteur de l'eau ; ce tube descend dans le laboratoire , où il pénètre jusqu'au fond d'une grosse dame-jeanne {fig.IV); son extrémité inférieure est coupée 1) Ann. der Chem. u. Pharm. T. XI, page 19. 192 E. H. VON BAUMHAUER. SUR L'ANALYSE ORGANIQUE. obliquement. Les deux autres tubes, a et b, s'introduisent égale- ment dans le laboratoire, de sorte qu'on peut, sans se déplacer, faire couler l’eau dans l'entonnoir et régler, au moyen de la pince m, l'aspiration de l'air. Le col de la dame-jeanne est hermétiquement fermé par un bouchon en caoutchouc qui livre passage à trois tubes: 1° le tube c, dont il a déjà été question. 2° le tube dd, par lequel l'eau est entraînée hors de la dame- jeanne; il est recourbé en U et forme un siphon haut d'environ trois mètres. 3° le tube perspirateur ee, en communication avec un tube en caoutchouc qui porte une pince p, destinée à régler l'accès de l'air. On comprend aisément de quelle manière l’appareil fonctionne : l'eau qui se décharge dans l'entonnoir par le tube b, devant occuper ensuite le tube beaucoup plus large c, entraîne une grande quantité d'air qui, arrivé dans la dame-jeanne, s'y trouve isolé par une couche d’eau et soumis à la pression qu’exerce sur lui la colonne d’eau du siphon, haute d'environ trois mètres. Il est clair que lorsque la pince p reste ouverte largement, et pendant longtemps, l'eau doit finir par remplir entièrement la dame-jeanne ; il faut donc fermer de temps en temps la pince p: la dame-jeanne se videra alors, complétement, en peu d’instants. C'est au moyen de l'aspiration de cet appareil que se font toutes les dessiccations dans mon laboratoire, tandis que le per- spirateur est utilisé pour souffler le verre et porter des creusets de platine à une vive incandescence, à l’aide d’une simple lampe à gaz représentée en D. ARCHIVES NÉERLANDAISES Sciences exactes et naturelles, qe re SUR LA DÉTERMINATION ABSOLUE DE L’ERREUR PERSONNELLE DANS LES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES ; PAR F. KAISER. Extrait des: Verslagen en Mededeelingen der Koninklijke Akademie van Wetenschappen 1863, T. 15 p. 173—220. On a cru pendant quelque temps qu'il serait possible d’an- nuler complétement l'erreur personnelle, ou au moins de la rendre égale pour tous les observateurs, en éliminant l’action simultanée de la vue et de l'ouïe dans l'observation des phéno- mènes, soit par l'emploi d’un compteur, soit en faisant usage de l’enregistreur électrique, soit par quelque autre artifice approprié. Mais l'expérience n’a pas tardé à prouver qu'aucun de ces moyens ne possédait l'efficacité qu’on leur avait attribuée : les observations astro- nomiques restaient entachées d’une équation personnelle variable qui, pour être en général plus faible que dans les procédés an- ciens, n'en conservait pas moins une valeur qu’il était impossible de négliger. Il est, sans doute, facile de trouver la correction rendue nécessaire par l'inégalité des erreurs personnelles de dif- férents observateurs, lorsque ces observateurs peuvent comparer directement les résultats qu’ils obtiennent, mais, l’éloignement mettant souvent obstacle à cette comparaison directe, et l'erreur d’un même astronome pouvant d’ailleurs changer avec le temps et les circonstances, il y aurait grand avantage à pouvoir déter- miner, à chaque instant, la valeur absolue de l'équation per- ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. I. 15 194 F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. sonnelle. On à pensé souvent que, par sa nature même, l'erreur en question n'était pas susceptible d’une détermination absolue. M. Kaiser n'a pas partagé cette manière de voir et, dans le présent mémoire, il fait connaître un moyen simple d'arriver au but, moyen auquel il avait déjà fait allusion, en 1852, à la fin d'une note sur l'application du principe des verniers à la mesure du temps dans l'observation de phénomènes instantanés !. La méthode imaginée par M. Kaiser repose, en effet, sur l'emploi du même appareil qui, depuis plusieurs années, sert, avec beaucoup de suecès, à observer les phénomènes subits, à l’'obervatoire de Leyde, aux Directions de la Marine, et dans les travaux géodésiques exécutés aux Indes Orientales. On fait usage en astronomie d’une espèce d’horloge dont le pen- dule accomplit chacune de ses oscillations en une demi-seconde. Après chaque oscillation double, un petit marteau retombe sur un timbre; l’appareil bat donc les secondes entières, ce qui lui fait donner le nom de compteur à secondes. En allongeant ou raccourcissant le pendule, on peut aussi obtenir des intervalles de temps qui diffèrent légèrement d’une seconde, tels, par ex- emple, que l'instrument frappe 51 ou 49 coups dans l’espace de 50 secondes. Le temps écoulé entre deux battements consécutifs ne différera alors d’une seconde que de la fraction 05,02, et si le compteur se trouve suspendu à côté d’une pendule astrono- mique ordinaire, la coïncidence des battements des deux horlo- ges se reproduira périodiquement au bout de 50 secondes. Les battements du compteur seront distribués, dans ce cas, entre ceux de la pendule, tout comme les divisions d’un vernier entre celles de l’échelle principale; ils pourront être employés comme une espèce de vernier pour le temps, et cela avec beaucoup de précision, l’ouïe percevant déjà très distinctement la non-coïnei- dence des battements de deux horloges, lorsque l'écart ne s'élève qu'à une couple de centièmes d’une seconde. À laide d’une petite tige transversale on maintient le pendule dans la position 1 Tijdschrift voor de Wis- en Natuurkundige Wetenschappen, &, T. V, p. 9. F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. 195 oblique qui correspond à la chute du marteau. Au moment où le phénomène à noter se manifeste, on retire la petite tige, et le pendule aura achevé exactement une double oscillation lors- qu'on entendra le premier choc du marteau sur le timbre. On compte les chocs qui se produisent jusqu’à l'instant où l’un d'eux coïncide avec un des battements de l'horloge principale. On mar- que l'heure, la minute et la seconde qu'indique l’horloge à cet instant; on en retranche le nombre des chocs comptés, réduit en secondes et fractions de secondes, et l’on aura déterminé aïnsi, à une couple de centièmes de seconde près, le moment précis où le pendule du compteur a été abandonné à lui-même. Dans l'application de ce principe si simple, on se heurte à une difficulté que M. Kaiser est parvenu à surmonter, grâce à un expédient particulier. Lorsque, en effet, on veut se servir du compteur à secondes comme d’un vernier pour le temps, il est, avant tout, indispensable, ou bien que le pendule accomplisse exactement une double oscillation entre l'instant où il est mis en mouvement et celui où le premier coup se fait entendre, ou bien que l’on puisse apprécier, sans peine et avec un grand degré de précision, la durée écoulée entre ces deux instants. Soit AB (fig. 1) l’arc que décrit l'extrémité du pendule lorsque le comp- teur est déjà en marche depuis un temps suffisant; cet are repré- sentera l'amplitude du pendule, amplitude qui dépend de l’échap- pement, de la force du moteur qui anime l’appareil et des résistances que ce moteur a à vaincre. Le pendule se meut le long de l’arc AB, alternativement de gauche à droite et de droite à gauche. Pour distinguer ces deux mouvements, représentons le premier par l’are CD et le second par l'arc EF. Soit LI la ver- ticale qui passe par le point de suspension du pendule: cette ligne partagera l'arc AB en deux parties égales. Lorsque le pen- dule, dans son mouvement de gauche à droite, arrive en un certain point G, une dent de la roue d’échappement vient s’ap- puyer contre l’ancre. Pendant que le pendule revient de droite à gauche, il passe par un second point H au moment où une autre dent de la même roue rencontre l’anere à son tour. Le choc des 13% 196 F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. dents de la roue d'échappement contre l’ancre, est ce qui pro- duit les battements de la pendule astronomique ordinaire, dont le pendule accomplit chaque oscillation en une seconde. Dans le compteur à secondes, le son est renforcé, par la chute d’un mar- teau sur un timbre, lorsque le pendule passe par un des deux points indiqués, savoir par le point H. Le marteau frappe les secondes entières, tandis que le compteur fait entendre un bat- tement à chaque demi-seconde quand on enlève le marteau. Si les points G et H sont situés à distance égale de la verticale du point de suspension du pendule, les intervalles de temps entre chaque coup et celui qui le précède et le suit immédiate- ment seront égaux, car durant ces intervalles le pendule par- courra, dans ce cas, des chemins de même longeur, savoir GDBEH et HFACG. Si, au contraire, les points G et H sont inégalement éloignés de la verticale, les deux durées limitées par trois coups consécutifs seront inégales, bien que, au troisième coup, le pendule aura accompli, chaque fois, une double oscil- lation. Une pareille inégalité ne pourrait être tolérée dans une pendule astronomique ordinaire; mais, pour le compteur à se- condes elle est indifférente, cet appareil ne donnant son signal propre qu'après chaque double oscillation du pendule. Il est facile de déterminer avec exactitude le point H occupé par le pendule au moment de la chute du marteau. Si l’on aban- donne le pendule à partir de ce point, il y reviendra après une double oscillation; la durée écoulée entre l’origine du mouvement et le premier coup frappé, correspondra done exactement à une double oscillation du pendule. Ce serait là la manière la plus simple d'employer le compteur à secondes comme vernier pour le temps; mais il y a un motif spécial qui interdit absolument de faire partir le pendule du point H. Ce point, en effet, est toujours beaucoup plus rapproché de la verticale que chacun des points À et B, limites extrêmes des excursions du pendule. L’am- plitude AB est déterminée, et s'établit d'elle-même lorsque l’appa- reil fonctionne depuis quelque temps. Si l’on abandonne le pen- dule en un point situé plus haut que A, les oscillations décroissent F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. 197 peu à peu. Si on le laisse tomber d’un point inférieur à A, les oscillations gagnent successivement en étendue. Dans un cas comme dans l’autre, au bout d'un certain temps, le pendule parcourra exactement l'arc AB: mais avant d'en arriver là, l’horloge accé- lérera ou retardera son mouvement d'une manière très appréciable. Or, comme ou doit faire usage de ses indications précisément pendant les premières secondes qui suivent l'instant où le pendule s'est mis en marche, il est clair que celui-ci ne doit partir d'aucun autre point que du point À. L'origine du mouvement du pendule correspondant alors à son plus grand écart, l'étendue des oscil- lations ne subira aucune modification et l'horloge conservera la marche quelle aura prise initialement. Le temps qui s'écoule entre le moment où le pendule est aban- donné à lui-même et le premier coup frappé sur le timbre, serait tout à fait indifférent, si l'on était certain de pouvoir le détermi- ner, aisément, à un centième de seconde près. Une pareille dé- termination offrirait de grandes difficultés pour une position ar- bitraire du point H; mais il existe une certaine position pour laquelle cette détermination devient extrêmement simple. En inclinant plus ou moins l'horloge, on peut déplacer les points H et G par rapport à la verticale, et l'on n’éprouve aucune peine à faire tomber exactement le point H dans la verticale même. La seule inspection de la fig. 2 montre immédiatement que, dans ce eas, la durée qui sépare la mise en mouvement du pendule et le premier choc du marteau, est précisément les trois quarts du temps d’une oscillation double. Il est facile de fixer assez exactement le pendule et l'horloge par rapport aux points A etH, pour qu'on nait pas à craindre une erreur d'un centième de se- conde. Telle est la méthode suivie aujourd’hui, à l’observatoire de Leyde, dans l'emploi du compteur à secondes comme vernier pour le temps. Lorsqu'on à déterminé exactement le temps que le pendule du compteur à secondes met à exécuter chaque oscillation, on est en mesure, au moyen de cet appareil, d'observer l'instant d’un phénomène avec le degré de précision qu'on peut apporter à tirer 198 F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. une corde au même moment, ou a presser un levier; par consé- quent, avec un degré au moins égal à celui que l’enregistreur permet d'obtenir. Le pendule peut être maintenu, dans la posi- tion oblique convenable, à l’aide d’un électro-aimant. Supposons maintenant qu'on soit en possession d'un appareil imitant exac- tement l’un ou l’autre phénomène céleste, et tellement disposé que le courant qui retient le pendule soit interrompu au moment même où le phénomène apparaît; on pourra alors, par le se- cours du compteur à secondes, déterminer ce moment avec un haut degré de précision. Si le même phénomène est, en outre, observé à une certaine distance, par les procédés ordinaires, la différence entre le résultat ainsi obtenu et le résultat, connu d'avance, qu'on aurait dû obtenir, représente l'erreur personnelle de l'observateur. Faisons connaître, d’abord, le disposition donnée, par M. Kaïser aidé de son fils, au compteur à secondes. La fig. 3 représente ce compteur avec ses accessoires, tel qu'il apparâit, suspendu au mur, lorsqu'on enlève la porte de sa caisse en bois. L’horloge peut tourner, en A, autour d’un axe horizontal. Elle repose d'un côté sur cet axe, et de l’autre, en B, par l’intermédiaire d’une vis, sur un tasseau en bois, re- couvert de cuivre et fixé à la paroi postérieure de la caisse. En faisant tourner cette vis, on peut donner à l’horloge l’inclinaison convenable. CD est la tige transversale qui doit maintenir le pendule dans sa position oblique; elle est unie à charnière avec le ressort en acier DE, dont l’autre extrémité est vissée sur la paroi latérale de la caisse. La vis F, dont l’écrou traverse cette même paroi, presse contre l'extrémité inférieure du ressort et sert à amener le pendule dans la position précise qu'il doit occuper. On commence par placer l'horloge de manière que le point H de la fig. 1 reste un peu à gauche de la verticale, et on laisse pendre librement le pendule en repos. On tourne alors lentement la vis B, jusqu'à ce que le marteau tombe sur le timbre. En laissant l'horloge dans cette position, le marteau viendra choquer le timbre chaque fois que le pendule, dans son mouvement de gauche à droite, passera par la verticale. Pour régler la vis F, F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. 199 4 on laisse marcher l'horloge pendant dix à quinze minutes, pour que les oscillations du pendule acquièrent l'amplitude normale. À l'aide d’un coin en bois, placé sous la tige CD, on amène l'extrémité C à une hauteur telle que la pointe du pendule la rase de très près. On examine alors, avec une loupe, si, dans le plus grand écart du pendule, sa pointe correspond avec l’ex- trémité de la tige. Si cette condition n’est pas remplie, on la réalise en tournant la vis F, ce qui donne à la tige CD sa po- sition convenable. Du côté de cette tige, la pointe du pendule a été aplanie à la lime, pour qu'elle puisse y rester appuyée et n’éprouve qu'un frottement insensible lorsqu'on retire la tige. Vu l'étendue des oscillations du pendule, il est facile de régler les vis B et F avec assez de précision pour qu’on n'ait pas à crain- dre une erreur dépassant un centième de seconde. La valeur des oscillations du pendule peut être déterminée avec autant d’exac- titude qu'on en désire. Pour y parvenir, on attend qu'un des coups du compteur vienne à coïncider avec un des battements de la pendule dans le voisinage de laquelle il a été suspendu. En comptant, à partir de cet instant et jusqu'à la coïncidence im- médiatement suivante, les secondes de la pendule et les coups du compteur, on a tous les éléments nécessaires. On atteint, toutefois, une exactitude beaucoup plus grande en prenant, au lieu de la première nouvelle coïncidenee, la dixième ou la dou- zième. On à alors deux nombres assez grands, pour exprimer le rapport entre une seconde et l'intervalle qui sépare deux batte- ments consécutifs du compteur. Il sera bon de dresser une petite table des valeurs des différents multiples de cet intervalle, en secondes et fractions de seconde. En retranchant de chacun des nombres ainsi obtenus, le quart de l'intervalle en question, on aura tenu compte de ce que les trois quarts seulement de la durée d’une double oscillation sont écoulés au moment où le pre- mier coup se fait entendre. En observant un certain nombre de coïncidences successives entre les battements des deux horloges, on pourra apprécier la régularité de la marche du compteur à secondes, lequel doit permettre d'évaluer une durée d’une minute à une couple de centièmes de seconde près. 200 F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. s Dans les compteurs à secondes uniquement destinés à l’obser- vation des phénomènes instantanés, la chute de la tige CD s'opère simplement en tirant à une corde qui passe sur une poulie. Lors- que l'appareil doit servir à la détermination des erreurs person- nelles, il est mis en jeu par l'interruption d’un courant galvani- que. À l’intérieur d’un cylindre creux en fer doux G, se trouve un autre cylindre plein, également en fer doux; celui-ci est entouré d’un grand nombre de circonvolutions d’un fil de cuivre: mince, recouvert de soie, et dont les extrémités sont soudées à des fils épais qui traversent la paroi latérale de la caisse. Le passage du courant à travers le fil transforme les deux cylindres en aimants à pôles opposés. L’ancre est formée par le disque en fer doux H; son mouvement est guidé par un fil de cuivre IK, qui traverse deux anneaux fixes et porte, à son extrémité infé- rieure , la tige transversale CD. Deux écrous, placés l’un au-des- sus, l’autre au-dessous de cette tige, servent à donner au fil de cuivre la longueur convenable. Quand le courant est fermé, l'ancre adhère au cylindre et retient la tige CD; dès qu'on ouvre le circuit, l’ancre et la tige retombent par leur propre poids et l'horloge se met en marche. La fig. 4 donne une vue perspective de l'appareil qui doit servir à imiter les phénomènes célestes, et à mettre en mouve- hi ment, à l'instant précis de chaque phénomène, le pendule du compteur à secondes. Perpendiculairement à une planche hori- zontale AB, se trouve fixé un cadre en bois CD, dont la face extérieure est travaillée en cylindre à génératrice normale à la planche. Un écran en carton est cloué contre cette face extérieure et prend ainsi la forme d’une portion de cylindre; la partie centrale de l'écran est découpée en ouverture circulaire. Un papier huilé est collé sur la face intérieure de l'écran, et est traversé, en son milieu, par une ligne noire, verticale. L'image déliée et mobile d'une lumière arrondie, projetée sur le papier huilé, offrira, vue du dehors et à une certaine distance, l’apparence d’une étoile, tandis que le mouvement de ce point lumineux par rapport à la ligne noire figurera le passage de l’astre derrière un fil tendu F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. 201 \ dans le champ d’une lunette. Pour obtenir ce point lumineux mobile, on a vissé, à l’autre bout de la planche AB, un méca- nisme d’horlogerie à régulateur à palettes; un mécanisme d’une construction assez imparfaite est suffisant pour cet objet. Sur l'extrémité carrée de l’axe de la fusée, servant à remonter l’ap- pareil, se trouve vissée une clef en fer, à laquelle est adaptée la tige de bois horizontale EFG, qui se voit ainsi entraînée dans le mouvement de rotation de la fusée. Cette tige porte, à son extrémité G, une petite lampe, devant laquelle se trouve un écran en cuivre percé d’une petite ouverture circulaire. À l’autre extrémité E, la tige porte un écran en carton, avec une ouver- ture arrondie dans laquelle est fixée une petite lentille de verre. L'écran de carton cloué sur la face extérieure du cadre CD, a son centre de courbure dans le point F autour duquel tourne la tige EG. La lentille en E et l'écran placé devant la lampe sont tellement disposés que, lorsque l'ouverture de l'écran est éclairée par la flamme de la lampe, une petite image se dessine sur le papier huilé tendu sur l’écran CD. Elle s’y montre comme un point lumineux bien net, et l'observation de son mouvement par rapport à la ligne noire du papier pourra se faire, soit à l'oeil nu soit à l’aide d’une lunette, exactement comme celle d’un passage astronomique ordinaire. | Reste maintenant à faire en sorte qu'un courant galvanique s’interrompe juste à l'instant où le point lumineux arrive en coïncidence avec la ligne noire. A cet effet, on a disposé sur la planche AB un petit levier à baseule H, en cuivre. Un des bras de ce levier est vertical, l’autre horizontal. Un petits poids, mo- bile le long du bras horizontal, l’appuye, avec une force déter- minée, contre un petit butoir en cuivre situé au-dessous. Ce butoir est recouvert, en-dessus, de platine; la partie saillante que le bras horizontal porte inférieurement, et par laquelle il repose sur le butoir, est garnie du même mètal. Le petit sup- port, en cuivre, du levrier coudé est en communication avec un des fils conducteurs, le butoir avec l’autre. Le courant galvanique traverse donc le levier et le butoir, mais il est interrompu subi- 202 F. KAISER. DE L' ERREUR PERSONNELLE. tement aussitôt que, le levier étant soulevé tant soit peu, le contact cesse entre le bras horizontal et le butoir. A la face inférieure de la tige EG est fixée, à vis, une petite lame d'acier I qui, à chaque révolution de cette tige, doit soulever un peu le levier en heurtant son bras vertical. Il suffit que la lame d'acier vienne toucher le bras vertical juste au moment ou le point lumineux traverse la ligne noire, pour que, exactement en ce même moment, le courant soit interrompu et le pendule du compteur à secondes abandonné à lui-même. Pour obtenir cette simultanéité avec une précision d’un à deux centièmes de seconde, on à permis au levier coudé H de glisser sur la planche AB, dans une direction perpendiculaire à la ligne: tirée, de ce point, vers le centre autour duquel se meut la tige EG. Pour cela, le levier est fixé, avec interposition de bois, sur une plaque de cuivre qui glisse entre des rainures et qu'on peut déplacer et arrêter solidement dans la position voulue, au moyen de deux vis opposées. La tige EG recoit, du mécanisme d'horlogerie, un mouvement qui, observé du centre, est dirigé de droite à gauche. En faisant tourner les palettes à la main, il est facile d'amener la tige dans la position où le point lumineux coïncide parfaitement avec la ligne tracée sur l'écran de papier. Supposons qu'on l'ait disposée de cette manière et que, préala- blement, on ait déplacé un peu vers la gauche le levier coudé, afin qu'il ne soit pas soulevé par la lame d’acier et que le cou- rant ne subissse pas d'interruption. Le pendule du compteur à secondes étant retenu dans sa position oblique par la petite tige transversale, on fait tourner, à l’aide d’une clef appropriée, la vis qui rapproche lentement le levier coudé de la lame d'acier. On sera averti du moment où le levier et la lame seront arrivés au contact, par le bruit de la chute des parties du compteur à secondes qui retenaient le pendule. En arrêtant alors, au moyen de la vis opposée, le levier dans cette position, on aura la certitude qu'il sera soulevé chaque fois que le point lumineux tombera sur la ligne noire. Il est facile de mettre assez de pré- eision dans cette manoeuvre, pour qu'on n’ait pas à craindre une F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. 203 erreur d’une couple de centièmes de seconde. La lame d'acier ne se trouvant que de très peu plus basse que l'extrémité supérieure du bras vertical du levier, le levier n’est soulevé que d’une très faible quantité; pendant que la lame passe au-dessus de lui, il glisse le long de sa surface sans exercer un frottement appré- ciable. On remonte le mouvement d’horlogerie en faisant tourner, de gauche à droite, la tige FG; elle doit alors éprouver une légère flexion vers le haut chaque fois qu'elle passe sur le levier ; mais cela na aucun inconvément, l’élasticité de la tige lui ren- dant immédiatement sa forme primitive. Si l'on à soin que le cylindre de fer doux ne prenne guère plus de force magnétique qu'il n'en faut pour porter l'ancre, avec la tige transversale, le pendule tombera juste au moment où le courant est interrompu. Pour s'assurer s’il y a un intervalle appréciable entre l'interruption et la chute, on peut mettre à profit la circonstance que le défaut de coïncidence entre deux chocs se trahit déjà à l’oreille lorsque la différence ne dépasse pas deux centièmes d’une seconde. On n’a qu'à interrompre le cou- rant en frappant légèrement, avec un crayon, contre le bras vertical du levier, et à comparer le choc ainsi produit avec celui qui résulte de la chute du pendule. Lorsque l'appareil était con- venablement réglé, M. Kaiser n'a jamais pu saisir une différence quelconque entre ces deux chocs. Comme source électrique, une petite batterie de quatre éléments à sel de plomb à rendu de fort bons services. Dans l'appareil de l’observatoire de Leyde, l'écran de papier, sur lequel se dessine le point lumineux, est à une distance de six décimètres du centre de rotation de la tige EG; l’arc que le point lumineux parcourt sur l'écran appartient, par consé- quent, à une circonférence de 3,77 mètres. Les palettes du régu- lateur se laissent déplacer, de manière à éprouver, dans leur mouvement, une résistance plus ou moins forte de la part de l'air; ce qui permet de modifier notablement la marche de l’ap- pareil. Lorsqu'on lui donne toute la rapidité qu'il peut prendre, la tige EG accomplit une révolution dans la durée de 1 min. 204 F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. 36 sec. Le point lumineux parcourt alors, en une seconde de temps, un espace de 4 centim. À une distance de 5,50 m., cet espace se voit sous un angle de 25 min.; de sorte que, à cette distance et pour l'oeil non armé, le mouvement du point imite celui d’une étoile dans l'équateur observé avec une lunette gros- sissant 110 fois. À une distance de 11,00 m., les choses se pas- sant, à l'oeil nu, comme si on regardait une étoile équatoriale avec une amplification de 50 fois. Si l’on emploie, à cette même distance, une petite lunette grossissant 4 fois, le point lumineux représente le mouvement d’une étoile équatoriale amplifié 200 fois, ce qui est le grossissement le plus usité pour les lunettes méridiennes et les cereles méridiens. On peut changer, à volonté» la vitesse apparente du point lumineux, en variant la marche du mécanisme d’horlogerie, la distance à laquelle on se place pour observer, et la force des lunettes dont on se sert. Il est aisé de comprendre maintenant de quelle manière on procède pour déterminer la valeur absolue des équations person- nelles des observateurs. On place l'appareil, avec son compteur à secondes, dans le voisinage d’une pendule astronomique, et l'un des observateurs détermine l'instant précis du phénomène artificiél, en comptant le nombre des coups frappés sur le timbre jusqu'à ce que l’un d’eux coïncide avec un battement de la pen- dule. D’autres observateurs, qui peuvent être armés de lunettes, observent le phénomène à une certaine distance et en notent l'instant, d’après la méthode habituelle, sur une seconde pendule. On compare les deux pendules, par le secours d’un chronomètre, et l’on connaît alors exactement ce que chaque observateur auraït dû obtenir. La différence entre ce résultat et celui que l’observa- teur a réellement trouvé, est son erreur personnelle, en suppo- sant qu'il soit assez exercé pour avoir acquis une erreur person- nelle constante. ss La détermination de l'instant précis du phénomène peut aussi se faire à l’aide de la même pendule qui sert à noter les obser- vations. Les coups frappés par le marteau du compteur à secon- des sur le timbre, se font entendre à une grande distance, même F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. 205 lorsqu'on a mis un morceau de drap en contact avec le timbre, pour amortir ses vibrations et obtenir des coups mieux détachés. Si l’on ne veut pas être troublé par le bruit de la chute du pen- dule, on n’a qu’à placer, sous la tige transversale EF (fig. 3), un fasseau recouvert de feutre. A-t-on besoin, pour régler l’ap- pareil, d'entendre distinctement la chute de la tige, on remplace le tasseau par un autre sans garniture de fentre. L’effort assez considérable que doit faire le mécanisme d’hor- logerie, pour soulever chaque fois le marteau, exerce une influence nuisible sur la régularité de sa marche. Si l’on ramène le mar- teau en arrière, en le faisant tourner autour de son axe, il vient reposer contre une des parties fixes du mécanisme et il n’a plus aucune relation avec la roue d'échappement. On n'entend, alors, d’autres battements que ceux produits par le choc des dents de la roue contre l’ancre. Ces battements ne peuvent être distingués lun de l’autre par l'intensité du son, mais uniquement par la circonstance que leurs intervalles sont alternativement plus longs et plus courts. On ne doit tenir compte que des battements qui correspondent à la situation verticale du pendule; des observateurs exercés parviennent à distinguer très bien ces battements des autres, ce qui les dispense de faire usage du marteau; ce n’est que pour les observateurs novices qu'on laisse intervenir le mar- teau. Lorsqu'on supprime l'action du marteau, sans changer le poids qui donne la force motrice, le pendule exécute des oscil- lations plus grandes, et le compteur à secondes doit, naturelle- ment, être réglé en conséquence. L'appareil qui sert à imiter des passages d'étoiles, permet aussi de reproduire, avec la même facilité, d’autres phénomènes astro- nomiques. En plaçant, devant l’une ou l’autre moitié de l'écran en papier huilé, un écran opaque, dont le bord rectiligne tombe exactement sur la ligne du papier, le point lumineux apparaîtra ou disparaîtra subitement, aux mêmes instants où, en l’absence de l’écran opaque, il aurait traversé la ligne. On aura imité, ainsi, une occultation d'étoile, à l’émersion dans le premier cas, à l'immersion dans le second. Si l’on dispose devant le papier huilé 206 F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. un écran opaque offrant une fente étroite, le point lumineux ne se montrera que pendant l'instant très court où il passe devant la fente, ce qui reproduit le caractère essentiel des signaux obte- nus avec la poudre à canon; il sera facile de régler l'appareil de telle sorte que, le pendule tombant juste au moment où le point lumineux traverse la fente, ce moment puisse être déter- miné avec précision. En remplacant, dans l’observation de ces divers phénomènes, l’action simultanée de la vue et de l’ouïe, par l'emploi d’un second compteur à secondes selon la méthode précédemment indiquée, on obtiendrait l'erreur personnelle atta- chée aux observations faites avec l'enregistreur galvanique. L'appareil de M. Kaiser ne donne pas seulement le moyen de déterminer les équations personnelles, mais s'applique aussi, avec succès, aux exercices, trop négligés, dans l’art d'observer. Il offre, pour cette destination, le grand avantage de se laisser employer par les temps les plus défavorables, de pouvoir servir à plusieurs observateurs à la fois, et de permettre de multiplier beaucoup les observations dans le court espace d’une heure. I n’est pas nécessaire d'attendre que la tige de l’appareil revienne, par une révolution entière, vers le levier coudé; on peut la faire rétrograder dès qu'une observation est achevée, et faire naître ainsi, au bout d’un petit nombre de secondes, l’occasion d’une nouvelle observation. Les observations peuvent se succéder, de cette manière, à une minute d'intervalle. L'appareil faisant con- naître chaque fois l’erreur commise par l’observateur, son emploi convient beaucoup mieux, pour les exercices pratiques, que l’ob- servation des phénomènes célestes, d’ailleurs si fréquemment im- possible. On peut évaluer à la somme, relativement minime, de 600 francs la dépense nécessaire pour l'acquisition de l'appareil que nous venons de décrire. | Après avoir exposé sa méthode pour mesurer l'équation person- nelle, M. Kaiser consacre la seconde partie de son mémoire à faire connaître, sommairement, les résultats qu’elle lui a fournis dans plusieurs séries d'observations, dont les premières datent du F. KAISER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. 207 mois de mai 1859. Les personnes qui y ont pris part sont, outre l'auteur lui-même, MM. P. J. Kaiser, Hoek, Kam, Brouwer, van de Sande Bakhuyzen, Binkes et Hennekeler. Au nombre des observateurs du 21 mai 1899 figure aussi M. Gussew, astro- nome de Wilna, qui avait eu l’occasion, l’annèe précédente, de déterminer , au cerde méridien de l’observatoire d’Altona, la diffé- rence entre son erreur personnelle et celles des astronomes Peters et Pape. M. Kaiser avoue lui-même que des travaux d’un autre genre l’ont empêché d’éxécuter des recherches assez nombreuses et assez systématiques pour qu'on puisse en déduire des conclusions cer- taines sur la nature de l'équation personnelle. Les observations communiquées suffisent pourtant à établir que la valeur absolue de cette erreur a été déterminée, à Leyde, avec une exactitude bien supérieure à celle qu'obtiennent les observateurs les plus habiles dans la détermination de leurs erreurs relatives au cercle méridien. C’est ainsi, pour citer un exemple, qu’une série d’ob- servations à Leyde, le 21 mai 1859, et une autre à Altona, le 3 juin 1858, ont donné: Limites entre lesquelles Moyeune de Erreur probable de Noms des observateurs. variel’erreur personnelle. l'erreur personn. chaque détermination CSSenn. un, + 05,07 à —— 05,31........ OSEO) Ho 05,057 rOMEL Lie... D 0 2 D AA 1 AA ANR E AE SOLS et 0,695 Lee ENS SA UeS Or Re Re SE GS A e 0,083 Kaiser... ..... + 0,29 » — 0,11. ....... AE DD AU 0,088 Gussew-Peters...... Je 0,24 » — 0,57. ...:... — 0,089. ...... 0,175 Gussew-Pape. . ..... + 0,43 » — 0,24. ....... = 00200 0,173 Cette supériorité s'explique par la circonstance qu’en faisant usage de l'appareil on est à l’abri du trouble qu'apportent sou- vent à l'observation des astres l’impureté et l'agitation de l'air. Plusieurs séries d'observations ont été faites, à Leyde, en 1861. Il est à remarquer que les rèsultats donnés par chacune de ces séries pour l'erreur personnelle d’un même observateur, présen- tent entre eux une divergence bien plus grande que l'erreur pro- bable de chaque observation isolée. Cette divergence ressort avec L CS 208 F. KAIÏSER. DE L'ERREUR PERSONNELLE. encore plus de force des déterminations d'erreurs personnelles re- latives faites à Greenwich, et comme elles ne disparaissent pas en faisant usage de l’enregistreur, il est probable qu’il faut chercher la cause des erreurs ailleurs que dans le défaut de simultanéité d'action entre la vue et l’ouïe. IL est à remarquer que dans l'ouvrage tout récent: Sur les erreurs personnelles par M. R. Radau, Paris 1866, Gautlers- Villars, la méthode de M. Kaiïser pour la détermination absolue de l'erreur personnelle, ne se trouve même pas mentionnée. De même, lorsque, en 1861 (Cosmos de M. l'Abbé Moigno, vol. XIX, p. 603), M. Radau exprima le désir de voir publier par quelqu'un une /istoire des Astéroïdes, il semble n'avoir eu aucune connais- sance du volume, comprenant environ 800 pages gr. in 8°, qui avait paru, dès l'année 1891, chez J. C. A. Sulpke à Amster- dam, sous le titre de: Geschiedenis der ontdekkingen van Planeten, enz, door F. Kaiser. Ces deux exemples peuvent servir à montrer jusqu’ à quel point les travaux scientifiques des Néerlandais restent ignorés en France. LA SARCINE DE L’ESTOMAC; RECHERCHES SUR LA NATURE VÉGÉTALE, LA STRUCTURE ANATOMIQUE ET LES LOIS QUI PRÉSIDENT AU DÉVELOPPEMENT DE CET ORGANISME, PAR M. W. F. R. SURINGAR, Professeur à l’université de Leyde !). La sarcine à été découverte en 1842 par M. Goodsir à Edim- bourg. En examinant au microscope les matières rejetées par un malade souffrant de vomissements périodiques, il.y trouva des corpuscules d’une nature particulière, qu'il a décrits comme con- stituant une nouvelle espèce parmi les plantes inférieures. Les corpuscules, à faces rectangulaires et divisées très-régulièrement en compartiments plus petits, mais de même forme, ressemblaient assez bien à des ballots serrés par des cordes dans deux direc- tions perpendiculaires entre elles. De là le nom de Sarcina ven- triculi (ballot de l'estomac) qu'il assigna à ce parasite microsco- pique. Quand cette découverte fut connue sur le continent de l'Europe, on douta d’abord de la nature végétale de cette production. Quoiqu'on soit bien d'accord aujourd’hui sur ce point ?), en 1) Extrait de l'ouvrage: De sarcine (sercina ventriculi Goodsir); onderzoek naar de plantaardige natuur, den ligchaamsbouw en de ontwikkelingswetten van dit organisme door Dr. W. F. R. Suringar, hoogleeraar te Leiden. Leeuwar- den, G. T. N. Suringar 1865. 2) Dans une publication récente (Die pflanslichen Parasiten des menschlichen Kôrpers , 1866 $S. 97 etc.) M. Hallier, professeur à Jena, se trouve porté encore ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. I. 14 210 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. raison de sa ressemblance intime avec quelques algues d’un ordre inférieur, notamment avec quelques espèces du genre Meris- mopoedia, une cause de doute, soulevée par le célèbre Virchow et déduite de l’absence de la réaction sur la cellulose, avait per- sisté. En traitant la sarcine avec l’iode et l'acide sulfurique, on n’avait obtenu qu’une coloration jaunâtre et non pas cette coloration violette ou bleue propre à la cellulose. En répétant cette expérience, j'ai trouvé en effet que la sarcine, traitée par les réactifs de la cellulose, sans préparation antérieure , ne présente qu'une très-faible coloration bleue, à peine visible, au contour interne de la paroi des cel- lules. Il parut nécessaire, comme en beaucoup d’autres cas où la réaction de la cellulose est empêchée par la présence de matières étrangères, de traiter préalablement le tissu avec l’acide nitrique ou la potasse caustique. Un traitement avec cette dernière, continué pendant quelques heures, suffit pour rendre la sarcine accessible à la réaction sur la cellulose. Au moyen du réactif de Schultz (dissolution de chlorure de zinc, iodure de potassium et iode) et après le traitement avec l'acide nitrique, les parois des cellules prirent une teinte rougeâtre ou violette; après le traitement avec la potasse caustique elles furent nettement colo- rées en bleu presque pur et très-foncé. Il ne reste done plus de doute sur ces deux points: que le corps de la sarcine est composé de cellules, et que ces cellules sont de nature végétale. Les auteurs, qui ont admis cette composition cellulaire, mais n’ont pas, à ce qu'il paraît, distingué les parois des cellules, ne sont pas du tout d'accord entre eux sur la nature de ces parties élémentaires du tissu, sur l'absence, la présence ou le nombre des cytoblastes ete. Les limites de la cellule considérée comme simple ont été prises différemment, et l’on ne s’est pas rendu compte, en général, de cette différence d'appréciation. De là est née une à ne pas considérer la sarcine comme une plante, mais à la céder plütot aux zoôûlogistes. — Ce n’est pas cependant en objection contre les arguments développés dans ce mémoire, qu’il n’a connu que de nom. W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. Di confusion de langage, impossible à dissiper sans étudier la ter- mimologie de chacun des auteurs en particulier. La discussion et, autant que cela était possible, l’explication de ces opinions divergentes se trouve dans mon mémoire, de la page 110 à 117; et, à la fin de l'ouvrage, j'ai donné dans l’ordre chronologique, pour faciliter l'aperçu historique, la liste des mémoires, publiés sur la sarcine (au nombre de 50 environ), en citant, du con- tenu de chacun d'eux, quelque observation nouvelle, ou quelque remarque qu'il m'a paru bon de signaler. Dans la description de la structure de la sarcine et des parties élémentaires de son tissu, j'ai pris pour point de départ, afin d'éviter toute équivoque nouvelle, la description donnée dans l'ouvrage classique de M. Robin sur les parasites qui croissent sur le corps de l’homme et des animaux vivants. À l’aide d’un objectif très-fort et très-clair (le % inch de Smith & Beck) Jai trouvé que les parties décrites dans cet ouvrage, et chez la plupart des auteurs, comme cellules simples, sont en réalité des groupes composés de 4 (dans l’espace 8) cellules. On avait assigné à ces cellules une forme très-partieulière, leur attri- buant des faces quadrilobées, dont chacune était parcourue par deux sillons perpendiculaires entre eux, partant des sinus entre les lobes de cette même face, et se rencontrant au centre dans une petite cavité. Généralement on considérait la croix formée par ces sillons comme signe d’une division à venir, d’une mul- tiplication des cellules, que la plupart des auteurs se repré- sentaient comme ayant lieu au moyen des cytoblastes, par formation libre et simultanée de 4 (8) cellules-filles dans la cellule-mère. Or, les quatre lobes de la cellule ainsi construite correspondant en réalité a quatre cellules particulières, séparées l’une de l’autre par de vraies cloisons qui se teignent en bleu au moyen du réactif sur la cellulose, toutes les questions relatives à la nature et à la forme des cellules, à leur contenu, à leur division, se trou- vent reportées sur chacune des parties considérées auparavant comme compartiments d’une même cellule. 14* 212 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. Le contour de la cellule vraiment simple, formé de deux côtés par les bras de la croix décrite, et présentant un angle droit au centre, où se rencontrent les quatre cellules appartenant au même groupe, est arrondi vers l'extérieur, où la cellule fait face aux cellules de groupes voisins. Un cytoblaste central ne pour- rait plus être cherché au centre de cette croix, où, en vérité, il ne se trouve, comme Virchow l’a très-justement observé, qu’une dépression (dépression aboutissant à un petit méat intercellulaire); c'est en dedans des parties désignées auparavant comme lobes de la cellule que le cytoblaste doit se rencontrer. La croix elle- même n'étant pas signe d’une division à venir, maïs résultant d’une division tout à fait accomplie, il faut donc épier la forma- tion de nouvelles cellules dans ces mêmes lobes ou comparti- ments d'autrefois, qui se présentent maintenant comme cellules indépendantes et adultes. C’est là, en effet, que la multiplication des cellules fut observée. Elle y a lieu de la manière la plus simple et la plus générale, c’est-à-dire par division, par la formation d’une nouvelle cloison au milieu de chaque cellule. Cette division s'opère alternative- ment dans les trois directions de l’espace, et de là résulte la forme cubique, ou plutôt prismatique rectangulaire, qui est propre aux individus de la sarcine. Quelques auteurs ont décrit le corps de la sarcine comme plat, et consistant en une seule couche de cellules. Au moyen d’une légère pression latérale sur le verre mince couvre-objet, j'ai retourné un grand nombre de ces corpuscules tout en les observant sous le microscope; je n’en ai vu aucun qui appro- chât même de la forme plane. Voilà la grande différence entre la sarcine et les espèces du genre, d’ailleurs voisin, de Meris- mopoedia, et la raison pour laquelle j'ai conservé (d'accord avec Welcker) le nom de Sarcina ventriculi donné par Goodsir, de préférance à celui de Merismopoedia ventriculi proposé plus tard par Robin, et que j'ai vu adopté, non sans quelque étonnement, dans l'ouvrage récent de Rabenhorst sur les algues d’eau douce et submarine de l’Europe. Be SR D W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 215 Quant aux cytoblastes, il était évident qu'il fallait les cher- cher à l’intérieur des parties appelées noyaux dans la description de M. Robin, et qui ne sont autre chose que le contenu entier de chacune des cellules, constituant le groupe regardé générale- ment comme cellule simple. Là fnt trouvé en effet, mais non sans difficulté, un cytoblaste central, entouré à chaque face par quatre petits points opaques, dont la nature ne pouvait être déter- minée avec certitude, vu leur extrème petitesse. En général, il faut un éclairage très-favorable pour voir bien distinctement ces parties. On les voit plus clairement après le traitement de la sarcine par une solution de carmine dans la potasse diluée. Lors de la division des cellules, ces cytoblastes s’allongent d’abord, pour se diviser ensuite, en formant de cette manière un nouveau cytoblaste pour chacune des cellules nouvelles. La couleur du contenu des cellules est d’un vert brunâtre, rappelant non pas la chorophylle, mais les matières colorantes propres à beaucoup d'algues d’un ordre inférieur, et qu'on a ap- pelées phycochromes. La substance de ce contenu est tantôt trans- parente, d’autres fois plus ou moins granuleuse; il ne faut pas confondre ce contenu entier, quand :l se trouve contracté et séparé de la paroi de la cellule, au milieu de celle-ci, avec le cytoblaste, qui ne peut être observé distinctement que dans les cellules à contenu homogène non contracté. Les corpuscules de la sareine se multiplient par division, ou, pour ne pas confondre ce terme avec celui qui indique la mul- tiplication des cellules, par segmentation. Quand les corpuscules ont atteint un certain degré de composition et, relativement à cette composition, une certaine grandeur, ils se divisent en deux moitiés qui, par celà-même, deviennent deux corps distincts. Il fut trouvé que cette segmentation, qui donne lieu à une multiplica- tion en progression géométrique, se fait constamment selon le plan correspondant à la cloison cellulaire la plus ancienne du corps. Comme cause de cette segmentation régulière parut devoir être considérée la dissolution successive de la paroi des cellules- mères vieillies. Celles-ci, emboîtant les générations de cellules qui 214 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. leur succèdent, sont forcées par là de s'étendre sur une surface toujours plus grande. Après la deuxième ou troisième génération elles échappent, dans ce tissu-ci, à l’observation directe, maïs il est clair que leur substance, altérée peut-être et passée à l’état de matière intercellulaire, doit former la surface extérieure des grou- pes, et les tenir réunis, et que leur dissolution successive doit faciliter de plus en plus, et en mesure de leur âge, la séparation de ces groupes par quelque agent mécanique, tel que les mouve- ments du fluide qui contient les sarcines, etc. Cette même dissolution des mobil de. vieillies pari pouvoir rendre compte de quelques phénomènes observés dans les méats intercellulaires. Ces méats traversent le corps dans les trois directions et mettent le fluide, qui contient les sarcines, en contact immédiat avec toutes les cellules. Et cela de différents côtés, parce que en chaque point il se trouve de ces méats qui s’entrecroisent en s'étendant dans les trois directions différentes. Ils se voient partout où quatre cellules se rencontrent avec leurs angles plus où moins arrondis, et se présentent, dans leur coupe transversale, ‘sous une poéthé quadrangulaire à cotés arqués en dedans. On peut même quelquefois les distinguer au centre des petits groupes qui étaient considérés auparavant comme cellules simples, au fond de la dépression centrale qui fut déjà désignée comme telle par M. Virchow. Mais là, à peine formés, ils sont toujours très-étroits. Plus tard, quand chaque cellule du groupe se sera divisée et aura formé un nouveau groupe de quatre cellules, égal à celui dont elle fait partie maintenant, ce même méat intercellulaire se trouvera être plus grand et plus distinct, comme les méats intercellulaires qu'on voit au moment même au centre d’un groupe composé lui-même de quatre groupes, chacun de quatre cellules. Encore plus tard, quand les dernières cellules seront de nouveau changées en grou- pes de quatre cellules, le méat intercellulaire que nous considé- rons, sera encore grandi. Nous le voyons tel au point où se ren- contrent quatre groupes composés chacun de seize cellules. Voilà comment les méats intercellulaires grandissent avec l’âge. Mais il y en a d’autres qui sont inégaux entre eux dès le commen- W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 219 cement. Chaque groupe de quatre cellules se compose de deux couples de cellules, nés chacun de la division d’une des cellules appartenant à un couple primitif. Au centre du petit groupe, où les deux couples se joignent, se trouve un très petit méat intercel- lulaire qui ne grandit que plus tard; à l'extérieur, où le couple longe le couple voisin d’un autre petit groupe, on voit un méat intercellulaire beaucoup plus grand; cependant, ce dernier n’a pu naître avant que la cloison très-récente, qui se trouve au milieu de chacun de ces couples, et le divise en deux cellules, fut formée. Quelle peut être la cause de cette inégalité? La question se pré- sente sous une autre face, quand nous considérons la forme et le développement des cellules elles-mêmes, dont doit dépendre la forme et le développement des méats intercellulaires. Le couple de cellules consideré ci-dessus, naît d’une seule cellule, alors plus ou moins oblongue ou elliptique. La nouvelle cloison se forme perpendiculairement à l'axe le plus grand de l’ellipse, et au milieu ; donc, sa place est indiquée par le petit axe. Les extré- mités de cet axe sont, vers les deux cotés, les points les plus proéminents de la figure; il en est de même pour la cellule, qui est plus grosse au milieu, où se forme la nouvelle cloison. Mais, après quelque temps, le couple de cellules provenu de cette division a pris une autre forme, celle qu'on désigne générale- ment comme la forme de biscuit. Au milieu, où la paroi se trouve, on voit une constriction; ou plutôt, les autres parties sont accrues et font saillie au dehors, tandis que le diamètre, où la cloison se trouve, est resté le même. Les couples voisins, des deux cotés, de celui que nous considérons ont subi ce même changement de forme. Il est clair qu'ils ne peuvent plus être étroitement unis entre eux comme ils l’étaient dans le commencement. A l'endroit de la constriction ils doivent s'être écartés l’un de l’autre. C’est aussi ce qu'on voit: des méats intercellulaires sont nés de cette séparation locale. Mais pourquoi le couple de cellules que nous considérons est-il resté presque entièrement uni au couple avec lequel il forme un même groupe de quatre cellules, en d’autres termes, pourquoi la constriction est-elle presque nulle de ce coté 216 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L’'ESTOMAC. et trés-forte au contraire de l’autre coté, où le couple longe le couple d’un groupe voisin? Voilà la seconde face sous laquelle se présente la question de cette différence primitive entre les méats intercellulaires qui ne diffèrent que par leur position. Pour expliquer ce phénomène, on pourrait avoir recours à l’hypo- thèse d’un accroissement inégal de la cellule vers le milieu et - vers le côté extérieur du groupe auquel elle appartient. Cet accroissement asymmétrique serait considéré alors comme étant propre aux cellules de la sareine, et l’on ne donnerait, ni même demanderait, une explication ultérieure de la cause de cette propriété elle-même. Mais l'hypothèse, simple en apparence, envisagée de plus près, se trouverait être d’une complication assez grande. Le couple de cellules que nous considérons, n’a pas seulement ses voisins des deux côtés; deux autres couples le bordent en dessus et en dessous. Si l’on compare la forme corporelle des cellules à un ellipsoide à trois axes inégaux, le plan des deux plus petits axes est celui de la cloison récente. Or, après l’accroissement des deux cellules séparées par cette cloison, il n’y à pas seulement con- striction, et constriction inégale, aux extrémités d’un de ces deux axes, mais de même aux extrémités de l’autre axe; en sorte qu'il ne faudrait pas seulement adopter une loi d’accroissement distincte pour les différentes parties de la paroi cellulaire dans les deux directions vers l’extérieur et l’intérieur du groupe en général, mais encore pour les quatre directions indiquées dans le plan de la paroï récente en particulier. Ceci ne suffirait même pas. Mieux qu'à une ellipsoide à trois axes inégaux, on peut comparer la cellule de la sarcine à un prisme rectangulaire à côtés inégaux, et dont les arêtes et les angles seraient plus ou moins arrondis. Mais si l’on considère bien les choses, il faut se représenter les douze arêtes et les huit angles où celles-ci abou- tissent arrondis à des degrés différents, de sorte qu'il faudrait admettre une nature spéciale pour toutes ces parties de la paroi cellulaire, abstraction faite même de l'inégalité des dimensions de la cellule dans les trois directions principales. Et encore trouve-t-on, que la forme des cellules, occupant une place diffé- W. F. R. SÜRINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 217 rente dans le corps de la sarcine, n'est pas tout à fait égale. Celles qui se trouvent à la circonférence du corps sont plus arron- dies de ce côté que celles qui forment les frontières de groupes spéciaux situés à l’intérieur du corps. Il faudrait une nature pri- mitive spéciale pour toutes ces cellules, selon la place qu'elles occupent, et pourtant, dans cet organisme simple, elles sont toutes de même âge; toutes, elles semblent naître de la même manière et se transforment en groupes égaux entre eux. Evidem- ment ce ne sont pas des cellules d'ordre différent, comme on en trouve dans des corps végétaux un peu plus composés. Toutes, elles paraissent identiques; ne serait-il pas vraisemblable qu’une même loi présidât à leur développement, et que les différen- ces pussent s'expliquer sans qu'il fallût recourir à l'hypothèse d’une nature primitive particulière pour chacune d'elles et pour chacune de leurs parties ? Nous voilà parvenus à des questions et des recherches qui occupent la plus grande partie de mon mémoire; questions importantes sans doute pour la connaissance des phénomènes fondamentaux de la végétation en général, mais difficiles à résoudre, et qu'il semblait hasardeux d'aborder, même au sujet d'un organisme aussi rudimen- taire que la sarcine, et dont le tissu est aussi simple et régulier que possible. En expliquant mes tentatives dans cette direction, J'ai voulu donner un essai, et, afin de permettre une cri- tique complète non seulement des résultats obtenus mais aussi de la méthode suivie, j'ai retracé dans mon mémoire, pas à pas, la voie même de mes recherches. Il serait impossible de faire la même chose dans cette analyse, sans reproduire le travail tout entier. D'ailleurs les différentes parties du mémoire furent écrites sans connaître les résultats qui seraient obtenus plus tard; les réponses trouvées aux questions posées d’abord, donnaient lieu à des questions nouvelles; une hypothèse quelconque était ou n’était pas confirmée pas les observations; tout cela avait son influence sur le cours des recherches et sur leur exposition. En faisant une analyse, en vue des résultats, il est impossible de s'imposer de nouveau cette ignorance complète des fins auxquelles aboutis- 218 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. sent les recherches et les raisonnements. Involontairement on change l’ordre des idées, et c’est ce qui a déjà été fait dans ce qui précède. Je tâcherai maintenant de résumer et de rapporter, d’une manière succincte, ce qui me paraît être le plus important. La recherche des lois qui président au développement de la sareine se rapporte d’abord au corps entier, puis aux parties élémentaires, les cellules. Quand je résolus de tenter la détermination aussi exacte que possible de ces lois, je ne pus songer à observer les phéno- mènes de la végétation d’une manière directe. Le malade dont la sarcine était provenue ne se trouvait pas à Leyde; les matières vomies, transportées dans un flacon, avaient été exposées à la température de l’air pendant un ou deux jours quand elles furent mises à ma disposition. Si la sarcine vivait encore, ce dont je doute, il est sûr quelle vivait dans d’autres circonstances que quand elle se trouvait encore dans l'estomac, à la température du corps humain, dans l’obseurité, au sein d’un liquide toujours remué et renouvelé. Il serait très curieux, en effet, d'observer la sarcine vivante, dans des conditions aussi rapprochées que possible de celles de létat normal, et de la suivre chez un malade qu'on aurait près de soi. Comme chez beaucoup d'algues d’un ordre inférieur, et notamment aussi dans le genre voisin Merismopoedia, on ne connaît encore chez la sarcine qu'une multiplication par division; une véritable reproduction, au moyen de spores, n’a pas encore été observée. Il est possible que la sarcine ne soit que le résultat d’un developpement particulier d’un organisme qui se trouve, sous une autre forme, en dehors du corps humain. Ce problème, qui est encore à résoudre, se rattache à celui de la reproduction. L'observation directe de la sarcine vivante sous le microscope, et dans des circonstances aussi voisines de l’état normal que possible, pourrait encore servir à déterminer la valeur (variable sans doute avec les circonstances) des termes { dans nos formules. Pour cela, il faudrait connaître le temps moyen de la durée d’une génération de cellules, ou bien le temps qu'il faut pour un certain accroissement, ou encore le nombre des corpus- W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 219 cules issus, dans un temps observé, d’un seul corpuseule connu en grandeur et en composition. D’un seul de ces éléments observé tous les autres se déduiraient simplement, au moyen des formu- les qui expriment, en général, le cours des phénomènes, soit par leur rapport mutuel, soit par rapport à leur facteur commun, le temps, mesuré provisoirement par un des phénomènes appartenant à l’organisme lui même, et s’y trouvant répété sans cesse d’une manière régulière et uniforme. Voici comment je procédai. Les gros morceaux, restes de pain noir et de pommes de terre, qui formaient la grande masse des matières vomies, en furent séparés au moyen d'un tamis à larges mailles. Le liquide écoulé était d’un brun clair et déposa bien- tôt une masse blanchâtre composée d’une quantité innombrable de sarcines et de grains de fécule. Sur quelques cellules de pomme de terre séparées on apercevait la cellule de fermentation. Je remarque, en passant, que celle-ci diffère, sous tous les rapports, de la cellule de la sarcine. La grandeur et la forme, la paroi très mince et fortement azotée (colorée en rouge vif par la solution de carmine), le contenu tout à fait incolore, la propagation des cellules toute différente sont autant de caractères qui excluent abso- lument une confusion de ces deux êtres microscopiques. Quelques gouttes du liquide rempli de sareines avaient été séparément mêlées avec de l'acide nitrique, de la potasse caustique, de l’acide acétique etc. etc., en vue des recherches communiquées ci-dessus. Le reste fut versé simplement dans un petit flacon, où il se con- serva très longtemps. Une seule goutte de ce liquide contenait des centaines de ces corpuscules, dont les plus grands égalisent à peine un grain de fécule de seigle. [ls étaient de grandeur et de composition variables, maïs d’ailleurs tellement semblables sous tous les rapports et liés entre eux par des transitions si peu sensibles, que ces différences ne se présentaient que comme dues à des imégalités d'âge, à la diversité des degrés de développe- ment. Il me sembla que, si j observais un nombre assez considé- rable de ces corpuscules, pris au hasard et sans choix, les diffé- rents degrés de développement que doit offrir, à chaque moment, 220 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. une masse de sarcines croissant et se multipliant par division, se trouveraient assez également représentés dans mes observations ; J'espérais qu'en dressant celles-ei en série, le cours du dévelop- pement commun à tous ces corpuscules se trahirait, malgré les fluctuations individuelles, auxquelles il fallait bien s'attendre iei comme chez tout organisme, mais qui, pourvu qu’elles n’eussent pas une extension telle, qu'elles empêchassent toute recherche de ce genre, pouvaient se contrebalancer dans les observations et en être abstraites. Le microscope fut établi dans une position conve- nable, avec une tablette à côté pour y projeter les images au moyen de la chambre claire ; le tout fut disposé de telle sorte qu’il put rester absolument immuable pendant toute la série des observations. Pendant plusieurs jours de suite, les heures les plus favorables pour l’éclai- rage furent employées à tracer des esquisses des différents objets, tels qu'ils se présentaient à la vue, sans choix et en n’excluant provisoirement que ceux qui offraient des formes irrégulières. Les objets furent mesurés au moyen de ces images ; le nombre des cellules et toutes les particularités qu'il sembla utile d'observer furent anno- tés avec soin. Parmi les surfaces qui, de cette manière, se présen- tèrent à la vue, il y en avait qui étaient composé de 16, d’autres de 32, d’autres encore de 64 cellules. Auprès de celles-ci, il y en avait qui ne possédaient pas exactement un de ces nombres de cellules, mais quelque nombre intermédiaire, une partie des cellules primi- tives s'étant divisées en deux nouvelles. Dans ces surfaces, et dans quelques autres où la division était complète, on distinguait très- bien les cloisons récentes et tendres des paroïs plus anciennes. Elles furent spécifiées comme surfaces en état de division, et la direction de la nouvelle division, constante dans toutes les cellules d’une même surface, fut observée et notée. Les surfaces où l’on ne pouvait plus distinguer la direction dans laquelle la division la plus récente avait eu lieu, furent nommées surfaces en état de repos. Quand il y eut un nombre assez considérable ._ de ces surfaces observées, elles furent classées d’abord selon le nombre de cellules et l’état de repos ou de division; on remar- qua que dans les surfaces variant entre les deux mêmes nombres 16 Cellules. côté côté long. court. u 13 1 15 12 13 12 14 12 15 “2 16 13 15 18% 15 13% 15 4 15 14 15 15* Le 17 13 de 14 17 14 côté côté court. long. (0 11e 19 19 13 12 15 19 44 P 1 15 D de 1 13% 15 13% 15 13% 16 12-16 14 1 14, 17 14 7 15 15* SURFACES OBSERVÉES ET 16—32 Cellules. côté côté long. court. u 16 127,* 11 1e 16 17%, 134 18 1h 18 15 18 6 19 15 10 16 19 16 20 16 23 19* | côté côté court. long. u 12%, 16* 182 170, 15 17 rer EE 15 18 15 19 1. 1e 16 19 16.19 16 20 19 23% Dissépiments de la divi- sion récente perpendicu- laires au côté le plus long. 32 Cellules. côté côté long. court. AL { 19 121,* 211, 14 21% 15 22 15 22 17* 23 134 29 dot 24 15 24 16 24 19* Pi le ERA 27 19* 28 17 côté côté court. long. u 12% 19* 1314, 23 14 217% dort 15. 22 15 24 5 16 24 le 50 929 1 23 18 23* 19 24* 19 927* MESURÉES. 32—_64 Cellules. côté côté long. court. u 18° 15% DE SL0E 20 477 29 16 297: 17 28 17 23 19 AU Lo 24 17 24 18 24 20 24 20 25 20 25 21 26 21 21. 28 côté conrt. LL j 16 16 17 17 Li ET 18 18 côté long 19* 23 Dissépiments de la divi- sion récente perpendicu- laires au côté le plus court. 64 Cellules. côté côté long. court. u 28. 23 28 24 29 22 29 24 29 25 00 27 31 20 32 21 32 28 34 26 35 21 35 28 côté côté court. long. u De 29: 23 28 24 28 24 29 25 29 26 31 26 34 27 30 27 32 21-95 28 32 28 35 292 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. de cellules, la direction de la division nouvelle était toujours la même. Dans ces classes, les surfaces observées furent rangées selon leur grandeur; et les mesures ayant montré que la forme est toujours rectangulaire, à côtés inégaux, elles furent rangées deux fois, une fois selon la grandeur du côté le plus petit, l'autre fois selon la longueur du côté le plus grand. Il en tré- sulta le tableau que l’on trouve reproduit à la page précédente. La lettre « y indique l’anité de mesure, correspondant à un millième de millimètre. On voit, qu'en général, dans chaque colonne, les mesures des deux côtés de la surface se suivent assez régulièrement, ou plutôt on aperçoit dans l’ensemble, à travers des déviations et des petits sauts partiels, un cours régulier. Quelques-uns des nombres seule- ment se détachent de la série, en général assez continue. Ces objets perturbateurs sont marqués d’un astérisque. Il aurait été très-impropre de les exclure; je ne les mets de côté que pour le moment et dans le dessein de tâcher de les expliquer plus tard. On voit encore que la plupart des catégories entières font suite l’une à l’autre, tant par les dimensions des deux côtés de la surface, que par le nombre des cellules et par leur état de division ou de repos. Les surfaces de 16 cellules en repos varient dans l’une des directions de 11 à 14 u, et en même temps dans l’autre de 13 à 17 uw. Celles de 16 cellules en division plus ou moins avancée, donc de 16 à 32 cellules, varient dans la direction du côté le plus court de 13% à 16 w; dans celle du plus grand diamètre, qui est en même temps celle sur laquelle les cloisons récentes se trouvent perpendiculaires, la grandeur varie simultanément de 17 à 20 uw, et ainsi de suite. Ou bien, attri- buant ces différences de dimensions à un état différent d’acerois- sement: pendant que la surface consiste en 16 cellules en repos, il y a accroissement dans l’une des directions de 11 à 14 w, dans l’autre de 13 à 17 u; cette période est suivie d’une autre, dans laquelle le côté le plus court grandit de 13% à 16 w, le côté le plus long de 17 à 20 w, et pendant cette même période les cellules subissent une division dans la direction du diamètre le plus 0 W. F. R. SURINGAPR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 293 grand de la surface. Les dimensions des surfaces à 32 cellules en repos ne font suite à la série précédente que pour le eôté le plus iong; celles du côté le plus court sont environ les mêmes que dans la série à 16—32 cellules. Les choses se passent mieux pour la série qui suit, dans laquelle les cellules subissent encore une division, maintenant dans le sens du diamètre le plus petit. La dernière série enfin, contenant les surfaces à 64 cellules en état de repos, offre un accroissement, pour le côté le plus court de 22 à 28 u, pour le côté le plus long de 28 à 35 uw, accrois- sement qui, pour chacun de ces deux côtés, fait suite régulière à celui de la série pénultième. Les surfaces à 32 cellules en repos sont hors de ligne: leurs dimensions ne se rattachent à celles d'aucune autre catégorie. Mais si l’on suppose la surface de 64 cellules en repos partagée en deux moitiés selon la ligne médiane parallèle aux côtés les plus courts et qui divise les côtés les plus longs en deux parties égales, il en résulte deux surfaces séparées, chacune égale aux surfaces à 32 cellules en repos, qui forment la série exception- nelle. De même, ces surfaces à 32 cellules, partagées en deux moitiés de la même manière, donnent des surfaces semblables à celles qui se trouvent rangées dans la première catégorie. Or, la ligne médiane par laquelle il faut diviser ces surfaces pour en obtenir les autres plus petites, représentées de même dans la série des observations, est justement celle de la cloison la plus ancienne dans la surface, c’est-à-dire de la cloison qui fut formée lorsque toute la surface, maintenant composée d’un certain nombre de cellules, faisait partie, comme cellule simple, d’une autre sur- face, et subit sa première division. En outre, nous avons observé que c’est justement à cette place que s'effectue la segmentation des corpuscules de la sarcine; voilà donc que la série des ob- servations nous trahit le cours complet, rentrant en lui-même, de l’histoire de la surface d’un corpuseule de sarcine, croissant, multipliant ses cellules par division, et se multipliant lui-même par segmentation. En tout, il y a quatre périodes: dans la pre- mière, pas de division mais accroissement seul; dans la seconde, 294 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. nouvel accroissement et division des cellules dans le sens du côté le plus long; dans la troisième, encore accroissement, mais en même temps division des cellules dans le sens perpendicu- laire à la division de la période précédente; dans la quatrième, comme dans la première, pas de division, mais accroissement seul et, de plus, segmentation, soit suivant la direction seule de la cloison la plus ancienne !}, c’est-à-dire de la cloison par laquelle la cellule primitive de la surface fut divisée pour la première fois, soit encore suivant la direction des cloisons par lesquelles les deux cellules, nées de la division de cette première, furent divisées à leur tour; enfin, à partir d’une de ces deux dernières phases, recommencement et répétition de la même évolution. Pour l'accroissement de la surface et la multiplication des cel- lules, trois de ces périodes consécutives forment un cycle, qui est précédé et suivi d’autres cycles, dans lesquels tous les phé- nomènes se répétent de la même manière, à cette seule excep- tion près, que, dans chaque cycle suivant, les dimensions et le nombre de cellules, pour chacune des deux directions, sont le double de ceux du cycle précédent. Parmi les surfaces observées 1l ÿ en a un petit nombre qui ne se rangent pas bien dans la série consécutive, et qui, pour cette raison, sont marquées d’un astérisque. Je les regarde en partie comme des cas exceptionnels, dans lesquels les déviations individuelles ont été plus grandes qu'ailleurs. Les deux surfaces supérieures de la colonne à 32 — 64 cellules, s’accordant mieux avec les derniers chiffres de la colonne 16—32, qui la précède, peuvent être des surfaces dans lesquelles la division des cellules a eu lieu, rela- 1) Que la ligne médiane indiquée corresponde reéllement à la cloison la plus ancienne, c’est ce que montre facilement l’inspection de la figure schématique (48 du wémoire original), placée à côté d’un corpuscule observé par trois faces différen- tes, et dans laquelle l’ordre des divisions est marqué par des numéros. Dans le mé- moire même, aucun fait de ce genre n’est admis sans avoir été démontré rigoureu- ment, et on a distingué sévèrement les faits démontrés de résultats proba- bles ou de simples hypothèses. Ici il me faut, pour abréger. passer plusieurs de ces démonstrations sous silence. W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 225 tivement aux phénomènes de l'accroissement, un peu plus tôt qu’ ailleurs. Pour l’une de ces deux surfaces (19 « , 16 4), cette opinion est confirmée par la considération des autres surfaces du même corpuseule (lun des cinq corpuseules qui ont été observés de trois faces différentes) qui se trouvent en tête des catégories à 16 et à 16—32 cellules. Dans la colonne des surfaces à 32 cellules en repos il y en a quelques-unes qui, par leurs dimensions ainsi que par la proportion des deux côtés, trouveraient mieux leur place dans une des colonnes voisines. Celle à côtés de 22 et 17 « me semble devoir être placée au bont même de la série à 16 — 352 cellules; c’est-à-dire, qu'elle me semble être une surface , dans laquelle cette division des cellules s’est entièrement accomplie, et qui a été classée, par erreur d'observation, parmi les surfaces à cellules en repos. Deux autres surfaces 23 4, 18 x, et 24 w, 19 w, trouveraient leur place dans Ia série à 32 — 64 cellules, en admettant que la division des cellules se fût un peu retardée relativement à l'accroissement. Une dernière, 274, 194, me paraissait d'abord devoir être considérée de la même manière, comme cas exceptionnel, plus exceptionnel que tous les autres; mais je trouvai plus tard, qu'elle appartient à un genre de surfaces non compris dans ces premières observations et dont nous traiterons dans la suite. Dans le reste des surfaces on n’observe que de petites déviations qui, regardées comme des variations in- dividuelles, ne peuvent causer aucun étonnement. Ces mêmes variations individuelles, qu'on remarque chez tout organisme, ont pour conséquence nécessaire, que les extrémités des séries consécutives se recouvrent tant soit peu, et sans doute ce recouvre- ment se manifesterait pour toutes ces séries, et d’une manière régulière, si le nombre des observations était encore augmenté. Entre les extrémités des séries à 16—32 et à 32 — 64 cellules il y à une lacune, qui laisse subsister un doute sur le chiffre limite entre ces deux périodes, surtout pour le côté le plus long. La lacune est comblée, si l’on admet dans ces séries les surfaces placées à tort, d’après ce qui a été dit plus haut, dans la catégorie à 32 cellules en repos. Mais, en outre, les chiffres ARCHIVES NÉERLANDAISES. T. I. 19 226 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. des deux côtés de la surface, pris séparément, nous fournissent un moyen de contrôle mutuel. En prenant les moyennes des ter- mes extrêmes des séries, où celles-ci se recouvrent, nous trou- vons pour l’histoire de la surface, que nous nommerons BC, les deux paires de côtés opposés et égaux étant nommées B et C.: Condition de la surface BC par longueur du côté nombre des longueur du côtè rapport. à la multiplication des B,expriméeen cellules dans la C, exprimée en cellules : DE surface BC: u: Lperiodé de TEpOSr hs ee 1315 — 17...,:.., NI 07020 MINE 2. division & (division des cellules par des cloisons perpendiculaires sur B, par conséquent multiplica- tion des cellules dans le sens MÉtDERAC D) RÉ R ueence 17 = 0 I0 — 39 NP SE SANMINISION EN. RU À Da Ro — 21.........82— 64.......17 22 A0 DÉTIOUE "dE DEpOS. sE Ste ee 21 —34 64 22 —2?1 Il s'ensuit, par segmentation : de LB SBUIEMeEnt. 0 LUE LES 13% — 11......:..,. 182, 20h" D El (ci ei SAR A RÉ ES AN 182) —10..:0.,... LOUE au! On voit que l'accroissement des deux côtés est identique , avec cette seule différence, qu’il soit dans un des deux côtés (B) avancé d’une période sur l’autre. Ce côté est affecté de même d’une période d'avance par une multiplication des cellules dans sa direction. En somme, tous les phénomènes se suivent dans les deux directions absolument de la même manière, avec une diffé- rence de phase correspondant à une période. Or, pendant la multiplication des cellules dans sa direction, le côté C s'accroît de 17 à 22 «. Il n’est guère douteux que pour l’autre côté ce même chiffre ne doive être intercalé à la place correspondante, restée vacante. Les observations nous ont donc fourni l’histoire d’une des sur- faces ou plutôt d’une paire de surfaces opposées , parallèles et égales entre elles. IL nous faut connaître encore les deux autres surfaces. En désignant les trois systèmes d’arêtes parallèles dans le corps W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 227 entier par À, B, C, il nous manque encore les surfaces AB et AC. Tâchons d’abord de trouver l’histoire des surfaces AB. Nous en connaissons un des côtés, le côté B, commun aux surfaces AB et BC. Nous savons encore que dans la période, nommée ci- dessus la première, doit avoir lieu une multiplication des cel- lules dans la direction À, vu que ces divisions se succèdent alternativement dans les trois directions. Cette division est invi- sible dans la surface BC, les cloisons nouvelles étant parallèles à ce plan. C’est par cette raison que la surface BC se trouve, pendant cette période, dans la condition que nous avons nommée état de repos. Dans la surface AB, la division est visible, les cloisons nouvelles se montrant, vues de côté, comme des lignes perpendi- culaires au côté À, parallèles au côté B; il en est de même pour les surfaces AC, où l’on verrait ces mêmes cloisons, dans leur autre section transversale, perpendiculaires toujours sur le côté commun des deux surfaces À, mais parallèles à C. La suc- cession régulière de la multiplication des cellules dans les trois directions à pour conséquence, que dans chaque surface se suc- cèdent deux périodes de division, en directions perpendiculaires lune sur l’autre, suivies d’une période de repos; ou bien, en sens inverse, on conclut, de cette succession des phénomènes observée directement dans les surfaces, à celle qui a lieu dans le corps entier; c’est ce qui a été fait, et démontré plus ample- ment, dans les premiers chapitres du mémoire original. Nous avons trouvé, dans la surface BC, un accroissement de 17 « à 22 » pour chacun des deux côtés pendant la période d’une multiplication des cellules parallèle à ces côtés. N'ayant observé aucune différence dans les cellules, autre que celle qui semblait être la conséquence d’un état différent de développement, je suppose, avec quelque probabilité, que le côté À aura, à son tour, ces mêmes dimensions pendant la division des cellules dans sa direction. En admettant ceci, on a pour la surface AB, pen- dant la période que nous avons nommée la première, absolument les mêmes phénomènes que, présente la surface connue BC dans la seconde période. Pour les périodes suivantes, nous connais- 15 2928 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. sons le cours des phénomènes dans la direction du coté B com- mun aux deux surfaces. Tout porte à croire, que l’accroissement du côté À se rapportera à celui du côté B, comme ce dernier à celui de C. Dans ce cas, nous obtenons pour les deux genres de surfaces AB et BC une même succession de phénomènes identiques, mais dans laquelle la surface AB devance toujours la surface BC d’une période. Il s’ensuit de même, pour tout le corps de la sarcine, identité de phénomènes dans les trois directions, seulement avec une différence de phase, répondant à l’intervalle d’une période. Cette identité des phénomènes pour les trois directions, quelque probable qu’elle paraisse, demande cependant une démonstra- tion rigoureuse; elle se laisse déduire d’abord des observations mêmes qui nous ont servi de base jusqu'ici; puis l’observation immédiate des trois genres de surfaces dans un même corpuscule nous fournit les moyens d’un contrôle direct. Quant à cette déduction, qui est donnée plus amplement dans le mémoire (page 32—36), je remarque ici, que les observations dressées en série, qui nous ont dévoilé l’histoire d’une surface, contiennent en réalité l’histoire du corps entier, non pas dans deux directions seulement, mais dans toutes les trois directions. Nous avons nommé À le côté le plus grand, B le côté moyen, © le côté le plus petit d’un certain corpuscule. Il en résulte que AB en est la plus grande surface, AC la moyenne, BC la surface la plus petite. Lorsque le corpuscule est posé, avec la goutte de liquide qui le contient, sur le verre porte-objet, il est d’abord ballotté et roulé en tout sens par les agitations du liquide. Plus tard, quand les mouvements du liquide sont devenus plus faibles, il sera encore facilement basculé s'il se trouve en ce moment posé sur la surface moyenne ou sur la plus petite, mais il maintiendra sa position, s’il repose sur sa surface la plus large. Enfin, sous l’influence des dernières fluctuations du liquide, il sera encore renversé, s’il porte en ce moment sur la surface la plus petite. En somme, lorsque le liquide, qui contient un certain nombre de ces corpuscules, est rentré lentement dans W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 229 l’état de repos, on aura la plus grande chance d’avoir les surfa- ces les plus larges des corpuscules présentées à l'oeil; une chance moindre de voir les surfaces moyennes, et la chance la plus faible de trouver les corpuscules posés sur leur surface la plus petite. On obser- verait donc, dans un cas extrême, la surface la plus large chez tous les corpuscules , et l’on n’apprendrait à connaître, par ces ob- servations, que l’histoire de cette seule surface, si la surface qui est la plus grande à un moment donné, restait toujours la plus grande du corps. Mais c’est justement cette dernière condition qui n’est pas remplie. Le corpuscule, dont nous nous occupons, grandit; bientôt arrive la période dans laquelle il est segmenté, et cette segmentation atteint d’abord le système des arêtes les plus longues. Dans chacun des deux corpuscules qui naissent de cette segmentation, le diamètre, dans ce sens, est réduit à la moitié ; dans les deux autres directions, les dimensions sont conservées telles qu’elles étaient dans le cor- puscule primitif. Or, le diamètre dans l’une des directions n’ap- prochant guère et n’éxcédant jamais le double de celui dans une autre direction, il en résulte que le diamètre intermédiaire du corps primitif est devenu le diamètre le plus grand dans les corpus- cules nouveaux; le diamètre le plus petit a pris le rang de diamètre moyen; le diamètre le plus grand, dimidié, est descendu au troisième rang. Plus tard, ces mêmes corpuscules subiront à leur*tour une nouvelle segmentation, réduisant leur diamètre le plus grand à sa moitié. Les rôles sont intervertis de nouveau, et ne sont rétablis dans leur ordre primitif qu'après une troisième segmentation qui accomplit le cycle. Il résulte de ce procédé, que les côtés des surfaces, momenta- nément les plus grandes: des corpuscules, ne sont pas formés par les mêmes arêtes des corpuscules, pris dans un sens absolu, mais par toutes les arêtes dans une période semblable de leur développement. Dès lors, on doit trouver représentée, dans cha- cune des colonnes de notre tableau, la partie correspondante de l’histoire de chacune des trois arêtes, dans toutes leurs combinaisons mutuelles, ou, ce qui revient au même, l’histoire de toutes les surfaces; et ceci, même dans le cas où les surfaces les plus grandes des 230 W. F. B. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. corpuscules auraient été seules observées, avec exclusion absolue de toutes les autres. Or, si nous réfléchissons que toutes ces obser- vations entremêlées se sont laissé dresser en séries, faisant suite l'une à l’autre comme si elles n'avaient rapport qu'à une seule surface, il s'ensuit nécessairement que les lois du développement dans toutes ces surfaces, et dans chacune des trois directions du corps, doivent être véritablement identiques. Nous pouvons maintenant dresser le tableau des phénomènes simultanés dans les surfaces AB et BC, et, les arêtes À, B et C étant comprises toutes trois dans ces deux surfaces, il en résulte immé- diatement , par combinaison de À et ©, l’histoire du troisième genre de surfaces. Le développement dans la direction d'A étant avancé d’une période sur celui de B, et celui de B devançant de même celui de © d’une période, il s’ensuit que les côtés des surfaces AC doivent offrir entre eux une différence de phase correspondant * à l'intervalle de deux périodes. Maïs nous pouvons encore déduire ces surfaces AC de l’obser- vation même des autres. Réduisons dans une telle surface AB ou BC le diamètre le plus grand à sa moitié; alors nous obtiendrons la longueur que ce diamètre possédait il y a un cycle entier de trois périodes. Doublons le diamètre le plus petit; il en résultera la dimension qui sera atteinte, dans ce sens, un cycle de trois périodes plus tard. Par la première de ces opérations nous sup- posons une segmentation qui se fera, un peu plus tard, maïs absolument de la même manière, par la nature de l’organisme lui-même ; par la seconde, nous reconstruisons un corpuscule seg- menté tel qu'il aurait été sans cette segmentation. Si nous appliquons (p. 37 du mémoire) ce dédoublement aux surfaces à 16—52 cellules, cette division aux surfaces à 32—64 cellules et à celles de 64 cellules, comprises dans les colonnes 2, 4 et 5 de notre tableau, il en résulte trois autres catégories, qui font suite l’une à l’autre et qui sont absolument les mêmes que celles que l’on obtient en combinant simplement l’histoire des deux côtes A et C. Les voici, exposées l’une à côté de l’autre, avec leurs côtés communs : W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 231 / Côté Côté Côté Côté A B C Surface AB. Surface BC. Surface AC. nombre des cellules: nombre des cellules: nombre des cellules : lu 4 re U 16—22 16 16,—,32 Pèriode de division A.. 17—22 131%, —17 11—-13% 17—22 32—64 1632 32% " ” DR .199.797 1e 131, —17 22-01 DAT OU 32—64 32,—,64 “ " " C 9734 22 —21 17 -—?22 27—34 En segmentant de la sorte les surfaces dont les côtés nous offrent une différence de phase d’une seule période, on ne fait pas autre chose que considérer séparément les deux groupes prin- cipaux qu'on peut y distinguer aux deux côtés de la ligne médi- ane. Ainsi, dans ces groupes mêmes on peut immédiatement observer un certain état du développement des surfaces, qui présentent une différence de deux périodes dans leurs côtés. De plus, on doit, en poursuivant l’histoire d’une surface à différence d’une période, au-delà de sa segmentation naturelle, arriver à des surfaces qui présentent dans leurs côtés une différence de deux périodes. Ce que nous avons trouvé pour les surfaces AC doit donc être retrouvé de même dans l’histoire des deux autres surfaces, AB et BC. En sens inverse, les surfaces à différence de deux périodes fournis- sent, en se segmentant, des surfaces à différence d’une seule période, de sorte qu'en réalité les rôles sont intervertis sans relâche. Comme les trois systèmes de côtés, les trois paires de surfaces se montrent identiques sous tous les rapports avec une différence seule de phase. La segmentation a lieu dans chacune des trois directions quand une certaine grandeur dans cette direction est atteinte. Si ce terme était constant, on aurait une segmentation pour chaque période, se reproduisant régulièrement dans les trois directions. Le nombre des corpuscules serait doublé dans chaque période, mais on n'observerait, dans les corpuseules mêmes, que les variations dues au développement pendant une seule période. Or, dans ce terme de la segmentation il existe une latitude, qui s'étend sur 292 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. deux périodes entières. En appliquant cette segmentation aux ter- mes extrêmes de ces deux périodes, c’est-à-dire aux dimensions de 22 uw, 21», et 34 « dans chacune des trois directions, comme il à été fait dans le mémoire, de la page 40 à 42, on trouve qu'il en résulte trois classes de corpuscules, dont le nombre est doublé à chaque période, mais qui d’ailleurs ne changent pas de caractère. Aïnsi, les variations, qu'on remarque parmi un cer- tain nombre de corpuscules de la sarcine, croissant et se multi- pliant par segmentation, sont dues à cette latitude dans le terme de la segmentation et aux phénomènes d’accroissement et de divi- sion qui se répètent pendant le cours de chaque période. Les faces de ces corpuscules sont les suivantes : Côté le plus Côté moyen Côté le plus Côté le plus Surface la Surface la Surface grand. petit. grand. plus grande. plus petite. moyenne. cellules: u cellules: y cellules: I. Segmentation dès une dimension de22 u.. 17—22 137,-—17 11—13% 17—22 _16—32 16 16,282 F0 II. Segmentation dès une dimension de 27 u.. 22—27 17 — 22 131, —17 22—27 32--64 16—32 Me III. Segmentation dès une dimension de 344.. 27—34 22 — 21 17 — 22 27—34 64 32—64 32, —4064 Ce sont donc là les corpuseules dont nous avons observé et mesuré les surfaces dans le commencement. Mais lesquelles de ces surfaces figurent dans les observations ? Tout d’abord, les sur- faces les plus grandes des différents genres de corpuscules. Ce sont elles qui nous ont fourni l’histoire d’une surface pendant le cours de trois périodes consécutives. Il y a encore les surfaces à 16 cellules qui correspondent aux surfaces les plus petites des corpuscules de la première classe. Il faut remarquer, cependant, que la plupart des surfaces dans cette colonne du tableau sont dues à l'observation séparée des quatre groupes formant des surfaces de 64 cellules en train de se segmenter, et ne pouvant plus, par cette raison, être mesurées comme surfaces entières. C’étaient dont bien W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 239 les surfaces les plus petites de corpuscules de la première classe, mais appartenant à des corpuscules de ce genre, qui n'étaient pas encore parfaitement libres et qui n’étaient posés sur leur face la plus petite qu’à cause de leur réunion même. On pouvait bien observer encore , comme nous verrons plus tard, quelques surfaces libres à 16 cellules en repos, mais celles-ci appartiennent à des corpuscules à segmentation précoce, — négligée ici à cause de sa rareté, — et figurent comme surfaces les plus grandes dans ces corps. Les surfaces les plus petites des deux autres classes de cor- puseules sont identiques respectivement aux surfaces les plus gran- des des classes I et IT. Il reste donc incertain si elles se trou- vent entremêlées aux observations, oui ou non. Considérons enfin les surfaces moyennes des trois classes de corpuscules. Dans les observations primitives il y a la colonne de surfaces à 32 cellules en repos, qui correspond aux surfaces moyen- nes de la classe IT. Celles des deux autres classes manquent dans les observations. Un seul cas exceptionnel dans la colonne à 32 cellules, 21m, 19 u, pourrait être référé au commencement de la série à 32—64 cellules. Si l’on abstrait encore de la colonne à 32 cellules les autres cas douteux, dont nous avons parlé plus haut, et D surfaces qui ont été obtenues en retournant expressément quelques corpuscules, observés sous chacune de leurs trois faces, il n’en reste que quatre qui se présentaient d’elles-mêmes à l’oeil. Il n’en esi pas moins remarquable qu’elles seules ont été observées, et non pas les surfaces moyennes des classes I et IIL. Ceci paraît être dû au nombre plus grand des corpuscules de la classe IT, car les chances d’être posés sur leurs surfaces moyennes ne semblent pas être plus grandes pour cette classe de corpuscules que pour les autres. Mais on voit que, même dans cette classe, le nombre de corpuscules qui reposaient d'eux-mêmes sur les surfaces moyennes, a été très petit, en comparaison du nombre de ceux qui présentaient leur surface la plus grande à l'oeil ; il s'ensuit que probablement aucune des surfaces les plus petites n’a été observée, à l'exception de celles des corpuscules retournés expressément et des surfaces à 16 cellules observées dans des corpuscules encore plus ou moins réunis entre eux. 234 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. Les surfaces à 16,—,32 cellules, et celles à 32,—.,64 cellules, toutes deux offrant dans leurs côtés une différence de phase cor- respondant à deux périodes, ne sont pas représentées du tout dans la série des observations. Il était en quelque sorte superflu de les rechercher spécialement, parce que leur existence est la conséquence nécessaire de tout le cours des phénomènes , tel que nous avons appris à le connaître. Cependant, comme moyen de contrôle final, la recher- che n’était pas sans intérêt, et c’est pour cela que je résolus d’obser- ver directement quelques-unes de ces surfaces. Après quelque excer- cice, je réussis à faire culbuter les corpuseules sur le côté que je désirais et à les maintenir en équilibre dans leur position nouvelle, tout en les observant et les mesurant sous le microscope. Les petits courants, excités dans le liquide par une pression unilatérale et très légère sur le verre mince couvre-objet, conduisirent à ce résultat. Je fis basculer de la sorte quelques corpusceules, qui présentaient 64 cel- lules en repos dans leur surface supérieure, autour du eôté le plus grand de cette surface; quand j'eus observé et mesuré une dixaine des surfaces désirées, je les disposai en série. Voici le résultat, qui surpassa mon attente: 32 à 64 cellules. Côté le plus long. Côté le plus petit. (dé is 26 18 27 18 21 19 28 23 29 19 29 23 32 23 32 24 39 24 Multiplication des cellules dans le sens du côté le plus petit. Cette série, en effet, s'accorde assez bien avec ce que nous avons trouvé pour les dimensions de ces surfaces: 21—34 « 17—22 w W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 235 Le côté le plus petit est, en général, un peu trop grand, ce qui s'explique, toutefois, par la difficulté de maintenir les corpuseules dans la position désirée pendant le mesurage. De petites oscilla- tion, à peine évitables, doivent avoir toujours pour effet, que le côté le plus court soit mesuré trop grand; le côté le plus long au contraire, autour dequel le balancement a lieu, ne peut en être influencé. | Parmi les surfaces réunies dans le tableau primitif, il y en a cinq appartenant à des corpuscules que J'observai sous leurs trois faces différentes : numéro côté surface la côte le surface côté le surface la côté des moyen. plus petite. plus petit. moyenne. plus grand. plusgrande. moyen. corpuscules {: cellules : U : cellules : U : cellules : là : 1 16 12% 19 16 2 17 ne i3l 23 co 17 3 17 * 15 & 24 p 17 4 18 co 16 23 a 18 5 20 16 24 20 | division. division. Les quatre derniers numéros s'accordent avec ce que nous avons trouvé pour les corpuscules de la classe IE. Le premier seul ne s’y accorde pas. En doublant le côté le plus petit, on obtient: côté surface à côté surface à côté surface à côte moyen : cellules: le plus petit: cellules: le plus grand: cellules: moyen : 19 w 32—,64 16 uw 324 — 404 25u 64 19u Alors ce corpuscule se range à la suite des quatre autres, quant à la dimension de ses côtés, mais il y a une division de cellules de plus, qui n’aura lieu dans les autres corpuscules qu'à la période prochaine. C’est donc une anomalie à division précoce des cel- lules, comme nous avons observé déjà, lorsque nous considé- rions les surfaces de ce corpuscule séparément. La figure 14, PI. XII (47 du mémoire) représente un corpuscule de la sarcine, dont les trois surfaces différentes ont été obser- vées et dessinées. | Pour exprimer maïntenant d’une manière générale ce que nous avons trouvé par rapport aux lois du développement du corps de 236 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. la sarcine, nous commençons par établir une formule, exprimant l'accroissement périodique d’une grandeur A, qui, après un certain nombre (cycle) de périodes, atteint chaque fois’ un certain mul- tiple de la valeur primitive dans ce cyele. Nommant: n le nombre des périodes. À, la valeur primitive de À, pour n = 0. g, l'accroissement pendant la première période. 92 1 2) 1 seconde D) en Sorte que 9, —='A, — Aî5 0 gs VA, EENNPER. p le nombre de périodes dans chaque cycle. b le multiple auquel la grandeur A arrive à la fin de chaque cycle. : a en sorte que: D RER À, et de plus: n Ê . e — le nombre de cycles entiers compris dans », ce que les mathé- P site das n maticiens désignent par & - p n n Sue . n — -.pP, OUn — p e -, le nombre des périodes isolées P qui reste après soustraction des cycles entiers de ». n A . e , e ? ® QI n — — p — 1 ce même reste, diminué de l'unité, mais à con- dition que la soustraction ne soit jamais continuée au-delà de 0. Nous obtenons pour l’accroissement seul n a À, = [a+ -P) 9: a: pe D (99,400 | p Tr ( ne 2 moe 2)) (ga en 9e) | b 72 Pour rendre compte de la segmentation, il faut diviser la gran- deur par le nombre de parties égales dans lequel elle est divisée pendant le courant des » périodes. W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. DT Noumant . . . . . z le nombre de ces parties D uen c le nombre des parties égales dans les- quelles est divisée la grandeur À à chaque segmentation ” ..... s le nombre des segmentations qui a eu lieu pendant les » périodes Nous avons . . . . 3 — c. La formule entière devient : n b- A, = [ie +e—>: p)9: HO p—1)(g9; —9;)..+ ee ra D D 2) (gp — 9-3) | eo) et Be c" (2) Pour la sarcine, nous avons déduit des observations D (8) C2 (4) p = à (2) en sorte que la fraction, formant le premier facteur du second membre de l'équation, devient " NE 2 dans laquelle s, doit encore être exprimé en fonction de ». Les constantes du second facteur sont, en comptant les périodes à partir du moment où la première division commence dans la direction A, la plus avancée du corpuscule (en ce moment cellule simple dans un autre corpuscule) : 17 | Ad pi 425 (6) u 29 À, peser) rl u ee 0,0 u Aie 7. == 010 7 238 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. en sorte que J1y —= À, — À, = 1,25 a | ù (7) ÿs = Ao — À, = 1,25 « ÿ2 — 91 = Ù (8) — ji Nommant B et C les directions dans lesquelles le développe- ment est d’une et de deux périodes en arrière sur celui de A, et faisant usage des constantes, les formules pour les valeurs simultanées des trois systèmes d’arêtes dans le corps deviennent : En) A2 [29 LUE à - 3) 1,26 1 ] Lo ER D [25e ts) 1,25] (9) ——$ A =C,—2 5 REZ + 2 "TÉ3) 1,95 « Z1, %, Z% étant le nombre des parties dans lesquelles les arêtes À, B, C, ont été divisées pendant les * périodes; Z le nombre des corpuscules nés de cette segmentation, on à Sn ; 2 ED Sn--1 Sie (10) Sy_—92 Sn + SANS fe 22 ; (11) Nommant encore 7, 7', 7" le nombre des cellules qui se sont formées dans chacune des trois directions, Y,; etc. ce même nombre pour les surfaces, Y pour le corps entier, on obtient W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 239 n +2 mit Ÿ n (122) M NANNNS au = DE SNS n+2 n+l n+i nn DEA - Fee do M nt 3 vilo g ont yo pe TN) n + 1 n PR n ” 14 D To OU 2 Va or Si En désignant par *, ete. ces mêmes nombres mais tels qu'ils sont modifiés pour les corps séparés par les segmentations: a 0 A de De) .0 == 2 19 2,9 n + 2 n + 1 GTS are (Se A Sa— eg 3 3 ( 1) n + 1 n | re Sue ia Sy—2 } b D, 3 ARE (su Je (136) mn + 2 n ENT TES am CE Sn—2 | Fret 3 FT (ae ) 3 n — (S, + Sy-1 + Sn-2) 1? (145) Les formules 9 — 14 donnent, pour chaque nombre de périodes accomplies, à compter de la première division dans une cellule primitive, le nombre des corpuseules nés de cette cellule, et l’état, dans lequel ce trouvent, à la fin de cette période, les arêtes et les surfaces différentes de ces corpuscules. Elles fournissent la solution du problème : étant donné un seul ou un nombre quelconque de corpuscules de la sareine d’un degré de composition et d’une grandeur connus, l’on demande le nombre et l’état des corpuscules qui en seront issus dans l’intervalle d’un nombre donné de périodes; ou bien, en sens inverse: combien de ces périodes a-t-il fallu, pour faire naître un certain nombre de corpuscules connus d’un seul corpuscule ou d’une cellule primitive. Lorsqu'on désire représenter le nombre et la condition des cor- puscules non seulement à la fin de la période nie“e, mais, comme il a été exposé plus haut, pendant la cours de cette période 240 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. même, on place à côté l’une de l’autre les conditions trouvées pour le commencement et la fin de cette période, en exprimant séparément la direction de la multiplication des cellules et de la segmentation pendant cette période. On à A. Accroissement pendant la période niene n— | 3 —Sy — 1 — —9 y — ] | HET, # À cs pr Kz—1 — 2 KA n — 2 5 n—] k CE EE —dn—9 3 A] D 2 K»_9 — 2 ° Ko—1 (15) = Sn —3 — 1 en A2 C En D Kr 3 — 2 4 Ka—2 | * Pour abréger, le second facteur du second membre des équations (9) est iei représenté par K. B. Multiplication des cellules; elle a lieu dans la direction pour laquelle on trouve 2 dans les équations suivantes. US A pour À: ne qnn en è | Er n + ] ñ pour B: Pons UNE (16) Y'a tt ñ n — 1] pour Cri J'RR VE Y'n —1 C. Segmentation; on trouve 2 pour la direction dans laquelle la segmentation a lieu Sp, Z ñ n—1 pour À: Si = 2 | Zn — ] g! Sn—1— Sy 9 # | pous PB roue) 2 TANGER Zn —]1 pour C Fr FR Del = RL EU ue INTER re on LS CSSS DURS rs ASTRA W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L’ESTOMAC. 241 D. Nombre et augmentation des cellules dans les surfaces. “a Fr a a — (Sn — 1 + Sn—2) ji mo : _ en nn | Momo" ik a “ | n , n—1l s nl, # de — — (Sn -- 24 °n—3) —— + on (On 2 Sn—3) 18 MU, T2 ° ” —2 à e à ï : au re Res — (Sn — 1 + 83) a AU : in LT PES) qi ? - ae Quand les deux termes donnent un nombre égal, la surface se trouve pour cette période à l’état de repos. Maintenant il nous faut encore exprimer le nombre des seg- mentations s, en fonction de n. Conservons pour s, » et p, les significations que nous avons déjà données à ces lettres plus haut. Nommons de plus: r le nombre des cycles entiers qui s’écoulent, du moment où l'on commence à compter les périodes jusqu'à la première segmentation dans le corpuscule. q le nombre de périodes entières qui restent dans le cycle (r + 1ème, et dans tout cycle suivant, après le moment dans lequel la segmentation a eu lieu. Alors, divisions et soustrac- tions étant encore bornées, comme auparavant, aux nombres entiers et positifs : D ee a (19) Or nous avons (5): p — > buis les observations nous ont appris que le terme de la segmentation varie entre les limites de deux périodes entières, pendant lesquelles il y a, dans la direction qu’on considère, un accroissement de 22 : à 34 v. Ceci convient, d’après notre notation, pour la direction À, à la hui- tième et à la neuvième période, en sorte que: = 2 (20) et noie | ou bien D 0 (219 à) d’où : = — —2 oùbin s»—E—2 (22 Ces deux valeurs de s,, transportées séparément dans les formules données, donnent lieu à deux solutions possibles pour chacune d’elles. ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. L 16 —— . et dont le développement et dont le développement et dont le développement et dont le développement pendant la période précé- pendant la période pendant la période précé- pendant la période M dente était: : suivante sera: dente était: suivante sera : } cellules : u cellules : u cellules : u cellules 17 — 22 A 22 — 21 A 17 — 22 A 22 2 16— 32 | 32 — 64 32, —,64 : 32 — 6 1— 17 B 17 — 22 Dei 1043 BITES 32 D NO A 82, Do ta Gi Gus 4e AGion D oui C 27-284, "4 249 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. Si l’on considère un certain nombre de corpuscules, il est vrai- semblable qu'une partie sera segmentée dans cette première période, une autre partie dans cette seconde période de segmentation. En supposant une répartition égale parmi ces deux périodes, on peut à] diviser le nombre des corpuscules en deux et appliquer à une moitié l’un des cas de segmentation, à l’autre le second cas possible. Je ne répéterai pas ici les tableaux tels qu'ils ont été donnés, pour plus de clarté, dans le mémoire lui-même (pag. 55 — 58), et dans lesquels les deux valeurs de s sont transportées dans les formules. On trouve également dans le mémoire l’application des formules à un cas spécial, c’est-à-dire pour » = 25; le résultat, exposé d’une manière très-succinte (pag. 59.) est celui-ci: À la fin de 25 périodes se sont formés, d’une seule cellule primitive, 196608 corpuscules, parmi lesquels il y en a 131072 et 65536 dont les dimensions et la condition des surfaces sont celles-ci : cellules : u cellules : Mi au ie si ss spi NE, FR 7 C — 27 Le am a —22 | 64 17 — 22 | 82 —64 am SSD NON DT Lion 82 — 64 p 20 — 21 | Par la ligne pleine sous les nombres est indiquée une multi- plication des cellules, par la ligne ponctuée, une segmentation qui a En À À ! W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L’ESTOMAC. 243 lieu pendant la période et dans le sens des côtés dont ces nombres indiquent l'accroissement. Nous avons distingué ici deux cas de segmentation, tandis que nous avons trouvé auparavant, que la latitude dans le terme de la segmentation, s'étendant sur deux périodes successives, donnait lieu par cela même à la distinction de frois elasses différentes de cor- puscules. Il faut encore éclaircir cette contradiction apparente. Si l’on ne considère pas seulement les résultats du développe- ment etc. à la fin d’une période quelconque, mais, conformément aux observations mêmes, la condition des corpuscules pendant le cours entier de cette période, il faut distinguer encore deux cas spé- ciaux dans chacun des deux cas de segmentation. Un corpuscule, représentant une phase du développement propre à la période dans laquelle sa segmentation à lieu, pourra être, à un certain moment de cette période, déjà segmenté, ou pas encore segmenté. Parmi un certain nombre de corpuscules il y en aura quelques-uns qui auront déjà subi cette segmentation , d’autres qui l’attendront encore dans le reste de la période. Ceci est vrai pour chacun des deux cas de segmentation en particulier. Il en résulte quatre genres de corpuseules: 1. Ceux qui sont segmentés à une phase de leur développement, répondant à la première période dite de segmentation, et qui ont déjà subi cette segmentation au moment donné. 2. Ceux qui sont segmentés dans le courant de cette même période, mais qui, en ce même moment, n’ont pas encore subi la segmentation. 3. Ceux qui sont segmentés à un état de développement ap- partenant à la seconde période dite de segmentation, et pour les- quels la segmentation est déjà effectuée. 4, Ceux qui seront segmentés de cette même manière, mais pour lesquels la segmentation n’a pas encore eu lieu. Or, en considérant de plus près l’état de ces corpuscules, comme il à été fait dans le mémoire (pag. 59 à 62), on trouve que les genres 2 et 3 sont identiques et correspondent à la se- conde des trois classes, distinguées précédemment. Le genre 1 contient les corpuscules qui ont été rangés dans la classe I, le genre 4, ceux qui formaient la classe III. 244 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. Pour savoir si la segmentation était, en effet, répartie également entre les deux périodes indiquées, j'ai compté le nombre des cor- puscules appartenant aux classes différentes, et qui se trouvaient réunis dans un même espace. Quatre supputations donnèrent le résultat suivant : Nature des surfaces observées, nombre de leurs cellules. ..... \ | DES A ANNE 6 1 (] 9 2) +1 4 2 Nombre des corpuscules........ ) 1 8 noie ; 9 Ka | 10 2 8 3 ent SOMME. ATP UNE AU ERE 4 38 10 22 8 Pour quelques surfaces à 32 cellules en repos, placées entre parenthèses, il était douteux si elles ne devaient pas être rap- portées plutôt à la catégorie suivante; mais la question est indiffé- rente ici, parce que les surfaces de ces deux catégories appar- tiennent à un même genre de corpuscules, c’est-à-dire à ceux de la classe IT. Il y avait donc dans un même espace : 8 corpuscules de la classe III 32 2 7 7 7 IL 38 7 7 2) 2) I et en outre 4 2 d’une classe (IV), à segmentation précoce, ayant lieu avant le commencement des deux périodes que nous avons nommées périodes de segmentation. Observons d’abord qu'à cause de ces derniers, et pour être complet, il faut admettre encore un troisième cas de segmenta- tion, et dès lors une troisième valeur de s, devant être substituée à son tour dans les formules. On a Sn re À — 9 3 Maintenant, en comptant tous les corpuscules observés, nous remarquons que deux corpuscules de cette classe (IV) équivalent à un seul de la classe I, deux de la classe I à un seul de la classe II, deux de la classe IT à un seul de la classe Il; en sorte que : W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 245 (IV) I II III 38 32 8 D er 10 =" 20 HDi — 20 34 le total équivaut à 34 corpuscules entiers de la classe ITT. Négli- geons encore, pour le moment, le cas rare de segmentation dans la période précédant celles que nous avons nommées périodes de segmentation par excellence. Mettons encore de côté deux de nos 34 corpuscules, pour avoir affaire à un nombre 32 divisible ité- rativement par 2. Alors, désignant par «a et b les deux cas prin- cipaux de segmentation, et partageant nos 32 corpuscules égale- ment entre ces deux cas, nous avons 16 corpuscules pour chacune des deux catégories; mais ceux qui appartiennent à la catégorie «, à segmentation dans la première période, font, par cela même, . 82 corpuscules d’une classe inférieure. Il faut encore distinguer, dans ces deux catégories, entre les corpuscules qui, à un moment donné, ont déjà, et ceux qui n’ont pas encore subi la segmentation propre à la période. Nous indiquerons cette différence par a, et a., b, et b,. Supposant maintenant que dans une masse de corpuscules, comme celle que nous avions l’occasion d'étudier, et dans laquelle toutes les phases de la période se trouvent entremêlées, la moitié des corpuscules ait déjà, et l’autre moitié n'ait pas encore, au moment de l'observation, subi la segmentation propre a cette période, il faudra de nouveau diviser nos nombres par deux. En tenant compte, en même temps, äu doublement successif des nombres par la segmentation elle-même, nous obtenons, nommant / le nombre de corpuscules primitifs à partager : | D TE RE Nr Ce a, da b, b, XD — l FU AL Ce mes 1 il classe I : / ‘classe JE 1 : 1, classe IIL :1 /. 246 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. en sorte que les 32 corpuscules primitifs, partagés de cette manière, nous fournissent pour les trois classes: I Il IT 32, 32 et 8 corpuscules. Les deux derniers nombres s'accordent avec les nombres observés. Il nous manque 6 corpuscules de la classe I et, en outre, les 4 de la classe (IV) négligée jusqu'ici. Supposant que les 2 corpuscules primitifs que nous avons mis de côté, appartiennent au troisième cas de segmentation précoce, désigné par «, et les partageant encore également entre &, et «,, nous obtenons en tout: 2 32 œ a b 2%4=S8 16: X 2=32 16 œ, O9 ad; de dy b, b, HN À AMG = 52 16 SL oi AV)=e, Iœut+ta) I(=a,+b,)l(=b) 8 36 32 8. Ces nombres, résultant de notre hypothèse, présentent un accord presque parfait avec les observations. Il n’y a que quatre corpuscules de trop dans la classe (IV), qui correspondent aux deux que l’on trouve manquer dans la classe I. Si cette circon- stance n’est pas due au hasard, il faut admettre une répartition inégale pour «, et «,, c’est-à-dire une répartition inégale des chances d’être segmenté entre les phases successives du commencement de l’époque de segmentation. La chance, très petite d’abord, s’aug- menterait en avançant dans cette époque. Ceci n’est pas du tout improbable; je me suis même demandé, si la chance ne s'aug- menterait pas jusqu'au milieu de l’époque entière, pour diminuer graduellement dans la seconde moitié. On trouve la discussion de cette question et l'indication d'observations ultérieures qui pourraient servir à la résoudre, de la page 67 à 72 du mémoire. Je me bornerai ici à dire que les observations actuelles ne trahissent point une telle répartition des chances, mais rendent probable une répartition égale pour W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 247 toutes les phases de l’époque, à l'exception seule de ses extrémités. Il est clair que l’époque de segmentation pourra varier selon les circonstances. Dans l'estomac, les corpuscules sont exposés à des agitations et à des frottements continuels. Si l’on pouvait faire se développer la sarcine dans un repos parfait, la seg- mentation serait retardée sans doute. De même, des secousses plus fortes devraient hâter ce phénomène. Ensuite, la cohérence pourrait être dans un cas plus grande que dans un autre cas. Welcker a vu des corpuscules plus composés que ceux observés par Goodsir et par moi-même. Pour le cas tel qu'il s’est présenté dans nos observations, et en rendant compte de toutes les diversités pro- venant de la segmentation différente, l’état complet d’une colonie de sarcine, croissant et se multipliant par division, est donné, pour une période quelconque, dans le tableau faisant face à la page 67 du mémoire. | Toutes les formules que nous avons construites successivement , représentent le cours des phénomènes tel qu'il a été déduit im- médiatement des observations, c'est-à-dire de période en période, de cycle en cycle. Or, quelques-uns de ces phénomènes sont, réel- lement, de nature périodique. Tels sont la multiplication des cel- lules, et la segmentation, qui se reproduisent d’une manière régu- lière, après de certains intervalles, dans chacune des surfaces, dans chaque direction. Mais l'accroissement est un phénomène de nature continue, et dont la loi, pour cette raison, ne peut être exprimée que par une fonction continue elle-même. Les observations nous ont appris qu'à la fin de chaque cycle de trois périodes, les dimensions sont le double de ce qu’elles étaient un cycle aupara- vant. C’est donc une relation, une loi, qui lie entre elles les dimensions acquises à des intervalles égaux. Elle est exprimée par la formule : ro An. —= 2° Am dans laquelle : ou, plus correctement, = indique le nombre entier de cycles, à partir du moment où la dimension était de A». Les ter- 248 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. mes qui furent ajoutés au facteur A (A dans les formules) pour exprimer les dimensions à la fin des périodes individuelles dans chacun des cycles, sont de nature purement empirique. Le tout est le terme général d’une série discontinue, dans laquelle ne fut for- mulé que le résultat immédiat de l'observation. Or, les observations ne nous donnent jamais la fonction continue d’une manière immé- diate. Qu'on choisisse les intervalles aussi petits que possible, ils ne sont jamais infiniment petits. Il faut toujours faire un petit saut, pour arriver, en partant de l'observation même des phénomèé- nes, à la fonction continue qui en exprime la loi complète. Le moyen pour s'assurer s’il est probable qu'une loi, qu’on trouve lier entre eux les faits observés à des intervalles égaux, soit en même temps la loi générale, valable pour tous les moments, pour le cours entier du phénomène, consiste dans l’intercalation ‘ de valeurs intermédiaires, calculées d’après la loi en question, et qu'on puisse contrôler au moyen d’observations nouvelles. ñn Pour savoir avec probabilité si la loi A» +» —= ® Am, Qui, ., « . ,e 0 n 0 liée à la condition des nombres entiers pour 2. exprime la rela- LE tion entre les dimensions observées de cycle en cycle, est en même temps, sans cette restriction, la loi générale de l’accroisse- ment linéaire, nous possédons un moyen de contrôle dans les dimensions finales des périodes individuelles, données par les observations. Intercalant entre 174 et 34u, nous trouvons : calculé. observé. 1 Anti 2°. 17e — 214u PAT 2 Auto = 2°, Tu = 27u 27 u (A “- É fs 2: 17 QUES 34 u 34 u ÿ Il y a done accord entre le calcul, d’après cette loi, et l'observation, à l'exception du terme A-1+1; mais la différence pour ce terme lui-même n'excède guère la plus petite valeur adoptée dans les observations; et nous savons en outre que ce W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 249 terme a été déduit des observations avec un degré de sûreté un peu moindre que les autres. En adoptant la loi citée comme loi générale de l'accroissement, on peut changer ce terme, et, d’après lui, les constantes et le facteur K+, dans les formules antérieures (Mémoire, page 75). Mieux vaut cependant leur conserver, telles qu’elles sont, le caractère de formules exprimant le résultat immédiat des obser- vations, indépendant de toute considération théorique. Pour autant qu’elles expriment la loi générale de l’accroissement, conformé- ment à ce que nous avons conclu maintenant avec un haut degré de probabilité, elles prennent la forme très simple de: TE A OT patio le are (ee Cr 2 : L 4,25 u. | , 0 CR n , Q où les divisions Ce ete. ne sont plus bornées aux nombres entiers mais sont continuées jusque dans les fractions. Il va sans dire, que, pour rendre compte de la segmentation, il faut toujours abstraire de ces exposants les valeurs telles qu’elles ont été indiquées auparavant. On peut poursuivre encore l’intercalation, en divisant par exemple la période en 10 parties égales et en caleulant les dimensions des arêtes du corps, pour ces intervalles. (Mem. p. 76). On pourrait également trouver le moyen de poursuivre, parallèlement, le contrôle. En tout cas, cette intercalation nous fournit l’occasion de comparer le dévelop- pement des surfaces, tel qu'il résulte de la loi déduite des obser- vations, avec ces observations elles-mêmes. Nous avons commencé par disposer en série (page 221, 26 du mémoire) un certain nombre de surfaces observées, comme représentant les phases du dévelop- pement commun, mais affectées de leurs déviations individuelles. Or voici le tableau des valeurs calculées, d’après la loi A: — ñn 2. 4,92bu, pour les deux côtés de ces mêmes surfaces et pour 250 des intervalles égaux à 1 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. de période; on n’a tenu compte, dans ce calcul, tout comme dans les observations, que des demi-unités de mesure : 16 cellules: 116 — 32 cellules:| 32 cellules: 132 -— 64 cellules: côté côté | côté côté | côté côté côté côté court Jlong|court long court long court long [ed M | & HEURE REUNEE He 1 rule 13% 131 ...... PAU GPL AE EL SET, CR 21% 11 pau DA MALE LS Ed HE dent 2214118.:.,..1.. 221% TEE APE Do a A A LS I Pr 3 NI Eee NON 23% D A LE LH ne 1914 1510 ...... 24411914 ...... 24% AN al re at TON RME UE 207 T6 nc :.. 20, ADS UC 26 15%)... LÉ 21% 1.17 Ce RARE PHMRAS | 27 64 cellules: côté côte court long ÎE [sd PA Em At à 21 2:23 ARE NE 28 2822 vredotie 29% 241 ...... 81 D EEE 321 Dal MMS AE : 84 Nommant { le temps écoulé depuis le moment d’où nous commen- ‘ ; A l cons à compter, T la durée d’une période, nous avons n = T et AL? pour les dimensions des trois côtés à compte de la segmentation: CN 2 L ;t <= —1 — Sy —1 B, — 2% a D D Re de C;, — 2% k ) chaque instant, en tenant 4,25 u (25) La nature de l’accroissement lui-même, c’est-à-dire le changement de grandeur d’un moment infiniment petit à l’autre, est donné par les relations différentielles, semblables pour les trois directions: lé | BA ess ah . low nép, 2 0,231 ol Sue T à der ADN VAR AE . 4,95 w B, (26) — = - log.mép?2—= 7. 0,281 y 3T ARR pu dd DS NÉ CE 5 — £ LÉ log. nèp. 2— Re 0,231. d 1 3T W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 251 On y voit, que l'accroissement est, en chaque moment, pro- portionnel à la grandeur acquise. De même que ces dimensions linéaires, les surfaces et la masse entière s’augmentent en pro- portion directe de la surface, de la masse acquise. En d’autres termes, tout élément, toute cellule adjointe au corps, participe immédiatement, et dans la même mesure, à l’accroissement général, qui par là va toujours en augmentant. On voit encore que la vitesse d’accroissement est inversement proportionelle à la durée de la période. La valeur absolue de cette durée même n’est pas encore connue. Il faudrait pour cela l'observation directe de la sarcine vivante, comme nous avons dit dans le commencement. Probablement, on trou- verait qu’elle est une fonction, non-seulement de la nature spéciale de cet organisme, mais encore des circonstances extérieures, telles que la température. Faisant T — 1, 4 exprime le nombre des pério- des, prises pour unités, et les formules 25 et 26 deviennent t Ar — 2° 4,95 u etc. - À — 44, 1,931 ete. L'histoire des cellules dépend d’une manière très-simple de celle du corps entier. Dans chaque surface on n’aperçoit que des cel- lules semblables, offrant toutes, dans les mêmes directions, les mêmes phénomènes d’accroissement et de division. L'histoire du corps entier est partout, comme ici, le résultat, la somme de l’histoire des parties élémentaires; mais ici ces parties étant éga- les entre elles, le rôle qui convient à chacune d’elles en particulier est déterminé par simple division. En divisant par le nombre des cellules le diamètre du corps dans chaque direction, on obtient pour quatre périodes succes- sives, le nombre des cellules se doublant à chaque période: Période 1. Période 2. Période 3. Période 4. 1 — 2 cellules, 2 — 4 cellules, 4 — 8 cellules, 8 — 16 cellules, dont l’accroissement et la division dans les trois directions : u M H W A..4,95 — 5,56 2,15 — 3,315 815 2 1N 4,95 4,25 — 5,50 MOD NE 40h) (495, = 5.50 DIRES Sas, : SATELeS 4405 D) 335) /H376 405, 495, 1550 DE CE MSISTS 252 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L’ESTOMAC. Il est clair que l’histoire de la cellule individuelle ne dure qu'une seule période. À chaque division, naît une autre génération de cellules, auxquelles le rôle des cellules-mères est transmis, et qui le poursuivent. La division des cellules, qui, par rapport au corps entier, se succède alternativement dans les trois directions, présente cette même alternation, non pas pour la cellule indivi- duelle, mais dans l’histoire des générations de cellules, prises dans leur ensemble. Pour chaque direction on voit le diamêtre des cel- lules, réduit à sa moitié par la division dans cette direction, s’aug- menter pendant un cycle de trois périodes, jusqu’à ce qu'il ait atteint le double de sa valeur primitive et soit dimidié encore par une nouvelle division dans cette même direction. Mais ce sont trois générations successives qui accomplissent, ensemble, cet accroissement. Dans les deuxième et troisième de ces périodes deux générations nouvelles de cellules, nées par les divisions dans les autres directions, ont succédé à la première et ont con- tinué la tâche que celle-ci avait commencée. Au moment de sa naissance chaque cellule a, dans les trois directions, trois dimen- sion différentes : le plus petit diamètre, dans le sens de la divi- sion d’où la cellule dérive son existence comme telle; un dia- mètre moyen, dans la direction où se fit la division des cellules dans la période précédente; le diamètre le plus grand enfin, dans la direction où il y eut une division deux périodes aupara- vant. Or on voit, que ces diamètres différents représentent trois phases différentes d’un développement identique mais asynchrone pour les trois directions. Tout comme pour le corps entier, l’ac- croissement des cellules nous révèle dans les trois directions une seule et même loi; mais la différence de phase dans ces trois directions répondant tout justement à une de nos périodes, c’est-à- dire à la durée moyenne d’une génération de cellules, il y a ceci de particulier pour les cellules, que les trois éléments de l'accroissement complet, dans chacune des directions, sont répartis sur trois générations successives, et que chaque génération, ayant pour son partage un seul de ces éléments, en possède ce- pendant la série complète dans l'accroissement des ses trois diamè- / W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 253 tres difilérents. Par cette même eause, les cellules des générations successives sont égales entre elles, et nous offrent toujours les mêmes phénomènes d’accroissement et de division, seulement avec mutation régulière de leur direction relativement aux arêtes du corps entier. Pour l'expression de l’accroissement de la cellule, nous avons en général, comme pour le corps entier (pag. 247): ñn Am n — 25 A» et Dal l (0 NL AU) où il faut encore substituer pour À,, une valeur primitive a, , et rendre compte de la division des cellules. Cette dernière à pour les cellules individuelles le même effet, que la segmentation pour le corps entier. D'ailleurs, la division des cellules, qui pour le corpuscule entier et pour ses surfaces est en quelque sorte un phéno- mène continuel, s'étendant sur la periode entière (toutes les cellules ne se divisant pas au même moment, mais le plus souvent suc- cessivement pendant tout le cours de période), est pour chacune des cellules en particulier un phénomène momentané et qui, dans l’histoire des générations successives, doit avoir un caractère périodique discontinu. Il s'ensuit que la division, pour les cellules, doit être expri- mée de la même manière que la segmentation pour le corps ern- tier. Nommons d le nombre des divisions dans la direction la plus avancée, d’ et d” dans les deux autres, nous avons en comp- tant du moment où s'opère une division dans la première di- rection : ns 7 Il ND co & En —= 2 à à (4) 254 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 3 n + 1 d'a —=dn—1=. . nombres entiers. (28) n ui —= à En substituant ces dernières expressions dans les autres (27), on arrive au cas où il faut absolument distinguer ces divisions, bornées aux nombres entiers, par le signe + mentionné plus haut. !) On obtient : ñ n +2 —— € n — | n +] —— — & br = 2 * u AU A 1 —9 n D TENUE C0 è 2 (8) Il est clair que le moment, à partir duquel nous commençons à compter le temps, doit être le moment de la naissance d’une cellule quelconque que nous considérons comme la première, et que & sera la grandeur du diamètre le plus avancé, pour ce moment même. Or si nous voulons dériver l’histoire moyenne des cellules de celle du corps entier, ce moment ne pourra être identifié au commencement de la période de division pour la surface dans laquelle se trouve la cellule indiquée. Il est vrai que quelques cellules de la surface sont, à cet instant, nouveau-nèes et se développeront pendant la période pour être divisées à sa fin même; mais, pour la plupart, elles sont plus avancées; quel- ques-unes même accomplissent déjà leur division en ce mo- ment. En divisant le diamètre d’une telle surface par le nombre des cellules, on obtiendrait pour a, une valeur trop grande. On peut dire, que, en moyenne, la division des cellules se fait au milieu de la période; en moyenne, il faut donc chercher au milieu de la période précédente le moment de la naissance de cette 1) Dans le mémoire original, ce signe & ne m’étant pas alors connu, la substitution n’a pas été faite, afin de ne pas réunir dans une même formule des fractions liées et d’autres non liées à la condition des nombres entiers, W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 255 génération. En désignant par 7 le temps, tel qu'il sera compté dans l’histoire des cellules, on aura, 1 Tee l — 2 ; pour indiquer le rapport entre l’histoire normale des générations de cellules et celle que nous avons trouvée pour le corps entier; Le 1 et les conditions des cellules, qu'on trouvera pour 5 — ; T 1 etoe + 5 T, indiqueront les limites des variations individuelles des cellules, dans une surface d’ailleurs régulière, au milieu de la période qui s'étend de 4 à { + T. Pour déterminer la valeur de «,, j'ai préféré mesurer quel- ques cellules directement. La plus petite que je vis, parmi celles qui étaient déjà divisées, avait dans cette direction un diamètre de 4,3 4; la plus grande des cellules non encore divisées avait dans la direction de la division à venir un diamètre de 4,75 u; la plus grande parmi celles qui parurent être divisées très-récem- ment était de Du. [a moyenne pour un état de division très | récente fut trouvée 4,6 v. Il en résulte, en interpolant au moyen des formules a et b, pour les trois directions: =, 46 b,2==,,9,69 y cb 2914 d’où dj — 0; — 9,000 | he En HE (29) Co U) — 40h L'histoire moyenne ou normale des cellules dans quatre généra- tions successives, séparées chaque fois par une division momen- tanée, devient dès lors: génération génération génération génération première seconde troisième quatrième 1 cellule 2 cellules 4 cellules 8 cellules (2 à li mi Fe NET 3,65 — 4,6 div. 2,3 — 2,9 2,9 — 3,65 3,65 — 4,6 div. 20 SUIS 2,9 — 3,65 3,65 — 4,6div. 2,3 — 2,9 2,3 — 3,65 GORMMISE 2,3 — 2,9 2,9 — 3,65 3,605 — 4,6 div. 2,3 — 2,9. 256 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. Substituant a, — 3,65 x dans la formule (27), on obtient : ñn Hp An = 2 ; : 3,6) u etc. (30) ou bien : ALT 3% Ge 21 . 3,65 u etc. (31) Il s'ensuit enfin : Rene log. nép. 2 — %. 0,231, ete. (32) èT 2 ki Comme pour le corps entier, ainsi pour les cellules l’accroisse- ment en grandeur est, à chaque moment, proportionnel à la grandeur déjà acquise. Il est donc probable que toutes les particules de la paroi participent également à cet accroissement, et que toutes les molécules nouvelles, interposées entre les molécules déjà pré- sentes un moment auparavant, poursuivent sans délai cette intus- susception par laquelle la paroi entière augmente sa superficie. Il est vrai que cette explication n’est pas la seule possible; il se pourrait que quelques parties de la paroi eussent un accroisse- ment plus rapide, balancé par un accroissement plus lent d’autres parties; pour le décider, il faudrait observer ces différentes par- ties de la paroi séparément. Mais c’est l'explication la plus simple et la plus probable, si l’on considère que l'accroissement est le même dans tous les sens, et indépendant de la direction parti- culière dans laquelle se fait la division. Nous avons remarqué que les cellules présentent dans un même corps, dans une même surface, des déviations indivi- duelles, l’une une accélération, l’autre un ralentissement relative- ment à leur développement normal, qui peuvent atteindre jusqu'à la moitié d’une période dans ces deux sens. Ces différences étant obtenues à la fois des 7 à 9 périodes, dans lesquelles un cor- puscule adulte se développe d’une cellule simple, on doit s’atten- dre à des déviations encore plus grandes parmi les cellules des générations postérieures. La segmentation cependant fait que ces déviations ne peuvent avoir aucun effet sur la régularité des LÀ © W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 291 corps ou de leurs surfaces, et peuvent seulement se trahir par une différence en grandeur et en composition entre les corpuscu- les appartenant à une même génération. Aussitôt que l'effet crois- sant de ces déviations surpasse une période entière il ne pourra se trahir encore que par le nombre des corpuscules d’une même descendance. Et c’est iei que ces déviations, si elles sont égale- ment distribuées des deux côtés de la condition normale, finissent par se contrebalancer et se sonstraire à l’observation. A côté de ces déviations, l’on en remarque de plus grandes qui, par cela, influent sur la régularité des corpuscules et de leurs surfaces. Dans un angle, à un côté spécial de la surface, on voit l'accroissement et la division des cellules s’accélérer ou se retarder à un plus haut degré. On voit à côté l’une de l’autre des conditions qui ailleurs appartiennent à des périodes différen- tes. Les groupes des corpuscules ne sont plus égaux entre eux, les angles sont souvent arrondis etc., et l'irrégularité semble encore plus grande qu'elle n’est en réalité, parce que , ces surfaces n'étant plus planes, les corpuscules prennent souvent une position oblique. Le commencement d’une telle irrégularité est visible dans la figure 2 (ou les figures 11, 16, 17, 18, 23 du mémoire). On voit souvent que dans un tel corps l’un des compartiments est tout à fait irrégulier, tandis que les autres présentent la forme régulière. Or, après un certain nombre de périodes, ces com- partiments étant accrus à la grandeur où arrive la segmentation, le corpuscule est séparé en d'autres dont les uns sont parfaite- ment réguliers, tandis qu'un autre au contraire est irrégulier au plus haut degré. Mais il vient un temps où ce corpuscule irrégu- lier se segmentera lui-même. Par ce procédé les parties qui, sans être irrégulières en elles- mêmes , causaient par leur inégalité lixrégularité de l’ensemble, en seront séparées une à une, jusqu’à ce que toutes les cellules du corpuscule, qui ont continué indivi- duellement à s’accroître et à se diviser normalement, auront formé autant de corpuscules distincts. Le moment arrive done où le corpuscule irrégulier, par segmentation réitérée, nous rend des corpuscules rentrés dans la forme normale et régu- ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. I. 17 258 W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. “ lière. On a distingué deux formes de la sarcine, l'une régu- lière, l’autre irrégulière ; l’on voit que ces deux formes ne sont pas indépendantes l’une de l’autre mais passent l’une à l’autre alternativement. Nous voilà done arrivés à l'explication com- plète des phénomènes qui furent observés, en commençant, dans une colonie de corpuscules de la sarcine, se multipliant par seg- mentation. Si dans tous ces corpuscules, à commencer de la cellule primitive, le développement avait suivi son cours normal, sans aucune déviation partielle ou individuelle, nous n’aurions pu ob- server dans cette masse que des corpuscules parfaitement égaux entre eux. De la latitude dans le terme de la segmentation naissent les corpuscules de genre différent, comme nous les avons distingués dans les observations; de petits défauts de simulta- néité dans le développement des cellules individuelles d’une même surface résulte cette période de division dans les surfaces, qui nous à fourni dans le commencement le moyen de distinguer ces périodes elles mêmes; les déviations individuelles dans les cor- puscules entiers et dans leurs surfaces font que les phases diffé- rentes du développement de la période sont représentées toutes à la fois dans les corpuscules d’une même classe. Enfin les déviations plus fortes relativement au temps, en d’autres termes, les déviations partielles plus accélerées occasionnent l'existence de corpuscules irréguliers à côté de ceux qui présentent la forme régulière. Il nous faut revenir encore sur une question soulevée dans le commencement, et relative à la forme spéciale des cellules, par laquelle naissent les méats intercellulaires. Ces méats intercellu- laires diffèrent en grandeur selon la place qu’ils occupent dans le corps. Pour expliquer cette inégalité, une différence d'âge se présente tout d’abord à l’esprit, mais il y a, comme nous avons déjà remarqué, des méats qui différent notablement en grandeur, quoiqu’ils dérivent leur existence de la même période. La place de tous les méats intercellulaires est indiquée par l'intersection de chacun des plans de division avec tous les plans de division qui existaient dans le corps avant lui. Leur W. F. R. SURINGAR. LA SARCINE DE L'ESTOMAC. 259 âge est déterminé par le plus récent des deux plans intersé- eants: il est clair que le méat intercellulaire ne peut être plus âgé que cette intersection même, et l’observation démontre qu'il naît bientôt après. Leur nature peut dépendre de la différence d'âge des plans intersécants; il faut commencer en tout cas par les distinguer sous ce rapport. À la page 95 du mémoire j'ai disposé toutes ces intersections d’après l’âge et la direction des plans intersécants et en indiquant leur différence d'âge par deux chiffres, dont l’un, le plus grand, est celui de l’âge (en périodes) du plan le plus récent, le plus petit, celui de l’âge du plan le plus ancien. De ce tableau est déduit un autre où les méats intercellulaires sont disposés en séries; les séries diffèrent entre elles par la différence d'âge entre les deux plans interséeants:; les méats dans chacune des séries étant disposés d’après leur âge, c. a. d. d’après l’âge du plan intersécant le plus récent des deux. Je ne répéterai iei que ce dernier tableau. Les méats y sont désignés par les lettres qui indiquent la direction des plans de division qui se coupent, et par leurs numéros d'ordre. MEATS INTERCELLULAIRES. CR. RS RS Te CN ET. NE CES TN nn ON UN série 1. série 2. série 3. série 4. série 5. série 6. série 7. série 8. différence d'âge des deux plans de division intersécants de 1 #@ ä 5 {| 8 10 11 périod. +3) (+3) (4+2X3)(24+2X3) (14+3X3) (24+3X3) A 0 BA B:O, . | BA, \B: A6 AZ | ALTE da8 AT = 88 = S ST sis AS È ee El C T E E E & = FA 5 a TD a | Under Proof 0 0.09 0.9991 (SEM () —0.01 99.7 99.8 1 0.24 0.9976 il 1} +-0.20 99.0 98.1 2 0.39 0.9962 2 2 0.41 98.3 96.4 3 0.53 0.9947 3 3 0.62 97.7 94.7 4 0.67 0.9933 4 4 0.83 97.0 93.0 5 0.81 0.9919 DE 5.1 1.03 96.3 91.3 6 0.95 0.9906 6.1 6.1 1.29 LE 89.6 fl 1.08 0.9893 Fidl 7 1.40 95.1 87.9 8 1:21 0.9881 SL 8 1.59 94.4 86.2 9 139 0.9869 9.1 9 Eye 93:8.. 84.5 1.45 0.9857 10.1 10 1.95 93.2 82.8 -1.57 0.9845 Ji Il 2.12 92.6 81.1 1.69 0.9834 LOS 119 2.29 92.1 79.4 1.81 0.9822 VS 13 2.46 91.6 PA 1.92 0.9811 14.2 14 2.62 91.0 76.0 2.03 0.9801 1522 15 2.78 90.5 74.3 2.13 09701 116.2 16 2.93 90.0 1220 2.94 0.9781 17.3 HZ 3.08 89.5 70.9 2.34 0.977i 18.3 18.1 3.23 89.0 69.2 2,45 0.9761 19.3 19.1 3.37 88.5 67.5 2.55 0.9751 20.3 20 3.52 88.0 65.7 2.66 0.9741 21.3 21 3.67 87.5 63.9 2.76 09781 22.3 22 3.82 87.0 62.1 2.87 0.9721 23.2 23 3.98 86.5 60.3 2.98 0.9711 24.1 24 4.13 86.0 58.6 3.09 0.9700 25.1 25 4.29 85.5 56.8 3.20 0.9690 26.1 26 4.45 85.0 55.1 3.31 0.9680 27.1 27 4.62 84.4 53.3 3 43 0.9669 28.1 28 4.78 83.8 51.5 8.99 0.9657 29.1 29.11% 100 4095 83.3 49.8 5.67 0.9646 30.1 30.14 OS 82.7 48.0 3.79 0.9635 31.1 31 5.31 82.1 46.3 3.92 0.9623 32.1 32.1 5.50 81.5 44.1 4.05 0.9611 39 33 5.69 80.9 42.4 4,18 0.9599 34 34 5.89 80.3 40.7 4.32 0.9586 30 35 6.09 19:67 11% 4890 4.47 0.9572 36 36 6.30 18.9 37.3 4,63 0.9558 37 31 ÿ 6.52 78.2 30.6 4.79 0.9543 38.1 38 6.75 77.5 33.8 4.96 0.9528 39.2 39.1 6.99 76.7 32.1 0.13 0.9512 40.2 40 7.24 15.9 30.3 5.31 0.9496 41.2 Al 7.50 75.1 28.6 5.49 0.9480 42.2 42 tel 14.2 26.8 5.68 0.9463 43.9 43,1 8.04 13.3 25.1 5.87 0.9445 44.2 44] 8.32 124 23.3 6.07 0.94927 45.2 45.1 8.60 71.5 21.5 6.28 0.9409 46.2 46.1 8.89 70.6 19,7 6.48 0.9391 47.2 47.1 9.17 69.6 179 6.68 0.9373 48.2 48.1 9.46 68.7 16.2 6.89 0.9355 49.1 49.1 9.79 67.8 14.4 7.11 0.9336 50.1 50 | 10.08 66.8 12.7 Volumes d'alcool sur 100 vol. de mélange. Dégrés du Volumètre. oo 00 00 Go 3-2 3 VO IE LV OC HE © © I Ct Co Es Se À = a Fu o© È 8 E Ai E ‘S 11 de El Dec à SEMI : SE | PES | Par. rom) F4 SE EE EE EL FE ns | S = © se Au 2 = T d DO Hu | Le) [ea] re TO A Under Proof 0.9327 51.1 51 10.40 65.8 10 0.9298 592% 52 10.72 64.8 9.3 0.9279 Hot 53 11.05 63.7 1.5 0.9260 54 53.9 11.39 62.7 5.8 0.9240 55 54.9 TE 61.7 4] 0.9219 56 55.9 12.08 60.6 ya 0.9197 57 54 12.44 59.4 0.6 Over Prooft 0.9175 58.1 58 12.80 58.2 19 0.9153 59.1 59 sabre DA 2,9 0.9131 GO.L 59.9 15.55 55.9 4,7 0.9109 GI.I 60.9 13.93 54.7 6.4 0.9087 62.1 61.9 14.32 59.9 8.2 0.9064 63 62.9 14.79 525 9,9 0.9041 64 63.9 1515 51.0 LET 0.9017 65.1 G4.9 15.54 49,8 13.4 0.8993 66.1 66 15.96 48,5 15.2 0.8969 67.1 67 16.39 47.9 16.9 0.8945 68.1 68 16.82 45.9 18.7 0.8921 69.1 69 17.925 44,5 20.5 0.8897 70.1 70 17.69 43.9 929.9 0.8879 Fe | rl 18.14 41,8 94.0 0.8847 Fo.l 72 18.60 40,5 25.7 0.8829 78.1 73 19.07 39.1 927.5 0.8796 74.1 74 19,55 31.06 29.3 0.8770 75.1 75 20.04 30.2 ES É 0.8743 76.1 76 20.54 34.7 32.9 0.8716 71 71 21.04 dde 34.6 0.8690 78 78 21.54 Sr 30.3 0.8663 79 79 22.05 30.2 38.1 0.8636 80 80 29:51 28.6 39.8 0.8609 81 81 23.10 971 41.5 0.8581 82 82 23.64 95.5 43.9 0.8553 83 83 24.19 23.9 44.9 0.8525 84 83.9 24.75 2223 46.6 0.8497 84.9 84.9 05.32 20.7 48.3 0.8468 85.9 85.9 25.90 19.0 50.1 0.8438 869 86.9 26.51 12 51.8 . 0.8406 | 87.9 87.9 27.15 15.3 53.6 0.8373 89 88.9 97.82 13.4 55.4 0.8339 90 90 2892 11.4 57.9 0.8304 91 91 29.24 9.4 59.0 0.8269 92 92 29.98 133 69.8 0.8233 93 93 30.74 be 62.7 0.8196 94 O4] D 1:99 al 64.5 0.8158 95 95 32.34: 08 66.4 0.8120 96 96 393.18 0.8079 97 97 34.08 0.8035 98 98.1 35.04 0.7989 99 99 36.08 0.7941 100 100 37.16 SUR L'INFLUENCE DE L'ACTION CAPILLATRE ET DE LA PRESSION DE L’AIR dans la construction et l'emploi des aréomètres. DÉTERMINATION EXPÉRIMENTALE DE LA QUANTITÉ DE LIQUIDE SOULEVÉE PAR L'ACTION CAPILLAIRE A LA SURFACE EXTÉRIEURE DES TUBES. PAR F. J. STAMKART. Extrait des: Verslagen en Mededeelingen der Koninklijke Akademie van Wetenschappen, 2e série, T. I, 1866. 1 î 1 i (l 1 J El n pus A 44 00 0 Soit ABCD un vase contenant de l’eau ou quelque autre liquide, et supposons qu’un aréomètre flotte dans ce liquide. Désignons la partie immergée de l’aréomètre, jusqu’à une cer- D division.e u.tubé, par) à les Li du Va; ér le volume entier de: l'instrument par! 1). 4, . 1 V, on aura pour la portion de l’aréomètre s’élevant au-dessus de la surface horizontale du liquide . . . . . . V—V,. 23 * 356 F. J. STAMKART. DE L'ACTION CAPILLAIRE Nommons la quantité de liquide soulevée par la capil- larité autour de la tige de l’aréométre .} : 5. Z, et la quantité de liquide soulevée le long des parois AUNVASC Le us OR gt, Représentons la densité di id parer ro QUES D, le poids de l’aréomètre dans le vide par . . . G, et supposons que celui-ci soit chargé, en outre, d’un et poids éral:à ut sy sir SAISONS 2. Pour trouver les done délire Supposons qu'à côté du vase ABCD ïl s’en trouve un autre NOHI, parfaitement égal au premier, et que les deux vases communiquent ensemble au moyen du tube EDHG; représentons-nous, en outre, les deux vases prolongés supérieurement jusqu'à l’extrême limite de l’at- mosphère. L'action capillaire exercée le long du contour PQ sera exactement égale à celle produite le long du contour ML. D'’ail- leurs, il doit y avoir égalité absolue entre les poids des masses qui, dans les deux cylindres, s'élèvent au-dessus d’un même plan horizontal FEGK. Enfin, soit la densité de l'air … 24. 0e ds la hauteur du baromètre . . . A B, la section transversale ou base de dan vase . D; le volume de liquide contenu, dans chaque vase, au- dessous du plan Z Z’ et environnant le volume Vs, . . V'; la-hauteur totale de l'atmosphère +: : . hr, ét la densité du mercure! 240400 2 DANS k. Le volume de l’air contenu dans ABPQ sera = AS — (V— Vs) — z— 7. Le poids de cet air est . . kBS—(V —Vy + z)5 — 20. Le liquide V'+z pèse . . . . . . . . (V'+3) D. L'aréomètre pèse . . BAG G + x. Par conséquent, le pouds da le vase | ABCD (excepté 7’) = kB +G+x+VD+z (D—0) — (V—Vr)Ÿ— 20. Dans l’autre vase ONHI nous trouvons: | Arno 16! | 1 pesant Æ Bien liquide (excepté z') . —=V'+Vr, pesant (V'+ V:)D. SUR L'ÉCHELLE DES AREÉOMETRES. 357 Par conséquent, poids dans le vase NOHI (excepté 3) — k BS + V'D + V,:D — 3'0. Otant des deux vases le poids £ BS — 39 + V'D, nous obtenons l’équation : G+x+ zx (D — 5) — (V — Va) d = Vh D, ou G+ x — Vo — (Va—z) (D—9) . . . (1) G — V5 est le poids de l’aréomêtre dans l'air. Supposons que l’aréomètre étant placé sur un des plateaux d’une balance, le poids G', mis dans l’autre plateau, lui fasse équilibre, et soit A la densité de la matière des poids; la pression exercée par G' sur son plateau sera = G ( — =); par conséquent : a—vo—e (1 —?) A Quant à la pression x, elle est = x! (: — ) , en repré- sentant par x’ les poids qui font équilibre à x dans l'air; on à donc : Gæ+x—Vè = (G + x) (1 — =); et par conséquent aussi: (G' + x!) (: — ) — (Vs — 3) (D — 0). Soit / le rayon d’un tube capillaire, q la hauteur à laquelle un liquide s’y élève, et supposons que le tube devienne de plus en plus délié: la limite du produit /q sera une quantité constante pour un même liquide, une même température et une même nature de verre. Soit 2m° la valeur de cette constante pour le liquide qui remplit les vases, et soit c la circonfé- rence du tube de l’aréomètre, on a, d’après la Mécanique céleste de Laplace (Livre X, supplém.) PAU E ue 3 DONC nc: Ainsi : (@ + x) (1 2) = (Num? o D—5)... @ 358 F. J. STAMKART. DE L'ACTION CAPILLAIRE Si VA est le volume à la température de 15°, et si, à 15°+#, ce volume devient (1 + « {) V4, il faudrait mettre cette dernière valeur à la place de V+. À la rigueur, G’ ne conserverait pas non plus la même valeur, tant à cause du changement de la température qu'à cause de celui de la hauteur barométrique; mi varie aussi un peu quand la température change, parce que q est proportionnel à la densité du liquide (tant que la nature de celui-ci demeure la même) etc.; mais tous ces petits changements ne produisent que des variations smperceptibles dans les corrections cherchées, et on peut les négliger, de même que le produit de « et 9. Aïnsi, pour tenir compte dans l'équation (2) de la dilatation du verre de l’aréomètre, nous écrirons simplement : D E"e 0)UDe et nous aurons : (G' + +) : " ) (Vase M0 HD Supposons maintenant que l’aréomètre, non chargé, s’enfonce jusqu'au zéro de l'échelle dans un liquide dont la densité est — 1 à la température de 15°, et soit m'? la valeur particulière de m2 pour ce liquide, nous aurons z' = 0, i —= 0, D'—1, et par conséquent : Ge (1— 7) = (Vo — m2 0) (15) Divisant l'équation (2) par celle que nous venons d'obtenir, il vient: à EME PEN CERN D'—5 Cu Vo —_ m°?c “ 1—0 N.B. Si l’aréomètre, au lieu de flotter, était suspendu au bras d’une balance maïntenue en équilibre par un poids x’ placé dans l'autre plateau, il n’y aurait qu'à prendre x’ négatif dans l’ex- pression précédente. L’équation de l’équilibre peut se mettre sous la forme: (im )ao (r)= Gr) no nr SUR L'ÉCHELLE DES ARÉOMÈTRES. 3959 et, écrivant: à vo RMC D'—5 LME À 08 | a — 7 El db La k elle devient : n (1— pm?) (+2) = = ee + ip) D". De cette dernière équation on déduit les trois suivantes : 1° pour trouver le poids x’ lorsque » et D” sont donnés: uv?) : nn le (pm) (—D") + p(m'?—m?). (4) 2° pour trouver # quand æ' et D" sont connus: D) x" __D'=(i—pm'?) — + (1—pm?)(1—D")—p(m'2—m?).(B 7 D pm Yep ( ). (5) 3° pour trouver D” quand x’ et n sont donnés: 100 + » :) ( e) - — pm) D'= (1—pm'?) [1 CG ( fe p ARR AAE BA (6) Si l’aréomètre flotte dans de l’eau d’une température de 10 à 20°, et si la densité de l’eau à 15° est prise pour unité, D, D' ér D sont, à trés peu près, — 1, et m?°—m'?; l'équation (4), qui fait trouver le poids x’ correspondant à la division n, devient alors: AUS Me puni CPE); 1100 1 =pm? c'est-à-dire, avec une exactitude suffisante : Fi Cr ML NES (D + pm'? D”) PEL (1 —D”) _ 0 n — 7 D" D Mi DE or RÉ DL Ho ne pe ( ) D'où nt n ! _— D’. a G' D’ La ARE gif GC. Mt 406 No den ) Mais nous avons: C : G’ p = = par conséquent pG' = — c. Vo Vo Si nous exprimons G’ en milligrammes et Vo, en millimètres cubes, on a, à trés peu près, G'=— V, et, par suite, p G'—c. 360 F. J. STAMKART. DE L'ACTION CAPILLAIRE Comme d’ailleurs D’ est presque = 1, on à aussi p G' D'— c. Ainsi: a = UT: D'G' ii 7 cm? (A po 100 Te To A on ) (7) CINE —- est la correction qui, dans la construction de l'échelle, doit être apportée aux poids x', à cause de l’ascension capillaire de l’eau contre la tige de l’instrument. Les corrections pour la pression atmosphérique et la dilatation du verre sont comprises dans: ou, comme D diffère fort peu de 1 dans le cas dont il s’agit: D'=D+ot— (1 — D) 5. . : D’après les recherches de Mr. M. E. Bin sur la capillarité (Mém. couronnés et Mém. des savants étrangers, publ. par l’Acad. royale des sciences de Belgique, T. XXX, 1858—1861, p. 158), on a pour l’eau distillée, er moyenne pour différents tubes dont le diamètre intérieur n'excède pas un millimètre : 1 ee 0 A 2 D’après mes propres déterminations du poids de l’eau qui s'attache extérieurement aux tubes en verre, j'ai trouvé en moyenne, pour l’eau de pluie: mit D),39. On s’éloignera donc peu de la vérité en posant, en nombres ronds, m2? — 6; ce qui signifie que, pour chaque millimètre de la circonférence de la tige de l’aréomètre, on peut compter 6 milligr. d’eau adhérente. Il en résulte em’? = 6 x d — 18,8 d, d étant le diamètre de la tige. Pour l’aréomètre néerlandais de 0° à 9° 1), on a d — 4,8 à 5 mm. Pour celui de 8° à 30°, on a d = 6,7 à 7 mm. 1) Voir page 348. SUR L'ÉCHELLE DES ARÉOMETRES. 361 D’après cela, on aura pour le premier aréomètre : Corr. x! pour la Capillarité = + 0,94 X n mgr. et pour le second aréomètre: Corr. x! pour la Capillarité = + 1,351 X n mgr. Au premier abord, il paraît singulier qu'il faille encore ajou- ter quelque chose aux poids x’, lorsque déjà l’eau adhérente force l’aréomètre à s’enfoncer plus profondément, qu’il ne le ferait sans cela. La raison en est qu'on à pris pour unité de volume (V;) une grandeur plus forte que si l’action capillaire ne s'était pas fait sentir. Les degrés de l’échelle doivent donc aussi être un peu plus grands qu'ils ne l’eussent été sans cette action. La formule (5) peut servir à la vérification d’un aréomètre déjà construit, si l’on observe les points auxquels il s'enfonce dans un liquide de densité connue, lorsqu'on le charge de différents poids æ’. Il est clair que si ces poids sont immergés dans le liquide, on doit tenir compte de la perte qu’ils en éprouvent. Supposons que la vérification se fasse dans l’eau pure, à une température d'environ 15° C, 1—D” sera de nouveau un petit nombre, et m? —= m'?; par conséquent: 100 é = 2 (1——pm'° ue ip") ÉD 0 ot ou, négligeant le produit de pm’2 par (1 — D"): 12 Remplaçant, dans le troisième terme du second membre de cette équation RCA ar n, et pm’? par = è m'?, on a avec Dr @ P CLIP P Tous ) une approximation suffisante : O0 6 Le Dunes D' C D CG 100 x 18,85 d = ,— + 100 (1— D) — (8 D’ e ( ) ' ( ) 362 F. J. STAMKART. DE L'ACTION CAPILLAIRE . . ., d . Q « La correction pour la capillarité, x m'*°. Œ- n, diminue à me- sure que G’ devient plus grand par rapport à d. Pour ce motif il est bon, quand il s’agit d'expériences précises, de choisir le volume Vo ou, ce qui revient au même, le poids G’ plutôt grand que petit, l'épaisseur d de la tige restant la même. Si nous supposons d égal à 5 mm. pour l’aréomètre Néerlandais qui va de Oo à 9°, et égal à 7 mm. pour celui qui marque de 8 à 30°; si, de plus, nous adoptons 37 et 40 grammes pour la valeur de G’, la correction relative à la capillarité sera environ: pour le premier aréomètre de 0 à — 0°,02 » » Second ; » — 0°,03 à — 0°,10. —— L’aréomètre ayant été construit et vérifié dans l’eau, le rap- port qui existe entre le volume V,, situé en dessous d’une division quelconque x de l'échelle, et le volume Vo situé en dessous du zéro de l’échelle, sera donné par la proportion: Va Vo —= 100 2°": 100! où V, représente la partie immergée quand l’aréomètre flotte dans l’eau pure, à une densité = 1. Pour trouver maintenant la densité de quelque autre liquide, pour lequel on à observé le point » d’affleurement de l’aréomètre, on applique la formule (6), en y faisant x’ = 0; il vient: Lit 1 — p m'? 110100 1—pm'? 100, DA 100 + # jus! 100 ME 100 100 + n SDItA ra la valeur approchée de D", on aura ap- 100 + n proximativement : Let 12 DPEENX,. Haupine — A (1—pm? + A pm?) = 1—4Apm? — A—p(m—a m?) A. SUR L'ÉCHELLE DES ARÉOMÈTRES. 363 Mais: ‘1 D'—0 D'= = —., d'où D'=(1— 2) D'+ 2 —D"+ (1—D')0, ou approximativement: D' = D" + (1—4) 0. Enfin, approximativement aussi: ne D': (1 + al) =) (1 — «f) — |) of A: Par conséquent : — A—p (m?—a m2) À +(1—a) — ot a. . (9) Le second terme de cette expression donne la correction pour la capillarité, le troisième la correction pour la pression de l'air, le quatrième, enfin, la correction pour la dilatation du verre. Le nombre p, qui entre dans cette expression, peut être trouvé fort simplement, au moyen de la longueur d’un des degrés de l'échelle et de l’épaisseur d de la tige. En effet, de vou (: si v BRU ANSE on déduit: Va+1 — Vs = TT Vo. Soit {= la longueur en millimètres d’un degré de l'échelle , lon- gueur qu'on détermine, avec une exactitude suffisante , en mesurant celle d’un certain nombres de degrés et divisant par ee nombre: on aura: 1 1 Va NE DENT es | à di 100 0 Mais, c — x d; il vient donc: | ner “ : A ant dei dA da 260 à m'2— m2? A RO D = A 7 1— A)5— ot A. (10 ins A RU A + ( A)ô A (10) Pour pouvoir appliquer la correction relative à la capillarité, il est nécessaire de connaître, non-seulement m'?, mais aussi m?. D'après les déterminations qu'on trouve, pour l'alcool, dans le mémoire déjà cité de M. Bine, et d’après celles que j'ai fai- tes moi-même sur le genièvre ordinaire, on peut adopter pour ces liquides la valeur moyenne m? — 3. En conservant, comme 364 F. J. STAMKART. DE L'ACTION CAPILLAIRE ci-dessus, pour l’eau m'? = 6, la corr. pour la capillarité devient : en At 6 n + 300 | 25 dl (100 + n)° dl Un aréomètre, allant de O à 9°, m'a donné ! = 21,9 et d — 4,8; un autre, marquant de 8 à 30°, a fourni / — 9,7 et d — 7,2. Introduisant ces données dans la formule, et prenant pour n différentes valeurs, entre O et 10 pour le premier aréomètre, entre 10 et 30 pour le second, on trouve que la correction pour la capillarité reste à peu près constante, pour le même aréomètre, dans les limites de l’observation : —0,00114 pour le premier, — 0,00165 pour le second. La correction pour la pression de l'air s'élève de O à + 0,00030 quand » varie de O à 30. Comme elle est de signe contraire, elle vient en dé- duction de la correction pour la capillarité. | L'ensemble de ces deux corr. pour l’aréomètre néerlandais, vérifié dans l’eau et employé dans des mélanges d’alcool et d’eau, est donné par le tableau suivant: Premier aréomètre. Second aréomètre. — O0 Corr. D — 0,00... n = 10 Corr. D — — 0,00158 D D ae EG OOMOS n—=15 == 0Pbhr 10 , , —0,00102 #90 , ; 001 n=25 , , = 0001 n=30, ,, = 0001. Ce ne sont là que des valeurs moyennes; pour avoir la valeur exacte dans chaque cas particulier, il faudrait déterminer direc- tement m°? et m°? pour l'instrument dont on fait usage. Je ne crois pas que cette valeur exacte puisse s'éloigner de plus de 15 à 20 pour cent de la valeur moyenne trouvée. Un seul point reste encore indécis, savoir la grandeur de la correction entre O0 et 5, pour des mélanges faibles. Il est clair, en effet, que m’° ne peut devenir subitement m2, à la moindre addition d'alcool à l’eau. Toutefois, comme pour n — 6° j'ai déjà trouvé m? = 3,69 à 4,08, c’est-à-dire notablement plus petit que pour l’eau, il est probable qu’une faible quantité d’alcool ajoutée à l’eau suffit pour modi- SUR L’ÉCHELLE DES ARÉOMÈTRES. 36) fier considérablement le ménisque, et que, par suite, la correc- tion, qui doit être zéro pour n — 0, s'élève très rapidement à environ —0,001. Examinons encore ce qui Act si, lors de la construction de l’échelle d’un aréomèêtre, à l’aide de la formule (7), on n’avait pas tenu compte de l'effet de la capillarité. La formule (8) montre qu’au lieu du nombre x on aurait inscrit, dans ce cas, au même point de la tige, le nombre #n + _ m'?n—=n+npm?.En d’autres mots: en calculant, pour construire l’échelle, les poids x uniquement d’après le premier et troisième terme de (7), en les prenant, par conséquent, plus faibles que si l’on avait aussi compté _le second terme, l'instrument s’enfoncera un peu moins, et les nombres », tombant un peu plus bas, seront par suite un peu plus grands pour des points déferminés de la tige. D’ après cela, lorsqu on voudra calculer la densité correspondante à une valeur observée de », au lieu de NABEOOES on trouvera 100 + » réellement : 100 1 ste \l 100 + n + np m'? ++ ml 2) ++ pr) A MALE (1 A)p m2 =A—Apm?+aApm?—=A. Mais, d’après (9): A—Apm?+Aa?pm?+(1—A)ÿ—cœta =D. —=AÎ1—(1—a)pm'?] Done : D=A—A?pn'?+a2pm?+(1—4a)9—xœla. Mais, d’après l'échelle telle que nous l’avons supposée construite 100 GE lieu, À et =" = À; donc: 100 + » D=4—p(m?—m)at+(1—Aa)5—œta. . . (11) De me me LAN AT ETS )J—uta. 25 d ! 366 G. J. STAMKART. DE L'ACTION CAPILLAIRE Cette formule donne une corr. un peu plus faible que la formule (10). D'ailleurs, dans la pratique, la construction des échelles est un peu facilitée lorqu’on à une correction de moins à appliquer. Aussi, lorsqu'on ne tient pas à ce que la proportion Vo: Va = 100: 100 & »” se réalise rigoureusement pour chaque division de l'échelle, le second procédé paraît devoir mériter la préférence. En prenant pour m'?, m?, d et | les mêmes nombres que ci- dessus, on trouve pour le cas actuel les valeurs moyennes suivantes : Premier aréomètre. Second aréomètre. n—= 0 Corr. D — — 0,00 ... n = 10 Corr. D = — 0,00130 He D SA R'AE OOOUSS n=19 "7 TENUE) n—10 , , —0,00082 n=20 , , —0,00097 n—=25 ,; |, 1 00008 n—=30 , , —0,00072 DÉTERMINATION EXPÉRIMENTALE DE LA QUANTITÉ DE LIQUIDE SOULEVÉE PAR L'ACTION CAPILLAIRE à LA SURFACE EXTÉRIEURE D'UN TUBE. L’ascension capillaire des liquides n’a guère été observée, jusqu'à présent, qu'à l’intérieur des tubes de verre étroits, dits tubes capil- laires: pour antant que je sache, aucune expérience directe n’a encore été faite pour déterminer la quantité de liquide soulevée ou dé- primée à l'extérieur d’un tube ou, en général, contre un plan vertical. Ci-dessus nous avons déduit cette quantité de l’ascension dans les tubes capillaires, et nous avons posé m?— 1 /q. Il y à quelques années, M. GuNNIN6G, maintenant professeur à Amsterdam, me communiqua un procédé qui permet de trouver la différence des volu- mes d’eau et d'alcool soulevés autour d’un même tube qu’on plonge partiellement dans chacun de ces deux liquides. Voici ce procédé : Un tube de verre porte deux boules soufflées À et B; la par- tie a, qui réunit les deux boules, doit avoir exactement le même monnaie iii SUR L'ÉCHELLE DES ARÉOMÊTRES. 361 diamètre que l'extrémité b du tube. Après avoir pesé l'instrument dans l'air, on exécute deux nouvelles pesées pendant que l’appa- reil plonge, d’abord jusqu'en a ensuite jusqu'en b, dans un des deux liquides, p. ex. dans l’eau. On répète les mêmes pesées pour l’alcool ou quelque autre liquide, dans lequel on fait plonger le tube suc- cessivement jusqu'en «a et b. La perte de poids qu’on trouve par la pesée dans l’eau jusqu’en a, donne le volume de À, dimi- nué du volume du liquide adhérent au tube en a; car le poids de ce liquide doit être équilibré par un poids égal dans l’autre plateau de la balance. La perte de poids en b donne de même le volume de A + B diminué du volume du liquide adhérent en b. La différence des pesées en « et en b donne exaclement le volume B. Les opérations étant répétées dans l'alcool, les deux pesées en a et b déterminent exactement la densité du * liquide; et, celle-ci étant connue, la pesée en a (p. ex.) donne le volume À diminué du volume du ménisque de l'alcool en a; nous avons déjà le volume À diminué du volume du ménisque de l’eau en a; nous pouvons donc trouver la différence des volumes du ménisque d’eau et du ménisque d’alcool. On peut observer qu'on aurait le même résultat en remplaçant la pesée en b par une pesée avec immersion complète; outre que cette dernière est plus facile, elle dispenserait d’avoir en a et b un diamètre égal et un même état de surfaces. Mais il y à plus: il est facile de trouver la valeur «absolue du poids, et par conséquent du volume du liquide suspendu en «a. Pour cela, il ny a qu'à retourner l'instrument après la pesée en a, de manière que B vienne en bas et À en haut, puis à faire une nouvelle pesée jusqu'à ce même point 4. On a alors: 1ere pesée en a: volume A moins ménisque 4; 363 F. J. STAMKART. DE L'ACTION CAPILLAIRE 2me pesée en a: volume B moins ménisque a; et par addition : Volume À + B moins 2 X ménisque a. Une pesée avec immersion complete donnant le vo- lume A +B, on obtient par soustraction À + B — (A +B — 2 a) — 2 a —= le double du volume du ménisque en 4. Pour l'application de ce procédé j'ai employé sim- plement des tubes en verre, fermés et munis d’un oeil à chaque extrémité. Un peu de mercure introduit dans ces tubes les maintenait, en se portant vers l'extrémité inférieure, dans une position verticale pen- dant les pesées. Une échelle sur papier se trouvait à l’intérieur de chaque tube. Je me suis servi de 5 tubes différents: deux tubes (DL et DK) beaucoup plus épais que les tubes aréométriques; un tube plus mince (ZB) ne renfermant pas assez de mercure pour s'enfoncer sous l’eau; et deux tubes ou tiges d’aréomètres (DA et da). Voici les poids et les dimensions de ces tubes: —| _ _— — — Poids Tube. Long. Epaisseur = Diamètre. dans dans | Temp. . ik l'eau |del’eau.| diam. Fate pluie. | de | mm. mm. Le GET mm No. 1. DL ; 167 | Près du grand oeil| 17,87 139,4508| 6,4481| 20° 20 Malien: ere 17,95 20 Près du petit oeil! 18,01 No. 2. DK / 158 | Près du grand oeil 17,71 |139,5981| 8,3599) 20° 20 Milieu 17,62 920 Près du petit oeil! 17,59 | | No. 3. ZB { 160 | A la division 10 | 7,80 | 5,1837|—1,438 |! 199,4 Tube flottant. nr : 20/\""7318 30 1 div. de l’échelle 30 = 2,296 mm. mou 2 50 1139 | No 4. DA |/ 155 | A la division 20 | 6,72 | 5,1859| 0,3440| 199,9 20 Aréomètre mon ” 40 |! 6,71 20 de 8 à 30° D Li O0 PÉOL Aréomètre Bou ” 45 | 4,822 15 No. 5. pi 143 | A la division 30 | 4,835) 3,4142| 1,0623) 19°,9| de 0 à 9° RHONE TI60 STE SUR L'ÉCHELLE DES ARÉOMÈTRES. 369 On à pris la densité de l’eau de pluie — 1,000164 x dens. de l’eau distillée, à la même température. Densité de l'air — à — 0,001205. Si dans la formule (2) on fait x négatif, parce qu’il représente maintenant un contre-poids, nécessaire pour maintenir le tube flottant, on a: js Ô 2 ! à Va— m?c—(G — x) Do Après avoir retourné le tube et l'avoir fait enfoncer jusqu'à la même division », la partie immergée devient V — V, et le con- tre-poids æ'; par conséquent : Es V—V, — m° (HE A) À D — 5 Ajoutant ces deux équations, on obtient: joe à V—2m'c—=(2G—x —x) A DS D'un autre côté, en désignant par K' le poids du qu'il se trouve entièrement immergé, on a: tube lors- jte D'où : ee A mic =. (æ + æ'— G' — K') D 5 ME (12) Si dans la seconde pesée, — après le retournement du tube, — l'immersion n’a pas atteint la division », mais une autre divi- sion »’, on trouve de même: m2 © + 1 (Vu —Va) 17° 0) A = L(r +ax —G'—K') Dico (13) ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. I. 24 310 F. J. STAMKART. DE L'ACTION CAPILLAIRE Par cette formule on se trouve dispensé de Ia condition que l'immersion ait lieu exactement jusqu'au méme point dans les pesées successives. IL suffit qu’on puisse calculer avec préci- sion le volume intermédiaire V,'— V,; les mesures rapportées dans le tableau précédent montrent que le diamètre de chaque tube varie assez peu pour qu'on puisse exécuter ce calcul avec une approximation suffisante. La formule (13) s'applique aussi au cas où le tube flotte dans le liquide, et où l’on observe les divisions » et n', auxquelles se fait l’affleurement avant et après le retournement. Dans ce cas, æ' et x" sont tous deux = 0, et K’ est néga- tif; on à donc: ie: A mc à (Va— Va) — À Ce PE A Lee L(Va— Van) +1 ( D D Voici comment je procédais, en général, dans les observations. Un des bras d’une balance portait un fil à crochet, pour la sus- pension du tube, et une certaine tare destinée à faire équilibre . à une petite capsule supportée par l’autre bras. On suspendait le tube dans le liquide, de manière à ce qu'il plongeât jusqu'à environ 1% centim. au-dessus de son milieu, et on mettait dans la capsule les poids nécessaires pour rétablir l'équilibre de Ia balance. Après avoir observé la division qui affleurait, j'élevais d'environ 77 mm. la balance et ce qu’elle supportait, et j'ajou- tais dans la capsule autant de poids qu’il en fallait pour rendre lhorizontalité au fléau de la balance. Je notais alors de nouveau la division du tube qui correspondait avec la surface du liquide, etc. Après avoir fait 5 observations semblables, le tube était retourné, puis on accomplissait une nouvelle série de 5 observa- tions, en procédant de la même manière et en amenant, autant que possible, les mémes divisions à la surface du liquide. Les résultats fournis par la seconde ou par la première série de pesées SUR L'ÉCHELLE DES ARÉOMETRES. 371 étaient ensuite ramenés exactement, à l’aide de l’interpolation, aux mêmes divisions qui avaient été notées dans la première ou la seconde série. La somme x <+ x” se trouvant alors déter- minée, pour chaque tube, par la moyenne des 5 observations, on avait tous les éléments nécessaires pour le calcul des formules. Le tableau suivant fait connaître les résultats obtenus: Eau. Temperature — 19 à 21°. Tube. ap m1? c | err. moy. | m2 | err. moy. | L pu: 2 No. mm. | mm$.| mm. mm. | mm. 1. LD} 56,3 | 392,1) “+ 12,7 | 6,97 | Æ 0,21 2. KD | 55,4 | 371,7 4,3 | 6,72 0,08 | D ZD 4945 | 1047 18 1408 0.08 | pesé comme les autres tubes, Sie | j07,0 7,9 | 4,97 USA AMEN nid, | 1041 A A A ll Es flottant, sans pesée, L(Vr'— Va) = 1997,4 mms. SAR )1117,9 A TN = ” ” 1983,6 +» 4. DA | 21,1 | 114,2 1,8-| b,41 0,09 5. da] 15,1 79,3 2,6 | 5,23 0,09 | | Gemevre D — 0,94106 à la temp. de 20°. Temp. 1 | 251,1) + 7,6 | 4,45 | + 0,14 | 19°2 2 293,2 11,5 | 5,24 0,21 | 19,6 3 78,6 2,1 | 3,41 0,09 | 19,8 4 85,8 2,3 | 4,07 0,11 | 21,1/ 4 85,7 1,84) &08 100) 195: \ 5 51,3 0,4 | 3,39 0,03 | 21,3 | 5 57,6 1,0 | 3,80 0,07 |. 19,7 À Palo OÙ Sin D PE 33) genièvre . ...m? — 3,83 | Pas plus que les observations relatives à l’ascension des liqui- des dans les tubes capillaires, celles qui concernent l’adhérence des liquides à l’extérieur des tubes ne fournissent des résultats parfaitement concordants. Cela est probablement la suite, dans un cas 24 * m'?—m? = 1,49. 312 F. J. STAMKART. DE L'ACTION CAPILLAIRE comme dans l’autre, des différences que peut offrir l’état de la surface du verre. Il en résulte, par rapport aux aréomètres, qu'à la rigueur chacun de ces ïfnstruments devrait faire l’objet d'expériences spéciales, analogues à celles que nous venons de décrire. Il est clair, toutefois, qu'un pareil travail ne peut avoir d'utilité que sil s’agit d’un aréomètre qui doit servir d’étalon. La méthode que nous avons exposée, et qui consiste à peser un corps partiellement plongé dans un liquide, puis à le retour- ner, à l’immerger jusqu'au même point et à le peser de nouveau, cette méthode peut servir également, on le conçoit, à déterminer l’action capillaire des métaux par exemple. Seulement, il faudra avoir soin que des traits de division, ou d’autres inégalités que la sur- face du métal peut offrir, ne pénètrent pas dans la sphère de l’action capillaire, mais restent entièrement, soit au dessous, soit en dehors du liquide. | D’après ce qui précède, voici la marche à suivre pour con- struire, ou plutôt pour diviser l’échelle d’un aréomètre en le faisant flotter dans l’eau pure, avec des surcharges successives, et marquant chaque fois le point d’affleurement. Si la division doit offrir une grande précision, on déterminera préalablement, par expérience, la valeur de m'?; dans le cas contraire, on se con- tentera de la valeur moyenne m'? — 6. On pèse, avec soin, l’'aréomètre dans l'air, ce qui donne G’. On calcule la densité D de l’eau, pour la température observée, en prenant pour unité la densité de l’eau à 4°. On calcule D”, et ensuite, au moyen de la formule (7), et pour chaque division » qu’on veut obtenir expérimentalement, la valeur de x’, c’est-à-dire le poids dont il faut charger l’aréomètre pour le faire descendre dans l’eau jusqu'à la division » désignée d'avance. Si ce poids est attaché à l’aréo- mètre de manière à se trouver immergé dans l’eau, il devra A A , : . 1 ist être augmenté en conséquence et pris égal à x’ (: nu ). A SUR L’ÉCHELLE DES L'ARÉOMÈTRES. 313 La correction pour la pression de l'air, — (1—D)5, et celle pour la dilatation du verre, + « 1, sont comprises dans le cal- cul de D”. La corr. pour la capillarité est + 1 cm2 POUR soe TAC a pe n d m'°? EG Le terme D” G 106 légèrement modifié par — (1—D") G', constitue la partie essentielle de la valeur de x. _ Les lectures se font, comme on sait, en prenant le niveau de la surface de l’eau en dessous, à travers les parois du verre dans lequel flotte l’aréomètre. L'échelle de l’aréomètre ayant été construite de cette manière, lorsqu'on voudra se servir de l'instrument pour trouver la densité D d’un liquide dans lequel on le met en suspension, il faudra recourir à la formule (10). Strictement parlant, on devrait encore commencer par déterminer expérimentalement la valeur particu- lière de m? pour l’aréomètre et le liquide qu’on à en vue. Comme valeur moyenne, on peut prendre m? — 3 pour les liquides spiritueux; la correction, pour l’aréomètre néerlandais, sera alors celle du tableau p. 364, à laquelle il faudra ajouter la corr. — «t À pour la dilatation du verre. Si dans la construction de l’échelle de l’aréomètre, on a négligé d'appliquer aux poids x' la correction pour la capillarité, il faut recourir, pour l'emploi de l'instrument, à la formule (11), ou aux valeurs moyennes du tableau p. 366, auxquelles il faudra encore faire la correction — « { 4 pour la dilatation du verre. SUR L'ORIGINE DES STOMATES DE QUELQUES ESPECES D’ANEIMIA. PAR C. A. J. A. OUDEMANS. Quand on examine l’épiderme des feuilles de certaines espèces d’ Aneïmia, p. e. de lAneimia fraxinifolia, on est frappé de deux particularités, dont cependant l’une me paraît beaucoup plus intéressante que l’autre. La dernière, moins étrange, con- siste en ce que les cellules épidermiques contiennent des grains de chlorophylle (Planche XX, Fig. 1, 2, 3,c); mais, puisque ce phénomène a été rencontré aussi dans d’autres fougères et qu'il doit être rangé parmi les choses connues, il me semble superflu de m'y arrêter. L'autre particularité, qui n'a pas encore été décrite, que je sache, et qui ne s’est jamais présentée à moi lorsque je me. suis occupé de l'examen de l’épiderme d’autres plantes, consiste en ceci. Les stomates ne sont pas répandus parmi les cellules épidermiques, de manière que celles-ci les entourent de tous côtés, mais ils occupent le centre de ces cellules (Fig. 1, 5), de sorte que chaque cellule épidermique forme un anneau fermé de toutes parts, au milieu duquel le stomate se laisse isoler au moyen de la solution de Schultz (Fig. 2). Non content d’avoir observé ce fait tout-à-fait singulier, Je me suis demandé quels moyens la nature pourrait avoir employés pour assurer aux stomates de notre Aneëmua cette place toute C. À. J. À. OUDEMANS. SUR L'ORIGINE DES STOMATES 319 particulière , entièrement en désaccord avec celle que ces organes occupent d'ordinaire. Quatre solutions se sont présentées à mon esprit. On peut les formuler en ces termes : 1. Les stomates sont originaires d’un nucléus, qui, après avoir occupé le centre des cellules épidermiques annuliformes, s’est transformé d’abord en cellule-mère, puis en deux cellules-filles, séparées par une fente. 2, Les stomates sont originaires d’une cellule parenchymateuse sous-épidermique, qui, pénétrant par le milieu de certaines cel- lules épidermiques, les a transformées en cellules annuliformes et s’est divisée en deux autres semilunaires. 3. Les stomates doivent être considérés comme provenant d’un poil, composé primitivement de deux cellules, l’une basilaire et l’autre apicale, et dont la dernière, tout en grandissant dans sa moitié inférieure, aura fini par détruire la cellule basilaire, en perforant la cellule épidermique du centre de laquelle le poil aurait pris naissance. 4. Les stomates ne sont que des cellules épidermiques, divi- sées comme de coutume en deux moitiés semilunaires par une cloison longitudinale. Leur position extraordinaire au centre de cellules épidermiques doit être expliquée par l'absorption des parois latérales qui, primitivement, divisaient les cellules annuli- formes en plusieurs portions et maintenaient le rapport entre les circonférences externe et interne de l’anneau. Il va sans dire que le principal moyen par lequel je pouvais être mis à même de décider laquelle de ces solutions présentait le plus de probabilité, consistait dans l'étude microscopique des différentes périodes d'évolution que les cellules épidermiques de notre Aneiïmia parcourent avant d'atteindre leur forme ultérieure et invariable. Cette étude, cependant, présente les plus grandes difficultés, à cause de l'extrême délicatesse des différentes par- ties dont les feuilles se composent. Aussi suis-je seulement par- venu à établir que les cellules, qui plus tard formeront les sto- mates, font saillie en dehors longtemps déjà avant leur séparation 316 DE QUELQUES ESPÈCES D'ANEIMIA. en deux moitiés semilunaires (Fig. 9, 10, 11), et qu’elles se présentent sous forme de ballons reposant sur l’épiderme lui-même (Fig. 4, 5, 6, 7, 8 b). Cette observation, toutefois, nous force à reconnaître tout de suite, que les deux premières suppositions, énoncées plus haut, doivent être abandonnées; de sorte qu’il ne nous reste qu'à discuter les deux autres. Quant à la 3° supposition, qui admet la probabilité que les stomates de notre Aneïmia seraient les restes de poils, je dois avouer que je ne me souviens d'aucun fait qui plaide en sa faveur; tandis que pour la 4e, fondée sur l'absorption des parois cellulaires, on pourrait alléguer beaucoup d'observations analo- gues. Ajoutons, que nous avons eu la bonne fortune d'en con- stater presque la justesse, en observant un stomate (Fig. 3 s), occupant le milieu d’une cellule, laquelle, au lieu d’être continue et parfaitement annuliforme, laissait voir une de ses cloisons primitives (a), vraisemblablement échappée à la déliquescence par laquelle il est juste de dire que les autres ont été atteintes. Ce qui donne encore plus de vraisemblance à notre dernière explication, c’est que dans d’autres espèces d’ Aneimia et dans d’autres fougères en général, ces cloisons persistent toutes, de manière que les stomates, dans ces cas, sont entourés de toute une rangée de cellules épidermiques inaltérées. J'aime à croire, que les considérations que je viens d'émettre, donneront à mes lecteurs, comme à moi-même, la conviction que la 4e supposition est la seule qui puisse donner une explication suffisante de l'étrange phénomène que je viens de décrire. ARCHIVES NÉERLANDAISES Sciences exactes et naturelles. LA VISION BINOCULAIRE ET LA PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION, PAR F. C. DONDERS. Introduction. — En général, la vue d’un objet à l’aide d’un seul œil, et même à partir d’un point unique, suffit pour nous faire apprécier assez exactement les trois dimensions de cet objet, non seulement la hauteur et la largeur, mais aussi la profondeur ou la distance. Sous ce dernier rapport, nous ne risquons de nous tromper complétement que lorsque les choses ont été expres- sément disposées pour nous induire en erreur, par exemple lors- qu'on nous présente une projection perspective, tracée sur un plan, et donnant sur la rétine la même image que l’objet lui- même: il est clair que l'impression étant égale, la notion perçue le sera également. Mais, si un objet ne s'offre à nous que par ses contours, un seul œil, regardant d’un seul point, nous laisse nécessairement en défaut. Prenons le cas le plus simple. Derrière une ouverture, et se projetant sur un fond uniforme, se trouvent deux points ou deux lignes dans l’espace. La question est de savoir laquelle de ces deux lignes ou lequel de ces deux points est le plus rappro- ché de l'œil. Si la différence de distance est faible, de sorte que le changement d’accommodation qu’elle requiert, ne puisse rien nous apprendre, nous chercherons en vain quelque indication qui nous guide. En regardant avec les deux yeux, au contraire, la dif- férence de distance se manifestera immédiatement. C’est en cela que ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. I. 20 318 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA consiste le pouvoir spécial de la vision binoculaire. Pour l’étudier, il faut donc faire choix précisément d'objets ne fournissant pas à la vision monoculaire les indications suffisantes. Tout ce qui va suivre à trait uniquement à des objets de cette nature. L'avantage de la vision binoculaire existe seulement pour au- tant que la distance des objets ne soit pas trop grande par rap- port à l’écartement des deux yeux entre eux. Ce n’est que dans ce cas, en effet, que la différence de distance donne lieu à une inégalité suffisante des images perspectives pour l’un et l’autre œil, et c’est de cette inégalité que naît la perception de la troisième dimension. Ce fut la reconnaissance de cette condition de la vision corporelle qui conduisit Wheatstone à la découverte du stéréoscope, dans lequel une figure plane présente à chacun des deux yeux une projection telle qu'il l'aurait reçue directement de l’objet même. Le mémoire que Wheatstone 1) a consacré à ce sujet porte le double cachet des travaux classiques: il est origi- nal et approfondi. Ce mémoire contient réellement — sinon la détermination complète et achevée des conditions de la vision stéréoscopique —- au moins le germe de tout ce qui a été déve- loppé dans de nombreux travaux postérieurs. Dans le sujet qui nous occupe il est une question dont l’im- portance prime celle de toutes les autres. Sommes-nous en état de reconnaître une forme corporelle, en fixant invariablement un seul point, uniquement d’après les deux projections perspectives, ou bien le concours de certains mouvements est-il indispensable ? Si nous exécutons des mouyements, si nous dirigeons alterna- tivement les yeux d'un point à un autre, la convergence se modifie d’après la distance des points fixés successivement, et en même temps les projections perspectives changent plus ou moins. On comprend facilement que la notion de la forme corporelle puisse en résulter. Dans le cas, au contraire, où nous continuons à fixer un seul et même point, les mêmes projections peuvent être données par 1) Philosophical Transactions for 1838, P. II. p. 371. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 9319 deux formes différentes, et il paraît impossible de distinguer à laquelle de ces deux formes on à affaire. Prenons un exemple simple. Deux fils I et Il sont tendus dans l’espace, l’un à côté de l’autre mais à des distances inégales de l'œil. Lorsqu'on fixe, des deux yeux, un point du fil FE, le fil IL apparaît sous forme d'image double, et, réciproquement, c’est le fil I qui se montre de cette manière quand on fixe le fil II. Les images doubles perçues dans ces deux cas peuvent être égales. Tout ce qu’elles nous apprennent alors, avec certitude, c’est que les fils ne sont pas situés dans le même horoptère. Mais comment en déduire lequel des deux fils est le plus rapproché, celui qui a été fixé ou bien l’autre? Pour décider à cet égard, il semble qu'une diffé- rence entre les images perspectives appartenant à l’un et à l’autre cas soit une conditio sine quà non. Sous un certain rapport, une pareille différence existe réelle- ment. Les deux parties de l’image double sont croisées ou non suivant qu'on regarde le fil le plus éloigné ou le plus voisin: la ligne située à droite dans l’image double appartient à l'œil gauche dans le premier cas, à l’œil droit dans le second. Mais, pour que cette différence fournît quelque indice, il faudrait que l’im- pression visuelle directe résultant d’une image égale et semblable fût différente selon que l’image se forme sur l’une des rétines ou sur les points correspondants de l’autre. Or, rien de semblable n’a été constaté jusqu'à présent. La même expérience peut se faire au moyen du stéréoscope. Qu'on fixe, respectivement avec l'œil droit et avec l'œil gauche, quelque point des lignes 1 et 1’ (fig. 1), alors 2 et 2’ : Fig. 1. ; seront vues, l’une à côté de l’autre, comme images doubles. Qu'on rap- tie l'} * porte ensuite la distance des lig- nes L sur les lignes R, et réci- proquement. On obtiendra ainsi la fig. 2, et en fixant de nouveau | les mêmes points de 1 et 1', qui sont restés invariablement à leur place, il se formera encore des 380 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA images doubles de 2 et 2’. Pour une certaine inclinaison ces images paraissent égales, de tout point, aux précédentes. La seule dif- férence c’est que l’image de l'œil Fig. 2. de gauche a fait place à celle de | | l’œil droit, et vice versà. Les | ds ï ; images sont donc les mêmes; elles | | n’ont fait que permuter entre les | deux yeux. — Et comment recon- | naître cet échange ? | Quand on passe d’un point de | 1 et 1’ à un point de 2 et 2’,la | | convergence diminue dans la première expérience et augmente dans la seconde, et on conçoit que la vraie notion de la diffé- rence de distance puisse en résulter. Maïs, en l’absence de tout changement de convergence, on ne voit plus quelle source d’in- dication pourrait rester. | La conclusion que j'avais tirée de ces faits était celle-ci: sans mouvements, il est possible de reconnaître que différents points ne sont pas placés à la même distance, mais impossible de décider lequel de ces points est le plus éloigné, lequel le plus rapproché. Cette conclusion était en désaccord avec l'opinion de beaucoup de savants; mais, les faits connus jusqu'alors ne m’autorisaient pas à en suspecter la légitimité. Et pourtant — de nouvelles expériences m'ont appris que j'étais dans l'erreur. La vérité est: que la notion certaine et précise de la distance relative de lignes et de points peut être acquise, purement et simplement, à l’aide des deux projections perspectives, sans modification de la con- vergence, sans aucune des indications que la vision monoculaire peut également utiliser. | Mais, en admettant ce résultat, il est nécessaire de mettre en pleine lumière la difficulté qu’il suscite, soit pour l’écarter, si c'est possible, soit pour en accepter les conséquences. Il faut rendre compte de la manière dont la notion exacte de distance peut résulter des deux seules projections, sans le secours d'aucun autre élément. | PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 381 Deux hypothèses s'offrent à l'esprit: ou bien les impressions visuelles directes sont affectées de différences qui nous ont échappé jusqu'ici; ou bien, à égalité absolue de ces impressions, la notion résultante devient autre dès qu'un échange s’est opéré entre les impressions respectives des deux yeux. L’énoncé de ce dilemme fera comprendra que la question pré- sente peut-être plus d'importance pour la physiologie du cerveau que pour celle de l'œil. N’apporterait-elle pas un argument déci- sif dans le débat capital qui se poursuit relativement au mode, individuellément empirique ou non, d’origine de nos idées ? Dans les pages suivantes je me propose d'exposer succincte- ment l’ensemble du problème; je me placerai d’abord à mon ancien point de vue, non pour le justifier, mais pour bien faire ressortir la question qui reste à résoudre. 1. Les deux rétines ont des points respectivement correspondants. Ce sont des points qui, excités séparément, donnent des impres- sions pareilles, et qui, influencés simultanément, produisent une impression unique, non distincte des deux sensations particulières. Les objets éloignés se voient au même point, sous la même forme et dans la même direction, soit qu'on les regarde avec un œil, ou avec l’autre, ou avec les deux yeux à la fois !). Il suit de là que les points dont les lignes de direction font avec les axes visuels des angles égaux et semblablement situés, sont des points correspondants. Un prisme faible tenu devant un des yeux, l’angle réfringent étant tourné vers le haut ou vers le bas, nous montre les objets doubles, les deux images situées l’une au-dessus de l’autre, mais pareilles de forme, de grandeur et de direction ?). Dans cette 1) Comp. Hasner: Ueber das Binocularsehen. p. 4 Prague. 1859. 2) A cela il y à une certaine restriction à faire, en ce sens que c’est seule- ment pour une direction déterminée des axes visuels, en rapport avec une position déterminée de la tête, que les méridieus de points correspondants sont complétement parallèles. En outre, la coïncidence de deux méridiens n’entraîne nullement la coïncidence parfaite d’autres méridiens faisant avec les premiers des angles égaux dans l’un et l’autre œil. (Recklinghausen, Volkmann). Or, 382 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA expérience la comparaison entre l’image de l’œil droit et celle de l'œil gauche est encore plus facile que dans l’expérience précédente. Héring a proposé encore d’autres méthodes pour déterminer la position des points correspondants 1) La première est celle qu’il nomme: Méthode du transport apparent d’une image consécutive d'un œil dans l’autre. Elle consiste dans la projection de l’image consécutive d’une certaine forme, obtenue avec l’œil a, sur une forme égale vue par l’autre œil b, a étant tenu fermé. Cette méthode ne nous apprend rien de plus que la fusion de deux images semblables dans le stéréoscope. La seconde méthode, celle de la subshlulion réciproque de points identiques des rétines, offre plus d'intérêt. Dans cette méthode on réunit en un tout symétrique, au moyen du stéréoscope, les deux moitiés égales d’une même image (par ex. celle d’un cercle pourvu de ses rayons) dont l’une appartient à la rétine de droite, l’autre à la rétine de gauche ?). Les points correspondants ont aussi été appelés Deckstellen, parce qu’ils se recouvrent approximativement quand on superpose, dans la direction convenable, les plans rétiniens idéaux des deux yeux. Les déterminations précédentes de la situation des points cor- respondants ne sont applicables que dans le cas d'égalité entre les deux yeux *). le doublement des images, au moyen d’un prisme faible, fournit une méthode excellente pour constater immédiatement — et, en même temps, pour mesurer la différence de direction des méridiens correspondants: l’angle se mesure en tournant le prisme autour d’un axe perpendiculaire au milieu de la base, jus- qu’à ce que le parallélisme soit obtenu. Je me propose de donner une descrip- tion complète de cette méthode et de Pappliquer également à la vision asymé- trique, cas qui n’a pas encore donné lieu, pour autant que je sache, à des observations spéciales. 1) C’est dans l’Archiv für Anat. etc. 1864, p. 29 et suiv., qu’il a appliqué à ces méthodes les noms que nous rapportons ici. 2) Volkmann a déterminé d’après cette méthode la position relative des mé- ridiens correspondants. °) Lorsque les yeux ont une réfraction différente, les rétines diffèrent 2 PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. . 283 2. Les points correspondants ne sont pas, toutefois, identiques sous tous les rapports. Jean Müller, à l'exemple de plusieurs de ses devanciers, les regardait comme tels. Il pensait qu’il est in- différent, en toute circonstance, que certains points d’un œil ou les points correspondants de l’autre soient affectés. Les observations, faites en premier lieu par Dufour, relativement à la lutte qui s’établit entre les deux yeux en cas de coloration différente de la lumière incidente, ne lui étaient pas inconnues; mais, avec raison, il n’y voyait pas une preuve contre l'identité absolue: en effet, si une certaine activité à déjà été éveillée dans les parties percevantes d’un des yeux, il est à prévoir que la lumiére d’une autre longueur d’onde ne produira plus sur elles le même effet que sur celles de l’autre œil. D'ailleurs, dans la question qui nous occupe, c’est surtout de la sensation de lieu qu'il s’agit, sensation avec laquelle la lutte des couleurs n’a rien de commun !). La non-identité absolue en étendue. Elles ne peuvent donc pas correspondre, point par point, quand on les superpose. De même les points dont les lignes de direction font avec les axes optiques des angles égaux et semblablement silués, ne correspondent plus, en général. En doublant les images, à l’aide d’un verre faiblement pris- matique, on peut se convaincre, en dépit du défaut de netteté d’une des images, que celles-ci diffèrent de grandeur, et qu’en outre elles sont dissem- blables de forme dans le cas d’astigmatisme irrégulier. Celui dont les yeux sont égaux n’a qu’à placer devant un œil une lentille, sphérique ou cylindrique (mieux encore, la lentille de Stokes) faible (par ex. de ;,, c’est-à-dire de 40” de distance focale) ; il reconnaîtra alors sans peine la différence de grandeur et de forme des deux images obtenues au moyen du prisme. — I] reste encore ici un vaste champ de recherches, relativement aux yeux à réfraction inégale. Il faudra voir, d’abord, jusqu’à quel point il y a compensation entre le système dioptrique et la rétine (surtout entre la distance du point nodal et l’étendue de la rétine). On devra examiner, ensuite, la manière dont des yeux inégaux con- courent dans la vision stéréoscopique, ainsi que le défaut de congruence dépen- dant d’une extension inégale. Enfin, il y aura à rechercher dans quelle me- sure l’habitude fait disparaître l’influence des inégalités existantes. :) Je me permettrai de consigner ici, en passant, quelques observations relatives à la lutte des couleurs. J’ai trouvé: 1°. que la couleur mixte est d’autant plus facile à obtenir et d’autant plus durable, que les surfaces sont plus petites et qu’on met plus de soin à fixer invariablement le même point; 2°. que la lutte persiste dans les images consécutives complémentaires ; 3°. qu’après 384 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA ne se dévoile que dans la circonstance que deux impressions» agissant sur des points à peu près correspondants, exercent une action perturbatrice l’une sur l’autre quand elles n’appartiennent pas au même œil, tandis qu'elles subsistent sans altération l’une à côté de l’autre sur une même rétine. C’est ainsi que toutes les parties d’un réseau se voient distinctement avec un seul œil; mais si, au moyen du stéréoscope, on partage entre les deux yeux les lignes qui le constituent, on trouve que les unes et les autres manquent alternativement en différents points du champ visuel. Il est surtout remarquable de voir comment deux figures dissemblables À et B (fig. 3) se fondent en une troisième C. Si, Fig 3. A C B 1 lui 127 1" 2’ | : | “ dans le stéréoscope, on fixe les lignes 1 et 1”, respectivement avec l'œil gauche et avec l'œil droit, les lignes 2 et 2° ne tombent pas sur des points correspondants, et pourtant elles se réunissent dans la ligne 2" du couple C, couple dans lequel l'intervalle des deux lignes est moyen entre ceux des couples A avoir été soumis, en des points correspondants, à l’action simultanée de lumières différentes, les deux yeux, par projection sur une surface blanche, perçoivent chacun, sans altération, l’image consécutive sous la couleur com- plémentaire (d’où il semble résulter qu’il faut chercher dans la rétine, et non dans le centre nerveux, la cause qui émousse la sensibilité pour une couleur déterminée); 40. que dans l’éclairage au moyen d’une seule et forte étincelle d’induction on perçoit immédiatement la couleur mixte, sans aucune espèce de lutte, tandis que celle-ci s’établit, au contraire, lorsque les étincelles se suc- cèdent avec une certaine rapidité. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 389 et B. De même, 1 et 1” se combinent en 1” lorsqu'on fixe 2 et 2’. Si, au contraire, les images de À et de B se forment sur une même rétine, en se superposant comme l'indique la fig. 4, Fig. 4 2 et 2 ne se réuniront jamais en une seule ligne, 1 2? mais l’image se montrera invariablement semblable à | la fig. 4 Le résultat est le même avec deux cercles de diamètres différents: lorsque ces cercles se peignent | chacun sur une des rétines, ils se fondent en un seul cercle de grandeur moyenne; ils sont vus, au con- traire, comme deux cercles distincts et inégaux, quand | leurs images sont reçues sur une seule et même rétine. C’est en se basant sur ces faits que Wheatstone rejeta l'identité absolue des points correspondants. Bien qu’il n’y eût guère d’objections à faire, Brucke essaya encore de sauver l'identité, en attribuant la fusion des deux images, dans les expériences citées, à des mouvements rapides et involontaires. Déjà cette explication ne pouvait s'appliquer à la fusion de deux cercles inégaux, qu’en faisant intervenir une hypothèse plus que hasardée; mais les figures plus composées de Panum, et surtout le fait que la fusion des figures simples, telles que fig. 1, s'opère même à la lumière de l’étincelle électrique (Panum et Karsten), vinrent ensuite justifier complétement les vues de Wheatstone. En répétant cette dernière expérience, jai eu soin, pour lui donner toute sa force démonstrative, que mes yeux fussent dirigés sur des points correspondants au moment où l’étincelle éclatait. On y parvient facilement en pratiquant sur des points correspon- dants des figures destinées à l’un et l’autre œil, une ou deux paires de petits trous. En dirigeant le stéréoscope vers une sur- face de couleur grise, on voit ces trous assez distinctement pour qu'on puisse les faire coïncider avant l'instant où le passage de l’étincelle d’induction rendra les lignes visibles. 8. Il est donc démontré que deux impressions, appartenant à des points à peu près correspondants des deux rélines, se fondent en une impression unique. Quant au degré d’écartement ou d’incli- naison qui détermine la limite où la combinaison cesse de se faire , 386 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA c’est surtout Volkmann qui s’en est occupé !). Qu'il nous suffise de dire qu’on rencontre à cet égard de grandes différences indi- viduelles (Panum et surtout Karsten vont beaucoup plus loin, sous ce rapport, que Hering et que moi-même), et qu'on arrive par l'exercice à distinguer encore des images doubles qu'on avait confondues d’abord. Je puis ajouter que la déviation des images, compatible avec leur fusion, est moindre dans le sens vertical que dans le sens horizontal. C’est pour cela qu’un cercle se con- fond plus facilement avec une ellipse dont le petit axe vertical est égal au diamètre du cercle, qu'avec un autre cercle qui dépasse le premier dans tous les sens. — Hering ayant manifesté quelques doutes à ce sujet, et ayant pensé qu'un changement de convergence pouvait être en jeu dans le cas de déviation hori- zontale, il lui sera sans doute agréable d'apprendre que, même avec un éclairage instantané, la fusion s'opère plus facilement lorsque l’écart est horizontal que lorsqu'il est vertical. L'expérience suivante fournit une nouvelle preuve de la réalité de la fusion des images. On prend deux couples de lignes sem- blables à ceux de la fig. 1, mais de couleurs différentes, par ex. rouge et verte; les lignes du premier couple sont éloignées l’une de l’autre de 3 mm., celles du second de 31 mm. En fixant directement 1 et 1' de manière à les faire coïncider, l’image de 2 vient se placer entièrement à côté des points cor- respondants de celle de 2’. Malgré ce défaut de correspondance, les couleurs se combinent tout aussi bien que dans les images de 1 et 1’: les deux lignes se voient avec une teinte blanc- :) La question n’est pas aussi simple qu’elle le paraît au premier abord. Il y faut prendre en considération, non seulement la différence des distances aux- quelles les lignes 2 et 2’ se trouvent, respectivement, de 1 et l’ (fig. 1), mais aussi l’écartement mutuel absolu, ainsi que la distance à laquelle on regarde la figure. Des couples de lignes qui, vus à une certaine distance de l’œil et à axes croisés, se fondent facilement, restent tout à fait distincts dans le stéréoscope, où la figure entière se présente sous un plus grand angle visuel. En tout cas, les limites auxquelles la fusion devient possible doivent être rapportées aux images rétiniennes, et non aux figures elles-mêmes. Comp. Abbott, Sight and touch, Londres, 1864. p. 117. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. "81 grisâtre, sans aucune lutte de couleurs. Il est indispensable, pour réussir, de fixer d’une manière bien soutenue: dès que les axes optiques dévient, les deux couleurs apparaissent sur-le- champ !). 4. La fusion se fat en vertu de la suppression mutuelle des impressions simples. Panum se borne à la formule: qu'à chaque point d’une des rétines correspond un petit cercle (ou ellipse couchée) de l’autre rêtine. Réciproquement, chaque point dans ce cercle (ou dans cette ellipse) devrait avoir, alors, son cerele (ou ellipse) corres- pondant sur la première rétine. Il est assez difficile de se repré- senter les choses se passant de cette manière. On comprend, du reste, que par cette interprétation défectueuse des faits, Panum n’a pas entendu les expliquer théoriquement. On approche, peut-être, un peu plus de la nature fondamentale du phénomène en se figu- rant: que les effets des deux impressions se neutralisent mutuel- lement dans l'organe de perception, en donnant naissance à une troisième image qui diffère de ses composantes, comme un com- posé chimique diffère de ses éléments. Cette suppression mutuelle peut être mise en évidence de plusieurs manières. a. Quand on prend la différence des distan- ces en À et B trop forte (comme dans la fig. 1), 1l s'établit, en fixant 1 et l', une lutte dans laquelle 2 et 2’ disparaissent alternativement, et cette lutte devient d'autant plus vive que la différence des distances présente un excès moindre. b. Si la dif- férence de À et B devient assez faible pour que la fusion puisse se faire, celle-ci s’observe dès l'instant qu'on se met à fixer la figure, même à la lumière de l’étincelle électrique (à condition 1) Je noterai ici, en passant, que l’action de fixer ne présente pour moi aucune difficulté. Dans des circonstances favorables je puis maintenir, pendant nom- bre de minutes, mon regard dirigé invariablement sur le même point, sans avoir besoin de cligner une seule fois. Ceci n’est pas sans importance pour les expé- riences dont il s’agit, les yeux, en clignant, changeant toujours plus ou moins leur direction. 388 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA qu'on ait pris les précautions recommandées plus haut pour fixer exactement); mais si l'observation se prolonge, il vient un moment où les images doubles se montrent subitement, pour dis- paraître de nouveau alternativement, — quelquefois aussi pour disparaître simultanément, auquel cas l'image composée, bien caractérisée, reparaît tout à coup. c. L'expérience devient surtout concluante en opérant sur des lignes rouges et vertes: on voit alors la ligne non fixée tantôt apparaître, par fusion de 2 et 2', comme une ligne blanche, tantôt se dédoubler en une ligne rouge et une ligne verte !). d. Sur toute l'étendue où les lignes de A et B (fig. 5.) existent à la fois, elles donnent lieu, par combi- Pipe 9: naison, aux deux lignes C; mais vers le milieu, où une partie de À manque, 2’ paraît plus éloignée de 1” que la ligne mixte, et interrompue subitement aux points où la fusion com- mence ?). e. Si l’on fixe les lignes 1 et 1’ de la fig 6, les deux lignes noires, égales, 2 et 2° se fondent en une ligne unique C 2”, tandis qu’une ligne rouge 3 (représentée ici par une ligne pointillée) demeure visible à droite de C 2”. Or, cette ligne rouge 1) Il est très commode d’avoir une petite plaque stéréoscopique disposée de telle sorte qu’on puisse, par le déplacement d’une des lignes, modifier à volonté l’écartement des deux lignes qui forment l’un des couples. 2) Il faut avoir soin, dans cette expérience, de donner à la plaque l’incli- naison nécessaire pour que toutes les lignes se montrent parallèles. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. _ 889 Fig. 6. A B C 2" 9/ 1 © d9) 13 14448 (pointillée) 3 est située à la même distance de 1' que 2 de 1: les images de 2 et 3 tombent donc sur des points correspondants, quand on fixe 1 et 1’. Et, malgré cela, on ne les voit pas super- posées. Voici l'explication de ce phénomène: la ligne 2, se trou- vant neutralisée par 2', perd tout pouvoir à l’égard de la ligne 3, qui peut, par suite, conserver une certaine indépendance !). Elle perd cette indépendance dès que, par la suppression de 2’, la ligne 2 cesse, en quelque sorte, d’être distraite de sa place: la ligne 3 vient alors à coïncider avec 2, et le ton clair de la couleur rouge fait place à une teinte foncée. Le phénomène est tout aussi frappant avec un éclairage instantané. D. L’umpression visuelle directe, résultant de la fusion de deux impressions produites sur des points non correspondants, paraît étre la méme, que l'image droite soi vue avec l'œil droit el l’image gauche avec l'œil gauche, ou vice versä. Que l’on fixe dans la 1) Wheatstone et, après lui, Nagel et Wundt avaient déduit de certaines expériences, que des impressions, appartenant à des points correspondants des deux rétines, peuvent être perçues à côté l’une de l’autre. Hering a soumis ces expériences à une analyse sévère et a combattu la conclusion qu’on en avait tirée. L’expérience que je viens de faire connaître pourrait facilement conduire à la même interprétation. Mais 1l est plus exact de dire: que, dans la lutte des champs visueis, l’image est déplacée dans l’un des yeux, tandis que les points correspondants de l’autre œil conservent leur activité propre. 390 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA Pie. 13,0) À JUL 2 | | \ 1 2 B LPO | | | fig. 7, soit À 1 et 1’, soit B 1 et 1/, dans les deux 04822: 2’ se confondront. En A la ligne 2', vue par l’œil gauche, est plus éloignée de 1’, que la ligne 2, vue par l’œil droit, ne l’est de 1; en B c’est l’opposé !). Pourtant, en fixant fortement 1 1’, on ne remarque aucune différence entre les résultats de la fusion de 2 2’, soit en À, soit en B; on n'en remarque pas davantage quand on alterne rapidement entre À et B. Ce que les tignes de notre figure donnent par leur réunion est à peu près l'équivalent de ce que fournissent des fils vus dans l’espace ?). Lorsqu'on fixe un fil, un second fil, tendu soit très peu en avant, soit très peu en arrière, se voit par images doubles fondues en une seule, sans différence appréciable entre l’un et l’autre cas. L'image qui naît du concours de points non correspondants se distingue de l’autre par un certain éclat, dépendant de la lutte. Il n’y a donc pas lieu d’être surpris qu’elle éveille l’idée d’une différence, savoir d’une différence d’éloignement. Mais pourra-t-on décider en même temps s’il y a éloignement plus grand ou plus faible ? À priori, cela paraît inadmissible, puisque l'impression visuelle directe est la même dans les deux cas. 1) Je suppose que la figure soit vue à axes croisés. 2) Il y a pourtant une certaine différence, consistant dans l’imperfection de accommodation pour le fil qui est situé à une autre distance que le fil fixé, imperfection inséparable de la vision au moyen du stéréoscope, mais ne trou- blant pas le résultat, comme on sait. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 391 6. Les images doubles dont la posihon n'est plus suffisamment correspondante pour qu’elles se confondent, sont également sembla- bles entre elles, de sorte qu'on est hors d'état de distinguer laquelle des deux appartient à l'œil droit, laquelle à l'œil gauche. | Fig. 8. 1! 2 À 1° 2 1 2 | B 1!) 12! ; Qu'on fasse l'expérience avec la fig. 8, qui ne diffère de la précédente que par une plus grande distance entre les lignes A let 2, D Let 2 En fixant À 1 l’ les lignes 2 2 sont vues comme images équilatérales, et au contraire comme images croisées en fixant B 1 1’. Mais on ne découvre rien qui différencie ces deux cas, même quand on passe, par une alternative rapide, de uw 4 l'autre ‘). Lorsqu'il fixe convenablement, l'observateur ne rapporte pas les images doubles à une même ligne. Si, pourtant, cela arrive, la perception qui se développe est celle d’une ligne située en dehors du plan de fixation. Mais comment les images doubles, considérées comme telles, résoudront-elles le dilemme du plus ou du moins d’éloignement ? Ici encore on n'aperçoit, à priori, aucune issue. 1) À cette expérience correspond, de nouveau, celle où l’on fixe un fil dans l’espace, tandis qu’un second fil se trouve tendu assez loin, soit en arrière soit en avant, pour donner lieu à des images doubles ne pouvant pas se confondre. Ici encore, on n’a conscience d’aucune différence d’impres- sion visuelle dans l’un et l’autre cas. 392 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA r7 ï. En général, nous ne distinquons pas non plus par quel œil nous recevons une impression visuelle. Même à l’égard de mouches volantes qu'on a vues, sans varia- tion, pendant nombre d'années, on a besoin de couvrir un œil pour s'assurer auquel des deux yeux elles appartiennent. Parmi les expériences nombreuses qui démontrent la proposition, nous ne citerons que la suivante. Lorsqu'on place un prisme faible (par ex. de 4°), la base en haut, devant un des yeux, et un prisme semblable, la base en bas, devant l’autre !), des objets de peu d’étendue, tels que des gravures fixées au mur, se mon- trent doubles, une des images située au dessus de l’autre. Mais, quel que soit l'objet, et quelles que soient les conditions dans lesquelles l'expérience a lieu, on n’est pas en état de décider avec quel œil est vue l’image supérieure, avec quel œil l’image inférieure 2). 8. Les faits qu précèdent conduisent a la conclusion, qu’en fixant invariablement un méme point, vl doit étre impossible de dishinguer si un autre point est plus éloigné ou bien plus rapproché que le premier. De nombreuses expériences plaident d’ailleurs en faveur de cette conelusion. On sait, par exemple, qu’en fixant invariable- ment, dans le stéréoscope, un même point d’une figure, composée uniquement de lignes et de points, la perception du relief se fait 1) Il faut suivre l'indication de point en point. En n’employant qu’un seul prisme, plus fort, les images sont moins égales et il n’y en aussi qu’une seule qui se trouve déplacée: l’expérience est alors moins irréprochable. Quand la base du prisme est tournée en dedans ou en dehors , les images doubles mon- trent plus de tendance à se réunir. 2) D’après Meissner (Bericht über die Fortschritte der Physiologie im Jahre 1860, p. 577) Rogers (American Journal of Science and Arts, 1860, p. 404) a fait connaître un grand nombre d’expériences à l’appui de la proposition: - que lorsqu'on ne présente une image qu’à un seul œil, et qu'aucune cir constance accessoire n’aide à juger quel est l’œil impressionné, on ne con- naît ni l’œil qui est affecté ni même que l'impression doit être rapportée à un seul œil.” Meissner ne rapporte qu’une de ces expériences, qui n’est pas des plus heureuses. Voyez aussi Abboth, 1. c. p. 78. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 393 parfois attendre longtemps, et que le moment où elle prend naissance est signalé par un mouvement, qui paraît devoir être regardé plutôt comme cause que comme effet. En tenant le regard bien dirigé sur un seul point, Tourtual !) vit aussi un cube, construit avec des fils, tout à fait plat, et dans d’autres cas le relief sembla même se renverser. Avec des fils tendus dans l’es- pace, je parviens, habituellement, à fixer pendant quelque temps un même point, sans me rendre compte si un second fil, vu au moyen d'images doubles distinctes ou confondues, est situé en avant ou bien en arrière du point fixé. En fixant alternati- vement les lignes À 1 1’ et B 1 1’ de la fig. 7, on ne recon- naît pas non plus immédiatement l’opposition entre les différences de distance représentées par À 2 2 et B 2 2’. Enfin, la fusion de points séparés dans le sens vertical, nous apprend que cette fusion visuelle est une propriété générale de l'appareil nerveux, et qu'elle se montre aussi dans des cas où elle n’a aucun rap- port à la notion de distance ou de profondeur. 9. Le changement de convergence nécessaire pour fixer, des deux yeux, d'abord un point puis un autre, nous fait acquérir la notion de leur distance relative. Le sentiment de la convergence nous fait même juger assez exactement de la distance absolue. L'influence des mouvements sur l'appréciation d'objets à trois dimensions n'avait pas échappé à Wheatstone ?). Mais son but 1) Die Dimension der Tiefe im freien Sehen und im stereoscopischen Bilde, Münster, 1842. 2) ,,On peut supposer”, dit-il I. c. p. 392, ,,;que nous ne voyons distincte- ment, à un moment donné, qu’un seul point du champ de vue, celui vers lequel les axes optiques sont dirigés, tandis que tous les autres points sont vus si indistinctement, que l’esprit ne reconnaît pas s’ils sont simples ou doubles ; appréciation d’une figure se fait en dirigeant successivement le point de convergence des axes optiques sur un nombre de points suffisant pour nous mettre en état de juger convenablement de la forme.” Et plus loin: ,,La per- ception de l’objet n’est pas la conséquence d’un seul coup-d’æil, durant lequel on n'a pu en voir distinctement qu’une faible partie; elle résulte d’une com- paraison de toutes les images vues successivement, pendant que les yeux se portaient d’un point de lobjet à l’autre. Tout cela,” continue-t-il, ,,est vrai ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. I. 26 8394 F. G. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA étant seulement de faire ressortir que, même en fixant invariable- ment un seul point, l'esprit porte un jugement sur la distance d’autres points, et de montrer les relations de ce fait avec son observation que des images binoculaires peuvent se fondre en une impression unique, bien qu’elles ne tombent par sur des points exactement correspondants, — il n’avait pas à s'occuper spé- cialement, dans son mémoire, de l'influence des mouvements des yeux. Ce fut done à bon droit, que Brücke !:) reprit la question et insista sur la signification du changement de convergence, que Wheatstone n'avait pas mentionné. Tourtual ?), Brewster *) et Prévots ‘) ne tardèrent pas à le suivre dans cette voie. L'influence du changement de convergence se démontre facile- ment 5). Si l’on place un prisme faible, la base en dehors, devant un œil, on fait converger davantage les axes optiques, pour continuer à voir les objets simples; en même temps ceux-ci paraissent plus petits, parce qu’on se les représente à une moindre distance. Rollett obtint le même résultat avec des lames de verre à faces planes, parallèles 6). L'effet des figures stéréosco- piques mobiles de Halske est aussi très frappant; à l’aide de ces figures on peut même forcer les yeux à diverger. Becker et Rollett 7) ont encore montré expérimentalement que la règle générale reste vraie même en cas de divergence. Enfin, Wundt $) jusqu'à un certain point, mais, si cela était vrai d’une manière absolue, aucun relief ne pourrait apparaître quand les yeux restent attachés fortement à un même point d’une image binoculaire dans le stéréoscope.” Or, c’est ce dernier point qu’il cherche surtout à prouver. 1) Archiv. fur Anat. u Physiologie, 1841, p. 461—468. 2)l se: 3) Transactions of the Royal Society of Edinburgh, 1849, p. 349. ») Essai sur lu théorie de la vision binoculaire , Genève 1842. 5) Comp. Meyer, Archiv f. phys. Heilk. T. I, p. 316, 1842; et Poggen- dorffs Annalen, T. 85, p. 198. 5) Wiener Sitzungsberichte, T. XLII, p. 488, 1861. 7) Ibid. T. XLIITI, p. 667, 1861. #) Zeitschrift [. rationelle Medizin, 3e série, T. XII, p. 157. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 395 a fait voir que de très faibles changements de convergence sont déjà appréciés. Ce qui précède concerne le jugement porté sur la distance relative, qui nous suffit en général quand il s’agit de prendre connaissance d’un objet. Mais, en réalité, le sentiment de la convergence fournit aussi une notion assez précise de la distance absolue. Si l’on fait mouvoir, par convergence, les figures d’une tapisserie les unes à l'égard des autres, jusqu'à ce que des figu- res semblables se retrouvent en coïncidence, la paroi paraît plus rapprochée, et, — dans la même proportion, —: plus petite (Brewster). À la rigueur, elle peut se rapprocher jusqu'au point de convergence. On s'assure encore mieux de la vérité de notre assertion, en réunissant par convergence, de préférence sur un fond uniforme, les images de deux objets assez petits, par exemple de deux bougies placées à une certaine distance l'une de l’autre. Il arrive bientôt un moment où l’on croit voir, à proximité, une bougie unique. La distance du point de convergence est, alors appréciée exactement; car une petite tige portée rapidement au point que la bougie semble occuper, se voit simple. Il est vrai quon à besoin d’un peu de temps avant de réussir à faire abstraction complète de tout ce qui pouvait suggérer l’idée d’une distance plus grande: aussi, dans les premiers essais, porte- t-on ordinairement la petite tige trop loin, et la voit-on en images doubles équilatérales. Mais, finalement, la représentation idéale devient, au moins pour moi, parfaitement exacte, et, qui plus est, je sens alors qu’elle est exacte: je sais qu'elle obéit entière- ment à la convergence. Si dans les expériences de Wundt, qui se bornait à diriger ses regards dans l’espace vide, sans aucun point de repère, le jugement relatif à la convergence laissa beau- coup à désirer, il n'y a guère lieu de s’en étonner: le défaut de fixité dans la direction visuelle suffit à en rendre compte. — On peut encore se convaincre de l'influence de la convergence sur l’idée de distance absolue, en se servant de prismes. Qu’on place devant les yeux, préalablement fermés, deux prismes de 5 à 10°, ajustés, la base en dehors, dans une monture de besicies ; 26 * 396 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA 4 qu'on tienne une petite tige à peu de distance en avant des yeux; qu'ayant rouvert les yeux on fixe la tige pendant un in- stant, puis qu'on cherche à l’atteindre avec le doigt porté vivement en travers; la main passera chaque fois entre la tige et l'œil. C’est l'inverse qu’on observe lorsque les bases des prismes sont tournées en dedans, — auquel cas la tige doit être tenue un peu plus près de l'œil !). 1) Hering paraît être incapable de conclure ainsi de la convergence à la dis- tance, et il est probable que cette inaptitude individuelle entre pour beaucoup dans la vivacité qu’il met à combattre la projection selon les lignes visuelles. Tout ce qu’il croit pouvoir dire, c’est que nous voyons un point sur la ,,bis- sectrice de l’angle de convergence des axes visuels”, ainsi sans détermination de distance; ailleurs il ajoute explicitement: ,,la distance visuelle n’est pas déterminée par le point d’intersection des axes optiques , mais reconnaît d’autres causes.” Pour ce qui me concerne, lorsque ces ,,autres causes” font défaut, je me laisse guider par mon sentiment de la convergence, et ce sentiment ne me trompe pas. Qu’on me comprenne bien. Je ne prétends pas que dans toutes les expériences la convergence décide seule. La vérité est que, dans la vision ordinaire, la convergence et les ,,autres causes” sont tout à fait d’accord, qu’elles concourent à former une notion exacte. Mais il n’est pas impossi- ble de faire naître une notion qui ne puisse être invalidée, d'une manière absolue, par la convergence. Si, par exemple, je suis amené, par des moyens artificiels, à lire avec des axes visuels parallèles, je ne me figurerai pas que la page se trouve éloignée de moi à une distance infinie, car Je sais qu'il n’y à pas des caractères à une semblable distance. Tout ce que J'afirme c’est que: la convergence, par elle-même, et tout autre facteur se trouvant exclu, fournit des indications suffisantes, de sorte qu’elle ne peut manquer d’avoir aussi une grande importance pour l’appréciation exacte des distances dans la vision ordinaire, où d’autres circonstances contribuent à cette appréciation. — Ce qu’on vient de lire se rapporte plus spécialement au point fixé par les deux yeux et dont les images se forment sur les taches jaunes. Mais d’autres points de la rétine, qui appartiennent à la vision indi- recte, sont aussi projetés par nous, pour chaque œil en particulier , dans une direction (je ne parle pas ici de la distance) déterminée absolument par la grandeur et la situation de l’angle compris entre leur ligne de direction et l’axe visuel. J’ai lu avec attention les objections de Hering contre la projection selon les lignes visuelles (Beifräge eur Physiologie. Tivr. II. p. 132 et suiv., et Archiv f. Anaiomie und Physiologie 1864), sans arriver à comprendre qu’une réforme PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 397 10. D’après ce qui précède, il élail rationnel de regarder le changement de convergence comme une conditio sine quà non de tout jugement relatif à la situation d’un point non fixé, par rapport au point fixé. Je maintins celle manière de voir à l'encontre des expériences de Dove et d’autres physiciens, selon lesquelles le ju- gement en question pourra se faire à la lunuère d'une étincelle électrique, lumière dont la courte durée exclut toute possibilité d’un changement de convergence. Les raisons développées plus haut devaient me rendre scep- tique à l'égard des expériences exécutées avec un éclairage in- stantané. Je rapporterai ici succinctement ces expériences, en mentionnant les considérations qui m’empêchaient de leur recon- naître une véritable force démonstrative. C'est à Dove que revient le mérite d’avoir appliqué le pre- mier l’étincelle électrique à la stéréoscopie. Sa première commu- nication !) est fort courte. Nous y apprenons seulement que les phénomènes stéréoscopiques se produisent à la lumière d’une totale fût devenue nécessaire dans cette doctrine. Je pense qu’en interprétant la théorie de la projection comme il a été fait plus haut, — et il me semble que la plupart des physiologistes ne l’ont jamais entendue autrement, — toutes les expériences de Hering s'expliquent facilement. Il y a corrélation , en effet, entre les points de la rétine et les lignes de direction. Le sagace auteur a très bien senti qu’un double sens s’attache à l’expression ligne de direction, tantôt celui de ,,direction lumineuse”, tantôt celui de ,,direction visuelle” ; mais cette ambiguité n’avait guère d’inconvénients, puisque les deux directions coïincident. L’opinion, en admettant qu’elle eût des partisans, que les points vus indirectement apparaissent là où les lignes de direction des deux images rétiniennes se croisent, semblait à peine mériter d’être réfutée. — IL faut que Hering nous laisse le mot projection. Comme je l’ai fait observer jadis à Volk- mann, qui voulait exclure toute projection, nous projetons le champ visuel total dans une direction déterminée par l’action musculaire, puis les divers points de la rétine conformément à leur position relative. Pourquoi cela ne s’ap- pellerait-il pas projeter? Je ne vois aussi aucun inconvénient à parler de la projection d’une image sur un plan, bien que ce plan ne se montre à mes yeux qu’en même temps que l’image. 1) Berichte über die Verhandlungen der Kôn. preuss. Akademie von Wissen- schaften, zu Berlin, 1842, p. 252. 398 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA étincelle électrique, dont la durée est moindre qu’un millionième de seconde. Plus tard 1) il donna quelques détails sur ses expé- riences. Il s'était servi du stéréoscope à miroir ordinaire, et, pour l'éclairage, d’une bouteille de Leyde se déchargeant à inter- valles courts et réguliers. Dans ces conditions Dove, ainsi que d’autres personnes à qui il montra les expériences, vit très distinctement le relief corporel. Dove ne dit pas si ce relief fut reconnu dès la premiere étincelle. Il est donc fort possible que la vision se soit opérée avec une convergence variable à mesure que les étincelles se succédaient, et que les diverses projections se soient combinées pour fournir la notion de la profondeur. — La seconde expérience de Dove, l’observation de la réflexion d’une étincelle à la surface d’un couvercle poli circulairement, ne me semble pas plus convaincante. Dans les expériences de Panum et Karsten ?) il n’est pas rapporté non plus que le relief ait apparu dès la première étin- celle. Cela n'aurait même guère été possible d’après la méthode suivie, qui ne permettait d'arriver à une fixation convenable qu'aprés plusieurs étincelles successives. Recklinghausen émit d’abord des doutes sur les résultats de Dove, ce qui lui valut une réplique tranchante. Il fit amende honorable *) et apporta, en même temps, deux nouvelles expé- riences à l'appui de la proposition de Dove. La première consiste dans l’observation des images d’une étincelle électrique réfléchies à la surface d’une lentille biconvexe, images dont l’une se place en avant, l’autre en arrière de la lentille. , En regardant avec les deux yeux”, dit-il, ,l’effet stéréoscopique se produit presque dans toute sa profondeur, même lorsqu'on reconnaît les images doubles , ce qui arrive toujours après un exercice suffisant.” Il ajoute que ,même l'observateur tout à fait novice n’a besoin que d’une seule étincelle électrique pour s'orienter exactement au sujet 1) Dove, Darstellung der Farbenlehre und optische Studien. Berlin 1852, p. 163. 2) Voyez Panum, PAysiologische Untersuchungen über das Sehen mit 2we Auger, Kiel 1858. s) Poggendorff”s Arralen, 1862. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 399 de l'éloignement des images réfléchies.”” Cette expérience est donc à l’abri de l’objection faite à celles de Dove et de Panum. Elle ne put, néanmoins, entraîner ma conviction. Nulle part, en effet, le point précis de la difficulté ne se trouve signalé. On pouvait admettre sans peine qu'en fixant un point déterminé, un second point, apparaissant sous forme d'images doubles, confondues ou non, serait reconnu comme situé en dehors de l’horoptère. Ce qui était inexplicable, c’est quon saurait en même temps s'il est situé en avant ou en arrière. Il s'agissait donc de reconnaître, non seulement que les deux images réfléchies n'étaient pas com- prises dans le même plan, mais, positivement, laquelle des deux était placée en avant, laquelle en arrière; or, rien n'indique que cette distinction ait été faite. En outre, il faut avoir soin, dans ces expériences, d'opérer sur un fond uniforme, ou bien, ce qui est préférable, les exécuter dans l’obscurité. — La dernière objection ne peut être adressée à la seconde expérience de Recklinghau- sen, où l’on se borne à réunir deux paires d'ouvertures en deux images; mais on ny trouve pas la déclaration expresse qu'au- cune confusion n'a eu lieu entre vision stéréoscopique et vision pseudoscopique, — et, d’ailleurs, il est dit ici: ,la plupart des observateurs (réussirent) seulement après plusieurs étincelles.” L'expérience d’August 1), qui permet aussi la combinaison de projections aperçues successivement, me laissa par suite égale- ment incrédule. Volkmann ?) imagina, pour remplacer l’étincelle électrique, un appareil qu'il appelle Tachaistoscope. Au moyen de cet appa- reil, il put voir un cercle et une ellipse se confondre; mais il ne dit pas sous quelle inclinaison la figure se présentait, et à l’égard d’autres figures, il néglige également d’avertir si le relief était vu stéréoscopiquement ou pseudoscopiquement. Il faut ajouter que la durée pendant laquelle l’impression «se prolonge n’est 1) Poggendorffs Aunalen, T. CX, p. 582. 2) Berichte über die Verhandl. der K. S. Gesellschaft der Wissenschaften , zu Leipzig. T. XI, p. 90, 1859. 400 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA pas extrêmement courte dans ces expériences, de sorte que cette durée aurait demandé à être déterminée. Déjà dans son premier travail classique, Wheatstone fait con- naître une expérience fournissant, comme il dit: ,la preuve élé- gante que l'apparence du relief, dans la vision binoculaire, est un effet indépendant du mouvement des yeux.” Il réunit deux lignes rouges, inclinées l’une vers l’autre, sur un fond vert, tan- dis qu'il fixe invariablement un point déterminé; dans la lutte entre les deux yeux, il voit alors alternativement l’image consé- cutive de l’un et de l’autre, — mais parfois aussi les deux images à la fois, et dans ce cas, précisément, avec un relief fortement prononcé. Cette expérience démontre que deux projec- tions sur les rétines suffisent, sans mouvement voulu, pour rendre la vision stéréoscopique possible; et pour autant que la contem- plation des images à déjà suggéré une direction déterminée de la ligne, celle-ci sera reproduite par les images consécutives. Mais, sans l’idée suggérée par les images primaires, l’idée de la direc- tion opposée n'aurait-elle pu se développer tout aussi bien des images consécutives ? Wheatstone s’est aussi servi de l’étincelle électrique dans les recherches stéréoscopiques ; mais, à ma connaissance, il n’a pas publié ses résultats. Lorsque je m’informai auprès de lui si cet éclairage lui avait fait voir le relief corporel, il répondit affirma- tivement; mais, lorsque je demandai ensuite s’il pouvait assurer avoir combiné stéréoscopiquement et non pseudoscopiquement, sa réponse fut: ,c’est ce que je n'oserais décider.” Ce doute de M. Wheatstone, lequel avait immédiatement saisi la portée de la question, semblait bien de nature à légitimer mon scepticisme. Peu de temps après, je me trouvais à Leipzig, où M. Hering eut la bonté de me faire voir quelques-unes de ses intéressantes expé- riences. On ne tarda pas à mettre sur le tapis la question, si le relief véritable peut être reconnu à l’aide de deux images per- spectives, indépendamment de tout mouvement oculaire. Hering défendit cette possibilité avec son talent habituel; mais je ne 4 pus me rendre à ses arguments. Sa conviction se fondait, entre PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 401 autres, sur une expérience qu'il à déjà fait connaître ailleurs !). Regardant à travers un cylindre court, il fixe la pointe d’une aiguille, puis fait opérer, par la main d'une autre personne, la chute, en avant ou en arrière de l'aiguille, d’une petite balle de grosseur inconnue; il ne se trompe jamais, dans ce cas, au sujet du côté où la balle est tombée, et peut même éva- luer assez exactement la distance en deça ou au delà du point fixé. ,Cette expérience écarte presque entièrement le mouvement des yeux”, dit Hering. Mais c’est là précisément la question, lorsque la balle ne tombe pas d’une hauteur très considérable. Et la vitesse apparente de la chute, qui croît à mesure que la distance de l’œil diminue, ne fournirait-elle pas également quel- que indication? En outre, on sait d'avance que la ligne par- courue est verticale, et, pour une pareille ligne, l’inclinaison des images doubles n’est pas la même en deça et au delà du point fixé. Une autre expérience, communiquée par Hering au même en- droit, est encore moins concluante: ,Qu'on tende verticalement trois fils l’un à côté de l’autre, dans un plan parallèle au plan du visage; qu'on regarde le fil du milieu à travers le cylindre court dont il a été question plus haut; puis, qu’on charge un aide d'avancer ou de reculer, à sa guise, tantôt le fil de droite, tantôt celui de gauche, tantôt l’un et l’autre à la fois, pendant quon continue soi-même à fixer invariablement le fil médian; Jamais il n'arrivera qu'on méconnaisse le mouvement des fils.” J'ajouterais volontiers: même quand on ne regarde qu'avec un seul œil. En effet, lorsqu'on n’a qu'à choisir entre le mouvement de rapprochement et celui d’éloignement, l’accroissement d’angle que produit le premier, de même que la diminution qui résulte du second, sont tout à fait décisifs. — Il restait donc ici encore assez de place au doute. En résumé, aucune des expériences imaginées n’apportait une réfutation péremptoire de mon opinion. Depuis longtemps néan- moins, Je désirais la soumettre à l'épreuve expérimentale directe. 1) Archiv f. Anat., Physiologie und wiss. Medicin, 1865, p. 153. 402 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA Il me semblait qu'il ne serait pas impossible de disposer les ex- périences de manière qu'elles fussent tout-à-fait décisives. 11. Or, mes nouvelles expériences ont établi, d'une mamière convaincante, que j'étais dans l'erreur. La notion exacte de distance et de relief peut, véritablement, se former sans aucune indication autre que celles résultant des deux projections perspectives. C’est la grande prérogative des sciences physiques que l’exac- titude d’une conclusion y peut être contrôlée par l'expérience directe. Aussi longtemps que ce contrôle lui manque, elle doit être traitée comme une simple hypothèse, quelque logique et irré- futable qu'elle puisse d’ailleurs paraître. Le problème qui nous occupe met de nouveau cette vérité en pleine lumière. Les expériences que j'ai entreprises peuvent être ramenées à quatre séries différentes: la première se rapporte à l’appréciation de la distance relative de deux étincelles,, vues sans fixation dé- terminée; la seconde concerne le jugement quant à la distance d’une ou de deux étincelles, par rapport à un point de fixation déterminé; la troisième est relative à la combinaison de figures stéréoscopiques, avec ou sans fixation de deux points correspon- dants. Enfin, quelques expériences ont été consacrées à la vision de fils tendus et d’autres objets, sous un éclairage instantané. Première série. Pour obtenir deux étincelles faciles à distinguer, je désirais faire usage de lentilles colorées, qui réfléchissent une image incolore sur leur surface antérieure et une image colorée à la surface postérieure. On peut demander alors à l'observateur de se prononcer sur la question, si c’est l’image colorée ou l’image in- colore qui est la plus rapprochée. À défaut de pareilles lentilles, je fixai, au moyen de baume du Canada, deux lentilles, planes d’un côté, sur un verre coloré plan, de manière qu'elles se trou- vassent en regard l’une de l’autre; j'obtins ainsi le même effet qu'avec une lentille dont la masse entière aurait été composée de verre coloré. En combinant ensemble deux lentilles plan-con- vexes, ou deux lentilles plan-concaves, ou encore une lentille plan-convexe avec une lentille plan-concave, en choisissant à volonté les rayons de courbure, et enfin en tournant vers l'œil PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 403 soit l’une soit l’autre face du système, on est maître d'amener les images réfléchies, colorée et incolore, exactement aux points désirés. Je fis réfléchir par une lentille pareille une forte étincelle d'induction !)}, qui elle-même était cachée à la vue. Les expé- riences avaient lieu dans une chambre obscure, où on laissait pénétrer pendant un instant assez de lumière pour pouvoir dis- tinguer la lentille réfléchissante, et appuyer sa tête contre une barre de bois transversale au dessous de laquelle la vue se diri- geait, à travers deux ouvertures, sur la lentille. Cela fait, la chambre était remise dans un état d’obscurité complète. Le résultat fut que tous les observateurs, sans exception, eurent besoin de plusieurs étincelles avant de pouvoir porter un juge- ment sur la situation relative des images. Un assez grand nombre LI parvenaient à fixer une des images à la seconde ou troisième étincelle, et n’en demandaient plus alors qu'une, ou parfois deux, pour déclarer, sans hésitation, laquelle des étincelles était la plus rapprochée, la colorée ou la non-colorée. Le résultat était à peu près le même, que l’étincelle non fixée fût vue en images 1) Grâce à l’obligeance de mon ami le professeur van Rees, j'avais à ma disposition le grand appareil d’induction de Ruhmkorff, que j’employais habituellement avec 6 éléments de Grove. Lorsque l’étincelle devait servir à éclairer des objets, j’introduisais encore une bouteille de Leyde dans le cireuit. La distance des pôles doit être réglée de manière qu’il ne passe qu’une seule étincelle à chaque interruption du courant primaire. Si les pôles sont trop rap- prochés, il part plus d’une étincelle: avant même que la plus grande moitié de électricité se soit accumulce aux pôles, la tension devient alors suffisante pour qu’une étincelle éclate, laquelle est suivie d’une autre au bout de ;45 à 165 de seconde. On en est averti tant par la vue, qui distingue le double trajet parcouru par l'électricité, que par l’ouie, qui perçoit le double bruit. J’ai donné la préférence aux étincelles d’induction sur les étincelles électriques ordinaires, parce qu'on peut en obtenir autant qu’on veut, et à des interval- les aussi longs ou aussi courts qu’on le désire. À l’aide d’un miroir tournant je me suis assuré que la durée était suflisamment courte pour l’objet que j'avais en vue; le même moyen m’a permis de reconnaître les deux étincelles qui éclatent entre des pôles trop rapprochés, 404 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA doubles confondues ou distinctes ; une déviation de quelques degrés vers le haut ou vers le bas, à droite ou à gauche, fut trouvée aussi passablement indifférente. Des images doubles très écartées restaient, toutefois, distinctes pour beaucoup de personnes, même après vingt et plus d’étincelles, unique- ment parce que l’idée qu’elles appartenaient à une image unique n’ar- rivait pas à se développer. Même après avoir reçu les indications nécessaires, peu de personnes étaient en état d’amener les images à se réunir par un changement volontaire de la convergence. Ceux qui ne possèdent pas cette aptitude voient constamment trois images, là où d’autres, dès qu’ils ont pu en fixer une, les réunissent en deux images et ne tardent pas ensuite (à peu d’ex- ceptions près) à savoir si l’image colorée est en avant ou en arrière. Lorsque la chambre était tenue, dès le commencement, dans une obscurité complète, et qu'on se bornait, sans plus, à indi- quer à peu près la direction dans laquelle il fallait regarder, personne ne se faisait, aux premières étincelles, quelque idée du phénomène. La plupart parlent alors d’une lumière colorée, d’un éclair, ou de quelque chose d’analogue. Presque tous avaient besoin de 6 étincelles, ou même davantage, avant de distinguer qu'il y avait deux images, une colorée et une incolore. Lorsqu'ils avaient fini par apercevoir les deux images, deux ou trois nou- velles étincelles suffisaient pour les orienter. Parmi sept person- nes il y en eut deux qui, même après plus de 20 étincelles, parurent ne devoir jamais parvenir à aucun résultat: il fallut leur apprendre qu'il y avait deux images, que l’image colorée était située un peu plus haut ou plus bas, etc., etc; après quoi elles réussirent enfin à se former une idée relativement à la distance. Dans des expérienes postérieures, il se trouva quel- ques personnes qui, ou bien n’arrivèrent à aucun résultat, où bien continuèrent à se tromper d’une manière permanente. En regardant avec un seul œil, et d’un même point, on ne se fait absolument aucune idée de la distance relative. Le jugement repose, positivement, sur la vision binoculaire. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 405 En ce qui me concerne, je notai les résultats suivants: 1°. Même dans les circonstances les plus favorables, je ne pus jamais m'orienter avec certitude dès la première étincelle ; 2. En fixant une des images, surtout quand la position était symétrique, je voyais l’autre double, c’est-à-dire que j'apercevais une image de chaque côté de l’image fixée, et en apparence dans le même plan que cette dernière ; 30. Quand j'avais acquis l’idée que deux images doubles ne formaient qu'une image dans la réalité, je restais encore quel- quefois dans le doute relativement à l’image qui était la plus rapprochée ; 40, Ce doute disparaissait ordinairement avec l’étincelle suivante, tandis que je m'efforçais involontairement de réunir les images doubles. Après deux étincelles, j'y parvenais toujours d’une ma- nière suffisante, et en fixant ensuite, lors des étincelles suivan- tes, alternativement l’une et l’autre image, j’acquérais une notion très exacte de leur distance relative ; D. Maïs, alors même, je conservais le pouvoir de faire ab- straction de ce que je savais, et de me représenter trois images comme autant de points lumineux situés dans le même plan. Cette première série d'expériences prouvaient bien, il est vrai, qu'il n'est pas nécessaire, pour juger de la distance relative de deux points, de les voir d’une manière permanente pendant que la convergence change. !) Mais elles confirmaient encore ce que je m'attendais à trouver: qu'une différence de convergence, au moins entre des étincelles successives, est tout à fait indispensable. Deuxième Série. I] me parut important de faire quelques ex- périences dans lesquelles les deux axes optiques seraient fixés rigoureusement et d’une manière permanente sur un même point visible. Je réalisai cette condition à l’aide de la disposition sui- vante. Une boîte longue de 0,29 mètre, large de 0,136 et haute 1) Dans la vision monoculaire il suffit aussi, pour s’orienter , de regarder la projection perspective deux fois de suite, après avoir déplacé la tête entre- temps. 406 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA de 0,074, fermée en dessus par un couvercle et recouverte à l’in- térieur de velours noir, est munie à l’une des extrémités de deux ouvertures pour les yeux, et donne accès latéralement à deux fils conducteurs, qui viennent presque se toucher en face du milieu de l'intervalle entre les deux ouvertures, et qui lais- sent passer, à 25 centim. des yeux, une série de petites étin- celles d’induction encore à peine visibles. Ces étincelles produisent l'apparence d’une petite lumière continue. Tandis que l’observa- teur fixe cette lumière avec soin, on fait éclater, en tel point qu’on désire, une étincelle de force voulue. Les deux fils desti- nés à cet usage traversent le fond de la boîte, dans laquelle ils peuvent être élevés ou abaissés à volonté; en outre, le fond peut glisser en avant et en arrière, et, de plus, sa partie centrale peut être déplacée à droite et à gauche. Le fond de la boîte est accessible à la main, de sorte qu'on peut faire éclater l’étincelle en avant ou en arrière du point fixé, en dessus ou en dessous, à droite ou à gauche, avec telles alternatives qu'on juge à pro pos, et toujours sans que l’observateur en soit le moins du monde averti. Les distances peuvent se lire au dehors. Lorsqu'on regarde dans la boîte, le point lumineux, destiné à être fixé rigoureusement, apparaît au milieu d’une obscurité abso- lue. Même en faisant éclater une forte étincelle, dont on veut déterminer la position par rapport au point fixé, on ne distingue rien, ni des fils conducteurs ni des paroïs de la boîte. Un point lumineux permanent et, à un signal donné, une étincelle bril- lante, voilà tout. Et pourtant, contrairement à mon attente, pres- que chacun !) sut dire, immédiatement après la première étincelle, si celle-ci était plus rapprochée ou plus éloignée que le point fixé, soit qu’elle eût dévié un peu vers le haut ou le bas, à gauche ou à droite, soit qu'elle fût venue se placer sur la même ligne et à la même hauteur que le point fixé et les yeux. La plupart surent même déterminer la distance d’une manière passablement exacte. 1) Sur 16 auditeurs de mes leçons ophthalmologiques, il y en eut 14 qui écrivirent, dès la première étincelle, la réponse véritable; un seul se trompa; un autre ne hasarda pas de réponse. PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 407 Ce résultat me surprit. Mais la conclusion était inexorable. C’est en vain que je cherchai à découvrir dans l’étincelle quelque caractère distinctif direct qui pât rendre compte de la différence des perceptions. Comparativement aux expériences mentionnées dans la première série, jexaminai ensuite si l’on pourrait aussi, en fixant un point déterminé, apprécier simultanément la situation de deux étincelles différentes. A cet effet, les lentilles colorées que j'ai décrites plus haut, et dont la monture avait été entièrement recouverte de velours noir, furent placées sur le fond de la boîte, tantôt en arrière tantôt en avant du point fixé, auquel elles ne faisaient rien perdre de sa netteté; en même temps je fis péné- trer par le fond de la boîte, en avant, deux fils conducteurs bien isolés, entre lesquels je laissai éclater une forte étincelle fournie par la grande bobine de Ruhmkorff. Outre la faible lumière sur laquelle les yeux étaient fixés, on n’apercevait dans l’appa- reil que les deux fortes étincelles, de couleur différente, réfléchies par la lentille, les rayons directs de l’étincelle se trouvant in- terceptés à la vue. Personne n’acquérait, par la première étincelle, une idée satisfaisante de la distance relative des deux êtincelles réfléchies. Quelle que fût leur situation, il s’opérait une eonfu- sion de lumière qui ne permettait que rarement, même à l'égard d’une seule d’entre elles, de se prononcer sur la distance par rapport au point fixé. Ce n’était qu'après deux, trois, ou un plus grand nombre d’étincelles, qu’une notion déterminée se dévelop- pait chez la plupart des observateurs, et, en général, avec plus de facilité lorsque les deux images se trouvaient rapprochées l’uné de l’autre et à peu de distance du point fixé. Quand on ignorait ce qu'on allait voir et ce qu'il fallait distinguer, on avait besoin pour s'orienter complétement d’un nombre d’étincelles beau- coup plus grand, bien que moins considérable que dans les expé- riences de la première série. Comme dans celles-ci, on remarqua une tendance à fixer alternativement, par changement de con- vergence, les deux étincelles. Troisième série. Je passai ensuite à la combinaison de figures stéréoscopiques. Dans un stéréoscope ordinaire, je fixai en avant 408 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA de la cloison médiane, à 3 centimètres de la plaque, une bande transversale de carton, large de 2,4 centimètres; j'y fis pénétrer en outre, par dessous, des fils bien isolés entre lesquels éclatait, immédiatement en avant du carton, et à un signal donné, une forte étincelle d’induction. L'étincelle éclairait la plaque, mais était cachée elle-même à la vue par le carton. Pour fixer avec précision, on pratiqua aux deux figures, en un ou deux couples de points correspondants, de petites ouvertures, qui se montraient faiblement éclairées quand on dirigeait le stéréoscope vers une surface grise !). Avec cet appareil, on trouva que souvent dès la première étincelle la notion exacte s'était distinctement for- mée, soit qu'on employât simplement deux couples de points ou de lignes, situés à des distances inégales l’un de l’autre, soit qu'on fît usage des projections de figures plus compliquées, telles que des pyramides tronquées à base polygonale, des formes à pouding, etc. Quelques-uns avaient besoin de deux ou de trois étincelles; fort peu n’arrivaient à aucune idée distincte ou bien se trompaient. — Toutefois, et la chose mérite d’être remarquée, le relief était constamment vu trop faible; surtout lorsqu'il se trouvait être très considérable, comme dans les cônes ou pyra- mides tronqués des dessins stéréoscopiques ordinaires. Dans ce cas, il fallait ordinairement plus d’une étincelle pour reconnaître avec certitude le sens du relief, les images doubles très écartées ne se laissant pas ramener immédiatement à une ligne unique, — et ce n'était qu'après un nombre d’étincelles encore plus consi- dérable, et en fixant alternativement les divers points de la figure, que le relief se manifestait dans toute sa profondeur. Quatrième Série. Elle a rapport à la vision d’objets situés dans 1) Je découvre, trop tard pour en parler dans le texte, que Aubert a éga- lement fait des expériences avec un éclairage instantané (Physiologie der Netz- haut. Breslau, 1865, p. 316), et a pris, en se servant du stéréoscope, les précautions nécessaires pour arriver à fixer convenablement. ,,Les deux projec- tions qu’il s’agit de réunir en une image unique sont percées d’une ouverture au centre ou au point qu’on se propose de fixer, et celles reposent sur une lame de verre mat très faiblement éclairée par dessous.” PERCEPTION DE LA TPOISIÈME DIMENSION. 409 Jespace et éclairés par la lumière d’une ou de plusieurs fortes étincelles d’induction. L'objet le plus simple, et qui suffit à tran- cher la question, est un fil dont il s'agit de déterminer l’inclinai- son. J'employai un fil métallique peint en blanc, et placé devant un fond de velours noir; son extrémité supérieure était cachée derrière un rideau de velours, son extrémité inférieure de même. C’est derrière le rideau inférieur qu’on faisait éclater l’étincelle. L'expérience avait lieu dans une obscurité complète. Pour fixer convenablement le fil, on avait attaché à son milieu un petit morceau de phosphore, cé qui remplissait parfaitement le but. Le résultat fut qu'on ne se faisait aucune idée de l’inclinaison du fil en le regardant d’un seul œil, tandis qu'on la reconnaissait dès la première étincelle quand on se servait des deux yeux. Lorsqu'on n'avait pris aucun soin pour assurer la fixation con- venable, les erreurs, lors des premières étincelles, étaient très fréquentes. Le résultat auquel nous sommes parvenus, savoir que l'impression instantanée de deux projections perspectives peut conduire à une per- ception stéréoscopique exacte, est non seulement très énigmatique en soi, mais semble aussi devoir cadrer difficilement avec ce que nous avons trouvé précédemment (Comp. 8, p. 393), que cette perception peut tarder quelque temps à se produire lorsqu'on fixe invariablement sous un éclairage continu. Il est probable qu'il faut chercher une circonstance en faveur de l'éclairage instantané, dans la fusion complète des images, persistant dans l'impression consécutive, avec exclusion de toute espèce de lutte. 12. Chaque notion visuelle est délerminée par certains facteurs. De ce nombre sont les sensations que nous recevons de l’un et de l’autre œil. Il paraît que la notion peut étre différente, la sensa- salon directe restant la même. Une impression visuelle n’excite pas seulement une idée de clarté et de couleur, mais aussi de forme, de grandeur et de distance. Cette idée se produit sans connaissance des facteurs qui la déterminent. Dans l'observation ordinaire il ne saurait être question de conclusions tirées de la combinaison des facteurs. ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. I. 27 410 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA Nous disons avec Panum: ,la profondeur est sentie’ Beaucoup d'hommes qui sont, avec raison, convaincus de l'exactitude de leurs perceptions, essayeraient en vain de se rendre compte des différents facteurs qui sont entrés en jeu pour leur donner nais- sance. Les mouvements, parfaitement appropriés au but, qu’exé- cutent certains oiseaux presque au sortir de l’œuf, ainsi que certains mammifères (par exemple le veau) immédiatement après la nais- sance, prouvent clairement qu'il se forme des perceptions qui ne reposent sur aucune expérience individuelle, sur aucun jugement, et qui sont, par suite, la conséquence directe des impressions dans une situation donnée. !) De même, chez l’homme, nous regardons la formation de certaines idées, en résultat d’impres- sions déterminées, comme d’abord innée en partie, puis naissant avec le développement ultérieur des organes, dont les conditions étaient données d'avance, — l’expérience individuelle n'ayant d'autre rôlé que de faire acquérir à ces idées plus de précision et de maturité. Ces considérations s'appliquent aux autres sens tout aussi bien qu'à celui de la vue. Nous rapportons un son à une source dé- terminée, avec indication de direction et de distance, sans nous demander d’abord ce qui a pu déterminer notre jugement. Et lorsque la question est posée, souvent la réponse fait défaut ou bien elle est peu satisfaisante; que, par exemple, le caractère propre d’un son, son timbre, ne soit autre chose que la combi- naison du son fondamental avec des harmoniques simples, c’est ce qu’on est encore tenté de révoquer en doute même après que l'analyse a été faite rigoureusement. Mais, si l’on ne se rend aucun compte des facteurs coopé- rants, il n’en est pas moins certain que ce sont ces facteurs qui déterminent la perception: cette perception, en effet, ne 1) Comparez surtout, à ce sujet, Abboth (L c. p. 168 segq.) qui a rassemblé les faits publiés par d’autres, en y joignant ses propres observations. Sir Joseph Banks vit un poussin chercher à attraper une mouche pendant que la coquille traînait encore à sa queue. D’après Abboth les faits de ce genre s’ob- servent généralement chez les oiseaux qui construisent leurs nids à une faible hauteur, près de la terre. \ PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 411 saurait être fortuite. La science a done pour tâche de découvrir comment chaque perception découle nécessairement des facteurs qui sont en jeu. Or, la perception se rattache à une opération déter- minée, et les facteurs de cette opération se trouvent pour une partie en nous-mêmes, pour une partie dans les stimulants qui agissent sur nous. À la première catégorie appartient l’état dans lequel se trou- vent tant le centre perceptif que l'organe externe de ia sensation, ainsi que les mouvements exécutés avant ou pendant l'observation. L’organe de perception peut être dans l’état de neutralité : il n'attend rien ou il attend tout, comme ou veut. L'esprit est alors libre de toute . prévention. Ou bien, il existe une prédisposition dans un sens déter- miné, laquelle favorise ou entrave la perception exigée par l’im- pression suivante, selon qu’elle était ou non d'accord avec elle. Nous avons vu, par exemple, comment elle peut la favoriser, dans les expériences que nous avons fait connaître relativement à la vision avec un éclairage instantané, expériences dans lesquelles la ré- pétition de la même impression conduisit peu à peu à une notion de plus en plus adéquate; une telle prédisposition peut aussi nous être restée, en partie, en vertu de souvenirs plus anciens. Quant au pouvoir d’entraver la perception, nous en voyons la preuve cha- que fois que nous avons nous-mêmes, ou que nous éveillons chez d’autres une idée inexacte de ce qui sera vu. — On peut se repré- senter l'organe du sens, tout comme l'organe perceptif, dans un état d'indifférence. S'il est sous l'influence d’impressions lumi- neuses antérieures, ou si d’autres causes l'ont fait sorti de l'état de neutralité, l'effet immédiat des stimulants sera diffé- rent, et par consèquent aussi la perception dont cet effet est un des facteurs. — Enfin, les mouvements jouent un grand rôle. Nos yeux se meuvent ou se murent par un acte de notre volonté, et en accord avec ces mouvements se développe l’idée de la di- rection dans laquelle un objet se trouve par rapport à nous. Nous avons reconnu plus haut l'influence du changement de conver- gence. Celui de l’accommodation, bien que plus borné, ressort, entre autres, de la micropie que produit l’action de la belladonne AT 412 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA à faible dose, de la macropie qui est l'effet de l’action du cala- bar. La position que nous donnons à notre corps, volontairement ou du moins sciemment, contribue aussi à déterminer l’idée de la direction dans laquelle nous voyons les objets. — En ce qui concerne les mouvements, notre participation est plus active; il n’est donc pas surprenant que nous nous rendions plus facilement compte des facteurs qui dépendent de ces mouvements. Malgrè cela, ils contribuent à la perception tout aussi spontanément que les autres, sans rien qui ressemble à un raisonnement. Pour ce qui regarde, en second lieu, les facteurs fournis par les stimulants, nous avons à considérer, quant aux perceptions visuelles, la nature et l'intensité des stimulants, et les éléments rétiniens qui en sont impressionnés. Lorsque d’autres éléments sont excités, ou lorsque les mêmes le sont d’une manière différente, l'effet immédiat est autre, et la modification de ce facteur entraîne nécessairement celle de la perception. Ici, toutefois, une difficulté se présente. L’impression, consi- dérée comme purement sensitive, peut être distinguée de la perception à la formation de laquelle d’autres facteurs ont con- tribué. La couleur, en elle-même, n’est qu'une simple sen- Sation. Le son d’un mot, auquel une certaine signification se rattache, le timbre d’une voix, qui évoque l’image d’une per- sonne dans notre esprit, peuvent être isolés comme impres- sions purement sensitives. Or, cette impression sensitive paraît devoir offrir des différences propres pour pouvoir jouer un rôle différent comme facteur de la perception. Avec des différences pareilles, la diversité de la perception se trouve sinon expli- quée du moins rendue compréhensible; sans elles, cette diversité est une véritable énigme. Or, nous avons vu que l'impression d'un des yeux ne saurait être distinguée, comme effet sensi- tif, de celle de l’autre œil, lorsque ces impressions résultent d'images dioptriques pareilles, formées en des points correspon- dants. Comment faire accorder avec cela le fait qu'on donne naissance à une perception différente rien qu’en opérant un échange des impressions entre les deux yeux? Le problème semble inso- PERCEPTION DE LA; TROISIÈME DIMENSION. 413 luble. ‘) Ou serait-il permis d'admettre que deux impressions peu- vent, par leur concours, éveiller une perception différente, bien qu'on ne puisse saisir entre les deux cas une différence quant aux impressions prises isolément? Serait-il permis d'admettre que, la somme de deux sensations restant la même, leur combinaison puisse néanmoins conduire à une perception différente ? Cette hypo- thése n’a, assurément, rien d’absurde, surtout quand on songe à la spontanéité de la perception, qui la fait rattacher à une action résultante s’opérant dans l'organe central. En effet, cette action résultante pourrait devenir autre par l’inversion des composantes, bien que cette invérsion ne se trahisse absolument par rien quand on examine les composantes séparément, en tant que sensations. Néanmoins, il nous est défendu de recourir à une pareille hypo- thèse, aussi longtemps que toutes les tentatives pour découvrir une différence dans les sensations mêmes, n’ont pas été épuisées. Sous ce rapport, plusieurs points peuvent encore être examinés. 1°. Les cercles de diffusion d’un point lumineux ne sont pas les mêmes en deça et au delà du point de croisement. Il est facile de s’en assurer: pour ce qui me regarde, en étudiant les phénomènes entoptiques, j'ai appris à connaître et à distinguer exactement les deux ordres de cercles pour chaque œil en par- ticulier. Or, si les images d’un objet, situé en avant et en arrière du point de fixation, ne sont pas parfaitement égales, on peut penser à priori qu'il en résulte une différence dans la perception. Cependant, s'il en était ainsi, l'observation à l’aide d’un seul œil serait déjà décisive, ce qui est contraire à l'expérience; puis, il ne serait pas encore rendu compte de l'effet de la vision dans le stéréoscope, où les images sont situées tout à fait dans le même plan. D'ailleurs, j'ai pu m'assurer, avec beaucoup d’autres, que la position d’une étincelle électrique, par rapport au point de fixation, n’est 1) Lorsque Hering attribue aux points correspondants des deux rétines des différences relativement à la faculté de sentir les distances, il ne fait que déplacer la difficulté. En tant qu’exacte, :cette théorie est une paraphrase des faits, non une explication. 414 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA 0 pas appréciée moins exactement quand on à troublé l’accommo- dation au moyen de verres convexes ou concaves, et qu’on à exclu avec soin toute indication pouvant provenir des cercles de diffusion. 2°, Le défaut de parallélisme entre les méridiens de points correspondants pourrait aussi fournir quelque indice. En effet, par suite de ce défaut, un fil vertical, suivant qu’il est tendu en deça ou au delà du point de fixation, apparaît en images doubles convergeant vers le bas ou vers le haut. Mais, si l’on donne aux lignes uue inclinaison telle que les directions des images doubles soient renversées, on ne se trompe pas, pour cela, rela- tivement à leur distance, sous un éclairage instantané, et, en même temps, on reconnaît leur inclinaison. Je m'en suis convaincu par des expériences nombreuses exécutées au moyen d’un appa- reil construit spécialement à cette intention. D’ailleurs, quand même l'inclinaison des images doubles des diverses lignes qui cir- conscrivent une figure connue et suffisamment composée, ne serait pas sans quelque influence sur la perception, il est certain que la position des méridiens ne fournit absolument aucune indication pour l’appréciation de la situation d’un point; et pourtant, dans ce cas aussi, une seule étincelle suffit souvent pour nous faire acquérir la conviction d’un jugement exact. 3°. Les images doubles peuvent avoir des dimensions différentes. Lorsqu'un objet est placé à droite du point fixé, l’image de droite est plus grande ou plus petite que l’image de gauche, suivant que l’objet se trouve au delà ou en deça du point de convergence. Mais l'indication qui doit en résulter vient à manquer si l’objet “est situé symétriquement en face du point fixé, soit en avant soit en arrière, bien qu'on trouve .expérimentalement que, dans ce cas, le jugement peut se former avec la même exactitude. Le résultat de tout ce qui précède est que je ne puis, d’au- cune façon, me rendre compte de quelque différence dans les sensations, là où pourtant les impressions conduisent manifestement à des perceptions différentes. | 130. S'il est vrai qu'une différence dans la perception soit compatible avec l'identité des sensations directes , la perception ne peut être le pro- PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 415 duit des sensations, ne peut étre regardée comme une conclusion (consciente ou inconsciente) firée des sensations. Elle acquiert alors une indépendance que sa spontanéité semblait déja lui assurer, el, ne pouvant être déduie des sensations elles-mêmes, elle doit résuller secondairement (dans un organe spécial de perception ?) de l’acte cérébral qui accompagne les sensations. En admettant cette proposition, il est plausible que, même dans le cas où nous pouvons ramener notre perception à ses facteurs, elle ne résulte pas non plus des sensations mêmes, mais tire encore son origine propre de l'acte cérébral lié aux sensa- tions; de sorte que, dans ce cas non plus, ce n’est pas une conclusion, consciente ou non, qui constitue le fondement de la perception. Le fait d'expérience que des perceptions ne se dédui- sant d’abord que difficilement des sensations, à l’aide du juge- ment et du raisonnement, finissent par se former spontanément après une répétition suffisante, ce fait, dis-je, nous conduit à la proposition que chaque acte perceptif laisse dans l'organe de perception une modification qui le met en relation plus immédiate avec l'acte de la sensation directe. Aïnsi s'explique l'effet de l'exercice. D’après cette hypothèse, notre esprit !) travaille, pendant toute la vie, à modifier certaines parties de notre cer- veau, au moyen du jugement et de la déduction, et n'a qu'à se servir du cerveau ainsi façonné là où des perceptions naissent spontanément des impressions. Enfin cette théorie, qui accorde une certaine indépendance à Vorgane de perception, suppose que dès la naïssance il est dans une certaine relation avec les organes des sensations directes ; elle est donc en opposition avec la théorie empirique en tant que celle-ci voudrait rapporter toute notion à l'expérience individuelle. Je m'abstiens ici de développer davantage cette proposition, parce que je dois reconnaître que mon point de départ, savoir qu’une différence dans la perception est compatible avec lidentité des 1) Cette phrase pourrait être transformée facilement en une autre qui satis- ferait tout aussi bien les adversaires de tout dualisme. 416 F. C. DONDERS. LA VISION BINOCULAIRE ET LA sensations directes, n’est pas encore définitivement établi. J'en ai dit assez pour faire ressortir la portée de cette question, que je recommande aux méditations des physiologistes. 14. Dans la vision ordinaire, où l’on ne fixe jamais invariable- ment un méme point, les indications dues aux images perspectives el celles fournies par le changement de convergence ne peuvent étre séparées: elles agissent simultanément et se prélent un secours mu- tuel. Si les images perspectives des deux yeux fournissent déjà, comme telles, quelque indication relativement à la troisième dimen- sion, nous avons vu que cette indication est passablement imparfaite. Hering, néanmoins, bien qu'il déclare attacher beaucoup d’im- portance, pour la vision stéréoscopique, au changement de con- vergence, va jusqu'à prétendre que ces mouvements ne sont que la conséquence de la notion exacte que les images perspectives avaient déjà fait naître. À cela j'ai quelques observations à faire. Je concède volontiers que, lorsque des objets s'offrent à la vue avec leurs parties éclairées et leurs ombres, avec leurs angles déjà connus en partie, le jugement déduit des deux images perspectives (bien plus, d’une seule, comme nous avons vu) puisse être assez exact pour diriger les mouvements des yeux: du moins nous reconnaîtrions la forme avec une précision suffi- sante pour savoir si, en passant d’un point à un autre, nous avons à augmenter ou à diminuer la convergence. Mais, dans la réalité, la vision ne s'opère pas ainsi. En effet, le premier coup- d'œil jeté sur les objets est le résultat d’un mouvement, et lors même que nous fixons, immédiatement ‘après, un point déterminé, ce premier mouvement nous à déjà permis de nous orienter plus ou moins. Ainsi, dans la vision ordinaire, l'influence des mouve- ments et celle des images perspectives coïncident nécessairement. Si ensuite, dans l’examen ultérieur de l’objet, chaque mouvement est déterminé par la notion déjà acquise, l'appréciation de la dis- tance gagne continuellement en justesse, par l'exécution consciente des mouvements nécessaires pour réunir en une seule les deux images des points regardés directement. | 0 PERCEPTION DE LA TROISIÈME DIMENSION. 417 Et lorsqu'il s’agit d’un phénomène non habituel, la première notion de forme et de situation ne se développe souvent qu’à la suite du changement de convergence. La plupart des personnes, en regardant dans un miroir concave, ont de la peine à se repré- senter que l’image est placée en avant du miroir: les images doubles, bien que rapprochées, ne sollicitent pas iei la conver- gence nécessaire. L'instinct social des yeux, comme Tourtual l'appelle, ne vient pas en aide à ces personnes. Elles voient le verre, et commencent par chercher derrière ce verre l’image réflé- chie; et c’est seulement en remarquant que les images doubles s’écartent alors davantage, qu'elles réussissent, par une conver- gence plus forte, à voir l’image simple; mais plusieurs n’y par- viennent qu'à grande peine, même après qu'on leur à üit et ex- pliqué que l’image est située en deça du miroir. En tout cas, les images doubles ne fournissent ici aucune incitation directe à l’accomplissement des mouvements nécessaires. — Quand une figure est seulement indiquée par des fils tendus dans différentes direc- tions, ou quand on n’en voit que les images perspectives dans le stéréoscope, on remarque parfois en soi quelque hésitation lors- qu'on fixe invariablement un point unique. Il est indubitable, d’ailleurs, que la profondeur n'arrive à être pleinement perçue que grâce à l'ajustement répété de la convergence à la vision alternative des points les plus éloignés et les plus rapprochés. — Enfin, quand on place devant un œil un prisme faible, l'angle tourné en dedans ou en dehors, on peut parfois, en s’observant avec soin, remarquer qu'on est un peu indécis s'il faudra faire converger ou diverger les yeux pour arriver à la vue simple; le mouvement convenable ne s'exécute résoläment que lorsque les yeux ont reconnu qu'ils sont sur la bonne voie. SUR LA THÉORIE DE LA DISSOCIATION DE M. H. SAINTE-CLAIRE DEVILLE :; PAR H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. M. H. Sainte Claire Deville a décrit dernièrement, dans un mémoire étendu !}), les différentes expériences sur lesquelles il _ fonde sa théorie de la dissociation. En même temps que le savant auteur fait connaître les recherches expérimentales auxquelles il a consacré tant de soins et de travail, il expose clairement ce qu'il faut entendre par dissociation, exposition qui offre d'autant plus d'intérêt que cette théorie paraît, de plus en plus, prendre pied dans la chimie. | Ce travail a d’ailleurs encore un autre genre d'intérêt. L'auteur élève la voix contre ce grand nombre d'explications spécieuses dont on se contente si souvent dans la chimie. Il fait remarquer, avec raison, que l’affinité est une notion très indéterminée, dônt lien ne se laisse déduire nécessairement (p. 258); il en est de même de l’état naissant et de la force catalytique, que M. Deville appelle à bon droit: ,explication de phénomènes fort obscurs, et qui selon moi le deviennent davantage, si on les rapporte en bloe à une cause entièrement inconnue”. Et ailleurs (p. 306): n°1, au lieu d'étudier des causes occultes qui nous échappent et quelquefois nous égarent, nous nous bornons à rechercher leurs effets, . .. nous pourrons espérer de faire profiter la chimie des réfor- mes que la mécanique de la chaleur doit aux physiciens modernes. 1) Leçons sur la dissociation. Société chimique de Paris, 1864— 1865. H. W. SCHROEDER VAN DÆR KOLK. SUR LA THÉORIE ETC. 419 Sans doute, on ne peut qu'apprecier qu'un chimiste aussi dis- dingué que M. Deville se prononce contre ces notions vagues, et cherche à détourner la chimie théorique d’une voie où elle s’égare. Pourtant je dois l’avouer, il me reste encore des doutes rela- vement à la théorie dé l’auteur. Il est vrai, M. Deville déclare lui- même (p. 375): ,je n'ai pas la prétention de considérer comme définitives les interprétations que j'ai données à des faits établis sans préventions théoriques, je ne dis pas sans idées précon- cues’”. Mais déjà, dans bon nombre de mémoires et même dans des traités élémentaires !), la dissociation, considérée comme idée suffisamment établie, a été employée à l’explication des phéno- mènes. Elle semble, toutefois, y dégénérer souvent en une expli- cation purement apparente, comme l’affinité elle-même; et je suis d'autant plus porté à la regarder comme telle, que je n'ai vu signalés nulle part certains points qui, à monavis, sont les points faibles de la théorie. | On peut résumer la théorie de la dissociation dans les propo- _Sitions suivantes : 1°. La chaleur de combustion de deux gaz et la chaleur spé- cifique du composé qui en résulte permettent de calculer la tem- pérature de la flamme. C'est ainsi qu’on trouve 6800° pour la température calculée de la flamme du gaz tonnant. Or M. Deville pense que la vapeur d'eau ne peut pas exister à cette tempéra- ture; que la température de décomposition de la vapeur d’eau me s'élève qu’à environ 2500°. La vapeur ne peut donc pas avoir une température supérieure dans la flamme. La même chose aurait lieu pour d’autres gaz: la température de décomposition serait située au-dessous de la température calculée de la flamme. 2°. Cette température de décomposition varie avec la pression, et est analogue, sous ce rapport, à la température de conden- sation des vapeurs, laquelle dépend également de la pression. 3%. Doit { cette température pour la vapeur d’eau à la pression d’une atmosphère, comme 100° est la température de 1 :) Naquet, Principes de chimie, 1865, p. 5. Riche, Leçons de chimie ,T. I, p. 145. 420 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE condensation pour le même cas. Lorsqu'un récipient, dans lequel se trouve de la vapeur d’eau primitivement à 100° sous la pres- sion d’une atmosphère, est ramené à une température plus basse, de la vapeur se condense; dans le cas contraire, une partie de l’eau se change en vapeur. On à alors évaporalion, ou transfor- malion partielle d'un liquide en vapeur. Or M. Deville admet que, d’une manière analogue, la vapeur d’eau se transforme en partie en oxygène et hydrogène à une température inférieure à l; elle se trouve alors à l’état de dissociation ou éfat de décom- position partielle. | 40, Le degré de cette dissociation est ensuite indiqué par un nombre, qui, par analogie avec la tension des vapeurs, prend le nom de {ension de dissociation. À cet effet, lorsque la vapeur d’eau s’est décomposée partiellement et que le récipient renferme, par suite, un mélange de vapeur et de gaz tonnant, dont la pression totale soit d’une atmosphère, M. Deville calcule la pres- sion partielle exercée par le gaz tonnant formé, et c'est cette pression qu'il appelle tension de dissociation du gaz tonnant pour. cette température. De cette manière une analogie complète est admise entre la condensation et la combinaison chimique 1). :) Je m’en tiens rigoureusement ici à la définition de M. Deville. Mais le terme dissociation est loin d’avoir la mème signification chez tous les auteurs, bien qu’il se rapporte toujours à la théorie de M. Deville. C’est ainsi qu’on lit dans es Mondes 31 mai 1866, p. 197, dans une communication de M. Secchi: ,,la masse du soleil doit consister non seulement en matières à l’état de gaz, mais même à un état que les chimistes appellent dissociation, c’est- à-dire à létat où les corps sont sous leur forme élémentaire et simple, mais où ils ne se combinent pas parce qu’ils en sont empêchés par leur tempéra- ture élevée.” Dans la même livraison, p. 212, M. Deville en rapportant quelques expé- riences de dissociation, s’exprime ainsi: que tous ces corps sont soumis à la loi de décomposition successive ou dissociation”. Cette expression n’est égale- ment pas identique à la définition primitive d’une décomposition partielle. En général, la rigueur mathématique fait souvent défaut à cette théorie, ce qui explique le vague de la terminologie. DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. 491 ve M. Deville à cherché à prouver, par différentes expériences, que la température de décomposition est située au-dessous de la température calculée de la flamme. Or ceci n’est pas necessaire s'il s’agit simplement de démontrer que la première température peut être inférieure à la seconde, car cette possibilité se laisse déduire, à priori, des considérations suivantes. J'admets avee M. Deville qu'à une chaleur suffisante tous les corps se décomposent en leurs éléments. Cette décomposition com- mence nécessairement, pour chaque corps, à une température invariable, température qui dépend peut-être de la pression, mais qui en tout cas reste la même pour une pression donnée. Appelons-la la température de décomposition. La température de la flamme peut être calculée au moyen de la chaleur de combustion des éléments et de la chaleur spècifique de la combinaison, lorsqu'on admet que la chaleur produite est employée en entier à élever la température du gaz formé, et que la chaleur spécifique ne varie pas aux températures élevées, ce qu'on peut regarder comme à peu près exact dans beaucoup de cas. Ainsi, par exemple, 1 gramme H, en se combinant avec 8 gr. O, développe 29413 calories (la calorie rapportée à un 29413 gramme d’eau); 1 gr. de gaz tonnant développe donc — 3268 calories. En prenant 0,475 pour la chaleur spècifique — — 6880° pour la tempé- de la vapeur d’eau, on trouve ? rature de la flamme. Dans la combinaison de 1 gr. H avec 35,5 gr. CI. il se dégage 23783 calories; la chaleur spécifique de C1 H étant — 0,185, il en résulte que la température est expri- mée dans ce cas par An ER — 018: 36,5 x 0,185 Pour la flamme de l’oxyde de carbone et de l'oxygène le cal- cul donne 70672. Ceci suppose, toutefois, que la température des éléments est 422 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE — 0° avant la combinaison; que, par exemple, du gaz tonnant à O° se transforme en vapeur d’eau par l'effet d’une seule étin- celle électrique, dont la chaleur est assez faible pour que nous puissions la négliger. Lorsque la température avant la combinai- son diffère de 0°, la température calculée de la flamme prend aussi une autre valeur. Soit X la quantité de chaleur développée quand 1 gr. H s’unit à 39, gr. CL pour former 36,5 gr. C1 H; « la somme absolue d'énergie du mélange des éléments, b celle de la combinaison, toutes deux à 0°; on a l'équation 1): ak + bo a — bo - Les chaleurs spécifiques par gramme, comparées à celle de l’eau, sont (Clausius, Abhandlungen über die mechamsche Wärme- theorie, p. 296): H 3,409 CI 0,1210 CIH 0,1852 et, en conséquence, par équivalent : Lors. 3,409 30,80 HO 4,295 | 36,5 , CIH 6,760 D’après cela, on trouve à © pour la chaleur de combinaison : k'—= a + 1,104 1—(b + 6,760 1) —a—b+0,9441—=k+ 0,944, ainsi qu'il a déjà été établi antérieurement par M. Kirchhoff et en premier, paraît-il, par Watt ?). La température calculée de 7,704 la flamme, T, qui pour { — 0° est — ; — 3518°, de- 6,760 vient maintenant : 6,760 | On trouve, par exemple, pour 4 — 100° T = 3632 t — 1000° T — 4658 1) Pogg., Ann. T. CXXII, p. 441. 2) Phil. Mag. Avril 1865, p. 279. . DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. 4953 Il est à remarquer que ces résultats ne diffèrent guère de ceux qu’on obtiendrait si la chaleur de combinaison était indépendante de la température. Dans ce cas la différence T — { serait tou- jours égale à 3518°. La température calculée k + 0,944 ! 6,760 est donc une fonction de {, et si nous appelons la température de décomposition , on peut avoir T <, — ou > r. Quand T'<:, la flamme a la température T; lorsque, au contraire, onaT> x, le gaz produit ne possédera pas dans la flamme la température T mais la température 7. En supposant, par exemple, qu’on eût r — 4000° pour l'acide chlorhydrique, la température de la flamme serait — 3518° pour t — 0; pour { — 1000°, au contraire, elle ne serait pas — 4658°, mais — 4000°. On voit d'après cela que dans chaque combustion, sous les conditions convenables, le cas doit se présenter que la tempéra- ture de la flamme reste inférieure à sa valeur calculée. Qu'on se représente un vase rempli de chlore et d'hydrogène en proportions équivalentes et à une température qui dépasse la température de décomposition r. Le vase venant à se refroidir, dès que la température r aura été atteinte il se formera de l’acide chlorhydrique, et la température ne pourra s’abaisser davantage qu'après que la masse entière sera entrée en combinaison. De la chaleur se dégage pendant la combinaison; pourtant nous admet- tons que la température ne s’élèvera pas au-dessus de x, ce qui s'explique par analogie avec ce qui a lieu dans la condensation. Celle-ci, en effet, sous une pression d’une atmosphère, s'opère régulièrement à 100° et avec un dégagement continu de chaleur. Dans les deux cas l’action ne s'effectue qu’au fur et à mesure que de la chaleur est perdue par le vase. En outre, pour l'acide chlorhydrique, la pression, en vase DT + — 15018 = 0199 1 fermé, ne variera pas pendant la durée de la combinaison, parce que le volume gazeux ne change pas lorsque les éléments de 424 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE l'acide chlorhydrique s'unissent. Mais lorsqu'il Se fait une con- traction, comme dans le gaz tonnant, cette circonstance peut influer sur les phénomènes calorifiques. | Si le refroidissement continue, les gaz restent combinés, et, finalement, la condensation s'opère. Met-on en contact les gaz, par exemple le chlore et l’hydro- gène, chauffés séparément à une température voisine de la tem- pérature de décomposition, alors il se forme une petite quantité d'acide chlorhydrique; mais la chaleur mise en liberté ne tarde pas à échauffer le mélange jusqu'à 7, et la combinaison ne peut avancer qu'à mesure des pertes que la chaleur éprouve. Quand on échauffe un mélange de chlore et d'hydrogène, la combinaison n’a lieu qu'à une certaine température qu’on peut appeler la température de combinaison 3. Sous une même pres- sion, g et r sont deux températures absolument constantes pour chaque gaz. Dans l'intervalle entre 3 et x les deux gaz s’unis- sant directement; au-dessous de 4 on peut se figurer la combi- naison provoquée par une étincelle électrique. Soit { la température du mélange; la proportion d'acide formé (en supposant qu'aucune portion de chaleur ne se DE croîtra avec la différence 7 — £. Il est facile de calculer quelle est cette proportion. Représen- tons-nous 1 gramme d'hydrogène et 35,5 gr. de chlore renfermés dans un vase imperméable à la chaleur. Comme nous venons de le dire, il y aura immédiatement combinaison si £ est compris entre + et tr; si { est situé au-dessous de 4 on supposera la com- binaison produite à l’aide de l’étincelle électrique. Soit æ la proportion de la masse qui entre en combinaison ; il se formera 36,5 x gr. d'acide chlorhydrique, tandis que. D (1— x) gr. resteront à l’état de non-combinaison. La cha- leur de combinaison est, pour la température #°: k + 0,944 t la quantité de chaleur qui se dégage est donc: 36,5 æ (k + 0,944 à) Cette chaleur échauffe de # a 7 les 36,5 x gr. d'acide chlorhy- DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE, 425 drique et les 36,5 (1—x) gr. du mélange. Or les quantités de chaleur nécessaires pour cela étant respectivement 86,5 x (r — 1) 6,760 et 36,5 (1 —x) (r —1) 7,704 on a l'équation: 36,9 æ& (k + 0,944 ©) = 36,5 x (r —1) 6,160 + 36,5 (1—x) (r —1) 7,104 ou, après réduction : æ (k + 0,944 6) = (1 — 6) [6,760 x + (1— x) 7,704] | = (et) |7,104—0944%)] d’où l’on tire : A ne Ut RU à k + 0,944 x k est ici environ — 23788. Pour 4 — 5, on à æ — 0; aucune combinaison ne se fait. Quand x est — 1, cela signifie que la masse entière se com- bine; on a alors: (rc —1) 7,704 = k + 0,944 + d’où l’on déduit : k + 0,944 t 6,760 formule qui est identique à celle trouvée plus haut pour la tem- pérature calculée T. Par conséquent, aussitôt que T est = 7, ‘et à fortiori quand on a T < 7, toute la masse se combine en une fois. | T'—= l La formule (1) montre que la proportion x peut être calculée dès que la température de décomposition est connue, et réciproquement. M. Deville évalue cette température, pour la vapeur d'eau, à 2500°, et trouve par suite x —= 0,44. Dans beaucoup de cas, comme on voit, il ne se fera d’abord qu'une combinaison partielle au sein de la masse, dont le reste ne se combinera qu'à mesure du refroidissement. Il faut remarquer, à ce sujet, que l'explosion ne peut être regardée comme un signe de combinaison totale ; car elle dépend de la pression, laquelle, une fois la température T atteinte, ne change plus avec les progrès ulté- rieurs de la combinaison si aucune contraction n’a lieu, et décroît ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. I. 28 426 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE même au cas où une pareille contraction s'opère (gaz tonnant) !). Ce qui précède concerne les gaz qui absorbent de la cha- leur pendant la décomposition. Lorsque c’est l'inverse qui a lieu, comme pour NO, les phénomènes sont autres. Le gaz se décompose alors subitement; une destruction partielle , par échauf- fement, devient impossible, la décomposition de chaque particule provoquant celle des particules voisines. Les gaz NO, CI 0 Id H ete. qui appartiennent à ce groupe, ne se forment pas par échauffement du mélange de leurs éléments. | Dans les considérations qui viennent d’être exposées , on s’est servi de la chaleur spécifique à pression constante; les résultats se rapportent, par conséquent, au cas d’une combustion sous pression constante, ou d’une combinaison s’opérant dans un réci- pient, tel qu'un eudiomètre par exemple, où la pression puisse être maïntenue égale. Si, au contraire, le récipient offrait une capacité invariable, il faudrait appliquer la chaleur spécifique. à volume constant, ce qui, du reste, n’apporterait aucune modifi- cation essentielle au résultat final. Pour ce motif, je n’ai pas cru devoir répéter les calculs relatifs à ce cas. Je me suis occupé ici avec quelque détail des phénomènes physi- ques que présentent les combinaisons, parce qu'ils se laissent déduire comme conséquences nécessaires de propositions connues, et parce qu’il est indispensable d’en tenir compte pour l'appréciation de la théorie de la dissociation. M. Deville à cherché à déterminer expérimentalement la tem- pérature de décomposition. Aïnsi qu’il le remarque, on n'atteint ‘pas le but en faisant simplement passer le gaz à travers un tube chauffé: les éléments gazeux peuvent bien se séparer, mais ïls se recombinent dès qu’ils se sont suffisamment refroidis. M. Deville sy est donc pris de la manière suivante pour trouver le tempé- rature cherchée. La température calculée de la flamme du gaz chlorhydrique est — 3518°, quand la température avant la com- 1) L’explosion, ne fût-ce qu’en raison de la faible conductibilité des gaz pour la chaleur, ne saurait être instantanée , comme M. Ur Pa fait observer (Gasometrische Methoden, p. 256.) / DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. 427 binaison est égale à 0°; le platine, dont le point de fusion se trouve vers 2000°, devrait donc s’y liquéfier, ce qui n'a pas lieu. De même la flamme du gaz tonnant, qui devrait avoir une température de 6800°, ne dépasse jamais, d’après M. Deville, celle de 2500°. Il en résulterait que la température de décompo- sition de l'acide chlorhydrique serait située au-dessous de 2000”, et celle de la vapeur d’eau aux environs de 2500°, Ces conclusions ne me paraissent pas, néanmoins, à l'abri de toute objection. En ce qui concerne la flamme du mélange chlorhy- drique, M. Debray !) a fait observer que la température de Ia flamme doit dépasser considérablement le point de fusion du pla- tine, parce que le platine incandescent rayonne beaucoup de chaleur et se trouve, par conséquent, en équilibre thermique à une température inférieure. Or M. Deville n’a nullement fait voir que cette observation ne suffise pas à expliquer la différence de température dont il s’agit. Pour ce qui regarde la flamme de l’hydrogène, M. Deville est arrivé de la manière suivante à la fixer à 2500°. Il fond du platine, dans un fourneau en chaux, au moyen de la flamme du gaz tonnant, dont la température est supposée égale à celle du platine. Le métal est versé dans l’eau, et on détermine l’éléva- tion de température qui en résulte pour cette eau; on peut alors, d'après la méthode des mélanges, calculer la température du platine. M. Deville ne dit pas de quelle manière il s’est assuré que la température du platine et celle de la flamme du gaz ton- nant sont égales entre elles. Sans doute il en sera bien à peu près ainsi, après une durée suffisante de l'expérience. En admet- tant toutefois, avec M. Debray, qu'il faille 180 litres de gaz tonnant pour fondre un kilogramme de platine (à 2000°), ce ne serait qu'au bout d’un temps fort long que le platine pourrait atteindre 6800°, en supposant que ce fût là la température de la flamme. Le platine fondu étant ensuite versé dans l’eau, il arrive toujours (p. 330) qu’une certaine quantité d’eau est décom- +) Société de Chimie 1861, p. 68. 28* 428 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE posée: il y a production de gaz tonnant, d’après l’expérience bien connue de M. Grove. Mais dans cette décomposition une quantité notable de chaleur devient latente, chaleur dont M. Deville paraît ne pas avoir tenu compte, bien qu'il en résulte nécessairement une valeur trop faible pour la température calcu- lée du platine. Dire de combien cette valeur aura été trouvée trop faible, c’est ce qui est impossible, la quantité de gaz ton- nant formé n'ayant pas été indiquée. Il se peut que M. Deville ait trouvé que cette circonstance n’exerce qu’une influence insig- nifiante; pour une expérience fondamentale, il serait important toutefois de préciser cette influence. | Bien que, d’après cela, ces expériences ne puissent être con- sidérées comme tout à fait inattaquables, je suis porté à croire, néanmoins, que la proposition de M. Deville est vraie en géné- ral, et qu'il est permis de dire: Dans toute combustion la température réelle de la flamme peut, dans les conditions convenables, rester au-dessous de la température calculée. | D'après les expériences, il est probable que ce cas se présente dans la flamme du gaz tonnant pour { — 0°. IL. \ M. Deville regarde la température de décomposition comme dépendante de la pression. Sans doute on ne peut aflirmer, à priori, qu'il ne saurait en être ainsi; mais la simple possibilité ne suflit pas pour établir une D'Opstes qu'on choisit comme point de départ d’une théorie. M. Deville fonde son opinion sur l’analogie qui existe entre la con- densation et la combinaison chimique. Nous avons déjà reconnu plus haut qu'en effet une certaine analogie rapproche ces deux phénomènes: dans les deux cas de la chaleur se dégage, et la condensation, comme la combinaison chimique, ne peut faire de progrès en vase fermé, que pour autant que de la chaleur soit enlevée. Jusque-là l’analogie est complète. Mais M. Deville va DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. 429 plus loin: de même que, en vase clos, la température du point de condensation de la vapeur d’eau varie avec la pression, de même M. Deville regarde la température à laquelle le gaz ton- nant se transforme en vapeur d’eau comme étant aussi une fonc- tion de la pression. Dans le premier cas, à chaque abaissement de température une certaine quantité d’eau se formera; en pareil vase, à toute température inférieure au point de condensation, il n’y aura donc qu'une partie de l’eau à l’état de vapeur; il y aura évaporation partielle. Par analogie M. Deville admet que le gaz tonnant donne lieu aussi, au-dessous de la température de décomposition qui correspond à la pression, à une formation par- tielle de vapeur d’eau. Une portion de la matière est alors à l’état de vapeur d’eau, le reste est demeuré à l’état de gaz ton- nant. Réciproquement, si l’on n’a d’abord que de la vapeur d’eau et qu'on l’échauffe, par exemple à 1500°, une partie se trans- formera en gaz tonnant. La vapeur d’eau est alors à l’état de dis- sociation ou éfat de décomposition partielle. Poursuivant le même ordre d'idées, M. Deville, par analo- gie avec la tension de la vapeur d’eau, parle aussi de la fension de dissociation du gaz tonnant formé. C’est done principalement sur cette analogie que M. Deville appuie les propositions IT, III et IV, que nous avons formulées plus haut. On doit se demander toutefois si l’on est bien en droit de pousser l’analogie si loin. Je ne le pense pas. Les phénomè- nes offerts par la vapeur d’eau et par le gaz tonnant ne sont analogues que parce qu'on trouve, et pour autant que l’on consi- dére, dans les deux cas, des actions calorifiques accompagnant des changements d'état qui se produisent à des températures déterminées. Ces actions sont toujours les mêmes, qu'il s'agisse de la condensation ou de la combinaison chimique, de la fusion ou du passage d’un corps à un état allotropique ou isomérique. Elles ne me paraissent donc pouvoir fournir aucune preuve d’une cor- respondance ultérieure entre les phénomènes assimilés par M. Deville. La proposition en question n’a d’ailleurs jamais été démontrée expérimentalement ; et quand on réfléchit que la température de 430 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE décomposition n’est connue, même approximativement, due pour un bien petit nombre de substances, on ne s'étonne pas que l’on ne sache absolument rien au sujet des variations que la pression peut apporter à cette température. Si la proposition était vraie il en résulterait que le gaz ton- nant, par une compression suffisante, se changerait en vapeur d’eau, laquelle repasserait à l’état de gaz tonnant à mesure que la pression diminuerait. Or, je ne sache pas qu’un seul exemple d’un tel phénomène soit connu. On n’a jamais pu transformer le gaz tonnant en vapeur d’eau en le comprimant; l’'ammoniaque, qui pourtant se décompose assez facilement par la chaleur, n’a également rien offert de pareil. | Quand on poursuit la comparaison entre la condensation et la combinaison, au lieu d’analogies nouvelles ce sont plutôt des différences notables qu’on découvre. Dans la condensation, comme dans la solidification ou congé- lation, il se dégage constamment de la chaleur. Mais l’influence de la pression n’est pas la même dans les deux cas; de la vapeur se condense par la pression, ou, en d’autres termes, la tempé- rature de condensation s'élève; quant au point de congélation, généralement il s'élève aussi sous l’influence de la pression, mais pour l’eau il s'abaisse. D'après la théorie mécanique de la chaleur cette différence se rattache aux changements que le volume éprouve pendant la fusion. La vapeur d’eau occupant un volume plus grand que l’eau à laquelle elle donne naissance, on conçoit que le rapprochement des molécules par la pression doive déterminer la condensation à une température supérieure. La même considération s’applique à la congélation dans les cas où elle s'accompagne d’une diminution de volume; la distance des molé- cules est alors moindre à l’état solide qu’à l’état liquide; leur rapprochement au moyen de la pression favorise par suite la solidification, élève la température à laquelle elle à lieu. Mais lorsque la solidification amène une augmentation de volume, comme on l’observe pour l’eau, la pression exerce une action con- traire ; le point de congélation s’abaisse à mesure que la pression croît. Î DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. 431 L'influence de la pression est donc en relation directe avec les variations du volume. D’après cette analogie les gaz qui se forment sans contraction, eomme l'acide chlorhydrique, auraient une température de combi- naison indépendante de la pression; ce ne serait que dans les cas, tels que celui de la vapeur d’eau, où une contraction s’opère, que la pression pourrait provoquer la combinaison. C’est là une dis- tinction à laquelle la comparaison, poursuivie jusqu'au bout, con- duit naturellement, et dont M. Deville à négligé de tenir compte. Il se peut, bien que cela ne me semble pas probable, que l’expé- rience vienne confirmer , à posteriori, l’analogie qu'il suppose ; maïs, en tout cas, je ne crois pas qu'il soit permis de l’admettre à priori. Ainsi done, sans vouloir affirmer la fausseté de la proposition que nous venons d'examiner, je dois dire qu’elle ne me paraît nullement démontrée, et même, en ce qui concerne les gaz non contractés, fort peu vraisemblable. IL. Si la seconde proposition manque de preuve, il en est de même, et à plus forte raison, de la troisième. Et lors même que la seconde serait solidement établie, c’est-à-dire que la tempéra- ture de décomposition des gaz composés serait dépendante de la pression ,:la troisième proposition resterait tout aussi problématique. C’est encore par l’analogie avec ce qui se passe dans la con- densation de la vapeur d’eau, que M. Deville la justifie: ,Si (p. 295) dans tous les faits qui viennent d’être exposés nous remplaçons le mot condensation par le mot combinaison, le mot ébullition par le mot décomposition; si au lieu de parler d’un liquide qui donne des vapeurs, on parle d’un corps composé qui se résout en ses éléments, si on fait intervenir la chaleur latente de décomposition au lieu de la chaleur latente des vapeurs, on voit que tout est absolument parallèle dans les phénomènes qu’on attribue aujourd'hui à l’affinité et à la cohésion. La nomenclature reste la même, seulement il faut trouver un mot qui dans les 432 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE phénomènes de la transformation partielle d’un corps composé en ses éléments, corresponde à l’évaporation ou transformation par- tielle d’un liquide en vapeur. C’est le mot dissociation que j'ai proposé depuis longtemps et que je vous propose encore au- jourd'hui d'adopter pour exprimer le fait correspondant à ce que nous appelons évaporation.” ï J'ai déjà déclaré plus haut que l’analogie me semble ici pous- sée beaucoup trop loin. La vapeur d’eau, dit-on, se réduirait déjà en gaz tonnant au-dessous de la température de décomposi- tion, quoique seulement partiellement. Mais l’eau se transforme en vapeur à toute température, tandis que la vapeur d’eau ne se résout en gaz tonnant qu'à une température très élevée. L'eau bout à 100°, c’est-à-dire que la vapeur a, dans ce cas, la force nécessaire pour, vaincre la pression de l’atmosphère qui pèse sur elle, et pour se faire place; cela est en connexion, par consé- quent, avec la circonstance que la vapeur occupe un volume plus grand que l’eau. Or, une condition équivalente fait complé- tement défaut aux gaz qui s'unissent sans contraction, et qui sont pourtant, d’après M. Deville, soumis à la dissociation. En opposition avec l'élat de décomposition chez les gaz et l’état d’ébul- htion chez les vapeurs, M. Deville parle de gaz qui se trouvent à l’état de dissociation comme de vapeurs à l’état d’évaporation. Mais cet état d’évaporation, dans le sens qu’on y attache ici, ne trouve nullement sa raison d’être dans la nature même des vapeurs; il ne s'établit qu'eu égard à un volume déterminé; la transformation en vapeur est complète dès qu'un espace suffisant est offert. Je ne vois donc pas comment il pourrait y avoir de l'analogie entre l’évaporation, qui peut être totale, et une décom- position ou dissociation qui, pour une température et une pression déterminées, restera toujours partielle. Il est, en outre, assez difficile de saisir quelle valeur peut avoir l’énoncé que le gaz tonnant est à l’état de dissociation, puisqu'il est analogue à l'expression: que la vapeur d’eau se trouve à l’état d’évaporation. Et pourtant cet état de dissociation est considéré comme la cause de certains phénomènes. | (l DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. 433 Que d’ailleurs M. Deville ne compare pas l’état de dissociation à l’état de non-saturation des vapeurs, c'est ce qui résulte clairement du passage cité. IV. Voici comment M. Deville détermine, pour la vapeur d’eau, là tension de dissociation qu’il admet par analogie avec la ten- sion des vapeurs. Si l’on provoque, au moyen d’une étincelle électrique, l'explosion d’une certaine quantité de gaz tonnant dans un récipient athermane, une partie seulement de la masse se combinera, en supposant que la température de décomposition soit de 2500°. Cette partie s'élève à 0,44 quand la température initiale est de 0°, comme nous l’avons vu plus haut, para- graphe I. On a donc dans le récipient un mélange de 0,44 de vapeur d’eau et 0,56 de gaz tonnant, le tout à la tempéra- ture de 2500°. Si la pression totale de ce mélange est — 760mn, celle qui est exercée par la vapeur d’eau est, d’après M. Deville, — 0,44 x 760 — 334mm, et celle qui revient au gaz tonnant — 426mm, C’est cette dernière qui est appelée par l’auteur la tension de dissociation du gaz tonnant, et au sujet de laquelle il dit p. 292: ,,5i je continue ma comparaison entre les phéno- mèênes de combinaison et de condensation, je dirai que la tem- pérature fixe de combinaison de l’hydrogène et de l'oxygène, à la pression de 426 millimètres de mercure, est de 2500°, de même que le point fixe de condensation ou point de rosée de la vapeur d’eau, est de 84°,6 à la même pression de 426mm,.... Dans la flamme à 2500°, le gaz tonnant est mélangé avec de la vapeur d’eau, sa pression est de 426mm, la tension totale étant 760mm Ceci me paraît toutefois, pour plus d’un motif, inadmissible. La tension maximum de la vapeur dépend uniquement de sa température; au contraire la valeur 0,44, d’où M. Deville déduit la tension de dissociation, est dépendante, en outre, de la tem- pérature initiale des gaz (égale à 0° dans le cas actuel), et sup- 434 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE pose que les paroïs du récipient soient absolument imperméables à la chaleur. Si cette condition n’est pas réalisée il se forme une plus grande proportion de vapeur d’eau, bien que la, tempé- rature reste à 2500°, et le nombre 0,44 change, de même que la tension qui s’en déduit. Mais quand même la valeur 0,44 ne varierait, comme la ten- sion de la vapeur, qu'avec la température, on ne pourrait pas encore accepter le calcul par lequel M. Deville établit la tension de dissociation. Comme la combinaison de l’oxygène et de l’hy- drogène s'accompagne de contraction, la pression exercée par le produit de la combinaison ne sera pas proportionnelle à la masse des gaz combinés. Le volume de la masse 0,44 de gaz tonnant s'ést réduit aux % pendant la combinaison; par conséquent, les volumes de la vapeur d’eau et du gaz tonnant sont entre eux comme É 0,44 — 0,29 : 0,56, et la tension de dissociation devrait être, en tout cas, de ee 760mm — 5Oimm au lieu ? de 426un, En outre, tout ce calcul repose sur-la loi daltonnienne d’une pression partielle, loi dont l’exactitude ne saurait plus guère être admise aujourd’hui. La théorie de M. Deville découle principalement de l’idée que les deux phénomènes de la condensation et de la combinaison chimique sont dus, au fond, à la même action moléculaire. Mais on ignore complétement comment les molécules se comportent pendant la combinaison chimique, et quant à la condensation, si la théorie de M. Clausius rend compte jusqu'à un certain point des phénomènes, ce n’est jusqu’à présent que d’une manière très générale. L’analogie ne saurait done être déduite de la nature des causes; et comme d'un autre côté les effets n’offrent pas non plus une correspondance à l'abri de tout doute, il me semble fort hasardé, et nullement dans l'intérêt de la science, +. d'admettre à priori, dans les deux cas, un mode d’action analogue. ans RECHERCHES DE M. DEVIELE SUR LA FLAMME. M. Deville a cherché à montrer expérimentalement que la tem- pérature de la flamme est inférieure de beaucoup à la tempéra- ture calculée. Dans une flamme d'oxyde de carbone et d'oxygène, longue de 7 à 10 centimètres, il détermine, en différents points, les quantités relatives des gaz. Au voisinage de l’orifice d’écou- lement se trouve un cône non éclairant d'environ 1 centimètre de hauteur; dans cet espace la combinaison des gaz ne s’effec- tue pas encore. La composition de la flamme est déterminée par M. Deville à l’aide d’un procédé très ingénieux; il trouve que la proportion d’oxyde de carbone décroît depuis l’orifice jusqu'à l'extrémité du dard où elle est — 0. La température s'élève à mesure qu'on descend de l'extrémité vers l’orifice et atteint son maximum dans le cône obscur; cette température est appréciée au moyen des apparences que présente un fil de platine plongé dans la flamme. La température la plus haute se montrant dans la partie de la flamme où il n’y a pas de combustion, M. Deville en conclut que l’acide carbonique ne peut exister à la tempéra- ture théorique; une partie de la chaleur dégagée se porte sur l’oxyde de carbone sortant de l’orifice, qui atteint tout juste une température trop élevée pour que lacide carbonique puisse se former. D’après les considérations développées plus haut, dans le paragraphe I, cette explication peut être adoptée. Le décrois- sement concomitant de la proportion d'oxyde de carbone et de la température, est expliqué par M. Deville au moyen de l’applica- tion à l’acide carbonique des propositions troisième et quatrième. En effet, l'acide carbonique chauffé dans un tube de porcelaine se décompose partiellement en oxyde de carbone et oxygène vers 1000°, et en proportion d'autant plus forte que la température est plus élevée. La quantité d'oxyde de carbone et la tempéra- ture décroissent done simultanément, tout comme on l’observe dans la flamme depuis l’orifice jusqu’à la pointe. 436 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE Il me semble toutefois que cette circonstance trouve son explication dans des lois connues. La détermination expérimentale de l’oxyde de carbone ‘dans la flamme est superflue si l’on veut simplement faire voir que sa proportion diminue. La flamme est l’effet de la combinaison chimique, et il va sans dire que là où il n’y a plus de combinaison il ne saurait plus y avoir de flamme. La flamme persiste aussi longtemps qu’il y a encore de l’oxyde de carbone dans le mélange gazeux. M. Deville ajoute 1 à 2 pour cent d'azote au mélange d'oxyde de carbone et d'oxygène. Il détermine alors à différentes hauteurs les proportions d'oxyde de carbone et d’azote contenues dans les gaz de la flamme; le rapport de ces proportions indique la quan- tité d’oxyde de carbone non combiné. On peut ainsi déduire des nombres de M. Deville le tableau suivant: dans la première colonne se trouvent les distances mesurées à partir de l’origine de la flamme et exprimées en millimètres, dans la seconde les quantités d'oxyde de carbone pour 1 vol. d'azote. mm. DR a6 8 29 PB AT 0,4 (167 BE. GA 0,3 The À 5,9 dans che 0,14 1 ont: 2,8 | Hdi ne 0,09 la apr 1,5 Et 0,003 Ten ere 06 Il ressort de ce tableau que dès les premiers 10 millim les 4 environ de l’oxyde de carbone se sont déjà convertis en acide carbonique. C’est donc dans cet espace que doit se produire, nécessairement, le plus grand dégagement de chaleur. Mais on doit aussi y trouver la température la plus élevée. Le gaz échauffé perd très rapidement sa chaleur par le rayonnement et par le contact de l'air, comme on peut le déduire de la circonstance que la chaleur baisse considérablement à l'instant même où l’on ferme le robinet. L’acide carbonique a donc déjà perdu la plus grande partie de sa chaleur dans les parties supérieures de la DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. 431 flamme, de sorte qu’en chaque point la température dépend prin- cipalement de l’action chimique qui se passe en ce point. ® M. Deville trouva la température la plus élevée au sommet obscur du cône intérieur, point où, d’après lui, aucune action chimique n’a lieu. Cette dernière assertion ne s'accorde pourtant pas tout à fait avec les résultats communiqués p. 302. M. Deville y dit que la plus forte chaleur s’observe à ,,10 millimètres (au- dessus de l’ouverture), au sommet du cône intérieur, un peu en dedans”; mais si l’on prend la proportion d'oxyde de carbone comparativement à celle d'azote, on trouve, comme nous l'avons rapporté plus haut, 29 à l'ouverture et seulement 6,7 au point dont il s’agit. En tout cas la température doit être très élevée dans la partie de la flamme où la combinaison ne s'effectue pas encore, car : 1°. Cette partie est enveloppée de tous côtés par l’acide carbo- nique formé : 21. Peut-être y trouve-t-on réalisée la condition dont nous avons traité dans le paragraphe I. Si la température réelle de l'acide carbonique est inférieure à la température calculée, il est impos- sible que la totalité du mélange gazeux se transforme à la fois en acide carbonique; une portion reste à l’état de mélange, mais partage la température de l'acide carbonique qui a pris naissance. 30. Il faut tenir compte aussi du pouvoir émissif inégal des gaz pour la chaleur. D'aprés M. Tyndall, ce pouvoir est plus grand pour l'acide carbonique que pour l’oxyde de carbone, et pour l'oxygène il est presque — 0. L’acide carbonique produit rayonnera donc plus de chaleur que les gaz non combinés, et ceux-ci pourront, par suite, avoir une température plus élevée. Il ne serait donc pas impossible que, dans certains cas, la température la plus haute régnât dans la partie inférieure de la flamme, là où aucune action chimique ne se manifeste. Le décroissement simultané de la quantité d'oxyde de car- bone et de la température se laisse donc expliquer au moyen de faits connus , et ne semble nullement réclamer l'intervention d’une théorie nouvelle, telle que celle de la dissociation. 438 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE « Un seul point reste encore à éclaircir. Lorsque de l’oxyde de carbone, ou de l'hydrogène, brûle dans l'atmosphère, la flamme doit nécessairement avoir une certaine longueur, puisque les par- ties intérieures du gaz qui afflue à l'ouverture n'arrivent pas immédiatement au contact de l’oxygéne exigé pour leur combus- tion. Mais quand c’est du gaz tonnant, ou de l’oxyde de carbone mélangé d'oxygène, qui brûle à l'air libre, on peut se demander pourquoi toute la masse n'entre pas en combinaison à l’orifice même, de manière à ne produire qu'une flamme très courte. Mais si, en pareil cas, la température de décomposition du produit de la combustion est au-dessous de la température calculée, il est évident, d’après la proposition I, que la combinaison ne pourra s'opérer d’abord que dans une partie de la masse, dont le reste sera entraîné et ne brûlera qu'à une certaine distance de l'ouverture. | On voit que la première des propositions de M. Deville suffit à rendre compte du résultat de ses expériences, et qu'on na nullement besoin d'appeler les deuxième et troisième propositions à son aide; les expériences ne sauraient donc, contrairement à l'opinion de M. Deville, apporter aucune confirmation à ces propositions. | M. Deville compare la flamme du gaz tonnant à un jet de vapeur. Dans la flamme, on trouve au voisinage de l'orifice un cône à l’intérieur duquel il ne se forme pas de vapeur d’eau; de là jusqu'à l’extrémité de la flamme, une proportion croissante de vapeur d’eau et, en même temps, une diminution continue de la température. | À l'égard du jet de vapeur, M. Deville s'exprime ainsi (p. 304) : Quand un jet de vapeur se projette dans l’atmosphère sous une faible pression, il $e produit un cône intérieur où la condensation est nulle. À partir de l'orifice (ou plus exactement du sommet de ce cône) et en montant, la température va en diminuant, et la quantité d’eau condensée va en augmentant à cause du rayon- nement et à cause du contact de l'air. Par suite, la tension décroît elle-même jusqu'à devenir nulle au sommet du jet de DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. 439 vapeur, si la température ambiante est suffisamment basse. .... On voit jusqu'à quel point se confondent dans ces phénomènes les effets de deux forces, deux agents hypothétiques que l’on appelle l’affinité et la cohésion.” | Il est vrai que dans un jet de vapeur, comme dans la flamme du gaz tonnant, la température est le plus élevée près de l’orifice ; mais, à part cela, et d’après les résultats de la théorie méca- nique de la chaleur, les phénomènes sont tout autres. Suivant cette théorie (Zeuner, Grundzüge der mechanischen Würme- theorie, 2e éd. p. 412), quand de la vapeur saturée parfaitement sèche se trouve contenue dans un générateur, une partie de cette vapeur se condense en eau pendant qu'elle afflue vers l’orifice. A l'intérieur du jet il se forme un cône court, de couleur grise, qui se compose de vapeur mélangée d’eau et non, comme le dit M. Deville, de vapeur pure. En dehors de ce cône, la vapeur se trouve au contraire à l’état surchauffé; c’est donc précisément l'inverse de la condensation qui se produit. La vapeur se dilate sous pression constante et, en même temps, son mouvement se transforme en chaleur. C’est seulement plus loin que le jet, re- froidi par le contact de l'air, laisse condenser de nouveau de la vapeur. Les choses se passent donc dans un jet de vapeur d’une manière presque diamétralement opposée à celle que M. Deville admet, ce qui fait disparaître immédiatement l’analogie présumée entre la vapeur et le gaz tonnant. D’après l’analogie, si elle existait véritablement, le cône intérieur devrait être constitué par un mélange de gaz tonnant et de vapeur d’eau, et le reste de la flamme par du gaz tonnant pur. De toutes les considérations qui précèdent je crois pouvoir déduire la conclusion suivante: Il n’y à pas analogie entre l’évaporation et la décomposition chimique; le mot dissociation, ou décomposition partielle, ne peut donc être conservé comme ‘expression parallèle à celle d’évaporation; il en est de même de l'expression fension de dissociation, qui est fondée uniquement sur l’analogie: présumée. LES EXPÉRIÈNCES DE DISSOCIATION DE M. DEVILLE. Les expériences communiquées sont, en substance, les suivantes : L'hydrogène conduit à travers un tube de terre poreuse diffuse avec l’air ambiant; à l'extrémité du tube on ne trouve plus que de l'air au lieu d'hydrogène. Si l’on introduit le tube poreux dans un tube de porcelaine veraissée , et si l’on fait passer de l'hydrogène par le tube intérieur et de l'acide carbonique par l’espace annulaire compris entre les deux tubes, les deux gaz se substituent l’un à l’autre: il ne sort que de l'acide carbonique du tube intérieur, tandis que tout l'hydrogène arrive dans l'espace annulaire. Comme la remarque en a été faite plus haut, on ne réussit pas à constater la décomposition de la vapeur d’eau par le simple passage à travers un tube incandescent: la vapeur qui a pu se décomposer se reforme pendant la refroidissement ultérieur. Il faut donc, après la décomposition, séparer les gaz qui en résultent. M. Regnault conduisait, à cet effet, la vapeur sur de l'argent fondu qui dissout l'oxygène. M. Deville emploie l'appareil à deux tubes cité en dernier lieu, et amène la vapeur dans le tube in- térieur. Il évalue la température de ce tube à 1100—1300°. Une partie de la vapeur est décomposée, et l'hydrogène passe dans l’espace annulaire; cet hydrogène réduit de nouveau partiellement l’acide carbonique en oxyde de carbone. | Si l’on fait traverser un tube incandescent (la température n’est pas indiquée) par un courant! d'acide carbonique humide, la vapeur d’eau est décomposée. On recueille toutefois une quantité moindre du gaz tonnant que dans l'expérience précédente, évidemment parce que les éléments, n'étant séparés que par l’acidé carboni- que, se recombinent avec plus de facilité. Si une partie échappe à la recomposition, c’est que, grâce à la vitesse du courant, les molécules gazeuses sont rapidement GIE jusqu'au-dessous de la température de combinaison. DE LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. AA L’acide carbonique est réduit partiellement en oxyde de carbone et oxygène dans un tube chauffé à 1300°. Une seconde série d’expériences se rapporte à l'emploi d’un tube chauffé au rouge, dans l’intérieur duquel est disposé un second tube que traverse un courant continu d’eau. On a ainsi dans un espace très restreint des températures extrêmement différentes. L’oxyde de carbone est décomposé dans cet appareil en oxy- gène, qui forme de l'acide carbonique avec l’oxyde de carbone non décomposé, et en carbone qui se dépose sur le tube froid. L’acide sulfureux se décompose en soufre et acide sulfurique anhydre. L’acide chlorhydrique est également décomposé, bien qu'à un degré beaucoup moindre. L'auteur présume que la décom- position de l'acide carbonique à lieu vers 1200°. Il ne cite, tou- tefois, que des expériences effectuées au moyen de l’étincelle électrique, et il peut sembler difficile de déterminer, dans des conditions pareilles, la température de l’acide carbonique qui se décompose. , Dans le même tube, un mélange d'azote, d'hydrogène et d’acide chlorhydrique donne lieu à la formation de chlorhydrate d’am- moniaque. Toutes ces observations sont expliquées par M. Deville à l’aide de sa théorie de la dissociation et assimilées à ce qui se passe pendant l’évaporation. Tandis qu’à t° l’acide carbonique ou la vapeur d’eau se décompose complétement, à 1000° — t° il ne se décompose qu’une portion déterminée de la masse. Ainsi on lit (p. 315): ,que cette expérience ne permet pas, en supposant même que la température soit connue, de calculer la tension de dissociation de l'acide carbonique à cette température, car une portion des gaz dissociés à pu se recombiner pendant le refroi- dissement.” Et plus loin (p. 326), au sujet de la décomposition partielle de l’oxyde de carbone en acide carbonique et carbone: »Mais cette tension (de l’oxyde de carbone) est suffisante pour qu'on puisse, en la détruisant à chaque instant, obtenir la dé- composition totale de l’oxyde de carbone en charbon et acide ARCHIVES NÉERLANDAISES. T. I, | 29 442 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE carbonique.” Aïnsi, de même que l’eau n’éprouve qu’une évapo- ration partielle dans un espace circonscrit, bien que la masse entière puisse s’évaporer quand la vapeur formée est continuelle- ment enlevée, de même l’oxyde de carbone ne se transformerait que partiellement en acide carbonique et carbone dans le cas où les produits de la décomposition ne sont pas éliminés à mesure qu'ils prennent naissance. J'avoue que je comprends difficilement comment la pression de l’acide carbonique formé pourrait empé- cher la décomposition ultérieure de l’oxyde de carbone. Ce n'est pas par un accroissement de pression qu’on pourrait expliquer le phénomène; car l’oxyde de carbone et l’acide carbonique ayant même volume, et la réaction se faisant d’après l'équation 2 CO = C + CO, , on obtient 1 volume d’acide carbonique à la place de 2 volumes d'oxyde de carbone, et la pression subit par conséquent une diminution. Mais l’explication proposée tombe d'elle-même si nous sommes en droit de regarder comme purement apparente l’analogie entre la condensation et la combinaison chi- mique. On peut continuer, si l’on veut, d'appeler les phénomènes en question phénomènes de dissociation, mais ils restent inexpli- qués si la théorie d’une décomposition partielle est reconnue comme non fondée. Il faut donc chercher une autre interprétation des expériences. M. Deville y regarde la décomposition partielle comme le point capital. Mais on peut déduire de lois déjà connues que, dans toutes les expériences citées, la décomposition doit nécessairement être partielle. Quand un gaz se décompose à une certaine température, par exemple à 1000°, il ne s'ensuit pas que toute la masse gazeuse doive se décomposer dans le passage à travers un tube, car il n’est nullement démontré que toutes les portions du gaz puissent atteindre cette température pendant la courte durée du trajet. Pour l’eau, l'acide carbonique et, en général, tous les gaz expé- rimentés par M. Deville, il y a encore une autre circonstance dont l'influence est peut-être beaucoup plus considérable. Il est remarquable, en effet, que les expériences se rapportent précisé-. ET LA DISSOCIATION DE M. DEVILLE. 443 ment à des corps qui absorbent de la chaleur en se décomposant. Il n’est pas question d’un état de dissociation chez des substan- ces, telles que NO, CIO, JdH, C,N, CS, , ete, qui dégagent de la chaleur pendant leur décomposition !). Il n’est pas proba- ble, en effet, qu’une décomposition partielle ait lieu dans ces gaz. Mais lorsqu'une molécule de vapeur d’eau, par exemple, arrive à la température qui détermine la décomposition, elle absorbe en même temps une quantité notable de chaleur, et est ainsi une cause de refroidissement pour les molécules voisines. Même si la masse entière avait la température nécessaire, il n'y en aurait encore, en général, qu'une partie qui se décomposerait durant le passage à travers un tube chauffé au rouge. Lorsque au contraire la vapeur d’eau occupe un espace clos, il me semble que toute la masse doit finir par être décomposée si l’application de la chaleur est suffisamment prolongée. Il me semble diffcile de comprendre pourquoi, à 1200° par exemple, quelques molécules se décomposeraient tandis que d’autres échapperaient à la décomposi- tion, à moins que, ce qui n’est pas le cas ici, la décomposition des premières ne fît obstacle à celle des secondes en les refroidissant. Il est clair que dans les tubes chaud et froid de M. Deville, la seule circonstance qu'à proximité du tube froid les particules gazeuses n’atteignent pas la température nécessaire, suffit à expli- quer pourquoi la décomposition ne saurait être que partielle. M. Deville, néanmoins, pense que si la décomposition est par- tielle, cela dépend de la basse température à laquelle elle s'effectue. Il explique de cette manière l'expérience bien connue de M. Grove, dans laquelle du platine fondu où même incandescent, jeté dans l'eau, dégage un peu de gaz tonnant, bien que la flamme du gaz tonnant puisse faire fondre le platine. Mais si, par l'effet seul de la chaleur, la vapeur d’eau se décompose à la tempéra- ture {°, la flamme ne peut avoir une température plus élevée, et, par conséquent, le platine ne peut être échauffé au-dessus de {. L'auteur essaie de lever la contradiction au moyen de sa 1) Comparez à ce sujet: Fortschritte der Physik, Berlin, 1860, p. 379. 3 DO 444 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE théorie, d’après laquelle la vapeur d’eau pourrait se décomposer, partiellement il est vrai, au-dessous de /°. Et cette décomposition à basse température, il la regarde comme démontrée par les expériences rappelées plus haut. Je crains qu'une contradiction ne se trouve au fond de cette théorie. La vapeur d’eau, soumise à la seule action de la cha- leur, se décompose à (°; cette décomposition fait des progrès suècessifs , et doit toujours devenir complète si la température reste constamment à {°, pourvu qu'on fournisse la quantité de chaleur nécessaire. Il se peut que la température { varie avec la pres- sion, mais en tout cas, à pression constante, elle doit être tou- jours la même. À une température inférieure, aucune décomposi- tion ne peut évidemment avoir lieu: autrement ce ne serait plus {° mais une température plus basse qui serait la température de décomposition. L'auteur pense, il est vrai, que dans ce cas la la décomposition n’est que partielle; mais si elle peut se faire partiellement, elle doit aussi pouvoir devenir totale, bien entendu si l’on considère, avec M. Deville, la décomposition comme fonc- tion de la température seule. Si l’on envisage, toutefois, les ex- périences de MM. Erdmann et Marchand, qui ont fait voir que le carbonate de chaux, même chauffé à blanc, retient encore un peu de son acide carbonique, on doit admettre qu’une nouvelle action entre ici en jeu. Que cette action soit exercée par la masse caustique ambiante ou qu’elle réside dans quelque circon- stance tout à fait inconnue jusqu'à présent, il est certain que la négliger, comme le fait au fond la théorie de la dissociation, n’est pas le moyen d'avancer nos connaissances sur ce sujet. Je ne prétends pas que la température soit sans influence sur la force qui, dans un corps composé, réunit les molécules ; il se peut que cette force diminue à mesure que la température s'élève, jusqu’à un certain point où le corps se décompose. Mais au-des- sous de ce point, suivant cette manière de voir, aucune décom- position ne s'effectue. | Si donc M. Deville trouve une décomposition à une tempéra- ture inférieure, il faut que quelque autre cause intervienne. DE LA DISSOCIATION DE MA. DEVILLE. 445 Lorsque la vapeur d’eau se trouye en contact avec un autre corps, qui agit d’une manière différente sur ses deux éléments, cette nouvelle: action doit seconder celle de la chaleur, et déter- miner par suite la décomposition au-dessous de #°, en supposant que {° soit la température à laquelle la chaleur seule produit la décomposition. Ainsi, dans l’expérience de M. Grove on n’a qu'à admettre une action inégale du platine sur les éléments de la vapeur d’eau. Une inégalité analogue doit, à l'égard de la vapeur d’eau, pouvoir être assignée en chaque cas. Car on sait que le gaz tonnant formé repasse à l’état de vapeur d’eau pen- dant le refroidissement; les éléments doivent donc être séparés, ce qui n’est possible que par l’action inégale d’un troisième corps. C’est ainsi que M. Deville emploie un tube de terre poreuse qui laisse passer, par diffusion, l'hydrogène mais non l’oxygène ; sans doute, ce n’est pas là une action chimique; mais le tube n’en agit pas moins d’une manière différente sur les deux éléments. Il est vrai que M. Deville constate aussi la décomposition de la vapeur d'eau quand elle traverse, mêlée d’acide carbonique, un tube non poreux; mais la température de cette expérience (p. 311) n’est pas indiquée, et peut-être a-t-elle atteint la température de décomposition de l’eau. En outre de l'acide carbonique se trouve ici décomposé, et l’action n’est donc pas aussi simple qu’on la repré- sente, ce qu'une autre considération tend d’ailleurs à confirmer. En effet, pendant le refroidissement ultérieur une petite quantité de gaz tonnant échappe à la recombinaison , parce qu'un gaz inerte, l'acide carbonique, s’y oppose mécaniquement; on devrait done, quand c’est de la vapeur seule qui traverse le tube, recueillir également un peu de gaz tonnant, puisque la vapeur d’eau doit, tout aussi bien que l'acide carbonique, empêcher comme gaz inerte la recombinaison des éléments. Et pourtant, dans ce cas, on ne recueille rien. | On fait arriver (p. 306) un courant d'hydrogène dans un tube poreux, et de l’acide carbonique dans l’espace annulaire compris entre ce premier tube et un second qui l'entoure. , Aïnsi”, dit M. Deville, ,en vertu de l’endosmose les deux gaz ont changé 446 H. W. SCHROEDER VAN DER KOLK. SUR LA THÉORIE de lieu”. Mais comme le tube poreux est homogène, on ne voit pas bien pourquoi il se fait entre les gaz un échange complet, pourquoi l’action ne s’arrête pas du moment que la composition du mélange gazeux est la même de part et d'autre. En résumé, les expériences rapportées n’'autorisent pas la con- clusion que la décomposition partielle dépend de la température moins élevée; le phénomène se laisse au contraire déduire , comme nous l'avons dit plus haut, de causes connues, et M. Deville ne fait pas voir que ces causes ne suffisent pas à son explication. La circonstance que dans ces expériences la décomposition demeure partielle ne me paraît -offrir rien d’essentiel ; la décomposition pour- rait tout aussi bien être totale. Mais si je regarde, dans les ex- périences de dissociation, l'intervention d’un troisième corps comme nécessaire, je ne veux pourtant pas attacher trop d'importance à cette explication. L'absence d’une théorie moléculaire de la com- binaison chimique (analogue à celle de M. Clausius pour l’éva- poration) est ici extrêmement sensible. Il ne me semble même . pas impossible, à priori, que la décomposition partielle, qui devrait dépendre dans ce cas d’une action de masse, se laissât déduire d’une pareille théorie. Aussi longtemps toutefois qu’elle nous manque, nous devons nous en tenir aux lois physiques con- nues, et éviter surtout d'accorder notre confiance à une théorie qui s'appuie d’un côté sur des expériences pas tout-à-fait décisi- ves, de l’autre sur des analogies dénuées de toutes preuves. Les développements dans lesquels je suis entré auraient pu être considérablement abrégés si je m'étais borné à examiner les propositions fondamentales. Mais la grande autorité scientifique de M. Sainte-Claire Deville a prêté à sa théorie une sanction qu'elle ne mérite pas à mon avis, et qui rend d'autant plus nécessaire une réfutation en règle. Et lors même que mes observations seraient reconnues mal fondées, il n'aura peut-être pas été tout à fait inutile de soumettre à une critique un peu minutieuse une théorie d’une si grande portée. Zutphen, Septembre 1866. SUR LA DENSITÉ DE L’ACIDE ACÉTIQUE HYDRATÉ ET DES MÉLANGES D'ACIDE ACÉTIQUE HYDRATÉ ET D'EAU; PAR A. C. OUDEMANS. LÉ Résultats des recherches antérieures. On doit à Mollerat les premières données un peu détaillées concernant la densité d’un certain nombre de mélanges d’acide acétique et d’eau. Il est vrai que l'acide acétique avait déjà, longtemps auparavant, été préparé à un assez grand degré de pureté par Stahl et Westendorff, et même été obtenu à l’état cristallisé par Lüôwitz, en 1793: mais aucun de ces expérimen- tateurs ne paraît s’être occupé de la détermination de la densité. Dans ses Observations sur l’acide acétique (Annales de Chimue, ie série, T, LXVIII, p.88; ou Büchner’s Repertorium, 1° Année, T. VI, p.93) Mollerat donne la table suivante des densités de quelques mélanges d'acide acétique et d’eau, à la température de 1227 0h 110 parties d’acide acétique et 0 p. d’eau avaient une dens. de 1,0630 110 7 7 7 ” 10 » 7 ” 7 “ nr 1,0742 110 " 7 n TE ANT 7 " 7 1 1,0770 110 " ” " M 9230 0 0 ñ D RM » 1,0791 110 # 7 ” n: 48 7 7 ARRET »._ 1,0763 110 7 7 7 PAR EE 4 7 7 7 7 » 1,0742 110 7 " OR NP 7 7 7 ” 10128 110 7 7 7 ”. 97,5 7 7 7 ” » _ 1,0658 110 " 7 ” 1 108,5» “ He A » 1,0637 110 " ” # n 118,9 » " # " ” 1,0630 AA8 À. G. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. Si l’on réduit les nombres qui expriment dans cette table les quantités relatives d'acide et d’eau, en d’autres qui représentent la proportion centésimale d’acide a di te D Lt la table prend la forme suivante: densité. 100 pour cent d’acide acétique . . . . . 1,0630 CE D nn 1,0742 a O0 A on ju curé RM AnAO) A paie RS 1,0791 Rasa 4 due 0 Lise ii 1,0763 A EL CE joe ci 1,0742 AS nb do Hoi A 5201 ENCRES ë i Le ON HAS dans che PO 1550 una 1,0630 On voit que les recherches de Mollerat ne se sont étendues qu'aux mélanges renfermant de 50 à 100 pOt. d'acide monohydraté. Mollerat fut le premier qui attira l'attention sur ce fait, que dans les différents mélanges d'acide acétique et d’eau la densité ne croît pas régulièrement avec la proportion d'acide, mais atteint un maximum pour une certaine proportion, puis diminue de nouveau quand ‘on continue à ajouter de l’acide. Mollerat trouva dans cette particularité l’explication du phénomène observé par Gehlen, d’après lequel on a souvent besoin de plus d’alcali pour saturer un acide acétique de densité moindre que pour neutra- liser un acide d’un poids spécifique plus considérable. Le premier travail étendu sur la densité des mélanges d'acide acétique et d’eau a été exécuté par M. À. van der Toorn. Le mé- moire qu'il a publié, sous le titre de Handleiding tot het vinden van de ware sterkte van het acidum acehicum door middel van de digtheid (La Haye 1824), contient une série de tableaux don- nant, pour les températures entre 10 et 20° C., les densités des mélanges d’acide acétique et d’eau compris entre les limites de 0—70 pCt. C; H, O,; on y trouve en outre, pour la tempéra- A. G. OUDEMANS. SUR LA DENSITE DE L'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. 449 ture de 15° C., une table faisant connaître également les densités des mélanges plus riches en acide acétique. Le travail de M. van der Toorn ne renferme pas la description détaillée de la méthode suivant laquelle il à opéré; il se borne à énoncer que les résultats ont été obtenus par la pesée des mélanges dans un flacon de capacité connue. Nous reproduisons ci-dessous en entier, quoique sous une autre forme, la table de M. van der Toorn pour 15° C. M. Van der Toorn ramène toutes les densités à celle de l’eau à 15° C. prise pour unité; et il exprime constamment le degré de concentration des mélanges par la proportion de C, H, O, en 100 parties. Nous avons adopté comme unité la densité de l’eau à 4° C., et en même temps nous avons déduit des chiffres originaux, à l’aide du calcul, les densités correspondant aux diverses proportions centésimales de C, H, O,. | . © | Densité. | © | Densité. | © | Densité. © | Densité. + + + + + + S + © ®) oO D EE, Dee tsele l'en à 15 C. e) © O 100 1.0563 14 1.0752 48 1.0602 22 1.0315 DM | UE 0686 73 1.0750 47 1.0594 21 1.0301 98 1.0612 12 1.0747 46 1.0585 20 1.0287 97 10929 71 1.0744 45 | 1.0575 19 1.0273 96 1.0645 70 1.0740 44 1.0566 18 1.0259 95 1.0660 69. |. 1.0736 43 1.0557 14 10244: 94 1.0674 LOL OT 42 10547 16 1.0230 93 1.0687 67 1.0728 41 1.0538 15 1.0216 92 1.0700 66 1.0723 40 1.0528 14 1.0202 91 10711 65 1.0718 39 1.0518 13 LO188 90 1.0720 64 10412 38 1.0508 12 10174 89 1.0728 63 10707 37 1.0497 Il 1.0159 88 10735 62 1.0702 36 1.0486 10 .| 10144 87 1.0741 6L 10697 39 1.0475 d 1.0129 86 1.0746 60 1.0691 34 1.0464 8 LOIL4 89 1.0750 59 1.0685 33 L.0453 2 1.0099 84 1.0754 58 1.0678 32 1.0442 6 10084 83 10757 57 1.0671 31 1.0431 b 1.0069 82 10758 56 1.0665 30 10418 4 1.0054 81 1.0759 55 10658 29 1.0406 3 1.0039 80 1.0759 54 10651 28 1.0393 2 1.0024 19 10759 53 1.0643 27 1.0381 il 1.0009 78 1.0758 52 10635 26 1.0368 0 0.9993 11 10757 51 1.0627 25 1.0356 16 10756 50 L.0619 24 1.035343 75 10754 49 10611 23 1.0329 450 À. f. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L’ACIDE ACÉTIQUE, ETC. Le seul qui, après M. van der Toorn, se soit occupé de la déter- mination des densités de mélanges d'acide acétique et d’eau, est M. F. Mohr. On peut trouver les résultats de ses recherches dans les Ann. der Chem. und Pharm. T. XXXT, p. 279 et suiv. M. Mohr prépara du vinaigre glacial en distillant l’acétate de plomb avec l’acide sulfurique, purifia le produit brut par rectifi- cation sur du peroxyde de plomb, et le concentra par la distilla- tion fractionnée. Lorsque la portion restée dans la cornue se solidi- fiait vers 53—4° C., on l’abandonnaiït pendant quelques heures à une cristallisation lente, après quoi la masse cristalline obtenue était débarrassée, autant que possible, par décantation de Ia partie demeurée liquide. D'après M. Mobhr le produit ainsi préparé, qu'il regarde comme l’acide hydraté pur, fond à 12° R. On n’employa, en tout, que 100 grammes de ce produit pour composer les divers mélanges destinés à être examinés. Une quantité de 50 grammes servit à préparer les liquides contenant de 50 à 100 pour cent d’acide acétique hydraté; elle fut étendue successivement de proportions d'eau calculées d’avance, de manière que le nouveau mélange devînt chaque fois d’un pour cent plus pauvre en acide acétique hydraté. Après chaque dilution on déterminait la densité. Quant à l’autre moitié de l'acide hydraté qu’on avait à sa disposition, on en prit successivement des portions déterminées qui furent ajoutées à un poids connu d’eau; c’est ainsi que furent préparés les liquides faibles renfermant de O à 50 pour cent de C, H, O,. M. Mobhr ne nous apprend pas de quelle manière les densités ont été déterminées; il dit seulement qu’il à toujours eu soin de ramener les liquides à la température normale avant d’en pren- dre la densité. Mais ce qu'on doit entendre par cette fempérature normale, c’est ce que le mémoire de M. Mobhr nous laisse complétement ignorer. Il me paraît vraisemblable que c’est la température de 14 R. — 171° C. que M. Mohr avait en vue, et cela parce que ses recherches ont été exécutées en rapport avec la Pharmacopée prussienne, et que dans cet ouvrage la température de 174 C. a A. C. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L’ACIDE ACÉTIQUE, ETC. 451 été choisie comme température normale pour les données relati- ves aux densités. M. Kopp paraît avoir compris la chose d’une manière différente : il rapporte le nombre 1,065 trouvé par M. Mobhr pour la densité de l’acide acétique absolu, à 15° C. (Ann. der Chem. und Pharm., T. XCVI, p. 166). Les résultats de M. Mohr sont résumés dans le tableau suivant, que nous empruntons au mémoire cité: 100 | 1.0635 | 79 1.023 99 | 10655 | 78 1.022 98 | 1.067 | 77 1.020 97 | 1.0680 | 76 1.018 96 | 1.069 75 |. 1.017 95 | 1070 | 74 1.016 94 | 1.0706 | 73 1.015 93 | 1.0708 | 72 1.013 99 | 10716 | 71 8 | 1.012 Oborer 70 | Lo7o | 49 | 1059 | 28 | 1038 | 7 |. 1o1o 90/| 10730 | 69 | 1070 | 48 | 1058 | 27 | 1036 | 6 | 1.008 89 | 10730 | 68 | 1070 | 47 | 1056 | 26 | 1035 | 5 | 1.0067 88 | 10730 | 67 | 1.069 | 46 | 1055 | 925 | 1034 | 4 | 10055 PP 10220 | 661, 1069, 145 1055 24) 1053 | 3.|,1.004 86 | LO730 | 65 | 1068 | 44 | 1054 | 23 | 1032 | 2] 1002 85 | 10730 À 64 | 1068 | 43 | 1053 | 22 | 1031 | 1 | 1.001 84 | 10730 | 63 | 1.068 | 42 | 1052 | 21 | 1.029 | 0 | 1.000 83 | 10730 | 62 | 1.067 | 41 16515 | 20 1.027 82 | 1.0730 | 61 | 1.067 | 40 | 10513 |! 19 1.026 81 | 1.0732 |} 60 | 1.067 39 | 1050 18 1.025 80 | 1.0735 | 59 1.066 |! 38 1.049 | 17 1.024 Dans la seconde édition de son Commentar zur Preussischen . Pharmacopoe (Brunswick, Fr. Vieweg et fils, 1854), M. Mobr revient sur ce sujet et communique les résultats de quelques nouvelles expériences sur la densité de l’acide acétique et de mélanges de cet acide et d’eau. Pour la densité d’un acide contenant 99,53 pCt. de C, H, O,, M. Mohr trouve maintenant, à la température de 14° R., 1,0575, nombre qui diffère notablement de celui rap- porté plus haut. Je n'ai pu avoir connaissance d'aucun autre travail considérable sur le sujet qui nous occupe; je. dois donc me borner à citer encore quelques chiffres donnés par différents chimistes pour la 452 A. G. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L’ACIDE ACÉTIQUE, ETC. densité de l'acide acétique hydraté, et que j'ai tous réduits à la température de 16° C afin d'en faciliter la comparaison. Mollérat. ia 1.065 4 16° Cr), réduit a 16 ONE 0630 Kopp a un 1,062 1, 10170 CET) SN nee Afotme AU ete 10635: :,, 7 150071} ti ANR Pora0z UNE 1.065, 18001), MMM - Sébille-Auger. : 10622 ,1 160 0.1); L'EN SMMALIONS Delta hs 10635 1:31 100 C2) 1e NME | . 185 C2) Van der Too: 10559! ,,,, TO CS), NL HENPRRRREeS Oudemans.!, 2 105431 LG C1) 0 CPI IL. Préparation de l'acide acétique hydraté pur. Les écarts notables qui existent entre les nombres trouvés par différents chimistes pour la densité de l'acide acétique, montrent clairement que la matière employée n’était pas pure. Si l’on se demande quelles sont les substances étrangères qui peuvent altérer la pureté de l'acide acétique, et si l’on considère que ce sont, en général, les chiffres les plus faibles qui méritent ici le plus de confiance, on sera amené à conclure que la discordance entre les divers résultats doit être attribuée essentiellement à ce que l'acide hydraté employé contenait en mélange une proportion d’eau plus ou moins forte. Partant de cette hypothèse, je me suis efforcé surtout d’obtenir un acide acétique monohydraté privé d’eau aussi complétement 1) Ann. der Chemie und Pharmacie, T. XOVI, p. 166. 2) Ann. der Chemie und Pharmacie, T. CXXV, p. 327. 3) Handleiding lot het vinden van de ware stlerkle van het acidum acelicum. *) Recherches sur la quantité d'éther contenue dans les liquides, par M. Hoek et À. C. Oudemans; La Haye, M. Niühof, p. 72. A. C. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. 493 que possible, et je crois avoir atteint le but par la cristallisation répétée de l'acide d’ailleurs bien pur. Une quantité considérable de vinaigre glacial du commerce fut rectifiée sur l’acétate de soude et le peroxyde de manganèse, afin de la débarrasser d'acide sulfurique et d’acide sulfureux ; l'acide rectifié fut ensuite soumis à une distillation fractionnée avec soin. Le produit distillé vers 119—120° fut recueilli sépa- rément et exposé à une température de D° C.; lorsque les 7 en- viron de la masse totale se furent déposés à l’état cristallin, la partie restée liquide fut décantée et le ballon renversé au-dessus d’un entonnoir dont le eol plongeait dans un flacon. Dans cet état, le ballon fut abandonné à lui-même pendant 24 heures, à une température de 13—15° C. Les cristaux entièrement secs furent fondus, et le liquide fut remis à cristalliser, cette fois jusqu'à ce que les environ se fussent solidifiés; la portion demeurée liquide fut de nouveau décantée de la manière que nous venons d'indiquer. La même opération fut réitérée jusqu'à ce que la densité de l’acide fondu resta constante. L’acide ainsi préparé ne put être séparé en deux portions non identiques, ni par la cristallisation ni par la distillation fractionnée. En déterminant exactement, par titrage avec la potasse, la richesse en acide, je trouvai habituellement 99,8 pCt. au lieu de 100 pCt. J’attribue cette faible différence à ce que l’acétate de potasse présente déjà une réaction légèrement alcaline, et je crois réellement pouvoir regarder le produit préparé par moi comme de l'acide acétique monohydraté parfaitement pur. Son point de fusion se trouvait à 16°,45 C. Sa densité à 15° C. s'élevait à 1,05533. Le point d’ébullition (corrigé), sous la pres- sion de 763mm, était situé vers 117°,6 C. Dans le cours de mes expériences j'ai pu me convaincre plus d’une fois qu'il n’est pas permis de s’en rapporter uniquement à la distillation fractionnée pour obtenir de l'acide acétique pur. En soumettant un échantillon d'acide acétique du commerce à une distilation fractionnée, pendant laquelle la température s’éleva successivement de 117° à 121° C., on trouva que le liquide l A54 À. C. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L’'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. ? distillé en premier lieu ne renfermait que 93,6 pCt. d'acide hy- draté, tandis que les dernières portions, qui passèrent au-dessus de 120°, n’accusaient encore que 99,3 pCt. IL. Description de la méthode employée pour Îla détermination de la densité. Parmi les différentes méthodes qui servent à déterminer les densités, j'ai donné la préférence à celle qui repose sur l’emploi du pycnomètre. L'appareil dont j'ai fait usage était un pycnomètre de M. H. Geïssler de Bonn, très habilement construit, d'environ 24 CC. de capacité, pourvu d’un petit tube latéral pour l’écoulement du liquide en excès, et d’un thermomètre qui faisait en même temps fonction de bouchon. | * Primitivement, le tube latéral d'écoulement se trouvait recou- vert d'un petit capuchon en verre, fermé en dessus; mais je remplaçai ce capuchon par un autre, d’une capacité plus grande et étiré en tube capillaire à son sommet. Cette modification fut reconnue nécessaire pour les déterminations de densités à de bas- ses températures: car le pycnomètre rempli, devant, dans ce cas, être ramené à la température de la pièce où se faisaient les pesées (afin de prévenir la condensation de vapeur d’eau à la surface du verre), la dilatation faisait sortir tant de liquide par le tube d'écoulement, que le petit capuchon fermé, qui eut d’ail- leurs été insuffisant à loger ce liquide, s’en trouvait soulevé. Au contraire, dans le grand capuchon ouvert par le haut, le liquide qu'une élévation de température faisait déborder, pouvait toujours être conservé en entier. ; La capacité du pycnomètre fut déterminée en pesant l’appareil rempli d’eau pure à des températures entre O et 40° C. La plus grande difficulté qu’on rencontre dans les déterminations A. G. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. 405 LI de densités au moyen du pycnomètre, consiste à obtenir des températures constantes situées au-dessus ou au-dessous de celle de la pièce où l’on opère. | Voici le moyen par lequel J'ai le mieux réussi à surmonter cette difliculté. Lorsqu'il s'agissait de chauffer le pycnomètre au-dessus de la température ambiante, on le plaçait, rempli du liquide à exa- miner, dans une cuvette en bois d'environ 2 litres de capacité. On versait assez d’eau froide dans la cuvette pour que tout le corps du flacon fut immergé et que l'extrémité seule du tube d'écoulement s'élevât au-dessus du liquide. On ouvrait alors le robinet d’un grand réservoir en fer-blanc rempli d’eau chaude, et, tout en agitant continuellement, on laissait couler lentement l'eau chaude dans la cuvette jusqu'à ce que la température désirée fût à peu près atteinte. Après quelque exercice, il deve- nait très facile de régler l’afflux d’eau chaude de telle manière que le liquide de la cuvette conservât pendant 1 heure une tem- pérature constante. On laissait alors le pycnomètre dans la cuvette jusqu'à ce que le thermomètre placé à l’intérieur marquât exac- tement le même degré qu'un autre thermomètre plongé dans l’eau de la cuvette et qui, de même que le premier, avait été com- paré soigneusement à un thermomètre étalon. Arrivé à ce point, on débarrassait, à l’aide d’un morceau de papier à filtrer, l'extrémité du tube d'écoulement du liquide sura- bondant, puis on la recouvrait avec le capuchon en verre. On refroidissait alors le pycnomètre, au moyen d’eau froide, jusqu’à ce qu'il eût pris la température de la pièce où se trouvait la balance. Enfin on le pesait. Pour les déterminations à basses températures, on remplissait entièrement, avec le liquide à examiner, tant le pycnomètre que son capuchon de verre, et on plaçait celui-ci sur l’extrémité du tube d'écoulement en ayant soin qu'aucune bulle d’air ne restât adhérente à ce dernier. Il fallait opérer ainsi pour que le pycno- mètre demeurât constamment rempli. Le capuchon de verre avait été choisi, à’ dessein, de telle dimension qu'il pût contenir une A5G A. G. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. quantité de liquide suffisante pour subvenir à la contraction du liquide renfermé dans le flacon, même lorsque la détermination de la densité se faisait à 0° C. Pour obtenir une température de 0° C., on maintint le plus souvent le pycnomètre dans la glace fondante jusqu’à ce que le thermomètre intérieur marquât 0° C. Mais, fréquemment aussi je me suis servi de la méthode suivante qui me paraît mériter la pré- férence. | Le pyenomètre est placé, sur quelques morceaux de liége, au fond d’un verre à précipité contenant de l’eau et entouré lui-même d’un mélange réfrigérant. Quand on laisse le tout en repos, l’eau du verre arrive en peu de minutes à une température inférieure à O° sans qu'il se soit formé de glace. Si alors on agite l’eau à l’aide d’un thermomètre, elle se fige instantanément en une bouillie de petits cristaux de glace; le thermomètre remonte exactement à 0° C. et reste longtemps stationnaire; le thermo- mètre renfermé dans le pyenomètre ne tarde pas à suivre et atteint également à 0° C. Il me sembla qu'en opérant de cette manière la température de 0° C. était obtenue beaucoup plus rapi- dement qu’en se servant de glace fondante. Les températures que j'éprouvai le plus d’embarräs à réaliser d'une manière constante, furent celles situées entre les limi- tes 0° C. et la température de l'appartement où s’exécutaient les pesées. Ce qui me réussit/le mieux fut de placer le pycnomètre dans une écuelle en bois d’environ ! litre de capacité, et de jeter de temps en temps quelques petits fragments de glace dans l’eau pendant qu’on agitait celle-ei avec soin. Le procédé que je viens de décrire pour la détermination du poids du pycnomètre rempli de liquide à une certaine tempéra- ture, a été appliqué de la même manière à l’eau et aux divers mélanges d’eau et d’acide acétique. Je ferai observer encore que tous les poids ont été réduits au vide. En ce qui concerne la préparation des mélanges à examiner, la volatilité de l'acide acétique concentré rendait certaines pré- cautions nécessaires. Un ballon, fermé par un Bouchon ù était A. CG. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. 457 pesé après avoir séjourné pendant quelque temps dans la cage de la balance. On y introduisait alors, au moyen d’une pipette, une certaine quantité d'acide acétique hydraté, en ayant soin de ne pas mouiller le col du ballon. Le ballon était bouché, puis pesé de nouveau; on y versait ensuite aussi rapidement que pos- sible, à l’aide d’une burette, la quantité d’eau approximative- ment égale à celle qui était déterminée par le calcul. Enfin, après avoir fermé le ballon et l'avoir secoué pour opérer le mélange bien uniforme des liquides, on procédait à une dernière pesée. IV. Aperçu des résultats obtenus. Mes déterminations des densités se sont étendues sur 25 liqui- des différents, qui formaient une série assez régulière sous le rapport de leur richesse en acide acétique hyraté, comme il res- sort clairement. du tableau: suivant : N°. 1 contenait 100 pOt. d'acide acétique monohydraté. 5 2 ” 100 ”) } 5) 5? 7 3 D AUE 97,03 , ” D) ) ) 4 n) 99 ” D) 1) n ” D ‘1 89,93 , ” ” D) d) 6 ”) 89,07 ” ” ” ” ) Ü ) 80,04 , ” n ” D) 8 ) 74, 83 , » ) »” 1 9 ) 69,44 , ” ” ” pi HO ) 64,57 ,; ” D) » AE 1 5 9, 56 » n ) ) D) 12 5) 94,47 5) 5) 7) }) ARCHIVES NÉERLANDAISES. T, I. 30 A58 A. GC. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. N°. 13 contenait 50,05 pOt. d'acide acétique monohydraté. 7 14 7 44,69 7 7 7 7 2) 15 D) 39, 95 7 7 7) 2 2) 1 6 7 39,09 7 7) 7 7 2 1 ( 7) 29, 64 7 7) 7 3) 77 1 8 7 26,04 AA" 1 2) 7 3 19 7 24,56 D) 1 7 7 D) 20 2) 19,81 7) 7 7) 7) D) 21 2) 1 9, 1 9 7) 2) » 71 D) 22 7 9, 65 7 2 2) 9 » 23 7 7,02 7 D) 1 7 2 24 7) 4,50 2) 1 71 1 7) 29 1 3,00 2) D) 77 7 2) 2 6 7 0, 9 9 7 2) 2 7 Les liquides N°. 1 et N°. 2 étaient l’un et l’autre de l’acide acétique hydraté, mais provenant d'opérations distinctes. Comme je m'étais proposé de déduire des résultats obtenus une formule pour la densité de chacun des mélanges entre les limites de température 0° et 40° C, je me suis attaché surtout à déterminer exactement trois points normaux pour le calcul de chaque for- mule, points choisis à des distances à peu près égales l’un de l’autre, par exemple les densités à 0°, 20° et 40° C. Trois points pareils permettent de calculer avec beaucoup d’exactitude les for- mules des courbes qui représentent la marche des densités, ces courbes pouvant être considérées, sans erreur sensible, comme des paraboles du second ordre. J'ai donné dans mon mémoire original ‘), pour chacun des 26 liquides soumis à l’examen, un tableau spécial où l’on embrasse d’un coup-d’oeil les résultats directement trouvés par l’expérience et ceux qui en ont été déduits par le calcul. Je me contenterai ici de reproduire, comme exemple, un seul de ces tableaux. 1) Das spezifische Gewicht der Essigsäure und ihre Gemische mit Wasser, , M. Cohen & Sohn. Bonn 1866. A. C. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. 4D9 V. Acide contenant 85,07 pOt. C, H, O0, Densité — 1.06881 + 0.001029 (20—{+) — 0.00000050 (20—{).? IENADEIATNENONSE 0°|1.08919| 7 11°11.07803 L 08818 12 |1.07701 1.08717| 101 À 13 [107599 22°11.06675 33° |1.05535| +4 102 34 |1.05431 105 03 |1.06572 102 | 94 1106469 103 103 1 9 | 35 |1.05326 3 |1.08616) 101 | 14 |107407) 102 | 95 |L06565| 104] 36 [105222 9 4 |Lo8515| 160 | 15 [107304 05 | 26 |Lo6262| 105 | 37 |105117| ,94 5 108413 197 | 16 [107909] 0% | 27 [LoG158] [051 38 |1.05013| 16 6 |108319) 05 | 17 [107180] 105 | 28 |1.06055| 105 | 30 |1.04908| , 5 7 1108210) 30° | 18 |1.07087| 19% | 29 [Lo5951| 5% | 40 |1.04803 8 (108109) 0 | 19 |L06084| 10% | 30 |L05847| 107 9 108007! 107 | 20 |1.06881| 105 | 31 |1.05743| 10 10 107905) 195 | 21 [1.06778| 0% | 32 |1.05630| 19 D On 00e. OS PÉRPAOGOTTa a 12 | 108796 | 1os708 | — 2 | 2005 1.068577 | 106876 | +1 12 | 108805 | 1.087908 | + 7 | 20.6 | 106822 | 106819 | + 3 3.0 | 108613 | 108616 | — 3 | 27.35 | 106120 | 106122 | — 2 38 | 108530 | 108535 | — 5 | 336 | 105473 | 105473 | 0 132 | 107571 | 107579 | — 8] 306 | Io4s42 | 104845 | — 3 19.6 | 106920 | 106922 | — 2] 397 | 104836 | 1.04834 | + 9 Dans la partie supérieure du tableau on trouve, pour le mé- lange en question, d’abord la formule empirique, puis au-dessous Les densités qu'on en tire pour chaque degré centigrade entre 0 et 40°. La partie inférieure du même tableau contient sous le titre Obs. (Observation) les densités trouvées directement, et sous le titre Cale. (Calcul) les densités correspondantes déduites de la formule, les unes et les autres se rapportant aux températures que fait connaître la première colonne, marquée T. Une quatrième co- lonne renferme les différences entre les densités observées et cal- culées, différences exprimées en unités décimales du De ordre. L'ensemble des tableaux analogues dressés pour tous les liqui- des examinés a fourni les bases pour la construction des tables détaillées, à 4 décimales, qui terminent mon mémoire original, et dont la fin de cet extrait ne reproduira que celles qui se rap- portent aux températures de 00, 10°, 159, 209, 300 et 40° C. Dans la construction de ces tables je me suis servi principalement de la méthode graphique. Pour obtenir une plus grande exacti- tude, j'ai commencé par tracer deux fois, sur deux feuilles dis- AGO À. c. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L'ACIDE ACÉTIQUE, ETC. tinctes, les courbes qui figurent la marche des densités à 0°, 50, 100,... 400; j'ai alors mesuré la densité sur chacun de ces tracés, et, en cas de différence entre les deux mesures, j'ai pris la valeur moyenne. Les tables relatives à chacun des degrés compris entre 0—5, 5—10, etc., telles qu’on les trouve dans mon mémoire, ont été déduites des autres au moyen de l’interpolation. Le degré d’exactitude que j'ai pu atteindre dans mon travail se laisse apprécier le plus facilement d’après les différences entre les densités observées et les densités prises dans les tables pour un certain mélange et pour des températures déterminées. Ces dif- férences sont, en général, extrêmement petites, et ne s'élèvent jamais à plus de 2 unités de la 4e décimale. Le tableau suivant peut servir d'exemple à l’appui de mon assertion: Densités de l’acide à 69,44 pCt. C, H, O,. D EM. Mo. Différence Température, Densité Densité £h unités de la observée. calculée. 4e décimale. 0.0 1.0868 1.0868 0 0.25 1.0866 1.0866 0 0.6 1.0862 1.0863 — 10.6 l'OTTe 10712 à 0 17.0 10712 1.0712 0 20.0 1.0685 1.0684 + 1 20.4 1.0680 1.0680 0 Si RE 1.0672 1.0672 (® 30.0 1.0590 1.0589 | 39.4 1.0500 1.0500 () 39.6 : 1.0498 1.0498 0 30.95 1.0494 1.0494 0 V. Quelques remarques au sujet des résultats trouvés. 1°. La comparaison de mes résultats avec ceux de M. Mohr et de M. van der Toorn montre que les chiffres de M. Mobr s’écartent notablement des miens, avec lesquels ceux de M. van der Toom au contraire s'accordent beaucoup mieux. | S'il m'est permis de regarder mes propres chiffres comme ap- prochant le plus près de la vérité, alors M. Mohr doit avoir opéré sur un acide non entièrement privé d’eau; en admettant que la A. C. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L’ACIDE ACÉTIQUE, ETC. 461 v table construite par lui se rapporte à la température de 14° R. — 17! C., l'acide de 1,0635 de densité, qu’il considère comme exempt d'eau, aurait été, d’après mes expériences, un mélange deu951pCt. C,'H, O, et 5 pOt. d’eau Les résultats communiqués postérieurement par M. Mohr, dans son Commentar zur Pharmacopaea Borussica, s'appliquent à un acide beaucoup plus pur, à un acide renfermant L pour cent d’eau d’après M. Mobr et environ 2 pour cent d’après mes tables. En ce qui concerne la méthode d’opérer suivie par M. Mohr, on doit désapprouver hautement l'emploi d’une seule et même quan- tité d'acide pour préparer, par dilution successive, un grand nombre de mélanges différents; car une erreur commise dans une des pesées doit alors naturellement vicier aussi tous les résultats obtenus avec les mélanges suivants. . En outre, M. Mohr ne paraît pas avoir procédé dans ses déter- minations de densités avec tous les soins qu'on est en droit d'exiger dans les recherches de cette nature; je fonde principa- lement cette conjecture sur les anomalies qui se manifestent dans les différences entre les nombres de sa table. C’est ainsi que M. Mohr donne pour tous les acides entre 90 pCt. et 82 pCt. C, H, O0, la même densité 1.0730, pour l'acide à 91 pCt. 1,0721, et pour celui à 81 pOt. 1,0732. Un coup d'œil jeté sur mes tables et sur les courbes des densités reproduites dans mon mémoire original suffit à montrer combien ce résultat est peu d'accord avec la réalité. Nous voyons en- core, chez M. Mobr, les acides de 81, %8 et 77 pOt. C, H, O, présen- ter la même densité 1,0732 ; tandis que les acides à 80 et 79 pCt. C; H, O, sont, au contraire, affectés de la densité 1,0735, ete. La table de M. van der Toorn mérite incontestablement plus de confiance, et son travail témoigne de beaucoup de soins et d’ex- actitude apportés à l'exécution des expériences. La différence entre ses chiffres et les miens, différence qui s'élève au maximum à 13 unités de la 4e décimale, ne peut s'expliquer, comme pour les résultats de M. Mobr, par l'emploi d’un acide acétique contenant de l’eau en mélange; car l'acide qui, à 15° C, possède la den- sité la plus considérable, marque 1,0759 de densité d’après M. van der Toorn et seulement 1,0748 d’après mes propres expériences. 462 A. G. OUDEMANS. SUR LA DENSITÉ DE L’ACIDE ACÉTIQUE, ETC. Il faut donc que son acide acétique ait été souillé de quelque matière étrangère capable d'élever la densité, peut-être un peu d'acide sulfurique entraîné mécaniquement. 20. La densité de l'acide acétique faible présente, aux tempé- ratures voisines de 40 C., une particularité remarquable, dans laquelle apparaît clairement l'influence de la propriété connue de l'eau à l'égard du maximum de densité. Une image graphique exécutée à grande échelle dévoile, en effet: 19. Que les courbes de 0° et 5° C. possèdent chacune un point d'inflexion correspondant respectivement à environ 4 et 34 pOt. C,.H, O,: 20, Que ces deux courbes se coupent vers 2,1 pOt. C, H, O,, de sorte qu'un acide avec 2,1 pOt. C, H, O, ne montre pas de dilatation sensible entre O et 5° C. C’est en vertu de cette propriété que celles de mes tables qui se rapportent aux températures de 0°—6° C. indiquent une densité constante de 1,0033 pour les acides à 2 pOt. C, H, O,. 9% Un résultat très intéressant de mes recherches est qu’elles fournissent la preuve palpable que le maximum de densité des mélanges d'acide acétique et d’eau n'est pas lié à un rapport équivalent fixe entre C, H, O, et l’eau. La simple inspection des tables ou de la représentation gra- phique fait reconnaître, avec évidence, que le maximum de densité correspond , pour chaque température différente, à un mé- lange différent d’acide acétique et d’eau. En effet, la courbe de 0° C. indique le maximum pour 81 pOt., celle de 5° C. pour 80 pCt., celle de 20° C. pour 78 pOt., enfin celle de 402 C. pour 76 pOt. C, H, O,.. Dans un travail que j'ai exécuté, il y a une couple d'années, avee mon ami M. Hoek, !) nous étions déjà parvenus, d’après des vues purement théoriques, à la même conclusion, et nous avions fait voir que c’est en partant d’une base tout à fait fausse qu'on à admis le rapport dont il vient d’être question. 1) Sur les contractions dans les mélanges de liquides par M. Hoek en À. C. Oudemans. La Haye, M. Nyhoff, 1864. ir PROCENT. 0 C. PR. 0 dE. Dif. {Densité Densité Diff. | Densité Diff. | Densité Diff. | Densité Dif. | Densité Di. SONDE EL © 0.9999 1.0016 1.0033 10051 1.0069 1.0088 1.0106 1.0124 1.0142 1.0159 10176 1.0194 L.O211 1.0228 1.0245 1.0262 1.0279 1.0295 1.0311 1.0327 1.034353 1.0359 1.0374 1.0390 1.0405 1.0420 1.0435 1.0450 1.0465 1.0479 1.0493 1.0507 1.0520 1.0534 1.0547 10560 1.0573 1.0585 L.0598 1.0610 1.0622 1.0634 1.0646 10657 1.0668 1.0679 1.0690 1.0700 10710 1.0720 10730 = 0.9997 L.0013 1.0029 1.0044 1.0060 1.0076 1.0092 1.0108 10124 1.0140 1.0156 1.0171 1.0187 1.0202 10217 1.0232 1.0247 10262 1.0276 1.0291 1.0305 1.0319 10333 1.0347 1.0361 1.0375 1.0388 1.0401 LO414 1.0427 L.0440 1.0453 1.0465 10477 1.0489 10501 L0513 1.0524 1.0535 1.0546 1.0557 1.0568 1.0578 1.0588 1.0598 1.0608 1.0618 1.0627 1.0636 L.0645 10654 1.0363 1.0375 1.0388 1.0400 1.0412 1.0424 1.0436 1.0447 1.0459 1.0470 1.0481 1.0492 1.0502 1.0513 1.0523 1.0533 1.0543 1.0552 10562 10571 1.0580 1.0589 1.0598 1.0607 1.0615 ei bi Hd Hi pu O0 00 © 'OHOSSOSLOCOHM O0 O0 O0 00 O0 © © © ©