(Ufe(»l3 Digitized by the Internet Archive in 2015 https ://arch i ve . org/detai Is/b21 927443 E N C Y C L 0 P £ D 1 E S C J E N T 1 F i Q U E DES AIDE-MÉMOIRE PUBLIÉE sous la direction de M. LÉAUTÉ, Membre de l’Institut TnouESiART. — Les Parasites des habitations humaines i Ce volume est une publication de l’Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire; F. Laf argue, ancien élève de l’Ecole Polytechnique, Secrétaire général, 46, rue Jouffroy [boulevard Malesherbes), Paris. N» 121 B ENCYCLOPÉDIE SCIENTIFIQUE DES AIDE-MÉMOIRE PUBLIÉE SOUS LÀ DIRECTION de M. LÉAUTÉ, Membre de l’Institut. LES PARASITES DES HA B I IAT I ON S H U MA INES ET DES DENRÉES ALIMENTAIRES OU COMMERCIALES G. MASSON, ÉDITEUR, M BR AIR P. DZ L* ACADÉMIE DK MÉDECINS Boulevard Saint-Germain, 120 GAUTH1ER-VILLARS et fils, IMPRIMEURS-ÉDITEURS Quai des Grands-Augustins, 55 (Tous droits réservés) INTRODUCTION Le but de ce petit livre est de réunir en quel- ques pages, dégagées de toute érudition inutile, les notions que l’on possède sur les Insectes que l’on rencontre le plus ordinairement dans nos maisons, et qui manifestent leur présence, soit par leur piqûre, soit par les dégâts qu’ils com- mettent sur les matières qui sont, pour l’homme, d'un usage journalier. C’est aussi, d’indiquer les moyens les plus pratiques pour détruire ces parasites, ou se mettre à l’abri de leurs ra- vages. Certes, la plupart de ces insectes sont bien connus de tout le monde, et je n’ai pas la pré- tention d’enseigner ici ce que c’est qu’une Mouche, une Puce, un Cousin. Mais si la plu- part des habitants des villes reconnaissent et nomment ces insectes à première vue, beaucoup 6 LES PARASITES DES HABITATIONS HUMAINES seraient fort embarrassés de dire sous quelle forme ces hôtes incommodes de nos habitations passent la première partie de leur vie? Cette notion cependant est d'une importance capitale au point de vue pratique qui doit seul nous occuper ici. Parmi les personnes môme qui savent, par exemple, que la Mouche domes- tique est un diptère, qu’elle subit des métamor- phoses et sort de l’œuf sous forme de larve ou de ver, combien en est-il qui puissent dire où vil celle larve? C'est pourtant en l'attaquant sous celte forme qu'il est le plus facile de s'en débarrasser, et la môme remarque s’applique à la plupart des parasites dont nous nous occu- perons ici. D’ailleurs, en dehors de ces insectes qui nous sont familiers et qui font régulièrement, chaque année, leur apparition dans nos maisons, pen- dant l’été, sans que l’on se préoccupe, la plu- part du temps, de savoir d’où ils viennent et où ils ont passé l’hiver, il en est beaucoup d’autres qui n’apparaissent qu’à plus longs intervalles et sous l'influence de circonstances qu'il n’est pas toujours facile de déterminer. Ce sont ceux-là qui excitent le plus la cu- riosité, surtout par leur nouveauté, et cette curiosité se double d’un puissant intérêt lors- INTRODUCTION 7 que l'on découvre que ces intrus d’espèce nou- velle ou inconnue ont commis quelques dé- gâts ou lorsqu’ils font sentir l'effet de leur mor- sure. C’est alors qu’on s’adresse à l’expert en Ento- mologie pour connaître l’origine de ce nouvel ennemi, et lui demander les moyens de le com- battre. Les cas où l’Entomologiste est ainsi con- sulté pour une question intéressant l’économie domestique, l’hygiène ou la médecine, sont loin d’èlre rares. Tantôt c’est un appartement neuf, resté jus- que-là indemne du fléau des Punaises, et qui se trouve tout d’un coup rendu inhabitable par suite d'une véritable invasion de ces insectes avides de sang. L’expert fait son enquête et il arrive bientôt à savoir que cette invasion a coïncidé avec l’introduction d’un meuble acheté d 'occasion à l’Hôtel des Ventes. On décloue le fond du meuble et l’on constate, en effet, qu’il sert de repaire à une nombreuse colonie de ces animaux. Dans d’autres cas, c’est un jeune ménage qui vient d’acheter un mobilier parfaitement neuf, en apparence du moins, mais d’un prix mi- nime. Aux premières chaleurs du printemps on constate avec stupeur que les fauteuils du salon 8 LES PARASITES DES HABITATIONS HUMAINES se couvrent d’une multitude de petits insectes, qui sortent on ne sait d’où, et qu’en désespoir de cause on soumet à l’expert sous les noms de Poux on de Pucerons. Ces prétendus Puce- rons sont, en réalité, des Acariens microsco- piques du genre Tyroglyphe qui sortent des fauteuils mômes. Ces meubles, recouverts, il est vrai, d’une étoffe neuve, sont rembourrés, par raison d’économie, avec du vieux crin ou plus souvent encore avec du crin végétal au milieu duquel pullulent des myriades de Tyrogly- phes. Ou bien encore, c’est un père de famille qui vient trouver l’Entomologiste en grand mystère et lui montre un insecte d’une forme étrange, dont il craint de prononcer le nom et dont il re- doute encore plus de deviner l’origine. L'insecte est un Pou d’une forme toute spéciale, à ventre court, plus semblable à un petit crabe qu’à un Pou ordinaire ; en un mot, c’est le Phlirius pu- bis, insecte d’une réputation détestable, et qui, dans le cas présent, lient encore solidement serré entre ses griffes, un cheveu blond d'une finesse exceptionnelle. Vous apprenez qu'en effet, ce cheveu a été coupé, avec le parasite dont on n’a pu le séparer, sur la tète d'un en- fant de cinq moisi Et la chose se passe, non INTRODUCTION 9 dans une famille besoigneuse, mais dans un hôtel de l’Avenue des Champs-Elysées, car ... La garde qui veille aux barrières du Louvre N’en détend point nos rois ! La nourrice de l’enfant, naturellement mise en cause, est examinée avec soin, et l’on découvre que le bord de ses paupières porte une magni- fique couronne de lenles (œufs) collés entre les cils ; en un mot, elle présente toutes les qua- lités d’une excellente nourrice, sauf... la pro- preté physique et morale. Inutile de dire qu’elle est immédiatement renvoyée. Ces quelques exemples, pris au hasard, suf- fisent pour montrer la variété des expertises que l’Entomologiste peut être appelé à faire et la nature souvent délicate des consultations qui lui sont demandées. Les notions simples et pratiques que l’on s’est efforcé de réunir dans ce petit volume, dispen- seront presque toujours d’avoir recours aux spécialistes. C’est seulement dans les cas rares ou douteux qu’il sera nécessaire de s’adresser aux experts des Laboratoires d’Entomologie pra- tique, établissements publics dont nous indique- rons l’organisation dans un chapitre spécial. Cet ouvrage se divise en deux parties. 10 LES PARASITES DES HABITATIONS HUMAINES Dans la Première Partie, après quelques gé- néralités très succinctes sur l’organisation et les métamorphoses des Insectes, on passe en revue, suivant l’ordre méthodique, les différents groupes qui fournissent des représentants à la faune des habitations humaines, en indiquant le tort ou les dégâts qu’ils commettent. La Seconde Partie étudie les insecticides et les parasites au point de vue des localités qui sont leur séjour de prédilection, et donne les moyens de les détruire. Un dernier chapitre est consacré aux Laboratoires d’Entomologie appli- quée, qui renseignent gratuitement le publicsur toutes les questions pratiques relatives aux dé- gâts des insectes. Les limites restreintes dans lesquelles nous sommes tenu de nous renfermer, ne nous per- mettent pas de décrire d’une façon détaillée toutes les espèces dont il sera question dans ce volume. Nous y suppléerons, autant que possible, en donnant de bonnes figures des principaux types, sous leurs différents états (insecte parfait, larve et nymphe), et nous indiquerons toujours avec soin les dimensions exactes de l’animal ou le grossissement des figures. PREMIERE PARTIE LES PARASITES ET LEURS DÉGÂTS CHAPITRE PREMIER ARTICULÉS OU ARTHROPODES DES HABITATIONS HUMAINES CLASSIFICATION. INSECTES LEURS MÉTAMORPHOSES. IMPORTANCE DE LA CONNAISSANCE DES LARVES : DIVISION EN LARVES UTILES ET LARVES NUISIBLES On désigne vulgairement sous le nom commun d 'Insectes, suivant l’usage des naturalistes du siècle dernier, tous les Animaux articulés ou arthropodes, qui, pourles naturalistes modernes, constituent les quatre classes, des Insectes, des Arachnides, des Myriapodes et des Crustacés. 12 ARTICULÉS OU ARTHROPODES Tous ces animaux présentent les caractères suivants qui les distinguent des autres embran- chements, ou grands groupes du règne ani- mal : Les Arthropodes ont le corps formé de plu- sieurs parties distinctes, articulées les unes à la suite des autres comme les grains d’un chape- let, et que l’on appelle segments ou anneaux ; chacun de ces anneaux est formé d'un squelette externe, dur et rigide, qui protège les organes internes, et qui se relie aux autres anneaux par des téguments mous et flexibles ; les membres sont également formés de plusieurs anneaux, ou articles, constitués de la môme façon que les segments du corps, et à l’intérieur desquels se trouvent les muscles qui les font mouvoir. C’est de là que. vienl le nom à’ Arthropodes ou ani- maux à pieds articulés. D’après ce que nous venons de dire, on voit que le squelette fait partie, pour ainsi dire, de la peau qui recouvre les parties molles, tandis qu’au contraire, chez les Vertébrés, le squelette est interne et recouvert par les muscles qui s’y attachent. Ce squelette externe des Arthropodes est formé d’ailleurs, non de substance osseuse, mais d’une substance particulière (mélange de carbone, ARTICULÉS OU ARTHROPODES 13 d’hvdrogène, d’oxygène et d’azote) qn’on appelle chitine. Celte chitine se retrouve chez les Annclkles ou Vers dont elle forme également le squelette externe. Les Annèlides ressemblent beaucoup aux larves des Arthropodes ; mais ces animaux ne présentent jamais de membres articulés : ce caractère est propre aux Arthropodes. Les arthropodes se subdivisent, comme nous l’avons dit en quatre classes que l'on peut carac- tériser brièvement comme il suit : tableau des arthropodes Classes ' a. de trois paires de pat- tes et d’une paire d’an- tennes ; souvent, en I outre, d’une ou deux paires d’ailes .... i. Insectes. au moins à l’âge adulte b. dequatre pairesde pat- tes ; jamais d’ailes . . 2. Arachnides. c. de cinq paires de pat- tes ou plus, et, en / 3. Crustacés. outre, d’une ou deux l ^ Myriapodes. i paires d’antennes . . Au point de vùe spécial auquel nous nous pla- çons ici, il est inutile d’indiquer les caractères qui distinguent les Myriapodes des Crustacés : en H INSECTES effet, les premiers n’appartiennent pas à la faune des maisons et ne peuvent s’y rencontrer que d’une façon très accidentelle. Les Crustacés eux-mêmes ne sont représentés dans celle faune que par le seul genre Cloporte qui appartient au groupe des fsopodes terrestres. Par contre, les deux premières classes (Insectes et Arachnides) fournissent à cette faune de nom- breuses espèces qui seront passées en revue dans la suite de cet ouvrage. Insectes. — La classe des Insectes est celle dont les représentants se rencontrent le plus communément dont la faune des habitations hu- maines. Il est donc utile de dire quelques mots de leur organisation. Les Insectes sont des Arthropodes munis de trois paires de pattes, ce qui leur fait donner quelquefois le nom d 'Hexapodes (animaux à six pattes). La plupart ont aussi, mais seulement à l’àge adulte, une ou deux paires d’ailes, organes qui font complètement défaut dans les autres classes. Nous disons à l'âge adulte, car la plu- part des Insectes, au sortir de l’œuf, ont une forme très différente de celle qu’ils auront plus tard ; ils subissent des métamorphoses et, dans leur jeune i\ge, ils sont toujours dépourvus d’ailes. MKTAMORPHOSKS i:i Chez certains Insectes, la métamorphose con- siste simplement clans l’adjonction des ailes qui poussent lorsque l’animal a atteint la taille ordinaire de l’adulte. On dit que la métamor- phose est incomplète, ou qu’il n’y a qu’une demi- métamorphose. Chez d’autres, au moment de la naissance, ' t l’animal est très différent de ses parents et ressemble plus ou moins à un Ver ; c’est ce qu’on appelle une larve. L’insecte vit longtemps sous cette forme, et lorsqu’il a atteint toute sa taille, il se contracte, prend la forme de nymphe ou chrysalide , reste quelque temps immobile et sort enfin de cette peau sous forme d’insecte parfait. On dit alors que la métamorphose est complète. Notons en passant qu’en raison de la présence d’un squelette externe dur et rigide, l’animal ne peut croître que par le moyen des mues pério- diques. Semblable à un enfant dont les vêlements sont devenus trop étroits, l’insecte fend et dé- pouille d’un seul coup son enveloppe de chi- tine, et en sort plus grand qu’il ne l’était au- paravant. Ces mues successives se répètent à intervalles plus ou moins réguliers tant que l’insecte est sous la forme de larve ; mais sa transformation en chrysalide, puis en insecte par- 16 ORDRES DES INSECTES fait est la dernière de ces mues : l'adulte ne change plus et à partir du moment où il a quitté sa peau de nymphe il ne peut plus s’accroître. La division des Insectes en ordres est basée, en grande partie, sur l’existence des métamor- phoses ( complètes ou incomplètes ), comme le montre le tableau suivant : TABLEAU DES ORDRES d’iNSECTES d’après la nature de la métamorphose Ordres ![ Coléoptères. ) Hyménoptères, complété > fl > i-I O o c a îC O fl O O fl M "o fl tD © DES FORMES LARVAIRES DES INSECTES a. Téguments durs, rare- ment velus ; six pattes thoraciques et des an- tennes bien dévelop- pées ; organes buccaux robustes, organisés pour un régime carnassier . b. Téguments mous, sou- vent velus ou épineux; six pattes thoraciques courtes ; antennes pe- tites; des iausses-pattes membraneuses abdomi- nales; organes buccaux bien développés ; ré- gime végétal . . . . c. Téguments mous et nus; six pattes tho- raciques courtes ; an- tennes petites; pas de tausses-pattes ; organes buccaux bien dévelop- pés ; régime le plus souvent végétal . . . d. Téguments mous et nus : larves aveugles, dépourvues de toute es- pèce d’appendices (pat- tes et antennes) ; à or- ganes buccaux souvent rudimentaires; se nour- rissant de substances animales ou végétales en décomposition ou li- quides Larves i. Campodéi- fohme (ex. : larve de Carabe). a. Éruci- FORME (ex. : che- nille de Papillon). 3. Scolé- COÏDE (ex. : larve de Hanneton ou de Lucane). 4- Helmin- THOÏDE (ex. : larve de Mouche). 99 — — . LARVES CAMPORÉÏPOHMES Campodea 1) Fig. 1. — Campodea, in- génié adulte, de l’ordre des TUysanoures , pris pour type des larves campo- dei formes. qui appartient aux Thvsa- noures (Insectes aptères). Elles sont colorées, très ac- tives et carnassières. Telles sont les larves des Coléo- ptères carnassiers (Carabi- ques, Staphylins, etc. J, et des Névroptères. Au point de vue économique, ces larves doivent être considé- rées comme utiles, car elles font la chasse aux autres insectes et particulièrement aux espèces nuisibles. Les larves cruciformes ('), ou en forme de chenille ( fig . 2), c’est-à-dire forte- ment poilues, se distinguent en outre des précédentes par leur forme cylindrique et la présence de fausses- pattes abdominales, mem- braneuses et non articulées comme les véritables pattes thoraciques. Ces larves sont (l) Du latin eruca , chenille. LARVES ERUCIFORMES 23 généralemept colorées et actives, mais sc nour- rissent de matières végétales, rarement (le ma- tières animales. Lorsqu elles sont nues ( Ti- Fig. 2. — Larve éruciforme (chenille de Loinhyx ver à soie) tieidœ), elles se construisent souvent un fourreau protecteur qui remplace le revêtement poilu des autres chenilles. Ce sont les larves des Lépidoptères (Papillons), et de certains Hyménoptères ( Tenth ved inidœ) . Toutes sont nuisibles en raison des dégâts qu'elles commettent sur les végétaux ou sur les matières animales préparées pour l’usage de l’homme, comme les étoffes de laine (Teignes). Les larves scolécoïdes ou mélolonthoïdes, ont une forme assez semblable aux précédentes, 24 LARVES SCOLÉCOÏDES mais sont nues, incolores cl dépourvues de fausses-pattes. Les pattes thorac iques sont courtes ou font complètement défaut, mais les organes buccaux sont toujours bien développés, en rap- port avec un régime végétal. Ce sont les larves des Coléoptères phytophages (Hannetons, Longi- cornes, Charançons, etc.), qui sont peu agiles et vivent cachées dans l’intérieur des végétaux qu’elles rongent. Quelques Hy- ménoptères ont des larves sem- blables. Toutes sont très nui- sibles, notamment celles qui vivent dans le bois ou dans les graines. Les larves helminthoïdes sont Fig. 3 — Larvo sco- cenes qu; ressemblent le plus à lé coi de (ou mélo- 1 1 lonthoide) du Lan- des vers. Elles sont dépourvues neton. . , de pattes et de tout autre appen- dice, nues et incolores, et vivent en parasites dans la chair d’autres animaux ou dans les matières animales et végétales en décomposition. Les or- ganes buccaux sont souvent réduits à un simple suçoir. Telles sont les larves de beaucoup d'IIymé- noptères (Abeilles, Fourmis), qui sont nourries exceptionnellement au moyen de substances liquides dégorgées par les adultes; puis les larves des Diptères (Mouches). Ces larves peuvent LARVES HELMINTHOÏDES 2 O ôlro considérées comme utiles ou nuisibles, sui- vant le point de vue auquel on se place. Elles sont utiles, lorsqu’elles vivent en parasites aux dépens des autres insectes qu’elles tuent, ou lors- qu'elles font disparaître des matières animales Fig. 4. — a , larve catnpodéiformo (d’un Carabique) ; b, larve s?o- lécoïde (d’un Longicorne) vue de dos ; c, larvo scoléeoide (d’un Curculionide) vue de profil; d, larve hclmintboïde (Diplcre) vue de profil; e, larve cruciforme nue (Hymùnoptère du G.Sirex) vue de profil. en décomposition. Elles sont nuisibles lors- qu’elles s’attaquent aux substances alimentaires conservées dans nos habitations; au point de vue auquel nous nous sommes placé, c’est ce dernier rôle qui prédomine, et nous devrons les considérer comme nuisibles. 26 LARVES UTILES OU NUISIBLES Los formes que nous venons de décrire n’ont rien d’absolu, et l’on peut rencontrer des larves qui, par leurs caractères, sont intermédiaires entre ces différents types. Nous les signalerons à propos de chaque espèce. Mais les indications que l’on vient de lire suf- fisent pour, qu’à première vue, on puisse dis- li liguer une larve utile d’une larve nuisible. D’une façon générale, on peut dire que toute larve peu agile, à téguments incolores ou héris- sée de poils, rencontrée dans les maisons ou dans les denrées alimentaires, est une larve nui- sible. Il existe quelques rares exceptions à celle règle, car les larves les plus franchement phyto- phages peuvent devenir carnassières, et même se dévorer entre elles, lorsqu’elles y sont pous- sées par la disette de nourriture. Nous aurons soin d'indiquer ces exceptions en traitant des espèces qui les présentent, et nous indiquerons toujours la forme de la larve à côté de celle de l’insecte parfait. Quant aux larves campodèiformes, qui sont utiles, en raison de leurs habitudes carnassières, elles se renconlren t raremen t dans les habitations : mais on devra les respecter et les protéger, en rai- son des services qu’elles rendent, toutes les fois qu’on les trouvera dans les jardins ou ailleurs. CLASSIFICATION DES INSECTES 27 La classe des Insectes peut se subdiviser en huit ordres (jue nous passerons en revue dans l’ordre suivant : 1. Coléoptères, 2. Lépidoptères , 3. Hyménoptères, 4* Diptères, 5. Orthoptères « G. Névroptères, 7. Hémiptères, 8. Thysanoures. Tous ccs ordres fournissent des représenlants à la faune des habitations humaines. CHAPITRE II COLÉOPTÈRES DES HABITATIONS HUMAINES Les Coléoptères sont caractérisés par leurs ailes antérieures transformées en élytres ou étuis résistants et cachant, à l’état de repos, les ailes postérieures, plissées et repliées sous les élytres, qui seules servent au vol. Leurs organes buccaux sont toujours disposés pour broyer. La méta- morphose est complète. La plupart des Coléoptères volent rarement, de sorte que ceux que l’on trouve dans les habi- tations doivent être considérés, en général, comme y ayant été apportés, à l’état de larve ou de nymphe, dans les matières végétales dont ces larves se nourrissent. i lènplère. CLASSIFICATION DES COLÉOPTÈRES 29 M. E. 1 ’errier. dans son Traité, de Zoologie , divise les Coléoptères en deux grandes séries, d’après le régime animal ou végétal, régime ordinairement en rapport avec la forme des larves qui sont tantôt campodéiformes, tantôt scolécoïdes. C’est ce que montre le tableau sui- vant où ne figurent que les principales familles : i. Adaptation do- j minante au ré- gime animal ; l larves le plus | souvent campo- . déi formes ; se / nourrissant d’in- sectes vivants, de matières ani- males ou de champignons. \ a. Adaptation do- minante au ré- gime végétal ; larves le plus 1 souvent scolè- ] coïdes ; se nour- J rissant de ma- \ tières végétales (bois, feuilles, grains), plus ra- rement de ma- tières animales. Antennes ( Lampyridœ. filiformes j Carabülœ. ou monili- 1 1 ’enebr ionidœ . formes. ( Cucujidœ, etc. ÎS ilphidœ. Dermestidœ. Cryptophagidæ. Nitidulidæ, etc. IElateridœ. Melandriidœ. Cerambycidœ. Chrysomelidœ . Coccinellidœ , etc., etc. I Cleridœ. 1 Ptinidœ. Antennes j Ancbiidœ. en massue, j Lucanidæ. I Curculionidœ , \ etc., etc. Cotte classification, assez naturelle et pratique, présente cependant des exceptions* 30 CLASSIFICATION DF.S COLÉOPTÈRES Aussi, pour ne pas trop innover dans un livre élémentaire comme celui-ci, suivrons-nous de préférence la classification la plus généralement adoptée, qui est celle de Lalreille, basée sur le nombre des articles des tarses, et qui est, à peu de choses près, celle adoptée par M. Künckel d’ilerculais dans son grand ouvrage sur les Insectes publié dans l’édition française des Mer- veilles de la Nature de Brehm. Pour tous les détails de mœurs, que nous ne pouvons indiquer ici que d’une façon concise, nous renverrons le lecteur à cet ouvrage, rempli de renseignements intéressants, soigneusement contrôlés par l'auteur. Les insectes Carnassiers appartenant aux pre- mières familles ( Carabidæ , Slaphylinidæ, etc.), rendent de grands services, dans les jardins, en dévorant les insectes nuisibles et les limaces, mais ils ne pénètrent que très accidentellement dans les maisons et nous n’avons pas à nous en occuper ici. II nous faut arriver à la famille des Dermes- tidæ pour trouver des Coléoptères appartenant à la faune des maisons et ceux-ci, bien que se nourrissant de matières animales, sont pour la plupart nuisibles. Les Dermesles ( Dermcstes ) ont le corps en DKRMESTES 31 ovale allongé sans étranglement entre la tète et le thorax ou le thorax et l’abdomen. Leurs an- tennes sont en massue. Leurs larves poilues res- semblent à de petites chenilles dépourvues de fausses pattes abdominales : elles ont des anten- nes de quatre articles, des pattes courtes à une seule grille et des ocelles situés de chaque coté de la tète. Ces larves sont très voraces et se nourris- Fitj. 5 a, Denneste il u lard ; b, sa larve sent de substances animales desséchées ; elles commettent de grands ravages sur les peaux, les cuirs, les plumes, etc. Il en existe plusieurs es- pèces. Le Dermeste du lard ( Dennestes lardarius ) (p.cj. 5), est la plus grande de nos espèces indi- gènes (presque un centimètre) ; il est noir avec 32 dehmestës la moitié un térieu re des élylres rousse. Sa larve, allongée, amincie en arrière, esl couverte de poils qui forment des pinceaux à la partie posté- rieure du corps ; le dernier anneau porte deux crochets recourbés et l’anus, qui peut se retour- ner en dehors, sert avec les six pattes à aceélérer sa course qui est assez rapide : elle marche faci- Fig. 6 a , Dcrmcstes Frtlschii ; b, sa larve. lement à reculons. Celte larve est brune en -des- sus, blanche en-dessous. Elle attaque non-seulement le lard que l’on conserve dans les charcuteries mal tenues, mais encore toutes les substances d’origine animale, notamment les fourrures et les objets d’histoire naturelle préparés par la taxidermie. Elle com- met des ravages dans les magnaneries en dévo- rant les chrysalides des vers à soie. ATTAGENE 33 Des espèces exotiques plus grandes nous arri- vent des pays chauds avec les spécimens d'his- toire naturelle que l’on a négligé d’enfermer hermétiquement ou qui n’ont pas subi une pré- paration suffisante. Une espèce plus petite, le Dermeste Renard ( Dennestes vulpinus), noir dessus, gris dessous, s'attaque aux pelleteries et commet des dégâts dans les magasins de liège en perçant les bou- chons. Elle s’y trouve en société d'une espèce un peu plus grande, le Dennestes Fritschii {fig. G). Le genre Attagène, qui diffère peu du précé" dent, a pour type le Dermeste des fourrures (Attagenus pellio), encore plus petit, noir avec deux points blancs. Sa larve, atténuée en arrière, porte à l’extrémité du corps un long pinceau de poils : elle est d’un brun roussâlre. Elle dévore les fourrures, les tapis, les étofles de laine. C’est l’espèce la plus commune dans les appariements parisiens. Le meilleur moyen de se mettre à l’abri de ses ravages, c’est de visiter souvent les fourrures pendant l’été, de les secouer et de les battre au grand air, et d’écraser avec soin les adultes et les larves qui en tombent. Cette espèce s’attaque aussi aux vers à soie, surtout dans les élevages avec grainage cellulaire. <( En réparant, dit M. Künckel d’IIerculais, un Tbolkssaat. — Le* parasites des habitations humaines 3 34 ANTIIHKNK DES MUSÉES divan qui avait servi dix-sepl ans sans désem- parer et dont la bourre contenait quantité de soies de porc, le tapissier resta confondu à la vue de la multitude de « miles » dont il était farci ; mais en réalité ces miles n’étaient que les peaux des larves de no- tre Attagène qui étaient disposées en couches épaisses, ce qui établis- sait d’une manière indu- bitable qu'elles avaient été abandonnées par une quantité innombrable d’insectes nés dans le meuble. On fut obligé, pour pouvoir encore uti- liser le matériel, de le mettre au four, pour le , , débarrasser des couvées Fig. 7. — a, Anturùne des mu- sées ; b, sa larve; c, d. poils qu’il devait renfermer de celle-ci. encore ». L’Anturène des Musées (Anlhreni/s musœo- rum), encore plus petit(deux à trois millimètres), se distingue des précédents par sou corps en ovale court, bombé dessus et dessous et recouvert de petites écailles qui forment des chevrons d’un gris jaunâtre et qui s’enlèvent par le frottement. ANTHRKNK DES MUSEES 35 Sa larve, plus large que les précédenles, ovale, aplatie, hérissée de poils fasciculés avec deux pinceaux à l’extrémité du dos est d’un brun- roux plus ou moins foncé, et se montre (très ac- tive quand on la dérange du coin obscur où elle commet ses ravages. Comme son nom l’indique, c’est l’ennemi le plus redoutable des Musées d’histoire naturelle, le parasite que l’on rencontre le plus communé- ment à l'intérieur des peaux préparées et con- servées dans les collections, et dans les boîtes d’insectes qui ne ferment pas hermétiquement ou qu’on a eu l’imprudence de laisser li’op long- temps ouvertes. On décèle facilement sa présence en secouant les spécimens d’histoire naturelle au-dessus d’une feuille de papier blanc, ou en donnant un choc brusque à la boite d’insectes. Ces fréquents battages, ou l'exposition à une forte chaleur (quand on ne craint pas d’abîmer les spécimens attaqués), sont le meilleur moyen de restreindre les dégàls de celte espèce. Malgré sa petite taille, ces dégàls sont considérables. 11 va sans dire que l’on devra écraser ou brûler les insectes que l’on a ainsi dérangés de leur travail destructeur. L’Anthrène s’introduit dans les peaux bour- rées des musées par quelque solution de conli- 36 SYLVAIN» n u i lé et s’y installe de préférence à l'intérieur, fuyant le plus possible la lumière du jour, mais émigrant facilement, la nuit ou dans l’obscurité des tiroirs, d’une peau à une autre. Les adultes sortent de leur peau de nymphe au printemps, s’envolent et vont s’abattre sur les vitres des fenêtres ou sur les fleurs des om- bellifères, lorsqu’ils trouvent les fenêtres ou- vertes. Il est alors facile de les détruire : dans les musées, notamment, on les fera tomber des vitres et, après les avoir balayés en tas, on les écrasera ou on les brûlera pour les empêcher de pondre des œufs, source de nouvelles généra- tions de larves. La famille des Cucujidæ renferme de petits coléoptères à formes plus élancées que celles des Dermestes et dont les mœurs sont encore discu- tées, sans doute parce que leur régime est assez varié. Leurs larves sont allongées, à pattes bien développées : d’après les observations de Perris, elles seraient carnassières et feraient la chasse à d’autres larves phytophages et aux Acariens qui vivent aux dépens des substances végétales (graines, fruits, etc.). Ces larves doivent donc être considérées comme utiles. Les Sylvains sont de très petits coléoptères SYLVAINS 37 allongés el dont le thorax porte de chaque côté une ou plusieurs dents. Tel est le Sylvanus fru- mentarius, de deux millimètres de long et d’un brun rougeâtre. Pendant l’été de 1893, qui fut très chaud et très sec, ce petit insecte se montra en quantité considérable (on le comparait à des fourmis), dans beaucoup d’appartements de Paris. L'espèce a été importée, avec le Riz Ca- roline, de l’Amérique du Nord, mais on aurait tort de la consi- dérer comme nuisible. Sa larve se nourrit au contraire de celles des Charançons qui vivent dans le riz et le blé, et des Acariens (Tyroglyphes et GIyciphages)qui rongent également ces céréales. Cette larve a trois millimètres de Fig. 8. — Sylvain long et porte des crochets, des (Sylvanus frumen- . ■ , , , tarins). epines, des écussons cornes comme toutes les larves de cette famille, avec un tube anal, mais sans pinceau terminal. On la trouve non-seulement dans le riz, le blé, mais encore dans le sucre, les figues sèches, etc., et les invasions d’appartements, dont j’ai parlé plus haut, avaient, toujours lieu au voisinage de quelque épicerie. Lne autre espèce plus grande (quatre milli- 38 CAOELLE mètres), le Navsibius denticnllis, également importée d’Amérique, a les mêmes moeurs, et se rencontre non-seulement dans les épiceries, mais dans les drogueries et les pharmacies sur la scammonée, lejalap, etc. Dans la nature, les larves des Cucujidés vivent sous les écorces, se nourrissant d’autres larves, de leurs dépouilles et de leurs déjections. La petite famille des Trogositidx, voisine de la précédente, ren- ferme un insecte célè- bre par ses prétendus ravages, sous le nom de Cadelle, et qui pa- raît originaire du bas- sin de la Méditerra- née. C’est la Chevrette brune de Geoffroy, le Trogosita maukitanica de Linné, coléoptère plus grand que les précédents, allongé, assez large et déprimé en dessus, de couleur noire. Sa larve, longue de quinze millimètres quand elle a toute sa taille, sur deux millimètres de large, est très poilue, d’un blanc sale avec les extrémités plus foncée. Elle est surtout commune dans le midi de la France, et on la trouve dans les tas de blés Ci? Fig, 9. — Cadelle ( Trogosita mauritanira) et sa larve eam- poddifornie. PTINBS 39 où elle fait la chasse aux Charançons, aux Tei- gnes, à l’Alucile, perforant les grains pour dévo- rer la larve qui s’y cache. .Mais comme les grains ainsi attaqués seraient perdus, on doit considérer celte larve comme très utile. L'adulte a les mêmes mœurs. La famille des Ptinidæ comprend de petits coléoptères à corps très bombé, à tète cachée sous le thorax, ce qui les fait paraître bossus, de couleur noire ou brune, à antennes filiformes. Leurs larves se nourrissent, comme les adultes, de matières animales desséchées : ils sont très communs dans les habitations où ils se cachent dans tous les coins poussiéreux, commettant leurs dégâts pendant la nuit. D’après le capitaine Xambeu, ces habitudes nocturnes dissimulent seules leurs ravages qui sont beaucoup plus sérieux qu’on ne le suppose. « Les Ptines pullulent dans nos greniers, où sont tant de restes abandonnés dans nos magasins de pelleteries..., dans nos caves, où ils dévorent les restes animaux et végétaux qui y grouillent à profusion...; une propreté absolue, un nettoyage au moins hebdomadaire de tous les appartements, en particulier de tous les coins et recoins, peu- ventseuls nous assurer un palliatif aux dégâtsque nous causent certaines espèces... » (Xambeu). 40 PT1NES I,e Ptine voleur ( Ptinus fur), long de trois millimètres environ, d’un brun rougeâtre pubes- cenl, se trouve jusque dans les tiroirs de nos tables de toilette, lorsqu'on ne les nettoie pas ré- gulièrement. Sa démarche lenle avec des mou- vements d’articulations à ressort le fait facile- ment reconnaître. Sa larve, longue de cinq millimètres est courbée en arc comme les larves scolécoïdes des Lamellicornes : elle est blanchâ- tre, couverte de longs poils serrés. Malgré l'apparence elle marche avec facilité comme les larves des Dermestes. Elle attaque souvent les herbiers et les collections ento- mologiques, les provisions de toute sorte et particulièrement la farine. Au moment de se transformer en nymphe (fin juillet), elle agglutine avec des fils clesoie les matières qui l’entourent et s'en forme un petit cocon d’où elle sort au bout de quinze jours. L’adulte n’est pas moins vorace que la larve. Le Ptine larron (Ptinus lairo), un peu plus petit, roussàtre, a les mômes mœurs et n’est pas moins nuisible. Sa larve, reconnaissable à deux lignes claires sur un fond roux, vit dans les gre- niers aux dépens des déjections sèches des rats, Fi (j, 10 Ptine voleur. VRILLETTES 41 des chats, des moineaux, dos pigeons, et c’est dans ces déjections même qu’elle se creuse une longue loge qu’elle tapisse d’une substance vis- queuse et où elle se transforme en nymphe. C’est pendant l'hiver que l’adulte exerce ses ra- vages dans les greniers. Nous ne ferons que signaler les Lime-bois (Limexylon) que l'on place près des Ptines et dont une espèce (L. navale), est célèbre par les ravages que sa larve cause dans les poutres de chêne, et qui ont été constatés surtout dans les arsenaux maritimes. Aujourd’hui que l’on a remplacé, dans la construction des maisons, les poutres de bois par des poutres métalliques, cette espèce n’a plus d'intérêt au point de vue spécial qui nous occupe ici. Il n’en est pas de même des Anobiidæ qui sont aussi des rongeurs de bois dont les larves, connues sous le nom significatif de Vrillettes, commettent des dégâts dans les boiseries et les meubles de nos habitations. Ces coléoptères ressemblent aux Ptines, mais ont les pattes plus courtes, les antennes en mas- sue, et comme ceux-ci contrefont le mort à la moindre apparence de danger. On les appellè aussi Horloges de la mort à cause des petits coups «ecs que les adultes font entendre à inter- 42 VRILLETTES valles réguliers, lorsqu’ils sont cachés dans les galeries que leurs larvesont creusées dans les boi- series : c’est en frappant le bois avec le sommet de leur tète qu’ils produisent ce bruit qui est un appel de la femelle au mâle qui se tient en de- hors des galeries. La Va i luette opiniâtre ( Anobium pertinar ), a quatre millimètres de long: elle est d’un brun foncé, pubescente. Sa larve blanche, courbée en arc comme les larves scolécoïdes, est couverle de poils très fins comme celles desPtines. La Vrillette a mosaïque (.1. tes- selatum ou pulsator ), est plus grande (six millimètres) avec de petites taches pubescentes sur un fond brun. Elle a les mœurs de la précédente. Les trous ronds et les petits tas de poussière brune que l’on voit dans les tiroirs des vieux meubles, sont l’œuvre de ces deux espèces et de quelques autres. La Vrillette du pain (.4. paniceum), est ainsi nommée parce qu’elle se rencontre quelquefois dans la farine et dans le pain. Elle n’a que deux à trois millimètres, et sa couleur est marron. Elle détruit non-seulement le bois mais le liège, les biscuits de l’armée, les bâtons de réglisse, Fig. Il lelte (grossie). — Vril- opiniàtre A PATE CAPUCIN' 43 les herbiers, les livres, en un mot toutes les substances que l’on conserve dans les drogueries, les épiceries, les boulangeries, etc., s’introdui- sant facilement grâce à sa petite taille dans les caisses, les sacs et les bocaux. La petite famille des Apatidæ comprend des insectes assez semblables aux 1*1 i nés et aux Vrillet tes, se rapprochant surtout de ces der- nières par les antennes en massue et par les mœurs. On les plaçait autre- fois près des Scolyles. L’Apate capucin ( Apate ca- pucina), long de cinq à douze millimètres est noir avec les él vires rouges. La larve, qui vit dans le bois, ressemble à celle des Vrillettes. Ses seg- ments sont plus distincts, elle ‘ Apalo capucin a de très petites pattes et quel- ques poils à l’extrémité du corps. Cette larve perce les bois les plus durs et même les sub- stances métalliques telles que des toitures de plomb et des clichés typographiques, formés d’un alliage d’antimoine et d’étain plus dur que le plomb. Des larves vivant dans le bois des clichés s’v étaient transformées et les adultes, cherchant à en sortir, n’avaient pas hésité à 44 CLAIRONS attaquer la plaque de métal qui recouvrait le bois. Une espèce d’un genre voisin ( Lyclus canali- culatus),\e Dermes/e lévrier à stries deGeolfrov se trouve dans les poutres de chêne, et c’est l'es- pèce qui avait détérioré les bois employés pour construire la galerie de minéralogie, au Jardin des Plantes. Une autre espèce (L. brunneus ) vit dans le bois de réglisse du commerce et le réduit en poussière. La famille des Clairons (Cleridæ), voisine des précédentes, semble avoir été placée près d’elles pour en limiter les ravages, car ses larves sont carnassières et font leur proie de celles des Vrilletles et des Apales. Ce sont de jolis insectes parés de teintes mé- talliques ou bariolés de couleurs vives, bombés et comprimés comme les Ptines, mais de plus grande faille, ayant un corselet long et élroit et des antennes en massue. Leur régime est encore très discuté, mais il est certain qu’il est variable non-seulement sui- vant les genres, mais suivant les circonstances. Les uns rongent les cadavres, les pelleteries, les substances animales desséchées ; d’autres sont plus franchement carnassiers, comme les Conj- neles , car M. E. Blanchard leur a vu saisir d’au- t CORYNETES 45 très insectes avec leurs mandibules. Il en est de même îles 7'hanasiinus el des Optlo. Le Clairon des ruches ( Clents alveai'ius) , lui-même, est encore calomnié sous ce rapport dans des livres récents. Cependant les observations nouvelles de M. Hamet prouvent que la larve de cette espèce ne touche ni aux larves vivantes d’abeilles ni aux produits des ruches saines, se contentant des ravons gâtés par l’humidité, du miel altéré et des cadavres rejetés par les abeilles elles-mêmes. De même que les Hyènes et les Vautours dans les villes des pays chauds, ces insectes contri- bueraient ainsi à la salubrité des ruches. Le Corynète bleuâtre ( Coryneles cæruleus), est l’espèce que l’on rencontre assez communément dans les maisons. Elle est d’un bleu métallique. Sa larve est campodéiforme, charnue, velue et rosée, un peu élargie en arrière. Elle est très utile, et l’on doit la respecter ainsi que 1 insecte parfait car elle dévore les larves des Vrilleltes qu’elle va chercher dans les trous des meubles et des boi- series. Les Nécrobies ont les mêmes mœurs, et leurs larves se nourrissent de cadavres et de matières en décomposition, attaquant à l’occasion d’au- tres larves. La Necrobia ruficollis qui se mon- tre quelquefois dans les maisons est célèbre par 46 IU. A PS l’histoire de sa découverte. Ou sait (juc celle dé- couverte, faile dans une prison, sauva la vie à Latreille, en i- yu, grâce à l'intervention d'un autre naturaliste, Borv de Saint-Vincent. Les Tenebrionidæ ou Mû la sûmes sont des co- léoptères bien différents des précédents, et géné- ralement de plus grande taille. Ils se nourris- sent de matières animales ou végétales en décomposition. Les adultes sont de couleur noire ou grisâtre uniforme : leurs antennes sontmoni- liformcs. Les larves sont grêles, allongées, for- mées d’anneaüx fortement chilinisés, à pattes médiocres, et le dernier anneau porte deux cro- chets et un mamelon en forme de pseudopode rétractile, servant d’organe de fixation et non de progression. Ces insectes, très communs dans les pays arides et les déserts, y jouent le même rôle que les Hyènes, se nourrissant d’excré- ments et de matières animales en décomposi- tion. Le Blaps présage-mort ( Blaps morlisaga ), gros insecte noir long de deux à trois centi- mètres se rencontre souvent dans les cours, les écuries, les caves et les celliers. Sa larve vit dans la terre des caves et des remises. Son ré- gime est probablement carnassier. On dit qu’elle dévore les limaces des caves ou TENEHRIONS 47 à leur défaut les déjections animales, le crottin des rats et des souris, ou même le bois pourri. Le Ténébrion ou Ver delà farine (Tenebrio molilor), est un coléoptère de quinze millimètres de long, noir, terne, ovale, aplati, qui se plaît dans les boulangeries. Sa larve allongée, corres- pondant à la description que nous avons donnée ci-dessus, vit dans la farine et se rencontre sou- vent dans le pain : elle a trois à quatre centimè- tres de long. Elle sert comme appât à la pèche et l’on en nourrit les jeunes oiseaux de volière. On la trouve aussi dans Ji le biscuit de troupes. Tous ces coléoptères sont noc- turnes. Le Tribolium fermai- Aisi, A. vorax, etc.). Mais la plupart de ces parasites intéressent surtout 1 agriculture. Nous signalerons cependant les Calandres (Sitophilus), très petits charançons qui s’atta- quent aifx grains de blé ( Sitophilus granarius ) et de riz (S. orizx). Pour éviter leurs ravages, il convient de ne pas faire de trop grandes pro- visions de ces graines. Le pelletage, les appa- / ÏJ. 14. — C'a- landre du blé (grand, nalur. et grossi). LONGICORNES 51 reils à force centrifuge, le chauffage à air chaud et les vapeurs de sulfure de carbone sont em- ployés pour les détruire. Les Long icornes ( Cerambycidæ ), sont recon- naissables à leurs longues antennes, à leurs formes allongées, élégantes, à leurs couleurs souvent brillantes. Leurs larves, comme celles des précédents, sont très dégradées par le régime végétal et la vie cachée qui leur est propre : la plupart creusent le tronc des arbres ou la tige des plantes herbacées. Ce sont des vers allongés, blanchâtres, à prothorax ordinairement renflé, avec l'abdomen atténué en arriére. La tête est cornée, colorée, armée de fortes mandibules pro- pres à ronger le bois ; les antennes sont courtes, les yeux nuis ou représentés par de simples ocelles ; il existe des pattes rudimentaires très courtes, ou bien de simples tubercules ou ma- melons. Les adultes se montrent quelquefois dans nos habitations, sortant presque toujours des mor- ceaux de bois apportés du dehors sous forme de huches, de planches, de paniers d’osier, eto. Les grandes espèces ne sont pas rares dans les ateliers de menuiserie, sortant des planches où leur larve s’est transformée. > La Callidie sanguine ( Callidiwn sanguineuin)^ 52 GRACIL1E est un bel insecte de plus d’un centimètre de long, d’un rouge velouté, que l’on voit souvent sortir du coffre au bois dans les appartements chauffés pendant l’hiver. La larve vit dans les bûches de chêne qu’elle perce de ses galeries. On dit que ses mâchoires sont assez fortes pour per- cer des plaques de plomb. La Gracilie pygmée ( Gracilia pygtnæa ). est un très petit longicorne, allongé, n’ayant pas plus de deux à trois millimètres de long, par conséquent un des plus petits de la famille. 11 se montre souvent en bandes nombreuses sur les vitres de nos maisons, car il vole fort bien, allant mourir sur les toiles d’araignées de nos greniers lorsqu’il ne peut s’échapper au dehors. Sa larve vit dans l’osier et c’est presque toujours de quelque vieux panier qu’on voit sortir l’adulte. Les treillages, les cercles de barriques, sont aussi attaqués par cet insecte. Les autres familles phytophages de l'ordre des coléoptères causent des dégâts dans les jardins, mais se montrent rarement dans les habita- tions. Nous devons cependant dire un mot des Coc- cinelles à cause des mœurs exceptionnellement carnassières de la plupart des espèces qui vivent dans nos jardins. On doit respecter ces jolis in- COCCINELLES 53 socles lorsque, par hasard, ils s’introduisent par une fentMre ouverte: dans les serres et sur les plantes d’appartement, ils ne peuvent être qu’uti- les en dévorant les pucerons et autres parasites qui vivent aux dépens de ces plantes. i CHAPITRE III » HYMÉNOPTÈRES, LÉPIDOPTÈRES, DIPTÈRES DES HABITATIONS HUMAINES Nous réunissons ces trois ordres dans un même chapitre parce que tous trois présentent des métamorphoses complètes. Hyménoptères. — Ces insectes, pourvus de deux paires d’ailes propres au vol et semblables, c’est-à-dire transparentes et membraneuses, ont des pièces buccales conformées pour broyer. Beaucoup vivent en sociétés nombreuses. Leurs larves sont helminthoïdes, à pattes peu ou point développées, plus rarement éruciformes (fausses- chenilles). Leur régime est assez variable, le plus souvent végétal. Les Guêpes ne se montrent dans nos habitations que sous leur forme d'insecte parfait que tout le monde connaît. Kl les vivent en société dans des nids creusés en terre ou dans des tious d arbres creux, et dont l'ordonnance rappelle celle des nids d’Abeilles, mais les étages et les loges des larves sont formés, non de cire, mais d’une sorte de earlon-pàle dégorgé par l'insecte et qui se durcit rapidement. Les larves, très dégradées, sont vermiformes et apodes. La Guêpe vulgaire (Fi esga vulgciris), et la Guêpe germanique (1 . germanica, ), sont les deux espèces les plus communes dans nos habitations où elles s'introduisent en été par les fenêtres ouvertes, attirées par les fruits qui figurent sur nos tables. Le nid de ces deux espèces est sou- terrain. Elles recherchent les matières sucrées, sont très communes dans les épiceries, les pâ- tisseries et même les boucheries, car elles arra- chent avec leurs mandibules de petits morceaux de viande crue. Quelquefois elles tuent et sucent les mouches domestiques. Les Guêpes femelles sont seules munies, à l'extrémité de l’abdomen, d’un aiguillon acéré, creux comme l’aiguille d’une seringue hypoder- mique et en rapport avec des glandes à venin, dont ces insectes se servent pour se défendre ou engourdir leur proie (mouches, etc.). Le venin 56 GUÊPES de ces glandes paraît être de l’acide formique concentré. Lorsqu’on est piqué par une guêpe, c’est presque toujours parce que l’on a touché l’insecte dans la crevasse d’un fruit, car la guêpe n’atlaque jamais l’homme sans en être inquiété. Celte piqûre est très douloureuse, mais ordinai- rement peu dangereuse, et l’inflammation se dissipe au bout de douze ou vingt-quatre heures au plus. Lorsque cet accident arrive, c’est le plus sou- vent à la main qui saisit le fruit que l’on est piqué : il faut faire saigner la blessure en pres- sant les tissus, et sucer la plaie en ayant soin de ne pas avaler le sang et le venin qui s’y trouve mêlé. Il est bon de s’assurer, au besoin à l’aide d’une loupe, que l’aiguillon n’est pas resté, en tout ou en partie, enfoncé dans la peau ; en cas d’affirmative, et si l’aiguillon est entier, on rase la peau avec des ciseaux pour enlever d'abord la vésicule de venin qui peut rester adhérente à la base du dard, puis à l’aide d’une aiguille fine, rendue aseptique en la passant dans la flamme d’une bougie, on cherche à extraire le corps étranger enfoui dans la plaie. On peut panser avec des compresses d’eau salée. L’application de l’aminoniaque (surtout quand il est purj est inutile ou nuisible comme produisant une eau- FRELONS, ABEILLES 57 térisation hors de proportion avec la gravité de la blessure. Si la piqûre était à la tète, aux lèvres et sur- tout dans la bouche ou le pharynx, les accidents pourraient être beaucoup plus graves et récla- meraient la prompte intervention d’un médecin. Se gargariser immédiate- ment avec de l’eau salée, ou additionnée d’eau-de- vie, est la seule chose à faire en attendant son arri- vée. On se débarrasse des guêpes au moyen du piège à miel qui sert également pour les mouches : dans les boucheries on leur aban- donne un foie qui les attire par la substance sucrée qu'il renferme. La piqûre du Frelon ( Vespa crabro ) est plus re- doutable que celle de la guêpe commune, mais celte espèce se montre rarement dans nos maisons. Il en est de même des Abeilies(H/us mellifica)e t des autres Hyménoptères à aiguillon dont la piqûre exige le même traitement que celle de la Guêpe. Fig. 15. — Appareil veni- meux de l’Abeille : c, ai- guillon ; g, glande à venin ; f, réservoir du venin. 58 FOURMIS Lo Pompile des chemins ( Pompilus via/icus), qui appartient à un autre groupe, celui des Sphégiens, vient quelquefois jusque dans les maisons piquer l’Araignée domestique sur sa toile. Sa piqûre est très douloureuse et l’on fera bien de s’en méfier. Les Fourmis vivent en société comme les Fig. 16, — Fourmi sous ses divers états : n, femelle; b, mâle ; c, ouvrière ; d, larve ; e , œufs ; f, nvmplie vue de face et de profil. Abeilles et les Guêpes. Leur nid est ordinaire- ment creusé dans la terre, et souvent à proxi- mité des maisons où elles s’introduisent pour détruire et gâter les provisions de bouche, sur- tout les substances sucrées. Elles installent sou- FOURMIS 59 vent ce nid au-dessous de l’appui d’une fenêtre, et les allées et venues des ouvrières allant à la provision, sou vent à une grande distance, passent inaperçues jusqu’au moment où, l’époque de la reproduction étant venu, par une chaude après-midi de juin ou juillet, on voit les mâles et les femelles ailés sortir en foule et se livrer à leurs ébats, autour de la fenêtre dont le soubas- sement cache leur nid. J’ai vu, au centre même de Paris, dans le quartier neuf qui s’étend entre la Madeleine et le Parc Monceau, une boutique de pâtisserie en- vahie par le? fourmis. Une dame était entrée dans cette boutique pour manger un gâteau, lorsqu’au moment de le porter à sa bouche, elle le rejeta avec dégoût. La crème de ce gâteau était couverte de petites fourmis noires. Le nid de ces fourmis devait être situé sous le trottoir d’as- phalte ou le plancher même du magasin, et les ouvrières affairées s’introduisaient par les fis- sures des boiseries pour aller jusque sur la ta- blette de l’étalage piller les gâteaux qui s’y trou- vaient exposés. C’est la Fourmi de Pharaon ( Monomorium pharaonis), qui s’installe ainsi jusque dans te centre de nos grandes villes. Cette espèce, véri- table fourmi de maisons, passe pour avoir été 60 SIREX importée d’Afrique. Elle infeste les salles à man- ger, les cuisines, les offices, les magasins d’épi- ceries, etc., pénétrant par les fissures les plus étroites, s’attaquant au sucre, au chocolat, aux fruits secs, auxquels elle communique le goût et l’odeur de l’acide formique qu’elle répand sur son passage. Cette fourmi a causé de grands ra- vages, il y a 4» ans, dans les maisons de certains quartiers de Londres et de Brighton, en An- gleterre. Pour s’en débarrasser, il est indispensable de découvrir le nid, ou tout au moins une des prin- cipales entrées. On y fait alors couler de l’eau bouillante ou du pétrole. Pour mettre les provi- sions à l’abri de ses visites, on trempe des éponges dans une solution concentrée de miel ou de sucre, et on place ces éponges près de l’en- trée de la fourmilière indiquée par les allées et venues des ouvrières. Deux ou trois fois par jour, on jette ces éponges dans l’eau bouillante qui tue les fourmis logées dans les creux de l’éponge. On renouvelle ce piège aussi longtemps qu’il est nécessaire. C’est aux Hyménoptères phytophages qu’ap- partient le genre Sirex dont deux espèces se trouvent quelquefois dans les maisons, sortant des boiseries et des planchers où vivent leurs SIREX fil larves, remarquables par leurs habitudes perfo- rantes, qui ne respectent même pas les plaques de métal. Les larves sont cruciformes, aveugles, mais pourvues de six pattes et de mamelons an- tennaires(/ty. 4, e) : leur tète est cornée, et les mû. choires, très robustes, sont asymétriques, les i Fig. 17 Sirex géant (adulte). dents de droite étant horizontales, celles de gauche verticales. L'insecte adul te ressemble à u ne grosse guêpe à ventre cylindrique, sans étranglement à la base. Le Sirex des sapins (Sireæ juvencus) est d’un bleu d'acier avec une ceinture jaune chez le mâle et des pattes orangées chez la femelle. 62 SIREX Le Sirex géant ( Sirex gigas), a des couleurs plus semblables à celles des guêpes. En 1807, le Maréchal Vaillant montra à l’Aca- démie des Sciences des cartouches provenant de caisses retour de Crimée. Non-seulement le car- ton formant l’enveloppe des cartouches, mais la halle de plomb elle-même, était perforée par un insecte qui avait laissé sa dépouille dans ces caisses et n’était autre que le Sirex juvencus. De môme, le Sirex gigas perfore quelquefois des lames de plomb de deux centimètres d’épaisseur telles que celles des chambres à plomb des fa- briques d’acide sulfurique. Inutile de dire que ce sont les larves avec leurs robustes mâchoires, et non les femelles avec leurs tarières, comme on l’a supposé, qui pro- duisent ces perforations. Ces larves paraissent avoir l’habitude de pousser droit devant elles, quelle que soit la matière qu’elles trouvent sous leurs dents : c’est ainsi qu’après avoir percé le bois elles traversent le plomb qui le recouvre, ou bien qu’elles passent du bois de la caisse au carton des cartouches, puis à la poudre et à la balle de plomb qui s’y trouvent renfermées : le seul but de l’animal est de se creuser un passage pour accomplir sa métamorphose, et sortir à l’air libre sous forme d’insecte parfait. LEPIDOPTERES 63 Lépidoptères. — Les seuls Papillons que l'on trouve habituellement dans les habitations humaines, appartiennent au groupe des Noc- turnes, et plus particulièrement aux Microlépi- doplètrs désignés sous les noms de Py raies et de Teignes. Ce sont les larves ou chetiilles qui commettent des dé- gâts dans nos maisons. Ces chenilles ( larves érucifonnes), ne sont pas généralement pa- rées de mamelons ou de lignes aux couleurs vives, semblables à celles des Papillons diurnes qui vivent au grand jour . Comme elles se tiennent géné- , , . . ii Fin. 18. — a, Pyrale do la graisse râlement cachées, elles (Afjlos$n pii;;/mnati,) . 6> sa sont incolores (blanchâ- larve éruci forme ; c, coque de v coite larve. très), mais possèdent comme celles-ci des fausses pattes membraneuses abdominales en outre des trois paires thoraciques dites écailleuses. Elles ont la peau nue ou cou- verte seulement de poils clairsemés, au lieu des longs-poils qui protègent les chenilles diurnes. 64 PYIULES, VEHS DES FRUITS La Pyrale de la c.raisse (/I ylossa pinyubialis), ressemble à une teigne de deux centimètres d’en- vergure avec des ailes d’un gris rougeâtre zébré de blanc. La chenille munie de seize pattes vit dans la graisse, le beurre, le lard et se montre parfois dans les coins poussiéreux des salles à manger en quête d’un endroit favorable pour subir sa métamorphose. On a des cas authenti- ques de chenilles vivantes rendues par l’homme, vraisemblablement après avoir été avalées dans de la graisse ou du beurre. La Pyrale de la farine (Asopia farinalis), ressemble à une Phalène : ses ailes sont d’un brun olivâtre rayé de blanc, et la femelle tient son abdomen relevé. La chenille vit, non seule- ment dans la farine, mais dans les plantes sèches des herboristeries, les grains et la paille. La Pyrale des pois ( Grapholitha pisana ), est une autre espèce dont la chenille rend les pois véreux à l’arrière-saison, tandis que la Bruche (p. 4o) qui se montre au printemps, n’attaque que les pois précoces. Les Vers des fruits que l’on voit sur nos ta- bles, sont généralement des chenilles du groupe des Carpocapses. La femelle du Papillon, sem- blable aux Pyrales et aux Teignes, pond sur le jeune fruit, et la chenille, à peine éclose, pénètre TEIGNES 65 dans l’intérieur en se dirigeant vers le cœur, s’v installe, et perce des galeries quelle souille de ses déjections noirâtres. Le Ver des prunes est aussi une clienille du genre Grapholita (G. funebrana), qui attaque non-seulement les prunes mais les abricots. Ce sont ses déjections pulvérulentes qui donnent si mauvais goût aux pruneaux de qualité in- férieure. Le Ver des pommes ( Carpocapsa pomonella ), se trouve dans les pommes, les poires et plus ra- rement les noix. Une même chenille peut gâter plusieurs fruits. Le papillon, à ailes d’un gris bleuâtre avec des lignes brunes et une tache rou- geâtre, se voit quelquefois au printemps sur les vitres des fenêtres, sortant des fruits conservés pendant l’hiver. La Carpocapsa splendana est l’espèce qui rend les marrons véreux : elle attaque aussi les châ- taignes, les noix et les amandes. Les Teignes proprement dites ( Tineidæ ), sont remarquables par l’habitude qu’ont les chenilles de se construire une sorte de fourreau avec la matière dont elles se nourrissent : elles traînent ce fourreau derrière elles, comme la coquille d’un mollusque, ne laissant voir au dehors que la partie antérieure de leur corps. Sous forme de Trocessakt. — Les parasites des habitations humaines 5 0(j TEIGNES papillon, elles ne prennent pas de nourriture. Trois espèces fréquentent nos habitations, La Teigne tapissière ( Tinea lapelzella), que tout le monde connaît, est quelquefois désignée sous le nom inexact de Mite qui doit être réservé pour les Acariens dont nous parlerons plus loin. Elle ronge les étoffas de laine. La Teigne fripière (Tinea sprelella), se trouve avec la précédente et paraît plus commune sur les vêlements de laine (pie l’on laisse longtemps pliés dans les tiroirs ou suspendus dans les Fig. 19 Fig. 20 Fig. 21 Teigne du crin Teigne des pelleteries Teigne des tapisseries garde-robes sans les battre ou les brosser. Sa larve se construit un fourreau souvent bariolé de toutes les couleurs, suivant les vêtements qu’elle a eus à sa disposition. La Teigne des pelleteries {Tinea pellionella), s’attaque de préférence aux fourrures dont les poils lui servent à construire son fourreau tout hérissé de poils. Elle s’y transforme après l'avoir fixé aux tapisseries, aux meubles ou aux boise- ries. Ces trois espèces ont deux générations EI'IIESTIES 67 (en juin et en septembre) : par conséquent c’est pendant t’été qu’il importe le plusde surveiller les vêtements de laine. La Teigne du crin ( Tineoln biscliella ou cri- nella), occasionne des dégâts dans le crin qui sert ù rembourrer les matelas et les fauteuils, surtout lorsque pandues qu’une autre espèce d’im- portalion plus Fin. a. — a, a, Tineola biseliella ; b, clio- niella), teigne du groupe des Phyciles, impor- tée d’Amérique ou peut-être du sud de la Russie vers 1877, et qui commet depuis quelques années de grands ravages dans les moulins, les minoteries, les greniers à farines, les manulen- La Teigne des grains ( T inc a granella),el l’A* lucite des céréa- les (A Incita cere- atella), sont au- jourd’hui beau- coup moins ré- ce crin est mal dégraissé. 68 EPHKST1ES lions de subsistances militaires. Le papillon est gris, de deux centimètres d’envergure ; la che- nille, blanche ou rosée avec la tôle et la queue plus foncée atteint un peu plus d’un centimètre de long et ne s’entoure pas d’un fourreau, mais creuse dans la farine des galeries tapissées de soie blanche qui ressemblent à des toiles d’arai- gnées pleines de poussière de plâtre. La nymphe s’entoure d’un cocon de soie blanche. Celle teigne est un vé- ritable fléau dans les moulins et les greniers où elle s’est installée, et où elle pullule rapidement. Elle s’attaque aussi aux biscuits, aux t >y soies des bl lite- ries et à beaucoup Ephesiic de la farine et sa chenille. d autres Sllbslan- ces (l). Une espèce du même genre, depuis longtemps connue en France ( Ephestia elutella), s’attaque (') J. Danysz. — Mémoires du Laboratoire de Pa- rasitologie Végétale de la Bourse du Commerce, t. I. Paris, i8g3. DIPTÈRES 69 au chocolat, au pain d’épices, aux dattes et a toutes les substances animales ou végétales. Diptères. — Les Diptères sont des Insectes à métamorphose complète, h larves helminlhoïdes, Fig. 24 Cousin (mâle, fortement grossi). c’est-à-dire absolument vermiformes, dépourvues de tout appendice (antennes ou pattes), ne se déplaçant que par un mouvement de reptation. 70 COUSINS L’adulte no porlc qu’une soulo paire d'ailes membraneuses ol transparentes, la seconde paire élant alrophiée et représentée par ce qu’on appelle les balanciers. La bouche est transfor- mée en suçoir, et c’est toujours avec ce suçoir que l’insecte pique; tous les Diptères sont dépour- vus de l’aiguillon abdominal qui caractérise les Fig. 25 Cousin femdlo et sa larve aquatique (grossis). Hyménoptères, avec lesquels on les confond quelquefois à première vue. Les Cousins et les Moustiques appartiennent au sous-ordre des Nemocères, reconnaissables à leur corps grêle, à leurs longues pattes filiformes, à leurs antennes bien développées et souvent plu- COUSINS 71 meuseschez le mâle. Chez les Cousins, les palpes sont également longs et plumeux semblables à une seconde paire d’anlennes. Les larves vivent clans les eaux stagnantes et se reconnaissent à leur grosse tète et à leurs corps allongé se termi- nant par deux tubes qui servent à la respiration. La nymphe active, à partie antérieure renflée, a été comparée à un petit dauphin. Le Cousin commun ( Culex pipiens), est frop bien connu de tous ceux dont il a troublé le sommeil par ses piqûres. Les femelles seules, qui sont privées des appendices plu- meux que porte la tète du mâle, sont coupables de ces blessures. El les per- cent la peau avec leur trompe en forme d’aiguilles revêtues d’un fouxTeau fendu Fig. 26. — Trompe du cousin femelle : M, M, aiguillons de la trompe sortis du fourreau J.I. dans sa partie moyenne,, de telle sorte que cette gaine se replie à mesure que la pointe s’enfonce jusqu’à ce qu’elle ait rencontré un vaisseau ca- pillaire plein de sang. La démangeaison qui suc- cède à cette piqûre est due à la salive irritante que l’insecte déverse dans la plaie. Sachant que la larve vit dans l’eau, on se 72 MOUSTIQUES mettra à l’abri des piqûres de la femelle en éloi- gnant autant que possible des habitations, et par- ticulièrement des chambres à coucher, les ton- neaux d’arrosage, les bassins des jardins, les aquariums de toute espèce, et surtout en fermant les fenêtres dès que le soleil est couché, moment où les insectes cherchent un abri pour se garan- tir de la fraîcheur de la nuit. On évitera avec Fig. 27 fl, Mouche domestique ; 4, aile ; c, antenne ; d, larve helminllioïde ; e, nymjilie. soin de garder la fenêtre ouverte avec une lampe ou une bougie allumée, car la lumière attire tous les insectes. Le Cousin annelé ( Culeoc annula tus) et le Moustique cendré ( Ædes cinereus ) du Nord de la France, ont les mômes mœurs que le Cousin commun. Les grands Tipules ne piquent pas, se nourrissant de substances végétales. MOUCHES 73 Le sous-ordre des Brachycères renferme les Diptères désignés ordinairement sous le nom de Mouches. Leurs antennes sont très courtes, d’où le nom du sous-ordre. Leurs larves apodes vivent dans les matières organiques mortes ou en dé- composition. La Mouche domestique ( Musca domestica), est, pendant l'été et l'automne, le commensal habituel de nos salles à manger où elle devient souvent importune et désagréable par son grand nombre, souillant les aliments, les plafonds, les murs et les glaces de ses déjections, tourmentant les personnes malades qui sont forcées de rester couchées pendant le jour. Sa larve vit dans les fumiers : il importe donc beaucoup d’éloigner des habitations les écuries, les étables, et tous les détritus ménagers. La connaissance de ces mœurs explique pourquoi les mouches sont beau- coup plus communes dans les maisons de cam- pagne, surtout dans le midi, et dans les appar- tements des grandes villes situés au voisinage d’écuries. La propreté scrupuleuse de ces der- nières, l’enlèvement journalier du fumier des chevaux, met à l’abri de cet hôte incommode. Dans les pâtisseries et les épiceries, où les mou- ches sont attirées par les substances sucrées, on se sert de pièges en verre, garnis de miel ou MOUCHES, réniSTALES U d’onu sucrée, pour diminuer leur nombre. Dans les appariements on emploie le même moyen ou le papier empoisonné dit papier tue-mouches, ou tout simplement une assiette a demi-pleine d 'eau de savon et recouverte d’une feuille de carton mince percée de trous d’un centimètre environ de diamètre. On prétend qu’un plant de Ricin placé près de la fenêtre ou de la porte em- pêche ces insectes d’entrer dans une chambre. D’autres espèces moins communes se montrent aussi dans les maisons. La Mouche des Urinoirs ( Techomyza fusca), a les ailes parallèles : elle est noire avec un écusson blanc. Sa larve vit dans l’urine corrom- pue. Dans les grandes villes, où les urinoirs sont continuellement lavés par un abondant courant d'eau, cette espèce est devenue rare. Mais partout ailleurs on la trouve encore dans les coins souillés par les déjections ammoniacales : elle vole peu et se rassemble en pelotes, ce oui permet de la détruire facilement par l’eau bouillante, le pétrole ou le feu. Les Eristales ( Eristalis ) sont des mouches qui ressemblent, par leurs couleurs seulement, aux Guêpes et aux Abeilles. Elle viennent quelque, fois butiner sur nos tables, quand les fenêtres s’ouvrent sur un jardin, mais ne peuvent faire MOUCHES A VIANDE / i) aucun mal. Il importe cependant de no pas les confondre avec les guêpes. Les larves des Érislales vivent dans le fumier, le purin, les latrines, etc. La Mouche a viande ( Calliphora vomiloria), ressemble davantage à la Mouche domestique, mais elle est plus grande et d’un bleu d’acier. La femelle est vivipare, ce qui explique le prompt développement des larves, que l’on dé- signe communément sous le nom d’As/iuo/s et qui servent à la pèche. Les femelles cherchant à pondre voltigent autour des boucheries et s'in- troduisent dans les cuisines et les offices, s’insi- nuant dans le moindre in terstice des garde-man- ger. A peine Je gibier a-t-il quitté l’épaule du chasseur que ces femelles, guidées par l’instinct, arrivent pour pondre dans la blessure faite par le plomb, et quelques heures après, les larves sont déjà grandes et fortes, car elles mangent sans se reposer ni jour ni nuit. Souvent même l'insecte, pressé de se débarrasser des milliers d’embryons qu’il porte, ne se laisse pas rebuter par les moyens que l’on croit efficaces pour l’écarter. En voici un exemple assez curieux. 11 y a quelques années, l’auteur de ces lignes avait imaginé un procédé rapide pour embau- mer les chauve-souris et les conserver sans avoir MOUCHES A VIANDE 76 recours au savon de Bécœur. Après avoir ouvert le ventre de chaque spécimen, je remplaçais les viscères par un tampon d’ouate imbibé d’une solution formée d’un mélange de sublimé, de Fig, 28. — a, Mouche bleue de la viande (Callip/iora vomitona ) ; b , aile ; c, antenne ; d, larve helminthoide e , son extrémité antérieure ; f, son extrémité posté- rieure ; g% nymphe. noix vomique et d’acide phénique. Après avoir badigeonné les parties nues avec la même solu- tion, les chauve-souris fixées sur une planche, MOUCHES A VIANDE 77 les ailes étalées au moyen d’épingles, étaient mises à sécher près d’une fenêtre ouverte. On était en été. Un soir, examinant mes spécimens à la lueur d’une bougie avant de fermer ma fenêtre, je fus presque terrifié en voyant deux ou trois de mes chauve-souris, véritables spectres, remuer la tète d’un mouvement lent et régulier qui leur donnait un aspect tout à fait fantastique. Je crus d’abord à une illusion : mais rien n était plus l’éel. Décidé à éclaircir ce mystère, je pris un scalpel et fendis la peau à l’une de mes bêtes. Le cou était rempli de larves qui cherchaient à pénétrer dans la boîte crâ- nienne, après avoir dévoré le peu de chair que j’avais laissé dans le thorax. Les mouvements qui m'avaient surpris étaient produits par les ondulations des larves rampant sous la peau. Ainsi, malgré l’odeur de l’acide phénique, mal- gré les substances vénéneuses dont j’avais bourré et enduit ces cadavres, plusieurs mouches étaient venues pondre aux alentours de la bouche, et les larves avaient prospéré dans ce milieu incomplètement préservé contre leurs atteintes. Inutile de dire que je renonçai à mon procédé d’embaumement. La Sarcophuga carnaria est voisine de la pré- cédente et a les mêmes habitudes. 78 VER DES CERISES Le Ver des cerises est une Mouche du genre Ortnlis (O. cerasi ), dont les ailes portent quatre bandes noires. La larve vit dans la pulpe des Fig. 29. — a, Sarcophaga. car noria ; b, ailo ; c, an- tenne ; d, larve ; e, son extrémité antérieure ; f, son extrémité postérieure ; g, nymphe. cerises douces, s’attaquant rarement aux cerises aigres. D'autres Diptères attaquent les olives, les grains et môme les oranges. PUCES 70 Aphaniptères. — On peu t rattacher aux Diptères les Puces dont on lait quelquefois un ordre à part, niais ces insectes a métamorphose complète, sont, en réalité, des Diptères sans ailes et l’on connaît d’autres Diptères (les Nyc- icribies et les Mèlophages , par exemple), qui sont également aptères. La Puce commune ( Pulex irritans ), est bien connue sous sa forme d'insecte parfait, mais Fig. 30 Puce de 1 homme (grossie). peu de personnes savent que sa larve est un pe- tit ver blanc, allongé, qui sort au bout de six jours, en été, de l’œuf pondu par la femelle dans les fentes des planchers ou les replis des tapis. Ces larves se déplacent assez rapidement d’un mouvement vermiculaire et se nourrissent de cadavres de mouches, de sang desséché ou d’autres substances animales qu’elles recher- 80 l’L'CES client dans la poussière des appartements. Au bout de onze jours celle larve se file un petit cocon où elle se transforme en nymphe : d’abord blanche, celte nymphe brunit rapidement et sort du cocon au bout de onze nouveaux jours. Elle cherche immédiatement sa victime. Pour piquer, la Puce écarte les deux valves de la gaine qui protège ses mandibules en forme de lancette dentelée, enfonce ces dernières et pompe le sang. L’effet de cette piqûre où l’insecte dé- Larre de la Puce de l'homme (grossie). verse une salive irritante, est très variable sui- vant les sujets; chez certains enfants à peau fine et à système lymphatique très développé, elle détermine de véritables papules qui pro- duisent des démangeaisons insupportables mais de peu de durée. Le meilleur moyen de se préserver des Puces est d’entretenir dans les appartements une pro- preté parfaite par des balayages soigneusement faits tous les jours jusque dans les recoins et sous les meubles : les tapis cloués sont très favo- PUCES 81 râbles aux larves qui s’y cachent facilement. Les chiens et les chats transportent les cocons (les nymphes qui s’attachent à leur pelage pendant qu’ils se roulent sur le tapis, et contribuent ainsi à la dispersion et à la propagation du pa- rasite. Outre les poudres insecticides ordinaires, on a préconisé, pour se débarrasser des adultes et des larves, les lavages et les aspersions avec des eaux savonneuses, sulfureuses ou benzinées. Bien que la Puce du chien et celle du chat soient considérées comme des espèces distinctes, ces deux espèces ne se font pas faute de piquer la peau humaine quand elles en trouvent l’occa- sion. Dans tous les cas, les chiens transpor- tent les cocons de la Puce commune fixés à leur pelage, d’un appartement à l’autre, ainsi que nous l’avons dit plus haut. A Paris, tout le monde a remarqué qu’après un trajet en omni- bus ou une station dans la foule des grands ma- gasins, on rapportait à coup sûr des puces dans l’appartement le mieux tenu. C’est un point sur lequel il est inutile d’insister. Taouessaat. Les parasites des habitations humaines 6" CUAIMTIUS IV ORTHOPTÈRES, NÉVROPTÈRES, HÉMIPTÈRES APTÈRES DES HAHLTATIONS HUMAINES Les Insectes appartenant aux trois ou quatre ordres dont il nous reste à parler, ont tous des métamorphoses incomplètes, c'est-à-dire qu'ils sortent de l’œuf ayant à peu près la forme de l'Insecte parfait, sauf la taille et les ailes. Leurs larves sont donc essentiellement campodci formes, et les nymphes agiles, de telle sorte que la mé- tamorphose est remplacée par de simples mues très courtes qui permettent à l’animal de gran- dir en se débarrassant chaque fois de la peau dure et inextensible qui recouvre les parties molles ; après la dernière de ces mues, l’insecte se montre à l'état d’adulte sexué et pourvu de deux paires d’ailes, sauf chez les Aptères. ORTHOPTÈRES, FORFICUt.ES 83 Comme conséquence, le régime des jeunes est le même que celui des adultes, les uns et les autres commettent les mêmes dégâts, à la di- mension près. Orthoptères. — Les Orthoptères ont, comme les Coléoptères, la paire d’ailes antérieures en forme d’élylres dures, et la paire postérieure est plissée en éventail. La bouche est conformée pour broyer et le régime est exclusivement vé- gétal. Les Forficui.es ou Perce-oreilles ( Forficula auricularia), que les anciens entomologistes plaçaient près des Coléoptères, ressemblent, en effet, beaucoup aux Staphylins par leurs élytres courtes et parallèles, mais ils s’é- loignent de ces derniers par l’ab- sence de métamorphoses et par la présence des tenailles courbes qui terminent l’abdomen, et qui sont ...... F’ 0- 32. — Forfi- d ailleurs tout à fait inoffensives. cule perce-oreille Ces insectes se rencontrent sou- lsramI- naUlr',‘ vent sur nos tables dans l’intérieur des pèches d'espalier; ils pénètrent jusque dans l’intérieur du noyau. Ils causent beaucoup de tort dans les espaliers et les fruitiers, mais sont sans danger 84 I! LATTES pour l’homme, malgré leur nom qui vient de la ressemblance de leur pince avec l’instrument qui servait autrefois aux bijoutiers à percer les oreilles des enfants. Les Blattes ou Cancrelats sont des insectes très nuisibles en raison de leur grande taille : la plupart des espèces ont été importées des pays chauds et se sont acclimatées en Europe où elles pullulent aujour- d’hui dans les magasins et les cuisines, partout où on ne leur fait pas une guerre incessante. Ces insectes sont noc- turnes. La Blatte orientale ( Periplaneta orienta- lis), nommée commu- nément Cafard, est un des plus gros parasites de nos maisons, car elle Fig. 33. — Blalte (les cuisines et des boulangeries (mâle), atteint trois centimètres grandeur naturelle. . , , ,, de long. Elle est d un brun noirâtre avec l’abdomen terminé par deux pointes, et le mâle seul porte des ailes transpa- rentes : la femelle n’a que des rudiments d’élytres et est incapable de voler. Cette espèce B L AITES 85 se tient dans les rez-de-chaussée et les sous-sols des maisons, ne se montrant aux étages supé- rieurs que lorsqu’elle y est accidentellement transportée. Elle pullule dans les boulangeries, les épiceries et les magasins de comestibles, ainsi que dans les cuisines elles offices situés dans les rez-de-chaussée ou les sous-sols, se cachant le jour dans les recoins obscurs et sortant la nuit pour dévorer toutes les substances animales ou végé- tales qu’elle peut atteindre : ses dégâts sont en rapport avec sa taille, c’est-à-dire considérables. Pour s’en débarrasser, il faut faire des in- sufflations de poudre de pyrèthre dans les trous et les coins sombres où elles se cachent pendant le jour. On conseille encore de disposer des pièges formés de paquets de vieux linges humides où elles se réfugient: on peut alors les écraser et les brûler. On comprend difficilement l’indifférence des boulangers parisiens en face d’un ennemi aussi redoutable : passant à une heure matinale devant la porte des boulangeries qu’on vient d’ouvrir, j’ai souvent vu des blattes parfaitement vivantes se débattre sur le trottoir au milieu des miettes de pain que l’on venait de balayer : on peut être certain qu’une heure après tous ces insectes étaient rentrés dans la maison dont on venait de les expulser. 80 IH.ATTKS La lîr.ATTE okhmanique (fflalla r/ermanicà), do moi lié plus jk* I i le que la précédente, plus élan- cée cl d’un fauve grisâtre, porte des ailes dans les deux sexes, mais celles du mâle sont plus longues que celles de la femelle qui s’en sert rarement. Cette femelle pond ses œuls collés en masse et entourés d’une capsule cornée, appelée oothèque, qu’elle porte quelque temps suspendue au-dessous de son abdomen. Il est donc impor- tant de détruire ces femelles à l’époque de la re- production. Cette espèce infeste actuellement les cuisines de tous les appartements parisiens, s’installant à tous les étages, facilement propagée par les déménagements fréquents qui la transportent avec les meubles de cuisine. Elle se cache pen- dant le jour dans les tiroirs de ces meubles, les fentes des fourneaux et des boiseries et sort la nuit pour se repaître des matières alimentaires de toute espèce. La poudre de pyrèthre projetée en fins nuages à l’aide d’un soufflet ad hoc dans tous les recoins et les fissures des cuisines, suffit pour s’en débarrasser, mais il faut y revenir à plusieurs reprises, surtout aux époques de la reproduction, qu’il est facile de reconnaître au mouvement inaccoutumé que se donnent les in- sectes dès l’approche de la nuit. GRILLON, NÉVROPTKRES 87 Le Grillon domestique ( Gryllus dameslicus), ressemble davantage au type normal des Orthop- tères, c’est à-dire aux Sauterelles. Il est cl un jaune sale, long de deux centimètres : ses ailes forment deux lanières qui dépassent les élytres. Il se trouve dans les boulangeries et les cuisines, montant rarement jusqu’aux premiers étages des maisons. Ses dégâts sont comparables à ceux des Blattes, mais il pullule rarement autant, et Fig. 31. — Grillon domestique (grandeur naturelle). la plupart du temps c’est son cri monotone qui trahit sa présence. Ce cri, qui lui a valu le nom de Cri-cri, est produit seulement par le mâle et dû au frottement des élytres l’une contre l’autre. Ces élytres sont pourvues d’un appareil stridula- toire particulier que l’insecte fait vibrer, avec une rapidité surprenante, pendant des heures entières sans paraître fatigué. Névroptères. — Ces insectes ont, à l’âge 88 TERMITES adulte, deux paires d’ailes semblables, membra- neuses. Ceux qui vivent dans les maisons appartiennent au groupe des Pseudo-orthop- tères dont on fait quelquefois un ordre à part. La bouche est disposée pour broyer. Les Termites ou Fourmis Hanches ( Termes lucifugus ), vivent en sociétés nombreuses comme les fourmis. Celte espèce a été importée de l’Amérique chaude et s’est acclimatée dans toute la région de la France située au sud de la Loire, mais surtout dans les ports de mer (Ro- chefort, La Rochelle, Bordeaux, etc.), y com- mettant de grands ravages dans les habitations. L’insecte est long de près d’un centimètre, brun, avec les extrémités blanchâtres. Dans chaque colonie ou société on distingue, comme chez les fourmis, une femelle ou Reine dont l’abdomen atteint une grande taille loi'squ’elle est fécondée, puis des mâles, des ouvriers et des soldats : ceux- ci sont sans ailes : les nymphes et les adultes des deux sexes sont seuls pourvus de ces appendices, dont ils ne se servent qu’à l’époque de la repro- duction, sortant par essaims comme le font les fourmis. Les termitières sont cachées dans les maisons ou les jardins, souvent à une grande profon- deur ; à l’état sauvage dans les souches do pins TERMITES 89 des Landes. Les ouvriers altaquent les bois de Fig, 35. — Termite lucifuge : 1, ouvrier; 2, soldat; 5, nymphe à grands étuis; 0, mâle ailé. 90 TERMITES construction, les poutres des maisons, les plan- chers, les meubles, les livres, les carions pleins de papiers, le linge, les fruils secs, en un mol, lou tes les substances végétales. Iis travaillent toujours à l’abri de la lumière, façonnant des tuyaux creux avec la sciure produite par leurs dégâts et qu'ils agglutinent solidement à l’aide de leur salive : ces tuyaux sont disposés le long des murs, sous les boiseries ou le plâtre et même à nu, et les insectes y cheminent à couvert. On sait qu’à l’Arsenal de La Rochelle cette espèce a détruit des pilotis sur une étendue considérable, et infesté tous les ateliers et magasins remplis de bois de construction ou de menuiserie. Des maisons de celte ville ont eu leurs poutres de charpente détruites au point de menacer ruine. A la préfecture, les papiers des archives ont été rongés dans les carions, suivant le procédé propre à ces insectes, qui travaillent à couvert, respectant la feuille supérieure et la marge des feuillets, de manière à transformer registres et cahiers en des sortes de boîtes qui ne sont plus remplies que d’une poussière informe. D’énormes poutres de chêne sont ainsi creu- sées de manière à n’avoir plus qu’une couche superficielle de l’épaisseur d’une feuille de pa- pier et cèdent sous la pression du doigt, l’in lé- TERMITES 91 rieur étant rempli do cellules semblables ù celles de la moelle de sureau. M. Pérez, qui a étudié récemment les Ter- mites installés dans l'intérieur même de la ville de Bordeaux, a constaté que l’essaimage avait lieu trois ou quatre fois, d’avril à juin. Ces essaimages répétés sont, un puissant moyen de dissémination qui menace toutes les maisons des alentours. « Dès que l’existence d’une ter- mitière est dévoilée par la sortie des individus ailés, il faut l'attaquer sans retard, rechercher la mère pondeuse et la détruire, pour éviter les sorties ultérieures... Malheureusement le pu- blic n’y voit que des fourmis ailées sans rapport avec les termites des boiseries que très peu do gens connaissent sous le nom de fourmis blan- ches, sans soupçonner d’ailleurs leurs méfaits » (Pérez). La destruction des tuyaux construi s par les insectes, la visite des poutres dont les points creux rendent un son caractéristique à la per- cussion, la préservation des bois par des injec- tions chimiques, notamment au silicate de potasse, la substitution des charpentes de fer aux poutres de hois dans la construction des maisons, l’emploi de hoîtes en fer-blanc pour serrer les papiers et le linge, sont les moyens 92 PSOQUES que l’on doit employer pour se mettre à l’abri des ravages des Termites. Le Calolerm.es flavicollis est une seconde espèce qui commet les mêmes dégâts en Pro- vence et en Algérie. Les Psoques ou Poux des livres ( Alropos falidica et Clothilla pulsaloria), sont des para- sites des bibliothèques, des cabinets de travail, et des collections d’insectes négligées. L’espèce la plus commune est aptère, longue d’un milli- mètre et demi, grise avec les cuisses posté- rieures renflées, et de longues antennes qui la font ressembler plutôt à une jeune saute- relle qu’à un pou, bien qu’elle saule assez mal. Par contre, elle court et grimpe avec agilité. Elle se tient dans les recoins des bibliothèques, dans les tiroirs remplis de vieux papiers, se nourrissant de pains à cacheter, de la colle et de la peau des vieux livres couverts de poussière, de toutes les substances animales et végétales sèches. Ses habitudes sont nocturnes. On peut lui tendre des pièges amorcés de glycérine. Sur des plaques de verre destinées à des préparations microscopiques et portant quelques gouttes de gly- cérine, laissées, pendant la nuit, sur ma table de travail, j’ai souvent trouvé le lendemain matin des Psoques morts englués dans la glycérine. œufs d’hémérobies 93 Une autre espèce a chez I ailulle, des ailes ru- dimentaires dont elle 11e se sert pas pour voler, et meurt dès qu elle s’est reproduite. La femelle dépose ses œufs dans les endroits humides, no- tamment dans les meubles de toilette. L’est le I’soque pédiculaire (Cœcilius ped icular lus) , qui abonde en automne dans les maisons et les ma- gasins. Ses mœurs sont celles de l’espèce pré- cédente. Avant de quitter les Névroptères, signalons une singulière production que l’on trouve quel- quefois sur les prunes servies sur nos tables, et que l’on a pris souvent pour une végétation crvplogamique. Ce sont des touffes de minces filaments longs de quelques millimètres et ter- minés par une tète renflée comme celle d’une épingle. Ces prétendus champignons, auxquels on a même donné le nom à’ Ascop/ioi'a ovalis (!), sont les œufs d’un insecte du sous-ordre des Névroptères proprement dits et du groupe des Hémérobies , la Ciirysopa vulgaris. L’œuf qui forme la tète de ces filaments se fend et il en sort une petite larve campodéiforme qui grandit et se nourrit de Pucerons : c’est le Lion des Pucerons. Hémiptères. — Les Hémiptères ont les pièces buccales soudées en un rostre allongé en 94 HÉMIPTÈRES, PUNAISE forme do I rompe ol rabattu sous le ventre. La plupart sont phytophages et nuisibles aux végé- taux, mais l’espèce la plus répandue dans nos maisons a des mœurs bien différentes, car elle suce le sang de l’homme. Elle appartient au groupe des Hétéroplères, dont les ailes supérieures sont en partie durcies en forme d’élytres, mais l'espèce qui nous inté- resse ici est aptère, ses ailes s’étant atrophiées faute d usage comme chez beaucoup d’insectes parasites. La Punaise des lits ( Cimex leclularius ), sem- ble originaire de l’Orient, mais elle était déjà connue des anciens Grecs et des Romains : elle est au- jourd’hui répandue sur le monde entier comme la plupart des animaux dits domestiques, qu’ils soient Fid- 33, utiles ou nuisibles. Tout Punaise des lils (grossie). le monde connaît cet in- secte, sa forme aplatie et sa couleur d’un rouge brun clair : l’adulte atteint un centimètre de long, mais l’insecte fait sentir sa piqûre bien longtemps avant d’avoir celte taille. D’ailleurs, il peut jeûner longtemps sans périr, comme le fait PUNAISE 05 se présente souvent dans les appariements restés plusieurs mois sans locataires. 11 attend toujours la nuit pour sortir de sou trou et chercher sa nourriture; on peut se garantir de ses piqûres en gardant une lumière allumée près du lit où l’on repose. On sait que ces parasites sont transportés partout dans les malles remplies de vêtements et dans les vieux meubles. Ils abondent dans les hôtels du midi. On connaît l’histoire de ce voya- geur qui, descendu dans un des meilleurs hôtels de Bordeaux, et furieux d’une nuit blanche, entrait le lendemain matin dans le bureau de l'hôtel en annonçant qu’il allait loger ailleurs. « Très bien! Monsieur, lui fut-il répondu, mais en changeant d’hôtel, vous ne ferez que chan- ger de punaises ! » On se débarrasse de ces botes sanguinaires en faisant usage de la poudre de pyrèlhre, qui doit être insufflée non seulement sous les plinthes \ des boisei’ies, mais dans les fentes du plancher, les interstices des bois de lit et des sommiers et même dans les replis des matelas, des traver- sins et des oreillers, en un mot dans tous les recoins qui peuvent donner asile à l’insecte. On dit que des claies d’osier placées sous les lits constituent un excellent piège à punaise: on 06 COCHENILLES, GALLINSECTE.S visite ce piège chaque malin et l'on y trouve les insectes qui, allourdis par le sang dont ils sont gorgés, n’ont pas cherché un refuge plus éloi- gné : on secoue les claies sur un drap pour en faire tomber les insectes que l'on écrase ou que l’on brûle. C’est au groupe des Homoplères, qui ont les deux paires d’ailes membraneuses, qu’appar- tiennent certains insectes que l’on trouve quel- quefois en grand nombre sur les plantes d’appartement, et que les jardiniers désignent sous les noms de Poux des serres, Poux des rosiers, etc. En réalité, ces parasites appartien- nent au groupe des Cochenilles ou Gallixsectes ( Coccidæ ). Les mâles seuls sont ailés : les fe- melles sont aptères et forment ces petites écailles ovales, blanchâtres, que l’on voit fixées, immo- biles à la face inférieure des feuilles. Si l’on détache une de ces écailles et qu’on examine à la loupe sa face inférieure, on distingue, sous l’espèce de bouclier qu’elle forme, six pattes, deux antennes et un long rostre que l’animal tient enfoncé dans le végétal. Plusieurs espèces de ce groupe peuvent se rencontrer sur les plantes d’appartement. Nous citerons le Kermès du Laurier-rose ( Aspidiotus nerii), le Kermès des Orangers ( Lecanium hesperidum), et la Co- POU DBS SERRES 07 chenille des serres ( Ductijlopius adonidum), qui pond ses œufs en tas sous une matière cireuse semblable à de petites taches de bougie. Signa- lons encore le Rhizococcus araucariœ qui en- vahit rapidement les branches des petits Aracau- Fii/. 37. — Lecanium hesperidum : a, feuille dont le dessous porte des femelles fixées; b, jeune larve; c, mâle ailé; d,e, femelle vue dessus et dessous. rias en pots, si à la mode actuellement pour la décoration des appartements et les fait dépérir. On les en débarrasse par des badigeonnages d’alcool à 35° appliqué au pinceau, ou bien à l’aide d’une solution de nicotine. TaouessiiiT. — Les parasites des habitations humaine: 98 aptères, roux Aptères ( Anoploures et Thysanoures). — De même qu’on rattache les Puces à l'ordre des. Diptères, les Poux ou Anoploures peuvent être rattachés à l’ordre des Hémiptères dont ils ont le rostre en forme de suçoir, de telle sorte que l’ancien ordre des Aptères n’existe plus pour les naturalistes modernes, qui rattachent les Thysa- noures aux Orthoptères. Les Poux ( Pediculidæ ) sont des Hémiptères Fig. 38. - Pou (le la télé et ses plus petit et pluSgrèle lentes (œufs), erossis. 1 r il t v " & que la lemelle. Les œufs qui sont fixés aux cheveux sont désignés sous le nom de lentes. Cet insecte 11e se trouve que sur la tète des personnes malpropres, sur- tout des enfants que I on ne peigne pas assez souvent et qui se les passent facilement de l’un à l’autre dans les écoles. Les petites filles, qui ont les cheveux longs, y sont plus sujettes que sans ailes, dégradés par le parasitisme. Trois espèces s’atta- quent à l’homme. Le POU DE LA TÈTE (Pediculuscapitis)e st trop connu pour qu’il soit nécessaire de le décrire : le mâle est POUX 09 les garçons. Le préjugé populaire qui considère ces parasites comme un préservatif d’autres ma- ladies ne saurait trop être combattu, car il est absolument contraire à la réalité. Le Pou du cours ( Pediculus vestimenti), plus jaune que le précédent, sans liseré foncé aux anneaux du thorax et de l’abdomen, à pattes plus grêles, est plus rare que le précédent, mais, dans certaines circonstances, il peut se dévelop- per au point de constituer une véritable maladie (phthiriase ou maladie pédiculaire). Il ne s’ob- serve que chez les personnes très pauvres et très malpropres, les mendiants, les marchands de chiffons, etc. Autrefois, il se montrait dans les casernes, mais les progrès de la civilisation et la vulgarisation des soins de propreté parmi les soldats l’ont rendu beaucoup plus rare. Ou a formé un genre à part du Pou du Pubis (Phtirius pubis), espèce remarquable par la brièveté de son abdomen qui lui donne un tout autre aspect que celui des espèces précédentes. 11 n’a qu'un seul article au tarse des pattes an- térieures, et c’est avec ses pattes postérieures très robustes qu’il se cramponne solidement aux poils. Sa morsure produit une démangeaison beaucoup plus vive que celle du Pou de la tète. 100 POUX Le Pou nu Punis, désigné sous le nom vul- gaire de Morpion , se lient principalement dans les poils du pubis et des aisselles. On attribue à sa piqûre les taches bleues que l’on a considé- rées autrefois comme un symptôme de la fièvre typhoïde. On a répété longtemps, comme un axiome, que celte espèce « ne va pas sur la Fig. 39. — Pou du pubis (grossi). tète ». Cette opinion ne peut plus être soutenue aujourd'hui. Les médecins de la prison de Saint-Lazare, notamment le DrJullien, ont signalé la présence de lentes et de jeunes larves de Phtirius entre les cils et dans les sourcils des filles de mauvaise vie détenues dans cette prison. Mais il y a plus : POUX 101 Le 28 décembre 1891, j’ai présenté à l’Acadé- mie des Sciences de Paris une noie Sur une Phtiriase du cuir chevelu causée, chez un en- fant de cim/ 7>iois, par le Phtirius inguinalis (Ph. pubis). Cet enfant, contaminé par sa nour- rice, avait le bord libre des paupières garni de lentes solidement collées entre les cils ; mais il portait aussi des adultes qui s’étaient fixés dans les cheveux très fins, et très fournis de la région occipitale, particulièrement derrière les oreilles. L’enfant se grattait en frottant le derrière de sa tète contre le col de ses vêtements ou contre son oreiller, et c’est pour éviter ce grattage que les insectes se tenaient de préférence derrière les oreilles. Le fait se passait dans une famille riche, et ne s'expliquait que par un examen in- suffisant de la nourrice choisie pour allaiter cet enfant. Peu après les docteurs Legrain et Moniez signalaient des faits du même genre, c’est-à- dire la contamination d’enfants au berceau par la nourrice ou la mère, et même la contagion d enfant à enfant par suite du séjour dans le même berceau pendant quelques heures du jour. Dans ce cas particulier, les lentes et les larves des cils doivent être détruits, un à un, par arra- 102 MAU.0PUAGES, TU YSA N'OURES chôment ou écrasement à l’aide d’une pince fine. La pommade mercurielle (onguent gris) est le meilleur remède à employer chez l’adulte pour les trois espèces, mais chez les très jeunes enfants il convient de n’employer ce moyen qu’avec prudence. L'huile camphrée et l’eau de Cologne suffisent généralement pour les déhar- raser des parasites qui ont élu domicile dans les cheveux. On devra désormais examiner les nourrices à gage au point de vue de la présence de ce parasite, notamment entre les cils. Les Mallopiiages, improprement appelés Ri- çins ou Poux des Oiseaux, ressemblent aux Poux par la forme du corps, mais leur bouche est conformée pour broyer, et les entomologistes modernes les rattachent à l’ordre des Névrop- tères où ils viennent prendre place à la suite des Psoques. Ils se nourrissent non de sang mais des débris de plumes ou d’épiderme qui abon- dent dans le plumage des oiseaux. Les cui- sinières qui plument des volailles voient souvent ces insectes se répandre sur leurs mains et leurs vêtements, mais comme ils ne cherchent jamais à mordre, la démangeaison qu’ils causent en marchant est insignifiante, et tous ne tardent pas à périr. Les Tiiysanoures sont des insectes aptères dont LEPISME 103 la bouche est conformée comme celle des Or- thoptères auxquels on peut les rattacher, à l’exemple de Hurmeister. Une seule espèce de ce groupe vit dans nos maisons. C’est le Lépisme du suche ( Lepisma saccha- riner), appelé vulgairement petit poisson cl’ar- pent à cause des écailles argentées dont il est couvert ; sou corps se termine par trois soies caudales. Il a environ un centimètre de long. ~s Fig . 40. — Lépisme «lu suitrc (grossi). Celle espèce produit beaucoup de dégâts dans les bulTels et les placards où l'on serre le sucre : elle s’attaque aussi aux laines, aux tissus de lin, au papier et même au cuir, recherchant le linge empesé à cause de l’amidon qu’il ren- ferme. Très agile et très vorace, elle est plus nuisible que sa petite taille ne semble l’indi- quer, et il convient de l’écraser partout où on la rencontre. CHAPITRE V ARACHNIDES : ARANEIDES ET ACARIENS DES HABITATIONS HUMAINES La classe des Arachnides renferme lous les Arthropodes terrestres qui sont munis de quatre paires de pattes, au moins à l’âge adulte, et qui sont dépourvus d’Antennes. On peut les diviser en deux sous-classes : Aranéides ou Arachnides proprement dites et Acariens. Aranéides. — Les Aranéides, ou Arachnides proprement dites, dont le type est l 'Araignée vulgaire, sont lous des animaux carnassiers se nourrissant exclusivement de proies vivantes et qui se distinguent des Acariens en ce qu’ils ne subissent pas de métamorphoses. Us sortent de l'œuf ayant déjà la forme de l’adulte, à la taille ARAIGNEES 105 pies, el quatre paires de pattes comme celui-ci. Tels sont les Araignées et les Scorpions. Les Araignées, en raison de leur régime car- nassier et de la guerre qu’elles font aux mou- ches et autres insectes parasites de nos habita- tions, doivent être considérées comme utiles. Jamais elles ne s’attaquent à l’homme, et l’on peut affirmer que les prétendues morsures que l'on met si facilement sur leur compte sont l'œuvre d'autres insectes, particulièrement des punaises et des cousins. Dans tous les cas, les espèces que l'on rencontre en France sont inca- pables de produire, sur l’homme, même une inflammation superficielle par l’introduction sous la peau du venin sécrété par les glandes qu'elles portent dans la bouche et qui coule dans la blessure faite par leurs mandibules ou c/ielicères. On doit donc leur accorder protec- tion et les tolérer sinon dans les appariements ou leurs toiles seraient peu d’accord avec la propreté générale, mais du moins dans les gre- niers et les caves où la même raison n’existe pas. Les espèces que l'on rencontre dans nos mai- sons sont l’Araignée domestique ( Tegenaria domestica), la plus commune dans nos apparte- ments, la Dyctina civicu qui tend ses toiles sur 106 FAUX-SCORPIONS, CIIEI.IFEKS la façade de nos maisons, les Pholcus qui se tiennent aux encoignures des murs, etc. Jais Scorpions qui piquent avec un aiguillon caudal pénètrent très rarement dans les mai- sons. D’ailleurs la piqûre du Scorpio euro - pœus, seule espèce que l’on trouve dans le midi de la France, est, d’après M. E. Simon, beau- coup moins dangereuse que celle d’une guêpe. Des Faux-Scorpions ou Chelifers sont des taille munis de pinces comme celles des Scor- pions mais dépourvus de queue. Deux espèces se trouvent dans nos mai- sons : elles sont utiles, car elles se nourrissent des Acariens qui pu 11 u I- lentdans la poussière des greniers à foin et dans les endroits analogues. Le Chelifer cancroïdes désigné aussi sous le nom de Scorpion des livres , Pince des biblio- thèques., s'attache quelquefois aux pattes des mouches, simplement pour se faire transporter d’un endroit à un autre. L ’Obisium ischnosceles est une autre espèce qui Arachnides de petite l'iy. 11. — Clielifcr cancroulcs (çrossi). ACARIENS 107 a les mêmes mœurs et vit dans les gardes des vieux livres, les tiroirs des bureaux, les her- biers, les plantes sèches des herboristeries, faisant la chasse aux Psoques et aux Acariens qui dévorent les substances végétales sèches. Ces deux espèces sont surtout communes dans les greniers à foin. Acariens. — Les Acariens se distinguent des Arachnides proprement dites par leurs méta- morphoses. Le jeune, à sa naissance, n’a que trois paires de pattes et s'appelle larve ; la nym- phe en diffère par la présence d’une quatrième paire. Cette nymphe est active ; enfin une der- nière transformation montre l'animal sous forme d’adulte sexué, mâle ou femelle. La bou- che forme un rostre bien distinct. Les Acariens sont presque tous de très petite taille, souvent microscopiques, mais ils se re- produisent avec une grande rapidité, souvent même par parthénogenèse , et ils possèdent la faculté de jeûner longtemps et de se faire trans- porter dans une localité plus favorable à leur développement, en prenant la forme de larves ou de nymphes hypopiades (Tro.mrididæ, Sar- coptinæ). Pour tout ce qui est relatif à l’organisation et au développement de ces animaux, nous renver- 108 TROMBIDIONS rons à l’ouvrage de M. Mégnin : Les Acariens Parasites, publié dans celte môme collection des Aide-mémoire. Nous nous contenterons de donner ici quelques détails sur ceux de ces animaux qui sont nuisibles à l'homme, ou causent des dégâts dans les matières alimentaires et commerciales. Mais nous aurons soin de do nner la synonymie exacte de chaque espèce, les dénominations dont se sert M. Mégnin lui étant personnelles et n’étant pas celles qui sont adoptées par la majorité des naturalistes, con- formément à la loi de priorité. Les familles des Trombididæ, des Sarcoptidæ et des Gamasidœ sont celles qui sont plus par- ticulièrement représentées dans la faune des maisons. Le Trojibidion soyeux {Trombidium holoseri- ceum), ii l’âge adulte, vit librement dans les jardins, faisant la chasse aux autres acariens et aux petits insectes. C’est par suite d’une erreur ou d’une confusion avec les Tétranyques que M. Mégnin le donne comme phytophage. Tous les vrais Trombidions sont carnassiers. Sous sa première forme de larve à six pattes, et d’un rouge orange, cet acarien attaque l'homme et presque tous les animaux, se fixe à leur ppau et suce leur sang. Il est alors connu sous le nom ROUGETS 109 de Itou gel, d 'Aoûtat et par les anciens entomo- logistes sous celui de Lepic automnal. Chez l’homme, il s’enfonce dans la peau des jambes à la base des poils, remontant rarement plus haut que la ceinture, et provoquant un prurigo intense désigné sous le nom d'érythème automnal, et dont les démangeaisons insupportables empêchent souvent de dormir. En examinant à la loupe les petites taches rouges qui caractérisent cette Fig. 42. — Trombidion soyeux (Rouget) : 1, adulte; 2, œuf; 3, larve (appelée Rouget ) à jeun ; 4, la même repue. éruption on aperçoit facilement l’Acarien dont le rostre tout entier est enfoncé dans la plaie, et on peut l’extraire avec une aiguille. Ces larves sont très communes dans les prairies sablonneuses, sur les plantes du genre Galium ; on les trouve aussi sur les groseilliers, les haricots, etc. Tl en existe probablement plu- sieurs espèces. no CHEYI.ÈTKS Il n’esl pas nécessaire de se promener dans la campagne pour être attaqué par ces Acariens. .1 ai constaté le fait dans la Mayenne, étant en villégiature au mois d’août. Dés le premier soir do mon arrivée, ayant couché dans unechambre mansardée, précédemment inhabitée mais où l'ig 13. — Clieylùle ôrudit (grossi). l’on avait mis des haricots à sécher, j’ai eu les jambes couvertes de piqûres produites par dos Rougets. On s’en débarrasse assez facilement au moyen de frictions avec de la benzine, de l’essence de térébenthine ou de l’eau vinaigrée. Les Ciiiîylktes sont des Acariens de petite l’EDICULOlDES 111 taille, blanchâtres, armés de palpes très robustes et à crochets. Ce sont des animaux utiles car ils sont carnassiers, faisant continuellement la chasse aux Tyroglyphes et aux Glyciphages des- tructeurs, au milieu desquels on les trouve cons- tamment, notamment dans les bibliothèques, les greniers à foin, les farines, etc. Le Cheylelus erudilus, ainsi nommé à cause de sa présence dans les vieux livres, est l’espèce la plus répandue. Le Cheylelus venuslissimiis , qui a les pattes plus longues et plus grêles, se trouve avec l’espèce précédente dans les musées, dévo- rant les acariens rongeurs ; il est beaucoup moins commun. Le Pepicüloides ventiucosus {Sphærogyna ven- tricosa de Mégnin), est un Ckeylétien à rostre petit, à palpes dépourvus de crochets. Il vit en parasite sur les larves et les nymphes de la teigne des blés et d’autres insectes, et dans ce cas il est utile. Mais il devient nuisible en attaquant l’homme et particulièrement les ouvriers em- ployés au transport des sacs de farine contaminés par celte teigne et son parasite. II produit un prurigo accompagné de violentes démangeaisons. La famille des Bdellidæ a été subdivisée en deux sous- familles, les Bdellinæ et les Eicpo- dinæ. 112 RDELI.E, TYDÉE, SARCOPTE Le genre Bdella renferme des Acariens rouges à long roslre et à palpes coudées. Tous sont carnassiers. Une petite espèce, à peine longue d’un demi-millimètre, semonlre quelque- fois dans les boites d’insectes : elle est utile, car elle n’est là que pour faire la chasse au Tyro- glyphus entomophagus qui ravage ces collec- tions. C’est à la sous-famille des Eupodinæ que se rattache le Tgdeus molestics (Mo niez), récemment signalé en Belgique dans le guano du Pérou servant d’engrais dans les jardins. 11 se jette sur l’homme et les animaux domestiques à la manière du Rouget. C’est un très petit acarien rose qui atteint à peine un tiers de millimètre de long. La famille des Sarcoptidæ renferme de nombreuses espèces parasites. L’une d’elles s’attaque à l’homme. Le Sarcopte de la Gale ( Sarcoptes scabiæi), est un très petit acarien, long d’un tiers de millimètre au plus, bien connu aujourd’hui par les recherches des médecins et des vétérinaires, et qui s’insinue sous la peau, produisant des démangeaisons cuisantes. Il se transmet facilement, surtout par la coha- bitation nocturne et les vêtements. On s’en SARCOPTE DE LA GALE 1 I 3 débarrasse sûrement par le traitement institué par llardy, en 1882, et qui est encore en usage à l’hopilal Saint-Louis. i° Friction avec le savon mou de potasse sur tout le corps pendant vingt minutes ; 20 bain tiède d une heure en Fig. U Sarcopte de la gale, femelle (dessu?, fortement grossi). continuant la friction ; 3° au sortir du bain, après avoir essuyé la peau, friction générale avec la Pommade d' Helmerich (Soufre et carbonate de potasse) pendant vingt minutes. Garder celte pommade jusqu’au second bain administré T»ocrs?inT. — Les parasites des habitations humaines 8 114 SA HCOI’TE quatre ou cinq heures après. Pendant ce temps les vêlements doivent être passés à l’étuve à 8o° ou au four. La Gale parait transmissible des animaux à l’homme. D’autres genres forment le groupe des Sar- Fig. 45. Sarcopte (le la gale, femelle (dessous, fortement grossi). coplicles délriticoles ou Tyroglyphinæ qui vivent librement dans les matières animales et végétales desséchées, ou en voie de décomposition. De tous les Acariens, ce sont ceux qui commettent le plus de dégâts, aux dépens des substances ali- TYROGLYPIIES 115 menlaires conservées dans nos maisons on dans les magasins de tout genre. Les véritables Tyroglyphes, plus robustes et plus puissamment armés, vivent dans les ma- tières animales sèches ; les Glycipbages recher- chent de préférence les matières végétales pul- peuses et sucrées, mais il n’y a rien d’absolu sous ce rapport. Tous ces acariens sont blanchâtres, longs d’un demi-millimètre environ, à corps ovoïde, plus bombé que celui des Sarcoptes parasites de l’homme et des animaux. Tous peuvent se trans- former en nymphes hypopiales et supporter sous cette forme un long jeûne, en attendant que les circonstances soient favorables à leur développe- ment. Le Tyroglypiie cirox ( Tyroglyphus siroi), comme tous les Acariens du genre auquel il appartient, a les poils lisses, les pattes antérieures dépourvues de crochets dans les deux sexes. On le trouve dans la farine, la poussière du foin, le fromage, etc.; mais, en France au moins, ce n’est pas l’espèce la plus commune sur ce der- nier produit. Par contre, c'est l’espèce que l’on rencontre quelquefois par myriades dans le vieux crin, le crin végétal (algue marine du genre Zoslère ) ou le vieux foin servant à rem- 110 TYROGLYPHES. RHIZOGLYPHES FUj. 46. — WiisonlijpkcT'paltes \ épineuses ( MAsoghjphus spinilarsus ) Ç, femelle; çf , »i*le ; a. nymphe normale b, nymphe hypopialo ; C, larve ; d, œuî. TYROGLYPHES-RHIZOGLYPIIES H7 bourrer des meubles et des matelas. Lorsque les nombreuses colonies qui ont élu domicile dans ces différentes substances cherchent à émi- grer, les Acariens se répandent sur les meubles et c’est ainsi que l’on s’aperçoit de leur présence. Des spécimens de ce genre ont été soumis à l’examen des Laboratoires d’Entomologie pra- tique sous le nom impropre de pucerons. Le Tyroglyphe allongé (T. longior ), est moins commun que le précédent, mais se trouve dans les mêmes circonstances. 11 existe encore d’autres espèces. Le Tyroglyphe entomophage (.T. entomopha- gus), est petit, à pattes courtes. C’est l’espèce qui ravage les collections d’insectes, rongeant l’intérieur du corps des Coléoptères piqués dans les bottes et finissant par se répandre sur leurs élytres avant d’émigrer vers les spécimens voi- sins. On l’a trouvé dans les drogueries sur les Cantharides, le Safran, la Vanille, etc. Les Rhizoglyphes, nommés Cæpophagus par Mégnin, sont de gros Tyroglyphes à pattes épi- neuses et terminées par des ongles robustes. Le Rhizoglyphus spinitarsus se trouve souvent dans les cuisines sur les oignons et d’autres légumes, quand on les laisse moisir dans quelque coin humide et obscur. 118 ALKUR0BII5 Fif/. 47. — Aleurobie do la farine (Ateurobi us farina!) ; C^, mft'o; (*), fonulla : a, nymphe normale ; b, nymphe liypnpiil * c, larve; d, u*uf; rostre vu par dessous; une tirs mandibules. 1115 LA KAKI N K 110 L’Alkurobie nu i.a vwuse (Alcuvobiiis farinæ), lino Al. Mégnin figure dans lu Faune des cada- vres sous lu nom impropre do Tt/roglyphits siro, présente, chez le mâle, un fort tubercule en forme d’éperon aux pattes anlérieures. C’est une Fifl. 48 Glyciphagus prunorum, fortement grossi. espèce très répandue non seulement dans la farine, mais sur le fromage où elle est plus commune que le Tyroglyphe ciron, dans le foin, la paille, les grains de toute espèce et dans les musées sur les peaux préparées par la taxidermie. 120 GLYCIl’HAGES Dans une experlise demandée récemment au Laboratoire de la Station Fntomologique de Paris, on a constaté que celle espèce avait complètement ravagé une récolte de graines de vesce conservées pour semence. Les Glycii’uages se reconnaissent à leurs poils barbelés, à leurs tarses plus grêles : leurs ravages s’exercent surtout sur les matières sucrées. Le Glyciphagus domesticus est très répandu dans nos maisons, ainsi que le Gl. prunorum (ou spinipes), qui est souvent plus commun que le premier. Tous deux s’adressent aux fruits, aux confitures, à toutes les substances sucrées, et vivent dans la poussière des placards et des tiroirs. J’ai trouvé une petite colonie du Glyci- phagus prunorum installée sur la lame d’un rasoir qui était resté plusieurs semaines sans qu’on s’en servit dans un tiroir de toilette. Le savon de glycérine, mal essuyé sur la lame d'acier, avait attiré les acariens qui s’étaient reproduits, trouvant un logement commode entre les deux lames de corne servant de gaine au rasoir. — C’est aussi cette espèce qui a pro- duit de grands ravages dans une fabrique de confitures sèches du Nord de la France. Les échantillons que l'on m’a soumis étaient couverts de ces acariens. Pour s’en débarrasser il GLYCIPHAGKS 121 Fig. 49. — Glyciphage domrstique (Glyciphagus domesticus) ; femelle; çf, mâle ; fl, nymphe enkyslie ; b, larve; C, œuf; d, lorsc , f, poil, etc. 122 i.xodes eut fallu remettre au four toute la provision de conserves, ce qui probablement ne pouvait se taire sans de grands inconvénients (dessèche- ment exagéré des conserves, etc.). .Mais ce fait indique la nécessité de renfermer ces confitures, non dans des boites en bois, comme on le fait ordinairement, mais dans des boîtes en fer-blanc hermétiquement fermées par le procédé Appert. D’autres espèces du môme genre vivent dans la poussièi’e des fourrages. Tels sont les Ghjci- pliagus plamiger et paliniger, remarquables par leurs poils dilatés en forme de feuille ou de plume. Un genre voisin ( flistiosloma , Krarner, 1 8-(i), le Serralor de Mégnin, vit dans les champi- gnons et la choucroute en décomposition (//. feroniarum ou Serralor amphibius). Le Carpoglgplius passutarum vit sur les figues sèches, les pruneaux, les conserves, etc., et le C/)orloglijphus nudus dans le foin et la litière. Nous ne ferons que citer la famille des Iœodidæ dont les représentants s’attaquent à l'homme et aux animaux domestiques, mais toujours dans la campagne d’où on peut les rapporter à la maison, fixés à la peau sous les vêlements. On les détache facilement en les tou- AIlGAS. GAMAS1DKS 123 chant avec une goutte de benzine ou d’essence de térébenthine (Ixodes reduvius ou Riçiri). Les A vga s qui appartiennent à la morne famille, et que l’on confond quelquefois avec les Punaises, dont ils ont les mœurs, vivent dans les Colombiers, montant sur les Pigeons pendant Fit 7. 59 Argas, vu par-îles sou s (grossi). la nuit pour sucer leur sang. Ils peuvent s’atta- quer aux personnes, surtout aux enfants qui couchent dans des chambres au voisinage des Colombiers. La famille des Gamasidæ comprend une sous- famille, celle des Dermamgssinx dont tous les 124 DEItM ANYSSES représentants sont parasites des animaux ver- tébrés, particulièrement des oiseaux, et peuvent passer accidentellement sur l’homme, produi- sant un prurigo d’une certaine intensité. Le Dermanysse des oiseaux ( Dermamjssus rjalhnx ou avium), long d’un peu moins d'un millimètre, est blanchâtre, présentant sur le corps une tache étoilée d’un rouge de sang plus ou moins noirâtre, qui reproduit la forme de l’estomac avec les cæcums que cet organe envoie jusque dans les pattes. 11 vit dans les poulaillers, les colombiers, les cages des petits oiseaux de volière et d’appartement, se cachant pendant le jour dans les creux des perchoirs et les fissures des cages et tourmentant beaucoup les oiseaux pendant la nuit. On a constaté sa présence sur des filles de basse-cour et des enfants ou d’autres personnes chargées du soin du poulailler. L’affec- tion causée par ces parasites est ordinairement passagère, car ils ne s’acclimatent pas sur l’espèce humaine ; mais chez une femme qui passait plusieurs fois par jour sous l’échelle où perchaient les poulets, pour se rendre à la cave, elle a persisté, ou plutôt s’est renouvelée pendant plusieurs mois, jusqu’à ce qu’on en ait fait dis- paraître la cause. Dans les appartements, il faut examiner sou- DERMÀNYSSES Fig. 51. — Dermanysse des petits oiseaux. A, femelle, tuü de dos. B, mâle, face ventrale. 120 GAMASES. LÆLAPS vent les bâtons qui servent de perchoir aux oiseaux et leur faire subir un traitement in- secticide, ainsi qu’au plancher de la cage. Le Dekmanysse des Hirondelles (D. hirundi- nis), n’est peut-être qu’une variété pins grande (un millimètre), du précédent. 11 vit sons les toits dans les nids d’hirondelles, et de là peut se jeter sur les personnes qui couchent dans les man- sardes. On a vu un trou de cordon de sonnette servir de passage à ces parasites. La sous-famille des Gamasinæ comprend les véritables Gamases qui ne sont pas ordinairement parasites de l’homme et des vertébrés. Cepen- dant plusieurs espèces vivent dans les fourrages : ils appartiennent en général au genre Lælaps , et quelques espèces peuvent se montrer acciden- tellement dans les vêtements et les objets de literie des cochers et des palefreniers qui cou- chent près des greniers à foin. G. Neumann a observé des troubles psychiques avec retentisse- ment sur la nutrition, chez la femme d’un marchand de chevaux qui se trouvait dans ces conditions. Les Gamases, appartenant à l’espèce Lælaps slabularis, couraient dans ses vêtements et jusque sur son visage, et dans son entourage on les considérait comme des poux d’espèce particulière. UROSEJUS. DÉMODEX 127 D’autres Gamases des genres Uropoda et Dis- cupoitia se trouvent également dans la poussière des greniers à foin. L’Urosejus acuminatus que M.Mégnin figure dans la Faune des Cadavres, p. 70, fi g. 18 comme une espèce nouvelle sous le nom de Trachynotus (') cadavennus , se trouve dans les laboratoires d’anatomie et les salles de dissection, sur les pièces osseuses incomplètement nettoyées de leurs chairs et dans l’intérieur des crânes où l'on a laissé des débris de cer- velle sous forme d’une masse pul- vérulente. Celte espèce se nourrit donc de subslances animales en décomposition. On a formé une famille à part du genre demod'ex qui comprend des Acariens vermiformes et Lrès petits qui vivent dans les follicules pileux ^’od» d“ roU de l’homme et des animaux, sans |,cuies (vu par dessous) forte- causer de démangeaisons, au moins ment grossi. ('; Ce nom de genre [Trachynotus) ne peut eu aucun cas être conservé pour un genre d'Acariens. étant préoccupé quatre ou cinq fois, et dès 1817 par Cuvier ( Trachinotus, genre de Poissons). 128 DKMODEX chez l’homme, car l’affection est beaucoup plus grave chez le Chien. Le Demodex folliculorum est assez commun dans les comédons de l’aile du nez et de la face, de telle sorle que les vers du nez ne sont pas tout à fait un mythe. Il passe inaperçu en raison de sa petite taille et de son in- nocuité, mais les médecins des hôpitaux où l’on traite les maladies de la peau ont souvent l’occa- sion de l’observer. On trouve jusqu’à quinze ou vingt individus dans un seul comédon. CHAPITRE VI CRUSTACÉS DES HABITATIONS HUMAINES CLOPORTES La classe des Crustacés dont presque tous les types sont aquatiques, n’esl représentée dans nos maisons que par quelques espèces de l’ordre des Isopodes, qui vivent exclusivement dans les endroits humides (cuisines, caves ou serres), et que l’on désigne sous le nom de Cloportes. Bien que terrestres, ces Crustacés respirent comme leurs parents aquatiques à l’aide de branchies, ce qui les force à se tenir constamment dans les lieux humides. C’est pourquoi ils périssent rapidement lorsqu’ils sont transportés acciden- tellement aux étages élevés de nos habitations. Les Cloportes ressemblent aux Glomeris (qui sont des Myriapodes à respiration trachéenne), Tftou e5sart. — Les parasites îles habitations humaines 9 13(1 CLOPORTES ]iar la forme de leur corps et la faculté de se rouler en boule, mais les Glomeris ne pénètrent pas dans les maisons. La Cloporte des caves (Porcellio scaber), se rencontre dans les caves, les celliers, les cuisines, se cachant sous les caisses, les bouteilles, les barriques, les poutres, partout où elle trouve 1 humidité qui lui est nécessaire. On l’accuse de ronger les bouchons, le bois pourri, etc. La Cloporte des serres ( Oniscus murarius), qui ne se roule pas en boule, est très nuisible dans les Fii/. 53, - cio- serres où elle se cache sous les pots porte armadille, i n , , , de tleurs pendant le jour, montant la nuit sur les plantes dont elle ronge les ra- cines, les bulbes et les tiges. Pour la détruire, on lui tend des pièges consistant en petits tas d’herbes entretenus humides, pierres plates dis- posées dans les endroits frais, etc. On visite ces pièges pendant le jour et l’on écrase les Cloportes qui s’y trouvent. Il convient aussi d’échauder à l'eau bouillante les coins desserres où les Clo- portes s’abritent sous les châssis. DEUXIEME PARTIE LES .MOYENS I)E DEFENSE CHAPITRE VII LES INSECTICIDES Les subsltinces el les moyens que l’on a pré- conisés pour détruire les insectes sont très nom- breux, mais la plupart sont inefGcaces ou d’un usage peu pratique. Il convient donc de faire un choix basé sur l'expérience, c’est ce que nous essayerons de faire ici. Les poudres insecticides sont généralement fabriquées avec les Heurs ou la racine (?) de Pyrèthre. M. Danysz a récemment fait une étude approfondie de cet insecticide, dans le travail que nous avons précédemment cité (p. 68). Nous le prendrons pour guide dans cette élude. 132 INSECTICIDES-!’ YHËïTIHE Toutes les poudres insecticides doivent être composées exclusivement de fleurs de Pyrèthre broyées et réduites en poudre impalpable. Le Pyrèthre est une plante de la famille des Composées , voisine du genre Chrysanthème. On en connaît deux espèces, le Pyrethrum roseum du Caucase et le Pyrethrum cinerarioe folium de Dalmatie, pays où elles poussent à l’état sau- vage : leurs produits sont de qualité sensible- ment identiques. Aujourd’hui on cultive ces deux espèces un peu partout, mais le pyrèthre cultivé contient un peu moins de principe actif que la plante sauvage. Ce principe actif est une résine sécrétée par les fleurons sous forme de concrétions transpa- rentes. « Vus au microscope, les fleurons appa- raissent saupoudrés de petits cristaux brillants comme les figues ou les gousses de vanille. Cette résine est insoluble dans l’eau, soluble dans l’alcool absolu et dans l’éther ». La partie centrale de la fleur seule contient le principe actif, et comme la résine se forme avant la fécondation et s’évapore peu à peu, il convient de cueillir cette fleur en boulon, quand elle commence à s’entr’ouvrir. On prépare la poudre en broyant la fleur tout entière avec son invol ucre et son pédoncule. POUDRE DE PYRETIIRE 133 Fermée, la fleur donne une poudre jaune clair; ouverte, cette poudre est grise, mais on la colore artificiellement avec du curcuma pour lui don- ner la couleur jaune des fleurs fermées. Cette fraude n'est pas la seule : en raison du prix élevé de ce produit, on y mélange jusqu’à de la sciure de bois. En résumé, la poudre, même la plus authenti- que, n’est jamais composée exclusivement du principe actif, puisque les fleurons qui seuls contiennent de la résine ne représentent que le tiers au plus du poids total de la fleur, le reste étant formé par la corolle, l’involucre, le récep- tacle et le pédoncule. Des essais faits sur Y Epheslia Kuehniella (larves et papillons), dans une chambre de 45m , spécialement aménagée dans ce but au labora- toire de la Bourse de Commerce, ont donnés les résultats suivants, avec les divers échantillons de poudres du commerce. Pour tuer les insectes, i! faut par mètre cube : i°. io à i2=r de poudre de fleurs cultivées ouvertes, 20. 7 à 8 // // // fermées, 3°. 1 à 5 h // sauvages // 4°. 2 n n fabriquée avec les fleurs seules, 5°. i n d’une poudre composée (fleurons de py- rèthre additionnés d’un peu de nicotine). \n XICOTINK Ces deux dernières poudres donnent un résul- tat bien supérieur aux autres, et sont seules pra- tiquement applicables dans les moulins infestés d’j Ephestia. La poudre composée (avec nicotine) est à peine de 1 °/0 plus chère et possède, comme le tableau l’indique, une puissance d’action dou- ble. D’ailleurs, cette poudre mélangée à la farine ou au pain dans la proportion de i, ■>. et même .1 grammes pour 1 kilogramme de farine, est sans danger. Or, dans les moulins, c’est à peine si elle se trouve mélangée, lorsqu’on en fait usage, dans 'des proportions supérieures à i=r pour 100 kilogrammes de farine. Son effet sur la qualité du pain fait avec cette farine doit donc être considéré comme absolument nul. Comme conséquence des notions qui précèdent on doit retenir ceci : c’est que lorsqu’on achète de la poudre insecticide du commerce, il importe beaucoup de ne prendre qu’une bonne marque certifiée par la réputation du fabricant, et de re- jeter les poudres éventées ou gardées trop long- temps en magasin. On doit se servir d’un soufflet approprié, par sa forme, à l’usage que l’on veut en faire, et qui tamise la poudre impalpable en nuage, de ma- nière à assurer sa diffusion, pour la mettre en contact avec tous les insectes qu'il s’agit d at- HliXZlXE. NAPHTALIXE 135 teindre. C’est surtout par les stigmates (organes île respiration) où les grains de poudre pénè- trent, que ces insectes sont empoisonnés et ne tardent pas h périr. La poudre de semences de Staphysaigre que l’on emploie quelquefois seule ou mélangée au Pvrèthre, semble inférieure à la poudre exclusi- vement composée des Heurs de cptte dernière plante. Le papier tue-mnuches et \a poudre aux mou- ches, ou Cobalt aux mouches, sont des substances assez dangereuses, surtout dans les maisons où il v a des enfants. Ces divers insecticides ont pour base une pâle obtenue en délayant dans l'eau de l’arsenic métallique pulvérisé qui est un poison violent. V Essence de térébenthine et la Benzine sont souvent employés avec succès contre les poux, dans les cas surtout où l’on veut éviter l’On- guent mercuriel (mercure éteint par trituration dans l’axonge ou la vaseline) qui est beaucoup plus actif et doit être employé de préférence, surtout chez l’adulte. La Naphtaline, très à la mode actuellement pour la conservation des vêtements de laine, des fourrures et des collections zoologiques, n’est pas un préservatif d’une sécurité absolue. Ce qui le 130 CO A LT A II . SOUFRE prouve, c'esl que dans les musées on trouve des larves d’Anlhrène, en nombre, parfaitement vi- vantes, dans des tiroirs où l’on a placé, aux qua- tre coins, des vases remplis de boules de naphta- line, et sur des peaux d’oiseaux qui exilaient rôdeur de celle substance d’une façon presque insupportable. Celte substance réussit bien con- tre les Psoques et les Fourmis. Le Coaltar ou goudron de houille n’est guère employé qu’en agriculture. Ses propriétés et son origine le rapprochent de la Naphtaline qui lui est supérieure dans l’usage courant, au point de vue qui nous occupe ici. Le soufre brûlé dans un local hermétiquement clos pour produire un dégagement d 'acide sul- fureux, ne peut être employé que dans une chambre dont on a enlevé tous les meubles, les glaces et les tentures, et dont les murs, récrépis au plâtre ou à la chaux, ne craignent pas l'effet de cet agent décolorant. La chambre doit lester fermée au moins pendant 24 heures. Ce moyen n’est bon que dans les locaux tels que mansar- des, greniers, magasins, moulins, casernes, etc., dont tous les objets (marchandises ou substances alimentaires), susceptibles d'être attaqués par les vapeurs de soufre ont été préalablement enlevés. Ce procédé est donc peu pratique sur- SUBLIMÉ. SULFURE DE CARBONE 137 tout dans les maisons habitées. Pour protéger les objets métalliques (bordures des glaces, bou- tons de portes), exposés aux vapeurs sulfureuses, on les enduit de vaseline. La solution de sublimé corrosif (Bichlorure de mercure), sert à empoisonner les plantes des herbiers pour les mettre à l’abri des ravages des insectes. Le sulfure cle carbone est un puissant insecti- cide, mais comme il est dangereux pour l’homme, même à l’état de vapeur, on ne peut l’employer qu’en caisse fermée et pour des objets d’un petit volume. On se servait autrefois dans les musées, les collections entomologiques et les herbiers, d’un instrument appelé Nccrenlome, consislant en une boite métallique que l’on maintenait un certain temps à la température de l’eau bouil- lante. On se sert aujourd’hui de caisses en boisa fermeture hermétique où l’on place les objets in- festés par les insectes, avec du sulfure de carbone qui est volatil et dont les vapeurs pénétrantes les tuent rapidemenl. Ce moyen altère quelque- fois les spécimens à couleurs vives et délicates (oiseaux, insectes, etc.), car on doit laisser ces vapeurs agir pendant au moins 12 heures. Les objets facilement transportables et qui ne 138 SOLUTION' COM l’OSKK sont pas susceptibles d'être détériorés par la chaleur et l'humidité (les vêtements, les four- rures, les caisses, les sacs, etc.), peuvent être passés à l'étuve à vapeur sous pression. Ces étuves existent actuellement dans toutes les grandes villes. A défaut d’étuve, on se sert des fours de boulangers qui se trouvent partout. Les aspersions d’eau bouillante, les badigeon- nages à la chaux, doivent être employés dans les cuisines, les magasins, les usines et tous les locaux analogues, même après l’emploi des fu- migations sulfureuses. Voici une solution composée préconisée par M. Walter Hough (l) (du Smilhsoninn Institu- tion, à Washington), pour préserver les spéci- mens d’histoire naturelle après qu’on lésa trem- pés préalablement dans la benzine. Solution naphio-arsenicale Solution alcoolique saturée d’a- cide arsénieux 070 grammes. Acide phénique fort XXV gouttes. Strychnine o,i3 centigrammes. Alcool fort i'|0 grammes. Essence de Pétrole brute ou raf- finée Ü70 // f1) Walter Hough. — The préservation of Muséum specimens fronn insects (Report of the National Mu- séum, 1886-87, p. 5'|9). CA Al 1*1 IR K 139 On peut se servir de ce mélange sous forme de nuage projeté sur les objets à l'aide d’un va- porisateur, surtout lorsqu’il s’agit de spécimens délicats (oiseaux, insectes aux couleurs ten- dres, etc.). Enfin, n’oublions pas de signaler le camphre, qui agit comme toutes les essences et les résines en éloignant les insectes, et dont nos grand’- mères se sont contentées pendant longtemps pour la préservation de leurs fourrures. CHAPITRE VIII PRÉSERVATION DES LOCAUX D’APRÈS LEUR NATURE ET CELLE DES INSECTES QUI LES FRÉQUENTENT Les insecticides et les moyens de préservation ou de destruction étant connus, il s’agit d’en faire un usage judicieux et raisonné en rapport avec le local ou l'objet infesté par des insectes, et de manière à obtenir un résultat pratique, le plus sûrement et le plus rapidement possible, sans dépasser le but, c’est-à-dire en occasionnant le moins de dégâts possible. Nous allons passer rapidement en revue les différents locaux en leur faisant l’application des notions que nous avons résumées dans les pages précédentes. APPARTEMENTS 141 Appartements : chambre à coucher. — Il n’est pas toujours facile de choisir un apparie- ment qui soit, par sa situation, a 1 abri des in- sectes. Cependant, si l’on ne possède pas de chevaux pour son usage particulier, on évitera le voisinage des écuries à cause des mouches qu’elles procurent (p. j3) et, pour la même rai- son, on fuira les vacheries, les boucheries, les charcuteries et les épiceries ; on ne choisira pas un rez-de-chaussée à proximité d’une boulan- gerie, à cause des Blattes et autres insectes qui pullulent dans les établissements de ce genre. On évitera avec plus de soin encore le voisinage des marchands de chiffons, des dépôts d’os, des fabriques où l’on se livre à l’élevage des Asticots pour la pèche, etc., car on y serait incommodé par les mouches et les insectes de toute espèce, et le voisinage d’une écurie bien tenue serait encore préférable. L’appartement une fois choisi, il est une recommandation qui domine toutes les autres: c’est que la propreté la plus scrupuleuse est le meilleur moyen de se mettre à l’abri des insectes, qui se cachent généralement, surtout à l’état de larves, dans les coins poussiéreux, où le balai va trop rarement les déranger, et qui trouvent, dans les débris abandonnés sur le parquet, une 142 CIIAMHHK A COUUII.lt nourriture à leur convenance. Pour commettre leurs dégâts en toute sécurité les insectes sont comme les voleurs : ils ont besoin de ne pas être dérangés et l’obscurité leur est favorable. Balaver journellement les parquets jusque sous les meu- bles, battre les tapis et les tentures, brosser les vêtements, faire pénétrer partout la lumière du jour, c’est détruire ou mettre en fuite tous les insectes nuisibles. Le luxe de lapis et de tentures que la mode exige actuellement dans les plus petits apparte- ments est malheureusement très favorable à la poussière et aux insectes qui s’abritent facile- ment dans les plis des tissus. Lorsqu’on ne dis- pose pas d’un nombreux domestique permettant de faire chaque jour à fond la toilette de l’appar- ment, ce luxe n’est qu’un leurre, et les parasites, puces et punaises, y trouvent leur compte. Dans tous les cas, il est indispensable de faire ce nettoyage à fond, au moins une fois l’an, au commencement de l’été, en déclouant les tentures et les tapis pour les brosser et les battre au grand air. Nous avons dit que la plupart des insectes rongeurs (Anthrènes, Teignes, etc.) avaient deux ou plusieurs générations dans le courant de la saison chaude (de mai à octobre). La sur- Cil AM U Ht; A COUCHKR 143 veillance doit donc être beaucoup pins grande en cette saison. Si l’on doit quitter son appartement pendant plusieurs mois pour aller en villégiature ou eu voyage, on se trouve très bien de l’habitude adoptée par la plupart des Parisiens, d’enlever tapis et tentures pendant les mois d’été pour les replacer seulement au commencement de l’hiver. Si l’on ne laisse pas à la maison une personne sûre chargée de surveiller et de nettoyer l’appar- tement, il est préférable de mettre ces tapis et tentures en garde chez les tapissiers qui se char- gent de les entretenir en bon état et possèdent un personnel exercé, spécialement chargé de ce soin. 11 faut beaucoup plus compter sur la visite fréquente, le dépliage et le battage de ces objets que sur tous les insecticides dont on pourrait les entourer, en les laissant enfermés dans des *< caisses ou des tiroirs qui ne les mettent jamais complètement à l'abri des larves d’insectes. On ne saurait trop insister sur ce point. Dans la chambre à coucher, nous avons mon- tré (p. 81) comment les chiens et les chats servent au transport et à la propagation des larves et des nymphes de Puces qui s'attachent à leur pelage. Si l’on tient à la société de ces animaux plus qu’à sa propre tranquillité, il faut tout au moins U4 CHAMBRE A COUCHER les faire peigner et laver journellement en ayant soin de balayer et brûler Ions les débris qui tombent de leurs poils et contiennent presque toujours des œufs, des larves et des nymphes d’insectes. On se inet à l’abri des piqûres des Cousins en évitant le voisinage des pièces d’eau où vivent les larves de ces insectes (p. 71). On fermera les fenêtres aussitôt après le coucher du soleil, car c’est l’heure où les insectes cherchent à pénétrer dans les maisons, et l’on aura soin de ne pas garder ces fenêtres ouvertes le soir ou pendant la nuit surtout avec une lumière dont l’éclat attire les insectes de toute espèce. Quant aux Punaises, si par malheur on est envahi par ces insectes, on se hâtera d’employer la poudre de pyrèthre de bonne qualité (p. 1 33) dès lay première apparition, bien constatée, de ce parasite, en projetant cette poudre à l’aide d’un soufflet ad hoc sous les plinthes des boiseries, dans les fentes des lits et des meubles et dans tous les recoins du même genre. On répétera cette manœuvre à plusieurs jours d’intervalle et pendant plusieurs semaines consécutives. On cherchera à se rendre compte de l’origine des parasites et l’on supprimera, ou l’on fera puri- fier au dehors, le meuble infesté. On n’oubliera CABINET UE TOILETTE, SALON 143 pas qu'il y a là matière à procès. Un tribunal de province a condamné à des dommages-intérêts considérables une personne convaincue, d’après le rapport des experts, d’avoir importé avec ses meubles des punaises dans une maison con- sidérée jusque-là comme indemne de ces in- sectes. Cabinet cle toilette. — Les tiroirs des meubles de toilette exigent une surveillance spéciale, car c’est là que les Psoques, les Ptines, les Tyrogly- phes et les Glyciphages s’installent volontiers, vivant des détritus de toute espèce qu’on y intro- duit avec les peignes, les brosses à tète, les brosses à dents, etc. Un nettoyage fréquent, au moins tous les huit jours, sinon plus souvent, en enlevant et retournant chaque tiroir et le secouant sur un linge, est indispensable. Tout ce qui tombe sur ce linge sera brûlé et non jeté. Les ustensiles de toilette seront nettoyés tous les jours, et les brosses et peignes seront passés à la solution d’ammoniaque ou de carbonate de potasse tous les huit jours. Salon. — Les soins de propreté que nous avons indiqués en parlant de l’appartement s’appliquent ici avec la même rigueur. Dans le choix des meubles nouveaux dont on fait l’ac- quisition on se méfiera de tout ce qui est meuble Tboceüart. — Le? parasites des habitations humaines 10 CABINET DE TRAVAIL HO d 'occasion. Ces meubles, souvent recouverts d'une étoffe neuve, repeints ou revernis de ma- nière à leur donner une bonne apparence, sont quelquefois rembourrés à l’aide de vieux crin mal dégraissé, ou de matériaux de qualité infé- rieure, auxquels le tapissier n’a pas touché et qui sont remplis d’insectes. En éventrant l’un de ces meubles on est surpris de la quantité de cadavres et de dépouilles d’insectes qui le rem- plissent, indiquant par leur accumulation le nombre énorme de générations qui se sont suc- cédées dans ce milieu favorable, y laissant leur peaux de mues superposées, qui attirent à leur tour les acariens rongeurs qui s’en nourrissent. Quelquefois, c’est la sortie de ces acariens, cher- chant à émigrer, et se promenant en foule sur l’étoffe du meuble, qui attire l’attention de l’ache- teur (p. 1 1 5) Il est donc bon de se faire remettre une garantie écrite par le vendeur, lorsque l’on a quelques doutes sur la provenance d’un mobi- lier donné pour neuf et en bon état. Cabinet de travail. — La plupart des hommes d'études n’aiment pas l’intervention du plumeau dans leur cabinet de travail. Cependant l’ordre et la propreté sont ici nécessaires comme ailleurs, si l’on veut éviter les surprises désagréables. C’est surtout dans les tiroirs que l’on ouvre GARDE-KOUE H 7 rarement et où l’on accumule les objets les plus divers que les Anthrènes, les Psoques et les Aca- riens rongent les plumes d’oie, les pains à ca- cheter et tous 1-s objets du même genre. 11 convient de brûler tous ces objets avariés dès que l’on s’aperçoit du dommage afin d’éviter des dégùts plus considérables. Garde-robe. — Les vêtements de laine et les fourrures suspendus dans les cabinets et les placards servant de garde-robe ou pliés dans des tiroirs sont attaqués par les Dermestes, les Tei- gnes et les Anthrènes, surtout pendant l’été. Il faut visiter, brosser et battre ces objets dès qu’on ne s’en sert plus, particulièrement pendant l’été, et répéter cette manœuvre tous les huit ou quinze jours, comme pour les tentures (p. i43). On fera nettoyer et dégraisser ces vêtements avant de les serrer, car c’est toujours par une tache de graisse, de sirop ou de houe que les teignes commencent leurs ravages. Les vêtements pliés à plat dans les tiroirs sont plus exposés que les autres, celte position favorisant le travail des larves. Pour les fourrures, si l’on doit s’absenter pendant l’été, il vaut mieux les mettre en garde chez un fourreur qui en prendra le soin nécessaire et vous les rendra intactes. Tous les débris qui tombent pendant le hallage ou le brossage de ces 148 SALLE A MANGER, CUISINE objets doivent être recueillis sur un linge ou un papier blanc et brûlés. Salle à manger. — Les mouches et les guêpes sont les insectes que l’on voit ordinairement voltiger autour de nos tables pendant l’été. On les évitera en gardant les fenêtres fermées ou du moins en garnissant ces fenêtres ouvertes de persiennes ou de stores, permettant à l’air de circuler tout en interceptant le passage au soleil et aux insectes que le grand jour attire. A l’approche de la pluie, les mouches averties par la pesanteur de l’air cherchent un abri dans les maisons ; de même, à la tombée de la nuit, quand l’air se rafraîchit. On fermera donc les fenêtres à ce moment et l'on emploiera en outre les différents pièges à mouche que nous avons indi- qués (p. 7 3). Cuisine , office, décharges. — C’est ici que l’ordre et la propreté la plus méticuleuse sont surtout indispensables, en raison des substances alimentaires de tout genre qui attirent les in- sectes. On évitera de garder les détritus résul- tant de la préparation des viandes et des légu- mes : ces débris doivent être emportés tous les jours et ne doivent jamais passer la nuit dans la cuisine. On aura soin de ne pas laisser s’accu- muler dans les placards ou les décharges les CAVES, GRENIERS, llOUr.ANGERIES, ETC. 119 légumes (oignons, champignons, etc.), qui pour- rissent à l’humidilé et se couvrent en quelques jours, non seulement de moisissures, mais encore d’insectes et d’acariens qui pullulent avec une rapidité surprenante. La poudre de pyrèthe sera employée avec persévérance contre les Blattes et les autres parasites. Caves et greniers. — 11 faut éviter d'y accu- muler sans ordre des objets d’origine animale ou végétale qui seraient d’autant plus facilement attaqués qu’on les visite rarement. Les malles de cuir notamment sont souvent détériorées dans les greniers par les Psoques, les Anthrènes et d’autres insectes. Boulangeries, Épiceries, Drogueries, Maga- sins de Comestibles. — Une surveillance cons- tante et des nettoyages fréquents sont ici plus nécessaires qu’ai Heurs en raison de l’encombre- ment et de l’accumulation des substances d’ori- gine surtout végétale qui offrent aux insectes un aliment facile. Choisir toujours les substances de bonne qualité, sacrifier immédiatement et sans remords les échantillons contaminés qui peuvent infester les marchandises saines situées à proximité ; n’ouvrir les caisses et les sacs qu’au fur et à mesure des besoins et les tenir fermés dès qu’on y a pris les objets dont on a besoin ; 150 BOUCHERIES, FOURREURS, MUSÉES brûler tous les débris suspects, telles sont les règles dont il convient de ne pas se départir. Boucheries, Charcuteries. — Ce sont les Mouches et les Dermesles que l’on rencontre le plus fréquemment dans les boutiques de ce genre. N’y garder ni viandes avancées et de rebut, ni os et débris d’équarissage. Tous ces déchets doivent être enlevés chaque jour et transportés dans les endroits désignés pour cet usage. Fourreurs et Pelletiers. — Les Dermesles, les Anlhrènes, les Mouches et tous les insectes et Acariens qui se nourrissent de substances animales desséchées, sont ici dans leur élément. La bonne préparation des peaux (Savon de Bé- cœur), leur dessication complète entretenue par un aérage convenable et surtout le maniement continuel des peaux, qui doivent être exami- nées, secouées et battues aussi souvent que pos- sible, sont les moyens qui mettent à l’abri des ravages de ces parasites. Musées d' histoire naturelle, Collections d'in- sectes, Naturalistes. — Les parasites les plus communs dans les musées, au moins en France, sont les Anlhrènes, les Tyroglyphes et quelque- quefois les Teignes. Lorsque les spécimens réu- nis dans les musées sont bien préparés, ils se MUSÉES D'HISTOIRE NATURELLE loi conservent assez facilement, grâce à une sur- veillance constante et a des revues périodiques. Lorsqu'un spécimen est reconnu attaqué, on le bat, et au besoin on le passe à la benzine ou au sulfure de carbone (p. 137). Les exemplaires en peaux pla tes conservés en tiroirs sont plus expo- sés que les autres en raison de la promis- cuité des spécimens dont la peau reste ouverte sous le ventre. En ce moment on cherche à remplacer, au Musée de Paris, les anciens ti- roirs vitrés, toujours mal étanches, par de grandes hottes de carton vitré faites sur le mo- dèle des carions à insectes et fermant herméti- quement au moyen d’une gorge à frottement. Ce qu'il faut éviter surtout c’est de laisser les spécimens exposés longtemps sur les tables où les larves d’Anthrènes et les Acariens errant à la recherche d’une proie peuvent les envahir faci- lement. Les insectes adultes que l’on voit s’ac- crocher aux vitres doivent être brûlés avec soin. Les spécimens montés, exposés dans les vi- trines des galeries publiques, sont moins expo- sés et plus faciles à surveiller que les exem- plaires en tiroirs. Des visites périodiques, au moins une fois l’an, suffisent généralement pour prévenir le dommage. Une poussière ca- ractéristique formant un petit amas sur la ta- 152 COLLECTIONS li’lNSECÎKS blette ou sur le support au-dessous d’un spé- cimen, avertit l’œil exercé du naturaliste que cet exemplaire est attaqué et peut contaminer toute la vitrine. On enlève ce spécimen, on le passe à la benzine ou au sulfure de carbone, et on ne le remet en place qu’après s’ètre assuré qu’il ne contient plus de parasites vivants. Les spécimens de grande valeur (animaux très rares, espèces disparues, éteintes), sont placés sous un globe ou une petite vitrine de verre hermétiquement close au moyen de ban- des de papier ou de métal collées sur les join- tures, et se trouvent ainsi séparés des autres spécimens moins précieux qui figurent dans la même vitrine. Les collections d’insectes sont conservées dans des cartons à double gorge, garnie de velours, de manière à en assurer la fermeture her- métique. Mais c’est presque toujours avant d’entrer dans ces cartons que l’insecte piqué sur épingle est contaminé par les Anlhrènes et le 7 'yroglyphus enlomophagus. Après la dessiccation complète d’un spécimen ainsi pré- paré, on devra donc le passer à la benzine, et même le garder quelque temps dans un carton spécial, en quarantaine, avant de lui donner place définitivement dans la collection où il MOULINS, SUBSISTANCES MILITAIRES 153 pourrait infester tous les autres spécimens pi- qués dans le même carton. Moulins, Minoteries. — Nous renvoyons à cequenous avons dit précédemment (p. 67, i33) en parlant de VEp/iestia et de ses ravages dans les usines et les magasins de ce genre. Magasins des subsistances militaires. — Comme nous l’avons dit, 1 ’Ep/iestia et d’autres parasites exercent également leurs ravages dans les magasins de l’intendance militaire, notam- ment sur le biscuit de troupes. 11 faut savoir que les 100 000 quintaux de biscuits conservés dans ces magasins comme approvisionnement constant en cas de guerre, ne sont consommés, en temps de paix, que quatorze mois après leur mise en magasin. Or, cet énorme approvisionnement est con- servé dans des caisses de bois blanc qui 11e sont nullement étanebes. Les jeunes larves, très petites au sortir de l’œuf, y pénètrent facile- ment. On a constaté que ces caisses pouvaient être envahies au bout de six mois quand le bis- cuit est fabriqué à l’automne, au bout de trois ou quatre mois en été, et alors les perles attei- gnent 5o °/# ou même la totalité du dépôt (Oanvsz). Il importe donc beaucoup que les biscuits, \ 54 FABRIQUES UE CONSERVES <|ui sortent du four stérilisés parla chaleur et parfaitement indemnes, soient conservés dans des caisses à ferme! are hermétique où on les enferme immédiatement. M. Dan ysz a constaté que toutes les caisses de bois étaient impropres à cet usage. Une caisse même formée de planches emboîtées et collées avec de la colle forte, se laisse traverser par les jeunes larves d 'Epheslia. Les boîtes métalliques stérilisées à l’avance et hermétiquement closes par une soudure, où l’on enfermera le biscuit au sortir du four et à peine refroidi, doivent donc seules être em- ployées dans les magasins militaires. Ceci s’applique également au pain biscuité, dit pain de guerre, par lequel on cherche actuellement à remplacer l’ancien biscuit. Fabriques de conserves et de confitures sèches. — Ce que nous venons de dire s'ap- plique encore aux conserves de confitures. Nous avons parlé ci-dessus (p. îao) de conserves de cette nature dévastées en fabrique et rendues impropres à la vente par suite de l’invasion d’un Acarien du genre Glyciphage qui pullule avec une grande rapidité. L’emploi des boîtes métalliques fermées par le procédé Appert (comme pour les conserves de viandes et de ENTREPÔTS DE LAINE ET DE COTON IS5 légumes), au lieu des boites de bois précé- demment employées, est le seul moyen de se mettre à l’abri des ravages de ces parasites. Nous devons rappeler à ce sujet que le net- toyage à fond des locaux, pratiqué le plus sou- vent possible, avec échaudage et remise à neuf de l’enduit des murs, etc., est indispensable dans les magasins, les minoteries et les usines, pour éviter particulièrement les ravages des Acariens. Nous avons dit que ces animaux peuvent vivre longtemps sans manger sous forme de nymphe hypopiale. On a vu des magasins et des usines abandonnés par un locataire et restés vides de marchandises pendant des années, être réin- festés en quelques jours lors de l’arrivée d’un nouveau locataire introduisant de nouveaux produits susceptibles d’être infestés. C’est que les magasins n’avaient pas été nettoyés conve- nablement et les Acariens, après avoir vécu quelques temps des débris abandonnés précé- demment, s’élaient transformés en hypopes, attendant des jours meilleurs. Dans ces con- ditions, il avait suffi de quelques heures à ces nymphes pour reprendre leur forme active et fonder de nouvelles générations. Entrepôts de laines et de colons. — Nous ne ferons que signaler ces locaux, parce qu'on y 156 ENTREPÔTS DE TABACS trouve, à côté île nos parasites indigènes, une foule d’insecles et d’acariens exotiques, en- chevêtrés dans ces produits et généralement morts depuis longtemps. La détermination de ces spécimens par des entomologistes compé- tents permet de vérifier la provenance de ces produits, et c’est un nouveau genre d'exper- tises qui a son importance au point de vue du commerce et de l’industrie et des fraudes qui peuvent s’y commettre. Entrepôts de tabacs. — On trouve également, dans les poussières des tabacs, un grand nombre d’insectes et d’Acariens dont M. A. Grouvelle a fait une étude spéciale. La plupart ne se trou- vent là qu’accidenlellement et n’ont d’impor- tance qu’au point de vue des rccbercbes ento- mologiques et de la provenance des tabacs. Trois espèces seulement peuvent être signalées comme nuisibles. Ce sont deux Coléoptères de petite taille : le Catorama tabaci trouvé dans des cigares importés de la Havane, et qui, dans les pays tropicaux et en Algérie, commet des dégâts dans les balles de tabac, et le Pseudo- china testaceum qui vit d’ailleurs dans toutes les substances végétales sèches. Enfin le Thrips tabaci, récemment signalé, et qui appartient au groupe des Thysanoptères. CHAPITRE IX LES LABORATOIRES D'ENTOMOLOGIE PRATIQUE Il existe actuellement à Paris plusieurs labo- ratoires d’Eutomologie appliquée à l'Agricul- ture, à l’Economie domestique, au Commerce et à l'Industrie. Ces laboratoires créés soit par le gouverne- ment, soit par l'initiative privée, ont à leur tète des Entomologistes instruits et exercés, dont les conseils sont mis gratuitement à la dis- position de toutes les personnes ayant besoin de leurs lumières. Outre ces laboratoires spéciaux, il est bon de rappeler qu’il existe à Paris une Société Ento- molofjique de France, reconnue d’utililé pu- blique par l’Etat, et dont les travaux font une i 58 LABORATOIRKS large part à loules les questions pratiques qui sont de sa compétence. Les publications de cette Société ( Bulletin et Annales), renseignent sur tout ce qui a été fait, en Entomologie pratique, depuis cinquante ans. Les nombreux spécialis- tes qui font partie do cette société mettent avec empressement leur savoir à la disposition du public, ce qui permet d’éclaircir rapidement toutes les questions économiques qui se rat- tachent de près ou de loin à l’Entomologie. Enfin le Laboratoire (l’Entomologie du Muséum d’Hisloire Naturelle de Paris, bien que consacré pi us spécialement à la science pure, ne dédaigne aucune des questions pra- tiques qui sont de son ressort, et c’est l’un de ses assistants, M. Künckel d’IIerculais, qui a été chargé récemment d’aller en Algérie étudier les ravages des sauterelles et les moyens de les combattre. Nous dirons ici quelques mots des trois Labo- ratoires d’Enlomologie appliquée, qui sont de création récente, en commençant par le plus ancien. Laboratoire de Parasitologie végétale de la Bourse de Commerce. — Ce laboratoire a été créé par la Société de la Bourse de Commerce de Paris, dans l’intérêt de l’agriculture, du d’e N’TO M O LO G 1 K l'UATlQUK u;o commerce îles céréales el des farines cl des in- dustries agricoles dont la Bourse de Commerce est le centre d'affaires (Directeur : M. Danysz, 21, Avenue Reille, Paris). « Le but de ce laboratoire a été d’établir, tout d'abord, un service de renseignements qui réunira, d’une part, dans une bibliothèque et un musée spécial, tous les documents et tous les spécimens d’êtres nuisibles de France et de nos colonies, d’autre part, des données statis- tiques concernant les pertes occasionnées par les parasites. « En outre de ce service de renseignements, le laboratoire a pris l'initiative de recherches, systématiques et expérimentales, ayant pour but d'établir l’état civil scientifique de chaque parasite, d’étudier sa vie, ses mœurs et sa re- production sur place, dans les champs et les établissements envahis, et enfin, de rechercher par une série d’expériences, les moyens de défense pratiquement applicables ». Le Laboratoire de la Bourse de Commerce pu- blie des Mémoires dont le premier volume(i893), renferme l’important travail de M. Danysz sur VEphestia Kuehniella, mémoire que nous avons déjà cité (p. 68), et auquel nous avons fait de nombreux emprunts. 100 LABORATOIRES Station Entomolocjique de Paris (rele- vant direclement du Ministère de l’Agricul- ture). — Ce laboratoire, créé le 1" mars 1894, est situé, îG, rue Claude-Bernard, à Paris. 11 a pour Directeur M. Brocchi, pour Sous-Directeur M. Paul Marchai. Malgré sa création encore toute récente, la Station Entomologique a déjà donné une cen- taine de consultations par correspondance, in- dépendamment des recherches d’un intérêt général dont elle a été chargée par le Ministre de l’Agriculture. Bien que destinée plus spécia- lement à venir en aide à ce département, elle ne néglige aucune des questions d’économie do- mestique, ou intéressant le commerce et l’in- dustrie, qui lui sont soumises. De nombreux renseignements lui ont été demandés de plu- sieurs départements français, d’Algérie, de Tunisie et même de l’ile Maurice (insectes nui- sibles à la canne à sucre). Au sujet des expertises qui sont demandées à ce laboratoire, nous devons faire une remarque qui intéresse au plus haut point le public. On se contente généralement d’envoyer à la station des spécimens de l’insecte supposé coupable des dégâts que l’on constate ou même sans avoir constaté ces dégâts, en demandant son nom et d’entomologie pratique 101 la manière de le détruire , mais sans donner des renseignements suffisants sur les circons- tances dans lesquelles on a observé cet insecte. L’entomologisle-expert peut généralement sup- pléer à cedéfautde renseignements, et il indique ordinairement dans sa consultation les circons- tances probables de la capture et l’origine de l’insecte ; il donne en môme temps son nom et le moyen le plus pratique de le détruire. Mais, le plus souvent, l’intéressé s’en tient là et ne donne plus signe de vie au laboratoire. Il est pourtant utile, dans l’intérêt même du public, que l’expert soit renseigné sur le bien-fondé des suppositions qu’il a été forcé de faire, faute de renseignements suffisants, et sur le résultat obtenu à l’aide des moyens de destruction qu’il a indiqués. J’ajouterai que, les expertises du la- boratoire étant gratuites, cette réponse de l’in- téressé est la meilleure manière de remercier la Station du service qu’elle a rendu. La Station Expérimentale de V Institut Pas- teur est destinée à étudier les movens de des- %/ Iruction des insectes basés sur l’emploi des Champignons parasites de ces animaux et des maladies microbiennes (Bactéries) que l’on peut leur inoculer. Ces moyens ont une grande importance au point de vue de l’agricu I turc, mais T.ioi K*.«AftT. — Le* pnraM'e* «le* lml>i lu Lions humaines 11* LABORATOIRES d’eNTOXIOLOGIE 162 ils nous intéressent beaucoup moins ici, car il ne semble pas qu’ils soient d’une application pra- tique dans les habitations humaines où leur usage peut avoir des dangers ou tout au moins de graves inconvénients. Néanmoins, par les services qu’ils rendront à l’agriculture, ces moyens auront certainement un retentissement utile sur les branches de l’entomologie qui in- téressent plus spécialement l’économie domes- tique. TABLE DES MATIERES Page? Introduction 5 PREMIÈRE PARTIE LES PARASITES ET LEURS DEGATS Chap. I. Articulé* ou Arthropodes des ha- bitations humaines. Classifica- tion. Insectes, leurs métamor- phoses. Importance de la connais- sance des Larves. Division en larves utiles et larves nuisibles . Il Chap. II. Coléoptères des habitations hu- maines . 23 Chap. III. Hyménoptères, Lépidoptères, Di- ptères . 54 Chap. IV. Orthoptères , Nëvroplères, Hémi- ptères. Aptères 82 Chap. V. Arachnides, Aranéides , Acariens . 104 Chap. VI. Crustacés, Cloportes 129 i 164 LES PARASITES DES HABITATIONS HUMAINES DEUXIÈME PARTIE LES MOYENS DE DÉPENSE PaSO* Chap. VII. Les Insecticides 131 Chap. VIII. Préservation des locaux d'après leur nature et celle des insectes qui les fréquentent 140 Chap. IX. Les Laboratoires d' Entomologie pratique 157 TAULE ALPHABETIQUE DES GENRES D’INSECTES, ü'aCARIENS ET DE CRUSTACÉS SIGNALÉS DANS CE VOLUME N. B. — Les noms français et les noms vulgaires sont en caractères romains ; les noms scientifiques en italiques. — Les genres figurés sont précédés d'un *. 'Abeilles, 57. Asopia, 64. ‘Acarus de la gale, 112. Aspidiolus, 96. * n du fromage, 115. Atropos, 92. Ædes, 72. "Attagène, 33. * Aglossa , 64. 'Aleurobie, 119. Balaninus, 50. Alucite, 67. Bdelles, 112. Alucita, 67. Bdella, 112. * Anobium , 41. Blaps, 46. 'Anthrène, 34. *Blal.tes, S4. ’Aoutàt, 109. Blatta, 86. ‘Apate, 43. Bruches, 4S, 49. Apion, 50. Bruchus, 48. •Ar.-as, 123. Araignées, 104. ’Cadelie, 38. 166 LUS PARASITES DES HABITATIONS HUMAINES 'Calandre, 50. Callidie, 51. Caliiphora, 75. Calotermes, 92. 'Cancrelat, 84. Carabiques, 30. Carpoccipsa , 64, 65. Carpoglyphus, 122. Cerambycidie, 51. Charançons, 48. 'Chelifer, 106. 'Cheylète, 110. Chorloglyphus, 122. Chrysopa , 93. * Cimex , 94. Clairon, 44. Cleridœ, 44. 'Cloporte, 129. Clolilla, 92. • Coeoilius, 93. * Cœpophagus , 117. Coccinelles, 52. 'Cochenilles, 96. Corynète, 45. 'Cousin, 69. * Culex , 69. Cucujidœ , 36. Curculionid.de, 48. Daclylopius, 97* 'Dermestes, 30. 'Dermanysses, 124. ' Demodex, 127. Dyctina, 105. "Kpheslie, 67. * Ephestia, 67. Eristale, 74. 'Faux-scorpions, 106. Forficule, 83. 'Fourmis, 58. 'Fourmis-blanches, 88. Frelons, 57. Gallirisectes, 96. Gamases, 126. 'Glyciphages, 120. Gracilie, 52. Grapholitha, 64. 'Guêpes, 54. Grillon, 87. Gryllus , 87. Hémérobie, 93. Histiostoma , 122. Ixodes, 122, 123. Kermès, 96. Lælaps, 126. Lamellicornes, 48. ’ Lecanium , 96 97. TA Kl. K ALl’HABÉTIQUr: 107 'Le p te, 109. ‘Lépisme, 102. Limexylon, 41. Longicornes, 51. I.yctus , 44. Mallophnges. 102. Melasomes, 46. Monomorium, 59. ‘Mouches, 73-75. 'Moustiques, 72. 'Musca, 73. X'crobie, 45. Obisium, 106. Onisciis, 129. Opi/o, 45. Orlalis , 78. Oryctes, 48. Pediculidœ, 98. Pediculoïdes, 111. "Perce oreilles, 83. ' Periplanela, 84. * Phtirius, 99. ‘Pince, 106. Porcellio, 129. Psoques, 92. Pompile, 58. Pou des livres, 92 ‘Poux, 98. Pou des serres, 96. n des rosiers, 90. 'Pline, 39. Puce, 79. Pulex, 79. ‘Punaise, 94. Pucerons (faux), 115. 'Pyrales, 63, 64. Ricin, 123. * Rhizoglyphus , 117. Rhynohites, 50. 'Rouget, 109. 'Sarcoj^àaga, 77. 'Sarcopte, 112. Scorpion, 106. Serrator, 122. ' Sir ex, 60. ‘ Sitophilus , 50. Sphœrogyna , 111. ‘Sylvain, 36. Tecliomyza, 74. Tegenciria, 105. 'Teignes, 65. ’Tenebrions, 46, 47. 'Termites, SS. Thanasimus, 45. Tnysanoures, 102. 'Tineola, 67. ’Tinea, 05. 1 08 LES PARASITES DES II AUITATIONS HUMAINES Triboliutn, 47. "Trombidion, 10S. ’ Trogosila, 38. Tracliynolus , 127. Tydée, 112. Tycleus , 112. 'Tyroglvphes, 115. Uropoda , 127. U rose jus, 127. Ver des cerises, 78. ’Ver de la farine, 47. Vers des fruits, 64. // pommes, 05 // prunes, 65. "Vrillette, 41. ST-AMAND (CHER). IMPRIMERIE DESTKNAY, BÜSSIÈRE FRÈRE ✓