Digitized by the Internet Archive in 2015 https://archive.org/details/b21927455 I j I LES PARASITES ET LES MUADIES PARASITAIRES | j I i KX PRliplUÀTlc>:> "our faire suite au présent ouvrage et sous le même titre de : Les Parasites ET LES Maladies parasitaires cliez l'iiomme et les animaux domestiques : ilclminthes, lufiisoires et Cryptogames [cpiphytes et Ferment*). 8oS3-"S). — Corbcil. Typ. ot st(Sr. C.i'^Il'. LES PARASITES IC T lAlAIlIiS PABASIÎilBiS CHEZ L'HOMME, LES ANIMAUX DOMESTIQUES ET LES ANIMAUX SAUVAGES AVKC LESQUELS ILS PEUVENT ÊTRE EN CONTACT PAU P. MÉGNIN LAUIUSAT DE L'INSTITUT I)E FRANCE (ACADÉMIE DES SCIENCES) MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EX-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE DE FRANCE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES MÉDICALES ET NATURELLES DE BRUXELLES DE L INSTITUT VÉTÉRINAIRE DE DORPAT (rUSSIE), ETC. Insectes, Aracituides, Crustacés AVEC 65 FIGURES DANS LE TEXTE ET UN ATLAS DE 26 PLANCHES Dessinées par l'auteur. PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIHE DE L ' A C A D ij M I E D 15 M 15 D E C I N E 120, Boulevard Saint-Germain, en face de rKcole de Médecine M DCCC LXXX I il M. CHARLES ROBIN SÉNATEUR , MEMBRE UE L'iNSTITIiT ET DE I/ACADÉMIE DE MÉDECINE l'HOFESSEun d'histologie a la faculté de médecine de paris ! HOMMAGE de profonde reconnaissance. P. mégnin; 1 LES PARASITES ET LES MALADIES PARASITAIRES GÉNÉRALITÉS Les Parasites, c est-à-dire les êtres qui vivent aux dépens d autres êtres vivants, sont tellement nombreux dans la nature qu un naturaliste éminent, M. Van Beneden, a pu faire un gros livre rien qu'en énumérant les animaux parasites d'autres animaux et en laissant de côté les innombrables parasites des ptt T;.^''''. ^^'^ Commensaux et Parasites (1), qui est dans les mains de tous ceux qui s'occupent d histoii;e naturelle et qui est des plus intéressants et d s p u nstructifs malgré quelques erreurs graves qui le déparent (2) l'auteur a divisé les Parasites en trois classes : il nomme e'iiî ZZ ^''"^^'^"^ ' PO- vivre à seTdî pens ma,s pour profiter des restes de sa table ; il nomme mu- iualzstes ceux qm, vivant exclusivement des excrétions naturelles des ammaux, jouent sur leur peau ou sur leurs muqueuses le (1) De la Bibliothèque internationale. Paris, 1876. (2) Sur les métamorphoses et les mœurs des Œstres, par exempk, Megnin. — Parasites. ^ 2 GÉNÉRALITÉS. môme rôle que les chiens de Constanlinople jouent dans les rues de cette ville, c'est-à-dire qu'ils exécutent un véritable travail de voirie, ils font, en un mot, la toilette de leur hôte. Enfin, l'auteur fait une troisième classe avec les parasites proprement dits, c'est-à-dire avec ceux qui ont besoin, pour vivre, des hu- meurs qui entretiennent la propre vie de leur hôte. A l'égard de ces derniers nous devons dire que nous som- mes loin de partager les vues de l'auteur; en effet, de ce que la plupart des parasites de cette classe ne mettent pas immédia- tement en danger la vie de leur hôte, et que beaucoup môme ne la mettent pas' en danger du tout, est-ce à dire que tous les parasites soient inoffensifs et qu'il faille, comme l'auteur, adop- ter cette définition de Saint-Fargeau : « Le parasite est celui qui vit aux dépens d'autrui en mangeant son bien et non sa nour- rice même. » Nous savons fort bien que les puces, les punai- ses les poux, certains vers intestinaux même peuvent vivre a nos' dépens sans intéresser réellement notre santé ; mais cela au- torise-t-il à dire, comme Van Beneden, que la présence de plu- sieurs ténias dans les intestins des Abyssiniens constitue un é tat de santé enviable? Nous savons, par expérience, que le Sarcop es scabiei, entre autres, tue en quelques mois les plus grands et les nlus terribles carnassiers aussi sûrement que le Philloxera tue la vigne, et cela sans faire choix de prétendus valétudinaires qui n'existent que dans l'imagination des émules de Saint-Fargeau. Les vrais parasites doivent donc être subdivisés en deux sous- classes : les parasites inoffensifs et les parasites dangereux ou pathogéniques, entre lesquels se placent encore de nombreuses subdivisiois que l'on voit particulièrement dans le groupe des Acariens et dans celui des Vers. • _ Les Acariens, par exemple, fournissent des parasites qui ap- partiennent à toutes les classes de Van Beneden et à leurs subdi- visions : ainsi, les Gamases, que l'on trouve quelquefois en foule sur le corselet des Coléoptères orduriers, sontde vrais Commen- saux libres ; ils n'empruntent à leur hôte que le véhicule et vivent des n rt ê humid s des bouses et des fumiers dont ces der- n ers font leur nourriture. Leurs congénères, les Uropodes que l'on trouve souvent attachés par ^eur curieux péd^^^^^^^^^^ aux Staphylins (i), sont des Cominemaux fixes, les Sarcoptides (1) Le pédoncule des Uropodes, d'après l'étude que nous on avons faite, est GÉNÉRALITÉS. 3 plumicoles et gliricolcs, qui vivent en foule, les premiers, clans les plumes des Oiseaux (1), les seconds au fond des poils des Rongeurs, sont de véritables Mutualistes, car ils ne se nourrissent que des excrétions cutanées naturelles de ces animaux. Enfin, parmi les Parasites vraù, dont Van Beneden fait cinq subdivi- sions, nous avons les Dermanysses, qui sont des Pai^asites libres à tout âge ; les Ixodes, qui sont des parasites libres dans leur jeune âge et dont les adultes et les nymphes se fixent temporai- rement sur les animaux. Les Trombidions, Parasites caimassiers dans leur jeune âge, ne sont plus parasites à l'âge adulte, où ils sont simplement phytophages ; une espèce de Pterolichus, le P. falcigère, est un Parasite à transmigrations et à métamorphoses, vivant dans le tissu cellulaire de certains oiseaux pendant une phase de son existence, et à la surface de leur peau pendant les autres phases. Il y a même, dans l'ordre des Acariens, une classe de Parasites que nous avons appelée Parasites auxi- liaires, dont il n'est pas question dans la classification du pro- fesseur de Louvain et que nous avons découverte chez les Ron- geurs et chez les Oiseaux : ce sont des Acariens de la tribu des Gheylétides que chassent et dévorent les Acariens mutua- listes (2). On ne connaissait pas encore d'exemple de parasites vivant et pullulant sur un animal, non pour vivre à ses dépens, mais pour le débarrasser au contraire des vrais parasites : on a bien signalé les Pique-bœufs, ces curieux oiseaux d'Afrique, lesquels, au moyen de leur bec pointu, extraient avec une grande dextérité les larves d'OEstres du dos des Bœufs, des Buf- fles et des Gazelles à la grande satisfaction de ces ruminants qui se prêtent très volontiers à cette opération ; il y a aussi, dans l'Amérique équinoxiale, d'après les observations du voyageur Ed. André, les Faucons garapateros qui débarrassent les Rumi- nants des Llanos des tiques [Garapatos) qui les tourmentent ; en Europe nous avons les étourneaux qui rendent le même service aux Moutons relativement aux Mélophages et autres épizooïques des bêtes à laines ; mais on ne peut réellement appliquer à ces oiseaux l'épithète de Parasites auxiliaires, at- un produit d'excrétion do nature albuminoîde complètement soluble dans l'acide acétique. (1) Robin et Mégnin, Mémoire sur les Sarcoptides plumicoles, in Journal de Vanaton^ie, 1877. (2) Môgnin , Mémoire sur les Cheylétides parasites, in Journal de Vanato- mi-, 1878. 4 . GÉNÉRALITÉS. tendu qu'ils ne vivent pas exclusivement d'insecles parasites. Tout ce que nous venons de dire des Acariens s'applique en partie aux Insectes, aux Vers et surtout aux Infusoires et aux Cryptogames. Comment distinguer alors, entre toutes ces variétés de para- sites, ceux qui sont réellement dangereux ou pathogéniques, de ceux qui sont simplement commensaux, mutualistes, auxi- liaires, ou môme qui ne sont parasites qu'en apparence? Com- ment faire pour ne pas attribuer à un parasite inoffensif, comme cela est arrivé si souvent, un rôle qui ne lui appartient pas ? Il n'y a qu'un moyen, c'est d'étudier à fond l'histoire naturelle et les mœurs de tous les parasites quels qu'ils soient, leur organisation et leurs moyens d'action; c'est à cela que nous travaillons dôpuis vingt-cinq ans, et c'est le résultat de nos études que nous présentons aujourd'hui au public médi- cal et vétérinaire dans le présent ouvrage. Nous avons adopté dans cet ouvrage, pour la description de nos parasites, la classification de Cuvier, revue, corrigée et mise à la hauteur de la science moderne par M. H. Milne Edwards. A la suite de chaque Ordre de parasites nous plaçons la partie pathologique afférente à ceux d'entre eux qui sont réellement pathogéniques ; les maladies parasitaires se trouvent ainsi classées dans l'ordre zoologique de leurs causes et non dans ce- lui des systèmes organiques qui en sont le siège, comme on le fait d'habitude ; la thérapeutique ne peut que gagner à cette innovation, puisqu'elle consiste essentiellement, dans le cas présent, à détruire la cause, c'est-à-dire le parasite. Les Parasites qui vivent sur l'homme et les grands animaux appartiennent aux classes suivantes et à leurs subdivisions : Classe des INSECTES : Ordres des Diptères, des Hémiptères, des Coléoptères, des Aphaniptères, des Épizoïques et des Thysanoures. Classe des ARACHNIDES : Ordre des Acariens. Classe des CRUSTACÉS ; Ordre des Acanthothèques. Classe des VERS : Ordres des Nématoïdes, des Trématodes, des Ces- toïdes. Classe des INFUSOIRES : Ordres des Vibrioniens et des CystSlides. lasse des CRYPTOGAMES : Ordre des Arthrospores. GÉNÉRALITÉS. g Dans le présent travail nous ne nous occupons que des Parasites articulés, c'est-à-dire des Insectes, de Arachnides et des Crustacés, et chacun des Ordres de ces Classes fait l'objet d'un chapitre composé de deux parties: la première consacrée entièrement à l'Histoire naturelle, la seconde à la Pathologie. Dans d'autres publications qui suivront nous traiterons de° la même manière des Parasites des autres classes et des maladies qu'ils déterminent. CHAPITRE PREMIER DIPTÈRES L'ordre des Diptères fournit des parasites qui, les uns à l'état parfait, les autres à l'état de larves, ont besoin, pour vivre, d'humeurs qu'ils extraient du corps de l'homme, des quadru- pèdes ou des oiseaux. Nous allons les étudier d'abord au point de vue zoologique, puis à celui de leurs propriétés nocives. DESCRIPTION ZOOLOGIQUE. Les Diptères sont des Insectes qui ont pour caractère d'avoir une bouche pourvue d'une trompe généralement molle, contenant ou non des stylets perforants ; d'avoir deux ailes membraneuses accompa- gnées en général de deux appendices nommés balanciers, à la base desquels on trouve deux petites pièces blanches et ciliées appelées cuillerons ; enfin d'être à métamorphoses complètes. Les Insectes de cet ordre ont des glandes salivaires dont le pro- duit, chez quelques-uns, est irritant. Parmi les nombreuses espèces de cet ordre, celles qui nous inté- ressent appartiennent aux familles des Tipulaires, des Tabaniens, des Œstrides, des Muscides et des Pupipares. a. — Famille des TIPULAIRES. Cette famille comprend de petites mouches, à suçoir composé de plusieurs soies (fig. 3) renfermées dans une gaine formée par la DIPTÈRES. ' soudure des palpes labiaux et delà lèvre , accompagné de deux palpes maxillaires recourbés, ordinairement de quatre articles ; yeux souvent séparés sur le front; antennes longues, à 12 articles au moins. Cette famille est divisée en deux sections ou tribus : la première celle des Culicides, la seconde celle des Tipclides. La première renferme le genre Culex, qui comprend les vulgaires Fig. 1. — Cousin commun 5, grossi 8 diam. maxillaires. Cousins et les moustiques des pays chauds ; nous décrirons seule- ment l'espèce suivante : Cousin commun {Culex pipic7is, Linn.) (fig. 1). — Longueur 5 à G millimètres. Palpes et antennes bruns. Thorax brun-jaunâtre à deux lignes brunes. Abdomen d'un gris pâle annelé de brun. Pieds bru- nâtres, base des cuisses jaunâtre, un point blanc à l'extrémité des jambes. Très commun surtout au voisinage des eaux stagnantes où vivent sa nymphe et sa larve (fig. 2). Plus commun dans le Midi que dans le Nord. Tourmente l'homme par ses piqûres, mais respecte les ani maux. 8 CHAPITRE PREMIER. La tribu des Tipulides renferme quelques moucherons qui sont aux animaux ce que les cousins sont aux hommes ; ils appartiennent au genre Simuliwn de Latreille ; nous citerons les deux espèces sui- vantes qui sont les plus communes: Siimulie tachetée {Simulium maculatum, Meig.). — Longueur \ mil- limètre i/2, d'un cendré bleuâtre. Thorax à bandes noires. Abdomen à taches dorsales noires contiguës a*. En mai, puis en juillet et août, dans les bois près des eaux. Simulie cendrée (Simulivm cinereum, Meig.) (fig. 4), — Long. 3 millimètres, d'un gris foncé, antennes noires, thorax à trois lignes noires peu distinctes. Abdomen à incisions noires. Pieds noirs; genoux blanchâtres ainsi que le premier article des tarses pos- térieurs d*. Apparaît en mai en môme temps que la précédente et aux mêmes endroits. Commune surtout dans les grandes forêts du centre de la France et du nord-est, comme les forêts de Fon- tainebleau, de Chantilly, de Compiègne et de l'Argonne. Attaque principalement les chevaux aux parties où la peau est fine et dé- pourvue de poils, comme les aines et surtout l'intérieur de la conque auri- culaire, où elle s'introduit souvent en grand nombre pour sucer le sang. Fig. 4. — Simulie cendrée, a, grandeur naturelle. — b, tèle grossie. — A,A, antennes. — OEiOE, yeux. — L, bec — P,P (du milieu,', palpes labiaux. — P,P, palpes maxillaires. 6. — Famille des TABANIENS. Cette famille comprend de grosses mouches qui ont le corps large, la tête déprimée, la trompe ordinairement saillante, à lèvres termi- nales allongées, à six soies lancéolées chez la femelle et quatre seule- ment chez le mâle ; à palpes relevés chez la femelle et couchés sur la trompe chez le mâle ; antennes à trois articles, le troisième effilé et comme subdivisé. Ailes ordinairement écartées. Sur les douze genres que les entomologistes distinguent dans cette famille quatre seulement nous arrêteront : ce sont les genres Pcmgo- nia, Tabanus, Chrysops et Hcmatopota, et nous choisirons, parmi les nombreuses espèces de ces genres, les suivantes : DIPTERES. 9 l>ang:oiiic «le la. ^ouvcllc-CnUdonic {Pangonianeoculedonica, no- bis). — Longueur totale 16 millimètres ; celle de la trompe seule est de 4 millimcfres. Brune. Palpes et antennes noirs ; trompe de môme couleur à lèvres terminales peu distinctes. Face et front blanchâtres, à petits ocelles et à rares poils noirs. Yeux nus, thorax olivâtre en dessus, à (rois bandes peu distinctes, blanchâtres en dessous, à côtes jaunâtres présentant une tache noire oculiforme avec un point cen- tral blanc. Abdomen noir à premier segment bordé d'une bande blanc sale ; bordure semblable au deuxième segment, mais interrom- pue et formant trois taches, une médiane et deux latérales ; troisième segment ne présentant qu'une trace de bordure ; quatrième segment à trois taches dorsales d'un blanc vif ; derniers segments ne pré- sentant plus chacun qu'une tache médiane blanche. Ailes enfumées; deuxième cellule sous-marginale appendiculée, et première cellule postérieure ouverte. Le genre Pangonia est représenté en Europe par quelques espèces qu'on rencontre dans les provinces les plus méridionales. Jusqu'à pré- sent on les regardait comme se nourrissant exclusivement du suc des plantes, mais les observations que nous avons faites sur l'espèce ci-dessus prouvent que les Pangonies sont parasites à la façon des autres Tabaniens et sont môme plus dangereux. Leur trompe ren- ferme une collection de stylets et de lames barbelées susceptibles de percer la peau la plus épaisse, fût-ce celle d'un buffle. Taon noir (Tabanus morio, Latr. , T. ater, Meig.). — Longueur 1 8 mil- limètres, d'un noir luisant. Face velue ?, presque nue thorax à poils gris. Deuxième segment de l'abdomen à poils blancs de chaque côté ; dernier à poils blancs. Ailes fuligineuses, le centre des cellules pâles.' Se trouve dans toute l'Europe, particulièrement au centre et au midi de la France. Attaque les grands animaux. Taon «les bœuf s {Tabams bovinus,Unn.) (fig.5).— Longueur 27 milli- mètres. Couleur brune. Palpes, face et front jaunâtres. Front à tache et ligne noires. Antennes noires à base blanchâtre. Thorax cà poils jaunâ- tres et bandes noirâtres. Bord postérieur des segments de l'abdomen fauve ; des taches dorsales triangulaires, blanchâtres. Jambes jau- nâtres a extrémité noirâtre. Ailes à bord extérieur jaunâtre. Commun dans les bois etles prairies. Attaque les bœufs et les che- vaux indistinctement. Taon «l'aufomne (Tabanus autum7iaUs, Linn.). — Longueur 20 mil- limètres. Gris noirâtre. Palpes, face et front gris. Antennes noires Iborax gris-velu, à quatre bandes brunes. Trois rangs de taches blanches sur l'abdomen. Jambes d'un blanc jaunâtre à extrémité noirâtre. Ailes à bord extérieur brun. 10 CHAPITRE PREMIER. Commun dans les bois et les prairies. Attaque les grands animaux domestiques indistinctement. Taon hriiyant {Talanus 6ronu«s,Linn.).— Longueur IS millimètres. Palpes noirâtres. Face et front blanchâtres ; ce dernier à tache car- rée près des antennes surmontée d'une ligne et d'une autre lâche ovale, noires o*. Antennes testa- cées à extrémité noire, quelquefois entièrement noires. Yeux à lignes arquées pourpres. Thorax à cinq lignes blanchâtres. Trois lignes de taches abdominales jaunâtres ainsi que le bord des segments. Jambes fauves en dehors. Ailes presque hyalines. Commun comme les deux pré- cédents, se rencontre dans les mûmes circonstances. Taon rustique {Tubcnius 7'usti- ciis, Fab). — Longueur \'6 milli- mètres. D'un gris noirâtre, à poils épais, jaunâtres. Palpes, face et front jaunâtres. Antennes ferrugi- neuses à extrémité brune. Abdo- men d* à quatre rangs de taches brunes. Pieds jaunes, cuisses noi- râtres, ainsi que les tarses antérieurs. Stigmates des ailes jaunâtres; première cellule sous-marginale appendiculée. Assez commun, se trouve avec les précédents dans les mômes circonstances. Petit Taon pluvial [Hematopota pluvialis, Meig). (fig. f>). — Lon- gueur 9 à 10 millimètres, corps étroit-allongé; ailes couchées en toit. Gris noirâtre. Palpes et face gris clair; cette dernière à bande luisante à la base des antennes, deux taches et un point noir Ç. Antennes à peine plus longues que la tête ; premier article épais, ovale, première division fauve. Yeux verdâtres ; partie inférieure pourpre à lignes sinuées jaunâtres. Thorax à trois lignes blanchâtres. Les trois premiers segments do l'ab- domen fauves sur les côtés feux d'un vert doré à taches et lignes pourpres; cou- leur noire, cf Face jaune à deux taches noires luisantes. Côtés et dessous du thorax à poils fauves; dessus noir. Deuxième segment de l'abdomen à taches fauves de chaque côté. Ailes noires ; une tache presque hyaline vers l'extrémité de la cel- lule basilaire externe ; partie postérieure du bord interne presque hyaline. Petit Taon aveuglant. $ Face à trois taches contiguës. Front cendré à callosité et vertex noirs. Base du premier article des antennes d'un fauve obscur. Thorax à deux bandes grises antérieurement. Premier segment de l'abdomen à taches jaunes de chaque côté; deuxième jaune à deux lignes noires divergentes. Base du premier article des tarses fauves. Ailes noires à grande tache hyaline vers le milieu ; une autre près de l'extrémité comme dans le mâle. Très commun pendant l'été, se rencontre dans les mêmes circons- tances que les précédents. N'attaque les grands animaux que dans le voisinage des yeux, de là l'origine de son nom. Cherche aussi à attaquer l'homme sur les parties découvertes, surtout lorsqu'il se baigne en pleine rivière ; dans ce cas i! agit alors concurremment avec le précédent. c. — Famille ou tuibu des ŒSTRIDES. La famille ou tribu des Œstrides est l'une des plus remarquables d'entre celles qui composent le grand ordre des Diptères, par son organisation et ses mœurs. La bouche de ces mouches est rudimen- taire parce qu'elles ne vivent, dans l'élat adulte, que juste le temps nécessaire à l'accouplement et à la ponte; mais l'instinct diversement modifié qui leur a été départi sous ce dernier rapport, offre tant d'in- térêt qu'elles ont été observées dès la plus haute antiquité : ces di- ptères déposent leurs œufs sur les grands mammifères, de sorte que les larves parviennent plus ou moins dans l'intérieur du corps en vivant de sa substance. Chaque œstride choisit pour ses œufs un berceau approprié au besoin des larves qui doivent en provenir. *~ - CIIAPITUK l'ItKMIElî. L'œslrc du cheval, tout en se balançant sans se poser sur le corps de 1 animal, colle ses œufs sur les poils de la lace interne des genoux ou sur les crins de l'encolure, lieux où le cheval se loche le plus facile- menl, cequi lui donne l'occasion d'ingurgiter les petites larves qui en sortent et qui doivent arriver dans son estomac où, fixées à la muqueuse de cet organe, elles suivent pendant près d'un an les phases de leur développement larvaire. Une espèce voisine plante ses œufs sur les lèvres du même animal, parce que les larves qui en sortent doi- vent aussi pénétrer dans la bouche et arriver à l'estomac. Les Œstrus ovis déposent les leurs dans les narines des moutons, d'où leurs larves parviennent dans les sinus maxillaires et frontaux. Une larve d un genre voisin se développe dans les bourses charnues du pharvnx du cerl. Les Hypodermes et les Cutérèbres, obéissant à un instinct plus simple, effectuent leur ponte sur le dos des bœufs et de divers autres animaux, et les petites larves qui en sortent pénètrent dans un follicule, arrivent sous le derme et donnent lieu à une tumeur cu- tanée dans laquelle elles acquièrent tout leur développement. Beaucoup d'auteurs se sont occupés des OEslrides comme nous l'avons dit ; le premier qui ait publié sur ces intéressants parasites un travail spécial est le célèbre vétérinaire anglais Bracy-Clark (1). Le dernier travail, qui est nécessairement le plus complet, et qui est aussi le mieux fait, est dû à M. Brauer, le célèbre diptérologiste viennois (2). Dans ce travail M. Brauer répartit toutes les (Estrides connues dans quatorze genres qui se distinguent les uns des autres par les caractères suivants : I. Ailes sans nervure transversale terminale, la grande nervure s'élendant jusqu'au bord postérieur. 1. Abdomen caudiforme, style des antennes plumeux, cuille- rons nuls. Ctenostylum, Mcq. 2. Abdomen non caudiforme, style des antennes nu ; cuillerons existant, mais petits et longuement ciliés; les balanciers ne les couvrant pas; parties buccales rudimentaires ; palpes, enfoncés, couchés dans la petite fossette buccale, petits en forme de petite boule; trompe confondue avec les parties tégumentaires de la fossette buccale, non proéminente. Gasthophilus, Leach. II. Ailes avec une nervure transversale terminale, la 4" nervure longitudinale est à terminaison anguleuse ou en arc appuyée sur la troisième ; première cellule du bord postérieur ouverte, fermée ou rétrécie vers la pointe de l'aile. (1) Bracy-Clark, Mémoire sur les Œstres. Traduction française. Paris, 1820. (2) Brauer, Monographie des Œstrides. Vienne, 18G3. DIPTEUES. 13 1. Trompe droite, saillaiile en dessous ou entièrement rudimen- taire, jamais coudée à la base; ouverture buccale petite' remplie par la trompe qui est intimement unie au tégument de sa marge. Style des antennes toujours nu. Palpes petits, globuleux, ou en massue, quelquefois absents. A. Milieu de la face arqué inférieurement, avec deux sillons limitant un écusson triangulaire à base infé- rieure figurant unprélabium. Antennes profondément, couchées dans deux fossettes séparées. a. Séparation des fossettes antennales étroite, angu- laire; antennes très courtes à deuxième article discoïde; trompe membraneuse entièrement rudi- men taire. t Palpes absents. HypoDERiiA, Latr. tf Deux petits palpes globuleux. Sous-genre, QEdemagena, Latr. b. Séparation des fossettes antennales large, plate; antennes cachées au fond. Trompe développée avec un suçoir terminal discoïde en forme d'un petit bouton chevelu, palpes en forme de petits tuber- cules. QEsTROMYiA, Brauer. u. Moitié inférieure de la face surbaissée, parcourue par un sillon étroit médian à bords saillants. Fossettes des antennes complètement séparées ou non. a. Front étroit supérieurement suivant la courbe des yeux, qui sont sans saillie. Pattes très minces et longues. Yeux prolongés inférieurement. t Première cellule postérieure ouverte. Petite dent appendiculée au coude de la 4" nervure longitudinale. Therobia, Brauer. tf Première cellule postérieure fermée pédi- culée. ■ AuLAcocEPHALA, Mcq. b. Front bombé, saillant : jambes médiocres, longues ou courtes. Yeux point allongés inférieurement. t Première cellule postérieure fermée. Jambes courtes délicates. -h Nervure transversale, terminale, appendi- culée et oblique avec le bord postérieur des ailes ; 3» et 4" nervures longitudinales succes- sivement courtes ; première cellule posté- rieure longuement pédiculée. CESTRUS, L. + + Nervure transversale terminale appendi- culée faisant l'angle droit avec l'axe longitu- CHAPITRE PREMIER. diiiiil de l'aile ; 3" et 4" nervures longitudinales également longues. Première cellule posté- rieure à peine pédiculée. Antennes large- ment séparées. Cephalomyia, Latr. •^f Première cellule postérieure ouverte ; au coude de la 4" nervure longitudmale, appendice dentiforme. Trompe et palpes développés, velus, à poils courts ou longs. + Joues fortement saillantes inférieurement, à peine séparées en haut. Sixième segment abdominal petit en forme de demi-lune. (La seule espèce connue est à poils courts pres- que nue, argentée.) Pharyngomyia, Schinner. -{--{- Joues un peu concaves inférieurement, plus séparées que chez la précédente. Sixième segment abdominal grand, arrondi et un peu arqué, visible en dessus et en dessous. (Espèces à poils épais et fins.) Cephenomyia, Latr. 2. Trompe coudée à la base, cachée dans une fente longitu- dinale (cavité buccale) située en retraite sous la face infé- rieure de la tôte. Palpes nullement visibles, absents (?). A. Style des antennes nu, trompe très petite, pièce anale de l'aile médiocrement développée. ROGENHOFERA, BraucF. B. Style des antennes plumeux supérieurement. o) Troisième article des antennes oviforme ou ellipti- que ; front peu proéminent, tarses larges, aplatis, fortement velus, puissants ; abdomen voûté, cordi- forme, pièce anale de l'aile très grande, relevée dans le repos. Cuterebra, Clark. b) Troisième article des antennes beaucoup plus long que le deuxième et le premier, en forme de baguette. Front fortement en saillie sur le bas de la face. Tarses déhcats, minces. Abdomen aplati. Pièce anale de l'aile médiocrement développée. Dermatouia, Brauer. Ce premier tableau, qui permet d'arriver facilement à la détermi- nation générique des Œstrides à l'état adulte, est suivi d'un deuxième qui permet de les reconnaître à l'état de larve. En raison de son im- portance pratique nous allons aussi le donner : I. Larves avec deux paires de mâchoires : deux mandibules cour- bées en crochets buccaux et deux maxilles épineuses droites. DIPTÈRES. 15 entre les premières. Bord postérieur du corps tronqué droit, plus large que l'antérieur. Stigmates au dernier anneau, dans une cavité à ouverture en forme de fente transversale pouvant se fermer, sous forme de nombreuses petites fentes transversales creusées sur trois paires de bandes chitineuses arquées. Antennes avec un point oculi forme. Stigmates antérieurs cachés. Gastrophilus. 11. Larves avec marge buccale sans appendices maxillaires (1), Sur la bouche deux anneaux cornés ainsi que des rudiments d'an- tennes. Corps à extrémité antérieure plus mince q^ue -la posté- rieure. Stigmates au dernier anneau en forme de plaques cor- nées libres. Stigmates antérieurs très petits à peine visiljles. A. Faces du corps inférieure et supérieure à nombreuses petites épines plus rares en dessous. Hypoderma. B. Faces inférieure et supérieure également épineuses ; sous- genre. ŒoEMAGEiNA. Iir. Larves avec une paire de mâchoires, marge buccale membra- neuse et petites antennes membraneuses. A. Dernier anneau abdominal libre, mais non séparé des précédents par une partie rétrécie qui lui donne la forme d'un appendice, au contraire étroitement uni, mais point enfoncé dans le précédent, tronqué de dessus en dessous, profondément échancré transversalement, à lèvre infé- rieure se prolongeant en arrière. Plaques stigmatiques du dernier arincau cornées situées dans une cavité creusée entièrement dans cet anneau. Stigmates antérieurs petits, ronds, en forme de bouton corné. a). Antennes largement séparées à la base. 1. Plaques stigmatiques postérieures irrégulièrement pentagonales-arrondies, les fausses ouvertures conte- nues entièrement dans la plaque ; sur chaque antenne deux sortes d'ocelles ponctiformes. QEstrus. 2. Plaques stigmatiques postérieures en forme de demi- lune ou de reins, les fausses ouvertures stigmatiques placées en dehors du bord des plaques. f Sur chaque antenne seulement un point oculi- forme, plaques stigmatiques profondément ca- chées au fond d'une étroite cavité. Cephalomyia. f f Sur chaque antenne deux points oculi- (1) Tout à fait jeunes, ces larves sont cylindriques avec crochets buccaux microscopiques, et entre les deux une pointe droite; au deuxième stade marge buccale cornée, en forme de V, corps mince eir arrière allongé en queue. CHAPITRE PREMIER. formes, plaques stigmaliques assez libres placées sur le dernier plan tronqué du bord posiérieur du corps qui est légèrement concave. Pharyngomyia. b. Antennes contiguës par la base, présentant chacune deux pomts oculiformes, plaques stigmaliques assez libres placées sur la partie tronquée légèrement concave de l'extrémité postérieure. Cecuenomyia. B. Dernier anneau abdominal rentré dans les précédents beaucoup plus étroit et plus court que ceux-ci; larve par cela semblant avoir un anneau de moins (chez les jeunes larves le dernier anneau forme souvent un appendice cupuliforme) ; antenne avec deux points oculiformes (sur leur disparition et celle des crochets buccaux avant la mue se tirent les caractères des genres). Face dorsale semblant convexe longiludinalement et la face ventrale concave dans le même sens; stigmates antérieurs en forme d'une fente étroite, transversale, à bords plissés. a. Larve oviforme, épaisse, massive, couverte d'épines, ayant seulement le premier et le dernier anneau nus. Plaques cornées stigmaliques du dernier an- neau en forme de demi-lune. Cuterebra. b. Larve allongée en forme de poire, plus épaisse an- térieurement que postérieurement, ayant seulement quelques rangées transversales d'épines, stigmates postérieurs en forme de trois paires de fentes allon- gées du type de celles du genre Gastrophilus. Debmatobia. Les Œstrides qui nous intéressent le plus au point de vue des ma- ladies parasitaires de l'homme et des animaux domestiques appar- tiennent aux genres Gastrophilus, (Estrus, Hypodenna, (Edemagena, Cu- terehra el Dermatobia . Genre GASTROPHILUS de Leach et Schiner, correspondant aux genres Gastrus de Meigen et étant un dédoublement du genre Œstrus de Latreille et Macquart. Il comprend, suivant Brauer, les huit espèces suivantes : G. equi, Fabr., dont la larve vit dans l'estomac des équidés euro- péens. G. inermis, Brauer, espèce autrichienne à larve inconnue. G.pecorum, Fabr., dont la larve vit dans l'estomac des équidés européens. G. flavipes, Oliv., du sud de l'Europe, larve vivant dans l'estomac des ânes, d'après Malpighi. DIPTÈRES. il G. latlventris, r.œw., de la Russie, larve vivant dans l'estomac des ânes. G. haemorrhoîdalis, L., larve vivant dans l'estomac des équidés eu- ropéens. G. nasalis, Clk., paraît particulière au nord de l'Europe et de l'Amé- rique, où elle vit dans l'estomac et l'œsophage des chevaux. G. nigricornis, Lœw., particulière à la Crimée. On a encore trouvé des larves de Gaslrophilus dans l'estomac de certains animaux, entre au- tres du rhinocéros et de la hyène et dont l'état parfait est inconnu. De ces huit espèces de Gastrophilus nous en décri- rons brièvement trois qui sont les seules que nous ayons jamais rencontrées en France. Gastrophilus e qui, Fabr. (fig. 8). — Ailes sans nervure transversale posté- rieure, avec bande trans- versale, dans le milieu, en- fumée.ainsi que deux points à la pointe. Trochanter dans les pattes postérieures portant un crochet cour- be eT, et un tubercule ? et dans les deux sexes un sil- lon droit au bord posté- rieur de la cuisse. Thorax couvert de poils jaunes rougeâtres rares, et noirs en arrière de la suture; abdomen lestacé taché de [^pliant so\l: ,f ^ ''-«'-'^ '«Wo,™,, e. se Longueur i2-ii^^ sans l'oviducle de pourde un^pf Tf' '^"^^^ ' des lentes clepoux, de un et quart de millimètre, à la face interne des genoux t des canons antérieurs et sur la crinière, les cotes, etc. De ces œu^ sort une pet.te larve q«i, en rampant sur la peau, ca'use un petit pru Megnin. _ Les Parasites. 2 8. — Gaslrophilus equi. A femelle. - B, un œuf. - B', le même, grossi. - C, larve. - D, tète de larve. - E, stigm^res. - 1', une nymphe ou chrysalide. 18 CIIAPITUE l'UEMIlilt. rit, cnsuilc duquel l'arumal est invité à se lécher; c'est de cette façon que la larve arrive dans la bouche, puis, par reptation, dans l'estomac, où elle se plante sur la muqueuse par ses crochets mandibulaires et où elle se développe en absorbant les produits de la petite inflamma- tion et de la petite ulcération produite par les organes buccaux. Apres dix à onze mois de séjour dans l'estomac, la larve a acquis tout son développement ; elle se détache alors ; sa couleur, qui était rose-vif, pâlit ; elle se laisse entraîner avec les matières alimentaires et arrive ainsi au dehors, sur la terre, dans le fumier, où s'opère la transformation en nymphe par le durcissement des téguments, puis en insecte parfait trente jours après environ si le temps est constam- ment beau. Cette transformation s'opère dans la belle saison, de mai à octobre, surtout en juillet et en août. Depuis sa sortie de l'œuf jusqu'à sa transformation en nymphe, la larve de la G. equi présente trois stades très distincts : 1° Dans le premier elle est allongée, ayant un à deux millimètres et son extrémité postérieure bifide, c'est-à-dire ayant les stigmates situés chacun à l'extrémité d'un tube ; les b ou 6 anneaux à épines rares. 2° Dans le deuxième, les stigmates sont sessiles, l'extrémité pos- térieure refoulée, et la larve est blanche, oblongue et longue de 9 à 18 millimètres sur 3 à 4 milUmètres de large. Anneaux ayant encore un simple rang d'épines. 3" Dans le troisième, la larve est cylindro-conique, longue de 18 à 20 millimètres sur 8 millimètres de large, de couleur rose vif, à der- nier anneau porteur de stigmates inclus dans le précédent, ces stig- mates ayant la forme d'écussons noirs sur chacun desquels sont creusées trois lignes arquées à concavité interne, lignes percées eUes-mômes de petites fentes en série. Du deuxième au huitième anneau inclus, chacun porte à son bord postérieur deux rangées d'épines qui vont en augmentant de volume d'avant en arrière ; quelques épines en rangées clair-semécs se remarquent encore sur les 9% 10» et H' anneaux. La nymphe ou chrysalide est noire, oviforme, longue de lo-17°"° et large dee-T""-". Cette larve vit dans l'estomac du cheval, de l'âne et du mulet. Nous l'avons rencontrée dans toute la France, particulièrement au nord ou au centre. Ci liœmorrhoïflalis. L. - Ailes sans nervure transversale posté- rieure hyalines, sans taches. Jambes foncées, surtout les cuisses. Corps 'noir; abdomen à poils blancs à la base, noirs au milieu et roux à l'extrémité. Thorax gris-souris en avant de la suture, avec bande noire en arrière. Longueur 10 à 12"°. DIPTÈRES. La femelle pond un œuf noir, conique, arrondi à un pôle, terminé ni r-^M f""'^ finement barb'elé , g" II plan e dans 1 epiderme des lèvres des chevaux. La larve nui en sort pénètre dans la bouche comme la précédente, arrive dans l'es tomac et se développe delà môme façon. Après dix mois de éiour pendant lesquels elle prend une couleur rose presque rou'eTor - qu elle est prête à se changer en nymphe elle devient vex^e" ;e dt tache de la muqueuse et se laisse rouler avec les excréments iusqu'à lanus; la elle ne tombe pas immédiatement par terre, elle 'attache a la marge avec ses crochets mandibulaires pendant quelques h ures quelquefois un jour, puis se laisse tomber dans le fumie^ù elle s^ transforme en nymnhe pt nn hr^,^^ a' » . u'iuux uu eue se insecte parfait. ^ ' ^ '"'"''^'"^ jo^^s» La larve delà 6. hwmorrhoîdalis se distingue de celle de 1-, a m.ere rangée qu'à la seconde, exislanl du 2» au 8 ' aunea" in^' rompues sur les 8- et 9-, les 10- etll" lout à fait nus ' .-6"" d",ÏÏ;t! - -4-» sur «. pecopum, Fabr. - Cette espèce n'avait nas encore m& sitivementen France, lorsque nous avon onstaté cpL ' u^troduction par des chevaux russes impor é^a^ envt n^rpr" par le commerce (I). «"virons de Pans Espèce à nervure transversale postérieurp dp« nîinc ou manquant. Ailes presque entii LTru^um^ s j)™ '?"'"''' large bande enfumée au milieu et une seule H.h! " , S Corps noir, avec thorax et deuxième „n ," . ° " W- neauà poils jaunâtres d- brunTnZ' '™isième an- ■le poils noir en arriorede L It! T'",?"''''"""' Longueur du corps 13-76^. ° La femelle, dont l'oviducte continue insensiMemenl r.hA„ qua puisse se replier en dessous comme The îlr . œufs „o.s allongés longs de q^elî^oU: tn^'p^lC^t du'bV^'^sTétîerdrstrrurso™. '^'^ '^-^ ^p'- rangs et se montran fu s'an^nneau ''T P^'"»^',»"'™ neaux son. interrompues au m li û "" le 8- X^slur'' " .es er„,ers anneaux sont complètement' ?us!'c:srv no'nTdVn' 20 CHAPITRE PREMIILR. rouge de sang l'oncé et conservent celle couleur lorsqu'elles se déla- chcnt pour arriver à l'extérieur et se transformer en nymphes. Comme celles delà G. hemorrhoîdalis , arrivées à l'anus elles ne se laissent pas tomber immédiatement, mais restent quelques heures attachées à la marge. La nymphe est ovoïde, noire, longue de 13-17™" sur 6-9""° de large et met aussi une trentaine de jours à se transformer en insecte parfait. Genre OESTRUS. — Ce genre est une très petite partie du grand genre Œstrus, de Linnée, restitué par Meigen à l'œstre du mouton que Macquart et Joly avaient classé dans leur genre Céphalomjjia . Ce dernier nom a été conservé pour une œstre qui a les mômes mœurs et qui vit dans les sinus frontaux du chameau. Le genre Œstrus, d'après Brauer, comprend quatre espèces: CE. Clarcki, Schenk, qui vit chez les bêtes à cornes du Cap. OK. pw'imreus, Ikauer, qui vit sur des moutons à grosse queue du Caucase. OE. variolosus, Lœw., des colonies anglaises d'Afrique. ÛE. ovis, L., des sinus céphaliques des moutons européens. Dansl'Argah on a trouvé des larves de même genre mais d'espèce indéterminée. La seule espèce qui nous intéresse est la suivante : Œ. oYis, L. (fig. 9). — Petite espèce à ailes transparentes, non tachées ; la petite nervure transversale située au bout de la nervure auxiliaire (Hilfsader), l'extrémité de la 4« nervure longitudinale faisant angle avec la ner- vure postérieure. Œstre sale, cendrée, granuleuse. Thorax brun-cendré, opa- que, maculé de points obscurs. Face jaunâtre, testacée vers la bouche ; ab- domen marbré de jaune, de blanc et de noir, à extrémité velue. Longueur 10-12"^'" $ et P. Celte espèce se trouve dans toute l'Eu- rope, en Asie, en Afrique et aux îles Canaries, dans l'Amérique du Nord et dans l'Amérique du Sud. Les œufs des CE. ouis sont entièrement semblables à ceux des Cephenomyies, réniformes, courbés, à extrémités ar- rondies avec des sillons circulaires; les œufs, d'après Clarck, seraient pondus à l'entrée des narines, d'où la a Fig. 9. — Œstrim ouis. u, femelle. — b, larve. — c, sa ■ tète. — d, ses stigmates. DIPTÈRES. 2^ jeune larve pénétrerait dans les sinus maxillaires et frontaux où elle se développe et vitpendantclixàonzemois,aprèsavoirprésenté trois stades. La larve complètement développée est ovoïde, anguleuse antérieu- rement, tronquée et creusée postérieurement, plate en dessous. Les sti°-mates en forme de deux plaques rondes et noires, percées à leur «entre, sont placées au fond de la fossette de l'extrémité postérieure, protégées par l'avant-dernier anneau formant deux lèvres pouvant s'affronter, comme chez les autres œstrides du reste ; chaque anneau est taché en dessus transversalement en noir, ce qui forme des zébrures. Elles sont longues de 20-30°>-" sur l-[0^^ de large. La nymphe est noire et est expulsée parles narines en mai, juin €t juillet. L'état parfait sort de la nymphe un mois environ après la formation de celle-ci. Le genre HYPODERMA, de Geer, comprend o espèces certaines, d'après Brauer, qui sont : ^ L'IIypoderma sileiius, dont la larve est inconnue. L'Hypoderma «liana, Br., dont la larve vit sous la peau du Cervus elaphus et capreolus . L'Hypoderma auteon Br., dont la larve vit sousla peau du Cenus ■elaphus. L'Hypoderma lineata, Villers, dont la larve vit, croit-on, sous la peau du Bos taurus et de l'Ouïs ones. L'Hypoderma bovis, de Geer, dont la larve vit sous la peau du bœuf ■domestique {Bos taurus ) . Les trois espèces douteuses sont : L'H. heteroptera, Mcq., d'Afrique (Algérie), variété de l'H. bovis d'après Brauer. L'H. supplens, Walker, d'Europe, variété probable de VH. lineata. L'H. Bellieri, Bigot, variété probable de l'/I. bovis. Nous ne décrirons que VHypoderma bovis, la plus importante pour nous. Hypoderma bovis, de Geer (fig. 10). Longueur 14 millimètres, noire, très velue; face cendrée à poils blancs jaunâtres; face supé- rieure du thorax à poils semblables, nue, d'un noir luisant posté- rieurement, à deux lignes longitudinales de poils noirs allernanit avec trois lignes de poils jaunes en avant de la suture ; troisième segment de l'abdomen noir, le reste fauve ainsi que la moitié ter- minale des jambes. Sa larve, qui vit sous le cuir des bœufs et qui est la même sans doute que l'on trouve quelquefois sous la peau des chevaux où elle n'arrive jamais à terme, est, à son complet développement, longue de 22 millimètres, large de 12, ovoïde, à 12 segments garnis intérieu- rement d'un semis de petites pointes imperceptiijles, blanche puis ~- CIlAPlTnE PRiiMIER. noirairc à bouche entourée de mampinn. stigmates en forme de deux pièces n ri 7°"''''' '^'""^ postérieure. Ces larves se nou r sse de "^"«^«^ ^ l'^^^^^""^*^ forme dans les tumeurs qu'ellerh Li t o^Tn'T,'"'?^.'"^' de cautères qui, quoique parfois r f.lle^r 1 rrnirp n i'nn;...ni ni • "omtjreux, ne paraissent pas nuue a 1 annml. Elles respirent en tenant leurs stigmates à l'ou- verture cutanée de leur demeure. Lorsque le moment de se trans- former est arrivé, elles sortent à reculons de leur retraite, tombent à terre où elles se transforment en nymphe par le durcissement de leur peau. Trente-cinq à quarante jours après, l'insecte parfait sort de cette nymphe et cherche im- médiatement à s'accoupler, pour se livrer à la ponte et mourir en- suite . La vie de ces diptères à l'état lar- vaire est de dix à onze mois, et à l'état parfait de huitjours seulement. Les femelles fécondées pondent sur la peau et c'est la petite larve sor- tant de l'œuf, et qui est armée pour cela, qui perce le tégument, en se servant probablement d'un pore pour chemin , pour arriver dans le tissu cellulaire sous cutané où elle s'enkyste, mais en conser- vant toujours une communication avec l'extérieur qui n'est autre que son trajet qui s'agrandit et ressemble tout à fait à un trou fait à l'emporte-pièce. La tumeur cutanée que forme la larve logée sous la peau n'est guère apparente que quand cette larve a atteint son déve- loppement presque complet ; elle a alors l'aspect d'un furoncle recou- vert de poils ne présentant ni douleur ni chaleur. Le sous-genre OEDEMAGENA, très voisin du genre IlYPO- DERJJIA, ne renferme qu'une espèce, la suivante : «Kiiciuas^ena farandi, Clark. Longueur 16 millimètres. Thorax à poils jaunes, à large bande transversale de poils noirs. Premier seg- " ment de l'abdomen à poils d'un jaune pâle ; les autres à poils roux. Cuisses et bas des jambes noirs, le reste fauve. Fig. 10. — Hxjpoderma bovis. a, femelle. — b, larve. — c, un de ses deux stigmates. — d, une nymphe. DIPTÈRES. La femelle dépose ses œufs sur le dos des rennes, et les larves qui en résultent ressemblent à celles de V Hypoderina du bœuf, sauf qu'elles sont plus minces; elles ont le môme genre de vie. Le genre CUTEREBRA, R. Clk., renferme dix-sept espèces toutes américaines dont deux seulement sont connues à l'état de larve : l'une, la Cuierebra emasculator, Fitch, dont la larve habite le tissu cellulaire sous- cutané d'une espèce d'écureuil, le Sciiirus striatus, L. ; l'autre, la Cuterebra cuniculi, Clk., dont on rencontre la larve en abon- dance sous la peau des lièvres et des lapins. Nous décrirons seulement cette dernière. Cuterelira cuniculi, Clk., Culerèbre noire. Thorax à poils jau- nâtres ayant le milieu de sa face supérieure, en avant de la suture, nu et noir. La larve est brune, entièrementhérissée de petites épines (Clarckl'a figurée dans sa planche II, fig. 2o). Se rencontre sur les lièvres et les lapins de la Géorgie. Le genre DERMATOBIA, créé par Brauer aux dépens du précé- dent, renferme deux espèces, aussi américaines, dont la première, Dermat. cyanoventris, Mcq., ne difl'érerait de la seconde que par son abdomen entière- ment bleu. Voici la diagnose de cette der- nière. Dermatobia noxialis, Goudot (fig. 11), Dermatobie cendrée, face jaune, poils des joues brillants, jaunâtres, face supérieure du thorax cendrée obscure ; abdomen bleu brillant à base blanc sale. Longueur 14-16 millimètres. La larve, en forme de poire, vit en grand nombre sous la peau des bestiaux , des chiens et même de l'homme; à Bahia et dans la Nouvelle-Grenade elle est connue sous le nom ôe ver macaque, et de ver r,f;. n.- Dermatobia noxialis. moyoquil dans l'Amérique centrale . a, larve. - b, ses stigmates. Brauer a dressé un tableau très inté- ressant de toutes les espèces animales qui nourrissent des larves d'œstrides. Nous allons reproduire ce tableau, en faisant remarquer que pour beaucoup de ces larves on ne cannait pas l'état parfait. 2i CHAPITRE rriEMlEll. ORDRE DES BISULQUES. FAMILLE DES CAVICOHNES. AntUope Saig,a Pallas, Hypodcrma espèce non déterminée. — Reilunca, PalLas. _ _ — lialantli, Desm. ' _ — Dorcas, Pallas. _ Capra €E»-agprus, Gml. _ OTisaries, L 1. Eijpoderma Uneata, Will. ? Tissu cellulaire sous-cutané du dos. 2. CEstrint ovis, sinus frontaux et sous-maxil- laires. 3. (Estrus purpureiis, Brauer? Dos bubalus. Cephalomyia maculata, Wied. Sinus frontaux, et cavités pharyngo- nasales. — Taurus, L 1. Hypoderma bovis, Fbr. Tissu cellulaire sous- cutané du dos. 2. Hypoderma Uneata, Will. Tissu cellulaire sous- cutané du dos. 3. Bermatobia noxialis, Goudot. Tissu cellulaire sous-cutané du dos. FAMILLE DES CERVIDÉS. CerTus alces, I \. Hypoderma, sp? Tissu cellulaire sous-cutané du dos. 2. Cephenomyia Ulnchii, Br. Pharynx et cavité pharyngo-nasale. — Tarandus^ L. . i. Hijpoderma (Œdemagena) Tarandi, L. Tissu cellulaire sous-cutané du dos. 2. Cephenoimjia Trompe, Fabr. Pharynx. — Dama, L. Cejj/ienomyia, sp ? Pharynx (Bechstein). — Slacrotls^ Say. Cephenomyia, nov. sp. Pharynx. — Caprcolus, L.. i. Hypoderma Diana, Br. Tissu cell. sub-cut. du dos. 2. Cephenomyia stimulator, Clk. Cav. pharyngo- nasale. — Elaphus^ L i. Hypoderma Acteon, Br. Tissu cell. sub-cut. du dos. 2. Hypoderma Diana, Br. Tissu cell. sub-cut. du dos. DIPTÈRES. 25 3. Cephenomyia rufibarbis, Wd. Cavité pharyngo- nasale. 4r. Pharyngomyia picta, Mg. Pharynx. Moschus moBchiferus, L. Ilypoderma, sp? Tissu cell, sub-cut. du dos. FAMILLIÎ DES TYLOPODÉS. Camelnstlroniadarius, L. Cephalotmjia maculata, Wd. Cav. pharyngo- nasale du sinus. ORDRE DES SOLIDUNGULÉS. Equus caballus3 L. 1. Gaslropldlus equi, Fabr. Estomac du cheval. 2. Gastrophilus inermis, Br. Intestins — ^. Gastrophiluspeconm,FeLhr. InlesWns — 4. Gfls 27) — D'un jaune fauve luisant. Tôte à deux points de chaque cô'té placés a 1 endroit des yeux. Sillons profonds un de chaque côfé et parallèles, bord posté- rieur garni d'un peigne ; pronotum pré- sentant une série de points de chaque côté^ dh-igés vers les angles antérieurs de l'écusson ; bord postérieur du prono- tum à sinuosités parallèles. Abdomen à segments présentant sur la face dorsale plusieurs lignes d'épines situées près du bord postérieur comme chez les Puces. Longueur du corps, 4 millimètres. Habitat. Vit en parasite sur le Castor du Canada. Si des études postérieures venaient à Fig. Piatypsy lia d^x c^s^or démontrer que le Platypsyllus n'est pas un Aphaniptcre mais un vrai Coléoptère. comme le soutient M. Lccomte, Il ne serait pas le premier Coléoptère parasite trouvé Z''\~'''''-^'''^'''''' Solsky a décrit en'l876 dan 1 Petersbourg) la description de deux nouvelles espèces narasifP<^ constituant, un genre nouveau, le genre AMBi^voruvofe qu\ no^l Amblyopmus Jelskyi et Amblyopinus Mniszechi, lesquelles trouvées et" t No^r T'T' ''''''' aÏÏ rou et a la Aouvelle-Grenade, sont de véritables S taphilinfdes et par smfP des Co eoptères Ces parasites étaient fixés à la^eau u^s , ' m a la façon des Acarides ou des Puces, et la peau en cet enÏÏt éta.t dénudée de poils, tuméfiée, séreuse et évidemment ma al ' 68 CHAPITRE 111. ACTION NOCIVE DES APIIANIPTÈRES ET COLÉOPTÈRES PARASITES. LEUR DESTRUCTION. Puces înrtigèncs. — C'est en enfonçant les pièces aiguës et rigides de leur rostre, et surtout la languette, dans la peau de leurs victimes pour en absorber le sang, que les puces les tour- mentent et leurs piqûres ne sont douloureuses que parce qu'el- les inoculent en môme temps, dans la plaie qu'elles font, une sa- live venimeuse analogue à celle des cousins et dès punaises. Ce liquide irritant produit une tache rouge qui peut avoir un centimètre de diamètre et même plus, et souvent on voit en même temps un petit œdème de même étendue l'accompagner. Cette petite dermatose ne se produirait pas par la simple intro- duction de l'instrument piquant dont les puces sont armées s'il n'était accompagné d'un venin ; nous en avons la preuve dans la piqûre des Ixodes qui sont armés bien plus formidable- ment que les puces, et qui pourtant ne produisent aucune irri- tation, ni même aucune sensation lorsqu'ils introduisent leur rostre barbelé; on ne s'aperçoit de leur présence que lorsqu'ils sont gonflés de sang et qu'ils ont centuplé de volume. La lésion cutanée produite par la puce n'a pas par elle-même une grande conséquence, attendu qu'elle disparait spontané- ment en quelques heures, souvent moins, mais la répétition in- cessante des piqûres empêche le sommeil, enlève le repos et peut amener, par suite, l'anémie et l'épuisement nerveux. Pour se débarrasser de ces parasites, il ne faut pas se conten- ter de les détruire sur place, ce à quoi on arrive facilement au moyen de poudres insecticides, comme celle de pyrethre, ou en oignant le fond des poils de l'animal d'huile de laurier ou d'huile ordinaire dans laquelle on a mélangé un peu de tabac en poudre, onction qu'on fait suivre, à douze heures d'inter- valle d'un bon bain savonneux; il faut détruire aussi la source des puces, c'est-à-dire les nids où grouillent des milhers de larves- on y arrive en échaudant ces nids, c'est-à-dire en ré- nandant de "l'eau littéralement bouillante sur le sol où ils exis- tent dans les fissures des planchers, dans l'intérieur des niches àchiens. Si le local permetd'employerle laitde chaux, c est un excellent pulicide. Les puces ne hantent pas d'autres espèces que celles aux- APIIANIPTÈRES ET COLÉOPTÈRES. 69 quelles elles sont affectées, ainsi on peut bien voir les puces de chien parcourir le corps de l'homme, essayer même de le piquer, mais elles n'y restent pas. Nos grands animaux domes- tiques, chevaux, bœufs, moutons, chèvres, porcs, n'ont pas de puces, et il semble même que leurs émanations leur déplaisent et les font fuir; aussi il suffît, dans les endroits oii les puces abondent, de s'envelopper dans une couverture à cheval ayant longtemps servi, pour être préservé de leurs atteintes. On peut employer le même moyen pour les chiens. Puce pénétrante ou chique. — Cet insecte se porte principa- lement sur les pieds de l'homme ou des animaux; il se glisse entre la chair et les ongles ou bien dans les interstices de la plante des pieds chez l'homme, ou entre les doigts et les ongles chez les animaux. On le voit très rarement à la face dorsale des pieds ou des mains, ou dans d'autres parties du corps. Les per- sonnes qui voyagent sans chaussures y sont plus exposées que d'autres , et celles qui transpirent beaucoup sont les moins tourmentées. Les enfants qui se traînent par terre peuvent avoir des chiques partout. L'introduction de la chique a lieu sans aucune sensation douloureuse el sans changement de couleur de la peau, au moins dans les premiers moments. Au bout de peu de temps le parasite commence à se rendre sensible par une déman- geaison, d'abord légère, qui augmente graduellement et finit par devenir insupportable. Quand la présence de la chique est accompagnée d'une douleur appréciable , la moitié de son corps est déjà engagée dans les tissus. L'animal ressemble d'a- bord à un point brun ; ce point grossit peu à peu et prend l'aspect d'une tumeur blanchâtre dans laquelle on a bien de la peine à reconnaître un animal, recouvert, il est vrai, par la peau très amincie, blanche et entourée d'une auréole rouge. L'extraction, au moyen d'une aiguille, est à peu près le seul moyen de traitement chez l'homme, mais cette opération doit être faite avec précaution et dextérité, et le plus tôt possible. Souvent, dans l'extraction, on perfore la partie abdominale de l'insecte, et l'on répand ainsi les œufs dans la plaie où ils pour- rissent et sont la cause d'une aggravation dans les symptômes inflammatoires. Après l'opération bien faite, la plaie qui reste se cicatrise spontanément avec de simples soins de propreté. ''0 CHAPITRE III. Les pieds, des nègres surtout, sont quelquefois entièrement envahis et comme rongés par les chiques, et, quand les para- sites sont nombreux et rapprochés, les désordres peuvent ac- quérir une certaine gravité ; il n'est pas rare de rencontrer des malheureux dont les pieds ont été tellement endommagés par ces parasites que des phalanges des doigts ont disparu. Le seul remède préventif est déporter de bonnes chaussures et de visiter les pieds chaque jour. Les animaux les plus tourmentés par les chiques, sont les chiens et surtout les cochons ; on a même regardé ces pachy- dermes comme les propagateurs de l'espèce (J. Goudot). Chez les animaux on peut aussi procéder à l'extraction et panser les plaies consécutives à l'huile de cade. Les moyens mé- dicaux proposés, tels que jus de tabac, jus de citron, vinaigre, calomel, térébenthine, tour à tour vantés et abandonnés, sont en général inefficaces. Piatypsyiiinés. — Les piqûres des Platypsyllinés n'intéres- sent pas encore le thérapeutiste ; mais, si l'acclimatation des castors venait à amener l'obligation de "s'occuper de leurs para- sites, nous pensons qu'on les en débarrasserait facilement en employant les mêmes moyens qui réussissent pour les puces, ou ceux que nous indiquerons plus loin pour débarrasser les petits et grands mammifères et même les oiseaux domestiques des épizoïques qui les tourmentent quelquefois. Les mêmes réflexions s'appliquent aux parasites des petits- rongeurs, découverts en Amérique par M. Jelsky et qui appar- tiennent au genre Ambliopinus, tribu des Staphylinides, ordre des Coléoptères. Au moment où le chapitre des APIIANIPTERES était sous presse nous avons reçu le premier caliier, pour 1880, des Archiv iialunjeschichte de Troschel, où nous trouvons un très intéressant article de M. le D'' G. Haller, de Berne, sur une nouvelle puce pénétrante recueillie sur une chauve-souris exotique (un Molossus) arrivée du Brésil à Genève dans de l'alcool. Cette nouvelle espèce de pulicide devient pour M. G. Haller le type d'un nouveau genre, ayant la diagnose suivante : Genre RHYNCIIOPSYLLUS. Téle grosse; segments thoraciqites très étroits dont l'ensemble forme une espèce de cou entre la tête et l'abdomen. Abdomen de la femelle vermiforme îi l'époque de la ponte, s'enflant outre mesure, mais restant distinctement segmenté. Aiitennes quadri-articulées, semblables à celles des autres pulicides(?j. Yeux punctiformes extrêmement petits, très près de l'extrémité antérieure. Pièces buccales très complètes : rostre fort long ; mandibules très distinctes en (orme do dents styliformes courbées en arrière avec palpes quadri-articulées; lèvre aussi longue que les maxilles, simple, en APHÂNIPTÈRES ET COLÉOPTÈRES. 71 forme de cuiller, prolongée par des palpes bi-articulés. Pattes saltatoires- comme chez les autres Aphaniplères. La femelle seule est connue et contient une vingtaine d'œufs. Par suite de la découverte de ce nouveau genre, M. G. Haller donne la division suivante de la famille des Pulicides, qui, alors, comprendrait les- quatre genres suivants : Femelles devenant infor-ISegmentation abdominale complètement effacée. Rhxjnchoprion. mes pendant la période; . , . , , . j- .■ . nu i. i> de la ponte (Segmentation abdominale restant distincte Jihynchopsylliis. Femelles ne devenant paslÉpines en peignes existant sur le dos Ceratopsyllus. informes pendant la pé-| , riode de la ponte (Epines en peignes manquant t^uiex. CHAPITRE IV ÉPIZOÏQUES Cet ordre comprend tous les insectes hexapodes aptères qui vivent en parasites sur l'homme et les animaux, et qui ne présentent pas de métamorphoses complètes. Ce sont ces insectes qui sont connus de tout le monde sous le nom de poux. Les premières études sur les poux sont dues à François Redi (I), savant naturaliste italien du dix-seplième siècle ; sont venues ensuite celles de de Geer (2), de Fabricius et de Latreille, puis celles de Leach (3) et de Nitzsch (4), et enfin celles deDenny(S), de Burraeis- ter (6), qui n'ont guère laissé qu'à glaner à leurs successeurs. Cet ordre comprend deux familles : celle des Pédiculidés et celle des Rieinés. Famille des PÉDICULIDÉS. Tête de forme variable, ovale, plus ou moins allongée ou en lyre, à extrémité antérieure tronquée, arrondie, aiguë ou parabolique, percée d'une ouverture donnant passage au rostre. Occiput arrondi, aigu ou se prolongeant en trigone sur le thorax. (1) François Redi, Opei-e, t. I, in-4°, Napoli, 1741. Expérienze, Firenze, 1668. (2) De Geer, Mémoires, VII, 62. (3) Leach, Zool. miscell.,111, p. 45. (4) Nitzsch, Thierinsecten. (5) Denny, Monogr. Anoplurum Britan,, in-8° avec planclies. Londres, 1842. (6) Burmeister, Handbuch der Entomol.,ll, 58. ÉPIZOIQUES. 73 Rostre rétractile, caché dans la téte, formé par une gaîne tubuleuse molle, dilatée au sommet où elle est pourvue d'une double rangée de dents, ou mieux de crochets, et contenant un organe de ponction com- posé de 4 soies, représentant sans doute les mandibules ou les mâ- choires ; point de palpes ni de lèvres, celles-ci étant probablement représentées par la gaîne du rostre. Antennes grêles, de 5 ou de 3 articles égaux ou décroissants. Une paire d'yeux très petits, derrière l'insertion des antennes ; sou- vent invisibles. Thorax petit, plus étroit et distinct de l'abdomen ; à segments in- divis, pourvu de chaque côté d'un stigmate entre la première et la deuxième paire de pattes. Abdomen à 7, 8 ou 9 segments bien séparés, surtout latérale- ment, présentant des soies plus ou moins longues, éparses et toujours six paires de stigmates. Pieds grimpeurs, les antérieurs souvent plus petits et quelque- fois simplement ambulatoires, à jambe élargie à l'extrémité et formant une pince avec le tarse qui est bi-articulé et terminé par un ongle robuste. Mâles et femelles semblables ne se distinguant quepar la forme de l'anneau terminal de l'abdomen : proéminent, arrondi, percé à la race supérieure d'un grand pore qui est l'anus et par où émerge le pénis allongé, plat et terminé par un ou deux ongles chez le mâle; profondément échancré, quelquefois comme bilobé, l'anus s'ouvrant au fond chez les femelles; la vulve est à la face ventrale entre le dernier et l'avant-dernier segment, en forme de fente arquée trans- versale, munie à ses extrémités de pointes cornées. Les Pédiculidés vivent sur l'homme et les mammifères carnas- siers, pachydermes, ruminants et rongeurs. Cette famille comprend k genres : Il Abdomen de 7 segments ; I pattes fortes et toutes l grimpcuses Pediculus ^Leach). Antennes à), 5 articles. ^ segments; I pattes de la i" paire 1 ambulatoires, les posté* [ rieures fortes, grimpeu- \ Phlhirius (Leach). Antennes ài ^^domen élargi de 9 seg- 3 articles ) "i^nls; pattes grêles, u*buTeux' I ■( toutes grimpeuses /'icwu* (p. Gervais). Thorax étroit dis-) /Abdomen ovalaire de 8 tinct de l'abdo-} à| ou 9 segments; paltes mcn j 5 articles.) fortes et toutes grim- ^ P'îuses Bxma/opinus (Leach) , 74 CHAPITRE IV. Genre PEDICULUS, Leach. Tête ovale sub-rhomboïdale à extré- mité arrondie ; thorax entier non distinctement séparé de l'abdo- men ; abdomen ovale, légèrement plus large que le thorax et à 7 seg- ments. l»ou €le tête {Pediculus capilis de Geer) (Syn. Pediculus humanus, L.) (fig. 28). — Livide ou blanc cendré ; tache noire au bord externe de chaque segment, dans laquelle est percé le stigmate. Thorax en carré long peu distinct de l'abdomen. Long de l^^^.SO à 2 millimètres, large de 0«"°,60 à 1 millimètre. Cette espèce vit dans les cheveux de l'homme, surtout de l'enfant. Les œufs, connus sous le nom de lentes, sont collés aux cheveux. Le pou de tête des vieillards est plus petit, d'un aspect un peu différent. M. Pouchet, dans son Traité de zoologie (1841, t. II, p. 20S), re- garde le pou du nègre comme constituant une espèce distincte, mais M. Gervais, qui l'a étudié, ne trouve pas de caractères réel- lement dislinctifs pour le séparer de l'espèce du blanc. Pou du corps [Pediculus ves- timenti, Nilzsch) (Syn. B. corporis de Geer, P. human., var. B., Lin- née). — Entièrement jaunâtre ou blanc sale; tête avancée; deuxième article des antennes allongé; thorax sub-articulé, distinct de l'abdomen; segments abdominaux non tachés de noir à leurs bords; pattes plus grêles. Long de 2 à 3 millimètres, large de 1 millimètre à t°"°,50. Habite surtout sur les personnes malpropres et les mendiants; plus commun dans les pays méridionaux et de l'Est de l'Europe, sur- tout en Russie et en Pologne, que dans l'Ouest. Les camps de l'ar- mée française en Crimée en étaient infestes. • Pou des malatles (PedtcwZHS tabescentiuin, Burm.). — Entièrement jaunâtre pâle, tête arrondie, thorax plus grand que dans le précé- dent et carré ; antennes allongées, segments abdominaux plus serrés. Long de l^^.oO, large de 0'°™,80. La ponte et le développement des jeunes se fait sous des peUiculès sous-épidermiques, ce qui fait qu'ils paraissent naître sous les doigts lors des grattages. La prodigieuse multiplication de cette espèce de poux, dans certaines circonstances, constitue une véritable et très ÉPIZOIQUES. 73 grave maladie parasitaire à laquelle auraient succombé divers per- sonnages historiques et dont nous parlerons plus loin. Genre PHTHIRIUS, Leach. — Tête ovale refoulée à l'extrémité, proéminente, presque tronquée; antennes allongées à articles égaux ; thorax large non distinct de l'abdomen qui a huit segments, la plu- part appendiculés latéralement et les derniers plus longuement. Première paire de pattes grêles non chelifères. Pou du pubis {l'hthirius inguinalis, Denny) (fig. 29) (Syn. Pedic. ingiiinalis, Redi ; Pedic. pubis, L. ; Morpion, Geoffroy ; Phthirius pubis, Leach). Tête panduriforme à extrémité arrondie avec une saillie à l'extré- mité ; occiput large et arrondi ; yeux très petits, immédiatement der- rière les antennes. Thorax plus large que l'abdomen , échancré en avant pour l'insertion de la tête. Abdomen aplati, cordiforme, continu avec le thorax; les trois premiers segments très petits presque confondus en un seul, mais indiqués par la présence des stigmates , les cinq autres segments bien séparés , surtout les trois premiers qui ont chacun entre leurs stigmates une paire de verrues charnues et mobiles, les postérieures plus grandes, à la partie latérale et inférieure. F'g- 29. — Phthirius inguinalis. Les deux derniers segments ab- dominaux sont plus petits que les trois précédents et sont dépassés par la dernière paire de verrues. Le dernier est échancré. Pieds dissemblables, la première paire grêle s'amincissant vers l'extrémité qui porte un petit ongle ; les deux dernières paires fortes s'élargissant vers l'extrémité, à tarse mono-articulé, terminé par un ongle très fort formant pince avec l'extrémité élargie et spiculée de la jambe. Longueur 2 millimètres, largeur i""",40. Cet insecte est, comme on le sait, parasite de l'espèce humaine. 11 s'attache aux poils des organes génitaux, des aisselles, des sourcils, de la barbe et de la poitrine, mais jamais aux cheveux. Les rapports vénériens avec les personnes qui en sont infestées ne sont pas l'uni- que moyen d'en contracter ; on peut en être incommodé par le sim- ple contact, par le linge, par les habits, etc., et les personnes les plus réservées en prennent quelquefois sans qu'il soit possible de s'en 76 CHAPITRE IV. apercevoir au premier moment, ni de savoir la cause de leur pré- sence, et on a loule raison d'incriminer alors certains sièges, surtout ceux des cabinets d'aisance. Genre PEDICINUS, P. Gervais. — Tête allongée à extrémité angu- leuse, arrondie ; antennes de trois articles ; thorax étroit, entier, por- tant trois paires de pattes semblables ; abdomen ovale sub-rhom- boïdal, soudé au thorax, mais assez distinct, de neuf segments. Pou des singles [Pedicinus eurygaster, P. Gervais) (Syn. Pediculus eurygaster Burmeister.) Stigmates bruns testacés, très apparents aux troisième, qua- trième et cinquième segments. Corps allongé, ce qui le distingue des poux humains dont il a l'aspect, aplati, très peu velu, finement gra- nuleux. Les antennes ne présentent que trois articles parce que le quatrième et le cinquième sont confondus avec le troisième. M. Gervais a constaté que cette espèce de parasite est commune sur les singes des genres Guenon, Macaque et Cynocéphale de la ména- gerie du Muséum de Paris, mais sans qu'il soit possible de dire si elle appartient plus spécialement à tel genre qu'à tel autre. Genre H^MATOPINUS, Leach. — Tête orbiculaire, cordiforme, ovale, lyriforme, ou allongée en bec mousse ; antennes à cinq arti- cles grêles. Thorax tri-parti, aussi large ou plus large que la tête, por- tant trois paires de "pattes dont les postérieures sont plus longues que les antérieures, à cuisses épaisses, à jambes courtes, à extrémité élargie portant en dedans une dent avec laquelle l'ongle du tarse qui est simple, grand et recourbé, forme une pince. Abdomen distinct du thorax, à neuf segments, ou huit, quand les deux premiers sont confondus en un seul ; segments bien séparés, souvent dentés ou en saillie aiguë sur leur bord. Le genre Haematopinus renferme vingt-deux espèces qui pourraient ; former plusieurs groupes ou sous-genres. Nous en donnons la liste avec les caractères différentiels dans le tableau suivant : E. spherocephalus (Bufm.) de l'écureuil l d'Europe. £f. acanthopus (Denny) du campagnol. Occiput tronqué oui arrondi ne s'avan-l ff. serratus (Burm.) de la souris corn- çant pas sur le\ mune. Abdomen de huit segments, le premier résultant de la réunion de deux en un seul. H. spiculifer (P. Gerv.) de la souris r d'Algérie. ^ H. leucophœus (Burm.) du lérot. l H. spinulosus (Denny) du surmulot. Occiput avancé au-1 , dessus du thorax.. | ^ spiniger (Denny) durât d'eau. ÉPIZOIQUES. I Pieds erêles)^ • . • A II. af/inis (Barm.) dn tmiht v\eas g"='«'>/ Occiput aigu avancé) " croissant peu, ^^/j^ j,,^^., a peu \ 1 1 Abdomen à 9 segments, le premier peu( distinct du\ second. .. I Pieds épais el^ égaux '■a^ ) H. lyriocephalus (Denny) du lièvre. H. PhocsB (Lucas) du phoque. H. piliferus (Denny) du chien domestique. Tète courte, large ^ eiirr/slermis (Stephens) du bœuf do- dc la longueur du/ meslique. thorax j H. ventricosus (Denny) du lièvre. ff. crassieornis (Burm.) du cerf d'Europe. ir. steitopsis (Burm.) de la chèvre do- mestique. B. temiirostris (Burm.) du cheval et de l'àne. H. Cameli (Redi) du chameau. Tête allongée étroite] (Denny) du cochon, plus longue que let \ -/ 'horax ^ tuberculatus (Burm.) du bufle d'Italie. H. phthiriopsis{P.Gev\.) dubuQeduCap. H. leptocephalus (Ehrenb.) du daman de Syrie. H. saceaitts (P. Gerv.) du bouc d'Égyptc. De tous ces Hsematopinus nous allons décrire seulement quelques espèces appartenant à nos animaux domestiques indigènes. Gros pou An hœnf {Hœmatopinus eurysiemiis, Sleph.) (Syn. Pecli- culus eurysternus, ÎSitzsch). Couleur générale châtain brillant. Abdomen plus clair. Tôle sub- triangulaire ; yeux de grandeur médiocre, pâles, situés sur une éminence du bord du temporal à un tiers de sa base ; antennes cylin- driques délicates ; thorax sub-carrc, près de deux fois aussi large que la tète, concave en avant et en arrière avec deux profonds sillons en diagonale en avant des stigmates ; abdomen large, ovale, avec quatre rangées longitudinales de tubercules fauves dont les laté- raux portent les stigmates ; sillon de séparation des segments bien marqués et bordés antérieurement d'une rangée de poils. Jambes très longues et très grosses, surtout les quatre postérieures. Longueur 3 millimètres. Très commun sur les bœufs, spécialement dans la crinière et aux épaules où on le trouve très souvent concurremment avec le petit pou du bœuf {Trichoclectes scalaris) et où il détermine un prurigo avec chute de poils sur de larges surfaces. Denny a décrit sous le nom à'IIœmatopinus vituli un prétendu pou du veau qui n'est autre chose que le gros pou du cheval que nous décrirons plus loin : il avait reçu ce parasite mort et n'avait pas vu l'animal sur lequel il avait été recueilli. 78 CHAPITRE IV. Petit pou du chien [IJœmatopinus pilifcrus, Denny). _ Couleui générale jaunâtre téguments finement réticulés. Téte cordiforme tronquée, a extrémité coriace et foncée ; veux pâles peu visibles -Tn tenues grêles et cylindriques. 'n.ora.'i;.,é^^Z^^:^^^ portant des pattes courtes et robustes. Alldomen large à egme. U .ndistmctement délimités surtout latéralement, indiqués surtoutTar les rangées de poils qu'ils pré- sentent transversalement. Longueur 1»"°, 50 à2 millim. Ce pou habite principale- ment sur les petits chiens d'appartement à longs poils; on le rencontre quelquefois, sur les épagnouls et les grif- fons, concurremment avec le Trichodectes lalus qui est beau- coup plus grand. Grand pou du cheval [Hse- matopinus tenuirosiris, Burm.) (fig. 30). (Syn. Hœmatopinus vi- iuli T)enn]', Hsematopinus asinl Denny). — Châtain brillant; tête sub-lyrée, avec une large dépression longitudinale mé- diane; et un enfoncement de chaque côté entre les yeux et les antennes ; occiput acu- miné, yeux plats, pâles; an- tennes ayant environ la moitié de la longueur de la tête, cyUndriques. Thorax cylindrique plus court que la tête, à segments obscurément limités, échancré en avant et en arrière. Abdomen ovale, allongé, blanc grisâtre; segments bien délimités, portant latéralement, du second au septième, une paire de tubercules cornés au sommet des- quels sont percés les stigmates ; sillon de séparation des segments bordé antérieurement d'une rangée de poils. Jambes très grosses, tibias courts, tarses courts avec un ongle gros et obtus. Longueur 3 miUimctres, largeur l^ni, 50. Ce pou vit sur le cheval et sur l'âne concurremment avec le Tricho- dectes equi. On a pu le rencontrer accidentellement sur le veau. Pou du porc [Hematopinus suis, Denny). — Couleur générale bistre foncé brillant. Téte cylindro-conique allongée, sans dépression et sans enfoncement en avant des yeux qui sont plats, pâles et peu saillants ; antennes grêles, à peine de la longueur de la moitié de la tête. Tho- l'ig. 30. — Bsematopimts teimirostris J. ÉPIZOIQUES. rax cylindrique plus court que la tôte, portant de fortes pattes courtes et très robustes. Abdomen ovale, large, à segments bien délimités, arrondis à leurs extrémités, ce qui rend les côtés de l'abdomen fes- tonnés ; plaque coriace autour des stigmates ; poils peu apparents. Longueur S millimètres, largeur 2'^°',50. Ce pou, le plus grand du genre, habite dans le fond des soies des porcs domestiques et des sangliers. FAMirxE DES RICINÉS. Tête déprimée scutiforme, horizontale, plus large que le pro- thorax ; bouche infère munie de mandibules et de mâchoires, ces dernières quelquefois invisibles, de deux lèvres, de palpes labiaux et quelquefois de palpes maxillaires. Antennes tri , quadri , quinque articulées, filiformes, formant quelquefois chez les mâles une sorte de pince au moyen d'une bifurcation du deuxième article vers laquelle se recourbe le dernier. Yeux en arrière des antennes, sub-globuleux, le plus souvent invisibles ou nuls. Thorax bi ou tri-parti ; dans ce dernier cas le meso-thorax est ha- bituellement grêle, peu distinct et peu mobile ; prothorax quelquefois anguleux latéralement. Abdomen à huit, neuf ou dix segments. Tarses crochus, scanseurs, formant pince avec l'extrémité élargie etbi-spiculée de lajambe; ou bien, tarses droits, coureurs, bi-arliculés, chaque article pourvu de pelotes, terminé par deux ongles divariqués presque droits, courbés k la pointe seulement, avec un prolongement entre les ongles. Les Ricins se rencontrent sur les mammifères, — carnassiers, pachydermes, ruminants et rongeurs, — cl surtout sur les oiseaux. Les Ricins se subdivisent en quatre Tribus, dont les caractères dif- férentiels sont donnés dans le tableau suivant. !!crochus, scanseurs fornnant unefà 3 articles. Trichodectides. pince avec la fin bi-spiculée| de la jambe. Antennes (à 5 articles. Philoptérides. • coureurs, bi-articulés, à chaque article pourvu de pelotes, ongles divergents, presque 4 droits, crochus à la pointe Liotheïdes. non dentées Giropides. 1 . — Tribu des Trichodectides. Tête déprimée, scutiforme, horizontale, plus large que le prothorax. Bouche infère; mandibules bi-dentées à la pointe; mâchoires et palpes maxillaires invisibles. Lèvre supérieure plus large que l'inférieure et un peu échancrée à son bord libre. Palpes maxil- 80 CHAPITRE IV. laires invisibles. Palpes labiaux très courts bi-articulés. Antennos filiformes Iri-arLiculées, plus épaisses et presque chéliformes chez ■ mâles. Yeux derrière les antennes, le plus souvent invisibles on nuls. Thorax bi-parti. Abdomen à neuf segments; le pénultième accompagné chez les femelles de valves latérales courbées. Tarses crochus, scanseurs, bi-articulés, formant une pince avec la fin bi-spiculée de la jambe. Cette tribu ne renferme qu'un seul genre, le suivant. Genre TRICIIODECTES, Nitzsch. - Tête orbiculaire ou élargie, réniforme, sub-triangulaire à angles très arrondis, ou franchemen t triangulaire, à angle antérieur aigu, les postérieurs toujours arrondis; bouche infère s'ouvrant au tiers antérieur de la face inférieure de là tête. Thorax plus court et plus étroit que la tête, à trois segments distincts. Première paire de paiies plus courte que les deux autres qui sont à peu près égales et qui n'égalent en longueur que la moitié ou les trois quarts de la longueur de l'abdomen. Abdomen ovalaire plus large que la tête et plus ou moins allongé. Mâles en général d'un quart plus petit que les femelles. On connaît Ib espèces de Trichodectes vivant toutes sur des mam- mifères ; ce sont les suivantes : T. puissant (T. pingiiis, Burm.) de l'ours. T. rasé (T. i^etusiis, Nitzsch) de la fouine. • T. large {T. latus, Nitzsch) du chien. T. à bec (T. siib-7vstratus, Nitzsch) du chat. T. du renard (r. vidpis, Denny) du renard. T. douteux (r. dubius, Nitzsch) de la belette. T. grêle (T. cxilis, Nitzsch) de la loutre. T. à tête ronde {T. spherocephalus, Nitzsch) du mouton. T. à échelle (T. climax, Nitzsch) de la chèvre. T. bordé (T. limbatiis, P. Gerv.) de la chèvre d'angora. T. du cheval (T. equi, Denny) des équidés. T. à escalier (T. scalaris, Nitzsch) du bœuf. T. à longues cornes (T. longicornis, Nitzsch) des cervidés. T. à deux pointes (T. diacanthus, Ehrenb.) du daman de Syrie. T. cornu (T. cornutus, P. Gerv.) de l'antilope. Nous allons décrire celles de ces espèces qui sont les plus intéres- santes au point de vue de la dermatologie des animaux domestiques. Gros pou du chien {Trichodectes latus, Nitzsch) (Syn. Ricinus canis de Geer). — Couleur générale fauve clair. Tête réniforme à front échan- cré ; antennes cylindriques chez la femelle, à article basilaire renfié et EPIZOIQUES. »i à article terminal un peu en massue et portant en arrière deux petits crochets chez le mâle ; yeux pâles légèrement saillants en arrière de l'insertion des antennes. Thorax court et étroit, pattes postérieures, les plus longues, égalant à peine en longueur la largeur de la tête. Abdomen large, presque orbiculaire, pâle, sans taches à ses anneaux, portant sur chacun d'eux une rangée de poils assez longs. Longueur de la femelle, 2""% largeur l""», 70. Habite chez les chiens à poils grossiers, comme les griffons et les chiens de Vendée, surtout dans le jeune âge. Pou du chat {Trichodtdes sub-rostratus, Nitzsch). — Corps ovoïde d'une couleur générale fauve clair. Tôle énorme, triangulaire, à angles latéraux carrés, arrondis, à front s'avançant en pointe de manière à simuler une sorte de bec qui est creusé en dessous d'une rigole longitudinale où se loge le poil, après lequel on trouve ordinairement le parasite grimpant et y adhérant à l'aide de ses fortes mandi- bules, même après la mort. Thorax court et étroit. Pattes grêles et courtes. Abdomen ovale et pâle dont chaque anneau est taché en dessus au milieu et transversalement d'une légère teinte jaune. Ex- trémité postérieure de la femelle arrondie, celle du mâle conique. Longueur de la femelle 1°'™,20, largeur 0"'",oO ; mâle, lon- gueur 0™™,90, largeur 0™",40. Habite le fond des poils des chats, surtout des sujets jeunes et valétudinaires. • Petit pou de la cheTre {Trichodectes climax, Nitzsch). — Corps allongé de couleur générale fauve brillant. Tête arrondie à front échancré ; antennes grêles cylindriques; yeux clairs, saillant en des- sous de l'insertion des antennes. Thorax court et étroit. Pattes égales en longueur à la largeur de l'abdomen. Abdomen allongé presque cylindrique, à anneaux fortement tachés de roux à chaque extrémité et dans leur miUeu par une longue bande transversale qui n'est séparée de la tache du bord que par un pli, ce qui dessine une échelle blanche sur la face inférieure de l'abdomen, d'oii le nom donné par Nitzsch à ce parasite. Femelle, longue de l'amjgO, large de 0""",70; mâle, d'un quart plus ' petit. Habite le fond des longs poils qui, chez la chèvre, forment une sorte de crinière le long de l'échiné. Petit pou du cheval {Trichodectes equi, Denny) (fig. 31 ). — Couleur générale jaunâtre testacée. Tête très colorée, orbiculaire, un peu plus longue que large, front rond, entier ; antennes subcylindriques à article basilaire large et le dernier légèrement en massue. Yeux pâles, peu ap- parents, en arrière de l'insertion des antennes. Thorax court et étroit, Mégnin.— Parasites. . 6 82 CHAPITRE IV. trapézoïdal. Abdomen ovoïde, allongé, à diamètre transversal dépas- sant d'un tiers celui de la téte et ayant trois fois la longueur de celle- ci, présentant au bord de chaque anneau et au milieu de leur face supérieure, transversalement, de larges taches régulières de couleur bistre, accompagnées de plusieurs rangées de très petits poils. Extré- mité postérieure de la femelle obtuse et bilobée, celle du mâle conique. Femelle, longueur 2"°™, largeur 0°i™,60; mâle plus petit d'un cin- quième. Habite sur le cheval, l'âne et le mulet, principalement le toupet, la crinière et la queue. Petit pou du hœuf {Trichodedes scalaris, Nitzsch). — Couleur géné- rale testacée, brillante, plus claire à l'abdomen, plus foncée au thorax et à la tête qui présente sur le front deux taches fauves foncées. Tête cordiforme ; yeux proéminents, pâles ; antennes minces, cylindriques à troisième article plu^ long que les autres et fusiforme. Thorax presqu'aussi large que la tête. Abdomen oblong, à bord des segments saillants formant des dente- lures, ayant à chaque extrémité une tache et au milieu un étroit | fascia de couleur plus foncée. Jambes de couleur testacée pâle ; tibias à dents aiguës ; tarses courts, à ongles presque droits. Femelle, longueur l°i'°,50, largeur O.'^'^TO ; mâle, longueur l'°",20, , largeur 0'"'^,50. Habite sur le gros bétail, particulièrement la région de la crinière, l du toupet et le voisinage de la base de la queue. > \ 2. — Tribu des Philoptérides. ^ (Ancien genre Philopterus de Nitzsch, sous-famille de BurmeistérH et de Denny.) _ H Tête déprimée, aplatie de dessus en dessous, horizontale, scud-H^ forme ou très large, à angles des tempes très saillants, simples ou doubles ou de largeur moyenne, à tempes arrondies ou monogones ; ou cordiforme allongée. Mandibules dures, courtes, bi presque tri- dentées ; des mâchoires ; palpes maxillaires invisibles. Antennes à Philoptérides , à corps. . ^ EPJZOIQUES. 83 cing articles filiformes ; celles du mâle formant pince dans certains, genres . Thorax tri-parti. Abdomen à neuf anneaux, le pénultième article non muni de val- • ves libres chez la femelle. Tarses crochus, scanseurs, bi-articulés, à deux ongles contigus, serrés, courbés, formant pince avec l'extrémité bi-spiculée de la jambe. La tribu des Philoptérides comprend neuf genres dont les carac- tères différentiels sont exposés au tableau suivant, et qui sont tous pa- rasites d'oiseaux. (arrondies à trabécules mobiles en avant des antennes Docophorus (Nitzsch). anguleuses, saillantes, sans trabé- • cules, antennes en pinces chez les niâles, cylindriques chez les fe- des tempes j nielles Gomodes (Nitzsch). fanguleuses, saillantes, sans trabé- cules, antennes semblables dans \ les deux sexes Goniocotes (Nilzsch). moyen ou étroit, à lête moyenne, à tempes arrondies ou monogones; trabécules nuls ou petits et fixes; antennes cylindriques dans les deux sexes Nirmus (Nilzicli)' /large, cordifornie, échancrée, à l plaque supérieure obtuse avec 1 deux saillies niandibuliformes cor- moyen ou allongé) nées; pas de trabécules Ornithobius (Dennv). et étroit; tete...\ ^ Jétroite ou médiocre, à joues arron- f dies ou obtutes ; pas de trabécules ; \ antennes en pinces chez les niâles. Lipewus (Nilzsch). ^ Genre DOCOPHORUS (Nitzsch). - Corps très large. Tête considé- rable à ^em/^es arrondies, à trabécules mobiles en avant des antennes; antennes cyhndriques, semblables dans les deux sexes. Palpes labiaux et maxillaires visibles au microscope. Dernier anneau de Vabdomen échancré chez la femelle et arrondi chez le mâle. Les parasites épizoïques de ce genre, très nombreux en espèces (plus de 60), vivent sur toutes sortes d'oiseaux, excepté sur les GalUnacés et sur les Colombidés où l'on n'en a pas encore rencontré • nous en décrirons seulement une espèce qui vit sur des palmipèdes domestiques et sauvages. Oocophore bilieux {Docophorus ictérode, Denny) (fig. 32). — Doco- phore de petite taille, de couleur ferrugineuse uniforme. Tête représen- tant le tiers du corps triangulaire à ongles arrondis, l'angle antérieur en lorme de grouin, membraneux, soutenu par des pièces de chitine allongées dont une médiane en T. Thorax bi-parti, carré, plus étroit que la tôte, supportant des pattes courtes surtout les antérieures Fig. 32. — Docophore bilieux. CHAPITRE IV. Abdomen arrondi ; segments presque rayonnants, plus étroits au centre, où ils sont interrompus, qu'à la circonférence où ils se recou- vrent comme les tuiles d'un toit, les quatre derniers portant à leur an- gle externe et inférieur deux paires de longues soies. Femelle, longueur 1 °"°,70, largeur O^-^jeîj; mâle, longueur l'°°',40, lar- geur o^^jeo. Vit sur un grand nombre d'es- pèces de canards sauvages et de- mestiques. Genre GOiNIODES (Nitzsch). — Coj-ps grand, plus ou moins large. Tète grande, à angles des tempes anguleux ; point de irabéculcs ; an- tennes à insertion profondément creusée, ramigcres et chéliformes chez les mâles. Abdomen circulaire ou piriforme, à segments marqués seulement sur les côtés, soit par des arceaux chitineux à concavité inférieure, soit par de profondes échancrures ; extrémité arrondie ou anguleuse et échancrée chez les femelles, refoulée avec un tuber- cule médian chez les mâles, ou lancéolée. Ce genre renferme une dizaine d'espèces ou variétés, vivant toutes sur des Gallinacés. Ces espèces peu- vent être divisées en deux groupes ou sous-genres qui ont pour types les deux espèces suivantes : lie g^oniode à claque [Goniodes stylifére, Denny) (fig. 33). — Corps grand et large, ferrugineux foncé. ' Tête large ressemblant à un claque d'incroyable dont chaque extrémité styliforme porte une longue soie ; un peu rétrécie à la hauteur des yeux chez le mâle ; antennes cylin- driques et grêles chez la femelle, à deuxième article très gros formant pince avec l'extrémité chez les mâles ; thorax triangulaire très étroit en Fig. 33. — Goniode à claque AQ. B, antenne du d. EPIZOIQUES. 85 avant se continuant par l'abdomen dont il semble représenter les trois premiers anneaux. Abdomen orbiculaire à anneaux se superposant surtout sur les côtés où chacun forme une dent saillante portant, les dernières surtout, trois longues soies; extrémité bifide chez la femelle, lancéolée chez le mâle. Pattes courtes, surtout les premières, à cuisses épaisses. Femelle, long. S-"", larg. 2°>°» ; mâle, long. 2°"",80, larg. l'"°',30. Ce grand Ricin vit sur les dindons domestiques ou sauvages. Cette espèce est unique dans son groupe. Ijc Cioniode dissemblable {Goniodes dissimilis, Nitzsch). — Corps large, de couleur tcstacée ; tête large dissemblable dans les deux sexes à front plus large mais à tempes moins saillantes chez le mâle dont les antennes au lieu d'être filiformes ont le deuxième article très gros, le troisième fourchu formant pince avec le précédent; tempes saillan- tes mais non styliformes portant deux soies ; fortement tronquées chez le mâle. Thorax triangulaire, uni insensiblement à l'abdomen. Ab- domen piriforme dont les segments sont marqués sur les côtés par des arceaux chitineux formant peu de saillie sur les bords mais dont l'extrémité élargie porte des soies. Extrémité arrondie chez la fe- melle dont l'anus est infère, refoulée avec un mamelon central chez le mâle dont le pénis se voit par transparence. Femelle, long. 2°'", larg. 1"°',40 ; mâle, long. 2'^«', larg. 1™",20, Cette espèce est très commune sur les différentes variétés de pou- les domestiques et de faisans. Bien qu'on ait voulu faire des espèces particulières des Goniodes qui vivent sur les faisans, elles ne se dis- tinguent en rien de celle-ci. Les Goniodes des Perdrix (G. dispai-), de la Caille (G. paradoxus), du Colin (G. ortygis) et des Tétras (G. cheli- cornis) sont aussi très voisins du dissimilis. Genre GONIOCOTES, Burmeister. — Corps large. Tête élargie comme chez le précédent, terminée à ses angles postérieurs par une saillie angulaire, mousse, quelquefois arrondie, portant deux longues soies, point de trabécules; antennes filiformes simples dans les deux sexes. Abdomen élargi, à articulations peu délimitées, surtout dans son milieu. A l'exception de deux nouvelles espèces qui sont très grandes et qui doivent former les types de deux nouveaux sous-genres, toutes les autres sont petites et correspondent bien à la diagnose qu'en avait donnée Nitzsch. Cioniocote gréant {Gouiocotes gigas, Mihi) (fig. 34). — Corps large, de couleur enfumée. Tôte large à tempes arrondies formant de chaque côté de la tôte, en arrière des antennes, des tubercules géminés avec les yeux qui sont grands et saillants ; le tubercule oculaire 86 CHAPITRE rv. Fig. 34. — Goniocote géant °>",50 ; mâle, d'un cinquième plus petit. Nous l'avons trouvé sur le lophophorus impeyanus. IVirme à tempes angrulaires {Nirmus angusticeps, Giebel) (fig. 35). — Corps allongé, blanc sale. Tôte cordiforme à tempes saillantes an- guleuses, portant deux soies. Thorax tri-parti, peu distinct de l'abdo- men, celui-ci allongé, à côtés presque droits, festonnés à chaque anneau qui sont indiqués, latéralement, seulement par des arcs en chitine à concavité inférieure, de couleur foncée ainsi que les côtés du corps de la tôte et des membres. Femelle, long. 2°^»,25, larg. 0'"'°,40. Mâle, mômes dimensions. Nous l'avons trouvé sur la Caille. 88 CHAPITRE IV. de IVirmc couleur «uie {Nirmus cœmentdius, Nitzsch) - Pom» ] î couleur suie. Tôte cordiforme à in£.l.« n^./ ^' 'urrne a angles postérieurs et anlérieurs Thorax bi-parli, distinct de 1 abdomen, celui-ci oblong allongé à anneaux bruns séparés par une étroite ligne blanche. Membres de la première paire courts, les derniers assez longs. Longueur du corps, /i^m^ largeur 0"'",80 dans les deux sexes. Vit sur le lophophore impeyans. La plupart des autres Nirmus ont la forme générale de celui-ci avec des dimensions plus petites et des cou- leurs plus claires, souvent élégam- ment tachées ; elles sont à peu près toutes parasites d'oiseaux sauvages de tous les ordres, excepté deux : l'une, le Nirmus clavaeformis qui vit sur le Pigeon et l'autre, chez le CoUn de Californie. Genre LIPEURUS (Nitzsch). — Les espèces du genre Lipeurus ressem- blent pour la plupart aux plus nom- breuses du genre Nirmus, c'est-à-dire . „ , ^. ^ ^^^^^^ forment la troisième sec- tion , elles lie s en distinguent guère que par les antennes en pinces des maies. Ce genre a pour caractère : ^ Un corps oblong, étroit ou très étroit; une tête cordiforme ou étroite, sans trabécules ; antennes filiformes chez les femelles en pinces très grandes chez les mâles. ' Les lipeurus sont abondants chez les échassiers, les palmipèdes es acc.pitres les perroquets et surtout chez les gallinacés domes- Sères''''' seulement deux espèces appartenant à ces liîpeure Tariablc [Lipeurus vari-Mlis, Nitzsch). - Corps allongé de couleur gris sale. Tôte cordiforme ; antennes filiformes chez k fe- melle ; énorme à cause du volume du premier article chez le mâle et chehforme par la fourche du troisième article qui est opposable au deuxième. Thorax tri-parti, le mésothorax très étroit, le métathorax simulant le premier segment de l'abdomen ; segments abdominaux bien distincts, coriaces au bord et tache transversale et rectangulaire à leur face supérieure ; à chaque angle latéral un pinceau de trois Fig. 35. — iYirmus à tempes angulaires. I EPIZOIQUES. 89 soles. Abdomen en massue chez le mâle et largement fusiforme chez la femelle. Longueur, S-"™, largeur, 0^^,ib. Mùle, môme longueur, un peu plus étroit. Vit sur les Gallinacés domestiques, la Perdrix. liipeurus bag^uette {Lipenrus bacillus, Denny) (fig. 36). — Corps très allongé et très étroit, de couleur enfumée. Tête en triangle très allon- gé, à extrémité antérieure mousse armée de deux petits spicules et de trois paires de petits poils ; antennes filiformes allongées chez la femelle, allongées aussi chez le mâle mais chéliformes, par le grand volume du premier article et la fourche du deuxième qui lui est opposée. Tho- rax continu avec l'abdomen ; celui-ci a le bord des segments écailleux foncés et ces segments eux-mêmes enfumés sur leur face supérieure et portant des bouquets de soie latéra- lement, plus long postérieurement. Mâles et femelles longs de 2™°» lar- ges de O'"'»,o3. ' Vit sur tous les colombidés. ^ Sur les trentaines d'espèces que l'on connaît encore, nous signalerons seulement les suivantes comme pro- près a nos oiseaux domestiques. -^'S' ~ Lipeurus bacillus. b, tôle du mâle. LiPEURussALE {L. squalidus, NilzschJ, parasite des canards. - JEUNEUR {L.jejunus, Denny), parasite des oies. - POLVTRAPÈZE {L.polytrapezius, Denny), parasite du dindon. VO^^o:^— ^--y). parasite des Abdomen allongé et déprimé. Denny a créé ce genre pour t'rois espèces de Philoptères épizoïques 90 CHAPITRE IV. qui vivent, l'une sur les cygnes du Nord, l'autre sur les cygnes du Canada et le troisième sur le grand Harle. Nous décrirons seulement la première espèce. Ornitliobie «les cygnes [Ornithobius cygni, Denny). — Corps al- longé, blanc. Tôle arrondie, à bouche presque terminale, yeux sail- lants, tempes rondes. Physionomie générale d'un hpeurus qui n'au- rait de taches qu'un petit point noir à chaque stigmate. Longueur, 4™»^, largeur, 1"™ chez les deux sexes. Vit sur les Cygnes blancs et les Cygnes à cou noir. 3. — Tribu des Liothéides. Téte élargie, aplatie de dessus en dessous, panduriforme, c'est-à- dire resserrée au milieu comme une guitare, en demi-lune ou trian- gulaire, à bouche infère mais s'ouvrant près de l'extrémité antérieure ; mandibules bi-dentées, dures, courtes ; mdchoins ac- compagnées de palpes maxillaires longs, fiUformes, quadri-arti- culés ; lèvre inférieure accompagnée de palpes labiaux très courts, bi-articulés ; antennes quadri-articulées, le dernier article en massue, pouvant se loger dans une fossette inférieure. Abdomen à neuf ou dix anneaux. Tarses droits, coureurs, bi-articulés, chaque article pourvu de pelotes, terminés par deux ongles divariqués, presque droits, à pointe courbe, avec un petit prolongement entre les ongles. Tous les Liolheïdes sont remarquables par leur agilité, leur rapi- dité à la course. .très large, tempes petites, point d'éehancrures entre elles et I le front; antennes toujours cachées nureum [mizsen]. /panduriforme, tempes séparées du front et du lorum par une profonde échancrure orbitaire, antennes -visi- jjlgg Colpocephalum (Nitzsch). large . semi-lunaire ou trapézuïdale, tempes sans échancrurcs ni lorum, antennes _ habituellement cachées Menopon (Nitzsch). sinueuses Nitzschia (Denny). triangulaire; tempesLg ^j,ggg f,.Q„t pjr ung faible éohan- _ ( crure, antennes iuMisibles Trinoton (Nitzsch). !ct abdomen marginé, . . grande taille Lœmobothrtum (Nitzsch). nul.métathoraïetab- domen marginé.... /^At/sosiomum (Nitzscli). Nous ne nous occuperons pas de quatre de ces genres qui ne ren- ferment pas d'espèces parasites d'oiseaux domestiques : ce sont les EPIZOIQUES. 91 genres euiieum, qui n'a que deux espèces, parasites d'hirondelles. — PHYsosTOMUM, qul n'a que cinq espèces, parasites de passereaux. — LŒMOBOTHRiuM, qul a clnq espèces, parasites d'accipitres et d'échassiers. — NiTzscHiA, qui n'a qu'une espèce, parasite du Martinet. Genre COLPOCEPHALUM (Nitzsch). — Tête large, presque pan- duriforme, c'est-à-dire étranglée dans son milieu comme une guitare, par une profonde échancrure orbitaire ; antennes visibles à capitule sub-globuleux ou ovale. Prothorax peu distinct et petit, séparé par un étranglement du mésothorax qui, avec le métathorax semblent faire partie de l'abdomen. Abdomen ovoïde plus ou moins allongé et terminé en pointe. Les Colpocéphalum sont parasites des échassiers, des corvidés, des rapaces, des passereaux, des grimpeurs et des palmipèdes sauvages ; quelques espècés, parasites des pigeons et des faisans, souvent très nombreuses, nous intéressent; nous donnerons comme types : Colpocépliale à longpue queue [Colpocephalim lo7igicaudum, Nitzsch) (flg. 37). Corps oblong, se terminant en pointe mousse, de couleur fauve foncée. Tête panduriforme, à tempes arrondies ti^ès saillantes pili- fères; profonde échancrure orbitaire ; antennes claviformes libres; palpes maxillaires peu saillantes, front ar- rondi presque droit. Thorax à méso- thorax très petit, invisible en dessus, séparé du prothorax par un profond étranglement bi-latéral simulant un cou. Pattes subégales, abdomen à dix anneaux très distincts , colorés sur toute leur largeur, pihfères, à soies postérieures plus longues. Extrémité postérieure conique, arrondie, à longs poils et soies. Long. l™»'^4o^ largeur 0""",45 pour les deux sexes. Vit sur plusieurs espèces de pigeons et de colombes. Les autres espèces intéressantes du genre sont : Le colpocéphalum liirbinatum {Denay} (fig. 3S)', du Colomba livia. colpocéphalum unicolor (Rud.), delà. Colombe.. -,{ Lecoipocep/ia;wma2)pendîcuto{i/m(Nitzsch),dèL'ArgusetduFaisandoré. l'Mg. 37. -v: Colpocéphalum longicaudum. 92 CHAPITRE IV. Le colpoccphalum cornvtum fNilzsch), du comballant. Fig. 38. — Colpocep/ialum turbinatum. Genre MENOPON (Nitzsch). — Tôle semi-lunaire ou trapézoïdale. Tempes sans échancrures ou sub- ochan crées, ou plutôt à échancrure orbitaire recouverte par le plastron supérieur de la tôte, ce qui constitue une fossette pour les antennes ; an- tennes sub-claviformes habituelle- ment cachées. Mésothorax et méta- ihorax séparés du prothorax par un étranglement. Abdomen de dix an- neaux, oblong. Ce genre renferme une dizaine d'espèces parasites de palmipèdes et de gallinacés. Nous allons en décrire une comme type, toutes les autres s'en rapprochant plus ou moins. Menopoii pale (Mcnopon paZ/ùto, Denny) (fig. 39), [Liothé pale Nitzsch). — Corps ovale peu coloré, pâle. Tôte grande, en demi-lune, à angles arrondis, yeux grands au fond d'une fossette infère qui loge aussi les antennes ; celles-ci sont sub-claviformes ; palpes maxillaires saillantes ] front circulaire légère- ment anguleux au milieu. Prothorax très grand, angulaire bi-latérale- ment, séparé du méso thorax, qui est très petit, par un étranglement. Mé- tathorax semblant être le premier anneau de l'abdomen. Abdomen ovale, plus large chez les femelles que chez le mâle, à anneaux dis- tincts surtout sur les côtés où ils se suivent en se recouvrant, fortement pileux, surtout les derniers qui portent par côté de véritables soies. Extrémité postérieure arrondie dans les deux sexes, pénis souvent saillant chez le mâle. l"ig. 39. — Aleiiopon ] âle. Long, de la femelle 1"™,70, larg. 0°"",70; mùle, long, de l-^^jao. large de 0"'",od. Cette espèce vit sur tons nos Gallinacés domestiques. EPIZOIQUES. 93 Les aulres espèces du genre s'en distinguent par la taille et par l'intensité des couleurs ; ce sont : Le Menopon giganteum, Denny, des Pigeons. Le Menopon quinquegutlatum, Rud., de la Colombe. Le Menopon fallescens, Nitzsch, de la Perdrix grise et des faisans. Le Menopon fusco-maculatum, Denny, de la Perdrix rouge et des fai- sans. Le Menopon numidœ, Gb., de la Pintade. Le Menopon stramineum, Gb., du Dindon. Le Menopon phacostomiim , Gb., du Paon. Genre TRINOTON (Nitzsch). — Tête presque triangulaire ; côtés la- téraux sinueux présentant une légère échancrure orbitaire ; antennes toujours cachées; bouche petite, terminale ou presque terminale, à palpes maxillaires saillants. Thorax distinctement tri-parti à divisions presqu'égales. Pattes presque de môme longueur, les premières les plus courtes. Abdomen à dix segments. Les parasites de ce genre, presque tous de grande taille, vivent particulièrement sur les Palmipèdes, les Gallinacés, les Colombidés et les Passereaux. On en compte une vingtaine d'espèces dont cinq sur nos oiseaux domestiques qui sont les suivants ; Le Trinoton conspurcaium, Dennv, sur l'Oie et les Cygnes. Le Trinoton squalidim, Denny, sur l'Oie et les Canards. Le Trinoton stramineum, Denny. sur le Dindon. Le' Trinoton fulvo-maculatum , Denny, sur les Faisans, la Caille, etc. Le Trinoton gigas, Denny, sur le Pigeon colombier. Nous allons décrire le premier seulement. I Trinoton sali {Trinoton conspur- caium, Denny) (fig. 40). - Ce Ricin qui mériterait, aussi bien que le dernier, le litre de géant, est un des plus grands qui existent; il a le corps allongé de couleur enfumée ~ oresauetr ^"7" ^'-''''"^'^ '^""'^'^^^ ^ ^^^ondis; bouche presque termmale, petite, à mandibules très aiguës, à palpes maxt 9.4 CHAPlTnE IV. lijires saillants ; antennes cachées dans une fossette en avant de l'œil. Thorax un peu plus étroit que la tôte, s'élargissant en arrière, à divi- sions distinctes, trapézoïc|çi,les, portant chacune une paire de pattes très robustes. Abdomen à dix segments, colorés sur leur milieu et sur leurs bords, portant chacun une rangée de poils et de soies in- tercalées, plus longues en arrière. Longueur de la femelle 6°"", large l™™,EjO ; mâle un quart plus petit. Vit sur l'Oie domestique et les Cygnes. 4. — Tribu des Giropides. Téte déprimée, scutiforme, liorizontale; tempes échancrées ; 6ouc/ie an|érieure ; mandibules non dentées ; mâchoires avec palpes maxillaires e;fertes, sub-rigides, cônico-cylindriques, quadri-articulées ; palpes labiaux présents ou nuls ; cintemies quadri-articulées, boutonnées, le dernier et le pénultième article formant une tête pédiculée. Yeux nuls. Thorax bi-parti. Abdomen à huit segments. Tarses courbes ou à peu près droits, bi-articulés. Ongle unique quand il existe, formant aux pattes moyennes et postérieures une place circulaire par son application contre la base de la cuisse. Cette tribu ne renferme qu'un seul genre jusqu'à présent. Genre GYROPUS (Nitzsch), dont les caractères sont ceux que nous venons de donner pour la tribu. Ce genre renferme cinq espèces qui toutes vivent sur des rongeurs sauvages, domestiques et exotiques. Ce sont : Le Gyropus longicollis, Nitzsch, qui vit sur l'Agouti. Le Gyropus gracilis,Mlzsch.)^ , . , i o u J' ^ ^ ,. ' , Tous deux vivent sur le Cobaye. Le Gyropus ovalts, INitzsch..) Le Gyropus hispidus, Nitzsch, qui vit sur le Paresseux. Le Gyropus dicotylis, Mac, qui vit sur le Pécari. Nous allons décrire les deux espèces du Cobaye ou Cochon-d'Inde, qui pourraient chacune servir de type à deux nouveaux genres, car elles s'écartent l'une de l'autre plus que spécifiquement. Gyrope grêle {Gyropus gracilis, Nitzsch). — Corps allongé, grôle, rappelant celui de certains Lipeurus, de couleur blanchâtre sale. Téte securilbrme plus longue que large, fortement échancrée en avant des tempes ; antennes moniliformes, en apparence de trois articles, le qua- trième très petit confondu avec le troisième qui est globuleux et pédi- culé, son pédicule implanté à l'extrémité du deuxième qui est aussi globuleux mais moins volumineux que le troisième. Mâchoires grandes à extrémité barbelée, accompagnées de palpes à trois articles (le troi- sième et le quatrième soudés n'en faisant qu'un) ; lèvres avec palpes EPIZOIQUES. 95 labiaux grêles indistinctement articulés mais très visibles ; mandibules iatra-buccales à pointe unique. Thorax tri-parti et étroit, le prothorax globuleux aussi grand que le mésothorax et le métathorax ensemble dont il est séparé par un étranglement. Pattes sub-égales à tarse d'un seul article court terminé, au lieu d'ongle, par une petite palette cré- nelée à son pourtour. Abdomen oblong, plus large en son milieu que la tête, terminé par une fourche chez la femelle et arrondi chez le mâle, avec deux soies; anneaux nettement séparés portant chacun plusieurs rangées de poils. Femelle, longueur 1""°',25, largeur 0,"''^35; mâle, longueur 1°"", largeur 0"™,23. Vit dans le fond des poils du Cabiai. Ciyrope ovale [Gyropus ovalis, Nitzsch). — Corps ovale rappelant celui des Colpocéphales, de couleur blanc sale. Tôte securiforme plus large que longue, fortement échanorée en avant des tempes qui sont proémi- nentes, rétrécies et arquées; front élargi recouvrant l'insertion des an- tennes, puis rétréci pour former un museau avancé et tronqué ; antennes comme dans l'espèce précédente, mais plus épaisses ; mâchoires gran- des, avancées, barbelées à l'extrémité interne, accompagnées des palpes maxillaires, quadri-articulées ; lèvres avec palpes labiaux courts et épais, villeux; mandibules cachées à pointe aiguë et simple. Thorax tri-parti ; pro- thorax rhomboïdal, élargi transversa- lement, séparé du méso-thorax par un étranglement ; mésothorax et mé- tathorax largement uni formant en- semble un trapèze bien plus grand que le prothorax. Pattes de la pre- mière paire à articles droits, à tarse bi-articulé, le dernier article terminé par un petit ongle faisant pince avec le premier article élargi et paltellé ; pattes des deux dernières paires avec jambe arquée, continuée par un petit tarse large et court portant un ongle grand et fort strié sur sa face interne, formant pince avec une tubéro- site de la cuisse. Abdomen > huit articles distincts portant chacun Fig. 41,— Gyrope grêle, b, son tarse ; c, larse de la première paire de pattes du gyrope ovale; d, tarse des autres paires du même. y» CHAPITRE IV. une rangée de petits poils; à extrémité arrondie dans les deux sexes, ornée de deux paires de soies, le pénultième et l'ante-pénultièmè segments en portant une paire de môme longueur. Longueur de la femelle i^^, larg. 0'"'",ao ; mâle, long. O»"» 60 lare 0'"'",30. ' ' ^' Habite en compagnie du précédent le fond des poils des Cabiais. TABLEAU RÉSUMANT LE NOMEHE DES ESPÈCES d'ÉPIZOIQUES PARASITES QUI VIVENT SUR l'homme et les ANIMAUX DOMESTIQUES. / Pediculus capilis (L.). l'homme | — vestimenti (L). '1 — tabescenlium. ' Phthirius inguinalis (Leacli). Le chien ( S^ematopinus piliferus (Oenny). ( Trichodectes latus (Niizsch). Hematopinus piliferus (Denny). ^® '^^^^ Trichodectes rostratus (Niizsch). '^P'" • Bematopinus venir icosus (Denny). Le cobavc I Giropus gracilii (Nitzsch). I — ovalis (Niizsch). te cheval et l'âne j Hoematopinus tenuirostris (Burm,). ( Trichodectes equi (Denny), Le chameau Hoematopinus cameli (Gb ) . 1*""^ Trichodectes breviceps (Rudow). Laclièvrc i ■S^œma^opwMs sieriopsù (Burm.). ( Trichodectes climax (Nitzsch). moul"" Trichodectes spherocephalus (Niizsch). Le bœuf S ^(e'natopinits eurijsternus (Sleph.). \ Jrichodecies scalaris (Niizsch). / Nirmus clavœformis (Denny). Le piceon doraeslintic Goniocote compar (Niizsch). 1 Lipeurus bacillus (Niizsch). ', Cotpocephalum longicaudim (Nilzch). /■ Nirmus nutnids (Denny) La pintade Goniocote spec 1 tromodes numidianus (Denny). ' Menopon numidse (Gb.). ^ Goniodes slylifer (Niizsch). Le dindon • Lipeurus polytrapesius (Nitzsch). ( Menopon slramineum. ( Goniocotes rectangulatus (Nitzsch) . Le paon Goniodes falcicornis (Nitzsch). ' "') Menopon phacostomum. \ Lipeurus spec. i Goniocotes chrysocephalus (Gb.). Le faisan commun • Goniodes colchicus (Gb.). ( Menopon fusco-maculaium (Denny). Goniocotes hologaster (Nitzsch). Goniodes dissimilis (Niizsch) . La poule commune < r-~ (Nitzsch). *^ j Lipeurus heterographiis (Nitzsch). / — variabilis (Nitzsch). \ Menopon pallidium (Nitzsch). Docophorus adustus (Nitzsch), Lipeurus lacleus (Gb.). L'oie domestique ] — ye/«««s (Niizsch). Trinolon conspurcatum (Nitzsch). — squalidum (Denny). ( EPIZOIQUES. 97 iOrnithobius cygni (Dennyl. — goniopleurus Trinolon conspurcatum (Niizsch). Colpocephalus minutum (Rud.). / Docophorus ictérode (Nitzsch). \ Nirmus tessellutus (Dennv). Le canard / Lipeurus squalidus (Nitzschl. I — variabilis (Nitzsch). \ Ti inoton euridum (Nitzsch) DE L'ACTIVITÉ NOCIVE DES EPIZOIQUES. ET DES MOYENS DE LES DÉTRUIRE. L'action nocive des Epizoïques est bien différente suivant qu'ils appartiennent à la famille des Pédiculidés ou à celles des RiciNÉs ; en effet, l'armature très différente de la bouche des parasites de ces deux familles indique que leur action ne doit pas être la même. On serait tenté de croire que ce sont ceux qui sont armés de mâchoires, les Ricins, qui sont les plus dangereux, tandis que, au contraire, ils sont presque moffensifs : leurs mâchoires, ou plutôt leurs mandibules ne leur servent guère qu'à grimper le long des poils ou des crins et la démangeaison qu'ils provoquent est due surtout à l'action des ongles des pattes chez la plupart ; les Liothéides seuls et les Gyropides pourraient à la rigueur attaquer la peau avec' leurs mandibules et leurs mâchoires qui sont près de l'extrémité an- térieure de la tête, mais les Trichodectes et les Philoptérides ne le pourraient pas, aussi ils ne vivent que des produits d'ex- crétion sébacée et épidermique. Les Pédiculidés au contraire vi- vent de sang qu'ils aspirent au moyen d'un suçoir, et avec les stylets duquel ils percent la peau à la manière des puces ; aussi les démangeaisons qu'ils provoquent sont-elles très vives ! Les dermatoses causées par les Epizoïques sont des Prurinos ^'^ilTw ^r"^'^'' Pédiculidés soit plus douloureux qu; .elui des Ricmés, ce n'en sont pas moins des affections légères Bt de peu d importance qui disparaissent facilement avec la iause, c'est-à-dire avec le parasite. Pruriffo de l'homme. _ L'homme, comme nous avons vu urrit trois espèces de Pédiculidés assez communs et une qua- lème espèce exceptionnellement rare, mais pas de Riciné ' ^ est surtout par la propreté qu'on empêche les poux de s'^c* CHAPITRE IV. dre de graine de staphysaigre, particulièrement contre le pou de tête des enfants. Les bains et le passage des vêtements à l'é- tuveà 100" sont le moyen le plus pratique pour se débarrasser du pou du corps, comme la pommade mercurielle ou une solu- tion faible de sublimé corrosif contre le pou du pubis, et les bains sulfureux contre lepou des malades. Prurigo plithirlasique du chcTal. — NouS avons VU que le cheval nourrit deux sortes de poux, l'un, V Hématopinus tenui- rostris, qui appartient à la famille des Pédiculidés, l'autre, le Trichodectes equi de la famille des Ricinés ; de là deux prurigos différents que l'on peut appeler, l'un Prurigo hématopim'que, l'autre prurigo trichodectique. i° Le p7'urigo hématopinique se développe sur des chevaux de tout âge, mais surtout sur les adultes. Il a pour symptômes : une vive démangeaison et l'apparition de petites papules rouges, discrètes, qui se dénudent de poils et qu'on remarque surtout près de la crinière, sur les bords de l'encolure. Celte affection est très contagieuse, et, pour peu que les chevaux soient amai- gris et débilités par les privations, — ce qui constitue un ter- rain extrêmement favorable au développement et à la propa- gation de ce parasite, — on la voit se répandre avec rapidité sur tous les chevaux habitant la même écurie. Elle complique très souvent la gale sarcoptique, ce dont il faut être bien pré- venu pour ne pas commettre la même erreur qu'un de nos col- lègues et amis que nous avons vu attribuer exlusivement au pou la ténacité et la gravité d'une dermatose qui était surtout psorique. Le pi'urigo hématopinique, seul, est heureusement beaucoup moins grave et beaucoup plus facile à combattre. Le traitement est le même que pour le suivant. 2° Le Prurigo trichodectique paraît être particulièrement l'a- panage des jeunes chevaux, bien qu'on le voie aussi sur des chevaux âgés et à poils longs et bourrus. Les seuls symptômes qui le caractérisent sont : une démangeaison très modérée et la présence du parasite et dë ses œufs ou lentes : la peau ne présente ordinairement aucune lésion ; on voit seulement à la direction et à l'enchevêtrement des poils ou des crins que l'ani- mal s'est gratté ; il y a parfois des excoriations à la peau, elles ne sont nullement le fait direct du parasite, mais elles sont le résultat du grattage auquel s'est livré l'animal. ÉPIZOIQUES. 99 Traitement. — Rien n'est plus facile que de débarrasser un cheval des poux qui l'incommodent, et les moyens sont nom- breux : frictions avec la pommade mercurielle ; onction avec un corps gras quelconque ; lotions avec l'infusion de tabac, de staphysaigre ; insufflation de poudre de sLaphysaigre, de cé- vadille, de pyrèthre, de graine desséchée de fusain, etc., etc. Le plus simple etleplus radical de ces moyens est, suivant nous, la lotion avec une décoction de tabac en feuilles (30 grammes par litre) ; c'est celui auquel nous donnons la préférence. Nous tenons à prévenir nos lecteurs que l'acide phéniqué, tant vanté depuis quelque temps comme parasiticide, — nous ne disons pas fermenticide, car son action sous ce rapport est heureusement des plus réelles, — ne tue pas les poux, pas plus que les acariens, lorsque sa solution n'est qu'au millième. Elle ne devient efficace qu'à un degré de concentration qui serait dangereux pour le malade lui-même. Du reste les moyens simples, économiques et très efficaces sont trop nombreux pour qu'on veuille recourir à un médicament aussi cher que l'acide phénique. Prurigo phtiiiriasique du bœuf. — Le bœuf, comme le che- val, adeux espèces de poux de deux familles différentes: un pou suceur VHématopinus eurysternus et un pou à mâchoires, le Tri- thodectes scalaris, beaucoup plus petit que l'autre. Il s'en suit que le bœuf a aussi deux espèces de prurigos : un prurigo héma- topinique et nxijJrurigo trichodeclique, le premier étant infiniment plus rare que le second qui est fréquent chez toutes les bêtes maigres et souffreteuses. Le gros pou du bœuf, ou V ffématopinus ewysternus se loge de préférence dans la crinière courte et frisée du sommet du crâne et du bord supérieur de l'encolure, et c'est dans cette région que se montrent les petites papules rouges et la vive démangeaison qui caractérisent le prurigo hématopinique du bœuf. Le petit pou, au contraire, ou le Trichodectes scalaris habite le long de l'épine du dos, sur la croupe, sur les cuisses, sur les flancs, sur les côtes, sur les faces de l'encolure et même sur les joues et le front. Il ne provoque pas l'apparition de papules, mais une démangeaison modérée qui excite des frottements et l'action de la langue rugueuse de l'animal, ce qui amène la chute des poils sur de larges surfaces, uûe abondante sécrétion 100 CHAPITRE IV. épidermique et môme à la longue un épaississement et des ru- gosités de l'épiderme qui font croire à une affection psorique; le microscope seul permet de rectifier l'erreur. Traitement. — A csiuse de la propension qu'ont les grands ruminants à se servir de leur langue pour se gratter sur tous les points du corps où ils peuvent atteindre, il faut éviter de se servir d'agents toxiques ou irritants des voies di- gestives dans le traitement du prurigo phtiriasique des rumi- nants; on se contentera de lavages sulfureux, ou môme de l'emploi de simples corps gras qui suffisent généralement. Prurigo phthiriasique du chien. — Le chien nourrit auSSi deux espèces d'Epizoïques ; unpédiculidé, V Hématopinuspiliferus et un Riciné, le TrHchoiectes latus. A l'inverse de ce qui se remar- que chez les herbivores, c'est le dernier qui est le plus grand ; il habite le fond des poils des grands chiens à poils grossiers ou longs comme les griffons, les épagneuls et certains chiens cou- rants vendéens, nous ne l'avons jamais vu chez les chiens àpoils ras comme les braques; il a du reste peu d'inconvénients et ne tourmente guère ses hôtes, et il est facile de les en débarrasser au moyen d'une décoction légère de tabac. 'L'Hxmatopinus piliferiis, quoique de petite taille, tourmente beaucoup les petits chiens d'appartement à long poil, ou à poil frisé, chez lesquels on le rencontre habituellement; ses piqûres provoquent une démangeaison identique à celle des puces, les privent de sommeil et finissent par amener l'amaigrissement et la débilité. T7-aitement. — Pour débarrasser les chiens des poux qui les tourmentent, il faut d'abord les tondre, surtout si les poils sont feutrés au point que le liquide d'un bain ne puisse pénétrer jusqu'à la peau. Comme aux petits chiens d'appartement, gé- néralement à poils blancs, il faut un traitement qui soit efficace sans salir, il faut donner la préférence aux bains insecticides. Yoici la formule d'un de ces bains : Carbonate de soude 50 grammes. A dissoudre dans eau tiède 1 litre. Puis faire infuser dans cette solution alcaline : Poudre de staphysaigre 10 grammes. Ce traitement est aussi applicable aux grands chiens. Les chiens, ayant aussi l'habitude de se lécher, il faudra ÉPIZOIQUES. iOl comme pour les grands ruminants, éviter de se servir de pom- mades ou de préparations mercurielles. Prurigo piitiiirinsique »iu chat. — Le chat n'a qu'une es- pèce de poux, le Trichodectes roslratus, qui ne le tourmente guère et dont on n'a pas souvent l'occasion de s'occuper; ce- pendant s'il fallait indiquer un moyen pour débarrasser un chat de ses poux, il faudrait prescrire les insufflations au fond des poils soit de graines de staphysaigre, soit de sommités de pyrèthre du Caucase en poudre impalpable, car le chat ne supporte ni les bains ni les pommades. Prurigfo phf hiriasique île la clièvre et du monton. — Le mOU- ton n'a, outre le Melophage qui est un Diptère dégénéré, qu'une seule espèce de poux, qui est un Ricin, le Trichodectes sphero- cephaliis, et encore est il extrêmement rare. La chèvre a deux sortes d'Epizoïques beaucoup plus fréquents : 1' Hsematopinus stenopsis et le Trichodectes climax. Si ce n'était la démangeaison, l'effet de ces parasites sur la peau n'est pas trop marqué ; du reste on en débarrasse l'animal par les mêmes moyens que pour les grands ruminants. Prurigo phtiiiriasiqne »iu porc. — Le porc ne uourrit qu'un pou, mais il est énorme, c'est V Hcematopinus suis; il cause au pachiderme un prurigo des plus sérieux, caractérisé par une éruption papuleuse bien marquée et par un prurit intense qui se fait sentir surtout la nuit : il démolit alors son toit en se grattant et se vautre avec délice dans le bourbier pour calmer la démangeaison qui le tourmente. Une onction d'huile à brûler très commune, comme l'huile de chènevis, suffit pour le débarrasser de ses parasites. Prurigo des Toiaiiics. — Nos oiseaux de basse-cour sont certainement, de tous les animaux domestiques et sauvages ceux qui nourrissent le plus grand nombre et la plus grande variété de parasites épizoïques; seulement, comme chez tous les autres oiseaux, ce sont exclusivement des Ricins qu'on trouve dans leurs plumes ou sur leur corps où ils vivent des exsudats naturels de la peau. Nous avons vu combien les espèces de Ricms sont nombreuses : on en trouve sept espèces rien que sur la poule domestique et cinq sur les pigeons; chacun de nos autres oiseaux domestiques en nourrit autant, et s'ils étaient aussi dangereux que les PédicuUdés, nos volatiles 1®2 CnAPITRE IV. mourraient tous dans les tourments et l'épuisement qui en se- rait la conséquence. Mais, nous le répétons, les Ricins sont peu dangereux et leur grand nombre indique plutôt un état valétudmaire qu une maladie de leur fait. Néanmoins il est bon d en débarrasser les volailles, car ils ne laissent pas que de les troubler dans leur repos. Pour cela faire, il faut mêler de la poudre de pyrèthre fraîche au sable et à la terre dans laquelle les volailles aiment à se poudrer, ou encore insuffler de cette poudre avec un ins- trument ad hoc au fond des plumes des mômes volailles La fleur de soufre employée de la même manière produit aussi un très bon effet, d'autant plus qu'elle s'attaque spécialement aux Dermanysses, parasites acariens qui habitent fréquemment les poulaillers et viennent ajouter leur action, beaucoup plus nui- sible, à celle des épizoïques en question. Nous les étudierons du reste, plus loin et plus en détail. Comme les oiseaux en se secouant font aisément tomber toute la poudre qu'on a insufflée dans leurs plumes pour les débarrasser de leurs parasites, on peut incorporer de la poudre de pyrèthre ou mieux de la poudre de staphysaigre dans du savon noir et en lubréfler le fond de leurs plumes ; ce moyen a parfaitement réussi à un de nos amis, grand amateur de pigeons, dont les élèves étaient dévorés par des parasites épizoïques . Un parasite de l'ordre des Thysanoures. A côté de l'ordre des ÉPIZOÏQUES, les naturalistes placent celui des THYSANOURES (mot qui signifie queue frangée) dont une subdivision, celle des Podureiies, est composée de petits insectes aptères qui ont beaucoup d'analogie avec les Épizoï- ques sous le rapport de leur organisation, de leur taille et de leurs formes, mais qui en diffèrent par leur genre de vie : on ne les trouve que dans les matières organiques en décomposition, dans les endroits sombres, sur la terre humide et même sur l'eau ou sur la neige, oii ils sont quelquefois en si grand nom- bre qu'ils ressemblent, à cause de leur couleur généralement noire, à de la poudre à canon ou de chasse qu'on aurait répan- due à dessein. 11 semblerait donc qu'à notre point de vue spécial nous ÈPIZOIQUES. 1^** n'ayons pas à nous occuper de ces petits êtres ; cependant, nous avons été témoins d'un fait qui prouve qu'à l'occasion certaines espèces de Podurelles peuvent changer de genre de vie, devenir temporairement parasites de nos grands animaux domestiques et déterminer une affection de peau comparable à celle que produisent certains Épizoïques. Voici ce fait : Un de nos jeunes et zélés confrères, M. Hector Durieux, vétérinaire à Bolbec (Seine-Inférieure), avait dans sa clientèle une famille de chevaux, logeant dans la môme écurie, dont tous les mem- bres, depuis quelque temps, étaient atteints d'une affection cu- tanée caractérisée par la chute des poils, une abondante sé- crétion de pellicules épidermiques et de la démangeaison. Cette affection disparaissait par un traitement externe anti- psorique mais se remontrait bientôt après la cessation du trai- tement. Un petit flacon plein des excrétions cutanées de ces chevaux nous ayant été envoyé afm de déterminer la nature de l'affection cutanée, nous trouvâmes le contenu dudit flacon presque entièrement composé de pellicules épidermiques mé- langées de poils et de rares croûtelettes d'exsudat séreux des- séché, mais en même temps une grande quantité d'animalcules, petits, noirs, ayant la forme générale d'un pou, mais ne dépas- sant guère 3/4 de millimètres. Un examen microscopique com- plet nous fit reconnaître une Podurelle munie de son appareil saltatoire bifide caractéristique. En voici la description et la figure. Cette petite Podurelle se trouve comprise entre les genres Achoriites (Tcmpleton) et le genre Lipura (Burmeister) . Comme les Podurelles du premier genre, elle a le corps sans écailles, peu velu, épais, de neuf segments ; des pattes courtes assez grosses, un appendice saltatoire court, large à sa base, inséré sous le ventre au quatrième article abdominal, mais, au lieu d'avoir des antennes droites un peu coniques de quatre ar- ticles égaux, elle les a, comme dans le genre Lipura, de qua- tre articles inégaux sub-clavellés, le premier large et court, le deuxième plus étroit mais plus long et les deux autres renflés ; par contre, les Lipura diffèrent de notre petite Podurelle par l'absence d'appareil saltatoire et par la présence de deux cro- chets au dernier article de l'abdomen. Notre petite Podurelle doit donc devenir le type d'un nouveau genre que nous proposons de nommer CHAPITRE IV. PODURIIIPPUS, nom qui rappelle à la fois l'ordre anmiPl An(™„« à quatre articles inégaux, sub-clavellées • veux neu v.s.Mes au nombre de 28 à 30 en deux groupes sy'méulue" en arrière des anlennes ; corps divisé en neuf segments in '^.er arrond, sans appendices ni crochetsl paUes courtes assez grosses ; appareil saliatoire court, étroit, émergeant de la face inférieure du quatrième anneau abdominal ; tube gashnque peu per- ceptible sous forme d'un tubercule sessile bilobé. Espèce unique, jusqu'à présent, pour laquelle nous proposons le nom de Podurhîppus pityriasicus (flg. 42), longueur de 0'""',70, à 0'°°',8d, corps fusiforme, obtus, de couleur générale noir de suie, pattes plus claires ; téguments finement cha- . grinés à poils rares et courts. Habite, sans doute, la poussière des écuries, la litière, d'où Il se répand sur les chevaux, pour se repaître des excrétions cutanées à la façon des Trichodectes, en déterminant comme eux le développement d'un prurigo pityriasique. La preuve que c'est bien là le genre de vie de ce parasite temporaire, c'est qu'on a fait disparaître définitivement cette affection en échaudant le sol et les recoins de l'écurie dont ' nous parlons plus haut, et en les nettoyant à fond. Flg. 42. — Podurhippus pityriasicus. CHAPITRE V ACARIENS Les animalcules microscopiques qui sont la cause des Der- matoses psoriçues, c'est-à-dire des différentes variétés de gale, chez l'homme et les animaux, appartiennent à un groupe zoologique qui, pour Linnée, ne constituait-qu'un petit genre, le genre Acarus, dont le type était le Ciron du fromage, appelé "Ayapi par Aristote (1), genre qui élait une subdivision des Arachnides rattachés alors aux Insectes. Depuis Lamarck, les Arachnides forment une classe à part, distincte des Insectes par l'absence complète d'ailes, la présence de huit pattes, et la tête confondue avec le thorax; et le genre Acarus, érigé d'abord en tribu par Latreille, constitue aujourd'hui un Ordre très nombreux en espèces, qui augmentent encore tous les '5 jours. Nous allons faire l'histoire naturelle de cet Ordre important : Caractères taxinomiques de L'ORDRE DES ACARIENS (Walknaer). Synonymie. - Acaridiens, Acaridies, Acarides, Acarîns, Acarés, Acares. Corps plus ou moins aplati en dessous, mivexe en dessus ; appareil buccal composé d'organes propres à diviser et à sucer, supportés par une lèvre inférieure résultant de la soudure des mâchoires et formant cuiller ou élm (Thécastome de Walknaer), rapprochés m forme de rostre sail- (1) De 'Axapi^ç indivisible. i06 CHAPITRE V. lant ou caclié sous l'épîstome {nuque ou bandeau) et inséré dans une dé- pression antérieure du céphalo-thorax; celui-ci le plus souvent non seg- menté, largement uni à un abdomen non annelé, avec lequel il est ordi- nairement confondu. Les Acariens sont ovipares, quelques-uns cependant sont ovo-vivi- pares, à métamorphoses caractérisées seulement parla naissance d'une larve molle, semblable ou non aux parents, n'ayant ordinairement que six pattes, et par des mues ou métamorphoses successives par lesquelles ils arrivent à leur dernière forme (1). Les Acariens sont terrestres ou aquatiques. Quel que soit leur genre de vie ils ont une tendance extraordinaire à la vie parasitique, à ce point que nous ne connaissons actuellement que les Oribatides, aca- riens coriaces des mousses, qui ne se rencontrent jamais sur d'autres animaux ; tous les autres, au contraire, y passent une partie de leur existence, et quelques-uns l'y passent tout entière : les uns s'atta- chent à d'autres animaux articulés, à des reptiles, à des oiseaux, ou même à des quadrupèdes simplement pour se faire transporter ailleurs, comme les hypopes des Tyroglyphes (2) et les nymphes des Gamases, les autres pour y vivre des humeurs exhalées à la surface de la peau ; d'autres encore percent la peau pour y sucer du sang qui sert à leur développement ou à celui de leur progéniture comme les larves des Trombidions, les Ixodes, les Argas, les Dermanysses, les Ptéroptes, sans causer d'autres dommages qu'une piqûre inoffen- sive ; d'autres vivent dans le tissu cellulaire et les bourses aérien- nes des oiseaux ; d'autres enfin se logent sous l'épiderme qu'ils dé- chirent ou soulèvent, y vivant en colonies innombrables et déter- minant par leurs morsures répétées et venimeuses l'éruption eczéma- teuse et prurigineuse qui constitue la gale. Il y a donc des Acariens faux parasites ; d'autres dont le parasi- tisme est temporaire ; d'autres qui sont parasites permanents mais inoffensifs à la façon de certains épizoïques, sans intéresser les té- guments ; d'autres enfin sont des hôtes dangereux et compromettent réellement la santé. La connaissance de ces faits est indispensable dans l'étude des diverses variétés de gale et des autres dermatoses acariennes, surtout chez les animaux, car cela évitera de prendre pour des facteurs de la gale des Acariens parfaitement innocents, comme cela est arrivé à Gerlach, par exemple, qui a pris un hypope, trouvé sur un éléphant mort, pour un acarien psorique qu'il a nommé Symbiotes elephantis. (1) Ces mues ne sont pas de simples changements de peau, mais un renou- vellement total de l'individu, comme nous le verrons plus loin. (2) Mégnin, Note sur la position zoologiqice et le rôle des Hypopes, in com- ptes rendus Acad. se, 13 juillet et 18 août 1873. ACARIENS. ^^"^ L'ordre des Acariens est divisible en familles et celles-ci en tribus, en genres et en espèces. Jusqu'à présent la classification la plus généralement admise a été celle de Dugès à peine modifiée par P. Gervais (1). Elle est basée principalement sur la forme des palpes et celle du dernier article des pattes ; elle a produit, malgré l'insuffisance de sa base, des groupes assez naturels et il y aurait peu de chose à faire pour qu elle lût aussi parfaite que possible. La voici : , 1. Scirridés ou Bdellidés. 2. Trombidiés. 3. Tydrachnidés. 4. Gcmasidés. 5. Ixodidés. 6. Oribatidés. 7. Sarcoptidés. 8. Demodicidés. 9. Arctisconidés. Dans celte série de familles on s'est assez peu inquiété de leurs rapports respectifs. Ainsi les trois premières familles forment un groupe assez naturel, de môme les Gamasides et les Ixodidés, les Oribatidés et les Sarcoptidés, les Démodicidés et les Arctisconidés ; mais ces divisions, quel rapport ont-elles entre elles? c'est ce qu'on ne s'est pas attaché à chercher. Nicolet (2) avait déjà divisé les familles de Dugès en deux groupes : un premier avec ceux qui vivent sur terre et un deuxième avec les aquatiques ; cette séparation est naturelle bien qu'elle isole les Hy- drachnides des Trombidiés dont on ne peut nier l'analogie d'organi- sation, mais la classification de Nicolet n'établit aucun rapport entre les autres familles qu'il énumère sans donner les raisons du rang qu'il assigne à chacune d'elles. Il nous semble cependant qu'on peut classer les familles acariennes sur des bases rationnelles, telles par exemple que les modifications présentées par le squelette. C'est la base qui a été adoptée comme la plus sûre pour la classification des Vertébrés et môme des Insectes, et nous la regardons comme parfaitement applicable aux Acariens. C'est ce que nous allons essayer. (1) P. Gervais et Van Beneden, Zoologie médicale, 2 vol. in-8", Paris 1869, 2« édition, p. 4.t5. (2) Nicolet, Mémoire sur les Oribatidés in Archives du Muséum, t. VII, p. 281. 108 CHAPITRE V. Sqiiclctle ayant pour base un bternum rigi- de ou menibra-| 1 neux I Pattes à 6 articles. Stigmate à long périirème tubulaire Camasidés. Stigmate à péritrème dis- cuïde, en éeuinoire Ixodidés. Pattes à 5 article: Oribatidés. Acariens terrestres . Mandibules chéliformcs; antennes cylindriques ou côniques en partie adhé- rentes à la lèvre; pattes à b articles Sarcovtidés, Squeletlo ayant pour base des Mandibules styliformes; épimeres; pattes à 5 ou 6 articles. \ palpes libres antennifor- 1 mes; pattes i 6 articles.. Sciridcs. .Mandibules gladiformes ou styliformes ; palpes libres ravisseurs; pattes à C articles Tromhidiés. Acariens aquatiques ou puriooles. Mandibules à crochets. . . . Hxjgrobatidés. à prolongement caudal ycrmiforme Demodicidés. La plupart de ces familles ^ont subdivisibles en tribus, surtout celles des Sarcoptidés, des Tromhidiés, etc. Ainsi, la famille des SARCOPTIDÉS est divisible en quatre tribus parfaitement naturelles et distinctes aussi bien sous le rapport anatomique que sous celui des mœurs ; ces quatre tribus sont : 1° celle des Détriticoles, qui com- prend les genres Tyrogîyphus, Carpoyhjphiis et Glyciphagus ; 2° celle des Sarcoptidés pldmicoi.es (Ch. Robin), qui comprend les genres Analges, Dermaleichiis, Pterodectus, Pterolichus, etc., etc. ; 3" celle des Gliricoles qui comprend les genres Myocoptes et Listrophores ; 4" enfin celle des Sarcoptides psoriques qui comprend les genres Sar- coptes, Psoroptes et Chorioptes. La famille des TROMBIDIÉS comprend les tribus des Trombidionides, des Tétranicides, des Cheyletides, etc. Nous trouvons à cette classification l'avantage de laisser les unes à côté des autres les familles qui ont le plus d'affinités, le plus de similitude d'organisation ; elle est par conséquent éminemment naturelle. Si la famille des Gamasidés se trouve en téte de ]a liste, c'est que cette place lui appartient à tous égards ; comme nous l'avons démontré dans un mémoire spécial relatif à cette famille. (1), l'organisation des Acariens qui la composent les place à la limite des Arachnides et des Insectes hexopodes, participant à l'organisation {\) Monographie de la famille des Gamasidés in Journal de l'Anatomie de M. Ch. Robin. 1876. ACARIENS. 109 caractéristique de ces deux classes et établissant la transition insen- sible de l'une à l'autre, ce que nous avons été le premier à montrer. Les familles acariennes qui nous intéressent au point de vue de la Dermatologie comparée sont les suivantes : Gamasidés, Ixodidés, Sarcoptidés, Trombidiés et Demodicidés. Nous allons les étudier cha- cune en particulier, ainsi que les espèces parasites qu'elles four- nissent. i . — Famille des GAMASIDÉS . (Planche I)' Le nom de Cxamasus a été donné pour la première fois par Latreille (i) à un groupe d'Acariens parasites distrait du genre Acarus de Linnée, et dont il fit un genre particulier. Du genre Gamase de Latreille, Dugès (2) fit la famille des Gamasés ayant pour caractère essentiel d'avoir les palpes libres, filiformes, et il la subdivisa en cinq genres : Dermanyssus, Gamasus, Uropoda, Pte- roptus et Argas. Le mémoire de Dugès, quoique déjà ancien, est cependant le dernier travail d'ensemble original et de quelque valeur fait sur ce sujet, aussi en trouve-t-on la substance dans tous les ouvrages publiés depuis sur rhistoire naturelle de ces Acariens (3) ; cependant il laisse beaucoup à désirer tant sous le rapport de l'anatomie et de la physiologie, qui sont à peine effleurées, que sous celui des caractères taxinomiques des animaux microscopiques dont il traite. A part son espèce Der- manyssus avium, qu'il a assez bien étudiée au point de vue des ca- ractères extérieurs qui distinguent les sexes, tout en ignorant la (1) Latreille, Histoire des insectes. — Paris, an XIL (2) Annales des Sciences naturelles, 2° série Zool., t. IL — Paiùs, 1834. (3) Koch [Uebersicht des Arachniden Systems. Nûrnberg, 1842), bien que postérieur à Dugès, est loin d'avoir eu le sentiment des affinités zoologiques comme ce dernier ; les modifications qu'il apporte dans la distribution des genres de la famille des Gamasidés ne sont pas heureuses : il retranche les genres Pteroptus et Uropoda qu'il met dans la famille des Sarcoptidés et il y ajoute les genres Lœlaps, Zercoji, Séjus, Nofaspis, Emeus qui sont pour la plupart des Oribatides. Et puis, il multiplie les espèces comme à plaisir, la moindre différence de coloration ou d'habitat devenant un prétexte à une nou- velle espèce; aussi le genre Gamasus, dans sa moraenclature, en comprend-il à lui seul soixante-quatre ! Les travaux de Koch, malgré leur volumineuse étendue, ne sont pas un progrès, tant s'en faut, sur ceux de Dugès. Un auteur beaucoup plus récent, Kolenati [Comptes rendus de VAcad. des se. de Vienne, 1858, t. XXXIII et 1859, t. XXXV), dans un travail de mo- menclature sur les Arachnides parasites des petits mammifères, fait encore une douzaine d'espèces, réparties dans deux genres de larves hexapodes de Ga- masidés qui vivent temporairement ou d'une manière permanente sur les micromammifères et qui sont les mômes qui avaient déjà donné lieu au genre Caris de Latreille supprime par Dugès. CHAPITRE V. situation des organes sexuels et de ceux qui caractérisent le jeune fige, on ne trouve plus aucune indication de ce genre dans les autres espèces, et cependant nous avons démontré, dans notre travail sur les Hypopes (1), qu'il n'est plus possible maintenant de déterminer exactement une espèce, si on ne connaît tous ses représentants aux divers âges et dans les deux sexes, car ces représentants diffèrent souvent les uns des autres au point que rien dans leur aspect ne fait soupçonner leur étroite parenté. C'est pour avoir ignoré ce fait que Koch, Dugès, Latreille, Hermann, De Geer, et môme Linnée, ont pris pour des types d'espèces et môme de genres, soit des mâles,' soit des femelles, soit môme de simples nymphes : ainsi, la plus ancienne espèce de cette famille, celle qui lui a servi de fondement, le Gama- sus coleopteratorun de Latreille et de Dugès, l'ancien Amrus coleopte- ratorum de Linnée, n'est qu'une nymphe, c'est-à-dire un individu non sexué et imparfait, et la division en deux parties de son plas- tron dorsal, que l'on a pris pour un caractère spécial du genre Ga- mase, disparaît à l'âge adulte. Le Gamasus crassipes et le Gamasus testudmariiis sont, le premier, le mâle, le second, la femelle de l'espèce dont le Gamasus coleopteratorum est la nymphe. Le Gamasus tetragonoîde est le mâle du Gamasus celîaris qui est une femelle. Le Gamase bordé doit son nom à un caractère qui est commun au plus grand nombre des femelles du genre Gamase. Enfin l'Uropoda vege- tans de de Geer n'est qu'une nymphe munie d'un appareil d'adhé- rence qui lui permet de s'attacher solidement aux insectes à tégu- ments lisses, appareil qui disparaît à l'âge adulte. Ajoutons encore que les genres Holotryrus (P. Gervais) et Cryptostoma (Rob. Dév.) qui ont été créés pour des Acariens parasites ne sont autres, le premier que le Gamasus gigas de Dugès et le second que notre Gatnasus pteroptoides ou notre Gamasus dermanyssoîdes. Ces exemples suffisent pour montrer la nécessité d'une révision complète de la famille des Gamasidés, basée sur l'organisation. C'est l'objet du travail que nous avons publié en 1876 dans le jour- nal de M. le professeur Ch. Robin et qui comprend : i° L'anatomie et la physiologie des Acariens de cette famille ; 2° Leur classification basée exclusivement sur leurs affinités ana- tomiques ; 3° La preuve que les Gamasidés forment une transition très natu- relle entre les insectes hexapodes et les Arachnides attendu qu'ils montrent réunis des détails anatomiques appartenant aux deux classes ; 4° Enfin l'établissement du fait que le parasitisme des Gamascs et des Uropodes sur les insectes, est l'apanage exclusif des nymphes ou des jeunes femelles fécondées, et que ce parasitisme, dans lequel (1) Journal de l'Anatomie de M. Ch. Robin, t. X, 1874, p. 225 et suivantes. ACARIENS. l'acarien n'emprunte à son hôte que le véhicule, comme font les hypopes des Tyroglyphes, est un moyen de dissémination et de con- servation de l'espèce. Les Gamases de cette catégorie et les Uropodes sont donc de faux parasites. Le genre Gamase n'offre de vrais para- sites que deux espèces, les dernières du genre, que l'on a confondu jusqu'ici soit avec les Pteroptcs, soit avec les Dermanysses et qui sont pourtant bien de vrais Gamases, comme nous le montrerons tout à l'heure. Nous avons nommé l'une de ces espèces Gamasus pteroptoîcles et elle vit en vrai parasite sur les petits rongeurs et les chauve-souris ; nous avons nommé l'autre Gamasus dermanyssoîdes et nous l'avons trouvé sur de petits oiseaux et de petits mammifères. », Voici d'après les éludes approfondies que nous avons faites des Acariens de celte famille les caractères généraux des Gamasidées : Acariens aveugles à téguments coriaces en tout ou en partie; à rostre plus complet que celui des autres Arachnides, accompagné d'un menton mobile et composé: 1° de deux maxilles à pointes libres soudées dans leur moitié postérieure et unies supérieurement, de manière à former un tube complet, a un labre festonné diversement suivant les espèces, maxilles portant une paire de galea articulées, mobiles, à côté d'une paire de palpes maxillaires anlenniformes à cinq articles simples; 2° d'une languette triangulaire allongée à pointe simple ou fourchue et à bords velus, reposant sur le plancher fomé par les maxilles soudées ; 3° d'une paire de mandibules en pinces didactiles généralement dissemblables dans les deux sexes, quelquefois profondément modifiées et réduites à l'état de long stylet, imaginées, très exsertiles et portées sur un long stype arti- culé dans la moitié de sa longueur. Pattes à six articles, à tarse sub- articulé près de sa base et terminé par une paire de crochets accompa- gnés d'une caroncule membraneuse trilobée. Système respiratoire trachéen très visible, aboutissant à une paire de stigmates, situés entre et derrière les pattes postérieures, et protégés par un péritrème tubulaire très long, couché le long et au-dessus des hanches, et dirigé en avant. Appareil digestif simple à deux vitesti^is latéraux symétriques souvent anastomosés. Organe sexuel mâle émergeant d'une ouverture circulaire taillée dans le plastron sternal près du bord antérieur; organe sexuel femelle, aussi sternal, mais plus en arrière que l'organe mâle sous forme d'une grande, ouverture triangulaire fermée par un clapet, ou une ouver- ture trapézoïdale fermée par une membrane plissée. Acariens pour la plu- part ovo-vivipares donnant naissance à des larves hexapodes ou même octopodes. Nous reconnaissons dans la famille des Gamasidés quatre genres déjà établis par Dugès, dont les rapports sont posés dans le tableau suivant. On remarquera que nous avons retranché de cette famiUe le genre Argas qui, malgré ses palpes anlenniformes, appartient bien à la famille des Ixodidés, comme nous le montrerons plus loin. ''2 CHAPITRE V. Nicolet, dans sa monographie des Oribalidés, parle aussi incidem ment d'un Acarien du genre Stegocephalus et de la famille des GamT sidés qui vu en parasite sur certains Oribates « les a aguantTux" articulations et à l'insertion des pattes au moyen d'un sucSon J . Nous avons tout lieu de croire. - et le no'm qu'i^dre é té! tendu Gamaside nous confirme dans cette opinion - que ce parasite des Onbates n'est autre que l'hypope de notre TyrollyZf osZ serratus qu'on rencontre fréquemment dans les mousses et le ter- reau humide, attaché aux téguments de divers Oribatides, de Ga- mases dUropodes, aussi bien que de Scolopendres et de petits Coléoptères. Dujardin avait déjà pris cet hypope pour un Gamase à son premier âge; sa forme et ses téguments coriaces donnent la raison de cette tendance de l'esprit à le rapprocher des Acariens dont nous nous occupons ici. Voici le tableau des divisions do la famille des Gamasidés, tableau qui est en môme temps un résumé des caractères génériques : / Plastrons soudés par leurs bords dans les deux sexes, dépassaul le corps latéralement et présentant inférieu- , j rement des loges où se dissimulent Téguraentsdu^ les pattes quand elles se rétractent. a- Rostre rélractile pouvant se cacher nt complètemont entre l'épistome et les hanches contiguës de la première paire qui, unies au menton, jouent le rôle de lèvre inférieure. Stigma- tes se montrant entre la 2" et la 3" paire de pattes mais restant sous- tégumenlaires ainsi que leur péri- Pattes à han ches conti guës , for mant un seul groupe cé- phalothora - cique; la pre- mière paire pal pi forme , à hanches li- bres ou réu- nies au men ton et cons tituant alors une vérita- ble lèvre, et la première P- de pattes de vrais pal pes labiaux Péritrèmo tu bulaire s'ou-1 vrant à la base du ros- tre.Embryon hexapode.. .' tronc coria ces, forma deux plas- trons, un su- périeur, un inférieur,qui couvrent ou dépassent . même le/ trème tronc. Faux parasitisme présenté sur tout par les nymphes et ll'lastrons ne dépassant plus le corps ayant les in-I soudés par leurs bords chez les mâles, et unis par une membrane extensible chez la plupart des fe- nielles. Pattes et rostre non rélrac- tiles. Stigmates s'ouvrant entre la 3" et la 4» paire de pattes, leur péri- trème tubuleux rampant superfî- ciellenient à la limite des deux plastrons Uropoda. (Trois es- pèces bien détermi- nées jusqu'à pré- sent.) sectes ou les petits mam- mifères pour objet .... Gamasus. (Treize es- pèces réparties en- tre quatre tribus.) Téguments du tronc en grande partie membraneux, présentant aussi deux petits plastrons lyriformes, un supérieur et un inférieur. Parasitisme inter- mittent, s'exerçant à tous les âges et ayant les oiseaux pour objet Dermanyssus. espèces.) (Trois Pattes réparties en deux groupes, très volumineuses et toutes sem- blables; péritrème tubulaire s'ouvrant entre les deux groupes de pattes. Embryon octopode. Parasitisme complet et permanent, s'exerçant aux dépens des chauves-souris Pteroptus, pèce.) (1) (Une (1) 5i nous ne citons qu'une espèce de Ptéropte, c'est que nous n'en con- ACARIENS. H3 Le genre Uropoda ne nous offre aucun intérêt au point de vue de la Dermatologie comparée, attendu que toutes les espèces qu'il com- prend vivent dans des détritus de matières végétales en décomposi- tion, ou s'attachent, à l'état de nymphe, à d'autres insectes. Le genre Gamasiis nous offre, parmi ses nombreuses espèces, deux espèces parasites des petits mammifères et des oiseaux; le genre Bermamjs- sus et le genre Pteroptus ayant toutes leurs espèces parasites. Nous aurons donc à nous occuper de ces trois genres (J). II;.. Genre GAMASUS (Latreille). — Ce genre, qui a pour caractère d'avoir le corps recouvert de téguments entièrement ou en grande partie coriaces, d'avoir des mandiljules chéliformes semblables dans les deux sexes ou peu différentes, d'être ovovivipares et d'avoir des larves hexapodes, peut être subdivisé en cinq sections ou sous-genres qui diffèrent entre eux par les caractères exposés au tableau ci-dessous : 1" SECTION : /Rostre infère re-/''^"'"''^ piriforme à plas- ' couvert par l'é-l '','''"^.°"î"^'"'^f''<="' soudés aussi bien - ^^\*\.t\^ij (tucoi Ul' pistome quel'ex-1 femelle que chez le niàlc.. tréniité des pal-/ DOS dépasse seu-\ le; nvraphes àJ„„ i .• . , i - ■.^.o.iui' plastron dorsal/ '^'^'"P^ aplati, a plastrons unis pari entier J cKrfcmX"'*'"^'''''^ ''''''''''''"1 ^' (^'«^S»'" G. Lagenarius. (Dugès.) G. Rotondatus. (Dugès.) 2" SECTION : G. Gigas. (Dugès.) 3» SECTION : Deuxième paire de pattes très volumi- / ncuse et tuberculeuse à la cuisse qui fait pince avec le tarse chez le màle ; G. Ftmgorum. (Méffuiu 1 un peu plus grosse mais de forme ordi- IMeguiu.j naiie chez la femelle; première paire G. Cellaris fMéen ex T atr > grêle, très longue, palpi forme, sou-, ^ ^ vent sans crochets chez la femelle ;\ G. fforticola. {men. oxKoch.) quatrième paire plus longue que les, moyennes, presque aussi longue quel G. Speleus. (Méenin la première ; nymphes ayant le plas-' lii»-gnin troa dorsal divisé en deux parties. Rostre découvert, terminal, dépas- sant presqu'en/ entier l'épistome;/ h^,7''divi/'"'"P«îème paire de/ entrer Pattes semblable Mandibules chéli I dans les deuxl fèi'es robustes, 1 sexes ; premicrci Ganiasidés vaga- paire de môme volume que la suivante, sub- égales ou pIusJ grandes; nym-lMandibulcs chéli-l phes à plastron! fèrcs grêles ; Ga-J dorsal entier. . .1 masidés parasi-i V tes / t.aniasidésvaga-1 ^ bonds / G. G, Copromorgus. (Mégnin.) 4» SECTION : G. Fenilis. (Méguin.) Nanus. (Mégnin.) Yiridis. (Mégnin.) 5" SECTION : Pleroptoïdes. (Mégnin.) l Oermanyssoîdcs. [msn'm ) aissons encore qu'une de" bien déterminée dans les deux sexP. Pt H.nc 'mZZ\ î""' ^'"^ --entdo„néi?euà, Sut^^^^^^^^ ifferentes. Nous ne nions pas néanmoins que d'autres esnPrP, ni ^^?^'^^^ ■cuver place dans ce genre, entre autres anHoin Tïme L nu - 3.18 da,3 , deKolenati, aurait l'abdomen spatule ' ' i'our 1 organisation et la physiologie des fiamasifl/^» a,.. n Megnin. - Les Parasites. 8 H4 CIlAPITllE V. Les deux dernières espèces seules du genre Gamasus nous intéres- sant, nous allons décrire seulement celles-là. Ciamase ptcroptoVtle {Gamasus ptcroptoîdes , Mégnin) (fig. 43). — Corps de couleur brune; rostre petit, serré entre les hanches de la première patte, à mandibules slyli formes, mais néanmoins terminées par une pince à doigts grêles et pointus, un peu courbés, sans dentelures, égaux chez la femelle, iné- gaux chez le mâle, le doigt mobile étant plus court que l'autre. Pattes très grandes et épaissçs,'( surtout celles de la première paire, terminées par de grands ongles et une grande caroncule, rappelant celles des Pleroptes ; plas- trons, peu distincts, d'un tiers plus étroit que la surface du corps entier, l'inférieur de la femelle étant interrompu dans son milieu par une surface en demi-lune membraneuse, plissée, qui n'est autre que l'oviducte, comme chez tous les Gamases des deux dernières sections. Femelle : longue de 0--,S5, large [de 0--30; mâle O-nm 45, large de O-^-^.SO. , . . - a Ce Gamase par sa couleur et ses pattes robustes, et armées de erands ongles et son rostre petit, rappelle les Pleroptes avec lesquels.- les Quelques auteurs qui les ont vus, les ont jusqu'à présent confon- dus mais tout le reste de son organisation, ses plastrons, et surtoutt ses mandibules, ne permettent pas de le séparer des Gamases. Ce parasite vit d'une manière permanente au fond des poils des ■ uetits rongeurs, mulots et lapins, ainsi que de quelques chauve- souris en absorbant non seulement les exsudations cutanées, mais - aussi le sang qu'il obtient en piquant la peau de ses mandibules. «amase dcrmanyssoïde (Gamasus dermanyssoîdes, Uégnin). Synn. ' .o,c nnrnifex Koch. — Ce GamasB a ordinairement une cou-- au sang dont il se repai. .Jeun, il est b™„. Le eorps esue ungulaire à angles forlemenl arrondis che. la femelle, , rélrée?en arrlire ehez le màle, à roslre plus grand que ohe. le pre- céden "palloB plus grêles, à mandibules semblables, c'est-à-d» en Fig. 43. — Gamasus pteroptoides a, une de ses deux mandibules. — b, une de celles du mâle. long de ACARIENS. ni) pinces stylifornies, seulementellessontsemblables dans les deux sexes. Femelle : longue de 0'^^,lb, large deO-'-^jSO ; màle : long de 0'"'°,60, large de 0"'n,2i). Vil sur le serin et d'autres petits oiseaux de volières, et sur des petits rongeurs ; nous l'avons aussi trouvé sur la Pipistrelle et sur le Desman . Il ressemble tellement, à première vue, à un véritable Dermanysse I qu'on l'a jusqu'à aujourd'hui confondu avec les Acariens du genre suivant. 11 n'y a, en efTet, que le microscope qui permette d'apprécier la grande différence que présentent les mandibules, ce qui force à j les ranger parmi les Gamases et non parmi les Dermanysses. Genre DERMANYSSUS (Dugès). (Pl. I). - Téguments mous, fine- ment striés à l'exception de deux petits plastrons : un inférieur et un I supérieur, transparents comme les téguments, lyriformes, mais inver- ! sèment tournés ; le supérieur, le plus grand, ayant sa partie élargie I en avant, l'inférieur l'ayant en arrière; ce dernier, interrompu à la I hauteur de la troisième paire de pattes chez la femelle, pour faire place à l'oviducte, et séparé aussi du petit plastron triangulaire anal I avec lequel il ne forme qu'un chez le mfile. Mandibules transformées sur un long stilet filiforme chez la femelle, en une dague lancéolée et articulée chez le mâle. Génération ovipare; larves hexapodes. Dermanysse .les poulaillers (Derma?Z2/sSMSÊ/a«ïr?«, de Geer) (PI I) - Corps ovopiriforme, à grosse extrémité postérieure, un peu aniali de dessus en dessous, de couleur blanc-jaunâtre à jeun, et rou-e- sang quand l'animalcule est repus, avec un dessin noir en forme °de lyre qu, n est autre que le tube intestinal qu'on voit par transparence. Femelle, longueur O-^m.TO, largeur 0^^,iO Mâle, — 0™'",()0, — 0™™'32 Nymphe, — 0°"",40, — O-n^^lg C*^uf, — 0™°',25, — Onim^lS Animalcules noctambules qui restent tapis dans les fissures ou an- . ractuosues des parois ou des perchoirs des poulaillers ou des co lombiers pendant le jour, et se répand sur les volatiles et autres ïammaux du voisinage pendant la nuit pour se repaître de Lj/s;^^^^^ I Bermanyssc des hirondelles {Dermanyssus hirundinis, de Geer) _ Diffère de l'espèce précédente par ses dimensions qui sont doubleT Sacée. '''' - couleur brun-' Femelle, longueur i^^,iO, largeur, 0°>m gg Mâle, ~ l'"°',20, — O'^^'ei QEuf, _ Qmm^^o, - o«VO Cette espèce habite les nids d'hirondeUes et a les mêmes mœurs IIG CHAPITRE V. que la précédente, mais on ne l'a pas encore rencontrée jusqu'à pré- sent sur des animaux domestiques ou des oiseaux d'utilité ou d'agré- ment. l>crmanysse «les oiseaux {Bermanyssus avium, de Geer). — Celle espèce lient le milieu entre les deux espèces précédentes pour la grandeur et pour les caractères de son périlrème. Couleur grisâtre à tache lyriforme dorsale noire. Femelle, longueur l^^jOO, largeur O^^jGo Mâle, — 0™'",80, — 0™",4o CEuf, — O'"'^,3o, — 0'°",20 Ce Dermanysse habite les cannes creuses qui servent de perchoirs dans les cages des petits oiseaux et se répand sur eux pendant 1 nuit. Genre PTEROPTUS (L. Dufour). Syn. Spinturnix, Heyden ; Cele niPES, Montagu. — Rostre très pelit ; pattes énormes réparties en deu groupes, un antérieur, un postérieur, terminées par d'énormes cro chets et une grande caroncule; ces pattes, surtout celles de la pre mière et de la quatrième 43aire qui sont les plus grandes, dépassen en longueur près de deux fois la largeur du corps chez le mâle, et une fois 1 /b cette môme largeur chez la femelle qui a le corps beaucoup plus grand que le mâle. Périlrème des stigmates contournant la troi- sième hanche et s'arrêtant entre les deux groupes de pattes. Plastron dorsal ovale et entier chez le mâle, et divisé en cinq segments dont un grand antérieur et impair chez la femelle; plastron inférieur, entier, polygonal et petit dans les deux sexes, surtout chez la fe- melle. Anus à prolongement tubulaire. Ovovivipare; larve octopode. Nous ne connaissons jusqu'à présent, en France, qu'une espèce à ce genre, c'est la suivante : Pteropte des cbauves-soiiris {Pteroptus vespertilmiis, L. Duf.). Synn. Acarws vespertilionis, Herm.; Celeripes vespertilionis, Montagu. — Corps rhomboïdal à extrémité postérieure très étroite chez le mâle, large et arrondie chez la femelle : couleur enfumée clair avec un dessin lyriforme noir, qui n'est autre que l'intestin vu par transpa- rence. Soies fortes, longues et fournies sur les membres des deux- sexes et au bord abdominal de la femelle. Femelle, longue de large de 1^^,10, sans les pattes. Mâle, - 0--,90, - 0--,70, - Embryon naissant, long de O-^^CS, large de 0^^,^8, sans les patte?. Ce parasite vit en colonies complètes dans les plis des ailes mem- braneuses des chauves-souris et se déplace en courant de côté, comme i ACARIENS. 117 les Hippobosques, et les Crabes, avec une certaine rapidité. On ne l'a pas encore vu sur d'autres animaux que les micro-mammifères ailés. 2. — Famille des IXODIDÉS. Le nom d'Ixodcs (1) a été donné par Latreille à un Acarien connu depuis longtemps, puisque Aristote en parle déjà sous le nom de Jtuvo- paiarr.î (qui tourmente les chiens), mot dontHermann s'est servi pour créer le nom générique de Cynorœsles pour l'Acarien en question qui n'est autre que la vulgaire Tique des chiens. Cet Acarien avait été nommé Acariis ricinus par Linnée, et Acanis ricinoides par de Geer. Latreille reconnut la nécessité d'en faire le type d'un genre h part, mais il n'adopta pas le nom déjà créé par i Hermann; il lui préféra le nom Ixodes, comme plus court et plus I harmoniqixe. i Le groupe des Ixodes s'étant agrandi, Leach et Sondeval jugèrent 1 nécessaire de l'ériger en tribu sous le nom de tribu des Ixodides, et, ( pour la môme raison, Dugès en fit la famille des Ixodés. Nous accep- j tons la famille de Dugès en modifiant légèrement la terminaison du i nom et nous la regardons comme composée de deux tribus ; la pre- I mière, celle des Ixodides, de Leach ; la seconde, celle des Argasides, I composée du genre Argas, que beaucoup d'auteurs et Dugès lui-même, ont regardé comme appartenant au groupe des Gamasidés en raison de ses palpes maxillaires cylindriques, mais que tout le reste de l'or- ganisation relie aux Ixodidés. Les caractères de la famille des Ixodidés sont les suivants : ( Acariens à rostre sans lèvre mobile, comiwsé : i° de deux maxilles I so2idées dans toute la longueur à une languette et à une lèvre formant un tout indivis, un dard rigide, lancéolé ou sipatuliforme, portant infé- \ rieurement et quelquefois sur les bords des rangées de dents à poiiites i rétrogrades en nombre variable suivant les espèces ; 2° de deux palpes i maxillaires quadri-articulées, cylindriques ou aplaties, ou creusées en ' gouttières à leur face interne, de manière à former par leur rapproche- > ment une gaine en deux parties ou valves, enveloppant le dard dans le repos ; 3° de deux mandibules terminées en harpon à triple ou quadruple crochets inégaux articulé sur une longue tige glissant sur la face supé- rieure du dard barbelé et enveloppées ou non d'une gaine membraneuse ■ chagrinée. Ce rostre est infère ou marginal ; dans le premier cas il s'insère : directement au tégument, dans le second cas, il s'articule à un écusson i céphalo-thoracique, polygonal, d'étendue, de forme, de couleur et d'or- nementation variant selon les espèces, petit chez la femelle et ne dépassant pas le thorax, grand chez le mâle dont il couvre toute la face supérieure I (I) De IÇoSeç visqueux, gluant. i 1*8 CHAPITRE V. du corps, et portant prés des bords latéraux, à la hauteur de la deuxième ^q^dTetilieT ^"^''^ ^'^'"^ ''""P^"'^ Pattes à six articles, dont les hanches immobUes sont fixées directe- ment sur le tégument thoracique, terminées par un ambulaere constitué par une paire de crochets et une caroncule entière se plissant en éven- tait. Systkme i,ESPiBATOinE TRACHÉEN aboutissant à une paire de, stigmates situés en arrière de la dernière paire de pattes et protégés par un pébi- THRÈUE discoîdal percé en écumoire, absent chez les larves. digestif sacciforme, lobé, à lobes symétriques rayonnants et digités. Organe sexuel male émergeant, comme chez les Gamases, dune ouver- ture circulaire située entre les hanches des premières paires de pattes, près et en arrière du bec. Oviducte sous forme d'une ouverture trans- versale plissèe située au même endroit chez la femelle. Acariens ovipares, pondant un très grand nombre d'oiufs. Les Ixodidés sont tous des acariens parasites temporaires, c'est-a- dire que, naissantloin des animaux, ils cherchent à s'y attacher dès qu'ils sont nés, pour s'en servir d'abord et surtout comme de véhi- cules (chez les larves), vivant ensuite, comme certaines nymphes, de la petite quantité de suppuration provoquée par la présence de leur rostre barbelé planté dans la peau ; enfin, absorbant une grande quantité de sang pur à l'état de femelle fécondée. C'est à ce sang que la femelle, et la femelle fécondée seule, doit de prendre un volume décuple de son volume primitif, et cette quantité de sang lui est né- cessaire pour amener à bien les milliers d'œufs qui remplissent son corps et qui se substituent en quelque sorte à ce sang. Tous les animaux vertébrés terrestres sont exposés aux attaques des Ixodidés, mais ilnefautpas croire que les Ixodes fassent un choix parmi leurs victimes et que telle espèce d'Ixode corresponde exactement à telle espèce animale ; c'est une erreur, bien qu'elle soit générale- ment admise parmi les naturalistes et que nombre d'espèces d'Ixo- didés soient nommées d'après l'animal sur lequel on'les a trouvées. En effet, nous avons retrouvé plusieurs fois la même espèce sur les animaux les plus dissemblables appartenant à des ordres et même à des classes différentes. Cette indifférence pour les espèces animales se remarque surtout chez les larves, les nymphes et les mâles; quant aux femelles, elles choisissent des quadrupèdes en rapport avec leur taille, et, plus elles appartiennent à une grande espèce, plus elles chercheront à s'atta- cher à un grand mammifère, chez lequel leur instinct leur dit qu'elles pourront faire une ample provision de sang. Bien qu'il y ait des espèces cosmopolites, les Ixodidés sont généra- ACARIENS. 119 lement confinés dans certaines régions et les espèces d'un pays ou d'un continent diffèrent généralement des espèces d'autres pays ou d'autres continents. Quoi qu'il en soit, les Ixodes abondent dans les terrains couverts de roseaux, de broussailles ou de hautes herbes ; ils s'accrochent aux animaux qui passent et l'homme lui-môme n'est pas à l'abri des atteintes des femelles fécondées qui sont les plus ardentes à la curée. Quand ces femelles sont repues et qu'elles ont pris l'aspect d'un grain de ricin, d'une olive et môme d'une muscade, — bien que quand elles se sont attachées à l'être dont elles veulent aspirer le sang, elles soient souvent à peine grosses comme une graine de lin; — quand elles sont repues, disons-nous, elles retirent leur rostre, se laissent tomber à terre, cherchent un petit coin retiré comme le pied d'un , arbuste, et là, pondent leurs innombrables œufs en un tas dans \ lequel elles ont le bec comme enfoncé, — c'est ce qui fit croire au- trefois qu'elles pondaient par la bouche, erreur quia été reconnue par M. H. Lucas il y a une quarantaine d'années (1). — Quand la ponte est finie, opération qui dure de quinze à vingt-cinq jours, l'ixo- didé femelle est presque revenue à son volume primitif; elle ressemble alors à un petit sac vide et tout ratatiné, et elle meurt. Les jeunes larves éclosent des œufs au bout de huit à quinze jours ; elles sont hexapodes, très petites, de couleur roux clair, et se répan- dent immédiatement aux environs en cherchant à s'élever sur les objets à leur portée ; elles peuvent vivre des mois sans manger et, avant de se transformer en nymphes octopodes, on les trouve sou- vent dans les poils des petits rongeurs, campagnols, muscardins, I lièvres ou lapins, mais en général non fixées et conservant leur cou- leur claire. Comme nous n'avons jamais pu rencontrer sur des ani- maux des larves se transformant en nymphes, nous supposons que cette métamorphose se fait par terre. Les nymphes sont un peu plus grandes que les larves, auxquelles : elles ressemblent du reste parfaitement, si ce n'est qu'elles ont huit pattes. On les distingue des Ixodidés parfaits en ce qu'elles n'ont pas d'organes sexuels ; mais elles ont des stigmates respiratoires que n'ont pas encore les larves. A cet âge, l'appétit commence seulement j à se développer et elles plantent leur rostre dans la peau des animaux auxquels elles s'attachent ; bien mieux, certaines nymphes pénè- trent entièrement sous k peau et leur présence provoque l'apparition de véritables pustules. Elles vivent alors de la suppuration que leur •■ présence détermine et qu'elles absorbent sans se gonfler ni changer de volume. Généralement elles s'attachent à de petits animaux parle rostre seulement, et elles absorbent du sang, ce qui fait augmenter (1) Ann. soc. entom. de France, 1830, p. 630. i CHAPITRE V. leur taille, au plus, du double, et ce qui leur donne une couleur noirâtre Les nymphes se transforment en mules et en femelles pendant Z.rTZ7 "u" '''''' ''''''' de l'animal. Le mai s et es femelles se rencontrent souvent accouplés sur les ani- maux , cet accouplement a été longtemps méconnu, et nous sommes môme le premier à le décrire positivement : on avait bien ren^m é quelquefois de petits kodes noirs attachés à des Ixodcs plus grands en voie de se gonfler de sang et ayant par conséquent leur rostre plante dans les téguments de leur victime ; le petit Ixode, lui, avait son rostre planté dans le corps du grand et on croyait qu'il le suçait bon rostre, ici, n'est que le guide de l'organe copulateur qui émerge de sa base, et ce rostre est en môme temps un moyen d'adhérence intime entre le mâle et la femelle. Les mâles à la recherche des femelles se servent de tous les ani- maux possibles comme véhicules; nous en avons souvent rencontré sur des reptiles, sur des lézards surtout ; en Afrique, la tortue mauri- tanique sert ordinairement de moyen de transport au mâle d'une grande espèce d'Ixode {I. Mgyptius), dont la femelle recherche ordi- nairement les bœufs d'Algérie. Nous l'avons aussi trouvé sur ces bœufs plusieurs semaines avant que les femelles n'y apparaissent et la région des aînés est celle qu'ils affectionnent, comme aussi les femelles, sans doute parce que dans ces parties ils y sont à l'abri de toute atteinte de la queue et de la langue, et que la peau, y étant très fine, ils la percent plus facilement. Les mâles que nous avons trouvés plantés sur des tortues, des lézards ou des quadrupèdes, il nous a été impossible de nous assurer s'ils absorbent ou non quelque chose, car ils restent parfaitement plats et de volume complètement invariable! La famille des Ixodidés se divise, comme nous l'avons dit, en deux tribus : celle des Ixodidés et celle des Argasides. a. — Tribu des Ixodidés. La tribu des Ixodidés correspond à la famille des Ixodés de Dugès et à la tribu des Ixodidés de Leach et Sondeval; elle comprend tous les Ixodidés à palpes maxillaires plats ou valvés,non cylindriques, et à rostre terminal non infère, articulé à un écusson. On a déjà essayé de subdiviser en plusieurs espèces génériques le genre Lxodes, qui constitue à lui seul la tribu des Ixodidés ; ainsi Koch (I) l'a partagé en quatre genres qui âont : Le genre if2/«/omwa, comprenant 10 espèces. Le genre Haemalostor — \ espèce. Le genre Amblyomma — 47 espèces. Et le genre lxodes — 32 — (1) Archives d'Erichson. i ACARIENS. 121 Comme les différences qu'il invoque pour justifier cette division sont le plus souvent des différences sexuelles ou dépendantes de l'âge et que ses innombrables espèces n'ont pour base le plus sou- vent que des différences d'habitat, lequel, comme nous l'avons déjà dit, est des plus inconstants, nous ne citons la tentative de Koch que pour mémoire, et nous continuerons à considérer la tribu des j Ixodides comme composée du seul genre Ixodes, qui concentre en lui i seul tous les caractères de la tribu. Genre IXODES (Latreille). Syn. Cynoch.ustes, Hermann. — Ixodidés à corps aplati, ovalaire ou trapézoïdal, allongé ou élargi ; souvent fes- i tonné au bord postérieur et à angles arrondis chez les mâles qui ont, I en plus, la face supérieure entièrement coriace ; rectangulaire à angles arrondis, à petit écusson céphalo-lhoracique polygonal chez les femelles. Rostre terminal, c'est-à-dire dont la base est insérée dans une fossette de la face antérieure du céphalo-thorax articulée » supérieurement avec l'écusson ; à dard maxillo-labial couvert en drssous de 4 à 10 rangées d'épines à pointes rétrogrades ; pa/pes I maxillaires épais ou aplatis en forme de lames de rasoir, quadri-arti- 1 culés plus ou moins distinctement, généralement creusés à leur bord interne en gouttière valvaire ; mandibules en baguettes allon- gées terminées par un harpon articulé. Yeux simples sur le plastron près du bord interne à la hauteur de la deuxième paire de pattes, ou nuls. Torses simples, toujours mono- ou bi-dentés inférieurement près de la pointe chez les mâles et quelquefois chez les femelles, ter- minés par un ambulacre à deux crochets et à caroncule plissée en : éventail. I Le genre Ixodes est susceptible d'être divisé en plusieurs sections ou sous-genres en se basant sur la présence ou l'absence des yeux sur la forme valvée ou simplement aplatie des palpes maxillaires,' sur la simihtude ou la dissimilitude du dard maxillo-labial dans les deux sexes, etc., etc. Mais nous ne donnerons pas ici cette division complète, ni la description de toutes les espèces que nous connais- sons et que nous avons collectionnées en France, ou qui nous viennent de l'étranger, parce que les Ixodes, bien que tous parasites, m ont qu une importance secondaire en dermatologie comparée au moins dans nos pays, et que les mœurs et le mode d'action sont' les mêmes chez toutes. Ce que nous dirons donc de quelques-unes pourra en quelque sorte s'appliquer à toutes, tout au moins en ce qui regarde les mœurs ; et les cinq espèces que nous allons décrire sont les plus communes qui se rencontrent chez les animaux domes- tiques en France. î égyptien {Ixodes œgyptius, Audoin). (Pl. II). Synonymie : i 122 CHAPITRE V. ]xodes Savignyt, P. Gervais ; du miile seulement Acarus xgyptius, Linnée; Cynorhœstes aegypUus, Hermann (i). Caractères communs aux deux sexes. — Rostre saillant, long de 1"°°',50, grand, cjlindrique, nettement tronque, composé des deux palpes maxillaires valves, longs de 0">'",90 qui, rapprochés, constituent une véritable gaîne, renfermant le dard maxillo-labial qui est de la même longueur, et les mandibules ; ces palpes, carénés en dehors, creusés en gouttière en dedans, sont composés de 4 articles dont les deux intermédiaires, intimement soudés et continus, à bords pa- rallèles constituent presque tout l'organe, l'article basilaire étant petit et court, l'article terminal court en forme d'une papille velue, émergeant d'une fossette creusée près de l'extrémité et en dessous du troisième article ; dard maxillo-labial légèrement spatulé, plat en dessus et arrondi en dessous est muni à sa face inférieure de 4 ran- gées de dents aiguës à pointes rétrogrades, les plus grandes au tiers antérieur et près de la ligne médiane ; mandibules constituées par un harpon à trois crochets aigus à pointes dirigées en dehors, articulé à • l'extrémité d'une longue tige carrée, plate, glissant à la surface du dard et dans une gaîne membraneuse chagrinée qui est un prolon- gement du camérostome. Pattes sub-égales à hanches ovalaires, excepté la première paire qui est bifide, à 6 articles cylindriques colo- rés en brun à leur base et en jaunâtre à l'autre extrémité ; à tarses coniques, simples, bi-dentés à leur extrémité chez le mâle seulement, et inférieurement, aux trois dernières paires, et mono dentés à la pre- mière paire, celui de celte première paire renflée, terminé par un am- bulacre à grands crochets dépassant de moitié la caroncule. Anus en forme de petite plaque cornée fendue en diptyque, au milieu de la moi- tié inférieure abdominale. Stigmates en arrière des dernières hanches. Femelle à jeun. — Longue de 9™™, large de 7°"°, corps subcarré, plat, de couleur rougeâtre, plus claire en avant et pâle inférieurement, à bord postérieur partagé en huit segments par de petits traits clairs et courts, tégument flnement strié transversalement, semé de petits pores ponctiformes. Écusson noir, chagriné, eptagonal, sub- rhomboïdal, de 2™°i,7 de longueur sur 2™™, 2 de large, tronqué et échancré en carré en avant pour s'articuler avec le corps du rostre, présentant deux sillons qui partent des angles de l'échancrure, sont d'abord subparallèles, puis divergents vers les petits angles latéraux postérieurs, et une paire d'yeux simples dans une dépression près des grands angles latéraux ; pore vulvaire en forme de courte fente transversale sur une saillie du tégument, dont les phs convergent (1) La figure qu'Hermann donne de VEgyptien {Mém. apt., pl. 6, fig. 13), et que Bosclui a assure être VAcat-us egyptie?i de Linnée, trouvé par lui sur la tortue grecque, est bien le mâle de Y Exode égyptien d'Audouin si bien étudie par Savigny en Égypte. ACARIENS, 123 en cet endroit et qui est située inférieurement sur la ligne médiane entre les deux hanches bifurquées de la première paire de pattes et près du bec. Femelle fécondée et repue. — Longue de 24»», large de 15""", corps de forme rectangulaire arrondi, épais, décuple en volume de celui de la femelle précédente, de couleur gris rougeâtre de muscade en dessus, gris-bleuàtre en dessous, présentant deux sillons ou dépres- I sions divergentes en avant et trois en arrière, dont une médiane, se I formant et disparaissant alternativement et lentement ; stries et pores cutanés élargis, les derniers ordinairement couverts d'une goutte sudorale. La distance des hanches entre elles, qui étaient presque en contact, a triplé. Mâle. — Long de 8™™ sur 4™", 50 de large. — Dimensions et formes I constantes. Corps plat trapézoïdal allongé avec les angles et les côtés arrondis et le bord postérieur orné de 8 festons ou crénelures. Écusson noir, chagriné, très dur, couvrant toute la face supérieure du corps à l'exception de deux étroites bordures latérales blanc- jaunâtre, échancré en carré en avant comme chez la femelle et pré- I sentant deux sillons partant des angles de l'échancrure mais s'arrô- tant avant le milieu du corps et une paire d'yeux simples près du bord à la hauteur de la deuxième paire de pattes. Hanches des pattes infères et conliguës ; tégument inférieur blanc-jaunâtre finement strié transversalement, présentant en dedans de la ligne des hanches deux sillon parallèles qui se continuent chacun par une tache en demi-lune à extrémité foncée, circonscrivant une paire d'autres taches plus fon- cées en virgule renversée entre lesquelles se trouve l'anus ; en 1 arrière de cette deuxième paire de taches, deux points ronds noirs en saillie conique dirigée en arrière. Pore génital entre les hanches de la première paire de pattes très près du bec. Nymphe inconnue. Laj-ve. — Longue de 0»",70, large de 0"»,f)0, hexapode, à corps hé- misphérique surbaissé, testacé, à face supérieure aux deux tiers occupée par l'écusson céphalo-thoracique rhomboïdo-carré, à angles arron- dis, les angles latéraux occupés par des yeux doubles conligus, l'an- térieur plus petit. Absence complète de stigmates. OEur. — Long de 0°"",35, large de 0'"^,^0 presque sphérique, de couleur testacée. Eabitat. - Ce grand et bel Ixode, la plus grande espèce connue, est très commun, non seulement en Egypte où Savigny l'a étudié, mais encore dans le reste de l'Afrique et surtout en Algérie, où il est quel- quefois si nombreux sur les bœufs que, au témoignage de M. H. Lucas, on aurait vu de ces derniers mourir d'épuisement par leur fait. En effet, chaque femelle repue contient quatre centimètres cubes de sang, ' c'est-à-dire quatre grammes, et si on fait attention qu'elles sont sou- m CHAPITRE V. vent au nombre de plusieurs centaines sur un môme animal et que les repues qui se détachent sont continuellement remplacées par d'autres i\ jeun, et cela pendant toute la belle saison, on comprendra qu'elles arrivent h faire quelques victimes. Une seule femelle pond, ainsi que nous nous en sommes assuré, environ 12,000 œufs ; qu'on juge après cela de la quantité de ces parasites qui peuvent exister dans une contrée. Depuis quelques années le bétail de l'Algérie arrive régulièrement dans les abattoirs de la mère-patrie ; c'est ce qui fait que l'Ixode égyptien est devenu indigène en France et surtout dans le Midi ; aux environs de Marseille, où stationnent les bœufs d'Afrique avant de se répandre au loin ; nous en avons eu la preuve en recueillant sur un grand lézard vert, originaire de la Provence, des mâles de cet Ixode. A l'abattoir de Vincennes nous avons recueilli une grande quantité de ces parasites des deux sexes et nous avons pu faire un grand nombre d'éducations qui nous ont fixé sur un grand nombre de points de la physiologie des Ixodidés. Avant l'arrivée en Europe, du bétaQ d'Afrique, qui nous a apporté les deux sexes de cette espèce d'ixode, on avait vu souvent le mâle recueilli sur des tortues grecques ou mauritaniques, dans la peau du cou desquelles on le trouvait fixé ; c'est ainsi que Hermann, de Geer et même Linnée ont pu le posséder, mais comme ils ignoraient son sexe, ils l'ont considéré comme le type d'une espèce. Ixodc Alg^érien {Ixodes Algcriensis, nobis). — Cet Ixode ayant les mômes habitudes que le précédent, se trouvant sur les mômes animaux, et, étant de môme couleur, quoique d'une taille un peu plus petite, il a dû être toujours confondu avec le précédent ; il a cependant des caractères qui l'en distinguent nettement. Caractères communs aux deux sexes. — Rostre saillant, long de 1 mil- limètre en cône irrégulier et mutique ; h palpes maxillaires valvés, longs de 0"i™,50 enveloppant entièrement le da7% à articles très distincts, les intermédiaires, les plus grands, gibbeux et anguleux en dehors; premier article court et cylindrique, quatrième article petit, cylindrique, allongé, saillant d'une fossette creusée en dessous et près de l'extrémité du troisième article qu'il dépasse quand il est di- rigé en avant ; dard maxillo-labial, large, tronqué et arrondi, à six rangs de dents égales dans chaque rangée; mandibules terminées par un harpon à 4 dents, à gaine membraneuse chagrinée. Pattes, à hanches ovalaires, la première bifide, à six articles uniformément bruns, à tarses cyUndro-coniques, bi-dentés en dessous vers l'extré- mité chez le mâle seulement, dans les trois dernières paires, et mono- dentés à la première ; terminées par un ambulacre dont les crochets dépassent la caroncule d'un tiers de leur longueur. Anus comme dans l'espèce précédente. ACARIENS. Femelle à jeun. - Longue de 5™- large de 3-, corps plat sub- carré un peu allongé, de couleur rousse, festonné poslerieui^ment, à grand écusson rhomboïdal, carré, long de l--,60, large de —,80, à côtés postérieurs sinueux, occupant le quart environ de la face su- périeure du corps, largement échancré en carré en avant pour ar- liculalion avec le rostre, brun foncé présentant à sa surface deux sillons d'abord convergents puis divergents et une paire d'yeux sina- ples situés tout à fait aux angles externes. Pore vulvaire, stries et pores cutanés comme dans l'espèce précédente, visibles surtout dans l'état suivant. Femelle fécondée et repue. - Longue de 18--, large de 12-'-, corps de forme rectangulaire, arrondi, épais, plus globuleux que dans l'espèce précédente, décuple en volume de celui de la femelle àieun, de couleur gris rougeàtre de muscade en dessus, gris-bleua- tre en dessous, présentant deux sillons ou dépressions symétriques céphalo-thoraciques longitudinales, un peu divergentes, et trois abdo- minables dont une médiane, dépressions qui se répètent en dessus et en dessous; festons du bord postérieur effacés mais encore indiqués par des traits de couleur plus claire. Hanches écartées du triple de ce qu'elles étaient dans l'état précédent. Mâle. — Dimensions et formes constantes, long de b— ,80, large de 4—. Corps plat, trapézoïdal, allongé, h. surface et côtés arrondis, festonné postérieurement. Écusson brun-foncé chagriné couvrant toute la face supérieure du corps sans laisser aucune bordure blanche, creusé en arrière de dépressions correspondantes aux festons du bord ; deux courts sillons en avant partant des angles de l'échan- crure rostrale. Yeux situés au bord du plastron à la hauteur de la deuxième paire de pattes. Hanches des pattes infères et contiguës. Téguments inférieurs blanc-jaunàtres finement striés transversale- ment, présentant en dedans de la ligne des hanches et de chaque côté un sillon qui se continue sous l'abdomen par une seule paire de petites plaques chitineuses en demi-lune circonscrivant l'anus. Pore génital rond, chitineux, entre les hanches des deux premières paires de pattes. Nijmpkes inconnues. Larve, longue de 0— ,60, large de 0— ,60, hexapode, à corps hé- misphérique surbaissé, testacé, à face supérieure aux deux tiers oc- cupée par l'écusson céphalo-thoracique, rhomboïde, carré, à angles arrondis, les angles latéraux occupés par un œil simple. Absence complète de stigmates. (Euf, long de 0— ,4o, large de 0— ,40, presque sphérique, jaune testacé. Habitat. — Nous avons trouvé cetixode en très grand nombre sur des bœufs d'origine africaine, ordinairement en compagnie de l'espèce ■ CHAPITRE V. précédente qui élaU un peu plus rare. Les femelles étaient en com- pagnie de leurs maies et souvent accouplées. Nous avons au^si TZllncT'^' ''^^''^^^ -ts Ixodc de Dusè» (J. Dugesil, P. Gervais). _ Cette espèce, qui est commune dans le midi de la France, est la seule qu'ait conuue Dugès et encore n a-t-il vu que la femelle qu'il décrit et figure de façon à la reconnaître facilement, - il ne paraît pas soupçonner que le mâle fût différent. - Il 1 avait nommé Ixodes plumbeus, mais, comme ce nom ava.t deja été donné par Leach à un Ixode rencontré dans les nids de 1 hirondelle de rivage, bien que nous soupçonnions fort ce der- nier de n être qu'une nymphe de l'ixode reduve, nous adoptons le nom d Ixodes Dugesii que lui a donné pour cette raison P Ger- vais. Caractères communs aux deux sexes. - Rostre petit et peu saillant ongde0--,60, en cône mousse très surbaissé ■,palpes maxillaires courts longs de 0'-'»,30, un peu moins longs que le dard maxillo-labial peu valvés, à articles très distincts (fig. 4-i, B), le premier court, cylindrique les deux suivants polyédriques irréguliers, le dernier petit, cylindrique' infero-terminal; dard maxillo-labial un peu spatuliforme, à extrémité arrondie, à huit rangs de dents égales dans chaque rangée; mandi- bules ghssant chacune dans une gaîne chagrinée, terminée par un harpon articulé à quatre dents en deux groupes, les deux du groupe inférieur plus grandes que celles du groupe terminal. Pattes à six articles, à hanches ovalaires plaquées sur le tégument, distantes chez la femelle, contiguës chez le mâle ; articles uniformément bruns ; tarses cylindro-coniques, à extrémité dentée inférieurement chez les deux sexes, mono-dentée à la première paire, bi-dentées dans les suivantes; terminée par un ambulacre dont les crochets dépassent de moitié la- caroncule. Femelle fécondée, à jeun. — Longue de 6'^'^, large de 2™™, 50 ; corps de couleur roux pâle, aplati, allongé, rétréci postérieurement sans trace de festons, présentant en dessus et en dessous les mômes sil- lons déjà constatés chez les femelles des autres espèces. Ecusson long de 1>^'",20, large de i^-^, rectangulo-pentagonal, étroit et court à côtés latéraux parallèles, à angle postérieur arrondi et à côtés si- nueux, d'une couleur brun-noire mate chagrinée, fortement échancré en avant et en carré pour s'articuler avec le rostre ; yeux aux angles externes et postérieurs de l'écusson. Pore vulvaire et stries cutanées, comme chez toutes les femelles d'Ixodes. Femelle fécondée, repue. — Longue de 14™™, large de 8™™, corps épais, allongé, un peu aplati, semblable à un haricot sans hile qui aurait les côtés parallèles, de couleur plombée foncée, avec des sil- ACARIENS. Ions ou impressions longitudinales comme dans les premières espèces mais moins prononcés. Mâle. — Long de 2'^^,10, large de 2»°^,50, h corps subtriangulaire, a angleset côtés arrondis, surtout postérieurement. Ecusson recouvrant toute la face supérieure sans laisser de marge claire latéralement, de couleur brune foncée, lisse, brillant, et festonné postérieure ment, chaque intervalle de feston se continuant supérieurement par un sillon longitudinal s'éteignant au quart postérieur de l'écusson. Yeux simples au bord de l'écusson à la hauteur de la deuxième paire de pattes. Téguments inférieurs pâles, présentant de chaque côté de l'anus deux paires de plaques chitineuses arquées, de couleur roux foncé, étroites et égales. Pore génital rond, chitineux, en arrière du rostre à la hauteur de la deuxième paire de pattes. Nymphe. — Longue de 1 à 4'"°^, large de O-^^SSO, à 2^^,l\0; corps ovale, à écusson, rostre et pattes de môme volume et de môme forme que chez la larve mais ayant une paire de pattes de plus que celle-ci ; le tout plus foncé ; pas d'organes génitaux, mais des stigmates. La)-ve. — Longue de O-^^jSO, large de 0°>'",40, corps aplati de forme orbiculaire, un peu anguleux en avant, de couleur roux pâle, l'ab- domen plus clair; écusson cordiforme large et court ; rostre sembla- ble à celui des adultes, mais plus petit en tous sens ; pattes plus courtes et plus grôles, à tarse non denté. Pas d'organes génitaux, ni de stigmates respiratoires. CEuf. — Long de U™°',50, large de 0™",40, ovoïde, de couleur fauve foncée, lisse, luisant. Habitat. — Nous avons recueilli cet Ixode en abondance sur des moutons barbaresques et touaregs, et sur des bœufs d'Algérie et du Maroc amenés à l'abattoir militaire de Vincennes. Nous l'avons aussi recueilli sur des bœufs sardes et sur des bœufs auvergnats. Les deux sexes s'y trouvaient fréquemment accouplés et quelques nymphes y étaient mélangées aux adultes. Ixode rèiluYe {Ixodes rediivius, de Geer). — Rien dans les carac- tères que de Geer donne de son Ixode Reduve ne peut le faire distin- guer des quatre espèces que nous nommons Ixode ricin, Ixode Reduve, Ixode de Fabricius et Ixode à épaulettes, car toutes ont à peu près la môme couleur et s'attachent à l'état de femelle adulte et fécondée, — le seul que de Geer ait connu — , aux chiens, aux moutons, aux bœufs, aux cerfs et aux chevreuils ; nous donnons le nom d'Ixode Reduve à celui que nous avons rencontré le plus fréquemment sur les moutons et sous ce rapport nous nous trouvons en concordance avec de Geer (1). 0) VErode reduve d'Hermann est un niàle dune espèce indéterminée et Indéterminable, car les caractères qu'il en donne appartiennent aux mâles de plusieurs espèces (Voy. Méin. apt., p. G6). 128 CHAPITRE V. Caractères commims aux deux sexes. — Rostre grand saillant long de large à sa base de O-m/.o, cylindro-conique aplati de dessus eii dessous ; palpes maxillaires longs de 0«".,75, en lame de rasoir épais en dehors tranchants en dedans, à face inférieure déprimée légère ment excavée, à premier article court, cylindrique, les deuxième et troisième soudés mais laissant voir une fine ligne de démarcation et constituant par leur réunion presque tout l'organe ; quatrième article en forme de papille mousse, plate, ovalaire, velue, logée dans une lossette de la face inférieure et près de l'extrémité du troisième article ; dard maxUlo-labialla.ncéolé, à pointe anguleuse, à deux rangs de dents, une infère et une latérale, plus un petit rang interrompu en dedans de l'infère ; de chaque côté de la ligne médiane, les deux ran- gées latérales sont constituées par des dents très fortes et très aiguës beaucoup plus grandes que les autres ; mandibules sans gaine séparée glissant à la surface du dard et terminées par un harpon à cinq dents' progressivement plus grandes de la pointe à la base, et protégé par un capuchon ; pattes à six articles, à hanches ovalaires rectangulaires, les deux premières toujours en contact, à articles uniformément bruns^ à tarses longs, cylindre-coniques, non dentés ni dans un sexe ni dans l'autre, terminés par un ambulacre dont les crochets ne dépassent que peu la caroncule. Femelle à jeun. — Longue de i^^, large de Corps de couleur roux jaunâtre, pâle, ovale, aplati, sans traces de festons postérieure- ment. £cwsso?i presque régulièrement ovale un peu anguleux posté- rieurement, long de i°''^,55, large de 15, de couleur noire avec une étroite marge blanche en avant, semé de poils rares en quinconce avec quatre faibles dépressions symétriques en éventail en avant, sans yeux, échancré eu avant pour l'insertion du rostre ; pore vulvaire; stigmates anus et stries cutanés comme dans les espèces précédentes. Femelle fécondée, repue. — Longue de M millimètres, large de 7, corps épais, hsse, arrondi en tous sens, à peine un peu aplati infé- rieurement, ressemblant à un grain de ricin et de couleur plombée ; détails anatomiques comme chez la précédente, sauf des hanches des deux dernières paires de pattes qui se sont plus éloignées, les deux premières toujours réunies. Mâle. — Long de Z^^, large de 1^^, à corps triangulaire, aplati, très arrondi en arrière où il n'est pas festonné. Ecusson supérieur recouvrant tout le corps, sans marge, de couleur noire, présentant an- térieurement une partie lisse en forme de petit écusson céphalo-tho- racique inscrit dans le grand, la partie postérieure chagrinée très finement; sansyeux. Rostre et pattes comme chez la femelle. Face in- férieure de couleur rousse, sans plaque postérieure du côté de l'anus. Pore génital à la hauteur des hanches de la troisième paire de pattes. ACARIENS. 129 Nijmphc. — Longue de 1 à 3 millimètres, large de 0°i™,60 à 2°»°, de couleur variant du roux clair au brun foncé, marbrée symétriquement suivant qu'elle est à jeun ou repue ; reconnaissable à son petit écus- son ovale, lisse, de couleur roux clair, au reste de ses téguments fine- ment striés en travers et en zigzag. Rostre et pattes semblables à ceux des adultes mais de moindre proportion; anus et stigmates sem- blables aussi à ceux des adultes ; absence d'organes génitaux et d'yeux. Lanes. — Hexapodes, longues de 0»™,60, larges de 40; à corps hé- misphérique très surbaissé, testacé, à face supérieure divisée en deux parties presque égales, l'antérieure recouverte par l'écusson; absence de stigmates, rostre et pattes semblables à ceux de la nymphe.' Œuf. — Long de O-^-^.iO, large de 0™°',30, ovoïde, de couleur rousse. Habitat. — Nous avons recueilli très fréquemment et en grande quantité la femelle fécondée se gorgeant sur des bœufs et sur des moutons en France, surtout sur des bœufs d'Auvergne et des mou- tons du Nord, rarement sur des chiens et quelquefois sur des héris- sons. Nous avons trouvé le mâle assez souvent accouplé à celte fe- I melle sur les susdits quadrupèdes. Nous avons rencontré les nymphes sur une foule d'animaux de classes très différentes , reptiles, oiseaux, mammifères : ainsi nous l'avons trouvée fixée sur des lézards ocellés et des lézards verts, sur des verdiers et des goélands, sur des chauves- souris, des fouines, des hérissons, des lièvres, des écureuils, des che- vreuils et môme sur le cheval ; sur les petits animaux à peau mince cette nymphe introduit seulement son rostre dans les téguments chez les grandes pachydermes elle finit par percer la peau et se loger en- tièrement sous le tégument ou dans son épaisseur en déterminant par sa présence le développement d'une affection furonculeuse dont nous parlerons plus loin. C'est cette nymphe, prise pour unixode parfait, qui a donné lieu à la création d'espèces particuUères sous le nom d'Ixode du hérisson, d'Ixode à chappe, etc. qui doivent dis- paraître de la nomenclature des Ixodes. Nous avons rencontré la larve de la môme espèce fréquemment en compagnie de la nymphe, sur- tout chez les animaux qui rampent sur la terre ou qui s'y couchent comme les lézards, les hérissons, les lapins et les lièvres. Ixode ricin {Ixodes ricinus, Linn.). Syn. liicinus caninus, Rav. Ins. p . 10. - Tujue des chiens, Geoff. Ins. II, 021. _ Acarus ricinus: L - Acams ncinoîde de Geer. - Cynorhœstes ricinus, Herm Nous répéterons, à propos de cette espèce, ce que nous avons déjà dit a propos de la précédente, c'est quil est impossible de savoir exactement à quelle espèce les auteurs qui ont décrit Vlxode ncm avaient affaire, car la description qu'ils en donnent s'appli- que a plusieurs espèces difTérentes, et la preuve que, dès l'ori- MÉGNiN. — Les Parasites. 9 CHAPITRE V. cine ces auteurs ne s'entendaient pas eux-mômes, c'est que Hermann renroche à de Geer de confondre Vlxock ricin avec YIxode réduve, et voici les caractères qu'il donne du premier : .< d'un rouge jaunâtre une tache noire à la base du corps (probal)lement l'écusson) ; le bord de l'abdomen très entier, les antennes (palpes) plus grosses au mi- lieu .. • il ajoute qu'il se trouve dans les forûts, sur les chiens, les martes et les cerfs. Nous le répétons, ces caractères s'appliquent à plusieurs espèces bien distinctes, et pour nous tirer d'embarras nous applique- rons le nom à'ixode ricin à celle que nous avons trouvée le plus fré- quemment sur les chiens et le moins souvent sur d autres animaux. Cette espèce se distingue des précédentes en ce que la plus com- plète dissemblance existe entre les deux sexes dans la structure du rostre qui fournit les caractères spécifiques, au point que, si nous n'avions pas trouvé le mâle accouplé avec la femelle, certamement nous les aurions considérés comme appartenant à des espèces diffé- rentes. 11 n'y a donc point, comme dans les espèces différentes , de a^lctères Jommuns aux deux sexes, si ce n'estla conformation de^ pattes, qui sont grêles, à six a-rlicles, àtarses courts, long de 0 .0, non dentés inférieurement vers la pointe m dans un sexe m dans 1 au- tre, mais présentant cette particularité d'être gibbeux supérieurement près de l'extrémité qui est, par suite, brusquement atténuée ; lembu- lacre terminal a sa caroncule moitié moins longue que les cro- """Femelle à jeun. - Longue de 4-, large corps ovale aplal^ rouge iaunâtre pâle (devenant plus vif et plus fonce dans 1 alcool), non festonné postérieurement. Ecusson cordiforn.e à extrémité ar- rondie, brun, Lse,sans yeux, s'articulant antérieurement avec le ros- tre. Rostre court, carré, long de 0-,90 ^^'ë^ ^^.'"^^'^^.f'^Ze tangulaire long de 0-,30, à extrémité tronquée, arrondie, munie S urement de chaque côté de la ligne médiane de deux rangs de huit dents en dents de scie dont l'externe est en même temps latérale, fmandtules glissant sur la face supérieure du d-^;;----!?- un harpon à trois dents ; à palpes larges et courts, long de 0 ,60 en forme de couperet, constitués presque entièrement par les deux a - ti^l s médians intimement soudés, article basiUaire petit cylindrique le term nal sous forme d'une large papille piUfère, mobile dans une sseue située en dessous et près l'extrémité du tro^eme article^ Pattes groupées sous le thorax de chaque côte du rostre, a hanches cont Kuïs Vulve sur la ligne médiane près de la base du rostre anus au miU^^^ la face inférieure de l'abdomen au centre dune dépression qui se prolonge en amère^ „,uUmètres, large de eu p2 e ifsse, uni, à stries transversales écartées et presque effa- ACARIENS. cées supérieurement, aussi bien que la dépression anale inférieure, à hanches des pattes écartées, surtout les postérieures. Mâle. — Long de 2'"™,65, large de l^'^joO. Corps ovo-triangulaire, arrondi et non festonné postérieurement, anguleux antérieurement, plat inférieurement, légèrement bombé supérieurement où il est re- couvert entièrement par un écusson d'une couleur brune mat, sans yeux, échancré antérieurement pour s'articuler avec le rostre, qui est un peu plus petit que celui de la femelle (longueur 0"™,70, lar- geur 0™™,40) ; rostre à dard mousse n'ayant que des dents latérales, cinq de chaque côté, mais très longues et très aiguës, surtout les in- termédiaires et elles sont en môme temps dirigées en dehors et en bas. Mandibules terminées par un harpon à quatre dents ; palpes plus cour- tes et à extrémité plus large que ceux de la femelle. Pore génital en forme de fentes oblongues et transversales à la hauteur des hanches de la troisième paire des pattes. Les Nymphes et les Zarues ne se distinguent de celles de l'espèce précédente que par le rostre dont les éléments, dard et palpes, rappel- lent, sauf les dimensions, les mêmes parties de la femelle adulte ; à part cela, pour tous les autres caractères elles se ressemblent, c'est dire que le microscope seul permet de faire la distinction ; la loupe serait impuissante. Œuf. — Exactement semblable à celui de l'Ixode réduve. Habitat. — L'Ixode ricin est le plus cosmopolite de tous les Lxodes. En effet, nous l'avons trouvé très abondant au centre de la France, particulièrement aux environs de Bourges, et dans les roseaux qui bordent l'Auron etl'Yèvre, d'oîi les chiens de chasse de nos amis, les lieutenants du 19« régiment d'artillerie qui y chassaient en 1862 et 1863, en revenaient Httéralement couverts. Nous l'avons récolté aussi sur des bœufs venant de l'île de Sardaigne et sur des moutons valaques, et nous possédons un exemplaire mâle, que nous tenons de la gracieuseté de M. le professeur Waga, de Varsovie, lequel exem- plaire a été recueilli dans le Caucase. Nous avons aussi un mâle dè la même espèce trouvé sur une pipistrelle aux environs de Tours. C'est lui surtout qui pullule dans les chenils les mieux tenus et dans les infirmeries consacrées au traitement des chiens. Après avoir décrit les cinq espèces d'Ixodes qui précèdent, nous nous contenterons d'énumérer quelques autres espèces qui nous intéressent au même degré, renvoyant pour leur des- cription au mémoire spécial (1) que nous publierons sur les Ixodidés en général ; ces espèces sont : rh\^w''"^^ ^/e /'^na^omie et de la Physiologie, de M. le professeur ^32 CHAPITRE V. L'Ixode de Fabricius {Ixodes Fahricii, Aud.) que l'on trouve dans les mômes circonstances que l'Ixode réduve et dont il ne se distingue que par les caractères spéciaux du rostre ; L'Ixode à épauleltes [Ixodes scapulatus, Nobis), distinct de l'Ixode réduve par un rostre plus court et par deux annexes de l'écusson plissés en éventail, et situés à la base et de chaque côté du rostre comme deux épaulettes ; L'Ixode marbré [Ixodes marmoratus, Risso), distinct de l'Ixode réduve par un rostre un peu plus court et par un dessin très élégant de l'écusson, dessin composé de points de diverses gran- deurs et de taches symétriques brunes, sur fond testacé clair ; L'Ixode à pince [Ixodes chelifer, Nobis), distinct de l'Ixode ré- duve par ses palpes dont le troisième article se prolonge en une pointe courbée en dedans et simulant une tenaille avec sa congénère ; nous ne connaissons que le mâle que nous avons recueilli dans la forêt de Fontainebleau. Ces quatre espèces sont sensiblement de même taille que l'Ixode ricin et l'Ixode réduve, et jouent le même rôle. Nous connaissons encore deux petites espèces d'Ixodes recueil- lies sur des chauves-souris et que nous avons nommées Ixode siculifer, à cause de la forme aiguë, en stylet, du dard, et Ixodes longipes, à cause de la longueur des pattes qui sont en même temps très grêles ; nous ne les avons pas rencontrées sur des animaux domestiques. Enfin nous connaissons encore trois espèces d'Ixodes exoti- ques : deux du Brésil recueillies, l'une sur un Uneau, l'autre sur un Tapir, et une du Canada recueillie à Bruxelles, sur des moutons de cette provenance, par M. le professeur Wehenkel, à l'obligeance duquel nous la devons ; toutes distinctes de nos espèces européennes et que nous nous contentons de signaler ici. Nous allons maintenant passer à l'étude des Ixodidés de la tribu des Argasides qui ne renferme aussi qu'un seul genre, le genre Argas, composé de quatre ou cinq espèces, dont une seule nous intéresse, parce qu'elle attaque un de nos oiseaux domes- tiques et quelquefois l'homme. 6, — Tribu des Argasides. • La tribu des Argasides comprend des Ixodidés privés d'écusson et dont les palpes maxillaires sont cylindriques, composés de quatre ar- ACARIENS, 133 ticles sensiblement égaux et très mobiles les uns sur les autres. Comme les autres Ixodidés, ils ont un dard maxillo-labial denté infé- rieurement, sur la face supérieure duquel glisse une paire de mandi- bules à jeu indépendant composées d'une longue tige plate et étroite à l'extrémité de laquelle est articulé un harpon denté à dents rétrogrades (fig. 44, A). Les mœurs des Argasides sont les Fig. 44. A, Rostre d'Argas. — t/, dard maxillo- labial. — pp, palpes maxillaires. — mb, mandibules. — B. Un palpe maxil- laire de rixode de Dugès pour établir la comparaison. mômes que celles des autres Ixodi- dés, c'est-à-dire qu'ils vivent de sang qu'ils absorbent après avoir enfoncé leur dard et leurs mandibules dans les téguments de leurs victimes, qua- drupèdes ou oiseaux : cette habitude est môme plus 'évidente à tous les âges que chez les Ixodidés, au moins chez l'espèce européenne, l'Argas réfléchi. Certaines espèces exotiques, entre autres l'Argas de Perse et l'Argas américain (A. Nigua), provo- quent quelquefois par leurs piqûres des accidents graves, même chez l'homme, au dire des voyageurs. La tribu des Argasides ne comprend qu'un seul genre. Genre ARGAS, Latr. (Syn. Rhynchoprion, Herm.). Ixodidés à corps aplati, trapézoïdal ou lyriforme, allongé ou rec- tangulaire à angles très arrondis chez les femelles, ovoïdes chez les mâles, à téguments fortement chagrinés et très résistants chez les adultes et finement striés chez les jeunes, sans écusson. Rostre infère situé en dessous de la partie antérieure et avancée du corps, à mâ- choires et à lèvres confondues en un dard avancé, muni inférieure- ment de rangées de dents à pointes rétrogrades ; palpes maxillaires cyhndriques, à quatre articles subégaux très mobiles les uns sur les au- tres ; mandibules en forme de baguettes allongées, glissant sur la face supérieure du dard et terminées par une pointe de harpon à dents, arti- culée à l'extrémité de la tige. Pattes groupées de chaque côté du rostre, à six articles, à hanches contiguës, à tarse cylindro-conique ter- miné par un ambulacre à caroncule presque avortée, et à deux grands crochets arqués. Une paire d'yeux simples ou nuls. Ce genre renferme plusieurs espèces exotiques et seulement deux espèces indigènes dont une seule est bien connue. Parmi les espèces exotiques nous citerons : CHAPITRE V. Ii'itri;as de Perse {Ai'gas persicus, Fischer), connu des voyageurs sous le nom de Punaise de Miana et des indigènes sous celui de Malleh de Mianeh, est un peu plus grand qu'une punaise des lits, dont il a les habitudes, car il vit surtout dans les vieilles habitations el dans les fissures des murailles. Il attaque principalement l'homme ; ses piqûres ont passé pour venimeuses et ayant des conséquences ter- ribles pour les étrangers mais nulles pour les indigènes. Nous avons eu l'occasion d'en voir un vivant entre les mains du docteur Fumouze à Paris qui l'entretenait en lui faisant piquer de temps en temps un lapin ; ces piqûres n'avaient aucune mauvaise influence sur la santé de l'animal. L'Arguas de ^avig^ny {Argas Savignyi, P, Gerv.) est un Argas étudié en Egypte par Savigny et dont Audouin a donné l'explication 'd'après les dessins de cet auteur. Bien qu'Audouin le regarde comme le même que VArgas persicus, il doit être d'une espèce différente : il a bien comme lui le dos chagriné et Animent tuberculeux, mais, au lieu d'être ovalaire, à extrémité antérieure plus large que la postérieure, c'est l'inverse ; il a aussi les articles des pattes tuberculeux en dehors, détail que ne présente pas l' Argas de Perse, et que nous avons pu véri- fier sur un exemplaire que nous devons à la générosité de M. L. Reiche, qui l'avait reçu des bords du Tigre. M. Gervais donne le nom ôl Argas de Fischer à un Argas très élargi postérieurement et latéralement que Savigny a aussi rencontré en Egypte. Il se pourrait que ce fût un mâle ou une nymphe du premier. C'est une question que nous ne pouvons vider, P. Gervais n'en don- nant que la figure d'après Savigny. L'Arguas de Maurice [Argas mauritianus, Guérin) est un Argas que Guérin Menneville figure dans son Iconographie, Arach., pl. 6, f. 3, et qui paraît très voisin de notre Argas réfléchi. Il vit sur les poules de l'Ile Maurice et occasionne dans quelques basses-cours des pertes con- sidérables. L'Armas d'Amérique {Argas americanus , de Geer) est le Nigua ou le G/tinc/ie qui habile les masures et les cases abandonnées, bien connu des voyageurs, et que P. Gervais avait classé d'abord parmi les Ixo- des, mais qui est bien un Argas ainsi que Hermann le pensait en le classant dans son genre Rhynchoprion, et ainsi que le prouve un des- sin d'après nature fait par Nicolet pour accompagner une nouvelle étude de, ce parasite publiée par J. Goudet qui l'avait recueilli en Co- lombie. Cet Argas paxaît avoir des habitudes analogues à celles de l'Argas persicus et s'attaque à l'homme et aux animaux endormis. En France, nous l'avons déjà dit, nous n'avons que deux espèces ACARIENS. 133 d'Argas et encore l'une n'est-elle connue que sous l'état de larve hexa- pode, est très petite et se rencontre sur les chauves-souris ; elle avait donné lieu à la création du genre Caris par Latreille, mais ce genre ne doit pas subsister puisque la larve en question a manifestement le rostre caractéristique des Argas ; quant à l'espèce à laquelle cette larve appartient, elle ne pourra ôtre caractérisée que lorsqu'on con- naîtra ses représentants adultes. L'autre espèce d'Argas indigène est la suivante. ArgnH réfléchi {Argas reflexus, Latr.) (flg. 43). Syn. r Acarus margi- natus. Fab.; Myrichoprion columbœ, Ilermann. Caractères communs aux deux sexes. — Rostre infère, long de 1™'",90 (flg. 44), à dard long de 1 millimètre, présentant à sa face inférieure l'ig. 4o. — Argas re/lexus Q. A, face inférieure. — B, face supérieure. deux rangs de dents de chaque côté de la ligne médiane avec un commencement de troisième rang tout près de la pointe qui est tron- quée, arrondie. Mandibules terminées par un harpon articulé à trois dents ; palpes maxillaires à quatre articles cylindriques, le deuxième et le quatrième plus grands, les trois derniers portant chacun trois ou quatre poils ou soies et le dernier en plus un petit bouquet de trois petites arrhes terminal. Pattes à six articles, terminées par un tarse cylmdro-conique, à ambulacre à deux grands ongles courbés et à ca- roncule avortée presque nulle; les hanches, qui sont contiguës sont recouvertes d'un tégument rugueux chagriné, analogue à celui du reste du corps qui est fortement chagriné et très résistant chez les adul- tes, lisse et finement strié en travers chez les nymphes et les larves Anus au milieu de la face inférieure. Yeux nuls. Femelle fécondée. - Longue de 3 mill., large de 3; ces dimensions 136 CHAPITRE V, augmentant d'un quart lorsqu'elle est repue ; corps ovoïde un peu pi- riforme, déprimé de dessus en dessous, à faces supérieures et infé- rieures, surtout la première, en voûte surbaissée, les bords toujours carénés de couleur jaunâtre, montrant par transparence les digilations del'appareil digestif sous forme de lignes épaisses, irrégulières, rayon- nant d'avant en arrière, de couleur noir-violet due au sang aspiré qui la remplit. Ces digitations ou cœcums de l'estomac cessent d'ôtre distinctes lorsque le parasite est complètement repu ; il est alors d'une couleur uniforme noir-violet avec les bords du corps jaunâtre; c'est ce dernier détail qui avait engagé Fabricius à le nommer Acarws bordé. Arcjas mâle. — Long. 4™°», larg. 3°"° ; plus régulièrement ovoïde que la femelle, ne s'en distingue que par sa plus petite taille et par la position du pore génital qui est sur la ligne médiane de la face infé- rieure à la hauteur de la troisième paire des pattes, tandis que la fe- melle a l'ouverture extérieure de son oviducte tout près de la base du rostre. La couleur du mâle est uniformément brune. Nymphe. — De la taille du mâle, ne s'en dislingue que par l'absence d'organes sexuels. Larve. — Héxapode, longue de 0'"",50 à 2™", presque orbiculaire, aussi large que longue, de couleur testacée chez les jeunes larves- et de couleur brune chezles larves plus âgées qui ont déjà absorbé du sang. • Œuf. — Long de 0"i'",fiO, large de0™°i,35, régulièrement ovoïde et de couleur jaunâtre foncée. Habitat. — L'Argas réfléchi habite surtout les colombiers d'oîi il se répand sur les pigeons quelquefois en grande quantité, surtout sur les jeunes. Latreille dit l'avoir trouvé errant dans les habitations. Quand il a sucé du sang, il peut vivre longtemps sans manger ; Hermann en a conservé un dans cet état pendant plus de huit mois dans un verre et qui fut privé de nourriture pendant tout ce temps sans rendre d'excréments et sans qu'on s'aperçût de la moindre diminution de son corps et du plus petit dépérissement. Il faut croire que depuis Latreille et Hermann, l'Argas réfléchi est devenu bien rare en France ; en effet, malgré nos recherches, malgré nos recommandations aux nombreux colombophiles avec lesquels nous sommes en relation, il nous a été impossible d'en obtenir des spécimens pour notre collec- tion, et ceux que nous possédons nous les devons à l'extrôme obli- geance de M. le professeur Rivolta, de Pise. 3. — Famille des SARCOPTIDÉS. Les caractères taxinomiques de la famille des Sarcoplidés sont les suivants : Animalcules blanchâtres, quelquefois rosés, de grandeur vanant entre 0°"",1 et i millimèù'e, à COUPS mou à l'état de larve, d'adulte, de nymphe ACARIENS. 137 noi-male, cuirassé seulement chez quelques nymphes advenlives ou hypo- piales de quelques genres ; sans yeux ni appareil respiratoire complet et visible ; à rostre pourvu de mâchoires inermes soudées avec la lèvre et la LANGUETTE de manière à former une cuiller demi-cylindrique, creuse, tronquée, servant de plan inférieur et de base au rostre, sur laquelle re- posent et glissent une paire de mandibules chéliformes, comptes, à mouve- ments indépendants ou plutôt alternatifs comme chez les autres familles de l'ordre ; palpes maxillaires à trois articles cylindriques libres ou soudés en partie à la cuiller maxillo-labiale. Pattes à cinq articles disposées en deux groupes placés, l'unprés du rostre, l'autre prés de Vabdomen; tarses terminés par un, rarement par deux ou plusieurs crochets inégaux accom- pagnés ordinairement d'une caroncule vésiculeuse ou d'une ventouse membraneuse en cloche plus ou moins longuement pédiculée, caduques chez les femelles adultes d'une espèce. Génération ovipare Larve héxa- pode ayant le rostre et la forme générale des parents. Accroissement par mues successives ou mieux par métamorphoses dans lesquelles tous les or- ganes se reforment à nouveau et se complètent successivement. La famille des Sarcoptidés est divisible en cinq tribus qui sont dis- tinctes, non seulement par les caractères anatomiques de l'ensemble des espèces que les composent, mais surtout par les mœurs de ces mômes espèces. La première, que nous nommons Tribu des Sarcoptidés détriticoles, comprend des Acariens qui ne sont jamais parasites, mais qui vivent sur des matières animales ou végétales à l'état de décomposition ; La seconde, que nous nommons Tn'ôu des Sarcoptidés plumicoles, comprend des Acariens qui vivent sur le corps des oiseaux, au fond de leurs plumes, des matières excrétées par la peau, sans cau- ser de dommages aux téguments ; • La troisième, que nous nommons Tribu des Sarcoptidés cysticoles, comprend des Acariens qui vivent dans le tissu cellulaii'e et les ré- servoirs aériens des oiseaux, ne causant de dommages que par leur nombre ; La quatrième, que nous nommons Tribu des Sarcoptidés gliricoles, comprend des Acariens qui vivent au fond des poils des rongeurs sans causer de dommages au tégument externe de ces quadrupèdes; Enfin la cinquième constitue la Tribu des Sarcoptidés psoriques qui comprend des Acariens venimeux qui déchirent les téguments afin d'atteindre aux tissus sous-cutanés et faire sourdre au moyen de leurs mandibules et de leur venin les humeurs dont ils vivent. Ces derniers seuls déterminent le développement de véritables dermatoses, mais il est indispensable de connaître aussi ceux des tribus précédentes, parce que ces tribus, se reliant entre elles d'une manière insensible, sont composées d'êtres microscopiques qui ont une grande analogie dans leur organisation, et que, par suite, les uns 138 CHAPITRE V. peuvent ôlre pris pour les autres et provoquer ainsi des erreurs très préjudiciables à la santé des animaux ou des hommes sur lesquels on les aurait rencontrés. a. — Tribu des Saucoptides déthiticoles. Les caractères généraux des Acariens de cette tribu sont les sui- vants. Corps à téguments lisses et sans plis, quelquefois tuberculeux, por- tant des poils soyeux, plumeux ou palmés; pattes subégalcs et semblables dans chaque groupe antérieur ou postérieur et dans les deux sexes; extrémité abdominale arrondie aussi dans les deux sexes. Ces Acariens vivent dans les substances animales ou végétales mortes et à l'état de décomposition lente. Ils constituent quatre gen- res distincts entre eux par les caractères exposés au tableau suivant. PoQs plumeux ou palmés Glyciphagus. Imâle sans \entouses copulatrices... Carpoglyphus. l'Tarses à caroncules....-; (mâle à -ventouses copulatrices Tyroglyphus. Poils lisses. /Rostre à mandibules en pinces di- V dactiles Cœpophagus. iTarses sans caroncules. n /Rostre à mandibules transformées en \ petite scie.. Serrator. Genre GLYCIPHAGUS, Héring (de-yXuxoç, doux et 9x70?, mangeur). — Ce nom a été créé par Héring pour des Acariens qu'il a découverts sur du vieux miel et sur de vieux pruneaux dont ils mangeaient la matière sucrée. Corps globuleux, ovoïde, allongé ou raccourci, à téguments lisses ou granuleux, portant des poils longs à courtes barbules, ou courts h longues barbules, ou encore palmés oufoliacés. Rostre conique, incliné, découvert, à palpes étroits tri-articulés, à moitié soudés à la cuiUer maxillo-labiale ; mandibules renflées à la base, peu allongées, dictatiles, dentelées . Épimères de la première paire de pattes réunies ensemble, les autres hbres, au moins chez les femelles -^pattes cylindriques, grêles, poilues, celles des deux paires moyennes un peu plus courtes que les autres, surtout que la dernière paire qui est toujours la plus longue; tarses déliés, coniques, très allongés, à ambulacre mono- onguiculé et caronculé, très petit. Anus longitudinal hypo-abdomidal. Vulve de la femelle longitudinale, située entre les épimères des 2" et 3" paires de pattes ; cette femelle porte en outre à l'extrémité de l'ab- domen un appendice tubulaire, saillant. Mâles, à peine plus petits que les femelles, à pénis situé entre les ACARIENS. ^39 deux dernières paires de pattes, non munis de ventouses copulatrices ni d'appendice tubulaire postérieur. Nymphes octopodes, de la taille des mâles, sans organes sexuels ni appendice. Lat'ves hexopodes, semblables aux nymphes, sauf l'absence d'une paire de pattes et une taille plus petite. Le genre Glyciphage comprend des Acariens, étudiés pour la plupart depuis peu de temps et qui étaient confondus avec ceux du genre sui- vant, sous le nom générique d'Acimis; sa principale espèce n'est autre que VAcams domesticus, de de Geer, ou VAcarus deslrudor, de Schranck et de Latreille, que Koch confond encore à tort sous le nom à'Acarus siro avec le Tyroglyphus siro, qui est bien le véritable Acariis siro de Latreille, de de Geer et de Linnée. Bien que les Glyciphages ne soient pas des parasites des animaux ni de l'homme, il est très important, néanmoins, au point de vue de la Dermatologie comparée, de les bien connaître; en effet, ces Acariens se trouvant partout, et particuliè- rement dans les poussières des fourrages, dans les charniers, dans les salles de dissection et d'autopsie, on peut les rencon- trer sur des animaux vivants ou des cadavres affectés de derma- toses, et ils peuvent être cause d'erreurs graves, comme celles que commit Héring en attribuant à un de ces Acariens, trouvé sur le pied ulcéré d'un cheval, un rôle qu'il n'avait pas. Nous allons décrire la princi- pale espèce du genre Glyciphagus et nous nous contenterons d'énu- mérer les autres. Cilyciphagpe coureur [Glyci- phagus cursoi-, P. Gerv. (fig. 46). Synn. : Troisième espèce de mite, de Lyonnet; Acai'us destructor, Schranck; Sarcoptes destructor, Latr.; Acarus domesticus, de Geer; Acarus dimidiatus, Herm.; Glyciphagus prunonm, Héring; Sarcoptes hippopodos, ' Eéving; Glyciphagus hippopodos , P. Gerv. ; Acarus seto- nus, Koch; Acarus cubicularius , Koch; Acarus hyalinus, Koch. Corps de couleur perlée, cylindro-conique, très atténué en avant, très arrondi en arrière ne présentant pas un sillon, entre les 2« e 3« paires 46. — Glyciphngus cursor $ (Face \entrale.) (Les fines barbules des poils n'ont pu ètreia. diquées dans la gravure.) I 140 CIIAPlTRli; V. de pattes; poils dont les postérieurs les plus longs ne dépassent pas la longueur du corps. Femelle ovigcre, longue de 0°"",45 à 0°"°,75. MAle, long de O-^^jSO h 0™™,43. Nymphes octopodes, de la taille des milles. Larves hexapodes, longues de 0"™,18 à 0^'^,iO. Œufs, longs de 0°"^,10 à 0«",13, larges de 0""°,6 à 0""",8. Habitat. — Se trouve sur les oiseaux et les insectes morts et des- séchés, sur les pièces anatomiques et les squelettes qui suintent dans les salles de dissection, les am- phithéâtres, les fruits et extraits sucrés desséchés, la farine, les poussières des selliers, des garde- mangers, des caves, des greniers et des fourrages, dans les écu- ries, etc., et accidentellement sur les animaux avec ces poussières, mais il est parfaitement inolTen- sif à l'égard de ces derniers. Les autres espèces de Glyci- phages connues sont : Le Glycipliais^e épineux {Gly- ciphagus spinipes, Koch) (fig. 47), qui se distingue du précédent par un corps plus large au milieu qu'aux extrémités, des poils plus Fig. 47. - Glyciphayus spinipes 2 ^^^ë^ , pluS tomenteux et dcs (Face dorsale.) tarses couverts de petits poils. Se trouve dans les mêmes endroits que le précédent, surtout dans la poussière de vieux foin. LesGIyciphaj^espIiimeux {Glyciphagvsplumiger, Fum. etGh.Robin}. et Glycipliages à palmes [Ghjciphagus -palmifer, Fum. et Ch. Robin), qui ont été supérieurement étudiés par MM. Fumouse et Ch. Robin, se distinguent des précédents par leur corps raccourci et comme refoulé, leurs téguments fortement granuleux sur le tronc et leurs singuliers poils qui ressemblent à de vraies plumes à longues bar- bules chez les premiers, et à des feuilles à nervures chez le second. Nous avons trouvé, dans la poussière d'écurie, en société avec les deux précédents, un Glyciphage encore inédit que nous avons nommé provisoirement Ghjciphagus sculptilis, en raison de ses téguments gravés de fines slries, symétriques et serrées, et qui sont de couleur enfumée. Nous le regardons comme aussi inofTensif que les pré- cédents. ACARIENS. Ils se trouvent à peu près exclusivement dans, la poussière des caves, des granges et des écuries; accidentellement ils peuvent se trouver avec celte poussière sur les animaux. Ils sont aussi inoflensifs à l'égard des animaux que les précédents. Genre CARPOGLYPIIE {Carpoglyphus, Ch. Robin [de xap^vcî, fruits et -fXucpej;, sculpteur]). — Ce genre est encore une subdivision de l'ancien genre Acanis, de Latreille, et a été créé par M. Ch. Robin {Journal de l'Anat., 1869, n" 2) pour un Acarien dont les caractères tiennent le milieu entre ceux des Glyciphages et ceux des Tyroglyphes; ces carac- tères génériques sont : Corps ovoïde, dépourvu de sillon circulaire, à poils postérieurs longs et effilés, à poils dorsaux tronqués ressemblant à des cirrhes. Rostre conique, découvert, grêle, pointu; palpes petits, mandibules allongées en pince non dentées. Épimères des deux premières paires réunies par un sternum ; pattes cylindriques pourvues de piquants et de poils; tarses sans mamelons, à caroncule en cloche mono-on- guiculée. Anus sous-abdomidal, non suivi de tubercule tubulé chez la femelle ni de ventouses chez le mâle. Pénis grand en avant de l'anus. Vulve inscrite dans un angle que forme, chez la femelle, la pièce sternale, qui est divisée, et ses deux moitiés écartées angulai- rement. Ce genre ne renferme qu'une espèce. Le CarpoglypUc des figues {Carpoglyphus passidarum, Ch. R. et Héring). Synn. : Acarus passularum, Héring et Dujardin, Tyroglyphus passularum, P. Gervais. Corps gris-perle brillant, pattes égalant en longueur la largeur du corps, poils des tarses de la 3'= et 4« paire prolongés en un filament extrêmement délié, ainsi que ceux des deux paires de l'extrémité abdominale. Femelle, longue de 0'°'^,S0 à 0"'",7o, large de Ù'^,^^ à 0'"°',3a. Mâle, long de 0™°^,40 à O-^-^jeû, large de 0™"",20 à O^-^jaS. Nymphes, longues de O-^-^.SO à O-^-^jSo, larges de 0'"'",18à 0"",20. Larves hexapodes, longues de 0"'"i,2o à 0™'",30, larges de 0™™,15 à 0'"™,20. . Œufs, longs de 0"™,H à 0"™,14, larges de 0™",07 à O^^jOO. Habitat. — Vit dans les figues sèches anciennes, à la surface des conserves, dans la poussière des dates, des pruneaux, très souvent en compagnie du Tyroglyphus siro et du Glyciphage coureur. Genre TYROGLYPHUS, Latr. (de Tupo'ç, fromage et YXuœeuç, sculp- teur). Synn. : Mite, de Lyonnet; Acarus, Linnée, de Geer, Hermann. Coi'ps cylindrique, très arrondi en arrière, conique en avant, of- frant, entre la 2*= et la 3"= paire de pattes, un sillon circulaire bien U2 CHAPITRE V. marqué, à poils lisses. Épimêrcs de la première paire de pattes réu nies, les autres libres ; pa«es à tarses cylindriques, à base un pej élargie, terminée par une caroncule vésiculeuse trilobée sessile et un ongle courbé. Vulve et anus situés comme dans le genre précédent ce dernier organe, chez le mûle, a sa commissure postérieure accom- pagnée de chaque côté d'une paire de ventouses copulatrices. Absence de prolongement tu- buleux abdomidal chez la fe- melle. Ce genre comprend plusieurs espèces. Le Tyrog^lyphe du fromage {Tyrocjlyphussiro, Latr.) (fig. 48). Synn. : Première espèce de Mite, de Lyonnet ; Acarus siro, de Geer, Linnée, Koch, et Acarus farinas Koch. Corps, de couleur gris-perle, brillant, avec deux globules jau- nâtres internes de chaque côté de l'abdomen, qui est cylindro- conique, arrondi en arrière, à poils lisses, égalant à peine en longueur la largeur du corps; pattes subégales, la première paire plus volumineuse chez le mâle, avec une apophyse conique au bord inférieur du 2« article et deux tubercules aplatis sur la face supérieure des tarses de la 4'= paire. Femelle ovigère, longue de 0°"",S0, large de 0'°'>»,30. Mâle, long de 0™'°,40, large de 0™™,20. Nymphes, de la taille du mâle. Larve hexapode, longue de 0""".2o à 0"°',40, large de O"»" 10 à 0°»'",20. ' CEuf, long de 0™",20, large de 0"",10. Nymphe hypopiale, longue de 0"'^,30, large de 0"™,20. (A la fin de la description des Acariens de cette tribu, nous consa- crerons quelques développements aux nymphes hypopiales des trois derniers genres.) Habitat. — Le Tyroglyphe du fromage habite non seulement la croûte des fromages secs, comme le gruyère, le septmoncel, etc., mais on le trouve aussi à peu près aux mêmes endroits où pullulent les Glyciphages : dans la farine, dans les poussières des caves, des selliers, des garde-mangers, des greniers, des écuries, des fenils, etc. La nymphe hypopiale se trouve exclusivement sur les animaux et Fig. 48. — Tyroglyphus siro $ (Face \enlrale). ACARIENS. souvent en quanlitc considérable; nous reviendrons sur celle der- nière. Les autres espèces connues du genre Tyroglyphus sont les sui- vantes : Le Tyrofflyplie allonfrc {Tyroglyphus loncjior, P. Gerv.) diffère du précédent par un corps plus long, des poils plus longs, des tarses plus longs et toutes les pattes subégales dans les deux sexes, la première paire semblable aux autres. A le môme habitat que le précédent. Le Tyroglyplie de Sicile {Tyroglyphus Siculus, Fum. et Ch. Robin). — Trouvé, pour la première fois, par MM. Fumouze et Ch. Robin dans de la poussière de cantharide altérée, venant de Sicile, se reconnaît à ses pattes très courtes, surtout les tarses et à ses poils courts ; nous l'avons retrouvé dans la poussière d'une écurie de Brie-Comte-Robert. Le Tyroglyphe des insectes {Tyroghjphus entomophagus, Laboulb. et Robin). — Plus petit que les précédents, vit dans les collections d'insectes dont il dévore le corps à l'intérieur. Le Tyroglyphe des champignons {Tyroglyphus mycophagus, Mé- gnin). — Le plus grand des Tyroglyphes, car les femelles ont un millimètre de long. Nous l'avons trouvé pullulant sur les champi- gnons, et nous avons pu, en le nourrissant de ces végétaux, en obtenir des légions innombrables, ce qui nous a permis de l'étudier dans toutes ses phases et surtout pendant la transformation hypopiale. Nous connaissons encore quelques autres espèces de Tyroglyphes dont l'une, très différente du Tyroglyphus siro, à téguments roux, presque coriaces, vit dans la farine altérée, et deux autres dans le terreau des forêts, mais elles nous intéressent peu à notre point de vue spécial; leurs hypopes nous intéressent daA'antage, comme nous le verrons plus loin. Genre C^POPHAGUS {Cœpophagus , Mégnin). — Nous créons ce genre pour une espèce étudiée d'abord sous le nom de Tyroglyphus echinopus par MM. Fumouze et Ch. Robin, et que nous avons recon- nu comme devant former le type d'un nouveau genre, à cause des particularités curieuses qu'olTrent les pattes ; il aura pour carac- tère : Corps de forme ovoïde, trapue, avec un sillon entre la deuxième et la troisième paire de pattes, marqué en dessus seulement. Poils lisses et courts ; rostre semblable à celui des tyroglyphes, étroit et pointu. Petites à poils courts semblables dans les deux sexes, épaisses, moins longues d'un tiers environ que le corps n'est large, tarses courts terminés par un volumineux crochet , sans caroncule ni ventouse, pourvu de fortes épiîies, ainsi que la jambe et la cuisse. U4 CHAPITRE V. Vulve chez la remelle, longitudinale, située entre les <^nimA.„c , - rieures. Anus longitudinal sous-abdôminal ZZ PO«l«- suivie chez la ren.elle d'un petit t^berie i ^p^^^^^ touse et chez le mâle de deux ventouses cor«LrL sv^tri/'"" commissure antérieure précédée immédiatemenTcrez l^rn ' pénis très petit. "^^^^ d'un ^^Le^ genre C^popkagus ne renferme jusqu'à présent qu'une es- Le C«,poi.i.as:e f.pineux {Cœpopharjus echmopus, Ch. Robin) (fig. 49). — Corps de couleur gris-perle. Ros- tre incliné de couleur pelure d'oi- gnon, ainsi que les autres pièces du squelette. Femelle longue de O"" 70 à I mm large de O-^m.SO à 0°"",b8. Mâle long de 0°'>",5a à O-na.Gi, large de 0'^'^,3i à 0'^<^,iO. Nymphes de la taille des mâles. Larves hexapodes longues de 0'"^,2G à O^-.So, larges de 0'--^A6 CEii^ long de O'"",!^ à Oma \ j large de 0'°",10 à 0°"n,H. Habitat. — Se trouve abondam- ment sur les bulbes de liliacées qui commencent à s'altérer, ainsi que sur les tubercules de pommes de terre et autres racines ; se trouve aussi sur des fleurs desséchées et autres matières végétales mortes. Genre SERRATOR, Nobis (1). _ Nous créons ce genre pour une espèce que nous avons découverte en 1873 et que nous avons décrite dans le Journal de l'Anat. de M. Ch. Robin (n» 4, 1873), sous le nom de Tyroglyphus rostro-serratus. Bien que, comme les Tyroglyphes il pré sente le sillon circulaire en arrière delà deuxième paire de pattes tl s en éloigne tellement par la constitution de son rostre qu'il mérite atous égards de constituer un genre à part dont les caractères sont les suivants : Corps quadrangulaire, tronqué postérieurement, triangulaire anté- rieurement à face inférieure plane, à face supérieure hérissée de onze gros mamelons portant chacun les uns un, les autres deux poils courts et arqués, iîos/re triangulaire très pointu, à palpes à premier (1) Genre Phylostomn Kramer. [Archiv. f. naturgesch. Von Troschel, 1876.) Fig. 49. — Cmpophagiis ec/miopus ô (Face \enti-ale.) ACARIENS. 145 article très long adhérent, les deux derniers très courts, libres, ter- minés par deux cirres aigus, à pointe courbée et divergente, man- dibules transformées en une scie à dents, nombreuses, irrégulières et aiguës, toutes inférieures ; à hanches ayant chacune antérieure- ment deux paires d'épimères, les antérieures de la première paire réunies sur la ligne médiane comme des clavicules; articles des pattes épineux; tarses sub-cylindrigues à extrémités renflées terminés par un fort crochet sans caron- cule. Amis hypo-abdominal allongé , non accompagné de ventouses copulalrices chez le mâle, mais à com- missure antérieure en con- tact'immédiat avec le pénis. Vulve chez la femelle, Ion- gitudinale et hypothora- cique. Ce genre ne renferme qu'une espèce. Le Serrator amphibie (Serralo)' amphibius , Mé- gnin) (flg. KO) Syn. {Tyrog- lyphus rOStrOSerratuS, Mé- r,g. ^O. - Sen-ator amphibie et son hypope. gmn ■Philostomapectineum, a, état adulte. - B, une de ses mandi- Kramer). bules. — C, sa nymphe hypopiale. Corps blanc-jaunâtre, à téguments épais et opaques, avec les pièces du squelette roux-clair. Femelle ovigère longue de 0"'",50, large de 0'"»,25. Femelle pubère longue de 0'">",30, large de 0°'°^,16; n'a pas encore la vulve de ponte, mais se rencontre accouplée avec les mâles. Mâle long de 0°"",30, large de 0^^,{Q; plus trapu et à membres plus robustes, toute proportion gardée, que chez les femelles. Nymphe octopode, longue de 0°>"i,20 à 0"»,30, large de 0°"° 12 à Larve hexapode longue de 0™"",16, large de 0™'",08. QEuf long de 0™°i,15, large de 0™",08. Habitat. — Se trouve par myriades où tous les âges sont représen- tés, dans les champignons en voie de décomposition humide, ammo- niacale ou acide, en compagnie de nombreuses anguillules; se trouve aussi dans les conserves de légumes décomposés, dans les résidus de choucroute, etc. Dans toutes ces substances il vit entièrement plongé dans le Uquide, et, comme il peut vivre aussi très bien au sec Il mérite à juste titre l'épithète d'amphibie que nous lui avons donnée.' MÉGNiN. - Les Parasites. jq 146 CHAPITRE V. Quand la substance dans laquelle il vit vient à se dessécher entiè- rement, ses nymphes se transforment en un hypope très curieux qui a été décrit comme une espèce spéciale sous le nom d'IItjpopus feronîai'um, par L. Dufour. Remarques sur les nymphes hypopiales des TYROGLYPIIES, des COEPOPHAGES et des SERRATORS. — Sous le nom d'Hypopus, d'Ho- mopits, de Trichodaclyîus, noms génériques créés par Dugès, Koch et L, Dufour, ces naturalistes ont classé de petits acariens que l'on trouve fréquemment sur d'autres animaux : Insectes, Myriapodes, autres Acariens môme, et aussi sur des reptiles, des oiseaux et des quadrupèdes. C'est précisémentun de ces Acariens trouvés en nombre immense sur la peau d'un éléphant par Gurlt, qui donna lieu, de la A B Fig. 51. — Nymphe hypopiale du Jyroglyphus siro. A, face inférieure. — B, face supérieure. part de Gerlach, à la création de son Symhiotes elephantis qu'il classe parmi les Acarienspsoiiques. Or, ces Acariens, pour lesquels on ava.it créé les genres en question, subdivisés en un grand nombre d'es- pèces, et classés dans la famille des Sarcçptides, ne sont autre chose que des nymphes adventives, hétéromorphes, de Tyroglyphes, de Cœpo- phageou de Serrators, chargées de la conservation et de la dissémi- nation des espèces auxquelles elles appartiennent : lorsque la matière, sur laquelle vit et pullule une colonie de ces acariens, vient à dispa- raître par dessiccation ou autrement, et qu'elle n'offre plus aucune ressource à la susdite colonie, celle-ci semble vouée à une destruc- tion certaine ; il n'en estrien : les adultes etles larves meurent, mais les nymphes se transforment, deviennent cuirassées, se munissent d'organes d'adhérence sous forme d'un groupe de ventouses sous- ACARIENS. U7 abdominales (fig. 5i, A), ont des pattes armées de solides crochets, n'ont plus d'ouvertures buccales, anales ou vulvaires, prennent la .forme hypopiale enfin, et se mettent en quête d'un animal quel qu'il soit, pourvu qu'il soit plus ingambe qu'elles, s'attachent à lui et le quit- tent lorsqu'il est arrivé dans un milieu convenable où existent de nouvelles ressources; là elles quittent leur habit de voyage, leur enveloppe hypopiale, reprennent leur forme première, deviennent sexuées et fondent une nouvelle colonie. Nous avons démontré tous ces faits dans un mémoire publié dans le Journal de l'Anatomie et de laPhysiologie de M. Ch. Robin, n° de mai 1874, mémoire qui a eu les honneurs du prix Thore que l'Académie des sciences nous a décerné la même année. Les genres IJypopus, Homopiis et Trichodactylus sont donc à rayer de la nomenclature acariologique ; seulement, nous avons conservé l'épithète de nymphe hypopiale pour désigner cet état temporaire, commandé par des circonstances exceptionnelles, que prennent les nymphes des genres Tyroglyphus, Cœpophagus et Ser- rator, (iXousne connaissons jusqu'à présent que ces genres parmi les Sarcoptidés détriticoles qui fournissent des nymphes hypopiales, nous verrons plus loin que d'autres Sarcoptidés en fournissent aussi.) Il suit des études que nous avons faites sur les nymphes hypo- piales, que le prétendu Symbiotes elephaniis de Gerlach, devenu l'Homopus elephantis de Furstenberg, n'est autre que la nymphe hypo- piale du Tyroglyphus siro, nous l'avons retrouvée sur des bœufs, sur des oiseaux, sur des lézards dont elle était le parasite temporaire 'par- faitement inofTensif. C'est le même qu'Hermann avait déjà nommé Acarus spinitarsus, Dugès, Hypopus spinitarsus et de Geer Acarus muscarum. ' L'Eypopus feroniarim de Dufour n'est autre que la nymphe hypo- piale de notre Serrator amphibius. Enfin VHypopus sapromyzarum de L. Dufour, VHypopus ovalis de Gervais et les Trichodactylus osmix et Xylocopx de L. Dufour sont aussi des nymphes hypopiales du môme groupe. Faute de connaître, ces différents Acariens, les formes diverses qu'ils peuvent revêtir et leur tendance à s'attacher à d'autres êtres vivants, beaucoup d'erreurs dans le genre de celles de Gerlach et d^ Hermg ont été commises, eton a pris souvent, soit des nymphes hypo- piales, so.t des Tyroglyphes, soit des Glyciphages pour des Acariens dangereux susceptibles de causer des maladies de peau. C'est ainsi que Hesshng {Schmidt's Jahrh., 1852) a trouvé dans la Plique polonaise des Acariens qu'il a gratifiés des noms terribles de Eutarsus canmfor- mis et de Celognatus morsitans; or, si l'on en juge par la description peu claire qu ilen a donnée et surtout par les figures reproduites dans ie Manuel d Anatomie pathologique deForster (Trad. Kaula, Strasbourg et Pans, 1853), on voit que ces Acariens ne sont autres que des nym- e 1 148 CHAPITRE V. \ phes hypopiales ou trichodactyliennes, et par suite complètement inoffensives. h. — Tribu des Sarcoptides plumicoles. Cette tribu est très nombreuse en espèces ; dans un travail spé- cial publié dans le Journal de l'Anatomie et de la Physiologie, 1877, et fait en collaboration avec M. le professeur Ch. Robin, nous en avons décrit trente-deux réparties dans sept genres. Nitzsch et Koch en avaient déjà vu quelques-unes, toutes comprises dans son genre Analyes par le premier et dans son genre Dermaleichus par le se- cond qui n'a pas adopté le nom créé par le premier, on ne sait trop pourquoi; nous les conserverons tous les deux. Quelques espèces nouvelles viennent d'être ajoutées par le D' G. Haller de Berne et nous en possédons déjà quelques autres inédites découvertes depuis la publication de notre travail. Au point de vue de la Dermatologie des oiseaux il est important de connaître les Sarcoptides plumicoles, bien qu'ils soient tous parfaite- ment inoffensifs et vivent, à la façon des Philoptérides et des Liothéï- des avec lesquels on les trouve constamment, des humeurs natu- rellement exhalées à la surface de la peau ; c'est afin de ne pas les confondre avec les Sarcoptides psoriques et de ne pas leur attribuer un rôle qu'ils n'ont pas que nous les signalons. Les Sarcoptides plumicoles présentent les formes les plus diverses, et les modifications les plus curieuses soit des pattes soit de l'extré- mité abdominale où les appendices les plus variés se font remarquer soit dans l'un soit dans l'autre sexe ; en cela ils ont déjà beaucoup d'analogie avec certains Acariens psoriques, ce qui rend leur distinc- tion quelquefois difficile et les caractères généraux exclusivement propres à cette tribu difficiles à établir. \ Les Sarcoptides plumicoles se distinguent de ceux de la première tribu par leurs téguments toujours striés symétriquement, durcis en partie par des plastrons qui se remarquent surtout supérieurement. La similitude des pattes est rare ici, surtout chez les mâles qui ont souvent la 3^ paire de pattes très grossie ; et l'extrémité postérieure, au lieu d'être simplement arrondie, est ordinairement lobée plus ou moins profondément, surtout chez les mâles, quelquefois chez les femelles, et ornée de divers appendices; les ventouses copulatrices sont constantes chez les mâles, sauf chez une seule espèce. Les Sarcoptides plumicoles se distinguent des Sarcoptides psoriques en ce qu'ils n'ont jamais de pattes avortées comme ces derniers, et surtout en ce qu'ils ne sont pas venimeux. " Dans le tableau suivant nous donnons les caractères distinctifs des igenres ; ACARIENS. 149 Femelles semblables en tout aux mâles qui n'ont pas de ven- • > touscs copulatrices Dermoglyphus. (Mégmn.) Femelles adultes ayant tou- jours l'ab-i domen en- tier et sé- tifcre .... Abdomen des mâles] sub - lobé et orné d'appendi ces variés sétacés ou foliacés, 3" paire de pattes ja- mais très' grosse . 'Pattes semblables et sub- égales chez les deux sexes, et portant des ambulacres de moyenne grandeur. . . . iPattes antérieures seules marginales, les postérieu- res plus courtes sous-abdo- minales Pattes toutes marginales, la troisième paire un peu plus grosse Pterolichus. (Ch. Rob.) Freyana. (G. Haller.) Pteronyssus. (Ch. Rob.) Femelles différant des mâles qui ont tous des ■ven- touses co- pulatrices . Abdomen des mâles entier ou'\ lobé et sétifère; 3° paire dejAbdomen pattes beaucoup plus grossef entier.. Analges. (Nitzsch.) et plus longue, souvent énor-\ me, et la 4° plus petite ; pattes [Abdomen antérieures ordinairement! lobé. . . épineuses / Dermaleichus. (Mégn. ex Koch.) Femelles a- Abdomen du mâle tronqué et portant dult.ayanti une paire d'appendices foliacés, l'abdomenl lobéetpor-jAbdomen du mâle tronqué et portant des tant des\ appendices réduits à l'état de soies ou d'aiguillons appendic. gladifor- mes ou sé- tifères . . . Abdomen du mâle légèrement lobé et simplement sétifère Proctophyllode. (Ch. Rob.) Plerodectes. (Ch. Rob.) Pterophagus. (Mégnin.) La plupart de ces genres sont susceptibles d'ôtre divisés en sous- genres; nous indiquons les coupes sans dénominations spéciales dans les tableaux suivants avec l'énumération des espèces. Genre Dermoglyphus Une seule espèce D. elongatus. (Mégnin.) (Vit sur les gallinacés (Mégnin). et les passereaux.) (Pl. III.) IP. obiusus. (Ch. Rob.) (Poule ordinaire, faisan, perdrix.) , . ^. P. claudicans. (Ch. Rob.) (Perdrix, caille soies, avec ou sans aiguil-] surtout.) Ions J f P. bi-subulattis. (Ch. Rob.) (Perdrix rouge et \ grise.) 2» Onglet inférieur des mandibules du mâle al- longé en faucille P. falciger. (Mégnin.) (Pigeons, gouras.) Genre 1 • (P'- IV et V.^ PxEnoGLïPHDS h» Abdomen du mâle ter-'', ^ . „ u , . , (Ch. Robin). { miné par des appendices ^- ««cwn^er. (Ch. Rob.) (Martinet.) b sous-genres. J symétriques securiformesl ^ •/• ,o>_ l ^ , , . ou cultiiformes ) ^- <^^ltr*fer. (Ch. Rob.) (Martinet.) 4° Abdomen du mâle ter- miné en demi-lune trans- versale P. lunula. (Ch. Rob.) (Perroquet, perruche.) 5° Abdomen du mâle pro-( ^- ■««"'"•«'»• (Ch. Rob.) (Râle de genêt.) fondément échancré for-i r> j i i, ^ ^ , - , \ mant deux lobes triangu- '^'^'^atus. (Ch. Rob.) (Corneille.) \ Isiircs [ " \ P- uncinatus. (Mégnin.) (Veuve, faisan.) ISO CHAPITRE V. Genre fG'"'miVer) H''""^ « Koch.) (Vit sur 1« "'l'ier;. cauurds.) T, ,^ • l -P- picirnu. (Ch. Hob.) (Pic-vert ^ Ptkiionvssus Deux espèces J ^ \rn--Ycri.; (f.li. Robin). •■(/>. sMatus. (Ch. Rob.) (Pinson.) A. passemu*. (Nitzsch.) (Passereaux.) (Pl.vi). Genre l ^. corvinus. (Mégnin.) (Corneille ^ Analobs Abdomen du mâle entier,! ^ ' l^*"^"*"'*-) (Nilzscb). 3. paire de pattes énorme/ A. iVtoc;nurus. (Mégnin.) (Faisan, corneille.) mâle divisés transvcrsale-\ „ , ment près de leur extré-< '^""î'û'W- (Mégnin.) (Poule ordinaire.) mité par une articulation) „ , ,. , simple O. asternaUs Uésnw.) (Colombidés, phasia- nidés, gallinacés, perruches, serins.) , , - 2° Lobes abdominaux en-( Oscinum. (Ch. Rob.) (Verdier.) de pattes plus\ tiers à bord externe plus) „ ■ i- . , , grande et plusJ eu moins profondémenti «""aiw. (Ch. Rob.) (Caille, pic-vert.) grosse, mais ler-I sinueux I . rainée par une! \ ^' stnuosus. (Jlégnin.) (Rapaces nocturnes.) ventouse o. t u u j • j , „ 3» Lobes abdominaux du D. velatus. (Mégnin.) (Canard, pingouin.) l mâle réunis par une mem-J \ brane mince ( D. centropodus. (Mégnin.) (Vanneau). D .uj J ptoidarijiîis. (Ch. Rob.) (Geai, gros-bec.) PnocTOPHYLLODE Abdofflen du mâle tronqué! / \ > o / (Ch. Robin). avec une paire d'appen-l P. profusus. (Ch. Rob.) (Petits passereaux ) dices foliacés très large ;{ femelle à abdomen bi-1 P. truncatus. (Ch. Rob.) (Petits passereaux.) lobé portant une paire f d'appendices gladiformes.\ P. hemiphyllus. (Ch. Rob.) (Proyer.) Genre / p. microphyllus. (Ch. Rob.) (Pinson.) PTBnoDBCTKS Abdomcu du mâle tronquél (Ch. Robin). avec des appendices à l'é-\ P. rutilus. (Ch. Rob.) (Hirondelles.) tat d'aiguillon ou de soies'J simples; femelleàabdomenl P. cylindricus. (Ch. Rob.) (Pie.) bi-iobé portant une paircf d'appendices gladiformes.\ P. bilobatus. (Ch. Rob.) (Alouettes.) Genre Ptehophagus Une espèce P. strictus. (Mégnin.) (Pigeons.) (Mégnin). Nous ne décrirons ici aucune de ces trente-six espèces en particu- lier, les caractères que nous venons de donner des genres et des sous-genres auxquels elles appartiennent étant suffisants pour per- mettre de ne pas les confondre avec des Sarcoptides psoriques. Nous nous contentons de donner comme spécimen plusieurs figures représentant les espèces les plus communes chez nos Gallinacés do- mestiques et nos oiseaux de volières (planches III, IV, V, VI). Avant de passer à la troisième tribu, signalons encore une particu- larité que nous avons découverte chez une des espèces ci- dessus, le Pteroglypus falciger : c'est que ses nymphes se transforment quel- ACARIENS. quefois en une nymphe hypopiale qui vit sous la peau des pigeons et qui avait été prise pour une espèce, et môme un genre acarien déter- miné, sous le nom à' Hypodectes (Filippi) (pl. IV et V). c. — Tribu des Sahcoptides cysticoles. Le tissu cellulaire sous-cutané ou celui qui entoure les muscles et les organes respiratoires chez les oiseaux, piiis les réservoirs aériens des mômes vertébrés, servent d'habitat à un certain nombre de pa- rasites constituant plusieurs espèces qui toutes appartiennent à l'ordre des Acariens et à la famille des Sarcoptidés. Un certain nombre de ces Acariens sont remarquables par la forme vermiculaire qu'ils affectent, munis de pattes très petites, rappelant celles des Hypopes, des Tyroglyphes et, comme ces derniers, ne présen- tent aucune trace de bouche (pl. V). Observés par Gênée, Robertson, Fi- lippi, ce dernier en avait constitué le genre IIypodectes (1). Mais, comme nous l'avons dit plus haut, nous avons reconnu que ces Acariens ver- miformes ne sont autres que des nymphes hypopiales de certaines es- pèces de Sarcoptidés plumicoles, entre autres du Pterolichus falciger. Nous les avons décrits longuement dans un mémoire spécial publié l'année dernière (2). Nous n'y reviendrons pas (voy. leur fig. pl. V). Outre ces Acariens imparfaits, on rencontre dans le tissu cellulaire de certains oiseaux, des gallinacés en particulier, une espèce aca- rienne parfaite, qui ^ passe toutes les phases de son existence et qui, découverte par Vizioh(3), avait été prise pour un Sarcopte et nommée par lui Sarcoptes cysticola. D'après l'étude que nous avons faite de cet acarien, nous avons reconnu, après avoir accepté le nom et le genre qui lui a été affecté par l'auteur italien, qu'il devait constituer un genre à part, tenant beaucoup du genre Sarcopte, mais aussi du genre Tyroglyphe et surtout du genre Dermoglyphe, et nous propo- sons de le nommer Laminosioptes, parce qu'il habite exclusivement le tissu cellulaire, — plus justement nommé lamineux, — des oiseaux. Genre LAMINOSIOPTES (de laminosus, tissu lamineux et o;vTou.ai, voir). Sarcoptide à corps oblong, à tégument finement strié en tra- vers, creusé d'un sillon transversal circulaire séparant le céphalo- (1) Giuseppe Gêné (scritto postumo), Brevi cenni su un acaridio del génère dei Sarcopti che vive sulla Slrix flammea. Torino, 1848. Cil. Robertson, Microscopical journal, 18G6. Filippo de Filippi, Note zoologiche I. HYPODECTES nova génère di aca- ridiproprio degli necelli, in Archivio per la zoologia. Fascicolo I, pag. 54-60, Genova, 18G1. (2) Ch. Robin et Mégnin, Mémoire sur les sarcoptidés plumicoles, in Jour' nul de l'Anatoviie, 1877, p. 104. (3) Giomale d'anatomia, fisiolngia, etc. Piza, 1870. CIIAPITIIE V. thorax de l'abdomen, et orné de longues soies céphalo-thoraciques et noto-gastriques. Faites presque semblables dans les deux sexes, gla- bres, courtes, à tarses antérieurs Iri-onguiculés avecambulacres caducs à tarses postérieurs inermes prolongés par un ambulacre à ventouse pédonculée simple, persistant; épimères des deux premières paires de pattes se réunissant sur la ligne médiane en une pièce sternale impaire dont l'extrémité fourchue se soude aux épimères de la pattes un peu avant leur extrémité qui se recourbe en dehors. Rostre unguiforme, semblable à celui des Sarcoptes, presque entièrement caché parl'épis- tome qui, de chaque côté, simule des joues. Vulve de la femelle en forme de fente longitudinale entre .les épimères des pattes postérieures. Pénis du maie entre ces épimères et l'anus, très petit ; anus sous-abdo- minal à commissure postérieure marginale. —Acariens, ovo-vivipares. Ce genre ne renferme qu'une espèce. liaminosioptes g^allinarum (Mégnin). (Pl. VU.) — Corps de cou- leur gris-perle et tégument en apparence lisse, à pièces du squelette roussâtre-pâle. Femelle ovigère longue de 0""",26, large de 0"™,H, Mâle — 0"'^,20, — 0°"",09. Jeune femelle pubère — 0™™,20, — 0°'™,09. Nymphe — 0™>",18, — 0'"°',09. Larve — 0°'",12, O'"'^,07. L'œuf n'existe pas à l'état de liberté puisque la femelle est, comme nous le disons plus haut, ovo-vivipare. Habitat. — Tissu cellulaire sous-cutané des régions des côtes, du flanc, des cuisses, de l'entrée de la poitrine et du cou chez les galhnacés. Mœurs et action. — Lorsqu'un individu meurt, quel que soit son âge, son cadavre provoque la formation d'un dépôt calcaire qui l'en- toure de toutes parts et qui peut acquérir un à deux millimètres de diamètre ; on rencontre ces concrétions dans le tissu cellulaire sous- cutané des oiseaux dans les régions que nous avons indiquées ; c'est même le seul indice de la présence des acariens qui en provoquent la formation. C'est là la seule lésion que nous ayons jamais constatée du fait de cetacarien, bien que nous l'ayons souvent rencontré, et en colonies nombreuses, chez différents gallinacés et surtout chez des gallinacés exotiques du genre Phasianus et autres, morts de mala- dies très diverses ou même de mort violente et en pleine santé. Ces acariens se promènent au milieu du tissu cellulaire sous-cutané, très lâche comme on sait chez les oiseaux, en en écartant les flbres ou en les déchirant, sans causer aucune autre altération que la production des concrétions en question. Sous ce rapport, ils sont donc bien plus voisins des Sarcoptides plumicoles que desPsoriques. Cependant nous ACARIENS. 153 l'avons vu en si grand nombre chez un faisan vénéré, mort d'anémie, que, dans ce cas, nous le regardons comme ayant contribué pour une grande part à la mort de l'oiseau. On rencontre souvent dans les réservoirs aériens de certains oi- ( seaux une espèce acarienne que Gerlach regardait comme apparle- I nant au genre Sarcopte, mais qui n'appartiendrait môme pas rigou- i reusement à la famille des Sarcoptides, en raison des particularités qu'offre le rostre dont toutes les pièces sont soudées et confondues pour former un court tube aspirateur, plutôt qu'un suçoir, dans lequel on ne distingue nettement, ni maxilles, ni palpes, ni mandibules ; cependant en cherchant bien on voit des rudiments de ces organes et surtout des palpes avec des traces de la division en trois articles de ces derniers organes. Tous les autres caractères de la famille des Sarcoptides, fournis par le nombre et la disposition des pattes, le I nombre de leurs articles, leurs ambulacres, se retrouvent chez cette espèce acarienne, en sorte qu'à la rigueur nous pouvons le considérer comme appartenant à cette famille, mais constituant un genre tout à fait à part. Genre CYTOLEICHUS (de; xOto;, cavité et Xeîxm, lécher). — Corps large, orbiculaire, convexe en dessus, plat en dessous, dépassé en avant par un 7'ostre mobile, incliné, conique, tubulaire, recouvert à sa base seulement et en haut par l'épistome qui ne fournit aucun prolonge- ment en forme de joues ou autrement. Pattes coniques, robustes, al- longées en deux groupes, un céphalo-thoracique et un abdominal, les premières seulement marginales, à épimères de la première paire seulement réunies en une pièce sternale, les autres libres; tarses sans crochets terminés seulement par un ambulacre à ventouse, i à pédoncule cylindrique simple ; le tarse de la deuxième paire pré- sente à tous les âges et dans les deux sexes un cirre mousse dirigé en haut ou en dehors. Acariens ovo-vivipares. Cytoleichus sarcoptoïde {Cytoleichus sarcoptoides nobis) (pl. VIII.) — Corps blanc et diaphane ayant les pièces chitineuses du squelette de I couleur jaunâtre très pâle ; téguments lisses, en apparence glabres, mais portant supérieurement cinq paires de très petits poils sembla- bles à de courts et fins aiguillons, s'élevant chacun d'une papille dis- coïde plate ; deux de ces paires de poils sont sur le céphalo-thorax, trois sur le notogastre et deux inférieurement entre les épimères. Femelle fécondée. — Longueur, 0^^,§i, largeur, 0°'°>,44. Vulve lon- gitudinale entre les épimères des dernières paires de pattes; montre dans son intérieur 4 ou 5 œufs à des degrés différents d'incubation, le dernier contenant un embryon prêt à éclore. Mâle. - Longueur 0^^,S0, largeur 0^^,28 ; présente au milieu de la face inférieure du corps une trace de sternite serpentin comme 154 CHAPITRE V. celui qui précède la vulve de la femelle. Pénis en avant de l'anus qui est marginal, sous forme d'un petit cône tronqué chilineux. Jeune femelle pubère. — Longueur 0™™,4o, largeur 0™™,38; n'a pas encore de vulve. Nymphe. — Longueur O^i^jSO, largeur 0™", 32. Larve octopode. — Longueur 0"™, 30, largeur 0™™, 18. Larve hexapode. — Long. 6°"°,20, larg. 0°"°,12. Habitat. — Les Cytoleichus sarcoploïdes habitent les réservoirs aériens des Gallinacés, et, en raison de leur grande taille et de leur couleur blanche, il est facile de les voir à l'œil nu, en colonies quelque- fois nombreuses, rampant sur les parois transparentes et membra- neuses des sacs aériens où ils font l'effet de grains de semoule sur une baudruche. On les rencontre aussi dans les diverliculums de ces sacs, dans les bronches et leurs divisions, et jusque dans les os avec lesquels ces sacs communiquent. N'ayant aucun des moyens de piquer ou de déchirer que possèdent les Sarcoptides, ils ne peuvent déterminer aucune affection plus ou moins analogue àla gale, aussi nous inscrivons- nous en faux contre les assertions de Gerlach, de Zundel, etc., qui les ont accusés de causer des entérites ou des gales du péritoine. Quand ils sont extrêmement nombreux et qu'ils se pressent dans les bronches des oiseaux, ils peuvent déterminer des titillations de la muqueuse bronchique accusées par des accès de toux ; ils déterminent même des symptômes asphyxiques et des congestions par obstruction des bronches, auxquelles les oiseaux peuvent succomber ; nous en avons vu tout récemment un exemple chez un faisan commun mort d'une maladie inconnue et que notre confrère M. Signolnous avait envoyé, de la jartde son client M. deJ., pour en faire l'autopsie. L'obstruc- tion des bronches était ici bien manifeste. I d. — Tribu des Sarcoptides gliricoles. Les Sarcoptides gliricoles constituent un petit groupe d'Acariens qui vivent sur les Rongeurs {Glires), et qui ont une grande analogie avec ceux de la tribu précédente ; cette analogie est telle, que Koch rangeait la seule espèce qu'il connût de ce groupe dans son genre Dermaleichus. Comme les précédents, ce sont des parasites parfai- tement inoffensifs, vivant au fond des poils àla manière des Ricins, c'est-à-dire à peu près exclusivement des humeurs naturellement ex- crétées. Comme les rongeurs domestiques ou sauvages sont exposés à contracter de vraies gales causées par des Sarcoptides psoriques, il est nécessaire de connaître les Sarcoptides ghricoles afin de ne pas les confondre avec les précédents et de ne pas leur attribuer un rôle qu'ils n'ont pas. i ACARIENS. lîiS Les Sarcoptides gliricoles comprennent deux genres assez dissem- blables, mais ayantceci de commun, c'est qu'ils sont munis d'organes , de préhension spéciaux, de sortes de crampons pour adhérer aux 1 poils ; dans le premier genre, c'est la lèvre transformée qui devient cet organe ; dans le second, c'est la troisième paire de pattes chez les mâles et les nymphes, la troisième et la quatrième chez les femelles, qui le constituent. Genre LISTROPIIORE {Listrophorus , Pagenstecker, de Xtarfcv, pelle, et cpopo'ç, qui porte). Sarcoptides à corps ovoïde, allongé, comprimé latéralement, à tégu- ment strié et à plastron, ayant les quatre paires de pattes sub-égales termmées par un ambulacre à large ventouse. Bostre petit, caché sous l'épistome transformé en large plastron céphalo- thoracique avancé, maxilles soudées formant seules le plancher inférieur du rostre ; lèvre extraordinairement dé- veloppée, composée de deux parties élargies , incurvées , mobiles d'un côté à l'autre et formant, par leur rapproche- ment, une pince fermée du diamètre des poils qu'elle est destinée à étreindre. Femelle à extrémité abdomi- nale entière, à vulve située entre les hanches des deuxième et troisième paires de pattes. Mâle à ventouses copulatrices ,l28. Elle est, comme on voit,' diffé- rente de celle qui cause la gale du tronc chez cet animal. (2) Archives générales de médecine: loco citato. 104 CHAPITRE V. B. Sarcoptes scabiei, variété equi. (Syn. Sarcoptes equi, Gerlach.) Fomollo ovigère. .. 0,45 à 0,47 mm. long, sm- 0,35 mm. lat. (pl.IX, fig. Iet2.) Femelle pubère... 0,35 à 0, 40 — — 0,55 à 0,30 — Mâle 0,26 à 0,'28 — — 0,18 à 0,20 — (pl. IX, fig. 3 et4.) Nymphe 0,30 — — 0,20 — (pl. X, fig. 4.) Larve hexapode. .. 0,:C à 0,25 — — 0,10 à 0,17 — (3 tailles après 3 mues, pl. X, fig. 3.) Œuf. 0,16 mm. long, sur 0,10 — (pl. X, fig. 1 et 2.) Corps assez régulièrement ovale allongé, gris-perle chez la femelle, roussâtre chez le màle ; division du céphalo-thorax en quatre seg- ments, très accusée, plastrons légèrement roussâtres, bien apparents surtout chez le mâle ; papilles cutanées dorsales, coniques, aiguës, recouvertes entièrement de chitine formant un champ en quinconces serrées, présentant deux petites éclaircies ovalaires sur la ligne mé- diane; épines dorso-abdominales, longues, fortes et droites; crochet-s^ du deuxième article de chaque patte antérieure et de l'extrémité des tarses forts, aigus et très courbés ; sternite de l'organe mâle inlimie- ment uni aux épimères des membres postérieurs. C'est le Sarcopte que nous avons étudié en 1872 (1) et qui a été la cause de l'épizootie de gale qui sévissait à cette époque sur presque tous les chevaux de l'armée française. Gerlach en a fait une espèce particulière sous le nom de Sarcoptes equi. Fiirstenberg le confond avec celui de l'homme qui pourtant est bien plus petit, d'une forme plus ronde et présente les détails du squelette et de la peau d'une ma- nière bien moins apparente, bien moins accusée. En se multipliant sur la peau du cheval, qu'il met une quinzaine de jours à envahir d'une manière évidente, il forme des colonies très étendues et en même temps très clair-semées, ce qui en rend la récolte très difficile : si on se contente, pour en faire la chasse, de recueiUir les croûtes et et les exsudais cutanés les plus superficiels pour les examiner au mi- croscope, on s'expose beaucoup à ne rencontrer aucun parasite, ait plus trouvera-t-on de rares larves ou des nymphes ou quelques mâles- à la recherche des jeunes femelles pubères ; il faut racler les couches les plus profondes de l'épiderme jusqu'au sang pour obtenir des fe- melles ovigères, ce qui prouve, bien qu'on ne puisse le constater de visu à cause de l'épaisseur de l'épiderme, qu'elle habite des terriers profonds, qu'elle creuse des galeries comme chez l'homme. Pour faire a récolte des Sarcoptes chez le cheval, il faut choisir une chaude journée, car, par une température élevée, les Sarcoptes ont plus de (1) Recueil vétérinaire, de M. H. Bouley, Paris, 1872. ACARIENS. 16» vivacité et leurs mouvements les font plus facilement découvrir au milieu des croûtes. La gale produite par le Sarcoptes scabiei variété equi, est eczémato- fiirfuracée, pouvant devenir à la longue eczémato-lichénoïde, en «omme toujours sèche. r,. Sarcoptes scabiei, variété vulpis. (Syn. Sarcoptes vidpis, Fiirst.) Femelle long. 0,40 mm. lat. 0,31 mm. Mâle — 0,24 — — 0,18 — 'OEuf. — 0,14 — — 0,08 — Corps ovale, de couleur gris-perle chez la femelle et les nymphes, t'oussâtre chez le mâle ; papilles cutanées dorsales, coniques, aiguës, recouvertes de chitine ; les épines du noto-gastre longues et grêles légèrement arquées, à pointe presque mousse. — Épimérite de l'or- gane mâle intimement uni aux épimères des pattes postérieures. Cet Acarien, déjà entrevu par Walz en i809, a été ensuite étudié par Fiirstenberg en 1837, sur des spécimens recueillis sur un renard galeux que son frère Albert avait tué dans l'île de Rugen. La queue seule de cet animal était attaquée et couverte de croûtes d'un tiers à trois quarts de ligne d'épaisseur, dans lesquelles grouillaient d'in- nombrables Sarcoptes. Ces Acariens vécurent encore six à sept jours ■après la mort de l'animal. Fiirstenberg en a fait une espèce particulière, mais aucun caractère spécifique ne le distingue du Sarcoptes scabiei; ce n'en est qu'une variété. D. Sarcoptes scabiei, variété lupi. (Syn. Sarcoptes scabiei ■crustosœ, Fûrst.) Femelle ovigère long. 0,37 à 0,40 mm. lat. 0,28 mm. Jeune femelle pubère. — 0,30 — — 0,21 — Mâle — 0,27 — — 0,16 — Nymphe — 0,24 — — 0,16 — Larve hexapode — 0,18 à 0,22 — — 0,11 à 0,15 mm. (3 tailles). CEuf — 0,15 — — 0,00 — Corps en forme d'ove, à thorax plus large que l'abdomen, qui res- semble à un triangle k sommet arrondi; couleur gris-perle rosé chez la femelle et les jeunes sujets, roussâtre chez le mâle; plastrons très apparents, surtout chez ce dernier ; les quatre anneaux du céphalo- thorax bien indiqués, surtout sur les côtés du corps qui sont profon- dément festonnés; papilles cutanées, coniques, aiguës, complètement recouvertes de chitine et formant un champ en quinconce serré, sans aucune éclaircie. Les 6 épines du noto-thorax longues et arrondies, les 14 du noto-gastre fortes, à extrémités, surtout celles des externes, mousses et presque bifurquées. Poils tenlaculaires de la face supé- 166 CHAPITRE V. rieure du corps et des côtés très longs. Épimcrite de l'organe mille étroilemenl uni aux cpimères des membres postérieurs. Ce Sarcopte ressemble trait pour trait, surtout pour les dimensions, à celui dont riirslenberg a fait une espèce sous le nom de Sarcoptes scabiei crustosse, et qu'il a recueilli dans les croûtes épaisses de cette gale de l'homme qu'on a nommée norvégienne, du nom du pays où elle paraît être fréquente, et qui diffère tant de la gale ordinaire par sa forme et son aspect. Nous avons récolté, il y a cinq ans (187b), cette variété de Sar- copte en quantité innombrable sur quatre jeunes loups de dix mois de la ménagerie du Muséum de Paris et qui sont tous morts successi- vement, dans l'espace de trois mois, de la maladie de peau dont ils étaient affectés. Cette affection était générale : toute la peau présentait un vaste eczéma impétigineux, recouvert de croûtes épaisses, jaunâ- tres, humides, poisseuses, qui avaient, dans quelques points, près d'un centimètre d'épaisseur. La moindre parcelle de ces croûtes contenait plusieurs Sarcoptes, aussi leur récolte était-elle des plus aisée. Quel- ques-uns de ces Sarcoptes, déposés sur le dos d'un cheval d'expérience, s'y sont si bien acclimatés et ont tellement pullulé, qu'en moins de douze jours on constatait leur présence aux extrémités les plus éloi- gnées de leur point de départ, et qu'ils avaient déterminé le dévelop- pement d'une gale ayant tous les caractères de celle du loup, jusqu'à son odeur caractéristique. La gale dite norvégienne est causée par ce Sarcopte du loup, ainsi que nous l'avons démontré dans l'article cité plus haut. Ajoutons encore que c'est de ce Sarcopte que se rapproche le plus celui trouvé par Delafond sur les lions morts de la ménagerie Borelli, en 1855 (7'm<é de la Psore); les dimensions du mâle, qui sont les plus constantes, sont identiquement les mêmes (0,27 mm. de long sur 0,16 mm. de large), et nous avons tout lieu de croire que c'est notre Sarcoptes scabiei, variété lupi, qui décima la susdite ménagerie en s'attaquant à cinq lions, deux hyènes, un ours, et qui se transmit au gardien Cyprien, à M. BorelU et à sa fille, lesquels ne se débarrassè- rent de la gale qui en résulta que par un traitement approprié et suivi. E. Sarcoptes scabiei, variété capra?. (Syn. Sarcoptes caprse, Fmsl.) Femelle long. 0,345 mm. lat. 0,342 mm. Mâle.... — 0,-243 — — 0,19 — Larve hexapode — 0,18 — — 0,16 Corps tout à fait arrondi chez la femelle, le thorax dépassant légè- rement en largeur l'abdomen; segments du céphalo-thorax peu indi- qués surtout sur les côtés qui sont modérément échancrés. Papilles xutanées à extrémité libre peu aiguë, un peu arrondies, quelques-unes ACARIENS. '^"^ , seulement pointues mais courtes, l'extrémité seulement est un peu chitineuse. Les 6 épines du nolo-thorax, courtes en forme de gland ; les 14 du noto gaslrc, relativement courtes et à extrémité peu poni- tue. Corps du maie ovoïde, à èpimérite de l'organe mâle lâchement ( uni aux épimères des membres postérieurs. Ce Sarcopte a été trouvé sur des chèvres naines d'Égypte, par M. le professeur Millier, de Vienne, qui en a communiqué des exemplaires à tous les savants qui ont bien voulu lui en demander, entre autres à î Fiirstenberg qui en a fait une espèce particulière sous le nom de 1 Sarcoptes caprx. F. Sarcoptes scabiei, variété cameli. (Syn. Sarcopte du Droma- daire, P. Gerv.) • Femelle ovigère lonp;. 0,44 mm. lat. 0,33 mm. Mâle - 0,24 - - 0,36 - OEuf - 0,12 - - 0,8 - Corps de forme ovale, allongée et de couleur blanc rosé chez la femelle, un peu plus ovoïde et roassâtre chez le mâle; sillons sépa- irant les 4 anneaux du céphalo-thorax moins accusés que dans les ( variétés vivant sur les pachydermes ; papilles dorsales moins grandes , et moins aiguës, plastrons moins colorés, moins apparents. ! Nous avons étudié cette variété sur des spécimens que nous avons 1 récoltés sur une jeune girafe venant d'Anvw's, et reçue par la ména- gerie du Muséum de Paris dans le printemps de 1875; la gale qu'ils avaient déterminée était eczémato-lichenoïde et par suite sèche; les colonies de parasites paraissaient très clair-semées sous les couchesépi- dcrmiques. Nous l'avons aussi trouvée sur un Antilope Bubale galeux. I Nous avons retrouvé la môme variété dans des Sarcoptes de la col- lection de M. le professeur Gervais, mise gracieusement à notre dis- position par ce savant, lesquels Sarcoptes provenaient de lamas du Muséum, qui avaient été affectés de gale deux ou trois ans auparavant. Nul doute que ce soit le môme parasite qui cause la gale dont les dromadaires de nos possessions d'Afrique sont souvent affectés, et que nous n'avons pu encore étudier (1). (1) La première mention, et m6me la seule qui ait été faite du Sarcopte du ih'omadaire, se lit dans les Annales des Sc.nat., II' série, XV (1841) p. 9, et est due à M. P. Gervais:» Nous nous sommes procure ce dernier dans les croûtes psoriques d'un dromadaire nouvellement envoyé d'Afrique et qui fut abattu dès qu'on eut constaté qu'il était atteint de gale. Aucune ressemblance n'è- xiste entre les parasites du chameau et celui du clieval (le Psoropte), tandis que le premier, au contraire, ressemble assez à celui de l'homme pour qu'on le confonde avec lui si on l'examine avec peu d'attention. On pourrait môme supposer que c'est à cette similitude d'organisation qu'il doit de pouvoir passer si facilement de l'animal auquel il est particulier sur le corps de l'homme et de transmettre avec la plus grande facilité la maladie de l'un à l'autre. Toute- 168 CllAlMTllE V. (i. Sarcoptes scabiei, variété ovis. l''etnello adulte. M aie Larve hexapode long. 0,ilA mm. lat. 0,30 mm. — 0,22 - - 0,1G — - 0,15 — — 0,13 - Cette variété ressemble tout à fait à celle que nous avons déjà décrite sous le nom de Sarcoptes sculiei, var. caprœ; elle n'en diffèr que par ses dimensions un peu moins fortes; quant à ses détails anatomiques cutanés, ils sont identiquement les mômes. Nous l'avons étudiée sur des spécimens provenant des mouflons del ménagerie du Muséum, qui avaient été atteints, en d874, d'une gale très grave, à forme eczémato-lichenoïde, dont plusieurs sont morts. Nous avons retrouvé la même variété dans une affection psorique de la face et du cou de deux jeunes gazelles d'Afrique, arrivées d'An- vers au Muséum en même temps que la girafe dont nous avons parlé plus haut. Elle se rapproche extraordinairement de celle de l'homme. Est-ce la même variété que Delafond a trouvée dans les affections fois lorsqu'on étudie comparativement les deux Sarcoptes en question avec u assez fort grossissement, on ne tarde pas à remarquer entre eux des diffé- rences assez importantes pour les faire séparer spécifiquement. La forme est h peu près la même, mais le Sarcopte du dromadaire est un peu plus allongé que celui de l'homme, les tubercules papilliformes du dos n'ont pas tout à fait la même disposition ; le poil bilatéral est grand et plus reculé dans l'es- pèce de l'homme, et au lieu. que la paire intermédiaire des poils postérieurs soit la plus petite, elle est au contraire plus grande. La face ventrale présente aussi des caractères distinctifs : le collier est plus nettement séparé dans la Sarcopte de l'homme, et il envoie infcrieurement une pointe aciculiforme qui n'existe pas dans Hespcce parasite du dromadaire. Il y a aussi une différence aux épines de la base des deux paires de pattes postérieures : elles sont iné- galement bifides dans la seconde espèce, et simples au contraire dans la pre- mière. Ajoutons que le Sarcopte de l'homme est plus petit d'un quart, ce qui est sans doute une des raisons des douleurs insupportables qu'il cause à l'homme. » Dans cette description, faite certainement d'après un dessin très mal fait, qui l'accompagne où l'on ne donne ni la distinction des sexes ni celle des âges, il y a des impossibilités matérielles évidentes : quand il parle par exemple d'un collifr xuns prolo7i(iement sternal, ce caractère n'existe pas chez les Sarcoptes ; le col- lier en quest ion n'est autre que le résultat de la soudure des épimères de la pre- mière paire de pattes et il a toujours un prolongement sternal plus ou moins long ; ce détail, aussi bien que la partie de la figure qui a la prétention de l'éclairer est impossible à comprendre. (Il est probable'que, dans la préparation pour l'étude, l'écrasement entre les deux lames de verre a brisé le sternum et séparé accidentellement une partie des épimères, et on aura pris cette dé- formation pour l'état normal, ou bien on aura pris en ce point la face supé- rieure du corps pour la face inférieure.) Cela admis, et en s'aidant du dessin, tout imparfait qu'il est, où l'auteur paraît s'être attaché au joli et à la symé- trie bien plus qu'à l'exactitude, comme le prouvent les festons réguliers du pourtour du corps et les plis rayonnants partant du centre, on reconnaît dans cet Acarien une femelle d'un Sarcopte moins rond que le Sarcopte scabiei du l'homme, et d'un quart plus grand, c'est-à-dire de la forme et de la taille do notre Sarcoptes scabiei, variété cimieli. ACARIENS. 1G9 du chanfrein des moutons, appelé vulgairement noir-mmeau? C'est très probable. H. Sarcoptes scabiei, variété kydrochœri. Femelle adulte long. 0,357 mm. lat. 0,30 mm. Mâle — 0,5-2 — — 0,16 — Larve hexapode — 0,1.') — — 0,13 — La femelle adulte est un peu plus grande, surtout plus allongùo que celle de la variété précédente; le mâle a la même taille ainsi que la larve hexapode, mais la coloration dans les deux sexes est plus foncée, et les détails anatomiques et cutanés plus prononcés ; il se rapproche en cela des variétés de Sarcopte qui vivent sur les Pachydermes. Nous avons étudié cette variété sur des spécimens de la collection de ses plis et rte ses appendices. — La peau est transparente, presque incolore, jaunâtre chez les mâles, à brisure nette, non filamenteuse. Elle s'étend sur toutes les parties du tronc et des membres, intimement unie aux parties dures du sque- ACARIENS. letle qui n'en sont qu'une dépendance, attendu qu'à chaque mue il y a rénovation complète de toutes ces parties en dessous des anciennes qui se détachent avec la peau. Plis. — La peau du corps offre chez les Sarcoptes des plis plus ou moins profonds, variant non seulement d'une espèce à l'autre, mais encore d'une région du corps à l'autre du môme animal ; chaque pli surplombe le suivant et en est séparé par un sillon semblable à une taille de burin, d'où résulte l'aspect finement dentelé des bords du corps dans les régions où les plis sont très prononcés. La pression du corps de l'animal fait disparaître les saillies cutanées qui, par leur aplatissement, se prêtent à l'extension du tégument, mais la trace du sillon persiste toujours sous forme d'une Ugne claire et étroite. La disposition des plis varie un peu d'une espèce à l'autre, comme on peut le voir en comparant les figures de nos planches. Dans la première espèce, les pUs sont généralement creusés en travers, ou un peu obliquement au grand axe des quatre anneaux et de l'abdomen, supérieurement ; inférieurement, ils sont généralement transversaux ; sur le céphalo-thorax et dans la partie médiane, ils sont interrompus par un plastron chitineux, jaunâtre, finement grenu qui, chez le màle, descend jusqu'au bord postérieur du troisième anneau, et, chez la femelle, n'occupe que la largeur du deuxième. Ces plastrons, très marqués chez les grandes variétés du Sarcoptes scabiei, sont à peine indiqués chez les petites variétés. Sur la face dorsale du céphalo- thorax de cette espèce, les derniers plis transversaux du 2"= anneau offrent quelques petites saillies à pointes écartées ; ceux qui suivent, sur le milieu du 3*= anneau, sur les côtés du 4", jusqu'aux bords du corps, vers la jonction du thorax et de l'abdomen, ainsi que les premiers plis de celui-ci, sont inter- rompus ou tout à fait remplacés par de petits tubercules papilliformes, ou saillies tégumentaires coniques à base élargie et à sommet pointu. Ces tubercules forment des séries concentriques qui suivent la direc- tion des plis dont ils occupent la place sur le milieu thoracique et le commencement du notogastre ; il en est même quelques-uns qui des- cendent vers l'extrémité postérieure du corps, entre les quatre ran- gées de spinules dorsales, mais sans l'atteindre. Leur nombre total est d'environ 140 dans cette espèce, mais ces tubercules sont beau- coup plus saillants et plus aigus chez les grandes variétés du Sarcoptes scabiei que chez les petites. Chez le S. notoèdre, les plis cutanés ont une disposition plus simple que dans l'espèce précédente. Les séries sont très profondes, les pUs sont volumineux, écarlés ; ils sont disposés concentriquement, par rapport à la périphérie du corps, à l'anus et aux spinules, en offrant une ondulation légère au niveau de la jonction de chaque anneau côphalo-thoracique. Les plus externes contournent les côtés du corps 186 CHAPITRE V. à partir du bas du 2° anneau pour gagner la face ventrale, les autres descendent plus loin pour se continuer, en dessous de l'anus, avec ceux du côté opposé. Sur le milieu du dos, les plis deviennent d'abord onduleux, puis ils forment des saillies à sommet arrondi, rangées en séries concentriques, ayant l'anus pour centre. Chez le Sarcoptes mutans, on remarque des plis fins, difficiles à voir sur l'épistome, qui descendent sur les côtés du corps en s'inflé- chissant légèrement au niveau de la jonction des trois premiers an- neaux céphalo-lhoraciques. Chez la femelle, les plis tracés au-devant de l'anus sur la face dorsale, sont séparés par des stries ou tailles étroites, mais profondes. Ils sont interrompus régulièrement de cha- que côté de la ligne médiane de manière à décrire simplement des arcs concaves en arrière, contigus parleurs bouts. Plus en avant, ces plis, formant des arcs, sont eux-mêmes plusieurs fois interrompus, ainsi que ceux des parties latérales du dos, et ils décrivent des infle- xions assez rapprochées. Enfin surtout le milieu du dos les plis sont réduits à l'état de saillies arrondies, ovalaires, ou un peu allongées, à sommet mousse, ressemblant à des boursouflures ou à des am- poules. Chez le mâle, les interruptions des plis ainsi que les saillies disposées en séries qui les remplacent sur le milieu du dos, n'exis- tent pas, 11 ne présente là que des plis fins, séparés par des stries peu profondes, et un peu infléchis sur la ligne médiane. Appendices cutanés. — La peau est pourvue d'appendices disposés symétriquement de chaque côté de la ligne médiane. Aux mêmes places, mais d'une espèce à l'autre, ils peuvent se présenter sous forme ; 1° de soies ou poils longs et flexiljles ; 2° de piquants aigus, rigides et courts ; 3° de spinules rigides à pointe mousse ou coupée carrément. Quelle que soit leur forme, ces appendices sont de même nature que ceux des pattes ; ils ont aussi la même structure, cana- liculée lorsqu'ils sont gros, et pleine lorsqu'ils sont grêles, tous in- sérés sur une papille ou plaque tuberculeuse, arrondie, saillante au-dessus du tégument. Lorsqu'ils se brisent, leur plaque basilaire ou papille reste sous forme d'anneau dont le centre simule un trou. Nous allons les passer en revue en les examinant successivement dans les régions latérales, postérieures et supérieures du corps, puis à la face inférieure. Chez le Sarcoptes scabiei, on remarque d'abord un long poil latéral, flexible, placé de chaque côté du 4'= anneau céphalo-thoracique, un peu en arrière et transversalement. Un poil analogue, avecles mêmes dimensions relatives, s'observe chez les mâles et les nymphes et lar- ves du Sarcoptes mutaiis; il se trouve seulement placé un peu plus en avant, sur la portion du corps correspondant au 4" anneau cé- phalo-thoracique. Chez la femelle, il est réduit è un piquant très court, rigide, aigu. Il est, dans ces trois espèces, porté par un tuber- ACARIENS. cule assez volumineux, surtout chez les deux premières. Ce poil est réduit à l'état de court aiguillon chez le Sarcoptes notoedres. Au bord postérieur de l'abdomen se trouvent deux longs poils iné- gaux, flexibles, de chaque côté de l'extrémité de la fente anale, portés sur un tubercule assez saillant. Le plus long est en dedans, il a à peu près la longueur de la moitié du corps, — l'autre étant d'un tiers plus court. — Chez le Sarcoptes scabiei, la larve n'en porte qu'une paire; chez le Sarcoptes miitans, le mâle, la larve et la nym- phe portent la seule paire de poils externe, — la femelle porte aussi la paire interne, — mais ici, cette paire interne est réduite à l'état de petits piquants, courts et grêles, mais, par contre, la paire externe atteint la longueur entière du corps. Chez le Sarcoptes notoedres, la paire externe de ces poils existe seule, avec une longueur atteignant à peine le quart de la longueur du corps ; elle manque chez les petites variétés de cette espèce. Les appendices tégumentaires qu'on trouve sur le dos des Sar- coptes sont les suivants ; Sur l'épistome, qui est le bord antérieur de l'anneau céphalique, ou premier anneau céphalo-thoracique, il existe, chez le Sarcoptes scabiei de l'homme, une paire de piquants courts, assez gros à la base, aigus au sommet et légèrement recourbés ; ils sont plus longs chez les grandes variétés des animaux et transformés en longs poils flexi- bles dépassant le rostre chez le Sarcoptes notoedres; ils manquent ab- solument chez le Sarcoptes mutans. Au niveau de la 2" paire de pattes, vers le milieu du 2« anneau, existe une paire de longues soies ou poils flexibles, généralement dirigés en arrière, et à tubercule basilaire assez large dans les deux sexes du Sarcoptes scabiei. Plus longue dans les grandes variétés que dans les petites, mais, chez la femelle de celte dernière espèce, elle est courte et très grêle. Elle n'existe pas chez le S. notoedres, mais on la trouve chez le S. mutans, très longue chez le màle, réduite à l'état dépiquant grêle chez la femelle et, déplus, dans cette espèce, ac- compagnée d'un petit piquant inséré en dedans du pfemier et plus petit que lui. Un peu plus en arrière et plus en dedans, vers la portion du céphalo-thorax qui correspond au bord postérieur du 2,0 anneau, il existe, chez le Sarcoptes scabiei, une paire d'aiguillons courts, coni- ques, gros, creux, à sommet brusquement terminé en pointe, dont le tubercule basilaire est très large. On trouve une seconde paire d'ai- guillons pareils, un peu plus en arrière et en dehors, sur le milieu du 3"= anneau céphalo-thoracique, et une 3« paire encore au bord antérieur du 4"= anneau, un peu plus en dedans que la seconde. Ces piquants, semblables entre eux, sont rangés en triangle de chaque côté de la ligne médiane. Chez le Sarcoptes notoedres, les trois paires 188 CHAPITRE V. de piquants correspondants existent également, mais ils sont plus grûlcs, plus longs, cylindriques et à sommet mousse. Les deux pi- quants de la paire la plus antérieure sont très rapprochés, les deux suivants, presque au bord du céphalo-thorax, les deux derniers pres- que au niveau de ceux-ci, mais plus rapprochés de la ligne médiane. Ces appendices manquent chez le S. mukms, mais on trouve dans cette espèce trois paires de piquants grêles extrêmement fins, courts et difficiles à voir, placées plus en arrière. Deux sont placées presque au niveau sur le 4" anneau, au niveau de la 3« paire de pattes à peu près ; la dernière paire se voit un peu plus près de la ligne médiane, mais plus en arrière sur le notogastre. Chez le Sarcoptes scabiei et le Sarcoptes notoedres on voit, sur le noto- gastre, et de chaque côté de la ligne médiane, sept paires de piquants sur le premier et six sur le dernier, placés sur deux rangs en ligne courbe. La rangée extérieure est formée de 4 piquants chez les deux espèces, la rangée intérieure en compte 3 chez la première et 2 seu- lement chez la dernière. Chez celle-ci l'anus est entouré par ces pi- quants ; chez l'autre il est placé plus en arrière. Ces piquants sont volumineux, presque cyhndriques, à pointe mousse, ils sont tubuleux au centre et reposent sur une large papille. Plus volumineux et plus aigus chez les grandes variétés du Sarcoptes scabiei que chez les petites, ils sont semblables à ceux du céphalo-thorax chez le S. 7io- toedres ; chez tous ils sont inclinés en dedans et en arrière. Chez le Sarcoptes scabiei de l'homme, on trouve, sur un grand nombre d'individus, mais non sur tous, un piquant impaire grêle, assez long, peu effilé, un peu recourbé, placé sur la ligne médiane immédiatement au-dessus de l'anus. (Cli. Robin.) A la face ventrale, on trouve chez tous les Sarcoptes une paire de piquants courts, grêles, aigus, rigides au niveau de la seconde paire de pattes. Chez la femelle seulement du S. scabiet adulte, ou mieux ovigère, il existe une paire de piquants semblables sur la lèvre antérieure de la vulve de ponte ; seulement, chez les femelles des grandes variétés de cette espèce, ces piquants, aussi bien que les précédents, sont de véritables poils flexibles ainsi que ceux qui exis- tent chez le mâle. On trouve encore à la face ventrale, chez les Sarcoptes, sous le 4" anneau céphalo-thoracique, 3 paires d'appendices qui sont des poils ou des piquants suivant les espèces : 1° la l''" paii'e, la plus exté- rieure, placée en dehors des épimères de la 3° paire de pattes, est constituée par des poils assez longs chez le S. scabiei, ainsi que chez les mâles, les nymphes et les larves du S. mutans, mais chez le S. notoedres ainsi que chez la femelle du S. mutans, celte paire de poils est réduite à l'état d'aiguillon court et grêle ; 2° la2« paire, en- tre les épimères des pattes postérieures, est constituée par des poils ACARIENS. 189 grêles et courts chez le Sarcoptes scabiei, mais chez tous les autres par de petits et courts aiguillons ; 3° enfin, la 3« paire est constituée par une paire de petits poils chez le S. scabiei grandes variétés, aiguil- lons chez les petites variétés de la môme espèce, situés de chaque côté du sternite chez les mâles ; ils manquent chez toutes les autres espèces. Genre PSOROPTE {Psoroptes, Gervais). Le genre Psoroptes a été créé par M. Gervais en 1841 pour l'Aca- rien du cheval, le plus anciennement connu, après que ce savant eut constaté que des différences caractéristiques le séparent des Sarcoptes, avec lesquels on l'avait jusqu'alors confondu. Plus tard, Gerlach nomma le môme Acarien Dermatodecte, nom qu'adopta 0. Delafond malgré le droit de priorité qu'avait le premier nom, et Furstenlierg créa, sans plus de nécessité, un troisième nom, celui de Dermatokopte. M. Robin a réparé ces fautes en rendant à ce para- site son premier nom de Psoroptes. Les caractères taxinomiques de ce genre, sont : Corps ovalaire, obtus aux deux bouts, lobé postérieurement chez le mâle, convexe en dessus, plat en dessous, marqué de stries si- nueuses symétriques, dépassé en avant par un mire mobile dépourvu de joues, conique, beaucoup plus long que large, pourvu de palpes à trois articles dont les deux derniers sont complètement libres ; man- dibules longues en pinces didactyles dont chaque branche est allon- gée en stylet barbelé à l'extrémité. Pattes très épaisses, surtout les antérieures, grandes, pourvues de forts crochets et d'une ven- touse en forme de pavillon de trompette, ayant à son centre un petit crochet, et portée sur un pédicule long, tri-articulé. Ûviducte en forme de courte fente transversale à lèvres fortement plissées, et pourvu d'une paire d'épimérites dessinant une lyre renversée. Organe mâle complexe entre les deux dernières pattes. Anus marginal. On avait distingué plusieurs espèces de Psoivptes : l'un propre au mouton, qui n'est autre que l'Acarus décrit par Walz en 1809 ; un autre particulier au cheval, découvert par Gohier en 1812, un autre du bœuf et enfin un dernier du lapin dans l'oreille duquel il déter- mine une gale particuUère. On a fini par reconnaître que ces diffé- rentes espèces n'en forment en réalité qu'une seule, car aucun caractère réellement spécifique ne les distingue. Cependant les ten- tatives d'inoculation faites sur quelques-uns de ces différents quadru- pèdes avec des Psoroptes provenant des autres, ont prouvé que, hors de leur habitat, ces parasites ne prospèrent ni ne pullulent, et finis- sent par disparaître, ce qui prouve que ces Acariens diffèrent entre eux par leurs mœurs ; ils dilfèrent aussi, ainsi que nous nous en sommes 190 CHAPITRE V. assuré, par quelques différences de coloration, de taille et de vo- lume de certains organes ; ces différences, insuCnsanles pour carac- tériser des espèces, caractérisent tout au moins des variétés. Nous nommerons l'espèce Psoroptcs longirostris et nous prendrons pour type de cette espèce la variété la plus anciennement connue, et qui va nous fournir les caractères de l'espèce. rsoropte à long- bec {Psoroptes longirostris, Mégnin). Synonymie. — Acanis du cheval (Gohier) ; Sarcoptes equi (Héring) ; Psoroptes equi (P. Gervais) ; Dermatodectes equi (Gerlach) ; Dermato- decles communis (Bourg, et XiaM .) ; Bermatohopies communis (Fûrst.). DiAGNosE. — Psorople à rostre peu caché par l'épistome, à soies des palpes courtes. Ccphalo-lhorax à segments peu distincts, portant sur sa face supérieure une plaque grenue, jaunâtre, courte et large, occupant la partie médiane du premier segment. Cinq paires de poils dorsaux, dont une de plus grande dimension, insérée sur une large papille, placée près des angles postérieurs de la plaquegrenue céphalo-thoracique. Deux paires de poils latéraux près des hanches de la deuxième paire de pattes ; quatre paires de poils sous-thoraci- ques et ventraux entre les épimères des pattes. Femelle ovigére (pl. XIII). — Oviducte eu forme de courte fente transversale sous-thoracique, à lèvres fortement plissées, la lèvre inférieure munie d'une paire d'épimérites en forme de branches de lyre renversées. La 3« paire de pattes terminée par deux longues soies, la 4*= par une ventouse pédiculée. ^ Mâle (pl. XIVj. — Organe génital complexe entre les pattes posté- rieures accompagné d'une paire de ventouses copulalrices en forme de gobelets. Trois paires de pattes complètes, la 4<= rudimentaire. Lobes abdominaux triangulaires arrondis portant chacun cinq soies simples, les trois de l'extrémité très grandes. Notogastre recouvert d'un large plastron trapézoïdal en chitine grenue rousse. Jeune femelle pubère (pl. XV). — Fente vulvo anale très grande, longitudinale, sous-abdominale, à lèvres chitineuses; de chaque côté delà commissure postérieure de cette fente, mais sur la face dor- sale, deux tubercules hémisphériques saillants, chilineux, servant à l'accouplement par leur emboîtement dans les ventouses copulalri- ces du mâle. Absence complète d'oviducte sous-thoracique. Pour le reste de la conformation et les pattes, ressemblance complète avec la femelle ovigère, sauf la ventouse de la 4'= paire de pattes, qui est comme arrêtée dans son développement. Jeune femelle pubère [2" forme) (pl. XVI, fig. 1). — Ressemble à la précédente dont elle ne diffère que par sa 3'= paire de pattes, qui est tout à fait imparfaite et se termine par deux poils grêles au lieu d'une ventouse. ACARIENS. ^91 On trouve indifféremment l'une ou l'autre de ces jeunes femelles accouplées avec les mâles. Nymphe. — Elle a tous les caractères de la jeune femelle 2"= forme, seulement elle n'a pas de tubercules copulaleurs et son anus n'est pas plus grand que celui de la larve. Larve hexapode (pl. XVI, fig. 2). — Elle n'a qu'une paire de pattes postérieures, terminées par deux soies. — C'est la 4^ qui manque. (11 y a trois grandeurs de larves hexapodes, ce qui indique trois mues pendant cet état.) (EM/'(pl. XVI, fig. 3). — Presque toujours à un degré plus ou moins avancé d'incubation. Celte espèce présente les quatre variétés suivantes : A. Psoropte du cheval [Psoroptes longirostris,\Siiié[.é Equi (Mégnin). Femelle ovigère.... long. 0,80 mm. larg. 0,50 mm. (sans les pattes). Mâle - 0,50 - - 0,30 — Jeune femelle pubère — 0.40 — — 0,30 — Nymphe — 0,35 — — 0,'i5 — Larve hexapode.... — 0,20 à 0,35 — — 0,12 à 0,24 — OEuf — 0,20 — — 0,12 — Corps de forme tétragonoïde-ovalaire, de couleur gris-perle, avec les pièces du squelette et les plastrons roux. Le mâle paraît plus co- loré que la femelle et surtout que les jeunes, les nymphes et les larves. Habitat. — Ce Psoropte habite sur le cheval en sociétés nombreuses, qui ne se déplacent qu'en rayonnant et en suivant une progression régulière; c'est ce qui explique la forme et l'aspect particulier, carac- téristique de la gale psor optique, laquelle se présente par larges pla- ques herpétiques qui augmentent toujours et qui sont toujours sépa- rées des parties saines par une ligne de démarcation bien tranchée. B. Psoropte du bœuf {Psoroptes longirostris, variété Bovis) (Mégnin). Femelle ovigère long. 0,G0 mm. larg. 0,35 mm. Mâle — 0,40 — — 0,30 — Différences de taille insignifiantes dans les autres âges. A part une taille un peu inférieure, indiquée par les chiffres ci- dessus, il n'y a pas de différence appréciable entre cette variété et la précédente. — La gale qu'elle produit a aussi les mômes carac- tères. C. Psoropte du lapin (Psoî'op^es longirostris, variété cuniculi) (Mégnin). Femelle ovigère long. 0,65 mm. larg. 0,40 mm. Mâle _ 0,50 — — 0,35 — 192 CHAPITRE V. Diirérenccs de taille proportionnelles dans les autres âges. Pour le reste, en tout semblable à celui du cheval. Habite l'intérieur de la conque de l'oreille du lapin, où Delafond l'avait déjà rencontré en {h'6'6 \ et où nous l'avons étudié aussi avec notre collègue, M. Mathieu, de Sèvres, en 1867. Depuis, les Allemands ont cru faire la découverte du môme fait. Zurn prend le parasite de l'oreille du lapin pour un Symbiote, mais Mœhler, de Proskau, le regarde avec plus de raison comme un Psoropte qu'il trouve môme plus grand d'un quart que celui du cheval: il donne au mâle 0"°',508 de long sur 0°"",348 de large, et à la femelle 0»",820 de long 'sur 0mm^47l (le largg^ jj^^ gjjjfg 0'""",29 de long sur0'»'>',13 de large. M. Mœhler dit qu'il n'y a pas à douter de l'influence de ces Acariens sur le développement de l'otite externe des lapins, et il a fait une expérience qui le prouve: ayant mis des -lapins souffrants de cette otite parasitaire avec des lapins n'ayant pas le moindre mal d'oreille, ce vétérinaire a, au bout de quelque temps, constaté la contagion à ces derniers. L'otite occasionnée par ces parasites peut devenir grave; l'inflammation peut se communiquer à l'oreille interne, se compliquer de carie du rocher et môme d'encéphalite. (Wochenschrift fur Thicrheilkunde. Augsburg, 1874, p. 278-3o7.) D. Psoropte du mouton {Psoroptes longirostris, variété Ovis) (Mégnin). Femelle ovigère long. 0,60 mm. larg. 0,35 mm. Mâle _ 0,46 — — 0,30 — Différences de taille proportionnelles dans les autres âges. ^ Comme on le voit, pour la taille, c'est le Psoropte du mouton qui s'écarte le plus de celui du cheval, mais c'est aussi celui qui s'en écarte le plus pour les autres détails ; ainsi, il a les membres moins robustes, plus grêles, surtout chez la femelle, le crochet terminal moins fort, moins courbé et les plastrons moins apparents, incolores. Habite sur le mouton, sur lequel il détermine une gale qui a une grande anologie d'aspect et de marche avec celle du cheval. ANATOMIE DES PARTIES DU CORPS QUI SERVENT A CARACTÉRISER LES PSOROPTES. A. Rostre. — Le rostre est plus long que large, en forme de cône allongé presque régulier, à extrémité tronquée, ordinairement dépas- sée par la pointe des mandibules (pl. XIII, XIV, XV et XVI). Il est constitué par les mêmes parties que chez les autres Sarcoptides et même chez tous les Acariens, c'est-à-dire qu'on y rencontre une paire (1) Bulletin de la Société centrale vétérinaire. I ACARIIÎNS. 193 de mâchoires, une paire de palpes maxillaires, une lèvre maxillaire avec des rudiments de galeas, et une paire de mandibules. 1. Mâchoires (pl. XVI, fig. 4, f, f), _ Elles sont constituées par deux pièces épaisses en forme de point d'interrogation couché (o. ) soudées au milieu à un petit tubercule en forme de sablier, qui est l'extré- mité antérieure du menton (/"), large pièce en forme d'ogive ren- versée qui s'étend sur le 1" anneau thoracique. 2. Palpes maxillaires (môme fig. g, h, i). — Ils sont placés de chaque côté du rostre, volumineux, cylindriques et formés de trois articles. Le premier [g), le plus grand, s'articule par continuité avec les mâchoires et le menton, et plus haut s'articule avec le deuxième article. 11 est grenu sur toute sa surface avec le bord externe arrondi. Le deuxième article {h) est d'un diamètre moindre et plus court aussi que le premier. Il est aussi grenu sur toute sa surface et porte deux poils, un à sa face supérieure, l'autre à sa face inférieure. Le troisième article {i), presque du môme diamètre que le précé- dent, est aussi plus court ; son articulation avec celui-ci est très bornée, au point qu'il paraît en être la continuité. Il porte un petit poil à son bord externe, et son extrémité, composée de trois pointes aiguës, est coiffée d'une membrane sphérique, comme soufflée, qui semble jouer le môme rôle que les joues des Sarcoptes. Les deux derniers articles sont tout à fait libres d'adhérence avec la lèvre, et, dansle repos, couvrent tout à fait les côtés de cette mem- brane, en ne laissant entre eux que l'espace nécessaire pour le glis- sement des mandibules. 3. Lèi;re(môme fig., l, l). — Elle est membraneuse, mince, adhé- rente par sa base et en arrière avec les mâchoires dont elle représente les parties molles soudées, libre dans le reste de son étendue, elle est bordée de chaque côté par une pièce résistante, en forme de moitié d'arc, à talon bi-coudé qui nous paraît être le galea des mâ- choires; sur la ligne médiane, et faisant saillie à sa face supérieure se montre lalanguette (k), pièce épaisse et dure en forme de fer de lance, qui forme le plancher inférieur de la bouche. A sa face infé- rieure la lèvre porte une paire de poils assez longs, dirigés en dehors msérés près des mâchoires. ' 4. Mandibules (pl. XVI, fig. 5). - Elles reposent sur la face supé- rieure de la lèvre, et elles complètent avec celle-ci un passage trian- gulaire qui n'est autre que l'ouverture buccale ; elles sont coniques très allongées et aplaties d'un côté à l'autre ; leur base (m), renflée' est attachée au fond du camérostome par des muscles actifs qui peu- vent les projeter en avant et les faire agir alternativement d'une manière indépendante l'une de l'autre. L'onglet supérieur (o), allongé en stylet, porte, tout à fait àson extrémité, trois petites dents' ou bar- belures, dont la plus en arrière a la pointe dirigée en dehors. L'on- MÉGNiN. — Les Parasites. 13 194 CHAPITRE V. glel inférieur (n), allongé aussi en slylet, porte tout à fait à son exlréniilé, outre une pointe aiguë terminale, une seule dent ou bar- bclure dirigée en bas ; il s'articule à charnière avec l'onglet supérieur. B. Anus. — L'anus est longitudinal et tout k fait marginal chez les deux sexes. Chez les jeunes femelles pubères que l'on trouve accou- plées, il est remarquablement plus grand que chez les larves et les adultes, où il n'est constitué que par une courte fente; il est aussi tout à fait sous-abdominal et a des lèvres épaisses et chitineuses ; c'est par cette ouverture que se fait la copulation et non, comme on l'a cru jusqu'à présent, parla vulve sous-thoracique, qui n'existe pas à l'âge de l'accouplement et qui ne se montre que chez les femelles ovigère? prêtes à pondre. Chez la femelle, l'anus est entouré de cinq paires de poils grêles dont trois paires marginales, la médiane plus grande. Ces mômes poils sont reportés, chez le mâle, sur les lobes abdominaux et consi- dérablement plus développés. C. Org-îines g^énîtaux. Organe mâle. — Il se compose de plu- sieurs éléments : un principal, le pénis, et des accessoires, les ven- touses copulatrices et les lobes abdominaux (pl. XVI, fig. 1 et 2). 1. Au milieu de la face antérieure du 4<= anneau céphalo-thoracique se trouve une pièce chitineuse représentant un petit cadre trapézoï- dal à trois côtés seulement, à angles saillants, dont le côté postérieur est ouvert (pl. XVI, fig. 2, o). Cette pièce rappelle tout à fait le sternile des Sarcoptes et surtout celui des Chorioptes ; dans l'espace laissé libre par les branches de cette pièce se trouvent deux petits tubercu- les, puis une autre paire en dehors. En dehors encore, et de chaque côté, se trouvent deux paires de petits tubercules à crochets dont nous ignorons l'usage, et qui cependant, par leur position, rappellent les ventouses latérales du pénis des Tyroglyphes. Si l'on compare le pénis des Tyroglyphes, types de la famille, avec l'organe que nous venons de décrire, on voit que c'est le même organe, susceptible comme lui d'entrer en érection, et qui, par sa position, est parfaite- ment disposé pour l'introduction dans la fente vulvo-anale de la jeune femelle pubère ; c'est, en effet, ce qui a lieu et ce qu'on peut consta- ter quand on examine deux Psoroptes accouplés, ce qui est facile, car rien n'est commun comme d'en rencontrer dans cette position. 2. Près de la commissure antérieure de la fente anale et de chaque côté se voient une paire d'organes cupuUformes enchâssés chacun dans un manchon membraneux, saillant et mobile, qui ne sont autre? que des ventouses copulatrices analogues à celles que portent au même endroit les mâles des Chorioptes et de presque tous les Sar- coptides avicoles. Ces ventouses sont constituées par des cupules en ACARIENS. m chitine, dont le fond est percé de neuf petits trous correspondant à un organe d'aspiration composé d'un faisceau de petits tubes. Le manchon qui les porte est rétractile, mobile en tous sens (pl. XIV, fig. 2, 6c), et forme une auréole festonnée autour du bord de chaque cupule. Lors de l'accouplement, ces cupules emboîtent les tubercules correspondants des jeunes femelles et y adhèrent intimement. 3. Les lobes abdominaux ou caudaux paraissent être un prolonge- ment du plastron notogastrique particulier au mâle; ils ont la forme d'un triangle dont l'hypoténuse serait un arc de cercle (pl. XIV, fig. {). Ils portent chacun cinq poils dont les trois terminaux sont de gran- des et fortes soies. Ce sont encore des organes de fixation lors de la copulation et des organes de direction dans les mouvements prépa- ratoires à cet acte. Organe femelle. — Nous avons déjà dit que l'anus, chez les jeunes femelles pubères, est l'organe de l'accouplement ; en effet, à cet âge, et en vue de cet acte, l'anus prend des dimensions qu'il n'a à aucun autre âge (pl. XVI, fig. I) : au lieu d'être une simple petite fente marginale, il devient une grande fente sous-abdominale, à lèvres épaisses, chitineuses, munies chacune d'un petit tubercule en leur mUieu. Après l'accouplement, l'anus reprend sa position et ses di- mensions primitives. Lorsque la jeune femelle fécondée, après une dernière mue, est devenue femelle ovigère, un organe spécial apparaît pour l'expulsion des œufs : c'est exclusivement l'orifice d'un oviducte que la vulve qui se montre au dernier âge des femelles et sous le thorax; c'est une fente transversale, à lèvres fortement plissées, située sous le Y anneau cé- phalo-thoracique : la lèvre inférieure seulement est munie d'une paire iVépimérites (à, à), pièces solides en forme de branches de lyre qui en constituent le squelette. Lors de la .ortie de l'œuf, ces épimérites s'é- cartent et les lèvres de la vulve se déplissent (pl. XIII, fig. 2). Chez les jeunes femelles pubères il existe une paire d'organes qui sont des accessoires de la vulve de copulation, nous voulons parler des deux tubercules qui existent de chaque côté de la commissure postérieure de la fente vulvo-anale et légèrement sur la face dorsale Ces tuôercuZes copulateurs sont deux éminences cylindro-sphérigues en chitme rousse, qui, lors de l'accouplement, sont emboîtées par les ventouses copulatrices du mâle qu'elles remplissent exactement et auxquelles elles adhèrent par succion. Accouplement. - A propos de l'accouplement, nous avons à faire les mêmes remarques que M. Robin a déjà faites pour les Sarco- ptides avicoles : les deux individus accouplés se tiennentl'un à l'autre par extrémité postérieure du corps, de manière que la tête de l'un soit dirigée en sens inverse de la tête de l'autre, comme chez les han- netons, avec cette différence qu'ils ont, tous les deux le dos tourné du 190 CHAPITRE V. môme côté ; sur la face dorsale de l'arrière du notogastrc de la jeune femelle pubère, le mùle applique la face inférieure de son extrémité abdominale de manière que ses deux ventouses copulatrices emboî- tent les tubercules correspondants de la jeune femelle ; ou plutôt, comme nous avojis tout lieu de croire que ces tubercules ne préexis- tent pas h l'accouplement, les ventouses du mâle s'appliquent sur le tégument, lequel est attiré, en ce point, et par aspiration, dans le» cupules, d'où résulterait la formation des tubercules. Pendant l'ac- couplement, la jeune femelle se contracte, s'arrondit, replie ses membres postérieurs, devient comme inerte, et est ainsi traînée par le mâle qui conserve toute son agilité (pl. XV). Le môme fait se re- marque chez les Chorioptes, et les Sarcoptides avicoles, mais c'est l'inverse chez les Tyroglyphes, dont la femelle traîne le mâle, et chez les Sarcoptes, dont le mâle monte sur le dos de la jeune femelle. D. Squelette, — Le squelette est constitué par les mômes pièces que chez les autres Sarcoptides, mais, sous le rapport de l'arrangement et de la disposition des parties, il se rapproche à la fois de celui des Chorioptes et des Sarcoptides avicoles. Les épimères de toutes les pattes sont entièrement libres et presque rudimentaires dans les pattes postérieures. Dans les deux sexes, les épimères antérieurs sont longés en dehors par une bande chitineuse grenue, véritable épidème tégumentaire, qui en élargit la surface. Chaque épimère s'articule à la hanche correspondante de la même manière que chez les autres Sarcoptides. Toutes les pièces des membres sont très développées et beaucoup, plus volumineuses que chez les Sarcoptes et même que chez les Cho- rioptes, surtout aux membres antérieurs ; elles sont plus grêles aux membres postérieurs, ou même tout à fait rudimentaires à la 4« paire du mâle. Dans tous les membres, elles sont au nombre de cmq 3,rticl6s 1 Ls. hanche ou rotule (pl. XVI, flg. 4,?)); court cylindre coupé obliquement, réduit à presque rien au dehors et portant un long poil à la partie la plus large. Cette pièce et son poil sont beaucoup plu» petits postérieurement. x . t. 2 Vexinguinal ou trochanter {même figure, q) ; pièce allongée, tubu- leuse coupée obUquement à sa base, en sens inverse de la hanche avec laquelle elle s'articule ; elle porte un long poil près de son bord nostérieur. Pièce plus petite et inerme au membre postérieur. 3 Le fémoral ou cuisse [r] ; autre pièce tubuleuse un peu incurvée, coupée ObUquement à ses extrémités, portant deux poils : un grand a son bord supérieur, un autre beaucoup plus court, fin au bord pos- Seur. - Au membre postérieur cette pièce est courte, étroite et inerme. ACARIENS. 197 4. Le tibial ou jambe (s) est une pièce semblable à la précédente, •mais plus petite. Les appendices diflërent suivant qu'on l'examine à la première ou à la seconde paire antérieure : à la première elle ne porte qu'un poil grêle à son bord supérieur ; à la seconde c'est un fort aiguillon mobile en tous sens inséré près de l'articulation de cet ar- ticle avec le tarse. Au membre postérieur, le tibial est grêle, allongé, cylindrique et porte un petit poil. 5. Le tarse (t) est plus mince et un peu plus long que l'article pré- cédent, et se termine par un fort crochet qui fait corps avec lui. Il porte une ventouse membraneuse en forme de pavillon de trompette dont le long pédicule, tri-articulé, s'insère à la base et au-dessous du ■crochet terminal; de l'intérieur de cette ventouse, comme un petit haltant de clochette, émerge un petit crochet simple à peine courbé. Outre celte ventouse, le tarse porte plusieurs appendices qui varient •suivant la paire de pattes qu'on examine : dans la paire, le tarse porte cinq poils grêles, un au bord supérieur, un sur le côté externe et trois inférieurs, — les poils voisins de l'extrémité sont plus longs, — en outre, il y a deux aiguillons mobiles insérés de chaque côté dé la base du crochet terminal ; dans la 2« paire, le tarse ne porte qu'un aiguillon mobile inséré au milieu de son bord antérieur ou supérieur, puis cinq poils, comme le tarse de la première paire, mais beaucoup plus grands. Dans les membres postérieurs, le tarse varie suivant qu'on l'exa- mine à la 3« ou à la 4= paire et suivant le sexe. Chez le mâle, le tarse de la 3« paire est allongé, terminé par un crochet à la base duquel s'msère une ventouse à pédicule tri-articulé, puis, tout à côté une petite fourche à 2 dents recourbées et à pédicule simple qui longe le pédicule de la ventouse jusque vers la moitié de sa longueur - en outre cet article porte trois poils dont un très grand et très fort qui a presque la longueur du membre tout entier et qui s'insère en dehors vers le miheu de l'article. Le tarse de la 4-= paire est, comme les autres articles de ce membre, rudimentaire, conique, inerme, et se termine par un très petit bouton. Chez la femelle, le tarse de la 3-= paire est court, cylindrique et se termine par deux longues et fortes soies, dont la pi;s ermh 'aie a une longueur égale aux trois quarts du corps, et la plis courte, à la moitié oup'o T Trr de la 4e paire de pattes, bie . plus petU cule rtr, r directement par une ventouse à pédi- cule tn-articule et porte en outre un poil grêle. E. Peau et appendices. _ La peau est assez épaisse, mais trans- parente finement et symétriquement striée sur toutes 1 s parties du corps ou U n^ a pas de plastrons. Les intersections de ces strie 4r quent assez bien les divisions du céphalo-thorax 198 CHAPITRE V. La peau porte des poils répartis par paires symétriques, et est trans- formée en plastrons coriaces, grenus et colorés sur quelques points de sa surface. 1. roîls. — A la fiice dorsale on en compte a paires : 4 de petits poils grêles placés symétriquement sur le 2% le 3", le anneau et sur le notogastre. Une paire, remarquablement plus grande que les au- tres, est insérée un peu en arrière de la i'" paire de petits poils sur une large papille; elle rappelle les poils du vertex des oribales qui accompagnent les stigmates, et surtout ceux des Chorioptes de la même région. Sur les bords latéraux du corps, une paire de poils est insérée près de la hanche de la 2« paire et une autre près de la hanche de la paire. Sur la face inférieure du corps, on compte 6 paires de poils chez la femelle ovigère : une entre les épimères antérieurs, deux entre les épimcres postérieurs, une sur les épimérites de l'oviducte et deux sur le milieu du 4" anneau. Le mâle présente les mêmes poils, moins ceux du 4" anneau et ceux des épimérites de l'oviducte qui sont rem- placés par une paire de très petits poils près et en arrière du pénis, et une autre à la base des ventouses copulatrices. Enfin, près de l'anus, la femelle compte 5 paires de petits poils qui rappellent les grands poils des lobes abdominaux du mâle. , 2. Plastrons. — A tous les âges et sur les deux sexes, sur la ligne médiane du céphalo-thorax se trouve une large mais courte bande chitineuse qui part de l'épistome et s'arrête à la limite du 3« anneau. Elle est l'analogue de celle des Chorioptes, qui est plus étroite, mais plus longue. Le mâle, comme celui des Chorioptes, a le notogastre presque entièrement recouvert par un large plastron trapézoïdal en chitine grenue fortement colorée en roux. Genre CHORIOPTE [Chorioptes Gervais). Synonymie. — Symbiotes (Gerlach). Le -enre Chorioptes a été créé par M. Gervais, pour un Acarien psorique trouvé sur la chèvre par Delafond, en 1854, et que ce der- nier auteur avait nommé d'abord Sarcoptes caprœ, puis Sarco-Derma- todecte, croyant lui trouver les caractères des Sarcoptes combmes avec ceux des Psoroptes {Dermatodedes de Gerlach, nom qu'il avait adopte). C'est un Acarien analogue que Héring, en 1845, avait déjà nomme Sarcoptes bovis, pour lequel Gerlach avait déjà crée le genre Sym- biotes,ei celui-ci aurait réellement droit d'antér.orUe « n-u par P. Gervais, si ce nom de Symbiote n'avait deja pas ete emploie en entomologie par Redtenbacher pour désigner ge"re d^n^;; mvchides. Aussi pour toutes ces raisons, et maigre la tentât ve de ^rsttberg, de remplacer le mot SynMote par celui ^^^^^ gus, accordons-nous la préférence au nom crée par le natuiahsle ACARIENS. i99 français lequel, à défaut de celui de Gerlach, a tous les droits de priorité (1). Caractères taxinomiques du genre Choriopte. — Corjos ovalaire, obtus aux deux bouts, bilobé ou simplement échancré postérieurement chez le mâle, convexe en dessus, plat en dessous, marqué de stries si- nueuses, fines et symétriques ; dépassé en avant par un rostre mobile dépourvu de joues, conique, aussi large que long, et pourvu de pal- pes à trois articles dont les deux derniers sont complètement libres d'adhérences ; mandibules épaisses, courtes, en pinces didactyles, larges et dentées. Battes épaisses et grandes; tarses pourvus de forts crochets et d'une ventouse énorme en forme de cloche portée sur un pédicule très court et simple. Vulve de ponte sous le 3<= anneau cé- phalo-lhoracique ; organe mâle complexe entre les deux dernières pattes. A.nus marginal. Si nous n'avions que les descriptions ou les dessins des différents auteurs qui ont trouvé des Chorioptes soit sur la chèvre (Delafond), soit sur le bœuf (Héring, Gerlach et Fiirstenberg), soit sur le cheval (Gerlach), soit dans l'oreille du chien (Héring et Nicolet), soit sur les pattes du mouton (Zurn), nous serions très embarrassés pour dire s'il y a une ou plusieurs espèces de Chorioptes, car les caractères réelle- ment spécifiques n'ont pas été saisis par ces divers auteurs : Gerlach dit que le Choriopte du cheval et celui du bœuf forment chacun une espèce ; Fûrstenberg prétend qu'ils n'en constituent qu'une seule Gerlach, outre la différence d'habitat, a constaté qu'ils diffèrent par un détail anatumique présenté par les mâles : le mâle du Choriopte du bœuf aurait les lobes abdominaux élargis, carrés et portant trois gros poils, tandis que le mâle du Choriopte du cheval aurait ces lobes ab- dominaux rétrécis, arrondis et portant quatre longs poils ou soies Fûrstenberg ne reconnaît qu'une espèce commune au bœuf et au cheval dont le mâle a les lobes abdominaux larges, carrés, portant chacun trois gros poils terminaux et un quatrième plus grêle in'^éré sur le bord interne du lobe. Nous avons pu étudier un Choriopte du cheva^^, un qui vit sur le renard, un autre sur la hyène, un quatrième dans 1 oreille du chat, du chien et du furet, et enfin un de la vache • le maie de l'espèce du cheval a bien les lobes abdominaux élargis et carres, et, bien qu'en apparence chaque lobe ne paraisse porter que trois grosses soies terminales et un petit poil à son bord interne il v en a en réalité quatre, de plus, deux de ces grosses soies, qui 'sont superposées et qu'on ne sépare qu'en les froissant, sont é argies e foliacées, en forme de spathe, détail qui n'a encore été signalé par (1) Dans la première description que nous avons donnée do nntr» /-a. ■ / spatinferus, in Journal de l'AnatLie, de M. Ch Rob n jui e mTT avions adopté le nom générique do Snmbiote^ mais non« L ' °" alors les particularités qui nous le forrÏtiT^-ourd liT '^^""^'^^'""^ 200 CHAPITRE V. fiucun observateur. Est-ce rcspcce décrite par Fiirstenborg sous le nom de Dcrmalophagus lovis et qui est le môme que le Symbiotes lotis de fJerlach ? Nous avons des tendances à le croire et ii admettre que le détail caractéristique qui nous l'a fait nommer Chorioptes spathi- ferus leur a échappé (1), Devons-nous maintenant, à l'exemple de Fiirstenberg, croire que le Choriopte à lobes abdominaux arrondis, trouvé par Gerlach sur le cheval, soit le mûme que celui que nous avons vu et que celui du bœuf? Certainement que si nous n'avions que l'assertion et les dessins en géné- ral si peu exacts de ce dernier auteur, ils seraient insuffisants pour nous faire admettre cette nouvelle espèce. Mais nous avons d'autres preuves pour certifier l'existence d'une deuxième espèce de Chorioptes : M. le professeur Gervais nous ayant communiqué quelques préparations mi- croscopiques d'Acariens recueillis sur des animaux de la ménagerie du Muséum, morts avec des maladies de peau, nous y avons trouvé deux variétés d'une espèce de Choriopte inédite, qui diffère précisément de celle que nous avons décrite, par les lobes abdominaux arrondis des mâles, par des soies toutes rondes et très longues et par des membres beaucoup plus forts, se rapprochant de ceux des Psoroptes. Une des va- riétés de cette nouvelle espèce, que nous nommons Chorioptes seti férus, avait été trouvée sur une hyène et l'autre sur un renard ; nous donnons, pl. XV, la figure de la première de ces variétés. L'existence de cette nouvelle espèce étant démontrée, nous aurions des raisons de croire maintenant que c'est à elle qu'appartiennent les Chorioptes trouvés sur la chèvre, par Delafond, et sur lo cheval, parGerlach. Cependant, l'insuffisance des descriptions et des dessins de ces auteurs ne nous permet pas encore d'affirmer le fait. Les Chorioptes trouvés dans les paturons du mouton par Zûrn, ap- partiennent-ils à la première ou à la seconde de nos espèces? Quant à celle de l'oreille du chien de Hériug nous savons maintenant qu'elle n'est autre que notre Chorioptes ecaiidatus que nous avons trouvé d'abord chez le chat, puis chez le furet et ensuite plusieurs fois chez le chien. M. Guzzoni, de Milan, l'a aussi retrouvée chez ce dernier ani- mal. Nous allons passer maintenant à la description des espèces. j . Choriopte spathifère [Chorioptes spathiferus, Mégnin). Synonymie. — Sarcoptes bovis (?) (Héring); Sijmbiotes bovis ou Syjnbiotes eqid (Gerlach); Dermatophagiis bovis (Furstenberg) ; Sym- biotes spathiferus (Mégnin). (1) Nous savons que, dans certains milieux, comme la térébenthine ou les baumes, les poils élargis ou foliacés de notre Choriopte deviennent tellement transparents qu'ils sont presque imperceptibles et qu'on n'en voit plus que la côte, avec des instruments médiocres, ce qui leur donne l'apparence de poils ronds. ACARIENS. 201 DiAGNosE. — Choriople à rostre à moitié caché par l'épistome, à soies des palpes très courtes. Céphalo-thorax à segments peu distincts, portant sur sa face supérieure et sur la ligne médiane une bande chilineuse grenue s'élargissant en arrière et s'étendant jusque près de la ligne de démarcation du 4'' segment ; deux petites lignes de môme substance à la naissance des pattes. Au sommet du triangle formé de chaque côté par le 3" anneau, largo papille chilineuse por- tant un long poil ou soie ; quatre autres poils dorsaux très petits ; une autre paire de poils sur les côtés du corps à la naissance de la 3" paire de pattes, trois paires de petits poils sous le thorax entre les épimères des pattes antérieures; une paire de poils accompagnés de deux fins stylets de chaque côté de l'anus. Épimères des membres antérieurs libres (pl. XVIII et XIX). Femelle ovigère. — Vulve ou oviducte en forme de fente transver- sale à lèvres fortement plissées sous le 3"= anneau thoracique, cha- que lèvre accompagnée d'une paire d'épimérites en chitine formant par leur ensemble deux figures concentriques en forme de lyre ren- versée. Troisième paire de pattes terminée par deux longues soies ; quatrième paire par une ventouse pédiculée (pl. XVIII, fig, 6 et 7). Mâle. — Organe génital complexe entre les pattes postérieures ac- compagné d'une paire de ventouses copulatrices en forme de gobelet. Quatre paires de pattes complètes, c'est-à-dire toutes munies de ven- touses, les 1", 2" et 3-= longues, la 4« très courte. Lobes abdominaux rectangulaires portant à leur extrémité, outre une grosse soie ronde, un faisceau de trois soies collées à leur base, composé d'une soie ronde ordinaire et de deux autres soies superposées, élargies en mince membrane et spathiforme. Notogastre recouvert d'un large plastron trapézoïdal en chitine grenue (pl. XVIII, fig. i à o). Jeune femelle pubère. — Privée complètement de vulve sous-thora- cique. Anus très grand à fente longitudinale sous-abdominale, bordé de chitine, ce qui n'existe à aucun autre âge. De chaque côté de l'anus, mais sur la face dorsale, deux tubercules hémisphériques saillants servant à l'accouplement. Les quatre pattes postérieures toutes in- complètes et terminées chacune par deux soies (pL XIX, fig. i). Nymphes. — Octopode semblable à la jeune femelle pubère dont elle ne diffère que par l'absence de tubercules copulateurs et par une plus petite taille. Larve. — Hexapode, ayant comme celle des Psoroptes l'unique paire de pattes postérieures terminée par deux soies inégales (pl. XIX %. 2). ^ (Eufs. — De forme ovoïde allongée présentant souvent un embryon plus ou moins développé (pl. XIX, fig. 3). 202 CHAPITRE V. DIMENSIONS DE l'eSI'KCE. FcmellG ovigùre.. . . long. 0,40 mm. larg. 0 S.'i mm Mâle - 0,28 - - o'i8 Jeune femelle pubère — 0,27 — ~ . o 18 — Nymphe..' - 0,25 — — 0,'l5 — Larve hexapode — 0,16 à 0,20 — — 0,10 à 0,12 — OEuf - 0,15 - .- 0,09 - Corps tétragonoïde de couleur générale blanc rosé avec les pièces du squelette rousses, et les plastrons jaunâtres. Habite en sociétés très nombreuses sur le cheval, à l'extrémité infé- rieure des membres de cet animal et dans les régions postérieures, d'où il gagne lentement les régions plus élevées. Nous venons aussi de rencontrer la même espèce sur la vache (février 1880), et nous avons tout lieu de croire que c'est la même que Furstenberg a trouvée sur le môme animal, en colonies innombrables, occupant surtout les régions postérieures du corps ; et que Héring avait déjà décrite sous le nom de Sarcoptes bovis, bien que les figures et les des- criptions de l'un et de l'autre fussent par trop incomplètes (I). 2. Clioriopte sétifère {Chorioptes setiferus, Mégnin). Synonymie. — Sarco-Bermatodede (?) (Bourg, et Delaf). Choriopte à rostre à moitié caché par l'épistome, à soies des pal- pes très courtes : céphalo- thorax à segments peu distincts, à bande chitineuse médiane peu marquée. Soies dorsales très longues, ayant pour base une large papille ; soies des côtés du corps, anales, et des lobes abdominaux du mâle qui sont triangulaires à sommet arrondi, toutes très longues et toutes rondes. Épimères des membres antérieurs du même côté conjugués par leur extrémité. Membres forts, ceux du mâle tous complets, aucun rudimentaire, Membres postérieurs de la femelle adulte tous incomplets sans ventouses por- tant une soie terminale de plus que l'espèce précédente. Comme nous l'avons dit, nous connaissons deux variétés bien dé- terminées du Choriopte sétifère, l'un vivant sur la hyène et l'autre sur le renard, que nous allons décrire ; nous mentionnerons les au- tres en donnant les raisons probables qui nous les font ranger dans la même espèce. (1) M. Bogdanof a décrit en 1874 deux prétendus Acariens nouveaux dé- couverts à Moscou par M. Schérémetensky et trouvés sur la surface de la peau d'individus galeux ou atteints d'herpès farineux. Ces acariens auraient la plus grande analogie avec le Dermaloph'igus bovis de Furstenberg ; aussi l'auteur russe les nomme-t-il Dermaiophaguïdes Scheremete?iskiji, — le premier serait la femelle, le second un jeune mâle de cette nouvelle espèce. Il est probable que ce sont des parasites accidentels provenant des animaux. ACARIENS. A. Chorioptes setiferus, variété hyenœ (pl. XX). Femelle adulte long. 0,36 mm. larg. 0,28 mm. Mâle - 0,32 - - 0, 8 - Nymphe - O'fo I = o'l5 ' - S - - 0:10 - Corps orbiculaire plus large que long chez le mâle un peu plus allongé chez la femelle; de couleur gris-perle rosé avec les pièces du squelette rousses, membres forts et coniques portant de longs poils. Les longues soies des tarses de la 3' paire chez la femelle plus lon- gues que le corps, et sa paire de soies anales ayant deux fois ce te longueur. Lobes abdominaux du mâle portant trois soies simples dont la médiane la plus longue a une fois et demie la longueur du corps. Oviducte de la femelle adulte en forme de courte fente trans- versale à lèvres fortement plissées, munies d'épimérites larges et courtes en croissant très différentes de celles de l'espèce précédente. Habile sur la hyène les régions du cou, de l'occiput et des oreilles où elle cause le 'développement d'une gale à croûtes granuleuses sèches. B. Chorioptes setiferus, variété Vulpis. Femelle adulte long. 0,45 mm. larg. 0,40 mm. Mâle - 0,40 - - 0,35 - Nymphe - 0,35 - - 0,30 — Larve hexapode — 0,20 — — 0,18 — OEuf - 0>16 - - 0,12 - ' Corps orbiculaire dans les deux sexes, un peu allongé chez la fe- melle ovigère, de couleur gris-perle avec les pièces du squelette rous- ses, membres forts et coniques se rapprochant beaucoup de la forme et du volume de ceux des Psoroptes ; soies distribuées, comme dans la variété précédente, mais toutes de moitié plus courtes. Habite sur le renard, les régions du cou, des oreilles et delà queue où elle détermine une gale sèche à croûtes granuleuses s'accompa- gnant d'alopécie. 3. Choriopte sans queue (C/ionopfes ecciudatus Mégnin) (pl. XXI). Synonymie. — Sarcoptes cynotis (Héring). Choriopte à rostre peu caché par l'épistome, à soies des palpes très courtes et à mandibules à dents très mousses. Céphalo- thorax à segments peu distincts portant sur sa face supérieure et sur la ligne médiane une bande chilineuse grenue renforcée dans son milieu par une crête épaisse simulant un épimère médian dorsal. Poils et soies disposés comme dans les espèces précédentes et de longueur moyenne. Épimères des pattes antérieures du même côté conjugués. Mâle dépourvu de lobes abdominaux, ayant le milieu de l'extrémité 204 CHAPITRE V, ^ postérieure de l'abdomen échancré. 4* paire de pattes de la femelle rudimcn taire. Femelle ovlgère. — Vulve de ponte ou oviscapte en forme de courte fente transversale à lèvres fortement plissées, située sous le 3« anneau céphalo-thoracique, chaque lèvre accompagnée latéralement de deux épimérites très petits, disposés obliquement, en dehors et en arrière et indépendants des épimères des membres : la lèvre antérieure de l'oviscapte est renforcée par une pièce profonde en forme de T à branches incurvées. 3« paire de pattes terminées par deux longues et fortes soies ; 4° paire de pattes très courte, rudimentaire, mais dis- tinctement articulée, terminée par deux petites soies (pl. XXI, fig. i et 2). Mâle à pénis conique situé entre les épimères des pattes postérieu- res ; ventouses copulatrices munies d'une sorte de garde chitineuse arquée, bordant ces ventouses en arrière et en dehors. 4 paires de pattes complètes, la 3' plus grande que les antérieures qui sont sen- siblement égales, portant deux longues et fortes soies ; la 4' plus pe- tite que les antérieures, mais non rudimentaire. Bord postérieur de l'abdomen privé de lobes saillants qui sont remplacés par deux sur- faces arrondies, séparées par une échancrure, portant chacune trois soies dont l'intermédiaire très longue. Notogastre recouvert par un plastron trapézoïdal bordé de chaque côté par une arête chitineuse et renforçant postérieurement le point d'implantation des soies abdo- minales après avoir fourni à l'anus, qui est rétrodorsal, deux garnitu- res chitineuses très épaisses (pl. XXI, fig. 3 et 5). Jeune femelle pubère. — Ne présente aucune trace d'oviducte ou d'oviscapte. Anus très grand sous forme de fente longitudinale sous- abdominale, bordé de lèvres chitineuses épaisses, disposées pour l'ac- couplement; de chaque côté de l'anus deux tubercules cyUndro-sphé- riques copulateurs. 3*= paire de pattes semblable à celle de la femelle ovigère. 4<= paire réduite à l'état de simple papille portant un seul poil (pl. XXI, tig. 4). Nymphe. — Semblable à la jeune femelle pubère pour la taille et les détails anatomiques, n'en différant que par l'absence de tubercules copulateurs et par la petitesse du cloaque. Larves hexapodes, ayant comme celles des autres Chorioptes l'uni- que paire de pattes postérieures terminée par deux soies. Œuf très oblong, presque cylindrique. Les dimensions de cette espèce sont les suivantes. Femelle ovigère long. 0,45 mni. l^rg. 0,25 lïim. Mâle — 0,30 — — 0,20 — Jeune femelle pubère. — 0,28 — — 0,18 — Nymphe — 0,28 — — 0,18 — Larves — 0,18 à 0,28 — — 0,12 à 0,15 — OEuf — 0,18 — — Ô,08 — ACARIENS. 20o Corps ovoïde de couleur générale blanc de perle avec les pièces du squelette rousses ainsi que les plastrons. Vit dans la conque auriculaire des chats, des chiens ou des furets, particulièrement dans les anfractuosités profondes et dans le con- duit auditif externe, en colonies nombreuses et complètes, où tous les âges sont représentés et les sexes fréquemment accouplés, faisant son alimentation des produits naturellement excrétés, c'est-à-dire du cérumen, ne produisant d'ordinaire aucune lésion de la peau ou de la muqueuse et ne provoquant aucun phénomène inflammatoire, ni développement de pustules ou de vésicules de nature psorique, ni exfoliation épidermique exagérée, tout au plus une sécrétion un peu plus abondante de cérumen, mais déterminant par sa présence et ses mouvements dans le conduit auditif des chatouillements tellement désagréables que l'animal qui le porte en perd le sommeil, se déchire les oreilles avec les pattes postérieures et est parfois en proie à de vio- lents accès frénétiques et comme vertigineux. Ce dernier Acarien établit une transition très naturelle entre les Sarcoptides réellement psoriques et ceux qui ne le sont plus. Nous avons déjà montré que l'un de ses congénères, celui que nous avons nommé Chorioptes spathiferus, n'est psorique sur le cheval que pen- dant l'hiver, et reste pendant l'été un simple parasite vivant exclusi- vement des exhalations naturelles de la peau, de sorte quela gale qu'il produit est réellement intermittente (1). Celui que nous venons de décrire, bien qu'organisé identiquement, comme les deux espèces qui le précèdent, a les mômes mœurs et les mômes habitudes que les Sarcoptides avicoles décrits par M. Ch. Robin et nous (2), et ceux que nous nommons gliricoles, c'est-à-dire habitant au fond des poils des ron- geurs et dont quelques espèces ont été décrites par Pagenstecker et Claparède. 4. Chorioptes d'espèces ou de variétés indéterminées. Les dimensions et la figure du Sarco-Dennatodecte que l'on trouve dans le gros ouvrage sur la Psore de Bourguignon et Defafond, et que ce dernier avait recueilli sur des chèvres d'Angora galeuses, s'appli- quent aussi parfaitement au genre Choriopte et se rapprochent môme singulièrement de notre Chorioptes spathiferus : comme chez lui les lobes abdominaux du mâle sont rectangulaires, mais ils ne portent que quatre petites et courtes soies rondes; est-ce ainsi naturellement ? ou bien les poils élargis que nous avons constatés auraient-ils échappé à ces auteurs comme à Furstenberg et à Gerlach? En cher- chant à calculer les dimensions du Choriopte au moyen du grossis- (1) Mégnin, Sur une gale du cheval à caradère intermiitent, in Comples rendus hebd. Acad. se, 6 juillet 1874. ('2) Journal de Vanat., 1877. 206 CHAPITRE V. semenl indiqué des figures, nous trouvons pour la taille de la femelle accouplée, qui n'est pas encore adulte, une longueur de 0°"",32 et une largeur de 0"'™,2î); pour le mâle une longueur de 0'»'",28 et une largeur de 0""",18, dimensions très voisines, surtout pour le mâle, du Chorioplc spathifère. Nous sommes donc tenté de croire que l'Acarien psorique trouvé par Delafond sur la chèvre d'Angora appartient à cette dernière espèce et qu'il aurait été mal vu par les auteurs qui l'ont dé- crit et figuré ; mais nous n'en serons certain que quand nous pour- rons l'étudier nous-mômc de visu. Un Choriopte a été rencontré par Ziirn, professeur vétérinaire à Leipzig (Zundel, Chronique vétérinaire d'Allemagne dans Recueil vétéri- naire, 1874, page 624) : « Il ressemble, dit l'auteur, au Choriopte du cheval, seulement il est plus petit: en moyenne les mâles mesu- rent 0™"i,31 de long sur 0'"™,2b de large ; les femelles 0™",37 de long sur 0'"",26 de large. « Ces dimensions, comme on peut le voir en les comparant, sont supérieures à celles de notre Chorioi^tes spathi- férus, nous ne savons donc à quel Choriopte du cheval il le compare pour trouver celui du mouton plus petit. L'auteur ajoute que les mâles étaient aussi nombreux que les femelles ; on les rencontrait, au milieu des croûtes, grouillant en nombreuses sociétés, surtout à l'extré- mité des membres, dans le creux du paturon de certains moutons de fine race, mais négligés, notamment chez les Negretti. Comme les Cho- rioptes du cheval, ceux du mouton émigrent difficilement de la régi ni qu'ils ont envahie, et la gale qu'ils causent, peu contagieuse, ne se re- marque guère que pendant la station d'hiver. C'est ce que nous avons aussi remarqué pour la gale du cheval causée par le Choriopte spathifère. (Voyez plus loin le paragraphe sur les mœurs aes Sarcoptidcs psoriques.) Dans les espèces indéterminées du genre Chorioptes, nous avons encore à ajouter le Choriopte à lobes abdominaux arrondis et sétifères que Gerlach attribue au cheval et qui pourrait bien être le résultat d'une erreur d'examen. Cette question sera indécise jusqu'à ce que nous l'ayons rencontré ou qu'on nous l'ait communiqué pour pou- voir l'étudier de visu. ANATOMIE DES PARTIES DU CORPS QDI SERVENT A CARACTÉRISER LES CHORIOPTES. A. Rostre. — Le rostre est conique, aussi large que long, légère ment incurvé d'un côté à l'autre, bombé en dessus et pointu en avant (pl. XIX, fig. 4, S et 7). (Dans la figure 5, le rostre a été un peu aplati par la compression entre les deux lames de verre, ce qui a écarté les palpes, qui sont normalement convergents comme dans la figure 4, ot I ACARIENS. 207 étalé la lèvi'e, qui est ordinairement plissée en éventail). Il est consti- tué par les mômes parties que chez les autres Sarcoptides et môme chez tous les Acariens, c'est-à-dire qu'on y rencontre une paire de mâchoires, une paire de palpes maxillaires, une lèvre avec des rudi- ments de palpes secondaires ou de galea et une paire de mandibules. 1 . Mâchoires (pl. XIX, fig. 4 et 7 f). — Elles sont constituées par deux pièces épaisses en forme de point d'interrogation couché (<>• ), soudées par la pointe sur la ligne médiane, inermes, immohiles et adhérentes à un large menton échancré angulairement qui forme la base de la tôte. 2. Palpes (môme fig., g, h, i). — Ils sont placés de chaque côté du rostre, volumineux, cylindriques, formés de trois articles robustes di- minuant un peu de diamètre du premier au dernier. Le premier {g), le plus volumineux, s'articule par continuité avec la mâchoire et avec le menton ; dans le reste de son étendue, son bord interne, très épais, adhère à la lèvre; son bord externe, arrondi, est libre ; sa face infé- rieure porte un petit poil couché en avant. Le 2" article, d'un diamè- tre moindre et un peu plus court que le i'^^ avec lequel il s'articule, porte deux poils près de son bord externe, l'un à sa face supérieure, l'autre à sa face inférieure ; il longe la lèvre dont il couvre le bord, mais il en est tout à fait indépendant. Le 3'^ article, plus petit en tous sens que le 2", est coiffé à son extrémité par une membrane hé- misphérique, qui disparaît par la dessiccation pour laisser à nu une pointe assez aiguë qui n'est que le prolongement du bord interne ; cette membrane paraît être le pendant des joues des Sarcoptes, ab- sentes ici comme chez les Psoroptes ; et, lorsqu'elle est gonflée, elle rappelle assez bien la vessie céphalique des Œstres qui leur sert à briser leur coque de nymphe; c'est probablement aussi un organe de refoulement. Dans le repos, le 3" article repose sur l'extrémité de la lèvre, à côté de la pointe de la mandibule correspondante qui la dépasse uu peu. 3. Lèvre (môme fig., ZZ).— Elle est transparente, membraneuse, mince, blanche, adhérente à sa base en arrière avec les mâchoires dont elle est une dépendance, et sur les côtés avec le 1" article des palpes ; elle présente sur la ligne médiane la languette en fer de lance [k) ; le bord Ubre de la lèvre est découpé en quatre lobes arrondis par trois incisions dont la médiane est la plus profonde ; sur ses côtés libres, recouverts par les articles libres des palpes, elle est bordée par une pièce épaisse, longue, terminée en pointe, paraissant formée de deux articles et qui est certainement un rudiment de palpe secondaire {V V) ou un galea; — cette pièce ne se voit bien qu'en regardant la lèvre par sa face supérieure, lorsqu'elle est débarrassée des mandi- bules. — Sur sa face inférieure, près des mâchoires, la lèvre porte une paire de poils assez longs qui se dirigent en dehors. 208 CHAPITRE V. 1 4. Mandibules (mômerig.,?nm, «g. G). — Elles reposent sur la face su. périeure de la lèvre; elles sont coniques, aplaties à leur face interne par laquelle elles se touchent; leur base est renflée, arrondie, adhé- rente au fond du caméroslome par des muscles qui pénètrent dans leur talon; leur bord supérieur est recto-convexe et continu avec l'onglet supérieur; celui-ci porte trois dents aiguës et recourbées- l'onglet inférieur est mobile, articulé avec la mandibule par son ex- trémité postérieure qui est élargie pour donner attache à de foils muscles contenus dans la mandibule. 11 porte trois dents en cr(jc.s semblables à celles de l'onglet supérieur; les dents des mandibules sont mousses chez l'espèce Ch. ecaudatus. La forme et les dimensions relatives de ces pièces diffèrent assez, comme on voit, de ce que l'on observe chez les Psoroptes et les Sar- coptes; les Chorioptes se rapprochent plus, sous ce rapport, des Glyci- phages et des Tyroglyphes, mais c'est avec les Sarcoplides avicoles qu'ils ont le plus d'analogie. B. Anus. — L'anus est longitudinal et tout à fait marginal chez le^ deux sexes. Chez les jeunes femelles pubères que l'on trouve accou-j plées, il est remarquablement plus grand, plus abdominal que dans tous les autres âges et surtout que chez le mâle, où il n'est constitué que par une ouverture en infundibulum entre les deux lobes abdomi- naux, recouverte en dessus par une plaque ovale de chitine très épaisse et très foncée. Chez les nymphes et chez les femelles pubères et ovigères, l'anus est accompagné de deux poils marginaux assez longs, et de deux autres petits poils près de la commissure antérieure et près de la commissure postérieure. C. Org^anes g:énitaux. — Organe mâle. — Il est tout à fait libre entre les pattes postérieures et manque de sternite; il est composé de plusieurs éléments très distincts : 1. Une pièce en demi-lune renversée, inscrite entre deux paires de poils, portant deux paires de petits crochets et au centre un dessin (pl. XVIII, fig. 3) en relief rappelant celui des Psoroptes, des Sar- coptes et des Tyroglyphes, et qui est en effet le vrai pénis, susceptible d'érection et de présenter alors une forte saillie. 2. On voit, sur les individus frais, que ce pénis est continu avec un tube membraneux qui s'ouvre dans un sac quadrilobé, lequel repré- sente un organe testiculaire ou tout au moins des vésicules séminales (pl. XVIII, fig. 3). 3. Une paire de ventouses copiilatrîces placées de chaque côté et un peu en avant de l'anus, et composées essentiellement d'une cupule de chitine dont le fond communique avec un faisceau de tubes aspira- ACARIENS. 209 leurs par neuf petits trous; cet appareil est contenu dans un manchon membraneux, rétractile et mobile sur la base (Pl. XVIII, fig. 4) ; ■i» Les lobes abdominaux ou caudaux, dont le squelette s'articule avec le plastron nolo-gastrique, sont certainement des accessoires des organes génitaux du mâle, puisqu'ils sont un des caractères de son sexe ; ce sont probablement encore des organes de fixation ou peut-être de titillation aussi bien que les poils simples ou spathifor- mes qu'ils portent (Pl. XVIII, fig. 5). Ces lobes, carrés dans la I« es- pèce, arrondis dans la 2% sont tout à fait effacés dans la 3«. Ch-gam femelle. — La vulve de copulation, avons nous déjà dit, n'est autre chose que l'anus. La vulve de ponte ou oviducte se voit sous le 3« anneau céphalo-thoracique de la femelle ovigère et exclusivement à cet âge; c'est une fente transversale, rectiligne, à lèvres fortement plissées, à commissures légèrement incurvées en arrière. Chaque lèvre a une charpente composée, l'inférieure, ou mieux la posté- rieure, d'une paire d'épimérites dont l'ensemble forme une lyre et qui rappellent les os marsupiaux des quadrupèdes de ce nom, ces épimérites sont très petits dans la 3" espèce; les épimérites de la lèvre antérieure sont adhérents aux épimères de la paire de pattes ouhbres; enfin, profondément et plus en avant, se voient en- core deux épimérites Hbres et petits qui appartiennent encore à la lèvre antérieure (PLXVIII, fig. 6) et qui sont particuHers à la es- pèce. L'accouplement se fait chez les Chorioptcs comme chez les Psoroptes : les deux individus accouplés se tiennent l'un à l'autre par l'extrémité postérieure de leur corps, de manière à ce que la tôte de l'une soit dirigée en sens inverse de la tête de l'autre ; sur la face dorsale de l'arrière du notogastre de la jeune femelle pubère, le mâle applique la face inférieure et postérieure de son abdomen, de manière que sea deux ventouses copulatrices emboîtent les tubercules correspondants de la femelle et y adhèrent intimement. Les deux sexes ont le dos tourné du môme côté et l'un des individus traîne l'autre. Ici c'est le mâle qui traîne la femelle comme chez les Psoroptes et les Sarcop- lides avicoles, c'est Tinverse chez les Tyroglyphes. D. Sauciette. - Le squelette est constitué des mômes pièces crue chez les autres Sarcoptides, mais, sous le rapport de l'arrangemen et de la disposition des parties, il se rapproche à la fois de celui des Psoroptes et des Sarcoptides avicoles. • Les épiméres de toutes les pattes sont libres ou adhérents deux \ ieux ; ceux de la 4« paire du mâle sont toujours coniim„-,4o, lat. 0'»'»,30, à corps plus lourd que chez le mâle, et à soies du dos et des côtés plus courtes. Mâle {Rg. l et 2). Long. 0-,32, lat. 0--,16, à corps moins large et moms long que la femelle, tout en ayant les pattes de môme gran- deur, et môme les postérieures plus longues, palpes un peu plus allongés que chez la femelle, et dépassant la pointe du rostre. Nymphe octopode. D^une taille variant entre celle de la plus grande larve hexapode et celle du mâle ; semblable à la femelle, dont elle ne difière que par l'absence de vulve. Larve hexapode. Long. 0^'^,l^ à 0°"»,20, lat. O-^ni^os à 0^^,i2 MÉGNiN. - Les Parasites, ' ' lu 242 CHAPITRE V. scmblal)lc à la nymphe, mais ne présente qu'une paire de pâlies postérieures. Œuf. Long. 0^^,i2, kit. 0^^,0S, ovoïde, ii enveloppe lisse et diaphane. Habitat. Vit dans le fond des poils des lapins, où il attaque les para- sites mous, particulièrement les Listrophores. 2. Clieylefus licteropalpus (nobis). Cheylète à corps rhomboïdal, allongé d'avant en arrière, coloré en jaune par une matière grasse qu'il contient, — comme tous les autres Cheylétides, du reste. — Rostre conique, étroit, allongé en avant, bordé de chaque côlé parles palpes, qui sont bien moins volu- mineux que dans l'espèce précédente, ne dépassant pas le rostre, et à crochet du pénultième article, petit et fortement coudé chez la femelle, le dépassant au contraire d'un tiers, et à crochet arqué chez le mâle. — (Cette remarquable différence des palpes, dans les deux sexes, nous a servi de base pour la dénomination de l'espèce.) — Épimères des pattes antérieures du môme côlé conjugués ; ceux des pattes postérieures libres ; pattes antérieures et postérieures à peu près égales, à tarses gibbeux à l'extrémité, et terminés par deux cro- chets fortement coudés, et par un cirre fourchu barbulé. Soies sim- ples, au nombre de deux paires, sur la face dorsale, une paire laté- rale, et deux ou une paire postérieure, suivant le sexe. Chaque article des pattes et des palpes porte des poils simples. Pénis émergeant au milieu du notogastre. Femelle ovigére. Long. O^^jSd, lat. 0™™,22, corps plus massif, à pattes en apparence moins longues que chez le mâle ; deux paires • de soies au bord postérieur du corps ; vulve bordée de 4 paires de • courts poils et hypomarginale. Mâle. Long. 0"™,3!j, lat. 0"°"», 16. Le rosire occupe le tiers de lai longueur du corps, tandis que chez la femelle il n'occupe que le; quart. Pattes postérieures, surtout la quatrième paire, un peu plus- longues que chez celle-ci, et corps plus mince ; une seule paire de.> soies au bord postérieur du corps. Nymphe octopode. Taille variant entre celle des plus grandes larves = et celle du mâle ; semblable à la femelle, moins la vulve, et à corps? plus mince. Larve hexapode. Long. 0'"'°,10 à 0'°", 15, lat. 0""",07 à 0'»'»,tO, sem- blable à la nymphe, dont elle se distingue par son unique paire de ■ pattes postérieures, et par son unique paire de soies au bord posté- rieur du corps. Œuf. Long. 0°"°,iO, lat. O""", 07, ovoïde, à enveloppe lisse el-i transparente, laissant voir le contenu, qui est jaune. Habitat. Vit au fond des plumes de plusieurs oiseaux de la famille des Colombidés et de pelils passereaux. ACARIENS. 243 3. Cheylcfus luacronyciis (nobis). Cette troisième espèce est très voisine de la précédente à laquelle elle ressemble par la taille et par la couleur ; mais elle en dilfcre par un corps plus carré, un rostre plus petit, semblable dans les deux sexes, rappelant, par sa forme générale, celui des sarcoptes, ayant le crochet des palpes plus petit et moins courbé ; les épi- mères des pattes antérieures sont libres ; la qualrième paire de pattes insérée plus postérieurement et plus longue que les autres, la première étant la plus courte ; enfin par les tarses, gibbeux aussi à l'exlrémité, qui sont terminés par des crochets plus robustes, plus fortement courbés, et rappelant ceux des hippobosques, entre les- quels émerge un cirre fourchu à extrémités refoulées. La vulve de la femelle ovigère est notogaslrique et entourée de trois paires de longs poils dépassant le corps. Le pénis du màle émerge du milieu de la face dorsale. Poils dorsaux, latéraux et postérieurs, longs et simples, ainsi que ceux des articles des pattes, et surtout du tarse. Feinelle ovigère. Long. 0°"",3d, lat. 0™"»,20, corps quadrangulaire jaune rutilant. Mâle. Long. 0'""',30, lat. 0'""»,I8, ne se distingue de la femelle que parce que son corps est plus étroit postérieurement, par l'absence des poils vulvaircs et par la présence du pénis conique, à large base circulaire, qui émerge au milieu de la face dorsale. ^^ymphe octopode. Long. 0'""',28, lat. 18, ressemble au mâle mais s'en distingue par l'absence de pénis, et par la présence de poils vulvaires, et d'une trace de vulve. Larve hexapode. Long. 0°'",18 à 0°>'",2o, lat.O"»"»,!! à 0°"" IS ressemble à un petit màle sans pénis et, de plus, présente, au bord postérieur du corps, un petit prolongement anal conique (Euf. Long. 0--,15, lat. 0-»», ^q, ovoïde, lisse et diaphane. Hahllat. Nous avons rencontré cet acarien, en colonies nombreu- ses et complètes, au fond des poils de plusieurs passereaux exoti- ques du groupe des Bengalis. IL - Genre HARPIRHYNCHUS (nobis) (pl. XXIII) Acariens ix tégumenls mous finement et symétriquement striés, transparents, laissant voir une matière grasse, jaune rutilante, qu remplit presque tout le corps, portant quelques rares soies disposées par paires symétriques, comme chez les Sarcoptides. Rostre conique- obtus, tronqué, contenant une paire de mandibules stvliformes borde de gros valpes maxillaires à trois articles, le pénultième dé' passant le terminal, qui est petit, et formant supérieurement un ecusson de la partie antérieure duquel émergent trois crochets rétrogrades à pointes dirigées en haut et en arrière (fi- 4 et 5 ) Pattes grosses, courtes, coniques, complètes seuleinent antérieu 244 CIIAPITHE V, rement, les postérieures réduites à l'état de moignons, à trois arti- cles, dont le terminal se prolonge par un pinceau de quatre longues soies. Les tarses des pattes antérieures, terminés par une paire de crochets simples, entre lesquels émerge un cirre fourchu à branches refoulées à leur extrémité (fig. 7). Organe génital femelle^ sous forme de longue fente post-sous- abdominale. Organe mOIe, constitué par un pénis conique qui émerge un peu en avant du milieu de la face dorsale. Anus absent à tous les âges. Appareil respiratoire trachéen à stigmates, sous forme de cornets (fig. 6), situés de chaque côté, à la base et à la face dorsale du rostre. Nous avons ci'éé ce genre pour l'espèce suivante : IlarpirliyncliuB nidulans (nobis) (pl. XXIII). Synonymie : Sarcoptes nidulans [Nitsch ?). — Harpir'ynchus à corps aplati de dessus en dessous, carré chez les femelles ovigères, ovoïde chez les mâles, et orbiculaire chez les larves et les jeunes nymphes. Rostre rappelant par le volume et la forme celui des Sarcoptes, portant des poils à chaque article des palpes, un inférieur pour le basilaire, un supérieur pour le pénultième, et deux inférieurs pour le terminal, accompagnant un petit crochet bifide. Épimères des pattes courts, gros et libres ; pattes toutes marginales rappelant, par la forme courte et conique des antérieures et la forme avortée des postérieures, celles des femelles du Sarcoptes scabiei, et portant un poil à chaque article. Deux ou trois paires de soies dorso-céphalo- thoraciques, deux paires latérales, une paire postérieure et une ou deux paires de petits poils sous-céphalo-thoraciques. Femelle ovigére (fig. 1). Long. 0'">",40, lat. 0™°',2o, corps carré à angles arrondis ; échancrure postérieure formant la commissure postérieure de la vulve, l'antérieure étant garnie d'une pièce chiti- neuse fourchue. La première et la quatrième paire de pattes appar- tiennent au plan dorsal, et les deux autres au plan ventral. Trois paires de soies dorsales céphalo-thoraciques, deux paires de poils sous-céphalo-thoraciques, et une paire de soies post-abdominales. Mâle (fig. 2). Long. 0'"°',30, lat. 0™'",20, corps de forme ovoïde, rétréci et arrondi postérieurement, sans aucune soie. Pénis conique au tiers antérieur et médian de la face dorsale, accompagné de trois paires de petits poils. Deux paires de soies seulement sus-céphalo- thoraciques et une paire de poils sous-céphalo-thoraciques. Nymphe octopode. Long. 0--,25 à 0--,30, lat. 0-,15 à 0--,20 semblable au mâle, sans pénis, avec trace de vulve en avant du bord postérieur du corps, qui est muni d'une paire de petits poils. Larve (fi-- 3). Deux formes : une hexapode, à laquelle succeae rapidement°une forme octopode. Long. 0-,20 à 0-,25, lat. 0--,15 ACARIENS. à 0'"'",d3. Corps orbiculaire n'ayant, au sortir de l'œuf, qu'une paire de pattes postérieures, mais en acquérant bientôt une deuxième par une mue qui suit de près l'éclosion. Deuxième paire antérieure plus longue que la première. Deux paires de soies post-abdominales. OEufiHg. 1). Long. 0"™,19, lat. 0"™,15, ovoïdo-sphérique, un peu aplati sur une face, à enveloppe lisse et diaphane, à contenu granu- leux incolore après la ponte, devenant d'un jaune rutilant d'autant plus intense que l'incubation est plus avancée. Habitat. Nous avons rencontré ce parasite en colonies innombra- bles dans des follicules plumeux, dilatés à l'extrême de manière à former de véritables tumeurs, sur les ailes d'une alouette. Le même Acarien a été signalé dans des tumeurs d'un gros-bec, par M. Lorenzo Corvini, de Milan, et c'est probablement le môme qui a été trouvé dans des tumeurs cutanées d'un verdier, par Nitsch, et a été nommé par lui Sarcoptes nidulans. Nous avons rencontré la nymphe pubère vagabonde, et sans doute en quête d'un nouveau centre de coloni- sation, dans Jes plumes de divers oiseaux, entre autres de vanneaux, de pigeons et de perruches. m. — Genre MYOBIA (Heyden) (1), pl. XXIV, fig. 1). Acariens en apparence hexapodes, à corps allongé, aplati de dessus en dessous, à téguments mous profondément striés en travers et portant de fortes soies coniques disposées par paires. Rostre petit, à palpes grêles couchés le long de la lèvre, à trois articles, le pénultième terminé par un petit crochet dépassant le dernier article (fig. 2). Mandibules styliformes, longues, renfermées dans une gaine spéciale. Pattes toutes marginales, les trois paires postérieures cylindri- ques, minces, allongées, égales, espacées également sur les côtés du corps et terminées, les deux postérieures par un crochet simple peu courbé, la seconde paire par deux petits crochets. La première paire ne ressemble en rien aux trois autres : adossée de chaque côté au rostre, elle semble en faire partie et simule une paire de gros palpes à crampons ; elle forme une paire de fortes tenailles destinées à saisir les poils et à y adhérer fortement : aussi ces pattes méritent-elles le nom de pattes-crampons que leur a donné Cla- parède (2). Chacune des pattes de cette paire ne paraît composée que de trois articles distincts (fig. 2), un basilaire, large, court et cyhndrique ; un deuxième aussi large, mais encore plus court, muni d'une forte dent en dehors ; un troisième, aplati, contourné en S, résultant de la soudure des trois derniers, et formant une forte pince (1) Versuch einer sysiematischen Eintheilung der Acariden, von C. von Hey- den. Isis, 182G, p. 613. (2) Claparède : Stmlien a7i Acariden in Zeitschrift f. whs, Zool., XVIII Bd. 246 CHAPITRE V. par l'opposition de son exlrémité avec la dent du deuxième article pince destinée à étreindre solidement le poil. Organe gcnital femelle rétro-dorsal et nologastrique, comme chez le Ckcyldus marcomjeus, en arrière de raniis, qui est marginal. Organe génital màle complètement dorsal, comme chez l'Harpi- rhynchus (I). Stigmates de l'appareil respiratoire en hélices s'ouvrant à la base et de chaque cùlo du roslre, comme dans le genre précédent ; les trachées qui y aljoutisscnt semljlent se réunir en un tronc uni- que et médian, mais elles se séparent bientôt en trois troncs multi- ramifiés. Ilyobiu masculi (Claparcde) (pl. XXIV, fig. i). Synonymie : Peclicuhis musciiU (Schranck), Myobia coarcta (Heyden). (Schranck avait classé cet Acarien dans les insectes épizooïques, parce qu'il croyait qu'il n'avait que trois paires de pattes (2j.) Wyobie à corps ovale allongé, festonné latéralement par des renfle- ments qui se montrent entre chaque paire de pattes, présentant, en dessus, de nombreuses paires de fortes soies coniques, la première paire plus épaisse que les autres, la plus postérieure aussi longue que le corps ; en dessous, des paires de petits poils, et à chaque article des pattes, des poils en verticille et une longue soie à l'article basi- laire en dessus. Couleur générale jaunâtre, plus intense au centre du corps, et due à l'accumulation de globules gras de cette couleur à l'intérieur du corps entourant le canal digestif, dont le renflement gastrique émet quatre cœcums symétriques. Femelle ocigére (fîg. 1). Long. O"",-!.!, iat. 0™",18, plus grande que le mâle d'un sixième. Corps à extrémité abdominale large et arrondie présentant supérieurement neuf paires de soies, dont la première est particulièrement épaisse à la base. Vulve notogastrique, à commis- sure postérieure presque marginale, entourée de trois paires de poils fins et courts ; de plus, elle est accompagnée en avant, près de sa commissure antérieure, d'une paire de petits crochets, que Claparède pense ôire destinés à la fixation des œufs sur les poils. Ovaire en deux parties symétriques situé à la hauteur de la troisième paire de pattes, et composé d'une accumulation d'ovules présentant chacun une vésicule gcrminalive (Claparède). Mdle. Long. 0'"°',38, lat. O^-^ilG, semblable à la femelle ovigcre, ne (1) Claparède, dans son excellente étude de la Myobie des Souris, est très frappé de cette disposition dorsale extraordinaire du pénis cliez le màle, et regarde ce fait comme unique dans la science. Notre étude montre que cette disposition est la règle dans tout le groupe des CheyléLidcs parasites. (2) F. de P. Schrauk: Enumeraiio insectorum Austriœ ijuligenorum. Augusta Vindelicorum, 1781, p. 301, tab. 1. fig, ACARIENS. 'i*' s'en distinguant que par la forme plus rétrécie de l'extrémité abdo- minale, par le rapprochement de la paire de soies postérieures qui s'insère à la base d'une petite éminence conique représentant l'anus ; enfin, par la présence du pénis, qui émerge du milieu de la face dorsale, entre la deuxième et la troisième paire de pattes; ce pénis vient des profondeurs de la région postérieure du corps. Nymphe octopode. D'un quart plus petite que le màle, auquel elle ressemble dans son ensemble, mais dont elle diffère par l'absence totale d'organes sexuels. Larve hexapode. Long. 0'"'",20 à 0»"»,30, lat. O^-^.IO, ne se distin- gue de la nymphe que par l'absence de la quatrième paire de pattes et par sa petitesse. (Eut. Long. 0'"™,20, lat. 0"'",08, cylindrique, à extrémités, l'une arrondie et libre, l'autre conique par laquelle il adhère aux poils de souris à la façon des lentes; à trois enveloppes de formation succes- sive correspondant à trois phases embryonnaires distinctes très bien étudiées par Claparède. Habitat. La Myobia miMiiU vit sur la souris d'appartement {Mus musculus L.), et exclusivement dans les régions de la tùte et du mu- seau. On l'a rencontrée exceptionnellement sur un Hypudœus. V. — Genre PICOBIA (G. Haller) (pl. XXIV, fig. 3). Acariens allongés, cylindroïdes, aplatis de dessus en dessous, à téguments mous, presque lisses, portant de longues soies disposées par paires. Rostre moyen, cylindro-conique, à palpes assez gros couchés le long de la lèvre, à trois articles, le pénultième, qui paraît terminal, portant un petit crochet. Mandibules longues, styliformes. Pattes formant deux groupes écartés, les deux paires antérieures rapprochées du rostre, marginales, courtes, épaisses, robustes, ter- minées par un crochet fourchu, finement pectiné, presque droit, qui paraît être une modification du cirre médian, les crochets normaux seraient donc absents ; pattes postérieures sous-abdominales, grêles et cylindriques, terminées par une paire de petits crochets entre lesquels émerge un cirre gibbeux longuement pecliné. Les épimères des pattes antérieures longs, en crosses, et ceux du môme côté con- jugués; les épimères des pattes postérieures très petits et libres. Stigmates en forme de vis d'Archimède de chaque côté et à la base du rostre. (Pour M. G. Haller, ces organes, en forme de vis, sont une énigme ; l'étude comparative des autres espèces du môme groupe lui eût montré leur signification, car on les rencontre chez toutes avec une disposition analogue; s'il n'a pas vu les trachées qui y aboutis- sent, c'est parce qu'il a sans doute préparé ses Picobia avec un liquide trop rapidement pénétrant, comme l'essence do térébenthine.) 248 CHAPITRE V. Picobla Ilecri (G. Ilaller) (1) (pl. XXIV, fig. 3). J L'auteur l'a dédiée au docteur Heer, professeur à l'Université dei Zurich, et n'a vu que la femelle, que nous décrivons d'après lui et dont nous copions la figure avec tous ses défauts, car il ne distingue pas ce qui appartient à la face dorsulo et à la face ventrale: ainsi bien qu'il soit de toute probabilité que les longues soies soient à là face dorsale, elles sont sur le môme plan que les poils, qui sont très probablement exclusivement ventraux : aussi ne savons-nous à quelle face appartient la vulve, ce qu'il serait très important de connaître, puisque certaines espèces du môme groupe l'ont à la face ventrale' et les autres à la face dorsale. Femelle. Long, l-^'/ii, lat. 0"-, 37, présente douze paires de soies, dont deux pour l'extrémité postérieure, et plusieurs paires de petits poils. Vulve à l'extrémité postérieure de l'abdomen. Mâle, Nymphes, Larves et Œuf inconnus. Habitat. A été rencontré par M. G. Haller dans le tissu cellulaire sous-cutané d'un pic cendré {Picus canus). Remarques sdr l'anatomie et la physiologie des Cheylétides para- sites. — Ce qui frappe tout d'abord, quand on compare entre eux les Acariens que nous venons de décrire, c'est la grande diversité que présentent la forme du corps, la forme des pattes et de leurs appen- dices terminaux, et la forme de leurs palpes ; c'est au point qu'à la suite d'un examen superficiel, on serait tenté de les considérer comme appartenant à des groupes et même à des familles très diverses. Un examen plus approfondi, surtout des appareils les plus essentiels à la vie, comme l'appareil digestif et surtout la bouche, l'appareil respira- toire et l'appareiUde la génération, montre la plus grande analogie dans la structure et la disposition de ces appareils, et prouve que ces parasites appartiennent bien au môme groupe. C'est un fait qui avait déjà frappé van Beneden (2) : que la vie parasitaire imprime de pro- fondes modifications dans les organes de relation, en commençant par les plus postérieurs, et dans la forme du corps, mais qu'on re- trouve toujours les caractères spécifiques et génériques dans les formes embryonnaires et dans les organes buccaux et génitaux qui ne se modifient qu'après les organes de relation. L'étude que nous venons de faire du groupe des Cheylétides parasites vient à l'appui de l'observation de van Beneden, dont les éléments lui ont été fournis par ses belles recherches sur les crustacés parasites. Nous allons passer rapidement en revue chaque appareil fonction- nel chez nos Cheylétides. (1) Freyana und Picobia, zwei iieue Milbengattu7igen, von D' pliil. G. Hal- LEn, broch. in-S", avec pl. (Ext. de Zeitschrift f. wisse?ich. ZooL, 1877, XXX Bd.). (2) Van Beneden, Les comme7isaux et les parasites. Paris, 1875, p. 133 et suiv. I ACARIENS. 24& Appareil de la digestion. — La bouche est essentiellement composée , d'un suçoir conique, formé par la soudure de la lèvre et des maxilles,^ • qui s'incurvent bilatéralement, et viennent s'affronter ensuite en dessus ; dans l'intérieur de ce tube glisse une paire de mandibules I styliformes très aiguës, qui sont une modification des mandibules I chéliformes propres à l'ordre des Acariens, et dont on retrouve la : traces des deux doigts dans les mandibules du Chcyletus parasitivorax. Cette structure de la bouche est essentiellement la même dans les^ ; quatre genres de la tribu. A la bouche succède un tube digestif recti- ligne qui se dirige vers l'anus, tube qui est simple et fusiforme dans toutes les premières espèces, mais qui présente, comme Claparède l'a , fort bien vu, quatre cœcums globuleux et symétriques émergeant du 1 renflement gastrique chez la myobie des Souris. L'anus est très petit, percé au sommet d'un renflement conique post-marginal ou rétro-dorsal. Chez notre Harpirhynchus, nous avons constaté l'absence complète d'anus, et nous nous sommes expliqué cette particularité, — prouvée encore par l'absence complète de fèces dans les réduits habités par des colonies nombreuses de ce parasite, où cependant les : débris de mues abondent, — par le régime de cet Acarien : il vit ex- : clusivement de sebiim, produit naturel, mais alors exagéré, des folli- icules dilatés qu'il habite, et cet aliment ne donne que des déchets I gazeux qui sont portés au dehors du corps par l'appareil trachéen très complet, dont ce petit animal est doté. Du reste, nous avons lieu de croire que les autres Cheylétides vivent aussi principalement de corps gras ou de substances très animalisées, car le liquide nutritif qui remplit le corps est, sous forme d'amas de globules ou de gra- nules gras de divers volumes, d'une couleur jaune safrané, qui rem- plissent tous les interstices du corps non occupés par les organes, et qui lui donnent cette couleur jaune caractéristique qui est encore une particularité commune à toutes les espèces de la tribu. La diges- tion des principes gras ou leur comburation donnant lieu à beaucoup ûr produits gazeux, il était nécessaire que ces animalcules fussent pourvus d'un appareil trachéen, qui est alors et surtout expiratoire, appareil dont beaucoup d'Acariens, beaucoup plus volumineux que ceux-ci, mais astreints à un autre régime, ne possèdent aucune trace. Appareil de la respiration (pl. XXII, fig. 6, et pl. XXXIII, fig. 6) Tous les Cheylétides sont munis d'un appareil respiratoire trachéen Itres complet, et semblable chez tous. Il est composé de deux troncs rprincipaux envoyant des ramifications très déhées dans tous les or- ganes placés de chaque côté de la ligne médiane, s'adossant en avant mais sans se confondre, chez quelques espèces, et aboutissant chacun a un stigmate situé sur le côté et à la base du rostre chez les trois derniers genres, et à l'angle formé par Tinsertion des palpes avec le rostre dans le genre Cheyletus. La forme des stigmates, particulière 230 CHAPITRE V. à cette tribu, est très curieuse : c'est une pcllle vis d'Archimcde ren- fermée dans un étui, soit de fornic ovoïde (dans le genre Cheyletus), soit en forme de cornet (dans le genre Harpirynchus), soit en forme de petit cylindre (Picobia et Myobia). Cette disposition en vis a sans doute pour but d'empêcher les petits corps étrangers de s'introduire dans le délicat appareil respiratoire des Clieylétides. La fonction de cet appareil est surtout et peut être exclusivement expiratoire, pour les raisons que nous donnons plus haut. Ce qui vient encore ù l'appui de celte opinion, c'est qu'il est impossible de constater, chez ces Acariens, non plus que chez aucun de ceux des autres familles, Gamasidés, Ixodidés, Trombididés, qui sont munis d'un appareil sem- blable, un mouvement quelconque d'inspiration et d'expiration, comme on le voit si manifestement chez les insectes hexapodes. Appareil de la cÉNiiRATioN. Un fait constant et remarquable chez les Cheylélides parasites, c'est que l'organe de la génération du mâle est toujours situé en arrière de l'anus, quand ce dernier existe, et qu'il en est de même pour l'organe femelle chez deux espèces : en effet, le pénis émerge toujours d'un point de la face dorsale situé, soit dans le voisinage du bord postérieur de l'abdomen {Cheylvtus parasi- tivorax), suit au milieu du notogastre {Chitjlelus heteropulpus), soit au milieu même du dos {Clieyktus macronyms, Myobia muscidi), soit même sur le céphalo- thorax {Uarpmjnchus nidulam). Ce fait, constaté chez le mâle de la Myobia musciili par Claparède, le frappa tellement, qu'il le regarda comme une exception unique dans la science ; nos études montrent qu'il n'est pas particulier à une seule espèce, mais à tout un groupe parfaitement naturel. D'ailleurs la science a enre- gistré d'autres faits analogues, car nous lisons dans l'analyse d'un travail du professeur Semper, de Wurtzbourg, intitulé : Les Articulés et Its Annélicles, leurs afjinilés naturelles avec les Vertébrés {]), les lignes suivantes : « D'après M. Semper, la position des divers organes, par rapport au sol, n'a point l'importance que lui accorde Baer, puis- que, chez les Hirudinés, l'anus est tantôt situé sur le ventre, tantôt rejeté sur le dos, et que chez un grand nombre d'AnnéUdes, l'ouver- ture des organes génitaux occupe soit les côtés du corps, soit la face supérieure, et que la bouche elle-même n'a pas une situation rigoureusement fixe. » Le pénis forme une saillie conique au-dessus des téguments, dont un prolongement l'entoure en forme de fourreau ; il se continue à l'intérieur par une verge cylindrique que l'on peut suivre jusque dans les régions postérieures, quand le pénis est tout à fait dorsal. Cette verge forme une crosse chez les espèces dont le pénis est au milieu ou en arrière du milieu du dos. (1) Revue scientifique de lu Franceet de l'étranger. Paris, 1878, n» 37, 10 mars. ACARIENS. 2ol La vulve de la femelle ovigèrc, la seule qui en présente une com- plète, est, sauf chez deux espèces où elle est dorsale, immédiatement en avant de l'anus, elle a la forme d'une fente longitudinale à lèvres épaisses, bordées de chitine dans une espèce {VHurpirhynchus nidu- lans). Les ovaires sont pairs, situés au milieu du corps, de chaque côté de la ligne médiane, ou mieux du tube intestinal, au milieu de la masse graisseuse jaune, dont les globules colorés se distinguent assez facilement des globules ovulaires, qui sont incolores. Les œufs sont pondus au fur et à mcsuie de leur maturité, de sorte qu'il n'y en a jamais qu'uu complètement développé avec enveloppe distincte dans l'abdomen. Les œufs pondus l'écemment sont incolores ; leur contenu vilellin devient ensuite d'un jaune plus ou moins rutilant, puis on voit successivement se former le blastoderme et apparaître les bourgeons, qui sont les rudiments des maxilles, des palpes et des deux premières paires de pattes. L'embryogénie des Cheylétides est très facile à suivre sur les œufs de V Harpirhtjnchus vididans, très abondants dans les tumeurs dont ce parasite provoque le développe- ment. Claparède a décrit toutes les phases de celle des Myobies [loc. cit.). Organes de relation. — 11 est peu de groupes d' Acariens où les or- ganes de relation, c'est-à-dire les pattes, soient aussi variés et aussi bien appropriés au genre de vie de chacun d'eux que dans les Cheylétides parasites. En elfet, chaque genre, et môme chaque espèce, ayant un genre de vie ou un habitat différent, présente des pattes différentes. Si les pattes, dans les trois espèces du genre Chcyktus, ne diffèrent pas beaucoup au point de vue de la conformation générale, — elles sont cependant plus coniques dans la première, et plus cylindriques chez les deux autres, — les appendices terminaux, c'est-à-dire les ongles, différant dans chacune d'elles : Chez le Cheyktus parasitivo- rax, qui vit au fond des poils du Lapin, où il se livre à- la chasse des Listrophores, les ongles ont disparu, et il ne reste plus que le cirre intermédiaire, qui s'est élargi de chaque côté d'une expansion mem- braneuse à bords pectinés, ce qui en fait un appareil d'adhérence parfait pour marcher sur ou entre les poils. Les deux autres espèces de Cheyletus, qui vivent au fond des plumes des oiseaux, où elles chassent aux Sarcoptides plumicoles, ont une paire d'ongles aigus accompagnés d'un cirre intermédiaire fourchu et finement barbelé • la troisième espèce a même ces ongles extraordinairement dévelop- pés, rappelant ceux de certains Diptères parasites : les Pupipares. Dans le genre Harpirhynchus, dont les individus rampent sous les téguments d enveloppe de la tumeur qu'ils habitent, comme la femelle du Sarcoi.tes scabiei rampe dans son terrier, les pattes posté- rieures sont devenues inutiles comme à celle-ci ; aussi sont-elles ré- 252 CnAPlTRE V. ^ duitcs h l'état de moignons terminés par un pinceau de soies. Les^B membres antérieurs sont devenus courts et robustes, — toujours " comme chez les Sarcoptes, qui ont un genre de vie analogue, — et, pour remplacer les épines et les aiguillons dorsaux de ces derniers, indispensables pour pouvoir progresser dans les réduits souterrains étroits et bas, la nature y a pourvu en triplant le nombre des appen- dices crochus des palpes et en les retournant la pointe en haut, afin qu'ils puissent agir efficacement sur le plafond surbaissé de leur habitat et aider ainsi à la progression à la façon des harpons. Los palpes, instruments terribles de chasse et de préhension dans le premier genre, sont devenus, chez les Harpirhynchus qui ne chassent plus, des organes de translation supplémentaire, et même plus puissants que les organes principaux de cette fonction, c'est-à- dire les pattes. Chez les Myobies, qui vivent au fond de la forêt de poils qui couvre la tête et le museau des Souris, la première paire de pattes est devenue un court et soUde crampon, dont la forme et les dimensions sont exactement calculées sur la forme et les dimen- sions du poil qu'il doit embrasser, et la force de ces crampons est telle, qu'aucune secousse, aucun grattage de l'animal qui porte le parasite, ne peut lui faire lâcher prise. Les autres pattes, grêles, allongées et ornées de petits ongles, doubles dans la deuxième paire et simples dans les deux autres, suffisent à leur rôle, qui est de por- ter le corps et de le faire progresser sur la peau nue. Ce parasite est certainement un simple mutuahsle à la façon des Sarcoptides plu- micoles ; ce qui le prouve, c'est la petitesse de son rostre etl'exiguilé de ses palpes, qui ne lui permettent certainement plus de chasser a la façon des Cheylètes ; il vit simplement des matières grasses sécré- tées par la peau. . Chez le Picobia, qui vit dans le tissu cellulaire de certain Pic, les deux paires de pattes antérieures sont robustes et courtes comme chez les Sarcoptes et les Harpirhynchus ; de plus, elles sont termi- nées par une forte fourche finement barbelée, qui n'est autre que le cirre modifié et tenant lieu des ongles absents ; ces organes sont nécessaires au parasite pour progresser dans le fouiUis de fibres et de lames entre-croisées qu'il habite. Les pattes postérieures, quoique grêles et faibles, sont cependant complètes et terminées par deux ongles et un cirre pectiné : cela nous donne à penser que la vie de ce parasite n'est pas exclusivement sous-cutanée et qu il est aussi quelquefois épizooïque. - Des observations ultérieures nous p^- meltront seules d'éclairer ce point ainsi que beaucoup d autres restes obscurs dans le mémoire de M. G. Haller, le seul auteur, jusquà présent, qui ait observé ce parasite. ACARIENS. 253 b. Tribu des Trombidides. Acariens munis cCyeux. Palpes à cinq articles, le cinquième en forme de massue articulé à la base du quatrième qui se prolonge en un crochet aigu dépassant le dernier article. Mandibules terminées par un crochet mobile de bas en haut. Toutes les pattes munies d'un cirre très velu en- tre les deux ongles. Cette tribu renferme deux genres : Genre TROMBIDIUM Latr. qui a pour diagnose : yeux pédon- culés, tégument recouvert par des soies courtes à pointe épaisse et barbelées. Genre OTTONIA Kranier, qui a pour diagnose : yeux sessiles situés sur la partie antérieure du thorax entre deux longues soies, corps distinctement ceinturé entre les deux paires de pattes intermédiaires, soies lisses. Le premier seul de ces deux genres nous intéresse parce que les trois espèces indigènes qui le composent, bien que phytophages, ont des larves hexapodes carnassières qui s'attachent aux Arachnides, aux Insectes et môme aux quadrupèdes et à l'homme, plantent leur rostre dans la peau et causent de très vives démangeaisons en déterminant le développement d'un érythème particulier. Ces larves ont été longtemps regardées comme des Trombidions d'espèces particulières décrites et figurées sous les noms de Trombidion du faucheur, Trombidion du puceron, Trombidion parasite, Trombidion de la libellule, Trombidion du cousin, Ocypète rubra, Trombidion rouget, Lepte automnal, etc. Dans les Annales des sciences naturelles, 6'' série, 1877, nous avons publié un mémoire démontrant que tous ces Trombidions à six pattes ne sont que des larves d'une des trois espèces qui constituent en France le genre Trombidion, que le Tr. du faucheur, par exemple, est la larve du Trombidion fuligineux {Trombidium fuliginosum Herm.), que le Rouget, ou Lepte automnal est la larve hexapode du Trombidion soyeux {Trombidium holo?eri- ceum Herm.) (Voy. pl. XXV), Comme c'est cette dernière seule qui s'at- tache aux Mammifères et particulièrement aux chiens et à l'homme, nous la décrirons seule. Le Ronsret (fig. 3 et 4), OU larve hexapode du Trombidion soyeux, est, comme son nom l'indique, de couleur rouge orangé. Il a, avant d'être repu, le corps orbiculaire, bombé en dessus, un peu aplati en des- sous, long de 0°"",23, large de 0""»,19, présentant, immédiatement en arrière de la dernière paire de pattes, un sillon circulaire peu profond qui partage le corps en deux parties presque égales, une antérieure représentant le céphalothorax, une postérieure représentant l'abdo- 21)4 CIlAPlTRIi V. men. La face supérieure du céphalothorax esl munie dans son milieu d'un plastron ou écusson en demi-cercle bordant cette région anté- rieure et forniiintun épistomc rigide. Cet écusson porte dans son milieu deux stigmates circulaires symétiiqucs à bords saillants munis cha- cun d'un poil protecteur, plus cinq autres petits poils formant un demi- cerole en avant des stigmates ; de chaque côté de cet écusson, et près du bord latéral du corps, se trouve un œil simple qui tranche par su couleur noire. La face inférieure du céphalothorax présente les épi- mères des pattes sous forme de larges plaques triangulaires à pointe large et arrondie dans les quatre postérieures, celles de la première paire étant adhérentes à celles de la seconde ; ces épimères delà pre- mière paire présentent près de leur bord externe une paire de grands stigmates circulaires à rebord saillant, ce qui porte à quatre les stigmates respiratoires du Rouget. Les faces supérieure et inférieure de l'abdomen ainsi que les parties du céphalo-thorax non recouvertes par l'écusson, et les épimères, sont constituées par un tégument souple, extensible, assez résistant, finement strié transversalement et planté de rares poils courts et symétriques ; l'anus est indiqué par une courte fente médiane tracée au milieu delà face inférieure abdo- minale. Le rostre (fîg. 6) est attaché par une large base à l'extrémité antérieure du céphalo-thorax que surplombe le plastron céphalo-thoracique ; il est court, cylindro-conique et a pour base une plaque creusée en gout- tière qui forme son plan inférieur et qui n'est autre que le résultat de la soudure des deux maxilles ; cette plaque se relève latéralement et ses bords viennent s'affronter en laissant entre eux un sillon de ma- nière à former un tube presque complet, taillé en avant en forme de bec de plume renversé ; de chaque côté de cette gouttière maxillaire s'articulent deux volumineux f)«/pes à cinq articles, du modèle de tous ceux des Trombidions, à deuxième article énorme et renflé, le pénul- tième unguiculé et le dernier orné de soies et d'un cirre arqué ; dans le repos ces palpes sont fermés, ce qui donne au rostre une physiono- mie élargie et tronquée caractéristique. A la face supérieure de la gouttière maxillaire existe une languette mobile, triangulaire, dont les muscles moteurs s'attachentà deux sériesparallèles de saillies transver- sales qui servent, aussi d'attache aux muscles protracteurs des man- dibules. Ces mandibules (fig. 8), qui glissent dans le tube rostral indé- pendamment l'une de l'autre, sont constituées par une tige terminée en lame de serpette à fort talon et à pointe dirigée en avant et en haul. Les pattes sont cylindriques, effilées, à six articles comme chez les adultes, les quatre premiers pluS courts, presque égaux, les deux der- niers plus longs etle torse simplement conique dans les deux dernières paires, cyUndro-conique dans la première, avec un fort arrêt épi- neux près de son extrémité, se termine par trois crochets, le médian le ACARIENS. plus long, sans adjonction de caroncule ni de cirre, d'aucune sorte. ^, A partir du moment où le Rouget est fixé à sa victime par 1 implan- talion des mandibules dans ses tégumenis, parliculicrement à la base des poils, son abdomen se dilate insensiblement et il arrive à avoir les dimensions quintuples de ce qu'elles étaient à sa sortie de l'œuf, sans que les dimensions du céphalo-thorax et les rapports des orga- nes qu'il porte aient sensiblement changé ; les épimères des pattes pos- térieures se sont cependant un peu écartées des autres (fig. 4). Nous verrons plus loin, en parlant de l'action nocive des Acariens, à décrire celle du Rouget. 6. — Famille des DÉMODICIDÉS. Cette famille a été créée par P. Gervais pour un parasite très curieux qui habite les follicules sébacés et pileux delà peau de certains animaux et de l'homme. Quelques mots d'histoire à l'occasion de ce parasite ne seront pas déplacés ici. C'est en cherchant à se rendre compte de la nature de la maladie de la peau de l'homme, connue sous le nom d'acne sebacea et en examinant le contenu des pustules qui la constituent, que Simon, de Berlin, en 1842 (t),fit la découverte du parasite dont nous allons repren- dre l'histoire. Après avoir reconnu que les pustules d'acné étaient le résultat de l'inflammation d'un ou de plusieurs bulbes pileux renfer- més dans le môme follicule et que la matière grasse qui les remplit et qui forme des boudins de matière « suifeuse » noircis parla saleté à leur extrémité externe {tanne, comédon, acne punctata), provient de glandes sébacées qui s'ouvrent toujours dans les follicules des poils follets, il fit cette remarque importante : « Outre les substances que je viens d'indiquer, j'en rencontrai une autre dont je ne pus d'abord me rendre compte. Je remarquai plusieurs fois un corps mince d'environ un dixième de ligne de long, arrondi à l'une de ses extrémités, un peu plus étroit à l'autre, celle-ci paraissant bordée de petites dentelures. Je crus d'abord que les glandes des follicules pileux du nez étaient peut-être d une structure différente de celles des autres parties du corps, et qu'en exprimant la tanne, j'avais pu arracher en même temps le canal excréteur d'une de ces glandes avec un fragment du tissu glanduleux qui y serait resté adhérent. Mais ceci était con- tredit par cette circonstance que l'extrémité mince de ce corps et celle qui est arrondie paraissaient parfaitement closes, et que celle qui était dentelée était toujours conformée de la môme manière, ce (1) A}-chiv jûr Anat. iind Physiol. und Wiss. Medicin, lierausgegeben von Muller, 1842, Heft 2, n» 3, S. 218. CHAPITRE V. qui n'aurait pu arriver s'il se fût agi d'un fragment arraché d'une glande. Je continuai donc mon examen et tâchai, lorsque je rencon- trai ce corps dans la matière des tannes, de l'isoler convenablement par des mouvements de va-et-vient de la plaque de verre supérieure, «t j'en vins enfin à supposer que ce devait être un animal et qu'avec un plus fort grossissement je pourrais distinguer nettement la tôle, les membres, le thorax et l'abdomen. Cette supposition fut changée en certitude lorsque, dans un cas où j'avais comprimé doucement entre les deux plaques de verre la matière à examiner, je pus y re- connaître des mouvements évidents. Depuis lors, j'ai fait si souvent la même observation, que je suis parfaitement convaincu de son exactitude. J'ai montré ce corps à beaucoup de naturalistes et de mé- decins à Berlin, qui tous ont reconnu que c'était bien là un animal. » Ces parasites existaient exclusivement dans la matière des tannes, -car, après avoir raclé avec un scalpel la surface de la peau de per- sonnes affectées d'acné, et examiné au microscope la substance ainsi •obtenue, Simon ne put jamais y rencontrer d'animaux, tandis qu'on les apercevait dès qu'on exprimait les tannes et qu'on en examinait le contenu. Au total Simon trouva des animalcules dans la matière des tanne§ du nez sur trois sujets vivants : un homme de quarante ans, un de trente, et un de vingt-deux, tous trois en bonne santé et fort propres; chez sept autres personnes, la matière des tannes ne lui fournit au- cun animalcule ; les cadavres d'enfants nouveau-nés ne lui en four- nirent pas. Les animalcules des follicules pileux trouvés par Simon n'avaient pas tous le même aspect, mais présentaient des différences dépendant de la forme plus ou moins allongée ou obtuse de l'abdomen, diffé- rences qu'il regarde comme dépendant de l'âge. La forme qu'il ren- contra le plus souvent avait 0,08o à 0,125 de ligne (0™°i,19 à 0'"'°,28) ■de long, sur environ 0,002 de ligne (0"'",04:3) de large. Voici com- ment il décrit ces parasites en commençant par le rostre, qu'il ap- pelle tôte. « La tête, qui se rétrécit en avant, est formée de deux corps placés latéralement (palpes) et d'un suçoir situé entre ces deux palpes. Les palpes sont composés de deux articles, un postérieur plus long et un antérieur plus court. Ce dernier paraît avoir à son extrémité de petites dentelures. Le suçoir, qui quelquefois dépasse les palpes, et qui d'autres fois est moins long qu'eux, ressemble à un tuyau allongé. Au-dessus du suçoir existe un organe triangulaire dont la base, très <;ourte, appuie sur les parties postérieures du suçoir, mais dont le sommet ne va pas jusqu'à l'extrémité de celui-ci. Au moyen d'un fort grossissement, on voit que ce corps triangulaire est formé de deux lames pointues qui sont placées l'une à côté de l'autre. I ACARIENS. 257 « La téte se continue immédiatement avec le thorax, lequel forme environ le quart de la longueur des corps et est un peu plus large que la partie supérieure de l'abdomen. Des deux côtés du thorax existent quatre paires de pieds très courts ayant la forme d'un cône dont la base appuierait sur la partie latérale du thorax. En général, on remar- que sur chaque membre trois lignes transversales obscures qui sem- blent indiquer l'existence de trois articulations. A l'extrémité de cha- que pied on aperçoit avec un fort grossissement trois crochets déliés, un long et deux plus courts. Ces crochets se terminent généralement par une pointe aiguë, quelquefois cependant ils m'ont paru arrondis. De la partie antérieure de la base de chaque pied part une raie formée d'une double ligne, laquelle s'avance jusqu'à la ligne médiane du tho- rax; il en existe quatre en tout. Sur la ligne médiane chacune de ces raies est unie à celle qui est placée immédiatement en arrière d'eUeau moyen d'une raie longitudinale, ordinairement peu marquée. Les raies transversales font probablement le tour du thorax, du moins je les ai trouvées aussi marquées, soit que j'examinasse l'animal par le dos ou par le ventre. Quant à la forme générale du thorax, il avait une largeur presque égale partout, seulement à la partie moyenne au niveau de la deuxième paire de pattes il était plus large qu'ailleurs. «Au thorax succède sans interruption l'abdomen qui à sa partie antérieure est seulement un peu plus étroit que le thorax, mais qui s'ammcit insensiblement et se termine par une extrémité arrondie • sa longueur est environ trois fois celle du thorax. Sur tout l'abdomen on remarque des lignes transversales très fines, très rapprochées et très régulières qui paraissent formées par des enfoncements ou des sail- Ues, car, quand on examine les parties latérales de l'abdomen avec un grossissement un peu fort, le bord paraît taillé comme une lime Le contenu granuleux ou globuleux de l'abdomen empêche souvent de voir ces stries. L'abdomen renferme une matière granuleuse sem- blable a du pigment irrégulièrement distribué, mais souvent rassem- ble en une masse globuleuse brune à l'extrémité antérieure de l'ab- domen. Outre celte matière granuleuse on remarque souvent, dans l abdomen, des globules clairs comme graisseux en nombre et en dimensions variables ; quelquefois deux suffisent pour remplir l'abdo men d'autres fois elles forment deux rangées régulières (fiï. 56 A «La deuxième forme sous laquelle j'ai observé ces animalcules se [•approche beaucoup de la précédente dont elle ne diffère que uar la .oindre longueur de l'abdomen ; il n'est qu'une fois ru'ne ^o emie aussi long que le thorax. En général il n'existe pas de ligne de iemarcation bien tranchée entre cette forme et la précédente elles îaraissent se confondre par une gradation insensible (fi- 56 B)' « Une troisième forme est surtout caractérisée par un abdomen très ^ourt et terminé en pointe ; le thorax parait aussi renflé de façon que MÉGNiN. — Les Parasites. 17 ACARIENS. 2o9 ;( Enfin une quatrième forme ressemble beaucoup à la première par la longueur de son abdomen, mais elle en diffère en ce qu'elle n'a que trois paires de pieds, qu'elle est plus grêle, plus délicate et plus courte dans son ensemble (fig. S6. D). « La première forme est plus fréquente, puis vient la seconde ; quant aux deux autres, elles sont à la première comme 10 est à 100 pour la troisième, et seulement comme 6 est à 100 pour la quatrième. « — Quant aux nombres de parasites contenus dans chaque tanne, Simon en trouvait généralement de deux à six, exceptionnellement de onze à treize, tous dirigés parallèlement au poil et la tête en bas. Simon, s'appuyant sur l'opinion du docteur Erichsen, naturaliste dont il avait réclamé les conseils, rangea son animalcule dans la classe -des Arachnides et dans l'ordre des Acares, à cause du nombre des pieds et de la composition de la tête ; le suçoir qui se trouve à l'extrémité de la tête n'est autre chose que la lèvre inférieure; les deux soies qui la recouvrent, les mandibules, et les corps placés sur les côtés du suçoir, des palpes maxillaires. « Très probablement, ajoute-t-il, les •différentes formes décrites plus haut ne sont que différents degrés du développement du même insecte, et ce qui est décrit comme la qua- trième forme est la première période, car beaucoup d'acares n'ont dans les premiers temps que trois paires de pieds. La première forme mdiquée est la deuxième période, et les formes avec abdomen peu allongé sont des périodes encore plus avancées. Il est probable que chez l'animal entièrement développé l'abdomen se rétracte complète- ment, aussi y a-t-illieu de croire que la dernière période d'accroisse- ment de l'animal est encore inconnue ; par conséquent on ne peut dès à présent fixer à quelle famille et à quel genre il appartient. » Celte idée du docteur Erichsen de voir dans l'acare des folUcules un état mcomplet d'un acare encore inconnu lui est suggérée par les travaux de Hartig (I), qui a observé et décrit chez une mite dont la larve vit dans les gales du sapin, - mite prise à tort pour VOribata geni- mlata de Latreille et qui n'est autre qu'un Tétranique gallicole - une métamorphose qui a une certaine analogie avec celle qu'il attribue à 'Ces parasites cutanés. En effet ces larves gallicoles de Tétraniques sont >vermiformes à abdomen allongé et strié en travers, comme les acares des follicules, seulement elles n'ont que quatre pattes (deux paires) e le rostre diffère entièrement de celui de ces derniers nASc''"' ^T' T'I^^' développement incomplet qui a em- pêche Simon de rechercher s'il y avait des différences de sexes dans Jes nombreux parasites qu'il a examinés et de voir des œufs en vo e de développement dans les cellules apparaissant dans l'abdomen de ^^iVX'ZL^:^^^^^^^^^^^^ ^-^^--<"'ons-Le.icon von G. L.und 2C0 CHAPITRE V. sa première forme ; c'est ce qui l'a aussi empôché de comprendre la significalion de l'observalion qu'il a encore faite et qu'il raconte en ces termes : « Environ ^îx fois, tant dans les tannes des sujets vivants que dans les follicules des cadavres, j'ai observé un petit corps cordiforme garni à son extrémité obtuse d'un appendice. La longueur en était à peu près égale à la largeur du corps d'un acare ; il était ordinairement coloré en brun et paraissait rempli d'une matière granuleuse. Dans les follicules pileux ce corps était toujours placé tout près d'un animal, mais sans connexion avec lui. Cette circonstance, aussi bien que le défaut de ressemblance de ces corps avec aucune partie du corps hu- main, m'a fait penser qu'ils avaient peut-être quelques rapports avec les acares. Ce pourrait être, par exemple, la coque d'un œuf d'où un animal se serait échappé. » Ici se termine notre analyse du travail de Simon, et, si nous l'avons faite si complète, c'est pour prouver que tous les auteurs qui l'ont suivi, ou bien se sont contentés de le copier, ou bien lui ont été très inférieurs tant dans les descriptions anatomo-zoologiques que dans les vues physiologiques. Certainement, comme nous le montrerons plus loin, Simon a commis des erreurs graves et nombreuses et bien des détails importants lui ont échappé, soit à cause de l'imperfection des microscopes de son temps, soit par suite de son manque d'habitude et d'expérience dans l'étude des parasites microscopiques de Tordre des Acariens ; mais les erreurs des observateurs qui, après lui, ont voulu étudier le Bemodex, et nous n'exceptons pas les plus modernes, sont autrement sérieuses. Simon venait de communiquer la découverte de son Acarus follicu- lorum à la Société des naturalistes de Berlin, lorsque le professeur Henle, de Zurich, lui apprit, par une lettre datée du 3 mars 1842, que dans le courant de l'automne précédent, il avait observé un petit ani- mal semblable au sien dans les follicules pileux du conduit auditif externe, et qu'il avait annoncé ce fait provisoirement dans l'Observa- teur de Zurich du mois de décembre. Aussitôt après la découverte de Simon, une foule d'observateurs se mirent à étudier le nouveau parasite. Owen, le premier, comprenant la nécessité de le séparer nettement des autres Acariens parasites dont il diffère tant, proposa de le nom- mer Demodex folliculorum (t),nom que MM. Littré et Robin, dans leur Nouveau Dictionnaire de médecine, font dériver de Js>a?, corps, et le ver du bois, et qui pourrait tout aussi bien venir de 5ir,(Ao;, peuple, ^wa> mordre, piquer. Un autre auteur, Miescher, appelle ce parasite Macrogaslerplatypus.Era^&mns Wilson le nomme Entozoon folliculorum, (1) Owen, Aim. and magaz. ofnalurale hist. London, 1843. . ACARIENS. 261 en refusant de, le regarder comme un Acarien ( I), et M. Paul Gervais, Simonea folliculorum (2). C'est le nom d'Owen qui a prévalu, suivant la loi de propriété obser- vée en histoire naturelle . Outre les auteurs précédents, nous citerons encore, comme s'étant livrés à l'étude du Demodex folliculorum de l'homme, Erdt (3) et Wadl Cari (4). L'année qui suivit la découverte du Demodex folliculorum, Topping signala la présence d'un parasite analogue chez le chien et Tulk le décrivit (o). Gruby(6) s'attacha à démontrer l'identité des deux espèces dans des expériences plus ou moins concluantes qu'U soumit au ju- gement de l'Académie des sciences, ce qui ne fut pas contredit par MM. Neiss et Haubner, Lafosse et Baillet (7), Cornevin (8), G. Penne- tier (9), Zurn (10) et Saint-Cyr (1 1) qui plus tard reprirent' l'étude du Demodex du chien. Enfin, Simon de Berlin lui-môme rencontra encore un Demodex dans les glandes de Meibomius du mouton, et ce fait est unique jusqu'à présent dans les annales de la science. Nous avons dit que la plupart de ces auteurs n'avaient fait que paraphraser le travail de Simon de BerUn ou môme lui étaient restés mferieurs. Nous devons faire cependant une exception en faveur de celm d'Erasmus Wilson qui a fait une excellente étude du parasite des follicules, qu'il nomme Entozoon, surtout dans ses états impar- faits en voie de développement ; où il commet une grave erreur c'est dans la manière dont ilexphque la croissance, car il n'a aucune idée des véritables métamorphoses qui s'accomplissent ; il ne distingue (1) Erasmus Wilson, Researches info structure and development of a new cutaneous parasUe, the Entozoon folliculorum, in PhilosopStaZactiZ Zt ' "^''""''"^ ''''' p-'- p- (2) Walkenaer et P. Gervais, Histoire naturelle des aptères 4» volume sud plement, in Suites à Buffon, chez Roret. Paris, 1847 ' ^' ?1 w**ii ^^^'\jf>'^ir(>lii<=iilorum, in Bull. acad. Miinchoi, 1843. (4 Wadl Cari, Ueber die Haarsakmilbe [Acarus folliculorum) Xn HniHi^ r Bevichfe, Bd 2, p. 262-267, Jahr 1847. rouicuio7 um), m Haidm gr (5) Tulk, Demodex folliculorum caninus, in Ann. oF 7iat hi^f vnl iq m Lafosse, Palholosie vétérinaire, T vol. Toulouse, I8CI. (9) Georges Pennetier, Note sur le Demodex canim/t In r,ni. mi- , ■ (10) Zurn, Die Schmarotzer. Weimar, 1872 262 CHAPITRE V. non plus ni les mâles ni les femelles et fait une description des or- ganes de la tête qui comporte une paire d'yeux (!), trois paires de palpes labiaux (!), etc., etc., description par trop fantaisiste et qui semble avoir pour but de faciliter le classement de VEntozoon dans le voisinage des Crustacés et des Annélides. La fonction et les organes de la ponte sont aussi pour lui un mystère aussi bien que ceux de la digestion, car il place l'anus sous forme d'un petit pertuis poncti- forme à l'extrémité caudale de l'abdomen, ce qui n'est pas. Il n'est pas non plus fixé sur l'organisation des pattes, puisque dans ses figures on compte tantôt deux, tantôt trois, tantôt quatre ongles à leur extrémité. 11 admet aussi plusieurs variétés dans l'espèce para- site de l'homme, tout en constatant que les contractions de l'abdo- men peuvent en modifier beaucoup la longueur qui est la base unique sur laquelle Simon s'est fondé pour créer ses variétés. En somme, et malgré nos critiques, nous reconnaissons que le travail d'Erasmus Wilson sur le parasite des follicules est un progrès sur celui de Simon, Nous n'en dirons pas autant sur ceux des auteurs qui ont suivi, pas môme sur celui de notre jeune confrère, M. Cornevin, pourtant un des plus considérables et des plus récents, mais qui est aussi faible dans la partie où il traite de l'anatomie entomologique du Demodex du chien qu'il est remarquable dans la nosographie de- l'aflection qu'il cause. En jetant les yeux sur notre planche xxvi, il y reconnaîtra facilement, nous en sommes sûrs, dans notre figure 7, lettre C, qui représente une nymphe en voie de se métamorphoser en adulte, la prétendue variété qui l'intrigue si fort, et dans laquelle il est tenté de voir un mâle. C'est l'objet de sa figure 2. Nous bornons là nos critiques, persuadé que les imperfections du travail de M. Cor- nevin tiennent exclusivement à son inexpérience en acariologie, défaut qu'il est en bonne position pour combattre et pour corriger. La note de M. G. Pennetier n'est qu'un résumé de la thèse de M. Cornevin à laquelle il emprunte môme ses défectueuses figures. Nous bornons là la partie historique de notre travail. Nous aurons du reste à revenir souvent sur les opinions des auteurs que nous avons cités, soit dans la description entomologique que nous allons donner du Demodex folliculorum, soit dans l'histoire de ses mœurs el de son acchmatation sur l'homme. Nous allons passer à la discussion de sa position zoologique, puis à sa description. Position zoologique du Demodex folliculorum (Owen). — Nous avons vu que Simon de BerUn, après avoir pris conseil d'un natura- liste, le docteur Erichson, rangea le parasite qu'il avait découvert dans la classe des Arachnides et l'ordre des Acares, à raison da ACARIENS. 263 nombre de ses pattes et de la composition de son rostre dans lequel il retrouvait une lèvre, des mandibules et des palpes maxillaires. Erasmus Wilson, se basant sur la séparation nette de la tète d'avec le thorax, tôte caractérisée parla présence à'une paire d'yeux {\) — qu'il a été jusqu'à présent le seul à voir sur la face supérieure de cette pré- tendue tôte (1), — sur la séparation, bien qu'incomplète, du thorax de l'abdomen, sur la structure annelée de ce dernier qui présente, de plus, des mouvements indépendants et des phénomènes de contrac- , tion, enfin sur sa forme allongée, refuse de le considérer comme fai- sant partie de l'ordre des Acariens et de la classe des Arachnides, et voit en lui une Annélide. M. Gray, du British Muséum, à qui Erasmus Wilson soumit le parasite en question, le rangea dans les Entomos- tracés-cntstacés, genre d'animaux compris entre les vers et les in- sectes. Enfin, à l'appui de son opinion, Wilson rappelle ces paroles de de Blainville extraites du Dictionnaire d'histoire naturelle, article Lernées : « Genre d'animaux tellement bizarres au premier aspect que les zoologisles sont encore fort peu d'accord sur la place qu'ils doivent assigner à ce groupe dans la série animale. » Malgré celte tentative de Wilson de ranger le parasite des follicules parmi les vers, les auteurs qui l'ont décrit après lui ne l'ont pas suivi et ont continué à regarder ce parasite comme un Acarien ; en cela ils ont eu raison. En effet, voyons la caractéristique de cet ordre d'après M. Ch. Robin ; il la donne comme suit dans le Dictionnaire déjà cité : « Arachnides à corps plus ou moins aplati en dessous, convexe en dessus ; appareil buccal ou rostre disposé en organe pro- pre à diviser ou à sucer, enveloppé par une lèvre inférieure ou ster- nale en cuiller ou en étui (thécastome de Walknaer) rapproché en forme de tète saillante ou cachée sous l'épistome (nuque labre ou bandeau) inséré dans une dépression spéciale du céphalo-thorax ; thorax le plus souvent non segmenté, largement uni à un abdomen non annelé dont rien ne le sépare {thoraco-gaster, Dugès). Demi- métamorphose ou métamorphose partielle caractérisée par la nais- sance à l'état dit de larve portant six pattes seulement ; puis après une ou deux mues passant à l'état de nymphe octopode, mais non sexuée, pour subir encore une mue qui les amène à l'état sexué mâle ou femelle. » En modifiant légèrement cette caractéristique dans la partie con- cernant le nombre des pattes des larves, qui n'est quelquefois que de quatre, ou môme qui sont absentes, et la configuration de l'abdo- men qui, ainsi qu'on le voit dans les larves tétrapodes des tôtrani- ques, est quelquefois vermiculaire et finement strié plutôt qu'annelé. (1) Ce que cet auteur a pris pour des yeux, ce sont probablement deux petits tubercules ponctiformes qui se voient à la face supérieure du premier article des palpes (voyez pl. xwi, fig. 4). CHAPITRE V. elle s'applique alors parfaitement au Demodex foUiculorum. Donc ce parasite est un Acarien. L'ordre des Acariens comprenant une dizaine de familles, dans la- quelle doit-il prendre place ? M. Robin, dans le Dictionnaire déjà cité, l'a mis dans la famille des Sarcoptidés, en compagnie des autres sar- coptides psoriques qui composent les genres Sarcoptes, Psoroptes et Chorioptes. Mais un des caractères constants des Acariens de cette famille est d'avoir les pattes à cinq articles, et les pattes des Demodex n'en présentent que trois; il n'appartient donc pas à la famille des Sarcoptidés. Nicolet, dans les généralités de sa monographie de la famille des Oribatides (i j, avait déjà compris que le Demodex diffère assez de tous les Acariens déjà connus pour former une famille à part et il avait créé la famille des Demodides pour lui et pour les Tardigrades, autres petits Acariens aquatiques qui ressemblent au Demodex pour la forme du thorax et la disposition des pattes, mais qui n'ont pas l'abdomen prolongé en forme de queue du Demodex, ni le rostre à organes distincts comme eux. Aussi M. le professeur Gervais (2) a-t il été bien inspiré en laissant les Demodex constituer seuls une famille qu'il nomme les Demodicidés, et les Tardigrades celles des Arctisconidés, ces deux familles formant le dernier échelon de la série acarienne. Ainsi donc les Demodex forment un genre unique dans la famille des Demodicidés. Mais y a-t-il plusieurs espèces de Demodex, ou tout au moins plu- sieurs variétés ? Nous n'admettons pas, bien entendu, les diverses variétés signalées chez l'homme par Simon et Wilson, parce qu'elles n'ont pour base que des différences de longueur dues aux contrac- tions cadavériques de l'abdomen ou à des différences d'âge ; mais il est évident pour nous que le Demodex du chien diffère de celui de l'homme ; l'action nocive du premier, si différente de celle du second qui est presque inoffensif, jointe à la forme si dissemblable de leurs larves apodes, en est une preuve, bien qu'à l'état adulte les deux Acariens aient la plus grande analogie d'aspect et de forme, tout au moins du céphalo-thorax, car l'abdomen de celui de l'homme est beaucoup plus long que chez celui du chien. Ces différences cons- tituent tout au moins deux variétés que nous nommerons Demodex foUiculorum, YdiViélé caninus, et Demodex foUiculorum, \a.Tiélé hominis; il y a probablement d'autres variétés, celle par exemple que Simon a rencontrée dans les glandes de Meibomius du mouton et qu'aucun observateur n'a revue depuis. — Nous-môme nous en avons rencon- tré une autre petite variété dans l'oreille du chat, qui paraît aussi inoffensive que celle de l'homme. (1) Archives du Muséum, t. VII. (2) Loco citato. I ACARIENS. 26o Nous allons donner la diagnose de la famille, du genre et des es- pèces ou variétés, en prenant pour type celle du chien, la plus impor- tante à connaître, comme la plus dangereuse. Famille des DEMODICIDÉS, P. Gervais. Acariens à rostre proéminent, saillant à l'extrémité antérieure du cé- phalo-thorax (pl. XXVI, fîg. 3 et 4), composé : 1 " d'une paire de mâchoires ou maxilles {mx) soudées à leur base et dans une partie de leur lon- gueur, à extrémités aiguës et divergentes adhérant par leur bord ex- terne au premier article des palpes ; 2» d'une languette reposant sur la face supérieure des mâchoires [l) triangulaire, mobile et rétractile ; 3° d'une paire de ■palpes maxillaires {pm) à quatre articles dont le premier, le plus grand, de forme cylindroïde, ù base conique, arrondie et recourbée en dedans, est immobile et adhérent aux mâchoires ; le deuxième et le troisième cylindriques et semblables, le quatrième sphérique portant deux papilles aiguës de chaque côté et un fort crochet terminal recourbé en bas ; — ces trois articles terminaux des palpes sont mobiles et se fléchissent en tous sens d'une manière indépendante dans chaque palpe ; — 4° d'une paire de mandibules {m d) terminées en stylets à pointes un peu divergentes, tronquées et comme refoulées, à base large et triangulaire soudée avec celle de sa congénère (B) ; ces mandibules sont fixes, sans mouvements indé- pendants de ceux du rostre tout entier, et remplissent le rôle d'une bêche. Pattes à trois articles (fig. 5) : une hanche (a), une jambe (j) et un tarse (t). Les pattes s'articulent par la hanche à un squelette composé d'épimères en nombre égal à celui des pattes, tous reliés par un sternite médian occupant toute la longueur de la face inférieure du céphalo-thorax. Génération vivipare ; les femelles donnant naissance à des larves apodes, contractiles, sans organes buccaux apparents (fig. 2. B) qui, quel- que temps après leur naissance, acquièrent, en guise de pattes^ trois paires de tubercules coniques, papilliformes, servant à la reptation A celte première larve succède, à la suite d'une mue, une nvmphe semblable à la larve, mais plus longue, à quatre paires de membres papiililormes et à rostre encore imparfait (fig. 6, A B G) A cette nymphe succède, à la suite d'une deuxième mue, un Demodex par- fait en apparence, mais non encore sexué. Les organes sexuels appa- raissent sur les individus à forme définitive sans qu'on puisse dire que ce soit à la suite d'une dernière métamorphose car on n'en trouve pas les débris. La famille des Demodicidés ne comprend qu'un genre. Genre DEMODEX, Owen. _ Acariens vermiformes, à thorax dis- 266 CllAPlTHli; V. linct de l'abdomen, sans poils ni spinules d'aucune sorte ; thorax cylindroïde, rigide, h face supérieure demi- cylindrique, cuirassée, aplatie antérieurement ; abdomen mou, conoïde, allongé, flnement strié transversalement, à extrémité arrondie, fortement contractile après la mort ; chez les larves et les nymphes l'abdomen est conique, à extrémité aiguë, non strié transversalement et non séparé distinc- tement du thorax qui est mou et ne présente aucune trace de sque- lette. — Rostre recouvert supérieurement par un prolongement membraneux de l'épistome (fig. 3 ep), analogue aux joues de quelques sarcoptides. Mâles (fig. i) à organe sexuel placé immédiatement en avant de l'anus qui se présente sous forme d'une courte fente, peu visible hors du moment de la défécation, situé à l'extrémité antérieure et inférieure de l'abdomen. Femelle (fig. '2) à vulve se confondant avec l'anus, sous forme d'une fente longitudinale (a c) s'ouvrant au môme point que l'anus du mâle. Le genre Demodex comprend quatre espèces ou variétés dont nous ne connaissons, comme nous Tavons dit, que les trois premières, celle qui vit sur le chien, celle de l'homme et celle du chat. 1. Demodex folliculorum, Owen, var. caniuus. Femelle ovigère : longueur totale O^'-'.QS à 0"'"S.30. longueur du rostre 0°"°,0'(, largeur h. la base 0"'°',03. longueur du thorax 0"'",10, largeur 0""',045. Mdle : longueur totale 0""°,22 à 0,25. dimensions du rostre comme chez la femelle. longueur du thorax 0""°,095, largeur 0,045. Première larve (apode) long, totale O^-.OG à 0°'",09, larg. 0"'",015 îi 0"'"',025. Deuxième larve (hexapode), longueur totale O""",!!, largeur 0""",032. JNymphe (octopode), longueur totale 0°"",19, largeur 0°"",04. Nota. — Dans les individus adultes le rostre et le thorax ont seuls des dimensions constantes et fixes, les dimensions et même la forme de l'abdomen, qui changent très peu pendant la vie, sont très varia- bles lorsqu'ils sont morts, car l'abdomen se rétracte souvent, de manière à n'avoir pas la moitié de la longueur qu'il présentait pendant la vie, et même beaucoup moins, tout en devenant plus anguleux; c'est sur ces différentes formes que présente l'abdomen après la mort que sont basées les prétendues variétés admises par Simon et plusieurs autres auteurs. Quant à sa quatrième forme qui ressemblerait à la première mais qui n'aurait que six pattes, c'est évidemment par erreur qu'il n'a pas vu la quatrième paire qui, chez les nymphes, est plus près de la ligne médiane, ne dépasse pas le bord du corps, et est, par suite de cette disposition, souvent presque invisible. Sur la face supérieure du rostre se voit une paire de tubercules punctiformes qui appartiennent à chaque article basilaire des palpes ; ACARIENS. 267 ce sont sans doute les prétendus yeux d'E. Wilson (fig. 4). Sur le plastron dorsal se voient des tubercules semblables, au nombre de trois paires symétriques. 2. Demodex folliculorum, Owen, var. hominis. Femelle ovigère ou nymphe : longueur totale 0"",36 h 0°"",40. longueur du rostre Omm.Oa, largeur base O^^iOS. longueur du thorax 0°"",09, largeur 0""',04. Mâle : longueur totale 0n'™,30. dimensions du rostre comme chez la femelle. longueur du thorax 0°"",085, largeur 0'""',04. Première larve (apode), ovale-cordiforme, longueur O^^jOB, largeur 0°"°,04. Deuxième larve (apode), franchement cordiformc, long.0°"",08, larg, 0'""',0C. Larve hexapode oblongue, longueur 0""",12, largeur 0""",05. La figure A (fig. 56), que nous avons donnée plus haut (page 258) d'après Simon, représente exactement la forme générale d'un adulte de cette variété, aussi bien que les proportions relatives des diffé- rentes régions du corps, au grossissement de 250 diamètres, bien que les détails des pattes et du rostre soient faux ou incomplets. Comme on le voit, en comparant les dimensions de cette variété avec celles de la précédente, dimensions prises sur les individus vivants, le rostre est plus petit, le céphalo-thorax plus court, mais l'abdo- men bien plus long, car il a plus de trois fois la longueur du céphalo- thorax. Les tubercules punctiformes de la face supérieure du rostre et du plastron dorsal sont ici plus apparents. Le céphalo-thorax est aussi plus ovale, les épimères de la première et quatrième paire de pattes plus obliques vers le centre de la région et les pattes aussi plus courtes. 3. Dcmodex folliculorum, Owen, var. cati, — C'est un diminutif de la variété ccminus dont on aura exactement la figure en diminuant toutes ses dimensions d'un quart. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Les fonctions de la vie et leurs organes que nous allons étudier chez les Demodex seront considérés, dans les premiers paragraphes qui vont suivre, exclusivement chez les adultes ; nous verrons les différences qu'ils présentent chez les larves des divers âges au para- graphe consacré aux métamorphoses. § 1. — Organes et fonctions de translation. Les organes de translation à considérer ici sont les membres et le squelette. 2G8 CHAPITRE V. Le squelette, chez les Demodcx comme chez tous les autres aca- riens, et, en général, chez les articulés, est constitué par le tégu- ment durci en certaines de ses parties de manière à former des épi- mères, des plastrons, des épidèmes et les articles des membres. Les parties dures, chez les acariens qui nous occupent, ne se rencontrent qu'au céphalo-thorax et dans le rostre ; elles sont blanches et aussi diaphanes que les parties molles, et elles ne sont bien distinctes que grâce aux lignes très nettes qui les délimitent. — L'abdomen, comme nous l'avons déjà vu, est allongé en forme de queue cyhndrique, un peu comprimé latéralement dans sa partie terminale, et recouvert d'un tégument mou et transparent finement strié en travers. Après la mort, cette queue abdominale se raccourcit considérable- ment, se déforme, et c'est là le fait qui a servi de base à Simon pour l'établissement de ses diverses variétés. Le céphalo-thorax a la forme d'un tronc de cône à base postérieure, à sections obliques, l'antérieure étant la plus étroite et, de plus, aplatie de dessus en dessous (fig. i , B). Les téguments de celte région sont entièrement rigides et constituent supérieurement un plastron dorsal lisse, rectiligne d'avant en arrière, mais incurvé en voûte plus haute postérieurement comme nous l'avons dit plus haut, il porte trois paires de tubercules punctiformes symétriques. La face inférieure du céphalo-thorax est plane, parcourue dans toute sa longueur par un épidème sternal, envoyant de chaque côté quatre paires A'épimêres opposés, à l'extrémité desquels s'articulent les pattes. Les 2)a«es (fig. S) sont à trois articles seulement (t) et très courtes. Ces articles sont : 1° la hanche {a), qui est le plus volumineux, est assez semblable à la hanche des Sarcoptides, représentant un segment de cylindre qui se meut de droite à gauche et vice versa ; 2° la. jambe [j), tronc de cône renversé, à sections obUques, articulé à la hanche par son extrémité la plus étroite, se mouvant de haut en bas; 3° le tarse (<), pièce aplatie, arrondie, à mouvement de char- nière très borné, portant deux ongles mousses dont l'interne ou l'antérieur est le plus grand et qui sont comme enchatonnés à la face inférieure du tarse, qu'ils dépassent de leur pointe seulement, peu mobiles, mais pouvant néanmoins écarter leurs extrémités. C'est certainement par suite d'une erreur d'optique ou par une analogie forcée, que beaucoup d'auteurs décrivent trois ongles aux tarses des Demodex et que d'autres, comrne M. G. Pennetier, y ont vu un onglet, plus deux espèces de ventouses. (l) C'est par suite d'insuffisance de connaissances en anatoniie comparée des Acariens que MM. Cornevin et Pennetier comptent quatre articles aux pattes des Demodicidés : ils comptent à tort comme un premier article l'espace com- pris entre deux épiraères qui se suivent. ACARIENS. 269 Les muscles intérieurs de la jambe, chargés de faire jouer les ar- ticles Jes uns sur les autres et ceux-ci sur le céphalo-thorax, et dont les plus grands s'attachent à la face interne des épimères et de l'épi- dème médian, sont si diaphanes qu'ils sont à peu près invisibles ; cependant, lorsqu'on examine l'animal vivant et marchant, leurs contractions les mettent quelque peu en évidence. Comme organes de translation, il faut encore, chez les Bemodex, compter les palpes maxillaires (fig. 3 et 4, p m) ; en effet, ces organes, presque inertes chez les Sarcoptides, sont ici très actifs et aident puissamment à la reptation par leur jeu alternatif de haut en bas et d'avant en arrière et par les crochets dont leur extrémité est armée, ce qui les rapproche des Trombidiés et des Hydrachnidés. Les mouvements des pattes sont alternatifs, comme ceux des palpes, non seulement dans la même paire, mais encore dans les deux paires qui se suivent, en sorte que la troisième et la quatrième paire de pattes répètent exactement les mouvements de la première et de la deuxième. § 2 . — ■ Organes et fonctions de nutrition. Parmi les organes principaux ou accessoires des fonctions diges- - tives, on ne peut guère analyser que le 7'ostre parce que seul il est composé de parties dures; on ne voit ni œsophage, ni estomac dis- tinctement; dans l'abdomen on constate souvent la présence de granulations colorées, formant des groupes plus ou moins nets, dont les plus gros sont toujours dans le voisinage du cloaque et qui sont certainement des résidus de digestion, mais elles paraissent être contenues dans une matière sarcodique très transparente chez laquelle aucune trace d'organisation n'est perceptible. Le rostre (fig. 3 et 4) forme un ensemble conique tronqué, aplati de dessus en dessous, nettement distinct et séparé du céphalo-thorax avec lequel il s'articule par sa base. 11 est constitué : 1° par une paire de maxilles ou mâchoires étroites (m œ), soudées sur la ligne médiane dans leur moitié postérieure, à extrémités antérieures pointues et divergentes entre lesquelles est logée la languette [l) ; 2° à toute l'é- tendue du bord externe de chaque mâchoire adhère, par son premier article, un gros palpe maxillaire (p ?n) quadri-articulé, à article basi- laire énorme, trois fois plus gros et plus grand que les trois derniers ensemble; ceux-ci sont courts et cyUndriques, le dernier arrondi à son extrémité libre porte trois crochets recourbés dont le terminal est le plus grand ; les trois articles terminaux sont seuls mobiles, mais ils le sont largement, agissant surtout de haut en bas, en arrière et en dehors et à jeu alternatif; ils aident puissamment, comme nous l'avons déjà dit, à la progression ; 3" au-dessus des mâchoires et de 270 CIIAPITIIE V. leurs palpes et fermant par en haut le tube rostral, se voit une pair J de mandibules à base large, épaisse, triangulaire-arrondie, à extréJ mit6 antérieure allongée, cylindrique, brusquement tronquée, sanl division en pince terminale (m d)\ les deux mandibules, soudées pa^ leur bord interne sur la ligne médiane et unies par leur base au bord antérieur du céphalo-thorax, sont fixes et immobiles, mais leurs deux pointes antérieures, placées côte à côte et divergeant légèrement à leur extrémité, constituent un boutoir ou organe de fouille très puis- sant; 4° enfin un épislome membraneux (e p) recouvre supérieure- ment et dépasse latéralement les palpes maxillaires et les mandibules, tout en laissant l'extrémité de ces dernières à découvert. L'anus ou cloaque est une fente longitudinale de 10 à 15 millièmes de millimètre de long, située sur la ligne médiane, à la partie anté- rieure et inférieure de l'abdomen, et qui n'est visilde qu'au moment de la défécation ; c'est sans doute à cette circonstance qu'est due l'ignorance dans laquelle se sont trouvés tous les auteurs qui ont écrit jusqu'à présent sur le Demodex, relativement à la situation de cette ouverture, que les uns placent au milieu de l'abdomen et les autres à l'extrémité postérieure. Aucun organe de circulation, de respiration ou d'innervation ne s'est manifesté à nous pendant nos nombreuses recherches sur le Demodex ; mais nous avons pu voir, au moment même de leurs fonctions, les organes de reproduction qui, avant nous, étaient com- plètement inconnus. § 3. — Organes et fonctions de reproduction. Les Demodex sont monoïques, comme tous les acariens. La diffé- rence des sexes est très peu marquée et très difficile à apprécier, les individus sexués étant relativement rares et perdus dans la foule des individus asexués, véritaiiles nymphes qui sont de même taille et en apparence aussi parfaits que les précédents, et qui fournissent la grande majorité, quelquefois la totalité, de la population qui remplit ^ les follicules pileux dilatés chez les chiens atteints de gale folliculaire, ou chez l'homme atteint d'aone sebacea; on ne trouve même d'indi- vidus sexués accompagnés des larves que les femelles viennent de mettre au monde, que dans certains boutons acnéiques particuliers, et c'est la présence des jeunes larves apodes qui doit servir d'indice pour rechercher dans leur voisinage les individus réellement adultes. • Les mâles (fig. 1 , A, B) sont un peu plus petits que les femelles, ou plutôt c'est leur abdomen qui est plus court, plus étroit, et qui a à peu près la même longueur que le thorax ; le pénis se montre en avant de l'anus et en arrière de la dernière paire d'épimères ; il a la ACARIENS. 271 forme d'un tubercule conique à arûtes et tronqué, qui se montre en quelque sorte seulement au moment d'entrer en fonction. La femelle (fig. 2) a le thorax un peu plus fort que le mâle; son abdomen, plus arrondi, dépasse le céphalo-thorax d'un quart en longueur; la fente anale sert en môme temps de vulve d'accouche- ment, et probablement aussi de vulve de copulation, — ce qui serait une exception chez les acariens, — mais, si nous n'avons pas vu de Demodex accouplés, par contre nous avons assisté à la sortie, par celte ouverture, de ce que l'on a appelé jusqu'à présent un œuf et qui n'est autre qu'une véritable larve apode. En effet, cette larve, qui ressemble à une petite sole à queue pointue, s'est montrée à nous de différentes tailles, ce qui prouve qu'elle grandit, et s'est manifes- . tement contractée sous nos yeux,. ce qui prouve qu'elle est douée de mouvement, qualités qui n'appartiennent nullement aux œufs. § 4. — Métamorphoses et mues. Nousvenons devoir que les Demodex sont vivipares et qu'ils donnent naissance directement à de petites larves plates, rhomboïdales, à extrémité antérieure arrondie et sans trace de bouche ni d'ouverture en tenant lieu, à extrémité postérieure allongée et pointue, ressem- blant en un mot à de petite? soles aveugles et astomes (fig. 2, B). Les larves de la variété hominis sont cordiformes (fig. 8). Ces larves, qui en naissant n'ont guère que 0'^'",060 de long sur O'"'",01o de large, acquièrent vite 0'"°',090 sur 0™'",025, et c'est à cette dernière dimen- sion qu'on les distingue le plus facilement, la première ayant quel- que analogie avec une grosse cellule embryo-plastique fusiforme sans noyau. Ces larves vivent certainement par imbibition ou absorption cutanée puisque, nous le répétons, elles sont astomes (fig. 6, A). La larve apode, continuant à croître, arrive bientôt à avoir 0"i™,loO de long avec une largeur proportionnée ; à cette taille, elle acquiert, sous la partie qu'on peut appeler céphalo-thoracique, trois paires de petits tubercules papilliformes qui tiennent lieu de pattes, mais dans lesquelles on ne distingue ni articulation ni crochets terminaux (fig. 6, B). Après ce deuxième âge, la larve continue à croître et acquiert en- core une paire de tubercules papilliformes qui se montre en arrière des premières. Bientôt après elle se prépare à muer, car sous les té- guments de ce troisième âge commencent à apparaître les linéaments d'une forme à pattes articulées et à rostre distinct (fig. 6, C). C'est cette larve au troisième âge, prête à muer et montrant la forme de nymphe à rostre et à pattes encore indécises dans son intérieur, que MM. Cornevin et G. Pennetier ont prise pour une variété de Demo- dex, « peut-être un màle ». Des notions plus étendues sur l'organisa- 272 CIIAPITHE V tion elles métamorphoses des acariens leur auraient permis d'éviter cette erreur d'interprétation. Lorsque la nymphe est sortie de son enveloppe constituée par les téguments de la larve au troisième âge, les parties dures des pattes du cephalo-thorax et du rostre se solidifient; les articles des pattes el des palpes, le plastron dorsal et les épimères, les mandibules et les maxiUes, se montrent nettement ; l'abdomen s'allonge, et les stries de son tégument se dessinent ; enfin, cette nymphe apparaît avec toutes les formes et la taille de l'âge adulte, dont elle ne se distingue que par l'absence d'organes sexuels. Y a-t-il eu d'autres mues, d'autres métamorphoses que celle qui marque la transformation de la larve au troisième âge en nymphe Chaque âge de la larve par exemple ne donne-t-il pas lieu à une mue? Nous ne le croyons pas, car nous n'avons jamais pu voir de larve à tégument double, cest-à-dire se préparant à muer, comme cela se voit si facilement chez d'autres acariens, les sarcoptidés par exemple. Ce fait de croissance sans changement de peau, que pré- sentent les larves de Demodex, est exceptionnel dans l'ordre des acariens et les rapproche des larves d'insectes, de celles des Diptères par exemple. § 5. — Mœurs et habitudes. Les Demodex vivent et pullulent dans les follicules pileux ou sé- bacés du chien, du chat, du mouton et de l'homme, seulement la la variété caninus habite indifféremment les follicules pileux de toute la surface du corps; la variété cati, particulièrement les glandes sé- bacées de l'oreille ; la variété ovis, seulement les glandes de Meibo- mius ou du bord palpébral des paupières; et la variété hominis, exclusivement les follicules pileux des poils follets du visage et les glandes sébacées de la même région, particulièrement du nez et du front. Quelle que soit la variété que l'on observe, on voit toujours les De- modex disposés, dans les follicules, le rostre dirigé vers le fond et en plus ou moins grand nombre ; quand ils ne sont pas plus de deux ou trois, rien au dehors ne trahit leur présence ; mais quand ils sont au nombre d'une douzaine environ, le folUcule dilaté donne lieu à une élevure conique de la peau, à une saiUie qui a un poil foUet à son sommet, à un comédon en un mot; enfin, lorsque les parasites sont au nombre de deux ou trois douzaines (fîg. 1), les parois du follicule, dilatées et irritées par la présence de ces nombreux hôtes, s'injectent aussi bien que le bulbe sécréteur du poil, celui-ci se détache, et une véritable pustule d'acné se développe (I). C'est dans les pustules (I) M. Gruby prétend, dans son mémoire cité, qu'après avoir examiné soixante personnes il a trouvé des demodex sur quarante; nous, dans un régiment ACARIENS. 273 d'acné, dont le centre contient quelquefois de quarante à cinquante Demodex (I), que l'on rencontre parliculièrement les individus adul- tes et leurs larves, et c'est la population de ces pustules qui, en es- saimant littéralement, va peupler les follicules voisins du trop-plein de leur contenu. C'est pourquoi l'extension de la gale folliculaire chez le chien se fait ordinairement en rayonnant et produit souvent de véritables cercles simulant parfaitement des plaques d'herpès cir- ciné; nous disons « ordinairement », car il y a un autre moyen de propagation, le grattage, par lequel le chien porte sur les différentes parties de son corps où il peut atteindre les animalcules qu'il a ar- rachés avec ses ongles en déchirant des pustules d'acné. La rapidité de propagation des Demodex est bien moins grande que celle de certains autres acariens psoriijues ; les différentes va- riétés du Sarcoptes scabiei par exemple, dont quelques-unes peuvent en quinze jours, couvrir le corps d'un cheval de leurs colonies. La puUulation des Demodex de la variété caninus est comparable à celle des psoroptes, car nous avons vu la gale folliculaire chez le chien, débutant par le tour des yeux et l'extrémité des pattes, mettre environ deux mois à envahir le reste du corps. Elle s'accompagne aussi de démangeaisons d'autant plus vives qu'elle est plus générale. La variété hominis est bien plus lente encore que la précédente dans sa multiplication; elle reste môme souvent stationnaire après qu'elle a produit quelques comédons ou quelques pustules d'acné • on trouve môme chez certains hommes des Demodex vivants en pe' lit nombre il est vrai, dans les follicules du visage, sans déte'rminer aucune lésion apparente; cette variété ne cause non plus aucune démangeaison, ce qui la distingue encore d'une manière capitale de la première. La variété cati, que nous avons rencontrée dans les oreilles de deux chats, paraît aussi très peu prolifère et bien peu dangereuse • rien ne décelait la présence des quelques rares représentants de cette* variété que nous avons trouvés mélangés à du cérumen où nous ré collions en abondance des Chorioptes ecaudatus, qui ne sont non plus nullement psoriques. ^ Quant à celle qui habite les glandes de Meibomîus du mouton ner sonne ne l'a revue depuis Simon de Berlin; nous ne pouvonVpar suite rien en dire. ^ ^ d'artillerie composé de soldats de diverses régions de la France nm,« n',, trouve de demodex que sur un dixième environ de ces hommes 1) Le môme M. Gruby parle de follicule chez le chien affecté de gale folli culaire, contenant jusqu'à 200 parasites, ce qui porterait la population peau de cet animal à 80,000 habitants par centimètre carré. Cus crovons chiffres très exagérés, car, bien que nous ayons examiné beaucoun Hp li • attenus de la même affection, nous n'avons jamais pu conX Xs V. quante parasites environ par follicule. compter plus de cin- Mégnin. — Les Parasites. 1 o 274 C11A.PIT11E V. M. Gruby, imbu de l'idée que le Deinodex du chien et celui de l'homme sont identiques, recommandait de grandes précautions pour éviter la contagion de la gale folliculaire du chien à l'homme. Cette crainte est illusoire : nous avons manipulé bien des chiens atteints de gale folliculaire et nous n'avons jamais rien contracti-, non plus que nombre de nos collègues et d'élèves vétérinaires qui se sont trouvés aussi exposés que nous. Nous avons cependant vu der- nièrement le propriétaire d'un chien affecté de cette gale bien consta- tée, être atteint, sur la face dorsale de chaque main, d'un pru- rigo regardé par son médecin comme dû au contact de son chien, prurigo qui a cédé facilement à quelques soins appropriés. Si l'ac- climatement des Demodex avait été complet sur la peau de cet homme ce n'est pas quelques jours de soins seulement qui auraient été né- cessaires pour les détruire, mais des mois, car il n'y a pas d'affection psorique plus grave et plus tenace que la gale folliculaire du chien. Nous savons cependant, par notre expérience personnelle et par celle de notre distingué confrère M. C. Leblanc, que par des bains de Ba- réges administrés avec persistance, soigneusement et quotidienne- ment, pendant un mois au moins, puis de huit jours en huit jours pendant deux ou trois autres mois, on vient sûrement à bout de cette affection. Nous nous expliquons l'action de ce traitement de cette fa- çon : les Demodex migrateurs trouvant constamment la mort hors du follicule, les nouvelles colonies deviennent impossibles à constituer; les anciennes disparaissant forcément par la mort naturelle de leurs fondateurs, la population parasitaire disparaît ainsi, car nous ne croyons pas qu'un médicament inoffensif pour la peau et en même temps parasiticide puisse pénétrer dans la profondeur des foUicules pileux ou sébacés ; nous avons par devers nous des expériences qui nous le prouvent et qui nous donnent la raison des insuccès des nombreuses préparations proposées contre la gale folliculaire du chien et des dangers de la plupart d'entre elles. ACTION NOCIVE DES ACARIENS. Quand nous parlons de l'action nocive des Acariens il est bien entendu qu'il ne peut être question que de l'eflet produit, sur les êtres qui les nourrissent, par les Acariens réellement pa- rasites, la connaissance des autres étant néanmoins indispen- 'sable, surtout pour éviter de commettre des erreurs. L'effet produit par les Acariens parasites est très variable suivant les espèces. En effet, nous avons vu que certains Aca- riens, bien que vivant en permanence sur les téguments des anim'aux, au fond des poils et des plumes, se contentent pour ACARIENS. 273 vivre, des produits naturellement excrétés par la peau; à peine peuvent-ils causer un peu de démangeaison par leurs allées et venues. D'autres Acariens, parasites temporaires, enfoncent leur rostre dans les parties vivantes de la peau pour en aspirer le sang en nature, et abandonnent leur victime quand ils sont repus ; s'ils sont peu nombreux ou même rares, comme c'est le cas pour les Ixodes dans nos pays, leurs piqûres ont peu d'importance, bien qu'ils soient fortement armés, parce que leur salive n'est pas venimeuse ; si au contraire ils sont nom- breux, comme c'est quelquefois le cas pour les Dermanysses et les Rougets, qui ont en outre une salive irritante, leurs piqûres donnent lieu à un véritable prurigo^ qui a une grande analogie avec celui que causent les puces et les cousins, c'est-à-dire qu'il s'accompagne d'une petite irritation cutanée locale, ja- mais confluente avec les voisines, d'une démangeaison .assez vive, mais temporaire comme la cause. Enfin, il est des Acariens qui habitent en permanence les téguments au nombre de plu- sieurs milliers ou même de plusieurs millions d'individus, et qui, pour vivre et pulluler, déchirent l'épiderme et irritent les parties superficielles du derme au moyen de leurs mandibules et de leur salive venimeuse, et se sustentent avec les produits séreux de l'inflammation dont ils provoquent ainsi le dévelop- pement; l'action répétée de ces milliers d'êtres microscopiques qui cherchent continuellement des terrains nouveaux à dé- chirer et envahissent ainsi de larges surfaces, amène le dévelop- pement d'affections eczémateuses spéciales souvent très graves, connues sous lenom de gales dont la connaissance parfaite est des plus importantes au point de vue delà dermatologie comparée. Pour la description des parasites acariens nous avons tenu, comme on l'a vu, à suivre l'ordre de leur classification natu- relle; pour la description des maladies qu'ils causent nous sui- vrons au contraire l'otdre de leur importance comme agents dermatosiques, et cela dans la série de nos divers animaux do- mestiques ou d'agrément en partant des plus importants pour arriver aux plus infimes. Mais, pour justifier le titre de notre ouvrage et en raison surtout de ce qu'un certain nombre de ces dermatoses acariennes sont communes à l'homme et à quelques animaux, et qu'elles sont transmissiblcs des uns aux autres, nous commencerons la série des dermatoses acariennes par celles qui peuvent affecter l'homme. 276 CllAPlTUE V. § 1. — Homme. DERMATOSES ACARIENNES DE l'hOMME. GALE VULGAIRE (1). — Synonymie. — Latin scabies; grec v}/wpa ; allemand Kràlze, Ràude; anglais itck; italien rogna; espagnol sarna; vieux français rogne, gralelle. DéOnition. — La gale est une maladie particulière de la peau, essentiellement contagieuse, déterminée par la présence d'un parasite, le Sarcoptes scabiei, Latr., caractérisée par un prurit plus ou moins vif, par des vésicules discrètes disséminées sur certains sièges d'élection, acuminées et transparentes à leur sommet, plus larges et rosées à leur base, accompagnées de petits sillons linéaires blanchâtres, d'étendue variable, ter- minés par un petit renQement d'une teinte plus claire, où se trouve habituellement une femelle de sarcopte. La gale peut être compliquée accidentellement de papules, de pustules, etc. Historique. — La gale a été signalée chez les animaux bien avant de l'être chez l'homme ; la plus ancienne mention qui soit faite de cette maladie se trouve dans la Bible {Levit., ch. xxn, p. 22) : le législateur des Hébreux exclut des sacrifices, les bêtes galeuses . Polybe parle de la galle épidémique [limopsoron) qui envahit dans la Gaule cisalpine les chevaux et les hommes d'Annibal (histoire, liv. ni, § 86). Les Romains appliquant le mot scabies à des affections va- riées de l'enveloppe cutanée, on a voulu en inférer que la gale de l'homme était inconnue dans l'antiquité. Celse, recomman- dant pour l'homme le traitement qu'il avait trouvé efficace chez les animaux, réfute cette erreur (lib. V, xxxm, 16) ; il va plus loin et critique la confusion que faisaient les vétérinaires de son temps entre des maladies distinctes ; nous reproduirons ce passage qui à l'époque moderne n'a rien perdu de sa valeur : Celse dit : Nam et hiqui pecoribus ac jumentis medentur, qimm propria cujus ex 77iutis animalibus nosce non possint commimibus tantum modo insistent (lib. I, prœf.). Le traitement employé par les anciens contre la gale était externe et à base de soufre, c'est-à-dire rationnel; mais ce qui (1) Ga/e vient de Galla, production anormale qui se développe sur certains vé- gétaux et qui résulte de la piqûre d'un insecte. I ACARIENS. ■ 277 montre l'idée qu'ils avaient de la nature de cette maladie, c'est que l'un d'eux, Absyrte, recommande expressément d'attendre, pour appliquer le traitement, qu'elle fût complètement so)'tie. Cette idée de la nature humorale de la gale, analogue à celle de la variole, a persisté en médecine pendant tout le moyen âge ■et la période moderne, et il faut arriver à la fin du premier tiers de notre siècle pour voir la vérité se faire jour sur la nature de cette maladie. Dans certains pays, cependant, le vulgaire possédait des no- tions très justes sur la gale, et de temps en temps des savants, puisant à cette source, dénonçaient le parasite qui la cause et donnaient le moyen de l'extraire ou de le détruire. Ainsi, la Bibliothèque nationale possède, sous le n° d028, un manuscrit du célèbre médecin arabe Ben Shor plus connu sous le nom d'Avenzoar, qui vivait du onzième et au douzième siècle, et dans lequel on lit, folio 169, recto : « Cela se tient à la surface du corps dans la peau, et le vulgaire « le nomme soab. Si on soulève l'épiderme sur quelques points <( on trouve un petit animal très difficile à voir. Les graines de «cartbame et d'ortie détruisent ces animaux; on en fait un « onguent avec de l'huile d'amandes amères ou de l'huile de « ricin et on en oint les parties malades. On peut aussi employer le « jus des feuilles de ricin mêlé à du henné. Le malade doit bien « se nourrir avec perdrix et pain fermenté un peu aigre, éviter « tous les fruits verts, particulièrement les figues, les raisins, « tous les fruits à noyaux et laver son corps avec jus de melon, « si c'est la saison, ou autrement avec jus de feuille de pôcher. » (Traduit par nous de l'allemand de Rosegarten). A peu près à la même époque (1099-1179) dans la Physique de sainte Hildegarde, abbesse d'un couvent sur la Rupertsberg près de Bingen, l'auteur, dans deux passages différents, donne des remèdes contre l'animalcule de la gale. Il prescrit la myntza et la bilsa (menthe et jusquiame) ; quant au dernier remède il dit :Sed ubi SUREIS in homine sunt, ita quod carnem ejus cxul- cerunt, eodem loco eam cum succotere, et SUREN morientur. Le mot suren intercalé dans le texte latin, emprunté au langage du peuple, indique que dans le Nord la connaissance de l'animal- -cule de la gale s'était vulgarisée aussi bien que dans le Midi. Cette dénomination s'est conservée jusqu'au dix-septième siècle. 278 CHAPITRE V. Les basses classes, dans le iMidi, guérissaient la gale par l'extraction de l'animalcule, à l'aide d'une aiguille à pointe très fine ; il paraît que ce privilège était réservé aux vieilles femmes qui, dans cette opération, se montraient fort adroites. Le môme procédé était en vogue dans le Nord ; l'expression de déterrer les animalcules (siirengraben) reproduite par plusieurs auteurs avec la parenthèse Germani vocant est assez explicite pour admettre que, sous ce rapport, les traditions du Nord étaient aussi vivaces que celles du Midi, avec cette différence que, perdues dans le Nord, elles se sont conservées dans le Midi. (S. Yerheyen). Au seizième siècle, presque tous les auteurs parlent du cù'on de la gale : Scaliger (1357) donne les diverses dénominations par lesquelles on désignait VAcare d'Aristole : les Pisans l'ap- pelaient pedicello; les Piémontais, sciro; les Gascons, brigand; il savait qu'il habite sous la peau et occasionne des démangeai- sons en traçant des galeries {ita sub cute habitat ut actis cuni- culis lira), qu'extrait et écrasé il rend un virus aqueux {aquœum- que virus reddit). Rabelais parle deux fois du ciron de la gale : Il rapporte qu'un' des ancêtres de Pantagruel, Enay, feut très expert en masnière tfoste'r les cirons des mains . Ailleurs il fait dire à Panurge, mais d'ond me vient ce ciron, icy, entre ces deux doigts ? Charles Estienne et Jean Liébault, docteurs en médecine; auteurs delà Maison rustique, parue en J370, premier ouvrage oti les notions que l'on possédait alors sur la médecine, l'art vétérinaire, la chasse, l'agriculture, etc., se trouvent réunies et transcrites en langue vulgaire, indiquent aussi des remèdes pour détruire les cyrons des doigts. Laurent Joubert (1577) place les syrons sous l'épiderme où ils rampent en corrodant et excitant un désagréable prurit. Dans les œuvres complètes d'Ambroise Paré, édition Mal- gaigne (Paris, 1841) lib. XX, cap. v (ce chapitre date de 1583), on lit page 739 : « Des cirons. Les cirons sont petits animaux toujours cachés « sous le cuir, sous lequel ils se traînent, rampent et le « rongent petit à petit, excitent une fâcheuse démangeai- « son et grattelle. Ils sont faits d'une matière sèche, laquelle, « par défaut de viscosité est divisée et séparée en petits atomes « vivants. Les cirons se doivent tirer avec épingles ou aiguilles. ACARIENS. 279 « Toutefois il vaut mieux les tuer avec onguents et décoctions « faites de choses amères et salées. Le remède prompt est le « vinaigre dans lequel on fait bouillir staphysaigre et sel marin. » La théorie de la génération spontanée des Acm^es, déjà en germe comme on voit dans Ambroise Paré, est tout à fait développée par Vidus Vidius (1596) ; il les fait naître du sang ou de la pituite à laquelle s'ajoute un peu de bile jaune ou noire, douée de la propriété de corroder légèrement. Voilà l'origine de la doctrine. humorale de la gale qui, au bout de trois siècles fleurit encore, non seulement dans le système hahnemannien, mais encore dans lés ouvrages d'un éminent dermatologiste, Devergie. Après Yidius, la doctrine s'enracine et ne trouve pas de con- tradicteurs. Aldrovandus (1638) répète ce qu'ont dit ses prédé- cesseurs et n'oublie ni la génération spontanée de Vidius ni les humeurs génératrices. Moufet (1634) fait faire un pas à l'histoire naturelle de l'animalcule ; il apprend que les Anglais l'appellent soheale-woi'mes, et ajoute la remarque importante que les Girons ne séjournent pas dans mais près des pustules [syrones istos non in ipsis piistulis, sedprope habitaré). Harptman, le fondateur de la pathologie animée, et le pré- curseur par conséquent de Raspail, examina l'animalcule au microscope ; dans sa Lettre au P. Kircher (1657) il en trace une mauvaise figure et le compare à la mite du fromage. Redi, l'adversaire déclaré de la génération spontanée, imprima à l'observation directe une nouvelle impulsion. Deux natura- listes de Livourne, le docteur Cosimo Bonomo et le pharmacien Diacinto Gestoni, par leurs recherches sur l'Acare, ses mœurs et ses rapports avec la gale, arrivèrent à des résultats qui, de nos jours, n'ont rien perdu de leur exactitude. La lettre oti ils sont consignés fut publiée par Redi en 1687; Bonomo seull'a signé. L'animalcule de la gale était si bien connu en Italie que le dictionnaire délia Crusca (édition de 1623) en donne cette définition : Pellicello è un piccolissimo bacolino, il quale si gênera à ragnosi in pelle, e rodendo cagiona un accutissimo ptzzicore, définition qui fut le point de départ des études de Bonomo, ainsi qu'il le dit dans sa lettre. Il avait été témoin de l'extraction des Acares, pratiquée sur des enfants, par des femmes, à l'aide d'une aiguille ; il avait également vu les forçats et les esclaves du port de Livourne se rendre mutuellement ce service. Après 280 CliAPlTHE V. \ bien des recherches sur des galeux, il trouva un animalcule, l'examina à la loupe, en donna la description et une figure. Ne se contentant pas de ce premier individu, il continua ses investigations sur des sujets de constitutions variées et à diver- ses époques de l'année ; constamment il retrouva le môme ani- malcule. Bonomo eut aussi la bonne fortune de saisir un Acare dans la ponte pendant que le dessinateur Isaac Colonelle en prenait la figure sous le microscope simple, et il put faire en même temps repésenter le dessin de l'œuf. 11 en conclut que les animalcules se reproduisent comme tous les animaux, par mâles et femelles, qu'ils ne s'engendrent point dans l'humeur mélancolique des galeux, qu'ils ont leur domicile dans une partie du corps, que la gale est la conséquence de la morsure de ces animalcules. S'il n'en était pas ainsi la contagiosité de la gale serait incompréhensible; les animalcules, enefl"et, passent avec la plus grande facilité et par le simple contact d'un corps sur un autre, pénètrent sous la peau, et s'y multiplient par des œufs ; la transmission s'opère par l'intermédiaire du linge, des gants et d'autres objets qui ont servi à l'usage des galeux et auxquels les animalcules peuvent rester attachés, car séparés du corps ils vivent encore deux ou trois jours ; Bonomo s'en est expérimentalement assuré. 11 préconise un traitement pure- ment local, auquel on est enfin forcé de revenir après avoir fait avaler des quantités de médicaments aux malades. Les réci- dives, il les attribue à la non- destruction des œufs. Ces principes si nets, si logiques, découlant entièrement de l'observation, étaient trop simples, trop saisissables, pour prévaloir à une époque on les idées spéculatives dominaient en médecine. La lettre de Bonomo, traduite en latin par Lanzoni, et insérée dans les Ephémérides des cm-zeux de la nature, généralement connues du monde savant, ne propagea guère la doctrine aca- rienne de la gale. Celle de Cestoni à Valisneri (1710) oii, entre parenthèse, il réclame, à tort, la propriété exclusive des études faites en commun avec Bonomo, treize ans après la mort de Redi et la disparition de son collaborateur^ cette lettre de Cestoni, disons- nous, ne fut pas plus heureuse, malgré sa conclusion positive : Da tutto ciô si raccoglie, che la rogna e un maie, che non dipende da vizio alcuno interna degli umori, ne del sangue ; ma che l'uni- ca cagione di essa sono i pellicelli. En Italie, le principe était admis, mais hors de ce pays il ne comptait que de rares ACARIENS. partisans ; il fallut toute l'autorité de Liniiée pour porter un ; grand coup à la théorie humorale de la gale et tirer le public médical de son indifférence. Les Exantemala viva, dissertation de Nyander, élève de Linnée, qui parurent en 1757, devin- rent le signal d'une ardente polémique. Nyander établit clairement qu'il faut chercher l'Acare dans les sillons et non dans les pustules. Avelin, autre élève de Linnée, attribue la , gale du mouton comme celle de l'homme, à la présence d'un Acare. Des médecins admettaient la doctrine, d'autres la re- : poussaient, d'autres encore croyaient à l'existence d'une gale j acarienne et d'une gale humorale, il y en avait qui considé- i raient l'animalcule comme produit, non comme cause de l'af- [ fection. Les naturahstes Geoffroy, de Gecr, Gœze, Fabricius, décrivaient l'animalcule sans prendre part à la discussion ; ce dernier trouva généralement établi, parmi les indigènes du Groenland, l'usage d'extraire les Acares de la peau à l'aide d'une aiguille. Voici comment Geoffroy, dans ?,on Histoire abré- gée des insectes (Paris, 1762), décrit le ciron de la gale, Acarus humanus, subcutaneus,\A\\xi. Faune suce, n. 1194 : « Cet insecte, presque imperceptible, est de forme ovale. La tête et les pattes sont un peu brunes. Son ventre est blanchâtre avec deux lignes grisâtres peu marquées et courbées, dont les pointes regardent les parties postérieures du corps de l'animal. Ce ciron s'enfonce sous la peau et produit de petites vésicules qui se trouvent sur les galeux. Il suit les rides de la peau et, en marchant, il forme différentes vésicules proches les unes des autres. Sa marche et ses piqûres causent les démangeaisons que l'on sent dans celte maladie. On peut l'enlever avec une pointe d'ai- guille. Tiré ainsi hors de la peau, il reste souvent immobile ; mais si on le réchaufi'e avec l'haleine, il court fort vite. C'est par le moyen de ces insectes que la gale se communique si aisément, les vêtements des galeux en étant souvent remplis. Les amers et les préparations mercurielles font périr les cirons... « Le ciron de la gale ressemble beaucoup à celui du fromage, mais celui-ci est plus grand ; son ventre qui est ovale et blan- châtre n'a point de bandes grises comme le précédent ; sa tête et ses pattes sont un peu brunes. Si on regarde cet insecte au microscope on voit qu'il a sur le corps quelques poils que l'on n'aperçoit pas dans celui qui précède. » 4 282 CHAPITRE V. En Hanovre, un observateur très sagace, le docteur Wich- mann, renouvelle les études de Bonomo et les confirme dans toutes leurs conclusions, ainsi que le montre son mémoire /Etiologk der Kràlze, 1786. Dans une dernière édition de ce tra- vail, l'auteur aborde toutes les objections que la première avait soulevées : il combat victorieusement les métastases, les réper- cussions, les metaschematismes, les dyscrasies psoriques ; en un inot, il expose la doctrine de la gale telle à peu près qu'elle existe aujourd'hui. Voulant s'assurer de la justesse de celte théorie, le professeur Hecker s'inocula la gale et confirma ainsi l'exactitude des faits avancés par Wicbmann. Celui-ci avance encore que la gale du mouton, de même que celle de l'homme est due à un Acare et que la laine est un de ses agents de pro- pagation. Le professeur Abildgard, de l'école de Copenhague, lui écrivit (1787) que sa théorie se justifiait dans le traitement, que, sans breuvages et par des applications locales, il avait guéri un grand nombre d'animaux galeux. Malgré tous ces travaux et toutes ces recherches suivies de déductions si concluantes, la notion exacte de la nature de la gale ne se répandait pas et de nombreuses victimes de cette ignorance continuèrent à s'accumuler tant parmi les hommes que parmi les animaux, surtout en France. Cependant la découverte positive de l'Acare du mouton en Allemagne, par Walz en 1809, et celle de l'Acare du cheval, par Gohier en 1812, ramenaient l'attention sur l'Acare de la gale de l'homme. Un interne en pharmacie de l'hôpital Saint-Louis, Galès, proclame l'avoir trouvé dans les vésicules des galeux ; il en fit le sujet de sa thèse inaugurale dans laquelle il reproduit la figure de son fameux Acare, et de plus le fit voir à tous ses examinateurs en l'extrayant des vésicules sous leurs yeux. Or, quand on voit, dans V Histoire naturelle des d^ustacéset des Insectes, de Latreille, publiée en l'an XII, des figures et une description si exacte de VAcarus exulcerans, de Linnée, de la Mite domesti- que et de la Mite de la farine avec leurs caractères différentiels, on est confondu de surprise en voyant la confiance avec laquelle était acceptée la découverte dé Galès par les plus grands savants; Latreille lui-même en vient à douter des descriptions de Linnée et de de Geer. On lit en eflet, sous sa signature, dans le diction- naire d'histoire naturelle de Déterville (Paris, 1816-1830), ces lignes sur VAcarus exulcerans, L. : « Soit que cette Mite ne soit ACARIENS. 283 pas celle de la gale ordinaire de l'homme, soit que de Geer ait l'ait ses observations sur des individus de forme différente, soit qu'il ne l'ait pas étudié avec assez de soin, la figure qu'il en a donnée ne convient pas à celle qu'a publiée sur la mite de la gale, le docteur Gales, dans une dissertation sur ce sujet rem- plie d'excellentes recherches qui ont été confirmées par les observations de plusieurs naturalistes célèbres qu'il avait in- vités i\ cet examen (!). Il eut le courage de s'inoculer la gale au moyen de cet Acaride » ! — Dans le Dictionnaire des sciences naturelles, publié par F. G. 'Levrault (1820-1830), Duméril ne trouve rien de mieux pour I représenter l'Acarus de la gale que d'emprunter les figures de , Galès dans lesquelles il est facile de reconnaître la mite de la farine ou du fromage {Tiroglyphus siro, Latr.), déjà parfaite- ! ment figurée par de Geer et par Latreille lui-même. On le voit, ! l'assurance gasconne de Galès — il était de Celbèze, sur les I bords de la Garonne — en avait imposé à tous les savants de son I temps, et Cloquet lui-même, un de ses juges, assurait recon- I naître parfaitement, dans la mite que montrait Galès, l'Acarus ! delà gale qu'il avait vu souvent! Après tout l'opérateur était peut- être de bonne foi : il est probable que les galeux, pour calmer leurs démangeaisons, se poudraient de farine comme on le fait maintenant de poudre de riz et que cette farine vieillie et ser- vant longtemps, grouillait de tyroglyphes qui s'empêtraient dans la sécrétion glutineuse des pustules et y restaient adhé- rentes, jusqu'à ce que l'aiguille de l'extracteur vînt les en faire sortir. C'est encore une preuve de la nécessité de bien connaître les espèces Acariennes voisines de celles qui sont réellement psoriques. Ne trouvant pas le Sarcopte dans les vésicules de la gale, — il opérait probablement sur des galeux qui ne se servaient pas de vieille farine, — le professeur Lugol en vint à nier positive- ment l'existence du parasite (1829), et la démonstration faite à i la même époque par Raspail de la supercherie de Galès vint lui : donner raison et faire retomber au rang des fables l'existence du Sarcopte. Il fallut l'arrivée à Paris, en 1834, d'un jeune étudiant corse, Renucci, qui avait appris des matrones de son pays l'art d'ex- traire les Sarcoptes, et qui en fit l'expérience devant Alibert, pour rendre à ce parasite son certificat de vie. L'attention sur 284 CIIAPITIIE V. ses agissements fut de nouveau éveillée, le bataillon de ses partisans se reforma et l'on vit les études sur la gale et ses causes reprendre partout. En iSU paraît le Mémoire comparatif sur Vhistoire de l'Insecle de la gale, de Raspail, qui, après avoir été l'ennemi acharné de l'Acarus, finit par en voir, ou en supposer dans toutes les mala- dies, théorie dont il n'a pas eu, du reste, la primeur, attendu qu'elle avait déjà été émise par Harptman, médecin anglais, en 1721, dans une brochure intiulée : Système d'un médecin anglais sur les causes de toutes les espèces de maladies, avec les surprenantes configurations des différentes espèces de petits insectes qu'on voit par le moyen d'un bon 7nicroscope dans le sang et dans les urines des différents malades et même de tous ceux qui doivent le devenir (/,, Recueilli par M. A. C. D. | En octobre de la même année 1834, paraissent les Recherches sur l'Acarus ou Sarcopte de la gale, por Albin Gras, élève de l'hô- pital Saint-Louis, travail oh. l'auteur fait une description déjà très complète du Sarcopte femelle, le seul alors connu, et parle pour la première fois de l'importance au point de vue seméiologique, du sillon, qu'il appelle plus rationnellement cuniculus, particulier à la gale de l'homme. En 1835, Leroy et Vendenherque, Emery, Dugès, Rayer; eu 1836, Aubé, et pendant plusieurs années, de nombreux auteurs continuent les études sur l'Acarien de la gale de l'homme et 1 1 maladie qu'il produit. En 1851, M. Lanquetin découvre le mâle du Sarcoptes scabiei, qui, d'après Fiirstenberg, avait été vu en Allemagne par Eichstedt quatre ans auparavant. En 1852 paraît le Traité entomologique et pathologique de In gale de l'homme, par M. Bourguignon, oii on trouve la descrip- tion très minutieuse de tous les organes et appendices des Sar- coptes mâle et femelle à leurs différents âges, mais cette des- cription est faite tellement en dehors des règles adoptées en zoologie et des principes de cette science que la lecture en est des plus pénibles, pour un naturaliste surtout, c'est ce qui fait qu'on y trouve indiqués des organes qui n'existent pas ou qui sont tout autre chose que ce que l'auteur croit ; ainsi il décrit et dessine quatre mandibules, tandis qu'il n'y en a que deux parce qu'il prend pour une deuxième paire de mandibules les divisions terminales de la lèvre, ou bien il a eu sous les ACARIENS. 285 I yeux un sujet envoie de muer chez lequel les mandibules du I nouvel individu sont déjà visibles en arrière de celles de l'ancien; il prend les joues pour des palpes secondaires qu'il appelle faux- palpes, etc., etc. Une connaissance un peu plus approfondie de , l'anatomie comparée des Insectes et des Arachnides et surtout I des types des différentes familles de l'ordre des Acariens aurait permis à l'auteur d'éviter les erreurs dont fourmille son livre, et surtout les longueurs. Ce traité est accompagné de figures qui ont la prétention d'être d'autant plus exactes qu'elles sont faites plus servilement à la chambre claire au hasard des pré- parations, en sorte qu'on a une idée très fausse de la forme géné- rale des Sarcoptes et de la disposition de certains organes; elles prouvent que l'inexpérience en dessin de l'auteur était aussi grande que son ignorance en Entomologie. En 1855, plusieurs animaux féroces venant de Marseille à des- tination de la ménagerie Borelli qui était à Paris, arrivèrent i galeux; cinq lions, deux hyènes et un ours étaient affectés de ; la maladie ; deux lions moururent, plus une hyène ; l'ours guérit I spontanément, les autres animaux furent aussi sauvés mais avec des soins appropriés. Un garçon de ménagerie, nommé Cyprien, contracta la gale aussi bien que M. Borelli et sa fille. Les lions morts ayant été transportés àAlfort, M. Delafond découvrit que leur gale était causée par un Sarcopte semblable à celui de l'homme. Eu 1843, M, P. Gervais avait déjà constaté la trans- mission de la gale du dromadaire à l'homme, gale causée par I un Sarcopte très voisin du Sarcopte scabiei. Ce sont les pre- miers cas bien authentiques de transmission de la gale des ani- maux à l'homme. Dans le Midi, on avait bien constaté, en 1838, i la transmission d'affections prurigineuses du cheval à Thomme, ' surtout des vieux chevaux sacrifiés pour nourrir les sangsues dans les marais des environs de Bordeaux, mais la détermina- tion positive de la nature de l'affection n'avait pas été faite ; ce n'est qu'en 1856 que Delafond et Bourguignon constatèrent positivement la présence chez le cheval d'un Sarcopte analogue à celui de l'homme et sa transmission de cet animal à l'homme. Enfin, en 1859, paraît dans la Gazette médicale de Paris, n° 30, une importante note de M. Ch. Robin intitulée : Recherches sur le Sarcopte de la gale humaine. Cette note est la première émanant d'une série de recherches et d'études sur un grand nombre d'espèces de l'ordre des Acariens d'après une méthode qui 286 GUM'ITHE V. montre Lous les défauts et tous les inconvénients de celles des auteurs qui l'ont précédé. M. Ch. Robin les énumôre lui-même dans un de ses mémoires publié à Moscou en 1860 : {Mémoire zoologique et analomique sur dt/férenles eupècas d'Acariens). Ce mémoire renferme la description la plus complète et la plus exacte qui ait jamais été faite du Sarcopte de la gale humaine avec d'excellentes figures à l'appui. Nous terminons ici ce que nous avions à dire sur l'historique de la gale vulgaire de l'homme et du parasite qui la produit. ]Voso§rrapiiie. — On peut distinguer trois périodes dans la marche de la gale : une période d'incubation, une période d'état et une période de déclin. i^^ Période. — Incubation. — La durée de cette période est très variable : tantôt c'est au bout de deux ou trois jours que le parasite manifeste sa présence par des phénomènes dont nous parlerons tout à l'heure, tantôt ce n'est qu'au bout d'un mois à six semaines (Bazin). Albin Gras fixait la durée de l'incu- bation à quinze jours. Biet avait remarqué que cette période était plus longue sous l'influence du froid que sous celle du chaud, plus longue aussi chez les vieillards que chez les adultes. On dit généralement que tout est silencieux pendant celte période, c'est une erreur: presque toujours des démangeaisons plus ou moins vives se font sentir sur les parties du corps qu'occupent les parasites et il n'est pas rare d'observer en même temps quelques éruptions fugaces mal déterminées, telles que des traînées érythémateuses, etc. (Bazin). (Il est évident que, pendant cette période, les Sarcoptes encore jeunes et pour la plupart encore à l'état de larves et de nymphes, intéressent la peau juste ce qu'il faut pour vivre et ne produi- sent que de légères lésions; rappelons que ce senties larves, les nymphes et les mâles dont la vie est toute superficielle et jamais sous-épidermique qui sont les principaux agents de la contagion.) 2° Période. — État. — Cette période est essentiellement caractérisée par l'apparition des parasites adultes, surtout de la femelle ovigère et de ses manifestations cutanées caracté- ristiques. Le Sarcopte mâle est assez difficile à trouver chez l'homme, parce qu'il est sans cesse en mouvement; il se blottit quelquefois sous une pellicule épidermique, sous une croûte de bouton isolé, c'est là qu'il faut le chercher; du reste ACARIENS. 287 sa recherche est de peu d'importance au point de vue du diag- nostic. II n'en est point ainsi de la femelle ovigère, sa décou- verte donne la certitude désirable au diagnostic ; elle est, comme nous savons, logée dans l'épaisseur de l'épiderme où elle occupe un siège précis : elle se trouve toujours à l'extré- mité d'un sillon oii on la distingue sous la forme d'un petit point blanc brillant ; on peut la mettre à découvert et la prendre à la pointe d'une épingle ou d'une aiguille et souvent on peut apercevoir les mouvements qu'elle exécute. Les larves et les nymphes, vagabondant comme les mâles, sont aussi difficiles à trouver ; ce sont elles qui, par leurs morsures, pro- voquent l'apparition de ces petites éruptions souvent très éloignées du lieu d'élection des sillons et dont, jusqu'à aujour- d'hui,on n'expliquait la présence qu'en invoquant la sympathie. Le sillon est un des symptômes les plus importants delà gale et, quant il estbien tranché, il peut suffire à lui seul pour poser un diagnostic (Bazin). Nous savons déjà ce qu'est le sil- lon ; les apparences de ces terriers épidermiques sont bien différents suivant l'âge, la finesse de la peau et les habitudes de propreté des malades, ce sont quelquefois des lignes blan- ches peu apparentes (Bazin). Le nombre des sillons est extrê- mement variable ; chez tel sujet on en voit beaucoup, tandis que chez tel autre il faut chercher longtemps pour en voir un. seul ; ces variations ne sont nullement en rapport avec l'abon- dance des phénomènes éruptifs, mais bien plutôt avec certaines conditions de terrain qui favorisent le développement des Sar- coptes : nous avons vu à l'hôpital Saint-Louis, dans le ser- vice de M. Bazin, certain malade couvert de sillons, tandis qu'en aucun point on ne trouvait d'éruption inflammatoire : « ce sujet, nous disait notre maître, avait la gale sans avoir la psore. » 11 réservait, comme on le voit, le nom de pso7'e à l'éruption symptomatique de la gale, éruption dont la multi- plicité serait sous llnfluence d'une prédisposition spéciale : les peaux blanches sont plus sujettes à d'abondantes éruptions que les peau brunes. Mais s'il n'y a pas de relation entre le sillon et l'abondance des éruptions symptomatiques, il est cependant impossible de nier toute connexion entre les formes éruptives et le nombre des sillons, car il est d'observation que ces der- niers sont rares dans la gale pustuleuse et abondante, au con- traire, dans la forme papuleuse. 288 Cil A FIT HE V. On lil dans quelques auteurs que, des deux exlrémilés du sillon, l'une correspond toujours à une vésicule el l'autre à l'éminence acarienne; cependant, si cette disposition est la règle générale, cette dernière souflre un certain nombre d'exceptions: assez souvent la vésicule avoisine l'acarus à tel point qu'il est impossible d'extraire celui-ci sans rompre celle- là; ou bien la vésicule est située sur le trajet du sillon qui pa- raît la traverser; quelquefois enfin, ce dernier en forme de cercle plus ou moins complet circonscrit la vésicule (Bazin . Avec ce que nous savons maintenant des mœurs des Sarcoptes il est évident que les vésicules qui n'ont aucun rapport avec les sillons ne sont pas le fait de la femelle du Sarcopte, mais sont le résultat de la morsure d'un mâle ou d'une grande nymphe non fécondée encore et qui n'avait pas encore besoin de creuser un terrier pour loger sa progéniture et l'y faire éclore à l'abri, car c'est là le but exclusif que poursuit la femelle en creusant son sillon. Les Éruptiom symptomatiques sont aussi caractéristiques de la période d'état. On a l'habitude de dire que le Sarcopte agit sur la peau comme un corps étranger, comme une épine, et que c'est ainsi qu'il provoque l'apparition de phénomènes in- flammatoires ; mais on ne réfléchit pas qu'il n'habite pas les parties vives, qu'il ne les touche que de temps à autre, quand il a faim, avec ses mandibules bien plus déliées, bien plus ténues qu'une pointe d'aiguille, et que par conséquent la lésion méca- nique est impuissante à expliquer l'apparition de l'éruption. Nous savons, du reste, maintenant, que cette éruption a une autre cause et qu'elle est provoquée par une véritable inocula- lion d'un liquide venimeux analogue à la teinture de can- tharide ainsi que l'a démontré expérimentalement Gerlach. L'éruption caractéristique de la gale est constituée par de petits boutons discrets à base rosée et à somm'et transparent qui se montrent aux sièges d'élection, c'est-à-dire, dans l'inter- vale des doigts, aux poignets, etc. On a prétendu que ces bou- tons étaient toujours des papules, que l'éclat dont elles brillaient les avait fait prendre pour des vésicules : c'est une erreur. Sans doute, comme nous le verrons, la gale peut être caractérisée par des éruptions de formes différentes, par des papules surtout, mais le symptôme initial est toujours une vésicule (Cazenave). Celle-ci peut consister dans une très petite collection séreuse ACARIENS. ' 289 •siégeant au sommet d'une élévation papuleuse, elle peut passer très rapidement et se convertir en un symptôme nouveau. En effet, soit qu'on la presse, soit qu'on la déchire en se grattant, •elle se vide en donnant lieu à un petit épanchement de sérosité, puis elle s'affaisse laissant à sa place une petite croûte sôche, inégale, rugueuse, peu adhérente, occupant parfois la partie centrale d'un soulèvement papuleux. Il peut arriver, si le pru- Tit est très vif, que l'écoulement soit accompagné ou suivi d'un léger épanchement de sang, et alors il en résulte des croûtes ■noirâtres, plus sèches, plus dures. Quand les vésicules sont abandonnées à elles-mêmes, que ■rien ne trouble leur marche ordinaire, le liquide séreux qu'elles renferment se trouble, se dessèche sur place. Sur les individus à peau fine, irritable, elles se multiplient et s'agglomèrent sur divers points ; alors les vésicules deviennent bientôt lactescentes, puis séro-purulentes et, en se desséchant, donnent lieu à la for- mation de croûtes plus épaisses; elles peuvent même se con- vertir en pustules. Çà et là surviennent spontanément des papules acuminées, rouges, disséminées comme dans le pru- rigo, plus ou moins larges, aussi bien développées dans le sens •de l'extension que dans celui de la flexion. L'éruption peut se traduire par d'autres symptômes encore. Amsi M. Cazenave a vu se développer sur le dos, au thorax au cou, des élévations tuberculeuses irrégulières d'un rouge jau- nâtre ou brunâtre siégeant sur les sillons mêmes que l'on pou- vait reconnaître comme soulevés, à la crête même des tuber- cules [sillons tuberculiformes), et d'où l'on a pu tirer des Sarcoptes vivants. Ces indurations, situées aux bourses par exemple, à la partie supérieure des cuisses, pourraient, avec le suintement qui les accompagne, en imposer et être prises pour des plaques muqueuses. Les vésicules et les sillons siègent surtout aux mains, dans rJlTl poignets, aux membres d;ns le sens de la flexion, aux aisselles, autour des malléoles, à la verge e t au scrotum chez l'homme, et aux seins chez la femme. Quant aux autres lésions cutanées, on peut les rencontrer sur ux Tn^'^^'lT "^".'"'P' bas-ventre, aux lombes, à la poitrme; mais ils n'existent que très rare- ment, sinon jamais, au visage. Comme phénomènes sympathiques nous compterons le prurit Megnin. — Les Parasites. 10 290 • CHAPITRE V. qui cl6j;\ existait à la première période et qui, à la seconde, de- vient intense ; c'est alors un des symptômes les plus pénibles pour les malades auxquels il ne laisse pas un instant de repos. Pendant la nuit surtout, les démangeaisons se font vivement sentir et le sommeil est impossible ; peut-être cette exacerba- tion si marquée du prurit pendant la nuit est-elle en rapport avec les habitudes des Sarcoptes qui seraient à ce moment en pleine activité, tandis que pendant le jour ils garderaient le repos. N'oublions pas cependant que d'autres circonstances, notamment la chaleur du lit, doivent exercer quelqu'influence dans la production de ce phénomène qui est observé dans pres- que toutes les affections cutanées accompagnées de prurit. La durée de la période d'état de la gale ne peut être fixée, car la maladie peut durer ainsi des mois ; l'intervention médicale vient ordinairement la faire cesser et la faire entrer dans la troisième période. Troisième période. — Déclin et terminaison. — La troisième période est toujours, de notre temps, un retour à la santé dû au traitement dont nous parlerons plus loin, bien qu'on ait cons- taté des cas de guérison spontanée, dus à une disparition natu- relle des parasites, à une extinction spontanée de leurs colonies. Dans l'un et l'autre cas les éruptions s'éteignent graduellement et finissent par disparaître ; l'épiderme se détache au niveau des sillons et il ne reste bientôt plus la plus légère trace de ces derniers. Quant aux démangeaisons, elles persistent quelque- fois très longtemps après la disparition complète des autres symptômes ; mais elles sont beaucoup moins vives qu'à la pé- riode d'état et elles s'éteignent graduellement. Si la gale n'était pas combattue, nous pensons qu'elle se ter- minerait le plus souvent comme elle se termine dans ce cas chez les animaux, ainsi que nous le verrons plus loin, c'est-à- dire par sa généralisation sur toute la surface du corps, l'indura- tion chronique de la peau qui deviendrait le siège d'un vaste lichen, et enfin l'épuisement et la mort par suite de l'arrêt des fonctions de la peau et l'absence absolue de repos. Si la gale, maintenant si facile à guérir, est encore un objet de terreur dans les campagnes, c'est que très probablement, autrefois, c'était sa terminaison habituelle. Complications. — Lcs complications de la gale sont, comme pour les teignes, tantôt des affections parasitaires de nature ACARIENS. 291 végétale, tantôt des éruptions artificielles (presque toujours produites par des traitements intempestifs), tantôt enfin et plus souvent, des éruptions constitutionnelles (dartreuses, scro- fuleuses) parce que la diathèse a été éveillée par le coup de fouet donné par le Sarcopte. Variétés de forme. — Bateman distinguait quatre variétés : la gale papulï forme, la gale lijmphatique, la gale pustuleuse et la gale cachectique. La plupart des auteurs modernes ont adopté cette division en supprimant toutefois la variété lymphatique . On admet généralement que dans la gale papuliforme il y a beaucoup d'animaux parasites et par suite un grand nombre de sillons ; dans la gale vésiculeuse ou pustuleuse il y aurait au contraire très peu d'Acariens et par suite de sillons. Ces variétés tiennent exclusivement à des différences de terrains. La forme cachectique de Bateman répond sans doute à ces cas dans les- quels, par suite de grattages ou de traitements irrationnels, il existe des éruptions confluentes et tenaces (gales invétérées); souvent aussi ces éruptions dépendent d'une complication dar- treuse ou scrofuleuse éveillée par la présence du parasite (gales compliquées) ; il y a alors un mélange obscur de plusieurs élé- ments éruptifs. Variétés de sîègre. — L'affection est tantôt générale, tantôt partielle, dit M. Bazin. La gale générale est la plus commune ; elle débute presque toujours par les mains et les poignets, et^ delà, s'étend aux autres parties du corps. Le malade éprouve des démangeaisons, et, bientôt, aux commissures des doigts, à leurs faces latérales en contact apparaissent des vésicules de forme conique, papuleuses à la base, transparentes au sommet, des papules pseudo-vésiculeuses, des vésicules perlées en nom- bre variable ; ordinairement elles ne s'ouvrent pas et la sérosité qu'elles renferment se résorbe. En même temps les sillons se forment et deviennent distincts. Mais l'Acarien psorique ne reste pas longtemps localisé aux mains qui peuvent les trans- porter sur tous les points de la surface du corps, mais plus par- ticulièrement aux parties sexuelles chez l'homme, à cause du contact immédiat si souvent répété, occasionné par l'émission de l'urine; aussi la gale de la verge est-elle extrêmement commune, et M. Piogey, dans un excellent mémoire pu- blié en 18S0, avance que huit fois sur dix chez les hommes galeux on trouve des Acares en cette région. Les caractères y I CllAPlTllE V. sont un peu différents de ceux qui appartiennent à la gale des mains et des poignets : les vésicules perlées sont remplacées par de grosses papules qui deviennent quelquefois purulentes au sommet et sur lesquelles on voit ordinairement une traînée obscure ; à l'extrémité de ce sillon existe le point blanc carac- | tôristique de l'éminence acarienne. I Dans certaines circonstances la gale n'existe qu'à la verge ; ^ c'est une gale partielle qui, à beaucoup d'égards, peut être rap- prochée de la gale localisée aux seins de la femme. La théorie de Piogey est-elle en défaut en pareil cas ? Non assurément. — Les animaux parasites ont été portés sur ces diverses parties non plus par le malade lui-même, mais par une main étran- gère. — Comment M. Devergie n'a-t-il pas pensé h ce mode de contagion si facile à comprendre avant d'admettre la généra- tion spontanée des parasites ? (Bazin.) Le début de la gale par les fesses, le ventre, se conçoit tout aussi aisément; sur les fesses, l'Acare produit des éruptions pustuleuses plus ou moins confluentes, souvent même des fu- roncles. . Étiologie. — Les causes sont prédisposantes ou efficientes. Les premières n'ont qu'une très médiocre importance. Le sexe, le tempérament, la constitution n'ont aucune in- fluence sur le développement du parasite mais seulement sur les éruptions que le parasite produit (Bazin). Ainsi les enfants ont en général la gale pustuleuse de même que les sujets lym- phatiques; les galeux robustes, sanguins, ont plutôt des érup- tions papuleuses ou furonculaires. Les professions, les condi- tions sociales méritent également d'être mentionnées ; cette affection parasitaire est plus rare dans la classe aisée que dans la classe pauvre où les soins de propreté sont si souvent né- ^^'iT Sarcoptes scabiei, variété homînis, est la cause détermi- nante de la gale. Si les parasites mâles sont seuls ils peuvent produire quelque irritation sur les parties qu'ils occupent ; mais, leur nombre ne pouvant augmenter, il n'y a point de véritable psore, et c'est pourquoi nous avançons, après M. Bazm, que î'Acarus mâle ne joue qu'un rôle secondaire. Et ce que nous disons là peut s'appliquer aux larves, aux nymphes et aux jeu- nés femelles qui ne seraient pas fécondées et qui ne seraient pas accompagnées de mâles. Mais une seule femelle fécon- ACARIENS. ^y-^ dée suffît parfaitement pour produire la maladie, de même qu'un certain nombre de larves et de nymphes accompagnées de mâles, caries premières deviendront adultes, produiront des mâles et des femelles, des femelles surtout qui seront fécondées par les mâles et qui immédiatement après commenceront à tracer leurs sillons pour loger leur progéniture. Les parasites se multiplient ainsi et peuvent ôtre portés sur les différentes parties de l'enveloppe cutanée. La contagion s'opère par le contact médiat ou immédiat, beaucoup plus souvent par le contact médiat. Presque toujours on prend la gale en couchant dans un lit qu'a occupé un ga- leux. Des rapports directs ou indirects le soir ou pendant la nuit avec des personnes affectées de gale méritent aussi une mention spéciale, car il ne faut jamais oublier les habitudes nocturnes de l'Acarien : les parasites voyageurs, nymphes, jeunes femelles et mâles sont beaucoup plus agiles sous l'in- fluence de la chaleur du lit; lorsque le corps est à l'air et qu'il fait froid ils restent tapis, immobiles dans quelque pli de peau. L'étiologie de la gale ayant pour cause unique le Sarcoptes scabiei est généralement admise aujourd'hui, bien qu'il y eût encore, en M. Devergie, un éminent mais unique représentant de l'antique idée de la spontanéité de la gale (1), idée qui ne peut même plus être discutée après les résultats acquis à la suite des longues discussions qui ont eu lieu à l'Académie des sciences sur la question de l'Étérogénie. Mais le Sa7'coples scabiei est-il un parasite exclusivement d'ori- gine humaine, comme le professent M. Hardy et ses élèves (2), ou est-il d'origine exclusivement animale et carnassière, comme le proclame M. Bourguignon (3) ? D'après M. Bourguignon, le favus, le trichophyton, les ento- zoaires, lespediculi, appartiennent ein propre àl'bomme, mais la gale lui est étrangère et lui est toujours communiquée direc- tement ou indirectement par les animaux. Pourquoi s'arrêter en si beau chemin et ne pas regarder toutes les maladies para- (1) M. Devergie est mort tout récemment. (2) Mailhetard, Contribution à l'étude de la gale. Thèse, chez Delahaye et C'S Paris, 1875. (2) Bourguignon, Traitement de la psore, in Union médicale, n° 44, avril, Paris, 1876. CHAPITRE V. sitaires de l'homme comme lui étant toutes communiquées? Il serait conséquent avec lui-môme quand il dit que les êtres sont d'autant plus sujets aux parasites qu'ils sont placés à un degré plus inférieur de l'échelle au sommet de laquelle siège l'homme, « maître suprême de la terre chargé d'y faire régner l'ordre et l'harmonie !.... » D'abord celte assertion que le favus, le trichophyton et les entozoaires appartiennent en propre à l'homme est parfaite- ment fausse, comme nous l'avons démontré pour ces champi- gnons et pour beaucoup d'entozoaires, et puis M. Bourguignon dit que la gale n'appartient pas à l'homme « parce qu'il n'existe aucune observation d'une psore née spontanément chez l'homme ; toujours elle lui est communiquée par l'homme lui- même ou par les animaux. » La belle raison ! M. Bourguignon pourrait-il nous montrer une gale d'animal née dans d'autres conditions que celle qu'il vient de citer? Admettrait-il la spon- tanéité de la gale chez les animaux et par suite celle de leurs Acariens? Si c'est là le progrès acquis qu'il se plaint de ne pas voir accepter parfaitement et sans conteste, nous craignons qu'il n'attende encore longtemps. De ce qu'il a vu chez les carnassiers une gale causée par des Sarcoptes qu'il a confondus avec celui de l'homme, et des her- bivores affectés d'une gale causée par des Acariens de genres différents, les Psoroptes et les Chorioptes, qu'il affuble de noms germains ou irrationnels, il en déduit que le Sarcoptes scabiei est particulier aux premiers et les Psoroptes et les Chorioptes aux seconds, oubliant, pour les besoins de sa cause, que son col- laborateur Delafond a trouvé aussi des Sarcoptes sur les che- vaux et les moutons et que des Chorioptes vivent aussi sur des carnassiers ; il oublie aussi qu'il a essayé lui-même à maintes reprises de faire vivre le Sarcoptes scabiei de l'homme sur des chiens et des chats et qu'il n'a pas pu réussir {loco citato). Donc, des expériences mêmes de Bourguignon, confirmatives d'expériences antérieures de Gerlach, il résulte que l'homme possède un Sarcopte qui lui est propre, celui que nous avons nommé Sarcoptes scabiei, variété hominis, qui lui appartient de- puis des siècles et qu'il n'emprunte par conséquent pas aux animaux. Donc l'étiologie de la gale de l'homme présentée par M. Bourguignon ne repose sur aucune base solide. Est-ce à dire qu'aucune des nombreuses variétés de gale que ACARIENS. présentent les animaux, ne puisse se transmettre à l'homme, comme le professent M. Hardy et ses élèves ? C'est ce que nous allons examiner, _ Nous avons vu plus haut que l'espèce Sarcoptes scabiei a été rencontrée sur dix espèces animales diflerentes, carnassières ou herbivores, seulement elle n'est pas partout identique à elle- même : chez certains animaux, sans perdre ses caractères spé- cifiques, elle présente une taille plus grande, des détails anato- miques plus accentués et même une salive venimeuse; plus active, caractères qui indiquent tout au plus des variétés. Les auteurs allemands, Gerlach (l)et Fiirstenberg (2), regardent la plupart de ces variétés comme des espèces qu'ils distmguent seulement par leur habitat. Outre les six variétés de l'espèce Sarcoptes scabiei, il y a encore, dans la tribu des Sarcoptides psoriques, trois variétés de l'espèce Sarcoptes notœdres, le Sar- coptes mutans, quatre variétés du Psoroptes longirostris, trois es- pèces de Ghorioptes dont une présentant quatre variétés, en tout vingt espèces ou variétés acariennes, qui causent des af- fections psoriques chez les animaux que nous décrirons plus loin. Les faits, et des expériences répétées tant en Allemagne qu'en France, prouvent que aucune des espèces et variétés des genres Ghorioptes et Psoroptes n'est transmissible à l'homme, mais que certaines espèces ou variétés du genre Sarcoptes seules seraient susceptibles de s'établir, de pulluler sur le tégument de l'homme et d'y déterminer la gale. Ges espèces et variétés sont: le Sarcoptes scabiei, variétés equi, lupi, suis, cameli elcap?-ée et le Sarcoptes notœdres, variété cati. Les faits en faveur de la transmission de la gale du cheval causée par le Sarcoptes scabiei, variété equi, à l'homme, sont les suivants : 1° RobertFauvet, vétérinaire à Rome, rapporte qu'un fermier italien ayant acheté au marché de Bergame un cheval galeux qu'il monta pour rentrer chez lui, éprouva le lendemain de son arrivée une forte démangeaison sur tout le corps ainsi que son fils et un ami qui l'avaient accompagné au marché. Le garçon d'écurie à qui l'on confia le soin du cheval se gratta beaucoup le second jour du pansage ; un berger en fit autant le lendemain (1) Loco citato. (2) Ibid. 296. CHAPITRE V. du jour qu'il avait gardé l'animal aux champs; enfin plus de trente personnes de la ferme prirent la gale directement ou indi- rectement en peu de jours, ainsi que les garçons et la vache d'un meunier à qm le cheval avait été revendu (1). 2» Un fait analogue se trouve reproduit dans le Compte-rendu de l Ecole vétérinaire de Lyonpouv 1815, et Grognier, professeur de cette Ecole, en cite un autre tout à fait semblable dans le rapport annuel de 1827 : le cheval galeux qui en fait le sujet avant d'être amené à l'École avait communiqué la gale à deux vaches placées à côté dè lui et à plusieurs personnes qui 1 avaient pansé. 3° Hurtrel d'Arboval a été témoin du fait suivant : un habitant de MontreuiI-sur-Mer ayant acheté, en 1813, d'un officier prus- sien, deux fort beaux chevaux de carrosse qui étaient galeux le domestique qui était chargé de les panser gagna la gale au! menton où il avait l'habitude de porter la main (2). 4» L'auteur anglais Sick rapporte qu'une gale épizootique ayant envahi un régiment de hussards, deux cents cavaliers en furent infectés (3). 5° Lavergne, chef de service à l'École vétérinaire de Toulouse, a observé plusieurs cas de gale communiquée à des élèves par des chevaux atteints de cette maladie sur lesquels ils s'étaient exercés à la pratique des opérations, gale qui disparut avec ra- pidité par l'emploi de quelques bains simples (4). 6° En 1854, M, Dupont, vétérinaire à Bordeaux, constata des cas de contagion, à l'homme, delà gale qui affecte presque tous les vieux chevaux employés à nourrir les sangsues des marais de la Gironde (5). 7° En 1856, plusieurs élèves de l'École vétérinaire d'AIfort contractèrent la gale sur un cheval du cours d'opération ; ce fut une occasion, pour Delafond, de reconnaître que cette gale du cheval, transmise à ses élèves, était causée par un Sarcopte qu'il regarda comme étant en tout semblable à celui de l'homme. Ce qui portait à trois le nombre des Acariens psoriques suscep- tibles de pulluler sur le cheval et de causer des variétés de (1) Hurtrel d'Arboval, Dict. vêt. Paris, 1824, art. Gale. (2) Id., loco citato, (3) Id., ibid. (4) Journal des Vétérinaires du Midi. Toulouse, 1838. (5) Ibid., 1854. ACARIENS. 297 gale. — Bien que cette gale des élèves vétérinaires fût caracté- risée par la présence de sillons dans lesquels on retrouva les Sarcoptes, elle guérit facilement par quelques frictions anti- psoriques locales (1). 8° Enfin, Gerlach, dans des expériences pratiquées sur lui- même et sur plusieurs de ses élèves de l'École vétérinaire de Berlin, a vu le Sarcopte du cheval conserver chez l'homme ses habitudes qui ne diffèrent pas de celles du Sarcopte humain, et qu'aucune particularité, si ce n'est la marche, ne distingue l'éruption provoquée par l'un de celle de l'autre; mais les éruptions causées par le premier s'affaiblissent en se multipliant et tous les phénomènes de l'affection finissent par disparaître spontanément au bout de trois à huit semaines. Un élève a fait exception : l'éruption persistait encore le soixantième jour, et l'on a été obligé d'avoir recours à un traitement anti-psorique pour l'en débarrasser. Les individus de l'espèce humaine à peau fine et très velue paraissaient offrir au Sarcopte du cheval le séjour le plus confortable. Nous avons été à même en 1871, pendant l'épizootie de gale qm a sévi sur la grande majorité des chevaux de larmée à la suite de la guerre, de faire des observations qui confirment les expériences de Gerlach (2). Pendant cette épizootie il s'est passé sous nos yeux des faits qui prouvent que la gale du cheval, causée par le Sarcoptes scabiei, variété equi, est contagieuse à 1 homme, mais en même temps que cette contagion est infini- ment moms active- entre le cheval et l'homme qu'entre le che- val et les ammaux de son espèce. En effet pendant les cinq mois de 1871 que dura l'épizootie de gale sur les chevaux du 15» ré- giment de dragons, auquel nous étions alors attaché, nous avons eu en moyenne, par jour, chiquante chevaux galeux en traitement, pansés par vingt hommes exclusivement occupés à ce service de plus, six maréchaux leur étaient adjoints pour tondre et faire les frictions. Eh bien, une seule fois, vers la fin du quatrième mois, une quinzaine d'hommes de la môme Chambrée, dont six étaient attachés à l'infirmerie des chevaux galeux, furent affectés de vives démangeaisons et d'une érup- tion psorique bien caractérisée occupant surtout la face externe aes bras, les poignets et la face interne des doigts; nous avons \l\ ^S^elafond, Traité de la Psore, 1852. (2J Gerlach, loco citato. 298 CHAPITRE V. bien va sur quelques-uns de ces hommes, des sillons caracté- ristiques occupant surtout les poignets, mais il nous a été im- possible de retrouver des Sarcoptes ; il est vrai qu'avant notre examen tous avaient subi une friction locale de pommade d'Helmerich qui suffit pour les guérir. Mais aucun des autres hommes employés au service des chevaux galeux non plus que les maréchaux n'ont contracté la gale et cependant ils ont été en contact continuel, pendant les cinq mois qu'a duré l'épizoo- tie, avec les chevaux galeux, sans prendre de précautions spé- ciales, ce qui prouve que le Sarcopte du cheval préfère son ha- bitat naturel, la peau de ce pachyderme, à celui que pourrait lui offrir la peau de l'homme. Est-ce parce que celle-ci est nue et l'autre couverte de poils? c'est probable; il y a là des conditions de température particulière qu'il doit rechercher. jjgÉ En somme le Sarcoptes scabiei, variété equi, ne s'acclimate que*^ difficilement sur la peau de l'homme ; il y détermine le dévelop- pement d'une gale qui a tous les caractères objectifs de sa gale ordinaire mais qui est peu tenace, guérit le plus souvent spon- tanément et dans tous les cas cède facilement à un léger trai- tement local anti-psorique. Les autres variétés du Sarcoptes scabiei, à l'exception de la variété Lupi et peut-être de la variété camelt, déterminent des éruptions psoriques sur la peau de l'homme, sur la forme et les caractères desquelles on n'a encore que peu de renseignements, mais qui paraissent tout aussi fugaces que celles que cause le Sarcoptes scabiei, variété equi. Yoilà les renseignements que l'on possède à leur égard: , Gerlach, dans un ouvrage sur la gale (1), cite plusieurs au- teurs entre autres, von Gemmeren, Bontekœ et Heckmeyer qm ont vu la gale du porc et du sanglier se transmettre à l homme, mais l'éruption disparaissait spontanément au bout de quelques jours. , En 1857, Delafond rencontra un cas de gale chez un porc du cours d'opérations à l'École d'Alfort, causé par un Sarcopte qu'il regarda comme le même que celui de l'homme, mais que nous avons reconnu être la variété- sms à l'examen même des préparations microscopiques que nous tenons de ce maître, Delafond contracta, dit-il, la gale au contact du porc eu ques- (1) Gerlach, Kràtze und Râude. Berlin, 1857. ACARIENS. 299 lion mais il s'en guérit facilement par quelques frictions locales anti-psoriques. En 1863, le même auteur communiquait à la Société de Bio- logie, en collaboration avec M. Bourguignon, une note sur la découverte chez le chien d'un Sarcopte en tout semblable à celui de l'homme, lequel donna à Delafond une gale semblable à la gale humaine ordinaire dont il guérit avec quelques soins (1). En Angleterre, une chèvre d'origine persane, galeuse au point d'être complètement dépouillée et d'avoir la couronne : des sabots détachée, communiqua la gale à quinze chevaux avec lesquels elle cohabitait ainsi qu'à deux hommes qui les I soignaient (2). i Un vétérinaire suisse, WalbralT, a été témoin d'une gale épi- : zootique qui sévit sur les chèvres, en 1852, dans la vallée de . Prattigau, dans le canton des Grisons. Elle affectait d'abord la tête, les oreilles, le nez et les lèvres, puis s'étendait au cou, au tronc, ensuite aux extrémités ; elle se communiqua à toutes les autres espèces domestiques et même à I homme (3). A peu près à la même époque, M. le professeur Miiller, de Vienne, découvrit sur des chèvres d'Afrique galeuses un Sar- copte que le professeur Hebra certifia être complètement identique à celui de l'homme (4). C'est ce que prouvent en ef- fet les figures et les mesures qu'en a données Fiirstenberg (5), et ce qui donne la raison de sa facile transmission à l'homme. L'arrivée d'un dromadaire galeux au Jardin des plantes de iParis, en 1843, donna à P. Gervais l'occasion d'étudier le Sar- copte cause de la maladie et qu'il regarda comme d'une espèce différente de celui de l'homme; mais nous avons pu nous as- surer depuis qu'il n'en est qu'une variété : l'affection du dro- madaire se transmit à des gardiens de la ménagerie, et la gale ^insi contractée présenta, outre l'éruption caractéristique, un prurit d'une violence extrême, plus insupportable que la gale ordmaire, prétendaient-ils. Cette affection fut jugée assez grave 3Qur qu'on abattît immédiatement le dromadaire afin d'éviter (1) Delafond-Bourguignon, Traité de la Psore. Paris, 1862. (2) The veterinarian. Londres, 1851. 1 (3) Repevtorium der Thierheilkunde. Stuttgard, 1853. (4) Zeitschrift der K. K. Geselschaft der ërtzê, Zu Wien, 1853. I (5) Furstenberg, Die krœtzmilben. Leipzig, 1861. 300 CHAPITRE V. la contagion (1). Les relations des vétérinaires et des médecins de notre armée d'Afrique, où la gale est assez fréquente chez les dromadaires, sont d'accord pour constater cependant qufr cette gale se transmet rarement aux hommes. Nous avons déjà parlé ailleurs de la gale qui fut communi- quée, en 1855, à un directeur de ménagerie, M. Borelli, à sa fille et au gardien Cyprien, par des lions, des hyènes et un ours, qui leur étaient arrivés galeux et qui causa la mort des cincf lions et des deux hyènes malades; l'ours guérit spontanément. L'affection fut très grave chez les personnes affectées et il fal- lut un traitement énergique pour la faire disparaître. Ce fait concorde avec des expériences qui nous sont propres et qui prouvent que le Sarcoptes scabiei, variété lupi, s'acclimate avec une très grande facilité sur des espèces animales d'ordre très différent et amène le développement d'une gale très grave dé- butant comme la gale ordinaire, mais revêtant bientôt un ca- ractère d'intensité et de gravité telle qu'elle constitue une va- riété particulière dont nous parlerons au paragraphe prochain à l'occasion de la gale norvégienne. Pour terminer ce que nous avons à dire des affections psori- ques transmises des animaux à l'homme, citons encore les faits suivants qui se rapportent à la gale du chat, qui est causée, comme nous le verrons plus loin, par une espèce particulière de Sarcopte, le Sarcoptes notœdres: HerLwig rapporte le fait d'une gale générale communiquée à une servante qui faisait coucher un chat galeux dans son lit pour se chauffer les pieds (2). Dans la même année, un autre auteur allemand racontait 1& fait d'une jeune fille qui avait contracté une éruption à la poi- trine pour y avoir fait reposer un chat galeux (3). Redemacher a vu la gale du chat se transmettre à une vache sur laquelle un chat galeux avait l'habitude de se coucher, puis à une servante qui soignait la vache et enfin à toute la famille du propriétaire de l'animal (4). Gerlach, dans une série d'expériences, a inoculé à quelques- uns de ses élèves des Sarcoptes du chat. Cette inoculation a (1) Annales des Scie7ices naturelles. Paris, 1843. (2) Magazin fur Thierheilkunde. Berlin, 1838, p. 125. (3) Gaz. mtd. de Berlin, 1834. (4) Magaz. fur Thierheilkunde. Berlin, 1842. ACARIENS. élé suivie de démangeaisons et d'une éruption qui s'est éteinte «pontanéraent chez un élève au bout de quinze jours, chez un autre au bout de dix jours et chez un troisième au bout de trois semaines. En résumé, les gales des animaux, — causées par des variétés éu Sarcoptes scabiei — penvent se transmettre à l'homme avec plus ou moins de facilité, en provoquant le développement •d'une gale qui a tous les caractères de la gale ordinaire^ hu- ' maine, mais qui est beaucoup plus fugace et qui disparaît or- dinairement spontanément ou avec de 'légers soins, — sauf celle des grands carnassiers sauvages causée par le Sarcoptes scabiei, variété lupi. — Mais la cause, infiniment la plus fréquente I de la gale ordinaire de l'homme, est le Sarcoptes scabiei de la variété qui lui est propre. Diagnostic. — Pour établir le diagnostic de la gale il suffit de constater la présence de l'Acarien spécial qui la cause, ou une de ces altérations spéciales {sillons) qu'il imprime à la peau. Dans la plupart des cas, on ne s'occupe pas du parasite lui- : même, et l'on se borne à la recherche des sillons qui se trou- vent habituellement à la face interne des doigts, dans les com- missures, à la partie intérieure du poignet près de la paume de la main. Mais quelquefois les éruptions symptomatiques sont elles-mêmes très suffisantes et il est presqu'inutile de chercher des sillons. D'autres fois ces derniers sont difficiles à découvrir et cependant les formes éruptives que l'on observe I rendent très probable l'existence des animaux parasites. Il faut donc porter un jugement en l'absence des signes pathognomo- : niques {Acarie7i et sillon), et voici les caractères qui méritent ! de fixer le plus l'attention : La diversité des éruptions qui couvrent les mains, les poi- gnets, les bras, les pieds, ou la partie inférieure des jambes ; L'existence à la face interne des doigts de papulo-vésicules coniques peu nombreuses, ou sur la verge de grosses papules rouges ; L'abondance des phénomènes éruptifs dans certaines régions telles que l'aisselle, oh le parasite établit si volontiers son siège ; Les démangeaisons très vives surtout la nuit, etc. Quand donc, chez un malade, on ne peut trouver ni sillon, ni Sarcopte, on ne doit pas pour cela laisser le diagnostic en 302 CHAPITRE V. suspens, si des papules, des vésicules, des pustules d'eclhyma, quelquefois môme des furoncles ou des bulles de pemphigus se montrent à la fois répandues sur les mains ou sur les avant- bras, et si l'on trouve sur la verge les papules dont nous avons parlé, toutes éruptions accompagnées d'un prurit plus ou moins intense. Nous n'établirons pas, comme l'ont fait presque tous les au- teurs, le diagnostic différentiel entre l'eczéma, le prurigo, le lichen d'une part, et la gale de l'autre, car les éruptions liché- noïdes, eczémateuses, peuvent être symptomatiques de la psore, comme elles le sont souvent de la scrofule, de la dar- tre, etc.; quelquefois aussi ce sont des éruptions artificielles différentes des affections parasitaires ou constitutionnelles dont nous venons de parler. Ainsi la difficulté du diagnostic ne consiste pas à distinguer une papule d'une vésicule ou d'une papulo-vésicule, mais à reconnaître si les papules, les vésicules, les pustules dépendent de la présence d'un Acarien dans la peau, ou si elles ne doivent pas plutôt être rattachées à quelque cause externe ou plus sou- vent à l'une des grandes causes générales : scrofule, dartre, arthritis, etc. La gale partielle est plus difficile à distinguer que la gale générale ou commune ; on croit souvent (principalement quand l'éruption règne aux fesses) à l'existence de simples furoncles et d'autres fois à une syphilide papuleuse. Mais, qu'on ne l'oublie pas, dans le doute il faut toujours prescrire la friction acaricide, car les inconvénients de cette dernière ne sont rien en comparaison du bien qu'elle peut pro- duire. On donne le nom de pseudo-gales à un certain nombre d'af- fections qui n'ont d'autre caractère commun que de ressembler plus ou moins à la véritable psore; assez souvent ces affections sont produites par des parasites de certains animaux tels que les dermanysses, les rougets, etc. ; nous y reviendrons plus loin et nous signalerons les caractères qui les distinguent de la vraie gale. Elles disparaissent toujours spontanément et rapide- ment. Pronostic. — Il est sans gravité ; la maladie ne résistant ja- mais à l'emploi des acaricides, et disparaissant graduellement. Traitement. — Trois indications principales dominent la ACARIENS. 303 thérapeutique de la gale : 1° îl faut d'abord détruire les para- sites qui produisent la maladie ; 2° en second lieu combattre les éruptions symptomatiques ; 3° enfin modifier, s'il est nécessaire, la constitution des galeux. 11 suffit d'avoir signalé les deux dernières indications, nous voulons seulement insister sur la première qui est la plus im- portante et qu'on doit par conséquent faire passer avant les autres. Il est rare qu'il y ait contre-indication à la friction aca- ricide immédiate, il faudrait que la peau fût bien enQammée pour qu'on fût obligé de mettre d'abord en usage les émoUients et les antiphlogistiques. Aujourd'hui on ne rencontre plus de médecins, à part quel- ques rêveurs, qui aient la prétention de guérir la gale par l'emploi de moyens internes. Les parasites qu'il faut détruire ne sont plus le produit d'une viciaLion d'humeUrs, ils occu- pent la surface de la peau, par conséquent les moyens externes peuvent seuls les atteindre et suffisent à les atteindre. Walz et Hertwig ont guéri des animaux galeux par le seul procédé de l'extraction ; à l'hôpital de Berlin, le docteur Kôhler, pratiquant la chasse journalière des Sarcoptes, du deuxième au vingt-septième jour guérit vingt-sept galeux. On sait que les matrones de Corse et d'Italie arrivent au même résultat par le même procédé et on a vu les galériens du port de Livourne s'extraire réciproquement leurs Acariens. Mais le procédé d'extraction est beaucoup trop long et trop péni- ble; l'emploi des frictions avec des pommades acaricides est préférable, mais il faut que les frictions soient bien géné- rales et embrassent tout le corps afin d'être bien certain que l'a- gent parasiticide est partout en contact avec les Acariens, aussi bien avec les jeunes qui se promènent partout qu'avec les fe- melles ovigères tapies au fond de leur terrier. Les frictions générales sont une condition indispensable d'un succès rapide et M. Bazin est le premier qui l'ait nette- ment établi dès 1850, époque à laquelle il était chargé du trai- tement de la gale à l'hôpital Saint-Louis. On lui a objecté que longtemps avant lui les frictions générales avaient été préco- nisées par Helmerich et Burdin son élève; mais dans quel but? Etait-ce pour remplir l'indication formulée par M. Bazin? Nul- lement, car Burdin dit lui-même que la friction générale est pré- férable parce qu'elle permet l'absorption plus complète et plus 30i CHAPITRE V. rapide de cette pommade (il fallait en employer 4 onces) qui devait corriger les humeurs. Donc si la friction générale avait été conseillée, elle n'avait pas été assise sur des bases solides ; aussi Casenave, chargé avant M. Bazin du traitement des ga- leux, se bornait-il, imitant en cela la pratique de Hébra, de Vienne, à la friction partielle des mains et des pieds. D'autres, comme M. Rayer, étendaient les frictions à toutes les parties malades et quelquefois ils obtenaient une complète guérison, mais le plus souvent les Acariens respectés sur les parties saines reproduisaient la maladie au bout de quelques jours, ou plutôt celle-ci n'avait pas disparu. Il faut donc frictionner toute la surface du corps pour dé- truire tous les parasites qui l'occupent ; la tête seule est épar- gnée, caries Acariens ne s'y montrent jamais (Bazin). On prend 100 à 125 grammes de pommade d'Helmerich, et pendant 20 à 25 minutes on frotte rudement toutes les parties, celles surtout qui sont le siège de prédilection des animàux parasites, comme les mains, les pieds, les aisselles, le périné et les environs de l'anus, le creux poplité. On fait ainsi deux frictions à six heu- res de distance ;le lendemain on prend un bain, ou le surlende- main, et tout est fini (Bazin). M. Bazin avait ainsi réduit à deux ou trois jours la durée du séjour des galeux dans les salles, et en cela rendu un véritable service à l'administration de l'assistance publique. M. Hardy, qui est venu après M. Bazin, a fait mieux encore, et aujourd'hui le traitement de la gale est réduit à quelques heures et les ma- lades ne sont plus admis à l'hôpital. Au lieu de deux frictions avec la pommade d'Helmerich, M. Hardy n'en fait qu'une ou plutôt, dans la première, la pommade est remplacée par le sa- von noir (c'est une préparation que M. Bazin croit inutile) ; entre les deux frictions qui ne sont séparées que par un intervalle de trois-quarts d'heure, les malades prennent un bain ; après le bain, application de la pommade que les malades doivent gar- der jusqu'au soir ; à ce moment nouveau bain, puis le malade, qui est maintenant guéri, ser'habille et s'en va. Pendant toutes ces opérations les linges et les vêtements du malade sont mis àl'étuve ou soumis à des fumigations sulfureuses; les animaux parasites qui les habitaient sont ainsi détruits. M. Hardy a cru devoir renoncer à cette dernière précaution par la raison que le malade, devant conserver, le reste de la Journée, la pommade ACARIENS. 305 de la dernière friction, elle forme une sorte de fumigation suf- fisante pour asphyxier les insectes ; il dit n'avoir point eu à se repentir de cette omission. GALE NORVÉGIENNE. —Historique. — Une forme extraor- dinaire de gale a été signalée pour la première fois en 1848 (i) par le professeur Boek, médecin de l'hôpital de Christiania, et étudiée depuis par les dermatologistes les plus éminents de l'Europe, Hebra (2) Gasenave, Fuchs, etc. Les uns y ont vu l'ac- tion d'un Sarcopte d'une espèce particulière différente du Sar- coptes scaôze? ordinaire de l'homme, les autres n'y ont vu qu'une anomalie apparente expliquée par une sorte de retentissement sympathique un peu plus prononcé que ceux que l'on a pu constater d'ailleurs dans d'autres circonstances dans la gale ordinaire ; parmi les premiers, on compte les naturalistes sué- dois et Fiirstenberg (3) qui nomme le parasite Sarcoptes cims- ^osû?; parmi les seconds, Hebra, Gasenave, etc. Nous avons des raisons de regarder l'opinion des premiers comme parfaitement fondée, seulement, pour nous, l'Acarien qui cause la gale nor- végienne n'est pas une espèce différente du Sarcoptes scabiei, mais une variété, différente de celle de l'homme, qui vit sur les grands carnassiers, le loup en particulier, et dont les mœurs particulières exphquent la forme extraordinaire que revêt la gale norvégienne. G'est ce que nous ont montré des expériences d'inoculations pratiquées avec ce Sarcopte particulier sur le cheval, expériences que nous rapporterons plus loin après avoir fait la description nosographique de cette affection. iVosogrraphie. — Comme description nosographique de la gale norvégienne, ainsi nommée parce que les premiers sujets sur lesquels on l'a observée étaient de Christiania ou de la même province, nous ne pouvons mieux faire que de rapporter les plus remarquables exemples cités par les auteurs qui les ont eux-mêmes observés. Le premier est celui que le professeur Bœck a communiqué à M. Gasenave et qui se trouve consigné dans les Annales des Maladies de la peau de ce dernier auteur t. IV, p. 122. (1) W. Boeck et Danielson, Traité de la Spedalikhed. Paris, 1848. (2) Hebra, Beitràge zur Geschichte de?- sogenanten iwi-wegischen Kriitze in Zeitschnft derK. K. Gesellschaft der Âertze. Band 9. Wien, 1863. ' (3) Ftirstenberg, Die Kriitzmilben. Leipzig, 1862, MÉGNiN. — Les Parasites. on 306 CllAlMTllE V. «Chez une jeune fille, âgée de quinze ans, Irès maigre, très pâle, non encore réglée, on a constaté à la paume des mains et dans l'intervalle des doigts la présence de croûtes de 2 à 3 lignes d'épaisseur d'une couleur blanche ou plutôt grise, adhé- rentes à la peau, et formées d'une masse si compacte qu'on peut y couper comme dans l'écorce des arbres. Les doigts sont fléchis et les tentatives qu'on fait pour les redresser lui causent des douleurs. Les ongles sont dégénérés, très épais et noueux. On trouve des croûtes analogues à la face dorsale des pieds dont les ongles sont aussi altérés, aux coudes, aux fesses, à la partie postérieure des cuisses, sur le dos. Il y en a jusque dans le cuir chevelu qui est très dégarni. Si l'on détache ces croûtes, la peau qu'elles recouvrent apparaît rouge, humide, un peu inégale. Toute la surface cutanée présente une rougeur éry- thémateuse ; aux jambes on voit des taches non saillantes d'un brun rougeâtre ; à la face postérieure des bras on rencontre plusieurs vésicules ; enfin des pustules se montrent çà et là aux extrémités. La santé générale de la malade était très al- térée. « Incertain de la nature du mal, M. Bœck a examiné les croûtes au microscope et il a reconnu qu'elles étaient consti- tuées par une masse compacte d'Acariens, ou entiers ou brisés, d'œufs et d'excréments. Des expériences ont été faites sur des croûtes prises de tous les points du corps, et elles ont donné des résultats identiques, c'est-à-dire qu'on n'y a trouvé exclu- sivement que des Acariens ou que des débris d'Acariens. Malgré les recherches les plus assidues, M. Bœck n'a jamais pu trouver un seul Sarcopte vivant ni un seul sillon. Cependant il n'hésite pas à formuler une nouvelle forme de gale. Si le dia- gnostic avait pu être douteux il aurait été singulièrement faci- lité par les résultats rapides et multipliés de la propriété conta- gieuse de cette affection. En effet, pendant son séjour à l'hô- pital la petite malade communiqua la gale à un grand nombre de personnes, même parmi celles qui ne la touchaient pas ha- bituellement. « La chute des croûtes fut suivie d'une amélioration sensible qui dura trois semaines environ, puis une éruption de vésicules se manifesta sur tout le corps et même au visage: elle était aussi accompagnée d'un prurit violent. Il fut impossible de trouver des sillons distincts, mais on vit bientôt se former de ACARIENS. 307 nouvelles croûtes. En les examinant au microscope M. Bœck distingua deux lamelles : l'une supérieure de couleur claire et consistant seulement en cellules d'épithélium, l'autre inférieure de couleur grisâtre contenant des Sarcoptes, d'oii M. Bœck conclut que les croûtes ont été formées sous l'épiderme. « Pendant cette journée la santé de la malade s'altéra de nouveau ; elle eut de la fièvre. Traitée par les frictions partielles et successives avec l'onguent de Vienne, elle guérit enfin. Les cheveux ont repoussé, les ongles sont revenus à l'état normal, mais l'air d'hébétude surtout, remarquable chez cette jeune fille, a complètement disparu. » M. Bœck, en communiquant cette observation à M. Gasenave, lui a envoyé des croûtes recueillies chez la malade. La coupure de ces croûtes était lisse, dense, comme celle d'une substance cornée; si l'on en examinait une parcelle, délayée, au micros- cope, on la trouvait formée d'une multitude d'Acariens entiers ou de débris d'Acariens et d'œufs sans mélange appréciable d'une matière résultant de l'inflammation. M. Lanquetin, en répétant ces observations, obtint le même résultat et constata que ces Sarcoptes étaient les mômes que celui de la gale ordi- naire. D'autres cas de cette gale particulière ont encore été observés surdes indigènesde laNorvège. M. Bœck en a encore signalé trois cas en 1832, mais un cas observé en France, à Paris môme prouve qu'elle n'est pas particulière à ce pays du Nord. La re- lation de ce fait a été communiquée à la Société de Biologie par M. Second Féréol, interne des hôpitaux, et cette relation a été reproduite dans la Gazette médicale de Paris en 1856 (page 621) • c'est bien, comme on peut le voir par la reproduction de cette observation que nous donnons ci-dessous, un cas type de gale norvégienne. « Le4 mars 1835 entre à Saint-Louis, pavillon Gabrielle, n^S un homme de cinquante ans, A. L. atteint d'une affection cul tanée d aspect fort insolite. « État actuel. La maladie siège principalement aux mains et aux avant-bras dans le sens de l'extension; elley estcaractérisée par des croûtes d un jaune sale un peu brun, d'une épaisseur considérable, surtout aux mains où elles forment une couche qui atteint et dépasse même, eu certains points, 2 centimètres Ces croûtes sont fendues par de larges et profondes crevasse; 308 CHAPITRE V. qui correspondent plus ou moins exactement aux plis articu- laires. Le fond de ces crevasses est humide mais blanchâtre et nullement sanguinolent. Les doigts et le dos de la main, re- couverts de cette sorte de cuirasse, ressemblent à une écorce d'arbre rugueuse, inégale, fendillée, mais d'une teinte jaune. « La maladie commence autour des ongles qui sonttrès longs, jaunâtres, un peu secs, mais lisses, légèrement soulevés sur leur matrice, et comme prôls à se déchausser. A la face pal- maire des doigts et des mains, on trouve seulement dans les plis de ces régions, une sécrétion concrétée sous forme de croûte verdâtre assez dure, mais peu épaisse et limitée à la largeur de ces plis. Les deux régions thénar seules sont couvertes d'une croûte étendue en largeur qui se continue avec la croûte du dos de la main mais moins inégale et plus mince que celle-ci. Aux avant-bras, la croûte devient moins épaisse à mesure qu'on s'é- loigne du poignet, elle est moins crevassée, mais toujours très inégale et raboteuse. La région palmaire de l'avant-bras en est seule exempte. Après avoir recouvert le coude, la maladie s'étend sur le bras, mais en perdant son caractère d'enveloppe continue; ce ne sont plus que des croûtes isolées, petites, irré- gulières, formant un sablé grenu à grains aplatis tenant le milieu entre la squamme et la croûte. Sous ce dernier aspect la maladie s'étend à presque toute la superficie du tégument, aux épaules, au dos, à la poitrine; les lombes et les fesses en sont à peu près exemptes ; au ventre, l'affection reparaît sous forme de lamelles jaunâtres, aplaties, peu épaisses et de petites dimensions, mais assez confluentes; de même au scrotum ; la verge est un peu œdématiée et des parties suinte un liquide in- colore, un peu gras et d'une fétidité repoussante. Sur le mem- bre abdominal, les croûtes se présentent aux pieds avec des caractères tout à fait analogues à ceux des croûtes qui envelop- pent les mains ; elles sont seulement moins épaisses et se limi- tent à la région dorsale des orteils. L'espèce de sablé croûteux que nous avons décrit sur les bras, se retrouve sur les cuisses dans le sens de l'extension avec un peu plus de confluence aux genoux et absence complète de croûtes dans le sens de la flexion. Enfin, au visage, on retrouve des lamelles croûleuses qui se lè- vent sous forme.de desquammation, peu abondantes dans la barbe, sur le front, ou qui forment de petits îlots croûteux dans les sourcils. Le nez est gros, violacé, veineux, mais complète- ACARIENS. 309 ■ment exempt de sécrétions et de croûtes. Le cuir chevelu, frappé de calvitie dans les trois quarts de son étendue, est complète- ment sain. Le malade éprouve des démangeaisons incessantes ■et très vives. «Toute l'étendue du tégument est inspectée avec le plus grand soin sans qu'on y puisse découvrir aucune pustule d'im- pétigo ; mais il existe d'assez nombreuses pustules ulcérées d'ec- thymas furonculeux aux épaules, à la face interne des genoux, aux fesses, aux bras. Il y a, en outre, sur les bras, les avant- bras, les jambes et même sur le visage, au sourcil gauche, un assez grand nombre de tumeurs indolentes, mollasses et évi- demment fluctuantes et dont la grosseur varie du volume d'un noyau de cerise à celui d'une noix. Les plus grosses sont inci- sées et donnent issue à un ichor épais et sanieux. Partout oîi il y a des croûtes, il est impossible de constater si la peau pré- sente un épaississement papuleux, mais cet épaississement pa- puleux est manifeste en certains points oti il n'y a pas de croû- tes, notamm^ent aux jarrets oti la peau ressemble à un chagrin grossier ; en môme temps, la peau est humectée en ce point par une sécrétion toute pareille à celle que nous avons déjà notée au scrotum. Cet état humide et comme huileux de la peau n'est point général; ainsi, aux avant-bras les croûtes sont sèches., dures, raboteuses; de môme aux bras, au dos, aux jambes et aux cuisses. Aux mains, la superficie des croûtes exposées à l'air, forme de petites écailles superposées, très rudes et très sèches ; mais les crevasses qui sillonnent profondément ces croûtes, ont des marges blanchâtres, humides ; et si on soulève un bandeau de ces croûtes, on trouve au-dessous une surface blanchâtre, inégale, comme spongieuse et humide. Sur le ven- tre et la poitrine, dans la barbe et les sourcils, les croûtes la- melleuses, aplaties, sont assez grasses à l'œil et au toucher. » Le malade étant mort quatre jours après sa réception àl'hô- pital, voici ce que dit M. S. Féréol sur l'état de la peau à l'au- topsie : « Les croûtes n'ont que très peu changé d'aspect, et n'ont subi aux mains qu'un très léger retrait. Si on cherche à les dé- tacher, on ne soulève du premier coup que de larges lambeaux de demi-épaisseur et on découvre ainsi une surface mollasse blanchâtre, humide, comme spongieuse; celle-ci, soulevée par- le grattage, on trouve le derme à nu, humide, mais non sangui- 310 CHAPITRE V. noient; dans quelques petites places seulement il est boursou- flé, et forme comme un très superficiel ulcère un peu fongueux. Des lambeaux de peau recouverts de croûtes furent pris sur les mains, mais ne purent être examinés au microscope que plu- sieurs jours après. Sur un de ces lambeaux qui était resté ex- posé à l'air, je fis une coupe verticale, et, à un grossissement de 200 diamètres, je vis un Acarus qui paraissait un peu petit, sans doute parce qu'il était mort et desséché » — (c'était proba- blement une nymphe) — « mais en tout semblable à l'Acarus femelle de la gale. De nouvelles coupes m'en firent voir d'au- tres, ainsi que des œufs et des larves à des degrés divers d'évo- lution. Ces Acarus étaient en si grand nombre que dans cha- que préparation qui ne comptait pas plus d'un millimètre carré on en comptait de trois à six. » M. Ch. Robin chargé d'examiner les croûtes du même ma- lade dit : « Au-dessous de la croûte on trouve le derme épaissi, plus dur et plus résistant qu'à l'état sain , mais n'offrant rien que ses éléments normaux. Les papilles sont plus longues du double au moins que les papilles ordinaires. La couche épidermique n'of- frait que fort peu d'Acarus en certains points, mais elle présen- tait entre les cellules épithéliales des traces d'épanchements sanguins. On voyait, en effet, de petits grains formés de ma- tière colorante du sang, ou même des globules sanguins cohé- rents, encore reconnaissables. Ces corps étaient faciles à recon- naître par leur teinte rougeâtre ; leur diamètre était de 0"'°',002 à 0'"",005. Us étaient assez abondants pour concourir à donner aux croûtes leur couleur brune. A partir du niveau du sommet des papilles, les croûtes étaient constituées aux deux tiers en- viron, quant à la masse, par des Sarcoptes, puis par des œufs et des larves de cet animal. Ce n'était que dans les croûtes et nul- lement dans la substance du derme que se rencontraient ces parasites dont le nombre était réellement très remarquable. Il était du reste facile d'y reconnaître tous les caractères de l'Aca- rus scabiei et point de quelqu'autre espèce d'Acare. » Le Sarcopte qui cause la variété de gale humaine que l'on a nommée gale norvégienne, appartient donc à l'espèce Sarcoptes scabiei, mais à quelle variété?Il présente des différences de mœurs telles avec ce que nous savons des Sarcoptes scabiei, variété hu- mani, qu'il ne doit pas appartenir à cette variété; en effet, il pa- ACARIENS. 311 raît avoir une vie sous-épidermique à tous les âges, il pullule sur place d'une façon extraordinaire, et ne craint pas d'habiter certaines régions du corps, la tête par exemple, ainsi qu'on l'a vu par l'observation de M. Bœck, ce que ne fait pas le Sarcopte ordinaire de l'homme; de plus, il provoque le développement d'une éruption qui ne ressemble en rien à celle de la gale or- dinaire et remarquable par le volume et l'épaisseur des croûtes qui restent gluantes par endroits ; enfin l'étude anatomique qu'a faite Fiirstenberg d'exemplaires du Sarcopte delà gale norvé- gienne qu'il tenait de M. Bœck, lui a présenté des caractères de taille et d'accentuation des appendices cutanés tels qu'il a cru devoir en faire une espèce particulière; mais, comme nous l'a- vons montré plus haut, ces différences avec le Sarcopte ordi- naire de l'homme, ne constituent pas des différences spécifiques mais simplement des différences de variété. Or, des variétés de Sarcoptes scabiei que nous avons étudiées, il en est une qui non seulement se rapporte exactement au Sarcoptes crusiosœ de Fiirstenberg, mais encore provoque chez les animaux le déve- loppement d'une gale qui a tous les caractères de la gale norvé- gienne de l'homme, c'est notre Sarcoptes scabiei, variété lupi et nous sommes tout porté à le regarder comme l'auteur de cette gale, après les études et les expériences d'inoculation au cheval que nous avons faites de ce parasite et que nous allons rappor- ter : Pendant l'été de 1875 plusieurs cas de gale se présentèrent sur des animaux d'espèces très différentes appartenant au Muséum de Paris, savoir : une girafe et deux gazelles d'Afrique achetées à Anvers et arrivées à Paris avec le principe de leur maladie, et quatre jeunes loups d'un an qui avaient été donnés à la Ménagerie. La gale des jeunes loups durait depuis le prin- temps et les avait complètement dépouillés de leur fourrure en les couvrant de croûtes épaisses, molles, jaunâtres, poisseuses: c'était une gale eczémato-impétigineuse ; les Sarcoptes qui abon- daient dans les croûtes étaient une variété du Sarcoptes scabiei que nous avons nommée lupi et qui, tout en n'étant guère plus grande que la variété cameZ/î, était armée bien plus puissam- ment. L'abondance de la récolte de Sarcoptes à tous les âges que nous avons faite sur les loups en question nous suggéra l'idée de faire des essais d'acclimatation de ces Acariens sur des ani- 312 CHAPITRE V. maux d'espèces différentes. Le 5 octobre, nous déposions au fond des poils d'un cheval infirme et réformé, mais dontlapeaû était parfaitement saine, une pincée de croûtes dans laquelle nous avions constaté la présence d'une dizaine de Sarcoptes des deux sexes et de différents âges parfaitement vivants. Jusqu'au 9 octobre, rien de particulier, mais cejour-là on remarque que le cheval a cherché à se gratter au point de l'inoculation, et, en passant la main à cet endroit, on sent comme quelques grains de sable adhérents au fond des poils. Le 10, ces granulations ont grossi, ont augmenté en nombre, et se sentent sur une plus large surface qu'on peut comparer à celle de la main ; le prurit est plus manifeste. Le 12. De grosses croûtes jaunâtres, épaisses, poisseuses agglutinent les poils au point du dépôt des Sarcoptes, et plu- sieurs autres, de même nature, mais moins volumineuses que les premières, se remarquent au pourtour de celles-ci. Le 15. On sent des boutons de gale sur presque toute l'éten- due du côté droit de l'animal ; il y en a jusqu'au flanc, en ar- rière, jusqu'à la base de l'encolure, en avant. Au point d'inocu- lation existe un véritable herpès d'une étendue de 16 à 18 centimètres carrés, couverte de croûtes épaisses d'un centi- mètre au moins, jaunâtres, poisseuses, fendillées, qui, enlevées, laissent à nu une surface ulcéreuse, d'un rose vif, qui est de niveau avec les parties saines : ces croûtes ont une odeur rappe- lant celle des croûtes de la gale du loup, odeur sui generis bien caractéristique, dont celle de la suppuration du chien peut don- ner une idée. Le 16. Des boutons de gale se remarquent du côté gauche du cheval, ce qui indique que les Sarcoptes ont dépassé la ligne médiane. Leurs colonies ont en même temps augmenté du côté droit, car on commence à sentir des boutons de gale sur la cuisse, sur le ventre et sur la face droite de l'encolure. A me- sure qu'on s'éloigne du point d'inoculation, les boutons sont de plus en plus petits, mais la croûte qui les recouvre est tou- jours très adhérente aux poils et semblable à de la résine des- séchée. Le 18. Les extrémités, à partir des jarrets et des genoux, et la tête, sont les seuls points où l'on ne sente pas les boutons de gale, ce qui prouve, qu'en douze joim, les Sarcoptes se sont tel- lement multipliés, qu'ils ont couvert tout le tronc de leurs ACARIENS. 313 bandes. Les boutons, presque confluents du côté droit, surtout au voisinage du point de départ de l'afl'ection, sont plus clair- j semés et plus petits, à gauche, où la gale, par son aspect, sem- ;ble se rapprocher de la gale ordinaire du cheval, qui est sèche ;6t pulvérulente, tandis qu'à droite, elle conserve bien plus les i caractères de la gale du loup qui est impétigineuse, c'est-à-dire humide et gluante. Le 20. La gale est généralisée et a envahi complètement le corps du cheval. A ce moment, nous récoltons des Sarcoptes et nous constatons que la culture, sur le cheval, a quelque peu modifié leurs caractères : ils ont grandi en taille, et sous ce rapport, aussi bien que sous celui de la forme de leur corps, ils se sont rapprochés de la variété equi ; leur liquide buccal paraît aussi moins venimeux, si l'on en juge par le volume des bou- tons beaucoup plus petits à ce moment de l'affection qu'au début. Jusqu'au 30, nous constatons que les croûtes de la gale du cheval prennent de plus en plus le caractère sec et pulvérulent, et perdent leur premier aspect glutineux et humide. A ce mo- ment, par pitié surtout pour les tourments du malheureux sujet d'expérience, qui n'a plus de repos, ni la nuit ni le jour, et qui a sensiblement maigri, nous nous décidons à le débarrasser de ses hôtes cutanés ce à quoi nous arrivons en une dizaine de jours, au moyen de frictions bien générales et ibien faites de pommade d'Hehnerich.sur le sujet préalablement (tondu. I Les conclusions à tirer de cette expérience, c'est que le Sar- coptes scabiei, variété lupi, s'acclimate parfaitement et rapide- iment sur le cheval, qu'il y détermine une gale très grave, ayant d'abord les caractères de celle du loup, puis se rapprochant par ïa suite de la gale ordinaire du cheval ; que le Sarcopte lui- même se modifie au point de vue de la taille qui augmente et de la forme qui s'allonge. L'expérience aurait été complète, si nous avions pu cultiver ces Sarcoptes, ainsi transformés, sur une série de chevaux, et nous ne doutons pas que les modifications de leurs caractères se fussent accentués, et qu'ils auraient fini par prendre tout à fait ceux de la variété equi; malheureusement les moyens nous ont manqué pour arriver à la démonstration expérimentale complète de ce fait; nous avons déjà vu qu'une autre espèce, 314 CHAPITRE V. celle du rat et du chat, nous a aussi donné la preuve que les caractères des variétés, chez les Sarcoptes, tiennent au terrain sur lequel ils vivent. Cette facilité de transplantation du Sarcoptes scabiei, variété lupi, sur une espèce animale, si différente au point de vue zoolo- gique que l'est le cheval du loup, et les caractères particuliers de la gale qu'il provoque, nous permettent de penser qu'il s'ac- climate aussi facilement sur d'autres espèces et nous croyons trouver la clef du phénomène pathologique connu sous le nom de Gale noj^végienne dont nous venons de nous occuper et quia pour cause, suivant nous, le Sarcopte des carnassiers. Si, tant pour les malades de Christiania que pour celui de Paris, on avait cherché ou pu remonter à la source on aurait peut-être trouvé que ces malades avaient été en contact soit avec des animaux ou des peaux fraîches de loups ou d'autres carnassiers galeux, ou s'étaient reposés sur des litières ayant été en contact avec ces animaux. PRURIGO DU ROUGET. — Les habitants des campagnes, surtout du centre et de l'ouest de la France, connaissent parfai- tement les effets de la larve du Trombidion connue sous le nom de et qu'ils nomment Aow^a^, Aoûli, Vendangeur, etc., à cause de l'époque de l'année oti elle se rencontre. Il attaque surtout les personnes qui ont la peau fine et délicate, et semble préférer les jambes et la partie interne des cuisses bien qu'il se porte aussi sur les bras et la poitrine. Quand on tra- verse les jachères oîi ces Acariens abondent, ou bien quand on se dépouille d'une partie de ses vêtements, sans précaution, dans les bois ou dans les parcs, surtout lorsqu'on s'étend négli- gemment sur l'herbe, on est souvent assailli par eux. Ils che- minent assez vite car ils montent des jambes à la tête en peu de temps ; ils se trouvent souvent arrêtés en route par les jar- retières ou par la ceinture et alors ils se fixent à l'endroit de l'obstacle. C'est à la base des cheveux et des poils follets du corps et des membres que les Rougets plantent leurs rostres et ils se réunis- sent souvent plusieurs sur le même point : Duméril trouva un jour à la base d'un cheveu chez un jeune enfant plus de douze Rougets agglomérés. Il pensait que les Rougets s'attachaient avec les ongles et qu'ils insinuent leur suçoir sous l'épidernie, I ACARIENS. 3IÎ> mais que ce sont principalement les ongles des pattes qui font naître l'inflammation que l'on éprouve. Gruby a constaté, comme nous l'avons fait ensuite, que les Rougets pénètrent avec le rostre dans les canalicules sudoripares et sébacés ; ils s'y fixent fortement, leur corps restant en dehors sous forme d'un petit point rouge. Les Rougets occasionnent des démangeaisons vives, brûlan- tes, insupportables, qui empêchent de dormir. Latreille les comparait à celles de la gale, ce qui prouve que ces animalcu- les ont aussi une salive irritante. La peau se gonfle, devient rouge et quelquefois même violacée au point piqué par les Rou- gets et il se forme de petites taches irrégulières assez grandes pour la taille des parasites puisqu'elles ont parfois près d'un centimètre de diamètre, mais ces taches sont toujours discrètes et présentent parfois un point central saillant appréciable. Cette affection est donc bien un prurigo et ne peut être appelée Erythhme ainsi que le voulait Gruby qui nomme cette affection Eryihème oufo?ww«/. Quelquefois, mais très exceptionnellement, l'affection en question est cependant plus qu'un prurigo, car Moser cite un cas d'inflammation papuleuse et vésiculeuse avec des démangeaisons insupportables dues à ce parasite. Le journal la Santé publique, du mai 1872, rapporte l'his- toire d'un méfait de cet Acarien digne d'être reproduit: « Un grand émoi se manifesta, il y a quelque temps, par une bien petite cause, dans une commune du canton de Greon, riveraine de la Garonne. Le boulanger ayant reçu un certain nombre de sacs de blé d'un négociant de Bordeaux, les avait fait décharger par cinq hommes, par un temps très chaud et orageux. Dès les premiers sacs déchargés les ouvriers éprouvè- rent une vive démangeaison sur le cou, sur les épaules et les bras, où les sacs avaient porté, puis une éruption de boutons rouges un peu pointus et acuminés et accumulés sur certains points y succéda. Cette éruption se généralisa sur tout le corps pendant la nuit et amena de la fièvre avec insomnie, agitation et soif ardente. « La peur s'empara des malades et de leurs familles. On crut à un empoisonnement; le boulanger, ou du moins son grain, était déjà accusé. La justice fut saisie, et M. Perrens, chimiste, assisté de M. le D' Lafargue, médecin-expert près les tribunaux de Bordeaux, furent chargés de rechercher les causes de ces 316 CIIAPITIlli V. accidents qui, après quelques jours, étaient disparus sans trai- tement spécial. « Un échantillon dû froment sain montra un grain pas très gros, d'une couleur dorée sans odeur particulière. Il contenait quelques graines noires, peu de poussière, un petit Charançon et d'autres petits insectes morts ; quelques grains étaient ron- gés et comme avariés. « Au microscope l'examen le plus attentif ne découvre rien dans les débris de l'épiderme, mais dans les poussières des cri- blures on observe, seuls et dégagés, ou bien enchevêtrés dans des débris d'épiderme un certain nombre d'Insectes morts, ayant tous les caractères de l'Insecte décrit en 1830 sous le nom d'Aca7'us tritici. C'est la mite du blé, insecte microscopi- que analogue à YAcarus scabiei qui, sur la peau de l'homme, donne la gale. C'était là le corps du délit et l'analyse chimi- que ne découvrit aucune autre substance malfaisante. « Ce n'est pas d'ailleurs la première fois que de pareils acci- dents se montrent. Il a parfois suffi à des paysans de se re- poser contre des meules de blé ou de s'y abriter pendant des orages pour voir cette éruption apparaître. On l'a même dési- gnée sous le nom de fièvre de grain, de même qu'on appelle fiè- vre de foin l'enchiffrènement fébrile spécial qui atteint certains individus pendant la fenaison ; mais la cause restait ignorée. Des accidents semblables s'étant développés à Moissac en juin 1830, dans des circonstances identiques, les savants se mirent à l'œuvre et c'est ainsi que M. Lagrèze -Forsal, natura- liste, et M. Montané, pharmacien, découvrirent cet insecte et en donnèrent une description détaillée dans un mémoire pu- blié par la Société des sciences de Tarn-et-Garonne. (I Ainsi expliquée, cette éruption est sans importance, mal- gré son acuité, et ne doit inspirer aucune crainte. De grands bains tièdes prolongés font disparaître la démangeaison ainsi que l'éruption. » La description du mémoire dont il est question ci-dessus, et que nous nous sommes procuré, s'appliquant parfaitement au Rouget, c'est donc au prurigo du Rouget que se rattache l'affection nommée fièvre de foin, fièvre de grain et le prétendu Acarus tritici n'est donc autre que cette larve de Tromhidion. Le Rouget ne serait pas particulier à l'Europe, ou plutôt il aurait un analogue exotique qu'où rencontrerait en Amérique ACARIENS. 317 si l'on en juge par la communication faite à l'Académie des sciences le 29 juillet^ 1867 par M. Chevreul, au nom de M. Le- maire, et que nous transcrivons textuellement. « Il existe au Mexique un petit insecte appelé par les Indiens Thalsahuate. Cet insecte vit dans le gazon. Il attaque l'homme et se fixe presque toujours aux paupières, aux aisselles, au nombril et au bord libre du prépuce. Sa présence est annoncée par la démangeaison, puis surviennent de la rougeur et du gon- flement et quelquefois de la suppuration. Ces phénomènes morbides durent ordinairement six jours et restent toujours locaux, ce qui paraît indiquer que l'insecte ne s'y multiplie pas. Il suffît en effet de l'enlever pour que les phénomènes morbides cessent. Les Mexicains se servent le plus souvent pour cela d'une aiguille ou d'une tige degraminée. « Cette maladie, pour laquelle les Mexicains ne réclament point les soins d'un médecin, est très commune dans les terres tempérées et inconnue dans les terres chaudes. Je tiens tous ces renseignements de M. et M""" L. Biard, qui ont habité le Mexique pendant longtemps. M'"^ Biard qui a été élevée dans les Terres- Chaudes n'en avait jamais vu avant son arrivée à Orizaba. Je n'ai rien trouvé dans les ouvrages de médecine et d'histoire naturelle que je possède, qui ait pu m'éclairer sur l'histoire de ce petit animal ; il me paraît inconnu des médecins français. J'arrive maintenant au fait que j'ai constaté. « Saniedi dernier (15 juillet), Biard me présenta sa fille âgée de quatre ans qui seplaignait d'une assez vive démangeaison à la paupière de l'œil gauche ; j 'y constatai entre les cils un peu de rougeur et de gonflement dans une étendue de 5 à 6 mil- limètres. Pensant alors, d'après les renseignements qui me fu- rent donnés, que ces effets pourraient bien être ceux de Thalsa- huate, et, me rappelant que M. Biard avait reçu plusieurs caisses du Mexique, que des nattes et autres objets qu'elles conte- naient avaient séjourné assez longtemps à côté de la pelouse de leur jardin où jouent constamment leurs enfants, je cherchai à découvrir le petit insecte. Alors, nous aidant d'une loupe, nous découvrîmes le Thalsahuate, fixé entre deux cils et placé au centre de la rougeur dont j'ai parlé. Sa forme est oblongue et d'un jaune orange très vif. M. et M»« Biard le reconnurent très bien. Je désirai le recueillir pour l'étudier et en déterminer l'espèce, je le laissai tomber et il nous fut impossible de le re- 318 CHAPITRE V. trouver. 11 est probable qu'il en existe d'autres et nous serons assez heureux pour nous en procurer et pour pouvoir l'étudier « De tout ce qui précède il résulterait un fait important qu'un très petit insecte qui, au Mexique, produit une maladie de peau, a pu être importé en France, sans doute à l'état d'œuf par des collections d'objels inanimés et y reproduire cette ma- ladie inconnue (?) en France. » Par ce que nous avons dit plus haut on a pu voir que le prurigo de notre Rouget est exactement la môme maladie que celle que produit le Tlialsahuate et que tout ce que l'on dit de celui-ci s'applique à celui-là. Or, comme les Rougets sont très com- muns en France, surtout aux environs de Paris à l'époque oij le fait ci- dessus raconté s'est passé, rien ne prouve que ce n'é- tait pas un Rouget indigène qui s'était attaché à la paupière de la petite fille de M. Biard. Cette hypothèse est même infini- ment plus probable que celle de l'importation du Rouget exo- tique, le Thahahuale. Traitement. —Le prurigo de Rouget s'éteint toujours spon- tanément et assez vite. Cependant si l'on veut se débarrasser rapidement de ces parasites, une friction de benzine aux en- droits où ils sont fixés les tue rapidement. 11 suffit ensuite d'un î)ain simple ou de lotion d'eau acidulée avec du vinaigre pour calmer l'irritation qui persiste encore. Quand le Rouget est fixé à des parties délicates comme les paupières il faut l'extraire avec la pointe d'une aiguille. Les chiens, comme nous le verrons plus loin, sont très sujets aux attaques des Rougets. PRURIGO DERMANYSSIQUE. — Rappelons que les poulail- lers et les pigeonniers sont ordinairement habités par une es- pèce acarienne, de la famille des Gamasidés et du genre Derma- nysse (le Z^emanyssws g-aZ/mœ de de Geer), qui y pullule et qui vit du sang sucé sur les oiseaux sur lesquels elle se répand pendant la nuit. La population dermanyssique est quelquefois tellement abondante que les habitants du poulailler ou du colombier ne suffisent plus à ses appétits et qu'elle se répand au dehors sur d'autres mammifères à sa portée et même sur l'homme. Nous parlerons plus loin du prurigo dermanyssique du cheval, que ce pachyderme contracte quand l'écurie où il loge est en com- munication avec un poulailler. En ce qui regarde les attaque^ I ACARIENS. 319 de l'espèce humaine, par les Dermanysses, ce sont les filles de basse- cour, chargées des soins à donner aux volailles, qui y -ont exposées. La démangeaison causée par les piqûres des Dermanysses est i assez vive, fugace, et passe spontanément puisque les Derma- 1 nysses ne s'acclimatent pas, et par suite ne pullulent pas sur l'homme. Sous le titre de « Soj^e d'Acaride » Bory de Saint-Vincent a décrit et figuré dans les Annales des Sciences naturelles (1" sé- rie, XVIII, p. 125, pl. II, fig. 6), un Acarien que P. Gervais regarde comme un « Dermanysse d'espèce douteuse ayant les deux pat- tes antérieures les plus longues palpiformes, un corps renflé garni de poils à son pourtour, une tache noire tirant sur le rouge à son centre ; égale en grosseur à la moitié d'un grain de tabac. » Cet Acarien a été observé sur une dame d'une qua- rantaine d'années qui éprouvait sur toutes les parties du corps de légères démangeaisons devenant de plus en plus fortes et à la fin insupportables; lorsqu'elle frottait ou grattait les points les plus irrités il en sortait les Acariens en question qui cou- raient par milliers dans tous les sens. Ces animaux semblaient se plaire dans du coton ; plusieurs individus placés dans uno boîte sur un morceau de calicot ont vécu de 48 à 50 heures. Ces animalcules sortaient-ils réellement de la peau de cette dame? N'en serait-il pas de ce fait comme de celui, très ana- logue, rapporté par M. Simon, d'une femme de Berlin chez la- quelle la peau semblait aussi produire de petits Acariens ? On découvrit que c'était des Dermanysses vulgaires que cette femme prenait chaque jour sous un poulailler. Raspail, dans son livre « Sur la santé et la maladie » dit qu'il : a été témoin de l'action sur l'homme du Dermanysse des pigeon- niers qu'on reconnaît facilement à ses figures bien qu'il l'appelle jeune tique, nom qu'il donne à tous les Acariens vagabonds ; voici ce qu'il en dit: «La jeune tique, que représentent sous deux aspects diffé- rents les figures 1 et 2 de la planche III était devenue très commune au Petit-Montrouge en 1839, au moins dans toutes les maisons dont les jardins longent la rue neuve d'Orléans. A l'œil nu, elle a l'air d'un petit point noir en mouvement ; elle est [ si blancheen effet qu'elle n'apparaîtque parles arborisations de 3 sa carapace. Le corps a à peine un millimètre de long, il est dur i 320 CHAPITRE V. et corné presqu'autaiiL que l'insecte de la gale, les pattes sont transparentes et incolores avec cinq articulations apparentes au moins. Les arborisationsnoires de la carapace sont disposées comme quatre anneaux se réunissant deux à deux... C'est le jeune âge de l'Acarus du pigeon. a Cet insecte s'attachait aux jambes et aux bras des enfants et des adultes sur le trajet des veines et veinules superficielles et les couvrait de boutons oblongs ayant la forme ovale des bul- les qu'on trouve dans le verre ; ils se terminaient sans suppu- ration, se desséchaient et offraient, quand on enlevait la croûte, une tache rouge avec un pointillé noir. Il fut un soir où nos voisins ne pouvaient pas mettre le pied dans leurs petits jar- dinets sans en revenir les pieds et les jambes couverts de ces pustules qui leur donnaient pendant toute la nuit la fièvre de la démangeaison. C'était pour tout le monde un cas d'éruption épidémique dont la cause ne fut bien connue que quand je l'ob- servai à la loupe. « A l'état adulte cet Acare a près d'un millimètre et demi ; son abdomen ayant grossi fait paraître les jambes plus courtes, sa couleur est d'un bleu noir luisant sur lequel les taches noires des jeunes se dessinent par deux fers à cheval d'un blanc de lait se regardant par leur concavité, car ici, sur ce fond noir opaque, ces organes se voient par réflexion et non par réfrac- tion. « Or, tous nos voisins élevaient des pigeons ainsi que nous, et on ne fumait les jardins qu'avec de la colombine ; sur les pigeons pullulaient tellement les Acares qu'on ne pouvait les prendre avec les mains sans avoir la peau couverte de ces ti- ques de tous les âges et de toutes les nuances de couleur ; les oiseaux de nos volières en étaient assaillis et même les plantes des jardins. J'en fus piqué moi-même dans la barbe et j'en eus un véritable furoncle avec bourbillon. « Toute calamité disparut, une fois qu'on eût fait enlever les pigeons et enfouir la colombine. » PIQURES D'IXODES ET D'ARGAS. — En France et en Eu- rope, les Ixodes seuls attaquent quelquefois l'homme, la seule espèce d'Argas que nous ayons, et qui encore devient très rare, ne s'en prenant qu'aux pigeons. Les Ixodes, vulgairement Tiques on Poux de bois, se rencontrent ACARIENS. 321 parfois, ayant le rostre planté dans les téguments, chez les chas- seurs ou chez les personnes qui se sont reposées dans des bos- quets. Cet Acarien enfonce son rostre dans la peau comme on enfonce un trocart ; les petits crochets récurrents qui garnis- sent le dard maxillo-labial et l'extrémité des mandibules l'em- pêchent de sortir du point où il a pénétré, et il est engagé d'une manière tellement solide que, si on cherche à l'en détacher vio- lemment, ce rostre se rompt et reste dans la plaie. Lorsque l'acarien enfonce son rostre, on ne le sent pas et on ne s'aper- çoit de sa présence que quand il a pris les dimensions, la forme et jusqu'à la couleur ardoisée d'une graine de Ricin; il res- semble à une petite tumeur étroitementpédiculée et on éprouve alors de violentes douleurs si on la tiraille et si on cherche à l'enlever de force. L'absence complète de douleur qui caracté- rise l'introduction du rostre des Ixodes, si formidablement ar- més, prouve bien que ce rostre est, à lui seul, impuissant à causer les accidents symptomatiques qui accompagent la morsure des Acariens psoriques et qu'il faut l'accompagnement d une salive irritante. La piqûre des Lxodes ne produit jamais d'accident sérieux Si, en voulant détacher le parasite, on provoque la rupture du rostre qui reste dans la plaie, il y a alors un petit travail élimi- nateur, un très petit point suppurant qui a pour but d'éliminer le rostre en question. Pour éviter ce petit accident, il faut provoquer le détache- ment entier et spontané du parasite en le touchant avec une goutte d essence de térébenthine ou de benzine ; il retire alors son bec tout seul et tombe. En Amérique les Ixodes portent le nom de Gampattes. Leur grand nombre fait que l'homme est peut-être plus sujet à leurs attaques qu en Europe. Leur action est la même. Des voya- geurs ont cependant prétendu que la démangeaison que leur piqûre provoque est plus forte qu'en France ; ainsi M.^assier raconte avoir vu au Brésil une dame, au retour d'une prome- nadedansunbois,êtreobligéedesejetertouthabilléedansl'eau pour échapper au feu qui la dévorait. Un chasseur lui a raconté qu 11 avait été forcé plusieurs fois, après une journée de chass seau M^nr "f" 'l ^^"^ ruis: seau. M Dassier lui-même a gardé plus d'un an au bras eau che un bouton produit par un GarapaUe mal extirpé ; pendant" MÉGNiN. — Les Parasites. 21 322 CHAPITRE V. un an il ressentit, à divers intervalles, des démangeaisons aussi fortes que le premier jour. Deux Argas exotiques attaquent l'homme à la façon des Ixodes, ce sont: VAi'gas chinche, qui habite la Colombie d'oii il a été rapporté par M. Justin Goudot, elVAi^gas de Perse ou Punaise de Miana. Ces grands Acariens habitent les vieilles maisons et surtout les masures, à la façon des punaises, et se jettent sur les hommes endormis. On a raconté une foule d'histoires sur leur compte : Goudot dit que le Chinche fait beaucoup de mal en Colombie, et Fischer de Waldheim, qui a consacré à V Argas de Perse un mémoire inséré dans les actes de l'Académie de Moscou (in-4°, 1823), dit que les piqûres de ce dernier produisent une vive douleur et assure, d'après les récits des voyageurs Kotzebue et Dupré, qu'elles peuvent entraîner la consomption et la mort, chez les étrangers seulement, car elles sont inoITensives pour les indi- gènes (!). ACTION DU DEMODEX FOLLICULORUM DE L'HOMME. — Ce parasite paraît très commun chez l'homme, chez lequel on le rencontre à tout âge, excepté chez les jeunes enfants : sur dix personnes on en trouve toujours une ou deux chez les- quelles on peut l'observer. Gruby assure que sur soixante per- sonnes quarante lui en ont présenté. Cette proportion nous paraît bien forte. Nous avons vu que le Demodex se rencontre dans les con- duits normaux ou dilatés des glandes sébacées, particulière- ment des ailes du nez oii ils sont mêlés à la matière sécrétée, et dans les follicules des poils follets sur lè nez, les joues et le front. Ces animalcules ne déterminent chez l'homme aucune ac- tion morbide. Quand ils sont nombreux, la peau du point oii ils habitent devient rouge et un peu tuméfiée, enfin il se produit une tanne qui s'accompagne quelquefois d'un peu de déman- geaison, mais c'est tout. Les lavages fréquents au savon les font disparaître. i Nous verrons plus loin qu'une espèce voisine, ou une variété, cause chez le chien une maladie de peau terrible à laquelle cet animal succombe fréquemment et sûrement s'il n'est pas traité avec beaucoup de soins. ACARIENS. 323 AFFECTIOIVS ATTRIBUÉES A TORT A DES ACARIENS. — Nous avons vu, dans la partie descriptive consacrée aux Aca- riens, que, dans leur nombre, qui s'élève à un millier et plus d'espèces, s'il y a un grand nombre de parasites, par contre les Acariens réellement dangereux sont relativement peu nom- breux. L'ignorance de ce fait et surtout l'absence de généralisa- tion de connaissances exactes sur l'histoire naturelle et la bio- logie des Acariens font qu'un grand nombre de ces êtres, trouvés sur l'homme ou les animaux où ils étaient tout à fait accidentellement, ont été regardés comme cause d'accidents ou d'affections auxquels ils étaient tout à fait étrangers, parce qu'ils ressemblaient plus ou moins aux Acariens psoriq'ues et qu'on était porté par analogie à leur attribuer la même action. Nous signalerons en leur lieu et place les erreurs de ce genre' commises en ce qui regarde les animaux. Nous allons signaler ici celles qui ont été faites en médecine humaine. Acarus margmaius, Uermann. — B ans son Mémoire aptéro- logique (Strasb., 1804), pag. 76, pl. VI, fîg. 6, Hermann décrit et figure un Acarien qu'il est facile de reconnaître pour la femelle du Gamase des Coléoptères ou du Gamase des foins qui pul- lulent dans les ordures de toutes sortes, le fumier,' le vieux fom, les vieilles étoupes, la charpie, le linge sale, etc. Or, voici ce que l'auteur dit do cet Acarien : « Le 18 thermidor de l'an II, le peintre qui a dessiné l'espèce en question assista à une dissection du cerveau faite par le chi rurgien Brasdor à l'Hôpital militaire de Strasbourg. Le suiet avait une forte fracture du crâne; mais la dure-mère n'avait reçu aucune atteinte. Lorsque les deux hémisphères du cerveau furent écartés et la pie-mère ôtée, le peintre vit courir sur le corps calleux la mite dont je viens de donner la description • îlpVorta! '''' ^'^"^^^°PP^ dans du papier et mê «On dira probablement que cette mite s'est introduite du dehors; mais les mites ne cherchent pas pareils endroits: Je crâneavait été ouvert auparavant: la planche sur laquelle était posé le cadavre ainsi que le local étaient bien propres « D'ailleurs d'autres observations prouvent que des' mites et des msectes pareils ont été trouvés dans des endroits extraor dinaires On connaît les mites trouvées dans la conjonctive de" 1 œil qu unefemme de Paris avait l'habitude de retirer avec une 324 CHAPITRE V. aiguille d'argent aux personnes de son quartier qui en étaient aiïectées. Le fait est rapporté dans une lettre du chirurgien du roi Lejeune, insérée dans le traité de Guillemeau sur les mala- dies des yeux, répété par Mouflet {ThécOr. Ins., p. 267) et par Gendron [Maladies des yeux, t. II, p. 91), qui raconte aussi à cette occasion que le chirurgien Petit lui a assuré avoir observé le même cas. Les Cirons ou Comedones sont connus, et, quoi- que plusieurs médecins n'aient pas voulu les admettre comme insectes, mais les aient regardés comme des poils ou des por- tions de graisse épaissie, il se pourrait fort bien qu'ils eussent le sort des Hydatides et qu'ils fussent reconnus enfin pour être des animaux. Les Grinons, revendiqués par Chabert, difl'érents peut-être des Comédones, me le font croire : du moins les fi- gures de ces derniers, données par les auteurs, ne sont pas des Ascarides. Les mites de la gale, dont l'existence est mise hors de doute depuis les observations de Wickmann {Éliologie de la gale, Hanovre, 1786), ont-elles été trouvées jusqu'ici ailleurs que dans les pustules delà gale ? N'est il pas possible que certains insectes soient congenùa, et propres à certains animaux et à certaines parties intérieures des animaux, comme les vers ? Est- il déraisonnable de croire que, tout comme certains insectes, tels que les Poux, ne sauraient vivre que sur certains animaux, il en est d'autres qui ne pourraient subsister que dans l'inté- rieur de certaines parties, ou que, peut-être, leurs œufs ou leurs germes ne peuvent se développer que quand ils ont été portés à ces endroits ? Ne savons-nous pas que les Hydatides ne s'at- tachent qu'à certaines parties, les unes à l'écorce du cerveau, au plexus choroïde, d'autres au mésentère ? Les anguilles de Roiï'redi auraient-elles plus de facilité de passer le long des tuyaux de chaume que les germes des insectes par les plus petits vaisseaux? Ne savons-nous pas d'ailleurs que des substan- ces brutes et grossières, des épingles et d'autres corps, se sont montrés et sont sortis du corps humain à un endroit fort éloi- gné de la place oii ils étaient entrés et qu'on a de la peine à concevoir comment ils y sont parvenus ? Comment expliquera- t-on les autres maladies pédiculaires, rares à la vérité, mais tou- jours bien constatées? D'où viennent les millions de Poux qui se montrent dès le troisième jour dans la PUca polonka, comme le rapporte le très exact descripteur de celte maladie, Lafon- taine, dans ses Traités de chirurgie et de médecine, imprimés à. ACARIENS. 325 Breslau et à Leipzig en 1792 ? Il est à savoir, au reste, si ce sont des Poux ou des Mites, car ordinairement les praticiens, et souvent les meilleurs, ont pu confondre des choses qui no sont que semblables. C'est ainsi que pendant longtemps les Mites et les Poux avaient été confondus même par des natura- listes de profession. « Justamont n'avait peut-être pas si tort de supposer que le virus cancéreux pourrait bien venir des Mites, dont les germes, nécessairement beaucoup plus petits qu'elles-mêmes, s'intro- duisaient par les vaisseaux lymphatiques. Voyez son traité On cancerom disorder, Londres, 1780. Depuis Linné personne n'a décrit la Mite rejetée avec la matière dysentérique, et, quoi- que ce grand auteur dise qu'il n'a trouvé entre la Mite de la farine, de la gale, delaphthisie et de l'hémitritée d'autres diffé- rences que celles du lieu, on peut cependant bien admettre que ces espèces ne sont pas les mêmes, comme il est bien avéré aujourd'hui que celle de la gale est bien différente, quoi- que Linné dise qu'il a à peine trouvé de la différence « Gen'est pas, au reste, la première fois que des insectes ont été trouvés dans le cerveau. Nelius Gemna, dans sa Cosmocritica, p. 241, rapporte que, le crâne d'une femme ayant été ouvert Il y a été trouvé quantité de vermicules et de punaises; c'est ainsi quil les appelle, c'était sans doute d'autres Insectes. On en trouvera probablement plusieurs cas si on veut se donner la peine de consulter les observateurs. Il est à présumer que cer- tains Insectes ne se trouvent qu'isolés dans le" corps humain et n y sont pas observés par cette raison, mais qu'ils causent dans certaines circonstances, de grands ravages et des mala- dies dont on ne devine pas l'origine; de la même manière que d autres Insectes vivent sur les plantes pendant plusieurs années sans causer de dommages apparents, mais deviennent un très risem eurTu- r ^^^^^^^ — ' - ! risent leur multiplication. d'aLtmie mf fi!' Lauth, professeur nin^! T' P'^^^ trouvé sur la glande pméale d un maniaque décédé à l'hôpital. Tout le monde le prit pour un Morpion, mais je le reconnus pour une nouvellè ep cède Mite, ressemblant pour la taille eî la couleur à une espèce que je retrouve très souvent parmi la terre humide dans les coins de ma cave, VAcarus cel/ans « ' ' 32(5 CHAPITRE V. Si nous avons cité tout au long les rédexions d'Hcrmann sur son Acarus du cerveau, c'est que, dans les efforts qu'il fait pour faire accepter son interprétation sur un prétendu para- site qui était tombé accidentellement sur la pièce anatomique soit des linges, soit d'ailleurs, il invoque tous les exemples ana- logues, et nous montre comment, de son temps, ou peu de temps auparavant, on admettait un Acarus du cancer, un Acarus de la phthisie, un Acarus de la folie, un Acarus de la dyssenterie, etc., qui n'étaient certainement tous que des Aca- riens vagabonds trouvés accidentellement sur des pièces ou dans des liquides pathologiques. Du reste les mêmes erreurs se sont reproduites et se repro- duisent encore de temps en temps de nos jours, ainsi que le prouvent les exemples suivants : M. le D"^ Laboulbène a décrit et figuré sous le nom de Tyro- glyphus Mericourli [Annales de la Société enlomologique de France, 1851, 2" série, p. 301, pl. IX, fig. 4) un Acarien trouvé par M. Le- roy de Méricourt dans le pus qui s'écoulait de l'oreille d'un marin. Cet Acarien, nommé aussi par Moquin-Tandon Aca- t'opse, a été reconnu plus tard, par M. Laboulbène lui-même, comme étant un véritable Cbeylète ; or, d'après la ligure qu'il en a donnée, on voit qu'il ressemble trait pour trait au Cheyktus eruditus, espèce vagabonde qui, comme nous l'avons dit, se trouve abondamment dans les poussières végétales, dans les vieux livres et dans le vieux linge, et nous pensons qu'il avait pour origine là charpie et les linges à pansement. Nous l'avons souvent rencontré sur des chevaux avec d'autres Acariens des fourrages qui, comme lui, étaient tombés du râtelier. Dernièrement nous avons été invité à déterminer l'espèce d'un Acarien trouvé dans le pus qui s'écoulait de l'oreille d'une femme. Or, cet Acarien n'était autre qu'un Cœpophage épmeux, Sarcoptide détriticole qui vit sur les tubercules ou sur les ra- cines desséchées ou en décomposition, et qui provenait cer- tainement des racines de guimauve avec la décoction desquelles la malade se faisait des injections. Hessling a trouvé dans la Plique polonaise {Mûnschrer il- lustrierte Zeitung, 1852) des Acariens qu'il regarde comme nouveaux et qu'il a nommés, l'un Futarsus cancnformis et 1 au- tre Cœlognnthus morsitans. Or, d'après les descriptions et es ligures qu'il en a données et qui sont reprodmtes dans le m- ACARIENS, 327 nuL'l d'anatomie pathologique de Fôrster (traduction de Kaula, Paris et Strasbourg, 1853), on voit qu'il s'agit, pour le premier de ces prétendus parasites, d'un Trichodactyle, c'est-à-dire d'une larve hypopiale d'une espèce de Tyroglyphe, et pour le second d'un véritable Tyroglyphe, Acariens qui se rencontrent dans les matières en décomposition et qui avaient probable- ment été attirés sur la tête du malade par la matière sécrétée et altérée qui s'en écoulait. Ils y avaient peut-être été portés aussi par des mouches auxquelles leurs larves hypopiales adhè- rent souvent. Enfin nous terminerons ce paragraphe en déclarant que nous avons eu à plusieurs reprises à examiner des Acariens que nous soumettaient des médecins, lesquels Acariens avaient été rendus avec l'urine, prétendait-on, ou venant des parties sexuelles, tandis qu'ils n'étaient autre chose que des Acariens détriticoles attirés dans des vases malpropres par des résidus qui y existaient. Acariens appartenant presque constamment aux genres Tyroglyplius et Gbjciphagus. § 2. — Animaux domestiques indigènes. A. Dermatoseg acarienucs ilu CHEVAIi. Le cheval est susceptible d'être attaqué par trois Acariens psoriques différents, savoir : le Sarcoptes scabiei variété equi, le Psoroptes longirostrù variété e^jui et le Chorioptes spat/iiferus, de là trois variétés ou plutôt trois espèces de gales différentes. Il est en outre attaqué quelquefois par des Ixodes et par des Dermanysses qui causent d'autres éruptions. 1. GALE SARCOPTIQUE. Synonymie. — Gale sèche (La Guéri- nière) ; gale symptomatique (Huzard fils) ; gale épizoolique (au- teurs divers), etc. DéOnitiou. — La gale sarcoptique du cheval est une affection cutanée, caractérisée par une éruption symptomatique vésicu- leuse, prurigineuse, prenant promptement la forme eczéma- teuse sèche, très contagieuse, causée par le Sarcoptes scabiei, vâ- riété equi. Cette gale n'est bien connue que depuis la grande épizootie qui s'abattit sur les chevaux de l'armée française à la suite de la guerre de 1870-71. Auparavant, on regardait cette maladie 328 CHAPITRE V. comme causée exclusivement par la misère, les privations, les mauvais fourrages, etc., etc. iVoBogrraphie. — Syniplômes. — Le premier symptôme visi- ble de la gale sarcoptique est la démangeaison : on voit le che- val essayer de porter la dent sur son dos, sur ses côtes, ou se frotter contre les corps environnants ; au pansage, l'action de l'étrille surtout lui cause une telle satisfaction qu'il s'appuie sur l'homme qui le panse, et se penche tellement de son côté, qu'il menace de se laisser choir; la seule action de l'ongle pro- voque chez le cheval galeux une jouissance qu'il manifeste par des mouvements caractéristiques du bout du nez. Le deuxième symptôme de la gale sarcoptique, par ordre de succession, est l'apparition du bouton de gale. Lorsqu'on passe la main sur les parties du corps où l'animal cherche à se gratter, particulièrement de chaque côté du garrot et de l'encolure, on constate, par le toucher, l'existence d'une foule de pe- tites granulations, comme si du sable grossier avait été semé au fond des poils; en écartant ces poils, on trouve à leur base de très petites croûtelettes étreignant par leur base deux ou trois poils, faciles à détacher avec l'ongle, et lais- sant à leur place de petites exulcérations humides, larges à peine de 2 ou 3 millimètres et sans profondeur ; on voit que c'est l'é- piderme seul qui est absent, et que c'était une vésicule dont le contenu desséché forme la croûtelette. Par exception, nous avons vu, sur certains chevaux, ces petites tonsures humides avoir 4 à 5 millimètres de diamètre. Ces petites tonsures, qui sont d'abord clairsemées et qui rendent le cheval comme mou- cheté, ne tardent pas, en se multipliant, à devenir confluentes et à donner lieu à des surfaces plus ou moins larges, tout à fait dépourvues de poils, sèches, couvertes d' exfoliations épidermi- ques et de très fmes croûtelettes minces, qui sont de véritables eczémas. I La gale sarcopiique du cheval est donc essentiellement eczé- mateuse, et peut être facilement confondue avec des eczémas non parasitaires, entre autres avec l'eczéma dartreux sec, quia tout à fait la même marche, la même physionomie et qui s'ac- compagne de la même démangeaison. Cette confusion se fait encore tous les jours, et par des praticiens émérites, mais qui n'ont pas encore la pratique du microscope et de la recher- ACARIENS. che des Sarcoptes, seul moyen de distinguer l'une de l'autre ces affections. Après la période eczémateuse, qui constitue la deuxième pé- riode de la gale sarcoptique, — la première période vésiculeiise, n'étant pas perceptible chez le cheval où elle est annoncée seulement par la démangeaison, — vient la période lichénoïde ou troisième période. Cette troisième période arïive assez promptement, et est aidée en cela par les grattages qui viennent ajouter à l'irritation et à l'épaississement de la peau. Celle-ci devient sèche, chagrinée et forme des plis durs et épais, enfin elle a tout à fait la forme rugueuse de certaines écorces d'arbres, de ces productions sè- ches cryptogamiques qu'on appelle lichen, nom très juste que l'on a pris pour caractériser l'aspect particulier de la peau dans les eczémas anciens, qu'ils soient artificiels, parasitaires ou dartreux. En résumé, en dehors des trois lésions caractéristiques, qui ne sont en réalité que trois degrés successifs delà même lésion, à savoir ; eczéma vésiculeux, eczéma furfuracé, eczéma lichénoïde, on ne rencontre, dans la gale sarcoptique, que des lésions tout artificielles dues aux grattages, des excoriations, et ceux qui ont décrit comme caractéristique de cette affection des pustu- les des papules, des sillons, prouvent par là qu'ils ne l'ont jamais distinguée et qu'ils font de la pathologie humaine sur la peau du cheval. Après le prurit et Véruption, le troisième symptôme, dans l'ordre des constatations, mais le premier comme importance et le seul véritablement pathognomonique de la gale sarcopti- que, est celui que fournit la découverte du Sarcopte lui-même. Nous avons indiqué plus haut le moyen de le chercher et nous n'y reviendrons pas, mais nous devons signaler une cause d'er- reur qui se présente fréquemment dans l'examen des croûtes d'un cheval galeux. Dans tous les détritus épidermiques de la peau du cheval, aussi bien en bonne santé que malade, on trouve des cadavres d'Acariens provenant des fourrages ; ce sont des Glyciphages (fig. 46), des Tyroglyphes (fîg. 47), des Cheylè- tes (fig. 55), des Gamases, etc. ; on pourrait les prendre pour des restes d'Acariens psoriques et conclure à tort, sur cette base, à l'existence de la gale; les trouverait-on vivants, ce qui est très rare, qu'il en serait de même, attendu qu'ils sont par- 330 CHAPITRE V. failemonl inoffensifs. Les nymphes hypopiales des Tyrogly- phcs (fig. 51), que l'on rencontre vivantes et quelquefois en très grand nombre sur les animaux, peuvent être prises, avec plus d'apparence encore, pour des Acariens psoriques, et cela est arrivé môme à Gurlt et à Gerlach, car leur Symbintes elepliantis n'est pas autre chose qu'une de ces nymphes très innocentes. Il est nécessaire, pour éviter des erreurs de diagnostic, de connaître ces différents animalcules, et nous avouons que cette étude, aussi bien que la pratique du microscope qu'il est néces- saire de posséder, viennent singulièrement compliquer l'étude des maladies de peau de nos animaux domestiques, carie der- matologiste vétérinaire n'est complet que s'il est doublé d'un naturaliste et d'un micrographe dessinateur. Ajoutons cepen- dant que l'observation attentive de la marche envahissante de la maladie, la constatation de ses propriétés contagieuses peu- vent jusqu'à un certain point tenir lieu de la découverte du Sarcopte, et constituent des symptômes d'une importance presque aussi grande, et, dans la plupart des cas, suffisants pour conclure à l'existence de la gale sarcoptique. Marche. — La gale sarcoptique est assez lente à ses débuts, mais elle marche avec une rapidité effrayante à une certaine pé- riode de son évolution, on le comprendra facilement, car la ra- pidité de sa marche est en raison directe de la multiplication des parasites, multiplication qui, elle-même, est régie par la loi des progressions géométriques croissantes. On a calculé qu'une femelle de Sarcopte mettait au monde, dans le courant de son existence, une trentaine d'autres femelles, — sans comp- ter quatre ou cinq mâles, — lesquelles, au bout de huit jours, sont aptes à reproduire ; en faisant le calcul, on obtient comme produit, au bout de deux mois, plusieurs millions d'individus. Cela explique pourquoi, dans un régiment de cavalerie que la gale envahit, après avoir eu pendant plusieurs semaines seule- ment trois ou quatre galeux à soigner, on finit par en compter quinze ou vingt nouveaux par jour, La durée de l'incubation, c'est-à-dire la durée de temps qui s'écoule depuis le moment où le cheval a été infecté jusqu'à celui où les premiers symptômes apparaissent d'une manière bien manifeste, est d'une quinzaine de jours. Nous avons été à même d'en faire la constatation bien rigoureuse en 1872. Une fois développée chez l'individu, la marche de la gale sar- ACARIENS. ^-il coptique est très rapide, car, en moins de huit jours, elle gagne les extrémités du corps les plus opposées à son point de départ. Le point de départie plus ordinaire de la gale sarcoptique du cheval est le garrot; de là elle s'étend, en s'irradiant, le long des faces de l'encolure, sur les épaules et le dos. Le Sarcopte ne paraît pas aimer les régions couvertes de crins de l'encolure et de la queue, — la peau y est probablement trop épaisse pour lui, — caries crins restent adhérents, bien que tous les poils avoisinants soient tombés ; il est, en ce point, l'opposé du pso- ropte, qui paraît affectionner, au contraire, les régions couver- tes de crins. D'autres fois, mais beaucoup plus rarement, la gale sarcopti- que débute par la tête, par la croupe, par les flancs, etc. ; c'est que la contamination s'est faite par ces points. aturt'c, terminaison. — On n'a aucune donnée pour apprécier la durée naturelle de la gale sarcoptique, un traitement étant toujours appliqué dans le cours.de son existence; on ne peut savoir, par conséquent, si elle a une terminaison naturelle, si cette terminaison peut être une guérison spontanée, ni même si les terminaisons fatales qui la suivent quelquefois sont réelle- ment le fait exclusif de cette maladie plutôt que de traitements intempestifs, ce à quoi nous inclinons fort à penser, d'après tout ce que nous avons vu. Une fois la gale sarcoptique guérie, on peut remarquer que, sur toutes les parties lésées, le poil repousse avec une grande rapidité, de manière à former des mèches tranchant par leur longueur avec celles du poil voisin qui a été tondu, effet que produisent ordinairement les vésicatoires légers ; mais on re- marque, en même temps, que ce poil n'a plus sa couleur pri- mitive ; il est, en général, plus foncé, et cette coloration extraordinaire persiste jusqu'à la première mue, époque où elle disparaît. Contag^ion «les animaux entre eux et à l'homme. — Nous avons déjà dit que les Sarcoptes qui vivent le plus superfi- ciellement sont les larves, les nymphes, les jeunes femelles fécondées et les mâles ; ce sont eux surtout qui sont les agents de la transmission de la maladie, et non les femelles pondeuses qui sont cachées au fond de leur terrier, à moins qu'elles ne 332 CHAPITRE V. soient arrachées violemment de leurs repaires par des grat- tages énergiques qui amènent le sang. La contagion s'opère par le contact d'un animal galeux avec un animal sain, mais plus souvent par le contact d'un animal sain avec des instruments de pansage qui auraient servi à des galeux, avec les parois des stalles ou des écuries, contre lesquelles un animal galeux se serait frotté. Les Sar- coptes ne vivent pas longtemps loin de leur habitat naturel, mais leurs œufs conservent leur faculté germinative pendant de longs mois et même des années. La science a enregistré de nombreux faits de contagion de la gale du cheval à l'homme. Nous devons avouer que, dans un régiment où nous avons eu plus de trois cents galeux à faire soigner, nous n'avons pas vu un seul cas de transmission bien caractérisé, aux trente et quelques hommes occupés exclusi- vement à ce service ; quelques-uns, entre autres le brigadier- maréchal, ont présenté aux avant-bras une petite éruption prurigineuse, dans laquelle il nous a été impossible de retrou- ver le moindre Sarcopte, malgré des recherches attentives et soutenues, et quoiqu'il y eût quelques sillons bien courts. Cette éruption a, du reste, disparu avec une seule friction locale de pommade d'Helmeric. Notre opinion sur ce point est que, tant que le Sarcopte a à sa disposition un terrain qu'il affec- tionne, il n'en change pas volontiers, sans nier toutefois la possibilité d'un accHmatement sur un nouveau terrain. Diag'nostic différentiel. — La gale sarcoptique du cheval peut être confondue avec plusieurs autres dermatoses. A ses débuts, elle a une grande analogie d'aspect avec la dermatose causée par V Hemalopinus lemdrosfris, et surtout avec celle causée par le Dermavyssus gallinœ ; comme celle-ci, elle est caractérisée par de petites dépilations arrondies semées sur la surface du corps ; seulement, dans cette dermatose, les petites dépilations restent isolées, tandis que dans la gale sarcoptique elles sont promptement confluentes, de sorte qu'à ce moment il n'y a plus d'analogie. Dans sa période d'état, la gale sarcoptique a tout à fait l'aspect de l'eczéma gourmeux et de l'eczéma dartreux ; le premier s'en distingue par l'absence de prurit et par sa marche rapide vers une guérison spontanée. Quant au second, qui s'ac- ACARIENS. 333 compagne da même prurit^ de la même tendance à l'exten- sion — moins rapide cependant dans l'eczéma sarcoptique, — à la chronicité, à la forme lichénoïde ; la difficulté de le distinguer de la gale est réellement extrême, et nous conce- vons parfaitement que, si les recherches microscopiques n'ont pas été faites ou l'ont été mal, si des faits de contagion ou de rapide propagation ne sont pas venus frapper les yeux, nous concevons, disons-nous, que la distinction ne puisse être faite. Il n'y a plus alors que les résultats du traitement qui puissent donner quelques renseignements sur la nature de la maladie. La gale sarcoptique diffère de la gale psoropti'que, en ce qu'elle est bien plutôt générale et bien plus contagieuse. La dernière reste ordinairement localisée à l'encolure, à son bord supé- rieur qu'elle dénude, et dont elle provoque la tuméfaction et le plissement ; ses croûtes sont plus grossières, plus humides, enfin sa surlace est mieux délimitée, et sa base plus tuméfiée, rappelant tout à fait celle de l'impétigo granulé ; enfin son parasite, facile à découvrir, est très distinct du Sarcoptes sca- biei par sa taille et ses caractères génériques et spécifiques. Quant à la gale chorioptique, sa localisation aux extrémités, sa marche très lente de bas en haut, sa faible puissance con- tagieuse et son parasite facile à trouver, à reconnaître, per- mettent de la distinguer facilement de la gale sarcoptique. Pronostic. — La gale sarcoptique est la plus grave des trois variétés de gale du cheval ; c'est la seule qui revête la forme épizootique, et, à ce compte, elle peut causer de grands dom- mages. Si elle ne compromet pas, par elle-même, la vie des animaux, elle compromet leur utilisation pendant un temps plus ou moins long, et la propriété qu'elle a d'être, jusqu'à un certain point, contagieuse à l'homme, propriété que ne possè- dent pas les deux autres gales, vient ajouter à sa gravité. Cette gravité a cependant beaucoup diminué depuis que l'on connaît bien sa nature, et que l'on a des moyens sûrs de la guérir promptement et radicalement. Traitement. — Le traitement de la gale sarcoptique du cheval doit avoir deux objets : atteindre, d'une part, la cause déterminante ; d'autre part, les causes prédisposantes. . A. — On s'attaque à la cause déterminante, c'est-à-dire au 334 CHAPITRE V. Sarcopte, par des agents qui ont Ja propriété de tuer le para- site. Mais si les parasiticides sont nombreux, il y a un grand choix à faire parmi eux ; beaucoup sont dangereux, et il ne faut pas s'exposer, en voulant tuer une mouche, à écraser la tête de celui qui la porte, comme l'ours de la fable. Certaine- ment, on guérira la gale sarcoptique avec le pétrole et la benzine, mais en causant, en même temps, une irritation de la peau qui persistera pendant de longues semaines, en pro- voquant l'apparition d'une affection artificielle qui a autant d'inconvénients, au point de vue de l'utilisation de l'animal, que la gale elle-même. C'est ce qui résulte d'expériences nombreuses et répétées que nous avons faites. Ces mêmes expériences nous ont démontré qu'on peut guérir la gale au moyen de substances qui tuent l'Acarus en laissant à la peau toute sa souplesse et toute sa netteté, ce qui permet l'uti- lisation du cheval immédiatement après sa guérison, qui peut être obtenue en huit jours. Il y a deux substances qui sont deux acaricides par excellence : le soufre et la nicotine. Ces substances, mêlées à des excipients doux comme les corps gras liquides ou non, constituent les meilleures préparations contre la gale. On peut préparer une pommade soufrée économique avec des graisses communes allongées d'huile, qui sera' très effi- cace, dans la proportion de 200 grammes de soufre sublimé pour 1 kilogramme de graisse. Le carbonate de potasse qui entre dans la pommade d'Helmeric, du Codex, est parfaitement inutile. Les déchets liquides des manufactures de tabac, dans la pro- portion de 100 grammes de ces déchets pour 1 kilogramme d'huile très commune, constituent une autre préparation aussi efficace que la première et encore plus économique. Une précaution indispensable, lorsque Ton traite un cheval atteint de gale sarcoptique, c'est que la première onction, accompagnée de vigoureuses frictions, soit bien générale, et, après la tonte, tout aussi générale ; il ne faut pas croire qu'il suffise de traiter seulement les parties en apparence seules atteintes ; on se tromperait gravement, car les jeunes 'Acariens se promènent partout, et il ne faut pas oublier qu'ils sont les principaux agents de la propagation. Trois ou quatre jours' après la friction, il faut enlever la graisse par un bon savon- ACARIENS. 335 nage ; si la première friction a été bien faite, il est rare qu'on soit dans la nécessité de recommencer ; après quelques jours, d'observation, l'animal pourra être remis au travail. Si les démangeaisons persistent quelque part, il faut recommencer la friction, toujours bien générale. Mais, nous le répétons, une seule friction, bien faite, dans laquelle tous les recoins cachés, comme l'auge, les salières, les ars et les aines auront été bien explorés, doit suffire. Un complément obligé du traitement de la gale sarcoptique est la désinfection de toutes les pièces du harnachement, des effets de pansage, et des parois de la stalle d'écurie. Le meilleur désinfectant est l'eau bouillante, car elle pénètre mieux dans les anfractuosités, dans les fissures, et si elle atteint des œufs ou des Acariens à une température supérieure à 70°, qui est celle de la coagulation de l'albumine, elle les détruit sûrement en les cuisant. B. — Les causes prédisposantes de la gale, quan'd elles existent encore en même temps que cette maladie, contribuent à l'entretien et surtout à faciliter les rechutes. La cause prédisposante par excellence étant la promiscuité, il faut, A TOUT PRIX, isoler les chevaux galeux. Quant aux autres causes prédisposantes, il suffit de les indi- quer aux praticiens pour qu'ils sachent ce qu'il y a à faire. On combat l'épuisement, la débilité par l'application rigoureuse des règles de l'hygiène concernant l'aération, la propreté des écuries et le choix des matières alimentaires. L'emploi des agents analeptiques est parfaitement indiqué, et nous signale- rons un reconstituant de la nutrition en général qui nous a rendu de grands services dans les cas de gale lichénoïde compli- qués d'épuisement et de maigreur, surtout quand nous avions des raisons de supposer une complication de diathèse herpé- tique : c'est l'arsenic à petite dose, c'est-à-dire ne dépassant jamais 1 gramme par jour. 2. GALE PSOROPTIQUE. Stoonymie. — Roux vieux des hip- piâtres ; gale humide (La Guérinière) ; gale par Acare (Huzard fils); gale dermatoJectiqve [Yerheyen, Delafond, etc.). Définition. — La gale psoroptique est une maladie de peau prurigineuse, contagieuse, causée par le Psoroptes longirostris, variété Equi, et caractérisée par une éruption papulo-vésicu-i 336 CHAPITRE V. leuse, qui, par la rapide confluence des boutons, prend promp- lement la forme itnpédgiîieuse- granuleuse. C'est la plus anciennement connue des trois variétés de gale du cheval, et pendant longtemps, lorsqu'on parlait de la gale de cet animal, c'était de celle-ci qu'il était question. r Etiologic. — La cause déterminante de celte gale, comme des deux autres, est nécessairement unique : ici, c'est le Pso- ropte; mais la gale psoroptique a aussi, comme la précédente, des causes prédisposantes ; en effet, sur certains chevaux, cette gale s'implante plus facilement, devient plus promptement grave que sur d'autres, qui ne sont pas pour cela plus maigres , plus affaiblis par les privations et les misères; de même aussi il est plus facile de guérir la gale sur certains chevaux que sur d'autres, et, dans quelques cas, il a suffi de soins de propreté répétés et consciencieusement faits, de simples lavages au sa- von vert, pour guérir certains chevaux de la gale. Il y a donc, tous ces faits le prouvent, de la part de certains chevaux, une aptitude particulière à contracter la gale et, chez cerlains autres, une disposition réfractaire pour celte maladie; cette prédispo- sition est la conséquence d'une idiosyncrasie particulière, ap- préciable seulement par ses effets. iVosog^raphie. — Symptômes et forme. — La forme initiale de la lésion produite par la piqûre du Psoropte est une pustule, comme celle du Sarcopte est une vésicule. Cette pustule est un bouton saillant, une petite éminence hémisphérique de la peau, large de 8 à 10 millimètres, haute de 2 à 3, et rosée si la peau est dépourvue de pigment. Cette pustule devient promp- tement pustulo-vésicule, par la formation à son sommet d'une vé- sicule qui se crève et donne naissance à une croûte résultant du dessèchement de la sérosité épanchée ; seulement, la pustule continuant à suinter, la croûte augmente, se mélange à des ex- foliations épidermiques, et reste humide et poisseuse, ce qui la distingue de la croûte de la gale sarcoplique, qui est sèche et furfuracée. Les pustulo-vésicules ne restent pas longtemps isolées; en effet, chaque pustule étant le résultat de la piqûre d'un Psoropte qui la répète chaque fois qu'il est pressé par la faim ou qu'il fait un pas sur les parties saines, la colonie des Psoroples deve- nant de plus en plus nombreuse, les pustulo-vésicules se près- ACARIENS. 337 senties unes à côté des autres, deviennent bientôt confluentes et donnent naissance à de véritables plaques d'impétigo (1). Ainsi donc, la forme impétigineuse caractérise la gale psoro- ptique, comme l'eczéma pityriasique caractérisera gale sarco- ptique cbez le cheval. Comme dans la gale sarcoptique, le premier symptôme ap- parent est la démangeaison, mais elle n'a pas de caractères par- ticuliers et ne diffère pas de celle qui accompagne la première gale du cheval : l'animal cherche à se frotter l'encolure et le garrot contre les corps durs à sa portée ou contre ses voisins, faute de mieux ; par exemple, il cherche moins à y porter la dent que dans la première gale; cela tient à ce que, l'affection étant ordinairement localisée à l'encolure ou à la queue, il a conscience de ne pouvoir atteindre ces parties avec ses dents. Les régions qu'affectionne le Psoropte sont le bord supérieur de l'encolure et la queue, où il se trouve sans doute mieux pro- tège par les longs crins qui couvrent ces parties ; là, la peau se couvre de boutons, se tuméfie, s'épaissit, se plisse, en un mot 1 éruption prend la forme décrite plus haut; les grattages éner- giques de l'animal viennent compliquer de lésions tout artifi- cielles les lésions naturelles propres à cette variété de gale la chute des crins ne tarde pas à être complète et à laisser une place couverte de croûtes humides et poisseuses caractéristiques Arrivée à ce degré, la maladie s'étend en élargissant peu à peu sa circonférence, qui est marquée toujours par une ligne parfaitement délimitée entre les parties malades et les parties saines. Elle pourrait ainsi gagner le toupet, les faces et le bord inférieur de 1 encolure, le dos, les côtes, les ars, puis le ventre e la face mterne des membres, mais il est rare qu'on la voie à Tour aa'eli: " '^"'^^^^ ^^^-°"P ^-P^ col?e la nrlîr'f ' "'^^^"^ i^^^dieuse comme la précédente, ses manifestations étant très apparentes son traitement facile, on trouve rarement des propriétés 's .og.d aspect avec ri„^peti,o ,raLa^a du cui;Sv:,u"Te oVdt MÉGNix. — Les Parasites. 22 338 CHAPITRE V. MIarche, tluréc, terminaison. — La marche dc la galc pso- roptique est lente, mais toujours envahissante; il lui faudrait cinq ou six mois pour affecter la surface du corps tout entier, ce que ferait en un mois la gale sarcoptique. Quant à la durée, nous n'avons aucun élément pour la déterminer ; nous n'avons aucun exemple de cette affection guérissant spontanément sans aucun soin. La terminaison naturelle, probable, delà gale pso- roptique, est certainement la mort, conséquence forcée de l'é- tat cachectique qu'entraîne la gale par suite du manque de re- pos et de l'oblitération des fonctions de la peau. Diagnostic «lîiTérentiei. — Nous avons signalé, à plusieurs reprises, les différences que présentent entre eux les symptômes de la gale psoroptigue et ceux de la gale sarcoptique, nous les rap- pelons pour mémoire en les mettant en parallèle dans le tableau ci-dessous : Gale sarcoptique. Le bouton, qui est nne vésicule, est sans saillie, si ce n'est celle de la croûte qui le remplace promptement. La réunion des vésicules donne lieu à, une surface sans saillie, sans délimi- tation nette, dépilée, couverte de croûtes fines, sèches, furfuracées qui est un véritable eczéma piti/riasiqice parasitaire; mais il est impossible de voir les parasites à l'œil nu, ni les sillons ou terriers qu'ils creusent. Si la surface envahie est plantée de crins, ces crins ne tombent pas. Le prurit, variable suivant les sujets, mais toujours assez fort, se manifeste surtout sous l'action des instruments de pansage. Lésions artificielles rares et peu importantes. Gale promptement générale et très contagieuse, donnant lieu à des épi- zooties graves. Gale psoroptigue. Le bouton, qui est une pustule, est saillant et devient promptement une pustulo vésicul'!, qui, par confluence, donne lieu îi une surface galeuse tuméfiée bien délimitée, qui se dé- garnit de poils et de crins, et qui se couvre de croûtes grossièrement pul- vérulentes, molles, poisseuses, ce qui est un véritable impétigo granuleux parasitaire, dans les croûtes duquel on voit grouiller à l'œil nu, comme dos atomes animés, des Psoroptes souvent accouplés. Le prurit est souvent violent. Lésions artificielles nombreuses et variées, souvent graves. Gale à progression modérée, ne devenant pas promptement générale et ne donnant lieu -ciuà des cnzoo- ties. Enfin, l'examen microscopique desparasites, recueillis comn il a été indiqué, permet de prononcer en dernier ressort et av la plus grande certitude sur la nature de la maladie. Il est plus facile de confondre les deux gales psoroptigue choriopiigue : même aspect, même forme, mêmes croûtes grc sièrement pulvérulentes, peut-être un peu plus sèches et pl ACARIENS. 339 fines dans la gale chorioptique. Ce qui permet de les distinguer facilement, c'est le siège : la gale psoroptique est une gale des régions supérieures et marche toujours de haut en bas, tandis que la gale chorioptique est une gale des régions inférieures et marche toujours de bas en haut; et puis l'examen comparatif des deux espèces de parasites qui les causent ne permet pas de les confondre. Il est encore des maladies de peau qui peuvent être confon- dues avec la gale psoroptique : ce sont les pityriasis dartreux, c'est-à-dire dépendant de la diathèse herpétique, qui affectent souvent le bord supérieur de l'encolure et la base de la queue. Ces pityriasis se distinguent de la gale en question par leur chronicité, leur peu de tendance à l'extension, la faiblesse du prurit, et surtout par l'absence de parasites et de croûtes épaisses. Il y a aussi les herpès gourmeux, mais il se montrent surtout sur le tronc, et puis ils se dessèchent et guérissent en général rapidement et spontanément. Pronostic. — Le pronostic de la gale psoroptique est bien moins grave que celui de la gale sarcoplique, parce qu'elle est moins contagieuse, et qu'elle n'est pas susceptible de prendre la forme épizootique, et enfin parce qu'elle est plus facile à guérir et à diagnostiquer. Il est plus facile d'atteindre le Psoropte que le Sarcopte; il ne se cache pas, comme lui, au fond de galeries et de terriers quelquefois impénétrables ; il est plus volumineux et par conséquent, plus facilement touché par les parasiticides. lî est aussi plus facile de préserver les chevaux de cette gale par la simple observation des lois de l'hygiène. Traitement. — Tout ce que nous avons dit à propos du trai- tement de la gale sarcoptique, pour le choix des parasiticides s apphque à la gale psoroptique, seulement il est moins néces- saire de faire des applications générales; on peut se contenter de traiter seulement les parties malades, et on peut, par suite employer les préparations économiques très utiles et très actives comme celles à base de goudron, qu'il serait dangereux d'ap- pliquer en frictions générales et d'emblée, car on exposerait les malades au sort des sujets des célèbres expériences de Fourcaud et de M. Bouley. 3 GALE CHORIOPTIQUE. Synonymie. _ Gale des paturons ^berlach) ; Gale symbiotique (Verheyen). 340 CHAPITRE V. Définition. — Gale li'ès peu contagieuse, de forme eczémato- oraniileuse sèche, à faible prurit, affectant particulièrement les membres, et causée par les Chorioples spaUnferus (Mégnin). Étioiogie. — Cette variété de gale a été observée et décrite pour la première fois en France, en 1869, par nous (1) ; en Alle- magne, elle avait été distinguée des deux autres par Gerlach, dès 1857. Elle est causée par un Acarien, très mal étudié par les Allemands, dont nous avons donné une de.scription com- plète dans le Journal d'anatomie de M. Robin, de 1872, accom- pagnée d'excellentes figures chromo-lithographiées. Cet Acarien est la cause déterminante unique de cette variété de gale qui est ordinairement individuelle, jamais épizoolique et pas même enzootique. On ne peut, comme causes prédisposantes, encore moins pour celle-ci que pour la gale psoroptique, invoquer les grandes per- turbations sociales, les guerres, etc., qui appartiennent exclu- sivement à la gale sarcoptique. Il est très probable, il est même certain, que les causes débilitantes individuelles, comme la mauvaise nourriture, le manque de soins, la misère, les fatigues, sont des causes prédisposantes de la gale chorioptique, comme de toute maladie parasitaire; mais, celles qui paraissent avoir le plus d'influence, c'est le jeune âge uni à un tempéra- ment lymphatique, et la saison froide ; non pas que le froid soit plus favorable au développement de ces parasites que le chaud, mais parce que c'est dans cette saison que se montre, chez les jeunes chevaux lymphatiques, cette toison fourrée et feutrée, qui paraît être un couvert très aimé des Chorioptes et très favorable à leur multiplication. S'ils semblent disparaître pendant l'été, c'est une illusion; car il résulte des obser- vations que nous avons communiquées à l'Académie des sciences, que ces parasites ne disparaissent pas comme la gale dont ils sont la cause, mais qu'ils se contentent, pour vivre, des humeurs exhalées naturellement pendant l'été, quitte à recommencer leurs déprédations pendant l'hiver qui suit, ce qui donne à leur gale un caractère intermittent. ivosographic. - Symptômes. - Le premier symptôme qui frappe les yeux, ce n'est pas la démangeaison ; l'ammal se (1) Journal de l'A7iatomie et de la Physiologie, de Ch. Robin. • ACARIENS. 341 gratte très peu ou point du tout, et se contenle de frapper de temps en temps des pieds. Alors on est porté à lever le pied pour voir s'il n'y a pas une fourchette pourrie, qui est la cause ordi- naire de ces mouvements, et on voit alors que le pli du paturon et lefanon sont remplis de ces croûtes granuleuses, fines, mêlées ;\ des poils qui se détachent. Si on examine ces croûtes avec précaution, en les étalant sur une feuille de papier noir, on est frappé de les voir se mouvoir légèrement, ce qui est dû aux parasites qui se dégagent de dessous et qu'on voit se promener sur le papier comme des points blancs presque imperceptibles. La surface malade paraît très peu irritée, car, lorsqu'on a en- levé les croûtes, semblables à du grossier sable, qui la recouvrent et qui se détachent facilement, si on ne la voyait un peu dénu- dée de ses poils, on ne la croirait pas affectée : elle est grisâtre et un peu pityriasique, et on ne voit pas de boutons à sa surface. Le prurit, comme nous l'avons dit, est très faible et la dé- mangeaison ne se manifeste que par quelques mouvements d'impatience des pieds. Marche. — La marche de la gale chorioptique du cheval est très lente : il faut des années pour qu'un membre soit envahi dans toute sa longueur, en présentant les intermittences estiva- les que nous avons signalées. Nous avons cependant vu un jeune cheval de quatre ans, chez lequel cette affection avait gagné les parois inférieures du ventre, lesquelles, pendant le décubitus étaient, il est vrai, en contact continuel avec les membres postérieurs principalement affectés. Ce cheval présentait depuis trois hivers la gale chorioptique, mais on ne s'en inquiétait pas la regardant comme une manifestation de la diathèse ^our- meuse. ° L'année dernière, en 1878, nous avons observé la gale chorioptique sur des chevaux récemment importés de la Plata chez lesquels elle était certainement ancienne, car elle s'éten- dait sur les deux cuisses et était en voie de gagner la croupe. Dans le même temps nous avons eu à examiner des croûtes provenant de jeunes chevaux de la région des Ardennes les- quels étaient affectés d'une dermatose qui occupait non seule- ment les membres, mais la plus grande partie du tronc, surtout dans les régions postérieures ; cette dermatose n'était autre que de la gale chorioptique, et nous avons appris que cette affection 342 CHAPITRE V. régnait sur une assez grande échelle dans les Ardennes et en môme temps dans le Nord et en Normandie, et exclusivement sur des jeunes chevaux. Durée, terminaison. — La gale chorioptique n'a guère été observée que sur de jeunes chevaux ; cela indiquerait que, à cet âge, le terrain est plus favorable à son extension, que l'âge avancé lui est moins favorable, et qu'elle disparaît spontanément une fois cet âge atteint. Cette disparition spontanée s'explique encore par les meilleurs pansages, par les soins de propreté plus suivis qu'on donne aux chevaux en âge de donner des ser- vices, car ces seuls soins suffisent pour guérir la gale chorio- ptique et pour détruire les parasites, ou tout au moins pour en débarrasser l'animal qui les porte. Diagnostic. — Nous avons vu les différences qui permettent de distinguer la gale chorioptique de la gale psoroptique, la seule avec laquelle elle pouvait être confondue. Une confusion plus facile pourrait être faite entre cette gale et le lichen des mem- bres, que l'on a encore appelé porrigo du carpe et du métacarpe (Verheyen), et que l'on connaît encore sous le nom Repeignes, teignes, malandres, solandres, etc., mais les nombreux parasites que recèlent les squames furfuracées de la gale chorioptique, et que l'on découvre aisément par le moyen indiqué plus haut, surtout quand l'œil est armé d'une simple loupe, viennent éclaircir promptement toutes les obscurités dont le diagnostic différentiel pouvait être entouré. Pronostic. — C'est la gale chorioptique qui est la moins grave des trois variétés de la gale du cheval, tant à cause du champ limité de son action que de la facilité avec laquelle on la guérit, ou elle se guérit spontanément. Elle n'a guère plus d'importance que la phthiriase, causée par le Trichodectes equi, le moins mal- faisant des épizoïques du cheval. Traitement. — Tout ce que nous avons dit à propos du trai- tement de la gale psoroptique, s'applique à la gale chorioptique ; localisée comme celle-là , celle-ci peut être traitée par les mêmes agents. La pommade sulfo-goudronnée ( i de soufre, 1 de potasse pour 1 de goudron) est particulièrement apphcable h la gale chorioptique ; au point de vue de l'efficacité, cette prépa- ration ne le cède à aucune autre, mais ne peut être appliquée que ACARIENS. 343 sui'des surfaces restreintes. La décoction huileuse de tabac ou des déchets liquides des manufactures, étendus dans la proportion de de feuilles ou de ^ de déchets liquides pour 1 , est aussi des meilleures. En ayant soin de laisser ces préparations deux ou trois jours et de les enlever ensuite par un bon savonnage, il est extrêmement rare qu'on soit obligé de répéter l'applicalion ; cependant, par précaution, on fera bien de la renouveler au bout de cinq ou six jours pour atteindre les nouvelles généra- tions sorties des œufs, qui auraient résisté à la première appli- cation. Bien que cette gale n'ait que de faibles propriétés conta- gieuses, il est utile d'isoler les malades en traitement et surtout de désinfecter la place qu'ils ont occupée. Rappelons que le meilleur désinfectant pour une gale quelconque est l'eau bouillante. PRURIGO DERMArVYSSIQUE. — Nous avons vu que les Dermanysses, de la famille des Gamasidés, qui habitent sou- vent en colonies innombrables les poulaillers et les pigeon- niers, se répandent, surtout la nuit, sur les animaux dont ils veulent sucer le sang, et que souvent ils ne se contentent pas des habitants emplumés des poulaillers et vont attaquer les quadrupèdes s'il s'en trouve à leur portée. En raison de l'habitude que l'on a souvent, dans les campagnes et même quelquefois dans les villes, de disposer les poulaillers dans les écuries, les chevaux, dans ce cas, sont exposés aux atteintes des Dermanysses, atteintes qui ont lieu exclusivement pendant la nuit, car pendant le jour les Acariens ont disparu et il est impossible d'en voir sur les animaux. Une fois cependant à la clinique de l'École d'Alfort {Bulletin de la Société centrale vétérinaire, 1877), on a été à même d'en voir en plein jour toute une colonie établie sur un cheval : c'est qu'on avait laissé sur cet animal, pendant plusieursjours, et nuit et jour, sans la déranger, une couverture, et c'est sous le tissu de laine et dans ses plis que s'étaient étabhs les Dermanysses. La dermatose qui est la conséquence des piqûres des Derma- nysses est un simple prurigo, caractérisé par de petites dépila- tions lenticulaires qui ne sont jamais confluentes, mais qui s'accompagnent d'une démangeaison assez vive. Si l'action des parasites se répète touteslesnuits, les tourments qu'éprouventles 344 CHAPITRE V. chevaux sont assez considérables pour inquiéter leurs proprié- taires, d'autant plus que Xeprurùjo derinanyssicjue ressemble tout à fait à une gale sarcoptique au début, mais elle en diffère, nous le répétons, en ce que ces petites dépilations lenticulaires, ré- sultant des piqûres des Dermanysses, ne sont jamais confluentes, tandis qu'elles le sont promptement dans la gale sarcoptique. Les piqûres de V Hématopinus tenuiroslris déterminent aussi un prurigo qui a une grande analogie avec le prurigo qui nous occupe, mais il en diffère en ce qu'il est localisé le long de l'enco- lure et dans le voisinage de la queue et qu'il n'est jamais général comme peut le devenir le Pi^urigo de7-manyssique. La première constatation de l'action nocive des Dermanysses k l'égard du cheval a été faite par Demilly de Reims en 1846 et confirmée par M. H. Bouley en J849-5t) [Recueil 1830) par de nombreuses observations. Dans cette même année 1830 parais- saient dans le The Velerinarian des observations du même genre faites en Angleterre par M. Andersen qui nommait l'affection causée par les Dermanysses : Poultry-lousines [plithiriase des poules), nom très impropre, attendu que le Dermanysse n'est pas un pou («pQet'p), mais un Acarien, bien qu'il soit appelé vulgaire- ment Pou de poules. Traitement. — Cette affection cesse spontanément par l'éloi- gnement de la cause, c'est-à-dire par le transport du poulailler hors de l'écurie. Quant à l'affection locale, elle disparaît aussi en quelques jours ; on peut, pour activer la guérison, faire quel- ques lotions émoUientes, ou acidulés, ou encore avec une solu- tion aqueuse de chlorhydrate d'ammoniaque dans la proportion de 5 p. 100. PIQURES D'IXODES. — En Europe les chevaux sont rare- ment exposés aux piqûres des Ixodes, même les chevaux de chasse, bien que les chiens qui les accompagnent y soient très sujets. Les jeunes chevaux élevés dans les pâturages de l'Auver- gne présentent souvent, comme les bœufs qui sont dans les mêmes conditions, des Ixodes réduves femelles plantés dans la peau fine des aines ; ces piqûres n'ont pas d'importance et on ne s'en occupe pas : lorsque le parasite est repu, il se détache de lui-même et toute trace de sa piqûre disparaît. Les nymphes de la môme espèce d'Ixode s'attaquent quelque- fois aux chevaux de chasse qui parcourent les landes couvertes ACARIENS. 3i5 de bruyères ou de genêts et produisent une affection beaucoup plus grave que la piqûre des adultes. Cette nymphe (I), qui n'a que 1 à 2 millimètres de long, a de singulières habitudes : elle ne se contente pas de planter son bec dans la peau, — ce qui ne lui servirait pas à grand' chose en raison de sa brièveté nullement en rapport avec l'épais- seur de la peau du cheval — elle se loge entièrement sous les téguments, s'y cache, et provoque bientôt, par sa présence, •l'apparition de grosses pustules qui sont devrais petits furoncles et qui s'accompagnent d'une vive démangeaison, Nous avons observé un exemple de cette éruption furonculeuse, provoquée par des nymphes d'Ixodes réduve, à Versailles en 1864, sur un cheval d'un capitaine de dragons qui avait été suivre les chasses deMeudon; l'extrémité de ses quatre membres était comme farcie de pustules sous la croûte de chacune desquelles on trou- vait blotti le parasite en question. Le cheval fut guéri par l'ex- traction successive de tous les parasites. Nous avons retrouvé les mêmes pustules ixodiques aux oreilles des chiens et des lièvres, et on a vu sur l'homme de petites tu- meurs renfermant un petit Ixode, qui étaient certainement de même nature. Dans l'Amérique centrale les Garapattes sont si abondants qu'ils constituent un véritable fléau pour les voyageurs; car leurs chevaux en deviennent couverts. Un naturaliste voyageur, M. J. Salé, nous disait que les habitants de ces pays croient fermement qu'on provoque la chute spontanée de ces Ixodes en donnant à manger du sel à l'animal qui les porte (!). AFFECTIONS ATTRIBUÉES A TORT A DES ACARIENS. — Le cheval est un des animaux sur lesquels il est le plus facile de rencontrer des Acariens vagabonds, et, dans ce cas, pour peu qu'il présente une affection quelconque de la peau, on serait tenté de l'attribuer aux Acariens en question. C'est ce qui est arrivé même à l'éminent professeur vétérinaire de Stuttgard, Héring, qui, trouvant un jour sur le pied malade d'un cheval abattu pour cause de maladie incurable — il était affecté de (1) Nous avions pris, dans le principe, cette nymphe pour un Ixode parfait d une espèce nouvelle et nous l'avons décrite sous le nom à' Ixode pénétrant sorvé/itable éït!""'"' ' ''""'^ avons reconnu 3iG CHAPITRE V. cet eczéma des pieds connu sous le nom vulgaire de Crapaud, — un Acarien du genre Glyciphage, le prit pour une espèce particulière qu'il nomma Gli/cip/iagus hippopodos. Or c'était simplement le Glyciphage coureur {Glyciphagm cursor, Gervais), qui abonde dans les poussières des fourrages, dans les écuries, dans les salles de dissection, etc., en compagnie de Tyrogly- phes, de Cheylètes et de Gamases. Nous avons aussi rencontré sur le cheval, aussi bien que sur le bœuf et môme sur des animaux de classes très différentes, Reptiles, Insectes et Myriapodes, une nymphe hypopiale de Tyroglyphe très abondante, la même que Gerlach avait trouvée sur l'Éléphant et qu'il avait nommée Symbiotes elephantis, croyant avoir affaire à une nouvelle espèce d'Acarien psorique. Ce qui trompe, c'est qu'elle reste parfaitement vivante sur les animaux auxquels elle s'attache et qui ne sont pour elle qu'un véhicule, qu'un omnibus, car elle n'a aucun organe propre à déchirer ou à piquer; elle n'a même pas de bouche, car elle n'absorbe rien pendant cette période de sa vie. B. Dermatoses acariennes de l'AlVE et du ilUCET. — Les affections cutanées causées par des Acariens sont probablement aussi fréquentes chez l'âne et le mulet que chez le cheval ; il nous est arrivé, en effet, à Béziers, en 1872, de constater l'existence de la gale psoroptique sur des mulets de la clientèle de M. Calot, vétérinaire ; nous avions vu la même gale sur un âne de chiffonnier à Bourges, en 1861, et l'année der- nière nous avons constaté la gale sarcoptique sur cinq ânes d'un loueur, de Seaux. Cependant les annales de la science sont muettes à cet égard, probablement parce que les auteurs qui ont traité de ces maladies chez le cheval ont implicitement voulu parler de toutes les espèces domestiques du genre Equus. La seule phrase que nous ayons trouvée dans les auteurs vétéri- naires faisant allusion à la gale de l'âne ou du mulet est celle où Greeve signale un palefrenier ayant contracté la gale en pan- sant un âne; il s'agissait probablement d'une gale sarcoptique, puisque c'est la seule gale des animaux qui se transmette à l'homme avec quelque apparence de gravité. N'ayant trouvé aucune différence entre les gales sarcoptiques et psoropliques du mulet et de l'âne et celles du cheval, les ACARIENS. 3i7 parasites étant les mômes et les symptômes exactement pareils, nous renvoyons nos lecteurs à cette dernière. Quant à la gale chorioptique, nous n'en parlons pas, n'en n'ayant jamais observé, pensant bien néanmoins qu'il n'y a pas de raison pour qu'elle n'existe pas et qu'elle doit présenter exactement les mêmes caractères que chez le cheval. En Amérique les mulets sont fréquemment attaqués par les Garapattes, plus même que le cheval, puisqu'ils sont plus nom- breux. G. Dermatoses acarieunes du BŒUF. Les Dermatoses acariennes sont extrêmement i ares chez nos grands ruminants, surtout en France, bien que cependant la gale du bœuf ait été signalée par Columelle (1), Vegèce (2), Gha- hert (3), Huzard (4), Rozier (5), Gellé (6), et Cruzel (7) ; mais, en raison de la confusion que l'on a faite jusqu'à ces derniers temps, entre les afiections de la peau de cause interne et celles qui sont causées par des parasites eux-mêmes, pédicu- laires ou autres, on ne sait si ces auteurs ont voulu parler d'une véritable gale, c'est-à-dire d'une dermatose acarienne. Depuis les longues années que nous nous occupons des ma- ladies de peau des animaux, après six ou sept ans de recherches dans les abattoirs, après avoir mis en réquisition de nombreux collègues, surtout des collègues exerçant dans les parties de la Normandie où l'on élève et où l'on engraisse le plus de bes- tiaux, nous sommes encore à voir le premier cas de gale chez les grands ruminants. Souvent nous avons cru rencontrer une véritable gale caractérisée par de la démangeaison, par une érup- tion croûteuse rappelant celle de la gale sarcoplique du cheval, toujours nos espérances ont été déçues, et le parasite que nous trouvions constamment, qui était réellement la cause de la dermatose, était le petit épizoïque presque invisible à l'œil nu, le Trichodectes scalaris. Nous avons cependant trouvé, tout ré- cemment, au milieu de croûtes où foisonnaient des //ma^o/jmws (1) De re rustica. (2) De muli medicina. (3) T7-aité de la gulc et des dnrb-es, 1801. (4) Nosographie vétérinaire, 1818, p. 106. (5) Cours complet d'agriculture, 1771-1805, art. Gale. (G) Pathologie bovine, 1841, t. III, p. 339. (7) Pathologie bovine, 18G5. ^'^'^ CHAPITRE V. eunjslernus et des Irichodectes scalans,un Choriopies spathiferus femelle ; ces croûtes provenaient de vaches affectées de derma- tose et nous avaient été adressées par un jeune confrère de Beauvais, M. Andricu. C'est donc d'après les auteurs qui les ont observées que nous allons parler des gales du bœuf. Au dire de Gobier (I), Dorfeuille père, vétérinaire à Port- bamte-Marie (Lot-et-Garonne), serait le premier qui, en 1813 aurait découvert un Acare sur les bêtes à cornes. Le môme auteur raconte qu'il en trouva lui-môme un très grand nombre sur des bœufs hongrois amenés en France par l'armée d'invasion en 1814. Cet Acare ne différait en rien de celui du cheval dé- couvert récemment (le Psoroptes tenuirostns) ; cependant tou- tes ses tentatives pour développer la gale sur le cheval, l'âne et le chien, avec cet Acare du bœuf, demeurèrent infructueuses. • ^ Héring(2), après de longues recherches tendant à découvrir l'Acare du bœuf, vit enfin sa persévérance couronnée de succès en 184S : un veau de race hollando-hongroise, cachectique, pré- sentant des plaques galeuses du diamètre d'un écu à celui de la main, qui couvraient la tête, le cou, les épaules et le dos, ayant été sacrifié, il en profita pour détacher des lambeaux de cette peau et les étudier. Il y découvrit quelques Acariens qui se montrèrent beaucoup plus nombreux le lendemain quand les lambeaux de peaux eurent séjourné dans une chambre chaude. Examiné au microscope, cet Acarien, que Héring prit pour un Sarcopte et qu'il nomma Sarcoptes bovis, lui présenta les différences suivantes avec celui du cheval : « 1° Dimensions moindres, les individus les plus grands ont 0,15 de ligne de long sur 0,11 à 0,13 de ligne de large, tandis que celui du cheval a une longueur de 0,22 de ligne sur 0,16 de ligne de large; (f 2° Les pieds postérieurs du Sarcopte du bœuf partent de dessous le ventre, tandis que dans celui du cheval ils sont atta- chés au bord du corps ; « 3° La quatrième paire de pieds est garnies de ventouses qui n'existent pas chez l'insecte de la gale du cheval ; « 4° La troisième paire se termine chez le mâle par une soie forte et très longue et par une ventouse pédiculée, et chez la (1) Mémoires et observations. (2) Repertorium 1845 et Traité de pathologie, 1849, p. 192. ACARIENS. 349 femelle par deux soies dépourvues de ventouses. Le Sarcopte du clieval possède deux longues soies et une ventouse ; « 0° Le Sarcopte mâle du bœuf porte à la partie postérieure du corps deux très grandes et très grosses protubérances sur- montées chacune d'une soie longue et de trois plus courtes. » Héring ne réussit pas mieux que Gohier à faire vivre son Sar- copte du bœuf, — qu'aux caractères ci-dessus donnés, on re- connaît facilement appartenir au genre Chorioptes, — sur le cheval et à lui inoculer la gale de cette manière. En mai 1833, Fiirstenberg (2) rencontrait à Eldena, près de Greifswald, une vache extraordinairement galeuse couverte de milliers de parasites dont l'étude fut le point de départ de son grand travail sur les Acariens psoriques de l'homme et des animaux. Ces parasites étaient des Chorioptes qu'il nomma Dermatophagus et qu'il trouva, par comparaison, entièrement semblables à celui qu'Héring avait trouvé sur le veau, et à ceux que Gerlach trouva plus tard dans une affection des jambes du cheval et avec lesquels il créa son genre Symùiotes. Delafond (2), comme Héring, chercha pendant longtemps l'Acare du bœuf sans pouvoir le rencontrer. Ayant adressé un appel aux vétérinaires de province pour lui procurer des croû- tes de bêtes bovines galeuses, pendant quatre ans il ne trouva, — comme nous, — que des Poux. Enfin à l'Exposition de 1856, le 23 mai, une vache de Durham lui présenta de la gale avec Acares ; puis un peu plus tard, à l'abattoir Popincourt, il ren- contra encore la même affection, sur deux bœufs limousins, causée par le même parasite. Cet Acarien était tout à fait le même que celui du cheval, c'est-à-dire qu'il appartenait au genre déjà nommé Psoroples par P. Gervais et que Gerlach nomma plus tard Dermatodecte. A peu près à la même époque, c'est-à-dire en 1858, la démons- tration de la présence de deux Acariens psoriques différents chez le bœuf était faite en Allemagne. Voici dans quelle circons- tance ; « Dans un domaine du cercle d'Inowraclaw (Prusse orientale) avait paru, depuis dix ans déjà, sur des bœufs, une éruption chronique de la peau, qui s'aggravait aussitôt après le retour de la saison d'automne, au moment même où les animaux étaient (1) Furstenberg, Die Krâlzmilben, 18G0. (2) Delaf. et Bourg., Traité de la Psore, p. 833. 3S0 CIJAPITRE V. remis en stabulation permanente. Cette éruption augmentait en étendue jusquau mois de février, époque où elle atteignait ordinairement son maximum d'intensité chez la plupart des in- dividus affectés ainsi dans tout le troupeau; enfin elle commen- tait à décroître aussitôt que les bœufs étaient employés aux travaux des champs et sans qu'on fît usage d'aucune médication pms, peu à peu elle disparaissait complètement, de telle sorte que dans lecourant de l'été on ne remarquait même plus aucune trace de maladie. « Les bœufs, au nombre de 40 ou 50, la plupart déjà vieux étaientmalnourris et plus mal soignés encore, leur étable était bien plutôt une fosse à fumier qu'un lieu de repos. « L'éruption commençait toujours à se montrer à la base de la queue et sur les côtés du cou ; elle s'étendait rapidement à la tête, aux épaules, le long de l'épine dorsale et successive- ment sur les parties latérales du corps. Quand l'éruption avait atteint sa plus grande étendue, tout le corps était envahi à l'ex- ception de la partie inférieure des membres. « Au début de l'éruption un vif prurit poussait les animaux à se frotter et à lécher les parties affectées; dans les régions où cela avait lieu on voyait des parties de peau excoriées et san- guinolentes, enfin, le besoin de se gratter cessant, les parties excoriées se recouvraient de squames épidermiques, qui, très minces tout d'abord, acquéraient bientôt, çà et là, l'épaisseur d'un demi-pouce. A cemomentla peau devenait sèche, presque semblable à du parchemin et, là où les croûtes étaient épaisses d'un demi-pouce, on ne pouvait plus faire plisser la peau en la pinçant. Les croûtes qui adhéraient fortement à la peau étaient de couleur gris argenté ; en les raclant avec un couteau à lame émoussée, elles se détachaient en poussière grossière ; dans celle d'une épaisseur moyenne on voyait des brisures et des gerçures parallèles qui donnaient à la peau l'aspect de plis. Sur les par- ties où les croûtes existaient les poils tombaient; si on soulevait les croûtes, la peau apparaissait parfaitement saine. « Lorsque l'éruption approchait du maximum de son enva- hissement, les animaux maigrissaient : ils devenaient de vérita- bles squelettes. Chez tous l'état cachectique était évident; les trois cinquièmes des bœufs les plus vieux et les plus épuisés succombèrent àlafîn de janvier et au commencement de février. La nécropsie démontra l'existence de l'hydrohémie. ACARIENS. Jol (. Au commencement du printemps l'éruption s'arrêtait et elle diminuait considérablement aussitôt que les bœufs étaient employés aux travaux des champs; les croûtes désséchées tom- baient des épaules, du cou, de la base de la queue ; les poils repoussaient de nouveau jusqu'à la fin de mai, et il ne restait d'autres signes de cette éruption que quelques parties nues au cou et à l'origine de la queue, et une desquamation considé- nible et continuelle au chignon et autour des cornes. Les bœufs, mieux nourris au moment des travaux, prenaient une belle ap- parence et acquéraient de la vigueur. Cet état de bien-être du- rait jusqu'à l'époque de la stabulation, c'est-à-dire jusqu'à la fm des travaux de l'automne ; il cessait alors et l'éruption, se re- produisant de nouveau avec la même marche, occasionnait la mort par hydrohémie de quelques bœufs ; enfin ellerediminuait pour disparaître de nouveau tout à fait en apparence. « Dans ce domaine, le vétérinaire Muller observa cette ma- ladie chaque année, excepté en 1852 ; il vit que les animaux avaient été atteints pendant plus de vingt années de suite, et qu'avant de reparaître, dans les dix dernières années la maladie avait été beaucoup moins intense. Un incendie qui détruisit l'é- table et les bœufs qui y étaient renfermés fut là cause de la cessation de la maladie, mais elle fit de nouveau son apparition après l'introduction d'animaux nouvellement achetés. « Il était naturel de penser que cette affection était locale, bien que la loupe n'ait pas permis à l'auteur d'y découvrir des Acares, malgré cela elle fut traitée comme telle et, au printemps de 1853, la maladie avait presque entièrement cessé. Dans le courant de l'hiver suivant elle reparut, mais le propriétaire ne voulut pas dépenser son temps et son argent. L'auteur, dans les années suivantes, ayant observé la disparition spon- tanée de la maladie sans l'emploi d'aucun remède, douta que l'affection qu'il avait eu l'occasion d'observer fût vé- ritablement la gale. Et comme chez les animaux qui succombè- rent il rencontra des lésions propres à l'état cachectique, dans le foie, par exemple, une grandequantité de distomes, il crutque la cachexie aqueuse était le caractère essentiel de l'état mor- bide et l'éruption un des symptômes. « Cette opinion ne fut pas absolue : il resta toujours un doute entretenu par ce fait que les bœufs achetés depuis peu étaient atteints dans le courant de l'hiver de la même éruption eu- CIIAPITUE V. tanée et que, dans Fliivcr de 1837 à 1838, des vaches el des veaux, qui jusque-là avaient été épargnés, en étaient afiectés bien que se trouvant dans une autre division de la môme élable' « Pour éclaircir ces doutes, le vétérinaire MuUer attacha au- dessous du coude à plusieurs bœufs sains, une certaine quan- tité de croûtes et de squames, et huit jours après il observait sur les bœufs en expérience les mêmes altérations que celles présentées à la tête et au cou au commencement de l'éruption sur les bœufs spontanément malades; de cette manière l'exis- tence de la gale fut démontrée. « Pendant l'hiver de 18S8 l'auteur envoya à Gerlach des croûtes prises sur le cou des bœufs, ce dernier y découvrit des Dermatodectes. Renseigné par Gerlach sur la manière la plus convenable pour parvenir à trouver, sur les malades mêmes, les Acares de la gale, Muller les y chercha et acquit en très peiî de temps l'habitude de les trouver sans même le secours de la lentille : en raclant la surface la plus récemment malade, et en disposant la poudre grossière ainsi obtenue sur un carton noir, il voyait les mouvements en différents sens des Acares qui apparaissaient sous forme de petits points blancs presque imperceptibles. « Le diagnostic assuré, l'auteur voulut efficacement com- battre la gale en suivant la voie indiquée par Gerlach. Pour cela il choisit le moment où la maladie était en apparence guérie; mais à cette époque on reconnut l'existence d'une grande quantité d'Acares derrière la tête, au chignon, à la ra- cine des cornes. Il sembla à l'auteur que les Acares pris dans ces régions avaient la vie moins tenace, puisqu'ils moururent du deuxième au troisième jour, tandis que dans les croûtes examinées par Gerlach le neuvième jour ils étaient encore vi- vants. Notons qu'on était en été et que l'air chaud de la saison pouvait avoir une certaine influence. « L'auteur nota encore que, dans les croûtes provenant du chignon, Gerlach trouva des Acares de deux genres différents savoir : des Symbioles et des Dermatodectes, mais que dans celles provenant de la base de la queue il n'y avait que des Si/mbiotes, ce qui semble indiquer que cette dernière région serait le sé- jour de prédilection de ces derniers Acariens. « Le traitement des bœufs galeux consiste, après avoir, au moyen de l'étrille, fait tomber le plus possible de croûtes et ACARIENS. 333 bien nelLoyé la peau, fi faire un bon lavage au savon vert, sur- tout à la nuque et à la base des cornes, puis une fomentation sur les mêmes parties au moyen d'une décoction chaude de tabac (5 livres dans 60 pintes d'eau pour trente bœufs environ). « Enfin les animaux furent tenus au soleil jusqu'à ce que la peau fût parfaitement sèche, et toutes les régions qui étaient le siège de prédilection de la gale furent frictionnées avec une mixture composée de 1 partie de créosote, et de 15 parties d'huile de colza; les animaux furent ensuite placés dans une étable nouvellement abandonnée par des moutons. « L'étable que les bœufs avaient habitée, les harnais qui avaient subi leur contact, furent soigneusement nettoyés et désinfectés. Ce traitement fut répété dix jours après et une troi- sième fois après quatorze jours, en remplaçant la dernière fois l'huile par de l'esprit, dans les mêmes proportions. Les vaches et les veaux furent traités de la même manière, et la gale ne reparut plus pendant les hivers de 1858 à 1860. Chez un bœuf seule- ment on observa en janvier une tendance à se frotter, et, comme il portait à la base de la queue des traces d'excoriations, il fut sacrifié (1). » L'auteur essaya par trois fois de communiquer cette gale au cheval et à l'homme, mais il ne put y parvenir. M. Muller, dans le traitement de cette gale, attribue la plus grande partie du succès à la créosote, mais nous avons de fortes raisons de croire que c'est le tabac, au contraire, qui a été l'a- gent le plus actif; l'huile seule à notre avis a été plus active que la créosote. On se rappelle que nos expériences sur l'acide phénique, si voisin de la créosote, ont prouvé que c'est un antipsorique des plus infidèles. Ainsi donc, un Psoropte et un Ghoriopte particuliers peuvent vivre soit isolément, soit ensemble, sur les grands ruminants, et déterminer chacun une gale particulière dont les manifes- tations se mélangent et se confondent. Les bœufs sont-ils susceptibles aussi, comme le cheval, d'être attaqués par un Sarcopte? Il le semblerait, au dire de Gohier, Fauvet et Walbraff, qui auraient vu soit des chevaux, soit des chèvres, communiquer une gale très maligne à des bœufs en même temps qu'à des hommes. Une observation que nous (1) Magazin fur die gesammte Tliierheilkunde, n" 1, 1860. Mégnin. — Parasites. 334 CHAPITRE V. trouvons consignée dans le Recueil... de 1836, vient encore augmenter la probabilité de cette hypothèse : c'est l'histoire d'une petite épizootie de gale qui a sévi sur des bœufs ou veaux de la même écurie et observée par M. Daprey, vétérinaire à Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne) : Le phénomène le plus saillant de cette affection ayant été une très vive démangeaison, le vétérinaire en question, qui en ignorait complètement la nature, l'appela prurigo formicans. La première bête atteinte fut une génisse chez laquelle la ma- ladie débuta par les lèvres de la vulve et s'étendit entre les cuisses en gagnant successivement le flanc, le dos, le ventre, la poitrine, les épaules et le cou. Le deuxième malade fut un bœuf chez lequel la maladie suivit une marche inverse : com- mençant par la tête, elle s'étendit en arrière en gagnant suc- cessivement tout le tronc. Ainsi de suite des autres, sans suivre une marche uniforme. Les symptômes constatés furent: une peau enflammée, épaisse, ridée, épilée en grande partie et couverte de croûtes ; entre les croûtes et sur le périmètre de la partie malade, on voyait de petites papules coniques, roses ou rouges, ayant un peu moins de 1 millimètre de diamètre à leur base et autant d'élévation. En déchirant ces papules, il s'en écoulait un peu de sang qui faisait croûte. En détachant ces croûtes au bout de peu de temps, on trouvait une ou deux petites cavités à loger un grain de millet renfermant du pus semblable à du blanc d'œuf (papulo-vésicules). Prurit extrême, tellement impératif que l'animal n'avait pas un instant de repos, se frottait à tous les corps environnants avec acharne- ment et beuglait de douleur. La génisse du premier cas avait été continuellement en chaleur pendant toute sa maladie et ne conçut qu'après sa guérison ; de plus, la bête se nourrissait mal, était devenue extrêmement maigre, triste, le poil hérissé, la respiration et la circulation un peu accélérées, la rumination souvent interrompue. La cause de cette affection n'a pas été recherchée, l'auteur de l'observation ne pensant pas à une affection psorique. S'il l'eût fait, il eût peut-être trouvé que le taureau auquel la génisse avait été conduite avant sa maladie, était lui-même atteint d'une affection analogue. Ce qui porte à le penser, c'est que c'est par la vulve que la maladie a débuté chez la jeune bête. Le traitement appliqué à ces malades fut d'abord des applica- ACARIENS. 355 lions anodines, émollientes, un régime diététique, des bois- sons laxatives qui n'eurent aucun succès. Une forte solution de potasse d'Amérique (500 grammes dans 8 litres d'eau) en lotions lièdes, deux fois par jour, amena une complète guérison : le prurit cessa au bout de huit jours, les croûtes tombèrent, la peau s'assouplit et il ne resta que quelques pellicules farfura- cées à sa surface. Le résultat d'un traitement exclusivement externe prouve que l'affection était psorique, et sa prompte généralisation aussi bien que sa forme particulière indiquent qu'elle était proba- blement sarcoptique. En résumé, toutes les observations que nous venons de rap- porter prouvent que les grands ruminants sont susceptibles de contracter trois variétés ou espèces de gales comme le cheval. Une gale sarcoptique, une gnle psor optique, une gale choriop- lique ; il paraîtrait môme que la gale du chat, qui est une va- riété de gale sarcoptique, se transmettrait aussi à la vache, d'a- près une observation faite en Allemagne (i). Nous décrirons seulement la gale psoroptique et la gale cho- rioptique qui ont été bien vues et bien déterminées dans leur cause et dont la nature parasitaire a été bien établie. GALE PSOROPTIQUE. — On pourrait appeler cette gale, la gale française des bêtes à cornes, car, dans les quelques cas très rares de vraie gale que l'on a constatés en France, chez les bœufs, c'était de la gale psoroptique, et cette constatation est due à Delafond. ]\osog-rap]iic. — La gale psoroptique du bœuf a une grande analogie avec l'affection de même nom du cheval : elle se mon- tre sous forme de plaques irrégulières, croûteuses, qui occupent le bord supérieur de l'encolure dont elles provoquent l'épais- sissement et le plissement, le derrière de la tête, le garrot, etc. Ces plaques sont aussi de vraies plaques d'eczéma impétigineu 'x granulé avec épaississement du derme, chute de poils et pré- sence de croûtes grossièrement pulvérulentes au milieu des- quelles grouillent les psoroptes. Le prurit est presque continuel et même violent, pendant la nuit surtout; partout où l'animal peut atteindre, il y porte la (1) Redemacher, Magaz. f. Thierheilkunde . Berlin, 1842. 3o6 CHAPITRE V. langue ou se frotte contre tous les objets qui sont ;\ sa portée; il se penche contre la personne qui le gratte, au point de se laisser tomber, et manireste son contentement par une tension de l'encolure et des mouvements de la queue des plus expres- sifs. La marche de cette gale, est envahissante, mais assez lente ; elle marche de haut en bas, mais respecte toujours le ventre, les extrémités et la tête. Quand la maladie est ancienne, on la voit souvent compliquée de plaies ulcéreuses dues à l'action répétée de la langue rude des malades et des frottements contre les corps durs, mais ja-j maison ne voit de boutons isolés volumineux, tels que furoncles, boutons d'ecthymas, papules, etc., à moins qu'il n'y ait une) complication de prurigo phthiriasique. La gale du bœuf peut durer longtemps et amener un état ca- chectique très prononcé, le marasme et même la mort par épui- sement. Généralement on évite cette fin et on sacrifie l'animal pour la boucherie. Étioiog^ie. — La cause déterminante de cette gale est tou- jours et uniquement le Pso7-optes longiroslris variété Bovis ; au- cun autre Acarien, pas même lesPsoroptes du cheval et du mou- ton, qui pourtant ressemblent au premier au point qu'on ne peut les distinguer, ne peuvent la déterminer, ainsi que cela ré- sulte d'expériences positives et répétées de Delafond, Gerlach et d'autres expérimentateurs . Comme causes prédisposantes, la maigreur, la malpropreté, le manque de soins, la mauvaise nourriture, etc., tiennent le premier rang; cependant leur concours n'est pas indispensable, car la contagion fait développer la gale psoroptique sur des bœufs bien portants et bien soignés. Diagnostic différentiel. — La gale psoroptiquB peut être confondue chez le bœuf avec la teigne tonsurante, le prurigo phthiriasique, l'eczéma printanier et l'eczéma dartreux et, en outre avec les gales chorioptiques et sarcoptiques. Les plaques herpétiques de la teigne tonsurante du bœuf (vulgo dartre tonsurante) qui sont dues exclusivement au Trichophy- ton epilans et qui sont très contagieuses, pourraient être con- fondues avec les plaques impétigineuses de la gale psoroptique au début, car elles sont les unes et les autres circulaires et petites, mais les plaques de teigne tout en s'agrandissant jus- ACARIENS. 3o7 qu'à acquérir la dimension d'un écu, restent toujours parfaite- ment régulières, tandis que les plaques de gale psoroptique s'al- longent, et s'agrandissent surtout dans le sens longitudinal, mais toujours irrégulièrement; du reste avec un peu d'atten- tion et avec une simple loupe on ne tarde pas, en examinant la surface croûteuse, à voir grouiller les Psoroptes, ce qui fixe le diagnostic. Le Prurigo, causé par le grand Pou du bœuf {H sematopinus eurysternus), qui habite de préférence les longs poils du chignon et du bord supérieur de l'encolure, s'accompagne de déman- geaisons assez vives, de dépilations et d'une éruption prurigi- neuse qui pourrait être prise, par des examinateurs superficiels, pour une gale au début ; mais les papules du prurigo restent toujours isolées, ne se réunissent jamais en plaques, et il n'est pas possible de confondre ces deux éruptions, surtout lorsque la présence des poux a été constatée. Cependant il peut y avoir mélange des deux afi'ections ; il faut, dans ce cas, se garder de ne voir que le prurigo et de s'en tenir à la constatation de la présence des poux, car l'afi'ection qu'on négligerait est la plus grave; cependant le môme traitement convient à toutes les deux et elles disparaîtraient ensemble. Veczéma printanier du bœuf se remarque surtout au prin- temps à l'époque de la mue, et est l'expression exagérée du phénomène physiologique delà mise bas du poil d'hiver. Cette affection est très bénigne et disparaît spontanément au bout de deux ou trois fois vingt-quatre heures, après avoir montré un léger prurit et une très petite éruption sèche, rapidement furfuracée qu'il n'est pas possible de confondre avec celle de la gale psoroptique. h'eczéma dartreux du bœuf est la dermatose qui peut être le plus facilement confondue avec la gale psoroptique : comme celle-ci, cet eczéma occupe le bord supérieur du corps, mais le dos avant le garrot et le cou, et s'étend de chaque côté sur les flancs et les côtes sans dépasser la partie moyenne du tronc; il forme des plaques très irrégulières comme des cartes géogra- phiques, occupant, dans certains cas, exclusivement les parties blanches et respectant celles qui sont pigmentées et couvertes de poils colorés ; dans d'autres cas, chez les robes foncées uniformes, s'étendant uniformément sur toute la partie supé- rieure du tronc. Dans les parties récemment envahies, et qui .'J58 CHAPITRE V. sont celles que l'on peut le plus facilement confondre avec la gale psoroptique, les poils sont encore adhérents, mais hérissés, leur fond est occupé par des croûtes grossièrement pulvérulen- tes, jaunâtres, donnant la sensation d'un grossier sahle semé au fond du poil; en coupant les poils le plus près possible, on voit la peau colorée en rose vif, couverte de croûtes pulvéru- lentes et saignant facilement au raclement. Cette poussière, exa- minée au microscope, est essentiellement composée de particu- les épidermiques très ténues, de corps étrangers, de poussières tombées du râtelier, de gouttelettes de sérosité concrétée, sans qu'on puisse constater l'ombre d'un parasite psorique. Dans ce cas on trouve souvent des cadavres d'Acariens des fourrages qui pourraient donner le change à des observateurs non pré- venus et ne possédant que des connaissances superficielles et incomplètes en acariologie. Quand l'eczéma dartreux est ancien et dure depuis deux ou trois ans, comme nous en avons vu un exemple, dans l'intervalle des poussées, qui sont généralement annuelles et printanières, les surfaces cutanées les plus anciennement malades sont com- plètement nues, de couleur rosée, épaissies et couvertes de larges écailles épidermiques, brillantes, rappelant les grandes écailles de la carpe, et se renouvelant fréquemment. La diffé- rence dans ce cas est tellement grande avec l'éruplion de la gale psoroptique qu'il n'est pas possible de les confondre. La démangeaison, dans cette affection, est très modérée, et dans l'intervalle des poussées elle est h peu près nulle ; nous n'avons pas vu les bœufs dont nous parlons plus haut se gratter spontanément, mais ils éprouvaient une visible jouissance lorsque nous grattions les parties les plus récemment malades pour recueillir des croûtes. Enfln, lorsqu'il y a doute avec les gales sarcoptiques et cho- rioptiques, l'examen microscopique est le moyen le plus sûr de fixer le diagnostic. Pronostic. — Le pronostic de la gale du bœuf n'est pas grave; il est si facile de guérir cette affection que ce n'est que par suite de l'ignorance et de l'impéritie des propriétaires que la maladie peut prendre un caractère invétéré et amener par épuisement la mort du suj et. Traitement. — Tous les traitements que nous avons indiqués ACARIENS. 3o9 contre la gale psoroptique du cheval sont applicables à celle du bœuf. Nous rappellerons que les préparations à base de tabac sont les plus efficaces et les plus économiques, surtout les résidus sirupeux des manufactures, étendus de 5 à 6 fois leur poids d'eau, ou la simple décoction de tabac (30 grammes par litre), surtout la décoction huileuse. Nous recommanderons encore d'éviter l'emploi des pomma- des à base de mercure, de cantharides, d'arsenic, etc., à cause de la grande propension des grands ruminants à se lécher. Les simples pommades soufrées n'ont pas ces inconvénients et sont plus efficaces. A moins de gale généralisée, ce qui est très rare dans la gale psoroptique, on peut se borner à traiter exclusivement les par- ties malades en ayant soin de n'en pas oublier et de dépasser le périmètre des surfaces atteintes, de 2 ou 3 centimètres ; de cette façon aucun parasite n'échappera. GALE ClIORIOPTIQUE. — C'est la gale symbiotique des Allemands. Nous doutons, comme nous l'avons déjà dit, qu'elle ait jamais été observée en France (1), à moins que ce ne soit sur des bœufs récemment importés des pays d'outre-Rhin. Par con- tre elle paraît assez commune en Allemagne, surtout sur les con- fins de la Russie, comme le prouveraient les faits que nous avons rapportés. Bien que Gohier se borne à dire que, dans la gale des bœufs hongrois qu'il observa en 1814, l'Acarien qu'il y trouva ressemblait à celui du cheval, nous croyons fort que c'était la gale chorioptique et non la gale psoroptique que por- taient les bœufs qui suivaient l'invasion étrangère. Quoi qu'il en soit, nous allons décrire la gale chorioptique du bœuf d'après les auteurs allemands qui l'ont observée. !\'oHO|^raphie. — La gale chorioptique débute toujours, ou presque toujours, autour de la base de la queue, dans les fossettes latérales et au pourtour de l'anus. Là, ces parties se couvrent d'une poussière jaune épidermique qui s'accumule et forme des croûtes sèches, peu adhérentes et pulvérulentes. La peau que recouvrent ces croûtes estrougeâtre, tuméfiée, un peu irritée et est le siège d'un prurit assez modéré et intermittent qui engage les animaux à essayer d'y porter la langue ou à se (1) Voyez ce que nous disons plus haut page 347, ligne 33. 360 CHAPITRE V. I frotter contre les corps durs à portée. La maladie se propage en s'irradiant et s'étend surtout en bas autour de la vulve, sur les fesses, sur l'écussonet sur les mamelles (chez la vache) ou le scrotum (chez le mâle) ; ce n'est qu'après de longs mois et même des années qu'elle gagne le milieu du corps et surtout les parties antérieures. La marche de cette gale est très lente et présente le carac- tère d'une intermittence que nous avons déjà signalée pour la gale chorioptique du cheval : elle disparaît pendant l'été à l'époque des travaux, des pâturages au grand air et du poil court estival, pour se remontrer au moment de la stabulation per- manente et lorsque l'animal est couvert de son poil d'hiver. Il résulte des recherches de Gerlach et de MuUer que, bien qu'inactifs pendant l'été, les Chorioptes ne disparaissent pas pour cela ; ils restent tapis au fond des poils du chignon et du bord supérieur du cou, vivant exclusivement des exsudations naturelles de la peau à la façon des Sarcoptides plumicoles leurs voisins, et ce n'est qu'au moment oia ces exsudations viennent à manquer par suite du ralentissement des fonctions de la peau pendant l'hiver, que les Chorioptes redeviennent psoriques, et déchirent de nouveau l'épiderrae pour vivre des humeurs qui sourdent à la suite de ces lésions. La durée de celte gale, si on ne vient pas la combattre, peut être aussi longue que la vie de l'animal ; l'observation de MuUer, que nous avons rapportée plus haut, nous la montre durant une vingtaine d'années dans une ferme et affectant tous les grands ruminants qu'elle contenait. Elle peut entraîner l'épui- sement complet et même la mort par la perturbation qu'elle apporte aux fonctions en généi'al, par la privation de som- meil et de repos. Étioiog'ie. — La cause déterminante est unique, c'est le Choriopte du bœuf, les autres Chorioptes ne peuvent la déter- miner, cela résulte des tentatives infructueuses d'inoculation faites par Gerlach au moyen de son Symbiote du cheval (notre Chorioptes spallnferus). Parmi les causes prédisposantes se placent en première li- gne la saison des froids pendant laquelleaussi les animaux sont enfermés dans des écuries hermétiquement closes et serrés les uns contre les autres. ACARIENS. 3C1 Le jeiwie âge, chez le bœuf aussi bien que chez le cheval, paraît être aussi une des causes prédisposantes des plus actives, aussi bien que la période de la lactation chez les femelles ; tout au moins les cas isolés ont été constatés dans ces deux conditions. Enfin une cause de propagation et d'extension est la réunion des bovinés en grands troupeaux, et cette cause est assez active pour que, malgré la faible tendance à la progression de cette gale, on la voie prendre la forme enzootique et atteindre avec le temps tous les individus qui composent le troupeau ; elle est aidée en cela par la misère, les privations, les fatigues de toutes sortes, toutes causes débilitantes qui viennent compléter la série des causes prédisposantes. Diag^nostic. — Le diagnostic de la gale chorioptique du bœuf est plus difficile que celui de la précédente, au moins au début, parce qu'elle a alors une grande analogie avec le prurigo causé parle Trichodecles scalaris, très petit Pou qui habite surtout les régions postérieures du corps, particulièrement le voisinage de la queue, et qui cause une éruption furfuracée et finement croûteuse s'accompagnant de dépilation et d'une démangeai- son assez faible ayant la plus grande ressemblance avec les premières manifestations de la gale en question. Il n'y a guère que le microscope ou la loupe, qui démontrent, dans un cas, la présence du petit Pou du bœuf et dans l'autre celle du Cho- riopte, qui puissent fixer le diagnostic. Et lorsque Cruzel prétend qu'il a reconnu, rien qu'à la description de la gale choriopti- que de Gerlach traduite par Verheyen, la dermatose qui est si fréquente sur les bœufs garonnais, incapable qu'il était de dé- couvrir et de reconnaître le parasite, nous sommes certain, par ce qui nous est arrivé maintes fois avec les bœufs de France de toutes races que nous avons examinés si souvent dans les abat- toirs de Paris, que Gruzel, quoi qu'il en dise, n'a jamais vu de gale symbiotique (ou chorioptique), mais bien le prurigo du Trichodecles scalaris. Lorsque la gale chorioptique est généralisée, ou seulement très étendue, la confusion n'est plus possible parce que le pru- rigo reste confiné dans la région de la queue et le long de la colonne vertébrale, et qu'il garde toujours son cachet de sim- plicité initiale, tandis que l'éruption causée par le Ghbriople s'accentue, s'aggrave et se rapproche du caractère de celle 362 CHAPITRE V. que cause le Psoroptes longiroslris. Encore dans c^ cas le microscope est indispensable pour i'aire distinguer les deux gales, bien que la gale chorioplique ne soit jamais aussi nette- ment délimitée que la gale psoroptique. Il est impossible de confondre la gale chorioplique avec la teigne du veau, la première constituant une seule surface eczé- mateuse irrégulière, non nettement délimitée, tandis que la teigne est toujours sous forme de surfaces nummulaires herpé- tiques nettement délimitées. L'eczéma printanier se rapproche peut-être plus de notre gale que, toute autre éruption, à l'exception de celle du T'ri- chodectes scalaris, mais il se montre précisément au moment où la première disparaît, et sa marche rapide ne laisse pas long- temps dans le doute, si l'examen microscopique n'est pas là pour le lever. Enfm l'eczéma dartreux du bœuf différant bien plus de la gale chorioplique que de la gale psoroptique, la confusion est encore moins possible ; du reste nous renvoyons à la descrip- tion que nous en faisons plus haut. Traitement. — Le traitement de cette gale est le même que pour la précédente. Seulement il y a une précaution indispen- sable sur laquelle nous insistons et qu'il est aussi nécessaire de prendre dans l'une que dans l'autre des ces gales, si on ne veut pas voir ces affections se répandre sur les animaux voisins par l'intermédiaire de la litière, de la mangeoire et du râtelier, et prendre la forme enzootique et même la forme épizootique quand les animaux sont réunis en troupeaux considérables ; nous voulons parler de la désinfection des écuries. L'eau bouil- lante, nous l'avons déjà dit, est le meilleur désinfectant des écuries pour toute. espèce de gale : en échaudant la litière, le sol, les parois, les mangeoires et les râteliers, on est sûr de dé- truire tous les Acariens ou leurs œufs, logés dans les interstices ; mais il faut, nous ne saurions trop le répéter, que l'eau soit ver- sée littéralement bouillante, afin qu'elle arrive sur les animal- cules ou leurs œufs à la température coagulante de l'albumine, c'est-à-dire à 70^ ou à80°.Rienne saurait remplacerl'eau bouil- lante, pas même l'eau de chaux, les solutions de chlorure de chaux ou de potasse, même concentrées ; quant aux acides étendus et même aux solutions phéniquées ou créosotées, nous ACARIENS. 363 nous sommes assuré qu'elles sont infidèles et nullement aca- ricides, à moins de les employer à un degré de concentration qui les rendraient dangereuses pour les animaux tentés de manger leur litière qui en serait mouillée. PIQURES D'IXODES. — En France, dans certains pâturages, les bœufs sont attaqués par les Ixodes : nous en avons rencon- tré sur des bœufs venant d'Auvergne et du Midi ; nous n'en avons jamais vu sur les bœufs venant de Normandie, de l'Ouest ou de l'Est. En Auvergne c'est particulièrement V Ixodes reduvius qui s'attache aux bœufs ; sur ceux du Midi nous avons trouvé VJxodes scapulatus et surtout V Ixodes plumbeus. Ces parasites — nous ne parlons que des femelles fécondées, — s'attachent aux aines, et se laissent choir dès qu'ils sont complètement gonflés de sang. Les bœufs n'y font pas attention, et ces para- sites ne sont jamais assez dangereux pour faire du mal. Dans nos colonies les Ixodes sont beaucoup plus nombreux. Nous avons récolté plusieurs grandes espèces sur des bœufs algériens amenés à l'abattoir militaire de Vincennes : ce sont V Ixodes ^gyptius, VJxodes Alyeriensis et V Ixodes Dugesii en compagnie de Y Ixodes reduvius. Très souvent ces quatre espèces étaient réunies sur le même individu, et de véritables essaims se voyaient fixés aux aines et dans les parties inférieures et postérieures du ventre. Ces parasites ne paraissaient pas faire souffrir les animaux qui ne cherchaient pas à s'en débarrasser, et nous n'avons pas remarqué que leur santé en ait été in- fluencée, car ils arrivaient à Paris gras et parfaitement bien portants. Il paraît cependant que dans leur pays d'origine les grands Ixodes ne sont pas toujours inoffensifs : M. H. Lucas a vu, dans le cercle de la Galle en Algérie, en 1845, des bœufs tellement couverts de ces grands Ixodes qu'ils en devenaient étiques et fi- nissaient par mourir d'épuisement. De nos jours le fait ne se remarque plus et les vétérinaires de la colonie n'ont jamais signalé d'accidents dus à ces parasites. A la Guadeloupe les Ixodes sont encore plus nombreux qu'en Afrique et ils constituent dans notre colonie américaine un véritable fléau. M. Blondelle, vétérinaire principal de la colonie, est venu en causer avec nous et avoir notre avis sur le meilleur moyeu de détruire ces parasites. Il paraît qu'à la suite de leurs 304 CHAPITRE V. piqûres se développent des plaies qui deviennenlpromplemcnt ulcéreuses sous l'influence du climat torride de la Guadeloupe, et que la vie des animaux est fréquemment compromise. Nous pensons que, s'il survient des plaies à la suite des piqûres des Ixodes, cela tient à la manière de les détacher violemment; on les arrache avec des couteaux de chaleur, de véritables racloirs, et il est évident qu'avec ce procédé ce n'est que le corps de l'Acarien qu'on fait tomber et son rostre reste toujours dans la peau ; il faut ensuite, comme dans le cas d'une épine, un véri- table travail de suppuration éliminatrice pour le faire tomber; de 15, des plaies d'autant plus nombreuses que le nombre des parasites est lui-même plus considérable, et les accidents con- sécutifs à ces plaies. Un badigeonnage de benzine, en forçant les parasites à se dé- tacher spontanément et à aller mourir par terre, éviterait la conséquence fatale de l'arrachage brutal, et amènerait insensi- blement la cessation du fléau. Une autre cause de la formation de ces plaies, c'est qu'il est probable que les nymphes de l'Ixode de la Guadeloupe (nous attendons des spécimens pour le déterminer spécifiquement), ont les mômes mœurs que celles de notre Ixode réduve à l'égard du cheval et qu'elles s'introduisent entièrement sous la peau, ce qui amène la formation de pustules furouculeuses que l'ani- mal écorche, ce qui produit des plaies. Quoiqu'il en soit, la benzine, dans tous les cas, est le meilleur parasiticide à employer. Nous ne sachons pas que des Acariens parasites, autres que les Psoriques et les Ixodes s'attaquent aux bœufs. Les Derma- nysses et les Rougets les respectent, probablement à cause de l'épaisseur de leur peau. D. Dermatoses acarieimes du MOUTOIV. Les affections psoriques du mouton sont depuis très long- temps connues ; il en est déjà question dans la Bible, car le législateur des Hébreux (Levit,. , xxii, 22) exclut les bêtes galeu- ses des sacrifices. Les agronomes latins Varron, Columelle et Caton, n'igno- raient pas les désastres que le Turpis scabies occasionne dans les troupeaux de moutons, et le moyen âge conserva les tradi- tions antiques sur ce sujet; mais, comme pour la gale de ACARIENS. 365 l'homme et des autres animaux, il faut arriver au dix-neuvième siècle pour voir le jour se faire sur la nature de cette maladie. Bien que Wichmann et Abildgard eussent déjà émis l'opinion que la gale du mouton comme celle de l'homme est causée par un Acare, c'est le vétérinaire wurtembergeois Walz qui le pre- mier en a donné la preuve, en 1809, en montrant cet Acare et en déterminant son rôle par des expériences parfaitement con- duites ; seulement il croyait à sa génération spontanée. Les expériences de Walz furent répétées par Hertiwg, à Berlin, en 1817 et en 1827-28, avec les mêmes résultats, puis par Héring en 1835, et ce dernier démontra que la prétendue génération spontanée des Acares dans les sécrétions de la gale, qu'Herwig croyait avoir démontrée par certaines expériences, était le résul- tat d'une illusion et que si le liquide sécrété en question, ino- culé ne contenait pas d'Acares visibles, il contenait tout au moins des œufs. Les travaux de Gerlach, de Bourguignon et Delafond ont complété les connaissances que l'on avait sur la gale du mou- ton la plus ordinaire, sur l'Acarien qui la cause et surtout sur les meilleurs moyens de traitement applicables à cette affection; c'est en cela surtout que les travaux des derniers auteurs sont recommandables, car, comme nous l'avons déjà dit, leur étude entomologique du parasite est bien faible. Toutes les fois qu'il est question de la gale du mouton dans les différents auteurs qui en ont parlé, c'est toujours de la gale vulgaire, si facilement enzootique et même épizootique, qui se généralise si rapidement dans tout un troupeau, de la gale enfin causée par le Psoroptes longirostris variété Ovis (le Sar- coptes ovis d'Hering, le Dermatodectes ovis de Gerlach, le Dennato- koptes communis de Fiirstenberg). En 1848 Delafond a découvert sur le mouton un nouvel Acarien, qui n'est autre qu'un Sar- copte, et qui détermine une gale localisée sur' le chanfrein et au pourtour des naseaux et de la bouche de l'animal. Cette gale est rare, et l'Acarien qui la cause est une variété du Sarcoptes scabiei très peu différente de celle de l'homme. Enfin il y a quelques années, en Allemagne, le professeur Ziirn, de Leipzig, a observé chez le mouton une gale occupant les pattes et cau- sée par un Choriopte spécial, ce qui porte à trois, comme chez le bœuf et le cheval, le nombre des afl-ections psoriques dont le mouton peut être atteint. Nous aurons ensuite à ajouter 366 CHAPITRE V. ■ comme Acariens parasites s'attachant aux moulons, les IxodeP et les Rougets. GALE PSOROPTIQUE. Synonmyie. - Rogne, gale épizooÊ tique (auteurs anciens), gale ordinaire (auteurs modernes), galMk dermatodectique (Gerlach, Bourguignon el.Delafond). iVo8o$;r:iphie. — L'invasion d'un mouton par la gale pso- roptique a pour premier signe une vive démangeaison : on voit l'animal se mordiller, chercher à se gratter avec ses pattes pos- térieures et salir ainsi sa toison par le contact répété de ses pieds ; il cherche aussi à se frotter contre tous les corps durs à sa portée, tels que poteaux de bergerie, troncs d'arbres des pâturages, claies des parcs et même le corps de ses voisins. A la suite de ces frottements et de ces grattages répétés la toison se feutre et en même temps des mèches se détachent, pendent et donnent au mouton une physionomie caractéris- tique qui fait deviner immédiatement à l'observateur exercé, le mal dont est atteint le petit ruminant. EnelTet, si on examine l'animal, si on écarte la laine autour des points où elle a été arrachée pour donner lieu à ces flocons pendants, on voit que la peau est épaissie sur une petite sur- face circulaire, rosée, à sommet jaunâtre humide, en un mot qu'elle est le siège d'un petit point eczémateux et non pas d'une pustule ou papulo-vésicule comme disait Delafond. Celte surface eczémateuse ne tarde pas à se couvrir d'une croûte peu adhérente, facilement divisible en grossières granulations et qui n'est autre que de la sérosité desséchée mêlée à des peUicules épidermiques ; sous ces croûtes ou au miheu de ces croûtes, avec de bons yeux et un peu d'attention, on ne tarde pas à voir un ou plusieurs petits corpuscules blancs punctiformes qui se déplacent lentement et qui ne sont autre que des Psoroptes. On les reconnaîtra facilement si on les soumet à l'examen mi- croscopique et si on les compare aux figures que nous donnons dans les planches qui accompagnent cet ouvrage. La population acarienne augmentant rapidement, la surface eczémateuse augmente dans la même proportion; par l'appa- rition de nouvelles vésicules, résultat des piqûres des Psoro- ptes, qui se développent au pourtour de celte surface et toujours en dehors, car les parasites, tout en ne s'écartanl pas de la surface malade et marchant en ligne de bataille réglée, piquent ACARIENS. 367 de préférence les parties saines qui l'entourent, ce qui fait que la surface eczémateuse s'élargit toujours par ses bords, qu'elle a l'apparence d'une large plaque assez bien délimitée, ressemblant même à un large herpès à bords irrégulièrement festonnés plutôt qu'à un eczéma type, recouvert de croûtes gros- sièrement pulvérulentes et jaunâtres. La gale psoroptique du mouton débute ordinairement par la ligne médiane supérieure, vers le garrot, et s'étend en s'irra- diant au cou, au dos, aux côtes, aux flancs. L'extension de celte gale se fait par l'élargissement progressif des plaques pso- riques, comme nous l'avons dit. Sa marche est lente, mais sûre, et en deux ou trois mois tout le corps est envahi, mais les Psoroptes ne quittent jamais les parties couvertes de laine et respectent celles qui, comme la tête, les membres et quelques parties de l'abdomen, ne sont couvertes que d'un poil fin. Gomme les Psoroptes passent facilement d'un mouton à un autre et que ce passage est favorisé par la réunion en trou- peaux de ces animaux, la gale psoroptique prend promptement la forme épizootique et atteint successivement et rapidement tout le troupeau. La gale du mouton, abandonnée à son cours naturel, peut avoir une issue funeste : le manque de repos, les tourments continuels, la perturbation apportée aux fonctions de la peau, finissent par rendre l'animal cachectique et par amener le marasme et la mort. Si l'animal est bien nourri, la maladie peut rester stationnaire ou se prolonger des années. Delafond pré- tendait même qu'une bonne alimentation pouvait, seule, ame- ner la guérison, mais les expériences sur lesquelles il se basait pour avancer cette opinion ont besoin d'être vérifiées. A Vautopsie de moutons morts cachectiques à la suite de la gale, on voit le tissu dermique épaissi et infiltré d'une matière plastique qui a écrasé les glandes sudoripares et les bulbes pileux et qui a rendu les villo-papilles hypertrophiques. L'épi- derme est très épaissi aussi, ridé, crevassé, imbibé de matières séro-purulentes et grasses durcies parla dessiccation. Ces croû- tes épidermiques se ramollissent et se gonflent par l'humidité de manière à prendre l'aspect d'une pâte demi-liquide, géla- tineuse. On trouve quelquefois, dans les gales très anciennes de petits abcès de la grosseur d'un grain de chénevis et même plus, dans l'épaisseur du derme induré et même dans le tissu 308 CHAPITRE V, cellulaire sous-culané, qui alors participe à l'infiltration. A cette période les ganglions voisins sont aussi infiltrés, rougeâ- tres, parsemés de petits dépôts purulo-sanguinolenls', doublés et mênae triplés de volume. On trouve en môme temps à l'intérieur tous les caractères de la cachexie, tels que, hydro- pisie des séreuses, helminthes dans les intestins, douves dans les canaux et la vésicule biliaires, etc., et môme le caractère d'affections chroniques des intestins et des poumons. Les altérations de la laine dans la gale psoroptique du mou- ton sont très graves au point de vue commercial et très im- portantes à connaître. — Dans la gale ancienne la laine se montre feutrée, salie, jaunâtre, imprégnée d'un suint épais, de croûtes, et détachée par larges plaques ; ses brins ont perdu leur brillant, leur souplesse, leur douceur, leur élasticité et leur ténacité, ils se montrent ternes, durs, secs et cassants ; cette laine ainsi altérée n'a qu'une très faible valeur. Lorsque, au-dessous de ces lambeaux de toison, l'inflamma- tion cutanée a disparu, la peau se recouvre d'une nouvellepous- sée de laine ; les brins, provenant de cette nouvelle poussée, s'engagent dans les brins détachés, s'y accrochent et viennent avec eux constituer une nouvelle mèche composée d'anciens et de nouveaux brins d'inégale longueur qui se désunissent lorsqu'on exerce ime traction en sens opposé aux deux extrémités de la mèche. Cette altération, connue sous le nom de laine à deux bouts, est très préjudiciable à la fabrication des étoffes et ne donne que des tissus de mauvaise qualité (Delafond). Étiolog'ie. — La cause déterminante de la gale psoroptique du mouton est unique, c'est le Psoroptes longirostris variété Ovis, et aucune autre variété de la même espèce ne peut la déter- miner ainsi que les expériences de Gerlach l'ont surabondam- ment démontré. Comme causes prédisposantes, l'état valétudinaire, la mai- greur et le jeune âge, tiennent le premier rang. Les expérien- ces de Delafond ont montré avec quelle rapidité cette gale se développe sur les animaux affaiblis artificiellement, lesquels, remontés par une bonne alimentation, deviennent presque réfractaires à la même maladie. Les antennais sont, de tout le troupeau, les premiers et les plus rapidement envahis. La ACARIENS. 369 toison dure et serrée ofTre aux parasites un couvert très re- cherché, aussi, après la tonte, les Psoroptes émigrent-ils en masse sur les moutons non tondus. Les saisons et les milieux dans lesquels vivent les troupeaux ne sont pas sans influence sur le développement et la propa- gation de la gale. Des automnes et des hivers pluvieux et humides, des bergeries chaudes oh. s'accumulent des fumiers, impriment une marche rapide à la maladie ; la tonte, les étés secs, le séjour sur les pâturages lui font éprouver au contraire un ralentissement et quelquefois même une rétrogression. On voit quelquefois survenir des guérisons spontanées; mais, nous le répétons, les faits de ce genre, exceptionnels chez des individus isolés et bien soignés, ne se présentent jamais dans des troupeaux. Diagrnostic. — Le diagnostic de la gale psoroptique du mouton est facile et ne laisse pas longtemps régner l'indéci- sion. Si, au début de cette affection, alors que les lésions sont très peu étendues et qu'elles sont indiquées seulement par le prurit, il est possible de la confondre avec le prmigo causé par lé Trichodectes spherocephalus ou avec celui causé par le Melo- phagus ovinus ou encore par les Ixodes, on ne peut plus se tromper lorsqu'on voit les mèches de laine se détacher et les lésions de la peau apparaître avec leurs caractères pathogno- moniques. La gale sarcoptique même, récemment découverte par Delafond, ne peut pas être confondue un instant avec la gale psoroptique : leurs lieux d'élection totalement différents, et n'empiétant jamais l'un sur l'autre, permettent de les distinguer au premier coup d'oeil : la première n'occupe que les parties dépourvues de laine et la seconde exclusivement les parties qui en sont couvertes. Seraient-elles concomitantes sur le même animal qu'on les distinguerait encore très facilement. Pronostic. — La gale psoroptique, en tant que considérée sur un animal isolé n'est pas grave, les moyens abondent pour l'en débarras.-er promptement ; mais elle acquiert une gravité réelle à cause de la vie collective à laquelle les bêtes à laine sont soumises et qui entraîne la généralisation prompte de la maladie dans tout le troupeau. Les pertes considérables qu'elle occasionne en font un fléau pour l'économie rurale. Mégnin. — Parasites. 24 370 CHAPITRE V. D'après les évaluations statistiques de Delafond cette gale atteint annuellement en France un million de têtes et il croit pouvoir estimer à 5 fr. par tête le déchet que subit la produc- tion de la viande, de la laine et des engrais. Traitement. — S'il ne s'agissait que d'un seul animal, tous les traitements que nous avons indiqués pour la gale pso- roptique du cheval ou du bœuf seraient parfaitement appli- cables ; aussi arrive-t-il souvent que quand la gale débute dans un troupeau et qu'un seul mouton est légèrement, atteint, le berger parvient généralement, s'il est soigneux, à l'arrêter par de simples grattages du bouton, avec la pointe de son couteau, suivis d'une imbibition avec de la salive chargée de jus de tabac, ou avec de l'huile de cade. Mais quand la gale a envahi tout ou partie d'un troupeau de plusieurs centaines de têtes, un traitement individuel et minutieux devient impra- ticable, il faut recourir alors à des moyens généraux et plus expéditifs ; il est nécessaire alors de composer des bains aca- ricides dans lesquels on peut faire passer en peu de temps tous les individus composant le troupeau et préalablement tondus. Le plus ancien en date de ces bains est celui de Walz (1809) composé de : Chaux éteinte 4 parties Carbonate do potasse 5 — délayés en bouillie dans de l'urine de vache, puis on ajoute : Huile empyreumatique G — Goudron 3 — le tout étendu dans : Urine de bétail 200 — Eau 800 - Un cuvier étant rempli de 100 litres de ce liquide on y trempe les moutons, oh les y frotte jusqu'à ce que leur peau soit bien imbibée et on répète l'opération pour chaque mouton de deux à quatre fois dans l'espace d'un mois. Ce bain salit, mais n'altère pas la laine et il a été reconnu très efficace par Hertwig, Hering et les agriculteurs allemands qui l'ont chau- dement recommandé. En 1810, Tessier, en France, donnait la formule d'un autre ACARIENS. 37i bain dont la base, l'arsenic, est associée à un composé très astringent, le sulfate de fer; il est ainsi composé : Acide arsénieux l'',500s'' j Sulfate de fei- lOSOOO pour 100 moutons. Eau ordinaire 100 litres ) On faisait prendre ce bain aux moutons de la même manière que le précédent et un seul bain suffisait ordinairement. Diverses imitations de ce bain ayant été faites dans les- quelles la partie spécialement active, l'arsenic, était seule conservée, elles produisirent souvent des accidents regretta- bles dus à l'absorption de cette substance et par suite à une véritable intoxication. Gohier, Godine jeune et plusieurs autres observateurs en ont rapporté des exemples, et on finit par apprendre qu'il était indispensable que l'arsenic fût associé à une substance fortement astringente qui, par son action spéciale sur la peau, et peut-être aussi par sa saveur répugnante empêchât l'absorption de la substance toxique sans nuire à son action acaricide. Voilà pourquoi le bain de Tessier est resté jusqu'à ce -jour la meilleure préparation pour combattre la gale psoroptique du mouton. Le bain de Tessier a pourtant des inconvénients : il teint la laine en jaune d'ocre, couleur qui n'est cependant pas indélé- bile, car elle s'en va par le lavage. Pour parer à cet inconvénient on a essayé de remplacer le sulfate de fer qui produit cette cou- leur de rouille par des sels astringents incolores : M. Clément a proposé le sulfate de zinc et M. Mathieu l'alun. Le bain arse- nical ainsi modifié guérit aussi la gale, ainsi que l'a constaté Delafond, et ne tache pas la laine, mais ces sels sont plus chers que le sulfate de fer. On a aussi reproché aux poudres qui servent à préparer le bam de Tessier d'être d'une manipulation dangereuse et d'être susceptibles de donner lieu à des méprises fatales dans la ferme où on est obligé de l'employer ; c'est pourquoi on a eu 1 Idée d'y adjoindre des poudres très amères destinées à frapper le goût et à empêcher toute méprise. Dans ce but la poudre de racine de gentiane a été adoptée. Aujourd'hui la composition du bain antipsorique de Tessier est réglementée et aucune officine ne doit délivrer les substances qui doivent servir à le confection- ner que d'après la formule suivante : 372 CHAPITRE V. Acide arsénicux 1 .000 grammes valant l'' » Proto-sulfalo do fer 10.000 — — a Por-oxyde de fer 400 — — ..... ,,50 Poudre de gentiane 200 — — „ 25 Pour 100 litres d'eau 1 1", 600 de poudres — 3 75 quantité suffisante pour baigner parfaitement 100 moutons. Le bain deTessier ainsi modifié est la préparation à la fois la plus économique et la plus efficace. D'après les statistiques recueillies parDelafondenl836, sur 35,663 bêtes guéries par son moyen 33,137 n'ont été plongées qu'une seule fois et n'ont sé- journé que pendant cinq minutes au plus dans le bain, et S26 ont été baignées deuxjours de suite pendant deux ou trois minutes. Voici, toujours d'après réminent praticien et professeur que nous venons de citer, la manière de traiter les moutons galeux par le bain de Tessier : Le bain de Tessier ne doit jamais être employé que lorsque la peau est dégarnie de sa toison, car il rend la laine dure et sèche, tout en la colorant en jaune d'ocre, défauts qui ne s'en vont que difficilement par le lavage à dos. Si la saison ne permet pas de tondre le mouton il faut alors employer le' bain zinco ou alumino-arsenical. Mais il ne faut pas oublier que la tonte est nécessaire pour mettre à découvert toute l'étendue du mal et pour mieux atteindre les parasites. Tessier recommandait aux hommes employés à faire prendre le bain, de se couvrir les mains de gants ; l'expérience a démon- tré que cette précaution est complètement inutile et qu'on peut se livrer à cet exercice pendant vingt-quatre heures et même pendant plusieurs jours de suite sans avoir à redouter aucun accident. Cependant les personnes qui ont des plaies aux mains devront s'abstenir. L'épiderme des mains devient sec et dur et de couleur rouille, mais cette couleur s'enlève facilement, au besoin avec une solution faible d'acide chlorbydrique, moyen qui est aussi à employer pour enlever les taches ou éclabous- sures faites sur les habits par le bain. A l'exception des brebis laitières dont les mamelles et les ma- melons devront être préalablement graissés, les autres moutons ne demandent aucune autre préparation avant d'être plongés dans le bain. La température du bain devra être portée hAO° environ au- dessus de zéro. L'animal y sera plongé entièrement, excepté la ACARIENS. 373 tête, et maintenu au repos pendant deux minutes, irsera ensuite brossé, frotté, nettoyé, sans faire saigner, sur toutes les parties du tronc et notamment sur les surfaces galeuses pendant deux ou trois minutes. On frottera aussi les membres et les parties nues de la tête, où peuvent se trouver des Psoroptes en fuite. Quatre hommes peuvent ainsi baigner 12 à 14 moutons par heures ou 120 à 130 par jour. Tessier recommandait expressément d'éviter de laisser péné- trer de la liqueur du bain dans les oreilles parce que cela pouvait occasionner des accidents ; il prescrivait de plus de laisser les ani- maux pendantvingt-quatre heures dans un lieu dépourvu d'herbe et de litière et surtout de fourrage, d'enfouir le surplus du bain et même de brûler le cuvier, les brosses et tous les ustensiles imprégnés de la liqueur du bain. Ces dernières recommandations sont parfaitement inutiles, et Delafond prétend même que les premières le sont aussi, que des expériences en grand nombre lui ont démontré : 1° qu'en faisant pénétrer dans les yeux, dans les oreilles, dans le vagin, le bain ferro-arsenical, ce liquide ne détermine jamais d'inflammation; 2° que les moutons nourris pendant trois à huit jours d'aliments aspergés de 1 à 10 cen- tilitres du bain de Tessier n'en éprouvent aucune incommodité ; les moutons refusent du reste de toucher à ces aliments à cause delà saveur astringente et amère qu'ils ont acquise. C'est la même raison qui fait que les moutons en sortant du bain n'ont aucune tendance à se lécher entre eux. Delafond aurait aussi constaté expérimentalement qu'il faut de 3 à 5 décilitres du bain de Tessier pour occasionner la mort d'un mouton et qu'il peut absorber de 2 à 10 centihti es de cette liqueur sans qu'il en résulte aucun trouble à sa santé. En sortant du bain, la toison et la peau de la bête à laine ont une couleur rouille qui se fonce à l'air. Les parties de la peau dénudées de leur épiderme, gercées ou ulcérées, sont manifes- tement cautérisées et les parties découvertes de poils son t ridées. Trois à quatre heures après le bain une excitation générale fébrile apparaît et persiste pendant dix à douze heures d'une manière plus ou moins marquée. Du troisième au cinquième jour la peau se montre dure et dif- ficile à plisser, surtout aux endroits qui étaient couverts de gale et où se voit maintenant une croûte couleur rouille très adhé- rente aux parties sous-jacentes. Les animaux ne se grattent plus 374 CHAPITRE V. et mangent avec un excellent appétit. Si on examine les croûtes de gale au microscope, on n'y trouve plus que des cadavres de Psoroptes et des œufs flétris et desséchés. Du huitième au vingtième jour la cicatrisation est complète et les croûtes tombent, la peau redevient souple, la laine re- pousse blanche, souple et brillante et toute trace de la maladie de peau a disparu. Chez les bêtes qui ont été très galeuses ce dernier résultat n'est atteint qu'après trente et même cinquante jom-s, La teinte rousse de l'extrémité des mèches disparaît de jour en jour et les animaux reprennent en môme temps leur gaieté et leur embonpoint. Si quelques points galeux réapparaissaient sur quelques su- jets, ce qui est extrêmement rare, quelques lotions locales de la solution de Tessier suffiraient pour prévenir le retour de la ma- ladie. Le travail de cicatrisation des parties malades est souvent accompagné d'un prurit qu'il ne faut pas prendre pour un retour de la gale; cependant il est bon de surveiller les moutons à ce moment. On a vu plus haut que le prix d'un bain de Tessier pour 100 moutons revient à 3 fr. 75, ce qui ramène la dépense pour un mouton à 3 ou 4 centimes. Il est difficile de guérir un mouton plus économiquement et c'est à prendre en considération quand il s'agit de bêtes de peu de valeurpossédées par des cultivateurs peu aisés pour lesquels les sacrifices, quelques minimes qu'ils soient, sont toujours lourds. Un fait malheureux s'est produit au commencement de cette année (1879), à propos de gale du mouton et de bain de Tessier, qui prouve le danger de modifier une formule connue et long- temps expérimentée ; il est vrai que, dans le fait en question, on invoque une erreur : Une soixantaine de moutons affectés de gale aux environs de La Ferté-sous-Jouarre ayant été présentés à M. Beucler, vétérinaire de cette dernière localité, il conseilla le bain de Tessier modifié par M. Clément, c'est-à-dire à sulfate de fer remplacé par du sulfate de zinc. Quelques heures après le "bain tous les moutons moururent successivement. La com- position du bain fut examinée et on trouva que le sulfate de zinc avait été remplacé par du sulfate de soude, par erreur, a prétendu le pharmacien. Quel a été ici le rôle du nouvel agent ? A-t-il rendu la peau plus perméable au poison, ou bien les ACARIENS. 375 moutons non empêchés par le goût styptiqne d'un astringent, ont-ils absorbé par la bouche le liquide du bain, ou mangé de la litière qui en était imbibée? On ne sait. Des expériences ont été instituées pour éclaircir cette question, et elles semblent démontrer que c'est par absorption buccale qu'a eu lieu l'em- poisonnement [Bulletin de la Société de médecine vétérinaire pratique, Paris, février 1880. GALE SARCOTIQUE. — On lit dans le Compte rendu de l'Académie des sciences de l'année 1858, tome XLVI, page 1169, les lignes suivantes : « M. Delafond annonce avoir découvert sur un mouton na- politain, un acarus très différent de celui qui est déjà connu pour ce ruminant. Le mouton sur lequel a été observé ce Sar- copte (qu'on a lieu de considérer comme identique avec celui qui vit sur l'homme, le chien, le lion, le cheval) présente à la peau de la face, des lèvres, du pourtour des yeux et de la sur- face externe des oreilles, une grande quantité d© sillons (?) isolés ou réunis et de très nombreuses papules prurigineuses, les unes solitaires, les autres rapprochées, confondues et for- mant des croûtes épaisses, dures, adhérentes, de couleur jau- nâtre ; c'est dans ces sillons et sous ces croûtes que vivent et pullulent les Sarcoptes. « La maladie connue sous le nom impropre de noir-museau et dont on ignorait la nature, est donc une variété de gale du eaux Sarcoptes. » Ainsi donc le mouton est susceptible de contracter une gale sarcoptique qui affecte les parties de la tête non couvertes de laine et due à un Sarcopte qui est une variété du Sarcoptes sca- biei, voisine de celle de l'homme. Les exemples de cette'gale sont très rares, car le cas de De- lafond est encore unique (1) et rien ne prouve que l'identité qu'il suppose entre cette affection et celle que l'on connaissait vulgairement sous le nom de noir-museau soit fondée, car cette maladie passe dans certains lieux pour bénigne et susceptible de passer spontanément plus ou moins rapidement, ce qui éta- blirait une certaine analogie avec un herpès labialis gourmeux. (I) A moins qu'elle soit la même maladie que la dartre pustulo-croùteuse de Morel de Vaureal (Vaucluse) qu'il assimile à la teigne ou lézard de Chabert aquelle n'est autre que la teigne tonsurante du veau (Comptes rendus dé i Ecole de Lyon, 1819). v r = ue 37G CHAPITRE V. Cette question ne peut être vidée que par de nouvelles obser- vations. Nous faisons aussi des réserves à l'égard des sillons que Dela- fond a constatés dans la gale sarcoptique du mouton. Nous sa- vons que la face de cet animal est couverte de poils fins et que cela suffit, comme chez le cheval, pour empêcher de voir les véritables cuniculus sous-épidermiques dont l'existence, pour nous, ne fait néanmoins l'objet d'aucun doute. Mais ce que De- lafond a pris pour des sillons, ce sont des fissures, des crevasses inter-croûteuses qu'il ne faut pas confondre avec les premiers. Le Sarcopte du mouton lui est-il particulier, ou appartient- il à un autre animal qui le lui aurait transmis et qui se serait acclimaté sur lui ? Ce dernier cas est le plus probable. Chabert avait déjà dit que la gale du chien se communique au mouton ; nous verrons plus loin qu'une gale de la chèvre certainement de nature sarcoptique se communique aussi au mouton, à beaucoup d'autres animaux domestiques et même à l'homme ; des observations nouvelles et surtout des expériences sont en- core nécessaires pour élucider complètement cette question. La gale sarcoptique du mouton étant encore, comme on voit, assez mal étudiée au point de vue de la nosologie, de l'étiologie, (lu diagnostic et du pronostic, nous bornons ici ce que nous iivions à en dire. Quant au traitement on peut dire avec certi- tude que celui que nous avons indiqué contre la gale sarcop- tique du cheval convient parfaitement ici. GALE CIIORIOPTIQUE (Synonyme, Gale symbiotique, Zuvn).— Cette troisième espèce de gale du mouton n'est connue que depuis très peu de temps et a été découverte en Allemagne par M. le professeur Ziirn. Comme elle n'a encore été vue que dans le pays en question, nous ne pouvons en parler que d'après l'auteur allemand et nous donnons ci-dessous la relation de cette découverte, telle que M. Zundell'a faite dans la Chronique d'Allemagne du Recueil vétérinaire de M. Bouley, n° d'août 187-4, page 624 : « La gale symbiotique, c'est-à-dire celle due à l'Acarien nommé Symlnote par Gerlach, Dermatophagus par Fiirstenberg, Sarco-dermatodecle par Delafond et Chorioptes par P. Gervais, n'a encore été signalée jusqu'ici que sur le cheval (Gerlach, Verheyen, Fiirstenberg, Mégnin), sur le bœuf (Hering, Gerlach, ACARIENS. 377 Fùrstenberg), sur la chèvre de Nubie (Delafond et Bourguignon), sur le chien (Nicolet et Bentz) ; elle vient d'être observée sur le mouton par M. Ziirn, professeur vétérinaire à Leipzig. Ces sym- biotes ressemblaient aux symbiotes du cheval, seulement ils étaient plus petits ; en moyenne les mâles mesuraient O'^^'jSl de long et O'^^j^S de large ; les femelles Ô'"",37 de long et 0°'"',26 de large. Il y avait presqu'autant de mtlles que de femelles ; on les rencontre au milieu des croûtes grouillant en nombreuses so- ciétés surtout à l'extrémité des membres, dans le creux du pa- turon des moutons de race fine, mais négligés, notamment chez les Negretti. Comme les symbiotes du cheval, ceux du mouton émigrent difficilement de la région qu'ils ont envahie et ce n'est que l'augmentation de la société qui les force à étendre leur domaine et à faire ainsi progresser la maladie, progression qui est, par suite, très lente; cela fait aussi que la gale symbio- tique.est peu contagieuse. Après un laps de temps assez long pendant lequel la maladie reste stationnaire, la peau s'infiltre, exsude, et se couvre de croûtes plus ou moins épaisses, des crevasses plus ou moins profondes se forment dans le pli du paturon. C'est cette éruption que les bergers considèrent comme due à un régime trop riche en sel, surtout parce qu'elle s'observe pendant la stabulation en hiver. » Comme on voit, cette gale a tous les caractères de celle du même nom du cheval, et, bien que les caractères spécifiques de l'Acarien qui la cause ne soient nullement indiqués, nous ne sommes pas éloignés à le regarder comme étant le même que celui du cheval que nous avons étudié, dont il aies mêmes dimensions, pris, chez le mâle, sans doute jusqu'à l'extrémité des pattes postérieures. PIQURES D'IXIODES. — En France les moutons sont rare- ment attaqués par les Ixodes, mais il en est autrement dans l'Afri- que française, dans les Flandres belges, en Herzégovine et dans le midi de la Russie. Des moutons de ces différents pays, arrivés à l'abattoir militaire de Vincennes, nous ont montré quelquefois de véritables essaims de ces parasites attachés aux aines et aux aisselles, parties dépourvues de laine. Les espèces que nous avons rencontrées sont principalement VJxodes reduvûts, puis Vlxodes Dugesii, V Ixodes Fabricii, VJxodes scapulutus, VIxodes marmoralus et Vlxodes ricinus. Nous devons reconnaître que les 3~8 CHAPITRE V. moutons qui les portaient s'occupaient peu de ces parasites qui ne paraissaient pas les tourmenter beaucoup. On a dit pourtant que dans certains pays, en Belgique par exemple, ils constituaient quelquefois un véritable fléau pour les bètes à laine. Le moyen d'en débarrasser les moutons est le même que celui que nous avons indiqué pour les bœufs. E. Ocrmatoses acariennes de la CHEVRE. Les auteurs anciens sont complètement muets sur les affec- tions acariennes des chèvres ; le fait est qu'elles sont extrême- ment rares sur les races indigènes de l'espèce caprine, et que les cas de gale que l'on a observés dans ces derniers temps l'ont été surtout sur des chèvres de races étrangères, d'Angora ou d'Afrique, et une fois sur celles de race suisse. Comme nous allons le voir, la chèvre est sujette à plusieurs espèces de gale comme les animaux qui précèdent. GALE SARCOPTIQUE. — Déjà en 1818 et en 1819, on avait constaté que les chèvres du Thibet importées soit par Huzard, soit par Joubert et Ternaux, présentaient de nombreux cas de gale sèche dont plusieurs étaient mortes ; ainsi sur un troupeau de 200 chèvres du Thibet, Ollivier, de Toulon, constata la mort de 25 bêtes qui présentèrent à l'autopsie tous les désordres de. la cachexie (1). Dans le Veterinarian de 1851, parut l'histoire suivante d'une chèvre galeuse, d'origine persane, rapportée par Anderson, de Londres : « Quand on fit attention à la chèvre, qui cohabitait avec une quinzaine de chevaux, elle était dans un état pitoyable: peau entièrement dépouillée et sabots détachés de la couronne. — Elle avait été envoyée de Perse en cadeau. — La maladie com- muniquée aux chevaux et aux hommes était caractérisée par une multitude de petits boutons rouges qui saignaient au moindre frottement, et par un prurit qui rendait les chevaux frénétiques. Les médecins qui traitèrent les hommes appelèrent la maladie The persian or russian mange {inange, gale). C'était, selon toute probabilité, de la gale sarcoptique. (1) Comptes rendus de l'École de Lyon, 1819. ACARIENS. 379 Dans le Repertorium der Thierheilkunde de parut l'his- toire d'une gale enzootique assez grave qui avait affecté les chèvres de la vallée de Priittigau, dans le canton des Grisons, en Suisse, et qui s'était propagée aux autres espèces domes- tiques et même à l'homme. Voici, d'après WalbrafF, le vétéri- naire qui l'a observée, les caractères de l'affection : « Éruption superficielle sèche, avec épaississement et gerce- ment de la peau ; quelquefois l'épiderme s'en allait en écailles sèches comme dans certaines dartres furfuracées; ces écailles étaient tantôt furfuracées, tantôt formées de grandes plaques blanc-bleuâtres, brillantes, complètement semblables aux écail- les de poisson. En même temps les poils tombaient en abon- dance. L'affection commençait par la tête et les oreilles ; ces organes se tuméfiaient et bientôt le nez et les lèvres étaient couvertes de gerçures considérables ; de là la maladie s'étendait sur le tronc jusqu'au ventre et aux mamelles et gagnait enfin les extrémités ; la peau était alors sèche, épaisse, dure et for- tement adhérente ; les animaux étaient affectés d'un tel prurit, qu'ils se frottaient tant qu'ils en avaient la force. Les symp- tômes s'accompagnaient d'un affaiblissement progressif et gé- néral et la mort arrivait par inanition complète. « Chez le cheval, le bœuf et le porc, la maladie se manifes- tait aussi par une éruption sur toute la surface du corps avec production d'écaillés furfuracées de l'épiderme et alopécie Chez l'homme on voyait se former une grande quantité de vési- cules s'accompagnant d'une démangeaison considérable sur- tout au lit;.... les gens atteints maigrissaient d'une ma- nière considérable et devenaient hideux à voir; bien souvent leur maladie résistait à la médication la plus rationnelle » Bien que Walbraff n'ait pu découvrir d'Acares, il n'en conclut pas moins à une affection psorique et son opinion fut confirmée par les résultats du traitement, car il guérit toutes les bêtes malades au moyen de la lessive de Walz, complétée par l'appli- cation d'une pommade à base de soufre et de savon vert. Les caractères de l'affection ci-dessus décrite, aussi bien que de celle rapportée par Andersen, se rapportent si bien à ceux de la gale sarcoptique du cheval que l'on peut dire avec certitude qu'elle était causée par un Sarcopte, surtout après l'avoir vue se communiquer à d'autres animaux et même à l'homme ; aussi ne comprenons-nous pas pourquoi le docteur 380 CHAPITRE V. Jules Gourdon a essayé de ridiculiser l'opinion de Walbraff dans l'analyse qu'il donne de la relation de cette épizoolie {Recueil de 1858, p. 255) ; la leçon de dermatologie qu'il essaie de lui donner prouve combien cette partie de la pathologie est encore ignorée, même dans le corps enseignant vétérinaire français. L'existence de la gale sarcoptique chez la chèvre a enfin été définitivement constatée par le professeur Miiller, de Vienne. Dans le premier cahier du volume de 1858 du Journal trimes- triel de la science vétérinaire ( Vierleljahrschrift fur ivissenschafl- liche Vetermœrekunde, p. 64), le docteur Miiller donne un frag- ment de nouvelles recherches sur la gale des chèvres naines d'Afrique [Capra hircus depressm) qu'il avait déjà étudiée en 1852, Cette affection, qui se communiqua à d'autres animaux et même aux gardiens de ces ruminants (elles appartenaient à la ménagerie impériale de Schœnbrunn à laquelle elles avaien été envoyées d'Afrique par le docteur Reitz), s'était développé pendant leur voyage en Europe, et avait affecté principalement la tête et le cou. A cette époque déjà, le professeur Hébra, comparant l'Acarien qu'on avait trouvé dans cette gale avec celui de l'homme, avait certifié leur identité parfaite (1). Dans ces nouvelles études faites au moyen de croûtes conservées efe ramollies qui lui fournirent de nombreux Acares, le docteur Miiller constate de nouveau que ce sont de vrais Sarcoptes, mais qu'ils tiennent à la fois de celui de l'homme et de celui du chat. Dans tous les cas ce fait met hors de doute l'existence possible de la gale sarcoptique chez la chèvre. Ftirstenberg ayant reçu de la part de M. Miiller des croûtes de gale de ces mômes chèvres d'Afrique, a fait de son côté l'étude microscopique des Acariens qu'elles contenaient; d'a- près cette étude et les figures qu'il en donne dans son grand ouvrage, ce serait un Sarcopte de mômes dimensions que celui de l'homme et qui s'en distinguerait par ses épines dorsales qui sont arrondies à leur extrémité au lieu d'être en forme de dents triangulaires {Die brustdorn sind lànglich und eichelfôr- mig). Nous en avons fait notre variété caprée du Sarcoptes scabieL Nous ne reviendrons pas sur la nosographie, l'étiologie et le diagnostic de la gale sarcoptique de la chèvre qui sont donnés dans les observations qui précèdent. Quant au traitement, celui (1) Zeitschrift der K. K. Gesellsdiaft der Aerzte zu Wieji 9, j'abr, h Band, 1853, page 368. ACARIENS. 381 que nous avons indiqué à propos de la gale sarcoptique du cheval lui est parfaitement applicable. GALE CHORIOPTIQUE. — Cette variété ou espèce de gale de la chèvre a été étudiée une seule fois par Delafond sur des chè- vres d'Angora appartenant au Jardin des Plantes de Paris. Il îivait nommé cette gale ; gale sai-co-dermatodectique, du nom dont il avait affublé l'Acarien qui la cause et qui est un vrai Choriopte et peut-être le même que notre Chorioptes spathifej'us, que nous croyons fort avoir été mal vu et mal étudié par l'au- teur en question, si nous en croyons les figures qu'il en a données et qui ne diffèrent des nôtres que par les poils ronds des lobes abdominaux carrés du mâle, tandis que chez notre C. spatkiferus il y en a d'élargis comme des spathes, ce qu'il n'a peut-être pas aperçu. Quoi qu'il en soit, cette gale avait débuté par les parties latérales du corps, du garrot et de l'encolure s'étendant der- rière les oreilles, sur le dos, les reins et la base de la queue. Les parties qui en étaient le siège étaient dénudées et conser- vaient seulement les poils rudes de jarre, puis s'étaient recou- vertes de croûtes jaunâtres, dures, épaisses, rudes et très adhé- rentes ; sous ces croûtes la peau était épaisse, sèche, ridée, crevassée et adhérente. Cette affection, dit Delafond, aurait pu être confondue avec l'icthyose. L'eau tiède réduisait les croûtes en une bouillie blanchâtre, qui, au microscope, se montra composée de fines molécules, de cellules purulentes déformées et de cellules épidermiques surtout. Les Acares résidaient constamment sous les croûtes récentes. Les ganglions lympha- tiques voisins étaient engorgés. Le duvet des chèvres galeuses était feutré et s'arrachait par mèches, dont les poils salis avaient perdu leur souplesse, leur moelleux et leur brillant; le pei- gnage de ce duvet, très difficile, devait donner beaucoup de bourre et de déchets. Dans les points les plus anciennement atteints, les poils formaient un duvet court et atrophié à extré- mités amincies et entremêlé de beaucoup de jarre. Cette affection paraissait avoir eu une marche très lente et être restée cantonnée longtemps sur le dos ; elle n'était des- cendue dans les régions inférieures qu'après de longs mois. Cette gale aurait été facile à confondre avec la gale sarcop- tique et la preuve c'est que Delafond et Verheyen regardent 382 CHAPITRE V, cette gale comme la môme que celle décrite par Walbraff, bien qu'il soit bien démontré que les Chorioptes ne s'acclimatent pas sur l'homme. Il n'y a donc que la détermination exacte du parasite qui la cause qui puisse faire distinguer l'une de l'autre ces deux affections. Cette gale a été guérie au moyen du bain de Tessier précédé de la tonte. Pour compléter ce que nous avions à dire sur les dermatoses acariennes de la chèvre, nous ajouterons que nous pensons que cet animal, comme le mouton et comme les chevreuils et les cerfs, est susceptible d'être piqué par les Ixodes, bien que le fait n'ait pas encore été constaté authentiquement. F. Dermatoseg acariennes du PORC et du fSAIVGIilER. Les dermatoses acariennes du porc sont très rares, aussi ne trouve-t-on que de très courtes indications sur sa gale dans les auteurs qui, depuis Wiborg, se sont occupés des maladies de ce pachyderme. On ne lui connaît qu'une gale sarcoptique du tronc et une gale sarcoptique des oreilles. GALE SARCOPTIQUE DU TRONC— Cette gale, chez le san- glier, paraît plus commune que chez le porc. En 1846, Gurlt et Spinola découvrirent pour la première fois un Sarcopte sur un de ces animaux affecté d'une maladie de peau ; depuis, Gerlach en a retrouvé sur le même animal ; voici dans quelles circons- tances les premiers observateurs étudièrent cette gale sarcop- tique du sanglier. M. Spinola, ayant été consulté pour une maladie épizootique qui décimait les sangliers de la chasse royale de Grunewald près de Berlin, trouva une quantité considérable de strongles [Slrongylus paradoxus) dans les divisions bronchiques ; les animaux présentaient en outre un exanthème qui avait tous les caractères de la gale. M. Spinola, de concert avec M. Gurlt, découvrit dans les croûtes un grand Sarcopte, dontFiirstenberg a fait une espèce sous le nom de Sarcoptes sqiiammi férus et qui est notre plus grande variété du Sarcoptes scabiei que nous avons nommée Suis. Fiirstenberg aurait retrouvé le même Sar- copte, plus tard sur le "chien. D'après les expériences de Spi- nola, ce Sarcopte du sanglier s'acchmaterait très bien sur le ACARIENS. 383 porc en déterminant une gale dont il a pu suivre les phases. M. Miiller, professeur à l'École vétérinaire de Vienne, a observé un cas de gale du tronc chez des cochons chinois {sus pliceps). « Toute la surface du corps de ces animaux était couverte de croûtes sèches d'un blanc grisâtre faciles à détacher. Sous ces croûtes le tissu cutané était excorié, et cela surtout dans les nombreux plis formés par la peau. C'était des croûtes écailleuses peu épaisses, ou bien ces croûtes avaient une épais- seur de plus d'un centimètre et elles formaient ainsi une couenne épaisse recouvrant une grande partie du corps. Dans quelques régions et notamment sur le thorax et l'abdomen, le tissu cutané tuméfié, dur et dense, avait une épaisseur de trois à quatre centimètres; dans d'autres régions, et notamment à la base des oreilles on constatait des tubercules cutanés du volume d'un pois à celui d'une fève. Quelques animaux semblaient être saupoudrés de guano sec. « L'état général de ces animaux ne présentait rien à noter; ils étaient un peu plus maigres qu'à l'ordinaire mais ils étaient gais et mangeaient avec un très bon appétit. La maladie, qui, probablement, avait persisté pendant une grande partie de l'hiver, avait été importée par une bête achetée avant l'hiver et peu à peu elle s'était communiquée aux autres porcs et même à des porcelets âgés de quelques semaines seulement. « A la première visite de M. Muller les animaux semblaient peu tourmentés par le prurit, probablement à cause de la tem- pérature peu élevée ; plus tard, cependant, les démangeaisons devinrent très vives et les animaux cherchaient à les calmer en se frottant contre les corps environnants. « M. Mûller détacha plusieurs croûtes et, à l'examen micros- copique, il y découvrit des Sarcoptes mâles et femelles (les femelles en nombre bien plus considérable), des larves avec trois paires de pattes, des œufs ovoïdes avec ou sans embryons visibles à l'intérieur et enfin des masses excrémentitielles noi- râtres. Les Sarcoptes d'un seul porc pouvaient être évalués à plusieurs milliers. « Ces Sarcoptes apparaissent à l'œil nu comme de petits points d'un brun clair ; on les voyait surtout très bien dans les croûtes épidermiques à l'aide d'un verre grossissant; les Sar- coptes se trouvaient dans toutes les croûtes et faisaient encore des mouvements un ou deux jours après la récolte. Au début 384 CHAPITRE V. de la maladie on pouvait constater l'existence de galeries dans les couches épidermiques, sur les jeunes porcs. « Ces Sarcoptes ressemblent parfaite ment au Sarcopte de l'homme et par leurs formes et par leurs autres caractères. Les femelles, beaucoup plus grandes que les mâles, ont le corps ovoïde; les mâles ont le corps rond et ne se voient pas facile- ment à l'œil nu. « M. Millier n'a pas constaté la transmission de cette gale à l'homme et à d'autres espèces animales, mais il faut remarquer qu'il a conseillé dès le principe toutes les précautions prescrites en pareil cas et qu'il a soumis les malades à un traitement énergique sous l'influence duquel ils furent bientôt guéris. « La gale n'est pas commune chez les porcs et c'est la pre- mière fois qu'elle était observée chez les porcs de cette race. (I Les Sarcoptes examinés par M. Mûllcr, se distinguent, dit-il, par quelques points peu importants du Sarcoptes squamim férus du sanglier, décrit dans l'excellent ouvrage de Fiirstenberg. » [Ooslerreichische Vierteljahreschrift, IIÏ, 1864.) Il est regrettable que M. Miiller n'ait pas donné plus positive- ment les caractères qui distinguent, à ses yeux, son Sarcopte du Sarcoptes squammiferus de Fiirstenberg, nous ne serions pas étonné qu'ils soient les mêmes que ceux que nous avons décou- verts sur les Sarcoptes des grands animaux tels que le crochet du deuxième article des pattes antérieures, les plastrons, etc., qui n'ont pas été distingués par Fiirstenberg ; il correspondrait donc parfaitement à notre Sarcoptes scaùiei, variété suis et ce qui vient encore à l'appui de cette hypothèse, extrêmement vraisemblable, c'est la grande taille de la femelle, sa forme ova- laire, la couleur brun clair de ce Sarcopte. En sommeil résulte des observations que nous avons rappor- tées ci-dessus que les sangliers et les porcs sont susceptibles d'être envahis par une gale qui affecte le tronc et qui est une gale sarcoptique à croûtes épaisses, analogue à celle que nous verrons plus loin affecter les loups et d'autres animaux de ménagerie. Comme traitement applicable â cette gale les pommades à base de soufre sont parfaitement efficaces, combinées aux bains alcalins. C'est du reste celui qui a réussi à M. Miiller. Les moyens de désinfection des porcheries qui ont contenu des porcs galeux sont les mêmes que ceux que nous avons ACARIENS. 38o déjà indiqués pour les écuries, c'est-à-dire l'emploi de l'eau bouillante à grands seaux. GAIaE M.lRCOPTiauE UES OREII.L.ES. — Aussi rare que la précédente. En 1857 Delafond eut occasion d'étudier une gale du porc domestique qui était encore une gale sarcoptique; il en fit une communication à la Société centrale vétérinaire, dans sa séance du 23 avril, en ces termes : « Il y a quatre jours, je présidais aux opérations que les élèves de l'Ecole pratiquaient sur des porcs lorsque je fus frappé de la maladie de peau dont était affecté un jeune porc métis anglo-français. Après la séance des opérations j'examinai l'intérieur des oreilles de cet animal et je fus frappé de la forme spéciale de l'altération que présentait la peau de cette région, altération que je n'ai pas encore vue. La surface de cette peau avait un aspect mamelonné très remarquable, que dissimulait à première vue l'épais- seur des croûtes qui y étaient adhérentes ; mais, en immer- geant l'oreille dans l'eau, je parvins facilement à les détacher et je reconnus qu'elles formaient des espèces d'étui qui engaînaient des mamelons cutanés, lesquels n'étaient autre chose, comme j'ai pu m'en assurer au microscope, que des villo-papilles hypertrophiées. Dans les sillons qui séparaient ces villo-papiUes, j'ai découvert un insecte de l'ordre des Arachni- des, qui, examiné avec le microscope, m'a paru se rappro- cher beaucoup par ses formes de l'Acarus de l'homme de celui de l'Acare du chien et du chat, lesquels ont tous ce caractère commun qu'ils vivent sous l'épiderme. Rien que dans une croûte, j'ai pu reconnaître douze à quinze de ces msectes formant une génération complète composée de mâles de femelles, de larves et d'oeufs. J'ai conservé ces oreilles et je les mets sous les yeux de la Société. Aujourd'hui, qua- TJTI?"'"'"'^"''^' ^'""^"^^^ ^"^^^^ ^"^^ appartenaient, J ai pu obtemr encore quelques acares vivants et je les ai placé sous le microscope où on peut les observer; on pourra e con- vaincre par la forme de leurs extrémités antérieures p" celle de leur corps et de leur tête, qu'ils appartiennent à îa classe des acares qui tracent des sillons sous-épidermiques. Ce fait est tiès intéressant au point de vue de la pathologie comparée • Il exphque la transmission possible de la gale du porc à l'homme' Rien qu en maniant les oreilles de cet animal je me suis trouvé Megnin. — Parasites. 35 386 CHAPITRE V. dans les conditions voulues pour contracter sa maladie et j'ai actuellement sur les bras quelques papules qui résultent de la présence de quelques acares qui ont pénétré sous mon épi- derme. C'est là un événement dont je ne suis nullement inquiel, car j'ai eu déjà deux fois la gale du chien et il n'est pas difficile de s'en débarrasser. » Un deuxième cas encore inédit de cette gale des oreilles du porc a été observé en Italie, à Milan, il y a deux ans, et nous a été signalé par notre collègue et ami, M. le professeur Melchiore Guzzoni, dans une lettre particulière oii il nous transmettait le croquis du Sarcopte récolté dans les oreilles d'un porc, et les dimensions de ce parasite; de ces renseignements il résulte que le Sarcopte en question est une variété du Sarcoptes scabiei, très petite, correspondant exactement pour la forme et la gran- deur à celle de l'homme que nous avons nommé hominis. Ainsi donc le porc est susceptible de nourrir deux variétés du Sarcoptes scabiei, la plus grande connue qui vit sur son tronc et la plus petite qui vit dans ses oreilles. Les mêmes moyens peuvent servir à débarrasser l'animal de l'une et de l'autre. G. Dermatoses acariennes du chien. Il n'est pas d'animal domestique plus sujet aux maladies de peau que le chien ; cela tient à ce qu'il est depuis plus long- temps que tous les autres soumis à l'empire de l'homme, et à ce qu'il est le plus éloigné de son élat normal ; la preuve, c'est que, quelle que soit la maladie de peau dont il sera atteint, on la verra s'améliorer rapidement si le chien est soumis au ré- gime de la viande crue, et, si cette maladie est exclusivement constitutionnelle, elle guérira par la seule persistance de ce régime ; nous l'avons surabondamment démontré dans notre ouvrage: leChien{i). Mais parmi ces dermatoses si variées du chien, combien y en a-t-il qui soient exclusivement acariennes, qui soient de vérita- bles gales? Demandons-le aux différents auteurs qui nous ont précédé. Les vieux auteurs de vénerie confondaient toutes les ma- ladiesde peau du chien sous le nom de gale et ils les regardaient (1) Chez Deyrolle, libraire naturaliste. Paris, 1877. ACARIENS. 387 toutes comme contagieuses. Il est vrai qu'ils avaient constaté que souvent les chiens contractaient la gale en s'enfonçant dans les terriers à renard ou à blaireau et que cette gale, qu'ils n'a- vaient aucun moyen de distinguer des autres maladies de peau, se répandait rapidement partîontagion sur les autres chiens. « Qu'est-ce que la gale du chien ? disait, en pleine Société vétérinaire, l'éminent professeur M. H. Bouley ; « pour tout le monde, les vétérinaires y compris, un chien qui aune maladie de peau est galeux, et sous le nom de gale on entend ainsi une foule de maladies différentes par leurs causes, leur nature et même par leur siège. » Ce que M. Bouley disait en 1848, il pourrait encore parfaite-- ment le répéter à l'heure qu'il est. En effet, le vieux veneur, Jacques du Fouilloux, qui vivait sous Charles IX, appelle toutes les maladies de peau du chien gale; mais il en distingue quatre espèces : 1° une gale j^ouge qui occupe surtout les pattes et le ventre ; 2° le roux-vieux qui occupe le dos et le cou ; la gale des orei/les qui occupe le bord de la conque et qui correspond à ce que nous appelons aujourd'hui chancre; et la gale noire qui oc- cupe surtout la tête, le tour des yeux et le chanfrein, et qui est, selon toute probabilité, notre terrible gale folliculaire. Eh bien,à l'exception de quelques jeunes professeurs de nos écoles qui ont l'habitude des recherches microscopiques, tous les vétérinaires sont encore à la hauteur de Jacques de Fouilloux. Cependant depuis longtemps on a cherché à distinguer les dermatoses parasitaires du chien des dermatoses constitution- nelles. , Bosc [Dictionnaire des Sciences médicales, 1816) dit avoir observé des insectes sur des chiens galeux. Gohier, dans ses Observations vétérinaires, dit : « J'ai examiné l'Acare du chien à la loupe, en 1813, il ne m'a pas semblé pré- senter de différences remarquables avec l'Acarus du cheval. » Hertwig [Magazin fur die gesammte Thierheilkunde, 1835) a trouvé sur le chien un acarus qui a sur les côtés du corps des poils plus touffus que celui du cheval, et frangés. Ce dernier mot prouve que Hertwig a été évidemment l'objet d'une illu- sion, car son prétendu acare de la gale du chien n'est autre qu'une espèce de Glyciphages, acariens errants qui se distin- guent précisément des autres de la même famille par des poils frangés. CHAPITRE V. Gohier doit avoir été l'objet d'une illusion semblable, car nous savons, par expérience, combien les Acares du chien sont diffi- ciles à chercher, et qu'il n'y a que celui de l'intérieur des oreilles, — où il n'a pas eu certainement l'idée de chercher, car il l'aurait dit, — qui a une certaine analogie -ïivec le Choriopte du cheval. Héring (1), après avoir cherché longtemps etinfructueusement des Acares sur des chiens galeux, finit par en rencontrer dans les circonstances suivantes : « J'ai trouvé, dit-il, ces Acares en petit nombre sur un ulcère qui avait continué longtemps dans la conque de l'oreille gauche d'un petit chien de chambre à poils lisses. L'odeur très mauvaise qui s'exhalait de cet ul- cère obligea le propriétaire de cet animal à réclamer l'aide de la médecine. Voyant ce chien secouer continuellement la tête, se gratter constamment avec ses pattes, j'examinai attentive- ment l'oreille malade et je vis sur sa paroi supérieure, mais la seule qui soit visible, quelques Acares que j'enlevai avec soin. Ce moyen ne put réussir pour la partie profonde de l'ulcère, à cause du chatouillement que le contact de l'instrument déter- minait ; des injections d'eau tiède à laquelle étaient mêlées quelques gouttes d'huile empyreumatique tuèrent les insectes, après quoi l'ulcère guérit en peu de jours. » Nous avons rap- porté plus haut les caractères que Héring donne à cet acarien qu'il nomme Sarcoptes cynotis, et cette description prouve jus- qu'à l'évidence que c'est un Choriopte et de plus que ce n'est autre que notre Chorioptes ecaudatus que nous avons retrouvé non seulement sur le chien, mais encore sur le chat et sur le furet, et au même endroit. Dans son ouvrage intitulé Gafe 7'ogne [Kràtze und Ràude. Berlin, 1857) Gerlach a décrit et dessiné (pl. II, fig. ii) un pré- tendu Sarcopte du chien dans lequel la femelle porte deux tu- bercules d'accouplement comme les jeunes femelles des genres Psoroptes et Chorioptes et le mâle deux ventouses pour les em- boîter qu'il décrit et ne figure pas ; nous avons tout lieu de croire que ce prétendu Sarcopte du chien, admis dans leur no- menclature par Delafoud et Bourguignon sous le nom de Sar- coptes cicygone , est toujours notre Chorioptes ecaWa^ws qu e Gerlach ne classe pas parmi ses Symbiotes parce que le mâle n'a pas de lobes abdominaux. (1) Mpertorium der Thierheitkunde, 1843. ACARIENS. 380 Fiirstenberg, dans son grand ouvrage sur les Acariens psori- quesde l'homme etdesanimaux(Z>2eÀ'rà7z/??e7èen, Leipzig, 1860). décrit, comme nous l'avons déjà dit, sous le nom de Sarcoptes squammiferus un Sarcopte qui serait commun au sanglier et au chien : il l'extrayait d'un chien galeux en même temps qu'il en recevait des spécimens exactement semblables de Gurlt pro- venant du sanglier. Nous avons toutes raisons de croire, ainsi que nous le montrerons plus loin, que ce Sarcopte avait été transmis au chien par le pachyderme. Le 4 juin 1863, Delafond et Bourguignon trouvaient sur un chien galeux un Acarien qu'ils regardaient comme la cause de la gale de cet animal et au sujet duquel ils faisaient une com- munication à la Société de Biologie. Ce Sarcopte, d'après les fi- gures qu'ils en ont données, a tous les caractères de l'espèce Sar- coptes scabiei et est remarquable par sa petitesse: la femelle a 30 millimètres sur 25 de large et le mâle 20 millimètres de long sur 16 de large ; ce sont exactement les dimensions des plus petits individus de la variété propre à l'espèce humaine, et une preuve que c'est bien la même c'est que Delafond a con- tracté, au contact du chien galeux qui lui avait fourni ce Sar- copte, une gale tout à fait semblable à la gale ordinaire de l'homme et suivant la même marche. Une troisième espèce acarienne a été découverte sur le chien par Tulk, en 1844 (1), et était reconnue l'analogue de VAcarus folliculorum que, deux ans auparavant, Henle à Zurich d'un côté, et Simon à Berlin d'un autre, avaient trouvé dans les fol- licules sébacés du visagede l'homme et que Owen avait nommé Demodex folliculorum. Gruby en faisait une nouvelle étude en 1845 (2) et s'attachait à démontrer que le Demodex du chien était Identiquement le même que celui de l'homme et pouvait être communiqué de l'un à l'autre et réciproquement Bien que Gruby eût avancé que le Demodex était la cause de la gale rouge du chien, il n'avait aucune idée de la forme réelle et de la gravité de l'alTection cutanée que ce parasite détermine. Delafond lui-même n'envisage l'action du Demodex qu'au point de vue de la gravité que sa présence peut impri- mer à la Gale sarcoptique, la seule gale qu'il reconnaisse chez (1) Demodex folliculorum caiiinus, in Ann. of. nat. hist., vol. 13 1844 (2) Comptes rendus, Acad. Se, t. XX, 1845. . • lo, loit. 390 CHAPITRE V. le chien {Traité pratique de la Psore. Paris, 1862, page 212) el il regarde raffection qu'il cause comme un simple acné qu'il nomme Simonide. C'est RoU qui le premier a compris l'importance et la gra- vité de l'affection causée par le Demodex du chien, et proposé de séparer cette dermatose des autres exanthèmes cutanés de cet animal, et c'est Verheyen qui a proposé de la nommer gale folliculaire, nom sous lequel elle est exclusivement con- nue aujourd'hui (1). Cette affection a depuis été étudiée par Haubner, Weiss, Saint-Cyr, Cornevin, etc., et nous pensons avoir comblé les desiderata de Verheyen qui constatait que « nos connaissances sur les mœurs du Demodex étaient très limitées » et qui désirait qu'elles fussent mieux connues (2). En résumé, le chien peut être affecté de trois dermatoses acariennes que nous classerons, selon leur gravité, dans l'or- dre suivant : gale folliculaire, gale sarcoptique, prurigo auri- culaire chorioptique. C'est dans cet ordre que nous allons les décrire. CiALiE FOIiL.lCUli.4.IRi:. — Synonime : Gale noire des an- ciens veneurs. iVosog^raphie. — Cette affcction revêt, suivant son âge, des formes extrêmement variées, au point que si l'on n'était pas prévenu on pourrait les prendre pour des affections très di- verses. Nous allons passer en revue ces différentes formes. Première forme, forme de début. — Le chien présente de simples dépilations aux doigts des pattes, aux coudes et au- tour des yeux, on le croirait affecté d'un simple pityriasis, car la peau est grise blanchâtre, en apparence, farineuse ; seulement, si on l'examine de plus près, on voit qu'elle est finement ru- gueuse par suite de la présence d'un très grand nombre de très fines papules à la place de chaque poil tombé; prurit peu intense, gaîté et tous les autres signes de la santé. Deuxième forme, deuxième période. — La dépilation a aug- menté aux pattes et occupe la plus grande partie du carpe et du tarse ; à la tête elle s'est aussi étendue, non seulement au- tour des yeux mais sur les joues. Les paupières sont tuméfiées (I) Nouv. Dictionnaire vétérinaire, Bouley-Reynal, art. Gale. (?) Mégnin, Étude sur le Demodex folliculorum, in Journal d'Anal amie... de Ch. Robin. 1877. ACARIENS. «jy» et leur bord renversé en dedans [entropion), et les yeux irrités sécrètent une abondante chassie purulente. La peau des joues est épaissie, sillonnée de rides et couverte de papules acnéi- ques dont un grand nombre a pris la forme pustuleuse. État général encore très bon. Troisième forme, qu'on pourrait appeler forme tonsurante et que M. Saint-Cyr appelle forme circinée. — Elle est caractérisée par des plaques circulaires de la grandeur d'une pièce de 2 francs à celle d'une pièce de 5 francs d'argent, de plus, légèrement proé- minentes, dépliées, rugueuses, souvent couvertes de croûtes jaunâtres et présentant sur leur bord quelques petits boutons rouges, pustuleux, acnéiques. Ces plaques peuvent se réunir à deux ou à plusieurs, ce qui forme de grandes plaques feston- nées. On pourrait les confondre facilement avec des plaques de teigne tonsurante causées par le Trichophyton tonsurans de Malmsten. L'examen microscopique peut seul dissiper les doutes. Cette forme circinée de la gale folliculaire peut exister soit seule, soit en même temps que l'une des deux précédentes, car c'est aussi une forme de début dans laquelle le prurit est encore modéré et intermittent, la gaîté et tous les signes géné- raux de la santé, normaux. Quatrième forme, gale folliculaire généralisée. — L'éruption s'est étendue sur tous les points du corps; la peau est enflam- mée, chaude, épaisse, rugueuse, dépilée et sillonnée de rides profondes, surtout à la face, ce qui donne aux animaux cette physionomie étrange qu'on a nommée face léonine ; en exami- nant de près on voit la peau couverte d'une multitude de bou- tons d'acné de toutes dimensions, les uns très petits, papuleux ; les autres plus grands, pustuleux, mais laissant tous sortir, quand on les comprime, un petit boudin gras de matière séba- cée par une ouverture de leur sommet visible à l'œil nu ; chez les plus gros boutons cette matière est évidemment purulente, et quand on examine au microscope la matière ainsi extraite, on la voit remplie d'une grande quantité de'Demodex. Malgré la gravité de cette forme, qui est nécessairement an- cienne, les chiens conservent encore beaucoup de gaîté et les fonctions générales ne paraissent pas sensiblement altérées, malgré le manque de repos par suite du prurit intense qui les tourmente. Cinquième forme. — La gale folliculaire peut être générale CHAPITRE V, sans dépilation, sauf en quelques points très circonscrits Les pustules acnéiques sont rares, mais elles sont disséminées par tout, grosses et à sommet blanc et purulent contenant chacun des centames de Demodex. Dans les intervalles de ces pustules la peau est couverte d'une exsudation épidermique ressemblant à de la fanne de maïs dont on aurait poudré l'animal (Saint- Gyr). Cette forme est un véritable acné généralisé. Terminaison. — La terminaison ordinaire de la gale follicu- laire est la cachexie accusée par la maigreur extrême et l'en- gorgement des pattes, et enfin la mort. Étioiogîe. — La cause déterminante de la gale folliculaire du chien est le Demodex folliculorum variété caninus, et non une autre variété, malgré l'expérience unique de Gruby, qui pré- tend avoir obtenu l'acclimatation du Demodex de l'homme sur le chien; nous avons répété la même expérience et nous n'avons pas vu survenir la gale folliculaire de l'inoculation du parasite de l'homme. Haubner a étudié l'action du Demodex folliculaire du chien déposé sur un autre chien parfaitement sain : après quarante-huit heures les follicules du point inoculé contenaient déjà un liquide purulent dans lequel on distinguait au microscope « des acares jeunes, des adultes et des œufs(?) ». Comme causes prédisposantes, le jeune âge est la principale, car cette gale se développe avec infiniment plus de facilité chez les jeunes chiens que chez les adultes. . Diagnostic. — Nous avons déjà vu que la forme circinée ou tonsurante de la gale folliculaire pouvait être confondue avec la teigne tonsurante ; le microscope est le seul moyen de la distinguer. Les affections dartreuses, si fréquentes chez le chien, peu- vent être confondues avec la gale folliculaire, mais, parmi les premières, la vulgaire gale rouge, Eczéma rubrum, est celle qui s'en écarte le plus; en effet, jamais les téguments, dans la gale folliculaire, ne sont aussi rouges que dans YEczema rubrum; ils sont plutôt d'une coloration générale grisâtre parsemée de petits points rouges et recouverts en partie de croûtes jaunes qui n'existent jamais dans l'eczéma. Le microscope lève faci- lement les doutes. La gale sarcoplique a beaucoup d'analogie avec la quatrième forme de la gale folliculaire ; le microscope seul peut les faire distinguer. ACARIENS. 393 Pronostic. — Le pronostic delà gale folliculaire est toujours extrêmement grave. Les traitements anti-psoriques ordinaires sont généralement suivis d'insuccès et nous n'avons obtenu de guérisons qu'au moyen du traitement que nous indiquerons plus loin. ^ Traitement. — Dans une leçon sur la gale folliculaire faite à l'École vétérinaire de Lyon (1) par M. le professeur Saint-Gyr, leçon où la nosographie de l'affection est supérieurement trai- tée, bien que l'étude du parasite laissât fort h désirer, M. Saint- Gyr disait : « Reste maintenant à trouver un remède capable de triompher du mal, mais ici, Messieurs, vous comprenez, presque sans qu'il soit besoin de le dire, combien doivent être grandes les difficultés. Pour guérir il faut tuer le parasite cause de tous les désordres ; mais le moyen de remplir cette indication? Voilà ce qui est difficile à trouver. Situés profondé- ment dans l'intérieur du follicule pileux, protégés par le pus et la matière sébacée au milieu desquels ils sont comme empê- trés, les Demodex semblent déjà défier tous les agents théra- peutiques à l'aide desquels on serait tenté de les attaquer. Il faut trouver un insecticide doué d'une force de pénétration assez grande pour arriver jusqu'à eux, assez puissant pour tuer sûrement, assez inoffensif pourtant pour ne pas attaquer profondément la peau du malade et ne pas mettre en danger sa vie s'il vient à être absorbé; vous comprendrez sans peine combien ces conditions sont difficiles à réunir. « Nous avons essayé un grand nombre de remèdes différents sans arriver à des résultats bien satisfaisants. Le mélange de Schaack (essence de térébenthine et huile de cade vraie, parties égales) â presque réussi entre les mains d'un confrère de Nancy, nous le savons, mais nullement entre les nôtres. «Un seul remède nous a paru avoir une efficacité réelle contre cette affection, mais il est dangereux, c'est le sublimé corrosif. Il tue certainement le Demodex ; mais il faut l'em- ployer avec persistance, et si la maladie est étendue, si, comme cela arrive toujours en pareil cas, la peau présente des excoria- tions, l'absorption du sel mercuriel est inévitable, et, longtemps avant d'avoir guéri l'affection cutanée, on voit se produire une infection mercurielle presque fatalement mortelle. » (Sans (1) Journal de Médecine vétérinaire. et de Zootechnie. Lyon, juillet 1876. 394 CHAPITRE V. compter l'absorption directe par la bouche du chien en se lé- chant). La formule à laquelle s'était arrêté M. Saint-Gyr est la sui- vante. Sublime corrosif 30 à 80 grammes (1). Glycérine 5(j (On dissout le sublimé dans un peu d'alcool et on incorpore dans la gly- cérine.) M. Saint-Gyr a aussi expérimenté la teinture d'iode qui, à ce qu'il lui a semblé, n'offre pas à beaucoup près autant de danger pour le malade et paraît jouir d'une certaine efficacité. Voici la formule sous laquelle il l'employait : Teinture d'iode 10 grammes. Glycérine 50 — Il est bien évident, pour nous, que les Demodex du chien sont inexpugnables et que, même en employant, s'il était pos- sible, le moyen conseillé parDelafond et consistant à enfoncer une petite broche rougie au feu dans chaque pustule acnéique, on détruira plutôt la peau que les parasites. Il y a pourtant un moyen d'en arriver à bout, moyen que nous avons expérimenté avec notre confrère et ami M. Leblanc et qui nous a parfaitement réussi : il consiste à faire prendre tous les jours, pendant un mois au moins, au chien atteint de gale folliculaire, des bains de Barège d'un quart d'heure à une demi-heure chacun, temps pendant lequel on malaxera la peau de manière que la solution sulfureuse pénètre bien dans tout lesinterstices. Après un mois^de traitement on continuera encore un second mois, mais en donnant les bains tous les deux ou trois jours seulement. Par ce moyen nous avons obtenu la gué- rison de gales folliculaires bien avérées et d'autant plus facile- ment que l'affection était plus récente. Voici comment nous nous expliquons l'action de ce trai- tement. Il est évident que la solution sulfureuse ne pénètre pas dans le follicule pileux et ne touche pas les Demodex qui sont au fond de ce sac fermé par de la matière grasse, mais les émi- grants, les colonisateurs, ceux qui, gênés par le grand nombre (1) N'y auralt-il pas ici une faute d'impression? ACARIENS. 39b des habitants dans.le logement qu'ils occupent, le quittent pour aller coloniser dans un follicule voisin, se trouvent, aussitôt qu'il en sont dehors, en contact avec l'acaricide et meurent; la répétition et la continuité des bains finira partner tous les De- modex émigrants et les anciennes colonies s'éteindront faute d'habitants. Voilà, selon nous, l'explication du mode d'action de ce traite- ment et la raison de la nécessité de le continuer longtemps, d'une manière suivie et sans interruption. Tout à fait au début, nous avons arrêté net le développement de la gale folliculaire, chez des chiens qui venaient de la con- tracter, par remploi de la teinture d'iode pure : nous en imbi- bions une boulette de coton ou d'étoupes avec laquelle nous tamponnions les parties malades en les dépassant d'un ou deux centimètres. «ALiE SARCOPTIQUE. — La gale sarcoptique est extrê- mement rare chez le chien et nous connaissons nombre de pro- fesseurs vétérinaires qui ne l'ont jamais vue. Fiirstenberg en a observé un cas ; le seul Sarcopte trouvé par Gerlach et appelé par Delafond et Bourguignon Sarcoptes cicygone à cause de ses ventouses copulatrices est un Choriopte; Héring n'a jamais vu sur le chien qu'un Choriopte qu'il avait nommé Sarcoptes cynotis; Delafond lui-même, qui n'admet que la gale sarcoptique chez le chien et qui la considère comme assez fréquente et méconnue jusqu'à lui, en a rencontré un exemple le 4 janvier 1853, et c'est ce chien, qu'il a laissé mourir de sa gale, dont la peau lui A servi à cultiver la gale sarcoptique sur plusieurs autres chiens ; nous ne sachons pas qu'il en ait vu d'autres. Enfm, nous- même, après avoir examiné pendant de longs mois tous les ■chiens affectés de dermatose de l'infirmerie de notre confrère et ami M. Leblanc; après avoir examiné pendant des années des -centaines de chiens accusés de gale appartenant à des abonnés du journal V Acclimatation, ou à des membres de la Société cen- trale des chasseurs, — parmi lesquels nous en avons rencontré beaucoup affectés > de gale folliculaire, — nous n'en avons trouvé qu'un seul affecté de gale sarcoptique : il était à l'infir- merie de M. Leblanc. Cette rareté delà gale sarcoptique chez le chien nous porte- rait à penser que cette gale ne lui est pas particulière et qu'il la 396 CnAPITRE V. contracte au contact d'autres animaux. En effet, le Sarcopte que Furstenberg a trouvé sur son chien galeux est la grande variété du Sarcopte scabiei qui vit habituellement sur le sanglier et le porc ; c'est très probablement au contact de ces animaux que le chien en question la contracté. Le Sarcopte trouvé sur le chien par Delafond et nous est, au contraire, la plus petite variété de l'espèce, semblable à celle de l'homme et à celle du mouton ; tout porte donc à penser que ce sont des moutons affectés de noir-mmeau, ou peut-être môme des hommes galeux, qui ont transmis ce Sarcopte au chien de Delafond et à celui que nous avons observé. Nous savons bien que, dans une de leurs expériences, Bour- guignon et Delafond n'ont pas réussi à acclimater le Sarcopte de l'homme sur le chien ; il y avait peut-être une résistance par- ticulière de la part du sujet d'expérience, — comme il s'en ren- contre même chez l'homme, — qui n'existerait probablement pas chez tous, et une seule expérience ne suffit pas pour établir un fait de ce genre, surtout quand nous voyons le Sarcopte du chat, espèce toute différente, s'acclimater parfaitement sur le chien, aussi bien que plusieurs grandes variétés des Sarcoptes scabiei, celle du loup par exemple, ainsi que nous l'avons ex- périmenté. iVoBos^papi.ie. — Au début, la gale sarcoptique du chien a une grande analogie avec la gale folliculaire; comme elle, elle com- mence ordinairement par la tête, le museau, le tour des yeux et des oreilles ; mais si on l'examine de près, on voit que la gale fol- liculaire présente une surface dénudée, légèrement chagrinée, mais sèche, tandis que, dans la gale sarcoptique, la surface dé- nudée est franchement eczémateuse et couverte de croûtelettes jaunes. Delafond prétend qu'au début de la gale sarcoptique on peut constater, chez le chien, la présence de sillons analogues à ceux qu'on voit chez l'homme ; nous ne nions pas leur existence, mais nous nions qu'on puisse les voir sur les animaux quels qu'ils soient. Plus tard, lorsque la gale sarcoptique est généralisée, l'analo- gie est plus grande entre les deux gales du chien, seulement la gale sarcoptique ne présente qu'exceptionnellement des pustu- les acnéiques, tandis qu'elles sont toujours très nombreuses dans la gale folliculaire. i ACARIENS. 397 Dans la gale sarcoptique généralisée, la peau est presque en- tièrement dénudée, épaisse, ridée, couverte de croûtes dont l'épaisseur et le degré de sécheresse varient suivant que cette gale est causée par une grande ou par une petite variété du Sarcoptes scabiei ou par le Sarcoptes notoeé^es. En effet, dans la gale causée par la petite variété du Sarcoptes scabiei, analogue à celle de l'homme ou du mouton, aussi bien que celle causée par le Sarcopte du chat, les croûtes sont plus fines et plus sè- ches et la gale est plus lichénoide, si l'on peut dire, tandis que dans la gale causée par la variété lupi, par exemple, du Saixo- ptes scabiei, les croûtes sont épaisses, volumineuses, humides, se rapprochant enfin de celles de Veczéma impétigineux ; c'est ce que nous avons constaté dans une expérience d'inoculation de gale du loup au chien, que nous avons efl"ectuée en même temps qu'une expérience semblable d'inoculation de la même gale au cheval. Le prurit, dans la gale sarcoptique, est excessif surtout la nuit, ce qui empêche les animaux de prendre tout repos. La terminaison naturelle de celte dermatose est la mort au bout d'un certain nombre de mois ; et cette terminaison est d'autant plus rapide que l'hygiène et surtout la nourriture lais- sent plus à désirer, mais elle est inévitable, quelque soin qu'on prenne des animaux, si on n'emploie aucun traitement anti- psorique. En cela nous différons complètement d'opinion avec notre ami et maître Delafond qui pensait que toute' gale pou- vait se guérir spontanément avec une bonne hygiène et une bonne nourriture. S'il a pu enrayer la marche de quelques cas de gale psoroptique, chez le mouton par ces moyens, il n'aurait pu le faire pour un cas quelconque de gale sarcoptique qui est celle qui suit le plus invariablement ses phases, quel que soit l'animal qui en est affecté ; nous l'avons constaté maintes fois soit sur le cheval, soit sur le loup, soit sur la girafe, etc. Eaortffie. — La gale sarcoptique du chien a une cause déter- mmante unique : la transmission par contagion de différentes variétés du Sarcoptes scabiei, ou de l'espèce Sarcoptes notoedres du chat. L'activité de cette dernière cause a été démontrée expéri- mentalement, par Delafond; en effet, cent vingt sarcoptes du chat ayant été déposés sur une petite chienne en parfaite santé au bout d'un mois elle fut couverte d'une gale générale causée 398 CHAPITRE V. par ces Sarcoptes et leur progéniture. Dans une autre expé- rience quatre jeunes chats galeux qui avaient été contaminés par leur mère ayant été donnés h une chienne qui alimentait trois petits et qui les accepta, la chienne contracta la gale aussi bien que ses petits qui en moururent au bout d'un mois. Gomme causes prédisposantes, le jeune âge et l'état valétudi- naire peuvent entrer en première ligne bien que ces causes ne soient pas indispensables, car les animaux les mieux portants contracteront toujours la gale sarcoptique s'ils sont exposés à la contagion. Une dermatose persistante, et surtout la gale folliculaire, est aussi une cause prédisposante, parce que le terrain est tout préparé pour l'invasion des Sarcoptes. Delafond disait que la simonide compliquait souvent la gale sarcoptique, ce qui ren- dait cette dernière très grave. Nous dirons au contraire, en rai- son de la rareté delà gale sarcoptique, que c'est cette dernière qui, bien rarement, complique la gale folliculaire. Diog^nostic. — Nous avons déjà signalé les différences objec- tives que présentent entre elles la gale folliculaire et la gale sarcoptique. Elles ne suffiraient pas, surtout dans les gales an- ciennes, à asseoir le diagnostic; le microscope seul, en décelant le parasite avec tous ses caractères, peut le faire. La gale sarcoptique peut être encore confondue avec V eczéma 7'ubrum, ou gale rouge des jeunes chiens : la coloration intense de la peau, le siège de cette affection qui débute toujours par les parties inférieures du tronc et la face interne des membres, sont d'excellents caractères différentiels qui suffisent généra- lement à la faire distinguer de la vraie gale. Elle peut encore être confondue avec le lichen dorsal, ou roux-vieux des chiens gras et âgés, affection dartreuse et par suite chronique qui reste confinée le long de l'épine dorsale, surtout sur les reins, et qui est caractérisée par le hérissement des poils ^ont la base est colorée en rouge-brique et par l'induration de la peau qui est crevassée et d'un rouge brun. Enfin, elle peut être en- core confondue avec le pityriasis et Veczéma dartreux, affections chroniques qui s'accompagnent aussi de démangeaisons plus ou moins vives, de dépilations, d'exsudations épidermiques ou croûteuses. Pour toutes ces affections, qui tiennent à la dialhèse dartreuse et qui sont si fréquentes chez les chiens, l'examen ACARIENS. 399 microscopique est indispensable pour éviter toute confusion. Nous ne parlerons qu'en passant du prurigo causé par les poux, les ricins ou les puces, le corps du délit étant facile à saisir. 11 n'en est pas de même de celui que cause le Rouget, en raison de la petitesse de cet Acarien, qui généralement se fixe autour des yeux et qui cause une démangeaison pouvant être prise pour de la gale au début. De bons yeux, et surtout une loupe, permettront de reconnaître le Rouget et d'être fixé sur la cause du prurigo. Pronostic. — La gale sarcoptique, bien que pouvant avoir naturellement les mêmes conséquences que la gale folliculaire, est cependant moins grave parce qu'elle est bien plus facile à guérir. Traitement. — La gale sarcoptique du chien, bien constatée, peut être guérie en quelques jours par les mêmes procédés que ceux employés pour les autres animaux : une heure ou deux après un bon bain savonneux tiède dans lequel on aura employé vigoureusement la brosse dure sur toutes les parties malades, afin de déchirer l'épiderme et de détacher les croûtes qui servent d'abri aux Sarcoptes, on fera une bonne onction, bien générale et bien intime avec la pommade d'Helmerich légèrement modifiée de la manière suivante : Soufre sublimé (10 grammes. Sous-carbonate de potasse 30 — Graisse ou axonge 250 — La moitié de cette quantité suffit pour frictionner un chien de moyenne taille. On peut remplacer la pommade ci-dessus par le Uniment suivant, qui est tout aussi efficace et que tout chasseur peut préparer instantanément : Poudre de cliasse broyée 260 grammes. Huile d'olive 500 Après avoir appliqué deux fois, à vingt-quatre heures d'inter- valle, cette pommade ou ce Uniment, et fait prendre un dernier bain savonneux le troisième jour, le chien sera guéri si les frictions ont été bien faites et bien générales. Par prudence on fera bien, huit jours après, de faire une nouvelle friction à la pommade ou au liniment ci-dessus, afin ^^''J CEIAPITRE V. d'atteindre les Acariens sortis d'œufs qui auraient résisté à l'action du parasilicide. Le chien étant très sujet à la diathèse dartreuse, il peut arri- ver que la gale sarcoptique réveille cette prédisposition et se complique, suivant l'âge du sujet, soit de gale rouge, soit de roux-vieux. Dans ce cas il faudra, après le traitement rationnel de la gale parasitaire indiqué ci-dessus, continuer les bains qui seront alors soit alcalins, soit sulfureux, suivant que le sujet sera sanguin ou lymphatique (1), et insister sur un traitement interne arsenical (liqueur de Fowler ou de Pearson à la dose de dix à vingt gouttes par jour dans de l'eau miellée, ou quatre à cinq granules d'acide arsénieux à 1 milligramme chaque), qui devra être prolongé longtemps, en même temps qu'associé à un régime où la viande crue entrera pour 2 à 300 grammes par jour, et à beaucoup d'exercice au grand air et à la cam- pagne. On se trouve souvent très bien, chez les chiens lymphatiques, de remplacer le traitement arsenical par un traitement ioduré ; on donne alors de l'iodure de potassium à la dose de 1 à 2 grammes en solution dans de l'eau miellée. PRURIGO CHORIOPTIQUE AURICUIiAIRE. — Le premier cas de cette affection a été constaté par Héring, qui avait pris l'Acarien qui la cause pour un Sarcopte qu'il nomme Sarcoptes cytioHs ; msiis à sa description on reconnaît facile- ment que c'est un Choriopte. Depuis, nous avons retrouvé la même affection chez le chat, en 1876 (2), et un peu plus tard chez le furet et chez le chien, en février 1878 (3), à peu près en même temps que M. Guzzoni la retrouvait aussi chez le chien (4). Mosog^raphie. — Héring parle d'un ulcère qui existait dans (1) Les bains alcalins se préparent au moyen de bicarbonate de soude ou de sous-carbonate de potasse à la dose de 2 à 500 grammes de sel par 25 litres d'eau tiède et les bains sulfureux en remplaçant le sel alcalin par le sulfure de potasse ou foie de soufre. A la sortie de ces bains les chiens devront être sè- ches et tenus chaudement. On remplace ou on alterne quelquefois avec avan- tage les bains par une lotion au moyen d'une solution phcniquée au millième ou par des embrocations d'huile de cade qui est un puissant modificateur des fonctions nutritives de la peau. (2) Bulletin de la Société centrale vêlérinaire. Paris, 27 juillet 1876. (3) Bulletin de la Société entomologique de_ France. Paris, 13 février 1878. (4) Achives de Médecine vétérinaire de l'École de Milan. ACARIENS. 401 l'affection qu'il a observée; depuis près de deux ans nous avons bien vu cinq ou six cas de celte affection ; or, pas plus chez le chien que chez le chat et chez le furet, nous n'avons constaté rien qui ressemblât à un ulcère : la sécrétion de céru- men est un peu plus abondante, les téguments du conduit au- riculaire sont un peu plus rouges, mais voilà tout ; c'est pour- quoi nous avons nommé cette affection prurigo et non pas gale, parce que le symptôme principal est une démangeaison ex- trême, revenant par accès, pendant lesquels l'animal, surtout quand c'est un petit chien ou un chat, est en proie à une véri- table frénésie ; dans ces moments l'animal refuse de se laisser toucher, même la tête, de manière à faire croire qu'il a un catarrhe auriculaire. Les deux oreilles sont généralement affec- tées ensemble. Lorsqu'à la vue des symptômes on cherche à examiner l'in- térieur de l'oreille, on voit que le cérumen, qui est brun-noi- râtre, est plus abondant et remplit les anfractuosités de l'o- reille. Si on prend de cette matière sur un cure-oreille on voit, si non au premier examen, au moins au second ou au troi- sième, quelques petits points blancs qui se déplacent lente- ment sur cette matière noire sur laquelle ils tranchent ; ces points blancs, qu'on voit facilement à l'œil nu, ne sont autre que des Acariens dans lesquels l'examen microscopique fait reconnaître notre Chorioptes ecaadalus. GetAcarien, en titillant si désagréablement l'oreille, a pour action d'augmenter la sécrétion du cérumen dont il vît; il ne paraît pas venimeux à la façon des autres acariens psoriques car nous n'avons jamais vu, dans l'intérieur des oreilles des anmiaux qui les nourrissent, de vésicules, de pustules, enfm une lésion quelconque pouvant se rattacher à la gale Les oreilles, dans cette affection, présentent souvent des ésions, mais c'est à la surface externe de la conque auricu- aire, et elles sont le résultat des grattages auxquels l'animal se livre, avec ses pieds de derrière surtout. Etiologie. — La cause est unique puisqu'il suffit de tuer le parasite pour guérir l'affection, et ce parasite est toujours transmis, par contact, des animaux malades à des animaux sains. Comme nous n'avons reconnu aucune différence entre les Chorioptes ecaudalus du chien, du chat et du furet, nous MÉONIN. — Les Parasites. 2Q 402 CHAPITRE V, pensons que ces animaux peuvent se transmettre rafiection en question les uns aux autres. Oiagrnostic. — Cette affection peut être facilement confon- due avec le catarrhe auriculaire au début, mais jamais avec le catarrhe auriculaire dans sa période d'état caractérisée par une sécrétion purulente et un exanthème du conduit qui en font un véritable eczéma dartreux, physionomie qui ne revêt jamais le prurigo chorioptique auriculaire. Mais le catarrhe au début, qui ne se manifeste encore que par une irritation du conduit auriculaire et une vive démangeaison, peut être confondu avec l'affection parasitaire en question ; il n'y a que l'examen mi- croscopique du cérumen qui peut faire distinguer ces deux affections. Pronostic. — Il cst pcu grave en raison de la facilité que l'on a de guérir ce prurigo. Traitement. — Héring l'a indiqué : il doit avoir pour base des injections de liquide parasiticide ; Héring employait l'huile empyreumatique en suspension dans de l'eau tiède. Nous avons remplacé avec avantage, surtout chez les petits chiens d'apparte- ment, l'huile empyreumatique par la benzine parfumée Colas, à la dose d'une trentaine de gouttes en émulsion dans un jaune d'œuf, délayée dans 30 grammes d'eau tiède et injectée dans l'oreille. C'est en raison seulement de l'odeur repoussante de l'huile empyreumatique que nous faisons cette substitution. PRURIGO DU ROUGET. — Nous avons déjà vu que le Rouget (larve hexapode du Trombidion soyeux) s'attaque à l'homme ; il s'attaque de même, et surtout, au chien de chasse et à tous les petits quadrupèdes des champs ; nous l'avons trouvé sur le lapin de garenne, le lièvre, les campagnols, les musaraignes, les hérissons et jusque sur des chauves-souris. Les chiens de chasse, qui parcourent les plaines et les gué- rets, dans les mois de juillet, août et septembre, en rapportent ordinairement. On le reconnaît à la vive démangeaison qu'ils éprouvent surtout autour du museau et autour des yeux. Si on cherche à se rendre compte de la cause de cette démangeai- son et qu'on examine avec attention les régions siège du pru- rigo, en écartant les poils on voit des groupes de petits points jaunes, quelquefois en nombre de dix ou douze, à la base de certains poils, particulièrement des sourcils : ce ne sont au- ACARIENS. 403 très que des Rougets qui ont planté leur rostre dans l'entrée du canal folliculaire. C'est ce que montre l'examen microscopique de ces petits êtres. On en débarrasse le chien en frottant les parties occupées par les parasites au moyen d'un petit chiffon imbibé de benzine, ou d'une pommade sulfureuse. PIQURES DES IXODES. — Les chiens de chasse sont parti- culièrement exposés aux atteintes des Ixodes, et il est rare qu'un chien, qui a fourragé dans les broussailles ou dans les roseaux pendant l'été et l'automne, n'en rapporte pas quelr ques-uns attachés à ses téguments, particulièrement aux pattes et sous le rentre. Toutes les espèces d'Ixodes indigènes s'attachent aux chiens de chasse en France. Nous avons constaté que, dans les roseaux du Berry, aux environs de Bourges, les chiens qui chassaient au marais revenaient fréquemment avec des Ixodes ricins fe- melles fichées dans leur peau, et ces Ixodes femelles étaient fréquemment accouplés avec leurs mâles. Dans le Midi, aux environs de Béziers, nous avons recueilli sur des chiens de chasse, rixode réduve,rixode de Fabricius et l'Ixode plombé de Dugès; dans la forêt de Fontainebleau c'était l'Ixode réduve, l'Ixode àépaulettes et l'Ixode porte-pince. L'Ixode, qui a son rostre planté dans la peau d'un chien, tourmente très peu ce dernier qui n'y fait pas attention ; aussi y aurait-il avantage, à un certain point de vue, à ne pas s'en occuper, carie parasite se détache spontanément- quand il est gorgé de sang en ne laissant qu'une piqûre imperceptible qui se guérit sans soins en quelques heures. Mais il y a indication cependant à détruire le parasite avant que le chien ne mette les pieds au chenil; en effet, les ixodes que les chiens rappor- tent du bois et qui se détachent dans le chenil, sont fécondés et donnent lieu à une progéniture de plusieurs milliers de lar- ves ; le chenil en est infesté et ce n'est plus au bois que les chiens se couvrent de tiques mais dans leur propre habitation. On provoque la chute d'un Ixode en le touchant avec une goutte d'essence de térébenthine, de benzine ou de pétrole ou encore avec le bout enQammé ou seulement à l'état de charbon rouge d'une allumette. On peut aussi les arracher, quitte à causer aii chien une douleur qui n'est qu'instantanée. 401 CHAPITRE V. Et il faut avoir soin ensuite d'écraser le parasite avec le pied. Pour débarrasser un chenil infesté par les Tiques ou Ixodes il faut en échauder tous les coins et recoins, surtout les supé- rieurs, car les Tiques grimpent toujours très haut, comme les punaises. Les nymphes de l'Ixode réduve agissent quelquefois chez le chien comme chez le cheval : elles s'enfoncent entièrement sous la peau et donnent lieu à une tumeur furonculeuse, qu'on ne guérit que par l'extraction du parasite qui est logé au cen- tre. C'est aux oreilles que ces tumeurs parasitaires se mon- trent ; et elles sont heureusement assez rares. H. Dermatoses acariennes du CH.IT. La plus ancienne description d'une dermatose du nom de gale, chez le chat, est due à Girtanner dont le mémoire a été analysé par Ghabert et Huzard, dans les Instructions vétérinaires T. V. ; mais il n'y est pas encore question de parasites acariens , Gohier prétend avoir vu le Sarcopte du chat, en 1813, mais il n'en donne pas les caractères. Bose l'a figuré dans l'article Gale, du Dictionnaire des Sciences médicales de 1816, mais son dessin est si miparfait qu'on n'y retrouve môme pas les caractères des Acariens. Héring est le premier qui, dans son mémoire souvent cité, de 1835, l'ait figuré et décrit de manière à le faire reconnaître, seu- lement il commet l'erreur de placer sur la face ventrale « une ouverture ronde entourée d'un dessin formé d'agrafes » qui est au contraire' sur la face dorsale et qui n'est autre chose que l'anus. II donne à ce parasite le nom de Sarcoptes cati et il re- connaît que c'est la plus petite espèce du genre : il lui donne une longueur de 0,034 à 0,061 de ligne et une largeur de 0,48 à 0,54 de ligne (0°"",24 à 0'"'^,27 sur 0'°"',21 à 0"'",22). Depuis Héring, Gerlach, Fiirstenberg, Delafond et Bourgui- gnon, ont décrit et figuré le Sarcopte du chat. Les auteurs alle- mands persistent dans l'erreur de Héring, relativement à la posi- tion del'anusde ce parasite, erreurqueDelafond et Bourguignon rectifient, et ils se servent même très heureusement de ce carac- tère remarquable d'avoir l'anus au milieu du dos pour donner au Sarcopte du chat le nom très rationnel de Sarcoptes notoe- dres, nom d'autant mieux trouvé que ce Sarcopte n'existe pas seulement chez le chat, mais encore sur le Rat, sur le Coati et sur ACARIENS. 40K. le Lapin, ce qu'ignoraient les auteurs que nous venons de citer. Delafond et Bourguignon ont commis une autre erreur à l'é- gard de ce Sarcopte, c'est de croire qu'il creuse des sillons- comme le Sarcopte scabiei; nous avons montré plus haut que: SI la femelle soulève l'épiderme, c'est pour s'y creuser un véri- table nid circulaire et non un sillon. Beaucoup d'auteurs ont encore parlé de la gale du chat mais pour rapporter des faits de contagion^de cette gale, soit à d'au- tres animaux, soit à l'homme. Nous verrons en effet, plus loin que le Sarcopte notoèdre s'acclimate facilement, soit sur des animaux de la môme espèce, soit sur des animaux d'espèces dmérentes. On n'ajamais trouvé sur le chat qu'un seul Acarien réellement psonque, causant une véritable gale sarcoptique; il en nourrit un autre qui habite le conduit auditif externe et qui cause un prurigo auriculaire identique à celui du chien, attenduque c'est la même espèce, le Chorioptes ecaudatus. Nous allons étudier ces deux affections. GALE SARCOPTIQUE. - îVo^o^raphie. - La gale du chat débute toujours par la face supérieure du cou et ifface posté- rieure de la tête, gagne ensuite le derrière des oreilles, le front toute la tête et s'étend rarement ailleurs. L'élément nitia l est une vésicule promptem'ent déchirée et remplacée par une pet te route ; par suite de la multiplication des vésicules la gai du chat prend promptement la forme d'un eczénm granuleZ lZ ^quel les poils hérissés et ternes sont remplis de granuhtion s" héeTA"" Tr'''' ^"'""^ ^^"'^ croûfelette des- séchées. A une période plus avancée les poils tombent en nar le et deviennent clairsemés sur la partie malade; la peau e ï sèche parcheminée, et se couvre d'excoriations par su te de Zt lT ^ ""^ dernière période toute a M. Lafosse de Toulouse a décrit, dans sa PaMogie véléri- m,re, un eas de pellagre che. le chat que nous croyons ôn ê re un cas de gale sarcoptique à sa dernière période momen ou les Sarcoptes n'existent plus sur les parties où la peau es le plus anciennement malade et totalement modifiée 406 CllAPITHE V. Étiolog'ic. — La cause de la gole sMroptiqu". du chat est unique : c'est le Sarcoptes noloedres ; mais ce parasite lui-même, d'où vient-il? Gurlt l'avait déjà trouvé sur le lapin, nous l'avons découvert sur le rat, et quand on pense à la facilité avec laquelle ce sarcopte s'acclimate sur des espèces étrangè- res, comme nous le montrerons plus loin, on demeure con- vaincu que le chat le gagne le plus souvent du rat ou d'autres animaux avec lesquels ses instincts carnassiers le mettent fréquemment en rapport. Ce qui prouve encore que le sarcopte notoedre n'est pas, sur le chat, sur son terrain originel, — bienqu'il s'y acclimate par- faitement, — c'est que sa taille s'y rapetisse, il y dégénère, si l'on peut dire, ainsi que nous l'avons montré en faisant l'histoire naturelle de ce parasite. Diag^nostic. — La gale sarcoptique du chat est facile à reconnaître, car elle est la seule maladie de peau de cette forme que l'on observe sur cet animal. Le chat n'est pas, comme le chien, sujet à un grand nombre de dermatoses dar- treuses, parce qu'il a su garder chez nous ses instincts primitifs et les satisfaire, il est beaucoup plus notre hôte que notre esclave, et la nourriture animale qu'il continue à se donner, en chassant exclusivement pour son compte, le préserve des maladies constitutionnelles qu'un régime anormal fait déve- lopper chez le chien. Les chats angoras, qui appartiennent à une espèce artificielle qui a perdu l'instinct de la chasse aux souris, commencent à présenter des affections constitutionnel- les de la peau et nous avons déjà étudié, dans cette race, une affection herpétiforme du périné développée sur une cicatrice de castration et s'étendant sous le ventre, qui était très probable- ment scrofuleuse, comme l'indiquaient sa ténacité et son indo- lence : c'était une surface complètement dénudée, bien déli- mitée, finement bourgeonneuse et humide qui n'avait rien de commun avec la gale. Le prurigo des oreilles, restant localisé dans le conduit au- ditif, ne peut non plus, malgré la vive démangeaison dont il s'accompagne, être confondu un seul instant avec la gale sarcoptique. Enfin, les démangeaisons causées par les puces, quelquefois très abondantes chez les jeunes chats, ou par les poux du chat ACARIENS. {trichodectes rostmtus) peuvent être facilement distinguées d'une gale au début parce qu'elles ne s'accompagnent pas de l'éruption caractéristique de la dermatose acarienne, que l'on reconnaît aux granulations ressemblant à un fin sable existant au fond des poils. Pronostic. — Le pronostic de la gale du chat est assez sérieux à cause des difficultés que l'on a à traiter ces animaux indociles auxquels on ne peut faire prendre de bains, et à cause de ses propriétés très contagieuses aux autres animaux et même à l'homme. Propriétés contagieuses. 1° A Vhomme. — Nous avons déjà rapporté plus haut, à propos des dermatoses acariennes de l'homme, les faits de contagion de la gale du chat à notre espèce, signalés par Hertwig, Héring et Gerlach ; nous n'y revien- drons pas. 2° Au chien. — Nous avons aussi rapporté les faits de con- tagion de la gale du chat au chien, observés par Delafond. 3» Au bœuf. — La gale du ch£ft se serait transmise au bœuf, d'après Redemacher, dans les circonstances suivantes : une vache, sur le dos de laquelle un chat avait l'habitude de se coucher, devint galeuse et communiqua la gale à une ser- vante et, par celle-ci, à toute une famille {Magazm fur der Thierheilkunde, 1842). 4° Au cheval. — Le 2 janvier 1868, nous avons institué une expérience dans le but de nous assurer si la gale du chat était contagieuse au cheval : un lambeau de peau de 4 centimè- tres carrés, détaché du cou d'un chat galeux récemment tué, fut appliqué en arrière du garrot d'un cheval, poil contre poil, et maintenu pendant vingt-quatre heures en place au moyen d'un surfaix. Ce n'est que le 14 que le cheval a été vu se grattant et se mordant sur la partie qui avait été choisie pour le lieu de l'inoculation. Trois jours après (le 17 octobre) une éruption eczemato-pityriasique se montrait au même endroit. Les jours suivants, l'éruption s'étendit progressivement en arrière et en bas. Huit jours après, toute la région des côtes était envahie jusqu'aux flancs; huit jours encore plus tard, elle gagnait les cuisses. C'est alors que, jugeant l'expérience suffi- samment complète, craignant de plus la contagion à d'autres chevaux voisins du premier et voulant faire cesser les tour- CHAPITRE V. ments de la victime, nous traitâmes la gale féline du cheval par la pommade d'Helmerich dont une seule friction suffit pour l'arrêter. Avant ce traitement nous avons recherché et retrouvé avec beaucoup de peine des sarcoptes notoèdres sur le cheval, ils étaient parfaitement vivants et l'affection datait de plus d'un mois. A voir l'étendue de la surface envahie qui était certainement de 800 à 1,000 fois plus grande que le'lam- beau de peau du chat d'où la colonie des parasites élait partie, cette colonie avait dû augmenter dans la même proportion! Traitement. — Le traitement que nous avons déjà indiqué pour combattre la gale sarcoptique des autres animaux réussi- rait certainement contre la gale du chat, mais il est des consi- dérations qui doivent entrer en ligne de compte quand il s'agit de faire des applications médicamenteuses externes à cet animal. Le chat craint l'eau, et par conséquent les bains, les lotions, et même les lavages, exposeraient cet animal à des maladies très graves, telles que des fluxions de poitrine ou des diarrhées incoercibles. La benzine et le pétrole provoquent chez le chat un malaise général avec perte d'appétit, fièvre ardente et souvent la mort. 11 n'est pas jusqu'à l'innocente pommade d'Helmerich qui, par suite du besoin impérieux qu'a cet animal de se lécher, ne puisse être absorbée et causer des purgations dangereuses. M. Anaker {Thierarzt, 1873) a fait des recherches sur le meilleur antipsorique applicable au chat et a trouvé que le baume du Pérou, tout en étant un excellent acaricide, ne produit pas le moindre malaise chez cet animal si délicat. On dissout le baume dans 4 parties d'alcool, et on emploie environ 32 grammes de cette dissolution pour deux applications qui sont suffisantes. Cette préparation a, outre son effet curatif certain, le grand avantage de pouvoir être em- ployée sur les animaux d'appartement et sur les chiens de salon eux-mêmes, son odeur de vanille étant très agréable. Dans la gale épizootique qui a régné sur les chats de la contrée d'Offenbourg, M. Bell a indiqué comme remède effi- cace une lotion composée de chlorure de zinc à la dose de un gros dans un litre d'eau [Thierarztliche zeitung, 1846). PRURIGO CIIORIOPTIQUE AURICULAIRE. — Nous avons découvert cette affection, en 1876 (1), sur deux chats appartenant (1) Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire, 27 juillet 1876. ACARIENS. 409 à la même propriétaire, à Paris, et qui étaient en proie à une démangeaison qui leur ôtait tout repos et qui causait même quelquefois de véritables attaques frénétiques. Ils ne portaient que quelques excoriations superficielles, résultant des grat- tages, avec les pattes de derrière, sur la face postérieure de la conque auriculaire. En examinant l'intérieur des oreilles nous ne vîmes aucune plaie ni ulcère, mais le cérumen était très abondant et présentait à sa surface de petits points blancs mo- biles qui n'étaient autre chose que des Chorioptes d'une espèce particulière qu'après leur étude nous nommâmes Chorioptes ecaudatus. Le traitement eut pour base des injections d'une solution de sulfure de potasse au centième qui réussit parfaitement à dé- barrasser les deux chats de leurs parasites en moins de deux ou trois jours. Nous pensons que, dans ce cas, on peut aussi em- ployer avec succès des injections avec la solution de baume de Pérou indiquée plus haut contre la gale sarcoptique ; nous n'avons pas encore essayé cette préparation. I. Dermatoses acariennes du IiJLPIi\. Les lapins nourrissent plusieurs espèces acariennes, les unes réellement psoriques, les autres simplement épizoïques. Les espèces psoriques sont un Sarcopte et un Psoropte qui déter- minent chacun une variété de gale ; les espèces épizoïques sont : 1° un Listrophore, qui vit au fond des poils des lapins, en suçant les sécrétions cutanées naturelles et en causant à peine une légère démangeaison, un prurigo des plus bénins ; 2° un véritable parasite auxiliaire, qui vit au fond des poils du lapm en faisant la chasse aux Listrophores ; comme ce der- nier, il peut aussi causer de légères démangeaisons par ses pro- menades sur la peau. Nous avons donc à étudier, chez le lapin, deux espèces de gales, une Sarcoptique et une Psoroptique, et un prurigo. GALE SARCOPTIQUE. - Cette gale est connue depuis long- temps, et c'est d'elle seule qu'il est question dans les auteurs qui parlent de la gale du lapin. Historique. - Gohier, dans ses Mémoires, dit qu'il trouva les acares de la gale du lapin vers la fin de juillet 1813 : examinés 410 CHAPITRE V. h la loupe ils no lui présenlèrent pas de différences remar- quables avec ceux du cheval (?) ils étaient beaucoup plus pe- tits. Huzard, dans sa Nosographie vélcrinaire, 2° édition, 1820, p. llOjditde la gale du lapin : « Cette maladie esttrès contagieuse; elle arrête l'accroissement des jeunes lapins, les fait maigrir, cause leur marasme et les tue. » Gerlacb, dans son traité sur la gale [Kràlze und Raude, 1857), décrit la gale du lapin et son parasite qu'il regarde comme une espèce particulière et qu'il nomme Sarcoptes cuniculi : « Les Sarcoptes des lapins, dit-il, sont très petits, plus pe- tits que ceux du chat ; l'enveloppe de leur corps est si fragile que l'animalcule s'écrase lorsqu'on le place sur une lame de verre. La face dorsale porte quelques spinules excessivement fines qui ne se voient qu'à un très fort grossissement et sur- tout de champ. Appareil buccal, membres et parties génitales semblables à celui du chat. » Grâce aux figures 20 et 21 de la planche III de son ouvrage, quoiqu'elles soient bien imparfaites, on reconnaît que le 5'a?ro- ptes cuniculi de Gerlach n'est autre qu'une petite variété du Sarcoptes notoedres, semblable à celle qu'on rencontre fréquem- ment sur le chat. Furstenberg, qui reçut en communication de la part de Gurlt des spécimens de cet Acarien, le regarde comme identique à celui qui vit sur le chat [loc. cit, p. 217). Enfin, nos propres observations faites tout récemment sur des lapins argentés galeux, confirment l'assertion de Fursten- berg. iVosographie. - La gale sarcoptique du lapin débute par le nez, se propage ensuite au chanfrein, aux lèvres et au front, mais reste généralement localisée à la tête; Gerlach ne l'a ja- mais vue s'étendre au delà. Le bouton initial est d'abord une vésicule ; au début la forme de l'affection est eczémateuse ; puis, l'accumulation des croûtes d'abord grisâtres, peu épaisses, puis blanchâtres, acquiert jus- qu'à un centimètre d'épaisseur, et donne à l'affection la forme impétigineuse. Le premier symptôme est le prurit ; il est violent et provoque un grattage continuel au moyen des pattes postérieures ; puis ACARIENS. ' 4H vient la chute des poils, l'apparition des croûtes sous lesquel- les vivent les Sarcoptes. Lorsqu'on arrache les croûtes on trouve au-dessous la peau dépourvue d'épiderme, rouge, saignante, et les villo-papilles hypertrophiées. Étiologfie. — La cause de la gale sarcoptique du lapin est unique : c'est le Sarcoptes notoedt'es, qui lui est peut-être com- rauniquée par le rat ou le chat. Diagnostic. — Le diagnostic n'offrc de difficultés qu'au début de l'affection lorsque le symptôme démangeaison existe seul; elle peut être alors confondue avec \q prurigo causé par IqLïs- trophorm gibbus, et son ennemi le Cheyletus parusitivorax. Mais, lorsque l'éruption apparaît, il n'est plus de doute pos- sible, la seule éruption que le lapin puisse présenter à la tête étant la gale sarcoptique, la gale psoroptique restant localisée dans l'intérieur de la conque auriculaire. Le lapin présente bien quelquefois, — et même plus souvent que la gale sarcoptique, en France tout au moins, — de la teigne faveuse ; mais il est facile de distinguer ces deux affections, même sans le secours du microscope : la teigne se montre principalement sur le tronc, et quelquefois aussi à la tête ; elle est caractérisée par des croûtes rondes discoïdales ou irrégulières, de volume va- riable et de couleur jaune de soufre, c'est-à-dii e qu'elle diffère généralement, de la gale, à la fois par son siège, par la forme de ces croûtes et par leur couleur. Le microscope, qui montre ces croûtes entièrement composées du champignon Achorion schœnleinii, achève d'enlever tous les doutes s'il en était resté. Pronostic. — Le pronostic n'est pas grave, attendu que cette gale est facilement guérissable et qu'elle ne paraît pas jouir de propriétés contagieuses aussi prononcées que celle du chat ; en effet d'après des expériences de Gerlach, qui auraient besoin, il est vrai, d'être contrôlées, le sarcopte du lapin, déposé sur la peau de l'homme, trace de petits sillons (?), irrite la peau, provoque l'apparition de petits vésicules, puis disparaît, avec les légers accidents qu'il a produits, en deux ou trois jours. Traitement. — Le traitement que nous avons indiqué pour la gale du chat est parfaitement applicable au lapin. On pour- rait aussi, pour l'un comme pour l'autre, employer le jus de tabac de manufacture, ou la décoction de tabac, dilués dans 4 ou 5 parties d'eau. 412 CdAPlTRE V. GALE PSOROPTIQUE. — Mis torique. — Dans la séance du \) décembre 1858 de la Sociélé centrale l'^^mnai/T? de Paris, Delafond mit sous les yeux des membres les deux oreilles d'un lapin mort d'une maladie dont il donne une courte description. En examinant au microscope les croûtes adhérentes à la face in- terne des oreilles, il constata sous ces croûtes l'existence d'un acare identique à celui que l'on rencontre sur le cheval affecté de gale psoroptique. Le dépôt de cet acarien dans les oreilles de plusieurs lapins sains avait donné lieu à une maladie identique à celle dont la Société avait un spécimen sous les yeux. Dela- fond, en signalant ce fait, le regarde comme tout à fait nouveau. Une fois sur la piste de cette maladie nouvelle, il prit des infor- mations auprès des marchands de lapins pour savoir s'ils l'avaient observée souvent; ils lui répondirent qu'il était com- mun de rencontrer des lapins qui eussent l'intérieur de l'oreille malade, que ces animaux ne prenaient pas d'état, bien qu'ils mangeassent bien, et qu'ils finissaient par périr dans une ex- trême maigreur. Nous avons eu nous-même, en 1867, l'occasion d'étudier la même maladie chez notre collègue et ami M. Mathieu, de Sèvres, et d'assister à des expériences d'inoculation de ce Psoropte du lapin au cheval; le succès complet de ces inoculations prouve bien que ce Psoropte est identiquement le même que celui du cheval, ce que faisait pressentir leur identité complète sous le rapport de la forme, de la taille et des détails anatomiques. Depuis, nous avons eu fréquemment l'occasion de revoir la même affection surtout sur des lapins à fourrure. IVosog^rapiiie. — La gale psoroptique auriculaire du lapin a tout à fait la forme impétigineuse ; l'élément initial de cette gale est une papulo-vésicule ; lorsque les éléments se sont multipliés au point de devenir confluents, l'affection se pré- sente sous forme d'une surface dénudée, rouge, mamelonnée, couverte de croûtes grossièrement pulvérulentes et glutineuses au miheu desquelles grouillent des Psoroptes à tous les âges. La démangeaison est vive, et le lapin se gratte presque cons- tamment les oreilles, ou secoue la tête à tout instant. Le man- que de repos et les tourments amènent l'amaigrissement, le marasme et même la mort. Étioiogie. — La cause unique de cette gale, c'est le Pso- ACARIENS. 413 roptes longiroslrù, variété equi, que le lapin contracte proba- blement en hantant les écuries habitées par des chevaux affectés de gale psoroptique. Diagnostic. — Le diagnostic est facile, attendu qu'on ne pourrait confondre cette gale qu'avec le catarrhe auriculaire dont il n'a jamais été question dans la pathologie du lapin. On ne peut même pas commettre d'erreur par suite de la présence des acariens épizoïques, les Listrophores et les Cheylètes dévo- rants, car nous ne pensons pas que ces derniers hantent l'in- térieur des oreilles où nous ne les avons jamais rencontrés. Pronostic. — Le pronostic n'est pas grave en raison de la facilité que l'on a de guérir cette affection. Traitement. — La décoction OU le jus de tabac doit encore faire la base du traitement de celte maladie. — Au moyen d'un pinceau ou d'un chiffon attaché à une baguette il est très facile à appliquer. K. itifections acariennes des OISEAUX DOMESTIQUES. Il n'est pas d'animaux qui nourrissent autant de parasites que les oiseaux ; nous avons déjà vu que le nombre des espèces de Ricins qui vivent au fond de leurs plumes est considérable- nous verrons que les Helminthes sont tout aussi nombreux' enfin nous savons que les espèces acariennes sont encore plus nombreuses que les espèces de Ricins. Le plus grand nombre de ces espèces acariennes est simple- ment épizoïque et elles vivent au fond des plumes, soit tempo- rairement, soitd'une manière permanente, àla façon des Ricins en détermmant des prurigos particuliers; d'autres vivent dans le tissu cellulaire inter-musculaire ou sous-cutané, d'autres encore dans les sacs aériens, enfin une espèce seule est réelle- ment psorique. Nous avons donc à étudier chez les oiseaux domestiques • 1" une vraie gale ; 2- deux prurigos acariens ; 3» une acariase du tissu cellulaire ; 4» une acariase des sacs aériens. GALE DES OISEAUX. - Depuis longtemps on connaissait sur les poules une affection caractérisée par une exubérance de la sécrétion écailleuse de l'épiderme des pattes qui rendaient 414 CHAPITRE V, ces organes énormes et difformes. M. Labo.ulbènc l'a étudiée et décrite comme une Ichllnjose (1), mais la vraie nature de cette affection avait été découverte en 1860. M. Reynal, alors pro- fesseur de clinique à l'École d'Alfort, ayant donné des poules atteintes de cette affection à étudier à MM. Lanquetin et Robin, ces savants y découvrirent un Sarcopte d'une espèce particu- lière que M. Ch. Robin a décrit et figuré d'une manière très complète sous le nom de Sarcoptes mutans (2), Depuis, nous avons eu l'occasion d'étudier la même affection, non seulement sur des poules, mais encore sur des dindons, des faisans, des perdrix et des petits oiseaux de volière, tels que des bouvreuils, des chardonnerets, des perruches, etc. IVosog^raphie. — MM. Reynal et Lanquetin, dans leur mé- moire sur cette gale (3), disent que, chez les poules où ils l'ont observée, elle peut débuter soit par la tête, soit par les pattes ; bien que nous ayons fréquemment observé cette affection, non seulement sur les gallinacés domestiques, mais encore sur beaucoup d'autres oiseaux de parquets ou de volières, nous ne l'avons jamais vue affecter que les pattes. C'est à l'abri des larges écailles qui recouvrent le devant du tarse et le dessus des doigts, que les Sarcoptes changeants commencent leur travail de mineur, et c'est sur les articula- tions des doigts et surtout sur la grosse articulation tarso- digilale que l'affection débute généralement, sans doute parce que là le gîte que recouvrent les grandes écailles de ces points est plus large et plus spacieux. Le début de la gale est annoncé par le soulèvement de l'é- caille dont le bord libre se redresse, soulèvement dû à l'accu- mulation d'une matière blanche, farineuse, stratifiée, qui ne se détache pas spontanément, mais qui s'accumule, forme des nodosités qui se joignent à des nodosités voisines, et la patte finit par s'entourer d'un manchon rugueux, inégal, plus épais en avant et à l'endroit des articulations où il se crevasse et laisse sourdre par ces fissures un peu de sang. La démarche de l'oiseau devient gênée, la flexion et l'extension des doigts, difficile, bornée, et l'oiseau finit par boiter d'une manière très douloureuse. (1) Comptes rendus de la Société de biologie, 1862, p. 52. (2) Mémoire sur diverses espèces d'Acariens. Moscou, I8G0. ^3) Becueil véléri?iaire, 18G1, p. 117 ACARIENS. 415 Dans les premiers temps, l'oiseau affecté de gale ne s'en pré- occupe pas : il est gai et a bon appétit comme en plein état de santé, mais, à la longue, il finit par perdre le sommeil, par maigrir et enfin par mourir d'épuisement. Nous avons été à même de constater cette terminaison plusieurs fois. La marche de l'afl'ection est très lente et il faut cinq à six mois pour qu'elle suive toutes ses phases. Lorsqu'on examine les tubercules qui se sont formés autour des pattes de l'oiseau affecté de gale et qui, chez les grands gal- linacés, ont souvent plus d'un centimètre d'épaisseur, on voit que, si leur surface inégale et raboteuse est noirâtre, cette couleur est due aux matières excrémentitielles qui l'ont salie ; qu'elle est peu épaisse, et que la couleur normale est blanche. Ces tubercules se détachent assez facilement avec les doigts ; alors on voit qu'ils sont composés de couches stratifiées d'une substance blanche, nacrée, pulvérulente, donnant aux doigts la sensation de la poudre de savon. Si la croûte est enlevée tout entière, elle laisse à nu le derme cutané, granuleux, d'un rose saignant ; elle est donc entièrement composée de couches épidermiques accumulées dont la sécrétion exagérée est due à une irritation des villo-papilles dermiques, irritation causée elle-même par l'action des parasites innombrables que l'on voit quand on examine à la loupe, ou plutôt au microscope, la face interne, moulée sur la patte, d'un tubercule arraché en- tier. Il faut avoir l'habitude de faire cet examen, pour recon- naître les Sarcoptes mutans femelles qui sont couchés les uns à côté des autres et immobiles : leur corps est blanc et nacré comme la substance même de la croûte, mais les parties du squelette sont orangées et leur forme caractéristique les décèle ; d'ailleurs, rien n'est plus simple que d'isoler ces parasites et de les examiner à l'aise : il suffit de râcler légèrement avec la pointe d'un petit scalpel la face interne et humide d'une croûte arrachée entière et de délayer le produit de ce grattage dans un peu d'eau sur une plaque de verre; examiné au mi- croscope, ce produit de grattage ainsi préparé se montre pres- que entièrement composé des corps globuleux de femelles ovi- gères du Sajroptes mutans et de leurs œufs, puis des larves qui cherchent à s'échapper et à venir entre les couches superfi- cielles de la croûte se transformer en nymphes, puis en mâles et en jeunes femelles qui s'accouplent. Ce sont ces jeunes fe- 416 CHAPITRE V. melles fécondées qui s'enfoncent sous les écailles, pour arriver au corps muqueux de l'épidémie où elles restent parfaitement immobiles, occupées exclusivement à pondre et à se repaître. Elles ne tracent donc pas de sillons comme on l'a dit, sans doute poussé par l'analogie de ce que l'on observe chez les Sarcoptes scabiei, le seul acarien psorique qui trace des sillons. La masse des croûtes, examinée au microscope, est composée, pour les neuf dixièmes, de cellules épidermiques qui lui don- nent son aspect nacré, de corpuscules provenant de sérosité desséchée, d'un peu de matière grasse, de dépouilles et de cadavres d'Acariens. D'après MM. Reynal et Lanquetin, lorsque la gale des oiseaux se montre à la tête, elle débute par des petits points blanchâ- tres qui se montrent à la base de la crête, sur la peau « qui a une couleur brune contrastant avec le ton rouge vif du reste de la tête » ; puis la base de la crête s'épaissit, se pointillé, se couvre d'écaillés furfuracées ; cet organe se racornit, se rape- tisse ; les plumes du sommet de la tête se redressent, se héris- sent, perdent leur brillant, s'atrophient et tombent, ce qui indique une perversion dans le travail de sécrétion de la peau et des bulbes plumeux. La maladie s'étendant, la tête de l'oi- seau a un aspect tout particulier : elle est dépouillée de toutes ses plumes ; la crête est brune, rugueuse, contractée, à large base et maculée de taches blanchâtres farineuses, et la tête et le cou sont le siège d'un véritable pityriasis. Mais, nous le répétons, nous n'avons jamais été à même d'observer cette forme céphalique de la gale des poules, forme qui doit être bien rare, car, sur plus de vingt-cinq cas de gale des oiseaux que nous ont présentés des poules ordinaires, Grève-cœur, Houdan, et de soie, des faisans ordinaires, vénérés. Vieillot, Lady Amerst et de Mongolie, un Iragopan, une per- drix, un éperonnier, un tarin, un bouvreuil, un chardonneret •et une perruche ondulée, la gale était exclusivement localisée aux pattes, et nombre de faisandiers à qui nous avons parlé de cette affection, qu'ils connaissent sous le nom de la grappe ou du blanc, ne l'ont jamais vue autrement. Lorsqu'on fait l'autopsie de volailles mortes des suites de la gale des oiseaux, on ne trouve que celles qui caractérisent la cachexie par épuisement: grande maigreur, muscles décolorés, sang pâle et liquide. MM. Reynal et Lanquetin, dans leur mé- ACARIENS. 417 moire cité, signalent d'autres lésions: des tubercules gris-jau- nâtres dans le foie en grande quantité et de volume variant depuis celui d'une graine de semoule à celui d'un pois ou d'une fève ; et quelquefois de semblables tubercules dans le poumon ; mais ces auteurs ont commis là une erreur; les lésions en question appartiennent à une maladie particulière, la diphtérie des oiseaux, beaucoup plus fréquente que la gale, pouvant coexister avec elle, mais se montrant le plus souvent seule ; elle est provoquée par la présence d'un cryptogame particulier extrêmement petit, une espèce de Psorospermie, qui pullule sur la muqueuse et dans les tissus des oiseaux ; la maladie que cause ce cryptogame étant aussi une maladie parasitaire, nous y reviendrons quand nous nous occuperons des affections cryptogamiques. Gomme complication ordinaire de la gale, on remarque une pullulation extraordinaire de tous les parasites externes et in- ternes, épizoïques et acariens plumicoles surtout ; pullulation qui, du reste, coïncide avec tous les états cachectiques des oiseaux, quelle qu'en soit la cause. Étioioffie. — Le Sarcoptes mutans est la seule cause de cette maladie, qui se transmet par simple contact d'un animal sain avec un animal malade, ainsi que l'observation et les expé- riences nous l'ont surabondamment démontré. Gomme cause prédisposante, on peut invoquer la vie en trou- peaux des volailles, le séjour forcé dans des locaux étroits aui favorisent la contagion. Nous ne croyons pas qu'on puisse invoquer d'autres causes comme la race, par exemple, incriminée par M. Reynal car nous avons pu constater que tout oiseau, quelle que sôit sa race, et même son état de santé, contracte la gale s'il est exposé a la contagion. ^ Couta«,io«ité - La gale causée par le Sarcoptes mutans est contagieuse à tous les oiseaux, quelle que soit la famille et même 1 ordre auquel ils appartiennent, à condition toutefois quils ne soient pas aquatiques, car le séjour fréquent dans 1 eau préserve leurs pattes des atteintes du parasite. Aussi nous n avons jamais observé cette affection sur des palmipèdes co- habitant avec des gallinacés galeux. Mais si cette gale est contagieuse à tous les oiseaux terres Mégnin. - Les Parasites. 27 418 CHAPITOE V. très, nous la regardons comme particulière à la classe des oiseaux et non susceptible de se développer sur des êtres d'au- tres classes de vertébrés et surtout sur des mammifères. M. Reynal a pourtant dit, dans son mémoire, qu'elle est con- tagieuse à l'homme et au cheval ; c'est qu'il a confondu deux choses : le prurigo, déterminé par le Dermanyssus gallinx, vul- gairement connu sous le nom de pou de poule, et la véritable gale des poules ; ou plutôt, il a essayé d'attribuer au Sarcoptes mutans les désordres que cause le Dermanysse qu'il n'avait pu surprendre en action. L'étude approfondie des mœurs du Sar- coptes mutans dont le déplacement est si lent, lui aurait mon- tré qu'il n'est pas possible d'attribuer à cet acarien impotent un prurigo qui se développe en une seule nuit et qui couvre un ou plusieurs chevaux de piqûres ; il fallait un acarien beaucoup plus agile, à habitudes noctambules, puisqu'il quitte sa vic- time pendant le jour et le Dermanysse répond seul à ce pro- gramme ; du reste depuis les tentatives infructueuses de M. Reynal pour voir le Dermanysse à l'œuvre, on a réussi à le prendre sur le fait et il n'est plus possible de nier son action. Le Sarcoptes mutans, déposé sur le cheval, cherche bien à y vivre et provoque quelques démangeaisons qui ont suffi à M. Reynal pour l'accuser de tous les méfaits attribués avant lui, et avec juste raison, par Demilly et M. Bouley, au Derma- nysse; mais, s'il avait poussé jusqu'au bout l'expérience, — ce que nous avons fait, — il aurait vu que le Sarcoptes mutans meurt sur place sans progéniture et ne s'acclimate pas; la gale des oiseaux n'est par conséquent pas contagieuse au cheval, comme M. Reynal l'a avancé à tort. Diag-nostic. — Aucune autre maladie des oiseaux ne peut être confondue avec la gale des oiseaux ; même quand on n'au- rait pas l'habitude des recherches microscopiques et qu'on n'aurait pas vu, par conséquent, le parasite; la présence destu- bérosités sur les pattes, tubérosités constituées par une matière blanche nacrée, stratifiée, s'écrasant, se désagrégeant assez facilement sous les doigts, est un signe suffisamment patho- gnomonique pour diagnostiquer l'existence de la gale. Les démangeaisons appartiennent bien plus aux différents prurigos que nous étudierons plus loin, qu'à la gale où elles sont relativement faibles ; elles ne sont par conséquent d'au- cune valeur dans le diagnostic de la gale. ACARIENS. 419 Pronostic. — Le pronostic de la gale des oiseaux est relative- ment peu grave, parce que cette affection est très facile à guérir. Traitement. — Le traitement de la gale des -oiseaux est très simple : après avoir ramolli, dans un bain tiède de quelques minutes, les croûtes qui entourent les pattes des oiseaux et bornent le mouvement des doigts, on les détache avec pré- caution sans faire saigner, puis, quand à la suite de cette opé- ration les pattes sont revenues à leur volume normal, on étale sur toutes les surfaces malades et même au delà, une couche de pommade sulfurée d'Helmerich en couche assez mince de 1 à 2 millimètres ; deux jours après on enlève la pommade par un bain savonneux et l'oiseau est guéri. Un traitement encore plus expéditif, consiste, après avoir détaché les croûtes comme il a été dit plus haut, à badigeonner les pattes avec une dissolution alcoolique, au quart, de heaume du Canada; on peut remplacer cette liqueur par une émulsion de benzine, de pétrole, ou d'essence de térébenthine à la dose de 10 grammes dans un jaune d'œuf ; enfin on peut employer le jus de tabac, ou une décoction de tabac au lieu et place de ces substances. Le bain savonneux terminal est inutile dans ces derniers traitements. TUMEURS CUTANÉES ACARIENNES. — Des tumeurs cu- tanées, provoquées par des colonies d'acariens ont été rencon- trées quelquefois chez les oiseaux ; Nilzsch en a signalé chez le Verdier et avait nommé l'acarien qu'il y avait trouvé. Sarcoptes mdulans; M. Lorenzo Corvini, de Milan, en a vu de semblables chez le gros-bec; enfin nous avons eu l'occasion d'en observer deux sur les ailes d'une alouette, qui étaient du volume d'un gros haricot. L'étude que nous avons faite de ces tumeurs qui étaient situées symétriquement sur le bras de chaque aile nous a montré qu'elle n'étaient autres que des follicules plumeux extraordmairement dilatés dont l'ouverture extérieure s'était fermée ; elles étaient creuses, mais entièrement remplies d'une matière finement granuleuse comme de la très fine semoule très blanche au centre avec une zone d'un jaune vif d'un milli- mètre d'épaisseur immédiatement en contact avec la paroi interne de la tumeur. L'examen microscopique de cette ma- tière pulvérulente nous a montré que la partie centrale était 420 CHAPITRE V. entiôremenl composée de débris d'Acariens provenant de leurs mues ou métamorphoses, et que la partie périphérique jaune était constituée par des myriades d'Acariens très vivants, à tous les âges, de, l'espèce que nous avons nommée Harpirynchus ni- dulans, de la tribu des Gheylétides parasites (Pl. XXIII). L'aug- mentation de la colonie faisait augmenter la tumeur et les pa- rasites vivaient de la sécrétion sébacée exagérée de la paroi interne de cette tumeur continuellement irritée par l'action des crochets du rostre des parasites. L'alouette qui portait ces tumeurs était très maigre et aurait fini par succomber aux tourments que certainement elle éprou- vait. La guérison de cette affection peut être obtenue par l'ampu- tation de la tumeur, d'un coup de ciseaux. La plaie qui résulte de cette opération guérit ensuite spontanément. PRURIGO DERMANYSSIQUE. — Les Dermanysses, comme nous l'avons vu plus haut, sont des Acariens de la famille des Gamasidés dont l'habitat normal est le poulailler, ou le colom- bier, ou la volière. Pendantle jour ils sont tapis dans les fissures des planches et des perchoirs et même dans le fumier desséché dont ils remplissent en colonies nombreuses tous les creux et les enfoncements. Il y a aussi des Dermanysses dans les cages des petits oiseaux ; ils habitent alors le creux des perchoirs faits en roseaux. II y en a aussi une troisième espèce dans les nids d'hirondelles, mais celle-ci nous occupera peu. Pendant la nuit les Dermanysses se répandent sur les oiseaux, et même, si la faim les pousse, sur les mammifères à leur portée, et même l'homme, comme nous l'avons déjà vu aux paragraphes des Dermatoses acariennes de l'homme et du cheval. Ils su- cent le sang de leurs victimes en pratiquant des piqûres très douloureuses au moyen de leurs mandibules transformées en stylets. Ces piqûres, qui donnent lieu chez l'homme et le che- val à de petites papules rouges, jamais confluenles, qui dis- paraissent rapidement et n'ont d'inconvénient qu'au moment même oîi elles sont pratiquées, ne laissent pas de traces exté- rieures chez les oiseaux, mais elles ont, quelquefois, beaucoup plus d'inconvénients que chez les mammifères, car elles peu- vent amener, surtout chez les jeunes oiseaux encore dans le nid, l'épuisement et la mort. ACARIENS. 421 Les Dermanysses changent quelquefois d'habitude, et, de parasites intermittents qu'ils sont normalement, deviennent quelquefois parasites permanents : nous avons constaté plu- sieurs fois ce fait, entre autres sur une poule et sur un faisan • dans ce cas, c'est la mort assez rapide de l'oiseau qui arrive à la suite des tourments continuels que le malheureux volatile éprouve. Sur la poule en question, dont nous avons fait l'au- topsie, à Vincennes, le 12 mai 1877, les Dermanysses exis- taient en quantités innombrables dans les plumes : mâles fe- melles, nymphes et larves couraient en tous sens et de nom- breux œufs existaient sur la peau; les parasites étaient sur- tout nombreux sous les ailes et au pli des cuisses ; l'autopsie nous a montré tous les organes sain^, les muscles pâles et le sang en petite quantité dans le cœur et les vaisseaux, liquide et décolore. ^ On reconnaît que les oiseaux sont tourmentés par les Der- manysses en les voyant se poudrer, se vanr,e,; fréquemment et même contmuellement dans le sable de leur volière, et alors s. on les prend et si on souQe dans les plumes pour les écarter on voit courir les parasites qui sont très visibles à l'œil nu car Ils ont près d'un millimètre de long, qui sont d'une couleu corps (Pl. 1), et enlin qui courent avec une très grande rapidité Pour guérir le prurigo dermanyssiçue ou pour en préservef les oiseau., il sufflt de tueries parasites. Pour détruire ceux sum^dW if^V"/'"""" ~ -^-^ "id" " suffit d insuffler de la poudre de pyrèthre du Caucase bien fraîche et bien authentique et d'en mettre dans les nids rrxr-e™ s— L^^r ^ soucoupe contenant 'u^ ;lt'n;::ctrméX m^riî faut en même temps que toutes les ouvertures soient bouchée hermétiquement, ce qui estdifflcile. Un de nos correspondan nous a écri que le sulfure de carbone lui a donné m su cè omplet : U place le sulfure de carbone dans de petites bon teilles disséminées dans le colombier et en deux iou outeTa" vermine disparaît; 50 grammes de sulfure de carbon" '! bouteille, dont le goulot ne doit pas être bouché, s„ra e„V™ 422 CHAPITRE V. doit changer tous les dix jours environ la provision de sulfure; une fiole suffit pour un pigeonnier de 20 mètres cubes ; on re- connaît à la teinte jaune du liquide son affaiblissement, on le laisse s'épuiser jusqu'au bout, tout en ajoutant de nouvelles bouteilles. Quand on ne peut pas fermer hermétiquement le local, ce qui arrive pour certains poulaillers, le nettoyage à fond et l'é- chaudage à Veau bien bouillante, des parois, des bâtons, des perchoirs, suffit pour tuer tous les Dermanysses et leurs œufs. Pour les volières et les cages, il faut proscrire les perchoirs en roseaux ou les passer de temps en temps à l'eau bouillante. PRURIGO DES ACARIENS PLUailCOLES. — Nous avons vu, en traitant de l'histoire naturelle des Acariens, que, dans la fa- mille des Sarcoptidés, toute une tribu est constituée par les Acariens qui vivent dans les plumes des oiseaux; chacun de nos oiseaux domestiques en nourrit plusieurs espèces, et, bien qu'ils ne vivent que des excrétions naturelles du corps, ils sont quel- quefois si nombreux, et leurs titillations sur la peau si désagréa- bles, qu'ils causent des tourments presque comparables à ceux que font éprouver les Dermanysses, bien qu'ils n'aient pas d'or- ganes aussi vulnérants que ceux-ci (Pl. Ill, IV et VI). Sous l'in- fluence de cette démangeaison, les oiseaux s'arrachent quel- quefois les plumes. Pour en débarrasser les oiseaux, il faut insuffler au fond de leurs plumes un peu de fleur de soufre mêlée à de la poudre de pyrèthre. Si nous ne conseillons pas la poudre de pyrèthre seule qui réussit si bien pour les dermanysses, c'est que ceux- ci ont des trachées respiratoires et que les Sarcoplides plumi- coles n'en ont pas, et que c'est surtout par les organes respi- ratoires des Insectes qui en sont pourvus qu'agit le pyrèthre en poudre impalpable. PIQURE DES ARGAS. — L'Argas réfléchi d'Hermann (fig. 43) paraît avoir été commun en France au commencement de ce siècle, car il a été décrit et figuré par Hermann et tous les natu- ralistes contemporains. Aujourd'hui il doit être bien rare, car depuis plus de dix ans que nous faisons des recherches sur les parasites en général et ceux des oiseaux en particulier, après des autopsies de milliers de ces volatiles parmi lesquels une grande quantité de pigeons, nous n'avons pu rencontrer d Ar- ACARIENS. 423 gas. Pour pouvoir étudier ce parasite, nous avons dû nous adresser à M. le professeur Rivolta de Pise qui, avec une grande obligeance, en a mis à notre disposition des spécimens de tous les âges et des deux sexes. L'Argas, comme l'indique son organisation, agit exactement à la façon des Ixodes dont il est voisin : il plante son rostre barbelé dans la peau et se gorge de sang, sans se gonfler pour- tant autant que les Ixodes. On peut en débarrasser les oiseaux de la même façon qu'on débarrasse les chiens des Tiques; mais ce qui est important, c'est d'en débarrasser le colombier : on y arrive facilement en échaudant à l'eau très bouillante tous les coins et recoins, parois, perchoirs, etc. ACARIASE DU TISSU CELLULAIRE. — Le tissu cellulaire de certains oiseaux est habité par des Acariens, soit temporai- rement, soit d'une manière permanente. Les habitants tempo- raires du tissu cellulaire de certains oiseaux sont des nymphes hypopiales d'acariens plumicoles qui, à l'époque de la mue, ont pénétré sous la peau par les ouvertures béantes des follicules ; ces nymphes hypopiales, qui avaient été prises pour des Acariens adultes et définis, et nommés Hypodectes par Philippi, nous en avons décrit deux formes dans notre travail sur les Sarcoptides plumicoles, publié en commun avec M. le professeur Ch. Ro- bin, formes qui habitent dans le tissu cellulaire de diverses espèces de pigeons indigènes ou exotiques et que nous avons recueillies en grande quantité sur des Gouras couronnés du Muséum [?\. V). Ces parasites ne paraissent pas influer d'une manière sensible sur la santé des oiseaux; nous nous conten- tons de les signaler. Une autre espèce acarienne, que l'on trouve fréquemment chez les différents genres de la famille des Gallinacés, dif- fère des précédents en ce qu'elle est une espèce complète et définie, où tous les âges et les deux sexes sont représentés et qui vit d'une manière permanente dans le tissu cellulaire ou lamineux sous-cutané ou inter-musculaire ; nous l'avons nom- mée Laminosioptes gallinorum (Pl. VII) (1). En petit nombre, ce parasite ne paraît pas avoir d'influence sur la santé des oiseaux qui le nourrissent, il donne lieu seulement à de petits tubercules (1) Journal de l'Anatomie et de la Physiologie de M. Ch. Robin. 1878 d isq et suivantes. i f • i*o 424 CHAPITRE V. calcaires presque microscopiques qui sont le résultat de la mo- mification des cadavres d'Acariens morts; mais, quand ils sont très nombreux, ils peuvent être dangereux pour la santé : nous avons fait récemment l'autopsie d'une faisanne morte d'ané- mie et d'altération du sang, dans le tissu cellulaire de laquelle les Laminostopies étaient si nombreux que ce tissu en était opaque et comme imprégné d'une poudre jaunâtre, dont cha- que grain était un parasite. La calcification du cadavre n'avait plus lieu, et tous les produits morbides étaient résorbés. Là était certainement la cause de la maladie et de la mort. ACARIASE DES SACS AÉRIENS. — Dans notre mémoire sur les Acmnens parasites du tissu cellulaire et des réservoi7's aériens chez les oiseaux {l), nous avons décrit, sous le nom de Cytoleichus sarcoptoïdes{V\. VIII),un Acarienqui vit enpermanence dans les sacs aériens de certains oiseaux et particulièrement des gallina- cés. Quand il est en petit nombre il n'influe pas d'une manière sensible sur la santé des oiseaux qui les nourrissent, car, son rostre, dans lequel toutes les pièces sont soudées en un tube qui ne lui permet que de humer la sérosité qui lubrifie les parois de la cavité qu'il habite, ne peut ni piquer, ni déchirer. Mais il arrive quelquefois que ces acariens sont très nombreux et se promènent par myriades dans les cavités aériennes et dans les os et les bronches qui communiquent avec ces cavités ; dans ce cas ils finissent par obstruer les divisions bronchiques et par provoquer la mort par suD'ocation. Nous avons constaté ce fait chez une faisanne, il y a quelques semaines. C'est là toute l'action nocive dont sont susceptibles les acariens en question, et les affections inflammatoires, les gales internes, dont Gerlach et Zundel ont accusé cet Acarien, qu'ils avaient du reste très mal étudié en le prenant à tort pour un Sarcopte, sont purement imaginaires. Depuis des années nous étudions ce parasite qui est extrême- ment fréquent chez nos gallinacés domestiques, et nous ne l'avons encore trouvé coupable qu'une seule fois, dans le cas de la faisanne en question. Nous ne connaissons encore aucun moyen de reconnaître, pendant la vie, la présence des parasites dont nous venons de (1) Journal de l'Anatomie et de la Physiologie de M. Ch. Robin, 1878, ACARIENS. 425 parler, dans le tissu cellulaire et dans les sacs aériens des oi- seaux ; nous ne connaissons non plus aucun moyen de les dé- truire. § 3. — Animaux domestiques exotiques. «aie du nROlIADAIRE. Le dromadaire, ce précieux auxiliaire de nos possessions africaines, ce navire du désert, est fréquemment affecté de gale. Plusieurs vétérinaires de notre armée d'occupation ont étudié et décrit cette affection, entre autres Flaubert, Gourdon, Naudin et Chevalier, puis Imbert et enfin Wallon (1 ) ; mais aucun de ces vétérinaires, tout en constatant sa nature contagieuse et en supposant l'existence d'un parasite n'a découvert ni décrit l'A- care qui la cause et Delafond lui-même en est à supposer que c'est un Sarcopte, le même que celui de l'homme, du lama, du lion, etc. Cependant ce parasite avait été vu par des anatomistes. En 1827, au rapport de Biett, un aide anatomiste du Jardin du roi avait découvert un Acarien sur un dromadaire galeux et avait pensé que cet animalcule était un Sarcopte. D'après cet aide- naturaliste ce Sarcopte n'était pas semblable à celui de l'homme. En 1841 , M. Gervais découvrit un Acarien sur un dromadaire galeux, nouvellement arrivé d'Afrique au Muséum, et qui com- muniqua à ses gardiens une gale tellement grave que l'abatage de l'animal fut résolu et exécuté de suite afin d'empêcher de plus grands malheurs. L'Acarien découvert par M. Gervais était un Sarcopte plus grand et plus allongé que celui de l'homme ; cette différence, jointe à un accident de préparation qui fit dispa- raître la pièce sternale des épimères de la première paire, — ce qu'on prit pour une disposition normale, — engagea M. Gervais à la considérer comme une nouvelle espèce de Sarcopte, voisine mais différente de celle de l'homme. Nous avons pu examiner des Sarcoptes du chameau d'Afrique conservés au laboratoire même de M. Gervais, en 1873, et nous assurer que c'est bien un Sarcoptes scabiei, d'une variété particulière que nous avons nommée cameli et que nous avons retrouvée sur la girafe en 1877 et même sur des lamas et des (1) Mémoires de la Commission d'hygiène hippique près le ministère de la Guerre. Chez Dumaine. Paris, 1856. 426 ■ CHAPITRE V. dromadaires de la ménagerie Bidel en 1878. La gale du droma- daire esL donc une gale sarcoptique ; on ne lui en connaît pas d'autre jusqu'à présent. ivosog^rapiiie. — La gale du dromadaire débute généralement par la bosse et s'étend en s'irradiant sur le cou, la tête, les côtes, les reins, les cuisses ; elle s'accompagne d'un violent prurit qui est même le premier symptôme qui frappe : le grat- tage fait éprouver à l'animal une sensation agréable qu'il manifeste par l'allongement du cou et un mouvement latéral des lèvres que nous avons déjà constaté chez le cheval. Le fond des poils est rempli de pelites croûtes miliaires résultant du dessèchement de la sérosité des vésicules initiales; puis les poils se détachent et tombent en flocons laissant de larges surfaces eczémateuses nues recouvertes de croûtes; les croûtes augmentent de volume et s'accumulent en se stratifiant ; la peau s'épaissit et se ride ; enfin le tronc, la tête et le cou ne forment plus qu'une vaste et épaisse surface croûteuse, çà et là ulcé- reuse, par suite des grattages, laissant échapper une odeur fétide et présentant un aspect repoussant. Au fur et à mesure que la gale s'étend et devient ancienne, l'animal maigrit, devient cachectique et finit par succomber d'épuisement, ainsi que nous l'avons vu en 18S2 sur un sujet de cette espèce que le Muséum avait envoyé à l'École d'Alfort et qui était affecté d'une gale ancienne à laquelle il a succombé. Diag^nostic. — Le diagnostic de la gale du dromadaire est facile puisque cette affection est la seule dermatose généralisée que l'on connaisse à cet animal. Pronostic. — Le pronostic est grave ; cependant en raison de la facilité d'application et de l'efficacité d'un traitement antipsorique, la gravité du pronostic est très atténuée. Traitement. — Les Arabes traitent la gale du dromadaire avec succès par des applications de goudron pur sur toutes les parties affectées. Nous pensons que les applications de pom- made d'Helmerich sur toute là surface du corps, seraient plus efficaces et moins dangereuses; car, d'une part, les applications de goudron ne pourraient être généralisées sans compromettre la vie du malade, et, d'autre part, toute application antipsori- que qui ne sera pas générale, dans le cas de gale sarcoptique, expose à de nombreuses récidives. ACARIENS. On pourrait appliquer, contre la gale sarcoptique du cha- meau, les lotions de sulfure de calcium qui nous ont si bien réussi contre la gale de la girafe, comme nous le dirons plus loin . Gale du liAlIA. Le lama, ce chameau du Pérou et du Chili, a été envoyé h différentes reprises, et par petits troupeaux, en France, au Muséum, pour en essayer l'acclimatation dans les parties mon- tagneuses du Dauphiné, voisines des Alpes. Pendant les séjours qu'ils faisaient à Paris au Jardin des Plantes, ils ont présenté souvent des cas de gale. L'avaient-ils contractée en route ou l'apportaient-ils de leur pays d'origine? c'est ce qu'il n'a pas été possible d'établir. En 1858, Delafond découvrit sur un lama galeux et sous les croûtes épaisses qui couvraient son dos, un Sarcopte qui, pour lui, ne différait en rien de celui de l'homme. Ayant eu l'occasion, l'année dernière, d'observer des lamas galeux à la ménagerie Bidel, en même temps que des droma- daires atteints de la même affection, nous avons aussi trouvé un Sarcopte, plus grand et plus allongé que celui de l'homme, quoique de la même espèce, et nous en avons constitué notre variété cameli. La gale du lama est exactement la même que celle du dro- madaire, suivant les mêmes phases, se manifestant par les mêmes symptômes et pouvant avoir la même terminaison, car sur quatre lamas envoyés en 1859 dans les hôpitaux de l'École d'Alfort, deuxraoururentcachectiques et complètement épuisés. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit plus haut sur le diagnostic, le pronostic et le traitement de cette affection, qui peut de tous points s'appliquer à la gale du lama. «aie de la GIRAFE. En 1873, nous avons été à même d'étudier la gale de la girafe, ce bel animal qui est domestique dans quelques régions de l'A- frique centrale, mais qu'on ne voit en Europe que dans les ménageries. Un sujet de cette espèce ayant été acheté à Anvers pour le Muséum de Paris et ayant présenté, quelque temps après son arrivée, une affection de peau accompagnée de vives déraan- ''*28 CHAPITRE V. geaisons, nous fûmes invité par M. Milne Edwards à rechercher la nature de cette affection et à indiquer un traitement. Nous découvrîmes, dans les croûtes, un Sarcopte en tout semblable à celui du chameau et du lama. C'était donc d'une gale sarcopti- que qu était atteinte la girafe en question. L'affection différait cependant beaucoup, comme aspect, de la gale du chameau et du lama : les croûtes étaient beaucoup plus minces, plus petites et plus sèches, la peau était plissée dure, en un mot l'affection ressemblait trait pour trait à la gale sarcoptique du cheval; cela tient sans doute à ce que la peau et surtout le pelage de cet animal ressemblent beaucoup plus à ceux du cheval qu'à ceux du chameau : le poil est court et ras au lieu d'être laineux. L'affection occupait surtout les ars, les aines, le dessous du ventre, le pourtour de la base des oreilles et le cou, dans toutes ces régions la peau présentait des plis permanents caractéris- tiques. Comme traitement on essaya d'abord les frictions de pom- made d Helmerich, mais l'élévation de certaines régions et l'in- docilité du sujet forcèrent à renoncer à l'emploi des frictions. Nous eûmes alors recours aux lotions d'une solution de sulfure de calcium faite au moyen d'une éponge emmanchée d'une longue perche: on atteignait ainsi le sommet de la tête, le cou et le pourtour des oreilles, et on pouvait passer l'éponge en question entre les jambes du sujet sans être exposé aux coups de pieds qu'il détachait volontiers. En quelques semaines il fut radicalement guéri. Voici la manière de préparer la solution de sulfure de cal- cium. On fait bouillir 100 grammes de soufre sublimé avec 200 — de chaux vive dans 1000 — ou 1 litre d'eaii. Quand la combinaison est opérée, on laisse refroidir, on dé- cante la partie claire et on la conserve dans une bouteille bien bouchée pour l'usage. Pour employer cette solution de sulfure de calcium il est nécessaire de l'étendre dans trois ou quatre fois son volume d'eau tiède, sans cela elle serait trop caustique et produirait sur la peau un lichen artificiel qui persisterait long- temps et ferait croire à l'insuccès du traitement. Les lotions doivent être faites tous les jours pendant trois ou ACARIENS. 429 quatre jours, puis être reprises si on voit les démangeaisons reparaître avec persistance. C'est ici que devrait prendre place la gale de l'éléphant, si toutefois il en existait une, ce qui n'a pas encore été observé jusqu'à présent. Gerlach a cependant décrit, comme parasite psorique propre à l'éléphant, et sous le nom de Symbiotes ele- phantis, un Acarien qui n'est autre qu'une nymphe hypopiale du Tyroglt/pkus siro, laquelle grimpe sur toutes espèces d'ani- maux : Quadrupèdes, Reptiles, Insectes, dans le seul but de se faire voiturer, car elle n'a pas de bouche pendant cette période de son existence et par suite aucun moyen de ponctionner la la peau ; la peau de l'éléphant, du reste, résisterait à toutes les attaques des Acariens les mieux armés et de tout autre parasite articulé ou autre, puisqu'elle résiste à la dent des serpents les plus redoutables des jungles de l'Inde. § 4. — Animaux de ménageries et animaux sauvages libres. Gale sarcoptique du lion, de l'hyène et «le l'ours. — En 1835 (1), un directeur de ménagerie, M. Borelli, ayant acheté à Marseille cinq lions d'Afrique, une hyène et un ours, les amena à Paris et les déposa provisoirement au Jardin des Plantes. Les lions étaient jeunes, le plus âgé n'avait que deux ans. L'un d'eux tomba malade et mourut, et les autres furent transportés au cirque. Un deuxième lion étant mort il fut envoyé à l'École d'Alfort, où MM. Goubaux et Delafond constatèrent l'existence d'une maladie de peau qui occupait surtout la tête et le cou : ces régions étaient dépilées en partie et montraient une peau rugueuse, plissée et recouverte en grande partie de croûtes, sous lesquelles grouillaient des quantités de Sarcoptes. La même maladie ne tarda pas à se montrer sur les autres bons, qui moururent tous successivement, puis sur la hyène qui succomba aussi trois mois après, et enfin sur l'ours, mais celui-ci guérit spontanément. Des animaux féroces la maladie passa aux chevaux de l'éta- blissement, par l'intermédiaire des éponges qui avaient servi à (I) Delafond et Bourguignon, Traité de la Psore. Paris, 18G2. 430 CHAPITRE V. panser les animaux galeux, et le garçon Cyprien lui-même fut victime de la contagion aussi bien que Borelli et sa fille; mais ils guérirent facilement avec des soins appropriés et donnés àtemps. A la suite de l'étude à laquelle Delafond se livra sur l'Aca- rien psorique trouvé sur le lion il le regarda comme un Sar- copte complètement identique à celui de l'homme. Nous fai- sons à cet égard les mêmes réserves que nous avons déjà faites à l'égard de tous les autres Sarcoptes trouvés sur les quadrupè- des ; en effet, bien que Delafond ait négligé tous les caractères réellement spécifiques, à l'exception des dimensions, en raison même de ces dimensions dépassant d'un quart celles des plus grands individus du Sarcoptes scabiei de l'homme, nous regar- dons ce Sarcopte, comme étant bien de l'espèce Sarcoptes sca- biei, mais de la même variété que notre variété Ltipi que nous avons trouvée sur le loup et dont elle a les mêmes dimensions. Gale cborioptique de la hyène. — On n'a encore trOUVé sur le lion et l'ours qu'une espèce de gale, la gale sar cop tique ; la hyène, outre celle-ci, nous en a présenté une autre, une gale chorioptique. C'est à P. Gervais que nous devons la consta- tation de ce fait : des croûtes, recueillies sur une hyène rayée, morte de la gale à la ménagerie du Muséum, nous ayant été remises, nous y avons Irouvé une nouvelle espèce d'Acarien psorique, appartenant au genre Chorioptes et à l'espèce séti- fère que nous avons nommé Choi'ioptes Setiferus, variété Hyenx (Pl. XX) ; cette gale occupait les régions postérieures du corps de l'animal et avait une analogie complète d'aspect avec la gale chorioptique du cheval. Gales du renard. — Le renard a eu de tout temps la répu- tation d'être sujet à la gale, ou tout au moins à une maladie qui fait tomber les poils ; c'est de son nom grec (^AXwtcyi^) qu'on a fait alopécie, qui se traduit en anglais par the fox evil [maladie du renard) et en allemand par Fuchsraûde (littéralement rogne ou gale de renard). Dans certains pays, en Suisse par exemple, on ne chasse pas le renard en été, non seulement parce que sa fourrure est moins belle, mais parce qu'il passe pour être tou- jours galeux à cette saison. Le premier auteur qui ait signalé scientifiquement la gale du renard est Walz, dans son étude sur la gale et l'Acare du mou- j ton. 11 eut à sa disposition deux renards galeux couverts dej ACARIENS. 4J ' croûtes, l'un de la pointe de la queue au milieu du dos, l'autre de la pointe de la queue à la pointe du museau; ces croûtes avaient jusqu'à un pouce d'épaisseur, étaient spongieuses, et d'une odeur infecte, caractéristique, persistant longtemps après leur extraction. Il rechercha et trouva aussi l'Acarien psori- que du renard ; il reconnut qu'il était de la moitié plus petit que le précédent et qu'il vivait à peine un jour lorsqu'on l' éloi- gnait de son habitat. Tandis que celui du mouton peut vivre plusieurs semaines dans les mêmes conditions. Il essaya d'ino- culer des brebis avec l'Acarien psorique du renard, mais elles restèrent indemnes ; il aurait probablement mieux réussi si au lieu de pratiquer l'inoculation sur une partie couverte de laine il l'avait fait sur une partie nue, le museau ou la face interne des jambes par exemple. Furstenberg (I) a aussi étudié un Acarien psorique du re- nard, qui lui a été fourni par un sujet tué dans l'île de Rugen par son frère Albert, et qui était sans doute le même que celui - observé par Walz. Dans ce dernier cas la gale était localisée dans la région de la queue qui était complètement dépilée et couverte de croûtes de un demi à un quart de ligne d'épais- seur. Lorsqu'il reçut le cadavre du renard à Eldena où il était professeur vétérinaire, Fiirstenberg trouva sous les croûtes de gale une grande quantité d'Acariens vivants, bien que l'animal fût mort depuis trois jours. Cet Acarien, qu'il reconnut pour un Sarcopte et qu'il nomma Sarcoptes viilpù, est décrit minutieuse- ment dans son grand ouvrage et figuré dans son atlas. Or, il résulte de la comparaison que nous avons faite de ses figures et de sa description avec notre Sarcoptes scabiei, variété Lupi, qu'ils sont identiquement les mêmes. Le renard présente donc assez fréquemment une espèce de gale qui est une gale sarcopti'que, la même que nous avons étudiée sur le loup et dont nous parlerons plus loin. C'est sans doute cette gale que contractaient les chiens qui s'engageaient dans les terriers à renard et dont parlent déjà les plus vieux ouvra- ges de vénerie. M. Rayer parle aussi, dans son Traité des mala- dies de la peau, d'un chasseur qui contracta la gale après avoir dépouillé un renard atteint de cette affection. Nous avons eu occasion d'étudier une autre espèce de gale (1) Die Krâtzmilben. Leipzig, 186?. 432 CHAPITRE V. du renard au moyen de croûtes fournies par M. le professeur Gervais et provenant d'un renard galeux mort à la ménagerie du Muséum. Dans ces croûtes nous avons trouvé un Choriopte de l'espèce sélifère, voisin de celui de la hyène, mais s'en distin- guant par des membres plus volumineux et des soies anales plus courtes. Nous avons nommé cette variété Chorioptes setiferus variété vulpis. La gale qu'il cause ne se distingue guère de la gale sarcoptique que par la différence des parasites ; elle doit être moins contagieuse. . «aie du loup, — En 1875, ainsi que nous l'avons déjà rap- porté plus haut, nous avons eu l'occasion d'étudier la gale du loup sur une nichée de quatre jeunes loups de un an environ, qui avaient été donnés au Muséum. M. Milne Edwards, direc- teur de la Ménagerie, ne tenant pas à ce que ces animaux fus- sent soignés à cause de la fréquence des dons de sujets de cette espèce, nous eûmes tout le loisir d'étudier la marche naturelle de cette affection et de faire une ample récolte de parasites. La forme de cette affection, comme nous l'avons dit, était eczéma- to-impétigineuse à croûtes épaisses, stratifiées ethumides, en- tre lesquelles grouillaient des milliards de Sarcoptes scabiei de la variété que nous avons nommée /wpz. Tout le corps en devint couvert, et les malheureux animaux, en proie à des tourments continuels, tombèrent dans le marasme et moururent tous suc- cessivement dans l'intervalle de quatre à six mois après le dé- but de l'affection. Cette gale est très contagieuse, et son Sarcopte s'acclimate avec la plus grande facilité sur le cheval, comme nous l'avons vu, en provoquant sur cet animal le développement d'une gale qui a tous les caractères de la gale norvégienne de l'homme, qui, pour nous, a la même origine. L'odeur de la gale du loup — comme celle du renard du reste, ainsi que l'avait constaté Walz — est extrêmement forte et particulièrement infecte; inoculée au cheval elle conserve ce caractère, qu'on retrouve dans la gale norvégienne de l'homme. ©aie €iu coati. — M. Colin, professeur à l'École d'Alfort, a eu l'occasion d'étudier la gale àxxcoati en 1867, sur deux sujets du Jardin des Plantes, venant du Brésil, que M. Milne Edwards le pria d'examiner. Nous extrayons les lignes suivantes du compte- ACARIENS. 433 rendu qu'il en fit une dizaine de jours après à la Société cen- trale vétérinaire (1) : ^ «Ces deux sujets n'étaient pas malades au même degré : l'un d'eux, fort gai, ne présentait sur le front et à la base de la queue que quelques croûtes grisâtres à la naissance des poils un peu hérissés et clair-semés. Mais l'autre, déjà très faible et amaigri, se tenait couché dans la litière et depuis cinq ou six jours refusait toute nourriture. Il se laissait saisir sans résis- tance, en poussant un sourd gémissement ; son poil était par- tout sec et dressé. La base de la queue était dégarnie et cou- verte d'écaillés très adhérentes. La tête, entièrement dénudée, semblait revêtue d'une carapace rugueuse rappelant l'aspect extérieur d'une écaille d'huître. Le derme se trouvait recouvert d'épaisses croûtes grises séparées par des sillons profonds, si- nueux, à fond un peu rougeâtre. Par le grattage, les croûtes se détachaient, laissant à nu le tissu cutané d'où s'échappait une sérosité rougeâtre. Les oreilles, les joues, les paupières, la partie supérieure du cou offraient le même aspect que le front et l'occiput. » Dans ces croûtes M. Colin découvrit un Sarcopte qu'il décrit ainsi : « L'Acare du coati est un Sarcopte de petite taille, d'un tiers de moins que celui de l'homme et du cheval (?). Il a, comme ce- lui du chat, le corps globuleux, orbiculaire, non elliptique. Le rostre est court, à peine saillant en avant de la tête (?). Les pattes antérieures sont très courtes, munies d'un petit ambu- lacre à ventouse ; les pattes postérieures aussi très courtes sont fortement refoulées en arrière et terminées par des soies peu développées. L'orifice vulvo-anal est au milieu de l'abdomen {V • la grandeur du parasite est environ un quart de millimètre ' ' «Les proportions de ce Sarcopte, les caractères que je viens d indiquer, la projection des épimères des pattes postérieures vers 1 ouverture génitale, la direction et l'écartement des plis dorsaux le font rentrer dans le groupe des Sarcoptes notoèdres dontM. Delafond ne cite qu'une seule espèce « qui vit sur le chat et peut-être sur le chamois». Je pense, jusqu'à vérifica- tion plus mmutieuse, que ce Sarcopte du coati est le Sarcopte du chat ou une espèce très voisine. (1) Bulletin de la société centrale vétérinaire, du 28 février 1867. MÉGNiN. - Les Parasites. - 434 CHAPITRE V. « Maintenant, d'où a pu venir le Sarcopte notoèdre de nos coatis? Une foule de conjectures se présentent à l'esprit ; les trois plus sérieuses me paraissent être les suivantes : « i» Les Coatis ont pu apporter leur Sarcopte de l'Amérique du Sud; « 2» Dans leurs rapports fréquents avec les singes, dans la ro- tonde desquels ils habitent, ils en ont peut-être reçu des Acares ; « 3° Enfin les Coatis ont pu emprunter leur Acare à quelque chat galeux, soit par contact immédiat, soit par l'intermédiaire des litières ou des objets contre lesquels des chats se sont frottés. » Le coati le plus malade mourut quelques jours après, et l'au- tre guérit en moins de deux semaines par le moyen de quelques frictions de pommade d'Helmerich. Malgré quelques erreurs que commet M. Colin dans sa des- cription du Sarcopte du coati, comme, par exemple, de placer l'ouverture vulvo-anale sur la face abdominale tandis qu'elle est sur la face dorsale, d'où son nom, de considérer les dimen- sions du Sarcopte du cheval et celles de celui de l'homme comme égales, de voir chez les Sarcoptes une tête en avant de laquelle serait placé le rostre, ce parasite n'en est pas moins un Sarco- pte notoèdre identiquement de mêmes dimensions que l'espèce type qui vit sur le rat. Nous savons que, sur le chat, il est de dimensions très variables et généralement plus petit. Si M. Colin avait connu le fait de l'existence de cette espèce de Sarcopte sur le rat, ses hypothèses et ses recherches sur l'ori- gine de ce Sarcopte auraient été bien simplifiées ; en effet les rats bruns {Mus decumanus) abondent au Jardin des Plantes aussi bien que sur les navires, et même au Brésil où ils ont pul- lulé en nombre immense bien qu'ils n'aient passé en Améri- que que depuis moins de soixante ans. Or, les Coatis sont car- nassiers et chassent volontiers les rongeurs de toutes sortes et surtout les rats ; rien d'étonnant alors qu'une de leurs victi- mes, infectée de gale, la leur ait transmise. «aie du rat. — On sait combien est commun, à Paris etaux environs, le rat brun ou rat d'égout, le Surmulot de Buffon, {Mus decumanus de Pallas), espèce exotique qui était inconnue en France avant i750, apportée de l'Inde en Angleterre une ACARIENS. vingtaine d'années auparavant, qui a supplanté presque partout le rat noir dont il est l'ennemi acharné et qui lui-même n'était installé en Europe que depuis quelques siècles. Or, il est un fait sur la voie duquel nous avons été mis par un de nos jeunes confrères, M. Romary : c'est que la plupart de ces rongeurs, si voraces et siprolifiques, sont galeux depuis bien des années, et la maladie de peau dont ils sont victimes est des plus intéressantes à étudier aussi bien que le parasite qui la cause. Ce parasite n'est autre que le Sarcoptes notoedres que nous avons décrit plus haut (Pl. XI), le même qui vit sur le chat, sur le lapin et sur le coati, et qui se transmet avec une grande facilité, au chien, au chevalet à d'autres mammifères ; aussi ne serions-nous pas étonné d'apprendre que les chiens boule-ter- riers, chargés à Paris de faire la chasse aux rats et d'empêcher que ces trop envahissants rongeurs ne viennent par leur nom- bre et leurs déprédations rendre Paris inhabitable, ne contrac- tent la même gale quelquefois, comme les chats, car nous som- mes convaincu que celle de ces derniers n'a, le plus souvent, pas d'autre origine. La dermatose psorique des rats, bien qu'elle ne soit pas ra- pidement mortelle, viendra en aide, nous l'espérons, à nos in- telligents auxiliaires ; aussi n'est-ce pas pour apprendre à la combattre que nous allons l'étudier, La gale des rats débute toujours par le bord libre des oreilles, ainsi que nous avons pu le constater par l'examen d'un grand nombre de rats galeux à différents degrés; du bord libre des oreilles elle gagne toute la surface externe de ces organes, puis le sommet et la tête tout entière, mais respectant le tronc. Nous l'avons vue occuper aussi la queue en même temps que la tête. Les oreilles, détachées d'un coup de ciseaux et pouvant être portées entières sur le porte-objet du microscope, sont très commodes pour étudier l'affection ; on emploie la lumière di- recte et un faible grossissement, 50 diamètres par exemple. On voit alors un grand nombre de petites boursouflures circu- laires de l'épiderme, d'un à deux millimètres de diamètre, dont les intervalles sont occupés par de fines croûtes pulvérulentes. On voit bien, dans ces croûtes, circuler quelques Acariens qu'un examen plus complet fait reconnaître pour des larves' des nymphes et des mâles de Sarcopte notoèdre, mais, pour 436 CHAPITUE V. avoir des femelles ovigères, il faut enlever l'épiderme des bour- souflures hémisphériques. Alors on voit cette femelle au milieu d'une trentaine d'œufs, comme dans un véritable nid, et la preuve d'une longue station au même endroit est donnée par les nombreuses fèces, courtes, cylindriques et noires qui sont accu- mulées parmiles œufs. C'est au périmètre de son nid que lafe- melle pondeuse pratique les piqûres pour faire sourdre la séro- sité dont elle se nourrit, et dont l'excès, desséché sous forme de fins corpuscules, constitue l'exsudation croûteuse de cette gale. Cette femelle ne pratique donc pas de sillons, comme De- lafond le supposait chez le chat. Les rats galeux que nous avons observés étaient d'autant plus maigres que leur dermatose psorique était plus grave et plus étendue ; nous avons donc toute raison de croire que cette affection amène la même terminaison chez le rat que chez le coati, c'est-à-dire la consomption et la mort. Cîale «le la souris. — Gerlach parle, dans l'ouvrage que nous avons souvent cité [Crsetz und Raude), d'un cas de gale de la souris qui lui a été communiqué par le D' Oschatz, avec l'Acarien qui, suivant ce dernier, la causerait. Le dessin que donne Gerlach de ce parasite est si informe qu'il n'est pas possible d'en reconnaître l'espèce, ni le groupe auquel il appar- tient ; c'est probablement un Myobie déformé ou jeune, Acarien qui vit habituellement sur la souris à la façon des Sarcoptides plumicoles, mais sans causer de gale. Gale des gazelles et des mouflons. — En 1875, nous avons observé au Muséum, deux jeunes gazelles d'Afrique, récem- ment achetées à Anvers, et qui étaient affectées de gale. Cette dermatose occupait le cou et les épaules sous forme de pla- ques eczémateuses couvertes de croûtes grises et pulvérulen- tes, dans lesquelles nous trouvâmes un Sarcopte semblable à celui du noir-museau du mouton, c'est-à-dire le Sarcoptes scabiei, variété ovis, très voisine de celle de l'homme pour la taille et tous les autres caractères, la même enfin que M. Miiller de Vienne avait observée sur des chèvres d'Afrique. Les deux gazelles en question moururent d'une maladie de poitrine intercurrente pendant la durée du traitement de la gale qui ne paraissait pas grave. A la même époque M. Gervais nous remit des croûtes re- ACARIENS. 437 cueillies sur des mouflons morts de la gale quelque temps au- paravant ; dans ces croûtes nous avons retrouvé notre Sar- coptes scabiei, variété ovis. La gale avait été très grave sur les mouflons ; quelques-uns avaient été envoyés à l'École d'Alfort où ils moururent. Depuis qu'on emploie la solution étendue de sulfure de calcium sur les animaux de la ménagerie du Muséum qui présentent de la gale, on les guérit tous facilement. Gale de l'antilope bubale. — En 1877, une grande anti- lope bubale, du Jardin d'acclimatation, présenta une afl'ection psorique caractérisée par des croûtes très épaisses d'un à deux centimètres, entraînant les poils lorsqu'on les détachait. L'af- fection occupait toute la surface supérieure du tronc, le cou et la tête ; elle fut jugée tellement grave que l'animal fut sacrifié. Des croûtes qui nous furent remises, et dont nous possédons encore la plus grande partie, nous avons extrait une quantité innombrable de Sarcoptes scabiei d'une variété plus grande que celle que nous avons vue vivre sur les petites gazelles et ne différant pas de celle du chameau. Comment ce grand ruminant avait-il contracté la gale, c'est ce que nous n'avons pu savoir. Il en avait probablement rap- porté le germe des jardins zoologiques, où il avait séjourné avant d'arriver au Jardin d'acclimatation de Paris où il était depuis quelques mois à peine. «aie du cbamois. — Dans SOU mémoire sur les Acariens des animaux domestiques et de quelques espèces voisines inséré dans les Nova acta physico-medica, T. 18, 2» partie (Vratisl. et Bonn., 1838), Hering décrit un Sarcopte, qui a bien tous les caractères du genre, découvert en 1830 sur un couple de chamois [Antilopa rupicapm), et qu'il nomma Sarcoptes rupi- caprœ. Comme il ne donne que les caractères du genre et qu'il ne désigne l'espèce que par l'épithète tirée du nom de l'animal sur lequel elle vivait, il est probable que c'est une variété du Sarcoptes scabiei, sans doute la même que celle du mouflon et de la chèvre. Delafond et Bourguignon en font, d'après la description et les figures de Héring, une description évidemment fautive • ils hu donnent, en dimensions, 0--,0 17 de longueur surO™"' 015 de 438 CHAPITRE V, largeur, ce qui est impossible ; ils ont pris cerlainement des lignes pour des millimètres et mis un zéro de trop après la virgule ; ils ont, de plus, pris pour des ventouses copulatrices, chez le mâle, l'article basilaire de la dernière paire de patte, dessiné par Héring en forme de cercle, et, malgré la présence de ces prétendues ventouses copulatrices, ils classent ce para- site dans leur espèce Sarcoptes notoedres parce que l'anus est rétro-dorsal, ce qui est la règle chez tous les Sarcoptes. Le mâle de ce couple de chamois, envoyé à l'école vétérinaire de Stuttgard pour y être soigné de sa gale, y mourut, et c'est en en faisant l'autopsie que Héring découvrit son Sarcoptes rupi- caprse. La gale occupait tout le côté droit du corps, le mem- bre antérieur du môme côté et le cou. Dans ces régions la peau était dépliée en grande partie et recouverte de croûtes de 1/2, 1 et môme i et 1/2 centimètres d'épaisseur en quelques endroits ; la peau était plissée et dans certaines régions offrait des crevasses par où s'écoulait un pus fétide. A la base des poils, au-dessous et dans l'épaisseur des croûtes, Héring re- cueillit une grande quantité de Sarcoptes encore vivants mais sans vigueur. La maigreur était extrême et des hydatides existaient en grand nombre dans la plèvre et le péritoine ; les ganglions lymphatiques étaient tuméfiés et indurés. «aie du singe. — La gale du singe paraît extrêmement rare ; on n'en trouve, dans les annales de la science, qu'une seule mention due à P. Gervais qui rapporte, dans ses Mémoires et observations, t. I, page 9 de l'introduction, avoir trouvé sur un Maki, mort de la gale à la ménagerie du Muséun, un grand nombre d'Acarides, du genre Sarcopte, qui lui ont paru sem- blables au Sarcopte de l'homme, mais sur l'identité desquels, dit-il, il ne pourrait cependant se prononcer. Des tentatives d'inoculation de Sarcoptes, recueillis sur le lion, à une guenon, par Delafond, n'auraient déterminé qu'une démangeaison passagère, dit ce dernier auteur dans son grand ouvrage sur la Psore, pubUé en collaboration avec M. Bourguignon. «aie du pha-coiome. - Un Phascolome Wombat, ramené d'Océanie par le capitaine de vaisseau Beaudin qui en fit don à la ménagerie duMuséum, présenta, à son arrivée, une derma- tose d'apparence psorique, accompagnée d'une vive déman- ACARIENS. 439 geaison, qui fut constatée par Saint-Hilaire, Bosc et Duméril. Ce didelphe ayant été écrasé par un éléphant, sa peau fut examinée avec plus de soin, par Duméril (1) puis par Four- nier (2), et ces deux observateurs constatèrent l'existence d'un Sarcopte que Fournier déclara n'être autre que celui de la gale humaine. Un gardien, qui donnait ses soins au Phascolome galeux, aussi bien que les aides-naturalistes qui le dépouillèrent après sa mort et en préparèrent la peau, furent affectés de gale, et Fournier, qui vit cette gale, assure que le Sarcopte du Phasco- lome ne dégénère pas sur l'homme et provoque par sa présence des vésicules plus grosses qu'à l'ordinaire, causant un prurit insupportable et produisant une vive rougeur à la peau. L'em- ploi des préparations soufrées amena une prompte guérison. (1) Duméril, Dictionnaire des sciences naturelles, ann. 1827, t. XLVII, p. 565. (2) Fournier, Dictionnaire des sciences médicales, art. Gale. CHAPITRE VI CRUSTACÉS La classe des Crustacés est certainement celle qui fournit le plus d'espèces parasites aux autres animaux. On en trouve un grand nombre dans sa division des Edriophtalmes et surtout dans celle des Entomostracés qui, sur les trois ordres qui la constituent, en a deux entière- ment composés de parasites, sa- voir l'ordre des Siphonostomes, et l'ordre des Lernéens ; le troi- sième ordre, celui des Copepodes, quoique très voisin des deux autres, n'est composé que d'es- pèces vagabondes dont un grand nombre, très petites, vivent dans les eaux douces et conser- vent, toute leur vie, leurs carac- ' tères de Crustacés ; nous don- nons ci-contre la figure de l'une d'elles, le Cyclope [Cyclops Fig. 57. - Cyclope. vulgaris) (fig. S7), et de sa larve (fig. 58,. Tous les Crustacés parasites vivent aux dépens d'animaux CRUSTACÉS. 441 marins ou d'eau douce, et surtout de poissons et de grands Crustacés ; il semblerait donc, qu'à ce titre, ils ne doivent pas nous intéresser; cependant nous voulons dire quelques mots des Lernéens et nous verrons plus loin qu'ils ne seront pas inu- tiles pour arriver à la détermination de la position zoologique que doit occuper cerlain genre de parasites dont les espèces vivent sur des reptiles, sur des mam- mifères domestiques et même sur l'homme, place zoologique jusqu'à présent très indécise puisque les parasites en question sont classés, par quelques au- teurs, parmi les Vers, par d'autres parmi les Crustacés, enfin par quelques-uns parmi les Acariens. Toutes les espèces que ren- ferme l'ordre des Lernéens, hui- tième de la classe des Crus- tacés d'après la classification de M. Milne-Edwards, et surtout celle de la seconde famille de cet ordre, celle des Chondracan- iJiïens, se distinguent principalement des autres Crustacés pa- rasites par l'état rudimentaire de tout le système appendicu- laire qui se trouve seulement représenté par des vestiges de membres ou par de simples lobes tégumentaires ; les femelles, principalement, se déforment au point d'être devenues mécon- naissables; les mâles sont moins modifiés, restent petits, piri- formes, avec une tête volumineuse qui est seulement munie de pattes-mâchoires transformées en crochets-ancreurs, comme celles de la femelle, du reste, destinés à fixer l'animal sur la partie où il doit vivre. Les jeunes Lernéïdes possèdent cepen- dant bien tous les caractères de la classe : ils ressemblent tout à fait à déjeunes Cyclopes, ont deux, puis trois, puis quatre ou cmq paires de pattes et sont très agiles. Les adultes perdent toutes leurs pattes en devenant parasites et prennent la forme de vers, conservant seulement leurs pattes-mâchoires qui se transforment en crochets-ancreurs. Nous donnons ci-dessous la figure d'un Condracanthien Fig. 58. Embryon tétrapode de Cyclope. 4i2 CIIAPITHE VI. adulte, d'api'ôs Nordmann, c'est le Condracanlhus cornu lus, pa- rasite d'un poisson (fig. 59j. La (îg. B représente le mâle grossi, qui a conservé beaucoup de la physionomie de la larve et qui, comme on le voit,a deux paires de pattes- mâchoires, près de la bou- che qui est infère, trans- formées en crochets; des deux paires d'antennes , l'une s'est aussi transfor- mée en crochet; il n'y a plus de pattes, il y a seule- ment deux paires de ma- melons, sur les premiers anneaux du corps, qui les rappellent. La fig. Arepré- sente la femelle grossie, quia bien plus changé que le mâle, le parasitisme l'a rendue tout à fait vermi- forme ; elle n'a plus qu'une paire d'antennes qui sont horizontales ; ses pattes- mâchoires sont transfor- mées en petits crochets, surtout l'antérieure, et les pattes sont représentées par deux paires de tuber- cules, la première bifide. Quand cette femelle est ovigère elle porte, attachés de chaque côté du tuber- cule lerminalmédian, deux longs sacs cylindriques remplis d'œufs,commetoutes les femelles des Lernéens du reste. Dans la figure ci-contre, ils commencent seulement ù apparaître. Pendant longtemps les zoologistes, à l'exemple de Lmné et de Cuvier, ont méconnu la nature véritable des Lernéens et les ont éloignés des Crustacés pour les ranger parmi les Vers. tig. b9. Condracanlhus conmtus, d et CRUSTACES. Desmarest est un des premiers auteurs qui aient réellement in- diqué les rapports naturels qu'ils ont avec les Crustacés ordi- naires, mais c'est depuis que l'on connaît les formes transi- toires affectées par ces parasites dans les premiers temps de leur vie que l'on a pu leur assigner définitivement une place dans la série naturelle des Crustacés, et la connaissance de ces changements est due principalement à Nordmann, M. H. Milne-Edwards, puis à MM. Metzger et Clans. Ces préliminaires posés nous allons maintenant aborder l'étude d'un genre de parasites, le genre Linguatula ou Pentas- loma, qui constitue à lui seul l'ordre des Acanthothèques, lequel, comme nous l'avons dit, est classé par certains naturalistes parmi les Vers, par d'autres parmi les Crustacés, et enfin, par quelques-uns parmi les Acariens. A notre avis, c'est à la suite des Lernéens qu'il doit être placé. ORDRE DES ACANTHOTHÈQUES. Genre liing^uatula (Cuvier) ou Pentastoma (Rud.). — Crustacés vermiformes, à corps oblong déprimé ou cylindrique, plissé transversale- ment, oupresque annelé, bouche inférieure accompagnée par deux paires de crochets simples ou doubles, très courbés, rétracliles dans autant de cavités distinctes; pénis simple papilliforme. Historique. — On trouve quelquefois dans les fosses nasales du chien et du cheval, sous les séreuses pectorales et abdominales des petits ruminants, des rongeurs et môme des carnassiers, et enfin dans les poumons des reptiles, des sortes de vers ressemblant plus ou moins à des sangsues, mais blancs, qui vivent là en véritables parasites et dont l'histoire n'est connue que depuis quelques années. C'est Chabert, le successeur immédiat de Bourgelat, fondateur des écoles vétérinaires, qui trouva la première espèce, en 1787, dans les sinus frontaux du cheval et du chien, et qui la nomma Tœnia lanceolata. Abildgard, professeur à l'École vétérinaire de Copenhague, nomma Tœmœ caprina une deuxième espèce qu'il trouva deux ans après (1789), à la surface du foie d'un bouc. Frœlich, en cette môme année (1789) trouva dans le poumon d'un lièvre une troisième espèce qu'il nomma Linguatula serrata. Zeder avait placé les deux premiers dans son genre Halysis avec les Tœnia, et la troisième dans son genre Polystoma. Rudolphi, dans son Histoire naturelle des Entozoaires parue en 1808 et 1809, nomma d'abord la première espèce Prionoderma et, plus tard, la plaça définitivement avec les deux autres dans son genre Polystoma sous les noms de P. Tenioîdes, P. denticidatum et P. 4M- CIIAPITnii VI. serratum. De Hmiiboldt, en 1799, trouva dans le poumon d'un serpent à sonnettes, à Cumana, en Amérique, une quatrième espèce qu'il décrivit d'abord comme un Echinorhynque, puis comme un Distome et quil nomma enfin Porocephalus crotali. Bosc,en 1811, décrivit sous le nom de Tetmgulus cavise un parasite de ce groupe trouvé par Legallois dans les poumons d'un cochon d'Inde, et qui, nommé plus tard par Rudolplii Pentastoma emarginatum, a été reconnu ensuite comme identique avec le denticulaium. — Rudolphi avait remplacé le nom de Prmioderma par celui de Pentastoma qui a prévalu, bien qu'il fût basé sur une erreur d'interprétation : il avait pris pour des bouches {stoma) les fossettes qui logent les quatre crochets, lesquelles fossettes avec la vraie bouche en formaient cinq, de là le nom de Pentastoma. — C'est à cette même espèce (P. denticulatum) qu'on rapporta le Pentastome décrit par Creplin en 1829, sous le nom de Pentastoma fera et trouvé par lui dans le foie d'un chat domestique. Cuvier, en 1817, dans la première édition du Régne animal, avait accepté le genre Prionoderme, créé d'abord par Rudolphi, mais, dans la deuxième édition, en 1830, il adopta, pour tous les Pentastomes, le nom de Linguatula, donné par Frœhch à une espèce, comme Lamark l'avait fait avant lui dans son Histoire des animaux sans vertèbres, en 1816. Owen, en 1833, et Nordmann, en 1840, ont aussi employé le nom de Liuguatula, qui exprime en effet très bien la forme déprimée oblongue des premières espèces ; mais il cesse d'ôlre exact, quand il s'agit des espèces parasites des reptiles et des poissons, qui sont cylin- driques ; c'est pourquoi le nom de Pentastome a prévalu pour beaucoup de naturalistes malgré la notion erronée qu'il renferme. On connaissait donc, comme nous l'avons dit, quatre espèces de Pentastomes, dont trois vivaient sur des mammifères indigènes et une seule trouvée dans un reptile exotique; une des espèces indigènes se trouvait en outre répétée deux fois sous des noms différents par Rudolphi, ce qui portait à cinq le nombre des espèces nominales. Mais, en 1833, Diesing, profltantdes richesses zoologiques réunies au Muséum de Vienne, réduisit à quatre le nombre des anciennes espèces et en ajouta sept nouvelles toutes trouvées au Brésil, savoir : 5" le Pentastoma suhcijlindricum dans le kyste de divers viscères d'un Midas, d'une Phyllostome, de deux Didelphes, de deux rats et d'un raton ; 6" le Pentastoma megastomum, dans le poumon d'une tortue ; 1° le Pentastoma subtriquetrum, dans le gosier du caïman à lunettes; 8° le Pentastoma oxycephalum, dans le poumon de ce même caïman et d'un crocodile à museau de brochet ; 9° le Pentastoma proboscideum, dans le poumon et l'abdomen de plusieurs lézards et serpents ; 10° le Pentastoma furcocerum qui vit dans les poumons de plusieurs serpents ; 11" enfin le Pentastoma gracile qui se trouve dans les kystes membra- neux du mésentère, ou à la surface des viscères des reptiles et des CRUSTACÉS. 445 poissons, ou même logé dans les chairs d'un poisson. Cet auteur les divise en trois sections selon que les crochets sont simples ou géminés, selon que le corps est déprimé ou cylindrique. Jusqu'en 1833 toutes les Linguatules rencontrées jusqu'alors l'avaient été exclusivement chez des animaux vertébrés ; dans cette môme année, von Siebold les signala chez l'homme ; un peu plus tard, Zenker observa des kystes contenant des Linguatules sur dix cadavres d'hom- mes morts à l'hôpital civil de Dresde. Enfin Hechl, à Vienne (Autriche), constata de nouveau leur présence dans l'espèce humaine, ainsi que Pruner-Bey qui les rencontra chez deux nègres en môme temps que chez une girafe. C'est Van Beneden qui, en 1848, montra, d'après les embryons (1), que les Linguatules, au lieu d'ôtre des vers, sont des animaux articu- lés plus voisins des Lernéens, ou des Acarides, que des Helminthes. Ces observations, recueiUies d'abord avec beaucoup d'hésitations, ont été pleinement confirmées depuis par Leuckart. En môme temps que Leuckart, par ses expériences, confirmait les faits avancés par Van Beneden relativement à la forme et à l'état des embryons des Linguatules, il démontrait, par d'autres expériences, que les Pentastomes agames, qui vivent enkystés dans les viscères de plusieurs espèces d'animaux, ne sont autre que des larves qui arri- vent à l'état adulte dans des cavités communiquant avec l'extérieur chez d'autres animaux : c'est ainsi qu'il obtenait le Pentastome Tenioïde dans les cavités nasales du chien, dans lesquelles il avait introduit au préalable le Pentastome denticulé du lapin et des petits ruminants (2). Le nombre des espèces du genre Pentastome doit donc être consi- dérablement réduit. Nous nous contenterons d'en décrire deux, qui constituent les types de deux groupes très distincts, destinés probable- ment dans l'avenir à devenir des genres nouveaux. Liingruatule ou Pentastome tenioïde (Lingmtula TœJiioîdes, Lamk, ou Pentastoma Tœnioîdes, Rud.) — (fig. 60 et 61). Synonymie : Tœnia lancéolé, Chabert ; Priojioderma lanr.eolata, Cuvier. Corps déprimé, lancéolé, très allongé et beaucoup plus rétréci en arrière ; phssé transversalement et crénelé au bord ; bouche presque orbiculaire située entre les crochets qui sont rangés en demi-cercle, rétractiles et logés dans des fossettes oblongues et profondes. Mâle. — Blanc, long de 18 large de 2™'»,25 en avant et de 0""",45 à l'extrémité postérieure ; pénis ' simple en forme de papille situé derrière la bouche. (1) Van Beneden, Rechei-ches sur l'organisation et le développement des Linguatules {Mémoires de l'Acad. roy. de Belgique, 1849). (2) Leuckart, Bull. Acad. roy. de Buxelles, 1857, 2* série, vol. II, p. 30 et vol. m, p. 4, 163, 352. ^ 446 CHAPITRE VI. Femelle (D). — Longue de .^0°"" à 100-»», lurge de 4"'»' en avant el de en arrière; gris blanchâtre, rendue plus ou moins rougeâtre parles œufs dans la partie moyenne où le tégument est plus mince et demi-transparent. Larve (A, B, C). (Synonyme : rœmaca/jma, Abildgard ; Alysis caprina, Zeder; Polystomadenticulatum, Ruà.;Tetraguluscaviœ, Bosc; Liiiguatula serrata, Frœlich; Linguatula denticulata, Lamarck ; Pentas- loma denticulatum, emargina- tum, serratum, Rud. ; Pentas- toma fera, Creplin.).— Corps blanc, long de 4 à 6™™, large de à l'^'^.QO en avant et de i "",12en arrière,déprimé, ovale-oblong, rétréci en ar- rière, échancré aux extrémi- tés, annelé, avec des rangées transverses de petites épines qui se voient mieux sur le bord transparent du corps; bouche ronde ou elliptique située entre les deux crochets antérieurs ; crochets rangés en arc. Embryon (fig. 01, B). — Longueur 0™",13, largeur O^-^jOe, d'après Leuckart, corps déprimé, spatuliforme, court, à grosse extrémité an- térieure, bombé en dessus, plat en dessous, extrémité caudale rétrécie et dentelée, porté par quatre membres rudime'ntaires composés d'un tarse biongulé articulé avec une hanche continuée par un talon allongé soudé au corps et rappe- lant les épimères libres de certains acariens. (Euf (fig. 61, A). — Longueur 0°"",08 (d'après Leuckart i/12 de millimètres) arrondi, oviforme, rougeâtre. Lorsque de l'ovaire ils descendent dans l'oviducte, un commencement d'évolution se remar- que déjà dans leur intérieur. Habitat. — A l'état adulte la Linguatule tenioïde a été rencontrée dans les cavités nasale et pharyngienne du chien, du cheval, du mulet et du loup ; à l'état de larve enkystée, elle a été rencontrée sous Fig. 60. — Linguatule iœnioïde. A. larve grossie, face inférieure, a. bouche, 6. anus. — B. la même face dorsale. — C. la même contractée et rampant. — D. femelle adulte grand, nat. CRUSTACÉS. le péritoine ou la plèvre de la chèvre, du mouton, du bœuf, de l'anlilope guevi, du cochon d'Inde, du porc-épic, du chat, du lion et de l'homme. E'entastoiuc monilif orme [Pentastoina monilifonne, Diesing). Syn.: Pentastoma proboscideum , Rud.; Echinorhynchus crolali, Humboldt ; Distoma crotali , Humboldt; Porocephalus cro- tali, Humboldt. — Corps blan- châtre, lactescent, cylindri- que, renflé en massue ou claviforme, moniliforme, pré- sentant vingt- six segments presque égaux séparés par des étranglements; tôte épaisse, obtuse, un peu comprimée ; bouche ronde située un peu en arrière des crochets qui sont simples, jaune-clair, en arc un peu convexe ; queue acuminée (fig. 62, A). Femelle. — Longue de 2 à 10 centimètres, large de 3 à 7mm en avant et de 1 à 2™" en arrière (fig. 62, A). Mâle. — Moitié plus petit et plus étroit que la femelle jeune ayant un pénis en forme de papille entouré d'une sorte de prépuce. Larve. — Longue de 16"»"°, large de 2 à 3™"", blanche, cylindrique, moniliforme, à extrémités arrondies sensi- blement égales, mais un peu atténuées en arrière (fig. 62, D,CetC'). Embryon. — Longueur O^^jie, largeur 0°"",09, en forme de guitare à grosse extrémité antérieure, à extrémité caudale courte et arrondie, bombé en dessus, plat en dessous. Rostre en forme de lancette in- curvée sur plat, à pointe dirigée en avant et en haut, accompagné de chaque côté de tubercules bilobés, antenniformes. Muni de chaque côté de deux paires de pattes constituées seulement par un tarse bi- Fig. 61. — A. œuf. B. embi yoïi de l'eutasloine tœnioïde d'après Leuckai-t. CHAPITRE VI. ongulé articulé avec une hanche sessile et fixe dont un prolongement en forme de alon dirigé en avant et en bas pour la premièr^arrê et en avant et en haut pour la seconde, rappeUe les épimères £es e certams Acariens. Une petite ouverture' entourée d^n bou r^^^^^^^^ (t, L ) se remarque au mi- lieu de la face dorsale. Est-ce l'anus ou un stigmate im- pair? (fig. 63, B, C). Œuf. — Arrondi, ovoïde, long de 0'"°>,t2, large de Fig. 62. — Linguatulemonili forme. A . femelle adulte grossie. — B. sa tête grand, naf. — CC larve enkys- tée. — D. larve libre grand, nat. 0™™,lfl, entouré d'une zone gélatineuse épaisse de 0"™,013. Avant la ponte il renferme toujours un em- bryon complètement déve- loppé (fig. 63, A). Habitat. — A l'état adulte on a rencontré la Linguatule moniliforme sur différents reptiles. Crotales, Boas, Crocodiles, Monitors ou grands lézards, et enfin dans une espèce de couleuvre; elle habite la cavité abdominale et les poumons. Sous le nom de Pentastome grêle [Peiit. gracile, Diesing), on a dé^ Fig. 63. — A. œuf de Linguatule moniliforme. — B. Embryon de la même, vu de face. — C. Em- bryon vu de profil. ( D'après nature et au grossisse- ment de 300 diamètres.) CRUSTACES. 449 crit une petite Linguatule, trouvée enkystée dans le mésentère ou dans les chairs de reptiles et de poissons, qui est évidemment une larve, mais qui ne peut appartenir à l'espèce que nous décrivons, parce que ses crochets sont géminés ou doubles. La larve de la Lin- guatule moniliforme était donc encore complètement inconnue quand nous avons eu occasion d'en étudier une trouvée par milliers sous le péritoine d'un chien d'expérience par M. le D' Bochefontaine, prépa- rateur au laboratoire de pathologie comparée et expérimentale. Or, les caractères anatomiques de cette petite Linguatule, qui était agame et parconséquenlàl'étatlarvaire, correspondant parfaitement aux carac- tères des adultes ci-dessus, nous nous croyons autorisé à la regarder comme leur larve. Le chien qui la nourrissait, et qui avait le péritoine elle mésentère farcis de kystes contenant ces Lingualules, était un chien abandonné ou vagabond qui s'était probablement infecté en dévorant un reptile contenant des Linguatules moniliformes adultes et chargées d'oeufs. C'est la première fois qu'on rencontre cette espèce chez un mammifère à sang chaud, à moins que notre larve ne soit la même que celle trouvée en Egypte par Pruner, sur deux nègres, et décrite par de Siebold, comme suit. <( Pentuatomu étreiiit {Pentastomum comtrictam de Siebold), — Corps allongé, cylindrique, annelé en apparence par des constrictions transversales, arrondi antérieurement, terminé postérieurement en cône obtus ; dos convexe, ventre aplati, tégument sans épines; long de 13 millimètres, large de '2 millimètres. » Des deux nègres en question, l'un était mort d'une péritonite l'autre d'une colite; chez l'un les vers étaient vivants, chez l'autre ils étaient morts. Ils étaient situés dans des kystes delà dimension d'un kreutzer, plus elliptiques que ronds, d'un tissu en apparence cartila- gmeux, qui faisaient saillie à la surface du foie chez l'un des indi- vidus ; chez l'autre le parasite avait quitté son kyste et se trouvait dans le duodénum. « Quand nous avons visité en 1833, dit Pruner le musée d'anatomie pathologique de Bologne, nous avons trouvé deux échantillons de ce môme animal, sans kyste, conservés entre deux verres de montre, avec cette inscription ; Insecte trouvé dans le foie d un homme (I). » Bilhartz a de nouveau trouvé ces parasites en Egypte, à la surface du foie, chez les nègres. u^iaçc Aiiatomie et biologie des I^ingruatules. - L'anatomie de la pre miere espèce a été faite par plusieurs auteurs ; celle du Pentastoma proboscideum l'a été par Diesing. Chez ces animaux le tégument est (I)E. Pruner. Dte/rra«/f/iei poussées par leur instinrf c'op forcent de ne pas dépasser la nvîiô i.., . i msimct, s el- eue. s:a.c.z. Puis^u:sV;:eru:ro:tésTasrs^^:/ro' elles peuvent devenir adultes. "isaies, seul heu ou Tous ces faits ont été démontrés expérimentalement par Leuckart en 185,. Quelques années après, M. G. Colin, d'Alfort a iS W mômes expériences, qui sont relatées tout au Ion " dans le C de la S.ciété centra, vétérinaire, mais on reniarque °avl étonn^ÏÏ; 452 CHAPITRE VI. dans co travail, que le silence le plus complet est gardé sur les expé- riences de Leuckart, à qui seul appartient pourtant la découverte des faits en question. M. Leuckart et ses émules, se basant sur leurs expériences, avan- cent que la migration dans un organisme étranger est le seul moyen, pour le Pentastomc, d'arriver à accomplir ses dernières phases de développement et d'atteindre l'âge adulte. A ce compte, les carnassiers seuls noiirriraient des Linguatules adultes et les herbivores des larves ou Linguatules agames. Nous savons cependant que les Linguatules adultes ont été rencontrées chez le cheval et que des larves des mômes parasites ont été trouvées enkystées sous le péritoine de chats, de chiens ou même de lions. 11 faut donc croire que la règle posée n'est pas sans exceptions et que l'intermédiaire obligé n'est pas forcément indispensable, pas plus que pour les Ténias. ACTION NOCIVE DES LINGUATULES. Chez l'homme. — Jusqu'à présent on n'a rencontré les lin- guatules chez l'homme qu'en Allemagne et en Egypte: dans la première de ces contrées c'est la larve du PenlasLome t£e- nioïde, c'est-à-dire le pentastome denticulé ou en scie, qui a été constaté, dans la seconde c'est le Pentastome étreint, larve du Pentastome moniliforme, qui a été vu. Après Siebold, Zenker, prosecteur à l'hôpital civil de Dresde, l'a rencontré chez l'homme dans dix autopsies (huit hommes et deux femmes âgés de vingt et un à soixante-quatorze ans). On l'a trouvé ensuite à Leipzig et à Vienne ; à Dresde dans la proportion de 1 sur 18 autopsies ; à Leipzig dans celle de 1 sur 10, et de 1 sur 4 à Vienne. Dans tous les cas (sauf un), c'est à la surface du foie que les Pentastomes denticulés ont été rencontrés chez l'homme ; ils étaient renfermés dans un petit kyste fibreux; un seul existait à la surface du rein. Ce parasite paraît ne causer aucun trouble dans les fonctions de l'organe qui le recèle, aucun phénomène ne fait soupçonner son existence pendant la vie; sa petitesse constante le rend tout à fait inoffensif (Davaine). Le Pentastome étreint, ou larve probable du Pentastome moniliforme, cause-t-il plus de dommages en Égypte que son congénère en Allemagne ? Nous avons vu plus haut que, des deux nègres chez lesquels Pruner-bey les avait trouvés, l'un CRUSTACÉS. 4S3 était mort d'une péritonite et l'antre d'une colite. Quel rôle ont joué ces parasites dans le développement de ces affections? C'est ce qui n'a pas été clairement établi. Chez les animaux domestiques. — Le Pentaslome txnioïcle h l'état adulte a été rencontré chez le cheval (Chabert), chez le mulet (Grève à Olbenbourg), chez les moutons (Rhinden en Ecosse), et chez le chien (Chabert, Rudolphi, et un grand nombre d'observateurs), à l'état de larve, c'est-à-dire sous le nom de Pentastome denticulé, ou en scie, chez la chèvre (Abild- gard, Florman, Gurlt), chez le mouton (G. Colin), chez le bœuf (Hermann à Vienne), chez le lapin (Frœlich, Leuckart), chez le chat(Creplin à Greifswald) et chez le cochon d'Inde (Dujardin). Le Pentastoma moniliforme, h l'état de larve seulement, a été rencontré sur le foie et dans le mésentère du chien (Boche- fontaine à Paris). A. .tctioii des Peiitastomes adultes. — Si l'on en Croyait Chabert, cette action serait terrible : « Il est, dit-il (1), peu de corps étrangers introduits dans l'économie qui puissent produire des effets aussi foudroyants que les vers lancéolés lorsqu'ils sont logés dans les cellules ethmoïdales. Le cheval qui en est affecté mange avec voracité, et, plus il mange, plus il semble dépérir : cet appétit vorace est souvent interrompu par un état d'anxiété ; l'animal gratte le sol, le frappe avec un de ses pieds de devant, il regarde son flanc, l'inquiétude augmente; il se couche et se relève subite- ment; le flanc s'agite, les naseaux s'ouvrent de plus en plus, les yeux deviennent hagards; cet état, qui indique les douleurs les plus vives, finit par l'émission d'une quantité considérable de vents et de matières stercorales crues et bilieuses. Ces signes sont équivoques ; ils sont communs à plusieurs maladies; la colique et la diarrhée sont dues à la descente trop précipitée des aliments dans l'estomac ; cette descente rapide est due elle- même h l'irritation qu'occasionnent les vers, mais bientôt, l'ir- ritation augmentant à mesure que les vers acquièrent plus de force, les signes qui annoncent leur présence cessent d'être équivoques. Ils consistent dans des ébrouemehts fréquents, des secousses convulsives de la tête, des actions effrénées qui por- (I) Chabert, Maladies vermineuses . Paris, 1787, p. 77. ciiApimii VI. tent l'animal ù se heurter avec la plus grande violence le crâne contre tous les corps durs qui sont à sa portée. Quelle que soit la force de ce heurt et de ces actions elIVénées, l'ébrouement seflectue toujours; il s'opère môme avec une sorte de fureur de la part de l'animal : souvent il s'ahat, plie son encohire et porte la tête sur les côtés, la rejette sur le sol avec colère, la renverse en arrière, la ramène en avant et plonge le nez dans le poitrail ; enfin, les forces paraissent épuisées, ou peut-être, le ver cessant de se faire sentir, l'animal se relève, paraît accablé, éprouve une altération considérable, et après quelques heures de repos, une faim dévorante ; la manière dont il ^aisit et avale les aliments qui lui sont offerts tient toujours à un état violent; et c'est assez souvent lorsqu'il les dévore avec une sorte de fureur qu'il est saisi de ces accès phrénétiques dont nous ve- nons de parler. Les paroxysmes n'ont point d'ordre fixe dans leur apparition, et ne tardent guère pour l'ordinaire à faire périr l'animal qui les éprouve ; sa mort est toujours d'autant plus prompte qu'il est plus ardent, plus vigoureux, plus irritable; il arrive souvent aussi que les animaux de ce tempérament pé- rissent plutôt des coups qu'ils se donnent que de la maladie même. » Personne n'ayant revu de Pentastomes chez le cheval, depuis Ghabert, on n'a pu, par suite, conti ôler ses assertions. « Quant au chien, poursuit Ghabert, les signes qui annoncent la présence du ténia lancéolé dans le nez de cet animal ne sont pas tout à fait les mêmes: outre que l'appétit estvorace comme dans le cheval, il est, de plus, dépravé; l'animal avale, dévore tout ce qui est à sa portée, la terre, la paille, le bois, le linge, des morceaux d'étoffe, de la laine, des cordes, etc. Les mus- cles des mâchoires agissent convulsivement et tumultueuse- ment; la mâchoire inférieure est écartée, jetée de côté, soit à droite, soit à gauche, et rapprochée de l'antérieure avec autant de promptitude que de force. Dans ces actions effrénées, l'ani- mal laisse échapper une grande quantité de salive qui tombe en filet; les parois du bas-ventre sont tendues au point d'agir sur la vessie et d'en chasser l'urine qu'elle contient. Le chien éternue presque "sans cesse; il est continuellement occupé à se gratter le nez avec ses pattes, et à se frotter le front contre les corps durs ; il court sans intention et succombe dans les con- vulsions les plus violentes. » CRUSTACÉS. *S5 M. G. Colin,d'Alfort,qui,endeuxans,apu observer 64 chiens qui lui ont offert depuis une jusqu'à onze lingualules chacun, s'inscrit en faux contre les symptômes attribués par Chabert à l'action des linguatules chez le chien et chez le cheval. « Toute cette symptomatologie, dit-il (1), semble faite pour un conte des Mille et une nuits ; elle n'a trait ni aux Pentastomes, ni à au- cune maladie bien déterminée, et elle n'est pas plus exacte, à l'éternuement près, pour le chien que'pour le cheval, quoi que disent les modernes qui l'ont paraphrasée sans discernement. » Les seuls symptômes que M. Colin ait observés chez ses chiens d'expérience, chez lesquels il faisait développer des Pentastomes adultes au moyen de larves provenant du mouton, chiens qu'il avait continuellement sous les yeux, pendant de longs mois, sont des éternuements fréquents, de la difficulté de la respira- tion provenant de l'abondance du mucus dont- la sécrétion est exagérée, difficulté s'accompagnant quelquefois d'un sentiment d'anxiété ; enfin, parfois, des symptômes asphyxiques quand les pentastomes avaient acquis tout leur développement et qu'ils obstruaient plus ou moins complètement les fosses nasales. A l'autopsie de chiens d'expérience sacrifiés, les lésions trouvées par M. Colin étaient insignifiantes : « un œil exercé aurait grand'peine h découvrir les empreintes légères de leurs crochets microscopiques. » Et pourtant, d'après Chabert, ces lésions seraient effrayantes et consisteraient en ulcérations graves de la pituitaire, semblables à celles de la morve la plus invétérée du cheval ! Quelquefois, cependant, l'action des Pentastomes est moins inoffensive que ne le prétend M. Colin, sans cependant arriver au degré que lui attribue M. Chabert. Nous avons vu sur des chiens des épistaxis dont la répétition amenait chez ces animaux un état anémique grave, être la conséquence de la présence de Pentastomes dans le fond des cavités nasales. De même aussi nous avons vu le chien d'un de nos amis, le D"" P., rejeter devant nous un pentastome femelle, qui était fixé dans le pha- rynx, et qui n'avait jamais produit d'autres effets que quelques accès de toux. Ce chien avait une splendide santé. B. Action des pcutaNtomcs à Tétat »le larve. — Bien qUB (1) G. CoVm, Recherches sur le Pentastome ténioïde, in Bulletin de la Soc. cent, vétérinaire, Paris, 1863. 4S6 CHAPITRE VI. M. Colin ait signalé des altéralions graves des ganglions mésen- tériques chez ses moutons d'expérience, chez lesquels il obte- nait le développement de Pentastomes à l'état larvaire en leur ingurgitant des œufs de ce même parasite avec des substances alimentaires, il ne paraît pas que, à cet état, les Pentastomes soient bien dangereux. M. Colin lui-même ne signale aucun symptôme observé pendant la vie autre qu'un développement lent et un état chétif persistant n'entraînant pas la mort spon- tanément. Nous tenons de M. le Bochefontaine, qui nous a fourni les moyens d'étudier la larve du Pentastome moniliforme déve- loppée chez le chien, que le sujet qui les a fournis était un chien très vigoureux ayant toutes les apparences d'une bonne santé; il avait été ramassé par la police vagabondant dans les rues de Paris, et avait été livré au laboratoire de pathologie comparée de la Faculté de médecine pour servir de sujet d'expé- rience. Sacrifié après cet usage, ce n'est qu'à l'autopsie qu'on trouva la surface du foie et le mésentère farcis de petits kystes dont le nombre s'élevait certainement à plus de mille. Chacun de ces kystes renfermait un jeune Pentastome moniliforme, et plusieurs même de ces parasites étaient libres dans la cavité péritonéale. Les pièces, conservées dans l'alcool, existent du reste encore dans le cabinet du susdit laboratoire. Traitement. — Chabert Conseillait, contre les Pentastomes adultes, la trépanation des sinus du chien ou du cheval et des injections d'huile empyreumatique délayée dans du jaune d'œuf. M. Colin regarde ce traitement comme d'autant plus inutile que les parasites n'habitent pas les sinus, mais bien les cavités nasales, c'est donc par le nez qu'il faut faire ces injections. M. Colin regarde même ces dernières comme inutiles, puis- qu'en quinze mois le Pentastome déposé à l'état de larve dans le nez parcourt toutes ses phases et finit par disparaître sponta- nément. A notre avis, plutôt que de laisser un chien souffrir quinze mois, nous conseillons les injections. Quant aux pentastomes du mésentère, on comprend que tout traitement soit impuissant à en débarrasser un animal, fût-on très certain de leur existence. ADDENDA Sur une acKrmaiij-89us (genre) . . 115 Dermanyssus Hirundinis (de Geer) 115 Dermanysses (Prurigo qu'ils déterminent chez l'hom- me) 318 Dermatobia (genre). . . 23 Dertnatobia noxialis (Gou- dot) 23 Dermatodectes (genre). . 189 DERMATOSES ACARIENNES DE l'aNE ET DU MULET. . . . 346 DERMATOSES ACARIENNES DE LA CHÈVRE 378 DERMATOSES ACARIENNES DE l'homme 276 DERMATOSES ACARIENNES DU BŒUF 347 DERMATOSES ACARIENNES DU CHAT 404 DERMATOSES ACARIENNES DU CHEVAL 327 DERMATOSES ACARIENNES DU CHIEN 386 DERMATOSES ACARIENNES DU LAPIN 409 DERMATOSES ACARIENNES DU MOUTON 364 DERMATOSES ACARIENNES DU PORC ET DU SANGLIER. . . 382 Diptères (action nocive des) 32 Diptères des plaies (lai-ves) (action des) 42 DIPTERES (ordre des). . . r, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 462 Diptères vrais parasites {Pu- pipares) (acLion des). . . 33 Docophore bilieux [Docopho- rus icterude, D.) 83 nucophorus ^genre) ... 83 ÉPIZOIQUES 72 ÉpizoïQUEs action nocive et moyen de les détruire . . 97 EPIZOIQUES distribués d'après leurs hôtes 90 Gales de l'âne et du mulet. 346 Gale de l'antilope bubale. . 437 Gale du chamois 437 Gale cborioptique ou sym- biotique du bœuf. . . . 359 Gale chorioptique ou sarco- dermatodectique de la chèvre 38 1 Gale chorioptique ou sym- biotique du cheval. . . . 339 Gale chorioptique ou sym- biotique de la hyène. . . 430 Gale chorioptique durenard. 430 Gale du dromadaire. . . . 425 Gale prétendue de l'élé- phant 429 Gale folliculaire du chien. 390 Gale de la gazelle. .... 436 Gale de la girafe 427 Gale du lama 427 Gale du mouflon 436 Gale norvégienne de l'hom- me 305 Gale des oiseaux, .... 413 Gale duPhascolome. . . , 438 Gale psoroptique ou derma- todectique du bœuf. . , 355 Gale psoroptique ou derma- todectique du cheval . . 335 Gale psoroptique des oreilles du lapin 412 Gale psoroptique ou ordi- naire du mouton. . . . 366 Gale sarcoptique du chat. . 405 Gale sarcoptique du cheval. 327 Gale sarcoptique de la chè- vre 378 Gale sarcoptique du chien. 39.; Gale sarcoptique du coati. . 431 Gale sarcoptique de la hyène 429 Gale sarcoptique du lapin. 409 Gale sarcoptique du Hon. . 429 Gale sarcoptique du loup. 431 Gale sarcoptique ou noir- museau du mouton. . . 375 Gale sarcoptique de l'ours. 429 Gale sarcoptique des oreilles , du porc 385 Gale sarcoptique du tronc du porc, du sanglier. . 382 Gale sarcoptique du rat. . 434 Gale sarcoptique du renard. 430 Gale du singe 438 Gale de la souris 438 Gale vulgaire de l'homme. 276 GAMASIDÉS (famille des), m Gamasidés (division en gen- res) 1(2 Ciaiuu8us (genre) 113 Gamasus (espèces du genre). 1 1 3 Gamasiis dermaayssoîdes (Mégnin) m Gamasus pteroptoîdes (Mé- gnin) H4 Garapatte (nom américain des tiques ou ixodes). . 3 Ciastrophilus (genre). . . 16 Gasirophilus equi, Fa.hr. . . 17 Gastruphilus hœmorrhoida- lis 18 Gasirophilus pecorum, Fabr. 19 Glyciphag-u8 (genre). . . 138 Glyciphagus cursor (P.Gerv.). \ 39 G/yciphagus hippopodos (He- ring) 139 Glyciphagus palmifer (Ch. Rob. et Fum.) 140 Glyciphagus plumiger (Ch. Rob. et Fum.) 140 Glyciphagus spinipes (Koch) . 1 40 Goniocotes (genre). ... 85 Goniocote géant {Goniocotes gigas , Mégnin) 85 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 463 fioniocote hologastre. . . 86 Goniocote du Lophophore {Goniocote haploijonus,'^^). 86 Cioniodes (genre) 84 Goniode à claque {Gonio- des style fer, D) 84 Goniode dissemblable (Go- niodes dissimilis, N). . . 85 Gyrope grc^le 94- Gyrope ovale 93 Gyropides (tribu des). . . 94 hii» (genre,). . . 141 Tyroijlypkus eluiiyulus, P. <^erv 143 Tyn.çiUjphus enUniiuiiluujus, Laij. et Rob 143 Ti, roi/lyplius niyvopJu.igus, !^'''îgnin 143 Tyroijlyphns sickIns, Fum. et Ch. Rob 143 Tycoyly phiis siro, L'dlr. . . 142 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES Généralités I Chapitre PREMiKR. — DIPTÈRES . , G a. Famille des TIPUI.AIRES .■ . 6 Cousin commun {Culex pipiens, L.) '. . 7 Simulie tachetée {Simulium inacuMiim, Meig.) 8 Simulie cendrée {Simulium cinereum, Meig.). ..... 8 b. Famille des TABANIENS 8 Pangonie de la Nouvelle-Calédonie {Pangonia Neo-Cale- donica nobis) 9 Taon noir {Tabamis morio, Latr.) 9 Taon des bœufs {Tabanus bovinus, L.) 9 Taon d'automne {Tabanus autumnalis, L.) 9 Taon bruyant {Tabanus bromius, L.) 10 Taon rustique {Tabanus ruslicus, Fab.) 10 Petit [■aon pluvial {Hematopotapluvialis, Meig.) .... 10 "Petit taion aveuglant {Chrysops cœcutiens , Ueig.) . ... 11 c. F.vmille, od tribu, des OESTRIDES n Genre «astrophiing (Leach et Chiner) 16 Gastrophilus equi (Fab.) • 17 Gastrophilus hxmorrhoidalis {L.) 18 Gastrophilus pecorum (Fab.) 19 Genre Œstrus 9q (Estrus ovis (L.) 20 Genre llypoiierma 2i Hijpoderma bovis, de Geer 21 Sous-genre CE^demag^ena «)2 (Edeniagena tarandi (Cl]<.) 02 ^^O TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. Genre Cuieri'brn (R. Clk.) 23 Cidercbra cuniculi (Clk.) 23 Genre ikennatobia (Hrauer) 23 Dermatoi'ia noxinlm (Goudol) 23 Dislribulion des Œslrides d'après leurs hôtes. . , . 2i d. Tribu des MUSCIDES 20 Sarcophile de WohIInrt {Sarcophila Wolilfarti, Port.). . 27 Sarcophage carnassière (Sarcophaga carnaria, Meig.) . 27 Synotnyie des mov[?, {Symmyia mortuorum, 'k.'O.) . . 28 Stoinuxe piquant (Slomoxis calcitrans, Gcoff.) 28 Lucilie César {Lucilin Cxsar, R. D.) 28 Mouche à viande (Cull'phora vomitovia, R. D.) 29 Mouclie domestique (Musca domestica. L.) 29 e. Famiile des PUPIPARES 29 Hippobosque du cheval {IHppobosca equi, L.) 30 Ornilhomyie des oiseaux (Onntliomyia avicularia, Meig.) 30 Anapère pâle {Anajx^ra pallida, Meig.) 3t Slenopterix de l'hirondelle [Stenopterix hirundinis, Leach.) 3! Leptolène du cerf (Lcptotena cervi, Meig.) 31 Melophage des moulons {Melophac/us ovinus, Latr.). . . 3d INictéribie de la chauve-souris {Nicteribia vespertilionis, Latr.i 32 Action nocive des Diptèhes 32 Diptères vrais parasites (Pupipares) 33 Larves d'CEstrides 34 Larves d'Œîsliides gastricoles 34 Larves d'ŒsIrides cavicoles 3" Larves d'Œstrides cuticoles 38 CEstrides adultes 41 Larves de Diptères des plaies cutanées 42 Action de la Ludlia hominivorax 43 Action de la Sarcophila Wohlfarti 44 Mouches piquantes. — Mouches charbonneuses. . . 47 Chapitre IL — lIlLRIIPTÈnES ' 52 Genre Cimex [partim \,.) S3 Punaise des lits {Cimex lectularia, Fabr.) S4 Action des Punaises 53 Chapitre IIL — APIIANIPTÈRES et COLÉOPTÈRES .... 57 Famille des PULICIDES 58 Genre «»iiU-x Puce de l'homme [Pulex iiritans, L.) Cl Puce du chien {Pulcx seiraticeps , P. G.) 62 Puce du chai {Pulex cati,L.) ^3 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 4~< Puce des pigeons {Pulex columbinus) 63 Puces de souris, de rat, de taupe, de chauve-souris . 63 Puces d'hirondelle 63 Genre Oiiynchoprion (Oken) 64 Puce pénétrante {B.hxjnchoprion penetrans, Oken). . . 65 Famille des PLATYPSYLL1>;ÉS 66 Genre PiaJypsyiins 66 Platypsylla du caslov {Platypsyllus castoris, Ritz.) . . 67 Ambliopinus Jehhji et A. Mniszechi 67 Action nocive des Aphaniptèues 68 Puces indigènes 68 Puce pénétrante ou chique 69 Platypsyllinés 70 Chapitre IV. — ÉPiZOIQUES 72 Famille des PÉDICULIDËS, classification 72 Genre Peaù-uins (I.each) 74 Pou de tôle {Pediculus capitis, de Geer) 74 Pou du corps (Pediculus vestimenli, Nitzsch) .... 74 Pou des malades (Ped/cwZits /a&escenhum, Burm.) . . 74 Genre ■■iiHiiriuti (Leach) 75 Pou du pubis [Plithirius inguinalis, Denny) ,75 . Voyez l'Addenda, page 457 Genre Pt-dicimis (P. Gervais) 76 . Pou des singes [Pedicinus eurygaster, P. G.) 76 Genre Uœm»topiiiiis (Leach) 76 Gros pou du hœuf Haemulopinus eurysternus, Steph.). 77 Petit pou du chien {H. piliferus, Denny) 78 Grand pou du cheval (i/. ie?7ui>os D. Squelette du tronc 181 E. Squelette des pattes 1^3 F. De la peau, de ses plis et de ses annexes .... 184 Genre i»«oropte8, P. Gervais '89 Psoropte à long bec (P. longirostris, Mégnin) 190 A. Variété cjui B. Variété bovis JJJ C. Variété CitHiL'i,// TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 475 Anatomie des Psoroptcs 192 A. Rostre 192 B et C. Anus et organes génitaux 194 D. Squelette 196 E. Peau et appendices 197 Genre Cliorioptes (P. Gervais) 198 1 . Choriopte spatliifère {Ch. spathifcrus, Mégn.) . . . 200 2. Choriopte sétifère (CA. setifems, Mégn.) 202 A. Variété hyenœ 203 B. Variété vulpis 203 3 . Choriopte sans queue {Ch. ecaudatus, Mégnin) . . . 203 4. Chorioptes d'espèces ou de variétés indéterminées. 205 Anatomie des Chorioptes 206 A. Rostre 206 B et C. Anus et organes génitaux 208 D. Squelette. . . „ 209 E. Peau et appendices 210 BIOLOGIE DES SAnCOPTIDES PSORIQUES 211 I. Embryologie,métamorphoses, accouplement et ponte 211 II. Locomotion 225 III. Digestion, circulation, respiration 228 IV. Sens 232 V. Mœurs et instincts 233 5. FAMILLE DES TROMBIDIÉS 238 A. Tribu des cheylétides 239 I . Genre Clicylotiifi, Latreille 240 Cheyletus eriiditus, Latr 241 Cheyletus pcmisilivorax (Mégnin) 241 Cheyletus heteropalpus {Ùégmn) 242 Cheyletus macronicus (Mégnin) 243 II. Genre Darpirhyiiclius (Mégnin) 243 Harfirhynchus nidulans (Mégnin) 244 III. Genre Myobla, Heyden \ . . . 245 Myobia musculi (Claparède) ' 246 IV. Genre Picobia (G. Haller) 247 Picobia Heeri (G. Haller) *.....*.'.' 248 Remarques sur l'anatomie et la physiologie des Chey- létides 248 B. Tribu des trombidides 253 Genre Trombiilium, Latr 253 Le Rouget (larve du Trombidion soyeux) 253 (i. FAMILLE DES DËMODICIDÉS 255 Caractères de la famille «pk 476 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. Genre llemoilcx (Ovven) 263 Dcmodex des follicules (D. folliculorum, Owen ) .... 266 1 . Variété caninns 266 2. Variété hoihinis 267 3. Variété cati , 267 Anatomie et physiologie 267 1 . Organes et Tonclions de translation 267 2. Organes et fonctions de nutrition 209 3. Organes et fonctions de reproduction 270 4. Métamorphoses et mues 271 0. Mœurs et habitudes . . . . • 272 ACTION NOCIVE DES ACARIENS 274 § i . CHEZ l'homme 276 Dermatoses acarieiiiies 276 Gale vulgaire 276 Gale norvégienne .303 Prurigo du Rouget 314 Prurigo dermanyssique 318 Piqûres d'Ixodes et d'Argas 320 Acné demodectique 322 Affections attribuées à tort à des Acariens 323 § 2. CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES INDIGÈNES 327 A. Dermatoses acnrieuiies du cheval 327 1 . Gale sarcoptique 327 2. Gale psoroptique 333 3. Gale chorioptique ^39 Prurigo dermanyssique. . . . , 343 Piqûres d'Ixodes 344 Aflections attribuées à tort à des Acariens 343 B. Dermatoses acarieimes de l'âne et du muU'l. . 346 C. Dermatoses acarienues du liœuf S'tl Gale psoroptique Gale chorioptique , 359 Piqûres d'Ixodes 363 D. Dermatoses acarîeniies «lu mouton 364 Gale psoroptique 366 Gale sarcoptique 373 Piqûres d'Ixodes 377 E. Dermatoses acariennes de la chèvre 378 Gale sarcoptique 3/8 Gale chorioptique 381 F. Dermatoses acariennes du porc et du saiifflier. 382 Gale sarcoptique du tronc - 382 Gale sarcoptique des oreilles 385 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. G. Hermaloses «carieiines «lu cliieii . • Gale folliculaire Gale sarcoptiquc ...... Prurigo thorioptique auriculaire Piqûres d'Ixodes. Gale sarcoplique I. Dermatose» acarieiiiics ilu lapin ^09 Gale sarcoplique Gale psoroplique ou des oreilles *12 J. Affeci ions acarienues dcB oiseaux 413 Gale des oiseaux Tumeurs cutanées acariennes 419 Prurigo dermanyssique 420 Prurigo des sarcoptides pluniicoles 422 Piqûres des argas 422 Acariase du tissu cellulaire 423 Acariase des sacs aériens 424 § 3. AFFECTIONS ACARIENNES DES ANIMAUX DOMESTIQUES EXOTIQUES 425 Gale du Dromadaire 425 Gale du Lama 427 Gale de la Girafe. . 427 Prétendue gale de l'Éléphant. . 429 § 4. AFFECTIONS ACAUIENNES DES ANIMAUX SAUVAGES DE MÉNAGEKIE OU LIBBES 429 Gale sarcoplique du Lion, de la Hyène et de l'Ours. . 429 Gale chorioplique de la Hyène 430 Gales du Renard. . . . 430 Gale du Loup 431 Gale du Coati 431 Gale du Rat 434 Gale de la Souris 436 Gale des Gazelles et des Mouflons 436 Gale de l'Antilope bubale 437 Gale du Chamois 437 Gale du Singe 438 Gale du Phascolome 43S Chapitre YI. CRUSTACÉS 440 Ordre des ACANTHOTHÈQUES 443 Genre liîuRuatula 443 Linguatule ou Pentastome tœnioïde {Lingvatula tœnioî'Ies, Lamk.) 44b Linguatula denticuluta, Lamk 446 Liiiguidula seirata, Rud 446 Pentastome moniliforme {Pentastoma moidliforme, Dies.) 447 •''•^8 TAnLE MÉTIIOUIQUE DES MATIÈRES. Pejil astoma co7istrictum {àc SïchoU). . . Anatomie et biologie des Linguatules.' ." *;„ itctioR nocire des L.ing;uatiiles ^.^2 Chez l'homme Chez les animaux domestiques. 4^3 A. Action des pentastomes adultes . . . . ' 453 B. Action des pentastomes à l'état de larves ' ' ' 4^s Traitement " ' " *o6 ADDENDA. - Sur une action spéciale du pou du pubis (Phthi- rius inguinalis, Denny) ERRATA Figures sur bois dans le texte [ [ 453 Table alphabétique des matières ' . . . . -i60 Table méthodique des matières 4^9 i I t >