-fl ^ L(-3 \ Digitized by the Internet Archive in 2015 https://archive.org/details/b21909404 I I m. •1 ♦ • > > c > t ■jk i > ; •’ 1 « ■» •.V H - w.-i* i L i^' K- r'^ I » % ^ « I- -w, , ir' " ■If . k 1» « 4 J 4 I:.. J it J * • f f' • y '>V ■ 7^ ' (, . :5^- ;‘ ! HISTOIRE NATURELLE ZOOPHYTES. INFUSOIRES. BELLE EDITION, FORMAT IN-OCTAVO SUITES A BUFFON FORMANT, AVEC LES OEUVRES DE CEt AUTEUR , UN COURS COMPLET D'HISTOIRE NATURELLE EMDKASSANT LES TROIS RÈGNES DE LA NATURE. Les possesseurs des OEuvres de lUlFFON pourront, avec ces Suites, compléter toutes les parties qui leur manquent, chaque ouvrage se vendant séparément, et rormant, tous réunis, avec les travaux de cet homme illustre, un ouvrage général sur l’Histoire Naturelle. Cette publication scientilique, du plus haut intérêt, préparée en silence depuis plusieurs années, et conliée ;\ ce que l’Institut et le haut enseignement possèdent de plus célébrés naturalistes et de plus habiles écrivains, est appelée à faire époque dans les annales du monde savant. Les noms des auteurs indiqués ci-après sont , pour le public , une garantie certaine de la conscience et du talent apportés à la rédaction des différents traités. Zoologie générale (sup- plément il BufToiO ou Mé- moires et Notices sur ia Zooiogie.l’Aiitliropologie et i’histoire de la science, par M. Isidore Geoffroy .Saint-Hilaire, 1 vol. avec allas. Prix: (Ig. noires, 8 fr. BO c. ; fig. col., 12 fr. Cétacés (Haleines, Dau- phins, etc.), ou Recueil et examen des faits dont se compose l’iiistoire de ces animaux, par M.F.Cuvier, membre de l’Institut, pro- fesseur au Muséum d'His- toirc naturelle , etc. ; t v. in-8 avec, deux livraisons do planches ( Ouvrage terminé). Prix : ligures noires, 12 fr. BO o. ; lig. coloriées , 18 fr. 50 c. Reptiles (Serpents, Lé- zards , Grenouilles , Tor- lues,otc.), par M.Duméfil, membre de l'Iiist., prof, à ta Faculté do Médecine et au Muséum d’Hisloiro na- turelle ; et M. Bibron , aide-naturaliste ; 9 vol. et 9 livraisons do planches. Prix , flg. noires : ST fr. ; lig. coloriées : TB fr. Les tomes 1 à S e( 8 sont en vente, les tomes 6 en pa- raîtront incessamment. Poissons , par M. Entomologie (Introduction à 1’), compreiiaut les prin- cipes généraux do l'Ana- tomie et do la Physiologie des Insectes, des détails sur leurs mœurs, et un ré- sumé des principaux sys- tèmes de ciassifleation , Ote. , par M. Lacordaire , proies, d'hist. naturelle à Liège (Ouvrage terminé, adopté et recommandé par V Université pour être placé dans les bi- bliothèques des Facul- tés et des Collèges, et donné en prix aux élè- ves) ; 2 vol. iu-8. Fig. noi- res, 19 fr.; lig. color. 22 fr. Insectes coléoptères (Caiitliarldcs, Oliaraiiçoiis, Hannetons , Scarabées , etc.) , par M. — Orthoptères ( Grillons , Criquets , Sauterelles ) . par M. Serville , ex-prési- deiit do la Société ento- mologique de France ; 1 vol. avec planches. Prix: lig. noires , 9 fr. BO c. , et flg. coloriées, 12 fr. BO c. ( Ouvrage terminé.) —Hémiptères (Cigales, Pu- naises, Cochpnilles. etc.), par M. Serville. — Lépidoptères ( Papil- lons), par M. le docteur Boisduval; tome 1 avec 2 livraisons de planclies. Prix : flg. noires, 12 f. BOc. lig. coloriées, 18 fr. BO c. — Névroptères ( Demoi- selles, Ephémères, etc.), par M. le doct. Rambur. —Hyménoptères (Abeilles, Guêpes, Fourmis, etc.) , par M. le comte Lepcllc- tier de Saint - Fargeaii ; tomes 1 et 2 avec 2 livrai- sons do planches. Prix : ligures noires , 19 fr. ; fig. coloriées . 2B fr. — Diptères (Mouches, Cou- sins , etc.) , par M. Mac- quart , directeur du Mu- séum d’Histoire naturelle de Lille ; 2 vol. in-8 et 2 cahiers de planclies (Ou- vrage terminé). Prix ■ figures noires , 19 fr. ; fi- gures coloriées , 25 fr. — Aptères ( Araignées , Scorpions, etc.), par M. le baron Walekenaer, mem- bre do l'Institut ; tomes 1 et 2 avec 3 cahiers de plan- ches. Prix : fig. noires , 22 fr. ; fig. color. , 31 fr. Le tome 2 et dernier pa- raîtra en 1841. Crustacés (Écrevisses. Ho- mards, Crabes, etc.), com- prenant l’Anatomie , la Pliyslologie et la Classifi- cation de ces Animaux , par M. Milne - Edwards , membre de ITnstltuI, pro- fesseur d’histoire natu- relle , Ole. ; 3 volumes et 4 livraisons de planclies. Prix : fig. noires , 31 fr. BO c. ; fig. col., 43 fr. 50 c. Mollusques (Moules . Huî- tres, Escargots, Limaces, Coquilles, etc.), par M. de Blalnville , membre de l’Iiislitiit. professeur au Muséum (l'Histoire natu- relle , etc. Annélides (Sangsues, etc.), par M. Vers intestinaux (Ver So- litaire , etc.) , par M. Zoophytes acaléphes (Physale, Béroé, Angèle, etc.), par M. Lesson , cor- respondant de l’Iiistilut , pharmacien en chef de la Marine, à Rochefort. — Echinodermes (Oursins. Palnietles , etc.) . par M. ''Lacordaire , professeur d’hist. nalnrcllo a Liège. — Polypiers (Coraux, Gor- gones, Éponges, etc.), par M. Milue-Edwards . mem- bre de l'Institut , profes- seurd'hist. naturelle, etc. — Infusoires (Animalctilos microscopiques), par M. Dujardin , doyen do la faculté des sciences, à Honnes ; 1 vol. avec 2 li- vraisons do planches. Prix : fig. noires . 12 fr. 50 c. ; et fig. coloriées , 18 fr. BO c. (Terminé.) Botanique (Introduction a l’Etude do la) , ou Traité élémentaire de celle scien- ce . coiileiiant l'Organo- graphie , la Physiologie , elc. , Ole. , par M. Alph. deCaiidolle. professeur d'Iiisloire naturelle a Gc- nèie (Ouvrage terminé et autorisé par TUni- versilé pour tes Collè- ges royaux et commu- naux) ; 2 V. et un cahier de planches. Prix : 16 fr. VÉGÉTAUX PUANÉROCAMES ( à Organes sexuels ap- parents . Arbres, Arbris- seaux , Plantes d'agré- ment. etc.), par M. Spach. aide-naliiralistc an Mu- séum d'Hisl. naturelle ; tomes 1 à 10 , et 14 livrai- sons de planches. Prix ; figures noires, lOT fr. ;fig. coloriées. 149 fr. — CRYPTOGAMEs(à Orgaiips sexuels peu apparents ou cachés , Mousses . Fougè- res , Lichens , Champi- gnons, Truffes , elc.) , par M.de Brebisson de Falaise. Géologie (Histoire. Forma- tion et Disposition des matériaux qui composent l'écorce du Globe terres- tre) . par M. Huot . mem- bre de plusieurs Sociétés savantes ; 2 vol. ensemble de plus de l.BOO pages (Ouvrage terminé).Pris, avec un Atlas de 24 plan- ches, 19 fr. Minéralogie (Pierres. Sels, Métaux, etc.), par M. Alex. Brongniarl , mem- bre de rinstilut , profes- seur au Muséum d'Hisl. iialiireile , .etc. , elc. ; et M. Dclhfoss'e . i^allre do c'onfércijteji h l'Ecole N'drinàlc , aille'- natura- liste . etc. , au Muséum d'Iiisloire naturelle. CONDITIONS DF. LA SOUSCRIPTION : Les Suites a Buffon formeront GB vol. in-8 environ, | mont , chaqiio niiloiir s'occupant depuis longtemps de Imprimés avec le plus grand soin et sur beau papier ; ce | la partie qui lui est colillée. rédilciir sera a même do uonibro parait sulllsaiit pour donner à cet onseiiible toute publier en peu do temps, la tolalllé des traités dont l’étendue convenable. Ainsi qu’il a été dit précédem- | se composera cotte ulilo cplipciloii. En mai i84i,36 volumes sont en vente, avec 42 livraisons lic plaiithcs. - ' Los personnes tiui voudront souscrire pour toute la Collection auront la liberté do prendre par portion jusqu'à ce qu’elles soient au courant de tout ce qui est paru. POUR LES SOUSCRIPTEURS A TOUTE LA COLLECTION ; l’rix du texte , chaque vol. (i) (l’environ 500 à toü pas., 5 fr. 50 c. — Prix de cliaque livraison d’environ lo pi. noires, 3 fr. ; coloriées, 6 fr. Nota.— Los Pcrsoimes qui souscriront pour des parties séparées . payeront chaque volumo 6 fr. BO c. Le prix des volumes papier vélin sera double du papier ordinaire. (1) L'Éditeur ayant ii payer pour colle collection dos lionoraires aux auteurs . lo prix dos voliimos no peut être comparé a celui dos rélmpressloiis d'ouvrages upparteiiaiil nu domaine public et c.\ciiipts do droits d'auteurs , tels que Biill'un , Voltaire, etc., etc. On souscrit, sans rien payer d'avance, a la Lirrairie Encyclopédioi'e de ROUET, FIdiieuiv de la Collection de Manuels, du Cours d’Acricultire au XIX' siècle, etc., RUE Hautefeuille, 10 bis. J f « I HISTOIRE NATURELLE DES INFUSOIRES, COMPRENANT LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DE CES ANIMAUX, ET LA MANIÈRE DE LES ÉTUDIER A l’aIDE DU MICROSCOPE. PAR M. FÉLIX OUJARDm, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE RENNES. Ouvrage accompagné de planches. XILL.REG. PARIS. LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET, RUE UADTEFEUILLE, N° 10 BIS. 1841. PARIS. - IMPRIMERIE DE FAIN ET THUNOT, iMrniMEunsnE l'ü wiv En si te no y *i.e u e fhance RUE RACINE, 28, PRÈS 1)E L’ODÉON. ExiMio H. MILNE-EDWARDS , JAM rWDEM ARCANORUM NATURÆ CONSCIO , ET ARTIS DELINEANDI ZOOPHYTA , VEL OCULI ACTE, VEL MICROSCOPII OPE DETECTA, QUAM MAXIME PERITO , HOC MEUM OrUS , QUANTÜMVIS INDIGNUM , / PERENNIS AMICITIÆ PIGNUS D. D. D. F. DUJARDIN. “ V .J jif â ï ** A~ *-.-1 « > ifc ^ ’ -, / ' * ■ V ■' îr .• r . •• ■ ’.>l 'a '■'i A' - V ■ •" 4 '■ ■> '■.'. . >n:2_r's ¥ , 9- « • . 1 ■ ' A J ' * . •■ jr ^ • .w' • l,i ^ . ■ i. -. -^i t . -,,. ^ ^ -;4«v •• * >r V'’ I » PRÉFACE Quoique le microscope , par les perfectionnements qu’il a reçus depuis quinze ans , soit devenu en quelque sorte un instrument nouveau et inconnu de nos pré- décesseurs , nous sommes loin de croire qu’il soit arrivé au terme de ses perfectionnements possibles. La net- teté obtenue dans cet instrument avec des grossis- sements de 300 à 400 diamètres , nous a appris à chercher avec nos yeux seuls la vraie forme et la structure des corps , au lieu de la deviner à travers un contour diffus et nébuleux ; nous avons donc dû pro- scrire les grossissements exagérés de six cents, de mille diamètres, etau delà, qui n’étaient tant soit peu accep- tables qu’à l’époque où l’on ne voyait guère avec plus de précision aux grossissements moindres; mais aussi nous avons dû sentir davantage combien sont véri- tablement restreints nos moyens d’observation. En effet, des organes filiformes épais d’un 30000® de mil- limètre , ne nous paraissent pas moins simples dans le meilleur microscope , qu’un brin de soie vu à l’œil nu; bien plus, un corps globuleux d’un millième de millimètre, ne nous paraît que comme un grain de pollen de mauve vu à l’œil nu , et cependant nous savons VIH PRÉFACE. combien ces dimensions sont éloignées de la limite de divisibilité des corps les plus composés. Il y a donc beaucoup à connaître encore au delà des limites de nos moyens d’observation ; telle combinaison que nous entrevoyons dans l’avenir , peut , en perfectionnant de nouveau le microscope , nous révéler un espace im- mense dont l’imagination seule ne pourrait donner aujourd’hui que des notions mensongères. Gomme celui qui bâtit sur le sable mobile ou sur un sol inconnu , nous sommes donc exposé à voir notre œuvre à peine édifiée , s’écrouler ou perdre tout d’un coup sa valeur , par suite de telle découverte pressentie vaguement et qui doit multiplier un jour la puissance de notre vue. Cette idée , vraiment décourageante , et qui ne se présente point dans l’étude des autres branches de la zoologie, aurait dû nous empêcher de publier en cet instant une histoire des Infusoires ; et c’était bien aussi notre pensée, quand , songeant à perfectionner préa- lablement nous-même le microscope , nous consa- crions un temps considérable à la réalisation de cer- taines conceptions théoriques. Mais le but de nos recherches constantes est loin encore d’être atteint , nous ignorons si d’autres plus heureux arriveront avant nous à ce but; et cependant beaucoup de personnes qui se livrent avec ardeur à l’étude du microscope attendent un ouvrage pouvant servir de guide pourdes recherches ultérieures sur les Infusoires. PRÉFACE. IX La publication si importante des Suites à Bujfon appelait nécessairement cet ouvrage dans son cadre ; et M. Milne-Edwards , que ses recherches sur les animaux inférieurs mettent à même de juger nettement de l’état de nos connaissances sur les Infusoires, m’en- gageait à entreprendre ce travail. Son opinion , aussi précieuse pour moi que son amitié , m’a déterminé à passer par-dessus les désavantages que présentent à la fois le sujet et les circonstances ; et dans l’espoir que je trouverai parmi mes lecteurs des juges hienveillants et disposés à me tenir compte des difficultés de ma tâche, j’ai depuis deux ans mis en ordre et complété les matériaux recueillis pendant les cinq années pré- cédentes. Si mes premiers travaux sur ce sujet ont eu le caractère d’une polémique contre M. Ehrenberg, dont cependant j’aime à proclamer le mérite, c’est que cet auteur , cédant trop facilement à l’entraîne- ment de son imagination , avait pris pour hase de tous ses travaux sur les Infusoires et de la classification de ces êtres , des principes tout à fait erronés et que l’ob- servation n’a jamais confirmés. C’est aussi que les faits inexacts sur l’organisation des Infusoires , qu’il a mêlés à la foule de ses observations neuves et réelles , avaient longtemps arrêté ma marche; comme sans doute ils ont arrêté celle de beaucoup d’autres obser- vateurs sincères , en nous forçant à regarder comme incomplètes et défectueuses toutes nos études sur ce X PRÉFACE. sujet , et à regarder nos microscopes comme trop imparfaits , puisqu’ils ne voulaient pas nous laisser voir les memes détails qu’au célèbre naturaliste de Berlin. Cela dura jusqu’à l’instant où , d’une part, l’ob- servation directe de quelques détails qui avaient échappé à cet habile micrographe , et , d’un autre côté , les variations de ses opinions successives dans ses divers mémoires, me conduisirent d’abord au doute , puis , un peu trop loin peut-être au delà du doute , par un effet de réaction ; mais , je me plais à le répéter , malgré la vivacité de mes attaques contre certaines opinions de M. Ehrenberg , je peux déclarer qu’aucun observateur n’ajamais fait une plus riche moisson de faits , et n’a contribué davantage au progrès de la mi- crographie ; et si malheureusement il n’eût persisté à prendre pour bases de sa classification les mêmes faits que j’ai contestés , que je regarde comme absolu- ment inexacts , j’aurais avec empressement pris pour guide le grand ouvrage qu’il vient de publier. On verra d’ailleurs que j’ai adopté , autant que possible , les genres , et même les familles , établis par cet auteur ; et je dois dire qu’en cela, j’ai eu en vue de rendre té- moignage à son mérite , autant que d’éviter l’introduc- tion d’un grand nombre de noms nouveaux dans la science. Dans ce livre , n’ayant point assurément l’in- tention de poser des bases invariables pour une partie de la zoologie qui ne se prête point encore à une clas- PRÉFACE. XI sification définitive, mais voulant seulement faciliter les études micrographiques et mettre les observateurs sur la voie de l’immense profit qu’on en doit attendre pour la physiologie, je n’ai parlé que de ce que j’ai vu moi-meme. Or , je n’ai pas vu tous les Infusoires décrits par les auteurs , tant s’en faut ; il est donc probable qu’il me manque encore la connaissance de beaucoup de faits importants , connaissance que je ne pouvais prendre que par mes yeux et non dans des livres dictés trop souvent par un esprit de système ; ma tâche était d’aplanir les difficultés de plus en plus grandes qui s’opposent à l’étude des Infusoires, et d’aider les observateurs par des renseignements con- sciencieusement donnés. Cette tâche est remplie pour le moment ; je retourne donc à mon microscope pour interroger de nouveau 1a nature avec le désir sincère de connaître la vérité ; et , plus tard , dans des mémoires que je publierai sur chaque famille en particulier , je ne craindrai pas d’a- vouer toutes les erreurs que je puis avoir commises. Cependant, que d’autres veuillent bien chercher de leur côté; ils seront assurément dédommagés de leurs peines par des observations neuves et par des décou- vertes nombreuses ; et s’ils sont animés du même désir que moi , nous ne manquerons pas de nous ren- contrer plus d’une fois sur la route. Je dois, en terminant cette préface, me justifier aux yeux du lecteur d’avoir presque à chaque pas , dans le XII PnÉFACE. cours de mon ouvrage , parlé de moi et en mon seul nom: c’était une nécessité, car sur un sujet si mal connu , je n’ai dû parler que de ce que j’ai vu ; or je voyais seul dans mon microscope en faisant les obser- vations dont je rends compte. Ainsi, je dois le dire, j’apporte souvent ici un témoignage unique et ne pou- vant par conséquent avoir d’effet que sur l’esprit du lecteur qui aura essayé d’y joindre le témoignage de sa propre observation. HISTOIRE INATUKEELE DES INFUSOIRES. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. L’histoire des Infusoires est entièrement liée à Thistoire du microscope, car on ne pouvait, avant la découverte de cet instrument , soupçonner l’exis- tence d’une foule d’animaux peuplant le monde nouveau que le microscope a fait connaître; mais aussi cette histoire a dû. être mêlée à celle de tous les êtres vivants que leur extrême petitesse avait jusqu’alors dérobés aux yeux des observateurs. L’at- tention avait été singulièrement excitée par la vue des Animalcules qui apparaissent en foule dans les infusions de diverses substances végétales ou ani- males : on reconnut bientôt l’analogie de ces êtres avec ceux qui fourmillent dans les eaux stagnantes, au milieu des herbes aquatiques plus ou moins dé- composées , qui souvent rendent ces eaux de véri- tables infusions ; par conséquent on a dû confondre dans la même série d’études, et sous la même dé- nomination d’infusoires, d’Animalcules , ou de Microscopiques, tous les êtres divers qu’on obser- vait dans les eaux stagnantes. INFUSOIRES. 1 9. HISTOIRE NATURELLE Le départ, la distinction de ces êtres, n’ont pu avoir lieu que tardivement , et peu à peu. On en sé- para d’abord les insectes et leurs larves, puis les crus- tacés brancliiopo des ou entomostracés ; plus tard on distingua aussi des Vers, des Zoophjtes, confondus dans la foule des êtres microscopiques. Dans ces derniers temps, on en a séparé encore divers objets, tels que des lambeaux de branchie de Mollusques ; mais d’un autre côté on leur a réuni mal à propos, tantôt les Zoospermes, tantôt des familles entières d’ Algues microscopiques , les Desmidiées, les Dia- tomées. Une distinction plus rigoureuse des vrais Infu- soires doit sans doute être établie ; mais quelque soin qu’on prenne pour l’établir, cette classe reste encore une réunion de types très - différents , et n’ayant de commun que des caractères négatifs; aussi des naturalistes philosophes n’y veulent voir qu’une association provisoire des types primordiaux de diverses séries du règne animal , lesquelles pour avoir été étudiées k partir du plus haut degré d’or- ganisation , ont paru sans rapport aucun avec les types correspondant à un minimum d’organisa- tion. Nous aurons à examiner plus loin ces difficiles questions , sans oser nous flatter de pouvoir les ré- soudre ; pour le moment nous commençons par exposer l’historique des découvertes microscopi- ques , et du microscope lui - même , qui , soumis k de nombreuses variations, a souvent été décrit et même construit par chaque auteur d’une manière différente. DES INFUSOIRES. 3 Mais remarquons- le d’abord , on aurait grand tort de croire que les Infusoires ne peuvent être aperçus qu’avec le secours de nos microscopes achromatiques dotés de tous les perfectionnements les plus récents. Bien au contraire , la plupart des Infusoires peuvent être vus, quoique moins distinc- tement, par le moyen d’un microscope composé , très-médiocre et non achromatique ; leur forme extérieure est souvent même indiquée d’une ma- nière bien reconnaissable. Ce qui manquait et ce qu’on n’a obtenu que dans les derniers temps , c’est une netteté permettant de constater la forme réelle des parties internes ou externes, et la présence ou l’absence de tels ou tels organes. Le microscope simple ou la loupe montée, suffit même bien sou- vent pour étudier certains Infusoires ou Systolides; notamment les Paramécies, les Plœsconia , les Bra- chions , les Rotifères , etc. , dont les dimensions at- teignent ou dépassent un quart ou un tiers de milli* mètre, et qui s’aperçoivent à l’œil nu. En effet, une lentille ou un doublet de 4,5 millimètres ( deux lignes ) de foyer amplifie le diamètre de l’objet quarante fois, et fait voir une Paramécie de ~ millimètre, longue de 8 millimètres, ce qui est déjà considérable ; une lentille de 2,25 millimètres (une ligne) de foyer, double ce grossissement, et une lentille ou un doublet de 1,12 millimètres (7 ligne) de foyer, le rend quadruple, et montre la même Paramécie, longue de 82 millimètres, avec une grande netteté , si la lentille est bien mon- tée et bien centrée, et surtout si l’on a un bon sys- li, HISTOIRE NATURELLE lème de diaphragmes sur le trajet de la lumière ; mais alors le champ est tellement restreint, et la po- sition de l’œil est tellement limitée, qu’on éprouve une fatigue fort grande, et que, d’un autre côté, on perd un temps considérable à chercher l’objet qui s’est écarté du champ de la vision. Toutefois de telles lentilles simples sont de beaucoup préférables à un microscope composé non achromatique ; et les meilleures observations , antérieures à la construc- tion du microscope achromatique, ont été faites par ce moyen . L’histoire des découvertes microscopiques peut se diviser en trois périodes : la première, celle des simples observateurs, commence à Leeuwenhoek , le père de la micrographie , et dut ses meilleurs résultats au microscope simple; la deuxième, celle des classificateurs, commence à Otto - Frédéric Millier, qui le premier essaya de classer méthodi- quement les Infusoires, et qui se servit du micro- scope composé , ainsi que les observateurs qui le suivirent; dans la troisième enfin, signalée par l’emploi du microscope achromatique, et par les découvertes et les hypothèses de M. Ehrenberg , on s’est oecupé à la fois de la classification et de l’or- ganisation des Infusoires. Leeuwenhoek (1680-1723) construisait lui-même des microscopes simples qu’il tenait d’une main, tau- dis que de l’autre main il en approchait un tube de verre , contenant dans l’eau les objets à examiner. Ses microscopes étaient de très-petites lentilles bi- convexes, enchâssées dans une petite monture d’ar- DES INFUSOIRES. 5 gent; il en avait formé une collection de vingt- six qu’il légua à la Société royale de Londres. Ces instruments, sujets à tous les inconvénients d’un maximum d’aberration de sphéricité et d’un man- que total de stabilité , n’avaient pu servir utilement qu’entre les mains de Leeuwenhoek, qui, durant vingt années de travaux , avait acquis une habitude capable de suppléer en partie à la stabilité de nos appareils modernes ; aussi personne après lui ne put tirer parti de ses microscopes, et l’on renonça en quelque sorte à ce mode d’observation en attendant le microscope composé. Cet habile micrographe , dirigeant surtout ses études vers le progrès de la physiologie , et vers la solution de certaines ques- tions en particulier, telles que celle de la généra- tion , ne s’occupa qu’en passant de l’étude des Infu- soires , et comme pour chercher seulement de nou- velles preuves en faveur de l’axiome omne vivum ex ovo. En observant l’infusion de poivre, l’eau des marais, la matière blanche pulpeuse qui s’a- masse autour des dents, ses excréments et ceux de plusieurs animaux , il eut l’occasion de voir des Vibrions, des Volvox, des Monades, des Kérones, des Paramécies , des Kolpodes, divers Vorticelliens et Systolides , les Anguilles du vinaigre, les Zoo- spermes, etc.; mais il ne songea pas à distinguer les Infusoires des autres Animalcules microscopiques. Baker (i ), qui publia successivement deux traités (i) The Microscope made easy, London, 1743* — Èinployment for the Microse. i75‘2. 6 HISTOinE NATUnELLE sur l’usage du microscope , et qui paraît s’être pré- férablement servi du microscope simple de Wilson, dont il vante avec raison les avantages , a décrit et figuré un grand nombre d’infusoires observés par lui, soit dans les eaux de marais, soit dans des in- fusions de foin, de poivre, de blé, d’avoine, etc. Ses dessins , qui par la suite ont servi beaucoup aux nomenclateurs , présentent donc un mélange de vrais Infusoii’es avec d’autres Animalcules , et notamment avec des Brachions bien reconnais- sables. Tremblej (i) (1744)5 conduit par ses belles observations sur le Polype à bras ou l’Hydre , à dé- crire d’une part certains Infusoires parasites de ce Polype ; et d’autre part, quelques grandes et belles espèces de Vorticelliens qui se trouvent avec les Hydres dans les marais , et qu’il nomma Polypes à bulbe et Polypes à bras. Hill (2), en 1762, fut le premier qui essaya de donner des noms scientifiques aux. Animalcules microscopiques. Joblot (3), quelque temps après , en 1754, publia des observations microscopiques assez bonnes pour cette époque , et qui ne sont point encore sans valeur, malgré le ridicule des dénominations, souvent très-significatives, adaptées par lui à ses Animalcules , parmi lesquels il com- (i) Philosophie. Transact. 1746. — Histoire du Polype d’eau douee , i:44- (a) Essay of nalural hîslory, i^5a. (3) Observations d’iiisloirc liai urellc faite.' avec le microscope, par Joblot, 1754-1755^ PKS INFUSOIRES. prend, outre les Infusoires, desSystolicles , desEn- tomostracés , des larves d’insectes , etc. Plusieurs des figures qu’il en donne portant l’empreinte d’une admiration trop vive que ne réglait aucune idée scientifique, sont tellement bizarres et fantastiques qu’elles durent surtout contribuer à discréditer l’emploi du microscope. A cette même époque , ScbœfFer avait fait con- naître quelques animaux microscopiques. Rœsel ( i ), à la suite de son bel ouvrage sur les Insectes , avait décrit et donné d’assez bonnes figures de plusieurs grands Vorticelliens , du Volvox ; et surtout il avait fait connaître son petit Protée, qui est aujourd’hui le type du genre Amibe. Ledermuller, dans ses Amusements microscopiques , avait aussi représenté des Animalcules d’infusion, des Vorticelles et quel- ques Systolides. Et Wrisberg (2) (i'^64), avait pu- blié des Observations sur la nature des Animalcules infusoires, que le premier il nommait ainsi. Linné , qui n’avait point étudié par lui-même les Infusoires , les confondit d’abord sous la déno- mination trop significative de Chaos, en distinguant toutefois le Volvox giohator-, et plus tard il admit un genre Vorticelle (3). Pallas, danssonouvragesur lesZoophytes (4)» en i'y66,seborna à réunir, dans les deux genres Volvox et Brachionus , ceux des Ani- malcules microscopiques dont l’existence lui parut (i) Inseclen Belusligung von Bosel. 4 vol. in-4, I746'I7®*- (a) Observa tioncs do aiiimnlcul. infuser, natiirn. Uotlingen. 1704. in-8. (3) Systema naturæ. Edil. X, 1758. — Syst. uat. F.dil. XII, 1767- (4) Flenchus zoopliyloi uni. 1766. 8 HISTOIRE NATURELLE mieux démontrée d’après les travaux antérieurs. Ellis décrivit aussi, sous le nom de Volvox, divers Infusoires dans les Transactions Philosophiques de Londres, en 1769. Puis vint Eichhorn, qui, dans un fort bon recueil d’observations (i), fit connaître un plus grand nombre d’infusoires que tous ses prédécesseurs ; il ne songea nullement à les classer, et les désigna seulement par des noms allemands, exprimant quelque analogie de forme; mais encore avec ses Infusoires se trouvaient mêlés beaucoup d’autres Animalcules. Spallanzani(2)(i776), étudia plus particulièrement quelques Infusoires et leRo- tifère sous le point de vue physiologique; et son ami , l’illustre Saussure, contribua avec lui à mettre en lumière quelques faits importants sur ce sujet. Gleichen (3), en poursuivant ses recherches sur la génération des êtres, eut l’occasion de faire beau- coup de bonnes observations sur les Infusoires et sur les Animalcules qui s’y développent dans des cir- constances variées ; malgré l’imperfection de ses figures, on reconnaît, ou plutôt on devine quels sont les Infusoires qu’il a pu rencontrer. Enfin Gœze (4) et Bloch (5) , qui, chacun de leur côté, s’occupaient de l’étude des Vers intestinaux , firent connaître les curieux Infusoires qui vivent dans l’in- testin des Grenouilles. (l) Klelnste Wasserlhlere. Berlin, l^8l. — Beylrage , J/yS. (a) Opuscol. pliys. 1776. — Traduits en français, 1787* (3) Infnsionslhierchen, 1778. — Trad. en fanerais, 1799- (4) Naturgeschichle der Ein_"eweidewürincr, 1782. (5) Abliandl. über dicErzeugung der Eingew. 1783. — Trad. en français. DES INFUSOIRES. 9 La seconde période, celle des classificateurs, commence à O. -F. Millier, car les tentatives de nomenclature qu’avait faites Hill étaient restées dans l’oubli; et quoique Millier lui-même ait fait de nombreuses découvertes dans l’étude des Infusoires; c’est surtout comme créateur d’une classification et d’une nomenclature de ces animaux qu’il est plus célèbre. Vouloir soumettre aux règles de la mé- thode linnéenne la multitude des animalcules mi- croscopiques, déjà signalés par ses prédécesseurs, et de ceux encore plus nombreux qu’il avait observés lui-même ; c’était là une tâche bien autrement dif- ficile que celle de caractériser et de classer des plantes ou des insectes, dont la forme est tou- jours définie, dont les organes sont nombreux et bien distincts, et dont enfin le mode de développe- ment est connu. En caractérisant comme autant d’espèces, une foule d’objets divers dont la nature animale ou l’individualité , ou même l’intégrité n’était pas toujours constatée, il s’exposa donc à faire beaucoup de doubles emplois et de fausses dé- signations. Aussi, doit on le reconnaître, ses genres, à l’époque même de leur création, étaient trop vague- ment tracés; et la plupart de ses espèces, caractéri- sées par une phrase linnéene de quelques mots, ne peuvent être reconnues sans le secours des figures qui en disent bien plus que cette phrase; et, même encore avec ce secours, la moitié des espèces sont à laisser de côté comme tout à fait équivoques ou douteuses. Mais ce tort ne doit pas lui être imputé tout entier : en effet , après avoir essayé une pre- 10 HISTOIP.E NATURELLE mière fois dans son histoire des vers marins et flu- viatiles (i) de classer les Infusoires, il se proposait de réunir dans un grand traité tous les résultats de douze années de recherches laborieuses, quand la mort vint le surprendre; ce fut donc son ami O. Fa- bricius qui se chargea de publier cet ouvrage pos- thume en le complétant au moyen des notes sou- vent contradictoires qu’il put trouver dans les pa- piers de l’auteur. Beaucoup d’espèces , et même un genre, celui Himantopus, c[\ie Millier vivant n’eut peut-être pas admis ou conservés en re- voyant son travail , furent donc établis d’après ces notes. Ainsi fut porté à 879 le nombre des espèces décrites , parmi lesquelles il en est à peine i5o que l’on puisse aujourd’hui rapporter avec certitude à des Infusoires connus. De ses dix-sept genres , le dernier (Brachion) ne comprend que des Syslolides, et les animaux du même ordre composent une par- tie de son genre Vorticelle et se trouvent en outre disséminés parmi ses Trichodes et ses Cercaires. Millier d’ailleurs avait, comme ses prédécesseurs, confondu avec les Infusoires des objets bien diffé- rents , tels que des propagules d’algues, des Bacil- laires, des Navicules, des Anguillules , des Disto- mes , de jeunes Alcyonelles , des lambeaux de branchies de Mollusques; et surtout il avait multi- plié à l’excès certaines espèces en donnant un nom (1) Millier. Vermium terreslrlum et fluvialilium llisloria. 2 yol. in-/,. 1774. (2) Millier. Animalcula Infusoria fluvialilia et marina. ln-4> 178G. DES INFUSOIRES. 11 différent au même Animalcule en divers états, ou même à des Infusoires devenus incomplets par suite d’une décomposition partielle. Cela tient à ce que l’on ne peut comparer les Animacules microsco- piques qu’en les dessinant séparément et en notant les caractères de chacun d’eux à mesure qu’on les observe; mais la plupart de ces Animalcules sont si variables dans leurs formes , que si l’on vient à com- parer un grand nombre de dessins faits h différen- tes époques, on sera tenté d’abord de les rapporter à autant d’espèces différentes, à moins qu’on n’ait appris, par un long usage d’un excellent microscope, à démêler la vérité. Or, je le répète, ce fut Fabricius qui eut à mettre en ordre les notes de Müller. Son histoire des Infusoires n’en mérite pas moins d’être considérée comme un recueil d’observations consciencieuses et tout à fait exemptes d’esprit de système; ses figures surtout sont ce qu’on pouvait faire de mieux à cette époque, aussi ont-elles servi de matériaux aux nomenclateurs -qui vinrent en- suite , pour l’établissement d’une foule de genres nouveaux. Bruguières, dans l’Encyclopédie méthodique, se borna à copier les figures et les descriptions de Müller en y ajoutant seulement quelques espèces de Baker. Cuvier, comme les naturalistes allemands du commencement de ce siècle, ne s’occupa qu’en pas- sant et d’une manière générale de la classification des Inbisoires. Il en avait préalablement séparé 12 HlSTOinE NATURELLE mal à propos les vraies Vorticeües qu’il plaçait dans son ordre des Polypes gélatineux ; et il avait senti la nécessité de séparer les Systolides pourvus d’un in- testin et d’organes compliqués, et les vrais Infu- soires, « animaux à corps gélatineux de la plus ex- trême simplicité , sans viscères, et souvent même sans une apparence de bouche (i). » Lamarck, dans son Histoire des animaux sansver- tèbres (2), conserva beaucoup trop la classification de Müller; cependant, il démembra heureusement plusieurs de ses genres, notamment celui des Vor- ticelles d’où il retira les Rotifères et les autres Sys- tolides pour en faire son genre Furculaire; mais n’ayant point observé par lui-même , il laissa sub- sister dans les divers genres les autres rapproche- ments erronés de Müller, et même en ajouta de nouveaux dans son genre Purcocerque. Il plaça avec raison les Systolides dans une autre classe que les Infusoires proprement dits, mais avec eux, il eut le tort de placer les Vorticelles parmi les Poly- pes ciliés. M. Bory de Saint-Vincent (i825), appelé à terminer la partie de l’Encyclopédie méthodique commencée parBruguières, eut à s’occuper beaucoup de la classification des Infusoires qu’il veut nommer des Microscopiques. Riche de ses propres obser- vations, quoiqu’il n’ait pu échapper au repro- che de s’être trop souvent servi des figures de Mül- (l) Cuvier. Règne animal. 1817, (a) Larnarck. llisloire tles animaux satis vertèbres. 5 vol. in- 8, i8i5-i8ig. DES INFUSOIRES. 13 1er, il subdivisa les 17 genres de l’auteur danois en 99 genres dont plusieurs ont dû être conservés comme bien précis. Dans sa classe des Microscopi- ques, il laisse encore confondus les Systolides, et il en distrait les seules Vorticelles pédicellées qu’il re- porte, avec les Navicules et les Lunulines, dans son règne psycbodiaire. Dans sa dernière publication sur ce sujet (i 83 1), il n’a faitque confirmer ses idées précédemment émises sans y ajouter de nouvelles observations. Cependant , dès 1817, en Allemagne, Nitzscb, qui, par le caractère de ses travaux, devrait être inscrit dans la dernière période, avait publié des observations précieuses sur les Navicules et sur les Cercaires qu’il démontra n’être point de vrais Infusoires, et, plus tard, en 1827, dans une Ency- clopédie allemande , il avait proposé l’établissement de plusieurs genres bien convenables. M. Dutrochet, en France, avait étudié les Rotifères et les Tubico- laires; M. Leclerc avait fait connaître les Difflu- gies ; et Losana , en Italie , avait décrit des Amibes, des Kolpodes et des Cyclides dont il multipliait les espèces sans raison et sans mesure. Dans la période actuelle , illustrée par les travaux de M. Ehrenberg et caractérisée par l’emploi du microscope achromatique , on veut à la fois s’occu- per de la classification des Infusoires et pénétrer les mystères de l’organisation de ces petits êtres. Les résultats obtenus pendant cette période seront donc bien autrement importants sous tous les rapports que ceux des périodes antérieures; mais par cela même ils doivent être plus dilliciles à obtenir; et IHSTOIKE NATURELLE 14 l’on aurait tort, je crois, de s’attendre à en trouver jamais d’aussi positifs que dans les autres branches de la zoologie. M. Ehrenberg le premier a distingué nettement, pour en former deux classes séparées , les Infusoires qu’il nomme Poljgastrica, et les Systolides qu’il nomme Rotatoria mais il laisse parmi les vrais Infusoires, les Clostéries ou Lunulines, les Navicu- les et toutes les Diatomés et Desmidiées, que, par un singulier abus de l’esprit de système, il regarde comme des animaux pourvus d’une bouche et d’une multitude d’estomacs. Aussi a-t-il pu porter le nom- bre des espèces d’infusoires polygastriques à 533. Sa classification , basée sur des faits entièrement er- ronés relativement à l’organisation des Infusoires, a été admise par les auteurs et les compilateurs qui n’avaient nul souci de vérifier les faits annoncés. Mais les vrais observateurs , d’abord frappés de stu- peur par l’annonce des découvertes du micrographe de Berlin, ne tardèrent pas à s’apercevoir de l’inuti- lité de tous leurs efforts pour arriver à la vérification de ces faits; et quand ils se furent bien assurés que cette impossibilité ne tenait ni à la faiblesse de leur vue ni à l’imperfection de leurs microscopes, ils osè- rent relever la tête et renvoyer la dénégation la plus formelle è celui qui avait eu l’habileté de rendre en quelque façon solidaires de ses assertions et de sa renommée , des académies célèbres et des noms il- lustres. Si l’édifice des hypothèses Ehrenbergiennes vient à être totalement renversé, sa classification aura DES INFUSOIRES. 15 disparu en même, temps, et l’on se retrouvera en présence d’une multitude confuse et croissant cha- que jour d’objets à classer, et pour lesquels on n’a souvent que des caractères négatifs. A la vérité, on aura appris de M. Ehrenberg à distinguer tout d’a- bord les Systolides , et de lui comme de Nitzsch et de M. Raspail , à séparer des Infusoires quelques animaux ou débris d’animaux regardés à tort comme autant d’espèces; puis enfin l’opinion des botanistes allemands et françjis aura prévalu pour faire ran- ger désormais les Navicules et les Clostéries dans le règne végétal; mais le nombre des êtres, laissés, comme résidu de cette exclusion, parmi les Infusoi- res sera encore très-considérable , et l’on manquera, pour les classer, de ces caractères précis fournis dans les autres branches du règne animal par des organes dont la forme et les usages sont bien déterminés. Ainsi que je l’ai dit plus haut, je crois que l’in- stant n’est pas arrivé de proposer pour eux une clas- sification définitive; mais ayant accepté la tâche de faire connaître ce qu’il y a de vrai dans l’histoire des Infusoires, je dois essayer de les classer au moins provisoirement, en séparant, sauf à l’étudier à part , ce qui ne peut-être laissé parmi les Infusoires. Je suis donc conduit à partager mon travail en trois . parties: la première, relative aux Infusoires propre- ment dits, formera les deux premiers livres, l’un consacré aux généralités sur l’étude de ces animaux, l’autre à la description méthodique; la deuxième partie consacrée aux Systolides formera aussi deux livres, l’un pour les généralités, l’autre pour la des- HISTOIRE NATUREEEE 16 cription méthodique; enün, une troisième partie formant le cinquième livre contiendra une énumé- ration détaillée des objets microscopiques qui ont été confondus avec les Infusoires. DES INFUSOIRES. 17 LIVRE I. OBSEIWATIONS ÜÉXÉRALES SUR LES I i\ l' t 8 01 RS S. PREMIÈRE PARTIE. SUR l’organisation des infusoires. CHAPITRE I. DÉFINITION. Les Infusoires sont des animaux très-petits , dont les dimensions extrêmes sont de un à trois millimètres , d’une part, et d’un millième de cette grandeur d’autre part ; leur grandeur mo^'enne est de un à cinq dixièmes de millimètre. Les plus grands se montrent à l’œil nu sous la forme de points blancs ou colorés, fixés à divers corps submergés , ou comme une poussière ténue flot- tant dans le liquide. Les autres ne se voient qu’avec l’aide du microscope simple ou composé. Ils sont pres- que tous demi-transparents, et paraissentblancs ou in- colores; mais plusieurs sont colorés en vertouenbleu ; d’autres moins nombreux sont rouges ; enfin il en existe de brunâtres ou noirâtres. Tous vivent dans l’eau liquide ou dans des substances fortement humides ; mais ils ne se développent et ne se multiplient le ]dus souvent que dans des liquides chargés de substances organi- ques et salines , tels que des infusions préparées artifi- INFU801RE5. 2 HISÏOIKE NAÏUREI.LE 18 ciellement avec des substances animales ou végétales, ou des eaux stagnantes dans lesquelles se sont décom- posées naturellement ces mêmes substances ; c est ainsi que l’on peut trouver sûrement des Infusoires dans l’eau trouble des ornières, des mares et des fossés, et dans la coucbe vaseuse de débris qui couvre la base des plantes et des autres objets submergés au bord des rivières et des étangs , de même que dans l’eau qui baigne ces objets. Aussi la dénomination d’infu- soires, quoique critiquée par quelques naturalistes , doit-elle être conservée comme la plus propre à don- ner une idée de ces petits êtres. M. Bory les voulait nommer des Microscopiques d’après cette considéra- tion que beaucoup d’entre eux vivent dans les eaux pures etnondans les infusions ; mais d’une part, ceux qu’il citait comme présentant cette exception, appar- tiennent presque tous à la classe des Systolides , et d’ailleurs, il s’en faut bien que l’eau limpide qui bai- gne les conferves ou les végétaux en décomposition dans les marais et dans les rivières soit de l’eau pure. Les Infusoires observés au microscope paraissent formés d’une substance homogène glutineuse, dia- phane , nue ou revêtue en partie d’une enveloppe plus ou moins résistante. Leur forme la plus ordinaire est ovoïde ou arrondie. Les uns , et ce sont ceux qu’on rencontre le plus fréquemment et qui frappent tout d’a- hord l’œil du micrographe, sont pourvus de cils vibra- tiles qui , se mouvant tous, par instants, ou continuelle- ment , servent comme des rames innombrables au mou- vement de l’animal , ou bien servent seulement à ame- ner les aliments à sa bouche; d’autres n’ont, au lieu de cils vibratiles , qu’un ou plusieurs filaments d’une ténuité exlrcme qu’ils agitent d’un mouvement ondu- DES INFUSOIllES. 19 latoire pour s’avancer dans le liquide ; d’autres enfin n’ont aucuns filaments ou cils et ne se meuvent que par des extensions et contractions d’une partie de leur masse. Ceux des Infusoires qui présentent distinctement une bouche contiennent souvent, à l’intérieur, des masses globuleuses de substances avalées qui les colo- rent , surtout en vert quand ce sont des particules végé- tales ; tous les Infusoires peuvent en outre présenter une ou plusieurs cavités sphériques ou vacuoles remplies d’eau, lesquelles sont essentiellement variables quant à leur grandeur et à leur position , et disparaissent en se contractant, pour être remplacées par d’autres va- cuoles creusées spontanément dans la substance char- nue vivante et n’ayant rien de commun avec les pré- cédentes que leur forme et leur mode de production. La plupart des Infusoires se multiplient divi- sion spontanée ; c’est-à-dire que chacun de ces animal- cules , arrivé au terme de son accroissement , présente d’abord au milieu, s’il est oblong, un léger étrangle- ment qui devient de plus en plus prononcé jusqu’à ce que les deux moitiés, qui sont devenues deux ani- maux complets, ne tenant plus ensemble que par une partie très-étroite, se séparent. Elles commencent alors, chacune pour leur compte , une nouvelle vie, une nouvelle période d’accroissement au bout de laquelle elles se diviseront de même, et ainsi de suite à l’in- fini si les circonstances le permettent. C’est pourquoi on pourrait imaginer tel Infusoire comme une partie aliquote d’un Infusoire semblable qui aurait vécu des années et même des siècles auparavant, et dont les subdivisions par deux , et toujours par deux , se se- raient, continuant toujours à vivre , développées suc- UISTOinE NATUREEEE 20 cessivemejQt. 11 n’est donc pas rare de rencontrer dans les infusions quelques animalcules en voie [de se diviser ainsi et paraissant doubles. Quand, par suite de l’altération chimique du liquide soumis au microscope ou de son évaporation , ou par toute autre cause, un Infusoire n’est plus dans des con- ditions favorables à son existence , il se décompose par dijfflitence , c’est-à-dire que la substance glulineuse dont il est formé s’écoule en globules hors de la masse, laquelle, si les mêmes circonstances continuent à agir, se décompose tout entière en ne laissant pour dernier résidu que des particules irrégulières ou des globules épars ; mais si , par une addition d’eau fraîche ou d’un liquide convenable, ou change ces circonstances fu- nestes, le reste de l’animalcule reprenant sa vivacité primitive , recommence à vivre sous une forme plus ou moins modifiée. CHAPITRE II. OPINIONS DIVERSES SUR LE DEGRÉ D'ORGANISATION DES INFUSOIRES. Parmi les auteurs qui ont écrit sur les Infusoires , les uns, comme Leeuwenhoek, ont attribué à ces ani- maux l’organisation la plus compliquée; les autres , comme Müller, n’y ont voulu voir le plus souvent qu’une substance glutineuse homogène [niera gela- tina). Cette dernière opinion , adoptée par Cuvier, par Lamarck, par Schweigger , par Treviraniis , et par M. Oken , paraissait désormais la plus probable, quand M. Ehrenberg vint hardiment, en 1830, ollrir au monde savant des preuves qu’il croyait a voir trouvées. DES INFUSOIRES. 21 fit cfue malheureusement personne n’a pu constater depuis , sur la richesse d’organisation des Infusoires. M. Bory de St. -Vincent, tout en partageant les idées de Lamarck sur la simplicité d’organisation de cer- tains Infusoires, et sur leur génération spontanée, ad- mettait néanmoins les organes, que l’œil armé du mi- croscope n’y peut découvrir, comme pouvant bien exister dans leur transparence ; il voj'^ai t d’ailleurs, dans les différents types de cette classe , le début ou l’ébauche de certaines classes d’animaux plus élevés dans la série animale. Ces idées de types primitifs ou protot}'pes furent professées en Allemagne par MM. Baer deKoe- nigsberg, Leukart et Reichenbach , qui se trouvèrent par là condui ts à supprimer la classe des Infusoires pour en reporteries membres dans différentes autres classes: ces animalcules formant ainsi comme un premier terme ; renfermant en quelque sorte le principe d’une forme et d’une organisation qu’on voit développée de plus en plus dans les autres termes de la série. Leeuwenhoek avait été beaucoup plus explicite dans son opinion sur l’organisation des Infusoires. Ce grand observateur, entraîné par le sentiment d’admiration qu’il éprouvait à chaque pas dans le nouveau monde révélé à ses yeux par le microscope , crut pouvoir supposer encore un infini d’organisation parfaite, au delà de ces détails infinis que lui montrait le mi- croscope dans tous les objets de la nature vivante. On le voit, dans ses écrits, s’extasier avec complai- sance sur le tableau qu’il vient de tracer de l'organi - sation des j)lus petits animalcules. .< Quand nous voyons , dit-il , les animalcules spermatic[ues contrac- ter leur queue en l’agitant , nous concluons avec raison que celle queue n’est pas plus dépourvue de tendons, de HISTOIRE NATURELLE muscles et d’articulations que la queue d’un loir ou d’un rat; et personne ne doutera que ces autres animalcules nageant dans l’eau des marais et égalant en grosseur la queue des animalcules spermatiques, ne soient pour- vus d’organes tout comme les plus grands animaux. Combien donc est prodigieux l’appareil de viscères renfermé dans un tel animalcule (1) ! » En procédant avec cette logique , Leeuwenboek arrive à conclure « qu’il n’est pas difficile de concevoir que, dans un ani- malcule spermatique , sont contenus les ébauches ou les germes des parties qui peuvent plus tard se déve- lopper en un animal parlait, analogue à celui qui l’a produit. » Eh bien ! c’est à peu près de même qu’on a raisonné en attribuant aux Infusoires les plus petits , une perfection et une complexité imaginaires d’orga- nisation. Les Infusoires, en raison de leur extrême petitesse et de leur transparence , n’ont pu être étudiés au mi- croscope qu’à l’aide d’une vive lumière qui, en les tra- versant , fait paraître la plupart d’entre eux entière- ment homogènes, et ne les rend visibles que moyen- nant un effet de réfraction , d’où résulte un contour plus ou moins ombré. Les observateurs ont donc dû recourir à l’analogie pour se faire une idée de l’orga- nisation de ces êtres , ou bien ils se sont abandonnés à des idées préconçues; or, par l’une ou l’autre voie, ils ont bien pu être conduits à l’erreur : en effet, la mé- thode analogique à laquelle nous sommes redevables d’une grande partie de nos connaissances physiques, n’est généralement bonne que quand elle nous ramène à l’observation directe pour y chercher la preuve des (i) Leeuwenhoek, JSpistol. phjsiol. XLI, p. SgS. »ES INFUSOIRES. ' résultats qu’elle a fait pressenlir ;« mais on doit, comme dit Bonnet, se défier des explications el des hypothè- ses que fournit une analogie imparfaite.» Et qui donc oserait dire aujourd’hui que l’analogie soit parfaite entre le filament ondulatoire d’un Zoosperme ou d’un Infusoire , et la queue d’un mammifère comme le sup- posait Leeuwenhoek? Ne sait-on pas au contraire que l’analogie, prise des animaux les plus parfaits , va en s’affaiblissant de plus en plus à mesure qu’on descend dans la série animale , à partir de l’homme et dos car- nassiers ? Ainsi, par exemple , quoiqu’un type général d’organisation se reconnaisse bien chez tous les ver- tébrés, on rencontre déjà, chez les Poissons , des or- ganes et même des fonctions incomplètement détermi- nées. Chez les Mollusques, et bien plus encore chez les articulés, l’analogie primitive devient plus difficile h suivre; chez ceux-ci notamment, les mêmes fonc- tions, si elles existent, peuvent se montrer en sens inverse, et des contrastes deviennent alors plus frap- pants que des analogies. Chez les Radiaires, chez les Acalèphes , chez les Helminthes enfin , l’analogie qu’on voudrait invoquer n’est le plus souvent qu’un indice trompeur : à plus forte raison , l’argument analogique ne doit plus avoir de valeur s’il s’agit de déterminer les organes des Infusoires par comparaison avec les ani- maux supérieurs. L’on ne peut en effet accorder une importance réelle aux déterminations arbitraires faites pour ces prétendus organes d’après la simple appa- rence de certaines parties plus ou moins translucides , plus ou moins granuleuses , mais dont les fonctions ne peuvent être prouvées par aucune connexion réelle, et que l’indécision de leur forme rend également pro- pres à recevoir une dénomination quelconque. 2V HISTOIRE NATURELLE M. Elirenherc; qui , guidé par de fausses analogies, a dépassé encore Leeuwenhoek , en attribuant aux Infusoires une richesse prodigieuse d’organisation, s’est également fondé sur ce principe que « les idées de iirandeur sont relatives et de peu d’importance jdiysiologique. >’ Principe qui n’est que la conséquence d’une idée préconçue sur la divisibilité indéfinie de la matière. Or, en supposant que l’absence de toute li- mite à la divisibilité de la matière soit une loi de la nature : et une foule de phénomènes physiques ou chi- miques semblent prouver le contraire : cette loi ne suf- firait pas pour prouver la possibilité d’une organisa- tion très-comjdexe au delà d’une certaine limite de grandeur; car on sait que beaucoup de phénomènes physiques ou dynamiques sont considérablement in- fluencés ou même supprimés par des actions molécu- laires , quand les corps ou les espaces qui les séparent ont des dimensions trop petites. Ainsi , par exemple , le liquide cesse de s’écouler , môme sous une forte pression , dans un tube capillaire dont le calibre est suffisamment petit. Or, dans les animaux dont le cœur est le plus puissant, les derniers vaisseaux capillaires ont au moins ~~ millimètre de diamètre : voudrait-on t 5 O donc supposer à des Infusoires grands de ^ milli- mètre des vaisseaux de — ' — millimètre? mais la loi I U O O O O de la capillarité s’opposerait entièrement à une yia- reille supyiosition , dùt-on même centupler le diamètre de ces vaisseaux. Il est donc bien plus conforme aux lois de la physique d’admettre que, dans ces petits animaux , les liquides pénètrent simplement par imbi- bition ; comme il est plus conforme aux règles bien comprises de l’analogie de ne pas supposer que le type des organismes supérieurs se puisse reproduire dans BES INFUSOIRES. 25 les plus petits êtres ; puisque nous voyons les éléments de ces Organismes, les globules du sang , la fibre mus- culaire et les vaisseaux capillaires , au lieu de subir un décroissement progressif dans leurs dimensions chez les vertébrés de plus en plus petits, montrer cà peu prés les mêmes dimensions chez l’élépbant et chez la souris. Ce n’est pas à dire pourtant que là où le microscope ne montre rien qu’une substance homogène, transpa- rente , et cependant douée du mouvement et de la vie , il faille conclure d’une manière absolue qu’il n’existe ni fibres, ni organes quelconques. Non sans doute; mais seulement on doit reconnaître qu’en y supposant par analogie des membranes, des muscles, des vais- seaux et des nerfs imperceptibles , on ne fait que re- culer la difficulté au lieu de la résoudre. En effet , puis- que l’absence de toute limite à la divisibilité physique n’entraîne pas l’adoption du même principe pour la constitution des êtres vivants et pour la production des .phénomènes physiologiques, il faudra bien en venir à concevoir un dernier terme de grandeur , où une substance homogène est contractile par elle-même; soit que les fibres musculaires se composent d’autres fibres de plus en plus petites et contractiles elles- mêmes; soit que les fibres élémentaires se composent d’une série de globules, agglutinés par une substance molle susceptible de se contracter seule. Alors, pour- quoi n’admettrai t-ou pas que ce dernier terme est déjà dans ce que nous montre de plus petit le microscope , dans des corps larges de quelques millièmes de milli- mètre ; puisque nous savons qu’à ce degré de petitesse, ou un peu plus loin, les actions moléculaires contre- balancent les autres lois physiques. Ainsi les liquides et les gaz ne peuvent s’écouler par des ouvertures trop HISTOIRE NATVRELLE ‘26 petites; et les corps solides réduits en particules très- fines cessent en quelque sorte d’être soumis aux lois de la pesanteur et de l’inertie , pour se mouvoir indé- niment comme le reconnut d abord M. R. Brown. CHAPITRE III. SOBSTANCE CHARNUE DES INFUSOIRES. ' — DIFFLUENCE. ^SARCODE (l). Les Infusoires les plus simples , comme les Amibes et les Monades , se composent uniquement , au moins en apparence, d’une substance charnue glutineuse homogène , sans organes visibles , mais cependant or- ganisée, puisqu’elle se meut en se contractant en di- vers sens, qu’elle émet divers prolongements, et qu’en un mot elle a la vie. Dans les Infusoires d’un type plus complexe on voit , d’une part, des granules de diverses sortes, des matières terreuses engagées accidentellement, et même des cristaux de sulfate ou de carbonate de chaux, qui paraissent s’y être formées successivement ; d’autre part, des globules intérieurs, ou des masses ovalaires plus ou moins compactes , et des vésicules remplies d’eau et de substances étran- gères ; enfin des cils ou des prolongements filiformes de différentes sortes , et quelquefois une apparence de tégument réticulé , ou une cuirasse plus ou moins résistante. Mais toujours la substance charnue gluti- neuse paraît en être la partie essentielle. Elle peut être étudiée dans les Infusoires vivants (A) lorsqu’ils (i) Ce cliapUre et les suivants sont extraits de mon mémoire sur l'or- 'anisatiou des Infusoires. ( .\nnalcs des Sciences naturelles , j836. ) BES INKUSOIRES. 27 se sont agglutinés avec d’autres corps { A — a) , ou lorsqu’ils sont accidentellement déchirés en lambeaux (A — ^); elle peut être étudiée également dans les In- fusoires mourants (B) , soit qu’ils se décomposent par diffluence (B — a), soit qu’ils fassent exsuder hors de leur corps cette substance dans un état d’isolement presque parfait (B — b). — (A — n). Les expansions des Amibes , des Difflu- gies et des Arcelles , comme celle des Rhizopodes, ne sont formées que d’une substance glutineuse vivante , sans fibres, sans membranes extérieures ou inté- rieures (1). Gela est prouvé suffisamment par la faculté qu’ont ces expansions de se souder et de se confondre entre elles , ou de rentrer dans la masse commune qui en produit de nouvelles sur un point quelconque de sa surface libre. Peut-être pourrait-on prétendre que cette soudure n’est qu’apparente , et qu’il n’y a là qu’agglulination temporaire de deux filaments ou de deux expansions qui n’en sont pas moins distinctes ; ce seraient alors les mucosités de la surface, ou bien mieux ce seraient de petits organes invisibles, qui détermineraient l’agglutination ; mais pour cjuicon- que aura vu ces objets, il n’y aura plus d’équivoque ; et les particularités qu’on ne peut suffisamment dé- crire sur ces soudures et sur les mouvements des ex- pansions au-dessus ou au-dessous , n’échapperont pas à l’œil de l’observateur, et ne lui laisseront pas le moindre doute à ce sujet. (i) Ce fait de l’absence des téguments chez des animaux inférieurs, qu il me paraît si important de voir admettre définitivement dans la science , a été constaté de la manière la plus formelle par des obser- vations de M. rdtier sur les Arcelles, communiquées ,à la Société phi- lomatique et publiées dans le journal l'Instilut , i83G, n, 164. p. 209. 28 HISTOIRE NATUREELB- C’est surtout sur les Rhizopodes que le phénomène est facile à observer. Les e.xpansions filiformes de ces animaux , qui ont tant de rapport d’organisation avec les Difflugies, se soudent quand ils se rencontrent , et leur soudure se propage d’avant en arrière, en pro- duisant une sorte de palmure, une lame étendue entre les deux filaments , comme la membrane qui unit les doigts des Palmipèdes et des Grenouilles (voyez An- nales des Sciences naturelles^ décembre 1835). Si cette palmure était le résultat d’une simple aggluti- nation des expansions, on ne la verrait que là où deux expansions se séparent; mais puisque , au contraire , elle se montre en avant de la soudure qui se propage , on n’y peut voir qu’un effet de la fusion de deux par- ties d’une même substance visqueuse. Mais, m’a-t-on dit, pourquoi, si les expansions d’un Rhizopode , d’une Difllugie ou d’une Amibe , se peuvent souder ensemble sur le même animal , pourquoi celles de deux animaux qui se renconlrent ne se soudent-elles pas aussi ? Et, en effet, comme M. Peltier l’a bien observé, deux Arcelles qui se rencontrent se touchent sans se souder. A ce pourquoi , comme à tous ceux qui portent sur l’essence de la vie dans les animaux , je serais fort embarrassé, je l’avoue, pour faire une ré- ponse satisfaisante (1). Les divers Infusoires appartenant au type des Mo- nades, c’est-à-dire ayant le corps nu, de forme varia- (i) Entre des .nnimaiix primilivcment sép.Ti’és , on n'a point observe, d une maniéré positive , de soudure organique. Je crois que les sou- dures des polypes sont le résultat de la gemmation et non le produit de la reunion de plusieurs animaux Si les Jeunes Ascidies composées, qii nu a vues nager librement, ne sont pas déjà des réunions de plu- sieurs jeunes animaux , je n'en conclus pas, cependant, que des ani- DES INFUSOIRES. 29 ble , sans boucbe , sans tégument et sans cils vibra tiles, sont susceptibles de s’agglutiner temporairement , soit entre eux, soit à la plaque de verre du porte-objet : il en résulte des prolongements irréguliers qui s’allon- gent à mesure que l’Animalcule s’agite, jusqu’à ce que, leur adhérence cessant, il reste comme une queue qui se raccourcit en se contractant peu à peu , et finit même par disparaître. Ces prolongements accidentels sont quelquefois aussi déliés que les filaments mo- teurs. Dans tous les cas , ils ont eux-mêmes une cer- taine motilité. Ce sont des prolongements de cette sorte qui unissent des Monades, pour en faire ces combinaisons queGleichen et d’autres ontnommées des boulets-ramés , des jeux-de-nature , etc. Ce sont eux aussi qui donnent aux Monades de certaines infusions, des caractères qu’on a crus suffisants pour établir des genres , mais qui n’ont rien de constant. Dans ces pro- longements encore on ne voit aucunes fibres , aucunes traces d’une organisation déterminée ; et, en effet, on concevrait difficilement comment un corps, sou- tenu par des fibres et renfermé dans un tégument ré- sistant , pourrait s’allonger et s’étirer presque indéfi- niment dans tous les sens : ils concourent donc encore à prouver, chez les Infusoires qui les produisent, une extrême simplicité d’organisation. Il faut bien faire attention d’ailleurs que, en niant dans certains ani- maux la présence d’un tégument propre, je ne pré- maux priniilivement séparés se soient sondés pour former des amas, maisbien plutôt que ces amas proviennent d'une gemmation conti- nuelle , puisqu’on trouve toujours , dans la même masse , des indivi- dus de tous les âges. Quant aux Crustacés parasites et aux Enlozoaires, ils n ont point de communication organique réelle avec l'animal aux dé- pens Uuquel ils vivent. niSTOIUE NATURELLE 30 tends pas du tout nier Inexistence d’une surface; j’ad- mettrai même volontiers que cette surface peut, par le contact du liquide environnant, acquérir un cer- tain dec:ré de consistance , comme la colle de farine ou la colle de gélatine qu’on laisse refroidir à l’air, mais simplement de cette manière , et sans qu’il se soit produit une couche autrement organisée que l’inté- rieur, sans que cette surface ait acquis, par le seul fait de sa consolidation , des fibres , un épiderme , des bulbes pilifères, ou seulement une contractilité plus grande ; et encore , si cette surface est réellement plus résistante , ce n’est pas , du moins sensiblement, chez les Monades et les Amibes. Ici encore se présente une question que je ne me flatte pas plus de résoudre que celle de la non-sou- dure des Arcelles. Gomment se produit l’agglutination des Monades aux corps étrangers ? Est-elle subordon- née à la volonté de ces petits êtres? Je ne voudrais pas même à ce sujet entrer dans une discussion sérieuse sur la volonté, sur le Moi des Infusoires , comme l’ont fait pourtant des philosophes célèbres. Il paraît toute- fois qu’une agglutination du même genre et vraisem- blablement involontaire se produit chez les Loxodes vivant très-nombreux dans des infusions. Il m’est ar- rivé souvent de voir deux ou trois de ces animalcules agglutinés d’une manière fortuite, les uns par telle partie , les autres par une partie dilléreute , et nageant en bloc dans le liquide jusqu’à ce qu’ils se détachas- sent, sans qu’on pût soupçonner là rien d’analogue à un accouplement. — (A — b) Les Infusoires en voie de multiplication par fissiparité ou division spontanée , et mieux encore ceux qu un accidenta dilacérés , montrent la substance DES INFUSOIRES. 31 charnue, étirée, transparente et sans traces appré- ciables d’organisation intérieure. Il m’est arrivé 'fré- quemment de voir cela sur des Infusoires déchirés et déformés de la manière la plus bizarre, quand, pre- nant un petit paquet de conferves , je le comprimais à plusieurs reprises sur une lame de verre , pour en ex- primer l’eau que je voulais explorer. On y arrivera plus sûrement encore, en laissant tomber brusquement sur une goutte d’eau très-riche en Infusoires une lame mince de verre, qu’on relève ensuite, ou enfin en appuyant un grand nombre de fois , à plat sur le verre, une aiguille à travers la goutte d’infusion. Ce sont surtout les Tricbodes et les Kérones [Oxy tricha pel- lionella , Kerona pustulatà) , qui se prêtent le mieux à cette opération. Les déformations qui en résultent ont donné lieu à l’établissement de plus de trente es- pèces de Millier ; car les vrais Infusoires, déjà si re- marquables parleur fissiparité, ont la propriété de continuer à vivre, tout mutilés qu’ils aient été , pourvu our y repré- senter l’intestin, les espèces qu’il avait citées dans son premier mémoire pour y avoir remarqué d’abord cet organe : ainsi l'exemple de la Leucopbre perd une grande partie de sa valeur par la comparaison des nou- velles figures , les Paramécies n’ont fourni qu’une fi- gure idéale , et les Kolpodes n’ont jamais été repré- sentés par lui avec un intestin quelconque. Voudra-t-on, comme on l’a déjà fait, invoquer l’a- nalogie des Rotateurs ou Systolides, etc. , pour prouver (1) Die In/usiousthierchen , l838, p. 36'i. (2) Die Infusionslliiercheii , l838 , pl. xxxii , fier. l, 2 , 3, 4> INFUSOIRES. 5 66 HISTOIRE NATURELLE l’existence de l’intestin chez les Infusoires , là où on n’en a pas même pu signaler un indice ? Mais, comme je l’ai dit plus haut , la différence des deux types est si grande, que cette analogie est des plus imparfaites ; et tout en persistant à nier l’intestin des Infusoires proprement dits, j’admets, chez les Systolides, non- seulement un intestin, mais encore de vraies mâ- choires , des organes respiratoires , des glandes et un ovaire. Dira-t-on qu’il suffit d’avoir démontré que les sub- stances alimentaires ont pénétré du dehors dans ces vésicules , pour conclure d’abord que ce sont des es- tomacs , et ensuite que ces estomacs doivent commu- niquer avec un intestin, car on ne concevrait pas des estomacs sans communicationavec l’extérieur ? Eh bien ! voilà précisément ce qu’on pourra contester ; car cette conséquence s’appuie sur une fausse analogie avec des animaux supérieurs chez lesquels l’estomac est tou- jours la continuation de l’intestin. Mais avant d’en ve- nir aux preuves directes , nous devons examiner une objection qui , présentée d’abord par M. Bory de Saint- Vincent , en 1832 , a été reproduite de nouveau par le docteur Focke de Bremen , en 1835 (1); et vient encore d’être présentée à M. Ehrenberg par le professeur Rymer-Jones , devant l’association britannique à New- (i) Voyez dans le journal allemand l'/«i pour i836, p. ^SS , l’ana- lyse de la communication faite par le Dr. Focke à la réunion des natu- ralistes allemands à Bonn , en iS35. M. Focke dit n'avoir pu aucune- ment distinguer l’intestin supposé dans le Stentor JMülleri , dans le Loxodes hursaria et dans une espèce de f^aginicola , et déclare que le mouvement évident des amas de nourriture ou de couleur à l’intérieur du corps de ces animalcules est incompatible avec la supposition de l’existence d’un intestin ( Hier muss also eine andere Organisation des Darmcanals , als die von Ehrenberg angegebene statt Jinden ). DES INFUSOIRES. 67 Castle. Cette objection , que je crois parfaitement fon- dée , repose sur le mouvement intérieur des globules ou vésicules stomacales , qu’on ne peut aucunement concilier avec l’bypotbèse d’un intestin reliant ensem- ble tous ces globules , et qui prouve au contraire leur indépendance absolue. Gomme le disait M. Bory, les intestins, les tubes de communication , s’ils existaient, seraient bientôt mêlés d’une manière inextricable ; et, à moins de les supposer indéfiniment extensibles , ils ne permettraient pas aux globules de se promener comme ils le font à l’intérieur. Aux objections fondées sur le déplacement des pré- tendus estomacs à l’intérieur des Infusoires , M., Ehren- berg répond , dans son grand ouvrage , que ce mouve- ment n’est qu'un déplacement apparent, analogue à celui qu’éprouvent les petites figures en bois peint que font manœuvrer les enfants sur le bras extensible , formé de tiges assemblées en losanges , qui leur sert de jouet. Ce déplacement intérieur que j’avais cru , en 1835 , pouvoir expliquer par le changement de position des Infusoires , par leur rotation autour de l’axe de leur corps, je le regarde depuis deux ans comme bien réel , et il a été surtout bien vu et bien décrit par le profes- seur Rymer- Jones (1). Ce savant observateur, en dé- clarant publiquement à Neiv-Castle n’avoir jamais pu apercevoir la moindre trace du canal central décrit par M. Ehrenberg, ni des branches qui en dérivent, pour communiquer avec les petits sacs ( sacculi) , aj oute que , par de nombreuses observations , il s’est convaincu que dans la Paramécie aurélie et dans les espèces voisines, (O Voyez le compte rendu de l’Association britannique dans le journal anglais J he Alhenceum , n. 667 , p. 635. 5, HISTOinE .'lAÏI-F.tLLr. 68 les petits sacs gastriques ( les vésicules) se meuvent, suivant une direction déterminée , tout autour du corps de l’animalcule ; fait qui, en lui-méme, dit Tobserva- teur anglais, paraît incompatible avec l’arrangement indiqué par le professeur de Berlin. A cela , M. Ehren- berg , sans recourir de nouveau à la comparaison des jouets d’enfant J a répondu qu’il est extrêmement dif- ficile de voir le tube central (l’intestin) , et que c’est seulement en suivant la marche des grosses masses de jQOurriture qu’il a été à même de le tracer. Ce n’est pas là ce qui avait été dit d’abord, et moins encore ce qui avait été représenté sur les figures de 1830, reproduites en 1838. Mais, on le voit à présent, de l’aveu même de l’inventeur, toute la théorie de la structure intérieure des Infusoires repose sur des figures idéales et sur des observations impossibles à vérifier en prenant les Infusoires mêmes qui en avaient été l’objet. Et qu’on y fasse bien attention , ces observations , cette découverte de l’intestin, ont été faites, avant 1830 , avec des instruments évidemment moins bons que ceux dont l’auteur s’est servi depuis , et qui lui ont fait dé- couvrir l’armure de la bouche des Nassula et des Chi- lodon , et reconnaître les organes génitaux de tous les Infusoires , et le filament locomoteur des Monadiens et desEuglènes, etc. Or, un fait aussi important que celui qui servait de base à la })hysiologie et à la classi- fication des Polygastriques, ne mérite-t-il pas, non pas dix , mais cent confirmations? ne devait-il pas être constaté cent fois avec les moyens d’observation que l’auteur nous dit être devenus entre ses mains de plus en plus puissants? ne devait-il pas surtout être ex- primé clairement dans la plupart des figures , de ma- nière à pouvoir être vérifié ? Bien loin de là , ce fait , DES INF'USÔir.ES. amoindri et disparaissant presque dans Li vaste éten- due du grand traité des Infusoires , est limité aux mêmes exemples cités précédemment , et devenus en quelque sorte surannés par le fait même de l’auteur. Et M. Ehrenberg , dédaignant de répondre aux objec- tions qui lui ont été faites depuis plusieurs années. , traverse le continent pour alleràNew-Gastle entendre, en présence de l’Association britannique , des objec- tions non moins instantes. J’ai essayé en 1833 ( Ann. sc. nat. , déc.) , de prou- ver la non-existence de l’intestin des Infusoires; par ce seul fait que , pour être aussi extensible et aussi contractile qu’on le suppose, il devrait contenir dans ses parois au moins quelques fibres qui persisteraient et deviendraient visibles quand l’Infusoire se décom- pose avec diffluence ? Or, disais-je, dans cette sorte de dissolution , on ne peut saisir absolument aucune trace d’intestin; et, de toute manière, ce phénomène de diffluence tend à prouver davantage la simplicité d’or- ganisation des Infusoires. Ayant vu, en 1836, des iVaxxw/a avaler de longs brinsd’Oscillaires qui se cour- baient h l’intérieur, et les distendaient en manière de sac , je citai ce fait dans un mémoire suivant, comme prouvant à la vérité la déglutition que j’avais eu le tort de nier précédemment , mais aussi comme tout à lait inconciliable avec l’hypothèse d’un intestin et d’un vrai estomac. En ellet, d’autres vésicules contenant des débris d’Oscillaires se voyaient en même temps entière- ment indépendanics les unes des autres ; et la grande vésicule, creusée par l’élasticité de l’Oscillaire, com- muniquait avec la bouche par toute sa largeur, et non par un tube ou un rameau de l’intestin central. L’ob- jection que je faisais alors contre l’exislencÈ d’un in- HISTOIRE NATURELLE *70 testin dont les fibres auraient dù persister , je la fais encore aujourd’hui, d’autant plus que M. Ehrenberg insiste davantage (1) sur la grande contractilité de cet intestin , pour expliquer pourquoi on ne les voit jamais dans un grand nombre d’espèces : « C’est parce que , dit-il, ce canal, comme l’oesophage des gros animaux , sert seulement pour livrer passage aux aliments, et non pour les contenir ou les digérer , ce qui a lieu seule- ment dans les vésicules stomacales ; il s’élargit à vo- lonté pour le passage de la nourriture , comme la petite bouche et le gosier d’un serpent qui avale un lapin, et se contracte aussitôt après, et devient complè- tement invisible s’il n’est pas en action. » Mais, dira- t-on , si on admet la contractilité indéfinie des vésicu- les stomacales et leur action digérante , à plus forte raison devra-t-on leur supposer une membrane assez complexe et contenant autant, sinon plus de fibres que l’intestin ; or , ces vésicules , dans la décomposition par diffluence , ne montrent jamais de fibres : il faut donc en conclure , ou bien que la contraction s’opère sans fibres , ou bien que ces fibres sont réellement in- visibles dans les vésicules comme dans l’intestin. Je vais prouver tout à l’heure que l’on doit considérer les vésicules comme des vacuoles creusées à volonté dans la substance glutineuse de l’intérieur , et que , par con- séquent, elles sont sans membrane propre et se con- tractent par le rapprochement de la masse : je dirai que les prétendues vésicules diaphanes observées hors du corps des Infusoires ne sont que des globules de sarcode , sortis par expression ou par déchirement , ou (l) Die Infitsionsthierchcn... i838, p. 36a. DES INFUSOIRES. 71 par diffluence du corps de l’animalcule; comme le prouve leur réfringence et leur faculté de se décompo- ser en se creusant de vacuoles. Cependant il est un fait, un seul fait rapporté par M. Ehrenberg dans son troi- sième mémoire, en 1833 , et que je n’ai pu compren- dre en 1836 {Ann. sc. nat., avril 1836), non plus qu’aujour d’hui. Il s’agit d’une vésicule stomacale qui sortait d’une Bursaria vernalis , se décomposant par diffluence, et qui contenait encore deux fragments d’Oscillaire. C’est ainsi, du moins , qu’il l’a représen- tée alors (IIEmém., pl. III, fig. 4 x), et il a repro- duit la même figure , par conséquent le même fait , dans son grand ouvrage, en 1838. M. Ehrenberg (1) regarde la séparation et l’isole- ment des vésicules stomacales comme ne devant sur- prendre que ceux qui n’ont point observé des vers de terre coupés en morceaux. Ces morceaux, dit-il, si petits qu’ils soient, se contractent à chaque extrémité, tellement qu’il en sort très-peu des sucs contenus , et un pareil effet se produit par la contraction sur les estomacs isolés des Infusoires. Un fait , sans doute , est plus puissant que tous les arguments, et je regrette seulement que celui d’une vésicule contenant des frag- ments d’Oscillaires ne se soit pas présenté plusieurs fois à l’observateur ; mais pour ce qui est des prétendus estomacs sans aliments contenus , quand même ils pa- raissent légèrement colorés , la similitude si fausse des morceaux de ver de terre ne suffirait pas pour me prouver que ce soient autre chose que des globules de la substance glutineuse de l’Infusoire : en effet , j’ai vu (l)D>e Infasion$ihierchen.... i838, p. 36i. 72 IllSTOlllE NATURELLE souvent ces globules un peu colorés , soit qu’ils eussent une teinte propre, soit que cet effet fût le résultat d’une illusion d^optique ou d’un phénomène de cou- leurs accidentelles. C. Expériences de coloration artyicielle des Infusoires. Lors de mon premier mémoire sur les estomacs des Infusoires en 1835 , j’avais observé la coloration quel- que temps après quelle s’était produite et non point dans l’instant même où ces animalcules avalent la substance colorante. J’avais cru, mal à propos, pou- voir conclure de ce qui, comme je le crois, est bien certain pour les Monades et les Amibes , à ce qui doit avoir lieu dans les Infusoires ciliés ; et j’eus le tort de dire que la couleur a pénétré dans les vacuoles des Paramécies et des Kolpodes à travers les mailles du tégument. Je m’empressai , quelques mois après , de revenir sur cette assertion ; cependant, il est bon, je crois , de m’arrêter un instant , sur les deux motifs qui m’avaient conduit à adopter d’abord cette opinion. Les Infusoires non ciliés, mais munis d’un ou deplu- sieurs filaments flagelliformes locomoteurs, sont dé- pourvus de bouche et ne peuvent se nourrir rj^ue par leur surface extérieure ; ainsi les Euglènes , les Cryp- tomonadines, les Vibrions et les Volvociens ayant un tégument perméable seulement aux substances dis- .soutes dans l’eau , ne peuvent jamais être colorés arti- ficiellement par du carmin ou de l’indigo, dont les particules , relativement trop grosses, sont arrêtées par ce tégument. Et ceci doit paraître plus plausible que de dire , avec M. Ehrenberg, que ces animalcules DES IiNEUSOIUES. 73 n’aiment peut-être pas la couleur (1) ; car , comme je l’ai déjà dit dans mes précédents mémoires (1835), on ne peut supposer à des Infusoires quelconques un ap- pétit particulier (2) pour une substance telle que l’in- digo , qui ne peut être digérée. Les Monades , au con- traire, et les autres Infusoires non ciliés qui n’ont pas de téguments , présentent près de leur surface des vacuoles variables , plus ou moins profondes , qui , don- nant accès au liquide extérieur , multiplient la surface d’absor P tion et conséquemment aussi les moyens de nu- trition. Des corps étrangers et des matières colorantes peuvent donc être entraînés avec le liquide dans ces vacuoles et rester engagés dans l’intérieur du corps , sans cependant être entrés par une bouche. On pour- rait être surpris de voir des vacuoles ou prétendus estomacs plus chargés de couleur que le liquide envi- ronnant , si l’on ne considérait d’une part que ces ani- malcules se tiennent souvent contre les plaques de verre où la couleur est en plus grande quantité, et, d’autre paj't , qu’une vacuole , après s’être i*emplie par (1) Ehrenberg’s Abhandl. I. i83o, p. l83. « Vielleichtliebt es dicse Farbcn nicht. » (2) Celle supposilion d’un appétit particulier n'embarrasse pas le professeur de Berlin, qui va plus loin encore, en admettant qu’une Para- mécie , dans un liquide coloré .i la fois par de l'indigo et du carmin , choisit parmi les corpuscules tenus en suspension , tantôt les uns , tantôt les autres, pour en remplir exclusivement et à volonté tels ou tels de ses estomacs. Ce fait, qu’il dit avoir observé quelquefois (si(wei7cn) lui parait démontrer chez ces animalcules le sens du goût (Gcschmacksinu) (Die Infusiousthicrchcu, i838, p. 35l) ; mais pour quiconque voudra considérer le mode d'intromission des aliments et des substances colo- rantes dans les Infusoires , il paraîtra bien plus rationnel d'admettre que celte différence de coloration provient seulement de ce que l'animalcule s est trouve successivement dans divers endroits où, par suite d'une dif- férence de densité ou d'un mélange imparfait, l’une ou l’autre des deux couleurs était en excès. 74- HISTOIRP naturelle une large ouverture , peut s’étre vidée lentement de manière à retenir les particules colorantes. Ce mode d’explication, également applicable aux Amibes, je l’avais cru d’abord convenable pour tous les Infusoires ciliés , d’après une analogie trompeuse , et surtout parce que certaines vacuoles se forment spontanément près de la surface , soit dans les In- fusoires à l’état normal , soit dans les Infusoires mourants , et se remplissent d’eau seulement , à tra- vers les mailles du tégument lâche des Vorticelles , des Kolpodes , des Paramécies , etc. Ces vacuoles , susceptibles de se contracter entièrement pour ne plus revenir les mêmes , paraissent ne point difiérer , par leur structure , de celles que produit au fond de la bouche le courant excité par les cils ; ce ne sont égale- ment que des cavités non limitées par une membrane propre , mais creusées à volonté dans la substance charnue et contractile de l’intérieur. Souvent même les vacuoles formées au fond de la bouche paraissent remplir exactement les mêmes fonctions que celles de la surface, c’est-à’-dire qu’elles ne contiennent que de l’eau ; de même aussi , dans ce cas , elles sont susceptibles de disparaître entièrement , en se con- tractant. Ces vacuoles de la surface sont ordinairement ron- des, très-volumineuses et peu nombreuses; ce sont elles surtout qui peuvent présenter l’apparence de trous; mais en outre elles présentent, dans certaines espèces, un degré de complication bien remarquable; ce sont elles que Spallanzani avait soupçonnées être des organes de respiration chez les Paramécies où elles ont la forme d’une étoile dont le centre et les branches se contrac- tent alternativement; ce sont elles aussi que M. Ehren* DES INFUSOIRES. •75 berg a prises pour des vésicules séminales ; mais il suffit de faire remarquer pour le moment qu’elles se multi- plient singulièrement chez les Infusoires mourants et chez ceux qui sont un peu comprimés entre des lames de verre , comme si elles avaient en effet pour objet de multiplier les points de contact de la substance inté- rieure avec le liquide. Ce qui d’ailleurs prouve bien leur nature, c’est que très-souvent ces vésicules se sou- dent et se confondent comme deux bulles de gaz , ou mieux encore comme deux gouttes d’huile à la surface d’un liquide. J’ai représenté dans mes planches plu- sieurs exemples de ces réunions de vacuoles. Dans mon mémoire de 1836 {Ann. 5C. /zat. , avril 1836 ) , je revins sur la coloration artificielle des Kol- podes, dans lesquels j’avais vu le carmin occuper d’abord une bande irrégulière oblique à partir de la bouche , puis se circonscrire en globules sur plu- sieurs points et se trouver successivement transporté aux extrémités du corps. Je n’avais pu apercevoir la moindre trace d’intestin ou de tubes quelconques de communication ; et , pour expliquer ces phénomè- nes , j’admettais une succession irrégulière de vacuo- les, dans lesquelles le liquide extérieur avait pénétré avec les matières colorantes. Ce qui me manquait alors , c’était d’avoir vu com- ment les vacuoles se produisent successivement au fond de la bouche, et comment ensuite elles parcourent un certain trajet dans l’intérieur du corps. Depuis cette époque, des observations nombreuses m’ont mis dans le cas de rendre compte entièrement du phénomène. Voici donc ce qui a lieu : quand une Paramécie , un Kolpode , un Glaucoma, une Vorticelle ou quelque autre Infusoire cilié commence à produire le mouve- HISIOIKE NAlüUELLE 7G < ment vibratile destiné à amener la nourriture à la bouche ( mouvement différent de celui qui détermine le changement de lieu), le courant produit dans le liquide vient heurter incessamment le fond de la bou- che , qui est occupé seulement par la substance gluti- neuse vivante de l’intérieur; il le creuse enferme de sac ou de tube fermé par en bas et de plus en plus profond, dans lequel on distingue par le tourbillon des molécules colorantes , le remous que le liquide forme au fond. Les particules s’accumulent ainsi visible- ment au fond de ce tube , sans qu’on puisse voir en cela autre chose que le résultat physique de l’action même du remous. En même temps que le tube se creuse de plus en plus, ses parois, formées non par une membrane, mais par la substance glutineuse seule , tendent sans cesse à se rapprocher en raison de la viscosité de cette substance, et de la pression des parties voisines. Enfin elles finissent par se rapprocher tout à fait et se soudent vers le milieu de la longueur du tube en interceptant toute la cavité du fond, sous la forme d’une vésicule l'emplie d’eau et de particules colorantes. C’est une véritable vacuole, une cavité creusée dans une sub- stance homogène; mais puisqu’elle renferme les ali- ments entrés par la bouche, et que ses parois , formées d’une sidDslance vivante , ont la facidté de digérer le contenu, on peut, si l’on veut, la nommer estomac. Ce ne sont point, d’ailleurs, les matières colorantes seules que l’on voit se loger ainsi dans une vacuole au fond de la cavité buccale ; divers corps etrangers , animaux ou végétaux , ou même d’autres petits Infu- soires vivants amenés avec le liquide parle tourbillon, peuvent également se trouver emprisonnés ainsi; et je crois même avoir observé que la séparation de la DES INFüSOinES. 77 vésicule du fond a lieu plus promptement quand l’In- fusoire ressent le contact dune proie plus volumi- neuse. Cependant on voit bien souvent aussi se former des vésicules ne contenant que de l’eau , et d’un autre côté, divers observateurs disent avoir vu des Infu- soires avalés , par de plus gros , être rendus à la vie et à la liberté ; ce dernier fait, je n’ai pas eu l’occasion de le vérifier , mais j’ai vu des Infusoires demeurer longtemps vivants dans le corps de ceux qui les avaient avalés. Aussitôt après que le rapprochement des parois a intercepté une vésicule à l’extrémité du tube partant de la bouche; le tube restant, devenu beaucoup plus court, recommence à se creuser par l’afflux continuel du liquide , et la vésicule se trouve repoussée successi- vement par la substance qui la sépare du fond du sac; de sorte qu’une nouvelle vésicule venant à se former , doit se trouver presque à égale distance du tube res- tant et de l’ancienne vésicule. Celle-ci étant donc tou- jours repoussée par les vésicules formées successi- vement après elle , doit suivre à travers la substance molle et glutineuse de l’intérieur une direction dé- pendant à la fois de l’impulsion primitive, de la forme du corps et de la présence de quelques autres corps ou organes h l’intérieur. C’est ainsi que, dans les In- fusoires allongés , tels que les Trachelius et Amphi- leptus , les vésicules se mouvront en ligne droite, et arrivées à l’extrémité dans une partie plus étroite , elles se réuniront, se fondront plusieurs ensemble, et finiront par évacuer au dehors tout ou partie de leur contenu, par une ouverture qui se forme à l’instant même et disparaît ensuite complètement. Dans les Inlusoires dont le corps est globuleux , tels que les HISTOIRE NATURELLE •78 Vorticelles, les vésicules devront décrire un cercle et revenir se vider près du point de départ ; dans les Infusoires ovales-oblongs, comme les Paramécies, après être arrivées à l’extrémité postérieure, en partant de la bouche située au milieu et en suivant un des côtés , elles reviendront jusqu'à l’autre extrémité , en suivant le côté opposé, puis reviendront encore et pourront décrire un circuit très-complexe; dans les Kolpodes enfin, qui présentent en avant une saillie volumineuse prolongée comme un capuchon au-dessus de la bouche , les vésicules pourront venir s’accumuler en nombre considérable dans cette saillie. J’ai repré- senté dans mes dessins ces dispositions des vésicules remplies de carmin dans plusieurs types d’infusoires , et j’insiste particulièrement sur l’analogie parfaite que présentent, sous ce rapport, les Vorticelles proprement dites , parce que leur organisation a été envisagée de diverses manières par de bons obsérvateurs ; et parce que M. Ehrenberg indiquant plus particuhèrement les Vorticelliens comme les Infusoires polygas triques qui montrent mieux l’intestin , on aurait pu être tenté de leur accorder cet organe , tout en le refusant aux au- tres Infusoires ciliés. Il faut remarquer que le trajet parcouru par les vé- sicules à l’intérieur correspond assez bien à l’intestin qu’on y a supposé, et, véritablement, si M. Ehren- berg veut se borner aujourd’hui à dire que le passage successif de la nourriture lui a donné l’idée d’un intes- tin, et ne plus dire qu’il a vu cet intestin , il aura seu- lement donné une fausse interprétation d’un fait incon- testable et bien réel. Quant à ce que dit cet auteur du passage des aliments d’une vésicule dans une autre , en même temps qu’il nie la réalité du déplacement de ces DES INFUSOIRES. 79 vésicules , il est encore là dans l’erreur , car les vési- cules se déplacent réellement en suivant le trajet indi- qué ci-dessus , et si parfois elles communiquent entre elles , c’est seulement par la fusion complète de deux ou plusieurs vésicules en une seule, et non par le pas- sage successif du contenu de l’une dans l’autre , ces vésicules demeurant distinctes. Cette fusion de plu- sieurs vésicules, qui s’observe bien dans V Amphileptus anser, prouve suffisamment , d’ailleurs , que les vési- cules n’ont pas de membrane propre. Les vésicules stomacales ou vacuoles , à 1 instant où elles se forment , sont sphériques et gonflées de liquide ; elles conservent ce caractère pendant un certain temps et quelquefois durant tout leur trajet, mais sou- vent aussi elles se contractent peu à peu en cédant le liquide contenu à la substance environnante , ou en le chassant h travers les parois du corps; ainsi, après avoir présenté les particules colorantes ou les corps étrangers au milieu d’une quantité de liquide de moins en moins considérable , elles finissent par disparaître comme vésicules , laissant les matières co- lorantes simplement interposées en petits amas irré- guliers dans la substance charnue glutineuse. C’est ce qu’on voit surtout à la partie antérieure des Kolpodes, dix ou douze heures après qu’on leur a fait avaler du carmin. Tel est le mécanisme du transport de la matière colorante , et sans doute aussi du transport des ali- ments dans l’intérieur du corps des Infusoires. Si on voulait considérer comme de vrais estomacs ces vési- cules sans membrane interne , sans communication di- recte avec l’extérieur, et susceptibles de se contracter jusqu’à disparaître ; alors , sans doute , on serait fondé 80 lIISTOinE NATURELLE à nommer poljgastriqiies les Infusoires qui les possè- dent; mais encore faudi'ait-il reconnaître que cette dénomination ne pourrait s’appliquer à tous les Infu- soires , à ceux, par exemple, qui sont dépourvus de bouche ; et à ceux , en général , chez lesquels on n’observe aucune intromission de matière colorante. Tel était l’état de la question, quand M. Meyen a inséré dans les Archives allemandes d’anatomie [Mul- ler s Archw.) ^ en 1839, une notice (1) qu’il m’a fait l’honneur de m’adresser, et dans laquelle sont exposées avec clarté des observations presque entièrement sem- blables aux miennes , et devant conduire aux mêmes conclusions , relativement aux prétendus organes di- gestifs des Infusoires. Ces observations sont très-importantes par elles- mêmes, et comme confirmation des miennes, et sur- tout parce qu’elles montrent que les hypothèses de M. Ehrenberg perdent , même en Allemagne , leur crédit passager. Je crois donc devoir traduire ici les passages suivants de la notice de M. Meyen : « Que sont, dit-il, les grosses vésicules et les globules qui se présentent dans l’intérieur des Infusoires , et qui ont été pris pour leurs estomacs ? » A cette ques- tion il répond ainsi : « Les vrais Infusoires sont des animaux vésiculeux dont la cavité est remplie d’une substance glutineuse. (i) Cette notice est traduite dans les Annales des Sciences naturelles, 1839. DES INl'USOIRES. 81 presque en consistance de i^eléc. L’épaisseur de la membrane qui forme cette vessie est facile à constater dans quelques-uns de ces animaux ; et , pour dilférents genres, j’ai pu observer dans cette membrane une structure en spirale très-reconnaissable , de sorte que sous ce rapport la structure de ces Infusoires me paraît, en général , analogue à celle des cellules des végétaux. » Chez les plus gros Infusoires un canal cylindrique ou œsophage partant de la bouche se dirige oblique- ment à travers la membrane qui constitue l’animal- cule. L’extrémité inférieure de ce canal se dilate plus ou moins par suite de l’introduction de la nourriture , mais ordinairement jusqu’à la dimension des vési- cules ou globules qu’on voit dans l’intérieur de ces mê- mes Infusoires. La paroi interne de cette partie de l’œsophage est garnie de cils dont l’agitation fait tour- ner circulairement avec une extrême rapidité la nour- riture et les corpuscules éti’angers avalés en même temps, jusqu’à ce que ces objets soient agglomérés en une boule régulière. Pendant la formation de cette boule , l’estomac , car on ne peut nommer autrement cet organe, est en communication ouverte avec l’œso- phage , et l’appareil des cils vibratiles extérieurs y pousse sans cesse de nouvelles substances ; mais quand enfin la boule formée des substances avalées a atteint les dimensions de l’estomac, elle est expulsée par l’au- tre extrémité de cet estomac et poussée dans la cavité interne de l’animal; immédiatement après, une nou- velle boule commence à se former dans l’intérieur de l’estomac, si des particules solides se trouvent dans le liquide environnant; cette seconde boule est à son tour poussée dans la cavité interne de l’animal , et pousse devant soi la première boule avec la substance INFUSOIRES. G HISTOIRE NATUREtLE 82 glutineuse interposée, et ainsi de suite tant que de nouvelle nourriture est avalée. Ce sont ces boules d’où M. Ehrenberg a conclu la multiplicité des estomacs de ces animaux. S’il n’y a pas beaucoup de particules so- lides dans le liquide environnant , alors ces boules ou globules sont moins compactes et paraissent comme celles qu’on remarque ordinairement dans les infu- sions non colorées , où de tels globules montrent seu- lement quelques petites particules solides, et con- sistent , pour la plus grande partie , en une masse de mucus agglutinant ces particules. Quelquefois deux de ces globules à l’intérieur d’un Infusoire sont tellement comprimés l’un contre l’autre , par suite des contrac- tions de l’animal , qu’ils demeurent réunis. «.... Le nombre de ces globules est quelquefois si considérable que tout l’intérieur des Infusoires en est rempli, et ces globules sont si rapprochés qu’ils forment ensemble comme une grosse boule, qui souvent, comme chez les Vorticelles en particulier, tourne lentement autour de son centre. Mais cette rotation provient, comme je m’en suis assuré , complètement de l’impul- sion reçue par les nouveaux globules chassés de l’esto- mac, et communiquée par eux à la périphérie de la masse déjà formée.» Plus loin , examinant aussi la question de ces va- cuoles ou cavités vésiculeuses qui se forment souvent en si grande quantité et de diverses grosseurs dans l’intérieur des Infusoires, et qu’il déclare bien n’étre pas des estomacs, «on peut, dit- il, observer la for- mation de ces vésicules , comme aussi leur et complète disparition dans la substance glutineuse de l’intérieur des Infusoires , aussi bien que la formation des globules, puisque même quelquefois on voit se DES INFUSOIRES. 83 former une telle cavité entourant un globule et dispa- raissant au bout de quelque temps. Le microscope montre que ces cavités n’ont aucune paroi membra- neuse qui leur soit propre, mais qu’elles consistent en de simples excavations {Ausholiliingen , vacuoles) de la substance glutineuse ; elles se produisent aussi le plus souvent près de la paroi interne de la membrane qui forme le tégument de l’animal , et quelquefois une d’entre elles s’agrandit d’une manière si considérable qu’elle occupe un tiers ou la moitié du volume total de l’animal. Que ces cavités (vacuoles) contiennent un liquide aqueux peu dense , et non de l’air, c’est ce que démontre leur faible réfringence sur les bords. Chez les plus gros Infusoires on peut aussi voir très-claire- ment qu’elles ne s’ouvrent pas à l’extérieur. De sem- blables cavités se forment également dans la substance muqueuse ou gélatineuse {Schleime ) des cellules des végétaux. » CHAPITRE VII. DE LA GÉNÉRATION DES INFUSOIRES PAR DIVISION SPONTANÉE. Des différents modes de propagation qu’on peut admettre chez les Infusoires , un seul est bien constaté, c’est la fissiparité ou multiplication par division spon- tanée; et encore il n’a pas été observé dans tous les types de cette classe d’animaux. Les deux autres sont encore plus ou moins hypothétiques : c’est l’oviparité et la génération spontanée. On a bien signalé un fait de viviparité (1), mais ce fait est unique et tellement (i) Le Monas vivipara de M. Ehrenberg , dans son mémoire de i836 6. 84- HISTOIRE naturelle en désaccord avec ce qu’on connaît des autres Infu- soires qu’on doit hésiter beaucoup à l’admettre. Le phénomène de la division spontanée des Infu- soires avait été vu d’abord par Beccaria et pris pour un accouplement ; ce fut Saussure , en 1765 , qui recon- nut la vraie signification de ce fait. Dans les années suivantes , il se trouva bien encore quelques observa- teurs qui ne virent là qu’un accouplement; mais, depuis plus de soixante ans, ce mode de propagation, si extraordinaire qu’il pût paraître, a été générale- ment admis dans la science. Rien , en effet, n’est plus éloigné du mode de reproduction des animaux supé- rieurs et ne contrarie davantage les lois de l’analogie , si , pour en juger, on part de l’autre extrémité de la série du règne animal. Les gemmes , les bourgeons qu’on voit se déta- cher du corps des zoophytes , peuvent encore être comparés jusqu’à un certain point avec les germes détachés de l’ovaire des animaux plus parfaits : le corps de l’animal mère, parle fait de cette produc- tion , même chez les polypes , ne perd aucun de ses organes, aucune partie essentielle de l’individu, Dans les Infusoires, au contraire, la division spontanée fait deux individus complets, des deux moitiés d’un seul individu , et ces deux moitiés , nous les voyons, sui- vant les espèces , se séparer tantôt en long , tantôt en travers, ou bien indifféremment de l’une de ces maniè- res , dans une même espèce. Certaines petites espèces de Nais ont montré un phénomène analogue , quoique avec plus d’uniformité. Mais , pour ne nous occuper (Zusatze zur Erkcniitniss , cto., j>. 22), et dans son Traité des Infu- soires, j838, !>■ 10. DES INFUSOIRES. sn ici que des Infusoires , nous devons dire que leur mul- tiplication par division spontanée prouve ou bien que le corps susceptible de se partager ainsi en deux moi- tiés ne contenait pas d’organes essentiels, ou bien que s'il en contenait quelqu’un dans une de ses moitiés, cet organe a dû se produire spontanément dans l’autre moitié ; car on ne peut croire que les organes de la partie antérieure , par exemple, se soient dédoublés pour envoyer une de leurs moitiés à la partie? posté- rieure, à travers tous les organes intermédiaires, tandis que les organes dédoublés de la dernière partie auraient fait à la première un envoi correspondant. Or, l’une et l’autre supposition , inconciliables avec l'idée de développement d’un germe, viennent égale- ment à l’appui des idées qu’on peut se former de la simplicité d’organisation des Infusoires , dont toutes les parties réunissent en elles les conditions nécessaires pour continuer à vivre et à s’accroître après la sépara- tion. Et, en effet, ce ne sont pas seulement les deux moitiés prises en long ou en travers qui peuvent con- tinuer à vivre séparément , mais encore tous les fragments dans lesquels un Infusoire est divisé acci- dentellement, comme le montrent, avec une très- grande probabilité, les exemples rapportés plus haut (p- 31 ). Voyons toutefois, pour nous en tenir simplement aux faits , ce qui a lieu dans la division spontanée. Un Infusoire oblong, tel qu’une Paramécie , unTrichode, une Kérone , etc. , présente d’abord au milieu un étran- glement qui devient de plus en plus prononcé , puis la partie postérieure commence à montrer des cils vibra- tiles à l’endroit où sera la nouvelle bouche; puis cette bouche devient de plus en plus distincte, et la sépa- HISTOIRE NATURELLE 86 ration s’acliève en laissant voir la substance glutineuse intérieure, étirée jusqu’à ce qu’elle rompe. Les deux moitiés , primitivement courtes , arrondies ou comme tronquées, s’allongent peu à peu en s’accroissant et finissent par ressembler à l’animalcule primitif. Le phénomène , dans le cas de division longitudinale , se produit d’une manière analogue , sinon que les deux parties antérieures se séparent en dernier lieu. M. Eh- renberg , pour le besoin de ses théories , ayant sup- posé que les vésicules contractiles de la surface sont des organes génitaux mâles , ainsi que certains corps plus consistants, ovoïdes ou de toute forme, situés’ à l’intérieur , a trouvé là un exemple de la division préa- lable des organes dans le cas de division spontanée. C’est que , en effet , les vacuoles qu’il nomme des vési- cules contractiles, et les prétendus testicules , sont sus- ceptibles de se multiplier à tel point , qu’on en voit toujours dans les diverses parties du corps de tout prêts pour les divisions futures. On conçoit que, par ce mode de propagation , un Infusoire est la moitié d’un Infusoire précédent, le quart du père de celui-ci , le huitième de son aïeul et ainsi de suite , si l’on peut nommer père ou mère d’un animal celui qui revit dans ses deux moitiés ; aïeul ce- lui qui, par une nouvelle division, continue à vivre dans ses quatre quarts , etc. ; de sorte qu’un Infusoire est une fraction encore vivante d’un Infusoire qui vi- vait hien longtemps auparavant et dont il continue la vie en quelque sorte. Il résulte de là qu’un corps étran- ger , logé dans la partie antérieure , par exemple, d’un Infusoire , pourrait être transmis indéfiniment à toutes les moitiés antérieures résultant des divisions sponta- nées successives , s’il n’était éliminé par excrétion ; il DES INFUSOIRES. 87 en résulte qu’une difformité , un accident quelconque pourrait se transmettre de même , et qu’en un mot , la partie antérieure d’un Infusoire, dernier terme d’une série de divisions spontanées , est encore la même par- tie encore vivante de l’Infusoire primitif. Une telle considération conduit à demander si ce mode de propagation est vraiment illimité , ou si , la vitalité provenant d’un premier germe ou d’une géné- ration spontanée, se continue dans un Infusoire et dans ses subdivisions binaires jusqu’à un certain terme seu- lement , passé lequel tout s’éteint ; de même que nous voyons les pucerons, être fécondés en une seule fois pour plusieurs générations successives , mais non pour un nombre de générations indéfini ? Une solution précise de cette question aurait une grande importance , par rapport à la question de la préexistence des germes ou de la génération spontanée ; peut-être est-elle impossible à obtenir; cependant, on a vu déjà ce mode de propa- gation continué sans diminution apparente jusqu’à la huitième division au moins. La division spontanée ne se présente pas aussi clai- rement chez tous les types d’infusoires. Les Vorticelles ont , en même temps que ce mode de propagation , la faculté de produire des gemmes ou bourgeons , ce qui les rapproche véritablement des polypes. Les Vibrions se divisent non en deux mais en un nombre indéfini de parties qui restent contiguës à la suite les unes des autres , au moins pendant un certain temps. Beaucoup de Monadiens n’ont pas encore paru se diviser sponta- nément ; d’autres , très-probablement , doivent le faire comme les Amibes, par l'abandon d’une partie de leur substance , qui continue à vivre isolée. C’est également ainsi que se multiplient les Arcelles , et ce dernier 88 HISTOIRE NATURELLE exemple, constaté par M. Pelticr, permet de penser que certains Tiiécamadiens à têt siliceux tels que les Tva~ chelomonas pourraient se multiplier de même; on peut croire au contraire que les Euglena et les Peridinium sont tout à fait dépourvus de ce moyen de reproduc- tion. CHAPITRE VIII. DES OEUFS, DES OVAIRES ET DES ORGANES GENITAUX MALES CHEZ LES INFUSOIRES , ET DE LA GÉNÉRATION SPONTANÉE. La science ne tire pas toujours un profit direct des efiorts tentés prématurément pour arriver à la solution de certaines questions. C’est ainsi que toutes les dis- cussions pour ou contre la génération spontanée des Infusoires ont laissé la question stationnaire, si même elles ne l’ont fait rétrograder. Cependantlesfiiits s’ajou- tent les uns aux autres ; et, s’ils sont exacts, quand même, faute d’avoir été coordonnés par une logique rigoureuse, ils n’auraient fourni qu’un édifice infor- me ; ce sont des matériaux qui , mieux connus , loin de perdre leur valeur , en acquièrent une nouvelle et qu’un architecte plus habile peut un jour mettre en œuvre avec succès. Spallanzani, lié d’amitié et de pensée avec Bonnet , adopta et étendit les idées du naturaliste genevois sur la préexistence et l’emboîtement des germes , et il ré- duisit au néant les arguments de INeedhara sur la force végétative et sur la génération spontanée. Cependant les faits qui lui fournirent ses principaux arguments, tels que l’étude du poulet dans l’œuf, le Volvox , etc. , avaient été mal interprétés, et son argumentation porte DES INFUSOIRES. 89 à faux sur bien des points aujourd’hui. D’après ses ex- jiériences sur des infusions soumises à l’ébullition (1) et tenues dans des vases hermétiquement fermés , il se crut fondé à admettre que les Infusoires les plus sim- ples proviennent de corpuscules préorganisés ou ger- mes susceptibles de résister à une ébullition de trois quarts d’heure , tandis que les germes des Infusoires plus complexes, tels que les Paramécies et les Kolpo- des , sont détruits beaucoup plus promptement; les uns et les autres étant également susceptibles d’être transportés par l’air dans les infusions non scellées , qu’elles aient oun’aient pas été préalablement bouillies. A la vérité il parle aussi d’infusoires qui auraient pon- du des œufs (2) , et qu’on pourrait croire , d’après sa description , être des Kolpoda cucullus ; mais il est ex- trêmement probable que ce fait a rapport à quelque Systolide. L’observateur italien, dans un autre endroit, revenant encore sur l’apparition des Infusoires qui se montrent indifféremment dans diverses sortes d’infu- sions, se détermine à penser qu’ils proviennent d’abord de quelques germes ou principes préorganisés apportés par l’atmosphère ; mais , en même temps , il déclare formellement (3) n’avoir aucune certitude sur la nature de ces principes préorganisés, pour savoir si ce sont des œufs , des germes ou d’autres semblables corpus- cules. (i) SpalLinzani. Opusc. phys. , tract, franc. , p. /|8 et suLv. (a) Même ouvrage, p. 21^. (3) Même ouvrage, pag. 23o. — «Les Infusoires tirent sans doute leur première origine de principes préorganisés ; mais ces principes sont-ils des œufs, des germes ou d'autres semblables corpuscules? S’il faut offrir des faits pour répondre à cette question, j'avoue ingénument que nous n avons sur ce sujet aucune certitude. ■> 90 HISTOIRE NATUREI.LE Gleichen , comme Ellis , avait bien vu la division spontanée des Infusoires, et la regardait également comme un cas rare ou accidentel; il croyait que les Infusoires les plus simples se forment spontanément par l’organisation d’une matière première (1) répandue dans toutes les eaux même les plus pures, mais qui ne se développe que dans les liquides, tels que les infusions, contenant des substances nutritives. Ces In- fusoires simples , il croyait les avoir vus se réunir en amas , jouissant d’une vie commune et susceptibles de s’entourer d’une enveloppe générale pour devenir des animaux d’un ordre un peu plus élevé , tels que ce qu’il nomme des Pendeloques {Kolpoda cucullus). Ces derniers , qu’il avait colorés artificiellement en leur faisant avaler du carmin, étaient, suivant lui , désor- mais capables de se reproduire par des œufs, et c’é- taient précisément les globules intérieurs , colorés par le carmin, qu’il prenait pour des œufs et qu’il avait espéré vainement voir éclore; mais on doit croire que ce qu’il avait pris pour la ponte des animalcules était simplement un effet de décomposition par diffluence , (l) Gleichen, Dissert.ition sur la génération , les animalcules , etc. , Irad. franc. ; p. io8 et suiv. ( § 83 — S 90 )• Suivant cet auteur, que je ne me flatte pas de pouvoir comprendre ( S 83), c’est le mouvement qui est l’agent ou le principe, et ce sont les particules organiques contenues dans l’eau ou parties intimes et constitutives de l’eau (S 88) qui sont les éléments de l'organisation. Celles-ci proviennent elles- mêmes de la décomposition d’autres êtres organisés. Le mouve- ment qu il nomme intérieur résulte de la séparation des esprits et delà matière, dans la fermentation des fluides, et met les particules organiques dans un mouvement de cocllon que Gleichen nomme mou- vement radical. Les partieules, ainsi mises en mouvement, se réunissent de nouveau en vertu de l’attraction ou de quelque autre moyen de jonction , pour s’élever à la vie animale par l’action de la substance spiritueuse qui s’en est dégagée (§ go) U... DES INFUSOIRES, 91 puisqu’il observait ses gouttes d’infusion sans les re- couvrir d’une lame mince de verre , comme on le fait ordinairement aujourd’hui. L’opinion de Müller, qui dans ses longues recherches se montra généralement exempt d’esprit de système, aurait sans doute plus de poids dans cette question que celle de Gleichen ; malheureusement , parmi les contradictions que son éditeur Fabricius a dû laisser subsister dans son ouvrage inachevé , nous ne pouvons reconnaître au juste les idées qu’il aurait déhnitive- ment adoptées. Ainsi , tout en admettant bien positi- vement la multiplication des Infusoires par division spontanée , il parle encore , au sujet de plusieurs In- fusoires, de leur ^accouplement; cependant sa pré- face , qu’on pourrait croire écrite en dernier lieu , contient cette déclaration , qu’il n’a pu voir d’accou- plement réel. D’un autre côté , tout en paraissant, par occasion , admettre, comme Leeuwenhoek , une organi- sation complexe dans les plus petits vibrions ; il rapporte des faits qui tendent à prouver la génération spontanée de ces vibrions ; et, dans sa préface même , il expose toute une théorie de la génération spontanée. « Les ani- maux et les végétaux , dit-il , se décomposent en parti- cules organiques , douées d’un certain degré de vitalité et constituant des animalcules très-simples ; lesquels sont susceptibles de se développer comme des germes par l’adjonction d’autres particules, ou de concourir eux-mêmes au développement de quelque autre animal, pour redevenir libres après la mort et recommencer éternellement un pareil cycle de transmutations » . Ces particules constitutives qu’il dit passer alternative- ment de l’état de matière brute à l’état de matière or- ganique , il croyait bien les avoir vues dans la décom- 92 IIJSTOIUE NATURELLE position (les animaux et des végétaux ; mais proba- blement il n’avait vu (jue le mouvement brownien des particules désagrégées. Cette hypothèse , Müller la proposai t seulement pour les Infusoires les plus simples , et tout au plus pour expliquer la première apparition des autres (les Bul~ laria) dans une infusion; et cela ne l’empêchait pa.s d’admettre pour ceux-ci des œufs bien distincts ; mais , comme nous l’avons vu plus haut , ce qu’il a pris pour des œufs ou des ovaires , ce sont les vacuoles ou vési- cules stomacales de l’intérieur , ou bien les exsudations de sarcode qu’on voit quelquefois en globules à l’exté- rieur. Après ces trois naturalistes , ceux qui , comme Tre- viranus et Oken , ont traité la question de la repro- duction des Infusoires , ont plus argumenté qu’ils n’ont observé eux -mêmes. Lamarck, par exemple, avait cherché à démontrer par le raisonnement , non-seu- lement que les animaux les plus simples peuvent se produire spontanément , mais encore que des êtres une fois produits de cette manière peuvent acquérir un nouveau degré d’organisation qu’ils transmettent à des parties d’eux-mêmes , lesquelles , en se dévelop- pant à leur tour comme des germes , sont susceptibles, d’acquérir progressivement d’autres organes encore. Cuvier, dans l’éloge historique de cet illustre natu- raliste , fit ressortir habilement toutes les inconsé- ([uences d’un tel système appuyé seulement sur l’ob- servation des formes extérieures et développé par l’imagination. M. Bory de St. -Vincent avait assurément observé plus que Lamarck ; cependant , dans sa théorie de l’or- ganisation de la matière , il n’a pas su se tenir assez en OES INFUSOIRES. 9:^ ijarde conü’e son imagination, et, par consé(|uent , on ne peut accorder une autorité suffisante à ce rfu’il dit d’après sa théorie sur la production spontanée des Infusoires. Au nombre des partisans de la génération sponta- née des Infusoires , on doit aussi compter dans ces derniers temps M. Fray, qui , dans son essai sur l’ori- gine des corps organisés ( 1817 ) , poussa beaucoup trop loin les conséquences qu’il eût pu tirer de ses expériences , et M. Dumas qui , dans le Dictionnaire classique d’histoire naturelle , parut croire comme Gleichen que des Infusoires peuvent se former par la réunion des globules élémentaires , provenant de la décomposition de la chair musculaire mise en infusion. Il admettait bien , toutefois , qu’on ne faisait revivre ainsi que des substances qui ont déjà vécu , mais il prenait alors pour un signe de vie le mouvement brow- nien des molécules. M. de Blainville, d’un autre côté, en indiquant des réformes essentielles dans la classe des Infusoires , se prononça , mais avec réserve , contre les idées de gé- nération spontanée. M. Ehrenberg plus hardi , et se fondant sur les analogies les plus contestables , entreprit de prouver que les Infusoires ne peuvent provenir que d’œufs vé- ritables ; et, pour justifier l’ancien principe omne vi- vinnex ovo , il voulut démontrer chez ces animalcules l’existence de tous les systèmes d’organes qu’on retrouve chez les animaux les plus complexes. Reconnaissant avec raison que chez eux il n’y a pas accouplement ou concours de deux individus pour la fécondation , il crut avoir le droit d’en conclure qu’ils doivent être hermaphrodites. Puis, après s’étre cou- HISTOIRE NATURELLE 94 tenté d'abord de donner le nom d’œufs aux particules dans lesquelles un Infusoire se décompose par dif- fluence , il voulut trouver aussi des organes génitaux mâles. Il nomma donc ainsi, d'une part, des nodules ou certains corps plus consistants qui , se décomposant moins facilement quand l'animalcule vient à diffluer, lui paraissent devoir être les organes sécréteurs ou les testicules ; et d'autre part, des vacuoles contractiles et toujours remplies d'eau près de la surface , les mêmes que Spallanzani avait soupçonnées être des organes respiratoires, et qui sont pour lui des vésicules sé- minales. Son principal argument pour démontrer la signifi- cation de ces derniers organes , c'est l'analogie des Ro- tateurs ou Systolides ; analogie que je crois absolu- ment imparfaite; et qui est contredite même par le fait de l'existence des œufs qui , chez ces derniers , sont très - volumineux proportionnellement , comme en général cbez tous les animaux inférieurs où leur existence est démontrée , tels que les Helminthes , les Polypes, etc. ; tandis que les granules, pris pour des œufs par M. Ehrenberg dans les vrais Infusoires , ces granules qui restent après la diffluence , sont, cbez quelques espèces , parmi les plus grandes , gros de 1/1000 à 1/2000 de ligne, ce qui ne fait que 1/100 à 1/200, et même 1/400 de la longueur de l'animal (1). D'un autre côté , la signification donnée à la vessie contractile des Systolides est très - contestable elle- même , comme celle de tous les organes qu'on a cru deviner a priori. (i) Chez le Monas guttula , M. E. fixe celte grosseur à i/3o du dia- mètre de l’animalcule, ce qui fait j/5560 de ligne. DES INFUSOIRES. 95 M. Ehrenberg, qui déclare (1) n’avoir pu voir de communication vasculaire entre les prétendus organes génitaux des Infusoires , toujours à cause de leur dé- licatesse, et qui cependant, d’après des analogies quelconques , veut faire croire au passage d’une li- queur spermatique des testicules dans la vessie con- tractile, et de là, par des canaux invisibles, sur les œufs disséminés dans toutes les parties du corps : lui qui n’a point vu d’animalcules spermatiques dans ces prétendus organes génitaux mâles, tandis que les Distomes dont il invoque l’analogie en ont montré à M. Siebold (2) : lui enfin qui n’a point vu éclore les prétendus œufs (3) , et qui tout en reconnaissant que pour être fixé défini- tivement sur leur nature, il faudrait avoir vu au moins des coques vides après l’éclosion, trouve dans leur cou- leur blanche , jaune , verte , bleue , brune ou rouge , un argument sufiisant pour se prononcer. M. Ehren- berg , dis-je , a été conduit à interpréter ainsi les par- ties réelles, ou supposées des Infusoires par le seul besoin de compléter l’organisation de ces êtres , ou tout au plus par de fausses analogies , telles que celles des (1) Zusatze zur Erkenntniss, etc. i836, p. 17 « Da die Zarlheit de hier abzuhandeinden Objecte bisher nicht erlaubte, den Gefàss-Zu- sammenhand' dieser Organe mit den übrigen Kôrpertheilen direct zu erkennen. » (2) Müller’s Archiv für Anatomie, i836, p. 5i. (3) 11 s’exprime ainsi dans son mémoire de i836 {Zusatze zur , etc. , p. 6) : a L éclosion d’un jeune animal polygastrique sortant d’un de ces œufs , laquelle en fixerait une fois pour toutes la nature , ou même des coques laissées vides après l’éclosion , n’ont point encore été observées , parce que leur extrême petitesse y oppose une grande difficulté ; mais tous les phenomenes observables, tous les rapports et jusqu’à la couleur ordinairement vive et souvent verte , jaune, bleue, brune, rouge ou laiteuse du vitellus permettent de croire , avec une très-grande vrai- semblance , que telle est leur signification. » inSTÜllŒ NATURELLE 96 Syslolidcs, des Planaires et des Dislomes. II fait servir les œufs à prouver la signification des organes mâles ; puis, prenant celle-ci pour démontrée, il s’en sert pour démontrer la signification réelle des œufs : et c’est après avoir ainsi tourné plus d’une fois dans un cercle vicieux , qu’il dit avec assurance. « En démon- » trant , depuis 1832 , la présence des glandes sexuelles » mâles et des œufs dans tous les individus d’une es- » pèce quelconque d’infusoires , et la manière dont ces » organes se comportent dans la division spontanée , je » crois avoir acquis une base scientifique solide pour » ces recherches ; la réalité d’une fécondation que » Schweigger, encore en 1820 , regardait comme un » argument contre l’existence de véritables œufs, trou- » vera dans ces rapports , confirmés par la remarquable » vessie contractile, un appui d’une solidité incontesta- » ble , jusqu’à ce qu’il ait été complètement démontré » que les granules pris par moi pour des œufs, laissent » effectivement éclore de jeunes Infusoires en forme » de Monades , ou bien jusqu à ce quil ait été positi- » vement démontré que Leur nature est différente. Des » opinions, sans observations exactes, n’ont en vérité » absolument aucune valeur. » { Infusionsthierchen. .. 1838, p. 382.) Si une pareille argumentation pouvait être acceptée par les juges compétents, et s’il était admis qu’un au- teur eût le droit de donner l’autorité de la vérité à des opinions plus ou moins probables, sinon hypothé- tiques, en récusant d’avance toute objection de qui- conque n’aurait pas préalablement démontré la vraie nature des objets en litige; il faut convenir que le cas serait bien choisi : en effet , il n’est pas présumable que de longtemps on parvienne à démontrer (et il DES INFUSOIRES. 97 faudrait cela) des communications vasculaires , autres que celles supposées par fauteur allemand dans les prétendus organes génitaux des Infusoires , ni que l’on démontre la vraie structure de ce qu’il prend pour des œufs , car il est physiquement impossible , dans l’état actuel de nos connaissances optiques , de déter- miner seulement la forme exacte d’un corps globu- leux ou polyédrique de 1/2000 de ligne (1/900 milli- mètre environ) (1). Mais suivons cet auteur lui-même dans le dévelop- pement de ses opinions sur la génération des Infu- soires, c’est le meilleur moyen d’apprécier au juste ses assertions. Dans son premier mémoire (1828-1830), sur la distribution géographique des Infusoires, il s’efforce de prouver que les germes de ces animalcules ne peuvent être apportés par l’atmosphère (2) dans les infusions, ce qui , tout en contrariant l’opinion de Spallanzani , ne permettait pas de voir dans les expé- riences faites avec tant de soin par le célèbre obser- vateur italien autre chose qu’une génération spon- (1) On peut déterminer approxim.itivement .avec assez d’exactitude l'épaisseur d’uu filament beaucoup plus mince , mais on ne peut prendre idée de sa structure ; les corpuscules sanguins ont au moins il i5o mill. ; les petits grains de pollen dont on apprécie bien la structure ont i/5o mill., et plus ; d’un autre côté , des séminules de moisissures de 1/260 mill. ne montrent rien de distinct à l'intérieur, à plus forte raison il doit en être de même des prétendus oeufs de polygastriques. (2) Die geographisclie Verbreitung der Infusionsthierchen , etc. , 1828-30 , p. i3. il dit n’avoir pu trouver un seul Infusoire dans l'eau de la rosée nouvellement recueillie : mais, pour que l’e.\périence pût réellemènt être comparée avec celle de Spallanzani , il eût fallu mettre infuser avec cette rosée pure , des matières organiques soumises à un certain degré de chaleur; de cette manière , les germes , s’ils étaient dans la rosée , auraient pu se développer. Il est présumable d’ailleurs que de la rosée recueillie près d’une grande ville ou dans la ville même et conservée seule pendant quelque temps eût jiu donner un résultat différent. INFUSOIRES. 7 HISTOIRE NATURELLE 98 tanée; mais dans ce cas, encore, je crois que M. Ehrenberg s’est trop hâté de tirer une conclusion générale de quelques expériences faites en voyage avec des instruments imparfaits. Dans ce même Mémoire, où il veut établir des lois générales sur la distribution géographique des Infusoires, il nous apprend que toutes les infusions qu’il a préparées lui-même près de la mer Rouge et du mont Sinaï, lui ont donné précisé- ment les mêmes espèces d’infusoires qu’en Europe; ce qui semblerait plutôt favoriser les idées des parti- sans de la génération spontanée qu’indiquer une différence réelle dans la distribution géographique des Infusoires. Dans le Mémoire publié avec le précé- dent (1830) , sur la connaissance de l’organisation des Infusoires , il avait pris la diffluence du Kolpoda cii- cullus pour la ponte de cet animalcule, et il avait représenté (pl. III, fig. 14) le prétendu ovaire comme un réseau formé de fibres de 1/1000 de ligne. Il s’appuyait de l’observation des Systolides seulement pour prétendre que tous les Infusoires naissent d’un œuf, et croyait avoir suffisamment prouvé l’absurdité de la génération spontanée et équivoque, en accor- dant à tous les Infusoires, même au Monas termo^ une organisation très-complexe. Il déterminait par le calcul les dimensions des estomacs des plus petits In- fusoires, et supposait des particules alimentaires de 1/36000 de ligne, destinées à remplir des estomacs de 1/6000 de ligne ; il fixait enfin la grosseur de leurs œufs qui devait être de 1/6000 de ligne. Le tout sans s inquiéter des limites probables de la divisibilité des substances organiques et de l’influence que peuvent exercer de si petites dimensions sur les phénomènes physiques. DES INFUSOIRES. 99 Dans son second Mémoire (1832), sur le dévelop- pement et la durée de la vie des Infusoires, il se pro- pose plus spécialement de combattre la génération spontanée; bien qu’il crût déjà l’avoir complètement anéantie par sa précédente argumentation. Il déclare avoir constaté que la génération de ces êtres est nor- male, et qu’elle a lieu au moyen d’œufs; mais chose singulière ! il ne parle encore que des œufs si gros , si incontestables des Systolides , et en particulier de VHjdatina senta, quant aux Infusoires proprement dits , il n’a point vu éclore leurs œufs ; bien loin de là, il prouve par des expériences prolongées durant neuf ou dix jours, qu’il n’y a pas eu d’autre mode de propagation que celui par division spontanée. Car on devra convenir que c’est im fait embarrassant pour les partisans de l’oviparité que de voir con- stamment dans une même infusion tous les indi- vidus d’une même espèce à peu près de la même grosseur, ou bien montrant, s’ils sont plus petits , les traces d’une division récente , comme si tous avaient dû éclore au même instant, et comme si l’éclosion des œufs était désormais ajournée jusqu’à ce qu’une nouvelle infusion soit préparée. Eh bien! c’est là tout ce qu’a vu M. Ehrenberg dans ses ex- périences, peu nombreuses à la vérité, sur deux espèces d’infusoires proprement dits. Il a vu dans deux tubes de verre un seul individu de Parame- cium aurelia se diviser spontanément trois fois dans vingt- quatre heures, d’où résultaient huit indivi- dus; lesquels continuèrent à se diviser ainsi pen- dant plusieurs jours de manière à remplir le tube d’individus tous semblables à l’animalcule primitif, tous produits de la même manière .et sajas aucun mé- 7. HISTOIRE NATURELLE lüÜ lange d’individus plus petits qui seraient provenus d’œufs; il dit même très-positivement à la page 11 : « Je n’ai pas observé qu’il soit né des individus pro- venant d’œufs. » Le Stylonjchia mytilus {Kerona mytilus Müller) lui a présenté une seule fois les mêmes résultats d’une manière incomplète. Aussi, a-t-il soin de dire, qu’il ne peut rien en conclure touchant la durée de sa vie ; cependant il passe un peu plus loin ( p. 12) à des con- clusions générales et tout à fait affirmatives. Suivant lui , la force reproductive des animaux Infusoires est plus développée que dans aucune autre classe d’êtres, et pour expliquer leur multiplication rapide en très- peu de temps , il n’est plus besoin de la génération spontanée qui , d’après ces nouvelles observations , parait une hypothèse superflue et que n’appuie au- cune observation certaine. Voilà un des nombreux exemples de la logique de M. Ehrenberg , et de sa tendance à généraliser. Il a la franchise de nous dire qu’il n’a vu aucun indice de la multiplication par les œufs dans deux espèces de polygastriques , et il con- clut que tous les Infusoires polygastriques doivent provenir d’œufs ; mais admettons son observation comme exacte , et cela d’autant plus volontiers qu’elle a été faite de la même manière par Saussure en 1769 : ne serait-il pas plus simple d’admettre que ces Infu- soires se sont produits une première fois spontané- ment dans une infusion à un certain degré de fer- mentation, ou qu’ils proviennent du développement successif de quelque autre forme produite elle-même spontanément dans cette infusion , et que , arri- vés à un certain degré de développement , ils ont pu seulement sc multiplier par division sponta- DES INFUSOIHES. 101 née (1) ? Mais je me hâte de le dire, je n’adopte pas cette idée non plus que celle des œuls ; j’ai voulu seulement mettre une opinion probable à côté d’une opinion pro- bable , et j’attends des faits pour me prononcer sur un sujet aussi important. Je conviens volontiers qu’aucun observateur digne de foi n’a vu se former un Infusoire sous ses yeux ; je crois même qu’il serait absurde de supposer qu’un animalcule, si simple fût-il, se formât ainsi par une agrégation de molécules par une sorte de cristallisation; mais je ne crois point du tout à la vraie nature des œufs en question et si probléma- tiques. Il ne serait pas impossible assurément cjue les parti- cules organiques provenant de la décomposition des Infusoires, celles-là même que, dans quelques espèces, M. Ehrenberg prend pour des œufs , pussent servir à la reproduction des Infusoires; mais ce ne seraient pas des œufs pourvus comme on l’entend d’une double en- veloppe, d’un albumen , d’un vitellus et d’une vésicule germinative; ce seraient les plus simples des germes , ce que , peut-être , Spallanzani entendait nommer des (l'j De ce que, dans les observations'cilées, on n'a vu dans le liquide que des animalcules de même grosseur , on doit conclure aussi qu’il ne s’est point opéré , pendant la durée de l’expérience (9 à 10 jours) , de gé- nération spontanée, non plus que d éclosion d’œufs; mais, pour peu qu’on ait l'habitude d’obserrer des infusions, on doit savoir qu'un certain degré de fermentation ou de putréfaction est nécèssaire pour l’appari- tion de certains animalcules qu’on ne voyait pas auparavant et qu’on cesse quelquefois même aussi de voir plus tard ; soit qu’ils aient ete remplacés par d’autres ; soit qu’ils aient subi une certaine modification relative. Pour que les mêmes raisonnements fussent applicables aux œufs des Paramécies , il faudrait admettre que ces animalcules, au sortir de l'œuf, ne sont pas encore des Paramécies , mais des animalcules plus simples vivant dans l’infusion à un autre degré de fermentation ; alors on arriverait de conséquence en conséquence à l’opinion citée plus haut. *■ 102 HISTOIRE NATURELtE corpuscules préorganisés ; ce seraient ce que d’autres ont appelé des globules élémentaires ; des molécules qui, ayant joui de la vie , sont susceptibfes de recom- mencer, suivant l’expression de Millier, un cercle déjà parcouru. Je ne crois pas impossible non plus , d’après ce que j’ai vu des changements qu’éprouvent les Infusoires suivant la nature des infusions; je ne crois pas im- possible que ces petits germes parcourent une série de développements plus ou moins variés avant d’arriver au degré le plus élevé, et qu’ils ne puissent auSsi, suivant l’état de l’infusion , rester stationnaires dans un degré inférieur. Cette manière de voir, vers la- quelle je suis conduit par mes observations, mais pour- tant sans y être encore arrivé , a plus d’un point de res- semblance avec celle deM. Ehrenberg, qui a signalé le premier les formes diverses sous lesquelles se montre le Kolpoda cucullus avant d’avoir atteint le terme de son développement : s’il ne tenait pas beaucoup à la signification de ces œufs d’infusoires , on pourrait même finir par ne voir dans cette discussion qu’une querelle de mots ; mais je reviens à l’examen des opi- nions successivement développées par M. Ehrenberg sur les organes génitaux des Infusoires. Dans son’ troisième mémoire (1833), il représente plusieursfois la diffluence des Infusoires comme la ponte ou l’émission des œufs , et parle plus positivement des granules qu’il prend pour les œufs , lors même qu’ils ne se montrent que comme une matière colorante uni- formément répandue; tandis que, dans son premier mémoire , le résultat de la diffluence ou de la ponte du Kolpode était représenté seulement comme un réseau de fibres. Puis, parmi les vésicules intérieures prises DES INFUSOIRES. 103 d’abord indifféremment pour des estomacs (1), il choisit les plus grandes, les plus subitement contractiles, celles qui ne contiennent jamais que de l’eau, et en fait des organes sexuels mâles. Quand il aperçut plus tard les prétendus testicules, les vésicules contractiles ne furent pour lui qu’un organe d’éjaculation, et leurs contrac- tions brusques durent avoir pour objet de lancer sur les ovaires, répandus par tout le corps, leur contenu si abondant, arrivé on ne sait d’où. Si ce singulier mode de fécondation intérieure par des éjaculations si co- pieuses et si fréquentes était cru véritable , on devrait convenir au moins que la nature nous a accoutumés à la trouver plus avare et plus simple dans ses moyens. Ces vésicules contractiles , qu’on voit simplement globuleuses dans la plupart des Infusoires , se mon- trent avec une forme plus complexe ou une disposi- tion particulière dans quelques espèces. Dans les Pa- ramécies aurélies^ elles constituent, comme je l’ai déjà dit, les organes en étoile que Spallanzani croyait destinés à la respiration , et dont il décrit ainsi le mouvement régulier et alterne : « A toutes les trois ou quatre secondes, les deux petits globes centraux se gonflent comme des utricules et deviennent plus gros du triple ou du quadruple, et l’on aperçoit le même changement dans les rayons des étoiles, avec cette différence , que lorsque les petits globes s’enflent , les rayons se désenflent (2). » M. Ehrenberg les a vues de la même manière dans les Paramécies , où je les ai (i) Elles se distinguent des estomacs également contractiles , parce qu'elles ne se remplissent jamais comme ceux-ci de nourriture colorée, et restent tout à fait transparentes (Ehrenberg, i836. Zusàtze zur, etc., P- 9)- (a) Spallanzani. Opus. phys. trad. franç. , t. i , p. 248. HISTOIRE NATURELLE 10/|. également étudiées avec soin ; mais, de plus, il a si- gnalé aussi la présence de vésicules contractiles en étoile dans trois autres espèces {Bursaria leucas ^ Ophiyoglena atra , et Glaucoma scintillans ) , et il a indiqué une vésicule à bord perlé ou moniliforme dans la Nassula ornata. Les vésicules en étoile dont il discute la signiflcation dans son mémoire de 1836 , p. 9 (1) , lui ont particu- lièrement paru démontrer la réalité d’une éjaculation qui serait dirigée par les branches sur les divers ovi- ductes , tandis que la vésicule centrale serait l’extré- mité élargie du conduit déférent. Conséquemment , il suppose aussi que les vésicules simples doivent éjacu- ler leur contenu par des ouvertures percées dans leurs parois , ouvertures invisibles qu’il ne craint pas d’ad- mettre, tandis qu’il nie la possibilité du passage de l’eau à travers les mailles du tégument , dans le cas où on les voudrait considérer avec Spallanzani comme des organes respiratoires. Mais , que l’on considère leur (l) Il s'exprime ainsi à la page li du mémoire cité {Zusiitze zur Er- kenittniss , etc.) : • Il est diflicile de se représenter clairement la con- nexion de ces organes avec le système auquel ils appartiennent. Mon opinion individuelle est la suivante : les vésicules contractiles sont les extrémités élargies du canal déférent (non encore aperçu) , qui vient du testicule. Dans les cas les plus ordinaires , ces extrémités élargies et contractiles s’abouchent immédiatement dans l’oviducte , comme chez les Rotateurs; conséquemment leur forme est ésalement simple. Mais, dans d autres cas, l'ovaire peut bien communiquer avec plusieurs ovi- ductes qui se réunissent de nouveau à l'orifice sexuel. D’après cela , la vésicule contractile pourrait bien être liée avec les canaux en étoile, qui, de cette vésicule, conduisent aux dilTérents oviducles... Si l'on considérait aussi les vésicules contractiles simples comme pourvues de plusieurs orifices correspondant aux oviductes et s'y abouchant , alors disparaîtrait la diirérence (le restant, Schroffheit) entre les diverses formes ; alors quelques animaux auraient seulement l'embouchure de la vésicule séminale dans l’oviducte plus éloignée de cette vésicule, et les rayons seraient les canaux de commnnicalion. >• DES INFUSOIRES, 105 multiplication dans les Infusoires mourants , ou dans ces animaux simplement comprimés entre deux lames de verre et privés des moyens de renouveler le liquide autour d’eux ; que l’on se rappelle leurs rapides con- tractions et même leur complète disparition , qui ont frappé tous les observateurs ; que l’on songe enfin à la manière dont elles se soudent et se confondent plu- sieurs ensemble , et l’on ne pourra s’empêcher de re- connaître des vésicules sans téguments ou des vacuoles creusées spontanément près de la surface , pour rece- voir, à travers les pores du tégument, le liquide ser- vant à la respiration. La pluralité des vésicules contractiles a été inter- prétée par M. Ehrenberg comme un indice de prochaine division spontanée ; mais le fait de la soudure des vé- sicules apparaissant chez les Infusoires mourants n’a pas même été mentionné par lui. Dans son mémoire de 1833 , M. Ehrenberg ne figura point encore ce qu’il nomme la glande séminale , le testicule ; mais il la mentionna dans le texte seulement à l’article du Chilodon cucullulus , du Paramecium aurelia , et des trois Nassula , comme une découverte toute récente. C’était , disait-il , un corps glanduleux , diaphane , ovale oblong , situé près de la bouche , et ne présentant aucune connexion avec les autres orga- nes. Dans son mémoire de 1836, il poursuivit chez tous les Infusoires la recherche de cet organe qui de- vait compléter leur système sexuel mâle, et il a pré- tendu l’avoir trouvé presque partout , même chez les Euglènes qui n'ont pas de vésicule contractile ou sé- minale. Aussi ne s’est-il pas montré difficile pour la détermination de cet organe ; non-seulement il y rap- porta les gros globules en chapelet des Stentor poW- 106 HISTOIRE NATURELLE morphus et cœruleus et de son Amphileptus moniliger, les bandes sombres plus ou moins contournées dans l’intérieur du corps du Stentor MuLleri , de plusieurs Vorticelles et Bursaires , et les corps ovoïdes ou glo-r buleux paraissant plus denses ou plus consistants dans la plupart des autres Infusoires , mais encore il désigna ainsi les corpuscules en petites baguettes de Y Ambly o~ phis et de quelques Æuglen a , ceux très-nombreux et en petits anneaux de Y Euglena spirogyra ^ le disque observé dans Y Euglenapleuronectes^ et une foule d’au- tres corpuscules non moins problématiques observés dans l’intérieur du corps des Infusoires , et qui n’ont d’autres titres à cette distinction que le besoin qu’en a l’auteur pour compléter sa série. Plusieurs de ces cor- puscules persistant après la diffluence des. animalcules furent pris par Millier pour des œufs ; la plupart sont jusqu’alors restés sans signification et pourront bien être encore longtemps considérés comme tels par les naturalistes qui voudront considérer la solidité des ar- guments du professeur de Berlin pour assigner une même fonction à des corpuscules si divers et sans con- nexion aucune avec les autres organes. Quant à moi , j’ai bien vu dans un grand nombre d’infusoires, notamment dans les Stentor, les Tricbo- dines , les Vorticelles , les Ruglènes , les Oxytricha , les Kérones , etc., les corpuscules en question; j’ai bien vu que , dans les Infusoires diffluents , ils résis- tent plus à la décomposition spontanée que ne devrait le faire un corps glanduleux comparativement aux autres parties que leur contractilité devrait rappro- cher de la chair musculaire des Mollusques ; mais je n’ai pu me faire une idée de leurs fonctions dans l’or- ganisme , non plus que celles des diverses sortes de DES INFUSOIRES. 107 f^ranules qui restent après la diffluence d’un Infusoire. Je suis bien disposé à croire qu’il doit y avoir là des corpuscules reproducteurs , mais je ne saurais les dis- tinguer parmi les granules simples, qui sont proba- blement un produit de sécrétion ; parmi ceux qui ont pénétré comme aliments ou comme corps étranger dans l’animalcule vivant , et enfin parmi les concrétions ou les cristallisations produites à la surface de l’Infusoire par les matières terreuses dissoutes dans l’eau (1). A la vérité , M. Ehrenberg , en outre de leur coloration , attribue à ses prétendus œufs une grosseur uniforme dans chaque espèce , et prétend qu’ils se développent et disparaissent périodiquement, mais je n’ai pu con- stater ces derniers faits. En définitive , je pense donc qu’à part le fait incon- testable de la division spontanée des Infusoires , nous ne savons rien de précis sur la génération de ces ani- maux , ni sur les organes qui peuvent servir à cette fonction , ni sur les œufs qui doivent les reproduire. Serait-ce à dire qu’il faut croire à leur production spontanée ? non sans doute, si on l’entend à la manière de Lamarck , ou si l’on veut que les éléments chi- miques se soient rencontrés pour former une combi- naison douée de la vie , ce qui serait universellement , je crois, regardé comme une absurdité ; mais peut-être pourrait-on se rapprocher de la manière de voir de Spallanzani , qui , tout en combattant les idées absurdes de quelques-uns de ses contemporains , se trouvait (l) M. Ehrenberg a vu des cristaux sur certains Infusoires ; j’ai vu , de mon coté , fort souvent de petits cristaux de sulfate de chaux sur les animalcules habitant des eaux très-chargées de ce sel , comme sont les eaux de Paris concentrées par l’évaporation spontanée. HISTOIRE «ATURELLE 108 conduit ])ar ses expérienoes , si consciencieusement faites, à admettre que les Infusoires naissent de cor- puscules préorganisés , apportés par l’air dans les in- fusions et susceptibles de résister à certaines actions physiques qui détruiraient des œufs proprement dits ; corpuscules que lui-même n’ose pas nommer des germes ni des œufs ; tandis que d’un autre côté il suppose que « pour des animaux inférieurs (1) , le changement de demeure , de climat , de nourriture, doit produire peu à peu dans les individus , et ensuite dans l’espèce , des modifications très-consid érables qui déguisent à nos yeux les formes primitives. » CHAPITRE IX. DE LA CIRCULATION ET DELA RESPIRATION CHEZ LES INFUSOIRES, DE LEURS SENS , DE LEURS NERFS ET DE LEUR INSTINCT. Corti , en 1774 , trompé par le mouvement ondula- toire des cils qu’il ne pouvait distinguer eux-mêmes à la surface des Infusoires , admit une circulation réelle chez ces animaux ; d’autres observateurs , plus récem- ment, ont commis la même erreur, ou bien ont été dupes de quelque autre cause d’illusion. M. Ehren- berg lui -même, qui dans son troisième mémoire avait cru reconnaître sur le P aramecium aurelia un réseau vasculaire , renonce , dans son Traité des Infu- soires (p, 351 ) , à cette supposition , et pense que ce pourrait être le réseau de l’ovaire ; et si , dans la des- cription de presque tous ses genres, il mentionne le (i) Spallanzani. Opuscules de physique. Trad. franc., t. a, p. la^. ors INFUvSOlRES. 109 système vasculaire, c’est pour répéter chaque fois qu’on n’a pu jusqu’ici le reconnaître directement , ce qui ne l’empêche pas toutefois d en admettre 1 existence et de s’écrier avec admiration, en parlant des Micro- glena[\) : « Mais quelle ténuité doivent avoir les vaisseaux de ces petits animaux ! » Quant h la respiration , elle paraît plus réelle chez les Infusoires , soit qu’on admette , d’après Spallanzani, que les vésicules contractiles sont destinées à cette fonction ; soit qu’on admette , d’après l’analogie de beaucoup d'animaux inférieurs , que le mouvement vibratile des cils peut n’y être pas étranger, en même temps qu’il sert à la locomotion et cà la production du tourbillon qui amène les aliments. On ne peut douter que ces animalcules n'aient besoin de trouver de l’air respirable dans l'eau ; les expériences faites par M. Pel- lier (2) sur l’asphyxie de ces animalcules , tendent à le prouver, ainsi que je l’ai rapporté plus haut en parlant de la manièi'e dont se comportent des Infu- soires légèrement comprimés entre des lames de verre. Nous avons vu à la page 73 ce qu’on peut penser du sens du goût découvert par M. Ehrenberg chez les Infusoires. Le sens de la vue , découvert par le même naturaliste, aurait plus de réalité s’il suffisait delà coloration d'une tache sans organisation appréciable, sans forme constante , sans délimitation précise, pour prouver que ce doit être un œil. Mais , par exemple , dans les Euglènes , qui sont particulièrement citées comme caractérisées par cet organe , la tache rouge qu’on prend pour un œil est excessivement variable; (1) Vie Infusioiisthicrclicn... i838 ; p. 2(). (2) L'instilul, i83(i , n. i58 , j). l58. HISTOIilE NATURELLE 110 elle est quelquefois multiple , quelquefois formée de grains irrégulièrement agrégés. L’analoirie se trouve encore ici en défaut sur ce D point ; car , si l’on descend dans la série des animaux , on se trouve forcé, pour la détermination de cet or- gane, de sauter brusquement des Daphnies, qui ont encore un œil mobile rappelant par sa composition celui des Insectes et des Crustacés ’ ou bien des Mol- lusques, dont l’œil, pourvu d’un cristallin, est comme dérivé du type de l’œil des vertébrés; on se trouve, dis-je, forcé de passer à des animaux ne présentant plus que des taches difluses. Ces taches , soit par leur nombre, soit par leur position, ont si peu d’impor- tance physiologique dans les Planariées et dans cer- taines Annélides , que souvent on ne pourrait même en faire un caractère spécifique absolu. Chez les Sys- tolides ou Rotateurs , dont l’analogie est plus particu- lièrement invoquée , on les voit disparaître avec l’âge pour quelques espèces, et , pour d’autres , se montrer plus distinctes, suivant le volume ou le développe- ment des individus ; de sorte que le savant micro- graphe de Berlin ayant voulu baser ses caractères gé- nériques pour ces animaux sur la présence et le nombre des yeux , a été conduit à mettre dans des genres diffé- rents certaines espèces très-voisines sinon identiques. Mais que la couleur rouge ou noire soit en général un attribut du pigment des yeux , ce ne doit pas être une raison pour supposer un œil partout où l’on voit du rouge ; sinon il en faudrait accorder même à des vers intestinaux , tels que le Scolex polymoj'phus , qui a deux taches rouges au cou ; aux Actinies , qui sou- vent en sont toutes parsemées ; aux Mollusques bival- ves , tels que les Peignes , etc. D£S INFUSOIRES. 111 Si l’on invoquait la faculté qu’ont les Infusoires de se diriger dans le liquide et de poursuivre leur proie, au moins faudrait-il vérifier d’abord la réalité de cette faculté , que je crois aussi fabuleuse que tout ce qu’on rapporte de l’instinct de ces animalcules. Et encore cela ne suffirait pas pour prouver que les points rouges sont des yeux , car le plus grand nombre des Infusoires auxquels on a supposé cette faculté en sont dépour- vus, et ceux qui en présentent, au contraire, n’ont point montré cette faculté plus développée. M. Ehrenberg, suivant sa méthode d’argumenta- tion , après avoir supposé la signification des points rouges , s’en est servi pour démontrer la vraie signifi- cation de certaines taches blanches plus ou moins dis- tinctes qu’il prend pour un cerveau ou tout au moins pour un ganglion nerveux ; c’est là tout ce qu’on dit avoir vu du système nerveux chez les Infusoires ; tout le reste est fourni par l’analogie. Nous ne devons pas , je pense , nous arrêter à com- battre plus longtemps toutes les su[)positions qui ont été faites sur l’instinct de ces animaux ; la plupart des faits anciennement cités sur cet objet sont controuvés : le fait, par exemple, rapporté par Spallanzani, de certains Infusoires qui viennent aider à se séparer, les deux moitiés d’un animalcule en voie de se diviser spontanément, ne supporterait pas aujourd’hui un sérieux examen. Le fait du groupement des Infusoires du genre Uvella s’explique tout naturellement par la division spontanée; et celui de la réunion d’infusoires d’abord libres , s’il n’est pas le résultat de l’évapora- tion du liquide ou de quelque circonstance fortuite , pourrait s’expliquer tout aussi facilement. Quant à l’acte de chercher et de choisir des aliments , il est , 112 HISTOIRE NATURELLE comme je l'ai dit plus haut , le résultat de l’action mé- canique des cils , produisant dans le liquide un cou- rant dirigé vers la bouche. CHAPITRE X. RÉSUMÉ SUR l’organisation DES INFUSOIRES. Aux observations exposées dans cette première partie sur l’organisation des vrais Infusoires , si nous ajoutons les particularités les plus frappantes sur la forme, sur la couleur, sur le genre de vie et d’habitation de ces animaux , nous pourrons , au lieu de la définition en quelque sorte pratique donnée dans notre premier chapitre , présenter le résumé suivant comme une dé- finition plus complète et plus rationnelle. Les vrais Infusoires, dont la forme est plus ou moins variable, irrégulière et essentiellement asymétrique, ou dépourvue de symétrie , tendent à se rapprocher de la forme globuleuse ou ovoïde, soit par l’effet de leur contractilité propre , soit quand la vitalité diminue chez eux; ils peuvent, sans cesser de vivre, subir les altérations ou les déformations les plus variées par l’effet d’une blessure quelconque ou d’une décomposi- tion partielle , ou par suite de quelque changement survenu dans la composition du liquide où ils nagent. Leur forme montre souvent d’ailleurs , soit dans les plis , les rides ou les stries de la surface , soit dans l’arrangement des cils vibratiles, une tendance mar- quée à la disposition spirale ou en hélice ; de sorte que ces caractères de forme, qui ne manquent absolument que dans quelques types symétriques , rangés pro- visoirement à la suite des Infusoires, paraissent devoir DliS INFUSOIRES. 113 entrer en première ligne clans la définition de ces animaux. Les Infusoires se produisent de germes inconnus , dans les ‘infusions soit artificielles, soit naturelles , telles que Teau stagnante et celle qui , dans les rivières, séjourne entre les débris de végétaux. On ne leur con- naît aucun autre mode de propagation bien avéré que la division spontanée. La substance charnue de leur corps est extensible et contractile comme la chair mus- culaire des animaux supérieurs , mais elle ne laisse voir absolument aucune trace de fibres ou de membranes , et se montre au contraire entièrement diaphane et ho- mogène , sauf le cas où la surface paraît réticulée par l’effet de la contraction. La substance charnue des Infusoires , isolée par le déchirement ou la mort de l’animalcule , se montre dans le liquide en disques lenticulaires ou en globules réfractant peu la lumière , et susceptibles de se creuser spontanément de cavités sphériques analogues par leur aspect aux vésicules de l’intérieur. Les vésicules for- mées à l’intérieur des Infusoires sont dépourvues de membrane propre et peuvent se contracter jusqu’à disparaître, ou bien peuvent se souder et se fondre plusieurs ensemble. Les unes se produisent au fond d’une sorte de bouche et sont destinées à contenir l’eau engloutie avec les aliments ; elles parcourent ensuite un certain trajet à l’intérieur, et se contractent en ne laissant au milieu de la substance charnue que les par- ticules non digérées , ou bien elles évacuent leur con- tenu h l’extérieur par une ouverture fortuite , qui peut se reproduire plusieurs fois , quoique non identique , vers le même point, ce qui pourrait faire croire à la présence d’un anus. INFUSOIRES. 8 HISTOIRE NATURELLE 114 Les vésicules contenant des aliments sont indéjicn- dantcs et ne communiquent point avec un intestin ni entre elles , sauf le cas où deux vésicules viennent à se souder. Les autres vésicules ne contenant que de Teau , se forment plus près de la surface, et paraissent devoir recevoir et expulser leur contenu à ti’avers les mailles du tégument. On peut, d’après Spallanzani, les con- sidérer comme des organes respiratoires ou du moins comme destinées à multiplier les points de contact de la substance intérieure- avec le liquide environ- nant. Les organes extérieurs du mouvement sont des fi- laments Hagelliformes , ou des cils vibratiles, ou des cirrbes plus ou moins volumineux, ou des prolonge- ments charnus; lesquels, à cela près qu’ils sont plus ou moins consistants , paraissent tous formés de la même substance vivante, et sont contractiles par eux- mêmes dans toute leur étendue. Aucun n’est de nature épidermique ou cornée, ni secrété par un bulbe. Sauf quelques téguments contractiles et le pédicule des Vorticelles , et le faisceau de baguettes cornées qui arment la bouche de certaines espèces , toutes les parties vivantes des Infusoires se décomposent presque subitement dans l’eau après la mort. Les œufs des Infusoires, leurs organes génitaux, leurs organes des sens , ainsi que leurs nerfs et leurs vaisseaux , ne peuvent être exactement déterminés, et tout porte à penser que ces animalcules, bien que doués d’un degré d’organisation eu rapport avec leur manière de vivre, ne peuvent avoir les mêmes sys- tèmes d’organes que les animaux supérieurs. Les points colorés, ordinairement rouges, que l’on a DES INI'USOIKES. 115 pris pour des yeux , par exemple, ne jicuvent avec la moindre certitude recevoir cette dénomination. Quoique la coloration de certains Infusoires pro- vienne des particules végétales ou autres qu’ils ont avalées, cependant il en est plusieurs qui , par une couleur propre bien prononcée, se distinguent de la grande majorité des Infusoires qui sont blancs ou in- colores. Le genre de vie et l’habitation pourront aussi faire distinguer plusieurs Infusoires ; ainsi quelques-uns vivent exclusivement dans l’intérieur du corps de certains animaux d’une classe plus élevée, dans les Lombrics par exemple, et dans l’intestin des Batra- ciens; d’autres sont simplement parasites à la surfiice des Hydres et de quelques Zoopbytes et Helminthes. Plusieurs , pour se trouver toujours dans une eau re- nouvelée, SC fixent à des Crustacés ou à des larves de Nevroptères, ou à des coquilles de Mollusques, qui les transportent avec eux dans les endroits où l’eau est suffisamment aérée; c’est là surtout le mode d’ha- bitation de plusieurs Vorticelliens. Un plus grand nombre d’infusoires vivent exclusivement dans des eaux Irès-chargées de substances organiques dis- soutes; d’autres enfin ne se trouvent que dans la mer, au milieu des Hydrophytes du rivage. 8. IIG II1ST0IHE NAinUELLE DEUXIÈME PARTIE. CLASSIFICATION DES INFUSOIRES. CHAPITRE XL DISCUSSION DES CARACTÈRES OFFERTS PAR LES INFUSOIRES, ET CLASSIFICATION BASEE SUR CES CARACTÈRES. Si , en partant des observations précédentes , on es- saye d^établir pour les Infusoires une classification ba- sée sur les seuls caractères réels , on ne tarde pas à s’apercevoir qu’au contraire de ce qui se présente dans les autres classes du règne animal et dans le rè- gne végétal , on manque ici le plus souvent de signes ou caractères suffisants pour distinguer l’espèce , et même en certains cas l’individu. Ici , en effet , au lieu de ces formes arrêtées , de ces organes bien définis qui se présentent ailleurs , on ne trouve qu’une forme instable , incessamment modifiée par des causes qu’on ne peut pas toujours apprécier convenablement. Ainsi des modifications de forme qui, dans les autres classes , fournissent de si excellents caractères spécifiques, sont souvent sans nulle valeur pour les Infusoires ; et cela explique pourquoi la plus grande partie des phrases liiinéennes de Millième peuvent absolument servir à rien. Les divers appendices extérieurs , qui avaient DKS INFUSOIRES. 117 échappé aux moyens d’observation des anciens micro- graphes, pourront sans doute fournir des caractères d’une plus grande valeur ; mais ce ne seront jamais que des caractères de genre ou de famille , et non des caractères d’espèce ; et encore , pour achever de carac- tériser un genre , faudra-t-il recourir à des caractères pris de la forme en général , ou d’une certaine dispo- sition particulière qu’on ne peut exprimer avec la con- cision qui est le propre des phrases linnéennes ; il en résulte donc un certain vague dans la circonscrip- tion de ces genres. Quant aux espèces , on sera réduit à employer, pour les distinguer, des considérations prises delà grandeur, de la couleur et de l’habitation , lesquelles encore ne sont point devrais caractères spé- cifiques dans le sens que Linné et ses successeurs ont attaché à ce mot. Aussi , malgré l’importance réelle qu’ont dans le cas actuel ces distinctions , Müller né- gligea de les employer pour indiquer préférablement, dans sa Caractéristique , quelque accident de forme tout à fait insignifiant ou équivoque. Il semble donc que l’on doive caractériser plus fa- cilement ici des familles ou des ordres , que des genres ou des espèces; puisque les considérations que l’on pourra employer seront de plus en plus à l’abri de ces modifications continuelles et de cette instabilité de forme que nous venons de signaler dans les es- pèces et même dans les genres ; cherchons donc d’ahord. quelles seront les considérations à faire entrer comme caractères de première valeur dans la distinction des groupes principaux parmi les Infusoires. Ce qui nous frappe tout d'ahord dans l’étude des Infusoires, c’est leur forme presque toujours irrégu- lière et très-variable, et qui cependant laisse voir plus lII.STOII'.i: NATURr.LLn 118 ou moins distinctement certains types dominants ; quand ces animalcules sont entièrement dépourvus de tégument , l’œil ne voit chez eux le plus souvent qu’une mobilité, une instabilité perpétuelle qui semble ex- clure même toute idée de forme arrêtée ; c’est tout au plus, dans ce cas, si une rangée double ou simple de cils vibratiles conduisant les aliments à la bouche par leur mouvement , a pu donner l’idée d’une disposition spi- rale par sa direction en écharpe. Chez ceux , au con- traire , qui sont pourvus d’un tégument contractile , quelque lâche qu’il puisse être, on aperçoit distincte- ment une tendance à la disposition en spirale ou en hélice , soit dans la forme générale , soit dans la direc- tion des plis , des stries et des cils (1). Chez ceux, au contraire, dont le tégument plus ou moins résistant n’est plus contractile, on reconnaît moins générale- ment ce caractère; mais lors même cju’une coque ou un têt paraîtrait symétrique chez ces animaux, la partie vivante serait encore entièrement privée de sy- métrie, et même de régularité. On pourrait consi- dérer cette absence de symétrie comme un caractère exclusif, si quelques types peu nombreux et eu quel- que sorte douteux ne se montraient comme pour établir un lien entre la classe des Infusoires et d’autres classes plus élevées du règne animal. On est donc conduit à distinguer d’abord, comme une section à part, les quelques Infusoires symétriques, tels que le Colaps, (i) Sans vouloir attribuer à celle disposition en liélice une impor- tance très-grande, et sans oser dire que celle disposition pourrait exis- ter virtuellement dans les Infusoires , où l'absence de téguments em- pèclie qu’elle ne se manifeste, je ne puis m’empèclier de faire remarquer combien ce caractère éloigne les Infusoires des vrais Zoophytes ou ra- diaires. UES INFUSOIRES, il9 la Chœlo?iotns , la Planariola , etc., pour ne laisser que les Infusoires asymétriques dans une première section beaucoup plus importante. Pour ceux-ci, le caractère de la disposition spirale en connexion avec la présence d’un tégument con- tractile ou non, lâche ou résistant, et la présence des appendices ou cils rangés en écharpe pour conduire les aliments à la bouche, serviront à établir des distinc- tions importantes; mais on aura d’abord un groupe considérable d’infusoires asymétriques , sans indice de la disposition spirale , au moins dans les parties vi- vantes qu’ils peuvent étendre hors d’un têt s’ils ne sont pas nus ; d’autres groupes d’infusoires rappelleront seulement cette disposition spirale par la rangée de cils disposés en écharpe et formant en quelque sorte une moustache qui en fit nommer une partie les Mys~ tacinés , par M. Bory-Saint-Vincent. Enfin, d’autres Infusoires , tels que les Bursariens , les Paraméciens et les Vorticelliens, seront caractérisés par un tégu- ment lâche qui présente, en se contractant, des plis ou des stries plus ou moins obliques et en spirale, ou des granules en disposition quinconciale , et dont souvent le corps , en se pliant ou en se tordant sur lui-même , rend cette disposition plus manifeste. La présence d’une bouche semblerait devoir offrir un caractère d’une importance plus grande; mais lors même que cette bouche existe , il n’est pas toujours facile de le constater; ce sera toutefois un caractère positif ou négatif de première valeur et qui nous servira à établir des coupes principales parmi les Infusoires ciliés. Cette bouche d’ailleurs est généralement en rap- port avec la rangée de cils en moustache ou formant écharpe , qui caractérise les groupes indiqués plus 120 HISTOIUK NA.TUKELLr, haut; mais même dans les Infusoires ainsi pourvus d’une l’augéc de cils, la Louche paraît ne pas exister toujours. Dans ceux à tégument lâche, contractile, elle existe plus généralement, et l’on pourrait supposer que chez ceux qui en paraissent dépourvus, elle est seulement plus difficile à voir. Séparant donc d’abord les Inf usoires non ciliés , qui sont toujours sans bouche, on pourra diviser les Infusoires ciliés avec ou sans té- gument contractile , d’après l’absence ou la présence de la bouche. Mais les divers appendices ou organes locomoteurs fourniront , par leur présence ou leur absence , des ca- ractères bien plus précieux comme plus généralement applicables pour classer les Infusoires. En effet , nous verrons un premier ordre d’animalcules , chez lesquels on n’observe aucun organe spécial pour la locomotion, soit qu’il n’existe pas, soit que son extrême ténuité le dérobe encore à nos moyens d’investigation; ces ani- maux, longs , filiformes , qui paraissent se mouvoir en vertu seulement de leur contractilité générale, consti- tuent une famille à part, celle des Vibrioniexs, dont on ne voit guère le rapport avec les autres familles. D’au- tres animalcules sans aucune apparence d’organisation interne , formant un deuxième ordre plus considérable, n’ont pour organes extérieurs que des expansions va- riables formées par la substance même du corps , la- quelle, par l’elfet d’une force pi'opre , s’allonge et s’é- tend au dehors en lobes , en filaments susceptibles par la rétraction de revenir plus ou moins promptement se fondre dans la masse. Cet ordre, caractérisé par ses expansions variables^ sera plus loin divisé en cinq familles. Un troisième ordre prendra son caractère dis- tinctif du filament flagelliforme ou des deux ou plu- DKS INFüSOIUKS. 121 sieurs lilamenls semblaLles servant d’organes loco- moteurs , et qu’on a pris mal à propos pour une ou plusieurs trompes. Cet ordre des Infusoires à filaments Jlagellif ormes sera subdivisé d’après la présence et la nature d’un tégument; jamais une bouche ne sera vi- sible chez aucun de ces animaux. Un quatrième ordre comprendra les Infusoires ciliés sans tégument contractile. Elle sera subdivisée d’a- yji’ès l’absence ou la présence d’une rangée de cils en écharpe ou en moustache , d’après la présence d’une bouche , des appendices ou cirrhes en forme de styles ou de crochets, et enfin d’une cuirasse apparente ou réelle. Un cinquième ordre comprendra les Infusoires ciliés, à tégument contractile , presc[ue tous pourvus d’une bouche , pour lescjuels nous chercherons plus loin des moyens convenables de subdivision. Quant au groupe particulier, et en quelque sorte provisoire , des Infusoires symétriques, nous en parlerons plus tard. On voit donc que nous trouvons dans la présence et les caractères des appendices , cils ou expansions, un bon caractère pour diviser les Infusoires asymétriques ; tandis que le caractère de la forme , après avoir con- couru à former la définition , ne peut plus venir ensuite qu’en seconde ligne , ainsi que celui de la présence de la bouche pour l’établissement des divisions secon- daires , ou des familles naturelles. Pour ce même objet de la distinction des familles, nous devons chercher d’autres caractères qui, soit seuls, soit combinés deux ou plusieurs ensemble, nous donneront le moyen de diviser chacun des quatre derniers ordres en tribus et en familles ; ces caractères , nous les trouverons dans la manière de vivre des Infusoires, libres ou fixés. 122 HISTOIRE NATURELLE dans la condition dY'tre nus ou recouverts d’un tenu- ment , etc. Le premier ordre, comme il a été dit plus haut , ne contient que la famille des Virrioniens. Dans notre deuxième ordre , la distinction des ani- malcules nus, et de ceux qui sont revêtus d’une coque, ou d’un têt, ou d’une enveloppe membraneuse, nous fournit un bon caractère ; mais il aura préalablement fallu employer un caractère qui ne se présentera que cette seule fois , et qui est fourni par le mouvement des expansions variables. Ces expansions, sans être jamais animées d’un mouvement vif, et comparable à celui des cils ou des filaments flagelliformes, se meuvent chez les Amibes et les Rhizopodes , assez rapidement pour que l’animal qui rampe par leur moyen change de place sensiblement sous le microscope ; tandis que chez les Actinopbryens , leur mouvement est telle- ment lent, qu’on les voit rarement se contracter, et plus l’arement encore s’allonger ; aussi ne servent- elles pas à l’animal pour la locomotion qui lui est impossible. On peut ainsi former trois familles de la manière suivante : dans les deux premières les mouvements sont très-sensibles; la première seule, celle des Amibiens , présente des animalcules entiè- rement nus ; la seconde , celle des Rhizopodes , se distingue par la présence d’une coque ou d’un têt souvent régulier ; la troisième famille , celle des Acti- NOPHRYENs , est remarq'uable par l’extrême lenteur du^ mouvement des expansions , et par la presque immo- bilité des animaux. Dans le troisième ordre se voit toujours un filament flagelliforme simple ou multiple, servant d’organe locomoteur, et dont la présence est ici un caractère DES INFDSOIUES. 123 général et exclusif. La présence rl’un tégument con- tractile ou dur, la manière de vivre des animalcules isolés ou affréeés fourniront les caractères secondaires tJ O pour la division des familles ; et la disposition en hélice du corps de ces animalcules , ou des stries , ou des plis de la SLirfiice, bien que très-importante en elle-même , ne sera dans ce cas qu’un caractère accessoire; quant à la présence des points rouges pris pour des yeux par M, Ehrenberg, elle nous servira une seule fois à distinguer un genre. La première famille de cet ordre , celle des Mona- DiENS , comprendra tous les animalcules à filament flagelliforme, simple ou multiple, entièrement dépour- vus de tégument , mais elle présentei'a trois divisions principales , suivant que les Monadiens sont isolés ( Monas) , ou agrégés et libres ( Uvella) , ou agrégés et fixés temporairement [Anthoplijsa). Une deuxième famille comprend des animaux ana- logues aux Monades, mais vivant réunis sous une enveloppe commune , gélatineuse ou membraneuse , libre : le fameux Volvox glohator en est le type et lui donne son nom , ce sont les Volvociens. La troisième famille, celle des DiNOBRYENS,encorepeu connue , comprend des animalcules vivant isolés dans des étuis membraneux , soudés par un point seulement en manière de polypier. La quatrième famille comprend des types nombreux qui n’ont de commun que la présence d’un ou de plu- sieurs filaments flagelliformes , et d’une enveloppe ré- sistante non contractile; plusieurs l’ont dure et fra- gile comme une coquille; la plupart l’ont globu- leuse; mais il en est aussi qui l’ont déprimée comme une feuille ou une gousse ; pour exprimer leur seul ca- HISTOIRE NATURELEE 124 ractèi'e distinctif commun , on peut nommer tous ces Infusoires des Tiiécamonadiens, ou Monadiens enve- loppés. La cinquième famille , celle des Eugléniens , se distingue par l'instabilité de forme qui caractérise tous ses genres ; ce sont en quelque sorte encore des Monadiens avec leurs filaments flagelliformes ; mais de plus , avec un tégument éminemment con- tractile qui change leur figure à chaque instant, et qui , le plus souvent , est susceptible de se tordre en hélice ou de montrer des plis ou des stries suivant cette disposition. Enfin , parmi les Infusoires à filament, une sixième famille , celle des Peridiniens, se distingue à la rigidité de son enveloppe qui est un véritable têt, et à la pré- sence d’une double rangée de cils occupant un sillon creusé au milieu. Le quatrième ordre, celui des Infusoires ciliés sans tégument contractile , sera divisé d’après le mode de distribution des cils vibratiles , d’après la présence d’une bouche et des cirrbes en forme de styles ou de crochets , enfin d’après le caractère fourni par une cuirasse membraneuse réelle ou apparente. Quant au mode de distribution des cils vibratiles, on doit mettre en première ligne cette disposition en écharpe ou en moustache d’une rangée régulière de cils conduisant les aliments à la bouche quand cette ouverture existe. Ainsi, parmi les Infusoires ciliés, sans tégument d’au- cune espèce , une première famille n’ayant que des cils épars, sans bouche et sans cette rangée régulière de cils, est la famille des Enciiélyeivs. Dans une deuxième famille , celle des Trichodiens , les Infusoires ne sont également pourvus que de cils DES INfUSOir.ES. 125 lins , épars sans ordre ; mais ils ont une bouche bien visible , ou indiquée par une rangée régulière de cils un peu plus forts formant une petite crinière ou une moustache. Une troisième famille , celle des Kéromens , montre ordinairementune bouche bien manifeste à l'extrémité de la rangée de cils en écharpe ; mais cette famille est surtout caractérisée parla présence de cils, oucirrhes , ou appendices de diverses formes ; les uns plus roides, non vibratiles, ressemblant à des soies ou à des styles; les autres , plus épais à leur base , étant recourbés en crochets. Restent maintenant à diviser en deux autres familles, ceux des Infusoires ciliés qui , avec ou sans la rangée de cils en écharpe, et la bouche des précédents, pré- sentent une cuirasse réelle ou apparente. Quand la cuirasse difflue et se décompose comme le reste du corps , les Infusoires appartiennent à la quatrième famille , celle des Peoesconiens. Dans la cinquième fa- mille, au contraire, celle des Ervieiens , la cuirasse est bien réelle , membraneuse ou coriace, et persiste après la décomposition de l’animal qui d’ailleurs est pourvu d’un pédicule court. Le cinquième et dernier ordre est caractérisé par la présence d’un tégument réticulé contractile plus ou moins distinct, mais toujours indiqué par la dispo- sition en séries régulières ou en quinconce des cils , et des granulations ou tubercules à la surface ; une bouche y est presque toujours visible. Pour diviser cet ordre en familles , on doit chercher d’abord un carac- tère important dans la manière de vivredes animaux, soit isolés et libres ou temporairement fixés par leur base, soit agrégés et fixés à des pédoncules simples ou 12G IIISTOIUE NATÜUEXiLE rameux , cVoù ils se détachent pour se mouvoir libre- ment sous une forme difl’érente. On a recours ensuite à la présence d’une rangée de cils en écharpe , ou même en spirale, c[ui se trouve toujours chez ceux de ces Infusoires qui vivent fixés , et c[ue l’on rencontre aussi dans une famille d’infusoires libres que je nomme les Bursakiens. Les autres Infusoires libres constituent la famille des Pakaméciens si leur bouche est visible , et celle des Leucopiiryens si elle n’existe pas d’une manière évidente. Ceux cjui sont fixés volontairement , et qui vivent isolés ou sans connexion organique avec leur support, sont les Urcéolariens ; enfin ceux cjui , soit simples, soit agrégés, sont fixés par un pédoncule, et se détachent à une certaine époque pour vivre sous une autre forme, sont les Vokticelliens. Nous pouvons donc , laissant de côté les Infusoires symétric[ues c[ui constituent des types isolés sans rap- ports mutuels , établir pour les autres , de la manière suivante, une division en cinq ordres et en vingt fa- milles, qui, à part les Vibrioniens trop imparfaite- ment connus , nous paraissent rangés ainsi de la ma- nière la plus naturelle et la plus conforme à leurs affinités mutuelles. ïXFEgOmES NOX SVaiÉTIUQÎIES on ASYMÉTnîQtES. ORDRE Animsiis sans organes locomoteurs visibles. 1'' Famille. Vibrioniens. Corps filiforme contractile. ORDRE IR. An. pourvus d'expansions variables. § 1. Expansions visiblement contractiles , simples ou souvent ramifiées. fiim. Amibiens. An. nus , rampants, de forme incessamment vîu'iable. o« fam. Rhizopobes. An. rampants ou fixés , sécrétant une cmpie où un lét plus ou moins régulier, iroù sortent des exi'ansions incessamment variables. § ?. ENpnnsi cule consti tutrice, et qui , évidemment contractile , » varie de forme au gré de l’animal. » M. Bory y place quatre genres très-dissemblables , savoir ; 1“ le Triodonta formé avec le Kolpoda cuneus. HISTOIRE NATURELLE 152 qu’il n’a point vu lui-même, et que Müller , qui l’a observé imparfaitement une seule fois , décrit comme ayant un corps cylindric[ue et produisant sur ses bords un mouvement d’agitation (de mication, micalio), qu’on ne peut attribuer qu’à des cils ; on devrait donc a|ourner l’inscription de cet animal dans la nomencla- ture , bien plutôt que d’en faire un genre ; 2“ le genre Kolpode^ auquel il attribue un corps parfaitement membraneux, très-variable, atténué au moins vers l’une de ses extrémités , et auquel cependant il rap- porte les Vihrio utriculus et V^. intermeclius de Müller c[ui sont cylindriques, les Goniiim rectangulum clohtii- saiiguliim, qui sont décrits par le même auteur comme étant de forme invariable , et enfin plusieurs autres Infusoires ciliés, et notamment le Kolpoda méléa- gris de Müller qui doit faire partie de notre famille des Paraméciens ; 3“ le genre Amibe ayant pour type le Protée de Rœsel et le Protée dijfjluent de Müller, si bien caractérisés par l’instabilité de leur forme et par les appendices variables et comme dif- fluents que ces animaux émettent de tous côtés. Ce- pendant M, Bory leur associe, dans le même genre, le ibrio anser de Müller, qui est rxolx e Dileptus ^ et le Kolpoda cucullus dont les caractères sont si différents et si frappants , et que sa forme bien reconnaissable a fait nommer jadis Cornemuse ou Pendeloque , h° en- fin le genre Paramécie , dans lequel il réunit à la Pa- ramécie aurélie , véritable type de ce genre , d’autres espèces n’ayant rien de commun que la forme oblon- gue , ou un corps membraneux qui présente un pli longitudinal et oblique quand il change de direction en nageant. La cinquième famille , celle des Bursauiêes , caracté- DES INFUSOIRES. 153 risée par la forme du corps membraneux , replié sur lui-même eu sac ou en petite coupe, se compose de trois genres , Bursaire , Hirondinelle et Cratérine , dont les espèces fort différentes doivent être rapportées à six de nos familles ; savoir : le genre Hirondinelle formé avec la Bursaria hirundinella de Millier qui est le Cevatiumàe notre famille des Péridiniens ; le genre Bursaria qui avec une vraie Bursaire {B. truiica- tella) , contient les Cyclidium rostratum et liolpoda cuculio de Millier, qui sont des Loxodes , et le Para- mecium chiy salis dont nous avons fait le genre Pleu- ronema dans la famille des Paraméciens ; et enfin dans les Bursariées M. Bory place son genre Cratérine formé avec un de nos Euglèniens {Enchelys viridis de Millier), et des Vorticelliens ou Urcéolariens , mal observés et jugés dépourvus de cils. Dans sa sixième famille, celle des Vibrionides , ca- ractérisée par un corps cylindracé, allongé , flexible, et qui est assurément Tune des plus confuses , deux genres seulement se rapportent à nos Vihrioniens ; ce sont le genre Melanella qui répond à nos B acterium et Spirillum , et le genre Vibrion , dans lequel, avec les vrais Vibrions, sont confondus des Vers nématoïdes, comme l’Anguille du vinaigre et celle de la colle. Un premier genre , Spirulina , est établi pour le Volvox grandinelta que Millier seul a vu, et dont la nature est fort équivoque. Un quatrième genre , Lacryma- toria, dont le corps cylindracé s’amincit en un cou ter- miné par une dilatation en manière de tête, contient, avec une espèce d’Euglènien acwi) , plusieurs autres Infusoires qui méritent de former un genre par- ticulier , mais qui ne doivent pas rester associés avec les vrais Vibrioniens , quoique Muller en ait placé HI3T0inE NATURELLE 154. plusieurs dans son genre Vibrion; enfin, M. Bory place dans un dernier genre, Pupclla, des espèces d’En- clielys et de Vibrions de Müller , fort dilïérentes les unes des autres , mais qui , dit-il , « ne pouvant ren- trer dans aucun des genres précédents , ne peuvent cependant en former de nouveaux; ce sont des Vi- brions obtusés, plus épais , non uniformes. » Nous de- vons ajouter que ce sont des espèces pour la plupart douteuses, et qui d’ailleurs, si l’on savait comment elles sont ciliées , seraient assurément fort loin des Vibrions. ^ Sa septième famille , celle des Gercariées, caractéri- sée par la présence d’un appendice caudiforme , ré- pond au genre Cercaria de Müller, moins les Furco- cerques de Lamarck , mais elle est rendue plus hété- rogène encore par l’adjonction des Zoospermes, que M. Bory regarde comme des animaux distincts, et dont il fait un genre à part. Un premier genre nommé , comprend le Proteus tenax^ la Cercaria viridis , qui est le type du genre Euglena dans les Euglèniens , et dont les variations de forme sont si remarquables; puis d’autres espèces tout à fait différentes qui sont des Enchelys douteuses et mal connues de Müller. Un deuxième genre, Histrionella , à corps plus ou moins contractile, cylindracé, oblong, avec une queue fort distincte, renferme à la fois les Cercaria lemna et in- quiéta de Müller, qui sont , comme nous avons dit , de vrais Helminthes , et avec elles V Enchelys pupula , qui est bien un Infusoire, mais impossible à déter- miner. Le genre Cercaria, qui vient ensuite, est réduit à quelques espèces de Monadiens; un qua- trième genre, Turbinella, est uniquement formé pour une espèce {Cercaria turbo) que M. Ehrenberg re- DES INFUSOIRES. 1S8 porte aujourd’hui dans le voisinage des Vorticelles, en la nommant Urocentrum. Son genre F'irguline , a , dit-il, « un corps oblong , membraneux , aminci par sa partie postérieure en une très - petite queue fléchie en virgule. » Il y place la Cercaria pleuronectes , qui est un Thécamonadien du genre Phacus, et la Cerca- ria cyclidium, qui doit certainement faire partie d’un autre genre. Enfin, sou genre Tripos est formé avec la Cercaria Tripos, qui appartient à la famille des Péridiniens. M. Bory, dans sa huitième famille, celle des Uro- DiÉES , dont le nom ressemble beaucoup trop à celui d’une autre famille (Urodées) , et que doit caractériser une queue fourchue, n’a compris que les Furco- cerques de Lamarck , avec trois autres genres de Systolides qu’il en sépare; puis un genre {dj) établi sur une espèce problématique de Müller {Cercaria malleus) , et un genre Kérobalane , fait avec des Ur- céolariens ou des Vorticelliens mal observés par Müller ou par Joblot seulement. De même aussi il forme une neuvième famille pour une seule espèce établie sur un simple débris de Kérone , la Kerona rastellum, M. , dont il fait le genre Tribuline. Aux Microscopiques de son second ordre, à ses TRICHODES , M. Bory n’accorde « ni ouverture buc- cale , ni organes internes déterminés , mais seulement des poils ou des cirres non vibratiles , sur la totalité ou sur quelques parties d’un corps simple, contractile. » Il remarque que les corpuscules hyalins (et dans ce cas ce sont des vacuoles qu’il nomme ainsi), s’y multiplient et y deviennent beaucoup plus considérables. Il fait trois familles de sesTrichodés, savoir : les Polytriques, les Mjstacinées et les Urodées. HISTOinE NATUnELLE 15G Chez les Polytriques « des poils très-fins et non flislinctement vibraliles , sont répandus en villosités sur toute la siud’ace du corps , ou en cils sur l’intégrité de sa circonférence, » ce qui fait dire à M. Bory que « ces animaux semblent être des ébauches du genre Béroë. » Ils forment quatre genres : 1° Le genre Leu- cophre répondant à celui de Millier avec peu de clian- gements ; et par conséquent avec une grande partie de ses erreurs et de ses espèces très-douteuses ; 2° Le genre Diceratella , comprenant avec les deux princi- paux types de nos Infusoires symétriques {Trichoda larus , Cercaria hirta) , une espèce douteuse de Sys- tolide {Leucophra cornuta)- 3® le genre Péritrique, dans lequel le corps n’a de poils ou cils qu’au pour- tour et non sur toute la surface , est formé d’une réunion confuse d’Actinophryens [Trichoda sol , M.), et d’Urcéolariens [Korticella stellina , M.) , avec divers Triebodiens et Leucopbryens ; 4o le genre Stra- volœma , que l’auteur regarde « comme un passage très-naturel aux vers intestinaux par les Echinorbin- ques, )) est établi seulement sur une espèce de Millier [Trichoda melitea) qui paraît appartenir au genre Lacry maria. La deuxième famille , celle des Mystacinées (Muarat , moustache ) est caractérisée par la disposition des cils en petits faisceaux ou en séries. Le premier genre , Phialine , que distingue un seul faisceau de cils sur un bouton en forme de tête séparé du corps par un rétrécissement , renferme plusieurs Triebodes de Millier, qui peuvent être réunis au genre Zac/yma/va. Le deuxième genre, Trichoda, quoique considéra- blement réduit, présente encore beaucoup des inco- bérences si nombreuses dans celui de Millier; car DES INFUSOIRES. 157 son caractère d’avoir un faisceau de cils non vibra liles en avant, et d’être glabre en arrière, est trop vague; aussi y trouve-t-on des Oxytriques , des Trachélius , des Tricbodiens , etc. Le troisième genre, Ypsistomum, établi d’après une figure de Millier, pour une seule espèce, Trichoda ig/iita, trop peu connue, est cepen- dant aussi indiquée par l’auteur, comme faisant un passage aux Bipbores. Le quatrième genre , Plagio- trique, qui , comme l’indique son nom , doit avoir des poils ou cils disposés en une série longitudinale sur un des côtés du corps, contient des espèces très-dissem- blables, parmi lesquelles sont quelques Tricbodiens mêlés à des espèces douteuses. Le cinquième genre, Mystacodelle , ne comprend que des espèces de Kéro- niens douteuses ou altérées, vues seulement par Müller et Joblot, et représentées par eux comme ayant le corps terminé en avant par une fissure ou des lèvres inégales munies de cils en manière de moustaches. Le genre Oxy trique , qui, modifié et restreint con- venablement, doit être conservé, est inexactement caractérisé, chez M. Bory, par des cils ou poils dispo- sés en deux séries ou faisceaux, aussi contient-il avec de vraies Oxytriques , diverses espèces de Müller, qui sont très-douteuses ou indéterminables. Le genre Ophrydie^ qui doit être reporté avec lesVorticelliens, contient avec la Yorticella v^ersatilis, M, qui est le vrai type de ce genre, d’autres Vorticelliens, plus ou moins douteux, dont Müller avait fait des Trichodes. Le genre Trinelle est établi pour le seul Trichoda Jloccus , qui n’est connu que par la figure de Müller et paraît être un Systolide. Le genre Keroiia , qui , outre les cils mobiles disposés sur un côté ou tout au- tour du corps , doit présenter des appendices particu- HISTOIRE NATUREIiLE 158 liers en dentelures, eu cirres fort longs ou en cornes , comprend les Kérones et les Ilimantopes de Millier ; mais malheureusement il n’est presque formé que d’es- pèces douteuses. Le Kondyliostonie enfin , le dernier genre des Trichodés, est assez bien caractérisé par la forme cylindrique du corps avec un orifice buccal laté- ralement situé et bordé de cils plus grands que ceux du reste du corps. La troisième famille de Trichodés , dont le nom Urodées ressemble trop à celui des Urodiées , qui en ellet ne s’en distinguent que par l’absence des cils , con- tient un genre de Systolides , et un autre genre Rotule formé de quelques Trichodiens ou Kéroniens à corps aminci postérieurement en forme de queue. Le troisième ordre des Microscopiques de M. Bory est nommé par lui Stomoblépharés ( bouche , Biéipapov paupière, cils ), pour exprimer que ces animaux ont antérieurement une ouverture buccale , munie de cils ou cirres vibratiles. Ils sont toujours d’ailleurs, sui- vant M. Bory, formés d’une molécule constitutrice transparente où se voient des corps hyalins plus gros. Deux familles constituent cet ordre ; la première , celle des UucÉOLARiÉES, répond au genre Urcéolaire de La- marck et à notre famille des Urcéolariens , dont elle contient les deux principaux genres uSte/zto/’ et Urceo- laire^ mais , avec eux , elle contient divers autres Vor- ticelliens mal étudiés ; la seconde famille , celle des T hi- KiDÉEs , renferme quatre genres de Systolides avec le genre Va^inicole qui fait partie de nos Vorticelliens. Un quatrième ordre, celui des Rotifères, formant une seule famille , ne contient que des Systolides , et le cinrjuième et dernier ordre, celui des Crustodés, for- mant trois familles , comprend tout le reste des Syslo- DES INFUSOIRES. 159 lides , et les deux genres Plœsconic et Coccudine , ran- gés fort mal à propos avec les Anourelles dans la der- nière famille. Ainsi, des cinq ordres de M. Bory , quatre seule- ment renferment des Infusoires ; de ses dix-huit fa- milles , quinze seulement sont dans le même cas ; et de ses quatre-vingt-deux genres , il n’y en a que cinquante qui puissent se rapporter avec plus ou moins de certi- tude à des Infusoires proprement dits, auxquels ce- pendant on doit ajouter les Vorticelles. On voit d’ailleui's que tout en conservant environ vingt-trois de ces genres , nous sommes obligés de les circonscrire et de les caractériser d’une manière bien dillerente. M. Ehrenberg publia pour la première fois, en 1830, une classification des Infusoires , divisés alors en 20 fa- milles et 77 genres ; il y comprenait les Bacillariées et les Glostériées , qui formaient déjà dix genres. Depuis lors, en 1833, il a , par diverses additions et modifi- cations, porté le nombre de ses familles à 21, et le nombre de ses genres à 106 ; mais il est vrai de dire que cette augmentation a surtout porté sur les Bacil- lariées , qui , au lieu de 9 genres, en ont formé 18 ; de sorte qu’en laissant de côté comme végétaux ces êtres et les Glostériées , il ne restait en définitive que 87 genres d’infusoires à cette époque. Enfin cet auteur, dans sou grand ouvrage publié en 1838 , a, par de nouvelles additions , porté le nombre des familles à 22 et celui des genres à 133, renfermant 533 espèces ; mais encore, dans ces nombres , il comprend 36 genres et 206 espèces de Bacillariées et Glostérinées, de sorte qu’il ne reste ^en définitive que 20 familles , 97 genres 160 IIISTOIKE NATURELLE et 34-7 espèces plus ou moins réelles de vrais inl'u- soires. Cet auteur, dès le principe , regardant comme au- tant d’estomacs les vacuoles plus ou moins nombreuses à l’intérieur des Infusoires , nomma ces animaux des PoLïGASTRiQUES , etles subdivisa en Anentera sans in- testin , Gt Eiiterodela pourvus d’un intestin ; puis cher- chant un caractère dans la disposition qu’il croyait exister dans ce prétendu intestin , il partagea ces der- niers , 1° en Anopisthia , sur lesquels les deux extré- mités de l’intestin viennent aboutir à un même orifice , 2® en Enantiotreta , où les orifices de cet intestin sont situés aux deux extrémités ; 3° en Allotreta où l’un seulement des orifices de l’intestin est à une des extrémités du corps ; et h° enfin en Catotreta , qui ont les deux orifices de l’intestin situés à la face ven- trale et non terminaux. Quant aux Anentera, il les partage en trois sections ; la première comprenant ceux qui sont sans pieds ou appendices, Gymnicui la deuxième ceux qui ont des pieds ou appendices varia- bles , Pseudopoda ; la troisième enfin ceux qui sont ciliés, Epitricha. Chacune de ses sept sections se divise ensuite en fa- milles d’après diverses considérations, et surtout d’après la présence ou l’absence d’un têt ou d’une cuirasse ; considération que , dans ses premières publications , l’auteur avaitjugée si importante, qu’il partageait tout d’abord les Infusoires en deux séries parallèles , les ?ius et les cuirassés , s’eflbrçant de compléter cette se- conde série au moyen de rapprochements fort peu ad- missibles, et par l’institution de divers genres créés dans ce seul but. 11 a donc ainsi sept divisions qu’on peut nommer DES INFUSOIRES. 161 des ordres et qu’il divise en familles de la manière sui- vante : les Gymnica d’abord , suivant que la forme est invariable ou variable, et dans le premier cas , suivant qu’ils se multiplient par division spontanée complète ou incomplète ; les premiers forment les deux familles des Monadina et des Crjptomonadina ;\’viXie sans ca- rapace , l’autre avec carapace ou cuirasse : les Gymni- ques à division incomplète forment les trois familles des Volvocina qui sont cuirassées et éprouvent la di- vision spontanée dans toutes les directions ; des Vibro- nia qui sont nus et n’éprouvent la division spontanée que dans une seule direction ; des Closterina enfin qui sont cuirassés et se divisent aussi dans une seule direction. Les Gymniques à forme variable sontles^j- tasiœa , s’ils sont nus, ou les Dinobrjina , s’ils sont cuirassés. Les Pseudopoda nus forment la famille des Amœ- baea , et ceux qui sont cuirassés sont des Arcellina , si leurs pieds à lobes multiples sortent d’une seule ou- verture, et des Bacillaria , si un pied simple sort d’une seule ouverture ou de chaque ouverture , carac- tère que l’auteur seul a observé jusqu’ici. Les Epitri- nus forment la famille des Cyclidina, et les cuiras- sés celle des Peridinœa. Les Anopisthia nus ou cuirassés sont les Vorticel- lina et les Ophrydina ; les Enantiotreta nus ou cui- rassés sont les Enchelia et les Colepina; les Allotreta nus, s’ils ont une bouche dépassée par une trompe et s’ils sont dépourvus de queue , forment la famille des Trachelina ; s’ils ont la bouche à l’extrémité anté- rieure et le corps aminci postérieurement en manière de queue, ce sont les Ophryocercina ; ceux qui sont cuirassés forment la famille des Aspidiscina. INFUSOIRES. 11 1UST01HE NAÏUr.EELE 162 Les Calvotela nus, s’ils n’ont d’autres organes loco- moteurs que des cils, sont des Colpodea; s’ils ont au contraire des organes locomoteurs de plusieurs sortes, ce sont les Oxj'^trichina ; ceux enfin qui sont cuirassés constituent la famille des Euplota, ou nos Plœsconiens^ Il est clair que n’admettant point l’existence d’un in- testin chez les Infusoires , ni la présence d’un anus dans un endroit déterminé de leur corps, nous ne pouvons, non plus , reconnaître exactes ces distinctions artifi- cielles de familles. Quelques-unes cependant sont à con- server, quand d’autres caractères suffisants étant em- ployés par l’auteur, en ont fait des familles naturelles; telles sont celles des Volvocina , des Vibrionia , des Peridinœay des Vorticellhia i des Oxytrichina et des Euplçta , qui correspondent presque exactement à nos Volvociens^ Vihrioniens, Peridiniens, F^ovticelliens, Kéroniens ^ et Plœsconiens , sauf la réunion des^j- pidiscina à cette dernière , et la réunion des Ophiy- dina aux Vorticelliens, d’où nous séparons au con- traire les Urcéolaires. Telles sont encore les familles des Amoebaea et des Dinobryina qui, formées cha- cune d’un seul genre, ne pouvaient être circonscrites dilléremment et sont pour nous les Amibiens et les Dinobryens. Les Monadina sont bien aussi à peu près nos Monadiens ; autrement définis , les Cryptomo?ia~ dina augm-entés de quelques Astasiœa a formes con- stantes sont nos Thécamouadiens ; les ylstasiœa ainsi réduits pour répondre mieux au caractère d’instabilité déformé indiqué ])ar leur dénomination , sont nos Euglènicns ; Colpodea^ réunis aux Ophryocercina^ répondent en partie à notre famille des Paraméciens ; les 6Vc/tr/i/7.ÉE rentrent en jrartie dans nos Encheleins ; les 7 rachehua (\iwis nos Trichodiens et nos Bursa- ! tenf; et les Enchelia aussi en parlie dans nos F.cuco- UES IMEUSOIRES. 1G3 phryens, et en partie dans nos Bursariens ; les Arcol- forment une section de nos Bhizopodes. Les Co- lepina, enfin, ne forment qu’un genre de notre groupe anomal des Infusoires symétriques. Quant aux Clos- teriiia et Bacillaria, qui seraient également des In- fusoires symétriques s’il étiiit permis de les re- garder comme des animaux , je persiste à penser qu’ils sont sans estomacs et sans pieds variables , comme sans cils vibratiles , et qu’ils n’ont point d’ail- leurs les caractères des animaux. ^lais en outre de ces vingt-deux familles , M. Ehrenberg indique dans une note , à la suite de la famille des Enchelia (1) , la né- cessité de créer une famille des Acinetines qui corres- pond à notre famille des ylctinophryens. Si nous passons à l’examen des genres du même au- teur, nous verrons une foule de rapprochements que rien ne justifie , et de distinctions sans nulle valeur , fondés sur des caractères fictifs ou douteux ; mais cet examen , nous aurons l’occasion de le faire successive- ment, lors de la description méthodique de nos fa- milles : je me borne pour le moment , tout en avouant que moi-même j’ai plus d’une fois employé des carac- tères équivoques, pour la distinction des familles et des genres parmi ces animaux aux formes si variables et si aisément altérables , et dont l’organisation est souvent si simple en apparence ; jeme borne, dis-je, à faire re- marquer que c’était une nécessité de présenter, au moins provisoirement , une classification en rapport avec les principes de la méthode naturelle , aujour- d’hui que les classifications artificielles basées sur des faits inexacts ou sur de pures hypothèses , ont dû perdre tout leur crédit. (l) Die Infiisioiislhiercl>'^n , i838 , ])• 3ifi. il. 164 IIISÏOIHE NATURELLE TROISIÈME PARTIE. SUR l’observation des infusoires. CHAPITRE XIII. DE LA RECHERCHE ET DE LA CONSERVATION DES INFUSOIRES VIVANTS. Certaines eaux stagnantes sont tellement remplies d’infusoires , qu’il suffit de puiser au hasard pour en avoir abondamment ; ce sont particulièrement les Euglènes , les Phacus, les Diselmis, les Cryptomonas, et la plupart des Infusoires verts ou rouges qui se trou- vent ainsi dans les fossés , dans les ornières , dans les mares , dont ils colorent fortement l’eau et les bords ; l’Euglène verte est celle qu’on rencontre le plus fré- quemment autour des lieux habités dans ^les ornières et les égouts , mais j’ai vu le Diselmis viridis colorer entièrement en vert l’eau qui baignait du terreau dans un jardin , en juillet 1837 ; et cet hiver, à Toulouse , j’ai vu les fossés du boulevard remplis d’une eau verte, colorée exclusivement par le Phacus pleuronectes. On sait enfin que certaines eaux stagnantes ont paru avoir été changées en sang, par suite delà multiplication de VEuglena sanguinea et de quelques autres Infu- soires rouges, et que telle est aussi la cause de la co- loration des salines. DES INFUSOIRES. 165 Certains Infusoires , sans remplir entièrement les eaux, forment une couche, soit au fond, soit à la sur- face ; tels sont le Dileptus anser que j’ai vu, dans les ornières au nord de Paris , former une couche bru- nâtre au fond de l’eau, et le Spirostomum ambiguum, bien visible à l’œil nu , et qui se montre quelquefois tellement abondant, qu’on croît voir flotter à la sur- face une poussière blanchâtre. D’autres Infusoires visibles à l’œil nu , sans être aussi abondants, seront faciles à recueillir directement ; tels sont : le ^o/wa:, que l’on voit en nombre souvent con- sidérable , monter et descendre en tournant dans le liquide, comme autant de globules verts ou jaune-bru- nâtres ; les Stentors verts ou bleus , fixés aux herbes, et surtout les Vorticelles qui forment des loulïes blanches comme un duvet plumeux , sur les tiges submergées , sur les petites coc£uilles , et même sur quelques in- sectes nageurs. Mais le plus grand nombre des espèces ne peut frapper la vue d’aucune manière , et doit être pris en quelque sorte au hasard dans les eaux de la mer, des rivières , des marais ou des fossés. Toutefois , il ne faut pas croire que de l’eau puisée au hasard con- tiendra les animalcules que l’ou cherche , bien au con- traire ; il y a mille à parier contre un que cette eau n’en contiendra pas si elle est prise dans les endroits où la mer est sans cesse agitée sur des galets , sur des rochers nus et sans végétation , ou si elle est prise dans le courant d’une rivière limpide , ou même au milieu d’un étang sans herbes maréca- geuses , ou enfin dans un fossé que la pluie vient de remplir. Il faut chercher les Infusoires là où l’eau moins agitée est peuplée d’herbes , et surtout de Con- HISTÜIBE NATURELLE lüG ferves de Leinna el de CdratophyUum , dans les ma- rais , ou dé Céramiaires dans la mer. L’eau puisée au juilieu de ces herbes contiendra fréquemment ces ani- malcules , et l’on s’en assurera en regardant avec une loupe forte , ou une lentille , à travers un flacon de verre blanc rempli de celte eau ; elle en con- tiendra bien davantage encore si l’on a mis quelques toufles d’herbes dans le flacon , et surtout si l’on y a fait couler l’eau exprimée de plusieurs toufles. Lespieri'es, les branches mortes, après quelque temps de séjour au fond des eaux peu agitées , se recouvrent d’une forêt de petites Conferves qui retiennent une foule de débris flottants, avec un peu de limon, d’où résulte une couche légère dans laquelle se multiplient indéfiniment de nombreuses espèces d’animalcules ; il conviendra donc de râcler et de faire couler un peu de cette couche avec l’eau qui la couvre , dans un flacon ; il serait mieux encore d’emporter quelques pierres ou quelques branches mortes assez petites pour pouvoir entrer dans lé flacon. Non-seulement ainsi on sera sûr de posséder les Infusoires vivant sur ces objets , mais encore , ori pourra les conserver longtemps , et les voir se multiplier dans le flacon. Ce n’est pas tout que d’avoir fait une riche provision d Infusoires dans des flacons , il faut savoir les conserver vivants , et empêcher que la putréfaction ne vienne envahir plus ou moins rapidement tous les fl.'ïcons. Quelquefois, dans l’été , au bout de quelques heures , il ne reste plus rien de ce qui existait d’abord ; ce sont de nouveaux Infusoires qui se sont développés dans le liquide devenu une véritable infusion. Pour pré-^ venir cet inconvénient, il faut éviter de mettre trop d’objets dans l’eau d’un flacon ou du moins trop d’ani- DKS INFUSOIRES. 1G7 maux ; car une fois que plusieurs de ces animaux sont morts l'aute d’air renouvelé dans le liquide , ils commencent à se décomposer , et la corruption fait de rapides progrès : mieux vaudrait multiplier le nombre des flacons et mettre peu dans chacun. On doit donc éviter aussi que le liquide, trop abondant, ne soit en contact avec le bouchon < parce qu’alors il ne resterait pas d’air au-dessus, et que certains auimapx autres que les Infusoires ne tarderaient pas à périr. Si l’on a rem- pli plusieurs flacons loin de chez soi , ou doit se hâter , en rentrant à la maison , d’en partager le contenu dans plusieurs vases , en ajoutant de l’eau de pluie ou de ri- vière, si ce sont des objets d’eau douce , ou de l’eau de mer pure dans le cas contraire. Chaque vase ou flacon doit contenir, autant que possible , quelques végétaux bien vivants qui contri- buent à maintenir l’eau fraîche. Pour l’eau de mer, ce sont lesülves et quelques Conferves ; pour l'eau douce, ce sont des Conferves, des Zygnèmes, des Callitriches, des Chara , et quelques autres plantes susceptibles de vivre longtemps en captivité. Ces vases sont laissés découverts ou débouchés jusqu’à ce que les objets con- tenus aient pris l’habitude d’y vivre ; on peut ensuite couvrir imparlaitement chacun d’eux pour empêcher une évaporation trop prompte, qui mettrait la plu- part des liquides dans le cas d’une solution saturée de certains sels , et par conséquent impropre au séjour des animalcules vivants. Ainsi, par exemple, certaines eaux des environs de Paris, notamment celles des ornières, deviennent, par 1 évaporation , complètement saturées de sulfate de chaux ; les eaux prises nu voisinage des lieux habités contiennent du sel marin, et du sulfate de potasse, 168 HIST01P,r. NATURELLE outre le sulliile de chaux, etc.; l’eau de mer, comme on le doit penser, devient promptement ainsi une solution saturée de sel marin. On peut bien maintenir les eaux douces à peu près dans leur état primitif en ajoutant de temps en temps un peu d’eau de pluie; mais pour l’eau de mer on ne pourrait ajouter que de nouvelle eau de mer, ce qui n’empêcherait pas le sel d’être en excès, à moins que de verser chaque jour quelques gouttes d’eau douce pour remplacer à mesure ce qui est enlevé par l’évaporation. Cependant, le mieux est toujours de s’opposer autant que possible à cette éva- poration ; s’il ne suffit pas de placer sur les vases une plaque de verre ou un verre de montre , on peut ren- verser une cloche par dessus. Je suis ainsi parvenu à conserver vivants pendant plus de cinq mois de petites Actinies , de petites Amphitrites et divers mollusques avec une foule d’infusoires dans un vase ouvert , placé sur une assiette et recouvert d’une cloche que j’enlevais quelquefois pour renouveler l’air , et que j’humectais pour retarder davantage l’évaporation. Malgré toutes les précautions qu’on a prises , certains Infusoires cessent de vivre dans des flacons , tandis que d’autres s’y produisent successivement; il est donc à propos de garder longtemps les mêmes flacons en les étiquetant et en notant ce qu’on y a vu à diverses époques. S’il est incertain et chanceux de pouvoir transporter et conserver vivants les Infusoires qu’on vient de recueillir dans un flacon ; il n’en est plus de même quand une fois ces animaux se sont acclimatés dans leur nou- velle habitation , quand des végétations de divers genres, des Diatomées , etc. , qui se sont développées sur les parois , leur offrent à la fois un abri et une DES INFUSOIRES. 169 nourriture assurés. Ainsi, tandis que Ja plupart des flacons remplis de diverses productions vivantes, soit dans l’eau de mer , soit dans l’eau douce, sont fortement altérés dans les quelques jours suivants; ceux de ces flacons, qui, par suite d’une proportion convenable entre le volume du flacon et la quantité d’animaux ou de végétaux vivants , se sont conservés plus de dix ou quinze jours sans altération, peuvent être ensuite conservés indéfiniment, pourvu qu’on s’oppose à l’éva- poration tout en permettant à l’air de se renouveler à la surface. J’ai pu transporter des bords de la Méditer- ranée à Paris , des Infusoires et d’autres animaux ma- rins qui s’étaient de la sorte acclimatés dans des fla- cons d’eau de mer avec divers végétaux. Certains Infusoires vivent, non pas simplement dans les eaux, mais dans des sites habituellement humectés, comme les toufles de mousses, et surtout les couches minces d’oscillaires, sur la terre ou sur les murs humi- des ; pour les trouver, il suffit d’agiter et de presser dans un vase d’eau successivement plusieurs touffes de mousse prise au pied des arbres, dans les lieux frais, ou au bord des ruisseaux ; ou bien de placer dans une soucoupe , avec un peu d’eau la pellicule enlevée à la surface du sol couvert d’oscillaires. J’ai été surpris quelquefois de voir la quantité d’infusoires obtenus ainsi. D’autres animalcules enfin vivent parasites à l’exté- rieur ou à l’intérieur de certains animaux, ou même se multiplient habituellement dans leurs excréments li- quides et dans plusieurs autres produits de l’organisme. On trouve particulièrement à la surface des Hydres ou polypes d’eau douce , une Uvceolaria et un Kéro- nien parasite. Un autre Infusoire vit sur un Distome 170 msïoiRi: naturelle épaisseur allait à o,ooo65 ; la même chose s’observait durant les vingt jours suivants. — 5“ Le même sang de carpe a été mêlé , le 28 janvier , avec une solution concentrée d'albumine et de sucre , à la tem- pérature de 7»; le surlendemain l’odeur était fétide et le mé- lange contenait des Bacterium termo, longs de 0,00116 et épais de o,ooo33 : quelques-uns étaient groupés en amas irréguliers, vi- bratiles ; le 3i, le liquide ayant été étendu de beaucoup d’eau de pluie , formait une dissolution d'un beau rouge , dans laquelle, dix heures après, je voyais les Bacterium devenus plus gros; leur longueur était o,ooi5etleur épaisseur de o,ooo45 à o,ooo5: beaucoup étaient doubles. Le 2 février, l’odeur était devenue un peu alcoolique, ou plutôt analogue à celle des pommes. Les Bacterium étaient encore plus longs, 0,002 28 , mais de même lar- geur. Le 6, ils avaient, de longueur, 0,0082 , quand ils étaient simples, ou 0,0064, s’ils étaient doubles ; leur épaisseur allait de 0,00067 à 0,0009. Le 28 février, le liquide avait une odeur péné- trante de pourri ; il contenait des moisissures et peu de Bacte- rium. — 6° Une infusion préparée, le 3 février i836, avec i5 grammes de sucre de réglisse , 10 grammes d’oxalate d’ammonia- que et 1 00 grammes d’eau de pluie , a été tenue à la température de 12®. Le 8 février , elle montrait une pellicule commençante , ou plutôt une couche un peu trouble à la surface et formée d’une infinité de Bacterium termo, longs de o,oo3i et épais de 0,00 1 1 . DES INFUSOIRES 215 — 7® Une infusion de chaii' crue de mouton , avec beaucoup d’eau et un peu d’acide acétique , ne montrait aucun Infusoire au bout de vingt jours en hiver. (Peut-être 1 acide, pris à Paris, prove- nait-il en partie de la distillation du bois? ) Une addition de ca bonate de soude a déterminé le développement des Bacterium termo, longs de o,oos à o,oo3 et épais de o,oooG3 ; plusieurs étaient doubles. — 8® Du blanc d’œuf exposé à un froid de 20®, en janvier i838, et mis ensuite avec un peu d’eau et du sucre à la température de -{- 8® , a pi’ésenté , au bout de quelques jom’s, des Bacterium termo que j’ai vus devenir plus gros du 3o janvier au 2 février. — 9® Dans beaucoup d’autres infusions de substances animales ou végétales seules ou mélangées de divers réactifs , j’ai noté la présence des Bacterium-termo , mais sans m’être assuré s’il y en avait de doubles , ou s’ils n’étaient pas les jeunes des autres espèces. 2. Bacterium enAinETTE. — Baclerium catenula, — -PI, i, Og. 2. Animalcules filiformes , cylindriques , longs de 0,005 à 0,004 , épais de 0,0004 à O,O00S , souvent assemblés par 3 , 4 ou 8 à la suite l’un de l’autre par suite de la division spontanée , en chaî- nettes dont la longueur atteint 0,02. 11 est possible que cette espèce ne soit qu’un degré de dévelop- pement du Vibrion baguette ; je l’ai vue dans une infusion fétide de haricots cuits, où vivaient en même temps plusieurs sortes de Monades; l’animalcule indiqué dans lanote précédente (3°) comme vivant dans une infusion de sucre, était peut-être celui-ci, car je ne l’ai pas vu multiplié par division. 3. B.VCTERIU.M POINT. — Bacterium punctum. Ehr. (1). Animalcules de forme ovoïde - allongée , incolores , longs de 0,00o2 , épais de 0,0017' , à mouvement lent , vacillant , souvent assemblés par deux. J’ai vu cette espèce dans diverses infusions animales , et notam- (i) Bacterium punctum? Elirenb. Infus. i838. Menas punctum? Müllcr, lab. l, f. 4 , p. 3. Melanella punctum ? Bory. — runct-ïhicrchen , Gleichcn. 216 HISTOIUE ^ATUREI,LE ment le n février i836, dans une infusion préparée le 7 février avec 1 8 gr, de gélatine sèche , 1 2 gr. de nitrate d’ammoniaque et i3oo gr. d’eau ; et dans une autre infusion de la même date dans laquelle le nitrate de potasse avait remplacé le nitrate d’ammo- niaque. Je pense que c’est bien le Monas punctum , vu par Müller dans une infusion de poire et dans une infusion de mouches , indiqué par lui comme un peu plus long que large , mais figuré dans les mêmes pi'Oportions que le nôtre. L’opacité et la couleur noire qu’il lui attribue doivent provenir de l’imperfection de son mi- croscope. Je n’ose assurer que ce soit le même que M. Ehren- berg a vu seulement en Russie , et qu’il indique comme formé de « corpuscules indistincts sub- globuleux, très -petits, réu- nis en cylindres très-petits marqués de raies transverses effa- cées. » * Bacterium triloculare ou arüculatum et B. P enchelj-s. M. Ehrenberg n’inscrit aujourd’hui dans son genre Bacterium que trois espèces dont deux sont même marquées d’un point de doute , ce sont le B. ? point et le B. ? enchelyde. Ce dernier, qu’il n’a vu qu’en Russie comme le précédent , en diffère par sa lon- gueur, o,oog4 , et n’a été qu’incomplétement observé; l’autre, le seul qu’il indique avec certitude , est son Bacterium triloculare , qu’il avait distingué d’abord de son B, arüculatum , comme d’un tiers plus petit , et comme ayant un moindre nombre d’articula- tions , et qu’il y réunit aujourd’hui en lui attribuant une trompe vibratile qui produit un tourbillonnement à la partie antérieure , et n’a que le tiers de la longueur du corps. Ce Bacterium a suivant cet auteur une longueur variable de 0,0112 ào,oo56, suivant le nombre de ses articles , et une épaisseur de 0,002 à 0,0020. 2® Genre. VIBRION. Fibrio. Corps Gliforme , plus ou moins distinctement articulé par suite d’une division spontanée imparfaite, susceptible d’un mouvement ondulatoire comme uu serpeut. DES INFUSOIRES. 217 I. Vibrion unéole. — Vihrio lincola. Müller (i). — PI. i , fig, 3. Animalcules diaphanes , cylindriques , un peu renflés au milieu, deux à trois fois plus longs que larges.— Longs de 0,0033, épais de 0,0015 à 0,0005 , assemblés par deux ou trois en une ligne très- mince , un peu llexueuse , longue 0,007 à 0,01, et présentant seulement deux ou trois inflexions. Müller a bien certainement confondu souvent le Caeterium terrao avec son VArio lineola , mais à l’exemple de M. Ehren- berg, je ne considère comme vrais Vibrions que les animalcules filiformes dont le corps est flexueux dans le mouvement , sans toutefois admettre comme lui que les animalcules ou articles qui forment ce corps filiforme soient sub-globuleux. J’ai vu bien distinctement le Vibrion linéole dans la pellicule blanche qui couvrait au bout de huit jours une infusion de 42 gr . de racine de i-églisse avec 10 gr. de cjanoferrure de potassium dans i3oo gr. d’eau, en février i836 ; et précédemment, en dé- cembre i835 , dans une infusion de chair avec de l’oxalate d’am- moniaque, conservée depuis vingt jours. En septembre i835, je l’ai bien vu aussi dans de l’eau de mer où j’avais mis macérer de- puis 48 heures un oursin mort (2). (1) Vibrio lineola. Müller , Infus. lab. VI , f. i. p. 43. y ibrio lineola , Schrank. Faun. boic. III, 1, p. 5a. Melanella ntoma , Bory, Encycl. zoopli. p. 5ll , 1824, Dict. class. l83o. Vibrio lineola , Ehrenberg , i83o-l838. (2) Une dissolution de gomme et de nitrate d'ammoniaque , dans la- quelle j’ajoutai de la limaille de fer qui se dissolvit peu à peu et co- lora fortement le liquide , me présenta seulement, au bout de quinze ou dix-sept jours , le 12 janvier i836, des Vibrions linéoles avec diverses Monades; le 10 et le 28 février ces mêmes Infusoires s'y rencontraient encore , les Vibrions serpentaient avec vivacité, ils avaient 0,0068 à 0,010 de longueur. Une infusion de l5 gr. de sucre de réglisse avec 18 gr. de soude dans i3oo gr. d’eau, préparée le 1'' février iS36, montrait déjà au bout de huit jours des Vibrions linéoles longs de o,oo5 , et épais de 0,00110 , avec une seule ou rarement deux inflexions. Une infusion préparée le 24 décembre avec une cétoine dorée, sèche, a donne trois jours après des Vibrions linéoles longs de o,oo33 quand ils sont simples, ou de 0,0066 s’ils sont doubles, et épais de 0,001 2. 218 lUSTOIUE NAïURElil-E Au reste, je dois dire qu’il est souvent extrêmement difficile de distinguer cette espèce et le Bacterium termo; peut-être même, si le genre Bacterium n’eût été déjà établi , je n’aurais pas osé en prendre la responsabilité. M. Bory, en donnant le Vibrion li- néole de Müller comme synonyme de sa Melanella aloma , assure qu’il ne présente pas de sinuosités ; ce qui donne à penser qu’il a eu en vue le Bacterium termo. *. /remu7anj, Ehrenberg, i838. M. Ehrenberg distingue sous ce nom une espèce qu’il avait d’abord nommée Melanella atoma en 1828 dans ses Sj'mholce pli^- sicœ , pxxis Bacterium tremulans en i83o, puis confondue avec le Vibrion linéole dont elle ne diffère que par des dimensions un peu plus fortes , et par des inflexions plus marquées. Cet auteur assigne à son Vibrio tremulans une longueur totale de 0,0078 et une épaisseur de o,ooi56. J’ai moi-même trouvé dans une infu- sion de Distome hépatique , un Vibrion dont la longueur est la même, et dont la grosseur variait de o,ooi.^3 à 0,00128; mais comme d’ailleurs , j’ai trouvé des Vibrions linéoles dont l’épais- seur, suivant la nature des infusions, varie de 0,0008 jusqu’à o,ooi3, taudis que M. Ehrenberg fixe 0,00078 pom’ l’épaisseur de son Vibrio linéole , je crois que l’établissement d’une seconde espèce sous le nom de V, Tremulans n’est pas suffisamment jus- tifié. 2. Vibrion rugule. — Vibrio rugula. Müller (1). — PI. i, fig. 4* Animalcules diaphanes , en fils alternativement droits ou flexueux, à S-8 inflexions, se mouvant avec vivacité en ondulant ou en serpentant. — Long. 0,008 à 0,013 (non déployés), épaisseur 0,0007 à 0,0008 (suivant M. Ehrenberg la longueur est de 0,0468 et l’épaisseur de 0,00223). Leemvenhoek observa le premier cette espèce de Vibrion, dans (l) Vibrio rugula, Müller, Infus. lab. VI , lig. 2 , p. 44- Vlro rugula, Scliraiik. Faun. boic. III , 2, p. 53. — Leeuwenhoek, 1G84, anat, et contenipl. p. 38. Melanella Jlexuosa, Bory. Vbrio rugula, Ehrcnli. i83i. — Infusionst. i83S. DES INFUSOIRES. 219 ses déjections durant une légère indisposition (i). 11 décrit bien leur mouvement ondulatoire analogue à celui des anguilles, et non moins vif que celui d’un brochet dans les eaux. Müller leur assigne une longueur moyenne entre les longueurs du J^ihrio li- neola et du Fihrio {spirillum) undula , il le distingue surtout de ce dernier , parce qu’il se montx’e alternativement ondulé et tout à fait droit : il s’étend en effet quelquefois en ligne droite et se meut alors lentement , puis, tout à coup, il resserre , infléchit son corps et se meut avec une extrême rapidité. Müller l’a observé dans la pellicule membraneuse qui recouvrait une infusion à'Ulva linza; il l’a vu aussi par millions dans chaque goutte d’une infusion de mouches, et il remarque que quelquefois les Fihrio rugula sont réunis en masses jaunâtres d’où ils s’écartent , comme si cette masse se décomposait en molécules pour se réunir de nouveau et à plusieurs reprises comme un essaim d’abeilles. Je n’ai pu vérifier le caractère qu’assigne M. Ehrenberg à ce Vibrion , d’être distinctement articulé et de se montrer , sous le microscope , formé de globules juxtaposés ; je n’ai jamais vu non plus de Vibrions ayant la dimension qu’il indique. Une infusion de foie de mouton , pendant le mois d’octobre, était remplie de Vibrions rugules , de Monades et d’Enchelydes. Une infusion de chair dans beaucoup d’eau , conservée depuis deux mois , mon- trait abondamment ces Vibrions, en février i836. Une infusion de chènevis écrasé , préparée au mois de décembre , montrait ces Vibrions en février avec des Monades , après avoir pré- senté d’abord le Bacterium termo seul , puis le Vibrio bacillus. Je citerai encore comme ayant fourni cet animalcule, l’infusion de gélatine avec du sel marin, de l’oxalate et du phosphate d’am- moniaque , le dixième joui’, en février 1 836 ; l’infusion de cétoine en décembre, au bout de seize jours; et enfin l’infusion de fro- mage de Neufchâtel, au bout de deux mois, en février i83G. (i).... Hæcce me quasi coegerunt excrementum meum sæpiùs lam laxum animadvertere.... Omnes hæ narrai® parliculæ in clara ac pel- lucidd jacebant malcrià , quà in maleriâ pcllucidâ temporibus qui- busdam quædam animalcula... Tidi... Genus quoddam animalculorum vidi, habentia figuram ad instar anguillacum in fluminibus noslris; hæc maximû erant copia, et lam parva... 220 HISTOIRE NATURELLE * Vibrio proUfer. Ehrenberg Infus. i838. Tab. V, fig. 8, n® 93. Sous ce nom, M. Ehrenberg indique une espèce qui , suivant cet auteur, diffère du Vibrion rugule par son épaisseur d’un quart ou d’un tiers plus considérable, par son mouvement ffexueux plus lent, et par ses articulations plus visibles. 3. Vibrion serpent, — Vïbrio serpens , Müller. — PI. I , fig. 5 (i). Corps très-allongé , filiforme , ondulé , suivant une direction le plus souvent rectiligne , 10 à 13 inflexions à angle obtus. — Lon- gueur 0,023 à 0,026 , épaisseur 0,0007. J’ai vu ce Vibrion dans une infusion de cochenille préparée depuis deux mois; le 21 février i83G, il était accompagné de Bacterium et de Monades; il était quelquefois un peu infléchi dans sa longueur. Le i3 janvier i83G , je l’ai vu aussi dans une infusion de chair et de nitrate d’ammoniaque préparée le 2G décembre précédent; il était également courbé dans sa longueur, Müller, qui l'a vu très-rarement dans l’eau de rivière, le carac- térise bien en disant qu’il ressemble à une ligne extrêmement mince, serpentante, à inflexions égales et lâches, dix fois plus longue que le Spirillurn undula; quant à ce qu’il ajoute de la pré- sence d’un intestin qu’il croit avoir vu courir d’une extrémité à l’autre de cet animalcule si mince , on doit croire que c’est une illusion causée par son microscope composé. i. Vibrion BAGUETTE. — Vibrio bacillus, Müller. — PI. T, fig. 6 (2). Corps transparent , filiforme , rectiligne , égal, à articulations fort longues, n’ayant que des mouvements d’inflexion peu sensibles, (1) P’ihrio sei'pens , Müller, Infus. lab. VI, fig. 7-8. (2) Lteeüwenhoek. Arcari. nat., pag. ^0 et pag. 3o8. — Joblot. Micros, tom. i , part. 3 , p- 67 , Pi. 8, fig. Vibrio bacillus , Müller, Infus. tab. VI, fig. 3 , p. 45- t^brio bacillus, Bory 1834. Enchelys bacillus , üken. Uist. nat. Vibrio bacillus, Ehrenberg, Infus. i838 , tab. XV , fig. g, n° g4- DES INFUSOIRES. 221 pendant qu’il s’avance lentement dans le liquide et indifféremment en avant ou en arrière ; paraissant souvent brisé à chaque articu- lation. — Longueur d’un seul article 0,003 à 0,008 , longueur to- tale jusqu’à 0,033 ; épaisseur de 0,0007 à 0,0010. Leeuwenhoek observa ce Vibrion avec d’autres Infusoires dans la matière blanche pulpeuse qui s’amasse entre les dents. Millier le vit dans une infusion de foin conserve'e depuis plusieui’s mois et qui ne l’avait pas montré auparavant; il le décrit comme égal dans toute sa longueur, tronqué aux deux extrémités, se mouvant lentement en ligne droite, soit en avant , soit en arrière, sans qu’on puisse distinguer une extrémité antérieure ou postérieure, et laissant, voir difficilement un mouvement ondulatoire lent, tandis que celui des Spirillums est prompt comme l’éclair. M. Ehrenberg assigne à cet Infusoire des dimensions presque doubles de celles que j’ai observées. Suivant cet auteur, la lon- gueur du Vibrion baguette serait de o,o5 et son épaisseur de o,ooi6 ; il le décrit en outre comme formé d’articles très-courts que l’on voit quelquefois dans l’eau , et d’autrefois, après la dessic- cation. Je n’ai rien vu de tel ; cependant j’ai observé fréquemment ce Vibrion si reconnaissable à ses longs articles roides, formant des angles rectilignes, qui le font paraître comme une ligne brisée ou une portion de polygone. Je l’ai vu dans le sérum recueilli à la surface du cerveau d’une carpe morte depuis six jours en hiver. Dans une infusion de vessie de cochon où vivaient des Cypris avec divers Infusoires ; dans une infusion de pain avec du chlo- rate de potasse ; dans des infusions de haricot , de pomme de terre et de plusieurs autres substances végétales, aussi bien que dans des infusions de substances animales faites avec l’eau de mer ou l’eau douce. * Vibrion douteux. — F"ihrio amfnguus. — PI. I, fig. j. Je dois mentionner ici une production singulière que j’ai ob- servée avec soin , le i3 janvier i836 , sur une infusion de chair mêlée d’acide oxalique et pi’éparée dix-huit jours auparavant. Cette infusion , très-fétide, contenait avec des Spirillum undula et diverses Monades , le Vibrion douteux dont je veux parler : il était composé d’articles Gliformes roides comme ceux du Vibrion baguette, mais beaucoup plus gros, car leur diamètre était de o,ooî et leur longueur de 0,02. Ils étaient articulés par quatre , 222 HISTOIRE NATURELLE cinq ou davantage, formant ainsi des lignes brisées; mais sou- vent aussi une telle série d’articles se bifurquait , par suite de l’ar- ticulation , à l’extrémité d’un article, de deux autres articles qui devenaient le commencement de deux séries plus ou moins pro- longées. Ces Vibrions simples ou bifides se mouvaient de la même manière que le Vibrion baguette , et chaque article participait au mouvement total d’où résultait , pour les Vibrions bifides , des figures bizarres ; leur longueur approchait quelquefois d’un dixième de millimètre (o,o8 à o, lo). Leur volume plus considéra- ble permettait de bien juger que chaque article était formé d’un tube résistant, dans lequel une substance glutineuse était diver- sement condensée ou agglomérée. On peut être conduit, par ces observations, à douter de l’ani- malité, non-seulement de notre Vibrion douteux , mais aussi du Vibrion baguette (i). * F'ihrio siibtilis. — Ehrenberg, i834-i838 , Infus. — Tab. 5, fig. 6, n» gi. Je suis d’autant plus porté à douter également de la nature ani- male de cette espèce de M. Ehrenberg , que j’ai eu l’occasion d’ob- server , dans l’eau conservée longtemps avec divers débris végé- taux , une sorte d’oscillaire en filaments rosés , formés de globules juxtaposés, épais de O, oo34 , se mouvant spontanément et s’agi- tant d’un mouvement ondulatoire bien visible. Or, le Vibrion subtil est indiqué par l’auteur comme consistant en baguettes transparentes allongées très-déliées, droites , évidemment formées d’articles globuleux, et nageant au moyen des vibrations très- (l) J’ai observé dans de l’eau où s’étaient décomposées des Spon- gilles , une petite oscillaire d’une couleur pâle , épaisse de o,Oo4, qui sagitait d’abord vivement, puis qui se brisa spontanément en articles analogues par leur disposition à ceux du Vibrion baguette ; on sait d’ail- leurs qu’il se développe dans les eaux croupies dégageant de l’hydro- gene sulfuré , certaines productions végétales , byssoïdes, blanchâtres , analogues à ce que M. Fontana désigné sous le nom de Sulfuraire dans les eaux thermales des Pyrénées, ainsi que l'a remarqué M. Raspail. Ces productions végétales se composent de petits tubes diaphanes épais de o,ooi6 a 0,0020 ou même o,oo3o qui se meuvent sous le microscope dune maniéré très-prononcée, et contiennent de petits granules blancs , opaques DES INFUSOIRES. 223 faibles des articles, lesquelles vibrations ne changent pas la forme droite des baguettes. L’épaisseur de ces baguettes est de 0,00112 et leur longueur de 0,062 : il a été trouvé dans les eaux près de Berlin. 3* Genre. SPJRTLLUM. Corps filiforme contourné en hélice, non extensible quoique contractile. I . Spirillum ONDULÉ. — Spirillumiindula , Ehrenb, — PI. I, fig. 8(1). Corps filiforme , contourné en hélice hlche , à un tour et demi ou deux tours , déprimé dans le sens de l’axe de l’hélice et plus mince vers le contour. — Longueur de toute l’hélice 0,008 à 0,010 ou même 0,012 , largeur de l’hélice 0,003 , épaisseur du corps 0,0011 à 0,0013. Millier décrit cet Infusoire comme une simple fibrille , ondu- lée, cylindrique , non extensible, représentant, quand elle est en repos , la lettre V , et, quand elle se meut, la lettre M, ou plutôt la ligne flexueuse que forme, dans les airs , une troupe d’oies sauvages. Son mouvement est si vif qu’il échappe presque à l’œil armé du microscope. Il se distingue surtout du Vibrion ru- gule parce qu’il ne s’étend jamais en ligne droite. Müller , qui a trouvé dans l’eau couverte de Lemna ou lenticule et dans l’infu- sion de champignon ( Helvella mitra ) , des myriades de Spiril- lum , a vu une fois ces animalcules groupés en une masse glo- buleuse jaunâtre d’où ils s’échappaient par troupes. M. Ehrenberg dit avoir vu ce Spirillum distinctement articulé ainsi que toutes les autres espèces , et il le représente comme formé d’arti- cles très-courts , presque globuleux , en admettant , toutefois , pour expliquer la coui’bure eu hélice invariable , que les articu- lations sont obliques. J’ai cru voir , au contraire, que dans tous les Spirillum le corps est déprimé dans le sens de l’axe de l’hé- lice , et plus mince en dehors , comme le pédoncule contracté des (l) Vibrio undula , Müller , Infus. tab. VI , fig. 4-6 , p. 46- Spirillum undula, Ehrenberg, i83o-i838, Infusionslhien. tab. V, fig. 12 , n® 9^. HISTOIRE NATURELLE 224 Vorlicelles ; et cela m’a paru donner l’explication de l’état de contraction habituelle du corps de ces animalcules ; mais , je le repète , il faut attendre de nouveaux perfectionnements du mi- croscope pour en savoir davantage. Le Spirillum ondulé se montre dans presque toutes les infusions animales fétides; je le voyais le 21 février, dans une infusion de viande bouillie, préparée le 24 décembre , et qui m’avait déjà fourni précédemment divers Vibrioniens et Monadiens. Je le voyais distinctement comme une lame contournée , le i3 jan- vier, dans une infusion de chair crue avec acide oxalique du 2 G décembre. î. Spirilldm TorRNOYANT. — Spirillum volutans, Ehrenberg. — PI.I,fig.9(0. Corps flliforme , contourné en hélice à 3 , 4 ou plusieurs tours serrés , paraissant noirâtre. — Longueur de l’hélice totale 0,0 1 à 0,04 ; largeur de l’hélice 0,007; épaisseur du corps 0,0014. Il n’y a pas un objet microscopique qui puisse exciter plus vi- vement l’admiration de l’observateur que le Spirillum voluiam. On s’arrête malgré soi pour contempler ce petit être qui , sous le plus fort microscope, ne paraît que comme une très-fine ligne noire en tire-bouchon , tournant par instant sur son axe avec une vélocité merveilleuse , sans que l’œil aperçoive ou que l’esprit devine le moyen de locomotion qui produit ce phénomène. Millier le décrit comme filiforme transparent , plus mince par lui-même que le Bacterium termo et le Yibrio lineola , mais formant une hélice de 4 à 12 tours, par conséquent assez longue, susceptible de s’infléchir et de se courber. 11 l’a trouvé dans l’infusion de laitron ( Sonchus arvensis). Suivant M. Ehrenberg , il est distinctement articulé. En raison de son extrême ténuité et de la vivacité de ses mouvements , il est . très-difficile d’étudier bien cet animalcule , quoiqu’il soit com- mun surtout dans les infusions animales : je l’ai trouyé notam- ment dans l’eau de mer où l’on a laissé macérer des zoophytes (l) f^ibrio spirillum, Müller , Inf. tab. VI , fig. g, p. 49- Melauella spirillum , Bory , 1824. Spirillum volutans, Ehrenb. i83o-l838, Infus. lab. V , f. i3 , n» 98. DES INFUSOIUES. 225 (Jurant (Jix ou douze heures en été; 2“ dans des infusions de cantharides sèches ou d’autres insectes dans 1 eau douce ; 3“ dans une infusion de filaments verts confervoïdes raclés au pied d’un marronnier en hiver, et préparée depuis vingt jours (i). 3. Spirillcm plicatile, — Spirillumplicatile. — PI. I , fig. lo (2). Corps filiforme, non extensible, contourné en une hélice très- longue, flexible et susceptilile de se contourner sur elle -même, et de se mouvoir en ondulant. — Longueur totale de 0,12 à 0,20. M. Ehrenberg, attribuant à son genre Spirillum la propriété de former une hélice inflexible , ce qui est contraire à l’opinion de Millier, et je dirai même à mes observations , a dû établir en i834 le genre Spirochœla pour cette espèce qui forme une hélice pro- longée en un long cordon flexible comme une longue et mince élastique de bretelle ; mais dans l’ignorance où nous sommes de la vraie organisation de ces êtres, nous ne pouvons séparer cette espèce du Spirillum tournoyant , dont elle ne paraît différer que par le nombre de ses tours de spire, nombre qui va jusqu’à soixante-dix, et qui empêche cet Infusoire de tourner sur son axe comme le précédent. Je l’ai observé dans des infusions ani- males conservées très-longtemps. * Spirillum tenue. Ehrenberg Infus. i838, tab. V, f. XI , n“ 96. Sous ce nom , M. Ehrenberg veut distinguer une espèce qui diflérerait du Spirillum undula, parce quelle présente des fibres plus épaisses (0,00226) moins fortement contournées, et moins distinctement articulées ; elle aurait souvent trois ou quatre tours de spire. (1) En ajoutant un peu d’alcool et d’ammoniaque à l’infu.sion qui contenait beaucoup de Spirillum avec d’autres Infusoires , j’ai vu ces Spirillum continuera se mouvoir quand déjà les Enchelys et les Kol- podes étaient déformés et tués , mais ils finirent par céder aussi à l’action du liquide , et moururent en se contractant en granules diaphanes . M. Ehrenberg, conjecturant d’après la roideur de ces animaux, qu’ils pourraient avoir une cuirasse siliceuse, en a brûlé sur la lame de pla- tine sans obtenir aucun résidu siliceux , par conséquent, comme il dit, il a du renoncer à son opinion. (2) Spirochœla pUcatilis , Ehrenb. 1834. — Inf. l838, tab. V, fig. 10 , p. 83. INFUSOIRES. 1 5 226 HISTOIRE NATURELLE * Spirodiscus. Ehrenb, i83o-i838. Infus. lab. V, fig. XIV, n" 99. M. Ehrenberg avait établi, en i83o, ce genre douteux pour un Infusoire incomplètement observé durant son voyage en Sibé- rie ; il le décrit comme un fd contourné en spirale et formant un disque brunâtre large de 0,0226. Il avait proposé aussi de placer dans ce mêmegcnre le olvox grandinella de Millier. ORDRE 11. Infusoires pourvus d’expansions variables. 11“ FAMILLE. AMIBIENS. An. formés d’une substance glutiueuse, sans tégu- ment , sans organisation appréciable ; changeant de forme à chaque instant par la protension ou la rétrac- tion d’une partie de leur corps , d’où résultent des ex- pansions variables. — Mouvement lent. Les Amibes ou Protées se rencontrent dans pres- que toutes les vieilles infusions non putrides , aussi bien que parmi les débris vaseux recouvrant les corps submergés dans l’eau douce ou dans la mer ; elles ne sont pas moins ren^arquables que les Vibrioniens , par la simplicité de leur organisation apparente, et à cause des arguments que peut otirir leur étude en faveur de la génération spontanée. Car tandis que la pe- titesse des Vibrions permet de supposer que chez ces êtres existent des organes encore inaperçus , nous croyons avoir le droit de penser qu’aucun organe dis- tinct ou spécial ne se trouve chez les Amibes , dont les dimensions sont quel([uefois de plus d’un demi- DES INFUSQfPES. 327 millimclrc , cl dont !a transparence est telle, que l’œil armé du microscope les pénètre en tout sens , et que leur présence ne se manifeste souvent dans le liquide que par une simple différence de réfraction. Quand on soumet au microscope une goutte de li- quide contenant des Amibes , on aperçoit d’abord de petites masses arrondies , demi-transparentes ou né- buleuses, immobiles ; bientôt du contour de ces masses on voit sortir une expansion ou un lobe arrondi d’une transparence parfaite ; cette expansion glisse insensi- blement comme une goutte d’huile sur la plaque de verre cjui sert de porte-objet ; puis , prenant un point d’appui en se fixant sur le verre , elle attire lentement à elle toute la masse. Ainsi se manifeste la vitalité des Amibes qui, suivant leurs dimensions ou leur degré de développement, peuvent émettre successivement de la même manière un nombre plus ou moins grand de lobes ou d’expansions vi)riables qui ne sont jamais les mêmes , mais qui rentrent et se confondent succes- sivement dans la masse. |Ges lobes, éminemment va- riables dans leur forme respective , sont relativement très-dillérentsdans l,es diverses Amibes ; tantôt ils sont presque aussi larges que la masse primitive , et se présentent comme une portion d’un cercle égal caché aux trois quarts par la masse ; tantôt leur saillie est plus considérable, ils sont plus étroits et plus longs c[ue la masse, mais encore plus arrondis à l’extrémité. Chez d’autres Amibes ils sont terminés en pointe, élargis à la base, et se présentent comme des déchirures dans une membrane diaphane étalée sur la plaque de verre ; enfin on en voit quelquefois de minces , presque fili- formes, simples ou bifides , ou même pres(]iie rameiix . ces expansions filiformes sont souvent dressées en tout U). 228 HISTOIRE NATURELLE sens sur la masse globuleuse de l'Amibe , qui parait alors hérissée de pointes , et peut rouler comme une coque de châtaigne dans le liquide. Les Amibes jeunes ( larges de 0,003 à 0,005 ) sont parfaitement diaphanes, et conséquemment très-diffi- ciles à apercevoir dans un liquide , à moins qu’on n’ait la précaution de modifier convenablement l’éclairage , et qu’on ne fixe longtemps les mêmes objets pour re- connaître leurs changements de forme ou de position ; mais à mesure que les Amibes deviennent plus volu- mineuses , elles perdent leur transparence au centre de la massé, par suite de l’agglomération de divers corpuscules ou granules , qui ont pu être pris pour les œufs ou pour la nourriture de ces animalcules. On dé- mêle facilement, parmi ces corpuscules internes, divers objets qui ont dû. venir de l’extérieur, ou être absorbés ou engloutis par les Amibes ; tels sont des grains de fécule si reconnaissables par la polarisation , des Navi- cules et diverses parcelles végétales microscopiques. On conçoit comment ces objets ont pénétré dans l’inté- rieur, si l’on remarque d’une part que les Amibes , en rampant à la surface du verre auquel elles adhèrent assez exactement , peuvent faire pénétrer, par pression dans leur propre substance , des corps étrangers qui , par suite des extensions et contractions alternatives des diverses parties , s’y trouvent définitivement en- gagés; et d’autre part, que la masse glutineuse des Amibes est susceptible de se creuser spontanément çà et là , près de sa surface ou à sa surface même , de cavités sphériques ou vacuoles qui se contractent et disparaissent successivement en reportant ainsi, au milieu même de la masse , les corps étrangers qu’elles ont renfermés. DES INFUSOIRES. 229 Que ces objets ainsi engloutis doivent servir de nour- riture aux Amibes , c’est for t difficile à croire, en raison même de la consistance et de rinaltérabilité de quel- ^ques-unsdeces objets; mais cependant, tout en admet- tant que les Amibes se nourrissent par absorption , je ne nie pas qu’elles ne trouvent un moyen d’absorber plus facilement encore les éléments nutritifs, en en- gloutissant divers corps étrangers, et en multipliant ainsi leur surface absorb, ante. Si toutefois on voulait prétendre que ces corps étrangers sont entrés par une bouche et sont logés dans des estomacs, il faudrait admettre que cette bouche s’est produite sur un point quelconque, et à la volonté de l’Amibe , pour se refer- mer et disparaître ensuite ; tandis que les estomacs eux-mêmes, dépourvus de membrane propre , se creu- seraient indifféremment çà et là au gré de l’animal pour disparaître de même ; dans ce cas , les mots seuls seraient différents , et l’explication des phénomènes resterait encore celle que j’ai donnée. Des autres corpuscules ou granules contenus dans la masse des Amibes , les uns, d’une ténuité extrême et irrégulière , paraissent différer seulement par leur den- sité de la substance glutineuse , et je suis porté à les considérer comme un produit de sécrétion plutôt que comme des œufs ; ils se meuvent et paraissent couler avec la masse glutineuse dans les expansions qu’envoie l’animal; ils aident ainsi beaucoup le micrographe , pour constater les petits mouvements très-lents des Amibes. Les derniers granules enfin , qu’en raison de leur uniformité on serait plus fondé à regarder comme des œufs , s’observent principalement dans les grandes Amibes , où on les voit s’écouler et refluer d’un côté à l’autre à mesure que se forment les expansions , dans HISTOTRE NATURÉr.LE :>:u) lesquelles ces grnnulés s’avancent plus ou moins. Ces granules, dans l’Amibe majeure , sont ovoïdes , longs de 0,00/^ , et me paraissent llrop consistants et trop homogènes pour être des œufs ; ils réfractent en eflet la lumière aussi fortement que les grains de fécule. Une Amibe qui vivait dans un flacon tapissé d’une couche lougeâtre produite par la fermentation des Cbaras et de plusieurs autres végétaux aquatiques , était remplie de granules rouges provenant évidem- ment de cet enduit du flacon. D’autres Amibes sont «colorées en vert par des granules de cette couleur, re- cueillis par elles sur les parois des flacons ; je suis donc porté à regarder comme étrangers à l’organisme chez les Amibes, la plupart des granules internes. Les Amibes, une fois développées, peuvent sans doute se multiplier par division spontanée ou par l’a- bandon d’un lobe, qui continue à vivre pour son compte; la seule expérience que j’aie tentée à ce su- jet sur une grosse Amibe , m’a convaincu que , par la déchirure ou la section de la masse , on ne provoquait point du tout l’écoulement de la substance glutineuse interne ni des granules contenus, mais que chaque lambeau se contractait et continuait à vivre (1). On peut aussi voir là une preuve de l’absence de tégu- ment. L’apparition si prompte et comme spontanée des Amibes dans une foule d’infusions, doit être un grave (l) M. Ehrenberg allribue aux Amibes un tégument résistant , con- traetile , très-élastique , et il explique l.i procluelion des expansions va- i'iables, en supposant que cé tégument venant à se relâcher au gré Je l’animal clans une partie Je sa surface , il en résulte chlns ccl endroit une sorte Je hernie; tout le reste du tégumeni, en vertu Je la coniraclililé cjuïl conserve, refoulant avec force les viscères et les organes intérieurs Jàini la pbrlioJ dilatée (IJ tégnmenl. DES INFUSÜIKES. 231 sujet (le méditation pour l’observateur sincère et exempt de préjugés. Les Amibes ont été vues d’abord par Rœsel, puis citées par Linné et par Pallas, sous les noms de Vol- vox chaos , Chaos proteus et Volvox proteus. Müller vit plus tard celle qu’il nomma Proteus dlfflueris ; Gleicheu en vit de petites dans les infusions; Schrank en décrivit trois ou quatre espèces. M. Bory, en créant le Amibe , y comprit , avec trois vraies Amibes, d’autres Infusoires totalement différents , tels que des Amphileptus, âes Laciymai'ia , des Kolpodes ^ etc. Losana de T urin , entraîné sans doute par l’admiration que lui causait l’étude des Amibes, n’en décrivit pas moins de soixante-neuf espèces , qui ne sont pour la plupart que des modifications de forme de l’Amibe diflluente ; M. de Blainville, qui eut l’occasion d’en voir aussi, les considéra comme de jeunes Planaires. 1" Genre. AMIBE. — Amiba. { Amœba ,'E\\T('wh.) { Memes caractères que pour la famille. ) Le genre Amibe, établi par M. Bory pour le Protée de Rœsel et le Proteus diffluens de Müller, contient sans doute un grand nombre d’espèces ; mais , excepté les types qüe nous venons de citer , et \A. Gleichenii, aucune autre Amibe de M. Bory n’en doit réellement faire partie. Il est fort difficile de caractériser comme espèces lesnom- lireuses Amibes que l’on rencontre journellement dans les diverses infusions et dans les eaux stagnantes ; car la forme, qui pour les autresanimauxfournit ordinairement un des ca- ractères les plus essentiels, est ici d’une instabilité qu’exprime parfaitement le nom de Protée; et comme d’ailleurs il n’est pag possible dy reconnaître des organes (juelconques de nutri- tion ou de reproduction , on est réduit à distingufer simple- 232 HISTOinE MATUriELLE ment les Amibes d’après leur "rancleur et la Ibrine générale de leurs expansions variables. Ce ne sont point là devrais caractères spécifiques, ce sont tout au plus des indications ou des signalements provisoires. Dans l’énumération que je vais donner, ii est donc bien essentiel de ne pas voir une distinction d’espèces. I. A.mibe majeure. — Amila princeps. — l’I. I , fig. ii (i). Large de 0,57 à 0,60 , blanc jaunâtre. Remplie de granules qui réfractent fortement la lumière , et se portent ou relluent dans les expansions successivement formées , lesquelles sont très-dia- phanes à l’extrémité et souvent très-longues. M.Ehi-enberg l’a trouvée à Berlin en i83o; je l’ai observée sou- vent en décembre i83g et janvier 1840 dans l’eau d'une fontaine des environs de Toulouse (Blagnac), que j’avais conservée .avec des Lemna et des Callitriches dans un vase ouvert ; elle avait un demi -millimètre dans l’état de contraction et se voyait à l’œil nu comme une petite masse blanc jaunâtre. Quand elle s’étendait, elle avait souvent un millimètre de longueur. .Te suis parvenu à la couper en deux avec un petit scalpel, et j’ai bien vu une de ses moitiés continuer à vivre. Un lobe que j’avais déchiré s’est con- traclé et a paru aussi disposé à vivre. 2. Amibe de Roesel. — Amila Roeselii.{i). Large de 0,2, diaphane, à oxpansion.s nombreuso.s , le.s une.s trè.s-obtuses , les autres digitées , et ipiclques-unes pointues ou déchirées. C'est à tort que l’on a citésouvent cette Amibe comme an.ilogue au Proleus dijfluens de Müller qui est au moins trois fois plus petit . A la vérité, Müller lui-mème en faisant ce rapprochement sup- posait que son Protée était le jeune âge de l’animal de Rœsel. .l’ai observé dans l’eaude Seine, en 1 887, une Amibe que je crois (1) Amocha princeps , Elirenb. PI. Vlll , lig. 10. (2) Bory, Encyclop. zoopli. p. ^6. Per Kltiiie Proteus ; Kœ.sel , Ins. lit, p.ig.lGai , l.nl). CI. DES INFUSOIRES. 233 celle de Rœsel ; elle avait des expansions variées fort nombreuses, et présentait vers le centre de grandes vacuoles qu’on aurait pu prendre pour de gros globules. 3. Amibe diffuiente. — Anüha dijfluens (i). — PI. lH , fig. I. Longue de 0,06 à 0,05, diaphane , contenant des granules ou corpuscules plus ou moins abondants et creusée spontanément de vacuoles, avec des expansions nombreuses , longues , arrondies à l’extrémité, quelquefois rameuses. Millier qui ne rencontra qu’une fois ou deux cette Amibe dans l'eau des marais, l'a décrite comme une masse muqueuse grise rem- plie de globules et changeant de forme dans l’intervalle d une demi-minute , de cette manière : « la matière gélatineuse, trans- parente, difïlue de quelque point indéterminé du contour et toujours d’un point düTérent en un ou plusieurs lobes ourame.aux delongueuret de direction diverses; lesglobules s’écoulentbientôt dans celte nouvelle partie du corps qui se dilate et s’épanche de nouveau en un point quelconque du contour, tandis que les glo- bules suivent continuellement le courant qui les entraîne dans chaque nouvelle forme du corps. » Je l’ai vue assez souvent dans l’eau de la Seine recueillie avec des Conferves et des Potamogetons, sur l’enduit vaseux desquels elle vivait sans doute , en aov\t et en octobre. 3. ‘Amibe marine. — Amiha marina. On peut nommer ainsi une Amibe longue deo.io, à o,i i, rem- plie de granules au centre, et qui diffère seulement de l’Amibedif- fluente par ses dimensions et par son habitation. Je l'observais au mois de juillet iSjo dans de l’eau de mer prise à Cette quatre mois auparavant, et dans laquelle vivaient aussi des Cylhérines avec divers animaux et végétaux microscopiques. (i) Proteus (UJJIueus , Muller. Pl. II, fig. 12, p. g. Aniiba Mülleri , Bory , Encycl. zooph. p. 46. Amocha dijfluens Ehrenberg, Infus. i838. Pl. VIII, fig. 12. HISTOIP.E NATURELLE 234 4. Amihe de Gleichen. — yfmUia Clcichenii(j). — PI. IV, fig. G. Longue de 0,03 à 0,07 passant de la forme ronde, globuleuse , à l’ovale très-allongé , en se büobant , se trilobant à l’une de ses extrémités ; susceptible de se dresser quelquefois en partie , et présentant fréquemment des vacuoles et des parties nébuleuses , presque opaques au centre. Gleichen l’avait trouvée au bout de quinze jours dans une infu- sion de pois ; M. Bory l’a revue dans diverses infusions vieilles. Je l’ai rencontrée très-souvent, et d’abord le 6 décembre i835 , sur les débris vaseux raclés à la surface des feuilles mortes de typba dans l’eau des marais; 2“ le 21 janvier i83G dans ime infusion de foin préparée 28 jours auparavant; elle était longue de 0,07 et large de 0,02 ; 3® le 2 février 1837 , dans une vieille infusion de mousses ; elle était longue de 0,04b’, et se soulevait parfois à une de ses extrémités d’une manière remarquable; avec elle s’eu trouvaient beaucoup de jeunes, longues à peine de 0,006 ; 4“ le i3 février i83G, dans une infusion préparée depuis vingt jours avec les filaments verts confervoïdes raclés sur l’écorce d’un mar- ronnier ; les Amibes, s’y montraient comme des globules transpa- rents de 0,017 roulant dans le liquide; ils ne commenç.iient à s’étendre qu après quelque temps de repos. 4 * Amibe fÈstonnÉe.^ — Amila mulliloha. J’ai désigné sous ce nom dans mes notes une Amibe qui n’est peut-être qu’une modification de Y Amila Gleichenii , mais qui mérite d'être signalée'; tant à cause de sa forme que pour les cir- constances de son apparition. Elle est longue de 0,020 à 0,027; elle paraît plus molle encore qüe les précédentes , et se meut avec vi- vacité en émettant autour d’elle en divers sens dix à douze lobes arrondis en maniéré de feston , et prenant ainsi les figures les plus irrégulières. Elle était, le 17 février 1 836, dans une infusion de farine préparée le 24 décembre, et dans laquelle s’étaientmon- Irés successivement des Vibrions, des Monades et des Kolpodes. (i) Bory , Eiicycl. zobpli. p; 46; Prolée désigné p.ar la letlre S ilaris l’ollvrage de Glcirlien ; PI. '.(S, fig. 18 , p. uS-j. DES INFUSOIRES. 235 5. Amibe limace. — Amila Umax. Longue de 0,10 , large de 0,05.— Diaphane, arrondie aux deux bouts , très-peu lobée , glissant sur le verre dans une direction presque rectiligne ; contenant des granules très -distincts et une vacuole très-prononcée. .le crois devoir signaler provisoirement sous ce nom, une Amibe observée le i8 février i836 dans de l’eau de Seine gardée depuis huit mois avec quelques végétaux ; c’est peut-être un degré plus avancé de développement de la précédente ou de la suivante ; ce- pendant sa transparence plus grande et sa quasi-fluidité me pa- raissent la distinguer suffisamment. G. Amibe ooettelette. — Amila gullula. Longue de 0,05 à 0,0o. — Diaphane , orbiculairc ou ovale , non lobée , glissant sur le verre dans une direction rectiligne , et con- tenant des granules très-distincts. Je signale cette espèce comme l’iinc de celles qu’on rencontre le plus souvent, et qui cependant doit échapper le plus aisément il l’œil de l’observateur en raison de sa transparence, de la sim- plicité de sa forme et de la lenteur de ses mouvements. Je l’ai ren- contrée fréquemment dans l’eau de rivière ou de marais, conser- vée longtemps dans des bocaux avec des végétaux. (Vest cette Amibe que je trouvais, en novembre 1887, colorée en rouge par les granules qu elle avait recueillis en rampant sur les parois du vase. 7, Amibe DÉcninÉE. — Amila lacerala. Longue de 0,007 0,055. — Inégale , rugueuse , plissée et gra- nuleuse , peu diaphane, a expansions élargies et comme membra- neuses à la base , et terminées par plusieurs déchirures amincies à rexlrémilé et adhérentes au verre comme du mticus. Une ou plusieurs vacuoles bien distinctes. Je 1 ai trouvée avec ces caractères bien prononcés et longiiê de o.o.io, à Paris, dans l'eau de l’étang du Plessis-Piquet, sur les feuides mortes. — Une Amibe semblable, longue de 0,017, et 23G inSTOinE NATURELLE changeant de forme très-lentement , se trouvait abondamment le iG février i836 , dans une infusion de noix vomique préparée le 24 décembre , et dans laquelle s’étaient montrés successivement des Bacterium et des Monades. Je l’ai revue en janvier 1887 dans de vieilles infusions de gomme avec divers réactifs chimiques , tels que du salpêtre, de l’acide oxalique et de l’acide tartrique; elle était plus petite (de 0,007 ^ et n’avait qu’une vacuole ; dans l’infusion de gomme et de phosphate de soude les Amibes encore plus petites, 0,006, n’avaient que des expansions arrondies. 8. Amibe YERRUQDEusE. — Amiha verrucosa (i). Longue de 0,014 à 0,03S. — Globuleuse ou ovoïde, demi-trans- parente ; à expansions courtes, cylindriques , obtuses, éparses, souvent comme des verrues. Mouvements très-lents. • Je réunis à l’espèce décrite par M. Ehrenberg , laquelle, dit-il, est longue de 0,045 , d’abord une Amibe longue de 0,04 à o,o55, trouvée abondamment le 14 juin 1887 dans de l’eau de pluie dont était rempli un tonneau enduit de tartre de vin rouge, et qui s’était putréfiée. Cette Amibe montrait sur son contour dix à douze expansions deux fois aussi longues que larges. 2" Une petite Amibe globuleuse large de 0,014 ■ hérissée en tous sens de dix à douze prolongements et roulant comme une châtaigne , dans une eau stagnante remplie d’Euglènes vertes. ç). Amibe radiée. — Amiha radiosa (2). — PI, IV, fig. 2 et 3. Masse globuleuse ou déprimée, diaphane, large de 0,008 à 0,020 d’où partent en rayonnant en tous sens 6 à 10 expansions aiguës , presque filiformes , égalant deux fois environ le diamètre du corps , roides'quand l’animalcule est en repos , mais s’indé- chissant de diverses manières si l’on agite le liquide. Les Amibes à expansions filiformes rayonnantes se rencontrent très-fréquemment : j’en ai vu dans l’eau de la Seine , sur des dé- tritus végétaux, le i5 octobre 1887, une assez grande dont le corps (1) Amocha verrucosa , Elir. i8.?8, Infus. Tl. VIII, fig. 11. (■2) Amocha radiosa , Ehr. i838, Infus. Pl. Vlll, iig. i3. DES IXFUSOIHES. 237 ovoïde, de 0,02, contenait des granules de divei’ses grosseurs et émettait sept à^huit filamentsjtrès-longs et très-déliés, qui, par suite de l’agitation du liquide , étaient flexueux comme les filaments des Monades, mais n’avaient pas de mouvements ondulatoires. — 2° Dans une infusion de persil , préparée depuis deux mois , se trouvaient des Amibes de cette sorte , à corps globuleux , large de 0,014 à 0,020 , creusé de vacuoles et contenant des granules , avec quatre ou cinq expansions filiformes. — 3“ Dans une infu- sion de pain très-diluée et non putride , où vivaient en même temps desEuglènes vertes, des Vorticelles et des Oxy triques , j’ai observé, depuis le mois de décembre 1 836 jusqu’au 16 février 1837, des Amibes à corps globuleux, deo,or, plus ou moins no- duleux, avec cinq à six expansions filiformes très-longues, épaisses seulement de 0,0009 à la pointe. Ces Amibes vivaient surtout dans les pellicules floconneuses de la surface ; mais quand elles en étaient détachées, elles flottaient dans le liquide et se laissaient entraîner par les tourbillons des .Vorticelles. — 4® Le 10 février 1840, à Toulouse , ayant conservé quelque temps dans un verre la boue d’une ornière , remplie d’eau colorée en vert par des Phacus pleuroneste, je trouvai abondamment dans le liquide sur- nageant, des Amibes fort remarquables, à corps globuleux, de 0,008, diaphane, avec 7 à 10 expansions rayonnantes, longues de 0,02 , assez épaisses à leur base, mais très-minces (o,ooo5 ) à l’extrémité , et paraissant assez roides pour supporter l’animalcule flotlant dans le liquide. Quelques-unes de ces Amibes , laissées longtemps en repos , s’appliquaient , en s’aplatissant , sur la lame de verre , et se mouva.ient en glissant ; elles étaient alors du dou- ble environ plus larges. — 5“ Dans diverses eaux de marais ou d’infusion non putride, j’ai vu de telles Amibes qui , en s’appli- quant sur la lame de verre, prenaient la forme d’une étoile, d’un losange ou d’une trapèze symétrique, ou d’un triangle isos- cèle , à côtés concaves et à angles prolongés en un long filament ; de là les formes de flèches, de fleur ,,etc. , que Losana a décrites comme autant d’espèces. Ces filaments si minces qu’on voit se produire par l’expansion dune substance glutineuse, en apparence homogène, devenir flexueux par l’agitation , et se toucher entre eux sans se souder ou se confondre, serviront bien à concevoir le mode de produc- tion et la structure des filaments flagelliformes ou des cils vibra- tiles des Infusoires. Je ne crois pas d’ailleurs que dans aucun cas HISTOIRE NATURELLE 238 ou puisse, suivant l’idée de M. Ehrenberg, considérer de telles expansions chez les Amibes , comme produites à la manière des hernies , par le relâchement local d’un tégument très-contractile ; car il semble qu’on devrait voir, par l’effet même de la contrac- tilité du tégument, ces expansions se réduire et rentrer dans la masse plus promptement au lieu de rester flexueuses et flottantes pendant l’agitation. lO. Amibe a bras. — Jmiba Irachiaia. — PI. IV, fig. 4* Masse globuleuse de 0,01S, demi-transparente, lacuneuse et tuberculeuse^, avec quatre à six expansions assez minces , longues de 0,024 à 0,056, cylindriques , droites ou sinueuses, quelquefois bifides ou rameuses. Cette Amibe, que j’ai trouvée d’abox'd abondamment dans la pellicule floconneuse recouvrant une infusion de chair prépa- rée depuis vingt-sept jours, en janvier i836, m'a paru différer de l’Amibe radiée par ses expansions moins nombreuses et moins amincies à l’extrémité, et quelquefois bifides ou rameuses comme celles des Rhizopodes. Ces Amibes flottaient dans le liquide qu’on venait d’agiter; mais quand eljes étaient depuis un certain temps fixées sur la plaque de verre , elles s’y appliquaient en s’étendant plus ou moins à la manière des autres Amibes. J’ai trouvé des Amibes presque identiques dans une soucoupe où je conservais , depuis un mois, desOscillaires avec de la terre et de l’eau. 1 1 . Amibe épaisse. — Amiha crassa. Longue de 0,05 à 0,05, plus ou moins arrondie, épaisse, rendue trouble par une grande quantité de granules; expansions circulaires , nombreuses , trèsTpeu saillantes. Elle était très-abondante dans l’eau de la Méditerranée, con- servée durant quinze jours , avec des animaux vivants, au mois de mars. — Quand l’eau de mer contenant des Corallines et des Cives, eommenoait à s’altérer dans un flacon , au bout de deux jours , en février i84o , elle montrait sous le microscope un nom- bre considérable de très-petites Amibes globuleuses, larges de 0,002 à o,oo3 , très-difficiles à voir, et se mouvant lentement. DES INFUSOIRES. 239 12. Amibe bameuse. — jimiba rnmosa. — Tl. IV, fig. 5. Masse globuleuse ou ovoïde, longue de 0,028, rendue trouble par une grande quantité de granules , et émettant de nombreuses expansions d’une largeur à peu près égale, de 0,0016à 0,002 arron- dies à l’extrémité , égalant la longueur de la masse , et le plus souvent rameuses. Dans l'eau du canal des Étangs, à Cette, conservée quinze jours avec des animaux vivants. Je citerai encore une Amibe que j’ai représentée , Planche 111 , ligure 2 , et qui mérite bien le nom à!Amiba inflaia; puis une autre espèce ou variété assez remarquable que j’ai obser- vée en grand nombre dans l’eau de l’étang de Meudon , con- servée avec des Spongilles. Cette Amibe, longue de o,o8, avait la forme de l’Amibe de Gleichen , mais elle présentait de nom- breuses vacuoles dont le centre était occupé par un globule hui- leux , quatre fois moins large; elle montrait en outre à la partie postérieure des prolongements filiformes et traînants produits par l’étirement delà substance charnue glutineuse trop adhérente au verre en certains points ; quelques-unes de ces Amibes avaient aussi sur une partie de leur contour d’autres filaments immobiles formant comme une frange. 11 s’en faut bien que ce soient là toutes les formes d’Amibes que j’ai observées et dessinées; mais, je le répé’te, il est impossible d’établir des especes zoologiques avec des animalcules sans forme arretée, sans organisation appréciable , dont on ignore le mode d’origine ou de reproduction, etsur lesquels enfin on peutsupposer que la nature du liquide produit de très-grandes modifications. Car, de ce qui précède, on peut conclure que la plupart des Amibes décrites se sont développées dans des solutions salines plus ou moins saturées, et souvent aussi dans des liquides dont la fiuidité était diminuée par des substances organiques dissoutes. Eu décrivant avec tant de détail toutes ces Amibes et surtout les circonstances de leur apparition , j’ai donc eu seulement pour but de mettre les observateurs à même de les trouver et de les étudier. 240 HISTOIRE NATURELLE 1]1“ FAMILLE. lUilZOPODES. Animaux consistant en une masse de substance charnue , glutineuse , sans organisation appréciable , et cependant sécrétant une coque ou un tôt souvent régulier, où ils peuvent se retirer complètement ; mais dépourvus de tégument sur une partie plus ou moins considérable de la masse , laquelle s’allonge et s’étend au dehors sous la forme d’expansions indéterminées , incessamment variables et complètement rétractiles , pour se confondre de nouveau avec le reste de la substance. Les Rhizopodes sont en quelque sorte des Ami- biens revêtus d’une enveloppe membraneuse résis- tante, ou d’une coquille régulière; ainsi, non moins surprenants que ces derniers animaux par la simplicité de leur organisation , ils excitent doublement l’admi- ration par la régularité, et souvent même par la structure délicate de leur têt. Cette structure a même paru à quelques naturalistes une preuve d’une orga- nisation très-complexe chez certains Rhizopodes , et l’on n’a pas hésité à en faire des’ Mollusques Cépha- lopodes . Quand plus tard il a fallu renoncer à cette opinion, il s’est encore trouvé des hommes d’un grand mérite qui ont persisté à vouloir arguer de la com- plexité réelle du têt, contre l’exactitude des observa- tions qui démontraient chez ces mêmes Rhizopodes , une organisation des plus simples. Et cependant l’ob- servation directe doit siidlre pour lever tous les doutes, et quiconque aura bien vu les expansions variables de ces animaux , ne pourra s’empêcher de les DES INFUSOIRES. 2/il juger semblables à celles des Amibes , et de conclure qu’ici encore, il n’y a ni téguments, ni fibres, ni membranes, ni tissu d’une structure appréciable. C’est tout simplement une substance glutineuse ho- mogène qu’on voit s’étendre, s’allonger en lobes et en filaments qui s’avancent, se retirent, se soudent les uns aux autres , en présentant les mouvements les plus variés. Quant au têt ou à l’enveloppe sécrétée par cette substance vivante, il présente les formes les plus variées et les plus compliquées, et sa compo- sition même varie depuis celle d’une simple mem- brane flexible, jusqu’à celle d’un têt calcaire épaissi, compacte ou poreux, simple ou soutenu par une membrane. Ces différences pourront servir à distin- guer les genres et les tribus , mais une considération prise de la forme des expansions variables, devra, je crois, servir préalablement à diviser les Rhizopodes en deux sections, quoique sa valeur ne soit pas absolue. Une première section , répondant à la famille des Ar- cellina de M. Ehrenberg, ne comprendra que les espèces ptourvues d’expansions courtes, épaisses, ar- rondies à l’extrémité; ce sont les Difflugies , quand elles ODt une coque membraneuse, sans texture visible, flexible, ordinairement globuleuse, d’où sortent les expansions en se dressant; ou bien ce sont des celles , si leur têt discoïde est aplati du côté qui s’ap- plique sur le plan de reptation , et qui , d’une ouver- ture ronde centrale , laisse sortir les expansions entre le têt et ce même plan; leur têt cassant se montre souvent réticulé , ou aréolé ; on y voit des indices de la disposition spirale, bien plus que de symétrie. Une seconde section , plus nombreuse , comprend toutes les variétés de forme qui présentent des expan- INFUSOIRES. 16 242 HISTOIRE NATURELLE . sions filiformes Irès-amincies à l’extrémité; je les di- vise en trois tribus, dont la première n’est distinguée des Difïlugies que par la ténuité de ses expansions ; néanmoins , dans un des genres de cette tribu , les Trinèmes , l’ouverture est latérale, et certaines espèces formant le genre Euglyphe , ont un têt marqué de tu- bercules ou d’aréoles suivant une disposition spirale ; ces deux genres se distinguent d’ailleurs par le petit nombre des expansions qui sont simples et souvent susceptibles de se dresser ; le troisième genre, Groniie , a une coque sphérique membraneuse, et ses expan- sions , ]>lus épaisses à la base , sont très-longues et très- rameuses. Tout le reste des Rhizopodes a été compris par les auteurs sous la dénomination de Polytbalames ou Céphalopodes microscopiques, ou de Foramini- fères ; ce sont des animaux marins revêtus d’une petite coquille calcaire, ordinairement très-délicate et très-élégante , offrant en petit une certaine ressem- blance extérieure avec les Nautiles et les Ammonites, et toujours partagée en plusieurs loges. Mais dans un seul genre, Miliole ^ constituant notre seconde tribu, l’animal fait sortir par une large ouverture unique, des expansions semblables à celles des Gromies ; tandis que dans les genres nombreux et variés de la troisième tribu, les expansions , moins rameuses et presque aussi minces à la base qu’à l’extrémité , sortent par les pores nombreux dont est percé le têt. Parmi cette foule de genres établis sur des coquilles récentes ou fossiles, je cite seulement quelques types que j’ai pu observer vivants : ce sont, d’une part , les V orti- ciales et les Cvistellaires , qui rampent sur les diffé- rents corps marins à l’aide de leurs expansions , et qui diffèrent , parce (|ue dans celles-ci les expansions sor- DES INFCJSOIHES. 2:1,3 tent tlii bord de la dernière loge seulement , et que dans celles-là elles sortent de tous les pores près du con- tour. D’autre part, ce sont les Bosalines et Planor- bulines qui sont fixées par leur têt même aux plantes marines. Les Rhizopodes marins sont connus depuis long- temps, d’après leurs coquilles qui sont très-abondantes dans le sable de certaines plages , à Rimini, par exem- ple, sur la mer Adriatique. ïls se trouvent plus abondamment encore à l’état fossile dans certaines roches calcaires des terrains crétacés ou tertiaires, qu’on a souvent nommés calcaires à Miliolites , parce que le plus grand nombre de ces coquilles fossiles ap- partient au genre Miliolë. Les coquilles de Rhizopodes , en général , ont été décrites parSoldani; celles dont la forme extérieure rappelle la forme des Nautiles, ont été l’objet d’un travail de Fichtel et Mobl , en Allemagne ; Denjs de Monlfort , Lamarck , M. Defrance , M. Desbayes, en ont décrit beaucoup d’autres ; mais c’est M. A. d’Orbi- gny qui s’est le plus occupé de leur étude et de leur classification : il les a divisées en plusieurs familles , d’après la disposition relative des loges , et en un grand nombre de genres basés sur la présence et sur la posi- tion d’une ouverture qu’il leur attribue, mais que je n’ai pu apercevoir aussi distinctement cjue lui. Les Rhizopodes vivants n’ont été connus dl’abord que par la découverte que fit M. Leclerc, à Laval , de la DifUugie vivant dans les eaux douces , et par la dé- couverte de plusieurs espèces d’Arcelles vues par M. Ehrenberg, ainsi que des Difilugies faisant éga- lement partie de notre première section ; mais les Rhizoporles , proprement dits , n’ont été bien vus qu’eu HISTOIRE NATURELLE 24^ * 1835, époque où je les observai sur les côtes de la Méditerranée et sur celles de la Manche, et où j’en ap- portai de vivants <à Paris. L’année précédente, j’avais à la vérité recueilli des Rhizopodes vivants ; mais au lieu de les observer dans leurs mouvements, j’avais voulu les disséquer et procéder immédiatement à l’é- tude de leurs organes supposés ; et comme en brisant leur têt avec précaution je ne pouvais reconnaître à l’intérieur qu’une substance glutineuse homogène , sans intestin , sans fibre , sans cils vibratiles , sans au- cun de ces organes ou de ces tissus qu’on trouve dans les polypes les plus simples, j’eus l’idée de dissoudre le têt par l’acide nitrique affaibli , mêlé d’alcool. Alors la substance glutineuse , dégagée de son enveloppe et de- venue plus solide , se montrait sous la forme des loges qu’elle remplit toutes à la fois ; c’était une série de pièces en forme de feuilles, ou lobées sur leur contour, lesquelles , de plus en plus grandes , se suivaient en se tenant par un ou plusieurs points. Par l’action des réac- tifs employés, on trouvait quelquefois une apparence de fibres, de cordons, de membranes, mais rien que l’on pût rapporter à tel ou tel type connu de l’organisme , comme je n’avais étudié ainsi que les Rhizopodes , dont la coquille calcaire offre plusieurs loges , j e voulus , pour indiquer par un nom le singulier mode de pelotonne- ment de leurs parties, les appeler Sjmplectomcres ; mais quand plus tard j’eus observé leur manière de vivre et de ramper ; quand j’eus reconnu que la Gromie fait sortir d’une coque globuleuse uniloculaire, des expan- sions rameuses , filiformes , si semblables à celles des Milioles, je pensai qu’il fallait renoncer à la première dénomination qui impliquait une fausse définition , et je tâchai d’exprimer, par le mot Rhizopodes , le carac- B£S INFUSOIRIS. S45 tère commun des expansions étalées en forme de fibres radicellaires , et servant de pieds ou de moyens de lo- comotion à ces animaux. L’analogie des Rbizopodes marins et des Difflugies , indiquée d’abord par M. Gervais, a été confirmée par l’observation des Trinènes et des Gromies fluvialiles ; on est même conduit aujourd’hui à reconnaître que la distinction de ces animaux en deux groupes , d’après l’épaisseur ou la ténuité des filaments , n’a qu’une va- leur très-secondaire. Les Rbizopodes étant privés de la faculté de nager, et devant simplement ramper quand ils ne sont pas fixés à la surface des corps, ne peuvent se trouver que sur les plantes aquatiques, entre les feuilles qui leur offrent un abri , ou bien dans la couche de débris cou- vrant la base de ces plantes , ou encore entre les aspé- rités de la coquille des mollusques marins. On ne les voit pas dans les infusions, mais ils vivent longtemps dans les bocaux où l’on a mis les végétaux qui leur servaient d’habitation, et dans ce cas ils viennent bien- tôt ramper à la paroi intérieure du vase , et se prêtent mieux ainsi à l’observation. Des Arcelles et des Tri- nèmes se sont multipliés beaucoup dans les flacons où je conservais de l'eau et des végétaux de la Seine ou des étangs de Meudon et du Plessis-Piquet; au bout de deux ans je voyais encore , dans un même flacon, des Arcelles vivantes fixées aux parois. Les espèces marines sont ordinairement visibles à l’œil nu ; leur longueur ordinaire est d’environ un mil- limètre , mais elle peut atteindre à deux et trois mil- limètres. Pendant la vie de l’animal , la coquille , si elle est calcaire , paraît quelquefois rosée ou jaunâtre, mais les coquilles vides sont toujours blanches. Quant HISTOIIIE NATUr.EiaC 2/i0 aux Gromies et aux Arcelles, leur couleur est jaune- brunâtre. Les plus gros Piliizopodes d’eau douce ont un demi-millimètre. \ 1**' Genre. ARCELLE. — Arcella. Animal sécrétant un tét discoïde ou hémisphérique, d’où il fait sortir des expansions aplaties obtuses , par une ou- verture ronde , au milieu de la face plane appuyée sur le plan de reptation. IjCs Arcelles paraissent différer entre elles par la structure intime deleurtét, qui quelquefois paraît membraneux, uni- forme, et qui chez d’autres est finement strié, réticulé, ou bien formé de granules réunis suivant des lignes spirales croisées. Certaines Arcelles ont des prolongements en forme d’épines au bord de leur têt. La pression détermine sou- vent la rupture de leur têt, comme s’il était très-fragile. Par les fentes qui se forment alors près du bord, on voit sortir la substance même de l’intérieur , qui s’étend en lobes et en expansions, et change de forme comme une Amibe ; j’ai vu un lobe plus considérable ( pl. II, fig. 3. c.), presque isolé , se mouvoir pour son propre compte comme s’il fût devenu un animal distinct. M. Peltier a vu deux Arcelles très- rapprochées se loucher par leurs expansions sans se souder , tandis que les expansions d’une même Arcelle se soudent et se confondent ensemble ; il a vu en outre une Arcelle, après avoir fait refluer plusieurs fois une partie de sa substance vivante dans une de ses expansions, aban- donner sur le porte-objet l’extrémité plus gonflée de cette expansion qui devint une jeune Arcelle. Les Arcelles jeunes ont leur têt d’une transpai'ence ex- trême; on n’en voit bien les granulations ou les stries que dans les individus plus grands ; il serait donc possible que les détails de structure signalés plus haut tinssent seu- lement h l'âge; aussi n’est ce que provisoirement que j'in- dique les espèces suivantes : DES IXI'ÜSOIRES. 2V7 I. A.RCELLI: y{ii.ck\T.T..-- ^rcdlu vutgaris (i)- PI. 11, (îp. 3, /,, 5. An. à tèt jaune-brunâtre , demi-transparent, plan coiivexe ou en segment de sphère, régulièrement marqué de granules de 0,0016G. — Largeur de 0,050 à 0,160. Je l’ai.trouve'e plusieurs fois dans l'eau de l’étang de Meudon ronservée à Paris depuis plusieurs mois. C’est ainsi que j’obser- vais, au îo janvier i83i), celle que je représente ici (pl. U, fig. 3. a) avec son têt fendu, et la substance vivante sortant en expansions lobées. Un autre Arcel le , que j’observais le 2 3 mars i838 dans l’eau de la même localité, prise deux jours auparavant , parais- sait avoir le têt sans granulations; mais on voyait par transpa- rence des vacuoles se produire et se contracter a l’intérieur, et dans le milieu de la substance glutineuse , un petit Infusoire (Thé- camonadien) était emprisonné et se frayait une galerie en s’agi- tant. 2. Arcelle Épineuse. — Arcella aculeata (2). An. à têt brunâtre, discoïde, convexe en dessus , avec un ou plusieurs prolongements irréguliers en forme d’épines au bord. — Largeur sans les épines 0,123. J'ai vu en i83G cette espèce se multiplier en quantité considé- rable dans des flacons où je conservais de l'eau du Plessis -Piquet , elle formait des points bruns visibles à l’œil nu, à la paroi interne du vase. CvPHiDiE. — Cj'phidium (3). Sous ce nom, M. Ehrenberg a créé un genre pour une espèce d’Arcelle qui se distingue des autres parce quelle n’a qu’une seule expansion variable élargie irrégulièrement, et parce que son têt présente plusieurs tubercules dont quatre plus saillants. La seule espèce décrite est le Cj-phidium aureolum dont le têt jaune est large de 0,046 à 0,062 , et qui a été trouvée à Berlin. Arcella vulgaris , Elir. Infus. Pl. IX, fig. 5. (a) Arcella aculeata, Ehc. Inf. Pl. l.X, fig. G. (3) Cyphidium aureolum , Eli. Inf. Pl. IX, flg . rj. HISTOIRE NATURELEE 2iS 2' Gi;niie. DIFFLUGIE. — Difflugia. An. sécrétant une coque globuleuse ou ovoïde membra- neuse , lisse ou encroûtée , d’où sortent , par une ouver- ture terminale , dos expansions cylindriques , obtuses , dressées. C’est en 1815 que les Difflugies furent étudiées pour la première fois par M. Leclerc , qui en observa de plusieurs sortes dans les eaux des environs de Laval. La plupart des naturalistes qui en ont parlé depuis se sont mépris sur leur nature , c’est ainsi qu’elles ont été prises pour de jeunes AU cyonelles ; mais peu d’observateurs les ont vues. M. Oken pro- posa de changer leur nom en celui de Melicerta. M. Ehren- berg en a observé aux environs de Berlin plusieurs espèces , dont deux se rapportent à celles que M. Leclei’c avait décri tes^ une troisième est nouvelle, et une quatrième, 2). enchelys ^ doit être reportée dans notre genre Trinema.Ve.n ai trouvé plusieurs fois une seule espèce globuleuse et lisse, soit dans la Seine, soit dans l’eau des bassins du Jardin du Roi, à Paris. I. Difflugie globuleuse. — Dijflugia glohiilosa, PI. 2, fig. G. An. à coque brune , globuleuse ou ovoïde , lisse. — Longueur 0,10 à 0,25. Quand celte espèce est jeune, elle ne montre que trois à six expansions simples , mais quand elle a acquis tout son dévelop- pement, ses expansions sont au nombre de dix à douze, ou plus nombreuses , souvent rameuses et bifides et aussi longues que la coque. Je l’ai trouvée à Paris en 1887 et 1 838. (Voy. ann. sc. nat. i838.) DES INFUSOIRES. 249 2. Diffujgie frotÉiforme. — Difflugia proteiformis (i). An. à coque noirâtre ou verdâtre, globuleuse ou ovoïde, re- couverte de petits grains de sable. — Longueur 0,045 à 0,112. C’est cette espèce qui a été observée par M. Leclerc , et depuis par M. Ehrenbei’g. 3. Difflugie a pointe. — Difflugia acuminnla ( 2). .\n. à coque cylindrique , recouverte de grains de sable avec une pointe en arrière. — Longueur 0,37. Cette espèce a été vue par les mêmes observateurs à Laval et à Berlin. 3® Genre. TRINÉME. — Trinema. An. sécrétant une coque membraneuse diaphane, ovoïde allongée ; plus étroite en avant, où elle présente sur le côté une large ouverture oblique ; expansions Olilormes aussi longues que la coque , trés-minces , au nombre de deux ou trois, se dressant dans toute leur longueur pour se porter d’un côté à l’autre et faire avancer l’animal en se contrac- tant. 1 . Trinème PEPIN. — Trinema acinus (3). — PL IV, fig. i • Caractères du f/enre. — Longueur de la coque de 0,021 à 0,048. J’ai observé pour la première fois cet Infusoire en grande quan- tité, à Paris , le 1 3 janvier 1 83G , dans de l’eau apportée le 6 dé- cembre de l’étang du Plessis-Piquet avec divers débris de végé- {1) Difflugia, Leclerc, Mém. du Mus. d'Hist. nat. iSlâ, t. II, p. 478 , pi. xvn, f. 2-3. ^{fftagia proUiformis , Ehr. Infus. p. i3l, Pl. IX, fig. I. (^) ^iff^^gia , Leclerc , Mém. du Mus. d Hist. nat. 1. c. fig. 5. acuminata , Elir. Infus. 1. c. üg. 3. Difflugia enchelys, Ehr. Infus, 1. c. fig. 4- 250 HISTOIRE NATURELLE taux, et je l'ai décrit dans les Annales des Sciences Nalurelles (avril i836, loin. 5, pl, t)). Il vivait dans la couclie vaseuse de débris qui recouvre les feuilles ûelj’pha. La forme de son têt , qui est lisse avec quelques dépressions longitudinales, rappelle un peu celle d’un pépin de pomme. 11 fait sortir de la large ouver- ture oblique de sa coque , deux ou trois filaments simples épais de millimètre o,ooo5 environ, et longs de plus de o,o5. Ces filaments s’allongent lentement en rampant sur le porte-objet ; mais l’animal les dresse, pour les porter assez vivement d’un côté à l’autre; il en fixe alors un par l’extrémité, puis en le contrac- tant peu à peu , il se transporte ainsi dans une certaine direction, jusqu’à ce que le filament contracté ait fini par se confondre dans la masse intérieure. Les autres filaments se trouvant alors forte- ment tirés de côté, l’un d’eux quitte le plan de reptation et se dresse à son tour pour s’aller fixer dans un autre endroit , et faire avancer de nouveau le Trinême en se contractant. De l’ouverture on voit quelquefois saillir un lobe charnu d’où partent les fila- ments , et dans l’intérieur on aperçoit quelques vacuoles. La transparence et la ténuité des filaments ont dû les dérober à la vue de beaucoup de micrographes , et la lenteur du mouvement général de l’animal a dû empêcher qu’on ne le reconnût plus tôt quoiqu’il soit très -commun. Jô l’ai toujours rencontré depuis quand j’examinais au microscope l’eau prise en raclant la surface des plantes marécageuses , à la fin de l’automne. M. Ehrenberg l’a observé à Berlin , et l’a nommé Difflugia en- chelj's en 1 838 ; mais il ne lui accorde que des expansions courtes égalant le tiers dè la longueur de la Chque , c’est à-dire o,oiG ; il remarque bien d’ailleurs aussi que son ouverture latérale le dis- tingue des autres Diülugies ; les vacuoles de l’intérieur lui ont paru démontrer la structure polygastrique de l’appareil digestif ; il a rencontré quelques individus contenant des Bacillariées qu’il suppose avoir été avalées , ainsi que j’en ai vu dans les espèces du genre suivant, et dans les Amibes, sans vouloir admettre qu’elles soient entrées par une bouche. Les coques des Trinêmes étant membraneuses et résistantes , on en rencontre bien plus souvent de vides que d’occupées par l’animal ; elles sont dans ce cas plus transparentes encore, mais elles mettent l’observateur sur la voie pour trouver lès Trinêiïiei vivants. DES INFUSOIRES. 251 4' Genre. EGGLYPHE. — Euglypha. An. sécrétant un têt diaphane , membraneux , résistant , de forme ovoïde allongée , arrondi à une extrémité, et ter- miné à l’autre extrémité par une très-large ouverture tron- quée, à bord dentelé, orné de saillies ou d’impressions régulières en séries obliques. Expansions filiformes nom- breuses, simples. 1 . Ecglyphe TiiBERCL’LÉE. — Euglrpha iuberculata . — PI. 2, fig. 7-8. Tét orné de tubercules arrondis. — Longueur 0,088 , largeur 0,043. J’ai vu plusieurs fois à Paris depuis i83G des coques vides de cette espèce sans connaître leur nature ; mais pendant l’hiver de i83g à 1840. à Toulouse, j’ai vu plusieurs fois l’animal vivant dans des vases où je conservais avec des plantes aquatiques de l’eau prise dans des marais , et dont quelques-uns avaient été apportés de Paris. Le têt, parfaitement diaphane , présente dix à vingt rangées obliques de tubercules peu saillants , qui sont disposés assez régu- lièrement pour qu’on puisse les rapporter à des lignes en hélice ou en spirale, croisées dans deux directions. Les expansions très- difficiles à voir sont d’une délicatesse extrême à l’extrémité, et ce- pendant elles permettent à l’animal de se mouvoir dans toutes les dircclions, et de dresser son têt perpendiculairement au plan de reptation : alors il paraît globuleux, plus foncé, et devient bien plus difficile à reconnaître , parce qu’il ne peut être au foyer du microscope en même temps que les expansions. J’ai compté jusqu’à huit de ces expansions qui sont élargies en membrane à leur base , ou qui paraissent partir d’un lobe palmé de la sub- stance intérieure, leur longueur est un peu moindre que celle du têt, ils se meuvent plus ordinairement en rampant , mais je le ai vus aussi se dresser comme les filaments du Trinême. Un têt vide que j’observais à Paris en 1887, avait en arriète plusieurs pointes irrégulièrement placées comme dans l’espèce suivante. Un autre avait les tubercules en rangées longitudinales. Un Euglyphe vivant, long de 0,007 “ tubercules plus nombreux et que j’ai représenté (pl. 2 , fig. 7, a-h) dans les deux positions HISTOIRE NATURELLE •252 qu’il a prises à quatre minutes d'intervalle, contenait une Navi- cule longue de 0,02, engagée dans la substance glutineuse vivante. Je suis porté à croire que cette Navicule, qui changeait de position suivant les mouvements d’afilux ou de reflux de la substance même de l’Euglyphe, y était entrée comme celles qu’on voit dans les Amibes, c’est-à-dire qu’elle avait été emprisonnée sous la base des expansions, puis retirée à l’intérieur quand les expansions s’étaient contractées. 11 n’y aurait donc point ici de véritable bouche; néanmoins , il n’est pas impossible qu’une telle intromission de corps étrangers doive favoriser la nutrition. U. Euglyphe alvéolée. — Euglypha alveolaia. — PI. II, flg. 9 et 10. Têt orné d’impressions polygonales, régulières. — Longueur 0,09, largeur 0,048. Je n’ai vu que les têts vides de cette espèce , que son analogie avec la précédente fait suffisamment reconnaître ; peut-être même sera-t-on tenté de n’y voir qu’une variété , d’autant plus qu’elles étaient ensemble dans les mêmes vases. Voici toutefois ce que ces têts m’ont offert de particulier, l’un (flg. 9) , avait des impressions en losange séparées par des côtes saillantes courant obliquement, suivant la direction de deux hélices très-allongées en sens inverse; elle avait aussi cinq pointes grêles in'égulièrement placées en arriére; un autre ( fig. 10) avait des impressions hexagonales , qui en outre de la disposition sériale observée dans le précédent , formaient aussi des rangées transverses. 5' Genre. GROMIE. — Gromia. An. sécrétant une coque jaune brunâtre , membraneuse, molle , globuleuse , ayant une petite ouverture ronde, d’où sortent des expansions filiformes très-longues , rameuses et très-déliées à l’extrémité. La coque des Gromies, lisse et colorée, paraît à l’oeil nu comme un œuf de Zoophyte, ou une petite graine de plante; celle de l’espèce marine surtout se voit fréquemment entre les touffes de Corallines et de Ceramium , ou dans le produit du lavage de ces herbes; on ne soupçonnerait pas que ce DES INFUSOIRES. 253 soit là un animal, si on ne savait qu’après quelque temps de calme, la Gromie, placée dans un flacon avec de l’eau de mer, va commencer à ramper au moyen de ses expansions , et que bientôt elle viendra s’élever le long des parois, où l’on peut aisément distinguer, avec une loupe, ses expansions rayon- nantes. C’est ainsique j’ai découvert les Gromies à Toulon en i 835, et que depuis je les ai revues dans la Manche et dans la Méditerranée. J’ai vu aussi , en 1837, une très-petite Gromie fluviatile dans l’eau de la Seine, le 11 octobre; enfin cette année (4 février 1840), dans un bocal où je conservais depuis plus d’un an de l’eau prise avec diverses plantes aquatiques aux environs de Paris, j’ai trouvé plusieurs Gromies fluvia- tiles visibles à l’œil nu. I. Gromie oviforme. — Gromia oviformis (Ann. sc. nat. i835, t. IV.pl.f) ). Coque globuleuse , lisse , avec une ouverture entourée d’un goulot court, expansions rameuses, peu anastomosées. — Lar- geur de la coque , 1 à 2 millimètres; longueur des expansions, s à 4 millimètres. Je l’ai trouvée à Toulon, à Marseille, à Cette, et sur la côte du Calvados , entre les touffes de plantes marines, et je l'ai conser- vée vivante dans des flacons d'eau de mer durant plusieurs mois. Ses expansions sont épaisses de o,o66 à la base ; leur mouvement particulier, par suite de l’afilux de la substance glutineuse, paraît assez prononcé sous le microscope ; mais le mouvement général de la Gromie est tellement lent, que, dans une minute , la coque n’a avancé que de o,o6 dans le champ du microscope, et que , dans une heure, elle ne s’est pas élevée de deux millimètres le long des parois du vase. 11 lui faut plusieurs jours pour arriver au bord du liquide ; et quand elle a atteint la surface du liquide, elle continue à ramper en se renversant sous cette surface à la manière des Planorbes et des Lymnées. Les Gromies étant, de tous les Rhizopodes, ceux dont les ex- pansions filiformes, quoique très-déliées, se prêtent le mieux à l’observation en raison de leur volume, je rapporterai ici ce que j écrivais en i835 (Annales des sciences nat., t. IV) sur le mou- HISTOIIîE NATURELLE 26k vement de ces expansions. Le filament qui commence à paraître est très-fin , simple et égal, il s’allonge et s’étend en différentes directions pour chercher un point d’appui ; tantôt il oscille , tan- tôt il s’agite d’un mouvement ondulatoire assez prompt, ou bien il se roule en spirale sur lui-même ; et dans ce cas , les différents tours qu’il a formés, venant à se souder, il en résulte une masse susceptible de s’allonger de nouveau. A mesure que le filament s’allonge, il grossit par l’afflux de nouvelle substance , ce que l’on distingue bien par le mouvement des granules irréguliers qui s’avancent en même temps et rendent le filament inégal et noueux (Voyez Pl. I , fig. i6). 11 émet aussi çà et là, sous un angle plus ou moins aigu , de nouveaux filaments qui se ramifient à leur tour. Les embranchements présentent souvent des palmures que l’on observe mieux encore dans les anastomoses, provenant des soudures, et, à l’extrémité des rameaux, où la substance glutineuse s’étend quelquefois en membranes irrégulièrement étirées et lamelleuses. Les filaments se retirent par un mouvement inverse : on voit alors les granules revenir en arrière et forcer à rétrograder d’au- tres granules animés d’un mouvement d afflux. Quand deux ou plusieurs filaments se sont soudés latéralement, il arrive même que les granules se meuvent en sens contraire dans chacun d’eux, quoique la fusion de ces filaments paraisse complète. 11 arrive souvent que le filament, en se retirant plus brusque- ment au sommet qu’à sa base , se trouve terminé par une sorte de tête ou de bouton résultant de la fusion de toute la partie ex- trême. De ce bouton sortent quelquefois des filaments différents des filaments précédents, et de même aussi quand un filament tout entier s’est fondu dans la masse totale , ceux qui sont émis plus tard n’ont avec lui d’autre rapport que l’identité du mode de production. Mais ce sont les anastomoses qui montrent bien mieux encore comment les filaments peuvent se souder et se con- fondre ; en effet , deux filaments qui se rencontrent se réunissent intimement pour n’en former qu’un seul au-dessus du point de jonction. La palmure qu’on observe au-dessous , et le mouvement des granules ou nodules qu’on suit dans le filament simple , puis indifféremment dans l’une ou l’autre des branches anastomosées, ne permettent pas de supposer là une simple juxtaposition. Si les deux filaments ainsi réunis partent d’un même point , il en résulte une maille ou lacune que l'on voit diminuer, puis DES INFUSOIRES. 255 disparaître entièrement par suite du mouvement progressif des palmures qui se sont forme'esaux deux extrémités. De là résultent quelquefois des expansions membraneuses, percées de mailles ovales. Quand une Gromie ou tout autre Rhizopode à expansion fili- forme s’avance dans une certaine direction , les filaments dirigés dans le sens du mouvement s’allongent assez rapidement en avant et se retirent en arrière ; et ceux qui s’étendent de chaque coté de celte direction, se trouvent plus ou moins infléchis en arrière, jusqu’à ce qu’ils abandonnent le plan de reptation pour se con- tracter entièrement tandis que de nouveaux filaments les rempla- cent. On voit souvent ces filaments , heurtés par quelque animal- cule, s’infléchir et s’allonger beaucoup avant de se rompre , et se cf)utracter ensuite ; souvent aussi , quand on heurte le flacon aux parois duquel rampent des Rhizopodes, beaucoup de ces petits animaux restent suspendus par un simple filament. î. Gromib rtuviATiLB. — Gromia Jluviaiilis.V\. Il, fig. i a-h. Coque globuleuse ou ovoïde sans goulot ; expansions palmées et anastomosées. — Diamètre de la coque 0,09 à 0,2o. Je ti:ouvai , pour la première fois , le 1 1 octobre 1837 , dans la Seine , sur des Cératophylles , une Gromie fluviatile , presque glo- buleuse , longue de 0,09, et émettant des filaments lisses, ra- meux, palmés aux embranchements. J’ai eu à Toulouse, en fé- vrier et en mars i.8/{o, plusieurs Gromies beaucoup plus grosses dans un flacon où javais apporté , Tannée précédente , de Teau de la Seine avec des plantes aquatiques et des débris recueillis de- puis longtemps dans ce fleuve. Ces Gromies, larges de 0,28, d’une couleur gris jaunâtre, rampaient à la paroi interne du flacon , comme les Gromies marines; leurs expansions, longues de 0,7 à 0,8, étaient noduleuses, et, en se soudant entre elles, formaient de nombreuses anastomoses, dont les nœuds étaient plus renflés, et souvent creusés de vacuoles ; le mouvement de la substance glulineuse s’y fait en plusieurs directions comme chez la Gromie oviformc; à travers la coque on voyait de nombreuses vacuoles se former dans l’intérieur , à mesure que l’animal était plus près de cesser de vivre. 256 mSTOIUE NATURELLE 6® Genre. MILIOLE. — Miliola. : An, secrétant un tét calcaire ovoïde ou déprimé, à une seule ouverture , formé de loges qui se replient l’une sur l’autre , ou qui s’appliquent longitudinalement sur les pré- cédentes , de telle sorte que l’ouverture terminale est alter- nativement à chaque extrémité. Expansions filiformes sor- tant en rayonnant par l’ouverture terminale unique , la- quelle est toujours rendue bifide au côté interne par un appendice saillant. Le têt des Milioles est compacte, sans pores, lisse ou di- versement orné de côtes et de stries, il se compose de loges allongées qui sont de plus en plus grandes, et se l’eplient l’une sur l’autre dans le sens de la longueur, de manière que la dernière dépasse toujours un peu la précédente, et forme le côté le plus long de la coquille. En se pelotonant ainsi, les loges recouvrent plus ou moins les précédentes, et n’en laissent voir qu’une , deux ou quatre. M, d’Orbigny a fondé sur ces distinctions les genres .SiZocn/ine, Triloculine^Quin- quelocidine, etc. , dans lesquels il divise les Milioles suivant le nombre des loges qui se montrent à l’extérieur. Si l’on dissout le têt par un acide faible avec beaucoup de précaution, on aperçoit au-dessous une membrane excessivement ténue; et comme le têt ne présente aucune trace de texture fibreuse ou lamelieuse , on pourrait le considérer comme produit par encroûtement extérieur. Si, pour dissoudre le têt d’une Mi- liole vivante , on a employé un mélange d’acide nitrique fai- ble et d’alcool , la substance charnue de l’intérieur se trouve consolidée et se montre sous l’apparence de lobes aplatis, repliés suivant leur longueur, et occupant chacune des loges: de sorte qu’en développant la série de ces lobes, on a un cordon articulé formé d’autant d’articles qu’il y a délogés. Si on brise le têt de l’animal vivant, on ne voit à l'intérieur qu’une sub- stance glutineuse plus ou moins diaphane, rétractile, et DES INFUSOIRES. 257 dont quelques lambeaux se contractant isolément, peuvent ensuite émettre de nouveaux filaments, comme s’ils étaient devenus des centres partiels d’organisation. Les expansions des Milioles sont au moins six fois plus minces que celles de la Gromia ovij'ormis -, leur épaisseur n’est que de 0,01, mais elles se meuvent absolument de même. Le mouvement général de la Miliole est au contraire plus rapide que celui de la Gromie ; car, en été, elle parcourt six à neuf millimètres par heure. Ainsi ,1e 12 juin 1835, ayant mis dans un flacon , avec de l’eau de mer, le résidu sablon- neux provenant du lavage dîme grande quantité d’herbes marines (Corallines , Fucus , Céramiums) recueillies sur les bas-fonds de la rade de Toulon , je vis, au bout de trois heures, des Milioles et d’autres Rhizopodes fixés le long des parois, à une hauteur variable de 10, 15 et 20 millimètres. Au bout de douze heures la paroi interne du flacon en était tapissée jusqu’à une hauteur de 60 millimètres. Le nombredesespècesdeMilioles vivantes et fossiles est très- considérable, et doit sans^ doute donner lieu à l’établissement de plusieurs genres; mais je ne crois pas que ce soit en sui- vant la marche de M. d’Orbigny. L’espèce que j’ai l’cprésentée ( Pl. 1 , fig. 1 4) est la plus abondante , et peut bien être nom- mée Miliola vulgaris. Elle a la forme d’un grain de millet ; sa longueur est d’un millimètre environ , et ses filaments sont quatre ou cinq fois plus longs. Ce serait une Triloculine ou une Quinquéloculine de M. d’Orbigny , suivant son degré de développement. Une autre espèce beaucoup plus grande ( 2 à 3 millimètres) , qui est assez commune dans la Méditerranée , a une forme discoïdale déprimée , ses loges étant rangées d.ans un même plan , alternativement sur les deux bords opposés , et présentant en dehors une crête saillante souvent ondulée. C’est la Miliola depressa qui serait une Spiroloculine pour M. d’Orbigny, mais qui ne me ]iarait pas dillércr de la précédente autrement que par son têt. INFUSOIRES. 17 258 HISTOIRE NATURELLE VertÈdraline, — f^cr iclralina. [j'Ovh. Au. sécrétant un têt calcaire non poreux, à une seule ouver- ture, très- déprimé et formé de loges allongées, irrégulièrement placées en travers à la suite les unes des autres , et dont la der- nière seule présente une ouverture étroite par laquelle sortent les expansions filiformes. J’ai observe', en i835 à Toulon, les animaux de ce genre qui se rapprochent beaucoup des Milioles. T Genre. CRISTELLAIRE. — Crislellaria. An. secrétant un têt calcaire poreux , aplati , et com- posé de loges contiguës plus larges d’un côté , et formant ainsi une spirale très - ouverte , dont les tours ne se re- couvrent pas. Les expansions Oliformes sortent par les pores de la dernière ou de l’avant-dernière loge. Les Cristellaires, fort communes dans la Méditerranée, fournissent un gi-and nombre d’espèces qui ont également été divisées en plusieurs genres par M. d’Orbigny. Leur vi- tesse est de 5 millimètres par heure environ. 8“ Genre. VORTICIALE. — Vorlicialis. An. sécrétant un tôt calcaire poreux, lenticulaire, très- renflé au centre , composé de loges nombreuses formant une spirale dont les tours se recouvrent complètement. Expan- sions Oliformes sortant par les porcs sm* tout le contour. La Vorliciale commune (PI. 1. fig. 15) se trouve abon- damment dans l’Océan et dans la Méditerranée, son diamè- tre est de 0,5 à 1 millimètre ; ses expansions filiformes sont environ deux fois plus longues; sa vitesse a été trouvée de 4,8 millimètres par heure. Si l’ou dissout le tet par un mé- lange d’acide nitrique très- affaibli et d’alcool, la substance charnue, solidifiée dans chacune des loges qu’elle occupe D£S INFUSOIRES. 239 toutes à la Ibis , forme une série de pièces en V ou en che- vron , dont les deux branches, dirigées en avant, sont re- pliées latéralement de chaque coté du tour précédent, et qui d’ailleurs portent sur leur bord postérieur une rangée de lobes pédicellés. Ces pièces, durant la vie de l’animal , sont des masses de substance glutineuse occupant la cavité de toutes les loges, et communiquant entre elles par les pores dont le têt est percé en tout sens. J’ai encore vu vivants des Rotalies et d’autres genres de Rhizopodes libres, mais je n’ai pas étudié leurs expansions fili- formes non plus que celles des Rosaliiies, Planorbulines, etc., qui vivent fixés à la surface des plantes marines. J’ai bien constaté que foutes les loges sont occupées à la fois par la substance glutineuse; mais je n’ai point vu les expansions, non plus que dans le Polytrema rabra , que je conjecture appartenir à cette même famille d’après la nature de la partie vivante. Un nombre considérable de fossiles proviennent proba- blement de vrais Rhizopodes , et de ce nombre serait même la Sidérolite de la craie de Maestricht; mais je ne considère pas comme devant appartenir à cette famille les Nummu- lites, ni les üryzaires, les IVodosaires, etc. IV® FAMILLE. ACTINOPHRYENS. Animaux sans organisation appréciable; immobiles ou fixés , pourvus d’expansions variables , très-lente“ ment contractiles, toujours simples, et dont l’extré- mité en se contractant devient souvent globuleuse. Les Actinopliryens , dont l’organisation paraît aussi simple que celle des Amibiens et des Rhizopodes , se distinguent de ces animaux ]>ar la lenteur extrême avec la([uelle ils étendent ou retirent leurs expansions. 17 HISTOIRE NATURELEE 2G0 Celte lenteur est telle , que parfois on serait tenté de douter de la nature animale de ces êtres , si , par Tagitation du liquide et par le choc des autres corps^ on ne reconnaissait que la consistance de leur corps est molle, glutineuse comme celle des Amibes, et que leurs expansions, d’abord très-déliées , se contractent en se renllant à Textrémité pour se prolonger de nou- veau ou se trouver remplacées par d’autres expansions sorties de la masse du corps, quand l’animal est laissé en repos. A l’intérieur on n’aperçoit que des gra- nules de diverse grosseur et des vacuoles souvent fort grandes , qui ont pu quelquefois être prises pour une bouche. Ils peuvent aussi émettre un ou plusieurs pro- longements épais, que Millier a désignés sous le nom de papille , et que M. Ehrenberg a pris pour une trompe. Leurs cils paraissent avoir la propriété , comme les tentacules des Actinies , de s’agglutiner au corps des Infusoires qui viennent à les toucher en nageant , de leur donner la mort par leur contact , puis , en se con- tractant de les rapprocher peu à peu de l’Actinophryen, qui est alors dans le cas des^en nourrir par absorption , soit par sa surface, soit au moyen de ses expansions plus épaisses : c’est là du moins, bien plutôt qu’une véritable manducation , ce qu’on peut conclure des observations des divers micrograpbes. Les Actinophrjs se multi- plient par division spontanée. Les Actinophryens que l’on trouve , soit dans l’eau douce , soit dans l’eau de mer, au milieu des algues et des Conferves , soit dans ces mêmes eaux longtemps conservées et même putréfiées , mais non dans les in- fusions artificielles , peuvent être distingués suivant qu’ils sont tout à fait nus et sans tégument, ou suivant qu’ils ont une enveloppe partielle ou un pédoncule DES INFUSOIRES. 2G1 membraneux. Dans ce dernier cas ils forment le genre ylcineta, remarquable aussi parce que ses pédoncules sont simples, et que ses expansions sont plus souvent terminées en globules par l’elïet de la contraction , elle genre Dendrosoma , indiqué seulement par M. Ehren- berg comme présentant un pédoncule rameux et des corps semblables à des Actinophrjs à l’extrémité de chaque rameau. Les Actinophryens nus forment le genre Actinophrjs, remarquable par la ténuité de ses expansions, et qu’on a proposé de subdiviser en plu- sieurs autres genres. Des Actinopbrys ont été vus anciennement par plu- sieurs micrograpbes , qui , frappés de la disposition rayonnante de leurs expansions ou cils , les désignèrent par une dénomination correspondante. Ainsi Eichhorn nomme Étoile [der Stern) , Y ylctinophrjs sol \ et Millier, qui en fit unTrichode, le nomma Trichoda sol. Des Acineta ont également été vus par Baker et par Millier, et ce dernier classa parmi les Vorticelles,V A- cineta tuberosa , qu’il avait pourtant vue ne point se contracter. Les Actinophryens , dont Millier avait fait desTri- cbodes , M. Bory de Saint-Vincent les plaça dans son genre Peritricha avec des Urcéolariens , des Leuco- pbryens et de vrais Trichodiens ; ce genre , d’ailleurs , fait partie de sa famille des Polytriques , qui , dit-il , ont des cils très-fins , non distinctement vibratiles, ré- pandus sur toute la surface du corps, c[uoique parmi eux il place les Leucophres. M. Ehrenberg distingua les ylctinophryens nus en trois genres , Aclinophrys., Trichodiscus et Podo- phrja, 11 les caractérisa par l’absence de cils vibratiles , et cependant les classa parmi les Enchéliens , avec HISTOIRE NATURELLE 262 d’autres Infusoires, qui tous ont des cils vibratiles. Il leur attribue un canal digestif distinct, avec une bouche et un anus opposés, et cependant il n’a pu leur faire ava- ler à tous des substances colorées , et ne se fonde pour cela que sur le fait de l’agglutination de leurs expan- sions au corps des Infusoires , qu’ils semblent absorber en les rapprochant de leur surface. En même temps il avait placé le genre Acineta comme appendice à la suite des Bacillariées , en remarquant que les tenta- cules rayonnants rétractiles de ces animaux , ne sont point vibratiles. Mais pendant l’impression de son his- toire des Infusoires , où il les classe de cette manière , il eut occasion d’observer un nouveau genre voisin des Acinètes , qu’il nommdi Dendrosoma ^ et qui l’a con- duit à penser que les Podopbrya , les Actinophrys et les Acinètes, pourraient être réunis'avec le nouveau genre dans une famille qu’il propose d’instituer sous le nom d’^cùzeime^ , et qui, sauf la définition, ré- pondrait bien à notre famille des Actinopliryens. 1“ Genre. ACTINOPHRYS. — ActinopUiys, Ehr. An. à corps globuleux ou discoïde entouré d’expansions rayonnantes filiformes très-déliées, lentement contractiles. I. Actinophrys SOLEIL. — Jclinophrj-s sol{\).V\. 111, fig. 3. Corps globuleux, expansions très-nombreuses, rayonnant en tout sens , une ou deux fois aussi longues que le corps. — Dia- mètre du corps de 0,018 à 0,062. (l) Joblot. Micros, part. 2 , p. 6zj , PI- 7 , f- l5; Der Stern, Eichliorn. — Beytr. Zugab, 1783, p. l5, f- 1-7. !/'richodfi sol. MiiWcr , An. Inf. p. l6.j , Lab. XXItl, f. l3-l5. Pcritricha sol , Bory, Encycl. 1824. Actinophrys sol, Elirenb. Mcin. Berlin, i83o, tab. U, f. IV. — Infus. i838, tab. XXXI , f. VI, p. 3o3. DES INFUSOIRES. 2G3 licite espèce, dont le corps forme une masse sphérique , iso- lée, contenant des granules et des vacuoles, est très-commune dans l’eau douce conservée avec des plantes aquatiques , lors même que ces plantes se sont déjà décomposées. Millier qui la décrit comme globuleuse , hérissée en tout sens de rayons innombrables très-déliés, plus longs que le corps, ajoute qu’il n’a jamais pu observer le moindre mouvement de ces rayons , quoique , à plusieurs reprises , il l’ait observée avec at tention pendant deux heures de suite. « Le corps , dit-il , se di- latait et se contractait tant soit peu , très-lentement et comme s’il eut eu une ouverture. Je l’ai vu çà et là (passim) émettre et ré- tracter une papille hyaline. » Enfin il ajoute qu’en 1777, son ami Wagler , en sa présence , fit sortir du corps de cet Infusoire un Crustacé du genre Lyncée, d’où il conclut que cet animal, mal- gré son extrême lenteur, dévore les animaux qui vivent avec lui. Mais on conçoit que ce fait est tout à fait analogue à ce que nous voyons chez les Amibes renfermant si souvent des corps étrangers. Eichhorn avait été bien plus explicite que Millier sur le fait de la manducation chez les Actinophrys , en affirmant avoir vu des Actinophrys , visibles à l’œil nu , dévorer des Cyclopes. M. Ehren- berg , partant de là , dans son premier mémoire ( i83o ) , décrit comme une trompe charnue , protractile et rétractile , ce que Millier nommait une papille; il compte jusqu’à vingt estomacs dans cette Actinophrys et dit l’avoir vue souvent adhérente à la Kerona pusiulaia , qu’elle empêchait de nager jusqu’à ce quelle l’eût tuée, paraissant, dit-il , la sucer avec sa trompe ; ce qui, comme on voit , ne s’accorde guère avec le fait des Crusta- cés avalés , comme prétendait l’avoir observé Eichhorn. Plus tard (i838), M. Ehrenberg, parlant du même Infusoire, dit : «11 est presque immobile, ce qui le rend difficile à apercé- voir , et son mouvement est très-lent comme celui d’un Oursin. En admettant de l’air dans son corps , il peut rapidement être porté à la surface , et , en le laissant échapper , il revient prompte- ment au fond , comme l’avait vu Eichhorn. » Cet auteur a vu les rayons , ou cils , se courber, s’allonger et se contracter , et , dans ce cas , présenter un renflement à l’extrémité. Ces rayons, dit-il , servent à l’animal pour palper un objet , pour marcher et pour arrêter sa proie ; ils donnent la mort aux autres animalcules, par leur contact, avec une promptitude surprenante. Il assure eu- 204 HISTOIIIE NATURELLE core l’avoir vu avaler du rannin et de l’indigo (jiii pénélraienl à riiUericur sans (onihillonncmcnt , ce qui lui a pcnnis de coinpler jusqu’à seize estomacs. * AcTiNOPiMiYS .MAntNE. — /IcUitopluys mufina. l'I. I.fig. i8. J’ai observé dans l’eau de mer delà Méditerranée, conservée à Toulouse depuis vingt jours, le 2 avril 1840, une Actinoplirys , très-voisine de la précédente, dont elle semble différer seulement par son habitation et par la contractilité plus marquée de ses raj’ons. Elle était très-abondante parmi les algues microscopi- ques. Le corps, en masse globuleuse grenue , était large deo,oo8 à 0,012. 11 faudrait des observations plus détaillées pour pouvoir pu ononcer si c’est une simple variété de \' yJclinophrj-s sol. 2. Actinophkys digitée. — Aclinophrys digilala. PI. 1 , fig. i[), et pi.in,fig. 4. Corps déprimé , à rayons flexibles , épaissis à la l)a.se et formant ])ar la contraction , des prolongements épais , ol)tns , en forme de doigts. — Largeur du coiqjs 0,055. J’ai trouvé dans de l’eau douce, conservée depuis longtemps avec diverses plantes de niarais, eu 1 83g, cette espèce bien distincte et qui appartiendrait au genre Trichodiscus de M. Ehrenberg , si ce genre était admis. Son corps , en disque irrégulier tuber- culeux , présente, à l’intérieur, des granules de diverses gros- seurs, et des vacuoles bien reconnaissables (fig. 4-«). De son con- tour seulement , paraissent partir ses expansions plus épaisses à la base, moins longues que celles de l’espèce précédente , et sus- ceptibles, en se contractant, de former des prolongements épais , obtus; ce serait une véritable Amibe, si elle .se servait de ses expansions peur ramper. Lejeune individu, représenté dans la planche T” ( fig. ig) était fixé par une extrémité et offrait une certaine ressemblance avec les Aciuètes. * Actinophrys discus. — Trichodiscus sol, Ehren. Infus, i838, tab. XXXI, f. g. Le genre Trichodiscus , caraclévisé par laforme de son corps dis- coïde déprimé, émettant de son bord seulement une rangée de DES INFUSOIRES. cils, a été institué par M. Ehrenberg pour cette espèce. 11 la dé- crivait, en i83o, comme un disque arrondi, incolore, au bord duquel sont de longues soies, très-déliées, dont ou suit le trajet dans l'intérieur du corps , jusqu’auprès du centre. Ce dernier ca- ractère assurément snlRrait à l’établissement d’un genre dis- tinct; mais quoique l’auteur l’exprime encore dans son dessin , en i838, il n’en parle plus en caractérisant ainsi son genre Tri- chodiscus('page3o4.).<( Au. à cils non vibratiles, à bouche inerme, tronquée parallèlement à la surface inférieure , à corps déprimé non pédicellé , avec une nouvelle série de tentacules marginaux en rayons. » En décrivant la seule espèce connue ayant le corps déprimé , sub orbiculaire, hyalin ou jaunâtre , avec des rayons variés , il compare cet Infusoire , dont les mouvements ont une extrême lenteur, à une Arcelle sans têt, et dit lui avoir vu, à Berlin, mie bouche centrale, et peut-être une glande (testicule) latérale, et en Russie beaucoup d’estomacs et des ovules. Mais il n’a pu réussir à lui faire avaler de substances colorées, et il déclare que la position de l’anus est incertaine. Il l’a trouvé en juin et juillet parmi les Conferves. 11 fixe à 0,082.011 o,i 24 le diamètre du corps, sans les rayons qui ont une longueur égale, mais qui échap- pent facilement à la vue. 3. Actinophrïs DIFFORME. — Jclinoplirj's diJJ'ormis (1). — Pl. 1 , fig. 20. Corps déprimé, diaphane, irrégulièrement lobé, appliqué sur le porte-objet, émetlant de divers points des expansions fili- formes. — Largeur du corps de 0,04o à 0,13. .l’ai observé, au mois d’avril i838 , entre les débris végétaux d’une eau de marais conservée longtemps, cette espèce que je pris d’abord pour une Amibe, mais que son extrême lenteur et la roideur de ses expansions filiformes m’ont fait rapporter à 1 espèce décrite sous ce nom par M. Ehrenberg, qni l’a trouvée seulement à la surface de diverses infusions, le 10 novembre 1828, et lui assigne pour maximum de largeur o,oi). (I) Actinophrys difformis , Ehr. Infus. i838, Pl. XXXI, 1’. 8, p. 3o.''|. 26G mSTOTRE NATURELLE 4. Actinophrys pf.doncllée. — Aclinophrj^s pedicellnfa (i). Corps globuleux, granuleux et trouble intérieurement, en- touré d’expansions filiformes ou de cils rayonnants, aussi longs que lui , et muni d’un prolongement diaphane en forme de pédon- cule, — Diamètre du corps 0,062. Cet Infusoire que je n’ai pas vu est décrit par Müller comme le plus lent de tous les animaux, cependant cet auteur a vu un autre Infusoire (Leucophra signala)., qui nageait ti’op près de celui-ci, se trouver instantanément agglutiné par ses cils et rap- proché de son corps sur lequel il s’allongea beaucoup en cessant de vivre. M. Ehrenberg le trouva abondamment, au mois d’avril 1882 , dans la pellicule couvrant la surface d’une eau de marais con- servée à la maison ; tout en le regardant comme une Actinopbrys pédicellée, il reconnaît son analogie avec le genre Acinète, et dit lui avoir reconnu clairement une bouche, des estomacs et des ovules fins et obscurs, mais n’avoir pu observer ni l’intro- duction des substances colorées, ni la position de l’anus. Il est conduit ainsi à remarquer, conformément à ses idées systé- matiques, que si le manque d’ouverture anale était constaté, cet animal pourrait appartenir au genre Acinète. De plus que Müller, il a vu .la conti-action en boule ou en massue, de l’extrémité des tentacules , et, comme cet auteur , il a vu le singulier phénomène de l’agglutination et de la mort des divers Infusoires qui en nageant viennent à loucher par hasard les expansions filiformes de celle Actinopbrys. « Aussitôt, dit-il , que la Trichodina grnndinella , qui se trouve ordinairement très-abondante en même temps, vient en tourbillonnant avec vi- tesse heurter ses tentacules, elle est arrêtéee, cesse tout à coup de tourbillonner et retire ses cils en arrière. Elle est ensuite de plus en plus rapprochée du corps de son ennemi, et y reste adhérente jusqu’à ce qu’elle soit visiblement rendue vide , et que (l) Trichodnfixa, Müller, Tnf, Pl. XXXI, f. II-I2, p. 217. Paritricha comela , Bory , Encycl. 1824. Podophrÿa fixa , Elircnb. Méin. î833. — Infus. i83S, Pl XXXI, f. 10 , p. 3o6. DES INFUSOIRES. 2G7 sa peau soit abandonnée.» Je ne puis que faire observer accessoire- ment ici que toutes les fois que j’ai vu mourir la Trichodinn gran- dinella , je n’ai aperçu aucun indice de peau ou de tégument résistant. ’Actinophrj's viridis, — Ehr. Inf. Pl.xxxi, fig, 7, p. 3<1. Corps globuleux, verdâtre, entouré de rayons serrés, plus courts que le diamètre du corps. — Diamètre du corps de 0,045 à 0,093. M. Ehrenberg décrit sous ce nom une espèce incomplètement observée par lui entre les Conferves , et dont il attribue la colora- tion à des ovules verts. ’^ctinophrj"S? granata. Trichoda granaia (i). Millier, Inf. PI. xxiii, fig. G*7, page 1G2. Corps globuleux , opaque au centre , entouré de cils plus courts que le diamètre. Millier nornma ainsi un Infusoire fort douteux, qu’il observa dans l’eau couverte de Lemna et que son opacité , en meme temps que son immobilité , pourraient faire prendre pour autre chose qu’une Actinophrj's . 2' Genre. ACINÈTE, — Acineta. Ehr. An. à corps globuleux ou comprimé , immobile, éracUant des expansions variables, Irés-lentement contractiles , et par suite souvent renflées à l’extrémité , porté par un pédicule simple, dont l’enveloppe membraneuse se prolonge plus ou moins sur la masse du corps. I . AcixÈte BOSSELÉE. — Acincla iuherosa (3). — PI. I, fig. 12-10. Corps presque triangulaire , comprimé , élargi au sommet avec (il Pcritricha granatn , Bory , Encycl. iSaif. (u) Baker, Eniploy. for tiie micros. , p. 441 > J’*’ ^lHi C I0 I2. Brachionus tiihcrosus , Pallas, El. Zoopli. i^Güjp. Io5. yorlicclla tuberosa, Müller , Ins. pl. XI.IV , f. 8-9, p 3o8. v4ci/iclamicroîrt, Elirenb. Mrm. l833 , p. l4l' — Infus. i838, pl. XX, Cg- 9- HISTOIRE NATUREELE 268 trois tubercules , dont les deux latéraux , plus constants et plus saillants , sont seuls munis d’expansions variables en forme de cils; pédoncule deux fois plus long que le corps. — Longueur du corps de 0,062 à 0,094, Millier, qui n’observa qu’une seule fois , et d’une manière très- incomplète , cet Infusoire dans une eau de marais, le rangea parmi ses Vorticelles , qui sont caractérisées par leur contractilité; tandis que celui-ci est presque totalement immobile, comme l’ex- prime le mot grec ixiviTos, qui signifie immobile , sans mou- vement. M. Ehrenberg , qui l’a vu dans l’eau de la mer Bal- tique, sur le Ceramiutn diaphunum , l’a un peu mieux étudié , quoique très-imparfaitement encore; il le classa d’abord (i 833) , dans la famille de ses Peridinœa ; et plus tard (i838) , il l’a placé comme appendice à la suite des Bacillariées ; puis enfin , comme je l’ai déjà dit , il a proposé de le prendi’e pour type d’une nou- velle famille qui répond à nos Actinophryens. 11 le décrit comme ayant les deux tubercules latéraux garnis d’un faisceau de cils plus courts que le diamètre du corps , l’enflés en globules à l’extrémité , mais qu’il n’a point vus se contracter ; et comme étant fixé à un pédoncule d’une transparence parfaite, presque invisible , six fois moins large que le corps et deux fois aussi long. Ce corps enveloppé par une cuirasse membraneuse , consiste en une masse d’un brun jaunâtre , qui forme deux larges Landes obscures non exactement limitées. Enfin, cet auteur croit avoir vu dans quelques individus, les deux faisceaux de cils retirés à l’intérieur, comme l’indique la fig. i3 , copiée de son ouvrage, ainsi que la fig, 12. 2. Acinela Lj'ngby'ei. Ehr. Inf. i838. — Pi. 20, fig. 8. Corps globuleux , jaunâtre , hérissé de toutes parts de cils plus courts que le corps , et supporté par un pédoncule long , épais, transparent , trois à cinq fois plus long que le corps. — Diamètre du corps 0,062. — Longueur totale de l’animal 0,2o0 à 0,576. M. Ehrenberg a trouvé sur une Sertulaire , dans la mer Bal- tique, cette espèce qu’il dit ressembler entièrement à une AcUno- phrj-s sol pédonculée; j’ai moi-même observé eu i835, à Toulon, sur un Buccinum mulabile, une espèce que je crois la même, quoi- que ses expansions variables fussent plus épaisses et moins nom- breuses. LES INFUSOinES. 269 * Acinela mystacina, Ehr. Inf. i838. Le même auteur donne ce nom à un Infusoire qu’il avait d’abord (i83i) nommé Coihurnia? mysiacina , et qu’il a trouvé en juillet et septembre sur les racines de la Lemna minor. Son corps jau- nâtre, presque globuleux, est garni de cils renflés à l’extrémité, deux fois plus longs que son diamètre ; et il est logé au milieu d’une capsule ou vessie cristalline et porté par un pédoncule très-court ; la longeur totale est de 0,047. Genre DENDROSOMA. Ehr. 1838. Infusionsl. p. 316 Dans une simple note ajoutée à la suite de sa famille des Enchelia , et après avoir dit que le genre Podophrya , n’ayant qu’un orifice à l’intestin , et restant dépourvu d’anus, se rapproche des Acinètes, M. Ehrenberg annonce avoir observé tout récemment une forme très-remarquable qu’il veut nommer Dendrosoma radians , et qui paraît également dépourvue d’ouvertui'e anale : c’est une tige plus épaisse , fixée à sa base et portant sur ses rameaux des têtes nombreuses dont chacune ressemble à une Actinophrys. Cette espèce se rapproche donc à la fois des deux genres ci- dessus indiqués, et fournit à l’auteur l’occasion de dire qu’il serait nécessaire de former avec les Acinètes, séparées des lia- cillariées , et le Dendrosoma , une famille particulière entre les Bacillariées et les Vorticelliens, à laquelle appartien- draient peut-être aussi les Podophrya et Trichodiscus. 270 lUSTOlHE NATURELLE ORDRE 111. Infusoires pourvus d’un ou plusieurs filaments llagelliformes servant d’organes locomoteurs. — Sans bouclie. V“ FAMILLE. MONADIENS. Animaux sans aucun tégument , formés d’une sub- stance gluüneuse , en apparence homogène, susceptible de s’agglutiner et de s’étirer plus ou moins ; de forme ordinairement variable ; ayant un ou plusieurs fila- ments flagelliformes pour organes locomoteurs , et quelquefois des appendices latéraux ou en forme de queue. Les Monadiens sont aussi parmi les plus simples de tous les Infusoires , ils se produisent preque tous dans des infusions , et n’ont d’autres organes visibles que leurs filaments flagelliformes qui n’ont été aperçus que dans ces derniers temps, et qu’on ne peut voir nette- ment qu’au moyen des meilleui’s microscopes , et avec les plus grandes précautions. Ces filaments, en efiet , ne se montrent quelquefois, au grossissement de 300 à 400 diamètres, que comme des brins de soie ou de laine très-fine vus à fœil nu ; on peut donc calculer qu’alors ils n’ont pas pi us d’un trente millième de milli- mètre d’épaisseur réelle ; leur mouvement et l’agitation qu’ils causent dans le liquide environnant les font d’a- bord deviner ; mais on ne parvient à les distinguer DES l.NFÜSOIKES. 271 qu’à l’insUinL où leur mouvement se ralentit, et quand, par une disposition convenable du diaphragme ou du prisme réflecteur, on a fait naître desombres. Leur lon- gueur est toujours au moins double , et quelquefois quadruple de celle de l’Infusoire lui-même. Tous ces animaux paraissent formés d’une substance glutineuse homogène , susceptible de s’étirer quand elle s’est agglutinée à quelque autre corps ; d’où résulte un changement de forme ou la production d’un appen- dice irrégulier que parfois on pourrait prendre pour un autre filament ; q^uelques Monadiens changent même de forme en nageant librement dans le liquide , et se rapprochent ainsi du caractère des Amibes. Des vacuoles ou cavités sphériques se creusent spontané- ment dans le corps des Monadiens près de la surface ; quelquefois elles s’ouvrent au dehors, et , venant à se contracter, elles enferment les corps étrangers qui y sont entrés. C’est ainsi que sont venus à l’intérieur les divers objets que ces animaux paraissent avoir man- gés , et non par une bouche qui n’existe point. Les genres nombreux qu’on peut établir dans la fa- mille des Monadiens , seront donc distingués seulement par le nombre et par la position des filaments locomo- teurs, par la forme la plus habituelle de leur corps et de leurs appendices ; enfin on pourra établir deux genres pour ceux qui vivent habituellement agrégés ; savoir, les Ui^ella, formant des groupes en forme de mûre qui se meuvent librement dans le liquide ; et les An- thophysa , dont les groupes sont naturellement fixés à l’extrémité des l’ameaux d’un support corné cju’ils ont sécrété. Les animalcules de ces deux genres , quand ils sont désagrégés , ressemblent ^l’ailleurs entièrement à des Monades isolées pourvues d’un seul filament. HISTOIRE NATURELLE 272 Parmi les Monadiens qui vivent toujours isolés, on sépare, sous le nom de Trichomonas, ceux qui ont une rangée ou une touffe de cils vibratiles en outre de leur filament flagelliforme ; et l’on fait un genre Heteromita bien distinct pour ceux qui , avec un fila- ment flagelliforme , au moyen duquel ils se meuvent en avant, ont aussi un filament plus épais , traînant , qui s’agglutine çà et là sur les corps voisins ; et , par sa contraction subite, leur donne le moyen de changer de lieu tout à coup. TJn autre genre, qui se distingue aisément des autres Monadiens, est celui des Hexamita , bien remarquable par le nombre de ses filaments flagelliformes , quatre en avant, et deux en arrière qui paraissent résulter de l’étirement de la substance même du corps. On peut distinguer encore les Chilomonas ^ dont le filament fla- gelliforme part obliquement en arrière d’un prolonge^ ment antérieur en forme de lèvre ; et les Trepomonas, dont le corps , arrondi en arrière , aplati et tordu en avant, est muni de deux filaments flagelliformes , par- tant de l’extrémité de deux lobes anguleux , dirigés en sens inverse, d’où résulte un mouvement gyratoire particulier. Les autres Monadiens pourraient, à la rigueur, être considérés comme des modifications de forme d’un même genre , produites par l’influence du milieu dans lequel vivent et se développent ces Infusoires ; en effet on voit dans des infusions cesMonadiens présenter telle ou telle modification remarquable, suivant la nature d’un sel ou d’un réactif qu’on y ajoute. En attendant toutefois que l’on soit bien fixé sur ce point , on peut diviser ainsi ces Infusoires : ceux dont le corps est rond ou oblong sans appendices, et DES JNI'ÜSOIKLS. 273 avec uu seul fllameut également ün et agité clans loute sa longueur, forment le genre Monas proprement dit, leur mouvement est irrégulier, tremblottant , mais non saccadé. Ceux cjui, avec un corps discoïde sans .appendices, ont un filament plus épais et roide à sa base, agité seulement à l’extrémité, sont les Cyclicliiim, dont le mouvement est lent et uniforme. Il en est chez c[ui un prolongement latéral devient parfois un second filament ondulatoire, distingué du premier parce qu’il prend évidemment son origine de la substance charnue étirée , ils forment le genre Amphimonas , reconnais- sable à un mouvement saccadé tout particulier ; Ceux enfin qui ont un prolongement en manière de queue , sont les C<3/’como7za^ ; ce prolongement s’agglutinant au porte-objet, fournit un point d’ap])ui autour du- c[uel l’Infusoire s’agite en se balançant juseju’à ce qu’il soit redevenu libre. Mais , je le répète, ces distinctions génériques sont tout à fait artificielles, et destinées seulement à faciliter la désignation des Infusoires qu’on aura rencontrés dans telle ou telle infusion , et c[ui , mieux connus, pourraient meme, dans cer- tains cas, être rapportés comme variétés à une seule espèce. Les Monadiens, se montrant des premiers dans presque toutes les infusions , ont été remarqués par tous les anciens micrograpbes qui, ne soup- çonnant pas la présence de leurs filaments flagel- liformes , les décrivirent comme des animalcules en forme de point ou de globule. Cependant Gleicben en vit souvent d’agglutinés par leurs appendices ou par leurs filaments , et il les nomma jeux de nature ; d’au- tres auteurs virent aussi des Monades agrégées ou Uvcllcs. Muller plaça dans son genre Monui une de IXfUSOlHES. 18 mSTOIUE NATUUELLE 27 ^ ces Uvclles avec des vraies Monades , des Bactcriumcl des corps dénaturé douteuse qu’il caractérisait seule- ment en les disant poncti formes ou en forme de point; d’autres Uvelles furent placées par lui dans son genre V olvox , ce sont les Volvox socialis et Volvox uva. Son genre Cyclidium^ caractérisé par une forme circu- laire, contient aussi des Monadiens, et vraisemblable- ment de ceux que nous nommons de même. Enfin son genre Cercaria contient des Amphimonas ou Cerco- monas dans les espèces qu’il a nommées Cercaria gibba et Cercaria gjrinus, M. Bory a réparti les Monadiens dans ses genres Monade, Ophtalnioplanis ; et Cyclide, de la famille des Monadaires ; dans son genre Uvelle, de la famille des Pandorinees , et dans son genre Gercaire. M. Ehrenberg voulut , dès 1830, appliquer aux Monadiens , qu’il nomme Monadina , ses principes de classification basés sur la disposition de l’appareil di- gestif; prenant donc pour des estomacs les vacuoles qui se forment successivement à l’intérieur de leur corps , et qu’il avait vues colorées par l’indigo et le carmin , il leur supposa douze à vingt estomacs pédi- cellés , appendus autour d’un pharynx , s’ouvrant au dehors par une large bouche bordée de cils, La posi- tion de cette bouche supposée, lui fournissait ensuite des caractères distinctifs pour plusieurs de ses genres ; mais préalablement il avait séparé comme pourvus de queue les deux genres Bodo et Uroccntruin y dont le premier répond en partie à nos Cercomouas , et dont le second a été reporté depuis par l’auteur lui-même auprès des Vorticelles. La présence d’un point rouge qu’il appelle un oeil , lui servait à séparer le genre Mi- croglena , c|ue nous croyons avoir été établi avec des DES INFUSOIIIES. 275 espèces de Tbécamonadiens. Restaient alors des Mo- nadina de forme invariable , à boucbe terminale et di- rigée en avant, c’étaient les Monas s’ils étaient tou- jours solitaires; les Uwella, s’ils étaient solitaires d’abord, puis groupés et enfin libres; des Polytoma, si , solitaires dans le jeune âge , ils se divisent eu deux directions et se résolvent en un amas d’individus. Les Monadina à boucbe droite , tronquée , dirigée en divers sens dans le mouvement, formaient le genre Doxococcus ; pour d’autres enfin, à boucbe oblique sans bord et bilobée, était institué un genre Chilo- ' monas. Cet auteur, en 1833 , avait déjà reconnu un filament flagelliforme , qu’il nomme une trompe chez une de ses précédentes espèces de Monas ( M. puhisculus ), dont il faisait dès lors un nouveau genre de Crjptomona- dina , sous le nom de Chlamidomonas , à cause de la présence d’une cuirasse ; mais il persistait encore à attribuer à sa , ainsi qu’à ses autres espèces, une couronne de cils vibratiles. Ce ne fut que dans son mémoire de 1836 qu’il reconnut cbez tous ces animaux la présence de ce qu’il nomma une trompe ; et dans son histoire des Infusoires , en 1838 , il établit, d’après ce caractère et quelques autres , une nouvelle division de ses Monadina., qu’il définit encore « des ani- maux polygas triques sans tube intestinal , sans cuirasse ni appendices, à corps uniforme. « Séparant d’abord le genre Bodo , caractérisé par la présence d’une queue, il distingue parmi les Monadina sans queue un seul genre Chilomonas dont la boucbe est pourvue de lèvres. Parmi les autres qui sont sans lèvres , il fait un groupe de ceux qui se meuvent en nageant, et il place à part, dans un genre Doxococcus , ceux qui se meuvent en 18. “276 HISTOIRE NATURELLE roulant. Parmi les Monacliens nageants, il distingue ceux qui sont sans yeux et en forme trois genres, savoir les Monas ^ qui sont simples, les üvella et les Polj- toma^ qui sont agrégés; mais ces derniers le sont par division spontanée , et ceux-là par réunion. Puis enfin de ceux qui ont les jioints colorés qu’il nomme des yeux , il fait aussi trois genres; les deux premiers, Mi- croglena et Phacelomonas , comprennent des animaux vivant isolés, mais distingués, parce que les premiers n’ont qu’une ou deux trompes, tandis que les seconds en ont plusieurs. Les Infusoires du troisième genre Glenomorum , vivent agrégés. Je n’ai pu, dans le cours de mes observations, recon- naître tous les genres de cet auteur, soit que plusieurs des caractères aient été interprétés d’une manière trop dillérente par chacun de nous ; soit que le hasard ne m’ait pas fait rencontrer les mêmes objets. Je ne ]uiis toutefois admettre chez aucun Monadieu , l’existence d’une bouche , et je persiste à croire qu’elle a été sim- plement déduite ]iar M. Ehrenberg de l’introduction des substances colorées. Je crois que les Microglena , Phacelomonas, Glenomorum et Doxococcum doivent appartenir à une autre famille , et je ne comprends pas la distinction des genres Uvella et Polytoma , dis- tinction fondée en partie sur le mode de division spon- tanée des Polytoma suivant deux directions ou en croix cjue je n’ai pas eu l’occasion d’observer , et sur le grou- pement périodique des Uvella, c]ue je ne veux pas admettre. 11 resterait donc seulement quatre genres de cet auteur, les Monas^ Uvella, Chilonionas et Dodo qui pourraient être comparés avec les miens ; ce der- nier comprenant en partie mes Ilcxamita , yintphimo- nas et Ccrcomonas. UES INFUSOIRES. 577 Quant au mode de propagation des .Monadiens que M. Ehrenberg dit avoir lieu par division spontanée transverse dans hui tde ses genres, et suivant deux direc- tions en croix dans son Polyloma, je dois avouer que je ne l’ai jamais vu bien nettement ; il me semblerait plus probable que la propagation a lieu comme pour les Ami- bes par l’abandon d’un lobe ou de l’extrémité d’une ex- pansion. Je n'ai pas besoin de répéter que je n’admets chez ces animaux , ni bouche ni estomac ni aucun autre mode de nutrition que l’absorption effectuée par toute la surface externe ou par les vacuoles. Enfin , pour ce qui est des yeux et de la coloration en vert ou en rouge attribués par M. Ehrenberg à plusieurs de ses Mona- dina^ je n’ai rien vu de tel , si ce n’est chez les Théca- nonadiens et les Eugléniens dont les points rouges ne m’ont pas paru mériter le nom d’yeux. Je voyais le filament flagelliforme des Monadiens à la fin de 1835 , sans savoir que M. Ehrenberg avait déjà aperçu précédemment ce filament dans quelques autres types d’infusoires , mais je le voyais bien diflé- remment que lui , et les notions précises que j’avais eues dès le principe sur la vraie longueur et sur l’ex- trême ténuité de ce filament, ne me permettaient pas d'y voir comme lui une trompe, mais simplement un organe de locomotion; je l’ai représenté et décrit dans les Annales des sciences naturelles (tom. 5, avril 1836, pl. 9) , tel que j’ai continué à le voir depuis. 278 IIISTOiriE NATURELLE PES INFUSOIRES. 279 1®'' Genre. MONADE. — Monas. An. nus, de forme arrondie ou oblonguc; de forme va- riable , sans expansions , et avec un seul filament flagel- liforme. — Mouvement un peu vacillant. Ainsi que je l’ai dit précédemment , il est impossible de rapporter avec certitude les Monades, telles que nous les connaissons aujourd’hui , aux espèces décrites par Millier ou par M. Bory ; la même observation s’applique à la plupart des 26 espèces décrites ou plutôt indiquées par M. Ehren- berg dans son dernier ouvrage , et dont plusieurs avaient été précédemment rapportées par lui à divers autres genres (1). Cela tiènt à ce que beaucoup de ses Monades n’ont été vues par lui qu’une seule fois dans ses voyages , et surtout à ce qu’il regarde leur forme comme tout à fait invariable , et devant offrir un caractère distinctif absolu, tandis que je regarde au contraire cette forme comme plus ou moins va- (l) Des vingt-six espèces de Monades de M. Ehrenberg, cinq seidemcnt sont représentées dans l'ouvrage de cet auteur {J)ic Jnfusionsthicrchen), avec une trompe, longue peine comme le corps, les vingt-une autres sont représentées simplement à un grossissement de 290 fois , ou 3oo ou 450 fois comme de petits ovales iriéguliers sans aucun détail; et si quel- ques ligures sont faites à un grossissement de 5'25 et 800 fois , elles n’ex- priment rien de plus; or, je le demande, pourrait-on songer aujour- d'hui à établir sérieusement une comparaison quelconque avec ces petits ovales dessinés à la hâte et avec un microscope imparfait, en 1828, pen- dant le voyage de l’auteur en Egypte et en Libye , et donnés aujourd’hui pour représenter les Mortrts .çj’myj/eo: (fig. 23, Pl. 1), M. inanis 24), J\I. scintillaiis (lig. 2o) ou même avec les figures non moins simples représentant les prétendues espèces observées pendant une course r.a- pide.à travers l'Asie septentrionale, telles que les M. Kolpoda (11g. 10) , M. umbra (fig. 12), M. ovalis (fig. l5), M. cyliudrica (fig. 18), M , eruhescens (fig. 8), M. hyalina {Itg. i3)? Plusieurs des Monades dé- crites et figurées par l’auteur à Berlin même , et avec ses moyens actuels d observation, ne seront assurément pas plus reconnaissables; telles sont le Monas crepusculum (Pl. i , fig. i) qui , dit-il, est hyalin, globuleux, agile et carnivore, long de 0,0022, et qu’il représente par de petits ovales d’un millimètre environ; le Monas ochracca (fig. 7), long de IIISTOinE NATURELLE 280 viable. Il divise ses 26 espèces en Sphéromonades ou Monades globuleuses, et en Rliabdomonades ou Monades allongées, puis il subdivise encore les premières en Monades ponctiformes incolores ou verdâtres , ou jaunâtres, ou rou- geâtres , et en Monades oviformes qui sont ou ne sont pas échancrées ; et parmi ses Rhabdomonades , il distingue celles qui sont cylindriques, incolores ou rouges, celles qui sont coniques, verdâtres ou incolores, et enfin celles qui sont en forme de toupie et fusiformes ; mais je n’ai pu appliquer aucune de ces distinctions aux Monades que j’ai observées. I . Monade lentille. — Monas lens. PI. III , fig. 5, et PI. IV, fig. 7. Corps arrondi ou discoïde , tuberculeux. — Largeur de 0,00o à 0,014. Cette espèce , l’une do celles qu’on rencontre le plus fre'quem- ment dans les infusions animales ou végétales , a été vue par tous les anciens micrograplies qui l’ont indiquée sous la forme d’un 0,0045 , globuleux, (le couleur d'ocre , et qu’il se borne .à représenter grossi 2()0 fois sous la forme de petits ovales irréguliers, et même le M. vinosa , que sa couleur de vin rouge ne fera pas mieux reconnaître, je crois. Une seule espèce observée par lui dans une infusion d’ortie dioî- qiie paraît avoir fixé davantage son attention ; il la représente aux grossissements de 2po , 820 et 2000 diamètres, mais cela même , bien loin de prouver que ce soit une Monade , doit faire penser que c’est toute autre cliose ; en effet, comme les Bactérium, cette espece se pré- sente sous la forme de particules ovoïdes, oblongues, assemblées par deux ou par quatre en ligne droite, et d’ailleurs, .i ce grossissement énorme de 2000 , elle ne montre aucune apparence de trompe ou de tilanient llagelliformc. Quant aux espèces représentées avec un fdament, la première, Monas termo (£ig. 2), quoique grossie S20 fois, n’est encore exprimée que par un petit ovale long de deux millimètres avec deux points colorés à l’in- térieur et une petite ligne noire en manière de queue; elle n’est donc nullement comparable ; une autre, Monas grandis, représentée dans une ligure avec une trompe épaisse eourlc et pointue, est représentée dans plusieurs autres avec une couronne de cils et une bouche appa- rente; une troi.sième, Monas guuula (11g, 3) , est représentée ou cou* Irniru par une llguro gigantesque tout à fait idéale. DES INFUSOIRES. 281 point nu d’un globule qui se meut lentement et en vacillant. Un bon microscope fait voir que ce globule est formé d’une sub- stance homogène, transparente, renflée en nodules ou en tu- bercules à sa surface, et émettant obliquement un filament flagel- liforme, trois, quatre ou même cinq fois aussi long que le corps , agité dans toute son étendue ou seulement un peu plus roide à sa base, et infléchi en arc de cercle. Je l’ai vue surtout bien développée dans le liquide où plongeait depuis huit jours pour une expérience d’endosmose un tube de verre fermé par de la vessie de cochon et rempli d’eau sucrée ; son diamètre était de O, oi3 , O, oi5 et même 0,017 , c’étaient les plus volumineuses qui offraient un filament plus l'oide à la base et un mouvement plus régulier. Je l’ai étudiée et mesurée avec soin dans une vieille infusion où avaient vécu depuis trois mois plusieurs autres Infusoires; elle était large de 0,01 zS, et son filament grossi 460 fois paraissait à sa base aussi gros qu’un cheveu de o,o58 vu à l’œil nu , ce qui fait pour la grosseur réelle 0,0001 zG. J'ai vu des /enr , que je crois pouvoir regarder comme tous d’une même espèce , 1“ dans une eau de lavage de diverses Algues marines avec de l’eau douce ; elles avaientde 0,008 ào.oio; z° dans une vieille infusion de mousse; elles étaient ovoïdes, granuleuses, longues de 0,01 1 , et larges de 0,0097 ; leur filament était sensiblement plus épais à sa base; 3° dans une infusion de gélatine avec l’eau de mer, préparée depuis dix jours, le iz fé- vrier i836 ; elles étaient discoïdes , larges de 0,007 avec un fila- ment bien visible , l'oide et arqué à sa base ; 4° dans une infusion de gélatine avec oxyde de manganèse laissée à l’air depuis trois , mois, le zo novembre i83G, elles avaient o,oi5; avec elles vi- vaient des Euglènes et des Kerona puslulaia ; 40 dans une in- fusion de chair crue, au bout de deux mois; elles étaient larges de o,ooü ; 50 dans une infusion de chair avec du sel ammoniac ; ces Monades , au bout de dix-huit jours, n’avaientque 0,006 , au bout de deux mois il y en avait de 0,009 ’ l'odeur était très - fétide; G" dans une infusion de chair et de nitrate d’ammoniaque; ces Monades, largesde o,ooG, s’y trouvaient abondamment le dix-hui- tième jour avec le f^ihrio tineola et le f^ihrio serpens ; quarante jours après, ces mêmes Monades, encore très -nombreuses, n'a- vaient pas sensiblement -grandi , l’odeur était faible et corama nmmoniacole ; 7" dans une infusion de gélatine avec addition HISTOIRE NATURELLE 282 d’iode préparée depuis douze jours; le 24 août i830, les Mo- nades, longues de 0,010 à 0,01 2, s’y étaient développées avec des Enchelys et des Bactérium ; 8“ diverses infusions de sucre de réglisse avec addition de réactifs chimiques, m’ont offert des Menas lens en abondance, mais ces Monades montraient une tendance manifeste à s’allonger et à s’étirer comme les Cerco- manas ; 90 une infusion de racine de réglisse avec du phos- phate de soude était recouverte le dixième jour (i i février 1 836), d’une pellicule blanche , formée de Bactérium et de Monas lens, discoïdes, larges de 0,007, Les mêmes Monades se sont présen- tées dans d’autres infusions de la même racine, dans lesquelles le sulfate de soude ou le nitrate de potasse remplaçait lepremier sel; 1 0° les infusions de poivre, de persil, de pain, de colle de farine, etc. , m’ont presque toujours fourni également des Monades lens , de 0,006 à 0,008. I * Monade concave. — Monas concava. Corps circulaire, concave d’un côté, aminci au centre, et renflé aux bords. — Largeur 0,0123. Cette Monade , que j'observais au mois de février, à Toulouse , dans de l’eau de marais conservée depuis trois mois, pourrait bien être simplement une variété de la Monas lens; elle était notablement concave d’un côté et convexe de l’autre ; son fila- ment, très-délié, s’agitait dans toute sa longueur. 2. Monade globule. - — Monas glohiilus, — PI. IV, fig. 8. Corps globuleux , de forme presque constante. — Filament naissant d’un amincissement antérieur. — Longueur de 0,009 à 0,014. — Marin. J’ai trouvé dans l’eau de mer, à Cette, le 12 mars i8/io, cet Infusoire qui paraît bien différent du Monas lens par sa forme plus globuleuse et par l’absence des nodosités de sa surface. 3. Monade allongée. — Monas elongata, PI. III, fig. i3. Corps allongé , noduleux , flexible et de forme variable. — Long de 0,02. — Filament long de 0,04 , épais de 0,0002 à sa base. Cette espèce , fournie par les eaux de marais conservées depuis DES INFUSOIRES. 283 deux mois dans des bocaux et putréfiées, serait une Péronème si l'ou pouvait y reconnaître un tégument contractile , mais au con- traire elle ne montre qu'une substance homogène, creusée do vacuoles et renflée à sa surface en nodules qui forment quelque- fois des rangées presque l’égulières. 4. Monade attÉkcée. — Monas allcnuata. — PI. III, fig, 12. Corps ovoïde , rétréci aux deux extrémités , noduleux , inégal et creusé de vacuoles. Filament naissant du rétrécissement an- térieur. — Long. 0,016. Cette Monade , qui serait à réunir aux Cercomonas si le pro- longement postérieur était susceptible de s’allonger, paraît au contraire être de forme peu variable et constamment rétrécie aux extrémités; les vacuoles qu’elle contient sont très-grandes et bien distinctes. Son filament est plus épais à la base et bien visible , elle se trouve dans l’eau de marais conservée et pourrie. 5. Monade obloncde. — Monas oblonga. Corps ovoïde , oblong , inégal , tuberculeux et creusé de va- cuoles. — Long, de 0,0074 à 0,0164. J’ai trouvé des Monades oblongues que je crois identiques, 1° le 2 1 février i836 dans une infusion de coque-du-Levant pré- parée le 25 décembre ; elles étaient longues de 0,01 18 à 0,0164 » et montraientun filament bien visible ; cette infusion était fétide, mais sans saveur; 2” en février i838,dans divers flacons où je conservais depuis plusieurs mois de l’eau et des herbes de l’étang de Meudon ; les unes , plus petites et moins noduleuses , étaient larges de o,oo3 et longues de 0,0074, leur filament était assez épais à la base; les autres étaient plus grandes (0,01 5), creusées de grandes vacuoles et noduleuses. 6. Monade noueuse. — Monas nodosa. — PJ. IV, fig. 9. Corps oblong , irrégulier , noueux , rétréci en arrière , tronqué en avant. Filament naissant au milieu de la troncature. — Long. 0,0113. — Marin. J observais cette Monade dans l’eau de mer gardée depuis cinq jours à Cette, le 10 mars. 284 HISTOinE NATOnELLE 7. Monade bossde. — Monas gilhosa. Corps oblong, anguleux, irrégulièrement renflé et bossu; le filament naissant ordinairement de l’amincissement antérieur du corps. — Longueur 0,01. Dans une infusion de gélatine et de nitrate d’ammoniaque du 26 décembre, je voyais , dix-huit jours après, et pendant les deux mois suivants , des Monades d’une forme très-irrégulière entre- mêlées de Monas lens dont on aurait pu les croire de simples variétés; les unes étaient rétrécies en arriére, d’autres l’étaient aux deux extrémités , et d’autres en avant, tandis qu’il y en avait d’oblongues et de presque carrées avec les angles arrondis ; mais toutes présentaient des gibbosités plus ou moins prononcées, et leur filament naissait évidemment d’un rétrécissement du corps. L’infusion n’était nullement fétide. — J’ai revu des Monades semblables , le 24 août 1 836 , dans une infusion de gélatine pré- parée depuis dix jours, et dans laquelle j’avais mis des Cypris, dont quelques-unes vivaient encore malgré la fétidité du liquide. 8. Monade VAniAELE. — Monas varions. Corps oblong, plus étroit en avant, très-mou et changeant de forme incessamment. — Longueur 0,052 à 0,04. J’observais, le 18 novembre i338, dans de l’eau prise huitjours auparavant dans une ornière au nord de Paris , cet Infusoire qui par ses changements de forme continuels se rapproche beaucoup des Péranêmes , mais qui n’ofTre aucune trace de tégument, et paraît au contraire formé d’une substance glutineuse très-molle. 9. Monade intestinale. — Monas intesiinalis. Corps très-allongé , de forme incessamment variable ou arrondi à une extrémité et s’amincissant peu à peu pour se terminer en un long filament à l’autre extrémité. Mouvement d’ondulation sur tout le contour. — Long. 0,017. Dans les excréments d’un Triton palmipes que jo nourrissais de Lombric» depuis le a i mars, j’ai trouvé abondamment , lo B avril DES INFUSOIRES. 285 1808, îles Monades allongées el très-rcniarquables par les clian- gemenls continuels de forme que présentait leur corps qui s’agi- tait tout entier d’un mouvement ondulatoire sur ses bords, le filament qui terminait l’amincissement d’une des extrémités était bien visible, mais je ne puis le nommer filament antérieur, parce que le mouvement était très-irrégulier , et que j’ai cru avoir aperçu un filament beaucoup plus délié à l’autre extrémité. Si celte observation était vérifiée , cet Infusoire serait un Cerco- monas ; dans tous les cas , je crois que c’est une des espèces de Bodo, indiquées par M. Ehrenberg comme se trouvant dans l’intestin des grenouilles. * Monade flude. — Monas Jîuida. — PL IV, fig. lo. Corps mou , demi- fluide , de forme variable, irrégulièrement ovoïde, quelquefois rclrcci en arrière, creusé de larges vacuoles. — Long. 0,01. Cette Monade , qui peut-être n’est qu’une variété de la Monade variable , m’a paru bien remarquable en raison de ses larges va- cuoles dans lesquelles avec de l’eau se trouvent engagés des cor- puscules étrangers, très-nombreux, qu’on voit agités vivement du mouvement Brownien. Cette agitation des corpuscules ainsi em- prisonnés, pourrait au premier instant être regardée comme un phénomène vital propre à la Monade ; mais en y réfléchissant et en comparant ces corpuscules à ceux qui flottent dans le liquide ou qui reposent au fond, on reconnaît que ce sont bien les mêmes; et qu’ils ont été renfermés dans le corps de l’Infusoire pendant que l’animal rampait au fond, à la manière des Amibes, ou nageait au milieu en changeant de forme. 10. Monade nEssEanÉE. — Monas constricla. Corps allongé , quatre ou cinq fois plus long que large , resserré, et souvent comme étranglé au milieu. — Longueur, 0,02. Le 14 août i836, j’avais préparé une infusion de gélatine avec du chlorate de potasse, et j’y avais mis des Cy[)iis et des Oscil- laires qui continuèrent à y vivre pendant quelque temps. Le 34 août , j y trouvai un grand nombre de ces Monades allongées , HISTOIRE NATURELLE 28G dont plusieurs offraient au milieu un étranglement bien prononcé; elles se rapprochent beaucoup de certains Gcrcomonas, mais leur corps est épais et arrondi en arrière, au lieu d’dtre étiré et pro- longé en queue ; c’est d’ailleurs une nouvelle preuve de la varia- bilité des Monadiens et de l’impossibilité d’établir pour ces ani- maux, d’autres divisions que des genres provisoires. * Monade verte. — Monas viridis. Je trouve dans mes notes le dessin d’une Monade verte globu- leuse munie d’un seul filament , mais j’aurais besoin de revoir cet Infusoire pour m’assurer que ce ne doit pas être un Thécamo- nadien. CYCLIDE. — Cyclidium. Corps discoïde, déprimé ou lamelliforme , peu variable, avec un filament plus épais et roide à la base, agité seu- lement à l’extrémité. Ce genre est encore artificiel et en quelque sorte provi- soire ; en effet les vraies Blonades, quand elles ont acquis tout leur développement , peuvent avoir un filament plus épais à la base ; d’un autre côté , le caractère d’avoir le corps de forme constante, pourrait provenir dans certains cas de la présence d’un tégument, et alors ce serait à la famille des Thécamonadiens qu’ils devraient être re- portés. I. CrcLiDE NODDLEUX. — CycUdium nodulosum. Corps plat , discoïde , avec des séries de nodules et des va- cuoles. — Mouvement extrêmement lent. — Longueur 0,04S. Observé le 28 décembre dans de l’eau de Seine gardée depuis l’été avec des 3fj’riophylhun.- 2. Gycude coupé. — Cyclidium ahscissum. — PI. IV , fig. i < . Corps membraneux, lamelliforme, ovale, tronqué en arrière, filament roidc , mouvement lent , régulier. — Long. 0,0275. Observé le 28 décembre dans l’eau de Seine gardée depuis l’été. DES INFUSOIRES. 287 3. CïCLiDE ÉPAIS. — Cj-citdium crassum. — Tl. III , f. 8. Corps ovale , épais et arrondi sur les bords ; filament épaissi à sa base et un peu sinueux, ülouvement plus vil en zigzag. — Lon- gueur 0,014. Dans l’eau d’une ornière au nord de Paris , le 1 1 novembre i838. Le filament est long de 0,04 et épais de o,ooo5 à sa base. 4. CvcLiDE contodrnée. — CycUdium distorlum. — PI. IV, fig. 12* Corps ovale , plat , noduleux , et irrégulièrement contourné ave avec un rebord renflé. — Longueur, 0,014 à 0,023. Cet Infusoire, qui n’est peut-être qu’un degré de développement des Monas lens, se trouvait dans l’eau de Seine gardée depuis trois mois , et dans laquelle étaient morts divers Zoophytes et Systolides. Lorsqu’il est jeune , il a la forme d’un disque à bord renflé nodu- Icux ; mais quand il est plus grand , il se contourne sur lui-même, et son mouvement devient alors irrégulier. Quelques individus offraient un certain rapport de forme avec les Trepomonas , ce qui tend à faire penser, comme je l’ai déjà dit , que la plupart de ces Monadiens pourraient être des modifications d’un ou de plu- sieurs types. 3“ Genre. CERCOMONAS. — Cercomonas. \ An. arrondi ou discoïde , tuberculeux, avec un prolon- gement postérieur variable, en forme de queue , plus ou moins long , plus ou moins filiforme. Les Cercomonas ne diffèrent absolument des Monades que par un prolongement postérieur, formé par la substance même du corps qui .s’agglutine au porte-objet, et s’élire plus ou moins, de manière à n’être tantôt qu’un tubercule aminci, tantôt une queue allongée transparente , tantôt en- fin un filament presque aussi fin que le filament antérieur, et susceptible d’un mouvement ondulatoire; mais bien sou - vent j ai cru voir les Monades passer par degrés à l’élat de Cercomonas. 288 UlSrOinE KATUREELE I. Ceucomonas ÉTinÊE. — Cercomonas delractu. Corps discoïde ou oblong , granuleux , à queue épaisse. — Long. 0,0086 à 0,015 sans la queue et jusqu'à 0,020 avec la (|ueue. Je l’ai observée, du iG au 20 janvier i83G, dans une infusion préparée le 20 décembre avec le contenu des vésicules séminales du Cobaïe et beaucoup d’eau. Le filament flagelliforme avait plus de 0,02 et le prolongement caudiforme égalait quelquefois le diamètre du corps. Dans la même infusion avaient paru d'abord des f^ibrio lineola puis des Monas lens , et plus lard des Amiha Gleichenii s'étaient développées avec les Cercomonas. Une infusion de foin préparée le 2/1 décembre i835 , me mon- trait déjà, le 2 et le 3 janvier, des Cercomonas delà même espèce, quoique beaucoup plus grandes; leur corps était couvertde no- dosités et souvent creusé de vacuoles ; leur filament avait de 0,02 à o,o3 de longueur; au grossissement de 000 diamètres ; il parais- sait aussi épais qu’un cheveu de 0,07 vu à l'œil nu , ce qui porto sa grosseur réelic à 0,00023. Une infusion de gomme avec du carbonate de soude, m’a idfert, le quarante-cinquième jour , un Cercomonas de cette espèce long de 0,010 à 0,014 , dont la queue épaisse , peu con- tractile, oscillait par suite du balancement du corps. 2. Cercomonas a qcele épaisse. — Cercomonas crassieauda. — PI. IV, fig. 18. Corps allongé, noduleux, flexible et de forme variable, plus ou moins aminci postérieurement en manière de queue. — Lon- gueur de 0,006 à 0,010. J’observais au mois de janvier cet Infusoire dans le liquide où était plongé depuis six jours un tube de verre fermé avec de la vessie de cochon et rempli d'eau sucrée pour des expériences d’endosmose ; en même temps il y avait beaucoup de Monas lens qui paraissaient susce[itibles de s’allonger pour prendre la forme des Cercomonas. Dans une infusion de gomme avec de l’oxalale d’ammoniaque et de la limaille de fer, il s’était développé , au bout de trente ou quarantc'cimi jours, desMonades de 0,007 qui s’allongeaient jus- DES INFUSOIBES. 289 qu’à 0,010 et o,oi4, en se fixant par leur partie postérieure et s’étirant de manière à présenter une longue queue contractile, qui après s’être détachée se raccourcissait peu à peu et finissait par dis- paraître; le corps était noduleux, moins transparent. Une infusion de sUcre de réglisse avec du sulfite de soude, s’était couverte d’une pellicule blanche, et répandait une odeur fétide ; le quatrième jour (6 février) , elle contenait déjà des Mo- nades arrondies de o,ooG, qui le 8 étaient plus grosses, et pour la plupart s’allongeaient jusqu’à o,oio en prenant la formedesCer- comonas à queue épaisse. L’infusion de chènevis broyé m’a présenté cette même espèce au bout de dix jours en hiver; sa longueur variait de o,oof) à 0,01 I . 3. Cercomonas verte. — Cercomonas viridis. Corps ovoïde, oblong, tuberculeux, verdâtre, prolongé pos- térieurement en une queue plus ou moins amincie , ou en un lobe arrondi, ou en une expansion spatulée , diaphane. Longueur 0,018. Elle était très-abondante dans de l’eau de Seine conservée de- puis huit jours avec des herbes et divers animaux; sa couleur verte la distingue de toutes les autres espèces. 4. Cercomonas larme. — Cercomonas lactyma, — PI. IV, fig. 17. Corps globuleux inégal, prolongé en une longue queue flexueuse. — Longueur du corps, 0,003 à 0,009. — Longueur de la queue , 0,010. — Longueur du filament, 0,033. 11 se trouvait abondamment, le 24 décembx’e 1808, dans une infusion de gélatine avec nitrate d’ammoniaque, préparée le 26 décembre i835, et qui avait été réduite par l’évaporation à la douzième partie du volume primitif; c’était alors un liquide brunâtre, limpide , sans saveur et sans odeur. 5. Cercomonas acuminée. — Cercomonas acuminata. — Pi. 111, fig. 10, et PL IV, fig. 20. Corps globuleux ou ovoïde, aminci postérieurement en une queue courte terminée en fil très-lin. — Long, de 0,01 à 0,014. Cet Infusoire était le 20 janvier dans de l’eau douce qui , un INFUSOIRES. 19 290 IIISÏÜIIŒ NATUlîELLE mois auparavant, avait Servi au lavage et à la mac'éralioii d’une grande quantité d’ Algues niîirines sèches , et qui s’était putréfiée. ■ — J’ai vUi lé 1^1 mars iB38 , Un Infusoire semblàble, quoique plus petit, o,oo6G , dans une vieille infusion de gélatine et de sel am- moniac. — Dans une infusion de chair crue préparée dtepuis dbux mois, j’ai vu ce mdrac Infusoire long de o,oo85 ào,oio^ le jGjah- vier, avec dés Monas tens qui paraissaient être le ménie ani- mal plus ou moins développé ; le îi févi’ier, ces Môhades avaient de largeur 0^01 . 6. CEncoMONAS GLOEL'LE. — Cet'comonas glohuîus. — p1. IV, fig. 16. Corps globùlèùx àvéc deux filaments opposés deux ou trois fois aussi longs ; l’antérieur plus vivement agité. — Longueur de ü,0il à 0,012. .i’aî'oteèïVé plü’sféürs fois e'èt iU'fiiSOir'e qü'é j'é ci’oîSfeîch diSlihct, dahs 'des ’èàüx d'é Uiai'ài'S loUgt'em'p'S cOUS’é'rVéèS ; Son côl’lVs globü- l’éüi , ci'éUsé de v'àcÜoléS , est ’cOUVert d'e tübércUlés p’e'ù Saillants, ses filaments prennent naissance d’un amincissement du corps , l’antérieur est plus délié , le postérieur est plus roide. 6. Cercomonas a longue queue, — Ccrcomonas longicauda. Corps fusiforme flexible, terminé en arrière par un long filament Irès-délîé, ïîeViiéüit-, bh Wrme de qüeué. — Lofigtifedr dü corps de '0,0Ô8 à ’Oi'Ô'O’â'. — iQtreué lOn^u'e 'dè D,‘0i5. — li'ilart'ellt flngelli- forme très-délié, long de Ô-,05 à 0j'04. Ellè Vivai’t, au môîs dé mars 1808, dans une viéillè ififù'siôn de racine de réglîsrè et dé eyânoferrurè de potassium, prépàrcé deux ans auparavant èt réduite par réva’po'rà'troh aù tiers de soir Vo- lunle primitif. Je l’ai vue aussi, le 24 août i'838, dans une mTitSÎôn Jifépàrèé le 25 décembre i835 , avec de la gomme, de l’acide oxalique et du peroxyde de manganèse, et réduite, par l’évaporation, à la sixième partie de son volume. L’înfüSîon de pohmie de teire ciTie m’a présenté au bout de huit jô'urs en hiveri et pendant les deux mois suivants , des Ccr- comonas semblables au.x précédentes, mais ayant la queue moins flexueuse et le mouvement i)lus lent et plus uniforme. DES INFUSOIRES. 291 *. Cercomonas rmnoVim.—Cercomonasfus'^ormis.~V\. IV, fig. 21. Corps renflé au milieu , rétréci en avant et prolongé en arrière en une longue queue aminciei — Longueur, 0,014 sans la queue. Dans une infusion de mousse. 7. Gercomonas cylindrique, — Cercomonas cj'Undrica, — PI. IV, fig- ï9- Corps cyîlndri<îüé allongé , rétréci postérieurement et terminé par une longue queue droite très-mince. — Longueur du corps 0,010. — Largeur, 0,002o à0,0055. — Longueur de la queue, 0,10. Dans une vieille infusion dé Mousse, le I2 février i836. 8. Cercomonas TRoNQuiE. — -Cercomonas iruncata, — PL III , fig. 7. Corps aminci en arrière , tronqué en avant avec un filatnent partant de l’un des angles de la troncature , et l’autre angle plus ou moins prolongé en lobe. Long, de 0,0083 à 0,0140. Cet Infusoii'e, dont la queue paraît se fixer comme un pédi- cule , ce qui donne lieu à un mouvement vif de balancement jusqu’à ce que cette adhéi’ence ait cessé, se trouvait abondam- ment, le'ii février, dans une infusion préparée depuis dix jours avec I gr. de gélatine , i gr. de phosphate de soude et 78 gr. d eau, et répandant une odeur fétide. Avec lui se trouvaient beaucoup de Monades arrondies, larges de 0,0064 qui paraissaient susceptibles de s’étirer pour devenir autant de Gercomonas. Si j avais pu apercevoir un second filament à l’angle latéral, j'aurais regardé cette espèce comme identique avec l' ÀmphLmonas cau- dala. Dans une infusion de gomme avec du nitrate de potasse, pré- parée le 12 janvier i83C , je voyais le 28 février un grand nombre de Cercomonas tronquées, longues de o,oi5, de forme variable, les unes insensiblement amincies en arrière, les autres avec une queue brusquement rétrécie , quelques-unes plus étroites en avant ou arrondies , etc. Une autre infusion de gomme avec du nitrate d’urée et de la 19. “ 292 lUSTOIRE NATURELLE limaille de fer, avait pris au bout de quarante-quatre jours une couleur rouge et une odeur ammoniacale , mais sa saveur était nulle; elle contenait des Monades de o,oo54 susceptibles de s’al- longer jusqu’à 0,01 , et quinze jours plus tard il y avait des Cer- comonas tronquées longues de 0,014. 9, Cercomonas lobée. — Cercomonas lohata, — PI. 111, f. G. Corps de forme variable , tuberculeux , portant un filament fla- pelliforme à l’extrémité d’un lobe antérieur et émettant un ou deux autres lobes ou bras. — Longueur de 0,008 à 0,017. J’ai vu cet Infusoire au bout de dix jours, le 12 février, dans une infusion préparée avec 3 gr. de gélatine , o,83 de sel marin, 0,83 d’oxalate d’ammoniaque, o,83 de phosphate d’ammoniaque et de soude et gr. d’eau. Il présentait les formes les plus variées , et sans son filament locomoteur , on l’eût pris pour une Amibe ; 1e plus grand nombre cependant avaient le prolonge- ment caudiforme des Cercomonas , mais ils se distinguaient tous parce que le filament partait de l’extrémité d’un lobe antérieur. Un autre Infusoire qui pourrait être rapporté à cette espèce s’est développé au bout de huit jours dans de l’eau où avaient été lavées et macérées des Algues marines sèches, sa longueur était de 0,01 , il émettait latéralement en nageant des prolongements variables comme ceux des Amibes. 4® Genre AMPHIMONAS. — Amphimonas. An. do forme irrégulière variable , ayant au moins deux Glamenls, dont un antérieur et l’autre latéral, naissant d’un amincissement du corps, ou tous deux latéraux, avec ou sans prolongement caudiforme. On ne doit voir dans ce genre, comme dans le précédent, qu’une distinction artificielle pour aider à désigner certaines formes de Monadiens qui, bien loin d’être rigoureusement limitées, paraissent passer les unes aux autres. DES INFÜSOinES. 293 I . Ampuimonas vaiwé. — Àmphimomii tltfpar. — Fl. m, fig. g. Corps oblong , de forme très-variable , rétréci indifféremment à une de ses extrémités, ou prolongé latéralement en deux filaments, ou présentant ses deux filaments rapprochés 4 l’extrémité anté- rieure, mouvement vif de tremblottement — Long. 0,0066 à 0,0092. Une infusion de racine de réglisse avec du sulfate de soude pré- parée depuis deux ans et réduite au tiers de son volume par l’éva- poration spontanée, m’offrait le i g mars i838, un grand nom- bre de ces Infusoires des formes les plus variées etqui.cbangeaient de forme à chaque instant, en s’agitant vivement dans le liquide. Les deux filaments étaient semblables, leur longueur était de o,oi8ào,025. 3. Amphimonas a queue. — Amphimonas caudata. (i) — PI. VU, fig- > • Corps de forme très-variable ordinairement déprimé , tubercu- leux , convexe d’un côté , anguleux du côté opposé , avec un fila- ment partant du sommet de chaque angle.— Long. 0,012 à 0,020. Cette espèce, qui me paraît pouvoir être rapportée à la Cercaria gibba de Millier, ou au Bodo salions de M. Ehrenberg , s'était dé- veloppée en quantité considérable , le 12 janvier i83G, dans une infusion préparée le 26 décembre avec i gr. de gélatine et o,GG d’oxalate d’ammoniaque dans 128 gr. d’eau, et répandant une odeur faible de fraises pourries ; sa forme était très-variable; quel- quefois c’était un triangle irrégulier ayant un de ses côtés en arc convexe et les deux autres en arc concave, ou bien c’était la figure d’une virgule ou d'une spathule, etc. Mais dans tous les cas, je voyais bien nettement deux filaments flagelliformes, l’un à l’angle antérieur , l’autre teiminant l’angle latéi’al dont il semblait être le prolongement. Le prolongement caudiforme , tantôt obtus, tan- tôt aminci et plus étiré, m’a paru susceptible de devenir aussi un troisième filament, souvent il s’agglutine à la plaque de verre du porte-objet , et c’est précisément alors qu’il s’étire davantage ; le (l) 'Voyez Ann.-iles des Sciences naturelles , avril j83G, Pl. 9, fig' G. Cercaria gibba? Millier, Pl. XVII I, fig. ■>.. Bodo sallans’ Klir. Inf. Pl. II , lig. n. 294 HISTOIRE NATURELLE mouvement simultané des deux filaments donne à l'animal un mouvement saccadé tout particulier. * Amphimonas a BRAS. — Ampliimonas brachiata. — PI. IV, fig. lo. * Je signale sous ce nom un Monadien que je n’ai rencontré qu’une seule fois en 1889 , dans une eau de marais conservée de- puis longtemps; il paraît être le résultat de quelque mutilation ou de quelque altération de forme , mais, par cela même , il doit mieux faire comprendre la vraie nature des diverses expansions. Cet Infusoire était formé d’une masse ovoïde ou pyriforme de substance glutineuse remplie de granules , et émettant de son extrémité antérieure plus étroite, un filament flexueux simple et un lobe variable renflé et palmé , d’où partaient deux autres fila- ments agités d’un mouvement ondulatoire : il se mouvait par saccades et en tournoyant. Le lobe latéral qui changeait de forme à chaque instant était évidemment analogue aux expansions des Amibes , et les filaments eux-rmêmes étaient des prolongements de ce lobe. 5® Genre. TREPOMONAS. — Trepomonas. An. à corps comprimé plus épais et arrondi en arrière, contourné en avant en deux lobes amincis, infléchis laté- ralement, et terminés chacun par un filament flagelli- forme , d’où résulte un mouvement de rotation très-vif et saccadé. Les Trepomonas, quoique très-communs dans toutes les eaux de marais conservées avec deshei’bes et déjà putréfiées, sont de tous les Monadiens , les plus difficiles à bien con- naître , à cause de l’irrégulai'ité de leur forme et de la rapi- dité de leurs mouvements. Aussi j’ai plutôt aperçu que je li’ai réellement vu leurs filaments flagelliformes , et j’ai vaine- ment essayé liien des fois de les dessiner exactement. I, Trepomonas agile. — Trepomonas agilis. — PI. III, fig. iJ. Corps granuleux , inégal. — Long, de 0,022. Dans les eaux de marais putréfiées. DES INFUSOIRES. 293 fi Genre. CHILOMONAS. — Chilotnonas. An. à porps oyoïde pblong, obliquement échancré en avant, et portant obliquemept en avant un filament tre^- délié qui naît du fond de réchancrure. — Mouvement en tournant d’avant en arrière sur son centre. C’est avec doute que je rapporte au genre Chilomonas de M. Ehrenberg l’Infusoire que je nomme ainsi. Le mode d’insertion de son filament, en an-ière d’une partie saillante comme une lèvre, le rapproche des Euglènes et de certains Thécamonadiens ; mais je n’y ai pu reconnaître aucune trace de tégument, ni contractile, ni résistant. I. Chilomonas granllecse. — Chilomonas gramilosa. — PI. III, fig. i5. Corps Qblong, plus la^ge en iivant, de forme presque inva- riable , quoique dè consistance glutineuse , rempli de granules qui paraissept faij-p sai!|je à la surface. — Fi}apient flagellifQnue irès- débé , parlant d’unp éc}]3ucrure pbjique. — Longueur de Q,P28 à 0,030. — Lpugueur dp filament 0,03. Cet Infusoire incolore, mais rendu trouble par les granule nombreux qu’il contient, se meut en tournant d’ .avant en arrière, ce qui provient du mode d’insertion du filament. .Te l’ai trouvé dans une infusion de mousses, 2. Chilomonas oblique. — Chilomonas obliqua. Corps ovo’ide ou pyrifprme , noduleux , de forme variable , avec un filament naissant latéralement. — Long. 0,0093. 11 était dans une ipfusiop de spci’e ej; de nitrate d’urée, préparée deppis le 26 décembre i8clb , et qpi se trouvait réduite, par l’éva- poration spontanée, anbuitièine de son -volume, le 19 mars i838. Avec lui se trouvaient des granules de ferment et des spox’ules de moisissures. 296 HISTOinE NATURELLE 7' Genre. HEXAMITE. — Hexamita. An. à corps oblong arrondi en avant, rétréci et bifide ou échancré en arrière. Deux ou quatre filaments flagelli- formes , partant isolément du bord antérieur ; les deux lobes postérieurs prolongés en filaments flexueux. Ce genre, caractérisé par la multiplité des filaments mo- teurs, me paraît bien distinct des précédents; les espèces qu’il contient se développent dans les eaux de marais putré- fiées ou dans l’intestin des Batraciens, mais non dans les infusions artificielles. I. Hexamitk noduleuse. — Hexamita nodulosa. — Pl. III, fig. iG. Corps oblong avec trois ou quatre rangées longitudinales de no- dules , dont les deux latérales prolongées dans un lobe étiré et terminé en filament. Mouvement vacillant. — Long. 0,012 à 0,016. Cet Infusoire, que j’ai décrit et figuré dans les Annales des sciences naturelles ( tome 9, i838 ) se trouvait , le Somars i838 , dans de l’eau recueillie à l’étang de Meudon , depuis huit jours, et déjà gâtée quoique beaucoup d’animaux y vécussent encore. Il montre quelquefois des vacuoles à l’intérieur, et la rangée moyenne de nodules est susceptible de se prolonger en un lobe postérieur intermédiaire. * Hexamite enflée. — Hexamita injlata. Corps ovale-oblong , rendu presque quadrangulaire par des pro- longements d’où partent les filaments. — Long, de 0,017 à 0,020. J observais, le 12 avril et le 10 mai de la même année, dans d autre eau putréfiée venant aussi de l’étang de Meudon, de Hexamites qui doivent peut-être constituer une espèce distincte; le corps , creusé de vacuoles nombreuses , est uniformément ren- flé sans nodosités ; au lieu d’être bifide en arrière , il est seulement échancré et les ileux angles postérieurs sont prolongés en fila- DES INFUSOIRES. 297 ments flexueux bien visibles, .le n’ai pu voir en avant les quatre filaments flagelliformes de l’espèce précédente , les deux latéraux seuls étaient toujours visibles. a.IlEXAMiTE INTESTINALE. — Ecxamita inieslinalis. Corps fusiforme prolongé en queue bifide. — Long. 0,012. r.et Infusoire sc rencontre très- fréquemment dans l’intestin et dans la cavité péritonéale des Batraciens et des Tritons. Les deux filaments de sa queue sont assez distincts; il se meut suivant une direction rectiligne, en vacillant de côté et d’autre. 8® Genre. HÉTÉROMITE. — Heteromita. An. à corps globuleux ou ovoïde, ou oblong, avec deux filaments partant du même point en avant; l’un, plus délié et agité d’un mouvement ondulatoire , détermine la pro- gression en avant; l’autre, plus épais, flotte librement en arrière, ou s’agglutine çà et là au porte-objet, pour pro- duire en se contractant un mouvement brusque en ar- rière. Les trois familles des Monadiens, des Thécamonadiens et des Eugléniens , renferment des Infusoires qui offrent ce caractère bien remarquable d’avoir à la fois un filament fla- gelliforme, dont l’agitation continuelle détermine le mou- vement en avant , et un autre filament , partant du même point, plus épais , non agité d’un mouvement ondulatoire , mais flottant ou traînant, et s’agglutinant au gré de l’animal sur quelque corps solide, pour y trouver un point d’appui et ramener tout à coup en se contractant l’animal en arrière. On sera donc exposé à confondre des Infusoires de ces trois familles , si l’on ne parvient à reconnaître d’abord la pré- sence d’un tégument résistant ou contractile. Les memes indices qui permettent de penser que tel Mo- nadien est dépourvu de tégument , l’apparence glutineuse de la masse entière du corps , la faculté de s’agglutinei' et de HISTOIRE NATURELLE 298 s’iîfirer, la présenco à l’intérieur de certains corpuseules qui n’ont pu y pénétrer que par suite de la formation des va- cuoles à la surface; tous ces indices feront rapporter au genre Hétéromite, un Infusoire à filament traînant rétrac- teur, qui, dans le cas contraire, eût été un Hétéronème ou un Anisonème, Le rôle différent de ces deux filaments locomoteurs , en apparence organisés de même, ou, pour mieux dire, n’of- frant l’un et l’autre aucun indice de structure interne , doit jeter un nouveau jour sur la question de l’organisation des Infusoires en général , et fournit un nouvel exemple de l’ex- tensibilité et de la contractilité de la substance glutineuse homogène dont ces animaux sont formés. I, riÉTÊHpMiT^ OYpÏDB. — Beteromito, ovata (i). PI, IV, fig- 22 Çqrps QYifprme , plus étrqit en avant , qqntenant des vacqqles , des granules et des naviçules. — Lqng, de 0,027 à 0^053. J’ai trouvé cette espèce, le 1 2 octobre 1 887, dans l’eau de Seine, au milieu de plantes aquatiques ; une vacuole creusée près de la base des filaments [aurait pu être prise pour une bouche , mais dans divers individus cette vacuole occupait une autre place. Le filament flagelliforme, deux ou trois fois aussi long que le corps , s’agitait dans toute sa longueur, son épaisseur était à peine de o,ooo6 ; le filamqnt traînant, quatre fois aussi long que le corps , était épais de o,qqi2 , quelquefois, il fiottfiit librement , mais plus souvent aussi , il se collait çà et là sur la plaque de verre du porte- objet, et formait une ligne brisée dont chaque angle répondait à un des points d’adhérence. Quand ce dernier filament étajt üot- Q) Bodo grandis , Ehr. Infus, Pl. II , fig. 12, p. 34- C est vraisemblablement notre espèce que M. Ehrenberg nomme ainsi, et qu il décrit comme ayant « le corps oblong , arrondi aux deux ex- trémités, long de o,o3l , hyalin , avec une queue sélacéc , roide , at- tachée au ventre , et de grands estomacs. » Il cite les Drs Werneck et Focke , comme ayant également observé cet Infusoire aucjnel il attribuer des ovaires et un testicule ovale. Ses autres Bodos ne sont point des Hétéromites, mais des Cercomonas ou Aniphimonas mal observés. DES INFUSOIRES. 299 tant, il réglait à la manière d’un gouvernail le mouvement pro- duit par le filament flagelliforme, et l’animal nageait lentement et uniformément en avant. Quand le filament s’agglutinait, il re- tenait à la manière d’un pâble l’Infusoire qui s’agitait plus vive- ment , ou bien se contractant tout à coup , il le retirait brusque- ment en arrière. Le i8 mars i838, je retrouvai dans une fontaine, nu sud de Paris, cette Héte'romite plus petite (0,027) contenant encore des navicules et des granules nombreux. 2. HétÊromjtë granule. — Eeteromita granulum. PI, IV, fig. aS, Corps globuleux à surface granuleuse. — Long de 0,011. — Marin. Je l’observais, au mois de mars, dans de l’eau de mer conservée depuis quatre jours avec des Corallines et déjtà un peu altérée; le filament traînant était aussi mince que le filament flagelliforme. 3. î HiTÉROMiTE ÉTRûiTa. rrr, EsteromUa PI, Yî, flg* 24- Corps étroit, lancéolé , légèrement flexueux , aminci aux deux extrémités, avec un filament flagelliforme et un second filament partant du même point , dressé en avant à sa base et flottant dans le reste de sa longueur. — Long de 0,026. .le range avec doute dans le genre Hétéromite cet Infusoire que j’observais le i4 avril i838 dans de l’eau recueillie à l’étang dé Meudon, et déjà putréfiée: son corps, en forme de feuille lancéo- lée avec une rainure ou un pli longitudinal, était aminci auxdeux extrémités et terminé en avant par deux filaments, dont l’un, plus délié , s’agitait dans toute sa longueur , et dont l’autre, roide et dirigé obliquement en avant pour le premier tiers de sa longueur, était flexueux et flottait dans le reste comme un fouet ou une ligne de pêcheur. 9° Genre. TRICHOMONAS. Trichomonas, Corps ovoïde ou globuleux , susceptible de s’étirer en s’agglutinant au porte-objet, et présentant quelquefois 300 HISTOIRE NATURELLE ainsi un prolongement caudal. — Un filament flagclliforme anterieur est accompagné d’un groupe de cils vibraliies. 1. Tricromonas vaginal. — Trichomonas raginalis. — PI. IV, fig. i3. Corps glutineux, noduleux, inégal, creusé de vacuoles; s’agglu- tinanl souvent à d’autres corps. Mouvement vacillant. — Long. 0,01. Cet Infusoire, qui vit dans le Mucus vaginal altéré, a été ob- servé d’abord par M. Donné qui me l’a communiqué. 11 forme des groupes irréguliers avec d’autres animalcules de son espèce et avec des parcelles de mucus, et d'ailleurs par lui-même, en raison de la consistance glutineuse de son corps , il adhère au porte-objet et, continuant à s’agiter, il étire en manière de queue, une portion de sa substance. Le filament flagclliforme qu’il porte en avant est flexueux , plus épais à la base et long de 0,028 à o,o33 ; sept ou huit cils vibratiles accompagnent ce filament , rangés d’un côté à partir de sa base. Le corps est souvent creusé de vacuoles. 2. Trichomonas DES LIMACES. — Trichomonas limacis, — PI. IV, fig. 14. Corps ovo’idc lisse , prolongé en pointe aux deux extrémités et terminé en avant par un filament flagelliforme, de la base duquel part une rangée de cils vibratiles dirigés en arrière. Mouvement assez vif en avant et en tournoyant sur son axe. — Long. 0,013. Je l’ai trouvé dans l’intestin de la Limax agreslis. Il présente ordinairement des vacuoles régulières nombreuses. 10“ Genre. UVELLE. — Uvella, An. globuleux ou ovoïdes, pourvus d’un seul filament fia- gelliforme, et vivant agrégés en masses sphériques qui se meuvent librement en tournant dans le liquide. Les Uvelles sont des Monades habituellement agrégées et bien reconnaissables dans cet état, mais qu’on ne peut nul- lement distinguer de ces Infusoires simples, quand sponta- nément ou par accident elles se sont elles-mêmes désagré- gées et quand elles se meuvent isolément dans le liquide. M. Ehrenberg admet que les Uvelles vivent alta’nativement DES INFUSOIRES. 301 agrégées et isolées, et qu’elles changent plusieurs fois leur manière d’être. Je n’ai rien vu qui me permette de penser qu’il en puisse être ainsi. Les Uvelles désagrégées ne m’ont point paru conserver une tendance à s’agréger de nouveau; et je regarde comme tout à fait fortuites les réunions de certains Monadiens à corps glutineux , qu’on voit quelque- fois dans les infusions remplies de ces animalcules. I . UvELLE VERDATRE. — Uvclld vircsccns ory(i). Corps ovoïdes , verdâtres , longs de 0,015, réunis en groupes serres de 0,09 à 0,011. .le l’ai observée en août i838 dans de l’eau de l’étang du Plessis- ri<]uet, où étaient mortes des Spongilles. Müller l'avait trouvée ra- rement parmi les Lemnn po/j-rJdza au mois d’août. M. Éhrenberg avait cru d’abord voir ces Uvelles munies d'une couronne de cils vibratiles , et il les représente encore ainsi dans son histoire des Infusoires (pl. i, fig. 26) ; mais dans le texte, il exprime l’opinion qu’il pourrait y avoir seulement deux trompes flagelliformes , comme chez d’autres espèces analogues ; quant à moi , je n’y ai pu voir qu’un filament unique. Ce même auteur, qui n’a pu faire absorber d’indigo à ces Infusoires, suppose que leur couleur verte est produite par leurs œufs, et qu’une tache claire, dont parle Müller, est ou la bouche, que lui-même, dit-il, a vue aussi, ou le testicule qu’il n’a pu reconnaître. 2. UvELLE ROSACE. — Uvella rosacea. Bory (2). Corps globuleux incolores , longs de 0,008, réunis en groupes lâches de 0,023. (1) Volvax iiva, Müller, Pl. III, fîg. l'j , 21. Uvella vircscens , Bory,Encycl. 1824. Uvelln Jlavoviridis , Elir. l83i, mém. acad. Berlin. Uvella vireteens , Elir. Infiis. Pl. I, fig. 26. (2) Chaos. Gleiclien, Inf. Pl, XVII. Uolvox socialis, Müller, Pl. III, fig. 8, 9, Uvella rosacea , Bory , 1824. Encyclop. Uolvox glaucoma, llenip. et Ehr. 1828 , Syiiib. Pliysica , Pl. II. Monas glaucoma , Ehr. 182p. Uvella glaucoma, II. et Ehr. i83l. IIISTOIIIE NATUnELLE 302 Mtillci’.qui observa ceLte espèce dans de l’eau conservée depuis un mois avec des Chava , la distingue par l’ccartcment mutuel des corpuscules agrégés ; M. Ehrenberg, qui sous le nom û'Uvella alo- Tiuis, veut réunir les Monas atornus et 3fonas Icns de Millier et dubitativement le V olvox socialis du même auteur , lui donne pour caractère d’être d’un naturel vorace , d’avoir de grands es- tomacs qui se remplissent aisément d’indigo dans les expériences de coloration artificielle ; il attribua en outre une double trompe flagelliforme à chaque animalcule. * Polyloma uvella, Ehr. (1). Le genre Polytoma de M. Ehrenberg dilFère des Uvelles suivant cet auteur, parce que les animaux au lieu d’être alternativement libres et fixés , forment primitivement une agrégation par suite de leur mode de division spontanée en long et en travers : ils sont, dit-il, pourvus d’une trompe flagellifoi’me double et d’une bouche terminale tronquée. La seule espèce qu’il rapporte à ce genre a été décrite par Millier sous le nom de Monas uva ; elle preseute des agré- gations larges de 0,07 formées d’animaux longs de 0,012 à 0,023j et se trouve seulement dans l’eau püli-éfiée. 11' GénrIë. àNTHOPHYSE. — AMhophj'sa. An. ovoïdes ou pyriformes, munis d’un seul filament flagelliforme , ét agrégés à l'extrémité des rameaux d’un support ou polypier, ramifié, sécrété par eux. — Groupes devénus libres , semblables aux Uvella. Il est fort difficile de distinguer une Uvelle et une Antho- physe devenue libre, mais on ne peut conserver de doutes si l’on voit en même temps dans le liquide quelques-uns des (l) Monas uva, Müller, Tl. i, Cg. 12, l3. Spallanzani, p. 20p , PI. U , fig. l5 , B, C, D. XJ'vcUn élimnœmat'tis, Bory, 182.^, Encycl. Moilus polytoma , 'E\\r . i83o, Méin. atad. Berlin. Polytoma uvella , Ehr. i838. Infus. Pl. i , fig. 32. DES INFUSOIRES. 303 supports rameux des Anthophyses. Ces supports , en forme de petits arbustes irréguliers, brunâtres à la base, sont d’une couleur plus claire, et même diaphanes à l’extrémité des rameaux qui paraissent noduleux ou raboteux ; ils sont sécrétés par les animalcules, et on les voit fixés aux parois du vase où l’on a mis depuis peu de temps l’eau contehant ces Infusoii-es. Chaque groupe d’animalcules est d’abord fixé à l’extrémité diaphane du rameau qui l’à séci’été ; mais l’agi- tation du liquide ou quelque choc brusque l’éh détache aisément, ét alors il se meut éU tournoyant daUs le liquidé. Ce mouvemeut est le résultat d'è i’actiOh simultàné'é des fila- ments flagelliformes dont chaque animal en particulier est pourvu ; lorsque d’ailleurs quelque groupe a été désagrégé par accident ou spontanément , on voit des individus isolés se mouvoir comme des Monades à filament simple. Le support formé de rameaux , qui d’abord mous et glu- tineux, deviennent peu à peu plus consistants, brunâtres et d’apparence cornée, et semblent ne plus participer à la vie des animalcules , doit donner une idée du mode de for- mation de la charpente fibreuse de certaines éponges, ün conçoit d’ailleurs que les rameaux se bifurquent là où les groupes d’infusoires se divisent eux-mêmes par suite de la multiplication de ces animaux. ün ne connaît encore qu’une seule espèce d’Anthophyse. Millier la rangea parmi les Volvox ; M. Bory en fit le genre Anthophyse, qu’il classa dans son sous-règne Psychodiaire ; M. Ehrenberg , qui sans doute ne l’a pas étudiée avec soin, la place dans son genre Epislylis au milieu des Vorticclliens les plus parfaits. I. Anthophyse de Muller. — Anüiophy'sa Mülleri. ]àory (i). — Pl. 111 , fig. 1 7 et 1 8. Support irrégulièrement ramifié ; animalcules pyriformes plus épais en avant. — Longueur des tiges , 0,1 à 0,2; épaisseur desra- (l) f^olvox vciTclans , Millier , Infus. l’I. III, f. 2'2-25 , p. 22. lipistyHs? vcÿulatis, Ehrenb. Infus. Tl. X.KVll, lig. 5, p. 304 HISTOIRE NATURELLE ineaux, 0,006 ; largeur des groupes, 0,024 à 0,032 ; longueur d’un individu isolé, 0,010. .Te l’ai Irouvêe souvent dans l’eau de Seine; le to août i83/î , j'avais mis dansun petit bocal des cailloux recouverts de Conferves et pris au fond de la Seine, le lendemain je vis déjà des Anlho- physes fixées aux parois. I^e ii octobre 1887, de l’eau avait été prise dans ce même fleuve avec des Conferves; cinq jours après, elle était déjà altérée et sentait mauvais, cependant les Anthophyses s’y trouvaient abondamment. Millier l’avait obsei’vée dans l’eau de rivière au mois de novembre. Les Animalcules isolés ont une forme très- variable , ovoîde ou pyri forme ou renflée. DES INFUSOIRES, 305 AFPENBICi: AUX FAMIEEES DES AMIBIENS ET DES MONADIENS. ORGANISATION DES ÉPONGES. Quand on déchire des éponges d’eau douce ou spon- gilles vivantes , et qu’on soumet au microscope les parcelles flottantes et celles qui adhèrent à la plaque de verre, on reconnaît que ces parcelles (PL III, fîg. 19-h) sont pour la plupart munies de filaments vibra tiles d’une ténuité extrême , analogues à ceux des Monadiens , et qu’elles ont en outre la faculté d’émet- tre des expansions variables en lobes arrondis, comme certaines Amibes ; ce sont surtout les parcelles dépour- vues de filaments vibratiles et reposant sur la pla- que de verre (PL III, fig. 19, a. a, ) , qui rampent à la manière des Amibes au moyen de ces expansions diaphanes arrondies ; les autres nagent dans le liquide, ou bien, si elles reposent sur la plaque de verre , l’a- gitation continuelle qu’elles éprouvent empêche que leurs expansions ne soient aussi visibles. Toutes ces parcelles de spongille renferment des granules colorés et ordinairement verts, qui se comportent comme la cbromule des végétaux , et que dans aucun cas , je crois, on ne peut nommer les œufs de ces spon- gilles. En efiet, on voit paraître à une certaine épo- que de l’année , dans les spongilles , de nombreux glo- bules jaunâtres, larges de deux tiers de millimètre environ , et qui sont les corps reproducteurs de ces etres. D’autres corps reproducteurs émis par ces mêmes spongilles, suivant les observations de M. Lau- rent, sont couverts de cils vibratiles , comme les corps INFUSOIRES. 20 HISTOIRE NATURELLE 306 reproducteurs des éponges marines , et se meuvent dans le liquide jusqu’à ce qu’ils se soient fixés pour se développer en éponges. Dans plusieurs éponges marines , et notamment dans une masse charnue en- croûtant la hase du Fucus digitatus sur les côtes de la Manche, j’ai vu des parcelles, isolées par le déchi- rement de la masse , se mouvoir aussi à la manière des Amihes ; et d’ailleurs M. Laurent a vu des lobes ou fragments spontanément émis par les spongilles offrir ces mêmes caractères. On ne peut sans doute penser que les éponges soient des amas d’infusoires intermédiaires entre les Amihes et les Monades ; tout, au contraire, tend à prouver qu’il y a dans ces êtres une vie commune. Ainsi M. Laurent a observé et m’a fait voir, à l’extérieur des jeunes spongilles, des expansions diaphanes membraneuses en forme de mamelons ou de tubes , dans lesquels se produit un courant de liquide ; et cette observation bien exacte ne peut se concilier avec les précédentes , qu’en admettant que cette même partie vivante com- mune peut être divisée en parcelles qui conservent la vie temporairement au moins, en offrant les mêmes phénomènes que certains Infusoires. Ainsi , de part et d’autre , dans les éponges comme dans les Amibiens et les Monadiens , s’observerait la même simplicité d’or- ganisation; ce serait toujours une substanceglutineuse, homogène , susceptible d’émettre des expansions va- riables ou des filaments vibratiles. Quant à la production des filaments cornés ou des spiculés des éponges, elle sex’ait analogue à la produc- tion du support rameux des Anlbopbyses et du têt des Rbizopodes etdes Tbécamonadiens qu’on voit dans les divers genres corné ou calcaire, ou même siliceux DES INFUSOIRES. 307 VI" FAMILLE. VOLVOCIENS. Animaux sans organisation interne appréciable, sans bouche, pourvus d’un ou de plusieurs filaments flagelliformes , et réunis par une enveloppe commune , ou pourvus d’enveloppes propres qui se soudent en une masse commune. Les Volvociens paraissent généralement aussi sim- plement organisés que des Monadiens qui seraient fixés dans une masse commune comme un polypier ; ou plutôt ce sont des Tliécamonadiens , dont les enve- loppes, plus épaisses et plus molles, se soudent en une masse commune à mesure que ces animalcules se multiplient par division spontanée. On connaissait de- puis longtemps le Volvox , type de cette famille ; il avait excité l’admiration de Leeuwenhoek , de Rôsel , de Degeer, de Spallanzani , de Müller, etc. ; mais c’est à M. Ehrenberg qu’on doit , dans ces dernières années , une connaissance plus complète de sa structure. Ce n’est point un seul animal comme on l’avait cru ; c’est une agrégation d’animalcules occupant la surface d’une masse glutineuse , diaphane, d’abord pleine , puis offrant en son centre une cavité que vient oc- cuper l’eau à mesure que la surface s’augmente par suite de la multiplication des animalcules, et dans la- quelle se développent , sous forme de boules plus pe- tites et plus compactes, de nouvelles agrégations d animalcules semblables. Chacun de ces animalcules, de consistance molle, coloré en vert ou en jaune bru- nâtre, est pourvu d’un ou de deux filaments flagelJi- ‘20.' HISTOIRE NATURELLE 308 formes qu’il agite continuellement au dehors de la masse ; d’où résulte , à la surface externe , un mouve- ment vibratile irrégulier, très-dilEcile à reconnaître , qui détermine le mouvement général assez lent de ro- tation et de translation de la masse. Une petite tache irrégulière rouge , dans chacun des animalcules, a été prise pour un œil par M. Ehrenberg, et lui a fourni un^caractère distinctif pour plusieurs de ses genres de Volvociens. Les caractères que nous venons de tracer sont ceux des Volvox proprement dits ; un autre genre, Pando- rina^ en dillère parce que tous les animalcules forment un ou plusieurs groupes au centre d’une masse globu- leuse diaphane , au lieu d’être répartis à la surface. Un troisième genre, Uroglena^ présente des animal- cules retenus au centre d’une masse globuleuse dia- phane servant d’enveloppe commune, par un prolon- gement caudiforme qui leur permet d’agiter à la surface leurs filaments flagelliformes. Dans un qua- trième genre , Gonium , les animalcules , en se multi- pliant par division spontanée, restent agrégés en une plaque quadrangulaire , souvent régulière. Un cin- quième genre enfin , Syncrjpta , se distinguerait , sui- vant M. Ehrenberg , par l’existence d’une double enve- loppe ; savoir, une enveloppe propre à chaque animal- cule , et une enveloppe glutineuse commune ; mais peut-être doit-on le reporter parmi les Thécamona- diens , comme notre Tétràbœna. Millier institua le genre Gonium, et y plaça, 'avec l’espèce qui nous sert de type , quelques Infusoires fort douteux. Il adjoignit au Volvox globator de Linné une Pandorine sous le nom de Volvox morum , et plu- sieurs autres espèces douteuses ou tout à fait éti'angères à la famille des Volvociens. DES INFUSOIRES. 309 M. Bory forma un genre Panclorina pour le Volvox globator et la Pandorina morum , et le prit pour type de sa famille des Pandorinées, qui comprend à la fois le genre Pectoraline , institué pour le vrai type du genre Gonium , et le genre [libella , que nous plaçons avec les Monadiens. Cet auteur créait en outre une famille des Volvociens avec les mauvaises espèces de Volvox de Millier, formant ses genres Gygès et Volvox, auxquels il ajoutait le genre Enclielys, qui n’a avec eux aucun rapport. M. Ehrenberg , en 1830 , plaçait les genres Gonium , Volvox et deux autres genres nouveaux, très-voisins du Volvox, dans sa famille des Peridinœa, laquelle, paral- lèlement aux Cyclidina ^ devait contenir des Infusoires cuirassés de la deuxième section des Polygastriques anentérés , ou des Épitriclid , ayant pour caractère le corps cilié, la bouche tantôt ciliée , tantôt nue, etc. C’est qu’alors cet auteur regardait encore un Volvox , un Gonium , etc. , comme un animal unique pourvu de cils à sa surface , etc. ; mais dans son troisième mé- moire (1833), il modifia sa classification d’après des ob- servations plus exactes. Séparant les Volvocina des Peridinœa^ il en fait une famille placée à la suite de ses Cryptomonadina parallèlement aux Monadina^ c’est- à-dire dans la série des Infusoires cuirassés , en leur at- tribuant un corps spontanément divisible dans une cui- rasse qui est commune à plusieurs et susceptible de des- truction. Il y plaçait alors dix genres , divisés suivant la présence ou l’absence de la tache rouge qu’il nomme œil ; savoir, les Gygcs, Pandorina , Gonium , Sphæ- rosira, Synciypta etSynura^ qui n’ont point d’œil ou de tache rouge ; et les Chlamidomonas , Eudorina , P olvox et Uroglena^ qui en sont pourvus. Il déclarait HISTOIRE NATURELLE 310 alors que ce ne sont point des Polji^astriques épitri- ques , comme il l’avait cru d’abord , mais des Gymni- ques nus , agrégés , pourvus chacun d’une trompe filiforme qu’ils agitent d’un mouvement ondulatoire ; et qu’en conséquence on ne doit point supposer une bouche unique au globule entier formé par une telle agrégation d’animalcules : c’est alors chacun de ces animalcules en particulier quia une bouche , un ap- pareil digestif, des œufs, etc. En 1838 ( Infusionsthierchen , pag. 49 ) , l’auteur conserve les mêmes genres dans sa famille des Volvo- cina , en les caractérisant d’une manière différente , d’après la découverte des yeux ou points rouges dans les Sphœrosira , et la présence d’un double filament dans les , Volvox et Chlamidomonas . Ainsi, dans une première division , sont les Volvocina sans œil ; les uns , sans queue , forment , s’ils ont une cuirasse sim- ple , les trois genres Gygès^ Pandorina et Gonium ; les deux premiers étant de forme globuleuse, le premier seul, sans trompe ou filament flagelliforme , et le troi- sième étant comprimé en forme de tablette. Le genre Syncrypta comprend ceux qui ont une cuirasse dou- ble : ceux qui ont une c[ueue constituent le genre Synura. Les Volvocina pourvus d’un œil se partagent en cinq genres d’après leur mode de division spontanée ; si cette division est uniforme, simple, sans donner lieu à la for- mation de gemmes ou de groupes internes, ce sont ou des Uroglena, pourvus d’une queue; ou des Eudorina^ si, manquant de queue , ils ont une trompe simple, ou des Chlamidomonas , s’ils sont sans queue et avec deux trompes. Si , au contraire , la division sjDontanée n’a pas lieu uniformément , et s’il en résulte des gem- DES INFUSOIRES. 311 mes ou des globules internes , ce sont , ou des Sphœ- qui n’ont qu’une seule trompe , ou des qui en ont deux. Dans la définition actuelle , M. Ehrenberg dit que ses Volvocina sont des « Polygastriques anentérés , gymniques , à corps uniforme , semblables à des Mo- nades , mais pourvus d’une enveloppe ou d’une cui- rasse sous laquelle ils éprouvent une division sponta- née complète , d’où résulte une sorte de polypier ; cette, cuirasse se rompant enfin , les animalcules deve- nus libres recommencent ce même cercle de dévelop- pement. » Ensuite, dans les remarques subséquentes, il mentionne l’existence du filament simple ou double qu’il nomme une trompe; il considère comme produite par des œufs très-nombreux de grandeur égale , la co- loration ordinairement verte de ces animaux ; il dit avoir vu les organes mâles sous la forme de deux glandes ovales bien distinctes dans les genres Gonium , Chla- midomonas , Volvoxç.\. Uroglena^ et avoir vu en ou- tre des vésicules séminales contractiles dans les trois premiers de ces genres ; quant aux estomacs , il ne les a vus , dit-il, que d’une manière douteuse. En admettant même cette définition , nous croirions devoir séparer de la famille des Volvociens les genres Gygès et Chlamidoinonas , pour les joindre aux Thé- camonadiens ; et nous le ferions mieux encore d’après notre propre définition , qui veut que les vrais Volvo- ciens soient réunis par une enveloppe commune , ou pourvus d’enveloppes particulières soudées entre elles. Ne pouvant d’ailleurs attribuer aux taches rouges la signification et l’importance que leur donne M., Ehren- berg, nous sommes conduits à réunir scs Eudorina aux Pandonna, ses Synura aux Uroglena -, à considérer 312 HISTOIRE NATURELLE comme douteux son genre S/ncrjpta, et à rapprocher dubitativement les Spliœrosira des Pandorina. Ainsi nous ne conservons que quatre genres comme authen- tiques, même en nous fondant sur les observations de cet auteur. Les Volvociens , ordinairement de couleur verte, n’ont été trouvés jusqu’à présent que dans les eaux douces limpides , entre les Gonferves et les autres plantes aquatiques. 1"'' Genre. VOLVOX. — Volmx. Animalcules verts ou jaune - brunâtre , régulièrement disséminés dans l’épaisseur et près de la surface d’un glo- bule gélatineux transparent, devenant creux et rempli d’eau par suite de son entier développement , et dans lequel alors se produisent d’autres globules plus petits au nombre de cinq à huit , organisés de même , et destinés à éprouver les mômes changements quand par la rupture du globule contenant ils sont devenus libres. Animalcules munis chacun d’un ou de deux filaments flagelliformes , qui , par leur agitation hors de la surface, déterminent le mouve- ment de rotation de la masse. I. VOLVOX TOURNOVANT. VolvOX globcilOV. MÜll. (l). PI. IH , fig. 25 etPl. lV,fig. 3o. Globules verts ou jaune - brunâtre, larges d'un tiers de inilli- (i) Leeuwenhoek , Contin. arcan. natura , p. 1^9, lîg. 2, 1698. Kugelthier , Baker, Employ.-for llie micr. p. Tl. XII , iîg. 2^. Kugelthier , Rœsel, t. III , Pl. Cl , fig. i-3 , p. G, 7. Volvox globator , Linné, Syst. nal. eil. X, 1758. Folvox glohalor , Pallas, Elencii. zoopli. p. 4'7* Volvox globator , Millier , Inf. Pl. III , fig. 12 , l3 , p. l8. Volvox , Spallanzani , Opusc. pliys. trad. franç. t. I , p. 198 , Pl. II , f. II* Pandorina Lcauwenhoebii , Bory , 1824. Volvox globator , VAn-enh. i83o-i834, l838 , Infu.':. Pl. IV, fig. i. DES INFUSOIRES. 313 mètre à un millimètre, formés d’animalcules longs de 0,009 et larges de 0,0066, épars dans l’épaisseur d’une membrane sphérique, gé- latineuse , diaphane , dont chacun est muni d’un filament flagelli- forme , égalant trois fois sa longueur , et d’un point intérieur rouge. — Cinq à huit globules plus petits contenus à l’intérieur. C’est ainsi que j’ai toujours vu le V olvox globaior, qui se trouve abondamment en été dans l’étang de Meudon (juin t838), et que j’ai revu en juin i83g dans les eaux stagnantes aux environs de Toulouse ; mais je n’ai pas vu la double trompe flagelliforme indiquée par M. Ehrenberg, ni les cordons qui, suivant cet auteur, uniraient comme un réseau tous les animalcules à la sui’face des globules. Quand on a mis dans un flacon de l’eau contenant des Volvox , on voit leurs globules monter et descendre en tournoyant lentement dans le liquide , comme pourraient faire des corps lé- gers dans de l’eau agitée ; il suffit d’en approcher une loupe forte ou une lentille d’un court foyer pour distinguer la forme géné- rale du globule, et les petits grains verts épars à la surface , et les cinq ou six globules colorés plus petits contenus à l’intérieur. Leeuwenhoek le premier observa le Volvox dans l’eau des ma- rais, le 3o août : « Je vis , dit-il , dans cette eau une grande quantité de particules rondes flottantes de la grosseur d’un grain de sable. En les approchant du microscope , je remarquai non-seulement qu’elles sont bien rondes, mais aussi que leur membrane exté- rieure est, çà et là , couverte de particules saillantes , nombreuses, qui me semblaient à trois facettes et terminées en pointes. Quatre- vingts de ces particules également espacées occupaient la circon- férence d’un grand cercle du globule, de sorte que le nombre total des particules, réparties sur la surface, n’est pas moindre que deux mille. » Cela m’offrait un spectacle charmant, parce que ces globules n’étaient jamais en repos, et que leur mouvement avait lieu en tournoyant {per circumvolutionem').,. Mais plus ces particules étaient petites, plus elles montraient la couleur verte, tandis que, au contraii’e, dans la partie extérieure des plus grandes., on ne pouvait reconnaître aucune coloration. » Chacun de ces globules avait à l’intérieur cinq , six , ou sept , et même jusqu’à douze globules plus petits , ronds , de même struc- ture que le corps dans lequel ils étaient renfermés. Ayant tenu assez longtemps ma vue fixée sur un des plus gros globules placé 3U HISTOinE NATUHEtLE dans une petite quantité d’eau , je vis se produire , dans sa partie extérieure, une ouverture par laquelle sortait une des particules rondes incluses qui montrait une belle couleur verte, et qui exécutait dans l’eau les mêmes mouvements que faisait précédem- ment le globule d’où elle était sortie. » Ensuite le premier globule demeurait immobile et laissait sortir à peu d’intervalle, par la même ouverture, une seconde, puis une troisième particule, et il arrivait que toutes ces parti- cules incluses sortaient successivement ainsi en acquérant un mou- vement propre. » Après un intervalle de quelques jours , le premier globule s’était en quelque sorte dissous dans l’eau; je ne pouvais en re- trouver aucune trace. » Dans l’observation de ces globules, j’étais surtout surpris de ce que, pendant tous leurs différents mouvements, je ne voyais ja- mais les particules incluses changer de place , quoiqu’elles né fus- sent point contiguës , mais quelles restassent écartées d’une cer- taine distance. » Leeuwenhoek dit ensuite comment, ayant renfermé dans un tube de verre , gros comme une plume à écrire et en partie rempli d’eau , deux gros globules de Volvox contenant chacun cinq globules plus petits , et un troisième Volvox contenant sept globules très-petits , il vit quatre jours après que la membrane externe des deux premiers , devenue très-mince et transparente , , s’était déchirée , et que les dix petits globules inclus se mouvaient en tournoyant dans l’eau tantôt d’un côté , tantôt de l’autre. Au bout de cinq jours , il vit que les globules plus petils , renfermés dans le troisième Volvox, avaient augmenté de volume, et qu’on y pouvàit distinguer d’autres particules devant naître à l’intérieur. Après cinq autres jours, le troisième Volvox s’était déchiré d’un côté, et les particules contenues étaient devenues libres; néan- moins le Volvox, quoique ouvert d’un côté , continuait à se mou- voir en tournant dans le liquide comme auparavant. Quelques autres jours après , on ne pouvait reconnaître que quelques frag- ments des grands Volvox , lesquels bientôt ne furent plus du tout visibles. 11 continua à observer chaque jour les petits Volvox ' sortis des grands , et remarqua non-seulement qu’ils grossissaient peu à peu , mais aussi que les particules incluses devenaient plus grandes. Quand ces nouveaux Volvox se rompaient à leur tour pour mettre au jour les particules incluses , ils étaient quatre fois DES INFUSOIRES. 315 pins petits que ceux dont ils étaient issus, ce qui fait penser à Leeuwenhoek qu’ils n’avaient point atteint tout leur développe- ment, ou qu’ils n'avaient pas reçu assez de nouri’iture. Sans se prononcer sur la nature et sur la destination de ces globules , Leeuwenhoek est conduit à reconnaître qu’ils ne naissent pas spontanément , mais qu’ils se propagent comme toutes les plantes dont nous savons que chaque graine , si petite qu’elle soit , con- tient déjà la jeune plante qui en doit provenir. Cette opinion de Leeuwenhoek , basée sur l’idée que le globule du Volvox est un être individuel , a été adoptée et développée par tous les auteurs qui, après lui, ont observé le Volvox ; et, jusqu’à ces derniers temps, on a regardé ee phénomène de sa propagation comme une des preuves les plus manifestes du principe de l’emboîtement des germes. Baker vit le Volvox comme Leeuwenhoek , mais de plus, il aper- çut les cils partant des granules de la surface , et reconnut que ce sont là les vrais moyens de locomotion de cet être. Rôsel n’ayant pu, après Baker, distinguer les cils moteurs, en nia l’existence et proposa, pour expliquer le mouvement du Volvox, un mode d’explication fort bizarre, en supposant que chaque granule de la surface aurait un orifice susceptible de s’ouvrir et de se fermer au gré de l’animal . Müllerne vit point non plus les cils moteurs du Volvox, il le décrit comme formé d’une membrane diaphane couverte et comme héi’issée de molécules répandues abondamment à la sur- face, et renfermant à l’intérieur plusieurs globules immobiles transparents au centre. Les molécules de la surface peuvent, dit- il , se détacher , et la membrane alors reste nue. Cet auteur dé- crit ainsi la parturition : « La membrane se fend , et les petits, ou les globules inclus, sortent par la déchirure, et la mère elle- même ou la membrane se dissout. Ainsi cette mère , par suite d’un admirable emboîtement de sa race, se montre souvent grosse de ses fils, de ses petits-fils , et de ses arrière-petits-fils. » * V olvox aureus et Kolvox stellalus , etc. M. Ehrenberg décrit comme une espèce dislinctele Volvox jau- nâtre que Millier regardait comme simple variété du Volvox glo- hutor ; j ai vu moi-même beaucoup de nuances diverses parmi des Volvox que je crois devoir laisser dans la même espèce. Quant 31 G HISTOIHE NATUUELLE au V olvox slellalus , qui aurait été signalé d’abord par Schrank, il différerait parce que les globules internes seraient tuberculeux et paraîtraient comme dentelés en étoile sur leur contour. Les dimensions de ces espèces sont les mêmes que pour la précédente. * Sphœrosira Volvox. Eh. Infus. i838, pl. III, fig. 8. Le même auteur fait un genre particulier de cet Infusoire qui , suivant lui, n’aurait qu’une trompe flagelliforme simple, au lieu de l’avoir double comme les Volvox ; mais, ainsi que je l’ai dit plus haut , je n’ai pu voir qu’un filament simple à ceux que j’ai observés dans plusieurs lieux. Les animalcules du Sphœrosira sont décrits comme ayant de longueur 0,022 , et formant des globules de 0,56. I Genre. PANDORINE. — Pandorim. Bory. Animaux verts Irès-pctits, groupés en plusieurs globules épars dans l’intérieur d’une masse gélatineuse, diaphane, ovoïde ou globuleuse. Les Pandorines ne montrent pas, comme les Volvox, les animalcules fixés à la surface, mais ce sont des animalcules plus ou moins rapprochés ou groupés au milieu d’un globule transparent} par conséquent aussi le mode de propagation ne peut être le même, et l’on ne voit pas, comme chez les Volvox, des globules intérieurs être mis au jour par suite de la rupture de la membrane externe, pour se développer à leur tour en une membrane parsemée de grains verts. Muller avait distingué, comme espèce de son genre \ ol- vox, la seule Pandorine qu’il connût. M. Bory réunit cette même espèce et le vrai Volvox dans le genre Pandorine qu’il créa. M. Ehrenberg, enfin, a circonscrit plus exactement le genre Pandorine; mais il en a voulu séparer aussi, sous le nom d’Æudorina, une espèce qui n’en diffère que par la pré- sence des points rouges pris par lui pour des yeux. DES INFUSOIRES. 317 I. Pandorine mure. — Pandorina morum (i). Bory. Animaux verts longs de 0,009 , pourvus d’un filament flagel- liforme deux fois aussi long, et diversement groupés dans un glo- bule diaphane hors duquel sortent les filaments , large de 0,20 à 0,25. — Mouvement lent de rotation. Müller, qui observa cette espèce en automne, parmi les Lemna, la décrit comme formée d’un amas de globules verts entourés d’une membrane sphérique diaphane ; et il parle aussi d’un rebord noir qui n’est autre chose qu’une illusion d’optique produite par la réfringence de l’enveloppe. 2. Pandorine élégante. — Pandorina clegans (i). I Animaux globuleux, verts, longs de 0,015, pourvus d’uii point rouge oculiforme et d’un long filament flagelliforme , et réu- nis au nombre de 10 à 40 dans un globule diaphane de 0,04 à 0,125. M. Ehrenberg a observé, auprès de Berlin et en Russie, cette espèce, qu’il prend pour type de son genre Eiidorina; il conjec- ture qu’elle a été vue par les divers observateurs qui ont décrit le Volvox comme présentant trente à quarante globules intérieurs. ‘ Le même auteur nomme Pandorina hyalina une espèce dou- teuse qu’il aurait observée dans l’eau du Nil, parmi les Gonferves, et qui formerait des globules incolores de o.oS;. 3® Genre. GONIUM. — Gonium. Müll. Animaux verts ovoïdes , réunis par suite de la division spontanée , au moyen d’une enveloppe commune en forme de plaque quadrangulairc qui se meut lentement dans l’eau. (1) f'olvox morum , Müller , Infus. Pl. III , fig. l4-l6. Pandorina mora , Bory, 1824. Pandorina morum, Ehr. Infus. Pl. II , fig. 33. (2) Eudorina clcgans, Ehr. Infus. Pl. III, fig. 6. HISTOIRE NATURELLE 318 Les Gonium ont été aperçus d’abord par Müller, qui ne soupçonna pas du tout leur organisation , et prit leur en- veloppe commune pour un seul animal. Sclirank, en nom- mant d’abord Volvox complanatusV type de ce genre, semble avoir pressenti leur vrai rapport avec le Volvox. M. 13ory voulut former le genre Pectoraline avec le Gonium pectorale ; mais il n’avait rien vu de plus que ses prédéces- seurs. M. Ehrenberg, en 1830, le décrivait comme formé d’une enveloppe comprimée , carrée , ciliée aux angles , et contenant seize gemmes à l’intérieur; mais, en 1834, il en donnait une description plus exacte d’après ses nouvelles ob- servations. Les globules verts n’étaient plus des gemmes, mais des animaux distincts, dont la réunion en cai’ré for- mait une famille, et chacun d’eux lui paraissait pourvu d’une trompe filiforme. I. Gonium pectoral, — Gonium pectorale Animaux ovoïdes ou globuleux , verts , larges de 0,006 à 0,020, réunis par 16 en plaques carrées ou quadrangulaires de 0,025 à 0,085. Müller décrit ce Gonium comme formé de seize corpuscules ovales, presque égaux, verdâtres, demi-transparents, insérés dans une membrane quadrangulaire qui réfléchit la lumière sur chacune de ses faces. 11 se propage par la sépaiation de chacun des globules qui bientôt se montre, à son tour, composé de seize globules plus petits. Turpin l’a décrit comme un végétal dans les Mémoires du muséum ( 1828 , t. XVI, pl. i3), et dans le Diction- naire des sciences naturelles, sous le nom de Pectoraline , en le signalant comme une preuve de sa théorie de la globuline. * Gonium pitnclaium. Ehr. Inf. i838, pl. III, f. 2. M. Ehrenberg a décrit sous ce nom une espece qui paraît diffé- rer de la précédente par des taches noires sur chacun des animal- cules verts; il l'a observé à Berlin. (l) Gonium pectorale , Müller, Infus. Pl. XVI , %. 9, ii. Pectoralina hcbraica , Bory , 1824 , Encycl.— 1828, Dict, class. I. l3. Gonium pectorale , Elir. liifus. i838 , Pl. 111, %. i. DES INFUSOIRES. 319 Le Goniuin pulvinatum de Müller ne peuL être rapporte avec certitude à ce genre; il acte’ observé dans une eau de fumier et décrit par cet auteur comme une plaque quadrangulaire ren- flée en forme de coussin et formée de trois ou quatre bourrelets parallèles, présentant ensuite des divisions transverses et animée d’un mouvement vibratoire lent. On doit , je crois , regarder comme un végétal le Goniutn iran- tjuillum décrit par M. Meyen dans les Nov. acta nat. curios, t. XIV, l’I. 43, fig. 3G, comme formé de seize corpuscules verts , disposés par deux ou par quatre dans une plaque quadrangulaire quelque- fois plus longue que large , et sans mouvement propre. 4' Genre. UROGLÈNE. — Vroglena. Ehr. M. Ehrenberg a foi'me les deux genres Uroglcna et Sy- nurct pour les Infusoires agrégés dans une enveloppe géla- tineuse commune, ainsi que les autres Volvociens ; mais dis- tingués par la présence d’un prolongement caudiforme. qui les retient adhérents au centre de la masse commune. Ses Uroglena forment une seule espèce, U. Volvox (Ehr. Infus. PI. III, fig. 11 ), présentant des animalcules oblongs jau- nâtres, retenus par une queue trois à six fois plus longue que le corps qui s’avance hors de la masse commune ; ils diffèrent surtout des Synura par la présence d’un point co- loré, que l’auteur nomme un oeil. Ces derniers, également jaunâtres, saillants hors de la masse commune, forment la seule espèce Synura uvella ( Ehr. Infus. PI. III , fig. 9). * Syncrypia. Ehri Le même auteur institue un genre Syncrypia pour des Infusoi- res verts agrégés , qu’il décrit comme pourvus d’une enveloppe propre, et réunis dans une enveloppe commune. Ces Infusoires longs de 0,009, réunis en globules de 0,047, forment une seule es- pèce, Syncrypia co/coj:(Ehr. Infus. PI. 111, fig. 7); il l’a observée à Berlin, .fai bien aussi de mon côté rencontré des Infusoires, agrégés , et munis d’un tégument propre ; mais n’ayant pas re- connu distinctement chez eux une enveloppe commune, j’ai cru devoir les reporter parmi les Thécamonadiens. (Voyez Cryptomo- nas-Tctrahcena, ) 320 HISTOIRE NATHREELE VH'' FAMILLE. DINOBRYENS. Infusoires à filament flagelliforme , contractiles au fond d’une carapace ouverte ; se multipliant par gem- mation, de telle sorte que les nouvelles carapaces restent adhérentes par leur base au sommet des précédentes , d’où résulte un polypier rameux. Les Dinobryens, dont je n’ai 'observé que deux es- pèces , m’ont paru être des animalcules analogues aux Monadiens ; mais la rapide altération de l’eau qui les contenait avec d’autres productions de l’étang de Meudon , ne m’a pas permis de les étudier complète- ment, et de reconnaître chez eux l’existence du fila- ment flagelliforme , ni de m’assurer si , dans leur ca- rapace , ils auraient un second tégument contractile analogue à celui des Eugléniens , ce que pourtant je ne puis croire ; car ils ne me montraient qu’une masse verte changeant lentement de forme au fond de chaque petite carapace en forme de cupule. Ces animalcules forment, par la gemmation, de nouvelles carapaces qui se grefïent successivement les unes sur les autres , d’où résulte un petit polypier comme un Sertulaire mi- croscopique, ordinairement fixé sur les Cj^clopcs et les autres petits animaux aquatiques , mais souvent aussi flottant librement dans le liquide , après s’être détaché de son support. Quand les Dinobryens se sont décom- posés en mourant , leur polypier se conserve parfaite- ment transparent. M. Ehrenberg, qui le premier a fait connaître les Dinobryens eu 1833 et 1834, en les définissant des DES INFUSOIHES. 321 animaux polygas triques cuirassés, anentérés ( sans in- testin) , sans aucun poil ou appendice externe, et dont le corps est de forme changeante , les classait alors à côté des Volvociens ; mais il les place aujourd’hui {In- fusionsthierchen , 1838) à la suite de ses Astasiæa, en les regardant comme des Astasiées à carapace. Il dit, avec plus de réserve, « qu’ils sont évidemment ou vraisemblablement polygastriques , anentérés, gym- niques , cuirassés, de forme spontanément variable. » Et tout en déclarant que dans cette famille l’organisa- tion n’est pas suflisamment connue , il assure avoir vu chez les Dinobryon comme organe locomoteur une trompe simple filiforme ;• puis il dit que les granula- tions verdâtres ou jaunâtres de tous les individus paraissent constituer l’ovaire, et qu’une vésicule claire, au milieu du corps son Epipjxis , pourrait être la vésicule séminale contractile. Enfin il accorde un œil rouge au Dinobryon. Cet auteur place dans cette fa- mille , avec ses Dinobryon , un second genre Epi- pyxis , qui se distingue par l’absence du prétendu œil. 1“' Genre. DINOBRYON. Ehr. ( Mêmes caractères que pour la famille. ) I. Dinobryon sertulaire. — Dinobryon serlularia. Ehr. (i). — PI. I , fig. 21. Animaux dans des urcéoles ou cupules sessiles, formant un polypier, souvent libre. — Longueur d’une cupule, 0,04. — Lon- gueur du polypier, 0,52. J’ai trouvé abondamment celte espèce flottant dans l’eau de 1 étang de Meudon , entre les spongilles , le 20 mars i838. Le {l) Dinobryon serlularia, Ehr. Infus. i838 , Pl. VIII, fig. 8. INFUSOIRES. 21 322 HISTOIRE NATURELLE corps des animalcules est vert, et le polypier est d'une diaplia- néilé parfaite. M- Ehrenberg l’a observe'e en mars et avril 1882 , près de Berlin. 11 fixe la longueur des cupules à 0,047. 2. Dinobryon pétiole. — Dinohr^on petiolaîum. — (PI. I, fig. 22.) Animaux verts dans des urcéoles ou cupules longuement pé- donculées , qui partent de l’intérieur des cupules plus anciennes. — Longueur d’une cupule et d’un animalcule , 0,018. — Longueur du pédoncule , 0,08 à 0,10. — Longueur du polypier, 0,23. J’ai trouvé , en même temps que la précédente , cette espèce fixée sur des Cyclopes ; quelques-uns des pédoncules les plus longs montx’aient un bourgeon latéral. * Dimobryon social. — Dinohryon sociale, Ehr. (i). M. Ehrenberg a décrit sous ce nom une autre espèce qu’il avait d’abord prise pour une V aginicola , et qui diffère surtout de la première par ses dimensions moindres d’un tiers. * Epipyxis. Ehr. Le même auteur institue sous ce nom un genre particulier pour un Dinobryon incomplètement observé, et nommé par lui-même d’abord (i83i) Cocconema uiriculus; il est en forme d’utricules coniques remplies de granules jaunâtres, et fixées par un pédi- cule sur les conferves. H soupçonne que la Frustulia crinita de Martens et XArislella minuta de Kützing sont la même chose que son Epipyjcis. 1 (i) Faginicola socialis , Ehr. i83o-l83i , Mém. acad. Berlin. Dinobryon sociale , Ehr. i838 , Infus. Pl. VIII, fig. g. DES INFUSOIRES. 323 VHP FAMILLE. THÉGAMONADIENS. Animaux ordinairement colorés , revêtus d’un tégu- ment non contractile, membraneux ou dur et cassant, et n'ayant pas d’autres organes locomoteurs qu’un ou plusieurs filaments flagelliformes. Les Infusoires de cette famille n’ayant de commun , en quelque sorte, qu’un caractère négatif, la non-con- tractilité d’un tégument , pourront sans doute être di- visés plus tard en plusieurs familles , d’après leur forme , d’après la nature de leur tégument, et d’après le nombre et la disposition de leurs filaments moteurs. On en voit eu efi’et de globuleux et de foliacés ; quel- ques-uns ont une coque dure , comme pierreuse ; d’autres ne sont revêtus que d’une membrane mince , flexible ; il en est enfin qui n’ont qu’un seul filament , tandis que d’autres en ont deux semblables , ou bien deux de grosseur différente , ou encore en ont plu- sieurs. En attendant que de nouvelles observations aient augmenté le nombre et la connaissance des es- pèces , ces différences que nous venons de signaler ser- viront seulement à caractériser des genres bien plus réellement distincts dans cette famille que parmi les Monadiens. C’est qu’aussi les Tbécamonadiens sont plus avancés en organisation que les Monadiens ; on ne les voit point comme ceux-ci se produire dans les infusions artificielles , et changer de formes et de ca- ractères suivant la nature du milieu où ils vivent. Ils sont aux Monadiens ce que les Rhizopodes sont aux Amibiens ; ils n’ont pas plus d’organes distincts , mais 21. IIISTOIUE NATURELLE 324- leur individualité est déjà plus précise ; ils se multi- plient dans des eaux stagnantes , qu’on peut bien assi- miler à des infusions faites en grand ; mais il n’est plus permis de penser qu’aucun d’eux puisse être le produit d’une génération spontanée , ou du développe- ment de ces corps préorganisés qu’admettait Spallan- zani ; de ces germes disséminés dans l’atmosphère , auxquels on attribuerait l’origine des Monadiens, des Amibiens , des Vibrioniens , et de quelques autres In- fusoires. Ainsi les Thécamonadiens , de forme globuleuse et munis d’un seul filament, seront des Trachelomonas , si leur enveloppe est dure et cassante ; ce seront des Cryptomonas , si elle est membraneuse et molle. Ceux qui , n’ayant aussi qu’un seul filament , sont de forme aplatie , formeront les genres Phacus et Crumenule qui diffèrent , parce que celui-ci n’a pas le prolonge- ment caudiforme qu’on observe plus ou moins pro- noncé chez celui-là. Les Thécamonadiens à deux fila- ments seront les Diselmis , si les deux filaments sont également vibra tiles ; mais si l’un de ces filaments est traînant et rétracteur, l’autre étant vibratile et flagelli- forme , on en fera les deux genres Anisonème et Plceo- tie ; ce dernier se distingue par sa forme en nacelle , l’autre est ovoïde ou en forme de pépin. Enfin , s’il y a plusieurs filaments vibratiles , ce sera le genre Oxyrrbis , dont le nom indique comment son corps se prolonge antérieurement en forme de nez. Plusieurs de ces animaux ont été vus par les anciens micrographes , qui ne soupçonnèrent nullement la j^ré- sence des filaments moteurs. Müller en a décrit quel- ([ues-uns dans ses genres Monas , VolvoxG,i Cercaria. M. liory les a laissés aussi confondus avec des Infu- DES INFUSOIRES. 325 soiresnus dans plusieurs genres. Mais M. Ehrenberg, le premier, sentit la nécessité de créer une famille pour les Infusoires revêtus d'un tégument résistant, et d’ail- leurs semblables aux Monades ; il la nomma bimille des Ciyptomonadina , du nom d’un de ses principaux genres Ciyptomon as. Cette famille, la première des cuirassés, anentérés, gymniques, était caractérisée chez cet auteur, en 1830, par « une enveloppe membra- neuse, subglobuleuse ou ovale , propre à chaque indi- vidu , qui était non divisible ou divisible avec l’enve- loppe. » Une première section , comprenant les ani- malcules simples , était partagée en trois genres , savoir: les Crjptomonas , sans yeux, mais avec une bouche ciliée ; les Gygès , sans yeux et sans bouche ciliée ; et les Cryptoglena , avec un œil rouge. Un quatrième genre , Pandorina , reporté depuis dans la famille des Volvociens , était censé contenir les Gryp- tomonadines composées, ou se reproduisant par des divisions internes. Le genre Gygès , sans être mieux connu qu’à cette époque , a été également reporté de- puis par cet auteur dans la famille des Volvociens , de sorte qu’il ne reste plus que deux des genres primitifs , lesquels sont même réunis dans notre genre Crypto- monas. Mais, en 1832, dans son troisième mémoire , M. Ehrenberg, en même temps qu’il instituait sa fa- mille des Polvocina , créait les nouveaux genres P/’o- rocentrum , Lagenella et Trachelomonas chez les- quels il avait reconnu l’existence d’un filament flagel- liforme qu’il prend ]iour une trompe. Enfin, en 1836, il créait le genre Ophidomonas ; de sorte que sa fa- mille des Crjptomonadiua est, dans son Histoire des Infusoires (1838), divisée en six genres de cette ma- nière. Les espèces sans yeux , à carapace obtuse , HISTOinE NATURELLE 326 sont des Crj'^ptonionas , si la forme est courte et si la division spontanée est nulle ou longitudinale ; ce sont des Ophidornonas , si la forme est longue etla division transversale. Celles qui, sans yeux, ont la carapace antérieurement prolongée en pointe , sont les Proro- centrum. Quant aux espèces pourvues d’un œil ou d’un point rouge , elles sont divisées en trois genres , suivant la forme de la carapace : les Lagenella ayant une ca- rapace globuleuse avec un prolongement en forme de goulot ; les Trachelomonas ayant la Carapace globu- leuse , sans goulot ; et les Crjptoglena ayant une cara- pace ouverte d’un côté, ou eu forme de bouclier. De ces dix genres , nous en acceptons deux seule- ment , en réunissant les Cryptoglena et les Lagenella aux Cryptomonas comme des sous-genres. Le Proro- centrum pourrait être la même chose que notre Oxjr- rhis; et, d’ailleurs, nous réunissons aux Trachelomonas les genres, Chœtotyphla et Chœtoglena, placés , par M. Ehrenberg , parmi les Péridiniens. Quant au genre Phacus , il a été réuni aux Euglènes par cet auteur, malgré la différence que présente son tégument non contractile. Notre Diselmis en^xn se rapporte en partie aux Chlamidomonas du même auteur. Les Tbécamonadiens sont tous très-petits , mais ils deviennent visibles à l’œil nu, en raison de leur grand nombre et de leur coloration ; ils sont ordinairement verts, et colorent la surface des eaux stagnantes , des ornières , etc. Il en est aussi de rouges qui produisent la coloration des salines. Ils sont reconnaissables , le plus souvent, à leur raideur et à l’uniformité de leur mouvement. M. Ehrenberg attribue à la plupart de ces Infusoires un double filament flagelliforme ; il n’a pu leur faire avaler de substances colorées ; néan- DES INFUSOIRES. 32Y moins il prend pour des estomacs les vésicules internes, sauf celle qu"il appelle vésicule séminale contractile , et qu’il indique dans une seule espèce de Cryptomo- nas. Il a nommé testicules ou glandes séminales , des corpuscules arrondis, incolores, qui se voient dans plusieurs de ces animaux ; enfin, comme pour d’autres familles , il dit que leur couleur verte consiste en globules serrés qui lui paraissent être les œufs, et il désigne comme un œil le point rouge que plusieurs présentent à l’intérieur en avant. en Ï5 t— « P pag. 112.) Cette espèce, qui diffère de la précédente par sa forme plus cir- culaire, et par sa longueur beaucoup moindre(de 0,028 à 0,046) a été trouvée par M. Ehrenberg, entre des Lemna minor, en avril et en juin 1882, auprès de Berlin. Elle est moins tordue sur son axe ; elle est caractérisée ainsi par cet auteur : « corps ovale , fo- liacé, caréné, triquètre, vert, avec une queue Uiaphauc courte.» Elle ne montre pas de stries ou de sillons longitudinaux. DES INFUSOIRES. 339 4° Genre. CRUMENULE. — Crumenula. An. à corps ovale, déprimé, revêtus d’un tégument ré- sistant, obliquement strié et comme réticulé, laissant sortir obliquement d'une entaille du bord antérieur un long fila- ment flagelliforme. — Mouvement lent. I. CrumÉnüle tressée. — Crumenula iexta, — PI. V, fig. 8. Têt résistant, réticulé rempli de substance verte avec des va- cuoles ou des globules hyalins , et un gros globule rouge en avant. — Longueur, 0,03. Cet Infusoire , que j'ai observé plusieurs fois, en décembre et janvier, dans l’eau de l’étang du Plessis-Piquet, conservée depuis quelques mois avec des végétaux vivants et des débris (voyez An- nales des sciences natur. i83G, t. 5, PI. IX), a la forme d’un sac tressé, aplati et rempli de matière verte entremêlée de granules et de globules hyalins; vers le quart ou le tiers antérieur, se voit un globule rouge large de o,oo5 , que je ne puis regarder’ comme un œil ; et, tout à fait en avant, se voit un pli ou une entaille for- mée par une saillie en manière de lèvre; du fond de cette entaille sortun filament trois fois plus long que le corps, et épais deo,oooiG, lequel contourné sur lui-même un grand nombre de fois, s’agite vi- vement sans faire beaucoup avancer l’animal. Avec les Gruménules vivantes, il s’en trouve de mortes, dont le lest limpide ne contient plus que des granules brunâtres, réguliers, longs de o,ooi6 , qui sont peut-être des corps repr oducteurs. * Genre prorocentrom. Ehr. M. Ehrenberg nomme Prorocentrum micans (Infus. PI. II, lig. 23) , un des Infusoii’es phosphorescents de la mer Baltique, observé précédemment par M. Michælis qui ne put y reconnaître le filament moteur. Cet Infusoire, de cou- leur jaunâtre, long de 0,06, est ovale, comprimé, plus étroit en arrière, revêtu d’une cuirasse glabre prolougée en pointu au milieu du bord antérieur; il présente à l’intérieur 22 IIISTOIKE NATURELLE |ilu.-)icnrs vésicules ou globules plus clairs, rpie l’auteur iioiiiiue des estomacs, et se meut en sautillant au moyen d’un filament flagelliforme qui sort du tct , en arrière de la pointe anterieure. M. Ehrenberg place son genre Prorocentruni dans sa famille des Cryptomonadina, et le caractérise ainsi ; «An. dépourvus d’œil, à cuirasse glabre , terminée par une pointe frontale. « Sa forme déprimée et son tégument me font croire que cet Infusoire , s’il n’appartient pas au genre Cruménule , doit en être fort voisin. 5' Genre. DISELMIS. — Diselmis. An. à corps ovoïde ou globuleux , revêtus d’un tégument presque gélatineux non contractile , et pourvus de deux filaments locomoteurs égaux. Ce genre, qui répond à peu près au Chlamidomonas de M. Ehrenberg, tel que cet auteur le définit aujourd’hui, mais non tel qu’il le voyait précédemment , compi’end des Infusoires presque globuleux, verts, dont les organes loco- moteurs n’ont pu être vus des anciens micrographes, et qui ont dû conséquemment être classés avec les Monades, par Goeze, parMüller, parM. Boryet mêmeparM.Ehi-enbergen 1831. Jereconnus en 1837, leur double filament moteur, et ce caractère me paraissant devoir les distinguer de tous les autres Infusoires indiqués comme ayant une trompe simple, je proposai dans les Annales des sciences naturelles (tom. 8, 1837), d’en former le nouveau genre Diselmis. A cette époque en effet, M. Ehrenberg était censé définir en- core son genre Chlamidomonas , comme dans son troisième mémoire en 1832, c’est-à-dire en lui attribuant une trompe filiforme simple; mais dans son histoire des Infusoires, en 1838 , il lui a reconnu une trompe double et il a continué à l’inscrire dans sa famille des Volvocina; parce qu’à l’intérieur de la carapace on voit des indices de division spontanée en deux ou en quatre. Cette même raison devrait faire reporter à la famille des DES INFUSOIRES. 3?il Volvocina, notre Tetrabæna, mais comme je l’ai dit précé- demment, je ne place dans ma famille des Volvociens que les Infusoires montrant une agrégation d’individus com- plets dans une enveloppe commune. Les Diselmis m’ont toujours paru composés d’un tégu- ment diaphane non résistant , susceptible de se dissoudre après la mort ; déjà même , quand l’animal n’est plus dans les conditions normales , on voit sortir à travers le tégument plusieurs globules de sarcode , d’une transparence parfaite , ce qui semble bien annoncer que le tégument est perméable et que la partie vivante est essentiellement formée de ce sar- code diaphane. Toutefois le tégument est rempli d’une sub- stance verte, dont M. Ehrenbei'g attribue la coloration à des œufs : cette opinion me semble d’autant moins probable que ces animalcules, remplisde cette substance verte , sontsensi- bles eux-mêmes à la lumière, et, comme des végétaux, se fixent à la partie la plus éclairée du vase en dégageant du gaz ( oxy- gène?) s’ils sont exposés aux rayons du soleil. Au milieu de la substance verte, se voient des granulations inégales et un dis- que renflé aux bords, nommé sans motif un testicule, et sou- vent aussi un point rouge pris à tort pour un œil j car, je le répète , c’est par la substance verte tout entière , que les Diselmis paraissent être sensibles à la lumière, et non par le point rouge seul. Les filaments moteurs sortent par une même ouverture du tégument, et souvent' même, ils partent d’un lobe diaphane, saillant par cette ouverture. Les Diselmis se trouvent dans les eaux stagnantes , au milieu des débris de végétaux plus ou moins décomposés, ou dans des flacons où l’on conserve depuis longtemps des eaux de marais, mais non dans les infusions artificielles faites en petit. La coloration en rouge des salines de la Méditerranée est due à un Infu- soire qui paraît appartenir à ce même genre. 342 HISTOIRE NATURELLE I. Diselmis VERTE, — Distlmis viridis (i). — PI. III , f)g. 20-21.’ Corps ovoïde, renflé, vert avec un point rouge , et deux fila- ments d’une longueur double environ. — Longueur de 0,010 à 0,019. J’observais, au mois de juin 1887, cet Infusoire dans de l’eau de pluie qui depuis quinze jours baignait du terreau laissé à l’om- bre dans une terrine, et qui en était totalement colorée en vert. Cette eau verte exposée dans un flacon au soleil, dégageait beau- coup de gaz , et les Diselmis montraient une disposition bien ma- nifeste à se fixer aux parois les plus vivement éclairées, ou à for- mer une pellicule continue à la surface. Je les ai revues fréquem- ment depuis, mais jamais en si grande quantité. A l’intérieur, on distingue quelquefois un disque déprimé au centre et regardé comme un testicule par M. Ehrenberg. Les deux filaments mo- teurs me parurent deux fois et demi aussi longs que le corps dans les individus observés au mois de juin. Ils sortaient d’nne ouver- verture oblique placée un peu en arrière du bord antérieur; dans les individus observés au mois d’avril i838, les filaments n’avaient pas deux fois la longueur du corps ; ils étaient quelque- fois portés par un lobe charnu sortant par une ouverture presque terminale. Ces filaments, d’une extrême ténuité, ne deviennent vi- sibles que quand ils cessent de s’agiter aussi vivement; quand tous les deux sont agités également , l’animal se meut imiformé- ment en avant, mais quelquefois l’un d’eux s’agite seul , et l’autre fixé ou agglutiné à la plàque de verre retient l’animal qui se ba- lance autour de ce point d’appui ; d’autres fois , les deux filaments se fixent en même temps en formant entre eux un angle presque droit , et l’animal reste immobile pendant quelques instants ; sou- vent aussi ils se détachent à leur base, et on les voit flotter dans (1) Monas ovuliim, Goeze, 'Wittemb. magaz. 3 , p. 3 , 1783. Monas pulvUculus, Millier , Infus. Pl. l, fig. 5-6. Monas lens, Nces d'Esenbeck. — Hornschuch, Nov. ad. nal. cur. t.X, p. 517. Monas pulvisculus , Ehrenb. i83l , mém. Berlin. Chlamidomonas pulviscultis, 'EAiv. i832-l838.Infus.pl. III, fig. 10. Diselmis viridis, Duj. Ann. sc. nat. 1837, t, 8. DES INFUSOIRES. 34-3 le liquide. Les Diselmis tenues depuis quelque temps entre les la- mes de verre laissent exsuder sur leur contour des globules dia- phanes de sarcode qui ont dû passer à travers le tégument, quoi- qu’on n’y aperçoive ni mailles ni lacunes ; si ces Infusoires sont comprimés, ils font sortir par l’ouverture antérieure une masse sarcodique qui s’étale en large disque , et ne contient que quelques parcelles vertes ou même reste entièrement diaphane. Parmi les Diselmis fixées et devenues ainsi plus globuleuses, je voyais plu- sieurs globules verts un peu plus gros, divisés intérieurement en deux ou en quatre , et qui peut-être étaient ces mêmes Infusoires en voie de se diviser spontanément. Il est probable que Muller a voulu parler de cette même espèce sous le nom de Monas puhisculus, 11 l’a observée dans les eaux stagnantes, au mois de mars, et la décrit comme des granules sphériques, translucides, à bord vert, dont les plus grands mon- trent à l’intérieur des indices de division spontanée : ces granules, dit-il, se trouvent dans chaque goutte d’eau par myriades, et forr ment une pellicule verte à la surface de l’eau , et sur les parois du vase abandonnées par l’éau. 2. Diselmis maiune, — Diselmis marina. Corps presque globuleux , obtus et arrondi en avant , granuleux à l’intérieur. — Long de 0,027. Cette espèce, plus grande que la précédente, plus globuleuse et peut-être toujours dépourvue de point rouge , se trouvait abon- damment, le 3 mars 1840, dans de l’eau de mer stagnante et co- lorée en vert , sur la plage à côté du port de Cette. â'. Diselmis étroite. — Diselmis angusia. — PI. "V, fig. 22. Corps pyriforme, oblong, paraissant plissé et tuberculeux à l’in- térieur, ayant quelquefois un point rouge peu visible. — Long, de 0,0106 à 0,0143 ; largeur, 0,0072. Cet Infusoire qui , vu de côté était allongé et rétréci en avant , et qui vu perpendiculairement paraissait un simple globule vert , se trouvait, le 2 février, dans un bocal contenant depuis cinq mois de l’eau prise à l’étang de Meudon , et conservée avec divers végétaux. HISTOIRE NATURELLE 3 U Je pourrais citer d’après mes notes plusieurs autres espèces de Diselmis et notamment une espèce de forme ovoïde , à tégument granuleux, inégal et comme floconneux en dehors, ayant un point rouge bien prononcé. Sa longueur était de 0,02 et 0,024 > et sa largeur de 0,01 3. * Diselmis Dunalii. — (Monas Dunalii , Joly , Histoire d’im petit Crustacé, etc. Montpellier, 1840.) M. Joly, en recherchant la cause de la coloration des salines de la Méditerranée , a reconnu que cette coloration en rouge , souvent très-vif, est due à des Infusoires qu'il nomme Monas Dunalii , et qu’il décrit ainsi : « Corps ovale ou oblong , souvent étranglé dans son milieu , quelquefois cylindrique ; incolore chez les très-jeunes individus, verdâtre chez ceux qui sont plus avancés , d’un rouge ponceau chez les adultes. Bouche en forme de prolongement conique , rétractile , d’un blanc hyalin. Deux trompes flagelliformes plus longues que le corps, situées sur les côtés de celte bouche. Point d’yeux. Estomacs indistincts. Anus et queue nuis. Corps rempli d’un nombre variable de globules verts ou rouges donnant à l’animal la couleur qui le distingue , et servant probablement à perpétuer son espèce. » 6® Genre. ANISONÈME, — Anisonema. An. à corps incolore , oblong , plus ou moins déprimé , revêtu d’un tégument résistant par une ouverture , duquel sortent deux filaments; l’un flagelliforme dirigé en avant, l’autre plus épais traînant et rétracleur. — Mouvement lent. Comme je l’ai dit en parlant de l’Hétéromite (page 297) , nous trouvons dans trois de nos familles, des Infusoires pour- vus comme l’Anisonèmede deux filaments moteurs dillérents; l’un plus délié, sans cesse agité d’un mouvement ondula- toire et servant uniquement à faire avancer l’animal ; l’autre plus épais , non agité de même , mais flottant dans le liquide DES INFUSOIRES. 345 et servant alors comine un gouvernail pour rendre plus ré- gulier le mouvement , ou s’agglutinant pour retenir l’animal ou pour le tirer brusquement en arrière par sa contraction subite. L’Anisonème se distingue des autres par son tégu- ment résistant non contractile et qu’on voit quelquefois dans le liquide rester vide et parfaitement diaphane. Il se pourrait que le B o do grandis de M. Ehrenberg, se rap- portât à quelque espèce de ce genre en même temps qu’à l’Hétéromite. I. AnisonÈme PEPIN. — Anisonema admis , — PI. V, fig. 27. Corps oblong, déprimé, arrondi en arriére , plus étroit en avant ou en forme de pépin, avec une ouverture presque terminale. Mouvement rectiligne en avant. — Long de 0,20 à 0,051. J'ai trouvé cette espèce abondamment avec les Trinômes dans les flacons où je conservais en hiver, de l’eau prise avec divers débris dans l’étang du Plessis-Piquet. Son tèt membraneux trans- parent paraît assez résistant et ne se décompose pas après la mort de l’animal, il présente souvent en dessus une côte arrondie, sail- lante. !, 2. Anisonème sillonné. — Anisonema sulcata. — PI. fig. 28. Corps ovale , déprimé , avec quatre ou cinq sillons longitudi- nau.\ , et une entaille oblique en avant , d’où sortent les deux fila- ments.— Mouvement vacillant circulaire. — Longueur 0,022. Cet Infusoirequi , probablement plus tard , devra constituer un genre distinct du précédent , a bien pu être confondu avec les Cyclides par les anciens micrographes, son filament flagelliforme est trois fois aussi long que le corps; le filament traînant n’est qu’une fois et demie ou deux fois aussi long. 11 vivait dans l’eau de l’étang de Meudon, conservée depuis un mois. T Genre. PLOEOTIA. — Plœotia. An. à corps diaphane , ayant plusieurs côtes ou carènes ïongUudinalcs , saillantes au milieu , et un bord circulaire insTOinr natuuelle 34G d’uno limpidité parfaite , d’où résulte quelque analogie avec la forme d’un navire ( Tr),oïov ), Deux filaments loco- moteurs différents parlant d’une extrémité. Sous ce nom , je désigne une forme d’infusoire tout à fait distincte , et .que j’eusse prise pour une Bacillariée , si je n’eusse bien vu ses deux filaments moteurs; il me paraît extrêmement probable que Müller a décrit quelque chose d’analogue à notre Plœotie; sous le nom de Trichodaprisina (Infus. p. 187, pl. XXVI, fig. 20-21). Il l’observa comme nous dans de l’eau de mer conservée depuis plusieurs jours, son mouvement était vacillant comme celui d’une barque flottante. Il le caractérise ainsi : « animal des plus petits, à peine visible, en raison de sa transparence de cristal, ovale, convexe comme une nacelle en dessous , comprimé en forme de carène en dessus , plus étroit en avant , sans aucune trace de poils ou de cils. » Les organes locomoteurs que Müller ne peut avoir aperçus , je les ai vus d^ns notre Plœotie sous la forme de deux filaments différents , comme ceux des Ani- sonèmes , l’un flagelliforme , agité continuellement d’un mouvement ondulatoire, l’autre plus épais, flottant, sus- ceptible de s’aglutiner aux corps solides pour retirer brusque- ment l’animal en ai’rière quand il se contracte. I . Plceotie vitrée. — Plœotia vitrea. — Pl. V, fig. 3 . Corps hyalin , avec trois ou quatre lignes longitudinales sail- lantes au milieu , et quelques granules intérieurs. — Longueur 0,02. — Mouvement lent. Dans l’eau de mer prise à Cette , le 1 3 mars , et conservée de- puis deux mois. 8' Genre. OXYRRHIS. — Oxyrrhis. An. à corps ovoïde, oblong, obliquement écbancré en avant et prolongé en pointe ; plusieurs filaments flagelli- formes partant latéralement du fond de l’écbancrurc. Les Infusoires ont été jusqu’à présent si peu observés DES INFUSOIRES. 8*7 dans la Méditerranée et dans les autres mers des pays chauds, qu’il n’est pas douteux que de nouveaux genres , tels que ce- lui-ci et le précédent ne doivent être établis plus tard avec les espèces qu’on y aura découvertes. Cet Oxyrrhis dont le nom dérivé du grec ( èÇùpptç ) indique le prolongement an- térieur du tégument , est bien reconnaissable par sa forme oblongue, irrégulière, tronquée obliquement, et par ses fi- laments flagelliformes. 1 . Oxyrrhis marine. — Oxj^rrhis marina. — PI. V, fig. 4. Corps incolore, sub-cylindrique , rugueux, arrondi en arrière. — Longueur 0,03. Viv.mt dans l’eau de la Méditerranée , conservée depuis deux mois avec des Ulves. * Ophidomonas jenensis. — Ehr. Infus. i838, p. 43. Sous ce nom, M. Ehrenberg a décrit un Infusoire brunâtre, long de 0,04, filiforme, à corps très-mince , courbé en spirale, également obtus aux deux extrémités, ayant une trompe filiforme pour organe locomoteur , et beaucoup de cellules stomachales à l’intérieur. Il le découvrit, le 18 septembre, près d’Iéna, et le prit pour type d’un nouveau genre Ophidomonas, caractérisé ainsi : «Animaux dépourvus d’œil, à carapace obtuse, nue, en forme de fil , et se multipliant par division transverse complète. » IX° Famille. EUGLÉNIENS. Animaux de forme très-variable , pourvus d’un tégument contractile, et d’un ou plusieurs filaments flagelliformes servant d’organes locomoteurs. Nos Eugléniens répondent en grande partie à la fa- mille des Astasiœa de M. Ehrenberg , et j’aurais con- HISTOIRE NATURELLE 348 remarquer la ressemblance Je ce nom avec celui d’Asta- ciens , déjà employé pour des Crustacés. Les Euglé- niens , bien caractérisés par l’instabilité de leur forme et par leur filament flagelliforme moteur, ne pourraient être confondus qu’avec certains Monadiens , si l’on ne savait constater suffisamment chez eux la présence d’un tégument ; mais pour cela plusieurs indices de- vront guider l’observateur ; ainsi , quand le corps est susceptible de s’aglutiner et de s’étirer ensuite , c’est unepreuvede l’absence d’un tégument; quant, au con- traire , le corps toujours libre ne présente dans ses chan- gements de formes que des renflements et des lobes ar- rondis , comme le pourrait faire un sac élastique non entièrement rempli d’une certaine quantité de matière qui change de place à l’intérieur sans changer de vo- lume ; on peut conclure que l’Infusoire est enveloppé lui-même aussi d’un tégument contractile. Un autre indice est pris de la disposition de la surface qui , dans les Monadiens nus , est inégalement renflée en nodules, tandis que dans les Eugléniens elle est lisse ou réguliè- rement plissée ou striée. Ces animaux ne pourraient d’ailleurs être confondus avec des Thécamonadiens, que s’ils étaient tout à fait privés de mouvement : c’est bien ce qui arrive pour des Euglèues qui , à une certaine époque de leur vie, se fixent en prenant une forme globuleuse; mais elles sont ordinairement en si grand nombre dans le liquide, qu’on en doit voir en même temps quelques autres en mouvement, et qu’on peut dès lors prononcer avec certitude sur la nature de celles qui sont fixées. Certains Eugléniens sont remarquables par leur co- loration en vert ou en rouge , et par la présence d'un ou de plusieurs points colorés que M. Ehrenberg a DES INFUSOIRES. 3i9 nommés des yeux , d’où le nom Euglena (èJ?, beau; , œil); mais cela ne suffirait pas, à notre avis , pour établir des distinctions generic[ues ; c est dans la nature ou la structure apparente du tégument , dans le nombre, et dans le mode d’insertion des filaments moteurs, qu’on doit mieux trouver ces caractères. Ainsi nous pouvons séparer d’abord un genre Poljselmis^ ca- ractérisé par la multiplicité de ses filaments, puis de ceux qui ont deux filaments, faire les deux genres Zygoselmis et Hétéronhmc , suivant que les deux fila- ments sont inégaux dans celui-ci comme dans les Ani- sonèmes et les Hétéromites, ou égaux dans celui-là comme dans les Diselmis. Restent les Eugléniens à un seul filament , pour lesquels les distinctions seront bien plus artificielles et incertaines. Ceux dont le corps ordinairement coloré se [>rolonge en f[ueue et qui ont I un point rouge oculiforme , sont les Euglcnes , ayant : pour type la Cercaria uiridis de Müller; mais pour I ne pas rompre des rapports naturels , on est obligé ! d’ajouter à ces Euglènes à queue des espèces qui sont habituellement arrondies en arrière. Les es- pèces sans coloration et sans prolongement caudi- forme sont des Astasia , si le filament , agité dans toute son étendue, est inséré brusquement comme chez les Euglènes, au fond d’une entaille du bord an- térieur ou sur ce bord même; ce sont des Pèranènies, si ce filament est plus épais et plus roide à sa base , où il semble n’être que le résultat de l’amincissement gra- duel du corps en avant. Mais ces deux derniers genres, surtout, ne doivent être considérés que comme établis provisoirement pour aider à la désignation de certaines formes ; ils montrent des passages si insensibles de l’un à l’autre , et même aux Monadiens , que l’on sera exposé I HISTOIRE NATURELLE 3Ô0 à placer dans des genres dilîérenlsles divers degrés de développement d’un môme animal. Gela tient , je le répète, à l’état d’imperfection de nos connaissances réelles sur les Infusoires en général , et m’oblige à ré- péter encore que la classification proposée ici a seule- ment pour but de faciliter une étude que des classifica- tions , basées sur de pures hypothèses , avaient rendue presque inaccessible. Trois espèces du genre Euglène ont été connues de Müller, qui les classa dans ses trois genres, Vibrio, Cercaria ei Enchelys ; il est vraisemblable que dans ce dernier genre , cet auteur a placé également des Pé- ranèmes ou des Astasia ; mais on ne peut, comme je l’ai déjà dit, reconnaître avec certitude ces espèces trop imparfaitement décrites. M. Bory, frappé des ca- ractères de la Cercaria viridis de Millier , la prit pour type de son genre Raphanelle^ caractérisé par un corps cylindracé, contractile, au point d’être quelquefois polymorphe, aminci postérieurement en manière de queue ; mais il plaça dans le même genre le Pro- teus tenax , et les Enchelys caiidata et gemmata , de Müller. D’un autre côté, il plaça dans son genre Lacrymatoire ^ le Vibrio acus du même auteur, qui est une véritable Euglène; et laissa dans son genre Enchélide, \ Enchelys deses , de Müller, qui est aussi une Euglène , mais qu’il regarde comme étant évi- demment un Zoocarpe. M. Ehrenberg créa , en 1830 , la famille des Asta- siœa, comprenant « les polygastriques nus et gymni- ques ou sans appendices, à bouche ciliée ou nue, à corps allongé devenant polymorphe par la contraction , sou- vent cylindrique ou fusiforme , et se divisant sponta- nément di>ns le sens longitudinal ou obliquement. » Il DES INFUSOIRES. 351 en faisait trois genres , savoir, les Astasia sans yeux , les Euglena et les Ambfyophis , pourvus d’un seul œil ; mais ceux-ci sans queue, et ceux-là avec une queucv Plus tard, en 1831 , il créa un quatrième genre , Di- stigma pour les espèces à deux points colorés, ou, comme il le dit, à deux yeux. Puis , en 1832 , il ajouta encore le genre Colacium pour des espèces sans yeux , comme les Astasia, mais fixées par l’extrémité de la queue et pourvues de cils rotatoires (?). Précédemment il avait attribué à tous ses Astasiés , comme à ses Mo- nadiens , une bouche entourée de cils ; mais alors il commençait à douter de ce caractère , et c£uelque temps après il reconnut en ellet que ces animaux ont pour organe locomoteur un filament qu’il nomme une trompe. En 1838, enfin, il ajouta un sixième genre , Chlorogoniiim, formé d’uneancienne espèce d’Astasia, qui n’est pas, dit-il, privée d’œil comme ses congé- nères, et qui, déplus, possède deux trompes filiformes. Maintenant ses Astasiæa sont pour lui dès « polygas- triques anentérés (ou sans tube intestinal), gymni- ques (ou sans appendices ni cuirasse), changeant spon- tanément la forme de leur corps , qui est ou qui n’est pas terminé par une c|ueue , et ayant un seul orifice à l’appareil digestif. » 11 distingue d’abord le genre Astasia, sans yeux; puis, parmi ceux qui ont un œil, les Colacium, qui sont fixés par un pédoncule ; tous les autres étant libres, sont les Chlorogoniiim , s’ils ont deux trompes; des Amhljopliis, s’ils sont sans queue; des Euglena, s’ils en sont pourvus au con- traire ; un seul genre enfin , Distigma , est caractérisé par la présence de deux yeux. De ces six genres, nous en admettons deux , Astasia et Euglena , en réunis- sant à ce dernier les , et en le réduisant / 352 lIISTOinE NATURELLE aux espèces contractiles. Le genre Colacium^ que nous avons rencontré sans l’étudier suffisamment, ne peut être qu’indiqué; les deux autres nous sont inconnus. Mais nous complétons la famille par l’adjonction de diverses formes que M. Ehrenberg n’y admet pas , ou qu’il n’a pas connues. Cet auteur interprète à sa manière les divers détails qu’on aperçoit par transparence dans l’intérieur du corps des Eugléniens ; comme il a été dit plus haut, les points colorés sont pour lui des yeux, et il a voulu reconnaître un ganglion nerveux auprès de l’œil de son ylmblj'-opliis . Il attribue à des œufs la coloration en vert ou en rouge de plusieurs de ces animaux , et croit voir des estomacs et des organes génitaux mâles dans les parties de forme diverse qu’on voit au milieu de la substance colorée , et qui réfractent plus forte- ment la lumière , mais qui n’ont aucune connexion entre eux. La plupart des Eugléniens vivent dans les eaux sta- gnantes , quelques-uns même y sont tellement abon- dants, qu’ils les colorent en vert ou en rouge; d’autres se développent dans de vieilles infusions exposées à la lumière. On est exposé à les prendre pour des êtres différents quand on les voit nager, ou quand on les voit fixés sous forme de globules colorés; on les voit sou- vent en outre se mouvoir en rampant à la manière des Amibes , quand ils ont perrlu leur filament moteur qui se détache à une certaine époque , et reste flottant dans le liquide. Leur mode de propagation n’est pas exactement connu; M. Ehrenberg dit avoir observé chez eux la division spontanée dans le sens longitudi- nal pour quelques-uns ; il attribue un mode de divi- sion spontanée multiple dans une direction oblique au des infusoires. 353 Chlorogonium. Je n’ai rien vu de tel, et je ne puis même bien concevoir la possibilité de ces faits; mais j’ai vu dans les Euglénes, fixée sous forme de globules, la substance colorée divisée en deux masses distinctes , ce qui m’a paru être un indice de multiplication pro- chaine. s . / g g I Filament plus épais à sa base, partant d'un pro- I p^hanema g l longement aminci i ^ S ) / /Sans point oculiforme. . Astasia. 2 S 1 Filament mince dopes , mais si on l’en détache , il se meut en rampant et en I I I HISTOIRE NATURELLE 368 se tordant avec lenteur comme VJEiiglena deses. Sa loni^ucur est de 0,31. Une deuxième espèce, Colaciuni stentorinum , également nommée d’abord Slentoi'? pygmæus , se trouve aussi fixée sur les Cyclopes , mais elle diffère de la précédente par sa longueur moindre 0,023 , par sa forme variable presque cylindrique, conique , ou presque en entonnoir, et surtout par ses pédoncules le plus souvent rameux» d’où résultent des groupes de 2 à 12 animaux. Le point coloré pris pour un oeil est quelquefois tellement pâle, qu’on ne peut l’aper- cevoir ; ce qui , suivant nous , tend à montrer combien a peu de valeur le caractère fourni parce prétendu organe de vision. ”” Genre Distigma. Ehr. Le genre Distigma^ établi en 1830 par M. Ebrenbergpour des Infusoires de forme très-variable, pourvus de deux points oculiformes et sans queue , est caractérisé dans le dei’nier ouvrage de cet auteur, 1838 , par les seuls mots : liberum ^ oculis duobus insigne. Les organes locomoteurs, dit l’auteur, ne sont pas visibles, et il paraît n’en point exis- ter à l’extérieur, car les Distigma ne nagent point , ne pro- duisent pas de tourbillons dans l’eau colorée, et rampent plutôt comme les sangsues en changeant la forme de leur corps , sans cependant émettre de prolongements , comme les Amibes. De nombreuses vésicules observées dans deux espèces ont été prises pour des estomacs, quoiqu’on n’y voie point pénétrer la couleur délayée dans l’eau. Comme or- ganes de reproduction , l’auteur cite seulement la couleur verte d’une espèce qu’il dit produite par des œufs; mais dans les autres espèces , il déclare n’avoir pu reconnaître au- cun organe sexuel. Enfin, il veut nommer des yeux les très- petits points noii's qu’il indique près du bord antérieur. N’ayant moi-même rien vu qui se rapporte entièrement à cette description , je ne puis avoir d’opinion sur la vraie ua- turo des Distigma. Les espèces décrites au nombre de quatre DES INFUSOIRES. 3G9 sont : le Distigma? tenax (Ehr. Inl’us. PI. Vlll, fig. 3), long de 0, 112, hyalin jaunâtre, tour à tour renflé et res- serré çà et là , avec des yeux peu distincts : il est donné à tort comme synonyme du Proteus tenax de Millier (Inf. PI. II, fig. 13-18); 2" le Distigma proteus (Ehr. Infus. PL YIII, fig. 4), long de 0,0625, incolore, tour à tour très- renflé et très-resserré çà et là , avec des yeux distincts ; S” le Distigma viride (Ehr. Infus. PI. VIII, fig. 5), long de 0,0625, vert, donné avec doute comme synonyme de V JEnchelys punctifera Ae'^lüWev (Inf. PI. IV, fig. 2-3); 4° enfin, sous le nom de Distigma planaria^ un animal long de 0,112 , moins renflé que les espèces précédentes , ellilé et pointu aux deux extrémités , observé seulement pendant le voyage de l’auteur en Afrique, et qui, vraisemblablement, n’est pas même un Infusoire. 4' Genre. ZYGOSELMIS. — Zygoselmis. An. de forme variable , nageant au moyen de deux fila- ments flagelliformes égaux , sans cesse agités. C’est la contractilité et la variabilité du corps des Zygo- selmis qui les distinguent des Diselmis ; la seule espèce con- nue ne montre pas de tégument réticulé, distinct, et c’est plutôt par ses changements de forme que par l’observation directe, qu’on est conduit à y admettre ce tégument. 4. I . Zygoselmis nÉbl'Lecse. — Zygoselmis nebulosa, V\. \U, 6g. 23.« Corps incolore , tantôt globuleux , tantôt diversement renflé en poire ou en toupie, rendu trouble par des granules nombreux. — Long de 0,02 avec deux filaments égaux, de cette même longueur, et qui sont épais de 0,0006 environ. Cet Infusoire , qui change incessamment de forme en nageant, se trouvait, le i8 mars i838, dans l’eau d’une fontaine (fontaine Amular), au sud de Paris. infusoires. 24 370 lUSTOIllE NATURELLE 5« Genre. HETÉRONÈME. — Hderomma. , Au. do forme variable , oblonguç , irrégulièrement ren- flée en arriére ; ayant un filament llagelliforme plus fin et un filament traînant plus épais , rétracteur. Je ne puis que répéter ici ce que j’ai dit précédemment en parlant des Hétéromites et des Anisonèmes, au sujet des deux filaments de ces divers Infusoires , et du rôle difiérent que chacun d’eux remplit dans la locomotion. Les Hétéro- nèmesse distinguent par la présence d’un tégument contrac- tile , obliquement strié j mais on ne peut méconnaître leur rapport bien prononcé avec les Anisonèmes. I. HÉTÉaoNÈME MARINE. — Eeicronema marina. — l’I. V, fig. i4< Corps oblong, irrégulièrement renflé en arrière, plus étroit en avant , marqué de stries obliques très-nombreuses. — Longueur , 0,06. J’observais, le 28 mars 1840, cet Infusoire dans de l’eau de mer apportée de Cette depuis quinze jours ; les filaments étaient plus longs que le corps. 6® Genre. POLYSELMIS. — Polysebnis. An. oblongs, déformé variable, nageant au moyen de plusieurs filaments flagelliformes parlant du bord antérieur. Le seul Infusoire que j’aie trouvé avec ces caractères , ressemblait à une Euglène oblougue et arrondie aux deux ex- trémités; un filament plus long s’agitait en avant; et autour de sa base , se voyaient distinctement trois ou quatre fila- ments très-déliés plus courts. I. PoLYSELMis verte. — Polj'selmis viridis. — Pl. III fig. 26. Corps alongé , arrondi aux deux extrémités , plus on moins ren- flé et plié au milieu , vert avec un point oculiforme rouge. — lon- gueur, 0,04. Observé le 7 décembre 1808 dans un verre où était conservée depuis plusieurs mois do l’eau do marais avec dos Lcmna. DES INFUSOIRES. 371 X' FAMILLE. PÉRIDINIENS. x\nimaux sans organes intérieurs connus , enve- loppés d’un têt résistant ou membraneux régulier, d’où sort un long filament flagelliforme , et qui pré- sente en outre un sillon ou plusieurs sillons occupés par des cils vibratiles. Les Péridiniens sont encore très- imparfaitement connus , parce qu’il n’en existe que fort peu dans les eaux douces , et que l’épaisseur et le peu de transpa- rence de leur têt roide et non contractile empêchent d’apercevoir distinctement ce qui se trouve à l’inté- rieur ; il semble toutefois que ce têt ne présente aucune ouverture béante, car on n’y voit point de coi'ps étran- gers , et les substances colorées , si facilement avalées par d’autres Infusoires , n’y pénètrent point pendant la vie de l’animal. On ne voit de vivant , au dehors , qu’un long filament analogue à celui des Thécamo- niens, dont les Péridiniens se rapprochent par la non contractilité de leur têt, mais dont ils sont suffisam- ment distincts par des cils vibratiles, occupant un sillon ordinairement transverse. Plusieurs d’entre eux ont leur têt prolongé en pointes, ou en cornes de la manière la plus bizarre; plusieurs aussi montrent à l’intéi’ieur nn point coloré, queM. Ehrenberg prend pour un œil comme chez certains Tbécamonadiens. Deux ou trois espèces seulement de Péridiniens , dont une marine, ont été ajierçues par Müller, qui ne soupçonna pas leurs organes locomoteurs, et plaça l’une ekins son genre Bursaire {B. hirunclinclla), l’autre 2 II. 372 HISTOIRE NATURELLE parmi ses Gercaires [C. tripos) , et la troisième , qui est encore douteuse, parmi ses Vorticelles ( V. cincla) ; la première fut revue par Sclirank , qui , avec raison , la prit pour type d’un nouveau genre , et l’appela Ce- ralium tetraceros . La seconde espèce fut rapportée par Nitzsch à ce même genre Ceratium ; elle fut plus par- ticulièrement étudiée avec plusieurs espèces nouvelles de la mer Baltique , sous le rapport de la phosphores- cence , par M. Michaelis. M. Bory avait peut-être revu la première , dont il fît le genre Hirondinelle . Enfin M. Ehrenberg fit connaître un peu mieux la structure et les organes locomoteurs de ces mêmes espèces et de plusieurs autres, et le premier il créa le genre Peri- dmium, et la famille des Peridiniœa. Mais cette famille fut d’ahord fort mal conçue : en 1830 elle devait cor- i respondre comme famille d’infusoires cuirassés aux Cyclidina , qui étaient des Infusoires nus , et former avec eux la deuxième section des polygastriques anen- térés, celle des Epitricha, ayant le corps cilié ou garni de soies ; la bouche tantôt ciliée , tantôt nue, etc. Avec le genre , auquel étaient réunis les Cera- tium; cette famille contenait le genre Chœtotyphla et plusieurs Volvociens. Ceux-ci ne furent érigés en fa- mille par l’auteur allemand qu’en 1832-1833 , et la famille Peridiniœa fut complétée par le genre Chœto- glena et par le genre Acineta , qui en est si diffé- rent. Enfin, dans son histoire des Infusoires (1838), M. Ehrenberg, laissant toujours cette famille à côté des Cyclidina , la compose définitivement des quatre genres Chœtotyphla, Chœtoglena, Peridinium et Glenodinium. Or les deux premiers, entièrement dé- pourvus de sillon et de cils vibratiles , et n’ayant au- cun autre organe locomoteur qu’un filament flagelli- DES INFUSOIRES. 373 forme, sont évidemment à reporter avec lesThéca- monadiens, dont ils n’ont pu être séparés que quand on a voulu confondre les épines ou aspérités du têt avec des cils vibratiles. Quant au genre Glenodinium, il doit être fondu dans le genre Peridinium , dont il se distingue seulement par la présence d’un point coloré que M. Ehrenberg prend, suivant son usage , pour un œilet pour le représentant d’un système nerveux. Mais le genre Peridinium nous paraît devoir être restreint aux espèces globuleuses et sans cornes albngées, tan- dis que les espèces, plus ou moins concaves d’un côté et prolongées en cornes, forment le genre Ceratium . Si maintenant nous passons à l’examen des caractères donnés aujourd’hui par M. Ehrenberg, aux Peridi- niæa, en ces termes : « An. évidemment ou vraisem- blablement polygastriques , anentérés (sans intestin) , cuirassés , vibrants , appendiculés par des cils ou des soies épars sur le corps ou la cuirasse ; souvent ornés d’une ceinture ou d’une couronne de cils, avec une ouverture unique de la cuirasse , » on voit que sans parler des organes digestifs qui ne sont pas même vrai- semblablement connus , il vaudra mieux ne faire men- tion que de la ceinture de cils , et ajouter, comme ca- ractère de première valeur, la présence du filament flagelli forme, pris pour une trompe par cet auteur. La coloration artificielle de leurs estomacs ne lui a réussi , dit-il, qu’avec les Peridinium puisais culus ot Peridi- nium cinctum; mais d’après ce qu’on voit dans tous les autres Infusoires à filament, on peut douter ou de la vraie dénomination générique de ces deux espèces , ou de la réalité de l’expérience. Il croit qu’une cer- taine tache observée dans le Ceratium tripos , est le testicule tlecet .animal ; enfin il ajoute Toutes lésés- HISTOIHE NATUnELLE 374 pùces (les divers genres sont colorées en vert, en jau- nâtre ou en brun ; et, chez plusieurs espèces, cette coloration provient évidemment de granules internes qui sont des œufs. » Quant à la vésicule contractile dont il fait le complément de l’appareil génital mas- culin , il avoue qu’elle n’a pas encore été reconnue dans cette famille ; ce qui , en somme , n’apprend pas grand chose de positif sur l’organisation des Péridi- niens. Les Infusoires de cette famille vivent, soit dans la nier, soit dans les eaux douces stagnantes, au milieu des végétaux , ils ne se trouvent ni dans les infusions ni dans les eaux conservées. 1" Genre. PERIDINIUM (1). Ehr. Corps globuleux ou ovoïde , entouré d’un ou de plu- sieurs sillons garnis de cils vibratiles. Têt membraneux. I. Peridinium ocuLÉ.f — Peridinium oculaium[i). Corps ovoïde, jaunâtre, entouré d’un sillon, duquel part, d'un seul côté à angle droit , un autre sillon marqué d’une taclie co- lorée ; cuirasse membraneuse , lisse.? — Longueur, 0,047. Cette espèce n’est connue que parles descriptions deM. Ehren- berg qui a vu un filament flagelliforme de la longueur du corps Xiartir du point de rencontre des deux sillons au-dessous delà tache colorée|qu’il prend pour[un œil en disant^: « Une partie de la tache blanchelprès de l’œil peut bien être le cerveau lui-même, comme cela se voit encore plus clairement dans Y Amhljrophis vi- ridis. a 11 n’a pu lui faire avaler du carmin ; il admet que la bou- che est au centre , et que de nombreux estomacs entourés par les ovaires se voient distinctement. En raison de la signification qu’il (1) De Vifi , autour; JiVoc, tourbillon. (2) Glenodinhim cinctwn , Elir. Inf. i838, pl. XXII, p.^257. DES INFUSOIRES. 375 atli'ibuo à la tache rouge, il a pris ccUe espèce pour type de son genre qui diffère en cela seulement des vrais /’ecit//- nittm. A ce même genre il rapporte deux autres espèces, G. ialmla- lum et G. apiculatum , observées par lui , comme la préce'dente , à Berlin; l’une et l’autre sont d’un vert jaunâtre avec un point ocu- liforme oblong. Celle-ci, obtuse aux deux extrémités , a la cara- pace lisse, divisée en compartiments par des sillons hérissés de cils ; celle-là , bidentée , tronquée en arrière , un peu aiguë et dentelée, a la carapace granuleuse, divisée en compartiments par des lignes élevées , formant un réseau, mais non hérissées. 2. Peridinium poussier. — Peridinium pulvisculus , [Ehx . Inf. i838. PI. XXII, F. XIV, 243.) Corps brun , lisse , presque globuleux , à trois lobes peu mar- qués, avec un sillon transverse, long de 0,0117 à 0,025. ‘ M. Ehrenberg, qui seul a observé cet Infusoire près de Berlin, dit avoir pu , en i83o , y reconnaître , par l’introductioii du c.ir- min ou de l’indigo , plus de vingt estomacs très-petits. Depuis lors (i835), il y a constaté l’existence du filament flagelliforme. * Peridinium ceinturé. — Peridinium cinctum. (Ehr. Infus. PI. XXII, F. XIII, p. 253) (i). ‘ Corps vert, lisse, presque globuleux, à trois lobes peu marqués; avec un sillon transverse. — Diamètre, 0,0468. Ce n’est qu’avec doute que cette espèce peut être inscrite dans le genre Peridinium , car M. Ehrenberg n’a pu y voir le filament flagelliforme , et il assure avoir une fois vu les vésicules internes ou estomacs se remplir d’indigo. Millier, qui l’avait plusieurs fois observée au mois de novembre, dans l’eau des marais , la décrivit comme étant opaque , d’une couleur noire-verdâtre , de forme irrégulière , trapézoïde , entourée de cils très-déliés , tous vibra- tiles et plus longs d’un côté : elle se montre souvent, dit-il , ovale et entourée d’une carène transversale , et présente sur ses bords deux ou quatre entailles correspondantes. Elle se ment lentement en tournant sur son centre. ' (i) Forticella cincta , Millier, Inf. Pl. XXXV, f. 5-G, p. aSG. 37G HISTOIRE NATURELLE ** PEnimmuM iuujn. — Peridinium fuscum. — (Ehr. Inf. PI. XXII , F. XV, p. 284.) Corps brun, lisse , ovoïde , un peu comprimé , aigu en avant et arrondi en arrière , avec un sillon transversal, et un autre sillon partant à angle droit pour se rendre au sommet. — Longueur de 0,062 à 0,094. Cette espèce a été également observée à Berlin par M. Ehren- berg, qui n’y a point vu le filament flagelliforme. *** Peridinium acuminé. — Peridinium acuminaium, (Ehr. Inf. PL XXII. fig. 16, p. 254.) Corps brun-jaunâtre , lisse , globuleux, à trois lobes peu mar- qués avec une pointe saillante en arrière, et un sillon transverse cilié. — Longueur , 0,o43. Dans l’eau de la mer Baltique à Riel. **** Peridinium Michaelis, — (Ehr. Inf. PI. XXII, fig. ic).) Corps jaune, lisse, globuleux avec une pointe saillante en avant, deux pointes en arrière , et un sillon transverse. — Longueur , 0,047. « Cette espèce , qui habite aussi la mer Baltique, est phospho- rescente dans l’obscurité. C’est une de celles que M. Michaelis avait fait connaître, en i83o, dans un mémoire sur la phospho- rescence des eaux de cette mer. 2® Genre. CERATIUM. — Cerathm, Schrank. Corps irrégulier , concave sur une partie de sa surface et prolongé en cornes , avec un seul sillon garni de cils , et un long filament llagelliforme. Cette dénomination ayant été employée par les botanistes, M. Ehrenberg a cru devoir la rejetei'; mais il nous a paru convenable de la conserver comme bien significative pour les espèces à têt cornu ( Y.épou; , corne DES INFUSOIRES. 377 I. CERiTitM ninoNDiNELLE. — Ccratium hirundinella (i). — PI. IV, fig. 2. Corps brunâtre ou verdâtre , à surface rude , irrégulièrement rhomboïdal ou trapézoïdal à côtés convexes ; latéralement pro- longé dans le sens de la grande diagonale en cornes courbes , et présentant en outre un tubercule oblique plus ou moins saillant ou aigu à chacun des autres sommets ; concave d’un côté, convexe de l’autre, avec un sillon dans le sens de la petite diagonale sur le côté convexe. — Longueur de 0,150 à 0,180. J’ai trouvé abondamment dans l’étang de Meudon, le 28 mars i838, un Peridinium d’une couleur vert-brunâtre, dont je donne la figure , et que je crois analogue à l’espèce de Millier , quoique je n’aie pu y voir les deux dents obliques représentées à tort , je crois, par l’auteur danois aux extrémités du sillon. Millier l’avait observé , aux mois de juillet et d’août, nageant en foule comme une fine poussière autour des Lemna , dans l’e.iu des mares d’une forêt; il le décrit comme formé d’une membrane ti’ans- lucide , excavé au milieu , prolongé sur ses bords en quatre lobes ou en quatre pointes opposées deux à deux , et présentant une double ligne saillante en travers; il nomme latérales les deux plus petites pointes , et regarde, comme l’antérieure et la postérieure , les deux plus longues. « Ces Infusoires, dit-il, tournoyant lente- mentavec leurs bras étendus , rappellent la figure des hirondelles l'asant les eaux, ou des navires à la voile aperçus dans le lointain. » L’espèce deSchrank et celle de M. Ehrenberg ne sont peut-être pas identiques avec la mienne. Ce dernier a bien vu le filament flagelliforine , mais il n’a pu faire absorber de substances colo- rées , ce qui ne l’empêche pas de nommer estomacs les globules nombreux , transparents, qu’on aperçoit à l’intérieur. Il donne aussi le nom d’œufs ou d’ovaire, suivant son système, à la masse grenue qui produit la coloration de l’animal. Enfin, il s’est as- (1) Bursaria hirnndinclla, Miïller, Inf. Pl. XVII , f. p-12, p. 117- Ccratium Cclrnceros. Schr.ank. N.iUiig. 1793, lit, p. çfi. J/iriindiiietln qiindricuspis , Bory , Encycl. 1824. Pcndinitiin coniHlum , Klir. Inf. i838 , XXII, f. XVII. 378 HISTOinE NATURELLE snré que la carapace, ainsi que celle de son Glenodinium cinctum, n’a rien de siliceux , car elle dispai’aît entièrement par la com- bustion. 2. CÉnATiDM TRÉPIED. — Ceratiunx iripos [i). — PI. IV, f. 2g. Corps jaune, lisse, phosphorescent, triangulaire à côtés con- vexes, largement excavé; avec deux longues cornes latérales re- courbées en arriére, une troisième corne droite encore plus longue en forme de queue , et un sillon cilié , obliquement trans- verse. — Longueur totale , 0,187 , où sans les cornes, 0,06. I I. Muller, qui avait vu très-rarement cette espèce dans l’eau de la mer Baltique récemment puisée , la décrit comme ayant le corps déprimé , transparent ; il attribue à des cils cachés son mouve- ment de translation lent et sans aucune agitation; remarquant que, toutes les fois que l’animal se trouve arrêté par l’adhérence de sa queue , il se produit le long de son corps un courant qui part de son extrémité antérieure. M. Michaëlis, qui l’observa depuis (i83o) dans le même lieu, et qui a fait connaître le phénomène remarquable de phospho- rescence qu’il présente , a aperçu le premier chez cet Infusoire le filament. flagelliforme caractéristique des Péridiniens ; mais trompé par une illusion d’optique, il le crut multiple, et d’ail- leurs il ne vit pas les cils vibratiles du sillon. C’est M. Ehrenberg qui , étudiant de nouveau les Péridiniens phosphorescents de la mer Baltique, a définitivement fait connaître leurs organes loco- moteurs. 3. CÉratium feseaü. — Ccratium fusus(^i). Corps jaune , lisse , phosphorescent , oblong et prolongé laté- ralement, en deux cornes opposées , presque droites, et traversé par un sillon cilié. — Longueur de 0,22S à 0,28. (1) Cercarin tripos, Muller, Inf. Pl. XIX, fig. 22 , p. l36. Ceratium tripos, Nitzsch , Beytr. p. 4* Tripos MülLeri , Bory, Encycl. 1824. Cercarin tripos, Michaëlis, Leuchten der Ostsee. l83o, p. 38 , Pl. I. Peridinium tripos, Ehrenb. Inf. i838 , Pl. XXII , f. XVIII, p. 255. (2) Michaëlis, Leuchten der Ostsee, l83o, p. 88, Pl. I. Pcridiniumfusus , Ehrenb. Infus. i838, Pl. XXII, lig. XX, p. 250. DES INFUSOIRES. 379 C’est une des espèces phosphorescentes observées dans l^eaü de la mer Baltique , et montrant un filament flagelliforme bien distinct. *M. Ehrenberg décrit encore comme provenant du même lieu, et également phosphorescente une espèce qu’il nomme Peridi- nium furca , et qui pourrait bien n’être qu’une variété ou une modification de la précédente. *Le même auteur a classé avec doute parmi les Peridinium deux corps organisés fossiles des silex pyromaques de Delitzsch. Le premier, P. pjropkorum , présente une carapace ovoïde, grenue , un peu aiguë en arrière et munie de deux pointes en avant Sa longueur est de 0,046 à o,o5G. C’est ce que Turpin (Compte-rendus de l’Acad. 1807 , p. 3i3), crut être un œuf de Cristatelle ; l’autre, P. delitiense , présente une carapace ovoïde , celluleuse , aiguë en arrière et avec une pointe roide , latérale au milieu ; sa longueur est de 0,062 à o,og3. ' ' 380 HISTOIRE NATURELLE ORDRE IV. Infusoires ciliés, sans tégument contractile, avec ou sans bouche. — Nageants. Xr FAMILLE. ENGHÉLYENS. Animaux partiellement ou totalement revêtus de cils vibratiles épars sans ordre. Sans Louche. Nous manquons de connaissances suffisantes , et par conséquent aussi de caractères positifs pour distinguer les Infusoires ciliés de cette famille et de la suivante ; il faut donc considérer seulement comme des groupe- ments artificiels et provisoires ces familles et les genres dans lesquels nous les avons divisées. Nous aurons en- core ici des êtres aussi simples que dans les ordres pré- cédents; nous serons aussi embarrassés pour préciser dans beaucoup de cas des caractères d’espèce et de genre ; car nous ignorerons si l’animal observé est complètement développé , on s’il n’a pas subi quelque modification importante de la part du milieu dans le- quel il vit : cependant nous avançons vers les types plus complexes qui nous montreront une bouche , une manducation réelle et des oraanes locomoteurs mieux appropriés au service d’une volonté. Rien de cela ne se trouve encore chez les Enchélyens; mais l’analogie des cils vibratiles moteurs et de la forme extérieure pour- rait faire soupçonner quelque chose de plus que ce qu’on aperçoit. Parmi les Enchélyens, les uns sont ciliés sur DES INFUSOIRES. 381 une partie seulement de leur corps , ce sont les ylcomia ciliés à une des extrémités, nus sur tout le reste, et les Gastrochœta ayant seulement, d’un côté ou en dessous, une fente garnie de cils vibratiles ou ondulants. Ceux qui sont ciliés sur tout le corps sont des Enchelys^ s’ils n’ont qu’une seule espèce de cils ; des Aljscum , s’ils ont en outre quelques longs filaments contractiles qui leur servent à s’élancer tout à coup d’un lieu à l’autre ; ou enfin ce sont des üronema , s’ils portent en arrière un long filament droit. LesEnchélyens, se développant presque tous dans les infusions ou dans les eaux stagnantes putréfiées , ont dû être vus par tous les anciens micrographes ; mais il est impossible de reconnaître avec certitude ce qu’on a voulu décrire, quand on n’a point indiqué les or- ganes locomoteurs , ni la grandeur réelle de ces êtres , qui eût été au moins un caractère distinctif. Néan- moins on peut conjecturer que plusieurs Enchélydes et Trichodes de Müller appartiennent à cette fa- mille, ainsi qu’une partie des Infusoires désignés par Gleicben par le nom de petites ovales. M. Ehrenberg , ayant toujours basé la distinction de ses genres et de ses familles sur la disposition des organes digestifs qu’il est impossible de voir comme il les a vus , on ne peut encore, qu’avec doute, rapprocher de nos En- chélyens plusieurs de ses Cy clidium et Trichoda. ENCHÉt.YENS ( 'Ciliés à une extrémité Acomià. non ciliés partout, f .Ciliés dans un sillon longitudinal. . Gasthochæta . Cils tous .semblables ErCCHELA'S. ENCHÉLIENS ciliés partout. 1 Des cils et des filaments traînants^ 1 rélracteurs ) Alïscum. Un long lilameut droit en arrière. Uiionbma. 382 HISTOIRE NATURSLLE • 1" Genre ACOMIE. — Acomîa. An. à corps ovoïde oblong, ou irrégulier, incolore ou trouble, formé d’une substance glutineuse, homogène, contenant quelques granules inégaux , et cilié à une ex- trémité. Ce n’est pa«, je le répète, d’après des caractères positifs ou zoologiques , que je réunis sous ce nom divers Infusoires sans bouche , sans autres organes visibles que des cils vibra - tiles à une extrémité seulement : je reconnais, au contraire , que , parmi ces animaux spontanément divisibles , les uns transversalement, les autres longitudinalement ; les uns foi'- més d’une substance glutineuse, diaphane comme les Mo- nades, les autres, paraissant doués d’un degré de consi- stance plus considérable ; je reconnais, dis-je, qu’il devra se trouver, quand ils seront mieux étudiés, de quoi établir plusieurs genres distincts. 1. Acomu gvclide. — Acomia cj-cUdium. — PI. VU , fig- 5. Corps ovale-oblong, déprimé, contenant des granules assez volumineux , et quelques vacuoles , spontanément divisible en travers. — Long., 0,04. — Marin. C’est dans l’eau de la Méditerranée , conservée depuis quatre jours , avec des Corallines , le 7 mars 1840 , et déjà altérée , que se trouvait en grand nombre cet Infusoire qui , par sa forme ex- térieure , se rapproche beaucoup des Cyclides de M. Ehrenberg , mais qui n’a ni bouche ni cils sur son contour. Lorsqu’il se divise spontanément , les jeunes individus sont discoïdes. 2. Acomie vitrée. — Acomia vilrea. — Pl. VII, fig. G. Corps ovoïde, en partie cristallin , rendu trouble par des gra- nules, dans sa moitié postérieure, cilié au bord antérieur , spon- tanément divisible, d’avant en arrière. — Long., 0,0208. Cet Infusoire est remarquable par sa limpidité parfaite eu avant, DES INFUSOIRES. 383 et par son mode de division spontanée d'où rcmltcMt des animaux doubles et soudés on arrière par une partie commune diaphane ; il se trouvait en abondance le 24 décembre dans une eau fétide où s'étaient pourris des lombrics depuis un mois, 2* Acomie OVALE. — Aconxia ovula, — PL VI, fig. 12. a-b. Cette Acomie ne diffère de la précédente que par les granules épars dans la partie antérieure qui est moins limpide , et par sa longueur (o,o3) d’un tiers plus considérable. Elle était dans une eau de marais devenue fétide dans un flacon ; elle m'a montré d’une manière bien remarquable le phénomène de la formation spontanée de vacuoles dans les exsudations discoïdes du sarcode. (PI. VI, fig. 12. b.) 3 Acomie CEL’F. — Aconxia ovulum. — PI. VII, fig, 7. Corps ovoïde présentant une partie noduleiise ou granuleuse qui semble se contracter à l’intérieur d’une enveloppe diaphane. — Mouvement de tournoiement. — Long. 0,02. Je ne place qu’avec doute parmi les Acomies cette espèce que j’observais le 20 décembre i835 dans l’eau verte prise, quinze jours auparavant , dans une ornière près de Paris. Elle me pa- raissait alors revêtue d’une enveloppe sphérique , gélatineuse, sous laquelle était irrégulièrement contractée une masse nodu- leuse trouble. En avant se voyaient diflicilement des cils droits , vivement agités ; son mouvement était bien celui que M. Ehren- berg attribue à son Doxococcus. 4 ? Acomie vonricELLE. — Acovnia vorlicella. PI. XI, fig. i. Corps ovoïde , presque globuleux , incolore , trouble , cilié dans sa moitié antérieure ; cils recourbés en arrière. Mouvement recti.- ligne en tournant sur son axe. — Long. 0,026. . Elle était le 28 février dans l’eau de la mare d’Auteuil , sur la- quelle se trouvait encore de la glace. On peut croire que c’est le meme Infusoire que Millier a nommé orticclla. Ce n’est qu’avec doute que j’inscris ici cette espèce qui, par son mode de loco- motion , diirère considérablement des pi’cccdentes. llISTOIRt NATUr.EXiLE 38^1- 5 ? Acomie a Cotes. — Acomia coslala, — l’I. XI , fig. 2, Corps ovoïde oblong, plus étroit en avant, paraissant enveloppé d’une membrane épaisse ou d’une couche plus consistante , 110- duleuse , formant souvent une ou plusieurs côtes longitudinales nodulcuses. Division spontanée transversale. — Long, de 0,04 à 0,032. Cet Infusoii’e , que j’observais au mois de décembre dans une infusion d’algues marines fraîches , se montrait d’abord presque cylindrique, avec une côte longitudinale saillante , interrompue par une échancrure un peu avant le bord antérieur qui seul est garni de cils ; au bout de quelque temps il était creusé de vacuoles aplaties, très-grandes et très-nombreuses , qui se soudaient plu- sieurs ensemble et paraissaient être sous le tégument. Puis , com- mençant à se décomposer, il s’aplatissait sur la plaque de verre, et laissait exsuder sur son contour de larges disques de sarcode parfaitement limpides. 6. ?? Acomie variable. — Acomia varians. — Pl. XI, fig. 3. Corps oblong , cylindroïde , tronqué et anguleux en avant , rentlé ou resserré tour à tour en divers points de sa longueur , et par suite alternativement aminci postérieurement, et terminé en queue pointue ou arrondie. — Mouvement rectiligne en tournant sur son axe. — Long de 0,026 à 0,035. J’aurais besoin , pour être bien fixé sur ses organes locomoteurs, de revoir cet Infusoire , observé dans une infusion fétide de lombrics , en 1 835 , à une époque où mes moyens d’observa- tion ne me permirent pas de voir s’il existe des cils ou des fila- ments flagelliformes. Les angles prolongés du bord antérieur pourraient faire penser qu’il y a des filaments, comme chez le 'Prépomonas. 2‘ Genre. GASTROCHyETE. — Gastrochœta. An. à corps ovale, convexe d’un cote et creusé d’un large siUon longitudinal du côté opposé ; cils vibratiles dans tout le sillon et principalement aux extrémités. J’ai institue ce genre pour une seule espèce bien impar- DES INFUSOIRES. 385 faitement connue, ou bien remarquable par la simplicité île son organisation ; car à une époque (9 novembre 1838) , où j étais le mieux préparé à faire de bonnes et complètes ob- servations , je ne l’ai vue que comme un corps ovale nu et sans tégument sur la plus grande partie de sa surface, et montrant seulement d’un côté, un large sillon évasé en avant, où le corps est un peu échancré , rétréci en arrière et pro- longé en pointe. Les cils vibratiles ne se montrent que dans ce sillon , et c’est surtout à la partie antérieure qu’ils sont le plus longs , ils sont agités d’un mouvement ondulatoire un peu lent , qui fait tourner le eorps de gauche à droite sur son centre. Le corps, demi-transparent, contient à l’intérieur des granules nombreux et des vacuoles. 11 se pourrait que cette forme singulière fût due à la présence d’un tégument non contractile , comme celui des Ervilies , qui ont égale- ment un sillon garni de cils vibratiles; je ne les connaissais pas encore lorsque j’étudiais le Gastrochæle : ce sera un point à vérifier. I. Gastroch/Ete fendue. — Castrochœla Jlssa. PJ. VII , fig. 8 . Corps demi-traiisparent, ovale tronqué en avant, montrant une très-petite pointe mousse au milieu du bord postérieur, convexe et lisse en dessus, creusé d’un sillon longitudinal en dessous. — Longueur, 0,06-^. Le 9 novembre dans l’eau de Seine l’ecueillie avec des callitri- ches, un mois auparavant. 3“ Genre. ENCHÉLYDE. — Enchelys. Hill. An. à corps cylindrique, oblong ou ovoïde, entoure de cils vibratiles droits, uniformes, épars sans ordre. Le désir de conserver dans l’histoire des Infusoires une ^des dénominations les plus anciennes et les plus fréquem- ment employées, m’a déterminé à former ce genre Enché- lydc avec des espèces qui ont , bien certainement, été nom- INFUSOIRES. 25 HISTOIRE NATURELLE 386 inces ainsi par Millier et par d’autres micrograplies ; mais ce ne sont certainement pas celles que l’anglais Hill désigne par ce nom qui, en grec, veut dire Anguille ; il est probable que ces premières Encbélydes étaient desEuglènes, et peut- être des Trachélius, ou même le Spirostome elle Kondy- lostome. Comme il est désormais impossible de concilier cette signification du mot Enclielys avec la forme des Infu- soires auxquels nous pourrions l’appliquer aujourd’hui, j’ai choisi pour cela une des formes les plus simples et les plus fréquentes en même temps, une de celles qu’on sera tou- jours certain de rencontrer, comme les Kolpodes et les Pa- ramécies , dès le début des recherches j mais il est possible que plusieurs espèces d’Acomies ou de Tricliodes y soient l’éunies par la suite , quand une connaissance plus exacte de ces Infusoires , si simples, permettra d’établir différemment la caractéristique du genre. Des Enchélys de Millier, il en est tout au plus quatre ( E. seminulum, E. tremula^ E. festinans et E. episto- miiini?)^ qu’on puisse rapporter à notre genre, ou même aux Enchélyens en général; les autres sont des Mon adiens {E. intermedia , E. constricta) , des Tbécamonadiens {E. puhisculus) , des Eugléniens {E. deses ^ E. mridis) , âes Trachélius {E. gemmata), et surtout des Paraméciens {E. similis, E. serotina,E. nebidosa, E. oviduin, E. pjrum? E. farcimen, E. piipa) , dont l’auteur n’avait pu distin- guer les cils vibratiles ; plusieurs même sont tout à fait indéterminables, telles que les E. index , E. truncus, E. larva , E. pupida ; on pourrait enfin penser que son En- chelys rétrograda est une Planariée, et que son E.fiisus est une Navicule. M. Ehrenberg a institué, en 1830, un genre Enchélys (1) (l) M. Ehrenberg n pris son genre Enchélys pour type d'une fa- mille des Enchelyn, la quinzième de sa classification ; cette famille, lo- taleinent dilï'éren te de nos Enchélyens, est placée par cet auteur dans la division des polygastriques enléi odélés ou à intestin distinct , enan- tiotrélcs ou ayant Iqs orifices du tube digestif aux deux extrémités du DES INFUSOIRES. 387 tout clillercnt du nôtre, et il le caractérisait ainsi : « An. poly- gastriques entérodélés (ou à intestin) enantiotrètes (à bouche et anus opposés), ayant la bouche droite garnie de cils, mais le corps entièrement nu, sans cils ni soies. » C’est en- core ainsi qu’il le décrit dans son histoire des Infusoires , corps. Il la divise en dix genres , de cette manière : un seul genre Pro- rodon, ayant la bouche dentée, est placé à la fin ; des neuf autres , deux seulement, \e& Leucopbrys et les Holophrya , ont toute la surface couverte de cils vibratiles ; ils diffèrent parce que les uns ont la bouche obliquement tronquée avec une lèvre , et que ceux-ci ont la bouche droite sans lèvre ; parmi ceux qui n'ont pas de cils vibratiles sur toute la .surface du corps, une première section caractérisée par la disposition de la bouche droite , terminale , sans lèvre , comprend les genres En- chelys et Pisoma , montrant encore des cils vibratiles autour de la bouche , et les genres Actinophrys , Trichodiscus et Podophrya , si différents de tous les autres par leurs tentacules ou appendices filiformes, rayonnants, non vibratiles; ce sont nos Actiiiophryens (voyez page 25g) ; une deuxième section, caractérisée par la disposition de la bouche obli- quemenltronquée etmunie d’une lèvre, sé compose des genres 'Erichoda et Lacrymaria , ce dernier seul ayant le corps prolongé en manière de cou. On voit donc qu’à part les Actinophryens, il se trouve encore dans cette famille des genres tout à fait dissemblables qui n’ont pu être réunis que d'après la fausse supposition d un intestin droit que l’auteur n’a pu représenter que d’une manière purement idéale, en i83o, dans quel- ques Enchélys et Leucophres , qu’il a même été obligé de représenter plus tard avec une forme et des caractères différents. Les espèces rapportées par cet auteur à son genre Enclielys me sont inconnues, ce sont : i“ EnchcLys jmpa de Millier (Müll. Inf. Pl. V, f. 25-26. — Ehr. Inf. Pl.XXXI, fig. i), longue de 0,287, jaune verdâtre, en forme’de massue plus mince en avant ; 2“ V Enchélys farcimen de Mill- ier (Mùll Inf Pl. V, fig. 7-8.— Ehr l838, Inf. Pl. XXXI, fig. 2), longue de 0,062 , cylindrique ou en forme de massue. Ce même auteur la nom- mait Enchélys pupa en i82g-l83l , il la décrit, comme amincie en avant, tandis que Millier la dit quatre fois plus longue que large , par- tout également épai.sse, droite ou sinueuse , et tronquée aux deux ex- trémités : 5°VEnchelys infuscata (Ehr. Infus. Pl. XXXI, fig. 3) longue de o,oy à o,i l , ovale ou sphérique , avec un cercle brun autour de la bouche; 4° \ Enchélys nehulosa (Ehr. Infus. Pl.XXXI, fig. 4), longue de o,on à 0,046 , ovale , diaphane , à bouche saillante en forme de bec. Quant au genre Disomn, il a été établi sur un Infusoire très-incom- plélement observé pendant le voyage de l’auteur en Egypte , et l’on ne peut s en former aucune idée précise d'après le dessin qui le représente seulement grossi 25. 388 llISTOlUli NATURELLE mais je dois dire que je n’ai jauiais rencontré, dans le cours de mes observations, aucun Infusoire auquel cette défini- tion pût s’appliquer , en faisant même abstraction de la pré- tendue disposition de l’intestin et de la grappe d’estomacs (ju’il supporte ; je suis donc conduit à penser que les Enché- lydes de cet auteur sont des Paraméciens à bouche termi- nale, ou des Bursariens mal observés, et dont on n’a pas su reconnaître la surface ciliée. La famille des Cycliclina (1) de cet auteur a beaucoup plus de rapport avec nos Euchélydes. En effet, il ne suppose point aux Infusoires de cette famille un intestin ni une bouche terminale ; il ne distingue ses (i) La famille des Cyclidinn de M. Ehrenberg a pour caractère la présence des soies ou des cils vibraliles sur tout le corps ou sur le contour seulement , et d’un seul orifice auquel aboutissent les estomacs; elle fait donc partie de ses polygastriques anentérés, épitriques. Elle comprend trois genres mal définis et très-imparfaitement connus. L’un, Chœlomonas , caractérisé par des soies non vibratiles, se compose de deux espèces représentées par des figures tout à fait défectueuses au grossissement de 3oo diamètres qui permettent seulement de penser que ce doivent être des Monadiens ; l’une {Cliœlom . globulas , Elir. Inf. PI. XXII, fig. 5) vit dans l'infusion de chair ; l'autre {Chœt. constricta, Ehr. Inf. PI. XXII, fig. 6), se développe dans le corps des Hydatines mortes. Les deux autres genres de Cyclidines se distinguent par les cils vi- braliles qui garnissent seulement le contour du corps aplati des Cycli- dium, et qui couvrent au contraire tout le corps arrondi des Pantotri- ckum. Le Panlotrichum Enchelys (Ehr. Inf. Pl. XXII, f. ^), long de 0,023, observé dans l'infusion fétide de chair, parait bien être notre Enchelys nodulosa ; le Panlotrichum volvox (Ehr. Inf. Pl. XXll , fig. 8) , long de o,o3i , globuleux , vert, pourrait être le jeune âge de quelque Paramécien ; le Panlotrichum lagenula (Ehr. Infus. Pl. XXII, fig. g), long, de o,oi5 à 0,046, ovo'ide , également arrondi aux deux extrémités avec une saillie en forme de bec ou de cou , est représenté par l’auteur aussi régulièrement cilié que nos Paraméciens. Des quatre espèces de Cyclidcs , deux {C? planum , C. lentiformc) , indiquées par l'auteur lui-même comme douteuses, ne sont décrites et figurées que d'après les notes prises pendant son voyage d'Afrique en 1828; une autre, C. glaucoma (Müll. Infus. Pl. XI, fig. 6-8. — Ehr. Jnfus. Pl. XXII, fig. i), a le corps elliptique , aplati, long de o,oi8S, aine derniere enfin, C. margnrilaccum (Ehr. Infus. Pl. XXll, fig. 2. — Cercaria Cyclidium , IVliil. Infus. Pl. XX, fig. 2) a le corjis aplati, oblong , strié en dessus, long de 0,0268. nES INFUSOIRES, 389 Pautotriclium et ses Cyclidium^ que parce que eenx-ci sont ciliés seulement sur le contour, tandis que ceux-là le sont sur toute la surface, et véiitablemeiit les détails très-incom- plets qu’il donne sur les uns et sur les autres permettent bien de n’y voir que nos Enchélydes. Ces Infusoires se multiplient par division spontanée trans- verse. r. EncuÉlvde nodiileuse.' — Enclielys nodnlosa. — Pl. VI, fig, 2 , et Pl. VU. fig. 93 Corps incolore , peu transparent, ovoïde, oblong, plus ou moins plissé, et irrégulièrement nodulenx ; entouré de cils rayonnants très-fins, ayant souvent une ou plusieurs grandes vacuoles. — Longueur, 0,018 à 0,024. Cette espèce , très-commune dans les eaux de fossé ou de ma- rais qui se sont putréfiées dans les bocaux où on les conserve, me paraît être la même que M. Ehrenberg a nommée Pnntotri- chum Enchelys Pl. XXII, fig. 7), quoique cet auteur, qui lui assigne pour habitation les infusions fétides de chair, la dé- crive comme ayant « le corps cylindiique , oblong, arrondi de part et d’autre, jaunâtre-pàle , trouble au milieu , diaphane aux deux extrémités. » 11 n’.n pu lui fiiire avaler de substance colorée, et regarde les espaces diaphanes des extrémités, l’un comme la bouche, l’autre, avec doute, comme un testicule. Notre Enchélyde ale corps oblong, plus étroit en avant, mar- qué de cinq à six côtes noduleuses dont quelquefois deux ou trois plus prononcées le rendent comme prismatique ; elle se multiplie par division spontanée transversale , et plus rarement par divi- sion longitudinale; en mourant elle se contracte en boule nodu- leuse, souvent creusée d’une grande vacuole ; quelquefois aussi elle laisse exsuder un large disque de sarcode. Elle montre ordi- nairement, pendant la vie, une vacuole terminale , et plus ra- rement une ou deux vacuoles au milieu et en avant, lesquelles sont peu profondes, et ont souvent l’apparence de cupules à re- bords nodulenx. Eu raison de sa disposition à prendre une forme li iangiilaire , peut-être pourrait-on aussi ra[)porter cette espèce au Purnrncciitni iniliitin de M. Ehrenberg , mais non au Cj-clultuin mi/iiim do Millier que rct auteur indique comme synonymes. 390 HISTOIRE NATURELLE î.ENcnÊLYDE TRioi.ÈTRE. — Enchelj's triquetra, — PI. VII, fig. 3. Corps incolore , peu transparent|, olilong , rugueux avec trois plis longitudinaux, irréguliers, qui le rendent comme prismatique, ayant souvent une grande vacuole en arrière. — Longueur, 0,057. Cette Encbélyde est très-abondante dans les eaux de marais putréfiées, ainsi que la précédente, dont on la pourrait croire une simple variété ; mais sa forme est toujours plus effilée, ses plis sont plus marqués , et surtout sa longueur est beaucoup plus considérable. Elle meurt en s’aplatissant , mais sans se contrac- ter en boule, et en laissant sortir sur son contour plusieurs dis- ques de sarcode. Ses cils sont moins longs que ceux de l’espèce précédente. I C’est peut-être le Cyclidium milium de Millier. 3.» EnchÉlyde kidée. — Enchelj's corrugaia. — PI. VU, fig. 1 1. Corps incolore , peu transparent , oblong, plus éti’oit et limpide en avant, rugueux, avec des plis longitudinaux noduleux; ayant souvent une vacuole en arrière et des granules à l’inlerieur. — Long de 0,042 à 0,049. — Marin. Cette espèce ressemble aussi beaucoup aux deux précédeutes, mais elle est encore plus grande, elle s’aplatit en mourant et laisse alors sortir par expression , sur tout son contour , plusieurs disques de sarcode. Le nombre des plis ou des rangées de no- dnles varie de quatre à six sur une face. L’extrémité antérieure est mince et flexible , l’animal s’en sert comme les Tracbelins pour palper les objets. Je l’observais au mois d’octobi’e et de décembre , dans de l’eau de mer gardée depuis dix ou quinze jours avec divers zoopby tes. Je l’ai vue aussi dans l’eau douce qui avait servi à laver une grande quantité d’algues. 4. Enchéeyde seb-angdleuse. — Enchelj-s iub-angulala. Corps incolore , ovoïde, un peu granuleux, oblique et com- primé de manière a présenter deux ou trois angles arrondis, ayant souvent une vacuole profonde en arrière.— Long de 0,057 à 0,03. J’ai ti'ouvé , en i835, dans l’eau de l’Orne conservée avec des DES INFUSOIRES. 391 f'ontinales, celle espèce que j’ai souvent revue dans des eaux douces plus ou moins altérces. Elle se distingue par ses cils plus courts et plus nombreux, par sa surface simplement granuleuse et non noduleuse ou rugueuse , comme chez les precedentes es- pèces; une vacuole quelle présente ordinairement en arrière, à conséquemment une profondeur en apparence i^lus considérable. Elle se meut en tournant sur son axe. 5. EnciiÉlyde ovale. — Enchelj's ovala, — PI. VU , fig. i ?.. Corps incolore , ovoïde ou oblong , également arrondi ailx extré- mités , couvert de cils courts ondulants ; ét cbhteiiaiit dés granulei et des vacuoles. — Long de 0,0-îo à 0,060. Cette Enchélyde se trouvait , le ?G janvier 1 83G , dans l’eau d’iih bassin au Jardin du Roi ; elle se mouvait en tournant sitr son axéj elle avait en arrière une grande vacuole. 4° Genre. ALYSCUM. — Alyscum. An. à corps ovoïdc-oblong irrégulier, entoure tic cîts ' rayonnants , et portant en outre un faisceau latéral de longs cils rétracteufs, au moyen desquels il saule brusquement d’un lieu dans un autre. La seule espèce d’Alyscüm que j’aie reconnue , ressemble beaucoup à l’Enchélyde noduleuse, elle ne s’eu distingue que par ses filaments rétracteurs ; on pourrait meme supposer que des observations nouvelles feront connaître dans d’autres Enchélydes quelque chose d’analogue. I. Alyscum sautant. — Aljrscum sallans. — PI. VI, fig. 3. Corps incolore , oblong , arrondi aux extrétnités , un peu con- cave du côté qui porte lé faisceau de filaments rétracteurs; ayant des sillons longitudinaux presque effacés. — Longueur de 0,020 à 0,025. J’observais cette espèce , en janvier 1 835, dans une infusion de foin préparée depuis un mois; en mars i838 , dans l’eau d’une ornière de Montrouge conservée depuis longtemps ; et en janvier i83ç) , dans de l’eau de Seine où s’étaient pourries des callitriclies. 392 HISTOIRE NATURELLE 5“ Genre. URONÈME. — Uronema. An. à corps alongé , plus étroit en avant , un peu courbé , entouré de cils rayonnants , et portant en arriére un long cil droit. C’est en examinant avec soin les Infusoires sans bouche qui peuvent être confondus avec les Enchélydes, que j’ai reconnu ce type, qui réellement a trop peu d’importance pour constituer un genre ; mais je crois devoir le signaler sous une dénomination particulière, pour appeler l’atten- tion sur les particularités offertes par les Infusoires les plus communs en apparence. I. UronÈme marine. — Uronema marina. — PI. VII , fig. i3. Corps incolore, demi-transparent, noduleux, alongé, rétréci en avant, et courbé légèrement avec quatre ou cinq côtes longitu- dinales peu marquées. — Longueur, 0,044. Dans l’eau de la Méditerranée , gardée depuis trois jours avec des Coi-ûllines , au mois de mars, et devenue fétide; cet Infusoire montrait ordinairement une vacuole à l’extrémité postérieure , et quelquefois une autre au milieu. J’ai cru voir plusieurs fois un long filament roide en avant. Xll^ FAMILLE. TRICHODIEINS. Infusoires à corps mou , flexible , de forme plus ou moins variable , cilié ; ayant une bouche visible , ou simjilemenl indiquée par une rangée de cils plus forts, en crinière , en écharpe ou en moustache. — Dépourvus de cirrhes. Comme je l’ai déjà dit plus haut, en parlant des DES INFUSOIRES. 393 Enchélyens, cette deuxième famille aussi, qui pour- tant paraît naturellement indiquée, n’est établie que d’une manière incertaine; les types qui s’y rappor- tent ne sont pas encore suffisamment connus , et ses caractères sont trop vagues. Cependant, pour faciliter l’étude , il faut nécessairement mettre à part les Infu- soires qui , sans avoir une bouche aussi clairement visible que les Kéroniens , ne peuvent pas être regardés comme en étant privés, et qu’on peut, jusqu’à un certain point , considérer comme présentant un degré d’organisation intermédiaire entre les Enchélyens , qui sont les plus simples des ciliés, et les Kéroniens qui nous conduisent aux types les plus complets de la classe des Infusoires. Mais , je me hâte de le dire , ce caractère de la présence d’une bouche non visible ou supposée est en vérité trop loin de la précision qu’on a droit d’exiger dans les classifications zoologiques ; il faut donc chercher un caractère extérieur plus facile à apprécier, quoique bien moins important en réalité, et on le trouve dans la nature des cils vibratiles et des appendices, dont aucun ne peut mériter le nom de cirrhe, ou de style ou de crochet, comme ceux qu’on voit dans la famille des Kéroniens. On est conduit alors à grouper avec les Trichodiens, en attendant qu’on en fasse une famille à part, le Dileptus , qui est couvert de cils fins vihratiles , et qui a une bouche bien visible h la base d’un prolongement antérieur en lorme de cou , mais sans la rangée caractéristique de cils en moustache. Un autre Infusoire., la Pelecida , également pourvu d’une bouche visible, est terminé en avant par un bord obliquement recourbé en fer de hache. Les espèces sans bouche visible jieuvent, d’après leur forme générale et d’après la disposition de la l'an- HISTOIUE NATURELLE 394 £»ée de cils , former trois genres, savoir : \qs Acinevia , de même forme, ou plus alongés que les Pélécides, avec le bord antérieur obliquement courbé et portant une rangée de cils dirigés en avant ; les T rachelius ^ de forme très-alongée , ou au moins rétrécie en manière de cou en avant , avec une rangée des cils divergents et disposés en crinière au bord antérieur ; et les Tri- clioda, de fornie oblongue, ovoïde ou pyriforme, avec une rangée de cils ordinairement dirigés en arrière. Les Tricbodiens ont été vus par Müller, et décrits par cet auteur dans ses genres Trichoda, Fibrio et Kolpoda. M. Bory a institué un ordre des Tricbodés , qui n’a presque rien de commun avec nos Tricbodiens ; M. Ehrenberg, de son côté, a placé , dans sa famille des Enclielia , un genre Trichoda qui répond en partie au nôtre ; et d’ailleurs il a réparti parmi ses Leucophres , ses Encbélys , sesTrachelius , ses Loxodes , etc. , beau- coup d’infusoires que nous rapprochons dans cette fa- mille , pai’ce que nous ne pouvons voir, comme cet au- teur, leurs organes digestifs. Les Tricbodiens , vus isolément, paraissent incolores, ou du moins ne sont colorés que par les aliments contenus à l’intérieur ; quelques-uns , réunis en amas , peuvent présenter une couleur brunâtre. Les uns se trouvent dans les infu- sions, les autres dans les eaux stagnantes ou dans les marais , entre les herbes aquatiques. Tous montrent à l’intérieur des vacuoles plus ou moins grandes , plus ou moins nombreuses , qui , dans certaines espèces , sont manifestement susceptibles de s’ouvrir au dehors pour évacuer leur contenu , et qui , chez plusieurs , peuvent contenir des substances colorées admises à l’intérieur par une bouche. Aucune trace d’intestin, aucun oi'ganc distinct ou déterminable ne sc voit d’ail- DES INFUSOIRES, 395 leurs , en outre de ces vacuoles et de quelques globules non organisés, huileux ou autres. Le mode de propa- gation a lieu par voie de division spontanée trans- verse ou longitudinale. 1" Genre. TRICHODE. — Trichoda. An. à corps ovoïde-oblong ou pyriforme , un peu flexible en avant, avec une rangée de cils dirigés en arrière et paraissant indiquer la préscncer d’une bouche. Comme nous l’avons déjà dit précédemment (page 147) , le genre Trichoda de Müller était un amas confus d’infu- soires et de Systolides , n’ayant de commun que la présence des cils apparents sur une partie plus ou moins considé- rable de leur corps. M. Bory avait déjà trouvé à établir un grand nombre de genres aux dépens de ces Triebodes ; M. Ehrenberg a mieux effectué cette séparation, quoiqu’il l’ait basée trop souvent sur des caractères supposés ; et il ne conserva sous le nom àeTrichoda qu’un genre très-peu nom- br eux faisant partie de ses Polygastriques entérodélés nus , énantiotrètes ; c’est-à-dire des Infusoires sans cuirasse , ayant un intestin s’ouvrant au dehors par une bouche et un anus opposés , il le caractérisait en ajoutant que , la bouche ter- minale mais oblique , est souvent ciliée , que le corps n’est pas cilié, et qu’il n’a point de prolongement eu forme de tête et de cou. Plus récemment , en 1838, cet auteur a modifié la caractéristique de ce genre, en disant que les Triebodes ont la bouche obliquement tronquée avec une lèvre; c’est seulement ainsi qu’il les distingue des Actinophi’j's faisant également partie de la section de ses Enchéliens saus dents, sans cils vibratiles à la surface , mais qui auraient , dit-il , la bouche tronquée parallèlement et sans lèvre. Il ne comprend alors dans ce genre que six espèces , dont cinq observées très- imparfaitement en 18Ü8 , pendant son voyage en Egypte et en Arabie, sont fort douteuses, et dont une seule, Trichoda 396 HISTOIRE NATURELLE pura (1), observée plus récemment en Europe clans les in- fusions, paraît se rapjiorter à notre genre Acomia. M. Eh- renberg, en 1830, plaçait clans son genre Triehocle un^ septième espèce, Tr. caruium, c[u’il a reportée depuis avec les Leucopbres , parce qu’elle a tout le corps cilié , et qui, cependant, nous paraît bien mieux mériter le nom de Tri- ebode. Ce genre, que je propose pour conserver convenablement un nom créé par Millier, et fréquemment employé depuis, devrait ne comprendre cjue des Infusoires plus ou moins complètement ciliés, mais sans réticulation apparente ou sans disposition sériale des cils , comme les Acomia et les Enchelys ^ mais il se distinguerait de ces deux genres par la présence d’une rangée régulière de cils , analogue à celle qui accompagne la bouche des Kérones. Les Trichodes qui sont encore des Infusoires d’une orga- (l) M. Ehrenberg caractérise ainsi son genre Trichode : o Corps nu, bouche sans dents, munie de cils vibratiles , obliquement tronquée avec une lèvre, mais sans cou. » Il ajoute que les rapports organiques de ce genre sont incomplètement observés; il a cependant constaté l'intromission des substances colorées et en a conclu la position de l’anus, mais il déclare que les organes sexuels ont été imparfaitement observés , et que la division spontanée n’a été vue que dans la Tr. pyrum qui est une des espèces si incomplètement observées pendant son voyage en Arabie. Sa Trichoda pura (.[ni. i838, Pl.XXXI,fig. 1 1 , p. So^), est ainsi décrite : « Corps oblong, en massue, aminci en avant, avec une bouche latérale et des estomacs petits. Elle se trouve abondamment dans les in- fusions végétales avec le Cyclidium ^laucoma . et ressemble beaucoup à la Leucophrys.pyrifovmis qui est un peu plus grosse et ciliée partout. Elle admet aisément dans son corps les substances colorées, mais elle se distingue des espèces analogues par ses très-petits estomacs au nom- bre de plus de vingt. Précédemment, dit-il, je confondais ces deux espèces, et je vis souvent au milieu de leur corps une tache ronde claire qui paraît être un testicule, et que depuis j'ai revue seulement dans la Leucophre. Cet Infusoire nage eu tournant lentement sur son axe puisqu'il a seulement peu d'organes locomoteurs. Une Leuco- phre,semblable vit dans les infusions fétides de chair, et l’on ])eut bien lui comparer aussi le GLauconm scinlillaiis elle Chilodou ciicuUiit. — Grosseur l/üo lig. (o,o3-5) , presque double de celle du Cyclidium, » M. Ehrenberg pense que celte espèce est une de celles que Muller a DES INFUSOIRES. 397 nisatiou en apparence Tort simple, se trouvent surtout dans les. infusions et dans les eaux de marais conservées long- temps ou putréfiées. I. Tricbode anguleuse. — Trichoda angulata, l’I. XI, fig. 8., Corps oblong, obliquement et irrégulièrement plié ou anguleux, ayant souvent une ou plusieurs vacuoles superficielles. — Lon- gueur, 0,082. Dans l’eau conservée avec des plantes marécageuses et déjà gâtée. Ce pourrait être la même espèce que la suivante. * Trichoda pyrüm. — (Kolpoda ? Müller.) Corps ovoïde , oblong, aminci eu avant ou pyriforme, pins épais dans un sens que dans l’autre. — Long de 0,020 à 0,061. Cette espèce, qui se voit fréquemment dans les infusions fétides confondues sous le nom de Kolpoda pyrum avec la Trichoda pyrum , les Leucophrys pyriformis et cnrnium , et avec divers degrés de dé- veloppement des Glnucoma scintillans , Chilodoii cucullulus , Para- mecium Kolpoda, etc. Il caractérise lui-même ainsi (1. c. p. 3o8) , sa Trichoda pyrum qu’il n’a vue qu’au mont Sinaï et qu’il représente grossie 20O fois et non ciliée : « Corps ovale , gonflé , subitement aminci et pointu en avant. » Long de 0,0225. «Tous les synonymes pré- cédents , dit-il , sont incertains , et fon ne peut rien conclure des figures dans lesquelles les caractères ont été omis. Tout ce que j’avais précédemment considéré comme Trichoda pyrum .à Berlin, je suis maintenant plus porté à le rapporter à la Leucophrys pyr-iformis dont on ne peut apercevoir les cils de la surface, sinon quand on a délayé de la couleur dans l’eau : son mouvement a lieu en tournant lentement. La Trichoda para, quand elle vient de se diviser spontanément, peut pré- senter une forme analogue. » Les Trichoda nasamonum , Tr. ovata , Tr. asiatica du même au- teur, ont été observées seulement à la hâte en Egypte et en Arabie ; elles avaient d’abord été décrites comme autant d’espèces de Condylostoma , en 1828, dans les Symbolœ physicce de MM. Hempricht et Ehrenberg; une dernière espèce enfin , décrite en même temps par ces auteurs sous le nom de Trichoda celhiopica , est conservée sous ce nom comme douteuse; mais il faut se rappeler que ces quatre dernières espèces ne peuvent en aucune manière être comparées ni d’après les figures, ni d'apres les descriptions avec ce que nous connaissons. IIISTOinE NATUHELLE 398 tic chair, est sans doute la même queM. Ehrenberg avait nommée, en i83o, Tricboda carnium, la croyant alors ciliée seulement au bord antérieur, et que depuis , en 1 838, il a inscrit au nombre de ses LeucophrCs (Z. carnium), parce qu’il a reconnu, seulement en i835, dit-il, quelle est ciliée partout, mais il admet que les cils de la surface forment environ dix rangées de chaque coté , ce qui véritablement serait un caractère de nos Infusoires ciliés à tégument contractile , et ce qui , je crois, a bien lieu pour son Leucophrj’s pjriformis, qu’on doit au contraire reporter avec les Glaucomes et les Kolpodes. Cet auteur décrit ainsi sa Lcucophrys carnium (Infus. Pl. XXII, fig, 5, p. 3i3) : « Corps ovale, oblong blanchâtre, un peu pointu en avant , avec des estomacs plus étroits. » 11 dit lui avoir reconnu récemment, comme organes sexuels, desœufsde un 2000° de ligne, 0,001 12, un testicule rond et une vésicule contractile simple, qui est sans doute la grande vacuole que moi-même j’ai vue aussi. 11 aobsei-vélefaitdela colora- tion artificielle , et indique un anus à l’extrémité postérieure ou il croit avoir vu un amas de substances excrétées. 11 a vu aussi la division spontanée en long et en travers, 2" Genre. TRACHÉLIUS. — Trachelius, Schrank. Corps plus ou moins allonge , notablement rétréci en forme de cou en avant ; cils du bord antérieur divergents et disposés en crinière. Le genre Trachelius a été établi par Schrank avec des Trichodes, des Aibrions et des Kolpodes de Müller, d’après le caractère d’un prolongement antérieur en forme de cou , comme l’indique son nom formé du mot grec Tpiyn^o;, cou. M. Ehrenberg, adoptant ce genre , le prit pour type de sa famille des Trachelina (1) , comprenant les polygastriques entérodélés allotrètes , ou spontanément divisibles en long et (1) La famille dos Trachelina Ae M. Ehrenberg ainsi caractérisée est divisée en huit genres de celle manière : ceux qui onl la bouche den- tée sont les Chilodons ou les Nnssula , suivant que la lèvre supérieure est ou n’est pas prolongée. Ceux qui ont la bouche sans dents, mais avec une lame vibralile , sont les Glaucoina ; les autres sans lame vibra- tile à la bouche, sont les Phialina, dont le front est prolongé eu ma- DES INFUSOIRES. 399 cn travers ,• qui ont la bouche inférieure et l’auus terminal ; puis il distingua ce genre de ceux qui sont aussi sans dents et sans couronne de cils, parce que sa lèvre supérieure ou son front est alongé, cylindrique ou déprimé, et se prolonge en manière de trompe étroite. Plus tard , en 1838, il l’a caracté- risé ainsi : « Corps cilié partout, bouche simple inerme, lèvre supérieure très-longue en forme de trompe. » En ajoutant que les cils de la surface n’ont été vus par lui que dans cinq de ses huit espèces , et que le prolongement cn forme de trompe qui porte la bouche non à son sommet, mais à sa base sert principalement ou accessoirement à la locomotion. Il a observé le lait de la coloration artiücielle dans quatre de ses espèces, et attribue un suc digestif rouge-pide à son Tr. nieleagris ; il leur attribue des œufs, des testicules ronds ou ovales et une seule vésicule contractile ; il a pris le phé- nomène de la diffluence pour la ponte chez deux de ses es- pèces , et enfin , nonobstant sa définition de 1830 , suivant laquelle la division spontanée devait avoir lieu de deux ma- nières , il déclare avoir vu seulement la division spontanée transverse dans deux espèces. Pour nous, qui à la vérité ne pouvons voir de vrais Tra- chelius dans toutes les espèces de cet auteur, nous n’attri- buons pas une organisation aussi complexe à ces animaux; bien loin delà: les Trachelius nous semblent dépourvus de tégument contractile ou réticulé distinct ; leur corps se com- pose d’une substance glutineuse, contenant des granules inégaux et irrégulièrement renflée en nodules formant quelquefois des rangées; quand ils meurent sur le porte- objet du microscope, ils s’aplatissent et s’étalent en laissant seulement des granulations irrégulières. En avant, ils ont, comme nous l’avons dit, une sorte de crinière formée par nière de tenon; les Spiroslomum , dont la bouclie est en spirale. Les 7'rncheUus , dont la lèvre est prolongée cn forme de trompe ; les Loxo- des , dont la lèvre est aplatie et dilatée cn fer de hache ; et les Bursaria, dont le dos se prolonge en manière de front convexe au-dessus de la bouche. lIISTOUUi NATUIŒLLK im des cils plus loris que ceux du reste du corps, mais ils ne montrent pas de bouche distincte ; en arrière , on voit sou- vent une vacuole assez grande. Les cils de cette crinière sont d’ailleurs seuls visibles sur plusieurs espèces. Les Trachélius se trouvent dans les eaux stagnantes ou putréfiées, douces ou marines ; on en voit quelquefois aussi dans les infusions artifieielles. I. Tbachélujs étroit. — Trachélius slricius. — Pl. Yll, fig. 8. Corps filiforme, un peu pointu aux deux extrémités , avec des cils visibles en avant seulement. — Longueur, 0,063. J’observais, au mois de février i836 , cette espèce dans un fla- con où je conservais de l’eau de Seine, avec des débris de végé- taux et des Lemna. 2. Trachélius cylindrique. — Trachélius ieres. — Pl. Yll, fig. g. Corps filiforme, cylindrique, obtus en avant, aminci et pointu en arrière , cilié au bord antérieur seulement. — Longueur, 0,15. — Marin. Dans l’eau de mer stagnante avec des Ulves à Cette, le i'^ mars 1840. Cette espèce diffère de la précédente par son habita- tion et par sa taille , il faudra que des observations ultérieures fassent connaître d’autres caractères. 3. Trachélius LAMELLE. — Trachélius lamella. — Pl. VII, fig. 10. Corps très-alongé, déprimé, ou en forme de bandelette flexible, un peu plus large et obtus en arrière, cilié au bord antérieur seu- lement. — Longueur de 0,13 à 0,18. — Marin. J’ai vu fréquemment cette espèce, en octobre i835, dans l’eau de mer où étaient morts depuis peu quelques Zoophj'tes des côtes de la Manche. Il était souvent un peu tordu sur lui-mème. 4. Trachélius faux. — Trachélius faix. — Pl. VI , fig. 8, 9 et 17. Corps alongé , déprimé , lancéolé ou sigmoïde , variable , plus étroit et un peu recourbé en forme de faux en avant ; cilié partout, avec une ou deux vacuoles en arrière. — Longueur, 0,o62. DES INFUSOIliES. ^lOl Je réunis sous ce nom plusieurs Trachclius ilo ibrme vaiialtle, prenant parfois d’une manière plus ou moins distincte la forme d’une lame de faux , uu peu obtuse à l’extrémité ; mais pouvant aussi en se contractant se rapprocher beaucoup de l’espèce sui- vante. J’ai vu dans ces Infusoires des vacuoles remplies de gra- nules de carmin une demi-heure après avoir ajouté cette couleur au liquide où ils nageaient. Je les ai particulièrement étudiés daais l’eau de pluie ayant séjourné au fond d’une auge eu pierre avec des feuilles mortes , au mois d’avril ; et dans l’eau des or- nières et des fossés au nord de Paris, le i5 novembre i838. 5. Tbacuélics anaticule. — Trachclius anaiicula, PI. VI, fig. i6. Corps pyriforme, aminci et aloiigé en avant, quelquefois en forme de flacon à long goulot, cilié partout, avec une grande va- cuole en arrière. — Longueur de 0,05 à 0,09. Je l’ai vu dans des eaux de marais conservées de[iuis plusieurs mois avec des herbes , et dans l’eau des bassins du Jardin du roi , au mois de novembre. J’ai vu plusieurs fois deux individus collés latéralement pendant plus d’une heure ; l’un était un peu plus avancé que l’autre, et je ne pouvais voir là ni un accouplement ni un fait de division spontanée, mais simplement un fait d’agglu- tination fortuite, et une preuve de l’absence d'un tégument. M. Ehrenberg observa, en i8-32, ce même Infusoire qu’il décri- vit dans son troisième mémoire; il le distingue seulement des Leucophres, parce qu’il y reconnaît une sorte de bouche, que moi-même je n’ai pu apercevoir. Cet auteur d’adleurs recon- naît que le Trachélius anaticule ne peut avaler de couleurs; il j nomme vésicule séminale la grande vacuole postérieure. Il assure i avoir aperçu, dans la partie trouble du corps , le contour peu dis- tinct des estomacs et les œufs, enfin, il termine en disant que les cils forment dix à douze rangées sur chaque moitié de la surface , et il renvoie à la comparaison de la Trichoda pj'rum et de la Leu- cophra pyriformis. INfUSOIKES. 26 HISTOIRE NATURELLE /i02 3» Genre. ACINÉRIE. — Acincria. Corps oblong, déprimé ou lancéolé, avec une rangée de cils dirigés en avant sur un des côtés qui est recourbé obliquement en lame de sabre. Je crois devoir indiquer, comme pouvant former un genre particulier, quelques Infusoires qui se distinguent des Tra- chélius par la disposition de leur rangée de cils et par leur courbure en avant. Ils paraissent dépourvus de bouche comme les Traebélius, et c’est là surtout ce qui les distingue des Pélécides , qni ont une forme analogue. I. AcikÉiwe COURBE. — Ac'meria incurvaia. — PI. XI , fig. I Corps contractile, oblong, comprimé, presque lamelliforme, ar- rondi ou obtus en arrière, rétréci et recourbé vers l’extrémité an- térieure , avec une rangée régulière de cils dirigés en avant sur le bord convexe j montrant cipq ou six côtes granuleuses peu mar- quées, et une ou plusieurs vacuoles variables. — Longueur, 0,044. — Marin. C’est dans de l’eau de la Me'diterranée conservée depuis vingt jours , le 3 avril 1840, que j’observai avec soin celte espèce, qui m’a paru n’avoir pas d’autres cils que ceux de la rangée anté- rieure, et n’avoir pas de tégument réticulé et conti’actile, quoi- qu’elle fût contractile et flexible en totalité. La vacuole posté- rieure était variable et lentement contractile. 2. Acinêrie AICC . — Acineria acula. Pi. \1, fig- i5. Corps diaphane, avec des granules disséminés à l’inlérieur, oblong, comprimé, pointu aux deux extrémités ou lancéolé, avec un des côtés plus convexe en avant, et garni sur presque toute sa longueur d’une rangée de cils fins dirigés en avant. Une vacuole à l’extrémité postérieure. — Longueur, 0,043. .l’observai cet Infusoire, avec boaucou|) d’autres es|ièccs remar- quables, dans l’eau d’une ornière des Balignolles, au nord de Dia INFUSOIRES. V03 l’ai'is, en novembre i838. H me parut n’avoir pas d'autres cils que ceux du bord convexe, sa surface e'tait bien lisse, sans cotes granuleuses , et sa consistance semblait être gélatineuse. Les granules dissémines dans rinlcrieur étaient plus abondants sur deux bandes longitudinales, entre le lord et l’axe; je crois qu’ils étaient étrangers à l’organisme, c’est-à-dire que ce n’é- taient pas des œufs. 4® Genre. PELÉCIDE. — Pelecida, An. à corps ficxiblc, contractile, oblong, comprime, arrondi en arrière , recourbé en fer de hache en avant, cilié partout , cl pourvu d’une bouche visible ou démontrée par la présence à rintéricur de divers objets avalés [tar l’animal. Dans les genres précédents , la pi’ésencc d’une bouche u’est que soupçonnée, ici au contraire , elle est démontrée comme dans la plupart des Paraméciens dont les Pélécides ne difi'èrent que par l’absence d’un tégument contractile. • Le type de ce genre a été placé par Müller avec les Kolpodos et par M. Ehrenberg avec les Loxodes. 1. rÉLÉciDE ROSTRE. — Pclecida roslrum (i). — PI. XI, fig. 5. Corps oblorig, un peu épaissi en arrière, lamelliforme et plus flexible en avant, où il est obliquement recourbé en forme de vir- gule, on en fer de liacbe, contenant à rintéricur des vacuoles nombreuses , et divers objets avalés. — Longueur de 0,13 à 0,20. .l’ai observé celte espèce , le 24 octobre i835, dans l’eau de l’Orne, conservée depuis 34 jours avec des fontinales. Elle conte- nait un grand nombre de naviculesqui lui communiquaient une couleur jaunfdre et qui semblaient réellement être engagées dans la substance glutineuse vivante de l'intérieur; entre elles, se voyaient aussi beaucoup de vacuoles bien distinctes, ne contenant (1) Kolpoda roslrum , Müller, Infu.s. l’I. Xlt, fig. 7 , 8 , p- {/(■ Loxodoe roslrum, lihr. Infiis. i838, Tl. XXXIV, %. i, p. 26. IIISIOIIŒ NATUlitLLE 4 04 que de l'eau. Les cils épars sur toute la surface sont d’une té- nuité extrême. Il est vraisemblable que e’est la meme espece que Millier a dé- crite sous le nom àe Kolpoda roslrum, en la désignant par ces trois mots : ohlongn, anlicè uncinala. C’est, dit-il, « un animal gris, recourbé d’un côté en crochet vers l'extrémité antérieure, obtus en arrière, rempli de molécules noirâtres, et dont un des bords se replie souvent en avant jusqu’au milieu, de telle sorte que le corps, d’ailleurs aplati dans cet endroit, paraît épais et triangu- laire. Les plus grands individus, quand ils tournoyent, semblent avoir le corps triangulaire ; ils montrent à l’intérieur 5 à 7 glo- bules plus grands (ovules?); ils égalent dix fois la longueur des plus petits, et sont jaunâtres, tandis que ceux-ci sont gris : quel- ques-uns échouant sur le rivage, se décomposent peu à peu en granules très-petits ; d’autres se dissolvent subitement en molé- cules ; leur mouvement est lent et horizontal , avee de fréquents changements de face (Müller, Infus. p. 94). » Müller indique cette espèce comme assez rare dans les eaux couvertes de Lemna. M. Ehrenberg, qui la nomme Loxodes roslrum, la caractérise ainsi : p. 355. lIISTOinE NATURELLE /|08 poussées vers l’exli émilé posléricure oi’i elles se fondaient en une seule grande vacuole irrégulicre ou lobée, contenant de petits In- fusoires verts et d’antre objets avalés, qui étaient expulsés au de hors, comme excréments, par une ouverture fortuite qui se re- fermait ensuite. Le carmin délayé dans l’eau ne pénétrait pas dans les vacuoles , c’est à peine si l’on en apercevait quelques gra- nulesdisséminés. Cet Infusoire se décomposait par diflluence d’une manière fort remarquable en s’entourant de lobes sarcodiques, dans lesquels s’agitaient vivement les granules auparavant im- mobiles dans la substance charnue, et dans ce mode de décom- position , on acquérait l’entière conviction de l’absence d’un té- gument. Les cils, qui étaient irrégulièrement épars à la surface , avaient environ o,ooG6 de longueur, et 0,00028 d’épaisseur. Millier, en décrivant cet Infusoire sous le nom de V tbrio anser, lui donna pour caractère d’avoir le corps elliptique avec un tu- bercule dorsal à la base d’un long cou; ce tubercule que j’ai vu de mon côté, ainsi que M. Ehrenberg , est la bouche. Voici la description qu’en fait Millier (Infus. p. 78) : « Le tronc elliptique, arrondi, sans bosse latérale, est diverse- ment extensible et flexible, jusqu’à devenir membraneux; il est rempli de molécules, aminci et diaphane en arrière, prolongé à l’extrémité antérieure en un cou diaphane, comprimé, plus long que le tronc, et très-flexueux. Le cou est égal, non renflé àl’ex- trémité, mais obliquement tronqué , et montre des canaux (i) bleuâhes le long de chaque bord ; un courant rapide se voit dans le liquide, depuis l’extrémité du cou jusqu’au commencement du tronc ; une rangée de globules cristallins occupe souvent toute la longueur du cou. » Le mouvement du corps est lent, celui du cou flexuenx, plus vi f, souvent en spirale. Il aime à se reposer sur un point en tenant la moitié de son tronc repliée d’un côté et immobile , et en repliant son cou et le portant de différents côtés. « Dans le P^ihrio anser , j’ai observé un phénomène ram. An milieu du tronc opaque, envoyait une ligne oblique de division; un rudiment de cou déjà distinct pour la partie postérieure, ou une sailliecristalline, anguleuse, s’y appliquait sur lapartie antérieure. La partie postérieure s’agitant de côté et d’autre en cet endroit, s’efforçait de s’en séparer : en quelques minutes, la séparation (1) C’est .Tssurément une illusion d’optique. DES INFUSOIRES. 409 s’eflectiiR ; puis , sous mon œil , le cou de la partie postérieure continuant à s’accroître en même temps que la queue de la partie anterieure, l’une et l’autre moitié, dans l’espace d’une heure, étaient devenues un animal complet qui n’eût pu être distingué des autres. » M. Ehrenberg, qui nomme ce même Infusoire Amphilepius an- ser, le décrit ainsi : « Corps gonflé, filiforme , blanchâtre, avec une trompe obtuse de la longueur du corps , et une queue courte pointue. » 11 ajoute que la trompe , quoique en forme de cou, n’est pas un cou , mais un front ou une lèvre supérieure , puisque la bouche est à la base ; il n’a pu lui faire avaler de couleur , mais il a vu des Chlamidomonas avalées dans les vésicules intérieures ; il prétend aussi avoir vu une vésicule séminale contractile , et deux testicules arrondis. 2. Dilepte feuille. — Dileptus folium, — PI. XI , f. G. Corps très-flexible , en forme de feuille lancéolée , rétréci en avant ; avec des côtes noduleuses, réticulées, irrégulières. — Long de 0,13 à 0,20. Cette espèce , que j’observais en septembre i835 dans l’eau de l’Orne , est bien distincte par sa forme déprimée et par ses réti- culations noduleuses, qui ressemblent un peu aux nervures d’une feuille. On voit ordinairement à l’intérieur une ou deux vacuoles interrompant les séries de nodules : ce qui tend à prouver que ces nodules sont de simples renflements de la substance glutineuse. .le n’ai pas bien vu les cils de la surface. * J’ai observé, dans l’eau des mares de la forêt de Fontainebleau, en avril i838, un Dilepte dont je donne la figure (PI. XI, fig. 7), et qui montrait à la fois l’orifice saillant à la base du cou comme le Dileptus anser, et les rangées de nodules de la surface comme le Dileptus folium , mais ces rangées de nodules avaient une ap- parence de l’égularité qui aurait pu faire croire qu’on avait sous les yeux un Amphileptus. Les cils vibratiles étaient visibles sur toute la surface , et des vacuoles se formaient dans le cou comme dans le reste du corps. MO lIISTOinE NATUnELLE * Dileptùs ( Ampiiileptus MAncARiTiFER , Ehp. Infus. PI. XXXVII, fig. 5, p. 355). M. Ehrenberg veut donner ce nom à un Infusoire que Millier a confondu avec le pre'cédent en signalant la rangée de vésicules qui le distingue, et il le décrit ainsi ; « Corps grêle, filiforme, blanchâtre, orné d’une rangée de vésicules en ligne droite , avec une trompe aussi longue que le corps, et une queue courte, l’une et l’autre un peu pointues. » 11 regarde ces vésicules comme con- tenant un suc digestif, incolore, et attribue au même animal de petits œüfs, et une vésicule séminale contractile, simple; mais il n’a pu voir de testicules. XIIP FAMILLE. KÉRONIENS. Animaux à corps irrégulièrement cilié , mou , flexi- ble , avec une rangée régulière de cils obliques vibra- liles conduisant à la bouche , et des cils forts ou cirrhes en forme de stylets ou de crochets mobiles , mais non vibratiles. Les appendices en forme de stylets ou de crochets caractérisent à la fois cette famille et celle des Plœs- coniens ; mais celle-ci se distingue par une apparence de cuirasse , et nos Kéroniens sont mous , flexibles , sans aucune apparence de tégument. Ce sont des Infusoires extrêmement communs qu’au premier coup d’œil on reconnaîtra toujours à ces appendices qui paraissent roides comme les soies ou les moustaches des mammifères , mais qui , en réalité , sont d’une nature bien différente. Ces appendices, en effet, ne diffèrent pas du reste de la substance vivante et se contractent ou se décomposent de même, lors de la mort de l’animal ; leur roideur n’est donc qu’appa- DES INFUSOIKES. 411 rente , et ils sont flexibles et contractiles par eux- mêmes ; aussi l’animal s’en sert-il souvent comme de pieds pour marcher sur les corps solides. D’après leur forme , on a donné à ces appendices les noms de cils , de soies , de stylets , de crochets ou de cornicules ; mais comme ce sont toujours des prolongements d’une même substance sans autre différence réelle que leur volume ou leur flexibilité, on ne peut caractériser d’une manière absolue des genres ou des espèces d’après telle ou telle forme d’appendices. Cependant, pour faciliter l’étude des Kéroniens , nous distin- guons sous le nom de Kerona ceux seulement qui ont des appendices courts , plus épais à la base et ordinairement recourbés en crochet quand ils sont appuyés contre un corps solide. Nous nommons Oxj~ tricha^ ceux qui n’ont point ces cornicules ou cro- chets , et qui sont seulement pourvus de cirrbes ou d’appendices droits, roides en apparence et ressem- blant à des soies ou à des stylets suivant leur volume. Un autre genre, Halteria , qui mériterait peut-être de former une famille à part , se rapproche des pré- cédents, seulement par le volume de ses grandes soies roides , mais il en diffère considérablement par sa manière de vivre et par ses mouvements. Tous nos Kéroniens sont compris dans le genre Kerona de Millier , que cet auteur caractérise par ses appendices corniculés et dans son genre Trichoda en partie. M. Bory, qui a créé le genre Oxytrique sans cependant le circonscrire convenablement, l’a placé avec le genre Kérone dans sa famille des Mystacinées , caractérisée par la disposition des cils en petits fais- ceaux ou en séries ; mais il reporta l’Halteria {Tricho- da ÿrandinclla , M.) parmi ses Urcéolaires. HISTOIRE NATURELLE M2 M. Ehrenberg a formé, en 1830, sous le nom ^üxjtrichina , une famille qui répond à peu près à nos Kéroniens ; mais en voulant tirer de la forme des appendices un caractère trop absolu , il a établi deux genres de plus que nous, savoir ; les Urostyla ayant des stylets sans crochets, et que nous réunissons aux Oxjtricha distingués uniquement par l’absence de stylets , et les Stylonychia pourvus de stylets et de crochets que nous voulons réunir aux Kérones qui , suivant cet auteur, n’auraient que des crochets sans stylets. Un cinquième genre a été créé par M. Eh- renberg sous le nom de Ceratidium , pour un Infu- soire à front cornu , dépourvu de crochets et de stylets, et qui paraît être quelque autre Kéronien altéré ou mutilé. Quant à notre Halteria , cet auteur la réunit avec de vraies Urcéolaires dans son genre Trichodina , dont cependant elle n’a nullement les caractères. Les Kéroniens ne montrent qu’une substance molle , diaphane , glutineuse , formant une masse oblongue très-flexible et très-variable , rapidement décomposée , au moins en partie, par un phénomène de diffluence très-remarquable aussitôt que la vie a cessé ou que les circonstances nécessaires à la vie ont commencé à chan- ger. A l’extérieur on ne voit que les différentes sortes d’appendices dont nous avons parlé , et un orifice large servant de bouche à l’extrémité inférieure de la rangée de cils vibratiles, en moustache ou en écharpe,. Le mouvement régulier, mais non continuel de la rangée de cils, produit dans le liquide un courantqui, en frap- pant l’orifice buccal , y détermine le creusement d’une vésicule stomacale sans parois propres, contenant avec de l’eau diverses substances avalées. Cette vésicule venant à être séparée de cet orifice, par le rapproche- DES INFUSOIUES. M ment de la substance glutineuse derrière l’orilicc même, est transportée dans l’intérieur de la masse en vertu de l’impulsion reçue. A l’intérieur on voit des granules et des corpuscules de diverse nature , les uns évidem- ment avalés par l’animal , tels que des grains de fécule, des Bacillariées , des débris de végétaux, de petits Infusoires, etc. Souvent même on y voit des Infu- soires encore vivants, qui, continuant h s’agiter dans la vacuole pleine d’eau qui les contient , pourraient donner lieu de croire qu’il y a là quelque organe par- ticulier. D’autres corpuscules ou granules très-petits sont disséminés dans toute la masse, mais leur irré- gularité ne permet pas de penser que ce soient des œufs. En outre des vacuoles ou vésicules internes, conte- nant l’eau seule , ou les substances avalées , on voit aussi à l’intérieur un ou plusieurs corps ovales demi- transparen'.s que M. Ehrenberg a nommés testicules. Une ou plusieurs vacuoles plus grandes, plus visi- blement extensibles et contractiles spontanément, ont également été nommées par cet auteur vésicules séminales. M. Ehrenberg n’a représenté directement l’intestin qu’il attribue à ces Infusoires, cjue dans une seule figure de sa Stylonjcliia mytilus , en 1833, et encore le représente t-il tou t dilféremment de ce qu’il l’avait annoncé d’abord, large partout , avec des esto- macs en massue, à large pédoncule. Mais, ni dans cette espèce , ni dans aucun autre Kéronien, je n’ai jamais rien vu qui autorisât à y admettre l’existence d’un in- testin quelconque, servant de lien commun aux pré- tendus estomacs. Cependant j’ai bien vu , par une ou- verture fortuite du contour, une excrétion véritable 1, des substances avalées et (juelque temps retenuesdans i les vésicules ou vacuoles à l’intérieur du corps. HISTOIRE NATURELLE La division spontanée des Kéroniens s’observe Lrès- frécjuernmenl; elle est plus ordinairement transverse, et Ton doit faire attention que les animaux récemment ]>rovenus de ce mode de multiplication diffèrent, plus encore par leur forme que par leur taille, des individus complets. Les premiers indices de division spontanée sont un étranglement et une seconde rangée transverse de cils au milieu de la longueur ; cela pourrait faire croire qu’on a sous les yeux une espèce différente. Mais des erreurs de cette sorte proviennent surtout des déformations singulières produites chez les Ké- roniens par une mutilation , par une blessure, ou par une décomposition partielle. Les Kéroniens se trouvent dans les eaux stairnantes, douces ou salées; quelques-uns se montrent plus par- ticulièrement quand ces eaux sont déjà altérées et putréfiées , ou bien dans les infusions végétales. La plupart sont incolores ou ne sont colorés que par les substances avalées, mais il en est plusieurs qui ont une couleur propre bien prononcée. / J 1 f" Genre, HALTERIE. — Halleria. \ An. à corps presque globuleux ou turbiné , entouré de ' longs cils rélracteurs très-Cns qui , s’agglutinant au porte- objet et se contractant tout à coup , lui permettent de changer de lieu brusquement et comme en sautant. Une rangée de cils obliques très-forts occupe le contour. Le type de ce genre est un Infusoire très-eommun qui avait été nommé par Müller Trichoda grandûiella , parce qu’il paraît sauter et rebondir comme un grêlon. Son organisa- / tion est Irès-obscure , il montre à l’extérieur deux sortes d appendices; savoir; Iodes cils droits rayonnants, d’une ténuité extrême , qui paraissent être la cause de ses mouve- i DES INFUSOIRES. hVÔ mcnts , si brusques qu’ou ne peut, malgré la plus grande at- tention , reconnaître exactement comment ils sont produits j 2° des cils très-forts rangés obliquement sur tout le contour, et qui rappellent bien, parleur disposition, la rangée de cils en moustache des Kérones et des Oxy triques. Ils parais- sent également destinés à conduire les aliments à la bouche, mais je n’ai pas vu cette bouche, quoique M. Ehrenberg ait représenté un de ces Infusoires occupé à avaler un long brin d’Oscillaire. A l’intérieur du corps des Hal téries, on ne voit que des granules irréguliers et une ou plusieurs vacuoles no- duleuses. Si on emprisonne un de ces animaux entre des lames de verre avec de l’eau , il ne tarde pas à se décomposer en laissant sortir de larges expansions sarcodiques diaphanes , bientôt creusées de vacuoles régulières. En même temps, le corps tout entier se contracte par petites secousses; quelque- fois, on voit au milieu de la masse un disque blanchâtre qui réfracte la lumière plus fortement que la substance environ- nante. I HaltÈhie grêlon. — Ilalteria grnndinclla. Corps presque globuleux ou turbiné , à peine transparent ; pa- raissant, vu de face , comme un disque de 0,007 à 0,030 , entouré de cils épais , obliques, et, vu de coté, comme un ovoïde court, jilus étroit en arrière , couronné par ces memes cils et entouré de cils rayonnants extrêmement fins. Mouvement par sauts brusques. Cet Infusoire , l’im des plus communs et des plus faciles à re- connaître, est en même temps l’un des plus difficiles à étudier en raison de la vivacité brusque de ses mouvements. Millier l’in- dique comme vivant dans les eaux les plus pures et dans les In- fusions végétales ; il le décrit sous le nom de Trichoda grandinella (Inf. p. ifio), comme un globule très-petit , diaphane, muni sur un point de sa surface de deux , trois ou plusieurs cils qui, contractés avec beaucoup de force , le font presque à chaque in- stant sauter hors du champ de la vision. Cet auteur, trompe par une lausse aiiparence, ajoute que les cils sont étalés en deux fais- ceaux ou répartis sur tout le contour d’une ouverture qu'il supjiose devoir exister. lUSTOIKE KaTUKELLE /il G M. Ehrenberg a placé ceL Infusoire qu’il nomme Tncho- dina dans sa famille des P^orlicellina , avec des espèces Ibtale- inent différentes et auxquelles nous restituons le nom d’Urcco- laire; il la caractérise ainsi : « Corps conique, presque globuleux, ayant le front tronqué et couronné de cils , et le dos un peu pointu, inerme. » 11 lui a fait avaler de l’indigo, et dit avoir vu un individu continuant à tournoyer avec un brin d’oscillaire en partie avalé et sortant encore d’une longueur double hors de la bouche. J’ai trouvé presque constamment l’Haltérie dans les flacons où je conservais de l’eau de marais ou de rivière avec des conferves, et dans l’eau qui baignait des conferves et des oscillaires dans une soucoupe. J’ai vu quelquefois exclusivement dans un liquide, des indivi- dus tous très-petits (0,007) et qui pourraient bien être une espèce particulière ; d’autres fois , j’en ai vu exclusivement aussi d’une certaine grandeur plus considérable , et je pourrais même dire d’une forme un peu différente ; mais il est si difficile de regarder attentivement ceslnfusoii’es pendant quelque temps, que je ne puis êU’e certain d’une différence spécifique réelle. 2^ Genre. OXYTRIQUE. — Oxytricha, Bory. An. à corps mou, flexible, ovale ou oblong, plus ou moins déprime avec des cirrhes ou cils plus forts non vibra- tilcs en forme de soies ou de stylets, mais sans cornicules. Les Oxytriques confondus par Mùller, parmi ses Tri- chodes, ont le corps évidemment mou, sans tégument, muni de cils vibratiies épars, entre lesquels sont d’autres cils plus épais, droits, flexibles, mais non vibratiies, ayant l’appa- rence de soies roides ou de stylets; une rangée régulière de cils obliques plus forts se voit ordinairement en avant, et produit dans le liquide un tourbillon destiné à conduire les aliments à la bouche. A l’intérieur on observe des granules de diverses sortes, et des vacuoles ou vésicules remplies d'eau seulement, ou contenant en même temps des sub- stances avalées. Quelquefois aussi on y voit des corps ovales DES INFUSOIRES. ^l17 OU arrondis, blanchâtres, demi-transparents, que M. Ehren- berg a nommés des testicules. M. Bory a formé son genre Oxy trique avec des Trichodes de Müller, telles que la Tr. lepus^ Tr. pellionella , etc., qui sont bien, en effet, des Oxytriques comme nous les comprenons , et les pullasler, et du même auteur; mais il y a réuni beaucoup d’autres espèces de Tri- chodes très-différentes , et dont plusieurs ont été établies par Müller, d’après des Infusoires altérés ou mutilés. M. Ehrenberg rapporte à ce genre huit espèces seulement, mais deux de ses Trichodes ( Tr. nasamonum.^ et Tr. ælhio- pica) nous paraissent devoir y être également rapportées, ainsi que ses TJrostyla. Lui-même, en 1838, y a réuni une espèce dont il avait fait précédemment un Uroleptus; d’un autre côté, nous pensons que son Oxy tricha cicada appartient à la famille des Plœsconiens. Les Oxytriques, dont plusieurs sont colorées en rouge, se trouvent dans les eaux stagnantes douces ou salées^CT/f dans les infusions naturelles ou artificielles : elles se mufti-^ plient par division spontanée ordinairement transvêree', mais aussi longitudinale suivant M. Ehrenberg. I. OxYTRiQUE PELLiONELLE. — Oxylrichn pellionella. — Pl. XI , fig. lO (i). Corps déprimé, oblong, incolore, irrégulièrement granuleux, avec des soies droites à la partie postérieure. — Longueur de 0,07 à 0,10. Cet Infusoire est un des plus communs dans les eaux stagnan- tes ou putréfiées; il a été vu par tous les micrographes, et comme il est facilement altéré ou mutilé , il a donné lieu à l’établisse- • i' . ment de plusieurs especes. 11 se montre souvent bombé d’un côté (I) Trichoda pellionella , Müll. Inf. Pl. XXXI , fig. 22. Oxy tricha pellionella, Bory, Encycl. 1834. . Oxytricha pellionella , Ehr. Infus. Pl. XL, fig. 10. INFUSOIRES. - 27 418 HISTOinE NATUntLLE e(. un peu concave de l’aiUre : les granules ou nodules de la sur- face sont irrégulièrement épars , cependant on distingue quel- quefois des plis longitudinaux. Comme il se remplit l'réquemment des substances qu’il avale , il est diversement coloré par elles. 2. OxvTBiouE henfeee, — Oxj'iricha incrassata. — PI. XI, lig. 14. Corps ovoïde, allongé, incolore, garni de soies roides en ar- rière.— Longueur, 0,07S. — Marin. Cette espèce diffère de la précédente par sa longueur moindre, par son habitation, et surtout parce que son corps est bien moins déprimé. Je l’ai observée dans l’eau de la Méditerranée, conservée depuis trois jours et déjà altérée, au mois de mars. .3. OxvTRiouE langue. — Ox^'trichfi lingtia. — PI. XI, fig. i t. Corps diaphane, déprimé, flexible, nliongé, presque également large partout et arrondi aux deux extrémités, sans soies etsanscils ^parents en arrièi'e ; granules de la surface en rangées presf|ue Taulières. — Longueur, 0,125. ( J’observais au mois de décembre cet Infusoire dans de l’eau conservée depuis un mois avec des Conferves prises dans des fossés au sud de Paris. Il se meut seulement en avant d’un mouvement assez lent et sans tourner sur son axe ; il s’infléchit souvent en S, quand il rencontre des obstacles. A en juger par les figures ce pourrait bien être le même que Millier a nommé Triclwda linter. / 4. OxYTRiouË BOSSUE. — Oxj'lrîchn gihha. — PI. XI, fig. 1 2. Corps incolore , oblong , renflé au milieu avec deux rangées ventrales de cils. — Longueur , 0,11. Je nomme ainsi une Oxytrique que j’ai observée dans l’eau de la Méditerranée conservée depuis quinze jours, mais non gâtée; mais je ne suis nullement certain que ce soit la même que M. Ehrenberg désigne sous ce nom (Infus. PI. XLl, fig. 2), et qu’il a trouvée dans l’eau douce entre des Oscillaires et des Navi- cules au mois de février. 11 la décrit comme ayant une large bon- DES INFUSOTRES. 419 rhe arrondie et contenant de nombreuses vésicules stomacales et des Navicules avalées. Ce même auteur y rapporte comme synonyme la Trichoda gibba de Millier (Müll. , Inf. PI. XXV, fig. iG-20), mais ce rapprochement me paraît fort douteux, car Millier ne parle point de la double rangée de cils qui certaine- ment ne lui eût pas échappé , et d’ailleurs il lui donne pour ca- ractère d’avoir le dos convexe ou bossu , et le ventre concave ou excavé , et lui attribue des stries longitudinales. 5. OxvTRiQtJE AMBIGUË. — Ojcj'tricha ambigua. — PI. XI, fig. i5. Corps incolore , ovale , oblong , déprimé au centre , et concave d’un côté avec les bords arrondis, renïlés , pourvu de cils locomo- teurs très- forts, épars sur la face concave et de soies roides en arrière. Sans bouche. — Longueur, 0,08. — Marin. J’observais ce singulier Infusoire le 3o mars 1840, dans de l’eau de mer puisée dans l’étang de Thau dix huit jours auparavant. Malgré tous mes efforts je n’ai pu y reconnaître aucun indice de bouche ; aussi dois-je penser qu’il pourrait être le type d’un nou- veau genre à établir. Beaucoup de vacuoles existant à l’intérieur présentaient au centre un globule huileux réfractant beaucoup la lumière et qui paraissait avoir été la cause de leur formation. Oxytrique rouge. — Oxy tricha rubra. — PI. XI, fig. i3. Corps allongé, linéaire, rouge, aminci et pourvu de soies en ar- rière.— Longueur de 0,18 à 0,22. — Marin. J’ai trouvé abondamment cette espèce dans l’eau du canal des Étangs, à Cette, avec plusieurs autres Infusoires également colo- rés en rouge ; les soies de la rangée antérieure étaient surtout bien prononcées, mais je n’ai pas vu 'aussi distinctement les deux rangées ventrales de soies que M. Ehrenberg attribue à l’Infusoire marin qu’il nomme ainsi (Ehr., Infus. PI. XL, fig. 9). Cet auteur l’a observé en décembre et janvier dans l’eau de la mer Baltique, conservée depuis le mois d’août. Il y était , dit-il , tellement abondant, que l’eau en était colorée eu rouge. M. Ehrenberg rapporte comme synonyme la Trichoda patens de Millier (Infus, PI. XXVI, fig. 1-2 ). 27. 420 HISTOIRE NATURELLE 7. OxYTRiQUE A QUEUE. — Oxj'tricha caudula. — PI. Xlll, fig. G. Corps incolore , allongé, linéaire, lancéolé , arrondi en avant, prolongé postérieurement en manière de queue. — Longueur, 0,20. M. Ehrenberg (InfUs. î838, p. 365} nomme ainsi un Infusoire qu’il a observé dans l’eau douce à Berlin , et il en rapproche un autre Infusoire de même forme , mais quatre fois plus petit, qu’il a vu dans l’eau de la mer Baltique. 11 l’avait d’abord (en i833) décrit sous le nom d’ Urolepius païens. J’ai observé de mon côté une forme analogue dans les eaux stagnantes des environs de Pax'is, et je l’ai repi’ésentée dans la planche i3®, fig. 6 (i). OxYTRiQUE RAYONNANTE. — Oxjrtrichn radians. — PI. XI, fig. iG. Corps discoïde , rouge , entouré de longues soies rayonnantes , obliques. — Longueur, 0,05. K Au nombre des Infusoires rouges que j’observai en grand nom- bre dans l’eau du canal des Etangs, à Cette, se trouvait cette forme, que je ne rapporte ici qu’avec doute, parce quelle pourrait n’être que le jeune âge de quelque autre espèce. ^i) Le genre Uroleptus de M. Ehrenberg, à en juger d’après les figures de la plupart des espèces, doit être en partie réuni aux Oxy- triques, quoique cet auteur l’ait rangé parmi ses Colpodées en le ca- ractérisant seulement par l'absence d’un oeil, d’une langue et d’une trompe, et par la présence d’une queue. Des cinq espèces qu’il y rap- porte aujourd’hui, la première, Uroleptus piscis (Infus. i838, PI. XL, fig. I), donnée comme synonyme du Trichoda piscis de Müller (Müll. Inf. Pl. XX.KI, fig. 4, 1-4) 1 avait été en i83o nommée par le même auteur Oxy tricha piscis ; elle a le corps cylindrique, presque turbiné , aminci postérieurement en forme de queue épaisse. Sa longueur est de 0,18; ce pourrait bien être la même que nous nommons Oxylricha caudnta. La deuxième, Uroleptus musculus (1. C. fig. 2), donnée pour synonyme du Trichoda musculus (Müll. Inf. Pl. XXX, fig. 5-7), avait été placée par M. Bory dans le genre Ilalule ; elle a le corps blanc, pyriforme, renflé en arrière, puis aminci tout à coup en forme de * queue, long de 0,12. La figure donnée par Müller n’est assurémentpas celle d’une Oxytrique , et U phrase caractéristique de cet auteur iudi- à DES INFUSOIRES. 421 ■** Oxj-tricha lepiis. Ehr. Inf. PL XLl , fig. 5, el Oxj-tricha pullaslcv. Ehr. 1. c. f. 3. Les deux espèces que M. Ehrenberg veut nommer ainsi nous paraissent fort douteuses. En effet , il dit lui-même ne les avoir pas revues depuis i83o; il décrit la première comme ayant le « corps blanchâtre, elliptique, glabre, plat, cilié en avant, muni de soies en arrière. » La seconde a le « corps blanchâtre, lancéolé , obtus aux deux extrémités, et ventru au milieu, avec une tête un peu distincte , une queue hérissée , et la bouche fort étroite. *> Le Trichoda nasamonum du même auteur, nommé d’abord par lui et par M. Hempricht Condj-losloma paraît bien être , comme il le pense aussi , une Oxytrique imparfaitement observée en Afrique ; elle est longue de 0,09 , et la figure n’est grossie que cent fois. Ce dont M. Ehrenberg a voulu faire le genre Ceratidium, caractérisé par une profonde échancrure eif avant, n’est sans doute aussi qu’une Oxytrique mutilée ; il ne l’a pas revue depuis 1820 , et, à cette époque , il la trouva parmi des conferves, et ne put l’observer qu’au grossissement de 100 diamètres. Il la décrit comme ayant le corps cunéiforme, le front bicorne avec les cornes tronquées. ' quant une forme aplatie et une queue implantée en dessous et quelques cils rares et très-courts en avant , se rapporterait plutôt à un Systolide ou à une Ervilie. Dans l’ouvrage de M. Ehrenberg , la figure représente bien un Infusoire muni partout de cils en séries régulières, comme les Paraméciens; mais les cils plus longs de la bouche , et la forme générale se rapportent au contraire à une Oxytrique. La troisième espèce , TJro- leplus hospes (Inf. Pl. XL, fig. 3) a été vue par M. Ehrenberg en avril et en août i83i , dans les enveloppes muqueuses vides du frai de Gre- nouille. Dans chaque cellule il n’y avait qu’un seul animal long de 0,11, verdâtre, ovale-oblong , turbiné, obliquement tronqué et ex- cavé en avant, et effilé en manière de queue en arrière. La quatrième espèce, nommée avec doute üroleptus? lamella est probablement un Trachelius; quant à la cinquième enfin, Üroleptus Jilum (Inf. Pl. XL, fig- 5) , il est vraisembhable qu elle a plus de rapports avec le Spi- rostomum ambiguum, qu’avec les autres Üroleptus ou les Oxytriques , ou avec l'Enchelys caudata de Muller (Inf. Pl. IV , fig. a5 , 26) , citée mal à propos comme synonyme. 422 HISTOIRE NATURELLE XJroslyla. Le genre Urosifla de M. Ehrenberg contient une seule espèce , Urosijrla grandis (Ehr. Infus. PI. XLI , fig. 8) , qui par sa forme se rapproche bien des Oxytriques, mais qui, suivant la descrip- tion de l’auteur, en différerait par des rangées de cils nom- breuses et régulières , comme chez les Paraméciens et les Bur- sariens. Sa longueur est de o,i8 à 0,28. Son corps est blanc, deiïii* cylindrique, presque en massue, arrondi aux deux ex- trémités, mais un peu plus épais en avant; il est muni de styles courts. La bouche est une très-graude fente située en avant, bordée de longs cils, et égalant le tiers ou le quart de la lon- gueur totale En arrière , dit M. Ehrenberg , on distingue une fente plus petite, qui est évidemment l’anus et qui est seulement bordée de cinq à huit petits stylets d’un côté. L’Urostyle avale facilement fiadigo; elle contient souvent à l’intérieur des Ba- cillaires et de petits Infusoires quelle a dévorés et qui la font paraître bigarrée. 3® Genre. KÉRONE. — Kerona. An. à corps mou, flexible, ovale, déprimé avec des cirrhes ou cils épais , non vibratiles , en forme de soies ou de stylets, et avec d’autres cirrhes plus courts et plus épais , recourbés en forme de crochets ou de cornicules , et servant souvent de pieds. 'Les Kérones de Millier, bien caractérisées par ce que cet auteur nomme des cornicules , appartiennent presque toutes à notre genre Kérone. M. Ehrenberg, au contraire, a sé- paré des Kérones , pour en former son genre Stylonychia , toutes les espèces qui , avec les cornicules , ont aussi des stylets, de sorte qu’il ne conserve le nom de Kérone, qu’à une seule espèce, vivant parasite sur les Polypes d’eau douce. Les Kérones ne diffèrent des Oxytriques que par la forme de leurs cirrhes ou appendices, dont la base est ordinaire- 1)£S INFUSOIRES. 423 ment renflée en un globule transparent qui se meut en même temps. Elles sont également voraces, et se montrent de même abondamment dans les eaux stagnantes et dans les infusions. Elles éprouvent facilement des déformations très- variées, qui ont donné lieu à l’établissement de beaucoup d’espèces par Millier. I. KÉROne postulée. Kerona puslulala (i). — l’I. VJ , Jig. lo, 1 1 , i4 et i8 , et Id. XllI, fig. 7. Corps incolore , ovale , oblong , déprimé , contenant fréqucm ment des corps étrangers. — Long. 0,18. •Jet Infusoire , l’un des plus communs et des plus faciles à reconnaître, se montre dans les infusions et surtout dans l’eau des marais conservée avec quelques herbes , et déjà altérée par la putréfaction; j’ai représenté (PI. VI , fig. ii, 14, 18) quel- ques-unes des déformations singulières qu’il présente par suite d’une mutilation ou d’une décomposition partielle ; on reconnaît aisément dans ces altérations l’absence d’un tégument chez les Kérones, et la possibilité qu’a un lambeau ou un lobe isolé de continuer à vivre. La figure 18 de la planche VI montre com- ment des corps étrangers (c) avalés par l’animal peuvent être excrétés ou expulsés au dehors ; on y voit aussi une partie ova- laire (a) en apparence moins molle et moins transpai'ente que le (l) Grosse araignée aquatique, goulue. Joblot, Microsc. PI. l, fig. 3-5 , PI. 8 , fig. 9 , PI. 10 . fig. 19. Volvox oniscus , Ellis, Phil. trans. t. 5p. Trichoda silurus , — cyclidium , — pulex , — caLvitium , — cursor, — atigur , Millier. Kerona pustulata , — Muller , Pl. XXXIV , f. izj. Himantopus larva , volutator, Fabr. Ap. Müller. Oxytricha pulex, — volutator, — pullnster , Bory , Encycl. Kerona pustulata , nugur, — forcata , — silurus , — larpoïde , Bory. Mystacodela cyclidium , Bory, Encycl. Kerona pustulata , Ehr. Mém. Berlin, i83o-l83l. Stylonychia pustulata , Ehr. Inf. i838, Pl. XLll , lig. 1 424 UlSTOinE NATURELLE reste ; c’est ce que M. Ehrenberg a voulu nommer le testicule. J’ai vu par l’addition d’une seule gouttelette d’alcool ces Kérones se de'composerà vue en commençant par une extrémité et laisser flotter dans le liquide des globules sarcodiques et des lobules encore retenus par cette même substance étirée , tandis que le reste du corps continue à se mouvoir. ' Kerona calvitium (Müll. Inf. PI. XXXI V), fîg. ii-i3; etTrichoda foveaia (Müll. Inf. PI. XXXVI, fig. 6-8). On peut je crois rapporter à l’espèce précédente, comme sim- ples variétés, les deux Infusoires décrits sous ce nom par Müller ; car les appendices qui caractérisent Cette espèce sont très-varia- bles quant à leur nombre et quant à leurs dimensions ; quelque- fois même on n’aperçoit que par instants et dans certaines posi- tions les cornicules caractéristiques. Le premier de ces Infusoires est signalé parles seuls mots latiuscula ^ ohlonga , anticè corni- culis micanühus. » Et à cette phrase linnéenne indiquant qu’il est oblong , un peu large, muni en avant de cornicules agitées, l’au- teur, dans la notice suivante, ajoute que le corps est égal presque plan , obtus aux deux extrémités , rempli de molécules noirâtres, qu’il a en avant deux ou trois cornicules et qu’il est muni de soies en arrière. 11 a été trouvé dans les infusions végétales, et Müller dit avoir rencontré un animal très-semblable dans l’eau de mer. L’autre (Tr. foveaia) a pour phrase caractéristique ces seuls mots « oblong un peu large , avec des cornicules agitées en avant, mais sans soies en arrière. » C’est dans les remarques suivantes que Müller dit qu’il est excavé d’un côté et renflé en bosse du côté opposé. 11 a été trouvé dans l’eau de mer fétide. ** Kerona histrio (Müll., Pl.XXXllI, fig. 3-4) Sijrlonichia Hs- trio (Ehr. , Infus. Pl. XLII , fig. 4). C’est probablement aussi une variété ou une modification de la Kerona pustulaia qui a reçu ces noms de Müller et de M. Ehren- berg. Le premier de ces naturalistes l’a observée dans les eaux douces, parmi les confcrves ; il la caractérise par cette phrase «(K. ovale oLiongue , pourvue en avant de points noirs mucro- nés {punciis mucronatis nigris) et en arrière de pinnules longi- udinales » -, et il ajoute dans ses remarques que les quatre ou DES INFUSOIRES. 425 cinq points noirs mobiles de la partie antérieure sont des' pointes mobiles sur un nodule, ou plus exactement sont des globules pourvus d’une cornicule flexible et paraissant changer de place par suite de leur agitation continuelle. Le corps membraneux, diaphane, est rempli de très-petits points moléculaires entre les- quels sont des globules plus grands, isolés, très- transparents, au nombre de quatre ou davantage, et qu’il suppose être des ovules , en observant qu’on ne les voit pas dans tous les individus. Les pin- nules postérieures ressemblent à des soies, elles ne dépassent pas le corps et sont rarement écartées. M. Ehrenberg, en la regar- dant comme synonyme de l’espèce deMüller, décrit sSiSiflonichiu histrio comme ayant le «corps blanc, elliptique, un peu renflé au milieu avec des crochets rassemblés en un groupe antérieur, et pourvu de stylets, mais sans soies.» «Elle est dit-il, très -analogue à la St. pustulata et me paraît en différer seulement parce que ses crochets sont groupés près du front au lieu d’être disséminés sur toute la face ventrale , par l’absence des trois soies terminales et par la position plus reculée de la bouche. » ( Ehr, 1. c. Syï.) "* Kirone poulette.— Kerona pullaster. — (Müll. Inf. PI. XXXllI , fig. 21-23 ). Sous ce nom , Müller a décrit une espèce dont il donne trois Agîmes totalement dissemblables et qui nous paraissent encore des Kérones postulées , mal observées ou déformées par une cause quelconque. Cet auteur la décrit comme ayant le corps presque ovale, sinueux en avant, le front corniculé, et l’extrémité posté- rieure garnie de soies. M. Ehrenberg l’indique comme synonyme de son Oxj-tricha pullaster {ln(. i838. PI. XLI, fig. 9 ). 2. Kérone hovl^. — Kerona mj'tilus. — V\. XllI, fig. 2-3 (i). Corps très-déprimé , ovale oblong , élargi et arrondi aux deux extrémités , pourvu d’appendices très-longs , formant une rangée (l) Le pirouetteur, Joblot, Micr. PL II , fig. 2. — Paramecium, Bill. ^ Kerona mylilus , Müller , Inf. PI. XXXIV, fig. 1-4. Stylonychia mylilus , Ehr. 3« mém. i833, PL VI. _ Infus. i838, PI XLI , fig. IX. HISTOIRE naturelle 42G de cils tfcs-forts en avant; une seconde rangée de cirrlies recourbés en crochet, et des stylets nombreux en arrière. La rangée de cils qui conduit à la bouche n’atteint pas le milieu du corps. — Longueur de 0,14 à 0,28. Cet Infusoire, l’un des plus grands, vit dans l'eau de marais conservée depuis longtemps , et surtout dans l’eau qui baigne des Oscillai res ou desConferves ; il ne diffère encoreguère delaKérone puslulée que par ses dimensions et par la force de ses appendices; il faut cependant noter aussi que les bords antérieur et postérieur sont plus minces, plus flexibles et susceptibles de se relever contre les obstacles , de la même manière que chez certains Pœlsconiens, notamment chez la Plœsconie patelle, avec laquelle il a quelques rapports, et chez les Loxodes. Il avale un grand nombre de corps étrangers, et j’ai vu même un individu contenant une bulle d’air que sans doute il avait avalée à la surface des conferves entre lesquelles il vit. 11 se décompose en difïluant avec une extrême facilité. Pour peu que le liquide soit modifié par l’évaporation ou autrement , et si la décomposition n’est pas complète , le reste continue à vivre sous une forme tout à fait différente. Ainsi , comme le pense avec raison M. Ehrenberg , les Kerona cjrpris , K, kauslrum K. haustellum et Trichoda Jimbriaia de Millier, sont établies sur des restes de la partie antérieure de notre Kérone moule ; les Trichoda erosa et T. rostrata sont des restes de la partie postérieure, et les Himantopus acarus , H. ludio H, sannio elS. co - rona ont été institués par Fabricius , d’après les dessins de Millier, représentant divers débris du même Infusoire, Millier décrit la Kérone moule connue étant presque claviforme avec les deux extrémités plus larges, diaphanes, ciliées, et comme pourvue de cornicules en avant et de soies en arrière; puis il ajoute que la forme de cet Infusoire, qui est l’un des plus grands, est difficilement déterminée; il signale la présence d’une rangée de globules diaphanes le long d’un des bords et décrit exactement le mode de décomposition par diffluence. 11 l’a trouvée commu- nément dans l’eau de marais conservée longtemps dans des vases. M. Ehrenberg, qui prend cette espèce pour type de son genre Slj'lonjrchia, lui attribue un large intestin d’où partent de nom- breux estomacs en massue , un ovaire granuleux, deux testicules ovales et une vésicule séminale contractile. Il lui assigne la forme d’une moule et la représente entourée d’une ï'angée de cils inflé- chie d’uii coté , que je n'ai pu voir comme lui. DES INFUSOIRES. 427 3. Kérone silure. — silurus. — PI. XIII, fig. 4 (i). Corps ovale oblong , plus large et arrondi en avant, garni de cirrhes corniculés sur toute la face ventrale , et de stylets en ar- rière ; la rangée de cils qui conduit à la bouche occupe la moitié du corps. — Longueur, 0,12. Quoique très-voisine de la précédente , cette espèce paraît s’en distinguer suffisamment par sa taille et par ses appendices. Elle se trouve de même dans l’eau de marais conservée longtemps. Millier l’a fort mal figurée en la parsemant de crochets trop pro- noncés, tandis que dans sa notice descriptive il dit que les crochets ou corniculés ne s’aperçoivent pas facilement et que souvent ils ne paraissent que comme de simples points mobiles. M. Ehren- berg nomme Stj’lonj-chia silurus un Infusoire qu’il ne rapporte qu’avec doute à l’espèce de Millier ; il le décrit comme de même forme que la précédente espèce, mais plus petit et pourvu de vingt cils frontaux, de huit crochets, de cinq stylets et de trois soies , tous ces appendices étant très-longs. ' Slj^lonjrchia appendicuîaia (Ehr. , Infus. PI. XLII, fig. 3). Sous ce nom M. Ehrenberg décrit un Infusoire qu’il a trouvé dans l’eau de la mer Baltique , et qui me paraît bien voisin du précédent; l’auteur lui attribue également de longs appendices, mais il le distingue par sa forme elliptique plus arrondie, et le mode d’insertion oblique des soies. 4. ? Kerona lanceolaia. {Sljrlonjrch.ia lanceolala, Ehr. Inf. PI. XLII, fig. 5.) Cette espèce, que je n’ai point vue, paraît d’après la description de M. Ehrenberg devoir être bien distincte de toutes les autres; elle a le corps long de 0,20 à 0,22 d’une couleur verdâtre pâle, lancéolé, également obtus aux deux extrémités; son ventre est (1) Kerona silurus 1 Midi. Inf. Pl. XXXIV, fig. p. Slylonychin silurus , Ehr. Inf. i838, Pl. XLII, lig. -3. HISTOIRE NATURELLE 428 plat, ses crochets sont groupés près de la bouche, elle manque de stylets. Elle vit parmi les Conferves. L’auteur lui attribue seize à dix-huit x’angées dorsales régulières de cils, ce qui tendrait à la faire prendre pour un Bursarien. 11 a compté en avant cinq cro- chets et en arrièrq quatre stylets; il dit aussi avoir vu une vési- * cule séminale simple et un grand testicule ovale. Enfin il décrit et représente la décomposition par diffluence comme le phéno- mène de la ponte. On ne peut d’ailleurs, d’après sa description, s’empêcher de supposer une grande analogie entre cette espèce et VUroslj'la grandis du même auteiu-. 5. Kerona pol^porum (Ehr., Inf. Pl. XLl, fig. 7). Sous ce nom M. Ehrenberg décrit un Infusoire qui aurait déjà été vu par Leeuvenhoek , Trembley et Rœsel, vivant parasite sur l’Hydre ou polype d’eau douce, et qui aurait été nommé Cjrclidium pediculus par Schrank et par Olfers." Cet animal, long de 0,18, ^ blanchâtre, déprimé, à contour presque réniforme, est pourvu de cils et de crochets à la face inférieure , et présente en avant une rangée de cils plus saillants. M. Ehrenberg ne conserve que cette seule espèce dans son genre Kérone qu’il caractérise alors par l’absence des stylets. XrV' FAMILLE. PLOESCONIENS. Animaux à corps ovale ou réniforme, déprimé, non contractile et très-peu flexible , mais soutenu par une cuirasse qui n’est qu’apparente , et se décompose par diffluence en même temps que tout le reste; avec des cils vibratiles autour de la bouche , formant souvent une rangée régulière, et souvent aussi avec des cirrhes en formes de stylets ou de crochets mobiles ; — nageant au moyen de cils vibratiles ou marchant au moyeu des autres appendices. La famille des Plœsconiens comprend des types DES INFUSOIRES. bien diiïérents , qui n’ont de commun qu’une appa- rence de cuirasse résultant d’une consolidation tem- poraire de la surface du corps , qui n’est que peu ou I point flexible , et cjui ne montre une sorte de contrac- tilité que quand l’animal commence à se décomposer. On voit bien alors que ces Infusoires , comme tous les précédents, ne sont encore formés que d’une sub- stance molle , gliitineuse , sans traces de fibres ou de membranes. De ces Infusoires , les uns ont des cirrhes plus forts en forme de crochets ou de stylets comme les Kéroniens, et pourraient véritablement constituer une famille à part : ce sont ceux dont M. Ehrenberg forme sa famille des Euplota , les autres n’ont que des cds minces , vibratiles , souvent à peine visibles ; cesont les Loxodes , genre établi par M. Ehrenberg, mais reporté par lui avec ses Trachelina^ Les Plœsconiens, pourvus de cirrhes ou d’appen- dices en forme de stylets, de crochets, etc. , se divi- sent en quatre genres , dont les deux premiers , Plœs~ conia et Chlamidodon , distingués par la présence d’une bouche bien visible , dillèrent l’un de l’autre par l’armure dentaire qu’on observe chez le second seulement. Les deux autres genres n’ont pas de bouche visible; ils sont caractérisés par la position des cirrhes ou appendices qui, chez les Diophrys, sont groupés aux deux extrémités, tandis que, chez les Coccudina, ils occupent toute la face inférieure. Müller laissa tous ces Infusoires confondus parmi ses Trichodes , ses Kérones et ses Kolpodes ; M. Bory a séparé les Plœsconia , mais il les a malheureuse- ment associés avec des Systôlides dans sa familles des Citharoïdes. Les Plœsconiens , comme les divers types des fa- FIISTOIRE NATURELLE /i30 milles précédentes, ont pour organes locomoteurs des cils ou cirrhes plus ou moins épais, plus ou moins mobiles; chez plusieurs, la bouche est très-visible, ainsi que la rangée de cils destinée ,par son agitation, à y conduire les aliments. Quelques-uns ont la bouche entourée d’un faisceau desoies fortes. A l’intérieur on voit aussi , comme dans les précédents , des vacuoles , les unes contenant les aliments, les autres ne contenant que de l’eau et se contractant plus rapidement ou dis- paraissant tout à fait , mais rien n’y ressemble à un intestin. Souvent des corps étrangers , avalés par l’animal , se voient à l’intérieur, ainsi qu» des corps ovalaires demi -transparents , que M. Ehrenberg, comme dans les autres types, veut nommer des testicules. Leur multiplication a lieu par division spontanée , transverse ; mais on voit dans des infusions des indi- vidus beaucoup plus petits, qui s’accroissent peu à ' peu, et qui ont dû provenir d’un autre mode de pro- pagation ; cependant je ne crois pas qu’on soit suffi- samment fondé à nommer œufs les granules qu’on aperçoit dans l’intérieur du corps de divers Plœsco- niens , ni ceux qui restent après la décomposition de ces animaux par diffluence. Plusieurs se produisent abondamment dans les in- fusions végétales non putrides, et dans les eaux de 41 mai'ais conservées avec des débris végétaux ; d’autres habitent enfouie dans les eaux stagnantes, soit douces, soit marines , parmi les herbes aquatiques. DKS INFUSOIRES. 481 Genre. PLŒSCONIE. — Plcesconia. « An. à contour ovale, plus ou moins déprimés, soutenus par une apparence de cuirasse marquée de côtes longitu- dinales, munis, sur une des faces ordinairement plane, de cils épars, charnus, épais, eu forme de soies roides ou de crochets non vihratiles , mais mobiles et servant , comme autant de pieds pour la progression sur les corps solides ; portant sur l’autre face une rangée semi-circulaire et en baudrier ou en écharpe , de cils vihratiles régulièrement espacés , dépassant le bord , et devenant plus minces à par- tir de la partie antérieure jusqu’à la partie postérieure où se trouve la bouche, 11 n’y a pas d’infusoires plus faciles à reconnaître d’une manière générale que les Plœsconiens, dont la forme et le mode de natation sont assez bien indiqués par le mot grec navire, et qui ont en outre l’habitude de se servir des cils de leur face ventrale comme de pieds pour marcher lentement sur différents corps solides à la manière des In- sectes , ce qui leur a fait donner le nom de petites araignées aquatiques, par d’anciens micrographes j mais en même temps, 41 n’en est pas de plus difficiles à étudier dans les détails de leur forme et de leur organisation. Leur transpa- rence est si grande, et leur cuirasse apparente comme leurs cils, ont si peu de consistance, que pour se faire une idée de leur structure , on n’a pas d’autre moyen que de dessiner un grand nombre de fois et de comparer les apparences qu’ils présentent sous différentes incidences de lumière ou quand on l’ait varier légèrement la distance du porte-objet aux len- tilles du microscope : et encore, malgré toutes ces précau- tions, est-on fort embarrassé pour décider ce qui est le dessus ou le dessous de l’animal , et si tels cils , tels appendices en particulier, telles côtes saillantes appartiennent à la face supérieure ou à la face inférieure. On ne sera donc pas sur- pris dç voir qu’il est absolument impossible de rapporter 432 HISTOIRE NATURELLE avec certitude les espèces figurées par Muller, et notamment son Trichoda Charon à aucune des espèces qu’on voudra étudier avec soin aujourd’hui. Bien plus, je dois dire qu’il m’a été impossible de reconnaître une quelconque des es- pèces que j’ai étudiées , dans aucune des figures données à trois différentes époques (1830-1833-1838) , comme de plus en plus exactes, par M. Ehrenberg pour son Euplota ou Eu.- plotes Charon, qu’il dit être le même que le Trichoda Cha- ron de Muller. Tout dans la forme des Plœsconia manque de symétrie , je dirais même de régularité, si l’on ne trouvait , cette dernière condition dans la disposition des cils formant la bande semi-circulaire, et jusqu’à un certain point dans •les côtes de la cuirasse apparente ; mais ni lescirrhes qui servent de pieds , ni le contour du corps, ni les diverses sail- lies , ne montrent la moindre l’égularité. On ne peut même plus apercevoir aucune trace de régularité dans le reste, quand par suite de l’altération du liquide ou par l’effet d’une circonstance quelconque, l’animal n’est plus dans des condi- tions convenables ; car alors cette apparence de cuirasse ve- i nant à s’effacer peu à peu, il s’arrondit en un disque creusé de vacuoles de plus en plus nombreuses, et ses cils ou cirrhes, après s’être agités encore pendant quelque temps , se crispent ou se flétrissent et finissent par disparaître (pl. X fîg. 12) -, ; tel est l’effet produit par l’approche d’une barbe de plume j trempée dans l’ammoniaque ; ou bien si l’animal a été blessé ^ ou déchiré par quelque frottement ou par la compression entre les débris sur lesquels il se trouve, on le voit déformé et contourné de la manière la plus bizarre (pl. X , fig. 7 et fig. 13) ; sa cuirasse a disparu, et c’est à peine si l’on recon- ^ naît un indice de régularité dans les cils de l’écharpe. Je n’oserais assurer que dans tous les cas j’aie pu me ( i faire une idée bien précise de la structure des Plœsconies; cependant voilà ce que j’ai cru voir à plusieurs reprises et ' après de nombreuses observations : une Plœsconie a la forme d’un disque oblong, un peu plus épais au centre. La face supérieure, lisse ou marquée de côtes suivant les espèces , DES INFUSOIRES. 433 présente une rangée de cils presque semi-circulaire, ou mieux en écharpe ou en baudrier, qui, étendue d’abord près du bord antérieur, descend à gauche jusqu’au delà du milieu , en rentrant peu à peu vei’s le centre. Ces cils plus épais à la base, inlléchis diversement dans le reste de leur longueur, ont une direction oblique vers la gauche: ils éprouvent tous successivement un mouvement de vibration rapide, qui se propage depuis le bord antérieur jusqu’à l’extrémité postérieure où se trouve la bouche, et où ce mouvement conduit les particules nutritives qui sont ava- lées par l’animal, ou du moins logées dans les vacuoles qui se forment successivement au fond de la bouche. C’est aussi au moyen du mouvement vibratile des mêmes cils , que l’ani- mal peut nager. La face inférieure, celle qui est toujours tournée vers les surfaces sur lesquelles marche la Plœsconie, est pourvue de gros cirrhes épais à leur base, amincis au som- met , souvent l’oides ou courbés en crochet; mais toujours très-flexibles et susceptibles de se mouvoir dans toute leur longueur au gré de l’animal qui s’en sert absolument comme de pieds, tandis qu’il nage à l’aide des cils^e la rangée en écharpe. Les cirrhes de la face inférieure ou ventrale sont disposés très - ii’régulièrement ; on remarque néanmoins qu’ils sont plus abondants aux deux extrémités, et quel- quefois , ils forment comme une rangée vers le côté droit. Ils peuvent être tous semblables , ^ais ordinairement , ceux de l’extrémité antérieure sont plus courts et ont la forme de crochets {uncini de Müller); et ceux de l’extrémité postérieure sont plus longs, plus roides et ont été dé- signés par le nom de stylets [styli, Ehr.); leur base paraît supportée par un renflement globuleux, ce qui a fait croire qu’ils sont sécrétés par un bulbe comme les poils des ani- maux supérieurs, mais c’est une erreur; bien loin d’être des poils véritables , ce sont des prolongements de la substance charnue de l’Infusoire , participant à la vitalité de tout le reste. Ce qui le prouve , c’est la manière dont ils se dé- forment et se contractent quand l’animal meurt. INFUSOIRES. 28 HISTOIKE naturelle 4 34 Ainsi, dans mon opinion, une Plœsconia, malgré la complexité apparente de sou organisation , est encore un animal aussi simplement organisé que ceux que nous avons étudiés précédemment : une simple substance charnue ho- mogène, prenant pendant la vie une forme assez complexe, qu’elle perd à l’instant où l’animal va cesser de vivre, parce que rien de membraneux et de fibreux ne la soutient ; des cils ou des cirrhes de diverses formes , mais encore de même nature, et je dirais presque de même consistance; une bouche, mais point d’anus; des vacuoles creusées soit au fond de la bouche par l’effet de l’impulsion communiquée parles cils vibratiles au liquide environnant, soit creusées spontanément dans un endroit quelconque près de la sur- face, quand l’animal comprimé ou n’étant plus dans les conditions normales, va cesser de vivre (PI. VI, fig. 7. — PI. YllI , fig. 4. — PI. X, fig. 12) ; enfin des granules de di- verse nature, disséminés dans la masse, et que je ne puis prendre pour des organes déterminés ou pour des œufs. 11 y a bien loin de cette manière de voir à celle de M. Eh- renberg; en effet, pour cet auteur, les Plœsconia dont il a changé le nom A'ahovdeïiJEuplœa (eu bon, ttXoiov navire), puis en Æuplotes (eu bon, 7r).0Tvî; navigateur), sont des« Polygastri- ques cuirassés, à tube intestinal distinct, ayant deux orifices séparés et dont aucun n’est terminal.» 11 a constaté, dit-il , la structure polygastrique de l’appareil digestif dans quatre espèces, en leur faisant avaler des substances colorées, mais il ne montre dans ses figures que des globules de couleur et non l’intestin. Dans une seule espèce, il a i-econnu directe- ment la position de l’anus par la sortie des excréments ; dans les autres , il l’a déduite de la saillie de la cuirasse en arrière. Les appareils génitaux qu’il dit avoir vus dans leur dualisme chez sept espèces, mais complètement dans une seule, sont à la fois chez quatre de ces espèces des granules incolores, ronds ou ovoïdes, qu’il appelle des œufs ; puis chez trois espèces, un corps rond qu’il nomme testicule ; enfin , chez cinq espèces , une vacuole ; et chez une autre, deux vacuoles qu’il nomme DES INFUSOIRES. /1.35 des vésicules séminales. Il dit que la division spontanée a été observée chez une seule espece dans le sens longitudinal et dans le sens transversal, et que chez les autres, ce dernier mode seul a été observé. Nous croyons qu’en elFet la division spontanée ne se fait chez ces Infusoires que transversalement, et le fait de deux individus collés parallèlement, quoique vu par Millier une seule fois et par M. Ehrenberg, est accidentel et sans rap- port avec la propagation de ces êtres. Les Plœsconies se trouvent très-abondamment dans l’eau de mer stagnante et dans celle qui est conservée avec quel- ques plantes marines ; elles se trouvent aussi dans les eaux douces conservées de la même manière; enfin, certaines es- pèces se produisent en quantité considérable dans les Infu- sions. I . Plœscokie patelle. — Plcesconiapalella(i). — Pl. Vlll, fig. 1-4. Corps déprime, en ovale presque régulier (d'un quart plus long (pie large), aminci et transparent sur les bords ; rangées de cils vibratiles formant un arc de cercle assez éloigné du bord qui est dilaté de ce côté , et ne dépassant pas le milieu de la longueur ; 20 à 23 cirriies presque semblables en dessous ; cinq côtes peu mar- quées à la cuirasse. — Long de 0,080 à 0,126. « J'ai trouvé abondamment cet Infusoire , le 23 janvier i836 , et du 1" au 6 mars i838 , dans un bocal où je conservais depuis six mois de l’eau de l’étang de Meudon avec des Lemna et des Con- ferves; j’ai vu des individus avec des cirrhes rameux, d’autres avec un prolongement irrégulier en manière de queue; beaucoup avec des vacuoles très-grandes. Quand l’eau dans laquelle na- geaient les Plœsconies entre des lames de verre , s’était à moitié , (i) Ti'ichoda palclltt , MTiller, Verm. p. ç)5. Kerona palella , Midi. ïiil'. Pl. XXXllI , ’f. l4-l8, p. a38. - CoccutUua Keroniita et C. clriusa , Bory , Eiicycl. i8'j4 > P- Ô4'J. Euplolcs palclla, Eln. i833. — lid'us. l838, Pl. XLIl , 1'. IX, p. 3-:8. 28. HISTOIKE NATOHELLE /^3G évaporée , si j’ajoutais tout à coup de l’eau fraîche , je voyais ces animalcules changer de forme en s’arrondissant (Fl. VIll , fig, 4), émettant sur leur contour un ou plusieurs lobes sarcodiques , dans lesquels se produisaient, comme dans le reste du corps, de nombreuses vacuoles qui en s’agrandissant finissaient par se fondre ensemble , et d’où résultaient des vacuoles plus grandes à contour lobé; en même temps, les cils se contractaient et finis- saient par disparaître. Müller doit avoir vu cette espèce, mais il la figure de la ma- nière la plus inexacte, sauf peut-être les figures 16 et 17. 11 la définit comme une«Kérone univalve, échancrée et corniculée en avant, pourvue en arrière de soies (cirrhes) flexibles, pendantes.» 11 signale les globules mobiles qui supportent les cirrhes dont l’a- nimal se sert alternativement comme de pieds ou de rames. Il l’observait pendant l’hiver de 1776 à 1777 dans de l’eau de ma- rais consei’vée avec des Lemna. M. Ehrenberg, qui observa ce même Infusoire au mois de janvier i83G, avec des Lemna re- cueillies sous la glace , en donne une figure (Inf, Pl. XLll, fig. i) qu’on ne peut s’empêcher de trouver fort inexacte. 11 lui attribue sept côtes fines sur la cuii’asse, dit que le gosier est en arrière du milieu , et que l’anus est derrière la base des styles; il a compté 3oào2 estomacs; il indique une grosse glande ovale (testicule) au milieu du corps , et une vésicule séminale contractile simple en arrière ; enfin, il compte 10 crochets, quatre styles, deux soies et vingt ou trente cils. 2. Plœsconie VAN. — Plœsconia vannus {i). — Pl. X, fig. 10. Corp.s déprimé , ovale-oblong (deux fois plus long que large), très-transparent, lisse, sans côtes ; la rangée de cils vibratiles eu écharpe s’approchant du hord , et atteignant presque le quart pos- térieur delà longueur; cirrhes de l’extrémité antérieure au nora- l)re de 5 à 8 en forme de crochets courts, quelques-uns près du hord droit ; 7 à 8 autres, droits, peu allongés en arrière. — Lon- gueur, 0,12. Observée, le 2 avril 1840, dans de l'eau de la Méditerranée con- (1) Kcrona t'annus , Müll. tuf. Tl. XXXIII, f. lJJ-30, p- 2.{o. Ploescçnia vannuf , Büiy, Encycl. 1824. DES INFUSOIRES. /|.37 servée depuis vingt jours. — Miillér l’avait observée dans l’eau de la hier Baltique. ? Plœsconie bouclier. — Plcesconia scutum. — PI. X , fig. 7. Dans la même eau de mer, où j’avais pre'ce'demment observé l’espèce précédente , j’ai vu , deux mois plus tard, une Plœsconie plus grande , ayant la bande de cils vibratiles moins prolongée en arrière, et les cirrhesde l’extrémité postérieure infléchis et si- nueux; d’ailleurs, les proportions étaient à peu près les mêmes; mais je n’ai vu que des individus plus ou moins altérés par le frottement ou la compression, pendant que j’étudiais d’autres ob- jets.; je donne donc ici les trois figures 7 a-h-c , plutôt pour montrer les modifications de forme dont ces animaux sont sus- ceptibles . que pour proposer l’établissement d’une nouvelle es- pèce. 3. Plœsconie a baudrier. — Plcesconia halteata, — PI. X, fig. 12, Corps ovale (une fois et demie aussi long que large), un peu plus étroit en avant, diaphane, avec cinq côtes grenues presque effacées ; la rangée de cils vibratiles s’approchant du bord gauche en avant, et se prolongeant en arrière au delà des cinq sixièmes de la longueur ; cirrhes faibles , peu nombreux. — Longueur , 0,086. Je l’ai observée, le 5 mars 1840, à Cette , dans de l’eau de mer déjà altérée et un peu fétide ; le prolongement extraordinaire de sa rangée de cils , qui dénote pour la bouche une position plus reculée que dans aucune autre espèce, la distingue suffisamment ; l’absence decirrhes en forme de crochet suffirait aussi pour empê- cher qu’on ne la regardât comme variété de la Plcesconia vannas. 4. Plœsconie luth. — Plcesconia cilhara. — Pl. X, fig. 6. Corps ovale (une fois et demie aussi long que large), avec dix côtes régulières, lisses , bien marquées ; la rangée de cils vibra- tiles en demi-cercle , prolongée jusqu’aux deux tiers de .«a lon- gueur ; cirrhes peu allongés, presque tous à l’extrémité postérieure. — Long de 0,090 à 0,093. Cette belle espèce était excessivement abondante, à la fin de HISTOIRE NATURELLE ^.38 février, dans quelques flaques d’eau de mer slagnanle, à côté du chemin de fer de Cette , avec des Cryplomonas dont elle se nour- rissait. Elle se distingue, au premier coup d’œil, par son contour presque régulier et par ses côtes longitudinales, plus nombreuses que dans aucune autre. J’aurais cru pouvoir affirmer qu’elle n’a pas de cirrhes en crocheta ou corniculésà la partie antérieure, si je n’en avais aperçu deux ou trois très-difficilement, une fois seu- lement. Il paraît toutefois que ces appendices manquent souvent. C’est une des espèces où j’ai cru voir la rangée de cils située à droite au lieu d’être à gauche, comme dans le plus grand nom- bre ; mais je n’ai pas une entière certitude à ce sujet. Les figures données par Müller , pour sa Trichoda charon , res- semblent plus à cette espèce, par le contour et par le peu de saillie des appendices, qu’à celle que nous nommons Plœsconie charon; d’après la description de cet auteur , il est probable qu’il a con- fondu plusieurs espèces sous la même dénomination. 5. Plcesconje Épaisse. — Plœsconia crassa. — Pl.X,fig. 5. Corps ovale, oblong (la largeur n’est que les 5/5 de la longueur), épais (de moitié de sa largeur), diaphane, avec quelques indices de côtes presque effacées ; la rangée de cils vibratiles peu courbée, assez éloignée du bord, dépassant la moitié de la longueur; cir- rhes groupés aux deux extrémités, les antérieurs, au nombre de 6 à 8, corniculés; les postérieurs, au nombre de Ci à f, presque droits. — Longueur de 0,{)7‘2 à 0,080. Cette espèce se trouvait abondamment avec la précédente dont elle se distingue par sa forme plus allongée , plus épaisse , par l’absence piesque totale des côtes, par la présence des appendices corniculés, et enfin par ses dimensions moindres. Elle est re- marquable aussi par l’écartement souvent considérable qu’on ob- serve entre la rangée de cils et le bord externe. Je l'ai revue dans l’eau du canal des Etangs apportée de Cette à Toulouse, depuis vingt jours. C. Plcesconie Caron. — Plœsconia Charon. — PI. X, fig. 8-i3. Corps irrégulièrement ovale (la largeur excède les 5/3 de la lon- gueur;, tronquéen avant, plus étroit en arrière, marqué de côtes ir- PES INFUSOTRES. 439 ivguliriTs tri's-prononcécs, fjiii l<* rondontonmmpplissônii prisma- tiqiip ot épais, on en coque de navire; la rangée de cils presqn'an bord , peu recourbée en dedans, et dépassant le milieu de la lon- guetir , des cirriies assez longs , droits en arrière , point de cirrhes corniculés en avant. — Long de 0,065 à 0,07. Cette espèce, extrêmement commune dans l’eau de mer conser- vée, est vraisemblablement celle queMüller a décrite sous le nom de Trichoda Charon , mais non celle qu'il a figurée ; il la dit (rés - abondante dans l’eau de mer déjà fétide; de mon côté, je l’ai observée sur les côtes de la Manche , en octobre i835, et dans l’eau de la Méditerranée que je conservais depuis vingt jours, le 3 avril 1840. Elle est bien reconnaissable à ses côtes très-prononcées, comme des plis allant aboutir en convergeant à l’extrémité postérieure qui est un peu rétrécie ; le bord saillant qui porte la rangée de cils présente à son point de départ, en avant et à droite (quand on le voit par-dessus) , une échancrure profonde qui, en raison de la forte réfringence de ce bord, fait paraître le corps tronqué en avant. Les cils vibraliles, très-longs et très-déliés , dépassent beaucoup le bord externe, dont leur in- sertion est d’ailleurs assez rapprochée; je n’ai pas vu de cirrhes cor-' niculésvers l’extrémité antérieure; mais seulement des cirrhes presque droits , longs , irrégulièrement distribués vers l’extrémité postérieure , et le long du bord droit. Cet Infusoire, blessé par une compression trop forte, a présenté la singulière déformation dont je donne la figure (PL X, fig. 1 3); il continuait à se mouvoir avec une extrême agilité , mais il ii’offrait plus aucune trace de sa cuirasse et de ses cirrhes postérieurs. Müller définit sa Trichoda Charon par ces paroles : « T. en forme de nacelle, sillonnée, chevelue en avant elen arrièi’C.» 11 la décrit ensuite comme ayant le corps ovale , creusé en dessus d’une fos- sette longitudinale qui contient les viscères , et replié sur les côtés, lesquels, vus à un fort grossissement, sont sillonnés ; puis il ajoute qu’en dessous ou à la face dorsale, il est convexe, sillonné , offrant une poupe arrondie , garnie d’une touffe de poils infléchis , pen- dants, et une proue plus étroite munie de quelques soies dressées. Cet auteur a vu , quand l’animal monraitpar suite de l’évaporation del’eau, les cils seuls disparaître, et les poils, ainsi que les sillons du corps, persister tandis que le corps même se dissout à peine ; mais cela lient , je pense , à ce que l’eau de mer en s’évaporant laisse HISTOIRE NATURELLE une soUilion saturee de sels déliquescents, bien propre à conser- ver intacts les Infusoires; car j’ai vu moi-même, dans cette cir- constance, toutes les Plœsconics marines, et d’autres espèces non contractiles , conserver assez bien leur forme : dans l’eau douce , il en est tout autrement. * Müller a pris pour un ovaire une expansion sarcodique {huila pellucida) d’une de ses Trichoda Charon-, et dans d’autres, il a vu une grande vacuole qu’il nomme aussi huila pellucida, vide et in- colore , occuper soit la poitrine, soit une partie du ventre; au bout de deux mois, il en vit un qui contenait une bulle opaque, jaunâtre ( huila farda et Jlavida'). Cet Infusoire , dit-il , se rompit instantanément, comme un pétard d’artifice, et le corps tout entier se décomposant en molécules, il ne resta que la bulle, à l’intérieur de laquelle on voyait un globule assez grand rempli de granules. Müller conséquemment veut y voir un ovaire que cet Infusoire por- tait sous sa poitrine, à la manière des Cloportes; mais il est bien plus probable qu’il n’y a eu dans tout cela qu’un phénomène de décomposition par diffluence, après lequel restait une masse de substances précédemment avalées par la Plœsconie. M. Ehrenberg a décrit et figuré de plusieurs manières un Eu- plœa ou Euplotes Charon vivant dans l’eau douce, et qu’il regarde comme identique avec la Trichoda Charon de Müller, mais que , dans aucun cas, je ne puis rapporter à aucune des espèces que j’ai vues. Il l’a décrit d’abord (i83o i'"’ mém. PI. VI, fig. 2. Erlaut. derKupf, p. 102), comme nageant sur ledos qui est revêtu d’un bouclier diaphane, muni en dessous d’une double rangée de cro- chets dont il se sert comme de pieds , portant en arrière environ cinq soies plus fortes et plus longues , et en avant , quelques autres soies plus fines ; ayant une bouche formée par une très-grande fente latérale ciliée, qui occupe toute la longueur du côté droit et offre au milievi un orifice particulier plus petit pour l’entrée de l’œsophage ; c’est à son extrémité postérieure , et un peu de côté, qne se trouvel’anus. En i833, il rectifie, d’après de meilleures ob- servations, dit-il, la première description, quant au nombre des divers appendices , et il ajoute ce qu’il nomme organe de féconda- tion; ses figures montrant déjà la rangée de cils un peu moins pro- longée. en arrière , et les crochets qui servent de pieds moins nom- breux et moins régulièrement placés. En i838, enfin, il le décrit comme ayant une cuirasse ovale, elliptique, un peu tronquée obli- (fuement en avant, et avec 6 à 7 stries dorsales granulées, 738 cro- DES infusoip.es. 4V1 chets servant de pieds (Krnnenfüssc) , 5 styles presque semblables, et 20 à 40 cils ; ajoutant qu’il n’a pas vu de soies (Borslen). Les nouvelles figures ( Jnfus. l’I. XLIl , fig. 10) ne montrent plus du tout la double rangée de cirrhes ou crochets servant de pieds, et indiquent les stries dorsales comme autant de rangées de perles, ce qui est totalement différent de ce que je puis voir ; quant à la langée de cils, quoique très-inexactement exprimée , elle n’est plus trop longue. 7. Plcesconie VOISINE. — Plœsconia ajfinis. — Pl. VI, fig. 7. Différant de la Pl. Caron, seulement par son habitation dans l’eau douce, et par sa forme plus étroite en avant , un peu plus ronde et moins plissée en arrière. Il m’a semblé aussi que le rebord saillant qui porte la rangée de cils n’est pas échancrée de même à l’origine. — Longueur, 0,068. Elle vivait en grand nombre, le 8 janvier i838, dans de l’eau recueillie quinze jours auparavant dans une ornière près de Pa- ris où vivaient d’abord des Hj-datina senta et des Euglènes qui la coloraient en vert. Les Hydalines avaient disparu, et les Eu- glènes étaient en petit nombre et contractées. Ces Plœsconies com- primées entre des lames de verre m’ont présenté les déforma- tions les plus curieuses (Pl. VI, fig. 7 A 7 c) ; elles s’arrondissaient peu à peu, en cessant de présenter aucun indice de la cuirasse et des cirrhes; mais les cils vibratiles repoussés au bord continuaient à s’agiter. En même temps, ces Infusoires se creusaient de vacuoles très -nombreuses, qui bientôt, en s’agrandissant, venaient à se toucher et à se confondre lentement comme des gouttelettes de graisse sur du bouillon qui se réfroidit. 8 ? Ploesconie arbondie, — Plœsconia suhroiunda. — Pl. XIII, fig. 5. Corps ovale (la largeur égale les 4/5 de la longueur d’abord ; plus tard elle en est les 3/4 seulement) , épais , trouble , granuleux , sans côtes distinctes ; tronqué et échancré en avant. La rangée de cils courte , éloignée du bord externe et ne dépassant pas le mi- lieu de la longueur; des cils longs et minces aux deux extrémités. — Longueur de 0,041 à 0,0SS. Cette espèce s’est développée abondamment dans une infusion niSTOTRi: naturelle hhl de foin préparée le décembre iSS.V, et tenue à une tempéra- ture de 10“ à 12“. I.e.2i janvier, il y avait déjà beaucoup de Plœsconies jeunes, arrondies, longues de 0,0/, i; ces Infusoires étaient revus un peu plus gros à diverses époques; le 22 février, notamment, il y en avait de longs de 0,048 à 0,005 , et alors d’une forme moins allongée ; de sorte que le principal caractère, tiré de la forme , pourrait bien tenir simplement à l’âge ou au de- gré de développement; et si les côtes étaient aussi apparentes que dans la Plœsconie voisine ^ ou dans la Plcesconie Caron , on ne de- vrait pas hésitera la considérer comme une simple variété, * 8? Plcesconie rayonnante. — Plœsconia radiosa. Elle diffère de la précédente par ses dimensions un peu plus considérables (o,o5 à 0,066) par des côtes aussi prononcées que celles de la PI. Caron, et en même temps par des cils très-longs, égaux et étalés en rayons aux deux extrémités. C’est dans l’eau de Seine gardée pendant cinq ou six mois dans des bocaux avec des Mj'riophj'llum , des Zj'gnema, etc., que j’ai vu fréquemment en hiver cette Plœsconie , qui n’est peut-être qu’une variété ou un âge plus avancé de l’espèce précédente. 9. Plcesconie longirÈme, — Plœsconia longiremis. — > PI. X, fîg. 9 et 1 2 . Corps très-déprimé , irrégulièrement ovale (la largeur égale les 2/5 de la longueur) , très-dilaté du côté de la rangée de cils , plus transparent dans cette partie , et montrant trois ou quatre côtes larges , grenues , presque effacées. La rangée de cils en écharpe forme un demi-cercle accompagné d’une large bande diaphane et dépasse la moitié de la longueur. — Cirrhes nombreux , très- longs, flexibles. — Longueur de 0,063 à 0,083. Cette espèce est très-commune dans l’eau de mer; elle fourmil- lait dans de l’eau apportée des côtes delà Manche à Paris, depuis un mois , le premier décembre i835 ; d’autre eau du même lieu , apportée le 10 décembre, en était encore remplie le 2 février i836; je l’employai à préparer des infusions avec un 80° de sou poids de gélatine ou un 80' de gomme ; dix jours après , ces infu- sions contenaient encore les Plœsconies , peut-être plus grosses et DES INFUSOIRES. plus arrondies, avec beaucoup d’autres Infusoires qui s’y étaient développés. Cette espece, exposée un instant à l’odeur de l’ammo- niaque , s’est décomposée comme le montre la figure 12 ah; elle s’arrondit d’abord en disque, se creusa de vacuoles, et ses cirrbes se crispèrent, puis lesvacuoles devenant toujours plus nombreuses et plus grandes, elle ne présenta plus que l’aspect de la figure 1 2 h. 10. Ploesconie a aiguillon. — Etiploles aciileaia. ( Ebr, Inf. , PI. XLIl, fig. i5. ) Corps ovale oblong , presque carré , à dos convexe , avec deux côtes longitudinales, dont l’une porte au milieu un aiguillon court. — Longueur, 0,062. M. Ehrenberg a observé dans l’eau de la mer Baltique cette espèce remarquable , qui pourrait bien avoir une cuirasse mem- braneuse , et devrait alors appartenir à un autre genre ; il lui attribue six à huit cirrhes ou crochets épars à la face ventrale ; il ajoute qu’elle paraît aussi avoir quatre à cinq stylets, et que cependant il n’a pas vu clairement ces détails. 11 suppose que ce pourrait être la Kerona rasielltnn de Mi’dler. * Le même auteur décrit sous le nom â! Etiploles iurriius un autre Infusoire portant sur le milieu du dos un long aiguillon un peu courbé. Il l’a trouvé dans l’eau douce el dans l’eau de mer; il lui a vu cinq stylets en arrière , et cinq cirrhes en crochet à la partie antérieure; mais il n’a pu lui reconnaître de cils, en raison de la rapidité de ses mouvements. ’* Malgré tous mes efforts, je n’ai pu reconnaître dans trois autres espèces du même auteur : Euploles strialus E. appendicu- lalus , E. Iriincalus , aucune des espèces que j’ai vues. Le genre Discocephalus de M. Ehrenberg a été établi sur un Infusoire observé, comme il le dit lui-même, non assez exacte- ment, ni à un grossissement assez considérable (cent fois le dia- mètre), en 1820, dans l’eau de mer. 11 est représenté nomme formé de deux disques inégaux, garnis do longs cirrhes, et carac- térisé par l’étranglement qui sépare ainsi une sorte de tête disco’ide ( Ehr. Inf. PI. XLll , fig. 6 , p- SyS). HISTOIRE NATURELLE Wf * Genre Ilimanlophorus . Ehr, Sous ce nom, M. Ehrenberg a institué un genre qu’il avait d’abord nommé , comme Fabricius, Himantopus, et qui contient une seule espèce , Himantopus Charon (Fabr., Midi. Infus. PI. XXXIV, fîg. ‘il) ^Himantophorus Charon (Ehr. Infus. PI. XLII, fîg. 7), vivant dans l’eau de mer et dans l’eau douce; mais que je n’ai pas vue moi-même, à moins que ce ne soit quelque Plœsconie sans stylets visibles, comme la PI. scutum , dont tous les appendices seraient également flexueux. Millier la décrit comme étant « en forme de nacelle , sil- lonnée et pourvue de cirrhes dans une excavation ventrale. » Elle rappelle beaucoup , dit-il, sa Trichoda Charon, mais elle est plus grande , et s’en distingue par l’absence des poils ( stylets ) postérieurs et par les cirrhes flexueux , situés à la face ventrale. M. Ehrenberg distingue aussi son genre Himantophore par l’absence des styles et par ses crochets {uncini) très- nombreux ; il décrit l’Himantophore caron , comme ayant le « corps diaphane , plan , elliptique , un peu obliquement tronqué en avant , avec de petits cils et des crochets longs et grêles. » Ces crochets , servant de pieds , forment une large bande sur la face ventrale, où ils sont presque dispo- sés par paires. De ce côté est aussi une rangée de cils allant de la bouche fort loin en arrière. De nombreuses vésicules stomacales se voient à l’intérieur. Au bord postérieur se trouve une grande vésicule séminale contractile , et le long de la rangée de cils une série de taches glanduleuses. 2* Genre. CHLAMIDODON. — Chlamidodon. Ehr. Animal de forme ovale aplatie; pourvu de cils et de cro- chets à la face ventrale, et ayant une bouche entourée d’un faisceau de baguettes ou de dents droites. Une seule espèce, Chlamidodon Mnemosy ne {^hr. Inf. DliS INFUSOIRES. IM PI. XLII, fjg. 8), dont nous donnons la figure d’après M. Ehrenberg (PI. XIII, fig. 8), constitue ce genre bien remarquable, créé par cet auteur et placé dans sa famille des Æuplota, en notant qne c’est une Oxy trique cuirassée et dentée. Cet infusoire , long de 0,11, est vert ou hyalin, élégamment bigarre de vésicules roses; il vit dans l’eau de la mer Baltique. 3' Genre. DIOPHRYS. — Diophrjs. An. de forme discoïde irrégulière , épais , concave d’un côté et convexe de l’autre , avec de longues soies groupées aux deux extrémités. Sans bouche. I. Diophrys marine. — Diophrj-s marina. — Pl. X,fig. //, a-b. Corps ovale , avec une excavation longitudinale , terminée en avant par cinq grands cils vibratiles , et en arrière par quatre ou cinq soies très-longues, géniculées. — Longueur, 0,043. Cet Infusoire , si remarquable par sa forme et par ses appen- dices , se trouvait , au mois de mars 1 84o, dans Peau du canal des Étangs, à Cette. 11 diffère considérablement des Plœsconies, et cependant plusieurs des figures données par Müller, pour sa Kerona paiella (les fig. i4, i5 et i8 , PL XXXIIl), présentent de même des appendices en deux groupes terminaux, aux extrémi- tés d’une excavation longitudinale, et surtout les cirrhes posté- rieurs génicnlés on infléchis en angle au milieu de leur lon- gueur. . 4‘ Genre. COCCUDINE. — Coccudina. An . à corps ovale , déprimé ou presque discoïde , sou- vent un peu sinueux au bord; convexe, sillonné ou gra- nuleux et glabre en dessus ; concave en dessous et pourvu de cils vibratiles et de cirrhes ou appendices corniculés servant de pieds. Sans bouche. Les Infusoires réunis dans ce genre sont très-imparfaite- lUSTOlKE NATIIHELLE 4/i‘G ment connus : ils sont intermédiaires entre les Loxodes et les Plœsconies, comme ayant les appendices de cellés-ci et la forme générale de ceux-là ; mais c’est là tout ce que nous savons sur leur organisation. On ne leur voit pas de bouche; on dis- tingue seulement à l’intérieur des granules irréguliers et des vacuoles remplies d’eau. Ils se servent de leurs cirrhes pour marcher sur les corps solides, comme des insectes ou des petites araignées ; aussi doit-on penser que Joblot a voulu désigner sous cette dernière dénomination quelques Coccu- dines. Ce nom de genre a été créé par M. Bory, qui le donna . mal à propos à la Plœsconie patelle en même temps qu’à de vraies Coccudines. M. Ehrenberg ne l’a pas admis et il a ' laissé parmi les Oxytriques et les Plœsconies ou Euplotes les espèces qu’il a connues, et que déjà précédemment Mul- ler avait classées parmi les Trichodes ( Tr. cicacla , Tr. cimex'). Leur multiplication a lieu pai' division spontanée trans- verse. I. CdccruiiSE X COTES. — Codeudina cosliita. — PI. X, fig. i. Corps ovale , ol)liijuetnent rétréci et sinueux en avant, convexe et sillonné en dessus, ou présentant ciiu]à six côtes très-saillantes, ' tuberculeuses ; appendices groupés aux deux extrémités ; les an- térieurs plus minces^ vibratiles. — Longueur, 0,027. Je l’observais, au mois de décembre , dans de l’eau de marais (du Plessis-Piquet), conservée depuis le mois d’août avec des débris ’ » de végétaux, 2. CoccuDiNE Épaisse. — Coccudina crassa. — PI. X, fig. 2. Corps ovale, plus large et comme tronqué en arrière", rétréci^ et sinueux en avant, convexe en dessus et marqué de côtes pres-^ qucelFacées; convexe on dessous, avec les bords épaissis; Ap- pendices de la moitié antérieure en forme de crochets; les posté- rieurs droits en forme de stylets. — Longueur, ü,0o. — Marin. Elle vivait dans l’eau de mer [irise à Cette depuis huit jours avec 1 des Corallines, et déjà gâtée. I DES INFUSOIRES. /1.47 3. CoccuDiNE POLYPODE. — Coc'cutlbia poljrpoda. — PI. X, fig. 3. Corps ovale, sinueux eu avant, convexe et marqué en dessus de sept à huit côtes étroites, plat en dessous , et muni de cirrhes épars , nombreux, longs et flexibles. — Longeur, U,Ü55. — Marin. Dans l’eau de mer stagnante , près du chemin de fer, à Cette , le O mars. 4. CoccuDi NE CIGALE. — Coccudinu cicuda. — Pl. Xlll , lig. i. Corps ovale, granuleux , très-convexe, à bords arrondis, con- cave en dessous , et muni de cirrhes épars longs et flexibles. — Longueur, 0,032. » f Cet Infusoire , que j'ai trouvé dans l’eau de Seine , entre les CeriUophfllum^ en novembre i838, paraît bien être le même que Millier a décrit sous le nom de Trichoda cicuda (Müller, lufus., pl. XXXI 1 , fig. 26-27), <^onime étant « ovale, à bords obscurs, chevelue eu avant et eii dessous , sans cils en arrière. >• Mais ce n'est pas, je crois, l’espèce que M. Ehrenberg donne sous le nom ù' Oaylrieha cicuda (Elir. , Inl'. , pl. XLI , fig. 4)) comme syno- nyme de celle de Müller. En efl'et cet auteur lui donne pour ca- ractère d’avoir le dos sillonné et crénelé , ce qui ferait penser qu’il a eu en vue notre Coccudinu coslala (1) et non la C. cicuda. ' Coccudinu cimex. Bory. .le ne sais s’il faut réellement faire une espèce de Coccudine de l’Infusoire nommé par Müller Tnenoda cimex (Müll . Inf. Pl . XXXI 1 , fig. 21-24), ou si ce' n’est pas simplement une Plœsconie mal (i) M. Ehrenberg dit avoir réussi à colorer par l'indigo les iiombreu.v estomacs de son Oxytricha cicuda, que nous croyons pouvoir être notre Coccudinu cicuda; il lui ;i compté hiiil A treize côtes dorsales, et il a remarqué que dans la décomposition pai- dililuence de cet Infusoire, ou reconnaît que le corps tout entier est mou , ce qui le conduit à le ranger plutôt parmi les Oxy triques qu'avec les Plojsconios, quoique ces dernières aient bien ce même caractère. HISTOIRE NAÏUREEEE kkS observée. Cet auteur la décrit comme étant «ovale, à bords transparents, pourvue de cils en avant et en arrière. » H ajoute que , quand l’eau s’évapore, elle montre , en se contractant, des sillons longitudinaux, et il termine en disant quelle est trop semblable (riimis similis) à sa Trichoda Charon , qui est une de nos Plœsconies. Il lui donne pour synonyme ce que Joblot (Micros. 2 part., p. 79, pl. lo, fig. i5) a nommé petite araignée aqua- tique. M. Ehrenberg a nommé d’abord cette espèce St^lon^chin ? cimex , puis il l’a confondue avec &on Euploles Charon , et enfin il en a fait une espèce distincte, sous le nom d'Euplotes cimex (Ehr. Inf., p. 38o, Pl. XLll, fig. 1 7), en déclarant toutefois qu’elle de- mande une observation plus exacte. 11 lui attribue un têt oblong, elliptique, lisse, et la dit pourvue de cils, de stylets et de crochets. ** Coccudin^ reiiculata. Je ne fais qu’indiquer sous ce nom un Infusoire observé au mois de décembre dans de l’eau de Seine , conservé depuis l’été avec des Myriophylles vivants. 11 était long de 0,046 , et sa surface granuleuse était évidemment réticulée ou marquée de stries croisées, d’où résultait une dentelure au contour. 11 avait aux deux extrémités des cirrhes coudés assez volumineux. * Genre Aspidisca. Ehr. C’est bien, je crois, avec les Coccudines qu’il faut ranger le Trichoda Lyncens (Muller, Inf. Pl. XXXII, fig, 1-2), dont M. Ehi’enberg a fait le type de son genre Aspidisca et par suite, de sa famille des Aspidiscina qui, suivant lui, devrait contenir les Polygastriques cuirassés , entérodélés, à orifice double, mais dont l’orifice anal est seul terminal. En décrivant son geni’e Aspidisca ( Ehr. Inf, p. 343) , il dit que cet animal a la plus grande analogie avec les JEuplotes, mais que chez ceux-ci la cuirasse déborde le corps en arrière comme en avant, ce qui fait que l’orifice anal, de même que la bouche, n’est pas terminal. Muller désigne sa Trichoda Lynceus par ces mots = « Tr, presque carrée, à bec crochu, à bouche ciliée, et bord i DES INFUSOIRES. 449 postérieur garni de soies. » Au premier aspect , dit-il , elle ressemble à un Entomostracé du genre Lyncée, mais elle n’est pourvue ni de cuirasse ni d’yeux , etc. « Son corps est membraneux, comprimé, sans épaisseur, prolongé en un bec recourbé en avant , et tronqué en arrière. Sous le bec est un faisceau de poils pendants, qui par son agitation ferait croire que l’animal avale de l’eau. Le bord postérieur est sinueux, muni de soies rares qui s’agitent au gré de l’animal et paraissent servir à la natation. Les intestins {interanea) sont extrêmement remarquables; en effet, un tube courbé s’étend de la bouche jusque dans les viscères {intestina) du milieu du corps; ceux-ci, ainsi que le tube, éprouvent une fréquente agitation; entre le bord postérieur et l’antérieur est un autre tube longitudinal souvent rempli d’une liqueur bleuâtre. Le corps et les molécules cristallines ont un bord obscur distinct J’en ai surpris quelques-uns accouplés; les organes génitaux sont situés dans l’échancrure du bord postérieur » Millier a représenté en effet les Infusoires de cette espèce joints par le bord postérieur; mais tous ces détails d’une organisation que Millier croit avoir vue n’ont aucun rapport avec ce que de son côté M. Ehrenberg pré- tend avoir découvert. 5® Genre. LOXODE. — Loxodes. An. à corps plat, membraneux ou revêtu d’une enve- loppe membraneuse apparente , flexible , non contra renflée au milieu de la face supérieure ou dorsale, souvent concave à la face inférieure ; à contour ovale irrégulier , sinueux, et obliquement prolongé en avant, pourvu de cils vibraliles très-fin^ au bord antérieur seulement. Ce genre, confondu par Millier avec lesKolpodes, est bien réellement distinct, mais il est encore peu connu sous le rapport de la structure et de l’organisation , et sa place dans la série des Infusoires est très-difficile à indiquer avec précision ; il ne peut être placé, ni avec les Paraméciens , TNFUSOTlll s. 3(9 450 HISTOÎRE^ NATUREtLE ni avec les Leucophryens , puisqu’il n’a point sa surface réticulée ou garnie de rangées régulières de cils; il pourrait peut-être avec plus de raison être rapproché des Traché- lius dans la famille des Trichodiens; mais il offre une appa- rence de tégument tellement nette que je me suis trouvé dans l’alternative de créer pour lui seul une famille parti- culière, ou de le placer avec les Plœsconiens auxquels il se rattache à la vérité par les Coccudines ; cependant il s’en éloigne aussi par l’absence de cirrhes, et c’est ce qui empêche de caractériser cette famille aussi nettement qu’on le pourrait faire. De nouvelles observations permettront assurément d’apporter dans la classification des Infusoires une précision plus grande; pour le moment nous nous contentons de faire connaître autant que possible ces animaux. Les Loxodes sont de ceux qu’on rencontrera le plus sûre- ment et le plus fréquemment dans les infusions et dans les eaux de marais déjà altérées par la putréfaction. Ils ne mon- trent à l’œil en quelque sorte qu’un disque presque diaphane obliquement prolongé en avant en unemanièi’e de bec obtus d’une transparence parfaite; ils rampent souvent sur la sur» face des corps solides et alors ils se plient pour s’accommoder aux inégalités de ces corps , et leur bord antérieur se replie contre tous les obstacles qu’il rencontre. On distingue pres- que toujours le contour de la partie charnue vivante, au milieu d’une enveloppe plus transparente ; mais qui cepen- dant n’est pas une membrane persistante, comme le prouve la facilité qu’ont les Loxodes de s’agglutiner quand ils vien- nent à se toucher entre eux. Les cils du bord antérieur, seuls organes externes des Lo- xodes, sont souvent ti’ès-difticiles à apercevoir; à l’intérieur, on ne voit que quelques vacuoles isolées, ordinairement co- lorées en rouge pâle. Une bouche est rarement visible, mais des corps étrangers, tels que des Navicules, qu’on voit dans l’intérieur, n’ont évidemment pu y pénétrer que par une ouverture buccale. Quelques Infusoires, ressemblant d’ail- leurs entièrement aux Loxodes, ont au contraire une bouche DES INFUSOIRES. 45i que rend parfaitement visible un faisceau tubuleux de peti- tes baguettes transparentes qui l’entourent. La présence de cette ai-mature buccale ne me paraît pas toutefois un motif suffisant pour les réunir aux Chilodons_qui ont toute la surface ciliée comme les autres Paraméciens avec lesquels je les ai placés. M. Ehrenberg, en 1830, institua le genre Loxode et y comprit six espèces, savoir : 1“ le Z. cucullulus ^ dont il a fait plus tard le genre Chilodon; 2® le Z. cucullio ^ qu’il place avec doute aujourd’hui dans son genre Kolpode; 3® le Z. rostrum, dont nous faisons le genre Pélecide ; 4“ le Z. Ci meme cette analogie qui nous a déterminé à le placer ici en I, attendant de nouvelles recherches. On trouve les Opalines 1 dans l’intestin ou dans les humeurs des Batraciens et des I Annélides. ' 1. Opaune du LOMBitic. — Opalina lumbrici. — PI. Xlll , fig. 12. 3 Corps ovale , déprimé , plus étroit en avant , tronqué en arrière. — Long de 0,14 à 0,18. I Je trouvai, le /, septembre *836 , dans un Lombric pris sur le f) rivage humide de la Seine, des Infusoires très-ressemblants :i des la Leucophres, mais ayant en avant une apparencede bouche obli- < que ; 1 un d’eux fortement tronqué et même excavé en arrière , I’ avait deux , rangées régulières de six vacuoles; un autre, plus large et plus arrondi en arrière, avait une grande vacuole en- tourée de petites vacuoles formant comme un rang de perles, HISTOIRE NaTUREI-LE 462 2. Opaline des nais. — Opalina naîdum. — PI. IX, fig. lO-ii. Corps oblong ou très-allongé , presque cylindrique , marqué de stries longitudinales et transverses , et parsemé de vacuoles. Un pli oblique partant de l’extrémité antérieure arrive presqu’au mi- lieu. — Long de 0,10 à 0,20. Cette Opaline était fort abondante dans le corps des Naïs qui peuplaient les fossés du boulevard Mont-Parnasse, à Paris , le 24 février 1887 ; quelques individus très-allongés étaient presque cylindriques et courbés en arc (fig. 10), d’autres étaient beaucoup plus courts, mais les uns et les auti’es étaient revêtus de cils très- déliés disposés en séries longitudinales. J’ai trouvé dans l’intestin de X'Hœmopis sanguisuga des Opalines presque semblables qui devaient provenir des Naïs dont cette Annelide se nourrit. 3. Opaline des grenouilles. — Opalina ranarum. — PI. XIII, fig. i3 (1). Corps rond ou ovoïde plus ou moins allongé , de forme variable, avec une large fente oblique , ciliée en avant. — Long de 0,10 à 0,20. Dans les excréments d’un Triton nourri depuis vingt jours avec des lombrics, au mois d’avril i838, je trouvais beaucoup d’infu- soires à corps rond ovoïde, obtus en avant , plus étroit en arrière, longs de 0,17 à 0,20, et larges de 0,107 à 0,128 , tournant sur eux-mêmes, et ayant leur surface couverte de stries granulées ré- gulières très- fines. Des vacuoles contractiles, déplus en plus nom- breuses et très-vastes, se montraient à l’intérieur, et quand cesani- maux avaient séjourné dans l’eau pure , ils commençaient à se décomposer en laissant exsuder des globules de sarcode qui se creusaient de, vacuoles , et souvent renfermaient des particules agitées du mouvement Brownien. Le 1 1 juin de la même année, dans le liquide mêlé de sang qui occupait la cavité pectorale d’une grenouille morte depuis vingt heures , je trouvai des Infusoires analogues, mais de diver- ses formes ; les uns presque globuleux, les autres presque ver- miformes, quatre à cinq fois aussi longs que larges, rétrécis en DES INFUSOIRES. 463 arrière ; tous parsemés de très-petits granules, et renfermant des vacuoles souvent très-gi’andes. Précédemment, en février i83G, j’avais aussi trouvé, dans des excréments de grenouilles , des Opa- lines de forme variable, dont quelques-unes étaient comprimées ou contournées diversement, et qui finissaient par se creuser de vacuoles très-nombreuses. Toutes ces variétés me paraissent devoir constituer une seule espèce que Leeuwenhoeck le premier a observée dans les excré- ments de grenouilles où elle est très-commune, que Bloch observa et décrivit sous le nom de Chaos intestinalis , et d'Eirudo intesli- nalis, et que MM. Purkinje et Valentin décrivirent comme nou- velle sous le nom d^Opalina ranarum ; mais Müller lui-même en avait déjà parlé sous le nom de f^ihrio vermiculus et de Leuco- phra globuUfera , et M. Ehrenberg, en i83i , l’avait inscrite parmi sesBursaires, sous le nom de Bursaria intestinalis. auteur distingua, en i835, sous le nom de Bursaria nucléus, ceux de ces Infusoires qui ont le corps ovale plus petit , arrondi aux deux extrémités, mais un peu plus étroit en avant ; puis, en i838, il nomma Bursaria ranarum ceux qui ont le corps ovale , lenticu- laire comprimé , un peu aigu en avant, et souvent tronqué en arrière. Mais, comme je l’ai dit , je présume que ce ne sont que des variétés d’un même animal. XVII® Famille. PARAMÉGIENS. Animaux à corps mou , flexible ^ de forme variable, ordinairement oblong et plus ou moins déprimé , pourvu d’un tégument réticulé lâche , à travers lequel sortent des cils vibratiles nombreux en séries régu- lières. — Ayant une bouche. I- (C O 4 S g P s • P P P , M < bl K a •4 U bd n3 >• 2: O >• B B O O O O g B O S B a tf P td CP P •4 O ij -C tf P pu O O û. O tz 5 V) ta eu O O B «J hJ O s O < O ® P Ü lad Ph •< t-J CJ P Z; w B PU . • • • a , , ro CD l> CO cb O ç^i .® • * CO •‘P a ; ou 1 P 'P a eu • X P P *fab P O ^ . 'P • P .a P P *co 'El - O i « S O V to -O s ’C JS eu s •■V 4) s * ** G O O O «2 ^ E U P O U O 4) ^ «2 O P P OJ ® 3 O CA s Z ® 2 ü *w .s s ."ïï <1 -P 03 c < S *5a G O rt 'S :9 « ^ G o> o> (n ► 0) ;2i bA O ü G G ë..? S s O O O P P P O O P O ^ •G 0> O P fo _pq O * (G P «•P • bo , X P P P O • P B P P « .a P • ► P CO ta O • U '•> 'P *j2 O M • P es ^ • S bnh &0 rt P P S‘^ O .rz S P * P 'S* 4> ^ a V §1 O -0) 0> ^ *p a a V « 'P V) O bo P P O O ° B Ph V T2 O 3 O P rP U P O P <1> eu eu no P eu eu P O P 4) 4> I 2 g-iS , O « '« CA 7Z W O ‘W s rP O P O P -2 - > ■ O ® § U 2 W3 qI P "P ® •I “ t« 3 GJ S pP O «■ïb " -S g O 2 JJ P ^ 4> •« > 0> CA 'P z; - w tfi O O -C g S ° eu 30. 408 HISTOIRE NATURELLE 1«' Genre. LACRYMAIRE, — Lacrymaria. An. à corps rond ou pyriformc, très-contractile et varia- ble, revêtu d’un tégument réticulé, et prolongé en manière de cou avec une apparence de bouche indiquée par des cils près de l’extrémité. Les Infusoires de ce genre , tous caractérisés par leur forme de fiole à long col , ou de laci7matoire , ont été vus de tous les raicrographes , mais rapportés par eux à des genres diffé- rents ou même à des familles éloignées; ainsi Müller en fit des Trichodes quand les cils étaient visibles pour lui , et des Vibrions dans le cas contraire; Schranck les rangea dans son Trachelius ; M. B017 en fit des Amibes, des La- crymatoires et des Phialines ; M. Ehrenberg enfin , admet- tant que la plupart ont le corps non cilié, les a classés, d’après la position supposée d’une bouche et d’un anus , dans le genre Lacrymaria de sa famille des Enchéliens , ou dans le genre Phialina de sa famille des Trachéliens, ou enfin dans le genre Trachelocerca , type de sa famille des Ophryocer- QUES. Ainsi ses Lacrymaria auraient le corps sans cils pro- longé en un cou étroit et terminé par une bouche cillée obliquement tronquée , et l’anus à l’extrémité opposée ; ses Phialina en différeraient seulement parce que le cou, au lieu d’être terminé par un renflement simple , présenterait une entaille près de l’extrémité qui serait alors en forme de te- non, d’où résulte, pour l’emplacement présumé de la bouche, une position Un peu latérale; ses Trachelocerca, qu’il nomme \ui-même des Zac/ymÆriÆ à queue, sont censés avoir la bou- che seulement terminale et l’anus latéral en avant du pro- longement conique caudiforme. Cet auteur a réussi à colo- rer artificiellement les vésicules stomacales des Lacrymaria^ et paraît même admettre que les substances avalées doivent traverser un œsophage étroit delà longueur du cou. Il nomme œufs les granules blancs ou colorés qu’on observe chez la DES INFUSOIRES. , 469 plupart; il signale aussi comme organe mâle une grande va- cuole postérieure qu’il nomme vésicule contractile chez les Phialines, Enfin il n’a point vu ces Infusoires se diviser spontanément. Ceux de ces animaux que nous avons ren- contrés vivaient isolément dans les eaux de la Seine entre les herbes; leur corps était très-contractile, de forme telle- ment variable qu’ils méritaient bien le nom de Protée que leur avait donné Baker. Leur surface était distinctement ré- ticulée et ciliée. I. Lacrtmüre cigne. — Lacrymaria olor (i). Corps fusiforme , prolongé en un cou très-long, renflé à l’extré- mité. — Long de 0,11 sans le cou , ou 0,4 à 0,Jf avec le cou. Millier, qui trouva rarement cet Infusoire dans l’eau des marais parmi les lentilles d’eau , le décrit comme agitant sans cesse avec vivacité son long cou , qui est cylindrique , filiforme , égal , très- diaphane , ordinairement étendu , souvent aussi (lexueux , mais jamais retiré et caché dans l’intérieur du corps; ce cou, renflé à l’extrémité ou terminé par un tubercule , est deux fois , trois fois et jusqu’à six fois aussi long que le corps. Millier n’a pu y voir de cils, quoiqu’il en existe bien certainement. M. Ehrenberg dit avoir vu le résidu de la digestion excrété par une ouverture située au côté dorsal en avant de la queue , que d’après cela il veut nommer non ime queue , mais un rudiment de pied. (ï) Proteus , Baker, Empl. mlcr. Brachionus Proteus , Fallas, Elcnoh. zoo’ph. p. g4' Vibrio Proteus, Millier , Verm. terr. fluv. 28. — f^ibrio olor , Müll. Inf. Pl. X , fig. i2-i5. Trachelius anhinga , Schrank. Faun. boïc. JH , 2. Amiba olor, — Phialina cygnus. — Lacrymaria olor , Bory , Encycl. 1824. Lacrymaria olor, Ehr. Mém. i83o-i83i. — Trachelocerca olor , Ehr. Infu». i838, Pl. XXXVllI, fig. p. 342. 170 HISTOinE NATUllELLE 2. Laürymube verte. — Lncry'maria viridis. — {Trachelocerca vi- ridis,EhT. Inf., pl. XXXVllI, fig. 8.) (i). Corps fusiforme, vert, avec un cou très-agile et très-long, ter- miné par une petite tête, comprenant une bouche ciliée et une lèvre. — Long de 0,223. M. Ehrenberg, qui seul a vu cette espèce dont il fait une Tra- chelocerca , dit quelle se distingue par ses ovules verts, mais aussi par une sorte de lèvre articulée comme chez les Lacrymaria. Il ajoute que la surface est couverte de plis transverses Ans. * Le même auteur a inscrit dans son genre Trachelocerca, comme une troisième espèce (Tr. biceps) , un Infusoire de même forme que le§ précédents, mais bifide en avant et comme pourvu d’une double tête, 11 ne l’a vu qu’ime seule fois, et pense que ce pourrait être une monstruosité. 3. Lacrïmaire Protée. — Lacrymaria Proieus. ( Ehr. Inf. , pl.XXXl, fig. 17 (2). Corps ovoïde, obtus en arrière pourvu en avant d’un cou al- longé , rétractile. — Longueur totale, 0,18. Millier l’a trouvée dans l’eau de rivière avec la L. cygne, à laquelle elle ressemble beaucoup , mais dont elle diSere par la rétractilité de son cou moins long et moins délié, et par la con- tractilité de son corps. Cet auteur signale aussi les cils bien visi- bles de l’extrémité du cou ; mais il donne mal à propos cette es- pèce comme synonyme du Protée de Baker. M. Ehrenberg, qui la décrit comme finement plissée en travers, dit avoir vu l’indigo pénétrer dans ses estomacs, en traversant rapidement, par molé- cules, son œsophage étroit; mais il ne lui a vu ni ovules, ni tes- ticules, ni vésicule contractile. (1) M. Ehrenberg institua, en i83l , une famille des Ophryocercina pour un seul Infusoire qu’il nomma Ophryocercina ovum (y. pag. 487), mais plus tard il reconnut que ce qu’il avait pris pour une queue et dont il avait fait le caractère distinctif de ce genre , est au contraire une partie antérieure ; en conséquence il reporta cet Infusoire au genre Trachelius , mais en même temps il trouva d’autres formes dont l’orga- nisation se rapportait à celle qu'il avait supposée au genre supprimé ; il fut donc conduit à conserver la famille des Ophryocercina pour le nouveau genre 'Prachelocorca auquel il attribua trois espèces. (7,) Phialiiia , Bory. — Trichodn Proteus , Midi. Inf. Pl.XXV, fig. i-5. DES INFUSOIKES. 471 * Laciymaria guUa. — Ehr. luf. PI. XXXI , fig. i8", et Laer. ritgosa, 1. c. fig. 19. • Les deux espèces ainsi nommées par M. Ehrenberg nous pa- raissent peu distinctes : la première a le corps presque globuleux, long de 0,025 , lisse, avec un cou très-long (0,10); l’auteur l’a trouvée en 1 83 1 et ne l’a pas revue depuis : l’autre a le corps presque globuleux, rugueux, long de o,o5 , avec un cou de longueur médiocre (0,08), sans cils visibles ; la*coloration artifi- cielle n’a pas réussi. * 4. Lacrymaire TERSiTiLE. — Lacrymaria versatilis. — ( Trichoda versaiilis. Millier, PI. XXV, f. 6-10. —Phialina, Bory.) Millier a trouvé abondamment dans l’eau de mer, à la fin d’oc- tobre 1781 et au mois de novembre 1783, cet Infusoire qu’il dé- crit comme ayant le corps fusiforme, et le cou rétractile cilié au-dessous du sommet. 11 se rapproche beaucoup, dit-il, du Tr. Protée, mais il s’en distingue par son cou plus court, moins sphérique au bout , par sa forme pointue en arrière , et par son habitation dans l’eau de mer. Son cou cylindiique , hyalin , peut atteindre la longueur du corps et se raccourcir de la moitié; il est terminé par un renflement globuleux sous lequel s’agitent des cils pendants , et il laisse voir dans son intérieur un canal ali- mentaire, dit l’auteur. * 5. LrCRyMiiRE fiole. — Lacrymaria tornaiilis ,'P\. XIV, fig. i. » Corps globuleux, surmonté d’un col plus ou moins long , cilié à l’extrémité. — Long de 0,07. Sous ce nom , je réunis divers Paraméciens dont la surface est toute ciliée et obliquement striée, et qui se meurent en tournant sur leur axe. Leur cou est rétractile et disparaît quelquefois presque entièrement, laissant voir seulement les cils qui en cou- ronnent l’extrémité. / *72 HISTOIRE NATÜREIiEE " Geitre ? Stmvolœma , B017. — {Trichoda melilea , Müller, PI. XXYIII, fig. 5-10.) Cet Infusoire très-remarquable, qui paraît bien mériter de foi'mer un genre distinct , n’a été vu que dans l’eau de mer par Müller, qui le dit très-rare , et le décrit comme ayant le corps oblong , cilié, et le cou dilatable en une membrane si- nueuse , et terminé par un renflement globuleux cilié. ** Genre Phialina, Ehr. Bory. — {Trichoda vermicidaris , Müller, Infiis. PI. XXYIII , fig. 1-4 (1).) On devra peut-être aussi considérer comme type d’un gem-e distinct, en raison delà brièveté de son cou, la Trichoda ver- micularift de Müller , trouvée par cet auteur dans l’eau de rivière , et décrite comme ayant le corps cylindracé oblong , avec un cou court cilié au sommet comme celui de la Tr. Protée , mais différant de celle-ci par la brièveté du cou et par la contractilité du corps, qui change fréquemment de foi’me sans cependant cacher entièrement le cou ; elle en dif- fère en outre par ses dimensions plus considérables et par son mouvement plus lent. M. Ehrenberg admet le genre Phialina en le caractéri- sant autrement que M. Bory,. fondateur de ce genre, et sur- tout en lui donnant pour caractère cette brièveté du cou et la position de la bouche latérale près de l’extrémité du cou, et celle de l’anus terminal ; cet auteur prend pour type un Infusoire qu’il décrit comme ayant le corps ovale-cylindri- que, long de 0,11, s’amincissant peu à peu en avant, blanc, avec un cou très-court. « Le mouvement vif de ses cils , dit-il , est analogue à celui des cils de la Trichodina gran- diiiella {Halteria) .» Il lui a fait absorber de la couleur en (i) Phialina hirundinoides , Bory, Encycl. 1824. Phialina vermicidaris , Ehr. Inf. PI. XXXVI, üg. 3. DES INFUSOIRES. 4Y3 le laissant toute une nuit dans l’eau colorée. M. Ehrenberg a décrit sous le nom de Phialina i^iridis (Inf. PI. XXXVI, fig. 4-, p. 334) une autre espèce qui, dit-il, se i-appro- che plus encore que la précédente de la forme d’un Echi- norhynque. Elle a le corps ovoïde , lagéniforme , vert , rétréci brusquement en avant et insensiblement en arrière , et présente un cou ti’ès-court avec une couronne de cils. Sa longueur est de 0,09 ; elle n’a pu avaler de couleur ainsi que l’autre ; elle a été observée dans les eaux douces près de Bei’lin. 2« Genre. PLEURONEME. — Pleuronema. An. à corps ovale oblong déprimé, avec une large ou- verture latérale d’où sort un faisceau de longs filaments flottants et contractiles. Je proposai ce genre en 1836 (Ann. sc. nat., avril 1836), pour un Infusoire qui , en l’aison des particularités de sa structure, me paraissait tout à fait nouveau j depuis lors j’ai reconnu que c’est le même qui , imparfaitement étudié, a été nommé Paramecium chrysalis par M. Ehrenberg. Je per- siste néanmoins à en faire un genre distinct , car il n’a rien de commun que sa forme oblongue avec les Paramécies , et le faisceau de longs cils ou filaments contractiles qui lui servent à s’amarrer le distingue de tous les autres genres ; il n’offre d’analogie sous ce rapport qu’avec le genre Alyscum (Voy. p. 391). Sa surface est finement réticulée, ou bien elle présente des séries régulières de gi’anules d’entre lesquels sortent des cils rayonnants assez longs, qui paraissent servir à l’animal uniquement pour se mouvoir dans le liquide, mais non pour produire des tourbillons comme les cils vibratiles des Paramécies et des Kolpodes , qui amènent la nourri- ture à la bouche. Aussi ne puis-je considérer comme une vraie bouche servant à l’introduction des aliments solides cette large ouverture latérale par laquelle sortent les fila- ments. Cependant je dois dire que M. Ehrenberg a repré- 474 HISTOlnE NATURELLE sente son Paramecium chry salis avec de nomljreuses vacuo- les remplies d’indigo. J’ai trouvé fréquemment dans les eaux douces des Pleu- ronèmes de formes un peu différentes, mais que je crois d’une même espèce; cette année aussi j’en ai trouvé une autre es- pèce bien distincte dans l’eau de mer. I. PxEüRONÈME épaisse. — Pleuronemu crassa. — PI. VI, fig. i, et PI. XIV, fig. 2. Corps ovoïde oblong , un peu déprimé , et quelquefois un peu plié obliquement, arrondi aux deux extrémités. — Long de 0,06 à 0,0S. J’observai cet Infusoire à Paris, au mois de janvier i836, dans l’ean rapportée de l’étang du Plessis -Piquet, avec des Hydres, un mois auparavant ; et j’ai continné à Py observer durant plus de cinq mois. Il est tout entouré de cils rayoïmants dont l’épaisseur est à peine de 0,0003, et dont la longueur est de 0,0 1 ; sa sur- face est marquée de stries granuleuses assez régulières ; vers le tiers antérieur, il présente une grande ouverture latérale de la- quelle sortent huit à douze longs filaments infléchis en arrière , épais de 0,0016 à leur hase , et susceptibles de s’agglutiner aux corps solides et de se contracter. A l’intérieur se voyaient quelques vacuoles ne contenant que de l’eau. Le 25 novembre i838, dans l’eau de la Seine conservée avec des Callitriches depuis 16 jours, j’observai d'autres Pleuronèmes dont la forme était un peu plus raccourcie ; les stries de la sur- face étaient moins marquées et les filaments paraissaient sortir du contour de l’ouverture plutôt que de l’ouverture même ; quel- quefois même ils paraissaient naître de l’extrémilé postérieure, d’où ils revenaient en avant pour flotter avec ceux qui partaient de l’ouverture. Les vacuoles très-grandes et très-nombreuses de ces Pleuronèmes étaient ordinairement diaphanes et remplies d’eau seulement, mais quelquefois aussi leur centre était occupé par une petite masse d’apparence spongieuse , par une sorte de nucléus qui semblait avoir occasionné leur formation ; je ne puis penser que ce soient là des substances avalées. Je crois que c’est le même Infusoire que M. Ehrenberg a déci'it DES INFUSOIRES. 475 en 1 838 sous le nom de Pnramecium cUrj-salis (Infus., PI. XXXIX , fig. 9 , p. 35g ), en lui attribuant des cils très-longs à la bouche, lesquels font l’effet d’une membrane agitée en ondulant ; mais ce ne peut être le même qu’il avait représenté d’une manière fort différente en i83o ( i" Mém., pl. IV, fig. 2) , avec un pli oblique très-prononcé, avec une lèvre saillante ou trompe hémisphé-. rique, et avec 120 estomacs remplis d’indigo. La longueur qu’il lui attribue, o,ii3, est d’ailleurs presque double de la longueur du nôtre. Il lui donne pour synonyme le Paramecium chrj’salis de Millier, qui est encore autre chose, puisqu’il vit dans l’eau de mer. 2. Pleüronème marine. — Pleuronema marina, — Pl. XIV, fig. 3. Corps ovoïde très- allongé , un peu déprimé , terminé en pointe très-obtuse , finement strié , ayant une large ouverture latérale vers le quart antérieur , avec des filaments très-longs , partant les uns du bord de l’ouverture, les autres de l’extrémité postérieure. — Long de 0,10. Le 28 mars 1840, dans de l’eau apportée de la Méditerranée de- puis quinze jours, j’observai, à Toulouse, cet Infusoire, bien distinct du précédent par sa forme plus allongée et par son habi- tation; j’ai pu me convaincre que tous les filaments ne partaient pas du bord de l’ouverture, quoiqu’ils vinssent tousse réunir en C8t endi’oit. 3« Genre. GLAUCOME. — Glaucoma. An. à corps cilié ovale déprime plus large et arrondi en arrière, avec une bouche très-grande située latéralement vers le tiers antérieur de la longueur , et munie d’une lèvre vibratile longitudinale. Le genre Glaucome , bien caractérisé par la lame ou val- vule vibratile dont sa bouche est garnie , a été institué par IVI. Ehrenberg pour un des Infusoires les plus communs et les plus faciles à rencontrer dans les infusions , soit arti- ficielles, soit naturelles. Le Glaucome a été vu de tous les micrographes, qui en ont fait un Cyclide ou un Vol- HISTOIRE NATURELLE 476 vox en le caTactérisant seulement par sa forme extérieure et par son mouvement. M. Ehrenberg, qui d’abord l’avait cru dépourvu de ciLs , a, dans son dernier ouvrage, indiqué les rangées longitudinales de cils dont il est couvert ; il lui a attribué des estomacs , un anus à l’extrémité postérieure , et conséquemment aussi un canal digestif , et il l’a placé dans sa famiUe des Trachéliens. Il a aussi observé mi testicule et une grande vacuole étoilée qu’il nomme la vésicule con- ti'actile. Il l’a vu se diviser spontanément en long et en tra- vers ; ce dernier mode est le seul que nous ayons vu. I. Glaucome scintillant. — Glaucoma scintillans. — PI. VI, fig. i3, PI. VIII , fig. 8, et PI. XIV, fig. 4 (O- Corps incolore , bouche située plus près du bord antérieur que du milieu. — Long, de 0,04 à 0,07. ' J’ai fréquemment observé cet Infusoire , qui m’a paru très- va- riable, soit en raison de son développement plus ou moins complet , soit en raison de là nature des liquides où il est pro- duit; ainsi les individus plus jeunes et plus petits (de o,3 à 0,4) ont proportionnellement la bouche plus grande et plus rappro- chée du milieu; leur contour est aussi plus régulièrement ellip- tique. Au mois d’avril 1840, dans un verre d’eau où étaient tombées quelques particules de substances animales depuis dix jours , j’en trouvai qui étaient longs de 0,04, sans cils visibles et sans stries ni l’éticulations à la surface; ils contenaient des glo- bules d’apparence huileuse et des vacuoles. Le 6 novembre i838, dans l’eau déjà corrompue d’un vase de fleurs, j’en trouvai qui montraient au contraire des plis obliques très-prononcés à leur surface , et de très-grandes vacuoles à l’intérieur ; leur longueur étaitdeoj04 ào,o5. En avril et en décembre 1 838, dans l’eau restée (i) Ovales de Joblot , Micros. Pl. Il , III , V et VII. Grosse Ovalthicrchcii , Gleichen , Infns. Pl. XXIII et XXVIII. CycUdium buUa , Millier, Inf. Bursaria bullina , Schrank, Faun. koïc. III , 2, p. ^8. Glaucoma scintillans Inf. Pl. XXXVI, fig. 5. Glaucoma scintillans, Duj. Ann. sc. nat. i838. DES INFUSOIRES. 4.77 avec des feuilles mortes au fond d’une auge en pierre , j’observ.ai des Glaucomes longs de o,o4, dont la surface montrait sur chaque face quinze côtes longitudinales granuleuses presque effacées ; la bouche, quelquefois saillante, était située au quart antérieur de la longueur ; elle avait deux lèvres longitudinales bien distinctes, entre lesquelles une troisième lèvre , réelle en apparence , sem- blait quelquefois agitée. (Voyez PI. XIV, fig. 4 4.) Une infusion de lichen {Imbricaria parietina), préparée le 28 dé- cembre 1 835 , me montrait , le 1 7 février suivant , une foule de Glaucomes, longs de 0,06, creusés de grandes vacuoles et mar- qués de dix à douze côtes longitudinales granuleuses presque effacées ; leur bouche était obliquement placée au quart antérieur de la longueur ; je leur fis avaler du carmin qui se logea dans des vacuoles repoussées successivement en suivant le contour, jus- qu’à revenir occuper l’espace entre la bouche et le bord antérieur ; puis la forme globuleuse des vacuoles s’effacait, et le carmin restait interposé en granules dans la substance du corps. Cette expérience prouve bien que les substances avalées n’allaient pas chercher un orifice extérieur en faisant un si long trajet. Une infusion de foin, préparée à la même époque, donnait, au bout d’un mois, des Glaucomes longs de o,o3 à 0,07 et de forme très-variable ; les uns ovales, les autres réniformes ou sinueux comme les Kolpodes; d’autres oblongs, presque cylin- driques , recourbés en avant de la bouche ; tous montraient douze à quinze stries granuleuses , dont les granules se corres- pondaient de manière à former des rangées obliques croisées , d’où résultait une réticulation assez régulière de la surface. Dans ces Glaucomes se voyaient aussi des vacuoles ayant à leur centre un nucléus ou globule granuleux, qui paraissait avoir déterminé leur formation. Dans beaucoup d’autres infusions , j’ai vu des Glaucomes avec leur lèvre vibralile bien distincte, mais j’en ai vu aussi très- souvent qu’il m’était difficile , sinon impossible , de distinguer des Kolpodes ; leur bouche , plus ronde , un peu saillante , ne montrait que des cils au lieu de la lèvre vibratile : cela, dans certains cas, pourrait bien faire penser que cette lèvre n’est qu’une apparence produite par des cils qui, en se supei’posant, deviennent plus visibles. HISTOIRE NATURELLE ÜY8 2. Glaucome vert, — Glaucoma viridis, PI. VIII, fig. g. Corps vert, ovale, court, avec une bouche grande , située plus près du milieu que du bord antérieur. — Long de 0,05 à 0,05. J’ai indiqué et représenté dans les Annales des sciences natu- relles (i838, t. lo , pl. i5, pag. 3i4) cette espèce, que je crois distincte de la précédente par sa couleur et par sà forme. Elle s’était développée abondamment au mois de juin 1887 dans un tonneau enduit de tartre de vin rouge, qui avait servi à recueil- lir de l’eau de pluie depuis un mois , et dans lequel l’eau s’était putréfiée. Ces Glaucomes contenaient beaucoup de grosses va- cuoles; leur surface montrait douze à treize côtes noduleuses peu marquées. 4® Genre. KOLPODE. — Kolpoda. An. à corps ovoïde sinueux ou échancré d’un côté , et quelquefois réniforme , à surface réticulée ou marquée de stries noduleuses, croisées obliquement; bouche latérale située au fond de l’échancrure et pourvue d’une lè\Te trans- verse saillante. Le genre Kolpode établi par Millier fut caractérisé seule- ment d’abord par son contour sinueux ; aussi dut-il contenir chez cet auteur plusieurs Infusoires très-différents dont on a fait plus tard des Loxodes , des Chilodon , des Loxophyl- lum, etc. M. Bory adopta le genre Kolpode en lui attribuant un corps pai’faitement membraneux , f rès-variable , atténué vers l’une de ses extrémités, et le prit pour type de sa famille des Kolpodinées qui, dans le genre Amibe si mal composé, contient de vrais Kolpodes, tandis que de tous les Kolpodes de cet auteur aucun ne doit conseiuer ce nom. M. Ehren- berg a également pris le genre Kolpode pour type d’une famille des Kolpodeez répondant en partie à noti’e famille des Paraméciens ; mais il a trop chei'ché, dans une prétendue disposition des organes digestifs, les caractères de ses fa- DES llffUSOIRES. W9 mil les, et s’est trouvé conduit à séparer des genres qui avaient entre eux les plus grands rapports. Parmi ses Kolpodes , qui doivent avoir une langue courte, et n’être ciliés que du côté ventral, leur dos étant nu, cet auteur n’inscrit qu’une seule espèce avec certitude, le Kolpoda cucullus^ et deux espèces douteuses, le K. ren et le K. cucullio, qu’il avait précédem- ment rapporté au genre Loxodes dans lequel nous-même nous le laissons encore. Mais cet auteur reporte avec les Paramecium sous le nom de P. Kolpoda, des individus plus gros et ciliés partout que nous croyons n’être que des Kolpoda cucullus plus développés. M. Ehrenberg d’ail- leurs accorde à tous ses Kolpodes un anus latéral, un ovaire répandu sous forme d’un réseau blanchâtre très-fin dans tout le corps , une ou deux vésicules contractiles et un gros testicule rond ou ovale ; en déclarant que le rapprochement des ovaires et des estomacs n’a pas permis jusqu’à présent de découvrir d’autres détails ; cependant il dit avoir con- staté la présence d’une peau qui avait été observée par Millier. Pour nous, en étudiant avec soin les Kolpodes qui se ren- contrent si souvent sous l’œil du micrographe, nous n’y avons rien vu d’autre que ce qui est mentionné dans nos ob- servations générales sur l’organisation des Infusoires. Les Kolpodes se montrent avec une abondance extrême dans les infusions et se multiplient par divisions pontanée. I. Kolpode capuchon. — Kolpoda cucullus. — Pl. IV, fig. 29, et PI. XIV, fig. 5 (i). Corps renflé , réniforme , un peu comprimé , cilié partout. — Long de 0,02 à 0,09. Les Kolpodes pre'sentent une infinité de modifications et de (l) Oval animais. Leeu-wenhoek , 1677, Phil. tranaact. Cornemuses argentées , rognons argentés , cucurhite dorée , Joblot , Hier. t. I , part. 2, Pl. 2,3, 4- Spallanzani, Oputc. phya. 1 , p. 217, Pl. a. ^ HISTOIBE NATURELLE 480 variations de grandeur qui pourraient faire croire à l’existence d’un plus grand nombre d’espèces ; mais quand on suit avec at- tention le développement de ces animaux dans des infusions , on acquiert bientôt la conviction que ce ne sont là que des différences transitoires ; on est même souvent conduit à penser que la dis- tinction des Glaucomes et des Kolpodes pourrait tenir à quelques circonstances du développement de ces êtres. Quant à la différence queM. Ehrenberg a établie entre les individus ciliés partout , dont il fait son Paramecium Kolpoda , et ceux qui ne montrent des cils que d’un côté , nous croyons qu’elle tient au degré de déve- loppement de ces animaux ou au mode d’observation , car ces cils sont quelquefois d’une ténuité extrême ; c’est pourquoi nous réunissons tous ces Infusoires. J’observai dans feau de Seine putréfiée, avec des Callitricbes , le lo novembre i838, des Kolpodes longs de 0,07 à 0,08, ciliés partout, ayant une lèvre transverse saillante , et de nombreuses vacuoles très-grandes qui contenaient avec de l’eau des parti- cules avalées. Précédemment à la fin de décembre j’avais étudié , dans l’eau de marais pourrie, des Kolpodes semblables, mais dont je n’avais pu apercevoir les cils ; un autre Kolpode (pl. XIV, fig. 5 ) que j’observais dans l’eau qui baignait de la terre cou- verte d’Oscillaires, était entouré de cils rayonnants assez longs ; sa surface était fortement granuleuse. Au commencement de février une infusion de cévadille, pré- parée le 24 décembre, était remplie de Kolpodes longs de o,o52 à 0,078 , à surface un peu granuleuse et réticulée ; ils étaient ciliés partout , mais les cils de la partie antérieure étaient ordinaire- ment seuls visibles. Des vacuoles nombreuses se voyaient dans ces Kolpodes , et le centre de quelques-uns était occupé par un glo- Paramccium secundum , Hill. Hist. nat. i^Sl. — Volvox torquilla , Ellis , Phil. trans. 1769. Pandeloquenthiercheii, Gleichen , Inf, l’I. i5, Pl. 21, Cg. E, ïn , Pl. 27. Kolpoda cncullus , Muller, Inf. Pl. XIV , fig. 7-l4< Bursaria cncullus et Amiha cydonea , Bory , Encycl. 1824. Kolpoda cucullus , Ehr.Mém. i83o, et Kolpoda cucullus , Ehr. Inf. i838, Pl. XXXIX, fig. V. Paramecium Kolpoda, Ehr. 3' mém. }833 , Pl. JU, fig- Ui- — Infus. i838 , Pl. XXXIX, fig. 9. B£S INFUSOIAXS. 481 bule fongueux qui s’élargissait par la pression de manière à laisser autour de lui un anneau vide qui paraissait clair ou obscur, sui- vant l’incidence de la lumière. En faisant avaler du carmin à ces Kolpodes, je vis, au bout d’un certain ten^s^la couleur, qui d’abord occupait des vacuoles bien rondes , fjSrmer des amas oblongs ou même des masses fongueuses entouy'ées d’un anneau vide et plus clair au milieu des vacuoles. Ces Kolpodes qui , bien certainement appartenaient à une seule espèce, montraient toutes les modifica- tions de formes ; les uns étant régulièrement ovales , d’autres cylindriques, droits ou courbés , ou réniformes ou en forme de cornemuses; d’autres enfin diversement contournés ou défor- més par suite d’une décomposition partielle. 5® Genre. PARAMÉCIE. — Paramecium. An. à corps oblong comprimé , ayant souvent un pli longitudinal oblique dirigé vers la bouche , qui est laté- rale et obliquement située vers le tiers antérieur de la longueur. Les Paramécies étant les plus gros des animaux qui se produisent en foule dans les infusions , ont dû être vus de tous les micrographes , car il suffit d’une loupe un peu forte pour les distinguer , et souvent même on les voit à l’œil nu former des nuages comme une poussière blanche légère dans un liquide où des végétaux ont macéré pendant l’été dans l’eau non renouvelée d’un vase de fleurs , par exemple. Ce sont aussi de tous les Infusoires proprement dits ceux dont l'organisation ou la structure a pu être le mieux étudiée. Hill leur donna le nom de Paramécie , formé de l’adjec- tif grec signifiant oblongs par opposition avec ceux dont la forme était plus arrondie ou plus vermiforme. Müller qui ne voyait point encore les cils de leur sui’face ni leur orifice buccal , les caractérisait simplement aussi par leur forme en indiquant le pli que présente leur corps ; M. Bory les ca- ractérisa de même et leur associa quelques espèces apparte- nant à d’autres types. M. Ehrenberg, le premier, indiqua iHrusoiBïs. ;il HISTOIRE NATURELLE 482 les vrais caractères des Paramécies, d’avoir une bouche laté- rale et d’être entièrement ciliées ; mais les autres détails que cet auteur a donnés à diverses reprises sur leur organisation nous paraissent au moins contestables. ï t’ailleurs nous avons dit précédemment , dans notre livre tout ce que nous savons de précis sur ce sujet. Nous ajouterons seulement ici que la forme des Paramécies est tellement altérable et varia- ble , que l’on sera fréquemment exposé à méconnaître ces Infusoires , quand les circonstances de leur développement auront été modifiées , ou quand ils auront éprouvé quelque blessure. Les Paramécies, les Rolpodes , les Glaucomes , les Pano- plirys et même les Amphileptes , lorsqu’ils sont restés long- temps renfermés entre des lames de verre ou lorsque le mi- lieu dans lequel ils vivent ne lem- convient plus autant , perdent lem* caractère distinctif , pour prendre une forme ovoïde plus ou moins déprimée , sans cesser d’êti'e flexibles et contractiles. On serait alors tenté de les considérer tous comme des modifications d’un même type dont le caractère commmi serait leur forme ovoïde , leur surface réticulée et régulièrement ciliée , et la position latérale de leur bouche. I. Paramécie Aurélie. — Paramecium Aurélia. — Pl.VlII, fig.5-6(i). Corps ovale oblong, arrondi ou obtus aux deux extrémités , plus large en arrière. — Long de 0,18 à 0,25. Elle se trouve abondamment dans les infusions , dans l’eau des (i) Leeuwenhoek, 1677, Phîl. Trans. — Chausson , Joblot, Micr. Pl. X.fig. 23. Paramecium , Hill. Uist. nat. 111 , Pl. l , f. 3. Volvox terebella, Ellis , Philos. Trans. 1769 , p. l38 , fig. 5. Spallanzani , Opusc. phys. i , Pl. 2 , fig. 18. Pantoffelthier , Gleîchen , Micr. entdeck. PI. 22. — Tnfus. Pl. a3 et 29. Paramecium Aurélia , Millier , Infus. Pl. XII , fig. 1-14. Paramecium Aurélia. — Peritricha plcuronectes. — Bursaria calceo- lus , Bory , Encycl. Paramecium Aurélia , Ehr. 3»mém. Pl, III, fig. Infus, i838, Pl. XXXIX, fig. 6. DES INFUSOIRES. 483 fossés , entre les herbes aquatiques, surtout lorsque cette eau a été conservée pendant plusieurs jours. s. Paramécie A QUEUE.— caudatum, — PI. VllI, fig.y (i). Corps fusiforme, obtus ou arrondi en avant, aminci en arrière. — Long de 0,22. — J’ai observé cette espèce , à Toulouse , pen- dant l’été de 1 840. Des cinq espèces de Paramécies décrites par Millier, la P. Aurélia seule peut être rapportée avec certitude à ce genre; la P. ckrysa- lis, que M. Ehrenberg croit être synonyme, ainsi que la P. ovife- rum, de l’espèce dont nous faisons le genre Pleuronème, pourrait bien être autre chose , car Millier l’observait dans l’eau de mer, et il remarquait qu’en mêlant le liquide qui la contient à une in- fusion remplie de Paramécies Aurélies, celles-ci seules périssaient tout à coup. M. Ehrenberg , avec les deux espèces que nous admettons et la P. chrj-salit, qu’il veut conserver, et la P. kolpoda dont nous fai- sons un Kolpode , admet encore quatre autres Paramécies , dont deux observées à la hâte et très-imparfaitement durant ses voya- ges , sont marquées par lui-même d’un point de doute ; une troi- sième, P. compressum, parasite des Lombrics , est pour nous le genre Plagiotoma , de la famille des Bursariens ; une dernière enfin , P. milium^ donnée par l’auteur comme synonyme du Ç^- clidium milium de Millier, à corps petit, oblong, triquétre, long de 0,026 , nous paraît être une de nos Enchelys^ l’P. nodulosa ou \’E, iriqueira (voyez pag. 38g, 3go); 6' Genre. AMPHILEPTE. — Ampkileptus. An. à corps allongé, fusiforme ou lancéolé, rétréci aux deux extrémités ou au moins à l’extrémité antérieure avec une bouche latérale oblique. Les Ampliileptes qu’on pourrait nommer des Paramécies (l) Paramecium caudatum , Hermann. — Schrank. — Ehr. 3* mém. PI. III, fig. 2. — Ehr. Infus. i838, PI. XXXIX, fig. 7. 3t. HISTOIRE îfATURELLE 484 à cou , ont été distingués comme genre par M. Ehrenberg, mais cet auteur, tout en leur assignant pour caractère d’avoir une trompe et une queue , a compris sous le même nom di- verses espèces sans queue , et renflées ou arrondies en arrière, et d’autre part , cherchant toujours un cai'actère distinctif pour ses diverses familles, dans la position d’un anus qu’il accorde à tous ses Infusoires entérodélés , il a laissé dal? genre Trachelius plusieurs espèces qui nous paraissent de- voir être inscrites parmi les Amphileptes , et lui-même a plusieurs fois transporté, d’migenre dans l’autre, certaines es- pèces ; c’est qu’en effet la forme extérieure seule ne pourrait suffisamment distinguer ces deUx genres , et Schranck qui institua le ^ewreTrachelius put les confondre sous cette déno- mination. Ne pouvant admetti e la distinction établie par M. Ehrenberg , nous en avons cherché une auti'e , qui nous paraît plus réelle et en même temps plus facile à constater. C’est la présence d’un tégument réticulé contractile dont les Amphileptes sont pourvus et qui manque aux Trachelius. Les cils de la surface, comme s’ils sortaient entre les mailles du tégument, doivent donc chez les Amphileptes former des séries régulières : cela précisément nous a conduit à sépai’er des Amphileptes de M. Ehrenberg , son anserpom-en faire le type de notre genre Dilep te (f^oyez pag. 404-409). Nous avons également dû en séparer notre Loxophyllum Meleagris, dont Millier avait fait un Kolpode. Millier a coimu plusieurs autres de ces Infusoires , et les a rangés par- mi ses Vibrions et ses Trichodes. Leur forme est tellement variable qu’on sera exposé souvent à prendre pour des es- pèces différentes ou même à rapporter à des genres diff érents, des individus d’une même espèce , plus ou moins contractés ou déformés. Aussi M. Bory a-t-il cru devoir en placer quel- ques-uns avec ses Amibes. M. Ehrenberg a décrit chez un de ses Amphileptes une sorte de cordon noueux, en forme de rangée de perles, situé au milieu du corps et qu’il regarde comme un testicule, de même que les masses glanduleuses ovales qu’il indique chez plusieurs autres. 11 a signalé aussi DES INFUSOIRES. 48.^ chez plusieurs Anipliileptes , des séries marginales de vési- cules ou vacuoles remplies d’un liquide limpide qu il nomme suc digestif. Les Ampliileptcs se trouvent ordinairement dans les eaux limpides des marais et des ruisseaux entre les herbes aquati- ques; plusieurs sont colorés en vert, soit par eux-mêmes , soit par la noimâtuie dont ils s’emphssent. I. Amphilepte bandelette. — Amphilepius fasciola (i). Corps blanchâtre , déprimé , lancéolé-linéaire , plat en dessous , convexe en dessus. — Long de 0,11 . Cet Infusoire , que M. Ehrenberg avait d’abord placé parmi les Trachelius, et qu’il a représenté d’une manière différente en i838, paraît bien être , comme il l’admet , le même que Müller a décrit MOUS \e nom àe P^ibrio fasciola (Midi., Inf. , pl. IX, fig. 18-20); mais je ne crois pas qu’il ait aussi pour synonyme le F'ibrio anas (Müll., Inf., pl. X , fig. 3-5 ), qui, suivant cet auteur, a le corps fusiforme , et qui d’ailleurs vit dans l’eau de mer. Quant à son Vibrio fasciola, Müller dit qu’il se trouve assez rarement dans l’eau des marais après la gelée, et il en indique'une variété obtuse en arrière , qu’il a trouvée à la fin d’octobre dans l’eau couverte de Lemna, et une autre dans la mer. M. Ehrenberg, au con- traire, dit que son Amphilepius est très-commun dans toutes les infusions. * 2. Amphilepius viridis (Ehr.Inf. Pl. XXXVIU , fig. 2). M. Ehrenberg a nommé ainsi un Amphilepte à corps fusiforme, renflé, vert au milieu , long de o, 2 2 , ayant la trompe et la queue (1) Vibrio anas. — V, fasciola et V. intermedius , Müller, Inf. PL IX, fig. 18-20, Pl. X, f. 3-5. Trachelius planaria , Schrank . Kolpodafasciolaris et planariformis, — Parnmccium acutum. — P. an- ceps, Bory , Encyc. 1824. Trachelius fasciola , Ehr. 1er mém. i83o , Pl. IV, f. 4. — Amphi- Itplus fasciola , Ehr. Inf. Pl. XXXVllI, f. 3. HISTOIRE KATORELLE 486 courtes, incolores, et montrant sur chaque face i5 à îo séries longitudinales de cils. Il attribue à des œufs la couleur verte, qui est due peut-être à la nourriture. * 3. Amphileplus margarilifer (Ehr. Inf. PI. XXXVII , fig. 5). Le même auteur a dérivé de la rangée de vésicules en chape- let le nom de cet Amphilepte , qui est long de o-35, grêle , fusi- forme, blanc , avec son cou presque aussi long que le corps et sa queue très-courte. * 4. Amphileptus vorax. — (Trachelius vorax, Ehr. Inf. PI. XXXIII, fig. 7.)| A en juger par la figure de cette espèce, que je n’ai pas vue non plus que les deux précédentes, elle doit être rapportée à notre genre Amphilepte. Son corps est claviforme , renflé, blanc , avec un cou épais , obtus , de moitié plus court, et une large bouche située vers le milieu du corps. Elle se meut très-lentement en rampant et en tournant sur elle-même. M. Ehrenberg n’a pu lui faire prendre de couleur, mais il lui a vu avaler d’autres petits Infusoires {Loxodes bursaria) dont quatre à six individus étaient engagés tout entiers dans autant de ses vésicules stomachales. * 5. Amphileptus moniliger (Ehr. Inf. PI. XXXVIII, fig. i). C’est de la présence d’un cordon moniliforme pris par lui pour un testicule , que M. Ehrenberg a tiré le nom de cet Infusoire qui a le corps large , renflé , blanc avec une trompe ou un cou assez grêle et ime queue presque nulle. « Cet Amphilepte , dit-il, a une grande analogie avec le Trachelius omm , dont le distin- guent essentiellement la petite pointe de son extrémité posté- rieure et sa glande moniliforme. Il ne prend pas de couleur. La position de la bouche est évidente ; l’anus n’est pas visible , mais paraît être au côté dorsal de la petite pointe. » Sa longueur est de 0,28 à 0,87 ; il a été observé à Berlin. OXS INFUSOIRES. m * 6. Jmphilepius ovum. — (Tracheltus ovum, Ehr. Inf. PI. XXXIII, fig. i3 (i). L’analogie indiquée par M. Ehrenberg lui-même ne permet pas de placer ailleurs cet Infusoire qui avait été vu précédem- ment par Eichhorn et par Schrank , et dont lui-même avait d’abord voulu faire le type du genre Ophrjrocerca et de la famille des Ophr^ocercina , en prenant pour une queue ce qu’il reconnut plus fard être une partie analogue à la trompe des Amphileptes. Nous-même nous avous observé dans l’eau de la Vilaine , au mois d’octobre 1840 , cet Infusoire qui a le corps presque glo- buleux avec un prolongement latéral en forme de bec ou de trompe ; mais nous n’avons point vu le large canal digestif et toutes ses ramifications comme M. Ehrenberg les a représenté». — La longueur est de o,3g. Genre. LOXOPHYLLE. — Loxophyllum. An. à corps très-déprimé , lamelliforme , oblique, très- flexible et sinueux ou ondulé sur les bords ; bouche laté- rale ; cils en séries parallèles écartées. Ces Infusoires sont distingués par leur forme de feuille oblique et par les sinuosités mobiles de leur bord membra- neux. Müller en avait fait des Rolpodes, M. Bory les laissa également dans son genre Kolpode , M. Ehrenberg en a fait des Amphileptes et leur a attiibué la même organisation qu’à ces animaux , et notamment la rangée de vésicules lim- pides contenant mi suc digestif. Les Loxophylles vivent dans les eaux stagnantes , dans les fossés , mais non dans les infu- sions proprement dites. (i) Kugel gespitzte, Eichhorn, Beytr. Pl. 5, f. 8. Trachelius cicer , Schrank, Paun. boic. Ill , 2, p. 60. Ophryocerca ovum, Ehr. 2* mém. i83ï. T rachelius ovum , Ehr. Infus. i838 , Pl. XXXIII, fig. i3. 488 HISÏOlRi HATUREX-LE 1. Loxophtlle pintade. — Loxophj-llum Meleagris, XIV, fig. 6 (ij. Corps grand , comprimé , membraneux , obliquement lancéolé et recourbé au sommet ; un des bords au moins, flexible et sinueux, ou crénelé en manière de crête. — Long de 0,57. Cet Infusoire , que j’ai observé en novembre 1 838 dans l’eau d’un fossé au nord de Paris , avait été étudié avec soin par MüUer qui le caractérise par cet phrase : « K. plicatile , déprimé , en crochet au sommet , avec le bord antérieur crénelé , » et le décrit ensuite en ces termes : « C’est un Infusoire des plus grands , très- singulier , en effet , c’est une membrane élargie susceptible de se plier très-délicatement , présentant à chaque instant des flexions et des plissements variés ; la partie antérieure de son corps jus- qu’au milieu est transparente , la partie postérieure est remplie de molécules, et diversement plissée en travers par des plis saillants. Le sommet est recourbé en crochet ; le bord diversement sinueux partout , présente trois ou quatre dentelures au - dessous du sommet. Quelquefois même sa structure est plus remarquable , car son bord latéral antérieur au lieu de dents présente de nom- breuses crénelures rapprochées , et en outre près du bord pos- térieur , il est orné de douze globules ou davantage qui sont égaux , diaphanes (pellucides) et forment une rangée longitu- dinale', droite ou flexueuse suivant les mouvements de l’animal. Entre ces deux bords se voient des lignes longitudinales très- déliées , et vers le bord postérieur, au milieu, trois globules plus grands , qui , non toujours visibles , tiennent peut-être lieu d’es- tomac ou d’intestin , car ces viscères quand ils sont vides chez les Bullaria et les P/anaircj sont moins distincts. — Il se meut lentement à la manière des Planaires en plissant diversement sa membrane , et en soulevant son sommet recourbé. — Il se trouve dans les eaux couvertes de Lemna , pendant les derniers mois de l’année , mais (i) Kolpoda Meleagris , Muller, Inf. Pl. XIV, f. 1-6 , PI. XV , f. 1-5. Kolpoda Meleagris, — K. zygoena. — K. hirundinacea , Bory , Encycl, 1824. Amphileptus Meleagris , Ehr. Infu». i838, Pl. XXXVIII. fig- 4' DES IMFÜSOIRES. 489 rarement. — Un seul individu m’offrit un phénomène singulier , car il se résolvait peu à peu en molécules jusqu’à la sixième partie antérieure du corps; et cette partie restante agitant son bord dorsal d’un mouvement ondulatoire se remit à nager vivement comme s’il ne lui fût rien arrivé. Les globules pellucides de- meurèrent immobiles et sans changement ; ainsi il est à peine douteux que ce soient des ovules. — J’en ai contemplé une va- riété plus rare qui était percée quoique vivante, d’une grande lacune dans sa partie antérieure et d’une plus petite en arrière. — Une singulière variété s’offrit encore à moi au commencement de novembre 1 788 , elle était prolongée en arrière sous la forme d’tm marteau , et ce prolongement était étendu ou recourbé.... » (Millier, Inf. p. loo.) J’ai traduit presque littéralement ce passage de Millier parce qu’il montre bien le vague qui reste toujours dans les observa- tions microscopiques en raison des changements continuels de forme des Infusoires et des interprétations plus ou moins arbi- traires qu’on est porté à donner. M. Ehrenberg décrit ce même Infusoire comme ayant le corps comprimé , membraneux , largement lancéolé, avec une crête dorsale dentelée, à sept ou huit dentelures obtuses ; et avec treize à dix-huit rangées longitudinales de cils. 11 lui attribue aussi une rangée de huit à dix taches incolores (vésicules à suc digestif) non toujours visibles. Il n’a pu lui faire avaler de couleur , mais il a vu dans ses vacuoles ou vésicules intérieures des Navjcules et des Monades vertes emprisonnées , et il a vu l’excrétion du résidu de la digestion , s’effectuer par une ouverture située au côté qu’il nomme dorsal. * Loxophjrllum. — (Kolpoda ochrea , Müller, Inf. PI. XllI , f. 9-10.) On doit , je crois , rapporter à ce même genre la Kolpàda ochrea de Müller, que cet auteur a trouvée rarement dans les eaux douces stagnantes et qu’il décrit comme ayant le corps allongé , membraneux , flexible , rétréci au sommet , prolongé en équerre à sa basse, et rempli de molécules obscures et de tésicules pellucides. U se meut en glissant et en repliant de di- verses manières son extrémité rétrécie. M. Ehrenberg a décrit sous le nom dî Amphilepius longicollis (Ehr. Inf. , i838, PI. XXXVllI , fig. 5) un Infusoire qu’il donne HISTOIRE NATURELLE J^90 arec doute pour synonyme du Kolj>oda ochrea de Müller, et qui a le corps renflé et dilaté en arrière , rétréci en avant en manière de trompe ensiforme ; il lui attribue de nombreux estomacs , une bouche , un anus, des cils partout , des ovules , et une rangée de 9 à lo vésicules limpides , incolores , contenant le suc digestif. — Sa longueur est de o,z5. ** Loxopli/’llum.? — Trachelius Meleagris. (Ehr. Inf. PI. XXXllI , fig. 8. ) Peut-être doit-on aussi inscrire ici cette espèce décrite par M. Ehrenberg comme ayant le corps comprimé, lancéolé, sou- vent sigmoïde, blanc et orné d’une rangée dorsale de vésicules pleines d’un liquide rougeâtre que l’auteur regarde comme le suc digestif ou la bile. — Sa longueur est de 0,87. 8® Genre. CHILODON. — Chüodon. An. à corps ovale irrégulier, sinueux d’un côté , lamel- liforme , peu flexible , avec des rangées parallèles de cils à la surface, et une bouche obliquement située en avant du milieu et dentée ou entourée d’un faisceau de petites baguettes. • Le Chilodon , par sa forme extérieure , ressemble aux Loxodes , aussi a-t-il été confondu d’abord avec eux, et pré- cédemment aussi a-t-il été compris en même temps dans le genre Rolpode de Müller; mais il se distingue des vrais Kolpodes par sa forme déprimée , et des Loxodes par sa sur- face ciliée régubèrement , ee qui dénote aussi un tégument réticulé contractile, au lieu de la cuirasse apparente de ceux- . ci. Quanta l’armure dentaire, on l’observe aussi, je crois, chez de vrais Loxodes , en même temps que chez divers genres de Paraméciens. Les vrais Chilodon, réunissant tous ces caractères , ne se trouvent pas dans les infusions , mais seulement dans les eaux douees parmi les herbes. SES INFUSOIRES. 491 X.Ghilodon ciPucHon. — Chilodon cucullulus ,Tl.Vl , 6g. G (i). Corps déprimé , à contour sinueux , avec ü rangées de cils à chaque face. — Long de 0,18. J’ai dessiné avec toute l’exactitude possible cet Infusoire tel que je l’ai vu sous le microscope, en 1889. Il renfermait des navicules qu’il avait avalées, mais il m’a été impossible d’aper- cevoir la moindre trace de l’intestin que M. Ehrenberg repré- senta , dans ses dessins de i833 , comme un large canal d’où par- tent de nombreux et larges cæcums de tous côtés. Cependant j’ai bien distingué les rangées longitudinales de cils que cet auteur a indiquées dans ses nouveaux dessins de i838 et qu’il n’avait pas encore soupçonnés à l’époque où l’intestin se révélait si clai- rement à lui. J’avais observé plusieurs fois dans l’eau de l’Orne, en sep- tembre 1835, un Chilodon long de 0,19 contenant beaucoup de navicules avalées. Il se décomposait sous mes yeux avec diffluence ne laissant que le faisceau de dents et un globule rougeâtre entouré d’une aréole qu’on aurait bien pu prendre pour un œil. 9* Genre. PANOPHRYS. — Panophrys. \ An. à corps cilié partout , ovale , déprimé, contractile , devenant ovoïde et môme globuleux en se contractant ; surface marquée de stries droites ou obliques croisées , auxquelles correspondent les rangées régulières de cils. — Bouche latérale. I Ayant voulu caractériser les Bursaires par la rangée de grands cils en moustache qui conduit à la bouche, j’ai dû établir un genre particulier pour certaines Bursaires de (1) Kolpoda cucullulus , Müller, Inf. Pl. XV, fig. ç-ll (en partie). Loxodes cucullulus , Ehr. i®*' et a® mém. i83o-i83l. — Èuodon cucullulus , 1 833 . Chilodon cucullulus , Ehr. 3® mém. i833 , Pl. 11, f. i. — Infus. i838, Pl. XXXVI, «g. 6. 492 HISTO IfiE naturelle M. Ehrenberg, qui n’ont point ce caractère et dont la bouche est entourée de cils ordinaires. Ces Infusoires seraient des Pa- ramécies , s’ils n’avaient la faculté de se contracter en boule , et s’ils n’étaient toujours dépourvus du pli oblique antérieur qui caractérise ces derniers. Il sera facile d’ailleurs de con- fondre les animaux de ces deux genres , quand ils ne seront point dans leurs conditions normales d’existence et quand ils auront déjà éprouvé certaines déformations. Les Panophrys vivent dans les eaux tranquilles douces ou marines entre les herbes. / 1. Panophhts chrysalide. — Panophrj’s chrj'salis. (PI. XIV, 6g. 7.) Corps ovoïde oblong , déprimé ; bouche accompagnée d’un ren- flement , et située près de l’extrémité antérieure. — Long de 0,18. — Marin. Cet Infusoire vivait dans de l’eau de mer prise à Cette, le i3 mars 1840, et conservée depuis quinze jours. î i. Panophrys roüge, — Panophrj-s rubra. (PI. XIV, flg. 8.) Parmi les nombreux Infusoires rouges que j’observai dans l’eau du canal des Étangs, à Cette , le 2 mars 1840, il s’en trouvait d’ovoïdes , presque réniformes , uniformément revêtus de cils vi- bratiles Ans, et pourvus d’une bouche latérale près de l’extrémité antérieure. — Leur longueur était de 0,07 à 0,08. Je les inscris provisoirement ici, en attendant que de nouvelles observations nous apprennent s’ils sont vraiment adultes ou si ce ne sont pas les jeunes de quelque autre espèce. 3. Panophrys farcie. — Panophjrs farcta. (PI. XIV, 6g. 9.) Corps ovoïde oblong , rempli de corpuscules avalés qui le colo- rent en vert, en jaune rougeâtre ou de diverses couleurs ; bouche latérale , située entre le milieu et le tiers antérieur du corps. — Long de 0,18 à 0,23. J’ai rencontré plusieurs fois dans les eaux marécageuses entre les herbes , cet Infusoire qui est comme bourré des objets qu’il a DES liTFUSOIRES.' 493 araléi. Comme ces objets sont souvent des particules végétales , il s’ensuit que sa couleur la plus ordinaire est le vert. Je crois que c’est une même espèce avec les trois Bursaria vernalis , leucas et Jîava de M, Ehrenberg, et très-probablement aussi avec la Leucophra virescens , de Müller, que cet auteur rapporte avec doute comme synonyme de sa B, vernalis. / * Panophris, — Bursaria vernalis. (Ehr. Inf. PI. XXXII, fig. 7.) Corps ovoïde oblong, renflé , vert , arrondi aux deux extrémités mais un peu aminci en arrière ; bouche en deçà du tiers ou du quart antéreur du corps. M. Ehrenberg qui a trouvé cet Infusoire entre des Oscillaires au premier printemps , à Berlin , le décrit ainsi : « Le mouvement a lieu en tournant autour de son axe longitudinal et en nageant posément en avant. Le corps est long , garni de cils vibratiles qui ne forment point de rangées distinctes , et en même temps péné- tré de petites baguettes prismatiques. La bouche a une couronne de soies fortes , courtes , qui ressemblent presque à des dents. De nombreux estomacs sont souvent remplis de grandes Oscillaires et de Navicules, et contiennent un suc digestif, d’une couleur rougeâtre manifeste. J’ai compté jusqu’à dix grandes Navicules dans le corps d’un de ces animaux. Une grande glande sexuelle mâle et deux vésicules contractiles rondes constituent l’appareil génital masculin. Le corps est rempli d’ovules verts, qui se répan- dent périodiquement par l’effet d’une diffluence partielle avec toute une partie du corps , sans que la vie de l’animal soit compromise. D’ailleurs , j’ai vu la division spontanée longitudinale. Il est par- ticulièrement intéressant et important de suivre la marche de la digestion s’exerçant sur les Oscillaires , qui , d’abord élastiques et roides et d’un beau vert bleuâtre, deviennent visiblement molles et flexibles, d'un vert clair, puis d’un vert jaune, et se décompo- sent en leurs articles isolés qui , finalement, sont d’un jaune sale. Par suite de l’évaporation de l'eau , le corps se décompose promp- tement tout entier par diffluence, et souvent il reste des esto- macs que la contractilité maintient fermés avec leur contenu , comme des globules isolés. » (Ehr. Inf., i838,p. Sag.) 494 HISTOIRE NATURELLE ** Panophrfs. — (Bursaria Leucas. — Ehr. PI. XXXIV. fig. 8.) Corps blanc , oblong , subcylindrique , presque également ar- rondi de part et d’autre ; bouche dépassée par la cinquième ou sixième partie du corps. — Long de 0,18. Cet Infusoire est quelquefois entièrement rempli de brins d’Os- cillaires qu’il avale et qui se courbent dans son intérieur , ce qui paraît à M. Ehrenberg une preuve de l’extensibilité prodigieuse des estomacs chez ces animaux. 11 présente aussi une vésicule con- tractile en étoile. *** Panophrj-s.— {Bursaria Jlava. — (Ehr. Inf., PI. XXXV, fig. 2.) Corps ovoïde-oblong , jaune , souvent un peu rétréci en arrière ; bouche près du bord antérieur. — Long de 0,18 à 0,28. Cet Infusoire , observé en juin et juillet dans l’eau des tour- bières , près de Berlin , a le corps cilié partout , mais sans que les cils forment des rangées régulières ; il est tout rempli de globules d’un jaune d’ocre pâle, larges de 0,0097, qui le rendent opaque. Il n’a pu être coloré artificiellement. 10® Genre. NASSULE. — Nassula. J» An. à corps cilié partout, ovoïde ou oblong , contractile devenant globuleux parla contraction ; bouche latérale den- tée ou entourée d’un faisceau de baguettes cornées. Les Nassules ne diffèrent des Pauoplirys que pai' le fais- ceau de baguettes qui entoure leur bouche comme l’ouver- ture d’une nasse et qui constitue une sorte d’armure den- taire ; ce faisceau , en effet , peut se dilater ou se resserrer suivant le volume de la proie que l’animal veut avaler ; il peut également s’avancer au-deliors pour saisir la proie qui n’est pas amenée à la bouche par le mouvement des cils vibratiles comme chez les Paraméciens , mais que l’animal doit aller chercher. DES INFUSOIRES. 495 LesJNassules comme les Paiiophrys et plusieurs autres Pa- raméciens ont dû être confondues , par MüUer , avec ses Leucophres; c’est M. Ehrenberg, qui le premier, en 1833, fit connaître leur caractère distinctif. Le même auteur dé- crivit aussi alors ce qu’il nomme vésicule contractile ou organe d’éjaculation : c’est une grande vacuole qui , chez une espèce au moins , se montre entom’ée de vacuoles plus petites, comme d’une rangée de perles. Plus tard enfin il leur atti-ibua aussi des ovules colorés, et im suc digestif ; il a comiilété depuis la description l’organisation de Nassules en y indiquant comme testicule im corps ovale demi- transparent. Les Nassules se nourrissent de particules végétales et de débris d’algues et sont ordinairement totalement remplies et colorées par cette nourriture. Elles vivent dans les eaux stagnantes , surtout dans celles qui baignent en petite quan- tité des Conferves et des Oscillaires , mais non dans les in- fusions. I. Nassule verte. — Nassula viridis. — {Nassula ornala ? Ehr. ■ Inf. PI. XXXVII, fig. 2 ; PI. XI, lig. i8.) Corps ovoïde déprimé , quelquefois orbiculaire ou globuleux , cilié , vert avec des taches rougeâtres. — Long de 0,125. .l’avais cet Infusoire, en février et mars i836 , dans une sou- coupe où je conservais depuis longtemps, avec un peu d’eau, une couche de terre recouverte d’Oscillaires, prise dans un fossé au sud de Paris. J’ai vu plusieurs fois une Nassule avaler successivement toute une Oscillaire, au bout de laquelle on la voyait comme en- manchée. Le brin d’oscillaire s’infléchissait et se courbait en cer- cle dans le corps de l'animal , qu’il distendait fortement par l’effet de son élasticité. Je pouvais me convaincre alors qu’il n’y avait rien ici qui ressemblât le moins du monde à un intestin ; l’ani- mal se creusait simplement d’une vaste vacuole dans laquelle l’Oscillaire se logeait comme dans une bourse. Je voyais en meme temps d’autres fragments d’Oscillaires logés dans des va- cuoles plus petites , parfaitement isolées les unes des autres , et HISTOIRE NATURELLE 496 qui ne conservaient aucune relation ni avec celle qui se formait en cet instant ni avec la bouche. La digestion paraît s’effectuer très-rapidement. Les Nassules tenues trop longtemps comprimées entre les plaques de verre, ou soumises à une action délétère quelconque , se décomposent avec diffluence en se creusant d’a- bord de vacuoles nombreuses, et en laissant sortir de larges expansions de sarcode; après cette décomposition, il reste sou- vent une masse ovalaire moins décomposable , qui est ce que M. Ehrenberg a nommé le testicule ; cette masse , dans l’inté- rieur même de l’Infusoire, s’entoure quelquefois d’une large va- cuole comme si elle déterminait une sorte de départ entre la sub- stance sarcodique et l’eau ; on voit bien , dans ce cas , comment ce prétendu testicule est sans aucune connexion avec les antres organes. Le faisceau dentaire parait résister moins à la décom- position que celui des Chilodons ; et si l’on ajoute un peu de po- tasse , on le voit disparaître totalement. J’ai bien vu, dans l’ami- mal mourant , les cils de la surface qui sont longs de o,ooG environ , d’une ténuité extrême et disposés en séries régulières. J’ai vu aussi des N assules en voie de division spontanée transverse, mais je n’ai pas vu les vacuolescontractiles entourées d’un cercle de vacuoles plus petites- M. Ehrenberg décrit , sous le nom de Nassula ornata J un Infusoire beaucoup plus gros (o,28millim. i/81ign.), que je crois cependant être bien l’analogue du nôtre; il le dit panaché de vésicules nombreuses violacées, et lui attri- bue sur chaque face 24 rangées longitudinales de cils entre les- quels se trouvent d’autres rangées alternes de soies un peu plus fortes. La bouche est sur une des plus larges faces , dans un en- foncement , comme chez les Bursaires , et elle est entourée d’un cône creux un peu saillant ou d’un cylindre formé de 20 à 2 7 dents. « A l’intérieur du corps, dit-il , on distingue, à un grossissement de 3oo diamètres, beaucoup de vésicules ou globules bruns, verts, jaunes ou violets , qui sont de natui-e bien différente. Tous les bruns et les jaunes, ainsi que les plus gros et les plus irréguliers d’entre les verts , sont des estomacs remplis de monades vertes et d’autresaliments,parmilesquelsonvoitsouventausside longs brins d’Oscillaireset desNavicules. Mais en outre le corps est quelquefois, non toujours, rempli de granules verts, ronds, très-réguliers, pro- portionnellement très-gros , et que je regarde comme des œufs. » (Ehr. , Inf. p. 33ç).) Entre les estomacs et les ovules sont situé* des globules violets, dit-il , qui sont des vésicules remplies d’un DES INFUSOIRES. 497 SUC digestif coloré , et qui forment six à huit groupes. Ce suc violet , expulsé avec les excréments , paraît comme des goutte- lettes d’huile dans l’eau, et change de couleur aussitôt. « J’ai vu claiieincnt , dit-il , dans la Bursaria vernalis, que ce liquide, aus- sitôt qu’il touche la nourriture verte, la colore en jaune et la dé- compose. Au milieu du corps se trouve une grosse glande ronde, et tout auprès s’ouvre et se ferme , ou se dilate et se contracte périodiquement une giande vésicule servant à la fécondation spontanée , laquelle , dans ses états de contraction extrême et d'extension extrême, est simple, mais, dans ses états intermé- diaires, a un bord pexdé. » (Loc. cit.) ** Nassula aurea. — (Ehr. , Inf. PI. XXXVII , fig. 3.) Sous ce nom, M. Ehrenberg a établi dans son troisième mé- moire (i833) une espèce distincte caractérisée par sa couleur jaune d’or et par sa forme ovoïde-oblongue , très-obtuse aux deux extrémités. Sa longueur est de 0,22 ; elle montre sur chaque face 20 à 24 rangées de cils. Elle a été trouvée dans l'eau d’une tour- bière. On pourrait croire que c’est sa nourriture qui a déterminé sa coloration. M. Ehrenberg a reporté dans le genre Chilodon, sous le nom de Ch. aurcus (Ehr. Inf. Pl. XXXVI , fig. 6, pag. 338), un, Infu- soire qu’en 1 833 il avait considéré comme une simple variété de sa Nassula aurea. Cet infusoire, long de 0,18 , est jaune d’or, ovo'îde-conique, gonflé, dilaté et obtusément rostré en avant, un peu pointu en arrière. Nassula elegans (Ehr. Inf. Pl. X3ÇXV1I, fig, i). Cette autre espèce du même auteur est caractérisée ainsi : Corps cylindrique ou ovo'ide , un peu plus étroit en avant, très-obtus aux deux extrémités , blanc ou verdâtre , bigarré de vésicules vio- lettes. — Long de 0,18 à 0,22. Elle ressemble beaucoup, dit M. Ehrenberg, à la Paramécie Aurélie; mais elle est plus transparente et conséquemment plus difficile à distinguer. Son corps cylindrique, grêle, un peu en massue , est trois ou quatre fois aussi long qu’épais ; n)ais , par la division spontanée , il se produit aussi des formes ovo'ides ou infusoires. 32 HISTOIRE NATURELLE 498 pointues en avant, ou presque sphériques. Le corps est blanc lai- teux ou incolore quand les ovules verts dont il est ordinairement pénétré viennent à manquer. Entre ces ovules sont éparses des vésicules de diverses grosseurs , d’une belle couleur violette , et dont un petit groupe se trouve sur la nuque , d’où part une ran- gée particulière de vésicules violettes ou hyalines allant le long du dos jusqu’à l’anus. Au milieu du corps se trouve un grand testi- cule obliquement situé et en avant; près de la bouche deux vési- cules contractiles. (Loc. cit., pag. 339.) **** Nassula. — ( Chilodon ornaius. Ehr. , Inf. PI. XXXVI , fig- 9-) C’est, je crois, avec les Nassules qu’il faut ranger aussi cet Infu- soire , donné avec doute comme synonyme de la Lcucophra notala de Millier. Il a le corps long de o,i5, jaune d’or, ovoïde-oblong, presque cylindrique , également arrondi aux deux extrémités, sinueux ou recourbé en bec court en avant et orné d’une tache violette dans l’enfoncement. 11 n’est véritablement distingué des pi'écédentes Nassules que par sa courbure légère en manière de bec peu marqué. 11 a été trouvé égaleméht dans l’eau d’une tourbière près de Berlin. ir Genre. HOLOPHRE. — Holophrya. An. a corps cilié partout, tantôt ovoïde oblongou même cylindrique , obtus aux deux bouts , tantôt globuleux avec une large bouche terminale. Les Holoplu-es , en raison de leur forme et de la position de leur bouche, sembleraient devoir être reportés parmi les Infusoires symétriques , si les stries de lem- surface n’étaient quelquefois obliques et si les parties internes n’étaient irré- gulièrement situées autour de l’axe. M. Ehrenbeig , qui a institué ce genre dans sa famille àes Enchelya, y avait d’abord compris l’espèce dont il fait aujourd’hui le Spirostomum ambiguum ; maintenant il n’y comprend que ti-ois espèces ayant bien le coi-ps cilié de toutes parts et la bouche ter- minal^, tronquée, sans lèvres ni dents ; il les nomme pai' com- DBS INFUSOIRES. 499 pai-aison des Eiichélides ciliées partout. Nous ne pouvons admettre chez ces Infusoires , non plus que chez d’autres , l’anus terminal et opposé à la bouche que cet auteur leur attribue. Les Holophres diffèrent des Panophrys par la position de leur bouclie , mais ils offrent d’ailleurs une grande ressem- blance avec elles et se trouvent de même dans les eaux stag- nantes peu profondes parmi les herbes mais non dans les infusions. I. Holophre brune. — Holophrjra brunnea. — PI. XII, fig. i. Corps brun passant de la forme cylindrique à la forme globu- leuse eu s’emplissant de nourriture et changeant alors de couleur. — Long de 0,2. J’ai représenté , dans la figure A, cet Infusoire tel qu’il se trou- vait à jeun en grand nombre, le i8 mars , à Toulouse , dans un vase où j’entretenais depuis plusieurs mois de l’eau sur des dé- bris de végétaux avec quelques Conferves vivantes. Il était d’un brun assez foncé, très-cilié, cylindrique et arrondi aux deux bouts ; rien ne pouvait être distingué à l'intérieur. Mais , par hasard , un Lyncée ayant été écrasé entre les lames de verre que je tenais écartées par un brin de Conferve, une Holophre, qui vint en nageant à travers les débris du petit Crustacé , s’arrêta tout à coup et commença à en avaler les parties demi-liquides. Le mouvement des cils de sa bouche déterminait sans tourbillon l’af- flux du liquide au fond de sa bouche qui se creusait peu à peu en un tube droit d’abord, puis infléchi. Le fond de ce tube, dans lequel s’accumulaient les gouttelettes huileuses rouges et les par- celles charnues vertes ou blanches du Lyncée, était renflé et ar- rondi , puis il se séparait par suite du rapprochement des parois et formait une vacuole distincte et indépendante, qui, en vertu de l’impression reçue, s’allait loger dans l’épaisseur du corps, où sa couleur permettait de la distinguer. L’animal continua à plusieurs reprises d’avaler ainsi la substance du Lyncée , et il en résulta un grand nombre de vacuoles diversement colorées , ver- dâtres, rougeâtres , laiteuses ou incolores, suivant la nature des substance avalées , toujours avec une grande quantité d’eau. Ces 32. 500 HISTOIRE NATURELLE vacuoles distendaient le corps de l’Infusoire en augmentant sa transparence, et le rendaient presque globuleux. (Fig, i-G.) C'est alors qu’on pouvait suivre beaucoup mieux à l’intérieur la formation des vacuoles à l’extrémité de la cavité buccale en tube qui devenait d’autant plus long et plus sinueux, que les nouvelles vacuoles avaient plus de peine à se loger. 11 était cependant tou- jours facile de se convaincre qu’il n’y avait point là d’intestin réel. C’est sur cet Infusoire ainsi gonflé qu’on distingue beaucoup mieux les rangées de cils au nombre de vingt sur chaque face, * Holophrj'a ovum. — (Ehr., Infus. PI. XXXll , fig. 7.) M. Ehrenberg nomme ainsi un Infusoire ovoïde, presque cylin- drique etcomme tronqué aux deux bouts , vert au milieu, inco- lore aux extrémités et long de 0,1 25, qu'il a trouvé entre les len- tilles d’eau et les conferves, au printemps de i83i ; il vit dans l’intérieur plusieurs petits Infusoires avalés , il compta onze à dix-sept rangées de cils sur une face. Suivant lui , une partie claire à l’extrémité postérieure , pourrait être une dilatation de l’intestin , une sorte de cloaque. Il rapporte avec doute la Leuco- plira bursata de Müller, quoique vivant dans l’eau de mer, comme synonyme de son Holophiya ovum. De même aussi il donne la Trichoda horrida de cet auteur comme synonyme douteux d’une seconde espèce A' Holophya qu’il nomme discolor ( Ehr. Inf. PI. XXXII, fig, 8), et qu’il décrit comme ayant le corps long de 0,1 r, ovoïde, conique, blanc , un peu pointu en arrière et pourvu de cils plus clair-semés et plus longs. Il le trouva, en juin i83ï , près de Berlin, entre des Conferves, ayant le corps en partie rempli de Monades vertes. 11 décrit enfin comme troisième A' Holophrya sous le nom A'S. coleps (Ehr. Inf. PI. XXXll, fig. 9), un Infusoire blanc, long de o,oG à 0,09 , oblong- cylindrique , arrondi à chaque bout et ayant huit à neuf rangées de cils sur chaque face il le regarde comme un synonyme douteux de la Leucophra globuUJera de Müller (Müller. Inf. PI. XXII , fig. 4 )• DÏS INFUS0IRB6. oOl 12® Genue. PRORODON. — Prorocüon. Ehr. An. à corps ovoïde oblong , cilié de toutes parts ; avec la bouche terminale, tronquée et entourée d’une couronne in- terne de dents. M. Ehrenberg a établi ce genre pour des Infusoires que je n’ai point vus , mais qui me paraissent être très-voisins des Holophrya dont ils ne différeraient que par le faisceau de baguettes qui entoure leur bouche; cet auteur y comprend deux espèces, 1° le Prorodon niveus (Ehr. Inf. PI. XXXII, fig. 10) long de 0,37, blanc, elliptique, comprimé; ayant sa couronne dentaire comprimée oblongue , composée de 140 à 160 dents^ et montrant sur chaque face 30 rangées de cils et dans l’intérieur un long cordon recourbé en S nommé par l’auteur mi testicule ; 2“ le Prorodon teres (Ehr. Inf. PI. XXXII, fig. 11) long de 0,18, blanc, ovoïde non com- primé , avec sa couronne dentaire cylindrique ; montrant 20 à 30 rangées de cils sur chaque face. M. Ehrenberg as- sm'e que quand cet Infusoire commence à se décomposer par suite de l’évaporation de la goutte d’eau qui le contient, les parties internes sont lancées avec force et les dents s’é- chappent comme des flèches. XVIII' FAMILLE. BURSARIENS. Animaux à corps très-contractile , de forme trés- variable , le plus souvent ovales , ovoïdes ou oblongs , ciliés partout, avec une large bouche entourée de cils en moustache ou en spirale. Nos Bursariens sont de tous les Infusoires ceux dont la bouche est le plus visible , et ceux que l’on HISTOIRE NATURELLE 502 voit le plus clairement avaler leur proie. Leur tégument réticulé et contractile est aussi très-distinct, et vé- ritablement ils répondent assez pour la plupart à l’idée d’une bourse par leur large ouverture et par le tissu de leur envelofipe. Nous verrons plus loin combien ils ont de rapport avec les Urcéolariens sous ce point de vue ; ils en ont beaucoup aussi avec les Paraméciens, et leur place ne peut être mieux assignée qu’entre ces deux familles. Millier avait établi un genre Bursaria qui, avec une seule espèce appartenant réellement à cette famille, renferme d’autres Infusoires tout à fait différents, comme sa B. hirundinella qui est un Péridinien. Lamarck conserva le genre de Millier ; M. Bory, qui créa le genre Kondylostome que nous avons adopté, définit d’une manière particulière le genre Bursaire en prenant pour type la principale espèce de Millier , et institua une famille des Bursariées qui n’a absolu- ment aucun rapport avec la nôtre. En effet il attribue à ses Bursariées « un corps membraneux , soit con- stamment, soit quand l’animal se replie sur lui-même, prenant la forme d’une bourse, d’un sac, ou d’une petite coupe. » Cette famille, d’ailleurs, il la compose des éléments les plus hétérogènes, savoir des Paramé- cies et des Loxodes dans le genre Bursaire avec la B. truncatella de Millier , des Péridiniens dans le genre Hirondinelle , et des Vorticelles détachées de leur pé- dicule dans le genre Cratérine. M. Ehrenherg, en admettant un genre Bursaria , le plaça parmi ses Trachéliens ; à côté du genre Spiro- stomum qu’il institua lui-même pour une espèce mal cà propos classée auparavant avec les Trichodes par Millier; mais d’autres Bursaires furent placées par lui DES ItiTUSOlRES. 503 dans son genre Leucophre , les Kondylostomes furent confondus avec ses Oxylriques , et le surplus des Bur- sariens fut compris dans sa famille des Kolpodes ; savoir: le P lagiotoma c\xi\\ nomme Paramecium com-^ pressurn et les Ophrjoglena dont il a formé un geme que nous adoptons. Nous divisons les Bursariens en cinq genres dont les trois premiers, qui ont leur surface marquée de stries longitudinales, sont d’abord \ePlagiotoma carac- térisé par sa forme très-comprimée; ensuite l’Oj9 A/y o- glena et la Bursaria qui ont le corps renflé, ovoïde ou arrondi, et qui se distinguent parce que l’un a le corps plus étroit en arrière ou turbiné, et parce que sa bouche de grandeur moyenne est accompagnée d’une tache colorée qui a été nommée un œil ; l’autre au contraire a le corps plus large en arrière , et la bouche plus large, et sans tache oculiforme. Les deux derniers genres sont caractérisés par la disposition oblique ou en hélice des stries dont est marqué le corps qui chez eux est toujours très-allongé, cylindrique ou fusiforme. L’un, Spirostomum h le corps très-allongé, presque cy- lindrique, et la bouche très-reculée en arrière à l’extrémité d’une longue rangée de cils ; l’autre, Kon- dylostoma , a le corps allongé, avec les extrémités déprimées, la houche latérale très-grande , et bordée de longs cils. Les corps d’apparence glanduleuse que M . Ehrenberg a voulu nommer testicules , se voient très-développés chez beaucoup de Bursariens qui présentent fréquem- ment aussi des vacuoles contractiles, très-grandes, rem- plies d’eau. On a voulu prendre pour un œil et con- séquemment pour l’indice d’un système nerveux , la tache colorée des Ophryoglena. HISTOIRE NATURELLE o04 Excepté le Plagiotoina , qui vit parasite dans le corps des Lombrics , les Bursariens en général vivent dans les eaux pures, soit douces , soit marines , entre les plantes aquatiques ; ils sont voraces , et avalent d’autres animalcules souvent assez volumineux a^vec- des Kavicules, des Oscillaires et divers débris de vé- gétaux. Quelques-uns sont colorés naturellement , d’autres prennent la couleur de leurs aliments. 1®’’ Genre. PLAGIOTOME. — Plagiotoma. An. à corps très-déprimé ou lamelliforme, plus flexible, irrégulièrement ovale , sinueux ou échancré d’un côté et quelquefois anguleux en arrière , couvert de séries régu- lières de cils ondulants ; bouche située latéralement vers le milieu , au fond de l’échancrure , précédée par une rangée de cils forts et très-nombreux , en peigne, sur la moitié an- térieure du bord. I. Placiotome du Lombric. — - Plagiotoma Lumbrici. — PI. IX, fig. 12 (i). Corps blanc , demi-transparent avec des corpuscules anguleux dans l’intérieur. — Long de 0,16 à 0,23. Je trouvai abondamment cet Infusoire vivant dans les Lombrics de mon jardin, à Paris, pendant tout le mois de février 1889. Il montrait douze à treize rangées longitudinales de longs cils on- dulants; les cils de son bord antérieur très-nombreux ondulaient avec régularité, de manière à former sur toute la longueur, depuis le milieu du corps jusqu’à l'extrémité antérieure , huit à neuf groupes apparents ou faisceaux plus sombres , comme des dents de crémaillère qui se seraient mues de bas en haut , d’un mouvement uniforme assez lent : c’était un effet d’optique , im (i) Bohnenthierclicn in Regenwurm, Gleicheu , Pl. 27 , f. 2. Leucophra lumbrici , Schrank , Fauna boicn , iii , p. lOi. Parantecium compressum , EUr. Infus. PI. XXXIX, lîg. 12, p. 353. DES INFUSOIRES. 505 lésultal de la juxtaposition momentane'e des cils qui, s’inflé- chissant les uns après les autres , se trouvaient superposés et pré- sentaient, d’espace en espace , un obstacle mobile au passage de la lumière. Ce phénomène optique du mouvement des cils et de la translation des dents apparentes d’une crête ciliée est analogue à celui qu’on observe chez les Rotifères , chez les Systolides en général et sur les tentacules des Alcyonelles et des Eschares , mais nulle part il n’est plus facile à étudier que sur le Plagiotoma. Le mouvement des cils produit dans le liquide un courant dirigé de haut en bas ou en sens inverse du mouvement apparent des dents de la crête ciliée ; il en résulte un tourbillon qui pé- nètre jusqu’au fond de l’échancrure latérale et de la bouche qui' s’y trouve ; mais je n’ai pu faire avaler au Plagiotome de carmin ou d’aucune autre substance. Au milieu du corps de cet Infusoire on observe souvent des noyaux anguleux irréguliei’s , dont le nombre peut aller jusqu’à quinze et qui agissent sur la lumière comme plus réfringents que la substance environnante, ou comme les corps que M. Ehrenberg a nommés testicules. Avec eux ou séparément se voient aussi des vacuoles irrégulières qui agissent sur la lumière d’une manière tout opposée. Gleichen découvrit , en 1 7 7 G , cet Infusoire dans les Lombrics vivants, mais non dans l’intestin comme on l’a dit ; car c’est tou- jours entre l’intestin et la couche musculaire externe que vivent les divers Infusoires parasites des Lombrics ; Gleichen compta sept espèces d’animaux vivant ainsi dans ces Annélides , mais il compte pour trois espèces , les diverses modifications du Plagio- toma , il y comprend une Anguillule et un autre Entozoaire qu’il aura probablement trouvé dans les organes génitaux. Nous avons décrit précédemment deux Leucophres habitant aussi le corps des Lombrics , de sorte que nous connaissons , comme Gleichen , trois vrais Infusoires parasites de ces Annélides , sans parler de leurs autres vers intestinaux. M. Ehrenberg décrit sous le nom de Paramecium compressum un Infusoire qu’il a rencontré, dit-il , en 182g, dans une Moule d’eau douce de l’Ural , et, en 1887 , dans l’intestin du Lombric , à Berlin , et qu’il croit le même que celui de Gleichen. La figure qn’il en donne (Ehr. Inf. PI. XXXIX, fig. 12) ressemble bien peu a la nôtre, et d’ailleurs nous ne pouvons croire que ce soit le meme Infusoire qui se trouve dans les Moules d’eau douce et dans les Lombrics. 506 HISTOIRE WATÜREELE T Genre, OPHRYOGLÈNE. — Ophryoglcna. An. à corps cilié ovoïde, ou presque turbiné , renllc au milieu, arrondi en avant et pointu en arriére, couvert de cils en séries longitudinales régulières ; ayant la bouche située latéralement à l’extrémité d’une double rangée de cils inclinés et disposés en spirale , avec une tache colorée (prise pour un œil) derrière la rangée de cils, * Le genre Ophryoglène, créé par M. Ehrenberg et placé par lui dans sa famille des Kolpodés ou des Infusoires censés pourvus d’un intestin a deux orifices latéraux , n’est distin- gué des autres Kolpodés que par la présence d’un point co- loré situé à la partie antérieure et pris arbitrairement pour un œil. Les Ophryoglènes , que je n’ai point vues me paraissent devoir être rapprochées des Bursaires en raison de la posi- tion de leur bouche à l’extrémité d’une rangée de cils. Leur corps est pourvu de cils vibi'atiles en séries longitudinales. M. Ehrenberg a décrit leurs organes sexuels qui sont, d’une part , des ovules colorés chez deux espèces , et d’autre part, une grosse glande centrale et une vésicule séminale contrac- tile, laquelle est en étoile dans une espèce et ronde dans une autre. Les deux modes de division spontanée , en long et en , travers , ont été observées par lui sm- une espèce. Les Ophryoglènes vivent dans les eaux douces stagnantes mais non dans les infusions. I. Ophryoglène noire. — Ophryoglena aira. ( Ehr. Inf. Pl. XL, fig. 6.) Corps ovoïde comprimé , noir , conique ou pointu en arrière , œil noir au bord du front , cils blanchâtres. — Long de 0,15. Elle est rendue presque opaque par des granules noirs très- fins que M. Ehrenberg prend pour des œufs. Au milieu du corps, elle a une vésicule contractile entourée de cinq à six DES INFUSOIRES . 507 rayons également contractiles ; sa boucîie est au fond d une fos- sette très-creuse qui paraît comme une grande tache claire éten- due depuis le bord jusqu’au milieu du corps. Cet Infusoire a été trouvé dans l’eau d’une tourbière, près de Berlin en juin et juillet ; il est donné avec doute comme synonyme de la Leuco- phra mamilla. (Müller, lûf. Pl. XXI , fig. 3-5.) 2. OphryoglÈne POINTEE. — Oplirj-oglcna acuminata. (Ehr. 1. c. fig- 7-) Corps brun , ovoïde , comprimé , terminé en pointe et avec une queue courte. — Œil rouge. — Longueur 0,05. Cet Infusoire , trop voisin peut-être du précédent , a été trouvé également dans l’eau des tourbières. Deux taches claires indi- quées dans le dessin de M. Ehrenberg ont été nommées testicule et vésicule contractile ronde. Cet Infusoire , en se décomposant par diffluence , laisse sortir une foule de Navicules. 3. Ophryoglène JAUNATRE. — Ophrjroglena flavicans. (Ehr. 1. c. fig. 8. ) Corps jaunâtre, ovoïde, renflé, terminé en pointe avec un œil frontal rouge. — Long de 0,18. « Elle ressemble, dit l’auteur, à une Bursaire et s’en distingue seulement par son œil ( 1. c., p. 36o). » Les cils de la bouche sont un peu plus longs que dans les précédentes espèces ; elle a 1 2 à 16 rangées longitudinales de cils sur chaque face. * Ophrjroglena? — {Bursaria? auranliaca. Ehr., Inf. Pl. XXXV, fig- 9- ) On doit, je crois, rapporter ici l’Infusoire décrit sous ce nom par M. Ehrenberg, comme ayant «le corps ovoïde oblong, un peu pointu en arrière, obtus en avant, de couleur orangée avec une tache cendrée à la bouche. » Il vit parmi les Oscillaires ; l’au- teur soupçonne que la bouche formant une grande fossette dans une tache grise pourrait être pourvue de dents comme celle des JVassuta. 508 HISTOIRE WATURELIiE 3® Genre. BURSAIRE. — Bursaria. An. à corps cilié, ovoïde , ordinairement plus large et arrondi en arrière , avec la bouche grande, obliquement située à l’extrémité d’une rangée de cils disposés en spi- rale partant de l’extrémité antérieure. Les Bursaires , comme nous les comprenons , ont bien l’ouverture et la forme d’une bourse , mais les micrographes ont ajipliqué cette dénomination générique , tout différem- ment que nous. Ainsi , comme nous l’avons déjà dit , il n’y a qu’une seule Bursaire de Müller qui mérite véritablement ce nom , et encore les figures qu’en donne cet auteur sont fort inexactes et ne peuvent faire comprendre que l’animal a le corps ovoïde ; mais cet auteur en a connu d’autres qu’il a reportées avec ses Tricliodes. M, Bory, changeant tout à fait l’acception dans laquelle doit être pris le mot Bursaire, a groupé sous ce nom , d’après les dessins de Müller , et de la manière la moins convenable , des Infusoires ayant , dit- il , « le corps membraneux des Kolpodinées , destitué d’ap- pendice , prenant dans la natation une forme concave , ou plus ou moins excavée en capuchon ou en poche , mais non en urcéole invariable. » On voit combien cette définition diffère de la nôtre. Aussi M. Bory, en prenant pour type de son genre Bursaire la B. truncatella de MüUer, qu’il suppose, sans doute d’après la figure de l’auteur, formée d’une membrane roulée sur elle-même en cornet , y réunit leParamecium chrysalis de Müller, le Kolpoda cucullio du même auteur et le Chausson de .Toblot, qui est bien certai- nement la Paramécie aurélie. M. Ehrenberg avait établi un genre Bursaria , dès 1830, dans sa famille des Trachelina, lui attribuant un anus terminal et une bouche inférieure , sans dents, ayant une lèvre supérieui'e comprimée , stü)-carénée ou renflée. En 1838 , il définit ses Biu'saires des animaux à corps cilié de DES INFUSOIRES. 509 toutes parts , avec le front renflé et prolon^jé , et la bouche simple , sans dents et sans appendice vibra tile , et il ajoute que ce sont des Leucophres à bouche latérale; et cependant on est forcé de regarder plusieurs de scs Leucophres comme de vrais Bursaires. L’obliquité plus ou moins prononcée de la bouche ne pourrait distinguer suffisamment les Infusoires qu’il met dans l’im et dans l’auti e genre , d’autant plus que lui-même est conduit encore à suljdiviser ses Bursaires eu deux sous-genres , réservant ce nom à celles dont la bouclie, quoique inférieure , atteint le bord frontal en avant , et nommant Frontonia celles dont le corps ( le front ) est pro- longé en crochet au delà de la bouche et de sa lèvre. Toute- fois , en attribuant une grande bouche à ses Bursaires , il leur réunit des espèces où l’existence d’une bouche est au moins douteuse , et que nous avons reportées dans d’autres genres , tandis que d’un autre côté il a placé dans les genres Leucophre , Loxode et Spirostome , des espèces que nous rapportons ici. Cet auteur a reconnu chez les Bursaires un suc digestif blanc ou rougeâtre ; il leur attribue , comme aux précédents Infüsoires, des ovules et des organes génitaux mâles. Les Bm-saires proprement dites se trouvent dans les eaux stagnantes entre les herbes ; elles sont presque toutes assez grandes pour être visibles à l’œil nu. I. Bühsaibe troncatelle. — Bursaria truncalella , Müller (i). Corps blanc , visible à l’œil nu , ovoïde gonflé , tronqué et lar- gement excavé en avant , avec une rangée simple de cils. — Long de 0,56 à 0,f5, Müller, qui la croyait formée d’une simple membrane blanche recourbée en forme de bourse, la trouvait abondamment près de Copenhague, au printemps, dans les mares et les fossés rem- plis de feuilles mortes de hêtre dans les bois; il lui accorde une (l) Bursaria truncatella, Müller, Infus. Pl. XVII, f,g. 1.4, p. n5. Bursaria truncatella , Elir. [nfus. PI. XXXIV , fig, 5. HISTOIRE NATURELLE 510 longueur d’une demi-ligne (1,12). M. Ehrenberg l’a également trouvé en abondance dans les tourbières auprès de Berlin, pen- dant les mois de février et de mars. Cet auteur a considéré comme un suc digestif ou gastrique le liquide diaphane qui entoure dans les vacuoles ou vésicules stomacales , les animalcules avalés par cette Bursaire, lesquels sont quelquefois des Rotifères ou d’autres Systolides ; il a observé aussi dans cet Infusoire une grande glande en formé de cordon , recourbée en arc. 2. Bursaire baillante. — Bursaria paiula. — ( Leucophrj-s, Ehr.)(i). Corps hyalin ou blanc , ovoïde , campanulé avec une large bouche bâillante. — Long de 0,28. Müller a sans doute confondu un vrai Kondylostome avec cet Infusoire quand il dit l’avoir trouvé très-rarement dans l’infusion marine et rarement dans l’infusion d’eau fluviale conservée pen- dant plusieurs mois. 11 le décrit comme ayant le corps cilié ainsi que celui des Leucophres , ventru , presque ovoïde , obtus en ar- rière , creusé en avant d’une fossette qui arrive jusqu’au milieu, et muni de grands cils en avant et autour de cette fossette. Cet ; animal est un de ceux sur lesquels M. Ehrenberg annonça en i83o avoir fait la découverte de la structure polygastrique des Infusoires, et c’est celui dont la figure fut particulièrement i donnée par lui à l’appui de ses observations et reproduite dans j les différents recueils scientifiques oyez Annales des Sc. natur., i i834,t. I). Malheureusement , les figures données depuis loi's , par l’auteur (i838), ont représenté le même animal d’une manière toute différente et avec des détails de structure qui lui échap- paient sans doute, alors qu’il voyait p.écisément cet intestin à grappes , si difficile à voir qu’il ne l’a pu représenter dans les nouvelles figures. Ainsi, la bouche, au lieu d’être comme aupa- ravant une large ouverture oblique , est décrite et représentée comme « une très-grande fente qui a une espèce de grosse lèvre j f.(l) Trichoda pntula, Müller , Infus. Pl. XXVI, lig. 3-5. Kondylostoma lag-enula, Bory , Encycl. 1824. ■ Leucophryspatula ,~Ehr. raém. i83o,Pl. 1 1 , tig. 2. — lofusionsth i838, Pl. XXXII, fig. I , p. 3ii. BES INFUSOIRES. 511 mobile , quelquefois semblable au front d’une Vorticelle. » «Dans quebjucs individus , dit l’auteur, j’ai vu presque un cercle de * grosses vésicules hyalines , contenant un suc digestif incolore , analogue au liquide violet des Nassules.» (Ehr. Inf., p. 3i2.) 2 Bursarin vorticella. — Ehr., Inf. PI. XXXIV, fig. 6, p. 826. M. Ehrenberg , qui trouva cette espèce à Berlin comme la pré- cédente, la caractérise ainsi : «B. à corps grand, presque glo- buleux, carapanulé, gonflé , blanc , à front largement excavé, tronqué, avec une double rangée de cils. — Long de 0,26. » — B Elle a , dit-il , une très-grande analogie avec la Leucophrj-s pa- tula , tellement que je craignais presque que les nouvelles figures de celle-ci (i838 , PI. XXXII, fig. 2 , 3, 4 et 6), n’appartinssent à la Bursaria vorticella. J’ai eu, en effet, de nouveau (20 octobre 1887), sous les yeux , de nombreux exemplaires que je reconnais pour cette Leucophre , cf après tous les détails, et qui poui'raient être nommés des Bursaires en raison de la situation de la bouche au fond d’une fente latérale profonde. Je dois encore suspendre mon jugement , et je fais remarquer seulement mon incertitude à moi-même (Ehr., 1. c., p. 826).» — Il nous a paru nécessaire de traduire ici ce passage pour montrer, par le témoignage même de M. Ehrenberg , combien il reste encore d’incertitude sur le compte des Infusoires qu’on aurait dû croii'e les mieux connus. 3. Bursaria spirigera. — Ehr., i833. — Spirosiomum virens , Ehr. PI. XXXVI, fig. I, p. 332. Corps verdâtre , ovale-oblong , déprimé , tronqué en avant , arrondi en arriére avec une bouche latérale à l’extrémité d’une rangée de cils en spirale. — Long. 0,22. «Cet Infusoire, dit M. Ehrenberg, a une grande analogie de forme avec le Stentor polj-morphus , le Bursaria vernalis (V. Pano- phrj's) et la Leucophrj’s patula , mais il est évidemment différent. Sa boucbe est dans une grande fossette latérale à l’extrémité an- térieure , laquelle fossette n’est pas la bouche même comme chez la Leucophre , mais se prolonge à la face ventrale en se rétrécis- sant en entonnoir pour se terminer à la bouche , et ne renferme niSTOIIîE NATliRELLE 512 pas en même (emps, comme chez le Stentor, l’anus qui se trouve au contraire à l’extrémité opposée. (1. c.) » 11 est plat à la face ventrale, et convexe à la face dorsale; il présente 20 à 3o séries longitudinales de cils sur une face. 3. BunsAinE vonACE. — Bursaria vorax, — ( Ehr, Inf. PI. XXXV, fig. I.) M. Ehrenberg trouva dans une eau bourbeuse à Berlin, en juillet i83i, cet Infusoire qu’il n’a point revu depuis et qu’il dit avoir une très-grande analogie avec son Urostyla grandis et avee sa Stylonychia lanceolain (voyez p. 422), dont les crochets et les stylets sont souvent rétractés. 11 le décrit comme ayant le corps long de 0,25 , oblong arrondi aux deux extrémités, avec la fente de la bouche large, égalant le^liers de la longueur du corps et atteignant le sommet du front. 11 l’a vu rempli de Coleps qu’il avait avalés. 4? Bursaria. — (Loxodes bursaria, Ehr., Inf. Pl. XXXV, fig. 3.J) On doit , je crois , ranger parmi les Bursaires cet Infusoire que M. Ehrenberg décrit comme ayant le corps oblong , vert , dé- primé et obliquement tronqué en avant , arrondi et renflé en ar- rière, long de 0,09. 11 l’avait d’abord (i83o) pris pour une va- riété verte de sa Paramécie chrysalide; plus tard, il le nomma Bursaria ckrysalis ; le docteur Focke (Isis, i836, p. 785) l’a nommé Paramecium bursaria. « Cet infusoire vit dans les eaux stagnantes et se multiplie très- rapidement par division spontanée dans un vase. Il nage en ligne droite ou en tournant sur son axe , et il s’accroche aux parois du verre comme la Rérone pustulée (1. c. p. 325). » 5î Bursaria iateritia. — (Ehr., Inf. Pl. XXXV, fig. 8. ) Sous ce nom , M. Ehrenberg décrit une Bursaire rougeâtre à corps comprimé, ovale triangulaire, ayant le front aigu , bordé de cils en manière de crête, 1 1 à 18 rangées longitudinales de cils sur chaque face, longue de 0,18. 11 cite comme synonyme dou- teux la Trichoda ignila (Millier, luf. Pl. XXVI , fig. 1 7-19) trouvée par Millier, eu 1777 et 1778, pendant l’hiver, parmi les lenlillea DES INFUSOIRES. d’eau et de’crite comme étant ovale , pointue au sommet, et pré- sentant en dessous un sillon garni de cils, et difiérent de presque tous les autres Infusoires par sa couleur pourpre-orangée. L’au- teur danois signale comme un trou véritable une grande vaçuole qu'il a observée à la partie postérieure. 11 a vu, dit-il , deux de ces animaux assemblés de telle sorte que la pointe de l’un adhérait au trou postérieur de l’autre par le moyen d’un filament inséré dans ce trou(Müller, p. i86). * Bursaria pupa. (Ehr., Inf;, PI. XXXIV, fig. g.) L’espèce ainsi nommée a été trouvée à Berlin et dans une eau minérale ferrugineuse du Mecklenbourg. Son corps , long de 0,09, est blanc, ovoïde-oblong, un peu aminci en arrière, avec la bouche inférieure rapprochée du sommet, et 16 à 18 rangées longitudi- nales de cils sur chaque face. * * Bursaria. — (Leucophr^s sanguinea, Ehr. , Inf. PI. XXXI, fig. 3.) I Cet Infusoire , long de o,i8 , rouge , cylindrique, arrondi aux deux extrémités , avec i3 à 19 rangées longitudinales de cils, nous paraît devoir être inscrit parmi les Bursaires en raison de sa bouche qui forme une grande fente longitudinale vei'S l’extrémité antérieure , avec ime bordure de grands cils. Il fut trouvé au mois d'avril 1 832 , à Berlin , et se multiplia beaucoup , dans un verre , par division spontanée transverse. * ’ “ Bursaria ? cordiformis . Ehr., loc. cit., fig. 6. Cette Bursaire, donnée comme douteuse par M. Ehrenberg , se trouve dans l’intestin des grenouilles avec les Bursaria intestinalis , B. entozoon, B. nucléus et B. ranarum., dont nous avons fait des Opalina. Mais elle en diffère beaucoup par sa forme ovale échan- créed’un côté ou en rein, déprimée en avant, et par sa bouche presque en spirale ; munie d’une rangée de cils comme chez les vraies Bursaires. L’auteur dit n’avoir pas vu les cilsvibratilesde la surface former des séries longitudinales; il l’avait précédem- ment nommée Bursaria entozoon (Méin. Bex’lin, i835), et il lui donne pour synonymes le Paramecium nucléus de Schrank , et le Chaos intestinalis cordiformis de Bloch. La longueur de cet Infu- soire est de 0,12. 1NFUS01RBS. 33 UISTOinE NATURELLE 4® Genre. SPIROSTOME. — Spirostomum. An. à corps cylindrique Irès-allongé et très-flexible , souvent tordu sur lui-mème , couvert de cils disposés sui- vant les stries obliques ou en hélice de la surface ; avec une bouche située latéralement au delà du milieu , à l’ex' trémité d’une rangée de cils plus forts. Les spirostomes , qui cependant possèdent bien tous les caractères des vrais Infusoires , ont embarrassé les micro- graphes, parce que leur forme et surtout leur grandeur relativement considérable paraissaient devoir les éloigner beaucoup de ces animaux. Ainsi l’espèce qui sert de type à pe genre , vue d’abord par Joblot qvd la nomma Chenille dorée , fut appelée par Muller une Triebode douteuse, Tri- choda ambigua ,• M. Bory en fit une Leucophre douteuse , (Z. ambigua) et une Oxyü'ique douteuse (O. ambigua); M. Ehrenberg , enfin , avant de lui donner le nom que nous lui conservons, l’appela successivement Tracheliust ambiguus en 1830 , Holophrya ambigua en 1831 et Bursaria ambigua en 1833 ; cet auteur avait d’ailleurs plus partieuhèrement institué le genre Spirostome pour une espèce à corps court et à bouche en spirale , S. virens, dont nous faisons mieBur- saire. Les Spirostomes ont à l’intérieur un cordon glandu- leux nommé par M. Ehrenberg un testicule. Leurs cils , les stries granulées de leur tégument , leur bouche et leiu-s va- cuoles sont bien faciles à distinguer. Ils vivent dans les eaux pures entre les herbes. I. Spirostome ambigu. — Spiroslomum ambiguurn, PI. XII, fig. 3. Corps blanchâtre , long de 0,73 à 2,0, tantôt cylindriijue , un peu renflé au milieu et tournant sur son axe , tantôt fortement tordu et replié diversement comme un cordon, mais changeant de Di;s IMFUSOIRES. olô forme à cliaque instant en glissant entre*les obstacles qu'il ren- contre. Cet Infusoire , bien visible à l’œil nu , se multiplie quelquefois dans les fossés remplis d’herbes aquatiques , tellement qu’il forme près de la surface des nuages de particules blanches qu’on pour- rait prendre pour toute autre chose. M. de Brébisson le trouva ainsi , en i838 , près de Falaise, et m’envoya à Paris un flacon d’eau rendue trouble par la grande quantité de ces Infusoires vi- vants. J’ai moi-même rencontré souvent le Spirostome isolément dans l’eau de la Seine, par-mi les herbes, et dans les étangs des environs de Paris. Millier à nommé Trichoda amhigua ( Müll. , Inf.j PI. XXVlll, fig. 11-16) un Infusoire qui a peut-être, comme le pense M. Ehrenberg , quelque rapport de forme avec notre Spirostome , mais qui ne peut être exactement le même, puisqu’il a été trouvé dans l’eau de mer très-pure , dans laquelle, au bout de deux mois, il était remplacé par des Plæsconies Caron. * Spiroslomum. — {Uroleplus filum. Ehr., Inf., PI. XL, fig. 5.) On peut , je crois , rapprocher de l^espèce précédente l’Infu- soire que M. Ehrenberg a nommé Uroleplus fihim, èn lui donnant pour synonyme douteux Y Enchel^s caudal n (Müll., Inf., Pl. IV, fig. 25,26). Il l’a ti-ouvé, en juin 1882, à Berlin, et le décrit comme ayant le corps long de o,56 , filiforme, cylindrique , blan- châtre, arrondi en avant, aminci à l’autre extrémité en une queue qui égale la longueur du corps , et ayant la bouche oblongue si- tuée au milieu du corps. « Il nage , dit-il , droit et sans se coiu-- ber. Son corps est blanc et demi-transpax-ent dans la moitié anté- rieure; il est incolore et hyalin dans la moitié postérieure, qui forme une sorte de queue. La bouche est une fente longitudinale au milieu de sa moitié antérieui-e. L’anus paraît ne pouvoir êti-e ailleurs qu’au commencement de la partie transparente , puisque les estomacs appartiennent à la partie antérieure. Il n’avale pas de couleur. J’ai compté 1 2 i-angées longitudinales de cils sur une face. Les organes sexuels mâles sont restés inconnus , mais la né- bulosité blanchâtre pourrait bien provenir de Tovaii-e. » ( Lou. •it. , pag. oânO 33. HISTOIRE NATURELLE 51 G 6® Genre, KONDYLOSTOME. — Kondylostoma. An, à corps plus ou moins long , cylindroïdc ou fusi- forme, un peu courbé en arc, à extrémités obtuses et déprimées, avec une très-grande bouche bordée de cils très- forts , située latéralement à l’extrémité antérieure; surface obliquement striée et ciliée. , ■ i • M. Bory établit le genre Kondylostome d’après la figure donnée par Müller pour un Infusoire marin, dont ce der- nier, avait fait une Trichode, en même temps qu’il reportait parmi ses Vorticelles ( /^. cucullus) mi autre Kondylo- stome , si ce n’est une variété du même. M. Elirenberg avait vu un Kondylostome dans l’eau de la mer Baltique , et l’a confondu avec d’autres Infusoires tout à fait différents. Le Kondylostome est mi des types d’infusoires les mieux caractérisés , avec sa vaste bouche ciliée au bord , avec son tégument contractile marqué de stries obliques ou en hélice, granuleuses et ciliées , avec les vacuoles stomacales dans lesquelles il engloutit les animalcules ou les débris des vé- gétaux qui sont pour lui une proie souvent très-volumi- neusé , et enfin avec le cordon noueux demi-transparent, analogue de celui que M. Ehrenberg nomme le testicule chez d’autres infusoires. Il paraît chercher et avaler sa proie à la manière des Plahariées et non comme les Para- mécies et les Y orticelles , en l’attirant par le tourbillon que produisent ses cils vibratiles. Il vit seulement dans l’eau de *mer tranquille, mais pure, entre les algues et les corallines, avec les Entomostracés. i I. Kondylostome raillant. — Kondj'losloma païens. — PI. XII, fig. s. Corps blanc ou coloré par la proie avalée ; long de 0.90 à l,o0, tantôt veriniforme , tantôt fusiforme, à extrémités raccourcies. J’ai trouvé aboiulamment cet Infusoire dans l’cau de la Métii- BES INFUSOIRES. 517 terranëe , au canal des Elangs, à Celte, le lo mars 1840; je l'ai conservé vivant, depuis cette époque, avec d’autres animalcules, des Rhizopodes et des Entomosti-acés , dans des flacons d’eau de mer, où la végétation marine s’est établie et maintenue, J’ai pu transporter successivement de Toulouse à Paris et cà Rennes, pres- que sans dommage pour le contenu, ces mêmes flacons tapissés d’Ulves, de Géramiaires naissantes et de Bacillariées. Les Kondylostomes , plus ou moins nombreux dans divers flacons, sont quelquefois effilés, quelquefois plus courts et très- gonflés par des animalcules qu’ils ont avalés tout entiers. 11 m’a paru que leur forme, natui’ellernent très-variable, est modifiée suivant la saison et suivant l’altération du liquide. C’est pourquoi je suis porté à croire que c’est bien le même animal que Müller a décrit sous les noms de Trichoda païens (Müll. Infus. PI. XXV, fig. 1-2, p.i8i), et de ^ orticelln cucullus (Müll. Infus. PI. XXXVllI, fig. 5-8 , p. 2G4 ). Sa Trichoda patula , que nous avons rapportée aux Bursaires, a également de très-grands rapports avec les Kon- dylostomes. Müller décrit sa Trichoda païens comme étant allongée, cylin- drique, présentant en avant une fossette dont les bords sont ciliés; il ajoute que la partie antérieure du corps est couchée, et qu’il se meut avec vivacité en avant et en arrière, alternative- ment. Sa. ^ P^orlicella cucullus, qu’il a trouvée rarement dans l’eau de,mer, est , dit-il , « un des plus grands Infusoires; elle est visible à l’œii nu , conique , allongée , ou en forme de chausse de docteur, de couleur un peu fauve (ce que nous attribuons à sa nourriture); l’extrémité la plus large ou l’antérieure est oblique- ment tronquée et ouverte ou excavée, un de ses bords étant échancré; dans l’ouverture sont' des cils rotatoires difficiles à • voir ; l’extrémité postérieure est amincie peu à peu et close. » (L. cit. p. 2G4.) M. Ehrenberg avait trouvé dans l’eau de la mer Baltique , à Wismar, en août i833, un Infusoire, long seulement de 0,12, et qu’il rapportait avec raison à la Trichoda païens de Müller, dont elle aurait été un jeune individu; ce qui nous paraît le prouver, c’est qu’il y observa, dans l’intérieur, ce corps glandu- leux en chapelet, que nous avons vu dans les Kondylostomes de la Méditerranée; mais cet auteur voulut à tort réunir en une seule espèce cet Infusoire marin et un Infusoire d’eau douce, long deo,)8ào,22, (jn’il avait vu précédemment (2!) avril 1832) ol8 HTSTOinE NATURELLE à Berlin , el il en fiL une espece douleuse d'Urolepius (U? patent^ Ehr. 3' Mé:u. i833, p. i3/^). Depuis lors il a changé ce nom on celui dîOjrj'lricha caudala {E\\): . Inf. iB38, pl.XL, fig. XI, p. 3Go), el il en a donné une figure qui est bien celle d’un Oxytrique. ( Voyez p. 420. ) XIX® FAMILLE. URCÉOLARIENS. Animaux de forme variable , à corps alternative- ment turbiné ou hémisphérique , ou globuleux , par suite de sa contractilité très-grande; cilié partout, et pourvu à l’extrémité antérieure et supérieure d’une rangée marginale de cils très-forts , disposés en spirale et conduisant à la bouche , qui est dans le bord même. Tantôt nageant , tantôt fixés momentanément au moyen des cils de l’extrémité postérieure. Les Urcéolariens composent dans la classe des In- fusoires une famille bien distincte, quoique liée par des rapports très-évidents avec les familles des Bur- sariens et des Vorticelliens, entre lesquelles elle fait le passage. Ce sont encore des types bien complets parmi ces animaux , dont l’organisation est si simple.- On leur voit une bouche précédée d’une longue rangée de cils en spirale , qui, en s’agitant, produisent dans le liquide un tourbillon destiné à amener les aliments au fond de la bouche. On voit à l’intérieur les diverses sortes de vacuoles , celles qui se forment successi- vement pour contenir les aliments , et celles qui , formées spontanément près de la surface, ne con- tiennent que de l’eau et disparaissent en se contrac- tant brusquement : ils ont aussi des organes problé- matiques glanduleux . Leur surface ordinairement ciliée DES INFUSOIRES. 519 est marquée de stries i^ranuleuses fines ; leur multipli- cation par division spontanée transverse a été observée dans les Stentor seulement; quant aux granules que chez eux, comme chez d’autres Infusoires, M. Eh- renberg a voulu nommer des œufs , nous ne pensons pas qu’on puisse avoir une opinion fondée à ce sujet. Les ürcéolariens ont été compris par Müller dans son genre Vorticelle à l’exception de Y ü rocentrum qui est sa Cercaria turbo. Lamarck , en créant le genre Urcéolaire , indiqua une séparation bien importante à fiiire parmi les Vorticelles , mais il ne sut pas dis- tinguer dans les dessins de Müller les vrais Urcéo- lariens. M. Bory, en instituant une famille des Ur- céolariées qui répond à peu près à la nôtre , et qui comprend les genres Stentor et Urcéolaire , y laissa également quelques Vorticelles détachées de leur pé- dicule et décrites comme des genres distincts ; il en éloigna beaucoup au contraire le genre U rocentrum ‘ dont il fit son genre Turbinella. M. Ehrenberg , de son côté, a bien distingué le Stentor , mais il l’a placé dans sa famille des Vorticellma avec le genre Uro~ centrum, et les ürcéolaires que malheureusement il a confondues dans son genre Trichodina avec l’Haltérie, qui est un vrai Kéronien. En même temps , dans une famille parallèle , celle des Ophrydina ou des Vor- ticelles cuirassées , il a placé , avec d’autres Vorticel- liens, les Ophrydies , qui sont véritablement des Ur- céolaires engagées dans une masse gélatineuse sécrétée par elles , et non des Vorticelles cuirassées. Nous divisons ainsi les ürcéolariens en quatre genres , dont un douteux ; ceux dont le corps turbiné ou en trompette est cilié partout, forment le genre Stentor; ceux dont le corps n’est pas cilié partout, UISTOinE NATUBKLLE 320 seront des Urceolavia s’ils sont sans queue et toujours libres ; des Ophrjdia si également dépourvus de queue ils sont engagés dans une masse gélatineuse pendant une partie de leur vie. Enfin s’ils ont une queue ils formeront le genre Urocentrum , que nous admettons avec doute d’après M. Ehrenberg. Les Urcéolariens se trouvent tous dans les eaux douces , stagnantes ou tranquilles , entre les herbes : les Urcéolaires s’y trouvent courant ordinairement au moyen de leurs cils dorsaux sur les Polypes d’eau douce (Hydres) , dont ils paraissent être les parasites. 1®"^ Genre. STENTOR. — Stentor. An. à corps cilié partout, éminemment contractile et po- lymorphe; susceptibles de se fixer temporairement au moyen des cils de leur extrémité postérieure , qui est amincie , et alors prenant la forme d’une trompette dont le pavillon est fermé par une membrane convexe et dont le bord est garni d’une rangée de cils obliques très-forts , laquelle vient , en se contournant en spirale, aboutir à la bouche qui est située près de ce bord ; ou bien nageant librement au moyen des cils dont toute leur surface est pourvue et passant al- ternativement de la forme d’une massue ou d’un fuseau à la forme globuleuse en se contractant. f l Les Stentors sont du nombre des plus grands Infusoires, la plupart sont visibles à l’œil nu, ce sont donc aussi de ceux dont bn peut plus facilement constater la structure. On voit bien les stries granuleuses de leur surface, les cils de diverse grandeur dont ils sont pourvus et les vacuoles qui se forment ■au fond de la bouche pour renfermer les aliments qu’y pousse le tourbillon excité par les cils. On peut suivre ai- sément le chemin parcouru par- ces vacuoles dans l’intérieur du corps, où elles s’avancent en vertu de l’impulsion commu- niquée par le tourbillon à toute la masse de la substance DES INFUSOIRES'. 521 d^armie de l’animal, mais sans conserver aucune relation , ni entre elles , ni avec la bouche. En suivant le mode de for- mation des autres vacuoles pleines d’eau , qui sont d’autant plus grandes et plus nombreuses que l’animal est plus gêné , ou depuis plus longtemps entre des lames de verre, on recon- naît bien qu’elles n’ont aucun rapport avec la génération comme l’a supposé M. Ehrenberg , et enfin , dans ces Infu- soires si gi’os , on reconnaît ég^dement que les corps glandu- leux et quelquefois moniliformes que l’on voit dans l’inté- riem’ ne peuvent être des testicules ; c’est dans les Stentors , où on les peut isoler plus facilement, que de nouvelles obser- vations feront connaître leur vraie nature. M. Ehrenberg , qui place les Stentors dans sa famille des YorticeUines , leur attribue comme à tous ces animaux un intestin recourbé sur lui-même de telle sorte que ses deux orifices se trouvent contigus, l’anus à côté de la bouche, dans la même fossette. Il regarde les stries de leur surface comme produites par les fibres musculaires ; il pense qu’il existe une ventouse^ à, l’extrémité par laquelle l’animal se fixe : « Les organes digestifs , dit-il , sont une bouche en spirale qui sert en même temps d’orifice excréteur et un intestin en cha- pelet , et conséquemment assez difficile à reconnaître , allant de la houche à tràvers le coi-ps pour revenir se terminer dans la bouche; lequel intestin, toujours rempli seulementen par- tie , n’est jamais comme mi cordon, et d’ailleurs pourvu de vésicules stomacales , ressemble à une gi'appe recourbée. » (Ehr. Inf. 1838, p. 262.) Cet auteur dit aussi que l’ovaire consiste en une masse de granules blancs , verts, bleus, jau- nes , rouges ou brun verdâtre foncés entourant comme un réseau les estomacs , et que la ponte a lieu (toujours?) par la décomposition partielle (par diffluence) de l’animal ; il ajoute que les organes mcàles sont d’une part un testicule rond ou en ruban ou inoniliforme , et d’autre part une simple ou double grande vésicule contractile ronde qui est un organe éjaculateur ; il attribue au Stentor les deux modes de division spontanée longitudinale et transverse , et termine en disant HISTOIRE NATURELLE 522 que les yeux, l«s nerfs et les vaisseaux ne sont pas oon- nus. Nous n’avons pas besoin de combattre de nouveau les opi- nions du célèbre inicrograpbe de Bei'lin , nous l’avons fait suffisamment dans notre première partie en citant (pag. 66) les observations contïadictoires du docteur Focke. Les Stentors se trouvent exclusivement dans les eaux dou- ces stagnantes ou tranquilles entre les herbes, ils sont presque tous colorés en vert , en noirâtre ou en bleu elair. I. Stentor de Muller. — Stentor Mülleri. — PI. XV, fig. i (i). Corps long de 0,8 à 1,2 quand il est étendu , et en forme de trompette , long de 0,25 quand il est contracté et de forme ovoïde , blanc , demi-transparent ou coloré par sa nourriture ;• ayant une frange latérale de longs cils , depuis la bouche jusqu’au milieu dn corps , et un cordon glanduleux en chapelet à l’intérieur. Cet Infusoire remarquable a été vu de tous les micrographes ; je l’ai retrouvé, le 26 janvier, dans le bassin du Jardin des Plantes à Paris, sur les herbes mortes, et plusieurs autres fois dans les étangs des environs. Müller , qui le nommait orticella stentorea , crut avoir vu un filament tendu dans l’intérieur et servant à la contraction. 11 dit avoir trouvé ordinairement les Stentors réunis trois ensemble et accrochés à une masse muqueuse en cupule, dans laquelle chacun d’eux se retirait à volonté. M. Ehrenberg dit que si l’on conserve longtemps ces animaux dans un tube de verre, (i) Baker, Micr., p. 429 , Pb l3, f. I. — Rœsel , Inseckt. Bel. III , f. 5g5, Pl. 9j , f. 7. f'f^hiie Tunnel-Uke Polypi , Trembley , Phll. trans., 174^ > P- Ledermüller, 1760, Pl. 88. — Trompettcnthicr , Eichliorn , I\Iicr., p. 37 , Pl. 3, f. F. Q. Uydra stentorea , Linn. Syst. nat. X. — Brachionus stcnlorius , Pallas, Elench. zoopli. Vorticella stentorea, Müller, Pl. XL , III, fig. 6-12. Linza stentorea , Schrank , Faim, boic., iil, 2 , p. 3î4- — Stentor soli tarins , Oken. Stentorina Mülleri , llœsctii , Bory , Encycl. 1824. Stentor Mülleri , Ebr. Infus. i838 , Pl. XXIII , fiÿ. 1. DES INFUSOIRES. .523 ils se fixent successivement aux parois , s’entourent d’une couche muqueuse et meurent. * Stentor Roeselii. (£hr. Inf. — PI. XXIV , fig. 2.) Sous ce nom M. Ehrenberg veut faire une espèce particulière d’un Stentor long de 0,78 , qu’il a trouvé, le 6 février i835, at- taché à des feuilles mortes sous la glace , et qui ne difiere, dit-il, du Stentor de Müller que par son testicule en forme de bande- lette sinueuse très-longue et non articulée. ** Stentor cœruleus. (Ehr. Inf. — PI. XXIII , fig. 2.) Le même auteur distingue comme espèce un Stentor, long de 0,56, qu’il a trouvé sous la glace, attaché aux feuilles mortes , et qu’il a trouvé particulièrement abondant le 26 mai et le 4 juin i832. Ce Stentor ne diffère du Stentor de Müller que par sa cou- leur bleuâtre et parce que sa couronne de cils est continue au lieu d’être interrompue. Il forme quelquefois des amas si considérables sur les corps submergés, qu’il en résulte une couche bleue. 2, Stentor vert. — Stentor poljrmorphus. (Ehr. Inf. — PI. XXIV, fig. J.) (i) Ce Stentor , de même forme que les précédents , en diffère seulement par sa couleur verte et par l’absence de la frange la- térale de cils. Sa couronne de cils est interrompue , son cordon glanduleux est en chapelet. Je l’ai trouvé plusieurs fois dans les étangs de Meudon. Müller, qui le trouvait de temps en temps dans l’eau de rivière , s’exprime ainsi : « A la vue simple , c’est un point vert très-agile ; sous le microscope , il prend , en très- peu d’instants, des formes si nombreuses et si variées que la plume ni les mots ne pourraient en rendre compte. De toutes les merveilles delà nature qu’il m’a été donné de voir (excepté la V orticella multijbrrnis et le f^ibrio paxilUfer) , celle-ci est cer- tainement la plusadmirable : c’est lesuprême artifice de lanature, qui frappe d’étonnement l’esprit et qui fatigue l’œil.... » (Müller, (1) Vorticcüa potymorpha, MüII, Inf., PI. XXXVI, fig. i-i3 , p. 260. KISTOIKE NATURELLE 52 p. 260). Cet auteur dit aussi avoir vu plus d’une fois l’animal vivant se décomposer en molécules , tandis que les cils de la partie reslante continuaient à s’agiter jusqu’au dernier instant. M. Ehrenberg dit qu’elle forme souvent une couche d’un beau vert sur toutes les plantes vivantes ou mortes qui se trouvent sous l’eau des tourbières. 11 l’a également trouvée recouvrant du bois sous la glace. Il ajoute que l’on peut facilement confondre avec le Stentor Mûlleri cette espèce, quand elle s’est décolorée par suite de la disparition des granules verts qu’il nomme des œufs. 3. Stentor multiforme. — Stentor multiformis . — ( Korticella niultiformis , Millier. — Pl. XXXVI, fig. i4-23, p. 262.) Millier distingue de l’espèce précédente sa y orlicella multifor- mis, uniquement parce quelle vit dans l’eau de mer, où il l’a trouvée de temps en temps très-abondamment. 11 ajoute , il est vrai , que sa couleur verte est plus foncée et que ses vésicules in- ternes sont plus grandes , après avoir dit qu’elle lui ressemble comme un œuf à un œuf. ] 4. Stentor couleur de feu. — Stentor igneus. — Ehr. Inf. , i838 , p. 264. (Ehr., i835, p^i64.) J M. Ehrenberg observa sur les feuilles de la Hotionia palustris , à Berlin, une couche d’une couleur rouge de cinabre formée de Stentors moitié plus petits que les précédents (longs de 0,87), sans frange latérale, mais avec unecouronne decils non interrompue ; ils contenaient des granules jaune verdâtre, ce qui faisait passer leur nuance du jaune au vermillon. Leur glande ( testicule) était globuleuse. Beaucoup étaient seulement rouges au front , d’autres seulement j aunes , d’autres verdâtres. \ 6. Stentor noir. — Stentor niger. — Ehr. Inf., Pl. XXIII, f. 3(i). Corps long de 0,28 , d’une couleur variable du jaune brunâtre (1) yorticella itigra , Miiller, Inf., Pl. XXXVII, fig. 1-4' — Ecdissa nigrn , Schr.ink. SieiUoriiia iifundibulum , Bory , F.ncycl., i8’.î4- DBS INFUSOIRES. 525 au noirâtre , en forme de cône ou de toupie; sans une frange la- térale de cils , mais avec une couronne de cils non interrompue. Millier, qui le trouva sur des prairies inondées, au mois d’août , et parmi les conferves des fossés, en très-grande abon- dance , dit que les V. noires paraissent à l’œi! nu comme de très- petits points noirs nageant isolément à la surface de l’eau, où leur mouvement est vacill.int, presque continuel . Conservées dans un vase de verre , elles se portent exclusivement à la paroi la plus éclairée et s’y fixent bientôt. Souvent elles nagent quatre ou plu- sieurs ensemble réunies par la queue. M. Ehrenberg a vu cette espèce tellement abondante , auprès de Berlin, pendant l’été , dans les fosses des tourbières, que l’eau en était colorée comme du café. « A certaines époques de la jour- née , dit-il , ces Stentors nagent çà et là ; à d’autres époques , ils se fixent sur toutes les parties de végétaux qui se trouvent sous l’eau et qui paraissent couvertes de suie. En nageant, ils ontsouvent une forme de toupie très-pointue en arriéré ; quand ils sont en repos, ils prennent aussi la forme de trompette, et plus ils sont étendus , plus leur couleur tend à passer au brun et au vert olive ; peut-être y en a-t-il aussi de jaunes. Je ne suis pas très-sûr , d’a- près cela, qiiequelques-uns des individus représentés ici (Pl.XXlII, fig. iii) n’appartiennent à l'espèce rouge. » ( Ehr., 1. c., p, 2G4.) 2' Genre. URCÉOLAIRE. — Urceolaria. An. à corps non cilié partout , contractile , passant de la forme d’une cupule , d’un disque épais ou d’un urcéole, à une forme globuleuse ; terminé supérieurement par une facejplane bordée d’une rangée de cils obliques plus forts , laquelle, en se contournant en spirale, conduit aune bouche située dans le bord. Le genre Urcéolaire de Lamarck , formé aux dépens des "V orticeUes de Millier , doit encore être considérablement restreint et dégagé de beaucoup . de fausses espèces établies avec des Y orticeUes détachées de leur pédicule. M. Ehren- berg a placé dans son genre Trkhodina de vraies U rcéolaircs HISTOIRE NATURELLE 52(i avec des Kéroniens (Halleria) et des Infusoires douteux (1). Cependant il prend pour type de ce genre la même espèce que nous pour les Urcéolaires. En conséquence les caractères qu’il en donne pourraient être aussi les mêmes , s’il n’avait adopté des idées particulières sur l’organisation des Infu- soires. Ainsi sesTricliodines, comme les autres Vorticellincs, doivent avoir un intestin replié dont les deux orifices se trouvent réunis ; ce sont d’ailleurs des animaux dépourvus de queue et de pédicule , dont le corps n’est pas cilié par- tout , mais ayant un faisceau ou ime couronne de cils vibi-a- tiles , et dont la bouche n’est pas en spirale, » Or nous reconnaissons au contraire que , dans notre espèce type , la couronne de cils se contourne en spirale pour arriver à la bouche. A cette seule espèce , d’ailleurs , parrai toutes ses Trichodines, M. Ehrenberg attribue un testicule rénifonne, et tout en accordant à plusieurs autres la faculté de se fixer , comme les Stentors , par l’extrémité de lem’ corps, il dit que celle-ci a seule la face dorsale tronquée et plane , comme la face opposée , et munie d’une couronne de cirrhes. Les Ui- céolaires sont encore peu connues ; plusieurs vivent parasites sur des Mollusques et des Zoophytes d’eau douce , d’autres ont été observées dans l’eau de mer par Millier seule- ment ; peut-être ont elles aussi le môme genre de vie. (O La Trichodina vorax (Ehr. Inf. , Pl. XXIV , f. V , p. 265) a été trouvée parmi des Conferves en i83i , par M. Ehrenberg qui la vit plusieurs fois dans l'étui membraneux des Vaginicoles {Cothumia. im- herbis) , qu'elle paraissait vouloir dévorer ; elle a le corps oblong , cylindrico-conique , le front convexe couronné de cils, et le dos aminci , obtus , dépourvu de cils. Sa longueur est de o,o45 ; d’après ce que l’auteur dit des cils qui , au nombre de douze à quinze , ne forment pas une couronne complète , on pourrait penser que c est un Keronien jeune on non suffisamment observé. Il est plus difficile de se former une opinion sur une autre espèce décrite comme une Trichodine douteuse, Trichodina^ tcntaculata (1. c. PI. XXIV, f. iii) , par cèt aüteur, qui ne l’rt pas revue depuis iS3o, et qui, à cette époque , en vit seulement peu d’exemplaires. Celte Tri- cliodine do forme discoïde a un faisceau de cinq à si.x cils vibraliles , épais , et un organe rétractile en forme de trompe au milieu des cils. DES li^USOlKES. 527 I. Urcéolaire STEU.INE. — Urceolarui stelUna^ — PI. XVI, fig. 3 (i). Corps en cylindre, très-court, ayant ses deux bases presque planes ; et prenant par la contraction la forme d’un turban ou d'un globule déprimé , ayant le bord de la face antérieure garni d'une couronne de cils qui est interrompue et qui conduit les ali- ments à la bouche, et la face opposée garnie d’une couronne com- plète de cils, au moyen desquels l’animal nage librement ou marche à la surface des Hydres. — Diamètre de 0,07 à 0,11. On rencontre presque constamment cette espèce marchant au moyen des cils sur le corps des Hydres brunâtres. C’est ainsi que Millier les a vues et décrites sous le nom du Cyclidium pediculus , qu’il affirme mal à propos ne se trouver jamais dans les eaux , sinon sur le corps ou les tentacules de l’Hydre. En effet, si l’on a transporté dans un vase l’eau qui contient des Hydres avec les herbes sur lesquelles vivent ces polypes, surtout si l’agitation a empêché les Hydres de s’étendre , on voit nager dans le liquide des Urcéolaii'es sous la forme d’un disque entouré de cils, comme Millier les a représentés sous le nom de orlicella slellina , sans soupçonner que c’est le même animal que son CycUdium pedi- culus. « C’est, dit-il, un animal très-élégant, orbiculaire, formé d’un disque un peu convexe , farci de molécules , ceint d’une auréole translucide et d’un cercle opaque , lequel est en outre entouré d’une bordure de couleur d’eau, d’où partent des rayons écartés , qui ressemblent à des soies déliées. Par le mouvement de rotation, ces soies disparaissent entièrement, et il ne reste qu’une blancheur autour du globule , comme si un fluide tournait autour.» (Müll. I. c. p. 270.) M. Ehrenberg a bien constaté que (1) Trembley , Polype d’eau douce , Pl. VII, f. 10-11 , p. 282. Polypenlœuse , Rœsel, Insect. Belust. , III , Pl. 83 , flg. 4, P- 5oi. CycUdium pediculus , Müller , Tuf., Pl. XI, f. iS-iÇ. ortioella slellina, Müller . Inf., Pl. XXXVIII , fig. 1-2. Bursaria pediculus , Bory. — ürceolaria parhelia , Bory. Trichodina pediculus et T, slellina , Ehr. Mém. l83o,'l83l, l833, l835. Nummulella conchyliospermatica , Carus , Nov. act. nal. cur. XVI , Pl. III , r. 9. Trichodina pediculus , Ehr. Inf. i838 , Pl. XXIV , IV , p. 265. HISTOIRE NATURELLE 528 cet animal marche toujours sur le dos au moyen de ses cils en crochet ; mais il fixe à 24-28 le nombre de ces cils; il lui accorde aussi un testicule réniforme et uije vésicule, contractile simple. 2. * UrcÉolairk discoïde. — Urceolaria discina {Korlicella discina, Midi., Inf., PI. XXXVIII , fig. 3-5 , pag. 271). Millier trouva dans l’eau de mer, assez rarement, cette espèce, que M. Ehrenberg regarde à tort, jecrois , comme identiqueavec la précédente. «Elle est orbiculaire, excavée en dessus, dit Millier, convexe en dessous, et farcie demoléculesvésiculaires.et supportée par une anse hyaline difficile à distinguer; le diamètre du disque est double du tronc convexe et triple de l’anse de la base. Le bord ou la périphérie du disque est entouré de cils floltants , lâches. » (Midi., loc. cit.) 3. ’ UrcÊolaire limacine. — Urceolaria limacina {V orticella lima- cina, Müll., Inf., PI. XXXVI, fig. 16. p. 278). C’est sur les tentacules et sur le front des jeunes du Planorhis contorlus et de la Bulla fonünalis que Millier a trouvé abondam- ment cette espèce, qui paraît bien distincte par son habitation et par sa foi’me; elle est sessile, cylindrique, diaphane, et fait sortir de son orifice tronqué deux ou quatre cils difficiles à voir, dit l’auteur ; mais on peut supposer qu'il y a , au contraire , une couronne de cils nombreux autour de la base supérieure, qui est la plus large, et que la base plus étroite par laquelle cet Infu- soire stt fixe est aussi munie de cils. * Urceolaria. — (F’orticella bursata et Vorlicella utriculata , Müll., Inf., PI. XXXV, fig. 9-12, et PI. XXXVll, fig. 9-10.) Müller fait deux espèces de Vorticelles de ces Infusoires, qui l’un et l’autre sont verts , en forme de bourse ou d’utricule renflée en arrière, tronquée et ciliée en avant, et qui vivent également dans l’eau de mer, La seule différence qu’il Indique, c’est que la deuxième n’a pas comme la première une papille saillante au milieu de la face anterieure ciliée qu’il nomme l’ouverture , et quelle est susceptible d’uii allongement plus prononcé en forme de goulot, en avant, La orticella bursata, que M. bory a voulu DES INFUSOIRES. 529 nommer Rinella mamillaris, est , suivant Millier, un des plus gros Infusoires ; elle présente la forme d’une marmite ( alla ) ou d’une bourse tronquée en avant , translucide de chaque côté , et mon- trant au milieu de cette troncature une papille saillante qui pa- raît échancrée quand l’animal est en repos. 3' Genre. OPHRYDIE. — Ophrydia. An. tantôt libres, tantôt engagés dans une masse gé- latineuse sécrétée par eux ; et par l’effet de leur contrac- tilité pouvant prendre les formes les plus variées depuis celle d’un fuseau allongé jusqu’à celles d’une urne, d’une urcéole , d’un ovoïde ou d’un globule. Ce genre , ^tabli par ]\I. Bory pour une espèce d’infusoire qui n’a été vue encore que dans le nord de l’Europe , a été adopté par M. Ehrenberg qui, changeant son nom en Ophry- dium , l’a pris pour type de sa famille des Ophrydina , qui sont des f^orticellina cuirassés. Or la cuirasse, qui, chez les Vaginicoles que nous laissons parmi nos Vorticelliens , est une vraie membrane résistante en forme d’étui, n’est ici qu’une masse gélatineuse sans consistance et sans structm'c appréciable. Cependa»t M. Ehrenberg admet que cette masse est le résultat de la soudure des cuirasses gélatineuses des Oplirydies qui se multiplient par division spontanée, avec une rapidité extrême. I. Ophrydie versatile. — Oplirjrdia versatilis (i). Masses sphériques (de 9 à 5omill. ), gélatineuses, verdâtres. (1) Vorticella versnlilis , Miiller , Inf. Pl. XXXIX , f. l4'i7 j p. 281. Lima prumformis , Schrank , Faun. boic. III , 2 , p. 3l3. Coccochloris stagnina, Sprengel. — Katzing , Linn. i833, p. 38o , pl. III , f. 22. Urceolaria vertatilis , Lamk., an. s. vert. l. II, p. 52, 2® éd.. Ophrydia nnsitla , Bory , Encycl. p. 583. Ophrydium versatile , Ehr. Inf. i838 , Pl. XXX, fig. i , p. 2f)3. 34 INFUSOIRES. HISTOIRE HATURELLE 530 hyalines, flottantes ; pax’aissant, si on les regarde à la loupe, tra- versées et comme hérissées d’innombrables rayons verts très- déliés près de la surface. Vus au microscope , ces rayons sont formés de petites lignes courtes , rangées sur trois ou quatre rangs à la périphérie, comme autant d épingles sur une pelote , mais éparses sans ordre, et le plus souvent contractées dans le centime. Ces petites lignes sont des animaux distincts , qui pendant qu’ils sont engagés dans la masse gélatineuse, ont pour la plupart le corps cylindrique, allongé ou fusiforme, obtus en avant , aminci en arrière ; quelques-uns rapprochent tellement la partie antérieure de la postérieure , que le corps devient plus épais et trois fois plus court ; mais bientôt ils s’allongent lente- ment ; peu à peu ils abandonnent leur prison, et contractant leurs extrémités, ils prennent une forme cylindrique, trois fois plus courte que la forme allongée ; ils font sortir alors leurs cils rotatoi- res , et sous leur nouvellefigure , qui n’a aucun rapport avec l’an- cienne , ils nagent çà et là vivement ; leur corps désormais tou- jours cylindracé , a son bord antérieur un peu réfléchi et son axe souvent avancé en une petite papille saillante. Müller, d’après l’apparence d’un halo entourant le corps , soupçonne que l’ani- mal est tout entouré de cils. Cet auteur trouva au commencement de septembre, dans le même marais, plusieurs sphères remplies d’animalcules ainsi disposés en phalanges sei'rées. M. Ehrenberg , qui le premier a bien étudié la forme des Ophrydies, les décrit comme des corpuscules allongés, verts, amincis aux deux bouts , agrégés en im polypier presque glo- buleux , glabre , hyalin , libre ou fixé , de grosseur variable de- puis celle d’un pois jusqu’à celle du poing , et d’une consis- tance très - analogue à celle du frai de grenouilles. 11 les a trouvés à Berlin en toute saison , même au mois de décembre , sous la glace , et en a vu des boules de 4 à 5 pouces de diamètre soulevées périodiquement à la sui’face des eaux par le dévelop- pement des gaz dans l’intérieur, et poussées sur la l ive par les vents. Les animalcules forment à la périphérie une simple rangée, comme dans le Volvox; mais, comme ils sont très-serrés, beau- coup d entre eux venant à se retirer les uns derrière les autres, il peut en résulter 3 à 5 rangées. Dans le principe , dit-il , toutes les cellules gélatineuses paraissent liées au centre par un filament, lequel vient plus tard à disparaître , laissant la boule creuse au DES INFUSOIRES. 531 luilieii et remplie d’eau. Déjà, en i83o,il avait fait avaler de l’indigo à ces animaux; en i835 il indiqua leurs organes géni- taux. 11 dit avoir constaté leur multiplication par division spon- tanée, et il les représente avec une couronne de cils vibratiles en avant , et d’autres cils dirigés en arrière et insérés sur un seul rang tout autour du corps , au quart postérieur de la longueur. Ces animaux, dans leur plus grande extension, ont 0,228; ce doit être aussi la longueur des cellules , et par conséquent l’é- paisseur de la couche gélatineuse externe des boules. L’auteur dit n’avoir pu voir encore directement le bord très-diaphane de ces cellules , mais il a souvent vu les animaux faire saillie au dehors. 4e Genre. UROCENTRE. — Urocentrum, Nitzsch. Nous inscrivons ici , d’après M. Ehrenberg, ce genre qui fut établi par M. Nitzsch avec une des espèces du genre Cei- caria de Miüler, de ce genre qui contenait des types si divers. M. Bory voulut faire de cette même espèce son genre Tur- binelle , compris dans sa famille des Cercariées avec les Zoo- spermes et plusieurs genres formés des diverses Cercaires de Müller ; il le caractérise ainsi : « Corps subpyriforme , obtus aux deux extrémités , avec un sillon en carène sur l’un des côtés ; queue sétiforme , implantée et très-distincte du coi-ps. » M. Ehrenberg , en 1831 , avait inscrit ce genre dans sa famille des Monadina , en le caractérisant par la forme anguleuse de son corps conique et muni d’une queue, « mais , dit-il , sa structure , souvent observée depuis , l’a conduit à le ranger avec les Vorticelles , quoiqu’il avoue n’a- voir point vu directement l’intestin caractéristique. » Il lui atü’ibue des cils vibratiles ^ servant à la fois pour la locomo- tion et pour attirer la proie , des estomacs qui ont pu être colorés artificiellement , et un seul orifice pour l’appareil digestif ; un ovaire jaunâtre peu distinct et une vésicule contractile. Il a d’ailleurs observé la division spontanée transverse, mais il n’a pas vu les tleux points noirs que Midler indique comme pouvant être des yeux ; il en conclut que cet auteiu, qui de sou côté n’a point aperçu la couronne 34.- HISTOIRE NATURELLE 532 frontale de cils, a pu confondre quelque jeune Rotateur ou Systolide. Quant à nous , nous n’avons rencontré rien qui se rapporte aux figures et à la description de cet auteur , si ce n’est notre Ervilie. Urocentre toupie. — JJrocenlrum lurho, (Ehr., Inf., PI. XXIV, fig- 7) (0- Corps hyalin, ovoïde, triquètre , avec un pédicule égal au tiers du corps. — Long de 0,09 à 0,06. Il vit entre les Lemna ; M. Ehrenberg le représente avec un corps analogue a celui des Vorticelles. Millier décrit ainsi sa Cerca- ria turbo : « An. sphérique ovale , hyalin , comme formé de deux petites sphères soudées , dont l’inférieure, un peu plus petite, est terminée par un piquant ou une soie roide moitié plus courte que le corps; à l’extrémité supérieure', une ligne transverse repré- sente un opercule. A un grossissement plus considérable , et non sans difficulté , on distingue trois angles ; il est muni d’un glo- bule diaphane dans chaque sphère , et d’un autre plus petit à la base du corps , ou même quelquefois de plusieurs globules. Dans la ligne transverse du sommet j’ai aperçu de chaque côté un petit point très-noir. Est-ce un œil?» (Müll. , loc. cit. , pag. 228.) XX" Famille. VORTICELLIENS. Forticellina. Animaux à corps brusquement contractile et de forme très-variable , tantôt s’épanouissant en cône ren- versé , ou en forme de cloche , ou de vase , ou de coupe, ou comme une corolle à limbe entier ; tantôt se con- tractant en globule ou en ovoïde oblong et plissé ; et cela pendant la première période de leur vie , durant (I) Ccrcaria Turbo, Müllcr, Inf. Pi. XVIH, f. l3-l6. Uroceulrum T urbo, Nilzscli, Beylr. 1817, p. TurbiucLln maculigera, Bory, Encyc. i8a4' P- 760. DES INFUSOIRES. 533 laquelle ils sont fixés à un support par leur base : ils sont alors munis d’une couronne de cils vibratiles au- tour d’un limbe plus ou moins évasé. Cette couronne de cils est entièrement rétractile avec le limbe qui la porte , et se trouve cachée dans l’intérieur quand l’ani- mal se contracte ; elle est d’ailleurs interrompue par la bouche , à laquelle elle se termine en se contournant d’un coté. La plupart de ces animaux pendant une seconde pé- riode de leur existence abandonnent leur support pour nager librement dans le liquide sous une forme toute différente; ils sont alors très-allongés, cylindriques ou en forme de barillet , et se contractent par inter- valle en devenant plus courts , presque globuleux ; leur couronne de cils demeure alors toujours cachée , mais des cils ondulants qui se sont développés autour de l’extrémité postérieure sont désormais leurs seuls or- ganes locomoteurs. Les Vorticelliens sont à la fois très-abondants et très- faciles, à reconnaître , mais très -difficiles à bien observer en raison de leurs fréquents changements de forme et de leurs brusques contractions. Ils montrent une bouche bien distincte , et , chez eux surtout , on peut bien reconnaître le mode d’introduction des aliments dans les vacuoles de l’intérieur. Les cils de leur limbe, qui sont si faciles à reconnaître avec les microscopes dont nous nous servons aujourd’hui, ont été mal vus par la plupart des observateurs ; M, de Blainville affirma que ce sont seulement quelques cils symétriques; M. Raspail voulut même nier absolu- ment l’existence de ces cils ; c’est que, en cfîet , leur ténuité est telle qu’on ne les voit d’abord que quand i juxtaposés ou réunis en faisceaux , ils interceptent HISTOIBE NATÜREILE 534. davantage la lumière et particulièrement aux deux côtés du bord supérieur. Le tégument des Vorticel- liens est contractile et réticulé comme celui des Pa- raméciens et des Bursariens , mais il paraît encore plus résistant , car les exsudations de sarcode ont lieu surtout par la face supérieure qui se gonfle quelquefois comme une membrane et qui est tellement diaphane qu’elle a souvent échappé à l’œil des observateurs : aussi a-t-on décrit les Vorticelles comme complè- tement excavées en forme de coupe ou comme ayant une large bouche bordée par la couronne de cils vi- bra tiles. C’est M. Ehrenberg qui, le premier, a su reconnaître la vraie forme des Vorticelles dans les deux phases de leur existence , et la position de leur bouche , mais ne pouvant leur voir que ce seul orifice il a voulu conformément à son idée sur les Polygas- triques leur attribuer un intestin recourbé dont les deux extrémités aboutiraient au même orifice ; de là vient le nom de cjclocœla , par lequel il désigne la section qui les comprend dans sa classification. Et cependant rien n’est plus aisé que de se convaincre du mode de formation des vacuoles ou vésicules stomacales au fond de la bouche , et de la complète indépendance de ces vésicules , les unes par rapport aux autres , quand elles ont été transportées dans l’intérieur de la masse du corps par suite de l’impulsion sans cesse renouvelée au fond de la bouche et des contractions brusques et fréquentes du tégument. Cet auteur lui- même , comme nous l’avons dit précédemment (pag. 65 et 78) , n’a pu représenter dans ses derniers dessins l’intestin qu’il avait supposé d’abord. A la vérité chez les Vorticelliens, plus que chez aucun autre typed’ln- fusoires , la cavité produite au fond de l’ouverture DES INFUSOIRES. 535 buccale par l’impulsion incessante du tourbillon , est prolongée comme un commencement d’intestin ; il y a d’ailleurs à l’origine de ce tube des cils vibratiles comme dans le tube digestif de certains animaux in- férieurs ; mais ce n’est point un vrai intestin , puisque les parois sans membrane sont toujours susceptibles de se souder, de manière à le faire disparaître tota- lement ou en interceptant , au fond, une vacuole indé- pendante remplie d’eau et d’aliments. Quant à un ori- fice anal supposé chez ces animaux, on conçoit qu’il n’existe pas plus , d’une manière absolue , qu’un in- testin permanent ; mais si des substances d’abord ingérées dans le corps des Vorticelles , peuvent en être expulsées par une ouverture temporaire, il est clair que ce ne peut être qu’à l’endroit même où. la substance molle intérieure est en contact avec le li- quide environnant, sans être protégée par le tégument. M. Ehrenberg nomme testicule et vésicule séminale et œufs , chez les Vorticelliens comme chez les autres Infusoires, cette masse demi -transparente et cette grande vacuole contractile et ces granules dont nous avons déjà parlé. Nous nous bornons à répéter ici que chez tous ces animaux on observe la formation spon- tanée de vacuoles nombreuses et variables remplies d’eau , quand ils sont comprimés entre des lames de verre et près de mourir ; et , que chez eux aussi se voient souvent des exsudations de sarcode. Les Vorticelliens ont été presque tous compris dans le genre Vorticelle de Millier : cet auteur ayant laissé seulement les Vaginicoles dans son genre Trichode. Lamarck réformant avec raison ce genre Vorticelle, en sépara sous le nom de Furculaire une partie des Systolides ; puis il créa son genre Urcéolaire qui cor- HISraiRE NATURELLE 536 respond comme nous l’avons dit à notre famille des Urcéolariens , 'sauf les quelques espèces que Muller avait mal à propos établies avec des Vorticelles dé- tachées de leur support ; et comprit ce nouveau genre et le genre Vorticelle ainsi réduit dans sa section des Polypes ciliés , rotifères. M. Bory adopta et multiplia les distinctions établies par Lamarck , mais il ne laissa parmi ses Microscopiques que les Urcéolariées et le genre Vaginicole, dans son ordre des Stomoblépharés, les Ophrydies dans son ordre des Trichodés , enfin les Kérobalanes et les Craterines dans son ordre des Gymnodés , ces deux derniers genres étant formés ainsi qu’une partie des Urcéolariées avec des Vor- ticelles détachées de leur support. Quant aux vraies Vorticelles il les transporta bien loin des vrais Infu- soires, dans son nouveau sous -règne Psychodiaire. M. Ehrenberg voulant débrouiller la confusion in- troduite dans la nomenclature de ces animaux , forma sa famille des Vorticellines pour les espèces nues , et sa famille des Opbrydines qui lui est parallèle pour les espèces cuirassées ou pourvues d’une gaine. Il définit ses Vorticellines : « des animaux polygas- triques, enterodélés (c’est-à-dire à tube intestinal distinct) , ayant les orifices de la bouche et de l’anus distincts , mais réunis dans une fossette commune {Anopisthia) , dépourvus de cuirasses , solitaires , li- bres ou fixes , et souvent agrégés et formant des ar- bustes élégants par suite d’une division spontanée , imparfaite. » Et il y comprend les genres Stentor , Trichodina (Urcéolaire) , et Urocentrum dont nous faisons notre famille des Urcéolariens , mais il re- porte dans sa famille des Ophrydina toutes les Vaginicoles dont il fait les trois genres , Tmtinmis , DES INFUSOIRES. 637 Vagiîiicola et Cothurnia. Ses autres Vorticellines dont le corps est périodiquement pédicellé et souvent rameux , constituent les cinq genres orticella , Car- chesiuni , Epistjlis , Operculana et Zoothamnium , dont les deux derniers sont caractérisés parce qu’ils présentent, sur un pédicule rameux , des corps de di- verses formes ; ils diffèrent parce que le dernier a une tige contractile en spirale et l’autre une tige non con- tractile : les trois autres genres ne présentent que des corps uniformes, tous pédicellés ; mais les pédicules de VEpistylis sont roides, inflexibles; ceux des Vorti- celles et des Carchesium sont flexibles et contractiles en spirale, ils sont simples pour les Vorticelles et rameux pour les Carchesium qui avaient d’abord été caractérisés parla structure , supposée plus complexe , du pédicule. Nous n’adoptons que deux de ces genres, les Epistylis dont le corps seul est flexible et contrac- tile , et dont le pédicule simple ou rameux est in- flexible; et les Vorticelles dont le pédicule simple ou rameux est contractile en totalité ou par parties : ainsi nous comprenons dans ce dernier genre les Carche- sium, parce que dans les Vorticelles à pédicule simple ou rameux le corps est tellement semblable qu on ne peut voir qu’un caractère spécifique dans cette dif- férence du support. Quant aux genres Opercularia et Zoothamnium , nous n’avons pu les rencontrer encore avec les caractères que leur assigne l’auteur. Un troi- sième genre de Vorticelliens est établi par nous sous le nom de Scyphidie pour des espèces sessiles , et enfin un quatrième genre Vaginicole comprend toutes les espèces pourvues d’une gaine membraneuse. Les Vorticelliens vivent pour la plupart dans les eaux pures, douces ou marines, où ils se trouvent HISTOIRE NATURELLE 838 fixés sur les herbes ou sur les coquilles , sur les Crus- tacés, tels que les Cyclopes ou sur les larves des Névroptères , quelquefois même sur des Hydrophiles ou des Hydrocanthares ; ils semblent ainsi se fier à ces animaux du soin de les transporter dans une eau sans cesse renouvelée ; cependant il est aussi des Vor- ticelles et des Scyphidies qui se développent dans les infusions et même dans les infusions fétides, Tous se propagent par division spontanée , longitudinale , et plusieurs ont aussi un autre mode de multiplica- tion dans la formation des gemmes ou bourgeons qui naissent à l’insertion du pédicule. 1®'' Genre. SCYPHIDIE. — Scyphidia. An. à corps sessile en forme de coupe rétrécie à sa base, très-contractile , couvert d’un tégument réticulé. I. ScYPHiDiE RIDÉE. — Scj-phidia rugosa, PI. XVI, fig. 4. Corps oblong , marqué de stries obliques peu nombreuses , pro- fondes comme des rides. — Long de 0,046. Je l’observais à la fia de décembre dans im vase où depuis quatre mois je conservais de l’eau rapportée de l’étang du Plessis- Piquet, avec des débris de végétaux. Scj^phidia. t- F'orücellq ringens (Müll. PI. XLIV, fig, 17). On peut je crois rapporter à ce genre la V orticella ringens de Millier , trouvée par cet auteur sur les Naïs dans l’eau douce, et décrite comme ayant le corps pyriforme, pellucide , soutenu par un pédicule très-court. Avec cette espèce s’en trouvait une autre, K. inclinans (1. c. fig. ii) dont le pédicule moins court est un peu flexible , de sorte que le corps en se repliant présente la forme d’une pipe. La Vorticella pj-riformis du même auteur (Inf, p. Soy), pa- raît aussi devoir être un Scyphidie. DES INFUSOIRES. 539 2* Genre. ÉPISTYLIS. — Epistylis , Ehr. An. à corps oblong en forme de coupe ou d’entonnoir, contractiles, surtout dans la longueur, de manière à présen- ter souvent des plis transverses profonds à la base ; portés par des pédicules simples ou rameux, roides non con- - tractiles. Les pédicules formés d’un tube membraneux contiennent ime substance vivante au moyen de laquelle les Epistylis rameuses pailicipent un peu à une vie commune. Ces ani- maux se contractent de plusieurs manières sur leur pédi- cule ; les uns se contractent simplement en boule , d’autres se pbent fortement à leur base en se raccourcissant, d’autres enfin se contactent inégalement et se penchent d’un côté, M. Ehrenberg a observé la formation de bourgeons sur les E. nutans et E. plicatilis ; mais ces bourgeons ne naissent pas de la tige même. Comme cet auteur l’a remarqué aussi , les Epistylis devenues libres prennent les formes qui ont été nommées par divers micrographes Ecclissa , Urceolaria , Rinella , Kerobalana et Ophrydia ; les pédicules rameux qui restent fixés aux herbes aquatiques , résistent à la décompo- sition , ils sont souvent visibles à l’œil nu et pourraient êti'e pris pour des petits Polypiers. Les Epistylis ordinairement plus grandes que les autres Vorticelhens se trouvent exclusivement dans les eaux pm-es, sur les herbes ou sm' les animaux aquatiques , formant de petites houppes blanches bien visibles. I. Epistylis anastatioue. Episij'lù anastalica (i). Animaux longs de 0,09, en forme de cône renversé ou d’enton- noir, à bords réfléchis, se contractant sans se plisser, portés sur un pédicule dichotome à rameaux resserrés, long de 0,25 à 0,002, souvent chargé de particules écailleuses. (i) Polypes à ioKçitei. Trembley. Poljp. I. 4-7- — Degeer , Act. Stock. 1746. Pi. 6, fig. 2-5. //flerpolyp. Rofsel. Tns. Belusf. III. p. G04. Pl. 98, fig. i-3. HISTOIRE WATURELLE S40 Cette espèce type du genre est la plus commune de toutes; elle a été observée presque par toute l’Europe, je l’ai trouvée à Tours, à Paris, à Caen et à Rennes sur les herbes aquatiques, et particulièrement sur des Cératophylles. Millier, qui la trouva également sur les animaux aquatiques en Danemark, la décrit ainsi : « Une tige principale produit au sommet plusieurs ra- meaux étalés en ombelle, lesquels se divisent encore en pédicules portant les capitules (les animaux) et formant desombellules.... Sur chaque pédicule se trouvent ordinairement cinq à dix capi- tules ovales oblongs, tronqués obliquement, très-diaphanes et contenant cinq à six globules (vacuoles ) hyalins ; plusieurs pédi- cules se trouvent aussi dépourvues de leurs capitules.» (L. c, p. 326.) Les petites écailles qui se voient, quelquefois seulement, sur les pédicules sont des jeunes ou du frai suivant Trembley et suivant M. Ehrenberg qui les a vues produire des Vorticelles semblables à la mère, mais beaucoup plus petites , de sorte que sur le pé- dicule des grandes il s’en trouvait d’autres deux fois plus petites. Ce même auteur regarde comme leurs œufs, des granules de 0,0022; il leur attribue comme organe mâle une vésicule claire (vacuole) dont il n’a point vu la contraction ; il n’a point vu non plus le testicule ni l’intestin, dit-il, ni la formation de bourgeons; il a remarqué que si cette Épistylis est fixée sur des plantes , les pédicules s’allongent davantage que si elle est portée sur des animaux. 2. Épistvus JAUNA.TBE. — EpUij'Us Jlavicans (Ehr. Inf. PI. XXVIII, fig.2)(i). Cette espèce établie par M. Ehrenberg et donnée comme syno- nyme de la Vorticella acinosa de Müller , ne diffère guère de la (i) Birn polyps. Eichhorn. Beytr. p. 35, Pl. III. Hydra cratœgaria. Linn. Syst. n.nt, ed. X. Brachionus cratœgarius et B. acinosus. Pallas. Elench. Zooph. p. loo-ioi. Vorticella anastatica et V. cralcegaria. Müll. Inf. Pl. XLIV, fig. 10 et Pl. XLVI, %. 5. Vorticella ringens., — Myrtilina cratœgaria. — Digitalina anastatica. Bory. Encycl. 1824. Epistylis anastatica, Ehr. Inf. i838. Pl. XXVIl, fig. 2. DES INFUSOIRES. précédenle que par ses dimensions plus considérables, car la cou- leur jaimâtre qu’on lui attribue peut tenir à ses dimensions plus fortes; et d’ailleurs, on sait combien la grosseur de ces animaux est variable. Elle est décrite comme ayant un pédicule long de deux à trois millimètres, non articulé, dressé, lisse, divisé en rameaux rap- prochés , dilatés à leurs aisselles et terminés par des capitules (animaux) longs de o,i4, largement campanulés, jaunâtres. Elle se trouve sur les Lemna , les Cératophylles et sur les tiges mortes des joncs et des Scirpes dans les tourbières. A l’intérieur se voit une bande claire recourbée en S que M. Ehrenberg re- garde comme pouvant être le testicule. Millier décrit ainsi sa V orlicella aeinosa en y rapportant l’es- pèce décrite par Rœsel (1ns. Belust. 3 , p. 6i4, pl. loo) , et celle de Ledermüller (Micr., pl. 88, fig. t, k) : « capitules jau- nâtres ressemblant aux anthères du Bryum pomiforme , parsemés de très-petits points opaques. Quand l’orifice est fermé, le capi- tule est sphérique ; quand il est à demi-ouvert, le capitule se pro- longe un peu en se rétrécissant, et l’ouverture est occupée par des cils; quand il est très-ouvert, les cils sont réfléchis de chaque côté, la base du capitule est resserrée , très-diaphane, » * 3. Epistylis grandis. (Ehr. Inf. Pl. XXVII, fig. 3, p. 282.) Sous ce nom M. Ehrenberg a décrit une espèce observée aux environs de Berlin sur les Cératophylles et les racines des Nym- phæa qu’elle couvre d’une couche très-épaisse. Elle ne ditTère encore des précédentes que par ses dimensions , car sa couleur verdâtre ou jaunâtre paraît dépendre de sa nourriture. Son corps long de 0,18 à 0,22 , est largement campanulé, porté sur un pé- dicule grêle, lisse, non articulé, à rameaux écartés, formant de très-grandes touffes. * 4. Epistylis leucoa, (Ehr. Inf. Pl. XXVHI, fig- 3, p. 283.) M. Ehrenberg nomme ainsi une Épistylis aussi grosse et de même forme que la précédente (de o, 1 8 à o, 2 2), mais dont le pé- dicule moins grêle est articulé, lisse, et divisé en rameaux courts formant une tête. Il la trouva sous la glace à Berlin au mois de janvier, eu arbusculcs de 1,12 sur les feuilles de roseau. HISTOIRE NATURELLE 542 « Elle a , dit-il , uu front notablement bombé, dos ovules blanos dont la couleur la distingue de l’É. jaunâtre , une couronne simple de cils dans laquelle est une bouche blanche, une vési- cule contractile ronde et un testicule formant un cordon courbé en S.» * 5. Episij'lis galea. (Ehr. Inf. PI. XXVII, fig. i , p. 280.) Cette espèce distinguée par sa forme conique très-allongée, et par sa grandeur remarquable (o, 2 2), a été trouvée formant des arbustes de 4 mill. à 4,5 sur les Cératophylles à Berlin où elle est très-i-are. Les deux tiers de son coi'ps sont remplis d’œufs (de granules), le tiers postérieur en est dépourvu, mais il montre des stries longitudinales qui, suivant M. Ehrenberg, sont peut-être des muscles , et , de plus , il se plisse fortement en travers par la contraction. Le commencement de la couronne de cils est au- dessous , et sa terminaison est au-dessus de la bouche qui se pro- longe latéralement en bec court tronqué (1. c.). 6. Épistylis PLicATiLE. — Episij"Us pUcaiUîs, PL XVI bis, fig. 4 (i). Animaux à corps conique, allongé (de 0,09 à 0,12) , suscep- tible de se plisser transversalement par la contraction, tronqué au sommet et à bord à peine saillant , portés sur un pédicule di- chotome , lisse ou chargé de particules écailleuses et souvent ter- miné en corymbe , et haut de 2 à 5 mill. Cette espèce très - commune forme sur les herbes aquati- ques de petites houppes blanches visibles à l’œil comme une moisissure ou un léger duvet, elle est bien caractérisée par les plis tiansverses arrondis qu’elle présente dans la moitié infé- (i) Macrocercus. Hill. Hist. anim. t. 1,2. Hydva pyraria, Linn. Syst. nat. ed. X. — P^orticella pyraria. Linn. Syst. nat. XII. Afterpolyp. Roesel, Ins. Belust. 3, p. 606. PL 98, fig. 1-2. Brachionus pyriformis . Pallas. Eleuch. Zooph, p. 102. y orüceUa pyraria et y . anuularis. Müller, Inf. PI. .\LV, fig. 2-3 et PL XLVI, fig. 1-4. Epistylis pUcalilis. Ehr. luf. PL XXVIII, fig. i. DES INFUSOIRES. 843 rieure de son corps en se contractant et se raccourcissant beau- coup. Je l’ai trouve'e à Paris dans la Seine sur les Cératophylles ; Millier l’a trouvée dans le Nord sur cette meme plante, et il la décrit assez bien sous le nom de V. pjrraria sans parler toute- fois de ses plis, mais en rapportant comment il a vu les capitules se détacher des pédicules pour nager librement. L’espèce que cet auteur a nommée Vorlicella annularis citée par M- Ehren- berg comme synonyme de notre Épistylis, est précisément carac- térisée par les plis qui la font paraître annelée à sa base pendant la contraction. Mais Millier croit que ces plis appartiennent au sommet du pédicule qui est simple, très-long; elle a été observée sur \e Planorbis contortus , peut-être cette différence d’habitation a-t elle empêché le pédicule de se développer autant. L’Épistylis plicatile est un des Infusoires cités par M. Ehrenberg comme montrant le trajet complet de l’intestin : « En se remplis- sant d’indigo, dit-il, de très-grosses vésicules .stomacales de- viennent particulièrement visibles, et il arrive souventaussi qu’on peut observer la nourriture traversant rapidement tout l’intestin et voir sa sortie rapide par l’emplacement de la bouche , de sorte que la forme du canal digestif devient tout à fait évidente. Je pense d’après cela que cette Yorticelle doit être particulièrement choisie pour l’étude » (Ehr., 1. c., p. 281). Cet auteur représente en effet dans un de ses dessins fPl. XXVllI, fig. I, 7) , une Épistylis avec un intestin noueux coloré par l’indigo et recourbé en anse , et des vésicules stomacales isolées de chaque côté en forme de glo- bules bleus ; mais dans cette espèce non plus quedans aucune autre Infusoire, nous n’avons pu voir autre chose que le prolongement de la cavité buccale en forme de tube fermé , ou , si l’on veut, de commencement d’intestin , dont l’extrémité se trouve de temps en temps interceptée pour former des vacuoles isolées et indépen- dantes. La figure qu’en donne M. Ehrenberg montre une cou- ronne double de cils ,mais cet auteur lui-même dit ( page 282 ) : « La couronne frontale de cils est simple , mais elle paraît or- dinairement double.» 11 ajoute que les cils moteurs de l’extrémité postérieure forment trois rangées. Or Müller a représenté de cette manière sa Vorlicella najwto (PI. XXXVII, fig. 24), qui est évidemment un individu détaché de son pédicule. HISTOIRE NATURELLE S44 7. Épistylis digitale. — Æpislj'lis digitalis (i). Animaux à corps long de 0,09 à 0,11, campanulé, très-étroit et allongé ou presque cylindrique, porté sur un pédicule dichotome, annelé finement, haut de 1,5 à 1,8 mill. Müller observa cette espèce une seule fois , le 8 novembre , sur un Cyclope. 11 la décrit comme ayant le corps tronqué un peu obliquement, et son bord réfléchi, entaillé; elle se contracte au sommet, et son bord tronqué prend une forme conique. Le pédi- cule et ses rameaux peu nombreux sont fistùleux, plus courts et plus épais que dans les autres espèces. M. Ehrenberg l’a trouvée abondamment à Berlin, aussi sur lesCyclopes; il veut rapporter à cette même espèce la P^oriicella fraxinina de Müller (Infus., Pl. XXXVlll, fig. 17 ip. 276), que cet auteur a observée une seule fois, le 1 7 octobre , formant un groupe de capitules sessiles sur la queue d’un Cyclope, et qu’il décrit comme étant cylin- dracée , obliquement tronquée, avec deux paires de cils, et ayant son bord fendu au sommet. Une Épistylis que j’observais le 9 novembre i838 dans l’eau de Seine sur des Calli triches, paraîtdevoir être rapportée aussi àcette espèce , quoique sa forme soit bien plus effilée à la base , et que son bord supérieur ne soit pas fendu. Elle était longue de 0,10 à 01,2, contractile en boule, avec deux pi’olongements étroits en haut et en bas, mais sans plissement. Son pédicule était aussi épais que sa base 0,01 , il ne m’a pas paru annelé. * Epistj'lis? nutans (Ehr. Inf., PI. XXIX, fig. 1 , p. 284). M. Ehrenberg rapporte avec doute au genre Épistylis cette es- pèce qu’il a observée sur le Myriophylle (juin 1882 ), et sur la (1) Der dütcnformigc Afterpolyp. Roesel. Ins. Belust. 3. p. 607. PI. i)8, %. 4. Hydra digîlalis. Linn. Syst. nat. cd. X. Brachionus digitalis. Pallas. Elench. Zooph. 61. f^orlicellri digitalis. Müll. Inf. Pl. XLVI,fig. 6. üigitalina lioeselii, et simplex. Bory. Encycl. i8-24- Epistylis digitalis. Ehr. Inf. Pl. XXVHl, lig. 4, etPl, L, % 7. DES INFUSOIRES. 5fi5 flolloma palustris pendant l’hiver, sous la glace. Elle a le corps ovoïde, long de o,o6, aminci aux deux extrémités ou presque lusilorme, et annelé ou strié en travers comme le pédicule, qui se ramifie en un arbuste élégant haut de i , 2 à i ,8 ; sa bouche est plus distinctement bilabiée, à lèvres saillantes. Peut-être , dit l’auteur, serait-elle plus convenablement rangée avec les Opercularia , ou devrait-elle former un genre particulier. Le même auteur rapporte aussi à son genre Épistylis quatre autres espèces, dont deux sont douteuses pour lui-même; mais toutes paraissent appartenir à des genres différents. L’une d’elles JE. vegetans a été décrite précédemment parmi les Mona- diens sous le nom d’Anthophyse (voyez pag. 802) ; une autre, E. Botrj-tis (Ehr. Inf. , pl. XXVII , fig. IV) , pourrait bien être aussi un monadien agrégé. Les deux autres, E. parasilica et E. arabica, ont été trouvées dans la mer Rouge et ti'op imparfaitement obser- vées pour qu’on puisse s’en former une idée précise. * Genre Opercularia, Gold. — Epistylis opercularia {1). Cette grande Epistylis , caractérisée par l’apparence d’un couvercle ou d’un opercule qui se soulève obliquement au- dessus du bord supérieur, a été vue par la plupart dos micro- graphes et prise pour type d’un genre , soit en raison de cet opercule, soit, comme le veut M. Ehrenberg , parce qu’elle présente des corps de diverse forme ; les uns semblables à des Epistylis, longs de 6,06, bilabiés, à lèvre supérieure en para- sol ; les autres beaucoup plus gros , différents des précédents et différents entre eux. Ces corps sont portés par un pédi- cule roide, strié et articulé, très-rameux, haut de 4 à 6miU., {\) A/ter polyp mit Deckel. 'Roese\. 1ns. Bel. 3, p. 609, Pl. 98, fig. 5-6. Hydva opercularia. Linn. ed. X. — Vorticella opercularia. Linn. ed. XII. Brachionus operculatus. P.nllas. El. Zooph. p. lo/p Polyp mil der Klappe. Eiclihoni. Beytr. p. 85, Pl. VII, fig. T. II. Opercularia arliculala — Campanella berberina — k'alvularia btlineala, Goldf. Zool. 1820, p. Opercularia Jioesclii. — O. Bakeri Boiy, Encycl. 1824. Opercularia arliculala. Ehr. Inf l838, p. 286-287. INFUSOIRE» 35 HISTOIRE NATURELLE 5^6 que l’on trouve au mois de mars et d’avril fixé au corps des Dy tisques et des Hydropliyles. L’indigo ou le carmin délayés clans l’eau sont promptement avalés et remplissent de peti- tes vésicules stomacales au nombre de 44 environ disposées en ceinture au milieu du corps. M. Ehrenberg ajoute qu’a- lors aussi, c< le trajet complet de l’intestin est nettement in- dique par la couleur , comme peu d’infusoires seulement le laissent voir (1). » Cet auteur admet chez cet Infusoire l’exis- tence d’un muscle longitudinal interne destiné à faire mou- voir ee qu’il nomme une lèvre supérieure ombraculiforme. Nous avons de notre côté rencontré , dans les étangs des environs de Paris , des Epistylis à corps long de 0,10, fusi- forme, tronqué au sommet et montrant quelquefois au-des- sus du bord supérieur une pièce saillante en forme de disque oblique ou d’ojoercule contractile, bordé de cils vibratiles. La cavité buccale devenait d’autant plus profonde ( PL XVI , fig. 8) , que cette pièce était plus soulevée , et elle était dis- tinctement garnie de longs cils ondulants à l’intérieur ; mais on ne pouvait distinguer aucune trace d’un muscle rétrac- teur de cette sorte d’opercule : on voit d’aiUeurs souvent chez des V orticelles un prolongement operculiforme de cette sorte qui n’est point du tout caractéristique. 3' Genre. VORTICELLE. — Forticella. Animaux d’abord fixés à l’extrémité d’un pédicule simple ou rameux, contractile, en spirale, et alors tantôt globuleux ou pyriformes en se contractant , tantôt campanulés , ou en forme de vase ou d’entonnoir à bords renversés et ciliés, quand ils s’épanouissent et quand ils excitent dans le li- quide, au moyen de leur couronne de cils, un tourbillon des- tiné à amener les aliments à la bouche située dans le bord mémo ; devenant ensuite libres , en retirant complètement (i) Audi wur nieistdcr g^n/.e Verlauf desDaimes clurdi die Eaibe sdiarf bezddinct, wices nurwçoig Iiil'usorien erkenncii lassen. (Elir., p. 2S7.) DES INf LiSOIllES. leur couronne de cils et prenant une forme cylindrique plus ou moins allongée ou ovoïde , en se contractant et se mou- vant dans le liquide au moyen d’un cercle de cils ondulants qui se produisent en dernier lieu près de rextremilé pos- térieure désormais dirigée en avant. Il n’est pas d’animaux qui excitent l’admiration du na- turaliste à un plus haut degré que les \ orticelles par leur couronne de cils et par les tourbillons qu’elle produit , et par leur forme si variable et si différente dans les deux pé- riodes de leur vie , et surtout par leur pédicule susceptible de se contracter brusquement en tire-bouebon en tirant le corps en arrière pour s’étendre de nouveau. Les particula- rités de leur forme et de leur double mode d’existence s’ob- servent également chez les Epistylis , mais le pédicule con- tractile leur est exclusivement propre ; c’est*un cordon mem- braneux , plat , plus épais sur un de ses bords et contenant de ce côté un canal continu occupé au moins en partie par une substance cbarnue analogue à celle de l’intérieur du corps. Pendant la contraction ce boid épais se raccourcit beaucoup plus que le bord mince , et de là résulte précisé- ment la forme de tire-bouchon ; cependant je ne crois pas que ce soit une fd^re charnue logée dans le pédicule qui produise ce raccourcissement , comme le veut M. Ehren- berg. Le pédicule est simple chez la plupart des Vorticelles , mais il est rameux chez quelques-unes , et la contraction dans ce cas se propage plus ou moiiis vers le stipe ou . la base commune qui se contracte aussi quelquefois elle- même. Le tégument très-contractile des Vorticelles est quelque- fois strié en long et en travers de telle sorte que la surface paraît toute divisée en granules égaux régulièrement alignés; souvent aussi on aperçoit seiüement les stries transverses plus fortes et plus écartées. La face supérieure est formée par une membrane plus mince non réticulée à travers laquelle HISTOIRE NATURELLE 548 se font plus facilement les exsudations de sarcode; elle est encadrée dans le bord supérieur , qui porte la couronne de cils et qui est interrompu par la bouche ; avec lui elle est entièrement rétractile à l’intérieur , et dans certaines cir- constances au conti’aire elle est tellement poussée en dehors qu’elle forme une sorte d’opercule saillant comme celui des Epistylis. Les Vorticelles ont trois sortes de cils : 1° la couronne de cils roides inclinés ou légèrement courbés dont le mouve- ment vibratile régulier produit le tourbillon destiné à con- duire les aliments à la bouche et à creuser par son impulsion les vacuoles au fond prolongé de cette ouverture : les cils de la couronne sont déjetés les uns en dehors , les autres en dedans, et ils forment peut-être une double rangée , comme on le croit voir sur certaines espèces , ou bien ce sont les mêmes cils qui s’inclinent tantôt dans un sens , tantôt dans l’autre; 2“ la rangée postérieure de cils épais ondulants qui, destinés à la locomotion pendant la seconde période, se déve- loppent en arrière autour du tubercule ou du disque portant le pédicule ; 3“ des cils minces ondulants qui garnissent l’in- térieur de la cavité buccale jusqu’à une profondeur souvent considérable, et qui sont quelquefois même compris dans mie vacuole ou vésicule stomacale. A l’intérieur se voient comme dans tous les vrais Infusoi- res des vacuoles de diverse origine ou de diverse nature , les unes produites au fond de la bouche et logées au basaid dans la substance glutineuse vivante qui constitue leurs parois, les autres creusées spontanément dans cette même substance près de la surface ^ et devenant quelquefois très- grandes , se fondant plusiem's ensemble ou se contractant tout à coup. Il s’y voit aussi une masse demi-transparente , nommée sans preuve le testicule , et des corps étrangers ou des particules huileuses ou végétales précédemment avalées, et d’où résulte souvent une coloration bien prononeée , mais conséquemment très-variable et ne pouvant fournir de ca- ractères spéciüques. C’est ainsi que les particules vertes des DKS INFUSOTRES. Spon,»illes , venant à se répaiulre an printemps dans l’eau où vivent en même temps les V or ti celles , doivent prodüire chez ces animaux une coloration qu’on aurait tort d’attri- buer à des œufs ; et dans une autre saison ce sont des par- ticules jaunâtres ou roussâtres qui produisent une coloration différente. Les dimensions sont aussi extrêmement variables , et des VorticeUes d’une même espèce peuvent être deux fois, trois fois plus petites ou plus grandes et même davantage, suivant le degré de développement, ou même , si elles sont adultes, suivant la saison et suivant l’abondance de la nourriture. La forme aussi est tellement variable et mobile qu’elle ne peut d’une manière absolue servir à distinguer les espèces ; ce ne sera donc guère que par leur habitation dans l’eau de mer , dans l’eau douce ou dans les infusions , que nous pourrons caractériser sûrement les VorticeUes, à part les distinctions fournies par le pédicule plus ou moins épais , simple ou rameux. Midler a vu et décrit un grand nombre de VorticeUes, sans se faire une idée bien précise de leur organisation. M. Ehrenberg, comme nous l’avons déjà dit, sépara d’abord les espèces à pédicule roide , les Epistylis , et partagea en trois genres celles dont le pédicule est rétortile ou suscepti- ble de se rouler en tire-bouchon. Ses trois genres, en 1830, étaient les VorticeUes, dont le pédicule est simple et toujours plein ; les Carchesium , dont le pédicule simple ou rameirx est creusé d’un canal occupé par un muscle ; et les Zoocla- dium , qui sur des pédicules creux et ramifiés portent des corps de diverses formes. Plus tard , en 1838 , il reconnut que les VorticeUes comme les Carchesium ont le pédicule creux, et il distingua ces deux genres uniquement en attribuant au second un pédicule rameux ; par conséquent il reporta avec les VorticeUes tous les Carchesium à pédicule simple. En même temps il changea le nom de Zoocladium en Zoolham- nium pour désigner les VorticeUes rameuses dont les corps ou capitules sont de diverses formes. A ses VorticeUes il at- inSTOinE tîATUnELLE 550 trihuc dos estomacs dont le nombre s’élève jüsqu’A -10, et im intestin recourbé (serpentant) dans lequel on peut, dit-il, reconnaître avec difficulté le passage successif des aliments , parce que son extrême contractilité s’y oppose (1) : cet au- teur prétend aussi que la couronne frontale de cils est sim- ple , et que si elle paraît double , c’est une illusion d’op- tique (2). Les Vorti celles se propagent par division spontanée trans- verse ; certaines espèces , formant le genre Zoothamnium de M. Ehrenberg, ont quelques capitules beaucoup plus volu- mineux et qui paraissent destinés à reproduire à la fois un gi'and nombre d’individus ; on voit d’aiUeurs se former sou- vent à la base des VorticeUes, près de l’insertion du pédicule. (1) Und man kann sich ein allmâhliges Fortrücken der Speise in einem schlingenartigen Darmschlauche mühsam deutlich machen , -wobeî jedoch das Zusammenschnellen sehr stœrend ist. Leichter beobachlet es sich bei Epistylis und Opercularia. (Ehr. Inf. l838, p. 269.) (2) M. Pellier a publié en i836, dans le journal l’ Institut, des observations fort curieuses , mais qui ne peuvent être admises sans dis- cussion, parce que certaines apparences ont été décrites par cet auteur comme des réalités. En effet, il dit avoir reconnu que c( le corps d’une Vorticelle très-voisine de la V. Citrine par sa forme, et de celle en ombelle de Roesel par son groupement , est formé par une membrane composée de séries annulaires de petits globules parfaitement alignés; son extrémité postérieure ressemble à une petite coupelle contractile dont les libres sont longitudinales; <à cette coupelle est attaché Un pédoncule composé de deux parties : une fibrille d’un seul rang de granules, et une gaine qui lui est adhérente, d’espace en espace, par des points qui sont successivement opposés ; dans la contraction , il se forme des zigzags qui ont leurs plis à l’endroit de ces attaches...,* M. Peltier admet aussi que la face antérieure est fermée par une mem- brane villeuse, au bord de laquelle est l’ouverture d’un petit canal pénétrant obliquement jusqu’au tiers du corps, et dont le fond paraît fermé et est armé de quelques lamelles vibratiles. Ce canal pour l’auteur ne peut être ni une bouche ni un estomac, « L’intérieur du corps, dit-il-, est rempli d’un liquide dans lequel nagent les parcelles de substances qui y ont pénétré. . . ces corps changent souvent de nombre, de place et de rapports entre eux ; dans ces diverses mutations, il en est qui pénètrent dans le canal par une communication qui n’est pas visible ; quelques-uns y sont dissous par le mouvement des lamelles, d'autres sortent sans être désagrégés..., Quelquefois il se forme des apparences DES INFUSOIRES. 351 des corps bulbilbrmes qui se développent en capitules ordi- naires ; on a regardé aussi comme des corps reproducteurs de petites particides blanches adhérentes au pédicule de certaines espèces ; enfin on a attribué de véritables œufsaux Vorticelles , et M. Ehrenberg veut que ces œufs soient les granules blancs ou colorés dont le corps de ces animaux est souvent parsemé ; mais nous ne pouvons partager cette opi- nion que rien ne démontre ; et d’ailleurs nous pensons que les Vorticelles produites constamment dans les infusions, n’ont pu provenir d’un de ces modes de propagation. I. VoRTiCELLE RAMEtiSE. — V orticella ramosissima. Pl.XIV.flg. i i(i)- Animaux longs de 0,043 à 0,06, blancs , coniques ou campa- vésiculeuses qui ne durent qu’un instant et disparaissent sans laisser aucune trace , et sans que les globules voisins soient dérangés.... Par l’inanition prolongée, les agglomérats diminuent de nombre; au bout de cinq à six jours, lorsque la Vorticelle est tout à fait alTaiblië, elle les a tous perdus, elle n’est plus alors qu’une membrane très-tiiilice et très-diaphane dans laquelle on ne voit aucun organe. Lorsqu’on Joint l’asphyxie à l'inanition , de grosses vésicules opalines apparaissent au dehors et doublent le contact avec le liquide; dans cet état, l’animal a cessé tout mouvement ; bientôt les particules du corps se désagrègent ; il diminue d’heure en heure, sans laisser apercevoir aucun indice d’intestin ni de cœur ; chez d’autres il se fait une rupture dans une partie de la membrane , une portion du liquide intérieur sort, et l'animal a cessé de vivre. » Il est clair que M. Peltier a vu comme nous , mais interprété tout différemment le phénomène de la formation tles vacuoles et des expan- sions sarcodiques. (i) Polypes à bouquet. Trembley. Phil. trans. 174^» 43> p. 169; vol. 44, p. 627. . Polypes de cyclops. Degeer, Mém. sur les insectes. VII, pl. XXX, fig. 9-12. — Schaeffer. Armpolypen, Pl. I, fig. 3. — Roesel. Ins. Belust. III, Pl. 97, fig. 3, p. 598. — Der Baum. Eichliorn. Beytr. Pl. V, fig. I. — Sp.illanzani, I, Pl. II, fig. 12-14. f^orlicella polypiiifi. Schrank. Faun. boic. III. 2, p. liy- — Bory. Encycl. 1824. Carchesiumpolypinum. 'E\\v .ln(. ji838, Pl.XXVI, fig. V, p. 278. HISTOIRE NATURELLE 552 niilâ»! , à bord évasé , portés sur im pédicule très-rameux , contrae- tile tout entier ou par parties , haut de 2 à 3 millimètres. Cette jolie Vorticelle se trouve dans les eaux douces de tous les pays ; elle est très-commune aux environs de Paris, et on la voit fixée aux parois des vases où l’on a mis de l’eau de Seine avec des herbes. M. Ehrenberg, qui la nomme Carchesium polj-pinum, l’a trouvée même sous la glace aux environs de Berlin. 11 dit avoir vu l’intestin en lui faisant avaler de l’indigo ; seulement il ajoute que cet intestin ne se voit pas plein , mais que chaque bouchée le traverse rapidement en passant d’un estomac à l’autre (Ehr. , Inf., p. 278). Cet auteur la donne comme synonyme de la P^or- ticella polj-pina de Müller qui est marine , mais c’est plutôt à sa Vorticella racemosa (Müller, Inf., pl. XLVI , fig. lo-ii , p. 33o) qu’on doit, je crois, la rapporter, quoique cet auteur donne pour caractère à cette espèce d’eau douce d’avoir le stipe du pédicule roide et les rameaux seuls contractiles. Müller dit avoir vu « au bout de quinze jours tous les capitules quitter leurs pédicules, qui restaient étendus et dix fois plus longs que les capitules. En même temps, un grand nombre de Vorticelles simples s’étaient déjà fixées aux parois du vase, et d’autres nageaient avec leur pédicule cherchant un lieu propice à l’établissement de leurs colonies; bien- tôtcelles-là poussaientde nouveaux rameaux, et celles-ci poussaient de nouveau des pédicules portant des capitules. J’ai observé , dit- - il , leur propagation se faire de cette sorte ; une Vorticelle adulte fixe son pédicule à un objet quelconque ; cela fait , il germe au- tour de son capitule ou à sa base huit capitules semblables , qui dans l’intervalle de peu d’heures se trouvent élevés sur leurs propres pédicules ; bientôt de la base de ces derniers capitules il en naît de nouveaux qui sont à leur tour portés sur leurs pédi- cules, et ainsi de suite. Cependant les divers pédicules s’allongent à la manière des rameaux des plantes , mais le pédîcule de la Vor- ticelle mère qui est devenu le stipe commun, conserve la même longueur après avoir perdu son capitule à la ramification dé- pouillée de fleurons, de nouveaux fleurons ou capiti»les renais- saient dans l’intervalle de SIX jours.... « (Müller, Inf., p, 33o.) DES INFUSOIRES. 553 2. VORTICELLR poLVPiNE. — Vorüceüa potj'pinn (Millier, Inf. Pl.XLVl, fig. 7-9, P- 328) (i). Cette espèce, que son habitation dans Peau de mer sur les Fucus et les Corallines doit faire considérer comme bien distincte de la précédente , est décrite par Millier comme ayant son pédicule ra- meux entièrement contractile et chargé de petits corpuscules en forme d’écailles. Cet auteur l’a trouvée abondamment sur le Fu- cus nodosus de la mer Baltique. 3. VoBTicELLE AREUsccLE. — P^orticcUa orhuscula (2). I Animaux longs de 0,06 , campaniformes , oblongs , portés par des pédicules ramifiés , épais , contractiles , hauts de 5 à 6 milli- mètres , sur lesquels se trouvent en même temps des corpuscules blancs , globuleux , beaucoup plus gros , fixés aux aisselles des rameaux. Cette Vorticelle très-remarquable par les jolis panaches blancs plumeux qu’elle forme sur les herbes dans les eaux douces et stagnantes, a été particulièrement étudiée par M. Ehrenberg, qui fait remarquer que les pédicules particuliers sont beaucoup plus courts et plus épais que ceux des précédentes espèces; il rap- pelle aussi que Trembley observa déj à en 1744 que les corpuscules globuleux ou bulbes se divisent spontanément et produisent en vingt-quatre heures 1 10 animaux qui prennent successivement la forme des autres Vorticelles. M. Ehrenberg , qui n’a pu observer (l) Corallina omnium minima. Ellis. Corail, p. 4l, 22, Pl. j3, fig. bii cC. Brachionus ramosissimus. Pallas. Elencli. Zooph. p. p8, n® 55. — Baster, opusc. subs. I, 1. I, Pl. III, fig. I. .abc. f2) Polype à bulbe. Trembley. Phil. Irans tom. XLIV, p. 62^, Pl. I, 7-9- /i/f anastntica. Linn. ed. X. — Vorticella anastatica. Linn. ed. XII. Brachionus anastatica. Pallas. El. Zooph. p. yg, n" 56. Zoothamnia ovifera. — Dendrella Mülleri . Bory, 1824. Encycl. Zoocladium arbusculn. Ehr. 2“® mém. i83l. Zoothamnium arbtisctUa. Ehr. Inf. i838, Pl. XXIX, fig. II. HISTOIRE NATURELLE lui-même le développement de ces bulbes , pense que ce sont des animaux primitivement semblables aux autres qui , au lieu d’é- prouver comme eux la division spontanée , se gonflent progres- sivement jusqu’à ce qu’ils se détachent à leur tour. 4. VoRTicELLE LUNAIRE. — V oHicclla luTiaris. PI. XIV, fig. 12 (i). Corps hémisphérique , campanule, long de 0,08 à 0,022 , porté ’ par un pédicule simple, membraneux , très-large. .T’ai trouvé sur des herbes dans la Seine, le 9 novembre i838 , une belle Vorticelle blanchâtre, en forme de cloche à fond ar- rondi et à bords évasés, large de 0,072, et portée par xm pédicule de 0,01 2 au moins; les cils de sa couronne partaient de l’intérieur et non du bord même, ils paraissaient bien former une double rangée. A propos de sa K. lunaris , Müller observe que les Vorticelles contractent souvent à plusieurs reprises leur pédicule sans refer- mer leur couronne de cils , et qu’ alors elles s’étendent de nou- veau subitement , tandis que quand elles ont contracté leur cou- ronne elles s’étendent bien plus lentement ; mais il ne pense pas qu’on puisse attribuer cette différence à ce que dans le dernier cas les Vorticelles auraient avalé quelque proie, parce que , dit- il , quand des animalcules ont été entraînés dans l’ouverture ou le gouffre des Vorticelles , ils en sont bientôt rejetés sains et saufs ( Müller, p. 3 14). M. Ehrenberg décrit sa orticella campanula , que je crois ana- logue à la nôtre , comme ayant le corps hémisphérique , campa- nule', blanc bleuâtre, avec le bord frontal largement tronqué, à veine saillante, non annelé. C’est , dit-il, la plus grande espèce du genre ; elle est large de 0,22 , bien visible à l’œil nu, et forme sur les plantes aquatiques une couche épaisse bleuâtre. Le-même auteur nomme pntelUna une espèce à corps moi- tié plus petit 0,09 , mais beaucoup plus évasé , et à bord très- large souvent évasé. 11 l’indique comme vivant dans l’eau douce (1) Vorlicella lunaris. Milll. Tnf. PI. XLIV. lîg. l5. — patcllina. Midi. Zool. clan. Pl. 35, fig. 3. Carchesiuni fasciculatum. Ehr. l''' inérn. i83o. — f^orlicclla rnm- paiiula cl W . patellina, Ehr. Inf. Pl. XXV, fig. 4 , et Pl, XXVJ, fig. 11. DES INFUSOIRES. 355 sur les racines des Lemna , et dans l’eau de la mer Baltique ; mais nous pensons que sous ce nom il a confondu notre V. lunaire avec une autre espèce. ’ 5. VorUcella fasciculata (Müller, PI. XLV, fig. 5-6). ■ Müller de'signe sous ce nom une Vorticelle verte qu’il a obser- ve'e au premier printemps sur les Conferves formant des masses gélatineuses d’une couleur très-foncée ; il la décrit comme ayant le corps campanule , rétréci à sa base , avec le bord un peu ré- fléchi , et un pédicule très-long et très-délié , ce qui la distingue de la précédente. M. Ehrenberg en i83o avait donné pour syno- nyme de cette espèce son Carchesium fasciculatum dont il fait au- ourd’hui les V orticella campanula et patellina ; il ne tenait pas compte alors de la couleur verte signalée par Müller ; il avait au contraire, en i83i , donné le nom de Carchesium chlorostigma , qu’il inscrit avec le même nom spécifique parmi les Vorticelles , en citant comme synonyme douteusela Vorticelle deMüller. «Elle а , dit-il , le corps long de o, 1 1 , ovoïde-cdnique , campanule , an- nelé , avec un ovaire vert et le bord frontal étalé. Elle recouvre quelquefois d’une belle couleur verte les herbes et les joncs des fossés dans les prairies près de Berlin. » C’èst une des espèces que M. Ehrenberg a figurées avec un intestin complètement distinct, en assurant qu’il l’a vue une fois (einmal) ■ il lui donne aussi dans son dessin un pédicule très-épais. Comme nous pensons que la couleur verte des Vorticelles est variable suivant les saisons, et qu’elle dépend de leur nourriture bien plus que de leurs œufs, nous rapportons à la Voriicella fasci- culata de Müller la nutans du même auteur (Müller, Inf. , pl. XLIV, fig. 17), qui a la même forme, le pédicule également mince , mais qui a été observée , au mois de septembre , sur les feuilles de Slratiotes. M. Ehrenberg, malgré la forme indiquée par Müller, la cite comme synonyme de sa patellina. б. Vorticelle citrine. — Korticella cilrina. Pl. XVI his, fig. i. Corps de forme très-variable, souvent campaniformc ou presque conique , à bord élargi , saillant et diversement contourné ou dif- forme. — Long de 0,03 à 0,11. J’ai fréqueiniiient observé , sur les herbes des bassins et des HISTOIRE NATURELLE 556 tonneaux d’arrosage du Jardin des liantes, à Paris, une grosse Vorlicelle dont la forme extrêmement variable n’ofl'rait l ien de caractéristique, si ce n’est un bord large et contourné comme ce- lui d’un bonnet de laine ou d’un chapeau de feutre mou. Son té- gument était distinctement réticulé, et quand elle était près de mourir on voyait à sa surface des granulations régulières de 0,002 environ. Le pédicule est membraneux , moins épais que celui de la Y. lunaire , mais beaucoup plus que celui de la Vorti- celle des infusions. Sa couronne de cils paraît bien double , mais les cils des deux rangées paraissent naître en dedans , à la même distance du bord. Les cils de la cavité buccale sont très-visibles. Millier donne delà Vorticelle citrine (Müll., Inf., pl. XLIV , 6g- ï‘7» P- des figures très-imparfaites et qui paraissent avoir été dessinées de mémoire; sa phrase spécifique : « V. sim- ple , multiforme , à orifice contractile et à pédicule court , » est tout à fait insignifiante. Sa notice descriptive est un peu plus satisfaisante : après avoir dit quelle est assez distincte de la Tri- choda bomba , avec laquelle elle a plusieurs traits communs , il ajoute que le corps est polymorphe, surtout après avoir quitté son pédicule, rempli de molécules jaunes verdâtres , plus grand que ne sont les autres Vorticelles pédicellées , ou cylindracé d’égale épaisseur, ou pyriforme aminci à la base, qui est très- diaphane. On ne peut s’empêcher de rapporter à cette même espèce la F", sacculus et la P^. cirrata du même auteur, qui sont des Vorti- celles détachées de leur pédicule. La première (Müll., Inf., pl. XXXVII, fig. 14-17), dont M. Boryafait une Urcéolaire , est indiquée par Millier comme voisine de la V. citrine , mais obtuse et jamais pointue en arrière : or nous savons que ces différences s’observent très-certainement chez notre espèce ; la deuxième (Müll., 1. c., fig. 18-19), caractérisée par un cirrhe que l’auteur a représenté de chaque côté de l’extrémité postérieure , a fourni à M. Bory le type de son genre Kerobalane. Müller dit lui-même qu’elle ressemble à la précédente, mais il n’a pu voir les cils de l’ouverture, et il s’est mépris sur la disposition des cils posté- rieurs. M. Ehrenberg avait déjà, en i83o , décrit et figuré sous le nom de Vorticelle citrine une espèce qu’il dit fort abondante dans pres- que toutes les infusions végétales recouvertes d'une pellicule; il lui assigne une longueur de 0,1 25, et la représente dans un de BES INFUSOIRES. 557 ses dessius ( niém. , i83o , pl. V, fig. B 5 ) avec un large in- testin , plus large même que les estomacs , et uniformément rempli de matière colorante. Plus tard , en i838 , cet auteur dé- crit celte même Vorticelle comme longue de o,o6 à 0,12, et se trouvant rarement en petits groupes sur les Lemna. Les figures qu’il en donne (Infus. , pl. XXV, f. II, p. 271) sont aussi un peu différentes ; il la caractérise par son bord frontal dilaté et dépassant beaucoup le «corps. * 7. Vorticelle kêbelifère. — Vorticella nebulifera (Millier, inf., pl. XLV, fig. I ). Millier nomme ainsi une Vorlicelle simple, à corps ovoïde, rétréci à sa base , à bord saillant , qu’il a trouvée en amas nua- geux sur la Conferva polymorphea de la mer Baltique. C’est , je crois , la même qui , en voie de multiplication par division spon- tanée , a fourni à cet auteur le type de sa Vorticella gemella ( Miill., Inf., pl. XLVI , fig. 8, 9 ) , observée sur le têt des Ento- mostracés marins. M. Ehrenberg a appliqué la même dénomination à une espèce d’eau douce , qui en doit être bien distincte et à laquelle nous croyons devoir conserver le nom de V comallaria. 8. Vorticelle müguet. — V orlicella convallaria (i). Corps long de 0,05 à o,09, campanulé, à bord ordinairement régulier peu saillant. On a confondu sous cette dénomination des Vorticelles d’eau douce ou marines et celles qui se produisent dans les infusions ; (i) Baker. Micr. p. 4^8, PL i3 , fig. I. — Ledermùller. Micr. Pl. 88. — Roesel. Ins. Belnst. 3, p. 697, Pl. 97, fig. 2-4'7. Drachionus campanulaliis. Pallas. Elench. Zoopk. p. 54- Vorticella convallaria. Linn. Syst. nat. ed. XII. — SpaJlanzani. Opusc. phys. lom. I, Pl. II, fig. 12. Vorticella convallaria. Muller. Inf. l’I. XLIV, fig. 16. Convallarina convallaria. Bory. Carchesium ncbnlifcrum. Ehr. l83o-l83l. — Vorticella nebulifera. Ehr , Inf. i838. Pl. XXV. Jig. I. HISTOIRE HATUREEIiE 558 leur forme est tellement variable qu'on ne peut guère les dislin» guer que par leur habitation. Nous préférons nommer ainsi les Vorticelles d’eau'douce seulement, celles que Millier décrit comme ayant le corps exactement carapanulé , dont la base renflée est presque aussi large que le bord , et vivant sur les coquilles tlu- viatiles, sur le Cératophylle et sur les Xe/nna. M. Ehrenberg, au contraire, a nommé cette espèce V .nchulifera^ et a réservé le nom de V. convallaria a celle des infusicuis. g. Vorticelle des infusions. — Porlicella infusionum(\). PI. XVI, fig. 5 et g. Corps long de 0,05 à 0,09, ordinairement ovoïde ou presque globuleux, tronqué au sommet, avec un bord peu saillant. Cette espèce , extrêmement variable de forme et de grandeur , se développe fréquemment dans les infusions végétales et ani- males. Je l’ai vue très-abondante dans l’eau d’un appareil d’en- dosmose , préparé depuis cinquante-quatre heures avec de l’eau sucrée et un morceau de vessie de cochon , le i4 janvier i836, par une température de 6“ à 8“. Leur forme la plus habituelle était presque globuleuse ou comme celle des fleurs du accinium, avec un bord étroit en avant. Leur diamètre variait de o,o55 à 0,078; leur pédicule, très-flexible, était large de 0,002 environ ; leur surface était marquée de stries obliques, croisées assez régulière- (l) Chabot, pot-au-lait, entonnoir, etc. Joblot. Micr. PI. VII, pl. VIII, pl.X, fig. 21. — Baker. Empl.Micr. Pl. XIII, fig. I. — Micr. made easy. Pl. VII, fig. 7. Craspedarium corpore subovato. Hill. liist. an. p. 6, Pl. I. Glockenthierchen . Gleichen. Infus. Fl. 28, fig. i. Pl. 29, fig. lo- 1 1-I2. Animali a bulbo, Spallanzani. Opusc. pliys. tom. I, Pl. I, fig. 5-8. y^orticella Mans, V. Hamata , V. Crateriforniis . Millier. V orticella cyathina, V. Fritillina, V. Scyphina, Müll. Enchelis fritillus. Müll, Inf. Pl. IV, fig. 22-23. — Tricboda diola? Müll. F orticella hians, V. Wutnus, V. Monadica, etc. — Ecclissanasuta, £, crateriforniis? E. scyphina, etc. Sclirank. Faun. boic. III. Convallarina. — Craterinn. — Kerobalana- — Ophrydia, — Rinclla. — Urceolaria. — Forticclla. Bory. 182/). Foi'ticclla convallaria. Ehr. Inf, Pl. XXVI, fig. Z,—V- micro- sloma, 1. c. Pl. XXVI, fig, 3 . D£S INFUSOlAEâ. m ment et résultant de la contractilité de l’enveloppe, La plupart montraient à l’intérieur de grandes vacuoles pleines d’eau et manifestement indépendantes. Dans la foule de ces Vorticelles on en voyait qui , plus larges , montraient un indice de divi- sion spontanée prochaine. En continuant à les observer , on les voit, au bout de vingt-cinq minutes, sous la forme de deux sphères soudées ensemble, et, vingt minutes plus tard , ces deux sphères sont simplement contiguës. Une de ces Vorticelles laissée à sec sur la lame de verre , mais cependant protégée par le résidu du liquidé évaporé, s’aplatit et laissa voir les vacuoles jdus grandes et lobées ; une alTusion du même liquide la fît con- tracter en une masse irrégulière ridée , mais après vingt-cinq mi- nutes elle était revenue à sa forme primitive, quoique plus petite d’un tiers. J’ai vu, au mois de juin iSSy, des Vorticelles semblables, mais plus grandes ( de 0,07 à 0,1 1 ) , dans de l’eau où s’étaient pourries des Spongilles ; j’en ai vu d’autres , au contraire, plus petites, également striées, dans des eaux stagnantes fétides où vivaient aussi des Euglènes vertes, ou dans des infusions de mousse, de foin , etc. Quelquefoil , dans des eaux où je m’attendais à les ren- contrer, je ne voyais que des Vorticelles remplies de grosses gra- nulations, mais sans aucunes stries régulières; peut-être y a-t-il réellement plusieurs espèces dans les infusions, mais pai’mi ces formes si variables je ne vois aucun caractère fixe pour les distin- guer : tout au plus devrait-on indiquer comme devant être sépa- rée celle qui se développe dans les infusions de productions ma- rines avec de l’eau de mer. Millier a nommé orlicella hians une Vorticelle qui est, sans doute , la même que celle dont nous venons de parler : « Elle est, dit-il, une des plus petites; son corps, en forme de citron , est tronqué au sommet , rétréci à sa base et assez volumineux par rapport au pédicule ; elle vit dans les vieilles infusions et dans les eaux de fumier parmi les moisissm’es de la surface. » Müller rap- porte comme variété une autre Vorticelle à corps ovoïde , trans- lucide , rempli de molécules noirâtres , diaphane et bifide au sommet; il la trouva, au mois de décembre, dans des infusions conservées depuis plusieurs semaines. Les orticella hamaia et y . craleriformis du meme auteur sont très-probablement des in- dividus libres de cette espèce , comme M. Ehrenberg l’a annoncé. Plusieurs autres Vorticelles , des Trichodes et des Enchelis de Mttl- HISTOIRE NATURELLE 560 lei’ sont également ces mêmes Vorticelles libres sous des formes diirérentes. Elles ont donné lieu à l’établissement de plusieurs genres de M. Bory. M. Ehrenberg a formé, sous les noms de convallaria et microstoina , deux espèces avec les Vorticelles d infusions suivant que leur bord est large et étalé ou très-resserré; mais il dit lui- même ( Inf. p. 274) qu’il est douteux que ces deux espèces soient suffisamment distinctes, puisque dans la contraction elles se ressemblent ; cependant il prétend les distinguer aussi par leur couleur, sa microsloma ayant une teinte plus grise ou bleuâ- tre, et paraissant jaunâtre par transparence, tandis que l’autre est claire et blanche. Le même auteur décrit sous le nom de f^oriicella hamaln (Ebr. Inf. Pl. XXV, f. V, p. 278) , une petite Vorticelle à corps long de o,o45 , ovoïde , rétréci aux deux ex- trémités et obliquement fixé sur son pédicule. * f^orlicella picla (Ebr. Infus. Pl. XXVI , f. IV, p. 275). M. Ehrenberg nomme ainsi une très-petite Vorticelle qu’il a trouvée en ,i83i sur la Salvinia nalans , et qu’il distingue de sa nehulifera (notre convallaria, par ses dimensions beaucoup moindres (de 0,022 à 0,046), et par son pédicule très-finement ponctué de rouge. 4® Genre. VAGINICOLE. — F'aginicola. Animaux de forme variable, ovoïde ou campanulée, ou en entonnoir allongé, plus ou moins semblables aux Yor- ticelles , mais logés isolément dans une gaine membraneuse cylindrique , urcéolée ou en ampoule , au fond de laquelle ils sont sessiles ou rétractiles au moyen d’un pédicule. Le corps des Vaginicoles ressemble en général à celui des V orticelles , cependant il est quelquefois beaucouj) plus al- longé dans son état d’épanouissement ; il est très-contractile, de fonne très-variable , mais il ne montre pas un tégument réticulé bien distinct. L’étui membraneux qui lui sert de demeure , lui en tient lieu sans doute. Quelques A'^aginieolcs sont pourvues d’un pédicule contraotilc en tire-bouchon; on DES INFUSOIRES. .%1 en voit fréquemment qui sont en voie de multiplication par ivision spontanée longitudinale , ou même on voit deux in- dividus provenant de cette division et fixés dans le même étui membraneux; or cet étui ne se divisant pas, il faut qu’un au moins des animaux _^devienne libre à la manière des Vorti celles pour chercher un nouveau site. On rencontre aussi des Infusoires ovoïdes contractiles pourvus , à une extrémité seulement , de cils ondulants qui leur servent d’organes locomoteurs, ce sont très-probablement des Vagi- nicoles devenus libres , mais on ne les a pas vus se fixer et sécréter un nouvel étui. Muller a connu plusieurs Vaginicoles dont trois sont classées parrni ses Tri diodes, et trois autres parmi ses Vor- ticelles ; celles-ci ont formé pour Lamardi le genre Follicu- line, considéré comme voisin des Bracliions, et les trois premières ont formé pour ce même auteur le genre Fagini- cole. M. Bory adopta les deux genres de Lamarck en ne lais- sant qu’à une seule espèce, la Forticella ampulla, le nom de Folliculine. M. Ehrenberg, considérant le fomTeau mem- braneux des Vaginicoles comme une cuirasse {lorica),a. placé ces Infusoires dans sa famille des Ophrydina avec l’Ophrydie . dont nous avons déjà parlé (voyez pag. 529) , et dont il les distingue parce que leur cuirasse n’est pas spontanément di- visible. Il les partage en trois genres , dont le premier, Tin- tinnus, est caractérisé par im pédicule contractile ; les deux auti'es sont sessiles dans leur fourreau et se distinguent l’un de l’autre parce que les Vaginicola sont l^gés, au fond d’un fourreau sessile et les Cothurnia au contraire sont au fond d’un fourreau pédiculé. Les Vaginicoles se trouvent dans les eaux pures , douces ou marines , fixées aux plantes ou aux Entomostracés. I. Vaginicole locatube. — Vaginicola inquilina (Lamk.). PI. XVI bis, fig. 5. Corps ovoïde , urcéolé , long de 0,05 , fixé latéralement par un pcdicüle contractile dans un fourreau diaphane, cylindrique. — Long de 0,10 et large de 0,02. INFUSOIRES. 36 IIISTOinE NATURELLE 562 J’ai trouvé abondamment cet Infusoire dans l’eau de mer sur les Algues , à Cette. Son pédicule contractile égale une fois et demie la longueur du corps ; il part latéralement près de l’ex- trémité inférieure et s’insère latéralement au quart inférieur du fourreau qui est un peu rétréci et tronqué inférieurement. Millier a nommé Trichoda ing uili nus (\nfas. p. 218.. — Zool. dan. Pl. IX, fig. 2), un Infusoire de la mer Baltique qui est probablement le même que le nôtre , quoiqu’il ait toujours été vu nageant librement. M. Ehrenberg a nommé cette espèce Tintinnus inquilinus (Inf. Pl. XXX, f. II) ; il la représente avec un fourreau arrondi à l’extrémité et donne une longueur de 0,045 au corps. Vaginicole a long fourreau. — Vaginicola vaginaia (i). Millier a décrit, sous le nom de orticella vaginaia , une autre espèce observée, à l’arrière-saison, dans l’eau de la mer Baltique. Son pédicule mince , aussi long que le corps , est inséré à l’entrée d’un fourreau six fois plus long , et à l’entrée duquel le corps est retenu sans presque y pouvoir rentrer. Yacinicole subulée. — Vaginicola subulata. M. Ehrenberg nomme Tintinnus subulatus ( Inf. i838, Pl. XXX, f. III, p. 294) J une Vaginicole marine, à fourreau diaphane, conique, allongé , en pointe effilée à sa base et long de 0,28. 11 ' la donne avec doute comme synonyme de la orlicella vaginaia. *** Trichoda ingenita , Müll. Pl. XXXI , fig. i3-i5 et Tr. innala ,. 1. c. f. 16-19. Sous ces noms , Millier a indiqué des Vaginicoles marines qu’il n’a observées que très-imparfaitement ; en effet il dit n’avoir rencontré la premièi'e qu’une seule fois , et dit que l’autre est rare et quelle montre une analogie surprenante avec les pré- cédents. Cette dernière est caractérisée par un prolongement du fourreau en forme de pédicule. La Tr. ingenita paraît , d’après le dessin de l’auteur , tellement semblable à la ^ aginicola crys- tallina , que M. Ehrenberg la cite avec doute comme synonyme. (l) Vorlicella vaginaia, Müll. Inf. Pl. XLIV , fig. l2-l3. FoUiculina vaginaia, Lamarck, An. sans vert. II, p. 3o. DES INFUSOIRES. •o63 2. Vagikicole ampoule. — Faginicola ampul/u (i). Millier trouva au mois d'octobre, dans l’eau de la mer Baltique parmi les Ulves, cet Infusoire plus grand que la plupart des animaux microscopiques. « C’est, dit-il , un follicule hyalin, ventru , en forme de fiole à col tronqué dans lequel est logé un animalcule très-contractile, mou, farci de molécules grises, tantôt occupant tout le follicule , tantôt resserré au fond, et alors agitant en avant des cils vermiculaires comme des flammes on- dulantes , ou de manière à figurer une fontaine qui coule ; tantôt s’allongeant sous une forme oblongue et ventrue jusqu’à l’orifice du follicule et quelquefois même au delà en agitant quelques cils flottants. Müller vit une seule fois l’animal complètement épanoui avançant hors de l’ouvertui’e un col élargi au sommet en deux lobes ciliés. 3. Vaginicole cristalline. — f^aginicola crj'slallina , Ehr. PI. XVI àà, fig. 6. Corps tubiforme ou en entonnoir. Long de 0,06 à 0,10, atta- ché i«n' sa base au fond d’un fourreau diaphane, urcéolé ou ventru , deux fois aussi long que large. ^ . t J’ai trouvé cet Infusoire sur les herbes , dans la Seine au mois d’octobre , dans les bassins du Jardin-des-Plantes , au mois de novembre et dans une fontaine au sud de Paris, le i8 mars. M. Ehrenberg l’a observé tantôt vert , tantôt incolore et il attribue celte différence de coloration à la présence ou à l’ab- sence des œufs. 11 l’a représenté ( Infus. i838, PI. XXX, fig. V) , beaucoup plus allongé hors de son fom’reau que je ne l’ai vu moi-même. 4. Vaginicole ovale. — Vaginicola ovaia. PI. XVI his, fig. 7. Corps ovoïde long de 0,026 , au fond d’un fourreau urcéolé long de 0,048. Cétte espèce que je crois bien distincte de la précédente, se trouvait sur des Zygnèmes de l’étang de Meudon , le 27 mars. (2) yorücclln nmpulla , 'Midi. Inf. Pl. XL , fig. 4‘7 i P* FoUiculina ampuUa, Lamk. 1. c. — Bory , Encycl. 1824* 36. 561 HISTOIRE NATURELLE * Vaginicola tinr.la (Ehr. Inf. Pl. XXX, f. V) et Vaginicola decumhens (Ehr. 1. c. fig. VI.) M. Ehrenberg a décrit comme espèces distinctes deux Vagi- nicoles à corps tubiforme allongé , et à fourreau brunâtre, long de 0,09 , vivant l’une et l’autre sur les racines de Lemna à Ber- lin ; mais dont l’une a le fourreau urcéolaire , dressé ou perpen- diculaire, et l’autre a son fourreau couché et comprimé à la surface du support, comme une cellule de Gellépore. ** Vaginicola foUiculata [V'oHicella folliculata , Müller, Inf. p. 285. — Cothurnia imberhis. — Ehr. Inf. Pl. XXX , fig. Vil). Müller a observé sur le Cj-clops minutas plusieurs de ces Va- ginicoles qu’il compare à sa Trichoda inquilinus , en la distin- guant parce que son fourreau est un peu ventru au-dessous du milieu et que le .corps est sessile et non pédicnlé ; c’est , dit-il , un animalcule gélatineux qui dans son plus grand développe- ment est aminci à sa base et tronqué au sommet , où il montre un bord cilié en fer à cheval. Lamarck en a fait une Folliculine ; M. Ehrenberg donne comme synonyme, sous le nom de Co- thurnia imberbis, une Vaginicole à fourreau long de 0,09 urcéolé et porté par un très-court pédicule. C’est la présence de ce pé- dicule qui pour cet auteur caractérise le genre Cothurnia , mais nous voyons souvent la Vaginicole cristalline avec un pédicule court, et à en juger par les dessins de M. Ehrenberg , ce poiu-rait bien être le même Infusoire. M. Ehrenberg a trouvé sur. les Géramiums de la mer Baltique , une autre Vaginicole de même forme, mais moitié plus petite, qu’il nomme maritima (Ehr. Inf. Pl. XXX, fig. Vlll); enfin il décrit sous le nom de Cothurnia liavniensis (1. c. fig. IX, p. 298) un Infusoire du même lieu, qui a le corps très-court , campaniforme , logé dans un fourreau en forme de coupe porté par un long pédicule. Genre VORTICELLIDE. M. Milne Edwards a établi , dans la nouvelle édition de Lamarck, ce genre pour une VorticcUe- composée marine qu’il a observée de concert avec M. Audouin aux îles Chausey.Les A'^orticellidcs sont deè animaux à corps allongé et presque en forme de cornet , dont les liords ne se renver- DES INFUSOIRES. 565 sent pas en dehors comme ceux des Vorticelles; ils sont portés par des pédicules filiformes réunis en arbuscules sur une tige commune , dont la portion supérieure se contracte en spirale , et dont la base rentre dans une gaine cylindri- que , rigide , droite , un peu évasée au sommet , et fixée par sa base. INFUSOIRES SYMÉTRIQUES. Nous rangeons provisoirement sous cette dénomi- nation divers types dissemblables et sans aucun rap- port entre eux ; plusieurs même n^ont de rapport avec aucune autre famille du règne animal. Il est bien probable que des recherches ultérieures , en augmen- tant le nombre des animaux que nous indiquons ici , donneront le moyen de leur assigner une place plus convenable. Genre COLEPS. — Coleps , Nitzsch. Animaux à corps cylindrique ou en forme de barillet, présentant à l’extérieur des rangées longitudinales et trans- verses de pièces polygonales , solides en apparence et entre lesquelles sortent quelques cils droits très-minces vibrali- les. L’extrémité antérieure eSt tronquée ou festonnée et ci- liée ; l’extrémité postérieure est terminée par deux ou trois pointes symétriques. L’organisation des Coleps est encore bien peu connue , l’opacité de leur enveloppe empêche de distinguer ce qui peut se trouver à l’intérieur. On sait seulement que comme les Infusoires proprement dits, quand ils sont près de mourir ou comprimés entre des lames de verre , ils laissent exsuder des disques ou des globules de sarcode , et que finalement , leur tégument se déforme et se décompose comme celui des Plœsconies. On en voit souvent qui sont en voie de se mul- tijdier par division spontanée. Millier plaça dans son genre Cercaria la seule espèce qu’il UISTOIRE NATURELLE 5G6 ait connue , Cercan'a/wVto, prenant ainsi pour une queue les pointes très-courtes de l’extrémité postérieure. Nitzsch vou- lant réformer ce genre si confus de Müller proposa l’établis- sement du genre Coleps ; M. Bory de son côté avait pris le même animal pour type de son genre Dicératelle , qui con- tient aussi un type tout à fait différent , le Chætonote. M. Ehrenberg adopta le genre Coleps et y inscrivit d’abord (en 1830) trois , puis (en 1838) cinq espèces qui ne sont peut-être pas suffisamment distinctes ; il lui attribue une bouche et un anus terminaux , un appareil digestif poly gastrique , une cuirasse multipartite et le prend pour type de sa famille des Colepina qu’il place à côté des En- chelia, comme représentant des Enchéliens cuirassés. I. Coleps hérissé. — Coleps hirtus. — PI. XVI, fig. lO. Corps ovoïde , oblong ou cylindracé , grisâtre , long de 0,03 , terminé en avant par une couronne de 10 à 12 dentelures qui correspondent à autant de rangées symétriques de nodules an- guleux saillants , et terminé en arrière par deux pointes symé- triquement placées au-dessous de Taxe- Cet Infusoire se trouve très-fréquemment et abondamment dans l’eau de Seine parmi les Myriophylles et les Zygnêmes; et surtout quand cette eau a été conservée pendant plusieurs mois dans des bocaux où la végétation se continue ; il nage plus len- tement que les Paramécies ; on en voit souvent qui sont en voie de se multiplier par division spontanée transverse. Quand on tient entre des lames de verre ce Coleps , comprimé ou sim- plement gêné , on voit sortir de l’extrémité antérieure ou de quelque déchirure latérale des expansions de sarcode transpa- rent. On reconnaît bien alors que l’enveloppe tuberculeuse est décortiposable comme le reste , et quelle n’a qu’une solidité apparente. Müller a décrit sous le nom de Cercaria hirla (Müll. Inf. p. 128, Pl.XIX, fig. 17.18), un Infusoire bien voisin de celui-ci, et ayant comme lui deux pointes courtes que l’auteur a crues être mobiles; mais il l’indique comme vivant dans l'eau de DES INFUSOIRES, 567 mer , où deux fois , à un an d’intervalle , il en trouva plusieurs. M. Ehrenberg nomme Coleps hirlus (Ehr. Infus, i838, PI. XXXIII, fig. i), un Infusoire d’eau douce, long de 0,047 » 0,060, qui doit être le nôtre, mais il lui attribue une cuirasse re'sistante, formée de petites plaques dont la solidité se démontre par l’écrasement entre deux plaques de verre. Ces plaques, dit-il, forment 19 rangées longitudinales , ou 1 3 rangées trans- verses, et sont par conséquent au nombre de 247. Cet auteur prétend aussi qu’il y a 19 denticules en avant et trois pointes en arrière. Cependant il donne son Coleps hirtus comme synonyme de la Cercaria liiria de Millier. Le même auteur nomme Coleps viridis (Infus. 1. c. fig. 2), un Infusoire presque de moitié plus petit que le précédent , à corps ovoïde , vert , terminé en arrière par trois pointes et re- vêtu de 160 plaques environ , formant 14 à i5 rangées longi- tudinales ou II rangées transverses. M. Ehrenberg distingue sous le nom de C. elongaius (Inf. 1. c. fig. 3) , un Coleps qui nous paraît être une simple variété du C. hirtus avec lequel il a été trouvé quelquefois ; il est censé en différer par sa forme plus étroite et par le nombre beaucoup moindre (i43) de ses plaques qui forment seulement i3 rangées longitudinales. Une espèce qui paraît véritablement bien distincte est le C. amphacanthus de cet auteur (1. c. fig. 4) ; elle est caractérisée par sa forme plus courte , un peu plus large que haute ; par les dents inégales qui entourent l’extrémité antérieure et par les trois pointes plus fortes de l’extrémité postérieure ; la surface est annelée et montre 12 à 14 bandes transverses : à l’intérieur se voient 10 à 1 1 grosses vésicules stomacales remplies d’aliments, et quelques autres restées vides qui, suivant l’auteur, appartiennent peut-être à l’appareil génital. Cette espèce , observée comme les précédentes à Berlin, n’a pu être colorée artificiellement par l’in- digo. Sa longueur est de 0,09. Le C. incurvus de M. Ehrenberg (1. c. fig. 5) , long de 0,06 , subcylindrique, un peu courbé, revêtu de 286 plaques très- convexes formant 16 rangées longitudinales, ou autant de ran- gées transverses , et terminé par cinq pointes , est probablement aussi une espèce distincte. 568 HISTOIRE NATURELLE Genre. PLANARIOLE. — Plamriola. An. à corps lamelliforme , oblong , diversement sinueux et replié au bord , convexe et glabre en dessus , concave et cilié en dessous. J’inscris provisoirement sous ce nom des animaux très- semblables aux Planaires par leur aspect et par leur con- sistance , mais dépourvus de bouche et de tout autre orifice externe , non ciliés partout , mais seulement pourvus en dessous de cils longs et très-fins. Planariola rouge. — Planariola rubra. — PI. VIII, fig. 1 1. Corps lamelliforme, rouge , granulé , long de 0,10 ; rétréci en arrière , élargi en avant avec deux plis en forme d’oreilles. Cette espèce était extrêmement abondante sur les débris de végétaux, dansl’eau du canal desÉtangs, àCette , le l'f mars 1840. Genre. CHÆTONOTE. — Chœtonotus. An. de forme oblongue , convexes et hérissés de soies ou d’ écailles en dessus , plans et pourvus en dessous de cils vibratiles très-minces ; terminés en avant par un bord arrondi , près duquel est une bouche distincte , et bifur- qués en arrière ou terminés par deux prolongements cau- diformes. Les Chætonotes , par leur forme symétrique , par les soies ou appendices dont leur dos est revêtu , et par leur ap- parence de tube digestif permanent , s’éloignent beaucoup des Infusoires pour se rapprocher des Systolides avec lesquels M. Ehrenberg leur attribue encore un autre rapport en disant qu’ils se propagent par des œufs peu nombreux et d’un volume relativement aussi considérable que celui des œufs des Rotateurs ; cependant ils diffèrent beaucoup aussi des Systolides , par l’absence de toute armure dentaire et surtout par l’aliscuce d’un tégument résistant , et pai' l’ab- DES INFUSOIRES. 569 sence de cette conti'actilité qui est tout à fait caractéi’istique chez les Systolides. Millier a placé parmi ses Tidchodes la seule espèce de Chætonote qu’il ait connue. M. Bory a réuni cette même espèce avec le Coleps dans son genre Dicératelle. M. Ehren- berg a institué le genre Chætonote en 1 830 , et il l’a inscrite parmi ses Rotateurs (Systolides) dans la première famille , celle des Ichthydiens qui , suivant cet auteur , doivent avoir un organe rotatoire simple , continu , à bord entier ; mais dans le fait , les cils vibratiles de la face ventrale des Chæ- tonotes ne constituent point du tout un organe rotateur. Les Chætonotes ne se trouvent que dans les eaux douces , parmi les herbes aquatiques ; ils se multiplient quelquefois beaucoup dans les vases où l’on conserve ces eaux avec des lontilles d’eau. 2. Chætonote écailleux. — Chcetonoius squammatus. — PI. XVIII , fig. 8, Corps allongé , un peu rétréci vers le tiers antérieur , et renflé au contraire dans sa moitié postérieure, long de 0,20 à 0,22; re- vêtu en dessus de poils courts , élargis en manière d’écailles poin- tues régulièrement imbriquées. Cet animal s'était multiplié beaucoup , au mois de janvier 1840, dans un petit bocal où j’avais conservé des Spongilles en i838, et que j’avais apporté de Paris à Toulouse avec tout ce qu’il con- tenait. Vu par dessus, ce Chætonote paraît couvert d’écailles transverses formant sept rangées longitudinales engrenées mu- tuellement ; mais quand il se recourbe et quand il se laisse voir de profil , on reconnaît que les écailles ne sont autre chose que la base d’autant de poils courts qui recouvrent tout le dos et même les deux branches de la bifurcation postérieure. La bouche, qui ordinairement se voit comme une ouverture ronde bordée d’un anneau , m’a paru quelquefois entourée de quatre ou cinq petites papilles ; les cils vibratiles de la face inférieure sont très- longs , rayonnants, et ne se voient bien que sous le tiers antérieur. M. Ehrenberg a nommé Chœtonotus mnximus, une espèce qui est peut-être la même que celle-ci ; il lui assigne une longueur de IIISTOIHE NATURELLE 670 0,12 à 0, 2 2 , et dit que son œuf est long de 0,07 , mais il se borne à dire que les soies dorsales sont courtes et égales, sans men- tionner leur disposition en écailles. 2. CiiÆTONOTE MOUETTE. — Chœtonolus Inrus, — PI. XVIIII, fig- 7 (0- Corps allongé , renflé au milieu , un peu étranglé , en manière de cou au-dessous du quart antérieur qui est arrondi comme une tête ; long de 0,10 à 0,11 ; hérissé en dessus de longs cils non vibratiles. .l’ai observé fréquemment cet animal dans les vases où je con- servais depuis plusieurs mois ou même depuis plusieurs années de l’eau de Seine ou de l’eau de marais avec des herbes aqua- tiques. Quand on le voit de profil , on reconnaît bien que son dos est couvert d’aspérités entre lesquelles sortent de longs cils droits. M. Ehrenberg caractérise cette espèce par la plus grande lon- gueur de ses soies dorsales postérieures; il lui attribue un œuf aussi long que le tiers du corps. Le même auteur admet une troi- sième espèce , Ch. brevit moitié plus courte , mais proportion- nellement plus épaisse, avec des soies dorsales rares , et dont l’œuf n’a que le cinquième de la longueur du corps. * Ichthydie. — Ichthydium. a M. Ehrenberg a formé le genre Ichthydium , pour un animal qui diffère des Chætonotes par l’absence des poils, et qui pré- sente de même son extrémité antérieure renflée en tête , et son extrémité postérieure bifurquée , et un tube digestif droit. La seule espèce de ce genre, Ichlhj'dium podura (Ebr. Infus. i838, PI. XLllI , fig. 2) a le corps long de o,oG à 0,18 , linéaire oblong. L'auteur cite comme synonyme , mais à tort , la Cercaria podtira de Millier (Inf. PI. XIX, fig. i-5 , p. 124), qui paraît plutôt se rapporter à quelque Euglène. En effet, Millier dit qu’elle se meut en tournant sur son axe. (l) Trichoda anas . Muller, Zool. dan. prodr. .add. p. 281. Trichoda Inrus , Muller. Inf. pl. XXXI, fig. 5-7- Brachionns pilusus , Schrank. Beytr. p. Ill, pl. IV, fig. 3'2. Dice.ratella larus , Bory , F.ncycl, 1824. Chœtonolus larus , Ehr. liilus. i838, pl. XLIII, fig. !\. nES INFUSOIRES. 571 LIVRE III. OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LES SYSTo’lIDES. CHAPITRE I. DÉFINITION. • Les Systolides sont des animaux microscopiques , presque aussi petits que les Infusoires , et comme eux dérobés à notre vue par leur extrême petitesse; mais ils sont doués d’une organisation bien plus complexe, et qu’on aurait à peine soupçonnée avant les. découvertes de M. Ehrenberg, qui , le premier , fit voir qu’ils doi- vent être séparés des Infusoires, avec lesquels on les avait confondus jusque-là. Les Systolides sont des animaux symétriques , con- stamment revêtus d’un tégument résistant, flexible, au moins en partie ; ils sont susceptibles de se retirer en se contractant sous la partie moyenne de ce tégu- ment , qui offre quelquefois l’apparence d’une cuirasse solide ; et c’est de cette faculté de contraction que vient leur nom de Systolides. Ils ont un canal digestif ordi- nairement droit, avec deux orifices opposés, et sont pourvus le plus souvent d’une paire de mandibules engagées dans un bulbe pharyngien musculaire. Leur bouche est ordinairement entourée d’un appareil charnu, revêtu de cils vibraliles, qui , dans certains HISTOIRE NATURELLE 572 cas , par la régularité de leur mouvement , présentent tout à fait l’apparence de roues dentées tournant avec rapidité. D’après cela, on a nommé Rotifères quelques- uns d’entre eux et Rotateurs ou Rotatoires la classe en- tière , quoiqu’un grand nombre de genres n’aient point du tout cette apparence de roues. Enfin , ils sont tous hermaphrodites , et se reprodui- sent uniquement par le moyen d’œufs peu nombreux et d’un volume relativement très-considérable. Ces œufs éclosent quelquefois avant la ponte , et les Systo- lides alors paraissent être vivipares. L’ovaire est tou- jours bien visible dans les Systolides ; mais il n’en est pas de même des organes mâles, que M. Ehrenberg attribue à ces animaux. Les muscles, les nerfs, les organes des sens , les vaisseaux , etc. , que M. Ehren- berg prétend avoir reconnus chez les Rotateurs , et les autres détails découverts par M. Doyère’, dans les Tardigrades, ne nous semblent pas encore devoir fournir des caractères précis pour la définition des Systolides en général. Cependant tout, dès à présent, tend à nous prouver que l’organisation de ces animaux est considérablement plus complexe que celle des Infu- soires , et nous ne doutons pas que de nouvelles recherches , entreprises en suivant la marche adoptée par M. Doyère , ne nous révèlent prochainement une foule de faits mal connus ou mal interprétés aujour- d’hui. Voilà pourquoi , dans l’attente de ces résultats probables, qui permettront de classer définitivement les Systolides , nous avons voulu nous borner ici à une simple esquisse de cette classe d’animaux. DES INFUSOIRES. 573 l CHAPITRE II. » . . DES TÉGUMENTS ET DES ORGANES LOCOMOTEURS. • • Les Systolides sont tous revêtus d’un tégument ré- sistant, plus ou moins flexible, .qui ne se décompose , pas aussi rapidement que le reste du corps, et qui pré- sente en avant une ouverture plus ou moins grande, par laquelle la substance charnue inlérieure est mise en contact avec le liquide environnant. Ce tégument, peu contractile par lui-même, est susceptible de se plisser, suivant plusieurs lignes longitudinales et trans- verses, enfermant des segments qui rentrent plus ou moins les uns dans les autres, comme les tubes de lunettes d’approche; le segment moyen présente ordi- *nairement plus de consistance et devient quelquefois une cuirasse membraneuse régulière. La partie anté- rieure, nue et diversement garnie d’appendices charnus et de cils vibratiles, se retire de même totalement à l’intérieur, et dans les espèces susceptibles de résister à la dessiccation, comme les Rotifères et les Tardi- grades, le tégument prend un aspect corné , et protège toutes les parties essentielles contre les agents exté- Tieurs. Ces animaux, dès l’instant où ils ont commencé * à manquer d’eau, ont retiré en dedans toutes les parties saillantes , et n’ont plus formé qu’un globule un peu translucide. / * .Au tégument sont fixés quelquefois divers appen- dices , comme les ongles des Tardigrades et ceux de l’Emydium, qui possède en outre des soies cornées ; et comme les cirrhes ou les arêtes des Polyarthres et des Triarthres, les pointes de la |cuirasse des Brachio- HISTOIRE NATURELLE 574 nions , etc. Les autres appendices externes des Systo- lides sont : la queue , l’éperon , les appareils rotatoires, les cils , etc. La queue est le plüs souvent terminée par deux pointes articulées, mobiles , susceptibles de s’écarter et de se coller momentanément aux corps solides par leur extrémité; elle est d’ailleurs formée de plusieurs segments, comme celle des Cyclopes, chez les Brachio- niens et chez les Rotifères ; ceux-ci ont en même temps une double paire de pointes à l’extrémité ; quelquefois aussi la queue est terminée par une pointe simple ou par un long stylet articulé à sa base. Chez certains * Systolides habituellement fixés, comme les Tuhico- laires, les Flosculaires, etc. , elle est contractile, ridée transversalement, comme une trompe, et terminée par une sorte de ventouse ; chez les Ptérodines , que M. Bory avait nommés Proboskidies , à cause de leur queue en forme de trompe , l’extrémité est en outre garnie de cils vibratiles. La queue , en avant de la- quelle est percé l’orifice anal, se trouve ordinairement implantée obliquement vers l’extrémité postérieure , et comme elle sert à l’animal comme un support pour se fixer plutôt que comme un organe de natation, c’est en quelque sorte un véritable pied. L’éperon qu’on observe chez les Rotifères est un tube charnu, latéralement en avant, et terminé par quelques cils non vibratiles; il paraît être simple- ment un organe du toucher ou un tentacule, et non , comme l’a supposé M. Ehrenberg , un organe génital , ou un organe servant à la respiration. Chez plusieurs Mélicertiens et chez divers Furculariens , ainsi que chez la Polyarthre, on observe un ou deux appendices analogues, mais bien moins considérables; ils sont DES INFUSOIRES. 575 terminés par une liouppe de cils roides, et rappelant jusqu’à un certain point les palpes ou les antennes des Entomostracées et des Gypris. Les roues, ou appareils rotatoires de certains Syslo- lides, sont des lobes charnus, rétractiles, et suscep- tibles de s’étaler ou de s’épanouir à la volonté de l’animal, comme des pétales de fleurs; leur contour est garni d’une série régulière de cils, dont le mouve- ment produit l’apparence d’une roue dentée tournant sur son axe. Les cils vibratiles des Systolides sont de nature charnue, et contractiles comme ceux des Infusoires , I * et ils se décomposent de même à la mort de l’animal ; chez plusieurs on voit des soies ou cils roides, non vibratiles, également décomposables ; les F losculaires, en particulier , sont pourvues de longs cils flexibles, susceptibles de se roidir , mgiis non mobiles par eux- mêmes. "Tous* ces appendices sont implantés sur des expansions niolles , charnues , sans épiderpie ou épi- thélium, et sans fibres musculaires distinctes, quoique toute la ruasse soit contractile par elle-même. „ . On voit souvent dans les eaux de marais soumises à l’observation microscropique , des téguments de di- vers Systolides et surtout de Brachioniens, restés vides après la mort de l’animal , et la destruction de toutes ses parties molles ; mais on observe aussi , dit- on , une véritable mue chez les Tardigrades,' qui abandonnent leurs œufs dans la peau dont ils se dé- pouillent. Plusieurs Systolides fixés, tels que les Flosculariens, les Mélicertiens , sont loges dans un étui cylindrique, ‘membraneux ou terreux, au fond duquel ils peuvent se retirer complètement; cet étui ne fait point partie HISTOIRE NATURELLE 7C essentielle de l’animal , e’est le produit d’une sécrétion muqueuse qui reste seule en prenant plus ou moins de consistance , de manière à présenter soit une masse gélatineuse molle, soit une membrane résistante , ou qui sert de ciment à des particules terreuses ou aux excréments de l’animal, et donne lieu ainsi à la forma- tion d’un tube analogue à celui de certaines Annélides et de certaines larves d’insectes. On observe trois modes de locomotion chez les Sys- tolides. Le premier^ et le plus fréquent, est la nata- tion produite par le mouvement régulier des cils qui entourent la bouche et ses appendices charnus , soit que ces cils plus longs produisent une apparence de roue dentée , ou que plus courts ils s’agitent simple- ment d’avant en arrière. Le second mode de locomotion , analogue à celui des Sangsues et des Chenilles arpenteuses , s’observe alternativement avec le, premier chez les Rotifères -, il a peut-être lieu aussi chez les Albertia , les Floscu- laria et cjiez les Mélicertiens. L’animal fixant l’ex- trémité de sa, queue ou sa ventouse terminale à une surface solide , prend ainsi un point d’appui pour , en s’allongeant autant que possible , chercher avec son extrémité antérieure un autre point d’appui , duquel il rapproche tout à coup l’extrémité postérieure ; se fixe de nouveau pour s’allonger encore et recommen- cer cette série d’actions à chaque pas. Le troisième mode de locomotion , enfin , ne s’ob- serve que chez les Tardigrades , qui sont pourvus d’ongles, au moyen desquels ils marchent ou grimpent sur les corps solides. Plusieurs Systolides vivant habituellement fixés par leur ventouse çaudale, n’ont d’autre mouvement que DES INFUSOIUES. 577 la contraction et l’extension au dedans ou hors de leur fourreau^ s’ils en ont un, ou sur leur point d’ad- hérence; l’agitation des cils dont la plupart de ces animaux sont pourvus n’a pour objet alors que de produire dans le liquide des tourbillons destinés à mettre sans cesse de nouvelle eau en contact avec les . organes et d’amener les aliments à la bouche. Sous le tégument des Systolides se trouve presque partout une substance charnue, molle, diaphane, diffluente , semblable au sarcode des Infusoires et à la substance charnue des Naïs et des jeunes larves d’in- sectes. Cette substance, contractile par elle- même , est souvent étirée en cordons qu’on pourrait nommer des muscles, comme l’ont fait M. Ehrenberg et M. Doyère, mais il faudrait alors modifier beaucoup la définition d’un muscle, et je dois dire que je n’ai pu encore, comme ces auteurs , apercevoir de différence réelle entre ce qu’on pourrait nommer des mnscles et des nerfs chez les Systolides. Cette substance charnue , en apparence homogène , paraît être seule capable de produire ou de porter des cils vibratiles chez les espèces qui en sont pourvues. Ces cils, tout à fait semblables à ceux des Infusoires , également mobiles et contractiles par eux -mêmes, et susceptibles de s’agiter dans toute leur étendue , s’observent non-seulement sur toutes les expansions charnues qui entourent la bouche , mais aussi dans le tube digestif, où leur ])résence est démontrée par l’a- gitation des jîarticules alimentaires, et dans des espaces interviscéraux , et quelquefois même à l’extérieur comme à l’extrémité de la queue des Ptérodines. Chez les Rotifères et chez les Brachioniens qui offrent l’apparence de deux roues distinctes , et chez INFUSOIRES. 37 578 insToinE naturelle ]es Mélicerliens qui ont la bouche entourée d’une très-large expansion en forme de collerette continue, ou sinueuse ou lobée , il n’existe qu’un seul rang de grands cils vibratiles dont le mouvement successif produit bien l’apparence d’une roue tournant avec rapidité ; chez les Furculariens , au contraire , les cils vibratiles, diversementgroupés, garnissent toute la face interne du vaste entonnoir qui conduit au pharynx', cependant alors aussi les cils de la rangée externe sont les plus forts et produisent quelquefois assez dis- tinctement l’apparence d’une ou de deux roues. Ce mouvement de roues a été pris anciennement pour une réalité; plus tard, on reconnut que ce ne doit être qu’une apparence , et on voulut l’expliquer de diverses manières. Ainsi M. Dutrochet a admis que le bord de l’organe rotatoire est occupé par une mem- brane plissée ou gaulïrée comme les fraises ou col- lerettes du seizième siècle, laquelle membrane, s’agi- tant d’un mouvement ondulatoire , 'produit tantôt l’apparence d’une rangée de perles, tantôt celle d’une roue dentée. M. Faraday a attribué toutes ces ap- parences à des illusions d’optique; en supposant, par exemple, que les cils fléchis rapidement et isolément, et rendus ainsi momentanément invisibles , se re- dresseraient successivement et avec lenteur , de ma- nière à devenir plus visibles. M. Elirenberg , enfin , a supposé que chaque cil vi- bra tile est pourvu à sa base de quatre muscles qui le meuvent en lui faisant décrire une surface conique dont le sommet est à l’insertion même du cil; il en résulte , dit-il , que , durant ce mouvement , cluujuecil est alternativement plus près et plus éloigné de l’œil, et conséquemment tantôt plus, tantôt moins visible. DES INFOSOIllES. 579 Aucun de ces modes d’explication ne nous pa- raissant acceptable, nous en proposons un autre en invitant les observaleui’s à le vérifier sur certaines grosses espèces de Systolides , comme l’Hydatine quand elle est emprisonnée entre des lames de verre, et sur les Leucopbry.ens et Bui’sariens , et en parti- culier sur le Plagiotoma dont nous avons déjà parlé sous ce rapport (voyez pag. 504). Notre explication des apparences produites par le mouvement des cils vibratiles repose sur ce fait, que si des lignes égales et parallèles sont également espa- cées , et que si quelques-unes de ces lignes , prises à des intervalles égaux , viennent à être inclinées sur les lignes voisines , elles produisent des intersections plus sombres, qui, d’une certaine distance, seront comme des hachures également espacées sur le fond précédemment uniforme. Or, les cils vibratiles, étant rangés parallèlement et également espacés , réfracte- ront ou intercepteront tous également la lumière , et aucun ne sera plus visible que les autres ; mais si , par suite de l’agitation qui se propage le long de cette rangée de cils,' quelques-uns, momentanément plus inclinés, se trouvent juxta-posés sur les cils voisins , la lumière sera plus interceptée , et il en résultera une bande plus large et plus obscure. On conçoit donc que tous les cils venant à s’incliner de proche en proche , il en résultera une succession de juxta-positions ou d’intersections apparentes qu’on verra se mouvoir dans le sens de la propagation du mouvement ; or, si chacune des intersections , tout en se mouvant, con- serve la même forme comme produite par un même nombre de lignes égales , et également inclinées les unes par rapport aux autres ; il en résulte tout à fait 37. HISTOIRE NATURELLE 580 pour l’œil l’apparence d’un corps solide de forme dé- finie comme une dent de scie ou de roue cjui se meut uniformément ; conséquemment aussi l’on comprend comment les rangées rectilignes de cils des Plagiotomes et des Leucophres parmi les Infusoires , et celles des tentacules d’Alcyonelles et de Flustres produisent l’apparence d’une chaîne sans fin ; et comment , d’un autre côté , les rangées circulaires de cils chez les Sys- tolides produisent l’apparence d’une roue dentée en mouvement (t). En outre des cils vihratiles , il existe chez divers Systolides d’autres cils roides comme des soies' en ap- parence, mais cependant mous et spontanément dé- composables à l’instant de la mort , comme les cils vi- hratiles. La substance charnue des Systolides , considérée sous le rapport de sa contractilité , forme eu avant di- verses masses globuleuses ou mamelonnées portant les cils vihratiles autour de la bouche , et qui ne peuvent (i) Pour faire comprendre l’apparence produite^ par le mouvement des cils, nous avons représenté au bas de la planche XIX la position d’une rangée de cils à un instant donné , et nous supposons que des cils droits , parallèles et également espacés, sont susceptibles d’osciller successi- vement comme le cil AB , le premier de la série , et parcourent chacun d’un mouvement uniforme un angle BAC dont le sommet est au point d’attache, en s’écartant à droite delà perpendiculaire AB , jusqu’.à ce qu’ils aient atteint la position AC pour revenir avec la meme vitesse à leur position première AB , et recommencer indéfiniment le même tmjet dans un sens et dans l’autre ; mais les cils de la rangée ne commencent leur mouvement que les uns après les autres, chacun étant en avance d’un quatorzième de l'oscillation totale sur celui qui le suit immédia- tement à droite , ou en retard de la même quantité sur celui qui le pré- cède à gauche. Ainsi de quatorze en quatorze, les cils de la rangée se trouvent dans une même position; et une série rectiligne de cils en mouvement offre , à un certain instant , l’apparence indiquée dans la planche XIX, où, de j4 en i4 cils, on voit une intersection ombrée, la- DES INFUSOIRES. 581 être nommées ni des muscles , ni des nerfs ; d’autre part , cette substance charnue contractile forme à l’intérieur plusieurs cordons irréguliers qui remplis- sent les fonctions des muscles, mais qui n’ont point la structure si régulière des muscles chez les animaux articulés. M. Ehrenberg a cependant attribué des muscles striés à son Euchlanis triquetra ; M. Doyère , considérant aussi ces cordons charnus comme des mus- cles bien définis , en a porté le nombre à plus de 300 chez les Tardigrades. La grande transparence de la substance charnue des Systolides ne permet pas de déterminer exactement la nature de quelques masses arrondies non contractiles, et qui sont peut-être des glandes ; mais quelles que soient l’apparence et la destination probable de ces masses charnues , leur consistance paraît être molle et glutineuse autant que celle du sarcode des Infusoires , de même aussi elles se décomposent en se creusant de quelle s’avnnce uniformément de gauche à droite, puisque chaque cil doit prendre successivement la position de celui qui le suit à droite. Si en effet, on suppose la durée de l'oscillation partagée en quatorze instants , un cil occupera successivement les positions AB ou A-o , A-i , A-2 , A-3 , , A-5 , A-6 , A”7 , dans la figure BAC , pendant la pre- mièremoitié de l’oscillation, le mouvement ayant lieu de gauche <à droite. La dernière position A-7 ou AC est la limite de la demi-oscillation, et le commencement du mouvement en sens inverse ou de droite à gauche. Les autres positions pendant la' seconde moitié de l’oscillation, le mou- vement ayant lieu de droite à gauche, sont, A-8 , A-g, A-iO, A-ii, A-12, A-i3 , A-14 : la position A-14 'Cst la même* que A B ou A-o , c’est la li- mite de la seconde moitié de l’oscillation et le commencement d’une nouvelle oscillation. Ainsi les intersections sous l’apparence de dents paraîtront s’avancer uniformément dans le sens où le mouvemenf, d’oscillation se propage ; ce sera l’apparence d’une chaîne ou d’une rangée de perles en mouvement, dans le cas d’une rangée rectiligne de cils ; ce sera l’apparence d’une roue dentée, si les cils sont disposés autour d’un lobe ou d’une expansion circulaire. 582 HISTOIRE NATURELLE vacuoles quand l’animàl va cesser de vivre , ou quand il est tenu comprimé eHtrc des laraCs de verre ; on voit d’ailleurs aussi dans ce cas des disques ou des globules sarcodiques parfaitement diaphanes se détacher de la masse qui porte les cils, ou en exsuder à travers les téguments. CHAPITRE III. DES ORGANES DIGESTIFS DES SYSTOLIDES. Chez tous les Systolides , l’appareil digestif est bien distinct ; il se compose toujours d’un canal presque droit, à parois épaisses, plus ou moins renflé en différents endroits ; ordinairement il présente à son origine ou au fond d’un large orifice buccal un appa- reil maxillaire , souvent très-compliqué, formé d’une paire de mâchoires très-mobiles portées par une sorte de châssis ou par un système de leviers articulés qu’en- toure une masse arrondie charnue très-contractile. Le canal digestif est revêtu intérieurement de cils vi- bratiles que l’on voit distinctement en certains cas , et qui d’autres fois manifestent leur présence par le tour- billonnement qu’ils produisent dans la masse des sub- stances avalées , comme cela se voit aussi dans l’intestin des Flustres, des Aplides , etc. Le vestibule oul’avant- boucbe , ordinairement très-vaste ou du moins très- dilatable , montre plus distinctement encore des cils vibratiles. M. Ehrenberg a voulu désigner par des dé- nominations particulières les Systolides rotateurs , qu’il nomme aussi Infusoires monogastriques , suivant la forme de leur intestin , pour lequel il distingue quatre dispositions principales ; ainsi , il nomme Tra- chélogastriques ceux commeV Enteivplca et le Chœto- DES INFUSOIRES. 583 uolus , qui , dépourvus de mâchoires , ont un pharynx Irès-cillongé ; ceux au contraire qui ont des mâchoires et un pharynx courts sont des Cœlogastriques ; si l’in- testin est simple comme chez les Hjdatines , ce sont des Gasteroclèles ; si l'intestin est divisé par un rétré- cissement en deux moitiés , dont l’antérieure paraît être un estomac , et la postérieure un gros intestin comme chez les Brochions; ce sont des Trachélocys- tiques, si l'intestin rétréci, en forme de canal délié dans toute sa portion antérieure, présente en arrière seule- ment un élargissement en forme de cloaque , comme dans les Rolifères. Cependant cet auteur lui-méme reconnaît que ces caractères , tirés de l’organisation intérieure, ne peuvent être employés à la classification de ces animaux. Des diflérenoes beaucoup plus impor- tantes s’observent dans la forme et la structure de l’appareil maxillaire et du pharynx. On doit signaler d’abord la structure de cet appareil chez les Tardi- gfades, qui ont la bouche non ciliée , rétrécie en tube ou en suçoir, et les mâchoires effilées presque comme celles des Insectes suceurs et des Acariens. La plupart des autres Systolides ont au contraire la bouche lar- gement évasée ou située au fond d’un large entonnoir cilié; quelques-uns, comme les Enteroplea^ sont tout à fait dépourvus de mâchoires , quoique ressem- blant d’ailleurs aux Furculaires et aux Hydatines; d’autres ont bien des mâchoires , mais n’ont point de cils vibratiles autour et en avant de la bouche, comme les Floscularia et les Lindia. Tous les autres Systolides, ayant des mâchoires enchâssées dans un bulbe pharyngien musctdaire, mobile et protractile , au fond d’un vestibule cilié, se- ront encore distingués suivant la forme de ces mâ- HISTOIRE NATURELLE 584 choires : ainsi, les Piolifères ont leurs mâchoires en forme d’étrier , opposées par la base , et portant deux ou plusieurs petites dents couchées parallèlement comme les flèches sur un arc. Le bord externe , qui est en demi-cercle , fournit un point d’attache aux mus- cles du bulbe pharyngien , et , tiré par eux , il s’élève et s’abaisse fortement pour produire, pendant la man- ducation, le mouvement des mâchoires ; leur bord in- terne est composé de deux barres transverses un peu arquées en dehors. M. Ehrenberg, pour indiquer, par des dénominations particulières, les caractères tirés de la forme des mâchoires , nomme Zygogomphia ( de Çuyoç, joug, et, 70fi({uoç, dent mâchelière ), ceux qui avec' un tel appareil maxillaire n’ont qu’une paire de pe- tites dents couchées sur l’étrier de chaque côté ; il nomme Lochogomphia ( de , troupe ) , ceux qui , avec le même appareil , ont plus de deux dents cou- chées parallèlement sur l’étrier. Tous les autres , qu’il divise en Monogompliia et Poljgomphia , ont des mâchoires plus ressemblantes à celles des animaux articulés , et composées d’un assemblage de pièces ar- ticulées qu’on pourrait , jusqu’à un certain point, comparer aux deux paires de mandibules et de mâ- choires , à la lèvre , à la languette et aux palpes la- biaux des Insectes. En effet, chez beaucoup deSysto- lides , on observe de même une pièce centrale impaire sur laquelle s’articulent deux branches simples qui vont s’appuyer ou s’assembler, à charnière , au milieu des pièces mobiles et articulées, support des mâchoires proprement dites , et leur transmettent ainsi tout l’ef- fort de la masse musculaire moyenne pour les faire mordre sur la proie , en leur fournissant un point d’appui quand les muscles latéraux tirent en arrière DES INFUSOIRES. .585 les bronches externes qui portent les mâchoires. J’ai proposé , à l’occasion Je la description de XAl- hertia (Annales des sciences naturelles, 1838 , t. 10 , pag. 177) , de distinguer les pièces principales de cet appareil maxillaire, eu nommant support {fiilcrum) la pièce centrale impaire avec ses deux branches articu- lées , et fût {scapus) , chacune des branches latérales terminées par la pointe {acies) articulée, simple ou multiple , qui est la mâchoire proprement dite. Non-seulement on observe des dillérences notables dans la forme des mâchoires et dans les dents plus ou moins nombreuses qui les terminent ; mais aussi on en voit dont le bulbe muscula’ire* beaucoup plus mobile, peut, en s’avançant considérablement, porter les mâ- choires tout à fait en dehors du bord cilié. Gela per- met à l’animal d’aller chercher et de saisir sa proie, au lieu d’attendre que le mouvement des cils vibra tiles l’attire au fond du pharynx , comme, il arrive chez la plupart des Systolides ciliés. Le hulhe musculaire est presque toujours agité d’un mouvement de contraction péristaltique assez régu- lier, qui l’a fait prendre pour un cœur par plusieurs des observateurs précédents. Le résultat de ce mouve- ment péristaltique est, d’ouvrir et de fermer les mâ- choires, lors même qu’il ne passe pas d’aliments so- lides. M. Ehrenberg ayant eu l’occasion de faire sécher une grande quantité de Brachions, qui s’étaient mul- tipliés extraordinairement dans un vase, a constaté que leurs cendres contiennent beaucoup de phosphate de chaux , qu’il croit provenir de la partie solide dé leurs mâchoires. A l’intestin sont annexés ordinairement divers ap- HISTOIRE NATURELLE 58G pendices ovales ou allongés , disposés par paires ; M. Ehrenberg, après avoir supposé que ce pou- vaient être des testicules ^ s’est arrêté à l’opinion que ce sont des glandes sécrétant une humeur destinée à faciliter l’acte de la digestion. Ces appendices sont diaphanes , sans structure appréciable , et on les voit fréquemment creusés de vacuoles plus ou moins pro- fondes , qui , venant à s'elïacer peu à peu , paraissent quelquefois comme des disques translucides. Dans l’Albertia , qui a deux paires d’appendices ovoïdes ou réniformes , tenant par un pédicule court au commen- cement de l’intestin , on reconnaît que ce sont des sacs susceptibles de se contracter , en refoulant dans l’in- testin leur contenu qui les remplit de nouveau quand ils se dilatent bientôt après ; dans ce cas , au moins , on peut donc considérer ces appendices comme des cæcums plutôt que comme des glandes. D’autres organes glanduleux , appliqués à la surface de l’intestin ou logés dans l’épaisseur de ses parois , pourraient bien remplir les fonctions du foie , ainsi que chez certaines Annélides. CHAPITRE IV. DES ORGANES GENITAUX DES SYSTOLIDES. Les SysLolides montrent tous, quand ils sont adultes , un ovaire bien distinct contenant des œuls peu nombreux , mais d’une grosseur considérable re- lativement au volume de l’animal; ces œufs traûspa- l'ents laissent ordinairement voir dans l’intérieur le jeune animal , ou au moins ses mâchoires , qui sont formées de très-bonne heure , et les points rouges qu’on a pris pour des yeux. DES INFUSOIRES. 587 Pendant la saison chaude , les oeufs ne tardent pas à éclore; mais à l’approche de l’hiver ils acquièrent fine coque plus épaisse, souvent épineuse, et sont destinés à n’éclore qu’au printemps suivant. Ces œufs épineux, observés par d’anciens micrographes, avaient été pris pour toute autre chose; M. Turpin notam- ment les rapporta au règne végétal. Chez certains Systolides, tels que les Rotifères et \es Albertia^ les œufs éclosent avant d’étre pondus ; cependant ces animaux j de même que tous les autres Systolides j ne sont point réellement vivipares, car en même temps que les embryons déjà éclos et mobiles , on voit dans leur ovaire des œufs à divers degrés de développement entièrement semblables à ceux des espèces voisines. Plusieurs autres Systolides de la famille des Bra- chioniens portent leurs œufs attachés à la base de leur queue ou à la partie postérieure de leur cuirasse. Les Tarcligrades présentent une particularité remarquable en ce qu’ils abandonnent leurs œufs dans la peau dont ils se dépouillent. Gomme tous les Systolides sont pourvus d’un ovaire et qu’on n’a point observé chez eux d’accouplement, on est porté à admettre que ces animaux se propagent par m'onogénie, ou qu’au moins ils présentent un lier- maplirodisme complet ; pour justifier cette dernière opinion, M. Ehrenberg a ^cherché des organes mâles chez les Systolides , et il a cru pouvoir nommer testi- cules deux cordons latéraux, sinueux, qui nous pa- raissent plutôt être en relation avec les organes vibra- tiles intérieurs ou organes respiratoires. Mais ces cor- dons ne s’aperçoivent pas toujours, et l’on n’a aucune preuve directe de la justesse de cette interprétation. HISTOinE NATURELLE 588 Le même auteur, pour expliquer le mécanisme de la fécondation chez ces animaux , supposés hermaphro- dites, a attribué les fonctions de vésicule séminale à un sac globuleux, diaphane, situé au voisinage de l’anus, et que l’on voit se gonfler alternativement en s’emplissant d’un liquide limpide comme l’eau, puis se vider brusquement en se plissant plutôt qu’en se con- tractant : on n’aperçoit aucun indice de l’expulsion du liquide hors du corps ; et d’ailleurs , la fréquence des contractions de cet organe ne se concilie guère avec l’i- dée des fonctions génitales, aussi pensons-nous que son rôle se rapporte plutôt à la respiration interne dont nous parlerons plus loin. D’un autre côté, les recher- ches de M. Doyère sur les Tardigrades pourraient conduire à croire ces derniers animaux pourvus de testicules et "même de zoospermes. M. Ehrenberg avait aussi d’abord été conduit par sa méthode d’investigation , à prendre pour un organe copulateur , l’appendice en forme de tube droit qu’on observe près de l’extrémité antérieure, ou de la bouche des Rotifères ; il le nommait pénis ou clitoris ; aujour- d’hui il l’appelle éperon [calcar] et le regarde comme un tube respiratoire, servant à amener l’eau sur les branchies intérieures , quoiqu’on ne voie absolument aucun indice de l’entrée et de la sortie de Feau. par l’extrémité. , DES INFUSOIRES. 589 CHAPITRE V. » DE LA CIRCULATION ET DE LA RESPIRATION, DES ORGANES DES SENS, ETC., CHEZ LES SYSTOLIDES. Divers auteurs, comme M. Bory Saint- Vincent , ont attribué aux Systolides un système circulatoire , en prenant pour un cœur le bulbe pharyngien, dont les contractions péristaltiques et presque continuelles font agir les mâchoires. M. Ehrenberg, ayant démon- tré la vraie signification de ces derniers organes , cher- cha ailleurs l’indice d’un système circulatoire , et il crut l’avoir trouvé dans les plis longitudinaux et trans- verses , que chez les Systolides il nomme des vais- seaux. Ce seraient donc des vaisseaux assujettis à se couper exclusivement à angle droit, sans s’anastomoser d’aucune autre manière. Plus tard encore , le même auteur a prétendu avoir découvert un réseau vascu- laire à mailles très-nombreuses et très-serrées , formant une bande uniforme près du bord du vaste entonnoir cilié qui entoure la bouclie ; mais il nous paraît bien plus probable que le fluide nourricier, qu’on pourrait nommer le sang , est librement répandu dans l’inté- rieur du corps , quoique nous ne puissions regarder comme de véritables globules sanguins , ainsi que l’a fait M. Doyère , les globules granuleux qui se voient dans les Tardigrades entre .l’intestin et l’enveloppe externe. La respiration chez les Systolides paraît s’efiectuer en général par le contact des cils vibratiles et de la surface charnue qui les porte , avec le liquide sans cesse HISTOIUE NAÏUUELI.E 390 renouvelé par Tagitalion des cils ; mais pour les sys- lolicles dépourvus de cils vibratiles , il doit assurément exister un autre mode de respiration , quoique chez les Floscularia et les Tardigrades aucun organe ne puisse être jugé plus spécialement approprié à cette fonction , à moins que ce ne soit la surface entière du corps pour ces derniers , et les grands cils filiformes pour les Floscularia. Certains Systolideé , quoique pourvus de cils vihra- tiles , laissent voir à l’intérieur plusieurs paires d’or- ganes très -petits, vibratiles ou tremblotants, que M. Ehrenberg a aperçus le premier, et qu’il décrit comme ayant la forme d’une note de musique. J’ai, de mon côté , décrit, dans l’Albertia (Ann. scienc. nat., 1838), et observé dans beaucoup d’autres Systolides , ces organes vibrants , que je crois bien être en effet destinés à la respiration , mais ils m’ont toujours paru formés d’un filament court , a^ité d’un mouvement ondulatoire. Je Crois bien en outre que la vessie contractile des Systolides pourrait être aussi un organe respiratoire, comme je l’ai dit précédemment , et non comme le veutM. Ehrenberg , un organe de fécondation indivi- duelle , un réservoir de liqueur séminale , ce qui sup- poserait une prodigieuse sécrétion de ce liquide et une répétition de l’acte de la fécondation nullement en rapport avec le nombre des œufs , puisque la vessie se contracte souvent six fois par minute. Comme d’ailleurs on doit reconnaître que l’eau peut pénétrer librement dans l’intérieur du corps pour baigner les organes vi- brants , ainsi que le proiive la variabili té du volume total, par suite de la contraction des téguments , cet auteur veut quei’introduction du liquide ait lieu par l’appen- DES INFUSOIRES. 591 clice ou réperon {calcar) , qu’il avait dit précédemment être un organe génital mâle ou femelle , et qu’il re- garde avec aussi ])eu de fondement aujourd’hui comme un tube respiratoire ; mais , je le répète , rien ne peut dénoter l’existence d’un courant de liquide entrant ou sortantpar l’extrémité de cet appendice, etles couleurs, délayées dans l’eau , au moyen desquelles on reconnaît si facilement les tourbillons ou les remous dans le li- quide , donnent dans ce cas un résultat négatif. M. EhrenbeVga été conduit à attribuer un système nerveux aux Systolides., en partant de cette supposi- tion que les points rouges observés*à la région frontale ou dorsale chez plusieurs d’entr’eux sont des yeux qui doivent être supportés par un nerf ou ganglion op- tique. Par suite , cet auteur a représenté des ganglions et des nerfs chez’ plusieurs de ces animaux, et même chez l’Hydatine , qui n’a même pas de points rouges ; toutefois, il a, dû reconnaître que la grande trans- parence de ces prétendus nerfs ne permet pas de les distinguer suffisamment. Pour nous , sans vouloir nier que ces points roiiges n’aient une certaine analogie avec le point coloré qu’on observe chez les Cyelopes , et qu’oii peut nom- mer un œil , nous ne pouvons leur attribuer une très- grande importance , car il est constant que ces points rouges disparaissent chez beaucoup de ces animaux devenus adultes , et d’un autre côté, ils se montrent plus ou moins distincts , suivant le degré de dévelop- ■ pement que la saison et le lieu d’habitation , ont permis d’atteindre à certains Systolides. Ge n’ést donc pas de la présence de ces points rouges si variables que nous voudrions conclure à l’existence d’un système nerveux; et par conséquent aussi nous ne voudrions IHSTOIKE NAlÜIŒLliE 592 pas prendre nos caractères génériques pour la classifi- cation des Systolides dans la présence et dans la dis- position de ces points rouges. Les observations importantes de M. Doyère sur les Tardigrades tendent à démontrer chez les Systolides Texistence d’un système nerveux tout autre que celui que M. Ehrenberg a admis; mais quoique dans ces observations , dont nous avons été témoin , il y eût assurémement bien autre chose que des inductions, cependant nous croyons devoir attendre qu’elles aient été vérifiées et soumises au contrôle des au- tres micrograpbes , et que le mode d’expérimentation de M. Doyère ait été appliqué avec autant de bonheur à d’autres Systolides. ’ . _ f CHAPITRE VI. % DES MOYENS DE TKOUVER , DE CONSERVER ET. d’ÉTI;D1ER LES SYSTOtlDES. *■ . A l’exception des Rotifères et des Tardigrades , qui vivent dans les lieux simplement humectés soit tem- porairement, soit constamment, et des Albertia qui vivent dans l’intérieur du corps des Lombrics et des Limaces , tous les Systolides habitent, comme les In- fusoires , les eaux, où leur petitesse les dérobe égale- ment à la vue ; leur recherche est donc également sub- ordonnée au hasard, et le mieux, pour les trouver, séra d’explorer avec une loupe les parois d’un flacon ou d’un bocal contenant l’eau qui est censée contenir ces animaux. Ce sont les eaux stagnantes ou peu agi- tées qui baignent des plantes aquatiques , soit dans la mer, soit dans les rivières, ou les marai's, ou les fossés. DÏS INFUSOIRES. 593 qui les contiennent plus ordinairement; c’est. souvent dans les ornières remplies depuis plusieurs jours par les eaux pluviales qu’on en rencontre le plus. On ne les trouve jamais dans les véritables infusions (1) ni dans les eaux putréfiées. Il est même très-difficile de conserver longtemps vivants la plupart des Systolides dans des vases avec l’eau et les herbes aquatiques. C’est parmi les Gonferves et les Lemna ou Lentilles d^eau que vivent la plupart des espèces d’eau douce, quelques - unes se tiennent presque exclusivement fixées , soit isolées , soit en groupes sur les Cérato- phylles, sur les Myriophylles et les Hottonies , tels sont les Mélicertiens. Quant aux Systolides qui ne vivent pas dans l’eau, mais qui n’exigent qu’un certain degré d’humidité. On les trouve soit dans la terre humide, soit sur les Hypnum , pris à l’omhre dans les bois , en lavant avec un peu d’eau ces mousses ou cette terre on trouve à la fois des Rolifères , des Anguillules , des Bacilla- .riées , etc. Mais c’est surtout dans les touffes de Bryum exposées à des alternatives de sécheresse et de végé- tation sur les toits , sur les murs et dans les allées de jardin , ainsi que dans le sable des gouttières que l’on rencontre plus fréquemment les Rotifères et les Tar- digrades. C’est dans ce sable que Spallanzani observa ces animaux sur lesquels il put constater le singulier phénomène de leur résurrection après une dessiccation (i) On trouve quelquefois des Rotifères, des Furculariens et quelques autres Systolides dans des infusions ou plutôt dans des macérations non putréfiées de diverses plantes vertes sur lesquelles se trouvaient par ha- sard les œufs de ces animaux. C’est ainsi que Joblot en a observé dans les infusions de foin. INFUSOIRES. 38 HISTOIRE NATURELLE Irùs-prolongéc. Ce fait sî extraordinaire fut révoqué en douté par la plbp.Vrt des naturalistes ([ui vinrent ensuite , et notamment par M. Bôrÿ et par ]\i, Èliren- berg. Mais M. Scliul'tze , ayant plus récemment répété toutes les observations de Spallanzani , en reconnut l’entière exactitude et mit tout les micrographes en mesure 'de les vérifier comme lui. Depuis lors per- sonne h’a douté que les Rotifèrés et les Tarcligra'des , exposés, durant un été brûlaht, à la sécheresse^ sur les toits, aù milieu des touffes de Bryum nu du sablé dés gouttières , ne puissent reprendre la vie , qûaiid ils sôh^ humectés de hôiivéau. Ces animaux , ainsi desséchés , sont contractés en petites boules trans- lucides , assez dures ; leur enveloppe cornée semble les prôt’égér c'ôntre les égétits éxt'érieurs et leur permet de conserver une- Vie latente , dont la durée est indé- finie. Quant aux Systolidés habitants des eaux, on a pu mésurèr là durée de lehr vie ; M. Ehrenberg rccoiind que rHydàtitié *pe'ùt vivre dix-huit à vingt jours en aut'ôVà'dé ; mais cette durée doit varier sui-* vant la température et suivant la facilité que l’ani- mal troùve à faire sa ‘ponte, après laquelle il ne tarde pas à mourir. Les espèces cjüe l’on petit obsérver datis les eaux , conservées depuis plusieurs mois , sont peu nom- breùses : ce sont divers Futctilariehs et Rotifèrés , des Ta'rdigrcâdes, dés Flôrcùla'rîa , des Goliirelles et des Lépadelles. Les règles que nous avons données dans notre livre pour la manière d’observer et de représenter les Infusoite's , sont toutes applicables ici ; niais la présence du tégument solide et des mâchoires periuet- tra d’obtenir des résultats plus précis, avec certains DEfe itJFUS'OïteS. 5ÎV5 réactifs, tels (Ju'c la jiotaâsé , l’a'cide nilH'que, etc.; et, tVun autre coté*, l’éVhjlîbi cïü conijircss'èür , qui a si bien rcüsM à M. D'ôyèfe pôUr rétüde des Tairdi- grad'es, fera cônbaîtrè "des détails dVrganisàtion ina- jîerçus auparàtavant. CHAPITRE VII. DE lA. èfeVsSiri'cXTkbÿf deS sVstbtiDEs. 11 tious paraît tôüt aiissi diffiteilte d’établir actuel- lement uft'e clàSsificatiôh pbüfr les SyStblideS que pour les Infusoires ; si leiit bfcgàhisatibn est mieux connue sur certains p'oîntsj elle laiSsè tependant endOrfe tant à connaître; les décolti^rtbS oli plutôt les interpréta- tions de M. Ehrenberg §ôht fenébre , p'ô'ur la plUpa'rt si contestables, et-, d’un autre côté , tes rédiételltes la- borieuses de M. Dôyèrb fbht prévoir tàttt de décou- vertes ré'ellès dàUs l’étU'de déS àni'Uiâlix inférieurs, qu’on est naiUréHéin'eilt p’ôtfé à àjbürner tout travail définitif sur ces animaux. Il b'ônViéUt dépendant, comme nous l’aVohS fait' déjà pour lés Infusoires , d'examiner là valeur deS cla'ssifîcàtîbns antérieures , et daüs le cas d’insuffisarfëe 'dé dés classifications, d'en préposer nous-même quelqu’une provisbirément , qUi nous paraisse plus prUpde à guider le's observateurs dans là recherche de'céè 'êtré%. O. F. Mülle'r, comme nous l’âvOns dit plû^ îlaut , ne peut êtré consùlté qù'è poùr lâ'déferminaiion et la synonymie de quelqü'es espècds des plus cômmune's , qu’il a réparties dans ses genres Rraebion, V'orticellc, Ccrcairc et Trichode. Lâmarck, sans avoir observé lui- meme , lit judicieusement la distinction du genre Flir- 38. HISTOinE NATURELLE 596 culaire établi aux dépens des Vorticelles de Millier; il forma aussi un genre Furcocerque et un genre Tri- chocerque, qui ne diffèrent que par Tabsence chez ce- lui-là des cils vibratiles dont celui-ci est pourvu : les espèces qu’ils comprennent sont des Cercaires et des Trichodcs de Millier, et doivent presque toutes être classées parmi les Systolides. Lamarck créa un autre genre Ratule pour deux Tricliodes de Millier qui sont aussi des Systolides; mais il laissa dans son genre Vor- ticelle, plusieurs animaux appartenant à la même classe , et forma son genre Tubicolaire avec quelques autres Systolides, décrits par M. Dutrochet sous le nom de Rotifères. Le seul genre Furcocerque était laissé par Lamarck dans sa classe des Infusoires ; ses Brachions et tous ses autres genres comprenant des Systolides constituent le premier ordre de sa classe des Polypes , l’ordre des Polypes ciliés , dans lequel il veut comprendre également les Vorticelles, les Vagi- nicoles et les Urcéolaires , qui sont de véritables Infu- soires et dont nous avons formé les familles des Vorti- celliens et des Urcéolariens. Lamarck attribue à tous ses Polypes ciliés , la faculté de se multiplier par des scissions naturelles de leur corps et aussi par des gem- mes , ce qui h’est vrai que pour ceux qui doivent être reportés avec les Infusoires ; il les divise en deux sec- tions , savoir : les J^ibratiles , ayant près de la bouche des cils qui se meuvent en vibrations interrompues , et les Rotijères ayant un ou deux organes ciliés et rota- toires, lesquels organes il croit, d’après M. Dutro- cbet, être un organe unique, plié de manière à pré- senter la figure d’un 8 renversé, et quelquefois même plié en trois ou en quatre roues partielles, et dont le bord est un cordon circulaire , qui , par des zigzags DES INFUSOIRES. 597 fréquents, forme une multitude d’angles saillants et aigus, qui imitent des dents ciliiformes. La section de ses Polypes ciliés Vihratiles comprend les genres Ra- tule , Trichocerque et Vaginicole , dont les deux pre- miers seulement sont des Systolides; celle des Polypes , ciliés Rotijhves comprend les genres Folliculine, Bra- chion, Furculaire,UrcéoIaire,Vorticelle etTubicolaire. M. Bory de Saint-Vincent , dans sa classification des Microscopiques, a confondu les Infusoires et les Systolides ; cependant il a créé pour ces derniers un grand nombre de genres qui méritent bien d’étre con- servés, quoique leurs caractères imparfaitement tra- cés , aient besoin d’être rectifiés et disposés d’une ma- nière totalement différente. Dans son premier ordre , parmi ses Gyranodés , qui sont censés être les animaux les plus simples , sans au- cun organe , ni cirres vihratiles , cet auteur a placé les genres Furcocerque et Trichocerque de Lamarck , avec les genres Céplialodele et Léiodine , qui en sont des démembrements , et qui sont également des Systo- lides ; il en forme sa famille des Urodiées, caractérisée par un appendice caudiforme, bifide ou bifurqué, mais dans cette même famille il comprend un genre Ty , formé parle Fibrio maliens de Müller (Miill., Infus., PI. Vlil, fig. 7, 8) qui n’est pas suffisamment connu , et un genre Kerobalane , mal à propos institué pour des Vorticelles détachées de leur pédicule. Dans son deuxième ordre, parmi ses Tricbodés , qui sont censés n’avoir ni bouche ni organes internes (i) M. Bory, dans l’Encyclopé Jie méthodique et dans le Dictionnaire classique d'histoire naturelle , admet un genre Trichocerque dans la famille des Urodiées , et un autre dans la famille desThikidées. HISTOIHE NATURELLE 398 (]éterniinés , mais qui présentent des poils ciliaires, M. compose sa troisième famille, celle des Uro- rléos avec les deux genres Ratulc et Diurelle , celui-ci ayant un double appendice cunéiforme , et celui-là ayan^ une queue simple ; ces genres étant composés au moins pn partie ^ avec clp^ S;ystqUdes^ dont Minier avait fait des Triebodes. Dans son troisième ojdre , pprmî scs Stqmobié- pbarés, qui ont une bouche munies de çüs vibratiles , mais non d’prqanes rp^tpires. M. Bory comprend d’a- bord dims le genre Synanthérine de la famillp des ürcéplariens , la J^orticella socialis de Müller ; dans la deuxième famille , celle des Tlnkldées , il comprend la majeure partie des Systpliçles sqn§ appareil rota- toire , et il en fprme les genreg Filme ^ Monocerque , Furçulaive et Triclij^cerqiie , apxquelf i\ qsspeie mal à propos le genre Yaginicoje, Son quatrième ordre , celui des Rptifères , est formé de Systolides , çpmpoppt le^ gppfes Bqkérine, Tubi- cqlaire , Bfég^qlotroçl^e Èzècliièli\ie , auxquels est réuni le genre Folliculine , établi pour la seule Vor- tiçella ampullq de Mpller, qui est une yaginicole. Les Bakérines , réunies d’abord par M. Bpry aux Folliculines, n’pnt été vues que par I^aker {Empl. ofüie inicr., PI. XI fig. 11, 112) , Ips Tubicolaires et les Mégalotrocbes , sont des genres que nous con- servons sous pe nom , les Ezéchiplineg sopt nos Roti- fères. L’ordre des Crustodés enfin , le dernier de la classi- fication de M. Bory, comprend tous les Systolides re- vêtus d’une enveloppe résistante ou d’une cuirasse , et qui spnt des Braçbions de Laniarjv ; il se divise en trois lamilles : 1” les B rachionides ayant le corps muni pps- DES INFUSOIRES. 599 téricurcment de queues ou d’appendices, et, antérieu- rement, de cils vibratiles ; 2® les Gymnostomées ayant également en arrièx'e des appendices caudiformes ar- ticulés, mais totalement glabres ou dépourvues de cils en avant; 3” Les Ciiharoïcles ^ qui sont pourvus de cils vibratiles , mais qui n’ont pas d’appendices posté- rieurs ni de queues! Dans la famille des BrachTonides , les espèces pourvues de deux organes rotatoires dis- tincts forment les genres Braclnon , Siliquelle et Ké- ratelle, qui ont un têt capsulaire urcéolé , et les genres T ricalame et Proboskidie qui ont un têt univalve ou en carapace. Les espèces dont les cils vibratiles ne se développent jamais en deux rotatoires complets et distincts forment les genres Testudinelle et Lépadelle, qui ont un têt univalve ou en carapace , le genre My- tiline , qui a le têt bivalve, et le genre Squatinelle , qui a le têt capsulaire. La famille des Gymnostomées , caractérisée d’après une observation inexacte, com- prend, comme la précédente, des espèces pourvues de cils vibratiles ; M. Bory en a fait les genres Silu- relle , à têt capsulaire , Colurelle , à têt bivalve , et Squamelle , à têt univalve. Quant à la famille des Ci- ibaroïdes , elle renferme le seul genre Anou relie com- posé de Systqlides avec les Pîœsconies et les Coccu- dines , qui sont de vrais Infusoires. M. Ehrenberg , s’appuyant sur des observations nombreuses et sur des découvertes réelles, a le premier présenté , pour les Systolides ou Rotateurs, une classi- fication distincte, dans laquelle malbeureusement il a accorde trop d’importance à des caractères fugitifs ou liasés sur des interprétations forcées. Prenant d’alxord en considération , comme pour les Infusoires , la pré- sence d’une enveloppe extérieure qu’il veut nommer HISTOIRE NATURELLE GOO une cuirasse, quelle que soit sa nature , il forme deux séries de tous ses rotateurs, parmi lesquels il comprend les Flosculaires , dont les cils ne sont nullement rota- teurs, mais dont il exclut les Tardigrades. Il les divise en Rotateurs nus et Rotateurs cuirassés. Or, comme nous lavons déjà dit , tous les Systolides ou Rotateurs sont revêtus d’un tégument résistant, de sorte que pour généraliser le caractère fourni par la présence d’une cuirasse , l’auteur est forcé de nommer cuirasse tantôt une portion épaissie et plus résistante du tégu- ment propre , tantôt un fourreau diaphane que les Flosculaires lui ont montré à Berlin , et dont ces ani- maux sont constamment dépourvus en France, ou bien la sécrétion mucilagineuse dans laquelle sont engagées en partie les Lacinulaires ou même l’étui des Méli- certes , qui est évidemment formé de substances étran- gères agglutinées par un produit de sécrétion. Aussi , à notre avis , ne doit-on pas chercher un caractère de première valeur dans la présence de ces enveloppes non organisées, ou de ces épaississements du têt qui se- ront au contraire à peine suffisants , dans bien des cas , pour distinguer des genres ou même des espèces. M. Ehrenberg, toutefois, en persistant à séparer ses Rotateurs en deux séries parallèles , a basé, dans son dernier ouvrage , ses divisions principales sur le mode de distribution des cils vibratiles, lesquels, dit-il, doivent former une roue ou plusieurs roues , ou seule- ment une paire de roues symétriques ; de là une dis- tribution de tous les Rotateurs en trois sections , les Monotrocha, les Poljtrocha et les Zjgotrocha , com- prenant chacune deux séries de genres pour les Rota- teurs nus ou cuirassés. Mais ces caractères , tirés de la disposition des cils vibratiles , n’ont point la valeur DES INFUSOIRES. 601 absolue et le degré de précision que leur accorde l’auteur, lequel est forcé de convenir que les caractères qui seraient fournis par la forme et la disposition du canal digestif et de l’appareil dentaire ne peuvent nullement concorder avec ceux-là. La première section, celle des Monotrocha , carac- térisée par la présence d’un organe rotatoire simple , .continu, est subdivisée en deux groupes , suivant que le bord de cet organe est entier (kolotroclia)^ ou échan- cré {Schizotrocha). Chacun de ces groupes forme deux familles, les Holotroques nus ou Ichthydina, et les Holotroques cuirassés ou OEgistina , les Schizotroques nus oa Megalotrochæa, et les Schizotroques cuirassés ou Floscülaria. Les deux dernières sections forment chacune deux familles , savoir : les Poly troques nus ou Hydatinæa, les Polytroques euirassés ou Euciilanidota , les Zjgo- troques nus ou Philodinæa , et Zjgotroques cuirassés ou Brachionæa. Le caractère dont M. Ehrenberg fiit le plus d’usage pour la division de ses huit familles lui est fourni par les points rouges qu’il nomme des yeux. Cet auteur distingue donc des genres dépourvus d’yeux d’autres genres avec un œil , ou avec deux yeux , ou avec trois ou plusieurs yeux, lesquels sont diversement situés sur le dos ou près du bord antérieur. Mais , comme nous l’avons dit plus haut, ces prétendus yeux étant susceptibles de disparaître dans certaines circonstances d’âge ou de développement , l’emploi de ce caractère a fait placer, dans des genres différents , des Systolides , qui ne sont peut-être que des variétés d’une même espèce. M. Ehrenberg, après avoir ainsi divisé les fa- milles d’après le nombre et la disposition des yeux , HISTOIRE NATURELLE 602 emploie pour arriver à la distinction des genres, divers caractères pris surtout des appendices extérieurs , tels que la queue quul nomme aussi le pied , et de la cui- rasse ou du fourreau. Ainsi , la première famille , celle des Ichlhjclina 5 contient l^s deux g^nrqs Pj^^ura sans yeux , et Glç- nophora ayant deux yeux , té. dernier très-imparfaite- ment connu , et avec eux les eenres IchtliYclium et ‘rP \ T r • I- C/icçtQnotus , que po^s réunissons aux Intuspqes , et qui diflèrept des Ptygura également dépourvus d’yeux, pî^rce que ce deypier a le prolongement postérieur tronqué , tandis qu’ils sont bifurques en arrière. La dgu^lème farqille, QEcistinçi ^ qe contient qqe deux genres peu étudiés ; 1 OEcistes , ayant pne en- yeloppg particulièpe, pqur chaque anjinai ; 2“ Çono- , ayanÇ upç epyglpppp, cqrnmunp ppur plusieurs animaux. La troisième faniüle , Me^alotrocliœa forrne trois genres : 1° le Cyphonautes sans yeux , cpptenant une seule espècp observée dans |a rner Baltique ; 2” le Mi- crocodon , ayant un seul ceil, pt très-impariaitement connu ; 3“ le M%cdotrocha , ayant deux yeux. La quatrième famille, Floscidaria, se divise en six genres, qui sont : les Tiibicolaria , sans yeux ; les Ste- phanocei'os ^ avec un œil dans le jeune âge ; et quatre autres genrés , ayant deux yeux dans le jeune âge , et distingués par le mode de division de l’organe rotatoire présentant deux lobes chez les Lipinias , qui ont des enveloppes séparées , et chez les Lacinularia , qui ont des enveloppes communes ; quatre lobes chez les Melicerta, et cinq à six lobes chez les Floscularia. La cinquième famille , celle des Ifydalinœa , est la DES INFUSOIRES. 603 plus nombreuse \ elle ne comprend pas moins de dix- huit genres , dont trois , privés d’yeux , se distinguent par la présence et par la forme des mâchoires , VE?i- tej'oplea , étant totalement privée de mâchoires ; VHy- datina^ ayant des mâchoires à plusieurs dents , et le Ple\irotrocha , ayant des mâchoires unidentées. Un genre Furçi^laria a un §eul œil frontal ; cinq autres gepres n’ont aqssi qu’un seul œil , mais situé plus en arrière sur la nuque; l’un d’eux , Monocerca , a un seul appendice caudifofme ou pied en forme de stylet ; un autre Poljarthra est dépourvu d’appendice caudi- forme ; les trois autres étant terminés par un appen- dice fourchu , sont le Notommata , qui n’a avant que des cils vihratiles , sans {\ppendi^ps en crochet ou en stylet; le S^n^liœta , qui a de^ soies roides en stylet avec les cils vihratiles, et le Scaridium ^ qui en outre a aussi des cirres en crochet ou çqrniculés. Parmi les Hy^latinées ayant deux yeux, un seul genre Dis- Lemma, Iç^ a sur la nuque; trois autres genres les ont plus en ayant , au front : ce sont le Diglcna , qui a le corps terminé par un appendice fqurchu ; le Tviar- ihra et le Pattu(n^ qui qnt le çprps terrniné par un appendice unique en stylet , iqais qui diffèrent par les appendices latéraux dont le Triarthra seul est pourvu. Le Ti ioplitalmus a trois yeux à la nuque , V Eospjiora en a é^alernent trois , mais dont deux en avant au front , et un peul la nuque ; VOto^lena en diffère parce quq l’œil situé à la nuque est pqrté par uq pédi- cule. Le Cjgloglena a plus de trois yeui^ en un seul groupe J et le Theqrus a égalernent plus de trois yeux, majs en deux groupes. La sixième famille , Eiichlanidota ^ forme onze genres , dont un seul , Lepadclla , est dépourvu HISTOinE NATURELLE G04 d’yeux. Cinq de ces genres, caractériséspar la présence d’un seul œil situé à la nuque , se distinguent par la forme de la cuirasse et par l’appendice terminal qui est simple , en stylet , chez les Monostjla , dont la cuirasse est déprimée , et chez les Mastigocerca , dont la cuirasse est prismatique ; cet appendice au contraire est bifurqué chez les Euchlanis , qui ont la cuirasse ouverte , et chez les Salpina et les J)i- nocharis , qui ont la cuirasse fermée avec des appen- dices ou cornicules chez ceux-là , ou sans appendices chez ceux-ci. Quatre autres genres présentent deux yeux au front; ce sont : le Monura , ayant un appen- dice terminal, ou pied , simple , en stylet ; le Colurus ayant cet appendice bifurqué et la cuirasse comprimée ou prismatique ; les Metopidia et Stephanops , ayant aussi l’appendice bifurqué , mais avec une cuirasse déprimée ou cylindrique, et qui diffèrent entre eux par la présence d’une lame saillante en chaperon chez celui-ci. Un dernier genre enfin , Squamella, estca- ractérisé par la présence de trois yeux et par l’appen- dice terminal bifurqué. La septième famille , celle des Philodinœa , qui ré- pond à notre famille des Rotifères , est divisée par M. Ehrenberg en sept genres, dont plusieurs sont établis sur des espèces qu’il n’a observées que très-im- parfaitement et avec un grossissement insuffisant pendant ses voyages : ce sont d’abord les trois genres Callidina, Hjdrias et Tjphlina , qui sont dépourvus d’yeux , et dont le premier seul a en avant un prolon- gement en forme de trompe, et en arrière, l’appendice terminal muni de cornicules ; des deux autres , drias se distingue par ses organes rotatoires pédiculés. Trois autres genres, ayant deux yeux frontaux, se DES INFUSOIRES. 605 distinguent par la forme et le nombre des appendices du prolongement postérieur. Ainsi , le Rotijhr a une paire de cornicules et deux doigts; \ ^ctinurus a un doigt de plus , et le Monolabis a deux doigts sans cor- nicules ; un dernier genre , Philodina , a deux yeux à la nuque. La huitième famille, Brachionæa^ ne comprend que quatre genres, dont le premier, NoteuSy caractérisé par l’absence totale d’yeux ; deux autres , Anurœa et Brachionus , ayant un œil à la nuque , se distinguent parce que l’un est dépourvu d’appendice postérieur, tandis que l’autre a le corps terminé par un appen- dice bifurqué ; le dernier genre enfin , Plerodina , a deux yeux frontaux. Cette classification de M. Ehrenberg , basée sur des caractères dont la valeur a été exagérée, et qui sont loin d’être constants, ne nous paraît pas propre à conduire sûrement l’observateur à la connaissance des espèces qu’il peut avoir sous les yeux ; car elle rompt plusieurs affinités naturelles , et répartit dans des genres différents , et souvent assez éloignés, des es- pèces qu’on aurait dû s’attendre à trouver rapprochées; c’est ainsi que les genres Lepadella , Metopidia , Ste- phaiiops Gt Squamella , qui different principalement par le nombre des yeux , nous paraissent devoir être réunis en un seul , dont les espèces sont susceptibles de variations notables suivant la saison et l’abondance de nourriture. De même, toute la famille des P/ii7o- dinea nous paraîtrait convenablement réduite à un seul ou à deux genres ; pour la même raison , nous pensons que le nombre des genres de la famille des IJydaLinœa devrait être considérablement réduit. Pour nous , tout en déclarant ([uc, dans l’état actuel COO IIISTOIRE NATURELLE de la science , nous ne possédons pas efa'côrè Ws élé- ments d’une classifîcaliô'n défînUîve pour les Sÿslôlld'es, voici quelles seraient les bases d’une classification provisoire que nous croyons pouvoir propÔsér. Parmi les Systolides , comprenant les Tardigrades , nous formons quatre grandes divisions : io ceux qui vivent fixes par l’extremité postérieure de leur corps ; céux qui n’ont qu’un seul mode ’de loco- motion àü moyen de leurs cils vibrcàtiles , et sont tou- jours nageurs ; 3“ ceux qtii ont deux modes de loco- motion , bt sont Wntôt ràmpànts à la manière dés sang’sués , et tantôt iiagèùrs comme les précédents ; 4“ ceux qui, dépbürviis de 'cils vlliratiles, mais pourvus d’ongles , sont véritablement marcKeiirs. Céè deux'dertiièiés divisions né comprennent qu’une seùle faniille cbacune ; c’est , pour les ÎSÿstolidés ram- pants , la fattiille dés Rotifèrcs , et pour les Systolides rriàrcheiir's la famille des TàrÈigrades. La prémière division , celle des Systolides fixés , contient au moins deux fataillés , sàvoit : les Floscülanêfis qui n’o'nt pas dé cils vibratiieS, et côns'êqùémment ne produisent jamilis de tourbilloiis dansl’eàu; et les 'MéXicertiens^ qui ontén avant, âütô’ùr (Té la bôücîie, une large ràe'm- brane en entonnoir o'û èn pavillon , bordée de cils vi- bratilés dont le nao’ùVement éxcife dê*s tourbillons dans l’éau , et produit oiélinaireïnent l’apparence d’une où de plusieurs roues dentées. Là deuxième division , celle des Systolides 'nageurs, est dé beaucoup la plus nombreuse, et doit former plusieurs familles dont nous ne jiôùvons indiquer que les principales. On doit d’abord former deux sections distinctes de ceux dont le tégument est totalement llexible et de céux dont le tégument est en partie so- DES INFUSOIRES. GÔ7 lide ou constitue une cuirasse. Ces derniers forment la l'amille des Brachionicfis et peut-être tjuelc[ues au- tres familles pour des types anomaux , comme les Polyarthres , les Ratules , etc. Les Systolides nageurs à tégument mou forment la famille des Furcularicns caractérisée par l’appendice bifide ou bifurqué qui ter- mine le corps en arrière. Parmi eux se trouve' aussi VAlbei’tiuj vivant parasite dans le corps des Lombrics eb des Limaces , et qui , en raison de sa queue conique non bifurquée , doit être le type d’une lamille dis- tincte, les yllbcrtiens. '9 G08 HISTOIRE NATURELLE LIVRE IV. DESCUII’TION MÉTHODIQUE DES SYSTOEIDES. ORDRE I. SYST01.1DES FIXÉS FAK UN FÉD1CÜI.E. F® Famille. FLOSCULARIENS. Animaux dépourvus de cils vibralils , à corps cam- panulé , contractile , amincêà la base en un long pédi- cule , par l’extrémité duquel ils sont fixés aux corps solides ; bouche munie de mandibules cornées. Les Flosculariens , comme les Mélicertiens , ont un certain rapport de forme avec, les Vorticelliens et les Stentors , et aussi avec les Campanulaires parmi les Polypiers ils vivent de même fixés aux herbes aquatiques , par un pédicule supportant un corps campanulé ou en entonnoir , dont le bord offre cinq ou six lobes terminés par des appendices ou des cils , mais sans aucun indice de. mouvement vibra- toire. Au fond de cette larije ouverture est située la bouche , munie d’un appareil mandibulaire engagé dans un bulbe charnu ou musculaire , agité d’un mouvement péristaltique, analogue à celui qu’on ob- serve chez les autres Systolides , mais bien moins Ifé- DES INFUSOIRES. G09 quent et moins régulier. On distingue à i’inlérieur leur intestin et leur ovaire contenant de très-gros œufs , quelquefois marqués de points rouges regardés comme des yeux par M. Ehrenberg; ce même auteur leur assigne un étui membraneux , mais ceux qui ont été observés en France manquent toujours de cet étui. On peut former dans cette famille deux genres dis- tincts : les Floscularia, dont les mandibules sont simples et dont les lobes marginaux sont courts et munis de longs cils rayonnants ; les Stephanoceros , dont les mandibules sont composées et dont les lobes marginaux sont très-longs et munis de cils courts. Les uns et les autres ont été observés dans les eaux douces pures, et peuvent se conserver assez longtemps et même se multiplier dans les vases où l'on conserve des herbes aquatiques. Genre FLOSCULAIRE. — Floscularia. An. en forme de massue fixée par son pédicule contrac- tile et annelé, ou en forme de coupe quand il s’épanouit , avec cinq lobes saillants ornés d’une houppe de longs cils , très-lentement contractiles, mais non vibra liles. — Mâ- choires crochues , courtes. J’ai observé les Flosculaires dans les eaux stagnantes ou peu agitées des environs de Paris et de la forêt de Fon- tainebleau, etplusréceinment dans le canal d’Ille-et-Rance , à Rennes. M. Oken , le premier, nomma ainsi des animaux qui avaient été aperçus antérieurement par Raker , et peut- être aussi par Eichhorn et Müller ; M. Ehrenberg les étu- dia avec plus de soin et reconnut leur affinité avec les Ro- tateurs ou Systolides ; mais cette affinité, au lieu de la fonder seulement sur la forme de l’appareil digestif et sur le mode de reproduction par des œufs gros et peu nombreux, il la veut 39 INFUSOIRES. HISTOIRE NATUREEEE 610 trouver dans le mode de division du limbe cilié qu’il assimile à l’organe rotateur des Lacinularia , quoique les cils n’cn soient point vibratiles. Cet auteur attribue à l’espèce qu’il a observée à Berlin, Floscularia ornata (1), une gaine dia- phane eylindrique , et un corps long de 0,25 , terminé par six lobes munis de cils. Les œufs sont, dit-il, longs de 0,047, et pom'vus de deux points rouges intérieurs qu’il nomme des yeux. Une deuxième espèce, qu’il a décrite plus tard sous le nom de Floscularia proboscidea {2), est également pourvue d’une gaine et de six lobes ciliés ; mais les cils" sont plus courts , et entre les lobes se trouve une trompe ciliée protrac- tile; l’animal est long de 1,50; le foui’reau a 0,75 et les œufs 0,094. M. Peltier a publié, en 1836 (3), la description d’une nouvelle espèce de Flosculaire, observée par lui dans l’eau des fossés du bois de Meudon : je lui suis redevable d’a- voir, pu étudier cette Flosculaire, qui est la même que j’ai trouvée plus tard dans l’eau des petites mares de F ontaine- bleau, où vivaient aussi des Tardigrades et des Branchipes parmi des Hypnum. Elle est bien réellement dépom-vue de gaine , et son bord porte seulement cinq tubercules ciliés; mais M. Peltier ne vit point ses mâchoires , et il se méprit siu la nature des œufs ; les cils, comme cet observateur l’a indiqué, n’éprouvent de déplacement que pai' suite de la contraction et de l’extension du limbe qu’il nonune la bouche , d’où résulte, dit-il, leur rapprochement en un fais- ceau droit , ou lem- épanouissement en un large cône. Quant à moi, j’ai vu ces cils s’épanouir en rayonnant autom* de l’extrémité globuleuse de chaque lobe qui en est hérissée ; (1) Floscularia ornata, Ehr. Mém. i83o-l833. — lufus. i838 , PI. XLVI, fig. 2. Floscularia hyacinihina , Oken, Naturg. m , p. 49i l8i5. (2) Floscularia proboscidea , Ehr. 1. c. fig. I. (3) Nouvelle espèce de Flosculaire ( Institut. i836, n® i83). — An- nales des Sciences nat. ï838 , t. jo , p. 4l , Pb 4. DES INFUSOIRES. Gll les mâchoires m’ont paru unidentées , et engagées dans un bulbe musculaire situé presque au fond de la vaste cavité campaniforme que présente l’animal dans son état d’épa- nouissement ; ce bulbe se contracte d’un mouvement péri- staltique en ouvrant et fermant alternativement les mâchoires comme chez les autre^Systolides. Les œufs, longs de 0,05, montrent un seul point rouge et non deux comme ceux qu’a représentés M. Elueuberg. Cette Flosculaire , que j’ai repré- sentée dans la PL XIX, fig. 7, a le coi-ps long de 0,07 et le pédicule long de 0,08 , ce qui fait 0,15 pom- la longueur totale ou même jusqu’à 0,20. Les Elosculaires que j’ai recueillies dans le canal d’Ille- et-Rance , au mois d’octobre 1840 , et qui se sont multipliées dans un bocal où je les conserve depuis quatre mois, sont également dépom'vues de gaine ; leurs mâchoires ont deux tlents bien distinctes de chaque côté, et leurs œufs, longs de 0,066, n’ont aucmi point rouge ; leur forme est d’ailleurs analogue à celle des précédentes; le nombre des lobes du limbe et la disposition des cils est aussi la même, mais le pédicule est ordinairement beaucoup plus long (0,32) et plus eliilé , et j’ai vu souvent un des lobes ciliés s’avancer au milieu en simulant une trompe protractile, ce qui m’a fait penser que la trompe de la Fl. proboscidea de M. Ehrenberg n’est peut-être pas autre chose. Le corps de cette Flosculaire est long de 0,10 à 0,15, et la longueur totale est de 0,47. En la comprimant avec précaution, j’ai vu cinq cordons indépen- dants, contractiles , assez réguhers , et qu’on doit pcut-ctie nommer des muscles, se prolonger dans toute la longueui- du pédicule et jusqu’à l’extrémité des lobes du limbe; des plis très-lins ou des fibres transverses qui paraissent faire le tour du corps, les croisent à des intervalles presque égaux. Dans le vestibule contractile qui précède la bouche et qui est bor- dé par une sorte de diaphragme, j’ai reconnu la présence de plusieurs lames ou filaments agités d’un mouvement vibra- tile ondulatoire qui , peut-être , contribue à faire arriver la proie jusqu’aux mâchoires qui la doivent saisir. J’ai quelque- 39. HISTOinE NATURELLE G12 fois distingué , dans l’inlérieur, des petits Infusoires empri- sonnés et près d’être dévorés. L’intestin est large, très-court, transversalement placé au fond du corps campaniforme et souvent rempli de matière colorée. L’ovaire , qui est à côté, contient quelquefois deux ou trois œufs presque mûrs. Genre STEPHANOCEROS. ,P1. XIX, fig. 8. M. Ehrenberg (1) a nommé ainsi un animal dont nous donnons la figure d’après lui , et qui avait été vu d’abord par Eichhorn (2); Müller l’avait pris pour une Tubulaire, et M. Goldfuss en avait fait le genre Coronella. Le Stépha- nocéros a comme la Flosculaire le corps campaniforme ou en calice , porté par un pédicule contractile ; mais les cinq lobes dont son limbe est armé sont allongés comme des ten- tacules et lui servent, comme les bras de l’Hydre, à saisir sa proie ; ils sont en outre garnis de cils courts verticillés. Un tube diaphane , qu’il a sécrété comme les Tubicolaires , lui sert de retraite quand il se conti-acte entièrement. La longueur totale du Stephanoceros est de 0,75; son œuf a 0,11 ; il n’a été trouvé jusqu’à présent que dans le nord de l’Allemagne, à Berlin, à Dantzig. IP Famille. ' MÉLIGERTIENS. ADîniaiîx à corps claviforme ou campaniforme, porté par un pédoncule charnu , extensible et con- tractile en se plissant transversalement , et isolé ou logé dans un tube; limbe supérieur plus ou moins étalé et bordé de cils rotatoires , souvent lobé. Bouche près du limbe, armée de mâchoires en étrier, à trois ou à plu- sieurs dents. (1) Stephanoceros Eichhornn , Elir. Infus. Pl. XLV , fig. 2. (2) Kronpiilyp. Eichliorn , Beylr. 1775, Pl. I , Cg. I. DES INFUSOIRES. 613 Les Mélicertiens , (ju’on trouve ordinairement fixés sur des herbes aquatiques, ne sont pas très-communs et se multiplient exclusivement dans certaines loca- lités; je n’en ai trouvé jusqu’à ce jour que trois es- pèces, savoir : une Ftyguva dans l’eau des étangs de Meudon, une Lacinulaire dans la Seine et une Mé- licerte dans l’Ille. Tous les anciens micrographes ont observé des animaux de cette famille qui , soit isolés , soit groupés en boules , soit nus , soit logés dans des tubes ou des fourreaux , sont assez volumineux pour être aperçus à l’œil nu , ou avec le secours d’une loupe de force moyenne; Pallas les réunit aux Brachions ; Eichhorn les nomma Polype-étoile {Sternpoljp) et Polype-fleur {Blumen-polyp) ; Müller les rapporta, soit aux Vorticelles parmi les Infusoires , soit aux Sabelles parmi les Vers. Schrank, qui le premier es- saya de les classer, en fit les genres Melicerta , Lira- nias et Lima. M. Dutrochet , qui en étudia plusieurs à Château-Renaud en Touraine, les décrivit comme des Rotifères de diverses espèces. Lamarck, d’après lui , en forma le genre Tubicolaire , en laissant , comme l’avait fait Müller , les espèces sans fourreau parmi les Vorticelles. Schweigger, de son côté, établit pour ces mêmes espèces le genre Lacinularia , que plus tard M-. Bory nomma Mégalotvoquc eu distinguant les individus moins développés sous les noms de Sj- nanthérine et Stentorine comme des genres parti- culiers. M. Ehrenberg , enfin , dans ses publications successives depuis i83o , a admis pour ces animaux les genres OEcistes, Conochilus , Megalotrocha, Tubicolaria^ Lirnnias , Lacinularia et Meliccrta., qu’il répartit dans ses quatre familles des Ichthydina , de OEcistina , des Megalotrochœa et des Floscularia, 614 HISTOIRE NATURELLE savoir : lo les Ptygura , dans la première famille , ca- ractérisée par l’absence d’une carapace et par la forme de l’organe rotatoire continu , sans échancrures : il les associe là avec les Chætonotes et avec un genre Gleno- phora qui paraît établi sur des individus jeunes. 2® Les OEcistes et Conochilus , dans la seconde famille , dis- tinguée de la première uniquement par la présence d’une enveloppe qui est une simple gelée diaphane pour celui-ci , et un tube plus distinct , mais sans con- sistance , pour celui-ci ; 3® les Megalotrocha , dans la troisième famille , caractérisée par l’absence d’une ca- rapace et par la forme de l’organe rotatoire échancré ou sinueux , laquelle famille contient en outre un genre Cyphonautes (i) , établi sur une espèce marine d’uiie forme très-singulière , n’ayant rien de commun avec les autres Systolides à en juger d’après la figure donnée par l’auteur, et un genre Microcodon (2) , que l’on doit rapporter préférablement à quelque autre fiimille d’après la forme de l’appendice postérieur , qui est plutôt une queue articulée, flexible, qu’un pé- dicule contractile ; 4® dans sa quatrième famille enfin, distinguée de la précédente par la présence d’une cui- rasse ou d’un étui , et offrant un organe rotatoire le plus souvent lobé ou fendu profondément , M. Ehren- berg place ses quatre autres genres avec les Stéphano- céros et les Flosculaires , qui n’ont cependant pas de véritable organe rotatoire , et qui donnent leur nom à cette famille des Flosculariées. Il distingue ces genres d’après l’absence ou la présence des yeux, au moins dans le jeune âge , et d’après le nombre des lobes de l’organe (1) Cyphonautes compressus , Ehr. Infus. i838 , Pl. XLIV , %. a. (2) Microcodon clavus , Ehr. 1. c. fig. i. DES INFUSOIRES. 615 rotatoire. Ainsi les Tubicolaires sont toujours privées eVyeux , tandis que les trois autres genres en montrent deux dans la jeunesse ; ses Limnias et ses Lacinulaires ont l’organe rotatoire bilobé , et diffèrent parce que les uns ont des étuis ou fourreaux coniques , isolés , tandis que ceux-ci ont une enveloppe commune qui n’est qu’une masse gélatineuse ; ses Mélicertes ont des étuis isolés comme les Limnias, mais en diffèrent par leur organe rotatoire à quatre lobes. Tous ces ani- maux , d’ailleurs , ont la même forme générale , sauf le plus ou moins d’extension du limbe cilié, qui est nommé l’organe rotatoire ; tous présentent une paire de mâ- choires presque en forme d’étrier , composées d’un arc traversé par une barre sur laquelle s’appuient par l’ex- trémité libre trois dents parallèles partant de la cour- bure de l’étrier qui est engagé dans le bulbe charnu, (M. Ehrenberg nomme Lochogomphia les animaux pourvus de cette sorte de mâchoires). Nous pensons donc que toutes ces distinctions de genres et de fa- milles , basées soit sur la présence des points rouges pris pour des yeux , soit sur la présence de l’enveloppe qui paraît être le résultat d’une sécrétion plus ou moins abondante , et susceptible même de disparaître comme chez les Flospulaires , nous pensons que ces distinc- tions sont peu importantes , et que tous ces animaux doivent former une seule famille , divisée seulement en quatre genres d’après le mode de développement du limbe et d’après la nature du fourreau , quand ce fourreau existe. Un premier genre , Ptygure , est ca- ractérisé par le peu d’ampleur du limbe bordé de cils courts , et n’offrant pas l’apparence de roues en mou- vement ; un deuxième genre, Lacinulaire , montrant au contraire un limbe largement étalé , échancré d’un HISTOIRE NATURELLE 616 seul fcôté , et bordé de cils assez lonjfs qui offrent bien distinctement l’apparence d’un mouvement rota- toire. Les espèces de ces deux genres sont libres , acci- dentellement peut-être , ou engagées dans une sécré- tion gélatineuse. Les deux derniers genres ont le limbe divisé en lobes comme une corolle de fleur. Ils se distinguent par la nature du tube , qui est mem- braneux , transparent chez les Tubicolaires , et in- crusté de matière terreuse colorée , opaque , chez les Mélicertes. C’est du nom de ce dernier genre que nous avons formé le nom de la famille , parce qu’il n’implique pas une définition basée sur un canictère qui ne serait pas commun à tous les genres. Les Mélicertiens ont été jusqu’à présent observés seulement dans les eaux douces, sur les plantes habi- tuellement submergées. L® Genre. PTYGURE. — Ptygura. — PI. XIX, fig. 6. An. à corps campanule oblong , porté par un pédicule plus ou moins épais, nus ou logés dans une enveloppe géla- tineuse ; limbe cilié , arrondi , peu développé et dépassant à peine le diamètre du corps. Nous réunissons dans ce genre les ti'ois espèces dont M. Ehrenberg a fait ses trois genres Ptygura (1), OEcistes (2) et Conochilus (3) , car ils n’offrent guère d’autre différence importante que la présence de l’enveloppe gélatineuse qui forme un tube allongé souillé de matières terreuses et isolé pour chaque individu deV QE cistes que nous appellerions Pty- gura crystallina, tandis que les individus du Conochilus sont (0 Ptygura melicerta , Ehr. i838 , Infus. Pl. XLIII, fig. 1. (2) OEcistes hyalinus , Ehr. 1. c. fig. (3) Conochilus volvox , Ehr. l. c. fig. 8. DES INFUSOIRES. 617 réunis en amas globuleux et ont leurs pédicules engagés dans ime masse gélatineuse commune , qui provient de la sécré- tion de tous les individus. Ce*dernier, qu’on peut nommer Plygura volvox, est d’ailleurs distingué par deux points oculiformes rouges et par deux appendices charnus en forme de tentacules saillants en avant; sa^longueur est de 0,45, et il forme des masses globuleuses de 3,3 ; ses œufs ont 0,062 : M. Ehrenberg l’a observé à Berlin. L’OEcistes de cet auteur n’a également été vu qu’à Berlin; il est long de 0,78 ; son œuf a 0,11 et présente deux points rouges qui disparaissent dans l’animal adulte. La Ptygure mélicerte (Pt. melicerta , Elir. ) est dépourvue d’enveloppe gélatineuse et de points rouges , mais cela peut bien tenir à son état de développe- ment. M. Ehrenberg lui assigne une longueur de 0,19, et des œufs longs de 0,037 à 0,046 ; j’ai trouvé dans l’eau des étangs de Meudon , conservée avec des Spongillcs , une espèce que je crois être la même; j’en donne la figure dans la PI. XIX (fig. 6) , elle est longue de 0,30. 2” Genre. LACINULAIRE. — Lacinularia. — PL XIV , fig. 14. An. à corps en massue ou en entonnoir à bord très-large, étalé et échancrc d’un côté ou réni forme ; munis d’un pédi- cule très-long et très-contractile , nus ou engagés dans une masse gélatineuse , mais ordinairement réunis en houppes arrondies. Les animaux de ce genre , vus par presque tous les anciens micrographes, ont été réunis, par Müller, à ses Vorticellcs sous le nom de f^orticella socialis (1) et P', flosculosa ; les auteurs qui en ont parlé après lui leur ont donné diverses dé- nominations ; nous adoptons celle de Schweigger, sans vou- Rœsel, 1ns. Belust. iii, p. 585 , Fl. XCIV, Ledermüllcr , Microsc. Pl. 88 , fig. f. g. HISTOIRE NATURELLE 618 loir admettre la nécessité d’un auti-e fjenre Megalolrocha (1) pour les individus qui ne sont point engagés dans une masse gélatineuse commune , lesquels sont tellement semblables d’ailleurs à ceux qui montrent cette sécrétion gélatineuse , qu’on serait tenté d’en faire une seule espèce. Les uns et les auti’es ont dans le jeune âge deux points rouges qui disparais- sent ordinairement plus tard ; leur longuem* est de 0,75, et ils forment sur les feuilles des Cératopbylles , des amas globu- leux blanchâtres , que MüUer compare à des nids de petites Araignées , et qui ont souvent plus de k mil. de largeur ; leurs œufs ont 0,06. On trouve souvent ces animaux dans la Seine ; ils ont été observés aussi dans beaucoup de lieux en Allemagne et en Danemark. 3® Genre. TUBICOLAIRE. — Tubicolaria. An. à corps en massue , tronqué au sommet et bordé par un limbe cilié fortement sinueux ou à lobes bien distincts , muni d’un pédicule très-long, et logé dans un fourreau gé- latineux diaphane. Le genre créé d’abord sous ce nom par Lamarck a dû être réduit par l’établissement du genre Mélicerte pom' ne ren- fermer qu’une seule espèce observée d’abord par M. Duti o- Hydra socinlis et H. stentorin , Linn. Syst. n.it. ed. X et XII. Brachionus socialis , P.nllas , Elencli. zooph. p. 96. P^orticella socialis , Millier , Jnf. Pl. XLIII , f. i3-l5 , p. 3o4i et Vorticella Jlosculosa , Millier , 1. c. f. 16-20. Linza Jlosculosa , Schranck , Faun. boic. Iii , 2 , p. Si-j- Lacinularia Jlosculosa , Schweigger , nalurg. p. 4°^ > 1^20- Megalolrocha socialis. • — Stentorinn Rœselii ethiloba. — Synanthe- rina socialis , Bory , Encycl. 1324. Megalolrocha socialis , Hemp. et Ehr. 1828. (i) Megalolrocha alba, Hemp. et Ehr. 1828. — Ehr. i8oO-i83i. Megalolrocha Jlavicans , Ehr. l83o , Infus. Pl. XLIV , fig. 3. La plupart des Synonymes rapportés ci-dessus se rapportent aussi a cette espèce qui n’a point été distinguée de celle-là par les auteurs avant M. Ehrenberg (i838). ^ BES INFUSOIRES. ' ' 619 chet, qui la nomma Rotifer albivestitus (1). M. EhrQnbcrg, qui l’avait d’abord (1831) nommée Lacinularîa melicerta, la nomme aujourd’hui Tubicolaria najas (2) ; sa longueur est de 0,75, ses œufs ont 0,06. 4' Genre. iVIÉLICERTE. — «certo. —PI. XIV, fig. 13. An. à corps en massue ou en entonnoir allongé', terminé supérieurement par un limbe qui s’épanouit en deux ou quatre lobes distincts , souvent bien réguliers , et logé dans un fourreau un peu conique incrusté de matières terreuses qui le rendent opaque et cassant , ou formé de grains uni- formes qui sont les excréments. Nous réunissons soYisce nom les Mélicertes et les Limnias de Scbranck et de M. Ehrenberg, dont la distinction est fondée uniquement sur le nombre des lobes du limbe ; ce sont toutefois deux espèces bien distinctes , non-seulement d’après ce caractère, mais aussi à cause de la structure du fourreau, qui est formé de grains régulièrement disposés dans l’espèce à quatre lobes que nous appellerons Melicerlaringens, d’après Schrank , tandis que pour la Mélicerte à deux lobes ce four- reau, d’abord blanchâtre , et coloré en brun plus tard, est simplement foi’mé de matière terreuse , amorphe ou sans gi'ains réguüers. Ces fourreaux ^ longs de 0,75 à 1,25, sont bien visibles à l’œil nu , et les feuilles des Çératophylles et des ]\IyriophyIles en sont quelquefois hérissées ; l’animal ne montre au dehors que les lobes diaphanes de son hmbe cilié qui offre edors l’apparence de deux ou quatre roues en mou- vement ; pour peu que le liquide soit ébranlé, la Méhcerte se retire dans son fourreau et y reste quelquefois assez long- temps sans oser se montrer de nouveau. La Méheerte à (1) Rotifer albivestitus, Dutrochet, Annales du Mus. tome XIX, p. 375, PI. XVIII, %. 9-10. (2) Tubicolaria najas, Ehr. Infus. i838, Pl. XLV , %. i. 620 HISTOIRE NA-TUREIiLE quatre lobes {\) {Melicerla ringens) a été observée en Hol- lande, en Allemagne, en Franee, en Italie, et vraisem- blablement aussi en Angleterre ; elle est ordinairemept d’un tiers au moins plus grande que l’autre; e’estellc qucM. Du- troebet nomma Rotifer quadricircularis ; elle se trouve très- abondamment dans les rivières et les eanaux à Rennes. La Mélicerte à deux lobes (2) {Blelicerta biloba)^ qui est le genre Ztmm'as Sclirank, et que M. Dutrochet avait nommée Roli- fer confervicola , a également été observée en plusieurs lieux de France , d’Allemagne, d’Ftalie et d’Angleterre. Les deux espèces sont ordinairement pourvues de deux points rouges oculiformes dans le jeune âge. (1) Melicertn ringens , Schrank , Faun, boic. ill , 2 , p. 3lO. — Ehr. Infus. i838 , PI. XLVI , fig. 3. — Leeuwenhoek, Epist. pliys. VII, p. 64. — Phil. trans. tomes 14 et 28. — Baker, Micr. made easy, p. gi, Pl. VIII, fig. 4-5. — Brachionus , Hill. Serpula ringens, Linn. Syst. nat. X et Sabella ringens, syst. nat, XII, ire éd. Brachionus tubifer , Pallas, Elench. zooph. p. 91. Botifer quadricircularis, Dutrochet, Ann. Mus. XIX, p. 355, P1.,XVI1I , fig. 1-8 et tome XX. Tubicolaria quadriloba , Lamarck , Ânim. sans yert. Il , p. 53. Tubicolaria tetrapetala , Cuvier, Règn. anim. 2® éd. tome III , p. 335. Melicertn , Goldfuss Zool. — Schweigger , natur. 1820- Tubicolaria quadriloba , Bory , 1824, Encycl., et l83o , dict. class. (2) Liinnias ceralophylli , Schrank , 1. c. p. 3ii. — Ehrenb.Inf. i838 , Pl. XLVI, fig. 4. Melicerta biloba , Ehr. 2® mém. i83l , p. 126. DES INFUSOIRES. G21 . ORDRE IL SYSTOX.XDES NTAGEURS. Section. — CUIRASSÉS. HP FAMILLE. BRACHIONIENS. Animaux de forme variable ; ïes uns presque orbi- culaires déprimés, les autres ovoïdes ou presque cylin- driques ou comprimés, mais dont la longueur ne dé- passe jamais le double de la largeur; revêtus d’une cuirasse membraneuse d’une ou de deux pièces , sou- vent munis de pointes saillantes ou d’appendices fixes ou mobiles , et qui ne changent pas de forme quand ils se contractent. — Bouche munie de mâchoires et pré- cédée par un vestibule dont les parois ciliées se pro- longent plus ou moins en lobes garnis de cils vibra- tiles offrant l’apparence de roues dentées en mouve- ment. — Les uns sans queue , les autres munis d’une queue simple ou bifurquée. La famille des Brachioniens correspond assez exac- tement au genre Brachion de Müller , qui dillère beaucoup du genre établi précédemment sous celte même dénomination par Hill et par Pallas , et que ca- ractérise aussi la cuirasse. M. Bory divisa les Bra- cbioniens de Müller en douze genres répartis dans les familles des Brachionides , des Gymnostomes et des Citliaroïdes , formant son ordre des Crustodés. M. Ehrenbe rg en a également fait deux familles , HISTOIRE NATURELLE 622 mais conçues d’une tout autre manière ; et d’abord , comme nous l’avons dit plus haut , il a placé les fa- milles de Systolides cuirassés parallèlement aux fa- milles de Systolides nus ; mais , de plus , il a placé parmi ces derniers , dans la famille des Hydatinœa , les Polyarthres et les Triarthres , c[ue nous croyons devoir rapprocher des Brachioniens , tout en recon- naissant qu’ils pourraient former une famille à part dans la section des Cuirassés. Les familles des Euch- lanidota et des Brachionœa , dans lesquelles M. Eh- renberg comprend les Brachions de Müller , sont dis- tinguées, suivant lui, par la forme de l’organe rotatoire qui est multiple , ou plus que biparti , dans l’une , et divisé en deux roues simples dans l’autre. Il est bien vrai que certains de ces animaux ont les lobes ciliés bien plus distincts ; mais le plus grand nombre, même parmi ses Euchlûnidota , montrent des lobes symétri- ques garnis de cils vibratiles, et l’on ne peut admettre d’une manière absolue la division de l’appareil cilié en deux organes rotatoires, comme cela devrait être exclu- sivement chez les Zygotrocha AeM.. Ehrenberg. Nous pensons bien d’ailleurs que la forme de la cuirasse et des divers appendices peut fournir un caractère assez important pour la distinction des genres , mais insuf- fisant pour des familles. La forme des mâchoires nous semblerait pouvoir être plus convenablement em- ployée à cet effet , concurremment avec les caractères tirés soit de la forme générale , soit de la structure de la queue ou de l’absence de cet organe : ainsi , le genre Pterodma , que M. Ehrenberg a placé parmi ses jSi’acAioiicea , pourrait, ainsi que les Polyarthres, être pris pour type d’une famille particulière ; peut-être aussi le genre Ratule mériterait-il d’être séparé des DES INFUSOIRES. 623 autres Brachioniens, qu’il serait alors bien plus facile de caractériser. Mais, comme nous l’avons dit déjà , notre but n’a pu être que d’esquisser ici l’histoire des Brachioniens , et nous attendons de nouvelles obser- vations pour aller au delà. Nous en formons dix genres , en commençant par la Ptérodine , que la forme de ses mâchoires , semblables à celles des Mélicertiens , que sa queue en forme de trompe , et sa cuirasse en forme d’écaille ronde , sépa- rent de tous les autres ; et en terminant par le Ratule , que rend si remarquable sa queue en long stylet sim- ple , et par la Polyarthre , que ses appendices mobiles en forme de plumes distinguent aussi de tout le reste. Les Brachioniens , dont les appendices ciliés , rota- toires , sont en forme de lobes distincts , arrondis comme deux roues , forment les genres Anourelle et Brachion , l’un dépourvu de queue , l’autre au con- traire ayant une queue articulée et terminée par deux Stylets ou deux doigts. Ces deux genres ont leur cui- rasse d’une seule pièce encapsule, plutôt déprimée que comprimée; il en est de même du genre Lépadelle, qui diffère des Bracbions parce que ses appendices ciliés sont moins saillants et présentent moins distinctement l’apparence de deux roues ; ses mâchoires ont aussi une forme différente. Un genre que nous plaçons avec doute à côté des Lépadelles à cause de sa forme gé- nérale , est l’Euchlanis, dont la queue se termine par deux stylets subulés, et dont la cuirasse est moins ré- sistante ou plus flexible que celle des Lépadelles. Un autre groupe des Brachioniens se distingue par la forme comprimée de la cuirasse qui est ou paraît être bivalve; on en fait les trois genres Dinocliaris , Salpine et Co-, lurelle , dont le premier est caractérisé par sa cuirasse HISTOIRE NATURELLE ■I G2/|. plus molle et par sa queue ayant plus de deux paires de doigts ou d’appendices ; le second a la cuirasse pris- matique, prolongée en pointes aux extrémités; et le dernier enfin a la cuirasse bivalve presque comme celle des Gypris , des mâchoires en crochet , et un appen- dice en crochet saillant en avant de la bouche. Ces dix genres représentent dix-sept genres de M. Ehrenberg qui, comme nous l’avons déjà répété, a souvent basé ses distinctions génériques sur la ])ré- sence et sur le nombre des points rouges oculiformes. Genre. PTÉRODINE. — Pterodina. — PI. XVIII , fig. 4. An. à carapace arrondie ou ovale en forme d’écaille mince , sous laquelle se retire entièrement le corps. Bouche armée de mandibules en étrier, précédée d’un appareil cilié , dont les deux lobes arrondis dépassent le bord de la carapace. — Queue en forme de trompe cylindrique , transversalement ridée, implantée sous le milieu du corps,, et munie de cils vibratiles à l’extrémité. La singulière ressemblance de sa queue avec une trompe qui s’agite et se porte de différents côtés fit donner à cet animal, par M. Bory, le nom de Proboskidie, que nous au- rions adopté comme plus ancien si la dénomination imposée plus tard par M. Ehrenberg n’avait l’avantage d’être plus simple et de ne pas renfermer une notion fausse. La forme de sa carapace fit nommer , par Millier , Brachionus pa- tina l’espèce type , et Brachionus clypeatus une seconde es- pèce , dont M.' Bory à cru devoir faire un second genre Testudinelle dont le nom est également significatif. Les Ptérodines se trouvent dans les eaux douces limpides entre les herbes, où on les voit à l’œil nu comme des points blanchâtres nageant assez lentement. Miillcr en indique la DES INFUSOIRES, G25 iT cspèco comme vivant dans l’eau de mer. L’espèce la plus commune, la Ptérodine patène {l){Plerodina patina), est de- mi-transparente , longue de 0,22 ; sa carapace très-mince est orbiculaire, diaphane sur les bords, avec une petite entaille en avant ; entre les deux organes ciliés rotatoires , vers le milieu des lobes ciliés se voient deux points rouges oculi- formes, et de chaque côté deux cordons tantôt sinueux, tan- tôt obliquement tendus, qui sont peut-être des muscles. Une deuxième espèce , la PL elliptique (2) [Pt. elliptica), a été dé- crite pai- M. Ehrenberg, comme synonyme de la Pro6os/adie patène de M, Bory. Elle diffère de la précédente par sa carapace elliptique sans entaille en avant ; ses points oculi- fonnes sont écartés. Une troisième espèce enfin , la Pt. à bouclier [3) (Pt. clypcata), de même grandeur que les précé- dentes, en diffère par sa carapace encore plus oblongue et plus courte (0,19) que le corps, de sorte que son front est saillant entre les organes rotatoires , ses points oculiformes sont beaucoup moins écartés. M. Bory a décrit dans l’encyclopédie (1824), sous le nom de Testudinelle argule, une autre espèce dont lui seul a parlé et qui , dit-il , a-près d’une ligne de diamètre , ce qui en ferait le plus grand des Systolides , si c’était réellement un animal de cette classe. « Sa cai'apace est discoïde , l’ou- verture buccale est garnie en dessous de deux dentelures pointues entre lesquelles vibrent les cils ; la queue est très- distinctement annelée.'» Cette espèce, d’ailleurs, ainsi que la précédente, doit, suivant M. Bory , n’avoir en avant qu’un (1) Brachionus patina , Midi. Inf. Pl. XLVIII, lîg. 6-io, p. SSj, Pterodina patina , Ehr. Infiis. Pl. LXIV , fig. ij. (2) Pterodina elliptica , 'Ehr. 1. c. fig. 5. — Proboskidia patina ? Bory , 1824 ) Encycl. zooph. p. 657. (3) Brachionus clypeatus , Midi. Infus. Pl. XLVIII, fig. II-l4> p. 339. Testudinella clypeata , Bory , 18241 Encycl. zooph. p. 738. Pterodina clypcata, Ehr. Infus. Pl. LXIV , fig. G, INFUSOIRES. 40 HISTOIRE NATURELLE G2G faisceau de cils vibratilcs, et non deux organes rotatoires en cornet; c’est là ce qui , pour cet auteur, distingue les Tcsludinelles des Proboskidics. 2® Genre. ANOURELLE. — Anourella. An. à carapace en forme d’utricule déprimée , ou de sac denté en avant et largement ouvert pour laisser sortir les organes rotatoires, qui sont ordinairement bien développés en deux lobes arrondis , et accompagnés de soies ou de cils non vibratiles , en plusieurs faisceaux. — Point de queue. — Mâchoires digitées ; un point rouge oculiforme au-dessus des mâchoires. — OEuf volumineux souvent ad- hérent à la mère. Les Anoui’elles ne diffèrent des Brachions que par l’ab- sence d’une^ueue ; elles ont été d’abord distinguées conune genre par M. Bory qui, d’après leur forme, en fit le type de sa famille des Citharoïdes en leur donnant ce nom que M. Ehrenberg a voulu changer en Anurœa. On les trouve presque toutes dans les eaux douces pures ; j’en ai rencontré abondamment une espèce dans la Seine , au mois d’août, pai'mi les Potamogetons. Müller a décrit parmi ses Bra- chions quatre ou cinq espèces d’Anourelles dont l’une, Bra- chionus pala (1) , décrite par lui comme dépom-vue de queue et indiquée d’abord (1830-1831) conune tme Anurœa par M. Ehrenberg, a été reportée plus tard pai- cet auteur dans le genre Brachion, comme ayant réellement une queue; c’est une des plus grosses espèces; sa longueur totale est de (l) Grenades aquatiques, Joblot, Micr. 1718, Pl. IX, fig. 4- — Brachionus tertius , Hill. Brachiouus calycijlorus , Pallas , El. zooph. p. g3. — Brachionus pala, Mûll. Inf. PI. XLVIII, f. i-2, p. 355. Anourella cithara , Bory, Encycl. zooph. p. 54o. Anurcea pala, Ehr. x83o. — Brachionus pala , Ehr. Inf. Pl. LXIII , fig. I. DES INFUSOinES. 627 0,75, et la carapace seule a 0,56. Un autre espèce de Müller, Brachionus quadratus (1) , caractérisée par deux longues épines en arrière , a formé le genre Kératelle de M. Bdry. Sa cuirasse est caia-ée comme l’indique son nom ; elle a én avant six pointes saillantes dont les deux moyennes sont les plus longues ; sa longueur totale est de 0,28, ou de 0,1 8 sans les épines postérieures. Une troisième espèce, Brach^nùs bipalium (2), n’a été vue que par Müller; sa cuirasse lisse, oblongue , repliée sur les bords et arrondie en arrière , pré- sente en avant dix pointes ou dentelures dont quatre à cha- que face, dorsale ou ventrale, et deux latérales ; elle est lon- gye de 0,22. En outre de ces espèees, M. Ehrenberg compte 12 espèces d’Anourelles; il les divise en deux sections, suivant qü’clles ont ou n’ont pas d’épines en arrière ; parmi celles sans épi- nes postérieures sont : 1® V Anourelle écaille (3) {An. sqüa- mwia), longue de 0,12 et large de 0,10, arrondie en arrière, tronquée en avant avec six pointes dont quatre latérales et deux dorsales ; elle vit dans les marais parmi les lentilles d’eau; 2“ VAnourclle rayée (4) {An. striata), ovale tronquée en avant avec six dentelures dont deux latérales , et quatre (1) Brachionus quadratus , Miill. Inf. PI. XLIX , fig. l2-l3. Keratella quadrata , Bory , 1824 . Encycl. zooph. p. 469- Anuræa aculeata ,Ehr. Inf. ^1. LXII , lîg. 14. (2) Brachionus bipalium , Müll. lufus. PI. XLVIII , fig. 3-5, p. 336. Anourella pandurina , Bory , Encycl. zooph. Il , p. 54o. — Encycl. PI. 27 , fig. 10-12. Brachionus bipalium , Lamarck, An. sans vert, 2' éd. t. 11 , p. 35. (3) Brachionus squamula , Mûll. Inf- Pl. XLVII , fig. 4"7 > P- 534> Vaginaria squamula, Schrank , Faun. boic. III, 2 , p. 1(^1. Anourella luth , Bory , Encycl. zooph. p. 54o. Anuræa squamula , Ehr. l83G, Infus. Pl. LXII , fig. 3. (4) Brachionus striatus , Müller, Infus. Pl. XLVII , fig. 1-3, p. 332. — Lamarck, An. sans vert. 2* éd. t. il , p. 35. — Encycl. mélh. Pl. 27 , fig. 1-3. Anourella lyra , Bory , Encycl. zooph. p. 54o. (5) Brachionus striatus, deBlainville , Man. d'actin. Pl. 9, fig. 3. Anuræa striata , Ehr, Méiu. l83i. >->' Infus. j838 , PI. LXII , fig. 7. 40. HISTOIRE NA.TUr,EELE G28 dorsales ; elle est longue de 0,22 , marquée de 12 stries lon- gitudinales} Millier l’a observée dans l’eau de mer; M. Eh- renberg la regarde comme identique avec celle qu’il a trou- vée dans les eaux douces à Berlin. Quatre autres espèces, Al quadridenlata (Ehr. loc. cit. lig. 2) ; A. falculata {Ehr. loc. cit. fig. 4) ; A. curvicornis (Ehr. loc. cit. fig. 5) , et A. birentis (Ehr. loc. cit. fig. 6) ; dont la première, connue par sa carapace seulement, est in- diquée avec doute , et la dernière est marine , sont décrites par M. Ehrenberg comme appartenant à la division des Anourelles sans épines postérieures ; la première, longue de 0,12, a quatre pointes ou cornes en avant de sa cumasse, qui est réticulée; la deuxième, longue de 0,18, oblongue, a six pointes ou cornes en avant, dont les deux moyennes, plus lon- gues , sont courbées en faucille ; sa cuirasse est granulée , rude ; la troisième , longue de 0,12, et large de 0,10, arron- die en arrière et tronquée en avant , où sa cuirasse réticulée est armée de six pointes ou cornes. U A. biremis est ainsi nommée à cause de deux pointes latérales mobiles ; elle est oblongue , bien plus étroite que les précédentes , longue de 0,18, lisse avec quatre pointes en avant. Dans la division des Anourelles armées d’épines ou de prolongements de la cara- pace en arrière , se trouvent VA. quadrata ou Brachionus quadratus de Müller, dont nous avons déjà parlé , et deux autres espèces indiquées par Müller dans le Naturforscher (IX, p. 212-213) , VA. foliacea{\) , et VA. stipitata (2), dont la cuirasse , armée de dix pointes en avant, est prolongée pos lérieurement en une seule pointe ; l’une, dont la carapace est plus longue, élargie dans le tiers postérieur, et rayée, est longue de 0,15; l’autre, un peu plus petite et proportionnel- lement plus courte, a la carapace lisse. Deux autres espèces. {l) Anurœn foLiacea , Ehr. Infus. Pl. LXII , fig. 10. 'iginaria musculus , Oken , nat. iii , p. Anurœa stipitaia , Ehr. Infus. 1. c. lig. il. f^aginaria cuneus , Schrank. — Oken , naturg. III , p. 48. DES INFUSOIRES. 629 A. inermis (Ehr. loc. cit. fig. S), et A. acuminala (Ehr. loc. cil. fig. 9) , ont la cuirasse allongée , rétrécie et tronquée en arrière, striée longitudinalement; celle-ci, longue de 0,22, est armée en avant de six pointes longues aigues ; celle-là , longue de 0,18, a sa cuirasse plus molle, flexible et bordée en avant par quatre dentelures très-peu saillantes. Trois autres espèces, A. testudo (Ehr. loc. cit. fig 12) , A. serrulala (Ehr. loc. cit. fig. 13),et^. valga (Ehr. loc. cit. fig. 15), ont la cuirasse presque carrée , élégamment réticulée et granuleuse , et armée de six épines en avant et de deux en arrière, comme VA. quadrata dont elles ne sont peut-être que des variétés. S** Genre. BRACIIION. — Brachioms. — Fl. XXI, fig. 2. An. à carapace en forme d’utricule déprimée ou de four- reau court , dentée en avant et largement ouverte , pour laisser sortir les lobes ciliés de l’appareil rotatoire ; sou- vent dentée ou armée de pointes en arrière , et également ouverte pour le passage d’une queue articulée que termine une paire de doigts ou stylets articulés. — Mâchoires digi- tées ; un point rouge oculiforme presque toujours visible au-dessus des mâchoires. — OEuf volumineux porté long- temps par l’animal à la base de la queue. Les Brachions, comme nous l’avons déjà dit, ne diffèrent des Anourelles que par la présenee d’une queue. On en trouve un grand nombre dans les eaux douces et dans l’eau de mer, entre les herbes; et eomme ils sont presque tous assez volu- mineux pour êti'e distingués à la" vue simple, ils ont dû être vus par tous les micrograpbes ; Hill les prit pour type de son genre Brachionus , que Pallas adopta en le gâtant , et que Müller a rétabli en y comprenant seulement tous nos Braebioniens. M. Ehrenberg, attribuant à la présence du point rouge oculiforme mic trop grande importance, a séparé des Brachions, pour en faire son genre Noteus, imc HISTOIRE NATÜRELLE 630 seule espèce ^iV. q'^adricornis (Ehv. loc. cil. PI. LXII,fig. 1), longue de 0,22 à 0,37 , à caparace presque circulaire élégam- ment réticulée et granulée , portant quatre pointes en avant et deux pointes en arrière , et qui aurait pour caractère gé- nérique l’absence du point rouge. Ce même auteur, comme nous rivons dit, rangç parmi ses Brachioiis, le B. bipalium que, d’après la description de Müller , M. Bory a nommé Anouplle ; il compte en outre huit espèces de vrais Bracliions dont trois ou quatre ont été vus par Müller, savoir : 1® Le Br. urçeolaris (1) (voyez PI. XXI, fig. 2)dontla carapace lisse, arrondie en arrière, loügue de 0,22 à 0,28, présente en avant six”' dentelures larges et peu saillantes ; sa longueur totale, avec lés appendices ciliés rotatoires, est de 0,28 à 0,37. loutre ses lobes ciliés, qui s^ont très-développés, il a des cils droits non vibratiles; c’est l’espèce la plus commune ; je l’ai tpuyçe constamment dans l’eau des tonneaux du Jardin dp Plantes , à Paris, et surtout dans celle qui baigne les plaaites aquatiques de l’école de botanique. Scs œufs ont 0,10 ^ 0,12. 2“ Le Br. rubens (Ebr. loc. cit. fig. 4) qui n’est pro- balp^nient qu’une variété du précédent avec lequel Pallas et Boulier l’ont confondu ; il s’en distingue, suivant M. Eli- renberg, par sa couleui' rougeâtre, par ses dimensions plus considérables et par les dents de la carapace plus pronoii- cées et plus aiguës. 3° Le Br. Bakcri (2), long de 0,22 à 0,44, et dont la carapace, longue de 0,12, est rude et granuleuse, réticulée au milieu, avec six pointes en avant, dont les deux (1) Brachiotms capsulijlorus , a. Pallas, El. zooph. p. 91 — Dra- chionus quartus Brachionus urçeolaris, Müller, Inf. Pi. L , fig. 1^-21, p. 356. Brachionus urçeolaris , Ehr. Inf. i838, Pl. LXIII, f. 3. (2) Brachionus capsulijlorus , yS. Pallas, 1. c. . Braçjiionus quadridentus , Hermann. — Br. quadricornis cthicornis, Schrank. li ■ Brachionus Bakeri, Müller, Inf. Pl. XLVII , fig. i3. Brachionus octodentatus , Bory, Encycl. zooph. Noteus Bakeri, Ehr.^Mém. i83o-i83i, Brachionus Bakeri, Ehr. Infus. l838, Pl. LXIV, fig. i. DES INFUSOIRES. 631 moyennes plus longues et courbées, deux longues épines latérales en arrière, et un prolongement bifide au-dessus de la queue. 4« Le Br. polyacanthus (Ehr. loc. cit. PI. LXIV , lig. 2) , long de 0,22 à 0,28, et dont la carapace lisse a quatre cornes allongées en avant, deux médianes et deux latérales, et cinq épines postérieures dorsales , dont les extérieures sont très-longues. 5“ Une auti-e espèce, Br. amphiceros (Elir. loc. cit. PI. LXIII fig. 2), décrite par Joblot sous le nom de Grenade aquatique, couronnée et barbue (Jobl. PI. IX , fig. 4). Toutes ces espèces vivent dans les^aux douces, ainsi que les Br. brevispinus (Ehr. loc. cit. fig. 6) , et Br. mili- taris (Ehr. loc. cit. PI. LXIV, fig. 3), dont l’un est long de 0,44 avec une carapace arrondieayant en avant six dentelures très-peu marquées, et en arrière une échancrure entre deux pointes courtes; et dont le dernier, long de 0,22, est remar- quable par le nombre des épines dont est armée sa cara- pace granuleuse , rude ; en effet, on en compte dix à douze en avant , et en arrière il y en a quati'e dont les latérales sont les plus longues. Une seule espèce, Br. Mülleri (Ehr. loc. cit. PL LXIII, fig. 5) est décrite par M. Ehrenberg comme vivant dans l’eau de la mer Baltique ; sa longueur est de 0,44 , et sa carapace lisse, festonnée, à six dentelures obtuses en avant , et un peu échancrée au-dessus de la queue en arrière , est longue de 0,38. 4“ Genre. LÈPAmUÆ.—Lepadella.—Pl. XXI, fig. 4-5. An. à cuirasse solide , ovale , déprimée ou lentieulaire , convexe en dessus , presque plane en dessous , ouverte et plus ou moins échancrée aux deux extrémités, pour le pas- sage de l’appareil cilié , qui est ordinairement surmonté . d’une écaille diaphane recourbée en avant, et pour le pas- sage d’une queue triarticulée terminée par deux stylets en arrière. — Mâchoires élargies, avec deux ou trois dents peu marquées. — Avec ou sans points oculiformes disposes par paires. HISTOIRE NATURELLE 632 Les LépadcUcs , irès-coinniunes dans les eaux douces , slagnanlcs, et dans les eaux consei’vées longtemps, ont été comprises parmi les Brachions par Müller. M. Bory les en distingua d’après leur forme et d’après la disposition de'J’ap- pareil cilié, plus ou moins lobé, et qui n’olfre jamais l’appa- rence de roues , comme celui des vrais Brachions. M. Ehren- berg a adopté le genre Lépadelle ; mais , voulant prendre trop exclusivement ses caractères génériques dans la pré- sence des points rouges oculiformes , il en a séparé tous les individus pourvus de ces points , pour les rapporter à des genres différents, en faisant de ceux qui ont deux points rou- ges le genre Stephanops , caractérisé par la présence d’une écaille diaphane , qu’il nomme un chaperon , et le genre Metopidia sans ce chaperon ; et de ceux qui ont quatre points rouges , le genre Squamella , que M. Bory avait défini d’une tout autre manière. Mais nous sommes convaincu que ces points rouges peuvent se montrer ou s’effacer dans les mêmes espèces , suivant l’âge ou le degré de développement. Nous croyons , par exemple , que la Lepadella ovalis et le Stepha- nops muticus de M. Ehrenberg sont une seule espèce, Lepor délia patella (1), avec ou. sans points rouges, laquelle Millier avait nommée Brachionus patella, tandis que le Brachionus ovalis de cet auteur , cité mal à propos comme synonyme de cette Lépadelle par M. Ehrenberg, est certai- nement une espèce d’un autre genre (Euchlanis) , comme cela résvdte des propres expressions de Müller, qui dit qu’elle est plusieurs fois plus grande que le Br. patella, qui est long de 0,12 à 0,14 tout compris. De même aussi nous croyons que la Metopidia lepadella ( Ehr. Inf. PI. LIX , fig. 10), et la Squamella bractea (2) de M. Elu-enberg, (1) Brachionus patella, Müll. Inf. Pl.'XLVIII, £g. l5-ig, p. 34. Lepadella patella , Bory , Encycl. zooph. p. 38 et 485. Lepadella ovalis , Ehr. Infus. Pi. LVII, fig. 1. Stephanops muticus , Ehr. 1. c. PI. LIX, fig. i4. (2) Squamella bractea , Ehr. 1. c. fig. i6. — M. Ehrenberg donne comme synonyme le Brachionus bractea (Müll.Inf.Pl. XLIX,fig. 6, q), DES INFUSOIRES. 633 sont une seule espèee , que nous nommons Lepadella ro- iundala , caraetérisée par Téeliancrure bien moins profonde de son bord antérieur. La Squamella ohlonga (Ebr. l. c. 6g. 17) et la Metopidia acuminata {^hr. 1. c. 6g. 11), se- raient encore deux espèces distinctes de Lépadelles : l’une (L. ohlonga)^ longue de 0,l3, proportionnellement plus oblongue que les précédentes , et sans appendices , comme les suivantes; l’autre {L. acuminata), longue seulement de 0,11, est décrite par M. Ehrenberg comme terminée en ar- rière par une pointe peu saillante au-dessus de la queue. Eii6n, ime cinquième et une sixième espèce, L. lamel- laris (1) et L. cirrata (2) , décrites par Miüler comme des Brachions, sont distinguées par les pointes dont leur cuirasse est armée en arrière ; celle-ci , longue de 0,11 , n’a que deux pointes en arrière ; elle a, été prise par M. Bory pour type de- son genre Squatinelle -, celle-là, longue de 0,10, a trois pointes en arrière. J’ai trouvé la Lepadella patella très-fréquemment dans l’eau de Seine conservée pendant plusieurs mois et même pendant plusieurs années, dans des bocaux, avec des plantes aquatiques ; à diverses époques , j’ai trouvé aussi, soit cette même espèce , soit la L. ohlonga , soit la L. rolundata, dans l’eau des tomreaux d’arrosage , au Jardin des Plantes , à Paris. représenté par Millier avec deux pointes situées de chaque côté à l'ori- gine delà queue, mais ce doit être autre chose. (1) Brachiouus lamellaris , Midi. Inf. Pl. XLVII , fig. 8-Ji , p. 340, Encycl. Pl. 2^, fig. 22-25. Lepadella lamellaris, Bory, Encycl. zooph. p. 484- Stephanops lamellaris , Ehr. Infus. l838 , Pl. LIX , fig. i3. (2) Brachiouus cirratus , Müll. Infus. Pl. XLVII , fig. 12 , p. 352. Squatinella Caligula , 'Bory , Encycl. zooph. 1824. Stephanops cirratus , Ehr. Infus. l838, Pl. LIX, iig. i5. HISTOIRE NATURELLE 5“ Genre ? EUCHLANIS. — Euchlanis. — PI. XIX , fig, 4. An. à cuirasse ovale , déprimée ou lenticulaire , flexible et se continuant avec le reste des téguments dont elle est évi- demment une partie plus résistante. — Appareil cilié plus saillant et lobé à l’extrémité d’un cou rétractile épais, qui rentrant à l’intérieur laisse une échancrure en avant. — Queue articulée et terminée par un ou deux doigts ou stylets plus ou moins longs. — Mâchoires simples , à branches très - longues ; un seul point rouge oculiforme , quel- quefois effacé. Le genre Euchlanis., créé par M. Ehrenberg, et qui a donné son nom à la famille des Euchlanidota de cet autem’, est caractérisé dans sa classification par la présence d’un seul œil à la nuque , par mie queue (pied ) bifurquée , et par ime carapace ouverte. Quant à nous , en admettant qu’en effet la disposition du point rouge oculiforme peut fournir un caractère d’une certaine valeur ici , nous regardons comme beaucoup plus important le caractère tiré de la flexibilité de la cuirasse et de la longueur des branches montantes (scapus) des mâchoires. Les Euchlanis ont beaucoup de ressemblance avec les Lépadelles , et se trouvent comme elles dans les eaux sta- gnantes et dans des eaux conservées depuis longtemps ; mais quoique la forme paraisse d’abord presque la meme , on les distingue bientôt par l’allongement plus considérable dont est susceptible leur partie antérieure , et surtout parce que leur cuirasse , au lieu de conserver sa forme après la mort et de résister à la décomposition , se plisse et sc contracte. L’espèce type, Euchlanis luna (Ehr. Inf. PI. L\I1, fig. 10), a été nommée par Müller (Inf. PI. XX , fig. 8, 9) Cercaria luna; Lamarck en a fait son genre Futcocerqué ; M. Nitzsch l’a nommée Lecane luna; M. Bory en fait sa Trichocerca luna; M. Ehrenberg, enfin , lui a donné le nom que nous DES INFUSOIRES. 635 adoptons. Elle est longue de 0,14 , oblongue ou presque or- biculaire , et devient fortement échancrée en avant quand elle retire son cou et ses appendices ciliés ; sa queue , dont les deux stylets se terminent par une petite pointe articulée , la fait aisément i-econnaître. On doit peut-êtie regarder comme ime deuxième espèce d’Euchlanis la Cercaria orbis de Miiller (Inf., PL XX, fig. 7) , que Lamarck a nommée Furcocerca orbis, et dont M. Bory a fait également une Trichocerque ; elle est orbiculaire , déprimée , avec deux longs stylets divergents en ai-rière et une papille obtuse à lem- base : elle est indiquée comme très-rare dans les eaux d.ouces en Danemark. Une troisième Euclilanis , longue de 0,14 , assez semblable à la première par ses mâchoires et par sa forme générale , quoique toujours plus allongée , et avec une queue souvent repliée en dessous et qui pai’aît simple , a été nommée alternativement Monostyla luïiaris (Ehr. Inf. PI. LYII, fig. 6) et Lepadella lunaris par M. Ehren- berg. Cet auteur place également dans son genre Monostyla, caractérisé par la présence d’un œil unique , par une queue simple , et par une carapace déprimée : 1® la Monostyla cor- nuta (Ehr. 1. c. fig. 4), longue de 0,11 , et doimée comme synonyme de la Trichoda cornuta de Miüler (Midi. Inf., PL XXX , fig. 1-3 ) , mais que je crois devoir rapporter à une des précédentes ; 2» la Monostyla quadridentata ( Elir. 1. c. fig'. 5 ) , longue de 0,22 , avec une cai-apace jaunâtre, échan- crée en avant , avec les pointes latérales très-aiguës , et deux autres pointes ou cornes au milieu de l’échancruie ; elle doit sans doute être considérée comme une quatrième espèce d’Euchlanis. Une cinquième espèce est VEuchlanis ovalis, que Millier a décrite sous le nom de Brachionus ovalis (Midi. Inf., PL XLIX, fig. 1-3), et qui se rapporte à VEuchlanis macrura (Ehr. Inf. PL LVIII, fig. 1) de M. Ehrenberg, bien mieux qu’à la Lepadella ovalis de cet auteur ; elle est longue de 0,28 sans la queue , qui est formée de deux longs stylets et accoinpagnée de soies ou de pointes plus petites à sa base. On doit , je crois , y réunir VEuchlanis dilatata HISTOIRE NATURELLE 636 (Ehr. 1. c. fig. 8), qui, trouvée également dans les eaux douées à Berlin , et de même grandeur , est censée en diflércr par sa largeur plus considérable , par l’alisencc des soies à la base de la queue , et par un pli longitudinal au milieu de la l'ace vcntx'ale. M. Ehrenberg rapporte avec doute à ce genre deux autres espèces, qui soni V Euchlanis triquetra (Ehr. Inf. PL LVII , fig. 8 ) , longue de 0,56 , à cuirasse ovale , avec une carène saillante au milieu du dos ; et VE. Horne- manni (1. c. fig. 9), longue de 0,10, allongée, très-contrac- tile , et pouvant retirer toute sa moitié antérieure , qui est cylindrique, dans la cuirasse de la moitié postérieure, qui est dilatable , en forme de coupe ; l’une et l’autre ont la queue formée de deux stylets divergents ; l’is. triquetra est en outre représentée par l’auteur avec des fibi-es musculaires , trans- versalement striées , et avec des mâchoires digitées , ce qui devrait l’éloigner des autres Euchlanis. 6“ Genre? DINOCHARIS. — Dinocharis. An. à cuirasse cylindrique ou comprimée, flexible, cl se continuant avec le reste des téguments dont elle est une partie plus résistante. Appareil cilié à l’extrémité d’un cou épais , cylindrique , rétractile , non lobé. — Queue articulée , avec plusieurs paires de doigts ou de stylets. — Mâchoires simples , à branches minces. — Un point rouge oculiforme. Le genre Dinocharis a été établi par M. Ehrenberg , pour un Systolide, D . pocillum {Vhv . Infus. PL LIX, fig. 1), fort remarquable , vivant dans les eaux douces stagnantes , long de 0,22, à corps presque cylindrique , avec une queue triarticulée dont le premier article porte deux doigts ou stylets dressés en haut, et dont le dernier se termine par deux stylets assez longs avec mx appendice intermédiaire un peu moins long. Muller l’avait nommé Trichoda pocillum (Midi. Inf. PL XXIX, fig. 9-12). Schranck le plaça dans DES INFUSOIRES. 637 son genre Faginaria-, Lainarck et M. Bory en ont lait une Tricliocerque. M. Ehrenberg a voulu distinguer comme espèces, sous les noms de D. tetractis (Ehr, loc. cit. lig. 2) et D. paup&ra (Ehr. loc. cit. fîg. 3) , les individus çhez qui les appendices de la queue sont moins prononcés et dont la carapace est presque prismatique. 7® Genre. SALPINE. — Salpina. — PI. XVIII, lig. 1-2, et PI. XXI, fig. 1. An. à cuirasse comprimée, bivalve, ou paraissant telle , prismatique , plus ou moins renflée au milieu , et plus ou moins entaillée aux deux extrémités , ou terminée par plu- sieurs pointes ou cornes qui dépassent peu l’appareil cilié, — Queue courte, avec deux stylets droits ou recourbés en dessous. — Mâchoires digitées. — Un seul point rouge ocu- liformc. ]ja forme très-remarquable des Salpines suffit pour les distinguer de tous les autres Brachioniens ; aussi , avant que M. Ehrenberg n’eût établi ce genre, M. Bory avait placé dans son genre Mytiline , caractérisé par un têt bivalve, l’espèce qui peut être regardée comme type , la Salpina mu- cronala lEhr. Inf. PI. LVIII, lig.4) ; Muller (Inf. PI. XLIX, fig. 8-9 ) l’avait nommée Brachionus mucronatus ; elle est longue de 0,25; sa cuirasse présente quatre pointes en avant, dont deux latérales et deux presque au milieu du bord dor- sal, séparées par un linteau saillant qui se prolonge jusqu’à l’extrémité d’un pointe saillante en arrière; deux autres pointes latérales terminent avec celle-ci , le bord postérieur I de la cuirasse. Je l’ai trouvée dans l’eau de la Seine, au mois I d’octobre, avec la longueur que j’indique; Millier lui donne I une longueur plus considérable en la disant (Inf. p. 349) î semblable à son Brachionus denlalus , mais deux ou trois I fois plus graml ; M. Ehrenberg, au contraire, lui assigne seu- il leinent la longueur de 7^ ligne (0,187). Le Br. denlalus de HISTOIRE NATURELLE 638 Muller (luf. PI. XLIX, fig. 10-11) est sans doute une se- conde espèce ; il est indiqué comme ayant chacun des stylets de sa queue terminé par deux petites soies ; sa cuirasse est plus étroite et un peu arquée. Une troisième espèce, de forme presque semblable, a été nommée par M. Ehrenberg Salpina brevispina (Ehr. loc. cit. fig. 8); elle est aussi longue que la première (0,25), mais Içs pointes qui terminent la cuirasse sont beaucoup plus courtes , et en outre, la partie antérieure de cette cuirasse est hérissée de petits tubercules réguhers dans une longueur égale à sa hauteur, et son bord est simplement sinueux. M. Ehrenberg décrit aussi coimne autant d’espèces dis- tinctes, sous les noms de S. spinig er a (\oc. cit. fig. ô),S.ven- tralis (loc. cit. fig. 6), S. redunca (loc. cit. fig. 7) eti". bi- carinata (loc. cit. fig. 9) , des Salpines toutes de même grandeur et de même forme à peu près, qui ne diffèrent que par la longueur et la direction des pointes de la cuirasse; aussi pensons-nous que ce ne sont que des espèces nominales. On ne pourrait en dire autant du Brachionus tripos dé Mill- ier (Inf. PI. XLIX, fig. 4-6) , dont M. Bory a fait une My- tiline et qui paraît bien être une espèee distincte de Salpine; il est plus petit que le Brachion urcéolaire , revêtu d’une cùirasse bivalve , renflée au miheu, tronquée en avant et terminée en arrière par trois pointes. 8“ Genre. COLURELLE. — — PI. XVIII, fig. 5. An. à cuirasse bivalve, ovale , comprimée , ouverte en dessous et aux extrémités, tronquée ou arrondie en avant, plus étroite ou mucronée en arrière. — Orgaüe cilié sur- monté d’un, appendice en crochet, rétractile. — Queue triarticulée, terminée par un ou deux stylets. — Mâchoires en crochet tourné avant. — Deux points rouges oculifor- mes, très-rapprdchés en avant. Le genre Colurelle a été établi par M. Bory pom- le Bron DES INFUSOIRES. 639 chionus uncinatus de Müller (Inl'. PI. L, fig. 9-11) une des espèces les plus communes dans les eaux douces entre les herbes et dans ces mêmes eaux gardées longtemps dans des bocaux; sa longueur est de 0,12 ; sa cuirasse, qüi a 0,10, se termine en arrière par deux pointes qui s’appliquent l’une contre l’autre quand les valves se rapprochent ; sa queue paraît terminée par un stylet simple que cependant j’ai vu quelquefois se dédoubler. M. Ehrenberg a changé le nom de Colurella en celui de Colurus qu’il veut réserver exclu- sivement aux espèces dont la queue a deux stylets , en nom- mant Monura celles qui n’ont qu’un seul stylet. Son Colurus uncinatus (loc. cit. fig. 6), qu’il donne pour synonyme du Brachionus uncinatus de Müller , me paraît être la même espèce dont nous donnons la figure, quoiqu’il ne lui assigne qu’une longueur de 0,062. Les Colurus bicuspidatus (Elir. loc. cit. fig. 7) et C. caudatus (Ehr. loc. cit. fig. 8) de cet auteur, qui ne dilfèrent que par une différence de longuewr des stylets terminaux, sont vraisemblablement encore la même espèce. Quant à la Monura dulcis (Ehr. loc. cit. fig. 5), sa cuirasse plus comprimée et obliquement tronquée en arrière peut la faire considérer comme une espèce particulière de Colurelle, ainsi que la Monura colurus (Ehr. loc. cit. fig. 4), qui vit dans l’eau de la Méditerranée et qui a sa cuirasse arrondie en arrière ; sa longueiu’ est de 0,08. 9® Genre. RATULE. — Ratulus , Lamarck. — PI. XXI’, fig. 3. An. à corps ovale oblong , à cuirasse flexible , renflée au milieu et surmontée d’une carène très -prononcée , ce qui la rend prismatique ; tronquée et ouverte en avant pour le passage de l’appareil cilié, qui est peu développé ; rétré- cie en arrière, et se joignant à la base de la queue, qui est accompagnée de plusieurs petits cirrhes , et se prolonge en un stylet roide et aussi long que le corps , et dressé ou in- fléchi en-dessous.— Mâchoires ù branches longues , avec un HISTOIRE NATURELLE 640 support ( fulcrum ) central droit très-long. — Avec ou sans point rouge oculiformc. Lamarck a établi le genre Ratule pour un Systolide très- remarquable par sa carène dorsale et par sa queue en stylet simple très-long , Ratulus carinalus (Lam. An. s. vert. 2® éd. t. 2, p. 24). Muller l’avait lai.ssé parmi ses Trichodes {Tr. raltus, Inf. PI. XXIX, fig. 5-7). M. Bory en forma le genre Monocerque, que M. Ehrenberg adopta d’abord , mais qu’il divisa ensuite en deux genres, Mastigocerca et Mo- nocerca-, l’un Mastigocerca carinata, Ebr. Inf. PI. LYII, fig. 7), supposé revêtu d’une cuirasse et faisant partie de la famiUe des Euchlanidota ; l’autre {Monocerca ratus , Ebr. Inf. PI. XLVII, fig. 7), sans cuirasse , rangé parmi les Hy- datinœa. Je crois cependant que ce n’est qu’une seule et même espèce que j’ai pu étudier, soit à Paris en mars et avril 1838, dans l’eau d’une fontaine, près de Gentilly (fontaine Amular) , soit à Rennes, en mars 1841, dans l’eau d’un ruisseau à l’est du jardin botanique. Ce Ratule a le corps long de 0,147, et la queue de même longueur ; ce qui fait pour la longueur totale 0,29. M. Elu'enberg a décrit sous le nom de Monocerca hicornis (Infus. PI. XLVIII, fig. 8) une espèce qui paraît être bien distincte en raison des pointes ou cornes dont elle est armée en avant. Cet auteur a réservé le nom de Ratule {R. lunaris Ehr. Inf. PI. LVI, fig. 1) à la Trichoda lunaris de Millier (Midi. Inf. PI. XXIX, fig. 1-3) que Lamarck mit parmi ses Cercciires. 10“ Genre. POLYARTHRE. — Polyarthra. — PI. XXI , fig. 6. An. à corps ovoïde tronqué en avant, revêtu d’une cui- rasse flexible , aux deux côtés de laquelle sont articulés , prés du bord antérieur , un faisceau d’appendices en forme de stylets ou de lamelles étroites, ou de plumes aussi longues DES INFUSOIRES. 6U que le corps, qui par là est rendu presque carré. — Appendice cilié, aussi large que le corps, accompagné de stylets bi-articulés , et d’appendices charnus tentaculifor- mes. — Mâchoires unidentées. ]M. Ehrenberg a institué ce genre en 1833 pour un Systo- lide qu’il a rangé dans sa famille des Euchlanidota , et que nous croyons plus convenablement placé auprès des Bra- chioniens , mais qui véritablement mériterait de former une famille particulière. Je donne (PI. XXI, fig. 6) le dessin d’une Polyarthre que j’ai trouvée, au mois de novemlire 1 836, dans l’étang du Plessis-Piquet , près de Paris ; sa longueur est de 0,18 et son organisation paraît plus eomplexe que celle des genres voisins. M. Ehrenberg (Inf. PI. LIV, fig. 3) décrit, sous le nom de Polyarthra platyptera , une espèce que je crois être la même; il lui assigne une longueur de 0,14 , et lui attribue un point oculiforme rouge , et six appendiees de chaque eôté. Sa P. trigla (Ehr. loc. cit. fig. 2) en dillère par ses appendices sétacés. Le genre Triarthra du même auteur est vraisemblable- ment très-voisin de celui-ci , dont il diffère par la présence d’un appendice caudal et parce qu’il n’a qu’un appendice latéral de chaque côté. La Triarthra mystacina (Ehr. Inf. PI. LV, fig. 8) a été décrite par Müller sous le nom de Bra- chionus passas (Inf. PI. XLIX, fig. 14-16); M. Boryen a fait son genre Filina. Une seconde espèce, Triarthra longiseta (Ehr. loc. cit. fig. 1), en diffère par la longueur de ses appendices, et parce que ses yeux ou points oculiformes sont plus écartés ; elle avait été décrite par Eichliorn sous le nom de Puce d’eau {PF asserfloh) ; sa longueur est de 0,19 sans les appendices, ou de 0,56 avec eux ; l’autre espèce est longue seulement de 0,14. INFUSOIRES. hi HISTQinE NATURELLE 0^i2 IV*"’ FAMILLE. FURCULARIEWS. Animaux à corps ovoïde ou cylindrique, ou en massue , Irès-contractiles et de forme variable, revêtus d’un tégument flexible , membraneux , susceptible de se plisser en long ou en travers suivant des lignes assez régulièrement espacées. — Avec une queue plus ou moins longue , terminée par deux doigts ou stylets. Les F urculariens constituent la famille presque en- tière des Hydatinœa de M. Ehrenberg; ils ont été compris par Müller dans son genre Vorticelle pour la plupart , et dans ses genres Trichode et Cercaire. Lamarck en fit le genre Furculaire que M. Bory a adop té e t le genre T richocerque que ce dernier a nommé Leiodine, en supposant à tort qu’il est dépourvu de cils vibratiles. M. Ehrenberg en a formé dix-huit genres , dont trois nous ont paru devoir être réunis aux Brachioniens , savoir : les Monocerca , Poljar- ihra et Triarthra. Quant aux quinze autres , dont les caractères sont tirés principalement de la présence et de la disposition des points oculiformes , sans avoir égard à leur forme générale et à la structure de leurs mâchoires, nous pensons qu’on peut en réduire le nombre à cinq , en les circonscrivant d’une manière toute différente, et en tirant leurs caractères de la présence et de la forme des mâchoires , et ensuite de la disposition de l’appareil cilié, qui est ordinairement en rapport avec ce premier caractère. Un sixième genre , Lindia , est caractérisé par l’absence de tout appareil cilié et par la structure singulièrement complexe de DES INFUSOIRES. 643 ses mâchoires. Les cinq autres ont l'appareil cilié plus ou moins complicjué , offrant quelquefois l’ap- parence de deux roues latérales , bien moins distinctes cependant que celles des Rotifères et des Brachions, mais nonréellement multiple comme l’admetM. Ehren- berg. Un premier genre, i?7zté/’op/ée, est caractérisé par l’absence totale de mâchoires ; deux genres autres ontles mâchoires digitées ou à plusieurs dents, ou obtuses et non entièrement protractiles ; ce sont les Hydatines , dont la forme , tout à fait semblable à celle des Enté- roplées , est en massue , plus large et comme tronquée en avant , où se trouve un large entonnoir cilié condui- sant les aliments aux mâchoires , et les Notommatcs , dont le corps, en fuseau ou lagéniforme, est plus étroit en avant, où il présente même quelquefois un étranglement, de sorte que l’appareil cilié est propor- tionnellement moins large. Un quatrième genre, laire , montre des mâchoires aiguës en forme de te- naille, et tout à fait protractiles hors de l’appareil cilié, qui est très-peu développé ; le corps est plus étroit en avant, obliquement tronqué; le cinquième genre enfin, que nous proposons sous le nom àePlagiognathe^ est tout à fait distinct par la forme de ses mâchoires , qui se montrent ordinairement de profil , comme celles des Colurelles, et dont les deux branches , rapprochées parallèlement, viennent aboutir au bord de l’appareil cilié. Les Furcularieus sont extrêmement nombreux ; beaucoup sont encore à étudier et à décrire : on les trouve dans les eaux douces ou marines , et plusieurs même se conservent et se propagent dans les bocaux où l'on conserve ces eaux avec des plantes aquatiques. 41. 644 HISTOIRE NATURELLE r^GENRE.ENTÉROPLÉE.— Æn^crop/ea. — PI. XIX, fig.2. An. à corps diaphane, conique ou en massue, tronqué en avant où il présente un appareil cilié très-dévcloppé, aminci en arrière où il se termine par deux doigts courts. — Bou- che sans mâchoires. Ce genre , établi par M. Ehrenberg , ne contient qu’une seule espèce, Enteroplea hydatina (Ehr. Inf. PI. XLYII, fig. 1), que j’ai eu l’occasion d’observer dans l’eau d’un fossé, au nord de Paris (aux Batignolles) , le 11 novembre 1838 ; sa longueur était de 0,36 , et non de 1/10 de ligne, comme l’indique M, Ehrenberg. Je fus surtout frappé de la disposition de quatre touffes de granules pédiceUés , qui se voient au tiers postérieur de la longueur , et de la présence d’un globule incolore , fixé sous le tégument , au tiers anté- rieur , et d’où partaient deux cordons charnus , dirigés en avant ; je n’ai pas trouvé de motifs suffisants pour considérer cela comme un œil et un système nerveux. J’indique ces dé- tails de structure , ainsi qu’un organe cilié entre les muscles de la queue , dans la figure que j’en donne. 2® Genre. HYDATINE. — Hydatina. — PI. XIX, fig. 1. An, à corps diaphane, conique ou en massue tronquée en avant où il présente un appareil cilié en large entonnoir ; aminci en arrière où il se termine par deux doigts courts. — Mâchoires larges, digitées ou à plusieurs dents. — Avec ou sans un point rouge oculiforme. Les Hydatines ressemblent extérieiuement aux Entéro- plées ; mais elles en diffèrent considérablement par la struc- ture interne. L’espèce qui .sert de type , Hydatina senta ( Ehr, Inf. PI. XL\ II ) , avait été nommée par Muller Horticclla senta (Inf. PI. XLl, fig. 8-14). C’est sur elle que 31. Ehren- DES INFUSOrHES. 6ii.5 berg a fait les belles observations qui ont si vivement excité l’attention des naturalistes ; il en a bien décrit le système digestif et l’ovaire, mais il a voulu attribuer une structure trop bien définie à l’appareil cilié , et a voulu interpréter d’une manière trop absolue la vessie contractile et les or- ganes internes, qu’il prend pour des organes mâles; de même aussi qu’il a prétendu reconnaître un appareil vasculaire dans les plis superficiels du tégument. Il a vu les organes vibratiles internes , qui sont formés d’un filament court , on- dulant , et non comme il les représente. Cette Hydatine est longue de 0,50 à 0,75 ; elle est donc bien visible à l’oeil nu ; elle se rencontre abondamment dans les fossés et dans les ornières où vivent des Eugiènes et d’autres Infusoires verts , au printemps et en automne; je l’ai trouvée constamment à Montrouge et aux Batignolles, au sud et au nord deParâs, ennovendjie et décembre; je l’ai également trouvée dans les ornières des boulevards de Toulouse, au mois déniais. M. Ehrenberg a décrit, comme une espèce distincte, sous le nom de H. brachydactyla (Ehr. Inf. PL XLYII , fig. 3), une Hydatine oliservée à Berlin , longue de 0,19, et décrite comme ayant le corps plus aminci en arrière , et terminé par deux doigts très-courts ; son œuf n’a que 0,06 , tandis que l’œuf de la première espèce a 0, 1 1 de longueur. Malgré la présence du point rouge oculiforme, on doit considérer comme des Hydatines : \e Notommala tuba (Ehr. Inf. PI. XLIX, fig. 3 ) , long de 0,28, en forme de cône allongé ou de trompette , et très-analogue à V Hydalina senta; 2“ le Notommata brachionus (Ehr. 1. c. PI. L, fig. 3), long de 0,28 , à corps en forme de coupe tronquée, et largement ouvert en avant , avec une queue mince , tri-articulée ; 3» le Notommata tripus (Ehr. 1. c. fig. 4), long de 0,12, à corps ovôide, tronqué et largement ouvert en avant, avec une queue très-courte, terminée par deux doigts qu’accompagne une pointe de même longueur, provenant du tégument; 4» le Notommata clavulata (E\w . 1. c. fig. 5) , long de 0,28, ovoide , court , ouvert et évasé en avant , avec une queue HISTOIRE NATURELLE 6^i.G ol.)liqiic, Irès-courLc. Ce n’est (ju’avec doute que nous y rapportons aussi le Notommata saccigera ( Elu-. I. e. fij;. 8) . qui , à en juger par sa forme, se rapproclie bien davantage des vi'aies Furculaires ; mais qui, de même que les précé- dents, est rangé par l’auteur dans la division des Notom- mates cténodons ou à dents en peigne. Les Synchœta de IVI. Ehrenberg, caractérisés chez cet auteur par les soies roides ou les stylets qui aceompagnent l’appareil cilié , se- raient tout à fait des Hydatines , en raison de leur forme conique ou campanulée, si leurs mâchoires sont réellement pectinées ; sinon il faudrait en faii'e un genre à part : l’une d’elles, S. tremula (Ehr. Inf. PI. LUI, fig, 7), est donnée comme synonyme douteux de la P^orticella tremula de Millier (Inf., PI. XLI, fig. 4-7); sa longueur est de 0,22. Lesi". pectinata (Ehr. 1. c. fig. 4) et i". oblonga (Ehr. 1. c. fig. 6 ) en sont très- voisines par leur forme et par leur gran- deur, et vivent également dans l’eau douce. La Synchœta baltica (Ehr. 1. c. fig. 5), qui se distingue par les lobes étalés de son appareil cilié , vit au contraire dans l’eau de la mer Baltique ; elle est phosphorescente ; sa longueur est de 0,25. Le Distemma marinum (Ehr. Inf. PI. LYI , fig. 4), représenté par cet auteur avec des mâchoires pectinées , et placé par lui avec doute dans le genre Distemme, que carac- térise un double point rouge , nous paraît aussi êti'e ime véritable Hydatine ; il est long de 0,19, en massue, avec une queue bi - articulée , terminée par deux doigts , et vit dans l’eau de la mer Baltique. 3® Genre. NOTOMMATE. — Notommata. — PI. XIX , fig. 3, PI. XXI, fig. 7, et PI. XXII, fig. 5. Au. à corps fusiforme ou lagcniforme plus ou moins ré- tréci en avant, au-dessous de l’appareil cilié , qui lui-même est plus étroit que le corps. — Mâchoires digilées ou élar- gies et obtuses à l’extrémité, non entièrement protractiles. — Un point ou une tache rouge au-dessus des mâchoires. DES INFUSOIEES. O 6W Le geni’e Notommate de M . Ehrenlocvg, caractérisé seu- lement par la présence d’un seul œil à la nuque, par une queue bifurquée et par un organe rotatoire multiple , sans stylets et sans crocliets, comprend vingt-sept espèces divisées en deux sections , les Labidodons qui n’ont qu’une dent à chaque mâchoire, et les Cténoduns qui en ont plusieurs; mais ces espèces dilFèrcnt considérablement d’ailleurs par leur forme , par la disposition de l’organe cilié , et par la lon- gueur des appendices de la queue. Cinq d’entre elles nous paraissent être des Hydatines; neuf autres, plus ou moins dis- tinctes, sont pour nous des Furculaires, trois autres sont des Plagiognathes , quelques-unes sont trop imparfaitement con- nues , et six tout au plus offrent assez de caractères communs pour entrer dans un même genre qui conserverait le nom de Notommate. Ce sont : 1“ le N. copeus (Ehr. Inf. PI. LI, üg. l),long de 0,75, avec des oreillettes ciliées fort longues de chaque côté de l’appareil cilié , un prolongement en pointe au-dessus de la queue et un stylet dressé de chaque côté au milieu du corps; ses œufs ont 0,11; 2“^le iV. cenirura (Ehr. loc. cit. fig. 2), de même grandeur et de forme presque semljlable, mais sans stylets latéi'aux, et avec des oreillettes très-petites à l’appareil cilié , et ayant tout le corps hérissé de petites soies ; 3“leiV. brachy ota (Ehv. loc. cit. fig. 3), beau- coup plus petit, 0,22, et proportionnellement plus étroit, sans queue et terminé par deux doigts ou appendices coniques ; 4“ le N. collaris (Ehr. Inf. PL’ LU , fig. 1), long de 0,66, à corps allongé, fusiforme, avec un cou renflé entre deux étran- glements , dont l’antérieur plus prononcé le sépare de l’ap- pareil cilié ; une queue articulée et des mâchoires simples , élargies; 5" le N. aurita (Ehr. loc. cit. fig. 3), décrit par Millier, sous le nom de Vorticelle (Inf. PI. XLI , fig. 1-3), et caractérisé par la masse blanche globuleuse sur laquelle est fixé le point rouge oculiforme ; sa longueur est de 0,22 ; il est commun dans les eaux stagnantes ; sa forme en fuseau ou en navet, et son appareil cilié , vibra tile , élargi en oreil- lettes de chacpve côté , le rapprochent beaucoup ilu N. an- HISTOIRE NATURELLE 6^8 sa/a (Elir. loc. cit. fig. 5), qui en difi'ère surtout par l’absence de la masse globuleuse qui porte l’œil rouge. A ces espèces de Notommates on doit en ajouter une septième que M. Eb- renberg nomme Cycloglena lupus (Elir. Inf. PI. LVI , fig. 10), et qui est la Cercaria lupus de Müller (M. Inf. PI. XX , fig. 14-17) , laquelle a reçu les noms de Furco- cerque par Lamarek , de Céphalodèle par M. Bory et de Di- cranophanus par M. Nitzseh ; elle a presque la même forme et la même grandeur que la NoL aurita et n’en diffère que par la masse globuleuse portant huit points rouges au lieu d’un seul; e’est pour eela seulement qu’elle est devenue le type du genre Cycloglena de M. Ehrenberg. Comme huitième espèee nous indiquons, sous le nom de N. vermicularis (PI. XXI , fig. 7) , une Notommate à eorps vermiforme très-contraetile et de forme variable, longde0,22, ayant un point oeuliforme rouge réniforme sur lequel est fixé et comme enchâssé un globule blanc transparent. Je l’ai trouvée dans la Seine au mois de novembre. r Genre. FURCULAIRE. — Furcularia. — PL- XXII , fig. 4. An. à corps ovoïde , oblong ou cylindrique, revêtu d’un tégument en fourreau , obliquement tronqué et cilié en avant, et terminé en arriére par une queue plus ou moins prononcée à laquelle sont articulés deux stylets ou doigts plus ou moins longs. — Mâchoires aiguës ou acérées, pro- traclilcs jusqu’au dehors du bord cilié , et en forme de te- nailles. — Avec ou sans points rouges oculiformes. Le genre Furculaire, un des plus nombreux , devra sans doute être subdivisé d’après des observations nouvelles , mais non pas suivant le nombre et la disposition des points rouges comme l’a fait M. Ehrenberg. Cet auteur en efl’et a distribué des Systolides qui nous paraissent avoir les plus grands rapports de forme et de manière de vivre dans huit DES INFUSOIRES. G/i9 de scs genres , faisant des Pleurotrocha de ceux qui man- quent tout à fait de point rouge, des Furcularia , des Ao- tommata et des Scaridium de ceux qui ont un seul œil soit au front, soit à la nuque; des Diglena, des Dislemma, de ceux qui en ont deux , et enfin des Eosphora et des Theorus , de ceux qui en ont davantage. Or, beaucoup de ces espèces sont purement nominales, et une révision sévère serait bien à désirer. A'^oici toutefois les principales espèces que l’on peut clas- ser avec certitude parmi les Furculaires : 1° la F. farcala [F^orticella farcala, Midi. Inf. PI. XXXIX, fig. 4), à la- quelle se rapporte la Trichoda bilunis du même auteur , et que M. Ehrenberg a nommée Diglena caudata (Ehr. Inf. PI. LV, fig. 6), en raison des deux points rouges oculifor- mes qu’elle présente quelquefois près du bord antérieur , mais on doit y rapporter aussi sa Diglena capitata (Ehr. loc. cit. fig. 5) et sa Farcularia gracilis (Ehr. loe. cit. PI. XLVIII, fig. 6); elle est longue de 0,22, à corps conique très-allongé ou presque cylindrique terminé par deux doigts ou stylets qui forment au moins le quart de la longueur totale. Elle vit dans l’eau douce; 2“ la F. marina, de même grandeur et de forme presque semblable , mais vivant dans l’eau de mer ; elle se distingue par les stylets de sa queue qui sont deux fois plus courts, et par ses mâchoires tridentées et néan- moins très -aiguës et en foiane de tenailles comme celles des autres Furculaires ; je l’ai observée dans l’eau de la Médi- teri’anée, en mars 1840, et j’en donne la figure dans la plan- che XXII ; 3° la F. forcipata , longue de 0,28 , de forme cylindrique, tronquée en avant et présentant en arrière deux plis ou deux crénelures à la base des deux stylets qui sont un peu arqués, et formant à peine un cinquième de la lon- gueur totale ; Blüller l’avait classée parmi ses Cercaria (Inf. PI. XX , fig. 21-23) , Lamarck en a fait une Trichocerque , M. Bory une Léiodine , M. Morren l’a prise pour type de son genre Dekinia; enfin , M. Ehrenberg l’a placée parmi ses Diglena (Ehr. Inf. PI. LV, fig 1); 4“ la F. grandis [Diglena HISTOinE NATURELLE 650 grandis, Elir. Inf. PI. LIV , fig. 5), longue «le 0,37, à corps cylindrique en fourreau , oljliquemcnt tronquiî en avant et termine par deux doiyts épais , formant un septième de la longueur totale ; 5“ la F. forficula (Elir. Inl'. PI. XJ^VIII, fîg. 5), à laquelle on doit réunir leDistemma forficula (Ehr. Inf. PI. LVI , fig. 2) , elle est longue de 0,20, à corps coni- que très-allongé et terminé par deux stylets recourbés et dentés à leur Isase et qui forment un quart ou un cinquième de la longueur totale; 6“ la F. canicula {Forlicella cani- cula, Midi. Inf. PI. XLII, fig. 2) , que M. Ehrenberg rap- porte avec doute à son genre Diglena {D.? aurita, Ebr, Inf. PI. LV , fig. 2) : elle est longue de 0,18, à'corps cylindrique tronqué en avant , avec un appareil cilié qui s’épanouit en oreillettes courtes de chaque côté , et terminé en arrière par une queue courte portant deux doigts encore plus courts; 7“ la F. najas, à laquelle se rapportent les divers Systolides, plus ou moins rapprochés des Hy datines par leur forme en mas- sue et pourvus également d’une queue articulée, tels que les iVb- tommata petromyzon (Ehr. Inf. PL L, fig. 7) ; N. najas (Ehr. loc. cit. PI. LI , fig. 2) ; N. gibba (Ehr. loc. cit. fig. 4) , et peut-être même les Eosphora najas (Ehr. loc. cit. PL LVI, fig. 7], E. digitata (Ehr. loc. cit. fig. 8) etE. elongata (Ehr. loc. cit. fig. 9); cette Furculaire est longxie de 0,16 à 0,22. Nous rapportons provisoirement au genre Furculaire plu- sieurs autres Systolides qui s’en éloignent beaucoup par leur forme , les uns très-allongés et terminés par deux stylets très- longs, tels que la F^orticella longiseta de MüUer (Inf. PL XLII, fig. 9-10), dont M. Ehrenberg a fait ses Notom- mata longiseta (Ehr. Inf. PL LUT , fig. 2), et N. œqualis (Ehr. 1. c. fig. 3) , et qui a le corps cylindrique, très-étroit, long de 0,11 , terminé par deux stylets d’une longueur plus considérable, etla Trichoda longicauda (Midi. Inf. PL XXXI, fig. 8-10), que Schrank avait placée, ainsi que la précédente, dans son genre F'aginaria, qui est pour Lomarck une Tri- chocerqiie, pour Schvveigger, une Vaginicole, pourM. Bory, une Furculaire, et dont M. Ehrenberg a fait le type de son DES INFUSOIRES. 651 {jenre Scaridium.> que distingue, suivant cet auteur , un crochet au front. Elle a le corps en massue , tronqué en avant, et terminé en arrière par une queue plus étroite, formée de deux articles et de deux stylets droits presque aussi longs que le corps. Les autres Systolides , provisoire- ment réunis aux F urculaires , ont au contraire le corps ovoïde , très-gros , arrondi en arrière , et tronqué en avant, ou presque campaniforme , avec une queue oblique , très- courte ; M. Ehrenberg en a fait ses Nolommata myrmeleo et N. syrinx (Ehr. Inf. PI. XLIX , fig. 1-2) , qui ne diffè- rent que parce que l’un est censé avoir ses mâchoires ter- minées en pointe simple, et que l’autre a cette pointe fendue; ces mâchoires sont d’ailleurs en forme de compas à branches courbes , et la longueur du corps est de 0,60 à 0,75 ; l’œuf de ces Furculaires n’a pas moins de 0,15 de longueur. Toutes ces Furculaires, excepté la F. marina^ à laquelle on doit réunir probablement la F. Reinhardli (Ehr. Inf, PI. XLVIII , fig. 4), ont été observées dans les eaux douces; il est vraisemblable pourtant que le nombre de celles qui vivent dans l’eau de mer est beaucoup plus considérable ; quant à moi j’en ai rencontré trois ou quatre espèces bien distinctes , mais le temps m’a manqué pour les décrire con- venablement. 5® Genre. PLAGIOGNATHE. — Plagiognafha. — PI. XVIII, fig. 3-6, PL' XXI, fig. 8 et PL XXII, fig. 3. An. à corps oblong , courbé et convexe d’un côté, ou en cornet obliquement tronqué en avant, et terminé en arrière par une queue plus ou moins distincte portant deux stylets. — Mâchoires à branches parallèles tournées du même côté, et recourbées vers le bord cilié , avec une tige centrale {Fulcrum) droite, très-longue, élargie à sa base. — Un ou deux points rouges oculiformes. Nous proposons ce genre pour des Furculaires à corps HISTOIRE NATURELLE 052 arc|ué ou bossu, que la Corme de leurs mâchoires distinj'ue de tous les autres. M. Elireubcry les a disséminés dans ses genres Wotommatc, Diglènc et Distemme, d’après le nombre et la disposition de leurs points rouges , sans considérer le carac- tère que nous indiquons. L’espèce qu’on peut considérer comme type , P. [dis, a été nommée par Muller f^orlicella felis (Inf. PI. XLIII , lig. 1-5) , mais ce n’est pas la Nolom- mata felis de M. Ehrenberg ; elle est longue de 0,22 ; ses deux stylets , qui forment un quart de la longueur totale , sont arqués et l'ecourbés en arrière , comme l’oviscapte des Sauterelles ; ils sont également larges dans toute leur éten- due ; le dos est convexe , brusquement tronqué en arrière. •T’ai trouvé fréquemment cette espèce dans les bassins du Jardin des Plantes , à Paris, en automne. Une deuxième espèce , P. lacinulata , nommée Porticella ladnulala par Millier (Inf. PL XLII, ûg. 1-5), a été classée parmi les Notommates par M. Ehrenberg, et parmi les Furculaires par Lamarck et par M. Bory ; elle est longxie seulement de 0,12, plus large en avant , où le bord cihé est lobé ou fes- tonné , et dépassé au milieu par les dents ; vue en face , elle paraît conique ; mais, vue de côté, elle est arquée et bossue , comme la précédente , dont elle se distingue par ses stylets plus courts et pointus. Je l’ai trouvée au mois de janvier , dans les bassins du Jardin des Plantes , à Paris ; et tantôt avec deux points rouges , tantôt avec mi seul , et , dans ce cas , un peu plus allongée , ce qui pourrait motiver l’éta- blissement d’une seconde espèce , à laquelle on rapporterait le Distemma setigerum (Ehr. Inf. PI. LVI , fig. 3). On doit peut-être aussi regarder comme des espèces distinctes de Plagiognathe, le Notommata tigris {TShr. PI. LUI, fig. 1 ), qui , probablement , n’est pas la Trichoda tigris de IMùller, que l’auteur indique comme synonyme ; et la Diglena catel- lina (Ehr. PL LV, fig. 3 L Quant à la Diglena lacuslris du même auteur (1. c. PL LIV, fig. 4), que sa forme en raji- procherait également, il faudrait, pour se pi-ononccr, con- naître mieux la forme de ses mâchoires. Le Notommata DES INFUSOIRES. 653 hyptopus (Elir. Inf. PI. L, fig. 6) est représente par l’auteur comme ayant des mâchoires unidentées, analogues à celles de nos Furculaires; mais un Systolide que nous croyons bien être le même , et dont nous donnons la figure PL XXI, fig. 8 , a véritablement des mâchoires de Plagiognathe ; il est long de 0,16, très-convexe , et bien reconnaissable à un rebord denté , formé par le tégument autour de l’appareil cilié, et paraissant être un commencement de cuirasse, comme chez les Salpines. Je l’ai trouvé , au mois de no- vembre , dans les tonneaux d’arrosage du Jardin des Plantes. 6® Genre. LINDIE. — Lindia. — PI. XXII , fig. 2. An. à corps oblong, presque vermiforme, avec des plis transverses, arrondi en avant, mais non cilié , terminé en arrière par deux doigts coniques courts. — Mâchoires très- compliquées à triple branche. Je propose ce genre pour un Systolide, Lindia iorulosa, que j’observai, au mois de novembre 1838 , dans un fossé au nord de Paris ( Batignolles) , et qui , avec la forme géné- rale du Notommala vermicularis, se distinguait par l’absence de cils vibratiles et de point rouge oculiforme , et surtout par la structure singulière de ses mâchoires ; sa longueur est de 0,34. V® FAMILLE. ALBERTIENS, PI. XXIf, lig. 1. Animaux à corps cylindrique , vermiforme, arrondi en avant, avec une ouverture oblique, hors de la- quelle s’épanouit un organe cilié à peine plus large que le corps, terminé en arrière par une queue co- nique courte. — Mâchoires en tenailles, simples ou unidentées. HISTOIRE NATUREELE 054 Celte famille comprend un seul genre et une seule espèce , Albertia vermiculus ( PI. XXII , fig. 1 ) , que j’ai décrit dans les Annales des sciences naturelles en 1838 (t. 10, pag. 175 , PL 2), comme vivant parasite dans l’intestin des Lombrics et des Limaces à Paris. Sa longueur totale est de 0,33 à 0,55. On voit à l’intérieur du corps, des œufs et des fœtus, à divers degrés de déve- loppement ; ceux-ci, repliés sur eux-mêmes et déjà sus- ceptibles de se mouvoir, ont acquis les deux tiers de la longueur des adultes avant de sortir du corps de leur mère. L’appareil cilié qui précède la bouche est sur- monté d’un appendice en forme de chaperon. DES INFUSOIRES. 655 ORDRE III. SYSTOLIDES ALTERNATIVEMENT RAMPANTS ET NAGEANTS. VF FAMILLE. ROTIFÈRES, PI. XVII. Auimaux à corps fusiforme , contractile en boule , et pouvant , dans l’état d’extension , retirer la pointe antérieure , et faire saillir à la place un double lobe cilié qui présente l’apparence de deux roues en mou- vement; terminés en arriére par une queue de plusieurs articles portant une ou plusieurs paires de doigts ou de stylets charnus sur les derniers articles. — Nageant au moyen du mouvement vibratile des cils, ou ram- pant à la manière des Sangsues , en fixant alternati- vement les extrémités de leur corps allongé. — Mâ- choires en étrier. — Deux ou plusieurs points rouges oculiformes. Les Rotifères réunis aux Vorticelles par Mülîer, et aux Furculaires par Lamarck, ont formé le genre Ezéchiéline de M. Bory. M. Ehrenberg rendit à plu- sieurs d’entre eux le nom de Rotifer, qui leur avait été donné primitivement par Font^na ; puis il forma avec plusieurs autres le genre Actinurus , qui n’en diffère que par le nombre des appendices ou plutôt par le dé- veloppement de l’appendice terminal ; le genre Phi- loclina , qui a les points rouges placés plus en arrière au-dessus des mâchoires , et le genre Callidinc , qui manque lolaiemenl de points rouges ; c’est en y ajou- HISTOIRE NATURELLE 656 l.int les genres lljdrias et Typhlina ^ basés sur des observations incomplètes laites durant son voyage en Egypte, et un genre qui doit être placé ailleurs, qu’il a formé sa famille des Philodinœa , * placée parallèlement à celle des Brachionœa ; comme si l’absence de cuirasse était la seule dillérence qui les distinguât. Il est bien certain que les Rotifères ne peuvent être réunis ni même rapprochés d’aucune autre famille de Systolides ; car, s’ils possèdent les caractères communs de la rétractilité ii l'intérieur des téguments , et d’un appareil digestif assez analogue, avec des mâchoires en étrier, comme celles des Mélicertiens et des Ptéro- dines , et enfin un système génital également sem- blable à ce qui se voit chez tous les autres Systolides , sauf l’éclosion des œufs qui , à certaines époques , a lieu dans le corps de la mère pour la plupart des Ro- lifères comme pour l’Albertia ; les Rotifères se distin- guent absolument par leur double mode de locomo- tion et par le double aspect que présente la partie antérieure de leur corps dans l’un et l’autre mode de locomotion. En effet, dans l’état le plus ordinaire, ces animaux ont le corps fusiforme, aminci en avant et terminé par un tube cilié à l’extrémité , au moyen duquel ils se fixent aux objets solides pour exécuter leur mouvement de reptation ; puis tout à coup reti- rant à l’intérieur ce tube charnu , ils font saillir deux lobes arrondis pétaliformes , bordés de cils vibratiles , et que dans le premier état on distinguait à travers le tégument comme deux disques réniformes ou ovales , situés à moitié de l’inlervalle entre les mâchoires et l’e.\trémité du tube; ils cessent alors de ranijier, et restent fixés par l’extrémité de leur c[ueue , comme les DES INFUSÜIUES. 657 Méliccrtieus , en produisant un double tourbillon dans le liquide, ou bien quittant leur point d’attache, ils nagent librement dans l’eau au moyen de ce dou- ble tourbillon. Sur la face où s’ouvre le prolonge- ment antérieur du corps pour laisser sortir les lobes ciliés , au-dessous de ces lobes , et à l’opposite du lieu où vient rentrer le tube terminal , on observe un tube charnu beaucoup plus mince et dirigé perpendiculai- rement au corps : c’est ce que M. Ehrenberg a nommé l’éperon , en lui assignant d’abord des fonctions géni- tales , puis des fonctions respiratoires; mais il est vrai de dire qu’on ne sait encore cjuelle est sa vraie si- gnification. Une propriété bien extraordinaire que possèdent plusieurs Rolifères , c’est de pouvoir résister à la des- siccation ; ils vivent dans les mousses humides ou dans le sol entre les racines des plantes; puis, quand vient la sécheresse , ils se contractent en boule et peu- vent résister ainsi à l’action du soleil le plus ardent , même sur des murs, sur des toits d’ardoise ou dans le sable des gouttières, et demeurer' dans un état de sommeil ou plutôt de vie latente jusqu’au retour de la saison pluvieuse. Cette singulière faculté de résurrec- tion , constatée par Spallanzani , fut contestée par beaucoup de naturalistes qui appuyaient leur opinion sur des raisons très-concluantes; mais des expériences faites par M. Schultze , et répétées depuis par tous les micrographes , sont venues confirmer les résultats de Spallanzani. Il ne faut pas croire cependant que tous les Rotifères aient également le privilège de ressusciter ainsi. Ce sont seulement ceux qui ont été recueillis dans les touiles de Bryum, sur les toits , qui montrent bien ce phénomène. INFUSOIRES. IIISTOIHE NATURELLE G58 Les caractères employés par M. Ehrenberg, pour la distinction de ses genres de Philodinœa, ont vérita- blement trop peu de fixité pour être admis ; cet auteur lui-même a vu les points rouges, qu’il nomme des yeux , varier de nombre et de position dans ses Roti- fères. Quant aux appendices de la queue, ils ne sont pas toujours également visibles , quoique existant réel- lement, parce que l’animal ne les fait saillir qu’à cer- tains moments ; l’appendice terminal moyen , celui par le moyeu duquel les Rotifères se fixent aux corps so- lides, est lui-même plus ou moins allongé , mais il existe toujours. Nous pensons donc qu’on ne peut con- venablement établir que deux genres ; l’un, Callidinaj caractérisé par le faible développement de ses organes ciliés rotatoires , et manquant tout à fait de points rouges; l’autre, Rotifei\ ayant deux ou plusieurs points rouges plus ou moins rapprochés de l’extrémité, et surtout ayant les lobes ciliés rotatoires très-déve- loppés. M. Ehrenberg nomme Callidina elegans ( Ebr. Inf. PI, LX , fig. 1) une espèce longue de 0,37, qu’il a observée à Berlin ; je donne moi-même , dans la planche XVII (fig. 3) , la figure d’une Callidine ob- servée à Toulouse en 1840 ; elle est longue de 0,5 , ses mâchoires présentent une rangée de petites dents pa- rallèles , et son appareil cilié rotatoire est très-resserré, ce qui peut lui faire donner le nom de Callidina constricta. Parmi les Rotifères qui forment des espèces assez nombreuses, il faut distinguer le JRotifer vulgaris (1) (i) Animalcula biais rolulis, Leeuwenhoek , Arcan. nal. p. 386. ChsiMlo arj[uali(iue. • — Poissons à la grande gueule , Joblot , Micr, DES INFUSOIUES. 659 (PI. XVII, fig. 1) , très-commun partout , long de 0,50 à 1,00 lorsqu’il est le plus allongé , ayant ses organes ciliés rotatoires larges de 0,10 environ , et caractérisé par la position de ses deux points rouges très-rappro- chés de Textrémité antérieure. M. Ehrenberg compte quatre autres espèces de Ro tilères, dont deux douteuses , et une espèce à'Actinurus [A. neptunius , Ehr. Inf. PI. LXI, fig. 1), ayant aussi les yeux frontaux rappro- chés vers l’extrémité antérieure ; mais je dois dire qu’il ne m’a pas encore été possible de saisir de diflérences essentielles entre tous les Rotifères ayant les points rouges ainsi placés , soit que ces animaux vécussent dans l’eau des marais ou dans les eaux conservées pen- dant longtemps , ou dans la terre humide , ou sur les mousses vivantes ou sèches , ou enfin dans le sable des gouttières, quoique bien certainement tous ces Roti- fères n’eussent pas également la faculté de résister à la sécheresse. Le Rotifer injlatus ( PI. XVII , fig. 2 ) est bien dis- tinct par sa forme proportionnellement moins elFdée , par ses organes ciliés moins larges , et par ses points rouges situés très-près des mâchoires ; sa longueur est de 0,45; il vit également dans les eaux et dans les toulles de mousses , et peut ofirir les mêmes phé- nomènes de résurrection que le précédent. M. Ehren- berg en a fait au moins quatre espèces , suivant la Brachionus rotalorius , Pall.ns , El. zooph. p. 9^. — Rndmncher , Eichhorn, Beytr. p. n , fig. A-E. Il rotifero , Spallanzani , Opus. fisic. 1776 , 1 1 , Pl. IV , fig. I-V. Vorticella rotatoria , Millier, Infus. Pl. XLII , fig. 11-16. Rotifer redivivus , Cuvier, Tabl. Elem. — Dutrochet, Ann. mus. t. XIX, Pl. XVllI , f. 7, et t. XX. Furcularia rcdiviva , Laniarck , An. sans vert. 2'^ éd. t. U , p. 45. Ezechielina Miillcri , Bory, Encycl. zooph. p. 536,' Rotifer vulgaris , Ehr. Infus. Pl. LX , fig. 4* 42» ! mSTOIIlE NATUllELLE 660 leinle rose ou jiuinâlre qu’il présente, et suivant la forme des yeux et la longueur des appendices de la queue; savoir : 1“ la Philudina eiythrophUialma (Elir, Inf. PI. LXI, lig. 4) , blanche , lisse avec les yeux ronds et les pointes delà queue plus courtes ; 2»laP. ro- seola (loc. cit., fig. 5), qui n’en dill’èreque par sa teinte rosée et par ses yeux ovales ; 3° la P. citrina (loc. cit. fig. 8) , qui n’en dillère que par la couleur jaunâtre du milieu du corps; la P. macvostjla (loc. cit. fig. 7 ) , qui est blanche avec les yeux oblongs et les stylets de la queue beaucoup plus longs. Peut-être doit-on considérer comme espèces distinctes la P. col- laris (Ehr. loc. cit. , fig. 6 ), indiquée comme ayant un pli saillant autour du cou, et comme étant deux fois plus petite; la P. megalotrocha [YjYiv . loc. cit. fig. 10), longue de 0,25, blanche, à corps plus renflé, et avec les organes ciliés très-développés ; enfin la P. aculeata (Ehr. loc. cit. fig. 9) , dont le corps blanc, long de 0,37, est tout hérissé d’épines molles. DtS INFUSOIRES. 6G1 ORDRE IV. STSTOUSES MARCHEURS. ( Non ciliés. > VIF FAMILLE. TARDIGRADES. Animaux à corps oblong , contractile en boule : avec quatre paires de pattes courtes, ou de mamelons portant chacun deux ongles doubles ou quatre ongles simples crochus. — Bouche très-étroite, en siphon à l’extrémité antérieure , avec un appareil maxillaire interne qui se compose de deux branches latérales écartées , mobiles , et d’un bulbe musculaire traversé par un canal droit armé de pièces cornées articulées. La famille des Tardigrades comprenait d’abord une seule espèce , sous le nom de laquelle on confon- dait plusieurs animaux dilFérents ; mais désormais, grâce aux travaux de M. Doyère, elle vase trouver com- posée de trois ou quatre genres bien caractérisés. Elle forme le passage de la classe des Systolides à celle des Helminlhides d’une part, et à celles des Annélides et des Arachnides d’autre part. Les Tardiffrades vivent soit dans les eaux sta- D gnantes , soit dans les touffes de mousse avec les Roti- fères , dont ils partagent la faculté de ressusciter après la dessiccation. Eichhorn est le premier qui en ait donné une description sous le nom d’Ours d'eau (TVassei'biir) , en leur attribuant toutefois cinq paires de pattes au lieu de quatre ; il avait trouvé son Ours 362 HISTOinE NATURELLE (l’eau dans un vase où il conservait de l’eau avec des plantes aquatiques. Corli et , après lui , Spallanzani, observèrent , eu Italie , dans le sable des toits, un de ces animaux que le premier nomma Bnicolino ( petite chenille), et que le second nomma le Tardigrade, en raison de la lenteur de ses mouvements ; ces auteurs l’étudièrent particulièrement sous le rapport de sa ré- surrection après qu’il a été desséché. Schranck décrivit aussi un Tardigrade sous le nom d! Arctiscon dans sa Fauna hoica en 1804' ; M. Nitzsch adopta ce nom d’Arctiscon en 183-5, en décrivant deux autres espèces ; mais précédemment, en 1833 et 1834 , M. Schultze avait nommé Macrohiotus Hufelandii un Tardigrade dont il constatait la faculté de résurrection , etM. Eh- renberg appelait Trionychium tardigradum un ani- mal qu’on pouvait croire analogue à l’un des précé- dents, quoiqu’il lui attribuât trois ongles à chaque pied ; à moins qu’on ne pensât que sous ces diverses dénominations c’était toujours une seule et même es- pèce qu’on avait eue en vue, et j’avoue que j’étais porté à adopter cette opinion quand je publiai dans les Annales des sciences naturelles, en 1838 (tom. 10, pag. 185 , PI. II), une note sur le Tardigrade. Mais M. Doyère, par des recherches persévérantes sur ces animaux , est parvenu non-seulement à démontrer chez eux une organisation très-complexe et inaperçue avant lui , mais encore à distinguer nettement les genres Emydium , Milnesium et Macrohiotus . Nous devons attendre la publication de son important tra- vail pour en connaître tous les résultats, et je dois me borner ici adonner, d’après les observations moins complètes que j’ai pu faire moi-même, quelques dé- tails sur les genres de Tardigrades. 1“ U Emydium , DES INFUSOIRES. 663 dont je donne une figure (PI. XXII , fig. 8) , est carac- térisé par sa forme ovoïde plus étroite en avant où la bouche s’avance en une pointe entourée de quelques petits appendices charnus, par son tégument plus ré- sistant, et qui, suivant M. Doyère , ollrirait même des plaques régulières , par les longs cils cornés qui partent de ce tégument en plusieurs points déterminés, et enfin par ses pieds armés chacun de quatre ongles distincts; l’espèce la plus commune ô^Emjdium vit dans les touffes de Brjum^ sur les toits , aux environs de Paris ; elle est rouge , longue de 0,30 à 0,50. 2“ Le Macrobiotus a le corps tout à fait nu ou sans poils , plus allongé, presque cylindrique, plus obtus en avant; ses pieds sont munis de deux ongles bifides chacun ; ses mâchoires , dont nous donnons la figure (PL XXII, fig. 7) , ont des branches latérales très-larges , dures , cassantes , qui , de môme que celles de l’Emydium , agissent fortement sur la lumière polarisée , tandis que tout le reste de l’appareil maxillaire est sans action. L’espèce dont j’ai représenté les mâchoires {M. Hufe- landi ) vit comme la précédente dans les mousses sur les toits , aux environs de Paris , et m’a été communi- quée par M Doyère ; elle est longue de 0,36 à 0,70. J’ai trouvé , au mois de février, dans les ruisseaux des environs de Rennes , un autre Macrobiote , long de 0,90 ou presque d’un millimètre , et bien distinct du précédent par ses ongles trois fois plus grands (0,05) et par les branches de ses mâchoires qui sont plus étroites. 3“ Le Tardigrade proprement dit (PI. XXII, fig. 6) a le corps proportionnellement plus épais que ces Macrobiotas , et les mâchoires différemment con- struites avec deux branches latérales plus étroites , et deux tiges minces au centre, au lieu d’un canal distinct IlISTOIRr NATÜRERLK 60 V et l;ir£^e. L'Vspè'ce dont nous donnons la (if^ure est longue de 0,30 à 0,50 : je l’ai trouvée à plusieurs re- prises dans des bocaux où je conservais de l’eau avec des herbes aquatiques et des débris de végétaux , et dans l’eau des mares de la forêt de Fontainebleau , avec des Flosculaires, entre les rameaux de VHjpnum Jluitans. k° Le genre Milnesium a été établi par M. Doyère sur une espèce longue de 0,50 , dont les mâchoires sont différemment construites et sans bran- ches latérales aussi développées; c’est sur lui que cet observateur a fait principalement ses recherches ana- tomiques (1). (i) Le mémoire de M. Doyère, sur les Tardigrades, a paru dans les Annales des Sciences naturelles, t. page 269 , lorsque celte feuille était déjà imprimée. DES INFUS01P.es. CO 5 LIVRE V. DES DIAEns OBJETS MICROSCOriQUES CONFOIVDUS PAR TES AUTEURS AVEC LES INFUSOIRES. Avant d’être bien fixé sur les caractères des vrais Infusoires, on est exposé à confondre avec eux un grand nombre d’autres objets que le microscope nous fait connaître. Le premier indice que nous ayons de l’or- ganisation chez ces objets, c’est le mouvement. On est donc tout d’abord porté à rapporter à la classe des In- fusoires tout ce qu’on voit se mouvoir dans le champ du microscope, et comme on sait d’ailleurs que cer- tains animaux, tels que les Amibes, les Rhizopodes, les Actinophryens , les Éponges, etc. , n’ont que des mouvements extrêmement lents , il en résulte que le moindre mouvement observé sous le microscope peut être pris pour un indice de la nature animale d’un ob- jet que sa petitesse fait naturellement ensuite rappro- cher des Infusoires ; c’est ainsi que tous les anciens micrographes et Müller lui-même , si habile observa- teur, ont réuni sous le même nom les objets les plus dissemblables. C’est parmi les corps organisés vivants doués de mouvements spontanés , qu’on a cru recon- naître des Infusoires ; mais cependant les corps inor- ganiques eux-mêmes ou privés de la vie ont pu donner lieu à des méprises ,’ lorsque , réduits en poudre très- fine , ou en particules de 1/1000 à 1 /500 de millimètre, ils flottentdans un liquide. En effet alors ils sont animés HISTOIRE NATURELLE C66 (l’un mouvement plus ou moins vif de titubation ou de va-et-vient dans tous les sens qui a fait prendre ces particules pour de très-petites Monades. Ce mouve- ment, qu’on nomme mouvement brownien ou mou- vement moléculaire , est tout à fait indépendant de la nature des corps on sait seulement qu’il est d’autant plus vif que le liquide a moins de viscosité , que les particules sont plus fines, ou que leur densité est moins différente du liquide, et enfin que la tem pérature est plus élevée. C’est dans le lait ou dans une émul- sion , et dans la gomme-gutte délayée, qu’on observe plus facilement ce mouvement, et qu’on peut ap- prendre à le distinguer de celui des Monadiens ou des Vibrioniens. On a assez d’exemples de la motilité des plantes vi- vantes pour qu’on n’ait pas de peine à concevoir que des végétaux microscopiques ou des parties de végé- taux pourront, sous le microscope , montrer des mou- vements spontanés que l’amplification de l’instrument rend parfaitement appréciables. Nous pouvons ici nous dispenser de parler du mouvement de cyclose ou de la circulation dans les cellules végétales, dans celles des Charas , par exemple j nous ne parlerons pas non plus de la contractilité de la matière verte dans les ar- ticles des Zygnèmes, soit isolés , soit accouplés ; mais nous devons signaler les mouvements singuliers des Zoocarpes et ceux des Zoospermes de mousses, des Os- cillaires , des Glostéries, et des Bacillariées. On a re- marqué que la matière verte qui remplit les cellules des conferves et de certaines algues , se change à cer- taines époques en granules verts réguliers de gros- seur uniforme, ou Zoocarpes, (jui s’agitent dans la cel- lule jusqu’à ce qu’une ouverture latérale, venant à se DES INFUSOIBES. 667 produire , leur permette de se répandre au dehors et de nager dans le liquide pendant un certain temps , pour s’aller fixer aux corps solides et se développer en conferves semblables à celles d’où ces Zoocarpes sont sortis ; ce sont donc des corps reproducteurs d’un vé- gétal paraissant jouir momentanément de la vie ani- male. Divers observateurs ont vu ces Zoocarpes sortir des cellules de plusieurs conferves ; moi-même je vis au mois d’avril 1836 les Zoocarpes de la confers^a ri- uularis , dont chaque article montrait vers le sommet un tubercule de plus en plus saillant , et enfin perforé pour livrer passage à ces corps reproducteurs que j’ai vus aussi nager librement dans l’eau ; ils tournaient en avant une partie plus mince et plus claire ; mais quoiqu’à cette époque je fusse en état de bien voir le fila- ment flagelliforme des Monades , je n’ai pu voir aucun moyen de locomotion à ces Zoocarpes ; leur longueur était de 0,02, et certainement on eût pu les confondre avec des Thécamouadiens , qui sont également de couleur verte. Les anthères des Sphagnum, des Charas et de plu- sieurs autres cryptogames, contiennent des filaments très-déliés , susceptibles de se mouvoir spontanément, et ressemblant beaucoup à des Vibrions ou à des Spi- rillum ; mais on les en distingue parce que leur mo- tilité n’a pas une durée indéfinie comme celle de ces Infusoires; on les a décrits cependant comme des ani- malcules. Les Oscillaires sont des végétaux extrêmement ré- pandus, soit dans les eaux stagnantes , soit sur la terre humide ou au pied des murs ; ce sont des filaments minces, ordinairement verts , simples ou non rameux, composés d’une enveloppe gélatineuse plus ou moins HISTOIUE NATURECLE G68 solide, mais non réellement membraneuse, à l’inté- rieur de laquelle se trouve la matière verte, formant une pile de petits disques superposés, d’où résulte l’apparence d’une structure articulée; ces fdaments d’Oscillaires sont continuellement en mouvement, se courbent lentement dans un sens et dans l’autre , et agitent visiblement leur extrémité plus mince et plus diaphane , comme ferait un animal avec une trompe ou un tentacule. Ces mouvements spontanés auraient assurément fait ranger les Oscillaires parmi les ani- maux , si leur forme en filaments allongés ne les rap- prochait bien davantage des Conferves et des Zyg- nèmes; ils ont suffi néanmoins pour motiver l’opinion de quelques naturalistes qui les ont voulu placer dans un sous -règne intermédiaire aux végétaux et aux animaux , ainsi que les autres végétaux dont nous allons parler. Clostéries ou Lunulines. Les Clostéries , confondues par Müller avec les Vi- brions sous le nom cle V^ihrio /M7z«/a(Inf. PI. VII , fig. 13, 15), en ont été séparées par M. Nitzsch sous cette dénomination que nous adoptons. M. Bory , et après lui» M. Turpin, les nommèrent Lunulines en les rapportant au règne végétal ; ce sont des corps verts fusiformes très-allongés ou presque cylindriques (de 0,20 à 0,56), plus ou moins courbés et offrant quelquefois la forme d’un croissant. Ils sont revêtus d’une membrane résistante, diaphane, marqués de huit h douze stries longitudinales , et contiennent à l’inté- rieur la matière verte entremêlée de globules huileux et laissant aux deux extrémités une petite cavité sphé- DES INFUSOIIÆS. t}(39 riqiie occupée par des granules rouges toujours agités du mouvement brownien , et au milieu un intervalle diaphane plus ou moins prononcé. Ils se muliipHent en se séparant par le milieu pour laisser sortir la ma- tière verte qui forme les corps reproducteurs comme chez les Zygnèmes. On a de plus annoncé récemment [Linnœa^ 184-0, p. 278) l’existence d’une circulation intérieure qui paraît assez analogue à celle des Charas ; enfin on sait de plus que les Glostéries croissant par houppes vertes dans les eaux douces au milieu des conferves sont susceptibles de se mouvoir lentement , et qu’elles viennent se fixer aux parois éclairées des bocaux où on les conserve ; mais dans tout cela il n’y a rien qui ne puisse se concilier avec l’idée qu’on doit se faire de la nature végétale de ces êtres : aussi la plupart des naturalistes, comme MM. Bory, Turpin, Kützing , Morren, de Brébisson , les ont ils-classés parmi les végétaux. Cependant M. Ehrenberg les regarde comme des animaux de la classe des Polygas- triques, et il en fait la famille des Closterina, com- posée du seul genre Clostevium , et parallèle à ses Vi- brionia, ou représentant des Vibrions cuirassés. Il leur attribue des estomacs multiples qui sont les divers ftlobules qu’on voit à l’intérieur, une carapace spon- tanémentdivisibleet des papilles contractiles etmobiles dans l’ouverture de la carapace , nommant ainsi pa- pilles les granules rouges que nous voyons dans la ca- vité bien close de chaque extrémité ; en outre , il les dit dépourvus de canal alimentaire. Il en compte seize espèces , les unes lisses, les autres striées, et diffé- rant entre elles par leur forme ])lus ou moins effilée, plus ou moins arquée. 670 HISTOIRE NATURELLE I Jjacillariées {.Diatomées et Desmidièes ), PI. XX. Parmi ses Infusoires polygastriques anentérés, dans la section des Pseudopoda^ ou Infusoires munis d’ap- pendices variables , M. Ehrenberg a réuni en une seule famille, sous le nom de Bacillariées^ une foule d’êtres vivants ou fossiles que la plupart des autres natu- ralistes considèrent aujourd’hui comme des végétaux. Ce sont pour MM. Agardh , Lyngbye , Kutzing , Duby, de Brebisson , etc. , des végétaux inférieurs, des algues formant les familles des Diatomées et des Desmidièes , composées d’un grand nombre de genres différant, entre eux de forme et de structure. Les Desmidièes sont le plus ordinairement revêtues d’une enveloppe membraneuse flexible , et ne jouissent que d’une motilité très-peu prononcée pour se porter len- tement vers les points où arrive le plus de lumière. Les Diatomées^ au contraire, se meuvent, pour la plu- part, d’un mouvement assez vif de va-et-vient, et sont revêtues d’un têt siliceux , diaphane , dur et cassant , qui résiste parfaitement à la décomposition ; de sorte que , dans des eaux habitées par ces êtres en grand nombre , il se dépose avec le temps une couche sili- ceuse pulvérulente qui est formée presque exclusive- ment de carapaces ou têts de Diatomées. Ce sont de tels dépôts accumulés dans certains endroits de la surface du globe pendant les périodes antédiluviennes, et connus sous le nom de tripoli { Polir schiejer) , de farine fossile {Bergniehl) , etc. , qui ont été décrits dans ces derniers temps comme des amas à! Infusoires fos- siles ; mais on conçoit que cette dénomination est entièrement subordonnée à l’opinion qu’on veut adop- ter sur la nature des Diatomées ou des Bacillariées I I T î 1 UES INFUSOIRES. 671 en général, et que dans tous les cas il doit y avoir toujours une immense diüérence entre ces êtres vivants ou fossiles et les vrais Inlusoires que nous avons dé- crits précédemment ; à moins qu’on ne veuille établir quelque comparaison entre ces carapaces siliceuses et celles des Arcelles et des Péridiniens qui ont pu éga- lement se trouver à l’état fossile. De toutes les Bacillariées , les plus remarquables et celles qui semblent se rapprocher le plus des animaux par leur motilité, ce sont les Naviciiles onFrustulies ; plusieurs d’entre elles ont été rangées par Müllcr dans le genre Vibrion , sous les noms de Vihrio bipunc- tatus et V. tripunctatus (Müll. Inf. PI. VII, fîg. 1 et fig. 2) ; le Vibrio paxillifcr (Müll, 1. c. f. 3-7) , qui excita si vivement l’admiration de cet auteur, appar- tient aussi à la même famille et a été nommé Bacillaria paradoxa par M, Ehrenberg , d’après Gmelin et M. Bory. Beaucoup de Nwicules , comme leur nom l’indique , ont la forme d’une navette ou d’une petite nacelle , et se meuvent aussi comme une navette dans un sens et dans l’autre, suivant leur longueur, en se détournant très-peu quand elles rencontrent des obsta- cles; cette forme de navette ne se voit que dans un sens, etleslNavicules, vues de côté, ont ordinairement une forme rectangulaire très-allongée. Leur têt sili- ceux est lisse ou diversement ciselé, et marqué de côtes ou de stries longitudinales ou transverses , sui- vant les espèces; il présente souvent au milieu et sur les angles une ligne plus saillante avec des renflements au milieu et aux extrémités ; ces renflements réfrac- tant plus fortement la lumière, et jiaraissant alors plus vivement éclairés que le reste , ont été [)ris pour des ouvertures ; de même que les lignes longitudinales HISTOIRE NATURELLE 672 sailhintes, eL aussi les cotes transverses, ont pu être prises pour des fentes; mais c’est bien à tort suivant nous , car cette enveloppe nous a paru toujours par- faitement close. A la vérité, elle est susceptible de se séparer en deux ou plusieurs parties , mais nous croyons quec’estpar uneru|)ture quia lieu naturellement sui- vant les lignes de moindre résistance. A l’intérieur on voit dans les Navicules vivantes une substance colorée en brun , en fauve ou en vert , distribuée assez régu- lièrement dans l’intérieur et entremêlée de globules d’apparence huileuse , comme la matière verte des Clostéries : cette partie vivante ne communique donc avec le liquide extérieur que parles pores de l’enve- loppe que nos expériences nous ont montrée être per- méable, non moins que la paroi des cellules végétales. Les observations les plus minutieuses et les plus per- sévérantes n’ont pu nous montrer les organes auxquels divers observateurs ont attribué le mouvement des Navicules , ni les appendices multiples et variables que M. Ehrenberg disait d’abord avoir vus sortir par les ouvertures du têt, ni le pied unique qu’il décrit en 1838 (Inf., p. 174) comme semblable au pied d’un Limaçon , et qu’il prétend avoir vu sortir par l’ou- verture, moyenne ; ni les cils vibratiles que M. Valen- tin [Repenorium/ür Anatomie ^ t. II, p. 207) prétend avoir vus rangés sur chaque côté , comme des rames dont le mouvement , suivant qu’il a lieu dans un sens ou dans l’autre pour les deux rangées à la fois, fait avancer ou reculer la Navicule, et lui permet au con- traire de rester en repos s’il est inverse dans les deux rangées. Nous le disons avec conviction : non, il n’existe rien de tel , et les prétendues ouvertures sont des par- ties saillantes. DES INFUSOIRES. 673 Nous dormons (PI. XX , fig. 1, 2, 3, 6 et 13 ) les fi- gures de diverses Navicules, déformé et de grandeur variées ( de 0,03 à 0,30 ) , appartenant à autant d’espèces différentes; il en existe encore beaucoup d’autres plus courtes et presque discoïdes ou plus effi- lées ; d’autres plus recourbées , etc. Les auteurs en ont décrit déjà au moins cinquante espèces. M. Turpin voulut faire un genre particulier de celles dont Ja forme est ovale , presque ronde, et qui sont fortement ciselées ; il les nomma Surirelles. Beaucoup de Ba- cillariées , au lieu de vivre toujours libres dans les eaux douces ou marines , sont d’abord fixées de di- verses manières , et ne jouissent du mouvement qu’après avoir quitté leur point d’attache ou leur gîte. Les unes sont soudées latéralement en longues bande- lettes , qui paraissent provenir d’une multiplication par division spontanée ; on en a fait les genres Dia- toma ou Bacillaria ( PI. XX , fig. 10 ) quand elles se séparent à une certaine époque , en restant fixées par leurs angles , et le genre Fragillaria , quand elles ne se séparent point ainsi ; on a nommé Meridion celles dont les articles ou corpuscules étant plus larges à une extrémité forment une bandelette contournée en cercle ou en spirale au lieu d’ètre droite. D’autres , fixées immédiatement sans pédicules aux corps sub- mergés , forment les genres ^nedra si elles sont en forme de baguettes , ou Podosphenia , si elles sont plus larges à une extrémité ; celles qui sont fixées par des pédicules simples ou rameux forment les genres Gomphonema ( PI. XX , fig. 11 et 12 ) et Cocconema (fig. 4- et S). D’autres , formant les genres Schizonenia^ Encjonema , etc., sont engagées dans des tubes muci- lagineux simples ou rameux , ou dans des masses INFUSOIRES. I 67^1- HISTOIRE NATURELLE ji-élaLineuses , et ressemblent d’ailleurs aux vraies Na- vicules. A ces genres et à un grand nombre d’autres , composant la famille des des auteurs , ou les sections des Nauicidacées , des Échinellées et des Lacernés dans la famille des Bacillariées de M. Eh- renberg, on a ajouté encore d’autres genres qui n’ont absolument aucune analogie avec des animaux ; tels sont les Gallionella , formées d’articles cylindriques ou globuleux , réunis en longs filaments lisses ou moniliformes. Mais les Desmidiées ou Desmidiacées , qui forment une famille distincte pour la plupart des auteurs , et qui sont seulement une première section des Bacillariées de M. Ehrenberg . se rapprochent encore bien davantage des algues véritables ; elles n’ont plus cette motilité inexplicable des Navicules , et il nous semble impossible que des observateurs , li- bres de tout esprit de système , les puissent prendre pour des animaux ; on en a fait un grand nombre de genres dont nous avons représenté quelques-uns dans la planche XX (fig. 16 à 23). DES ANIMAUX OU FRAGMENTS D’ANIMAUX FRIS FOUR DES INFUSOIRES. Nous ne pouvons vouloir parler ici de tous les pe- tits animaux articulés que les premiers micrograpbes ont décrits avec les Infusoires , et qui sont si faciles à reconnaître pour ce qu’ils sont réellement , tels que les Entomostracés , les Hydracbnes , les Acariens en gé- néral , les petits Insectes et leurs larves , les Nais , etc. Parmi les animaux arrivés à leur complet développe- ment, nous n’avons à mentionner que les Némaloïdes réuni* encore sous le nom d’Anguillules , et certaines petites espèces de Planariées; parmi les animaux non DES INFUSOIBES. 675 complètement développés , nous citerons les Histrio- nelles, qui sont le premier â^e decertains Distonies, les œufs ciliés et mobiles des Éponges et des Polypes tuniciens ; enfin, parmi les parties vivantes détachées ou dérivées du corps des animaux , nous devons citer les Zoospermes et les lambeaux des branchies d’ani- maux invertébrés , et les particules détachées des membranes muqueuses des animaux vertébrés et des Mollusques. Les Anguillules , ainsi nommées par M. Ehrenberg , sont des versNématoïdes très-voisins des Ascarides par leur organisation ; Müller les avait réunies à ses Vi- brions sous les noms de Vihrio anguillula , V. gordius , V . serpentidus , V.coluber(JAv\\. Inf. PI. VIII et IX), M. Bory les classa de même; Bauer en Angleterre et Dugès en France , les étudièrent avec plus de soin et reconnurent les caractères tirés de leur organisation, mais ils leur laissèrent le nom de Vibrion. On trouve des Anguillules, d’espèces différentes, dans le vinaigre, où tous les anciens micrographes surent les voir, dans la colle de farine aigrie , dans le blé niellé , dans les eaux douces ou marines , dans la terre humide et dans le corps des Lombrics, ainsi que dans leur intestin et dans celui des Mollusques terrestres et des Insectes ; et enfin dans les touffes de mousses qui croissent sur les toits et les murs , et qui , exposées à des alternatives de sécheresse et d’humectation , contiennent en même temps des Rotifères et des Tardigrades. En outre de cette faculté de ressusciter après avoir été desséchés , faculté qui s’observe aussi d’une manière bien frap- pante sur les Anguillules du blé niellé , ces animaux offrent beaucoup d’autres particularités remarquables dans la faculté qu’ils ont de résister à certaine agents HISTOIRE NATURELLE 67G et à certaines influences de température. IJ est rare que dans la recherche des Infusoires et des Systolidcs on ne trouve pas aussi des Anguillules parmi les débris de végétaux. Les petites Planaires que l’on rencontre souvent avec les Infusoires soumis au microscope appartien- nent au genre Dérostome de Dugès , leur corps est fusiforme , long de plus d’un millimètre , tout couvert de très-petits cils vibra tiles dont le mouvement les fait glisser sur les corps solides, plutôt que nager à la manière des Infusoires. Le genre Histi'ionnelle de M. Bory avait été établi pour deux espèces de Cercaria de Müller , G. inquiéta et C. lemna (Inf. PI. XVIII , fig. 8 , 12), qui dillèrent en effet beaucoup des autres Cercaires de cet auteur ; je les ai tsouvées fréquemment au printemps , dans l’eau des marais de Gentilly , recueillie avec des Lym- nées. Ces petits animaux se composent d’un corps oblong contractile et d’une queue plus longue que le corps, annelée ou peu marquée de rides transverses et continuellement agitée , ce qui fait que l’animal se meut en tourbillonnant et en vacillant avec rapidité. A un certain instant les Histrionnelles se fixent au corps des Lymnées et perdent leur queue pour se changer en Distomes ainsi que l’a démontré M. Bauer ( Act. nov. nat. cur. t. 13, PI. XXIX). Les œufs des Polypes , des Eponges et de plusieurs autres animaux inférieurs sont revêtus de cils vibra- tils au moyen desquels ils se meuvent librement dans l’eau jusqu’à ce qu’ils se soient fixés à quelques corps solides pour se développer. Il me paraît certain que les œufs de Spongilles , dont je dois la connaissance à M. Laurent , ont été pris par Müller pour des Leuco- DES INFUSOIRES. G77 phres ; ils sont blancs ovoïdes et paraissent à l’œil nu comme des points blancs qui se meuvent unifor- mément. La substance molle , gélatineuse ^ qui porte les cils vibratiles sur les branchies des Mollusques et des Zoophytes , et sur les membranes muqueuses des di- vers animaux, est susceptible de se détacher par compression , ou par le frottement. Ses petits lam- beaux contractiles , et conservant la vie pendant un temps assez long, continuent à se mouvoir en agitant les cils dont ils sont couverts ; lesquels cils entièrement semblables à ceux des Infusoires sont d’une consistance molle, glutineuse et non point de nature cornée ou épidermique. Müller a eu l’occasion d’observer de ces lambeaux ciliés détachés accidentellement des bran- chies d’une Moule , dans l’eau de laquelle il cherchait des Infusoires ; et il a décrit ces lambeaux comme des espèces de Trichode et de Leucophre. Les Zoospermes ou animacules spermatiques , très- imparfaitement étudiés d’ahord et représentés avec la forme des têtards de grenouilles , ont été classés par M. Borj^ dans sa famille des Gercariées ; mais il suffit de suivre le développement de ces prétendus animaux pour demeurer convaincu que ce ne sont pas des êtres doués d’une vie individuelle et susceptible de se re- produire eux-mêmes , mais que ce sont simplement des dérivés de l’organisme qui les a fournis , con- servant une portion de vie, à la manière des cils vibra- tiles détachés des membranes muqueuses. Si l’étendue de ce volume n’avait pas déjà dépassé de beaucoup les limites que nous avions dû nous tracer, il y aurait eu bien d’autres choses à dire sur les objets contenus dans ce cinquième livre ; mais alors il serait 678 HISTOinE RATUREttE DES INFÜSOIRES. devenu un traité de micrographie. Nous espérons y suppléer par la publication prochaine de notre Manuel de l’ observateur au microscope , dont l’Atlas est déjà gravé depuis longtemps ; et d’ailleurs, nous le répé- tons en terminant , nous avons tant de faits inconnus à trouver encore dans l’emploi du microscope, que je n’ai livré cet ouvrage que pour hâter ou pour faciliter de nouvelles recherches , et non pour tracer les lois d’une science qui est encore à faire. TABLE DES MATIERES Préface. [ Discours préliminaire. . i Histoire des Infusoires. Livre FL Observations générales sur les Infusoires. Chapitre Définition Chap. II. Opinions diverses sur le degré d’organisation des In- fusoires s 20 CiiAP. III. Substance charnue des Infusoires. 26 Diffluence 3a Sarcode ... . 35 Chap. IV. Organes locomoteurs et organes extérieurs ou ap- pendiculaires des Infusoires. . 4^ Chap. V. Bouche et anus des Infusoires 5i Chap. VI. Organes digestifs des Infusoires 67 Intestin des Infusoires 6a Expériences de coloration artificielle. 72 Chap. VII. Génération des Infusoires pat division spontanée. 83 Chap. VIII. Des œufs, des ovaires, des organes génitaux mâles des Infusoires et de la génération spontanée 88 Chap. IX. De la circulation et de la respiration chez les Infu- soires, de leurs sens , de leurs nerfs , etc I08 Chap. X. Résumé sur l’organisation des Infusoires H2 Chap. XI. Discussion des caractères offerts par les Infusoires , 1 et classification basée sur ces caractères Iï6 Tableau des familles 126 Chap. XII. Examen critique des classifications antérieures. . . 13g Classification de Miiller ihid. Classification de M. Bory de Saint-Vincent. i49 Classification de M. Ehrenberg iSg Chap. XIII. De la recherche et de la conservation des infu- soires Chap. XIV. Des infusions. ^7® Chap. XV. Manière d’observer et d’étudier les Infusoires sous le microscope • * « • .» l^o 680 TAULE Pag. Chap. XVI. De la manière de mesurer et de repréâcnler les Infusoires 189 CiiAp. XVII. Conservation des Infusoires en collection 307 Liviie II. Description méthodique des Infusoires. Infusoires asymétriques. — Ordre 1 209 D® Famille. Vidrionieks . Ibid. 1®'' Genre. Bacterium 212 2® Genre. Vibrion 216 3® Genre. Spirillum 223 (Spiroeheeta , Ehr. p. 225. — Spirodiscus , Ehr. p. 226). Ordre II. — II» Famille. Amibiens 226 ^ Genre Amibe 23i (Proteus diffluens , Müller , p. 233). 111® Famille. Bhizofodes 2^0 l®r Genre. Arcelle. 246 (Cyphidium , 'Ehr. p. 247). 2® Genre. Dijfflugie 248 3“ Genre. Trinéme 249 4® Genre. Euglyphe 25i 5® Genre. Gromie 262 6® Genre Miliole 256 J^ertébraline , Dorb 258 7® Genre. Cristellaire Ibid. 8' Genre. Vorticiale 259 4® Famille Actinophrïens Ibid. J®' Genre. Actinophrys {Peritricha, Bory) 262 (Podophrya , Ehr. p. 266). 2® Genre. Acinète 2C7 — Genre Dendrosome , Ehr 269 Ordre III. — V« Famille. Monadiens 270 l®r Genre. Monade . .' 279 2® Genre Cyclide 286 3' Genre Cercomonas 287 4' Genre. Amphimonas 292 5® Genre. Trepomonas 294 6c Genre. Chilomonas 296 7c Genre. Hexamite 296 8® Genre. Hètéromite 297 {Bodo grandis , Ehr. p. 298). 9= Genre. Trichomonas 299 10' Genre. Uvelle 3oo (Polytoma, Ehr.) 002 11' Genre. Anlhophyse (f^çlvox végétant , Miillcr) Ibid. DES MATIÈRES. 681 Pag. Appendice aux familles des Amibiens et des Monadiens. Or- ganisation des éponges VF® Famille. Voi.vociens 1®"^ Genre. Volvox 2® Genre. Pandorine (Eudoriitn , Ehr. , p. 3 17). 3® Genre. Goniurn {Pectoraline , Bory) 3j^ 4® Genre. Urogléne 3jg {Syncrypta , Ehr. , p. 3l9). VII® Famille. Dinobbyens ^20 1'® Genre. Dinobryon 321 Æpipyxis, Ehr. . 322 VIII® Famille. ThÉcamoisadiens 323 ler Genre. Trachelomouas 32y {Chœtotyphla , Ehr., p. 328). (Chcetogiena , Ehr. , p. 32g). 2® Genre. Cryptomonas 329 (Cryptoglena , Ehr., p. 333). 3® Genre. Phacus 334 4* Genre. Cruniénule 33g * G. Prorocentrum, Ehr Ibid. 5® Genre. Diselmis 340 (Chlamidomoiias , Ehr. , p. 342). 6® Genre. Anisonème 344 7® Genre. Plœotia 345 8® Genre. Oxyrrhis 346 IX® Famille. Eogléniens 347 i'® Genre. Pèranème '. . . . 353 2® Genre. Astasie 356 3® Genre. Eugiène 358 {Raphanelle , Bory , p. 36i). {Ambtyophis , Ehr., p. 366. — Chlorogonium , Ehr., Ibid.). Genre Colacium 367 * * Genre Eistigma 368 4® Genre. Zygoselmis 36g 5® Genre. Hètéroiième 870 6® Genre. Polyselmis Ibid. X® Famille. Féridiniens 871 l'r Genre. Peridinium 3y4 {Glcnodinium,^\\r. , p. 374). 2® Genre. Ceratium 876 Ordre IV. — XI® Famille. EnchÉlyens 38o 1®® Genre. Acomie 382 2® Genre. Gastrochœtc 384 3® Genre. Enchélyde 385 INFUSOIRES. 44 C82 TABLE Pag. 4® Genre. Alyscum 391 5* Genre. Uronème 3y‘j XII® Taniille. Tu ICIIODIEKS Ibid. i®r Genre. Trichode 3g5 2® Genre. TrachcLius 398 3* Genre. Acinéric 4® Genre. Pèlécide 4o3 5” Genre. Dilepte 404 XIII° Famille. Kérokiens 410 1®® Genre. Haltène 4*4 2® Genre. Oxytrique 4lô {Uroleptus , Ehr. , p. 4‘20. — Uroslyla , Ehr. , p. 42a). 3® Genre. Kérone (Stylonyehia, Ehr.) 4^2 XIV“ Famille. PLOEscoinENs 428 Genre. Plœscoiiie (JSuplotes , Ehr.) 43 1 {Discocephalus , Ehr. , p. 443. — Himantophorus , Ehr. , p. 444). 2® Genre. Chlamidodon 444 3® Genre. Diophrys 443 4® Genre. Coccudine Ibid. Genre Aspidisca , Ehr 44^ 5® Genre. Loxode 449 XV® Famille. Ehviliens 4^4 i®r Genre. Ervilie 435 2® Genre. Trochilie Ibid. Ordre V. — XVI® Famille. Leucophryens 456 l®r Genre. Spathidie 467 2® Genre. Leucophre ^58 3® Genre. Opaline 4^* XVll® Famille. Paraméciens 4®3 l®® Genre. Lacrymaire 468 (* Genre? Stravolœma , Bory. — p. 472. — G. Phialina, Ibid.). 2® Genre. Pleuronème 4?^ 3® Genre. Glaucome 4?^ 4® Genre. Kolpode 4/® 5® Genre. Paramécie 4®* 6® Genre. Amphilepte 483 ^® Genre. Loxophylle . . 487 8® Genre. Chilodon 49® y® Genre. Panophrys 49^ 10® Genre. Nnsside 494 11® Genre. Holophre 4q8 12* Genre. Prorodon Soi XVIII® Famille. Bursariens Ibid. UES MATIÈRES C83 1®' Genre. Plagiotome 2* Genre. Ophryogiéne 3® Genre. Bursaire 5q0 4® Genre. Spirostome 5® Genre. Kondylostome • 5jQ XIX® Famille. URCÉor,*HiErts 5j0 l«f Genre. Stentor 5ao a® Genre. Urcéolaire 525 3® Genre. Ophrydie 52g 4® Genre. Urocentre 53 1 XX® Famille. Vorticellieks 532 1®*’ Genre. Scyphidie 538 2® Genre. Epistylis 539 * Genre. Opercularia 545 3® Genre. Vorlicelle 546 4® Genre. Vaginicole 56o Irfusoires srMÉTRiQUEs. — Genre Coleps. . . . 565 Genre Planariole 568 Genre Chœtonote Ibid, * Ichthydie , Ehr Livre III. Observations générales sur les Systolides. Chapitre I. Définition des Systolides 671 Chap. II. Des téguments et des organes locomoteurs 5']'i Explication du mouveraentapparent des organes rotatoires (note) 58o Chap. III. Des organes digestifs des Systolides 58a Chap. IV. Des organes génitaux des Systolides 586 CiiAP. V. De la circulation et de la respiration , des organes des sens , etc 689 Chap. VI. Des moyens de trouver , de conserver et d’étudier les Systolides 692 Chap. VII. De la classification des Systolides 695 Livre IV. Description méthodique des Systolides, Ordre I. — D® Famille. Floscclariehs C08 1®' Genre. Flosculaire 609 2® Genre. Stephanocéros 612 11® Famille. Mélicertiens Ibid, 1®'' Genre. Ptygure 616 2® Genre. Lacinulaire ^*7 3® Genre. 4® Genre. Mélicerte ^*9 Ordre II. — III® Famille. Braciiioniens 621 i®f Genre. Ptérodine C84 TABLE DES MATIÈRES. Pag. 2* Genre. Anourcllc GaG y Genre. BrficJiion G29 Genre. Lèpadcllc •, G3i 5® Genre. Euchlnnis G34 6* Genre. Dinocharis G3G Genre. Salpine G3^ 8® Genre. Colurelle 638 9® Genre. lialule 63g 10® Genre. Polyarlhre 640 iVû Famille. Fübcülariehs 642 i®f Genre. Entéroplée 644 2® Genre. Hydatine Ibid. 3® Genre. Notommate 646 4® Genre. Furculaire 648 5® Genre. Plngiognathe. 65 1 6® Genre. Lindie 653 V® Famille. Albertiens. — Genre Alhertia. ... ..... Ibid. Ordre, III. — VI® Famille. EotifÈres. — Geni'e Callidine. — Genre Rotifére 655 Ordre IV. — VII® Famille. Tardigrades. — Genre&Émydie, Milnesie , Macrobiote. 661 LrvRE V. Des divers objets microscopiques confondus par les auteurs avec les Infusoires 665 Closléries ou Lunulines 668 Bacillariées (Diatomées et Desmidiées) 670 Des animaux ou fragments d'animaux pris pour des Infu- soires 6^4 Des Zoospermes 677 FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. PARIS. - IMPRIMERIE DE FAIN ET THUNOT, IMPRIMEURS DE I.’u N I V B R S I T É ROYALE DF FRANCE, RUE RACINE, 28, PRÈS DE l’ODÉON. EXPLICATION DES PLANCHES DES ZOOPHYTES INFUSOIRES. PLANCHE Ife. Fig. 1-a. Bücierhm termo, grossi 300 fois..(üe l’iufusion d’agaric sec.) 1-6. Le même supposé grossi 1000 fois. 2. Bacterium calenula, grossi 300 fois. (D'une infusion félide de ha- ricots.) 3. Fibrio lineola. (D’une infusion do cétoine sèche.) — a grossi 500 fois ; — b supposé grossi 1000 fois. {Nota. Le Vibrio lineola, de l’infusion de chair avec oxalale d’ammoniaque, est de deux cinquièmes plus grand.) 4. Vibrio rugula, grossi 400 fois. (Des infusions de chenevis et de cantharides.) 5. Fibrio serpens , grossi 300 fois. (De l’infusion de chair avec nitrate d’ammoniaque.) 0. Fibrio bacillus , grossi 300 fols. 7. Fibrio ambiguus, grossi 260 fols. (De l’infusion de chair avec acide oxalique.) 8. Spirillum undula. — a grossi 200 fols, — b grossi 1200 fois. 9. Spirillum volutans, grossi 300 fois. 10. Spirillum plicalile, grossi 300 fois. 11. Amiba princeps, grossie 100 fois. (Elle fait avancer à la {fois ses deux branches en y poussant la substance glutineuse dont elle est formée avec les granules nombreux et variés qui s’y trouvent en- gagés et qui montrent bien la direction du mouvement.) 12. Acineta tuberosa, grossie 150 fois, d’après M. Ehrenberg. 13. La même contractée- 14. Miliola vulgaris, grossie 20 fois. (Avec scs expansions étalées à la paroi interne d'un flacon d'eau de mer.) 15. Forticialis slrigilala, grossie 20 fois. ( Scs expansions, mal expri- mées dans la gravure, sont transparentes, en lilaments Ircs-déliôs.) 10. Expansions de la Gromia ovifonnis , grossies 050 fois , pour riiou' trer comment elles se soudent entre elles.) 17. Expansions de la Gromia fluvialilis , grossies 300 fois , pour mon- trer comment elles forment des mailles variables en se soudant. 2 EXPLICATION 18. Actinophrys marina , grossie 32ü fois — a ayant ses expansions aHongées filiformes, — b ayant ses expansions contractées et renllces à l’extrémité. ) 19. Actinophrys digitata , grossie 190 fois. (Elle adhère au porte-objet et paraît susceptible de s’étirer (voyez Pi. 3). 20. Actinophrys difformis, grossie 200 fois. 21. Dînobryon sertularia, grossi 200 fois. 22. üinobryon petiolatum, grossi 300 fois. PLANCHE 2. 1. Gromia ftuviatilis , grossie 180 fois. (Ayant ses expansions étalées et rampant sur le porte-objet. ) 2. La même en repos et commençant à émettre scs expansions. 3. Arcella vulgaris , grossie 200 fois. — a ayant son lét brisé par écra- sement et faisant sortir des lobes de la substance vivante d’où par- tent des expansions variables, — b un des lobes vu séparément , lorsqu’il a commencé à vivre en quelque sorte pour son compte en émettant des expansions très-longues et rameuses , — c la même Arcelle vue de côté. 4. Coque vide d’une Arcelle montrant bien les réticulations bnes de la surface. 5. Arcella vulgaris , trés-jeuuc , diaphane et creusée de vacuoles , grossie 550 fois. 6. Diffhigia globulosa , grossie 150 fois. 7. Euglypha tuberculosa, grossie 400 fois. — a vue de côté, —ô vue perpendiculairement. 8. Une autre Euglyphe de la même espèce à tubercules moins nom- breux, grossie 340 fois. 9-10. Euglypha alveolata, coques vides grossies 340 fois. 11, 2'rachelomonas volvocina. — a grossi 300 fois, — b grossi 430 fois, c -d deux Trachelomonas écrasés pour montrer comment le tôt se brise en fragments anguleux. PLANCHE 3. 1. Amiba dijjluens , grossie 400 fols. (Les figures a, b, c expriment les divers changements de forme que cette Amibe a présentés à quelques minutes d’intervalle.) 2. 'Voyez 20. y 3. Actinophrys sol, grossie 300 fois. (Cette espece est quelquefois deux ou trois fois plus grande.) 4. Actinophrys digitata , grossie 300 fois, — a ayant scs exi^nsions allongées , — 6 se eontraelaut. DES PLANCHES. 3 Fig. 5. Mcynas Icns , grossie 800 fois. C. Cercomonas lobata, grossie 850 fols. (D’une infusion de gélatine avec du sel marin , de l’oxalate d'ammoniaque et du phosphate de soude.) 7. Cercomonas truncala, grossie 1000 fois. (D’une infusion de géla- tine et de phosphate de soude.) 8. Cyclidium crassum, grossi 850 fois. (Dans l’eau d’une ornière près de Paris en novembre.)'’ 9. Amphimonas dispar , grossie 900 fois. (D’une vieille infusion de réglisse.) 10. Cercomonas acuminata, grossi 500 fois. H. Le môme, plus développé. 13. Monas altenuala, grossie 600 fois. 13. Monas elongata, grossie 450 fois. 14. Trepomonas agilis, grossi 400 fois. 15. Chilomonas granulosa, grossi 700 fois. (L’échancrure oblique d’où part le ûlamcnt n’est pas assez prononcée dans la gravure.) 10. Hexamita nodulosa , grossi 1200 fois. 17. Anthophysa Mullcri , grossie 300 fols. 18. Un animalcule isolé d’Ânlhophyse, grossi 600 fois. 19. Spongille. — a parcelles de la Spongille déchirée, rampant à la manière des Amibes , — h parcelles de la môme pourvues de cils vibratiles et s’agitant dans le liquide , — c spiculés hispides , — grossies 350 fois. 20. Diselmis viridis , grossie 700 fois: 21. La môme, comprimée légèrement et laissant exsuder le Sarcode. 22. Diselmis angusta , grossie 900 fols. 23. Zygosclmis nebulosa , grossie 050 fols, et diversement contractée. 24. Peranema globulosa, grossie 500 fois. 25. Volvox globator. Une portion de l’enveloppe commune avec quatre animalcules, grossie 700 fo'is. 26. Amiba inflala grossie 700 fuis. (Cette espèce, remarquable par sa forme renflée , et par ses prolongements étroits, peu nombreux, n’a pas été décrite dans le texte ; elle se trouvait au mois de novembre dans de l’eau de Seine , conservée avec des herbes depuis quinze jours.) 27. Polyselmis viridis , grossie 450 fois. (La figure exprime moins de filaments qu’il n’y en a réellement.) PLANCHE 4. 1. Trinema acinus grossi 650 fois, -—a vu de cdté, — 6 vu en dessus. 2. Amiba radiosa, grossie 330 fois. EXPLICATION 4 Fig. 3. La môinc , plus ddvcloppôe avec ses bras floltants. 4. Amiba brachiata , grossie 500 fois. 5. Amiba ramosa, grossie 100 fois. (Dans l’eau denier ) 6. Amiba Gleichenii, grossie 300 fois. 7. Monas lens , grossie 1000 fois. 8. Monas globulus, grossie fOO fois. (Dans l’eau de mer.) 9. Monas nodosa, grossie 450 fois. (Dans l’eau de mer.) 10. Monas (luida , grossie 1000 fois. (Eüe montre à l’intérieur , dans une grande vacuole, des granules agités du mouvement brownien.) 10*. Amphimonas brachiata. 11. Cyclidium abscissum, grossi 500 fois. 12. Cyclidium distortum, grossi 850 fois. 13. Trichomonas vaginalis , grossi 600 fois. 14.. Trichomonas limacis , grossi 800 fois. 15. Cercomonas longicauda, grossi 1000 fois. 16. Cercomonas globulus, grossi 500 fois. 17. Cercomonas lacryma , grossi 1000 fois. (Dans une infusion de géla- tine avec nitrate d’ammoniaque.) 18. Cercomonas crassicauda , grossi 1500 fois. 19. Cercomonas cylindrica, grossi 1000 fois. (D’une infusion de mousse.) 20. Cercomonas acuminala , grossi 600 fois. 21 . Cercomonas fusiformis , grossi 500 fois. ( D’une infusion de mousse. ) 22. Ueteromita ovata , grossie 300 fois. (Dans l’eau de Seine.) 23. Heteromila granulosa, grossie 500 fois. ( Dans l’eau de mer un peu altérée.) 24. Ueteromita ? angusta , grossie 520 fois. (Dans l’eau de marais pu- tréfiée.) 27. Anisonema acinus , grossi 750 fois. 28. Anisonema sulcata , grossi 560 fois. 29. Kolpoda cucullus , grossi 300 fois. — a, b, c*, d, plusieurs indi- vidus dans l’état normal avec des vacuoles vides ou colorées artifi- ciellement avec du carmin, — e une des vacuoles vue plus prés pour montrer comment le centre est occupé par une substance plus ré- fringente,— f la même vue plus éloignée de l’objectif, — (/ un Kolpode commençant à se décomposer en laissant exsuder le Saresde en lobes arrondis, diaphanes, dont l'un est déjà creusé de vacuoles, — h un Kolpode décomposé brusquement par l’approche d une plume trempée dans rumnioiiiaque. Le Sarcode forme des lobes étirés, et l'un \uit des gouttelettes huileuses soit épuises, soit occu- pant le centre des vacuoles. 30. FoU'ox glübutor , grossi 70 fois. DES PLANCHES. 5 PLANCHE 5. Fig. 1. Cryptomonas (Tetrabama) sociaîis. — o quatre individus grou- pés, grossis 450 fois , — 6 un individu isolé, grossi 650 fois, — c un individu , montrant à l'intérieur un commencement de division spontanée. 2. Cryptomonas {lagenella) inflata , grossi 310 fois. 3. Plœotia vitrea , grossie 500 fois. (De l’eau de mer conservée depuis deux mois.) 4. Ooryrrhis marina, grossie 320 fois. 5. Phacus pleuronectes , grossi 600 fois. — a, b deux individus avec les disques incolores, — c un disque incolore isolé, — dm indi- vidu mort avec les eûtes bien marquées. 6. Phacus longicauda, grossi 560 fois. 7. Phacus tripteris , grossi 650 fois. 8. Crumenula texta , grossi 650 fois. 9. Euglena viridis, grossie 350 fois. — a nageant librement, — b contractée en nageant, — c contractée sur le porte-objet, — d devenue immobile. 10. Euglena viridis. — a deux Euglénes écrasées pour faire voir com- ment la substance verte intérieure se répand au dehors, ce disque incolore réfractant plus fortement la lumière (ce signe a été par erreur marqué 10) , — 6 la partie antérieure de deux Euglénes dont l'une a trois points rouges. 11. jlstasia inflata, grossie 340 fois. — (Dans l’eau de mer.) 12. Astasia limpida , grossie 400 fois. 13. Astasia contorta , grossie 350 fois. — (Dans l’eau de mer.) 14. Heteronema marina, grossie 400 fois. 15. Euglena geniculata , grossie 280 fois. 16. Une autre Eugléne grossie 400 fois et supposée être de la même es- pece. 17. Euglena spirogtyra , grossie 400 fois. 18. Euglena acus, grossie 350 fois. 19. Euglena deses , grossie 350 fois. 20. Ceratium hirundinella , grossi 280 fois. a. Ceratium tripos, grossi 200 fois. De la mer Baltique (d’après M. Ehrenberg). PLANCHE 6. 1. Pleuronema crassa, grossi 500 fois. 2. Enchelys nodulosa, grossie 600 fois. 3. Alyscum saltans , grossi 400 fois. 6 EXPLICATION Fif). 4? Lacrymaria farda , grossie 375 fois. (Cette espece n’est pas décrite dans le texte.) 5, Acomiainflata , grossi 500 fols. (Cette espèce , longue de 0,0f0, n’a pas été décrite dans le texte; elle vit dans l’eau des marais déjà altérée.) 0. Chüodon cueullulus, grossi 450 fois. 7. Plœsconia affînis , grossie 300 fois. 8. Trachelius faix , grossi 450 fois. 0. Trachelius faix , grossi 450 fois. ÎO. Kerona pustulata, grossie 300 fois. 11. Kerona pustulata , grossie 300 fois, mutilée cl déformée. 12. AcomAa ovata , grossie 450 fois. — a individu dans l’état normal avec une vacuole , — b individu mourant avec une expansion sarcodique creusée de vacuoles. 13. Glaucoma scintillans , grossi 500 fois. 14. Kerona pustulata , accidentellement divisée en trois lobes par une fibre ligneuse; les lobes vivants et agités fortement par le mouve- ment des cils, tiennent encore entre eux par un cordon de la sub- stance charnue , glutineuse. 14*. La même une heure plus tard, lorsque l’un des cordons s'étant rompu, un des lobes 6* est devenu libre et parait être un nouvel animal. 15. Acineria acuta , grossie 750 fois. 10. Trachelius anaticula , grossi 450 fois. 17 ? Trachelius faix , grossi 450 fois. 18. Kerona pustulata , grossie 300 fois, comprimée entre deux lames de verre et expulsant divers corps étrangers qu’elle avait avalés ; l'ouverture par laquelle a lieu celle évacuation se refermera com- plètement ensuite. PLANCHE 7. 1. Amphimonas caudata , grossi 800 fois. (D'une infusion de gélatine avec oxalate d’ammoniaque.) 2. Cryptomonas globulus , grossi 700 fois. 3. Cryptomonas inœqualis , grossi 600 fois. 4. Enchelys triquetra , grossie 500 fois. — a-b-c Individus vivants avec des vacuoles plus ou moins prononcées , — d individu mourant laissant exsuder le sarcode. 5. Acomia cyclidium, grossie 300 fois. — (De l’eau de mer.) 0. Acomia vitrea , grossie 600 fois. 7 Acomia? ovulum, grossie GOO (o\s. 8. Gastrochœta fissa , grossie 300 fois. y. Enchelys nodulosa , grossie 800 fois. — a dans l’état normal , commençant à se creuser de vacuoles, — c laissant exsuder le s code, — d immobile et creufée d’une gronde Vacuole. DES PLANCHES. 7 Fig. 10. Trachelius laniclla , 230 fois. 11. Enchelys corrugata, grossie .500 fols. — a individu plus (-Iroit, — b individu plus large repliant son bord antérieur contre les ob- stacles. ( De l’eau de mer. ) 12. Enchelys ovata, grossie 700 fois. 13. Uronema marina , grossie 450 fois. 14. Trachelius teres , grossi 300 fois. — (Dans l’eau de mer). 15. Trachelius stricius, grossi 050 fois. 10. Enchelys subangulata, grossie 800 fois. 17. Dileptus anser , grossi 300 fois. — a dans l’état normal faisant sortir d’une vacuole postérieure les substances non digérées, — b contracté, — c commençant à se décomposer, — d une portion du contour de cet Infusoire sc décomposant par diflluencc et émettant des lobes sarcodiques. 18. Euglenaspirogyra , grossie 650 fois. (Le graveur aomis le filament flagelliforme qui était trés-visible.) PLANCHE 8. 1. Plœsconia patella, grossie 300 fois. 2 et 3. La même vue de cOté. « 4. La même mourant et commençant à se décomposer. 5. Paramecium aurelia, grossi 300 fois, et en voie de se colorer ar- tificiellement en avalant du carmin. G « et G b. La môme mourant et laissant exsuder le sarcode en larges expansions discoïdes. (On y voit les vacuoles rayonnantes prises par M. Ehrenberg pour des vésiculesséminales.) 7. Paramecium caudalum, grossi .300 fois. 8. Glaucoma scintillans , grossi 300 fois. (Coloré artificiellement par du carmin avalé depuis plus de douze heures.) 9. Glaucoma viridis , grossi 300 fois. 10. Spathidium hyalinum, grossi 300 fois. 11. Planariola rubra, grossie 480 fois. (Dans l’eau de mer.) PLANCHE 9. 1. Leucophrys striata , grossie 500 fois. (Dans les lombrics.) 2. La môme en voie de se multiplier par division spontanée. 3. La môme prés de se décomposer et laissant exsuder le sarcode. 4. Leucophrystruncata, grossie 250 fois. (Non décrite dans le texte , est peutôlre une variété de la précédente.) 5. Leucophrys nodulata , grossie 300 fois. (Dans les Lombrics.) 0. La même, commençant .i se déformer. 7. La môme , laissant exsuder le sarcode. 8. La môme , dans les expansions sarcodiques do laquelle on voit pa- raître des vacuoles. EXPLICATION 8 Fig. 9. Ln môme, dont la décomposition est plus avancée et dont le sarcode forme un large disque creusé de vacuoles. 10. Opaiinn naidum , grossie 320 fois. (Dans les Nais.) 11. Opalina trouvée avec la précédente dans les Naïs. 12. Plagiotoma lumbrici , grossie 30C fois. (Dons les Lombrics. ) PLANCHE 10. 1 . Coccudina costata , grossie 900 fois. — a vue en dessous , — b vue par derrière. 2. Coccudina crassa, grossie 300 fois. — a vue obliquement, — b vue en dessous. 3. Coccudina polypoda , grossie iOO fois. — a vue en dessous , — b vue de cOté. i. Diophrys marina, grossi 400 fois. — a vu en dessous, — ô vu de cdlé. 5. Plœsconia crassa , grossie 350 fois. — a vue en dessus , — b vue de côté. G. Plœsconia citliara , grossie 360 fois. — a vue en dessus? — b vue de côté. 7. Plœsconia scutum? — a déjà un peu altérée, — b-c plus altérée et en partie décomposée , — grossie 320 fois. 8. Plœsconia charon , grossie 400 fois , — vue en dessous. 9. Plœsconia longiremis , grossie 400 fois. — a vue en dessus , — ô' vue obliquement , — c vue de côtéi ( Dans l’eau de mer.) 10. Plœsconia vannas , grossie 320 fois. — vue en dessous. (Dans l’eau de mer. ) 11. Plœsconia balteata, grossie 300 fois, — vue en dessus. 12. Plœsconia longiremis ? grossie 460 fois. — a mourante par l'elTet de l'odeur d’ammoniaque, — b morte. 13. Plœsconia charon , grossie 360 fois* — altérée par la pression et continuant à vivre. 14. Ervilia legumen , grossie 350 fois. (Dans l’eau de mer.) 15. Trochüia sigmmdes , grossi 360 fois. (Dans l’eau de mer ) PLANCHE 11. 1. Acomia vorticella , grossie 280 fois. 2. ? Acomia costata , grossie 400 fois. 3. ?? Acomia varians , grossie 700 fois. 4. Acineria incurvata, grossie 600 fois. (Dans l’eau de mer.) 5. Pelecida rostrum , grossie 200 fois, (tille est remplie de Navicules.) 6. Dilepius folium , grossi 450 fois. 7. Dilepius granulosus (voyez page 409) , grossi 400 fois. 8. Trichoda angulata, grossie 500 fois. DES PLANCHES. 9 Fig. 9. ? Loccodes signatnx , grossi 280 fois. (Celte espèce, olwcrvèe dans l’eau de mer, n’a pas été décrite dans le texte à cause de l’incertitude de sa détermination. 10. Oxytricha pellionelia , grossie SW) Coia. 11. Oxytricha lingua, grossie 300 foia 12. Oxytricha gibba, grossie 320 fois. 13. Oxytricha rubra , grossie 350 fois. (Dans i’eau de mer à Cette.) 14. Oxytricha incrassata , grossie 300 fois. (Dans l’eau de mer.) 15. Oxytricha ambigua , grossie 380 fois. (Dans l'eau de mer.) IG. Oxytricha radians , grossie 280 fois. (Dans l’eau de mer.) 17. Amphileptus fasciola , grossi 500 fois. 18. Nassula viridis, grossie 320 fois. — a Nassula ayant avalé plusieurs brins d’oscillaires et laissant voir le faisceau dentaire, — 6 Nassula commençant à se décomposer et laissant exsuder le sarcode en d’is- ques incolores. PLANCHE 12. 1. Holophrya brimnea , grossie 200 fois. — a dans l'état normal , — b gonflée par des aliments. 2. Kondylostoma marina, grossie 130 fois. — a b dans l’état normal plus ou moins allongée , — c légèrement comprimée. — d rendue libre après avoir été comprimée, et portant des exsudations sarcodi- ques , — e comprimée et prés de se décomposer. 3. Spirostomum ambiguum , grossi 200 fois. — a nageant librement, — 6 le môme glissant entre les herbes , — c-d l’extrémité postérieure ’ de son corps. PLANCHE 13. 1. Coccudina cicada, grossie 500 fois. 2. Kerona mytilus , grossie 225 fois. 3- Kerona mytilus , repliée et déformée par la pression. 4. Kerona silurus , grossie 300 fois. 5. Plœsçonia subrotunda , grossie 400 fois. 6. Oxytricha caudala , grossie 300 fois. 7. Kerona pustulata , grossie 250 fois. 8. Chlamydodon Mnemosyne , grossi 220 fois. (D’apres M. Ehren- berg.) 9. Loxodes cucullulus , grossi 500 fois. 10. Loxodes reticulatus, grossi 500 fois. 11. Loxodes marinus , grossi 400 fois. 12. Opalina lumbrici , grossie 250 fois. 13. Opalina ranarum, grossie 300 fois. — a vue par dessus , — b une portion de tégument réticulé. 10 EXPLICATION PLANCHE U. 1. iMcrymarUi tornatilis , grossi 500 fols. 2. Pleuroncma crassa , grossie iOO fois. 3. Pleuroncma marina , grossie 300 fois. 4. Glauooma scintillans , grossi 800 fois. — a Glaucome colorée arli- ficiellemcnt par le carmin et comprimée de manière à montrer la bouche latéralement ; elle laisse en même temps exsuder du sar- oode; — b-c la bouche vue séparément en variant la distance de l’objectif du microscope. 5. Kolpoda cucullus , grossi 300 fois. (Cet individu est remarquable par sa surface fortement granuleuse ou tuberculéc, 0. Loxophyllum Meleagris, grossi 190 fois. 7. Panophrys chrysalis , grossi 280 fois. (Dans l'eau de mer.) 8. Panophrys rubra, grossie 300 fois. (Dans l’eau de mer.) 9. Panophrys farda, grossie 200 fois. — a comprimée avec vacuoles et exsudations de sarcode : elle contient des globules résistants qui servent de noyau aux vacuoles , — b plus décomposée avec épan- chement de la substance interne , — c-c vacuoles lobées vues iso- lément. 10. Loooodes dentatus , grossi 300 fois. — a individu montrant un dis- que granuleux à bord perlé et un faisceau dentaire oblique , — b autre individu incliné de manière à montrer le faisceau dentaire en saillie , — c Loxodes vu de côté. 11. p^orticella ramosissima , grossie 20 fols. 12. Vorticella lunaris , fois. 13. Melicerta biloba, grossie 70 fois. 14. Lacinularia socialis , grossie 100 fois. PLANCHE 15. 1. Stentor Midlcri, grossi 150 fois, —a complètement étendu avec la membrane antérieure convexe, — b montrant la bordure de cils recourbée vers la bouche , — c montrant la frange latérale et un commencement de division spontanée, — d Stentor en voie de se multiplier par division spontanée, — e Stentor contracté en partie et nageant ; il montre un pli oblique, — /'plus contracté, nageant. 2. Stentor polymorphus , vu en dessus pour faire voir la structure de la membrane antérieure. 3. Globule de sarcode spontanément creusé de vacuoles, sorti d’un Stentor mourant. PLANCHE 10. 1. Ilalteria grandinella, grossie 350 fols. — o vue on dessus, — b vue de côté, — c en partie décomposée par la pression, mais se con* tractant encore par saccadeii / DES PLAIfCHES. I I Fig. 2. Uroeokiria stellina, grossie iflO fois. — a vue de cô(é, courant sur une hydre, — 6 vue en dessus, — c vue de côté , nageant libre- ment , — d vue obliquement , nageant librement. 3. Infusoire (Opalina?) courant à la surface d’un Distome delà Gre- nouille , grossi 200 fois. 4. Scyphidia rugosa, grossie 300 fois. 5. p'orticella infusionum , grossie 750 fois. — a complètement déve- loppée et montrant déjà les cils de sa base , — b contractée et na- geant librement au moyen des cils de sa base , — c~d allongée en forme de cylindre , et nageant librement. 6. Vorticella à pédicule oblique , grossie 500 fois. (Dans une eau de marais conservée longtemps.) 7. Autre Vorticelle fusiforme , grossie 300 fols. 8. Opercularia (voyez page 540) , grossie 420 fois. — a contractée , — b-d en voie de se colorer en avalant du carmin. On voit com- ment la cavité buccale se creuse de plus en plus jusqu’à ce que le rapprochement des parois en détache une vacuole ou vésicule sto- macale ; la petite flèche (fig. d) indique le mouvement des Vacuoles devenues libres.) 9. f^orlicella infusionum , grossie 420 lois. (Dans l’eau d’une ornière colorée en vert par des Euglénes.) 10. Coleps hirius , grossi 500 fois, — a nageant librement, — b en voie de multiplication par division spontanée , — c altéré par la pression, et laissant exsuder un disque de sarcodo. PLANCHE 10 ôta. 1. Vorticella citrina , grossie 325 fois. — d dans l'état normal, — b colorée arliflciellement , et montrant bien l’ouverture buccale, — c-d vues de côté pour montrer comment les cils paraissent former une double rangée , — e montrant la cavité buccaie plus profonde , f en voie de se colorer en avalant du carmin qu’on voit accumulé, au fond de la cavité buccale , par le mouvement des cils vibratiles , — g colorée artificiellement et légèrement comprimée,— A la môme plus fortement comprimée, se creusant spontanément de vacuoles nombreuses , et laissant sortir le Sarcodo en lobes ou disques trans- parents. 2. Vorticella gracilis, grossie 325 fois. (Dans l’eau de marais con- servée pendant longtemps. ) Elle n’est pas décrite dans le texte. 3. f^orticella striata , grossie 320 fois. (Dans l’eau de mer à Cette.) Elle n’est lias décrite dans le texte. 4. Epistylis plicatilis, grossie 400 fols. — o individu développé, — b le même plissé en se contractant. 5. Faginicola inquilinus , grossie 300 fois (Dam l'eau de mer.) Î2 EXPLICATION Fig. 6. p^aginicola cristallina , grossi 350 fois. — a un individu bien dé- veloppé , — 6 en voie de se multiplier par division spontanée lon- gitudinale, — c individu contracté , — d a moitié développé. 7. Vagimcola owia , grossie 450 fois. PLANCHE 17. 1. Rôti fer vuîgaris , grossi 250 fois. — o allongé, ayant ses appendices contractés , — b partie antérieure vue en face avec les appendices étalés , — c-d la même vue de cOté. 2. Rôti fer inflatus, grossi 250 fois. — a nageant avec ses appendices étalés , — b allongé pour ramper , — c extrémité antérieure avec les cils vibratiles agités , — cf le même contracté en boule. 3. Callidina constricta , grossie 260 fois. PLANCHE 18. 1. Salpina brevispma, grossie 200 fois. — a vue en dessus , — b vue de cOté. 2. Mâchoires et œil du même systolide. — a point oculiforme, — b sup- port ( fiiîcrum ) , — c tige des mâchoires ( scapum), — d dent , — e branche du support. 3. Plagiognatha felis , grossie 250 fois. 4. Pterodina patina, grossie 260 fois. [ — a nageant au moyen de ses appendices ciliés que Millier représente à tort comme des cornets , — 6 en repos , ayant ses appendices eontractés , et ses deux cor- dons latéraux obliques ( muscles ?) lâches llexueux. 5. Colurella uncinata, grossie 300 fois. 6. Plagiognatha lacînulata, grossie 250 fois. 7. Cliœtonotus larus, grossi 500 fois. 8. Chœtonotus squamatus , grossi 320 fois. PLANCHE 19. 1. Hydatina »enta, grossie 150 fois. — aTHydatlne bien développée et agitant ses cils vibratiles, — au-dessous à gauche est représenté un des organes (respiratoires?) vibratiles internes, — b mâchoires de l’Hydatine grossie 300 fois. 2. Enteroplea hydatina , grossie 200 fois. 3. JYotommata aurita, grossi 200 fois. 4. Eitchlanis oblonga , grossie 300 fois. ( Le graveur a négligé d’indiquer que les stylets de la queue sont articulés au milieu.) 5. Furcularia tomentosa, grossie 300 fois. ( Dans l’eau de mer. ) — a contractée, — b partie antérieure de la même , allongée. 6. Ptygura Melicerta. DES PLANCHES. 1 3 Fig- 7. Floscularia ornata, grossie 300 fois. — a ayant ses dis étalés ; — b ayant les cils rapprochés , — c mâchoires ( depuis la gravure de celte planche, j'ai vu à Rennes les mâchoires d'un Flosculaireavec une double dent de chaque côté ), — cl œuf de Flosculaireavec un point oculiforme rouge. 8. Stephanoceros Eichhornii , grossi 100 fois (d’après M. Ehrenberg). Au bas de la planche est indiquée l’apparence produite par le mouvement vibralile des cils ( voyez page 580). PLANCHE 20. 1. jyavicmla hippocampus, grossie 470 fois. 2. JVavicula lurgida ( Zébra ) , grossie 300 fois. 3. JVavicula viridula, grossie 300 fois. 4. Cocconema lanceolaturn ? grossi 500 fois. 5. Cocconema gibbum , grossi 600 fois. 6. JVavicula fulva , grossie- 7. Eunotia arcus , Ehr. , grossie 310 fois. 8. Fragillaria turgidula ? 10. Bacillaria vulgaris , grossie 310 fois , — 6 un segment de celle Bacillaire grossi 850 fois. 11. Gomphonema acuminatum , grossi 500 fois. 12. Gomphonema truncatum. — a grossi 350 fois, — b grossi 820 fois. 13. JVavicnila fulva ? grossie 500 fois. 14. Tessella pedicellata , N grossie 200 fois. 15. Isthmia telonensis, grossie 200 fois. 10. Euastrum ursinella , grossi 780 fois. 17. Euastrum margarüiferuni , grossi 480 fois. 18. ylrlhrodcsmus quadricaudatus , grossi 300 fois. 10. Stauraslrum , grossi 400 fois. 20. Micrasterias. 21. Arthrodesmus acvtus. 22-23. Micrasterias , grossie 660 fois. PLANCHE 21.'] 1 . S'alpina spinigera , grossie 300 fois. 2. Brachionus urceolaris , grossi 160 fois. 3. Ratlulus carinatiis , grossi 270 fois. 4. Lepadella patella , grossie 300 fois. — A , ayant ses organes vibra- liles contractés , — la partie antérieure à moitié développée. 5. Partie antérieure d’une autre Lepadella complètement étalée. 6. I^olyarthra platgptera , grossi 400 fois , — B appendices de la bouche. EXPLICATION DES PLANCHES. *4 i'ig. 7. JVolommata vermicularis, grossie 300 fols, — b c ses mûchoires. 8. Plagiognalha hyplopus , grossie 300 fols. PLANCHE 22. 1. Albcrtia vermiculus , grossie 200 fois. — A ayant son appendifi cilié, contracté, — dd organes vibralilcs internes, dont l’un plus grossi est représenté en D ; — gg glandes ou cæcums de chaque côté de l’œsophage , — t; vessie contractile. — B Albertia ayant ses cils vibralilcs développés et agités en avant ; elle laisse voir en e un em- bryon replié sur lui-même dans l'ovaire,— C mâchoires de l’Albertia. 2. Lindia torulosa, grossie 210 fois. — A comprimée, — B allongée — C mâchoires. 3. Plagiognatha auriculata , grossie 200 fois. i, Furcularia marina, grossie fois. — A avançant beaucoup ses mâ- choires , — B montrant les cils vibrabiles, — C, D mâchoires vues en face , — E mâchoires ouvertes vues en face. 5. Mâchoires du JYotommala microps. G, Tardigrade grossi 100 fois. — A vd en dessous, rempli de globules granuleux, — B. 7, Appareil maxillaire et bulbe pharyngien du Macrobiotus Rufdandi, grossi ■lOO fois. 8. Emydium, grossi 130 fois.— A vu en dessous. — B partie antérieure du même , grossie 300 fois. ITN DE L’EXPLICATtON DES PLANCHES. PAUIS. — IMPlllMliRll!; DE FAIN ET THUNOT, lUi'HIiUi:UKS DË j/u N I V K II s I T K. UÜYALË U Ë Ir' Il A C £ , RUü UAClNü, rutb ])h L’üDiîOM. t ERRATA ET ADDENDA. Page 14, ligne 9, an itew de Dialomos, tes Diatomées. 20 4 niment Animent. 31 30 ajoutez : voyez aussi PI. VI , Ag. 14 de cet ouvrage. 48 25 au lieu de üi/nobrijum , lisez : Uinobryens. Jbid. ibid. supprimez tintinnus. 50 12 au lieu de Dynobryum, lisez : Dimobryon. 55 11 ajoutez : (Dileplc à long cou. voyez p. 407). 79 8 au lieu de amphileptus , lisez : Dileptus. 106 24 Trichodines , Haltéries. l2l 11 styles. stylets. 125 10 styles, stylets. 127 26 styles. stylets. ibid. dernière Chtonolus , Chœlonolus. 133 22-23 en corne. corniculés. 134 30 styles. stylets. 135 4 styles. stylets. ibid. 10 enn acclle. en nacelle. 142 29 unes porule. une sporulc. 144 1 ; après. . Après. ibid. 4 vers Nèmatoïdes, Vers nèmatoïdes. 145 28 , et le reste. . Le reste , 157 7 indiquée , indiqué. 160 10 sur lesquels. chez lesquels. 162 1 Cal rote ta, Gatotreta. ibid. 9 reconnal tre exactes , , reconnaître comme exactes. ibid. 32 enchéleins , encliéiiens. 164 17 cet hiver. en hiver. 184 1 dans tel compartiment que la Iouikî, ou..., lisez : dans tel compartiment, que la loupe ou.... 18S 23 ait lieu de Holopliryc, Usez .• Ilolophre. ibid. (note) 3i planche VllI, PI.XI,Ag. 18. ibid. 32 planche IX, PI. XII, Ag. 1. 200 6 et dont l’épaisseur. son épaisseur. 203 9 plus clairs et plus. tantôt plus clairs , tantôt plus. 205 8 (0,2 millimètres). (1,2 millimètres). 207 23 Dynobryum, Dinohryon. 213 25 Supprimez ; • 16 27. 220 8 ceu lieu de 12 à 15 inflexions, lisez : ayant 12 à 13 in- llexions. 237 20 pleuroncste , pleuroneclc. 286 12 ajoutez devant le mol Cychue ; 2c Genre. 290 19 ajoutez : PI. 4, Ag. 15. 296 26 à la lin de la ligue, lisez ; des 301 22 au lieu de est ou la bouche. est, ou la bouche. EKliATA ET AUÜENOA. l’aije Si3 liync 0 ajoutez: Je Fai trouvé ahondainmenl aussi au mois de mars dans les fossés des environs de 319 343 345 ibid. ibid. 36S 3T0 377 378 390 ibid. ibid. 394 897 400 ibid. 415 423 448 453 450 Rennes. à la lin de la page , ajoutez : Je me suis convaincu ((uc mes Cryptomonas-tetrabaena sont vraiment à réunir aux Gonium. 27 au lieu de PI. V, lisez : PI. 111. 10 PI. V, PI. IV. 13 0,20, 0,02. 20 PI. V, PI. IV. 2 ajoutez : et PI. Vil, llg. 18. 27 au lieu de llg. 26 , lisez : llg. 27. ( Nota. C’est la figure située au-dessous du Chilomonas , Ug. 5, et do l’Hexamita, llg. 10.) 1- 2 PI. IV, lig. 2, lisez: PI. V, lig. 20. 3 PI. IV, flg. 29 , PI. V, flg. 21. 1 lig. 3, flg. 4. 34 Trachelins, Trachelius. 30 ajoutez PI. Vil, flg. 16. 6 au lieu de des eils , lisez : de cils. 7 0,082 0,028 8 flg. 8, flg. 15. 14 lig. 9, flg. 14. 16 ajoutez : PI. XVI, flg. 1 a-6-0. 31 au lieu de foreata, lisez ; : foveata. 25 à la lin de la ligne, non conlraclile. 33 ajoutez : PI. XIV, llg. 10. après la ligne 4, ajoutez .- ORDRE Ve. Infusoires cillés, pourvus d’un tégument lâelie, rétieulé , contractile , ou chez lesquels la disposition sériale régulière des cils dénote la présence d’un tégument. Page 458, ligne lO, au lieu de; Lmeophru siriatys, lisez : Lcucophrys striata. à la lin de la page, ajoutez : Lacrymaria farcta. Longue de 0,10, vivant dans l’eau des fossés aulour de Paris. (Voyez PI. VI, llg. 4.) é la fin de la ligne 7 , lisez ; dans le 8 ajoutez : PI. XI, llg. 17. eflaccr les parenthèses aux indications des figures pour les trois Panophrys , lignes 11-17-2G. au lieu de : Panophys, lisez : Panophrys. antéreur, antérieur. Inf.PI. XXXVII, llg.2; PI. XI, lig. 18), lisez .- Inf. PI. XXXVII , lig. 2.) — PI. XI, lig. 18. ( lig. 1-6), lisez : (flg. I b.) avant Bursaria : ajoutez un astérisque '. mettez entre deux virgules ces mots: , prés de la sur- face , meltez entre parenthèses ces mots ; (Ehr. Inf. PI. XXIll , lig. 3.) 471 m 485 492 ibid. 493 496 500 511 515 02 26 10 20 2 S 28 brioiis — Ainilios — Üinobryon- Arinclo -Rliizopodcs . 1 : . ; ( ’ I IN [‘'USOIIU^S. JV.2. & i'hauàarJ .rr lUiizopodes fCroniic- Arcelle-DifTlugic- h'.uglj'phe). iNFr.soimcs, ri.d. Moiiadicns — Discliiiis — Amibrs— Spongillo 8C. P I ■ • t '} nN'KrsoiRi'.s. Aniibc\s Moiiadions \olvox KoIjhxIc. Moufi'o/ JC. \ \ 1 i' ■ I J ■■ ■ .i ’ ; I^FUSOIHKS. yy. 5. pmens Tliccanioiiadicns Ppri(iijii(>iis V I-NKLSOlKKS /V.ô\ .<^Wv i'Iciironèmc — Chilodon- Kôroiie &' 3 2- tej» * i ï V & . * • V •* ' s [é k- JY\ Mo II ad ion s, Kncliclycns, Dileplc Ôc. INrUSOIRES: IMocscome, Paramécies, Glaucome, Spalliidic cl Planarlolc ri.s. ,ii KJ JO a. O S O O f- i y. i * ::v • > . .» -'.. ‘ -. , * •%*;4- • > h K' » I . I.MTSOIKKS. /O a « O ® <•- O ' of( •4*' IM'TSOlKKS. r/.w. Mottçrof fc- l’Iu'soomcns cl Kcviliciis. INFI'SOJKES. /y. /J. ’rrirluxlirn.s-Dilopto-Oxytriquc-Nas.siilc. INI'T.SOIKKS. PI.I2. 1 1 0 1 0 P lire — Ko II dy 1 0 s l om e -- S]i i l’o s Lo m c i IM'T SOI Ries 'âmm l’Ioc.sooiiic - 1.0X0 n.i3. Si' Vorticelles, l’aranipcions, Molicprlieiis. ,rr. INFn.SOJHKS. PL /5. "'U ' ' "i P! f f.^ ^•" 1 O ■%(# Slontor'. mi ■■;;,i Ï>ï,v<^ .' 4’ 3. a. i. i^û-iaïuay-S.^. 6. J 4- 3- a. i. >4 Ihdatine, Entcropide, Nolonmiate, l'Iosculair-c &"c. amMjr .1 //ùtf. l/es /n/itsoires. BACII.I.A KIKF.S »*u 0^1 J J**.' •tt ^ ^ jüO jJ- jJW 0 aaU'J'^ -J ^ . J V; w s»>J Ÿci:t.Sàtx>, WMm £â;*u’-v.^S^^ /,A A y-, , x-* f 7’ A»’X itcittsSÿk ijlid ^W'«'auL»4£ WùWf , Moiiçl'of SC Dos Ml ldi (‘OS ^i(* ffùc. des /r^iuoù'ej SYSTOLIDES « Brachionicris. .ifmieoi (Bracliion — SaJpine — Raîule — l.opadollc — Pol varllire) Nolonimato — Plajvio(r;iiale. //fir/. /Irs /n/ùj'otrej- SYSTOLIDES ('Âouiart/ JT. Alberlua— l.iiuiia — Fui’culairc — Tard iQ;ra «les O I I \ Si > \ / I - * J . "• * V • À» * "' ^ <^*7^ 0 - — -**^^ **r^ •»• ^ -î^îlC %.. .. » - É»' / - ' ». * M . •-. • k»V4» .-•. r»*}. “'TVÆ;^ ' r- •-*.* J • ♦ < •• '?* ■ * ■ il’-' ^'■> ’^'ir •• T ”i , 'n^ '«: JI^ .- ■ •:- ;.ïr:Tt.#-'*^ - I . ' -s^ t ’^»,. ^ '.V'-S 5» fc'i * . * *^ *-, -.^-•. !NM, - r‘.‘ «>, K - ' ?f '.- • • V • ' -^;:.,'-iSti ï‘, '-V - ^ . -. ' ■**'‘. ."^V ••^ “V^ ^ C*> Vf^ «ornti . •wu-f-kV*'?ï» T.â ••• • • #• ! , ( k I