liT'--* ATLAS DE MICROBIOLOGIE PARIS. IMPRIMERIE UHURE 9, RUE DE FLEURUS, 9 MICROBIOLOGIE PAR LES DOCTEURS E. DOYEN ET G. ROUSSEL AVEC LA COLLABORATION DE MM. E. CHAZAREN BACTERIOLOGISTE F. ROTH I E R PHOTOGRAPHE A REIMS AVEC 541 FIGURES TIRÉES EN PHOTOTYPIE DANS LE TEXTE PARIS RUEFF ET C", ÉDITEURS 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIX, 106 1897 Tor.s droits réservé». ATLAS DE MICROBIOLOGIE L'insuffisance du dessin, déjà si flagrante en anatomie descriptive et en histologie, devient telle en Microbiologie, que les planches les plus soignées n'ont servi bien souvent qu'à jeter la confusion entre des espèces parasitaires voisines. Une épreuve photographique seule est susceptible de représenter avec précision la structure et la morphologie des infiniment petits. On y retrouvera les moindres détails, souvent presque inappréciables à l'œil aidé du microscope, mais qu'aura fixés, dans son exquise sensi- bilité, la plaque de gélatino-bromure. Nous passerons successivement en revue les Mucorinées et les Moisissures qui infectent le plus souvent nos milieux de culture : les Aspergillus et les Pénicillum; — nous étudierons ensuite les Botrylis et les Teignes, - les Oïdium, — les Beggiatoa, - les Fusisporium, - les Cladothrix, les Streptotrix et particulièrement l'Actinomycose, — puis les Saccharomycètes. 6 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Cette étude préliminaire, dont l'importance croît en Microbiologie depuis qu'on y différencie des espèces pathogènes de plus en plus nombreuses, nous conduit à la description des Microcoques, des Bacilles et des Spirilles. Nous terminerons en représentant des parasites moins bien connus, tels que les Coccidies, qui, tout en s'éloignant du règne végétal pour atteindre les degrés les plus infimes du règne animal, n'en sont pas moins, en raison de leurs dimensions exiguës, du domaine de la Microbiologie. Nos clichés ont été obtenus dans notre laboratoire privé, à l'aide des instruments les plus perfectionnés. Nos appareils optiques pro- viennent de la maison Cari Zeiss, d'Jéna; les plaques sensibles ortho- chromatiques d'Otto Perutz jusqu'en 1802 et, depuis cette époque, les plaques isochromatiques d'Attout-Tailfer, fabriquées par la maison Lumière, de Lyon, sont celles qui nous ont donné les meilleurs résultats. Grâce à une série de dispositifs particuliers, nous photographions sans difficulté les préparations incolores, moisissures et levures. Les préparations colorées peuvent être indifféremment teintes en bleu, en violet, en rouge ou en brun. Les teintes les moins photogéniques donnent d'excellents résul- tats, si l'on modifie convenablement l'éclairage de la préparation à l'aide d'une cuve remplie d'une solution plus ou moins concentrée d'aride picrique ou de bichromate d'ammoniaque. Nous employons de préférence comme source de lumière une lampe à arc de 60 volts, débitant 16 ampères. Les tubes et les cristallisoirs ont été photographiés à la lumière du jour, dans le laboratoire de M. Rothier. ATLAS DE MICROBIOLOGIE 7 Avant de passer à l'étude des différentes espèces microbiennes, nous sommes heureux d'adresser nos remerciements à tous les bactériologistes qui ont apporté, chacun à une partie de notre ouvrage, leur précieuse collaboration: MM. les professeurs Cornil, Laveran, Nocard, Sanfelice, Macé; MM. Houx, Metchnikoff, chefs de service à l'institut Pasteur; M. Netter, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris; M. Mi- colle, professeur de médecine expérimentale à Constantinople; M. le I)r Tullio Rossi Doria, assistant à la clinique gynécologique de Rome; MM Yvon et Berlioz; MM. Sabouraud, Bodin, Borrel, Cantacu- zène, etc.... Nous indiquerons l'origine de toutes celles des préparations figu- rées dans ce livre qui ne proviennent pas de notre laboratoire privé. Tous nos clichés sont reproduits dans le texte, tout en étant tirés sur gélatine bichromatée. Le lecteur appréciera les avantages de cette disposition sur les planches intercalées à part, telles qu'on les observe dans les publications analogues (Atlas de Frœnkel et Pfeiffer, etc.). C'est à M. Silvestre qu'appartient l'ingénieuse idée de réunir sur une môme planche, et de tirer d'un seul coup le texte, primi- tivement typographie, et les figures, reproduites en phototypie. Le mérite de l'édition revient particulièrement à MM. Rueff et Cie, qui n'ont reculé devant aucun sacrifice pour assurer à cette nouvelle publication toute la perfection et l'originalité désirables. MUCORINÉES Les Mucorinées, qui affectionnent tout particulièrement les milieux sucrés, se développent également sur la gélatine peptone ordinaire. Le moût de bière, houblonné ou non, est leur milieu de prédi- lection. PHYCOMYCES NITENS Fig. 1. Phycomyces nitens (grandeur naturelle). Nous figurons ci-contre une colonie de Phycomyces brillants, espèce remarquable par le développement de la tige ou pédicelle, qui peut atteindre 10, 15 et même 20 centimètres de longueur (fig. 1) Un grossissement de soixante diamètres (fig. 2) nous montre le mode d'implantation des sporanges sur le pédicelle, On devine, dans 1 ïate- MUCORINÉES rieur des sporanges, l'existence des spores, qui sont encore dans le premier stade de leur développement. Fig. 2. Sporanges de Phycomijces nitens (gr. 50 diam.). Les spores se laissent entrevoir figure 5, où l'on distingue leur forme ovale et la disposition régulière de la couche périphérique. Fig. 5. Sporange de Phycomijces nitens (gr. 180 diam.). La figure 4 représente l'aspect des spores ovalaires du Phycomyces 10 ATLAS DE MICROBIOLOGIE nitens, qui viennent d'être mises en liberté par suite de l'écrasement d'un sporange sous une légère pression de la lamelle. Fig. 4. Spores de Phycomyces nilens (gr. 400 dinm.). MUCOR SPINOSUS * Le Mucor sjrinosus est l'un des plus petits mucors connus. La figure 5 l .Oh t ff y * w KlG. 5. Colonie de Mucor sphtosits (;,rr. 20 fiiam ). MUCOIUNKES M représente une colonie de Mucor xpinows sur l'agar-agar, au grossis- sement de w20 diamètres. Nous représentons, figure 0, un groupe de Mucor spinosus nu grossis- sement de 150 diamètres; on y observe des sporanges à tous les degrés de maturité. Les sporanges mûrs sont d'un noir intense. % fç YV ' ) , iiPLJÉ * &r, -: Fig. 6. Sporanges de Mucor spinosus (gr. 150 diam.). A gauche du sporange le plus volumineux, qui se trouve en haut et sur la gauche de la préparation, une columelle mise à nu par suite de la déhiscence de la membrane d'enveloppe montre deux prolonge- riients épineux terminaux qui ont donné lieu à l'appellation de cette espèce (Jôrgensen). La figure 7 montre le développement d'un pédicelle sur les rameaux aériens du Mucor spinosus, qui otfreà ce niveau unecloison transversale. Le sporange, très jeune, est hérissé à sa surface de petites aspérités. MUCOR RACEMOSUS Le Mucor racemosus (fig. 8) est remarquable par le développement et les ramifications enchevêtrées des rameaux aériens. Ces rameaux forment, 12 ATLAS DE MICROBIOLOGIE à la surface des liquides sucrés et des milieux de culture solides, non Fig. 7. Sporange jeune de Mucor spinosus (gr. 400 diam.). plus des tiges droites comme celles du Phycomyces nitens, du Mucor *r~*' "'"j". Sporanges de Mucor racemosus (gr. 2(10 diam.). mucedu ou du Mucor spinosus, niais un paquet de lilaments grisâtres où l'on remarque, à un examen attentif, de nombreux pédicelles surmontés MUCORINÉES 13 chacun d'un sporange d'abord grisâtre, puis franchement noirâtre. Nous représentons, figure 8, trois de ces sporanges encore jeunes, qui laissent entrevoir leur contenu au travers de la membrane d'enve- 1 - Fis. 9. Sporanges jeunes de Mucor racemosus écrasés (gr. 160 diam.). loppe. Cette membrane est plus résistante que celle du Mucor spinosus et se plisse après s'être rompue sous la pression de la lamelle. On voit, figure 9, deux sporanges écrasés, ayant déversé leur contenu dans le liquide de la préparation. MUCOR MUCEDO Nous figurons, page 14 (fig. 10), un sporange de Mucor mucedo qui vient de céder à la pression de la lamelle et déverse ses spores au dehors. Les pédicelles du Mucor mucedo sont blanchâtres, et attei- gnent 10, 15 et jusqu'à 20 millimètres de hauteur» MUCOR STOLONIFER Le Mucor stolonifer ou Rhizopus nigricans (fig. 11 et suiv.) se déve- loppe avec rapidité sur les poires cuites, sur le pain imbibé d'une solu- tion sucrée, etc., et présente cette particularité que ses filaments 11 ATLAS iih .HlLliOlSJOLO), Ifc aériens donnent naissance à des prolongements de plusieurs centi- . . ■ . ■ ■■ . l-IG. 10. Alucor muce.do .r. 160 diatn.). mètres, fjiii viennenl se fixer, connue le lierre à nue niui duels voisins; de ers nouveaux points d'attache s'élaj autant de petits groupes de eolunielles fertiles. ■aille CCIll si if 1rs DH'IIKU ... f* * • • *t. *. \ / • /. 'i t » & v , r ^ Vu:. 11. Uliizopus n\(jr'iriiilt*r) (gr. •"> (Ji.'im.). MUC0R1NÉES 15 La figure 14 représente le couvercle d'un cristallisoir où se sont développés des bouquets secondaires de Rhizopm nigricans. Fig. 12. Groupe de Mucor stolonifer (gr. 15 diam.). Un de ces bouquets est reproduit, figure 12, au grossissement de 15 dia- mètres. Les sporanges se sont rompus au montage de la préparation. Fig. 13. Déhiscence du Mucor stolonifer (gr. 200 diam.). A un grossissement de 200 diamètres (fig. 15) on remarquera mieux le mode de déhiscence du Mucor stolonifer, déjà visible sur la préparation 16 ATLAS DE MICROBIOLOGIE précédente. La membrane des sporanges, très résistante, se retourne en forme de parapluie et demeure adhérente à l'extrémité du pédicelle. THAMNIDIUM ELEGANS Le Thamnidium elegans est remarquable par son double mode de fructification. Autour d'un pédicelle central, porteur d'un sporange arrondi, se développent des sporangioles secondaires, portés par des pédicelles dichotomiquement divisés. Nos cultures de Thamnidium elegans proviennent du laboratoire du professeur Macé, de Nancy. Fig. 14. Thamnidium elegans (gr. 70 diam.) La figure 14 représente un sporange vide et un groupe de sporan- gioles secondaires photographiés dans l'air sans aucun artifice de préparation. Il nous a été impossible de monter sous une lamelle, sans en détruire le groupement remarquable, les éléments du Thamnidium elegans. . Lafigure 15 démontre l'identité de structure des sporanges centraux wrcmuNKES 17 avec ceux des autres espèces de Mucorinces. On y remarque, au milieu m T.:- ë* Fig. 15. Groupe de Thamnidium elegans (gr. 70 diam. des sporanges principaux à divers degrés de maturité, deux groupes de sporangioles secondaires. Fig. 16. Sporangiole de Thamnidium elegans (gr 100 diam.). Nous avons représenté figures 16 et 17 deux de ces sporangioles secondaires. Le premier (fig. 16) est photographié dans l'air. 18 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Le second (fig. 17) est monté dans l'acide acétique cristallisante. On y distingue le mode de ramification du pédicelie et le groupement des spores. PROPRIÉTÉS RIOLOGIQUES DES MUCORJNÉES Aucune de ces moisissures n'est pathogène. Elles agissent comme ferments alcooliques dans les milieux sucrés et sont susceptibles de donner dans un moût de bière houblonné, contenant 14 grammes d'extrait, de 5 à 5 pour 100 (Mucor mucedo), à 5,50 pour 100 (Mucor \i Fig. 17. Sporangiole de Thamnidium elegans (gr. 180 diam.). -.pinosus), 7 pour 100 (Mucor racemosus), et même 8 pour 100 (Mucor ïrectus) d'alcool. Cette dernière espèce se développe sur les pommes de terre pourries :t a le même aspect que le Mucor racemosus. On l'en distingue par jon rendement alcoolique. Le Mucor racemosus produit de l'invertine et fermente directement e sucre de canne interverti. MOISISSURES ASPERGILLUS NIGER Parmi les moisissures, le genre Aspergillus est l'un des mieux étudiés. W" 8 > à S ^ - Fig. 18. Germination des spores de YAspergilîus niger (gr. 250 diam.). Nous figurons ci-contre (fig. 18) le mode de germination des spores de YAspergilîus niger. La figure 19 représente la môme culture sur plaque, plus âgée. On y constate des cristaux d'oxalate de chaux. 20 ATLAS DE MICROBIOLOGIE L'aspect d'une colonio d Âspergillus est reconiiaissable à l'œil nu ou Fig. 19. Germination dos spores do Y Aspergillus niger. — Cristaux (gr. 250 diam.). à un grossissement de 5 à 10 diamètres. On y remarque très bien le mode de fructification spécial aux Aspergillées. Fie. 20. Colonie d'Aspergillus niger (gr. 7 diam. La figure 20 reproduit une colonie d' Aspergillus niger sur agar-agar Les tètes noirâtres tranchent sur l'aspect blanchâtre des rameaux aériens MOISISSURES 21 Pour étudier la structure de YAspergillus niger, il faut examiner ?■; > w ^ s Fie. 21. Aspergillus niger à divers degrés de maturité (gr. 200 diam.). les têtes très jeunes, avant l'apparition du pigment noirâtre, qui bientôt voile jusqu'au moindre détail. \ Am& Fie. 22. Aspergillus niger. Stérigmates principaux (gr. 350 diam.). On remarquera (fig. 21), en haut et à droite de la préparation, une tète très jeune, encore vésiculeuse et simulant à s'y méprendre une trte de Mucor. Cet aspect est très fugace; bientôt pousscut les sté- 22 ATLAS DE MICROBIOLOGIE rigmates primitifs, visibles sur les têtes voisines, puis les stérigmates secondaires qui doivent porter les spores. Fig. 23. Aspergillus niger. Stérigmates secondaires (gr. 400 diam.). La naissance des stérigmates primitifs de Y Aspergillus niger est parti- culièrement manifeste sur la figure 22. ~*' Fig. 24. Aspergillus niger. Naissance des spores (gr. 800 diam.). MOISISSURES 25 On observera (fig. 25), la naissance des stérigmates secondaires qui caractérisent la variété dite : Stcrigmatocyslis. A leur tour se produi- sent, à l'extrémité des stérigmates secondaires, des chapelets de spores rondes à double contour (lig. 24). ASPERGILLUS FUMIGATUS V Aspergillus fumigatus. dont la culture, est d'abord d'un vert intense, Fig. 25. Aspcrgillus fumigatus (gr. 1000 diam.). de la même teinte qu'une culture vivace de Penicillum glmicum, brunit peu à peu par suite de la pigmentation des spores. Cette espèce ne possède qu'une seule rangée de stérigmates. ASPERGILLUS ORIZJE Il en est de même de YAspergillus orizx, dont la culture est d'un vert plus pâle. Comme nous le verrons plus loin, YAspergillus orizx sert à la 24 ATLAS DE MICROBIOLOGIE fabrication d'une boisson des Japonais, le Saké, Ses cultures sont d'un ./ .* ■ Fig. 26. Aspergillus orizse (gr. 1000 diam.). beau vert pâle et ne présentent jamais l'aspect fuligineux des cultures d' Aspergillus fumigatus. Fig. 27. Structure d*un Stérigmatocyste (gr. 1000 diam.) MOISISSURES 25 STRUCTURE D'UN STÉRIGMATOCYSTE Le mode d'insertion des stérigmates primitifs et des stérigmates secondaires, qui caractérisent le genre Stérigmatocyste, puis le mode d'insertion des spores sur ces derniers, sont très évidents sur la figure 27, qui représente au grossissement de 1 000 diamètres un petit Stérigmatocyste d'espèce non déterminée. * STERIGMATOCYSTIS GLAUCUS Une des variétés les plus curieuses par ses formes de souffrance est le Sterigmatocystis glaucus{ûg. 28), qui se développe en couches duveteuses if tffe i M. Fig. 28. Sterigmatocystis glaucus (gr. 300 diam.). de 4 à 6 millimètres d'épaisseur. Les fructifications sont si grêles qu'on a peine à les distinguer à l'œil nu. Sur le moût de bière, la culture est d'un beau vert tendre. Sur Pagar-agarau jus de viande, les organes de fructification demeu- rent au contraire d'un blanc éclatant. Cette espèce présente comme particularité ce fait que les 26 ATLAS DE MICROBIOLOGIE tètes fructifères portent parfois des stérigmates d'une longueur anormale (fig. 28). N.' / '1^ - v.. ■■> • S ! Wffifes,. ^ T i -*- >Ygx uj LIBRARY UJ A <+** /*>) \ / ^w M 28 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Nous représentons, figure 51, deux foyers infectieux déterminés Fie. 31. Atpergillus fumigatus dans le poumon du pigeon (gr. 150 diam.). dans le poumon du pigeon par l'inhalation d'air chargé de spores à'Aspergillus fumigatus. Fig. 32. Alvéole pulmonaire du canard (Aspergillus fumigatus) (gr. 250 diam.). La figure 52 représente le développement des tubes mycéliens dans un alvéole pulmonaire de canard. MOISISSURES 29 La figure 35, une végétation en forme de pinceau à la surface d'une nodosité péribronchique. Fie 33 Alvéole pulmonaire du canard (Aspevgillus fumigatus) (gr. 250 diam.). Dans ce cas, le mycélium a traversé au loin le tissu pulmonaire j*. Fig. 34. Surface de la plèvre près du point que montre la figure 33 (gr. 250 diam.). pour former de nouveaux foyers intra-pleuraux à la surface de la séreuse (fig. 54) et y déterminer un processus inflammatoire intense. 30 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Les figures 55 et 36 représentent, au grossissement de 800 dia- mètres, deux tubercules pulmonaires du pigeon, infiltrés par Fig. 35. Tubercule pulmonaire du pigeon (Aspergillus fumigalus) (gr. 800 diam.). VA. fumigatus. Le mycélium, dans l'un d'eux (fig. 55), affecte une Fig. 36. Tubercule pulmonaire du pigeon (Aspergillus fumigatus) (gr. 800 diam.). disposition radiée, et, dans l'autre (fig. 50), une disposition arbo- rescente. Ces préparations nous ont été confiées par le professeur Gornil. MOISISSURES 31 PENICILLUM Le Penicillum glaucum est l'une des moisissures les plus répandues. ■■*» Fie. 37. Colonies de Penicillum glaucum sur agar-agar (grandeur naturelle). Elle se développe sur des^milieux très divers et infecte presque tou- jours les plaques de culture exposées à l'air. Fig. 38. Groupe de pinceaux fructifères du Penicillum glaucum (gr. 200 diam.}. La figure 37 représente une série de colonies de Penicillum glaucum 32 ATLAS DE MICROBIOLOGIE sur agar-agar. Ces colonies sont d'un vert intense; leur pourtour W-i*: > Fie. 39 Penicillum glaucum. Détail des organes de fructification. est en général blanchâtre, le pigment se montrant d'autant plus i'lioii de |»c|il()ii(' et de maltose. Eau 100,00 Milieu n« 1'. \ Agar-agar .... 1,50 ,.!,llili,',l i Peptone 0,50 (I épreuve). f ( Maltose 5,80 1. La peptone employée a été la peptone granulée Chassaing, l;i maltose venait de ['Usine < \ Agar-agar .... 1,50 i Peptonc 0,o0 Maltose 5,70 On voit que l;i deuxièrneet la troisième série de ces cultures soni beau- lie. 40. Kig. 47. Fig. 48. Même espèce que ligures il, 42, 45 etc , cultures adultes. Milieu différent, formule ir 5. coup plus vivaces que la première, que la deuxième est remarquable par sa disposition géométrique, que la troisième est la plus exubérante. Une autre espèce de trichophyton humain encore non classée et assez rare, nous donne corollairement les cultures différentes que voici sur les mêmes milieux que la série précédente. Fig. 49. Milieu n° 1. Fig. 50. Milieu nu 2. Fig. 51. Milieu n° 5. Fig. 49. Fig. oO. Fig. 51. Variations de formes d'une même espèce Trichophyfique suivant le milieu de culture Or ces cultures ont une forme et un aspect caractéristique inva- riables si elles sont pratiquées sur un milieu de culture toujours chi- 42 LA TEIGNE TRICH0PHYT1QUE iniquement identique et placé dans les mêmes conditions physiques d'aération et de température. II. — Les associations cryptogamiques dans les trichophyties. Les associations cryptogamiquesont été mentionnées parKràl (dePrague) encequiconcernelefavus; elles sont aussi de règle presque sans exemp- tion dans les trichophyties humaines et animales. Elles se montrent dans les cultures sous deux formes : Tantôt le champignon commensal apparaît sur la culture trichophv- Fig. 52. Fiu. 55. Cominensalisine parasitaire dans les cultures trichophytiques. Colonies isolées. tique sous forme de colonies isolées (lig. 5W2, 55). Tantôt le trichophyton et son commensal sont plus étroitement juxtaposés dans le champ de la culture, ainsi que les deux exemples suivants le démontrent (lig. 54, 55). Fig. 5i. Fig. 55. Comraensalisme. Fig. 54. — Juxtaposition totale Fi<,r.55. — Le même Trichophyton séparé du Trichophyton et de son Commensal. . de son Commensal. ET LA TEIGNE SPÉCIALE DE GRClJY. Les champignons commensaux des trichophytons sont d'espèces peu nombreuses et se retrouvent presque toujours les mêmes. En voici quel- ques cultures (fig. ;>G-G1), sur gélose peptone maltosée (milieu n° 2). Fig. 56. Fig. 57. Deux Commensaux du Trichophyton dans sa lésion. Fn.. 58. Fig. 5'J. ne KO. Kig. in. l'i'iix autres Commensaux des Tiichoplivlons dan- leur lésion. Lrs lijr. 58-51), t'»U-ij| représcnlenl deux à deux le même champignon. 44 LA TEIGNE TWCHÔPHYTIQUE Les milieux très sucrés, peu azotés, conviennent mieux aux trieho- phytons qu'à leurs commensaux. Les milieux peu sucrés, très azotés, conviennent mieux aux commensaux des triehophytons qu'aux tricho- phytons eux-mêmes. Il s'ensuit qu'après une série de cultures eu milieux azolés, on peui jie plus retrouver trace du trichophyton initial. . / ! - V > H, S Fie. 62. - o . (gr. 200 diam.) (gr. 400 diam.) Commensal ayant pris la place d'un Trichophyton dans la culture trichophyiioue primitive. Les fïg. (52, 05, montrent les fructifications d'un oospora qui s'esl ainsi progressivement substitué au trichophyton dans sa culture après plusieurs générations. Les deux points que nous venons d'établir, l'importance du milieu dans la l'orme des cultures et le fait des associations cryptogamiques sont d'une importance capitale et ne doivent jamais être perdus «le vue, non seulement dans l'étude des triehophytons, mais dans toute recherche mycolôgique. LES TlUCHOPHYTIES D'ORIGINE HUMAINE Le trichophyton, dans le cheveu (teigne tondante trichophytique), est essentiellement constitué par des filaments mycéliens réguliers, composés de cellules à double contour qui sont des spores mycé- HT LA TEIGNE SPÉCIALE DE GTlCBY. 15 Hennés (iig. 64). Les spores sont articulées en chapelet, Ces chapelets envahissent le cheveu suivant s;i direction même, c'ost-à-dire que le -fci . * L?/ ■ /* Fig. G4. Forme du Trichophyton dans le cheveu. [Chaîne mycélienne sporulée] (gr. 1000 dtam.) mycélium pousse de bas en haut. Ils se bifurquent de distance en dislance. Cette division du mycélium sporulé s'opère par bifurcation simple ou dichotomie. C'est dans le cheveu qu'il faut étudier le trichopyhton parce que Fie. Go. Trirhophylon endothrix dans |e cheveu de la teigne tondante (gr. 100 diam.L Kig. 6G. Le même cheveu à un grossissement différenl (gr, 2o0 diam.). •i6 LA TEIGNE TRICHOPHYTIQDE c'est en ce point que ses éléments cellulaires sont le plus égaux, le plus semblables, et aussi le plus différenciés (spore mycélienne). Dans la squame ou l'ongle, les éléments du trichophyton sont irréguliers et trop variables (cellules mycéliennes non sporulées, mycélium de plusieurs diamètres, spores mycéliennes atypiques, etc..) pour servir à la différenciation microscopique d'espèces parasitaires voisines. Le cheveu des trichophyties tondantes, dans l'immense majorité des cas, montre le parasite constitué par des files de spores, toutes con- tenues dans l'épaisseur même du cheveu et ne dépassant pas sa cuticule d'enveloppe [trichophyton endothrix] (fig. 65-66). En examinant un cheveu placé sur le bord de la lésion trichophy- tique, on peut trouver un cheveu moins envahi; alors les filaments sont assez peu nombreux pour ne pas se masquer l'un l'autre, et pour qu'on distingue entre eux le tissu propre du cheveu (fig. 67). v ; mm ~mm. Fig. f>7. Cheveu trichophytiqup. Les filaments «lu parasite sont plus distincts près du bord même il h cheveu (gr. 200 diam.). Mais si l'on examine les cheveux du centre des plaques malades, on y trouve les éléments parasitaires tellement tassés qu'ils occupent la totalité < 1 1 1 cheveu (fig. 68); c'est ce qui explique sa fracture spon- ET LA TEIf.NE SPÉCIALE DE ORUHY. 47 tanée dans cette maladie. On sait que le cheveu cassé à peu de distance de la peau est le symptôme caractéristique des teignes tondantes. **>- ! &s%: *', Fie. 08. Trichophyton endothrix, cheveu complètement envahi (gr. 280 diam.). Quand on pousse très loin la dissolution du cheveu dans une solu- tion potassique concentrée (40 0/0), on peut observer que certaines tondantes sont causées par un trichophyton à mycélium résistant. Le ■ - ■ ■ Fin. 09. Cheveu dissocié par l'action de la potasse. Les filaments mycêïiens restent entiers (gr. 280 diam.). 48 LA. TEIGNE TRICHOPHYTIQUE cheveu dissous, les filaments du parasite sont dissociés, mais les spores ne s'égrènent pas (fig. 00). On peut ainsi parvenir à faire disparaître la substance propre du cheveu en respectant les filaments parasitaires. C'est alors qu'on peut le mieux vérifier la parfaite similitude de toutes les spores entre elles, les y, "\ Fig. 70. Mise en liberté du Trichophyton par la complète dissolution du cheveu (gr. k280 diam.). rubans qu'elles forment par leur juxtaposition, enfin la division des filaments par dichotomie (lig. 70). En examinant ces filaments à de plus forts grossissements, la double .' , i % « ' n , Fig. 71. Home préparation (gr. 1000 diam.'. et la teigne spéciale de grAiiy. i'.i enveloppe des spores, le mode d'articulation de ces spores entre elles, l;i régularité du ruban qu'elles forment deviennent plus évidents (fig. 71). Ce trichophyton endothrix à mycélium résistant fournit sur une gélose au moût de bière1 des cultures très particulières. Gomme celles de la plupart des trichophytons , elles peuvent être obtenues pures d'emblée sinon de toute association ci'yptogamique, au inoins de toute association bactérienne, en parlant de la racine du cheveu malade (fig. 7L2). En portant ces cultures sur une même gélose au tond d'un matras, on peut laisser la culture prendre son développement spontané en tous sens. Elle allée le la l'orme d'un soleil de poudre jaune ayant en son" centre une calotte hémisphérique (fig. 75-75). Et à mesure que la culture vieillit, les rayons arborescents de son pourtour prennent de plus en plus d'importance dans sa forme objective (fig. 76, 77, 78, 70, 80). Fig. 72. Culture sur moûl de bière, culture directe d'un che- veu atteint de Trichophyton en- dothrix à mycé- lium résistant. Fin. 75. Même culture que fig. 7V2. Age, 5 semaines. Fig.74. Même culture que lig. 72. Age, 4 semaines. Fig. 75. Même culture que fig. 72. Age, A semaines. \. Nous notons expressément la composition du moût de bière dont nous nous sommes servis constamment, c'est le moût de bière simple ou dédoublé : Maltose 02 gr. : Albuminoïdes 1 gr. 7 : dextrines 5 gr. (pour mille). 50 LA TEIGNE TRICHOPHYTIQUE Si l'on porte cotte espèce trichophy tique à mycélium résistant sur le milieu (formule n°2) dont nous avons donné plus haut Kir,. 77. Fig. 78. Même cullure que fig. 1"2. Même culture que fig. 72. Age, 5 seiuaiucs. Age, 5 semaines. Fi«. 70. Même culture que Ja composition centésimale, milieu dont une recherche fig. 72. ' Age, 5 semaines, empirique a établi la formule et que nous appelons milieu d'épreuve parce qu'H donne aux trichophy tons leur aspect Kig. 79. Ki.;. 80. Mêmes cultures que fig. 72. Age, 0 semaines. différentiel le plus accusé, les cultures prennent une disposition cratériforme absolument caractéristique (fig. 81, $'2, 85). Ki... 81. Fig. 82. Kig. 85. Mêmes cultures Irichophytiques portées sur milieu d'épreuve (cultures cratéiilbrmes). Comparer aux cultures y& P ■ ' Fig. Ko. Même cheveu écrasé sous la lamelle ('200 diam.). Kl dans la préparation on observera des quantités despores égrenées, libres et flottantes (fig. NT). La culture du trichophylon endothrix à mycélium fragile, obtenue sur la gélose au moût de bière, se présente connue un cône marqué de scissures ravonnées. Celle culture est d'un brun gris et ressemble à une pâte de carton (fig. 88, NO. 00). KT LA ÏKIliNK SPÉCIALE HK GHDW A la longue elle s'entoure de lins rayons en nuage, immergés dans l'épaisseur du milieu ((ïg. 91). Fie. 87. Mémo cheveu. Les spores sont entièrement mises en liberté (200 diaui.). Sur la gélose inaltosée (formule n° 2), milieu d'épreuve dont la com- position est donnée plus haut, la culture du trich opfay ton endothrix à Fie,. 88. Fin. 8!». Fig. 90. Cultures du Trichophylon endothrix à mycélium fragile sur gélose an moût de bière. Comparer aux cultures de Trichophytons à mycélium résistant sur le même milieu (Fi^. 73 et suiv.). Elles sont de même âge. 51 LA TEIGNE TRICHOPHYTIQUE mycélium fragile, diffère absolument de celle du trichophyton endolhrix à mycélium résistant. Celui-ci donnait une culture cratéri forme (fig. 81, 82, 85); le trichophyton à mycélium fragile fournit une culture acuminée (fïg. 92, 95, 94). C'est un cône très aplati, partagé en secteurs réguliers par des scissures plus ou moins profondes. Et à mesure que la culture vieillit, ces scissures se multiplient avec une régu- larité géométrique (fig. 95. 96, 97). L'immense majorité des tondantes tri- chophytiques est causée par l'une ou par l'autre des doux espèces que nous venons de présenter, et dont la première est la plus fréquente. /.) Le T. endothrix à mycélium résistant, à culture cratéri forme. II.) Le T. endothrix à mycélium fragile à culture acuminée. Kir,, il]. Même culture. Age, ."> semaines. Kir.. 92. Fig. 95. Fig. 94. Cultures du T. à mycélium fragile sur milieu d'épreuve. Cultures acuminée». (Voir fig. 81, 82, 85). Age, ô el 4 semaines. Il faut ajouter (pic le parasite, dans Ions les cheveux d'une même lète, est identique. Le cheveu est plus ou moins envahi, miùsdans tous les cheveux d'une même tête, la morphologie du parasite (dimension et forme de la spore, agmination des spores entre elles, habitai dans KT LA TEIGNE SPÉCIALE DE GRUBY. :,:> le cheveu) esl. absolument identique. Semblablement, les cultures faites avec des cheveux malades quelconques d<> la même tête sont toujours; pareilles. Yk.. or». Fig. lu». Mêmes cultures. Age a et 0 semaines Fie. 97. Dans quelques cas, le trichophyton, cause de la tondante, offre des détails morphologiques différents. La spore est ovoïde, sans double contour, etc. La culture, dans ces cas, est particulière (fig-. 98) sur moût de bière, et aussi sur le milieu d'épreuve (fig. 99). Fig. 1)8. Fie. 99. Culture d'un T. endôlhrix (rare) sur moût de bière. La même sur milieu d'épreuve. Ois trouve ainsi de temps à autre, et sur un grand nombre de ton- dantes tirichopby tiques de provenances diverses, quelques espèces aty- piques encore non classées (fig. 100). ào \A i IGNE TRICHOPIIYT1QI K Ces cas tonnent à peine 10 pour 100 du total des tondantes dues aux friehophytons endothrix. Tous les cheveux de la même tète donnent Fig. 101). Autre espèce rare de T. endothrix (milieu d'épreuve). lieu encore à une culture semblable, et de même, tous les individus contaminés dans une épidémie familiale. LES TRICIIOPHYTIES ANIMALES TRANSPORTÉES SUR L'HOMME 11 y a des teignes tondantes trichophy tiques de caractères objectifs particuliers, présentant des surproductions diverses (abcès folliculaire. 3| V., --':,v;s ■■v,-< • ■: ; .. . . • > * Ki.;. 101. r. prtolhrix d'origine animale. Cheveu de l'homme (loi) diamètres) ET LA TEIGNE SPÉCIALE DE i'M\\\. • M impétigo, kérion...) <|iii montrent un trichophyton ectothrix, situé en dehors du cheveu, entre lui et sa gaine folliculaire (fig. 101). Ici le parasite au lieu d'être inclus dans le cheveu lui forme comme nue ('corce adhérente (fig. 102) cl on peut voir que celle gaine para- sitaire n'existe que dans la portion radiculaire du cheveu. >,,' / . > Fie. I02. Racine d'un poil envahi (I80 diain.). Ces cas tonnent l'infime minorité des trichophyties du cuir chevelu, mais au contraire la totalité des trichophyties de la barbe présentent cette localisation spéciale du parasite. Suivant le cas, la morphologie du parasite est différente. Certains cas présentent des spores très grosses, d'autres des spores relativement petites. Le mycélium est quelquefois résistant, d'autres fois il est fra- gile. Enfin certaines espèces ectothrix offrent ce caractère de pré- senter leurs spores mycéliennes nucléées. Leur noyau rond et central est d'une couleur sépia (fig. 105). La plus grande partie des filaments parasitaires adhère au cheveu et est extirpée avec le cheveu ou le poil. Cependant quelques fila- ments pénètrent et dissocient les éléments épidermiques du follicule (fig. 104). Cette localisation spéciale des trichophytons ectothrix, non plus 58 LA TEIGNE TRICHOPHYTJQUE dans le poil mais autour de lui, n'est pas un accident mais une règle absolue qui se reproduit sur tous les cheveux ou poils malades de la / Fig. 105. Spores inycéliennes nueléées d'un T. ectothrix (gr. 1000 diam.). région. Et cette systématisation se retrouve jusques autour des poils follets les plus minuscules (fig. 105). Ce type microscopique des T. ectothrix correspond aux trichophytous cv*vs r -K .-~- - : -s.- ' ■ <»~P -■.*-■•-. - *!?- »v> • • C^ ■ -.: -..- - s~> . — T • ■■■ -, ■■■■; ■ * ^-- -.- 'V- Fie. 104. Epidémie folliculaire autour de la racine d'un poil malade. animaux quand ils sont volontairement ou accidentellement inoculés à l'homme, ainsi que de très nombreuses expériences l'établissent. ET LA TEIGNE SPÉCIALE DE GRCBY. 59 Le plus grand nombre des trichophyties d'origine animale que Ton rencontre sur l'homme se rattache au groupe des T. Ectothrix à Fia. 105. Poil follet atteint par un T. ectothrix (150 diam,). cultures blanches qui causent des lésions trichophytiques suppurées. Ces trichophytons, dont la vitalité en culture est extraordinaire, sont des organismes pyogènes, quand ils possèdent leur viru- lence maxima et leurs lésions sont suppurées, pour cette cause et non d'autre. Déplus chacune des espèces de ce groupe, quand elle n'est pas de virulence atténuée, cause sur l'homme une lésion spécilique de carac- tères objectifs spéciaux. A ce groupe appartient d'abord le trichophyton du chat dont la lésion est Y herpès iris vcsiculcux de Biett (fi g. 106). On le rencontre le plus souvent chez l'enfant du premier âge et. chez la femme, très rarement chez l'homme. Chez l'enfant, comme chez la femme, on ne le rencontre guère que sous la forme de trichophytie des régions glabres, 1res rarement chez l'enfant sous la forme de ton- dante. GO L\ TEIGNE TRICHOPHYTIQl'E Sa culture sur moût do bière est tout à fait spéciale (fig. 107, 108). Sa caractéristique est d'être d'un blanc pur, d'un blanc de neige. Cette culture, qui présente sur moût de bière les rayons périphé- riques que toutes les cultures trichophytiques présentent sur ce milieu, offre en outre cette particularité d'être duveteuse en son centre. Sur une grande surface plane Fie. 14)6. Herpès iris \'ésiculeux htii,.J G)*{jkt{au (k**« '>»/■.;?<::< Fig. 129. Teigne imbriquée de Patrick Manson. (Cetle photographie nous a été confiée par M. le Dr bonnafy, médecin en chef de la marine, qui a publié récemment une excellente monographie sur le sujetJ par dichotomie. Ces filaments sont presque absolument identiques à ceux que montrent les trichophyties serpigincuscs sèches de nos pays. La culture de ce parasite n'a pu être obtenue des squames trop vieilles apportées en Europe. Mais il est extrêmement probable qu'elle 72 \A TEIGNE TRICHOPHYTIQUE se rapporterait à un type voisin de ceux que nous venons d'étudier. l3 Toîpruo ;i M. Il hnbr •lr T quoe lin (i do [>a c Lundi Fig. JÔO. trick Manson. (Cette photographie envoyée par Patrick Manson ■es) a été donnée par lui ;'i M. le l)r Vidal, de qui nous l'avons renie.) Kir,, loi. Squame de loi. Culture trichophytique adulte (gr. 250 diam. rapproche ce parasite du groupe des Sporolriclmm de Link. Mais sur certaines espèces, sans que les filaments mycéliens perdent _ ■ ■ Fig. 154. Spores accessoires, portées directement sur le mycélium (gr. fiflO diam.). le pouvoir d'émettre latéralement des spores externes isolées, ces spores oui une tendance manifeste à s'agminer en forme de grappes termi- nales (fig. 156). ET LA. TEIGNE SPÉCIALE DE GRURY. /.> En affaiblissant le pouvoir nutritif du milieu do ces cultures, on pcul /• r K / FlG. lôo. Sporulation externe disséminée. Trich. à mycélium fragile (gr. 300 diam.). voir que la sporulation externe redevient latérale et isolée (fig. 157). ^■J'-: X \ Fw. 156. Sporulation externe. Tendance à l'agmination en grappe (gr. 200 diam.). Au contraire, quand le milieu nutritif est riche, et dans certaines espaces eclothrix, on peut voir l'hyphe sporifère se différencier de 7U LA TEIGNE TKICIIOI'IIYTIOI'E plus en plus. 11 n'y a plus de spores isolées latérales aux mycéliums. Fig. 157. Sporulation externe en milieu pauvre. Les spores externes redeviennent solitaires (gr. 250 (liant.) Les spores forment des grappes ton! ;'i fait différenciées (fig. 158). Fig. l.'.s. Sporulation par grappes. L'hyplie sporifèrc se différencie des filaments non fructifères (gr. 1000 diam.). Les espèces ectolhrix fournissent d'autres , formes de reproduction HT LA TEIGNE SPÉCIALE DE CUUBY. / j que la spore externe en grappe. Ce sont de longs fuseaux multilocu- laires (fig. 159). *! -.v.. • * e% I » Fig. 153. Chlamydospores des espèces à cultures blanches (gr. 850 diarn "V • r* ai ^ y Fig. 140. Chlamvdospores a éperon saillant. Forme chlamydosporée supportant deux grappes (gr. 800 diam.). 7S LA TEIGNE TIUCHOPHYTIQUE Ces fuseaux peuvent dans une grappe occuper la place d'une spore ou celle du pédicule de la grappe (fig. 140). Beaucoup sont terminées par un éperon saillant. Leur forme variable, leur enveloppe épaisse à double contour, leur siège souvent terminal • • . «Su • wf v ** •■.* \ £>-" «ai, Fig. 141. Chlamydospore terminale (gr. 500 diain.). au mycélium (fig. 141) et ce fait que les fuseaux sont plus nombreux quand la culture est vieille et qu'elle souffre, enfin leur nombre inver- sement proportionnel à celui des spores externes tendent à faire con- sidérer ces organes comme des chlamydospores. En dehors de ces formes spéciales, il faut mentionner l'existence de filaments vrillés en spirale qu'on trouve dans presque toutes les cultures trichophytiques et qui sont peut-être le rappel de formes de fructification de familles voisines. Knliu il faut mentionner aussi parmi les filaments sporifères fertiles, l'existence de mycéliums inféconds et stériles qui prennent une forme rappelant celle d'une branche d'épines dépouillée de feuilles (fig. 142). Quand une culture trichophytique vieillit, ou que le milieu nutritif devient impropre à sa végétation, les spores mycéliennes reparaissent. Klles ont une forme vésiculeuse, chaque vésicule remplaçant un article mycélien (fig. 1 45). ET LA TEIGNE SPÉCIALE DE GKUiiV. 7!l La masse de ces cellules renllées et vacuolaires remplace progressif / Y -•-•■ï-v- /- - £ v:V-f "«* * ' ; - «» ~" '"••i-r'/i" ■- • . .y H., Fig. 147. Bolryiis Bassiana, culture en goutte de 0 jours (gr. 2.*>(> diani.). Faut-il ajouter que dans sa vie parasitaire le Botrytis de la nius- •ciï" Fig. 148. , Bolryiis Bassiana, culture en goutte de 6 jours. Mise au poinl superficielle montrant le relie des grappes (grj 2.")G diam.). ET LA TEIGNE SPECIALE DE r.RCllY. 85 cardine, comme les trichophytons dans In vie parasitaire ne iuonlrc([iie •*Y4" é' "ï''-''\ '-V ' •■■•« ÇK tSft» il - 0* g* .« Fre. 149. Botrytis Bassiana, culture en goutte de 6 jours. Détail de la grappe [gr. 500 diam.i. xles mycéliums grêles ou sporulés, mais jamais de spores externes ce ie mm Fig. 150. Trachée respiratoire d'un ver à soie, envahie par le parasite de la muscardine. dans la vie en culture. Ainsi le prouve cette figure (150) qui montre le B. Bassiana végétant dans une trachée respiratoire de ver à soie. M LA TEIGNE TiildlOI'llYTlOlK LA TONDANTE A PETITES SPORES. — MALADIE DE GRUlîY MICROSPORUM AUDOUÎSI GRUBY Non seulement on croyait, jusqu'il ces derniers temps, à l'unité du Trichophyton ; non seulemenl on confondait entre elles les espèces de Iriehophytons endothrix, el celles-ci avec les tricliopliytons animaux, mais dans le tableau clinique grossier de la ïrichophytie on confondait une autre mveose humaine, tonte différente, n'ayant avec Fie. loi. Plaques multiples de lomlaule ii peliles spores de Griiliy, — après l'épilation. la trichophytie aucune ressemblance, si ce n'est qu'elle attaque le cheveu: une mveose aussi différente de l;i Iriehophvtio de tous sièges. dont nous venons de parler. <|iie peut l'être le Facus. Cette maladie esl pins fréquente que la teigne tondante trichophv- ti(jne. Elle attaque exclusivemenl le cheveu, et se caractérise par des plaques couvertes de squames grisâtres (Pityriasis alita parasitaire), plaques sur lesquelles les cheveux sont gris el décolorés. Quand ces cheveux malades sont épilés, leur portion radiculaire cassée dans l'épidémie dessine une cocarde grise, quelquefois marquée en surface par un centre el un liséré rouge (lîg. loi). Celle forme en cocarde ne s'observe que sur les lésions larges de I centimètres. Le microsporum Audouïni (Grùby) qui cause celle tondante spéciale ET LA TEIGNE SPÉCIALE DE GRCBY. 85 est, comme son nom l'indique, l'orme de spores extrêmement petites i'2-7> a) (li«r. 132). -' ■S — - '^.* . - - "-.Sïfe : •.$$■- -— - v^--**** -'-•Y..- •-■• • - i; s* ' O Oi ' ■ •> g i.vj. Micrugpurum iudoutni auloui' iln cheveu de l;i n ihiiii). X 45* " ' kl» <■■' * •' Fig. 155. La gaine aérienne du Microsporum Awlouïni autour du cheveu (gr. 200 diain. Ce parasite n'attaque pas l'intérieur du cheveu comme le trichophytoi 86 LA TEIGNE TRICHOPHTTIQUE endothrîx, il n'habite pas non plus exclusivement sn gaine folliculaire VU* .....V. •tr- a& % as & Fig. 154. L'enveloppe de spores du MicrosiponimAudouïni après décortication du cheveu (gr. 200 diam.). comme le irichophylon ectothrix; il forme autour de la partie radi- l l'iG. 1,').'). flicrosporum Auiluuïni autour du cheveu (gr. '200 diam. ET LA TEIGNE SPÉCIALE DE i.Itl'JïiY. eulaire el aussi de la partie aérienne du cheveu, dans la hauteur de ô millimètres environ une gaine continue de spores (iig. lôô). De plus, sa direction n'est pas ascendante comme celle de tous les trichophytons. S;i progression se fait au contraire en sens inverse de la croissance du cheveu, c'est-à-dire de haut en bas. Quand par l'action de la potasse on arrive à décortiquer le cheveu de son enveloppe de spores pour mettre en pleine lumière les fragments de cette gaine (fig. loi), on peul voir que les spores du parasite sont agrégées l'une près de l'autre, comme les cailloux d'une mosaïque, sans former de files articulées dis- tinctes (fig. 154 et ido). Qu'on suppose une baguette enduite de colle et saupoudrée de sable lin. Tel est l'aspect du cheveu atteint par le microsporum Audoumi. Ce parasite, admirablement décrit eu iSi," par M. Grûby sous le nom de microsporum Audouhii, lut nié pendant cinquante ans et ses caractères microsco- piques confondus avec ceux des trichophytons. Même au point de vue objectif, cependant, il s'en distingue, car sur une lésion non traitée, le cheveu qu'il entoure montre une gaine pseudo-épidermique •ni. i.iti. de 5 millimètres de haut, au-dessus de l'orilice pilaire. Culturedim-tedu /,, , i • • , • eheveualleinl et A semaines. Klles son l caractérisées par 1111 bouquel de duvel central parfaite- nicni blanc, autour duquel se forment peu ;'i peu une série de cercles concentriques duveteux, séparés par des cercles glabres. Si l'on porte ces semences sur la gélose peptone maltoséc (formule Fig. HiO. Fie. 161. Cultures du Microsporum Audouini sur milieu d'épreuve (~> el i semaines). n" 2) milieu d'épreuve, la culture donne lieu à un lapis duveteux d'un blanc grisâtre, amiantacé, le plus souvent marqué au centre par un ombilic duveteux saillant (fig. I GO, 161). La culture d'un grand no m lire d'exemplaires de ce lit? mycose permet de distinguer sur ce milieu d'épreuve quelques variétés <|ui semblent ET LA ïi;ii;\K SPÉCIALE DE GliOlJY. 8 Fig. 109. .Mycélium adullc du Microsporum Audouïnien culture (gr. 1250 diam.). Quand la culture vieillit, autour de certains points du mycélium, il se , \ :' * V i . A$&. . / ■ . •. t; $ * , % '«••■il K ' " 'Y ! ...■ * i *s • r y ■ ■.■■* ■;•. te Fie. 170. Mycélium vieilli du Microsporum (gr. 500 diam. 92 l..\ TEIG3E ÏIIICIIOI'IIYTKJUK forme, comme de la mousse sur un»* branche, «les eirrhes s donticnles sporifères (gr. 200 diain.). uiatiou des hyphes sporifères ue fructifient pas, el la culture s'arrête ;i ce point do sou développement. V . I — . • l s KiG. 17'.. Sporulation externe complète (gr. kJ.Mi diam.). Mais le végétal, quand les conditions de fructification lui sont plus pro- pices, forme surces rameaux contournés des organes spéciaux sporifères. M LA TEIGNE TRICIIOPIIÏTIQUE Sur un seul côté de ces rameaux, naissent par série dos excroissances ressemblant aux dents d'un peigne (fig. 177)). Sur ces excroissances prennenl naissance les spores externes, une sur chaque denticule; ces spores sonl très sessilcs, et d'une extrême fragilité (fig. 174). La place botanique du microsporum Âudouïni est discutable. Je ne crois pas qu'aucun système analogue (hyphe sporifcre pectinée) ait été décrit parmi les Mucédinées. En tous cas cette forme n'a rien de commun avec la grappe des Trichophytons et des Botrytis. El cette démonstration botanique appuyant la différenciation fondée sur l'examen microscopique et la culture permet de séparer nettement et définitivement la teigne à petites spores de toutes les trichophylies étudiées plus haut. ^ssi-J Imprimerie L.viri'iiK, 9. i lu Fleurus, ;i Paris' LA TEIGNE FAVEUSE Le Favus, comme nous l'avons signalé plus haut, a été confondu jusqu'au commencement du siècle avec les maladies les plus diverses du cuir chevelu, sous les noms génériques de Teigne, puis de Porrigo. La contagiosité de la « Tinea vera » de Lorry fut reconnue bien avant sa nature parasitaire, puisque ce n'est qu'après la découverte du champignon de la Muscardine, le Botrytis Bassiana, en 1835, que Schœnlein et Grùby entrevirent les parasites du Favus (1839) et des Teignes tondantes. La division des dermatoses en dermatoses simples, ce qui signifie uniquement que la cause en demeure encore inconnue, et en derma- toses parasitaires, permit enfin de consacrer, par la différenciation des parasites, la spécificité du Favus, déjà entrevue cliniquement depuis les travaux d'Alibert et de Biett. Le Favus, de même que la Trichophytie, peut atteindre les ongles (onychomycose faveuse) et lés parties glabres. Comme les Teignes tondantes, il est une maladie de l'enfance, Nous allons étudier avec le Dr Bodin les parasites qu'il a isolés de divers cas de Favus. L'étude de YAchorion Schœnleinii, au point de vue morpholo- gique, est moins avancée que l'étude du Trichophyton tonsarans. VAchorion Schœnleinii n'a pas encore sa place désignée dans la classification des infiniment petits. Les recherches du Dr Bodin nous font entrevoir toutefois la solution prochaine de cet intéressant problème : YAchorion Schœnleinii, loin de demeurer un type unique et indivisible, tend, comme le Trichophy- ton, à devenir le nom générique de toute une variété de parasites, auxquels correspondraient, chez l'homme et les animaux, autant de Teignes faveuses différentes. 96 ATLAS DE MICROBIOLOGIE L'ACHORION SCHŒNLEINII Dans le cheveu, le parasite du Favus occupe toujours une étendue assez considérable et se montre composé de mycéliums et de spores mycéliennes. Le champignon habite l'intérieur même du poil, sans le remplir Fig. 175. Cheveu favique (gr. 250 diam.). complètement. La direction générale de ses éléments est celle du cheveu, mais les mycéliums présentent des directions variables et irrégulières et peuvent faire avec l'axe du poil un angle plus ou moins ouvert, qui atteint quelquefois l'angle droit. Parmi les tubes mycéliens, il en existe de très petits, sans trace de division ; les plus nombreux sont assez volumineux et divisés en spores rectangulaires. FAVUS 97 Les spores l'urinent, soit des chapelets, soit de petits amas irré- guliers provenant de la division des tubes mycéliens. Elles sont inégales, toutes quadrangulaires ou anguleuses, et ne présentent jamais la forme arrondie. Ce fait est de la plus haute importance et permet de distinguer sûrement dans le cheveu YÂchorion du Trichophylon. Le groupement de YAchorion Schœnleinii est très évident dans la ligure 175, où Ton remarque combien la répartition en est irré- gulière. - -i. Fie. 176. Cheveu favique (gr. 250 diam.). Le cheveu représenté fig. 170 a été mis au point de manière à bien faire voir le double contour des éléments parasitaires, qui sont, dans cette préparation, colorés à l'éosine. La division des mycéliums se fait par tri et tétratomie, de sorte qu'un rameau mycélien, en se divisant, figure grossièrement des tarses. L'examen d'un godet favique sur une coupe parallèle à son axe y montre les mêmes éléments. Us y sont plus tassés que dans le 98 ATLAS DE MICROBIOLOGIE cheveu et présentent une disposition en forme de cône i\ som- met inférieur qui, sur une coupe verticale, donne grossièrement la figure d'un éventail (fig. 177). I/examen microscopique du champignon dans le cheveu et dans le godet ne saurait suffire pour son étude. 11 faut donc l'isoler et le cultiver sur des milieux nutritifs artificiels. Pour faire des cultures à'Achorion Schœnleinii, le premier point est d'avoir un milieu remplissant certaines conditions bien déterminées. Il faut aussi qu'on puisse le fabriquer toujours d'une façon rigoureu- r\ ■ w2" Variétés de lùin/s Le second l'ait importai)! c'est que, sur un même milieu, plusieurs cas de Kavus donnent des cultures très différentes. Ces différences persistent sur lous les milieux et, même après une longue série de Fie. 108. Fig. 199. Fig. 200. Types df> variétés d'Achori -ur agar peptonisé à 5 °/t. Fin. 201 passages successifs, demeurent irréductibles les unes aux autres. Fïg. 202 Fig. 203. Types de variétés d'Achorion sur agar peplonisé à ;j °/0. Fig. 204 Ces différences caractérisent-elles des espèces distinctes d'Achorion ou bien correspondent-elles simplement à des variétés d'une même espèce? La solution de ce problème ne peut encore être donnée d'une manière définitive, mais la similitude des réactions des Arborions 104 ATLAS DE MICROBIOLOGIE de provenance variée (Homme, Chien, Chat, etc., etc.) sur les milieux nutritifs d'une part, la ressemblance d'aspect et l'uniformité clinique des diverses espèces de Favus d'autre part, semblent appuyer la pre- mière hypothèse. Fig. 205. Favus de la poule sur agar peptouisé à 5 •/.. Fig. 206. Oospora canina (Gostantin-Sabrazès) sur agar peptonisé à 5 %• MM. Unna et Neebe ont isolé un certain nombre de variétés d'Acho- rion et leur ont donné des noms spéciaux. Nous avons reproduit fig. 105, J 00 et 197 plusieurs de ces champignons cultivés sur agar peptonisé à 5 pour 100. Nous avons pu nous-mème, en étudiant une cinquantaine de cas de Favus, en isoler quelques-uns dont les prin- cipaux types sont représentés page 105 (fig. 198 à 204). Enfin, à côté des variétés précédentes, il yen a d'autres qui ont reçu une dénomination spéciale, telle que : Favus du Chien, Favus de la Poule, Favus de la Souris, en raison de leur fréquence chez certaines espèces animales. M. Nocard, l'éminent Professeur de l'École Vétéri- naire d'Àlfort, nous a confié toute une série de cultures d'Âchorion. provenant de son laboratoire. Le Favus du Chien a été étudié tout par- ticulièrement par MM. Coslanlin et Sabrazès. 11 ne faudrait pas déduire toutefois de ces appellations que ces variétés d'Achorions ne puissent se rencontrer chez l'homme et soient spéciales aux espèces animales chez lesquelles on les a primitivement observées. FAVUS 10: Une longue série de culture sur des milieux artificiels et l'inocula- tion d'une espèce animale à une au Ire peuvent seules résoudre celle question importante de la multiplicité des « Teignes Paveuses ». ^ >i 0 diam.). g Fig Appareils coi _r. 500 diam. 106 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Le mode de reproduction du champignon n'est connu que dans le cheveu et dans l'épaisseur des éléments épidermiques. Chez les sujets atteints de Teigne Faveuse, YAchorion Schœnleinii se reproduit par spores mycéliennes. Fig. 209. Oïdies dans une vieille culture de Favus (gr. 300 diam.). Sur les cultures, on n'observe jamais de ces fructifications externes si remarquablesqui ont fait rentrer les Trichophytons dans l'espèce Bofn/fas. - Fie. 210. Formes de reproduction en bouquets de quelques cultures de Favus (gr. 150 diam. FAVUS 107 On constate simplement pendant les premiers jours une ramification irrégnlière du mycélium, puis vers le quatrième jour on voit se former, à l'extrémité des rameaux terminaux ou sur les rameaux latéraux, des renflements arrondis orésentant un double contour (lig. 207 el "208). Ces appareils conidiens ne tardent pas à se multiplier. Si on laisse vieillir les cultures, on ne rencontre plus au bout d'un certain temps que des oïdies arrondies d'un volume variable (fig. 209). Ces éléments se montrent isolés ou bien se groupent bout à bout en forme de chapelets. Fig. 211. Forme de reproduction en bouquet de quelques cultures de Favus (gr. 800 diam.). Il est évident que les spores mycéliennes et les formes oïdiennes ne constituent pas le mode de reproduction parfait du Favus. La sporulation externe de l'Achorion est encore à découvrir, d'où l'incer- titude de sa place définitive dans la classification des champignons. Il est en effet impossible de considérer comme des organes parfaits de fructification externe les éléments représentés figures 210 et 211. Ces sortes debouquets, portés par une hyphe terminale, nous semblent être le rudiment d'un appareil reproducteur externe dont nous n'avons ainais obtenu le complet développement. IMTYRIASIS VEKSICOLORE Le Pityriasis versicolore est une maladie bénigne de la peau qui <&Z* ■^ — « vin — S^°P i4M • iM 212. Microsporon furfur dans les squames épidcrmiques (méthode de Grarn) (gr. '200 diam. \ v Fig. 2: Microsporon. furfur dans les squames épidermiques (méthode de Gram) (gr. 500 diam. PITYRIASIS VERSICOLORE 109 se caractérise par des taches jaunes ou jaune-brun. Ces petites lésions sont tantôt isolées, tantôt réunies en groupes confluents, et elles 1 1 . V ' ' z* S i f* ,^ 1 »J- • ^ 2^b W. ' ^^^ ïg** s^^' r#*N vs r T Ji V Fie. 214. Microsporon fur fur dans les squames épidermiques (méthode de Gram) (gr. 500 diam.). ■ peuvent envahir dans certains cas d'assez larges surfaces sur le thorax, qui est leur siège de prédilection. ( ) / ^ >ig. 215. -Nid de spores du Microsporon vrjltr méthode de Grain) (gr. Ô00 diam.). La véritable nature du Pityriasis versicolore ne lut connue 110 ATLAS DE MICROBIOLOGIE qu'en 1840, époque à laquelle Eischteidt découvrit dans les lésions le champignon auquel on donna le nom de Microsporon fur fur. Fig. 2lfi. Spores et mycéliums du Microsporon furfur (méthode de Gram) (gr. 500 diam.). Dans les squames épidermiques, qui seules contiennent le parasite, le Microsporon furfur se présente sous la forme de mycéliums et de o. \ Fie. 217. Spores du Microsporon furfur colorées à l'éosine (après l'action de la potasse) (gr. 500 diam.). spores. Ces éléments sont toujours en très grande abondance, aussi leur recherche est-elle très aisée. PITYRIASIS VERSICOLORE 111 Les mycéliums sont courts, irréguliers, dirigés dans tous les sens, peu ramifiés, non segmentés et ne contiennent pas de spores. Sur les parties latérales ou à l'extrémité des mycéliums se voient des amas ou « nids » de spores. Ces amas, plus ou moins abondants, sont composés de spores iné- gales entre elles, mais toutes parfaitement rondes. Elles présentent un double contour très net dans les préparations colorées à l'éosine après chauffage dans la solution de potasse à 40 pour 100, suivant la méthode de M. Malassez (fig. 217). Avant de traiter les squames épidermiques par la potasse en solution concentrée, M. Malassez conseille de dissoudre les gouttelettes grais- seuses qui les imprègnent par un séjour de plusieurs heures dans un mélange à parties égales d'Éther à 65° et d'Alcool absolu. Le Microsporon fur fur se colore parfaitement par la méthode bien connue de Gram (fig. 212 à 216). ÉRYTHRASMA Le champignon de l'Érythrasma (Microsporon minutissimum de * • • * Fia. 218. Microsporon tninulisximum (méthode de Gram) (gr. 800 diam.). Fig 219. Microsporon minutissiinitm (mélhodc «le (ira.: lOllil diam.). KRYTHRASMÀ 113 Burchkardt), se montre, dans les squames épidermiques, sous la forme d'éléments extrêmement petits. T Fig. 220. Amas de spores du Microsporon minutissimum (méthode de Gram) (gr. 1000 diam.). Les mycéliums sont courts, peu ramifiés, dirigés en tous sens comme ceux du Pityriasis versicolore et ne contiennent pas de spores. Fig. 221. Microsporon minutissimun dans les squames épidermiques (méthode de Gram) (gr. 1000 diam.). Ces dernières forment des amas très irréguliers d'aspect et de dimen 11 i ATLAS DE MICROBIOLOGIE sions : elles sont inégales entre elles et n'ont pas toujours la forme arrondie. La disposition de ces éléments rappelle beaucoup ceiie que Ton observe dans le Pityriasis versicolore, mais il est facile de voir, aux seules dimensions, que le Microsporon minutissimum se distingue nettement du Microsporon fur fur. L'exiguïté très grande du parasite exige donc toujours des recherches microscopiques à de forts grossissements. On trouve aisément et en abondance le Microsporon minutissimum dans les lésions qui constituent la maladie. Ces lésions sont des taches arrondies et à contours bien nets, de couleur rouge pâle ou brun foncé. On les observe tout particulièrement à la face interne des cuisses et dans les plis inguino-scrotaux. C'est une affection beaucoup plus fréquente qu'on ne pourrait le penser, mais d'une bénignité absolue. Le Microsporon minutissimum, comme le Microsporon furfur, se colore par la méthode de Gram. OÏDIUM Les Oïdium sont, des champignons inférieurs d'une structure très simple. Les microbiologistes ne cultivent guère sur les milieux artificiels que deux espèces d'Oïdium : V Oïdium luteum et l'Oïdium lartis. Nous décrirons ce dernier en raison de sa diffusion dans la nature. OÏDIUM lactis. L'Oïdium lactis est ainsi nommé parce qu'il est un des Saprophytes Fig. 222. Oïdium lactis. Culture jeune sur agar-agar (500 diam.). du lait. Nous représentons fig. 222 le mode de développement des tilaments raycéliens à la surface d'une plaque d'agar-agar. Le mycélium présente de nombreuses cloisons et se ramifie en l'orme de fourche. La croissance de YOïdiiim lactis est beaucoup (dus rapide sur les milieux liquides. Les filaments mycéliens prennent alors en vingt-quatre heures un développement considérable, et on observe déjà au bout de ce temps ne ATLAS DE MICROBIOLOGIE la production des spores caractéristiques de l'espèce Oïdium, Fie. 223, Oïdium Jadis. Chambre humide Culture de 24 heures (iOO diara ). Les spores, sur la figure 2*25, oui été dissociées par la simple appli- cation de la lamelle. ,-,- N V y -v-„v W Fie. 224 Oïdium lactis. Culture sur agar-agar (150 diam.). La figure 224 est destinée à faire voir le mode de fructification de l'Oïdium laclis. On y remarque plusieurs rameaux mycéliens fructifères qui se terminent chacun par un chapelet de spores rectangulaires. OÏDIUM 117 On peut voir la germination d'une de ces conidies en haut et à droite de la figure. f s Fie. 225. Oïdium lactis. Culture sur agar au moût de bière, âgée de 10, jours (400 diam.), Les conidies de l'Oïdium lactis présentent comme particularité Fie. 226. Oïdium lactis. Culture sur agar (nié.hode de Gram) (1000 diam,). leur aspect rectangulaire, qui est plus ou moins marqué suivant les milieux. Cette particularité est des plus saillantes sur les fig. 225 et 226, qui 118 ATLAS DE MICROBIOLOGIE représentent, l'une sans coloration, l'autre, après coloration par la méthode de Gram, des cultures d'Oïdium lactis sur agar au moût de bière et sur agar peptonisé. Fig. 227. Tiïchophyton du cheval. Culture de 17 jours (méthode de Gram) (1000 diam.). On sait que YOïdium lactis a été longtemps confondu avec les para- sites des teignes. Fie. 228. Trichophyton de l'homme (méthode de Gram) (1000 diam.). Quelques auteurs, partisans exagérés du transformisme des espèces, OÏDIUM 119 ont prétendu que les teignes étaient toutes dues sans distinction à ce champignon. Cette analogie n'est pas soutenable, et les simples préparations colo- rées par la méthode de Gram démontrent qu'on ne saurait confondre V Oïdium lactis avec les diverses espèces de Trichophyton et de Favus. En effet, si les fig. 226, 227, 228 et 220 semblent de prime abord offrir une certaine similitude au point de vue de l'aspect des filaments mycéliens et de leur gaine, il en est tout autrement de l'aspect des /-> 1^ •** "■*"- % a. V *- v Fis. 229. Achorion Schœnleinii. Culture sur agar (Préparation par la méthode de Gram) (1000 diam.) spores. Les conidies de YOïdium lactis sont rectangulaires (fig. 225 et 226), tandis que celles du Trichophyton sont ovales et en forme de larmes (fig. 227, 228). Quant au Favus, les préparations faites avec les cultures de ce para- site par la méthode de Gram ne donnent qu'un mycélium irrégulier, mal coloré, et on n'y rencontre aucune trace de spores (fig. 220). ACTION BIOLOGIQUE L'Oïdium lactis est Saprophyte; on a prétendu, mais sans preuves à l'appui, qu'il était un des agents de la fermentation lactique. Il peut, en se développant à la surface de certains liquides sucrés, provoquer une faible fermentation alcoolique. rtolrix violacea et de plusieurs autres. Rien mieux, Gasperini a démontré récemment (1801) que, en prati- quant des séries d'inoculations sur le chien, on pouvait déterminer expérimentalement plusieurs espèces d'Actinomycose correspondant à des Streptotrix déjà décrits. Nous allons étudier successivement, parmi les Streptotrix patho- gènes, le Streptotrix de l'Actinomycose, le Streptotrix du Pàrcin du bœuf et le Streptotrix du Pied de Muduru. 136 ATLAS DE MICROBIOLOGIE ACTINOMYCOSE L'Actinomycose est une maladie infectieuse qui reconnaît pour cause la pénétration dans les tissus d'un parasite végétal, le Streptotrix Actinomyces. L'Actinomycose, très fréquente en Allemagne chez les bovidés, y est également observée chez l'homme. Eu France, l'Actinomycose de l'homme est encore une maladie exceptionnelle, bien que les observa- tions d'origine animale ne soient pas très rares. Langenbeck, Lebert et Robin furent les premiers auteurs qui étu- dièrent le pus actinomycosique. Lebert a reconnu et figuré dans son atlas des conidies ou sortes de crosses telles qu'on les représente aujourd'hui (1845, 1871). Rivolta et Perroncito (1868, 1875), étudiant de plus près ce que l'on désignait sous le nom d' « ostéosarcome de la mâchoire inférieure du bœuf», séparèrent l'Actinomycose du cancer et établirent définitive- ment la relation entre le parasite et la maladie. Bollinger lui donna le nom d' Actinomyces bo vis (Champignon rayonné) (de ôxTfç — rayon). Israël fit porter ses recherches sur l'Actinomycose de l'homme et identifia l' Actinomyces du bœuf et celui de l'homme. Il n'y avait en France qu'une observation depuis celle de Lebert (Nocard), lorsque coup sur coup nous en publiâmes trois cas pro- venant des environs de Reims (Académie de médecine 1891 — Congrès de Londres 1891). Depuis, nous avons eu l'occasion d'opérer trois nouveaux malades atteints, deux, d'actinomycose de la joue, le dernier, d'actinomycose thoracique; Netter et Darier en ont rapporté égale- ment chacun un cas. Les observations de Guermonprez sont sans valeur scientifique. STREPTOTRIX 137 Cliniquement, l'Actinomycose donne lieu chez l'homme à des lésions chroniques qui aboutissent à la suppuration. Chez le bœuf, au con- traire, le parasite détermine la production de masses dures qui peuvent, à un examen superficiel, donner lieu à une fausse interpré- tation et simuler un sarcome. Chez l'homme, les abcès sont enclavés dans une infiltration dure et lardacée des tissus voisins. Ils ne sont pas toujours franchement fluctuants, grâce à la présence de fongosités. Ces foyers finissent par s'ouvrir à la peau en formant de longs trajets sinueux, ramifiés, et remplis de fongosités d'aspect violacé et ecchymotique. La zone d'envahissement est la zone périphérique, où l'on trouve quelque- fois des abcès fermés et sans communication avec les clapiers fistuleux. La maladie frappe particulièrement la face (infection buccale), le thorax (infection pulmonaire), l'abdomen (infection intestinale). D'où la classification de Firket : formes cervico-maxilhire, thoracique et lombo-abdominale. Le parasite est susceptible de s'inoculer dans tous les points de l'éco- nomie ; l'infection peut rester locale ou se généraliser et donner nais- sance à des foyers secondaires analogues à ceux de la pyohcmie. L'Acti- nomyces pénètre dans le sang et forme des embolies septiques comme le staphylocoque doré. Le pus aclinomycosique est caractérisé par la présence, au milieu d'un liquide séreux, séro-sanguinolent ou franchement purulent, de petits grains jaunâtres dont le volume varie d'une graine de pavot à un grain de millet. Les grains constituent l'élément caractéristique de la maladie. Le grain sphérique peut lui-même être fragmenté et dissocié en un certain nombre de masses secondaires arrondies. On peut rencontrer certains grains qui résistent à l'écrasement et crient sous le scapel : il s'agit en pareil cas de dégénérescence calcaire. Nous avons réuni, parmi de nombreuses préparations d'Actinomy- cose du bœuf et de l'homme, celles qui nous paraissaient les plus démonstratives. Nous avons ainsi figuré l'Actinomyces sous ses dif- 138 ATLAS DE MICROBIOLOGIE férents aspects : dans les grains, dans les coupes des viscères des ani- maux et de l'homme, dans le pus, dans les parois des abcès et trajets fistuleux, dans les cultures; nous relaierons enfin les résultats obte- nus par l'inoculation aux animaux. La méthode la plus simple, la moins parfaite, celle qui a permis cependant aux anciens observateurs, tels que Lebert, de décrire la l Fig,255. Actinomycose de l'homme. Grain préparé par écrasement (gr. 200 diam.). maladie, consiste à écraser entre deux lamelles, à l'aide d'une douce pression, un grain trais d'Aclinoniycose. Il est facile, après quelques ess;iis, de réaliser ainsi une ligure analogue à celles qui sont représentées (fig. 255 et 256), c'est-à-dire une masse centrale, composée d'un amas inextricable, non apparent à ce grossissement, de filaments entre-croisés. Ce mode de recherche n'établit qu'un seul fait; la forme sphérique du grain et sa dispo- sition rayon née : on arrive à soupçonner, à la périphérie des rayons, des formes arrondies, qu'on a appelées, faute de mieux et sans être fixé sur leur rôle, du nom de crosses. STREPTOTRIX 139 Tout autour des grains existent des amas cellulaires. Ces cellules offrent des dimensions variées. Celles qui avoisincnl immédiatement la périphérie du grain sont grandes, à gros noyau, et rappcllenl les cellules épithélioïdes; elles peuvent recevoir la terminaison de cer- tains filaments mycéliens; niais il faut se garder de les confondre avec les crosses proprement dites. Plus loin, on rencontre des cellules rondes en grande abondance, > à < ' •■ -.LV ::■■■ Fig.256. Actinomvcose de l'homme. Grain préparé par écrasement (gr. 400 diamètres) ce qui donne, à un faible grossissement, aux foyers actinomyco- siqucs, l'aspect de foyers tuberculeux d'une certaine étendue. Ces amas cellulaires sont réunis entre eux par une gangue librillaire extrême- ment délicate et lâche : ce qui explique la facilité avec laquelle on peut énucléer de petits grains jaunes dans l'actinomycose du bœuf, par exemple. Mais cette méthode rudimentaire a fait place à des procédés tech- niques plus perfectionnés, dont le plus simple est la dissociation de grains actinomycosiques et leur coloration par le picro-carmin à 140 ATLAS DE MICROBIOLOGIE l'étal frais, ou mieux à l'aide des couleurs d'aniline après dessicca- Fig. 257. Actinomycose du bœuf. Dissociation d'un grain frais (gr. 1000 diam.). tion sur une lamelle, comme on le pratique pour les autres examens bactériologiques. Les fig. 257 à 260 représentent des dissociations de grains actino- Fig. 258. Actinomycose du bœuf. Dissociation (gr. 1000 diam.). mycosiques provenant d'une langue de bœuf qu'a bien voulu nous confier le Pr Macé de Nancy. On dislingue sur ces diverses préparations STREPTOTRIX 141 el particulièrement sur les fig. 2<*)7 et 258, les ramifications îles fila- Fig. 259 Actinomycose du bœuf. Dissociation (gr. 700 diam.). ments actinomycosiques, ramifications analogues à celles des autres Streptotrix. Sur la fig. "257, les erosses sont rudimentaires ; on les observe beaucoup plus nettes dans les figures suivantes. Elles se Fig. 260. Actinomycose du bœuf. Dissociation (gr. 1000 diam.). montrent particulièrement volumineuses dans la 9.g. 260, où elles terminent un groupe de filaments rayonnes et bifurques à leur 142 ATLAS DE MICROBIOLOGIE extrémité. Ces quatre préparations ont été colorées, après dissociation et dessiccation sur une lamelle, parla méthode de Weigerl. Il peut être intéressant d'étudier les rapports des filaments et des conidics. On obtient à cet effet des préparations démonstratives en colorant d'abord le grain dissocié par la méthode de Grain et en faisant une double coloration par le carmin ou l'éosine. On distingue alors assez nettement (lig. 201 cl 262) que certains filaments actinomyco- siques se terminent par un petit rendement coloré en violet foncé, &, ^ fc v'.'„. , ;iS^< * «TV ' i**~ i ^^ Fig. 261. Actinomycose du bœuf. Dissociation (Cornil) (gr. 1000 diam.). situé au centre d'une crosse assez volumineuse et teintée elle-même en rose pâle. On observe, à la partie supérieure de la fig. "201, un de ces filaments à extrémité renflée, entouré d'une crosse piriforme. Le centre de la colonie est dill'us par suite de l'épaisseur du feutrage, qui n'a pu être entièrement dissocié. Le groupe de filaments situé à droite de la ligure présente à sa partie supérieure une série de ramifications dichotomiques, terminées par de petits rcnlleiiienls en l'orme de boulon. Les crosses sont plus nombreuses sur la fig. 202, où l'on en remar- quera un groupe de 8 à 10. La teinte rose de ces crosses était telle- STREPTOTRIX 143 ment pâle qu'il a été impossible de les photographier avec toute la netteté de contours désirable. Il existe également, à gauche de ee groupe de crosses, quelques terminaisons en bouton de filaments actinomycosiques. L'un de ces boulons terminaux, le pins rapproché -*• *. ■■.£?> . • .y;*. .-■ S" ,t Fie. 266. Rein de bœuf. Actinomycose (gr. 500 diam.) (Nocard). ment le ramollissement des tissus qui l'entourent et la formation d'abcès; l'absence de crosses y est presque constante. Ces particularités sont évidentes si l'on prend soin de comparer aux figures 257 à 270 (actinomycose des bovidés) les figures 271 à 278 (actinomycose de l'homme). Les préparations ont été faites par raclage, écrasement ou dissocia- lion des grains des premiers cas d'actinomycose que nous avons étudiés à Reims (actinomycose de la joue, actinomycose de la base delà langue, actinomycose de la plèvre et actinomycose péritonéale et viscérale). La dissociation est ici poussée très loin, les filaments sont nettement Lolés, les ramifications aussi variées Que possible. U8 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Fig. 267. Actinomycose. Langue de bœuf (gr. 700 diam.). Fig. l2C8. Actinoinvcose. Langue de bœuf (gr. 800 diam.). STREPTOTRIX U9 •H F». 269. Actinomycose. Langue de bœuf (gr. 800 diam.). Fie. 270. Actinomycose. Langue de bœuf (gr. 800 diam.). 150 ATLAS DE MICROBIOLOGIE La figure 271 montre, au milieu de mycéliums ramifiés en petit x ^ ££:^k : fe ■ Fig. 271. Actinomycose de l'homme (abcès de la joue), dissociation d'un grain (gr. 600 diam.). nombre une quantité de petits bâtonnets, incurvés ou en spirale et non sans analogie avec une culture du choléra asiatique. Fig. 272. Actinomycose de l'homme (abcès de la joue), dissociation d'un grain (gr. 800 diam.). Les ramifications sont plus abondantes dans la figure 272, qui se STttEl'TOTRIX 151 rapporte également à un cas d'actinomycose suppurée de la joue chez l'homme. Fig. 273. Actinoniycose de l'homme (abcès de la joue), dissociation d'un grain (gr. 800 diam.). Les figures 275 et 274 montrent nettement les ramifications di / ' . ■<■ ' \ Fie. 274. Actinomycose de l'homme (abcès sub-lingual. dissociation d'un grain (gr. 1000 diam. champignon; en aucun point on n'observe de crosses. 152 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Les figures 275 à 277 représentent au contraire de petites touffes d'éléments très courts provenant d'un cas d'actinomycose viscérale. On peut se rendre compte, en comparant les planches 271 à 277, qui proviennent de trois malades différents, que l'actinomycose ne se pré- sente pas sous une forme toujours la même. Le type en reste identique : c'est bien toujours un Actinostreptotrix; mais le volume, l'épaisseur, 1 \ */ ■ O, 7~ &WV- i V -r »?r* ^p Fie. 275. Fig. 276. Actinomycose de l'homme (abcès pelvien), Actinomycose de l'homme (abcès pelvien), dissociation d'un grain (gr. 800 diam.). dissociation d'un grain (gr. 1000 diam.). la longueur des filaments diffèrent : ici les filaments sont allongés, rappelant de loin de longs Leptotrix, et les bifurcations se trouvent à des distances très appréciables (fig. 274); là le parasite est ramassé sur lui-même, les branches sont courtes, nombreuses, condensées autour d'un filament très grêle. Certains de ces mycéliums, très fragmentés par l'écrasement, rappellent la gracilité et l'incurvation des bacilles tuberculeux. Ces particularités sont restées constantes dans un nombre considérable de préparations. Nous croyons qu'il n'est pas illogique de conclure qu'il existe entre l'actinomycose de l'homme et celle des animaux des caractères diffé- STREPTOTRIX 1J3 rentiels marqués, que l'actinomycose de l'homme n'est pas une et que des parasites d'espèce très voisine peuvent donner lieu à des manifes- tations pathologiques identiques, décrites jusqu'ici en bloc sous le nom d'actinomycose. Ces conclusions, que nous émettions au Congrès d'hygiène de Londres dès 1891, nous semblent actuellement corroborées par les recherches r r ■- -''■■- ft \ 0 7 Fie. 277. Actinomycose de l'homme (abcès pelvien), dissociation d'un grain (gr. 1000 diam.). si remarquables des Drs Rossi Doria et Gasperini sur les Streptotrix et sur les actinomycoses expérimentales déterminées par l'inoculation aux animaux des divers Streptotrix de l'air ou du sol. Bien plus, le parasite peut être observé à différents stades de son développement, correspondant à des variations de virulence qui nous * ont paru incontestables. Les formes jeunes, à mycéliums courts, comportent, à notre avis, une gravité plus grande, une tendance plus marquée à la généralisa- tion; ce sont elles qui nous ont donné des inoculations positives. Les formes allongées et ramifiées se rencontrent de préférence dans les foyers anciens. 154 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Nous avons reproduit (fig. 278) une des rares préparations où nous ayons pu déceler la présence de crosses véritables, nous refusant à considérer comme telles les cellules épithéliales ou lymphatiques déformées et arrondies dans lesquelles se terminent certains fila- ments; ce sont à peu près les seules qui aient été rencontrées dans les préparations de six cas d'actinomycose que nous avons étudiées. Ces crosses sont presque sphériques, en forme de bouton, et moins volu- mineuses que celles du bœuf. Nous avons été appelés, peu de temps après la publication de nos V - / "' V \ Fig. 278. Actinomycose de l'homme (abcès pelvien), dissociation d'un grain. Crosses (gr. 1000 diam.). deux premiers cas d'actinomycose chez l'homme, à donner nos soins à un malade dont l'histoire a été partiellement relatée au Congrès d'hygiène de Londres, en 1891. Nous pouvons ajouter aujourd'hui à cette observation, alors incomplète, la relation des dernières phases de la maladie, ainsi que le résultat de nos cultures et des inoculations aux animaux. 11 s'agissait d'un individu ayant présenté les symptômes de l'appen- dicite à rechutes. Après des alternatives de rémission et d'accidenls aigus, un phlegmon se développa au niveau de la région iliaque droite et fui incisé parallèlement à l'arcade crurale ; le pus, cultivé, demeura stérile (novembre 1890). La plaie bourgeonna et le malade reprit ses occupations. Il subsistait un trajet lisluleux peu étendu sans induration STREPTOTRIX 155 manifeste. Étonnés de la durée de la cicatrisation et mis en éveil par l'observation de nos précédents malades, nous fûmes amenés à recueillir une goutte du pus, qui suintait d'ailleurs en fort petite quantité de la fistule. Ce pus, étalé sur une lame de verre, nous laissa voir deux grains très petits, qui furent aussitôt examinés. Le diagnostic d'acti- nomycose établi, le malade fut tenu en observation. Il accusa, quelques mois plus tard, dans la région de l'aine gauche, des douleurs d'abord légères, puis très vives, qui aboutirent à la formation d'une volumi- neuse collection fluctuante, sans rougeur de la peau, ni inflammation notable. On observait cependant une fièvre vive à exacerbation vespé- rale. L'incision donna issue à un nombre considérable de grains net- tement isolés du volume d'une graine de pavot à celui d'une lentille, les uns jaunes, les autres noirs, d'autres enfin grisâtres, en suspension dans un liquide pyo-sanguinolent, qui se coagula aussitôt son émis- sion, en emprisonnant tous les grains dans un réseau abondant de fibrine. Le foyer fut curé, tamponné à ciel ouvert et le malade se remit assez rapidement de cette rechute. La guérison complète des fistules ne put être réalisée ; et après des alternatives variées et l'ouverture de nouveaux abcès dans la région lombaire, le malade succomba à la cachexie. A l'autopsie, nous pûmes constater que le foyer caecal primitif s'était étendu par pro- pagation à la fosse iliaque gauche : de nombreux trajets à parois grisâtres existaient en avant de la colonne vertébrale et formaient un trait d'union entre les foyers des deux régions inguinales; tout autour, des adhérences péritonéales et une péritonite chronique localisée. Rien au foie, aux poumons, aux reins, ni à la rate. L'appen- dice iléo-caecal fut trouvé augmenté de volume, infiltré, et atteint d'appendicite chronique : la maladie paraît avoir débuté par cet organe. Nous avons ensemencé les grains sur des tubes d'agar ordinaire, qui restèrent à l'étuve environ trois semaines. Beaucoup se couvrirent de colonies banales de staphylocoques pyogènes. Les grains restés indemnes furent portés à l'aide d'une aiguille stérilisée sur une lame 156 ATLAS DE MICROBIOLOGIE de verre également stérile et dissociés dans un peu d'eau de façon à • • F». 379. Actinomycose de l'homme. Culture dans le bouillon (gr. 1000 diam.). • , s- - f • ' • . S « J V A . Fig 280. Actinomycose de l'homme. Culture dans le bouillon (gr. 1000 diam.). obtenir une sorte de pâte, qui fut transplantée sur des tubes de sérum gélatinisé. STREPTOTRIX 157 Le développement des colonies se montra très lent. Le premier phénomène appréciable fut l'enfoncement des grains qui parurent s'implanter dans le sérum en augmentant de volume et s'entourèrent d'une aréole laiteuse. Ces premiers rudiments de culture furent transplantés dans des tubes de bouillon et de sérum liquide et donnèrent alors les aspects que représentent les figures '279 et 280. On ne rencontre guère, en effet, Fig. 281. Actinomycose de l'homme. Culture dans le bouillon (gr. 1000 diam.). dans les préparations, que des courts filaments isolés et incurvés de diverses manières, simulant à s'y méprendre de courts spirilles. Nous avons vu que ces aspects s'observaient aussi dans le pus à l'état frais. Çà et là on rencontre quelques filaments allongés. Des cultures plus âgées, provenant de notre cas d'actinomycose thoracique, nous ont donné des touffes d'Actino-Streptotrix (fig. 281), touffes analogues à certaines préparations de pus de l'actinomycose de l'homme (voir fig. 275 et 276). 158 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Nous avons transplante ces cultures dans le bouillon sur l'aéar et sur le sérum gélatinisé. Jamais nous n'avons pu obtenir sur les milieux solides ces cultures vivaccs qui caractérisent les cultures des Slrcplotrix sapro- phytes et de l'Actino-Streptotrix du bœuf. Ce dernier se développe sur la gélose en formant des colonies Fig. 282. Fig. 283. Fig. 284. Actinomycose du bœuf(Macé). Actinomycose de l'homme. Actinomycose de l'homme. Culture sur agar. Culture sur agar (Kraj). Colo- Culture sur agar (Kral). ration par la méthode de Gram (gr. 1000 diam.). jaunâtres très analogues aux colonies des Streptotrix de l'eau. La ligure 282 représente une culture de l'aclinoniycose du bœuf provenant du laboratoire du l"' Macé de Nancy. Nous avons eu un grand nombre de cultures analogues provenant du laboratoire de M. Nocard. Ces cul- tures, quand elles sont anciennes, blancliissenl à leur surface et se couvrent d'une fine poussière crayeuse. Sur certains milieux, sur la poiiïii c de tenu; par exemple, on peul * obtenir des cultures exubérantes dont la surface fiuil par prendre l'aspect d'une couche mince de fleur de soufre. STREPTOTRIX 159 La ligure 284 représente une culture d'actinomycose de l'homme qui provient du laboratoire de Kral, de Prague. Cette culture s'est montrée en tous points identique à celle que nous possédions de l'actinomycose du bœuf. L'examen de cette culture sur lame de verre donne d'ailleurs, ligure 285, des préparations absolument ana- logues à celles des Streptotrix Saprophytes (voir fig. 255). Fig. 2S5. Actinomycose de l'homme. Culture dans le bouillon. Ces différences constantes entre les cultures figurées page 158 et celles que nous avons obtenues de divers cas d'actinomycose humaine nous donnent à penser que, dans les cas d'actinomycose viscérale qui ont servi de point de départ à nos tentatives de cultures, il s'agissait d'un champignon d'une origine différente. Les cultures de l'actinomycose de l'homme se développent dans le bouillon sous forme de petits flocons d'un blanc jaunâtre qui s'en- tourent d'un fin chevelu (fig. 285), et offrent une certaine analogie avec les cultures de Streptotrix sur le même milieu (voy. fig. 252). Le bouillon reste limpide. 100 ATLAS DE MICROBIOLOGIE ASSOCIATIONS CRYPTOGAMIQUES DE L'ACTINOMYCOSE L'Àctinomyces est assez fréquemment associé, dans les foyers sup- pures, à des microbes pyogènès, auprès desquels il se développe libre- ment. Mais, à coté de cette association banale de l'Actinomyces et des staphylocoques pyogènès, nous croyons devoir signaler un commensa- • X / / Fie. 286. Actinomycose de l'homme. Dissociation d'un grain. Leptotrix et Streptotrix (gr. 1000 diam.). lisme plus rare et aussi plus digne d'intérêt, celui du Leptotrix buc- calis. Nous l'avons observé chez deux malades différents. Le premier cas se rapporte à ce malade dont l'histoire est relatée plus haut et qui succomba à une infection actinomycosique viscérale à foyers multiples. Chez ce sujet, certains foyers contenaient à l'état de pureté l'Actino- streptotrix, tandis que d'autres, à l'examen des grains, présentaient une série de filaments enroulés en spirale. Ces filaments présentaient parfois une longueur énorme; ailleurs ils se montraient segmentés en STREPTOTRIX 161 courts articles (fig. 284). Mais toujours ils demeuraient distincts des Strcptotrix actinomycosiques, reconnaissables à leurs dimensions beaucoup plus grêles, auxquels ils se trouvaient mêlés. Ces filaments bactériens étaient souvent enroulés d'une façon très bizarre, comme en témoignent les fig. 287 et 288. 1 &r "s V Fie. 287. ' Actinomycose abdominale. Actinomyces et Leptotrix (gr. 500 diara.). Fig. 288. Actinomycose de l'homme. Infection mixte. Dissociation d'un grain. Leptotrix enrome en glomérule (gr. 1000 diam.). Cette dernière figure est particulièrement curieuse, car le Leptotrix y a pris pour ainsi dire la forme d'un glomérule. „ Les dimensions et l'aspect de ces filaments rappelaient assez exactement ceux du Leptotrix buccalis. Afin d'en déterminer la nature, nous avons cherché à étudier le Leptotrix buccalis. Nous avons particulièrement rencontré ce champignon dans les produits caséeux des dents cariées et dans les concrétions amygda- liennes. Nous avons obtenu diverses préparations donnant des aspects variables. Les fig. 289 et 290 montrent, sans coloration, le Leptotrix buccalis au grossissement de 120 et de 400 diamètres. On remarque, dans ces 162 ATLAS DE MICROBIOLOGIE préparations, de longs filaments en faisceaux enchevêtrés, sans trace » .. ■.. Fig. 289. Leptotrix buccalis. Dent cariée (gr. 120 diam.). de ramifications. Il ne faut pas confondre ces Leptotrix avec d'autres Fig. 290. Leptotrix buccalis. Carie dentaire (gr. 400 diam.). parasites que l'on rencontre également dans le tartre dentaire, et STREPTOTRIX 163 tels que la colonie représentée fig. 291, au grossissement de 7 Fie. 291. Mycose buccale (muguet?) (gr. 200 diam.). 200 diamètres. La préparation n'est pas colorée. Il s'agit d'une moisis- sure analogue au champignon du muguet. Fig. 292. Mycose pharyngée. Concrétion de l'amygdale. Dissociation (gr. 1000 diam.). 164 ATLAS DE MICROBIOLOGIE L'analogie du Leptotrix de provenance buccale avec le Leptotrix observé dans notre cas d'actinomycose abdominale est particulière- ment frappante quand on colore les préparations par les méthodes de Gram ou de Weigert. Fig. 293. Actinomycose de l'homme. Infection mixte. Culture de Leptotrix et de Streptotrix (gr. 1000 diam.). On obtient alors avec le Leptotrix buccalis des images analogues à / .^^c^^v /' Fic. 294. Actinomycose de l'homme. Infection mixte. Culture do Streptotrix et de Leptotrix (gr. 1000 diam.). celle de la fig. "292, dont les filaments offrent une similitude d'aspect remarquable avec ceux des fig. 287, 288, 295, 294 et 295. Nous avons cultivé ces grains d'infection mixte comme les grains STREPTOTRIX 165 où le Streptotrix se trouvait à l'état de purelé, et nous avons obtenu sur le bouillon des cultures où le Leptotrix s'est développé conjointement au Streptotrix (fig. 295 à 295). Nous avons même réussi à obtenir quel- ques cultures de Leptotrix sur milieu liquide. \ S Fig. 295. Actinomycose de l'homme. Infection mixte. Culture de Streptotrix et de Leptotrix (gr. 1000 diam.). NOUVEAU CAS D'INFECTION MIXTE (ACTINOMYCES ET LEPTOTRIX) Au moment où nous terminions ce chapitre, nous avons observé un nouvel abcès de la joue, développé chez une malade de Charleville, et qui donna à l'incision un pus séro-sanguinolent contenant plusieurs grains. Le diagnostic d'Actinomycose nous sembla probable au premier aspect, d'autant mieux que les parois de l'abcès étaient indurées et se reliaient, par un cordon du volume d'une plume de corbeau, à la mâchoire supérieure, au voisinage de la seconde grosse molaire. Le pus fut recueilli dans un tube stérilisé. La dissociation des grains nous réservait une surprise plus grande encore que celle de notre cas d'Actinomycose abdominale, car ces grains étaient formés principalement de paquets énormes de Leptotrix enroulés comme des nattes de cheveux et offrant les dispositions bizarres que représentent à des grossissements variés les figures 296, 166 ATLAS DE MICROBIOLOGIE 297 et 298. Ces filaments, qui ne semblent pas ramifiés dichotomique- '■ •^. - ^< ^ /*% >v<** ■S/_j •r'ïjÀ *s* -- ..— " >S.^"t w& '.- '■ ' Fis. 296. Abcès de là joue. Leptotrix en faisceaux (gr. 150 diam.). ment, sont plus volumineux peut-être que dans le cas signalé plus haut. <■ Fig. 297. Abcès de la joue. Leptotrix en faisceaux (gr. 200 diam.). A un grossissement de 1000 diamètres on remarque qu'ils sont STREPTOTRIX *67 d'épaisseur assez inégale. On observe au milieu d'eux un grand Fig. 5298. Abcès de la joue. Détail d'une touffe de Leptotrix (gr. 600 diam.). nombre de petits bâtonnets irréguliers qui paraissent être des formes &&*2è> ■48 '-Ta. ! -=£- .". % H^»? Fig. 299. Abcès de la joue. Leptotrix et courts filaments (gr. 1000 diam.). très 'jeunes d'Actinomyces analogues aux éléments représentés 168 ATLAS DE MICROBIOLOGIE plus haut. Les cultures, qui ne sont faites que depuis une quinzaine de jours, ne donnent pas jusqu'ici de développement sur l'agar-agar; elles seront transplantées sur le sérum. Ces particularités témoignent que le pus ne contenait pas de microbes pyogènes vulgaires. INOCULATION AUX ANIMAUX / Fio. 500. Actinomycose de l'homme. Inoculation du Streptotrix dans le péritoine du lapin (gr. 1000 diam.). Nous avons fait différentes tentatives d'inoculation aux animaux. Fie. 301. Actinomycose de l'homme. Infection mixte. Inoculation du Leptotrix dans le péritoine du lapin (gr, 500 diam.). Les résultats les plus satisfaisants nous ont été donnés par l'injec- STREPTOTRIX JG9 tion dans le péritoine clos lapins d'une éinulsion de crains frais disso- ciés et piles dans de l'eau stérilisée. Nous sommes ainsi arrivés à déterminer dans certains cas la pro- duction d'une péritonite actinornycosique adhésive diiVnsc; le liquide péritonéal foisonnait de courts éléments (lig. 500) analogues à ceux des cultures dans le bouillon. Fig. 302. Actinomycose de l'homme. Infection mixte. Inoculation du Leptotrix dans le péritoine du lapin (gr. 500 diam.). Dans d'autres cas il nous est arrivé de déterminer une infection péritonéale pure par le Leptotrix , comme le témoignent les figures 501 et 502. Cette action pathogène du Leptotrix extrait du cas d' Actinomycose mixte viscérale que nous venons de signaler est très intéressante; l'inoculation au lapin prouve que, chez notre malade, les accidents observés étaient dus tout aussi bien au Leptotrix, dont l'origine buccale est fort probable, puisqu'il y a eu infection par l'appendice iléo-caecal, qu'à l'Actinostreptotrix. FARGIN DU BOEUF Le Farcin du bœuf est une maladie chronique, qui paraît avoir été / ■&■'■ Fig. 503. Farcin du bœuf. Pus (Nocard). (Gr. 600 diam.) autrefois fréquente en France, et sévit actuellement à la Guadeloupe. J$ Fig. 304. Farcin du bœuf. Pus (Nocard). (Gr. 800 diam.) STREPTOTRIX 471 Le Farcin du bœuf est caractérisé par une inflammation suppurative des vaisseaux et des ganglions lymphatiques superficiels; cette lym- Fig. 305. Farcin du bœuf. Pus (Nocard). (Gr. 800 diam.) phangite entraîne rarement la mort, mais se traduit à la longue par des symptômes d'amaigrissement et de phtisie (Cruzel). Fig. 306. Farcin du bœuf. Pus (Nocard). (Gr. 1000 diam.) Le Farcin du bœuf a été autrefois confondu avec les manifestations farcineuses de la morve et avec la tuberculose. C'est au Pr Nocard 172 ATLAS DE MICROBIOLOGIE qu'appartient l'honneur d'avoir démontré sa spécificité en découvrant chez le bœuf farcineux de la Guadeloupe le parasite de cette maladie. Le Farcin du bœuf siège ordinairement aux membres et sous le ventre, où il donne lieu à la formation de cordes ou de tumeurs ordi- nairement dures, quelquefois fluctuantes ; ces cordes se dirigent tou- jours vers les ganglions lymphatiques. Lorsqu'on ouvre un de ces abcès, il s'en écoule une matière blan- châtre, crémeuse et sans odeur. ~=^ ^v^l gMl SSj C^: «2*6 sari Fie. 307 et 507 bis. Farcin du bœuf. Cultures sur gélose âgées de 5 mois (Nocard). (Grandeur naturelle.) Quand on pratique l'autopsie, il est de règle de trouver les poumons, le foie, la rate et les ganglions farcis de pseudo-tubercules. Nocard, colorant par la méthode de Weigert des lamelles de pus desséché que lui avait confiées M. Couzin, découvrit un fin et long bacille, en amas enchevêtrés d'une façon inextricable et ressemblant à des «fagots épineux» (fig. 503 à 506). On remarque très nettement, sur ces quatre préparations, qui nous ont été confiées par le Pr Nocard, STREPTOTRIX 173 les caractères du parasite. On l'a depuis classé parmi les Streptotrix. Les tubercules des viscères, dont le centre est ramolli et liquide, contiennent les mêmes amas bactériens en forme de « broussailles ». La culture du microbe se fait aisément entre 50 et 40 degrés sur tous les milieux. Sur la gélose (fig. 507) le microbe se développe en petits amas d'une teinte blanc jaunâtre, à surface mamelonnée et poussiéreuse. A la longue, ces plaques d'aspect lichénoïde se réunissent et se confondent, Fig. 308. Farcin du bœuf. Culture sur bouillon (Nocarw. (Gr. -400 diam.) donnant à l'ensemble de la culture l'apparence d'une membrane épaisse et grossièrement plissée (Nocard). Sur la pomme de terre la culture est également rapide. Dans le bouillon, il se produit des amas blanchâtres, dont la plupart tombent au fond du ballon, tandis que d'autres forment une pellicule à la surface du liquide (Nocard). Une de ces colonies, provenant du bouillon, est représentée, après coloration à la fuchsine, fig. 508. L'examen des cultures, quel que soit le milieu, montre la même disposition que plus haut : amas filamenteux -ramifiés et enchevêtrés. 174 ATLAS DE MICROBIOLOGIE ACTION PATHOGENE Le Streptotrix du farcin du bœuf est inoculable, surtout au cobaye et au lapin, dans le péritoine desquels il détermine en 9 à 20 jours une péritonite mortelle. Le péritoine est envahi par des sortes de tubercules au centre desquels pullule le microbe (fig. 309 et 310). ÙS ~"/~ I ':?5 Fig. 309. Péritonite farcineuse expérimentale (Lapin). (Nocard.) (Gr. 700 diam.) L'injection intra-veineuse donne lieu à des lésions simulant la tuberculose miliaire aiguë. La mort est rapide chez le cobaye. Le bœuf succombe rarement. Il en est de même du mouton. Le chien, le chat et le cheval sont réfracta ires. STREPTOTRIX 175 Il se produit cependant chez eux, à la suite de l'inoculation sous-cutanée, des abcès qui se vident et se cicatrisent rapidement. Fie. 510. Péritonite farcineuse expérimentale. Lapin. (Nocard.) (Gr. 800 diam.) Chez les animaux non réfractaires, la cicatrisation n'est qu'appa- rente et l'on observe bientôt une lymphangite progressive et de nouveaux abcès, qui peuvent déterminer une infection mortelle. PIED DE MADURA L'affection connue sous le nom de Pied de Madura se développe par- ticulièrement dans l'Inde. Elle est caractérisée par un gonflement indolore et diffus des tégu- ments du pied. Au bout d'un certain temps on voit se développer de petites tumeurs, offrant le volume d'un pois ou d'une noisette. Fig. 311. Pied de Madura. Pus. Dissociation (Vincent). (Gr. 700 diam.) Ces nodosités peuvent rester dures ou se ramollir peu à peu. Elles s'abcèdent généralement et donnent issue à un pus contenant de petits grumeaux grisâtres. Le pied continue à grossir, puisse couvre de bulles qui s'ouvrent successivement et donnent lieu à des orifices lîstiileux multiples. La maladie est incurable. La mort peut survenir par cachexie ou à la suite de complications infectieuses variables (Érysipèle, etc.). Les grumeaux que l'on peut recueillir dans le pus des nodosités ressemblent fort aux grains de L'Actinomycose. Lorsqu'on les soumet STREPTOTRIX 177 à l'examen microscopique après avoir étalé en couche mince l'un de ces grains caséeux sur une lamelle, on constate que la presque totalité de la préparation est, à un grossissement de 400 diamètres, parsemée d'innombrables filaments enchevêtrés. Ces filaments, étudiés de plus près, se montrent sinueux et ramifiés; ils offrent une disposition rayonnée comme dans l'Actinomycose, mais on n'y voit pas de renflements en massue ni de crosses. Vincent a découvert le parasite de la maladie, qu'il a dénommé « Streptolrix Madurse ». M. Metschnikoll' a eu l'obligeance de nous confier les prépa- Fig. 312. Pied de Madura. Culture sur bouillon (Vincent). (Gr. 100 diam.) rations de M. Vincent, qui ont été déjà dessinées dans les Annales de l'Institut Pasteur (26 mars 1894— p. 129). La figure 511 représente la photographie d'une préparation faite à l'aide d'un grain écrasé. Ou voit que les filaments mycéliens ressemblent beaucoup à ceux du Farcin du bœuf et surtout aux filaments de l'Actinomycose. Si l'on re- marque qu'il existe dans le Pied de Madura de véritables grains, et non 12 178 ATLAS DE MICROBIOLOGIE pas seulement du pus crémeux, connue dans le Farcin du bœuf, on est amené à considérer celte affection comme une variété d'Actinomycose. Cultures. — Les premières cultures s'obtiennent assez difficilement. Les milieux qui conviennent le mieux sont les infusions végétales légè- rement acides de loin et de paille additionnées d'un peu de glycérine et de glucose (4 pour 100). Sur le bouillon, il se forme des boules minuscules grisâtres ou blan- châtres qui tombent au fond du vase sans troubler le liquide. I/aspcct est le mèmeque celui des cultures d'Actinomycose sur le même milieu. % < %7^ v Fig. 315. Pied de Madurn. Culture sur bouillon (Vincent). (Gr. 250 diam.) Les spliérules, examinées après coloration, ont donné les figures 512 el 515. La température la plus favorable au développement du parasite o\ 57°. Les cultures n'ont p;is l'odeur de moisi de certains Streptotrix. Le Slreptnlrix Nuihirx ne liquéiic point la gélatine. Sur la gélose glvco-glycériucc et sur la pomme de terre le parasite se développe facilement. D'abord blanches ou légèrement jaunâtres, les colonies prennent au boni d'un mois une coloration qui varie du rose au rouce vif. microbe est absolument aérobie. STREPTOTIUX 179 Lorsque l'on dissocie l'une dos colonies et que l'on en étale une couche mince sur une lamelle, on obtient des filaments offrant des granulations colorées, tels qu'ils sont représentés figure 51 4. La sporulation est très active et a lieu spécialement dans les points où le contact avec l'air se t'ait facilement. Il existe surtout des spores à la surface des cultures sur bouillon ou sur pomme de terre. Mais on en trouve également dans le dépôt rassemblé au fond des tubes. Les spores sont brillantes et se colorent par la méthode de Gram. Elles sont d'un tiers plus longues que larges. *v . ... -, • . Fie 514. Pied de Madura. Culture. Dissociation (Vincent). (Gr. 700 diam.) Les inoculations du Streptotrix Madurx aux animaux n'ont pas donné de résultats positifs. Si l'on veut étudier les lésions histologiques produites par le Streptotrix Madurx, il faut exciser des fragments cutanés assez volumineux et en pratiquer des coupes très minces. Les nodules peuvent être comparés à de véritables tubercules. Au centre on observe le grain proprement dit, infiltré de filaments mycéliens (lig. 515), et autour un amas de cellules embryonnaires analogues à celles qu'on remarque au niveau de tout loyer 180 ATLAS DE MICROBIOLOGIE inflammatoire. Ces nodules sont à leur centre très friables. Fig. 315. Pied.de Madura. Coupe (Vincent). (Gr. 100 diam.) S*1 Fie. 31 G. Pied de Madura. Coupe (Vincent). (Gr. 225 diam.) Les cellules deviennent vers la périphérie plus espacées et plus volu- STREPTOTRIX 181 mineuses. Elles offrent même une disposition rayonnée et un aspect épithéiioïde (iig. 516, 517 et 521). Fig. 517. Pied de Madura. Coupe (Vincent). (Gr. 250 diam.) Fig. 518. Pied de Madura. Coupe (Vincent). (Gr. 500 diam.) Si l'on examine à un plus fort grossissement (500 diamètres par i82 ATLAS I»E MICROBIOLOGIE exemple) la pièce représentée fig'. 515, on observe alors très nettement Fie. 319. Pied de Madura. Coupe (Vincent). (Gr. 500 diam./ Fig. 520. Pied de Madura. Coupe (Vincent). (Gr. 500 diam.) le détail de L'infection due an Streptolrix Madurx et Penche vêtrement inextricable des fovers mvcéliens, !i«r. 510 à 5L21. STREPTOTIUX 1*3 On remarque habituellement, au rentre de chacun des foyers secon- daires, des espaces comme caséeux et sans traces du parasite, tandis que celui-ci s'est multiplié à la périphérie el entoure ces espaces cen- traux d'une sorte de couronne irrégulière. ■ h l «1 %t < fy.v* •/,■<•;- Fit 4*. Fie. 321. Pied de Madura. Coupe (Vincent). (Gr. 500 diam.) Les détails des ramifications du Streptotrix Madurx sont particuliè- rement visibles sur la figure 320. La figure 521 est destinée à mieux faire voir les cellules épithé- lioïdes que l'on remarque à un faible grossissement sur les ligures 515 et 517, et qui entourent la plupart des foyers infectieux, en simulant en quelque sorte l'aspect d'un revêtement épithétial cylindrique. LES LEVURES SACCHAROMYCÈTES — TORULAS - MYCODERMES Les mots « Levure », « Levain » impliquent l'idée d'une fermentation : levure de vin, levure de bière, levure de distillerie, levain de boulan- gerie, etc. On a toutefois réservé le nom de Levure aux ferments analogues d'aspect à ceux que l'on observe dans la transformation des liquides sucrés ou Fermentation alcoolique. Ainsi, on n'a jamais classé parmi les « Levures » les ferments « lactique » ou « butyrique », qui appartiennent au genre « Bacille ». Les levures sont des cellules ovales, d'assez gros diamètre, suscep- tibles de se reproduire par bourgeonnement et de prendre, dans cer- taines conditions, des formes allongées. Leuvenhoeck, qui, le premier, les observa en 1680, décrivit leur forme sphérique ou ovalaire, mais méconnut leur nature organisée et les assimila aux grains d'amidon. Thenard, en 1803, assigna aux levures, en raison de leur teneur en albumine, une place dans le monde organisé. Cagnard de Latour et Schwann (1856) démontrèrent à leur tour que, sans ces organismes, la fermentation n'a pas lieu. Le « bouillage » des moûts sucrés, connu depuis la plus haute anti- quité, où l'on faisait usage de boissons fermenlées, cessa désormais de demeurer un phénomène inexpliqué. Les progrès de la micrographie per- mirent bientôt aux savants d'approfondir les phénomènes biologiques si remarquables qu'avaient entrevus Schwann et Cagnard de Latour. On rencontre des levures, dans la nature, partout où existent des substances fermcntescibles. De nombreuses cellules adhèrent à la surface des fruits sucrés au moment de leur maturité. A côté de ces ferments, on observe les spores des moisissures variées lAspergillus, Penicillum, Bolrytis, etc. LES LEVURES 185 FERMENTATION ALCOOLIQUE Si l'on ensemence dans du moût de bière un grain de raisin ou bien une parcelle de la surface d'une prune ou iVun abricot qui commence à se craqueler, on obtient en 24 heures une culture impure, où végè- tent côte à côte levures, moisissures et bactéries. Si nous exceptons les bactéries et les moisissures, pour ne nous attacher qu'aux cellules dites Levures, nous isolerons en quelques jours, d'après les méthodes que nous indiquerons plus loin, les espèces les plus variées. Certaines de ces espèces, transportées en culture pure sur un milieu sucré, déterminent une fermentation alcoolique très nette, avec déga- gement de bulles d'acide carbonique. D'autres végètent comme de simples Moisissures. Enfin, les liquides fermentes se recouvrent fréquemment, au contact de l'air, d'une pellicule perlée et d'un blanc grisâtre constituée par de très petites cellules, et sans analogie avec les Levures. Ce sont des Mycodermes. Les mêmes liquides sucrés, s'ils sont déjà suffisamment acides, peuvent subir la fermentation acétique, à la suite d'une infection par le Bacterium aceti ou le Bacterium Pastorianum, qui s'y développent alors au lieu et place des Mycodermes. L'aspect des Levures proprement dites et de certaines autres espèces saprophytes, à l'état unicellulaire : Dematium pullulans, Monffia candida, Torulas, Mycodermes, etc., est très analogue aux yeux d'un observateur inexpérimenté. Aussi les premiers savants qui s'attachèrent à l'étude des fermen- tations se trouvèrent-ils dans l'impossibilité matérielle de distinguer les uns des autres ces organismes microscopiques. La découverte des cellules de Levure dans les moûts en fermentation demeura ainsi sans portée pratique jusqu'aux recherches de Pasteur. 18fi ATLAS DE MICROBIOLOGIE Le savant français, après avoir définitivement ruiné la théorie de la génération spontanée, appliqua ses recherches à l'étude des fermenta- tions et continua ainsi l'idée de Cagnard de Latour et de Schwann, qu'il ne pouvait y avoir de fermentation sans l'intervention d'un fer- ment organisé. Poursuivant ses études sur le vin, la bière, le vinaigre, Pasteur découvrit alors cette loi, que chaque fermentation avait un ferment spécial. Fig. 322. Levure haute (gr. 400 diam.). L'étude des Levures venait enfin d'entrer dans la période scienti- fique. La conséquence directe des recherches de Pasteur fut l'étude des maladies de la bière et du vin. Pasteur démontra que le vin et la bière malades contiennent d'autres micro-organismes que les Levures (microcoques, bactéries, etc.). Nous représentons ci-dessus, fig. 322, une Levure haute de bière, à l'état de culture pure, en voie de bourgeonnement, et, fig. 525, le sédiment d'un vin de Bourgogne atteint de la maladie dite « l'Amer- tume des vins ». LES LEVURES 187 On y remarque, non plus des Levures, mais des bâtonnets plus ou moins incurves et de volume variable. Certains dépôts ©yftrO o O «3 ) *& Q Fig. 524. Levure de vin de Champagne en voie de sporulation (gr. 400 diam.) elles peuvent aussi se multiplier par sporulation : la cellule-mère, placée dans certaines conditions (libre accès de l'air, humidité, absence de substratum nutritif), forme dos spores, c'est-à-dire que son contenu se fragmente, et que chaque portion s'enveloppe d'une membrane (fig. 524). Or, dans les Levures saccharomycètes, les sports apparaissenl en des espaces de temps déterminés, différents pour chaque espèce. Le moyen le plus commode pour provoquer la formation des spores est de porter une ou deux gouttes d'un dépôt de levure contenant des cellules jeunes et vigoureuses sur un petil bloc de plâtre LES LEVURES 191 préalablement stérilisé. Ce bloc de plaire est pincé dans une boite de verre couverte : on le maintient humide en versanl de l'eau au fond de la boîte. Toutes les conditions nécessaires à la formation des spores et signalées pins haut, accès de l'air, humidité, absence d'éléments nutritifs, se trouvent ainsi réalisées. Ou note le moment de l'apparition des rudiments de spores à des températures différentes : là0 et 25° par exemple. Il est exceptionnel que deux races de Levures présentent, à différents degrés de température, les mêmes particularités de sporulation. Parmi les autres signes capables de permettre la distinction de différentes races de Levures, nous citerons : 1° Les caractères extérieurs de la fermentation : fermentation plus ou moins tumultueuse ; aspect des écumes ; nature et consistance du dépôt, etc. ; 2° Le degré d'atténuation, c'est-à-dire la quantité d'alcool formé dans un même moût; 5° Le degré d'acidité du moût après fermentation ; 4° La clarification ; 5° Le résultat de la dégustation du liquide clarifié; et enfin, l'aspect des voiles et le temps nécessaire à leur formation (voir plus loin). Hansen divisa en deux groupes les organismes qu'il isola des moûts sucrés en fermentation : 1° Les Levures saceharomycètes, qui présentent comme caractère commun « la sporulation » et comprennent la presque totalité des levures industrielles : bière, vin, cidre, distillerie, panification, etc.; C2U LesLemires qui ne sporulent pas, beaucoup plus variées d'aspect et sans grande importance pratique, telles les Tondus de Pasteur, la Levure apiculée, jadis improprement appelée « Saccharomyces apiculatus >->, et les Mycoriennes, qui n'ont absolument de commun avec les levures que leur aspect microscopique, et ne donnent aucune fermentation. LEVURES VRAIES — SACCIÏAROMYCÈTES Les Levures saccharomycètes se distinguent des organismes avec les- quels on les a longtemps confondues par deux caractères biologiques principaux : 1° Elles sont des agents actifs de fermentation ; 2° Elles donnent des spores dans des conditions déterminées. Nous étudierons tout d'abord les Levures de bière, qui sont actuelle- ment les mieux connues. LEVURES DE BIÈRE FABRICATION DE LA BIERE La bière est une boisson fermentée produite par l'action des Levures sur une infusion ou décoction de malt et de houblon. La fabrication de la bière comporte deux opérations bien distinctes : 1° La Saccharification ; 2° La Fermentation. I. — SACCHARIFICATION Le moût de bière est un liquide sucré dont l'élément principal est Y extrait d'orge germée ou malt. La germination de l'orge, qui est provoquée par les conditions vou- lues d'humidité et de chaleur, liquéfie l'amidon de la graine et déter- mine la formation d'un ferment soluble, laidiastase. L'orge germée ou malt est séchée jusqu'à un degré variable de caramélisation dans des tourailles ou plateaux étages. Le touraillage fait sentir son action sur le cachet de la bière suivant, qu'il est effectué à une température plus ou moins élevée. Au sortir du touraillage, les germes de l'orge sont séparés de la graine LES LEVURES 195 par frottement, car leur présence1 donnerait au moût une amertume spéciale fort désagréable et une teneur excessive en matières albumi- noïdes, dont l'abondance faciliterait la fermentation putride du liquide. Le malt touraillé est concassé et réduit en farine, soit à l'état de pureté, soit mélangé à d'autres matières saccharifiables (blé, maïs, riz, etc.). La farine ainsi préparée est additionnée d'eau, puis saccharifiée sous l'action lente de la chaleur. Cette opération, dite brassage, qui a donné aux brasseries leur nom, est de la plus haute importance. Le degré de saccharification, c'est-à-dire le rapport du sucre formé aux autres matières extrac- tives du malt — dextrines, matières azotées, cendres, etc., dépend de la température du brassin et de la durée d'action de la chaleur. Le brassin doit être porté par des moyens variables à une tempéra- ture de 55° à 60°; on l'y maintient pendant trois quarts d'heure à une heure. Une température exagérée entrave l'action de la diastase sur le malt; La saccharification doit être conduite d'une manière déterminée sui- vant quej'on veut obtenir tel ou tel type de bière? le rapport du sucre aux matières non saccharifiées ou non saccharifiables influant directe- ment sur la proportion d'alcool et d'extrait du liquide fermenté. La saccharification terminée, le moût de bière est additionné de houblon da«s des proportions variables et porté à Tébullition. L'ébullition du moût en présence du houblon termine l'opération du brassage et donne à ce moût un cachet spécial d'amertume, en même temps qu'elle produit, avec une partie des albuminoïdes du moût, un précipité qui facilite la clarification. Certaines résines et huiles essentielles se dissolvent sous l'action de la chaleur. Le moût houblonné présente de ce fait, vis-à-vis des bactéries, une résistance antiseptique bien supérieure à celle du moût non hou- blonné. Le moût de bière étant franchement acide, l'ébullition a pour effet de le stériliser. 13 ii,4 atlas de microbiologie II. — FERMENTATION Le moût houbionné est mis en fermentation aussitôt après refroi- dissement. Les levures de bière peuvent donner lieu à deux modes de fermen- tation : la fermentation haute et la fermentation basse. La levure haute est ainsi dénommée parce qu'elle est entraînée, pendant le bouillage, à la surface du liquide, que l'on écume. Au contraire, la levure basse se dépose au fond du récipient. Le caractère de la levure influe (comme le rapport du sucre au non- sucre) sur le cachet de la bière, et ce sont toutes ces différences qui permettent la fabrication de tant de bières diverses : les types Munich (brune et peu fermenîée), Pilsen (pâle, sèche et alcoolique), pour la fermentation basse; ies genres Pale aie, Porter, etc., pour la fermen- tation haute. La fermentation haute s'effectue de 12 à 25 degrés. La fermentation basse est provoquée généralement dans des locaux refroidis par des machines à glace. La température du moût en fermentation basse varie de 5 à 10 degrés centigrades. La fermentation haute évolue entre 12° et 25° centigrades et dure de 2 à 4 jours : la fermentation basse demande au contraire 8 à 15 jours et plus. Les fermentations haute et basse s'effectuent en deux temps : 1° la fermentation principale ou tumultueuse — pendant laquelle la levure haute se Rassemble à la surface du liquide, où on la recueille, tandis que la levure basse se dépose au fond du récipient; — 2° la fermentation secondaire, plus lente, qui se fait en cuve, à la suite de l'oxygénation due au soutirage, dans des fûts ou foudres de capacité variable. La fermentation principale est fournie particulièrement par la transformation du sucre, tandis que, dans la fermentation secondaire, LES LEVURES 195 ce sont les dextrines et un sucre particulier, Yiso-maltose (Litner), qui se transforment à leur tour. Les fûts de garde sont fermés hermétiquement à l'aide d'une bonde avant la fin de la fermentation secondaire, de telle sorte qu'il s'y produit, en vase clos, une véritable prise de mousse, comme on l'observe dans la fabrication des vins de Champagne. Cette prise de mousse peut être activée par l'addition de bière jeune en pleine fermentation. - J& .9^ , & ^ &* Fig. 325. Levure haute en voie de bourgeonnement Jgr. 400 diam.). Le foudre de garde contient ainsi de la bière saturée d'acide carbo- nique, sous une pression maximum de 1 atmosphère. On tire cette bière mousseuse, à l'aide d'appareils spéciaux destinés à éviter les pertes de gaz, dans les fûts ou les bouteilles d'expédition. Nous représentons figures 525 et 526 une levure haute de brasserie en voie de bourgeonnement. Les levures hautes sont caractérisées par leur développement en chaînettes, chaque bourgeon demeurant attaché à la cellule mère; 190 ATLAS DE MICROBIOLOGIE c'est à col te propriété de la levure haute que l'on attribue le phéno- mène de la fermentation i.itc « fermentation haute ». On prétend que les bulles d'acide carbonique ont une prise sur les chaînettes de la fermentation haute, qu'elles entraînent à la surface du liquide, tandis qu'elles restent sans action sur les éléments isolés de la levure basse. Il est à noter que le dégagement d'acide carbonique est beaucoup P v 5 •* ^"V\ Fig. f>26. Levure haute en voie de bourgeonnement (gr. 400 diam.). plus énergique dans la fermentation haute, par suite de la température élevée à laquelle on la provoque. Le bourgeonnement actif des levures représentées figures 525 et 526 caractérise le début de la fermentation. ' Nous reproduisons, i\^. 527 et 528, les cultures sur milieu solide (agar-agar au moût de bière) de deux types différents de levures hautes. Les levures basses ne se développent pas en chaînettes. Telle, la levure dite « levure de Carlsberg n°2 », une des deux races de ferments employés à la brasserie de Carlsberg. LES LEVURES 1D7 Les figures 529 et 350 représentent ectte levure au début de Fie. 327. Fig. 328. Deux levures hautes en culture sur l'agar-agar au moût de bière (grandeur naturelle). la fermentation. On remarquera qu'il n'existe sur ces ligures o % O c ^0 9} .<& .o 0 ° cv a 0*a O Fig. 329. Levure basse (Carlsberg II). (Gr. 400 diam.) aucune des longues chaînettes des clichés 525 et 520. 198 ATLAS DE MICROBIOLOGIE La figure 55 1 représente une autre levure basse, plus âgée. Cette levure Q 7) u o^ "■>>!■ ' ;_ Fig. 330. Levure basse (Garlsberg II) . (Gr. 400 diam.) g) *& Xi ï 3 Fig. 551. Levure basse d'une brasserie de Reims (gr. 100 diam.) (Chazaren.) n'est plus en bourgeonnement, ce qui indique que la fermentation est à peu près terminée. LES LEVURES 199 La figure 552 représente une levure basse provenant d'une brasserie de l'est de la France, et en culture très âgée. Les cellules, au lieu de se montrer homogènes comme celles des figures 529 et 550, ne renferment plus dans leur membrane d'enveloppe que des fragments de protoplasma granuleux séparés par des vacuoles. Cet aspect est toujours un indice de vétusté des cellules. On remarquera ligure 552, sur le diamètre vertical eî à 20 milli- ' (g -JC1V' ■ Fig. 332, Levure basse. Vieille culture sur moût de bière. Cellules de la surface (gi\ 400 diarn.). mètres de la circonférence du cliché, au milieu d'une chaînette horizontale de 5 cellules, une cellule à double contour, dont le centre rétracté est séparé de la membrane d'enveloppe par un liséré clair. Cet aspect est celui d'une cellule morte. On contrôle aisément l'état de vie ou de mort des cellules de levure en introduisant au bord de la lamelle une goutte de solution aqueuse d'éosinc. Les cellules mortes prennent seules la coloration. 300 ATLAS DE MICROBIOLOGIE LEVURES DE MALADIE Nous avons vu que Pasteur attribuait, au début de ses recherches, les maladies de la bière à des bactéries et croyait l'examen microsco- pique suffisant pour déceler l'existence de germes nocifs. Fig. 533. Culture de Sacch. Ellipsoïdeu$ I sur agar-agar au moût de bière. C'est ainsi que certaines bières malades foisonnent en microcoques, sarcines ou bactéries. Hanscn le premier, prenant pourpoint de départ, comme nous l'avons indiqué, des cultures provenant d'une seule cellule, isola dans une bière trouble et de mauvais goût où l'examen microscopique ne révé- lait aucune trace de micro-organismes autres que des levures, plusieurs ferments absolument semblables à l'examen histologique le plus appro- fondi, mais entièrement différents par leurs propriétés biologiques. Les uns donnaient en fermentation une bière de bonne qualité, les autres une bière trouble et de mauvais goût (amertume, etc.). Hansen décrivit ainsi 0 levures différentes dont 4 sont des levures de maladie de la bière. LES LEVURES 201 Il détermina ces espèces avec une précision absolue par l'étude méthodique de leurs propriétés au point de vue de la sporulation à diverses températures (de 5 à 55 degrés) et de l'époque de formation des voiles, qui, pour certaines espèces, ne se produisent qu'au bout de plusieurs mois. Ces levures sont : 1° Saccharomyces Ccremsix n°l, levure haute de brasserie. 2° Saccharomyces Ellipsoïdeus n° 1, levure de vin qu'Hansen a étudiée comparativement aux levures de brasserie, et dont les pro- priétés biologiques sont différentes (fig. 555). 5° Saccharomyces Ellipsoïdeus n° 2, levure de maladie de la bière. Cette levure est une de celles qui causent dans les brasseries les ravages les plus irrémédiables — trouble de la bière et mauvais goût. Ce trouble, tout particulier, ne peut être combattu par aucun des moyens ordinaires : repos, clarifiants, collage, filtration. 4° Saccharomyces Pastorianus n° 1, levure basse caractérisée, ainsi que les deux espèces suivantes, par la forme allongée des éléments. Cette levure donne à la bière un goût amer, une mauvaise odeur et un trouble spécial. 5° Saccharomyces Pastorianus n° 2, levure de fermentation haute et peu nocive. 6° Saccharomyces Pastorianus n° 3, levure haute, empêchant la clarification. Depuis la découverte des caractères différentiels de ces premières races de levures, découverte fondamentale qui eut pour effet, comme nous l'avons indiqué plus haut, de métamorphoser en quelques années la fabrication industrielle des boissons fermentées, on a isolé à l'état de pureté une foule de races différentes de Saccharomycètes indus- triels, jouissant de propriétés distinctes. SPORULATION Nous représentons figure 554 le Saccharomyces Pastorianus n° 3, transporté sur bloc de plâtre pour l'apparition des spores. 202 ATLAS DE MICROBIOLOGIE On remarquera, dans plusieurs des cellules de Sacrh. Pasto- é ■•■■■■) c m® P ©? •'v \ \ N. /Ht/ Fie. 554. Sacch. Pastorianus III, en voie de sporulation (gr. 1000 diam.). rianus de la figure 534, notamment en haut de la figure, des spores endo- r. r r' /T Fig. 55b. Levure de vin. Sporulation sur agar-agar peptonîsé, le cinquième jour (gr. 1000 diam.). gènes bien distinctes, au nombre de quatre dans le rhôme article. A droite de la figure se trouve un bacille à spore terniinâje, infection LES LEVURES 203 fréquente des cultures sur plâtre où les bactéries, comme les levures, sont placées dans les meilleures conditions pour sporuler. (D o :.-\- '<.. jn >.;H0 fcifïï* "*:>v' ai Fig. 356. Levure de vin. Sporulation sur milieu solide (gr. 1000 diam.). Les spores se forment parfois, pour certaines levures au moins, sur j ' m (y, ■>J Q w r- ( r: C *JS w: c f v-: s f ■J Fi "T-** y ^ Gw ^J '" v^-r^- Fig. 538. Sporulation d'une levure de vin sur bloc de plâtre (gr. 1000 diam.). Presque toutes ces cellules sont bourrées de spores. En général il suffit d'étudier la sporulation aux températures de 15 et de 25 degrés. A 25 degrés, toutes les levures de maladie présentent des rudiments de spores en moins de quarante heures. Il en est de même de presque toutes les levures hautes et de quelques levures basses. Il est donc bien aisé de reconnaître, par la culture sur plâtre à 25 degrés, toutes les races de levures basses qui ne présentent à cette température des LES LEVURES 205 rudiments de spores qu'an delà de quarante heures (de quarante-deux à quarante-cinq heures jusqu à six à huit jours). Pour la plupart des levures qui donnent, comme les levures de maladie, les levures hautes et quelques levures basses, leurs spores en moins de quarante heures à 25 degrés, il faut exposer les blocs de plâtre à une température plus basse. A 15 degrés, par exemple, toutes les levures de maladie donnent des rudiments de spores en moins de soixante-douze heures, et toutes les levures industrielles de brasserie, hautes ou basses, en plus de soixante-douze heures FORMATION DES VOILES Lorsqu'on laisse au repos complet un ballon de moût sucré où l'on a ensemencé un saccharomycète, il se produit, plus ou moins Fig. 539. Voile jeune du Sacch. cerevisise 1 (gr.100 diam.). longtemps après la cessation complète de la fermentation, à la sur- face du liquide entièrement clarifié et presque décoloré, une pelli- cule mince et à peine visible, sauf à la lumière réfléchie. Ce voile pourrait, à un examen superficiel, être confondu avec une infection de 206 ATLAS DE MICROBIOLOGIE mycodermes. Il est toutefois beaucoup plus téuu. Si l'on prélève une parcelle de ce voile avec une aiguille stérilisée, et si on l'étudié au ■ •: • Fig. 340. Voile jeune du Sacch. cerevisix I (gr. 400 diam.). microscope, on remarque que les cellules du voile, au lieu de présenter exclusivement leur forme ovalaire habituelle, donnent, dans la plupart » ■I t V <* I t - fc .Là''.'. 4 « \ to. Fig. .Ul. Sacch. ccrcvhix I. — Voile ancien (gr. 200 diam.). des cas, des prolongements d'aspect myeélien d'autant plus accentués pour une même espèce que le voile est plus vieux. LES LEVURES 207 Les fig. 559 et 540 représentent le début de la formation du voile \ v \ ~~L- Fig. 342. Sacch. cerevisiœ I. Voile ancien (gr. 350 diam.). d'une culture de Sacch. cerevisixl. On n'y observe encore que peu de \ \ r4 &T * * a.. < i fe=^S V y « : 1 5^ \- '' - > * ** ' •©^ / . : '^ Fig. 345. Sacch. cerevisiœ I. Voile ancien (gr. 400diain.). formes mycéliennes; les fig. 541, 54'2 et 545 montrent à des grossis- sements variables des voiles d'un âge plus avancé. 208 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Les figures 544 et 545 montrent, à un grossissement de 400 dia- Fig. 344. Voile du Sacch. cerevisise I. Colonie isolée (gr. 400 diam.). mètres, la transformation des éléments ovalaires en éléments mycéliens. 3» Fig. 545. Voile du Saccïi. cerevitite I. Colonie isolée (gr. iOO diam.). Cette levure est une levure haute, le Saccharomyces cerevisiœ I. LES LEVURES 209 Les figures 540, 5i7 cl 348 représentent, à des grossissements diffé- ■■' '■■■' : • ' ~- • -.. < ft) " " • i; c" * r . ; Fig. 347.. Sacch. Pastorianus III. iVoile plus ancien. (Gr. 500 diam.) mation est ici moins évidente que pour le Saccharnmyces cerecisix I, en raison de la forme en boudin des articles jeunes. 210 ATLAS DE MICROBIOLOGIE On observe néanmoins très nettement dans ces préparations la présence de longs filaments. Certains Saccharomycètes présentent cette particularité, que leurs voiles, tout en étant très caractérisés, ne contiennent pas de cellules allongées. Pour le Sacch. Ellipsoïdeus II, les cellules du voile sont plus arrondies que celles du dépôt, qui se montrent au contraire ovalaires. Le voile du Sacch. Ellips. Il est, de tous, celui qui se forme le plus rapidement. Il devient manifeste en cinq à six jours à 25 degrés. - Fig. 548. Sacch. Pastorianits III. — Voile ancien. (Gr. 400 diam.) Comme les spores, les voiles se forment pour une même race de Saccharomycètes et à une même température en un laps de temps invariable. Ce laps de temps varie suivant les espèces. Cette particularité s'ajoute aux divers moyens d'identification que nous avons signalés plus haut. Le mérite de cette découverte, qui complète celle des caractères spécifiques de la sporulation, et a permis de différencier' certaines espèces de levures encore mal caractérisées, appartient encore à ïlanscn. LES LEVURES 211 NOYAUX ET RÉSEAUX GÉLATINEUX On a longtemps discuté pour savoir si les Saccharomycètes possé- daient un vrai noyau. Les recherches de Jcnssen l'ont mis en évi- dence. Sa méthode est particulièrement basée sur l'emploi de l'acide osmique. On a pu suivre, d'après la méthode de Jeussen, les transformations du noyau des Saccharomycètes au cours de la multiplication des cellules par bourgeonnement et par sporulation. Les ligures de karyo- kinèse sont toutefois difficiles à obtenir. Lorsqu'on abandonne un dépôt de levure à l'air libre jusqu'à siccité presque complète, l'examen microscopique révèle l'existence d'un réseau gélatineux colorable à la fuchsine. Ce réseau gélatineux des Saccharomycètes a été comparé aux masses gélatineuses qui entourent certains microcoques. 21t> ATLAS DE MICROBIOLOGIE LEVURES DE VIN On pensait, avant les recherches de Hansen et de ses élèves, qu'il n'existait pour le moût de vin qu'un seul ferment alcoolique, le Saccharomyces ellipsoïdcus. Cette dénomination serait en tous cas impropre, puisqu'on rencontre dans le moût de vin en fermentation des levures de forme très variable, depuis la levure apiculée (voir plus loin fig. 551 et 552) jusqu'aux formes allongées dites « Pastoriennes ». Fig. 549. Levure de vin de Champagne en culture pure sur milieu liquide (gr. 400 diam.). La plupart des levures de vin sont morphologiquement assez sem- blables aux levures de bière. Toutefois leur diamètre est généralement plus petit et leur forme plus irrégulière (fig. 540). Presque toutes les levures de vin sont des levures basses. Nous n'en avons observé que de très rares espèces qui donnent en culture pure des phénomènes de fermentation haute. Les levures de vin, sur milieu solide, se développent sous forme d'une couche blanche pu blanc grisâtre assez homogène, comme tous les.Saccharomvcètes (fig. 550), LES LEVURES 213 La fermentation du moûl de vin, dans la pratique courante, diffère essentiellement de la fermentation du moût de bière. Le moût de bière esl 'en eflel stérilisé par la cuisson cl ensemencé avec un levain déterminé, tandis que If moûl de vin est livré à l'action des ferments les [tins variables qui foisonnent sur les grains, sur le bois et les feuilles &- 'V ) V '■J % (S © v". (3)' & G i < G, fe G 2§ © v O G 0 © Fig. ."UT. Stirrharimifees anomahts. Sporulation sur bloc de plaire (gr. 1000 iliniii.). Spores enfermées dans leur enveloppe commune. énormes, et laissent voir dans leur intérieur, deux, trois ou quatre spores dites « en forme de chapeau » — « lïut-Sporen ». LES LEVURES 227 Os spores peuvenl être étudiées sur les fig, 368 et569, ou elles oui été Fig. 508. ° v «Vit*! Fie. 575. Torula C (7*. 7?o5ca). (Gr. 400 diam.) pliie en culture sur milieu liquide (moût de vin) (fig. 572) et sur agar-agar (fig. 574). LES LEVUKES '251 TORULA C (Torula liosea) La Torula C, que nous représentons fig. 575 et 575, se cultive sur milieu liquide (moût de vin), sous forme d'éléments légèrement allongés, et présente habituellement des vestiges de mycélium (fig. 575). Sur l'agar-agar, cette Torula forme une couche rose, ridée à sa surface et assez épaisse. Fig. 374. Torula B. Fig. 375. Torula G [Rosea) Cultures sur agar-agar au moût de bière. Fig. 576. Torula nigra. TORULA NIGRA On a décrit sous les noms impropres de Sacch. niger et de Levure noire une torula saprophyte qui se développe sur différents milieux, gélatine peptone, agar-agar peptonisé, et surtout sur le moût de bière, sous l'aspect d'une épaisse couche noirâtre. La culture prend un aspect sec et ridé sur l'agar-agar au moût de bière (fig. 576). 252 ATLAS DE MICROBIOLOGIE A l'examen microscopique, on trouve presque toujours, à côlé de très petits éléments qui se colorent à la fuchsine (fig. 577), des élé- .1 - • •-■ »j ■ . * « ^L/.. rSifc**-:, Fig. 577. 7on/Z« nigra. Coloration à la fuchsine (gr. 200 diam.). Fie. 57S. Toi'itla nigra. Vieille culture (gr. 250 diam.). rnents allongés, groupés en chapelet et ayant grande tendance à la for- mation de filaments myçéliens (fig. 578, 579 et 580). LES LKVUKKS 253 La torula que l'on cultive dans quelques laboratoires sous les noms \ •— • — .. «•••■•••., • ._ » 4L . ""** ---- N •• •'.' Y A . « — -^l_ --• . • » • \ ---' ' • w: •' Fie. 579. Torula nigra. Formes mycéliennes (gr. 250 diam.), Fig..580. Torula nigra. Formes mycéliennes (gr. 250 diam.). impropres de Levure rose ou Saccharomyces glulinis n'csl qu 'une torula sans importance. MYCODERMES Rees a donné le nom de Mycoderma ccrevisise et de Mycoderma vini à de petites levures qui se développent à la surface des liquides faible- ment alcooliques, bière ou vin, où ils transforment complètement l'alcool en acide carbonique et en eau. Fie. :>si. Mycoderma cerevisix. Culture sur agar au moût de bière. Rees a cru que les mycodermes donnaient des spores. 11 n'en est rien. Ils se multiplient par simple bourgeonnement. Nous représentons ftg. 581 le Mycoderma cerevisix, en culture sur agar-agar, on il forme nue couche mince iinemenl ridée, sèche, ressem- blant quelque peu à la culture du Bacillus mesenlericus vulgaris. LES LEVURES 255 Les figures 282, 285 et 284 représentent des cultures pures de «a 0- ""V ■ Fig. 582. Mycoderma cerevisise. Culture sur agar (gr. 400 diam.). •■•' . : , -. ' I» «S (iï Fie. 585. Mycoderma cerevisise. Culture sur milieu liquide (gr. 400 diam.). Mycoderma cerevisix sur milieu liquide et sur agar-agar, à divers degrés d'ancienneté. 250 ATLAS DE MICR01JIOLOGUÏ Le M (/coder ma ci ni (lig. 585), souvent dénommé « (leurs de vin », est f9 Fie. 581. Mycoderma cerevisiœ. Vieille culture sur milieu solide (gr. 400 diam.). ■ ■ » ' e» t>- /• *o ©] ■ ® /? &• 0 Fie. 385. Mycoderma vini. Culture jeune (gr. 400 diam.). assez analogue. On le trouve fréquemment à la surface du vin dans les fûts en vidange. M0NIL1A CANDI h A La Monilia candida s'observe à l'état d'une couche blanche sur le fumier ou sur les fruits sucrés. Elle provoque dons le moût de bière une fermentation active, au cours de laquelle un voile se forme à la surface ' 3 \e^: Fig. 587. Monilia candida. Culture sur moût de bière. Formes jeunes dévoile (gr. 400 diam.). ■ Fig. 588. Monilia candida. Voile ancien (gr. 400 diam.). Lorsque le voile vieillit, on voit, apparaître des tonnes niveélicnncs, très évidentes dans les figures 588, 389 et 590. LES LEVURES 259 Ces voiles son i Porl analogues comme caractères microscopiques à ceux du Saccharomyces cerevisise I, de Hansen (voir fig. 551) à 545). _•-• ..-•' $s ? • -r ■ — <■ 1 ••.■'-- ^ k; / spores d'Aspergillus fumigatus, (Voir pins haut.) lui lNUO, Schmorl, de Leipzig, observa chez une fillette de dix ans, morte de lièvre tvphoïde, un cas de muguet généralisé avec infection viscérale, i.a culture sur plaque des parenchymes de la rate (il du rein démontra dans ces viscères la présence du muguet uni LES LEVURES 349 au streptocoque et au staphylocoque pyogène. Schmorl retrouva le champignon sur les coupes d'un abcès miliaire du rein. 11 y affectait une forme rayonnée analogue à celle îles figures 3ô et 56, qui repré- sentent des abcès miliaires aspergilliques. Le champignon du muguet se cultive particulièrement bien sur les milieux légèrement acides et très chargés en matières albuminoïdes. Nous l'avons isolé en cultivant directement l'enduit buccal, dilué avec de l'eau stérilisée, sur de l'agar peptonisé; on obtient ainsi des Fie. 403. Muguet. Colonie superficielle sur plaque de gélatine. — (Jr. 40 diam. cultures impures présentant rapidement des formes allongées (fig. 402), puis on les purifie par la méthode des plaques de gélatine, ou mieux par la méthode de llansen (voir Saccharomycètes). la figure 405 représente une colonie du champignon du muguet sur plaque de gélatine peptone. Cette colonie est analogue d'aspect à la plupart des colonies de saccharomycètes que nous avons décrits plus haut. Nous recommandons dr faire les cultures sur la gélatineoti l'agar-agar préparés avec l'eau de touraillons à un pour cent. On sait en elTcî que les germes, séparés de l'orge, comme on le pratique en brasserie, après l'opération du touraillage, sont d'une richesse extrême en matières albuminoïdes. 250 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Les colonies sur ce milieu, qui est naturellement acide, se développent sous forme de petites saillies d'un blanc mat, qui s'étendent bientôt à la surface des plaques. Dans la profondeur elles affectent la forme d'une petite sphère brunâtre d'où partent des prolongements rayonnes (fig. 404). Le champignon se cultive également très bien sur les milieux acides riches en peptone; les autres substances azotées lui sont moins favo- rables. Il peut vi^re aux dépens de la mannite et de la dextrine, dp même qu'en présence de l'acide lactique et des lactates. Les milieux sucrés sont moins fertiles. '/■■'■ Fie. 404. Muguet. Colonie profonde (radiée) sur plaque de gélatine. — Gr. 80 diam. Comme milieu solide, la carotte stérilisée donne des cultures d'un blanc éclatant très caractéristique. Le champignon du muguet se différencie des saccharomycètes par ses propriétés biologiques : formation rapide de filaments mycéliens et absence d'action fermentescible sur les liquides sucrés. L'isolement du parasite se fait toutefois plus aisément sur les milieux acides que sur les milieux alcalins, les premiers étant inpropres au développement de bien des bactéries. LES LEVURES 251 Il paraît capable d'oxyder l'alcool et de le transformer en aldéhyde et se montre exclusivement aérobie. Si l'on étudie au microscope l'accroissement des colonies jeunes de muguet, on constate un seul mode de reproduction : la scissiparité. Sur les milieux solides, il se produit à la longue de ces formes mycé- liennes si caractéristiques à l'examen de l'enduit buccal. Le parasite du muguet se différencie encore des saccharomycètes par ce fait qu'on n'a jamais pu observer, par les méthodes en usage, la formation d'ascospores analogues à celles des véritables levures. Le muguet rentre donc parmi les moisissures et se classe naturellement à coté du Dematium. Les seules formes durables qu'on ait entrevues seraient, d'après Grawitz, Roux et Linossier, des chlamydospores. Ces auteurs les ont obtenues en cultivant le muguet sur le liquide sucré minéral de Naegeli. Les chlamydospores se développent sous l'aspect d'une sphérule de 14 à 20 [/., située à l'extrémité d'un chapelet composé de formes allongées. Cette sphère est formée d'une membrane qui peut se rompre sous la pression d'une lamelle de verre, et laisse alors échapper, au milieu d'un grand nombre de granulations, un globule central plus volumi- neux (Achalme). iMICROCOQUES On a groupé sous le nom générique de Microcoques des micro-orga- nismes de très petite dimension, de forme sphérique, qui se déve- loppent par bourgeonnement et n'offrent en générai aucune trace de structure intérieure. «% 0 m - • » Y V. I Fie. 405. Gros microcoques. — Gr. 1000 diam. Examinée sans coloration, au grossissement de 600 à 1000 diamè- tres, une culture jeune de microcoques présente, dans le champ de l'objectif, une masse d'éléments sphériques ou légèrement elliptiques, et très réfringents. En général ces sphérules offrent 6 à 10 millièmes de millimètre de diamètre et sont douées du mouvement brownien. 11 existe des espèces de microcoques de volume bien différent, comme on peut en juger en comparant les ligures 405 et 406. MICROCOQUES 233 11 est très difficile dans bien des cas de reconnaître, à l'examen des liquides organiques irais, riches en granulations réfringentes, s'il s'agit de micro-organismes ou d'éléments normaux (sphérules de graisse, albuminoïdes, etc.), et c'est ainsi qu'on a décrit depuis long- temps, sans en avoir pu faire la démonstration vraiment scientifique, des Microcoques dans la variole, la vaccine, le cancer, etc. La recherche d'éléments parasitaires plus volumineux et doués d'une forme et d'une structure caractéristiques, tels que les cham- pignons des teignes, les groupes radiés de l'actinomycose, les levures, Fig. 406. Petits microcoques. — Gr. 1000 diam. a naturellement précédé la découverte des micro-orgafiisrnes de pciil diamètre. Parmi ceux-ci la baetéridie de Davaine fut remarquée l'une des premières (1857). Son abondance dans le sang des animaux charbon- neux, la fréquence à cette époque du charbon chez les animaux et de la pustule maligne chez l'homme, la facilité de sa recherche à des grossissements faibles, la possibilité de l'inoculation à diverses espèces animales, la découverte enfin par Pasteur de l'immunisation à la suite d'une atteinte non mortelle de celte maladie, firent du 254 ATLAS DE MICROBIOLOGIE bacille charbonneux l'un des micro-organismes les plus typiques et les plus intéressants. — Ce sont d'ailleurs les premières recherches de Pasteur sur cette maladie qui démontrèrent quel profit devait tirer la médecine des études bactériologiques. La recherche des microcoques était déjà pjjis difiicile en raison de leur forme banale et de leurs faibles dimensions, ei jusqu'à la décou- verte des colorants employés aujourd'hui et particulièrement des couleurs d'aniline, rien n'était plus délicat que de déterminer si les \*\ *• -< »• u /X « 9 ft. * * JL i 4 *+ Fie. 407. Pus phlegmoneux. — Staphylocoque doré. — Gr. 1000 diam. éléments que l'on croyait pathogènes dans telle ou telle maladie jouis- saient d'une forme sphérique ou bacillaire. On ne connaît donc bien aujourd'hui que les microcoques suscep- tibles d'être colorés par les couleurs d'aniline, capables de se repro- duire en culture sur des milieux artificiels et pouvant ou non donner en pathologie expérimentale des lésions caractéristiques. Parmi les microcoques,, beaucoup semblent ne jouir que de proprié- tés saprophytes. Qvelques-uns sont chromogènes ; tel le Micrococcus Prodigiosus par exemple, qui présente, en culture jeune, particulièrement sur le pain azyme humide, une belle couleur d'un rouge vif, et fut ainsi l'occasion du miracle des hosties sanglantes. MICROCOQUES 255 D'autres sont pathogènes, tels les microcoques de la suppuration et le streptocoque de l'érvsipèle. Beaucoup enfin doivent être encore inconnus, faute d'une mé- thode de coloration ou de culture capable d'en déceler l'individualité. Le mode de groupement des Microcoques a permis de les diviser en Staphylocoques, Streptocoques, Tétragènes et Sarcinea (fig. 407 «à 410). Les Staphylocoques se développent en groupes irréguliers et donnent des figures analogues à des grappes de raisin (fig. 407). %m K^\ w\ Fig. 408. Culture de Streptocoques dans le bouillon. — Gr. 1000 diam. Les Streptocoques se multiplient dans une seule et même direction, et forment dans certains milieux de longs chapelets (fig. 408). On donne le nom de Diplocoques à la juxtaposition de deux ^occi. Cette disposition est commune aux deux espèces et n'est que le premier stade de la multiplication d'un seul coccus. La plupart des chaînettes de Streptocoques sont formées, comme on le distingue nettement sur la fig. 408, d'une série de diplocoques juxtaposés en longueur. Certains microcoques se développent par groupes de quatre éléments juxtaposés en carrés ou tétrades. On leur a donné le nom générique de microcoques tétragènes (fig. 409). 35t> ATLAS DE MICROBIOLOGIE Une de ces espèces au moins est pathogène pour l'homme et peut se rencontrer dans les abcès chauds (fig. 409). ..•• ♦ • '. ^ »i V * •* # Fig. 409. Microc. Tetragenus Pyogeties. — Gi\ 1000 diam. Les Sarcines enfin se multiplient en forme de cubes, composés de huit éléments ou plusieurs groupes de huit, de manière à former *, .* ■sr.'. - xK vçr «.% s» »4 r Fig. 410. Sarcme de Tair. — Gr. 1000 diam. dans certaines conditions d'épaisses masses floconneuses, ou, sur les milieux solides, de larges colonies aux couleurs variées. MICROCOQUES «J57 ANALOGIE DES MICROCOQUES AVEC CERTAINS VÉGÉTAUX INFÉRIEURS Quelle place faut-il assigner aux microcoques dans la nature'.' Doit-on les faire rentrer dans le règne animal ou dans le règne végétal? Les premiers histologistes qui observèrent 1rs micro-organismes, Mûller, v / Fie. 41 1. Nosloc commune. Préparation fraîche. — Gr. 200 diam. Ehrenberg, Dujardin, etc., furent frappés par leurs mouvements actifs et les classèrent au degré le plus infime du règne anima!. Davaine, après avoir démontré l'immobilité absolue, à tous les stades «le leur existence, de la bactéridie charbonneuse et d'autres espèces, les rangea dans le règne végétal, à côté des oscillaires. Les microcoques sont généralement dépourvus de mouvements actifs. Une seule espèce, que nous étudierons plus loin, !<• \fiwococcus agilis, est ciliée et se déplace avec rapidité dans une goutte sus- pendue. *J58 ATLAS DE MICROHIOLOGIE Il n'y faut voir qu'un type intermédiaire entre les micro-coques immobiles, qui ne jouissent que du mouvement brownien, et les bactéries ciliées. Les microcoques se rapprochent tellement de certaines algues et notamment des cyanophycées, qu'il serait difficile, sinon impossible sans indication du grossissement, de distinguer du Nostoc commune, [

'"■'y O* «•ST I o >~yrî33^. O P. % -c ^ 1 ■ i* o *«**•* .fi- ^'r C e £K .<♦ / ^ésacWîBîv ■Zgmt** a^ ■eo^ ° Jf^rêj -'•' *> r ^ *f \ *Ê»'v *S C *lA- •^- ^"-. Fie. 412. Koaloc commune. Préparation fraîche. — lir. "2Ô0 diam. par exemple, les chaînettes du streptocoque pyogène ou du strepto- coque de la maminite contagieuse de la vache. Le Noatoc commune, qui tonne assez fréquemment, pendant les saisons chaudes et humides, d'épaisses couches verdàtres glaireuses et gélatiniformes sur des matières végétales en putréfaction, est constitué par des chapelets assez réguliers, présentant, comme les streptocoques, des formes diplococciques, et terminés souvent à leur extrémité par une cellule vésiculeuse analogue à certains aspects de la Monilia candida. Ces éléments, cinq à six fois plus volumineux que MICROCOQUES 259 les streptocoques pathogènes, contiennent do la chlorophylle et pré- sentent une teinte verdâtre. Les chapelets se colorent par les couleurs d'aniline. C'est à une espèce voisine qu'appartient le Leuconostoc mesenteroïdes, agent de la V ( N KS \ ) i - .' Fie. 413. Nostoc commune. Préparation colorée. — Gr. 500 diam. « gomme de sucrerie », que nous n'avons pas en l'occasion d'étudier. Les tig. 411 et 412 représentent le Nostoc commune à l'étal trais, sans coloration. La préparation colorée photographiée tig. ilô olïïe une analogie encore plus frappante avec certaines préparations de streptocoques. Nous commencerons l'étude des Microcoques par la description des espèces pathogènes les plus importantes, et nous passerons ensuite ei revue les microcoques saprophytes et chromogènes. MICKOCOQUES PATHOGÈNES PYOGENESE Parmi les désordres qui peuvent être occasionnés par les micro- coques pathogènes, la suppuration et ses complications présentent en. pathologie générale une importance capitale. Les accidents si variés produits par ces micro-organismes, depuis le furoncle jusqu'à l'infec- tion purulente, leur association aux agents pathogènes des affections les plus diverses, tuberculose, diphtérie, fièvre typhoïde, etc., la fré- quence enfin des infections secondaires mortelles dans les états cachectiques graves, dont la terminaison fatale se trouve ainsi si sou- vent avancée, rendent leur étude inséparable de tout examen clinique et anatoino-pathologique. Le premier microcoque pyogène connu fut celui qui porta plus tard le nom de Staphylocoque pyogène doré. Cette découverte appartient à Pasteur. Pasteur, en 1880, isola à l'état de pureté, par des cultures dans le bouillon stérilisé, les microcoques du pus furonculeux et détermina expérimentalement, par l'injection de ces cultures au lapin, des sup- purations étendues. Ogston, en 1881, sur 74 abcès chauds dont il examina le pus au moment de 1 incision, a constamment trouvé, après coloration avec le violet d'aniline, des microcoques soil en grappe soit en chaînettes. Ogston différencia les microcoques pyôgènes d'après leur mode de groupement et donna aux microcoques en grappe le nom de Staphy- locoques et aux microcoques en chapelet le nom de Streptocoques. Ces dénominations sont demeurées classiques. Ogston, en injectant des staphylocoques dans le tissu cellulaire des animaux, observa de vastes foyers purulents à marche rapide et dont la périphérie se trouvait infiltrée d'un véritable nuage de micro- coques. Les streptocoques donnaient aussi des abcès, mais leur évolu- MICROCOQUES PATHOGÈNES 261 lion ét;tit moins rapide et l'on observait outre les éléments anato- miques dos parois du foyer non pins des amas de microcoques, mais de simples chaînettes. Cornil, en 1885, étudiâtes micro-organismes de la suppuration dans une série d'abcès chauds au moment de l'ouverture du foyer. 11 y observa comme Ogslon des microcoques en grappe et en chapelet, tandis que les abcès froids donnaient nu pus moins riche on éléments figurés et dépourvus de tout microbe colorable par les moyens ordinaires. Cornil examina, après les méthodes de coloration appropriées, des fragments de tissu coujonctif et de peau, prélevés au niveau des foyers suppures. Sur les coupes traitées par la fuchsine, les micro-organismes se montrent colorés en rouge vif. Ils sont abondants vers le centre de l'abcès, qui s'est trouvé ramolli et liquéfié sous l'action peptonisante des microbes. Tout autour, une irritation inflammatoire, caractérisée par la distension des capillaires, dont beaucoup sont thromboses, et par des amas de cellules lymphatiques, entremêlées de fibrilles librineuses. Les bactéries pénètrent dans les cellules lymphatiques et dans les cellules adipeuses elles-mêmes. Ces divers éléments sont atteints d'une gangrène moléculaire. Les cellules lymphatiques épanchées et altérées par les produits solubles d'origine microbienne deviennent libres au milieu d'un liquide séreux pour constituer le pus et s'éli- miner au dehors. Tout autour le tissu conjonctif se nécrose dans une étendue variable. Les recherches du I>r Cornil ont été d'une importance capitale en anatomie pathologique car, si l'on connaissait déjà l'origine bacté- rienne des abcès chauds, on ignorait encore la réaction des tissus en présence des microbes pathogènes. En s'attachant à l'observation des lésions consécutives à l'infection microbienne et en démontrant que désormais l'étude des altérations histologiques serait inséparable de la recherche des microbes qui les déterminent, Cornil a donné l'un des premiers à l'anatomie pathologique générale l'orientation nou- 262 ATLAS DE MICROBIOLOGIE velle qui a été le point de départ de toutes les grandes découvertes de ces dernières années. Les cellules lymphatiques et les cellules du tissu conjonctif dans le protoplasma desquelles Cornil a remarqué l'un des premiers la pré- sence des microcoques pyogènes, n'étaient autres que les cellules microphages et macrophages de Metschnikoff. Nous étudierons dans le dernier chapitre de ce, livre le rôle de ces « phagocytes » dans la défense de l'organisme contre les microbes pathogènes, et nous verrons alors quelle interprétation il faut donner, dans l'état actuel de nos connais- sances sur l'immunité, de la réaction « pyogène » de l'organisme vivant en présence de l'infection par telle ou telle espèce bactérienne. Cornil étudia, en même temps que la suppuration, l'érysipèle, la lymphangite, la phlébite, le purpura, qui sont au même titre d'ori- gine microbienne. Nous avons vérifié nous-mênie en 1882, pendant notre internat chez le Dr Lucas-Championnière, les recherches d'Ogston. L'examen, après coloration, du pus d'une série d'abcès chauds et de suppurations variées, phlegmon, ostéomyélite, etc., nous lit constater la présence de staphylocoques et de streptocoques dans tous les abcès chauds et, dans les cas où l'affection évoluait vers la guérison, ces microcoques se montraient fréquemment inclus dans les cellules lymphatiques. Une seule fois, chez un albuminurique, il nous est arrivé d'observer une suppuration aiguë purement bacillaire. L'étude comparative des abcès froids nous donna des résultats abso- lument opposés. Le pus de ces abcès ne contenait pas de microbes apparents; mais l'inoculation aux animaux soit dans le tissu cellu- laire, soit dans le péritoine, soit dans les articulations de la moelle des os, déterminait non plus des abcès locaux, l'infection purulente ou l'ostéomyélite aiguë, mais des accidents de tuberculose locale ou généralisée. Nous avons photographié plusieurs de nos premières pré- parations. Nous les reproduisons plus loin. Une de nos coupes, datant du mois d'août 1882, démontrait, dans un cas de lymphangite des réseaux cutanés, la présence d'une quantité de diplocoques dans les papilles du derme. Le mémoire que nous avions MICROCOQUES PATHOGÈNES 2(13 remis sur ce sujet à La lin de l'année 1882 à l'un de nos maîtres et dont nous venons de résumer les conclusions n'a jamais été publié cl a dû se trouver égaré pendant que nous étions au service militaire. Toutes les recherches analogues confirmèrent l'importance dans la pathogénie de la suppuration des microbes pyogènes et démontrèrent la présence habituelle, dans les abcès chauds, de microbes facilement colora blés. SUPPURATION SANS MICROBES Y avait-il cependant des suppurations sans microbes? Pasteur démontra dès 1878 (Acad. de méd., 30 avril) que l'on pou- vait produire des abcès en introduisant sous la peau des animaux des fragments de laine stérilisés. Uskoff en 1881, puis Orthmann en 1882, firent des expériences con- tradictoires et n'obtinrent pas de pus en injectant sous la peau de l'eau ou du lait stérilisés. L'injection d'essence de térébenthine donnait au contraire un abcès sans microbes. Councilmann en 1885 arriva au même résultat en insérant ces substances sous la peau dans de petites ampoules de verre scellées, qu'il cassait après cicatrisation de la plaie. Eu 1884, Strauss répéta toutes ces expériences et introduisit sous les téguments de divers animaux, avec des précautions rigoureuses, des liquides ou des solides stérilisés. Toutes les l'ois qu'un abcès se produisit, le pus, examiné avec les colorants habituels, contenait des microbes. Plus tard Strauss observa à son tour du pus sans microbes. Il est bien démontré aujourd'hui que le pus peut se former sans l'intervention des microbes et que les microbes pyogènes n'agissent qu'en déterminant une irritation analogue à celle des irritants chi- miques. Grawitz et de Bary, en 1887, ont donné la preuve irréfutable que cer- taines ptomaïnes, particulièrement la cadavérine, peuvent produire chez quelques animaux une suppuration sans microbes, au même titre que le nitrate d'argent ou l'essence de térébenthine. 2f<4 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Cliristinas (1888) a obtenu de même la formation de pus dans la chambre antérieure de l'œil du lapin et le tissu cellulaire du chien, à la suite de l'injection de mercure stérilisé. Nous avons l'ail nous-mèrne, de 1883 à 1888, de nombreuses expé- riences sur l'action pyogène des substances les plus variées — et nous insisterons particulièrement sur ce fait, si souvent constate dans notre laboratoire et sur lequel ou a peut-être trop peu insisté jusqu'alors, que les différentes espèces animales réagissent d'une manière très variable en présence des mêmes irritants. C'est ainsi que le lapin conserve huit jours et plus dans le péritoine ou le tissu cellulaire, sans réaction aucune, plusieurs centimètres cubes de mercure stérilisé, tandis que le même métal détermine en quatre à cinq jours chez le jeune chien la suppuration, Chez l'homme, le pus sans microbes s'observe dans deux cas bien distincts : ou bien — I" les bactéries ont cessé de vivre, c'est ainsi que nous avons rencontré des kystes suppures non tuberculeux du cou sans microbes décelables par les colorants ou les cultures. Ou bien — 2" la suppuration a pour cause un irritant inorganique. Ces dernières sont les seules véritables suppurations sans microbes, hes agents irritants susceptibles de les provoquer, chez l'homme, sont notamment le nitrate d'argent, l'essence de térébenthine et l'essence de genévrier. laiton de Reims a produit fréquemment, dans un but révulsif, de vastes phlegmons, en injectant au voisinage du nerf sciatique dans les cas de névralgie une solution de nitrate d'argent. Nous avons nous-mèiue observé des abcès sans microbes quand nous employions le catgut à l'essence de genévrier, dont les propriétés irri- tantes se manifestent chez l'homme comme ii arrive chez le chien pour l'essence de térébenthine. Il existe donc, chez L'homme, des suppurations sans microbes; ces abcès sont généralement sans gravité. Nous verrons plus loin, en taisant l'étude générale de l'infection de l'organisme par les microbes pathogènes et du mode de résistance des cellules vivantes, que ces suppurations sans microbes et ducs à la présence d'irritants chi- MICKOCOQUES PATHOGÈNES l^5 ini(|iies évoluent un processus identique à celui des suppurations infectieuses. Le mécanisme de la formation du pus est ainsi le même dans les abcès sans microbes que dans les abcès infectieux, mais, l'agent pyogène inorganique étant incapable de multiplication, les désordres locaux qu'il produit ne sauraient se propager au loin et produire les cas d'infection grave que déterminent si souvent les microbes pyogènes. Les premières recherches sur la pyogenèse furent longtemps bien imparfaites, l'examen seul du pus après coloration se montrant insuffi- sant pour permettre d'établir les caractères différentiels de diverses espèces. Roscnbach le premier, en appliquant à cette étude, en 1885, les méthodes de culture de Koch sur les milieux solides, décrivit comme types bien définis : les staphylocoques doré et blanc, les streptocoques du pus et de l'érysipèle. Le mode de développement des cultures dans les tubes de gélatine, l.i liquéfaction ou la non liquéfaction du milieu, l'aspect et la colora- tion des stries sur les tubes inclinés d'agar-agar, permirent à Rosenbach de différencier définitivement le microbe pyogène vulgaire en chaînettes ou streptocoque pyogène et le microbe en chaînettes de l'érysipèle, qui ne liquéfient pas la gélatine et offrent sur l'agar-agar une culture très grêle, des staphylocoques blanc et doré, qui liquéfient la gélatine et donnent sur l'agar-agar une végétation abondante. Il décrivit aussi le Micrococcm pyogènes tenuis, qui d'après nos observations personnelles, semble n'être autre chose que le Pneumo- coque de Talamon et Frœnkel. Parmi les microcoques pathogènes, nous étudierons en premier lieu les Staphylocoques, qui sont les agents les plus fréquents de la sup- puration chez l'homme. 266 ATLAS DE MICROBIOLOGIE STAPHYLOCOQUES Rosenbach a décrit les Staphylocoques doré et blanc, qui sont les plus intéressants. Passet et quelques observateurs ont cultivé d'autres espèces pyogènes de microcoques en grappe; ces espèces ne se diffé- rencient des deux précédentes que par l'aspect des cultures. Ce sont : les Staphylococci cilreus, cereus al bus, cereus flavus, etc. STAPHYLOCOQUE DORÉ Le Staphylocoque doré est le type des microbes de la suppuration. Il est le plus répandu et le plus virulent des Staphylocoques pathogènes. On le rencontre dans l'air, dans l'eau, à la surface de la peau, où il est l'agent pyogène des pustules d'acné, sur le pourtour des ongles, sur les poils, les cheveux et la barbe, dans le tartre dentaire, dans les selles, particulièrement en cas de diarrhée. On l'y observe même chez les enfants à la mamelle. Isolé tout d'abord du pus de furoncle et d'ostéomyélite par Pasteur, étudié par Ogston, par Strauss, Rosenbach, Passet et par nous-mêmes de 1881 à 1888, ce microbe se rencontre dans la plupart des suppu- rations et en particulier dans le pus du furoncle, de l'anthrax, de l'ostéomyélite, du panaris et de beaucoup de phlegmons circonscrits ou diftus. Le Staphylocoque doré présente en chirurgie une importance considé- rable, car c'est à lui seul ou associé à d'autres espèces qu'était due le plus souvent, avant la vulgarisation de l'antisepsie, la suppuration des plaies opératoires et l'infection purulente typique si redoutée des anciens chirurgiens. Le Streptocoque pyogène que l'on rencontre fréquemment en pareil cas associé au Staphylocoque doré peut donner STAPHYLOCOQUES 267 ('gaiement lieu à lui seul à des accidents analogues (phlegmon cir- conscrit ou diffus, infection purulente). Préparations colorées. — Si nous examinons, après l'avoir étendu et desséché sur une lamelle, le pus d'un furoncle ou d'un anthrax, coloré par la fuchsine ou le violet de méthyle et décoloré par l'alcool, nous remarquons immédiatement dans le champ de la préparation des groupes de microbes arrondis disposés en forme de grappes. (Fig. 414 et 415.) ;. « " % «* Fie. 414. Pus phlegmoneux. Staphylocoque doré. — Gr. 1000 diam. Ces microcoques, qui (dirent en général de Oy.,5 à 1 y., de diamètre, sont sphériques ou légèrement ovalaires et se groupent en petits amas irréguliers. Parfois on n'ohserve des diplocoques, de couçtes chaînettes de trois à quatre (déments ou des tétrades. Les préparations sont particulièrement démonstratives quand on a employé la méthode de Gram, c'est à-dire la coloration avec lasolution de violet dans l'eau d'aniline, la double coloration par le brun de Bismarck ou la coccinine et la décoloration par l'essence de girofle après l'action de l'iode. 268 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Les groupes «le microbes tranchent par une teinte d'un bleu intense sur le fond jaune ou rose de la préparation, où l'on distingue très bien à leur aspect caractéristique les globules de pus. L'examen d'une lamelle est suffisant pour reconnaître si le pus d'un abcès chaud contient un Staphylocoque pyogène, car les groupes carac- téristiques s'y renconlrent en abondance. Certaines formes diplococciques (fig. 415) pourraient toutefois en imposer pour une infection mixte de staphylocoques et streptocoques. * M A *V £ \ i « Fie. 415 Pus phlegmoneux. Staphylocoque doré. — Gr. 1000 diam. Le diagnostic bactériologique précis ne peut être déterminé en pareil cas qu'après l'examen d'une série de cultures fractionnées et très diluées sur des tubes inclinés de gélose. Cultures. — Si, à l'aide d'une aiguille de platine stérilisée, on ense- mence une goutte de pus d'un furoncle ou d'ostéomyélite infectieuse par piqûre dans un tube de gélatine et en strie à la surface d'un tube d'ugar-agar, on observe sur la gélatine une culture en forme de clou qui liquélie progressivement le milieu, tandis que sur i'agar se déve- loppe en 24 à 48 heures une large colonie homogène, présentant une teinte jaune d'or des plus accentuées. STAPHYLOCOQUES 269 Quelquefois la teinte jaunâtre n'apparaît que le deuxième ou le troi- sième jour. Quand les cultures sont anciennes, elle devient de moins en moins apparente, de telle sorte que sur les vieilles cultures il est par- fois difficile de reconnaître s'il s'agit bien du Staphylocoque dore ou d'une autre espèce très voisine décrite par Rosenbach sous le nom de Staphylncoq ue b la ne. La coloration des cultures jeunes dépend de la virulence du microbe l, . .Cl > J : **% ii '^ f . f Fie. 416. Pus phlegmoneux. Staphylocoques et Streptocoques. — Gr. 1000 diam. comme du milieu de culture. La teinte jaune d'or est particulière- ment remarquable sur la pomme de terre, qui est d'ailleurs un excel- lent milieu pour tous les microbes chromogènes. La culture finit par s'étendre au tiers ou à la moitié de la surface du tube d'agar. Sur la gélatine, comme l'avons indiqué plus haut, la culture par piqûre détermine la formation d'une colonie liquéfiante eu forme de clou. En quelques semaines, la liquéfaction est complète, et il se produit à la surface du liquide des petits amas crémeux et jaunâtres composés, ainsi que le sédiment, de Staphylocoques dorés. 270 ATLAS DE MICROBIOLOGIE En culture sur plaques de gélatine il se produit assez rapidement de petites colonies qui s'étendent en surface et qui liquéfient lente- ment le milieu. Mais la recherche du Staphylocoque par la méthode des plaques est rarement utile. L'aspect des colonies en stries sur l'agar est en effet caractéristique et, s'il y a association avec le Streptocoque, ce dernier est en général mis en évidence dès les premières cultures, à condition qu'elles soient suffisamment fractionnées. Fie. 417. >;>/ Fig. 418. Fig. 419. Culture de Staphyl. doré Ostéomyélite ancienne Anthrax, sur gélatine, du radius. Pus : 1" culture 3* jour. 1" culture sur Agar. sur Agar. Fig. 420. 1" culture de pus conte- nant à la fois le Staph. doré et le Strept. pyogène. Les Staphylocoques donnant une culture large et épaisse, le pus à examiner doit être ensemencé en surface en très petite quantité et l'aiguille doit être essuyée successivement et sans être rechargée sur deux ou trois tuhes d'agar-agar incliné. Les colonies de Strep- tocoques, s'il en existe, apparaissent nettement ça et là entre les larges colonies du Staphylocoque (fig. 419 et 420). Le Staphylocoque doré se cultive bien sur le sérum, qu'il liquéfie. Les caractères des cultures sur le bouillon sont particulièrement remarquables quand on ensemence des ballons d'un ou deux litres, comme nous l'avons fait pour la recherche des toxines cristallisables ou album inoïdes. STAPHYLOCOQUES 271 Le bouillon se trouble d'abord eu totalité. Au bout de quelques semaines, le liquide devient clair el il se produit à la surface un grand • .1 -*. «a " A m % .* •. e ' *v • » h. m . > ■ • . V. * • * « * * * > < » 3 Fie. 421. Staphylocoque doré. Jeune culture sur milieu liquide. Les jeunes cultures présentent souvent de courtes chaînettes. nombre de colonies lenticulaires, tandis que la masse des Staphylo- Fie. 422. Staphylocoque doré. Vieille culture sur agar. coques vient former une couche de plusieurs millimètres d'épaisseur au fond du récipient. 27S ATLAS DE MICROBIOLOGIE La virulence du Staphylocoque doré se conserve pendant fort long- temps, ainsi que le prouvent l'inoculation de vieilles cultures d'une part, et d'autre part, comme nous le verrons plus loin, les observations d'ostéomyélite prolongée dans lesquelles, après une période souvent fort longue de guérison apparente (de quelques mois à 15 ou même 17 8ns), les accidents locaux ou généraux se manifestent de nouveau. ACTION PATHOGÈNE Lésions locales. — Le Staphylocoque peut donner lieu, comme nous l'avons dit, aux lésions les plus variées, depuis le simple bouton d'acné jusqu'à la septicémie foudroyante; mais si exceptionnellement le Staphylocoque peut tuer par une intoxication générale tellement rapide que le pus n'ait pas eu le temps de se produire, en 18 à 24 heures, par exemple, après une intervention chirurgicale, cette forme grave d'infection est très rare, et l'organisme humain jouit le plus souvent vis-à-vis de ce microbe d'un certain degré d'immunité. Les manifestations bénignes de l'infection par le Staphylocoque doré sont donc les plus fréquentes. Les boutons d'acné qui se développent autour des poils follets et certaines petites pustules cutanées avec eschare superficielle sont dus à une inoculation intra-épidémique du Staphylocoque. Le furoncle et l'anthrax, qui comme le furoncle, est une lésion sup- purative des follicules pilo-sébacés aboutissant à la formation d'un véritable foyer de nécrose sous-cutanée, connu sous le nom de bour- billon, sont dus sans exception au développement du Staphylocoque doré. — L'anthrax est en quelque sorte une réunion de furoncles juxtaposés. 11 peut présenter une étendue considérable, et se montrer envahissant, particulièrement dans les diathèses graves, le diabète, l'albuminurie, et les états cachectiques. Le Staphylocoque peut causer à lui seul, sans aucune association microbienne, le phlegmon circonscrit ou diffus. — L'examen du pus après coloration et par les cultures est alors indispensable pour un diagnostic bactériologique précis, ces lésions pouvant être déter- minées par des microbes variés. STAPHYLOCOQUES 373 Infection générale légère. Lymphangite et Fièvre. — Ces lésions locales du Staphylocoque dore peuvent s'accompagner d'infection à distance. Une simple pustule d'acné, un furoncle de petit volume sont en effet susceptibles de déterminer une lymphangite périphérique étendue avec adénopathie douloureuse des ganglions voisins, comme on l'observe si souvent dans les cas de furoncles de la fesse, chez les cavaliers. Il existe alors une fièvre qui atteint 58,5 ou 39 degrés, un abatte- ment notable et un état saburral. 11 est rare que la lymphangite <»u l'adénite dues au Staphylocoque suppurent. La suppuration drs vaisseaux et des ganglions lymphatiques s'observe plus fréquemment, comme nous le verrons, dans l'infection streptococcique. Infection générale grave. — Ostéomyélite infectieuse. — De même qu'il occasionne des phlegmons et des abcès superficiels, le Staphylocoque doré peut causer des suppurations profondes localisées ou diffuses. — ■ Parmi ces lésions, nous devons citer en première ligne l'ostéomyélite infectieuse, et si, dans ces dernières années, les recherches du D'Lannelongue et de beaucoup de bactériologistes ont démontré que les accidents de l'ostéomyélite et les abcès osseux pouvaient être tins à d'autres microbes, particulièrement au Streptocoque el au Pneumo- coque, ces dernières espèces n'ont guère été rencontrées que chez de très jeunes sujets et dans une proportion très minime (10 puur iOÛ environ). — (Lannelongue.) Le bacille de la fièvre typhoïde a été noté 4 fois sur 90 cas. Nous devons ajouter que le bacille d'Eberth et le Streptocoque ont été principalement observés dans des cas où l'ostéo- myélite était survenue peu après l'évolution d'une scarlatine ou d'une fièvre typhoïde. Ces observations n'infirment donc en rien l'origine staphylo- coccique habituelle de l'ostéomyélite infectieuse des adolescents. Tout microbe pyogène peut donner lieu, s'il a pénétré au centre d'une épiphyse ou sous le périoste, à des accidents de périostite ou d'ostéo- myélite, et c'est une loi de pathologie générale que le tissu osseux n'offre pas une réaction spéciale vis-à-vis des divers microbes pyogènes. Nous étudierons donc avec les autres lésions dues au Staphylocoque 274 ATLAS DE MICKOMOLOGIE doré, l'ostéomyélite typique spontanée des adolescents, d'autant mieux que les ostéomyélites infectieuses non staphylococciques ne présentent pas de types cliniques bien distincts et sont de simples curiosités bactériologiques. Le Staphylocoque doré est très répandu dans la nature. .Nous avons vu qu'il existe très fréquemment à la surface de la peau. Il pullule aussi dans les cavités naturelles. Ce microbe étant un agent pyogène d'une activité toute spéciale, l'étiologie de l'ostéo- myélite aiguë des adolescents est très simple. Taudis que ie furoncle, l'anthrax, le phlegmon circonscrit sont presque toujours dus à une inoculation directe d'origine externe, l'ostéomyélite typique des adolescents se produit d'une manière indi- recte et sans que bien souvent on puisse retrouver dans les comme-» moralifs la moindre cause efficiente (traumatisme, etc.). Nous avons personnellement rencontré le Staphylocoque doré dans l'urine, sans traces d'albuminurie, au cours d'une attaque prolongée de furonculose. Ces observations prouvent que le Staphylocoque, grâce aux propriétés préservatrices bien connues des cellules lympha- tiques et des autres phagocytes, peut traverser le courant sanguin, et même le tissu rénal, sans y déterminer la moindre lésion appréciable. (Nous verrons plus loin que cette expérience est facile à réaliser chez les animaux.) Un enfant dans le sang duquel circulent quelques Staphylocoques vient-il à déchirer dans un mouvement brusque un cartilage épiphysaire, il suffit de la présence d'un seul élément mi- crobien au niveau du point traumatisé pour que, trouvant dans un caillot minuscule un excellent milieu de culture, ce parasite déter- mine la nécrose du tissu spongieux voisin, et consécutivement, des désordres intra-osseux et sous-périostiques étendus. iïst-il même nécessaire qu'il y ait dans tous les cas un traumatisme '.' 11 est probable (pie, lorsqu'il existe un assez grand nombre de Staphylo- coques dans le sang et que l'étal général est peu satisfaisant, l'acti- vité circulatoire du tissu osseux voisin des épiphyses suflit par y causer la localisation bien connue de l'ostéomyélite infectieuse. Nous représentons, lig. 422, notre première préparation de Staphylo- STAPHYLOCOQUES 375 coques; cette préparation provient d'un cas d'ostéomyélite opéré en 1882 par le l)r Championnière, dont nous étions interne à l'hôpital Tenon. L'ostéomyélite spontanée se développe le plus souvent aux dépens du tibia, souvent aussi au niveau du fémur. Lannelongue a démontré qu'on peut l'observer dans tous les os de l'économie, même dans les os plats et les os courts. Presque toujours la maladie débute, comme nous l'avons dit, d'une manière insidieuse. L'enfant offre au niveau de la jambe ou de la cuisse un gonflement diffus. Autrefois on confondait fréquemment avec une attaque de rhumatisme la période d'invasion de l'ostéomyélite infectieuse. La maladie peut revêtir une marche subaiguë et dans certains cas, malgré l'existence de séquestres inlra-osseux d'une étendue considérable, il se forme, sans réaction générale violente, un abcès sous-périostique qui s'ouvre spontanément au dehors au bout de plusieurs semaines. C'est ainsi que nous avons vu venir d'une assez grande distance en boitant, à notre clinique, des enfants présentant d'énormes abcès à Staphylocoques, qui avaient détaché de l'extrémité inférieure du fémur le périoste et les muscles adjacents. Quand on ouvre ces abcès, on trouve presque toujours à la face interne du périoste des couches osseuses néoformées. Ces lamelles osseuses d'origine récente sont le premier stade de la formation de la gaine que l'on rencontre autour des anciens séquestres. L'ostéomyélite affecte souvent une allure plus alarmante. Plusieurs os peuvent être atteints soit simultanément, soit à des intervalles variables. Enfin la maladie peut évoluer d'emblée avec les symptômes de l'infection purulente. Dans ces cas, parfois au delà de toute res- source si l'on ne prévoit en quelque sorte dès les premiers jours la localisation des Staphylocoques, la mort survient en 10 ou 15 jours avec un gonflement diffus et parfois peu accentué «l'une jambe ou d'une cuisse, mais avec formation rapide d'abcès métastatiques dans le foie, les reins, la rate, les poumons et parfois le cerveau. L'ostéomyélite peut donc se comporter d'une manière bénigne et n'être en quelque sorte, suivant une comparaison imagée, qu'un furoncle osseux, de même qu'elle peut revêtir la gravité des infections 276 ATLAS DE MICKOUIOLOGIE chirurgicales les plus foudroyantes et s'identifier avec l'infection purulente. Infection purulente. — Le Staphylocoque est l'un des micro-orga- nismes pathogènes habituels de l'infection purulente typique. L'in- fection purulente, caractérisée par la présence de suppurations étendues et d'abcès métastatiques, fut bien longtemps séparée par les Cliniciens de la septicémie, où la mort survenait au contraire sans lésions anatoniiques grossières. Les études microbiennes ont fait justice de ces distinctions trop superlicielles. 11 est prouvé aujourd'hui que le même microbe peut tuer avec ou sans abcès métastatiques et que la septicémie comme la pyohémie peuvent être causées indifférem- ment par plusieurs espèces microbiennes bien distinctes. L'infection purulente n'est donc, comme l'ostéomyélite, qu'un type clinique dont l'étiologie bactérienne! se trouve variable. Bien mieux il est prouvé, connue nous venons de le signaler, que la septicémie vraie, c'est-à-dire la mort par infection microbienne sans trace de suppuration viscérale ou d'abcès métastatiques et dont le type se trouve par exemple dans le Charbon, peut être réalisée par l'inocu- lation des espèces bactériennes les plus habituellement pyogènes. Nous avons vu des malades succomber en dix-huit à vingt heures, sans trace de suppuration locale ou générale, à la suite d'une infection par le Staphylocoque doré. Le P1 Corn il signalait ces faits dans une récente leçon et rappelait des observations de mort foudroyante survenant en vingt-quatre heures après une infection chirurgicale ou même après une simple piqûre anatomique. Il s'agissait tantôt du Staphylo- coque, tantôt du Streptocoque. Dans ces cas, la multiplication du microbe dans le torrent circula- toire et la production des toxines sont tellement rapides que la mort survient avant que le processus pyogène n'ait eu le temps d'évoluer. Ces accidents foudroyants peuvent dépendre, soit d'un mauvais état général du sujet et d'une réceptivité spéciale, soit d'une virulence exagérée i\u microbe. Nous reviendrons plus loin sur ces exaltations remarquables de virulence aujourd'hui bien connues pour le Strepto- coque comme pour le bacille de la Diphtérie depuis les belles recher- STAPHYLOCOQUES 277 ches de Roux et de Marmorek, et il est probable qu'en parlant de cultures de Staphylocoques provenant d'un de ces cas de septicémie foudroyante on arrivera, par les méthodes connues, à la sérothérapie de l'infection par le Staphylocoque doré. Localisations du Staphylocoque dans les ras mortels. — Dans toutes les autopsies que nous avons pratiquées en prenant soin, comme l'exigent de semblables recherches, de recueillir les matériaux de culture aussitôt après la mort, nous avons constaté qu'il existe souvent dans le torrent circulatoire, toujours dans le parenchyme des principaux vis- cères (foie, rein, rate, moelle des os), de nombreux amas de micro- ' > ■ s* X ^l£f Fig. 423. Ostéomyélite du tibia (1882). Arthrite purulente du genou. Staphylocoques. Gr. (1000 diam.). Fig. 424. Infection purulente par le Staphylocoque doré. Foyer métastatique pulmonaire (Gr. 25 diam.) coques. Nous avons vérifié avant la mort le passage de ces bactéries dans l'urine; nous avons observé ce phénomène chez des malades qui ont guéri et nous avons noté que, même dans ces derniers cas, l'urine, au moment où la fièvre septique était la plus vive et où sa toxicité, comme l'ont si bien démontré le l)r Bouchard et ses élèves, atteignait son maximum, devenait d'acide, neutre et, dans les cas graves, alcaline. Nous avons recherché avec M. Couttolenc, professeurà l'Ecole profes- sionnelle de Reims, la présence des ptomaïnes et nous n'avons jamais pu obtenir ces dernières qu'en très petite quantité, hes produits les plus toxiques nous ont paru particulièrement être des albuminoïdes, soit précipitables par l'alcool dans les cultures et le suc des viscères, 378 ATLAS DE MICROBIOLOGIE soi! déjà peptonisés et solublos, comme toute peptone bien élaborée, dans l'alcool concentré. INOCULATION AUX ANIMAUX Nous avons, dès nos premières recherches en 1882, pendant notre internat à l'hôpital Tenon chez le Dr h. Championnière, inoculé à divers animaux du pus de furoncle et d'ostéomyélite. En 1884, nous avons fait nos premières cultures de Staphylocoques dans le service du Dr Labbé. L'inoculation de cultures virulentes du Staphylocoque doré présente ce phénomène particulier que l'on n'observe pas le même type de suppuration chez les différentes espèces animales et, pour ne citer qu'une seule de ces particularités, il est habituel que l'injection au lapin de cultures de Staphylocoques détermine la formation de véri- tables abcès caséeux comme il en existe chez l'homme dans certains cas de tuberculose locale. Ces faits nous ont frappé dès le début de nos expériences, [/action pathogène du Staphylocoque doré étant bien démontrée par l'inocu- lation dans le tissu conjonctif sous-cutané ou dans le péritoine, nous avons cherché à déterminer des ostéomyélites typiques par l'inoculation sous-périostique ou intra-osseuse. Nous avons obtenu des résultats positifs dès nos premières inocu- lations. Nous nous sommes alors attaché à obtenir l'ostéomyélite spontanée chez de jeunes lapins par la simple inoculation de petites quantités de cultures dans le torrent circulatoire, et c'est ainsi que nous sommes arrivé à provoquer chez un lapin, dans notre labora- toire de Reims, sans traumatisme occasionnel, un cas d'ostéomyélite typique avec nécrose de l'extrémité inférieure du fémur. Nous avons également confirmé par nos recherches sur les animaux les observations que nous avons faites chez l'homme sur l'élimination des staphylocoques par le rein et à ce propos nous avons injecté dans la veine de l'oreille du lapin des microbes variés, facilement reconnais- sablés, tels que le staphylocoque doré, le streptocoque, le bacille pyo- cyanique, le prodigiosus, etc. Ces recherches, répétées nombre de fois, nous ont amené ;'i cette conclusion que les microbes même les plus STAPHYLOCOQUES 279 éminemment pyogènes, et à plus forte raison les microbes indiffé- rents et non pathogènes, n'étaient pas seulement, détruits dans l'organisme par l'action bienfaisante des cellules vivantes, comme l'a démontré M. Melschnikolf, mais que ces microbes étaient éli- minés par le rein comme nous l'avions observé chez l'homme, et aussi par le foie, comme il est facile de le démontrer chez le lapin. L'élimination commence quelques heures après L'injection dans le sang et se montre très évidente pendant deux ou trois jours. Quand il s'agit du staphylocoque pyogène, la présence du microbe dans l'urine et la bile se manifeste bien avant l'apparition des abcès métastatiques du foie et du rein, qui déterminent la mort au bout de quelques jours; pour les microbes non pathogènes, nous n'avons observé aucune lésion viscérale. Il est donc démontré d'après ces recherches, d'abord vivement attaquées, puis contrôlées depuis par de nombreux bactériologistes et vérifiées notamment pour le foie par" notre ami le Dr Létienne, que les bactéries en nature, pathogènes ou non, sont susceptibles de traver- ser le foie et le rein et d'être éliminées par eux comme de simples substances solubles, l'iodure de potassium par exemple. NÉPHRITE ASCENDANTE A STAPHYLOCOQUES Les recherches de Leube (Arch. de Virchow 1885, p. 540), puis de Launois, Clado, Halle, Albarran et les nôtres ( 1 885- 1 890), démontrèrent que la néphrite ascendante était due le plus souvent à la pénétration dans les tubuliet même jusqu'aux glomérules d'un fin bacille analogue ou identique au Bacterium coli commune. Certains auteurs ont voulu décrire comme un type bien défini un bacille de l'infection urinaire. Nous avons prouvé l'un des premiers que la cystite aiguë infectieuse, dans sa forme bénigne comme dans ses formes les plus graves, et la néphrite ascendante, qui en est la plus terrible complication, peuvent être causées non seulement par plusieurs espèces de bacilles, mais aussi par des microcoques (Société anatomique, juin 1885). Souvent même l'infection est mixte, comme nous l'avons justement .,.,. ATLAS DE MICROBIOLOGIE observé en I S S T> sur la pièce à laquelle nous faisons allusion et qui été recueillie dans le service de notre maître le l)r Lancereaux. Nous avons étudié chez l'homme plusieurs cas de cystite et de néphrite ascendante à Staphylocoques et à Streptocoques. Nous avons provoqué expérimentalement les mêmes lésions chez les animaux en injectant dans l'uretère préalablement lié du côté de la vessie une culture de microcoques. Néphrite ascendante expérimentale *■.-■» ? Fie. 426. Amas de Staphylocoques dans les tubes droits des pyramides. (Gr. 60 diam.) *■■* Fw. 427 Lésions suraiguës à forme gaogréneuse. (Gr. 80 diam.) 282 ATLAS J)E MICROBIOLOGIE Fîg, 428. Zooglées dans la région corticale. (Gr. 80 diam.) Fie. 429. Formation des abcès corticaux. (Gr. 25 diam.) STAPHYLOCOQUES 283 On remarque dans la figure 430, au centre même u\' l'abcès, un amas très visible de microcoques. Cette infection rénale ascendante est rapi- dement mortelle chez le lapin ou le cobaye, et, quand on inocule un seul rein, il est facile, dans les c;is où la mort ne survient pas trop vite, d'observer dans les autres viscères les lésions de l'infection puru- lente typique les staphylocoques ayant envahi, du rein infecté par voie ascendante, le torrent circulatoire, et ayant déterminé par voie Fie. 430. ibcès cortical avec Zooglée centrale de Staphylocoques. (Gr. 80 diam.) embolique dans le foie, le poumon, la rate et le rein du côté opposé des abcès métastatiques. On obtient aussi sur le même animal les deux types de lésions. De même que dans la peau on observe deux modes bien différents de suppuration suivant que Fin (cet ion est locale (furoncle, phlegmon circonscrit) ou d'origine embolique purpura, abcès métastatiques), de même ces deux tvpes anatomiques que nous avons appelés, l'un in- fection par e ne fiy mate use, l'autre infection embolique, s'observent respec- tivement dans tous les viscères tels que le poumon, le foie, le rein, par 98 4 ATLAS DE MICROBIOLOGIE exemple, où les microbes peuvent pénétrer par l'arbre aérien ou les canaux excréteurs (broncho-pneumonie par inhalation, cholécystite infectieuse, néphrite ascendante) ou bien par voie emboiique, c'est-à- dire par le torrent circulatoire, pour déterminer soit une mort fou- droyante (septicémie des anciens cliniciens), soit une mort plus lente avec production d'abcès métastatiques (infsction purulente), soit seu- lement, comme nous l'avons démontré, une sorte d'état infectieux pas- sager et curable au cours duquel les microbes pathogènes sont à la fois détruits par la phagocytose et, comme nous l'avons démontré, éli- minés par le foie, le rein et d'autres glandes (Ve Congrès français de Chirurgie, Paris, 1891). '<«*> âlM^ , / s p * Fig. 431, Phlébite de la veine faciale, des sinus de la dure-mère et de la veine sylvienne. Coupe de la veine sylvienne thrombosée. Fig 432. Staphylocoques provenant du caillot d'une de ces veines. (Préparations faites en 1884. i PHLÉBITE DES SINUS DE LA DURE-MÈRE 11 n'est pas sans intérêt de signaler l'action pathogène du staphylocoque doré sur le système veineux. La phlegmatia post- puerpérale, comme l'a bien démontré Widal, est due au Streptocoque. Fidèle à la loi que nous avons donnée à propos de la suppuration et des divers types d'infection purulente, qui peuvent relever sans types cliniques bien différents d'espèces microbiennes distinctes, le Staphy- locoque peut déterminer l'évolution de phlébites progressives à marche s tira igné'. STAPHYLOCOQUES 285 Nous avons observé plusieurs cas de phlébite staphylococcique de la veine faciale propagée à la veine ophtalmique et aux sinus intra- crâniens. Ces phlébites évoluent en général à la suite d'un furoncle profond de la lèvre supérieure ou de l'aile du nez. Dans l'une de nos observations, une phlébite mortelle s'est installée à la suite d'une simple érosion de l'épiderme de la joue occasionnée chez une garde par un coup d'ongle d'enfant. SPÉCIFICITÉ MICROBIENNE DE CENTAINES LÉSIONS TYPIQUES 11 résulte de ce qui précède que certaines infections typiques, telles que le furoncle et l'anthrax, sont caractérisées microbiennement par la présence constante d'un seul et même agent pathogène. A côté de ces affections à parasitisme constant et bien déterminé, beau- coup d'autres maladies microbiennes peuvent au contraire revêtir un même type classique, tout en n'étant pas toujours causées par le même micro-organisme (phlegmon, septicémie, infection purulente, cholécystite et néphrite ascendante). Nous retrouverons ces particu- larités dans toute la bactériologie. Les espèces microbiennes capables de déterminer des lésions analogues au point de vue clinique devront donc être recherchées par l'examen immédiat et les cultures, le moindre phlegmon, lésion banale en apparence, pouvant comporter un pronostic bien variable suivant qu'il s'agit par exemple d'une infection par le Staph\locoque blanc, infection presque toujours locale et bénigne, ou bien au contraire d'un cas d'actinomycose, lésion rebelle et envahissante au premier titre. IMMUNITÉ CONTRE LE STAPHYLOCOQUE DORÉ Les infections les plus légères par le Staphylocoque doré, orgeolet, furoncle, pustules sous-épidermiques, s'accompagnent fréquemment d'un œdème inflammatoire étendu avec rougeur, douleur vive, légère élévation de la température, et se compliquent souvent d'adénopathie. Les ganglions enflammés sous l'action du seul staphylocoque suppurent très rarement. Ces accidents locaux peuvent se reproduire avec persistance pendant <- ■ * * * * '«• • • j» t r • 0 • t. • * *• v • 'r * ^ - Fie. 437. Jeune culture de Staphylocoque blanc. (Gr. 1 000 diam.) teinte dorée si on leur rend leur virulence par des inoculations aux animaux. STAPHYLOCOQUES 2.vi La pomme de terre est alors le meilleur milieu de culture pour obtenir l'aspect orangé caractéristique. Gomme le staphylocoque doré, le staphylocoque blanc peut varier dans sa virulence, et nous avons observé un cas de psoïlis supputée grave à staphylocoques blancs qui s'est terminé par la mort avec toutes les lésions de l'infection purulente. Jamais nous n'avons obtenu sur ces cultures la moindre trace de pigmcnl orangé. STAPHYLOCOCCUS CITREUS Passet a observé dans certains abcès (1885) un autre staphylocoque Fie. 438. Staplnjlococcus cilreus. (Gr. 1000 rliam.) dont les cultures, très analogues à celles des deux précédents, prennent une coloration d'un jaune citron, très différente de la coloration du staphylocoque doré. Ce microbe liquéfie la gélatine et parait intermé- diaire, au point de vue de la virulence, aux deux précédents. Lannelongue et Aehard (1892) ont constaté sa présence dans un foyer ancien d'ostéomyélite de Pavant-bras. Ils ont pu obtenir con- stamment des cultures conserva ni la nié me lei nie citron peu Lin! qi.in/r 290 ATLAS DK MICROBIOLOGIE générations successives, et durant sept mois. Ils considèrent, comme Passet, qu'il s'agit bien d'une espèce distincte et non d'un croise- ment ou d'une transformation des staphylocoques doré et blanc. STAPHYL. CEREUS ALBUS ET FLAVUS Passet a décrit également d'autres microbes pyogènes, notamment les StapInjL cereus albus et Staphyl. cereus /lavus, qui ne liquéfient pas la gélatine. Ces staphylocoques, comme ceux que nous venons de décrire, se colorent par la méthode de Gram. En culture sur plaque, ils se A. w -S & *V%r^ ****** Fig. 459. Staphyîococcus cereus albus. (Gr. 1000 diam.) développent sous forme de colonies arrondies, qui s'étalent en petites taches blanches ou jaunâtres, ressemblant à des gouttelettes de cire blanche ou jaune. Ces ileux espèces se différencient 1res nettement des précédentes, puisqu'elles ne liquéfient pas la gélatine. Les cultures sur gélose sont aussi bien distinctes; elles ressemblent à nue couche de cire d'une certaine épaisseur, tandis que les cultures des staphylocoques doré, blanc et jaune citron, forment sur l'agar une couche moins épaisse, homogène et humide. STAPHYLOCOQUES 29 ; Les propriétés pyogùnes de ces espèces sont moins accentuées que celles des staphylocoques précédents et ie plus souvent on ne les Fie. 440„ Staphijl. cereus albus. Culture sur agar. Fig. 441. Slaphyl. cereus (la vus. Col. sur plaque de gélatine» (Gr. 20 diam.) Fie. 412. Slaphyl. cereus fia vus Culture sur agar. •r1 "^ *<* A '•"il. t3* Fig. 445. Staphylococcus cereus flavus. (Gr, 1000 diam.) .? Encontre que comme association microbienne. Nous les avons. servées dans l'urine pathologique (cystites, pyéionéphntcs). 202 ATLAS DE MICROBIOLOGIE MICROBE DE L'ARAIGNÉE MAMMITE GANGRENEUSE DES BREBIS LAITIÈRES Il se produit parfois chez la brebis une mammite gangreneuse à marche foudroyante et qui peut tuer en 24 et 48 heures. Le « mal de pis » de la brebis a été dénommé Y Araignée, parce qu'on l'attribuait autrefois à la piqûre de cet insecte. Cette affection s'est autrefois tellement répandue qu'il n'était pas • •• * — s t . \ ' :r- < - «y. V Fig. 444. Mammite gangreneuse de la brebis. Cullure. (Gr. 1000 diam.) rare de voir un dixième des brebis laitières au moins, dans les troupeaux infectés, succomber à cette terrible maladie. La mamelle atteinte s'indure et triple de volume. Elle olfre une ointe rouge violacée. Le mamelon est flétri, flasque et froid. Le tissu glandulaire se gan- grène. L'infiltration sous-culanée gagne la face interne des cuisses, la région abdominale, et l'animal succombe. Nous avons vu que la mort survient, dans les cas suraigus, en 3 î heures. La plupart des brebis infectées succombent en quatre ou mn i < » 1 1 r " — STAPHYLOCOQUES 293 Dans les cas assez rares où la guérison spontanée se produit, les ma- melles et les téguments voisins, après avoir laissé suinter une sérosité roussâtre et sanieuse, se flétrissent, se desséchent et s'éliminenl len- tement. La cicatrisation de ces vastes plaies bourgeonnantes exige plusieurs mois. Les vétérinaires ont longtemps considéré cette maladie connue mie mammite traumatique. On a recherché en vain les bactéries char- bonneuses. Dans les pays ou le « mal de pis » est fréquent, certains bergers ont imaginé de tendre dès le début le pis en différents sens et de traiter les plaies par des lotions détersives. K-: t - ... Fie. 445. Mammite gangreneuse de la brebis. Culture. (6p. 1000 diam.) Les recherches du Pr Nocard ont confirmé la nature infectieuse de 1' « araignée ». En mars 1886, examinant le lait extrait par la pres- sion d'une mamelle de brebis indurée, Nocard y observa, après colora- tion par les couleurs d'aniline et la méthode de Gram, un microcoque extrêmement petit, en quantité considérable. Ce microcoque est un des plus petits qui existent. On en jugera par les préparations ci-contre. Le microbe de la mammite se cultive aisément dans les bouillons neutres ou alcalins, qui, dès le premier jour deviennent franchement 294 ATLAS DE MICROBIOLOGIE acides, moins acides cependant qu'après ensemencement avec le streptocoque de la mammitc des vaches. Dès que le bouillon de culture est devenu très acide, le microbe perd la propriété de se reproduire, à moins qu'on n'ajoute, pour le neu- traliser, du carbonate de chaux. Cultivé dans du lait de vache ou de chèvre, il y détermine en 24 heu- res un coagulum rétractile d'une fermeté extraordinaire» Les bouil- lons sucrés neutres sont, un excellent milieu de culture, l'acidité y apparaît vite et le microcoque meurt si on ne prend soin d'alcaliniser. Le microbe de l'araignée est un anaérobie facultatif. ïl se cultive bien sur les milieux solides et liquéfie la gélatine dès le second jour. Cette action liquéfiante s'exerce aussi à un moindre degré sur le sérum gélatisiisé. Sur l'agar-agar il produit en surface une traînée opaque, assez épaisse el qui s'étale peu à peu jusqu'aux parois du tube. La culture est d'un blanc sale, légèrement grisâtre, et devient jaunâtre aux points les plus épais. Nocard démontra expérimentalement, par l'inoculation dans les conduits galaetophores d'une brebis saine, que le mîcrocoque qu'il a décrit est bien l'agent pathogène de la maladie. Le microbe de l'araignée n'est nettement pathogène que pour les animaux de l'espèce ovine. La chèvre n'est nullement indisposée; il en est de même pour le cheval, le veau, le porc, le chien, le chat, la poule, le cobaye, à la suite de l'injection soit dans la glande mammaire, soit dans le tissu cellulaire sous-cutané» Le mécanisme de la pénétration spontanée du microbe dans les conduits galaetophores de la brebis demeure assez obscur. La prophylaxie seule, par les soins de propreté, est réellement efficace, et les tentatives d'injections antiseptiques jusqu'aux acini glandulaires n'ont pas donné de résultats satisfaisants. Le traitement curalif est celui mis en vigueur par les bergers, c'est-à-dire l'incision large de la mamelle. Mlr.liiM'.OOI'KS 29; MÏCROCOQUKS NON PUïlOGfc.NK:; On a décrit un certain nombre de microcoques non pathogènes. La plupart ont été rencontrés au cours de recherches sur les bacté- ries de l'air et de l'eau. Nous mentionnerons les plus connus, MICROCOCCUS CANDICANS Ce microbe se développe fréquemment sur des plaques de gélose ou de gélatine exposées à l'air. Il abonde également dans l'eau. Fie. /tin. Mi< vncoccus candicans. (Gr. 1 000 diam.) Il offre l'aspecl de larges disques aplatis d'un blanc brillant, qui se composent de staphylocoques régulièrement sphériques. 11 ne liquéfie pas la gélatine, et se développe le long de la piqûre sous Corme d'une traînée blanche volumineuse, surmontée d'un large boulon plus ou moins hémisphérique. 2W ATLAS DE MICROBIOLOGIE MICROCOCCUS RUGOSUS OLEARIUS Nous avons décrit sous ce nom un microcoque qui se trouve fré- quemment dans l'air ou dans l'urine exposée. Ce microbe se dé\e- Fio. 447. Micrococcus rugosus olearius .(Gr. 1000 diani.) Fie. 448. Micrococcw tugosua olearius. Culture sur plaque de gélatine. (Gr. 25 diaiu.) loppe sur l'a gar sous forme d'une large couche rugueuse et ridée, blanc grisâtre, dont l'aspect est intermédiaire à celui des cultu- res du larcin du bœuf et du Bacillm mesenteriew vulgatu*. MICKOCOQUES '21)7 Les tubes de gélatine ensemencés présentent le long de la piqûre une liquéfaction progressive, un peu moins rapide que pour le staphy- locoque doré. Mais la partie liquéfiée, au lieu de s'écouler facilement quand on incline le tube, reste louche et de la consistance d'une huile épaisse. Cette consistance oléagineuse de la gélatine liquéfiée est caracté- ristique. Ce microbe est très résistant et se cultive encore lorsque les tubes de culture sont anciens et presque complètement desséchés. Nos premières cultures datent de 1888. Fie. 4i'J. Fig. 450. Micrococcus rugosus Micrococcus rugosus olcar'tus. olearius. Jeune cuit, sur agar. Vieille cuit, sur agar. Fig. 451. Micrococcus fia vus desidens. Culture sur a?ar. Fig. 452. Micrococcus auran- liacus. Culture sur agar. MICROCOCCUS VERSICOLOR Le Micrococcus versicolor provient de l'air et se cultive sur la gélatine sans la liquéfier. Il y forme comme sur l'agar une couche visqueuse d'un jaune verdâtre, qui présente à la lumière réfléchie des reflets nacrés. Ce microbe vient souvent contaminer les plaques de gélatine. 298 ATLAS DE MICROBIOLOGIE MICROCOCCUS AQUATILIS Ce microbe est fréquent dans les eaux potables. Les colonies se développent dans l'épaisseur de la gélatine avec une apparence mûri- forme. A mesure qu'elles se développent, on observe du ccnlrc de la colonie à sa périphérie une série de sillons qui la découpent en petits ilôts analogues aux acini du foie. MICROCOCCUS ROSEUS Le micruœccus roseus est très commun dans l'air et forme sur les * *« Fie. i.*><~>. Micrococcu* roseus. Culture. (Gr. 100(1 diam.) plaques de gélatine, sans les liquéfier, d'assez larges colonies humides et d'une belle leiule rosée. MICROCOCCUS LUTEUS (l'est un microbe de l'air qui donne sur la pomme de terre des colonies d'un jaune citron. 11 ne liquéfie pas la gélatine. MICROCOQUES 299 MWROCOCGUS FLAVUS DESIDENS C'est une espèce de l'air. Il se présente sur les plaques sous forme de colonies arrondies à bords sinueux, d'une coloration jaune. L'aspect des cultures sur gélatine est caractéristique. Le milieu se ramollit le Fie. 454. Micrococcus flovus desidens. |Gr. 1000 (liant.) long de la piqûre et la colonie s'enfonce dans le substratum en forme d'entonnoir. La liquéfaction est très lente. MICROCOCCUS FLAVUS OLEARIUS Ce microbe, que nous avons isolé de l'urine, nous paraît être celui que Prove a dénommé ochroleucua. Il offre sur l'agar une coloration d'un jaune soufre ou doré et se cultive dans les tubes de gélatine en forme de clou, en ramollissant le milieu, qui devient visqueux et de consistance liuileuse. ".110 ATLAS DE MICROBIOLOGIE MICROCOCCUS FLAVUS LIQUEFACIENS Ce microbe, assez analogue au précédent par la coloration des colonies sur plaques, liquéfie rapidement la gélatine. Les éléments sont assez volumineux. MICROCOCCUS AURANTIACUS Cette espèce, fréquente dans l'air, s'observe sur les milieux de cul- ture exposés. L'espèce orangée, que nous avons rencontrée le plus sou- vent, oll'rc connue particularité que les colonies, d'une teinte uniforme, *. * k* /% Iflèf^- v) 8» m Fie. 455. Micrococcus a uran liants. (Gr. 1000 diain.) s'étendent sur l'agai* en présentant à leur surface des saillies irrégu- lières qui leur donnent un aspect ridé. MICROCOCCUS FULVUS Celle espèce, observée sur des excréments de cheval ou de lapin, y forme de petites gouttes muqueuses bombées d'un jaune rougeàtre. C'est un gros microcoque de 1 \l 5 de diamètre. MICROCOCCUS RUEER AGI LIS Le Micrococcus ruher agilix a élé découvert par Ali Cohen dans une eau potable. MICROCOQUES 301 Il se développe bien sur la gélatine, Fagar et la pomme de terre :% %fr "C t*4 h •? ... i. % w Fie. 456. Micrococcus ruber agilis. (Gr. 800 diam.) s *• V >. • % Fie. 457. Micrococcus ruber agilis (cils). (Gr. 1000 diam. a la température de la chambre, et végète mal au-dessus de 25°. Sur tous les milieux la culture présente une couleur d'un rouge 302 ATLAS DE MICROBIOLOGIE vif. Le Micrococcus agilis présente comme particularité ses mou- vements actifs. Fig. 458. Micrococcus ruber ayilis (cils). (Gr. 1200 diam.) ♦ Fie. 451». Micrococcus ruber ayilis (iils). (fir. 1X00 diam.) Loffler a démontré l'existence de cils longs et déliés. Nous repro- duisons ces cils d'après une préparation de M. Borrel, de l'Institut Pas te u.:". .MICItOCOOUES 30.1 MICROCOCCUS CITREUS AGILIS (le microcoque, très mobile dans l'eau distillée, donne sur Fig. 400. Micrococcas citreus agilis. (Gr. 1000 diam.) Fig. 461. Micrococcus cilreus agilis (cils). (Gr. 2000 diam.) l'agar une culture crémeuse, de teinte citrinc et très visqueuse. 304 atlas riE microbiologie INFECTION BLENNORRHAGIQUE GONOCOQUE L'uréthrite blennorrhagique reconnaît pour cause la pénétration au niveau de la muqueuse uréthrale d'un microcoque dont l'aspect et la disposition sont assez particuliers. Il a reçu de Neisser le nom de « Gonocoque » (1879). Lorsque, chez un malade atteint de blennorrhagie, après avoir désinfecté le méat, on recueille par la pression d'arrière en avant .',! ■* I I # ■ ■4 % ■ ■> .il •&& V3V«-M 3 Fig. 462. Urûlhrite blennorrhagique aiguë. (Gr. 101)0 rliam.) une goutte de pus, pour la soumettre à l'examen microscopique, l'aspect de la préparation varie suivant la date de l'écoulement. Dans les écoulements récents, de couleur opaline, on constate, après coloration à la fuchsine, la présence de nombreuses cellules d'épithélium pavimenteux, de grandes dimensions el de forme polygo- nale, et d'une assez grande quantité de cellules de pus. Çà et là on observe quelques microcoques, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de ce-. deu.\ variétés de cellules GONOCOQUES 305 L'aspect dos préparations est le plus souvent caractéristique -." - • . ' I 7 Fie. 465. Uréthrile blcimorrhagique aiguë. Pus. (Gr. 1000 iliam.i Ces îlots sont plus ou moins éloignés les uns des autres, et dans leur- intervalle on ne voit que rarement des microcoques isolés. Enfin la forme du microbe lui-même est caractéristique. Outre la disposition en diplocoque, l'aspect de chaque élément est celui de deux haricots se regardant par leur face concave. Celte particularité est un vestige de la segmentation du microbe, et lorsqu'on observe, non plus un diplocoque, mais un élément isolé, il se montre absolu- ment arrondi. Le diamètre habituel de chaque élément est de 0 y. 4 àû> 8. 20 506 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Quand l'écoulement blennorrhagique est de date plus ancienne, il se produit le plus souvent, sinon toujours, une infection secondaire. Un peut alors rencontrer dans le pus les microbes les plus divers : microbes chromogènes généralement jaunes, diplocoques de Legrain, Micrococcus albicans de Bu m m, microcoques orangés, staphylocoque pyogène doré, etc. Girode, dans de nombreux examens d'uréthrite chronique, a trouvé le Bacterium coli, les staphylocoques blanc et doré, des diplocoques V Fig 404. Urêthrile blennorrhagique. Gonocoques libres et à la surface de cellules épithéliales. (Gr. 1000 diam.) indéterminés. Ces microbes ont été observés seuls ou en association avec le gonocoque. Ces diverses espèces bactériennes se rencontrent également chez la femme dans les métrites et pelvi-péritonites chroniques. Les salpin- gites suppurées, saut' un certain nombre de cas où aucun micro- organisme n'a pu être constaté, reconnaissent souvent pour cause la présence du gonocoque et sont d'origine blennorrhagique. Nous avons fait ces constatations sur un grand nombre de pièces soumises, après l'hy stéréotomie vaginale totale, à l'examen micro- GONOCOQUES :WT scopique et aux cultures. Souvent aussi le pus d'origine blennorrha- gique est infertile; on n'y trouve même pas de microbes par la coloration, comme nous l'avons signalé plus haut. Dans un petit nombre de cas, nous avons rencontré les staphylo- coques doré et blanc et le Baclcrium coll. Dans une autre observation (salpingite snppurée volumineuse), il s'agissait tiaue discontinue. KnelT. Paris. 1894. IlEMOGLOMNimiK 511 HÉMOGLOBINDRIE BACTÉRIENNE DU BOEUF L'hémoglobinurie du bœuf est endémique eu Roumanie où elle fait dans certaines années des ravages considérables. Les bœufs vigou- reux succombent. Les vaches résistent davantage. Les veaux sont in- demnes. Babès a étudié cette maladie en 1888. 4*' ^ Kig. iliS. Microcoques de l'hémoglobinurie ilu bœuf dans les globules rouges. (Gr. 1000 diam.) Les animaux atteints perdent l'appétit, présentent de la prostration, de la dyspnée, une fièvre vive. L'hématurie est constante. L'urine contient de l'albumine et de l'hémoglobine; puis surviennenl des hémorrhaffies sous-cutanées. A l'autopsie on rencontre des ecchvmoses de la muqueuse sraslro- intestinale, des ulcérations duodénales au voisinage du pylore. Les ganglions abdominaux sont engorgés, les reins hyperémiés, la vessie pleine d'un liquide rouge foncé. Le foie est pale et marbré, la raie grosse et diffluente. 312 ATLAS DK .MICIioBUH.oGII-: k. l» * * «• 0 " ••* m / s « Fig. 472. Pus phlegiuoneux. Streptocoques. (lus de deux ou trois millimètres en diamètre et caractérisées par ce fait, ainsi que lésa décrites Rosenbach, qu'elles sont disposées eu terrasses, c'est-à-dire qu'autour du centre légèrement surélevé se trouvent deux ou trois couronnes d'épaisseur décroissante (fig. 482). ■r-: ft. - • f^ù Fig. 481. lre cullure de pus à Streptocoques sur Fig. 482. Fig. 483. Même culture, 2e cullure de Streptocoque au grossissement de 20 diam. sur agar (strie). (2e jour.) Les premiers observateurs avaient cru découvrir dans cet aspect un caractère différentiel entre les cultures du Streptocoque de l'érysipèle et celui du Streptocoque pyogène, dont l'identité est aujour- d'hui démontrée. ACTION PATHOGÈNE Le Streptocoque pyogène est susceptible de déterminer, non pas seulement des accidents locaux tels que le phlegmon circonscrit ou diffus, mais une infection générale pouvant se terminer par la mort. 11 est donc un des facteurs de l'infection purulente. Nous verrons 320 ATLAS DE MICROBIOLOGIE qu'il peut également, et au même litre que le Staphylocoque doré (voir plus haut), déterminer la mort par infection générale avant la production des abcès métastatiqucs, devenant alors l'agent de r fi Fig. 484. Pleurésie purulente ancienne à Streptocoques. /Gr. 150 diam.) -yC: Fig. 485. Pleurésie purulente ancienne à Streptocoques. cette variété d'infection qui portait autrefois le nom de septicémie. Quand la mort a lieu avec production d'abcès métasiatiques, on observe dans le pus les Streptocoques caractéristiques. Ce pus peut se STREPTOI OQUES 5'2 | ■' \ *- ; Fio. 4S6. Pleurésie purulente à Streptocoques. (Gr. 200 ■ t. « . v-, -\ '■ y * ■■-s A- ^r-'iP '4-' •'•• ..- ' %<*** -•» Mai, ■; .. . '.*~"\-.- . '4i»f. ^ . <£ i.* ^r- •* ■»; W«»,€»5«^--*?ft-# .:-^f^r*.-'&. ■ «B*V -v/. - ".:.. '"■'..'■ '\- Fie. 491. Mammite puerpérale à Streptocoques. Acini remplis de zooglées. (Gr. 80 diam.) été étudié tardivement, c'est-à-dire quelques heures après la mort. L'examen des coupes a toujours montré des embolies microbiennes considérables dans les capillaires îles principaux viscères. Ces em- bolies sont constituées uniquement par des masses de Streptocoques. Nous citerons particulièrement une pièce curieuse de suppuration de la glande mammaire dans sa totalité, chez une malade atteinte de lièvre puerpérale. Cette pièce a été recueillie par notre collègue Halle, dans le service du W Guyot, à Beaujon, en 1884. STREPTOCOQUES 529 Fig. 492. Fièvre puerpérale suraiguë. Zooglée du foie ayant donné une culture pure de Streptocoques. (Gr. 800 diam.) -. - h • • 4 Fie. 495. Infection streptococcique. — Zooglée de Streptocoques dans le rein. (Gr. 800 diam.) 330 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Les coupes de la muqueuse utérine, surtout au niveau de l'insertion placentaire, se montrent criblées de chaînettes. Deux fois nous y y avons rencontré en même temps des follicules tuberculeux avec les bacilles caractéristiques, ces derniers en petit nombre. Nous avons recueilli également des cultures pures du Streptocoque puerpéral dans une pustule sous-épidermique du doigt d'une sage- femme qui venait, après avoir soigné quelques jours avant plusieurs » i< ^CT' il £ !S| Fie. .494. Fie. 495. Fig. 496. Fig. 497. Streptocoque pyogène. Streptocoque puerpéral. Streptocoque de l'érysipèle. Cultures sur gélatine. femmes prêtes à succomber, d'inoculer inconsciemment la fièvre puerpérale à une jeune parturientc de 17 ans (voir fig. 515). L'analyse bactériologique de tous les cas de fièvre puerpérale mor- telle ou d'infection puerpérale bénigne à manifestations variables nous a donc démontré la présence constante et unique d'un même Strep- tocoque. Les cultures de ce microbe ressemblent sur tous les milieux à celles du Streptocoque de l'érysipèle et du Streptocoque pyogène; la colonie STREPTOCOQUES 331 est composée de petites sphérules d'autant plus grêles qu'elles sout plus tassées. Elles peuvent former une colonie presque continue (fig. 496 et 497). Les Streptocoques de l'une ou de l'autre provenance sont frappés de mort par la dessiccation et se reproduisent uniquement par scissipa- rité. Ils ne résiste ni pas à une température de 60° centigrades et leurs cultures deviennent stériles si on ne prend pas soin de les renouveler tous les deux mois environ. Fig. 498 et 499. Streptocoque pyogène. Fig. 500 et 501. Fig. 502 et 503. Streptocoque puerpéral. Streptocoque de l'érysipèle. Cultures sur agar-agar. Quels rapports existent entre ces trois Streptocoques tellement sem- blables sur les cultures, que la comparaison impartiale entre une quin- zaine de tubes de chaque provenance, dont nous voilions les étiquettes, est toujours restée infructueuse pour la découverte de caractères diffé- rentiels bien tranchés et propres à chacun d'eux? Nous avons pratiqué l'inoculation aux animaux. Afin d'éviter toute lésion mécanique, comme il arrive à la suite de l'injection sous- cutanée d'une certaine quantité d'un bouillon de culture, nous avons 552 ATLAS DE MICROBIOLOGIE procédé de la façon suivante : nous pratiquons suus l'épidémie do la face interne de l'oreille d'un lapin blanc une piqûre oblique avec une grosse aiguille de platine, pointue, préalablement stérilisée et bien refroidie. Aussiiol nous introduisons an fond de celte plaie minuscule quelques traces de culture. Un petit abcès se forme el atteint le volume d'un grain de millet ou d'une lentille. Fig. 504. Trois lapins inoculés à l'oreille du Streptocoque de l'érysipèle, du Streptocoque puerpéral et du Streptocoque pyogène, 'tS heures après l'inoculation. Le premier lupin est mourant (Érysipèle infectieux). Le deuxième est mort 24 heures plus tard (Fièvre puerpérale). Le troisième n'a présenté qu'un»petil ahcès avec lymphangite de peu d'étendue et ;i survécu (Phlegmon circonscrit à Streptocoques.) Les cultures à'érysipèle nous ont en outre donné presque toujours l'érysipèle, parfois suivi de mort, après un gonflement énorme des deux oreilles el de la tète. A l'autopsie : Streptocoques dans le foie, la rate, les reins el l'urine. Certaines inoculations son! restées infructueuses — en ce sens (pie le petil abcès seul évoluai! connue d'ordinaire. STREPTOCOQUES 533 Doux de nos Streptocoques, provenant d'érysipèlcs à forme typhoïde et, suivis de mort, sonl d'une virulence exceptionnelle. — D'autres donnent des érysipèles plus bénins. l);ms les cas graves, nous avons observé des phlyetèneset des plaques gangreneuses. L'anatomie pathologique de l'oreille du lapin atteint d'érysipèle est, identique à celle de la peau de l'homme atteint de la même maladie. L'inoculation du Streptocoque pijogène nous a toujours donné un petit abcès. Plusieurs fois nous avons obtenu, après l'inoculation de Strepto- coques provenant d'abcès chauds, une rougeur érysipélaleuse qui ne s'est pas étendue au delà de quelques centimètres; d'autres Strepto- coques de provenance analogue ont déterminé un véritable érysipèle des deux oreilles, se comportant comme les érysipèles bien caraclé- risés, mais de forme bénigne. L'inoculation du Streptocoque puerpéral nous adonné presque toujours l'érysipèle, et cet érysipèle s'est montré plusieurs fois mortel. Ces érysipèles du lapin, eausés par l'inoculation de Streptocoques provenant indifféremment de Yérysipèle de l'homme, de la fièvre puer- pérale, ou des abcès chauds, sont identiques. La dermite infectieuse est simplement plus fréquente et plus grave quand on inocule les Streptocoques provenant des deux premières sources, le microbe paraissant jouir en pareil cas d'une virulence spéciale. Nous verrons plus loin que ces données sur la virulence variable du Streptocoque pyogène, établies et démontrées en 1888 dans notre mémoire à l'Académie de médecine, ont reçu une pleine et entière confirmation dans les expériences de Marmorek sur l'exaltation de la virulence du Streptocoque de Fehleisen et la sérothérapie de l'infection streploeorcique. ÉTUDE CLINIQUE DE L'INFECTION STREPTOCOCCIQUE 11 n'est pas sans intérêt de comparer, aux lésions expérimentales variables produites chez le lapin par l'inoculation de Streptocoques sous l'épidémie de la peau de l'oreille, la diversité des manifestations 554 ATLAS DE MICROBIOLOGIE de l'infection strepiococcique chez l'homme: suppuration simple, sup- puration compliquée de rougeur érysipéïateuse, érysipèle franc, érysipèle* niellé sur une plaie suppurante, érysipèle compliqué (l'une suppuration secondaire, infection puerpérale dans toutes ses formes, septjcémie puerpérale foudroyante sans péritonite, ovarit.es, salpin- gites, phlegmons péri-utérins cl abcès métastatiques. Telles sont les lésions si diverses que peut produire, suivant, le point et la modalité de l'infection, le degré de virulence du microbe et de résistance de l'organisme, le Streptocoque d'Ogston. Nous en donnerons quelques exemples cliniques : A. SUITIiHATlON SIMrLK Tantôt le Streptocoque ne produit aucune rougeur de la peau. Nous l'avons observé dans ces conditions nombre de fois, qu'il s'agisse d'infection sous-cutanée ganglionnaire ou viscérale. Nous citerons les cas suivants : 1° Abcès ganglionnaire de l'aisselle, après une plaie du pouce. 2° Enorme phlegmon du creux poplilé, contenant un demi-litre de pus et guéri en 1*2 jours. 5° Abcès ganglionnaire sous-maxillaire. 4° Septicémie consécutive à une pyélo-néphrite suppurée, chez une opérée de néphrectomie. 5° Septicémie foudroyante, survenue 18 heures après une opération de cancer du sein. Le foie contenait de petits noyaux cancéreux. Tous les viscères présentaient des Streptocoques. G" Kystes hydatiques multiples et suppures du foie. 7" Septicémie à marche lente, à la suite d'une plaie insignifiante de l'auriculaire. Le sujet fut pris d'un état typhoïde avec douleurs articulaires et l'on ne reconnut qu'au bout de trois semaines un énorme phlegmon ganglionnaire de l'aisselle, sans rougeur de la peau. Puis, un phlegmon de la jambe, une arthrite suppurée des deux genoux, un phlegmon profond de la fesse et, au bout de cinq semaines, une mé- ningite suppurée, qui amena la mort.. STREPTOCOQUES 335 li. SUPPURATION AVEC ROUGEUR ÉRYS1PÉLATEUSE Souvent au contraire nous avons vu coïncider avec la présence des Streptocoques dans le pus une lymphangite des plus marquées ou bien une rougeur érysipélateuse lixc et sans dissémination loin des foyers suppures. Nous citerons quelques observations : 1" Lymphangite de la cuisse. Abcès consécutif. 2° Plaie du doigt. Lymphangite. Trois abcès sur le trajet des lympha- tiques de l' avant-bras. 5° Double panaris des gaines tendineuses palmaires compliqué de pustules sous-épidermiques de la région thénar. 4° Panaris. Phlegmon de la gaine palmaire. Lymphangite étendue Adénopalhies multiples. 5° Blessure du doigt. Lymphangite. Phlegmon du dos de la main. Décollement de la peau dorsale, infiltrée de microbes. 6° Phlegmon diffus de la grande gaine palmaire, à la suite d'une plaie de la face dorsale du petit doigt, au niveau de la première arti- culation phalangienne, avec arthrite suppurée de cette articulation et propagation à tout l'avant-bras. 7° Abcès des ganglions sterno-mastoïdiens et sous-maxillaires avec lymphangite. 8° Abcès de la bourse séreuse olécranienne (lymphangite.) 9° Phlegmon de la fesse avec rougeur et gonflement énorme. 10° Vaste abcès sous-cutané de Pavant-bras, d'apparence érysipéla- teuse. 11° Lymphangite et gangrène des bourses à la suite d'une ponction d'hydrocèle avec un trocart malpropre. 12° Lymphangite érysipélateuse de tout le membre inférieur, suivie de phlegmon diffus sous-cutané et d'abcès ganglionnaire de l'aine. 15° Septicémie de cause obscure, avec phlegmon érysipélateux de la paroi thoracique gauche et arthrite purulente du poignet gauche, suivie de mort. 556 ATLAS DE MICHOBI0LO(;iK C. ÉRYSIPÈLE SIMPLE L'érysipèle franc se produit souvent sans trace de suppuration. — C'est ainsi que, dans la plupart des érysipèlcs de la face, la plaie d'inoculation, minuscule, demeure inaperçue. Dans un de ces cas, terminé par la guérison, nous avons obtenu, dès le début de la maladie, par la culture de l'urine recueillie avec toutes les précautions de rigueur dans la vessie, et sans complication d'albuminurie, des Streptocoques à l'état de pureté. nn c- Fie. 505 Fie. 500 Fio. 507 Fie. 508 Fie. 5011 Fie. 510 Fio. 505 à 510. Première culture du suc des viscères et de l'urine provenant d'un cas d'érysîpële franc de la face, suivi de inorl. Un autre malade, atteint d'un sarcome généralisé des os du bassin, a succombé en quelques jouis, avec une phlébite infectieuse, à la suite; de l'apparition d'un érysipèle de la face. Les Streptocoques existaient dans tous les viscères, et surtout dans les noyaux cancéreux du foie, dans la bile, dans l'urine des deux uretères et de la vessie. Il n'y avait de pus nulle part. STREPTOCOQUES 5">7 I). ÉRYSIPÈLE GREFFÉ SUR UNE PLAIE SUPPURANTE Dans les cas suivants, nous avons vu l'érysipèle se greffer sur une suppuration antérieure : 1° Erysipèle à la suite d'une saignée du pli du coude; mort. 2° Erysipèle à la suite de l'inflammation d'un ulcère variqueux. 5°et4° Deux cas d'érysipèle suivis de mort à la suite d'amputation du sein et ayant débuté après plusieurs jours de suppuration simple. 5° Erysipèle de la face et du cuir chevelu, compliqué de phlegmon diffus péri-crânien, où coexistaient avec le Streptocoque de l'érysipèle les Staphylocoques doré et blanc. Dans tous les viscères on observait, à l'état de pureté, le Streptocoque de l'érysipèle. 6° Erysipèle spontané, survenu chez une femme atteinte de cancer du sein inopérable et de cancer secondaire du foie, et ayant détermine la mort avec généralisation des Streptocoques, particulièrement dans les noyaux cancéreux du foie. La coupe du cancer du sein ulcéré nous a permis de suivre la pénétration des microbes, qui foisonnaient à sa surface et dans les espaces lymphatiques profonds, d'où ils avaient déterminé l'infec- tion générale. E. ÉRYSIPÈLE SUIVI DE SUPPURATION SECONDAIRE Plusieurs fois, l'érysipèle s'est montré, au contraire, l'origine d'une suppuration. Nous insisterons particulièrement sur ces cas, pour démontrer qu'on a rangé à tort le Streptocoque de l'érysipèle parmi les microbes non pyogènes. 1° Erysipèle de la jambe. Trois abcès péri-malléolaires pendant la convalescence. La peau, examinée, présentait une infiltration embryon- naire profonde du derme, comme dans tous les cas d'érysipèle. 2° Erysipèle évoluant autour d'une petite plaie du coude. Phlegmon consécutif de la bourse séreuse olécrânienne et des gaines dorsales du poignet. 5° Un homme atteint de cancer de l'estomac, propagé au foie, meurt d'une péritonite séro-purulente à la suite d'un erysipèle spon- tané de la face. 558 ATLAS DE MICROBIOLOGIE 4" En 1NN5, un malade du service de clinique de la Pitié meurt de péritonite purulente à Streptocoques, à la suite d'un érysipèle de la face, survenu après nue opération de cancer. 5° Une jeune femme, opérée de cancer du sein, et portant un foie cancéreux méconnu de cinq kilogrammes, meurt avec les signes d'une péritonite quatre jours après l'opération. Peu d'accidents locaux. Partout des Streptocoques. Beaucoup de liquide séro-purulent dans le péritoine. r X > s» i w ? Fie. 511. Phlegmon sous-cutané survenu dans la convalescence d'un érysipèle. Chaînettes incluses dans les leucocytes. (Gr. 1000 diam.). Dans ces trois cas, nous ne pouvons affirmer si l'ascilc préexistait ou non à l'infection érysipélateusc. tî" Il n'en est pas de même dans le cas suivant, où, à l'occasion d'un érysipèle, le liquide d'une ascile préexistante s'est trouvé infecté par les Streptocoques. Kn 1885, à la Pitié, dans le service du l)r Lanccrcaux, nous avons observé un malade atteint de cirrhose atrophique avec ascile; le 24 janvier, se manifeste un érysipèle de la face, qui s'étend de la STREPTOCOQUES 539 cuisse, se. complique de lymphangite tronculaire et d'adénite ingui- nale, et tue le patient au bout de six jours avec les signes d'une péritonite. Le liquide péritoneal, séro-purulent, abondait en Streptocoques. Ce malade présenta également, dans les derniers jours, une arthrite infectieuse du genou. F. FIÈVRE PUERPÉRALE Passons en revue, à leur tour, nos observations d'infection puerpé- rale : Toute une série, identique par l'anatomie pathologique, ne pré- sente d'intérêt que par la chronologie. Les dates du 6 juillet 1886, des 5 et "25 janvier 1887, du 2 septembre 1887, des 6, 12, 15, 51 jan- vier "1888, des 5, 11, 12, 24, 25, 28 février 1888, prouvent que la maladie était endémique dans le service hospitalier d'où provien- nent tous ces cas. A part une seule autopsie, remarquable par la présence d'une quan- tité extrêmement petite de pus dans le petit bassin, tous les cas ont présenté les lésions banales de la péritonite. séro-purulente d'origine utérine, que nous avons décrites plus haut. Les formes anormales sont plus intéressantes au point de vue clinique. Deux observations, provenant l'une de la ville, l'autre de la cam- pagne, sont remarquables par la coïncidence, avec la péritonite puer- pérale, d'un érythème scarlatiniforme généralisé. Ces deux cas ont été notés par les médecins comme des cas mortels de «Scarlatine» chez des femmes en couches. Nous avons deux fois observé ces mêmes exanthèmes scarlatiniformcs dans des cas de lymphangite infectieuse à Streptocoques, suivie de guéri son. Chez une autre malade atteinte d'infeetion puerpérale, la mort n'est survenue qu'au bout de quinze jours, après l'apparition d'un gonflement phlegmoneux d'un bras et d'une arthrite purulente du poignet opposé, compliqués de phlyctènes purulentes et de plaques de sphacèle. 540 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Une autre malade, plus heureuse, a surmonté les accidents d'in- fection générale pour ne présenter comme lésion streptococciqne grave qu'une pleurésie purulente de quatre litres. Traitée d'emblée par l'opération d'Estlander, cette femme a parfaitement guéri. Cette localisation pleurale du Streptocoque d'origine post-puerpérale n'est pas rare, et à la Pitié, en 1881, nous avions déjà constaté dans le service du Dr Bernutz, à l'autopsie d'une jeune femme devenue cachectique à la suite d'une fausse couche, une pleurésie purulente enkystée très limitée provenant d'un petit abcès métastatique du poumon, et prête à s'ouvrir spontanément en dehors. Une des femmes citées plus haut, à propos de l'épidémie que nous avons étudiée à l'Hôtel-Dieu de Beims, a présenté pour tout accident une collection purulente énorme de l'épaule, sans rougeur, qui guérit à la suite de trois ponctions aspiratrices, et un phlegmon de la jambe, également sans rougeur, qui dut être incisé. Une autre personne, atteinte de déchirure du périnée, contracta un érysipèle de la vulve, qui s'étendit jusqu'aux pieds, et présenta, pendant sa convalescence, un phlegmon de la fesse sans rougeur de la peau. Une troisième fut atteinte d'un phlegmon sus-épineux profond sans lymphangite -superficielle. Nous citerons également une femme atteinte de cancer du sein et du foie, contagiounée manifestement par le Streptocoque puerpéral, et morte avec une péritonite séro-purulente. L'ascite ne s'est manifestée qu'après l'apparition de l'exanthème thoracique. Une opérée de cancer du sein présenta au huitième jour une simple gouttelette de pus sur le trajet d'une suture. Bientôt après elle était atteinte d'un érysipèle ambulant du thorax, et mourut avec géné- ralisation des Streptocoques dans tous ses viscères. Bien de plus intéressant au point de vue clinique que les manifes- tations si variées de l'infection par un même Streptocoque, de prove- nance unique probable, et qui a tué pendant de longs mois, à l'IIôtel- Dier. de Beims, malades de médecine, de chirurgie et parturientes, se propageant de l'un à l'autre par transmission directe di'iis l'intérieur même dé l'hôpital. STREPTOCOQUES 3*» L'exposé de ces faits confirme les données de l'expérimentation e». prouve : 1° Que le Streptocoque pyogène de Rosenhach évolue souvent avec une lymphangite ou une rougeur érysipélateuse. w2° Que le Streptocoque puerpéral peut occasionner, soit la péritonite puerpérale, soit diverses formes d'infection plus bénignes : phlegmons, pleurésie purulente, etc., etc., et même de véritables érysipèles bien caractérisés. 5° Que le Streptocoque de Fehleisen, tout en étant l'agent de l'érysipèle franc, peut être aussi le point de départ de phlegmons circonscrits, de péritonite ou d'arthrites purulentes. Chez le lapin, les Streptocoques de ces trois provenances détermi- nent presque toujours la formation d'un petit abcès, puis un érysipèle d'une gravité variable. On voit donc que les faits cliniques viennent corroborer l'unité presque certaine à la suite des simples recherches bactériologiques du Streptocoque pyogène en tant qu'agent de l'érysipèle et de la fièvre puerpérale. ÉTIOLOGIE DE LA FIÈVRE PUERPÉRALE Comment se produit la fièvre puerpérale? Le microbe ou bien : 1° préexiste dans le vagin; 2° ou bien il est apporté par l'air ; 5° ou par contagion directe (doigts, instruments, etc.). L'analyse bactériologique du mucus vaginal faite dans nombre de cas avant el après l'accouchement, nous a souvent donné le Staphylo- coque doré, toujours des bactéries saprogènes, surtout dans les cas de lochies félidés, mais jamais le Streptocoque puerpéral- Aucune de ces femmes n'a succombé aux accidents puerpéraux (1887 et 1888). Au contraire toutes les femmes atteintes d'accidents puerpéraux proprement dits présentaient, au cours de ces accidents, le Streptocoque. Bien mieux, la muqueuse utérine, chez deux d'entre elles, n'exhalait aucune odeur fétide. Les bactéries de putréfaction sont en effet loin d'être favorables au développement du Streptocoque, qui souvent se trouve étouffé et 342 ATLAS DE MICROBIOLOGIE frappé de mort au milieu d'elles et chez ces deux femmes le Strepto- coque pullulait dans l'utérus. Nous tenons donc à affirmer que les accidents puerpéraux propre- ment dits sont causés par l'inoculation du seul Streptocoque, qui vient se cultiver sur cette surface d'absorption immense, la plaie utérine. Les autres microbes causent la fétidité des lochies, et cette putré- faction est sans rapport avec l'infection puerpérale proprement dite. Car nous refusons ce nom aux péritonites purulentes à Staphylocoques ou à Bacterium Goli, qu'on a parfois observées à la suite des déchirures de l'utérus ou du vagin chez les parturientes. Ces cas d'infections sont de simples péritonites traumatiques accidentelles. La fièvre puerpérale est une maladie typique, essentiellement épidé- mique et contagieuse, et le Streptocoque pyogène est son agent exclusif. La fétidité simple des lochies occasionne une lièvre plus ou moins durable mais en général bénigne. Le Streptocoque seul tend à déter- miner une infection péritonéale rapide. Les microbes de putréfaction les plus variés se rencontrent dans les lochies fétides; et, parmi eux, on rencontre le plus souvent ces nombreuses variétés de bactéries que nous avons isolées à l'état de pureté de l'urine palhologique et qui, par voisinage, ne peuvent man- quer de pulluler dans le vagin et l'utérus des femmes mal soignées. D'après nos recherches nous croyons exceptionnel que le Strepto- coque existe fréquemment dans le vagin avant les couches. Se propage-t-il par l'air? — Nous ne citerons qu'un seul fait, absolu- ment négatif : toutes les sages-femmes du service d'obstétrique de l'IIôtel-Dieu de Reims ont été conviées par leur professeur à assister à l'autopsie d'un cas sporadique de fièvre puerpérale : aucune d'elles n'a touché le cadavre ni les pièces. 11 ne s'est produit dans le service, à la suite de cette imprudence, aucun cas de puerpéralitc. Au contraire l'inoculation directe est prouvée par les cassporadiques observés à la campagne. Les exemples abondent : 1° Un médecin de l'hôpital d'une petite ville, où il soigne fré- quemment des phlegmons et des érysipèles, est appelé pour accoucher STREPTOCOQUES 343 dans un village une mère de huit enfants. Cette femme succombe à la lièvre puerpérale. 2° Un autre médecin inocule la lièvre puerpérale à deux parlurientes, et une paysanne qui a lavé, avec des crevasses aux mains, des linges contaminés, succombe peu après à la suite d'un érysipèie phlegmoneux du bras droit. „ •x A *S •n «• Fig. 512. Érysipèie phlegmoneux post-puerpéral. (Gr. 1000 diam.) 3° Une sage-femme contracta, en soignant un cas de puerpéralité. une pustule de l'index et un érysipèie ambulant, dont elle mourut Nous avons obtenu daus ce cas, pendant la vie, de la peau de la jambe où s'était étendu de proche en proche l'érysipèle, une culture pure.de Streptocoques. 4° Une autre sage-femme soignait deux personnes atteintes chacune de la fièvre puerpérale. Une nouvelle accouchée reçoit les soins de cette personne et tombe malade à son tour. Nous apprenons que la sage-femme est elle-même souffrante : nous l'examinons et nous con- ZU ATLAS DE MICROBIOLOGIE sta tons- qu'elle portait au pouce, sous un cataplasme, une pustule sous- épidermique compliquée de lymphangite, et dont le pus nous a donné des cultures pures de Streptocoques. °* f ** Vu.. 515 Pustule du pouce d'une sage-femme contaminée. (Gr. 800 diam.). La malheureuse, s'exposant elle-même en soignant sans propreté deux femmes préalablement contaminées, avait sans le savoir infecté r *+ +* $ \ • Fie. 514 Sérosité péritonéale d'uni* des Femmes contaminées par cette sage-femme. directement une troisième parturiente, à peine âgée de 18 ans, qui mourut en quelques jours. STREPTOCOQUES 345 La contagion directe nous paraît donc être la cause réelle de l'infec- tion puerpérale. Cette maladie est endémique en Europe. Tons les sujets portant des érysipèles ou des abcès à Streptocoques peuvent la propager, de même qu'ils peuvent également s'infecter eux-mêmes. L'origine de notre épidémie paraît d'ailleurs avoir été une servante des parturienles, atteinte d'érysipèle à répétition. L'érysipèle à répétition est en ciïet causé par le même Streptocoque que l'érysipèle commun, et, en examinant avec soin le point de départ habituel de la dermite infectieuse, on trouve toujours une plaque de dermite chronique, qui est, à chaque nouvelle atteinte, le point de départ de Texanthème. Nous avons fait dans cinq cas analogues la même observation : Ces érysipèles à répétition sont curables par l'application locale prolongée du sublimé ou d'autres antiseptiques. MIRÉE DE VIRULENCE DES OBJETS CONTAMINÉS PAU LE STREPTOCOQUE Le Streptocoque peut conserver très longtemps sa virulence. Nous en donnerons quelques exemples probants. 1° Une femme meurt d'érysipèle opératoire à l'Hôtel-Dieu de Reims: son lit est souillé de pus. On désinfecte les draps, mais non la paillasse. Une autre opérée, couchée dans le même lit quelques jours après le décès de cette femme, était déjà en voie de guérison : on oublie de changer son pansement; les liquides de la plaie cpulent et viennent s'infecter au contact de la paillasse contaminée; la malade prend un érysipèle et meurt. 2° Une jeune femme, épousée en secondes noces, meurt de fièvre puerpérale : elle venait d'accoucher sur le même lit que la première femme du même mari, morte pins de 18 mois auparavant de la même maladie. — Les Streptocoques, qui existaient encore à l'état virulent dans le matelas non désinfecté, s'étaient propagés par les lochies jusque dans la cavité utérine. 346 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Comment survient la mort dans la fièvre puerpérale? Nos recherches nous ont toujours démontré des embolies microbiennes généralisées. La recherche des poisons chimiques produits par le Streptocoque est des plus délicates. Les poisons albuminoïdes ou tox albumines nous ont paru jouir dune importance plus grande que les ptomaïnes cristallisables. Toutefois la formation des poisons chimiques est inséparable de la présence au sein même de l'économie des Streptocoques. PHLÉBITES A STREPTOCOQUES Deux mois et demi après notre communication et le dépôt de ce mémoire à l'Académie de médecine, notre ami le Dr Widal faisait présenter à l'Académie, par le professeur Cornil, le résultat de ses recherches, à peu près contemporaines des nôtres. Widal, en inoculant à l'oreille du lapin des cultures de Strepto- coques provenant de six cas de puerpéralité, a déterminé indifférem- ment des plaques érysipélateuses et de petits abcès1. Il a rencontré, chez les malades atteintes de fièvre puerpérale, le Streptocoque dans l'épaisseur du tissu utérin, dans les abcès méta- statiques et particulièrement dans les caillots de la phlegmatia alba dolens dont la forme infectieuse, observée après l'accouchement, est en relation avec l'infection par le Streptocoque puerpéral. Les recherches de Widal ont donc confirmé absolument les observa- tions que nous avions faites sur un plus grand nombre de malades. Le microbe en chaînettes, décrit par Coze et Feltz en 1869 dans les cas de fièvre puerpérale, puis par Recklinghausen 1871, Valdeyer, Orth, Pasteur en 1879, est donc bien le seul microbe de l'infection puerpérale type. C'est le Streptocoque de Ogston. On a prétendu, à l'exemple de Doléris (1880) que la fièvre puerpé- rale évoluait avec des formes variables suivant le microbe pathogène Le microbe en chaînettes produirait d'après lui une pyohémie lenteJ. Le diplocoque, des suppurations dites rapides. Les bacilles, une sep- ticémie foudroyante évoluant presque sans suppuration. 1. Bull. Acad. méd. 27 mai 1888. STREPTOCOQUES 347 Frânkel en 1884, et quelques autres auteurs, tels que Brieger, en 1888, prétendent avoir observé des eas d'infection puerpérale dus à une bactérie pyogène. Les conditions spéciales dans lesquelles nous avons pratiqué nos autopsies, presque toutes nos observations ayant été faites pendant la vie ou aussitôt après la mort, nous permettent d'affirmer, comme nous l'avons signalé plus haut, que, dans les cas d'infection puer- pérale type, le seul organisme pathogène est le Streptocoque. Cette origine streptococcique pure de la lièvre puerpérale propre- 0 ment dite vient d'être vérifiée cette année môme par notre ami le Dr Marcotte, dans un grand service d'accouchements. La condition essentielle est d'éviter toute invasion de la flore micro- bienne cadavérique. Si l'on fait l'autopsie vingt-quatre heures après la mort, on trouve en effet le plus fréquemment dans le péritoine, à côté du Streptocoque, des bacilles qui ont émigré de la cavité intestinale et déterminé la putréfaction contenue dans la séreuse. Le liquide péritonéal que l'on peut extraire par ponction pendant la vie ou bien au moment de la mort chez une malade qui succombe à la fièvre puerpérale est bien différent du liquide recueilli à l'au- topsie au bout de vingt-quatre heures. Au moment de la mort le péritoine contient une sérosité louche et sans odeur où nagent un certain nombre de fausses membranes fibrineuses purulentes. Plus tard, on rencontre un liquide sanieux et d'une fétidité remar- quable, infecté par divers bacilles, notamment pai le Bacterium coli commune. Il n'est pas inutile de rappeler ici que dans plusieurs cas de fièvre puerpérale, terminés par la mort et où le médecin traitant croyait avoir pratiqué l'antisepsie vagi no-utérine, nous avons trouvé des Strepto- coques à l'état de pureté dans toute l'épaisseur du tissu utérin, dans le péritoine et dans les viscères. Dans ces cas types, la cavité utérine n'exhalait aucune odeur désagréable. Ces faits sont importants à signaler pour permettre aux cliniciens d'éviter cette erreur qui consiste à attribuer à la soi-disant fièvre 548 ATLAS DE MICROBIOLOGIE de lait, sous prétexte qu'il n'existe pas de fétidité de l'écoulement vaginal, une élévation de température qui est trop souvent un début menaçant d'infection puerpérale. L'infection puerpérale est donc sans rapport avec la fétidité des lochies. Le Streptocoque à l'état de pureté ne donne aucune odeur, bien que lui seul se montre réellement nocif. Des femmes malpropres et accouchées sans les moindres précau- tions antiseptiques guérissent au contraire sans encombre avec des lochies d'une abondance et d'une fétidité extrême, quand le vagin n'est infecté que de microbes saprophytes. La lièvre puerpérale est une au point de vue bactériologique. Les cas où l'on a observé, comme Frânkel et d'autres auteurs, des Staphylocoques et des Bacilles chez des femmes atteintes de péritonite puerpérale mortelle, se rapportent à des infections multiples ayant pour origine des déchirures cervicales, vaginales ou vulvaires, où végétaient les microbes les plus variés. La fièvre puerpérale typique, celle qui survient après un accouche- ment simple et se montre épidémique, est due à la propagation exclu- sive du Streptocoque. AUTRES SEPTICÉMIES A STREPTOCOQUES 1° NÉPHRITE ASCENDANTE A STREPTOCOQUES Nous avons déjà signalé, à propos du Staphylocoque doré, la néphrite ascendante spontanée et expérimentale due à ce micro-organisme. La néphrite ascendante peut avoir également comme agent patho- gène le Streptocoque, soit seul, soit associé aux divers bacilles que nous décrirons plus loin. Nous donnons ci-contre la photographie d'une colonie de Streptocoques dans le rein de l'homme, à la suite de l'évolution d'une néphrite ascendante bi-latérale. 2» ANGINE DE LUDW1G Parmi les autres formes rapidement mortelles de l'infection par le Streptocoque pyogène, nous citerons particulièrement Y Angine de Luàwig. STREPTOCOQUES 549 Cette affection, connue depuis la description clinique faite par Ludwig en 1856, est une sorte d'érysipèle phlegmoneux du pharynx et de la région sous-maxillaire. — Les Streptocoques obtenus des cas mortels sont d'une virulence extrême. — La mort survient d'ailleurs le plus souvent en 24 heures, avec une dureté ligneuse du pharynx et du plancher buccal, compliquée d'infection générale, d'albuminurie et souvent d'oedème de la glotte. Cette affection n'est donc qu'une manifestation de l'infection géné- rale par le Streptocoque avec point de départ pharyngé. L'importance des angines à Streptocoques a été mise en lumière dans ces dernières 5 •- j ... a ' Fig. 515. Néphrite ascendante. Zooglée de Streptocoques dans le rein. (Gr. 800 diam.) années par les recherches bactériologiques faites dans les cas de diphtérie scarlatineuse ou vulgaire. Il est prouvé aujourd'hui que la diphtérie scarlatineuse et la plu- part des complications infectieuses de la scarlatine sont dues à la pénétration dans le torrent circulatoire du Streptocoque pyogène. Les recherches de Klein et des autres auteurs qui ont prétendu avoir isolé de la scarlatine un Streptocoque spécial n'ont pas été confirmées. L'angine pseudo-membraneuse de la scarlatine peut être suivie de mort comme l'angine de Ludwig. Loffler a observé dans différents cas 550 ATLAS DE MICROBIOLOGIE d'angine scarlatineuse le bacille de la diphtérie uni au Streptocoque pyôgène. L'association dans l'angine diphtérique vraie du Streptocoque pyô- gène au bacille de Lôffïer est fréquente. L'importance de cette asso- ciation microbienne est particulièrement connue depuis l'emploi du sérum de Roux pour la guérison de la diphtérie. La présence du Streptocoque au cours de la diphtérie est une com- plication grave et c'est à l'infection streptococciquc pure que l'on doit attribuer, comme l'ont démontré Gràncher, Roux, Marmorck, etc., un certain nombre de cas mortels où l'on a trouvé, après disparition des fausses membranes et guérison de l'angine, des Streptocoques dans les viscères et dans le sang. SÉROTHÉRAPIE DE L'INFECTION STREPTOCOCCIQUE La découverte du sérum anti-streptococcique appartient à Marmorck et à Roux, qui appliquèrent contre le Streptocoque la méthode d'immu- nisation par les injections de sérum anti-toxique réalisée dans la diphtérie. Nous passons en effet sous silence les méthodes d'immunisation basées sur l'injection de cultures stérilisées à 120 degrés dans l'auto- clave, la température très inférieure de 58 degrés suffisant déjà pour altérer les poisons albuminoïdes et dénaturer entièrement le liquide. Marmorck et' Roux ont pris, bien au contraire, comme point de départ, l'injection au cheval de cultures vivaces et tellement actives, qu'un cent-niilliar.dième de centimètre cube, c'est-à-dire une quantité de bouillon actif tellement faible qu'on n'y rencontre par dose qu'un seul grain de Streptocoque, lue à coup sur un lapin adulte. Cette virulence extrême du Streptocoque s'obtient en cultivant un Streptocoque provenant d'un cas d'infection grave chez L'homme dans du sérum de sang humain mélangé d'un tiers de bouillon de bœuf peptonisé à 1 pour 100 et en réalisant des passages successifs, avec cultures intermédiaires, dans le sang du lapin. Le sérum humain est retiré, dans les services d'accouchement, du sang qui s'écoule du placenta après la ligature du cordon. STKKI'TOCOUUKS 351 Un premier Streptocoque tuait lu souris el le lapin en trois jours, la première par l'inocula lion sous-cutanée de 0. "fi d'une culture sur bouillon d(! Ironie heures, le second |>;ir l'injection intra-veineusc d'un centimètre cube; du même liquide. Le sang du cœur de ce lapin, ensemencé dari6 le sérum humain addilionné de bouillon el inoculé après 48 heures do séjour à l'éluve, tua le second hipin en IX heures, à dose moitié moindre, et ainsi de suite. Pour immuniser un cheval on injecte sous la peau environ 75" d'aine A S ? Kig. 516 Jeune culture de Streptocoque pyogène sur le milieu de Marmorek. (Gr. ilOOtliam.) culture 1res virulente. La température moule à 39 degrés. Au bout de quelques jours on injecte une seconde dose un peu pins forte et ainsi de suite. A chaque injection se produit une réaction fébrile simple ou à répétition qui peut atteindre 40 degrés ou même il degrés. il est nécessaire, pour que le sérum soit très efficace, de provoquer des réactions très énergiques. Les injections sont faites au nombre de trois ou quatre par mois. On arrive ainsi à obtenir des animaux qui, après avoir reçu, en un certain nombre d'injections, deux litres de culture virulente et plus, fournis- 352 ATLAS DE MICROBIOLOGIE sent un sérum assez anti-toxique pour préserver le lapin contre les cultures les plus virulentes. Les animaux en expérience ne doivent servir à un traitement anti- toxique que quatre semaines après la dernière injection. Jusqu'à la troisième semaine, le sérum demeure toxique et ce phénomène s'observe à chaque période fébrile chez un cheval déjà bien immunisé. Au début de la troisième semaine, l'injection détermine un gonflement local douloureux et un empâtement qui peut être suivi d'abcès. Au bout de quatre semaines cet accident n'est plus à craindre. r\ , A) Fig. 517 Culture ancienne de Streptocoque sur le même milieu. (Gr. 1000 diam.) Il faut environ un an pour préparer un cheval à donner un anti- toxine streptococcique réellement efficace. Le pouvoir antitoxique du sérum est mesuré en injectant à des lapins d'un poids déterminé des doses variables de sérum antitoxique 0CC,1 par exemple et 0CC,'2 pour des lapins de 1500 grammes. Douze à dix-huit heures après cette injection on leur inocule sous la peau un millionième de centimètre cube d'une culture, c'est-à-dire une dose dix fois mortelle. STREPTOCOQUES 353 Des lapins témoins sont inoculés sous la peau avec un millionième et tiii «lï:^ — iiiïlli<>tii**kiiit* tl<* la môme cul.ture. Trente heures après, les témoins sont morts. Les lapins qui avaient reçu 0,1 de sérum périsscnl le dixième <'i I.' onzième jour sans trace de Streptocoques dans les organes. Ceux qui ont reçu 0CC,2 demeurent bien portants. Le quotient du poids de l'animal (1500 gr.) par 0CC, '2 ou 7 000 donne le titre du pouvoir préservatif. Celle dose, équivalente.à la 7000" partie de leur poids, aurait dû naturellement être plus élevée si l'on avait introduit aumomentde l'inoculation une plus forte quantité de culture ultra-virulente. Le sérum de Marmorek a été injecté chez l'homme dans les cas les plus variables. Krysipèle avec ou sans albuminurie, lièvre puerpérale, angines graves, scarlatine, phlegmons à Streptocoques, infections post- opératoires. Dans les cas graves il faut injecter d'emblée 20cc de sérum et 24 heures après 10 autres. L'érysipèle pris an début peut s'atténuer trois heures seulement après l'injection. La desquamation est rapide et se fait par grands lambeaux. L'albuminurie si elle existe disparaît en vingt-quatre à qua- rante-huit heures. Dans l'infection puerpérale vraie, qui, comme nous l'avons démontré, est toujours streptococcique, les injections de sérum de Marmorek ont donné quelques résultats positifs. Dans la scarlatine, l'angine streptococcique disparait et l'état géné- ral s'amende. La chute des fausses membranes à Streptocoques se fait aussi vile (pu; celle de l'exsudat diphtérique sous l'intluence du sérum de Roux. Marmorek et Houx ont même immunisé contre le Streptocoque afin d'obtenir un sérum doublement actif des chevaux déjà immunises contre le bacille de Lôffler.Les phlegmons diffus à Streptocoques s'affais- sent et se résorbent quand il n'y a pas de pus collecté. S'il existe un lover purulent, il faut l'ouvrir et il se tarit immédiatement. Le sérum de Marmorek serait enfin indiqué dans beaucoup de complications post-opératoires, celles au moins où le Streptocoque pyogène se trouve être le seul tigent infectieux. 23 7,U ATLAS DE MICROBIOLOGIE L'ANASARQUE INFECTIEUSE DU CHEVAL ACTION CURATIVE DU SÉRUM DE MÀRMOREK On a donné le nom d'anasarque active ou essentielle du cheval (fièvre pétéchiale des Allemands) à une affection presque toujours mortelle et caractérisée par l'apparition de tumeurs œdémateuses à marche rapide et progressive au niveau des membres ou de la partie inférieure de la tète. v v i>V - 5"1 Fig. 518. Streptocoque de l'anasarque du cheval. (Gr. 1000 diam.) L'anasarque aiguë peut être secondaire et survenir au cours de ma- ladies infectieuses, telles que la gourme, la morve, les suppurations Lraumatiques ou viscérales; dans d'autres cas au contraire, cette affec- tion évolue en dehors de toute lésion antérieure et survient inopinément. Lignières, étudiant l'étiologie d'une série de cas graves d'anasarque aiguë et rapidement mortelle, isola par diverses méthodes, du sang et des viscères, un Streptocoque identique au Streptocoque de Rosenbach et Fehleisen. STREPTOCOQUES :>:>:! Lignièrès eut l'idée d'étudier d'abord chez les animaux inoculés, puis chez le cheval, l'action immunisante et curalive du sérum de Marmorek. Les. expériences furent couronnées d'un plein succès, (liiez la souris, l'injection du sérum de Marmorek prévient les accidents habituelle- ment mortels de l'inoculation du Streptocoque de l'anasarque du cheval. Le même sérum est au contraire sans action contre l'infection par le Streptocoque de la gourme de Schutz; il en est de même chez le cheval. Lignièrès a démontré par une longue série d'expériences que l'ana- sarque infectieuse, traitée à temps par les injections du sérum de Mar- morek, amène une prompte défervescence. Des animaux atteints de tumeurs œdémateuses multiples et présen- tant des pétéchies hémorrhagiques de la muqueuse pituitaire, avec jetage sanguinolent, avec température de 40 degrés, dyspnée et prostration, ont été guéris en quelques jours. La mortalité considérable de l'anasarque est réduite dans des pro- portions presque inespérées. Le rétablissement complet et la remise au travail suivent de quelques jours le début du traitement. Ces résultats thérapeutiques prouvent qu!il va une grande analogie, sinon parfaite identité, entre le Streptocoque de l'anasarque et le Streptocoque de l'érysipèle de l'homme. L'activité remarquable du sérum de Marmorek contre l'infection streptococcique du cheval, où il se montre plus efficace peut-être que chez l'homme, est vraisemblablement en rapport avec l'origine équihe du liquide actif. Les résultats acquis sont donc aujourd'hui suffisants pour que la préparation en grand du sérum de Marmorek s'impose désormais comme la préparation des sërums antitétanique et antidiphtérique. 550 ATLAS DE MICROBIOLOGIE STREPTOCOCCUS HOMINIS CRASSUS Nous avons observé à diverses reprises un Streptocoque particulier qui se distingue du Streptocoque pyogène commun par des carac- tères différentiels constants. Ce Streptocoque, très analogue au premier sur les préparations colorées et dans les cultures sur le bouillon, ne liquéfie pas la gélatine »* n, ^mm J«j Fig. 519. Fig. 520. Streptococcus pyogenes Crassus. Culture sur gélatine. Fie. 521. Fig. 522. Streptococcus pyogenes Communis. Culture sur gélatine. et s'y développe le long de la piqûre sous forme d'une trainée plus épaisse que celle du Streptocoque pyogène. Quand l'aiguille a été essuyée dans un premier tube, il se produit dans le second une chaîne de petites colonies sphériques ou lenticulaires un peu plus volumineuses, et sans exception la culture s'étend à la surface du tube sous forme d'un boulon aplati de plusieurs millimètres de diamètre. Cette particularité ne s'observe jamais pour le Streptocoque d'Ogston, Uosenbach et Fehleisen, qui se développe exclusivement, après ense- mencement par piqûre, le long du passage de l'aiguille. STHKPTOCOQUES 3r>7 Sur l'agar la colonie est toujours plus grasse et plus large que celle du Streptocoque rie Rosenbach. Un autre caractère différentiel constant est ce fait que les cultures de notre Streptocoque peuvent êlre transplantées au bout d'un an et plus, parfaitement vivaces, d'un vieux tube de gélose desséché sur un tube nouvellement préparé, tandis que dans les mêmes conditions et sur le même milieu, au bout de deux mois à deux mois et demi seu- lement, le Streptocoque pyogène de Rosenbach demeure infertile à moins qu'on ne prenne, à l'exemple de Marmorek, la précaution de Fig. 525. Fig. 524. Streptococcus pyogenes Crassiis. Culture sur agar. Fie. 525. Fig. 526. Streptococcus pyogenes Communis. Culture sur agar. revivifier la vieille culture en versant à sa surface un peu de sérum humain additionné de bouillon. Nous avons rencontré le Streptocoque que nous décrivons ici dans divers cas de phlegmons sous-cutanés, dans un kyste de l'ovaire suppuré, et dans trois cas d'accidents puerpéraux à marche lente qui ont déterminé la mort au bout de quatre à cinq semaines, en dépit d'une désinfection utérine aussi parfaite que possible et sans trace de péritonite purulente. Nous conservons depuis 7 à 8 ans toute notre série de cultures absolument vivaces. 35S ATLAS DE MICROBIOLOGIE V .7 1 î«S •'•••V ' Fie. 527. Slreptococcus pyogenes crassas. (Culture sur agar). (Gr. 1000 diain.) - • v * G « Fie. 554. Impétigo. — Liquide (l'une vésicule récente (Leroux). (Gr. 1 000 diam.) 11 existe souvent une zone inflammatoire rouge à la périphérie. Le derme est tuméfié et les ganglions voisins engorgés et douloureux. L'impétigo peut présenter une tendance à la chronicité et se montrer très rebelle. La démonstration clinique de la contagiosité de l'impétigo est depuis longtemps acquise. En raison de la bénignité de l'affection, le \V Leroux a tenté de nombreuses expériences d'inoculations soit simples, soit en séries. Ces inoculations ont été presque toutes suivies île succès. 562 ATLAS DE MICROBIOLOGIE r Fig. 535. Variole. Vésicule jeune. (Gr. 8 diam.) «a. ■~ Fig. 536. Variole. Début de la période de suppuration. Le derme est envahi. (Gr. 20 diam.) STREPTOCOQUES 363 L'examen bactériologique des croules et du liquide sous-jacent donne le plus souvent des cultures de Staphylocoques et des autres microbes fréquents à la surface de la peau. Le Staphylocoque doré prédomine habituellement et l'on observe de très rares chaînettes. Leroux a eu l'excellente idée de pratiquer ces recherches sur les sujets atteints d'impétigo expérimental et avant la rupture de la vésicule. A ce moment on observe de nombreux diplo- coques réunis ou non en chaînettes. Nous représentons fig. 555 et 556 le mode de formation des vésico- pustules cutanées. Nous avons pris pour type des pièces provenant d'un cas de variole. Fig. 557. Streptocoque de l'Impétigo. Culture sur bouillon (Leroux). (Gr. 1000 diam.) Si l'on ensemence ce liquide dans des milieux appropriés, il se forme sur la gélatine, le long de la piqûre, des colonies ponctuées analogues à celles du streptocoque pyogène, sur l'agar des colonies fines en forme de trèfle, et ians le bouillon des chaînettes de longueur variable. 364 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Sur quinze inoculations faites avec des cultures récentes, Leroux a obtenu quatre fois des résultats positifs pouvant se reproduire en séries. 11 a observé le. même microbe dans l'impétigo secondaire des enfants, c'est-à-dire au niveau des éruptions discrètes ou confluentes qui se produisent sur le cou, les épaules ou les fesses par grattage. On trouve en général dans ces régions la trace des ongles. Ces enfants présentent fréquemment à l'extrémité des doigts des tournioles qui peuvent aboutir à la chute de l'ongle. •*T *• • \ " •• *• ". •* , » t » •»! •■Vy.r Fie. 5r»8. Impétigo. Culture sur bouillon (Leroux). Longue chaînette. (Gr. 1000 diain.) Il peut se produire d'autres manifestations corollaires : conjonctivite purulente, kératite, vulvile et stomatite impétigineusë, cette dernière observée par Bergeron, Comby, Sevestre et caractérisée par la coïnci- dence de croûtes fendillées d'impétigo sur la face exposée des lèvres ou des commissures avec des pseudo-membranes diphtéroïdes super- ficielles sur leur face interne et la muqueuse buccale. Les adénites profondes du cou et les adéno-phlegmons en sont la conséquence fréquente. Lannelongue a décrit des cas d'ostéomyélite survenus chez des enfants atteints de gourme. STREPTOCOQUES 305 ASSOCIATION D'UN STREPTOCOQUE ET DE LA BACTÉRIDIE CHARBONNEUSE C'est un Streptocoque analogue qui a été décrit sous la dénomi- nation bizarre de microbe de la septicémie consécutive au charbon. Nous avons en eiï'et constaté en 1884, dans des cultures de charbon qui nous avaient été données comme pures, une végétation de Strep- tocoques pyogènes à côté des bactéridies charbonneuses. r Fig. 530. Streptocoques et bactéridies associés dans une culture impure. (Gr. 800 diam.) Sur les cadavres de lapins inoculés avec ces cultures impures, les Streptocoques seuls se montrent virulents si l'autopsie est faite un certain temps après la mort. Nous avons rencontré plus tard le même Streptocoque dans un vac- cin impur. Il se développe dans le bouillon charbonneux virulent ou vaccinal, sans en altérer sensiblement la transparence. Cette asso- ciation microbienne pourrait expliquer certains cas de mort après vac- cination anticharbonneuse. Z66 ATLAS DE MICROBIOLOGIE ,%> ^ T^t 3 r \ \ % \ F!G. 540. Streptocoques et bactéridies associés dans un vaccin impur. (Gr. 800 diam.) V Fig. 541. Streptocoques d'une culture impure de Charbon sur bouillon. (Gr. 1000 diam. STREPTOCOQUES 367 Le Streptocoque que mous venons de décrire comme observation microbienne avec la bactéridîe charbonneuse, nous paraît analogue au Streptococcus pyogenes crassus. Son action pathogène sur le lapin l'en rapproche tout particulièrement. Nous pouvons donc dès lors affirmer qu'il existe au moins trois types distincts de Streptocoques pathogènes pour l'homme. 1° Le Streptocoque d'Ogston, Rosenbàch et Fehleisen, que l'on pourrait nommer, à cause de sa fréquence, Streptococcus commu- ons. Ce Streptocoque est l'agent pathogène de l'anasarque du cheval. 2° Le Streptococcus hominis major ou crassus, d'un diamètre un peu plus considérable et dont les cultures sont plus luxuriantes. 5° Le Streptococcus hominis Uquefaciens, identique au second, en stries sur l'agar-agar, mais jouissant de la propriété de liquéfier rapi- dement la gélatine. TABLE DES MATIÈRES Pages. Préface ,"» MUCORHÉES Phycorayces nitens 8 Mucor spinosus 10 Mucor racemosus Il Mucor mucedo 17» Mucor stolonifer 1 5 Thamnidiura elegans 16 Propriétés biologiques des mucorinées 18 MOISISSURES Aspergillus niger . 19 Aspergillus fumigatus 25 Aspergillus orizœ 25 Sterigmatocvstis glaucus 25 Propriétés biologiques des aspergillus. 27 Action pathogène 27 Penicillum . . ■ 51 Propriétés biologiques des penicillum 55 MYCOSES EXTERNES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX Trichophyties, Favus, Pityriasis vërsicolore, Erythrasma 54 LES TEIGNES L.V TEIGNE TRICHOPHYTIQUE ET LA TEIGNE SPÉCIALE DE GRUBÏ LES TRICHOPHYTIES 1° Influence de la composition chimique du milieu de culture sur la forme des cultures cryptogainiques 59 2° Les associations cryptogainiques dans les trichophyties 42 Les trichophyties d'origine humaine . 44 Les trichophyties animales transportées sur l'homme 56 Les trichophyties de la barbe 68 Les trichophyties exotiques 70 Étude mycologique des.Trichoph.ytons 75 Taxonomie des Trichophytons. Les.Botiylis 78 La tondante à petites. spores. Maladie de Gmby-.Micr.osporum Audouïni (Grûby) . 8 i Mycologie. Taxonomie • • . . . .. . . 90 ... LA TEIGNE F AVEU SE UAchorion Schœnleinii ...-..• 96 • 1° Associations cryptogainiques 101 2° Variétés de Favus 1 05 39702 370 ATLAS DE MICROBIOLOGIE PITYRIASIS VERSICOLORE 108 ERYTHRASMA 111 OÏDIUM 114 Oïdium lactis 114 Action biologique 119 EEGGIATOA OU SULFURAIRES Beggialoa Raniana 120 Beggiatoa alba 121 Propriétés biologiques 123 FUSISPORIUM UNCIGERUM Propriétés biologiques 127 CLADOTRIX DICHOTOMA Propriétés biologiques 127 STREPTOTRIX Streptotrix alba 150 Streptotrix nigra 131 Streptotrix violaeea 152 Streptotrix albido flava 155 Propriétés biologiques 155 Action pathogène 155 ACTINOMYCOSE 156 Actinomycose du bœuf 140 Actinomycose de l'homme 150 Cultures de l'Actinomyces 150 Associations cryptogamiques de l'actinoiiiycose 100 Nouveau cas d'infection mixte (Actinomyces et, Leptotrix) 105 Inoculation aux animaux 108 FARCIN DU DŒUF 170 Action patbogène 174 PIED DE MADURA 170 LES LEVIRES Saccharoniycètes. Torulas. Mycodennes 184 Fermentation alcoolique 185 LEVURES VRAIES SACCI1AK0MYCLTES LEVURES DE EIÈRE 192 Fabrication de la bière 192 1. Saccharification 192 II. Fermentation 194 Levures de maladie 200 Sporulation 201 Formation des voiles 2(15 Noyaux et réseaux gélatineux, 211 LEVURES DE VIN 212 LEVURES DE CIDRE 217 TABLE DES MATIÈRES 571 Pages LEVURES DE DISTILLERIE 217 LEVURES DE ROULANGERIE 219 LE KÉPHIR 221 SÀCCHAROMYCÈTES NON INDUSTRIELS. Saccharomyces anomalus 225 LEVURES NE DONNANT PAS DE SPORES. TORULAS 228 Torula Alba 228 Torula B 230 Torula C (Torula Rosea) 251 Torula nigra 251 MYCODERMES 224 MONJLIA CANDIDA 257 Propriétés biologiques 240 DEMATIUM PULLULANS 241 Propriétés biologiques 245 LE MUGUET 244 MICROCOQUES 252 Analogie des microcoques avec certains végétaux inférieurs 257 MICROCOQUES PATHOGÈNES 260 Pyogénèse 260 Suppuration sans microbes 265 STAPHYLOCOQUES Staphylocoque doré 266 Préparations colorées 267 Cultures 268 Action pathogène 272 Lésions locales 272 Infection générale légère. Lymphangite et fièvre 275 Infection générale grave. Ostéomyélite infectieuse 275 Infection purulente 276 Localisations du Staphylocoque dans les cas mortels 277 Inoculation aux animaux 278 Néphrite ascendante à Staphylocoques 279 Phlébite des sinus de la dure-mère 284 Spécificité microbienne de certaines lésions typiques 285 Immunité contre le Staphylocoque doré 285 Microbe du clou de Biskra 286 Staphylocoque blanc 287 Staphylococcus citreus 289 Staphylococcm cereus albus et flarus 290 MICROBE DE L'ARAIGNÉE Mammite gangreneuse des brebis laitières 292 MICROCOQUES NON PATHOGÈNES Micrococcus candicans 295 Micrococcus rugosus olearius 296 572 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Pages. Micrococcus versicolore 297 Micrococcus aquatilis 298 Micrococcus roseus (Flùgge) 298 Micrococcus luteus 298 Micrococcus flavus desidens 299 Micrococcus flavus olearius 299 Micrococcus flavus liquefaciens 500 Micrococcus aurantiacus 300 Micrococcus fulvus (Colin) 300 Micrococcus ruber agilis 501 Micrococcus citreus agilis 503 INFECTION BLENNORRHAGIQUE Gonocoque 304 HÉMOGLOBINURIE BACTÉRIENNE DU BŒUF.. . . 511 STREPTOCOQUES Streptocoque pyogène 514 Examen du pus 516 Cultures 518 Action pathogène 519 LA FIÈVRE PUERPÉRALE ET L'ÉRYSIPÈLE A. — L.a Fièvre puerpérale. Anatomie pathologique 526 R. — Rapports entre la lièvre puerpérale, les abcès à Streptocoques et l'érysîpèle. Étude bactériologique et expérimentale 527 Étude clinique de l'infection streptococcique 535 A. - Suppuration simple 554 R. Suppuration avec rougeur érysipélateuse 555 C. — Érysipèle simple 556 1). — Érysipèle greffé sur une plaie suppurante 557 E. — Erysipèle suivi de suppuration secondaire 557 F. — Fièvre puerpérale 559 Étiologie de la lièvre puerpérale 541 Durée de virulence des objets contaminés par le Streptocoque .... 545 Phlébites à Streptocoques 546 Autres septicémies à Streptocoques 548 1° Néphrite ascendante à Streptocoques 548 2u Angine de Ludwig 348 Sérothérapie 00 diam.) 110 ERYTHRASMA 218 Microsporon minutissimum (méthode de Gram) (gr. 800 diam.). . . 112 219 Microsporon minutissimum (méthode de Gram) (gr. 1000 diam.). . . 112 220 Amas de spores du Microsporon minutissimum (méthode de Gram) (gr. 1000 diam.) 113 221 Microsporon minutissimum dans les squames épidermiques (méthode de Gram) (gr. 1000 diam.) 113 OÏDIUM 222 Oïdium lactis. Cuiture jeune sur agar-agar (300 diam.) 115 227) Oïdium lactis. Chambre humide. Culture de 24 heures (400 diam.) . 116 224 Oïdium lactis. Culture sur agar-agar (150 diam.) 116 225 Oïdium lactis. Culture sur agar au moût de bière, âgée de 10 jours (400 diam.) 117 226 Oïdium lactis. Culture sur agar (méthode de Gram) (1000 diam.) . . 117 227 Trichophylon du cheval. Culture de 17 jours (méthode de Gram) 1000 diam.) 118 228 Trichophylon de l'homme (méthode de Gram) (1000 diam.) 118 220 Açhorion Schœnleinii. Culture sur agar (Préparation par la méthode de Gram) (1000 diam.) 119 BEGGIATOA OU SULFURAIRES 250 Beggiatoa raniana (100 diam.) 120 251 Beggiatoa aïba (100 diam.) 121 252 Beggiatoa alba (100 diam.) 122 255 Beggiatoa alba (170 diam.) 122 254 Beggiatoa alba (200 diam.) 125 255 Beggiatoa alba (1000 diam.) 125 256 Beggiatoa alba (1000 diam.) 124 257 Beggiatoa alba (1000 diam.) 124 FUSISPORIUM UNCIGERUM 258 Fusisporium moschatum. Culture âgée de 36 heures (500 diam.) . . 125 259 Fusisporium moschatum. Culture âgée de 2 jours (400 diam.) ... 126 240 Fusisporium moschatum. Culture âgée de 12 jours (400 diam.). Basides en forme de croissant 126 241 Fusisporium moschatum. Culture sur agar-agar (12 jours) (400 diam.). 127 580 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Pages. STREPTOTRIX Fie 242 Streptotrix brunnea. Plaque d'agar. Grandeur naturelle 130 245 Streptotrix brunnea. Colonie jeune sur plaque degélatine (100 diam. ). loi 244 Streptotrix brunnea. Colonie superficielle au début de la liquéfac- tion (70 diam.) 151 245 Streptotrix albido-flava. Culture jeune sur agar 152 240 Streptotrix violacea. Culture jeune sur agar 152 247 Streptotrix ni (jr a. Culture jeune sur agar 152 248 Streptotrix alba. Culture âgée sur agar 152 240 Streptotrix nigra. Culture âgée sur agar 152 250 Streptotrix alba. Culture sur gélatine (1 mois) 155 251 Streptotrix asterioides. Culture sur gélatine (1 mois) 155 252 Streptotrix brunnea. Culture dans le bouillon (15 jours) 155 255 Streptotrix brunnea. (1000 diam.) 154 254 Streptotrix alba. Culture d'un mois, surface blanche (100 diam.). . 154 ACTINOMYCOSE 255 Actinomycose de l'homme. Grain préparé par écrasement (gr.200d.). 158 256 Actinomycose de l'homme. Grain préparé par écrasement (gr. 400 diam.) 159 257 Actinomycose du bœuf. Dissociation d'un grain frais (gr. 1000 diam. ). 140 258 Actinomycose du bœuf. Dissociation (gr. 1000 diam.) 140 259 Actinomycose du bœuf. Dissociation (gr. 700 diam.) 141 260 Actinomycose du bœuf. Dissociation (gr. 1 000 diam.) 141 261 Actinomycose du bœuf. Dissociation (Cornil) (gr. 1000 diam.) . . . 142 262 Actinomycose du bœuf. Dissociation (Cornil) (gr. 1000 diam.). . . . 145 265 Rein de bœuf. Actinomycose (gr. 25 diam.) (Nocard) 144 264 Hein de bœuf. Actinomycose (gr. 60 diam.) (Nocard) 145 265 Rein de bœuf. Actinomycose (gr. 60 diam.) (Nocard) 146 266 Rein de bœuf. Actinomycose (gr. 500 diam.) (Nocard) 147 267 Actinomycose. Langue de bœuf (gr. 700 diam.) 148 268 Actinomycose. Langue de bœuf (gr. 800 diam.) 118 269 Actinomycose. Langue de bœuf (gr. 800 diam.) 1 49 270 Actinomycose. Langue de bœuf (gr. 800 diam.) 149 271 Actinomycose de l'homme (abcès de la joue), dissociation d'un grain (gr. 600 diam.) 150 272 Actinomycose de l'homme (abcès de la joue), dissociation d'un grain (gr. 800 diam.) 150 275 Actinomycose de l'homme (abcès de la joue) dissociation d'un grain (gr. SOU diam.) 15) 27 4 Actinomycose de l'homme (abcès sub-lingual), dissociation d'un grain (gr. 1000 diam.) 151 275 Actinomycose de l'homme (abcès pelvien), dissociation d'un grain (gr. 800 diam.) 152 TABLE DES FIGURES 381 Pages. Fig. 270 Actiiiomycose de l'homme (abcès pelvien), dissociation d'un grain (gr. 1000 diam.) 152 277 Actiiiomycose de l'homme (abcès pelvien) dissociation d'un grain (gr. 1000 diam.) 153 278 Actinomycose de l'homme (abcès pelvien) dissociation d'un grain. Crosses (gr. 1000 diam.) 154 270 Actiiiomycose de l'homme. Culture dans le bouillon (gr. lOOOdiam.). 156 280 Actiiiomycose de l'homme. Culture dans le bouillon (gr. 1000 diam.). 150 281 Actinomycose de l'homme. Culture dans le bouillon (gr. lOOOdiam.). 157 282 Actinomycose du bœuf I Macé). Cullure sur a7 Jeune culture de Staphylocoque blanc {ixv. lOOOdiam.) 288 25 586 ATLAS DE MICROBIOLOGIE l'âge STAPHYLOCOCCUS CITREUS Fig. 458 Staphylococcus citreus (gr. I 000 diam.) 289 STAPHYLOCOCCUS CE RE US ALBUS ET FLAVUS 459 Staphylococcus cereus albus (gr. 1000 diam.). „ 290 440 Staphyl. cereus albus. Culture sur a gar 291 441 Staphyl. cereus flavus. Cul. sur plaque de gélatine (gr. 1000 diam.). 291 442 Staphyl. cereus flavus. Culture sur agar 291 445 Staphylococcus cereus flavus 291 MICROBE DE L'ARAIGNÉE 444 Maramite gangreneuse de la brebis. Culture (gr. 1 000 diam.) . . . 292 445 Mamraite gangreneuse de la brebis. Culture (gr. 1000 diam.) . . . 295 MICROCOQUE8 NON PATHOGÈNES 446 Micrococcus candicans (gr. 1000 diam.) 295 \\~ Micrococcus rugosus olearius (gr. 1000 diam.). 296 448 Micrococcus rugosus olearius. Culture surplaque de gélatine (gr. 25 d.). 290 449 Micrococcus rugosus olearius, jeune culture sur agar 297 450 Micrococcus rugosus olearius, vieille culture sur agar 297 451 Micrococcus flavus desiclens. Culture sur agar 297 452 Micrococcus aurantiacus. Culture sur agar 297 455 Micrococcus roseus. Culture (gr. 1000 diam.) 298 454 Micrococcus flavus desidens (gr. 1000 diam.) 299 455 Micrococcus aurantiacus (gr. 1000 diam.) 500 456 Micrococcus ruber agilis (gr. 800 diam.) 501 457 Micrococcus ruber agilis (cils) (gr. 1000 diam.) 301 458 Micrococcus ruber agilis (cils) (gr. 1200 diam.) 502 459 Micrococcus ruber agilis (cils) (gr. 1800 diam.) 5(12 460 Micrococcus citreus agilis (gr. 10(10 diam.) 505 461 Micrococcus citreus agilis (cils) (gr. 2000 diam.) 505 BLENNORRHAGIE 462 Uréthrite blennorrhagique aiguë (gr. 1000 diam.) 304 465 Uréthrite blennorrhagique aiguë. Pus (gr. 1000 diam.) 505 464 Uréthrite blennorrhagique. Gonocoques libres et à la surface de cel- lules épilhéliales (gr. 1000 diam.) 306 405 Culture pure de gonocoques (gr; 1000 diam.) 507 460 Ophtalmie purulente du nouveau-né. Leucocytes chargés de gono- coques (gr. 1000 diam.) 508 467 Ophtalmie purulente du nouveau-né. Gonocoques et cellules épithé- liales (gr. looo diam.) 309 HÉMOGLOBINURIE DU BŒUF 468 Microcoques de l'hémoglobinurie du bœuf dans les globules rouges (gr. 1000 diam.) 51 1 400 Hémoglobinurie. Microcoques libres et intra-globulaires (gr. 600x1. ). 512 470 Hémoglobinurie. Sang de bu-uf (gr. I00O diam.) 312 5 ! 5 471 Hémoglobinurie. Sang de'bœuf (gr. 1000 diam.) TABLE DES FIGURES 387 Pages. STREPTOCOQUE PYOGENE Fig. 472 Pus phlegmoneux. St.replncoques (gr. 7)000 diam.) 315 'i75 Pus. Fixation par le liquide de Flemming (gr. K>00 diam.) .... 316 47 \ Lymphangitrphlegmoneusc. Préparation faite en août 18X2 (gr. lOOOd.) ."17 'i7.'» Sérosité d'arthrite aiguë (gr. L 000 diam.) 317 176, 477, |7.8| 179 el 480 Cultures de Streptocoque pyogène sur gélatine peptone 315 481 lre Culture du pus à Streptocoques sur agar 319 482 Même culture au grossissement de 20 diam 7)11» 483 2e Culture de Streptocoques sur agar (strie. 2e jour) 319 484 Pleurésie purulente ancienne à Streptocoques (gr. 150 diam.) . . . 320 185 Pleurésie purulente ancienne à Streptocoques 320 486 Pleurésie purulente à Streptocoques (gr. 200 diam.) 321 487 Pleurésie purulente à Streptocoques (gr. 1000 diam.) 321 188 Phlegmon streptococcique à marche lente. Streptocoques inclus dans ■ les leucocytes (gr. 700 diam.) 324 489 Phlegmon post-puerpéral tardif (5 mois). Streptocoques englobés dans les leucocytes (gr. 800 diam.) 525 LA FIÈVRE PUERPÉRALE ET L'ÉRYSIPÈLE 490 Fièvre puerpérale suraiguë. Sérosité péritonéale (gr. 1000 diam.). . 327 491 Mammite puerpérale à Streptocoques. Acini remplis de Zooglées (gr. 80 diam.) 328 492 Fièvre puerpérale suraiguë. Zooglée du foie ayant donné une culture pure de Streptocoques (gr. 800 diam.) 529 495 Infection streptococcique. Zooglée de Streptocoques dans le rein (gr. 800 diam.) 529 494 Streptocoque pyogène. Culture sur gélatine 330 495 Streptocoque puerpéral. Culture sur gélatine 550 496 et 497 Streptocoque de l'érysipèle. Culture sur gélatine 550 498 et 499 Streptocoque pyogène. Culture sur agar-agar 551 500 et 501 Streptocoque puerpéral. Cultures sur agar-agar 551 502 et 505 Streptocoque de l'érysipèle. Cultures sur agar-agar 551 504 Trois lapins inoculés à l'oreille du Streptocoque de l'érysipèle, du Streptocoque puerpéral et du Streptocoque pyogène, 48 heures après l'inoculation. Le premier lapin est mourant (érysipèle infec- tieux). Le deuxième est mort 24 heures plus tard (lièvre puerpérale). Le troisième n'a présenté qu'un petit ahcès avec lymplfangite de peu d'étendue et a survécu. (Phlegmon circonscrit à Strepto- coques) 552 505, 506, 507, 508, 509 et 510 Première culture du suc des viscères et l'urine provenant d'un cas d'érysipèle franc de la face, suivi de de mort 556 388 ATLAS DE MICROBIOLOGIE Pages. Fig. 511 Phlegmon sous-cutané survenu dans la convalescence d'un érysipèle. Chaînettes incluses dans les leucocytes (gr. 1000 diani.) 338 51 2 Érysipèle phlegmoneux post-puerpéral (gr. 1000 diam.) 545 515 Pustule du pouce d'une sage-femme contaminée (gr. 800 diam.). . 544 514 Sérosité péritonéale d'une des femmes contaminées par celle sage- femme 544 515 Néphrite ascendante. Zooglée de Streptocoques (gr. 800 diam.). . . 549 SÉROTHÉRAPIE DE i/lNFECTION STREPTOCOC IQUE 516 Jeune culture de Streptocoque pyogéne sur le milieu de Marmorek (gr. 900 diam.) 551 517 Culture ancienne de Slreptocoque sur le même milieu (gr 1000 d.). 552 518 Streptocoque de l'anasarque du cheval (gr. 1000 diam.) 554 STREPTOCOCCUS HOMINIS CRASSUS 519 et 520 Streptococcus pyogenes crassus. Culture sur gélatine .... 556 521 et 522 Strejitococcus pyogenes comniunis. Culture sur gélatine . . . 556 525 cl 524 Streptococcus pyogenes crassus. Culture sur agar 557 525 et 526 Streptococcus pyogenes communis. Culture sur agar .... 557 527 Streptococcus pyogenes crassus. Culture sur agar (gr. 1000 diam.) . 558 528 Streptococcus pyogenes crassus. Culture sur houillon (gr. 1000 diam.) 558 STREPTOCOCCUS PYOGENES LIQUEFACIENS 529 et 550 Streptococcus pyogenes liquefaciens. Culture sur gélatine. . . 559 551 et 552 Streptococcus pyogenes liquefaciens. Culture sur agar . . . . 559 555 Streptococcus pyogenes liquefaciens. Culture sur houillon (gr. 1000 d.). 560 STREPTOCOQUE DE L'IMPÉTIGO 554 Impétigo. Liquide d'une vésicule récente (Leroux) (gr. 1000 diam.). 561 HISTOLOGIE DES VÉSICO-PUSTULES CUTANÉES 555 Variole. Vésicule jeune (gr. 8 diam.) 562 55IÎ Variole. Début de la période de suppuration. Le derme est envahi (gr. 20 diam. 562 557 Streptocoque de l'impétigo. Culture sur bouillon (gr. 11)00 diam.) . 565 558 Impétigo. Culture sur houillon (Leroux). Longue chaînette (gr. lOOOd.) 364 COMMENSALI&ME DU STREPTOCOQUE ET DE LA BACTÉRIDIE 539 Streptocoques et hactéridies associées dans une culture impure (gr. 800 diam.) 564 540 Streptocoques et hactéridies associées dans un vaccin impur (gr. 1000 diam.) 566 541 Streptocoques d'une culture impure de charbon sur bouillon (gr. 1000 diam,) 506