Digitized by the Internet Archive in 2015 https://archive.org/details/b21921222 LE PLACENTA DES CARNASSIERS AUTRES TRAVAUX D'EMBRYOLOGIE Du professeur MATHIAS DUVAL Le Placenta des rongeurs, un volume de 640 pages avec 106 figures dans le texte et un atlas de ^± planches. Paris, 1892, F. Alcan. Sur quelques papilles vasculaires (développement de la substance médul- laire des poils). {Journal de VAnat. et de la Physiol., janvier 1S73.) Recherches sur le sinus rhomboïdal, sur son développement et sur la névroglie périépendymaire. avec 6 planches {Journal de l'Anal, et de lu /'/((/.s(o/., janvier 18T7). Mémoire sur la spermatogénése (Remie des Sciences nnlm ellef!. Montpellier, JSIS, 18-9, 1880). Sur la ligne primitive de l'embryon du poulet, avec 6 planches (Annales den Sciences naturelles:, 1880, t. Vil). Études sur l'origine de l'allantoïde, avec 2 planches (Revue des Sciences naturelles. Montpellier, 1877). Sur le développement de l'appareil génito-urinaire de la grenouille : le rein précurseur, avec 2 planches (Revue des Sciences naturelles, Montpellier, 1882). Études histologiques et morphologiques sur les annexes des embryons d'oiseaux, avec 4 planches (Journal de l'Anal, et de la l'hysioL, 1884). Sur un organe placentoïde chez le poulet (Acad. des Se, 18 février 1884). Sur la formation du blastoderme dans l'œuf d'oiseau, avec .s planches {Annales des .Sciences lia turelles, 1882). La corne d'Ammon, morphologie et embryologie, avec 4 planches {Arrhires de nécrologie, 1881). La signification morphologique de la ligne primitive (L'Homme, Journal des sciences anthropologiques, 1884). Le développement de l'œil [Bulletin de la Société d'Anlliropolor/ie. im^). Atlas d'embryologie, avec 40 planches, Paris, 188!), Les monstres par défaut et les monstres par excès de fécondation (Annales de Gynécolor/ie et d'Ohstélrif/ue. février ISO!))- Coiilniiimioi-s, — lm|.. I\m i, HHODAKI). LE PLACENTA 1 ) !•; S CARNASSIERS PAU MATHIAS DUVAL Ppol'esseijr d'histologie à la Faculté de médecine île Paris. Membre de l'Académie de médecine. (Extrait du Joiiraai de l'Anatomie et de la l'hi/sioloi/ie. Années 1893-l89o.) Avec XL'VI figures dans le texte 'et un atlas de XIII planches en taille-douce. TEXTE PARIS ANCIENNE LIBRAIRIE GERMER BAILLIERE ET C" FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR 108, BOULEVARD S A 1 N T - G ERM A I N , 108 1895 Tons droits réscrvé.s. LE PLACENTA DES CARNASSIERS INTRODUCTION A. Technique. — Le présent mémoire sera Texposé de recher- ches que nous avons commencées en même temps que celles rela- tives au placenta des rongeurs; pour ceux-ci, c'est-à-dire pour le lapin, le rat, la souris, le cochon d'Inde, il a été relativement facile de réunir, en peu d'années, les matériaux nécessaires à une étude dont le caractère principal et la valeur essentielle consistent dans l'analyse de la formation placentaire à tous les stades, depuis sa première apparition jusqu'à son complet achèvement. Pour les carnassiers cette collection de pièces sériées est plus diftîcile, et c'est pourquoi la publication de leur étude n'a pu venir qu'après celle du placenta des Rongeurs, Comme nous n'étudierons, en fait de carnassiers, que le chien et le chat, il pourra paraître surprenant de voir énoncer ici cette diffi- culté et ce long temps à réunir les pièces nécessaires. Sans doute il est facile de se procurer des chiennes et des chattes en gestation; avec les ressources de la fourrière, avec la contribution demandée aux personnes qui fournissent d'animaux nos laboratoires, nous avons vu affluer les femelles pleines; mais toujours des femelles aux dernières périodes de la gestation, alors que le volume de leur abdomen signale suffisamment leur état; bientôt même il a fallu mettre un terme à l'abondance débordante de pareils sujets. Mais pour les premières périodes, les plus essentielles, c'est tout autre chose. Alors que rien ne révèle extérieurement l'état de gestation, alors qu'il faut s'en remettre à la parole d'un pourvoyeur qui 1 affirme que telle femelle a été saillie depuis trois ou quatre semai- nes, innombrables et désespérantes sont les déceptions qu'on éprouve à l'ouverture d'animaux dont l'utérus se présente parfaite- ment vide et en pleine période de repos génital. Le seul moyen d'éviter ces déceptions est de conserver des chiennes et des chattes en captivité et de les faire saillir à l'époque du rut. C'est ce que nous avons fait, quoique les installations, encore en partie provi- soires, de nos laboratoires ne fussent pas parfaitement favorables à ce genre d'élevage. Pour la chienne, la chose est en somme relati- vement facile; pour la chatte, le procédé est infiniment long et rarement fructueux, car ces animaux, habitués à ne se livrer à leurs amours que dans la plus large liberté, ne se reproduisent que dif- ficilement s'ils sont tenus captifs dans des cages. Au cours de nos recherches, il fut un moment où nous désespérions tellement de réunir des matériaux bien séiiés, sans lacunes, que nous avons pensé à renoncer à la chienne et à la chatte, pour demander au furet les pièces relatives aux premières phases du développement; mais tandis que nous préparions Tinstallation nécessaire à l'élevage de ces petits carnassiers, quelques hasards favorables dans la récolle des pièces venues de l'extérieur, quelques succès inespérés dans les tentatives de reproduction en captivité vinrent combler les lacunes de notre collection et nous permettre de mener à bien ces études avec les seules ressources fournies par les deux carnassiers domestiques, par la chienne et la chatte. Dans le mémoire de Fleischmann, qui sera souvent cité ci-après, on verra que cet auteur déplore également la difficulté de réunir des matériaux suffisants avec la chienne et la chatte, et qu'il a eu recours aux femelles de renards, dont il a pu, grâce à des conditions particulièrement favo- rables, obtenir de nombreux individus en état de gestation. Les pièces que nous avons recueillies ont été fixées et conservées par les mêmes procédés que nous avons employés pour les ron- geurs, c'est-à-dire par l'alcool et le liquide de Kleinenberg. Étant donné un utérus présentant de nombreux renflements de gestation, toujours les uns de ces renflements ont été traités par le liquide de Kleinenberg et consécutivement par des alcools de plus en plus forls, selon le procédé classique, et les autres ont été traités directement par l'alcool absolu. Ces deux ordres de pièces se complètent, cer- tains détails histologiques étant plus évidents sur les unes, certains sur les autres. De plus, pour chaque mode de fixation, un renfle- — 3 — ment de geslalion élail placé intact dans le liquide fixateur \ un autre y était plongé après avoir été ouvert. Nous ne saurions assez nous louer de ce mode de procéder : sur une coupe, l'aspect des parties est bien ditïérent, surtout quant aux vaisseaux, selon que l'action coagulante et constrictive a procédé de dehors en dedans, n'atteignant que tardivement la surface interne du placenta, ou selon que cette action s'est exercée d'emblée sur les couches les plus internes de cet organe, comme dans le cas d'un renflement de geslalion ouvert au moment de son immersion. Nous insisterons, au cours de nos descriptions, sur certains aspects ainsi obtenus, et dont l'étude comparative est d'une valeur décisive. Enfin, parallè- lement aux pièces précédentes, nous en avons également conservé dans le liquide de Mûller. Pour les éléments du placenta, c'est un procédé déplorable, qui ne donne, sur les coupes, qu'images con- fuses et allérées, sauf pour les vaisseaux et leur contenu; mais comme c'est un procédé de conservation qui a été exclusivement employé par quelques auteurs, dont nous aurons à analyser et cri- tiquer les résultats, il était indispensable de pouvoir, pour chaque stade, comparer les pièces obtenues par ce procédé avec celles dues aux autres moyens de conservation. Nous avons réuni un nombre réellement Immense de prépara- tions, ayant débité les renflements utérins en séries de coupes lon- gitudinales et transversales; ce sont les coupes longitudinales qui nous ont le mieux servi pour l'étude, et ce sont elles surtout que nous avons reproduites dans les figures d'ensemble, pour les stades de début, parce qu'elles permettent de comparer, sur une seule et même préparation, les diverses régions où l'ectoderme a contracté des adhérences, ou bien est demeuré libre; au contraire les coupes transversales présentent presque toujours les mêmes images dans toute leur étendue. d. Notons en passant la très excellente remarque suivante d'Heinricius : « Il faut placer les renflements utérins, enliers et intacts, dans le liquide fixateur. J'ai en effet remarqué que si, aussitôt après la mort de l'animal, on incise l'utérus, de manière à laisser écouler le liquide amniotique, aussitôt l'utérus se contracte et le placenta se détache. Au contraire si l'utérus entier a élé soumis quelque temps à l'action des liquides durcissants, on peut alors enlever des morceaux du placenta et de la paroi utérine, sans que l'une de ces formations se sépare de l'autre, et on peut achever convenablement le durcissement de ces morceaux » (Heinricius, Ueber die Entwickelmuj und Strudur der Placenta beim Hunde; Arch. f. mikr. Anat., t. XXXin,419; 1889). Malheureusement cet auteur à employé comme réaclif presque uniquement le liquide de Mijller, et nous verrons par la suite qu'il n'a pu obtenir ainsi des pièces suffi- samment démonstratives. _ 4 — Le lecteur trouvera nos descriptions bien longues, bien minu- tieuses, nos figures bien nombreuses et répétées à des stades bien rapprochés; et cependant nous avons fait tous nos efforts pour abréger les unes, pour condenser les autres. Mais, comme nous l'avons montré pour le placenta des Rongeurs, notre méthode con- siste essentiellement à donner la série des processus évolutifs sans lacune, de manière à n'avoir jamais à faire une hypothèse pour relier deux stades où la concordance des parties ne serait pas évi- dente au premier coup d'œil. Par suite nos descriptions doivent avoir le même caractère, et ne laisser de côté aucun détail. Cette manière de procéder est longue, laborieuse, mais elle est absolu- ment sûre; elle donne lieu à des détails descriptifs lourds et fali- gants, mais dans lesquels l'imagination n'a aucune part, de sorte que l'erreur est difficile avec des collections complètes de coupes; l'interprétation naît d'elle-même, avec certitude et sûreté, à mesure qu'on les passe à plusieurs reprises en revue. La méthode n'a rien de brillant; son seul mérite est la patience, et cette patience a à s'exercer aussi utilement pour réunir les matériaux d'étude que pour les préparer et les interpréter. Au moment même où nous écrivons ces lignes, nous prenons nos mesures pour achever d'ac- cumuler les matériaux nécessaires pour l'étude du placenta des chauves-souris. Jamais nous ne pourrons raconter les démarches de toutes sortes que nous avons dû faire à cet effet : rechercher des localités, trouver des correspondants qui veuillent bien faire des envois périodiques, assurer l'arrivée en bon état de ces envois, etc.; mais nous savons, par nos autres études, que l'effort le plus dur et le plus fructueux est celui qui produira une collection complète de pièces h tous les stades, et nous ne sommes pas étonné d'avoir à redoubler d'etTort pour les cliauves- souris lorsque déjà nous avons eu tant de peine simplement pour la chienne et la chatte. Lorsqu'on lit les mémoires originaux qui ont été publiés sur le placenta des carnassiers, on est frappé des contradictions qu'ils reu- ferment. Si dix auteurs se sont occupés du sujet, on est en présence de dix conceptions différentes n'ayant que de rares points com- muns. Notre intention n'est pas de venir ajouter une onzième manière de voir à la suite de celles qui ont déjà été produites, mais de relier celles-ci entre elles, en montrant quelles ont été les causes des divergences. De ces causes, la plus importante, c'est que peu d'embryologistes ont suivi la formation placentaire dans toute son évolution; plusieurs ont étudié une certaine période, soit du début, soit de la fin, d'une manière complète, presque sans lacunes; mais, si complètement qu'ait été faite l'analyse de cette période, elle ne peut se suffire à elle-même; on ne peut comprendre la signification d'une partie dont le développement est achevé, que quand on a suivi les premières phases de son apparition; de même, en se bornant à étudier les débuts d'une formation, on se trouvera en présence de petits détails sans importance et qu'on négligera, si l'étude des périodes ultimes n'a pas montré que ces petits détails sont appelés à prendre une grande importance. C'est ainsi que sou- vent nous décrivons une région en l'appelant future formation de tel ou tel ordre; par exemple le lieu où se formera la bordure verte du placenta du chien, nous la décrivons, à une certaine époque, sous le nom de région de la future bordure verte; elle n'a à cette époque primitive aucun des caractères de la bordure verte, et cependant elle est le siège de transformations qui sont les condi- tions préparatoires de l'apparition de cette bordure, et sans l'analyse desquelles il est impossible de comprendre la formation ultérieure. C'est grâce à cette étude des petits détails préliminaires et inter- médiaires à divers développements, que nous pourrons présenter une critique serrée des travaux publiés avant nous sur le placenta; nous le ferons en reproduisant le plus souvent le texte des auteurs, et même, pour que le lecteur soit à même de juger, en reproduisant leurs figures. B. Membranes et annexes de l'œuf des carnassiers. — Après ces quelques indications techniques, nous pensons qu'il sera utile de donner ici quelques rapides détails sur le développement de l'œuf de la chatte et de la chienne, c'est-à-dire sur la formation des annexes de l'embryon. C'est ce que, à propos du placenta des Ron- geurs, nous avons fait pour le cochon d'Inde, ainsi que pour le type rat-souris. Nous ne l'avions pas fait pour le lapin, parce que cet animal a été la base de toutes les notions classiques sur le dévelop- pement des mammifères et que nous n'aurions pu que répéter ce qui est dans tous les traités d'embryologie. Le développement des carnassiers est actuellement laissé un peu de côté dans ces traités, de sorte qu'il est nécessaire de préciser à cet égard quelques notions utiles pour l'étude exclusive du placenta. Nous ferons suivre cet exposé, relatif surtout aux annexes, de quelques considérations his- r — 6 — toriques, montrant par quels tâtonnements divers a passé la science, avant d'arriver à une connaissance exacte des enveloppes de l'œuf de la chienne et de la chatte, La gestation de la clijennc est de 88 à 62 jours, et le nombre des petits varie de 1 à 8. La gestation de la chatte est de 65 jours en moyenne, avec un nombre de petits variant également de 1 à 8. L'œuf ovarien, l'ovule de ces animaux, présente un diamètre de 150 à 250 [j.. Arrivé, après déhiscence de la vésicule de de Graaf, dans l'oviducte, il est encore entouré de cellules provenant du disque proligère; mais ces cellules disparaissent bientôt, et alors l'ovule est complètement nu, c'est-à-dire qu'il n'est pas enveloppé, comme celui de la lapine, par une épaisse couche d'albumine; la membrane vitelline est sa seule enveloppe. Nous ne décrirons pas sa segmentation pendant son trajet dans l'oviducte, segmentation qui paraît se produire comme dans l'œuf de la lapine. L'œuf de la chienne met environ 8 à 10 jours pour parcourir l'oviducte et arriver dans la corne utérine. « L'appréciation exacte de ce laps de temps, dit Bischofif*, est difficile, car on ne peut con- naître exactement le moment où l'ovule quitte l'ovaire, le fait de l'accouplement ne donnant aucune indication certaine à cet égard. Lorsque la cliienne ne se laisse plus que difficilement couvrir, l'œuf est arrivé vers l'extrémité interne de l'oviducte; s'il est déjà dans l'utérus, la femelle se refuse alors à tout nouvel accouplement. » Ces incertitudes rendent compte des déceptions qu'on éprouve sou- vent, lorsque, sacrifiant une femelle à l'époque supposée propre à procurer des produits de tel âge voulu, on se trouve en présence d'une gestation de huit jours plus jeune ou plus ancienne, ce qui, pour les premiers stades du placenta, fait une différence très consi- dérable. Mais une autre particularité, cette fois toute à l'avantage de l'observateur, c'est qu'on peut sur un seul et même animal trouver des œufs à des périodes ditïérentes de développement et formant série. « Chez le chien, dit Coste, confirmant à cet égard les obser- vations de Prévost et Dumas % il y a cette particularité que la cap- sule de l'ovaire qui renferme l'œuf ne se déchire que fort tard après l'acte copulateur, et qu'il peut y avoir entre la chute du pre- 1, W. BischofT, Entwicklungsgeschichte des Hwule-Eies, Rraimschweige, 184y, p. 119. 2. Coste, Embryogénie comparée; cours sur le développement de l'homme et des nnimaux, Paris, 1837 (2° partie : Ovologie du Chien, p. 400). — 7 — mier ovule et du dernier un intervalle d'un jour et plus. Nous pou- vons nous expliquer ainsi l'irrégularité que présentent dans leur développement les œufs pris dans la même heure après l'accouple- ment, soit sur un même individu, soit sur deux chiennes diffé- rentes. Les observations faites jusqu'à ce jour offrent en effet, sur ce point, des irrégularités telles, qu'on serait presque porté à sup- poser que les hommes qui les ont consignées dans leurs écrits, ont commis une erreur de date, si soi-même on n'était conduit, après des expériences multipliées, à constater toutes ces différences; aussi n'est-ce que d'une manière approximative que nous daterons l'ap- parition de tel ou tel phénomène. » Pendant son trajet dans l'oviducte l'œuf a augmenté de volume; arrivé dans l'utérus il se présente comme une vésicule sphérique facilement visible à l'œil nu, mais de volume très variable. La forme de la vésicule change presque aussitôt; de sphérique, elle devient ovoïde, s'allongeant selon l'axe même du canal utérin. Ainsi chez la chatte, où le trajet dans l'oviducte semble se faire un peu plus vite que chez la chienne, on trouve, déjà au neuvième jour, d'après Fleischmann l'ovule dans l'utérus, sous la forme d'un ovoïde long de près de 20 millimètres. Déjà alors, la membrane vitelllne, dis- tendue et amincie, est devenue fort mince et près de disparaître; nouvelle différence avec l'œuf de la lapine, où la membrane vitel- line subsiste un peu plus longtemps. Sous la membrane vitelline, la paroi de l'œuf est constituée par deux feuillets blastodermiques, l'ectoderme et l'entoderme, celui-ci formé de larges cellules plates; nous le verrons encore tel à un âge plus avancé, en décrivant les coupes sur lesquelles nous rechercherons l'origine du placenta (voir les figures 7, 9, 11, pl. I). En un point, situé selon l'équateur de l'ovoïde, ces deux feuillets blastodermiques sont soudés et épaissis, en une région qui cons- titue la tache embryonnaire, à partir de laquelle, vers le douzième jour, se développe le mésoderme qui s'interpose entre les deux feuillets préexistants. Cette apparition du mésoderme coïncide, comme chez les autres vertébrés, avec la formation d'une ligne primitive, dont l'axe est dirigé perpendiculairement au grand axe de l'œuf. Nous ne suivrons pas ici les phénomènes relatifs au déve- loppement du corps de l'embryon. 1. A. Flelschsmaim, Mittelblatt undAmnion der Katze. {Habilitationschrift, 'Evhngea, 1887.) Comme membranes de l'œuf nous n'avons, dans ce slade pri- mitif, à étudier que le chorion, c'est-à-dire le feuillet ectodermi- que, qui, par suite de la résorption de la membrane vitelline, forme désormais l'enveloppe la plus externe de l'œuf. Ce chorion se couvre de courtes villosités (voir fig. 23 et 2S, pl. II), produites par la pro- lifération des cellules ectodermiques, et dont nous étudierons ulté- rieurement les connexions avec grand soin, puisque c'est là la pre- mière origine des formations ectoplacentaires des carnassiers. Pour le moment nous ne voulons signaler que la répartition topographique de ces villosités choriales : elles se développent sur toute la sur- face de l'œuf, excepté aux deux extrémités, aux deux pôles qui restent lisses (fig. 21). La région recouverte de courtes villosités dessine donc une zone, une large ceinture embrassant l'équateur de l'œuf. Comme le placenta ne se formera que dans celte région vil- leuse, il en résulte que le placenta aura lui-même la forme zonaire, en ceinture, c'est-à-dire figurant une bande qui entoure l'équateur de l'œuf. Les villosités choriales manquent également dans une petite étendue autour du corps de l'embryon, c'est-à-dire dans la portion de l'ecloderme qui va prendre part à la formation des replis amniotiques. La figure I représente, conformément à la courte description Fig. I. — A, renflement de gestation entre le vingtième et le vingt-troisième jour; B, œuf au vingtième ; C, œuf au vingt-troisième ou au vingt-quatrième jour {d'après Bischoff). précédente, l'œuf de la chienne, dans sa grandeur naturelle, vers le vingtième (en B) et vers le vingt-troisième jour (en C). En A est représenté un renflement de gestation, montrant le léger gon- flement olivaire du cylindre utérin au niveau où s'est fixé un œ.uf. En efl'et dès ce moment l'œ.uf n'est plus libre dans l'utérus; son ectoderme s'attache à la surface de la muqueuse utérine, aussi — 9 — bien par les courtes villosités qu'il développe, que par les espaces situés entre ces villosités. Seules les deux extrémités, les deux pôles de l'œuf restent libres et sans adhérences. La première annexe qui se forme est l'amnios; son développe- ment ne diffère pas de ce qu'il est chez le lapin; les fig. 45 et 50 de notre pl. IV suffisent pour en donner une idée. Dans l'étude du mode d'attache de l'œuf à l'utérus, et des rapports entre les cel- lules ectodermiques et l'épithélium utérin, nous aurons de grands avantages à examiner avec soin, sur les coupes, la région où se forme l'amnios, car là nous verrons le chorion ne contracter que très tar- divement des adhérences avec la muqueuse utérine, et nous trouve- rons, pendant et après l'occlusion de l'amnios, encore présentes, à un stade relativement avancé, les dispositions qui ne se rencon- Fig. II. — OEuf de chienne d'environ vingt-huil jours, d'après Bisclioff. — En A le chorion, recouvert de courtes villosités, a été arraché sur toute la région moyenne de l'œuf, et a été rejeté en haut sous forme d'un large lambeau (CH, CH) qui adhère encore à l'œuf par un point correspondant à la région d'occlusion de l'amnios. Le chorion a été laissé en place seulement aux deux extrémités de l'œuf (en ch, ch). L'embryon est vu de dos, sa tète plongeant vers la cavité de l'œuf. On voit se détacher de son corps les artères et veines omphalo-mésentériques , qui donnent naissance au réseau de l'aire vasculaire lequel se termine par un réseau plus serré (sinus terminal) avant d'atteindre l'extrémité des pôles de l'œuf (en ch) ; au niveau des pôles (P, P), l'œuf est lisse, le chorion n'ayant pas de villosités dans sa partie située au delà du sinus terminal ; — en B, ce même œuf, vu par l'hémisphère opposé, pour montrer qu'ici l'aire vasculaire ne ferait pas (d'après Bis- choff) le tour complet de l'œuf, et qu'il resterait une bande transversale non vasculaire al lant d'un pôle à l'autre. Sur les bords de cette bande l'aire vasculaire dessinerait la partie transversale du sinus terminal. Le contour du corps de l'embryon, situé sur l'autre hémi- sphère, est aperçu par transparence, à travers l'œuf. trent sur le reste de l'œuf que dans les stades les plus primitifs. Avec la formation de l'amnios coïncide l'achèvement de l'aire vasculaire, c'est-à-dire l'établissement de la circulation omphalo- mésentérique, en d'autres termes la circulation de la vésicule ombi- licale, puisque dès lors le corps de l'embryon est bien circonscrit, et que par suite toutes les parties de l'entoderme et de sa lame — 10 — mésodermique qui n'appartiennent pas à l'embryon représentent désormais la vésicule ombilicale. La disposition de l'aire vasculaire a été diversement décrite. Il est d'abord un fait sur lequel tous les auteurs sont d'accord, c'est que l'aire vasculaire n'atteint pas les deux bouts, les deux pôles de l'œuf, mais qu'elle se termine, au niveau de la portion lisse correspondante du chorion, en dessinant un réseau plus serré, qui représente une sorte de sinus terminal (voir la figure II, A; d'après Bischoff, pl. VIII, fig. 38, B, et 38, C). Mais de plus, d'après Bischoff, l'aire vasculaire manquerait aussi dans une bande longitudinale, située sur l'hémisphère opposé à celui qu'oc- cupe l'embryon, bande qui s'étendrait selon le grand axe de la vésicule ombilicale, de la région d'un pôle, vers celle du pôle opposé, comme le montre la fig. II, B. A ce niveau les bords cor- respondants de l'aire vasculaire présenteraient aussi un réseau serré dessinant un sinus terminal longitudinal en continuité avec le sinus terminal circulairement disposé à la base des extrémités polaires. Dans nos coupes en totalité de l'œuf et du renflement utérin nous n'avons jamais rien trouvé qui puisse faire penser à une interruption de l'aire vasculaire dans l'hémisphère opposé à l'em- bryon ; mais nous n'avons pas fait de dissection de l'œuf isolé de manière à étudier l'aire vasculaire sur une pièce d'ensemble. Fleisch- mann a fait avec grand soin des préparations de ce genre, et les résultats qu'il a obtenus sont si nets et si décisifs que nous devons reproduire ici ses figures. Elles sont relatives au chat et au renard, mais il n'est pas probable que, pour une formation aussi typique que l'aire vasculaire, les choses soient disposées autrement chez le chien que chez les autres carnassiers. La figure III, A, montre la vésicule ombihcale, après ablation totale du chorion, c'est-à-dire de l'ectoderme et de sa lame mésodermique ; cette ablation est rela- tivement facile, car on voit sur les fig. 13 et 21 de nos pl. I et II que la fente pleuro-péritonéale interannexielle ou cœlome externe est toujours très large et que la vésicule ombilicale se laisse natu- rellement isoler du chorion. Or sur cette fig. III, A, représentant l'hémisphère opposé à celui qu'occupe l'embryon, l'aire vasculaire est continue, sans bande longitudinale dépourvue de vaisseaux. Un autre œuf de chat est représenté, vu par chacun de ses hémisphères, dans les portions B et C de la lig. III, et on y constate les mêmes dispositions. Enfin Flcischmann donne deux très intéressantes figures de l'œuf, ou, pour mieux dire, de la vésicule ombiUcale — H — (avec son aire vasculaire) chez le renard. En A, fig. IV, est un stade très jeune, dans lequel l'aire vasculaire n'a pas achevé son dévelop- Fig. III. — Dispositions de l'aire vasculaire sur _ l'œuf du chat, d'après Fleischmann. Le chorion a été enlevé, de manière à mettre à nu la vésicule entodermique avec le feuillet vasculaire qui la double extérieurement. A, œuf de chat vu par l'hémisphère opposé à celui qu'occupe l'embryon. — AL, allan- to'ide, dont la saillie apparaît sur le profil de l'œuf. Au-dessus se voit une veine omphalo- mésentérique venant se ramifier dans l'aire vasculaire et se continuant, dans la partie inférieure de la ûgure, avec le réseau artériel (dessiné par des traits plus fins) ; — P, un pille de l'œuf, tourné vers l'observateur, et montrant l'absence de réseau vasculaire aux extrémités de l'œuf. B et C, autre œuf de chatte, représenté dans ses deux hémisphères (en B, c6tè de l'em- bryon, en C, côté opposé à l'embryon); — AL, allantoïde; — VOB, ses vaisseaux (vais- seaux ombilicaux); — VOM, veine omphalo-mèsentèrique (la veine omphalo-mésentérique droite est déjà atrophiée; la gauche présente un développement d'autant plus considé- rable). — Sur la flg. B, on ne voit pas la tète de l'embryon, laquelle plonge vers la cavité de l'œuf; la saillie sphérique, dessinée dans la région de la tète, représente le cœur. — P, pôles de l'œuf, que n'atteint pas la zone vasculaire. pement, pas plus que le mésoderme; c'est pourquoi, dans la partie inférieure de la figure, c'est-à-dire dans l'hémisphère opposé à Fig. ÎV. — Développement et disposition de l'aire vasculaire chez le renard, d'après Fleischmann {op. cit., pl. IV, flg. 1 et 2). — A, jeune œuf de renard, vu par l'un de ses pôles. L'embryon est disposé perpendiculairement à l'axe de l'œuf; le mésoderme ne s'est pas encore étendu jusqu'à l'hémisphère inférieur, où l'entoderme apparaît à nu, et sans vaisseaux, après l'ablation de l'ectoderme. — B, œuf plus âgé. La tète de l'embryon plonge profondément dans la poche proamniotique; le tronc est étendu sur la vésicule ombilicale, et l'allantoïde apparaît à son extrémité postérieure sous forme d'une vésicule sphérique. celui qu'occupe l'embryon, l'entoderme, qui n'est pas doublé en cette région d'une lame mésodermique, est également dépourvu de vaisseaux; mais l'aire vasculaire et le mésoderme, dans leur exten- — 12 — sion graduelle, vont bientôl cnvahii' aussi cette région. Ce sont sans doute des dispositions de ce genre qui se sont présentées à l'obser- vation de Bischoff, et, lui faisant prendre un état provisoire pour un état définitif, l'ont amené à décrire un sinus terminal longitudinale- ment étendu entre les deux pôles, alors qu'il n'y a réellement quelque chose qui mérite plus ou moins le nom de sinus terminal qu'au niveau de ces pôles mômes. Sur l'autre partie, en B, de la flg. IV, est une vésicule ombilicale de renard un peu plus âgée. On voit que l'aire vasculaire s'étend très loin vers les pôles de l'œuf, dont les pointes extrêmes sont seules dépourvues de vaisseaux. Celte figure d'ensemble répond très bien à ce que nous avons cons- taté sur les coupes, c'est pourquoi nous avons tenu à la reproduire ici. Quant aux troncs vasculaires qui vont de l'embryon à l'aire vas- culaire, ils sont disposés comme chez le lapin, et comme chez le poulet, ainsi que le montre la fig. V, empruntée à Bischoff. Fig. V. — Les gros vaisseaux de l'aire vasculaire du chien vers le vingt-quatrième jour (Bischoff). — En A, l'embryon est vu un peu de côté par la face ventrale; toute son extrémité postérieure est vue à travers les parois de la vésicule ombilicale, excepté au niveau de la gouttière intestinale, gouttière qu'il ne faut pas prendre pour un vaisseau (soit les aortes, qui en réalité sont au fond de la gouttière, soit la veine omphalo-mèseu- térique gauche, qui est cachée par le corps de l'embryon). — En B, l'embryon est vu directement par sa face ventrale. L'allantoïde apparaît de bonne heure, sous forme d'une vésicule creuse, comme chez le poulet; elle se développe en s'étendant dans la cavité cœlomique, entre le chorion et la vésicule ombilicale, et la seule disposition remarquable qu'elle présente, disposition carac- téristique de l'œuf des carnassiers, c'est qu'elle n'atteint pas les deux pôles de l'œuf, ne dépassant pas, ou très peu, la limite externe de la zone villeuse du chorion. Comme cette zone villeuse forme une bande en ceinture qui enveloppe largement l'équateur de l'œuf, - 13 - l'allantoïde se dispose également en une large ceinture, sur toute l'étendue de laquelle ses vaisseaux ombilicaux vascularisent le clio- rion. C'est selon cette ceinture que se produira le placenta. Sa forme, caractéristique des carnassiers, a donc une double origine, répond à une double disposition primordiale, à savoir : 1° ce fait que le chorion ne développe de villosités et ne contracte d'adhérence avec l'utérus que selon une bande en ceinture qui laisse libres les deux extrémités de l'œuf; 2° ce fait que l'allantoïde elle-même n'apporte de vaisseaux qu'à la région adhérente du chorion. Nous verrons ultérieurement qu'il faut apporter quelques restrictions à cet énoncé général, qui n'en conserve pas moins sa valeur, les restrictions en Fig. VI. — Schomas da développement de l'amnios (AM), de l'allantoïde (AL) et réduction de la vésicule ombilicale : coupes transversales (A) et longitudinales (B). — L'ectoderme, l'amnios et l'embryon sont en noir; la vésicule ombilicale est ombrée de lignes verticales; l'allantoïde de lignes horizontales. On n'a pas représenté les lames mésodermiques corres- pondantes. — UT, paroi utérine. question se bornant à quelques dispositions abortives et curieuses seulement comme formes de transition. En tout cas cet énoncé général donne une réponse catégorique h la question que Dastre ' se posait, en 4876, relativement aux conditions qui déterminent la forme du placenta zonaire : « Nous n'avons pas réussi, disait-il (op. cit., p. 77-78), à vérifier si réellement, à cette époque précoce où les villosités apparaissent, elles sont déjà distribuées en ceinture 1. B. Dastre, L'AUanloïde et le chorion, Paris, 1876. — 14 - ou bien si celle disposition est un pliénomène plus tardif résultant du développement de rallantoïde, à la suite duquel des villosités se conserveraient suivant la ligne équaloriale et s'alrophieraient aux pôles. L'occasion de vérifier ce fait est extrêmement rare; il faut saisir une période très fugace et d'ailleurs de date irrégulière. L'intérêt de celte observation serait pourtant considérable au point de vue de l'appréciation des rapports entre l'allantoïde et le pla- centa. Si en effet celui-ci est dessiné d'avance, les vaisseaux allan- toïdiens n'interviennent pas dans le tracé de sa forme, mais seule- ment dans l'achèvement de sa structure. La dépendance du placenta et de l'allantoïde ne serait donc pas aussi absolue que les premiers embryogénistes l'avaient pensé. » Les figures VI et VII, imitées de celles de Bischoff (on verra Fig. VII. — Suite du schéma précédent : réduction de la vésicule orubilicale (voir spécialement à cet égard la coupe transversale A'). dans les considérations historiques qui vont suivre comment il faut corriger les figures de Bischoff, à propos de la membrane vitelline qu'il croyait très longtemps persistante), montrent l'exten- sion de l'allantoïde en coupe transverse et en coupe longitudinale. On voit que la vésicule ombilicale se réduit à mesure que l'allan- toïde prend une place plus considérable, mais qu'elle continue à s'étendre d'un bout à l'autre de l'œuf, d'un pôle à l'autre, de sorte qu'elle se réduit dans un sens, en épaisseur, mais qu'elle ne se réduit pas en longueur, car elle augmente au contraire dans cette dernière dimension à mesure de l'accroissement en volume de l'œuf tout entier. La vésicule ombilicale arrive ainsi à former un long boyau cylindrique dont la partie moyenne est enveloppée, comme le sac amniotique, par l'allantoïde, mais dont les deux extré- - 15 - mités sont libres, c'est-à-dire recouvertes seulement par le cliorion mince et sans villosités qui revêt les deux bouts de l'œuf (fig. VII). L'accroissement général du volume de l'œuf, et spécialement son augmentation en longueur ne se fait pas d'une manière proportion- nelle dans ses diverses parties. Au début la zone qui doit former le placenta occupe presque toute la surface de l'œuf, ne laissant libre qu'une petite surface à chaque extrémité polaire de l'œuf; puis c'est surtout par ces régions polaires que se fait l'accroissement, de sorte que bientôt la surface de l'œuf, dont la forme est celle d'un citron, se divise en trois régions de dimensions égales : une bande médiane, la zone placentaire; et de chaque côté de celle-ci une région lisse s'étendant jusqu'à chaque bout de l'œuf. A ce moment le corps de l'embryon, placé au centre de l'œuf, répond à la zone placentaire qu'il ne dépasse pas. Enfin, dans les dernières périodes de la ges- tation, l'œuf continuant à croître en longueur surtout par ses deux extrémités non placentaires, le placenta ne représente plus qu'une ceinture relativement étroite, embrassant, sous la forme d'une bande épaisse, le milieu de l'œuf, qui sur tout le reste de son étendue est formé extérieurement par un chorion transparent au travers duquel on aperçoit le corps du fœtus occupant actuellement toute l'étendue longitudinale de l'œuf, c'est à-dire dépassant large- ment la zone placentaire; celle-ci apparaît alors comme une cein- ture disposée autour de la partie moyenne du corps du fœtus L'objet essentiel de nos études sera le placenta zonaire; mais de plus, dans les parties du chorion qui sont juxtaposées de chaque côté à la ceinture placentaire, nous trouverons à signaler des faits intéressants, propres à contribuer à élucider la structure du pla- centa lui-même. Il faut donc que nous donnions à ces parties une dénomination brève : en raison de leurs dispositions primitives, nous les appellerons régions polaires de la surface de l'œuf (régions ou portions polaires du placenta). Nous avons donc, à la surface de l'œuf, trois régions : une ceinture placentaire médiane, de chaque côté de laquelle est une région polaire. De même, du côté de 1. « Cette zone ou ceinture placentaire présente des dimensions proportionnelles différentes selon les âges. Si, au 2i« jour, les pôles de l'œuf apparaissent à peine de chaque côté de cette zone sous forme de cônes arrondis, à une époque plus avancée, lorsque, par l'elîet du développement, la vésicule ombilicale et les autres enveloppes du fœtus acquièrent une plus grande dimension, la ceinture placentaire qui, après un certain degré d'extension, est restée comme stationnaire, n'apparait plus alors à la surface de l'œuf que sous l'aspect d'une bande, assez étroite même. « (Coste, op. cit., 1837, p. 412.) — 46 — l'utérus (voir figures VI et VII), la cavité de gestation nous présen- tera une zone médiane placentaire, interposée entre deux régions que nous nommerons également polaires, puisqu'elles correspon- dent aux mêmes parties de l'œuf. Ces régions polaires de la cavité utérine sont ce que Fleischmann désigne sous le nom de coupole de la cavité incubatrice. Dans ce court résumé de l'ovologie des carnassiers, nous ne par- lerons pas de la bordure verte qui caractérise les deux bords de la zone placentaire, au niveau de sa continuité avec les régions polaires correspondantes. Nous verrons cette bordure se former par une légère modification du processus qui donne naissance à la substance même du placenta, et c'est seulement après en avoir vu l'origine que nous donnerons quelques détails sur sa disposition d'ensemble en même temps que sur les diverses interprétations qu'elle a reçues. Nous terminerons donc cette introduction par un coup d'œil sur l'histoire des membranes et annexes de l'œuf des carnassiers, cet historique étant indispensable pour comprendre les interprétations diverses qui ont été données de la nature du placenta. G. Histoire des membranes et annexes des carnassiers. — L'acqui- sition successive de nos connaissances sur les membranes et annexes de l'œuf des carnassiers, principalement du chien, a eu pour point de départ la description et la nomenclature donnée par Galien des membranes des ruminants, chez lesquels les parties sont si distinctes et si faciles à reconnaître. Galien décrit chez les rumi- nants une première enveloppe générale, qu'il appelle chorion, une deuxième qui est particulière au fœtus et qu'il appelle amnios, et une troisième semblable à un intestin, couchée entre les deux autres, communiquant avec la vessie par l'ouraque et qu'il nomme allantoïde Il ne parle pas de la vésicule ombilicale, qui disparaît en effet de bonne heure chez les ruminants. Vésale (1543), qui représente les enveloppes du fœtus de chien, voulant leur appliquer les dénominations de Galien, prend le pla- centa annulaire pour le chorion; le vrai chorion, doublé de l'allan- toïde, pour l'allantoïde elle-même, et critique l'observation de Galien, très juste cependant par rapport aux ruminants, que l'al- 1. Galien, Anat. de la matrice, el XV' liv., chap. v, de VlJsage des parties. — 17 — lantoïde n'enveloppe point le fœtus. Vésale ne parle pas de la vési- cule ombilicale, si bien visible chez le chien. Fallope (1561) releva les erreurs de Vésale. A cette partie charnue, annulaire, que Vésale avait crue le chorion, il appliqua le nom de placenta, que R. Columbus venait d'employer pour désigner la for- mation correspondante des annexes de l'embryon humain ' ; mais, tout en reconnaissant bien les dispositions de l'allantoïde chez les ruminants, il nie son existence chez le chien, disant qu'ici l'urine se loge entre le chorion et l'amnios. La difficulté d'isoler l'allantoïde chez le chien a fait que toute une série d'auteurs ont pensé à cet égard comme Fallope : tels furent Eustache, Albinus, Arantius, et Fabrice d'Aquapendenle. « In humano et canino dusetantum mem- branse apparent (amnios et chorion) ; alantoïde autera destituunlur. » (H. Fabricius ab Aquapendante, De formata fœtu liber. Pars prima.) Cet auteur décrit du reste parfaitement la forme et la situation du placenta du chien : « In canibus, et fehbus, carnea hsec substantia quae placenta a Fallopio appellatur, latum cingulum, seu zonam, fasciamque refert, quae totum ferme spatium circulo com- plectitur et comprehendit, quod inter anteriores posterioresque artus interponitur, quod est thoracis et abdominis universa in cir- cuituregio « (Ibid., p. 39). Jusque-là aucun anatomiste n'avait parlé de la vésicule ombihcale chez les mammifères. C'est Gauthier Needham qui en démontra l'existence, et qui établit son analogie avec la vésicule du jaune de l'œuf d'oiseau {Desquisitio anatomica de formata fœtu, 1667). Il retrouve en même temps l'allantoïde, et saisit bien les rapports des parties. « Les chiens, les chats, dit-il, ont quatre tuniques et trois humeurs.... L'allantoïde des chiens et des chats s'écarte pour laisser entre elle et la zone du placenta une cavité destinée à la quatrième membrane (la vésicule ombilicale) ou tunique érythroïde dont les vaisseaux viennent du mésentère », et il décrit bien la manière dont 1. Realdi Columbi, de lie Anatomica, Veneliis, 15S9, lib. XII, p. 248. Vésale, avant lui, avait employé l'expression de chair orbicuiaire (placenta discoïde) et avait été le premier à donner un nom spécial à cette partie des enveloppes fœtales. Comme le fait remarquer Ercolani (op. cit., tr. fr., Alger, 1869, p. 77), la plupart des auteurs attribuent à Fallope la dénomination de placenta, parce que cet auteur, dans ses « Observationes anatomicae », a écrit : « Carnem quae placenta a me dicitiir »; mais Noortwyck a très bien montré, dans son livre : Vteri humani Fab. et Hist., Lugd. Bat., 1743, p. 116, que les observations de Fallope ne furent publiées qu'en 1561, c'est-à-dire deux ans après l'anatomie de R. Columbus. — Placenta est un mot latin qui signifie gâteau (chair orbicuiaire de Vésale). 2 — 18 — la vésicule ombilicale est étendue, longitudinalement, selon le grand axe de Tœuf, dont elle occupe toute l'étendue : « Tunica quarta (erythroïdes) in longum extenditur in cavitate quadam in eura prorsus flnem a membranis aliis illac coeuntibus facta. » {Op. cit., p. 65.) Ainsi, dès l'antiquité, l'examen des fœtus de brebis et de vache avait permis à Galien de connaître l'allantoïde; ce n'est qu'cà la fin du xvn^ siècle que l'étude des foetus de chien a permis à Needham de connaître la vésicule ombiUcale des mammifères, et de comparer « les quadrupèdes qui la possèdent avec les ovipares, dont ils sont très voisins », selon ses propres expressions. Cependant l'histoire de l'œuf de la chienne révèle encore, après Needham, quelques hésitations dans l'interprétation des parties. Ainsi il est facile de se convaincre que Daubenton a décrit et figuré la vésicule ombilicale sous le nom d'allantoïde (voir pl. 4 et p. 277 du tome V, de Buffon Daubenton). Oken ' signala cette erreur et donna une bonne description de l'ensemble des membranes de l'œuf de la chienne {op. cit., p. 8); comme l'ensemble de ses mémoires était destiné à démontrer l'existence de la vésicule ombi- licale chez les mammifères, il insiste sur la description de cette vésicule « qui, dit-il, est placée en dehors de l'amnios, auquel elle adhère au niveau de l'insertion du cordon. De ce point la vésicule s'allonge dans deux directions opposées vers chacune des extrémités de l'œuf... Elle est couverte d'un réseau vasculaire qui provient des vaisseaux intestinaux, ce qui montre bien l'erreur de Daubenton qui a pris celte vésicule pour l'allantoïde » {op. cit., p. 9). Oken insiste aussi sur l'absence de vaisseaux dans l'amnios, contraire- ment à ce qu'avait dit Needham : « Les vaisseaux qu'on aperçoit en contact avec l'amnios se dégagent aussitôt de sa surface externe pour se rendre au chorion, et ne donnent aucune ramification propre à l'amnios » (p. 10) ^ 1. Oken et Kieser, DeUr-g. z. Vergleichenden Zoologie, Wurzburg, 1800 et 1807 (voir 2° partie, 1" mémoire intitulé : Anatomie de trois embryons de chien âgés de vingt jours chez lesquels l'intestin était depuis peu séparé de la vésicule ombilicale). Notons en passant que les embryons en question, supposés âgés de vingt jours, étaient évidemment, d'après la seule inspection de la figure donnée par l'auteur (planche IV, fig. 1), beaucoup plus âgés. 2. A propos de ces confusions entre les annexes du fœtus, et de ces premiers tâton- ■ nements dans l'interprétation des parties, rappelons que Oken, à son tour, avait pris, chez le lapin, l'allantoïde pour la vésicule ombilicale (voy. Placenta des rongeurs, p. 190). — 19 — En 1817, Datrochet ' reconnaît, sans aucune confusion, les diverses parties de l'œuf des carnassiers, quoiqu'il se serve pour les décrire d'une nomenclature un peu bizarre. Pour lui la cavité de l'allantoïde est un espace compris entre une membrane externe dite exo-cho- rion, et une membrane interne ou endo-chorion. « Chez tous les fœtus des quadrupèdes, dit-il {loc. cit., p. 289), la cavité des enve- loppes fœtales qui sert de réservoir à l'urine des fœtus et qui communique avec la vessie, est tapissée intérieurement par une membrane épidermoïde qui, après avoir revêtu la face interne de l'exo-chorion ,se réfléchit sur l'endo-chorion dont elle revêt la face externe. C'est à cette seule membrane épidermoïde qu'on a donné le nom d'allantoïde. Or, chez les carnassiers, il est évident que cette membrane n'existe point d'une manière à part; elle est une dépendance de l'exo-chorion et de l'endo-chorion, qu'elle revêt. Chez les fœtus des ruminants cette membrane épidermoïde, ou cette allantoïde, est lâchement unie aux tissus vasculaires qu'elle recouvre, de sorte qu'il a été possible de la prendre pour un organe à part, ainsi que l'ont fait Galien et tous les zootomistes qui l'ont suivi. » Ceci revient à dire que chez les carnassiers l'allantoïde contracte des adhérences très intimes avec le chorion, et n'est plus facilement isolable, comme chez les ruminants; c'est précisément ce qui a été la cause des longs retards apportés à la connaissance positive d'une allantoïde chez les carnassiers; mais au début de sa formation, l'allantoïde des carnassiers est parfaitement distincte comme vésicule isolable (voir ci-après les études de Bojanus sur un œuf de chien de 24 jours). Du reste Dutrochet, dans la suite de son mémoire, s'applique à montrer l'analogie complète dans la nature et la disposition des enveloppes fœtales des carnassiers et des ser- pents ou des oiseaux, et décrit bien la vésicule ombilicale du chat, mais à un stade avancé, où cette vésicule est relativement très réduite. A la suite des recherches de Dutrochet, et à propos d'un rapport sur le mémoire de celui-ci, G. Cuvier étudie spécialement l'œuf de la chienne, et en représente la dissection dans deux bonnes 1. Dutrochet, Recherches sur les enveloppes du fœtus; le mémoire, présenté à l'Institut en 1814, a été imprimé dans le t. VIII des Mémoires de la Soc. raéd. d'Emulat. de Paris, 1817, p. 760; il a été reproduit, et c'est là que sont empruntées nos citations, dans la collection des œuvres de Dutrochet, publiée sous le titre : Mémoires pour servir à l'histoire anatomique et physiologique des végétaux et des animaux, Paris, 1837j t. II, p. 200. — 20 — figures. «Le placenta, dit-iP, entoure le milieu de cet œuf elliptique comme une large ceinture; c'est une substance charnue, dont la surface extérieure est hérissée d'une multitude de petites pointes molles qui pénètrent dans les cavités d'une zone semblable de la matrice. En regardant à travers le chorion, on voit le fœtus dans son amnios, et sous son ventre on aperçoit la membrane ombilicale, en forme d'un long boyau rougeâtre, fixé aux deux bouts du cho- rion par des chalazes (?). Si l'on ouvre avec précaution le chorion, vis-à-vis cette ligne rouge, on voit qu'il est simple le long de cette ligne, mais que dans tout le reste de sa surface interne il est doublé par une membrane qui se replie ensuite pour former un second feuillet, concave comme le premier, et embrassant sous lui l'amnios et la vésicule ombilicale, en sorte que l'amnios, le fœtus et la vési- cule sont affublés, couverts, enveloppés par une grande vessie qui se recourbe sur eux comme une double voûte, et qui remplit avec eux la vessie générale du chorion. Cette vessie recourbée n'est autre chose que l'allantoïde. L'ouraque s'y rend manifestement après avoir parcouru un très court ombilic. » Mais la meilleure description des annexes de l'embryon du chien, supérieure même à celle de Cuvier, parce qu'elle est faite sur un œuf très jeune (24'' jour de la gestation), est celle qu'a donnée et figurée Bojanus ^ Nous reproduisons ici sa figure 4, dont il donne l'expli- tion suivante : « Si on incise le chorion suivant la longueur de l'œuf et qu'on en récline les deux lambeaux, on aperçoit les autres membranes : c'est d'abord la vésicule ombilicale étendue selon l'axe de l'œuf (MM); puis, dans le centre de fœuf, l'amnios, qui recouvre immédiatement le fœtus (P) ; et enfin, l'allantoïde, de forme sphé- rique, reposant sur un côté de l'amnios. — La vésicule ombilicale, dite aussi tunique érythroïde, est pleine de liquide, turgide, et sur elle se ramifient les vaisseaux omphalo-mésentériques. Avec les progrès du développement, tandis que l'allantoïde augmente, la vésicule ombilicale, dont les fonctions deviennent moins impor- tantes, est comprimée et se flétrit. L'allantoïde commence à l'ouraque et se dilate en une ample vésicule, et, superposée à l'amnios, elle s'étend de tous côtés pour finalement envelopper complètement le fœtus et son amnios, de sorte que plus tard il devient difficile de 1. G. Cuvier, Mémoire sur les œufs des quadrupèdes (Mémoires du Muséum, t. 111). 2. L. Bojanus, Obsero. Anat. de felu canino 24 dierum (Nova Act. Acad. Leopold., t. X, 1" partie, Bonnae, 1830). — 21 — mettre au jour cet amnios, en le dégageant de l'allantoïde. C'est ce qui a fait que les anciens observateurs, examinant des œufs très avancés, n'ont pas eu une connaissance exacte de l'allantoïde, sur l'existence de laquelle il ne saurait plus y avoir aujourd'hui aucun doute. » {Op. cit., p. 145 et 146 Dès lors la notion exacte des enveloppes et annexes de l'œuf des carnassiers devint chose classique. Il est vrai qu'en 1834 nous voyons Mayer % dans une figure qu'il donne d'un œuf de chatte, confondre encore la vésicule ombiUcale et l'allantoïde, c'est-à-dire F Fig. VIII. — Annexes de l'embryon du chien au vingt-quatrième jour (Bojanus, op. cit., fig. 4). — Le ohorion est incisé (en F, F) et l'œuf ouvert; — D, D, le chorion; — E, E, ohorion des deux extrémités de l'œuf; — G, G, allantoïde; — I, son pédicule; — M, M, vésicule ombilicale; — • P, tète de l'embryon vue à travers 1" amnios. que l'appendice sphérique, peu volumineux, qu'il désigne, sur cet œuf encore très jeune, comme vésicule ombilicale, est en réalité l'allantoïde. Confusion d'autant plus étonnante que sept ans aupa- ravant, de Baer avait représenté un embryon de chien, à un stade plus jeune encore, et qu'il avait fort bien dit : « Ce très petit sac qui sort de l'extrémité de la queue et qui partage l'enveloppe cau- dale en deux lames est sans doute la membrane allantoïde que je nommerai sac urinaire ^ » Mais d'autre part Flourens donne, dans 1. Cette figure de Bojanus est reproduite par R. Wagner, dans ses Icônes physiolo- gicse (pl. VI, fig. XVI), Leipzig, 1839. 2. Mayer, Untersuch. ub. d. Nabelblâschen wul die AUantoïs bei Embryonen von Menschen vnd von den Saugethieren {Nov. Act. Acad. Leopold., XVII, 2° partie, p. SIS, 183S. — Mémoire présenté le 21 avril 1834). — Voir la pl. XI, fig. VI et VII. 3. De Baer, Epistola de ovi mammalium et hominis genesi, Leipzick, 1827 (ïrad. fr* de Breschet, Paris, 1829, p. 162). — 22 — ses leçons, une très exacte description des annexes du cliat et de même Coste, qui reconnaît sans confusion toutes les parties de l'œuf de la chienne. Coste est le premier qui ait attiré l'attention sur les rapports qu'il y a entre la forme du placenta et le mode d'extension de l'allantoïde, c'est-à-dire sur ce fait que l'allantoïde s'enroulant autour de l'embryon et laissant libres les deux pôles de l'œuf, donne naissance à un placenta en forme de ceinture ou zonaire. « Cliez le chien, dit-il {op. cit., 1837, p. 413), il y a ceci de spécial que la vésicule allantoïdienne, qui acquiert bientôt des dimensions considérables, au lieu de s'étendre selon le grand axe de l'œuf, c'est-à-dire dans le sens de la vésicule ombilicale, comme chez la brebis, se dirige selon son plus étroit diamètre. Il en résulte alors qu'à mesure qu'elle se développe, elle envahit successivement, et dans des limites qu'elle détermine pour ainsi dire elle-même, toute la circonférence de l'œuf, de manière à envelopper ainsi l'embryon et la vésicule ombihcale ^ » Le célèbre mémoire de Bischoff " vint confirmer et compléter toutes ces recherches, en donnant une description exacte de l'évo- lution des parties suivies depuis leur première apparition. Depuis cette époque l'embryologie des carnassiers a été l'objet de peu d'études. On peut dire, avec van Beneden, que « la raison de cet abandon se trouve avant tout dans la perfection même des travaux de l'éminent embryologiste de Munich. Plus je les ai étudiés, plus j'ai admiré comment, avec les moyens matériels dont il disposait alors, à une époque où l'histologie était à peine fondée, Bischofï a pu pousser si loin ses recherches et arriver à des résultats aussi vrais et aussi complets *. » Nous avons cependant voulu montrer, par cet historique, que les embryologistes français n'étaient pas restés étrangers aux progrès de cette partie de la science. Nous allons du reste revenir sur les travaux de Bischoff à propos d'une question toute spéciale relative aux enveloppes de l'œuf. En effet, relativement aux membranes de l'œuf de la chienne, un second point, dont l'histoire présente de nombreuses hésitations dans l'interprétation qui en a été successivement donnée, c'est la 1. Cours sur la génération, l'ovologie et l'embryologie, par Flourens, recueilli et publié par Deschamps, Paris, 1836 (voir pl. VI, et p. 148 : De l'œuf des Carnassiers). 2. Coste, Embnjogénie comparée, etc., Paris, 1837. 3. S. W. Bischoff, Enlwicklungsg. des Hunde-Eies, 1845. 4. V. Beneden, La maturation de l'œuf, la fécondation et les premières phases du développement, etc., Bruxelles, 1873. - 23 — nature de la membrane la plus externe de l'œuf, du chorion, avant qu'il reçoive des vaisseaux allantoïdiens, mais alors qu'il présente déjà des saillies villeuses creuses (voir les fig. 38 et 4S de nos pl. III et IV). De Baer, qui, dès 1827, s'était occupé spécialement de Tovo- logie de la chienne décrit et représente un œuf de chienne {op. cit., fig. VII) âgé environ de trois semaines; « ses deux bouts, dit-il, sont transparents. Hormis ces deux bouts, tout l'œuf est opaque, à cause des villosités qui en garnissent la membrane externe... Il est composé de deux tuniques distinctes et assez dis- tantes l'une de l'autre. L'externe, communément nommée chorion, est absolument privée de vaisseaux et supporte les villosités ; elle correspond à la tunique corticale ou testacée, ou membrane de la coquille des oiseaux, qui porte également des villosités, lesquelles sont cachées dans l'enveloppe calcaire (?) » {op. cit., p. 159). Et un peu plus loin il ajoute : « Plus tard ces villosités offrent un fond pourvu de beaucoup de rameaux vasculaires. Je désignerai doréna- vant cette membrane sous le nom de membrane corticale, attendu que le terme de chorion est équivoque. Si toutefois on tient à ce dernier terme, il ne doit être employé qu'après l'époque où cette membrane est pourvue de vaisseaux qui lui sont fournis, d'après mes recherches, par l'allantoïde. » Coste ^ s'insurge avec raison contre ces dénominations de mem- brane corticale et testacée, c'est-à-dire contre l'idée que celte mem- brane corresponde à la membrane de la coquille des oiseaux. « Pour qu'une analogie puisse être convenablement établie, il faut que les objets à comparer soient dans les mêmes conditions, et en rapport avec les mêmes circonstances. Or, dans le cas actuel, on a comparé un produit que l'on pouvait en quelque sorte considérer comme pris dans l'ovaire, avec un autre produit jeté dans le monde exté- rieur, après avoir traversé un organe qui lui a fourni des matériaux propres à sa conservation dans le temps. Si l'on avait étudié l'un et l'autre produit dans l'ovaire, et si on les avait alors comparés, on aurait vu que ce qu'on appelle membrane corticale ou chorion n'est pas plus l'analogue de la membrane de la coque de l'œuf des 1. De Baer, Epistola de ovimammalium et hominis genesi, Leipzick, 1827. (Nous citons d'après la traduclion donnée par G. Breschet, sous le titre : Lettre sur la formation de l'œuf dans l'espèce humaine et dans les mammifères, Paris, 1829. — Extrait du Réper- toire gén. d'Anat., t. IV, pl. VI.) 2. Coste, Embryogénie comparée, cours sur le développement de l'homme et des animaux, 1837. (Deuxième partie, ch. XII, Ovologie du chien, p. 403.) - 24 — oiseaux, que l'albumen n'est l'analogue du vitellus. » C'est pourquoi il considère la membrane en question comme représentant la mem- brane vitelline, et la désigne sous ce nom. Cette interprétation est aussitôt acceptée par Burdach : « Nous pouvons donc dire que l'exo-chorion est une membrane vitelline sur laquelle ne s'applique pas de blanc, et qui persiste, attendu qu'elle n'est point suppléée dans ses fonctions par une membrane testacée K » Cette interprétation reçoit ses développements les plus complets dans la monographie de Bischoff sur l'embryologie du chien ^ Il considère la membrane vitelline comme persistant indéfiniment à la surface de l'œuf, doublée bientôt du feuillet externe du blastoderme avec lequel elle se soude, pénétrée ainsi que lui par les vaisseaux allantoïdiens. « La zone pellucide, dit-il {op. cit., p. 120), ou mem- brane vitelline, se dilate, s'étend à mesure que l'œuf augmente de volume, de sorte qu'elle perd son double contour et se réduit à une pellicule très mince et anhiste; elle demeure ainsi la seule enve- loppe externe de l'œuf, qui, à son arrivée dans l'utérus, n'est pas entouré d'une couche d'albumine.. . Lorsque l'œuf a atteint 3 à 4 millimètres de diamètre, la vésicule blastodermique se divise en deux couches de cellules, dont l'externe est le feuillet animal, l'interne le feuillet végétatif.... La partie périphérique du feuillet animal (celle qui ne prend pas part à la formation du corps de l'embryon) forme à l'embryon le sac amniotique, et le reste de ce feuillet devient l'enveloppe séreuse qui s'applique à la zone pellu- cide ou membrane vitelline pour former l'enveloppe externe de l'œuf, enveloppe qui présente des villosités creuses pénétrant dans les embouchures des glandes utérines.... L'allantoïde vient s'appli- quer à cette enveloppe et y apporte ses vaisseaux. Le chorion résulte ainsi de l'union et de la fusion de la zone pellucide ou membrane vitelline, avec la partie périphérique (extra-embryon- naire) du feuillet animal ou membrane séreuse, et avec Tallan- toïde. » Et en effet, dans ses figures schématiques du développe- ment de l'œuf de la chienne, il représente, par un trait bleu, la membrane vitelline persistant indéfiniment, ou du moins jusqu'à l'époque où l'allantoïde a complètement fait le tour de l'équateur de l'œuf. Cette idée de la persistance de la membrane vitelline a été peu à 1. Burdach, Traité de physiologie (trad. fr. par Jourdan, t. II, Paris, 1838, p. 409), 2. L. W. Bischoff, Entwicklungsgeschickfe des Hunde-Eies. Braunschweig, 1845. — m — peu abandonnée à la suite des études faites sur l'œuf de la lapine; sur cet œuf, comme sur celui de la chienne, la membrane vitelline disparaît de bonne heure, plutôt encore chez les carnassiers que chez les rongeurs, et les villosités que produit l'ectoderme n'ont pas à se fusionner avec les prétendues villosités anhistes de la membrane vitelline. Dès 1861, dans la première édition de son embryologie, Kœl- liker en traitant des enveloppes de l'œuf des carnassiers, s'exprime nettement à cet égard. « Les villosités primitives ne sont que des épaississements locaux, des excroissances de la membrane vitelline, c'est-à-dire de la membrane de la cellule œuf, excroissances com- parables à celles qu'on voit se former sur les membranes cellulaires de divers végétaux; ces villosités n'ont qu'une existence tempo- raire. Au contraire les villosités définitives du vrai chorion (ecto- derrae) sont des productions formées par des cellules épithéliales de l'enveloppe séreuse, de véritables végétations épithéUales. » Enfin les études plus récentes ont montré la véritable significa- tion des prétendues villosités de la membrane vitelline. « Le pro- chorion (c'est ainsi qu'on tend à nommer aujourd'hui la membrane vitelline), chez une foule de mammifères, présente à sa surface de petits amas d'albumine et des villosités résultant de la précipitation d'un liquide excrété par la muqueuse utérine » ^ (0. Hertwig, Traité d'Embryol. Trad. de Ch. Julin, 1891, p. 206). On ne s'étonnera donc pas que nous ne fassions aucune mention de la membrane vitelline dans nos études sur les premières adhérences de l'œuf à l'utérus; nous n'avons retrouvé en efi'et aucune trace de cette mem- brane, pas plus que chez les rongeurs, au début de la formation ectoplacentaire ^ Et cependant, dans une publication relativement 1. A. KôUiker, Entwickelungsgeschichte des Menschen uni der hôheren Thiere. Leipzig, 1861, p. 161. 2. Chose remarquable, dès 1837, Coste avait dit, en parlant de l'œuf de la chienne à son arrivée dans l'utérus : « On peut voir que la membrane vitelline est parsemée de petites taches qui sont probablement le résultat d'un produit adventif. » {Op. cit., p. 402.) 3. Chez la lapine la membrane vitelline est plus persistante, mais n'en disparaît pas moins complètement, d'abord dans la future région ectoplacentaire. « Des œufs de huit jours, dit Kœlliker (EmbryoL, 2° édit., trad. fr. par Schneider, 1882, p. 274), avec ligne primitive, m'ont encore montré une zona d'une nolable épaisseur, bien que d'une structure granuleuse. Tandis que sur des œufs de neuf ou dix jours la zona ne constituait plus, sur la face opposée à la région placentaire, qu'une très mince pellicule ne possé- dant qu'une très faible consistance. Je n'ai pas suivi la zona plus loin. Hensen, au contraire, admet que le prochorîon (membrane vitelline et couche d'albumine) ne se résorbe pas, mais que l'existence de cette partie peut encore être démontrée au — 26 — récente, Bischoff a encore soutenu que l'œuf de la chienne, lorsqu'il a atteint un diamèlre de 4 à 5 millimètres, commence à adhérer à l'utérus par des villosités qui se développent à la surface de la membrane vitelline (de la zona). Plus tard seulement, dit-il (p. 89), la zona disparaît et l'enveloppe externe de l'œuf du chien est formée par la membrane séreuse avec l'allantoïde PREMIÈRE PARTIE LE PLACENTA DE LA CmENNE. Nos études sur les rongeurs nous ont déjà montré que nombre d'erreurs avaient eu pour origine le fait d'emprunter les éléments de l'histoire du placenta par fragments à des animaux divers, au lieu d'en suivre sans interruption l'évolution sur une seule et même espèce. Ce que nous aurons à dire plus tard du placenta des rumi- nants et des pachydermes montrera de plus en çlus combien est déplorable cette manière de procéder, car nous verrons qu'on a voulu assimiler entre elles, d'un animal à un autre, des parties qui n'ont ensemble aucun rapport, et que de ces rapprochements illégi- times sont résultées des conceptions entièrement erronées. Fidèle à la manière inverse de procéder, nous prendrons ici encore, comme pour les rongeurs, chaque espèce à part, et quoique les analogies les plus complètes, parfois des identités absolues, se ren- contrent entre le placenta de la chienne et celui de la chatte, nous ferons une étude distincte de chacun de ces placentas, et nous en présenterons de même séparément l'historique. A ce dernier point de vue seulement nous rapprocherons le placenta du renard de celui du chien, parce que ce qui a été décrit et figuré sur l'embryo- logie du renard, nous a montré que son placenta devait être abso- lument semblable à celui de la chienne. Nous diviserons l'étude de la formation du placenta de la chienne en plusieurs périodes, dont la première comprendra les transfor- mations qui se produisent avant que le chorion contracte des adhé- rences avec la surface de la muqueuse utérine. ■vingtième jour sous forme d'une mince pellicule. Certainement dans cette assertion, Hensen ne vise pas la région placentaire, et il n'est pas le moins du monde douteux que ce qui subsiste du prochorion n'a plus aucun rôle à jouer. » l.L. W. Bischoff, Historisch-Krilische Bemerkungen zu den neusten Mittheilungen uber die erste Entwicklunq der saiigethiereier, Munchen, 1877, p. 68 et 89. — 27 — A. — De la muqueuse utérine et de l'œuf avant que le chorion contracte des adhérences. a. Muqueuse et ses glandes avant la gestation. — Les glandes de la muqueuse utérine jouent un rôle important, non pas, comme on l'a cru généralement, dans la formation du placenta, mais dans les phénomènes qui préparent et accompagnent cette formation; elles se multiplient, s'hypertrophient, et subissent une dégénérescence d'un caractère spécial. Pour suivre ces modifications il faut donc examiner l'état de ces glandes déjà sur l'utérus avant la gestation, puis à l'époque du rut, et enfin après la fécondation, lorsque l'œuf est arrivé dans la cavité utérine. La coupe d'une corne utérine d'une jeune chienne vierge pré- sente les dispositions reproduites dans la figure 1 (pl. I). D'après la forme de la coupe on voit que la corne utérine est aplatie selon ses faces : en effet, Fleischmann (op. cit., p. 60) a noté que, d'une manière générale, chez les jeunes femelles de carnassiers, le canal utérin est aplati latéralement, tandis que chez les femelles plus âgées, sans doute à la suite de gestations successives, il devient cylindrique. En M est le bord adhérent ou mésomètre; en 1, la couche musculaire longitudinale; en 2, la couche circulaire, et enfin en 3 la muqueuse. On voit que celle-ci possède des glandes en tube, qui, par un trajet plus ou moins contourné, vont de la surface de la muqueuse jusque près de sa couche la plus profonde. Dans la figure 2, nous avons représenté la région de l'embouchure d'une de ces glandes, pour en montrer l'épithélium, formé d'une seule couche de cellules cubiques, moins hautes que celles de la surface de la muqueuse (en E), lesquelles sont nettement cylindriques. Bien différent est l'aspect d'une coupe de corne utérine chez une chienne adulte à l'époque du rut. Comme le montre la figure 3, dessinée au même grossissement que la figure 1, toutes les couches de l'utérus ont augmenté d'épaisseur, et l'ensemble de l'organe est devenu relativement très volumineux. Mais c'est surtout la muqueuse qui présente une hypertrophie considérable, laquelle se traduit par les plis que forme sa surface et qui donnent à la lumière du canal une forme étoilée. Cette hypertrophie de la muqueuse correspond à un développement énorme de ses glandes. Celles-ci, longues, con- tournées, et à canaux subdivisés, s'étendent de la surface vers la profondeur, l'ensemble de chacune d'elles dessinant, sur la coupe, une figure triangulaire allongée, dont le sommet est vers la surface — 28 — de la muqueuse, et dont la base arrive, dans les couches profondes de la muqueuse, jusqu'au contact de la musculature. La figure 3 rend assez bien cet aspect lobulé de l'ensemble des glandes, chaqae lobule, disposé en rayonnant autour de la cavité du canal utérin, répondant à une glande. Mais outre ces glandes longues, ramifiées, contournées, occupant toute l'épaisseur de la muqueuse, la zone superficielle de celle-ci est occupée par une rangée de dépressions peu profondes, étroitement disposées les unes contre les autres, et donnant, par leur ensemble, un aspect aréolaire à la surface de la muqueuse; d'après une coupe, on pourrait croire qu'il s'agit là simplement d'un plissement de cette surface; mais par l'étude de coupes se succédant sans lacune, il est facile de se convaincre qu'il s'agit bien de courts culs-de-sac glandulaires, placés côte à côte et indépendants les uns des autres. Ces courtes glandes sont celles qui ont été décrites par Sharpey et par Bischoff sous le nom de cryptes, par opposition aux glandes proprement dites, ou longues glandes qui traversent toute l'épaisseur de la muqueuse. Il est facile de reconnaître que les longues glandes résultent de l'hypertrophie et de la multiplication des tubes qui existaient déjà chez la jeune chienne (fig. 1), tandis que ces cryptes sont une for- mation nouvelle. C'est une question au sujet de laquelle nous don- nerons bientôt quelques détails historiques, car ces deux ordres de formations glandulaires ont joué un grand rôle dans les théories émises sur l'origine du placenta et ont par suite été l'objet de nom- breuses controverses. Comme il nous est arrivé trop souvent de sacrifier des chiennes supposées dans les premières périodes de la gestation et de ne trouver cependant aucun produit de fécondation, nous avons été en possession d'un très grand nombre d'utérus dont les coupes repro- duisaient les dispositions représentées dans la figure 3. L'étude de ces coupes à un fort grossissement, pour examiner l'épithélium des glandes et de la surface muqueuse, nous a le plus souvent montré des éléments épilhéhaux tels que ceux représentés dans les figures 2 et 7 ; mais parfois aussi, plus rarement, nous avons été en présence d'éléments tels que ceux des figures 4 et 5. D'après quelques indi- cations relatées sur nos notes d'observations, nous pensons que dans ces cas il s'est agi de chiennes ayant dépassé le rut sans être fécondées, et chez lesquelles les épithéliums glandulaires de l'utérus, ne subissant pas les évolutions que nous décrirons bientôt comme — 29 — caractéristiques de la gestation, offraient une liypertropliie tempo- raire destinée à s'arrêter bientôt. Sans insister sur cette hypotlièse, les formes en question méritent d'être décrites, quitte à déterminer, par de nouvelles observations, la fréquence et la signification de ces formes. Dans la figure 4 est représentée, en GL, l'ouverture d'une longue glande, et en CR, la coupe d'un crypte de Sharpey-Biscboff. On voit que les cellules épithéliales glandulaires sont de longs élé- ments cylindriques, disposés librement les uns à côté des autres, ne se touchant que par leurs extrémités profondes, au niveau desquelles sont disposés les noyaux. Ces longs éléments, à aspect rubané, se transforment graduellement en cellules cylindriques ordinaires pour se continuer avec l'épilhélium (E) qui revêt la surface de la muqueuse. La figure 5 représente les éléments de la partie pro- fonde (voisine de la musculature) d'une longue glande : les cellules cylindriques y sont encore très longues, mais moins longues que dans la partie superficielle de la glande ; de plus elles sont, par leurs limites latérales, en contact direct les unes avec les autres. b. Utérus et œuf au quatorzième jour. — Après l'utérus de la chienne en rut, nous passons à la description de l'utérus au stade de gestation le plus jeune qui nous ait permis de retrouver l'œuf dans la cavité utérine. Il s'agit d'une chienne au quatorzième jour. Exté- rieurement la corne utérine présentait déjà de très légers renfle- ments de gestation. Sur les coupes longitudinales d'un de ces renflements (fig. 6), nous trouvons l'œuf (0) libre dans la cavité utérine ; ses parois sont plissées par l'effet des réactifs et sa forme est irréguUère, allongée selon l'axe du canal utérin. La région du canal qui renferme l'œuf est légèrement dilatée. En portant notre atten- tion sur la muqueuse utérine, on remarque les dispositions sui- vantes : dans les régions non dilatées, interposées à deux renfle- ments de gestation (c'est-à-dire aux extrémités droite et gauche de la fig. 6), la muqueuse est à peu près identique à ce qu'elle était sur la fig. 3, c'est-à-dire que nous voyons ici, en coupe longitudinale, ce que nous avons précédemment décrit sur une coupe transversale; les glandes longues sont bien distinctes, et pareillement la couche superficielle de cryptes serrés les uns contre les autres à la surface de la muqueuse. Dans la région dilatée, contenant l'œuf, la muqueuse est plus épaisse, et cette augmentation d'épaisseur porte surtout sur sa zone moyenne, c'est-à-dire sur la zone placée entre la couche des cryptes superficiels et la couche qui contient la partie profonde - 30 - des glandes longues. Il semble évident, d'après l'inspection de la figure, que les cryptes superficiels sont devenus de plus en plus nombreux, puisque, malgré l'augmentation en surface de la mu- queuse, au niveau du renflement de gestation, ils sont cependant aussi étroitement pressés les uns contre les autres que dans les parties rétrécies du canal utérin. Au contraire les glandes longues n'ont pas augmenté en nombre, elles sont restées ce qu'elles sont dans les parties rétrécies, et par suite, comme ici l'étendue de la muqueuse a augmenté, ces glandes longues sont plus clairsemées, plus distantes les unes des autres, et aussi plus distinctes. Cette disposition nouvelle, sensible pour la partie profonde de ces glandes, l'est surtout pour leur canal excréteur dans son trajet à travers la zone moyenne de la muqueuse. Là les canaux excréteurs, tortueux et allongés, n'apparaissent que par places, selon les hasards de la coupe, dans la zone moyenne de la muqueuse; plus vers la super- ficie, ces canaux excréteurs se mêlent aux cryptes desquels on ne peut les distinguer. Ainsi, au début de la gestation, dans chaque renflement utérin, la muqueuse présente à considérer trois couches bien distinctes, qui subiront des transformations très différentes par la suite, et qui sont, en allant de la superficie à la profondeur : 1° la couche des cryptes (et des embouchures des glandes longues), couche qui nous présentera bientôt une hypertrophie et des transformations très caractéristiques; 2° la couche moyenne, que nous nommerons couche homogène, parce que les canaux des glandes longues y de- viendront de plus en plus rares, et que par suite cette couche prendra, sur les coupes, un aspect de plus en plus uniforme et homogène (tissu conjonclif embryonnaire); 3° enfin la couche qui renferme les extrémités profondes des glandes longues : comme ces parties profondes des glandes ne seront que peu ou pas modifiées jusque vers la fin de la gestation, et persisteront, nous donnerons à cette couche le nom de couche des glandes permanentes. La figure 6 montre d'une façon bien évidente ces trois couches; pour cette figure d'ensemble nous avons choisi une coupe longitudinale, parce qu'elle permet de suivre, en allant des régions rétrécies à la région dilatée (renflement de gestation, chambre incubatrice) du canal utérin, les transformations qui amènent graduellement dans la muqueuse cette disposition en trois couches distinctes. En choisis- sant également, pour les stades suivants, des coupes longitudinales — 3i — pour nos figures d'ensemble, nous rendrons ces transformations de plus en plus évidentes. On voit, par la description qui précède, qu'au début de la gesta- tion, dans la muqueuse d'un renflement, la couche des cryptes est très distincte. Comme la nature de ces cryptes a été controversée, il importe de bien préciser leur disposition. On a nié leur existence comme formations indépendantes : on a dit qu'il ne s'agissait pas là de courts culs-de-sac glandulaires indépendants, mais simple- ment de ramifications latérales ayant pris naissance sur les conduits des glandes longues, ramifications terminées par des extrémités aveugles, c'est-à-dire que ces cryptes ne s'ouvriraient pas à la sur- face de la muqueuse. 11 n'en est rien : les cryptes, comme le mon- trent nos figures d'ensemble, sont bien des formations nouvelles, indépendantes des parties correspondantes des conduits excréteurs des longues glandes entre lesquelles ils sont interposés. Et quant au fait de leur ouverture à la surface de la muqueuse, il est absolu- ment incontestable par l'examen, à un plus fort grossissement, de cette surface. Dans la figure 7 nous avons représenté un de ces cryptes au niveau de son ouverture, et la continuité de son épithé- lium avec celui de la surface de la muqueuse utérine (en CR) ; à côté est un autre crypte (en cr), coupé perpendiculairement à l'axe de son tube et dont par suite on ne voit pas la communication avec la cavité de l'utérus; mais on retrouvait cette communication en examinant la suite des coupes sériées. Cette figure 7 nous présente encore à considérer la composition du chorion de la muqueuse dans ses régions les plus superficielles, dans la couche des cryptes. Ce chorion est formé de tissu conjonctif embryonnaire, c'est-à-dire de cellules, fusiformes sur la coupe, entre lesquelles est une abondante substance amorphe; on y voit en même temps la coupe d'un certain nombre de capillaires. Nous constaterons, dans les stades qui vont suivre, que ce chorion se modifiera singulièrement comme composition; les capillaires y deviendront de plus en plus nombreux, et les autres éléments, cellules et substance amorphe, de plus en plus rares. Enfin cette même figure 7, outre les détails qui nous serviront de point de départ pour l'étude des transformations de la couche des cryptes, dans la muqueuse, représente encore la constitution des parois de l'œuf : le blastoderme, dans la région ici figurée, n'est formé que de deux feuillets : l'externe ou ectoderme (ex), de — 32 — cellules plus larges que hautes, et l'interne ou entoderme (in), de cellules plates, très distantes les unes des autres, et dont le corps protoplasmique est épaissi seulement au niveau du noyau. Ces caractères sont ceux que présentent ces deux feuillets à une cer- taine distance en dehors de la tache embryonnaire. c. Utérus et œuf au seizième jour. — Parmi les renflements de gestation d'une chienne au seizième jour, coupés les uns transver- salement, les autres longitudinalement, nous avons choisi la coupe longitudinale représentée dans la figure 8. La vésicule blastoder- niique ne s'était pas rétractée, et ses parois étaient en contact avec la muqueuse utérine, sans avoir contracté encore de connexions avec elle. Nous donnerons d'abord quelques indications sur les parois de l'œuf, qui, en dehors de la tache embryonnaire, ne présentent que peu de modifications ; nous aurons à nous étendre davantage sur la muqueuse utérine, et spécialement sur la couche des cryptes. L'œuf est encore simplement didermique, c'est-à-dire formé uni- quement de l'ectoderme et de l'entoderme, sur une grande partie de son étendue; telle est la portion représentée en 0 dans la figure 11. L'entoderme est toujours constitué par des cellules minces, très écartées les unes des autres; les cellules ectodermiques sont régu- lièrement cubiques {ex, fig. 11), et diffèrent peu, quant à la forme, des cellules épithéliales de la muqueuse utérine, celles-ci étant devenues plus courtes (moins cylindriques) que précédemment (voir fig. 7). Sur certaines parties de la préparation, la paroi de l'œuf s'étant renversée et ayant échappé à la coupe, se présentait sous la forme d'un lambeau, peu étendu, sur lequel on voyait à plat l'ectoderme, et, par transparence, à travers lui, l'entoderme, ou, pour mieux dire, les noyaux de celui-ci. C'est ce que représente la figure 9 : l'ectoderme, vu en surface, forme un carrelage régulier de cellules polyédriques; on ne voit pas les contours des cellules de l'entoderme, mais seulement leurs gros noyaux, qui sont très éloi- gnés les uns des autres, comparativement aux noyaux des cellules ectodermiques. La muqueuse utérine ne présente pas de modification bien notable dans la couche profonde, dite des glandes permanentes, ni dans sa couche moyenne ou couche homogène. Mais la couche superficielle ou des cryptes est très modifiée; elle commence à prendre un aspect spongieux par le fait de la dilatation de toutes les cavités glandulaires qu'elle renferme, c'est-à-dire aussi bien des — 33 — cryptes que des conduits excréteurs des glandes longues. Cet aspect est bien caractérisé à un faible grossissement (fig. 8; gros- sissement de 8 à 9 fois) ; à un grossissement de 120 fois (fig. 10) on voit mieux les dilatations glandulaires qui produisent cet aspect spongieux ; de ces cavités dilatées, le plus grand nombre correspond évidemment à des cryptes (par exemple en 1, 2, 3, figure 11); mais les conduits excréteurs des glandes longues ont aussi subi cette ampliation puisque on voit (en 4, fig. 10) un de ces conduits venir s'ouvrir dans une de ces cavités, c'est-à-dire lui donner nais- sance par sa dilatation. Ces dilatations glandulaires se comportent d'une manière bien différente dans leurs extrémités inférieure et supérieure. Leur extrémité inférieure est brusquement dilatée, selon un plan paral- lèle à la surface de la muqueuse, de sorte que toutes les cavités ainsi produites se terminent par un fond plat, et que ces fonds plats sont disposés sur un même plan, et par suite, en coupe, sur une même ligne qui marque nettement la limite entre la couche homo- gène de la muqueuse et la couche des cryptes (au niveau de la partie inférieure de la figure 10). Ces dispositions deviendront de plus en plus marquées dans les stades suivants. Au contraire, au niveau de leur embouchure ou extrémité supérieure, les cryptes ne sont pas dilatés, et leur cavité, suivie de bas en haut, se rétrécit graduelle- ment. A rigoureusement parler, cette embouchure des cryptes ne se rétrécit pas; elle reste à peu près ce qu'elle était antérieurement; elle ne se dilate pas comme le reste de la cavité glandulaire; mais l'épithélium qui revêt cette embouchure non dilatée subit une hypertrophie, que nous décrirons dans un instant, et qui aboutira finalement à obhtérer la lumière de la cavité à ce niveau. Pour en finir avec la forme de ces cavités glandulaires, ajoutons encore qu'elles présentent des diverticules latéraux nombreux et irrégu- liers, comme on le voit bien en 3 sur la fig. 10, et que sur une coupe ces diverticules ne sont pas toujours vus en connexion avec la cavité principale dont ils sont une dépendance, de sorte qu'ils appa- raissent comme autant de cavités en apparence closes et distinctes (en 5 et 6, fig. 10). Est-il besoin, pour compléter cette description de la couche spongieuse des cryptes, de dire que les cavités 7, 8, 9 de la fig. 10 sont des cryptes dont la région superficielle a seule été comprise dans le plan de la coupe, sans connexion apparente avec leurs parties inférieures et leurs diverticules latéraux? Telles sont 3 — 34 — les dispositions qui, dès le seizième jour, donnenl à la couche des cryptes son aspect spongieux si caractéristique. Si, après l'étude de l'aspect de cette couche et de la forme de ses cavités glandulaires, nous passons à l'examen histologique de ces mêmes parties, nous devons parler du tissu conjonctif de la muqueuse, formant des cloisons entre les cavités glandulaires et leurs diverticules, de Vépithélnm de ces cavités glandulaires, et enfin de Vépithélium qui revêt la surface de la muqueuse. Le tissu conjonctif ou chorion de la muqueuse n'a pas pris un développement parallèle à celui des cavités des cryptes; comprimé par la dilatation de ceux-ci, et par la production de leurs diverti- cules latéraux, ce chorion est ainsi réduit à former de minces cloisons entre les dilatations glandulaires (figures 10 et 11). Dans la constitution de ces cloisons les cellules conjonctives prennent une part de plus en plus réduite, et les capillaires sanguins une part de plus en plus considérable : il suffira pour s'en convaincre de comparer les figures 7 et 11. Nulle part, au seizième jour, on ne voit aucune trace de prolifération des cellules conjonctives de ces cloisons; aussi, à mesure que se fait l'ampliation de l'utérus et l'augmentation en épaisseur de la couche des cryptes dilatés, dans les cloisons glandulaires ainsi allongées et amincies les cellules conjonctives deviennent de plus en plus rares ; nous verrons qu'elles deviennent bientôt si rares qu'on a peine à en retrouver quelques exemplaires sur les coupes, de sorte qu'alors les cloisons inter- glandulaires ne renferment que des capillaires sanguins. Dans Vépithélium des cavités glandulaires de la couche des cryptes commence, au seizième jour, un processus d'hypertrophie qui aboutira ultérieurement à des transformations et dégénérescences qui ont exercé la sagacité de divers auteurs. Pour le moment ce processus n'est encore caractérisé que par l'augmentation de volume des éléments, et par leur affinité énergique pour les matières colo- rantes. Comme le montre la figure 10, et surtout la figure 11, dessinée à un plus fort grossissement, les cellules glandulaires deviennent longues, saillantes dans la cavité glandulaire, munies de deux et trois noyaux; ceux-ci sont déjà remarquablement volu- mineux, riches en substance chromatique, qui dessine de nombreux nucléoles très foncés. Cette hypertrophie épitliéliale ne se produit jamais sur la partie profonde des dilatations glandulaires, sur ce plancher uni, régulièrement disposé sur un même plan (niveau de - 35 - la partie inférieure de la figure 10) d'une glande à la glande voisine ; elle commence un peu au-dessus de cette partie profonde, et va en augmentant, d'une manière plus ou moins régulière, vers l'embou- chure de la glande. Au niveau de cette embouchure l'hypertrophie, au 16° jour, commence sinon à effectuer, du moins à préparer l'oblitération de l'ouverture. Vépithéliiim de la surface utérine est bien conservé au 16* joar; mais ses cellules (fig. 11) ne sont plus cylindriques; elles sont devenues cubiques, comme nous le signalions plus haut en décri- vant l'ectoderme fœtal qui arrive à leur contact. Le noyau de ces cellules épithéliales se colore encore bien par les réactifs, mais leur protoplasma est devenu pâle, homogène et peu colorable. Ce sont les premières indications du processus d'atrophie et de résorp- tion que va subir cet épithélium par un contact plus immédiat avec l'ectoderme. d. Utérus et œuf au 18" jour. — Sur une chienne au 18" jour nous trouvons les diverses parties constituées à peu près comme au 16° jour, les transformations que nous avons précédemment signalées étant devenues seulement plus accentuées. Nous pouvons donc nous contenter de renvoyer le lecteur à l'inspection des figures 12, 13, 14 (pl. I), IS et 16 (pl. II) pour constater que la dilatation des cryptes et des canaux excréteurs des glandes longues est devenue plus considérable et que la couche des cryptes a pris un aspect de plus en plus spongieux (fig. 14); que les cloisons interglandulaires de cette couche, devenues de plus en plus minces, renferment essentiellement des capillaires et seulement quel- ques très rares cellules conjonctives (fig. 12, 15, 16); que l'hyper- trophie de l'épithélium glandulaire est devenue plus considérable (mêmes figures) et qu'en même tenips un plus grand nombre d'ori- fices glandulaires sont oblitérés, au moins dans certaines régions. Les seules dispositions qui méritent une description spéciale sont la couche la plus superficielle du chorion de la muqueuse d'une part, et d'autre part l'épithélium utérin qui revêt cette couche. Par couche la plus superficielle du chorion nous entendons celle qui est placée immédiatement au-dessous de l'épithélium de la sur- face utérine, au niveau des orifices des cryptes. Les figures 15 et 16 de la planche II nous montrent que cette couche est actuellement composée presque uniquement de capillaires ; ils sont moins nom- breux dans la figure 16, qui représente une partie prise dans la - 36 - . - régfoh A de la figure 13; ils sont plus nombreux dans la figure 15, répondant à la région B de la figure 13; surtout vers la gauche de cette figure 15 on voit les capillaires, disposés sur deux et même trois rangs, former une couche toute spéciale, qui ne renferme d'autres parties constituantes que ces capillaires, séparés par un peu de substance amorphe et étroitement pressés les uns contre les autres. On dirait la coupe d'un tissu érectile en voie de déve- loppement. Ce n'est ici que le début d'une formation qui atteindra bientôt une puissance bien plus considérable, et dont la significa- tion sera de la plus haute importance pour la production du pla- centa. Nous nous contenterons donc de la signaler pour le moment, et de lui donner un nom qui ne préjuge rien, celui de couche des capillaires. Pour étudier complètement Yépithélium utérin au 18^ jour, il faut l'examiner successivement dans diverses régions dont la figure 13 nous donnera les rapports topographiques. Cette figure 13 est une coupe longitudinale d'un renflement de gestation au 18° jour; il faut remarquer que le dessin en a été fait au grossissement de 5 fois seulement, et alors on comprendra, malgré les apparences inverses, que le renflement était plus volu- mineux et la couche des cryptes plus épaisse qu'au 16e jour (fig. 8). L'œuf sphérique remplit la cavité du renflement et vient s'apphquer étroitement à la surface de la muqueuse. Mais à cet égard il faut distinguer diverses régions. D'abord dans les parties qui répon- dent aux deux extrémités du renflement, là où la cavité de celui-ci se continue avec les portions rétrécies du canal utérin, les parois de l'œuf (en G et D, fig. 13) sont libres et flottantes; ce sont les régions que nous pouvons déjà nommer les pôles ou extrémités de Vœuf, en raison de la configuration que prendra ultérieurement celui-ci. D'autre part, à ce moment f embryon est nettement dessiné sur l'œuf, notamment par sa gouttière médullaire, dont on voit la coupe dans la région A de la figure 13 (voir aussi GM dans la figure 14). Nous pouvons donc parler d'un hémisphère embryonné (portion inférieure sur la figure 13) et d'un hémisphère opposé à l'embryon (supérieur dans la figure 13). L'hémisphère opposé à l'embryon est, par son ectoderme, étroitement appliqué à la sur- face de la muqueuse utérine; au contraire, l'hémisphère embryonné n'est semblablement en contact avec la muqueuse que dans ses parties périphériques par rapport à l'embryon; ses parties cen- — 37 — traies, immédiatement autour de l'embryon (de chaque côté de la gouttière médullaire sur les coupes des figures 13 et 14), étant au contraire libres, c'est-à-dire situées à une certaine distance de la surface de la muqueuse utérine. Cette disposition est en rapport avec la production ultérieure de l'amnios et on peut dire que cette zone péri-embryonnaire, réservée libre de tout contact (plus tard de toute adhérence) avec la muqueuse, est ainsi disposée pour per- mettre la formation des replis amniotiques. Or l'état de l'épithéhum utérin n'est pas tout à fait le même selon que l'ectoderme fœtal est ou n'est pas arrivé à son contact. Nous avons donc à examiner cet épilhélium dans les régions qui réalisent l'une ou l'autre de ces dispositions, et à étudier de plus les zones de transition entre ces diverses régions. Dans la région de l'embryon (région A de la figure 13, et partie moyenne de la figure 14), le revêtement épithélial de la surface uté- rine n'est plus formé de cellules distinctes; celles-ci se sont sou- dées en une couche homogène, hyaline, régulièrement semée de noyaux sphériques (fig. 46, pl. II, en E) ; ces noyaux se colorent par le carmin aluné, l'hématoxyline, ou la safranine, d'une manière homogène, avec une teinte plus foncée à la périphérie qu'au centre, mais sans indication de réseau ou de grains chromatiques; au niveau de l'embouchure des cryptes, cet épithélium dégénéré pénètre dans cette embouchure, sur une longueur correspondant à deux ou trois cellules, et, que cette embouchure soit encore ouverte ou oblitérée, se continue avec les cellules épithéliales glan- dulaires hypertrophiées (fig. 16). Remarquons encore que, dans cette région dite de l'embryon, le processus d'oblitération de l'em- bouchure des cryptes est peu avancé, la plupart d'entre eux s'ou- vrant encore nettement à la surface (comparer la région moyenne et l'extrémité gauche de la figure 14). Dans les régions où l'ectoderme est venu s'appliquer étroitement au contact de la muqueuse utérine, c'est-à-dire au niveau de tout l'hémisphère opposé à l'embryon (partie supérieure de la figure 13) et au niveau des parties périphériques de l'hémisphère embryonnô (région B de la figure 13), les ouvertures des glandes sont presque toutes oblitérées par l'hypertrophie de l'épithélium glandulaire (voir l'extrémité gauche de la figure 14). L'épithélium utérin, dans ces régions, est réduit à une couche hyaline, homogène, comme dans la région précédente; mais cette couche est plus mince, et les 3* - 38 — noyaux dont elle est semée (fig. 15, pl. II) sont plus petits, rata- tinés, légèrement aplatis, de sorte que leur grand axe est dirigé parallèlement à la surface recouverte. Au niveau des cryptes même mode de continuité entre cet épithélium dégénéré et les éléments glandulaires. Enfin dans une troisième région (région D et C de la figure 13), là où la dilatation de gestation se continue avec les parties rétré- cies du canal utérin, l'épithélium de la muqueuse présente sa forme normale, à cellules cylindriques bien distinctes (voir fig. 19, en E). En ayant égard aux rapports que présentent, avec l'ectoderme fœtal, les régions considérées, on ne peut pas dire d'une façon absolue, que la dégénérescence de l'épithélium utérin soit produite par son contact avec l'ectoderme, puisque cette dégénérescence est déjà très accusée dans une région (celle de l'embryon, A, fig. 13, et G M, fig. 14) où cependant l'ectoderme ne touche pas l'épithélium; mais on voit que cependant le degré de cette dégénérescence est en raison des rapports plus ou moins intimes de l'ectoderme avec l'épithélium; elle est très avancée là où le contact est intime et détermine déjà des adhérences (fig. 15); elle est moins avancée là où ectoderme et épithéUum sont très voisins sans se toucher; enfin elle est nulle vers les pôles de l'œuf, là où l'ectoderme s'écarte définitivement de l'épithélium avec lequel il ne contractera pas d'adhérence ultérieurement. Ceci nous amène à parler de l'ectoderme lui-même. Il est formé d'une couche unique et bien régulière de cellules cubiques, légère- ment plus hautes que larges, au moins dans certaines régions (voir fig. 15); mais ce qu'il présente de remarquable c'est que par places il tend à devenir plus épais, les cellules se superposant sur deux rangs. Ces végétations ectodermiques sont les premières indica- tions du mode par lequel l'ectoderme se fixera sur la muqueuse en la pénétrant par une série de prolongements cellulaires; elles seront, comme chez les rongeurs, l'origine de la formation placen- taire principale, d'un véritable plasmode ectoplacentaire, différant un peu, nous le verrons, de celui des rongeurs. Au 18° jour ces végétations ectodermiques ne sont encore indiquées que d'une manière très discrète : sur la figure 15 on en voit deux, l'une en A, sur un point quelconque de la surface utérine revêtue de son épi- thélium dégénéré, l'autre en B, au niveau de l'embouchure d'une glande. Dès que ces végétations deviennent plus considérables, — 39 - nous sortons du slade actuellement étudié, pour passer au stade de fixation de l'œuf; nous remettons donc à plus tard l'étude du déve- loppement de ces végétations ectodermiques, et pour terminer l'examen du stade actuel nous décrirons la région de transition, où l'ectoderme, suivi vers les pôles de l'œuf, est d'abord appliqué sur la surface utérine, puis s'en éloigne pour former l'extrémité polaire entièrement libre. Cette région intéressante correspond au point E de la figure 13; elle est représentée à un grossissement de 30 fois dans la figure 18 de la planche II. En suivant cette dernière figure de droite à gauciie, on a d'abord une région, de a en b, où l'ectoderme est appliqué à la surface utérine, où l'épithélium utérin est très dégé- néré, où, en un mot, les parties sont constituées comme dans la figure IS; puis en b, l'ectoderme se sépare brusquement de la sur- face utérine. Or en cette région, ùe b h c, deux dispositions frap- pantes sont à signaler : d'une part l'épithélium utérin est dégénéré comme dans la région précédente, d'autre part l'ectoderme est épaissi et présente des végétations notables. Ces deux faits semblent en désaccord avec cet autre fait qu'il n'y a pas ici de contact immédiat entre l'épithélium et l'ectoderme. Or lorsqu'on dispose de très nombreuses pièces, comme nous avons pu en avoir, lorsque ces pièces ont été débitées en nombreuses séries de coupes, et qu'on passe ces séries en revue, on arrive toujours à trouver quelques rares préparations de cette région, dans lesquelles les parties sont disposées comme dans la figure 20. Ici l'ectoderme et l'épithélium dégénéré sont bien écartés l'un de l'autre, mais les épaississements ou végétations cellulaires de l'ectoderme arrivent par leur sommet soit très proche de l'épithéUum utérin (en a, fig. 20), soit au contact même (en b) de cet épithélium. Nous en pouvons conclure que dans cette région ectoderme et épithélium sont réellement en con- tact, non d'une manière continue, mais par places, c'est-à-dire que, par ses végétations, l'ectoderme forme des arcades, au niveau des- quelles il ne touche pas l'épithélium, mais entre lesquelles il donne naissance à des végétations, qui, comme autant de piUers des arcades précédentes, viennent au contact de l'épithélium. Ces con- tacts, d'abord imparfaits, sont si légers, que, pendant le durcisse- ment des pièces, ils disparaissent pour la plupart, donnant heu, sur les coupes, aux dispositions représentées par la figure 18, de b à c; mais plus tard ils se transforment en solides adhérences, tou- — 40 — jours disposées de place en place, avec intervalles libres. Une pareille disposition peut paraître au premier abord de peu d'impor- tance, et les détails avec lesquels nous la décrivons peuvent sem- bler inutiles. II n'en est rien; nous assistons, avec ces détails, à la première indication d'une formation caractéristique du placenta du chien, à savoir la bordure verte de ce placenta zonaire. C'est en effet dans les cavités déterminées par ces arcades que se fera l'ac- cumulation de sang, qui dessine ultérieurement ces cordons gou- dronnés, pleins de sang altéré, formant une bordure d'un vert sombre sur les limites latérales de la zone placentaire. Nous pou- vons donc dès maintenant donner, à la région de transition que nous venons d'étudier, le nom de région de la bordure verte, déno- mination sous laquelle nous en poursuivrons l'examen dans les études suivantes. En dehors de la région de la bordure verte (de c h. d, fig. 18), au 18« jour, l'ectoderme, avant de former l'extrémité polaire, entière- ment lisse, de l'œuf, présente encore, sur une courte étendue, une certaine tendance à former des épaississements et des végétations cellulaires (fig. 19). A leur niveau l'épithélium utérin, au contact duquel elles n'arrivent pas, est bien conservé, avec cellules cylin- driques normales bien distinctes. Mais ce n'est pas à dire que plus tard le contact ne s'étabUra pas entre ces parties fœtales et mater- nelles, et que l'épithélium ne subira pas par places la dégénéres- cence. Nous verrons en effet qu'au début la bordure verte est mal limitée en dehors, qu'elle montre, pour ainsi dire, une certaine hési- tation à se circonscrire de ce côté; et qu'en dehors d'elle, au moment où le pôle de l'œuf devient entièrement libre, on trouve comme des tentatives avortées d'adhérence et de pénétration de l'ectoderme dans le terrain maternel. Ces dernières dispositions sont, nous le verrons, très nombreuses et très marquées chez le chat, où leur étude sera très instructive. En résumé, les processus histologiques qui se passent dans l'utérus depuis l'arrivée de l'œuf jusqu'au moment de sa fixation, consistent essentiellement en une hypertrophie des glandes, soit des cryptes, soit des conduits excréteurs des glandes longues; la muqueuse utérine, par suite des dispositions que présentent les glandes, se divise en trois couches, une profonde, ou couche des glandes permanentes, une moyenne, ou couche homogène, et une superficielle ou couche des cryptes; c'est dans cette dernière — 41 — couche que se passent ensuite les transformations les plus impor- tantes, les portions glandulaires qui y sont contenues se dilatant et émettant des diverticules latéraux, de manière que la couche en question prend un aspect spongieux. Les cloisons qui séparent les glandes deviennent très minces, et ne contiennent bientôt plus que des capillaires, les cellules conjonctives y devenant très rares; il en est de même de la partie du chorion immédiatement sous-jacente à l'épithélium, partie qui est bientôt formée uniquement de capil- laires (couche des capillaires). En même temps l'épithélium glan- dulaire s'hypertrophie, surtout vers l'embouchure des glandes, et tend à oblitérer ces embouchures. Quant à l'épithélium utérin; il subit, dans tous les points où il est en contact avec l'ectoderme de l'œuf, une dégénérescence caractéristique qui prélude à sa dis- parition. Dans ce résumé sont rappelés deux ordres de faits qui ont donné lieu à de nombreuses controverses et dont l'historique doit être donné par nous. L'un de ces faits c'est la dégénérescence de l'épi- thélium utérin; nous n'en donnerons l'historique que quand nous aurons constaté sa disparition complète, après fixation de l'œuf; l'autre fait est la présence de cryptes courts, interposés entre les embouchures des glandes longues : l'histoire de ces cryptes joue un rôle important dans celle du placenta ; de plus cette histoire nous amènera à compléter nos propres observations par l'exposé de tra- vaux récents, ceux de Strahl notamment. En effet nous avons bien vu que chez la jeune chienne vierge il n'y a que des glandes longues, qui sont même assez rudimentaires, et que par contre chez la chienne en rul, ou au moins au début de la gestation, il y a très distinctement des glandes longues et des cryptes courts. Mais à quelle époque apparaissent ces cryptes de nouvelle formation? Sont-ils en rapport simplement avec le rut ou avec une gestation commençante? Ces cryptes disparaissent-ils pendant les intervalles de repos sexuels? Nous étions sur le point d'entreprendre des recher- ches sur ces questions, lorsque nous avons vu qu'elles avaient éga- lement préoccupé Strahl, qui a eu à sa disposition les pièces néces- saires pour les résoudre. C'est donc avec l'histoire des glandes, après avoir retracé comment les cryptes de nouvelle formation ont été tour à tour admis ou non, et diversement interprétés, que nous verrons comment leur existence a été définitivement démontrée et comment ont été bien précisées les conditions de leur développement. - 42 - e. Historique des glandes de la muqueuse utérine de la chienne. — La connaissance première sur ces glandes chez les carnassiers a été tardive; elle a été précédée de la démonstration de glandes dans la muqueuse utérine de quelques autres mammifères, démons- tration qui a été précédée elle-même de diverses interprétations erronées, dont il ne sera pas sans intérêt de retracer ici les phases successives. C'est à Malpighi que nous devons la première décou- verte des glandes de la muqueuse utérine; il ne vit, il est vrai, que les orifices à la surface et supposa l'existence de corps glandulaires correspondant à ces ouvertures : « An vero his orificiis appendantur glandulse, licet sensus non atlengat, ratio tamen ex perpetuâ ope- randi normâ prohabiliter eas suadet » ^ . Malpighi fit ses observa- tions sur divers mammifères, mais principalement sur la brebis et la vache. Fait très remarquable, et sur lequel nous reviendrons lorsque nous étudierons le placenta diffus de la truie, près de deux siècles plus tard, en 1828, de Baer revit ces glandes, dans les régions non villeuses dites espaces d'Eschricht,, mais ne reconnut pas leur nature; il décrit leurs embouchures, les circonvolutions de leurs tubes, puis il les interprète comme des vaisseaux lymphati- ques {Saugeradern, vaisseaux absorbants) l Non moins malheureux dans ses interprétations fut E. Weber, en 1830, lorsque, décrivant la surface utérine comme criblée d'une multitude d'orifices {fora- mina tegumenti cribriformis), il considère cette disposition comme due à la présence de fines et innombrables villosilés juxtaposées {innumeris admodum tenuibus serpentine flexis cylindricis villis for- matunij op. cit., p. 29) ; il est vrai qu'il ajoute que ces villosités sont creuses (?), mais qu'il ne faudrait pas pour cela les prendre pour des vaisseaux exhalants {is erraret, qui villos illos pro arteriis mit venis prolongatis haberet, quœ functionem exhalandi et resorbendi perficerent, op. cit., p. 31) ^ En 1837, de Baer reproduit à peu près textuellement la manière de voir de E. Weber \ Ces vues erro- nées, dont Robin a donné plus tard une très précise interprétation critique ^, ne prirent fin qu'avec les recherches des deux frères 1. Opéra posthuma, Venetiis, 1698, p. 46. 2. K. E. von Baer, Untersuchungen uher die Gefâssverbindungzwischen Mutler uni frucht in den Sâugethieren, Leipzig, 1828, p. 12. 3. E. Weber, Desquisilio anatomica uteri et ovariorum puellx septimo a concepHone diz defundœ, Halis, 1830. 4. K. E. V. Baer, Uber Entwicklunysgeschichte der Thiere, 2° partie, Kôiiigsberg, 1837, p. 266, 5. " Ce sont certainement les glandes tubuleuses, devenues libres en partie, par — 43 — Weber S qui enfin décrivirent des tubes sinueux, terminés en cul-de-sac arrondi, et se divisant çà et là en deux branches, ayant des orifices extérieurs visibles à l'œil nu; il n'est pas douteux, disent ces auteurs, que ces glandes tubuleuses se rencontrent dans l'utérus de tous les mammifères. Presque aussitôt cette description fut confirmée par Sharpey \ par Coste ^ par Richard *, par Robin ^ et dès lors la connaissance des glandes utérines devint une notion classique. Nous n'en poursuivrons pas ici l'his- torique général, n'ayant à nous occuper pour le moment que des glandes utérines de la chienne. C'est Sharpey qui, en 1842, dans les notes citées ci-dessus, attira le premier l'attention sur les deux dispositions que pré- sentent les glandes utérines des carnassiers au début de la gesta- tion. « Elles se présentent, dit-il, sous deux formes : les unes, simples et plus nombreuses, sont courtes, indivises, forment des culs-de-sac; les autres sont composées, pourvues d'un long canal excréteur qui se subdivise en branches contournées. Ces deux espèces de glandes subissent des modifications considérables pen- dant la gestation. Quand l'œuf de la chienne a atteint les dimen- sions d'une noix, il est revêtu de nombreuses villosités choriales bientôt vascularisées, qui prennent part à la formation du placenta zonaire. En effet à ces villosités correspond une portion également zonaire de la face interne de l'utérus, portion plus saillante que le reste de la surface muqueuse, et creusée de dépressions dans lesquelles pénètrent les villosités fœtales. Cette formation, dit altération cadavérique, qu'ont vues et décrites E. Weber et Baer, sous forme de cylindres grêles, flexueux, etc. » (Ch. Robin, Mémoire sur les mod. de la muqueuse utérine pendant et après la grossesse, 1861.) 1. E. et H. Weber, Ueber die Schlanchartigen Uterindrusen der Menschen (Berîcht uber die 19'^° Versammlung deutscher Naturforscher und Aerzle zu Braunschweig in 1841, — publié en 1842, p. 86). Les mêmes auteurs ont repris la question en 1846 (Zusâtze zur Lehre vom Baue und Verricht. der Geschlechtorgane, Leipzig, 1846, Archives de Maller, p. 421). 2. Les recherches de Sharpey ont paru d'abord sous forme de notes annexées à la traduction anglaise de Miiller [Eléments of Physiology by J. Mûller, trans. by Baly, 1842, t. II, p. 1574, fig. 209), puis elles ont été reproduites, sous le titre : On the membrana decidua and utérine Glands, dans le Monthly Journ., Febru. 1842, et dans le Microscop. Journ., vol. II, n" 21, p. 279. — De ces derniers mémoires Wallach a donné, dans le Canstatt. Jahresb. (1843, p. 106), une analyse détaillée, presque une traduction. 3. Coste, Sur la formation de la caduque [Compt. rend. Acad. des sciences, 1842, t. XV, p. 59 et 62). 4. Ad. Richard, De la muqueuse de l'utérus, Paris, 1848. 5. C. Robin, Mémoire sur la membrane muqueuse utérine (Société philomatique, 18 mars 1848). Sharpey, représente la caduque, et son origine est due simplement à ce que cette partie de la muqueuse est devenue plus épaisse et plus vasculaire; les dépressions qu'elle présente et qui reçoivent les villosités fœtales, ne sont autre chose que les glandes sus-indi- quées, dont le volume a augmenté et dont les orifices se sont dilatés. Les glandes simples ne subissent d'autre transformation que cette dilatation; mais les glandes composées présentent des modifications plus complexes. Leur long canal excréteur se dilate, immédiatement au-dessous de son ouverture, et forme ainsi une cavité tapissée d'épilhélium et pleine d'un liquide blanchâtre, très granuleux. Ces cavités forment au-dessous de la caduque une couche spéciale, et elles prennent, par compression réciproque, une forme polyédrique; au niveau de leurs embouchures elles sont considéra- blement rétrécies. » On voit que, sans tenir compte ici de ce que l'auteur dit des villosités fœtales, sa description est remarquable- ment exacte quant aux glandes longues et aux cryptes, et quant à leurs premières transformations. Presque aussitôt cette description fut confirmée par Bischofï. « La muqueuse utérine de la chienne, dit-il (op. cit., p. 14), présente de nombreuses glandes qui appar- tiennent à deux catégories distinctes : les unes sont représentées par des canaux qui traversent en serpentant toute l'épaisseur de la muqueuse et qui, en arrivant vers la profondeur de celle-ci, se con- tournent en nombreux pelotons ; pendant leur trajet ces canaux se bifurquent, souvent se trifurquent, mais peuvent aussi ne pas pré- senter de subdivisions; enfin ils se terminent en cul-de-sac; mais souvent aussi on voit deux canaux s'anastomoser. Les autres glandes sont représentées par d'innombrables cryptes simples, qui occupent toute la couche superficielle de la muqueuse ; leur présence donne à cette surface un aspect criblé » Nous reproduisons ci-contre deux figures que donne Bischofï de ces deux ordres de glandes, pour bien montrer la concordance de ses observations avec les nôtres. La figure IX (Bischoff, pl. XIV, fig. 46) représente les deux ordres de glandes avant la gestation. La figure X (ibid., fig. 48) représente les mômes parties alors que la couche des cryptes prend un aspect caverneux ; cette seconde figure est moins heureuse que la pre- mière; évidemment la technique des coupes, au temps de Biscliolï, était encore très primitive, et si les préparations ainsi obtenues 1. Th. Ludw. W. Bischoff, Entwicklungsgeschichte der Hmde-Eies, Braunschweig, 1843. — 45 - étaient suffisantes pour donner une idée exacte des glandes au début (fig. IX), elles ne l'étaient plus pour permettre de se rendre compte de la disposition exacte de la couche des cryptes lors- qu'elle est devenue spongieuse. Mais on reconnaît en tout cas que Fig. IX (d'après Bischoff). — A, cryptes glandulaires; B, glandes utriculaires proprement dites. Bischoff a fort exactement interprété la manière de se comporter de chaque espèce de glande (voir l'explication de la fig. X). Fig. X (d'après Bischoff). — Muqueuse utérine de la région placentaire au vingt-quatrième jour. On voit, dit Bischoff, que les cryptes (A) se sont dilatés et ont produit des culs- de-sac latéraux, et que les glandes utriculaires proprement dites (C) se sont également dilatées au niveau de leurs embouchures (B). A partir de ce moment les deux ordres de glandes furent généra- lement admis, et les glandes courtes désignées dans les traités clas- siques sous le nom de cryptes de Sharpey et Bischoff. Mais cette notion devait bientôt trouver des contradictions ou des interpréta- tions différentes. — 46 — Ce fut d'abord Ercolani, qui, en 1869, nia l'existence des cryptes : « Les anatomistes, dit-il \ et les physiologistes ont accepté l'opinion de Sharpey, confirmée par Bisclioff, que chez les chiennes elles chattes il existe deux espèces de glandes utérines, les simples et les rameuses,.. Il était fort intéressant pour moi de vérifier une telle observation ; mais sur les sections verticales de l'utérus on ne peut obtenir que des portions de glandes coupées en travers. Je pensai donc que pour préparer quelques glandes simples ou cryptes, ou follicules, et des portions suffisantes de rameuses, il fallait peut- être enlever, à l'aide d'un pinceau et par plusieurs lavages, les cou- ches superficielles de l'épithélium de la muqueuse utérine, puis soulever avec une pince l'enveloppe la plus superficielle de la muqueuse ainsi dénudée; alors, je devais découvrir facilement, à l'aide du microscope, dans cette couche mince et superficielle, ce qu'il m'importait d'observer. L'expérience réussit, et par ce moyen j'ai obtenu plusieurs fois des glandes utriculaires entières de l'utérus de la chienne, telles qu'elles sont représentées dans la figure 1 de ma planche IL Mais toutes les recherches que j'ai répétées par ce même procédé n'ont jamais pu me faire observer une seule glande simple ou crypte dans l'utérus de la chienne. » Nous avons tenu à reproduire textuellement ce passage pour montrer à quelle mé- thode rudimentaire de recherches Ercolani avait eu recours. Mais ceci n'est rien; quand on se reporte à la figure à laquelle il renvoie et à la légende de cette figure, on voit avec étonnement qu'il s'agit de l'utérus d'une chienne à terme : « pli de la muqueuse utérine, dit la légende, d'une chienne à terme, appliqué sur une lame; l'épi- thélium a été enlevé en grande partie pour faire voir une glande utriculaire ou rameuse de l'utérus et pour montrer qu'il n'y a pas une autre espèce de glandes, dites simples ». Or il ne s'agit pas de retrouver les cryptes de Sharpey et Bischoff sur un utérus à terme ; il y a alors longtemps que ces glandes ont subi des transformations qui les ont d'abord rendues méconnaissables, puis en ont amené la disparition, ainsi que nous le verrons par la suite. Plus digne d'attention est la manière de voir de Turner; il con- state l'existence des cryptes en question, mais il nie leur existence indépendante : ces prétendus cryptes ne seraient que des portions 1. Ercolani, Mémoire sur les glandes utriculaires de l'utérus, etc. (Trad. fr. par Bruch. Alger, 4869), p. 21. — 47 - des glandes longues. « On sail, dil-il que Sharpey a décrit dans la muqueuse utérine de la chienne deux espèces de glandes, les unes courtes, simples, non ramifiées, les autres composées, for- mées par un long tube se divisant en ramifications tortueuses ; ces deux sortes de glandes s'ouvrant du reste côte à côte à la surface de la muqueuse. Cette description, concordant avec celle de Weber et de Bischoff, a été généralement adoptée par les anatomistes et les physiologistes ; cependant Ercolani, dans son premier mémoire sur la structure du placenta, déclare qu'il lui a été impossible de constater la présence de deux espèces de glandes. J'ai donc été amené à reprendre avec soin l'étude de la muqueuse utérine de la chienne non fécondée... Sur une coupe verticale, j'ai vu les longs tubes des glandes composées traversant la muqueuse jusque dans ses couches profondes, et entre ces glandes j'ai reconnu la pré- sence de tubes courts et simples, de sorte que cet examen, à un faible grossissement, semblait au premier abord confirmer les observations de Sharpey, Bischoff et Weber, faites à un grossisse- ment de 10 et 12 diamètres. Mais h un plus fort grossissement ces glandes , en apparence courtes et simples , se montraient très diverses dans leur longueur, les unes ne plongeant qu'à très peu de profondeur dans la muqueuse, les autres pénétrant très loin et présentant toutes les formes de transition vers les longues glandes tubulaires ramifiées. D'autre part, dans le tissu connectif sous-jacent aux glandes courtes se montraient des portions de tubes en appa- rence isolés, mais dont, par une attentive mise au point, on recon- naissait la continuité avec les glandes courtes, quoique cette conti- nuité fût rendue peu visible parla présence du tissu connectif. Je suis donc porté à penser que les glandes utriculaires de la chienne, comme celles de nombre d'autres mammifères, sont disposées dans la muqueuse les unes verticalement, les autres plus ou moins obli- quement, de sorte que sur les coupes perpendiculaires à la surface les unes ne se montrent que sur une faible étendue de leur trajet, d'autres sur une plus grande étendue, d'autres enfin sur toute leur longueur. J'en conclus que toutes ces glandes sont de longs tubes ramifiés, et que les différences observées dans leur étendue tient simplement à la manière dont elles sont intéressées par la coupe, et qu'il n'y a pas lieu d'admettre la distinction physiologique pro- 1. Turner, Lectures on tlie comparative anatomy of the placenta, Edinburg, 1876, p. 83. — 48 — posée par Bischoff en simples cryptes muqueux et glandes tubu- laires proprement dites. » Cependant, après Turner et Ercolani, de nouvelles recherches de contrôle sont venues confirmer les faits indiqués par Sharpey et Bischoff, en même temps que préciser les conditions et l'époque du développement des cryptes. En 1877, Altmann annonce que* : « les petites glandes utérines (cryptes) de Sharpey et Bischoff se rencon- trent dès l'époque du premier rut; à partir de ce moment leur présence est constante, et elles ne manquent qu'accidentellement, par exemple dans les régions qui viennent de servir à l'insertion d'un placenta, car alors elles ont été éliminées avec la portion cor- respondante de la muqueuse. Le détachement du placenta se fait dans la couche des dilatations ampullaires des glandes, c'est-à-dire bien au-dessous de la couche des petites glandes ou cryptes. Les vil- losités choriales pénètrent jusqu'à ce niveau, et une mince couche conjonctive les sépare seule de l'épithélium des dilatations ampul- laires. » Ces derniers détails sont relatifs à la conception qu' Alt- mann se faisait de la structure du placenta. Nous y reviendrons plus tard, mais nous devions les citer, puisqu'ils peuvent servir de réfutation à Ercolani. Semblablement à Altmann, Friedlander ^ déclare avoir trouvé chez les chiennes en rut des glandes de deux sortes, des courtes et des longues, ces dernières existant seules en dehors de cette période, el d'autre part Solawjef (Comptes rendus de la Soc. de Marburg, 4877, p. 51) annonce que les petites glandes ne se développent qu'au temps du premier rut, pour ne plus disparaître après cette pre- mière apparition. Et cependant nous voyons encore, en 1889, Lom- bardini mettre en doute l'existence des cryptes de Sharpey et Bischoff : « Au huitième jour après la fécondation, dit-il % la muqueuse utérine présente une notable hypertrophie, mais con- serve cependant son revêtement épithéUal cylindrique, spéciale- ment dans les intervalles entre les chambres incuhatrices . Les glandes utriculaires très abondantes, avec prolongements latéraux en forme de bouton vers les extrémités périphériques, sont deve- nues très volumineuses vers leurs embouchures. Elles n'ont pas 1. Altmann, Ueber Pigmentbildung in der Uterinschleimhaut {Sitzmgsberichle der Gesellschaft z. Befordermg der ges. Naturwiss. zu Marbwg, 1877, p. 51-53). 2. Cité par Kœiliker, Embryologie, trad. fr., p. 374. 3. L. homharàm, Sulla Placenta annotazioni [Eslr, dal. Giorn dianat. Fis. ec, n" 5, Pisa, 1889). — 49 — un trajet rectiligne; aussi, dans les coupes verticales de la paroi utérine, celte partie de leur trajet est-elle souvent séparée du reste, de manière à faire croire à une formation distincte, d'où l'erreur de Sharpey, Weber et Bischoff, qui ont attribué à la chienne deux espèces distinctes de glandes. » C'est à cette môme époque que parurent les recherches de Strahl : toutes les questions relatives à l'origine et la signification des cryptes de Bischoff l'ont préoccupé, et il a multiplié à plusieurs reprises les recherches pour arriver à leur solution. D'abord, dans son premier mémoire sur le placenta *, il pose net- tement le problème : « Sur diverses chiennes, dit-il {op. cit., p. 222),' sacrifiées en dehors de la gestation, on trouve que la disposition des glandes utérines est très variable; il y a toujours les longues glandes tubuliformes, assez écartées les unes des autres, et qui pénètrent jusqu'au niveau de la musculature. A côté d'elles on peut trouver les courtes formations glandulaires décrites d'abord par Sharpey, puis par Bischoff, et niées par Ercolani. Ces forma- tions glandulaires ont fixé l'attention d'Altmann qui les considère comme se formant dès l'époque du premier rut, et persistant à partir de cette époque. Friedlander ^ admet aussi que leur forma- tion est en rapport avec le rut, mais Turner ne voit dans les pré- tendus cryptes que des portions des longues glandes tubulaires, et Kondratowitsch arrive à la même conclusion. « En réalité l'existence de ces glandes en crypte est incontestable ; mais les conditions dans lesquelles on les rencontre est encore à déterminer. D'abord Âltmann se trompe en disant que ces cryptes persistent depuis leur apparition dès le premier rut. En effet je possède des préparations d'une chienne sacrifiée trois mois après avoir mis bas; les régions placentaires sont ici encore reconnais- sablés, mais ni à leur niveau, ni entre elles on ne voit trace des cryptes de Bischoff ^ Au contraire, chez une autre chienne sacrifiée six mois après la parturition, je trouve, à côté des longues glandes, un grand nombre de cryptes courts. Il est possible que la présence de celles-ci soit en rapport avec une période de rut commençante. « Il paraît donc vraisemblable que ces courtes glandes ne se déve- d. H. Strahl, Untersuchungen ûber den Baii der Placenta; I, die Anlagerung des Eies an die Uterus-wand (Arch. f. Anat. u. Physiol. Amt. Abtheilg., 1889, p. 212). 2. Friedlander, Physiolog. anat. Untersuch. iib. den Utérus, Leipzig, 1870. 3. Le dessin (pl. XIV, fig. 7) que donne Strahl d'une coupe de cet utérus est très analogue avec la fig. 1 de notre pl. L 4 — 50 — loppent pas subitement, mais lentement et graduellement. Ainsi chez une chienne âgée d'un an, qui n'avait encore jamais été en rut, à côté des longues glandes en tubes qui n'étaient pas encore très déve- loppées, je trouve déjà quelques glandes en crypte, mais en petit nombre. Il n'y a pas à douter de leur abondant développement chez les femelles en rut. Ma figure 8', d'une chienne en chaleur, montre la superficie de la muqueuse abondamment pourvue de courtes glandes, entre lesquelles s'ouvrent les longues glandes tubulaires. Après le rut ces glandes courtes persistent un certain temps, comme me le montrent des préparations provenant d'une chienne, qui, n'ayant pas été fécondée, fut sacrifiée environ cinq semaines après la fin de la période de rut. D'autre part on ne saurait partager l'opinion de Turner et de Kondratowitsch, à savoir que les courtes glandes superficielles ne seraient que des portions des longues glandes tubulaires; cette interprétation est inadmissible quand on compare le nombre si considérable de ces cryptes avec les conduits si clairsemés des longues glandes tubulaires. « La série des faits exposés d'après mes préparations peut s'inter- préter tout naturellement, en admettant que les cryptes glandu- laires apparaissent avec le premier rut, ne persistent que peu après la parturition, puis se reforment lentement vers l'approche d'une nouvelle période de rut. Malheureusement, pour chercher à vérifier cette hypothèse, il est très difficile, chez la chienne, de recon- naître les périodes qui précèdent un rut probable. C'est pourquoi j'ai pensé à entreprendre ces vérifications sur un carnassier à l'état sauvage, chez lequel le rut arrive à une époque fixe de l'année. Chez le renard, dont le rut se produit vers février, j'ai pu constater seulement que déjà en octobre on trouve quelques cryptes de Sharpey et Bischoff, mais en bien moins grand nombre qu'en pleine période de rut. » Dans son second mémoire ^ Strahl poursuit l'étude de la ques- tion. Il donne deux figures de coupes transversales d'utérus de femelle du renard, tuées l'une en octobre, l'autre au commence- ment de février. La première ne présente pas de glandes courtes ou cryptes, la seconde en est abondamment pourvue. L'utérus d'une 1. Cette figure est très analogue à la fig. 3 de notre pl. I; les glandes y sont seu- lement un peu moins développées. 2. II. Strahl, Untcrsuch. uh d. Bau der Placenta. — I. Die Anlagerung des Eies an die Uleruswand {Arch. f. Anat. u. Phijsiol. 1889, Supplément Band, p. 197). — 51 — autre femelle tuée également au début de février était probablement tout au début de la gestation, car l'ovaire présentait des corps jaunes à leur début (mais les ovules fécondés ne furent trouvés ni dans l'oviducte ni dans l'utérus); on y constatait les mêmes dis- positions que chez la femelle en rut, niais d'une manière plus accentuée encore. Enfin, dans un appendice à la fm de ce mémoire (p. 211) il ajoute : « A la fin de mai j'ai reçu l'utérus d'une femelle de renard qui avait mis bas quelques semaines auparavant. La régénération de la muqueuse utérine était complète... Des coupes transversales ne montrent qu'une seule forme de glandes, les longues. Les disposi- tions des parties sont ici très évidentes, plus que chez la chienne, et il n'est plus possible de douter que les glandes courtes n'appa- raissent qu'avec l'époque d'un nouveau rut. » Ainsi les recherches de Slrahl comblent les lacunes que présen- taient les nôtres; elles concordent du reste entièrement. Nous sommes heureux de nous trouver ici d'accord avec un observateur qui a fait tant d'efforts pour élucider l'histologie comparée du pla- centa; malheureusement cet accord ne subsistera pas quand il s'agira d'interpréter la nature de cet organe chez les carnassiers, pas plus qu'il n'a existé à propos du placenta du lapin. Le lecteur excusera la longueur de cet historique. Nous avons voulu montrer à combien de contradictions a donné lieu une ques- tion aussi simple que celle des glandes en cryptes ; aussi ne serons- nous pas étonnés de voir les divergences d'opinion devenir singu- lièrement plus marquées lorsqu'il s'agira d'interpréter la part qui revient aux tissus maternels et aux tissus fœtaux dans l'édification placentaire. B. — Fixation de Vœuf. Disparition de l'épithélium utérin. Pour l'étude de ce stade nous nous servirons essentiellement d'une chienne sacrifiée au vingt et unième jour de la gestation; c'est sur elle que nous avons trouvé le mieux caractérisées les dis- positions que nous avons à décrire. Nous possédons cependant des pièces intermédiaires entre le dix-huitième et le vingt et unième jour; elles ne nous serviront qu'accessoirement pour décrire quel- ques états de transition. Avant d'indiquer les transformations complexes que nous verrons au vingt et unième jour, décrivons d'abord une coupe longitudinale d'ensemble à cette date. C'est ce que représente la figure 21 (planche II) à un grossissement de trois fois et demie seulement. On voit que le renflement utérin est devenu bien marqué; la couche musculaire (M) est moins épaisse dans le renflement que dans les rétrécissements intermédiaires. Quant à la muqueuse, on voit que la couche des glandes permanentes et la couche homogène sont res- tées ce qu'elles étaient auparavant (comparer avec la figure 13), et qu'elles difi'èrent peu de ce qu'elles sont au niveau de la partie rétrécie du canal utérin. Au contraire la couche des cryptes est devenue très épaisse, et, déjà à un faible grossissement, présente des aspects très divers, de ses parties profondes à ses parties super- ficielles. Ainsi, tandis que nous n'aurons pas à revenir sur la des- cription de la couche des glandes permanentes et de la couche homogène, celle des cryptes nous arrêtera longtemps, et nous devrons la subdiviser en plusieurs couches nouvelles. Enfin sur cette préparation d'ensemble nous voyons l'oeuf, sur l'un des points duquel est la coupe de l'embryon (en A) : au niveau de l'embryon et dans une étroite zone qui l'entoure, Fectoderme n'est pas au con- tact de la surface utérine; nous savons (voir ci-dessus les explica- tions données à propos de la figure 13) que cette disposition est en rapport avec la prochaine apparition de l'amnios (voir ci-après la fig. 45, pl. IV), pour la formation duquel cette zone est réservée; nous pourrons donc employer l'expression de région ou zone amnio- gène pour étudier les rapports des parties à ce niveau. En dehors de la zone amniogène, fectoderme est tellement confondu, sur cette coupe d'ensemble, avec la surface utérine, qu'il semble dis- paraître, et la paroi de l'œuf n'être constituée que par l'entoderme avec sa couche mésodermique (de bac, fig. 21). Mais en arrivant vers les pôles de l'œuf (par exemple en d, fig. 21) fectoderme rede- vient libre, et le bout de l'œuf se montre nettement formé de deux membranes, à savoir fectoderme et fentoderme, dont . chacun est plus ou moins complètement doublé d'une lame mésoder- mique. Cette description d'une vue d'ensemble de l'œuf et du renflement utérin au vingt et unième jour nous permet de tracer le plan à suivre dans l'analyse histologique de ces parties. Nous étudierons d'abord, dans la muqueuse utérine, la couche des cryptes, avec les nombreuses subdivisions qu'elle présente; puis nous examinerons — o3 — comment l'ectoderme fœtal se fixe à la surface de la muqueuse, en même temps que disparaît l'épithélium utérin. a. — Couche des cryptes. Cette dénomination de couche des cryptes, bonne dans la période précédente, où elle répondait à une couche bien définie de la muqueuse, et indiquait bien la signification première de cette couche, doit disparaître maintenant pour être remplacée par une série de dénominations nouvelles correspondant aux subdivisions bien tranchées qui se produisent dans la couche en question. En effet, en suivant, sur une coupe, cette couche de la profondeur vers la surface, nous trouvons d'abord une région où les lumières glan- dulaires sont très dilatées (de 1 à 2, figure 27), les plus profondes formant de grandes cavités étendues parallèlement à la surface de la muqueuse, les moins profondes formant des cavités irrégulières dont le grand axe est en général perpendiculaire à la direction des cavités précédentes. C'est cette partie inférieure que nous nomme- rons la couche spongieuse, car cet ensemble nous rappelle l'aspect d'une éponge à larges mailles. Au-dessus vient une zone (de 2 à 3, fig. 27) où les cavités glandulaires ont une couche épithéliale hyper- trophiée au point de rétrécir considérablement et de faire presque disparaître la lumière delà glande; cette disposition ira en s'accen- tuant dans les stades ultérieurs, et, par suite de l'épaississement de l'épithélium glandulaire, donnera à cette couche un aspect com- pact et foncé, d'où le nom de couche compacte, qui marque bien la différence d'aspect d'avec la couche précédente. Enfin plus haut (au-dessus de 3, fig. 27) les lumières des glandes sont, depuis leurs embouchures, complètement oblitérées, non par des cellules glan- dulaires distinctes, mais par une masse homogène, semée de grains chromatiques, et résultant d'une dégénérescence complète de ces Cellules avec fragmentation et émiettement de leurs noyaux ; c'est ce que nous appellerons la couche des détritus glandulaires. Cette couche est plus ou moins distincte de la couche des capillaires, déjà signalée à un stade antérieur (voir la figure 15), laquelle est immédiatement revêtue par l'épithélium utérin, ou, pour mieux dire, par ce qui en a pris actuellement la place, c'est-à-dire par l'ectoderme de l'œuf. Nous allons donc être ainsi naturellement amené, après l'étude des couches sus-indiquées, à faire celle de la disparition de l'épithélium utérin et de la fixation de l'ectoderme à l'utérus. 4* 1° Couche spongieuse. Formée de cavités glandulaires dilatées (dont la ligne d'ensemble est bien visible sur la figure 21) elle est nettement délimitée du côté de la couche homogène de la muqueuse, et cette délimination résulte d'une accentuation de plus en plus pro- noncée des dispositions déjà décrites au seizième et dix-huitième jour (figures 8 et 13), c'est-à-dire de la dilatation brusque des glandes, dont les fonds sont disposés à plat, tous suivant une même ligne, un même niveau. Elle est moins nettement limitée du côté de la couche compacte ; mais nous verrons que plus tard de ce côté aussi s'établira une démarcation relativement nette. Les cavités de ces glandes dilatées sont revêtues d'une seule couche de cellules épithéliales, cubiques et même aplaties dans les cavités les plus pro- fondes, qui sont les plus larges, cellules devenant graduellement plus hautes, puis cylindres, à mesure qu'on se rapproche de la couche compacte (voir les figures 35 et 37 de la planche III). 2° Couche compacte. En arrivant dans cette couche, on voit les cellules épithéliales des glandes, suivant le processus dont nous avons vu la première apparition dès le seizième (flg. 10) et le dix- huitième jour (fig. 14), présenter une hypertrophie considérable. Chacune de ces cellules (flg. 22, 23, 2S, 26) forme un gros cylindre, plus ou moins réguUer, contenant une rangée de deux, trois, quatre gros noyaux. Ces noyaux se colorent fortement, et montrent dans leur intérieur de gros grains de substance chromatique. Ces énormes cellules épithéliales ne sont pas toujours bien distinctes les unes des autres au niveau de leur base ou extrémité adhérente, mais elles le deviennent mieux vers leur extrémité libre, par laquelle chaque cellule proémine distinctement dans la cavité de la glande. La manière dont les cellules poussent ainsi leur masse vers la lumière glandulaire qu'elles tendent à oblitérer est très variable d'un point à un autre. Tantôt chaque cellule proémine à part; tantôt elles forment à plusieurs un groupe saillant. A cet égard les variétés d'aspect qu'on trouve dans les figures 22, 23, 25, 26 sont plus expressives que toutes les descriptions. A la partie toute supérieure de cette couche compacte, ces grosses cellules glandulaires prennent un aspect nouveau (voir par- ticulièrement la ligure 23). Leur protoplasma devient plus homo- gène, ou du moins plus finement granuleux; leurs noyaux devien- nent aussi plus finement granuleux, mais ils demeurent très foncés, c'est-à-dire très colorés par les réactifs, car ces granulations sont — S5 — très serrées les unes contre les autres. En même temps ces noyaux se fragmentent. Nous ne disons pas se divisent ou se segmentent, car on ne voit aucun indice d'une caryoldnèse ou d'une division directe ; mais, à la place d'un noyau primitif, on voit apparaître deux ou trois masses ovoïdes de granulations chromatiques, masses qui résultent d'une fragmentation évidente du noyau préexistant. Les corps cellulaires se fondent alors en une substance d'aspect uni- forme, très finement grenue à un fort grossissement, et parsemée de ces fragm.ents nucléaires. Ainsi prend naissance la substance caractéristique de la couche suivante. 3° Couche des détrihis glandulaires. Les figures 25 et 26, à un grossissement moyen (74 fois), donnent bien une idée de ce qu'est cette couche, au vingt et unième jour, dans son ensemble. Elle est formée par la série des embouchures des glandes oblitérées par le produit de dégénérescence de leur épithélium. Si nous lui don- nons le nom de couche, quoique la série de ces bouchons des glandes ne forment pas un tout continu, c'est que, dans l'étude de ces transformations si multiples, une partie doit recevoir un nom qui répond non seulement à ce qu'elle est lors de son apparition, mais encore à ce qu'elle sera plus tard. Or nous verrons qu'ulté- rieurement ces bouchons glandulaires cesseront d'être bien circons- crits et se fusionneront réellement en une couche continue. Pour le moment cette couche de détritus glandulaires présente à étudier les bouchons qui remplissent les ouvertures des glandes et les cloisons qui les séparent. Les bouchons des glandes présentent, sur les coupes, les confor- mations les plus diverses : il en est de longs (fig. 22), terminés par deux extrémités concaves ; de courts, formant comme un simple dia- phragme dans la lumière de la glande (fig. 23, partie droite, en D) ; il en est qui se prolongent vers la profondeur de la glande en une saillie convexe (fig. 25, en 1). Comme toutes les glandes ne sont pas intéressées par la coupe exactement selon l'axe de leur embouchure retrécie, il est de ces bouchons qui semblent venir se terminer par une extrémité supérieure arrondie au milieu de la couche des capillaires sus-jacents (fig. 25, en 2 et 3). L'inspection détaillée des figures 17, 22, 23, 24, 25, 26 et 27 donnera à ce sujet des notions plus précises que toute description. Quant à la substance que forment ces bouchons, c'est une matière très finement granulée, homogène à un faible grossissement, molle et blanchâtre à l'état — 56 — frais, coagulée par les réactifs en une sorte de gelée. Nous avons déjà montré (fig. 23) comment elle résultait d'une dégénérescence, d'une fonte des grandes cellules épithéliales glandulaires. Ce détritus ne se colore que faiblement par le carmin aluné, l'héma- toxyline, la safranine; il en résulte qu'on voit ressortir d'une manière relativement très marquée, sur ce fond clair, les fragments nucléaires dont ce détritus est semé, ces débris nucléaires, formés de chromatine, se colorant par contre très fortement par ces mêmes réactifs. Les fragments cliromatiques en question sont parfois jetés sans ordre au milieu de cette substance, mais le plus souvent affec- tent une disposition spéciale, se groupant particulièrement vers la périphérie d'une part, et dessinant d'autre part des amas centraux disposés en couches horizontales stratifiées. En suivant de bas en haut les traînées nucléaires périphériques, on les voit former une série, qui, vers la surface de la muqueuse, se continue avec la série des noyaux de l'épithélium utérin dégénéré, là où ces noyaux sont encore représentés (voir les figures 22 et 26). Nous reviendrons sur cette disposition. Les cloisons qui séparent les bouchons glandulaires, comme celles qui séparent les glandes de la couche compacte, sont actuel- lement devenues extrêmement minces, et réduites à une ligne claire interposée à deux glandes ou bouchons voisins; par places cette ligne claire se dilate, par la présence d'un vaisseau capillaire. On ne trouve plus trace de cellules conjonctives ou d'autres éléments du tissu conjonctif dans ces cloisons; nous pouvons donc dire qu'elles sont dès maintenant formées uniquement par des capil- laires. Ces petits vaisseaux marchent vers la surface, où ils s'épa- nouissent et se multiplient, pour former la couche des capillaires, qu'il nous reste à étudier. 4° Couche des capillaires. Dans la région où l'ectoderme n'est pas appliqué à la surface utérine (région amniogène : en A, fig. 21, et partie moyenne de la figure 27), cette couche des capillaires est encore mince, telle qu'elle était au dix-huitième jour (figures 15 et 16) ; elle est par contre bien développée dans les régions où l'ectoderme est fixé à la surface utérine (par exemple de b à c, fig. 21 ; et parties latérales de la figure 27). Jusqu'à l'époque où l'amnios sera formé et clos, et où dès lors l'ectoderme chorial de la région amniogène viendra également se fixer à l'utérus, nous trou- verons ainsi toujours une région dont les transformations seront en — S7 — retard sur celles des parties adjacentes; ce sera cette région amnio- gène, qui, à chaque stade, présentera l'état où étaient les parties voisines au stade antérieur, et nous offrira ainsi une sorte de réca- pitulation ou de rappel des descriptions antérieurement données. Cette particularité nous a été d'un grand secours pour l'étude des pièces, pour la confirmation des interprétations auxquelles nous arrivions successivement, puisque nous avions ainsi une double source d'information pour chaque état des choses, car ce retard dans la région amniogène se produit non seulement dans les tissus de la surface utérine, mais aussi dans les parois correspondantes de l'œuf (retard dans l'apparition des villosités, etc.). Dans nos des- criptions, à part quelques cas particuliers, nous ne saurions reprendre à chaque fois ces détails récapitulatifs, et il noas suffira de rappeler en quelques mots ce retard local. Cependant, en trou- vant ainsi juxtaposées, côte à côte, des dispositions appartenant à des stades différents, nous aurons de grands avantages dans leur comparaison, notamment pour comprendre dans quel sens se fait l'accroissement en épaisseur de certaines couches, ainsi que nous allons le voir à l'instant même pour la couche des capillaires en particulier. Dans les régions où l'ectoderme est appliqué et fixé à l'utérus, la couche des capillaires est donc actuellement bien développée; il suffira, pour le voir, de comparer les figures 25 et 26. A un faible grossissement (figure 25) elle forme une couche caverneuse, dont les fines mailles sont remplies de globules sanguins. Pour obtenir des figures plus nettes, nous avons pris le parti, comme dans nos études sur les rongeurs, de ne jamais représenter ces globules dans nos dessins, de sorte que le capillaire se présente comme une cavité vide et béante. Cette couche des capillaires est très importante, car c'est, nous le verrons, la seule qui prenne part à la formation du placenta fœtal. Nous devons donc, pour nous préparer à en com- prendre les transformations ultérieures, l'étudier dès maintenant avec soin, d'une part dans sa configuration générale, d'autre part dans sa constitution histologique. Au point de vue de sa configuration générale, elle présente une limite supérieure, dont il sera question plus tard à propos de la disparition de l'épithélium utérin et de la fixation de l'ectoderme, et une hmite inférieure, irréguhère (fig. 25), rendue sinueuse par les extrémités supérieures des bouchons glandulaires, car ceux-ci -m - ne sont pas tous intéressés par la coupe an niveau même de l'em- bouchure des glandes. En effet, cette couche des capillaires, inter- rompue de places en places par l'arrivée des glandes à la surface utérine, est de plus soulevée et repoussée vers le haut par les diver- ticules latéraux, terminés en cul-de-sac de ces glandes. A cet égard se présente une disposition particulière : quelques-uns de ces culs- de-sac, ceux qui sont situés le plus haut, le plus près de la surface de la muqueuse, se dessinent sur les coupes comme des cavités sphériques qui viennent se loger plus ou moins complètement dans la couche des capillaires (voy., par exemple, fig. 23 et 25, en 4). L'èpi- thélium de ces diverticules glandulaires est plus ou moins hyper- trophié en longues cellules cylindriques avec séries de gros noyaux très colorés; mais comme il s'agit ici de culs-de-sac, c'est-à-dire non d'embouchures mais de parties profondes des glandes, la transfor- mation de cet épithélium en détritus glandulaire est tardive, puisque nous verrons que cette transformation marche de l'embou- chure vers la partie profonde de la glande et de ses diverticules. Il en résulte que, au stade actuel, dans la partie profonde de la couche des capillaires, au niveau même des bouchons formés de détritus, on trouve des portions de glandes dont l'épithélium, quoique hypertrophié, est relativement bien conservé (comparer 4 et D dans la figure 23); plus tard, lorsque la couche des capillaires sera devenue ce que nous appellerons la formation angio-plasmo- diale, de pareils fragments glandulaires se retrouveront dans cette formation, et y persisteront encore un certain temps, devenant de plus en plus rares, par le fait de leur dégénérescence en détritus glandulaire et de leur résorption (voir les fig. des pl. V et VI). Pré- venues dès maintenant de la signification de ces restes aberrants des glandes, nous n'aurons plus ultérieurement qu'à signaler leur pré- sence en les désignant sous le nom de restes glandulaires. Avant d'étudier les détails histologiques de cette couche des capillaires, un mot encore sur son épaisseur, ou, pour mieux dire, son mode d'épaississement ; elle résulte de l'épanouissement et de la subdivision des capillaires qui constituent les cloisons interglan- dulaires. Ces cloisons, ou ces capillaires, car ici les deux expres- sions sont synonymes puisque les cloisons n'ont d'autres parties constituantes que les capillaires, en arrivant au niveau et au-dessus de la couche des détritus glandulaires, se dilatent légèrement (voir notamment la figure 25), puis s'étalent en couche des capillaires; - S9 — mais ce n'est pas à dire pour cela que l'accroissement en épaisseur de la couche des capillaires se fasse essentiellement vers la pro- fondeur; au contraire elle se fait surtout vers la superficie, comme le montre, sur la figure 27, la comparaison entre la région où cette couche des capillaires est bien développée (parties latérales de cette ligure), et la région où ce développement est en retard (partie cen- trale, correspondant à l'embryon et à la zone amniogène du chorion). On voit que dans cette dernière région la surface utérine est légè- rement excavée par rapport aux deux régions voisines dont le niveau est plus élevé. Déjà sur cette figure on entrevoit que cette différence de niveau est due à un soulèvement de la surface produit par le ' développement de la couche des capillaires dans ce sens, et à un plus fort grossissement, où la couche des capillaires est plus dis- tincte, on peut se convaincre que telle est bien en effet la cause de cette différence de niveau (comparer les figures 25 et 26). On peut donc dire que la couche des capillaires est comme une efflorescence vasculaire qui surgit des parties profondes et marche de la pro- fondeur à la superficie. Cette efflorescence est contenue, nous allons le voir, par l'ectoderme fœtal qui se substitue à l'épithélium utérin et forme une couche de revêtement à la surface de la muqueuse ; mais que ce revêtement fasse défaut, que la couche des capillaires prenne son plein développement dans une région où l'ec- toderme fœtal n'est qu'incomplètement et irrégulièrement appliqué sur elle, et alors on verra cette couche des capillaires s'élever en débordant, comme un Uquide mousseux qui dépasse les bords d'un vase; c'est précisément ce que nous verrons se produire dans la région de la bordure verte. L'étude histologique de la couche des capillaires se réduit à la constatation de deux détails essentiels : 1° cette couche est constituée uniquement par des capillaires placés côte à côte, formant par leur ensemble une substance spongieuse, dont les mailles sont repré- sentées par les lumières des capillaires sectionnés dans les sens les plus divers selon des hasards de la coupe (fig. 23) ; entre ces capil- laires il n'y a aucun des éléments du tissu conjonctif, ni cellules, ni fibres; 2° dans la paroi de ces capillaires, formées de cellules endothéliales, commence à apparaître une disposition qui sera plus tard bien plus accentuée, à savoir que les noyaux de ces cellules endothéliales deviennent plus volumineux, plus saillants dans la lumière du vaisseau.. — 60 — b. — Fixation de Vectoderme sur la muqueuse utérine. Dans le stade précédent nous avons vu l'ectoderme directement appliqué sur Tépithélium utérin, celui-ci étant déjà fortement trans- formé. Nous allons voir maintenant la disparition complète de cet épithélium, que l'ectoderme remplacera pour ainsi dire, en se gref- fant et se fixant solidement sur la muqueuse dénudée. Cette fixation se produit par deux processus différents, disposés côte à côte; au niveau des embouchures des glandes, l'ectoderme forme des vil- losités creuses qui se fixent dans l'ouverture de ces glandes; dans les intervalles entre les embouchures des glandes, l'ectoderme, après disparition de l'épithélium utérin, s'applique directement sur la surface correspondante de la couche des capillaires, et, par une série de saillies, s'engrène avec cette couche, les saillies cellulaires ectodermiques s'insinuant dans des intervalles entre les capillaires les plus superficiels. Nous allons donc étudier successivement les villosités ectodermiques (villosités choriales des auteurs) et les saillies ectodermiques inter capillaires. i° Villosités ectodermiques. — Avec l'étude de ces formations nous touchons à l'un des points les plus importants de l'histoire du placenta des carnassiers. Forts de leurs connaissances sur le pla- centa des ruminants et des pachydermes, où en effet tout se borne à la production de villosités fœtales qui pénètrent dans le terrain maternel, les auteurs qui ont constaté la production de villosités sur le chorion du chien, au niveau des ouvertures des glandes, ont pensé que ce simple fait était la clef de toute l'évolution placentaire des carnassiers, et qu'ici aussi tout le processus se réduisait aune pénétration de plus en plus profonde de ces villosités. Nous allons voir au contraire, surtout par l'examen des stades postérieurs à celui que nous étudions en ce moment, que ces villosités ne sont que chose accessoire, que dispositions passagères, et que c'est à côté d'elles, et non en elles-mêmes qu'il faut chercher le processus essentiel qui donne naissance au placenta fœtal. Les villosités ectodermiques commencent à se former avant le 21" jour. Nous avons représenté, dans les figures 17 et 24, les dis- positions que nous avons trouvées chez deux chiennes marquées comme sacrifiées l'une au 19% l'autre au 20« jour, sans que cependant ces dates fussent bien certaines; mais en tout cas l'état de dévelop- pement des parties était bien intermédiaire à ce qui a été décrit pour le 18° et ce qui va être indiqué pour le 21' jour. — 61 - Nous avons déjà noté (voir la description delà figure 15) comment l'ectoderme, au 18" jour, en passant par-dessus l'ouverture rétrécie des glandes de la couche des cryptes, formait à ce niveau un léger épaississement par superposition d'une ou deux cellules à sa couche d'un seul rang d'éléments (voir flg. 15, en B). Sur les pré- parations du 19" jour nous trouvons cet épaississement transformé en un pli saillant dans l'embouchure de la glande ; l'examen des coupes qui précèdent et qui suivent celle représentée dans la figure 17 montre qu'il ne s'agit pas ici d'un pli longitudinal, mais d'une saillie cylindro-conique, en un mot d'une villosité, d'une tnllo- sité creuse. L'ectoderme {ex, fig. 17) qui donne naissance à cette villo- sité est, sur la partie droite delà figure, assez intimement appliqué à l'épithéhum utérin, dont l'état de dégénérescence est ce qu'il était au 18"= jour (voir les figures 15 et 16) ; sur la partie gauche de la figure cet ectoderme est éloigné de l'épithélium, et présente à sa surface libre (celle dirigée vers l'épithélium) de légères saillies dis- posées en dents de scie. Nous avons très souvent trouvé cette dispo- sition dans les régions où l'ectoderme semblait avoir été mécanique- ment détaché de l'épithélium, et ces saillies donnaient l'impression d'une sorte d'étirement de chaque cellule ectodermique au moment où elle avait été arrachée de son contact, de son adhérence à la couche épithéliale. On pourrait peut-être parler ici de prolongements pseu- dopodiques des cellules ectodermiques pénétrant l'épithéUum utérin dégénéré et en produisant la résorption; une semblable supposition n'a rien que de très légitime, mais nous avons assez de détails minutieux à donner rien que pour la description des faits observés sur les coupes, sans nous attarder encore à des hypothèses sur les phénomènes cellulaires intimes qui peuvent correspondre à ces faits. La portion d'ectoderme qui forme la villosité creuse est formée de deux couches de cellules, c'est-à-dire est plus épaisse que le reste de l'ectoderme. La glande au niveau de laquelle se produit cette villosité est oblitérée un peu au-dessous de son embouchure. L'épithélium utérin (E, fig. 17), avec son état de dégénérescence décrit au 18'^ jour, revêt la partie hbre de l'embouchure delà glande, puis, au niveau de l'oblitération, se continue avec l'épithélium glandulaire hypertrophié. Sur la préparation au 20* jour (fig. 24), les dispositions sont très analogues, avec les seules diff'érences suivantes : la villosité ectoder- mique creuse est formée par un ectoderme un peu plus épais. Dans la partie oblitérée de la glande est un bouchon de détritus d'épi- — 62 — thélium glandulaire, détritus dont la description a été longuement donnée ci-dessus. Enfin, fait plus important, la dégénérescence de l'épithélium utérin commence à donner lieu à la résorption de cet épithélium. En effet cet épithélium forme une couche de plus en plus mince, interposée entre l'ectoderme et la couche des capil- laires ; les noyaux placés dans ce liséré épithélial sont aplatis (fusi- formes sur la coupe) et tendent à se transformer en minces lamelles nucléaires ratatinés. Le rappel de ces dispositions aux 19^ et20« jours va nous rendre immédiatement intelligible l'état des parties au 21^, tel qu'il est représenté dans la figure 23. Portons d'abord notre attention sur l'épithélium utérin ; on en retrouve quelques restes méconnaissables à la partie toute supérieure de l'embouchure de la glande, entre la couche des capillaires et les éléments de la base de la villosité ectodermique (en E, E, fig. 23) ; partout ailleurs il a disparu, c'est- à-dire que, dans les régions interglandulaires de la surface utérine, il n'y a plus d'autre revêtement cellulaire que l'ectoderme lui- même qui s'est pour ainsi dire substitué à l'épithélium utérin. A cet égard la différence est un peu brusque entre la tîgure 24 et la figure 23, et nous manquerions ainsi de formes de transition nous faisant assister graduellement à la disparition de l'épithélium utérin. Or ces états de transition nous allons les trouver chez cette même chienne du 21^ jour, à laquelle appartient la figure 23, mais en exa- minant une région autre que celle à laquelle est empruntée cette figure. Rappelons-nous qu'au niveau de la zone amniogène les pro- cessus de transformation sont toujours moins avancés que dans les régions où l'ectoderme est appUqué sur la muqueuse utérine. La figure 26 représente une vue d'ensemble des couches superficielles de la muqueuse utérine dans cette région amniogène (partie moyenne de la figure 27) ; et la figure 22 reproduit, à un grossissement de 325, l'embouchure d'une glande de cette région. Or en examinant la surface utérine de chaque côté de cette embouchure (surtout sur le côté droit de la figure) on voit encore une trace de l'épithélium utérin prêt de disparaître; il n'est plus représenté que par un mince liséré amorphe, encore régulièrement semé de noyaux très petits, aplatis (fusiformes sur la coupe). Encore un degré d'amincissement de ce liséré, d'atrophie de ces noyaux, et le tout aura disparu; il ne restera plus trace de l'épithélium utérin; c'est précisément ce que nous avons vu sur la figure 23. - 63 - La disparition de l'épitliélium est un fait qui a donné lieu à nombre de controverses dont nous présenterons bientôt l'historique. L'importance de ce fait nous a conduit à en poursuivre la démon- stration, en perdant un peu de vue la villosité ectodermique creuse dont nous avions commencé l'étude, au 21® jour, d'après la figure 23. Peu de mots nous suffiront pour la terminer. On voit qu'elle est formée de couches multiples de cellules, dont les limites ne sont pas toujours bien marquées; une disposition plas- modiale commence à se produire ici; elle sera plus accentuée plus tard et dans d'autres points. Cette villosité est creuse, ainsi que l'ont depuis longtemps signalé divers auteurs. En effet, la lame mésodermique qui ailleurs (partie gauche de la figure 23) double l'ectoderme en s'appliquant étroitement à sa face profonde, l'aban- donne ici, au moment où il se recourbe pour former la villosité; le mésoderme {m s, fig. 23) passe alors comme un pont d'une lèvre à l'autre de l'enfoncement, c'est-à-dire qu'il s'étend en lame droite et continue sur la base de la cavité conique de la villosité. Ce n'est que plus tard que nous le verrons envoyer des éléments cellulaires dans cette cavité, puis y accompagner les vaisseaux de l'allantoïde, pour donner à la villosité un axe central, plein et vasculaire. Nous aurons terminé l'étude des villosités ectodermiques creuses, au 21" jour, en précisant bien la valeur de cette expression, si souvent employée par les auteurs, à savoir que les villosités cho- riales pénètrent dans la cavité des glandes. En réaUté les villosités ectodermiques ne pénètrent nullement les cavités des glandes, puisque les parties correspondantes de ces glandes sont bouchées par les détritus glandulaires (voir la description ci-dessus de la couche dite des détritus glandulaires). Le bouchon de détritus sépare l'extrémité profonde de la villosité d'avec la cavité de la glande, cavité déjà très réduite, et qui s'obhtérera de plus en plus (formation et accentuation de la couche compacte). Donc non seu- lement la villosité ne pénètre pas actuellement dans la glande, mais elle n'y pénétrera jamais. La cavité dans laquelle pénètre la villo- sité, car de fait elle est reçue dans une excavation, est seu- lement la partie la plus superficielle de l'embouchure de la glande, la partie située au-dessus du bouchon de détritus glandulaire. La figure 2S, dans une vue d'ensemble, représente bien ces rapports, ainsi du reste que les deux parties latérales de la figure 27. Or, par une étude attentive de préparation de ce genre, on arrive à se — 64 — convaincre du fait suivant, dont l'énoncé peut au premier abord sembler paradoxal, à savoir que l'excavation dans laquelle pénètre la villosité n'est même pas l'embouchure de la glande, mais est une partie surajoutée, résulte en un mot du soulèvement, de l'épaississement de la couche qui forme les bords de l'ouverture de la glande, couche qui s'est élevée à un niveau supérieur à celui qu'elle occupait tout d'abord. Cette couche, c'est la couche des capillaires; nous avons insisté précédemment, lors de sa description, sur le sens dans lequel se fait son épaississement, qui a lieu surtout de bas en haut; or en exami- nant les figures 2S et 27, au point de vue des résultats que ce mode d'épaississement doit avoir pour les ouvertures des glandes, on se rend bien compte que les embouchures de celles-ci se trouvent reje- tées à un niveau plus profond, c'est-à-dire qu'une nouvelle portion est ajoutée à leur ouverture, nouvelle portion qui représente la plus grande partie de la cavité où pénètre la villosité correspondante. En suivant de l'œil le niveau de la surface libre de la muqueuse sur la figure 27, cette disposition devient évidente, lorsque de la surface utérine qui correspond à la région amniogène de l'œuf, on passe à la surface qui donne attache à l'ectoderme. Dans la pre- mière région (voir ses détails reproduits dans la figure 26), le bouchon de détritus glandulaire qui. obture l'ouverture de la glande arrive jusqu'à la surface de la muqueuse (en d, d, d), détail qui a été reproduit dans la figure 22 à un grossissement de 32S; dans cette région la couche des capillaires est mince. Dans la seconde région (voir ses détails dans la figure 25), les bouchons glandulaires arrivent moins haut et au-dessus d'eux est une excavation peu pro- fonde, où se logent les villosités ectodermiques. Mais on voit en même temps que la couche des capillaires est ici épaisse, et que son épaisseur mesure précisément la profondeur des excavations en question. Ces dispositions sont bien intelligibles par l'étude de la figure 25 et sa comparaison avec la figure 26. Cependant nous ne voudrions pas affirmer que telle soit l'origine exclusive de la cavité dans laquelle pénètre une villosité; il est évident que souvent cette villosité repousse un peu devant elle le bouchon de détritus glan- dulaire, l'excave à sa partie supérieure, le transforme en un dia- phragme bi-concave, comme on le voit par exemple sur la figure 23. Mais nous voulions insister sur la véritable interprétation de cet énoncé classique : « Les villosités choriales pénètrent dans les glandes utérines. » On voit à quoi se réduit cette pénétration, qui cependant a été le point de départ de toutes les conceptions que nombre d'auteurs ont formulées sur la formation du placenta. Avec les notions précises que nous venons d'acquérir à cet égard nous serons en état d'apprécier à leur juste valeur ces conceptions, et de comprendre aussi les contradictions et controverses des auteurs qui parlent de pénétration dans les glandes, mais avec des restric- tions hésitantes, ou en admettant plusieurs modes divers de péné- tration et plusieurs espèces de villosités. Il y a bien évidemment quelque chose qui peut être dit pénétration des villosités dans les glandes; c'est ce que nous avons vu au 49° jour ((ig. 17) et au 20^ jour(rig. 24); mais cette pénétration insignifiante ne se pourrait pas, et en tout cas nous verrons que les dispositions auxquelles elle donne lieu n'ont pas l'importance majeure qui leur a été attribuée. 2" Saillies ectodermiques intercapillaires. — Si les villosités creuses ectodermiques, qui ont attiré de bonne heure et exclusive- ment fixé l'attention des anatomistes, n'ont pour nous qu'une impor- tance secondaire pour l'édification du placenta fœtal, il n'en est pas de même des saillies ectodermiques intercapillaires : celles-ci n'ont été remarquées que par un seul auteur, par Lusebrinck, dont nous analyserons ultérieurement les interprétations en partie erronées; à part ce travail tout récent, elles ne sont mentionnées dans aucun autre mémoire, et cependant ces formations sont les plus impor- tantes à étudier, pour le développement du placenta, car elles repré- sentent la première indication d'un processus qui aboutira à la constitution d'un plasmode particulier (ce que nous appellerons ci- après Yangio-plasmode). Elles méritent donc toute notre attention. Les saillies ectodermiques intercapillaires sont de petits épaissis- sements locaux de l'ectoderme, résultant de la production de nœuds formés par deux ou trois cellules dans la lame ectodermique pri- mitivement d'une seule rangée. Déjà au 18" jour (fig. 15, en A), nous avions signalé l'apparition, alors très discrète, de pareils épaississements. A ce moment l'épithélium utérin dégénéré recou- vrait encore la surface utérine; ces légères saillies de la superficie de l'ectoderme ne méritaient pas encore la qualification d'interca- pillaires. Mais à mesure que le liséré formé par l'épithélium utérin devient de plus en plus mince, puis disparait complètement, l'ec- toderme n'est plus séparé par rien d'avec la couche des capillaires. Alors ses épaississements locaux, plus nombreux, c'est-à-dire plus — 66 — rapprochés, se moulent sur les dépressions dessinées entre les capillaires les plus superficiels. Il en résulte une sorte d'engre- nage entre la couche des capillaires et l'ectoderme, engrenage qui produit la fixation solide et définitive de l'œuf à la muqueuse utérine. La figure 23 montre les diverses dispositions que peuvent présenter les saillies ectodermiques qui maintenant méritent bien le nom d'intercapillaires. Dans l'intervalle de ces saillies l'ecto- derme n'est encore composé que d'un seul rang de cellules; au niveau de ces saillies ses couches se multiplient plus ou moins. Par exemple en a (fig. 23) nous avons une saillie intercapillaire rudi- mentaire, comparable à celle de la figure 15 (en A) : une seule cel- lule, sortant de la rangée simple de l'ectoderme, insinue son extré- mité dans l'interstice de deux capillaires ; en 6 la saillie est plus large mais encore très peu accentuée en épaisseur; en c la saiUie est considérable, l'ectoderme comprenant ici trois rangs de cel- lules, et la saillie écarte les deux capillaires entre lesquels elle vient se loger; tout près d'elle, en d, est une saillie semblable, séparée de la précédente par un seul capillaire, qui se trouve ainsi, sur presque toute son étendue, entouré par les végétations ectodermi- ques. Nous avons ici la première indication d'un processus qui va bientôt se poursuivre d'une façon très accentuée : l'ectoderme pénétrera graduellement toute la couche des capillaires, en les séparant les uns des autres, en enveloppant chacun d'eux sépa- rément. Il en résultera un tissu singulier, composé d'éléments d'ori- gine maternelle, les capillaires, et d'éléments d'origine fœtale, l'ectoderme interposé. On voit déjà que dans les sailhes ectoder- miques intercapillaires de la figure 23 les limites des cellules com- mencent à être moins distinctes; il y a tendance à la fusion en une masse plasmodiale; la disposition plasmodiale deviendra de plus en plus accusée dans l'ectoderme à mesure de sa pénétration plus profonde dans la couche des capillaires, et le mélange des vaisseaux maternels avec le plasmode fœtal constituera la forma- tion angio-plasmodiale, qui sera la partie essentielle du placenta. Ces rapides indications font comprendre l'importance que nous attachons aux saillies ectodermiques intercapillaires. Pour terminer l'étude du stade de fixation de l'œuf et de dispa- rition de l'épilhélium utérin il ne nous reste plus qu'à examiner la région de la bordure verte. Cette région, nous l'avons vu, se con- serve difficilement intacte sur les pièces durcies ; les connexions de — 67 — l'ectoderme avec l'utérus y sont irrégulières, locales, séparées par des espaces libres, et ces dispositions éminemment fragiles sont facilement disloquées. Sur la chienne qui nous a servi pour les études faites d'après les figures 21 à 27, et dont nous savions avec pré- cision qu'elle était au 21" jour de la gestation, nous n'avons pu avoir une seule coupe où la région de la bordure verte fût conservée d'une manière satisfaisante. Mais nous avons disposé de deux autres utérus, qui paraissent, d'après le développement général et les dimensions des renflements de gestation, l'un du même âge, l'autre âgé environ de deux jours de plus que celui qui nous a servi de type pour la description précédente. Ici la région de la bordure verte était relativement dans un bon état de conservation, et se présentait à deux états de développement un peu différents, moins avancé sur l'une des pièces que nous intitulerons, par approxima- tion, utérus au 22° jour, un peu plus avancé sur l'autre que nous appellerons utérus au 23° jour. Ces deux utérus vont nous servir non seulement à l'examen de la région de la bordure verte, mais l'un d'eux sera d'abord utilisé pour la revision de tout ce que nous venons de décrire dans les autres régions, car nous trouverons ici des formes de transition qui nous prépareront à bien comprendre le stade suivant, dit de la formation de l'angio-plasmode. Nous allons donc faire l'étude de ces deux utérus sous le titre de : appen- dice au stade de fixation de l'œuf. c. — Appendice au stade de fixation de l'œuf. Nous commencerons l'examen de ces deux utérus, dits du 22'' et du 23" jour, par l'étude des couches spongieuse, compacte, des détritus glandulaires, des capillaires, et des saillies ectodermiques intercapillaires; puis nous étudierons la région de la bordure verte. 1° Couches spongieuse, compacte, etc. — La figure 38 représente, à un grossissement de 74 fois, une vue d'ensemble de toutes les couches en question. En SP, SP, sont les grandes dilatations glandulaires qui par leur juxtaposition forment la couche spongieuse. Ces cavités sont revêtues d'une seule couche de cellules épithéliales, cellules basses, plus larges que hautes (voy. figures 35 et 37, en 1). Les cloisons qui séparent ces cavités sont constituées par un tissu conjonctif jeune, c'est-à-dire formé uniquement de cellules, fusiformes sur la coupe, et présentant une orientation toute spéciale. En efi"et ces — 68 - cellules, superposées en stratifications régulières, s'étendent per- pendiculairement au plan de la cloison qu'elles forment, et perpen- diculairement aux parois des gros capillaires contenus dans ces cloisons. La figure 37 est destinée à représenter ces dispositions vues à un grossissement de 32o fois. La zone la plus supérieure de la couche spongieuse (en sp, sp, fig. 38) présente des cavités moins dilatées, à direction disposée perpendiculairement au plan de la muqueuse, et partant des grandes cavités précédentes pour se continuer plus haut avec les portions de glandes qui forment la couche compacte. Ces cavités de moyennes et de petites dimen- sions sont revêtues d'un épithélium dont les cellules deviennent cubiques, puis cylindriques, marquant ainsi les transitions gra- duelles vers les cellules hypertrophiées de la couche compacte (voir fig. 35, en 2, 3, 4). Les cloisons qui séparent ces cavités petites et moyennes sont constituées comme celles qui séparent les grandes cavités, mais les cellules conjonctives y sont moins régu- lièrement disposées, dirigées dans tous les sens, étoilées, et devien- nent plus rares à mesure qu'on suit ces cloisons de bas en haut vers la couche compacte (voir la figure 35). La couche compacte (G, G, fig. 38), qui tranche par son aspect foncé, mérite ce nom mieux que dans les préparations précédem- ment étudiées (comparer avec les figures 25 et 26 de la planche II). Ici en effet l'épitiiélium est plus hypertrophié; projette davantage ses saillies irrégulières dans la lumière de la glande, de sorte que celte lumière est considérablement réduite. Ainsi dans la moitié supé- rieure de la figure 35, qui représente cette couche compacte à un grossissement de 325 fois, on voit que la lumière de la glande forme à peine le tiers du diamètre transverse de cette glande, dont les deux autres tiers sont formés de chaque côté parles épaisses cou- ches épithéliales. Les cloisons qui séparent les glandes de la couche compacte sont très minces; dans leurs parties les plus inférieures (fig. 35) elles renferment des capillaires et quelques rares cellules conjonctives; dans leurs parties supérieures (fig. 36), elles ne sont plus formées que par des capillaires. La couche des détritus glandulaires est celle qui va nous montrer les modifications les plus intéressantes. Au 21° jour les parties caractéristiques de cette couche étaient représentées par des bou- chons de détritus remplissant la partie correspondante des glandes (voir les figures 22, 23, 25, 26 de la planche II), et ces bouchons, — 69 — moulés dans la cavité qu'ils remplissaient, étaient bien circonscrits, ayant des limites latérales nettes, présentant chacun leur indivi- dualité distincte, pour ainsi dire. Dès maintenant ces dispositions tendent à disparaître; les limites latérales des bouchons de détritus s'effacent, en commençant par la région supérieure, celle qui con- fine à la couche des capillaires; les bouchons ne sont plus cir- conscrits ; la masse de détritus glandulaires qui les forme se répand entre les capillaires des cloisons qui précédemment limitaient net- tement ces bouchons; les capillaires eux-mêmes, obéissant à un mouvement d'expansion, se logent plus ou moins dans le détritus glandulaire. Ces dispositions sont sensibles sur la figure 38; elles sont plus faciles à observer, à un plus fort grossissement, sur la figure 36. On voit qu'alors la couche des détritus glandulaires tend à former réellement une couche continue, à travers laquelle pas- sent les capillaires venus de la profondeur et allant s'épanouir dans la couche des capillaires; ces petits vaisseaux ne forment plus dans la couche des détritus glandulaires des cloisons nettes, mais ils restent cependant encore disposés en groupes, en traînées mal circonscrites, qui segmentent irrégulièrement la couche qu'ils tra- versent, et où ils marquent encore la division de cette couche en autant d'îlots correspondant aux bouchons glandulaires précé- demment bien distincts. (Pour l'aspect caractéristique que présen- tent plus tard ces dispositions, voir la figure 51 de la planche IV.) La couche des capillaires, au 23" jour, ne diffère pas de ce que nous l'avons vue au 21% quant à sa disposition générale, si ce n'est le fait que nous venons d'indiquer, à savoir que sa partie profonde se trouve mélangée avec les détritus glandulaires devenus diffus. Sur les figures 38 et 36, on voit que cette couche des capillaires renferme dans sa profondeur de nombreux spécimens de ce que nous avons appelé restes de glandes, c'est-à-dire les culs-de-sac des ramifications latérales des glandes, culs-de-sac dans lesquels l'hypertrophie de l'épithélium est plus ou moins marquée, et où rarement est déjà commencé le processus de dégénérescence qui aboutira, ici comme dans les autres parties des glandes, à la forma- lion de détritus glandulaires. On conçoit que lorsque ce processus aura également envahi ces restes de glandes, plus nombreux devien- dront les îlots diffus de détritus glandulaires de la partie profonde de la couche des capillaires. Mais au point de vue de sa structure histologique, et de ses 5* — 70 — aspects selon les conditions dans lesquelles a été obtenue la pré- paration, cette couche des capillaires doit nous arrêter un instant. Nous devons remarquer en effet (fig. 36, en c) que les noyaux des cellules endothélialcs des capillaires sont devenus ici de plus en plus volumineux, bien colorables par les réactifs, qui y font appa- raître un gros grain de chromatine. Lorsque les capillaires sont distendus, bourrés de globules rouges, et par cela même bien reconnaissables comme vaisseaux sanguins, il est impossible de se méprendre sur ces noyaux; mais si les capillaires sont vides, revenus sur eux-mêmes, et par suite si les noyaux d'un même vais- seau sont tassés les uns contre les autres, remplissant l'étroite lumière vasculaire, il en résulte des images difficilement compré- hensibles, et ce sont certainement les dispositions de ce genre qui ont amené nombre d'auteurs à méconnaître la couche des capillaires et à parler d'une couche sous-épithéliale de cellules conjonctives en voie de multiplication. C'est ici, plus que pour toutes les autres for- mations utérines ou fœtales, qu'il faut tenir grand compte des con- ditions dans lesquelles une pièce a été soumise aux réactifs fixateurs. De la chienne que nous étudions en ce moment, le premier renflement que nous avions débité en coupes nous avait donné des prépara- tions semblables à celle représentée dans la figure 41 (pl. IV). La couche des capillaires y est difficilement reconnue ; longtemps nous avions cherché en vain à comprendre la nature de ce tissu semé de noyaux d'aspect divers, car alors nous n'avions pas encore assez étudié nos séries de préparations pour être familiarisé avec la dis- tinction à faire entre les noyaux hypertrophiés des capillaires et les grumeaux chromatiques des détritus glandulaires. Même à un fort grossissement, comme le représente la figure 42, nous n'arri- vions pas à une interprétation satisfaisante. Or le renflement d'où venaient ces coupes avait été ouvert préalablement à son immer- sion dans l'alcool, seul employé dans ce cas comme réactif fixa- teur. Nous possédions cependant d'autres renflements de gestation du même animal, ceux-ci conservés intacts dans l'alcool, ou ouverts seulement après vingt-quatre heures de séjour dans ce hquide. Ayant débité à son tour un de ces renflements en séries de coupes, nous pûmes obtenir des préparations telles que celle qui a été l'objet des figures 36 et 38. Ici les capillaires, distendus et bourrés de globules sanguins, étaient faciles à reconnaître, et par suite l'in- terprétation des autres éléments était également aisée. — 71 — La différence entre ces deux ordres de préparation est facile à expliquer, et si nous y insistons, c'est qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé, mais que pour divers stades, surtout au début, nous avons été ainsi en présence de pièces dont l'aspect était très différent, selon les conditions de préparation. Sur le renflement utérin ouvert à l'état frais et plongé aussitôt dans l'alcool, ce réactif, agissant immédiatement sur les couches les plus internes des formations utérines, en a déterminé la rétraction, la condensation, et par suite a vidé les capillaires dont le sang a été chassé vers les parties pro- fondes, vers les couches externes (l'utérus était placé tout frais, encore tiède, dans le UqUide fixateur) ; et la preuve en est donnée par la figure 41, où l'aspect des couches, surtout de la couche com- pacte, manifeste les effets d'un tassememt de la superficie vers la profondeur, et où l'on voit de plus que les vaisseaux sanguins sont vides dans les couches superficielles (partie supérieure de la figure), tandis qu'ils sont dilatés dans les couches profondes vers lesquelles le sang a reflué. Au contraire, sur le renflement plongé intact dans Talcool, celui-ci a fait sentir progressivement son action de dehors en dedans, à l'inverse du cas précédent, et a chassé le sang vers les couches les plus internes, vers la couche des capillaires dont les petits vaisseaux ont été dilatés par une sorte d'injection natu- relle. Ayant à traverser la musculature, qui, durcie par l'alcool, forme une coque résistante, l'alcool n'est arrivé à la couche des capillaires que lentement, et déjà dilué, de sorte qu'au lieu de corruguer et de tasser les couches les plus internes, il y a exercé une action dissociante, permettant de bien distinguer isolément les éléments placés côte à côte. C'est bien l'impression que produit l'aspect général de la figure 36, comparativement à celui de la figure 42. Puis, lorsque le renflement a été ouvert au bout de vingt-quatre heures et replacé dans de l'alcool pur, celui-ci a fixé les parties internes dans l'état de demi-dissociation où il les a trouvées. Seulement quelques-unes de ces parties étaient devenues plus fragiles, plus facilement dislocables, puisque les éléments en étaient moins adhérents, et ainsi s'expUque encore que la région de la bordure verte soit rarement trouvée intacte, à une époque où précisément les adhérences de l'ectoderme et de la muqueuse dans cette région sont incomplètes, extrêmement fragiles, d'une conser- vation très délicate. Pour l'aspect si particulier que prenaient, dans la couche dite des capillaires, les petits vaisseaux vides de sang, et dont la lumière est oblitérée par les noyaux endothéliaux, nous renvoyons encore le lecteur à la figure 43, qui est du même renflement auquel ont été empruntées les figures 41 et 42. Nous allons revenir à l'instant sur cette figure 43. Au-dessus de la couche des capillaires nous trouvons, au 23° jour comme au 21°, Vectoderme fœtal avec ses saillies intercapillaires et ses villosités creuses. Les dispositions de ces parties n'ont guère changé; nous trouvons (fig. 36 et 38) les mêmes variétés de sail- lies intercapillaires, seulement un peu plus accentuées, c'est-à-dire qu'on trouve beaucoup plus fréquemment la disposition signalée comme rare au 21° jour, à savoir que les plus superficiels des capil- laires se trouvent entourés presque entièrement par deux saillies ectodermiques voisines, de sorte que le capillaire arrive à être englobé dans l'ectoderme; presque tous les capillaires superficiels de la figure 36 sont dans ce cas. D'autre part la ligne limite des saillies ectodermiques intercapillaires n'est pas toujours bien accen- tuée. Ces saillies sont formées de substance protoplasmique, sans membrane cellulaire; elles sont même, avons-nous dit, de nature plasmodiale, car, lorsqu'elles sont formées de plusieurs cellules, reconnaissables au nombre de noyaux, il n'y a pas de lignes de séparation entre chacune de ces cellules. Ainsi, quand les zones extérieures de ces poussées plasmodiales sont peu colorées, on ne voit que confusément les limites précises des saillies intercapil- laires. Mais les accidents de préparations offrent ici de précieuses ressources; ainsi sur plusieurs points de diverses coupes, emprun- tées au même renflement qui a servi pour les figares 41 et 42, une sorte de dislocation s'était produite entre l'ectoderme et la couche des capillaires, sans doute parce que l'alcool agissant, comme il a été dit, de dedans en dehors, avait d'abord fixé les éléments de l'ectoderme, puis, arrivant sur les capillaires superficiels, et pro- duisant leur rétraction, les avait amenés à s'énucléer pour ainsi dire des logettes ectodermiques dans lesquelles ils étaient primitive- ment encastrés. C'est ce que représente la figure 43, qui n'a pas besoin de plus ample exphcation, après les considérations que nous venons d'exposer. 2° Région de la bordure verte. — Après le vingt et unième jour la région de la bordure verte est très facile à définir par sa forme. En efl"et dès ce moment la portion de muqueuse à qui correspondra la formation placentaire est devenue très épaisse et s'élève forte- ment au-dessus du niveau de la muqueuse qui répond aux pôles de l'œuf (voir la fig. 44, page IV). Il en résulte que la continuité de ces deux portions est dessinée, sur les coupes, par une pente plus ou moins rapide, selon laquelle la ligne du niveau supérieur va rejoindre la ligne du niveau inférieur. Cette pente est représentée dans la partie moyenne de la figure 28. C'est cette pente, ou tout au moins ses trois quarts supérieurs, qui est le lieu de formation de la bordure verte. Nous l'étudierons sur les deux renflements que nous avons considérés par approximation comme étant, l'un du vingt-deuxième jour (figures 28 à 34), l'autre du vingt-troisième (figures 39 et 40). Sur le renflement de 22 jours, nous trouvons, dans la région de la future bordure verte, l'ectoderme libre et détaché de la muqueuse; mais cet ectoderme présente des renflements et saillies par lesquelles il se mettait évidemment en contact, nous ne disons pas encore en connexion (lorsque ces connexions seront bien solidement établies, nous les retrouverons toujours conservées sur les coupes) avec la surface de la muqueuse utérine, dessinant, par ses soulèvements dans les intervalles de ces saillies, les courtes arcades que nous avons précédemment décrites à propos de la figure 18. La consti- tution de ces saillies, qui sont comme les piliers des arcades en question, est intéressante à étudier. En prenant l'ectoderme au niveau du pôle de l'œuf (en a, fig. 28), nous le trouvons formé d'une couche de cellules plus larges que hautes (figure 29); consi- déré dans un point plus rapproché de la région de la bordure verte (au point b de la fig. 28), il se montre plus épais, ses cellules étant cubiques ou même légèrement plus hautes que larges (figure 30). Si alors nous arrivons à la première saillie qu'il présente en allant vers la région de la bordure verte (en c, fig. 28), nous le voyons former un pli convexe vers le bas et revêtu de longues cellules cylindriques (fig. 31). Plus en dedans encore (de c en d, fig. 28), il est épaissi dans toute son étendue, aussi bien dans les parties con- caves que dans les parties convexes qu'il dessine, et ses cellules cylindriques sont disposées sur deux rangs. Quelques-unes de ces cellules (figure 32) se dégagent du milieu des autres et proéminent fortement vers le bas, c'est-à-dire vers la surface utérine corres- pondante. D'après ce que nous décrirons à des stades ultérieurs (d'après ce que nous aurons de plus occasion de voir chez le chat), ces longues cellules proéminentes étaient, dans leur situation natu- relie, en contact avec la surface utérine et commençaient à établir à ce niveau la fixation de l'ectoderme, fixation qui a lieu ici par points localisés, séparés par des intervalles libres. Un détail remarquable sur ces longues cellules ectodermiques proéminentes, c'est une tache foncée qu'elles présentent à leur extrémité libre; nous serions porté à y voir un lambeau, un petit fragment de l'épithélium utérin dégénéré, que ces cellules auraient emporté en cessant d'être en contact et en adhérence avec cet épithélium. Enfin en suivant plus en dedans (plus à droite sur la figure 28) cet ectoderme, nous le voyons prendre les dispositions qui le caractérisent dans les régions placentaires proprement dites, c'est-à-dire que, à la place de l'épi- thélium utérin disparu, il recouvre la muqueuse utérine (couche des capillaires) et se fixe sohdement à elle et par ses villosités creuses et par ses saillies intercapillaires. Après l'ectoderme, il nous faut examiner semblablement la sur- face de la muqueuse utérine dans la future région de la bordure verte. Suivons-la de dedans en dehors (de droite à gauche, figure 28) ; au dehors de la région placentaire proprement dite nous trouvons, sur une certaine étendue (de E à F), les parties constituées exacte- ment comme dans les régions qui répondent à la surface amniogène de l'œuf, c'est-à-dire que les ouvertures des glandes sont oblitérées par des bouchons de détritus glandulaires, que l'épithélium utérin est réduit à un mince Uséré amorphe avec noyaux ratatinés, etc. ; une description détaillée de cette région serait une répétition exacte de tout ce que nous avons dit en décrivant les figures 22 et 26. Ainsi, comme dans la région qui répond à la zone amniogène, il y a encore dans la région de la bordure verte une partie où on peut observer les mêmes phénomènes de retard. Nous trouvons même un retard plus considérable encore en allant plus en dehors (en F, et à gauche de F sur la figure 28). Là les glandes ne sont pas encore obUtérées par un bouchon de détritus glandulaires, leur épithélium commence même à peine à être hypertrophié; le seul des pro- cessus précédents qui soit manifeste ici, c'est la dégénérescence de l'épithéliumutérin. A la surface des intervalles entre les ouvertures des glandes, cet épilhéhum prend la disposition en liséré mince, amorphe, avec noyaux aplatis et réduits (voir la figure 33); on suit très bien la continuité et la transition graduelle de cet épithélium dégénéré avec l'épithélium normal des glandes (fig. 33). Au-dessous de l'épithélium dégénéré le chorion de la muqueuse n'est repré- senté que par des capillaires, c'est-à-dire que la couche dite des capillaires commence à se dessiner, parallèlement à l'atrophie et la résorption de l'épithélium. Pour bien montrer les différences avec les parties de la muqueuse utérine qui n'ont subi aucune trans- formation, nous avons reproduit, dans la figure 34, le dessin d'une partie empruntée à la région G de la fig. 38; c'est, comme pour la fig. 33, la portion de muqueuse située entre deux ouvertures de glandes. On voit l'épithélium utérin normal, et au-dessous de lui le chorion formé de nombreuses cellules conjonctives. Sans insister sur les nouveaux éléments que l'examen de ces régions apporte à l'étude de la dégénérescence de l'épithélium utérin, nous n'en retiendrons que ce qui est en rapport avec le développement de la future bordure verte. A cet égard, nous voyons qu'ici (en E et F, fig. 28), alors que l'ectoderme n'a que des con- tacts partiels, incomplets, avec la surface utérine, celle-ci présente cependant les transformations caractéristiques qu'elle subit dans les régions placentaires proprement dites, atrophie de l'épithélium utérin, formation de la couche des capillaires, oblitération des glandes par le bouchon de détritus : ces transformations sont plus ou moins avancées sur les divers étages du plan incliné de la future région verte. Il en résulte que, lorsque l'épithélium utérin aura complètement disparu, la couche des capillaires se trouvera à nu, au moins par places, puisque l'ectoderme fœtal ne vient ici remplacer l'épithélium maternel que par points isolés. Si la couche des capil- laires est bien développée, n'étant limitée, maintenue par rien, trou- vant le vide devant elle, elle s'épanouira Ubrement; or non seule- ment la couche des capillaires est bien développée dans cette région, mais elle s'y montre même exubérante. Elle débordera donc le niveau de la surface, et sous la forme d'une masse mousseuse elle viendra remplir les arcades dessinées par les adhérences fragiles de l'ectoderme, adhérences presque toujours détruites, à cette époque, sur les pièces durcies. De plus ces capillaires, minces et que rien ne soutient, se rompront et donneront lieu à une hémor- ragie locale. C'est ce que montre la figure 40, empruntée à la chienne que nous avons dite, par approximation, être au vingt-troisième jour. Sur cette figure la pente occupée par la région de la bordure verte n'est pas brusque, soit par suite d'une légère déformation de la pièce pendant le durcissement, soit qu'elle présente déjà le mouvement de soulèvement qu'elle subira nettement plus tard, mais elle est cependant reconnaissable et facile à suivre de gauche à droite. Comme pour la figure 28, nous avons ici deux parties successives dans la région de la future bordure verte; l'une va de E à F (fig. 40), l'autre est à droite de F. Cette dernière présente une muqueuse utérine encore peu avancée dans ses transformations; les glandes utérines ont leurs ouvertures oblitérées par un bouchon de détri- tus, la couche des capillaires est bien développée, mais sans exu- bérance, et l'épithélium utérin est encore représenté par un mince liséré ; en d'autres termes, les choses sont ici, dans la partie externe de la région de la bordure verte, comme elles étaient précédem- ment dans sa partie interne (de E en F, flg. 28). Si maintenant nous examinons la partie interne (de E à F, flg. 40), nous trouvons les processus de transformation très avancés, avec exubérance et débordement de la couche des capillaires, que rien ne vient con- tenir d'une façon suffisante. Pour l'étude de cette partie nous dis- posons de deux figures : d'abord la partie moyenne, déjà citée, de la fig. 40 à un très faible grossissement, puis la figure 39, à un gros- sissement moyen. Sur l'une comme sur l'autre on voit que les diverses couches de la muqueuse sont ici ce qu'elles sont dans les régions placentaires proprement dites (extrémité gauche de la figure 40). De ces couches, une seule doit nous arrêter, la couche des capillaires : dans sa partie profonde elle est envahie par le détritus glandulaire, devenant difl'us et infiltré entre les petits vais- seaux; dans sa partie superficielle, elle déborde la surface, se sou- levant comme une sorte d'écume vasculaire, pour se répandre dans les espaces laissés libres au-dessous de l'ectoderme. Cet ectoderme présente toujours les épaississements par lesquels il était en con- tact, sinon en connexion, avec la surface de la muqueuse, c'est-à- dire en définitive avec la couche des capillaires, de laquelle il a été éloigné accidentellement. Nous ne voudrions pas affirmer que cet éloignement de l'ectoderme n'ait pas permis aux capillaires de se répandre en un débordement spumeux plus considérable qu'il ne serait dans le cas où toutes les parties auraient été conservées intac- tes, dans leurs rapports naturels. Sans doute il y a ici exagération, mais exagération d'un phénomène normal, comme nous le démon- trera l'étude des stades ultérieurs. En examinant ces capillaires sur la figure 39, on voit que les plus superficiels sont brisés, incomplets ; que du reste les noyaux de leurs parois sont peu colorés ; il y a donc — 77 — à ce niveau une hémorragie, causée non seulement par la rupture des parois vasculaires, mais encore par leur dégénérescence. Et en effet on trouve toujours, dès ce moment (vingt-troisième jour), du sang accumulé sur les bords de la région placentaire, au-dessous de l'ectoderme. Ces globules rouges arrivent au contact direct de l'ec- toderme, et déjà on en trouve qui ont été incorporés dans le proto- plasma des cellules ectodermiques. Mais c'est là un fait que nous étudierons mieux ultérieurement, lorsqu'il sera plus accentué; nous verrons aussi alors que la plus grande partie des globules extra- vasés sont détruits, que leur hémoglobine cristallise sur place, et que les dérivés de cette hémoglobine sont l'origine de la couleur verte caractéristique de cette bordure. Ainsi, en résumé, la bordure verte a pour origine une hémor- ragie maternelle, entre la surface utérine et l'ectoderme. A cette époque cette hémorragie est sans doute plus ou moins enkystée par les replis de l'ectoderme à ce niveau, mais il est presque impos- sible d'obtenir des préparations où ces rapports soient bien con- servés; nous verrons que plus tard les connexions sont plus solides, plus faciles à retrouver les coupes, et que finalement le sang entravasé, ou ses produits de décomposition, sont bien réelle- ment enkystés dans des rephs godronés de l'ectoderme, et de l'ec- toderme seul. Résumé. — En résumé, le stade que nous venons d'étudier, est caractérisé par les processus qui se passent dans la couche des cryp- tes, laquelle prend un grand développement et se subdivise en plu- sieurs couches nouvelles. La partie la plus profonde présente de larges dilatations glandulaires formant une couche spongieuse ; au- dessus de celle-ci les glandes sont remplies par un épithéUum à grosses cellules en stratifications multiples {couche compacte) ; plus haut, vers les embouchures des glandes, ces grosses cellules se fon- dent en un détritus glandulaire qui en obUtère complètement la lumière {couche des détritus glandulaires); en même temps les capillaires débordent des cloisons interglandulaires à la surface de la muqueuse, dont l'épithélium disparaît, de sorte que la limite superficielle de la muqueuse est formée par une couche des capillaires. L'ectoderme adhère à cette couche des capillaires par des saillies ectodermiques intercapillaires, en même temps qu'il forme des villosités creuses qui se logent dans ce qui reste libre de l'ouverture des glandes, au-dessus des bouchons de détritus glan- — 78 — dulaire oblitérant ces embouchures. Bientôt ces bouchons de détritus cessent d'être nettement circonscrits, et leur substance se mêle aux parties profondes de la couche des capillaires. d. — Historique à propos de Vatrophie et de la disparition de Vépi- thélium utérin. Il nous a semblé qu'il y avait tout intérêt à ne pas accumuler à la fm de ce mémoire toutes les questions d'histoire et de critique, et, réservant pour ce moment l'histoire des vues d'ensemble, de traiter les questions relatives à un phénomène spécial dès que nous aurions poursuivi jusqu'au bout l'étude de ce phénomène. C'est amsi que nous avons déjà donné l'histoire des cryptes de Sharpey-Bischoff à la fin du chapitre qui contient l'étude com- plète de leur développement. Le stade dont nous venons de faire l'examen présente plusieurs formations dont l'inlerprétation a été très controversée; telle est la question de la pénétration des villosités ectodermiques creuses dans les glandes; telle la question de la couche de détritus glandulaire (syncytium de divers auteurs) ; mais l'évolution de ces parties aura à être poursuivie dans le stade suivant; nous ne possédons donc pas encore tous les éléments nécessaires pour juger les opinions émises à leur sujet. Au contraire l'épithélium utérin est dès maintenant complètement disparu de toutes les régions placentaires proprement dites; il n'en sera plus question ; le moment est donc venu de passer en revue les diverses opinions émises relativement à sa conservation ou à sa non-conser- vation. C'est du reste une question d'histologie qui n'a été abordée que par des auteurs récents. En exposant leurs opinions, nous serons obligés de faire quelques allusions aux rapports des villosités avec les glandes, aux dispositions générales des glandes, au détritus glandulaire, mais ces allusions se borneront aux étals constatés dans ces parties pendant le stade dont nous venons d'achever l'étude. Fleischmann nous paraît être le premier qui se soit occupé de cette question, d'abord dans une communication à la Société médi- cale d'Erlangen (1886), puis dans son mémoire sur l'embryologie des carnassiers : « Lorsque, dit-il dans ce dernier travail le cho- rion de l'œuf vient s'apphquer à la surface de la muqueuse utérine, les éléments anatomiques de celle-ci subissent des modifications 1. Y[e\schn\im, Embryologische Untersuchungen, ErsteHeft; Untersuch. uber Einhei- mische Haubthiere, Wiesbaden, 1889. - 79 - qui aboutissent finalement à la destruction complète de la muqueuse normale » (page 61); et plus loin (page 62) : « L'épithélium utérin, d'après les observations que j'ai faites sur la femelle du renard, dis- paraît complètement. D'abord il se produit une destruction com- plète de cet épithélium à la surface libre, et les éléments conjonc- Fig. XI (Fleiêchmann, pl. V, fig. 2). — Légende de Fleischmann : WD, parois du sac vitellin; Z, villosités choriales; — D, glandes utérines. tifs sous-jacents viennent à se trouver en contact direct avec les cellules ectodermiques du chorion. Puis, à mesure que les villosités choriales pénètrent dans les glandes utérines, la destruction de l'épithélium progresse parallèlement à cette pénétration, c'est- à-dire que les cellules glandulaires se détruisent. La fig. 2, pl. V (flg. XI ci-contre), d'après une coupe transversale de l'utérus chez le renard, montre les villosités choriales ayant déjà profondément pénétré dans les glandes. L'épithélium de la muqueuse utérine a disparu, mais l'adhérence de l'ectoderme au tissu conjonctif de l'utérus n'a pas été conservée, par le fait des réactifs employés. Celte - 80 — figure montre qu'au niveau des villosités eclodermiques l'épithélium des glandes a également disparu dans la partie qui forme leur embouchure. Ainsi pénétration des villosités et destruction de l'épithélium utérin en rapport avec elles, sont choses qui marchent ensemble, et les glandes arrivent ainsi à disparaître complètement. Les villosités se trouvent ainsi finalement placées dans des cavités de la muqueuse utérine, cavités dépourvues d'épithéUum, et qui ne sont limitées que par du tissu conjonctif mis à nu. » Nous avons reproduit (fig. XI ci-contre) la figure de Fleischmann pour montrer qu'elle n'est nullement propre à entraîner la conviction; et évidem- ment il s'agit d'une pièce altérée, qui n'était plus à l'état de fraî- cheur lors de son immersion dans le liquide conservateur. Aussi verrons-nous Strahl lui en faire le reproche. On voit notamment que les détritus glandulaires ne sont représentés que par quelques débris nucléaires, et que par suite Fleischmann n'a pas constaté l'oblitéra- tion des embouchures des glandes par ces détritus; il a été ainsi amené à exagérer, du reste comme tous les auteurs, l'importance de la pénétration des villosités choriales dans les glandes. Pour bien comprendre sa figure, c'est-à-dire l'interprétation qui en doit être donnée, il faut tenir compte de ce fait que le tiers supérieur de ce qu'il représente comme muqueuse utérine est déjà la formation angio-plasmodiale que nous étudierons au prochain stade. Le ren- flement utérin de renard qu'il a figuré est en effet un peu plus avancé dans son développement que ne le sont les mêmes parties chez le chien au vingt-troisième jour, mais nous devions cependant reproduire ici sa figure et sa description, pour montrer que Fleisch- mann est dans le vrai lorsqu'il signale la disparition de l'épithé- lium utérin, mais que pourtant il ne donne pas des preuves suffi- santes de cette disparition. Aussi allons-nous voir la question reprise par Strahl, et interprétée par lui d'une manière toute différente *. Nous avons déjà vu, à propos du placenta du lapin, que Strahl avait pris la lame ectoplacentaire comme une formation dérivant de deux origines bien distinctes, une couche superficielle formée par l'épithélium utérin, et une couche profonde formée de cellules de l'ectoderme fœtal. Tel serait, d'après lui, le mode de fixation de l'œuf sur la muqueuse utérine. Ayant cherché à vérifier ces dispo- 1. H. Sirahl, Unlersuchugen itber den Eau der Placenta. — I. Die Aiilagenmg des Eies an die Uteruswand {Arcliiv. f. Anat. und Pliijsiol. Anat. Ablli., 1S89, Heft 3-4, p. 212). ~ 81 - sitions chez d'autres animaux, notamment chez hi taupe et la chienne, il a retrouvé les clioses semblablement constituées, malgré de grandes différences apparentes. Il s'est donc appliqué à étudier cette question du mode d'adhérence ou de fixation de l'œuf sur la muqueuse utérine, d'autant que, fait-il fort justement remar- quer, tandis qu'il a paru d'innombrables travaux sur la constitution du placenta, rien n'a été publié sur cette question de la fixation de l'œuf, sans doute parce que les recherches nécessaires ne peuvent être faites avec succès que sur des pièces fixées par les méthodes récentes delà technique hislologique. {Op. cit., p. 212-214.) Ses études sur la chienne débutent par la question des glandes (longues glandes tubulaires, et courtes glandes dites cryptes de Sharpey-Bischoff), question dont nous avons fait l'historique à part. Puis il passe à l'examen d'un utérus au dix-neuvième jour de la gestation. La vésicule blastodermique était, sur la coupe qu'il figure et décrit, un peu ratatinée et accolée à l'une des parties laté- rales de la cavité utérine. « Les deux espèces de glandes sont, dit-il p. 224, à peu près dans le môme état que sur l'utérus de la chienne en rut, avec cette seule différence que les glandes courtes ou cryptes ne présentent plus toutes une ouverture libre, mais que la plupart d'entre elles, par le' fait de l'occlusion de leur embouchure, sont transformées en de petites vésicules closes à parois épithéliales K L'épithélium utérin est formé de cellules cubiques ou presque cylin- driques, et cet épithélium est partout parfaitement conservé. » Il donne une autre figure représentant une coupe de l'embryon et de la paroi correspondante de l'utérus à un fort grossissement. Cette figure, dit-il, sans plus d'explication, suffit pour montrer que l'épithélium utérin est conservé \ « Le mode d'attache de l'œuf à l'utérus, continue Strahl, se montre environ vers le vingtième jour de la gestation. Pour l'étude de ce processus je dispose d une série de préparations très démonstratives, car j'ai débité en coupes un renflement utérin de cet âge, renfermant un embryon dont l'amnios était sur le point de se fermer. Comme dans ce cas la région de l œuf située à l'opposé de l'embryon pré- 1. On voit que Strahl n'a pas fait la distinction entre les embouchures glandulaires et les culs-de-sac latéraux que nous désignons sous le nom de restes de glandes : les petites -vésicules closes ici décrites sont nos restes de glandes, c'est-à-dire corres- pondent non pas à des embouchures oblitérées, mais à des culs-de-?ac tei minaux. 2. Cette figure est en elfet d'un stade où l'épithélium utérin n'a pas encore disparu, puisqu'il n'y a pas encore fixation du chorion sur la muqueuse utérine. 6 82 sentait un ectoderme déjà fortement adhérent à l'utérus, les coupes présentent à étudier à la fois des régions où s'est faite la soudure de l'ectoderme et de l'épithélium utérin, et des régions "où cette soudure n'existe pas, et enfin des régions de transition entre les deux dispositions. En considérant la région de l'utérus qui répond à l'ombilic amniotique, on voit que les cryptes de Sharpey-Bisciioff sont fermés, du côté de la surface utérine, par une couche de tissu conjonctif, et se présentent par conséquent, avant môme que l'ecto- derme se fixe à l'utérus, sous la forme de vésicules closes », mais Fig. XII (Strahl, pl. XIV, flg. 12). — Légende de Strahl : Bord de l'ouverture d'une glande à un fort grossissement. XJEP, épithélium utérin. on trouve cependant encore quelques glandes ayant conservé leurs ouvertures; ces glandes demeurées ouvertes se font remarquer par la dilatation de leurs cavités, qu'on distingue déjà avec le faible grossissement d'une loupe. Ces glandes demeurées ouvertes sont, dans leurs parties profondes, revêtues d'un épithélium à longues cellules cylindriques, cellules bien conservées, et qui diminuent gra- duellement de hauteur à mesure qu'elles se rapprochent de l'ouver- ture. Tout au-dessous de l'ouverture, la couche épithéliale devient si basse, que ses cellules ne ditïèrent presque plus de celles du tissu conjonctif sous-jacent. Cet épithélium à cellules basses et plates passe sur les bords de l'ouverture et se continue en une couche semblable à la surface de la muqueuse. La figure 12 (flg. XII ci-contre) montre 1. Même remarque que ci-dessus; ces vésicules closes sont des culs-de-sac termi- naux; l'oblitération des orifices des glandes se fait non par du tissu conjonctif, mais par un bouchon de détritus glandulaire. — sa- la continuité de cet épittiélium plat, avec l'épithélium cylindrique de la glande, ce qui suffit pour démontrer que ce revêtement actuel de la surface utérine représente bien l'ancien épitliélium utérin, modifié, de cette surface. « Lorsque l'ectoderme vient adhérer à cette couche de cellules plates, on comprend qu'il est extrêmement difficile, parfois impos- sible, de distinguer les deux couches ainsi fusionnées. Mais pour se convaincre qu'il s'agit bien alors d'une couche épithéUale jointe à une couche ectodermique, il suffit d'examiner les régions où ces deux couches sont sur le point de s'accoler, c'est ce que la figure 13 (fig. XIII ci-contre) représente à un fort grossisse- Fig. XIII (Slrahl, pl. XIV, fig. 13). — Adhérence de l'ectoderme à l'épithélium utérin aminci. — B, crypte clos. ment, figure assez démonstrative par elle-même, sans plus d'exph- cation ^ « A côté de ces régions où l'ectodei'me et l'épithélium utérin se sont soudés , il faut encore examiner les régions où, avant l'accolement de l'ectoderme, certaines glandes avaient conservé leurs ouvertures libres. Sur les ouvertures de ces glandes l'ectoderme passe en pont, puis il s'enfonce sous forme de tampon dans leur intérieur. La figure 14 (fig. XIV ci-contre) représente une disposition de ce genre. Ici l'épithélium de la glande, suivi de bas en haut, devient bientôt difficile ou même impossible à distinguer, dès que l'ectoderme, qui vient de haut en bas, arrive à s'accoler à la paroi de la glande. 1. Nous sommes ici parfaitement d'accord avec Strahi : il décrit et figure bien l'atroptiie graduelle de l'épithélium utérin. Ses figures ici reproduites concordent bien avec nos figures 15, 16, 24. L'accord va cesser lorsque, ne voyant plus de trace per- ceptible de cet épithélium, Strahi ne veut cependant pas convenir qu'il a disparii; — 84 — Mais je ne saurais cependanl admettre que cet épitliélium disparaît, alors même que je n'ai d'autre explication à donner de cette appa- rence que celle qui consiste à dire que ses cellules se sont modidées au point de devenir si semblables aux cellales voisines, conjonc- tives, qu elles ne s'en distinguent plus. En A et A' sont les deux limites du tampon eclodermique, et en A on peut encore, sur une courte étendue, distinguer l'ecloderme d'avec la coucbe épithéliale « De ces descriptions on peut, relativement aux premières phases de la formation du placenta chez la chienne, tirer les conclusions suivantes : des deux espèces de glandes de l'utérus de la chienne en rut, on voit, avant l'accoUement de l'œuf à l'utérus et lorsque Fig. XIV (Strahl, pl. XIV, lip;. 14). — Pénétration do l'ecloderme dans une glande demeurée ouverte cet accollement est accompli, les unes, à savoir les cryptes de Sharpey-Bischofï, se fermer au niveau de leurs ouvertures (je ne saurais dire si c'est le cas de toutes ces glandes) et se transformer ainsi en petites vésicules épithéliales closes. Les autres, les longues glandes tubuliformes, se dilatent fortement dans leur partie supé- rieure et moyenne, tandis que leur extrémité profonde se contourne de plus en plus; elles restent ouvertes à la surface de la muqueuse, ûiais je ne saurais dire non plus si toutes sans exception sont dans 1. C'est ici que nous cessons d'être d'accord avec Stialil; sa fig. 14 répond en parlie à notre fig. ^.ï; là aussi nous avons vu que, suivi de bas en haut, l'épilliélium devient invisible; et, comme nous en avions suivi graduellement l'atropine et la dispa- rition, nous en avons conclu qu'il a disparu. Nous verrons bientôt que Fleischmann, avec des éléments moins complets de démonstralion, arrive pour la seconde fois à la même conclusion, et ne conçoit pas pourquoi Stralil veut absolument admettre la persistance d'éléments dont on ne voit plus trace. 2. On remarquera que ces trois figures, reproduites d'après StrabI, ne montrent pas nettement les contours des éléments anatomiques. En ellet les dessins litbographiés de cet auteur manquent réellement de précision, et nous avons dû essayer de les reproduire avec leurs caractères. — 85 - ce cas'. Au niveau des cryptes transformés en vésicules closes, l'ectoderme se soude et se fusionne avec Tépithélium utérin, et ces deux couches confondues ont à se creuser des voies nouvelles pour pénétrer dans la profondeur; là où existent les ouvertures libres des autres glandes, l'ectoderme s'enfonce en forme de tampon dans ces ouvertures. Fleischmann, dans une récente communication [Erlanger Sitzungsberichte^ nov. 188C), a poursuivi la formation du placenta chez les carnassiers et ses recherches sur le renard l'ont amené à admettre que l'épithélium de la surface utérine dis- paraît avant que l'ectoderme vienne s'attachera cette surface. Ce que j'ai décrit pour la chienne ne s'accorde pas avec cette manière de voir de Fleischmann. » Dans un mémoire ^ qui fait suite au précédent, Strahl revient sur cette question, et spécialement sur le désaccord entre lui et Fleisch- mann : à cet effet il a entrepris lui-même l'étude du placenta du renard. « D'après ce que j'ai observé moi-même chez la femelle du renard, je pense, dit-il [op. cit., p. 201), que l'opposition entre les conclusions de Fleischmann et les miennes provient de ce que les pièces qu'a employées Fleischmann étaient dans un mauvais état de conservation. Pour les études de ce genre il faut disposer de pièces fixées par les réactifs dans leur plus grand état de fraî- cheur. Les utérus dont je me suis servi avaient été extraits et placés dans le liquide conservateur aussitôt après la mort de l'animal. Au contraire Fleischmann dit que ses pièces avaient été mises dans l'alcool par une main étrangère et il n'indique pas combien de temps après la mort ces utérus avaient été extraits. En examinant la figure 2 de sa planche V ^ on est amené à supposer qu'en effet ses pièces étaient mal conservées. En comparant mes préparations avec cette figure, je constate que jamais je ne vois les villosités dermiques pénétrer sous forme de petits paquets dans de larges ca- vités glandulaires, comme l'a représenté Fleiscbmann, mais qu'au contraire les éléments fœtaux et maternels sont toujours si intime- ment accolés qu'il est difllcile de les distinguer les uns des autres. 1. strahl a raison de n'être pas très aflirmatif sur cette manière difTérente de se comporter des cryptes et des glandes longues; nous avons vu qu'en réalité les embouchures de ces deux ordres de tubes se comportent de même. 2. H. Strahl, Untersuch. uber deii Uau der Placenta (Fortsetzung), die Anlafjerunçj des Eies an die Uterus-Wand. {Archiv. f. Anal. u. PInjsiol. Anal. Abth., 1889, Suppl. Bd, p. 1977). 3. C'est la figure de Fleischmann reproduite ci-dessus dans notre Qg. XI- 6* — 86 - C'est pourquoi je trouve que Fleisclimann n'a pas donné des preuves suffisantes de la prétendue destruction de l'épithélium utérin cliez le renard. » Mais, malgré ces justes critiques à l'adresse de Fleischmann, Slrahl n'arrive pas à démontrer la persistance d'épithélium utérin. Dans un dernier mémoire', revenant à l'étude da placenta du chien, il déclare {op. cit., p. 194) que, « pour un embryon de vingt et un jours, il n'a pu distinguer que la lame mésoderraique qui double l'ectoderme; au-dessous de cette lame sont des cellules à gros noyaux, qui représentent des éléments ectodermiques ; mais la limite entre cet ectoderme et l'utérus est impossible à reconnaître; sans doute les éléments fœtaux et maternels sont fusionnés ». C'est Heinricius ^ qui nous paraît avoir décrit avec le plus de précision les rapports de l'ectoderme et de l'épithélium utérin, dont il a bien constaté la disparition. Nous ne reproduirons pas la figure qui accompagne sa description, car elle est tout à fait semblable à celles de notre planche II, quoique moins nette, parce que toutes ses pièces ont été traitées par le liquide de Maller. « L'ectoderme, dit-il (page 425), est formé de cellules cubiques. Ici se pose avant tout la question suivante : comment se comporte l'ectoderme fœtal relativement à l'épithélium utérin et que devient ce dernier épithé- lium; disparaît-il, ou bien ses éléments sont-ils conservés? J'ai pu me convaincre que, là où l'ectoderme s'attache à la muqueuse uté- rine, l'épithélium de celle-ci disparaît. Dans ma figure 6, on voit, sur la moitié droite, la muqueuse utérine ayant conservé son épi- thélium; mais à gauche, où l'ectoderme adhère à l'utérus, on voit cet ectoderme, en approchant de la surface épithéliale maternelle, présenter des épaississements locaux; par places le protoplasma de ces cellules ectodermiques va s'unir aux cellules maternelles; par places aussi l'épithélium utérin a complètement disparu, et l'ectoderme repose directement sur le tissu conjonctif utérin. De plus il n'y a pas une ligne droite de séparation entre l'ectoderme et ce tissu, mais par places l'ectoderme pénètre dans son épais- seur, comme pour s'y attacher et y prendre racine par des pro- longements analogues à des villosités rudimentaires ^. Par quel pro- 1. H. Strahl, Untersuch. ub den Bau der Placenta, — III, der liau' der Ilunde-placenia (Archiv. f. Anat. u. Physiol. — Anat. Abth., 1890, Heft IlI-IV, p. 18a). 2. Heinricius, Ueber die Entwickelung und Struclur der Placenta beim Hunde [Archiv. f. mikr. Anat., 1889, t. XXXIII, p. 419). 3. Nous soulignons ce passage, dans lequel on saitra reconnaître une brève mais bien — 87 — cessus l'épithélium utérin arrive-t-il à disparaître, je ne saurais le dire; vraisemblablement les cellules ectodermiques jouent déjà ici le rôle phagocytaire, qui, comme nous le verrons plus loin, leur est très habituel. Strahl, contrairement à mon opinion, a trouvé que l'épilhélium utérin persiste, mais fusionné avec l'ectoderme. » Les critiques adressées par Strahl à la manière de voir de Fleisch- mann devaient amener une réponse de celui-ci, dont Heinricius venait de confirmer l'opinion. En effet, dans un plus récent travail, Fleischmann * revient sur la question de l'épithélium utérin, et en affirme catégoriquement la disparition : « Lorsque la vésicule blas- todermique s'attache à la muqueuse utérine, l'épithélium de celle-ci disparaît, comme Heinricius l'a décrit chez le chien, comme je l'ai vu moi-même chez le renard. Précédemment je n'avais pu m'en assurer chez le chat, mais de nouvelles préparations m'ont assuré du fait, et j'ai pu me convaincre que c'est là la règle générale pour tous les carnassiers. Une opinion inverse a été soutenue par Strahl, qui cependant n'a pu, chez le chien, distinguer un épithélium utérin bien séparé de l'ectoderme fœtal. Il n'en pense pas moins que nous avons à tort conclu à la disparition de cet épithélium; il préfère se figurer que la couche épithéliale extraordinairement amincie se souderait à l'ectoderme de façon à ne plus en être dis- tinguée. Je ne puis partager son avis. Lorsque je vois une couche épilhéhale, d'abord bien développée, devenir mince, puis invisible, j'en conclus que cette couche disparaît. Naturellement cette con- clusion s'appuie sur nos moyens actuels d'observation, et chacun peut concevoir théoriquement que par les progrès de la technique histologique ou le perfectionnement de nos moyens d'observation nous arrivions à voir un jour des détails qui nous échappent actuel- lement. Mais tant que ces progrès ne sont pas accomplis, je crois qu'Heinricius et moi avons sainement interprété les choses, malgré l'avis contraire de Strahl, dont en réalité les observations viennent confirmer notre manière de voir. » Après les observations de Heinricius et de Fleischmann, la ques- tion semble définitivement résolue; il n'en est rien cependant. Strahl vient, tout récemment, de la faire reprendre par un de ses nette indication de nos saillies ectodermiques intercapillaires. Avec des pièces conservées autrement que par le liquide de Millier l'auteur aurait certainement reconnu les vérita- bles rapports de ces racines ectodermiques. 1. A. Fleischmann, Entwickelung und Structur der Placetita, hei Haubthieren. {Aca- démie des Sciences de Berlin, 9 juillet 1891, t. XXXV, p. 666). - 88 - ^ élèves : nous aurons à analyser avec soin ce travail de Lusebrinck ' lorsqu'il s'agira de la structure de l'angio-plasmode ; pour le moment nous en extrairons seulement un passage relatif à l'épithélium f utérin (page 172) : « Relativement à la manière dont se comporte l'épithélium utérin, quelques auteurs disent qu'il disparaît et qu'il est détruit par l'ectodcrme du chorion, tandis que Strahl a montré que, tout au moins au début, cet épithélium est encore présent et facile à reconnaître. Il a montré comment ensuite cet épithélium s'aplatit, devient difficile à voir, mais est cependant conservé. D'après mes préparations je puis non seulement confirmer cette conclusion de Strahl, mais encore l'élargir. Au vingtième jour, dans la région où le chorion amniogène n'est pas encore attaché à la muqueuse utérine, l'épithélium utérin est facilement reconnais- sable. Sur les coupes on peut suivre plus loin cet épithélium, jusque dans la région périphérique où le chorion est devenu adhé- rent. Là l'épithélium utérin est formé de cellules plus épaisses, plus hautes que dans les régions où la surface utérine est libre de toute adhérence avec le chorion, seulement il n'y a pas une ligne de démarcation bien tranchée entre cet épithélium et le tissu conjonctif sous-jacent. » On le voit, l'auteur, à l'instigation de Strahl, veut continuer à croire à la présence de l'épithélium alors même qu'il ne peut le voir sur les préparations. De nouvelles recherches étaient donc nécessaires à cet égard. C'est pourquoi nous avons insisté d'une manière si minutieuse sur l'étude de l'épithélium utérin, dont nous croyons avoir bien définitivement démontré la disparition dans toute l'étendue des régions où se formera le placenta et sa bordure verte. G. — Formation de ï" angio-plasmode placentaire. Le placenta des carnassiers a pour partie essentielle une forma- tion très analogue à celle que nous avons étudiée chez les rongeurs, c'est-à-dire une édification ectodermique, un ectoplacenta, un plasmode ectoplacentaire. Mais tandis que chez les rongeurs les / capillaires maternels, enveloppés par ce plasmode, perdent leurs \ . F. W. Lùsebrink, Die ersle Enlwikelung der Zotten in der Hmdplacenta {Anat. Heft. von Merkel u. Bonnet. Heft II, 1892, p. 16o^. — 89 — parois endolhéliales et se transforment ainsi en sinus creusés clans la substance plasmodiale (sinus ou canaux et canalicules sangui- maternels), chez les carnassiers les capillaires maternels conservent leurs parois propres, endolhéliales. L'ectoplacenta des rongeurs n'est constitué que par des éléments anatomiques fœtaux, avec du sang maternel ; l'ectoplacenta des carnassiers est constitué par des éléments fœtaux et par des éléments maternels, à savoir la paroi endothéliale des vaisseaux utérins; le plasmode placentaire, outre le sang maternel, contient donc ici des parois vasculaires d'origine également maternelle ; c'est pourquoi nous le désignons sous le nom à'angio-plasmode destiné à rappeler cette double constitution. C'est en moyenne dans l'espace de temps qui va du vingt-qua- trième au trente-deuxième jour, que s'observe, chez le chien, la for- mation complète de l'angio-plasmode. Après le trente-deuxième jour l'angio-plasmode est remanié par la pénétration des vaisseaux fœtaux, et, comme pour les rongeurs, ce remaniement aboutit bientôt à l'achèvement du placenta. L'étude de cette période de formation de Vangio -plasmode devrait comprendre deux grandes divisions : d'une part l'angio-plasmode lui-même, c'est-à-dire le placenta; d'autre part la bordure verte du placenta. Cependant nous n'étudierons actuellement que le premier point; il y aura en effet avantage à suivre l'évolution de la bordure verte sans la scinder en périodes trop multiples. Nous avons dû en parler dans les stades précédents, afin de bien en définir la situa- tion; maintenant que nous savons quelle chose particulière doit devenir cette région marginale de la zone placentaire, nous pouvons en laisser l'étude, pour la reprendre dans un stade suivant, alors que son évolution sera plus avancée, plus caractérisée, et nous exa- minerons alors, sans interruption, les processus qui ont présidé à cette évolution, et pendant le stade de formation de l'angio-plas- mode et pendant le stade de son remaniement. Mais par contre nous ferons suivre l'étude de la formation de l'angio-plasmode d'une revue historique et critique très importante, car les phénomènes qui se produisent pendant ce stade, et que les auteurs ont généralement peu compris, sont les plus essentiels et les plus décisifs pour l'interprétation du placenta des carnassiers. Angio-plasmode : a. Première apparition de l'angio-plasmode. Nous venons de dire — 90 — que c'est du vingt-quatrième au trente-deuxième jour que se pro- duit cette formation; il faut entendre parla que ses caractères et sa constitution se dessinent nettement pendant cette période de temps ; mais ses premières indications sont bien plus précoces, et c'est seu- lement afin de donner de la clarté à l'exposé des faits que nous éta- blissons ces périodes et divisions toujours artificielles du sujet. Du moment que l'épithélium utérin a disparu, que l'ectoderme fœtal est venu prendre sa place et se mettre en contact avec la couche des capillaires de la muqueuse utérine, la formation de l'angio-plasmode est dès lors commencée, comme nous l'avons indiqué du reste dans l'étude des stades précédents. Nous avons en effet décrit comment, outre les villosités creuses développées au niveau des embouchures des glandes utérines, l'adhérence de l'ectoderme à la muqueuse s'effectue par des végétations de sa face profonde, par des poussées cellulaires, qui, s'insinuant entre les capillaires utérins, forment ce que nous avons nommé les saillies ectodermiques intercapillaires. Nous avons vu comment ces saillies (pl. III, fig. 36) pénètrent entre les capillaires les plus superficiels, et les entourent plus ou moins complètement. Du moment que, comme sur la figure 36 (extrémité gauche), nous trouvons la coupe d'un capillaire maternel entouré de tous côtés par l'ectoderme fœtal, nous sommes en présence de la formation angio-plasmodiale sous son aspect le plus primitif et le plus simple. Mais ce processus de pénétration de l'ectoderme se poursuivant beaucoup plus profondément dans la couche des capil- laires maternels, la formation angio-plasmodiale va acquérir une grande puissance, et c'est cet accroissement que nous devons main- tenant étudier. b. Extension de l'angio-plasmode. La figure 46 (pl. IV) nous montre les premières phases de cette extension (en profondeur) de l'angio-plasmode. Cette figure est d'une chienne sacrifiée au vingt- quatrième jour de la gestation; la coupe est prise dans une région placentaire proprement dite, c'est-à-dire en dehors de la zone amniogène du chorion, soit sur les côtés de cette zone, soit dans l'hémisphère de l'œuf opposé au corps de l'embryon. Nous remarquerons d'abord que les deux villosités ectodermiques creuses (VC, VC, fig. 46) ne diffèrent que peu de ce qu'elles étaient dans le stade précédent (comparer avec la figure 42); elles sont seulement un peu plus longues, non pas, à vrai dire, qu'elles aient pénétré plus profondément dans le terrain maternel, mais parce — 91 - que la formation dite couclie des capillaires, qui est interposée entre elles, est devenue plus exubérante, plus saillante. L'ectoderme qui forme le fond de ces villosités creuses est en contact avec le bouchon de détritus glandulaire (D) de la glande correspondante; il ne donne pas lieu à des saillies ectoderiniques intercapillaires, puisque là il n'est pas en contact avec des capillaires maternels. Les saillies ectodermiques intercapillaires ne se développent et ne continuent à s'étendre que par l'ectoderme qui forme les parties latérales des villosités creuses, et par celui qui va de la base d'une de ces villosités à la base de la villosité voisine (partie toute supé- rieure de la lig. 46). Dans ces régions on voit qu'actuellement (fig. 46) environ le tiers ou la moitié supérieure de la couche des capillaires est envahie par les poussées plasmodiales de l'ectoderme. On trouve donc, en allant de haut en bas (fig. 46), une première couche formée de capil- laires maternels écartés les uns des autres par des cloisons plasmo- diales (AP) qui sont en continuité avec le revêtement ectodermique de la surface. Ces cloisons plasmodiales renferment des noyaux irrégulièrement disposés, mais bien reconnaissables par leur aspect identique à celui de l'ectoderme de la surface; les capillaires (paroi endothéliale) sont représentés, d'autre part, essentiellement par leurs noyaux saillants dans la lumière du vaisseau, noyaux relative- ment volumineux, mais cependant plus petits que ceux de l'ecto- derme, et généralement plus foncés (plus colorés par les réactifs). Une seconde couche est formée (fig. 46) de capillaires maternels étroitement pressés les uns contre les autres, sans interposition d'aucun élément anatomique figuré. En effet la couche des capil- laires est ici à son état type, précédemment étudié; elle ne renferme plus de cellules conjonctives, qui ont peu à peu disparu, comme nous l'avons vu dans les stades antérieurs; elle n'a pas encore été pénétrée par les poussées plasmodiales de l'ectoderme. Plus profon- dément une troisième couche est formée de détritus glandulaires avec capillaires maternels plus ou moins nombreux; on y trouve aussi des restes de glandes (R, fig. 46). Pour ces détritus glandu- laires, les capillaires interposés, et les restes de glandes, nous ren- voyons à la description du stade précédent. Enfin (partie tout inférieure de la figure 46) on arrive, en allant ainsi de la superficie vers la profondeur, à la couche compacte, formée de glandes dont la lumière (G, G, fig. 46) est presque obhtérée par l'hypertrophie des — 92 — cellules. Dans cette couche compacte, non plus que dans les cou- ches sous-jacentes (couche spongieuse, etc.), il n'y a pas, pour le moment, de modifications assez sensibles pour donner lieu à une description; aussi ces couches ont-elles été omises sur la figure 46. c. Achèvement de Vangio-plasmode. Nous appelons achèvement de l'angio-plasmode le degré de développement qu'il atteint lorsqu'il est arrivé jusqu'à une certaine limite profonde qu'il ne doit pas dépasser. Cette limite est le niveau de la partie profonde des villo- sités creuses. Dès lors une coupe de ces formations, perpendiculai- rement à leur surface, se présentera (fig. 5J) comme une série de lobes formés d'angio-plasmode, séparés par de larges incisures qui ne sont autre chose que les villosités ectodermiques précédemment creuses, mais peu à peu remplies par le mésoderme fœtal. En réalité ces lobes d'angio-plasmode forment une épaisse couche continue, creusée de place en place par des enfoncements correspondant à ces villosités, c'est-à-dire que, vue en surface, cette couche ne sera nullement lobulée, mais au contraire unie, et marquée seulement, comme par autant de piqûres d'épingle, par les dépressions qui correspondent aux villosités précédemment décrites. Celles-ci , dès lors, ne méritent plus le nom de villosités ectodermiques, car elles ne dépassent plus, en profondeur, la limite, la surface profonde de l'ectoderrae (représenté par la couche angio-plas- modiale) ; elles ne sont plus que des dépressions, des puits péné- trant toute l'épaisseur de l'angio-plasmode. Mais elles contien- nent des prolongements du mésoderme fœtal, et par suite le nom de villosité pourra être conservé, en l'appliquant à ces prolonge- ments, et nous aurons par suite à parler de villosités mésodermi- ques, dans lesquelles nous étudierons l'arrivée des vaisseaux allan- toïdiens. Enfin, pour la commodité de la description, quoique la couche angio-plasmodiale ne soit pas réellement lobulée, mais puisqu'elle présente cet aspect sur les coupes perpendiculaires à sa surface, nous emploierons l'expression de lobules de r amjio-plas- mode, en désignant ainsi chaque portion d'angio-plasmode inter- posée, sur une coupe, entre deux villosités mésodermiques fœtales (voir les figures 51, 52, 58, 59, 60). Le choix de cette dénomina- tion, quoique répondant plus aux apparences qu'à la réalité, nous sera précieux pour l'étude du stade actuel, et plus encore pour l'étude du stade dit de remaniement de l'angio-plasmode. Tout ceci n'est qu'une rapide indication de faits que nous allons » — 93 — minutieusement analyser d'après les figures se rapportant à des utérus du vingt-cinquième jour (fig. 44) au trentième jour (lig. 58). Il nous faudra en effet examinera ces diverses époques non seule- ment l'angio-plasmode, mais les couches sous-jacentes, et d'autre part les annexes de l'embryon (allantoïde). Et d'abord, quant à l'achèvement de l'angio-plasmode, nous avons dit que ce terme se rapportait à la pénétration de l'angio-plas- mode jusqu'à une limite profonde qu'il ne doit pas dépasser. Cela ne signifie pas que cette formation ectoplacentaire aurait dès lors atteint son épaisseur définitive; cela veut dire seulement qu'elle ne s'accroîtra plus par des prolongements s'insinuant dans les tissus maternels sous-jacents; elle augmentera d'épaisseur en s'accrois- sant sur place, par multiplication interstitielle de ses éléments. Cela ne signifie pas non plus que dès lors les tissus maternels sous- jacents seront conservés et persisteront intacts; de fait ils dispa- raîtront peu à peu, jusqu'à une certaine zone profonde; mais ils seront résorbés sur place, évidemment sous l'influence de l'angio- plasmode sus-jaceni, mais sans que celui-ci les pénètre et les dis- loque par des poussées plasmodiales. Il y aura ainsi une substitu- tion graduelle des formations fœtales aux formations maternelles, les premières augmentant d'épaisseur à mesure que les secondes s'amincissent et se détruisent. Tous ces phénomènes ne peuvent être bien compris qu'en les suivant graduellement dans tous leurs stades, à l'aide de figures d'ensemble et de figures de détail. Nous commencerons par jeter un coup d'œil sur l'état des annexes (occlu- sion de l'amnios et arrivée de l'allanloïde) ; puis nous étudierons les couches maternelles sous-jacentes à l'angio-plasmode; et enfin nous insisterons sur l'analyse histologique de l'angio-plasmode arrivé à l'état d'aclièvement. d. Annexes de l'embryon. La figure 44 (pl. IV) représente, à un grossissement de deux fois seulement, une coupe longitudale d'un renflement utérin au vingt-cinquième jour. On voit que les parois de l'œuf sont Ubres, sans adhérence, au niveau des pôles de l'œuf (en P); on sera frappé des petites dimensions de l'embryon (E) par rapport à celles de la cavité de l'œuf ; enfin on reconnaîtra déjà sur cette figure, malgré ses faibles dimensions, que Vamnios est fermé, du moins dans la région du niveau de la coupe ici représentée. Cette portion de la préparation, comprenant l'embryon et l'amnios, a été reprise, à un grossissement d'environ dix fois, dans la figure 45, - 94 — non pour l'étude de l'embryon et de l'amnios lui-même, car ces parties ne présentent ici rien de différent de ce qui était à prévoir d'après les données classiques de l'embryologie, mais pour montrer qu'au niveau de l'amnios, dans la région dite précédemment amnio- gène, l'évolution des parties utérines et des parties fœtales corres- pondantes est en retard (milieu de la figure) sur l'évolution des mêmes parties dans les autres régions (extrémités droite et gauche de la figure). Ainsi dans la partie toute centrale de la région de l'amnios, précisément au niveau où vient de se faire la soudure des deux replis amniotiques, le chorion de ces replis n'adhère pas encore à la surface de la muqueuse utérine, laquelle présente encore des glandes dont l'ouverture est libre, non oblitérée par un bouchon de détritus épithélial; les choses sont ici à peu près ce qu'elles étaient au dix-huitième jour sur l'ensemble de la surface utérine placentaire (lig. 15, pl. II). De chaque côté de cette partie centrale le chorion adhère à la surface utérine, mais s'il présente des villo- sités creuses et des sailUes ectodermiques intercapillaires, la forma- tion angio-plasmodiale n'y a pas encore atteint assez de puissance pour prendre, sur la coupe, la disposition en lobules saillants; les choses sont donc ici ce qu'elles étaient ailleurs environ au vingt et unième jour (flg. 23, pl. II), ou au vingt-deuxième jour (fig. 36, pl. III). Ce n'est que sur les deux extrémités latérales de la figure 45 qu'apparaissent les lobules de l'angio-plasmode, c'est-à-dire la dis- position caractéristique des vingt-quatrième et vingt-cinquième jours. Ces retards dans l'évolution des parties au niveau de l'amnios ont été déjà signalés dans les stades précédents, et, comme précé- demment, ils nous fournissent de précieux moyens de contrôle de nos interprétations, puisque nous trouvons placées côte à côte les dispositions qui correspondent à plusieurs stades successifs. C'est précisément cette juxtaposition qui est ici d'un enseignement tout spécial : elle nous montre, comme nous l'avions vu semblablement pour la couche des capillaires, que la formation des parties qui constitueront essentiellement le placenta, se fait surtout par édifi- cation à la surface de la muqueuse utérine, c'est-à-dire que ce que les auteurs classiques appellent pénétration des villosités fœtales dans la muqueuse est un processus réduit à fort peu de chose. On voit très bien, sur la figure 45, que la partie en retard est située sur un niveau inférieur à celui des parties plus avancées, puisque la partie centrale de la figure 45 présente une surface utérine - 95 - excavée, par rapport aux parties périphériques; c'est-à-dire que les lobules d'angio-plasmode des deux extrémités de la figure, s'éle- vant par leur partie interne (du côté de l'embryon) au-dessus du niveau de la muqueuse de la partie centrale de la figure, doivent leur accroissement en épaisseur bien moins à une pénétration gra- duelle dans cette muqueuse qu'au processus désigné antérieurement comme efflorescence de la couche des capillaires, processus qui se continue par la pénétration du plasmode ectoplacentaire dans cette couche des capillaires, puis par l'accroissement sur place de l'angio-plasmode ainsi produit. Ce n'est pas la première fois que nous nous arrêtons sur ces dispositions démonstratives (voir par exemple la figure 27) ; mais elles sont si importantes pour réfuter les conceptions classiques, que nous ne saurions trop insister sur leurs descriptions. Ayant étudié l'occlusion de l'amnios, nous n'aurons plus à revenir ultérieurement sur cette enveloppe de l'embryon, qui ne présente rien de particuUer chez le chien. Bientôt les formations placentaires de la région de l'amnios hâteront leur développement, rattraperont le retard qu'elles présentaient sur les parties voisines (voir la flg. 53, pl. V) et dès lors l'amnios ne présente plus rien qui nous intéresse. Nous passons donc à l'étude de Vallantoide. Nous n'avons pas représenté sa première apparition; ce qui nous intéresse, c'est l'arrivée des parois de cette vésicule creuse au contact de la lame mésodermique qui double le chorion. C'est ce que montre la figure 50 (pl. IV), représentant une coupe au niveau de l'extrémité postérieure de l'embryon au vingt-sixième jour. La cavité (AL) de l'allantoïde communique largement avec l'intestin. Toute la paroi distale de la vésicule allantoïdienne est arrivée au contact du méso- derme chorial, s'est appliquée sur lui (de a à 6, flg. 50), et s'est intimement soudée avec lui. On remarquera qu'à ce moment l'allan- toïde ne s'étend pas aussi loin que les formations placentaires, c'est-à-dire que, par exemple, de è à c sur la figure 50, on trouve des lobules d'angio-plasmode au niveau desquels l'allantoïde n'est pas encore arrivée. En un mot ce n'est pas l'allantoïde qui déter- mine la forme et l'étendue du placenta zonaire, lequel est parfaite- ment indiqué dans sa constitution et ses limites avant de recevoir les vaisseaux allantoïdiens. Mais dès que l'allantoïde a atteint la lame mésodermique du cho- — 96 — rion, on voit se développer avec une grande intensité un processus à peine indiqué auparavant, à savoir la pénétration de ce méso- derme dans les villosités choriales creuses. Précédemment (figures 23 et 38, aux vingt-deuxième et vingt-troisième jour) cette lame mésodermique du cliorion, formée d'une seule rangée de cellules, passait en pont sur la base des villosités ectodermiques creuses ; puis (f]g. 42, pl. IV) elle commençait à émettre quelques cellules éloi- lées pénétrant dans la cavité de ces villosités. Maintenant ces cel- lules deviennent beaucoup plus nombreuses (fîg. 52), elles remplis- sent la cavité de la villosité, lui formant un corps mésodermique que pénètrent graduellement les vaisseaux allantoïdiens (fig. 52). C'est à ce moment que, comme nous l'avons indiqué en parlant de l'achèvement de l'angio-plasmode, s'il n'y a plus à parler, au point de vue descriptif, de villosités ectodermiques, la notion des villo- sités mésodermiques s'impose. En etîet, sur les pièces durcies et sectionnées, il est rare que ces masses mésodermiques remplissent complètement la cavité correspondante; par l'elTet des réactifs, ce tissu lâche et délicat se rétracte, se détache de l'ectoderme (surface de l'angio-plasmode) et se montre comme un prolongement plus ou moins libre, comme une villosité mésodermique en un mot (voir les fig. 51 et 58 à 60). Plus tard, dans le stade qui suivra celui que nous étudions, ce détachement et celte rétraction n'auront plus lieu, car la villosité mésodermique poussera des prolongements vasculaires pénétrant de toutes parts dans l'angio-plasmode, et établissant ainsi des adhérences définitives; c'est en effet par la pénétration de ces prolongements que se fera le remaniement de l'angio-plasmode. Ici encore il faut avouer que les divisions en stades que nous établissons pour la commodité de l'élude ont toujours quelque chose d'artificiel. Avec la fin de la période d'achèvement de l'angio- plasmode commence déjà la période de son remaniement, au moins sur certains points. Ainsi sur la figure 58 (pl. Y), d'après un utérus d'environ le trentième jour, on est en présence de lobules d'angio- plasmode à peu près achevé, et dont le remaniement commence : ce remaniement se traduit par l'aspect ondulé de la surface de ces lobules, surtout vers leur extrémité interne (supérieure dans la figure); les dépressions qui dessinent ces ondulations sont dues à des poussées commençantes du mésoderme dans l'angio- plasmode, aussi voit-on qu'à ce niveau le mésoderme ne se rétracte pas, ne se détache pas de la surface de Tectoderme (de l'angio- plasmode). e. Couches sous-jacentes à l'angio-plasmode. Nous connais- sons bien ces couciies d'après l'étude des stades antérieurs ; actuelle- ment l'angio-plasmode a pris la place de la couche des capillaires, et nous trouvons, comme précédemment, en allant vers la profondeur (vers la musculature utérine), les couches suivantes : la couche des détritus glandulaires, la couche compacte, la couche spongieuse, la couche homogène, et entin la couche des glandes permanentes, cette dernière confluant à la musculature. Un mot seulement sur chacune de ces couches dont quelques-unes seulement se sont légè- rement modifiées pendant la formation de l'angio-plasmode. La couche des glandes permanentes, ni la couche homogène ne doivent nous arrêter; les figures 44, 45, 50, 51 (pl. IV) et 58 (pl. \) montrent suffisamment que ces deux couches sont demeurées ce qu elles étaient auparavant. Il n'en est plus de même de la couche spongieuse et de la couche compacte. Cette dernière s'est développée de plus en plus en profon- deur, c'est-à-dire que l'hypertrophie de l'épilhélium des glandes s'est étendue à des parties de plus en plus profondes de celles-ci; il en résulte bientôt que le fond seul des glandes (cryptes de Sharpey-Bis- choff) échappe à cette hypertrophie, et que la couche spongieuse tend à se trouver réduite à un seul rang de cavités glandulaires dila- tées, mais beaucoup plus dilatées que dans le stade précédent. La figure 44, qui est seulement à un grossissement do deux fois, montre que les larges cavités de la couche spongieuse sont alors bien visi- bles à l'œil nu; les figures 45 et 50 permettent de voir cette même couche (en SP, SP) et ses rapports avec plus de détails. Elle appa- raît formée par des lamelles qui s'élèvent de la couche homogène vers la couche compacte, lamelles qui ne sont autre chose que les cloisons interglandulaires amincies; elles contiennent les vaisseaux maternels qui montent vers les formations placentaires proprement dites. Ces lamelles, qui se présentent presque toutes sectionnées perpendiculairement à leur surface, sont plus ou moins ondulées, rephées, bifurquées, et offrent ainsi sur les coupes l'aspect d'une série de petits mésentères qui rattacheraient la couche compacte à la couche homogène. Comme leur aspect mésentériforme devient de plus en plus accentué (figures 58 à 60) et persistera, en s'accen- tuant encore, jusqu'à la fin de la gestation, nous les désignerons 7 — 98 - sous ce nom de lamelles mésentérif ormes, dénomination qui nous sera utile pour décrire ultérieurement leurs connexions définitives avec le placenta proprement dit. Mais n'oublions pas que ces lamelles ne sont autre chose que les parois des cavités glandulaires de plus en plus énormes de la couche étudiée jusqu'à présent sous le nom de couche spongieuse. La couche compacte, avons-nous dit, a gagné en profondeur aux dépens de la couche spongieuse; c'est à ce stade de formation de l'angio-plasmode qu'elle mérite bien son nom de couche compacte, car les cavités de ses glandes sont presque entièrement obUtérées par l'hypertrophie de leur épithélium (fig. 44, 50, 51, 58). Cet épi- thélium hypertrophié, avec ses noyaux volumineux, nombreux, et très riches en chromatine, donne, sur les pièces colorées, un aspect très foncé à la couche compacte (mêmes figures). Mais si la couche compacte a gagné en profondeur, cela ne veut pas dire que son épaisseur ait augmenté, car à mesure qu'elle gagne d'un côté, aux dépens de la couche spongieuse, elle perd d'un autre côté, c'est-à-dire du côté de la couche des détritus glandulaires, laquelle s'accroît à ses dépens comme on s'en rendra bien compte en comparant les figures 51 et 58, et surtout en allant jusqu'à la figure 59, qui appartient, il est vrai, au stade de remaniement de l'angio-plasmode, mais que nous pouvons cependant examiner dès maintenant, puisqu'il ne faut pas attacher trop de valeur à nos divi- sions en stades successifs. On voit bien sur cette figure 59 que la couche compacte tend de plus en plus à se transformer en couche de détritus glandulaires. Cette transformation se fait par le processus précédemment étudié, c'est-à-dire par fragmentation des noyaux, avec émiettement de leur substance chromatique, qui se trouve alors éparse sous forme de grains dans la matière albuminoïde, irrégulièrement coagulée par les réactifs, matière albuminoïde qui résulte de la fonte des corps des cellules glandulaires hypertrophiées. La figure 52 représente une fois encore ce processus déjà minutieusement étudié et figuré pour les stades précédents. Par sa limite inférieure (profonde) la couche de détritus glandu- laires se continue graduellement avec la couche compacte (fig. 51, 52, 58) aux transformations de laquelle elle doit sa production; par sa limite supérieure (superficielle) elle est en contact avec la limite profonde de l'angio-plasmode. N'oublions pas que, au stade actuel. — 99 - lors de l'achèvement de l'angio-plasmode, la limite profonde ou inférieure de celui-ci est sur toute son étendue située sur un même niveau, qui correspond au fond des villosités ectodermiques creuses (fig. 52); c'est-à-dire que la base des lobules de l'angio-plasmode et le fond des villosités creuses ectodermiques sont disposés sur une même ligne, irrégulière et ondulée il est vrai, mais sans que ces ondulations, dans les concavités desquelles sont logées les sail- lies ou grumeaux de la couche des détritus glandulaires, correspon- dent plus spécialement aux lobules plasmodiaux, ou aux fonds des villosités ectodermiques, fonds qui s'étendent, sous forme de mem- brane épithéliale stratifiée, entre les bases de deux lobules voisins. Or celte ligne de séparation entre la couche des détritus glandu- laires et les formations ectoplacentaires sus-jacentes (lobules d'angio-plasmodes et membranes ectodermiques étendues entre leurs bases) est très importante à étudier, puisque nous verrons que quelques auteurs ont pris les détritus glandulaires pour une formation plasmodiale. Rien n'est plus facile à bien distinguer sur de bonnes préparations que les détritus glandulaires et le véritable plasmode placentaire. Comme le montre la figure 52, le détritus glandulaire est une substance peu colorable, finement granuleuse, irrégulièrement coagulée par les réactifs, de sorte qu'elle présente des vacuoles qui, sur une coupe, lui donnent un aspect spongieux très irréguUer. Dans cette substance sont épars, sans ordre, très clairsemés en certains points, très serrés en d'autres, des grains chromatiques, dans lesquels il est facile de reconnaître des débris, des fragments nucléaires. Ces détritus glandulaires sont traversés par des traînées formées de capillaires qui vont des couches sous- jacentes vers l'angio-plasmode, et qui, en traversant la couche des détritus glandulaires, y dessinent encore la place des cloisons inter- glandulaires préexistantes ; aussi la couche des détritus glandulaires est-elle subdivisée (voir la flg. 51 , et surtout les fig. 58 et 59) en petits amas dont la disposition rappelle celle des glandes qui ont produit ce détritus en se désorganisant. Tout autre est l'aspect de l'angio-plasmode, du plasmode placentaire proprement dit. En ayant égard tout d'abord à ses couches profondes, on voit (fig. 52) qu'il est formé d'une substance granuleuse, homogène, c'est-à-dire sans vacuoles, sans aspect spongieux sur les coupes. Dans cette substance protoplasmique, des noyaux, de véritables noyaux, sont régulièrement disposés, si régulièrement disposés que, même là où — 100 — n'existe pas rindication de parois cellulaires, l'œil cherche et croit apercevoir des lignes de démarcation intercellullaires; c'est-à-dire qu'il est facile de faire à chaque noyau la part qui lui revient dans la masse commune de protoplasma. Nous allons revenir dans un instant sur ces dispositions et préciser les régions où l'ectoderme est à l'état de plasmode et ceux où il a conservé la structure épi- théliale avec cellules distinctes. Pour le moment, insistant sur la distinction entre les détritus glandulaires et l'angio-plasmode, nous devons dire encore un mot sur le mode de contact de ces deux couches. La figure S2 nous montre très exactement ces rapports : l'union des deux couches est très faible, car elles ne s'accolent pas par des surfaces planes appliquées l'une à l'autre sur une certaine étendue, mais seulement par des prolongements en pointes effdées venant se toucher par leurs extrémités. Du côté de la couche des détritus glandulaires ces pointes sont représentées par les mailles de la substance spongieuse de ces détritus; du côté de l'angio-plasmode ce sont des prolongements des cellules ectodermiques. La seule dis- position qui établisse une union relativement solide entre ces deux couches, est représentée par les capillaires qui pénètrent de la couche des détritus glandulaires dans l'angio-plasmode, au niveau de la base des lobules de celui-ci. En ces points le plasmode est plus dense, c'est-à-dire entoure les capillaires et leur adhère par des prolongements plus massifs, formés de plusieurs cellules (pré- sence de plusieurs noyaux dans ces prolongements). Nous verrons ultérieurement que dans les dernières périodes de la gestation c'est celte adhérence de l'angio-plasmode aux vaisseaux qui cons- titue le seul mode de fixation du placenta au terrain maternel. f. Constitution de Vangio-plasmode. Avec les détails que nous venons de donner pour bien établir la distinction entre les détritus glandulaires et l'angio-plasmode, et les connexions de ces deux couches entre elles, nous avons fait en grande partie l'analyse histologique de l'angio-plasmode. Il ne nous reste que peu de détails à donner pour compléter cette étude. Vers le vingt-neuvième ou trentième jour (fig. 52, pl. V) la constitution de l'ectoplacenta est nettement plasmodiale (angio-plasmode), excepté dans certaines parties de sa limite profonde, au niveau de son contact avec la couche des détritus glandulaires; nous avons donc à étudier d'une part la masse angio-plasmodiale, dessinant, sur les coupes, ce que — 101 — nous appelons les lobules de rangio-plasmode (quoique, nous le répétons, celte expression de lobule réponde plus à l'apparence qu'à la réalité), et d'autre part la base de ces lobules avec les arcades ectodermiques qui les réunissent. La surface des lobules d'angio-plasmode est formée par une couche plasmodiale continue (fig. 52, en a), semée de noyaux régulièrement disposés, à égale distance les uns des autres. Au pre- mier abord on croirait être en présence d'un épithélium pavimen- teux à une seule couche, mais on reconnaît facilement qu'il n'y a pas de limite entre les cellules, que la constitution de la couche est réellement plasmodiale. Cette couche périphérique ou superficielle est mince, c'est-à-dire ne renferme qu'un seul rang de noyaux par- tout où elle confine à un capillaire maternel; entre les capillaires elle se continue avec les travées plasmodiales de la masse centrale de l'angio-plasmode. Cette couche périphérique est si mince qu'elle est obligée, pour loger les noyaux en question, de se dilater au niveau de chacun d'eux, se rétrécissant ensuite dans leurs inter- valles (voir la fig. 52), et dessinant ainsi une ligne limite finement ondulée. Il ne faut pas confondre ces fines ondulations avec les ondulations plus larges et plus profondes qui marquent le commen- cement du remaniement de l'angio-plasmode par le mésoderme et les vaisseaux allantoïdiens, ondulations larges et profondes qui sont déjà marquées sur les extrémités supérieures des lobules d'an- gio-plasmode de la figure 52, et dont on pourra suivre les progrès sur les figures 58 à 60. L'intérieur, la masse des lobules d'angio-plasmode est formée de plasmode ectoplacentaire, de capillaires renfermant du sang ma- ternel, et contient, par places, seulement vers la base des lobules, quelques restes de glandes. Inutile d'insister sur la description des travées de plasmode ectoplacentaire. C'est une masse spon- gieuse (voir la fig. 52) qui ne diffère en rien des formations plas- modiales que nous avons décrites chez les rongeurs, si ce n'est par ce détail essentiel que les cavités de cette éponge ne sont pas des sinus sans parois propres, contenant du sang maternel, mais que le sang maternel est renfermé dans de véritables vaisseaux, dans des capillaires d'origine maternelle, comme nous le savons par l'étude des stades antérieurs. C'est sur ces capillaires que nous devons un peu insister. Leurs parois sont formées d'une seule couche de cel- lules remarquables par le volume de leurs noyaux. Ces noyaux sont 7* — 102 — saillants dans la cavité vasculaire, et, comme ils prennent avide- ment les matières colorantes, ils présentent, sur les coupes colo- rées, un aspect foncé, avec généralement un gros nucléole, aspect qui les fait bien distinguer des noyaux plus pâles du plasmode. En suivant ces capillaires vers la profondeur, on voit leurs noyaux pré- senter un moindre volume à mesure qu'on arrive dans la couche des détritus glandulaires; et plus bas, dans la couche compacte (partie tout inférieure de la fig. 52), les capillaires reprennent l'as- pect ordinaire de ces petits vaisseaux. Il est donc facile, grâce à l'examen de ces formes de transition, et outre ce qui résulte des études faites dans les stades antérieurs, de bien se convaincre de la nature des vaisseaux qui sont mêlés au plasmode ectoplacentaire' et qui lui méritent le nom d'angio-plasmode. — Enfin les restes de glandes, qu'on peut trouver vers les régions basâtes des lobules d'angio-plasmode, sont maintenant devenus rares, parce que ces parties de glandes ont subi la dégénérescence en détritus glandulaire et ont été graduellement résorbées. Sur la figure 52 on ne trouve plus qu'une seule de ces formations (en R), laquelle est mal cir- conscrite, à l'état de détritus et de résorption. Mais sa présence nous est précieuse, car, en tenant compte de sa situation tout à la base de l'angio-plasmode, nous y trouverons, par comparaison avec les figures 42, 46 et 51, une nouvelle démonstration de ce fait, déjà si souvent indiqué, à savoir que si l'angio-plasmode se développe d'abord par pénétration de l'ectoderme dans le terrain maternel, il s'accroît ensuite sur place, c'est-à-dire s'épaissit sans pénétrer plus profondément dans ce terrain, mais en s'élevant au-dessus de son niveau (voir encore une fois à cet égard la partie centrale et les deux extrémités de la fig. 45, pl. IV). A la base des lobules, la constitution plasmodiale est moins nette, c'est-à-dire qu'on trouve par places une indication bien précise de lignes limitant des cellules distinctes au centre de chacune des- quelles est un noyau. Cette disposition est constante et très accen- tuée dans les arcades ectodermiques qui vont de la base d'un lobule à la base du lobule voisin ; ces arcades ectodermiques représentent le fond, l'extrémité des villosités ectodermiques primitives, étudiées dans le stade précédent. Tandis que les parois latérales de ces villosités ont perdu leur caractère épithélial pour donner naissance au plasmode, ce fond est resté et restera toujours à l'état d'épithé- lium plus ou moins stratifié, formant des arcades entre les masses — 103 — d'angio-plasmode. Nous aurons à étudier plus tard l'extension de ces arcades épithéliales ou arcades ectodermiques. Pour le moment il n'y a pas à insister davantage sur leur constitution. Il n'est pas besoin d'indiquer avec détails que la membrane épithéliale qui les forme présente deux faces : la face supérieure (dans la série de nos dessins) ou face fœtale est en rapport avec les villosités mésoderrai- ques; elle est plane, sans ondulations; la face inférieure, profonde ou maternelle, est en rapport avec la couche de détritus glandu- laires ; elle n'est pas plane et régulière, mais hérissée de prolonge- ments dont chacun correspond à une des cellules de cette surface, prolongements qui établissent de fragiles connexions entre les arcades ectodermiques et la couche des détritus glandulaires, comme il a été dit précédemment à propos de l'étude de cette couche. Enfin, il nous suffira de renvoyer le lecteur à la page 67 de notre mémoire sur le Placenta des Rongeurs et à la figure 56 (pl. VI) de ce même travail pour lui permettre de constater que les arcades ectodermiques ici décrites chez la chienne sont entièrement homolo- gues des lames limitantes ectoplacentaires ou arcades limitantes que nous avons décrites dans le placenta de la lapine. g. Effets de divers réactifs. La description que nous venons de donner de la formation et de l'achèvement de l'angio-plasmode a eu pour objet des pièces fixées par le liquide de Kleinenberg puis l'alcool, ou seulement par l'alcool absolu. Ce sont les pièces qui nous ont donné les aspects les plus constants, les plus nets, les plus démonstratifs. Mais, nous l'avons dit au début de cette étude, puisque d'autres observateurs ont employé d'autres réactifs, et notamment le liquide de MuUer, nous avons eu soin de conserver aussi une partie de nos pièces dans ce liquide, et, pour nous pré- parer à l'étude historique et critique que nous aurons à faire des tra- vaux de ces auteurs, il nous faut examiner actuellement les résul- tats obtenus avec ce réactif. Les pièces fixées par le liquide de Muller nous ont donné des résultats très inégaux; nous n'examinerons que deux cas : dans l'un, la conservation des parties histologiques , quoique très imparfaite, nous fournit des aspects très démonstratifs à certains points de vue; dans l'autre, les résultats sont mauvais à tous égards. Ces différences peuvent tenir à ce que les deux pièces que nous allons examiner n'appartiennent pas exactement à la même période — 104 — de stade de formation de l'angio-plasmode ; plus probablement tiennent-elles à ce que la durée et les conditions d'immersion dàns le liquide de MuUer n'ont pas été les mômes dans les deux cas; malheureusement nous n'avions pas eu le soin de noter ces con- ditions sur les étiquettes des flacons. La première pièce (fig. 47, pl. IV) est d'un utérus au vingt-cin- quième jour, le même dont un autre renflement, fixé parle liquide de Kleinenberg, nous a donné les dispositions représentées dans la figure 46. Nous sommes donc ici en plein début de la formation de l'angio-plasmode. Or sur cette figure 47 les poussées plasmodiales ectodermiques qui s'insinuent entre les capillaires maternels sont extrêmement bien déUmitées; la préparation est très démonstra- tive à cet égard, surtout examinée cà un faible grossissement (la fig. 47 est à un grossissement d'environ 100 fois) dans une vue d'ensemble. Mais par contre toutes les autres parties sont mal conservées, par exemple la couche des détritus glandulaires (D), les restes de glandes (R, R), et surtout les capillaires maternels; ces derniers (c) se présentent comme des îlots homogènes dans lesquels la paroi capillaire et le contenu sanguin sont confondus en une même masse. Mais quoi qu'il en soit de ces conservations défectueuses, la préparation en question n'en est pas moins très précieuse pour montrer comment les poussées plasmodiales de l'ectoderme fœtal envahissent graduellement la couche superficielle des capillaires maternels, pour aboutir à la formation de l'angio- plasmode. Ainsi, avec des pièces bien rigoureusement sériées, les préparations , alors même qu'elles sont défectueuses à certains égards, viennent toujours apporter un élément de démonstration et la figure 47 complète bien et éclaire la figure 46. Il n'en est plus de même de la seconde pièce dont un petit fragment est représenté dans la figure 48. Il s'agit cette fois de l'angio-plasmode achevé, c'est-à-dire vers le trentième ou le trente- deuxième jour, à un état de développement semblable à celui représenté dans la figure 52. Ici (fig. 48) nous n'avons repi'ésenté qu'une partie d'un large lobule angio-plasmodial, confinant sur le côté droit (en VC, fig. 48) au creux d'une villosité ectodermique, et en bas d'une part à un reste de glande (R) et à un bouchon de détritus glandulaires (D). Or il se trouve que dans la masse angio- plasmodiale ici figurée (AP) on ne distingue nettement aucun détail ; sans doute, fort des connaissances acquises par l'étude de pièces — 108 — démonstratives, nous pouvons à la rigueur distinguer ici des noyaux ronds qui sont ceux du plasmode, et d'autres noyaux, un peu allongés, qui sont ceux des capillaires maternels; mais nous ne ferions pas ces différences si nous n'avions appris à les connaître sur d'autres pièces plus démonstratives. Nous n'avons donné cette figure que pour permettre au lecteur de se rendre compte de l'insuf- fisance des renseignements qu'ont pu puiser les auteurs dans les pièces conservées parle liquide de MuUer. Comme nous l'avons vu déjà pour le placenta des rongeurs, ce réactif est d'un usage déplo- rable pour l'étude de toute formation plasmodiale. Résumé. — En résumé la formation de l'angio-plasmode a lieu de la manière suivante : au début, la partie la plus superficielle de muqueuse utérine est formée d'une couche de capillaires maternels, à laquelle adhère l'ectoderme; celui-ci forme dans cette couche des villosités creuses. Il n'est pas exact de dire que ces villosités creuses ectodermiques pénètrent dans les cavités des glandes (cryptes de Sharpey-Bischoff); elles arrivent simplement par leurs extrémités profondes au contact de la couche de détritus glandu- laires produits par ces cryptes, ces détritus glandulaires formant une couche continue qui s'étend au-dessous de la couche des capil- laires. — Partout où l'ectoderme est en contact avec la couche des capillaires, il émet des prolongements plasmodiaux qui s'insinuent entre ces capillaires, les entourent de tous côtés, et c'est ainsi que la couche de ces capillaires est transformée en un nouveau tissu ren- fermant deux formations histologiques d'origine très différente, le plasmode ectoplacentaire, d'origine fœtale, et les capillaires, d'ori- gine maternelle. Dès lors il n'y a plus à parler de villosités creuses ectodermiques, puisque les parois latérales de ces villosités ne sont plus distinctes, mais, devenues plasmodiales, font corps avec l'an- gio-plasmode; l'extrémité seule de ces anciennes villosités demeure sous la forme épithéliale, représentant, sur les coupes où l'angio- plasmode semble disposé en lobule, des arcades épithéliales éten- dues entre les bases de ces lobules. — En d'autres termes, l'angio- plasmode forme une couche continue, creusée à intervalles très rapprochés par des cavités en doigt de gant, lesquelles correspon- dent à la cavité des anciennes villosités creuses ; ces cavités reçoivent des villosités mésodermiques par lesquelles se fera ultérieure- ment le remaniement du plasmode. — Cette couche angio-plasmo- diale, avec ses arcades épithéhales, repose sur la couche des - m — détritus glandulaires; par résorption de cette dernière, la forma- tion angio-plasmodiale se substitue graduellement à elle, mais sans qu'il y ait à parler d'une pénétration de plus en plus profonde (le villosités choriales dans la cavité des glandes utérines. Historique et critique. De même qu'à la fin du stade précédent nous avons donné l'histoire d'un processus qui était achevé à ce stade, à savoir la disparition de l'épithélium utérin, de même nous allons passer en revue ce qui se rapporte à l'angio-plasmode , puisque nous sommes arrivés à une période où cette formation est complète- ment développée. Aucun auteur n'a vu la vraie nature de l'angio- plasmode, et ceux qui ont porté leur attention sur la couche qu'il forme, n'ont consacré que quelques lignes, souvent peu pré- cises, à l'indication de cette couche dont ils n'ont pu comprendre le mode de formation et la signification histologique. L'histoire de l'angio-plasmode semble donc devoir être très courte. Mais à sa formation se rattache cette grosse question des villosités ectoder- miques, presque tous les auteurs ayant conçu la formation du pla- centa de la chienne comme résultant purement et simplement de la pénétration graduelle de ces villosités dans les glandes. En même temps il nous faut parler de la manière dont a été interprétée la couche des détritus glandulaires, et ce sera là précisément la ques- tion qui prendra la plus grande place dans cet historique. En effet nombre d'auteurs ont pris ces détritus glandulaires pour une for- mation plasmodiale. Et comme il s'est trouvé que leurs études ont été faites alors qu'avaient été déjà publiées nos recherches sur le plasmode ectoplacentaire des rongeurs, ils ont été amenés à géné- raliser leurs interprétations, à conclure que toutes les formations plasmodiales placentaires proviendraient de transformations de tissus maternels, comme en proviennent ce qu'ils prennent chez la chienne pour un plasmode, et qui n'est autre que la couche des détritus glandulaires. La question devient ainsi singulièrement grave pour nous, et il est important que nous fassions bien ressortir les confusions commises. Ces considérations feront excuser la lon- gueur de l'historique qui va suivre. Ainsi cet historique comporte trois points principaux : 1° péné- — 107 — tration des villosités ectodermiques dans les glandes utérines; c'est à tort qu'on a réduit à cela la formation du placenta, ainsi que nous venons de le rappeler dans le résumé qui précède ; 2° exis- tence d'une couche de détritus glandulaire, qu'il ne faut pas prendre pour une formation plasmodiale ; 3° existence distincte d'un véri- table plasmode, sus-jacent à la couche des détritus glandulaires. Il est impossible de faire à part l'histoire de ces trois points, parce que chaque auteur mêle les détails qui s'y rapportent; mais nous nous efforcerons, en commentant leurs descriptions, de bien marquer les passages qui sont relatifs à chacune de ces questions. Nous suivrons, autant que possible, l'ordre chronologique, rap- prochant cependant les unes des autres les publications d'un même auteur, lorsque dans les intervalles qui les séparent n'ont pas paru des travaux ayant influencé leurs dernières manières de voir. Bisclioff s'en tient, comme formation du placenta, à une péné- tration des villosités dans les glandes, selon la formule de Sharpey : « D'après Sharpey, dit-il *, les conduits des glandes utérines, par suite de leur hypertrophie, se trouvent étroitement pressés les uns contre les autres et, avant de s'ouvrir sur la surface de la muqueuse, se dilatent en une excavation remplie d'un liquide blanc grisâtre C'est dans ces excavations que plongent les villosités du chorion, villosités primitivement creuses. Ces excavations, d'après Sharpey, donnent naissance à des prolongements latéraux où pénètrent les subdivisions des villosités choriales.... Mes propres recherches m'ont montré l'exactitude des descriptions de Sharpey. Tout au début de la formation du placenta, les embouchures des longues glandes se dilatent aussi bien que celles des cryptes, et sont péné^ trées par les villosités, qu'on en peut facilement extraire par arra- chement. » Nous parlerons d'Ercolani alors surtout que nous aurons étudié le placenta achevé, car c'est surtout sur le placenta à terme qu'il a fait ses études, et commis les singulières erreurs que nous aurons à analyser. Cependant, relativement au développement du placenta, nous citerons ici deux passages de lui où peut-être y a-t-il lieu de reconnaître qu'il aurait entrevu l'angio-plasmode interprété par lui comme néoformation utérine. t. Bischoff, op. cit., 1845, p. H6. 2. C'est la seule mention qu'il fasse du détritus glandulaire. — 108 - « A l'endroit, dit-irdans son mémoire de 1869 \ où l'œuf s'est arrêté, la muqueuse utérine prend d'abord une apparence follicu- laire, avec des replis ou excavations très petites. L'épilhélium qui recouvre ces follicules exigus paraît se ramollir et prendre une apparence tomenteuse. En même temps, du tissu conjonctif sous- épithélial prolifère un autre tissu de cellules arrondies, molles et délicates qui se confondent avec celles de l'épithélium ramolli. La forme des follicules est maintenue par l'élévation de ce tissu de néoformation en lamelles minces, droites, verticales d'abord et couvertes d'un délicat épithélium qui correspond à celui qui tapissait la muqueuse utérine. Entre ces lames du tissu produit par les cel- lules de nouvelle formation s'insinuent des prolongations laminaires du chorion, où, plus tard seulement, on distingue les vaisseaux. » Il n'est guère plus explicite, ni surtout plus clair, dans son mémoire de 1880 % pages 152 et lo3 : « Chez la chienne, comme chez la chatte, au début de la gestation, la caduque placentaire ou sérotine est le résultat d'une néoformation cellulaire qui se produit dans les couches les plus superficielles de la muqueuse et se traduit par de légers soulèvements mamillaires de cette surface. Cette néoformation cellulaire, comprimant les ouvertures des glandes utriculaires, amène dans celles-ci la rétention de leur produit de sécrétion, de sorte que, dès le début de la formation du placenta, les glandes sous-jacentes se dilatent, se déforment, et ces modilî- cations, devenant de plus en plus accentuées avec les progrès de la gestation, donnent naissance à cette formation spongieuse qu'on trouve, à la fin de la gestation, entre la musculature et la face pro- fonde du placenta. C'est cette formation que Bojanus a comparée à la caduque de la femme, mais en réalité la néoformation déciduale se produit au-dessus des glandes qui forment la couche en ques- tion, c'est-à-dire dans la partie la plus superficielle de la muqueuse utérine. C'est de cette néoformation déciduale superficielle que partent des lamelles qui donnent naissance à la portion maternelle du placenta. Ces lamelles s'allongent graduellement, et, presque parallèles entre elles au début, elles sont séparées les unes des autres par les lames correspondantes du chorion. » 1. G.-B. Ercolani, Mémoire sur les rjl. utv. et sur l'organe gland, denéoform. Trad. par Briich, Alger, 1869, page 179. 2. G.-B. Ercolani, Nuove ricerche sulla placenta net pesci Cartilaginosi et Mammi- feri, etc., Bologna, 1880. — 109 — Tafani, à propos du placenta des carnassiers, étudie plus spécia- lement celui de la chatte ; il considère cependant le placenta de la chienne et celui de la chatte comme très différents. Pour le moment nous n'avons donc à relever que ce qu'il dit de la première. Tou- jours préoccupé de la théorie du lait utérin, il ne manque pas de décrire avec soin les détritus glandulaires, qui en effet sont évidem- ment un produit de nutrition peu à peu résorbé. Des questions qui nous intéressent actuellement, c'est la seule qu'il aborde, ses études se rapportant surtout au placenta achevé. « Dans le placenta de la chienne, dit-il \ on observe très clairement la formation du lait utérin. Ce produit de fonte cellulaire est directement versé à la surface du chorion. On y voit un grand nombre de débris cellulaires, bien reconnaissables, mêlés à une matière amorphe, très fine- ment granuleuse, coagulée sur les pièces durcies, matière dans laquelle on trouve de plus des corps très colorables. Les cellules qu'on y rencontre sont remplies de grosses granulations et possèdent un noyau très colorable par le carmin, l'hématoxyline et la safra- nine. Les corps très vivement colorables sus-indiqués sont de gran- deurs diverses, de formes irrégulières, et, sur les préparations traitées par l'acide osmique, semblent avoir subi l'action caracté- ristique de ce réactif, car alors, sur un fond rouge, qui leur est propre, apparaissent des points noirs, comme s'il y avait mélange de nucléine avec une petite quantité de graisse. A ce propos paraît de plus en plus juste le doute de Flemming, qui, relativement au processus de chromatolyse, pense que la substance chromatique qui se fragmente est extrêmement peu modifiée dans sa constitu- tion propre.... A côté de ces amas de substance fortement colorable s'en trouve d'autres moins teintés et d'autres enfin qui prennent seulement une couleur rose pâle Ce sont les cellules épithéliales qui donnent naissance au lait utérin; leur noyau se charge de sub- stance chromatique, puis ce noyau perd sa structure normale, mêle ses éléments à ceux des corps cellulaires, et enfin la cellule tombe en débris. Dans ce processus de dégénérescence, les cellules restent tantôt isolées, ou bien se fusionnent entre elles. » Après ces auteurs, sur lesquels il n'y avait pas à insister, nous arrivons à la période plus récente, vraiment critique de cet his- 1. Alessandro Tafani, Sulle Condizioni uteroplacentari délia vita fœtale. Firenze, 1886, pages 73 et 74. 2. Peut-être s'agit-il ici de l'angio-plasmode qu'il aurait entrevu. — 110 — torique. Nous allons voir apparaître les interprétations qui font des débris glandulaires un plasmode, désigné sous la dénomination synonyme de syncytium. La première mention de ce prétendu syncytium nous paraît avoir été faite par Fleischmam en 1886 '. Chez le renard, d'après lui, « les villosités choriales pénètrent dans les glandes utérines, dont l'épithélium disparaît ; cet épithélium se transforme, autour des vil- losités, en un syncytium informe, très colorable, parsemé de gru- meaux irréguliers de substance chromatique. On constate que cette transformation se produit graduellement à mesure que les villo- sités pénètrent plus profondément dans les glandes. » Dans son grand mémoire, en 1889, il est plus explicite, et décrit très bien la transformation des glandes de la couche compacte en détritus ^ : « Quand les villosités choriales ont pénétré dans les glandes, l'épi- thélium de celles-ci présente des modifications telles qu'on peut dans toute glande distinguer deux étages, l'un inférieur, l'autre supérieur, voisin de l'embouchure. Dans l'étage inférieur l'épitlié- lium reste cubique et disposé en une seule couche; dans le supé- rieur au contraire les cellules épithéliales deviennent énormes, irré- gulières, étroitement pressées les unes contre les autres, de sorte qu'elles forment une couche épaisse, pUssée, à saillies irrégulières (flg. 2, pl. V) ^ La manière dont ces cellules se comportent vis-à-vis des réactifs colorants met en évidence leurs transformations, car dans la couche supérieure ces cellules ont un noyau qui se colore très fortement, tandis qu'il demeure faiblement teint dans la couche sous-jacente. Les villosités choriales entrées dans les cavités des glandes ne sont pas en contact avec de l'épithélium glandulaire, puisque celui-ci est détruit à leur niveau; mais au contact du sommet de la villosité est une sorte de coagulum informe parsemé de gros amas irréguliers de substance chromatique. Les cellules glandulaires les plus voisines de cette région, et qui ne sont pas encore tombées en détritus, montrent, par la structure remarquable de leur noyau, les transformations qu'elles sont destinées à subir. Dans ces noyaux la chromatine devient de plus en plus abondante 1. A. Fleischemanii, Veber die erste Anlagc der Placenta bei den Rmiblliiereii {Sihungsb. d. phys. nied. Societ. zu Erlangen, 8 nov. 1886). 2. A. Flcischmanti,£m6. Unkrs. — Heft I, £î)i/ieimisc/(e/{aMi//(icre, Wiesbaden, 1889. 3. C'est la figure que nous avons reproduite précédemment (Placenta des carnassiers, lig. XI, dans le texte). — 111 ~ et, au lieu d'une disposition réticulée, se montre sous la forme de grains très colorables. Mes préparations montrent nettement com- ment cette chromatine granuleuse devient de plus en plus tassée, de manière à former des grumeaux, de telle sorte qu'après résorption de la membrane cellulaire et de la membrane nucléaire, les masses cellulaires se fusionnent en un magma informe parsemé de boules chromatiques. Je ne puis retrouver dans ces transformations l'exemple d'un processus ordinaire, normal, car il diffère de tout ce qui est connu relativement à la destruction des noyaux cellulaires. Du reste l'état de conservation de mes pièces m'impose une certaine réserve pour toute interprétation à cet égard. Je n'ai pu moi-même recueillir les utérus de renard, mais les ai reçus, de chasseurs amis, qui les avaient mis dans l'alcool je ne sais combien de temps après la mort de l'animal. » Jusque-là Fleischmann ne parle que des détritus glandulaires; le seul passage qui semble se rapporter à l'angio-plasmode est le sui- vant, et encore n'y est-il guère fait allusion qu'au développement des capillaires et à la disparition du tissu conjonctif; de l'angio- plasmode il n'aurait vu que l'élément vasculaire : « Le tissu con- jonctif de la muqueuse utérine ^ subit aussi des transformations; les faisceaux de fibrilles conjonctives y disparaissent peu à peu, d'abord dans la couche la plus superficielle, puis graduellement dans les couches profondes, c'est-à-dire dans le même sens que pour la destruction de l'épithélium, de sorte que vers la fin de la gestation on ne trouve plus de fascicules conjonctifs que dans les régions les plus profondes. En même temps les cellules du tissu conjonctif se transforment; elles cessent d'être plates pour acquérir un corps protoplasmique volumineux. Certainement il y a produc- tion de nouvelles cellules, et notamment pour le développement des nouveaux vaisseaux sanguins qui sont extrêmement nombreux dans ce tissu. » Ainsi des trois points que nous avons particulièrement en vue dans cet historique, un seul a été bien interprété par Fleischmann, c'est la formation de la couche de détritus glandulaire. Mais il a donné à cette formation le nom de syncytium, expression qui devrait désigner une association de cellules en une masse plasmo- diale. Nous verrons qu'il a plus tard (voir ci-après l'analyse de son 1. A. Fleischmann, Embr. Unt., 1889, page 63. — 112 — mémoire de 1891) regretté d'avoir employé cette expression, à cause des confusions auxquelles elle peut donner lieu; mais nous devons d'abord analyser les travaux des auteurs qui semblent en effet avoir fait ces confusions. De ce nombre est Heinricius, d'abord dans une courte note, puis dans son mémoire complet. Dans sa note à l'Académie de Berlin, Heinricius * : « A mesure que les villosités choriales pénètrent dans les cryptes glandulaires dont l'épithélium disparaît, il se forme autour de ces villosités un véritable syncytium, dans lequel on voit des ramifications vascu- laires. Je ne saurais dire si ce syncytium provient de la transfor- mation de l'épithélium glandulaire, comme l'a indiqué Fleischmann, ou du tissu conjonctif. Semblables formations syncytiales ont été signalées récemment dans divers placentas, notamment par Duval {Biologie, 1887). » Puis, dans son mémoire sur le placenta de la chienne ^ il revient d'une part sur la pénétration des villosités dans les glandes, péné- tration sur le fait de laquelle il fait toutes sortes de restrictions peu précises, et d'autre part sur le prétendu syncytium qu'il a toujours la malheureuse idée de considérer comme l'homologue des formations plasmodiales décrites chez les rongeurs. Dans ce mémoire, après avoir rappelé que l'immense majorité des auteurs admettent une pénétration des villosités choriales dans les glandes, il annonce que ses recherches lui ont démontré qu'une semblable pénétration n'a pas lieu chez le chien. D'après ses études sur une chienne au dix-huitième jour de la gestation, il décrit la couche des glandes superficielles divisée en deux zones : dans la zone inférieure sont les larges dilatations kystiques des glandes, dilatations revêtues d'une simple couche d'épithélium cubique; dans la zone supérieure est un complexus glandulaire en voie d'extension ; ici les glandes sont relativement peu dilatées, ont conservé dans leur ensemble une forme allongée, et ne sont séparées les unes des autres que par de minces cloisons conjonctives. « C'est dans cette zone supérieure que pénè- 1. G. Heinricius, Die Enlwickelmg der Hunde-Placenta [Sitzmgsher. d. Kônigl. Akad. d. Wiss. zu Berlin, 14 février 1880, p. 111). — On trouvera une analyse très détaillée de ce travail dans le Jahrcsherichle de Hermann et Schwalbe, tome XVIII, page 500. 2. G. Heinricius, Veher die Enlwickelung tind Structur der Placenta beim Hunde (Arch. f. mikrosk. Anal., Bd. 33, 1889. Voir pp. 427, 428, 429, 431, 432). — 113 — trent les villosilés choriales; mais ces villosités n'entrent pas direc- tement dans les glandes, mais bien dans le tissu conjonctif placé au-dessous de l'épithélium utérin disparu. Si les villosités ectoder- miques pénétraient dans les glandes, on devrait voir, en de nom- breuses régions, l'épithélium glandulaire en contact avec l'épithé- lium des villosités; or, jamais, du moins au début, on ne voit une villosité disposée librement dans une cavité de glande, mais on trouve toujours du tissu conjonctif ou des cellules glandulaires interposées entre l'ectoderme de la villosité et la lumière de la glande. Immédiatement au-dessous de l'épithélium des villosités on trouve d'ordinaire une très faible quantité de tissu conjonctif par- semé de petites cellules ; puis les cellules glandulaires les plus voi- sines de la villosité sont ou bien séparées d'elle par du tissu con- jonctif, ou bien ces cellules massées, arrivées au contact de la villosité par la destruction ou la transformation de ce tissu conjonctif, sont pourvues de noyaux volumineux, beaucoup plus volumineux que ceux des cellules placées plus profondément, comme le montre la flg. 8 Le tissu conjonctif interposé entre les glandes est alors devenu très rare, car l'épithélium glandulaire s'est très développé, au point qu'il n'y a plus entre deux glandes voisines qu'une très mince cloison ayant juste assez d'espace pour contenir un capil- laire. » « Au début, lorsque les villosités choriales n'ont pas encore pénétré profondément dans la couche des glandes superficielles, on distingue encore bien dans cette couche les deux zones sus-indi- quées, à savoir la zone supérieure à conduits glandulaires perpendi- culairement disposés, et la zone inférieure formée par les larges dilatations kystiques. Alors on ne trouve pas encore la couche des cellules glandulaires subissant le processus de dégénérescence qui se he plus tard au fait de la pénétration des villosités. Cependant les cellules de la partie la plus superficielle des glandes sont déjà modifiées, et notamment leurs noyaux qui sont devenus très volu- mineux. On est naturellement porté à supposer que ces cellules glandulaires hypertrophiées sont en rapport avec la nutrition des cellules fœtales, d'autant que nous verrons plus loin quel rôle impor- tant les cellules des glandes jouent dans la nutrition du fœtus. 1. Cette figure 8 de Heinricius est très analogue à la Gg. 48 de notre planche IVi il s'agit d'une pièce traitée par le liquide de Miiller, Heinricius ayant fixé ses pièces par ce réactif. 8 — 114 — « Lorsque l'embryon a atteint 1 cent. 1/2 de longueur, on retrouve encore, au niveau du placenta, la couche des glandes pro- fondes et la couche des glandes superficielles, et, dans celte dernière couche, la zone des dilatations kystiques, et la zone des glandes allongées, étroitement pressées les unes contre les autres, et déjà un peu dilatées. Dans cette zone pénètrent les villosités choriales, et celte pénétration est accompagnée de modifications profondes de la muqueuse utérine. Il semble que les villosités déterminent dans les cellules glandulaires les plus voisines une destruction qui les transforme en produit destiné à la nutrition du fœtus, et quand ce produit a été utilisé et que les villosités pénètrent plus profondé- ment, les mêmes transformations atteignent les cellules glandulaires plus profondes Alors, au contact des villosités, on trouve une pro- duction qui a les caractères d'un syncy tium renfermant de gros noyaux très colorables; dans ce syncytium on voit des vaisseaux sectionnés transversalement et longitudinalement (van Beneden, Fromel, et Laulanié ont décrit des syncytium analogues). L'extrémité des vil- losités arrive dans une région où la destruction des glandes est manifeste : les cellules glandulaires ne sont plus maintenant en place, elles se fondent, leurs noyaux deviennent libres; un peu plus bas la lumière des glandes est encore bien dessinée, et plus bus encore les dilatations kystiques des glandes sont bien conservées. « Quand le fœtus a atteint 2 centimètres de longueur, les prépa- rations montrent encore mieux la manière dont la muqueuse uté- rine sert à la fois de lieu de développement du placenta et de matériel nutritif pour le fœtus. Alors la couche des glandes pro- fondes n'est pas modifiée; dans la couche superficielle des glandes, tandis que la zone des dilatations kystiques a augmenté d'étendue, au contraire la zone supérieure des glandes à canaux allongés, précédemment serrés les uns contre les autres, cette zone a disparu, ou, pour mieux dire, est devenue le placenta proprement dit. Les villosités choriales arrivent maintenant tout près des dilatations kystiques des glandes; elles en sont séparées par la couche sus- indiquée des glandes eu voie de destruction, couche qui est actuel- lement plus étendue et renferme des éléments divers. « En effet, immédiatement au-dessous des villosités commence une couche d'un tissu en voie de destruction. Celte couche est formée en partie des éléments dégénérés du tissu glandulaire, en partie du produit de sécrétion des dilatations kystiques des glandes - 115 — correspondantes. On y remarque des noyaux fortement colorés, divers de forme et de volume, ronds, allongés, ratatinés, et avec cela des cellules géantes à noyaux faiblement colorés. Il n'y a pas, à proprement parler, de structure dans cette couche, dont les élé- ments ci-dessus énumérés sont jetés sans ordre les uns au contact des autres. Un peu plus bas commence la couche des dilatations kystiques des glandes. « Quand, sur diverses préparations, on suit pas à pas cette pénétration des villosités choriales dans la couche superficielle des glandes, couche dite des glandes en voie de destruction, on voit que, aussitôt après l'arrivée de la villosité en un point, les glandes y subissent la dégénérescence en question, et ainsi graduellement jusqu'à ce que les villosités arrivent au niveau des dilatations kys- tiques de la zone inférieure des glandes superficielles. Là s'arrêtent la dégénérescence et la destruction des glandes, car les dilatations glandulaires kystiques ne sont pas détruites par les villosités; elles ont à remplir une fonction que nous indiquerons bientôt. C'est ainsi que graduellement, de bas en haut, par le fait de la dégénérescence des glandes, se produit un syncytium, qui finalement, lorsque les villosités arrivent aux dilatations kystiques, relie ces villosités entre elles sur toute leur longueur » On voit par ce passage, et par la note où nous le commentons, qu'Heinricius a passé bien près de l'angio-plasmode sans le voir. On en trouvera encore la preuve, si l'on a bien présente à l'esprit notre description de la couche superficielle de l'angio-plasmode et des arcades épithéliales, en lisant encore ces dernières lignes d'Hein- ricius (op. cit., p. 434) : « Lorsque l'embryon a atteint 3 centimètres de longueur, les villosités choriales ont pénétré très profondément jusque dans les dilatations kystiques des glandes. L'épithélium de ces dilatations a disparu au contact de ces villosités. Ainsi toute la couche des glandes superficielles est transformée en ce qu'il faut appeler le placenta; c'est une série de villosités entre lesquelles est 1. Ainsi il n'y a pas de doute, et cette phrase est bien explicite : « un syncytium qui relie les villosités entre elles >> , l'auteur a confondu en une même description le détritus glandulaire et l'angio-plasmode, puisque c'est bien l'angio-plasmode qui relie les villosités entre elles, c'est-à-dire qui se présente comme des séries de lobules interposés entre les villosités primitivement creuses et actuellement pleines de mésoderne allantoïdien. C'est pour arriver à ce passage caractéristique que nous avons reproduit cette longue citation de l'auteur. Sa ligure 10 est également très explicite; comme toujours elle est d'une pièce préparée par le liquide de Millier, c'est-à-dire où les éléments ne sont plus 1 istincts (voir la f\g. 48 de notre planche iV). — 116 — éparse la substance d'un syncytium. Il est remarquable que les vaisseaux maternels sont peu développés et ne paraissent pas jouer un rôle bien particulier dans cette édification du placenta. Sur leurs parties latérales, les villosités sont recouvertes d'un épithélium à petites cellules, mais leurs extrémités profondes, qui ont pénétré dans les dilatations kystiques des glandes, sont revêtues d'un épithélium bien différent. Celui-ci ressemble à celui qu'on rencontre dans la partie du chorion qui forme paroi au sinus latéral. Cette transformation de l'épithéliura se constate dès le point d'entrée des villosités dans les dilatations kystiques; les cellules deviennent plus grosses, avec un noyau faiblement colorable; elles se multi- plient et forment un revêtement de plusieurs couches.... » Après- Heinricius vient Strahl, dont nous avons déjà si souvent cité les nombreuses recherches sur divers placentas. C'est d'abord dans une note sur le placenta du furet, que Strahl parle de la ques- tion du syncytium Ce placenta, dit-il, est assez semblable à celui du chien; la couche glandulaire spongieuse manque ici; par contre il existe un syncytium que l'on a décrit généralement comme un matériel cellulaire maternel en voie de destruction, destiné à servir d'alimentation aux villosités fœtales. Le placenta du furet est particulièrement propre à autoriser cette dernière manière de voir. Il y revient d'une manière plus explicite dans son mémoire de 1890 sur le placenta de la chienne ^ La description est faite d'après une ligure que nous n'avons pas reproduite (fig. 4 de sa planche IX) parce qu'elle est très analogue à la figure 81 de notre planche IV, et que le lecteur pourra suivre sur cette dernière ligure. « La couche a, dit-il (cette couche répond à la région AP de la lig. SI, c'est-à-dire à l'angio-plasmode), au milieu de laquelle sont les vil- losités ectodermi(jues, est formée d'une substance conjonctive par- semée de noyaux, dont les uns sont arrondis, dont les autres sont anguleux et plus petits. Un revêtement épithélial utérin n'est pas visible, mais je suis persuadé qu'il existe cependant, soudé et con- fondu avec l'ectoblaste. » {Op. cit., fig. 192.) A part cette dernière question de l'épithélium utéi'in, sur laquelle 1. SIralil, Ueber (tic Placenta vnn Puloriiis fiirn {Aiiat. Aitzg., 1889, n" IJ).— Oii trouvera une analyse fomplèle île ce travail ilaiis la lievw de llaijem, I. XXXVI, p. 18. 2. Stralil, Untersuclninfieii ulier tien llaii der Placenta. — Ul. Per llnii der lliinde- placenta (Anh. f. Anut. u. Plinxiol. Anat. Alitli., 1890, |i. IS.'i). — H? — nous nous sommes longuement expliqué, on voit que cette couche a est notre angio-plasmode; les noyaux arrondis que signale Strahl sont les noyaux du plasmode; les noyaux anguleux et plus petits sont ceux des capillaires. Strahl a donc bien vu l'angio-plasmode, mais n'en a pas reconnu la nature et la signification car il déclare que, dans le tissu utérin qui sépare deux villosités, il est impossible de distinguer si on est en présence d'éléments épithéliaux ou de tissu conjonctif. — Puis il passe (page 193) à la couche sous-jacente, désignée sur sa figure par la lettre h et qui n'est autre chose que la couche de détritus glandulaire (voir en D, sur la fig. 51 de notre planche IV); il prend ce détritus glandulaire pour un plasmode (syncytium) homologue de celui décrit chez les rongeurs. « La couche b, dit-il (p. 193), présente cet aspect fréquent dans les formations placentaires, et qu'on a désigné sous le nom de syncytium. C'est une masse protoplasmique finement granulée, parsemée de noyaux, déjà signalée par Laulanié, Masquelin et Swaën, par moi et par Klaatsch dans le placenta du lapin, par Fleischmann dans celui du chat, par Frommel dans celui de la chauve-souris. Laulanié a pensé qu'à cet égard toute la portion maternelle du placenta est formée par une immense cellule à noyaux innombrables; Duval et van Beneden, que ce syncytium est en partie formé par des tissus maternels en voie de destruction.... C'est cette formation que Frommel appelle couche déciduale. On voit par l'énoncé de ces diverses interprétations combien il est difficile de se faire une opinion sur ce syncytium, et j'avoue que mes prépara- tions ne me permettent pas de trancher la question. Cependant je ne puis accepter l'opinion de ceux qui ne veulent voir dans cette couche que des détritus de tissus maternels.... » Il n'y a pas lieu de nous arrêter aux détails qu'il donne sur les parties sous-jacentes. En effet c'est très exactement (p. 194) qu'il décrit la couche des cryptes oblitérés en partie par l'hypertrophie de l'épithélium glandulaire (notre couche compacte), puis la couche des grandes dilatations glandulaires (p. 195). — Examinant ensuite les préparations d'un utérus un peu plus avancé, il insiste sur une couche de syncytium en rapport avec les villosités fœtales. Ce syncytium se teinte forte- ment, dit-il, par les matières colorantes, et n'a nullement l'aspect d'un tissu en détritus. Strahl est revenu d'une manière plus explicite sur l'origine de ce syncytium. En effet, en 1890, il consacre un mémoire entier à 8* — H8 — l'étude du syncytium des carnassiers mais comme il décrit exclu- sivement le placenta du chat, nous remettons à plus tard l'analyse de ce travail; nous en donnerons seulement ici les conclusions principales : « Dans le placenta du chat, dit-il {op. cit., p. 132), il se forme un syncytium aux dépens de l'épithélium utérin. Il se développe soit directement de l'épithélium des glandes utérines, les cellules glandulaires perdant leurs limites propres et se fusion- nant en une masse protoplasmique à noyaux multiples, ou bien indirectement, une partie des cellules épithéliales devenant étoilées et anastomosées de façon à constituer un réseau dans la lumière dilatée de la glande. Ce syncytium sert en partie à former un revê- tement continu et complet aux villosités fœtales -, et en plus faible partie est destiné à disparaître, absorbé par les éléments du chorion. » En 1891, Fleischmann, dont le mémoire de 1886 avait ouvert la question du syncytium, reprend cette étude. Il étudie plus spécia- lement le placenta du renard et s'attache d'abord à affirmer plus catégoriquement encore que le placenta est formé essentiellement par la pénétration et le développement des villosités choriales dans les glandes utérines. « On peut considérer les lumières des glandes comme des cavités préformées et se dilatant pendant la gestation, cavités destinées à être pénétrées par les villosités choriales, et c'est ainsi que s'établit un intime entrelacement entre les parties maternelles et les parties fœtales ^ » Quand on voit des villosités qui semblent ne pas pénétrer dans des glandes, c'est l'effet d'une coupe mal orientée qui n'est pas dans le plan de la glande. Il donne une très exacte description du processus qui, dans l'épithélium glandulaire, aboutit à la formation du détritus glandulaire {op. cit., p. 667). « A mesure que les villosités pénètrent dans une glande, l'épi- thélium de celle-ci disparaît; il en résulte que le tissu conjonctif périglandulaire, mis à nu, limite une cavité, précédemment revêtue 1. H. Strahi, Untersuchungen uher den Bau der Placenta. — IV. Die hislologischen Vertindcrungeii der Uterusepithelien in der Raubthierenplaccnta (Arch. f. Anat. imd Physiol. — Anal. Ablh. 1890. Suppl. Bd, p. IIH). 2. Du moment que l'auteur parle d'un revêtement continu et complet des villosités, c'est que bien décidément il confond l'angio-plasmode avec le détritus glandulaire ; c'est l'angio-plasmode qui répond aux faces latérales des villosités ; c'est le détritus glandulaire qui répond à leurs extrémités profondes. 3. A. Fleiscluiiann, Entwickcluiuj und Slnictur der Placenta bel Raubthieren (Sil- znnrjsb. d.preuss. Aknd. d. Wiss. tu Berlin. 9 juillet 1891, t. XXXV, page 061). — 119 — d'épithélium, et qui est actuellement plus large que ne l'était la lumière proprement dite de la glande. En examinant toute l'étendue d'une glande, de sa région profonde jusqu'cà sa partie superfi- cielle, on voit d'abord l'épitiiélium cubique bien conservé de son extrémité profonde se continuer avec une couche d'éléments cylin- driques étroitement pressés, ou de grosses cellules cubiques, qui finalement tombent en détritus de sorte que la paroi conjonctive se trouve à nu. Le bord de cette couche épithéliale dessine des saillies plus ou moins proéminentes dans la lumière de la glande, où on trouve souvent des débris de cellules. Dans les premières périodes du développement du placenta, il n'y a plus trace d'élé- ment épithélial dans les couches les plus superficielles de la muqueuse utérine; aussi n'est-il plus possible de reconnaître les ouvertures des glandes à leurs caractères antérieurs, c'est-cà-dire à leur revêtement épithélial. Mais sur de bonnes coupes longitudi- nales des glandes on peut suivre leur lumière jusqu'aux villosités choriales, en passant par la région où cette lumière est limitée directement par du tissu conjonclif, car alors les villosités choriales pénètrent dans des cavités dépouillées d'épithélium et par suite sont en contact direct avec la paroi conjonctive; c'est seulement au-des- sous de l'extrémité de la villosité que reparaît la couche de cellules épithéliales glandulaires. C'est ce dont j'ai déjà donné une figure démonstrative d'après le placenta du renard, et de nouvelles recher- ches m'ont montré les mêmes dispositions chez le chat et d'autres carnassiers. Mais si la coupe entame obliquement les villosités et les glandes, alors on ne voit pas les rapports exacts des villosités et des glandes. Celles-ci apparaissent comme des cavités closes, recouvertes de tissu conjonclif; ce n'est qu'en tenant bien compte de ce fait, que la partie supérieure des glandes n'est plus dessinée par une couche épithéliale, qu'on peut arriver à la véritable inter^ prétation des faits, telle que je l'ai donnée depuis longtemps. » Mais le passage le plus intéressant de son travail est celui où, après avoir bien établi que le syncytium en question est un détritus glandulaire, il regrette d'avoir introduit cette expression de syncy- tium, il s'élève contre son emploi, puisqu'une pareille expression doit désigner une formation plasmodiale et non un détritus. « L'épi^ théhum des glandes, dit-il (op. cit., p. 669), tombe en dégénéres- cence et ses débris sont représentés par une masse amorphe, irré- gulièrement semée de grumeaux chromatiques» masse qui se trouve — 120 — au-dessous de l'extrémité des villosités choriales. Dans ma pre- mière étude sur le placenta des carnassiers j'ai désigné ce produit de transformation sous le nom de syncytium, pour exprimer en un seul mol cet amas irrégulier de débris nucléaires et protoplasmiques. Mais comme je me suis aperçu que cette expression n'était pas appro- priée et pouvait être cause de malentendus, j'ai renoncé ultérieure- ment à m'en servir. Malheureusement ce terme a été -repris depuis et est devenu l'origine de confusions et d'obscurités à propos des- quelles il est bon que je m'explique ici à fond. « Heinricius et Strahl désignent comme syncytium « une masse « plasmatique finement granulée et semée de noyaux », masse qui, d'après eux, aurait des usages importants, et en particulier celui de servir de matière nutritive pour le fœtus. Ces deux auteurs répè- tent à plusieurs reprises que je partage leur manière de voir. Il n'en est rien, puisque sous le terme en question j'entends parler des éléments des glandes utérines tombées en détritus, et actuellement je regrette formellement de m'ôtre servi de cette expression. L'ori- gine de ce syncytium serait, d'après Heinricius, chez le chien et le chat, les éléments cellulaires du tissu conjonctif de la muqueuse utérine. L'interprétation de Strahl à cet égard est moins précise : le syncytium, dans le placenta du chien, aurait pour origine princi- pale la transformation de l'épithélium utérin et des cellules glan- dulaires en une masse plasmatique finement granulée, mais cepen- dant le tissu conjonctif prendrait encore une certaine part à cette production. « Quant à la destinée ultérieure de ce syncytium, les deux auteurs en question la conçoivent d'une façon bien difïérente. Pour Hein- ricius, le syncytium servirait en partie à la nutrition de l'embryon et disparaîtrait dans les derniers temps de la gestation. Strahl au con- traire pense qu'il sert à former aux villosités choriales un revêtement continu et complet, et qu'il n'est qu'en faible partie résorbé par les cellules choriales des villosités. Ainsi ces deux auteurs désignent par le même nom des choses absolument différentes comme origine et comme fonction, et n'ayant de rapport entre elles qu'une certaine apparence extérieure analogue. Or je ne puis, d'après l'étude com- parée du placenta de tous les carnassiers domestiques, me rattacher aux opinions ni de l'un ni de l'autre. Au début de la gestation l'aspect du tissu conjonctif de la muqueuse utérine se modifie com- plètement, les libres conjonctives disparaissent et les cellules fixes — 121 — acquièrent un corps protoplasmique volumineux. Dans le tissu conjonctif formé de grosses cellules, avec peu ou pas de substance intercellulaire, sont disposés de très nombreux capillaires '. Sem- blables descriptions ont été données par Strahl et par Heinricius. Ce dernier a vu que chez le chat, au lieu d'un tissu conjonctif formé de cellules éloignées les unes des autres, s'anastomosant par leurs prolongements, la couche superficielle de la muqueuse uté- rine se trouvait alors formée de grosses cellules qui étaient fusion- nées comme dans un syncytium. C'est-à-dire que Heinricius consi- dère comme représentant un syncytium les régions où les limites des cellules ne sont plus distinctes. De mon côté j'ai observé des dispositions semblables, mais je ne crois pas qu'il y ail à parler en réalité d'un syncytium, parce que sur d'autres préparations du placenta du chat, d'après des pièces conservées dans d'autres liquides, et sur des coupes différemment colorées, il était facile de reconnaître les limites des cellules transformées du tissu conjonctif. Une pareille disposition est incompatible avec l'idée d'un syncy- tium. D'autre part la manière de voir de Strahl n'est pas plus sou- tenable. L'épithélium des glandes utérines tombe en détritus d'après un processus général de dégénérescence dont tous les traités d'ana- tomie pathologique nous décrivent de nombreux exemples. Dans aucune condition on ne peut concevoir que ce détritus donne nais- sance à un nouveau revêtement cellulaire des villosités » (p. 670). Il était difficile, en n'ayant pas suivi l'évolution de l'angio-plas- mode et son origine ectodermique, d'entrevoir plus nettement que Fleischmanncetangio-plasmode, et d'établir la distinction entre lui et le détritus glandulaire. Mais malgré les efforts qu'il a faits dans ce sens, les confusions de ses prédécesseurs subsistent; elles sont actuellement classiques en Allemagne, si nous en jugeons par ce qui est dit dans le récent traité de Bonnet ^ « En grossissant, dit cet auteur (p. 2S8), les villosités du chorion pénètrent dans une masse plasmodiale dérivée de l'épithélium utérin, masse riche en noyaux autour de chacun desquels n'est pas délimitée une cellule 1. Ce passage est très remarquable; il oiontre que Fleisctimann a très nettement entrevu l'angio-plasmode : il en a bien vu l'élément capillaire: il en a bien vu l'élément plasraodial, mais il l'a cru d'origine conjonctive. Nous aurons, à propos du placenta du chai, à revenir sur quelques-uns des détails qu'il donne ici, notamment sur la dis- tinction et la séparation plus ou moins dessinée des éléments (cellules) du plasmode. 2. Bonnet (Robert), Grundriss der Entwickehmgsgeschichte der Haussàvgethiere, Berlin, 1891. — 122 — distincte; c'est ce syncylium qui est la première trace de la portion utérine du placenta, et qui revêt les villosilés clioriales. Il se con- tinue avec Tépithélium des glandes; celles-ci émettent des ramifica- tions et des bourgeons latéraux, dans lesquels pénètrent les villo- sités qui prennent ainsi une disposition ramifiée. Les vaisseaux maternels, entourés d'un tissu conjonctif à gros noyaux, sont séparés du sang fœtal par le syncylium et par Tépithélium du chorion. Par ces formations épithéliales, conjonctives et vasculaires, la muqueuse utérine devient placenta maternel, et les villosités choriales s'unis- sent avec elle de la manière la plus intime. Les villosités choriales, vascularisées par l'allantoïde, pénètrent jusque vers le fond des glandes utérines dilatées.... » Bien plus, ces confusions, acceptées parRomiti, lui servent pour revenir sur les anciennes conceptions d'Ercolani, et montrer qu'Ercolani avait bien vu le vrai processus de développement du placenta. En effet Romiti ' a donné un bon résumé de ce que Stralil appelle syncylium, et il y voit une confirmation des idées de son compatriote Ercolani sur la néo formation utérine placentaire. « En résumé, dit-il {op. cit., p. 24), le syncylium naît d'une transformation spéciale de l'épilhélium glandulaire et arrive h former au-dessus des glandes une couche continue; les villosilés choriales pénètrent celte couche, et s'en forment un revêlemenl particulier. Ainsi, en définitive, ces villosilés plongent dans une néoformation provenant de l'utérus et s'en revêtent; substituons à la néoformation épilhé- liale de Slrahl la néoformation déciduale d'Ercolani, et le résultat est le même. » De là une série nouvelle de confusions et de mal- entendus dans l'histoire du placenta, car, considérant comme homo- logues le prétendu syncylium des carnassiers et le plasmode eclO' placentaire des rongeurs, Romiti est amené à assimiler ces deux formations : « Ce que, dit-il, Strahl décrit comme prolifération de l'épilhélium utérin n'est autre chose que la formation déciduale d'Ercolani, formation déciduale qui, à part la question de savoir si elle est d'origine maternelle, ou bien d'origine fœtale, comme le veut Duval, présente chez le lapin ces singulières modifications, etc. » {op. cit., p. 27). Voilà les confusions auxquelles on aboutit, et qui ont si singulièrement obscurci l'histoire du placenta, parce qu'on a \. Romiti {G.), SuU'Anatomia deU'utero (jravido [Monilore Zoologico italiano, 18 fé- vrier 1891, 11» 2, page 2.3). — 123 — voulu en étudier l'évolution en empruntant des fragments de son histoire aux mammifères les plus divers. Il faut étudier séparément et bien distinctement l'évolution du placenta de chaque type, de chaque espèce, et seulement alors chercher les rapports généraux qui peuvent exister entre ces types bien connus. C'est conformé- ment à cette méthode que nous n'avons pas même voulu mêler l'histoire du placenta du chien à celle du placenta du chat, mais étudier complètement et à part chacun d'eux, et nous croyons que nos études y gagneront en précision et en exactitude. Nous avons réservé pour la fin de cet historique, et du reste con- formément à l'ordre chronologique, un travail récent de la plus haute importance. On peut se demander comment il est possible que, à une époque où les embryologistes s'attachent avec tant de soin à la recherche des premières traces d'une formation, personne n'ait observé les saillies ectodermiques intercapillaires, leur pro- gression dans les interstices des capillaires, et la manière dont elles arrivent à envelopper ceux-ci ; c'est là l'origine de l'angio-plasmode, c'est là la clef de son interprétation. Or cette étude vient d'être faite; ces dispositions ont été vues; malheureusement cette élude a été faite par un élève de S trahi, dans l'institut anatomique de Strahl, à Marburg, et sans doute sous la direction de Stralil. Or nous savons que pour Strahl la persistance de l'épithélium utérin est un dogme; il avoue ne plus en apercevoir aucune trace à un certain moment; mais, n'importe, il croit à sa persistance; ce n'est plus une question de fait, c'est une affaire de foi. C'est pourquo son élève et assistant, voyant les dispositions que nous avons décrites sous le nom de saillies ectodermiques intercapillaires, n'a pu faire autrement que de considérer ces saillies comme formées par l'épithélium utérin; voyant ces saillies envelopper les capillaires, puis former entre ceux-ci des travées plasmodiales qu'il décrit et figure très nettement, il a considéré ces travées comme des végéta- tions de l'épithélium utérin. On voit que ce mémoire, dont l'auteur est Liisebrink, mérite de nous arrêter ^ Liisebrink s'occupe d'abord des villosités ectodermiques : les des- criptions qu'il leur consacre doivent être reproduites ici, car elles servent d'introduction à ce qu'il dit ensuite relativement à l'angio- plasmode. 1. F.-W. Liisebrink, Die erste Entwickelung der Zotten in der Hmde-placenta (Anatomische Hefte herausgegeben von Merkelmd Bonnet^ II Hefte, 1892, p. 163). — 124 — « Mes préparations, dit-il [op. cit., p. 169), éclaircissent nettement la question de la pénétration des villosités clioriales dans les glandes utérines. Sur des coupes d'un utérus au vingtième jour, où l'embryon et l'utérus avaient été fixés et durcis dans leurs connexions nor- males, l'amnios étant encore à demi ouvert, on voit à ce niveau l'épithélium utérin parfaitement conservé, quoique ses cellules soient devenues minces et plates k Dans ce même point quelques rares glandes utérines sont encore ouvertes, mais le plus grand nombre est fermé et cette occlusion est produite par une végéta- tion épitbéliale qui en occupe le col et se continue avec l'épitliélium de la surface utérine. La cavité de ces glandes, large dans leur partie moyenne et profonde, où elle se prolonge en diverticules latéraux, se rétrécit à leur extrémité supérieure et finalement est obturée par un bouchon épilhélial, dont les éléments se colorent- fortement et se continuent avec l'épithélium de la surface. Il y a donc côte à côte des glandes utérines fermées et des glandes demeurées ouvertes K Or les villosités choriales pénètrent non seu- lement dans les glandes ouvertes, mais encore dans celles qui sont fermées. » Partant de ces données, Lûsebrink distingue deux espèces de villosités choriales : les villosités primaires qui pénè- trent dans les grosses glandes, dont la lumière est libre, au moins en partie; les villosités secondaires qui ont à se frayer un cliemin dans les cryptes de Bischoff dont la lumière est oblitérée. Il dis- tingue encore des villosités choriales tertiaires, mais dont nous ne parlerons que plus tard. « Au vingt et unième jour les villosités primaires ne sont plus complètement libres dans le col des grandes glandes correspon- dantes, mais se trouvent revêtues d'une duplicature de l'épithélium utérin, épithélium reconnaissable à la teinte foncée qu'il prend par l'action des réactifs colorants, et caractérisé par sa non-individuali- sation en cellules distinctes, ce qui en fait un véritable syncylium Ainsi ces glandes sont secondairement occluses, et on ne peut plus 1. Nous sommes, on l'a vu, parfaitement d'accord sur ce point avec Liiscbriniv : au 20° et m^me au 2-4'' jour (voir la figure 4a de notre pl. IV), l'épithélium utérin est conservé dans la région de l'amnios ; mais c'est que cette région est en retard sur les autres. Nous avons à diverses reprises insisté sur ces dispositions. 2. Cette distinction n'a aucune jiortée ; l'auteur lui-méuie dira plus loin ([ue les glandes demeurées ouvertes se ferment à leur tour. 3. Ce syncylium est un détritus glandulaire, il est presque snperllu de le faire re- marquer. — 125 — dire que les villosités correspondantes sont libres dans leur cavité (p. 174). « Quant aux villosités secondaires, au vingt et unième jour, l'épi- tliélium utérin s'est aussi transformé à leur niveau en un syncy- tium qui est très adhérent à la villosilé, d'autant plus que ce syn- cytium envoie des prolongements entre les cellules ectodermiques de cette villosité » (p. 175). A propos de l'œuf au vingt-cinquième jour il insiste de nouveau sur l'origine de ce syncytium aux dépens de l'épilhéliura utérin (p. 177). Vient alors la partie du mémoire où il est question de la forma- lion que nous avons nommée angio-plasmode, à sa première ori- gine, c'est-à-dire à l'état de saillies ectodermiques inlercapiilaires. « Au vingt et unième jour, dit l'auteur (p. 176), commence à bien se dessiner un processus qui devient plus évident encore les jours suivants : les cryptes glandulaires dont les orifices se sont occlus s'enfoncent de la superficie vers la profondeur; par suite s'insinue entre l'épithélium utérin et ces cryptes un tissu conjonctif de nou- velle formation remarquable par l'abondance et la régularité de son réseau capillaire. Dans ce tissu sous-épilhélial, à mesure que les cryptes sont repoussés vers les couches profondes ', on voit pénétrer, de haut en bas, des cordons dérivés de l'épithélium utérin, cordons qui s'étendent et s'anastomosent en réseaux. Ces tractus cellulaires proviennent bien évidemment, comme le montrent les coupes bien perpendiculaires à la surface, d'une végétation de l'épithélium utérin dans la profondeur, et j'en ai la confirmation dans l'étude des stades ultérieurs, où je vois ces végétations entourer les capillaires de nouvelle formation. Ainsi il ne peut être question ici d'une destruction de l'épithélium utérin, mais au contraire de productions nouvelles dérivées de cet épithélium. » Tout ce passage est une excellente, très excellente description de la formation de l'angio-plasmode, à condition de substituer le mot ectoderme à celui û" épithélium utérin. On comprend donc pourquoi 1. L'auleur a tort de dire « à mesure que les cryptes sont repoussés vers la pro- fondeur » ; il faut dire : « à mesure que ce tissu (couclie des capillaires) s'épaissit et se développe vers la superficie ». Combien n'avons-nous pas insisté sur cette sorte d'efflo- rescence de la couche des capillaires ; voir notamment les détails donnés, clans la description de la lig. 45, sur les différences de niveau de la surface utérine, entre la région médiane et les parties latérales de cette figure. Quoi qu'il en soit, on voit que Liisebrink décrit ici la couche des capillaires. - 126 - nous avons dit « malheureusement » cette étude a été faite dans le laboratoire de Slralil, où le dogme de la persistance de Tépitliélium utérin ne pouvait être ébranlé ; et en effet Liisebrink lui donne une merveilleuse extension, puisqu'il en fait la source des néoforma- tions placentaires. Celte description est accompagnée d'une excel- lente figure, que nous ne jugeons pas nécessaire de reproduire, car elle est très analogue aux figures 46 et 47 de notre planche IV. Avant de terminer les citations empruntées à Liisebrink, faisons remarquer que le dernier passage que nous allons reproduire se rapporte déjà en partie au stade que nous étudierons bientôt, c'est- à-dire au stade de remaniement de l'angio-plasmode. Ainsi cet auteur a bien vu, mais mal interprété, et la formation et le rema- niement de l'angio-plasmode : « Au vingt-cinquième jour, dit-il (p. 178), le tissu conjonctif sous-épilhélial montre un grand déve- loppement des capillaires, qui foi'ment un réseau régulier; avec les cellules qui les revêlent, et dont il va être question à l'instant, l'ensemble de ces capillaires dessine une sorte de méandre com- pliqué. La paroi de ces capillaires est formée par une simple couche de cellules endolhéliales à gros noyaux. Dans les espaces disposés entre ces capillaires, on voit, à un fort grossissement, des travées de cellules disposées de telle manière qu'on peut y distinguer deux couches : la couche qui est en contact immédiat avec le capillaire est caractérisée par la teinte foncée que lui donnent les réactifs colorants, et ses connexions évidentes avec l'épithélium utérin encore présent à la surface de la muqueuse permettent de recon- naître dans la couche en question un dérivé de répilliélium utérin. La couche située plus en dehors du capillaire est formée de cel- lules moins colorables, présente des noyaux plus volumineux et se montre en continuité avec l'ectoderme cliorial dont elle dérive. Comme le montrent les stades ultérieurs, ces cordons ectodermi- ques sont pénétrés par les vaisseaux et le tissu conjonctif de l'allan- toïde. Ces cordons représentent donc une troisième forme de villo- sités choriales, que j'appelle villosités tertiaires. Elles jouent un rôle essentiel dans la formation du placenta, comme le montrera la suite de ce travail. » Au moment où nous écrivons ces lignes, la suite du mémoii'e de Liisebrink n'a pas encore été publiée. Nous sommes vraiment heureux d'avoir pu terminer cet histo- rique par l'exposé des résultats de Liisebrink, car nous y trouvons, malgré la discordance la plus complète en apparence, en réalité la — 127 — confirmation la plus nette de notre manière de voir. Nos études sur le plasmode placentaire des rongeurs et son origine ectoclermique ont été confirmées de divers côtés; cependant Strald et son école résistent encore; mais le jour où il reconnaîtra que l'épithéliura utérin disparaît chez les carnassiers et chez les rongeurs, il sera nécessairement amené à reconnaître le rôle de l'ectoderme dans les édifications placentaires, et par suite la vraie nature des formations plasmodiales ou syncytiales du placenta. Les travaux de Strahl por- tent l'empreinte d'une ardente recherche de la vérité et d'une entière bonne foi ; nous comptons donc le voir bientôt rallié à notre manière de voir, et ce sera l'une des plus grandes satisfactions que nous puissions éprouver à cet égard que de voir cet éminent ana- tomiste, après des hésitations multiples, adopter enfin la concep- tion que nous défendons. D. — Remaniement de V angio-plasmode . Comme pour le placenta des rongeurs, nous étudierons sous le titre de remaniement de l'angio-plasmode le processus par lequel les vaisseaux allantoïdiens et le mésoderme correspondant pénè- trent les masses plasmodiales ectoplacentaires, les subdivisent, et les amènent à l'état de complexus canaliculaire ou laraelleux, qui, chez le chien, présente une disposition labyrinthique toute spé- ciale. Ce processus commence vers le trente ou trente-deuxième jour, c'est-à-dire vers le milieu de la gestation, qui est, chez la chienne, de cinquante-huit à soixante-quatre jours; il est achevé vers le quarante ou le quarante-cinquième jour, sans que nous puissions bien préciser cette date, parce que nous n'avons pas tou- jours pu savoir exactement à quelle époque avaient été couvertes les femelles qui nous étaient amenées avec un abdomen volumi- neux, ne laissant aucun doute sur leur état de gestation. En effet, toutes les femelles que nous avions fait couvrir, avec enregistre- ment de la date de cet acte, ayant été sacrifiées pour l'étude des premiers stades, nous avons dû nous contenter, la plupart du temps, pour le stade actuel, de noter les dimensions du fœtus et d'établir ainsi une sériation des pièces recueillies C'est pourquoi 1. La plupart des traités d'Anatomie et de Physiologie à l'usage des vétérinaires et notainraent G. Colin (Physiologie comparée des animaux, 1873, t. II, p. 858) donnent un tableau des dimensions du fœtus à chaque âge, pour les diverses espèces domes- tiques; mais, vu les différences de taille si considérables selon les races de Chien, il — 128 — nous ne saunons établir ici, comme nous l'avons fait pour les ron- geurs, une limite chronologique précise entre le stade de remanie- ment et quelque chose qui correspondrait à un stade d'achèvement (voir Placenta des Rongeurs), et, après le remaniement de l'angio- plasmode, nous ferons, sous le nom d'étude du placenta à terme, l'examen de quelques dispositions très spéciales qu'on trouve dans les placentas recueillis environ dans les quinze derniers jours de la gestation. Les transformations qui se produisent pendant la période de remaniement doivent être étudiées : 1" dans les formations fœtales (angio-plasmode et dérivés allanloïdiens) ; 2° dans les formations maternelles (couches de détritus glandulaires, couche spon- gieuse, etc.), dont la plus grande partie est graduellement résorbée; enlin, lorsque ces résorptions sont achevées, lorsque le remanie- ment de l'angio-plasmode est complet, nous examinerons comment sont détinitivement établies les connexions des parties fœtales et maternelles, c'est-à-dire comment le placenta adhère au terrain maternel. 1" De V angio-plasmode pendant son remaniement. a. Formation des complexus ou systèmes labyrinthiques. — La des- cription générale du processus de remaniement est très simple, car nous allons voir se reproduire ici ce que nous avons vu chez les rongeurs, une pénétration graduelle du mésoderme et des vaisseaux allantoïdiens dans les masses ectoplacenlaires, de façon à établir entre le sang fœtal et le sang maternel des rapports de voisinage de plus en plus intimes ; mais les dispositions anatomiques auxquelles aboutit ce remaniement, les caractères particuliers, topographiques qu'il détermine sont un peu plus complexes; leur résultat est la formation de ce que nous nommerons systèmes ou complexus de lamelles labyrinthiques. Nous avons terminé l'élude de la formation de l'angio-plasmode par l'examen de la figure 52 (pl. V), au trentième jour de la gesta- tion, et nous avons résumé nos descriptions en disant qu'alors l'angio-plasmode forme une couche continue, creusée à intervalles très rapprochés par des cavités en doigt de gant, contenant du mésoderme et des vaisseaux allantoïdiens (villosités allantoï- esl évident que ces tableaux i;énéraux ne pouvaient nous fournir des indications pré- cises, alors que nous empruntions nos matériaux aux animaux de n'Importe (incllc taille fournis par la foui'rière. diennes), cavités qui traversent l'ecloplacenta de sa surface fœtale vers sa surface maternelle, c'est-à-dire de la superficie vers la profondeur, où elles sont limitées par les arcades épithéliales ou arcades ectodermiques (A E, fig. 52). Nous n'aurons guère à nous occuper pour le moment de ces arcades, dont les dimensions et la forme subissent seules des modifications notables, mais dont la constitution est peu modifiée, et c'est seulement en examinant la résorption des tissus maternels sous-jacents, puis les connexions du placenta avec le terrain maternel, que nous reviendrons sur l'étude de ces arcades. Nous allons donc concentrer toute notre attention sur la couche angio-plasmodiale et les villosités allantoï- diennes qui y sont implantées. Remarquons encore une fois que la couche angio-plasmodiale est continue; mais que, sur les coupes perpendiculaires à son plan, elle prend une apparence lobulée, chaque masse angio-plasmodiale interposée entre deux villosités allantoïdiennes présentant l'aspect d'un petit lobule; précédemment nous avons trouvé avantage, pour la commodité des descriptions, à employer l'expression de lobule angio-plasmodial ou lobule eclo- placentaire, quoique cette expression réponde plus à des appa- rences qu'à la réaUté; nous allons en faire également usage par la suite, tant qu'elle ne nous exposera pas à des conceptions erronées. C'est au trente-deuxième jour, avec les figures 53, 54, 55 et 59 que nous commencerons l'étude du remaniement des lobules ecto- placentaires par pénétration graduelle dans leur intérieur des élé- ments mésodermiquee et vasculaires venant des villosités allantoï- diennes interposées à ces lobules. La figure 53 (pl. V) représente, à un très faible grossissement, une portion d'une coupe longitudinale d'un renflement utérin au trente- deuxième jour. On y voit à la fois la région placentaire de l'œuf et sa région polaire, dont l'extrémité (en P) correspond au canal utérin interposé entre deux renflements voisins. Sans nous arrêter ici sur l'aspect que présente l'ensemble de la coupe du placenta, dispositions bien intelligibles par les descriptions données précé- demment, ni sur l'aspect que présente l'ensemble de la coupe du corps du fœtus, nous nous arrêterons seulement sur ses membranes, et spécialement sur l'allantoïde, la figure en question ayant spécia-^ lement pour objet de fournir des données sur l'extension de la vési- cule allantoïdienne à cette époque. On voit que le fœtus est enveloppé — 130 — dans son amnios. La membrane qui occupe la partie toute supé- rieure de la figure est la paroi de la vésicule ombilicale, et, en sui- vant cette membrane vers la droite, on voit qu'au niveau de la région polaire, elle se juxtapose à la face profonde du chorion, pour former, avec lui, les parois des extrémités polaires de l'œuf. (Voir, ci-dessus, nos schémas, fig. VI et VII.) Au-dessous du fœtus, on voit la cavité de l'allantoïde (AL), dont la paroi est libre, sans adhérences du côté de l'amnios (plus lard celle paroi se soude inti- mement avec la surface extérieure de l'amnios), tandis qu'elle est, du côté du placenta, complètement fusionnée avec la lame mésodermique du chorion, et se continue, sans aucune ligne de démarcation, avec les villosités mésodermiques qui pénètrent dans l'angio-plasmode. C'est ainsi que les vaisseaux allantoïdiens se ramifient dès maintenant dans ces villosités, que nous nommons actuellement villosités allantoïdiennes, et dont nous avons précé- demment suivi les premiers stades de formation sur les figures 42, 51 et 52. Le fait le plus important est relatif à l'extension longitudi- nale (dans le sens de l'axe de l'œuf) de la vésicule allantoïde; en effet elle a acquis dans ce sens un point qu'elle ne dépassera pas; elle arrive jusqu'au niveau du bord du placenta, jusqu'à la limite externe de la région de la bordure verte (en b, figures 53 et 54; voir aussi l'extrémité droite de la tigure 55). Aussi dès ce moment les vaisseaux de l'allantoïde pénètrent, dans toute l'étude du placenta, les villosités mésodermiques, lesquelles sont ainsi vas- cularisées jusque dans leur extrémité profonde (au trentième jour, il n'y avait de vaisseau que dans quelques villosités, et seulement à leur base : fig. 52). Les figures 54 et 55, destinées surtout à l'étude de la région de la bordure verte, ne comprennent (en AP, AP) que les lobules d'angio- plasmode les plus voisins du bord du placenta, et dans ces lobules le travail de remaniement est à peine indiqué, par quelques enco- ches qui commencent à déchiqueter la ligne de contour des lobules. La figure 59, également du trente-deuxième jour, mais prise dans les régions médianes de la ceinture placentaire, montre bien la subdivision des lobules d'angio-plasmode par pénétration du tissu mésodermique. Il faut arriver au trente-cinquième jour pour que ce processus soit extrêmement caractérisé : c'est ce que montre la figure 60. Alors chaque lobule est pénétré dans toute son intimité par des cloisons mésodermiques qui le décomposent en un complexus de travées d'angio-plasmode anastomosées les unes avec les autres. Pour suivre dès lors les progrès de ce travail de pénétration du méso- derme fœtal, il nous suffira d'indiquer les figures successives qui forment série à cet égard, et de préciser en quelques mots les dis- positions qui les caractérisent. La figure 65 (pl. VI) est du trente-septième jour. Ici le remanie- ment n'est guère plus avancé que sur la figure précédente; mais cette pièce était remarquable par l'état avancé de la résorption des tissus maternels. (Il n'y a plus, au-dessous du placenta fœtal, comme reste des couches glandulaires, que les hautes lamelles mésentéri- formes, sur l'étude desquelles nous insisterons plus tard.) Par contre le remaniement est très avancé, sur la figure 66, du trente-huitième jour. Ici les lobules d'angio-plasmode sont nette- ment décomposés, chacun en un complexus de cordons noueux, irréguliers, et anastomosés entre eux. L'expression de cordons répond bien à l'apparence que donnent les coupes; mais il s'agit en réalité de lamelles, comme le prouve la comparaison de coupes perpendiculaires et de coupes parallèles à la surface du placenta. Nous emploierons donc désormais l'expression de lamelles angio- plasmodiales et nous donnerons, à l'ensemble correspondant à un ancien lobule, le nom de complexus labyrinthiqiie, en raison de l'enchevêtrement compliqué des lamelles qui le forment (voir ci- après la figure 7o, pl. VII). Nous pourrons donc aussi dire lamelles lahyrinthiques comme synonyme de lamelles angio-plasmodiales. La figure 67, du quarantième au quarante-cinquième jour jus- tifie ces dénominations; les deux lobules placentaires représentés sur la partie droite de la figure sont entièrement décomposés en un complexus de cordons pressés les uns contre les autres, se divi- sant et s'anastomosant d'une manière irrégulière et présentant bien un aspect labyrinlhique. — Dès ce moment nous sommes arrivés au terme du remaniement; jusqu'à la fin de la gestation, la formation angio-plasmodiale conservera, examinée à un faible grossissement, c'est-à-dire dans une vue d'ensemble, l'aspect que nous venons de décrire. (Voir les figures 72 et 73, pl. VII.) 1. Ici commencent les pièces pour lesquelles, ainsi qu'il a été dit précédemment, nous ne pouvons donner un âge exact. Le fœtus du placenta de la figure 67 était long de 69 millimètres, ce qui, d'après le tablean de G. Colin, le place au commence- ment de la 6° semaine. — 132 — Après avoir examiné les dispositions d'ensemble aaxquelles aboutit le remaniement de l'angio-plasmode, il nous faut élucider les questions suivantes, se rapportant à une analyse plus intime des parties. D'abord démontrer que les complexus labyrinlliiques sont formés de lamelles et non de tubes, comme le ferait croire au pre- mier abord l'examen d'une coupe isolée; puis examiner la constitu- tion de ces lamelles; enfin voir si le remaniement ne donne pas lieu à d'autres formations que ces lamelles; et nous verrons qu'il donne en effet naissance à de grands canaux de distribution du sang maternel. b. Lamelles labynnthiqiies. — Toutes les figures que nous venons d'étudier (tig. 60, 65, 66, 67) sont d'après des coupes perpendicu- laires à la surface du placenta; à leur premier examen naît l'impres- sion que les complexus labyrintbiques seraient formés de tubes, qui seraient disposés verticalement de la région profonde maternelle vers la région superficielle (fœtale) du placenta; ces tubes se dicho- tomiseraient, s'anastomoseraient, auraient un trajet flexueux, mais la direction générale serait perpendiculaire au placenta, c'est-à-dire auraient la direction même de la coupe ; mais pour contrôler cette interprétation, il faut examiner des coupes faites dans un autre sens, parallèlement à la surface du placenta. S'il s'agit en effet de tubes, ils seront, dans ces coupes, sectionnés perpendiculairement à leur direction générale; on les verra isolés, ayant chacun leurs contours distincts, séparés de leurs voisins. Or ce n'est pas ce que donnent les coupes en question. Dans quelque direction que soit pratiquée la coupe, jamais nous ne sommes en présence d'aspect répondant à celui d'un tube ou d'un cordon sectionné transversa- lement, mais nous trouvons toujours l'apparence de cordons enta- més selon leur axe. Il est évident que ce résultat ne peut être produit que par des lamelles, placées les unes à côté des autres, s'étendant irrégulièrement dans toutes les directions, s'anastomo- sant les unes avec les autres, mais ayant cependant celte disposition générale de monter de la partie profonde vers la partie superfi- cielle (ou fœtale) du placenta. Nous examinerons plus tard quelles sont leurs connexions dans les parties profondes et dans les super- ficielles, c'est-à-dire à leurs origines et à leurs terminaisons. Pour le moment c'est leur forme de lamelles qu'il faut bien démontrer. Nous n'avons pas cru nécessaire de multiplier les figures à cet égard. En effet, pour les premiers stades du remaniement, il nous — 433 — suffira de dire, sans l'avoir représenté, qu'une coupe horizontale d'une formation angio-plasmodiale, au 35"= jour, donne exactement, pour le plasmode en voie de remaniement, les mêmes aspects que ceux de la figure 60, qui est d'après une coupe perpendiculaire au même âge ; c'est-à-dire que, malgré les apparences de la ligure 60, la pénétration du tissu mésodermique ne se fait pas de manière à circonscrire et isoler des travées ou cordons, mais se produit par nappes ou cloisons de manière à modeler des lamelles. Il en est de même, est-il besoin de le dire, pour les coupes horizontales des pièces qui ont été représentées en coupe perpendiculaire dans les figures 65, 66 et 67 précédemment étudiées. C'est seulement pour un placenta arrivé au terme du remaniement que nous avons jugé nécessaire de reproduire une coupe transversale, qui doit nous servir à démontrer divers détails, outre celui actuellement en question. Cette coupe est représentée dans la figure 7S (pl. VII), à un grossissement de 22 fois. On y voit bien ce que nous avons annoncé, c'est-à-dire l'apparence de cordons d'anglo-plasmode, qui courent dans le plan de la coupe, en se bifurquant et s'anastomo- sant; et puisque semblable est l'aspect des coupes perpendiculaires, au même âge (voir les flg. 72 et 73, pl. VII), il est bien évident que le complexus angio-plasmodial est formé non de tubes, mais de lamelles labyrinthiques. Cette figure 75 doit nous servir encore à revenir une dernière fois sur la disposition de l'ensemble du placenta fœtal, sur la valeur de l'expression de lobule d'angio-plasmode. Au début de la période de remaniement nous avons assez insisté sur ce fait que l'angio-plasmode n'est pas réellement subdivisé en Ilots distincts, en lobules séparés, mais qu'il forme une couche continue, creusée à intervalles très rapprochés par des cavités en doigt de gant, rem- plies par les villosités mésodermiques allantoïdiennes. Il en est de même quand le remaniement est accompli, et la coupe horizontale de la figure 75 nous montre en effet la continuité des diverses masses d'angio-plasmode amené à l'état de lamelles labyrinthiques; seulement les villosités allantoïdiennes sont le plus souvent apla- ties; elles dessinent des cloisons (1, 1, flg. 75) et non plus des pro- longements en forme de doigt de gant. Il en résulte une tendance à un isolement mieux dessiné des masses angio-plasmodiales (2, 2, fig. 75) interposées entre deux de ces cloisons; de sorte qu'alors l'expression de lobule n'est plus si contraire à la vérité qu'elle 9* — 134 — l'était tout au début ; chaque lobule est un coraplexus de lamelles labyrinthiques anastomosées entre elles et avec celles des com- plexus voisins (fig. 75). Nous avons donc pu et nous pourrons encore, sans trop manquer à la vérité, employer cette expression de lobule, qui, si commode pour la description, ne répondait au début qu'à des apparences, données par les coupes perpendicu- laires, mais qui finalement répond jusqu'à un certain point aux dispositions réelles, telles qu'on les observe sur des coupes hori- zontales du placenta presque à terme. Disons enfin que les détails minutieux dans lesquels nous venons d'entrer à cet égard trouve- ront leur excuse lorsque nous étudierons le placenta du chat, et qu'il s'agira de comparer le groupement de ses complexus de lamelles labyrinthiques avec celui du placenta du chien. c. Constitution des lamelles labyrinthiques. — Antérieurement à son remaniement, le lobule d'angio-plasmode était formé (fig. 52) d'une masse plasmodiale renfermant de nombreux capillaires mater- nels, épars sans ordre sensible ; les éléments fœtaux (plasmode et ses noyaux) et les éléments maternels (capillaires) n'étaient pas régu- lièrement coordonnés les uns par rapport aux autres. Par le rema- niement une disposition précise et constante de ces parties est réalisée et aboutit à la constitution type des lamelles labyrinthi- ques. Il est facile d'en suivre pas à pas les progrès. On voit en effet, en comparant les figures 52, 60, 65 et 66, que, à mesure que le lobule primitif (fig. 52) est divisé en lames, chacune de ces lames arrive à contenir, sur la coupe, un moins grand nombre de capil- laires que n'en renfermait le lobule dont la lame en question est un fragment; finalement, lorsque l'état définitif de lamelle est obtenu, on ne trouve plus qu'un capillaire dans chacune de ces lamelles, disposition qu'on entrevoit déjà assez nettement sur la figure 66, puis sur les figures 72 et 73, malgré leur faible grossis- sement, mais qu'on constate bien plus nettement sur la figure 74 (pl. VII) : la lamelle vue en coupe se présente comme formée sur ses deux faces par du plasmode avec ses noyaux, et dans sa partie médiane par un capillaire que la section intéresse dans les direc- tions les plus diverses, de sorte que sa coupe est circulaire, ou elliptique, ou très allongée. En un mot la lamelle labyrinthique est formée par un réseau capillaire étalé en un seul et unique plan, réseau qui, sur ses deux faces et dans ses intervalles, est soutenu par du plasmode ectoplacentaire. Qu'on se figure un grillage métal- - 135 — lique à mailles étroites; que sur les deux faces de ce grillage on étende une pâte quelconque, qui remplisse les intervalles du gril- lage et en englobe complètement les travées, mais de manière à en dessiner cependant la saillie à la surface, on aura ainsi une lame qui schématisera exactement la lamelle labyrinthique. On fabrique actuellement des carreaux de verre qui renferment dans leur épaisseur un grillage métallique : dans cette réalisation de notre comparaison, le grillage métallique inclus représente le réseau capillaire, le verre, qui produit l'inclusion, représente la partie plasmodiale de la lamelle labyrinthique. En même temps que se produit cette disposition des capillaires et du plasmode, les noyaux de ce dernier arrivent à se coordonner également d'une manière assez régulièrement définie. Au début (fig. 52) ces noyaux étaient jetés sans ordre entre les capillaires, disposés ici en une seule rangée, groupés ailleurs en masses plus ou moins considérables. A mesure que le lobule d'angio-plasmode est fragmenté en lames, puis en lamelles, les noyaux se trouvent rejetés à la périphérie, dans les couches voisines de la surface. La figure 63 (pl. VI) représente un fragment d'angio-plasmode en voie de remaniement au trente-septième jour (fragment emprunté au placenta dont une vue d'ensemble est donnée par la fig. 65). Ici les capillaires sont encore nombreux, c'est-à-dire forment encore plusieurs couches; mais déjà les noyaux sont peu nombreux entre ces capillaires; par contre ils sont tassés et disposés en plusieurs couches à la périphérie de cette grosse lame. La figure 62, qui est du trente-huitième jour, présente un remaniement plus avancé, mais cependant non achevé encore, les fortes encoches qu'on observe à la surface de l'angio-plasmode (AP) indiquant la pénétration de poussées mésodermiques qui vont amener finalement la subdivi- sion de cette lame en lamelles labyrinthiques achevées. Or on voit ici que non seulement les noyaux deviennent plus rares entre les capillaires et se tassent à la périphérie, mais on constate déjà que la zone de plasmode qui confine immédiatement à un capillaire devient plus claire et ne contient pas de noyau. Ainsi se trouvent graduellement réahsées les dispositions définitives que nous pou- vons étudier sur les figures 64 (pl. VI) et 74 (pl. VII). La figure 64 est d'un placenta vers le quarante ou le quarante- cinquième jour (le même qui a donné la vue d'ensemble de la fig. 67). Le capillaire maternel (G) occupe le milieu de la lamelle — 136 - labyrinthique; les noyaux de son endothéliura sont volumineux. Immédiatement en dehors de ce capillaire maternel est une zone de protoplasma (plasmode ectoplacentaire) d'aspect clair et trans- parent (malheureusement la gravure et surtout son tirage défec- tueux n'ont pas rendu aussi nettement que sur nos dessins origi- naux le contraste entre ce protoplasma central et le périphérique), et dans lequel on ne trouve pas de noyaux. Ceux-ci sont exclusive- ment localisés dans la zone externe du protoplasma, et là ils sont disposés en deux couches : l'une de ces couches, l'interne, est formée par des noyaux écartés les uns des autres, c'est-à-dire rela- tivement peu nombreux; l'autre couche, tout à fait périphérique, est formée de noyaux nombreux, très rapprochés les uns des autres, l'intervalle qui sépare deux noyaux voisins étant moindre que le diamètre de ces noyaux. Ils sont tellement rapprochés de la péri- phérie de la surface de la lamelle labyrinthique, que la ligne limite du plasmode de cette lamelle dessine de fines dentelures, dont chaque saillie correspond à la place occupée par un noyau. Enfin la couche de protoplasma qui renferme ces noyaux périphériques, saillants à l'extérieur, est extrêmement foncée, prend très avide- ment les réactifs colorants; il est telle pièce où ce protoplasma se colore si fortement, que noyaux et protoplasma paraissent au pre- mier abord confondus en une seule masse très sombre. La figure 74 (pl. VII), empruntée à un autre placenta du même âge, est destinée à montrer ces mêmes dispositions, dans une vue d'ensemble, à un plus faible grossissement. On y constatera, malgré ce faible grossissement, les mêmes dispositions en zones distinctes du plasmode et de ses noyaux. On y verra toutefois qu'il ne fau- drait pas tenir comme absolument rigoureuse la topographie sus- indiquée des noyaux en deux couches; quoique la figure 64 ait été exactement reproduite d'après nature à la chambre claire, elle avait été choisie, parmi les innombrables points favorables d'une préparation, dans un endroit qui présentait une disposition plus simple, plus schématique. Les variations qu'on rencontre à cette disposition type sont données par les diverses régions de la figure 74; on remarquera notamment que les points où la disposi- tion des noyaux s'écarte un peu, par leur plus grand nombre, de ce que nous venons de décrire, sont ceux qui répondent aux intervalles des capillaires d'une lamelle (aux mailles du réseau capillaire) ou aux courtes anastomoses entre deux lamelles juxtaposées. — 137 — d. Canaux de distribution du sang maternel. — Pendant le rema- niement, toutes les parties de l'angio-plasraode ne sont pas décom- posées en lamelles labyrinthiques; de place en place certaines par- lies demeurent à l'état de masses plasmodiales plus volumineuses; les capillaires maternels qu'elles renferment se dilatent, et ainsi se trouvent développés des cordons d'aspect tout particulier, dont les cavités servent comme canaux de distribution du sang maternel. Ces canaux montent de la région profonde (surface maternelle du placenta) de la formation angio-plasmodiale, vers la région superficielle (face fœtale) ; mais leur trajet est très tortueux et oblique, de sorte que presque jamais il n'est possible d'obtenir l'ensemble de l'un d'eux, dans sa continuité, sur une seule et même coupe, faite perpendiculairement au plan du placenta, c'est-à-dire parallèlement à leur direction d'ensemble; mais les coupes sériées ne laissent aucun doute sur la continuité des fragments tels que ceux représentés en 1,1, en 2,2, et 3,3, dans les figures 72 et 73. Les variétés d'aspect présentées sur une seule et môme coupe sont du reste suffisamment démonstratives. Tantôt ces canaux sont, dans un seul et même lobule, représentés par une série de sections assez rapprochées pour qu'il soit facile de reconnaître qu'il s'agit là d'une seule et même formation entamée par la coupe à divers niveaux de ses flexuosités multiples; c'est ce qu'on voit sur la figure 72, en 1,1,1 (pour deux lobules situés l'un à droite, l'autre à gaucbe de la large bourse sanguine qui occupe le milieu de la figure), et également dans la fig. 73, en 1,1,1, avec des variétés de disposition qu'il n'y a pas lieu de décrire. Ailleurs les sections ne correspondent qu'aux deux extrémités du canal, c'est-à-dire que l'une des sections occupe l'extrémité profonde, l'autre l'extrémité superficielle du lobule, comme on le voit dans la figure 72 (en 2,2 et 3,3) et dans la figure 73 (en 3,3). En recherchant ces mêmes for- mations sur les coupes horizontales (parallèles au plan du placenta) on les retrouve facilement et on acquiert alors des notions plus précises sur leurs dispositions. La fig. 75 (pl. VII) est suffisamment démonstrative à cet égard. Elle montre, en CD, un gros canal de distribution, dans le voisinage immédiat duquel sont quatre autres canaux du même genre, mais moins volumineux. La disposition des parties fait facilement comprendre que ces canaux sont des por- tions d'angio-plasmode primitif qui n'ont pas subi la fragmentation en lamelles et dont le remaniement a abouti à la formation de larges — 138 — voies de conduction du sang maternel. Ces canaux sont donc entièrement les homologues, comme nature, fonction et mode d'ori- gine, de ce que nous avons décrit, dans le placenta du lapin, sous les noms de tubes caverneux afférents et efférents, et plus particu- lièrement de tubes caverneux interlobulaires (voir Placenta des Rongeurs, p. 106). La structure de ces canaux mérite d'être décrite. Elle est repré- sentée dans la figure 76. On voit en son centre la lumière d'un vaisseau volumineux (C D), qui a conservé la constitution d'un capillaire, puisque sa paroi propre n'est formée que d'une couche endothéliale, dont les noyaux sont figurés en N, N. Cet énorme capillaire est soutenu par une puissante formation plasmodiale qui forme tout le reste du canal. Immédiatement en dehors de l'endo- théliumvasculaire, le protoplasma est clair, transparent et dépourvu de noyaux; plus en dehors sont de vastes étendues de plasmode semé de noyaux, mais de noyaux qui sont disposés de manière h former des dessins particuhers; en effet, en allant des régions centrales vers les périphéries, on voit ces noyaux disposés d'abord en traînées rayonnantes; puis ces traînées s'anastomosent, de façon à former un réseau, dont les mailles sont des espaces ovalaires dépourvus de noyaux ; enfin, tout à la périphérie, est une couche de noyaux. L'aspect réticulé ainsi produit dans le plasmode est dû non seulement à ce que les noyaux sont disposés comme il vient d'être dit, mais encore à ce que les traînées de noyaux sont dans un protoplasma se colorant fortement, tandis que les champs dépourvus de noyaux sont formés d'un protoplasma qui se colore peu. Toutes ces particularités sont donc de même ordre que celles signalées pour le protoplasma des lamelles labyrinthiques, mais avec une étendue plus grande des parties et une disposition un peu plus compliquée. La surface du canal de distribution est iri é- gulière, déchiquetée, présentant des saillies et des enfoncements plus ou moins ramifiés (voir ces dépressions en a, a, a, fig. 76), dispositions qui toutes sont dues à la pénétration da mésoderme allanloïdien, lequel est arrivé ici à déchiqueter la périphérie du plasmode, mais non à entrer profondément dans son intérieur pour le subdiviser en lamelles. Qu'il nous soit permis ici d'insister un peu sur ce détail et de signaler la possibilité d'une interprétation erronée. En présence du réseau de noyaux avec protoplasma foncé, tel qu'il est représenté dans la figure 76, on pourrait croire que les — 139 — espaces clairs du réseau sont des vides dans le plasmode, et que ces vides sont occupés par des capillaires fœtaux, disposition que nous verrons réalisée à la surface des lamelles labyrintliiques du placenta à terme. Ici il n'en est rien : les mailles du réseau sont bien de la même substance que les travées foncées riches en noyaux, et la transition est en certains points graduelle entre le protoplasma nucléé et foncé (très colorable) et le protoplasma clair, non nucléé. Il suffit pour s'en convaincre d'examiner à un fort grossissement les parties en question. La figure 77 représente à cet effet la coupe d'un canal de distribution, choisi parmi les petits (comme celui qui est en haut et à droite du centre de la fig. 75), afin que toute l'épaisseur de la formation plasmodiale pût tenir dans le champ du microscope, depuis la surface du canal jusqu'à l'endothé- lium (Nj de son vaisseau central. On voit bien ici que les champs foncés et les champs clairs, quoique plus simplement disposés que dans un gros canal, sont formés d'une seule et même sub- stance, et qu'il n'y a de capillaires fœtaux (c c, fig. 77) que dans des encoches taillées à la surface du canal. Nous aurons à reve- nir sur ces dispositions à propos du placenta du chat, qui nous présentera une curieuse variation structurale sur cette disposition en parties claires et foncées de la substance des canaux de distri- bution. La dernière question que nous ayons à étudier à propos de ces canaux de distribution est celle de leurs terminaisons ou de leurs connexions d'une part à leur extrémité profonde (du côté de la sur- face maternelle du placenta) et d'autre part à leur extrémité super- ficielle (fœtale). — A leur extrémité profonde ils sont en continuité avec les vaisseaux maternels des lamelles mésentériformes (voir ci- après l'étude de ces lamelles), comme le montre bien la figure 72, et mieux encore la figure 73 (pl. YII). Après avoir parcouru un certain trajet de la profondeur vers la superficie, ils commencent à émettre des branches latérales; ainsi la figure 75 est une coupe parallèle au plan du placenta dans une zone plus rapprochée de la surface fœtale que de la surface maternelle, et les petits canaux, au nombre de quatre, disposés dans le voisinage du grand canal de distribution C D, sont des rameaux provenant de celui-ci, comme la figure le laisse facilement comprendre, et comme le démontre l'inspection de la série des coupes, rameaux qui vont se distribuer aux capillaires maternels des lobules voisins. — A leur extrémité — 140 — superficielle les gros canaux de distribution se subdivisent brusque- ment en canaux plus petits (voir notamment le canal marqué en 3, 3 par la flg. 73), qui se ramifient en se distribuant aux capillaires des lamelles labyrinthiqaes. Ces dispositions, confirmées par les résul- tats des injections, nous montrent que les gros canaux de distribution du sang maternel sont les voies atTérentes du sang maternel dans le placenta; ils apportent le sang vers les extrémités fœtales des lobules ou complexus de lamelles labyrintbiques; ce sang parcourt alors ces complexus de leur extrémité fœtale (superficielle) vers leurs extrémités profondes (face maternelle du placenta) et là arrive, par des canaux que nous chercherons dans un instant à ditïé- rencier, dans les voies de retour de la circulation maternelle. Nous trouvons donc ici les mêmes dispositions de circulation que pour le placenta du lapin ; et les canaux de distribution du sang maternel du placenta du chien sont bien des homologues des tubes caverneux interlobulaires du lapin. Comme pour ce dernier nous n'arriverons peut-être pas à une connaissance satisfaisante de la disposition des voies de retour (voir Placenta des Rongeurs, p. 103). Du reste nous retrouverons des dispositions semblables, mais plus nettes, dans le placenta du chat, et peut-être alors pourrons-nous compléter l'étude de la question. e. Lames basales de l'angio-plasmode. — A cette étude des canaux de distribution, et comme complément, se rattache la question pré- cédemment posée, mais non traitée, au début de la description des lamelles labyrinthiques, à savoir quelles sont les connexions de ces lamelles dans leurs parties superficielles (extrémités répondant à la surface fœtale du placenta) et à leurs parties profondes (surface maternelle), et actuellement, avec les données précédentes sur la circulation, nous pourrons prendre ce mot connexion, aussi bien au sens fonctionnel qu'au sens purement anatomique. Nous dirons donc qu'à leurs extrémités superficielles les lamelles labyrinthiques sont en connexion les unes aVec les autres (fig. 62) et avec les sub- divisions des canaux de distribution du sang maternel (fig; 72 et 73). A leurs extrémités profondes elles sont également en connexion les unes avec les autres, de (elle sorte que, pour un môme lobule (nous savons maintenant que cette expression de lobule répond suffisam- raènt à la réalité anatomique, voir fig. 75), elles viennent successi- vement se réunir sur une base commune (fig. T2 et 73) qui forme une lame angio-plasmodialc adhérente aux lames mésentériforraes — 141 — maternelles. Nous aurons à étudier avec soin la manière dont se fait cette adliérence. Pour le moment, arrêtons-nous seulement sur les lames basales de l'angio-plasmode. On en voit bien la série sur les figures 68, 66, 67. Ces lames sont relativement épaisses; elles contiennent l'origine des canaux de distribution du sang maternel. Mais même lorsque leur coupe ne comprend pas l'un de ces gros canaux, ces lames basales sont encore épaisses, comme le montre la figure 61 (pl. VI), et alors elles renferment des capillaires mater- nels de moyen calibre, qui semblent converger vers le point d'attache delà lame basale à la lamelle mésentériforme maternelle. Ces vaisseaux représentent sans doute les voies de retour du sang maternel ; mais comme nous n'avons pas obtenu à cet égard des résultats satisfaisants avec des injections, nous n'insisterons pas sur ce détail d'une manière très affirmative. Pour en finir avec le placenta fœtal, après avoir étudié l'angio- plasmode remanié , il nous faudrait dire un mot des éléments méso- dermiques du placenta, et des arcades épithéliales ou ectoder- miques. Les éléments mésodermiques du placenta ont été décrits par le fait même de l'étude du remaniement de l'angio-plasmode. Ils sont représentés : 1° par de minces cloisons disposées entre les lamelles labyrinthiques, et formées de nombreux capillaires fœtaux, sou- tenus par quelques cellules mésodermiques étoilées. Ces cloisons sont représentées dans toutes les figures qui viennent de nous servir pour l'étude des lamelles labyrinthiques, et notamment dans la figure 74; — 2" par des cloisons relativement épaisses, interpo- sées aux lobules, qu'elles ne circonscrivent pas complètement (voir la fig. 75); ces cloisons, qui ont été le point de départ des précédentes, répondent en effet aux villosités allantoïdiennes pri- mitives; elles sont formées de vaisseaux fœtaux relativement volu- mineux, et d'un tissu conjonctif embryonnaire, à la constitution duquel prennent part non seulement des cellules étoilées, mais encore des fins faisceaux de fibrilles conjonctives. La seule dispo- sition importante à signaler pour ces grosses cloisons mésoder- miques, c'est la manière dont elles se comportent à leurs extrémités profondes, c'est-à-dire en arrivant au niveau des arcades ectoder- miques (AE, AE, fig. 61, 72 et 73). Comme à ce niveau les lobules ou complexus de lamelles labyrinthiques se rétrécissent pour — 142 - prendre la disposition que nous venons de décrire sous le nom de lames basales, il en résulte que les espaces entre ces lames et par suite la cloison mésodermique qui remplit chacun de ces espaces, se trouvent élargies d'autant; il y a là (voy. les fig. 61, 67, 72, 73) de puissantes formations mésodermiques fœtales, qui ne sont limitées, du côté du terrain maternel, que par les arcades ecto- dermiques, étendues, comme dès le début, entre les bases des lobules. Ces arcades ectodermiques ont actuellement un grand développement en surface; elles sont même plus développées en surface qu'il ne serait nécessaire pour s'étendre entre les bases de deux lobules voisins (entre deux lames basales); aussi présen- tent-elles des plis multiples (fig. 72). Lorsqu'on fait une bonne injection qui remplit bien les vaisseaux fœtaux, le mésoderme des cloisons interloculaires devient turgescent, et l'extrémité profonde de ces cloisons, extrémité renflée et très vasculaire, repousse au- dessous d'elle Tarcade eclodermique correspondante, de telle sorte que cet ensemble vient faire saillie dans les grandes cavités limitées par les cloisons mésentériformes maternelles. Ces dernières cavités, nous allons le voir, ne sont autre chose que les glandes dilatées dont l'ensemble a été étudié dans les stades précédents sous le nom de couche spongieuse (S P, dans la série des figures des planches IV et V). On a alors, en présence de ces dispositions, l'impression de villosités très vasculaires, revêtues d'un épithéhum, et plongeant dans les glandes maternelles. Nous verrons que telle a été la raison qui a amené les auteurs à considérer le placenta achevé, aussi bien que le placenta en voie de formation, comme constitué essentiellement par des villosités fœtales plongeant dans les glandes utérines dilatées. Il y a bien quelque chose, nous venons de le voir, qui répond réellement à cette conception, mais ce quelque chose n'est qu'un détail dans la constitution du pla- centa. Le véritable placenta, le lieu d'échange entre le sang maternel et le sang fœtal, ce sont les complexus ou lobules de lamelles labyrinthiques qui le représentent, et non pas les extrémités pro- fondes des cloisons mésodermiques interlobulaires et leur revête- ment ectodermique (arcades ectodermiques). En traitant des éléments mésodermiques du placenta fœtal, nous avons été amené à décrire la disposition des arcades ectodermiques. Nous n'avons donc plus qu'à ajouter un mot sur la constitution actuelle de ces arcades. Précédemment, telles que nous les avons « — 443 — laissées avant le début du remaniement (planche V, fig. 52), outre qu'elles étaient très peu étendues, ces arcades étaient formées de plusieurs, au moins de deux couches de cellules ectodermiques. Ces cellules se sont maintenant réduites à une seule couche (fig. 61, AE) de longues cellules cylindriques. Au contact de leur extrémité libre on trouve des détritus plus ou moins abondants. Mais ce dernier détail fait partie du second ordre de processus caractéristiques de la période de remaniement de l'angio-plasmode, à savoir l'étude des formations maternelles, sous-jacentes au placenta fœtal. 2° Des formations maternelles (couche spongieuse, compacte, etc.) pendant le remaniement de Vangio-plasmode. Avant que commence le remaniement, nous avons vu que, au- dessous de l'angio-plasmode, on pouvait distinguer, dans la muqueuse utérine transformée, les couches suivantes, en allant vers la profondeur, c'est-à-dire du placenta fœtal vers la muscula- ture : la couche des détritus glandulaires, la couche compacte, la couche spongieuse, la couche homogène, et enfin la couche des glandes permanentes, qui confluent immédiatement à la muscula- ture (voir les flg. 50 et 51, pl. IV). Pendant le remaniement de l'angio-plasmode, le nombre et la disposition de ces couches vont être singuUèrement simpliflés, car les deux premières disparaîtront complètement. Le processus qui amène la disparition de ces deux couches nous est déjà connu, car nous l'avons vu commencer déjà pendant la période de formation de l'angio-plasmode, et ce qui va se passer pendant le stade actuel n'est qu'une exagération de ce qui se pro- duisait déjà dans le stade précédent. Ce processus est double. D'une part la couche compacte se transforme en couche de détritus glandulaire; d'autre part la couche de détritus glandulaire est résorbée et disparaît. La série des figures 58, 59, 60 est disposée de manière à rendre bien évidente la transformation graduelle de la couche compacte, c'est-à-dire de cette couche où la lumière des glandes est presque complètement oblitérée par l'hypertrophie des cellules glandu-" laires, remarquables par leurs noyaux volumineux et très colora- bles. Sur la figure 58 (au 30= jour, c'est-à-dire avant ou tout au début du remaniement) la couche compacte (G) est très épaisse, car l'hypertrophie des cellules glandulaires s'est étendue presque — 144 — à toute l'épaisseur des glandes, sauf aux grandes cavités glandu- laires de la couche spongieuse (comparer avec la fig. 50, pl. IV). Sur la figure 59 (au S'i" jour), cette couche compacte a heaucoup perdu de son épaisseur; elle a un peu gagné en profondeur par le fait que maintenant l'hypertrophie des cellules glandulaires s'est étendue jusqu'à la paroi supérieure des grandes cavités de la couche spongieuse (le fait est bien marqué sur la fig. 59, mais sans lettre de renvoi spéciale; voir les cellules qui partent de chaque côté de l'extrémité supérieure de la lamelle mésentéri- forme), ne respectant que les parties qui échapperont désormais à cette hypertrophie cellulaire, c'est-à-dire les parois latérales et profondes de ces grandes cavités. Mais le peu que la couche com- pacte a gagné en profondeur est largement compensé parce qu'elle a perdu du côté opposé; là en etîet, elle s'est transformée en détritus glandulaires, dont les dispositions ont été précédemment si souvent décrites (voir notamment les fig. 51 et 52), que nous n'y insisterons pas, nous contentant de renvoyer le lecteur à la ligure 59, et de faire remarquer qu'actuellement la couche des détritus glandulaires est environ deux fois plus épaisse que sur la ligure 58; elle serait plus épaisse encore si, à mesure qu'elle gagne par sa face profonde, elle ne perdait semblablement par sa face supérieure, où, ainsi qu'il a été déjà vu dans le stade précédent, la formation angio-plasmodiale résorbe graduellement la couche de détritus et se substitue à elle, sans qu'il y ait lieu de parler d'une pénétration de plus en plus profonde des villosités choriales dans la cavité des glandes utérines. Enfin, sur la fig. 60 (au35<=jour) il ne reste plus que quelques fragments épars de la couche com- pacte : ce sont, dans toute l'étendue transversale de cette figure, seulement trois ou quatre culs- de-sac glandulaires qui présentent encore un épithélium hypertrophié avec gros noyaux très colorés; tout le reste est transformé en détritus glandulaire, tout, môme les éléments de la paroi supérieure des grandes cavités de la couche spongieuse; et cependant la couche des détritus glandu- laires, si épaisse qu'elle soit, n'a pas la puissance qu'on aurait pu supposer par avance, en partant de la figure 59 et en la modifiant simplement par transformation de sa couche compacte en couche de détritus. C'est que, encore une fois, la couche de détritus perd par sa face supérieure à mesure qu'elle gagne par sa face profonde. On peut donc dire que dès le 35"= jour les couches utérines sous- — 145 — jacenles au placenta fœtal, sont rétluites en nombre par la dispa- rition de la couche compacte. La couche des détritus glandulaires va disparaître à son tour; la résorption graduelle qu'elle subissait jusqu'à présent, va tout à coup marcher avec une rapidité extrême. Tout en annonçant cette rapidité actuelle du processus, nous ne voudrions pas y insister, parce que c'est une interprétation à laquelle prend peut-être une trop grande part la présence d'une lacune dans la série de nos pièces. Dans notre collection, après les pièces du 38'' jour (fig. 60), où la couche des détritus glandulaires est très épaisse, nous tom- bons brusquement aux pièces du 37'' jour (fig. 6S, pl. VI) où, sans transition, cette couche a presque entièrement disparu, au moins comme formation continue. On en trouve bien encore des traces relativement volumineuses, mais au niveau de la bordure verte (voir D, D, au-dessous de BV, BV, dans la tig. 65); mais nous ne devons parler que plus tard des transformations au niveau de cette bordure verte, et du reste cette figure 65 (comme malheureusement bien d'autres parties de la pl. VI) est si mal venue à l'hélio- gravure et au tirage, que ces détails n'y ont pas un caractère suffi- samment démonstratif. Admettons donc, au moins pour un instant, que notre série de pièces présente ici une légère lacune, et que nous ne pouvons faire assister le lecteur à la résorption graduelle de la couche du détritus glandulaire, telle que nous l'avons laissée au 35'^ jour (fig. 60); l'état définitif que nous allons constater ne laissera aucun doute sur cette résorption, dont le processus est du reste suffisamment mis en évidence par l'étude des stades anté- rieurs. Ce résultat définitif, aux 37® et 38® jours, est représenté par les figures 65 et 66, dans une vue d'ensemble, et, pour certains détails à un plus fort grossissement, dans la figure 61. On voit que la for- mation maternelle qui est actuellement immédiatement sous- jacente au placenta fœtal est la couche spongieuse des grandes dilatations glandulaires. Disons tout de suite, que la couche homo- gène, ni la couche des glandes permanentes n'a subi aucune modi- fication notable, de sorte que l'étude des parties maternelles à la fin de la période de remaniement de l'angio-plasmode se réduira à une analyse détaillée de ce qu'est devenue la couche spongieuse, puis de ses rapports avec le placenta fœtal. Les grandes cavités de la couche spongieuse sont devenues 10 — 146 - actuellement énormes, et régulièrement disposées côte à côte, sur une seule rangée. Sur une coupe il y a à étudier à ces cavités quatre parois : deux latérales, une supérieure (fœtale) et une profonde. Parlons tout de suite de la paroi supérieure ou fœtale, dont l'exa- men fera suite à ce qui a été dit dans les lignes précédentes. Cette paroi est constituée par une formation fœtale, par les arcades ectoder- miqnes (AE, AE, fig. 61, 65, 66, 67, 72 et 73). En effet, la couche épithéliale glandulaire qui représentait primitivement cette paroi, a subi graduellement l'hypertrophie épithéliale qui l'a incorporée à la couche compacte (fig. 59), puis la désagrégation qui l'a amenée à faire partie de la couche de détritus glandulaire, et enfin, ayant subi la résorption qui fait disparaître la couche de détritus glandu- laire, elle a disparu à son tour, ne laissant comme traces que quelques débris dont il sera question dans un instant. Par suite la face inférieure ou profonde du placenta fœtal est venue prendre sa place, et cette face profonde est représentée, au niveau des grandes cavités glandulaires, par les arcades ectodermiques, dont nous avons précédemment décrit l'augmentation d'étendue en surface, le plissement, les rapports avec le mésoderme fœtal sus- jacent, et les dispositions qui donnent l'impression de villosités fœtales plongeant dans les glandes ulérines. Quant aux restes et débris de la paroi épithéliale piimilive, transformée en détritus glan- dulaire, ou, d'une manière générale, quant aux restes des détritus glandulaires, ils sont encore assez longtemps représentés par des grumeaux de substance finement granuleuse, dans lesquels sont épars d'innombrables fragments de noyaux. Ces grumeaux sont représentés en D, D, D, dans la figure 61. On les trouve non seulement attachés à la surface inférieure des arcades ectodermi- ques, attachés à l'extrémité libre des longues cellules épithélialcs de ces arcades, mais encore d'une part aux points d'union des lamelles mésentériformes avec la base (lame basale) des lobules d'angio-plasmode (nous reviendrons dans un instant sur ce point), et d'autre part dispersés dans les grandes cavités glandulaires de la couche spongieuse. Sans doute, au cours de la résorption de la couche des détritus glandulaires, y a t-il une sorte de dislocation de cette couche lorsqu'elle est devenue d'une certaine minceur; elle se fragmente alors, et tandis que quelques fragments restent attachés aux arcades ectO(lermi(|ues, les autres tombent dans les grandes cavités glandulaires, où ils se mtMent au produit de ces • — 147 — glandes. Ainsi se trouverait Iiâtée la résorption des détritus glan- dulaires, et expliquée leur disparition si rapide; c'est-à-dire que la lacune que nous avons cru devoir admettre entre nos pièces de la figure 60 et celles de la figure 65, serait en définitive plus appa- rente que réelle. Puisque, en traitant de la paroi supérieure ou fœtale des grandes cavités de la couche spongieuse, nous avons été amené à compléter l'étude de la résorption de la couche des détritus glandulaires, disons encore un mot sur les vaisseaux, capillaires maternels, qui, con- tenus primitivement dans les cloisons interglandulaires, se trouvent ensuite plongés dans le détritus glandulaire (fig. 60). Il est difficile de se rendre compte de la manière dont se comportent ces vais- seaux à mesure que le détritus glandulaire est résorbé; sans doute, comme la formation plasmodiale se substitue à la couche de détri- tus, sont-ils graduellement incorporés dans cette formation et devien- nent-ils éléments vasculaires de rangio-plasraode?Il faut aussi tenir compte de ce que l'ensemble du placenta augmente d'étendue, de volume pendant ces transformations, et qu'ainsi les vaisseaux du détritus glandulaire sont facilement utilisés, se disposant dans les lames basâtes des lobules de lamelles labyrinthiques, pour former les voies atïérentes et efférentes du sang maternel. La paroi profonde des grandes cavités de la couche spongieuse est plane, unie, disposée sur un seul et même plan, parallèle- ment au plan de l'ensemble du placenta; elle est revêtue d'une seule couche d'épithélium à cellules basses, et qui ne paraît pas de nature à présider à une sécrétion bien notable; mais sur cette paroi viennent s'ouvrir, à des intervalles très écartés, les conduits des glandes permanentes (couche des glandes permanentes, sous- jacente à la couche homogène), conduits qui traversent obliquement la couche homogène (voir notamment la fig. 65). Nous arrivons enfin aux parois latérales des grandes cavités de la couche spongieuse. Elles forment ces cloisons que, déjà dans le stade précédent, nous avons désignées sous le nom de lamelles mésentérif ormes. Actuellement leurs dispositions méritent de plus en plus ce nom, car elles se présentent, sur une coupe, comme de véritables mésentères contenant dans leur épaisseur, entre leurs deux feuillets épithéliaux, les vaisseaux qui, du terrain maternel, vont au placenta fœtal. Ces lamelles mésentéri formes se détachent de la couche homogène, où elles s'insèrent par une extrémité un — 148 — peu épaissie (voir lig. 65 et 66; et elles montent vers le placenta, en décrivant un trajet plus ou moins flexueux (tig. 58, 59, 60). Selon les conditions dan^ lesquelles a été durci et conservé l'ensemble d'un placenta, ces lamelles se présentent avec des directions diverses, sur une coupe, tantôt inclinées et couchées les unes sur les autres, comme dans la ligure 66, tantôt droites et rigides, comme dans la figure 65. Elles sont minces, avec, sur la coupe, de nombreuses nodosités, qui correspondent à des dilatations produites par les nombreux et gros vaisseaux qu'elles l'enfer- ment; l'épithélium de leur surface est formé d'une seule couche de cellules plus hautes que larges, avec un noyau situé près de l'extrémité libre de la cellule (voir fig. 71, en MF). Enfin, par leur extrémité supérieure, elles donnent attache au placenta fœtal; ici sont des dispositions particulières que nous avons annoncées devoir être traitées dans un paragraphe spécial, sous le litre de connexion du placenta maternel et du placenta fœtal. 3° Connexion {mode d'attache) du "placenta fœtal et du placenta maternel. Quoique, d'une manière générale, les expressions de placenta fœtal et de placenta maternel ne soient pas très justifiées, nous les emploierons ici, pour la commodité des descriptions, et parce que dans le cas particulier elles sont suffisamment nettes, d'api'ès toutes les études qui précèdent, et par mode d'attache ou con- nexions de ces deux placentas nous entendons parler du lieu où les vaisseaux maternels passent dans les formations d'origine fœtale. Pour les rongeurs tels que le lapin, le rat, la souris, les forma- tions fœtales sont appliquées par toute leur surface profonde sui' les formations maternelles, et le passage des vaisseaux maternels se fait, d'une manière diffuse, sur les divers points de cette zone d'adhérence entre les deux placentas. Chez le cochon d'Inde nous avons vu le placenta fœtal porté sur une sorte de court pédicule, qui s'allonge en forme de véritable cordon chez l'agouti {Placenta des RonrjetDs, p. 543). Chez le chien (et nous verrons ultérieu- rement des dispositions analogues chez le chat), le placenta fœtal est attaché à l'extrémité superficielle des lamelles mésentériformcs maternelles; en effet, la surface profonde ou maternelle du placenta fœtal est représentée par deux formations qui se succèdent, alter- nent sur une coupe (fig. 65 et 66) : ce sont les arcades cctodermi- — 149 — ques et les lames basales. Au niveau des arcades eclodermiques, pas d'adhérences ; ces arcades sont libres , ondulées , et for- ment comme le revêtement épithélial de grosses villosités plon- geant dans les grandes cavités de la couche spongieuse. Au niveau des lames basales sont les seules adhérences entre les deux pla- centas. Le placenta fœtal se trouve donc ainsi appliqué non sur une sur- face continue, mais sur les bords libres d'une série de lamelles (lamelles mésentériformes), dont l'ensemble circonscrit de larges alvéoles (grandes caviiés de la courbe spongieuse;, et ses lieux d'adhérences dessinent des lignes en réseau, lignes très étroites comparativement aux surfaces interposées qui sont libres de toute connexion. Il en résulte que ces attaches, dont nous allons analyser les dispositions histologiques, sont extrêmement fragiles et se rom- pent au moindre accident. Quand on ouvre, vers la lin de la gesta- tion, un renflement utérin de chienne, immédiatement après avoir sacrifié celle-ci, les contractions de la tunique musculaire de l'utérus amènent, entre l'étendue des parois utérines et celle du placenta fœtal, une discordance qui aboutit immédiatement au détachement de ce dernier. Pour arriver à conserver les connexions, il faut laisser refroidir l'utérus, sans y toucher, sur l'animal ouvert; puis, avec les plus grandes précautions, c'est-à-dire en réduisant au minimum la manipulation, placer l'utérus entier dans un liquide qui coagule et fixe les tissus, par exemple dans l'alcool. C'est seulement après vingt-quatre ou quarante-huit heures de celte immersion qu'on pourra sectionner, avec une lame bien aftilée, les parois du renfle- ment utérin, pour en détacher des fragments dont on achèvera le durcissement dans les liquides appropriés. Ce n'est qu'après bien des tentatives infructueuses qu'on réussit à obtenir des fragments satisfaisants, sans dislocation. Et quand ces fragments ont acquis le durcissement voulu, et qu'il s'agit de les débiter en coupes, les précautions les plus délicates sont indispensables pour éviter le détachement des parties fœtales. En dehors de l'inclusion au collo- dion ou à la paraffine, il est impossible de réussir ces préparations; encore, pendant les manipulations que nécessite l'inclusion à la paraftine, surtout sous l'influence de la chaleur (séjour à l'étuve dans la paraftine en fusion), voit-on trop souvent se produire l'acci- dent qu'on a tout fait pour éviter. Cette fragilité des adhérences entre le placenta maternel et le i — m — placenta fœtal est due non seulement à la faible tHendue des sur- faces linéaires en connexion, mais encore à la disposition de ces connexions. Une lamelle mésentériforme étant constituée par deux revêtements épithéliaux entre lesquels sont interposés des capillaires, avec quel- ques rares cellules conjonctives, c'est seulement par les capillaires (ou vaisseaux quelconques ayant la structure des simples capillaires) que se fait une véritable continuité entre le placenta fœtal et le placenta maternel; entre l'épithélium maternel (de la lamelle mésen- tériforme) et le plasmode ectoplacentairc, il n'y a que contiguïté, et encore celle-ci a-l-elle lieu par des débris cellulaires ou par des cellules atropbiées ou en dégénérescence. La continuité établie par les capillaires est bien évidente, puisque c'est le même vaisseau qui surgit du terrain maternel et est reçu dans les formations fœtales. Cette disposition est celle qui s'est établie dès les premiers stades de l'apparition de l'angio-plasmode, elle résulte de la nature et du mode même de formation de cet angio-plasmode, constitué par du plasmode ectoplacentairc, qui entoure les capillaires maternels. Lorsque existait, sous l'aspect d'une épaisse formation, la couche des détritus glandulaires (fig. 59, 60), les capillaires maternels surgissaient de ces détritus glandu- laires et entraient dans le plasmode fœtal. Lorsque la couche des détritus glandulaires a disparu, il en subsiste encore des traces au niveau des lames basales, sur les bords des arcades ectodermiques (la fig. 61, en DD, est spécialement pour représenter cet état), et alors les capillaires , sortant de la lamelle mésentériforme (MF, fig. 61), traversent encore quelques llaques (qu'il nous soit permis d'employer cette expression) de détritus glandulaire, pour, aussitôt après, pénétrer dans le plasmode qui forme la lame basale du complexus de lamelles labyrinthiques. Enfin, que ces flaques de détritus glandulaires soient résorbées à leur tour, et le capillaire, qu'il soit étroit ou au contraire très large comme ceux qui appar- tiennent aux canaux de distribution du sang maternel , passera directement, sera continu, de la lamelle mésentériforme dans la lame basale des complexus labyrinthiques (voir les fig. 66, 67, 72 et 73). Dans les détails donnés à propos de la continuité des capillaires, nous trouvons déjà des éléments qui vont nous servir à l'élude de la contiguïté des formations cpitIuHiales. Nous voulons parler de — 151 — l'état de choses représenté par la figure 61 (pl. VI), au moment où l'ensemble de la couche des détritus glandulaires a disparu par résorption, et où il n'en reste que quelques débris, quelques flaques au niveau des extrémités correspondantes des lamelles mésentéri- formes (en D,D, flg. 61; les mêmes dispositions sont reproduites en une vue d'ensemble dans la fig. 65, en AE et D). Lorsque la résorp- tion de ces derniers restes de détritus glandulaire est achevée, la partie correspondante de la lame basale viendra par le fait même au contact de l'extrémité de la lamelle mésentériforme, c'est-à-dire que, tandis que les capillaires se continuent de la lamelle mésenté- riforme dans la lame basale, l'épithélium qui est sur chaque face de la lamelle mésentériforme viendra au contact du plasmode qui est sur chaque face de la lame basale, la partie de plasmode qui prend part à ce contact étant exactement celle qui se continue avec l'arcade ectodermique correspondante (flg. 66, 67, 72 et 73). Nous avons donc à examiner, sur une coupe, quelle est la dispo- sition, au niveau de cette contiguïté, d'une part des éléments fœtaux (plasmode) et d'autre part des éléments maternels (épithélium de la lamelle mésentériforme). Nous ferons cette étude à l'aide des figures 69 et 71. Ces figures sont empruntées à la région de la bor- dure verte ; elles représentent la manière dont les parois des cavités de la bordure verte sont adhérentes aux lamelles mésentériformes. Or nous verrons bientôt que ces cavités de la bordure verte sont homologues à des complexus labyrinthiques, et que leurs attaches aux lamelles mésentériformes se font de même que les attaches de ces complexus. Du reste il n'y aurait qu'à supposer que dans la figure 71 le vaisseau V, au lieu de s'ouvrir dans une cavité, conserve ses parois flanquées de chaque côté par le plasmode, et nous aurions la représentation d'une lame basale de complexus labyrinthique. Les éléments fœtaux de la région de contact (en 2, fig. 71) sont ce qu'ils étaient dès le début; c'est une formation plasmodiale, bien circonscrite, semée de noyaux régulièrement disposés. Celte partie du plasmode est légèrement épaissie (2, 2, flg. 71) comme si elle allait au-devant des éléments maternels (3). De chaque côté le plas- mode s'amincit, se réduit à une seule couche de noyaux, et bientôt (en 1, 1, flg. 71) autour de chacun de ces noyaux le protoplasma s'individualise en une cellule épithéliale, c'est-à-dire que nous sommes alors en présence des arcades ectodermiques (voir les dispositions d'ensemble sur les figures 66, 67, 72 et 73). — m — Les éléments maternels, c'est-à-dire l'épithélium de la lamelle mésentériforme, c'est-à-dire en fin de compte l'épithélium glandu- laire, ainsi qu'il résulte suffisamment de toutes les études qui pré- cèdent, est également dans un état conforme à celui où dès le début nous avons vu tout épitliélium maternel qui se trouve au contact des formations fœtales; il est dégénéré, atrophié. Mais ici la dégé- nérescence n'aboutit plus à l'émiettement des cellules, à leur trans- formation en un détritus semi-liquide, avec amas irréguliers de fragments nucléaires. Les cellules frappées d'atrophie ne se dis- socient pas; elles sèchent pour ainsi dire sur place. Leurs disposi- tions sont alors très analogues à ce que nous avons constaté pour l'atrophie et la résorption de l'épithélium de la surface utérine lorsque l'ectoderme vient pour la première fois au contact de celte surface (voir les fig. 15, 16, 17, 20, 24, pl. II). En effet, si sur la figure 71 on suit le repli mésentériforme (MF) vers son extrémité supérieure, en partant des cellules épithéliales bien normalement constituées, plus hautes que larges, avec noyau placé dans le voisi- nage de l'extrémité libre de la cellule, telles que nous les avons précédemment décrites, on arrive graduellement sur des cellules entre lesquelles ont disparu les lignes de séparation; en môme temps les noyaux sont devenus moins granuleux, d'aspect plus homogène, foncés sur leurs bords ; puis l'épithélium forme une couche relativement mince (à partir de 3, fig. 71) et les noyaux se plissent, se ratatinent et se trouvent épars dans la substance vitreuse, homogène, qui représente l'épithélium dégénéré. C'est cette substance homogène qui est en contact avec le plasmode ecto- dermique (2, 2, fig. 71) et comme collée à lui. Nous ne saurions assez insister sur le rapprochement qu'il y a à faire à cet égard entre la figure 71 et les fig. 15, 16, 17, 20, 24, c'est-à-dire entre le mode d'atrophie et de résorption des éléments épithéliaux maternels au commencement et à la fin de la gestation, Ainsi, après les longues et puissantes transformations qui ont abouti à l'élaboration des détritus glandulaires, les formes de dégénéres- cence épithéliales reprennent le même type qu'elles avaient au début; ainsi le placenta, complètement développé, est attaché, par contiguïté d'éléments, au terrain maternel, de la même manière que l'était la vésicule blaslodermique (l'ectoderme, voir notamment les fig. 20 et 24) tout au début de la gestation. Aussi ces attaches sont- elles aussi fragiles dans un cas que dans l'autre. — 153 — La figure 69 représente non pas une variété dans la disposition de ce mode d'attache, mais une des variantes de l'aspect que peut présenter une coupe selon les particularités du point où elle passe. Ici encore cette figure est relative à la bordure verte, mais elle est valable aussi bien pour les autres régions du placenta. Nous savons, de par l'étude détaillée des lamelles labyrinthiques, que, au niveau des mailles du réseau capillaire qui occupe l'axe de la lamelle, le plasmode d'une des faces de la lamelle vient rejoindre le plasmode de la face opposée, et remplit ainsi la maille du réseau. Il en est de même pour les lames basales : si la coupe passe entre deux vais- seaux, le plasmode sera continu d'une face à l'autre de la lame basale; c'est ce que représente la figure 69, qui diffère de la tigure 71 par l'absence de vaisseau au niveau de l'attache du placenta sur la lamelle mésentériforme (voir le vaisseau V de la fig. 71). Cette figure 69, étant empruntée à la région de la bordure verte, présente par suite quelques particularités (mésorderme en m 1), qui seront expliquées plus tard. Le seul détail qui nous intéresse ici, c'est la continuité du plasmode (2) d'un côté à l'autre, et par suite son adhérence sur une plus grande étendue avec Tépithélinum maternel dégénéré et en voie de résorption. De plus celte figure nous pré- sente l'occasion de soulever une nouvelle question. Dans la lame mésentériforme, à côté des capillaires, il y a quelques rares cellules de tissu conjonctif (voir l'extrémité inférieure des fig. 69 et 71). Que deviennent ces cellules à niveau de la région d'attache? Nous ne saurions le dire; nous n'en trouvons plus trace, et, sauf le capil- laire, toute la masse d'attache appartenant à la lamelle mésentéri- forme est constituée par une masse vitreuse, peu colorable, à la surface de laquelle sont les noyaux flétris, ratatinés, plissés, et très colorables. Sans doute les cellules conjonctives disparaissent par atrophie et résorption ; tout ce que nous pouvons affirmer c'est qu'on ne trouve aucune trace figurée de leur transformation, ni par suite de la part qu'elles pourraient prendre à la constitution de la masse d'attache. Dans les descriptions qui précèdent, nous avons chaque fois parlé d'atrophie et de résorption de l'épithélium des lamelles mésentéri- formes. On pourrait nous dire que l'atrophie, la dégénérescence sont évidentes, traduites par les figures 69 et 71; mais que la résorption est supposée, et que peut-être n'a-t-elle pas lieu; c'est- à-dire que, lorsque les derniers restes de détritus glandulaire ont — 154 — disparu, lorsque la lame basale est ari'ivée au contact de l'épithé- lium des lamelles mésentériformes et lorsque s'est établie la conti- guïté de ces parties par les masses d'attache précédemment décrites, les choses restent en l'état, les masses d'attache n'étant pas sou- mises à une résorption graduelle. Il n'en est rien; celte résorption est évidente : elle est traduite non par une figure, mais par la com- paraison de figures prises à des stades de plus en plus avancés. Ainsi sur les figures 66 (38' jour) et 67 (40'' ou 45'' jour) les lamelles mésentériformes sont plus longues que sur les figures 71 et 73 (placenta à terme), et cependant toutes ces figures sont au même grossissement de 11 fois. Donc les lamelles mésentériformes dimi- nuent de hauteur dans les dernières semaines de la gestation ; elles ne peuvent le faire que par leurs extrémités supérieures, qui sont graduellement, qu'on nous passe l'expression, mangées par le placenta fœtal. Ainsi les rapprochements que nous avons faits entre l'épithélium de la surface utérine au début de la gestation, et l'épithélium des lames mésentériformes du placenta à terme, ces rapprochements se poursuivent dans tous les détails : les formes de dégénérescence sont les mêmes, et les produits dégénérés sont soumis semblablement à la résorption, de la part des mêmes for- mations fœtales, ectoderme ou plasmode qui en dérive. 11 n'y a de différence qu'en ce que dans un cas le processus est de courte durée, qu'il se prolonge longuement dans l'autre. En effet, la mince couche d'épithélium et de noyaux de la muqueuse dégé- nérés du début de la gestation (fig. IS, 16, 17, 20, 24), une fois résorbée, n'est pas remplacée et disparait sans plus laisser de traces (flg. 23); au contraire, à mesure que les masses d'attache (3, 3, fig. 69 et 71) formées d'épithélium dégénéré sont résorbées, elles sont remplacées par d'autres masses résultant de la dégénéres- cence qui atteint successivement les cellules épithéliales placées plus bas à la surface des lamelles mésentériformes. C'est ce que font bien comprendre les figures 69 et 71, et ce que nous avons dit, il y un instant, sur le raccourcissement graduel des lamelles mésentériformes. Ainsi, d'un instant à celui qui lui succède immédiatement, les parties maternelles qui sont en contact immédiat avec le placenta fœtal ne sont plus les mêmes. Celles qui, à un moment donné, éta- blissent ce contact, celte attache, ont disparu au moment suivant, résorbées par le placenta fœlal, et sont remplacées par de nouveaux — m — prodiiils de dégénérescence, destinés à dispai-aitre et à être rem- placés à leur tour. Cet énoncé, donné à propos des attaches du placenta sur les lamelles mésentériformes, est valable pour toute l'histoire de l'évo- lution du placenta fœtal, depuis sa première apparition, jusqu'à la fin de la gestation, aussi bien pour les rongeurs que pour les car- nassiers. L'attache, l'adhérence des formations fœtales aux tissus de la mère est plutôt fonctionnelle qu'anatomique; nous voulons dire que le placenta fœ.tal ne se soude pas aux formations mater- nelles comme une greffe végétale, qui établit des rapports anato- miques définis et persistants, mais comme un parasite qui adhère aux tissus dont il fait sa proie, amenant sans cesse devant lui une dégénérescence des parties qu'il assimile ensuite, et se trouvant ainsi attaché toujours à des zones de plus en plus profondes de ces tissus, par le fait qu'il a produit la résorption des couches avec les- quelles il était précédemment en contact. Il en résulte que l'histo- logie du placenta doit présenler des faits sans analogues avec ceux de l'histologie d'un organisme quelconque, des faits invraisembla- bles de par les données de l'histologie classique. Les caractères de ces faits résultent de deux conditions principales. D'une part de ce que nous sommes en présence de deux organismes distincts, la mère et le fœtus, qui ne contractent que des connexions provi- soires; aussi tout est-il provisoire dans les rapports des éléments de l'un à l'autre organisme, témoin la disposition entre le placenta fœtal et les lamelles mésentériformes maternelles. D'autre part de ce que nous sommes en présence de tissus qui suivent une évo- lution continue, de sorte que le placenta ne sera pas demain ce qu'il était le jour précédent. De là cette nécessité, que nos recher- ches nous montrent de plus en plus rigoureuse, de n'entreprendre l'étude d'un placenta qu'à la condition de pouvoir réunir les maté- riaux en série complète, depuis le commencement jusqu'à la fin de la gestation. Pour résumer les processus qui se passent pendant le remaniement de l'angio-plasmode, nous dirons : Toutes les couches des forma- tions utérines, situées au-dessus de la couche spongieuse, sont gra- dueUement résorbées; les culs-de-sac glandulaires de la couche spongieuse se transforment en d'immenses cavités, séparées par des cloisons dites lamelles mésentériformes, et comme les parois supérieures de ces cavités sont également résorbées, les formations - 156 — fœtales arrivent à reposer sur les extrémités libres des lamelles mésentériformes et à n'avoir qu'en ces lieux seulement attache sur les tissus maternels. Ce sont les parties profondes des lobules d'angio-plasmode qui s'attachent en ces points, les arcades ecto- dermiques venant correspondre aux grandes cavités de la couche spongieuse et en former le couvercle. Pendant ce temps l'angio- plasmode a été remanié par la pénétration du mésoderme et des vaisseaux allantoïdiens, de telle sorte qu'il a été graduellement décomposé en lamelles labyrinthiques, lesquelles sont formées d'un réseau de capillaires maternels, sur les deux faces duquel est étalée une couche de plasmode. Les capillaires fœtaux rampent dans les interstices qui sont entre les lamelles labyrinthiques. Historique et critique des lamelles labyrinthiques (placenta à terme). Introduction. — Avant de passer en revue la manière dont les divers auteurs ont expliqué la disposition et la formation des lamelles labyrinthiques (pour ne parler ici que de ceux qui ont reconnu l'existence de ces lamelles), nous devons donner quelques indications générales sur les différences essentielles qu'il y a entre les faits que nous venons d'établir dans les pages qui précèdent et les conceptions des divers auteurs à cet égard. Pour laisser de côté les menus détails, ces indications générales doivent porter essentiellement sur l'expression de villosités fœtales appliquée au placenta de la chienne. Nous allons voir que tous les auteurs qui ont étudié ce placenta arrivent, avec une imposante unanimité, à cette conclusion que le placenta de la chienne est formé de villosités fœtales ou clioriales, qui s'enfoncent dans le tissu utérin, puis s'y ramifient, en donnant naissance par leurs faces latérales à d'innombrables prolongements ; ceux-ci pénètrent dans les tissus maternels interposés aux villosités primitives, et aboutissent ainsi à amener les vaisseaux fœtaux dans le voisinage presque immédiat des vaisseaux maternels, avec inter- position, entre les deux ordres de vaisseaux, de diverses couches d'éléments maternels et fœtaux, couches sur le nombre et la nature desquelles les opinions les plus diverses sont émises, les plus consciencieux se bornant à dire qu'il leur est impossible de dis- cerner ce qui est élément fœtal et élément maternel. Or dans nos descriptions nous avons aussi dû employer l'exprès- - m - sion de villosités, parce qu'elle répond réellement à certaines dis- positions primitives; mais nous l'avons toujours employée avec un correctif, parlant tantôt de villosités ectodermiques creuses, tantôt de villosités mésodermiques. Jamais nous n'avons employé le mot de villosités dans le sens que lui donnent les auteurs dont nous allons passer en revue les travaux. Il nous faut donc bien préciser ici ces différences, car elles résument les points les plus essentiels de l'évolution du placenta. Nous nous servirons à cet effet des schémas Aj et de la fig. XV. Fig. XV. — Schémas comparatifs du plaoenta de la cliienne, d'une part d'après les idées classiques (Ai, A2), et d'autre part d'après les faits relatifs à l'existence de l'angio-plas- mode (Mj, Mo). — CH, tissu conjonclif du cliorion ; — VF, vaisseaux fœtaux ; — VM, vaisseaux maternels; — V, les prétendues villosités; — CC, couche utérine des glandes oblitérées; — AE, arcades ectodermiques; — AP, angio-plasmode ; — SP, SI', gi'andes cavités glandulaires de la couche spongieuse ; — EC, ectoderme. Le schéma Aj montre ce que les auteurs entendent par villosité fœtale du placenta de la chienne. Le chorion (CH), appliqué sur la surface utérine, dont l'épithélium est plus ou moins conservé (repré- senté dans cette série de schémas par une ligne à traits interrompus), — 158 — émet des prolongements qui pénètrent dans les orifices des glandes; ces prolongements sont formés d'un revêtement ectodermique (ligne noire pleine) et d'un corps de tissu mésodermique (figuré par des liachures verticales) où se ramifient bientôt les vaisseaux allan- toïdiens. Que les uns admettent la pénétration seulement dans les glandes longues, que les autres veuillent la voir aussi bien dans ces glandes que dans les courts cryptes de Sharpey.-Bischolï', peu importe. L'essentiel c'est que la villosité (V) ainsi conçue est con- struite selon le type classique de ce qui est connu en anatomie sous le nom de villosité, c'est-à-dire une saillie mésodermique avec un revêtement épithélial; l'extrémité de la villosité fait librement saillie dans une cavité glandulaire; le tissu interposé entre deux villosités est du tissu maternel (figuré par des hachures horizon- tales), sur la constitution duquel les opinions les plus diverses sont émises. Le schéma montre comment nos recherches nous ont fait voir ces mêmes parties. L'épithélium utérin a disparu; à sa place l'ec- toderme s'est appliqué à la surface utérine, et s'y est développé en une épaisse couche plasmodiale (AP) qui reçoit et enveloppe les capillaires émanés des couches maternelles sous-jacentes, capillaires qui ont conservé leur paroi propre, de sorte que ce plasmode mérite le nom d'angio-plasmode (figuré en noir plein, comme toutes les formations ectodermiques dans la série de ces schémas); mais cette épaisse couche d'angio-plasmpde est creusée de place en place par des cavités en doigt de gant; c'est là ce que nous avons appelé villosités ectodermiques creuses; ces cavités sont bientôt remplies par du mésoderme et des vaisseaux allantoïdiens (VF) ; c'est là ce que nous avons appelé villosités mésodermiqaes. Maintenant il est facile de voir en quoi, malgré ces expressions nécessaires, mais corrigées de villosités, la disposition des parties ne correspond en rien à des villosités classiques, telles que celles de la figure Aj. En effet il ne s'agit pas d'une saillie mésodermique avec un revêtement épithélial; il s'agit d'une puissante formation plasmodiale ectodermique, dans laquelle pénètrent des prolonge- ments mésodermiques. Il n'y a pas à parler de tissus maternels inter- posés entre deux villosités voisines, car tout ce qui est entre deux Villosités creuses est d'origine fœtale, c'est le plasmode ectoplacen- taire, renfermant seulement comme éléments maternels les parois des capillaires utérins (d'où le nom d'angio-plasmodej. Enfin il ne — 159 — s'agit pas de villosités dont l'extrémité libre ferait saillie dans une glande; d'une part, il n'y a pas d'extrémités libres, la limite infé- rieure des formations ectodermiques étant sur une même ligne, qui passe sans interruption de la base des masses d'angio-plasmode aux arcades ectodermiques formant le fond de cavités en doigt de gant creusées dans cet angio-plasmode ; d'autre part les cavités des glandes ne sont pas libres et béantes à ce niveau; elles ont été oblitérées pour l'Iiypertrophie de l'épithélium glandulaire qui s'est bientôt transformé en détritus glandulaire. (Il va sans dire que sur les schémas nous n'avons pas cherché à figurer ces derniers détails, nous contentant de représenter par des hachures horizontales tout ce qui est tissu maternel, qu'il s'agisse de tissu conjonctif, d'épi- théhum glandulaire hypertrophié, ou de détritus glandulaire.) En tenant compte de ces différences essentielles entre les schémas Al et Mj il sera facile de comprendre que l'accroissement des for- mations fœtales se fait non par une pénétration de plus en plus profonde de villosités dans des cavités glandulaires, mais par une augmentation d'épaisseur de l'ensemble de l'angio-plasmode, qui prend successivement la place des tissus maternels sous-jacents, lesquels sont résorbés. Naturellement les villosités creuses de l'angio-plasmode augmentent de longueur à mesure que celui-ci croît en épaisseur. Arrivons donc au moment où l'angio-plasmode a acquis son épaisseur définitive; nous sommes alors en présence du placenta achevé (schémas A^ et Mj). Il est caractérisé par la formation des lamelles labyrinthiques. Voyons comment tous les auteurs ont conçu cette formation, et comment nos recherches nous amènent à l'interpréter. Pour tous les auteurs, nous le verrons dans l'exposé historique qui va suivre, les prétendues villosités fœtales donnent naissance k des ramifications latérales qui pénètrent dans les tissus maternels interposés aux villosités, et arrivent à subdiviser ces tissus en lamelles contenant les capillaires maternels. Le schéma A^, simplifié à un degré extrême, mais cependant exact, montre cet engrène- ment réciproque des lamelles fœtales et des lamelles maternelles, et, chose essentielle, indique quelles sont alors les parties interpo- sées entre un capillaire fœtal et le capillaire maternel voisin, les traits noirs, pleins ou interrompus, les parties à hachures verticales ou horizontales ayant les mêmes significations conventionnelles que — 460 — clans le schéma précédent, il est facile de voir que, pour aller de la cavité d'un capillaire fœtal à celle d'un capillaire maternel, il faut traverser successivement une couche d'éléments mésodermi(|ues fœtaux, une couche épithéliale ectodermique, une couche épilhé- liale maternelle, une couche de tissu conjonctif utérin, et enfin la paroi du capillaire fœtal; il est vrai que la plupart des auteurs reconnaissent, avec raison, que les éléments mésodermiques fœtaux deviennent très rares et finalement insignifiants autour des capil- laires fœtaux, et qu'il en est de même des éléments du tissu con- jonctif utérin autour des capillaires maternels ; cependant quelques- uns parlent de cellules déciduales; tous, en tout cas, admettent la présence, entre les deux capillaires, d'une douhle couche épi- théliale, l'ectoderme fœtal et l'épithélium utérin; la plupart admet- tent cette double couche, tout en déclarant qu'il est impossible de faire, sur les prépai'ations, la part de ce qui revient à l'une et de ce qui appartient à l'autre, mais quelques-uns prétendent faire cette distinction et en donnent des ligures. Le schéma M2 nous montre comment les choses sont disposées en réalité. L'angio-plasmode interposé aux villosités creuses a été remanié, c'est-à dire subdivisé en lamelles par la pénétration des éléments de la villosité mésodermique. Il en résulte une disposition très analogue à celle du schéma Aj, mais qui en diffère par les deux points essentiels suivants : i° il n'y a aucune trace d'épithélium utérin; 2" les capillaires maternels sont en contact immédiat avec les éléments ectodermiques, c'est-à-dire avec la couche plasmodiale ectodermique; cette dernière disposition résulte de la constitution primitive do l'angio-plasmode. — Ces deux points essentiels peuvent encore être formulés par la proposition suivante, en tenant compte de ce que les éléments mésodermiques fœtaux deviennent très rares autour des capillaires correspondants : il n'y a d'interposé entre les capillaires fcetaux et maternels qu'une seule couche, qu'une seule formation, à savoir la couche plasmodiale ectodermique. C'est-à-dire que, dans le placenta fœtal, là où les vaisseaux mater- nels et fœtaux viennent s"inlri(juer, il n'y a, sauf la paroi des capillaires maternels, rien que des formations d'origine fœtale. Avec cette dernière conclusion on voit combien le placenta des carnassiers s'éloigne peu, comme structure, de celui des ron- geurs; chez ceux-ci le placenta proprement dit ne contient absolu- ment aucun élément de tissu d'origine maternelle, le sang maternel — 161 - circulant, sans parois propres, dans les tubes plasmocliaux ectopla- centaires ; chez les carnassiers, le placenta contient des parois vas- culaires maternelles, parce que sa formation première est due à un angio-plasmode et non à un plasmode pur. Celte particularité du placenta des carnassiers nous sera singu- lièrement précieuse pour montrer les parentés structurales entre les divers types de placenta, car nous sommes actuellement assez avancés dans nos recherches (sinon dans leur publication) pour voir nettement les transitions entre les placentas qui sont réellement formés de villosités maternelles et fœtales distinctes et plus ou moins enchevêtrées, et les placentas à formations plasmodiales. Mais ce sont là des conclusions générales qu'il n'est pas encore temps de formuler avant d'avoir produit toutes les études et qui doivent leur servir de base. Pour en revenir encore à l'expression de villosités choriales et à la valeur qu'il faut lui attribuer, nous aurons recours à une troi- sième et dernière série de schémas. Supposons que, tandis que le placenta fœtal croît en épaisseur, et atteint à cet égard ses dimen- sions définitives (tig. XVI), les villosités choriales des auteurs ne donnent pas de ramifications latérales, et supposons d'autre part que notre angio-plasmode ne soit pas remanié; ce sont là deux suppositions de même ordre, car remaniement de l'angio-plas- mode et ramifications latérales des villosités ne sont qu'un seul et même phénomène, vu de façons différentes dans l'analyse de ses détails. Ces deux suppositions sont représentées, la première par le schéma A3, la seconde par le schéma (fig. XVI). Sur le premier, on voit que la conception de la villosité choriale, dans le sens de ce qu'on entend classiquement sous le nom de villosité, serait réalisée de la manière la plus complète : une longue saillie, formée d'un corps mésodernique et revêtue d'un épithélium, se serait enfoncée dans les glandes utérines jusque vers leurs parties pro- fondes, de façon à venir faire saillie dans les grandes cavités de la couche spongieuse S P; entre ces villosités serait du tissu utérin (hacliures horizontales) avec ses vaisseaux. Or, dans le cas des deux suppositions homologues que nous avons faites, ce n'est pas ainsi que seraient disposées les cboses (schéma A 3), mais bien selon le mode indiqué par le schéma M3. L'angio-plasmode, ayant augmenté d'épaisseur aux dépens des formations utérines sous- jacentes résorbées , serait arrivé jusqu'au niveau de la couche 41 — 162 — spongieuse S P, toute sa limite inférieure serait sur une même ligne, aussi bien pour les lobules d'angio-plasmode que pour les arcades ectodermiques (A E) qui les réunissent. A ce moment ces arcades. ectodermiques se plissent plus ou moins et arrivent ainsi à faire saillie dans les grandes cavités de la couche spongieuse; elles affectent les rapports que les auteurs attribuent aux extrémités pro- fondes des prétendues villosités choriales, et cependant ce ne sont pas des extrémités de vraies villosités; ce sont des lames épithé- liales, des arcades ectodermiques, passant en pont de la base d'un lobule d'angio-plasmode à la base d'un lobule voisin. Fig. XVI. — Schéma de villosités non ramifiées (A3) ou d'un angio-plasmoile non remanié (M3). Lettres comme dans la fig. XV. La conception des prétendues villosités choriales du placenta de la chienne, et de leurs ramifications dans le terrain maternel, a eu pour origine ce fait que les auteurs qui se sont occupés du placenla des carnassiers avaient d'abord étudié celui des pachydermes et des ruminants Là le placenta est bien réellement formé de vil- losités fœtales et de villosités maternelles pénétrant réciproque- ment dans les intervalles les unes des autres. Après avoir constaté cette disposition villeuse, il a été impossible aux auteurs de ne pas concevoir un type semblable pour les antres formes de placenta. Mais ici on pourra me faire une objection semblable, penser que mon esprit a été de même, mais en un sens inverse, forcé dans ses interprétations par l'image persistante et suggestionnante des dis- 1. On s'en convaincra en lisant les travaux de Turner, et particulièrement, afin d'avoir, en un rapide coup d'œil, une vue d'ensemble de ses idées, en lisant l'excellente analyse que Farabeuf en a donnée en 187f) (Strurlnre du placenta chez les animauT, lievne des Sciencex miUlicales. I, VII[, p. i.'i.ï). — 163 - positions constatées dans mes premières recherches. En etïet, j'ai étudié d'abord le placenta des rongeurs, j'y ai vu les formations plasmodiales, et passant alors aux carnassiers, j'aurais été amené à y retrouver des formations homologues, de même que les auteurs, suggestionnés par les placentas villeux des ruminants et pachy- dermes, n'ont pu se défendre de voir les mêmes villosités chez les carnassiers. Je répondrai que tel n'est réellement pas le cas; en même temps que le placenta des rongeurs, j'étudiais celui des pachydermes et ruminants ; depuis longtemps mon opinion est faite à cet égard; elle est entièrement, sauf quelques détails histolo- giques, d'accord avec les descriptions classiques. Entre temps je réunissais les pièces, et effectuais les séries de coupes pour le pla- centa des carnassiers; j'étais donc, en abordant l'étude de ces der- nières préparations, réellement indifférent, en état d'équilibre entre l'impression produite par les placentas villeux et les placentas à formation plasmodiale. Pour l'interprétation du placenta de la chienne c'est donc uniquement une analyse minutieuse des dispo- sitions histologiques, en dehors de toute suggestion produite par mes autres études, qui m'a guidé dans mes interprétations, et du reste toutes les descriptions détaillées du présent mémoire mon- trent bien qu'il ne s'agit pas ici d'interprétations, mais de faits exposés essentiellement d'après l'encliainement de leurs évolutions successives. Ces considérations générales, avec les schémas comparatifs qui les accompagnent, permettront au lecteur de voir dans l'historique suivant non pas une simple énumération d'opinions contradic- toires, mais une série de conceptions qui sont comme autant de variations sur un thème commun, celui de la villosité placentaire des pachydermes et des ruminants. Nous diviserons cet historique en trois périodes. Première période. — Bojams, de Baer^ Sharpey, Bischoff. — Les premiers anatomistes qui se sont occupés du placenta de la chienne ont surtout basé leurs conclusions sur l'examen d'utérus dans les premiers temps de la gestation; ils ont détaché le chorion de ses adhérences à la muqueuse ; ils ont vu ainsi les villosités mésoder- miques, sur lesquelles ils n'ont pas fait de recherches histologiques proprement dites, et, de cet état initial, ils ont conclu à une péné- tration de plus en plus profonde, et à une subdivision ultérieure de — 464 — villosités fœtales dans le terrain maternel. Il faut citer à cet égard Bojanus, de Baer, Sharpey et Bisclioff. a. Bojanus, dont nous avons déjà reproduit une figure (ci-dessus, lig. VIII, dans le texte) relative à l'ensemble des membranes de l'œuf, a donné une très exacte description de ce qu'on peut observer en disséquant de dehors en dedans un renflement de ges- tation, à la quatrième semaine. En incisant le renflement, dit-il *, on détache les enveloppes de l'embryon sous la forme d'une masse sphérique se prolongeant par deux extrémités cylindriques; la partie moyenne, située entre ces deux prolongements, est seule très adhérente à la paroi utérine correspondante, dont elle ne peut être détachée sans déchirures. Quand on a effectué cette sépara- tion, cette partie moyenne des enveloppes fœtales présente une surface creusée de larges cellules, rappelant l'aspect des alvéoles d'un gâteau de miel ^ Ces cellules sont larges, hexagonales ou arrondies, par places très Irrégulières; elles sont limitées par des parois ou cloisons membraneuses non rigides, mais flasques et dilacérées par places, vu leurs adhérences primitives à la paroi utérine ' , Cette couche alvéolaire, qu'il compare à la caduque humaine, Bojanus la nomme caduque celliileuse ; elle ne se pro- longe pas, dit-il, sur les deux bouts de l'œuf, mais, disposée en ceinture, elle est comme perforée à ses deux pôles et laisse passer, sous forme de deux appendices cylindriques, les autres membranes de l'embryon. En examinant avec soin ses cellules ou alvéoles, on voit dans leur fond des orifices conduisant dans d'autres cellules placées plus profondément, l'ensemble de la caduque formant ainsi une série de couches d'alvéoles destinées sans doute à recevoir les humeurs par lesquelles se font les échanges entre la mère et l'em- bryon. En incisant cette couche celluleuse de la caduque, continue Bojanus, on met à nu, au-dessous d'elle, une seconde couche blan- châtre et d'aspect réticulé; comme la précédente, cette couche n'existe que sur la portion sphérique, moyenne de l'œuf, c'est-à- dire que, interposée entre la caduque celluleuse et le chorion, elle s'étend jusqu'au niveau de la bordure verte du chorion, ne lais- * 1. L. Bojanus, Observatio Anatonicn de Fclu canino dimim cjusque velamcnlis (Not. Ad. Acad. Leopold., X, 1; Bonnae, 1820). 2. Ceci est une très exacle description de l'aspect macroscopique de la cmuiic spon- gieuse (dilatations glandulaires). 3 Ces cloisons sont nos lamelles mésentérif ormes. — 165 — sant libres que les deux appendices cylindriques sus-indiqués. Celte couche est molle, difficile à isoler en membrane continue, et mérite, par son aspect, le nom de caduque spongieuse ' ; elle est en effet creusée d'innombrables orifices qui reçoivent les villosités du cho- rion sous-jacent, elles connexions ainsi établies sont si multiples, qu'il est impossible d'isoler cette couche sous forme d'une mem- brane continue. Enfin en enlevant cette caduque spongieuse, on arrive sur le chorion remarquable par ses nombreux vaisseaux, et formant une enveloppe complète, c'est-à-dire non perforée k ses deux extré- mités, comme les enveloppes précédentes. La région moyenne, sphérique, de ce chorion est recouverte d'innombrables villosités, et limitée, en allant vers les extrémités cyhndriques de l'œuf, par une bordure verte. Comme chez le fœtus à terme on voit cette zone verte marquer les bords du placenta, il est évident qu'ici aussi sa présence nous indique la signiticalion de la partie villeuse en ques- tion, laquelle n'est donc autre chose que la région placentaire des enveloppes fœtales. Au delà de cette bordure verte le chorion se prolonge (extrémités cylindriques de l'œuf) en une membrane transparente, extrême- ment délicate, revêtant la vésicule ombihcale sous-jacente. h. Baer % à propos d'un utérus de chienne, à la fin de la troisième semaine de la gestation, insiste sur les villosités qui hérissent le chorion, excepté aux deux extrémités de l'œuf; des villosités ma- ternelles se sont développées, dit-il, entre ces villosités fœtales, et ces deux ordres de productions arrivent à se souder et à s'unir fortement. Sur un œuf plus âgé {op. cit., p. 22), il trouve les parties fœtales et maternelles unies d'une façon si intime, qu'on ne les peut séparer que par la macération, après laquelle on observe, sur les deux surfaces disjointes, des rugosités dues au déchirement du tissu conjonctif et à l'arrachement des vaisseaux. Du reste à cette époque on ne s'occupait guère que de rechercher, par des injec- tions, les rapports de contiguïté entre les vaisseaux maternels et fœtaux. Tel est le cas d'Eschricht ^, qui du reste ne parle que du placenta du chat. 1. C'est l'ensemble de nos couches compactes et de détritus glandulaires. 2. K.-E. von Baer, llnlersûch. iib. d. Gefâsswerbindmg zwischen Mutter und Frucht, Leipzig, 1828, p. 20. 3. Fr. Eschricht, De organis quœ respirât, et nutril. fœtus mammalium inserviml, — Hauniae, 1837. H* — 166 — Nous avons précédemment, à propos de l'iiistorique des glandes, et à propos des villosités creuses de l'ectoderme, lors de leur première apparition, donné un extrait des recherches de Sharpey à ce sujet. Décrivant les parties sur des utérus plus avan- cés, cet auteur s'exprime ainsi ' : « Avec les progrès de la gesta- tion les cavités glandulaires et leurs embouchures se dilatent et reçoivent des prolongements membraneux de la surface de l'œuf; ces prolongements sont des excroissances du chorion et renferment des ramilications des vaisseaux ombilicaux; ils sont creux au début, et leurs cavités communiquent un certain temps avec la cavité générale du sac chorial; mais ils sont ensuite comblés et présen- tent alors la constitution type d'une villosité. Plus tard ces villo- sités se compliquent par la formation de ramifications latérales, qui se subdivisent à leur tour, mais leur extrémité terminale, qui ferme l'ouverture de la glande correspondante, reste unie et large, recou- verte d'un épithélium ^ Les vaisseaux maternels s'insinuent entre ces ramifications de villosités foetales et les entourent, sauf au niveau de l'extrémité terminale qui plonge dans la cavité de la glande ^ » d. Bischofî, tout en reconnaissant combien il est difticile de démêler les parties fœtales et maternelles, conclut à peu près comme Sharpey. << Au début, dit-il (p. 114) les villosités cho- riales pénètrent dans les glandes, d'où il est facile de les extraire par arrachement. Plus tard il est difficile de constater exactement ces dispositions, mais on ne saurait doutei* que les choses conti- nuent à se comporter comme elles l'ont fait au début. Les glandes utérines croissent de plus en plus et avec elles les villosités qui y sont contenues comme dans un fourreau. Les unes comme les autres émettent de nombreux prolongements latéraux et contra:ctent ainsi des connexions qu'on ne peut séparer sans déchirer les parties. Dans les villosités se répandent les vaisseaux fœtaux, et entre les glandes utérines se ramifient les vaisseaux maternels. Nulle part ces deux ordres de vaisseaux ne sont en connexion directe. Cet 1. Sharpey, On the Membrana ilecidm and utérine Glands (Trad. aiigl. de la Phy- siologie de Millier). — Voir aussi ; London and Edinb. monthli/ Jour., Febr., 1842; — Microscopic. Joiirn., vol. II, n° 21, p. 279. 2. On reconnait ici la description des arcades eclodermiques (AE, dans la série des planches et dans les figures schématiques XV et XVI). 3. On voit que cette description correspond bien à notre schéma A2 (fig. XV), donné comme type des descriptions classiques. 4. L.-W. BischofT, Entwicklungsçieschichte des Hunde-eies. Braunschweig, 184;j. — 167 — ensemble forme le placenta zonaire, auquel on peut ainsi distinguer une portion maternelle formée par les glandes utérines hypertro- phiées et les vaisseaux utérins, et une portion fœtale formée par les villosités du chorion avec les ramifications des vaisseaux ombi- licaux. Les villosités choriales n'entrent pas ici dans des sinus vei- neux utérins, mais bien dans des glandes devenues très volumi- neuses. Finalement ces parties sont si intimement soudées, qu'on ne les peut séparer; c'est la portion maternelle du placenta qui se détache avec la partie supérieure des glandes hypertrophiées » Fig. XVII. — Ercolani, 1869, pl. I, fig. 3. — Légende d'Ercolani : u Section schématique verticale de l'utérus, du placenta et du chorion d'une chienne. — A, chorion adhérent à la surface fœtale du placenta; — B, vaisseaux artériels et veineux en rapport avec ceux du cordon ombilical, et desquels naissent les villosités constituant la portion fœtale du placenta; — C, C, les susdites villosités; — D, D, follicules glandulaires à marche fort sinueuse et communiquant entre eux, ou portion maternelle du placenta, dérivant des plis et des sillons préexistant dans la membrane muqueuse de l'utérus non gravide. Les culs-de-sac de ces follicules sont indiqués en bas par la lettre G, en haut la même lettre indique leur orifice qui est adhérent au chorion. — E, E, parois de l'utérus; — F, tissu conjonctif qui s'élève entre les grands plis de la muqueuse transformés en follicules glan- dulaires sinueux, parcouru s par les vaisseaux maternels ou utéro-placenlaires. — H, H, grands plis festonnés de la muqueuse utérine qui s'élèvent sur les bords externes du placenta. Les franges des festons internes de ces plis sont transformées en follicules glandulaires. » 1. Notons que Bischoff dit plus loin {Ibid., p. 116) : « Je ne pense pas que de celte constitution du placenta du chien on puisse tirer une conclusion générale sur la consti- tution du placenta des autres animaux et de l'Iiomme. Ainsi les choses ne sont pas dis- posées de même chez le chat, comme l'a montré Eschricht. Et d'autre part il ne m'a pas été possible de voir des glandes utérines chez le lapin. » — 468 — Seconde période. - - Ercolani (1869), 'Turner, Ercolam (1877), Tafani, Heinz, Lombardini. — Après Bojanus, de Baer, Sliarpey et Bischoff, les auteurs que nous allons passer en revue ont étudié histologiquement le placenta, ont reconnu ce que nous appelons lamelles labijrinthiqiies et ont cherché à se rendre compte de l'ori- gine et de la signification des éléments anatomiques de ces lamelles. a. Ercolani croit retrouver dans le placenta de la chienne la même disposition que dans les cotylédons de la vache. « Chez la chienne et la chatte, dit-il (o/). cit.,']). 5) la forme typique du follicule (pl. I, fig. 3 — fig. XVII ci-contre) ne se perd pas; mais au lieu de se répéter dans sa forme simple, telle qu'on l'a vue chez la vache, il s'allonge extraordinairement comme en glandes tubulées, qui s'adossent étroitement, par leurs parois, aux villosités du pla- centa fœtal. L'ouverture des follicules à la surface du placenta se trouve à l'endroit où pénètrent les villosités du chorion(G); leur fond, en cul-de-sac, est visible dans l'intérieur du placenta vers sa surface utérine (GG). Néanmoins il est impossible de suivre ou d'isoler entièrement un follicule depuis son orifice jusqu'à sa ter- minaison, à cause de la structure compliquée et sinueuse des anses entériformes, de leur rapprochement très intime, et de leurs nom- breuses communications dans l'épaisseur du placenta. » — Ceci est une première indication, donnée dans les pages d'introduction de son mémoire. Plus loin (Ibid., p. 104 à 107), Ercolani entre dans plus de détails, avec des figures moins schématiques (fig. 1 et 2 de sa planche VIII, reproduite dans les figures XVIII et XIX, ci-contre). Pour lui, chez la chienne, les villosités choriales pénètrent dans les excavations ou festons de la muqueuse qui ne sont que des folli- cules très développés. Dans la partie profonde du placenta on trouve des culs-de-sac glandulaires jusque dans lesquels n'ont pas pénétré les villosités choriales; dans la partie supérieure, on voit un réseau uniforme de tubes, à parcours très sinueux, commu- niquant entre eux au moyen de petites commissures (pl. VIII, fig. 1, lig. XVIII, ci-contre). Arrivés à la surface du cliorion (pl. VIII, fig. 1, en c,c) ces tubes s'ouvrent en extrémités de diamètre variable, selon qu'un nombre plus ou moins grand de tubes confinent dans l'ouverture. Les villosités du chorion pénètrent dans les orifices 1. G.-B. Ercolani, Mémoire sur les glandes ulriculaires. de l'uUnis et sur l'orgnnc glandulaire de néofortnation . Trad. frano., Alger, 1869. — 169 — des tubes sinueux susdits, mais elles n'arrivent pas dans les cavités glandulaires inférieures. Ainsi l'organe glandulaire de nouvelle formation ne prend pas ici le type de follicule glandulaire simple, parce que une partie des follicules a une disposition singulièrement llexueuse et qu'ils communiquent entre eux ; mais on retrouve tou- jours la forme d'un canal ou tube, dans lequel se trouve d'un côté l'orifice, de l'autre l'extrémité en cul-de-sac, où est renfermée une anse vasculaire du chorion chargée d'absorber l'humeur provenant de la production épithéliale interne du follicule. Enfm, dans un appendice à ce même travail de 1869, Ercolani ajoute encore quelques détails {Ibid., p. 179); ils sont relatifs aussi bien à la chatte qu'à la chienne : « A l'endroit où s'est arrêté l'œuf, Fig. XVIII. — Ercolani, 1869 pl. VIII, Qg. 1. — Légende d'Ercolani : Section verticale du placenta d'une chienne à terme ; région de la surface fœtale du placenta : — A, A, cho- rion dont les cellules du tissu connectif se confondent avec le tissu connectif provenant de celui de l'utérus, par lequel le chorion adhère fortement à la surface fœtale du pla- centa ; — B, B, vaisseaux en rapport avec ceux du cordon ombilical, et desquels partent les viUosités, constituant la portion fœtale du placenta, qui entrent dans les follicules glandulaires; — C, C, les ouvertures des follicules sur la surface fœtale du placenta communiquant fréquemment entre elles au moyen de tubes courts; — E, E, ouvertures provenant de la section d'autant de ces tubes de communication ; — F, F, tissu connectif né par prolifération de celui de l'utérus, et parcouru par les vaisseaux utéro-placentaires ; — G, G. vaisseaux susdits. dit-il, la muqueuse utérine prend d'abord l'apparence foUiculeuse; les replis, et par conséquent les excavations, sont de petites dimen- sions; à la place où ne se forme pas le placenta, ils disparaissent promptement, et la muqueuse redevient unie, à cause de la disten- sion que le développement de l'œuf produit sur les parois utérines. Là, par contre, où le placenta se forme, l'épilhélium qui recouvre les follicules exigus qui s'étaient formés, parait se ramollir et prendre une apparence tomenteuse. En même temps, du tissu — 170 — conjonctif sous-épilhélial, prolifère un autre tissu de cellules arron- dies, molles et délicates qui se confondent avec celles de l'épilhé- lium ramolli. La forme des follicules est maintenue par l'élévation de ce tissu de néoformation en lamelles minces, droites, verticales d'abord et couvertes d'un délicat épithélium qui correspond à celui qui tapissait la muqueuse utérine. Entre ces lames du tissu produit par les cellules de nouvelle formation s'insinuent des prolongations laminaires du chorion, où, plus tard seulement, on distingue les vaisseaux. « Pendant les progrès de la formation et du développement de la portion maternelle du placenta, les lamelles s'allongent sans Kig. XIX. — Ereolani, pl. VllI, fig. 2. — Légende d'Ercolani : Portion médiane du niènie placenta, qui montre la marche très sinueuse des follicules glandulaires qu'on voit entiers aux endroits marqués par la lettre A, et à moitié ouverts à la lettre B. — Les lettres E, F, G, correspondent aux parties indiquées par les mêmes lettres dans la figure précédente. augmenter de grosseur, et sous la pression de l'accroissement de l'œuf, elles se plient et se replient sur elles-mêmes jusqu'à pré- senter précisément la structure de l'organe achevé (pl. VIII, fig. i2 — flg. XIX ci-contre). Pendant cette période de formation, les lames du nouveau tissu sont uniques; mais lorsque les tubes glandulaires se seront formés, comme dans la susdite figure, chaque tube sera constitué par la moitié de deux plis qui s'unissent entre eux, en renfermant les vaisseaux qui se sont formés dans les lames cho- riales interposées, dès l'origine du placenta, entre les lamelles de néoformation. » Ainsi Ereolani a vu et figuré les lamelles labyrinthiques; il les prend pour des tubes; mais peu importe; cette confusion est facile quand on ne contrôle pas les coupes verticales par des coupes — 171 — liorizontales. Mais que représentent ces tubes à ses yeux? J'avoue que la première fois que j'ai lu les passages ci-dessus reproduits, je me suis refusé à croire qu'Ercolani eût pu commettre la singu- lière confusion que j'y voyais ; mais son texte, aidé des trois tigures que nous avons également reproduites, est bien explicite : pour Ercolani ces tubes sont des glandes, des follicules de nouvelle for- mation. La première figure (reproduite dans la fig. XVII) est sché- matique, mais les deux autres (reproduites en XVIII et XIX) sont d'assez bonnes reproductions des lamelles labyrinthiques; il y est dessiné des parties claires (en G, G et E, E) dans lesquelles on reconnaîtra facilement les capillaires, ou la place occupée par les capillaires maternels; pour Ercolani ces parties claires sont les ouvertes des follicules à la surface du placenta, ou bien des ori- fices de communication de ces follicules entre eux. Dans ces follicules doivent pénétrer ultérieurement, dit-il, les vaisseaux fœtaux (!) ; quant aux vaisseaux maternels ils sont entre les lamelles ou follicules, en G, G (fig. XVIII et XIX], c'est-à-dire qu'il a pris pour maternels les véritables vaisseaux fœtaux. Je le répète, j'avais peine à croire à la possibilité de pareilles confusions; mais Ercolani lui-même les a reconnues ultérieure- ment avec une bonne foi à laquelle il faut rendre hommage. G'est à la suite des travaux de Turner, et après avoir lui-même pratiqué des injections, qu'il est arrivé à une interprétation plus exacte. Nous ne reprendrons donc la suite des mémoires d'Ercolani, qu'après avoir parlé de Turner. Disons seulement que, tout en reconnaissant ses premières erreurs, Ercolani ne changera rien à la formule générale : le placenta restera toujours pour lui une néoformation glandulaire; c'est pour lui un dogme, devant lequel les faits s'effacent; le dogme subsiste toujours; il trouverait que le placenta est formé de cartilage ou de lamelles osseuses, qu'il n'en arriverait pas moins à conclure que c'est une néoformation glan- dulaire d'origine maternelle. b. Turner {op. cit., p. 72) ' a étudié spécialement la chatte ; mais ses conclusions sont valables en grande partie pour la chienne; au début il a trouvé, dit-il, des villosités choriales pénétrant dans des cryptes, disposition qui concorde, dit-il, avec ce qu'ont décrit 1. W.-.M. Turner, Lectures on the comparative anatomy of the Placenta, Editl- bourg, 1876. — 172 — Sliarpey et Bischoff pour le chien. Seulement, à ses yeux, les ci-yptes en question (p. 7o) ne correspondent pas aux vraies glandes primitives de la muqueuse, mais sont formés par une végétation de cette muqueuse qui forme des plis réticulés. A cet égard ses obser- vations concordent, dit-il, avec celles d'Ercolani. Du reste, dans les quelques détails qu'il donne sur le placenta de la chienne, on voit qu'il le considère comme une intrication de villosités (ou de lis) fœtales et maternelles. « Les prolongements de la muqueuse utérine entrent dans le placenta par une multitude de points entre les villosités fœtales, et, en montant vers le chorion, émettent une série de ramifications, de manière à envelopper les subdivisions des villosités choriales. Ces prolongements intraplacentaires de la muqueuse consistent en un tissu conjonctif sub-épithélial, où se ramifient les vaisseaux maternels, et en un épithélium composé en partie de cellules cylindriques et en partie de cellules qui, de cylindriques régulières, sont devenues irrégulièrement polyédri- ques... Les villosités choriales sont ramifiées à l'infini, de manière à se terminer en petites touffes villeuses. Les rameaux de l'artère ombilicale s'y terminent en un réseau capillaire serré. Ces villosités sont en contact intime avec les cellules épithéliales qui revêtent les prolongements intraplacentaires de la muqueuse utérine » {op. cit., p. 83). Mais chez le renard, Turner décrit avec plus de détails les rap- ports des vaisseaux maternels et des vaisseaux fœtaux dans le placenta, et surtout donne une excellente figure d'une injection où il représente le réseau capillaire fœtal pénétrant entre les cellules ectoplacentaires {op. cit., p. 85) : « Chez une femelle de renard, tuée environ vers le milieu de la gestation, je constate que la cons- titution du placenta est tout à fait comparable à ce qu'elle est chez la chienne... Les vaisseaux maternels des prolongements utérins sont plus volumineux que des capillaires ordinaires cl présentent un diamètre trois à quatre fois plus large que les capillaires corres- pondants des villosités fœtales... En général, par suite de la subdi- vision successive de ces prolongements ou lames maternelles, les trabécules qui en résultent arrivent à ne plus contenir qu'un seul capillaire colossal \ et, comme la plupart de ces vaisseaux 1. Ceci est une bonne descripliun d'une lamelle labyrinthique; mais on voit, quel- ques lignes plus loin, que Turner considère le revêtement (plasmodial) de ces lamelles comme un épithélium maternel. — 173 - montent alors verticalement dans le placenta, les coupes horizon- tales de l'organe montrent ces vaisseaux en section transversale. Alors on voit le vaisseau transversalement sectionné entouré par un anneau de cellules, le revêtement épitliélial maternel, car le tissu conjonctif sous-épithélial correspondant est tellement réduit qu'on n'en voit plus guère de traces, et que les cellules épithé- liales forment comme une adventice spéciale autour du volumineux capillaire... Les villosités du chorion sont de larges lames, profon- dément subdivisées, de façon à présenter une disposition arbo- rescente » (p. 86). c. Nous arrivons ainsi à la seconde manière d'Ercolani ' : « En étudiant, dit-il (p. 15), les descriptions et les exactes tigui'es de Turner sur le placenta injecté du renard, et en les comparant avec ce que j'avais dit et représenté relativement au placenta de la chienne et de la chatte, tout à coup je m'aperçois que si les obser- vations de Turner étaient exactes, il se trouvait que j'étais tombé dans une grande erreur en interprétant comme je l'avais fait la structure intime du placenta chez les carnassiers, car j'avais pris les vaisseaux utéro-placentaires maternels pour les vaisseaux d'ori- gine fœtale, et j'avais pris pour des follicules glandulaires néo- formés des parties qui n'ont en réalité rien de commun avec des cryptes ou follicules. Tous ceux qui se sont apphqués à étudier la structure intime du placenta et qui connaissent les grandes difli- cultés de ces recherches, comprendront facilement comment, en ne faisant pas préalablement une injection du placenta des carnassiei's, on peut facilement tomber dans l'erreur que j'ai commise, erreur que je dirais presque inévitable; mais je n'ai pas à insister sur ce point; il me suffit que, mis en éveil par les observations de Turner, et après les avoir répétées, j'aie pu corriger celte erreur et parvenir ainsi à comprendre que si chez certains animaux la structure glan- dulaire de la portion maternelle du placenta apparaît clairement sous la forme de cryptes et foUicules ordinaires, comme dans les placentas diffus ou multiples (cotylédonaires), au contraire la forme glandulaire, quand le placenta est unique, soit zonaire, soit discoïde, est complètement méconnaissable, quoique le placenta maternel ne perde pas le caractère fondamental d'organe sécrétant. Et en effet, 1. G.-B. Ercolani, SuU'unita del lipo anatoinico délia placenla nti Mammifcri, etc. Bologna, 1877. — 174 — en reprenant mes recherches à ce nouveau point de vue, j'ai con- lirmé ma conception du type anatomique unique du placenta chez tous les vertébrés mammifères. Mais avant d'arriver aux conclu- sions, examinons les faits. « Chez la chienne et chez la chatte, ainsi du reste que chez la Kig. XX. — Ercolani. 1877, pl. 1, fig. 2. — Légende d'Ercolani : Coupe du pl;iri;nta d'une chienne à la moitié environ de la gestation. — A. A, glandes ulriculnires dilatées et déformées, dont l'ensemble forme une couche réticulée h larges mailles; — B, U, réseau de vaisseaux maternels, injectés, pour montrer comment la couche cellulaire qui les enve- loppe (B', B') monte de la surface utérine jusqu'au chorion ; — C, le chorion et ses gros vaisseaux fœtaux ; — D, D, espaces circonscrits par la disposition en réseau des vais- seaux maternels. Pour plus de clarté on n'a pas figuré, dans ces espaces, les éléments du chorion, ni les vaisseaux fœtaux. femme, les glandes utriculaires de la région où se forme le placenta se dilatent et se déforment de manière à former un tissu spongieux — 178 — à larges mailles placé entre la musculature utérine et la face utérine du placenta. Je me contente de représenter celte couche spongieuse (en A) dans la figure 2 de la planche I (fig. XX, ci-contre), figure qui représente une coupe du placenta de la chienne à terme, avec injection des vaisseaux maternels. « Les vaisseaux maternels dans le placenta ont un diamètre uni- forme et sont disposés en une sorte de réseau qui monte jusque vers le chorion, auquel ils s'unissent d'une manière intime. Dans le chorion (en C) on voit, en section transversale, les vaisseaux fœtaux qui convergent pour aller au cordon ombilical. Or chaque rameau du réseau vasculaire maternel, ici injecté, est complètement entouré d'une couche uniforme et assez épaisse de cellules (B'B'), de sorte que tout le placenta maternel est ici représenté par un réseau vasculaire et son enveloppe de cellules. En un mot nous retrouvons ici, d'une manière plus compliquée et dans un état défi- nitif, la disposition constatée d'une manière transitoire dans le placenta de la lapine, au début de son développement, ainsi que je l'ai représenté dans la figure 1 de la même planche K Ainsi il est des placentas qui, même au terme de la gestation, nous donnent la preuve que les cellules de la sérotine, les cellules du placenta, dérivent des parois des vaisseaux placentaires, vaisseaux qui, man- quant ici encore des caractères ordinaires des canaux vasculaires, doivent être considérés comme de nouvelle formation et sont spé- cialement remarquables par leur revêtement cellulaire extérieur. « En injectant aussi les vaisseaux fœtaux on a la démonstration claire et évidente des rapports qui s'établissent entre la portion fœtale et la portion maternelle. On voit alors que les vaisseaux fœtaux, artères ou veines, qui ont un diamètre considérable dans la couche du chorion qui adhère à la surface fœtale du placenta (en C), se résolvent subitement, au-dessous de celte couche, en un réseau délicat et fin de capillaires qui viennent reposer directement au contact de la couche cellulaire revêtant les vaisseaux maternels. Le fin réseau capillaire fœtal ne se distribue pas seulement à la surface des cellules qui revêtent les vaisseaux maternels, mais il pénètre encore entre ces cellules, comme on le voit nettement là où un vaisseau maternel se présente en section transversale. A cet 1. Nous avons déjà (Placenta des Rongeurs, fig. VII, p. 142) reproduit cette figure d'Ercolani, sur le placenta du lapin, et fait remarquer combien est erronée l'interpréta- tion qu'en donne cet auteur. — 176 — égard je suis complètement d'accord avecla description que Turner donne du placenta do renard, et on voit ainsi qu'on ne peut plus admettre la théorie de l'existence, chez la chienne, de follicules glandulaires ou cryptes, semblables à ceux qu'on rencontre chez les solipèdes ou les ruminants... Le placenta des divers carnassiers, tel que Turner l'a exactement décrit chez le renard, est très favo- rable pour montrer que l'épithélium maternel sécréteur, ou, en d'autres termes, les cellules de la caduque placentaire sont pro- duites par les parois des vaisseaux maternels {op. cit., p. 53). Dans son mémoire de 1880 ' Ercolani reproduit, en la précisant, la même description ; il ne donne pas de nouvelles figures du pla- centa de la chienne, mais il s'attache, pour cet animal, à démontrer l'origine périvasculaire des éléments (notre plasmode) qui entou- rent les vaisseaux maternels, c'est-à-dire forment les lamelles laby- rinlhiques. Pour comprendre les origines de cette manière de voir, il faut relire ce que nous avons dit précédemment de ces cellules périvasculaires chez le lapin (voir notre Placenta des rongeurs, p. 142 et fig. VU). « Avec le développement successif de l'organe, dit Ercolani (op. cit., p. 153), les lamelles utérines se replient sur elles-mêmes et sur les coupes verticales du placenta on voit qu'elles reproduisent des séries répétées de dessins semblables à la lettre S. A cette période de développement la description donnée par Eschricht est exacte -, mais quand les vaisseaux maternels entrent dans les lames en question, ils envoient de courts prolongements entre les lames choriales qui se réunissent aux lames utérines voi- sines, et peu à peu la portion maternelle du placenta se trouve formée, non plus de lamelles, mais par un véritable réseau dérivant de ces lamelles. Les vaisseaux maternels de ce réseau sont entourés d'un revêtement stratifié d'éléments cellulaires, et c'est ainsi que les lamelles primitives se transforment en une série de cordons fins, formés dans leur centre par un vaisseau maternel, et à leur périphérie pai' un revêtement de cellules périvasculaires... Chez le chien et le chat les villosités fœtales sont dépourvues d'épithélium, 1. G.-B. Ercolani, Nuoee ricerche sulla placenta nei pesci cartilaginosi e nei Mam- miferi; Cologiia, 1880. 2. Le passage auquel Krcolani fait allusion est le suivant : « Placenta felina a lanii- niilis leniiissimis , pei'pendicularibus , llcxuosis, niiiltifarie inviceni convoliitis et implicatis composita esse videtur. Dnni rumpebalur placenta violenter inflexa, lanii- nulain a laminula separari seinper vidi. » (D. F. Kscliricht, De Organis qua- respirn- lioni el nutritioiii fœliis mmimalium inserviiinl, Haunia', IH'il. p. 14.) — 177 — et leur fin réseau capillaire se distribue tout autour du revêtement cellulaire qui enveloppe chaque vaisseau maternel. » « Le chien donne une bonne démonstration, à la fin de la gesta- tion, de l'origine périvasculaire des cellules déciduales. En injectant les vaisseaux fœtaux, on voit nettement les rapports qui s'établis- sent entre la portion fœtale et la portion maternelle, et on reconnaît que les vaisseaux fœtaux, qui ont un diamètre considérable dans le chorion de la surface du placenta, se réduisent subitement, en pénétrant dans celui-ci, en un réseau de fins capillaires, lesquels, accompagnés des éléments du chorion, s'insinuent entre les lamelles du placenta maternel, et forment un tout en se mêlant aux tra- bécules de celles-ci. Des capillaires de ces lames choriales part un réseau de très fins vaisseaux qui arrivent au contact direct des éléments cellulaires entourant les vaisseaux maternels... Les villosités fœtales sont dépourvues d'épithélium propre, et le fin réseau capillaire qu'elles forment se distribue tout autour de la gaine de cellules qui entoure les vaisseaux maternels... » {Ibid., p. 154.) d. Les descriptions de Tafani sont, à tous égards, plus exactes que celles d'Ercolani. Il décrit l'extrémité profonde des prétendues villosités choriales, et par suite ce que nous avons nommé arcades ectodermiques. Nos schémas Aj, (fig. XV) peuvent servir à suivre ses descriptions. Enfin il ne parle plus de cellules périvas- culaires, mais bien d'épithélium, soit d'origine fœtale, soit d'origine maternelle. « Le placenta maternel, dit-il {op. cit., p. 67), lorsque l'embryon a environ un centimètre de longueur, est représenté par un tissu qui a pi-is la place de la muqueuse primitive, et qui est formé de lames limitant de nombreuses cavités, qui diminuent graduellement d'étendue à mesure que les villosités choriales y pénètrent plus profondément... Les couches successives qu'on trouve alors dans l'utérus, au niveau de la zone placentaire, sont : le péritoine, les tuniques musculaires, les glandes utriculaires entourées de tissu conjonclif, une couche spéciale d'apparence muqueuse, avec nom- breuses cellules, et traversée par les canaux excréteurs des glandes précédentes; viennent alors les cavités sus-indiquées dont les unes sont encore vides, les autres déjà remplies par les villosités fœtales qui y ont pénétré en grand nombre. Cette couche particulière est encore visible en partie à une époque très avancée de la gestation, 12 — 178 — sous la forme de longs espaces allongés et entièrement vides, sur le placenta arrivé environ à la huitième semaine. <( Pour entrer dans plus de détails sur ces parties, j'ajouterai que les lames ' qui limitent ces cavités sont minces, quoique contenant un grand nombre de vaisseaux maternels. Chaque lame présente deux faces hbres recouvertes d'un épithélium à cellules hautes, cylindriques, disposées en une seule couche ^ Mais cette disposition n'existe que dans les cavités où n'ont pas encore pénétré les villo- sités fœtales, car, à mesure que celles-ci pénètrent, le revêtement épithélial change brusquement de caractère. Les cellules épithéliales deviennent plus longues, puis se disposent par groupes saillants entre lesquels sont des dépressions destinées à recevoir les ramifica- tions latérales des villosilés fœtales. En même temps les noyaux des cellules deviennent plus apparents et plus volumineux Les villositès fœtales pénètrent dans les cavités préparées entre les lames maternelles et se montrent dès le début recouvertes d'un revêtement épithélial continu, revêtement qui ne doit, ultérieure- ment, s'atrophier que sur certains points. Ces cellules épithéliales ont des formes différentes selon les régions; le long du corps de la villosité et de ses ramifications latérales elles sont légèrement aplaties, mais vers le sommet des ramilicalions terminales les cel- lules sont nettement cylindriques *.En d'autres termes, les cellules sont cylindriques sur les portions extrêmes des villositès en contact avec le lait utérin, tandis qu'elles sont basses là où elles sont en contact avec le revêtement épithélial maternel ; et même en ces dernières régions elles s'atrophient graduellement plus tard, et arrivent à disparaître complètement avant la lin de la gestation. » {Ibid., p. 71.) Ainsi Tafani, au lieu de reconnaître l'importance des formations eclodermiques (plasmode), conclut à leur atrophie et disparition. Les éléments qui séparent les vaisseaux fœiaux des maternels seraient pour lui d'origine utérine. Voici en effet la suite de sa des- cription : « A mesure que la gestation avance, les modifications qui se pro- 1. C'est noire couche spongieuse, ou des larges dilatations glandulaires (SP, sur la série de nos planches et dans les ligures scliématiqiies XV et XVI). 2. Excellente Nous ne saurions entrer ici dans l'analyse de cette partie du mémoire de Fleischmann; nous dirons seulement qu'il étudie spécialement la caduque réfléchie des rongeurs (rat et souris) pour montrer que sa formation résulte de prolongements de la cavité de gestation; prolongements dont il établit l'homologie avec ce qu'il appelle la cavité accessoire ou latérale (nebenkammer) de l'écureuil. Au cours de ses descriptions, il reconnaît que, comme je l'ai démontré, l'hémisphère inférieur de la vésicule ombili- cale s'atrophie et est résorbé (p. 173) et il est ainsi amené à ne plus admettre à ce niveau l'existence de ce qu'il avait antérieurement appelé un omphalo-chorion (p. 173 et 176). Sauf les considérations de morphologie générale, qui lui appartiennent, et sur lesquelles nous aurons un jour à revenir, tous les processus anatomiques et histolo- giques qu'il décrit sont conformes à ceux que nous avons fait connaître, et il termine en effet par la déclaration suivante (p. 179) : « Lorsque j'ai publié mes premières con- clusions sur les rongeurs, j'ignorais les travaux et les conclusions semblables de Duval, même ses recherches sur la lapine. Comme le mémoire de Duval a paru quel- ques mois avant le second fascicule de mes recherches, cet auteur réclame pour lui la priorité; je ne songe pas à la lui disputer; je préfère me réjouir de voir que, indé- pendamment l'un de l'autre, nous sommes arrivés aux mêmes conclusions. •> L'auteur fait ici allusion aux passages qu'on trouvera aux pages 437 et suivantes de mon mémoire (tirage à part) sur le placenta des rongeurs. Comme lui je me réjouis de ce que, indépendamment l'un de l'autre, nous sommes arrivés aux mêmes conclusions, en faisant remarquer cependant, comme il est dit dans le Placenta des rongeurs (page 437), que Fleischmann n'avait vu que la moitié de la vérité, puisque, en 1891, après avoir constaté l'invagination de l'hémisphère supérieur de la vésicule ombilicale, il ne s'était pas rendu compte de l'atrophie et de la résorption de l'hémisphère inférieur. Ce mémoire se continue (p. 179) par quelques indications sur le placenta de la musaraigne, détails dont nous aurons à tenir compte si nous abordons un jour le pla- centa des insectivores. Alors seulement vient l'élude du placenta des carnassiers; c'est de cette partie qu'est extrait le passage reproduit ci-dessus dans notre texte, et quelques autres pas- sages qui seront cités plus loin. Enfin l'auteur termine en revenant au placenta des rongeurs par l'étude de l'inver- sion de feuillets. Ce n'est pas ici le moment de le suivre dans ses considérations théoriques. Cette analyse montre que ce mémoire touche à bien des sujets et à bien des ques- tions importantes; mais il ne montre pas une seule fois que l'auteur se soit attaché à prendre un type, à le suivre, sans lacunes, dans toutes les phases de son évolution; il serait peut-être tombé ainsi dans les longueurs de descriptions trop détaillées, comme il semble nous le reprocher, mais il aurait évité ces incertitudes et hésitations 17* — 262 — de Berlin (1891). Je ne puis nier la violence de mes attaques, mais je puis réparer ma faute en avouant hautement mon erreur. Je me suis malheureusement laissé égarer par une série de paralogismes séduisants qui m'ont amené à m'appuyer sur autre chose que les faits rigoureusement observés, lesquels doivent être les seules bases d'une discussion scientifique. Les causes de mes erreurs consistent en ce que, dans le développement du placenta du Renard, deux faits m'avaient vivement frappé; j'avais vu les villosités choriales entrer réellement dans les glandes, et l'épithélium de celles ci se détruire; entraîné inconsciemment à une généralisation trop rapide, je pensai retrouver les mêmes dispositions dans tout l'ordre des carnassiers, et je commençai ainsi la série des erreurs que je dois aujourd'hui rectifier. Je dois déclarer qu'il n'est pas exact, d'une part, que toutes les villosités choriales pénètrent dans des cavités glandulaires, et d'autre part que l'épithélium maternel disparaisse... Quand on voit de petites excroissances ectodei-miques au niveau des ouvertures glandulaires, l'épithélium de la surface utérine et l'épi- thélium des glandes sont parfaitement conservés. Les villosités cho- riales pénètrent ensuite rapidement dans la muqueuse ; avant que l'allantoïde ait atteint le chorion, villosités et muqueuse sont inti- mement unies et il est très difficile de les séparer sans macération préalable. Or les coupes pratiquées à ce stade montrent les disposi- tions suivantes. Les cellules de l'ectoderme sont accolées à la sur- face de l'épithélium utérin, lequel a changé de forme et d'aspect, mais est évidemment bien conservé en place. Ces cellules sont devenues aplaties, et prennent très vivement les matières colorantes. Cet épithélium forme donc alors une mince bordure, très foncée, placée en dehors du chorion, qui descend dans les glandes et se continue avec leur épithélium. J'ai donc eu tort d'affirmer que l'épithélium utérin disparaîtrait chez la chatte, et aujourd'hui j'ai reconnu sur les préparations les plus diverses que l'épithélium glan- dulaire persiste et forme un mince revêtement au chorion. Quand l'ectoderme adhère à la surface de la muqueuse, l'épithélium utérin demeure au-dessous de lui, sous forme d'une mince couche; quand les villosités pénètrent dans les glandes, on retrouve encore à ces villosités un revêtement épithélial maternel. Mais plus tard, lorsque qui lui faisaient affirmer énergiquement la destruction, pour venir le lendemain certi- fier, non moins éiiergiquement, mais sans plus de preuves, la conservation de Tépi- Ihélium utérin. — 263 — les villosités sont entrées plus profondément dans le terrain mater- nel, ce n'est plus que vers leurs sommets qu'on peut affirmer la présence d'une couche épithéliale maternelle; on trouve bien vers leurs bases quelques îlots isolés ou restes épithéliaux, mais il ne peut plus alors être question d'une couche continue. » On se demande pourquoi Fleischmann se livre, au début de ce passage, à une rétrac- tation si formelle de ce qu'il appelle ses premières erreurs, pour finalement conclure comme il l'avait fait autrefois, c'est-à-dire affirmer à nouveau, et avec raison, que, à la surface de la muqueuse maternelle (il n'est pas question en ce moment de l'intérieur- des glandes), il ne peut plus être question d'une couche d'épithélium utérin. Nous considérons donc comme désormais bien établie et indiscu- table la disparition de l'épithélium utérin, dans la région placen- taire, aussi bien chez la chatte que chez la chienne. C. — Formation de l'angio-plasmode. a. Première formation de fangio-plasmode. — Il se forme chez la chatte un angio-plasmode constitué par des éléments analogues à ceux de la chienne, et se produisant de façon très semblable. Cependant des différences assez sensibles, quoique secondaires, se montrent entre ces deux angio-plasmodes. Les unes se dessinent ultérieurement, après les premières formations; les autres appa- raissent dès le début; ces dernières résultent tout d'abord de la nature du tissu maternel dans lequel l'ectoderme fœtal pousse ses prolongements, c'est-à-dire de ce fait que nous n'avons pas chez la chatte, à la surface de la muqueuse, une couche formée unique- ment de capillaires (couche des capillaires de la chienne). Par suite l'ectoderme pénètre par larges poussées dans les espaces relativement considérables qui séparent les capillaires maternels. Parfois ces poussées affectent la forme de villosités creuses (voir la figure 101 qui est d'un utérus au vingtième jour); mais nous avons déjà dit que cette disposition est rare, tout à fait exceptionnelle. Au vingtième, au vingt et unième (flg. lOS) et vingt- deuxième jour (fig. 104), nous disposons de toute une série de pièces qui montrent les divers stades de cette pénétration sous sa forme la plus générale. — 264 — Au vingtième et au vingt et unième jour (fig. 105), l'ectoderme pénètre dans la muqueuse utérine par un processus dont le début était déjà indiqué au dix-neuvième jour (fig. 100). Là nous avions vu les capillaires utérins les plus superficiels en rapport direct avec l'ecto- derme, et même déjà entourés par lai sur trois de leurs faces (la face superficielle et les deux faces latérales). Les portions d'ectoderme ainsi parvenues entre deux capillaires superficiels (voir encore la fig. 100) s'étalent alors pour revêtir la face profonde de ces capil- laires, et on voit, sur la figure 105 (vingt-unième jour), que déjà les capillaires C, C sont presque complètement entourés par l'ectoderme. En môme temps ces poussées ectodermiques pénètrent plus profon- dément entre les capillaires sous-jacents (C^ C^ fig. 105) et com- mencent à les entoarer sur trois côtés. — Au vingt-deuxième jour, ces prolongements profonds de l'ectoderme sont plus avancés (fig. 104) et nous avons (extrémités de cette figure) jusqu'à deux et trois couches de capillaires complètement inclus dans la masse ectoder- mique. — Nous avons donné ainsi des types précis du vingt et unième et du vingt-deuxième jour, parce que, favorisé ici par l'abon- dance de nos pièces, nous avions précisément ces types réalisés sur des utérus appartenant aux dates sus-indiquées, et que, pour le stade suivant (fig. 106, 107, 108), nous avions une pièce portant semblablement une date exacte, du vingt-troisième au vingt-qua- trième jour. Mais il va sans dire, comme nous le montrent d'autres pièces, qu'il y a à cet égard une grande variété; et que, sur une même pièce, toutes les parties n'étant pas exactement au même degré de développement, on peut, sur les divers points de la région placentaire, retrouver les dispositions que nous venons de décrire. Ainsi se trouve formée, dès le vingt-deuxième jour, une lame angio-plasmodiale à la surface de la muqueuse utérine, dans toute l'étendue qui donnera naissance à la ceinture du placenta zonaire. Avant de passer à l'étude de l'accroissement de cette lame, nous devons nous arrêter sur sa constitution et ses rapports. A propos de ses rapports, nous devons dire que cette lame s'est substituée au tissu conjonctif vasculaire qui, au dix-neuvième jour (fig. 97), séparait l'ectoderme des extrémités supérieures, terminées en cul-de-sac, des glandes de la couche des cryptes. Les parties pro- fondes de la lame d'angio-plasraode arrivent donc au contact de ces extrémités glandulaires (comparer la fig. 100 avec les fig. 104 et - 265 — 105). Dès que ce contact s'établit, l'épithélium de la partie corres- pondante de la glande entre en dégénérescence. Ce n'est plus la dégénérescence selon le type observé précédemment pour l'épithé- lium de la surface utérine; c'est une dégénérescence par fragmen- tation des noyaux qui se réduisent à des amas très foncés, très colorables, de chroraatine, épars par groupes dans un détritus de substance albuminoïde peu colorable, coagulée par les réactifs, creusée de vacuoles irrégulières (voir en D, lig. 104). Nous avons décrit avec tant de détails la formation de ces débritus glandulaires chez la chienne, qu'il est inutile d'y revenir ici, du moins pour le moment. Nous nous contentons donc de noter cette disposition, bien plus caractérisée dans les stades ultérieurs, à savoir que, dès maintenant, la couche sous-jacente à la lame d'angio-plasmode est une couche de détritus glandulaire, couche non continue cepen- dant, car chaque glande conserve encore sa forme, son indé- pendance, et est séparée de sa voisine par une cloison (flg. 104 et 108). A l'étude des rapports de la lame angio-plasmodiale, aussi bien qu'à celle de sa constitution, se rapporte la question des cel- lules de tissu conjonctif qui, avec les capillaires, formaient primiti- vement la couche (tig. 97) à laquelle s'est substitué l'angio-plas- mode. Que deviennent ces cellules? Nous ne saurions le dire avec une précision satisfaisante. Elles disparaissent graduellement ; sur celles, de plus en plus rares (flg. 105), qu'on aperçoit entre les travées de l'angio plasmode, on ne voit rien qui soit le signe d'une prolifération; au contraire ces cellules deviennent plus pâles, moins colorables. On ne peut pas dire non plus qu'elles soient refoulées vers la profondeur ; on ne les trouve pas plus nombreuses h l'entrée des cloisons interglandulaires, et elles sont totalement absentes \h où l'angio-plasmode est en contact avec les détritus glandulaires (fig. 104). Comme ces cellules ne se multiplient pas, tandis que l'utérus s'amplifle, elles deviennent de plus en plus rares, s'atro- phient et disparaissent sans doute par résorption. En tout cas elles ne prennent pas part à la formation de l'angio-plasmode. L'angio-plasmode est donc constitué, comme chez la chienne, uniquement par des éléments ectodermiques fœtaux et par des capil- laires maternels. Mais, à propos de cette expression d'angio-plas- mode, un fait bien singulier se présente, c'est qu'en réalité la for- mation ectodermique n'a pas ici un caractère plasmodial. Dans les — 266 — stades primitifs que nous venons de décrire, les poussées ectoder- miques se montrent composées de masses protoplasmiques semées de noyaux, mais presque partout on distingue des lignes de sépa- ration limitant les corps cellulaires qui correspondent à chacun de ces noyaux. Dans les stades qui vont suivre, nous allons voir ces lignes de séparation devenir de plus en plus nettes, et la disposition plas- modiale ne se présenter que dans quelques régions, dans quelques couches particulières. Nous conserverons cependant l'expression d'angio-plasmode, parce qu'elle établit bien les homologies des par- ties, comparativement aux études précédentes sur les rongeurs et sur la chienne, et parce que, nous l'avons dit à plusieurs reprises, à propos du placenta des rongeurs, la disposition plasmodiale n'est pas une chose essentielle, et que, selon les régions, on voit à chaque instant les éléments de l'ectoplacenta passer de l'état deplasmode à l'état de cellules individualisées (cellules géantes ectoplacentaires des rongeurs). Le fait essentiel c'est l'origine fœtale, ectodermique des éléments de la néoformation placentaire. C'est pourquoi nous nous servirons indistinctement, pour la chatte, des expressions û'angio-plasmode, de formation ectoplacentaire, de lame ectoplacen- taire, rappelant ainsi les homologies avec ce que nous avons vu chez les rongeurs d'une part, et d'autre part chez la chienne. En effet, en terminant celte étude de la première apparition de la lame angio-plasmodiale, et après avoir rappelé combien le début de cette formation diffère, chez la chatte, de ce qu'elle est chez la chienne, par le fait que l'ecloderme pénètre dans la muqueuse utérine non par de petites saillies intercapillaires, mais par de grosses poussées qui se ramifient largement (fig. 104), nous ferons remarquer combien ces dernières dispositions sont semblables cT, celles que nous avons décrites chez la lapine. En se reportant à la planche II de notre mémoire sur le placenta des rongeurs, on trou- vera, dans les figures 21 et 23, pour la lapine, une lame ectoplacen- taire attachée à la surface utérine, et enveloppant les capillaires par larges poussées, exactement comme chez la chatte. Seulement, chez la lapine comme chez les rongeurs, les capillaires englobés dans la formation ectoplacentaire perdent leur paroi endothéliale et passent à l'état de lacunes sangui-maternelles, tandis que chez la chatte ils conservent leurs parois propres, selon le type qui paraît commun aux carnassiers; c'est encore une raison qui nous a décidé à ne pas abandonner complètement l'expression d'angio-plasmode. — 267 — quoique chez la châtie la formation ectoplacentaire ne soit que peu ou pas plasmodiale. b. Accroissement de Vangio-plasmode. — Sur les coupes de ren- flements de gestation des vingtième, vingt et unième et vingt- deuxième jours, qui viennent de nous servir pour l'élude de la formation de l'angio-plasmode, on peut suivre la formation des plis amniotiques, la fermeture de l'amnios, et le développement du corps de l'embryon. Nous n'avons pas jugé nécessaire de figurer et de décrire ces phénomènes, qui se passent ici exactement comme chez la chienne, et conformément aux indications générales que nous avons données dans notre introduction sur les annexes des carnassiers. C'est pourquoi nous ne donnons une nouvelle figure d'une coupe d'ensemble d'un renflement de gestation que pour un stade plus avancé, et sur lequel nous devons étudier l'accroisse- ment de l'angio-plasmode avant que commence la période de remaniement. (Voir fig. 106.) Cette chatte était étiquetée comme sacrifiée au vingt-quatrième jour de la gestation; ses renflements de gestation étaient longs de 20 millimètres, larges de 18; les embryons étaient longs d'environ 8 millimètres. La figure 106 représente, à un grossissement un peu moindre de deux fois, la coupe longitudinale d'un de ces renflements. L'em- bryon (E) est inclus dans son amnios; à sa partie dorsale (en haut de la figure) est la vésicule ombilicale (VO) ; en bas l'allanloïde (AL) déjà arrivée au contact du chorion et soudée avec lui. La formation ectoplacentaire ou angio-plasmodiale se dessine comme une couche claire qui revêt la surface utérine dans la région du placenta zonaire, c'est-à-dire sur toute l'étendue de la région moyenne de l'œuf, excepté aux deux pôles; là l'ectoderme est libre, et passe, flottant, par-dessus l'orifice des portions étroites du canal utérin. A cette époque, comme au dix-neuvième jour (fig. 94), les dimen- sions relatives de la ceinture placentaire et des régions polaires de l'œuf sont inverses de ce qu'elles seront plus tard; les régions polaires n'ont que peu d'étendue; elles représenteront, à la fin de la gestation, la plus grande partie de la surface de l'œuf, et la région placentaire ne formera plus alors qu'une étroite ceinture médiane. La région polaire, avec une partie de la région placentaire de — 268 — cette préparation (tig. 106), a été reprise, à un grossissement de 12 fois, dans la fig. 107. La couclie ectoplacentaire ou d'angio-plas- mode y est plus nettement visible (AP). On constate qu'elle a main- tenant une épaisseur égale environ à la moitié de celle de la couche glandulaire, ou couche des cryptes, sur laquelle elle repose. Après ces deux vues d'ensemble (fig. 106 et 107), nous sommes suffisamment orientés sur les dispositions générales des diverses formations, pour pouvoir passer à l'étude histologique de la couche d'angio-plasmode et de la couche des cryptes. Cette étude est représentée par la figure 108 à un grossissement d'environ 80 fois. — L'angio-plasmode ou formation ectoplacen- taire est maintenant une épaisse couche d'éléments ectodermiques constituant une formation singulièrement massive, compacte; en elîet les capillaires maternels qu'elle renferme sont peu volumineux et assez éloignés les uns des autres, de sorte qu'entre deux capil- laires se trouvent plusieurs rangées de cellules ectodermiques; c'est une disposition qui diffère singulièrement de celle décrite chez la chienne, où les capillaires sont plus nombreux, plus rapprochés les uns des autres, et par suite séparés par des travées minces de plasmode (voir la fig. 52, pl. V). Une autre différence, c'est qu'ici nous sommes de moins en moins en présence d'un plasmode, mais bien réellement d'une formation épithéliale, à cellules distinctes; nous avons déjà signalé cette disposition aux stades précédents; elle semble un peu plus accusée au vingt-quatrième jour, où les cellules sont bien nettement individualisées chacune autour de son noyau. Mais ni cette individualisation, ni le volume des cellules ne sont les mêmes dans toutes les régions; à cet égard il faut distin- guer surtout la zone superficielle (surface fœtale), qui se distingue de tout le reste de la couche ectoplacentaire par la petitesse rela- tive de ses éléments (voir la partie supérieure delà fig, 111, pl.X); en même temps les cellules y sont moins nettement séparées les unes des autres, et tendent à prendre la disposition plasmodiale. Ces dispositions sont sans doule l'origine de l'opinion de la plupart des auteurs, qui, comme nous le verrons plus loin, ont vu dans la couche superficielle un épithélium distinct (épithélium utérin pour les uns, épithélium chorial pour les autres), et dans le reste de la formation ectoplacentaire, un dérivé des éléments conjonctifs de la muqueuse utérine. L'augmentation de la masse ectoplacentaire se fait par la multi- — 269 — plicalion de ses cellules constituantes, et celte multiplication a lieu par voie de caryocinèse, comme le montrent les figures caryociné- tiques qu'on trouve sur la figure 111, aspects qui sont très abon- dants dans les préparations à cet âge. Quant aux capillaires maternels épars dans celte formation ecto- placentaire, à laquelle nous pouvons pour cela continuer à donner l'épithète d'angio-plasmodiale, leurs parois sont très visibles, car les cellules endothéliales qui les forment sont légèrement hyper- trophiées; ces cellules montrent sur les coupes (flg. 111) un corps protoplasmique relativement épais, et un noyau volumineux, ovoïde, foncé, c'est-à-dire bien colorable. Cet état des capillaires est sans doute en rapport avec l'accroissement qu'ils doivent subir pour suivre l'augmentation de la masse ectodermique dans laquelle ils sont enclavés. Cependant nous n'avons pas nettement observé la multiplication caryocinétique de leurs cellules endothéliales. Pour terminer l'étude de la couche ectoplacentaire ou d'angio- plasmode au vingt-quatrième jour, il nous faut encore examiner sa limite ou zone profonde (surface maternelle), c'est-à-dire les rap- ports de l'ectoplacenta avec la couche glandulaire des cryptes. La ligne de séparation entre la couche ectoplacentaire et la couche des cryptes dessine, sur une coupe d'ensemble, à un faible grossissement, une ligne droite (flg. 106 et 107). Les extrémités supérieures des glandes, terminées en cul-de-sac, paraissent com- primées; tassées, par le développement de la couche d'angio-plas- mode; elles s'aplatissent donc et s'étalent horizontalement, c'est- à-dire parallèlement au plan de séparation des deux couches, et les cloisons interglandulaires paraissent relativement très minces. Mais déjà à un grossissement moyen (fig. 108), et surtout avec un gros- sissement puissant (fig. 112), on constate que, en arrivant vers l'extrémité supérieure de chacune de ces cloisons glandulaires, la formation ectoplacentaire ne s'arrête pas au niveau de la limite supérieure des culs-de-sac glandulaires; elle pénètre dans ces cloi- sons et s'y étend, en général peu profondément, autour des vais- seaux maternels. La figure 112 (pl. X) est spécialement destinée à l'étude de ce détail, dont on voit du reste les dispositions d'en- semble sur les figures 108 et 109. A mesure qu'on va de la masse principale de la couche ectoplacentaire vers ces prolongements inter- glandulaires, on voit les cellules ectodermiques changer de forme, devenir plus allongées, et leur grand axe s'orienter de manière à se — 270 — diriger vers la cloison interglandulaire. Dans celle cloison, les cellules ectodermiques qui y pénètrent sont toutes fusiformes; elles s'insinuent entre le vaisseau (ou les vaisseaux) maternel qui forme l'axe de la cloison et les glandes qui la limitent, et l'ectoplacenta se termine ainsi par des prolongements formés seulement d'une ou deux cellules fusiformes très allongées. On assiste ainsi à l'enva- hissement des cloisons interglandulaires par l'ecloplacenta, qui s'annexe successivement les vaisseaux maternels des cloisons, en vertu de sa nature dite angio-plasmodiale. L'augmentation en épaisseur de l'ecloplacenta se produit donc non seulement par un accroissement interstitiel, c'est-à-dire par multiplication caryocinétique des cellules de sa masse première, mais encore par végétation de sa couche limite profonde, dont les cellules pénètrent dans les cloisons inlerglandulaires, y entourent les capillaires maternels, et donnent ainsi naissance à de nouvelles masses plasmodiales qui s'annexent aux masses sus-jacentes. Mais cet accroissement vers la profondeur n'est pas limité aux seules régions des cloisons interglandulaires. Il a lieu également au niveau des culs-de-sac glandulaires (dans la région a de la fig. 112). En effet à ce niveau l'épithélium de la glande est transformé en un détritus glandulaire, semblable à celui que nous avons décrit pour les mêmes régions chez la chienne; ce détritus glandulaire est peu à peu résorbé, utilisé sans doute pour la nutrition des éléments ectoplacentaires sus-jacents, et l'ecloplacenta se substitue ainsi graduellement aux parties disparues, gagnant d'autant en profon- deur. La démonstration de ce processus nous est fournie par cer- tains détails de la figure 108. On y voit, en effet, dans les zones les plus profondes de la couche ectoplacentaire, trois îlots foncés, qu'on reconnaît pour trois petites masses de détritus glandulaires enclavées en plein dans l'angio-plasmode. Il est facile, d'après les variétés d'aspect et de rapports de ces petites masses de détritus, de comprendre qu'elles ont élé séparées des glandes sous-jacenles par l'envahissement inégal de l'ecloplacenta sur la couche des glandes, que ce sont des portions de détritus glandulaires dont la résorption est en retard, et qui se trouvent là comme autant de jalons pour marquer les progrès de l'extension de l'ecloplacenta dans l'épaisseur du terrain maternel. Ces restes de détritus glandulaires sont ici tout à fait homologues de ce que nous avons décrit chez la chienne sous le nom de restes de glandes, et — 271 — nous arrivons ici à la môme conclusion que pour le placenta de la chienne, à savoir que rangio-plasmode ou formation ectoplacen- taire se substitue à la couche glandulaire, d'une manière gra- duelle, à mesure que les éléments glandulaires tombent en détritus et sont peu à peu résorbés. Ceci nous amène à dire un mot de l'ensemble de la couche glan- dulaire des cryptes. Actuellement ces cavités glandulaires sont munies de nombreux diverticules latéraux, qui s'enchevêtrent d'une glande à la glande voisine, de sorte que les cloisons interglandu- laires deviennent étroites, et que la couche des cryptes, à un faible grossissement, dans une vue d'ensemble, est très nettement appa- rente (fig. 106 et 107) et bien distincte des autres parties. A un grossissement de 80 fois (fig. 108), on constate qu'on peut y distin- guer trois zones : une supérieure, formée de détritus glandulaires en voie de résorption (voir notamment la fig. 112, en D, D), une moyenne où l'épithélium glandulaire est épais, formé d'une large couche protoplasmique renfermant trois et quatre rangs de noyaux (comparer la fig. 108 avec la fig. 109), et enfin une profonde (SP, fig. 108) où les cavités glandulaires sont dilatées, à lumière très grande, l'épithélium qui les recouvre en cette région étant demeuré à une seule rangée de cellules basses. Ces trois zones correspondent, dans le placenta de la chienne, la première à la couche des détritus glandulaires, la seconde à la couche compacte, la dernière à la couche spongieuse. Mais chez la chatte, cette divi- sion en couches successives est très vaguement indiquée, et nous ne la rappelons que pour préciser les homologies avec les parties semblables de la muqueuse utérine de la chienne. Enfin, tout au- dessous des cavités glandulaires dilatées les plus profondes, on trouve (en P, fig. 108) quelques tubes glandulaires étroits et clair- semés; ce sont les extrémités profondes des glandes longues primi^ tives, extrémités qui n'ont pas subi de modifications sensibles, et dont l'ensemble est ainsi homologue de la couche des glandes per- manentes de la chienne. Mais chez la chatte cette couche des glandes permanentes devient de moins en moins distincte, de plus en plus insignifiante (voir les fig. 113, 118 et 119) et ce n'est que par homologie avec les parties semblables bien plus développées et surtout plus distinctes chez la chienne, qu'il y a lieu de l'indiquer et de la dénommer ici. On voit donc qu'en somme les parties sont disposées beaucoup — 272 — plus simplement dans le placenta de la chatte, et que par suite cer- taines apparences que présente celui de la chienne sont ainsi ramenées à leur juste valeur. Tel est le cas des prétendues villo- sités ectoderraiques considérées comme l'élément essentiel de la formation du placenta. Chez la chienne, nous avons dû nous livrer à de laborieuses considérations pour démontrer que les villosités creuses ectodermiques ne sont qu'une disposition accessoire, qu'elles ne représentent pas la formation placentaire; que celle-ci est représentée par les masses d'angio-plasmode interposées entre ces villosités creuses et prenant naissance par végétation de l'ecto- derme de leurs parois latérales. Chez la chatte, la formation de villosités creuses est chose rare, tout à fait exceptionnelle, mais se présentant cependant, sous sa forme rudimentaire, d'une manière assez nette (voir fig. 101) pour indiquer les homologies entre les deux placentas, La formation de la couche ectoplacentaire ou d'an- gioplasmode est ici essentiellement massive, elle rappelle ce que nous avons vu chez la lapine, et il n'y a pas lieu de parler de villosités comme éléments d'origine du placenta fœtal. Il n'y a sur- tout pas lieu de parler de villosités pénétrant dans la cavité des glandes, car les glandes sont fermées dès le début. On voit donc que, dans cette période de formation et d'accroissement de la couche ectoplacentaire, la chatte nous présente, naturellement et sans artifice, un véritable schéma des conclusions auxquelles nous étions arrivés, mais par divers détours, pour la formation de l'angio- plasraode de la chienne. Nous voyons surtout nettement comment l'ectoplacenta ou angio-plasmode se substitue graduellement à la couche des glandes, dont les zones superficielles tombent en détritus et sont résorbées. Ce processus va devenir plus évident encore pendant la période de remaniement. Mais avant d'aborder cette période, nous devons examiner l'état des parties, d'une part sur les régions polaires de l'œuf, et d'autre*part, dans les points de transition entre les régions polaires et les régions placentaires pro- prement dites, c'est-à-dire sur les bords du placenta. Nous commen- çons par ces dernières. c. Bords du placenta. — Nous avons laissé les bords de la région placentaire à l'état qu'ils présentaient au dix-neuvième jour (fig. 95, pl. VIII), alors que l'ectoderme reposait, à ce niveau, sur un épi- thélium utérin en dégénérescence, mais non encore résorbé. A ce — 273 — niveau, les embouchures des glandes utérines étaient encore ouvertes ou seulement en voie d'occlusion (fig. 9o). Pendant la for- mation de la lame ectoplacentaire, ces parties, sur les bords dn placenta (en B, flg. 102), ne subissent pas de transformations bien sensibles, si ce n'est que répilliélium utérin devient de moins en moins visible dans les intervalles des embouchures des glandes, et au niveau de ces embouchures mêmes, et si ce n'est que l'ectoderme correspondant s'épaissit légèrement; mais, chose remarquable, les embouchures glandulaires n'achèvent pas de s'oblitérer (voir la partie inférieure gauche de la fig. 102), quoique, tout au-dessous de ces embouchures, l'épithélium présente déjà la multiplication ou, pour mieux dire, la fragmentation nucléaire qui prélude à sa décomposition en détritus glandulaire. Au vingt-quatrième jour(tig. 107, 109, 110), l'état de cette partie, dite région des bords du placenta (B, B, fig. 109), est le suivant : entre les glandes, à la surface de la muqueuse, l'épithélium utérin a disparu (en A, flg. 109) ; d'autre part, les embouchures des glandes ne se sont pas fermées comme dans la région placentaire propre- ment dite, par la formation d'une couche conjonctivo-vasculaire passant entre les glandes et la surface libre de la muqueuse (revoir les fig. 97 et 99); cependant ces embouchures ne sont plus libres; elles sont oblitérées par des amas de détritus glandulaire, dont nous avons signalé la première indication quelques lignes plus haut (il nous a été impossible, sous peine de multiplier à l'inflni nos figures, de i-eproduire de nombreuses préparations où se consta- tent les états intermédiaires entre ceux de la fig. 102 et ceux de la fig. 109), et sur nombre de préparations (comme celle de la fig. 109) on voit ce détritus glandulaire venir faire saillie à l'exté- rieur, comme un produit de sécrétion de la glande. Ce détritus arrive donc à la surface de la muqueuse et se trouve logé dans des cavités circonscrites par l'ectoderme. En effet l'ectoderme de cette région s'est épaissi (fig. 109) et se compose de deux ou trois rangs de cellules, dont les plus profondes (les plus inférieures sur la figure, c'est-à-dire les cellules les plus voisines du terrain maternel) sont fusiformes et se terminent, à leur extrémité libre, par des pro- longements protoplasmiques plus ou moins allongés; ces prolonge- ments sont bien visibles au niveau des détritus glandulaires en question. Entre ces détritus, c'est-à-dire au niveau des parties de la muqueuse utérine interposées entre deux embouchures de 18 — 274 — glandes, les dispositions sont un peu différentes. L'ectoderme est composé d'un plus grand nombre de couches de cellules, c'est-à- dire se prolonge vers la muqueuse utérine en formant de courts piliers, dont les extrémités libres sont constitués par deux ou trois cellules allongées dans le sens de l'axe de ces piliers. Or, comme à ce niveau l'épithélium utérin a disparu, ces extrémités des piliers pénètrent dans le tissu maternel interglandulaire, s'y implantent (la lig. 109 donne trois degrés d'implantation plus ou moins avancée), et les cellules terminales des piliers entourent les capillaires maternels. On voit qu'il se produit ici un processus sem- blable à celui que nous avons décrit pour les prolongements que la formation ectoplacentaire, pendant son accroissement, émet dans les cloisons interglandulaires (voir la fig. 108, pl. IX, et plus spé- cialement la fig. 111, pl. X); mais ce processus n'ira guère plus loin; il avortera. Ces dispositions de la région des bords du placenta méritent de nous arrêter, pour en examiner d'une part les vues d'ensemble et les détails de structure, et pour en déterminer d'autre part la signi- fication morphologique. Par le fait de l'épaississement général des piliers que pi^ésente en cette région l'ectoderme, il résulte que la lame ectoplacentaire proprement dite, examinée sur une coupe d'ensemble (fig. 107), ne se termine pas brusquement sur son bord ; elle se continue en s'amincissant graduellement, de sorte que, en partant de la forma- tion ectoplacentaire ou angio-plasmodiale (AP, fig. 107), on arrive sur une région, la région dite des bords du placenta (en B, fig. 107) où, sur cette vue d'ensemble, on a l'impression d'une lame ecto- placentaire en voie de développement, mais demeurée en retard dans sa formation, lame qui s'amincit graduellement pour se réduire bientôt à une mince lamelle ectodermique libre, qui repré- sente alors la région polaire de l'œuf (G, fig. 107 et 109). En un mot la formation de la couche ectoplacentaire proprement dite paraît, sur ces vues d'ensemble, ne pas cesser brusquement, mais se poursuivre sur une certaine étendue, et sous une forme de plus en plus abortive, vers la région polaire. Retenons cette expression de formation ectoplacentaire abortive (ou formation abortive angio-plasmodiale), car nous verrons qu'elle correspond bien à la signification morphologique des choses, et que, dans les stades ulté- rieurs du développement, elle sera de plus en plus légitimée et par — 275 — les dispositions des parties, et par l'extension que prendront ces dispositions dans les régions polaires. Pour les détails de structure de celte région des bords du pla- centa, nous avons cru devoir, outre la figure 109, qui est à un gros- sissement de 80 fois, en donner encore une autre représentation (Og. 110), mais cette fois à un grossissement de 325 diamètres; mais il nous semble inutile d'insister sur la description de celte figure, dont l'inspection attentive suffira pour donner une idée des variétés de disposition des détritus glandulaires et des piliers ecto- dermiques disposés entre eux et pénétrant dans la muqueuse utérine. La signification morphologique de ces parties et notamment des dispositions de l'ectoderme peut être examinée à deux points de vue. D'abord en nous en tenant purement au placenta même de la chatte, et en comparant entre elles les diverses régions, nous voyons, surtout par les figures 109 et 110, comparées à la figure 112, et par l'ensemble de la figure 107, que la région des bords du placenta forme une véritable lame ectoplacenlaire. Cette lame ecto- placentaire est relativement mince, et ne contient pas de vaisseaux maternels, n'est pas angio-plasmodiale, si ce n'est au niveau des extrémités des piliers ectodermiques, où les cellules de l'ectoderme commencent à entourer des capillaires utérins; mais, en tout cas, comme dans la région placentaire, cette lame ectoplacenlaire rudi- mentaire repose sur une couche maternelle formée alternalive- ment de détritus glandulaires et de cloisons inlerglandalaires. Celte lame ectoplacenlaire rudimenlaire continuera-l-elle à se déve- lopper, pour ajouter, à la périphérie du placenta déjà constitué, des formations nouvelles semblablement constituées? La suite de ces études répondra négativement à cette question. Elle montrera que la région des bords du placenta demeure à l'étal de formation ecto- placenlaire incomplète, abortive. Mais elle montrera en même temps que cette formation abortive s'étend sur la région polaire de l'œuf et de la cavité utérine de gestation; que des tentatives de production ectoplacenlaire se font ultérieurement dans une partie plus étendue de la région polaire, et l'analyse de ces tentatives ne sera pas sans intérêt pour établir bien définitivement la significa- tion morphologique générale des édifications ectoplacenlaires. En second lieu, en comparant le placenta de la chatte à celui de — 276 — la chienne, la signilicatlon morphologique des parties en question n'est pas moins intéressante. Des termes mêmes que nous avons dû employer pour la description de l'ectoderme dans cette région des bords du placenta chez la chatte, et de l'examen des figures, il résulte que nous avons ici, comme dans la région de la bordure verte de la chienne, des arcades ectodermiques limitées par des piliers ectodermiques attachés et implantés sur le terrain maternel. Ces arcades circonscrivent ainsi des cavités analogues à celles du canal godronné de la bordure verte. Seulement ces cavités ne sont pas remplies, du moins en ce moment, par une hémorragie mater- nelle, par du sang extravasé et par les produits de transformation de son hémoglobine. Nous l'avons déjà dit, ceci résulte de ce que la muqueuse utérine ne donne pas lieu, comme chez la chienne, à la formation d'une couche de capillaires. Ces cavités sont occu- pées par des détritus glandulaires, par une masse de produits cellulaires provenant de l'épithélium des glandes, et où les parti- sans de la théorie du lait utérin auraient beau jeu à se réclamer de leur conception. Nous n'y insisterons pas pour le moment, nous contentant d'avoir confirmé par ce qui précède l'explication que nous avons donnée de la formation des cavités de la bordure verte. Chez la chienne et chez la chatte, l'ectoderme produit ces cavités par un semblable processus ; mais selon la manière dont se com- porte de son côté la surface de la muqueuse utérine, c'est du sang chez la chienne, c'est du détritus glandulaire chez la chatte, qui se répand dans ces cavités. Notons en passant, quoique nous l'ayons précédemment indiqué déjà, à propos de la figure 95, que ce n'est pas à dire que jamais du sang maternel ne se répande dans ces cavités sous-ectodermiques du bord du placenta; mais ces hémor- ragies sont accidentelles, accessoires, et n'arrivent jamais à se aenstituer en formations régulières, normales, en poches sanguines bien définies, comme dans la bordure verte du placenta de la chienne. C'est ce que nous verrons d'une façon plus nette encore en étudiant, dans le stade suivant, l'extension, sur les régions polaires, de ces formations ectoplacentaires abortives. d. Régions polaires de l'œuf et de la cavité de gestation. — Nous appelons régions polaires celles des deux bouts de l'ccuf, où, jus- qu'à présent, l'ectoderme reste libre, et appliqué, sans adhérences, à la surface de la muqueuse utérine (en B et C, lig. 102 et 107). Il — 277 — passe en pont sur les ouvertures des glandes, et sur l'ouverture de la portion rétrécie du canal utérin qui fait communiquer une cavité de gestation avec la cavité voisine. Mais cet ectoderme est souvent si étroitement appliqué sur la surface de la muqueuse uté- rine qu'il se moule sur toutes les anfractuosités de celle surface. On trouve à cet égard assez de variétés. Ainsi cette disposition était à peine indiquée sur la série de pièces à laquelle appartient la figure 107, au vingt-quatrième jour, c'est-cà-dire qu'ici l'ectoderme paraissait moins étroitement appliqué à la surface utérine et, en tout cas, ne se moulait pas sur elle; au contraire, des rapports plus intimes, sur une autre préparation, étaient très marqués, au vingt et unième jour, sur les pièces dont l'une est représentée par la figure 102. Ici l'ectoderme présente une surface extérieure dessi- nant une série de petites saillies qui se moulent dans l'embouchure des glandes. Dans la figure 103 nous avons repris à un plus fort grossissement une de ces saillies. On voit que l'ectoderme, mince et d'un seul rang de cellules plates aux deux extrémités de la figure (en C, G), s'épaissit au niveau d'une embouchure de glande, dans l'ouverture de laquelle il s'était moulé, mais sans contracter d'adhérence, puisque presque toujours, sur les pièces durcies, la saillie ectodermique {ex) se détache de cette ouverture sans qu'il se produise aucune dislocation, aucun arrachement des éléments ana- tomiques, épithélium utérin ou cellules ectodermiques. Ces épais- sissements sont formés de deux ou trois rangées de cellules polyé- driques, qui sont en général aussi hautes que larges. Ils n'ont aucune importance; mais ils nous révèlent la possibilité, pour cet ectoderme des régions polaires, de multiplier ses couches, et nous verrons que nous aurons plus tard à tenir compte de cette pro- priété. Voilà certes des détails à propos desquels on pourra nous reprocher trop de minutie dans les descriptions ; mais ces études minutieuses sont la condition indispensable pour ne pas tomber dans les erreurs d'interprétation dont nous donnerons ci-après l'analyse. Les autres détails relatifs aux régions polaires sont également peu importants. Du côté de Tœuf, il n'est pas nécessaire de faire remarquer que l'ectoderme est doublé par l'endoderme de la vési- cule ombilicale; mais il faut peut-être noter que le mésoderme tarde à s'insinuer entre ces deux feuillets jusqu'à l'extrémité même des pôles de l'œuf, et que, par exemple sur la figure 102, au vingt 18* — 278 — et unième jour, il n'est pas encore arrivé jusqu'à cette extrémité, c'est-à-dire jusqu'au niveau qui correspond au canal de communica- tion entre deux renflements de gestation. Nous verrons plus loin, en étudiant ce que nous nommerons la formation aborlive ectopla- centaire, que le mésoderme est arrivé jusque vers le pôle extrême de l'œuf, sur les pièces du vingt-huitième ou du trentième jour (voir la fig. 122 de la pl. XI). Du côté de la muqueuse utérine, signalons simplement ce fait que, en suivant les couches des glandes (fig. 102 et 107) depuis la région de la formation ectopla- centaire jusqu'au canal de communication entre deux cavités de gestation, on trouve graduellement toutes les formes de transition entre les glandes oblitérées, à détritus glandulaires, et la disposi- tion en glandes longues et cryptes courts, telle que nous l'avons trouvée dans toute la muqueuse au début de la gestation. Historique et critique à propos de la formation de l'angio-plasmode ou couche ectoplacentaire. La logique voudrait qu'il fût donné ici un historique delà manière dont les divers auteurs ont interprété les processus que nous venons de décrire relativement à l'origine de la couche ectoplacentaire. Mais il se trouve que presque tous ont fait commencer leurs observations à un âge où non seulement la lame ectoplacentaire est complètement développée, mais où déjà son remaniement est très avancé. Les pièces les plus jeunes qu'ils aient observées sont posté- rieures au vingt-cinquième jour. Lorsqu'ils parlent de villosités choriales, ils ont en vue les prolongements mésodermiques qui pénètrent dans l'ectoplacenta et le remanient. C'est donc seulement après avoir fait l'étude de ce remaniement et de la formation des lamelles labyrinthiques que nous pourrons aborder cette revue histo- rique. Nous verrons alors que tous ont vu la formation que nous nommons ectoplacentaire, mais qu'ils la considèrent comme d'origine maternelle ; ils arrivent à cette interprétation non par uue observa- tion directe, mais surtout par des considérations théoriques, puisque de fait ils n'ont pas fait d'observations pendant la période que nous venons d'étudier, et qu'ils n'ont pu réellement assister à la pre- mière appariton de cet angio-plasmode, qu'ils appellent les uns syiicijtium, les autres formation sérotine. Un seul auteur, Fleischmann, nous paraît avoir porté ses observa- tions sur des stades assez jeunes pour pouvoir assister aux premières — 279 — phases du développement de la couche en question; ses études à cet égard se trouvent en partie dans son mémoire de 1889 et dans celui de 1893, et encore ne sommes-nous pas bien certain d'interpréter exactement sa pensée en rapprochant ces deux passages, qui appar- tiennent à deux dates dans l'intervalle desquelles cet auteur a tant varié, nous l'avons vu, sur la question du sort de l'épithélium utérin. Toujours est-il que Fleischmann, en 1889 {op. cit., p. 60 et 61), décrit de la manière suivante les premiers rapports entre l'œuf et la muqueuse utérine : « L'œuf de la chatte, d'abord libre dans la cavité utérine, commence, pendant le douzième jour, à contracter des adhérences avec la muqueuse; ces adhérences ont lieu surtout parle fait de petites saillies cctodermiques qui s'attachent dans l'ouverture des glandes... Alors se produisent, dans les éléments de la surface de la muqueuse utérine, des transformations qui modifient complè- tement sa constitution normale. A mesure que les petites villosités ectodermiques, qui se sont d'abord développées au niveau des embouchures des glandes, pénètrent dans la cavité de celles-ci, ces glandes se modifient complètement, non seulement quant à leur forme extérieure, mais encore quant à leur revêtement épithélial. La figure \, pl. V (fig. XXXII, ci-contre), représente une coupe de l'utérus d'une chatte dont l'ceuf présentait une ligne primitive et une gouttière médullaire. La paroi de l'œuf, formée du feuillet endo- dermique et du feuillet ectodermique, est étroitement appliquée sur l'épithélium de la muqueuse utérine, et de petites excroissances ectodermiques sont développées au niveau des ouvertures des glandes. » Nous devons faire remarquer que cette figure de Fleischmann est très analogue à la figure 93 de notre planche VIII ; la figure de Fleischmann serait d'une date postérieure au douzième jour, et la nôtre est du quatorzième jour. Sur la figure de Fleischmann l'épithé- hum utérin est encore normal sur la surface de la muqueuse; dans notre figure il est déjà en voie d'atrophie, mais bien reconnaissable encore. Mais dans tout cela Fleischmann n'a pas observé les états immédiatement antérieurs, ce qui lui aurait permis de reconnaître que, parmi les glandes qu'il représente, les unes sont de longues glandes préexistances, les autres sont des cryptes de nouvelle for- mation (voir la série de nos fig. 90, 91, 92) ; il n'a pas observé non plus les états immédiatement consécutifs, ce qui l'aurait empêché — 280 — d'affirmer catégoriquement que les excroissances ectodermiques si peu accentuées, qu'il décrit (et qu'on retrouve sur notre fig. 93), sont destinées à pénétrer dans les glandes. Voici en effet son second passage, qui nous paraît faire suite au précédent, quoique extrait de son mémoire de 1893. Ce passage est important pour nous, parce qu'on y trouve une description très exacte des éléments de l'ecto- placenta. Mais malheureusement l'auteurne figure pas les transforma- Fis. XXXII. — Fleischmann, 1889, pl. V, ùg. i. « Coupe transversale d'un sac de gestation de l'\'lis Ciitvs ; à la surface de l'épilhclium cylindrique de la muqueuse utérine est appliquée la paroi de la vésicule blastodermique formée de l'ectoderme et de l'endoderme. Les glandes commencent à former des bourgeons latéraux. Le tissu conjonclit de la muqueuse est bien visible. » lions qu'il admet dans les cellules conjonctives de la muqueuse uté- rine ; il les décrit seulement, et de telle sorte qu'on peut se demander si cette description est celle de transformations supposées, ou de transformations réellement suivies pas à pas. « Le tissu conjonctif de la muqueuse utérine, dit-il {op. cit., p. 189) *, se transforme complètement. Ses modifications cornmen- 1. A. Fleischmann, Die Morphologie des Placenta bel Nagern und Raublieren. Wiesbaden, 1893. — 281 — cent dans les couches les plus superficielles, aussitôt que le chorion s'y est appliqué, et elles progressent lentement vers la profondeur; elles aboutissent à la disparition de toutes les fibrilles conjonctives intercellulaires, tandis que les cellules conjonctives augmentent beaucoup de volume; de plates elles deviennent rondes, polygonales ou configurées en épais fuseaux, et possèdent alors un gros noyau à fin réseau chromatique. Dans bien des points il n'est réellement pas facile de distinguer les lignes limites des cellules juxtaposées, mais ailleurs il y a de véritables fentes intercellulaires et les contours individuels des éléments sont parfaitement dessinés '. Je ne puis donc employer ici, comme le fait Heinricius, l'expression de syncytium. Ces transformations restent longtemps localisées dans les couches superficielles de la muqueuse, et ne dépassent guère le niveau des extrémités des villosités choriales... Dans ces parties on trouve naturellement de nombreux et gros capillaires... Vers le dix- huitième jour, l'examen des coupes tendrait à faire croire que c'est cette transformation du tissu conjonctif de la muqueuse qui pro- duit l'oblitération des ouvertures des glandes, et que les villosités choriales plongent seulement dans ce tissu conjonctif transformé. C'est du reste ce que Heinricius a déclaré. Je ne saurais me ranger à cette manière de voir. » Or, en parlant de cet état au dix-hui- tième jour, Fleischmann renvoie aux figures 1 et 3 de sa planche XIII, et ces figures sont tout à fait semblables à nos figures 113 et 114, c'est-à-dire qu'il s'agit déjà d'ectoplacenta tout au début du rema- niement. Nous avons cependant tenu à reproduire ici ces passages de Fleischmann, parce qu'il est le seul qui ait observé la formation ectoplacentaire sinon tout à fait à la période d'état, sans remanie- ment, du moins plus près de cette période d'état que ne l'ont fait tous les autres auteurs dont il sera question plus loin. D. — Remaniement de la formation ectoplacentaire ou angioplasmode. Nous avons si souvent décrit le remaniement d'une formation ectodermique ectoplacentaire, depuis le placenta des divers ron- geurs, jusqu'à l'angioplasmode de la chienne, et ce processus est toujours tellement semblable, que nous pourrons exposer très 1. Très exacte description de la couche angio-plasmodiale ou ectoplacentaire. I — 282 — brièvement la manière dont il se produit chez la chatte, réservant les détails pour la disposition et la structure des lamelles labyrin- thiques dont il amène la formation. Nous adopterons ici le même ordre et à peu près la même division du sujet que pour le placenta de la chienne, 4° De l'angio-plasmode ou formation ectoplacentaire pendant son remaniement. a. Pénétration du mésoderme dans l'ectoplacenta. — Comme toujours, c'est la pénétration du mésoderme, puis des vaisseaux allanloidiens, qui opère le remaniement de la formation ectopla- centaire, c'est-à-dire sa subdivision en lamelles. Cette pénétration commence déjà au vingt-quatrième jour. On voit, sur les fig. 108 et 109, que, sur une coupe, la ligne limite supérieure de la lame ectoplacentaire n'est pas unie, droite; elle présente des ondula- lions, c'est-à-dire que la surface de l'ectoplacenta est creusée de dépressions que remplit le mésoderme chorial. Sur la figure lli (toujours au vingt-quatrième jour) une de ces dépressions (extré- mité droite de la figure) se prolonge assez profondément en pointe, c'est-à-dire pénètre sous forme de mince fente dans l'ectoplacenta, et donne déjà bien l'impression d'une poussée mésodermique qui va envahir la couche ectoplacentaire, et la remanier en la subdivisant en lamelles. Ce travail marche très vite, car il est déjà très avancé sur des pièces étiquetées comme appartenant au vingt-cinquième et au vingt-sixième jour. Au vingt-cinquième jour (lig. 113) les poussées mésodermiques ont atteint, en profondeur, la couche moyenne de la lame ectopla- centaire. Elles semblent, sur la coupe perpendiculaire au plan de celte lame, subdiviser celle-ci en une série de lobules. Nous verrons plus loin, d'après les coupes horizontales, c'est-à-dire parallèles au plan de la lame, quelle disposition réelle répond à cette appa- rence. Au vingt-sixième ou vingt-septième jour (fig. 114), les poussées mésodermiques sont arrivées plus profondément, et entament le tiers inférieur de la lame ectoplacentaire; en même temps ces lames mésodermiques émettent des ramifications latérales qui pénètrent dans les parties ecloplacentaires interposées, c'est-à-dire dans les masses d'aspect lobulaire sus-indiquées, et commencent à les subdiviser à leur tour. Dès lors, sur une coupe verticale, — 283 — c'esl-à-dire perpendiculaire à la surface du placenta, la formation ectoplacentaire prend de plus en plus la disposition en minces lamelles s'élevant de la surface maternelle vers la surface fœtale du placenta; nous sommes dès lors en présence de lamelles lahij- rinthiques, homologues des formations semblables chez la chienne, mais un peu différemment disposées. b. Lamelles labyrinthiques. — La formation graduelle des lamelles labyrinthiques est visible, en coupe verticale, sur les figures 118 et 119. Nous n'avons pas les dates de la gestation des sujets qui ont fourni ces pièces, ni en général de celles qui vont nous servir pour l'étude de placentas de plus en plus développés; mais les dimen- sions de l'œuf ou de ses parties, les dimensions du fœtus, et surtout l'état du développement des couches placentaires suffisent pour établir sinon l'âge absolu, du moins l'âge relatif des pièces, et pour les mettre en série. Ainsi la figure 118 est d'un placenta qui des- sinait une bande en ceinture large déjà de 15 millimètres. Le ren- flement utérin avait 35 millimètres de long, le fœtus était long de 25 millimètres. Au contraire la figure 119 est d'un placenta dont l'embryon mesurait 40 millimètres ; nous devons dire du reste que nous avons des préparations semblables à celles de la ligure 119, et provenant d'un placenta dont l'embryon mesurait déjà 45 milli- mètres. Sur la figure 118, à un grossissement de 50 fois, on voit que la formation ectoplacentaire a augmenté d'épaisseur (comparer avec la figure 114), en même temps que sa décomposition en lamelles est plus avancée. Les épaisses lames de la figure précédente (fig. 114) sont décomposées en lames plus minces, non seulement parce que le mésoderme a fourni de nouvelles poussées de haut en bas, mais encore parce qu'il a pénétré latéralement dans les lames épaisses, de sorte que les lamelles nouvellement produites s'anas- tomosent entre elles à leurs deux extrémités. Les poussées méso- dermiques principales arrivent très bas, près de la surface mater- nelle de l'ectoplaceiita, mais elles respectent cependant la zone la plus profonde de celui-ci, laissant intacte la couche qui repose directement sur les détritus glandulaires (couche AE, fig. 118); les lamelles labyrinthiques parlent, comme d'une base commune, de cette couche, ainsi que les feuillets d'un livre partent du dos du livre. — 284 — Sur la figure U9, qui est d'un âge beaucoup plus avancé (fœtus de 40 à 4S millimètres, au lieu de 2o millimètres), la division en lamelles labyrintliiques est à peu près terminée, et ces lamelles n'auront plus qu'à subir quelques modifications plutôt dans leur structure que dans leurs dispositions, pour prendre les caractères du placenta achevé. Les lamelles labyrinthiques ont puissamment grandi en hauteur, en même temps que se complétait leur subdi- vision, car sur cette figure H9, quoique le grossissement ne soit que de 35 fois, l'épaisseur de la formation labyrinthique est supé- rieure à ce qu'elle était sur la figure 118, faite cependant à un grossissement de 50 fois; on peut donc dire que la formation labyrinthique, ou placenta fœtal, a doublé d'épaisseur. En même temps sa décomposition en lamelles a été poussée très loin, comme le montre, sans plus amples descriptions, la comparaison des deux figures. Mais ce qui mérite une description spéciale, c'est l'arrivée des principales cloisons mésodermiques jusque dans la profondeur de la formation ectoplacentaire. Arrivées à ce niveau profond, elles respectent encore une lame de tissu ectoplacentaire, mais une lame très mince, qui désormais persistera comme lame com- mune d'origine des lamelles labyrinthiques. De plus, à leurs extré- mités profondes, ces cloisons mésodermiques se sont légèrement dilatées, rétrécissant d'autant les bases d'implantation des lamelles interposées entre elles. Il en résulte que la partie profonde du placenta fœtal de la chatte est maintenant constituée d'une manière qui rappelle ce que nous avons vu chez la chienne : on y trouve des arcades ectodermiques (ÂE, fig. 119), alternant avec les bases communes d'un certain nombre de lamelles labyrinthiques, c'est-à- dire avec ce que nous pouvons, par homologies avec les mêmes formations chez la chienne, appeler lames bases du placenta fœtal (lames basales de l'angio-plasmode, ou des complexes labyrin- thiques, avons-nous dit à propos de la chienne). Ces parties, arcades ectodermiques et lames basales, seront étudiées plus loin, sous le titre de connexions {mode d'attache) du placenta fœtal et du placenta maternel. Mais, puisque nous en sommes, pour le moment, au mode de formation des arcades ectodermiques, faisons ressortir les différences qu'il y a à cet égard entre le placenta de la chatte et celui de la chienne. Chez la chienne les arcades ectodermiques en question existent pour ainsi dire dès le début de la formation angio-plasmodiale; — 285 — elles représentent le fond, l'extrémité profonde des villosités creuses ectodermiques (voir VC, flg. 42 et 46, pl. IV); c'est que, dès le début, la formation angio-plasmodiale a l'aspect lobulé sur les coupes perpendiculaires. Chez la chatte, au contraire, la for- mation angio-plasmodiale ou ectoplacentaire est massive, non creusée de dépressions parcourant toute son épaisseur. Ce n'est qu'avec la période de remaniement que cette couche massive se creuse de dépressions sous l'influence des poussées mésodermiques qui la pénètrent; et, très tardivement, lorsque les principales de ces poussées arrivent jusqu'à la limite profonde de l'ectoplacenta, alors seulement apparaissent les arcades ectodermiques, repré- sentées parla mince couche ectoplacentaire respectée, non perforée par ces poussées, mais amincie, étalée, par les dilatations des extrémités profondes de ces cloisons mésodermiques. Les trop fameuses villosités ectodermiques de la chienne, qui ont tant égaré les auteurs dans l'interprétation de ce placenta, nous appa- raissent donc comme de simples voies de pénétration préformées dans l'angio-plasmode pour l'entrée des éléments mésodermiques allantoïdiens. C'est ce que nous avons établi précédemment par une étude qui a été incontestablement laborieuse, quand nous n'avions pour éléments de démonstration que les faits fournis par le placenta seul de la chienne ; c'est, par contre, ce qui devient très simple et d'une évidence élémentaire, maintenant que nous pou- vons comparer le placenta de la chienne à celui de la chatte. Nous voyons donc encore une fois que cette dernière élude ramène à sa vraie signification les parties dont on avait exagéré l'importance en s'en tenant au placenta de la chienne. On trouvera, quelques pages plus loin, dans la figure XXXIII, un schéma comparatif des formations ectoplacentaires de la chienne et de la chatte, schéma qui montre en même temps les dispositions des arcades ectodermiques chez ces deux carnassiers. Après ces différences dans le mode, ou plutôt la date de déve- loppement des arcades ectodermiques chez ces deux carnassiers, il faut encore signaler cette autre différence que ces arcades sont moins étendues et plus rapprochées les unes des autres chez la chatte que chez la chienne (comparer par exemple la flg. 119 avec les fig. 65, 66 et 67, planche VI; voir aussi les schémas de la fîg. XXXIII, ci-après dans le texte). Par contre les lames basales interposées à ces arcades sont plus larges (plus épaisses), pour la — 286 — pliiparl; mais on en Irouve aussi qui sont relalivemenl minces. C'est que chez la chatte la formation labyrinlhiquc n'est pas net- tement divisée, sur les coupes Jverticales, en une série de lobules ou com plexus de lamelles labyriothiques. La formation ectopla- cenlaire, primitivement compacte, a donné naissance à une for- mation labyrinthique également compacte, c'est-à-dire d'aspect homogène, sans subdivision en lobules. Il en résulte que les lames basales n'ont pas chacune la même valeur, et correspondent à un nombre variable de lamelles labyrinthiques (voir la fig. 119), tantôt à une seule lamelle, tantôt à un groupe de trois à cinq lamelles, tandis que chez la chienne, chaque lame basale avait celte valeur précise et définie de représenter le pédicule d'un lobule, d'un complexus labyrinthique bien circonscrit. Tous ces détails montrent que, chez la chatte, tous les prolon- gements mésodermiques qui pénètrent l'ectoplacenta, ont, à un même moment, à peu près tous la même importance, tandis que chez la chienne il fallait distinguer les grosses cloisons mésoder- miques interlobulaires, et les jines cloisons placées, dans chaque lobule, entre ses lamelles labyrinthiques. Nous ne venons encore de constater ces dispositions, ces différences, que sur des coupes ver- ticales, c'est-à-dire perpendiculaires à la surface du placenta; nous allons les voir bien plus évidentes encore en passant à l'étude des coupes horizontales, c'est-à-dire parallèles à cette surface. La figure 417 représente une coupe horizontale de la formation ecloplacentaire empruntée à une chienne qui a déjà fourni la fig. 114, c'est-à-dire au vingt-sixième ou vingt-septième jour. Les poussées mésodermiques se présentent comme des espaces plus clairs, de forme triangulaire. Ces espaces sont circonscrits de tous côtés par l'ectoplacenta, qui figure ainsi un réseau continu de travées anastomosées; nulle part aucune indication d'une subdivi- sion en lobules ; partout des travées à peu près de même importance. La ligure l.'iO, planche XI, est une coupe semblable d'un placenta un peu plus avancé. Maintenant les espaces mésodermiques se prolongent par leurs angles ou parties saillantes, et le réseau eclo- placentaire allonge ses travées, qui se trouvent d'autant amincies. La continuation de ce processus très simple, plus intelligible par la série des figures qui vont suivre que par toute description, va donner naissance à la formation de lamelles labyrinthiques. Pour le moment contentons-nous de remarquer sur la ligure 130 (pl. XI), — 287 — que toutes les parties d'un même ordre sont encore de même valeur : les espaces mésodermiqaes, malgré l'inlinie variété de leur forme, se ramènent facilement tous à un même type, et sont tous à peu près de même étendue; seml^lablement les travées ectoplacentaires ne diffèrent pas sensiblement les unes des autres. Sur les figures 137 et 138 (pl. XII), qui sont deux coupes hori- zontales d'un même placenta, mais à des niveaux différents (nous reviendrons plus loin sur les particularités correspondant à ces différences de niveau), nous voyons les espaces, cloisons ou lames mésodermiques (maintenant ces dernières expressions sont mieux justifiées qu'elles ne l'auraient été précédemment) s'étendre de plus en plus, de sorte que les lamelles ectoplacentaires ou labyrinthiques deviennent plus minces, plus longues et plus tortueuses. Mais le réseau qu'elles dessinent circonscrit des mailles à peu près toutes égales, et les travées disposées entre ces mailles sont toutes sensi- blement de même épaisseur. Il faut en excepter certains gros ren- flements que ces travées présentent par places, et qui sont des formations à part, à étudier ci-après sous le nom de canaux de distribution du sang maternel. En poursuivant cette étude du réseau labyrinthique jusque sur le placenta achevé, il est vraiment intéressant de voir graduellement se produire les changements de forme qui aboutissent, par un pro- cessus extrêmement simple, à la disposition en apparence si com- pliquée des lamelles ectoplacentaires à la fin de la gestation, dis- position qui mérite si bien ici le nom de labyrinthique. Nous arrivons ainsi aux figures 147 et 148 de la planche XIII. Faisant abstrac- tion de la partie centrale de ces figures, où se trouve un vide dont nous expliquerons plus tard la signification, nous nous trouvons, sur les parties périphériques de la figure 148, en présence d'un véritable labyrinthe de lamelles dont la disposition contournée et enchevêtrée semble n'obéir à aucune ordonnance régulière. Cepen- dant en comparant cette figure 148 à la figure 147, on voit qu'il ne s'agit que d'un réseau, dont les mailles sont devenues des fentes linéaires interposées entre des lames ondulées, mais régulièrement anastomosées entre elles, et que cette disposition dérive directe- ment de celle plus simple précédemment étudiée sur les figures 137 et 138, et, sous une forme plus simple encore, sur la figure 130 (pl. XI). Cela nous suffit pour montrer que, jusqu'à la fin, le placenta fœtal est un vaste complexus de lamelles labyrinthiques non grou- — 288 — pées en lobules, comme pour le placenta de la chienne; et en effet les figures que nous venons d'examiner d'après la chatte ne rappel- lent que de très loin la fig. 75 (pl. VII) d'après la chienne. Chez la chienne nous avons vu que la disposition en lobules, seulement apparente, sur les coupes verticales, au début de la formation du placenta fœtal ou angio-plasmode, devient, lorsque cet angio-plas- mode est complètement transformé en lamelles labyrinthiques, réelle et visible sur les coupes horizontales aussi bien que sur les verticales (fig. 72, 73 et 75); chez la chatte au contraire, la lobula- tion assez bien indiquée au début (fig. 113 et 114) s'efface et dis- paraît presque complètement (fig. 119 et 138) à mesure que se produit et s'achève la transformation en lamelles labyrinthiques. Nous disons presque complètement, parce que ces différences, que nous mettons en relief, entre le placenta fœtal de la chatte et de la chienne, ne sont jamais absolues. Ainsi les prolongements mésodermiques qui séparent les lamelles labyrinthiques de la chatte sont à peu près tous de même valeur dans les couches moyennes du placenta fœtal; mais il n'en est plus tout à fait ainsi dans les couches superficielles (face fœtale du placenta), ni dans les couches pro- fondes (faces maternelles). Dans ces dernières, nous avons déjà vu que certains prolongements mésodermiques pénètrent plus profon- dément et s'élargissent à leurs extrémités; ce sont ceux qui cor- respondent, par cette extrémité profonde, aux arcades ectoder- miques (fig. 119). Dans la couche superficielle, il y a également des parties mésodermiques plus larges; ce sont celles qui renferment les gros vaisseaux allantoïdiens; nous allons donc en parler en traitant de la vascularisation du mésoderme placentaire. c. Vascularisation, par les vaisseaux allantoïdiens, du mésoderine du placenta fœtal. — Quoique l'allantoïde se développe de bonne heure (voir, fig. 106, pl. IX, son extension déjà au vingt-qua- trième jour), ses vaisseaux nous ont paru ne pénétrer que tardive- ment dans les cloisons mésodermiques de l'ectoplacenta. Ils restent d'abord confinés dans la couche mésodermique qui revêt la face fœtale du placenta, et c'est seulement sur la figure 119 que nous voyons de fins capillaires situés plus profondément dans les fines cloisons interposées entre les lamelles labyrinthiques. Alors on trouve, à la surface fœtale du placenta, des vaisseaux allantoïdiens de calibre relativement volumineux, qui, en pénétrant dans les — 289 — cloisons sous-jacentes, se résolvent subitement en un chevelu de capillaires (iig. 119, pl. X, et fig. 127, pl. XI); et encore, chose remarquable, trouve-t-on assez longtemps des portions de placenta fœtal qui ne paraissent pas encore recevoir de vaisseaux allantoï- diens (voir la région A, de la fig. 122, pl. XI). Les variétés qu'on constate à cet égard sont, non des variétés individuelles, mais des différences locales d'un même placenta. L'allantoïde, vésicule pri- mitivement piriforme, aborde d'abord la région de la ceinture pla- centaire qui répond par exemple à la face ventrale (fig. 106) de l'embryon, ou à Tune de ses faces latérales; ce n'est qu'en s'étalant de manière à s'accoler successivement à toute la surface du placenta, qu'elle atteint les autres régions, de sorte que, par exemple, la région qui, dans la figure 106, répond à la face dorsale de l'em- bryon, ne recevra l'allantoïde que tardivement. On conçoit donc que deux coupes, de deux pièces qui, quoique d'un âge différent, ne correspondent cependant pas à des périodes très éloignées, comme les coupes représentées dans les figures 122 et 127, pour- ront cependant offrir des différences énormes au point de vue de l'extension que présente l'allantoïde, si l'une est de ce que nous venons de désigner comme région dorsale, l'autre de la région ventrale du placenta; le premier cas est celui de la figure 121, le second de la figure 127 K Quoi qu'il en soit, dès que la vascularisation du mésoderme pla- centaire est produite, les gros vaisseaux de la surface, et leurs pre- mières ramifications, au moment de se résoudre en fins capillaires, occupent, à la surface de la formation labyrinthique, des épaissis- sements mésodermiques qui se prolongent à une faible profondeur dans la couche labyrinthique. Ces épaississements mésodermiques sont bien visibles (en A, A, A) dans la figure 181 et dans la figure 141 (pl. XII). Il en résulte, sur les coupes verticales, une disposition lobulée de la formation labyrinthique; mais cette dis- position n'existe qu'à la surface, ne se prolonge pas dans la profon- deur. C'est la seule indication, très rudimentaire, de la lobulation si accentuée du placenta fœtal de la chienne. Sur la figure 141 on voit que ces prolongements cunéiformes du mésoderme de la sur- face fœtale du placenta correspondent aux lieux d'arrivée et d'arbo- risation de ce que nous décrirons dans un instant sous le nom de 1. Tafani {op. cit., p. 58) signale également cette pénétration tardive des vais- seaux allantoïdiens dans le mésoderme placentaire. 19 — 290 — canaux de distribution du. sang maternel. Cette constatation va nous permettre d'expliquer déjà, au moins en partie, certaines particularités que nous avons laissées dans l'ombre en étudiant les figures 147 et 148, au point de vue de la disposition des lamelles labyrinthiques sur une coupe horizontale. Il s'agit du vide qui occupe la partie centrale de ces figures. Sur ces coupes horizontales ces vides correspondent aux régions A, A, de la figure 131 (voir aussi la figure 141); ce sont donc les prolongements du mésoderme de la surface, prolongements où sont logés les gros vaisseaux allan- toïdiens, seulement sur ces figures 147 et 148 nous avons simple- ment figuré la place de ces parties, sans représenter ni la masse mésodermique, ni les vaisseaux allanloïdiens, parce que nous vou- lions surtout faire ressortir les contours des lamelles labyrinthiques ; mais comme, avec ces lamelles labyrinthiques, nous avons aussi figuré les branches des canaux de distribution du sang maternel, il n'y a pas à avoir de doute sur la nature des vides qui occupent le centre de la figure 148 (en A) en comparant ces figures notamment avec la figure 141 (pl. Xllj. Après ces premières indications sur la vascularisation du méso- derme, il n'est pas nécessaire d'insister sur la distribution des capillaires allantoïdiens dans les fines cloisons mésodermiques interposées entre les lamelles labyrinthiques. Il va sans dire que les capillaires se ramifient dans toutes ces cloisons (fig. 120), arri- vent à s'accumuler surtout à leur surface (fig. 13i et 135), et se mettent ainsi dans les rapports de voisinage le plus direct avec les capillaires maternels placés dans l'épaisseur des lamelles labyrin- thiques. Jusqu'à quel point ce voisinage devient-il intime, c'est ce que nous verrons en étudiant le placenta à terme. (l. Constitution des lamelles labyrinthiques. — Il est facile de prévoir que les lamelles labyrinthiques sont constituées chez la chatte d'une manière semblable ou au moins très analogue à ce qu'elles sont chez la chienne. Nous y trouverons en effet un capil- laire interposé entre deux couches, non plus de plasmode, mais de cellules ectodermiques bien individualisées, puisque chez la chatte la formation ectoplacentaire n'est que peu ou pas plasmodiale, mais bien épithéliale. Encore, h. cet égard, aurons-nous à faire une distinction entre les éléments de la superficie et ceux de la partie moyenne des lamelles. — 291 — A mesure que s'effectue le remaniement, les lames, en lesquelles est graduellement subdivisé l'ectoplacenta, sont réduites à des masses cellulaires de moins en moins épaisses. Sur la figure 116 (pl. X), qui est du vingt-sixième au vingt-septième jour (même sujet que pour la figure 114), et qui représente les extrémités supérieures (face fœtale de l'ectoplacenta) des larges lames alors existantes, de nombreuses coucbes de cellules sont disposées d'une face à l'autre face de la lame. De place en place sont de larges capillaires maternels, constitués par un endothélium à noyaux volumineux et bien distincts. De ces capillaires maternels nous ne parlerons plus guère, car leur disposition et leur structure repro- duisent ce que nous avons déjà vu chez la chienne; la seule partie qui doit nous arrêter, c'est la formation ectoplacentaire dans laquelle sont placés ces capillaires. Chez la chienne, cette formation est plasmodiale, et les modifications qu'elle présente pendant l'achè- vement des lamelles labyrinlhiques sont relatives à la disposition des noyaux rejetés à la périphérie (surface de la lamelle) et du pro- toplasma amassé autour des capillaires et entre eux, dans la partie moyenne des lamelles. Chez la chatte, cette formation ectopla- centaire est à l'état de cellules distinctes, et les modifications que nous allons étudier sont relatives à des différenciations très con- sidérables entre les cellules de la périphérie (surface des lamelles) et les cellules centrales. Or, déjà lorsque la subdivision en lames n'est pas très avancée (vingt-sixième jour), on voit, même à un faible grossissement, un aspect différent pour la surface et pour la couche moyenne des lames ectoplacentaires. La couclie qui forme la surface (fig. 114) est d'un aspect plus foncé et plus homogène; la couche moyenne est plus claire. A un fort grossissement (fig. 116), ces différences sont plus sensibles, en ce sens qu'on reconnaît les dispositions qui les déterminent. C'est que, d'une part, les cellules eclodermiques de la couche moyenne (nous les nommerons dès maintenant cel- lules centrales ou cellules géantes, dénominations qui seront de plus en plus justifiées par la suite) sont devenues un peu plus volu- mineuses, plus claires, et légèrement écartées les unes des autres; tandis que, d'autre part, les cellules de la surface de la lame sont pressées les unes contre les autres, moins volumineuses, avec un corps proloplasmique et un noyau foncé, c'est-à-dire se teintant plus fortement parles réactifs colorants. Avec les progrès du déve- — 292 — lopperaent, nous allons voir ces dernières cellules perdre peu à peu leurs conlours, c'est-à-dire se fondre en une couche proto- plasmique semée de noyaux; ces noyaux deviendront comme rata- tinés, pressés les uns contre les autres, le protoplasma qui les entoure se fera de plus en plus rare, et les noyaux deviendront ainsi l'élément caractéristique de la couche superficielle des lamelles labyrinthiques. Nous donnerons donc à cette couche le nom de couche nucléaire. Étudier l'achèvement de la constitution des lamelles labyrinthiques, ce sera donc examiner la disposition et l'évolution graduelle des cellules centrales ou cellules géantes et de la couche nucléaire Au point de vue de la disposition de ces éléments et nous en tenant seulement aux lamelles labyrinthiques proprement dites (AP, fig. 120), sans parler des lames basales (L B, lig. 120), il nous suffira de dire que, à mesure que progresse la subdivision des lames primitives en lamelles de plus en plus minces (figures 114, 118, 119), en raison même de la diminution d'épaisseur des lamelles, les couches cellulaires y deviennent moins puissantes. Ainsi sur la figure 116 on pouvait compter de nombreux rangs de cellules, et surtout de cellules centrales, en allant d'une face à l'autre de la lamelle ectoplacentaire. Sur les lamelles de la ligure 120 (partie supérieure), le nombre des éléments a diminué ; la diminution en est plus sensible sur la ligure 128 (fœtus long de 35 à 40 millimè- tres); et sur la figure 129 (fœtus long de 5 centimètres) il n'y a plus, en un point donné de la lamelle labyrinthique, que deux ou trois cellules centrales interposées entre les deux couches nucléaires ; enfin sur le placenta à terme, ou proche du terme (figure 139, pl. XII; fig. 150, 153, pl. XIII), il n'y aura exactement qu'une cellule centrale ou géante ainsi interposée et qui sera assez régu- lièrement disposée en alternance avec le capillaire maternel, c'est- à-dire qu'en suivant, sur une coupe, la longueur de la lamelle labyrinthique, on trouvera alternativement une cellule géante, puis un capillaire maternel, puis une nouvelle cellule géante, à laquelle succède un capillaire maternel, et ainsi de suite. Répétons qu'il ne s'agit ici que des lamelles labyrinthiques proprement dites 1. Notons que, pour quiconque n'aura pas suivi, dès le début, la formation de ces parties, la couche nucléaire et les cellules centrales paraîtront des formations entière- ment différentes; aussi verrons-nous tous les auteurs prendre la couche nucléaire pour un épithélium (épithéliuni chorial des villosités) et les cellules centrales pour des éléments d'origine maternelle (cellules sérotines. cellules de la caduque). — 293 — (AP, fig. 120) et non des lames basales (LB, flg. 120), dans les- quelles les dispositions sont un peu différentes, comme nous le verrons en traitant spécialement de ces lames. En même temps que se dessinent ces dispositions, se poursuit l'évolution des éléments, c'est-à-dire leur différenciation. Elle a pour point de départ l'accroissement en volume elVisolement des cel- lules centrales. Par ce terme d'isolement, nous entendons exprimer ce fait, bien sensible sur la figure 116, à savoir que les cellules cen- trales s'écartent légèrement les unes des autres, que des espaces intercellulaires se dessinent entre elles, de sorte que chacune d'elles est parfaitement distincte, isolée de sa voisine, disposition d'autant plus frappante, qu'elle est l'inverse de ce qui se produit pour les éléments de la superficie de la lamelle (future couche nucléaire). A vrai dire ces dispositions étaient déjà très légèrement indiquées au vingt-quatrième jour (flg. 111, pl. X), ou tout au moins remarquait-on déjà à cette époque, dans la lame ectoplacen- laire, lors des premiers indices de son remaniement, que les cel- lules de la masse centrale étaient un peu plus volumineuses, avec lignes de séparation plus accentuées, que les cellules de la surface, lesquelles étaient légèrement plus foncées, plus colorables, et plus tassées les unes contre les autres. C'est ainsi qu'avec des pièces recueillies en abondance, soigneusement sériées, sans lacune, on évite la surprise de voir apparaître une différenciation d'une manière brusque, sans transition, et que, assistant aux tout pre- miers indices de sa production, on échappe à l'erreur qui consiste à attribuer des origines complètement différentes à des éléments qui représentent des évolutions particulières d'une seule et même forme primitive. Ceci soit dit en passant pour indiquer dès mainte- nant les interprétations des auteurs qui ont vu dans les cellules centrales des éléments d'origine maternelle et dans les cellules périphériques (future couche nucléaire) des éléments fœtaux repré- sentant seuls l'ectoderme. A propos de cet isolement des cellules centrales, nous avons trouvé dans notre collection une pièce bien singulière, d'après laquelle a été faite la flgure 115. Il s'agit d'un placenta étiqueté comme âgé de vingt-sept jours; malheureusement, si nous avions noté avec soin l'âge probable, nous n'avons pas indiqué sur le flacon la nature du réactif auquel avait été soumise la pièce avant d'être conservée dans l'alcool, de sorte que nous ne saurions dire si 19* les dispositions qui sont ici figurées sont accidentelles, pathologi- ques (une sorte d'œdènie des lamelles labyrintliiques en voie de formation), ou si elles sont le résultat de l'action du réactif, et que, malgré quelques essais, il ne nous a pas été possible de reproduire à volonté, sur d'autres pièces, ce que nous constations sur celle-ci. Quoi qu'il en soit, on voit qu'ici les cellules centrales sont très écar- tées les unes des autres. Il semble qu'il s'est produit un mouve- ment de départ des deux couches nucléaires, mouvement qui, porté plus loin, aurait séparé ces deux couches de la couche des cellules centrales interposées. Telle est l'impression que donne la lamelle A de la fig. 115. Mais malgré cet écartement des éléments, de nombreuses connexions sont demeurées entre eux, sous forme de prolongements ou ponts protoplasmiques allant d'une cellule h l'autre, et sur cette lamelle A (fig. 115) allant spécialement de la couche nucléaire aux cellules centrales, qui sont restées grou- pées en un amas médian. Ailleurs (lamelle B), l'écar lement ligure des dispositions différentes, et les cellules centrales sont restées accolées à la couche nucléaire correspondante, les prolongements protoplasmiques s'étendant d'un groupe latéral de cellules centrales au groupe qui leur fait face. Ailleurs eniin (en G, partie inférieure de la lamelle B), les cellules centrales ne sont que très peu écar- tées, de simples fentes ovales se dessinant entre elles. Du reste, sur cette même pièce, nous trouvons des parties qui sont configu- rées selon le type le plus ordinaire, c'est-à-dire que les cellules centrales sont disposées comme sur la figure 116. Ces formes singulières, c'est-à-dire rarement rencontrées, des cellules centrales de la fig. 115, sont instructives : elles nous mon- trent que ces éléments, au moins au début de leur isolement, sont encore unis les uns aux autres par des ponts de protoplasma que des circonstances particulières, mal définies, peuvent mettre plus en évidence; elles nous font immédiatement penser aux cellules de Malpighi de l'épiderme, et ce rapprochement est d'autant plus légi- time, qu'il s'agit ici d'éléments ectodermiques, c'est-à-dire de la même origine embryonnaire que ceux qui deviendront cellules mal- pighiennes. Nous n'insisterons pas sur ce point de vue, évident par lui-même. Mais, comme nous aurons surtout à nous préoccuper de rechercher l'origine des opinions des auteurs qui, dans les cellules centrales des lamelles labyrinthiques, ont vu des éléments con- jonctifs, du chorion de la muqueuse utérine, notons en passant — 295 — que la forme étoilée de ces cellules centrales, si elle s'est pré- sentée à leur observation, aura pu être de nature à les confirmer dans leur manière de voir, s'ils n'ont pas été à même de suivre pas à pas les premières oi'igines de ces cellules, c'est-à-dire de tout l'ecloplacenta, depuis les premières végétations de l'ectoderme dans le terrain maternel. Pour continuer l'élude de la constitution des lamelles labyrinlhi- tiques et de l'évolution de leurs éléments, après les pièces des ^ingl- sixième et vingt-septième jours, nous passons à l'examen d'une autre pièce, qui était intitulée comme appartenant aussi au vingt- septième jour, mais où les dimensions du fœtus (long de 3S à ■40 millimètres) et l'état de développement des parties indiquaient un âge évidemment plus avancé; nous l'appellerons placenta de vingt-huit jours, tout en déclarant que cette date est de pure con- vention, et admise seulement pour indiquer la sériation des pièces. Les figures 120 et 128 représentent des parties empruntées à ce placenta. Sur la figure 120 on voit, à un faible grossissement (74 fois), l'aspect des lamelles labyrinthiques (AP), rattachées en bas à une lame basale commune (L B), celte figure étant destinée surtout à l'étude de cette lame basale et des parties sous-jacentes. Dans la figure 128, une coupe de lamelle labyrinthique est repro- duite à un grossissement de 350 fois. Les cellules centrales, CG, y sont devenues volumineuses, bien isolées, et groupées surtout entre les capillaires maternels, de sorte que la région moyenne de la lamelle, suivie longitudinalement, se montre alternativement formée d'un capillaire maternel, d'un groupe de cellules centrales, puis d'un capillaire maternel et ainsi de suite. Dans la couche nucléaire (N), les dispositions des parties justifient déjà cette dénomination, car les éléments les plus superficiels ne possèdent plus de lignes inter- cellulaires et forment une couche de protoplasma très foncé semé de noyaux. Mais, à ce stade, on voit encore toutes les formes de transition entre la couche nucléaire et les cellules centrales ou cel- lules géantes. A un stade un peu plus avancé (fig. 129), ces formes de transi- tion n'existent plus, et une différenciation morphologique complète s'est faite entre les élémcnis du centre et ceux de la surface de la lamelle. Il s'agit ici d'un placenta dont le fœtus mesurait 5 centi- mètres de long. La couche nucléaire (N), très foncée, forme, sur chaque face de la lamelle, une bande bien distincte, semée de deux — 296 — rangées longitudinales de noyaux; les noyaux de la rangée exté- rieure sont moins nombreux et disposés dans les saillies de festons que décrit la ligne limite de la lamelle labyrinthique ; les noyaux de la rangée interne, comme ceux de la rangée externe, ne sont plus sphériques (fig. 116 et 128), mais aplatis selon le plan de la lamelle, et par suite paraissent ovales sur la coupe. — Les cellules centrales ou cellules géantes (CG) sont devenues moins nombreuses et plus volumineuses; On n'en trouve que deux ou trois dans l'es- pace qui sépare deux capillaires maternels. Les noyaux des celluUes sont clairs, brillants, très régulièrement sphériques. Nous arrêterons là cette étude de la constitution des lamelles labyrinthiques pendant et à la fin de la période de remaniement de l'ectoplacenta. Les placentas plus avancés que nous possédons appartiennent au second mois de la gestation, sans que, malheu- reusement, nous ayons pu en connaître exactement l'âge; mais la constitution des lamelles labyrinthiques est dans tous à peu près la même, et présente le type que nous décrirons plus loin comme placenta achevé ou placenta à terme. C'est ici que pourrait prendre place la revue critique des travaux que nous aurons à analyser; mais comme dans ces travaux il est question non seulement de la formation des lamelles labyrinthiques, mais encore du revêlement des extrémités profondes des villosités (ce que nous appelons arcades ectodermiques), ainsi que de l'état des glandes maternelles, il nous paraît nécessaire de remettre cet historique pluSloin, lorsque nous aurons fait l'étude de ces parties. e. Canaux de distribution du sang maternel. — Comme chez la chienne, pendant le remaniement de l'angio-plasmode, toutes les lames, primitivement épaisses (fig. 114 et 118), ne subissent pas au même degré la réduction en lamelles de plus en plus minces, ou lamelles labyrinthiques proprement dites. Il en est, de place en * place, qui ne sont pas subdivisées, du moins sur toute leur étendue, et demeurent sous forme de tractus ou cordons larges et épais qui vont donner naissance à une formation particulière. Ainsi sur la figure 119 (planche X), on voit que le centre de la figure est occupé par un faisceau longitudinal de fines lamelles, lequel est flanqué de chaque côté, et surtout ;i gauche, de lames demeurées plus mas- sives. Ces lames s'organisent de manière à devenir ce que, sur la chienne, nous avons appelé canaux de distribution du sang maternel, — 297 — et la similitude de ces formations chez ces deux carnassiers nous permettra d'être ici relativement concis, insistant surtout sur les différences de constitution de ces canaux chez la chatte et chez la chienne. Ainsi nous n'en suivrons pas, comme nous l'avons fait chez la chienne, tous les stades de développement pendant le rema- niement du placenta; nous prendrons les choses quand elles ont à peu près acquis leurs dispositions définitives, au commencement ou dans la première moitié du second mois de la gestation (fig. 131 etl41). La figure 131 représente, à un très faible grossissement, une vue d'ensemble de la partie marginale d'un placenta. A des niveaux différents, on aperçoit, de places en places, les sections des canaux de distribution du sang maternel, canaux faciles à reconnaître d'après ce que nous avons vu précédemment sur la chienne. Ces canaux ne montent pas directement, verticalement de la face mater- nelle vers la face fœtale du placenta, mais ils marchent obliquement et plus ou moins tortueusement. C'est pourquoi il est impossible de voir l'ensemble de leur trajet sur une seule et même coupe; mais on trouve sur une seule et même préparation, comme dans la figure 131, l'origine inférieure de l'un, la partie moyenne de l'autre, et la terminaison supérieure (les ramifications terminales) de plusieurs autres. Si la figure 141, qui est approximativement du milieu du deuxième mois, montre un de ces canaux de distribution du sang maternel dans toute son étendue, c'est que cette figure a été com- posée parla superposition de plusieurs coupes sériées. Ces canaux de distribution du sang maternel nous présentent à considérer leur disposition et leur structure. Dans l'étude de leur disposition, il faut distinguer leur origine inférieure, leur partie moyenne, et leur extrémité supérieure. Leur origine a lieu par une épaisse lame basale, comme on le voit sur les figures 131 et 141. Un ou deux gros vaisseaux maternels, à structure très simple (endothélium entouré d'une très mince adventice de cellules conjonctives), sort d'une cloison interglandu- laire, arrive à la lame basale, et se réduisant à l'état de capillaire (non comme volume, mais comme constitution de ses parois), pénètre, comme dans le placenta de la chienne, dans celte lame basale. Parfois ce sont deux vaisseaux juxtaposés qui se compor- tent ainsi; en tout cas, dès ce moment, le ou les gros capillaires — 298 - maternels sont inclus dans une épaisse lame d'éléments fœtaux (plasmode ectoplacentaire chez la chienne, cellules ectoplacen- taires chez la chatte, voir pour les détails la figure 133, planche XII). La partie moyenne du canal de distribution monte alors de la face profonde vers la face superficielle du placenta fœtal ; situé au milieu des lamelles labyrinthiques, le canal de distribution ne parait pas leur donner de branches latérales vasculaires; on ne voit pas de pareilles branches sur la figure 141 ; mais comme cette figure repré- sente une coupe longitudinale (combinée il est vrai d'après plu- sieurs coupes sériées), une pareille préparation n'est pas suffisam- ment démonstrative, car le canal de distribution pourrait donner des branches qui ne seraient pas comprises dans le plan de la ou des coupes du canal de distribution; mais à cet égard les coupes horizontales, qui entament le canal perpendiculairement à son axe, sont très démonstratives. C'est ce que montrent les figures 137 (pl. XII) et 146 (pl. XIII), qui sont des coupes horizontales, c'est- à-dire parallèles à la surface du placenta, coupes passant par les régions profondes ou les régions moyennes du placenta ; on voit que le canal de distribution qui occupe le centre de ces figures est sans connexions vasculaires avec les lamelles voisines, auxquelles il est seulement rattaché par deux petits cordons lamellaires, non pourvus de capillaires maternels. Cependant nous ne voudrions pas que ces conclusions fussent formulées d'une manière trop absolue. Ainsi sur la figure 131, qui a été dessinée à la chambre claire, avec toute l'exaclitude possible, on voit deux canaux de distribution aux parois desquels sont largement rattachées de nombreuses lamelles labyrinthiques; mais la plupart de ces lamelles montent vers la surface fœtale du placenta, puis se recourbent pour descendre en sens inverse. Cette disposition ne change donc en rien la conclu- sion vers laquelle tendent toutes les descriptions précédentes, à savoir que, comme pour la chienne, les grands canaux de distribu- tion du sang maternel portent ce sang vers les extrémités supé- rieures ou fœtales des lamelles labyrinthiques, et que de là ce sang descend, circulant dans ces lamelles de la superficie vers la pro- fondeur, c'est-à-dire de la surface fœtale vers la surface maternelle. La disposition des extrémités supérieures de ces canaux de distri- bution va conlirmer celle conclusion. Après avoir parcouru de bas en haut les deux tiers de l'épaisseur du placenta fœtal, le canal de distribution (fig. 141) commence à émettre de nombreuses bran- — 299 — ches latérales, ou, pour mieux dire, s'épanouit en une série de subdivisions qui, arrivées plus ou moins près de la surface fœtale, sont l'origine des séries de lamelles labyrinthiques voisines. C'est cette disposition que la figure 141 est particulièrement destinée. à mettre en évidence. Aussi sur les coupes transversales (horizon- tales) qui portent sur cette région, au lieu d'un seul et gros canal de distribution (fig. 137 et 146), on trouve plusieurs canaux, coupés transversalement, et qui sont d'autant plus petits et plus nombreux que la coupe est sur un plan plus rapproché de la superficie du placenta. Sur la figure 138, ce sont quatre canaux, dont trois si rapprochés qu'ils sont manifestement le résultat de la trifurcation d'une branche principale (ce que confirme l'examen des pièces sériées). Sur les figures 148 et 149, le nombre plus grand des canaux de subdivision indique que la coupe est plus voisine de la surface du placenta, ce qui du reste est encore indiqué par l'espace clair situé, au centre de la figure, entre ces canaux, espace que nous avons décrit précédemment en signalant les épaississemenls mésodermiques qui pénètrent dans la couche la plus interne du placenta et contiennent les premières ramifications des vaisseaux allantoïdiens. Enfin, quant à la figure 147, elle représente une coupe horizontale qui a entamé obliquement ces subdivisions des canaux de distribution au moment où, à la surface fœtale du pla- centa, ils donnent naissance à une série de lamelles labyrinthiques ; à part les deux gros canaux de la partie inférieure gauche de la figure, toutes les autres sections de canaux sont, sur cette figure, les extrémités supérieures ou fœtales d'un complexus de lamelles (voir la figure 142). Nous insisterons sur ces particularités en étu- diant le placenta à terme. La constitution des canaux de distribution de la chatte est inté- ressante à étudier, surtout en la comparant à celle des mêmes for- mations chez la chienne. Chez ces deux carnassiers, les canaux de distribution sont formés des mêmes éléments que les lamelles labyrinthiques, mais ces éléments sont en couches plus épaisses et alîectent des dispositions spéciales. Ainsi, chez la chienne, les lamelles labyrinthiques sont formées d'un capillaire maternel cen- tral, et d'une enveloppe plasmodiale, avec noyaux tassés à la périphérie; aussi les canaux de distribution sont-ils constitués serablablement par un capillaire central, entouré d'une épaisse couche plasmodiale, dont les noyaux sont non seulement tassés à — 300 - la périphérie, mais encore distribués en des champs foncés qui dessinent un réseau particuher (fig. 76 et 77, pl. VII). Semblable- ment, chez la chatte, la lamelle labyrinthique étant formée, outre le capillaire maternel, de cellules ectodermiques, les unes centrales, et volumineuses (cellules géantes), les autres périphériques, petites et dessinant une couche nucléaire, le canal de distribution présen- tera des cellules géantes autour de son capillaire maternel, puis une couche nucléaire, laquelle existera non seulement à la péri- phérie, mais de plus dessinera des champs foncés disposés en réseau (pl. XIII, lig. 143, 144). Il en résulte que, à un faible gros- sissement, la coupe d'un canal de distribution présente le même aspect d'ensemble chez la chatte que chez la chienne (comparer les figures 76 et 143). Immédiatement en dehors du capillaire ma- ternel est une couche claire, transparente (tîg. 143); puis Aient une région formée de trabécules foncées, circonscrivant des petits champs clairs; et enfin une couche corticale foncée. Déjà sur la ligure 143, quoiqu'elle ne soit qu'à un faible grossissement de 74 fois, on distingue la nature de ces diverses parties, mais on l'analyse bien plus nettement, à un grossissement de 380 fois, sur la figure 144, qui représente un fragment de la moitié supérieure de la figure 143. En allant de bas en haut, sur cette figure 144, après l'endolhélium du gros capillaire maternel (1), on trouve la couche uniformément claire et transparente (de 2 à 3); elle est formée de cellules ectodermiques géantes, c'est-à-dire des mémos cellules centrales que la partie moyenne d'une lamelle labyrin- thique. Seulement les cellules de la couche la plus interne (la plus voisine du capillaire maternel, en 2) se sont fusionnées en une sub- stance striée, semée de noyaux ratatinés, autour desquels on ne dislingue que vaguement les contours des cellules primitives (en 2, lig. 144) ; au contraire les cellules de la région plus externe (en 3) sont bien distinctes, bien caractérisées comme cellules géantes indépendantes, avec de gros noyaux sphériques à centre clair; on trouve du reste tous les aspects de transition entre ces dernières cellules et les premières. En dehors de ces couches internes claires, vient la région périphérique (de 3 à 4, fig. 144) où se dessinent des travées foncées circonscrivant des champs clairs. Pour la figure 144, nous avons choisi un point où ces derniers sont simples et de peu d'étendue, mais on voit sur la figure 143 qu'ils sont par places bien plus étendus et plus compUqués. En tout cas, la figure 144 suffit — 301 — pour monli'er que les champs clairs sont formés par de grosses cellules géantes, identiques aux cellules centrales d'une lamelle labyrinlliique achevée (comparer avec la figure 129, précédemment étudiée), et que les travées foncées sont de même nature que la couche nucléaire des lamelles labyrinthiques, c'est-à-dire formées de noyaux ovales, relativement petits, très foncés, et épars dans un protoplasma également foncé, où ne se distinguent plus que peu ou pas les contours des cellules. Il est donc bien démontré que les canaux de distribution ont, chez la chatte comme chez la chienne, une constitution dérivant de celle des lamelles labyrinthiques cor- respondantes, c'est-à-dire que chez la chienne on y trouve des cou- ches et îlots de plasmode clair et sans noyaux, circonscrits par des couches et travées de plasmode foncé et nucléé, tandis que chez la chatte on y trouve des couches et îlots de cellules géantes et trans- parentes, circonscrits par des travées de ce que nous avons appelé couche nucléaire dans les lames labyrinthiques. Ces gros canaux de distribution du sang maternel ont été Tobjet de peu d'observations, et leurs dispositions ainsi que leur structure ont été mal interprétées. Comme il est extrêmement rare de voir tout leur trajet sur une même coupe, mais qu'en général on n'en trouve que des fragments de sections obliques, on les a pris pour des dilatations locales des capillaires maternels. Ainsi Turner (op. cit., p. 77) se contente de signaler que « sou- vent, près de la surface fœtale, les vaisseaux maternels se dilatent en larges sinus, qu'on trouve pleins de corpuscules sanguins,», d'où il conclut que ce ne sont pas des dilatations artificielles, des ruptures, comme on pourrait le croire sur les pièces injectées. D'autres ont été jusqu'à chercher, dans ces prétendues dilata- tions locales, des formations ^lomologues aux larges sinus sanguins du placenta humain. Tel entre autres, Hennig. « Le placenta de la chatte, dit cet auteur', est formé d'une série de colonnes ou tra- vées qui, venues les unes de la mère, les autres du fœtus, pénè- trent dans les interstices les unes des autres; les saillies vasculaires maternelles, revêtues d'une mince couche de cellules de la sérotine, reçoivent entre elles les villosités fœtales très minces. Ces colonnes maternelles n'ont pas un contour régulier, mais présentent par places des renflements produits par des varicosités veineuses. Ce 1. G. He iinig, liber die Placenta, (1er Katze. ISiitgb, der nalurforschenden Gesells- chaft zu Leipzig; oct. 187S, n" 8, p. 97.) — 302 — sont des dilatations vasculaires qui atteignent jusqu'à 100 m. de diamètre. Comme sur le placenta humain, la paroi de ces vaisseaux ne laisse reconnaître que ses noyaux endotliéliaux très nettement dessinés; mais on trouve sou.vent, au niveau des dilatations en question, une paroi surajoutée en dehors de la précédente, formée de couches de noyaux semblables à ceux de la couche interne » Mais Tafani, avec son incontestable supériorité en tout ce qui concerne l'étude des injections et des questions de circulation, donne de ces canaux de distribution une description parfaite comme netteté et précision. Comme il ne les figure pas (il donne bien un dessin d'ensemble du placenta de la chatte, mais ces canaux n'y sont pas représentés), sa description a été peu remarquée; mais on pourra la suivre en la comparant à nos figures ci-dessus indiquées, et constater la parfaite concordance de ses résultats et des nôtres. « Les vaisseaux utérins, dit-il (op. cit., p. 63), déjà au niveau de la tunique musculaire de l'utérus, perdent leur structure artérielle, et les afférents du placenta sont réduits, pour toute paroi, à leur couche endothéliale. Ils pénètrent dans le placenta et se dirigent vers sa face fœtale en conservant un diamètre considérable. Ainsi on voit dans le placenta, à côté d'un riche réseau de vaisseaux moins volu- mineux, de gros conduits vasculaires qui ont une marche directe, sans contracter aucune adhérence. Ces vaisseaux afférents, très volumineux, sont en même temps peu nombreux, de telle sorte qu'on n'en trouve pas toujours un dans le champ d'une prépara- tioji ayant une étendue d'un centimètre. Ils se rendent à la surface fœtale du placenta, et c'est là seulement qu'ils se subdivisent en une série de branches, lesquelles marchent parallèlement à la sur- face choriale du placenta pour donner naissance aux innombrables vaisseaux plus petits qui forment le réseau des capillaires mater nels. Ces derniers, ayant ainsi pris naissance au niveau de la face fœtale du placenta, affectent alors un trajet récurrent, pour retourner vers la couche musculaire de l'utérus. Dans ce trajet ils s'anasto- mosent entre eux très richement, de manière à former, dans chaque 1. Dans cette paroi, surajoutée en deliors de l'enJotliélium, il faut reconnaître les parties q'ne nous venons de décrire d'après la figure 144. Bans les éléments de la couche interne claire. liennig croit retrouver "des noyaux semblables à ceux de l'endo- tliélium vasculaire. C'est une interprétation qui n'est pas plus absurde que toute autre qui [lourrait être émise à priori sur la nature de ces parties, du moment qu'on n'en aurait pas suivi l'origine et les transformations. Dans le placenta, comme dans toute formation histokigi(|ue, il n'y a que l'étude des éléments depuis leur apparition qui puisse trancher la (jnestion de leur nature et de leur signification. — 303 — lame de tissu maternel limitant un espace où est reçue une villo- sité clioriale, un réseau vasculaire très abondant. Comparativement aux vaisseaux fœtaux, ces capillaires maternels sont très larges. » /. Lames basales du placenta fœtal. — Comme pour le placenta de la chienne, nous appelons lames basales les parties en lesquelles viennent se fusionner, à la face profonde du placenta fœtal, un cer- tain nombre de lamelles labyrinthiques. Chez la chienne, chacune de ces lames basales répondait à un ensemble bien déterminé de lamelles, à un lobule placentaire; aussi ces lames basales étaient- elles régulièrement disposées, toutes de mêmes dimensions et de même configuration. Chez la chatte, où le placenta ne présente pas la disposition lobalaire, les lames basales sont l'origine commune ■ d'un nombre variable de lamelles labyrinthiques ; aussi ces lames sont-elles irrégulières, dissemblables, quant à leur volume et à leurs dispositions (voir la flg. 119). De plus ces lames basales de la chatte sont, d'une manière générale, caractérisées par leur épaisseur; elles ne forment pas comme chez la chienne un pédicule plus ou moins mince à chaque lobule, mais une grosse masse commune qui semble se subdiviser pour donner naissance aux lamelles labyrin- thiques qui en partent. Nous avons vu (figures 114 et 118) comment ces lames basales se dessinent aux vingt-sixième et vingt-septième jours. Elles résultent de ce que les cloisons mésodermiques ne pénètrent pas toutes à une égale profondeur; celles qui pénètrent le plus profondément limi- tent entre elles les lames basales, desquelles partent les lamelles labyrinthiques délimitées par les cloisons mésodermiques moins profondes (voir la fig. 119, pl. X). Au vingt-huitième jour, la lame basale a une disposition dont la figure 120 (pl. XI) donnera une idée exacte sans description détaillée (fig. 120 en LB). C'est une épaisse formation ectoplacentaire, con- tenant deux ou trois gros capillaires maternels, qui vont se sub- diviser pour pénétrer dans les lamelles labyrinthiques correspon- dantes. Par le fait de celte épaisseur et du volume des vaisseaux maternels inclus, une lame basale ne diffère pas de la partie infé- rieure d'un canal de distribution du sang maternel (voir fig. 131, pl. XII). Quant aux rapports d'une lame basale, ils sont les suivants : En haut, comme il a été déjà dit à plusieurs reprises, elle se subdi- vise en un certain nombre de lamelles labyrinthiques. En bas, elle — 304 — repose sur la couche des glandes utérines plus ou moins avancées dans leur transformation en détritus glandulaire. Notons que la lame basale, vu sa largeur, répond ainsi, non pas à une seule, mais à deux, trois ou plusieurs cloisons inlerglandulaires, et qu'elle reçoit les vaisseaux maternels de ces cloisons pour les conduire dans le placenta fœtal. Au niveau de ces cloisons, la lame basale se comporte comme le faisait antérieurement la couche profonde de l'ectoplacenta encore non remanié (fig. 112), c'est-à-dire que les cellules ectodermiques s'allongent, pénètrent dans ces cloisons, et y entourent les vaisseaux maternels. Ainsi se trouvent formées des séries de véritables racines par lesquelles le placenta fœtal s'im- plante dans le terrain maternel, et nous verrons, en étudiant plus spécialement les modes d'attache du placenta fœtal, qu'il en résulte une union bien plus solide des parties maternelles et fœtales, com- parativement à ce que nous avons vu chez la chienne. Enfin sur les côtés, la lame basale se continue avec les arcades ectodermiques (AE, fig. 120) qui, comme chez la chienne, vont d'une lame basale à sa voisine, ainsi que nous le verrons dans un instant. La constitution des lames basâtes est, sous une forme plus mas- sive, plus épaisse, celle d'une lamelle labyrinlhique, avec cepen- dant une légère différence. Dans la pai'tie médiane sont les capil- laires maternels, entourés de cellules centrales ou cellules géantes; puis à la périphérie est une couche nucléaire. Mais cette couche nucléaire, et ceci est la différence sus-indiquée, ne reste pas limitée exclusivement à la périphérie; elle forme des prolongements qui sillonnent la masse des cellules centrales ou géantes, et arrive ainsi parfois presque au contact des capillaires maternels inclus dans la lame basale. La figure 120, quoique au faible grossissement de soixante-quatorze fois, montre déjà bien ces particularités sur une vue d'ensemble; la figure 123, qui reproduit au grossissement de trois cent quatre-vingts fois la portion désignée par le chiffre 123 sur la figure 120, permet de bien se rendre compte de la nature et de la disposition des éléments. Elle est surtout intéressante en ce qu'elle présente toutes les formes de transition entre les cellules centrales ou géantes (CG) et les éléments de la couche nucléaire (N), et démontre ainsi que ces deux ordres de parties sont deux formes différentes provenant d'une seule et même espèce d'élément, à savoir des cellules primitives de l'ectoplacenta. Nous avons déjà assisté à ces formes de transition, à cette évolution d'un même élé- — 305 — menl primitif selon deux types différents, et en étudiant les lamelles labyrintliiques, et en analysant la constitution des canaux de distri- bution du sang maternel. Si nous y insistons encore, c'est que nous verrons que divers auteurs, et notamment Heinricius, ont attribué une origine différente aux cellules géantes , qu'ils considèrent comme de provenance utérine, et à la couche nucléaire qui, seule à leurs yeux, représenterait l'ectoderme fœtal. Après l'étude des lames basâtes au vingt-huitième jour (fig. 120 et 123), voyons comment elles se présentent un peu plus tard, c'est- à-dire dans la première moitié du deuxième mois (fig. 133, pl. XII). Sur cette figure nous avons deux belles lames basales représentées dans leur totalité, et ayant acquis les dispositions qu'elles conserve- ront jusqu'à la fin de la gestation. Or elles ne diffèrent guère ici de ce qu'elles étaient précédemment; seulement les caractères que nous leur avons assignés se sont plus accentués. Très grande est devenue la difi"érence entre les cellules centrales ou géantes qui sont deve- nues de plus en plus volumineuses et plus claires, et d'autre part la couche nucléaire et ses prolongements : toutes ces dernières parties sont réduites à l'état de noyaux, petits, ovales, très foncés, étroite- ment pressés les uns contre les autres, dans une substance proto- plasmique très foncée, non subdivisée en corps cellulaires distincts. A cet état, la lame basale ressemble beaucoup, quant à sa structure, à un canal de distribution du sang maternel, et en efl"et ce sont là des parties homologues comme origine, et analogues comme fonctions ; on pourrait dire en effet qu'une lame basale est un canal de dis- tribution très court, car il se subdivise presque aussitôt en une série de lamelles labyrinthiques, comme on le voit bien sur la figure 133. Puisque nous revenons sur les canaux de distribution, qui, chez la chatte comme chez la chienne, sont les voies afférentes du sang maternel dans le placenta, disons que les vaisseaux des lames basales en sont sans doute les voies efïérentes. Nous n'insisterons pas sur celte question, car nous ne pourrions que répéter ce que nous avons dit à cet égard à propos du placenta de la chienne. En même temps que les caractères des éléments de la lame basale sont devenus plus accentués, dans la première moitié du second mois (fig. 133), cette lame est devenue plus distincte; on fait actuelle- ment mieux la distinction entre elle et les arcades ectodermiques qui en partent (comparer les figures 120 et 133). Mais ce sont là des dispositions sur lesquelles nous insisterons plus tard en parlant des 20 — 30G — connexions (ou moJe tl'altache) du placenta fœtal el du placenta maternel. Pour le moment il nous suffit de recommander à l'atten- tion du lecteur la figure 133 où les lames basâtes sont bien déli- mitées, avec une individualité bien évidente, bien plus évidente pour leur partie profonde qu'on ne la voyait au vingt-hnitième jour (fig. 120). 2° Des formations maternelles {couche des glandes) pendant le rema- niement de Vectoplacenta. Chez la chienne, les différents détails relatifs aux formations maternelles, pendant le remaniement de l'angio-plasmode, ont nécessité une étude réellement laborieuse, car il s'agissait de suivre les transformations de nombreuses couches, et la résorption de quelques-unes. Chez la chatte il n'y a pas lieu de décrire à part une couche de détritus glandulaire, une couche compacte, une couche spongieuse, etc. Les parties maternelles sous-jacentes au placenta fœtal nous présentent simplement une couche glandulaire ; il est vrai que, dans les étages successifs de ces glandes, les transforma- tions sont semblables à celles qui produisent chez la chienne une subdivision en couches distinctes; mais, chez la chatte, ces transfor- mations aboutissent à des dispositions infiniment plus simples, et qui conservent, depuis le commencement jusqu'à la fin, le même type, c'est-cà-dire que, après avoir étudié ces parties au vingt-cinquième jour, on pourrait, sans s'arrêter aux stades de transition, les exa- miner et les reconnaître sur le placenta achevé, tant les modifica- tions morphologiques sont faibles. Sur la chienne au contraire, l'observateur qui passerait, sans transitions, des diverses formations glandulaires au début du stade de remaniement, à l'examen de leurs restes, à la fin de cette période, serait dans l'impossibiUté de recon- naître la signification des parties alors existantes, telles que les vastes cavités de la couche spongieuse, et les lamelles mésentéri- formes qui les séparent. Au début du remaniement de l'ectoplacenta, au vingt-cintiuième jour (fig. 113, pl. X), la couche glandulaire est épaisse, presque deux fois plus épaisse que la couche d'ectoplacenta qui lui est super- posée. D'après l'état de l'épithélium dans ces glandes, on peut dis- tinguer à cette couche trois zones : une supérieure, mince, formée par des détritus de l'épithélium, détritus glandulaires disposés en petits amas dont chacun répond à l'extrémité supérieure, close en — 307 — ciil-de-sac, d'une glande ; une zone moyenne, très épaisse, formant les trois quai'ls de la couche glandulaire, et caractérisée par l'hyper- trophie de l'épilhélium, représenté par ses noyaux très colorables, superposés en trois et quatre rangées et plus; enfin une zone infé- rieure , peu épaisse , formée par les extrémités profondes des glandes, extrémités dilatées et tapissées d'une seule couche de cel- lules épithéliales de forme cubique ou même moins hautes que larges. En contact avec ces dilatations glandulaires, on voit (partie inférieure de la fig. il3) la coupe de petits canaux ou culs-de-sac glandulaires; ce sont les homologues des glandes permanentes de la chienne; ainsi que nous l'avons déjà dit à propos de la fig. 108 (vingt-quati'ième jour), cette couche de glandes permanentes ne des- sine pas chez la chatte une formation bien distincte, et n'est pas séparée de la couche des cryptes dilatée par une couche homogène (fig. 108 en P). D'après ce que nous venons de voir, au vingt-cinquième jour (fig. 113), les dispositions, chez la chatte, rappellent assez bien, mais sous une forme plus simple, ce que nous connaissons chez la chienne à une période correspondante, et il suffirait que les détritus glandulaires s'accumulent en masses puissantes, que l'épithélium hypertrophié arrive à combler presque entièrement la lumière des glandes, et enfin que les dilatations des parties profondes des glandes s'exagèi'ent, pour que les trois zones que nous venons de distinguer donnent naissance à des couches semblables à celles que chez la chienne nous avons nommées couche des détritus glandu- laires, couche compacte, couche spongieuse. Mais il n'en est rien. Les dilatations profondes des glandes n'augmentent pas, et il ne se forme rien qui mérite le nom de couche spongieuse; l'hypertrophie épithéliale s'étend même jusque dans ces parties profondes, ne res- pectant que les rudiments des glandes permanentes, et l'ensemble des formations glandulaires en est d'autant simplifié. D'autre part les détritus glandulaires sont successivement résorbés par l'ecto- placenta sus-jacent, à mesure que de nouveaux détritus se forment aux dépens de l'épithélium hypertrophié sous jacent; et ces détritus sont toujours nettement groupés en amas distincts correspondants aux cavités des glandes qui leur ont donné naissance. En un mot la couche glandulaire des cryptes prend une disposition de plus en plus simple avec les progrès de la gestation, et elle diminue en même temps d'épaisseur, servant successivement par ses parties — 308 — supérieures, transformées en détritus (lait utérin des auteurs), à la nutrition du placenta fœtal sus-jacent. Ces indications générales sont facilement vérifiées par l'examen des figures suivantes. Aux vingt-sixième et vingt-septième jours (fig. H4), la couche glandulaire (comparer avec la fig. 113) a déjà un peu diminué d'épaisseur d'une manière absolue (les fig. 113 et 114 sont à un même grossissement de soixante fois), et elle a énormément diminué d'une manière relative, c'est-à-dire compara- tivement à l'épaisseur de la formation ectoplacentaire sus-jacente, qui maintenant l'égale ou môme la dépasse en puissance. Sur la figure H8, celte diminution absolue, mais surtout la diminution relative sont plus sensibles encore. Enfin, sur la figure 119, la couche des glandes est devenue très simple : elle est assez régu- lièrement formée d'une seule rangée de cavités glandulaires sphé- riques, ou ovales à grand axe vertical, à parois munies de nombreux culs-de-sac ramifiés. Dans toute l'étendue de ces glandes et de leurs culs-de-sac, l'épithélium est hypertrophié, formé de très nombreux noyaux disposés en amas pyramidaux qui font saillievers lalumière de la glande. Ces noyaux sont dans une masse protoplasmique ou albumineuse qui n'est pas divisée en cellules distinctes; ils sont très colorables, et se montrent formés (voir la fig. 123, en E, E) de gros grains chromatiques qui se désagrègent plus ou moins pour donner naissance aux masses chromatiques éparses dans le détritus glan- dulaire. La partie toute supérieure des cavités glandulaires est formée par de gros amas de ces détritus, en contact direct avec la face infé- rieure ou maternelle du placenta fœtal. La diminution en épaisseur de la couche glandulaire s'explique facilement par la résorption graduelle de ces détritus, mais par places on voit des dispositions qui montrent qu'une partie, un vaste cul-de- sac de glande, peut être enveloppée en masse par l'ectoplacenta, qui émet des prolongements pénétrant, comme autant de racines, dans les cloisons interglandulaires : ces fragments de glande englobés ainsi dans l'ectoplacenta, comme on le voit dans la fig. 120, doivent y être soumis aune résorption rapide; ils sont homologues de ce que nous avons décrit chez la chienne sous le nom de restes de glandes, de ce que, du reste, nous avons déjà décrit également chez la chatte, à un stade antérieur (au 24'' jour, lig. 108). Ainsi s'explique, non seulement la rapide diminution d'épaisseur de la couche des glandes, mais encore les dispositions plus simples que finit par présenter — 309 - cette couche, se réduisant à peu près à une seule rangée de cavités glandulaires. Les figures 131 et 133, delà première moitié du second mois, nous montrent la couche des glandes utérines à un état de réduction qu'elles ne dépasseront pas jusqu'à la fin de la gestation (voir par exemple la figure 141, du milieu du second mois). Ces glandes for- ment alors, au-dessous du placenta fœtal, qui présente un dévelop- pement relativement énorme, un mince liséré foncé, dans lequel, même à un très faible grossissement (tigures 131 et 141), on distingue une rangée de cavités glandulaires, terminées à leur partie superfi- cielle (du côté du placenta fœtal) par des amas de détritus glandu- laire. La constitution de la couche des glandes ne s'est donc pas modifiée, ne s'est pas compliquée; elle s'est de plus en plus simpli- fiée et réduite dans ses dimensions. Sa structure est représentée dans la figure 133; elle est la même que précédemment; les détritus glandulaires sont constitués d'après le type que nous avons déjà étudié à tant de reprises. Il n'y a donc pas à y insister. De tout ce qui précède, il résulte que le fait essentiel, dans l'évo- lution de la couche des glandes utérines chez la chatte, c'est l'absence de la formation de grandes cavités aux dépens de la partie profonde de ces glandes (couche spongieuse du placenta de la chienne), et par suite l'absence de longues et minces cloisons séparant ces cavités, cloisons qui donnent naissance chez la chienne aux formations si remarquables que nous avons nommées lamelles mésentérif ormes. Chez la chatte les cloisons interglandulaires restent, jusqu'à la fin, telles qu'elles étaient au début, formant entre les glandes des trac- tus ramifiés de tissu conjonctif, et renferment les vaisseaux mater- nels destinés au placenta fœtal. La tigure 126 (pl. XI) montre, sur une coupe horizontale (parallèle au plan du placenta), quelle est la dispo- sition de ces cloisons, et des cavités glandulaires qu'elles séparent; sur les extrémités supérieures de ces cloisons, le placenta s'attache par des implantations solides et multiples. C'est pourquoi nous allons passer, en suivant le même ordre que pour le placenta de la chienne, à l'étude des connexions du placenta fœtal et du placenta maternel. 3° Connexions {mode d'attache) du placenta fœtal et du placenta maternel. Le placenta fœtal est formé, à sa surface inférieure ou face mater- nelle, alternativement par les lames basâtes et par les arcades cclo- 20* — 310 - dermiques. Étudier ses connexions avec le terrain nialernel, c'est donc rechercher à quelles parties de la couche glandulaire corres- pondent les arcades ectoderraiques et les lames basales. Ces rap- ports ont déjà été indiqués en partie; nous n'avons donc actuelle- ment qu'à en préciser quelques détails. a. Arcades ectodermiques. — Nous n'avons encore que peu insisté sur les arcades ectodermiques. Nous les avons vues résulter de la pénétration de plus en, plus profonde des poussées de méso- derme allantoïdiens qui effectuent le remaniement de l'ectoplacenta. Qu'on donne à ces poussées le nom de villosités, comme l'ont fait tous les auteurs dont nous analyserons plus loin les travaux, c'est une dénomination qui répond à leur forme; mais il faudrait dire alors villosités allantoïdiennes ou villosités mèsodermiques, et non villosités choriales, ainsi que disent tous ces auteurs. En effet, le terme villo- sité choriale comprend une saillie mésodermique avec son revête- ment épithélial ectodermique. Or ce qui se produit, pendant le remaniement de l'ectoplacenta, chez le chat, comme chez le chien, ce ne sont pas des villosités dans ce sens complet du mot, mais seule- ment des poussées mésodermiques qui se creusent des loges dans la formation massive ectoplacenlaire. De ces poussées, le plus grand nombre n'arrive pas jusqu'à la face inférieure de l'ectoplacenta (voir fig. 199), et l'épaisseur de formation ectoplacenlaire qu'elles laissent non pénétrée par elles, entre leur extrémité profonde et la surface inférieure de l'ectoplacenta, constitue les lames basales; les autres, moins nombreuses, arrivent plus profondément, ne respec- tant qu'une mince couche ecloplacentaire qu'elles ne perforent pas, mais dont leur extrémité demeure revêtue. Cette mince couche ectoplacenlaire représente les arcades ectodermiques, et ainsi on voit reparaître une disposition qui a amené les auteurs à se croire en présence de véritables villosités, au sens complet du mot, c'est- à-dire formées d'un corps mésodermique avec revêtement épithélial ectodermique. Cette fois, en effet, au niveau des arcades ectodermi- ques, nous trouvons bien une disposition qui peut recevoir le nom de villosité; mais le mode de formation de ces parties n'est pas celui de la formation typique d'une villosité. En effet, les arcades ectodermiques n'arrivent que tardivement à former une simple couche épithéliale. Elles sont d'abord massives, épaisses, formées de plusieurs couches de cellules ectoderraiiiues. — 311 - C'est ce que montre bien la figure 120 (pl. XI). Sur la partie gauche de cette figure, est une arcade ectodermique extrêmement épaisse; elle est en rapport par ses parties profondes avec plusieurs cavités de glandes utérines, et ses cellules eclodermiques se prolongent, comme des racines, qui s'implantent dans les cloisons interglandu- laires. Ce ne sont pas là les caractères d'un épilhélium de revêtement; ce sont les caractères communs à toutes les parties de la couche pro- fonde de l'ectoplacenla dès le début de son existence (voir fig. 112), et en efïet les arcades eclodermiques ne sont autre chose quB des portions de cette couche profonde. M;iis avec les progrès du développement, les arcades ectodermiques vont devenir plus minces et prendre secondairement les caractères d'un épithélium de revêtement. Déjà sur cette même figure 120 (pl. XI), on voit, à la partie droite de la figure, une autre arcade ectodermique dont une moitié est épaisse et massive, répond à une cloison intcrglandulaire maternelle, contient des vaisseaux mater- nels qui se dirigent vers la lame basale voisine, tandis que l'autre moitié (partie droite) répond à une cavité glandulaire, à une masse de détritus glandulaire, et se montre très mince, composée seule- ment de deux rangées de cellules. L'examen de cette disposition de l'arcade ectodermique de la partie droite de lafig. 120 nous fait comprendre comment les arcades, primi- tivement massives et épaisses, se transforment en arcades minces à type épithélial, et . comment s'établissent leurs rapports définitifs avec les parties maternelles correspondantes. Les arcades ectoder- miques primitives (voir fig. 119) n'étaient pas superposées unique- ment à des cavités glandulaires ou à des détritus glandulaires, mais répondaient aussi bien à des cloisons interglandulaires. Peu à peu leurs parties latérales, répondant à des cloisons interglandulaires, se trouvent incorporées dans les lames basales voisines qui seules doivent définitivement donner passage aux vaisseaux maternels. Leur partie moyenne se trouve bientôt ne plus être en rapport qu'avec une cavité glandulaire, soit que telle fut la disposition pri- mitive, soit que, dans le cas où elle répondait d'abord àdeux cavités glandulaires, celles-ci se soient fusionnées en une seule, pendant le processus de résorption et de simplification précédemment décrit dans les glandes. En même temps, l'arcade ectodermique s'est amincie de plus en plus et réduite à une seule couche de cellules épithéliales. — 312 — C'est ce que nous voyons sur la figure 133 (pl. XII), dans la pre- mière moitié du second mois. Alors chaque arcade ectodermique (AE, AE) forme, comme cliez la chienne, un mince voile épithélial, attaché par ses deux extrémités aux lames basâtes correspondantes, en rapport par sa face supérieure avec le mésoderme fœtal auquel elle forme un revêtement épithélial, en rapport par sa face inférieure avec une large cavité glandulaire maternelle et avec le détritus glan- dulaire qui la remplit. Comme chez la chienne, on peut dire que l'arcade ectodermique est disposée comme une sorte de couvercle au-dessus d'une cavité glandulaire maternelle. A mesure que l'arcade ectodermique s'est amincie et réduite à une seule couche de cellules, la forme et la disposition de ces cellules se sont modifiées. Elles se sont rangées côte à côte et ont pris une forme cylindrique très allongée (fig. 133; voir aussi la figure 136, d'une région spéciale qui sera étudiée plus loin). Le noyau est situé vers la base de la cellule, au milieu d'un protoplasma plus foncé et plus granuleux; le corps de la cellule s'élargit vers son extrémité libre; là le protoplasma est plus clair, mais il contient des fins frag- ments de la substance chromatique des détritus glandulaires cor- respondants. Ces cellules président en effet à la résorption, par le placenta fœtal, des détritus glandulaires maternels. Toutes les dis- positions que nous venons de décrire, et qui reproduisent ce que nous avons vu chez la chienne, répondent à ce que les auteurs ont décrit comme villosités choriales plongeant dans les glandes utérines et venant y absorber le lait utérin (voir, ci-après, les des- criptions de Slrahl et Heinricus et leurs figures, reproduites dans les fig. XXXVIII, XXXIX, XL). Les arcades ectodermiques de la chatte ne diffèrent de celles de la chienne que en ce qu'elles sont de dimensions transversales bien moins considérables (voir, pour la chienne, les figures 72 et 73, pl. VII); elles sont moins étendues et moins ondulées. Ceci tient à ce que, inversement, les lames basales qui leur sont interposées sont beaucoup plus larges, beaucoup plus épaisses. Nous allons donc passer à l'étude de ces lames basales, ou, pour mieux dire, en com- pléter la description précédemment esquissée. b. Lames basales. — Nous en avons déjà étudié la formation suc- cessive. Elles représentent les portions de la couche profonde de l'ectoplacenta interposées entre les poussées mésodermiques qui — 313 — arrivent assez bas pour déterminer la production des arcades ectodermiques. Sans revenir sur les stades successifs pendant les- quels les lames basales se dessinent et se circonscrivent, prenons- les, dans la première moitié du second mois (fig. 133), alors qu'elles ont acquis leurs dispositions définitives. La coupe longitudinale d'une lame basale à cette époque (fig. 131, 132 et 133) nous la présente comme un épais pilier, attaché par une de ses extrémités au terrain maternel, donnant naissance, par sub- division de son autre extrémité, à une série de lamelles labyrin- thiques; ses faces latérales répondent aux cavités glandulaires maternelles, et donnent atlaclie, à un niveau variable, aux arcades ectodermiques correspondantes. En décrivant les lamelles labyrin- thiques, nous avons déjà insisté sur la manière dont elles se déta- chent des lames basales; nous n'avons donc plus qu'à étudier l'extrémité inférieure et les faces latérales des lames basales. L'extrémité inférieure d'une lame basale (fig. 133) répond presque toujours à plusieurs cloisons interglandulaires; elle est donc en rapport et avec des cavités glandulaires et avec des cloisons. — Au niveau des cavités glandulaires, la lame basale est formée de cel- lules ectodermiques cubiques (voir figure 133, en 1, 1) disposées en une sorte de voûte épaisse, qui recouvre le détritus glandulaire de la partie correspondante de la glande. C'est la même dispo- sition que présentaient (fig. 120, pl. XI) les arcades ectodermiques quand elles étaient encore épaisses et massives; c'est la même dis- position que présentait antérieurement toute la face inférieure de l'ectoplacenta avant que fût complété son remaniement (voir les figures 113, 114, 118 et particulièrement la figure 112). Supposons que l'une des cloisons mésoderraiques interposées entre les lamelles labyrinthiques qui naissent en haut d'une lame basale (fig. 133) se prolonge de façon à pénétrer cette lame basale dans toute sa hau- teur, c'est-à-dire à la subdiviser jusqu'en bas en lamelles laby- rinthiques, alors les cellules ectodermiques inférieures de celte lame base, dans l'étendue où elles forment voûte au-dessus d'une cavité glandulaire, se transformeront en une arcade ectodermique. Cette hypothèse, à laquelle se prête bien la figure 133, et les consé- quences de cette hypothèse sont encore la meilleure manière de se rendre compte delà signification morphologique des arcades ecto- dermiques, aussi bien que des lames basales. — Au niveau des cloisons interglandulaires, l'extrémité inférieure d'une lame basale — 314 — s'im|ilaiilc tlaiis ces cloisons par dos proloiigmicnls qui cnvelop- peul les vaisseaux malerncls sur une plus ou moins grande étendue de leur circonférence (fig. IS^). L'ecloplacenla est ainsi muni de véritables racines qui sont greffées sur le tissu conjonctif des cloi- sons interglandulaires. Ici encore, tant le caractère du placenta de la chatte est de rester, dans certains détails, semblable jusqu'au bout à ce qu'il était au début, ici encore nous devons dire que ces dispositions sont celles qui existaient primitivement, déjà au vingt- quatrième jour (fig. ni). Les faces latérales des lames basâtes (lig. 133) présentent à dis- tinguer deux régions : celle qui est au-dessus et celle qui est au-dessous de l'insertion des arcades ectodermiques. Mais cette dernière région ne devient distincte, ne présente une surface libre que tardivement : au début (et beaucoup de lames basales persis- tent indéfiniment dans cet étal), alors que les arcades ectodermiques sont encore épaisses et massives (fig. 120; voii' aussi la fig. 119 pour les vues d'ensemble), la moitié inférieure d'une lame basalc n'est pas distincte de l'arcade ectodermique correspondante, et la masse cellulaire de l'une se continue avec celle de l'autre. Mais quand les arcades ectodermiques ont acquis leurs dispositions défi- nitives de membrane épilliéliale mince, et que la résorption des glandes utérines et de leurs détritus a progressé, les lames basales se prolongent librement à un niveau inférieur à celui des arcades ectodermiques (fig. 133 et 136, en L B), et alors les faces latérales de ces lames présentent réellement les deux régions distinctes sus- indiquées, l'une au-dessus de l'insertion de l'arcade ectodermique, l'autre au-dessous de cette insertion; la première région est en rapport avec le mésodernie fœtal, c'est-à-dire avec la grosse cloison mésodermique qui va jusqu'à une arcade ectodei'mique ; la seconde région répond à une vaste cavité glandulaire et au détritus qu'elle renferme (fig. 133). Les descriptions que nous venons de donner pourront paraître bien minutieuses. Elles sont indispensables pour pouvoir juger de deux choses : d'une part l'erreur d'interprétation des aulcurs qui considèrent le placenta de la chatte comme formé de villosités cho- riales; d'autre part, pour saisir les différences, dans le mode d'at- tache du placenta fœtal, entre le placenta de la chatte et celui de la chienne. Sur le premier point, nous donnerons des détails critiques complets en faisant l'historique de la question, nous contentant — ni5 — pour le moment de dire que ce sont les arcades eclodermiques de la fig. 133, avec les cloisons mésodermiques dont elles revêtent l'extrémité, qu'on a voulu considérer comme des villosités choriales. Singulières villosités, qui sont moins saillantes que les parties inter- posées, puisqu'elles s'enfoncent moins profondément dans le terrain maternel que les lames basales correspondantes. Sur le second point nous devons insister, pour montrer la solidité relative des attaches fœtales sur les formations maternelles. En effet, chez la chatte, la disposition essentielle que nous avons à faire ressortir est la conséquence de ce fait qu'il n'y a pas, dans les glandes matei-nelles, production d'énormes dilatations des culs- de-sac inférieurs de la couche des cryptes; il n'y a pas de couche spongieuse. Par suite, il ne se dessine pas, comme chez la chienne, de longues et minces cloisons interposées entre les grandes cavités d'une couche spongieuse; en un mot rien ne rappelle ces longues membranes ou lames mésentériformes du placenta de la chienne (voir les figures 65, 66 et 67). Le placenta fœtal de la chatte ne se trouve donc pas supporté sur les extrémités libres de minces lamelles mésentériformes, mais adhère et s'implante, par ses lames basales, sur de courtes cloisons interglandulaires. Mais ce n'est pas tout. Chez la chienne, une lame basale du placenta fœtal ne corres- pond qu'à une seule lamelle mésentériforme, et elle lui est attachée par une faible formation plasmodiale. Chez la chatte, au contraire, la lame basale, épaisse et massive, répond à plusieurs cloisons inlerglandulaires, dans lesquelles elle s'implante par de véritables racines, formées de cellules épilhéliales solidement agrégées. C'est pourquoi on n'éprouve pas, dans la préparation et la conservation des pièces, les mêmes insuccès. Nous avons dit combien, chez la chienne, il était difficile, presque impossible, de conserver et de couper une pièce complète sans voir le placenta fœtal se disloquer de ses attaches sur le placenta maternel. Chez la chatte cet accident n'arrive jamais; les parties sont solidement unies, et nulle précaution n'est nécessaire pour obtenir des coupes d'ensemble aussi intactes que celle qui est représentée dans la figure 131. Ce fait que la lame basale de la chatte correspond à plusieurs cloisons interglandulaires nous explique l'épaisseur de cette lame; en réalité, morphologiquement, elle représente plusieurs lames basales de la chienne fusionnées entre elles; elle représente un - 316 — nombre de lames basales égal au nombre des cloisons interglandu-, laires sur lesquelles elle s'attache. Pour résumer, à cet égard, le développement du placenta de la cballe, nous donnons ci-conlre les schémas de la figure XXXIII. En M, et sont deux phases de la formation du placenta chez la Fîg. XXXIII. — Schémas comparatifs de la formation du placenta chez la chienne {Mi et M.2) et chez la chatte {Ni et Nj) — CH, chorion ; — VF, vaisseaux fœtaux ; — AP, angio- plasmode ou lame ectoplacentaire ; — VM, vaisseaux maternels; — AE, arcades eclo- dermiques ; — GL, glandes utérines ; — SP, dilatations de ces glandes dans la couche spon- gieuse du placenta de la chienne. (Voir aussi la fig. XV, ci-dessus, dans le texte.) chienne ; en N, et les deux phases correspondantes chez la chatte. Le schéma N, nous montre la formation ectoplacentaire ou angio-plasmodiale de la chatte avant tout remaniement (extrémité gauche de la hgure) ou lorsque ce remaniement commence (partie droite de la figure). On voit que chez la chatte la lame placentaire est d'abord continue; nous ne trouvons pas ici cette interruption produite, de place en place, par des villosités creuses, comme cela se présente chez la chienne (schéma M,). L'étude de la formation — 317 — angio-plasmodiale ou ectoplacentaire de la challe vient donc bien confirmer ce que nous avions dit à propos de la chienne, à savoir que ces villosités creuses sont des dispositions d'ordre secondaire; elles représentent seulement des dépressions destinées à préparer les lieux de pénétration du mésoderme, c'est-à-dire le remanie- ment de l'angio-plasmode. Certainement si les auteurs avaient observé ces stades primitifs chez la chatte, ils n'auraient pas été amenés, comme par les apparences du placenta de chienne, à ne voir dans la production du placenta rien que des villosités choriales pénétrant dans les glandes utérines. Mais nous démontrerons dans l'historique qui va suivre que, jusqu'cà présent, personne n'a observé les phases initiales de la production du placenta de la chatte, et que ceux qui ont pensé disposer de pièces assez jeunes pour cette étude, n'ont pas connu l'âge réel de ces pièces. Le schéma nous résume le processus de remaniement de la lame ectoplacentaire chez la chatte. Tandis que chez la chienne (schéma Mo) ce remaniement s'etîecluait par des végétations laté- rales des grands prolongements mésodermiques disposés dans les villosités creuses (voir MJ, chez la chatte ce remaniement a lieu uniquement par des poussées mésodermiques qui marchent toutes verticalement, c'est-à-dire perpendiculairement au plan de la lame ectoplacentaire. De la sorte l'ectoplacenta est subdivisé en lamelles qui sont toutes verticales, et qui sont toutes à peu près de même valeur, c'est-à-dire ne se disposent pas en lobules. Enfin, sans plus ample explication, la comparaison des schémas et montre les différences qu'il y a entre la chienne et la chatte quant aux dispositions des lames basâtes et des arcades ectodermiques (AE). Notons que, comme la vascularisation des cloisons méso- dermiques (interposées aux lamelles labyrinlhiques) est très tar- dive chez la chatte, nous n'avons pas figuré de vaisseaux dans ces cloisons (schéma Nj), ce qui a rendu plus simple et plus intelligible la construction du schéma en question. Pour les parties maternelles sous-jacentes au placenta, ces schémas montrent également l'absence, chez la chatte, des longues lamelles mésentériformes si caractéristiques du placenta de la chienne. — 318 - E. — Historique dos travaux sur te placenta de la chatte (périodes de formation et de remarneuient de Vecto- placeiita; lamelles labyrintliiques). Escliriolit ' paraît être le premier qui ait étudié avec un soin spécial le placenta de la chatte; il le décrit comme formé de lamelles étroitement pressées les unes contre les autres, et dont les unes renferment des capillaires foetaux, les autres des capil laires maternels. Comparant alors ces dispositions avec celles qu'il avait si bien étudiées chez les ruminants et les pachydermes, il se pose une série de questions et émet une série d'hypothèses qui semblent avoir été le thème premier sur lequel Ercolani exécuta plus lard une série de variations. « Placcnlam felinam, dit-il {op. cit., p. M), cum partibus mam- maliuin ungulalorum comparemus. Omnibus commune erat duplex retc capillare, unum sanguinem fœtus, allerum sanguinera raalris ducens. Idem de duobus systematibus laminularura placentas felinee valerc extra omnem dubitationem positum est. Eo vero placenta felina a parlibus analogis ungulalorum omnino discrepal, quod ea membrana, cui rete maternum inest, lam arcle cum parle fœtali cohaîrct, et tanlai est moUitiei, ut in partu cum ea simul abstru- dalur. Quodsi igilur pars illa uterina placent» felinse re vei'a est ipsius pars utei-i et eodem jure ad malrem portinere dici potest, quo pars fœtalis ejusdem organi ad fœlum pertinet, id solum res- tare videtur ut inquiratur, utrum nova sit uteri pars sub graviditate formata, an ipsa sil lunica uterina mucosa incrassala. Certum mihi videtur, analogam esse tunicse uterina; mucosse ungulalorum et pinnatorum. » Pour li'aduire, en deux mois, ce ti'ès curieux passage, en employant les termes mêmes de nos descriptions antérieures, on peut dire qu'E.<5cliriclit se pose la question de savoir ce que sont les lamelles iabyi'inthiques. Sont-elles des parties utérines de nouvelle formation, ou bien représentent-elles des parties préexis- tantes très hypertrophiées? C'est à cette seconde interprétation qu'il se rattache; nous allons voir que tous les auteurs, et Ercolani tout d'abord, acceptent la première manière de voir. Il y avait 1. D. V. Escliricbt, De orcjanis, quœ respiralioni et nulrilioni fœius mammalivm inserviiiiil. Ilaiinin', 1ï<37. — MO — aussi à faire une aulre liypotlièse, à savoir si ces lamelles labyrin- lliiques ne seraient pas des formations fœtales, vascularisées par des vaisseaux maternels. Personne n'a émis cette idée. Nous croyons avoir démontré que c'est cependant la seule qui l'éponde à la réalité. Dans son mémoire de 1870 ', Ercolani consacre au placenta de la chatte un long chapitre, qui est une véritable monographie. Il se félicite (p. 21) d'avoir pu réunir une série d'utérus des 10% 15% 17'' jours, et d'avoir pu ainsi suivre pas à pas les premières phases du développement. Nous allons voir combien il se faisait illusion sur les âges attribués à ces gestations, et dans quelles singulières erreurs il est tombé par ce fait. Pour la chatte dite au 10- jour de la gestation, cette date nous paraît rigoureusement exacte. Le diamètre Iransverse de la cavité du renflement de gestation était, dit-il (p. 23), de cinq millimèti'es ; et en effet le renflement de gestation qui nous a donné la ligure 88 (et les détails de la figure 90) était du 11" jour, et le diamètre transverse de sa cavité mesurait de 5 à 6 millimètres; il est donc bien probable que cette première chatte étudiée par Ercolani était réellement au lO'' jour, et en effet les descriptions qu'il en donne concordent entièrement avec ce que nous avons figuré pour le 11'= jour. Ce n'est pas un jour de distance qui peut amener ici de bien grandes différences. » La muqueuse utérine du renflement où s'est arrêté l'œuf, dit-il (p. 26), au 10" jour, n'a plus une sur- face lisse, comme dans l'utérus non gravide, mais se montre, à l'examen microscopique, toute couverte de follicules longs de 15 à 20 centièmes de millimètre (fig. 1, pl. 3, fig. XXXIV ci-contre). 1. G. B. Ercolani, Sul processo formativo délia porzione glaniMare o materna délia placenta. Bologna, 1870. — Dans l'analyse que nous allons donner de ce travail nous laissons de côté les nombreuses pages où Ercolani traite, d'une part, de l'ulcrus des poissons plagiostomes, d'après les recherches de Bruch, utérus dont les prolongements lamelliformes l'ont amené à sa conception du placenta de la chatte, et d'autre part de l'épaisseur comparée de la muqueuse utérine de la chatte au niveau des renflements de gestation et au niveau des rétrécissements interposés; dans ces rétrécissements, il aurait vu la lumière du canal s'oblitérer au début de la gestation, pour se reconstituer ultérieurement; et il s'appuie sur toutes ces dispositions pour conclure que le placenta est une néoforniation glandulaire. Toutes ces parties de son mémoire sont pour nous des hors-d'œuvre. Mais par contre, nous croyons devoir donner avec détail la partie de sou mémoire qui nous intéresse directement, parce que nous y trouverons l'occasion de montrer comment nous comprenons que doit être laite la critique d'une opinion émise à propos delà structure d'un placenta; il faut faire le déterminisme des condi- tions dans lesquelles ont été conduites les observations, et, dans le cas présent, insister particulièrement sur la valeur réelle de l'âge attribué à ces pièces. — 320 — C'est à riiyperplasie et à l'hypertrophie des éléments du tissu con- jonctif qu'est due la formation de ces follicules. » En comparant cette figure d'Èrcolani (fig. XXXIV ci-contre) avec nos figures 88 et 90, on voit qu'il a constaté et bien représenté les cryptes ou glandes courtes qui se développent alors à la surface de la muqueuse. C'est l'existence de ces cryptes (follicules d'après sa nomenclature) qui va être le point dé départ de toutes ses inter- prétations sur la formation du placenta. Pour notre part, ayant suivi l'évolution de ces cryptes aux 11% 12% 14^ jours (fig. 90, 92, 93), puis aux 19" et 24" jours (figures 97 et 108), nous les avons vus devenir graduellement semblables aux longues glandes préexis- Fig. XX.XIV. — Ercolani, 1870. pl. III, fig. 1. — Coupe (le la muqueuse utérine de la chatte environ au 10' jour, dans la région où s'est arrêté l'œuf: — A, A, couche de petits folli- cules; — B, B, glandes utriculaires ; — C,C, tissu conjonctif hypertrophié. tantes, subir les mêmes dilatations qu'elles, ne prendre aucune part à la formation du placenta proprement dit, mais former seulement la couche glandulaire sous-jacente. Le second renflement utérin étudié par Ercolani étant dit du lo" jour, nous nous attendions à le voir décrire des dispositions analogues à celles que nous avons représentées dans nos figures 93 (14" jour) ou même 94, 97, 99 (19'' jour); or, ses descriptions et ses figures nous mettent en présence de formations semblables à cellesde nos figures 114 (26^ jour) ou 118 (âge plus avancé encore). 11 fallait donc essayer de contrôler cet âge de quinze jours attribué à sa seconde pièce, car nous savons combien sont trompeuses les indications de ce genre, et qu'il faut les compléter et les corriger par la mise en série des pièces d'après leurs dimensions et l'état de développement de l'embryon. Or Ercolani nous offre lui-même tous les éléments de ce contrôle, éléments dont il n'a pas pensé à — 321 — se servir, parce que ne disposant pas de pièces très nombreuses, il n'a pu être frappé des discordances qui se seraient aioi^s mani- festées entre la mise en série d'après l'âge supposé et la mise en série d'après les dimensions. D'abord Ercolani note que du 10'' au 15' jour l'augmentation de volume du renilement de gestation est extrêmement prononcé, premier fait qui nous met en suspicion l'âge de quinze jours, car nous avons observé que dans ces pre- miers temps l'accroissement de volume est au contraire très lent. Puis Ercolani dit que le diamètre transverse de la cavité du renile- ment était de 11 millimètres. Or les renflements qui nous ont donné les figures sus-indiquées mesuraient comme diamètre transverse de leur cavité intérieure, bien moins de 10 millimètres; ce n'est qu'avec notre figure 106 fpl. IX) que nous arrivons à un diamètre transverse intérieur de près de 10 millimètres, et cette figure est d'un renflement âgé de vingt-quatre jours; il faut arriver jusqu'à la figure 12ïi (pl. XI) qui est du âB*^ jour, pour trouver nettement un diamètre transverse intérieur de 11 millimètres. Nous pensons donc rester largement dans les limites de la vérité en concluant que ce prétendu renflement de quinze jours était en réalité arrivé déjà au 27«, ou au moins au 26e jour. Or, au 26'^ jour (voir la fig. 114, pl. X) la formation ectoplacen- taire est apparue et elle est même déjà assez avancée dans son remaniement; sa surface est creusée des nombreuses dépressions où pénètrent les prolongements mésodermiques. En présence de ces dispositions, Ercolani a cru retrouver les cryptes (follicules) constatés au 10 ■ jour, mais dont la cavité serait devenue plus profonde et recevait dans son intérieur les villosités choriales. Sa description et ses figures, que nous allons reproduire, ne laisseront aucun doute à cet égard, et on concevra alors l'origine naturelle de ses erreurs, facilitées par une extrême tendance à demander à de pures hypothèses le complément de ce que n'a pu donner l'observation directe. « Au quinzième jour, dit Ercolani (p. 28), des changements remarquables se sont produits dans la muqueuse des régions où commence la formation placentaire. La muqueuse est fortement épaissie, et l'examen microscopique montre que cet épaississement est dû surtout à ce que les bords des follicules précédemment décrits, se sont considérablement élevés (planche 3, fig. 2 en B; fig. XXXV, en A, ci-contre) et que de fines lamelles, provenant de la surface de 21 — 322 — la meml)rono exierno de l'œuf (en D, llg. XXXV, A) se monlrenl nettement interposées entre les lames droites et verticales, repi'é- senlées par les parois des follicules. Avec un peu d'attention, on reconnaît facilement que du tissu conjoncîif sous-épitliélial a proli- féré une couche délicate de cellules arrondies, extrêmement abon- dantes, qui constituent les lamelles utérines verticales sus-indiquées (en A; fig. XXXV, A), et à mesure que ces cellules se développent, il semble que les éléments épithéliaux, formant primitivement le revêtement interne des follicules, se ramollissent et se détruisent, Fifr. XXXV. — En A. — Eroolaiii, 1870, pl. 111. lif;. 0. — « Coupe du placeula de la rhalte aux premiers débuts de son développement. Le tissu conneclif sous-épithélial hypertrophié (A, A, A), qui entoure les glandes utriculaives (E,E), s'est déjà transformé en cellules de la sérotine, qui s'élèvent en formant une série de lames (B.Bj; vers la surface fœtale du pla- centa, quelques-unes de ces lames se réunissent entre elles (C,C). Les espaces entre ces lames sont occupés par des prolongements du chorion (D,D), dans lesquels il n'y a pas encore trace de vaisseaux. » — 11 sera facile de reconnaître que cette figure d'Ercolani répond à la Qg. 114 de notre pl. X. En B. — Ercolani, 1870, pl. III, fig. 'i. — Gomme la figure précédente; seulement les lames de cellules sérotines, beaucoup plus développées, se replient sur elles-mêmes. car en portant son attention sur les bords des lamelles les plus jeunes et les plus courtes, on y voit comme une couche molle dans laquelle apparaît par places quelque rare cellule épithéliale. Los éléments de nouvelle formation qui constituent les lamelles en ques- tion forment encore une couche mince (en A; llg. XXXV, A) qui a pris la place de l'ancienne couche connective sous-épilhéliale de la muqueuse utérine, et qui se prolonge plus profondément autour des glandes utriculaires, déjà très dilatées à ce stade de développe- ment. « Très rapide et très remarquable est l'accroissement en hauteur de ces lames utérines qui sont obligées de se replier sur elles-mêmes — 323 — (planche 3, fig. 4; (ig. XXXV, B, ci-contre), et deviennent finalement très sinueuses, comme on le voit clans la fig. 4 de la pl. 3. (fig. XXXV, B, ci-contre). Pendant ce temps les lamelles choriales ont de leur côté augmenté de volume, et, toujours interposées aux lamelles formées uniquement de cellules sérotines, elles en suivent les plis multiples. Ces lamelles choriales (en d, lig- XXXV, B, et XXXVI, A) augmentent de volume, d'épaisseur, ce qui n'a pas lieu pour les lamelles utérines formées de cellules sérotines (en d, mêmes figures).... C'est seulement à la quatrième semaine de la gestation qu'il m'a été possible d'observer la vascularisation indiquée sur les ri,!,'. X.WVI. — Kn A, Ei-colani, \>\. III, fig. 5. — Etal Irès sinueux des lames de la séroUne {B.B)^ à une période plus avancée du développement. Il faut remarquer spéciale- ment les nombreuses ouvertures (0,0), placées dans les lames B,Bi ouvertures qui ne sont autre cliose que les sections transversales des vaisseaux maternels plongés dans les lames en question. A ce stade, quoique la portion maternelle du placenta soit bien vascularisée, il n'y a pas encore de trace de vaisseaux dans les lames choriales (D,D.). — En B, Ercolani, 1S70, pl. IV, fig. 3 : Schéma résumant les phases successives du développement du placenta de la chatte. — A, 'parois utérines; — B, glandes utriculaires dilatées et déformées ; — C, tissu eonjonctif utérin ; — D, corpuscules de tissu conjonctif transformés en cellules de la sérotine ; — E, une lame de cellules de la sérotine à l'état représenté dans la figure XXXV (.A) ; — F, une autre lame à l'état représenté dans la figure .XX.KVI (A) ; — G, G, chorion : — H, H, lames choriales non encore vascularisées ; — I, lame sérotine dont les éléments centraux se transforment en cellules conjonctives; — L, lame choriale vascularisée; — M, vaisseaux ombilicaux ; — N, vaisseaux des viUosités; — 0,0, P,P, follicules glandulaires du placenta (O, leurs ouvertures ; P, leurs extrémités en cul-de-sac); — Q,Q, courts tubes de communication entre les follicules voisins. coupes par la présence d'orifices circulaires qui représentent les sections transversales de vaisseaux utérins (pl. 3, fig. 5; flg. XXXVI, A, ci-contre). Ces lumières vasculaires sont relativement larges dès le début, et d'un calibre régulier, dispositions qui me font penser que chez la chatte, comme je l'ai observé dans la formation des follicules glandulaires de la biche, la portion maternelle du placenta se vas- cularise par la transformation en vaisseaux des corpuscules con- — 324 — jonctifs. J'ai constaté ce mode de vasciilarisation plus nettement encore dans la lame inlerne du chorion de la chatte. Mais, laissant pour le moment cette question, qu'il me suffise de faire remarquer que, chez la chatte, à la quatrième semaine de la gestation, la vas- cularisation est complète dans les lames de nouvelle formation de la portion maternelle du placenta, et qu'il n'y en a pas encore trace dans les lamelles choriales, qui cependant ont considérablement augmenté de volume. » (Nous avons précédemment insisté sur cette tardive vascularisation allantoïdienne.) «Entre la quatrième et la cinquième semaine, continue Ercolani ^■(p. 29), une modification importante se produit dans les lames maternelles ; la vascularisation en est moins visible, et, chose essentielle, la partie moyenne de ces lames n'est plus formée par les cellules arrondies dites sérotines, mais par des éléments de tissu conjonctif provenant de la transformation de ces cellules. Alors les changements qui se produisent pour compléter le développement du placenta sont singulièrement importants, et leur interprétation m'a présenté les plus grandes difficultés, parce que les lames utérines, et par leur forme et parleurs dispositions (en B ; fig. XXXVI, A), sont facilement confondues avec les tubes glandulaires alors en voie de formation. Mais une observation attentive fait reconnaître entre ces deux formations une difïércnce capitale, à savoir que, depuis le début de l'apparition des lames maternelles (fig. XXXY, A), jusqu'à leur complet développement, les lames choriales sont toujours interposées à ces lames utérines, tandis que dès que des vaisseaux appai-aissent dans les lames choriales, ces vaisseaux fd'taux sont contenus dans les lames maternelles, là où précisément, dans une période antérieure, on constatait la section des vaisseaux maternels (fig. XXXVI, A; en C). Les doutes qu'on éprouve d'abord pour interpréter ces faits disparaissent bientôt en considérant que par suite de la ti'asformation en tissu conjonctif des éléments de la couche moyenne de chaque lame maternelle celles ci se dédou- blent, une de leurs moitiés latérales va se souder avec la moitié correspondante de la lame voisine semblablement dédoublée, et ces deux moitiés accolées embrassent entre elles les vaisseaux fœtaux d. Il va sans dire (iirErcoIani n'a coiiainemiMit rien vu de semblable; c'est une pure liypoUièsc, pour raeUre les faits d'accord avec la singulière confusion qu'il a faite, entre les vaisseaux fœtauv et les vaisseaux maternels, faute de les avoir injectés; confusion dont il a fait plus tard l'aveu complet (Voir l'Iiistoriiiue du placenta de la cliienne). — 325 — développés dans les anciennes lames choriales interposées, et ainsi se forment les tubes glandulaires sinueux tels que je les ai décrits dans le placenta de la chienne (fig. 1 et 2 de la planche 8 de mon précédent mémoire)*, et tels que je les représente aujourd'hui, dans la flg. 2 de la planche 4 pour le placenta complètement développé de la chatte. Pour donner plus de clarté à l'étude de ces faits compliqués, j'en donne dans la flg. 3 de la pl. 4 (flg. XXXVI, B, ci- contre) un dessin schématique qui représente une coupe verticale complète de l'utérus et du placenta pour montrer les permutations successives par lesquelles passent les lame^ utérines de la sérotine. En A, sont les parois utérines, en B les glandes utriculaires dilatées et déformées, en G le tissu connectif utérin sous-épithélial qui enve- loppe encore les glandes utriculaires, en D la formation des cellules de la sérotine, résultant de l'hypertrophie des corpuscules du tissu conjonctif, en E la formation des lamelles utérines par ces cellules de la sérotine. La série juxtaposée de ces lamelles montre toutes les transformations que j'en ai décrites ci-dessus; en effet, on voit la vascularisation de ces lamelles, entre lesquelles sont interposées les lamelles choriales provenant du chorion G et encore non vascu- laires; puis en I on assiste à la première indication du dédouble- ment des lames de la sérotine, par le fait que les cellules de la couche moyenne de ces lames se transforment en tissu conjonctif; en même temps on voit, en L, se produire la vascularisation d'une lamelle choriale (voir en M une branche des vaisseaux ombilicaux, et en N les vaisseaux de la portion fœtale du placenta) ; puis, stade plus avancé, on voit la réunion de deux parties latérales de deux lames voisines pour former un tube glandulaire dont l'ouverture, à la surface fœtale du placenta, est indiquée en 0, tandis que en P est marquée son extrémité profonde, terminée en cul-de-sac, du côté de la surface maternelle; enfln en Q sont représentés, soit en coupe transversale, soit en coupe longitudinale, les courts canaux qui met- tent en communication directe ces tubes glandulaires. Dans la flg. XXXVI, A, sont représentées, avec leurs dispositions réelles, les diverses parties désignées sur ce schéma par les lettres 0, P, Q. » {Op. cit., p. 30 et 41.) « Par la comparaison de ce schéma avec les flgures qui représen- tent les dispositions réelles des choses j'espère qu'il sera facile de se i. Voir, ci-dessus (placenta du Chien), les fig. XVIII et XIX, dans le texte. 21* — 326 — former une idée claire des faits principaux qui se déroulent pendant l'évolution du placenta de la chatte, depuis le premier moment où les cellules sérotines apparaissent, puis s'élèvent en nombreuses lames maternelles, jusqu'à la formation des tubes glandulaires complets. La transformation en tissu conjonctif de la partie centrale des lames utérines de la sérotine est le moment le plus important pour l'intel- ligence de la formation des tubes glandulaires, lorsque le placenta arrive à son développement complet. — Les éléments cellulaires de nouvelle formation qui se développent dans les couches superfi- cielles de la muqueuse utérine de la chatte, là où se formera le ^ placenta (pl. 4, fig. 5 ; fig. XXX VH, ci-contre), et qui s'étendent dans Fig. XXXVII. — Ercolani, 1870, pl. IV, fig. 5. — Cellules de la sérotine de la châtie à un grossissement de 500 diamètres; la préparation est prise dans la couche qui est en con- tiguïté avec l'utérus et de laquelle s'élèvent les lames de cellules sérotines. la profondeur pour envelopper les glandes utriculaires, en même temps qu'ils s'élèvent vers la surface pour former les lames utérines, et ultérieurement les tubes glandulaires qui sont la portion mater- nelle du placenta, ces éléments, disons-nous, ne sauraient à aucun égard être confondus avec les cellules épithéliales qui existaient primitivement sur la muqueuse utérine. La logique des faits et une observation continue forcent de considérer ces nouveaux éléments cellulaires comme représentant les cellules de la sérotine humaine, quoique, sur le placenta achevé, ces éléments perdent les caractères des cellules de la sérotine pour affecter la disposition d'un organe glandulaire parfait. » Dans son mémoire de 1877, Ercolani ne revient pas d'une manière spéciale sur le placenta de la chatte; il parle en bloc de la chatte et de la chienne, rectifiant la singulière erreur qu'il avait commise pour la chienne dans son mémoire de 1869, et pour la chatte dans celui de 1870. Nous avons vu précédemment (voir l'analyse de son travail à propos de notre fig. XX, dans le texte) comment il avoue — 327 — que toutes ses erreurs provenaient de ce qu'il avait négligé d'injec- ter les vaisseaux. De même dans son mémoire de 1880, il reproduit ses anciennes descriptions, c'est-à-dire insiste sur les cryptes qui apparaissent au dixième jour, et dont les parois deviendront les lames maternelles du placenta ; seulement dans les éléments de ces lames (1880, p. 75) il voit désormais des cellules périvasculaires; nous avons, dans l'historique du placenta de la chienne, assez insisté sur ces théories pour pouvoir nous dispenser d'y revenir ici. Turner a publié un assez grand nombre de détails sur le placenta de la chatte. En s'en tenant aux nombreuses analyses et abrégés de ses descriptions telles qu'on les trouve reproduites dans divers de ses ouvrages, ses résultats paraissent simples et nets. Ainsi, dans un article déjà cité {Revue des sciences médicales, tome VIII, p. 458), Farabeuf résumait ainsi les résultats de Turner : Les villo- sités clioriales de la chatte sont foliacées, sinueuses, frangées à leur extrémité libre; elles s'engrènent avec des lames et lamelles qui for- ment les cloisons des cryptes utérins, de sorte qu'il est impossible de décoller le placenta du chat, une fois la gestation à moitié accomplie, sans emporter en même temps une couche qui n'est autre chose qu'une caduque utérine. Ces cryptes, qui reçoivent les villosilés choriales, sont de nouvelle formation, selon la conception d'Ercolani ; en effet, bien qu'il y ait des glandes dans la zone placen- taire de la muqueuse, celles-ci sont bien moins nombreuses que les cryptes les plus profonds, et rien n'autorise à croire que ceux-ci résultent de la dilatation des orifices de celles-là, car jamais Turner n'a pu constater de continuité par abouchement. Mais quand on lit avec soin les descriptions de Turner, en cher- chant si réellement il a eu à sa disposition des pièces assez nom- breuses et assez régulièrement sériées pour suivre réellement le développement des parties, on voit que ces conclusions, en appa- rence si nettes et si précises, sont de pures hypothèses, et par suite des erreurs, moins grossières il est vrai que celles d'Ercolani. En effet le plus jeune renflement de gestation qu'ait étudié Tur- ner* avait une longueur, dit-il, de huit dixièmes de pouce, c'est-à- dire de 2 centimètres. Or nous avons disposé de deux chattes ayant 1. N. M. Turner, Lectures on the comparative anatomy of the placenta. Eudiaburgh, 1876, p. 12 et suiv. — 328 — des renflements de cette même dimension; toutes deux étaient au 26"^ ou 27"= jour de la gestation, et c'est l'une d'elles qui nous a donné la fig. 114. C'est donc sur la fig. 114 qu'il faut suivre la description de Turner pour comprendre la signification réelle des choses dont il parle. On voit alors nettement que ce qu'il appelle cryptes n'est autre chose que les dépressions de la masse ectoplacentaire dans lesquelles pénètrent des prolongements mésodermiques qui effec- tuent le remaniement de l'ectoplacenta. « La surface fœtale du pla- centa, dit-il, est percée d'une série d'orifices très nombreux, à peine visibles à l'œil nu, mais bien distincts avec une loupe; ce sont les embouchures des puits ou cryptes dans lesquels plongent les villo- sités du chorion. Ces dispositions chez le chat sont évidemment les mêmes que celles décrites par Sharpey et par Bischoff chez la chienne, quoique pour ma part j'interprète leur mode de formation d'une manière différente que ne le font ces deux anatomistes » (p. 72)*. Eh bien, non! Ce dont parlent Sharpey et Bischoff, ce sont des cryptes glandulaires de nouvelle formation, qui apparaissent chez la chatte comme chez la chienne avant la fixation de l'œuf à la muqueuse utérine, et, chez la chatte, nous en avons représenté le développement dans nos figures 90, 92, 93; avec ces figures, nous étions aux 11™^ et 15"°= jours de la gestation. Or la description de Turner se rapporte aux 26"'= ou 27"° jours. Dans cet intervalle bien des transformations et des productions nouvelles ont eu lieu : l'épaisse formation ectoplacentaire a pris naissance, et en elle se sont enfoncés les prolongements mésodermiques qui en effectuent le remaniement, prolongements qui ne sont pas des vil- losités (dans le sens de villosité composée d'un corps mésodermique avec revêtement épithélial), mais qui sont seulement des poussées mésodermiques; et ces prétendues villosités ne pénètrent pas dans des glandes préformées, mais se creusent une loge dans la masse ectoplacentatre qu'elles remanient : entre ces loges sont des cloisons 1. Turner donne, du placenta du chat, d'abord trois excellentes figures (pl. I) repré- sentant admirablement tout ce qu'on peut observer sur de bonnes injections ; pour la disposition des éléments anatoaii([ues et des formations fœtales et maternelles, il donne (pl. II) deux figures médiocres, et dont l'examen n'est guère propre à éclairer les descriptions du texte. C'est pourquoi nous engageons le lecteur ii suivre sur nos propres figures ces descriptions pour arriver ii en avoir une interprétation exacte. On verra notamment, en examinant sa figure fl, qu'il confond en une seule couche la for- mation ectoplacentaire el la couche des glandes dilatées, ne désignant comme couche glandulaire proprement dite que les parties profondes, non modifiées, des glandes utérines. — 329 — de tissu ectoplacentaire (voir notre flg. 117). Aussi Turner ajoute-t-il (toujours page 72) : « sur une coupe horizontale le placenta montre une disposition réticulée, et les glandes en crypte constituent les mailles ou interstices de ce reticulum )>. Mais alors apparaît l'erreur complète d'interprétation, erreur causée uniquement par le manque d'étude de pièces plus jeunes, lorsqu'il ajoute : « Comme les trabé- cules qui circonscrivent ces mailles sont formées par la muqueuse utérine épaissie, ces trabécules doivent nécessairement être consti- tuées par les éléments mêmes, légèrement modifiés, de la muqueuse ; à leur surface est une couche épithéliale, dont les cellules figurent de courtes colonnes, avec noyaux circulaires ou ovoïdes, très réfringents. Ces cellules reposent sur un tissu sous-épithéhal délicat dans lequel se ramifient les capillaires maternels. » (Pages 72 et 73.) On comprend donc que Turner ait vainement cherché à trouver une continuité entre les vraies glandes, formant la couche glandu- laire bien distincte, et les prétendus cryptes qui ne sont que des dépressions mésodermiques creusées dans la lame ectoplacentaire; on comprend qu'alors il nie tout rapport entre les glandes et ces prétendus cryptes de nouvelle formation; mais ces prétendus cryptes n'ont rien à voir avec les cryptes de Sharpey et Bischoff (comparer nos figures 93 et 114); il s'agit dans les deux cas de formations complètement différentes, et les auteurs, en employant les mêmes dénominations, n'ont pas parlé des mêmes choses, et cela toujours parce que Turner, comme tant d'autres qui l'ont suivi, n'a pas observé tous les stades de l'évolution de ces parties, et qu'il croit pouvoir contrôler, par des études faites au vingt-sixième ou vingt-septième jour de la gestation, d'autres observations qui se rapportent au onzième jour. Voici à cet égard les termes mêmes de Turner (sur ce placenta d'un renflement utérin long de 2 centi- mètres) : « J'ai attentivement examiné ces trabécules et les mailles qu'elles circonscrivent (cryptes), pour me rendre compte de leurs relations avec les glandes tubulaires sous-jacentes. Sur des coupes verticales, ces glandes sont bien distinctes, sectionnées dans diverses directions, disposées en une couche de tissu conjonctif située plus profondément que les cryptes. Parfois les glandes sont séparées de la couche des cryptes par une bande relativement épaisse de tissu conjonctif, mais par places elles sont immédiatement sous-jacentes aux cryptes. J'ai examiné bien des préparations pour chercher à voir si le canal d'une glande s'ouvre dans un crypte, ou s'il passe — 330 — dans les Irabécules interposés aux cryptes pour aller s'ouvrir isolé- ment à la surface; mais, vu la complexité des parties et le grand nombre des cryptes de nouvelle formation, je n'ai pu réussir à arriver à reconnaître ces orifices. » Il compare alors le nombre des glandes à celui des prétendus cryptes, constate que les premières sont bien moins nombreuses que les seconds, et en conclut que rien n'autorise à croire que les cryptes résultent de la dilatation des orifices des glandes primitives. Si le lecteur a bien voulu suivre toute cette discussion en ayant sous les yeux notre figure 114, il n'aura certes pas de peine à admettre la conclusion de Turner, puis- qu'il aura bien compris que les prétendus cryptes de cet auteur n'ont rien à voir avec la muqueuse utérine, mais sont creusés dans la formation ectoplacentaire, d'origine fœtale, par la pénétration des prolongements mésodermiques allantoïdiens. Turner appuie encore ses interprétations sur l'étude d'un second renflement de gestation dont la longueur était de deux pouces et demi, c'est-à-dire d'environ 40 millimètres. C'est à peu près la dimen- sion que présentait le renflement qui nous a donné la fig. 120, et nous estimons, par approximation, que l'âge correspondant doit être de trente jours ou un peu plus. Sur ce placenta il constate (p. 74) que les villosités clioriales se dégageaient encore facilement des cavités des cryptes correspondants; les cryptes étaient plus dilatés que dans le stade précédent (comparer en effet nos figures 117 et 130 pour voir comment s'élargissent les prolongements mésodermiques et comment s'amincissent les lamelles ectoplacentaires ou angio- plasmodiales interposées); ces cryptes, dit Turner, sont tapissés par un épithélium dont les cellules présentent par places une forme cylindrique, mais dont un certain nombre sont gonflées ou sont devenues irrégulièrement polyédriques. . . . L'extrémité profonde, terminée en cul-de-sac, de ces cryptes, est séparée de la couche musculaire par une large bande bien distincte, dans laquelle on trouve des portions de glandes tubulaires sectionnées selon les directions les plus diverses. Ces glandes sont dilatées; elles sont moins nombreuses que les cryptes sus-jacents, et jamais on ne peut observer d'une manière nette une communication entre les ouver- tures de ces glandes et les cryptes. « Je suis donc amené à conclure, dit Turner (pages 74-75), que les cryptes formés au début de la gestation ne sont pas dus à une dilatation des embouchures des glandes tubulaires, mais qu'ils résultent d'une hypertrophie de la — 331 — muqueuse interglandulaire, laquelle produit des plis et dépressions multiples qui affectent la disposition en cryptes. A cet égard mes observations concordent avec celles d'Ercolani. » Malheureusement oui, elles concordent avec celles d'Ercolani; c'est-cî-dire que la même erreur, et pour les mêmes causes, a été commise par ces deux auteurs. Après Turner nous citerons, mais pour mémoire seulement, un travail de Pacanowski : le mémoire a été publié en polonais, et ne nous est connu que par l'analyse très détaillée qu'en donnent Hoffman et Schwalbe. Ici, il n'y a plus rien d'analogue aux erreurs d'Ercolani et de Turner; l'auteur paraît avoir bien observé l'ectoplacenta, qu'il nomme couche placentaire, mais il n'a pas vu son origine ectoder- mique et le prend pour une formation utérine '. Chez la chatte, Pacanowski distingue en effet quatre stades dans la formation du placenta : — Dans le premier stade se produit une végétation active des glandes et de l'épithélium de la surface; les glandes préexistantes donnent naissance à des bourgeons latéraux, en même temps que l'épithélium de la surface s'enfonce pour former des dépressions glandulaires tubuliformes; telle est l'origine de la couche glandulaire du placenta. Dans le second stade on voit le tissu conjonctif des cloisons inter-giandulaires proUférer et donner naissance à la couche placentaire ; c'est donc la partie superficielle de la muqueuse utérine qui se transforme en placenta proprement dit. — Dans un troisième stade les villosités choriales commencent à pénétrer dans cette couche placentaire. — Entin le quatrième stade aboutit à la formation du placenta achevé. La végétation des glandes débute par leur extrémité supérieure, c'est-cà-dire du côté de leur embouchure, puis les glandes se dilatent jusque dans leurs parties profondes; leur épithélium se multiplie par division indirecte des noyaux, et les cellules, primitivement cylindriques, deviennent courtes et cubiques. Au cours du troisième stade, la couche placen- taire devient de deux à quatre fois plus épaisse que la couche des glandes, laquelle devient de moins en moins distincte à mesure que les villosités choriales y pénètrent; finalement il ne reste plus, à l'état bien distinct, que la partie la plus profonde des glandes. Les villosités choriales descendent par places jusque dans ces extrémités 1. H. Pacanowski, Le développement du Placenta chez quelques animaux. (En polo- .nais, dans le Komos. Lemberg, 1884.) — Voir analyse in : Hoffman et Sciiwalbe, Jahrsb. d. Anat. u. Physiol., 1886, tome XIII, pages 506 et SU, — 332 — profondes; elles sont constituées par du tissu conjonctif et recou- vertes par l'épithélium maternel, c'est-à-dire par l'épithélium des glandes, l'épithélium propre (fœtal) de la villosité étant devenu tout à fait mince, puis entièrement méconnaissable, du moins pour la partie de la villosité qui traverse la couche placentaire; mais l'extrémité des villosités qui arrive jusque vers le fond des glandes utérines est revêtue d'un épithélium chorial de longues cellules cylindriques'.... A la limite entre le placenta fœtal et le placenta maternel on trouve des noyaux disposés dans une masse de proto- plasma non divisé en corps cellulaires distincts; dans le placenta fœtal sont au contraire des cellules géantes qui sont sans doute homologues, dit-il, des cellules sérotines du placenta humain. Avec Tafani reparaissent les mômes interprétations qu'avec Ercolani et Turner. Les considérations critiques que nous avons données à propos de ces deux auteurs sont donc également valables pour Tafani; nous ne les reproduirons pas, nous contentant de donner une analyse de ses descriptions, qui se laissent facilement résumer. Pour Tafani (op. cit., p. 55) % les éléments du placenta sont, de la part de l'utérus, des cavités glandulaires de nouvelle formation, apparaissant sous la forme de fentes ou fissures, et de la part de l'œuf, des villosités choriales plongeant dans ces fentes glandulaires. Lorsque l'embryon mesure huit millimètres de long, l'épithélium qui revêt ces fentes glandulaires est d'une seule couche de cellules à peu près aussi hautes que larges, formées d'un corps protoplasmique et d'un noyau vésiculeux peu colorable, même par l'emploi de la safranine.... Outre cet épithélium, il n'y a, autour des vaisseaux maternels, presque pas de tissu conjonctif, de sorte qu'on pourrait dire que les parois des cavités maternelles recevant les villosités fœtales ne sont formées que de vaisseaux et d'épi- thélium... Ce système de cavités semble en communication avec les larges glandes ulriculaires sous-jacentes, quoique Turner déclare n'avoir pu constater cette communication. Cependant ce n'est pas à dire que toutes ces cavités, réceptacles des villosités fœtales, pré- sentent à leurs extrémités profondes l'embouchure d'une glande utriculaire; quelques-unes seulement sont dans ce cas, ce qui est en rapport avec le nombre bien moins considérable des glandes 1. Il s'agit ici de nos arcades eclodermiques. 2. Aless. Tafani, Sulh condizioni uteroplacentari délia vita fetale. Firenze, 188G. — 333 — utérines et des cryptes placentaires de nouvelle formation Quant aux villosités choriales, qui, lorsque l'embryon mesure huit milli- mètres, ne sont pas encore pourvues de vaisseaux, elles sont for- mées d'nn abondant lissu conjonctif muqueux, où les vaisseaux allantoïdiens pénètrent tardivement, lorsque l'embryon mesure onze millimètres environ; elles sont revêtues d'une couche épithé- liale continue, d'une seule rangée de cellules. Mais cet épitliélium n'est pas semblable sur toutes les parties d'une villosité. Sur les parties latérales d'une villosité, ainsi que sur toutes ses ramifica- tions collatérales, les cellules épithéliales sont basses, bien moins hautes que larges ^ Mais au niveau de l'extrémité terminale, extré- mité qui plonge dans les cavités glandulaires pleines de lait utérin, Tépithélium devient très nettement cylindrique, et ressemble au revêtement épilhélial d'une villosité intestinale. Ces villosités choriales sont en contact immédiat avec les lames maternelles revêtues elles-mêmes de leur propre épithélium; et ce contact est si intime qu'il est difficile, sur des coupes, de recon- naître les éléments qui appartiennent au fœtus et ceux qui sont à la mère. Bien plus, sur les pièces qui ont subi l'action des réactifs durcissants, le tissu fondamental (mésodermique) des villosités fœtales se rétracte, se détache des tissus maternels en y laissant adhérant son propre épithélium. Par suite, à un examen superli- ciel, il peut sembler que la villosité choriale et ses ramifications n'ont pas de revêtement épithélial, et que par contre les formations maternelles correspondantes sont couvertes d'une couche épithé- liale double (op. cit., p. o9). Avec les progrès de la gestation, l'épithélium des villosités cho- riales, comme celui des lames maternelles, subit de considérables modifications.... Environ vers le milieu de la gestation, on ne recon- naît plus les limites des deux couches épithéliales qui séparent le réseau capillaire maternel d'avec le l'éseau fœtal; et sur le placenta à terme on ne trouve plus qu'une seule rangée d'éléments épilhé- liaux entre ces deux ordres de systèmes vasculaires. On ne saurait décider laquelle des deux couches épithéliales, maternelle ou 1. Ainsi toujours la confusion entre les cryptes de nouvelle formation et les dépres' sions, creusées en plein ectoplacenta, par lesquelles pénètre le mésodenne allan- toïdien. 2. Il s'agit ici de notre couche nucléaire; puis, au niveau de l'extrémité terminale de la villosité, c'est de nos arcades ectodermiques qu'il va s'agir. — 334 — fœtale, a disparu, si on ne suit les diverses phases du développe- ment du placenta; mais par cette étude on arrive à comprendre que, dans les derniers temps de la gestation, c'est répilhélium du cho- rion qui seul disparaît, en même temps que l'épithélium maternel diminue d'épaisseur ^ Ce dernier, à la fin de la gestation, devient par places si mince, qu'on ne le reconnaît qu'à la présence de ses nombreux noyaux; encore dans ce cas la plus grosse portion de chacune des cellules épithéhales maternelles, celle qui contient le noyau, se trouve-t-elle le plus souvent refoulée dans les mailles du réseau vasculaire maternel, au lieu de s'interposer entre les vaisseaux maternels et fœtaux \ Mais une portion d'épilhélium fœtal est toujours conservée intacte et bien développée, c'est celle qui revêt les extrémités terminales, profondes, des villosités cho- riales, extrémités qui plongent dans le lait utérin (op. cit., p. 62). Mais il faut reconnaître que, à propos de ce lait utérin, Tafani décrit fort exactement les transformations des glandes. Ces glandes utérines, dit-il (p. 57), sous-jacentes à la néoplasie placentaire pro- prement dite, sont dilatées et hypertrophiées; leur forme est devenue irrégulière, et elles se présentent comme une série de cavités inégales, pleines d'une humeur spéciale. Elles sont revêtues d'un épilhélium dont les cellules ont des noyaux très colorables. Elles renferment une substance granuleuse qui a l'aspect de matières protéiques coagulées, et dans laquelle sont semées des cellules pleines de granulations graisseuses, avec noyau très colo- rable, comme l'auteur l'a décrit dans le lait utérin d'autres mammi- fères.... Les cellules épithéhales les plus voisines de la partie supé- rieure des glandes présentent toutes les apparences delachroma- tolyse. Nous aurons encore à citer plus loin, à propos de la circulation dans le placenta achevé, quelques passages de Tafani remarquables celte fois par leur parfaite exactitude. Pour montrer que nous avons cherché à présenter cet historique d'une façon aussi complète que possible, nous devons citer ici le 1. 11 est bien niallieurcux que, dans ce passage, qui est traduit et non analyse, Tafani ne décrive pas et ne ligure pas ces diverses phases de transformation, qui lui ont permis de reconnaître le sort de l'épilhélium cliorial et du prétendu épitliéliuni utérin. 2. Coiiunent se fait-il que l'auteur, si réellement ses observations ont été faites sur de bonnes préparations, n'ait pas remarqué le volume de ces cellules géantes (refou- lées dans les mailles du réseau maternel)? — 335 — travail relativement récent de J. Greenman *. L'auteur y parle sim- plement de villosités développées sur le chorion et reçues dans les glandes utérines. Autour de ces glandes, dit-il, on trouve des fais- ceaux de fibres musculaires (?...) dont la fonction est probable- ment d'exprimer le « lait utérin ». Il ne donne, dans celte noie préliminaire, aucun détail sur les éléments liistologiques du pla- centa, c'est-à-dire sur les prétendues cellules sérotines, ou syn- cytium, ou cellules de la caduque, en un mot sur les formations que nous considérons comme d'origine ectodermique, et dont la nature a été l'objet de tant de discussions avec les travaux de Fleischman, Strahl et Heinricius. Nous arrivons maintenant aux deux principaux mémoires qui aient été publiés sur le placenta de la chatte : celui de Strahl et celui de Heinricius. Le travail de StrahP a, dit l'auteur, essentiellement pour but de rechercher les transformations de l'épithélium utérin (surface et glandes de la muqueuse) et de montrer comment il prend part à la formation du placenta en donnant naissance à ce que divers auteurs ont désigné sous le nom de syncytium, c'est-à-dire à ces masses proloplasmiques semées de noyaux, masses qui, pour quelques-uns, proviennent d'une transformation du tissu conjonctif, qui pour quelques autres ont une origine épithéliale ^ Ce syncylium, qui est considéré par nombre d'auteurs comme un détritus destiné à être résorbé, joue au contraire un rôle important dans l'édification du placenta des carnassiers, d'après les recherches de Strahl sur la chatte. Une faible partie de ce syncytium est cependant résorbée par Tépithélium chorial, mais la plus grande partie est appelée à un rôle morphologique important, celui de fournir une couche épithéliale maternelle qui forme le revêtement le plus externe des villosités fœtales. 1. M. J. Greenman, Observations ou tlie Placentalion of Cnl. (Tlie american iiatu- ralist. July 1889, n" 271, pg. 645.) — Ce travail est une note préliminaire, résumant les faits que l'auteur annonce devoir publier sous peu, avec planches à l'appui. Mais nous n'avons pu parvenir à avoir connaissance de la publication du mémoire annoncé. 2. H. StrabI, Unlcrsiichungen ûber deii liau lîer Placenta. — IV. Die Imtoloijischen Veranderung'in der Utents-epithelien in der Haubtliierenplacenla. (Arcli. f. Anat. u. Pbysiol. — Anat. Ablli. 1890; supphnt. Bd. ; pg. 119.) — Sur le même sujet, SIralil avait fait une communication préliminaire en octobre 1889 (Zur vergleichenden Anatomie der Placenta. Verbandlung- der Anat. Gesellschaft in Berlin). 3. Comme pour le chien, nous allons voir confondus, sous le nom de syncytium, 6' la formation ecloplacentaire et les détritus glandulaires. — 33b — Les pièces destinées à celte élude, et empruntées exclusivement à la challe, ont été traitées par l'immersion d'abord dans une solution d'acide nitritique, puis dans le liquide de Muller. Les ren- flements de gestation ont été immergés intacts dans ces réactifs; c'est le seul moyen de bien conserver les rapports des parties, dit l'auteur. La pièce la plus jeune par laquelle Strahl commence son étude est un rendement utérin contenant un embryon long de deux cen- timètres '. « Sur une coupe de ce placenta, faite perpendiculaire- Fig. X.XXVIII. — H. Strahl (1890, mémoire IV, planche VI, fi;;. 3j. — Coupe verticale ilu pla- centa de la chatte vers le milieu de la gestation. — A, zone du placenta constitué; — C, zone des glandes utérines fermées; — B, zone de transition; — Z, villosilés fœtales; — G, vaisseaux maternels. ment à sa surface, on trouve (lîg. XXXVIII ci-contre) trois couches de structure bien ditïérente : le placenta proprement dit (A, A); la couche des glandes utérines (C); et, entre les deux, une zone (B) dite couche intermédiaire. « Le placenta (A) est formé d'une série de travées foncées, entre lesquelles sont des travées ou tractus clairs et transparents. Au 1. Or, dans l'explication de ses ligures, Slriihl désigne cet embryon comme étiint du milieu de la gestation. Comment espérer, au milieu de la gestation, pouvoir inter- préter la nature et la signification de parties dont on n'a pas saisi les première? ori- gines et suivi les transformations successives? — 337 — centre des travées foncées sont placés les vaisseaux maternels ; les tractus clairs renferment, au milieu d'un tissu conjonctif embryon- naire réticulé, les vaisseaux fœtaux. Entre ces deux ordres de vais- seaux on trouve deux couches de cellules épithéliales, dont l'une est l'ectoblaste du chorion, dont l'autre est un épithélium maternel provenant du syncytium, ainsi qu'il va être démontré. « La fig. 4 montre (fig. XXXIX ci-contre), à un fort grossisse- ment, une travée foncée et les parties adjacentes des deux tractus clairs entre lesquels elle est interposée. Ces tractus clairs repré- sentent le tissu conjonctif embryonnaire des villosités fœtales; à leur surface est la couche d'épithélium chorial (CH) formé de cel- Fig. XXXIX. — H.Strahl (1890, mém. IV); pl. VI, ûg. 'i. — Exumen, à un fort grossissement, d'une travée foncée du placenta; les vaisseaux maternels (g) sont séparés des vaisseaux fœtaux (G), par deux couches de cellules, les unes claires (CH) représentant l'épithélium chorial, les autres foncées (S) représentant le syncytium émané de l'épithélium utérin. Iules plus ou moins régulièrement disposées. Quant à la couche de cellules sombres (en S), elle représente un dérivé du syncytium, revêtant le tissu conjonctif maternel et les vaisseaux qu'il ren- ferme. » {Op. cit., p. 122 « L'origine de ces cellules aux dépens du syncytium est mise en évidence par l'étude des parties profondes du placenta. A cet effet examinons l'état de la couche des glandes (C, fig. XXXVIII). Les restes des glandes utérines se sont transformés, comme le montre la figure, en cavités closes vers leur partie supérieure, et l'épithélium de ces cavités s'est transformé à son 1. Il est facile de reconnaître dans cette figure XXXIX les éléments d'une lamelle labyrintliique, c'est-à-dire d'une part la couche nucléaire (en CH aussi bien que en S), et d'autre part les cellules géantes que Strahl représente, mais auxquelles il ne nous paraît pas avoir prêté assez d'attention. Tous ces éléments, nous le savons, sont d'origine fœtale, ectodermique. 22 \ — 338 — tour, au moins en partie, en syncylium. Celle formation du syncytium ne se produit pas partout de la même manière : Dans les cas les plus simples, on voit la couche épithéliale s'épaissir, les cellules perdre leurs limites distinctes, et se fondre en une masse commune caractérisée par la coloration intense que lui don- nent les réactifs colorants. Ailleurs les cellules épithéliales hyper- trophiées font saillie dans la lumière de la glande qu'elles arrivent à remplir. La masse ainsi dérivée des cellules épithéliales prend un aspect réticulé, qui rappelle par places celui de la pulpe de l'organe adamantin, c'est-à-dire qu'elle présente les caractères d'un tissu conjonctif embryonnaire. Souvent aussi la cavité de la glande se trouve remplie de grumeaux formés de cellules épithé- liales, petites, rondes, encore peu colorables, qui proviennent sans doute de la formation réticulée sus-indiquée K A mes yeux, ce tissu réticulé aussi bien que ces grumeaux sont un premier stade du syncytium. Ce syncytium oblitère en haut la lumière de la glande, et se continue dans la couche dite intermédiaire. Le tissu conjonctif peu abondant qui forme les cloisons interglandulaires et qui ren- ferme les vaisseaux, se continue aussi dans la couche intermédiaire, et s'y transforme en tissu de grandes cellules qui enveloppent les vaisseaux maternels ^ Fleischmann a déjà signalé ces transforma- tions du tissu conjonctif. Dans des placentas plus âgés on retrouve, dans la couche intermédiaire, et ces cellules conjonctives et le syncytium épithélial, et ces deux ordres de formations se pénètrent l'ime l'autre, de sorte qu'on pourrait dire qu'elles sont entrelacées ; mais il est toujours possible de les distinguer l'une de l'autre. C'est ainsi que l'ensemble de la couche intermédiaire dérive de la couche des glandes, mais avec des changements de configuration tels que glandes et tissu conjonctif perdent leurs formes primitives ' et se 1. Tout ce passage, traduit textuellement, est une très bonne description des aspects divers sous lesquels peut se présenter le détritus glandulaire. En général les auteurs dont nous passons en revue les travaux ont bien observé et bien décrit ce qu'il leur a été donné d'observer; mais, par le fait de trop grandes lacunes dans leurs maté- riaux d'étude, ils ont eu recours à des hypothèses, et c'est alors qu'ils émettent les interprétations les plus opposées. Ainsi Tafani, aussi bien que Strahl, a parfaitement décrit les détritus glandulaires ; mais tandis que l'un les considère comme un lait utérin, l'autre en fait l'origine d'un syncylium qui donne uu revêtement cellulaire aux tra- vées ou lamelles maternelles. 2. Allusion trop brève aux cellules géantes et interprétation erronée de leur origine. 3. Encore aurait-il fallu suivre en détail ces transformations, cette perte de la forme primitive, et non se contenter d'aflirmer que les grumeaux de détritus cellu- laire deviennent syncytium, puis revêtement cellulaire des travées maternelles (lamelles labyrinthiques). — 339 — changent en un complexus cellulaire à éléments plus ou moins mêlés (p. 123). « Dans celte couche intermédiaire arrivent, de haut en has, les Fig. XL. — Strahl; 1890, mémoire IV, fig. 7. — Portion d'un placenta semblable à celui de la fig. XXXVIII, à un fort grossissement. On voit ici l'extrémité d'une villosité (Z), la zone intermédiaire (B), et la partie supérieure des glandes utérines fermées (Di L'extrémité de la villosité est revêtue d'un ectoblaste à lonsues cellules cylindriques, le long duquel on voit le syncytium figuré par des éléments plus foncés (en rouge dans la figure originale); — S, partie de syncytium qui est en voie de disparaître '. villosités fœtales (Z, fig. XXXVIII), qui, par leur pénétration, 1. Si le lecteur trouvait cette figure peu précise et peu nette en ce qui est des con- tours des éléments anatomiques, nous le prions de la comparer avec la figure même du mémoire de Strahl. 11 verrait que nous avons fait tout ce qui est possible pour reproduire, par le dessin au trait, un dessin en lithographie, et que les figures mêmes de Strahl se caractérisent par l'absence de précision, un dessin flou et indécis, le manque de tout caractère démonstratif. En mettant en couleur certains éléments de ses figures, l'auteur fait certainement comprendre quelle est son interprétation; mais s'il accentue cette interprétation, il ne donne pas la preuve qu'elle soit légitime. divisent cette couche en une série de travées foncées dans lesquelles sont placés les vaisseaux maternels. « La figure 7 (fig. XL, ci-contre) représente la couche intermé- diaire examinée à un fort grossissement. On voit en bas les extré- mités supérieures des glandes utérines (D,U); et en haut l'arrivée de la portion terminale d'une villosité (Z), A cette villosité on reconnaît un corps ou partie centrale de tissu conjonctif embryon- naire et un revêtement d'ectoblaste. Ce dernier forme à l'extrémité de la villosité une couche de longues cellules cylindriques; sur les côtés de la villosité ces cellules deviennent plus basses et aplaties, notamment à la partie droite de la figure. En dehors de ce revête- ment ectoblaslique (épithélium du chorion), est placée la couche de syncytium, disposée en un amas plus épais au niveau de l'ex- trémité terminale de la villosité. Les noyaux de ce syncytium sont d'abord petits et aplatis; à mesure qu'on les suit de bas en haut, on les voit devenir plus gros et moins colorables. Cette couche monte ainsi le long de la surface de la villosité, et forme le revête- ment qui a été représenté en S dans la flg. XXXIX. — Sur des préparations bien réussies on peut suivre, sans interruption, le syncytium depuis les glandes sur les villosités, et jusque sur les parties les plus élevées de celles-ci (p. 124). — Cependant une partie des éléments du syncytium disparaît par résorption ; on voit de ces fragments de cellules subissant une désintégration de plus en plus accentuée, mais seulement dans la couche intermédiaire et principalement au voisinage de l'extrémité terminale d'une villo- sité; les noyaux de ces cellules sont alors réduits à l'état de masses grumeleuses fortement colorables et finalement se décomposent en granulations toujours teintées d'une manière intense par les réac- tifs colorants... » « Dans le placenta du chien, pour lequel, dans mes précé- dents mémoires, j'avais laissé la question en suspens, je puis actuellement affirmer aussi que le syncytium fournit un revê- tement aux villosités choriales, exactement coiîime chez le chat. » (P. 12S.) En résumé les interprétations de Strahl se rattachent toujours à une même idée, celle de la persistance de l'épithélium utérin; chez la chatte ce n'est pas l'épithélium de la surface de la muqueuse utérine, mais l'épithélium des glandes qui surgit de la profondeur pour venir former une couche de revêtement aux tissus maternels — 341 — interposés entre les villosités fœtales. Mais les descriptions labo- rieuses, les figures peu précises de l'auteur sont impuissantes à entraîner la conviction, alors même qu'on ne posséderait pas des observations plus complètes pour adopter une interprétation diffé- rente de la sienne. Le sort de l'épithélium utérin, soit de la surface, soit de la profondeur des glandes, est une question fondamentale dans l'étude comparée des divers placentas. Nous verrons qu'elle doit recevoir des solutions différentes selon qu'il s'agit des placentas diffus et cotylédonaires d'une part, et d'autre part des placentas zonaires et discoïdes. L'étude du placenta des chéiroptères que nous poursuivons en ce moment jusque dans ses moindres détails, nous permettra de publier bientôt des observations entièrement confirmatives de ce que nous avons vu jusqu'à présent pour les rongeurs et pour les carnassiers. Le mémoire d'Heinricius est, à notre avis, la meilleure étude qui ait paru jusqu'ici sur le placenta de la chatte. Quoique ses pièces aient été traitées par le liquide de Millier, ses figures sont d'une parfaite netteté, et d'une vérité suffisante pour donner une idée bien exacte de la constitution de l'ectoplacenta et des lamelles labyrinthiques qui en proviennent. Mais quant à l'origine de cette lame ectoplacentaire qu'il désigne sous le nom de syncytium, il s'égare, ou, pour mieux dire, il reste indécis, car ce n'est qu'avec bien des restrictions qu'il en considère les éléments comme formés par le tissu conjonctif utérin; c'est que, comme tous ses prédéces- seurs, il n'a pas étudié les stades les plus jeunes. En effet Heinri- cius, sur les cinq ou six utérus qu'il a examinés, n'en a eu que trois qui fussent relativement jeunes, et qui tous trois sont compris entre le vingt-cinquième et le trentième jour, autant que nous en pouvons juger par les indications qu'il donne sur les longueurs des embryons, et par la comparaison de ses figures avec les nôtres. Ses autres embryons sont du second mois et de la fin de la ges- tation '. L'état le plus jeune qu'il ait observé est d'une chatte dont les cornes utérines présentaient plusieurs renflements de gestation bien accentués; d'après la figure qu'il donne d'une coupe de ce placenta et d'une partie de l'embryon, il nous semble que cette 1. G. Heinricius, Ueber die Entwickelung uiid Strudur der Placenta bel der Katze. (Arch. f. miki'osk. Anat. 1891, tome XXXVII, p. 357.) 99* — 342 — pièce devait être vers le vingt-cinquième jour 11 s'agit donc de préparations où non seulement la formation ectoplacentaire est bien développée, mais est même déjà assez avancée dans son rema- niement. Aussi constate-t-il (p. 358 et 359) que les glandes utérines ne s'ouvrent plus à la surface de la muqueuse, leurs con- duits excréteurs étant, du côté de cette surface, recouverts par une épaisse couche de cellules de tissu conjonctif. Celte couche, dit-il, est formée de cellules assez écartées les unes des autres, anasto- mosées entre elles, et munies de noyaux arrondis. C'est dans cette couche que pénètrent les villosités choriales. Nulle part on ne peut retrouver trace de l'épithélium utérin ^ « Comment se comporte, chez la chatte, l'épithélium du cliorion vis-à-vis de l'épithélium maternel; les cellules de ce dernier sont-elles conservées, c'est ce que je n'ai pu distinguer, dit-il. J'ai seulement constaté que, là où l'ectoderme fœtal, c'est-à-dire l'épithélium du chorion, pénètre dans la muqueuse, l'épithélium de celle-ci a disparu; sans doute les cellules épithéliales maternelles ont-elles été détruites et résorbées par les éléments fœtaux, lesquels en effet, comme nous le verrons par la suite, ont très énergiquement la propriété de s'assimiler ce qui se trouve devant eux » (p. 359). — Il donne ensuite, à propos de ce même embryon, une très exacte description de l'état des glandes utérines (p. 360) : « L'épithélium des glandes utérines présente des transformations particulières : tandis que, dans les extrémités pro- fondes des cavités glandulaires dilatées, cet épitliélium conserve à peu près ses caractères primitifs et forme un revêtement régulier d'une seule couche, dans les parties superficielles, au contraire, c'est-à-dire dans les parties voisines du chorion, ces cellules gros- sissent, prolifèrent, et par places se détachent de la paroi propre de la glande pour s'accumuler dans sa cavité. Les noyaux de ces cellules sont alors volumineux, parfois ratatinés, mais toujours se colorant fortement. On voit ainsi, même avec un faible grossisse- ment, ces amas de cellules former des grumeaux très foncés... » Le second embryon que décrit Heinricius nous paraît, d'après ses figures, devoir être rapporté au moins au vingt-septième jour. Ici il insiste avec beaucoup de précision sur les éléments du syn- 1. La figure qu'il en donne (sa fig. 1) est très semblable à notre fig. 113 (25° jour); c'est pourquoi nous avons jugé inutile de la reproduire ici. 2. Il est évident qu'à cet âge (25 jours) il ne peut plus être question de rechercher l'épithélium utérin, qui a disparu depuis longtemps de la surface utérine. — 343 — cytium (notre formation ectoplacentaire ou angio-plasmodiale) et en donne une description à laquelle il n'y a rien à retrancher, rien à ajouter. Au-dessus, dit-il (p. 361), de la couche des glandes dilatées, est une couche de cellules, dont l'ensemble a l'aspect d'un syncytium, couche formée par les cellules conjonctives décrites au stade précédent. Les villosités choriales ont pénétré dans cette couche sans arriver encore cependant jusqu'aux cavités des glandes... Ces villosités sont recouvertes d'un épithélium foetal qui est intimement uni au tissu maternel correspondant... Les villosités fœtales du chat ne pénètrent donc pas primitivement dans les glandes utérines mais seulement dans celte couche superficielle à disposition syncytiale (p. 362). « Je considère ce syncytium comme une espèce particulière de formation déciduale; en effet on y voit nombre de cellules qui rappellent l'aspect des éléments de la caduque de l'espèce humaine. Il est difficile de trancher la question de l'origine de ce syncytium. Cependant mes préparations semblent m'autoriser cà dire qu'il provient, chez la chatte, d'une transforma- tion des cellules du tissu conjonctif de la muqueuse utérine. Au lieu de cellules écartées les unes des autres, anastomosées entre elles par leurs prolongements, on trouve des cellules semblables à celles de la caduque humaine, qui se fusionnent plus ou moins entre elles. Ni l'épithélium glandulaire, ni l'épithélium fœtal ne prennent part au développement de ce syncytium. » (P. 363.) Évidemment, n'ayant pas observé les premiers stades, Heinricius ne pouvait penser à chercher l'origine de ce syncytium dans l'épi- thélium fœtal; il ne le pouvait pas, parce qu'il n'y avait pas de précédent qui rendit vraisemblable une telle hypothèse. Mais maintenant que nous connaissons l'étendue et la généralité des formations ectodermiques dans le placenta (ectoplacenta), une pareille supposition est permise; elle est vraisemblable; et nous croyons avoir suffisamment démontré qu'elle est vraie. Le troisième utérus examiné par Heinricius, et que nous consi- dérons comme étant des environs du trentième jour (embryon long de 2S millimètres, c'est-à-dire correspondant au stade représenté par notre figure 118), ne lui fournit que peu de détails nouveaux 1. C"est pour la première fois qne nous voyons enfin abandonnée cette vieille con- ception de la pénéiratiou des villosités clioriales dans les glandes utérines. Ce que Heinricius indique ici avec une grande précision, c'est le remaniement de l'ectoplacenta par le mésoderme (prolongements villeux) allantoïdien. pour le syncylium. Nous aurons à revenir sur cette pièce plus loin seulement, à propos des régions extra-placentaires (formation abor- tive ectoplacentaire). Les autres utérus étudiés par Heinricius contenaient des em- bryons de 5 centimètres et plus, de sorte que les pièces apparte- naient au second mois de la gestation. Aussi s'agit-il dès lors de la description des lamelles labyrinthiques que Heinricius désigne Fig. XLI. — Heinricius, pl. XIX, fi.ç. 11. — Embryon de 5 cent. ; région moyenne du placenta : — A, musculature; — B, dilatations glandulaires, où pénètrent les villosités; — C, extrémité de villosité avec grandes cellules épithéliales ovales; — D, villosités fœtales et éléments maternels interposés ; — E, coupe transversale d'un vaisseau maternel de la surface ; — F, chorion. comme des cloisons maternelles interposées entre les villosités fœtales, cloisons provenant du syncytium précédemment décrit. « Si nous examinons, dit-il {op. cit., p. 365), le placenta d'un embryon long de 5 centimètres, nous lui trouvons sa constitution définitive, c'est-à-dire que, pour les parties les plus essentielles, sa structure est celle qu'il conservera dans les stades ultérieurs de la gestation. Il est alors caractérisé par la réduction du tissu interposé entre les villosités fœtales. En effet celles-ci, sur presque toute leur longueur, — 345 — ne sont plus séparées les unes des autres que par de minces cloisons contenant un capillaire maternel, sur lequel repose directement l'épitliélium du chorion fœtal; on ne trouve presque plus de traces du syncytium, c'est-à-dire de ce tissu de grosses cellules primitive- ment accumulées en si grande abondance à la surface de la mu- queuse. C'est seulement autour des vaisseaux maternels les plus superficiels, lorsque ceux-ci sont coupés transversalement, 11g. M en E (tig. XLI ci-contre), et dans les parties profondes, au voisinage Fig. XLll. — Heinricius, pl. XIX, flg. 12. — « Extrémité d'une viUosité (Z) ; les cellules épitlié- liales basses et petites (B) se continuent avec les grandes cellules ovales (A) de l'extrémité libre de la viUosité. — DD, cavité glandulaire, présentant en X des amas de détritus cellulaires {lait utérin); — C, vaisseau maternel; — D, syncytium: — E, épithélium glandulaire; embryon long de 5 centimètres. » des glandes (en D, flg. 12: fig.XLII ci-contre) \ qu'on trouve encore des amas de cellules de syncytium. De plus les villosités choriales ont maintenant atteint les dilatations glandulaires, ont pénétré dans leurs cavités, et leur épithélium a pris à ce niveau une nou- 1. Il s'agit ici des arborisations terminales des gros canaux de distribution du sang maternel, et d'autre part des lames basales. C'est là seulement que Heinricius retrouve son syncytium. Il est singulier qu'il ait si peu insisté sur les cellules géantes, qu'il représente très bien sur ses ligures, mais sur la présence et la nature desquelles il ne s'explique pas. Du reste, à partir de ce passage, Heinricius retombe 'usqu'à un certain point dans les vieilles erreurs classiques : il n'a pas vu que les élé- ments de son syncytium sont les mêmes que ceux qui arrivent à former l'épithélium des extrémités profondes des villosités (nos arcades ectodermiques). — 346 — velle forme (cellules cylindriques) plus propre au travail d'absor- ption du produit cellulaire contenu dans ces glandes. A part cette extrémité des villosités, leur épithélium est formé, sur tous les autres points, de cellules très aplaties, avec noyaux très petits; cet épithélium adhère d'une manière très intime au tissu maternel interposé entre les villosités; il reste fixé à ce tissu, tandis que, sous l'influence des réactifs, se rétracte le corps de la villo- sité, formé de tissu conjonctif embryonnaire. Les fig. 13 et 14 (flg. XLIII ci-contre) montrent ces connexions entre les éléments Fig. XLlll. — En A. Ileinricius, flg. 13 : Coupe d'une travée disposée entre les villosités choriales; Embryon de 5 cent. — Z, villosités; — A, épithélium ohorial ; — B, vaisseau maternel avec ses cellules endothéliales. — En B, Heinricius, fig. 14 : Coupe parallèle à la surface ; même embryon ; mêmes lettres que pour la figure précédente. maternels et l'épilhélium des villosités... Ce fait que la formation syncytiale, si puissante au début, est maintenant tellement réduite, me semble prouver que ce syncytium doit être en grande partie résorbé pour servir à la nutrition du fœtus. Quand il a été résorbé, les villosités choriales doivent puiser à une autre source, qui est alors représentée par le détritus cellulaire que renferment les cavités glandulaires dilatées (lait utérin de divers auteurs), et c'est pour présider à cette nouvelle absorption que l'épithélium des extrémités des villosités prend la forme de longues cellules cylin- driques, qui rappellent parfaitement celles des villosités intesti- nales » {op. cit., p. 367). Nous achèverons l'analyse du mémoire de Heinricius après avoir — 347 — étudié le placenta à terme. — Pour le moment, nous pouvons résumer cette partie de son travail en disant qu'il a fort exactement décrit et très nettement figuré les éléments que présente un pla- centa déjà avancé dans son développement, mais que ce qui lui a manqué, c'est précisément d'avoir suivi ce développement, de sorte qu'il n'a pu avoir de données directes sur l'origine des éléments. Les interprétations qu'il donne sont celles qui peuvent paraître les plus plausibles en face de préparations appartenant à des stades déjà avancés; mais elles sont hypothétiques, et il se trouve que ces hypothèses ne sont pas conlîrmées par l'étude des tout premiers stades. Quelques points de cet historique, déjà trop long, seront com- plétés et éclaircis par l'étude des processus qui se passent en dehors du placenta proprement dit, au niveau des régions polaires de l'œuf. On verra alors notamment à quelles singuUères interpré- tations est amené Strahl en restant fidèle à son idée que fépithé- lium des glandes donne naissance à un syncytium, à un plasmode. Là il sera entièrement évident qu'il a dépossédé à tort l'ectoderme fœtal, pour attribuer à l'épithélium utérin tout ce qui revient à cet ectoderme. Nous allons donc passer à l'étude de la formation ecto- placentaire abortive. F. — Des bords du placenta et de la formation ecto- placentaire aborlive. Pendant la période de formation de l'ecloplacenta, nous avons décrit avec soin les dispositions que présentaient les membranes de l'œuf et la muqueuse utérine, sur le bord externe du placenta fœtal et dans une certaine étendue des régions polaires. Avec les figures 107, 109 et 110 (pl. IX) nous avons arrêté cette description au vingt-quatrième jour, et nous étions arrivé à cette conclusion que, dans la portion de la région polaire immédiatement contiguë au bord du placenta proprement dit, il se fait des tentatives de connexion entre l'ectoderme et la muqueuse utérine, des forma- lions ectoplacentaires abortives, lesquelles n'aboutissent pas à con- stituer une véritable lame ectoplacentaire continue, mais seule- ment à produire des dispositions analogues à celles que présente, à son début, la bordure verte du placenta de la chienne. — 348 — 1° La formation ectoplacentaire abortire pendant et après la période de remaniement de Vectoplacenta. — Pendant la période de remaniement de l'ectoplacenta, cette formation atjortive ectoplacen- taire présente des détails intéressants à étudier. Précisément parce que en ce point la formation ectoplacentaire reste rudimen- taire, abortive, nous trouvons là des particularités qui nous per- mettent de mieux comprendre la signification morphologique de l'ectoplacenta; et, en même temps, comme ces régions sont homo- logues de la bordure verte de la chienne, nous pouvons dire qu'on ne peut bien comprendre ce qu'est cette bordure verte, et juger des interprétations qui en ont été données, qu'après avoir examiné les dispositions rudimentaires que présentent les bords du placenta chez la chatte. L'état de la formation ectoplacentaire abortive présente des dis- positions très variables selon les sujets. Tantôt, les piliers ectoder- miques et les arcades ectodermiques, précédemment décrites au vingt-quatrième jour, à propos des figures 109 et 110 (pl. IX), sont devenus très nombreux; tantôt ces parties sont peu multipliées et leur extension très réduite. Dans les figures 122 et 127 nous avons un type de chacune de ces dispositions extrêmes. La figure 122 est d'une chatte qui a été étiquetée, à peu près exactement, croyons- nous, comme étant au vingt-septième ou vingt-huitième jour de la gestation; la figure 127, d'après les dimensions relatives de l'em- bryon et de la ceinture placentaire, peut être considérée comme appartenant très approximativement au trentième jour. xVvant de passer à l'étude des détails relatifs aux bords du placenta, faisons remarquer que, quoique d'âges peu distants, ces deux pièces pré- sentent une assez grande dilTérence dans le développement des parties, et surtout dans l'extension de l'allantoïde, qui, sur la figure 122, n'a pas même encore atteint les parties externes du placenta, tandis que, sur la figure 127, elle a dépassé le placenta proprement dit, pour venir jusque sur la région que nous étudions précisé- ment en ce moment, c'est-à-dire jusque sur la formation ectopla- centaire abortive. Nous l'avons déjà dit, ces difi'érences tiennent surtout à la région de l'œuf sur laquelle a porté la coupe; comme nous l'avons indiqué en traitant de la vascularisation de l'ectopla- centa, la figure 122 est de la région qui, répondant au dos de l'em- bryon, n'est que tardivement abordée par l'allantoïde, tandis que la ligure 127 est de la région qui, située en face de l'origine de — 349 — rallantoïde, reçoit cette vésicule dès son premier développement (voir la flg. 106, pl. IX). Dans la figure 122, l'ectoderme, en quittant le placenta propre- ment dit (en 1), décrit une vaste courbe à concavité inférieure, puis (en 4) vient adhérer à une saillie de la muqueuse utérine. Mais dans ce trajet (de 1 à 4), la surface de l'ectoderme n'est pas unie; elle présente (notamment en 2 et 3) de légers épaississements ; sans doute ces épaississements constituaient-ils, dans l'état normal des choses, autant de piliers ectodermiques qui adhéraient à la muqueuse utérine, et qui ont été détachés, arrachés pendant les manipulations de la pièce. Et en effet la surface correspondante de la muqueuse utérine, dans les intervalles des ouvertures des glandes, présente un épithélium en voie de dégénérescence, incomplet, disloqué par places. Nous n'étudierons pas l'aspect que présentait, à un fort gros- sissement, cet épithélium utérin et les glandes correspondantes; ces parties sont dans le même état à peu près que ce que nous avons vu précédemment au vingt-quatrième jour (figures 109 et 110), et nous les trouverons ultérieurement dans le môme état encore. Seuls les éléments de l'ectoderme méritent une attention spéciale. Au niveau du pilier ectodermique visible en 4 (iig. 122), l'ectoderme est formé de plusieurs assises de cellules, et celles qui forment l'ex- trémité du pilier sont allongées et pénètrent dans le tissu utérin, comme nous l'avons déjà vu sur les figures 109 et 110, et comme nous le reverrons, dans un instant, sur la figure 123. Mais l'ecto- derme des parties interposées entre les piliers, l'ectoderme des arcades ectodermiques, s'est complètement modifié. Ce n'est plus, comme sur les figures 109 et 110, un épithélium à cellules cubiques stratifiées; c'est devenu un épithélium cylindrique d'une seule couche de très longues cellules (figure 121, en A). Le noyau de ces cellules est situé vers leur base ou extrémité adhérente qui est plus granuleuse; l'autre partie, ou extrémité libre de la cellule est claire, renfiée et saillante. Sur la figure 121, qui est d'une prépara- lion conservée par le liquide de MuUer, ces différences d'aspect foncé et granuleux, ou clair et transparent, sont peu marquées; mais, précisément parce que cette pièce a été traitée par ce liquide, qui conserve si bien les globules sanguins, un autre détail est ici très visible, à savoir que ces cellules épithéliales renferment des globules du sang. Il est à peine besoin de dire, d'après tout ce que nous savons déjà par le placenta de la chienne, que ce sont des — 350 — globules du sang maternel qui, extravasés dans la région des bords du placenta, ont été incorporés au protoplasma de ces cellules ectodermiques, et qui sont en voie d'être détruits et assimilés par elles. Ceci est en apparence un petit détail; mais il a son impor- tance. Puisque des globules du sang sont dans les cellules de cet ectoderme, il faut en conclure que normalement il y a à ce niveau de petites hémorragies maternelles, et que les amas de sang qu'on trouve en effet très souvent à cette époque (vingt-huitième jour) en ces régions entre l'ectoderme et la muqueuse utérine, ne pro- viennent pas de ruptures accidentelles produites post mortem, pendant l'extraction et le maniement de la pièce. Ce sont bien des extravasalions qui se font normalement, qu'on trouve assez abon- dantes à la fin du premier mois et dans les premiers jours du second; des extravasalions qui font penser à la formation d'une bor- dure verte, comme chez la chienne. Mais, nous le verrons, ces hémor- ragies ne se continuent pas par la suite; les cavités, les espaces inter-utéro-ectodermiques dans lesquels elles se sont produites, ne s'organisent pas en cavités godronnées de bordure verte, de sorte que la région que nous étudions mérite aussi bien le nom de bordure verte abortive, que celui de formation abortive ectoplacentaire. Si quelques-unes de ces longues cellules ectodermiques cylin- driques renferment des globules rouges maternels, le plus grand nombre renferme, et en plus grande abondance, des granulations diverses semblables à celles des détritus que fournissent, à ce niveau, les extrémités supérieures des glandes utérines (lait utérin des auteurs). L'ectoderme se comporte donc ici comme celui qui forme, dans les régions profondes du placenta proprement dit, les arcades ectodermiques disposées entre deux lames basâtes; et les rapports des parties sont les mêmes dans les deux régions. C'est pour cela que nous avons employé la dénomination d'arcades ecto- dermiques aussi bien pour une région que pour l'autre; ce n'est pas un même nom appliqué à deux choses différentes, mais bien à deux choses semblables, homologues; et l'emploi de cette même dénomination ne peut donner lieu à confusion, car lorsque nous parlons des arcades ectodermiques de la bordure verte abortive (formation ectoplacentaire abortive) nous sommes dans une zone bien distincte du placenta proprement dit, et rien ne peut alors les faire confondre avec les arcades ectodermiques du placenta fœtal proprement dit. — 351 — L'ectoderme de cette région présente encore d'autres détails à signaler : par places, d'une manière très irrégulière, les longues cellules cylindriques sont remplacées par des cellules moins hautes, et dont quelques-unes semblent végéter en amas plasmodiaux (fig. 121, en B), c'est-à-dire en masses protoplasmiques semées de noyaux. Nous nous contentons pour le moment de signaler celte disposition, nous réservant de l'étudier dans un instant, d'après des pièces plus favorables que celles conservées par le liquide de MuUer. Telles sont les particularités que présente la région dite forma- tion abortive ectoplacentaire, au vingt-huitième jour (fig. 121 et 122). Nous allons voir ces détails prendre un caractère plus net sur les pièces que nous considérons comme appartenant environ au trentième jour (fig. 125 et 127). Sur la figure 127, qui est une vue d'ensemble de toute une région polaire de l'œuf et de la cavité utérine, depuis le bord du placenta (A) jusqu'à l'extrémité même du pôle de l'œuf (P; au niveau du canal, G, qui fait communiquer deux cavités de gestation), on voit que celte région polaire a singulièrement augmenté d'étendue. Il y a eu discordance d'accroissement en surface entre le placenta et les régions non placentaires; de sorte que la zone placentaire, qui primitivement occupait presque toute l'étendue de l'œuf, sauf les deux extrémités polaires très étroites (voir figures 94, 106 et 107), arrive à ne plus former qu'une étroite ceinture qui entoure l'équa- teur de l'œuf. Les mêmes dispositions se produisent chez la chienne ; elles sont de notions classiques ; nous n'y insisterons pas. De cette vaste région polaire, une seule partie nous intéresse, c'est celle qui est immédiatement contre le bord du placenta zonaire, c'est la formation abortive ectoplacentaire. Sur la figure 127 cette forma- tion est singulièrement étendue (de A à B), et il est rare de la trouver aussi large, car nous avons choisi ici une de nos pièces où elle présentait le plus grand développement. On voit que l'ec- toderme, en se détachant du placenta proprement dit, dessine des séries d'ondulations, de manière à former des parties convexes et concaves ; les saillies convexes, dirigées en bas, viennent adhérer à la muqueuse utérine; ce sont des j^i^iers ectodermiques; les parties concaves, comprises entre ces piliers, sont les arcades ectodermiques. Voyons quelle est la constitution de ces diverses parties. Les piliers ectodermiques (fig. 125, en P,P) sont exactement — 352 — disposés et constitués comme ceux qui existaient déjà au vingt- quatrième jour (flg. 109 et 110, pl. IX); ils sont formés de nom- breuses assises de cellules ectodermiques, qui deviennent fusi- formes en arrivant au contact de la muqueuse utérine, dans les intervalles des ouvertures des glandes; là ces cellules fusiformes passent à travers l'épithélium utérin dégénéré, et pénètrent dans le tissu de la muqueuse où elles plongent, en enveloppant les capillaires maternels. C'est toujours le même processus que nous avons décrit tant de fois, notamment pour la région placentaire proprement dite, mais tandis que dans cette région ce processus se poursuivait et aboutissait à la formation de l'ectoplacenta, il reste ici stationnaire, comme nous l'avions annoncé précédemment, et on ne voit pas aboutir celte tentative d'invasion de la muqueuse utérine par l'ectoderme; la formation ectoplacentaire reste à l'état abortif. Toutes les saillies interglandulaires de la muqueuse ne donnent pas insertion à des piliers ectodermiques; mais la dégénérescence de l'épithélium ne s'en produit pas moins sur toute cette région de la muqueuse utérine, dans les intervalles des embouchures des glandes. Sur la figure 125, on voit (en A, A) deux de ces inter- valles; leur épithélium s'est transformé en une masse vacuolaire, semée de noyaux, ou, pour mieux dire, d'amas de grains chro- matiques représentant les noyaux primitifs. Une masse semblable s'est produite à l'ouverture de la glande G2, et tout cet ensemble forme un détritus cpithélial qui couvre la surface de la muqueuse; c'est à ce détritus que les auteurs donnent le nom de lait utérin ; singulière sécrétion lactée qui n'est produite ici que par les embou- chures des glandes, car au-dessous des embouchures l'épithélium reprend graduellement sa forme normale, c'est-à-dire ne se désa- grège pas, et, s'il sécrète, il ne donne pas naissance aux détritus dits lait utérin. Mais n'insistons pas. Un autre détail, sur cette figure 123, doit fixer notre attention. C'est que, sur ces espaces inter-glandulaires, où l'épithélium utérin dégénère et se désa- grège, les capillaires maternels sous-jacents se trouvent ainsi mis à nu; on voit même, sur la figure 125, et c'est une disposition fré- quente à cet âge, on voit même que quelques capillaires émergent à travers les restes de l'épithélium désagrégé et viennent s'ouvrir à la surface. C'est-à-dire que nous trouvons ici, exactement, mais sous une forme bien plus discrète, les mômes dispositions que nous avons constatées au niveau de la future bordure verte, dans les pre- — 353 — miers stades du développement du placenta chez la chienne. Nous voyons donc quelle est la source du sang extravasé entre le chorion et la muqueuse utérine, dans les espaces si nettement circonscrits dans la figure 127 par les arcades ectodermiques. Ces espaces rap- pellent très exactement les dispositions primitives de la bordure verte de la chienne; mais ils ne se transformeront pas ultérieure- ment en poches ectodermiques régulièrement circonscrites de tous côtés par l'ectoderme; cette tentative de formation d'une bordure verte avortera; l'hémorragie maternelle s'arrêtera, le sang -extra- vasé, peu à peu résorbé par l'ectoderme, disparaîtra," ne donnera pas lieu à des produits dérivés de l'hémoglobine, et la région en question, après avoir présenté une coloration sanguine plus ou moins intense, n'arrivera pas à prendre la couleur verte caractéris- tique du bord du placenta du chien. Notre étude de la formation abortive ectoplacentaire, aussi bien dite bordure verte aborlive, au trentième jour, a commencé par les piliers ectodermiques, avec lesquels nous avons été amené à étudier la surface utérine dans laquelle ils s'implantent. Il nous faut main- tenant revenir aux arcades ectodermiques interposées entre ces piliers. Elles sont constituées presque partout de belles et longues cellules cylindriques, dont le noyau est placé vers la partie basale du corps cellulaire, partie basale formée d'un protoplasma granu- leux et foncé, tandis que le proloplasma de la portion libre et sail- lante est plus clair, finement vacuolaire, et renferme dans ses mailles un grand nombre de globules rouges maternels, dont nous venons de voir l'origine. Mais par places (en B,B, figure 125), les cel- lules ectodermiques cessent d'être cylindriques pour devenir cubiques et se slratifier sur deux rangs; et sur quelques autres points (par exemple dans le point a de la figure 127), cette disposition aboutit à une formation exubérante d'éléments, qui examinés à un fort grossissement (figure 124, en B) affectent le type plasmodial, c'est-à-dire que les cellules se fusionnent en une masse protoplasmique semée de noyau, entre lesquels ne sont que vaguement ou même pas du tout visibles des lignes de sépara- tion intercellulaire. C'est ce que nous avions déjà entrevu, au vingt-huitième jour, sur la figure 121 (en B), mais à un état moins développé, et dans des conditions moins favorables d'observation, la pièce de la figure 121 ayant été conservée par le liquide de MuUer. Ces végétations plasmodiales des arcades ectodermiques sont une 23 — 354 — des dispositions qui donnent le plus nettement à cette région le caractère de formation abortive ectoplacentaire. En effet ces végé- tations ne sont-elles pas identiques à celles qui, sur la figure 105 (pl. IX), au vingt et unième jour, représentent les premières poussées plasmodiales que l'ectoderme émet dans la muqueuse utérine pour procéder à l'édification de l'angio-plasmode ou ectoplacenta. Ici ces végétations ne rencontrent pas devant elles le terrain maternel, ne trouvent pas de surface d'implantation, et elles cessent de se développer. Celles qui rencontrent ce terrain, au-devant d'elles, se développent en piliers ectodermiques précédemment décrits (figure 125, en P,P), c'est-à-dire progressent un peu plus vers l'évolution ectoplacentaire type, puisqu'elles arrivent à aborder des vaisseaux maternels (figure 125) et à les envelopper partiellement, mais elles s'arrêtent à leur tour dans cet état, et toutes ces tentatives de pro- duction ectoplacentaire n'aboutissent pas. Mais il nous a paru intéressant de les étudier avec soin; elles nous montrent, sous une forme schématique, la manière dont se comporte l'ectoderme pour donner naissance au placenta fœtal ; de même que l'ensemble des formations que produit dans cette région l'ectoderme nous schéma- tise les premiers stades du développement de la bordure verte du placenta de la chienne. Avant de quitter cette région de la formation ectoplacentaire abor- tive, faisons remarquer qu'ici le chorion est vascularisè par l'allan- toïde, et cette disposition sera comme une dernière consécration du bien fondé de cette expression de placenta abortif. En effet, qui dit placenta, dit nécessairement formation recevant des vaisseaux fœtaux. Or, tandis que chez la chienne l'allantoïde ne dépasse pas les limites latérales du placenta, nous voyons, chez la chatte, cette vésicule venir s'étaler sur une notable portion de chorion en dehors du placenta (voir AL, fig. 127), dans la région polaire du chorion, précisément dans toute l'étendue des festons (1, 2, 3, 4, 5, fig. 127) que dessine ce chorion pour constituer la formation ectoplacentaire abortive ou rudimentaire. Il est vrai cependant que chez la chienne, tout en ne dépassant pas les bords de la ceinture placentaire, l'al- lantoïde vascularisè les parois des poches de la bordure verte, et que les festons sus-indiqués sont, chez la chatte, des rudiments de cette bordure; mais il s'en faut de beaucoup que la bordure verte de la chienne ait une étendue comparable à celle des parties ici décrites chez la chatte. Quoi qu'il en soit, nous voyons que les vais- — 355 — seaux allantoïdiens sont ici développés surtout dans les épaississe- ments mésodermiques de la base des piliers ectodermiques (en c c, figures d25et 127) '. Notons, en passant, que, au delà de la formation abortive ectopla- cenlaire, la vésicule ombilicale (VO, fig. 122) s'applique au chorion, auquel elle est réunie par du tissu mésodermique ; primitivement l'extrémité polaire de l'œuf n'était formée que de deux feuillets, l'ectoderme et l'endoderme (voir la fig. 102, au 21*= jour), les deux lamelles mésodermiques du cœlome ne s'étendant pas alors.jusque à cette extrémité polaire; mais avec les progrès du développement le mésoderme s'interpose entre les feuillets externe et interne jusque tout aux bouts de l'œuf, et réunit entre eux ces deux feuil- lets, comme le montre la figure 122, vers le trentième jour. Nous pensons donc que l'opinion opposée, émise par Fleischmann, n'est valable que pour des stades avancés. « Lorsque, dit cet auteur {op. cit., 1889, p. 6S), le cœlome s'étend en dehors de la partie embryon- naire de la paroi de l'œuf, la somatopleure double le chorion, tandis que le feuillet entodermique, doublé de la lame vasculaire, devient paroi de la vésicule ombilicale. Mais, vers les deux pôles du blastocyle, l'extension du mésoderme éprouve un arrêt et rencontre comme un obstacle infranchissable : il en résulte que ces deux extré- mités conservent leur constitution primitive simple (à deux feuillets) et que jamais une couche mésodermique ne prend part à leur forma- tion. » Il nous paraît évident que le motjamais est de trop ici: en effet Fleischmann, dans ce passage, invoque la figure 2 de sa planche II, laquelle figure est d'un œuf très jeune ; il faut dire que l'extension du mésoderme vers le pôle de l'œuf est très lente, et ne s'achève que tardi- vement; comme Fleischmann nous avons observé son absence sur ces pôles, à des stades relativement jeunes (voir nos figures 102 et 107). 2" La formation ectoplacentaire abortive sur le placenta à terme. — Le dernier chapitre de ce mémoire traitera de quelques dis- 1. Si évidenle que soit celte disposition, il est toujours précieux, pour en accentuer la démonstration, d'avoir le témoignage d'un auteur dont la supériorité est incontes- table en tout ce qui est injection et étude de la circulation du placenta. Or Tafani dit (op. cit., p. 66) : En dehors du placenta, le chorion reçoit encore des vaisseaux sur une certaine étendue. En détachant un fragment de ce chorion, dans les régions les plus voisines des bords du placenta, on le voit parcouru, sur la face qui regarde la muqueuse utérine, par des séries de légères saillies, qui s'anasiomosent entre elles par des branches transversales. C'est dans ces saillies que les vaisseaux sont surtout nombreux, et ils forment des réseaux dont les capillaires sont immédiatement sous-jacents à l'épithélium. » — 356 - positions nettement caractérisées du placenta à terme, notamment de l'état des lamelles labyrinthiques et de la circulation fœtale dans les cloisons raésodermiques interposées à ces lamelles. Mais noas ne saurions remettre à ce moment la suite de l'étude de la forma- tion ectoplacenlaire aborlive, et en finir dès maintenant avec elle sera d'autant plus logique que ce qu'il nous reste à en dire viendra confirmer la dénomination donnée à cette partie. L'état que nous venons de décrire d'après la figure 127 paraît être le plus haut degré de développement que puisse atteindre cette formation. A partir de ce moment non seulement elle reste station- naire, mais bientôt elle rétrograde pour disparaître plus ou moins complètement; sur les utérus à terme nous n'en avons plus trouvé de trace. Il est vrai que nous devons avouer n'avoir pas beaucoup multiplié nos recherches à cet égard, mais ce que nous avons trouvé et soigneusement étudié vers le milieu du second mois est assez explicite à cet égard. C'est ce que montre la figure 131. En partant du bord de la ceinture placentaire (B, fig. 131), bord très saillant et qui surplombe en dehors, le chorion (Ch) s'étend sur la surface de la région polaire de la loge utérine, sans plus présenter d'adhérences avec lui. Du côté du chorion, les piliers ectodermiques ont été résorbés, et toute la surface est régulièrement formée d'un bel épi- thélium à longues cellules cylindriques. Du côté de la muqueuse utérine, l'épithélium paraît s'être reconstitué dans les ouvertures des glandes et sur leurs intervalles; il n'y a plus d'hémorragie, et peu ou pas de détritus épithéliaux dits lait utérin. Ainsi les forma- tions que nous avons dites abortives méritent d'autant mieux ce nom qu'elles ne persistent pas jusqu'à la fin de la gestation, et peuvent même disparaître vers le milieu du second mois. — Nous allons voir du reste que nous sommes à cet égard en parfait accord avec les auteurs qui ont suivi avec soin les transformations de cette région. Historique. — Les dispositions que nous désignons sous le nom de formation ectoplacentaire abortive ont fixé l'attention de presque tous ceux qui ont étudié le placenta de la chatte. Quelques-uns ont comparé ou même identifié ces parties à la bordure verte de la chienne. Ce nous sera donc encore une occasion de bien préciser l'interprétation que nous avons donnée de celte bordure verte. Turner, après avoir signalé la vascularisation du chorion en dehors — 357 — du placenta, nous paraît être le premier qui ait décrit les disposi- tions spéciales de ce chorion. « La portion extraplacentaire du cho- rion du chat, dit-il {op. cit., p. 80), présente des particularités inté- ressantes. Plusieurs anatomistes ont avancé que chez les carnassiers les vaisseaux ombilicaux envoient de fines ramifications jusque vers les pôles du chorion ; mais on n'a pas suffisamment reconnu que ces vaisseaux, immédiatement au-dessous de la surface exté- rieure du chorion, forment un réseau capillaire serré, qui, tout en n'étant pas aussi riche que celui des parties lisses du chorion de la vache et de la brebis, est cependant assez développé pour donner, sur les pièces injectées, une coloration caractéristique au chorion. Cette vascularisation de la région lisse du chorion se montre non seulement vers le milieu de la gestation, mais on la reconnaît encore à l'époque normale de la parturition. « La surface extérieure de la portion lisse du chorion de la chatte présente encore un autre caractère digne de remarque. Vers le milieu de la gestation, cette surface est marquée de taches et de hgnes teintées en jaune clair, de façon qu'elle est incomplètement trans ■ parente. Examinée à un faible grossissement, elle montre en effet une apparence rugueuse, comme si de légères saillies y étaient pro- duites par une substance étrangère, qu'on peut facilement enlever par le raclage à l'aide d'un scalpel K Au microscope, cette substance apparaît formée de cellules très diverses de formes; les unes sont des écailles aplaties, d'autres sont très allongées, cylindriques, et d'autres enfin arrondies, et, dans presque toutes, le noyau est rela- tivement large et bien distinct. Ces cellules sont probablement pro- duites par une prolifération de l'épithélium qui revêt la surface du chorion. Sur un placenta à terme, cette surface ne présente plus de rugosités, mais elle est parsemée de taches opaques qui la rendent irrégulièrement transparente : au niveau des taches opaques, on trouve des amas de fines granulations, au milieu desquelles on ne dislingue plus que vaguement des contours de noyaux et de corps cellulaires, de sorte qu'il est probable que ces opacités sont dues à des amas de cellules épithéliales qui subissent une dégénérescence granuleuse, sans doute de nature graisseuse. » {Op. cit., p. 81.) 1. Cette depcription donne ce qu'on peut constater à l'œil nu ou à la loupe, et ce qu'on obtient par l'examen microscopique des éléments dissociés, par raclage, de la surface du chorion. On voit combien est supérieure à tous égards la méthode des coupes, qui nous présente les parties dans leurs rapports e connexions naturelles. 23* — 358 — Tafani complète la description de Turner. L'anatomiste anglais n'avait insisté que sur les aspects du chorion; l'anatomiste italien porte son attention sur la muqueuse utérine correspondante, et décrit l'état de ses glandes, étude qui en effet est en rapport avec sa pré- occupation constante de démontrer la production du lait utérin. « La région de l'œuf, dit Tafani (op. cit., p. 59 et 60), et de la muqueuse utérine qui va de la ceinture placentaire à l'entrée du canal de communication entre deux cavités de gestation, présente une coloration en rouge brun, comme celle d'une extravasation sanguine. Là il est facile de séparer les formations fœtales d'avec les maternelles et on reconnaît qu'en effet est interposée entre elles une matière de couleur rouge sombre. A ce niveau, et surtout dans les zones les plus voisines du placenta proprement dit, les glandes utérines sont hypertrophiées et leur canal excréteur est allongé : le revêtement épithélial de ces glandes présente un pro- cessus de chromatolyse très actif et on trouve de nombreuses gra- nulations graisseuses dans les cellules. L'ecloderme du chorion correspondant est formé de cellules longues et cylindriques, qui deviennent graduellement plus courtes à mesure qu'elles occupent des surfaces plus voisines de l'extrémité de l'œuf. Le corps de ces longues cellules cylindriques renferme de nombreuses gouttes d'une substance spéciale; il semble que ces cellules se sont assimilé les matières qui sontaccumulées entre la muqueuse utérine etle chorion, et leur aspect rappelle en effet celui de l'épithélium intestinal pen- dant l'absorption des graisses. Mais les granulations ainsi absorbées par ces cellules sont de diverses natures, les unes manifestement graisseuses, c'est-à-dire colorées en noir par l'acide osmique, les autres au contraire vivement teintées par les réactifs caractéristiques de la chromatinc nucléaire. Sur quelques rares points, enfin, on trouve quelques cellules contenant des granulations brunes, proba- blement dérivées de la matière colorante du sang extravasé. Toutes ces substances contenues dans les cellules épithéliales du chorion proviennent de l'espèce de bouillie qu'on trouve entre le chorion et la surface de la muqueuse utérine, bouillie qui est formée par la 1. Il est malheureusement trop facile de délacher ces parties les unes des autres, c'est-à-dire qu'il est diflicile d'obtenir des pièces où soient conservés les piliers ecto- dermiques avec leurs implantations dans le tissu utérin, ce qui fait que ces disposi- tions n'ont pas été observées par les divers auteurs, qui pa.r suite n'ont pas reconnu la véritable signification de cette formation placentaire abortive, non plus que de la bordure verte de la chienne. — 359 — destruction des cellules de la surface de la muqueuse utérine, par la destruction des cellules épithéliales des canaux excréteurs des glandes, et enfin par l'extravasation sanguine qui a lieu à ce niveau, toutes ces parties se mêlant au liquide sécrété par les glandes. » Fleischmann {op. cit., 1889, pages 66 et 68) a également porté son attention sur ces parties, mais en insistant spécialement sur la muqueuse utérine. « Dans la région de la coupole \ dit-il, la muqueuse utérine est en voie de destruction ; du moins ai-je observé bien des fois, en ouvrant de jeunes renflements de gestation, que cette muqueuse forme une membrane friable, composée d'éléments dissociés et de sang coagulé. » Puis, plus tard, à une période plus avancée, il observe que la coupole est devenue très étendue; il pense qu'une nouvelle muqueuse s'y est développée; cette nouvelle muqueuse, dit-il, est remarquable en ce qu'elle ne possède pas de glandes ; mais elle forme des plis très nombreux et très vasculaires, de sorte qu'on peut penser qu'elle est aussi le siège d'échange entre la mère et le fœtus. En effet le chorion est adhérent aux sail- lies de cette muqueuse, mais il ne forme pas de villosités. Il pro- pose de donner le nom de faux placenta à cette muqueuse utérine de nouvelle formation et au chorion qui lui adhère. Très remarquables à notre point de vue, c'est-à-dire pour la ques- tion du syncytium (ou de l'ectoplacenta), sont des descriptions et interprétations de Strahl. « La région des bords du placenta, dit-il {op. cit., p. 123), présente des aspects divers selon les différentes périodes de la gestation. Quand on ouvre un renflement utérin vers le milieu de la gestation, on trouve, contre le bord du placenta, un anneau, une bordure de couleur rouge sombre. Mais on ne trouve plus rien de semblable sur le placenta à terme... il n'y a plus une extravasation sanguine limitée aux bords du placenta, mais du sang répandu d'une manière diffuse au niveau de toute la coupole de l'œuf ^ » Puis passant à la description des parties qui sont immédiate- ment en dehors du placenta, il dit (pages 129 et 130) : « Les par- ties voisines du bord du placenta, environ vers le milieu de la ges- tation, présentent les dispositions représentées dans la figure 9, 1. Fleischmann appelle coupole ce que nous nommons région polaire de l'œuf ou (le la cavité de gestation. 2. Bien certainement cette extravasation sanguine générale et diffuse, sur le placenta à terme, est accidentelle, et résulte de déchirures. — 360 — (fig. XLIV ci-conlre), à un très faible grossissement : la région A est le bord du placenla proprement dit; en G est la portion de cho- rion et de muqueuse utérine désignées par Fleischmann sous le nom de coupole; et entre les parties A et G, est interposée la région marginale qu'il s'agit d'étudier et que je désignerai sous le nom périplacenta, expression empruntée à Minot A ce niveau on trouve une transformation particulière des glandes utérines, qui sont allongées, et dont les ouvertures, dilatées, donnent lieu, par places, à la formation d'un syneytium. Ce syncylium est en partie détaché de la couche qui lui a donné naissance, et se trouve plus Fig. XLIV. — Strahl; 1890; mémoire IV, Qg. 9. — « Bords du placenla du chat; — A, pla- cenla; — B, périplacenla; — C, muqueuse de la région de la coupole; — les taches noires de la région B représentent du sang extravasé. » — A propos du manque de net- teté et de précision de cette figure, nous ne pouvons que répéter ce que nous avons dit précédemment pour la fig. XL. ou moins libre au-dessous de l'ectoblaste chorial. On trouve de plus, dans cet espace entre le chorion et la muqueuse utérine, une série de grosses et petites extravasations sanguines, qui, sur une coupe, sont plus ou moins indépendantes les unes des autres. Par places, on peut reconnaître d'où vient ce sang extravasé, car on voit le syn- eytium se détacher de la surface de la muqueuse, et, à ce niveau, les vaisseaux maternels mis à nu donner naissance à une petite hémorragie. Mais les faits plus particuliers sont relatifs à la 1. C'est à propos du piacenla du lapin que Minot a employé cette expression (voir sa ligure reproduite à tapage ViT, fig. XIV, dn filacenta des Rongeurs); nous n'avons en elTet connaissance d'aucun travail dans lequel Minot ait traité du placenta des car- nassiers. — 361 — manière dont le syncytium se comporte vis-à-vis de l'ectoblasle chorial. Celui-ci est formé delongues cellules cylindriques, qui ren- ferment une grande quantité de globules sanguins n'ayant subi presque aucune altération. Or le syncytium, bien reconnaissable à sa forme et à sa coloration intense, non seulement va s'attacher <à ces cellules épithéliales, mais on le voit encore s'insinuer entre elles, de façon à pénétrer jusqu'au niveau du tissu conjonclif allan- toïdien qui double l'épithôlium du chorion. On trouve ainsi divers points au niveau desquels les éléments du syncytium se sont inter- posés entre les cellules ectoblastiques, les ont détachées delà mem- brane conjonctive allantoïdienneet se sont fixés sur cette membrane. L'épithélium ectoblastique est alors interrompu par des masses syncytiales à noyaux multiples. Il faut donc admettre que les forma- lions syncytiales, après s'être détachées de l'épithélium utérin, sont capables de se déplacer, de se mouvoir. Du reste on trouve des parties de ce syncytium qui ont englobé des globules sanguins, ce qui montre bien encore que le syncytium n'est pas un produit de désagrégation cellulaire, mais un complexus cellulaire qui possède tous les attributs de la vie » « Sur les pièces du terme de la gestation, continue Strahl (pages 130 et 131), les parties diffèrent considérablement de ce qui vient d'être décrit. En effet, il n'y a plus alors de périplacenta bien dis- tinct. Je pense que le périplacenta a été amené peu à peu à faire partie du placenta proprement dit ^ Du reste il faut ajouter que sur les placentas non achevés, le périplacenta n'est pas toujours aussi bien développé que celui que nous venons de décrire, d'après une pièce exceptionnellement favorable pour cette étude. C'est en vain que dans ces formations du bord du placenta, chez la chatte, 1. Combien est précieux pour nous ce passage où se révèle toute la pensée de Strahl et oii éclate avec évidence son erreur; ainsi son syncytium provient bien du détritus glandulaire (Strahl nie l'état de détritus, de désagrégation il est vrai), qui, organisé en masses plasmodiales, remonte de la profondeur vers la superficie et va s'attacher au chorion, s'insinuant même entre les cellules de celui-ci! Combien aussi sont justifiées par là nos minutieuses descriptions. Le lecteur a pu trouver que cer- tains détails étaient de trop dans notre étude de la formation abortive:que les figures 121 et 124 venaient surcharger nos planches. Cependant ces figures sont indispen- sables pour juger des descriptions de Strahl, et nous pouvons maintenant nous con- tenter d'y renvoyer le lecteur pour faire la critique des interprétations de l'auteur. Dans un sujet aussi complexe que le placenta, aucun détail n'est inutile: il peut être insignifiant par lui-même, mais très important par les erreurs auxquelles il a donné lieu. 2. Inutile de réfuter cette hypo'hèse. — 362 — j'ai recherché les produits de décomposition du sang qu'on trouve chez les autres carnassiers. Chez le chien, ce sont d'innombrables cristaux d'hémoglobine, puis la matière verte bien connue... chez la chatte je n'ai rien trouvé de semblable jusqu'tà présent. Sans doute le sang extravasé est-il très rapidement résorbé par le cho- rion; avec cette hypothèse concorde ce fait que les globules san- guins qu'on trouve dans les cellules épilhéliales du chorion sont à peine altérés, et que, d'autre part, le sang extravasé n'est jamais aussi abondant que chez le chien, le renard, le blaireau, etc. » Pour tous ces derniers détails nos observations concordent entière- ment avec celle de S trahi. Nous terminerons cet historique par l'analyse des éludes de Heinricius sur ces mêmes parties, études très exactes, mais incom- plètes, au moins pour ce qui concerne l'épithélium du chorion (ecto- derme). Nous rappelons que précédemment nous avons à peu près établi la chronologie des renflements utérins dont il a fait l'étude. Déjà sur le second des utérus qu'il a étudiés {op. cit., page 361), et que nous considérons comme répondant au vingt-septième jour, il constate que la portion de muqueuse qui ne prend pas part à la formation du placenta proprement dit, c'est-à-dire la muqueuse des régions polaires, ne conserve pas sa constitution primitive. Les glandes y présentent une hypertrophie remarquable... On trouve alors (page 364) des amas de globules sanguins interposés entre le chorion de l'œuf et la muqueuse utérine, aussi bien que entre les saillies de cette muqueuse et jusque dans les cavités des glandes. Sans doute, dit-il, ces globules du sang sont sortis des vaisseaux maternels et ont traversé l'épithélium. Du côté de l'épithélium du chorion ces globules se réunissent en amas relativement considé- rables, et sont accolés à cet épilhéliura, dont les cellules ont pris une forme nouvelle; ce sont de grandes cellules, très allongées, avec un gros noyau. A cette époque, on ne constate pas encore, comme on le trouvera plus tard, que ces cellules aient absorbé des globules sanguins intacts. Sur l'utérus dont l'embryon avait 25 millimètres de long, il cons- tate (page 365) que, sur les bords du placenta, on retrouve ces mêmes amas de globules du sang. Les cellules épithéliales du cho- rion, petites et arrondies au niveau du placenta, sont ici très allon- gées et remplies de globules sanguins. En s'éloignant davantage, là où on ne trouve plus d'amas sanguins au-dessous du chorion, les — 363 — cellules épilhéliales de celui-ci deviennent de nouveau peliles et basses. Sur l'utérus dont l'embryon mesurait S centimètres il constate (page 368) que la destruction de l'épithélium glandulaire et la for- mation de ce qu'on a appelé lait utérin s'étend au delà du placenta proprement dit, c'est-à-dire se produit également dans la muqueuse utérine des régions situées immédiatement en dehors du placenta, régions au niveau desquelles il n'y a pas pénétration de villosités choriales dans la muqueuse qui est simplement recouverte par le chorion. Là aussi il y a hypertrophie des glandes; l'épithélium se modifie de telle manière que les cellules les plus voisines du cho- rion deviennent plus volumineuses, présentent des granulations graisseuses et des noyaux très foncés. En même temps l'épithélium du chorion n'est plus formé, comme dans le placenta, de cellules basses et petites, mais d'éléments très allongés, comme ceux qui revêtent les extrémités des villosités placentaires; dans les deux cas ces longues cellules servent à l'absorption du lait utérin. En examinant des parties un peu plus éloignées du bord du placenta, on trouve, entre le chorion et la muqueuse utérine, ces amas de globules sanguins, déjà signalés dans les stades précédents, mais actuellement beaucoup plus développés; le microscope y montre non seulement des hématies, mais encore des cristaux de sang, des débris de cellules glandulaires, avec des noyaux ratatinés, très colo- rables. Comment ce sang est-il sorti des vaisseaux pour arriver dans les cavités glandulaires et de là entre le chorion et la surface de la muqueuse, c'est ce qu'il est difticile de dire; vraisemblablement se produit-il une sorte de lillration du sang entre ou au travers des cellules épilhéliales; mais cependant on ne voit pas de sang au niveau de ces éléments.... Ces amas de sang sont recouverts par le chorion, dont les cellules sont pleines de globules sanguins. Ces cel- lules sont d'un volume et d'une longueur remarquables; elles ren- ferment des globules sanguins, ainsi que de fines granulations, semblables à celles du détritus des cellules glandulaires. Ces parti- cularités des cellules du chorion sont identiques à ce que Lie- 1. Sans doute il n'y a pas pénétration, dans la muqueuse utérine, de villosités choriales en tant que ^fillosités mésodermiques, mais il y a implantation de villosités ectodermiques (nos piliers edodermujues), et c'est là essentiellement ce qui fait de celte région une formation ectoplacentaire rudimentaire, qui même disparait ensuite et mérite ainsi le nom â'abortive. — 364 — bei kulin el Heinricius ont observé pour le placenta du chien. Tafan avait insisté sur cette propriété qu'ont les cellules choriales du chat de s'incorporer des globules du sang (page 369). Enfin pour le pla- centa à terme, Heinricius déclare qu'on ne trouve plus trace de ces amas de sang entre le chorion et la muqueuse utérine; l'épithélium du chorion, en dehors de la zone placentaire, est alors formé de cellules basses; les glandes, à ce niveau, sont revêtues de hautes cellules cylindriques (page 370). A propos de ces hémorragies ou extravasats sanguins au niveau de la formation ecloplacentaire abortive, Heinricius est amené à revenir sur ce qu'il avait dit précédemment de la bordure verte du placenta de la chienne. Nous tenons à reproduire encore ce passage de son mémoire parce qu'il marque bien que ni Heinricius, ni Strahl, n'ont compris la signification de celte bordure verte, qui est, répé- tons-le encore une fois, une hémorragie maternelle régulièrement circonscrite et enkystée par des tissus fœtaux. « Chez le chat, dit Heinricius {op. cit., page 372), j'ai trouvé les extravasats sanguins disposés comme les décrit Strahl. Pour ce qui est de la bordure verte du placenta du chien, je n'y ai pas vu non plus une cavité dans laquelle circulerait le sang. Je considère qu'il s'agit là pure- ment et simplement d'un extravasat sanguin, absolument comme chez le chat et chez quelques autres animaux. Dans mon premier mémoire j'ai employé l'expression âe sinus simplement pour dési- gner une collection sanguine analogue à une formation vasculaire. Mais je reconnais que cette expression est mal choisie, et qu'il aurait mieux valu dire seulement amas sanguin ou extravasat san- guin. Et en effet, dans mon mémoire sur le placenta du chien, je déclare que je n'ai pu constater la présence d'un endothélium vas- culaire, et que le sang me paraît librement répandu dans les tissus des bords du placenta. » Or à tout cela nous répondons : non, la bordure verte de la chienne n'est plus un extravasat irrégulier comme celui qu'on trouve temporairement chez la chatte ; c'est un extravasat qui a pris, par la suite du développement, une disposition régulière et bien définie. L'expression de sinus convient très bien alors pour le désigner. Si les parois de ce sinus ne présentent pas d'endothé- lium vasculaire, qu'importe; on ne peut refuser le nom de sinus aux conduits sangui-malernels de l'ectoplacenta des rongeurs, où ces sinus, comme celui de la bordure verte de la chienne, n'ont — 365 — d'autre paroi que les éléments eclodermiques fœtaux qui les circon- scrivent. Chez la chatte au contraire, la région du placenta abortif n'arrive pas à s'organiser en sinus, et le sang reste bien réellement extravasé entre le chorion et la muqueuse utérine. Il ne faut pas assimiler ces extravasats à la bordure verte, pas plus qu'il ne faut assimiler la formation ectoplacentaire abortive au placenta proprement dit. L'extravasat de la chatte pourrait devenir bordure verte si l'ectoderme le circonscrivait et l'enkystait régu- lièrement, mais ce processus ne se produit pas, et rextrava.sat tinil par disparaître; de même l'ensemble de la formation abortive pourrait devenir véritable formation placentaire si les piliers eclo- dermiques continuaient à pénétrer dans la muqueuse utérine et à s'y développer en enveloppant les vaisseaux ; mais ce processus s'arrête, les piliers ectodermiques disparaissent, et le chorion rede- vient à peu près lisse. Ce qui se produit, au milieu de la gestation, en dehors des bords de la ceinture placentaire de la chatte, est donc,, comme nous l'avons dit, à la fois une bordure verte abor- tive et une formation ectoplacentaire ou angio-plasmodiale abor- tive ; et on ne peut pas s'étonner que cela puisse être ces deux choses à la fois, puisque nous avons vu que la bordure verte, à son début, est un mode particulier du processus qui produit ailleurs l'ectoplacenta ou angio-plasmode proprement dit. Tout ceci n'est pas pure conception théorique; ce sont des faits qui se lisent sur nos figures. '6° La limite marginale des attaches du placenta fœtal. — Dans une étude qui a pour objet de mettre en évidence la signification du placenta fœtal comme édification ectodermique, nous ne devons négliger aucun des détails relatifs aux types variés que peut, selon les régions, présenter la formation ectoplacentaire. C'est à ce titre que nous décrivons ici, sous le nom de larme marginale, une dispo- sition particulière que nous avons à plusieurs reprises rencontrée à l'extrême limite externe (limite marginale) des attaches du pla- centa fœtal sur les formations maternelles. Sur la figure 127 (pl. XI), on voit que, en suivant l'ectoplacenta de sa partie moyenne vers son bord (de gauche à droite sur la figure), on trouve, en arrivant au niveau de ce bord, que les der- nières lamelles labyrinthiques s'insèrent en bas sur une formation basale (M) qui n'adhère pas aux parties maternelles sous-jacentes. — 366 — Cette formation basale, que nous nommerons lame marginale, se com- pose, sur la figure 127, de deux lames basales entre lesquelles est une arcade ectodermique encore épaisse et massive (en M, fig. 127). On pourrait penser qu'il s'agit ici de parties artificiellement arra- chées de leurs adhérences; mais cette interprétation nous paraît peu vraisemblable vu le nombre de cas où nous avons trouvé celte disposition, alors que rien ne montrait une dislocation des diverses parties de la coupe. Toujours est-il que cette lame marginale se retrouve sur les placentas arrivés aux dernières périodes de leur développement et présente alors des caractères très nets. La figure 132 (en M) représente cette lame marginale, d'après une coupe, sur un placenta à peu près à terme. On s'orientera bien sur la signification de cette figure d'ensemble, en remarquant que la partie gauche de la figure représente une série de lames basales se divisant en haut en lamelles labyrinthiques, s'attachant en bas sur la couche des glandes utérines, et que la partie droite de la figure représente en haut le bord saillant et surplombant du pla- centa (comparer avec la région B de la figure 131), avec le chorion qui s'en détache, et en bas la muqueuse utérine (E). Le large espace, sans doute artificiellement agrandi, qui est ici entre le chorion et la muqueuse utérine correspondante, représente ce qui fut un moment la formation abortive ectoplacentaire, formation qui a disparu maintenant, puisque nous sommes ici en présence d'une pièce prise presque à terme. La lame marginale (M) se pré- sente comme une énorme lame basale, ou comme résultant de la fusion de plusieurs lames basales en une masse commune. Nous en faisons l'étude en ce moment, c'est-à-dire à la suite de la for- mation abortive ectoplacentaire, parce qu'elle a, avec cette forma- tion, un caractère commun, celui de ne pas pénétrer dans le ter- rain maternel, de ne pas s'y implanter par des racines ; en effet sa face inférieure est libre; son extrémité interne seule adhère à la muqueuse utérine; son extrémité externe se continue avec le cho- rion. Ce sont ces deux extrémités que nous devons particulièrement étudier. L'extrémité externe (A, fig. 132) de la lame marginale est repré- sentée, à un grossissement de 323, dans la figure 13o. En bas (en 1) la masse de cette lame dessine une grosse saillie qui proémine, libre, entre le chorion et la muqueuse utérine. Elle est formée de cellules ectodermiques, dont la plupart sont restées de dimensions moyennes ; — 367 — quelques-unes, dans la parlie centrale, ont évolué dans le sens de cellules géantes, mais sans atteindre les dimensions considérables, ni surtout la forme arrondie que les éléments de ce genre présen- tent dans d'autres régions du placenta (voir, dans celte même figure, les lamelles labyrinlhiques qui partent de la lame margi- nale); quelques-unes enfin ont pris la disposition que nous dési- gnons sous le nom de couche nucléaire; les éléments ectoplacen- taires ont donc évolué ici selon les diverses formes qu'ils présentent dans les autres régions, soit dans les lames basales, soit dans les lamelles labyrinthiques. En haut (en 2, fig. 135), la lame mar- ginale donne insertion au choiion; il est intéressant de voir com- ment, à partir de ce point, des cellules épithéliales de ce chorion, d'abord cubiques, en tout semblables à celles de la lame marginale, deviennent graduellement plus hautes, pour prendre la forme cylindrique, et constituer finalement ces longues cellules cylin- driques précédemment décrites, à noyau placé dans la base du corps cellulaire, tandis que la partie libre de ce corps proémine et se dilate vers son extrémité libre. De semblables dispositions, des formes de transition ainsi graduées suffiraient pour montrer la communauté d'origine de l'épithélium du chorion et des éléments qui forment soit la lame marginale, soit les lames basales du pla- centa; mais nous avons eu, à ce dernier égard, d'autres preuves bien plus démonstratives, à savoir la série continue des dériva- tions pendant les premiers stades du développement. Mais comme nous savons que divers auteurs, tels que Heinricius et Strahl, n'ont pas étudié ces premiers stades, nous tenions à insister sur les dis- positions qui, même lorsque les parties sont avancées dans leur développement, permettent encore de reconnaître, entre les élé- ments anatomiques, une filiation qui a échappé à ces auteurs. L'extrémité interne (B, fig. 132) de la lame marginale est repré- sentée à un grossissement de 325 fois, dans la figure 136, en M, le reste de celte figure (toute la portion gauche) montrant une arcade ectodermique (A E) et une lame basale proprement dite (L B). Nous avons tenu, en figurant cette extrémité interne, par la- quelle la lame marginale s'implante sur la muqueuse utérine, à montrer qu'ici les dispositions rappellent celles des lames basales et des lames mésentériformes du placenta de la chienne. En effet on voit ici (en M F) une cloison utérine interglandulaire se pro- longer et donner attache par son extrémité au prolongement corres- — 368 — pondant de la lame marginale. Comme dans les parties sus-indi- quées de la chienne, l'épithélium qui revêt les deux faces de la cloison interglandulaire s'atrophie et se réduit à une mince couche amorphe au niveau de l'attache des parties fœtales. Ce sont des dispositions qu'on rencontre rarement pour les lames basales pro- prement dites de la chatte, et que nous tenions à indiquer, parce qu'elles montrent bien que, malgré les grandes différences entre le placenta de la chienne et de la chatte, les dispositions de même ordre présentent, de l'un à l'autre de ces carnassiers, des formes de transition ; c'est-à-dire que toutes ces dispositions ne sont pour ainsi dire que des variations sur un même thème; pour le cas spécial, le thème commun est celui d'une greffe de formations fœtales sur les tissus utérins, et les variations consistent en ce que tantôt les formations fœtales pénètrent sous forme de racines dans la muqueuse utérine, ou que tantôt la muqueuse utérine se pro- longe en lamelles saillantes qui portent les formations fœtales à leurs extrémités. La suite de cette figure 136 est destinée à l'élude des arcades ectodermiques (AE), du détritus glandulaire, et des lames basales (LB) ; nous avons déjà analysé précédemment ces parties, sur les- quelles nous allons du reste revenir en examinant leur état sur le placenta à terme. G. — Le placenta à terme. Par placenta à terme, et faute de dates précises, nous entendons les placentas recueillis à partir environ du milieu du second mois jusqu'à la fin de la gestation (qui est de 60 à 65 jours chez la chatte) ; en effet, dès le milieu du second mois, les formations placentaires ont acquis des dispositions qui restent les mêmes jusqu'au terme. Le placenta fœtal est alors très puissant, très épais, relativement aux parties maternelles correspondantes qui sont réduites à leur minimum. La figure 131 (pl. Xllj, qui n'est cependant que de la première moitié du second mois, montre déjà cette disproportion dans l'épaisseur de la couche des glandes maternelles d'une part et de la couche des lamelles labyrinlhiques d'autre part; et la flg. 141, que nous prenons comme type du milieu du second mois, ne montre plus, à ce faible grossissement, la couche des glandes — 369 — que comme un liséré foncé sous-jacent à la puissante formation labyrinthique. En étudiant le placenta à la fin de la période de remaniement nous avons, pour diverses questions, empiété sur la description du placenta à terme, par exemple pour les canaux de distribution du sang maternel, et pour toutes les régions qui sont en dehors du placenta proprement dit (formation abortive ectoplacentaire). Il ne nous reste plus guère qu'à examiner la constitution des lamelles labyrinthiques et celle des cloisons mésodermiques qui leur- sont interposées et qui contiennent les vaisseaux fœtaux. 1° Lamelles labyrinthiques. 11 faut décrire à part leurs extrémités supérieures, leurs extrémités inférieures, et leurs parties moyennes, ces dernières formant la portion de beaucoup la plus étendue, puisqu'elle va de la surface fœtale à la surface maternelle du placenta. a- Partie moyenne des lamelles labyrinthiques, ou lamelles labyrin- thiques proprement dites. — Nous avons laissé ces lamelles, au vingt-huitième jour (fig. 128) et un peu après (flg. 129, pl. XI), alors qu'elles étaient constituées par une partie centrale formée alterna- tivement d'un capillaire maternel et d'un groupe de deux à trois cellules géantes, et par une partie périphérique, superficielle, dite couche nucléaire, dans laquelle les noyaux étaient disposés sur deux rangées, une superficielle et une profonde. Avec les progrès du développement les cellules géantes deviennent de plus en plus volumineuses et plus rares, c'est-à-dire qu'on arrive à trouver fina- lement, sur une coupe de lamelle suivie selon sa longueur, la dis- position alternante suivante très régulière : une cellule géante, un capillaire maternel, une cellule géante, un capillaire maternel, et ainsi de suite. D'autre part la couche nucléaire devient de plus en plus mince, ses noyaux de plus en plus tassés, avec très peu de protoplasma interposé; cette couche se colorant toujours très forte- ment par les réactifs. Les diverses figures de la planche XII montrent les achemine- ments successifs vers cet État final. Par exemple, sur les figures 134, 135 et 136, nous voyons des cellules géantes très grosses; mais elles sont souvent au nombre de deux entre deux capillaires maternels voisins, et de plus il y a par places (surtout sur la 24 figure 134) des formes de transition entre les cellules géantes et les éléments de la couche nucléaire; c'est qu'ici nous sommes vers l'extrémité inférieure des lamelles labyrinthiques et que dans ces régions, comme dans les lames basales, les parties restent à un état de développement moins avancé. Mais sur les figures 139 et 140 nous trouvons à peu près les dispositions caractéristiques, sus- énoncées, du placenta à terme. — La première (figure 139) est d'un placenta fixé par l'alcool absolu ; les vaisseaux maternels étaient remplis de globules du sang, maintenus dilatés par ce contenu, et cependant on voit que les cellules géantes ont un diamètre égal à celui de ces vaisseaux. La couche nucléaire, très mince, présente des noyaux tellement tassés les uns contre les autres qu'il n'y a plus guère moyen de distinguer s'ils sont disposés sur deux rangs; cepen- dant cet arrangement est encore sensible par places. Un fait plus remarquable c'est que cette couche nucléaire dessine des ondulations, car elle forme des festons saillants au niveau de chaque capillaire maternel ou de chaque cellule géante, et des festons rentrants au niveau de l'intervalle qui sépare une cellule géante d'un capillaire maternel; dans ces festons rentrants, où souvent la couche nucléaire semble s'insinuer entre le capillaire et la cellule géante, les noyaux sont accumulés en plus grand nombre. Partout ces noyaux sont petits, ovales, très chargés de chromaline. — La seconde figure (figure 140) est d'un placenta dont les vaisseaux fœtaux avaient été iïijectés, mais très peu distendus par l'injection, et la pièce avait été conservée dans l'alcool ordinaire. Ici la couche nucléaire, forte- ment colorée, se fait remarquer par ses lignes limites bien des- sinées : le protoplasma granuleux et foncé de cette couche n'a pas subi la rétraction qu'il présente par l'action de l'alcool absolu. La pièce injectée ayant été placée en totalité dans l'alcool ordinaire, on peut dire que celui-ci n'est arrivé qu'à l'état dilué dans l'épais- seur du placenta au contact des éléments anatomiques. Cet alcool affaibli a permis à la couche nucléaire de se gonfler légèrement et de se mouler sur les parties entre lesquelles elle est située, d'un côté sur les cellules géantes et capillaires maternels, d'un autre côté sur les capillaires fœtaux. Ceux-ci, avec le mésoderme qui les contient, se sont rétractés ensuite, par l'efi^et des manipulations ultérieures (alcool absolu, essence de cèdre, inclusion à la paraffine) et ont laissé leur empreinte sur la couche nucléaire, qui main- tenant, comparativement avec la figure 139, outre les grands festons — 374 — sns-indiqiiés qu'elle décrit clans son ensemble, présente, en dehors, des encoches surajoutées, dont chacune répond à un capillaire fœtal. Nous en conclurons que cette couche nucléaire demeure jusqu'à la fin assez malléable; qu'elle se moule sur les parties entre lesquelles elle est interposée, et que ses noyaux sont encore mobiles dans son intérieur, puisque dans la figure 140 nous voyons ces noyaux s'accumuler plus nombreux là où la couche présente des épaississements, el devenir plus rares là où elle est mince, comme s'ils avaient été refoulés de ces derniers points par les pres- sions imprimées à la surface de la couche. Nous en conclurons donc aussi qu'il ne faut attribuer aucune importance à la disposi- tion sur deux rangées distinctes que présentent souvent ces noyaux, et que nous allons constater encore dans des conditions particulières de préparation, de sorte qu'il n'y a aucune base sérieuse à l'inter- prétation des auteurs qui, partant de cette disposition des noyaux en deux rangées, ont voulu voir dans la couche nucléaire deux formations différentes, d'origines opposées, un épithélium fœtal (du chorion) dans la rangée externe ou superficielle, un épithélium maternel dans la rangée interne ou profonde, et qui, lorsqu'ils ne distinguent plus nettement ces deux rangées, en concluent que l'épilhélium, l'ectoderme fœtal a disparu, et que seuls persistent les éléments de l'épithélium utérin. Il nous reste à examiner les divers aspects que les éléments des lamelles labyrinthiques présentent sur des placentas tout à fait à terme, c'est-à-dire de chattes qui étaient évidemment tout près de mettre bas. Nous avons tenu à examiner ces pièces après l'action de divers réactifs, el dans différentes conditions (injection des vais- seaux, ou hémorragies ayant vidé ces vaisseaux), parce qu'on obtient ainsi des aspects très divers, qui, tout en c infirmant nos conclusions générales sur la constitution des lamelles labyrin- thiques, permettent de comprendre les résultats auxquels sont parvenus les auteurs qui n'ont employé qu'un réactif, par exemple le liquide de Muller. Nous ferons cette étude avec les figures 150 à 153 de la planche XIII. La figure 150 est d'un placenta qui s'était à peu près complète- ment vidé de son sang maternel, tandis qu'une injection avait été poussée dans les vaisseaux fœtaux (la figure ne tient pas compte de ce dernier détail) ; la pièce avait été ensuite, par petits frag- ments, traitée par l'alcool absolu. Les dispositions des cellules — 372 — géantes et de la couche nucléaire sont ce que nous avons déjà cons- taté sur d'autres pièces (voir la figure i'àd), seulement la couche nucléaire est peut-être ici plus rétractée que jamais, les noyaux, au moins les plus externes, paraissant presque nus. Mais le fait le plus frappant est la rétraction des capillaires ma'.crnels, dont le diamètre est extrêmement réduit, dont la lumière a presque disparu, comblée par les corps cellulaires de l'endothélium. Ces cellules cndothéliales sont rétractées, aussi hautes que larges, avec un beau nopu, et l'aspect de la coupe du capillaire est presque méconnais- sable. Déjà chez le chien, à une autre période, nous avions vu, dans des conditions semblables, se produire des dispositions iden- tiques des capillaires maternels (voir, pl. IV, les ligures 41, 42 et 43). Inutile d'insister sur ces aspects, la figure 150 étant assez explicite par elle-même; et du reste ces aspects n'ont pas donné lieu àdes interprétations erronées ; nous les décrivons donc ici comme simple curiosité, et aussi pour attirer l'attention sur les cellules endothéliales des capillaires maternels, cellules relativement volu- mineuses, à corps protoplasmique bien distinct, à noyaux renllés, caractères qui les distinguent des cellules des capillaires fœtaux (voir les figures suivantes). La figure 151 est d'une pièce conservée par le liquide de Muller : les noyaux ont un aspect homogène, sans grains chromatiques, ce qui est caractéristique de l'action de ce liquide ; la couche nucléaire est gonflée, et son aspect contraste singulièrement avec celui de la figure précédente, puisque on voit ici distinctement deux rangées de noyaux, et que, pour la rangée profonde, le protoplasma est par places individualisé en corps cellulaires autour de chacun d'eux. Nous ne croyons pas que l'action du liquide de Muller puisse donner l'aspect de cette figure 151 à une pièce qui, par l'alcool absolu, prendrait les dispositions de la figure 150; certainement ici inter- vient aussi une différence d'âge, et de fait la figure 151 est d'un placenta dont le fœtus mesurait une longueur de 6 centimètres seu- lement, quoique la mère nous eût été amenée comme à terme. La figure 152 est de ce même placenta dont le fœtus mesurait 6 centimètres; mais la pièce avait été traitée par l'alcool dilué, afin d'obtenir un certain degré de dissociation des parties. C'est ce ((ui s'est produit en effet, et en même temps une distinction très nette en deux zones s'est faite dans la couche nucléaire; la rangée externe de noyaux est renfermée dans une très mince zone de protoplasma — 373 — plus clair, et. ces noyaux sont plus petits et plus aplatis; les noyaux de la rangée interne un peu plus gros, se rapprochant davantage de la forme sphérique, sont dans une couche de protoplasma plus abondant, plus granuleux et plus foncé. On conçoit donc que, d'après de semblables aspects, on ait pu croire à l'existence, sur chaque face d'une lamelle labyrinthique, de deux couches épithé- liales différentes, dont la plus superficielle, en voie d'atrophie et de disparition, représenterait un dérivé de l'ecloderme fœtal; mais, dans ces questions, il ne faut pas interpréter d'après des aspects divers, qui peuvent résulter, comme c'est ici le cas, de différencia- tions d'une môme formation en zones diverses; il faut suivre pas à pas, par tous les stades de l'évolution, l'origine des éléments; or cette étude, précédemment exposée, nous montre que, dans les lamelles labyrinthiques, tout, excepté les capillaires maternels, est d'origine fœtale, de dérivation ectodermique. Enfin nous terminerons par la figure 153. Celle-ci est d'une chatte certainement tout à fait à terme. La pièce avait été recueillie avec les plus grandes précautions pour éviter tout écoulement de sang maternel ou fœtal, puis plongée dans le liquide de Kleinenberg. Les vaisseaux se sont trouvés généralement gorgés de sang, mais plus sur certaines portions que sur d'autres, comme si le liquide sanguin avait reflué des secondes dans les premières, et avait'large- ment distendu les vaisseaux de celles-ci. La figure 153 est d'une des portions où les vaisseaux, aussi bien fœtaux que maternels, étaient distendus au maximum. Par l'action fixatrice du liquide de Klei- nenberg, puis celle des alcools de plus en plus forts, les parties n'ont subi aucune rétraction et sont demeurées rigoureusement en place. On voit bien alors comment la couche nucléaire est d'une substance pour ainsi dire malléable dans laquelle les capillaires fœtaux viennent se loger; nous étudierons dans un instant la dis- position régulière de ces capillaires en deux rangées. Pour le moment, nous nous bornerons aux remarques suivantes : les capil- laires fœtaux sont bien moins volumineux que les maternels; mais leur nombre plus grand compense cette différence de calibre; le tissu conjonctif embryonnaire, qui relie entre eux les capillaires fœtaux, est très peu abondant, presque méconnaissable; dans cer- tains points, la couche nucléaire étant très amincie, les capillaires fœtaux viennent presque au contact des capillaires maternels. Cette disposition est physiologiquement équivalente de celle que nous 24* — 374 — avons décrite cliez la chienne, où nous avons vu les capillaires du fœtus pénétrer dans le plasmode des lamelles labyriiUliiques ; mais combien elle est différente morphologiquement. Chez le chien il n'y avait rien d'analogue aux cellules géantes de la chatte. Il est très remarquable de voir, sur des animaux aussi voisins, les rap- ports physiologiques s'établir de manières si diverses, et il est pro- bable qu'à cet égard les placentas des autres carnassiers nous réser- veraient bien des surprises, s'il était facile d'en recueillir les pièces en assez grande abondance pour suivre sans lacune le développe- ment des parties. C'est pourquoi nous avons voulu limiter nos recherches à la chienne et à la chatte, et on voit maintenant pour- quoi nous n'avons pas mêlé l'étude de l'une avec celle de l'autre, mais présenté bien séparément l'analyse de ces deux types de for- mations placentaires. Avant d'en finir avec l'analyse des lamelles laljyrinthiques, fixons encore une fois notre attention sur les cellules géantes, pour faire un rapprochement avec le placenta des rongeurs. Chez le lapin, la souris, le rat, le cochon d'Inde, nous avons déjà trouvé bien des formes de cellules géantes, développées dans les régions les plus diverses du placenta. Toujours ces cellules géantes étaient d'origine ectodermique. Nous en retrouvons maintenant chez la chatte, et encore d'origine ectodermique. Il est donc bien remar- quable de voir, chez ces espèces si différentes, se réaliser cette forme particulière d'évolution de l'ectoderme. Nous n'en conclu- rons pas cependant que partout et toujours les cellules géantes placentaires doivent être d'origine ectodermique; mais cependant, lorsque nous rencontrerons ces formes géantes, une des premières hypothèses qui se présentera sera de les rattacher aux dérivés du feuillet externe. Nous verrons ultérieurement comment cette manière de voir pourra nous servir pour interpréter certains éléments du placenta humain. Chez les rongeurs, les cellules géantes ectodermiques paraissent avoir surtout des fonctions mécaniques, de soutènement. Il nous semble qu'un rôle semblable pourrait leur être attribué dans les lamelles labyrinthiques de la chatte. C'est une interprétation qui vient spontanément à l'esprit, en présence des dispositions de la figure 153; il semble que les cellules géantes sont placées dans l'épaisseur de la lamelle lahyrinthique, alternant régulièrement avec les capillaires maternels, pour empêcher que ces capillaires - 375 — ne soient comprimés; ces cellules forment comme un squelette central à la lamelle labyrinlhique; elles s'opposent à ce que, sous rinfluence de la pression du sang dans les capillaires fœtaux, les deux faces de la lamelle labyrinlhique viennent à se rapprocher de manière à effacer la lumière du capillaire maternel. Il est vrai que nous avons vu cette lumière s'elTacer par le fait de l'écoulement complet du sang maternel (figure 150), mais cette dernière con- dition était tout à fait en dehors de ce qui se passe normalement. — Peut-être aussi ces cellules ont-elles un rôle plus important., relatif à l'élaboration des éléments nutritifs empruntés au sang maternel, et qu'elles transmettraient au sang fœtal; dans ce cas elles feraient partie de ce que Hubrecbt a appelé le trophoblaste, et en effet les cellules du trophoblaste sont toutes d'origine ectodermique (voir Placenta des Rongeurs, page 275). b. E.rtréinité supérieure des lamelles tabyrinthiques. — Les lamelles labyrinlhiques prennent naissance, à la surface fœtale du placenta, par subdivision des branches que fournissent à ce niveau les canaux de distribution du sang maternel. Sur la ligure 141 (pl. XII), nous avons étudié la disposition d'un de ces canaux, et la manière dont il s'épanouit, vers son extrémité supérieure, donnant naissance à une série de branches divergentes. Sur la figure 147 (pl. XII), nous avons vu ces branches divergentes telles qu'elles se présentent sur une coupe horizontale de la surface fœJale du placenta, c'est-à-dire sur une coupe superficielle et parallèle à cette surface. La tigure 142 nous permet maintenant de voir, sur une coupe verticale, comment ces branches terminales des canaux de distribution donnent nais- sance aux lamelles labyrinlhiques. Or, à ce niveau, la constitution liistologique des parties montre des transitions graduelles en par- tant du type structural précédemment étudié des canaux de dis- tribution, pour arriver au type des lamelles labyrinlhiques propre- ment dites. Dans la figure 145 est représentée une des branches terminales d'un canal de distribution, par exemple la branche qui occupe la partie moyenne de la tigure 142. Nous y retrouvons la même structure décrile pour les canaux de distribution, d'après les figures 143 et 144, mais très simplifiée. Autour du capillaire maternel est la même couche claire, mais très mince, provenant de la transformation de cellules géantes, dont la partie correspondante s'est fusionnée en une couche striée; puis — 376 — viennent, plus en dehors, des cellules géantes revêtues d'une couche nucléaire qui pénètre entre ces cellules et les encadre pour ainsi dire. Il n'y a pas lieu d'insister sur cette description, tant l'interprétation des parties est facile, après ce que nous avons vu précédemment à propos des ligures 143 et 444. Mais ces formes simplifiées, ces dispositions de transition sont intéressantes à signaler, parce qu'elles nous montrent la constitution commune de toutes ces formations ectoplacentaires, et que, des variations locales, résulte la conception du type commun et fondamental, à savoir l'évolution des cellules de l'ectoderme selon la forme cellules géantes et la forme dite couche nucléaire. Une dernière forme de transition nous est encore présentée par les lamelles labyrinthiques au niveau de leur point de départ de la branche correspondante du canal de distribution. Ici encore (partie inférieure de la fig. 145) nous trouvons à la périphérie une couche nucléaire, et au centre des cellules géantes; mais celles-ci sont accumulées en grand nombre (figure 145, en AP) à l'origine même de la lamelle; puis, en suivant celle-ci en descendant (figure 142), on voit, qu'à mesure qu'elle se subdivise, on arrive à ne plus trouver que trois ou quatre, puis deux ou trois, et enfin le plus souvent une seule cellule géante, alternant, dans l'épaisseur de la lamelle, avec un capillaire maternel. — Parfois cependant la lamelle labyrin- thique, dans son trajet descendant, conserve encore un certain temps une disposition caractérisée par l'abondance relative des cellules géantes; c'est ce que représente la figure 145 bis. Les cellules géantes y sont remarquables par leur volume ; l'une d'entre elles présente deux noyaux, ce qui semblerait indiquer que ces éléments, parvenus à cet état, sont encore capables de se multiplier. c. Extrémité inférieure des lamelles labyrinthiques. — Quelques mots suffiront pour ces extrémités inférieures; ici encore il s'agit de signaler des formes de transition entre la constitution des lames basales et celle des lamelles labyrinthiques proprement dites. Les figures 133, 134, 135 et 136 (pl. XII) abondent de détails sur ces formes de transition. La lame basale (figure 133) est une formation massive : ses deux faces latérales sont revêtues d'une couche nucléaire qui se prolonge dans son intérieur en lui donnant un aspect réticulé, moiré ou zébré tout à fait caractéristique. Strahl a vu dans cette disposition — 377 — l'indicalion de deux formations d'origine différente; mais l'étude que nous avons faite précédemment de l'évolution de ces parties (voir les figures 120 et 123, pl. XI) nous a suffisamment éclairé sur leur signification ; ce sont toujours les mêmes différenciations, selon deux types opposés, des éléments primitifs de l'ectoplacenta. Les cellules géantes disposées entre ces prolongements de la couche nucléaire sont de forme polyédrique, régulièrement disposées les unes contre les autres, comme les éléments d'un épithélium ordi- naire. S. mesure qu'on monte de la lame basale vers les lamelles labyrinthiques, les cellules géantes deviennent moins nombreuses, puis, soit graduellement (fig. 133), soit tout à coup (ligures 134, 13S, 136), elles prennent une forme arrondie, s'isolent plus com- plètement et présentent les dispositions caractéristiques de la lamelle labyrinlhique proprement dite. Sur la figure 136, en 1, on voit d'une manière particulièrement nette les formes de transition entre les divers types de cellules géantes d'une part, et d'autre part les éléments de la couche nucléaire et ceux des arcades ectoder- miques; il en est de même, et peut-être plus nettement encore, pour la figure 133 (en 2); les origines communes de ces éléments, démontrées par l'élude de leur formation successive, sont donc encore indiquées par les formes intermédiaires qu'on retrouve, en certains points, même lorsque le placenta a acquis sa constitution définitive. 2° Cloisons mésodermiques et vaisseaux fœtaux. En étudiant le remaniement du placenta par la pénétration du mésoderme allantoïdien, et en décrivant la formation graduelle des lamelles labyrinthiques, notamment d'après des coupes horizontales (fig. 117, pl. X; 130, pl. XI; 138, pl. XII), nous avons du même coup donné tous les détails nécessaires sur les modifications de formes des villosités mésodermiques qui, d'étroites et allongées, triangulaires sur une coupe transversale, s'étalent et s'élargissent graduellement en minces cloisons. Celles-ci prennent ensuite, comme les lamelles labyrinthiques auxquelles elles sont interposées, une disposition flexueuse qui aboutit finalement, sur le placenta à terme, à l'aspect compliqué et réellement lahyrinthique que nous présente la figure 148. Sur cette figure, les lamelles labyrinthiques ayant seules été reproduites, les espaces laissés en blanc correspondent aux forma- tions mésodermiques interposées. Le grand espace blanc, du centre — 3?8 - de la ligure, est un gros prolongement de mésoderine, comme on en voit deux, en coupe verticale, sur la figure 142. Ces gros prolonge- ments mésodermiques, autour desquels sont disposées les ramifi- cations terminales des canaux de distribution du sang maternel, contiennent les ramifications des gros vaisseaux allantoïdiens. Dans les minces cloisons mésodermiques on trouve surtout des capillaires. Sur une coupe horizontale d'un placenta dont les vaisseaux fœtaux ont été injectés par l'une des artères ombilicales, la vascularisation des cloisons mésodermiques présente des dispositions très particu- lières, et dont les principaux détails ont été depuis longtemps signalés par divers auteurs (Turner, Tafani, etc.). Ces dispositions consistent en ce que les deux faces de la cloison mésodermique supportent un réseau capillaire serré, continu, également développé partout, tandis que dans l'épaisseur même de la cloison, en son centre, se trouvent des vaisseaux plus volumineux, mais présents seulement de place en place, dans les points où une cloison est un peu épaissie. Étudions ces deux ordres de vaisseaux. Sur la figure 146 (pl. XIII], qui représente la coupe horizontale d'un placenta injecté (coupe parallèle à la surface du placenta et passant à peu près par le milieu de son épaisseur), on voit que les cloisons mésodermiques affectent en général une forme étoilée (dérivant de leur forme primitive, lors de leur apparition, voir par exemple la figure 130), c'est-à-dire se composent de branches qui viennent confluer en des sortes de points nodaux; ce sont ces points nodaux, épaississements de la cloison, qui contiennent un vais- seau relativement volumineux (en N, N, fig. 146). Ces vaisseaux ont la structure de larges capillaires, car, si à leur paroi endothéliale s'ajoute extérieurement une adventice de cellules conjonctives, cette adventice n'est pas nettement distincte du tissu conjonctif embryon- naire ambiant. Les injections, surtout les injections incomplètes, mal réussies (et on trouve toujours, sur une pièce bien injectée, des régions qui ne le sont qu'imparfaitement), montrent que ces gros capillaires se remplissent de la matière poussée par une artère ombi- licale avant que cette matière arrive dans les petits capillaires de la surface de la cloison. Il est donc évident que les gros capillaires en question jouent le rôle d'afférents vis-à-vis des autres. C'est un fait que nous avons constaté à bien des reprises sur la pièce à laquelle est empruntée la figure 146, et ce fait a été démontré avec tant de netteté par Tafani, que nous n'avons pas cru devoir multiplier les — 379 — reclierches à cet égard. Nous dirons donc (jue ces afférents par- courent de liant en bas, de la surface fœtale vers la surface mater- nelle, les épaississements nodaux des cloisons mésodermiques; en haut ils proviennent des branches de division des artères ombilicales (voir fig. 142) ; en bas, ils donnent naissance aux réseaux capil- laires des deux surfaces des cloisons mésodermiques, réseaux dans lesquels le sang remonte, par un trajet récurrent, de la face mater- nelle vers la face fœtale du placenta. C'est également sur la ligure 146 que nous voyons bien, en coupe, les capillaires de ces deux réseaux superficiels de la cloison méso- dermique. Ces petits vaisseaux, ayant été fortement remplis par l'injection, sont distendus, et d'une part font saillie à la surface de la cloison, d'autre part empiètent dans l'épaisseur de celle-ci; il en résulte une disposition alternante d'une régularité frappante, c'est-à-dire que, en suivant sur la figure 146 une cloison qui court de bas en haut, on voit très régulièrement la section d'un capillaire qui déborde la cloison à gauche, puis la section d'un capillaire qui la déborde à droite, puis de nouveau un capillaire saillant à gauche, et ainsi de suite ; puis, quand on arrive à un épaississement nodal de la cloison, on voit ces petits capillaires demeurer à la surface de cet épaississement, dont le centre est occupé par un des afférents pré- cédemment décrits. Du reste, il n'est pas nécessaire de pièces injectées pour constater ces dispositions des petits capillaires, et par exemple la figure 153 en donne une idée très exacte. La manière dont se comportent ces petits capillaires au niveau des épaississements nodaux montre qu'ils forment deux réseaux, un sur chaque face de la cloison mésodermique. Sur les pièces non injectées, en examinant ces cloisons là où elles sont un peu épaisses, ou par exemple à leurs extrémités inférieures, là où les afférents don- nent naissance aux réseaux capillaires, on voit très bien cette localisa- tion des petits capillaires en deux systèmes distincts, un pour chaque face de la cloison; c'est ce que montrent les figures 135 et 136. Mais souvent aussi, comme sur les figures 123 et 134, ces capillaires ne sont pas visibles, et leur présence ne se traduit que parla plus grande abondance de noyaux sur les bords de la cloison mésodermique. C'est que les réactifs ont fait subir une certaine rétraction à ces cloisons, dont les capillaires, s'ils n'étaient maintenus béants par le sang, se sont effacés de sorte que leur lumière a complètement disparu. Cette rétraction des cloisons mésodermiques est extrêmement - 380 — fréquente; on peut presque dire qu'elle est la règle, et qu'on n'y voit guère échapper que quelques pièces fixées par le liquide de Kleinenberg (voir la figure 133, pl. XIII), Or les dispositions qu'on observe à la suite de cette rétraction, lorsque des lumières de capil- laires restent béantes, sont très instructives. Elles nous montrent (comme sur la figure 189 et sartout sur la fig. 140) que le capillaire fœtal est à nu, non enveloppé de tissu mésodermique, sur une moitié de sa circonférence; par cette partie de sa surface il est logé dans les encoches que présente la surface de la lamelle laby- rinlhique, ainsi que nous l'avons décrit à propos de la couche nucléaire de celte lamelle. Nous voyons donc que, dans tous les placentas que nous avons étudiés jusqu'ici, les dispositions sont ' telles que l'espace, les parties interposées entre le sang fœtal et le sang maternel, soient réduites au minimum. Les dispositions que nous venons de décrire pour le double réseau capillaire des cloisons mésodermiques ont été bien représen- tées par Turner dans la fig. 2 de sa planche 1 {op. cit., 1876); mais elles ont été surtout décrites avec un grand soin et une parfaite exactitude par Tafani. Nous avons déjà vu que cet auteur avait très bien étudié les gros canaux des distributions du sang maternel. Voici comment il décrit la distribution du sang fœlal (op. cit., p. 64 et 65) : « Les artères ombilicales, une fois arrivées à la surface du placenta, se séparent pour se porter l'une à droite, l'autre à gauche. Chacune se divise ensuite en ramifications secondaires qui donnent à leur tour naissance aux vaisseaux afférents proprement dits du réseau capillaire fœtal. Ces afférents fœtaux se portent directement, sans se diviser, jusque dans les couches les plus profondes du pla- centa. C'est là seulement qu'ils se subdivisent pour donner naissance au réseau capillaire fœtal. Ce réseau capillaire forme dans chaque villosité un double système, c'est-à-dire que, en comparant une vil- losité à une feuille allongée, on voit qu'elle possède un réseau capil- laire à mailles régulières sur chacune de ses faces; les deux réseaux s'anastomosent de place en place par quelques branches transver- sales. Le sang fœtal, amené par les afférents rectilignes au niveau de l'extrémité profonde de la villosité, parcourt ce double réseau en se dirigeant de la surface maternelle vers la surface fœtale du pla- centa, où il se jette dans les origines des veines ombilicales. « Les rapports réciproques des réseaux capillaires maternels et fœtaux présentent par suite une disposition très régulièrement aller- — 381 - nante : dans toute coupe faite parallèlement à la surface du placenta, on trouve toujours un réseau de capillaires maternels disposés en un seul plan, et à côté deux réseaux de capillaires fœtaux, parallèles entre eux et parallèles avec le premier réseau. On voit du reste qu'ici le sens de la circulation obéit aux mêmes lois que nous avons trouvées chez les autres animaux; le sang, dans les capillaires maternels, marche de la surface fœtale vers la profondeur, tandis que dans les capillaires fœtaux il circule en direction inverse. Mais chez aucun animal ces dispositions ne sont aussi faciles <à reconnaître que dans le placenta de la chatte. » Historique sur la constitution des lamelles labyrinthiques du placenta à terme. Dans la constitution des lamelles labyrinthiques du placenta à terme, le fait le plus saillant est certainement la présence et les dis- positions des cellules géantes. Dans le court historique qui va suivre, nous avons surtout pour but de montrer : 1° que quelques auteurs n'ont pas signalé ces cellules géantes, ce qui prouve tout au moins qu'ils n'avaient pas étudié des placentas à terme, de même qu'ils n'avaient pas observé les premières phases de la for- mation ectoplacentaire; 2° que ceux qui les signalent les identifient presque toujours aux cellules de la sérotine humaine, interpréta- tion qui ne sera pas sans importance pour nous quand nous aurons ultérieurement à juger de leurs descriptions du placenta de l'espèce humaine. Turner {op. cit., page 76) parle à peine des lamelles labyrin- thiques, et insiste surtout sur les villosités fœtales (cloisons ou lames mésodermiques allantoïdiennes). De la conception qu'il s'était faite des premiers développements du placenta (villosités choriales pénétrant dans des cryptes de formation nouvelle et sans connexion avec les glandes utérines primitives) dérive naturellement la manière dont il interprète la constitution du placenta achevé. « Les villosités choriales sont disposées en folioles larges et sinueuses, qui s'effilent vers leurs extrémités profondes ou utérines. Sur une coupe verti- cale on voit que ces villosités se dirigent en droite ligne de la sur- face fœtale vers la surface maternelle, et que les trabécules de tissu maternel, qui forment les parois des cryptes logeant les villosités fœtales, montent de la région maternelle vers la surface fœtale, en passant entre ces villosités, dont elles suivent toutes les sinuosités, de façon à leur former un revèleinent intime; sur une coupe trans- versale ou horizontale, on voit que ces trabécules forment en effet une série de lames, disposées en trajets sinueux et ondulés entre les villosités. Entre le placenta proprement dit et la musculature utérine est une couche sérotine bien définie, dont l'épaisseur égale celle de la musculature elle-même. Cette couche est traversée par les nombreux vaisseaux destinés au placenta; mais outre les vais- seaux, cette caduque sérotine renferme encore des éléments épithé- liaux; en effet, sur des coupes fines, on y distingue des tubes, sec- tionnés en diverses directions, et tapissés intérieurement par un épilhélium; ces tubes ont le même diamètre que les glandes tubu- laires qui existent dans la sérotine aux époques moins avancées de la gestation, et ne sont en effet autre chose que les glandes préexis- tantes de cette portion de la muqueuse utérine... Les trabécules ou lames maternelles, qui se prolongent dans le placenta entre les vil- losités fœtales, sont en continuité avec celte sérotine et sont revê- tues d'une couche épithéliale dont les cellules sont semblables à celles de la caduque sérotine. » Ainsi pas un mot des cellules géantes. Cependant, dès i87S, Hennig nous semble les avoir signalées, sous le nom de cellules de la sérotine, car il fait remarquer les différences considérables (elles sont plus considérables qu'il ne dit) de volume entre ces prétendues cellules sérotines et ce qu'il appelle cellules épithéliales fœtales. En effet G. Hennig {op. cit., page 98) ' décrit le placenta du chai comme un complexus de colonnes (lamelles) enchevêtrées : les vais- seaux maternels, entourés d'une mince rangée de cellules de la sérotine, pénètrent profondément entre les fines villosités fœtales configurées en doigt de gant... Les cellules de la sérotine sont dis- posées par groupes à éléments peu nombreux; elles mesurent 20 a en diamètre, et leur noyau de 9 à 11 Bien différentes sont les cellules épithéliales des villosités fœtales, cellules très abondantes, pressées les unes contre les autres, petites, et à noyaux ovales; elles mesurent environ 9 a, et leurs noyaux 2. 5 {a. — Evidemment l'auteur n'a pas étudié le placenta tout à fait à terme, et le stade qu'il décrit n'est guère que du vingt-huitième jour (voir la flg. 128 de notre planche XI). 1. C. Hennig, Uber die Placenta der Katze (Sitzungsb. der Naturfoi'sch. Gesells- cliaft, zu Leipzig; numéros 9-in, ortobre-dérembre 1875, pa^e 97). — 383 — Nous avons, à propos du placenta du chien, analysé le mémoire de Heinz. Cet auteur donne aussi, presque sans commentaires, une figure des éléments du placenta du cliat celte fois il s'agit bien d'un placenta à terme; les cellules géantes sont bien représen- tées, dans leurs vraies proportions. On voit par la légende de l'au- teur (fig. ci-contre) que Heinz désigne simplement ces éléments sous le nom de cellules sérotines. Strahl(ojo. cit., 1890) est extrêmement laconique sur le placenta à terme. Il ne figure que peu ou pas les cellules géantes des lamelles labyrinthiques (sa tigure 15, pl. VJI, est relative seulement aux éléments des parties les décrit divers auteurs et notam- ^'s- ^'-^ • ~ ^^ss, pi. vu. ug. 3. - ui- ment Turner, et d'autre part à a, stroma des viiiosués fœtales; — b, épùhé- l'nrYiir>o;t^£.rvv>->^v^t A„„ 1 lium de oes viUosités ; — C, cellules sérotines ». 1 amincissement des couches épithéliales interposées entre les vaisseaux maternels et fœtaux. Tandis que à la base et au sommet des villosilés fœtales on distingue encore bien l'ectoblaste chorial et l'épitliélinm syncylial, ces couches épithéliales s'amincissent sur la partie moyenne des villosités, de sorte qu'on ne voit le plus souvent qu'une seule couche d'éléments, c'est-à-dire de petites cellules très fortement colorées, à contours mal délimités, cellules que je considère, d'après les caractères de leurs noyaux, comme dérivant du syncytium utérin Tafani a déjà signalé cet amincissement et celte réduction en une seule couche, d'un épithélium formé d'abord de deux rangs de cellules; mais il pense que la couche fœiale disparaît complètement; je crois plutôt plus profondes du placenta]. Quant aux lamelles labyrinthi- ques, voici comment il les décrit {op. cit., p. 125) : « Les chan- gements que présente le pla- cenla à terme comparativement à celui du miheu de la gestation, se rapportent d'une part à la forme des villosités choriales (jui prennent la disposition en lamelles, comme l'ont fort bien gende de l'auteur : Placenla du chat; — 1. R. Heinz, Untersuch. ûber den Baumd die Entwickelung der menschlichen Placenta (arci). f. Gynaekol., tome 33; 1888). — 384 — que ses éléments sont très fortement aplatis et deviennent ainsi moins visibles; et c'est pourquoi, par places, sur une préparation du placenta à terme, on peut encore apercevoir distinctement les deux couches. » Evidemment il ne s'agit dans tout cela que des élé- ments que nous décrivons sous le nom de couche nucléaire. Ce n"est qu'avec Heinricius que nous trouvons de nouveau (après Heinz) de très bonnes figures des cellules géantes. Mais cet auteur, s'il représente exactement ces éléments, s'explique à peine sur leur signification. Voici les deux seuls passages, très brefs, dans lesquels il y soit fait allusion. D'abord {op. cit., p. 369), il dit : « Sur le placenta d'un embryon long de 9 centimètres et demi, les villosités choriales sont de plus en plus pressées les unes contre les autres. Entre elles on voit les vaisseaux maternels, dont la paroi est formée de grandes cellules endothéliales, avec noyaux grands et transparents. Sur ces vaisseaux repose directement l'épithélium des villosités; mais les cellules de cet épithélium sont maintenant moins régulièrement disposées (voir fig. 18; XLVI ci-contre), formant plutôt des amas divers qu'une couche uniforme ; les noyaux de ces cellules sont les uns volumineux, non modifiés, les autres petits, et très colorables, c'est-à-dire con- tenant de très nombreux corpuscules de chromatine. » A la lecture de ce passage, et à l'inspection de la ligure à laquelle il y est fait allusion (fig. XLVI, A, ci-contre), on peut se demander si les cellules géantes y sont désignées par les « grandes cellules endothéliales » des vaisseaux maternels, ou par les noyaux volumi- neux des cellules épithéliales des villosités. Et la figure ne vient pas éclaircir ces doutes, car si les cellules géantes y sont représentées, elles ne sont par contre l'objet d'aucune mention dans la légende, et d'aucune lettre de renvoi dans le dessin. — Cependant il n'y a pas de doute à avoir; Heinricius considère les cellules géantes comme des éléments de son syncytium. En effet il les décrit et les ligure avec cette interprétation au niveau de ce que nous appelons lames basales. Voici en elTet le second passage que nous avons à citer, et qui celte fois est plus explicite, grâce surtout à la ligure qui l'ac- compagne : « La figure 20, dit-il {op. cit., pl. 370), montre la con- stitution des parties qui enveloppent immédiatement un vaisseau maternel dans les régions profondes du placenta (fig. XLVI, B, ci- contre). Immédiatement en dehors delà paroi endothéliale on trouve de grosses cellules avec noyaux volumineux et clairs ; ce sont des — 385 - éléments du syncytium ; en dehors de ceux-ci sont d'autres cellules, tantôt disposées en rangées, tantôt groupées en amas, tantôt enfin isolées; leurs noyaux se colorent fortement; leur protoplasma est également foncé. » Il faut avouer que c'est être bien peu explicite relativement à des éléments anatomiques si remarquables par leur volume et par leurs dispositions. De ces courtes indications historiques nous tirerons cette conclu- sion que la plupart des auteurs qui se sont occupés du placenta du chat n'ont porté une attention suffisante ni sur les premières, ni sur les dernières pha- ses de sa forma- tion. Ils n'ont pas reconnu que le placenta est un organe soumis à une évolution con- tinue , depuis le jour de sa pre- mière apparition jusqu'à l'époque de la parturition, et que pour faire l'histoire com- plète de ses élé- ments il faut les suivre dans toutes leurs transformations successives. C'est une conclusion h laquelle nous étions semblablement arrivé pour le placenta des rongeurs. Comme conclusion générale du présent travail, nous reprodui- rons les termes d'une communication préliminaire faite à la Société de biologie le 30 décembre 1893 {Compt. rend., p. 1059). Comme chez les rongeurs, disions-nous, le placenta fœtal a pour origine une formation ectodermique qui se greffe sur la muqueuse utérine et végète dans la profondeur. La couche ainsi formée, dite lame ectoplacentaire, enveloppe de toutes parts les vaisseaux (capil- laires) maternels de la muqueuse utérine et les englobe dans sa masse; mais, tandis que chez les rongeurs les parois endolhéliales de ces vaisseaux sont résorbées et que le sang maternel arrive 25 travées disposées entre les villosités choriales (Z,Z;; embryon long de 9 cent, et demi. » — En B : Heinricius, fig. 20 : « Parois des vaisseaux placentaires; G, lumière du vaisseau; embryon de 9 cent, et demi n. — 38ti — ainsi à circuler dans des lacunes creusées en plein plasmode ecto- placentaire, au contraire, chez la chienne, la paroi des capillaires maternels subsiste, et la formation ectoplacentaire, au lieu d'être formée uniquement d'éléments fœtaux, renferme en plus certains éléments de tissus maternels, à savoir la pai-oi endothéliale des capillaires où circule le sang de la mère. C'est pourquoi nous don- nons à la formation ectoplacentaire de la chienne le nom ô'angio- plasmode, pour rappeler cette double constitution du [)lacenta fœtal, cette double origine de ses éléments. Chez la chatte, l'ectoplacenta renferme également ces deux élé- ments, parois vasculaires maternelles, et édifications ectodermiques fœtales; mais ces dernières ne prennent pas la disposition plasmo- diale; les cellules ectodermi(iues, en se multipliant, ne se fusion- nent pas en une masse protoplasmique continue; elles conservent leur individualité, et l'ectoplacenta est ainsi constitué par des assises multiples de cellules, dont certaines couches rappelent à bien des égards la couche malpighienne de l'épiderme. L'ectoplacenta est alors un véritable épithélium, et, ayant englobé les capillaires mater- nels, il présente un type parfait et singulièrement développé d'épi- thélium vasculaire; or, chose singulière, dans cet épithélium vascu- laire, les éléments épithéliaux sont d'origine fœtale, et les éléments vasculaires sont d'origine maternelle. Ces dispositions du placenta fœtal chez les carnassiers, c'est-à-dire la présence de formations ectodermiques contenant des vaisseaux avec leurs parois endothéliales, et non de simples lacunes sanguines, comme chez les rongeurs, ces dispositions représentent une forme de transition entre le placenta des rongeurs d'une part, et d'autre part celui des ruminants et des pachydermes. Chez les rongeurs, entre le sang maternel et le sang fœtal ne sont interposées que la paroi capillaire fœtale et les couches ectodermiques; chez les carnassiers, les parties interposées entre ces deux sangs sont, outre la paroi capillaire fœtale et l'ectoderme, la paroi endothéliale vasculaire maternelle; qu'à ces parties s'ajoute encore l'épithélium utérin con- servé, et nous aurons le type structural du placenta des pachy- dermes et ruminants. C'est ce que nous montrerons par de pro- chaines études, c'est du reste ce qui est bien connu de par toutes les descriptions classiques Seulement les auteurs qui se sont occupés du placenta, partant de celui des ruminants, où la persistance de l'épithélium utérin est évidente, ont hâtivement généralisé cette dis- — 387 — position, et se sont efforcés de retrouver cet épithélium utérin cliez les carnassiers, aussi bien que chez les rongeurs. Sur ce point nos résultats sont absolument décisifs, Tépithélium utérin disparait de très bonne heure, chez ces derniers animaux, là où le placenta fœtal va se développer, et il n'en reste aucune trace. Les conceptions générales des auteurs, tels que Ercolani par exemple, sur la structure du placenta, ont eu ce tort de partir d'une disposition existant chez la vache ou la brebis, et de torturer ensuite Tinterprétation des faits pour retrouver la même disposition cbez les autres mammifères. Or il n'y a pas, dans la série des mammifères, un seul et même type structural du placenta ; il y a des types très différents; mais ces types sont réunis entre eux par des formes de transition , c'est comme forme de transition que le placenta des car- nassiers est particulièrement intéressant, d'une part à cause de la constitution angio-plasmodiale de l'ectoplacenta de la chienne, et d'autre part à cause de la disposition épithéliale, à cellules dis- tinctes, de l'ectoplacenta de la chatte. Explication des Planches VIII à XIII (Placenta de la Chatte). Planche VIII. Fig. 83. — Coupe de la corne utérine d'une jeune chatte; grossisse» ment de i2 fois. Fig. 86. — Coupe de la corne utérine d'une chatte adulte, à l'époque du rut; grossissement de 12 fois. Fig. 87. — Coupe d'une corne utérine dans laquelle ont été recueillis des ovules à l'état de sphère blastodermique (environ au neuvième jour). Grossissement de 12 fois; — a, a, embouchures des glandes longues; — 6, b, premières indications de l'apparition des glandes courtes ou cryptes de nouvelle formation. Fig. 88. — Utérus de chatte au onzième jour; grossissement de 10 fois. — En A et C, les portions de l'utérus intermédiaires à deux renflements de gestation; — en B, renflement de gestation; — 0, parois de la vési- cule blastodermique; — E, épaississement embryonnaire de ces parois. Fig. 89. — Les éléments des feuillets blastodermiques de l'œuf de la figure 88. Grossissement de 3o0. — En A, région médiane de la tache embryonnaire (E, fig. 88); — en B, limites externes de cette tache; — en C, le blastoderme en dehors de la tache embryonnaire. — 388 — Fig. 90. — Deux glandes longues (A, A) et, eiiLie leurs embouchures, les cryptes ou glandes courtes (B, B), encore peu développées, au onzième jour de la gestation ; grossissement de 80 fois. — Eu C, une portion de tube glandulaire appartenant non à un crypte, mais à une glande longue atteinte tangentiellement par la coupe. Fig. 94. — Un crypte ou glande courte, au onzième jour, au grossis- sement de 32t). — E, épithélium cylindrique de la surface libre de la muqueuse utérine; — G, épithélium cubique de la cavité du crypte. Fig. 92. — Mêmes parties que dans la figure 90, au douzième jour de la gestation; mêmes lettres; même grossissement. Fig. 93. — Mêmes parties au quatorzième jour. — En B, la continuité des diverses parties d'une glande longue; là où une pareille continuité ne se présente pas, il est impossible, dans les deux tiers supérieurs de la couche glandulaire, de distinguer ce qui est crypte ou portion de glande longue. — De B à E, couche dite couche des cryptes; de B à C, couche des glandes permanentes, c'est-à-dire des parties profondes des glandes longues; — E, épithélium utérin en voie de dégénérescence; — ex et in, l'ectoderme et l'endoderme de la vésicule blastodermique. Fig. 9i. — Coupe longitudinale de l'ensemble d'un renflement de ges- tation de la chatte au dix-neuvième jour. — Grossissement de 8 fois. — E, corps de l'embryon en coupe transversale; — C H, chorion; — V 0, vésicule ombilicale; — P P, cavité du cœlome exagérée par rétraction de la vésicule ombilicale; — A, région amniogène; — P, P, régions polaires où le chorion est libre d'adhérences, entre les points o et b. — Les diverses parties de cette figure sont reprises dans les figures 93, 96, 97, 98, 99 et 100. Fig. 95. — L'ectoderme et la surface de la muqueuse dans les points de transition (a et b, fig. 94), entre les régions polaires et les régions pla- centaires. — Grossissement de 325 fois; — ex, ectoderme. Planche IX. Fig. 96. — L'ectoderme el la muqueuse utérine sur les limites laté- rales de la région amniogène (le point C de la figure 94); grossissement de 325 fois. — ex, ectoderme; — C, point où. il s'accole à l'épithélium utérin dégénéré (E.). — Dix-neuvième jour de la gestation. Fig. 97. — Vue d'ensemble, à un grossissement de 73 fois, d'une partie des régions placentaires proprement dites (dix-neuvième jour) : — ex, ectoderme qui a pris la place de l'épithélium utérin ; — G, C, glandes dont l'embouchure, en voie d'oblitération, est encore représentée par un cordon épithélial en voie de résorption. — Dix-neuvième jour de la gestation. — 389 — Fiy. 98. — L'ectoderme et la surface de la muqueuse utérine dans la région amniogène (dans le point qui, sur la figure 99, est marcjué par la lettre 6); grossissement de 325 fois. — E, épithélium utérin mécon- naissable, avec vacuoles (a, a) et noyaux flétris («, n). Fig. 99. — Vue d'ensemble, à un grossissement de 75 fois, d'une partie de la surface de la muqueuse utérine au niveau de la région amnio- gène, au dix-neuvième jour; — G, glandes de la couche des cryptes; — a, glande dont l'embouchure est encore représentée par un cordon épithélial; — b, b, glandes dont l'embouchure a disparu; — c, glande à embouchure encore largement ouverte. Fig. iOO. — L'ectoderme et les capiUaires maternels de la région pla- centaire au dix-neuvième jour (fig. 97), à un grossissement de 325. — ce, capillaires maternels; — ex, ectoderme, doublé de sa lame mésoder- mique, ms. Fig. iOL — Début de la formation de l'angio-plasmode au vingtième jour; grossissement de 325. — CC, capillaires maternels; — A, une poussée ectodermique sous forme de villosité creuse (disposition rare chez la chatte). Fig. 102. — La région polaire de l'œuf et le bord (B) de la région placentaire, au vingt et unième jour; grossissement de 70 fois. — PA, limite externe de la lame ectoplacentaire ; — B, région dite des bords du placenta. Fig. 403. — Une portion de l'ectoderme de la région polaire (au niveau de l'embouchure d'une glande utérine), à un grossissement de 323 fois. — CC, parties minces de l'ectoderme; — ex, partie épaissie, se moulant dans l'ouverture de la glande G. Fig. 104. — État de la formation de l'angio-plasmode au vingt- deuxième jour; — grossissement de 325. — C, C, capillaiies maternels; — D, détritus glandulaires. Fig. 103. — État de la formation de l'angio-plasmode au vingt et unième jour; grossissement de 325. — C, C, capillaires maternels superficiels complètement enveloppés parle plasmode ectodermique; — C^, C-, capillaires profonds incomplètement enveloppés. Fig. i06. — Coupe totale, longitudinale, d'un renflement de gestation au vingt-quatrième jour; grossissement pas tout à fait de 2 fois. — E, corps de l'embryon inclus dans l'amnios; — VO, vésicule ombilicale; — AL, allantoïde; — PP, cœlome. Fig. '107. — La moitié supérieure de l'extrémité droite de la figure précédente reprise à un grossissement de 12 fois. — AP, la couche ecto- placentaire ou d'angio-plasmode ; — G, la couche des cryptes sous jacents. — B, région des bords du placenta; — C, l'extrémité polaire de l'œuf. 2b* — 390 — Fig. i08. — La couche ectoplacentaire et la couche glandulaire des cryptes, des préparations précédentes (vingt-quatrième jour), à un gros- sissement de 80 fois. — AP, formation ectoplacentaire, dite angio- plasmodiale; — G, couche des glandes; — SP, dilatations profondes des glandes, représentant, sous une forme très rudimentaire, la couche spon- gieuse de l'utérus de la chienne; — P, couche des glandes permanentes, également très réduite, et confinant immédiatement à la couche précé- dente, sans interposition, comme chez la chienne, d'une couche homo- gène. Fig. i09. — La limite externe de la formation ectoplacentaire, puis, à la partie droite de la figure, la région dite des hords du placenta (B, B), à un grossissement de 80 fois. — En C, commence la région polaire de l'ectoderme. — A, place de l'épithélium utérin disparu, à la surface de la muqueuse, entre les ouvertures des glandes. Fig. i iO. — La région des bords du placenta (B, B, fig. 109), à un gros- sissement de 325 fois; — BB et C, comme dans la figure précédente; — G, G, glandes dont l'ouverture est oblitérée par un bouchon de détritus glandulaire. Planche X. Fig. in. — La zone superficielle de la formation ectoplacentaire au vingt-quatrième jour (partie supérieure de la figure 108 ou 109), à un grossissement de 360 environ. — C, C, capillaires maternels inclus dans l'ectoplacenta, qui par suite est appelé formation angio-plasmodiale, par homologie avec la même formation chez la chienne; — ms, mésoderme, dont les poussées profondes commencent à, opérer le remaniement de l'ectoplacenta. Fig. 1 12. — La zone profonde de la lame ectoplacentaire (voir les figures 108 ou 109), au vingt-quatrième jour, à un grossissement de 360 fois. — D, détritus glandulaire en contact direct avec les cellules les plus profondes de la formation ectoplacentaire (région n de l'ectoplacenta). — Sur la partie gauche de la figure est un prolongement inter-glandulaire de l'ectoplacenta. Fig. H3. — Portion d'une coupe verticale du placenta au vingt- sixième jour; grossissement de 60 fois; — ms, mésoderme chorial, péné- trant dans la lame ectoplacentaii e (AP) ; — G, couche glandulaire des cryptes; — 1, 2, 3, les trois zones successives de cette couche (I, détritus glandulaire); — P, glandes permanentes; — M, musculature utérine. Fig. 11i. — Mêmes parties que dans la figure précédente, au vingt- sixième ou vingt-septième jour, même grossissement. — AP, formation ectoplacentaire; — G, couche des cryptes; — P, glandes dites perma- nentes. — 391 — Fig. i 1S. — Coupe verticale de la partie superficielle (face foetale) d'un placenta au vingt-septième jour. Grossissement de 325. Celte pièce présentait un écartement spécial (anormal?) des cellules centrales des lamelles labyrinthiques, ces cellules restant en connexion enire elles par des prolongements; les dispositions sont un peu différentes sur la lamelle A et sur la lamelle B, puis sur le point C de cette dernière (pour les détails, voirie texte). Fig. '116. — Coupe verticale de l'ectoplacenta au vingt-sixième ou vingt- septième jour; grossissement de 325. — Extrémités supérieures ou fœtales des lames dont la subdivision successive aboutira à la formation des lamelles labyrinthiques. — ms, mésoderne allantoïdien ; — G, C, capil- laires maternels. Fig. 147. — Coupe horizontale de la formation ectoplacentaire au vingt- sixième ou vingt-septième jour. — Grossissement de 60 fois. — C'est le même placenta que celui qui a donné la coupe verticale de la figure H4. Fig. ils. — Coupe verticale d'une ceinture placentaire mesurant 15 millimètres de large, avec fœtus long de 25 millimètres. — Grossisse- ment de 50 fois. — AR, portion profonde de l'ectoplacenta (futures arcades ectodermiques). Fig. H9. — Coupe verticale du placenta d'un fœtus long de 40 à 45 millimètres. Grossissement de 35 fois. — La division de l'ectoplacenta en lamelles labyrinthiques est à peu près achevée; — AE, arcades ectoder- miques formées par la couche la plus profonde de l'ectoplacenta; les vil- losités mésodermiques fœtales ne pénètrent pas cette couche profonde, qui arrive à se réduire à un simple revêtement épithélial des extrémités libres de ces villosités (voir les figures suivantes). — LB, lames basales, donnant naissance, par leur extrémité supérieure, à un complexus de lamelles labyrinthiques. Planche XI. Fig. 420. — Placenta dont le fœtus mesurait de 35 à 40 millimètres de long (âge supposé : 28 à 30 jours) ; coupe verticale (grossiss. de 74 fois). — On n'a représenté que la partie inférieure de quelques lamelles labyrin- thiques (AP.), prenant origine, en bas, sur une lame basale commune (LB) : Au-dessous de la lame basale on voit la couche des glandes utérines > — AE, AE, arcades ectodermiques encore formées de plusieurs couches de cellules ectodermiques; — G, G, glandes utérines; — D, détritus glan. dulaire; — P, ce qui représente encore la couche des glandes permanentes. Fig'. 424. — Constitution de l'ecloderme dans les régions 1 à 4 de la figure 122. Grossiss. de 325 fois. — A, longues cellules cylindriques dont quelques-unes renferment des globules sanguins maternels; — B, cellules ectodermiques disposées en amas plasmodiaux. Fig. 422. — Le placenta et la région polaire vers le "S" ou le SO"^ jour. Grossissement de 11 à 12 fois. — AL, allantoïde; — VO, vésicule ombi- — 392 — licale; — A, portion de placenta qui n'a pas encore reçu l'allantoïde; — 1,2, 3,4, diverses réfiions de l'eclddernie à partir du bord du placenta (voir le texte au chapitre sur la formation ectoplacentaire abortive). Fig. 123. — Une portion (le point 123) de la fip. 120 à un grossisse- ment de 380 fois, pour montrer la constitution d'une lame basale; — C, vaisseau maternel; — CG, cellules géantes; — N, couche nucléaire péri- phérique formant des prolongements irréguliers entre les cellules géantes. Fig. — Détails de l'épithéliura (ectoderme) des arcades ectoder- miquesde la figure 127 (voir les points c, c, de cette figure, et les régions B, B, de la figure 123). — Grossiss. de 325 fois. — B, cellules ectoder- miques disposées en trois gros amas plasmodiaux. Fig. 125. — Détails, à un grossissement de 325 fois, de la formation placentaire abortive de la fig. 127. — P, P, piliers oclodermiques. — A A, épithélium utérin dégénéré, dans les iiilerv;illes des ouvertures des glandes; — Gj, G^, G,, glandes utérines; — lî, H, cellules ectodermiques courtes et cubiques — E, épithélium des glandes utérines. Fig. 126. — Coupe horizontale (parallèle au plan du placenta) de la couche des glandes (tissus maternels) sous-jacentes au placenta propre- ment dit (30^ jour de la gestation). — Grossiss. de 60 fois environ. — G, G, cavités des glandes; — n, a, cloisons interglandulaires. Fig. 127. — Cou[ie du placenta et de la région polaire environ au 30'' jour. — Grossiss. de H à 12 fois. — A, bord du placenta; — de A à B, formation ectoplacentaire abortive; — P, extrémité polaire de l'œuf; — G, canal de communication entre deux renflements de gesta- tion; — 1, 2, 3, 4, 0, festons que dessine le chorion en dehors des bords du placenta; — c, c, arcades ectodermiques correspondantes (voir les détails dans la figure 125); — M, lame marginale des attaches du placenta fœtal (comparer avec la fig. 132, en M). Fig. 128. — Coupe d'une lamelle labyrinthique du placenta dit de 28 à 30 jours (fig. 120), à un grossissement de 350. — Le fœtus mesurait de 33 à 40 millimètres de long. — C G, cellules centrales ou cellules géantes; — N, couche nucléaire; — C, capillaire maternel. Fig. 129. — Lamelle labyrinthique d'un placenta dont le fœtus mesu- rait 5 centimètres de long. — Même grossissement; mêmes lettres que pour la figure précédente. Fig. 130. — Coupe horizontale d'un ectoplacenta environ vers la période moyenne de son remaniement (comparer avec la figure 117. planche X). Planche XIL Fig. 131. — Coupe du placenta dans la première moitié du second mois de la gestation. — Très faible grossissement. — A, A, A, épaissis- — 393 — sements mésoderniques de la surface fœtale contenant les gros vaisseaux allantoïdiens : au-dessous de ces épaississements, on voit, de place en place, les sections des canaux de distribution du sang maternel. — R, bord du placenta; — Ch, chorion. Fig. 132. — Étude de la lame marginale (M) des attaches du placenta fœtal. — Fin de la gestation ; — Grossissement de 22 fois ; — E, muqueuse utérine en dehors du placenta; — A., extrémité externe de la lame marginale; l'étude de cette extrémité est reprise à un plus fort grossissement dans la fig. 1 35 ; — B, son extrémité interne (voir la fig. 136) ; — Ch, le chorion. Fig. 133. — Parties profondes du placenta dans la première moitié du second mois, grossissement d'environ 74 fois. — On voit deux lames basales (LB, LB); — AE, arcades ectodermiques allant d'une lame basale à l'autre; — AP, AP, lamelles labyrinthiques partant de ces lames basales; — G, G, glandes utérines transformées; — P, traces de glandes dites permanentes. — 1,1, cellules cubiques que forme l'extrémité inférieure d'une lame basale. Fig, 134. — Lamelles labyrinthiques (extrémités inférieures), vers la fin de la gestation. — Grossissement de 32.5: — G, G, capillaires maternels. Fig. 135. — Extrémité externe de la lame marginale de la figure 132. (Voirfig. 132, en A.) — Grossissement de32o. — 1, saillielibre dessinée par la masse de cette lame marginale; — 2, insertion du chorion (Ch) sur la lame marginale ; — M, la lame marginale. Fig. 136. — Extrémité interne delà lame marginale de la fig. 132. (Voir fig. 132 en M et en B.) — Grossissement de 325. — LB, une lame basale, et AE, une arcade ectodermique en dedans de la lame margi- nale. — MF, formation utérine interglandulaire analogue à une lame mésentériforme du placenta de la chienne. — D, détritus glandulaire. Fig. 137. — Coupe horizontale d'un placenta très avancé dans son rema- niement; cette coupe passe par la zone moyenne du placenta, c'est-à-dire à peu près à égale distance de la surface fœtale et de la surface mater- nelle. — CD, CD, deux gros canaux de distribution du sang maternel. Fig. 138. — Autre coupe horizontale de ce même placenta, mais passant à un niveau plus élevé (plus près de la surface fœtale); aussi voit-on, au centre de la figure, plusieurs canaux de distribution du sang maternel, lesquels proviennent de la subdivision ou épanouissement d'un gros canal des couches plus profondes. (Comparer avec la figure précédente.) Fig. 139. — Lamelles labyrinthiques d'un placenta presque à terme; pièce fixée par l'alcool absolu. — Grossissement de 330 fois. — C, C, capillaires maternels, disposés en alternant avec les cellules géantes du centre de la lamelle. Fig. 140. — Lamelles labyrinthiques d'un placenta à peu près à terme, pièce conservée dans l'alcool ordinaire. — Grossissement de 325; — G, C, — 394 — capillaires maternels; — c, c, capillaires fœtaux; — N, couche nucléaire; — G, cellules géantes. Fig. m . — Fragment d'une coupe verticale du placenta vers le milieu du deuxième mois. — Très faible grossissement. — A, épaississement mésodermique de la surface fœtale, renfermant les gros vaisseaux allan- loïdiens, et la terminaison des canaux de distribution de sang maternel; le grand canal de distribution, figuré ici dans toute son étendue, a été reconstitué par la combinaison de ses parties présentes sur une série non interrompue de coupes (pour plus de détails, voir le texte). Planche XIII. FiQ. 142. — Coupe verticale du placenta de la chatte (zones superfi- cielles ou fœtales); placenta presque à terme; grossissement de 75 fois. — Al, mésoderne allantoïdien avec ses gros vaisseaux (surface fœtale du placenta) ; — au-dessous sont trois branches d'un canal de distribution du sang maternel (CD, CD, CD); chacune de ces branches donne nais- sance à un complexus de lamelles labyrinthiques. Fig. ii3. — Coupe d'un canal de distribution du sang maternel (pla- centa près du terme). — Grossissement de 74 fois. — CD, cavité du capil- laire maternel, avec les noyaux de son endolhélium (e) ; — L, L, lamelles labyrinthiques qui prennent insertion sur ce canal; — 144, point dont la structure est analysée dans la figure suivante. Fig'. m. — Détails, à un grossissement de 380, des parois du canal de la figure précédente. — I, endothélium du capillaire maternel; — 2, 3, les deux zones de la couche claire et transparente des parois de ce canal (cellules ectodermiques géantes); — de 3 à 4, couches périphériques formées de cellules géantes (champs clairs), séparées par des travées nucléaires (travées et couche corticale foncées). Fig. 1i5. — Une branche d'épanouissement d'un gros canal de distri- bution du sang maternel. — Grossissement de 300 fois. — Comparer aux figures 143 et 144; — AP, lamelle labyrinlhique partant de ce canal. (Voir la fig. 145 bis.) Fig. 145 bis. — Une grosse lamelle labyrinlhique de la surface fœtale du placenta à terme. — Grossissement de 360. Fig. 146. — Coupe horizontale du placenta, passant par les régions moyennes ou profondes (loin de la surface fœtale); pièce dont les vais- seaux fœtaux ont été injectés. — CD, gros canal de distribution du sang maternel; — N, N, points nodaux des cloisons mésodermiques contenant les gros capillaires fœtaux, ou afférents du réseau capillaire fœtal. Fig. 147. — Coupe horizontale du placenta achevé, passant par la zone la plus superficielle, c'est-à-dire au niveau de la surface fœtale; la coupe intéresse l'épanouissement d'un canal de distribution du sang maternel — 395 — (CD) en une série de branches qui donnent naissance à des lamelles labyrinthiques. — Grossissement de 22 fois. Fig. 1i8. — Coupe horizontale du placenta achevé. Cette coupe passe un peu plus profondément que la précédente, mais encore très près de la surface fœtale. — A, épaississement mésodermique de la surface, con- tenant les gros vaisseaux, allantoïdiens (non figurés ici) et les ramifica- tions terminales (CD, CD) des canaux de distribution du sang maternel; (comparer avec les figuers 131 et 141). Fig. ii9. — Coupe horizontale du placenta presque à terme; cette coupe passe un peu plus profondément que la précédente, au niveau des premières subdivisions d'un canal de distribution du sang maternel. — Ce placenta était moins avancé dans son développement que celui de la figure 148. — Grossissement d'environ 22 fois. Fig. i oO. — Lamelle labyrinthique d'un placenta tout à fait à terme. — Grossissement de 360. — Les vaisseaux maternels sont vides et revenus sur eux-mêmes; pièce traitée par l'alcool absolu; — C, capillaire mater- nel; — G, cellule géante; — N, couche nucléaire. Fig. 4 51 . — Lamelle labyrinthique d'un placenta dit presque à terme (cependant le fœtus ne mesurait guère plus de 6 centimètres). — Grossis- sement de 360. — Pièce conservée par le liquide de Muller. — Lettres comme dans la figure précédente. Fig. 1o2. — Lamelle du même placenta que celui de la figure 151, mais fragment traité par l'alcool étendu d'eau (alcool au tiers). — Lettres comme ci-dessus. Fig. 453. — Éléments du placenta tout à fait à terme, pièce traitée par le liquide de Kleinenberg. — G, cellules géantes; — C, capillaires maternels ; — c, capillaires fœtaux. TABLE DES MATIÈRES Introduction. a, Technique (1); — b, membranes et annexes de l'œuf (b); — c, histoire des membranes et annexes des carnassiers (16). PREMIÈRE PARTIE Le placenta de la eliieune, [>. 26. A. De la muqueuse utérine et de l'œuf avant que le cliorion contracte des adhérences. 27 a, Muqueuse et ses glandes avant la gestation (27) ; — 6, Utérus et œuf au 14'- jour (29) ; couche des cryptes, couche homogène, et couche des glandes permanentes (30); — <;, Utérus et œuf au 16' jour (32); couche spongieuse des cryptes (33); — (/, Uté- rus et œuf au 18'= jour (35); couche des capillaires (36); épithélium utérin (37); région de la bordure verte (38); — Résumé (40); — e. Historique des glandes de la muqueuse utérine de la chienne (42). B. Fixation de l'œuf. Disparition de V épithélium utérin bl a. Couche des cryptes (53); couche spongieuse (34); couche compacte (34); couche des détritus glandulaires (55); couche des capillaires (56); restes glandulaires (58); — h. Fixation de l'ectoderme sur la muqueuse utérine ( 60) ; saillies ectodermiques intercapillaires (65); — c, Appendice au stade de fixation de l'œuf (67); région de la bordure verte (70) ; effiorescence de la couche des capillaires en une sorte d'écume vasculaire (75) ; — Résumé (77); — d, Historique et critique sur la dis- parition de l'épithélium utérin (78). C. Formation de l'angio-plasmode 88 1° Angio-plasniode (89). a, Première apparition de l'angio-plasmode (90); importance des saillies ectoder- miques intercapillaires (90) ; — 6, Extension de l'angio-plasmode (90) ; — c, Achè- vement de l'angio-plasmode (92); — d, Annexes de l'embryon (93); amnios (94); allantoïde (95); — e, Couches sous-jacentes à l'angio-plasmode (97); Extension de la couche compacte (98); Lamelles mésentériformes (98); — f, Consl.itution de l'angio-plasmode (100); Plasmode ectoplacentaire (101); Restes de glandes (102); Arcades ectodermiques (103); — g. Effets divers des réactifs (103); — Résumé sur la formation de l'angio-plasmode (103). 2» Histoire et critique sur l'angio-plasmode (106). — 898 — D. Remaniement de l'angio-plasmode 127 r De l'angio-plasmode pendant son remaniement (128). 0, Formation des complexus oii système des lamelles labyrinthiques (128); — b, Lamelles labyrinthiques (132); — c, Constitution des lamelles labyrin- thiques (134); — d, Canaux de distribution du sang maternel (137); — e, Lames basales de l'angio-plasmode (1401. 2° Des formations maternelles (couche spongieuse, compacte, etc.) pendant le rema- niement de l'angio-plasmode (143). 3" Connexions (mode d'attache) du placenta fœtal et du placenta maternel (148); — Résumé du remaniement de l'angio-plasmode (133). Historique et critique des lamelles labyrinthiques (placenta achevé), 1S6; considé- rations générales (136); — Bojaims, de Baer, Sbarpey, Bischoff (163); — Ercolani, Turner, Ercolani, Tafani, Heinz, Lombardini (168); — Fleischmann, Heinricius, Strahl (185). E. La bordure verte du placenta 192 1° La bordure verte pendant le stade de formation de l'angio-plasmode (192); — pendant le slade de remaniement (197); — contenu du canal godronné de la bordure veri.e (199); — Lames basales de la bordure verte (200); — La bordure verte sur le placenta à terme (200); — homologies des cavités de la bordure verte et schéma démonstratif (203) ; — Historique de la bordure verte (204). 2° Bords du placenta maternel (216). 3° Poches choriales accidentelles du placenta du chien (219). F. Les lamelles labyrinthiques du placenta à terme 226 Explication des planches I à VII (placenta de la chienne) 234 DEUXIÈME PARTIE Le placenta de la chatte, p. 244. A. De la muqueuse utérine et de l'œuf avant que le chorion contracte des adhé- rences 245 0, Muqueuse utérine et ses glandes avant la gestation (245); — b, Muqueuse uté- rine au 9" jour (243); — c. Muqueuse utérine et œuf du 11' au 14° jour (246); Formation et allongement des cryptes ou courtes glandes (248). B. Fixation de l'œuf; disparition de répithélium utérin 251 a, Régions polaires (252); Bords du placenta et région de la future formation ectoplacentaire abortive (253); — 6, Région amniogène (233); — c, Régions pla- centaires (255). — Historique à propos de la disparition de l'épilhélium utérin ^sg). C. Formation de l'angio-plasmode • • 263 n, Première formation de l'angio-plasmode (263); — b, Accroissement de l'angio- plasmode (267); — c, Bords du placenta (272); Formation abortive ectopla- - 399 — centaire (274); — d, Régions polaires de l'œuf et de la cavité de gestation (276). — Historique et critique à propos de la formation de l'angio-plasmode ou couche ecloplacentaire (278). D. Remaniement de la formation edoplacentaire ou angio-plasmodiale 281 i" De l'angio-plasmode ou formation ecloplacentaire pendant son remaniement (282). a. Pénétration du mésoderme dans Tectoplacenta (282); — b. Lamelles labyrin- ttiiques (283); Lames basales et arcades ectodermiques (284); Étude du rema- niement sur des coupes horizontales (286); — c, Vascularisalion allantoïdienne du placenta (288); — d. Constitution des lamelles labyrintliiques (290); Cel- lules centrales ou cellules géantes (291); — e, canaux de distribution du sang maternel (296); — f. Lames basales du placenta fœtal (303). 2° Des formations maternelles (couche des glandes) pendant le remaniement de l'ectoplacenta (306). 3° Connexions (mode d'attache) du placenta fœtal et du placenta maternel (309). a, Arcades ectodermiques (310); — b, Lames basales (312). E. Historique des travaux sur le placenta de la chatte (périodes de formation et de remaniement de l'ectoplacenta; lamelles labyrinthiques) 318 F. Des bords du placenta et de la formation ectoplacentaire abortive 347 1° La formation ectopacenlaire abortive pendant la période de remaniement de l'ectoplacenta (348;; Piliers et arcades ectodermiques (3.')0); Vascularisatioa allantoïdienne du chorion en dehors du placenta (334). 2° La formation abortive sur le placenta à terme (355). — Historique de la forma- tion abortive (356). 3° La limite marginale des attaches du placenta fœtal (365). G. Le placenta à terme 368 r Lamelles labyrinthiques (369). a, Partie moyenne des lamelles labyrinthiques (369); Cellules géantes et leurs fondions probables (374); — b. Extrémités supérieures des lamelles labyrin- thiques (373) : Épanouissement des canaux de distribution du sang maternel (376); — c, Extrémités inférieures des lamelles labyrinthiques (376). 2° Cloisons mésodermiques et vaisseaux fœtaux (377); Circulation fœtale (379); Description de Tafani (380); — Historique sur la constitution des lamelles laby- rinthiques du placenta à terme (381). Explication des planches VIII à XIII {Placenta de la chatte) 387 Cûulommiers. — Imp. Paul BRODARD. I