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SCIENCES PHYSIOLOGIQUES ET MÉDICALES.

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ŒUVRES

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VICQ-D’AZYRr7

RECUEILLIES ET EUBLIEES AVEC DES NOTES ET UN DISCOURS SUR SA VIE ET SES OUVRAGES,

PAR Jacq. L. moreau (de la Sarthe),

Docteur médecin , Sous - bibliothécaire de l’Ecole de médecine, Membre adjoint de la Société de cette École, nieiiibrc de la Société philu' niatbit^uc, des Sociétés de médecine de Paris, de Montpellier , etc.

ORNÉES d’un volume DE PLANCHES, GRAND IN-4.“,

ET d’un FRONTISPICE ALLÉGORIQUE.

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TOME QUATRIÈME.

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DE L’IMPRIMERIE DE BAUDOUIN.

A PARIS,

Chez L. DUPRAT-DU VERGER, rue des Grands- Augustiiis, N.° 24.

AN NUI. i8o5.

2 SCIËNCES PIIYSTOL. ET MEDICALES.

présentent un euseml)le que l’on poiirroit regarder comme une Encyclopédie particulière , l’Eincyclo- rÉDiE ZüONOMiQUE , (i) dout tüutcs les parties s’enchaînent, se correspondent , s’éclairent réci- proquement , et doivent conduire quelque jour à ties résultats qui Ibriiieront une véritable philo- sophie de la nature vivante : c’est-à-dire une réu- nion des vérités fondamentales de la Physiologie •moderne. (3)

Vi r. Q - d’A z y r sut embrasser dans ses études toutes les parties de ce vaste ensemble. L’Anatomie et la Physiologie , proprement dites , lui inspirèrent

( 1 ) Encyclopéclie signifiant exposition et disposition de connoissancps en cercles, il est évident que ce mot con- vient particulièrement aux sciences physiologiques et médi- cales, qui forment véritablement un ensemble circulaire.

(2) Un semblable travail doit être exécuté sur le plan de la philosophie chimique de M. Fourcroy. Je ni’cn occupe depuis plusieurs années. Mais plus je lui applique nies mé- ditations , plus j’en aperçois les difficultés et les lacunes qu’il faut remplir, pour en rendre l’exécution possible. Trois ouvrages que le monde savant alteiid avec la plus vive impatience , fa voi iseront sans doute cette entreprise. Ce sont ia suite de V Analonne comparée ^ par M. Cuvier; le Court de Phj'siologie été M. Chaussior; et le Traité d' Anatomie TatUologi f]ue de M. Dupuylrcu.

SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. 5

»

cependant plus d’intérêt , et furent plus particuliè- rement l’objet de ses recherches. Ne se bornant pas à contribuer à leurs progrès, par des travaux sans gloire , que l’anatomiste philosophe fait souvent exécuter, il ne craignit pas d’oflilr, dans le plus beau point de vue, les résultats de ces travaux et en tira des consé<piences pleines d’intérêt , et des généralités qu’il sut embellir de cette élocpience majestueuse et en <|uelque sorte scientifique , dont Buffon avolt fait usage avec tant de succès , pour Vllistoire Naturelle.

Nous avons placé à la tète de ce Recueil les Discours sur l' Anatomie l’on remarque plus particulièrement cette manière de présen'cr la science avec tant d’intérêt, et de la mettre à la portée de tous les lecteurs <|ul ont cultivé leur esprit.

Les autres articles qui peuvent et qui doivent également appeler leur attention, sont placés à la suite de ces beaux discours.

Les travaux et les raémoii'es purement techniques et relatifs aux progrès de la science, sont rejetés à la fin et compris dans une section particulière.

La réunion de ces dlfférens objets est d’ailleurs

4 SaENCES PHYSÎOL. ET MEDICALES, divisée par sections , et ordonnée de manière à former , autant qu’il étoit possible , un ensemble , et non une collection des travaux de Vicq-d’Azyr , sur les Sciences Physiologiques et Médicales.

Bcole de Médecine de Paris , ce aS prairial an xii.

SCIENCES

PHYSIOLOGIQUES ET MÉDICALES.

PREMIERE SECTION.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE.

PREMIER DISCOURS.

D E l’Anatomie en général , de ses moyens , de ses obstacles ^ des êtres qui sont l’objet de cette science , de leurs carac- tères ; des avantages de l’Anatomie et de la nécessité d’en étendre l’étude ’a tous les corps organisés.

L’anatomie est peut-être, parmi toutes les sciences, celle dont on a le plus célébré les avantages, et dont on a le moins favorisé les progrès; c’est peut-être aussi celle dont l’étude offre le plus de difficultés: ses recherches sout non -seulement dépourvues de cet agrément qui attire; elles sont encore accompagnées de circonstances qui repoussent : des membres déchi- rés et sanglans, des émanations infectes et malsaines, l’appareil affreux de la mort, sont les objets qu’elle pi’ésente à ceux qui la cultivent. Tout-à-fait étrangère aux gens du monde, concentrée dans les amphithéâtres et dans les hôpitaux, elle n’a jamais reçu l’hommage

6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

de ces amateurs qu’il faut captiver par l’élégance et la mobilité du spectacle. Ce n’a été qu’en descendant dans les tombeaux et en bravant les lois des hommes pour découvrir celles de la nature, que l’anatomiste a jeté d’une manière pénible et dangereuse, les fonde- mcns de ces connoissances utiles; et il n’y a point de siècle des préjugés de divers genres n’aient mis les plus grands obstacles à ses travaux.

Abusé par les prestiges de la métempsycose, l’ha- bitant de rinde est peint dans l’histoire, comme res- pectant les coi ps des animaux même les plus vils, et ne pouvant , sans paroîlre criminel , y porter le couteau. Esclave de ses coutumes, l’Egyptien n’a donné tous ses soins à l’embaumement des cadavres que dans l’intention de conserver une demeure à la- quelle l’àme devoit, suivant lui, rester long- temps unie : tant d'efforts n’ont transmis à la postérité quo des restes hideux , tristes débris d’un peuple qui fut le père des arts, mais parmi lequel l’anatomie étoit une science impraticable. Le culte que les Grecs ren- düienl à leurs morts n’étoit pas moins contraire à ses progrès. Ne les a-t-on pas vus condamner des gé- néraux vainqueurs à perdre la vie , parce qu’ils avüient laissé sans sépulture des soldats tués dans une action? quel supplice auroienl-ils donc réservé à ceux qui auroient violé leurs tombeaux? Les Roniaius furent moins sévères à cet égard; mais l’anatoinie ne leur dut aucun encouragement, puisqu’au rapport de Galien , on faisoit le voyage d’Alexandi ie pour y voir des os humains, qu’il auroil sans doute été plus

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. j

facile de préparer à Rome, s’il n’y avoit pas eu d’obstacles.

Plus de mille ans se passèrent, depuis, celle époque,, dans ce même aveuglement. La religion de Maho- met, toute guerrière, adopta les préjugés de l’Inde et de l’Egypte. Des barbares démolirent les villes de la Grèce, mutilèrent les chefs- d’œuvres de ses arts, et ne laissèrent subsister que ses erreurs. On continua de regarder comme impurs ceux qui avoient approché des cadavres; et ce ne fut qu’au commen- cement du quatorzième siècle, qu’au grand étonne- ment du monde entier, trois corps humains furent disséqués dans l’amphithéâtre ( i ) de Milan. Cet exemple, donné par ritalie, ne fut suivi que long- temps après en France, (2) et n’eut point avant le seizième siècle, d'imitateurs dans le reste de l’Europe..

Mais alors on cessa presque de disséquer des ani- maux : toute l’activité des anatomistes se concentra dans l’examen du corps humain , et ce n’a été qu’a- près y avoir pour ainsi dire épuisé leurs efforts, qu’ils sont revenus, par choix, à l’ohjet de leurs premières éludes, cultivé si long-temps par nécessité.

Déjà plusieurs savans se sont illustrés dans celte carrière. L’académie l'oyale des sciences s’en est oc-

{ 1 ) En i3o6 et i3i5 , par Mundinus.

( 2 ) En 1376 , 1377 , i584 , i4g6, à Montpellier ; en i4g4, à Paris. J oyez la Bibliothèque ulnatomique de Haller , V Histoire de F Ana- tomie j-ç^r 'ül. Portai et le Discours Historique et critique sur les découvertes faites en Anatomie , etc., par M. de Lassus, 1785, pages 70 et 72.

8 SCIENCES PHYSrOL. ET MEDICALES.

cupée dès sou origine; (i) celle des Curieux de la Nature y a contribué par des fragmen.s nombreux. Blasius et Valentini ont publié des recueils la plupart de ces observations sont consignées. Déjà les insectes (2) et les polypes (5) ont eu leurs historiens; (4) enfin réunissant ce que le coup d’œil le plus vaste et en même temps le plus juste, le génie le plus fécond et le tact le plus délié peuvent rassembler de qualités précieuses et rares, deux gratids naturalistes ont élevé tin de ces monumens qui honorent les nations dans le souvenir de la postéiaté : l’histoire des quadrupèdes a vu le jour , et l’on a eu un modèle dans ce genre.

J’ai parlé des obstacles que plusieurs siècles de préjugés ont mis à l’avancement des connoissances anatomiques ; j’indiquerai ceux qui naissent de la nature même de ces recherches.

Les moyens pi'opres à faire connoître la structure et le jeu des organes peuvent être réduits aux suivans : la dissection anatomique , les expériences que l’on lente sur les animaux vivans , l’observation exacle de leurs phénomènes, soit dans l’état de santé, soit dans celui de maladie, et l’iiistoire des changemens que ce dernier état apporte dans leur tissu.

A entendre quelques auteurs , il semble que la physique soit riche en procédés capables de dévoiler

( 1 ) Voyez le Jîecucil rédigé par Perrault, dans les ancieos Mémoires de l’ylcadimie.

( 3 ) Malpiglii , Swammcrdam , Réaumur et M. GcolTroi.

( 5 ) Tremblcy , etc.

( 4 )MM. le comte de Bufiuu et d’Aulientun.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. «j

le méccitiisinc de nos fonctions. C^udijiies rcflcxions feront connoîlre les difficultés dont cette carrière est l’emplie.

Un corps froid, inanimé, privé de la vie, n’offre q’je des fibres sans ressort, des vaisseaux relâchés et vides. L’art est, à la vérité, parvenu à les remplir; mais un fluide étranger et grossier distend outre me- sure les canaux les plus ouverts, et ne coule point dans les plus déliés^ ou, si l’on emploie un fluide plu» subtil, il s’échappe, il transsude sous la forme de rosée et ne nous instruit point sur la structure des filières par lesquelles il a passé. Ces réseaux nerveux qui déterminoient les réactions les plus fortes, celle pulpe qui étoit le ffiyer des ébranlemens les plus variés, sur laquelle la lumière elle-même imprimoit des images et laissoit des traces de ses vibrations; tout est insen- sible, tout est muet; le muscle ne se roidit plus sous rinslrumenl qui le blesse; le nerf est déchiré sans exciter ni trouble ni douleur ; toute connexion , toute sympathie sont détruites, et les corps des animaux dans cet état sont une grande énigme pour celui qui les dissèque.

Celle dissection elle-même a ses difficultés. Combien ne faut -il pas d'adresse, d’ordre et de patience pour découvrir , parmi le grand nombre de parties sur- ajoutées les unes aux autres, les différens nerfs et les vaisseaux qui appartiennent à chacune! Encore, dans cet assemblage si mei'veilleux de ressorts de tous les genres, court -on les risques de négliger ceux qui sont les plus iuléressans par leurs usages, ceux dont l’éner-

lo SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

gie vitale, s’il éloit possible de les voir lorsqu’ils en sont pénétrés, rendioit les mouvemens les plus re- marquables, et altireroit surtout l’attention de l’ana- tomiste. S’il se détermine à interroger la nature vi- vante , s il ose y cbercher la solution du problème dont il est occupé, combien celte scène est plus re- poussante encore que la première ! et combien les vérités qu’il découvre sont cruelles à arracher et difficiles à reconnoître! Ce n’cst plus celte immobi- lité, ce silence qui caractérisent un entier abandon de la vie; c’est un état toul-à-fait opposé dans lequel la souffrance et la crainte ne laissent pas un moment de repos : pour un animal retenu par des liens, le plus léger mouvement est le signal de la douleur, et redouble ses craintes. Tout son corps se contracte, chacune de ses parties se soulève contre l’ennemi qui la menace ou qui la tourmente. Parmi des Ilots de sang et des convulsions, au milieu des cris aigus et des angoisses, comment ne pas se tromper sur le siège du sentiment? Qui pourroit se flatter, dans un bou- leversement aussi général, de l’elroiiver les traces des mouvemens nalurels?elquellesprécaulions,f|uelle saga- cité ne faut-il pas pour en tirer quelques résultats ut Mes?

Le troisième ordre de moyens proposés, est l'ob- servation exacte et assidue des phénomènes que pré- sentent les diverses fonctions organiques considérées dans l’état ordinaire de la vie ; mais il est diflicile d’isoler ceux qui appartiennent à chaque viscère, (i)

( 1 ) Les anatomlites appellent viscère, tout orgaue contenu

IX

DISCOURS SUR L'ANATOMIE.

tant les connexions des parties qui composent les corps animés sont multipliées enlr’elles! Et d’ailleurs, quand on observe les eflets d’une action vitale parti- culière, on n’en aperçoit point le foyer : réciproque- ment, quand l’anatomie nous le montre, son activité n’existe plus, et nous ne pouvons presque juuiais saisir que par le secours de i’iiuaginatiou le lien qui les unit.

La comparaison des viscères sains avec ceux qui sont malades, fournit encore des connoissances qu’il est important de recueillir. Mais n’ai'rive-t - il pas souvent que le siège du mal est très-éloigné de celui se luanifoste la douleur? Si les nerfs disposés tlans les organes, des sens pour nous communitiuer les impressions du dehors, nous induisent si souvent en erreur, combien ne devons -nous pas être trompés par ceux du dedans, dont les enlrelacemens et les l'éseaux semblent avoir pour but de nous derol)cr la connoissance de ce qui s'y passe? il n’y a aucune ré- gion du corps humain qui ne réponde à plusieurs organes, parmi lesquels il est souvent diilicile de reconnoitre celui qui est aüecté ou qui a été la source du mal ; et les altérations qu'on observe après la mort, ne sont, dans un grand nombre de cas, que des effets secondaires du vice primitif, ou le produit

dans une caviié ; ainsi l’œil , le cœur , le poumon sont des viscères , dans cette acception.

Chaque viscère a des fonctions qui lui sont propres , et nr.e sphère d’action plus ou moins étendue, et variable dans chaque individu. ( A'o/e de l’Editeur. )

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1 2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

d’une cause qui, en frappant un dernier coup, n’a laissé presque aucune trace de son existence , dans les lieux qu’elle a quilles.

C’est au milieu de tous ces écueils que marche le physiologiste : le sujet sur lequel il s’exerce est très- composé, la science qu’il cultive résulte elle-même de plusieurs autres sciences qui doivent nécessairement se perfectionner avant elle. Au commèncemenl de cc siècle , la physiologie n’éloit encore qu’un vain as- semblage de systèmes 5 c’est Haller qui les a dissipés ; il a jeté les fondemens d’une science qui n’a de commun que le nom avec l’ancienne. Offrons à ce grand homme l’hommage de notre reconnoissance , et témoignons -lui notre l'espect en suivant sa mé- thode , et en nous efforçant de marcher sur ses traces.

Il n’y a point d’animal ou de corps organisé qui ne puisse êli’e le sujet de l’Anatomie; mais l’étendi'e à tous, C'e seroit exiger trop de travaux : il suffira de choisir parmi les corps vivans , considérés depuis l'homme jusqu’à la plante, ceux dont les différences fournissent les caractères les plus remarquables, et d’en former une suite de genres anatomiques auxquels les espèces intermédiaires et les travaux déjà faits puissent se rapporter.

Xi’amour du merveilleux doit surtout être banni de cet ouvrage. Quelques animaux ont , dans certaines parties, une conformation extraordinaire qui n’est pas ce que l’Anatomie comparée offre de plus intéressant; souvent même ces singularités trouvent à pciue une

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i5

place dans le système des êtres : elles ne doivent point être oubliées dans notre tableau ; mais on y verra sans doute avec plus de plaisir les rapports suivis, croissans ou décroissans des diflerentes fonc- tions dans toutes leselasses des corps organisés : on les verra se réunir, se diviser ensuite, et la vie, attachée à un petit nombre d’organes, se réduire, pour ainsi dire, à seséléinens, dans quelques espèces, et paroître d’autant plus féconde et plus assurée , qu’elle devient en même temps plus simple , plua facile et plus répandue.

Les effets par lesquels elle se manifeste peuvent être regardés comme des signes propres à la fiiirereconnoître partout oùellc existe. Les corps vi vans sont tous dispo- sés de manière à se nourrir (i) età se reproduire; (2) diftérens sucs circulent dans leurs vaisseaux (3) et reçoivent dans leurs organes une préparation rela- tive à leurs besoins; (4) ils commuuiquent tous inti- mement avec le fluide ils sont plongés; (5) des puissances contractiles, (6) plus ou moins soumises à leur volonté, meuvent des leviers (7^ destinés à divers Usages, et des cordons nerveux qui se réduisant eu pulpe, établissent des rapports déterminés entre le

( 1 ) La digestion et la nutrition, ( 2 ) La génération.

( 5 ) La circulation.

( 4 ) Les secrétions, f 5) La respiration,

( 6 ) L’irritabilité.

( 7 ) L’ossification.

i4 SCIENCES PHYSrOL. ET MEDICALES.

corps auquel ils apparliennenl et tous ceux dont il est environné, (i) On peut déduire de ces considéra- tions, des caractères qui Ibrnieiit les principales mo- dificalions du système vivant.

Pour en découvrir le mécanisme , il faut rechercher parmi leurs effets quels sont ceux qui se rapportent aux lois bien établies de la chymie ou de la phy- sique, et les distinguer soigneusement des effets qui ii’onl point avec ces lois de liaison immédiate , ou au moins connue, et dont la cause nous est cachée. Ce sont ces derniers que Vanhelraont et Slahl ont fait dépendre d’une archée ou de l’àine , sans réfléchir que leur nature n’étant point approfondie, ce qu’ils altribuoient à un seul agent dépendoit peut-être de plusieurs. En recourant à des causes imaginaires, ne semble- 1- il pas que ces grands hommes aient voulu cacher leur ignorance sous le voile de la philosophie, et qu’il n’aient pu se résoudre à marquer /usqu’où s’élendoienl leurs connoissances positives ? Ils ont sans doute eu raison de dire, et nous pensons coimue eux, que certains phénomènes se rencojitrent seule- ment dans les corps organisés, et qu'un ordre parti- culier de mouvemens et de combinaisons en fiil la base cl en constitue le caractère. On se trompoit, sans doute , en leur assignant des causes hypothé- tiques dont on a enfin dévoilé l'iiisufîi-ance ; mais quelqu’élonnantes qu’elles nous paroissent , ces fonc- tions ne sont -elles pas des effets physiques plus ou

( J ) L.’Vfionsiliilité.

DTSCOURS SUR L’ANATOMIE. i5

moins composés dont nous devons examiner la nature par tous les moyens que fournissent l’observation et l’expérience, et non leur supposer des principes sur lesquels l’esprit se repose et croit avoir tout fait lors- qu’il lui reste tout à faire. En un mot, ces médecins dont on a, de nos jours, réfuté les erreurs, et que l’on appelle avec une sorte de dédain , du nom de mécaniciens, ont -ils fait autre chose que d’abuser de la mécanique et de la physique? Parce qu’ils se sont trop pressés d’en appliquer les connoissances à la médecine , parce qu’ils en ont fait un mauvais usage, faut-il que l’on y renonce? et si l’on s’inter- dit cette source abondante , puisera- 1- ou pour enrichir notre art et perfectionner l’étude du corps humain ?

Les fonctions des corps vivans, dont nous avons reconnu la nature et les diti'erences , peuvent être divisées en trois ordres principaux. Dans le premier doivent être rangées celles dont le produit est une préparation, une coction quelconque des sucs ou des fluides destinés, soit à la nutrition, soit au dévelop- pement, soit ù la reproduction de ces corps, (i)

La seconde classe compreiid toutes les espèces de mouvemens dont ils sont animés, soit ceux qui s'exé- cutent dans les fibres charnues, ( j) soit cette /«r- gescence que l’on remarque dans les parties composées

( I ) La digestion ,1a n\itrition , les secrétions en général , la res- piration, la génération.

( a 1 L’irritabilité, la circulation.

i6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

cVartères et de nerfs entrelacés et formant des ré- seaux, soit ce ton, ce ressort toujours proportionné à l’énergie vitale, que les maladies augmentent ou di- minuent, et qui n’est qu’une extension de l’irritabilité, resserrée par Haller dans des bornes trop étroites.

A la troisième classe se rapportent toutes les mer- veilles de la sensibilité concentrée ou réfléchie, et considérée, soit dans les organes des sens, soit dans le centre médullaire des fibres nerveuses, soit dans les cordons qui séparent ces deux foyers interne et ex- terne d’eù partent et se réunissent nos sensations.

Le fameux chancelier Bacon a donné une belle idée des sciences , en les comparant à une pyramide dont la pointe très- élevée se perd dans les nues et repré- sente les questions métaphysiques , tandis que les sciences naturelles en sont le soutien , et que les autres connoissances sont distribuées dans l’inter- valle , suivant leurs divers degrés de certitude ou de probabilité.

Cet ingénieux emblème peut aussi convenir à nos recherches. Parmi les sujets sur lesquels les physio- logistes s’exercent, ily en a plusieurs qui , parleur na- ture abstraite et subtile, doivent occuper le sommet de la pyramide figurée par Bacon , sommet si souvent élevé et si souvent détruit, tandis (|ue la base iné- branlable croissant avec autant de sûreté que de lenteur, reçoit le tribut des observations que chaque siècle lui fournit, et ne se perfectionne que par la main du temps. Ainsi la dissection anatomique et les expériences tentées sur les animaux, seront l’appui

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 17

de rédlfice que nous n’éleverons qu'avec la plus grande réserve; nos vœux se bornent à laisser à ceux qui nous succéderont, un plan dont rexécutioii soit commencée , et un petit nombre de travaux exacts et dignes de la confiance de ceux qui s’intéressent aux progrès de l’Anatoraie.

Mais quels seront nos points de repos dans la car- rière que nous devons parcoui'ir, quelle sera notre luétliude dans le choix des individus (|ui doivent servie à nos comparaisons? essayons de le déterminer.

Des liois règnes qui embrassent toute la nature, deux se confondent tellement qu’il est presque im- possible d’établir leurs limites. ('es grandes différences que l’on obsei've entre tes exli'émités de leur cliuino

disparoissent à mesure qu’on s’approche du point »|ui «

les réunit : les champignons, les plantes vésiculaires et articulées, les corallines, et ces végétations dans lesquelles une famille d’animaux travaille en commun, et qui, solidement attachées par leur base, ne peuvent se mouvoir que dans leurs ramifications, toutes ces substances semblent tenir le milieu entre les animaux et les végétaux, ou au moins laissent peu d’intervalle entre ces deux ordres. Il n’en est pas de même des minéraux : gouvernés iuimédiatement par les lois connues de la mécanique et des attractions élec- tives, ne recevant d’accroissement et n’agissant qu’à leui’s surfaces , ils forment un grand système cir- conscrit dans tous ses points , et qui n’est équivoque dans aucun de ses rapports.

A eette grande classe on peut donc en opposer une

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i8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

autre dans laquelle les niasses animées par des mou- vemens particuliers et spontanés se reproduisent par des germes, les élémens ne cessent de se mouvoir, de se heurter, de se combiner de raille manières, et dont les parties, après s’ètre accrues par une force intérieure, dépérissent enfin et rentrent dans le pre- mier règne , auquel la mort semble rendre ce que la vie lui a ôté.

Ces effets sont communs aux végétaux et aux ani- maux •, dans les uns comme dans les autres , des hu- meurs circulent, des sucs se séparent, l’air est attiré et coule dans des vaisseaux particuliers; les sexes sont distincts et se fécondent, et tous éprouvent ce développement qui leur donne, chaque année, une couche ou des productions nouvelles.

11 n’y a donc que deux règnes dans la nature , dont l’un jouit et l’autre est privé de la vie.

Dans le premier, sous combien de formes, avec quelle abondance et quelle rapidité les êtres se suc- cèdent ! la sui-face et les premières couches de la terre, celle des eaux et leur profondeur, la zone de l’atmosphère qui touche le globe sont remplies d’ani- maux et de plantes et pénétrées d’une immense quan- tité de gerrat*s destinés à peupler le monde.

L’homme occupe, sans doute, le premier rang dans ce bel ensemble , puisqu’il connoît sa place et qu’il en a mesuré tous les rapports; il est sans doute le roi des ani- maux, puisqu’il les subjugue et qu’il leur commande. Sa description doit être faite la première; elle doit être la plus étendue, soit parce qu’elle nous intéresse de plus

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 19

prèsjsoil parce qu’indépendamment de ce motif, les organes étant toujours composés en raison de leurs ef- fets, c’est-à-dire de l’industrie de chaque classe d’ani- naux, c’est encore Thomme qu’il faut, sous cet aspect, étudier avec le plus 'de soin et le plus long -temps.

11 entre dans mon plan de considérer le corps hu- main dans tous ses âges et dans les diverses circons- tances où il peut se trouver, d’en examiner toutes les parties, et d’écrire l’histoire de leurs phénomènes, objet trop négligé jiav les physiologistes. Toujours pressés de remonter aux causes, la plupart ont né- gligé d’observer les effets qui s’offroient de tous cotés à leurs regards et qu’il auioit été facile de recueillir plutôt : ce li’est que dans les ouvrages des écrivains les plus modernes que l’on trouve les traces de cetto méthode. Je la suivrai; et si quelqu’un se plaint de la trop grande étendue de mes descriptions, je lui ré- pondrai que les recherches anatomiques, quoiqu’im- menses, sont cependant encore incomplètes, puisque nous ignorons quel est l’usage de plusieurs viscères dont une corinoissance plus approfondie doit un jour dévoiler le mécanisme; je dirai qu’il est permis de chercher jusqu’à ce que l’on ait trouvé tout ce que l’on cherche, et que noussommes, en Anatomie, bien loin d’avoir atteint ce but.

Après avoir fait cet aveu, j’ai peut-être acquis le droit d’ajouter que la description de^nos oi’ganes, quoi- qu’imparfaite , est cependant assez exacte en plusieurs points, et assez riche pour fournir des résultats utiles à la médecine et à la pliilosophie ; c’est un spectacle

&0 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

dont une partie se dérobe à la curiosité qu’elle excite, tandis que l’autre la satisfait, et dont les personnes sages ne peuvent manquer de retirer à la fois du profit et du plaisir.

11 est temps, en elFet, que ceux qui désirent de s’instruire, après avoir interrogé tout ce qui les en- toure, reviennent à eux -mêmes et donnent quel- qu'attention à leur propre sti’ucture. Les formes extérieures, les lois du mouvement, les élémens et la composition des corps leur fournissent, sans doute, des considérations importantes; mais s’ils ne savent point quels sont les rapports de ces substances avec Ja leur, ne perdent-ils pas le fruit le plus précieux de leurs recherches? Qu’est-ce qu’une théorie des sensations , si elle n’est appuyée sur la desci’iption exacte des sens eux - mêmes ? L’examen des nerfs , de leur origine, de leurs connexions, n’explique -t- il pas un grand nombre de phénomènes sur lesquels il est si commun et quelquefois si dangereux de raison- ner mal? Et pourquoi la circulation du sang et de la lymphe, qui sont la source et l’aliment de la vie, ne seroit-elle pas aussi bien l’objet de nos réflexions que la route et la direction des fleuves qui coulent sous un autre ciel, ou celle des astres qui se meuvent si loin de nos têtes ?

Mais dans ce travail, il ne faut pas considérer l’homme seul; on doit le rapprocher des autres ani- maux : ainsi rassemblés, ils forment un tableau im- posant par son étendue, et piquant par sa variété. L’homme isolé, ne paroît pas aussi grand; ou ne

DISCOURS SUR L’ANATOMIE.

voit pas aussi bien ce qu’il est : les animaux , sans l’homme, semblent être éloignés de leur type, et on ïie sait à quel centre les rapporter. Les différens corps organisés et vivans dévoient donc être réunis dans cet ouvrage, comme ils le sont dans la nature. Combien de fois, dans le cours de mes recherches, j’ai joui d’avance du plaisir de voir rangés sur une mêm» ligne tous ces cerveaux qui, dans la suite du règne animal , semblent décroître comme l’industrie ; tous ces cœurs dont la structure devient d’autant plus simple qu’il y a moins d'organes à vivilier et à mouvoir ; tous ces viscères se lillre de tant de manières le fluide élastique que nous respirons j tous ces foyers, s’é- laborent tant de substances différentes destinées à se convertir en chyle et d’où se séparent les molécul rs grossières des os, l’esprit éthéré dont les nerfs paroissent être les conducteurs, le ferment de la digestion qui maintient la vie au -dedans de l’individu , et cette li- queur, plus surprenante encore, quoiqu’elle ne coût© pas plus à la nature, qui propage l’existence au- de- hors, et qui contient mille fois eu elle l’image ou plu- tôt l’abrégé de toutes ces merveilles !

Que l’on ne dise donc plus que l’Anatomie est une science sèche, stérile, repoussante, puisqu’elle seule peut apprendre à l’homme tout ce qu’il lui est permis de savoir sur ces div^ers sujets , les plus grands peut- être qui s’ofl'rent à sa méditation et à son étude.

Celui qui peut s’élever à la connoissance des ani- maux doit considérer avec soin et comparer ensemble deux espèces d’organes, dont les uns sont placés à la

22 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

surface et les aulres dans les grandes cavités. On peut regarder les premiers comme les inslrumens immédiats de leurs mouvenens , el les seconds comme les ressorts cachés de la nutrition , de la sensibilité , de la reproduc. lion et de la vie. Ces organes se correspondent -, ils for- ment, en quelque sorte , les deux extréniités du système animal ; el les uns ne peuvent éprouver de grandschan- gemens, ni de grandes variétés, sans que les aulres y participent. Ainsi les espèces qui se nourrissent de chair, parmi les quadrupèdes et les oiseaux, ont les doigts aigus et les mâchoires fortement armées; mais leurs estomacs sont peu robustes, toute la résistance de la proie se fait au-dehors : sa chair se ramollit et se digère aisément. Les animaux dont les alimens se tirent des substances végétales ont, au contraire, les extrémités des doigts enveloppées d’ongles épais; leurs dents sont applaties dans leurs faces supérieures, for- mées par des feuillets et dépourvues d’angles saillans eide pointes; mais leurs estomacs et leurs intestins sont plus musculeux et plus étendus. Il semble qu’il y ait une opposition entre les organes exléricurs et les intérieurs destinés à ces usages; que plus les uns ont deTaligue à essuyer, moins il reste aux autres de travail à faire, et qu'eiusi , par une sorte de com- pensation, cette fonction exige à peu près, dans tous, eu égard à leur volume, une même somme d’efibiis et de raouvemens.

Les dents, les estomacs, les intestins, surtout le cæcum ri la vésicule du fiel sont autant de points appartenant au système de la digestion , el sur lesquels les anatomistes

D I s C O UR s s U R L’AN ATO M I E. 25

ont le plus insisté. Le nombre et la forme des doigts des côtes, des vertèbres, ont encore fixé leur atlen- tion. Le crâne et la face des animaux ont été com- parés en général avec ceux de riiomme ; mais ces travaux n’ont point été faits avec assez d’étendue : on n’a point examiné séparément chacune des pièces qui composent la tète et le squelette; on n’a point décrit les vaisseaux; on n’a point recherché quelle est la structure intérieure des viscères; l’histoire des nerfs et de leur origine , celle du cerveau, du cervelet et des glandes ont été tout -à- fait négligées; on pourroit presque dire la même chose des organes des sons ; enfin les muscles du chien , du cheval et du bœuf sont les seuls dont on ait pris quelque connoissancc ; je les ai disséqués et décrits avec la plus grande attention , soit dans ces quadrupèdes, soit dans plusieurs autres d’un ordre dilTérent , soit dans les oiseaux et dans les rep- tiles ; et j’en ai tiré , pour la comparaison des animaux rntr'eux, des résultats qui m’ont beaucoup servi. J’ai vUjdans lessinges delà plusgrande espèce, les muscles qui se dirigeoient du bassin vers la jambe s’y insérer très -loin du genou et former avec elle, dans l’ex- tension la plus complète dont ces animaux soient sus- ceptibles, un angle qui rendoit en eux la station parfaite difficile et peu durable; observation qui établit une différence frappante, quant aux attitudes et aux mouvemens, entre l’homme et le singe, et qui relègue celui-ci parmi les quadrupèdes. J'ai vu les muscles de la face se changer en un pannicule charnu, ceux des lèvres s’élargir et s’aplatir , tandis que ceux du nez

24 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

acqueroient de 1 élégance dans leurs formes, et deve- noienl plus nombreux. ( i ) J’ai vu le digastique perdi'e entièreinenL son tendon miloyen; le ligament stylo- maxillaire changé en un muscle; (2) le slerno-mas- toïdien s’insérer, lanlôl à la mâchoire inférieure, (5 ) tantôt se diriger vers le haut du cou , avec les fléchis- -aeurs de la tète; (4) le petit- pectoral manquer dans quelques ordres; (5) les droits ilu bas-venli’e s'al- longer; le deltoïde décomposé, pour ainsi dire, et divisé en plusieurs portions; (6) un plan charnu très- large se porter du moignon de l’épaule vers la tète; (7 ) le grand-pectoral fortifié en - devant par un plan ex- térieur; (8) le grand dentelé, remarquable par une division cervicale très- forte ; le trapèze suppléé, dans son extrémité antérieure, par un autre muscle ; (9) le rhomboïde s’élever jusqu’à l’occiput; (lo) le biceps changer de nom , parce qu’il ne lui resloit qu’une tête j les supinateurs et les prouateurs , après avoir été

( I ) Dans le sanglier et les ruminans.

(2 ) Dans le cheval.

(3 ) Dans le cheval.

( 4 ) Dans le mouton.

( 5 ) Dans plusieurs ruminans.

( 6 ) Dans les ruiniiiaiisct dans le cheval ,1e muscle deltoïde est représenté par le i>urd antérieur du muscle commun du bras, gar la partie moyenne et inférieure du muscle commun à 1a tête et au bra« et par les muscles abducteurs de M. Bourgclat.

( 7 ) Ou l'appelle miisrlo commun à la tète et au brai.

( 8 ) Par le muscle commun du bras.

( ) l'ar le Lord supérieur du muscle commun à la tête et au bras.

( 10 ) Dans plusieurs fissipèdcs.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 25

réduilsà de très-petites masses, disparoilre tout-à-fail, dans quelques familles : j’ai vu dans les lombes un muscle déplus; (i) dans la région iliaque externe, le grand fessiér représenté par un plan très-mince; les deux obturateurs n’en former qu’un seul; (2) parmi les rotateurs de la cuisse, les jumeaux marqués à peine ( 5 ) le droit antérieur de la jambe , double; ( 4) le droit interne très -large; (5 ) le couturier très-n.- courci, (6) ou pres(|ue tffacé, (7) et le biceps de la jambe tellement élargi (ju’il étoit méconnoissable : (8) j'ai vu le solaire confondu avec le perforé, ne former qu’unseul corps avec lui (9) et, toutes ces différences, conservant des rapports déterminés avec les diverses formes des squelettes et des viscères, fournir une nou- velle preuve de cette grande barmonie que la nature montre partout à ceux qui étudient ses productions.

C’est eu disséquant les muscles des quadi’upèdos, que j’ai trouvé dans quelques-uns (10) des clavicules bien formées, dont aucun anatomiste n'avoit eu connois-

( 1 ) Je l’ai appelé iléo-lombalre , dans le cheral.

( 2 ) Dans te bélier.

( 5 ) Dans le cheval et dans les ruminan».

( 4 ) Dans le lapin , le lièvre et le chien.

( 5 ) Dans presque tous les quadrupèdes.

( 6 ) Dans le cheval et dans les ruminans.

(7 )Dans le lapin et le lièvre, dans le cochon-d’Inde , dans le shat. On le trouve bien exprimé dans le chien.

( 8 ) Il est représenté par un muscle très-grand et très-large que l’on appelle le long-raste.

( 9 ) Dans presque tous les quadrupèdes.

( 10 ) Dans le lièvre et dans le lapin.

û6 SCIENCES PHYSIOL* ET MEDICALES.

sauce, et dans d autres, (i) des os placés dans la même région que l’on pourroit appeler du nom de claviculaires, et que l’on n’avoit point encore obsci’- vés, parce qu’on n’avoil point examiné les muscle» entre lesquels ils sont flollans.

On demandera peut -être quels sont les usages de ces os formés à l’imilalion des clavicules, dont ce- pendantils n’ont pas la solidité, puisqu’ils ne s’étendent point de l’omoplate au slernuni; mais ne retrouve- t-on pas évidemment ici la mai clie de la nature, qui semble opérer toujours d’après un modèle primitif et général dont elle ne s’écarte qu’à l’egret , et dont on rencontre partout des traces? Peul -ou se défendre de cette pensée, en voyant le plus intelligent peut-être de tous les animaux , l’élépbant pourvu d’un carpe, d’un métacarpe et de doigts semblables à ceux de l'homme, mais encroûtés d’une masse solide qui s’oppose à leurs mouvemens, et réduit ces/grarids animaux, sous ce rapport, à la condition des solipèdes? Peut -on se re- fuser à cette pensée en observant les deux petits doigts extérieurs situés, dans quelques quadrupèdes, au- dessus des doigts moyens, qui sont les plus longs et les seuls utiles, en examinant ce faisceau charnu si délié qui tient, dans le chien cl dans plusieurs fissi- pèdes, la place du long supinateur? J’eut-on s’y re- fuser enfin, en comparant les os maxillaires antérieurs que j’appelle incisifs dans les quadrupèdes, avec cette pièce osseuse qui soutient les dents incisives supc-

{ 1 ) Dan» le cochon-d’Indc, la belette et le chat.

DIS CO uns SUR L'AXAT OMI E. 27

rleures dans l’homme, elle est séparée de l’os maxil- laire par nne petite fêlure très-remarr|uable dans les fœtus, à peine visible dans les adultes, et dont per- sonne n’avoil connu l’usage?

Depuis qu’on se livroil à l’élude de l’Anatomie hu- maine, on avoit toujours dit : « Les osquarrés du palais » ont une très-petite étendue; pourquoi sont-ils sé- » parés de la mâchoire supérieure dont la voûte )) palatine auroit été si facilement prolongée jusqu’au » .bord postérieur de cette fosse? Pourquoi, disoit- on, » les os unguis ne sont-ils pas continus avec l’os » planum , qu’il auroit été plus simple d’étendre jus- » qu’à l’apophyse montante de l’os maxillaire snpé- » rieur? Enfin , ajoutoit-on, la très -petite apophyse » orbitaire de l’os palatin est un point que les os situés » le plus près auroient facilement fourni. »

Accoutumés à voir des dispositions dont ils ignorent les causes et la fin, les anatomistes, après avoir fait ces questions, étoient restés dans le silence de l'éton- nement : mais qu’ils jettent avec moi les yeux sur les os de la face des solipèdes et des bisulqucs dans lesquels cette région est très -prolongée, ils apercevront aussi- tôt que ces pièces dont la petitesse les avoit surpris, sont ici très- étendues; que c'est vraiment dans les quadrupèdes que les os de la fade jouissent de tout leur développement ; que dans l’homme on n’en trouve que le raccourci ; mais que l’ordre et la distribution générale sont les mêmes dans tous.

Ce n est pas seulement sur la structure et la com- paraison des os, des viscères, des vaisseaux et des

28 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

muscles, que l’analoraiste élaUit ses caractères; il peut encore donner à ses vues un champ plus vaste; il peut s élever a de plus hautes conceptions. La distribution, des nei’fs et la structure du cerveau, du cerv'elet et des moelles allongée et épinière lui offrent une nou- velle source de remarques importantes. Ces organes ont avec lame des rapports inconnus; mais, consi- dérés dans les corps vivans des divers ordres , ils en ont entr’eux qu’il est possible de déterminer ; et com- parant ensuite le tableau de ces différences physiques arec celui de l’entendement ou de l’instinct, du sen- timent ou des pa.ssions, desmouvcmens ou des besoins de chaque classe d’animaux , il semble que l’on puisse espéi’er d’avoir un jour quelque prise sur l’agent caché qui s’unit et qui commande à la matière; com- merce admirable et incompréhensible pour celui même qui en est le sujet ; commerce qui sera peut- être à jamais un mystère pour nous, mais dans l’exa- men duquelil estpermisàl’esprit humaindes’essayer, en dirigeant vers cette rechei'che difficile toute la fi- nesse de l’observation la plus déliée, et toute la force de la logique la plus exacte.

Les fautes de ceux qui ont couru la même carrière ont montré des écueils dans lesquels nous éviterons de tomber avec eux. Loin d’ici ces vaines et dange- reuses spéculations sur le siège del'àmejsur les diverses régions cérébrales auxquelles des auteurs qui la regar- doient avec raison comme un être indivisible et simple, avoient cependant pense, par une contj’adiotion cho- quante , que ses diffère us modes pou voient conesr

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 29 pondre. Nous n’oublierons point que nous écrirons sur l’Analomie ; nous nous bornerons à rechercher quels sont les points clans lesquels il se réunit un plus grand nombre de ces fibres molles , qui sont le foyer du senti- ment et du mouvement. Le cerveau des quadrupèdes ressemble beaucoup à celui de l’homme; nous y trou- verons cependant des différences très-frappantes; nous y remarquerons la petitesse des hémisphères , le grand volume des tubercules quadrijumeaux, de la voûte à trois piliers, de l’origine des cornes d’Amrnon,des corps bordés , de l’cnlounoir et de la glande pituitaire; le peu d'étendue des prolongemens postérieurs des ventricules latéraux, des régions latérales du cervelet et des éminences olivaires et pyramidales : nous in- sisterons principalement sur la disproportion qui so trouve dans les grands quadrupèdes entre la grosseur des nerfs et la masse pulpeuse d’où ils sortent, et qui leur suffit à peine: nous verrons que, dans les oiseaux , cet organe est fait sur uu autre plan : nous y obser- verons quatre tubercules pairs et deux impaii’s. Des premiers que réunissent deux commissures, naissent les nerfs de la première paire ; les deux tubercules inférieurs qui sont excavés produisent le tronc com- mun des nerfs optiques, et le cervelet est formé par plusieurs bourrelets horizontaux et très -étroits. L’exa- men des poissons nous montrera une structure plus variée, mais plus simple: nous y observerons plusieui s tubercules dont les antérieurs sont destinés à fournir les nerfs olfactifs, les moyens, se trouvent quel- ques éminences arrondies, à produire les nerfs optiques,

SCIENCES niYSIOL. ET MEDICALES.

et le tubercule postérieur qui est impair et Irèii -petit, U Icfiii lieu cle ceivelet. Heuiiissaiit ensuite tous ces details, ne pourroit-on pas dire, ajoutei'ons-nous , qu’en supprimant dans le cerveau de l’homme les grands hémisphères, le corps calleux, le septum lad- dam, la voûte à trois piliers, les cornes d’Ammon et leurs annexes, la glande piuéale et ses pédoncules, en composant le cervelet d’un ou deux globules très- petits, en plaçant sur deux lignes pai-allèles dirigées de devant en arrière, les corps striés très- rétrécis , les couches optiques creusées d’une cavité et i-éunies par leur partie supérieure, en applatissant la protu- bérance annulaire, et en réduisant toute cette masse à un très - petit volume, le système nerveux de l’homme auroit alors la même disposition que celui des poissons ou des amphibies? De même, en plaçant en-dessus les corps striés, et en les renflant plus que dans les poissons , en portant les couches optiques en- dessous , en les écartant et en les excavant, toutes les parties dont il a été question restant d’ailleurs sup- primées, le cerveau de l’homme ne ressemblcroit-il pas à celui des oiseaux , et avec d’autres changemens, à celui des quadrupèdes?

Sans embrasser un aussi grand espace, je ferai voir que, considérés sous les rapports d’un seul sens tel que celui de l’ouïe, que j'ai décrit dans les volumci de l’Académie royale des sciences, ( i) ou d’un seul organe tel que celui de la voix , dont j'ai exposé la

( I ) Awacc 1 778.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. !5i

structure dans le même recueil, (i) les animaux peuvent être rangés dans un ordre méthodique, aveo des caractères tirés d’une seule de ces parties.

Ce sera en suiv'ant une pareille marche, que Ton fera de grands pi-ogrès dans l’étude de ces êtres si peu connus, et dont ou n'a décrit encore que l'écorce ou la surface.

L’Anatomie comparée, qui s’exerce sur différens individus qu’elle rapproche et qu’elle oppose l’im à l’autre , n’est pas la seule ù laquelle l’observa- teur puisse se livrer; il eu est une autre qui mérite aussi son attention. Sou sujet, quoique plus circons- crit, u’est pasmoius curieux et moins philosophique; elle consiste dans l’exameu des organes des memes in- dividus comparés entr’eux. C’est ainsi que les nerfs cervicaux peuvent êtres assimilés aux lombaires, les plexus axillaires aux sacrés, les nerfs diaphragma- tiques aux nerls obtui ateurs; c’est ainsi que les extré- mités supérieures et inferieures, observées dans la disposition des os, des muscles, des vaisseaux et des nerls, paroissent faites sur le même moule, mais placés en sens inverse, par l'opposition de leurs saillies et de leurs angles; c’est ainsi que j'ai tiré de mes recherches le résultat paradoxal , en apparence, mais susceptible de la demousliation la plus rigoureuse, (2^ que 1 extrémité supérieure de l'homme , ou antérieure des quadrupèdes correspond, dans tous ses points, à

( 1 ) Année i 77g.

{ 2 ) f oj ez les Jiemotres dcV jicadtin;t det Sciences , année 1774.

52 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, l’extrémité inférieure ou postérieure du côté opposé. La nature paroît donc suivre un type ou modèle gé- néral, non-seulement dans la structure des divers ani- maux, comme je l’ai déjà dit, mais encore dans celle de leurs dilférens organes; et l’on ne sait ce que l’on doit le plus admirer, ou de l’abondance avec laquelle ces formes paroissent variées ^ ou de la constance et de l’espèce d’uniformité qu’un œil attentif découvre dans l’immense étendue de ses productions.

Après avoir tracé la marche que j’ai suivie et que je continuerai de suivre dans l’examen anatomique des animaux, qu’il me soit permis de faire connoître le plan que j’ai adopté pour rendre un compte facile de l’étal actuel delà science, et pour déterminer ce qui reste à faire dans celle élude. Chaque auteur a rédigé ses travaux suivant une méthode qui lui étoit propre; quelques-uns même semblent ne s’en être fait aucune. J’ai pensé que toutes ces descriptions ne seroient utiles qu’après avoir été réduites à la même exposition ; c’est ce que j’ai exéculé dans des ta- bleaux, ( 1 )où chacun des difl'érens organes occupant une colonne parliculièi e , la comparaison se fait par la seule inspection des sections correspondantes que * le lecteur peut combiner de toutes les manières dont il a besoin pour travailler à son instruction ou satis- faire à sa curiosité. toutes les observations de Perrault, de Duverney, de Collins et de M. d’Auben-

' ( I ) Cos tableaux devoient faire partie tl’mi grand ouvrage dont

Yicij - d’Aay r iudii^ue ici It plan , et qu'il n’a pu achever.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 35

ton, sur les quadi’upèdes et sur les oiseaux; toutes celles deCliaras, de Koesel et de VI. l'al)bé Fonlaua sur les reptiles, de Ray, de \Villugby, d’Artedi, et de Vl.VJ. Gotiau et Fîroussouet sur les poissons; toutes les découvertes de Swammerdarn , de Alalpighi, de Kéaumur,de MM. Geoflioy, Honnet et Lyonnet sur les insectes; enfin, les curieuses recherches de AVil- lis, d’Ellis, de Donati, de Treinbley , de Bâcher, de Baster, de Boadhch , de Forskal, de MM. Adansoii , Muller, Pallas, Spallanzani et Diquemai'esur le vers, les polypes et les zoophytes, se présenteront dans le même ordre; elles y seront facilement et prompte- ment comparables entr'elles, et ainsi rapprochées , . elles acquerront une nouvelle clarté par la lutuicr® qui résultera de leur union.

•i

T. 4.

3

PLAN D’UN COURS

D’ANATOMIE

ET UE

PHYSIOLOGIE.

■“V -X. "X. *V -X-

CONSIDÉR ATIONS GÉNÉRALES.

T/e N s F. I G N E M E N T lie l’Anatoiuîe pont rtre 5«*ptré (le celui de la Physiologie , coiuiiie , en pliysi(|ue , oh peut examiner les diffth cuies jkiitIcs d’une machine , sans rechercher quels en sont les usages. iNIais enseigner la Physiologie sans l’Anato- mie , ce seroit s’éloigner des connoissauces qui peu- vent seules ctre les bases d’une saine théorie j ce seroit ouvrir de toutes parts un champ libre à l’erreur.,

Haller est le premier qui ait établi ce principe, et qui l’ait consacré dans ses écrits. Lorsqu’il publia celui de ses ouvrages qu’il estimoit le plus,.yev pre^ mières lignes de Physiologie , ( i ) il s’éleva dans les écoles un grand murmure. On étoit accoutumé à trouver dans les écrits de ce genre de longs raison- nemens , presque toujours dénués de preuves, des

( 1 ) Primœ lineœ Phj siologice.

56 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.'

opinions extraordinaires, ou des fictions brillantesr Dans celui - ci , l’on fut étonné de ne voir que des faits noniLreux , des détails précis , des conséquences rapides , et surtout un esprit de recherches , jus- qu’alors inconnu dans cet enseignement. Un pareil traité, dont la lecture exigeoit l’application la plus sérieuse , dont l’intelligence supposolt une médita- tion profonde, ne dut point être facilement adopté dans les écoles.

Les commentaires de Senac , sur le Compen^ diiim anatomique d’Heister ^ y étoient devenus le livre classique ; mais le jugement des hommes ins- truits prévalut : l’ingénieux ouvrage de Senac fut abandonné , et celui de Haller réunit tous les suffrages.

Comme il n’est point de partie de la inédecine sur laquelle on ait tant écrit , il n’en est point non plus sur laquelle les bons traités soient aussi rares. Les livres de Galien , sur l’usage des parties, le système anatomique de Collins , dont le plan est vaste et vraiment encyclopédique , quelques-uns des livres de Sl;ilil, les Insliiuts de Boerhaave , l’ouvrage de Borelli sur les inouvemens, et celui de Halos sur la statique des animaux , sont en effet, depuis le slècl» d’IIlppocralc , ju.sqii’à 1 époque Haller a écrit, à peu près les seuls traités de Physiologie dignes qu’on les lise et qu’on les conserve j presque tous

discours sur L’AN ATO mie. 5;

les autres sont défectueux , et déjà tombés dans l’oubli.

Si les auteurs que nous venons de citer ont mérité cette exception , on doit l’attribuer surtout à ce qu’ils n’ont point séparé la Pliysiologie de l’Ana- tomie. Comment donc toutes les facidtés (i) ont- elles confié l’enseignement de ces deux sciences ù deux professeurs difTérens ? Dans celle de Paris , c’est le professeur de Physiologie qui fait le cours d’Anatomie , par lequel il termine son exercice.’ Mais il vaut mieux encore réunir ces deux éludes , etles faire marcher d’un pas égal, de sorte (pi’ellesse servent de l’une à l’autre de preuve et de complément.

Cette méthode offrira de grands avantages aux élè ves. Les détails anatomiques , qui sont arides et rebutans par eux- mêmes, acquerront de l'intérêt, par les considérations que la Phvslologle y mêlera. Les disciples écouteront plus volontiers , et i-etien- dront mieux ce qu’ils auront entendu avec plaisir , et qui se sera offert dans un bel ordre à leur esprit. L’Anatomie seule n’est , poiir ainsi dire , que le squelette de la science ; c’est la Physiologie qui lui donne du mouvement : l’une est l’étude de la vie , l’autre n’est que l’étude de la mort.

( 1 ) La faculté de Médecine de Vienne , dans un plan h ès - moderne , a commis la même faute.

58 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

Mais , de même que les vériiés anatomiques sont fondées sur l’observation , les vérités physiologiques le sont sur l’expérience. C’est sur les animaux vivans que les essais de ce genre doivent être tentés 5 et comme rien n’est plus difficile que de reconnoître la voix de la nature au milieu des convulsions et des cris de la douleur , il importe qu’un maître exercé apprenne aux élèves avec quelles précautions il faut qu’on l’interroge, et dans quel sens on doit inter- j)réter ses oracles. Se propose -t- on de voir cir- culer le sang et la lymphe dans l’épaisseur des mem- branes transparentes sont répandus leurs vais- seaux ? Demande- 1 - on avec quelle force le sang jaillit du cœur et des tubes élastiques on il est ren- fermé ? Veut- on savoir quels sont les organes irri- tables ou sensibles ? Est-ce la voix qu’on veut étouffer par la section d’un seul nerf? Est -ce le sommeil cju’on veut produire , en pressant sur quel- ques régions du cerveau ? Enfin , est- ce la vie dont on veut trancher en un instant le fil , en blessant quelques-uns des points de l’organe médullaire? Dans toutes ces opérations, la route est difficile à tenir , et c’est au professeur le plus habile qu’il appartient de la tracer.

11 est un autre genre d’essais non moins curieux , dans lesquels on combine les moyens physiques ou chimiques avec ceux que l’Anatomie emploie. C est

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. lîg ainsi qu’on expose un animal à la commotion élec- trique , ou à l’action d’un air raréfié dans la machine du vide. C’est ainsi (jue , plongé dans dos gaz de diverse nature , tantôt il périt en s’agitant , tantôt il demeure dans une inaction qui devient mortelle , si elle est trop long - temps prolongée. C’est ainsi qu’on allume en lui la fièvre , en lui faisant respirer un air trop actif. C’est ainsi qu’on fait couler un sang étranger dans ses veines. C’est ainsi qu’on a tiré , dans les animaux vlvans , les sucs digestifs tles cavités qui les renferment. Il n’y a pas juscpi’au suc osseux dont le physiologiste sait changer la couleur , et si hleu diriger les mouvemens , qu’il le détourne à son gré vers des organes qu’il encroûte , et cette matière se rassemble pour former un cylindre nouveau. Ces expériences, distribuées avec art, romproieut, dans l’enseignement , l’uniformité du récit : elles forcerolent l’attention des élèves, qui ne pourrolent oublier ce que des circonstances si frappantes auroient gravé dans leur mémoire.

Ajoutons qu’il importe d’autant plus fie fixer les regards des jeunes médecins sur ce genre d’essais , qu’il est peut-être dans l'étude des animaux , le plus utile et le plus négligé. Parmi les élèves qui sont sortis des écoles , il n’en est aucun auquel on ait donné jusqu’ici la plus légère idée de la Physio- logie expérimentale. Quel motif engageroit à traiter

4o SCIENCES PIIYSIOL. ET MRDTCALES. loni'uenienl de la slruclure des viscères , si l’on ne se donnolt aucune peine pour découvrir le méca- uiMne des parties que l’on décrit si bien ?

11 est encore une source féconde le physio- logiste puisei-a des eonnoissances utiles; c’est l’Ana- tMiuie comparée. Celui qui n’a vu que le cerveau , le cœur, les poumons, l’estomac, les intestins de l’homme , n’a <[u’une ibihle idée de ce que sont ces viscères dans la grande chaîne des animaux ; il ne connoît point leurs relations, et il ignore la plus belle partie de ce (|u’il doit enseigner.

Haller a phicé dans sa grande Physiologie , au commencement de chaque section , un abrégé des eonnoissances que l’anatomie des animaux lui avoit fournies Mais , n’est-ce pas plutôt à la lin de chaque article que ces rapprochemens doivent se trouver : et puisque c’est l’homme que l’on compare, ne faut- il pas que ses organes soient décrits avant de cher- cher quels en sont les rapports ? Les détails tirés de l’anatomie des animaux , ne se trouveront donc quà la suite de ceux dont l’anatomie humaine aura formé le tableau.

11 suit de ces dispositions que l’enseignement de celte chaire est composé de quatre parties ; savoir , l’Anatomie humame, l’Anatomie comparée , la Phy- siologie théorlipie , et la Physiologie cxpériinentaie. pour réunir ces quatre graïuls objets , et les fane

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 4i concourir au meme but, le professeur ne suivra pas un plan simplemeiU aualoniKjue ; il divisera en plusieurs classes les usages ou fonctions des parties, et cette méthode déterminera le nombre et l’ordre de ses leçons , dont chacune commen- cera par l’exposition , cpii sera suivie de réflexions propres à faire conuoître l’action des organes rpi’on aura examinés , et les opinions de ceux qui en auront parlé dans leurs écrits.

Il n’existe certainement aucun corps vivant qtû ne se meuve, au moins en lui -même, qui ne se nourrisse et qui ne se reproduise. L’Irritabilité, la nutrition , dont lu digestion fait partie , et la géné- ration sont donc les trois premières fonctions (pi’oii doit admettre dans la comparaison des corps orga- nisés. Mais on volt que dans la plupart dos fluides circulent , et que des humeurs se filtrent dans des glandes. La circulation et les sécrétions auxquelles l’ossification se rapporte , doivent donc être ajou- tées aux trois fonctions primitives. Enfin , coniiim- niquer avec l’air , être sensible au contact des substances environnantes, sont d’autres attributs propres aux corps organiques , et qui doivent faire partie de l’examen projeté. ,

L’ossification , rirrltablllté , la circulation , la sensibilité , la ros[)iratlon , la digestion , la nutrition , les secrétions et la génération , seront donc les

42 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, principales divisions du cours dont nous offrirons ici le tableau. ( i )

( I ) Les objections qu’on ne cesse de faire contre la réu- nion de la Physiologie à l’Anatomie , sont les suivantes;

1°. L’Anatomie, dit-on, doit être enseignée pendant l’hiver , et la Physiologie pendant l’été : futile argument. Qui ne sait que les parties anatomiques, détachées, isolées, qui doivent servir à l’enseignement , peuvent être prépa- rées et présentées fraîches dans tous les temps de l’année, et que, avec des précautions très-simples, on peut préve- nir , je ne dirai pas les dangers , mais les désagrémens de la mauvaise odeur et de la putréfaction.

a°. Mais, ajoute-t-on, si on réunit la Physiologie à l’Anatomie , il est à craindre que celui qui sera chargé de ce double enseignement ,nes’arrête à de vaines explications, et ne néglige les descriptions importantes à connoitre pour les élèves dans l’art de guérir.

Je réponds, i*. qu’on n’aura point cet abus à redouter , si le professeur est astreint à suivre un plan complet tel que celui que je publie, parce qu’il faudra qu’il commence par décrire avant d’expliquer, et que de fait alors l’Ana- tomie est réunie à la Phvsiologie , sans se confondre avec elle , parce que dans ce qui concerne chaque organe , l’Ana- tomie précède , et la Physiologie vient après , sans que réci- proquement l’une puisse faire aucun tort à l’autre.

Je réponds, 2°. que si on ne prend pas ce parti, le profes- seur qui n’enseignera que la Physiologie n’offrira à scs élèves qu’un roman stérile et «langereux , et que l’Anatomie ne leur offrira que des descriptions arides, et d’un très-foible intérêt pour des commençans.

Je réponds, 5°. que j’ai toujours suivi , dans mes leçons, la méthode que je trace , et que le public n’en a point paru mécontent.

Ce (jui m’engage à faire connoitre le plan d un cours d’Anatomie et de Physiologie, c’est que jamais on publié aucun qui eût une elendue sulfisante , et qu il lu a paru utile d’apprendre aux élèves ce qu’ils doivent attem re d’un professeur chargé de' l’enseignement de ces deux sciences réunies.

TABLEAU

d’un Cours d’Anutoaile et de Physiologie.

I«. FONCTION.

«E LOSSIFICATIOTV.

§. 1'“'. De l’ ostéologie sèche.

Des os en general. De leurs cavités el de leurs éminences; de leurs arlicul. liions , île leur jonction ou svm|)liyse.

Du squelette et de ses di- visions.

Des os secs en général et en particulier

Des os de la tète en géné- ral , et de leurs divisions. 1 )es os du crâne. De l’os iVonlal et des éminences qui sont la base des cornes.

Des cornes elles -memes, solides on creuses; de leur accroissement et de leur re- production.

Des pariétaux. De l’os oc- cijiilal. Des os temporaux

De l’os sphénoïde. De l’os ethmoïde et de ses appen- dices. Des os Wormiens. Des biseaux. Dessntures. Du mé- canisme des os du crâne. Des os de la face Des os maxil- laires supérieurs ou anté- rieurs ; des os insicifs. Des os de la pommette. Des os palatins. Des os unguis ou du grand angle. Des os pro- pres du nez. Des cornets in- férieurs du nez. Du vomer.

De la mâchoire inférieure. Des dents.

Du mécanisme de la face , des sinus , et des dents.

Récapitulation de la struc- ture de la tête, de scs ovales, de sa base.

Du tronc en général et de ses divisions. De la colonne épinière. Des vertèbres en général et en particulier. De l’os sacrum <1 du coccyx.

Du mécanisme rie l’éjiine. de l’os innoniiné. Du bas--in. De ses diami'lres tlnns l’es- pèce humaine et dans les (juadrupedes ; de son axe.

De son mécanisme.

Du Ihoras. Du sternum; du cartilage xypboide. Des errtes vertébrales c; sterno- vertcbrales. De leurs carti- lages.

INIécanisiue du sternum et des côtes.

Des os des extrémités su- périeures. De l’épaule. De la clavicule et des os clavicu- laires. De l’omoplate.

Du mécanisme de l'épaule.

Du bras en général. De l’os humérus. De l’avant-bras et des os qui le composent.

Du mécanisme du bras et de l’avant- bras.

Des os du carpe, du mé- tacarpe, et des doigts.

44 SCIENCES PHYSTOL.

Du mécanisme du poignet et de la main , el des mouve- rucns du pouce opposés à ceux des autres doigts.

Des os des exlréjnités in- férieures en général.

De l’os lémur et de ses mouvemens.

De la rotule. Du méca- ni.sine du genou.

Des os de la jambe et de leur mécanisme.

Des os du larsej de ceux du métatarse. Des doigts. Des os sesamoïdes.

Mécanisme des malléoles et du pied.

Rapport du pied avec la xuain.

II. De Vostéologie fraîche.

Du squelette naturel frais, ou des os frais en général.

Du périoste et du péri- crâne.

Des cartil.iges en général; des cartilages inlér - articu- laires; des cartilages inter- osseux ou de liaison.

Des ligamens en général ; des ligamens ronds, longs; des ligamens inter- articu- laires. Des membranes et des expatisions ligamenteuses.

Des capsules muqueuses; des glandes et des graisses articulaires; de la synovie.

De la moelle osseuse et du suc médullaire.

De raj)parcil articulaire en général.

ET MEDICALES.

Des insertions tendineu- ses, aponévrotiques et liga- menteuses , aux extrémités des os qui s’articulent entre eux.

Des os frais en particulier; de l’articulation de la mâ- choire supérieure avec l’in- férieure.

Du mécanisme de la lame inter-articulaiie.

Des divers mouvemens de la mâchoire inlérieure.Quel- ques remarques sur les luxa- tions.

De la légère élévation de la niâchoire supérieure avec la tête.

De Tarticulation et de la symphise de cette partie du squelette avec la première et la seconde vertèbre.

Des articulations des ver- tèbres entre elles dans leurs corps et dans leursapophyses.

De l’articulation de la der- nière vertèbre lombaire avec lesacrum, el du sacrum avec le coccyx.

Du mécanisme des carti- lages inter-osseux de l’épiiiej de leur compression par le poids du corps; des diverses espèces dedécroissement dues à cette cause. Des expérien- ces de M. de Fontenu à ce sujet.

Quelques remarques sur les maladies de l’épine, sur la gibl)o>ilé, sur la maladie vertébrale , sur la carie, sur

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 45

luxations «les vertèbres, et sur les inconvéniens des corps à baleine.

De l’articulation des os innoiuinès avec le sacrum , des ligaïueiis inférieurs du bassin.

De l’articulation des os pubis entre eux. De la sym- physe du pubis; de son éten- due. Do l’articulation que forment les deux pièces qui la composent. De la facilité avec laquelle elle se pénètre de sucs dans la grossesse et à la suitedequelques maladies.

De sa section et de l’écarte- ment qui en résulte dans la _fcnirae, comparé avec celui

3n’on ob crve par la section u pubis dans les femelles des quadrupèdes. Des vices du bassin.

De l’articulation des côtes avec les corps et les apophy- ses transverscs des vertèbres.

Des ligaracns du sternum et du cartilage xyphoïde. Du déplacement du bréchet.

Des articulations sternale et scapulaire de la clavicule. De la jonction de cet os avec l’apophyse coracoïde. Quel- ques remarques sur la luxa- tion de la clavicule.

De l’articulation de l’orno- phate avec le bras. Quelques réflexions sur la facilité avec laquelle le bras se luxe.

De l’articulation de l’hu- mérus avec l’os du coude et

avec l’os du rayon. Du liga- ment inter - os.seux.

Des articulât ions des os de l’avant-bras entre eux.

De la maladieappelécfftnr- lase.

De l’articulation des os du ca pe avec ceux de l’avant- bras ; de celle des os du carpe entre eux et avec les os du métacarpe.

De l’articulation des os du métacarpe entre eux et avec h’S premières phalanges du pouce cl des doigts.

De rarticulati«>n des pre- mières phalanges avecles se- condes, et des secondes avec les troisièmes.

Du mécanisme des liga— mens de l.i main et de l’ex- trémité supérieure.

De rétendue de l’abduc- tion , de la pronation cl de la supination.

De l’articulation de l’os innominé avec le fémur. De la cavité cotyloïde dans l’état frais et de scs maladies.

De l’articulation du fémur avec la rotule et le tibia.

De l’articulation du tibia avec le péroné , et des avan- tages de sa position oblique.

Du ligament inter-osseux.

De l'articulation des os de la jambe avec le tarse.

De celle des os du tarse entre eux et avec ceux du métatarse.

Des articulations de ces

46 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

derniers, soit entre eux , soit avec les premières phal mges desdoigi s, et des articula lions de ces phalanges entre elles.

Du mécanisme de ces di- vers ligamens, et surtout de la position de ceux qui sont placés vers les malléoles.

De la structure des os et du squelette, considérés dans les différons sexes, et dans les différens âges.

§. III. De Vostéologie com- parée.

Des diverses sortes de squelettes considérés dans leurs principales différences.

Des squelettesde substance osseuse , de substance cornée ou cartilagineuse, et de sub- stance crétacée , -dont les diverses classes d’animaux fournissent des exemples.

Du corps ligneux.

Du squelette placé à l’in- térieur ou à l’extérieur du corps J ou de celui qui est en partie situé à l’extérieur et à l’intérieur. Les insectes , les quadrupèdes ovipares et à écailles, offrent des exemples de ces deux dernières modi- fications.

Des caractères propres au squelette Intérieur le plus parfait j il est composé de la tête , du cou , du thorax, des

lombes, de la c’avicule, de l’omoplate, du bassin, et des os des extrémités.

On considérera le squelette sous ces différens rapp rts dans les diverses classes d’a- nimaux. (i)

§. ly. Expériences sur Vos- sification.

Des expériences à faire ou au moins à exposer sur l’os- sification.

Des expériences de Clop- ton Havers, sur la dissolu- tion des os par les acides.

Des expériences de Duha- mel , 1°. sur la manière de colorer les os des animaux , en mêlant de la garance avec les aliinens dont on les nour- rit j 2°. sur l’accroissement des os et des substances cor- nées dans leurs diverses dimensions j 3®. sur les couches dont ces substances sont composées J sur le liber et le périoste, que Du- h.amol regardoit comme des- tinés à produire les corps li- gneux et la substance os- seuse.

Des expériences de M. Fougcroux, pour confirmer l’opmion de I\1. Duhamel.

Des expériences de Haller, qui leudent au contraire à piouver que la substance os-

( 1 ) Voyez le Discours sur V Anatomie cousidiiice dans ses rap- ports avec Vllistoirc Naturelle,

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 47

s«use se forme sans le con- cours du périoste.

Des préparations em- ployées par MM. Hunier et de Lassone , pour faire con- iioître la structure des lames osseuses et de celles des car- tilages d’encroûtement.

Des expériences de Hé- rissant sur la manière , i®. de débarrasser, par l’intermède des acides, le pareuchvme cartilagineux, qui est la base de l’os , du suc osseux qui l’encroûte ; 2®. de détruire, par la combustion , le paren- chyme cartilagineux, en lais- sant ainsi la substance os- _seuse, proprement dite, sé- parée de ce parenchyme.

Des expériences de M. Te- non , sur la carie des os.

De celles de M.Troja, sur la manière de produire un os artificiel dont l’os ancien est enveloppé, en détruisant la moelle, et en tourmentant à plusieurs reprises les mem- branes et les vaisseaux con- tenus dans la cavité qui la renferme.

Des observations d’Albinus sur l’ossification.

Y . De la nature des os.

Ici, le professeur fera voir que les os de l’homme et des quadrupèdes ne sont point , comme on l’avoit pensé, des matières terreuses ; mats qu’ils sont formés de lames

entre lesquelles est répandue de la gélatine, et qu’on doit regarder comme un véritable sel neutre, composé d’acide phosphoriquc et de chaux.

Il rappellera qu’on prépare du phosphore avec les os , en les soumettant à l’action d’un acide , de l’acide nitreux , par exemple , qui , s'emparant de la chaux, laisse l’acide phos- phorique libre , et peut en- trer dans une combinaison nouvelle.

On n’a point fait l’analy.se comparative des os des en- fans , des adultes , et des vieillards.

ün ne sait point encore quelle est la différence chi- mique des os mous et flexi- bles des poissons , des rep- tiles et des insectes, d’avec les os de l’homme et des quadrupèdes.

Parallèle des observations et résultats des faits princi- paux qu’on aura rapportés.

L’os est un organe sécré- toire dépourvu de conduit excréteur, et qui s’encroûte du suc osseux qu’il a séparé.

IK FONCTION.

DE l’irritabilité.

§. I®*'. Des muscles en gé- néral.

On traitera d’abord des muscles considérés à l’exté-

r

48 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

rieur , et en g''néral dans leurs diverses p.irlies, dans leurs did’érentes formes, si- tuation, insertion, et dans leurs usages.

Des tendons et des apo- névroses en général.

Des gaines tjui contiennent les tendons, et des coulisses par lesquelles ils passent.

De la manière d'estimer 1 .'’orce des muscles par la direction de leurs fibres, par la situation et la forme des os , considérés comme des leviers de divers genres.

Des dilférentes méthodes de décrire les muscles.

On doit les décrire comme on les dissèque, par régions et par couches. Cette mé- thode est celle des peintres. Le tableau qu’on propose ici, diffère en plusieurs points de celui d’AÎbinus. Toutes les régions y sont surtout sub- divisées en sections, ce qu’Al- binus n’a point fait.

Chaque muscle sera d visé, comme les os , en faces , an- gles, et bords, si c’est un iiiuscleapjjlali; on ledi visera en corps el ou ex 1 rémi lés, si c'oit un muscle long et ar- rondi.

g. II. 'rnhlenu des dh’erses rc fiions se iionvrnl les muscles du curjis liuniuin.

Fségiou Calya. Culotte

osseuse du crâne. Muscle oc- cipito -fiontal , et son apo- névrose.

Région a*. Muscles de la face en général. Section frontale j 2*. palpébrale j 5®. maxillaire supérieure j nasale j inler-maxillaire j 6®. maxillaire inférieure^ 7®. labiale j 8®. cutanée.

Région 5®. Muscles de la partie latérale de la tête. Malacum lalere calvœ. Pc\\s. Section i®®. auriculaire ex- terne, 1°. hors des cartilages, 2°. dans les cartilages j 2®. Zygomalico - maxillaire , le muscle masseler;b®. tem- porale j le muscle crolaphile, el son aponévrose a double feuillet.

Région 4®- I p cou en de- vant. Section i®® culanée^2®. sternale ou inférieure; 5*. sty loïdienne ; 4®- maxillaire inférieure ; 5®. cervicale

moyenne , dont les divisions sont riiyoglos.-e , l’hyoï- dienne , l’iiyo larvngée , la laryngée, la pharyngienne moyenne et inférieure , et ro?sopha,;ienne.

Région 5®. Les muscles de r;:rrière-bouche, «lu voile du palais, du go-'eren général. Section I®*. l’islh'iie du go- sier ; 2*. le voi'e «lu palais; ^®. l’on vert lire sujiéi ieurcdu jiliar vnx.

Région G*. Espace ptérygo- maxillairc : sub rnalU. Alb.

DISCOURS SUR

Région 7®. La fosse oibi— taire en généra 1. oecUon i’’®. imiscles des paupières; 2®. muscles oblirpies du globe; 5®. muscles droits du globe ; 4*. muscles droits du nerf optique dans plusieurs qua- drupèdes.

Régions®. Arliciilaire in- terne. Section i‘®. les mus- cles du marteau; les muscles do l’étrier.

Région 9®. 'T'iioracliique antérieure. Section i*^®. cos- tale divisée en doux couches; 3®. claviculaire.

Région 10®. 'rhorachique latérale.

Région 1 1*. Abdominale ’ou ventrale, divisée en quatre couches principales.

Région 12®. Ellecst placée autour des cordons sporina- tiqiies.

Région i5®. Le dos , la partie supérieure du cou et des lombes, divisée en six couches.

Région i4*. Région pro- fonde du cou. Section i®*. antérieure; 2®. latérale.

Région t5®. Région pro- fonde des côtes. Section i®*. surface externe des côtes; 2®, espaces intercostaux ; 5*. sui». face interne des côtes.

Région i6®. Région pro- fonde du sternum.

Région 17®. Région dia- phragmatique.

Région 18®. Région pro-

T. i.

L’ANATOMTE. 4^

fonde des lombes. Section antérieure , le mu.vcle psoas ; 2*. latérale, le muscle carré - des lombes , et les aponévro- ses des environs.

Région ly®. Les parties sexuelles.

1°. Dans le mille, section if*. les corps caverneux ; 2*. le bulbe de rurèlro.

2°. Dans la femelle , sec- tion i®*. les corps caverneux ; 2®. les environs de 1 01 ifice du vagin.

Région 20®. L’anus. Sec- tion 1'®. supci ficielle ; a*,

profonde.

Région 21*. Le corevx.

Région 22*. La partie su- péricuredu brasoii moignon; le muscle deltoïde.

Région 25*. La région sca- pulaire externe. Section 1®*. snr-éplticuse ; 2®. sous-épi- neuse ; aponévroses scapu- laires.

Région 24*. La région sous- scapulaire.

Région 25®. La région an- térieure du bras.

Région ?6®. Li région pos- térieure du bras ; aponévrose brachiale très-mince.

Région 27®. La face interne ouantérieurede l’avant. bras; 1®®. , 2*. et 5®. couches.

Région 28®. La face ex- terne ou postérieure de Ta- vant-bras, i®*.et 2®. couches. Aponévroses qui s’insèrent aux condyles de l’humérus.

4

5o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

Région 29®. La face dorsale de la main.

Région 5o®. La face pal- maire de la main } aponé- vrose palmaire.

Région 3 1 ®. La région ilia- que externe ou fessicre , 1 *■*. , 2®. et 5®. couches , avec leur issue aponévrolique.

Région 52®. La région ilia- que interne.

Région 55®. La région in- terne de la cuisse.

Région 34®. La région in- térieure de la cuisse, i®®. , 3*. couches , avec leurs apo- névroses.

Région 55®. La région ex- terne ou postérieure de la cuisse.

Section i®®. superficielle et fémorale^ le muscle du f as- cia lata, avec son aponévrose.

2®. L’Ischio-tibialeexternej le hicepsou long vaste.

5®. Ischio-tibiale interne ; le muscle demi-nerveux de l’homme , ou biceps de la jambe des quadrupèdes.

Région 56®. La région du trou ovalaire : les muscles obturateurs, les jumeaux ou le cannelé, le pyriforme,le carré de la cuisse.

Région 37®. Face antérieure de la jambe.

Région 58®. face posté- rieure de la jambe J aponé- vrose tibiale qui se continue avec laculotteaponévroliquc de W inslow.

Région 59®. Face dorsale du pied.

Région 40®. Face plantaire du pied , divisée en deux couches } aponévrose plan- taire.

§. III. Des muscles dans les animaux.

De l’anatomie comparée des muscles, et résultats gé- néraux des observations ana- tomiques qui ont été faites sur les muscles du singe et des diverses classes de qua- drupèdes.

Parmi les muscles de la tète, c’est dans les muscles de la face qu’on observe le plus de différences. Dans le cou , ce sont surtout les mus- cles sterno - mastoïdien , le sterno -hyoïdien , le thyroï- dien, le digastrique , et l’an- gulaire de l’omoplate qu’il faut considérer. Parmi ceux de la poitrine, le petit pec- toral et le grand dcntele ont une structure différente de celle que ces muscles offrent dans l’homme. Parmi ceux du dos , on examinera le tra- pèze et les dentelés de la res- ])iralion. Dans le bras, le deltoïde , le biceps et les ex- tenseurs du coude. Dans les régions iliaques et crurales, le muscle du fascia lala , l’iliaque interne , les Icssicrs, les obturateurs , les jumeaux

DISCOURS SUR

de la cuisse, le droit anté- rieur , le grêle interne , celui qui répond au couturier, et le biceps de la jambe , ou long-vaste , dont la structure est très -particulière. Parmi les muscles de l’avant-bras, le long supinateur. Enfin , parmi ceux de l’extrémité postérieure, l’extenseur des doigts, le solaire, les piro- niers et le plantaire. C’est dans la conformation de ces muscles que se trouvent les principaux caractères qui distinguent la miologie de l’homme d’avec cellcdes qua- drupèdes.

Les muscles des ailes et *des extrémités des oiseaux, fournissent encore des difté- reiices très-remarquables.

Les muscles robustes des poissons et des reptiles mé- ritent aussi beaucoup d’at- tention.

L’histoire des polvpes fera connoitre des animaux entiè- rement formés de substance contractile.

Dans la plupart des ani- maux appelés à sang froid , on verra que fibre muscu- laire est blanche, et que sa contraction est plus vive et plus durable que dans des animaux dont le sang est plus chaud.

Cette différence donnera lieu de remarquer que, ceux- ci même , ou're les fibres

L'ANATOMIE. 5i

musculaires rouges, qui sont les plus répandues, il en est de blanches : telles sont celles des intestins et même de la vessie. Ces fibres sont aussi plus irritables que les autres.

§. IV. De /a structure intime du muscle.

Après avoir examiné les muscles dans les différentes classes d’animaux, on trai- tera de l’Anatomie du mus- cle lui-même, c’est-à-dire, du muscle considiVé d.ans sa structure la plus intime.

On verra que les artères qui s’y distribuent ne sui- vent aucune marche déter- minée *. d’où il suit que ce ne sont point elles qui forment essentiellement le muscle , comme Vieussens et Willis l’ont avancé.

Les veines qui en sortent ont des valvules , et les vais- seaux lymphatiques y sont eu grand nombre.

Les nerfs s’y portent sous différents angles, et leur mar- che y est quelquefois rétro- grade. Dans tous les cas , leur volume n’est point assez considérable pourqu’on puis- se les regarder comme for- mant la base du muscle , ainsi que le Cat l’avoit annoncé.

Tantôt les nerfs qui se ramifient dans les organes

52 SCri’.NCES PHYSrOL. ET MEDICALES.

musculaires sont dispo-^és en plexus, comme aux environs du cœur et des intestins: tantôt ils sont fournis par des nerfs longs , dont les filets se séparent sans rpi’il V ait ni entrelacement ni ganglion.

Sous cet aspect , les orga- nesmtisciilaires doivent être divisés en ceux qui obéissent , et en ceux qui n’obéissent pas à la volonté.

Les muscles les plus irri- tables ne sont pas ceux qui reçoivent le plus de nerfs. Le cœur est dans ce cas , et les nerfs , qui sont éminemment sensibles , ne sont point irritables.

On n’a point reconnu de nerfs dans les polypes : s’ils en ont , ces nerfs sont sans doute très - petits ; et cepen- dant les polypes sont très- contractiles.

La base du muscle est un organe cellulaire et fibreux , qui devient blanc par la lotion.

Dans les muscles dont la forme est la plus simple , les fibres sont droites : réu- nies , elles composent des fais'caux qui sont coupés à - peu - près à angle droit par des tr.averses cellulaires.

On exposera ce que Le- ■wenbopck , Mu vset Deheyde ont dit des fibres cl des fibrilles.

On fera-connoîlre les opi- nions de Swarnmerdam , de Cowper , de Borelli , de Muys , et de Riiysch , sur les fo rmes globuleuse , cellu- laire , rliomboïdale , noueuse ou lomenleuse qu’ils ont admises dans les dernières divisions de la fibre muscu- laire. Ces suppositions sont la base de divers systèmesqu’on indiquera en peu de mots.

On comparera la fibre musculaire avec la fibre ten- dineuse ou aponévrotique : on en montrera la différence. Sont - elles continues l’une avec l’autre Est-il vrai que les aponévroses et les ten- dons soient tout-à-fait dé- pourvus de nerfs , comme Haller l’a dit ? Si cela est , pourquoi les piqûres y exci- tent-elles quelquefois une grande sensibi'ilé ?

On suivra le tendon dans la profondeur même du mus- cle, où il se termine en pointe

Pourquoi les deux tendons du même muscle sont -ils pour l’ordinaire opposés l’un à l’autre dans la place qu’ils occupent , dans leur direc- tion et dans leur structure ? Et quel est l’avantage d’une tige mo^enne à laquelle aboutissent des faisceaux obliques, d’où il résulte une disposition peuniforuiC, ou semi-pcuniforuic.

I

DISCOURS SUR L'ANATO.MIU 5T

On parlera Jes caspules muqueuses des tendons , des glandes qui s’y trouvent , et du fluide onctueux qui s’j sépare.

Résu nié des aponévroses , de leursdivers plansdefibres, de leurs usages. Il n’exi.ste pas un seul d allé d’anatomie les aponévrosessoient bien décrites : le professeur y suppléera.

^ V. Des phénomènes des mouventens muscuLiiies dans l’état de santé.

Du muscle considéré en -repos , et en équilibre avec ceux qui l’environnent.

Du muscle dans l’état de contraction. Il se durcit en se raccourcissant ; de la me- sure de son raccourcissement. De ses rides , de ses plis , de sa force , soit relative , soit absolue, soit simple, soit composée , de scs effets; du secours qu’üreçoit des au- tres musc'es et de celui qu’il leur donne ; des muscles antagonistes.

De rintluenccdu sommeil, de la veille , de la digestion , et des diverses autres fonc- tions organiques sur l’action musculaire.

Des phénomènes de cette action , soit qu’elle devienne plus forte ou plus foible.

§ V Expériences faites sur

les organes irritables.

Des expériences nombreu- ses ont été faites sur CPS or- ganes ; on répétera les prin- cipales.

Les muscles se contractent, lorsqu’on pique les nerfs qui s’y distribuent. La même chose arrive lorsqu’on les pince, et surtout lorsqu’on en tire des étincelles élec- triques. Ucsexpériences nou- velles ont même prouvé que ces étincelles sont le stimu- lant le plus fort qu’on puisse employer dans le traitement des personnes asphyxiées.

Lorsqu’on a fatigue le nerf dans un dos points de son étendue , si on le pince au dessouset plus près du mus- cle, on excite eucore dg^ contractions.

Si on coupe le nerf, le musc’e c uiserve pendant quelques iiistans son irrita- bilité , qu’il perd bientôt après.

Si on lie les vaisseaux sanr guinSjl’irritabilitédu muscle dure un peu plus long-temps que lorsqu’on en a coupé les nerfs; mais elle se détruit enfin, pour ne pl us repar oître.

On peut se servir de diffé- reiïts acides , soit minéraux , soit végétaux, pour exciter la contraction des parties musculaires ; mais ces sels ,

54 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDfCAI.ES.

surtout les premiers , délrui- sent bientôt les organes sur lesquels ilsagissent. Le beur- re cranliiuoine produit le même effet , et pour les mê- mes raisons.

Les organes musculaires placés dans les différentes cavités du corps, jouissent à un haut degré de la force irritable. Tels sont le dia- phragme , dont on excite facilementla contraction par la pression du nerf phréni- que , la vessie qu’on force de se vider , en l’irritant à l’extérieur , tels sont lecœur et les intestins , dont on ré- veille la contraction par le souffle seul de la bouche , ou par le léger frottement d’une petite brosse ou d’un pinceau très- doux.

Ces organes , hors du corps , et coupés même par morceaux, sont encore très- irritables.

L’œsophage des animaux SC contracte aussi très-faci- lement par l’effet des diflé- rcns aiguillons.

Les grenouilles sont très- propres à ces différentes expériences.

Il en résulte qne les Hga- xnens , lescapsules, les mem- branes , les aponévroses , les tendons, les nerfs , les car- tillages , et les os ne sont point irritables.

La membrane médullaire,

quoiqu’il soit démontré , con- tre l’assertion de Haller , qu’elle est souvent Irè.s- sensible , n’est point irri- table.

Les vaisseaux lymphati- ques le sont beaucoup ; les grosses artères , dans les jeu- nes animaux, sont évidem- ment musculaires , et se contractent d’une manière très— marquée. L.es grosses veines aux environs du coeui', sont vraiment contractiles ; plus loin , elles n’ont point cette propriété j les organes glanduleuxn’en jouissentpas non plus de manière à ce qu’on puisse en apercevoir les effets.

La peau peut se froncer dans différentes circonstan- ces , et elle n’est pas aussi dépourvue d'irritabilité que Haller l'a dit.

Le tissu cellulaire n’en donne aucune marque.

L’opium et les substances narcotiques en général , éten- dues sur les organes muscu- laires, diminuent leur irri- lablité.

On a dit que la plupart de.s gaz qui proilui.scnt l’as- phyxie , détruisent aussi l’irritabilité des organes mu.srulaires.

Lorsqu’on a coupé lemu.s- cle antagoniste , ou qu’on l’a rendu paralytique en cou- pant ses nerfs , le muscle

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 55

opposé l’emporte , et son ac- tion devient constante.

Lorsqu’on lie avec un fil la partie la plus charnue d’un membre , dont les mus- cles sont en repos , et qu’en- suite on les contracte , le membre éprouve de la gêne dans le lieu de la ligature j ce qui prouve qu’une partie du membre se gonfle. Cette expérience a été rapportée par llamberger.

Si on plonge le bras , .sans on mouvoir les muscles , dans un va.se rempli d’eau , et qu’ensuite on lescontracle, le niveau de l’eau s’abaisse , .ce qui seiuble annoncer que le volume des muscles di- minue dans la contraction; mais ce résultat peut troin-

Î)er , parce qu’il sufliroit que es muscles se rapprochas- seut l’un de l’autre pour que le volume total dimi— iiu;\t. Cette expérience est de Glisson et de Swammer- dam.

Ce dernier a fait l’expé- rience précédente, en plaçant le cœur d’une grenouille dans un vase étroit et rempli d’eau qui s’est abaissée , lorsque le cœur s’est con- tracté.

L’ob.servalion a prouvé que les mu.scles ne pâlissent point dans le moment de la con- traction. 5i dans la systole ,

le cœur pAlit , c’est parce que le sang est laucé hors de ses cavités ; Kaw et Vtnler.

On évitera de tromper comme Borelli dans l’esti- mation des forces de quelques organes musculaires. Par exemple , lorsqu’il a com- paré le poids du cœur avec celui du muscle fléchisseur du pouce, pour en tirer des con.séquenccs relatives à la force du preiirier de ces orga- nes , il a commis une grande erreur , car outre que l’ac- tion du fléchisseur du pouce est aidée par celle du court fléchisseur, les fibres du cœur étant beaucoup plus déliées et plus rapprocliée.s les unes des autres que celles du muscle fléchisseur du pouce , on ne peut , à rai.son du poids, établir entr’elles aucune analogie. Il y a sous d’autres rapports , dans ce calcul , plusieurs sources d’erreurs qu’il seroit trop long d’exposer ici.

Ce sera dans le traité d’a- natomie de VVinslow , qu’on trouvera les meilleurs prin- cipes sur les divers usages des muscles. On considérera sur- tout leurs angles d’in- sertion , la direction des gaines ou des poulies , et de leurs tendons , et leur situa- tion relativement aux diffé- rens articles.

56 SCIRNCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

§ V 1 1. Des effets de l’action musculaire.

On indiquera quels sont leseûels de l’action des mus- cles, soit relali veinent aux os dont ils modifient les contours , les l'orraes et les éminences ; soit relaüve- luent aux besoins des ani- maux qui en sont pourvus. Ainsi , dans l’homme on expliquera la station , le marcher, la course , le saut^ dans le quadrupède, sur- tout dans le cheval, le pas ordinaire, le li ot , le galop , et l’amble j dans l’oiseau , les diverses esjîèces de vol, l’ascension , l’action de pla- ner , l’abaissement , le mar- cher j dans le poisson, la manière dont il nage , et dont il s’arrête ou se dirige , soit par les nageoires , soit par l’action de la queue.

On consultera les expé- riences curieuses faites à ce sujet par borelli ; dans les reptiles , les ondes qu’ils forment , et la manière dont ils sautent , s’élancent ou se suspendent ; dans les insectes, le marcher , le saut, et le vol j dans les vers , la ma- nière dont ilsranipentà l'aide d’une sorte de mouvement péristaltique ; on en soule- vant une partie do leur corps on forme d’arc ; dans les j)o— l^j'pes , en s’accrochant par

leurs queues ou par leurs bras, ou en (brinaril avec ces derniers une sorte de roue , dont le mouvement est très- rapide J enfin d.:ns les plan- tes parla contraction de quel- ques-uns de leurs organes qui semblent jouir d’une sorte d’irritabilité.

Il existedonc dans les corps vivans une fonction ou pro- priété très-différente de la sensibilité et de toutes les autres forces quelconques , que Glisbon avoil connue , et c]ue Haller a démontrée ) elle a reçu les noms de vis insita ou irrilabililas , dans les écrits de Haller; de vis pruriens dans ceux de Karv- Boeri'haave ; de vis vilalis dans ceux de Gaubius ; de sensus animalis dans ceux de Charleton.

Yllf. Du siège de l’action musculaire.

Mais quel est le siège de de l’action musculaire, et à quelle partie organique ap- partient spécialement celte propriété Ce n’est point aux vaisseaux , qui sont eux- mêmes irritables , cl qui ne font qu’alimenter le muscle ; ce ri’esl point aux nerfs , qui raniment , ci qui y trans- mettent seulement l’aiguil- lon de la volonté ; ce n’c-st point au tissu cc.lulaire f

DISCOURS SUR L'ANATOMIE. Bj

qui n’est qu’un organe pas- sif; ne seroit-ce pas plutôt à une matière élastique et contractile qui s’y separe- roit par une sortede sécrétion particulière à cet organe }

Ici le professeur exposera les notions principales que la chimie moderne a fournies sur l’analyse des muscles.

Ce qui distingue leur tissu fibreux , c’est i°. De n’ètrc pas dissoluble dans l’eau ;

De donner plus de gaz azote par l’acide nilri(|ne que toutes les autres subs- tances animales; 5”. de four- nir ensuitedel'acide oxalique et de l’acide maliqiie ; 4”" Ce ‘tissu se pourrit facilement, lorsqu’il est humecté, et il donne beaucoup de carbonate amtnoniacalà la distillation ; Ô'^. 11 brûle en se ressei ant.

Diversrapprochemeus ont porté un des premiers chi- mistes modernes , ( i ) à croire que les muscles sont le réservoir de la matière fibreuse du sang qui s’y con- dense , et qui y devient l’organe immédiat de l’irri- tabilité.

Il K FONCTION. De la circulation.

Le professeur traitera des organes qui servent à la

circulation, et en général du cœur, des vaisseaux arté- riels , et des veines sanguines et lymphatiques.

§. l*"^. Du cœur.

Du péricarde.

De la position de ce sac, considère dans le médiaslin; de sa forme , de sa base , de ses faces , de ses angles , pointes ou cornes, descs mem- branes externe et interne; de ses adhérences , de scs ouver- tures , de son anneau , de se.s vaisseaux, de la sérosité qui s’y condense, de son usage.

Du cœur en général et à l’extérieur ; de sa situation , de sa forme , de sa base , de sa pointe, de ses faces, de scs angles , de la ligne de dé- marcation {[ui est placée entre ses ventricules, de sa membrane externe, et de la graisse qu’elle reçoit dans quelques sujets.

Des cavités du cœur en général.

Des sinus et des oreillettes à l'extérieur; de leur base, de leur pointe , de leur direc- tion , de leur étendue , de leur adossement.

De l’oreillette droite, dite des veines caves ; de sa forme et de scs limites , de sa structure externe et iu—

( 1 ) M. de Fourcroy.

58 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

terne, de ses faisceaux char- nus , ou muscles pectines ; de la mejubrane qui se montre entre les faisceaux charnusde l’oreillette.

Du sinus droit, et des veines caves, qui s’y ouvrent.

De la valvule d’Eustache.

Du sinus des veines coro- naires.

De la cloison ou septum des oreillettes.

Du trou ovale et de sa valvule ; de l’anneau et de la fosse ovale, de l’isthme de Yieussens.

De l’ouverture veineuse du sinus droit dans le ven- tricule du même côté.

Du ventricule droit , ou pulmonaire^de sa membrane interne , de sa forme , de son étendue , qui est plus grande que celle du ventricule gauche^ de ses faisceaux, ou de son réseau charnu.

De son ouverture vei- neuse , et de l’anneau val- vulaire qui l’entoure ; des muscles papillaires qui ser- vent d’appui à la valvule. De la division de cette val- vule en trois pointes, qui se terminent aux muscles papil- laires.

De l’ouverture artérielle de ce ventricule.

Des valvules en panier de pigeon, qui sont à l’embou— churc de l’artère pulmo- naire.

De la cloison des ventri- cules, et des colonnes char- nues dont elle est surchar- gée.

De l’oreillette gauche, ou pulmonaire j de sa forme, de sa pointe , de ses faisceaux réticulaires.

Du sinus gauche ; des quatre veines pulmonaires qui y aboutissent ; de l’éten- due du sinus gauche , qui est moins grande que celle du sinus droit; de son ou- verture dans le ventricule gauche.

De ce ventricule lui-même, que j’appelle aortique ; de sa membrane interne, de sa for- me, et de l’étendue de sa ca- vité , de sa pointe la cavité se prolonge.

De son ouverture veineuse ; des valvules appelées mitra- les ■, qui s’y trouvent, et des muscles qui leur servent de soutien.

De l’ouverture artérielle de ce ventricule;des valvules, dites sigmo'ides , qu’on y re- marque , et des globules , dits à’Arantius , qui sont placés au milieu du bord flottant de ces valvules.

De l’os du cœur dans les ruminans.

Des diverses couches de fibres queVicussens, Lancisi, ütenon , Seriac et H.iHer, ont observées dans le cœur.

DISCOURS SUR

Des nerfs de cet organe; des plexus cardiaques, de ceux que Willis, Vieussens , Lancisi, VVinslow et Seiiac oui décrits.

II. De la structure du cœur,

considéré dans les ani- maux.

D.ans les quadrupèdes, il est plus allongé, plus aigu, et il s’étend plus verticaleruent sur le sternum.

Dans les oiseaux, le ven- triculedroil est sémilunaire, étroit, et il semble qu’il em- brasse le venlrioule gauche,

autour duquel il est placé.

Dans l’homme , dans les quadrupèdes, dans les céta- céos , et dans les oiseaux, le cœur est composé de dcu.x oreillettes et de deux ventri- cules. Dans ({uelques qua- drupèdes ovipares , il est for- luéde deux oreillettes et d’un seul ventricule : telle est la grande tortue de mer.

Dans les poissons , il n’y a qu’une oreillette et un ven- tricule.

Dans les insectes et dans plusieurs sortes de vers , le cœur est allongé, et il jouit d’une sorte de mouvement peristatique , comme les in- testins.

On ne conuoît point de cœur dans les polypes.

I;A NATO MIE. 5g

§. \\\. Observations et expé- riences sur le mouvement du cœur.

La poitrine d’un quadru- pède étant ouverte, i®. on voit les oreillettes du cœur se contracter, «piand les vei- nes-caves cl les ventricules du cœurse dilatent, et ainsi réciprûijuemeut.

2“. Pendant la contraction des oreilleltes , on voit le sang refluer dans les veines caves et pulmonaires.

3°. Ou observe que les coni r actions des or ei! telles se font ensemble, cl que celles des ventricules sont aussi si- multanées.

4°. On remarque qu’à me- sure que l’animal s’afVniblit , CCS contractions SC font tantôt pins vî'e, tantôt plus lente- ment , et qu’elles ne se suc- cèdent plus avec la même régularité. Les ventricules commencent à se dilater avant que la contraction de l’oreillette soit achevée : cl vers la fin de la vie l’oreillette d roi te se contracte , pour l’or- dinaire , plus souvent et plus long-temps que la gauche.

Haller faisoil passer à vo- lonté cette propriété de l’o- reillette droite à la gauche. A cet effet, il lioit l’artère aorte près du cœur , et il ouvroit l’une des veines- caves : alors le sang, dont la

6o SCIENCES rHYSIOI.. ET MEDICALES

presence excite les cou trac- tions des diverses parties du cfDur , s’accumulant à gauche , et cessant de s’épan- cher dans les cavités droites, l’oreillette gauche devenoit YitUimum moriens.

Pendant la diastole , le cœur devient un peu plus long qu’auparavant, et il se raccourcit dans la systole.

Dans ce même moment, on voit la pointe du cœur se redresser : le mouvement des valvules , qui se relèvent alors , force la pointe du cœur à se rapprocher de la hase.

Comme l’oreillette gauche est placée sur la colonne ver- tébrale, et qu’elle se remplit de sang lorsque les ventri- cules se contractent , le dé- placement qui en résulte doit pousser le cœur en devant , et sa pointe, qui est à l’ex- trémité du rayon , doit frap- per avec force les côtes qui lui sont opposées.

Pendant la systole du cœur, le sang est poussé dans la crosse de l’aorte , qui , se remplissant brusquement , tend à décrire une ligne droite, et qui concourt, par cet efiort , à porter en devant la masse entière du cœur , qui est comme suspendu à son extrémité.

On peut produire ce meme

effet, en dirigeant avec force? un fluide de bas en haut dans 1 aorte thorachique vers le cœur.

En observant la circula- tion dans les animaux, dont le cœur est demi-ti ansparent, comme dans les grenouilles , on voit que les cavités de cet organe se vident tout-a-iait à chaque systole.

Le cœur de ces animaux se contracte long - temps après avoir été détaché de la poitrine. On rétablit ses inou- vemens par le souflte, par l’impression de l’eau tiède, et par divers stiinulans.

Dans les quadrupèdes, ou le mouvement du cœur avoit cessé, on l’a souvent fait re- paroître en introduisant de l’air dans le poumon : alors on rétablit la circulation pul- monaire , et le sang qui se porte vers le cœsir y excite des contractions nouvelles. Ce procédé est d’une grande utilité dans le traitement des asphyxies.

On voit manifestement la circulation continuer pen- dant ({uelquc temps, dans les animaux à sang froid, quoi- que le cœur ait été arraché de la poitrine: d’oii l’on peut conclure que le sang contenu dans le système artériel , ne reçoit pas toute son impul- sion du cœur, puisqu’il peut

, DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 6i

fncore se mouvoir lorsque C‘ît organe est entièrement dcf mit.

On rappellera les opinions de Keil, de .lurine, de Ro- binson , de Morgan , et de Morlan , sur la force du cœur : il n’y a aucune de ces opinions oii il ne se soit glissé quel([ue erreur, soit d’Ana- tornie, soit de calcul. Oti en conciliera , avec Haller ,que la force du cœur est grande , mais qu’il est peul-êlre im- possible de l’eslimer avec une précision malhématique.

Les nerfs de la huitième paire do l’intercostal peuvent être liés sans que les mouve- "mens du cœur soient pour cela aussitôt interrompus.

On exposera en peu de mots les opinions de Bellini, de VieussenSjdel-'crraiilt , de Roerliaave, sur lescausesdes Miouvemens du cœur, et il sera facile de faire voir com- bien ces systèmes sont peu fondés.

On fera voir que la cause du mouvement du cœur ré- side dans sa propre irritabi- lité, que le sang excite en passant alterna ti veinent dans les oreillettes et dans les ven- tricules de cet organe.

§. IV. Des artères et des veines pulmonaires.

De l’artère pulmonaire ,

de son tronc , de sa cour- bure.

Du conduit artériel.

De la bifurcation de l’ar- tère pulmonaire , de sa bnnclie droite , de sa bran- che gauche, de leurs rap- ports avec les troncs , des subdivisions de ces branches dans les poumons.

Des veines pulmonaires, de leurs ramifications dans les poumons , de leurs bran- ches hors de ces organes et près du cœur, de leurs rap- ports avec les branches et avec les artères pulmonaires, de leur entrée dans le sinus droit du cœur.

La cirriil.xlion pulmonaire, dont 011 exposera le méraru’s- me, étoit connu de Cesalpin et de Servet , avant que la grande circulation de l’aorte e' des veines caves eût été déterminée.

§. V. De l'artère aorte.

De l’artère aorte en sé-

' I ^

neral.

Des artères coronaires.

Des artères sous-clavières droite et gauche.

Des carotides primitives.

De la carotMp externe j de l’artère thyroïdienne supé- rieure; de l’artère hyoïdien- ne, de la sublinguale, de la ranine, de l’artère pharyn— gieuae inférieure, de scs ra-

6.2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

meaux pour le ganglion cer- vical de l’intercostal, pour la p.iirc vague et pour le mus- cle sterno-rnastoïdien.

De l’artère labiale , ou maxillaire externe de Wins- low; de l’artère palatine in- férieure ; de l’artère tonsil- laire; des massétérinesjde la labiale inférieure et de la coronaire des lèvres.

De l’artère occipitale; de la ménjngée de la fosse céré- belleuse qui pénètre avec la veine jugulaire interne dans le crâne; des rameaux mus- culaires de l’artère occipitale.

De l’artère auriculaire pos- térieure du rameau auditif externe, du rameau stylo- mastoïdien.

De l’artère maxillaire in- terne ; de la ményngée , ou artère moyenne de la dure- mère; de la maxillaire infé- rieure, des plérygoïdiennes; de la temporale profonde externe.

De l’artère buccale ; de l’alvéolaire ; de la sous-or- bitaire, de la platine supé- rieure; de la pharyngienne supérieure ; de la sphéno- paîatinc.

De l’artère temporale; des auriculaires antérieures ; de la transversale de la face; de la temporale profonde; de la temporale supci ficicllc ou postérieure.

De l'arlère carotide in-

terne , ou cérébrale , en géné- ral ; de l’artère ophtalmique ; de l’artère lacrymale ; des ciliaires internes courtes et longues; des musculaires su- périeures et inférieures ; de la sous-orbitaire ; de la ci- liaire inférieure ; de l’elb- moïdale postérieure ; de l’ethmoïdale antérieure; de l’artère centrale de la rétine ; des artères ciliaires anté- rieures ; de la palpébrale su])érieure , inférieure ; de l’artère nasale ; de l’artère sur - obitaire ; de l’artère sourcilière; du rameau fron- tal supérieur profond ; de l’artère communicante du cerveau ; de l’artère choroï- dienne inférieure; de l’artère calleuse; de la branche pos- térieure , ou de Sj'lvius.

De l’artère mammaire in- terne ; des rameaux thy- miques, diaphragmatiques , médiastins et ryphoïdieus.

De l’artère vertébrale en général ; de l’artère infé- rieure du cervelet; de la la- térale du cervelet; delà spi- nale postérieure; de l’artère spinale antérieure; deTartèrc varolienne postérieure.

Du tronc basilaire; des pyramidales; des olivaires; de l’artère inférieure du cer- velet (sfuivent il en sort une seconde du tronc basilaire ) ; des audit ives ; des arlèi es des nerfs trijumeaux.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 63

De l’artère supérieure du cervelet; des artères pinéales ; des tuberculeuses supérieu- res, et des varolieunes laté- rales et supérieures.

De l’artère profonde ou postérieure du cerveau ; des artères du troisième ventri- cule ; des inférieures et in- ternes des couches optiques ; des rameaux mammillaires ; de ceux des piliers atitérieurs de la voûte; des rameaux de la commissure postérieure.

De la communicante de Will is ; des artères clioroï- diennes inférieures ;des opti- ques inférieures; des am- moniennes, des tuberculeuses inférieures; de celles du troi- sième ventricule.

De l’artère thyroïdienne intérieure ; de l’artère trans- versalede l’épaule, qui vient aussi de la mammaire in- terne ; de l’artère transver- sale du cou ; de l’ascendante du cou; des rameaux pro- fonds de la thyroïdienne in- férieure ; df la thyroïdienne proprement dite ; de la bran- che thorachique.

De l’artère cervicale pro- fonde , de l’artère cervicale superficielle ; de l’artère in- tercostale supérieure ; des artères intercostales, de leurs branches supérieures et in- férieures.

De l’artère axillaire; des thorachiques supérieure, lon-

ue , humérale et axillaire; e l’artère sous - scapulaire supérieure; de la sous -sca- pulaire inférieure de l'ar- tère circonflexe antérieure, postérieure.

De l’artère humérale ; de l’artère profonde supérieure du bras; de l’artère profonde inférieure du bras.

De Tarière radiale.

De l’artère cubitale.

Des artères bronchiales j des œsophagiennes; des nié- diastines postérieures ; des intercostales inférieures; des diaphragmatiques inférieu- res.

Du tronc cœliaque; de l’ar- tère coronaire stomachique ; de l’artère hépatique ; de l’artère splénique.

De Tarière mésentérique supérieure ; des artères cap- sulaires; des artères rénales; de Tarière spermatique ; de Tartère mésentérique infé- rieure ; des artères lom- baires ; de Tartère sacrée an- térieure.

Des artères iliaques com- munes ou primitives ; de Tartère iliaque interne ou pagaslrique ; de Tartère iléo- îombaire ;des sacrées latéra- les ; de Tiliaque postérieure.

De l’obturatrice; de Tar- tère ischiatique; de la hon- teuse interne , de Thémor- rhoïdale moyenne ; de Tar- tère utérine, des artères

SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

6i

vésicale j de Tarière vagi- nale j de Tarière ombilicale.

De Tarière iliaque externe ou crurale; de Tarière épi- gastri([ue ; de Tarière iliaque antérieure; de Tarière cru- rale;des houleuses externes; do Tarière profonde de la cuisse; de la circonflexe in- lei ne el externe ; de Tar- ière poplitée ; des articu- laires.

De Tarière tibiale anté- rieure; de Tarière tibiale postérieure , el de leurs ra- meaux.

De l’arlère plantaire in- terne el externe , et de ses branches.

De Tarière péronière et de ses rameaux.

AM. Des veines caves.

De la veine cave suj)é- lienre , et de ses branches considérées dans Tordre de la circulation.

De la veine basilique , et de ses rameaux ; de la veine céphalique et de scs rameaux; de la veine mé- diane ; des veines brachiales ; des veines axillaires; des vei- nes vertébrales; de la veine temporale ; de la veine occi- pitale ; des veines pignlaires externes ;de la veine labiale; de la veine pharyngienne ; de la veine linguale; de la veine thyroïdienne supé-

rieure ; des veines jugulaires internes : des veines intercos- tales supérieures ; des veines mammaires internes ; des veines thyroïdiennes infé- rieures ; des veines sous-cla- vières ; de Tazygos ; de la veine cave supérieure ou des- cendante.

De la veine cave infé- rieure, dans Tordre de la circulation ; de la veine po- plitée ; de la petite veine saphène ; de la grande veine saphène; delà veine crurale; de la veine iliaque externe ; de la veine iliaque interne ou hypogastrique ; desveines iliaques ou primitives; de la veine sacrée antérieure ; des veines lombaires ; des veines spermatiques ; des veines ré- nales ou émulgenles ; des veines capsulai: es; des veines hépatiques ; des veines phré- niques ; de la veine cave in- férieure.

VII. De la veine porte.

De la veine porte ventrale, dans Tordre de la circula- tion ; de la petite mézéraïque, ou hémorrhoïdale interne ; des veines coliques gauches , première et seconde ; de la coronaire gauche; des pan- créatiques ; des gastriques postérieures ; des gastro-épi- ploïques gauches ; de la

DISCOURS SUR L’A N AT ü Ml C. 65

grancle gastrique gauche J des vaisseaux courts.

De la veine .splénique; de- là veine iliaque inferieure ; de la cœco-iliaque ; de la colique droite; de la gastro- duodenale ; de lu colique moyenne.

De la grande veine mézé- raïque;de la veine coronaire stomachique droite ; des vei- nes cysliques et des duodé— nales;du tronc de la veine

J)orte ventrale; du tronc de a veine porte hépatique et de ses branches.

Delà veine ombilicale.

§. VIII. Des veines Ijm- phaliqucs.

Des vaisseaux lymphati- ques radiaux , cubitaux, .«u- jierficiels, profonds; des lym- phatiques du bras , de l’omoplate, de l’aisselle; des lymphatiques du cou , su- perficiels , profonds ou ju- gulaires.

Du tronc lymphatique droit , gauche , près des sous - clavières ou de la veine cave lymphatique descen- dante.

Des vaisseaux lymphati- ques saphéens, tibiaux, pé- roniers superficiels , pro- tonds , poplités, cruraux, et sciatiques.

Des lymphatiques ingui-

T. 4.

naux , superficiels et pro- fonds.

Des lymphatiques hypo- gastriques; des honteux ex- ternes et internes ; des lym- phatiques lombaires, rénaux, capsulaires ; des lymphati- ques mézéraïques , pancréa- tiques , hépatiques , spléni- ques, et gastriques.

Des vaisseaux lymphati- ques des poumons; du me— diastin postérieur ; des lym- phatiques cardiaques.

Des racines du réservoir de Pecquet ; du ré.servoir lui- même; du conduit thora- chique , ou veine cave lym- phatique ascendante.

§. De la structure propre des artères.

De le urs diverses mem- branes ; de leurs fibres char- nues, qui sont surtout cir- culaires. On les voit dans les grosses artères des jeunes animaux. On décrira la membrane interne des ar- tères, et les petits vaisseaux de ces membranes, qu’on dé- montre par l’injection.

Leur section est circulaire : leur force de résistance est très-gi ande ; elle a été dé- terminée par VN' iiitringham. Les rameaux opposent, toutes choses égales d’ailleurs , plus de résistance à leur rupture que les troncs.

5

66 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

La plupart de ces rameaux sortentàangleaigudes troncs artériels.

l.e système artériel forme un cône, dans ce sens, que la somme des ouvertures deç rameaux réunis est plus grande que l’ouverture du tronc.

Le nombre des divisions artérielles , qu’on peut dé- montrer anatomiquement , ne surpasse point celui de dix-liuit ou vingt.

On ne doit donc point ad- mettre la série des vaisseaux décroissans , proposée par Boerhaave , ni V erreur de lieu, comme cause d’inflam- mation.

Les anastomoses se font ou à angle aigu , ou en arc , ou en cercle. On voit le mou- vement se renouveler et re- naître dans les coudes , dans les anglesde communication, qui sont comme autant de diagonales entre les côtés de divers parallélogrammes. C’est ce qu’on observe dans Ic.s grands réseaux.

Il n’y a ]ioint de paren- chyme visible entre les ar- tères et les veines. Les artères se terminent, i°. en se con- tinuant avec les veines ^ 3'’. en se repliant , pour for- Jiicr les conduits excréteurs j 3°. les artères se terminent par des extrémités très-dé- liées et très- courtes , d’oli

sortent les vapeurs qui lu- bréfient les surfaces , et d’ou s’élève la transpiration in- sensible ; 4°- par des vais- seaux séreux , non rouges , tels qu’on en voit dans les membranes blanches de l’œil. Ces vaisseaux artériels séreux finissent souvent par des vei- nes du meme genre, qui, s’agrandissant , admettent plus loin les globules rouges. Mais, dans aucun cas, les vaisseauxlymphatiques,pro- prementdits, ne communi- quent avec les artères.

X. De la structure propre des veines.

On ne voit les fibres mus- culaires quedansleurs troncs et dans les jeunes animaux. Elles sont en général placées plus près de la peau que les artères; et Wintringham a démontré que les membranes de ces derniers vaisseaux , toutes choses d’ailleurs éga- les , résistent moins à leur rupture que celles des veines.

Des valvules des veines, qui sont tantôt solitaires , tantôt conjuguées, tantôt ternées. I.cs valvules se trouvent dans celles externes , et dans les veines dont la position est perpendiculaire. La di- rection de ces lames suffi- roit pour désigner quelle est la vraie roule du sang.

DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 67

Il n’y a point de valvules dans la veine cave inté- rieure, dans les veines des viscères, dans la veine porte.

Est - il vrai que les veines s’ouvrent dans le tissu cellu- laire et dans les diverses ca- vités pour y repoinprr des fluides 7 ou ne sont- ce pas plutôt les vaisseaux ly/nplia- tiques qui sont partout des- tinés à cet usage ^

XT. De la slruclure pro- pre des vaisseaux et des glandes lymphatiijues.

Des découvertes de Rud- bek , de Bartholln, de celles .de Meckel , de Ilunter, de Hewson , de M. Monro , et de M M. Cruiskshangk , Scheldon et Mascagni.

Les vaisseaux lymphati- ques sont veineux et valvu- feux J ils sont irritables j ils s’ouvrent sur toutes les sur- faces et dans toutes les cavi- tés J ils absorbent les fluides séreux en général , et en par- ticulier toutes les humeurs quelconques épanchées. Leurs troncs , auxcjuels tous les ra- meaux se reunissent, s’ou- vrent dans de grosses veines. On doit donc les regarder comme un système particu- lier de veines séreuses, sur- ajouté à celui des veines san- guines.

On recherchera si, indé-

pendamment des troncs prin- cipaux du système lympha- tique , il y a des rameaux de ce système qui s’ouvrent im- médialeinenl dans les veines sanguines , ainsi que Weekel le pensoit.

On exposera ce qu’on sait sur la structure intime et les usages des glandes conglo- bées , dans lesquelles les vaisseaux lymphatiques se mêlent et forment un entre- lacement très-compliqué.

La plupart de fonctions attribuées par Bordeu aux lames du tissu cellulaire, appartiennent aux vaisseaux absorbans dont elles sont l’appui; ce qui ne change rien au fond de sa doctrine.

On avoit pensé que . dans les oiseaux , l’absorption se faisoit par les veines san- guines. Mais llewson et plu- sieurs autres modernes ont trouvé des vaisseaux lym- phatiques dans ces animaux, dans les reptiles , dans les quadrupèdes ovipares , et dans les poissons , comme dans les quadrupèdes et dans les hommes : d’oii il suit que, dans toutes les classes d’ani- maux , l’absorption se fait par des vaisseaux du même genre.

L’expérience a prouvé que les vaisseaux lymphatiques conservent leur force absor- bante quelquefois asssez long-

68 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

temps après la mort de ra- nimai.

§. XII. Des phénomènes de la circulation.

On traitera des mouve- mens du cœur et des vais- seaux dans l’état de santé ; on les considérera pendant la veille et le sommeil, dans l’exercice, et dans le repos , avant et après la digestion , dans les différens âges et tempéramens , dans les di- vers besoins et états de la vie.

XIII. Observations et ex- périences sur la circula- tion du sang.

On a tenté un grand nom- bre d’essais sur les vaisseaux sanguins, pour déterminer s’ils sont sensibles , s’ils se di- latent , s’ils se déplacent dans leur battement , ainsi que pour connoître la force et la direction des üuides qui cir- culent dans leurs cavités.

Lorsqu’on lie une artère, on voit le gonflement se faire au-dessus de la ligature ; si on lie une veine , le gonfle- ment , au contraire , se fait au-dessous.

Quelquefois cependant on lie des artères longues, telles que les crurales, sans rciriar- <jucr de gonflement au-des- sus, parce que les artères

collatérales empêchent l’or- dre de la circulation de se troubler.

Les acides introduits dans Une veine coagulent le sang dans une direction qui s’étend vers le ventricule droit. Le sang se coagule dans une di- rection opposée, si on injecte des acides dans une artère.

On a lié les veines caves supérieure et inférieure; le sang s’est amassé en-dessus et en-dessous, et le cœur a été trouvé vide.

Si , par le moyen d’uu tube , on introduit de l’air dans la veine jugulaire , cet air parvient au cœur dont ou peut ressusciter ainsi les mouvemens.

La mêmechose arrivelors- qu’on introduit de l’air dans le canal ihorachique.

Pour faire durer pluslong- teraps les mouvemens du cœur , il suffit d’y retenir le sang , en comprimant les ar- tères par lesquelles il est lancé. On peut lier l’aorte , dans la même intention et avec le même succès.

En répétant avec soin les expériences de Weitbrecht , de Lamure, et de MM. Ja- dolot et Arthaud , on verra les artères se déplacer dans les coudes. La crosse de l’aorte en fournit un exem- ple. Cette loco-motion se montre cucorc dans les ar-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 69

tères flexucses , et disposées en zig-zag : on la produit ar- tificiellement , en pliant les artères mésentériques , et en augmentant le nombre do leurs contours, comme on l’empêche d’avoir lieu , en développant ces llexuosilés, et en détruisant les angles qu’elles forment.

Lorsqu’on empoigne for- tement l’artère aorte, près du cœur, on éprouve com- Lien est grand l’elTet qu’elle fait pour se soulever.

La loco-inotion se fait en- core dans les artères ré- nales , etc.

- On n’empêclie point la loco-motion d’avoir lieu , en appliquant une ou plu- sieurs ligatures à l’artère qui est susceptible de déplace- ment.

On n’aperçoit point de loco-raotion dans l’aorte ven- trale qui est fixée par le tissu cellulaire le long de la co- lonne épinière.

Il est plus difficile qu’on ne pense de s’assurer , par l’expérience , de la dilatation des artères. A la simple vue, le déplacement peut être pris pour la dilatation II v a ce- pendant quelques portions du système artériel , sur les- quelles il est difficile de se tromper à cet égard. Par exemple , on peut se con- vaincre, parla seule inspec-

tion , que la crosse de l’aorte se dilate, lorsqu’elle reçoit le sang du cœur.

On emploiera , pour re- chercher si les artères se di- latent, une espèce de com- pas formé de trois jiièces, dont deux sont perpendicu- laires et parallèles, tandis que la troisième , qui les sou- tient , est horizontale.

En plaçant le doigt d’une manière niême très-super- ficielle sur l’artère aorte ven- trale , qui ne se déplace point , on sent une forte pul- sation. Doit-on l’attribuer à ce que le tube artériel se di- late alors, ou seulement i ce qu’on a changé la disposi- tion , et diminué l’étendue du vaisseau , en substituant à la forme ronde une forme ovale?

L’artère carotide , mise à nu dans le cou d'un animal vivant , ne paroît point se déplacer ; si on prend cette artère entre les deux doigts , on y sentira des puisa tious.

Le bas -ventre étant ou- vert , on voit les piliers du diaphragme agir dans leurs contractions sur l’artère aor- te , et repousser le sang vers la tête. Si on ajoute à la contraction du diaphragme , en l’irritant encore, le pouls deviendra plus serré.

Le pouls bat plus vite ou

70 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

se serre , lorsqu’on blesse for- tement quelque nerf.

Dans les douleurs très- vives, les pulsations sont comme suspendues.

A chaque forte contraction du cœur, il se fait, par l’ac- tion des grandes valvules , un refoulement du sang qu’on peut apercevoir jusqu’aux veines émulgentes , et quel- quefois même jusqu’aux vei- nes crurales.

Pendant l’expiration , le sang est refoulé , par les j u— gulaires, jusqu’au cerveau, comme on l’exposera plus au long , en traitant de la respi- ration.

C’est dans les animaux aquatiques qu’on verra cir- culer le sang, et ses divers lobules dans des artères et ans des veines demi-trans- parentes. On y remarquera des colonnes de fluide, inter- rompues en divers points par des espaces qui semblent être vides , mais dont les propor- tions sont assez durables , pour faire soupçonner que quelque gaz remplit ces in- tervalles. Expériences de Jlaller et de M. llosa. Ce dernier en a conclu que le système artériel n’est pas tellement rempli , qu’il ne puisse admettre une nouvelle quantité de fluide, sans qu’il s’ensuive une vraie pléthore.

On répétera ces curieux essais.

Lewenhoeck et Haller ont vu, à l’extrémité de la queue de la loche , une artère se contourner et se changer en une veine de capacité suffi- sante pour admettre plu- sieurs globules rouges.

Dans la queue de quel- ques-uns des animaux aqua- tiques, les artères et les veines sont disposées presque parallèlement , et comme par paires, qui se correspondent avec une sorte de régularité, et qui communiquent par des anses les unes avec les autres. Le microscope solaire rend ces anastomoses très- sensibles.

Dans les petits réseaux , la circulation se fait souvent avec une sorte de lenteur , et toujours avec une grande ir- régularité. On n’y reconnoît plus l’ordre établi constam- ment dans les artères et dans les veines J les humeurs y paroissent quelquefois li- vrées à des mouvemens ré- trogrades J les colonnes ne paroissent pas conserver par- tout le même volume : ce qui semble annoncer que les ar- térioles y jouissent d’une ir- ritabilité m.irquée, mais qui n’est pas la même dans toutes les parties de leur étendue.

Halos a fait un grand nom- bre d’expériences, eti adap-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. <jx

tant un tube aux grosses artères ou aux grosses veines. Il a vu le sang s’y élever , s’y balancer à une certaine hau- teur qui varioit , suivant que l’animal faisoit des eftorts plus ou moins violens, soit pour repirer , soit pour obéir aux impressions de la dou- leur.

Le même, après avoir passé et assujetti un tube dans l'artère aorte, au-des- sous du cœur, a détermine uelles étoient les différences es temps , pendant lesquels se faisoit l’écoulement d’une certaine quantité de fluide versé dans ce tube, tandis qu’il s’échappoit , soit par les extrémités des artérioles qui s’ouvrent dans les intes- tins, soit par ces memes artères coupées près du tube intestinal, soit enfin par les branches artérielles elles- mêmes coupées près du troue de l’aorte.

XIV. Sur l’injection des vaisseaux , sur la trans- fusion , et sur la médecine infusoire.

On ne manquera pas d’ex- poser aux élèves l’histoire et les principes de l’art de l’in- jection, soit à chaud , soit à froid.

On dira comment et avec quels soins on emploie à cet effet , soit les graisses et les

résines , soit les spiritueux et les matières colorantes , soit le mercure.

On fera connoîlre l’art de corroder , de macérer , de la- ver , de nettoyer , et de con- server les viscères que l’on a convenablement injectés.

Lorsque l’injection très- tenue réussit bien , elle passe dans les vaisseaux les plus déliés de la peau, des ten- dons, des ligamens, des os; elle se porte des extrémités artérielles aux extrémité vei- neuses , et on la voit suinter des pores qui s’ouvrent à la surface des membranes.

Une injtction faite avec une matière pénétrante , passe farilement de l’artère pulmonaire dans les bron- ches, surtout si on prend la précaution de dilater les pou- mons par le souille. Le fluide ne passe pas avec la même facilité des veines dans les cavités bronchiques.

On pourra tenter l’expé- rience difficile de la trans- fusion, dans laquelle, à l’aide de tubes pourvus de robinets on fera passer le sang de l’ar- tère dans la veine , en prenant les mesures nécessaires pour que ce fluide n’arrive point coagulé par le froid.

On fera aussi les diverses expériences de la médecine infusoire , dont les procédés consistent à injecter dans les

7* SCIENCES PfJYSIOL. ET MEDICALES.

veines ujie petite quantité' d’un fluide ine'dicamcnteux , soit purgatif, soit sudorifique, et qui souvent ainsi injectés dans un animal vivant , don- neront des convulsions mor- telles, mais qui produiront quelquefois aussi , lorsqu’on y aura rais un grand ména- gement , l’effet qu’on doit naturellement en attendre.

On tirera de ces faits nom- breux des conclusions qui ne laisseront aucun doute sur la direction et les mouvemens du sang artériel et veineux: d’où résultera la théorie com- plète de la circulation, telle que Ilarvée en a tracé le ta- bleau.

Dans cette théorie , on tiendra un compte exact des forces du cœur et des forces propres et individuelles des vaisseaux sanguins , et on distinguera bien la circula- tion régulière des rameaux un peu considérables , d’avec la circulation irrégulière des petites branches , des petits réseaux , et des capillaires.

M ais le sang lui-niéme et la Ijmphe doivent être le sujet de l’examen le plus ré- fléchi : on en traitera dans l’article des sécrétions.

1 F O N C T I O N.

DE I>A SFWStUILITÉ.

Des organes de la sensibi- lité en général.

§• Du cerveau et du cervelet.

Du cerveau et du cervelet en général j de leurs formes , de leurs poids, et de leurs di- mensions.

Des enveloppes du cerveau, et du cervelet.

De la d ure-mère et de ses lames, de ses replis, de la faulx du cerveau.

De la tente et de la faulx du cervelet , des replis sphé- noïdaux.

De l’arachnoïde.

De la pie-mère ; de ses replis dans les anfractuosités du cerveau, et de ses pro- longemens.

Des hémisphères du cer- veau J de leurs lobes, et de leurs circonvolutions J de la scissure de Sylvius.

Du corps calleux et de son raphé j du centre ovale de Vieussens.

Du septum lucidum.

De la voûte à trois piliers, et de la lyre.

Du corps bordé.

]^es cornes d’ammon.

Des corps striés , et de leurs coupes.

Des coupes optiques, et de leur commissure molle.

De la lame cornée, et du teen !a sem i-cire ularis.

Des ventricules latéraux , cl des cavités digitales.

Des plexus choroïdes dos

DISCOURS SUR L’ANATOMIE.

■ventricules latéraux j de la toile choroïdienne j des veines de Galien.

Du plexus choroïde du troisième ventricule.

Des pédonculesdelaglande pinéale j de la commissure postérieure , de la glande pi- néale ; des tubercules qua- drijumeaux ; du conduit qu’ils recouvrent J du troi- sième ventricule.

De la commissure anté- rieure et de ses prolonge- mens ; de l’éminence mam- millaire ; de l’entonnoir et de son pavillon; des jambes du cerveau , et de la protubé- rance annulaire.

Du cervelet et de ses cir- convolutions J de l’appendice vermiforme supérieur, pos- térieur et inférieur.

De la valvule de Vieussens et de ses colonnes.

Des corps rhomboïdaux ou festonnés.

Du quatrième ventricule, et de sou plexus choroïde.

De 1’ arbre de vie.

§. II. Des moelles allongée et épinière.

De la moelle allongée ; des éminences pyramidales et olivaires; de la fente placée entre les éminences pyra- midales.

De la moëlle épinière en général ; de son ligament in-

7^

fundibuliforme ; de la dure- mère , de l’arachnoïde , et de la pie - mère qui l’enve- loppent.

De la forme et du volume de la moëlle épinière dans les diverses régions de la colonne vertébrale.

Des ganglions qui sont placés sur le côté.

De la fissure antérieure et postérieure.

De la structure interne de cette moëlle et <le la ma- nière dont les diffcrens nerfs en sortent.

De la queue de cheval et du bouton qui est placé au milieu de ses filets.

§. III. Des sinus du cer- veau , du cervelet , et de

la moelle épinière.

Du sinus longitudinal su- périeur et inférieur de la dure-mère ; du sinus droit ; des sinus latéraux ; des sinus occipitaux antérieurs ou su- périeurs , postérieurs ou in- férieurs ; du sinus pierreux supérieur et inférieur ; du sinus caverneux j du sinus circulaire de la selle tur— chique; du sinus orbitaire; des sinus sphénoïdaux ; des sinus de la moëlle épinière en général ; des sinus anté- rieurs et latéraux, de leurs communications transver- sales.

SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

§. IV. Des nerfs.

Des nerfs en "énéral.

Des nerfs olfactifs, ou de la première paire; de leur origine, de leur cavité dans les quadrupèdes , de leur passage au travers de la lame criblée, de leur distribution dans le nez.

Des nerfs optiques , ou de la deuxième paire en géné- ral ; de leur origine ; de leur jonction, communication ou croisement; de leur sortie du crâne ; de leur position res- pective dans l’œil, et com- ment la rétine en naît.

Des nerfs moteurs des yeux , ou de la troisième paire en général ; de leur origine , de leur passage au travers de la dure-mère , de leur entrée dans l’orbite , de leurs branches et de leur dis- tribution, du filet qui con- court à former le ganglion lenticulaire.

Des nerfs pathétiques , ou de la quatrième paire en gé- néral ; de leur origine , de leur passage , de leur chemin entre les lames de la dure- mère, de leur sortie du crâne , de leur entrée et de leur terminaison dans l’or- bite.

Des nerfs trijumeaux, ou de la cinquième paire en gé- néral ; de leur origine, de leur situation dans le sinus

caverneux , de leur division en trois branches.

De l’ophthalmiquc de Wil- lis , et de ses trois divisions ; du rameau frontal , du ra- meau lacrymal , du rameau nasal , d’où naisssent des filets pour le ganglion lenticu- laire ; du ganglion lenticu- laire, et de ses filets.

Du nerf maxillaire supé- rieur; de sa sortie du crâne; de ses petits rameaux; du ganglion sphéno-palatin , et de ses filets ; des branches du maxillaire supérieur.

Du nerf maxillaire infé- rieur ; de sa sortie du ci âne ; des six branches qu’il four- nit ; de la corde du tambour.

Des nerfs moteurs exter- nes, ou de la sixième paire en général; de leur origine; de leur trajet dans le sinus pierreux; de leur rameau fourni par l’intercostal.

Des nerfs auditifs , ou de septième paire et général ; de la portion molle de la septième paire , et de son origine; de leur sortie du crâneetdc leur entrée dans l’organe de l’ouïe ; de leur épanouissement.

Des nerfs petits sympa- thiques, ou portion dure de la septième paire; de leur naissance; de leur entrée dans le trou auditif interne ; de leur couleur et de leur passage dans l'os pierreux ;

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 7a

leur sortie de cet os ; de leurorigine,deleursortic ,de leur distribution sur la face.

Des nerfs petits hypo- glosses , ou glosso-pharin— giens de la huitième paire en général, de leur distribution à la langue et aux autres parties.

De la paire vague , ou des nerfs de la huitième paire , ou du moyen sym- phaticjue en général ; de son origine , de son passage par Ib trou déchiré postérieur ; de sa distribution dansie cou.

Du nerf récurrent.

De 1a distribution de la paire vague dans la poitrine , sur les poumous , sur l’æso- phage, dans le ventre, et aux environs de l'estomac, de la rate et du foie; de ses jonctions avec le grand sym- pathique, ou nerf intercostal.

Du nerf accessoire à la huitième paire en général ; de son origine , de sa portion qui remonte jusqu’à la hui- tième paire , et de son pas- sage par le trou déchiré postérieur, de sa distribution sur les côtés du cou.

Des nerfs gustatifs , lin- guaux, ou de la neuvième paire en général ; de leur origine, de leur sortie du crâne, deleurs jonctions avec d’autres nerfs.

Des nerfssous'occipitaux, ou de la dixième paire en gé-

néraljde leur origine, de leur sortie du crâne , de leur dis- tribution, de leurs jonctions.

Des nerfs de la première , de la deuxième, delà troi- sième, de la quatrième, de la cinquième , de la sixième, et de la septième paire cervicales , de leur origine simple ou double, deleurs ganglions , de leur passage entre les vertèbres , de leur distribution , de leurs jonc- tions avec d’autres nerfs.

Du nerf diaphragmatique, de son origine , de sa direc- tion , de sa distribution.

Du plexus- bracchial en général.

Des nerfs dorsaux en gé- néral; de la première, deu- xième, troisième, quatrième, cinquième , sixième , sep- tième , huitième , neu- vième, dixième, onzième, et douzième paires dorsales. De leur origine , de leurs ganglions, de leur sortie du canal vertébral , de leur distribution.

Des nerfs lombaires eu général ; de la première , deuxième, troisième , qua- trième et cinquième paires de lombaires ; de leur ori- gine , de leur sortie entre les vertèbres , de leur distribu- tion , de leur jonction entre eux et avec d’autres nerfs.

Du nerf obturateur Jen général ; de son origine ou

76 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

de sa formation , de son pas- sagedansle trou obturateur, de sa distribution.

Du nerf crural en géné- ral; de sa formation , de sa direction, de ses divisions , €t sa distribution à la cuisse et à la jambe.

Du nerf saphène.

Des nerls sacrés en général; de la première , deuxième , troisième , quatrième , et cinquième paires sacrées. De leur origine , de leur passage au travers du sa- crum , de leur distribution, et de leur jonction entre eux et avec d’autres nerfs.

Dn nerf sciatique en gé- néral ; de sa formation ou de son origine , de sa roule , de sa distribution eu un grand nombre de Vameaux.

Du nerf sciatique pojilité interne.

Du nerf plantaire interne.

Du nerf plantaire externe.

Du nerf sciatique poplité externe.

Du nerf intercostal en général ; de ses liaisons avec les nerfs de la cinquième et de la sixième paire. De son premier ganglion ; de scs ganglions cervicaux ; de scs rameaux cardiaques.

Du nerf splancniquc , ou intercostal anlérictir ; du ganglion .semi-lunaire; des plexus stomachique , hépa- tique ; splénique , réuul ,

mésentérique supérieur et inférieur.

Du nerf intercostal pos- térieur.

^ Des plexus arrière-mésen- tériques.

Du nerf intercostal sur le sacrum.

Des communications de l’intercostal avec les nerfs cervicaux , dorsaux , et lombaires.

§ V. Du cerveau et des

nerfs, considérés dans les

animaux.

Du cerveau des quadru- pèdes, dans lesquels le nom- bre des circonvolutions et la masse des lobes diminuent, tandis que le volume de la voûte à trois piliers et des é- rainences internes augmente .

Du cerveau des oiseaux , des reptiles, et des poissons, dans lesquels les grands lobes disparoissent , pour laisser à découvert les éminences rangées par paires , d’où naissent les cordons nerveux.

Du cerveau des insectes , qui n’olTre qu’un petit bou- lon arrondi , tandis que le volume de la moelle épinière augmente cl se divise en plusieurs ganglions que reu- nissent des cordons nerveux, en formant une anse de chaque côté.

Des nerfs dans les diffe—

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 77

rentes classes eVanimaux , surtout dans les quadru- pèdes, ou leur volume aug- mente tandis que celui du cerveau deiniime.

Delà torpille et de l’an- guille tremblante. Des com- motions qu’elles donnent , et des organes nerveux qui en sont le foyer.

De la structurepropre du nerf, du plexus nerveux, des anses nerveuses et des ganglions Du nerf considéré à sa naissance oh il est mou et pulpeux; dans son trajet, oh il est pour l’ordinaire enveloppé d’une membrane épaisse ; et dans sa lerminai- s^n , oh il redevient souvent plus mou que dans sa nais- sance; de sorte que le cordon nerveux est placé entre deux pulpes, celle de son origine et celle de son épanouis- sement.

§. VI. Des phénomènes de la sensibilité dans l’état naturel.

De la veille et de ses divers états dans les différens temps de la vie ; de l’excita- tion du cerveau pendant la veille; de son iniluencesur les organes contenus dans la tête , dans la poitrine , et dans le ventre.

Du sommeil : de l’état du pous , de la respiration , de

l’action de la peau , et des diverses autres sécrétions dans un animal qui dort. Des dilTérentcs espèces de sommeil , des rêves , du somnambulisme.

Du réveil , de ses causes , et des cbangemens qu’il opt?re dans les fonctions des animaux.

Des fAcIieu x effets d u som- meil trop long-temps pro- longé.

Du sommeil et de la veille comparés l’nn à l’autre.

De l’utilité de leur succes- sion , et de ses rapports avec celle de la lumière et des ténèbres.

Des animaux qni se re- posent pendant le jour, et qui agissent pendant la nuit. La structure de leurs veux est telle qu’ils ne peuvent jouir des avantages de la lumière que pendant la nuit.

De l’engourdissement que le Iroid produit danscertainS animaux , tels que les inar— motes, les loirs.

Plusieurs animaux ainsi engourdis par le froid , ont les membres roides et cepen- dant ils se réveillent natu- rellement dans le temps chaud.

§. VII. Des expériences sur la sensibilité.

Les nerfs mis à nud ,

78 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

exposés au contact de l’air , déchirés ou à demi-coupés, font éprouver des douleurs très - vives.

On avu de légères aspérités osseuses fatiguer tellement les nerfs dans les trous qui leur donnoient passage , ou dans les conduits qui les renfermoient, qu’il en résul- toit des convulsions très- douloureuses j telles ont été souvent celles du tic dou- loureux de la face.

On parlera des effets que l’électricité produit sur les nerfs.

On parlera même des expériences dans lesquelles on a appliqué les diverses sortes d’aimant snr les diffé- rentes parties du corps humain. Aucun fait ne prou- ve qu’ils aient l’un sur l’autre une influence réci- proque.

Haller a déterminé quelles sont dans les corps des ani- maux les parties douées de sensibilité et quelles sont celles qui en sont privées. Il a blessé, ( i ) dans diffé- rens quadrupèdes vivans , le périoste , le péricrâne , les ligamens , les capsules , les glandes articulaires , la dure et la pie— mère , la

cornée transparente , et les membranes des grandes ca- vités , sans exciter aucune douleur.

Plusieurs organes compo- sés de glandes, tels que le foie , etc. , sont presque entièrement insensibles. Les poumons sont dans le même cas. Les conduits excréteurs n’ont aussi en général que très-peu desensibilité. Nous avons dit ci-devant la mê- me chose du cœur et des vaisseaux sanguins.

Mais est-il vrai , comme Haller l’a assuré , que les tendrons , les aponévroses , et la membrane médullaire soient tout-à— fait insensi- bles? Plusieurs faits semblent annoncer le contraire, sur- tout lorsque l’inflammatiou a développé dans ces organes plus de chaleur et d’énergie. On consultera l’expérience à ce sujet.

On prouvera que la sen- sibililévient des nerfs , parce qu’elle cesse d’exister lorsque les nerfs sont comprimés , liés ou coupés.

On montrera l’influence des organes de la sensibi- lité sur ceux du mouvement, en détruisant l’action des muscles par la ligature ou

(i) Ou se sert, dans ces expériences , rd’instruniens ai{;ns , de stilets , et de liqueurs stimulantes, telles que l’esprit - de - 'uu et les dilfércns «aides , etc.

'DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 7^

par la section des nerfs qui s’y distribuent. Voyez à ce qui a été dit en parlant de l’irritabilité.

Est-il vrai , comme Wil- lis l’a voit pensé, que les nerfs destinés aux mouvemens involontaires naissent du cer- velet, tandis que le cerveau fournit 'ceux auxquels la volonté commande ? Et les anatomistss auxquels l’origine des nerfs est bien connue, pourroient-ils sou- tenir cette hypothèse ?

Lorsqu’on a mis le cerveau à découvert , on y distingue deux espèces de mouvemens qui tous les deux lui sont étrangers. L’un lui est im—

Î)rimé pqrlcs artères, et c’est e moins considérable j l’au- tre lui est communiqué par les mouvemens alternatifs de la poitrine. ( 1 ) Ainsi des secousses douces et répétées excitent continuellement cet organe.

Toutes les parties du cer- veau ne sont pas aussi sensi- bles que les nerfs dont il est l’origine. Plusieurs écrivains ont avancé qu’il étoit même possible de le blesser impu- nément , et qu’on pouvoit en enlever des portions sans que 1 animal témoignât aucune douleur. On ne nie point ce que des chirurgiens célèbres

ont vu dans les panse mens dont les circonstances ont pu changer le cours ordinaire des choses. On ne nie point ce que des physiologistes h.abi- les ont dit du peu de danger de certaines blessures du cerveau des quadrupèdes , et de la piqûre faite dans quelques parties du cerveau des oiseaux. 11 est un art de porter un corps aigu de part en part de la tête d’un oiseau, en ménageant les lobes du cerveau , entre les- quels on se fait un passage; et ceux qui disent avoir impunément enlevé des por- tions du cerveau sain des quadrupèdes , u’indiquent point assez dans quelle ré- gion et jusqu’à quelle pro- londeur ils ont opéré. Ce qui suit est le résultat d’expé- riences qu on pourra ré- péter.

Il a semble qu’il étoit pos- sible de blesser impunément la substance corticale du cer- veau, dont l’épaisseur n’est pas constante; mais il a paru, qu on ne pouvoit déchirer la substance médullaire, dans l’état sain , sans produire des

convulsions,et souvent même la paralysie de quelques membres. C’est du cerveau des quadrupèdes que ceci doit s’entendre; car on peut

(i) Ce sujet est traité plus amplement dans l’art, de la respiration

8o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

enlever, par couches minces , la surface des lobes du cer- veau des poissons, même de celui des oiseaux. On peut le presser avec le doigt , et <{uelquefois même en ré- duire les couches superfi- cielles en une espèce de bouillie , sans donner lieu à des accidens très-fâcheux.

Dans tous les animaux qui ont un cerveau , lorsqu’on pénètre avec un instrument quelconque jusqu’à ses cavi- tés intérieures , jusqu’aux planchers, aux commissures, aux éminences ou reliefs que les lobes cachent et recou- vrent, la mort est prompte , et toujours précédée de con- vulsions violentes.

L’effet est semblable lors- qu’on blesse , même très- légèrement le cerveau par sa base, comme on pourra s’en assurer en insinuant sous le cerveau d’un animal vivant une canule recourbée, de la- quelle on fera sortir un dard à volonté. Les pédoncules du cerveau et du cervelet, et la protubérance annulaire ne peuvent surtout être bles- sés delà manière la plus su- perficielle, sans que l’animal expire à l’instant.

Lorsqu’on att.aquera le cervelet dans ses lobes, la voix et le mouvement seront aussitôt suspendus.

Lorsqu’on le comprimera,

soit en dessus, soit en portant un instrument entre la pre- mière vertèbre et l’occiput, on produira le sommeil , et on entendra même ronfler l’animal.

La piqûre de la moëlle al- longée, ou celle de la moëlle épinière , à la hauteur des deux premières vertèbres , fait aussitôt périr, au milieu des convulsions , l’animal le plus robuste.

On blesse avec moins de danger, on enlève même sans tuer l’animal , le bouton mé- dullaire qui tient lieu de cer- veau dans les insectes et dans les vers, parce qu’en eux la moëlle épinière, entrecou- pée denœuds ou de ganglions médullaires considérables , paroît remplir des fonctions plus importantes que le cer- veau.

§. VIII. Des usages des nerfs.

On traitera des nerfs con- sidérés, I®. comme organes des sens j 2®. comme organes du mouvement; 5°. comme instrument des sympathies; 4°. comme destinés à lier en- semble toutes les parties du corps vivant, qui, sans les nerfs, n’auroient entre elles aucun accord.

Sait— on comment les nei fs établissent ces relations? Est-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 8i

eepar rintermèdc d’un ûuidc subtil '} ou Jes nerfs doivent- ils cire regardés comme des cordes vibrantes ? On expo- sera ces deux hypolhèses, et on en appréciera la va- leur.

C’est sans doute par un mouvement , quel qu’il soit, que les nerfs agissent, lin parlant de celte idée simple, on distinguera plusieurs sor- tes de mouvemens nerveux , dont l’nn se porte de la Cir- conférence au centre, cest le juouvemeut de sensation j l’autre du centre à la circmi- lérence, et celui-là est pro- duit ou par la volonté, qui commande aux muscles, ou par lasy mpalbie iierveusequi se répand dans les viscères , et dont les mouvemens sont spontanés; les nerfs qui sont destinés à ces deniiers mou— vemens, forment des plexus dans lesquelirinfluence de la volontés’égare et se perd. Les cerfs qui servcntauxdeuxpre- niières fonctions sont droits, et le principe de la volonté trouve en eux des conduc- teurs taciles. La douleur suit aussi la direction des nerfs, et le plus souvent elle reten- tit dans des lieux éloignés de ceux sa cause réside.

Du ton et de l’action to- nique des corps vivans,qui se composent de l’influence réciproque de la sensibilité

T. 4

et de l’irritabilité sur les or- ganes.

De la nécessité d’un sen— sorium commune. IS’’cst-ce pas dans la protubérance an- nulaire, ou dans les principes de la moelle allongée que paroît être son foyer ? Tous les animaux ont besoin d’un centre de cette nature, les mouvemens aboutissent ; condition sans laquelle il n’y auroit dans le corps vivant ni liarmonie ni unité.

Des P uissaiices qui aug- menlenl ou qui diminuent l’ac'ion nerveuse; des fU'els de l’imagina lion ; des causes qui s’ixercenl sur la peau, sur les viscères de la région épigastrique, sur l’estomac et sur les inte.stins, sur les p.irties sexuelles. On consi- dérera séparément cLacun de ces grands foyers, et on fera voir comment, en agissant sur l’un d’entre eux, on peut modifier les autres.

Des acéphales, des ossifi- cations, de quelques vices du cerveau et du cervelet; de quelques accidens de para- lysie et de convulsion qui peuvent répandre du jour sur la matière dont il s’agit.

§. IX. De lu vue en général.

De l’œil et de ses annexes.

Des sourcils et des muscles qui le meuvent.

6

82 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

Des paupières en général, et du muscle orbiculaire qui sert à les mouvoir.

De la paupière supérieure, de son muscle, de son carti- lage , de ses ligamens, de ses cils , de ses glandes.

De la paupière inférieure et de ses annexes.

Delà conjonctive.

De l’angle externe de l’œil.

De l’angle interne ou grand angle.

De la membrane cligno- tante.

De la caroncule lacry- male.

De la glande lacrymale et de ses conduits excréteurs.

Des points et des conduits lacrymaux.

Du sac lacrymal.

Du conduit nasal j de la manière dont les larmes cou- lent, et de la route qu’elles suivent.

Du larmier ou sillon la- crymal qu’on voit creusé sur la face de que’ques quadru- pèdes ruminans, tels que le renne.

Du globe de l’œil , de sa forme , de sa consistance.

Des muscles droits ou obliques qui lui appartien- nent.

De la cornée transparente et de scs latucs , de sa con- vexité, de sa réfraction , de sa jonction avec la sclérotique.

De l’humeur aqueuse , de

son origine , de son usage, de sa régénération , et de la membrane qui la contient.

De la choroïde et de ses lames, de son enduit , de sa couleur.

Du bourrelet et du liga- ment ciliaires.

Du corps et des procès ciliaires.

De la mucosité noire et de l’anneau muqueux.

De l’iriset de sa couleur.

De la prunelle , de se» mouvœmens.

De la membrane pupil- laire.

De l’uvée et de ses stries disposées en rayons.

Du nerf optique , de son bouton ; de ce qu’on appelle le parus dans les animaux^ de sou épanouissement pul- peux j de la rétine, de ses vaisseaux , et de l’artère cen- trale.

Du corps vitré , de ses membranes , de ses cellules, de son humeur.

Du cristallin et de ses couches ; de sa consistance et sa couleur dans les différens âges; de la convexité de ses deux faces, de son bord ; de ses vaisseaux ; de sa mem- brane on capsule; de l’hu- meur dite de Morgagni , qui est épanchée dans le chaton du cristallin ,,et des altéra- tions de celte humeur.

Des chambres de l’œil, an-

DISCOURS SUR L’ANATOVTIE. 85

térîoure et postérieure , et de leur étendue respective.

§. X. De V annlomie com- parée àet peux , et de leurs annexes.

Des anim.iux quf ont deux TPnx pl.aeés l’un d’un cô'é , l’autre de l’autre ; de ceux dans lesquels les deux jeux sont placés du même côté j de ceux qui en ont trois, quatre , cinq , six , sept , linitj de ceux qui n’en ont qu’un; de ceux dans lesquels lesyeux sont placés eu dessus ou au-devant de la tète.

. Des nerfs optiques qui , dans les quadrupèdes comme dans l’homme, se rappro- chent et confondent leur sub- stance ; des expériences qui semblent annoncer qu’ils se croisent. On a vu, l’un des veux ayant perdu sa force , le siège du mal résider dans la couche optique du côté opposé.

Dans les quadrupèdes , les nerfs optiques sont immé- diatement environnésde qua- tre petits muscles droits qui foi ment une gaine autour d’eux.

Dans les oiseaux , les cou- ches optiques sont creuses, et les deux nerfs optiques, avant de se diviser , parois- sent n’en former qu’un.

Dans la plupart des jjois-

sons plats, ces nerfs se croi- sent sans se conlbndre.

n tns quelques vers, com- me dans le limaçon . les veux sont placés sur des colonnes mobiles, et les nerfs optiques sont ilisposés en spires pour se prêter aux diveis mouve- iiien.s des veux

De la cornée trattsparente des (jiiadrupèdcs , des oi- seaux , des reptiles , et des poissons; de sa tonne et de ses diverses courbures dans ces différentes classes d’ani- maux.

Des yeux des insectes , dont plusieurs sont à facet- tes ou à réseaux.

De la face interne de la choroïde , dont la couleur est d’un vert de mer ou d’un jaune brillant. On lui a donné le nom de tapétum. C’est dans les quadrupèdes qu’elle est le plus souvent ainsi con- formée.

Du corps ciliaire , qui , suivant Haller, n’existe point dans les poissons.

Delà rétine, de la manière dont elle naît et se développe dans les oiseaux , dans les poissons , dans les insectesw Elle semble être fibreusedans les poissons et dans quelques oiseaux. D.^'s conjectures qu’on a faites sur rorg.ane appelé du nom de pecteny dans les oiseaux el dans quel- ques poissons, il sert Je

■84 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

soutien au cristallin. Il naît de la rétine ; il reçoit un grand nombre de vaisseaux; il forme difiérens plis, et sa structure est analogue à celle du corps ciliaire.

Des usages du cristallin et delà courbure de ses segmens considérés dans rbomme , dans les quadrupèdes, dans les oiseaux, et dans les pois- sons : dans ces derniers, il est globuleux.

De l’humeur aqueuse , qui est abondante dans les oi- seaux , et en petite quantité dans les poissons ; de la na- ture chimique de ce fluide , que les acides ne coagulent point.

Des dimensions des diffé- rentes chambres de l’œil dans le diverses classes d’animaux.

Des yeux considérés rela- tivement au milieu dans le- quel les animaux sont plon- gés.

De l’ordre dans lequel les animaux doivent être rangés en raison de l’intensité de leur vue : sous ce rapport les oiseaux occupent le premier rang.

§. XI. De la vision et de son mécanisme.

De la lumière et des cou- leurs primitives; des princi- pales lois de leur réflexion et de leur réfraction.

On dira quels sont les rayons que la cornée trans- parente réfléchit , et quels sont ceux auxquels elle donne passage; comment ils se com- portentdans l’humeur aqueu- se, dans l’humeur de Mor- gagni , dans le cristallin , et dans le corps vitré, comment ils se croisent ; sous quel an- gle et quelle en est la mesure ; quelles sont, à raison des distances, l’étendue et la di- rection de l’image qui se peint sur la rétine , et quelle en est la situation. Cette image y est renversée , et cependant l’objet est vu dans la position qui lui convient : sans doute parce qu’on le juge suivant les lignes par lesquelles sa représentation parvient au fond de l’œil.

Le professeur montrera comment Mariette est par- venu à découvrir que le cen- tre du nerf optique est in- sensible , et que l’axe de la vision n’est point celui du nerf. Il exposera le système de Mariette sur les usages de la choroïde. Il indiquera quelles sont les conditions de la vision distincte, et com- ment il se fait que plusieurs ne voient que d’un œil , quoi- que les deux yeux soient sains.

Tl développera le méca- nisme cl les circonstances de la myopie, de la presbytie ,

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 85

et de la nyctialopie. II fera les expériences de la chambre obscure; il dira ce qui ar- rive à l’œil lorsqu’il regarde les objets au travers d’une ouverture très - étroite, ou au travers d’un tube long et obscur. La théorie du mi- croscope et celle du téles- cope seront présentées en rac- courci.

On cherchera si l’œil peut s’accommoder , par un chan- gement intérieur, à la dis- tance et à la petitesse des ob- jets. On exposera les diffé- rentes hypothèses des physi- ciens sur le jeu des dilfé- rcut.es parties auxquelles ils ont attribué ces luouvemens, qu’ils ont fait dépendre , les uns des muscles droits et obliques, les autres du corps ciliaire , ou du sphincter de l’uvée. On recherchera en- suite quels sont les divers degrés de resserrement dont la prunelle est susceptibl^, et si cette contraction ne suf- fit pas pour expliquer les phénomènes attribués à l’al- longement ou au raccourcis- sement du globe.

Des erreurs auxquelles le sens de la vue expose au su- jet des formes , du mouve- ment , et des distances , et comment on corrige ces er- reurs , qu’on a beaucoup exagérées.

Des aveugles de naissan-

ce , auxquels l’opération de la cataracte a rendu la vue , et de la manière dont il jugent de l’éloignement et des angles des corps.

§. XII. De Vouïe en général.

De l’oreille externe ou au- ricule ; de ses ligamens j de ses cartilages.

Des muscles placés au- dehors de ces cartilages , et de ceux qui leur sont propres.

Des glandes de l’auticule.

Du méat , ou conduit au- ditif externe, et de sa direc- tion ; de la partie de ce con- duit , qui est cartilagineuse , et de celle qui est osseu.se ; de la conque ; de la peau très- sensible qui la tapisse ; des glandes qui y filtrent le cé- rumen } de la nature et des usages de celle humeur.

De la membrane du tym- pan et du cercle qui la sou- tient ; des lames qui la com- posent; de l’ouverture dite de Rivinus ; de la cavité du tympan et de son périoste.

Des osselets de l’organe de l’ouïe ; du marteau ; de l’en- clume , de l’étrier, et de la petite membrane très-déliée qui bouche son ouverture ; de l’os lenticulaire; des mus- cles du marteau et de l’é- trier.

Des cellules mastoïdien-

86 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

nés J (le la fenêtre rondej de la fenêtre ovale j du pro- montoire et de la cuillère.

Du vestibule et de la ca- vité du labyrinthe.

Des canaux demi - circu- laires en général, du canal vertical supérieur, du ver- tical postérieur, (le Thori- zonial ou externe.

Du I imaçon de l’échelle du tyiijpari; de réchelle du vestibule, et d la cloison osséo— m lubraneuse rpii les sépare J du moyeu ou mo- diolits , et de l’entonnoir.

De l’arjneducdu vestibule, de celui du limaçon et de la sérosité du labyrinthe.

De la cavité qui contient le nerf auditif, et de -.es ou- vertures J de la pulpe de ce nerf dans les canaux demi- circulaires, et dans le li- maçon.

De la corde du tympan* des artères et des veines de l’or.gane de l’ouïe.

On considérera cet organe dans les quadrupèdes, la forme du limaçon est Irès- difféiente de celle de l’hom- me, dans les oiseaux, il n’y a qu’un oiselet avec des con- duits demi -circulaires très- étendus sans limaçon; dans les reptiles , qui n’ont de meme qu’un osselet sans limaçon ; dans les poissons , dont les osselets, très irréguliers, sont au nombre de trois ou

quatre , avec des conduits demi-circulaires, qui , dans quelques-uns, sont telle- ment disposes, que l’un sert d’enveloppe à l’autre. On avoit dit que les poissons navoient point de conduit auditil externe ; mais Du verney l’avoit connu , et M. Monro en a publié la description.

On concluera de l’exposi- tion de ces faits, que le lirna- çonnedoit point être regai comrni.' forui. nt une paitie essentielle de l’organe de l’ouïe eu général, auquel il semble n’être ajouté que pour lui donner plus de per- fection.

§. XIII. Du mécanisme de l'ouïe.

Des usagées de l’auricule ou de l'oreille externe, pour rassembler les rayons sonores.

De la tension de la mem- brane du tympan et despuis- san^'es qui l’opèrent.

De la manière dont les os- selets transmet teiil les vibr.i- lions sonores au nerf auditif.

La trompe d’Eustache ad- met-elle les sons .' Celui d’une montre placée dans la bou- clie , sans être en contact avec aucune des partie.s que cette cavité renferme, u’en devient pas pins .sen.' ib'e.

On dira comment les fc-

DISCOURS SUR L\\NATOMIE. 87

nêtres roncles et ovales ser- vent à la communication du son.

La pulpe du nerf auditif, ébranlée par les vibrations des parties osseuses , est le siège immédiat du sens de l’ouïe. Pendant que ces mou- vemens ont lieu , la sérosité du labyrintbe est repoussée par les aqueducs jus<ju’aux petits réservoirs de cette même sérosité , qui sont pla- cés 1res— près fie , entre les lames de la dure-mère.

Les deux oreilles ont rare- ment une égale activité , et cependant on n’enlend qu’un seul son.

Des effets de la musique sur les nerfs.

§. XlV. De Vodorat,

Du nez j de ses cartilages j de ses muscles j de sa cloison, qui est en partie cartilagi- neuse, en en partie osseuse j des sinus maxillaires , eth- moïdaux , frontaux, et sphé- noïdaux j des cornets j de la membrane p!tuit.aire , dont l’épaisseur varie dans ses dif- férentes régions; elle est plus mince dans les sinus que sur les cornets , et que vers la partie supérieure de la fosse nasale; des glandes mu- queuses de celte membrane.

Des nerfs qui s’y distri- buent; de ceux de la pre-

mière paire, qui descendent pulpeux , droits et à peu près aralleles vers cette meni- rane; des rameaux nerveux de la cinquième paire , qui s’y rendent vers la partie su- périeure de la tohse nasale.

Des odeurs; de leurs prin- cipaux effets, et de leurs di- visions en plusieurs classes , par Haller et par Lorry.

De la structure du trou gustatif, de la communica- tion du net avec la bouche; des rapports des odeurs avec les saveurs.

De l’inlluence que les af- fections de la membrane pi- tuitaire ont sur les voies lacrvmalcs par le conduit naaal , et sur l’organe de l’ouïe par la trompe d’Eus- tachc ; de la sympathie qui s’exerce entre les nerfs des veux et ceux des narines.

De l’inspiration considérée comme donnant aux molé- cules odorantes une impul- sion , sans laquelle l’organe n’en seroit que foiWement frappé.

De l’utilité du mucus des narines , qui modère l’action des odeurs , et qui maintient la souplesse de la membrane pituitaire.

De l’odorat des quadru- pèdes , dans lesquels ce sens est exquis, parce qu’én eux la membrane pituitaire est très-étendue.

88 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

L odorat est obtus dans Jes oiseaux.

Il existe dans les poissons.

Des animaux classes à la manière de i\l. de BufTon , suivant le développement et la perfection des divers or- ganes des sens.

§• XV. Du goût.

On rappellera la structure de la langue et des glandes salivaires , dont on trouve la description dans d’autres ar- ticles.

La langue est le siège du goût : les corps sapides ont besoin d’être dissous , pour agir sur les nerfs de la langue.

Des saveurs et de leur division , suivant Haller et Linné.

De l’effet que les difféi ens sels produisent sur la langue et sur les glandes salivaires.

Des usages et des erreurs du goût dans le choix des alimens.

Les quadrupèdes qui ont la langue armée de piquans, ont le sens du goût plus ob- tus que les autres.

Dans les oiseaux, la langue est sèche , et les corps sa- pides ont peu d’action sur elle.

Dans les reptiles, la langue est aussi très— sèche , et elle doit être peu sensible.

Elle l’est davantage dans

les poissons , oh elle a plus de mollesse. ^

§• XVI. Du toucher.

Du toucher en général.

De la peau.

De l’épiderme , de ses la- mes , de ses sillons, de sa continuité avec les mem- br.mes épidermoïdes de la bouciie, du nez, de l’anus, des parties .sexuelles.

Du corps rélicnlafre, du corps muqueux, et des di- verses couleurs dont il est imprégné.

Du derme on cuir ; de son tissu cellulaire et liga- menteux.

Des papilles de la peau, qui sont surtout très -sen- sibles, et disposées réguliè- rement au bout des doigts.

Des glandes sébacées de la peau , et de la graisse dont est pénétre son tissu.

Du pariicule charnu , qui est très-étendu dans les qua- drupèdes, et qui existe à peine dans quelques-unes des régions du corps hu- main.

Des poils; des bulbes qui sont à leur racine ; de leur cavité , (jui est cotonneuse ou cellulaire; de la g.atne qu’ils reçoivent de J’é2>i-. derme.

Des ongles ; de leur ra- cine ; des fibres longitudi-^

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 89

nales dont ils sont formés j de leurs raj)ports avec l’épi- derme } de leur adliéience avec les papilles nerveuses j de leur accroissement.

De la peau considéiée dans les diverses parties du corps humain , de son éj)ais- seur , de son élasticité.

De ses vaisseaux artériels, dont les exirémilés fournis- sent la Iransjiiratiori et la sueur.

De ses veines.

J3e ses vaisseaux lympha- tiques ou absorl)ans , (jui s’ouvrent sur une grande surface.

. De ses nerfs.

De la slruclure de la peau dans les diverses classes d animaux, oii elle est cou- verte de poils, de piquans , de plumes, d’écailles.

Des cornes tubuleuses ou solides des animaux , et de leurs rapports avec l’épider- inc : il se tait quelquefois des végétations analogues sur le corps humain.

Des usages de la peau.

Elle est l’organe du tou- cher.

Des qualités des corps que le toucher fait connoîtrc , et qu’on appelle tactiles.

Du toucher , considéré comme propre à corriger les erreurs des autres sens.

Du plaisiret delà douleur,

dont le toucher transmet les sensations.

§. XYIT. De l’insensible transpiration et Je la sueur.

Il se fait dans la peau une exciétionet une absorption très - abondantes.

De la sueur J de son odeur , de sa couleur, des molécules hnih’uses , et de l’acide qu’elle contient j de ses di- verses autus qualités; de la sueur universelle, c’est-à- dire, qui sort de toutes les parties du corps; et de la sueni partielle ou locale.

De 1’ insensible transpira- tion et de ses dilférences d’avec la sueur ; de ses varia- tions, eu égard aux climats, aux saisons , aux divers temps de la journée, à l’Age, aux alimens, et au régime, aux passions de l’Ame, aux vêtemens, et aux divers états de la vie.

De la transpiration cuta- née et de la transpiration pulmonaire. Des moyens employés par MM. Lavoisier etÜeguin, pour les obtenir séparément.

Des expériences de Sanclo- rius , de Dodart, de Keil , deRobinson,deLinnings,etc., sur les temps, la durée, et la quantité de la transpira- tion insensible.

De la diminution et de la

90 SCIF.NCES PEIYSIOL. ET MEDrCALES.

suppression de cette transpi- ration , et des fâcheux effets qu’elics produisent.

De l’absorption cutanée démontrée 'par un grand nombre de faits.

De la sympathie qu’on a observée entre les diverses régions de la peau , telle- ment que les impressions faites sur une de ces régions se transmettent plus ou moins aux autres, et se communi- quent meme aux membranes intérieures qui ont des con- nexions avec la peau.

§• XyiII. Du sens interne.

Du principe intellectuel , et de ses différentes facultés.

Des sensationsjdes images^ des idées.

Des jugemens -, des raison- neinens.

De la volonté.

Des signes propres à re- présenter les idées.

Des diverses sortes de lan- gage.

V*. FONCTION.

DE LA RF, SPIIIATION.

§. Des organes de la voix.

Du larynx; dc.s cartilages thyroïde , cricoïde, .irytlié- noïde 3 de l’épiglotte 3 des

ligamens, des muscles des membranes, et des glandes du larynx.

De la glotte; des ventri- cules de la glotte; des liga- mens ou cordes vocales, de l’ouverture thyroépiglotti- que, qui se trouve dans quelques animaux; du sac hyo-thyroïdien , qui , le plus souvent, est membraneux, qui est quelquefois osseux , et qui se trouve dans les ani- maux, où l’ouverture thyro- épiglottique se rencontre.

De la glande thyroï- dienne.

Des, vaisseaux et des nerfs du larynx.

On rappellerais structure des lèvres, des dents, du palais osseux, de la langue, du voile du palais, du nez, et des différens sinus qui servent à modifier la voix.

De la trachée-artère, de ses parties cartilagineuses, musculaires et membraneu- ses; de ses vaisseaux, et de ses nerfs ; de sa position, de son ressort, el de la facilité avec laquelle ce tube s’alon- ge et SC raccourcit.

De l’organe de la voix des quadrupèdes , comparé avec celui de l’homme. Dans quel- ques-uns , comme dans les singes et dans le renne, une cavité est sur-ajoulée à celle du larynx. Dans d’autres , comme dans l’âne et dans le

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 91

mulet, des cellules et des cloisons sonores agrandis- sent les ventricules de la glotte.

Du larynx des oiseaux, qui est divisé en deux par- ties, savoir , la glotte qui est au liaut du col , derrière la base de la langue ; et l’appa- reil qui tient lieu des cordes vocales, qui est, ainsi que les ventricules de la glotte, placé au bas du col entre les branches de la fourchette. Les ventricules ont des for- mes très-variées dans les dilfé reus oiseaux.

Dans quelques-uns des qua- drupèdes ovipares , connue dans le crapaud et dans la grenouille , les cordes vo- cales sont déta liées de toute adhérence , et placsies au milieu de la glotte , sans ca- vités l.itérales ni ventricules.

Dans plusieurs reptiles on ne trouve que la glotte sans cordes vocales ni ventricu’es: aussi ces animaux ne fout-ils entendre que des sifflciuens.

Les poissons , les insectes, et les vers sont muets , et les bruits que quelques- uns d’entr’eux produisent , n’appartiennent point à un org tne de la voix.

De la voix et de sa forma- tion dans le larynx et dans la glotte.

De la voix considérée re- latiyemeut aux âges , aux

sexes , et des changemens qu’elle éprouve dans les dif- férentes périodes et circons- tances de la vie.

Des divers inouvemens d’élévation , d’abaissement et de contraction dans les di- verses parties du larynx.

De la section du nerf ré- current , qui produit le mu- tisme , et de quelques tu- meurs, dont la pression est suivie du luéine effet.

De l’espèce de son que pro- duit le larynx dans un ani- mal privé de la vie , lorsque l’air introduit par la trachée- artère fait^vibrer cet organe. Ce son est analogue à celui que l’animal faisoit entendre. On .Tuguicnle la force du son , et on le rend plus aigu, en donnant plus de tension aux cordes vocales ; ce qu’on opère au moyen de qu *lre cordes ou pinces , qu’on at- tache d’une P rt aux exlré- init ’s des cordes vocales , et de l’autre par quatre vis qui sont fixées sur une machine quadrangulaire , et qu’ou tourne volonté.

Si , dans cette expérience , on enlève toute la partie du larynx qui est située au-des- sus des cordes vocales , celles- ci restant en place, il n'v aura presque rien de changé dans le son qu’on entendra.

Dans ces divers essais , on est toujours obligé , pour

92 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

produire reffet qu’on atlc-nd , de serrer le larynx avec la main : sans doute pour don- ner aux diverses parties qui le composent l’appui, et à l’organeeulier , la consisance et le ressort dont la mort les a prive's.

Ea formation des dilFérens tons, et de la manière dont ils sont produits par les ins- trumens à cordes et à vent. On exposera rapidement les expériences de Sauveur, et les résultats des considéra- tions d’Euler sur le même sujet.

On comparera les divers organes de la voix des ani- maux, aux instrumens à cor- des et à vent les plus simples et les plus connus , et surtout au châssis bruyant dont Do- dart a tant parlé. La struc- ture des différens tuyaux d’orgue fournira des rappro- chemens utiles j on trouvera peut-être quelque rapport entre l’organe de la voix et les jeux à razette , oii se font des vibrations sonores très— ctendues. Ainsi , l’organe de la voix , considéré comme ayant son principe et son embouchure dans les liga- mens et dans les ventricules de la glotte , et son corps ou sa cavité dans les fosses na- sales et buccales , seroit comme un tuyau d’orgue, dont la longueur , le diamè-

tre , la tension , et l’ouver- ture pourroient changer à volonté ; ce qui suffiroit , dans cette hypothèse , pour produire tous les tons. On ne regarde ici la trachée-artère que comme un tuyau d’air , et on n’estime point, ainsi qu’on a fait jusqu’ici , l’or- gane de la voix comme s’é- tendant depuis la glotte jus- qu’aux poumons.

Des mouvemens combinés de la langue et des lèvres , pour produire les différens sons.

De la prononciation des voyelles et des consonnes.

Du chant et de son méca- nisme.

Du bégaiement.

Du mutisme accidentel et de naissance.

§. II. Des bronches et des poumons.

Des bronches droite et gauche, et de leur situation relativement au.c gros vais- seaux qui naissent du cœur. De leurs nerfs, de leurs glandes , et du fluide bleuâ- tre qu’elles filtrent.

Des poumons droit et gauche , de leur étendue , de leur couleur, et de leur con- sistance dans les divers âges et circonstances de la vie; de leur division; de leurs lobes et lobules ; du tissu

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 95

interlobulaire j de la manière dont les vésicules s’ouvrent l’une dans l’autre , et dont les lobules communiquent enlr’eux. De l’opinion d'Hel- vétius sur la structure des poumons , des artères , et des veines bronchiques; des ar- tères et des veines pulmo- naires; des glandes lympha- tiques des poumons.

§. III. Des plèvres , du mé- diastin , du thj nius.

Des plèvres ; de leur for- me , de leur étendue , et de leur adossement. .

_ Du médiastin antérieur , et de l’obliquité de sa posi- tion.

Du médiastin postérieur.

De leurs vaisseaux et du tissu cellulaii’e qui les lie aux poumons.

Du thymus et deseslobes; de ses prolongemens; de sa structure celluleuse ; de ses vaisseaux , et de ses nerfs.

§. IV. Du diaphragme.

Du diaphragme en géné- ral ; de ses insertions au ster- num , aux côtes , aux ver- tèbres des lombes ; de ses régions musculeuses et apo- névrotiques; du centre ner- veux et de ses adhérences avec le péricarde ; de ses ouvertures, de ses piliers,

de ses vaisseaux et de ses nerfs : de son action sur les organes , sur les viscères des trois grandes cavités.

Du développement de ces divers organes dans la jeu- nesse, et de la gêne que les corps à baleine y apportent. On exposera les fâcheux ef- fets de cés corps sur les pou- mons , sur l’estomac et les intestins, sur les viscères des hypocondres , et sur la ma- trice , dont ils empêchent ne l’accroissement se fasse ’une manière convenable dans la grossesse.

§. V. Des organes de la res- piration , considérés dans les animaux.

Des poumons des quadru- pèdes , qui sont divisés en un plus grand nombre de lobes que ceux de l’homme ; de leur diaphragme , qui n’est pas aussi adhérent au péri- carde.

Les poumons des oiseaux sont adhérons aux côtes , et ils s’étendent , soit par des vessies aériennes formées de membranes , dont plu- sieurs sont musculaires , dans la capacité du bas -ventre, soit par des appendices qui communiquent avec les ca- vités des os , et dans tout le squelette, par des ouvertures

94 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

quo Ciunper et Hunier ont déci iles.

Des poumons des quadru- pèdes ovipares et des rep- tiles , qui se contractent d’eux - mêmes , et dont les inouvemens ne sont point mesurés par des intervalles réguliers, commedans l’hom- me et dans les quadrupèdes. Les naturalistes ont désigné ces organes par les noms de pulmones arbitrarii.

Des ouïes des poissons , et de leur vessie natatoire , qui communique toujours avec l’estomac , et qui contient du gaz acide carbonique , con- formément aux observations de M. de Fourcroy.

Des stigmates des insectes et des vers terrestres j des franges trachéales des vci's aquatiques , et des trachées des plantes.

§. VI- Du mécanisme de la respiration.

De l’air , de sa nature, des gaz qui le forment ; de sa pe- santeur, de son res-^orl , et de sa pression sur les corps des animaux. Des effets de la chaleur et du froid , de l’humidité et de la sèche— ressesur l’aliuosphère. Delà suspension et de la dissolu- tion des molécules de diverse nature dans ce Huide. Des phénomènes du baromètre ,

du thermomètre, de l’hygro- mètre , de l’aréomètre , des eudiomètres, et de l’appli- cation de leurs difféi eris ef- fets au mécanisme du corps humain.

De la respira'ion dans l’é- tat de santé , de ses phéno- mènes dans les diverses cir- constances de la vie j des changemens qu’elle éprouve, eu égard aux divers lempé- ramens et aux différentes élévations du sol qu’on ha- bite.

Des différens temps de la respiration , de l’expiration et du temps moyen. L’expi- ration est le temps le plus court.

Parmi les forces qui dila- tent la poitrine, le diaphrag- me lient le premier rang.

Des divers mouvemens de ce muscle dans les dilTérentes sortes de respirations , pen- dant la veille et pendant le sommeil.

De-i causes qui produisent l’expiration , et de ses effets sur les vaisseaux sanguins voisins des poumons et du cœur.

§. VU. Expériences sur la

mécanisme de la respi- ration.

Dans l’inspiration , pen- dant que les vraies cl les premières fausses cotes s’é-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. g5

lèvent , les dernières des fausses côtes s’affaissent et rentrent en dedans , par l’ef- fet de la contraction des par- ties latérales du diaphragme.

A' ant mis les muscles in- tercostaux internes d’un qua- drupède à nu , on les a vus se contracter, pendant l’inspi- ration , comme les intercos- taux externes j contre Ham— berger.

On a placé entre les côtes des fils qui suivoient obli- quement la direction des muscles intercostaux, pour déterminer (juelle est l’action de ces muscles, et si les espa- ces intercostaux diminuent dans l’inspiration.

Esl-il vrai que le thermo- mètre plongé dans la poi- trine d’un animal vivant , monte pendant l’expiration ?

On fera respirer un ani- mal dans un air trop con- densé ou trop raréfié , dans des gaz de diverse nature , et on en remarquera les effets. Cette suite d’expériences fournira des résultats inté- ressons.

, On exposera à l’action de la machine pneumatique un animal dont le thorax soit entier, et un autre dont la plèvre soit ouverte , et on verra en quoi les poumons de l’un diffèrent de ceux de l’autre.

On a coupé le corps d’un

jeune animal au-dessous du diaphragme, et on l’a exposé dans cet état l’action de la machine du vide , dans ce cas le diapliiagme s’est for- tement distendu et a été re- foulé en dehors.

On examinera l’action de ce muscle dans un animal vivant, et on verra comment, dans sa contraction , il serre l’aorte et l’œsophage. Ce dernier est tellement com- primé, que le vomis.sement, même provoqué par des sti- mulans internes très-forts, ne peut se faire pendant l’inspiration. On remarquera que le centre nerveux s’a- baisse peu pendant que l’ani- mal inspire ; que dans les ipouvemens qu’il fait , il en- traîne avec lui le péricarde et le cœur j que dans les grandes contractions de ce muscle , le cœur bal avec mollesse, que le pouls est quelquefois ondulant , et qu’alors le médiastiu est tendu.

On répétera l’expérience de Sxvamracrdam , en exci- tant la contraction du dia- phragme par la pression ou le tiraillement du nerf dia- phragmatique j ce qui réus- sira également, soit qu’on pres.se ce nerf de bas en haut, ou de haut en bas.

Si on coupe la moëlle épi- nière au-dessous de l’origine

96 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

dn nerf phiénique , le mou- vement du diapliragine con- tinuera dese faire, tandis que celui des autres muscles sera suspendu.

Sr après avoir ouvert le ventre d’un animal vivant, on coupe circulain ment le diaphragme , de sorte que son action musculaire soit détruite, la respiration cesse presque entièrement de se faire j les muscles intercos- taux continuent cependant d’élevcr un peu les côtes , et le jeu des poumons n’est pas tout-à-fait interrompu.

Lorsqu’on inspire un air dont on a mesuré la tem- pérature , il est facile , en le rendant par l’expiration , d’apprendre de combien de degrés sa chaleur a augmenté dans son passage.

Si l’air qu’on expire est porté par le moyen d’un tube dans l’eau de chaux, et mêlé avec elle, la chaux est aus- sitôt précipitée sous la forme de craie ou carbonate cal- caire , parce qu’alors l’acide carbonique , formé , comme il sera dit plus loin , dans les poumons , compose avec la chaux un sel insoluble dans l’eau.

En sc servant pour inspi- rer d’un tube de verre plongé dans l’eau , on y fait monter ce fluide, et on mesure ainsi la quaulilé d’air qui a été

nécessaire pour une inspi- ration.

Si on place dans la gueula d un chien un tuyau auquel on ait adapté une vessie, on la volt s’affaisser après quel- ques inspirations.

On injectera de l’air dans l’artère crurale, et on verra s’il remplit une vessie qu’on aura attachée à la trachée- artère, et si l’animal ne pé- rit pas presque toujours à la suite de cet essai.

Du duvet placé à l’ouver- ture de la trachée artère , y est atliré lorsqu’on injecte un fluide dans 'l’artère pul- monaire après la mort de l’animal j ce qu’on doit at- tribuer au développement et au léger soulèvement des bronches , opérés par l’in- jection.

On place 7jn animal sous une cloche , dont la capacité est connue , et on détermine ainsi combien il fautdetemps pour que l’air de la cloche soit vicié , et cesse d’être res- pirable.

Apres avoir mis la plèvre à nu , on aperçoit au travers un corps rougeâtre qui est le poumon , et on peut se con- vaincre, dit Morgagni , que ce viscère ne remplit pas toujours exactement la ca- vité du thorax.

La gêne de la respiration, est toujours proportionnée

I

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 97

i rétendue de l’ouverlure tju’on a faite dans la cavité du thorax , elles deux pou- mons s’afTaissent lorsque 1rs côlésdu llioraxsonl ouverts. f^'an-Swieien.

Souvent une partie du poumon sort par la plaie , ou elle paroîl avoir un luou- vciuenl opposé à celui du l'este de ce viscère; car elle SC contracte dans l'insjiira tion J ce qui est produit, arce que le pouiiiun , en se ilataiit, tire à lui le lobe qui est hors du thorax. Hé- rissant a mal raisonné sur cette expérience.

On obtient un effet ana- logue dans l’expérience de Gallienqui , ayant applicjué nue vessie sur une plaie de la poitrine observa que cette vessie se vidoil dans l’ins-

firalion , et se renfJoit dans expiration.

Ijorsque le thorax est lar gemcnt ouvert des deux cô- tés , le diaphragme continue encore de se mouvoir un peu ; mais lespou mous deuieurent Sans activité, et les légères secousses qu’ils éprouvent leur sont tout à fait élrau- gères.

Lorsque la poitrine est ouverte dans une grande étendue , l’animal respire un peu moinsdiflicilement.étent couché sur le dos . quedaus toute autre positiou*

Après avoir enfoncé un inslruiurnt aigu dans la ca^ vité droite du th.iiax il’un animal vivant , 011 introduit de l’air par la trai bée ar- tère pour découviir si le poumon a été blessé ; ce qui u’airive pas toujours. La- mu re>

On peut aussi ouvrir le thorax d’un animal plongé dans l’eau, et en souftJant dans la trachée artère, on cherche si le poumon a été blessé. Expéi ience de Lie* berkunk.

On se propose encore pour but , dans celte opération , de savoir s’il existe un air Ihorachique. Haies , lload- lej.

On comparera le sang des artères avec celui des veines pulmonaires , celui de ces dernières avec le sang des veines caves, et le sang des artères pulmonaires avec ce* lui de l’art ère aorte

Les vaisseaux repliés et tortueux dans l’expiration^ se développent dans l’ins- piration.

Aussi un quadrupède vit- il p'us long-teinps dans une inspiration plus prolongée par le moyeu d’un soutÜet à deux âmes, que dans une expiration souicmie. Scnac,

On cherchera si les pou- mons des quadrupèdes ont mouvement qui leur soit

7

98 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES.

propre, et s’ils peuvent se coni racler lorsque la Irachoe artère a été liée précédeiu- lueiit. Les poumons des qua- drupèdes ovipares sont au contraire iriilables , et se resserrent à volonté.

Les poumons de la gre- nouille offrent un réseau vasculaire très-beau, et des communications nombreuses qui se font à angle droit entre les artères et les veines.

On liera les veines jugu- laires et les artères carotides tantôt en même temps que la trachée-artère, tantôt séparément , pour connoître les effets qui doivent en résulter , soit relalivcment aux poumons , soit relati- vement au cerveau. Moi Sagni.

On plongera dans deTeau tolorée , soif avec do l’ocre , soit avec de l’encre , des ani- maux vivans j et lorsqu’on les en retirera , on cherchera si l’eau teinte aura pénétré dans les bronches. On fera l’expérience de deux maniè- res ; I'’. en abandonnant l’animal à ses propres efforts, de sorte qu’il ne perde la vie qu’aj)rès être remonté j)ln- sieurs fois à la surf ce de l’eau, comme il arrive aux personnes qui se no ont j 2 '. en attachant aux pieds de l'animal un poids (|ui ne lui pciiuellc pas de s’élever , et

qui le force à demeurer au lond de l’eau.

On trouve quelquefois une petite quantitédu liqui- de coloré dans l’estomac des animaux soumis à cette ex- périence.

On introduira une petite quantité d’eau dans le pou- mon d’un animal vivant, par une plaie faite à la trachee artère. L’animal toussera .s’agitera , souffrira beaucoup ; mais l’eau sera resorbee, et il n’en l'ésultera aucune suite fâcheuse.

On plongera et on assu- jetira dans de l’eau colorée un animal mort, dans l’in- tcnlion de rechercher si l’cau pénètre dans les poumons. Expériences de MM. Fais— soles el Champcnux.

Lu antre ordre de jihéno— menés a hea ncoiip occu j>é les ph vsiologisles J ils ont vu Je cervean , mis à découvert s abaisser j)endaiit l’inspira- tion , et s’éle\cr dans le temps de rcxpiralion.

Dans l’inspiration , lesang est attiré des environs du coeur J il est repoussé pen- dant l’expii atioii : a, ors il se fait uti haltciuenl dans les veines caves cl dans les jugulaires , el le sang jaillit avec P us de foi ce des vei- nes el des sinus ouverts. Scligling.

61 ou supplée à l’cxpl-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 99

ration par une pression vio- lentedu thorax on augmente l’impulsion du sang dans les jugulaires , et on donne une *ecousse au cerveau.

La section ou la ligature des artères , des nerfs quel- conques du col , de l’œsopha- ge , et même celle de la trachée - artère , n’empê- chent pas que les mouvemens du cerveau ne répondent à ceux de la poitrine dans l’ordre ci-dessus énoncé.

Mais ce mouvement cesse aussi - tôt que les veines vertébrales ou jugulaires ont été liées. La section «l’une des veines jugulaires suflit pour le détruire pres- que entièrement. Lamure.

§ VIII. Des usages de la respiration.

On voit que l’influence des mouvemens qui consti- tuent la respiration , s’étend non-seu’ement aux viscères du thorax et au sang qu’ils contiennent , mais qu’elle se fait encore ressentir , soit dans la tête , au cerveau , soit dans le bas— ventre , aux viscères glanduleux , aux or- ganes de la digestion , et aux vaisseaux absorbans , u’elle excite sans cesse par es balaucemeus utiles.

D’autres usages rendent la respiration néce'-saire aux corps vivans. On a décou- vert qu’il existe dans les difTérenles classes d’animaux une proportion marquée en- tre le degré de chaleur qui leur est propre, et l’élendue de leurs poumons. On sait à présent que c’est dans ce viscère que se dégage la matière de la chaleur qui les pénètre. L’air pur en con- tient une grande quantité , et pendant que l’animal res- pire et que l’oxigène, ou base de l’air vital se combine avec le carbone qui sesé— pare du sang dans les pou- mons, une partie du calorique devenue libre, demeuredans cet organe qu’elle échauffe , et elle se répand dc-là dans tout le corps.

Ce qui démontré que l’air pur ou gaz oxigene est le véritable aliment de la vie, c’est qu’un animil plongé dans un vase plein de cet air , y vivroit environ quatre fois plus long-temps que si le vase ne contenoit que de l’air atmosphérique. Res- piré trop long-temps , l’air vital deviendroit cependant nuisible, parce que la ma- tière de la chaleur qui s’en sépareroit trop abondam- ment , abrégeroit, en excitant la fièvre,la durée des êtresquî eeroiçflt exposés ù son aclioa

ioo SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

In^cpendainincnt d’une po rlion de gaz azote et de carbone qui se dégagent du sang par les poumons, on en voit encore sortir une vapeur humide qui faitpar— tie de la transpiration , et qui me'rite d’être examinée séparément.

L’histoire de la respira- tion sera terminée par l’exposition de ses différens modes. On expliquera le mécanisme du bâille- ment, du soupir, du rire, de la toux , de l’éternuement, de la succion, de l’anhéla- tion, et des efforts par les- quels les muscles de la poitrine , fortement tendus , servent d’appui aux autres puissances musculaires qui se contractent.

VP. FONCTION.

DE la digestion.

De la bouche.

Des lèvres et de leurs commissures.

De l’épiderme , delà peau, des glandes, des muscles propres des lèvres et de leurs mouvemens ; de leurs vais- seaux, et de leurs nerfs.

De la cavité de la bouche.

On rappellera la structure des dents.

Des gencives.

Du palais, de ses rides, et de la niemhrane fongueuse qui tapisse cette cavité.

§. II. De Vos hyoïde et de la langue.

De l’os hyoïde, de son corps , de scs branches et de ses connexions.

De la langue en général j de sa pointe , de son sillon , de la ligne médiane qui la partage longitudinalement j de sa hase et du trou bor- gne qui s’y trouve; de ses faces supérieure et inférieu- re ; de scs bords , deson frein, de ses pa]oilles , de ses glan- des, de ses nerfs , et de ses vaisseaux ; de ses mouve— mens.

§. Du voile du palais.

Du voile du palais ; de ses muscles propres, de ses piliers ou colonnes , de ses glandes.

De la luetle; deses muscles propres , de scs glandes.

§. IV. Des glandes nmj g-

dalcs , des parotides et

de la salive.

Des glandes amygdales , des glandes acccs.soires aux amvg laies; de leurs cavités, C. de leurs conduits.

Des glandes palatines ,

.DISCOURS SUR

buccales, molaires J ces glan- des sont des follicules ou cryptes.

Des glandes salivaires , de la parotide, et de sa glande accessoire j des glan- des maxillaires , des glandes sublinguales et de leurs con- duits.

De la salive , de sa nature, de sa quantité, des temps elle sort abondamment.

Des effets de la compres- sion et de l’irritation sur ces glandes j des dilférens états de la salive et de ses concrétions.

Des effets que produit la salive sur les substances qu’on soumet à son action.

. Ses usages dans l’écono- mie animale.

§. V De r arrière-bouche et de l’œsophage.

Du pharynx , de ses pa- rois antérieure , postérieure , latér.ilesj de sa membrane interne, de ses glandes, de scs muscles propres , de ses vaisseaux et de ses nerfs.

De l’œsophage j de sa di- rection , de sa situation com- parée à celle de la trachée- artère ; de sa substance charnue, et de la direction de ses fibres musculaires dans l’hoinrneet dans iesanimauxj de sa membrane interne, etdeses glandes folliculeu—

L’ANATOMIE, toi

ses J des glandes conglobées , qui sont situéesaux environs de l’œsophage J de ses vais- seaux, de ses nerfs, et de l’action du diaphragme sur ce conduit.

§. yi. De la mastication

et de la déglutition.

De la mastication et de la manière dont se forme le bol alimentaire.

De la déglutition, et de ses dilférens temps.

Comment la langue, for- mant d’abord un plan incliné, le bol alimentaire est placé près de sa base.

Comment le pharinx, s’éle- vant ensuite en même temps que la base de la langue , et le voile du pa- lais étant porté obliquement en arrière , le bol alimen- taire passe sur l’épiglotte qui recouvre la glotte, et s’engage dans l’ouverture du sac du pharynx.

Comment les muscles rele- veurs se relâchant, la masse du pharynx retombe, ainsi que la base de la langue , et comment le bol alimen- taire, faisant un mouvement marqué , est ensuite dirigé pai l’impulsion des fibres de l’œsophage vers l’estomac.

§. Yll. De I estomac.

De l’estomac, de sa situa-

102 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

tion dans Jes diflerens étals

de ]a vie ; de sa forme , de ses faces , de ses bords, et de S( s courbures; de ses mem- branes, de ses plans muscu- laires , de ses glandes follicu- leuses, de ses glandes conglo- bées , et de sa cavité , do ses vaisseaux, et de ses nerfs.

Du fluide qu’on J trouve, et qui porte le nom de suc gastrique-, de l’incertitude de son origine dans l’homme et dans les quadrupèdes ; de sa nature , de son mélange , et de ses principales alté- rations.

De la fa im et de la soif, de leurs effets dans l'état de santé , dans l’état de mala- die; des causes qui les aggra- vent ou qui les émoussent; des systèmes auxquelson a eu recours pour en expliquer le mécanisme. La faim et la soif ne sont-elles pas des modifications déterminées d’organes nerveux s’exerce tin sentiment particulier : et un des effets de cette exci- tation n’esl-il pas d’attirer le sang vers l’estomac et vers», les viscères qui y sont anne- xés ; ce qui rend leur action plus soutenue et plus vive ?

$. VIII. Du canal inieslinaL

Du duodénum et de sa position.

De l’intestin grêle , qu’on

a coutume de diviser en jé- junum et en iléum; de la membrane externe de l’in- testin grêle, de ses fibres charnues, de sa membrane interne ,de ses replis ou val- vules conniventes , de ses glandes , de ses vaisseaux et de ses nerfs.

Des gros intestins.

Du cæcum , de la valvule iléo -cœcale.

De l’appendice vermi— forme.

Du colon ; de ses portions droite, gauche, et de sa por- tion transversale; de sa mem- brane externe; de ses fibres ch a mues ; de ses bandes mus- culaires ; de sa membrane interne ; de ses replis ; de ses cellules ou cavités; de ses glandes, soit folliculeuses , soit conglobées ; de ses vais- seaux et de ses nerfs.

Du rectum; de sa posi- tion; de sa courbure; de sa membrane externe ; de son muscle , qui est très-épais ; de sa membrane interne; de ses replis longitudinaux.

Del’ anus ; de son sphinc- ter, considéré à l’extérieur et à l’intérieur ; de ses glan- des ou cryptes; de ses con- nexions.

§. IX. Du péritoine et de ses grandes duplicatures.

Du j)éritoiuc; de sa face

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. io5

externe 5 du tissu cellulaire qui le lie aux parties envi- ronnantes, et des prolonge- mens de ce tissu.

De sa face interne.

Du péritoine considéré en haut, eu bas, en devant, en

arrière , cl sur les côtés.

Des ligainens qu’il fournit au foiC, à. la rate, aux reins , aux intestins, aux ovaires, et à la matrice.

Du grand épiploon , ou épiploon gastro-coütpic J de son étendue; de ses inser- tions ; de scs cavités ; de scs lames; de ses glandes con- globées ; de scs vaisseaux et de ses nerfs.

Du petit épiploon , ou de l’épiploon gistro-hépatique; de sa situation et de scs la- ines.

De l’épiploon-colique de Haller cl de Lieutaud.

De rouverture épiploïque, et du procédé de VVinslow, pour introduire de l’air dans ' le sac des épiploons.

Delà facilité avec laquelle les épiploons se remplissent de graisse, se relâchent et s’étendent en difterens sens.

Du mésentère ; de son in- sertion lombaire ; de son bord intestinal; de ses lames; de ses glandes ; de ^es vais- seaux de divers ordres; de ses nerfs.

D U méso— colon ; de sa po- cition transversale ; de ses

portions latérales, et de la manière dont elles adhèrent aux leins; des glandes, des vaisseaux et des nerfs du méso-colon.

Du repli qui soutient l’ap- pendice vermifonne.

Du repli par lequel le rec- tum est maintenu dans sa place.

Des usages du péritoine et de ses diverses produc- tions.

§ X. Du foie, de la vésicule du Jicl , et de la bile.

Du foie ; de sa po ilion ; de sa div’sion eu lobes droit et g-iucliD ; de ses bords, de sa lace convexe, et de .son ad- hérence au diaphragme; de sa face concave ou base ; des éminences de celle lace; des enfoncemens qu’on y trouve; de ses glandes conglobées ; de ses artères ; de la veine- porte ; des brandies de la veine-cave qui y aboutissent; de la veine ou ligament om- bilical du conduit excréteur ou hépatique.

De la vésicule du fiel ; de sa situation ; de sa forme; de sa membrane externe; de ses fibres charnues ; de sa inein- brane interne de ses glandes; de son fond ; de son col , et du repli qu’il forme ; de son conduit excréteur ou cysli- que; de la structure de ce

so4 SCIENCES PHYSÎOE. ET MEDICALES.

conduit ; de sa jonclion avec le conduit liépalique, et de l’angle qu’ils forment entre eux J du conduit cholédoque qui résulte de leur jonclion de la direction de ce conduit^ de son ouverture dans le duo- dénum, et du lieu de cette ouverture.

De la bile hépatique J de la bilecjstique; de la nature de la bile dans les dillérens âges ; de sa couleur et de sa consistance, de son épais- sissement J des concrétions qu’elle forme , et de la ma- nière dont elle cristallise. Comment les calcuisbiliaires brûlent du mouvement de la bile dans le foie et dans ses conduits , dans la vésicule et vers rinteslin de l’influence des contractions musculaires sur le foie et sur le mouve- auent du fluide dont il est péné réj des efTets de la bile sur les intestins, sur les ali- ïnens, et quelquefois même sur l’estomac j de ses altéra- tions; de sa résorblion et des affections qu’elle produit dans les autres organes , surtout à la peau.

§. XI. De la rate.

De la rate; de sa position; de sa forme, de sa membrane externe, de sa structure in- terne ; de ses adhérences à l’estomac, à l’épiploou, et au

pancréas; deses mouveniens de ses nerfs; du fl ü de qu’elle renferme, b’y fait-il une sé- crétion i’ et s’il s'y en fait une, quel est son usage ?

§. XII. Du pancréas et du suc pancréaiiijue.

Du pancréas ; de sa posi- tion ; de sa forme; de sa membrane externe ; de sa structure interne ; de son conduit exciéleur, que M. llollinan , cl J. G. W ir^ung ont décrit les premiers, et du lieu de son ouverture; des vaisse' ux du pancréas; de ses nerfs, de son lluide.His- toire dis erreurs de Sj^lvius, et d’autres à ce sujet.

Du petit pancréas, qui est une portion du grand.

§. XIII. Des vaisseaux ch J- leux.

Des vaisseaux Ivmphati— ques absorbans des'inteslins, ou des vaisseaux chyleux.

De leur origine des intes- tins grêles et gros, par une série de petites ampoules; de leur direction vers les glandes mésentériques ; de leur passageau travers deses glandes ; de leur marche d’une de ces glandes veis l’autre, ou de ces glandes jusqu’au réservoir lombaiie; de leur commuuicaliuu avec

N*#

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. io5

les vaisseaux lymphatiques environnaris; du fluide qu’ils contiennent; du chyle seul , et comparé avec la lymphe.

§. XIV. Des organes de la

digestion considérés dans

les animaux.

De l’os hyoïde dans les quadrupèdes, oii des bran- ches osseuses tenant lieu des ligamens qui , dans l’homme, attachent l’os hyoïde à l’a- pophyse styloï'le.

Del’ os hyoïde dans les oi- seaux, où les extrémités de cet os sont enveloppées d’un muscle conique, et remonlCHt en arrière sur les côtés de l’occi put.

De la langue des quadru- pèdes ; des piquans dont elle- est hérissée dans quelques- uns ; de la langue des oi- seaux; de cet organe consi- déré dans quelques reptiles, oh son extrémité est fendue.

De la luette, qui manque dans quelques quadrupèdes, tels que le cheval.

De la liqueur vénéneuse qui coule des dents de quel- ques reptiles, qui s’en ser- vent pour blesser les ani- maux , dont ils font leur proie.

Dos sacs inter-maxillaires, appelés abajoues, dans les fiinj'es , etc.

De s animaux, dans lesquels

l’estomac est situé très-près de la cavité du gosier, cl qui manquent, pour ainsi dire, d’oesophage. Plusieurs rep- tiles et plusieurs poissons sont dans ce cas.

De la structure de l’estoW mac dans les quadrupèdes carnivores cl dans les soli- pèdes. Les quadrupèdes de ces deux classes sont mono- gastriques.

De l’estomac des rumi- nans. Il est formé de quatie cavités, dont la dernière, c’est-à-dirc, celle qui com- munique immédiatement avec l’intestin , est le véri- table estomac ; du mécanis- me de la rumination.

Du long œsophage et du jabot des oiseaux ; de leur estomac, formé de muscles très -épais dans les grani- vores , de muscles moins épais dans les oiseaux qui vivent d’insectes , et presque uniformément charnu dans les oiseaux vraiment carni- vores.

De l’estomac allongé des reptiles , de quelques pois- sons , et des vers.

De l’estomac cartilagineux et à ressort des cruslacées.

Des polypes qui sont en- tièrement formés d’un esto- mac ou sac musculaire, sont contenus les altmens qui doivent les nourrir.

D U suc gastrique recueilli

io6 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

clans les cjuaclriipèdes , et do la dil'ficulté de l’obtenir pur.

Du snc t^ns'rique des oi- seaux , et dos "landes situées a H -dessus de l’estomac qui Je fournissent.

Dos intes ins des carnivo- res, qui sont en gcnéiv.l plus courts c|ue ceux des herbi- vores.

Des intestins des quadru- pèdes soüpèdes , *jui sont plus volumineux c|ue ceux des riimitians.

D U cæcum sans app-'udice vermil'onne, te! qu’on le voit dans la plupart des singes et dans_ presque tous les qua- dru pèdos.

Des appendices vermifor- mes dans bs oiseaux; ceux des galliiiacées ont une gran- de étendue : ils sont au con- traire 1res -courts dans les oiseaux carnivores.

Do ces appendices dans les poissons, ou ils sont très- nombreux.

Doi animaux dans lesquels il n’v a point de cæcum, et dont les intestins ne peuvent être divisés en giêlcs et en

. , , ,

Desammaux dans lesquels

l’es omac est peu distinct du

boyau.

De ceux qui ii’onl point d’épi ploon.

Du foie qui est divisé en- un plus grand nombre de

lobes dans les quadrupèdes que dans l’homme.

Des conduits hépalio- cysliqucs.

Des quadrupèdesqui n'ont point de vésicule du liel , tels que le cheval.

Des an imaux dans le.«quels la vésicule du liel est loul-à- fait détachée du foie. On le voit dans quelques poi.'Sons.

De la bile considéiée dans les qn.idrujièdes carnivores et dans les herbivores, dans les diverses classes d’oiseaux, dans les reptiles , dans les poissons.

Des différences de la rate des quadrupèdes d’avec celle de l’homme. Voyez ce que Piuy.-ch etM. de Lassonne en ont dit.

Dans quelques oiseaux elle est double.

Du jiancréas dans les oi- seaux et dans les poissons, IDu système lymphatique ou absorbant dans les oi- seaux et dans les poissons, ou l’on a voit pensé mal à propos, que l’ab'Oibtion se faisoit p.T les veines. G, Hunier et ilewson ont prouvé le con- traire.

§. XV. Des observations et des exj'Ci iences relatives à la digestion des ali— viens.

Des phénomènes que Tes-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 107

tomac présente lorsqu’il est vide et dans l’état sain.

Des phénomènes qu’offre l’action de l’estomac lors- qu’il est rempli d’alimenset dans l’état de sanlé. 11 presse la rate et la vésicule du fiel , et il est lui-mêiue pressé par le diaphragme et par les muscles du bas-ventre.

11 est irritable j il se con- tracte très- for te ment dans les oiseaux , avec une force beau- coup moins grande dans l’homme et dans les quadru- pèdes.

De l’influence de la diges- tion sur les autres fonctions des corps animés.

Des gaz qui se dégagent pendant la digestion.

Du vomissement et de son mécanisme. Il est impossible dans le cheval et dans les ru- minans.

Des expériences de Wa- lens , de Viridet, de B. S. Albinus , et de Bils sur la digestion.

De celles de Réaumur et de M. Spallanzani , sur le même sujet.

On peut avaler de petits tubes de bois , de petits sacs de toile; on les rend pleins de suc gastrique , avec le- quel M. Spallanzani assure qu’il a opéré la digestion de plusieurs substances placées dans un vase hors du corps , dont ce suc avoit été extrait.

En tuant un oi'ieau immé- dialemeut après (jii’il a luan- gé, et en le laiss.aiit séjourner dans un lieu chau , ou le— marque que la digestion est à moitié laite , dans 1 espace d'.Nix heures.

Des aliiuens, introduits d.ins l’estomac d’un oiseau, mort depuis très peu de temps, v sont en grande par- tie digérés.

Le gésier des gallinaceos brise des globules de cristal; il applatit des tubes de mé- tal très-solides: il plie des aiguilles, il éiuousse des pointes de lancettes. L’aca- démie del Ciuienlo avoit commencé ces expériences , que Rhedi , Maglolli, sur- tout Réaumur, et après lui M. Spallanzani ont fait dans un grand détail.

L’action du gésier des oi- seaux supplée à la mastica- tion, et ne fait rien de plus. Des grains de blé , renfermés dans un tube ,sont demeurés dans le gésier des poules , sans aucune altération. Dans ce même temps , le même organe a digéré des grains abandonnés , sans aucun obs- tacle , à l’action de ses mus- cles , ou qui avoient été moulus avant d’avoir été renfermés dans des tubes qu’on avoit fait avaler à l’animal.

D’un autre côté , le paia

3 o8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

et les graines céréales ont été digérées par les grands oi- seaux carnivores , tel que l’aigle , lorsqu’on a eu soin de les triturer, ou de les moudre avant de les faire avaler à ces oiseaux.

Si on élève un pigeon en le séparant de sa mère a l’instant même il sort de l’œuf , on peut faire en sorte que son gésier ne contienne aucune petite pierre ni gra- vier. M. Spallanzani ne s’est point aperçu que sa digestion en fût troublée.

Dans les reptiles et dans les poissons, on trouve souvent des animaux entiers, et d’un volume assez considérable , avalés et disposés de manière que tout ce qui est contenu dans l’œsophage n’est qu’hu- mide , et qu’il n'y a de vrai- ment ramolli et digéré que la partie qui touche au fond de l’estomac proprement dit. On voit la meme chose dans l’estomac des oiseaux très- voraecs.

On examinera les alimens dans l’estomac et dans les intestins; on verra comment le suc gastrique agit sur eux. La pulpe ép.aisse et grisâtre qui en résulte porte le nom de chinius on chime. Elle a une odeur fade : on n’y re- marque d’ailleurs aucun ca- ractère d’une vraie fermen- tation.

Dans l’homme cl dans les quadrupèdes , la digest on se faitsans le concoursd’aiicune force trituranie, et par une vraie di'-solution.

M. Gosse a trouvé le moyen, en avalant une cer- taine quantité d’air atmos- phérique, de s’exciter à vo- mir. Il a rendu ainsi les matières contenues dans son estomac; il a vu les alimens réduits en bouillie, sans au- cun signe qui annonçât la présence d’un acide ou d’un alkali , et il a donné une table des substances plus ou moins fa cil es à digérer , d’après ses propres essais.

M. R.euss , après avoir avalé cin(| grains d’alkali , a cependant vomi , par le moyen du tarlie stibié, une liqueur qu’il a jugée acide. Mais le tartre slibié seul rougitla teinturede tourne- sol. C’est ainsi que M. ipal— l.mzani répond à l’objection tirée des expériences de M. Reuss.

On remarque dans l’esto- mac , et surtout dans les intestins , un iiiouveincnt d’ondulation , qui commence vers l’orilice cardiaque , et qui s’étend vers l’anus. Ce mouvement est appe'é du nom de pcrislalti<]ue. Lors- qu’il se reiiconlieun obstacle dans le canal alimentaire, le lieu ou SC trouve ccl obstacle

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 109

clevient quelquefois le foj'cr d’uu mouvement en sens couliaire , et qu’on appelle du nom d'aiUi-péi islaliiijue.

Lorsqu’on ouvre le corps d’un animal qui a mangé peu de temps auparavant , on trouve les vaisseaux chyleux, le réservoir lombaire, et le conduit ihoracliique remplis d’un fluide laiteux , qu’on peut arrêter dans son cours , pour le mieux voir, soit par Ja pression , soit par des li- gatures.

Les animaux dont on a lié la vésicule , et dans lesquels le couis de la bile est dé- rangé, ont le ventre pa- resseux, la bile'élanl le stimulant nécessaire pour l’excrétion intestinale.

Jlleme. FONCTION.

DES SKCRÉTIOJfS.

§. I*'. Des glandes en gé- néral.

De la structure des glan- des , et de leurs différences principales^ de leurs grandes divisions.

Des organes sécrétoires , qui n’ont ni parenchyme , ni réservoir , ni conduit excré- teur, et dont la base est une simple membrane , tels que plusieurs tissus membraneux du corps itumaiu ; ou un

tissu ligamenteux et ner- veux , tel que la peau j ou un tissu contractile , tel que les muscles j ou un tissu car- tilagineux ou osseux, tel que les os.

Des glandes qui ont un parenchyme , sans réservoir et sans conduit excréteur. Les glandes conglobées et la rate sont dans ce cas.

(^ui ont un parenchyme, sans conduit excréteur, avec un réservoir interne. Les cap- sules sur-rénales .

(^ui ont un parenchyme, un conduit excréteur, et un réservoir externe. Les reins, le l’oie, dans la plupart de» animaux; les testicules.

Qui ont un parenchyme et un conduit excréteur, sans réservoir interne ni externe. Le pancréas , les glandes sa- livaires , le foie du cheval ,

Qui ont un parenchyme , un réservoir interne, cl des bouches ou conduits excré- teurs. Folliculi , crj plæ , glandulœ passivœ , seu ve- sictilares.

Des crvptes simples, iso- lées , solitaires , siniplices et solitariœ. Telles sont les glandes sébacées , et quel- ques glandes muqueuses du gosier.

Des cryptes simples et rap- prochées , groupées , sans communication entre leurs cavités , aglutinatæ , con-

110 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

fregata; , Halleri. Les glan- des aryténoïdes , celles du palais.

Des cryptes composées , groupées , avec coinmunica- tioti entre leurs cavités, con- glutinalœ. Les amygdales.

Des cryptes composées et rapprochées avec communi- cation entre leurs conduits, dont plusieurs se réunissent en un >eul j lacunes , Incunœ. Les glandes du trou borgne de la langue. Plusieurs folli- cules des intestins. l.es glan- des des sinus , ou lacunes de l’urètre.

Les glandes diflerenl par leurs formes ; elles sont glo- buleuses , lenticulaires , ulri- culaires ( comme de petits outres), en godet ( capsu- lai es ) , en grappe ( aci- nijunnes ) , fungiformes , pédiculées , ou pétiolées, ses- siles.

Des vaisseaux et des nerfs des glandes j de leur posi- tion , de leur développement, et de leur activité dans les différens temps de la vie.

§. II. Des reins , des uré-

tères , el de la vessie.

Des organes qui .servent à filtrer l’urine, cités ici comme exemple d’un appa- reil sécrétoire complet , com- posé d’un grand nombre de glandes rassemblées , d’un couduil excréteur, d’un ré-

servoir et d’un canal pour la sortie du fluide que les glandes ont filtré. ^

Des capsules sur-rénales ^ de leur position, de leur forme ; de leurs faces ; de leurs angles J de leur cavité^ de leur suc j de leurs glandes conglobées ; de leurs vais- seaux , de leurs nerfs.

Des reins ; de leur posi- tion à droite, à gauche; de leur forme; du péritoine, par rapport aux reins ; de leur convexité; de leur si- nuosité ; de leurs vaisseaux ; de leurs nerfs ; de leur struc- ture interne; de leur subs- tance corticale ; de leur subs- tance radiée ou tubulée ; de leurs papilles ; de leurs ca- lices , de leur bassinet.

De l’urétère; de la direc- tion de ce conduit ; de l’uré- tére dans le bassin ;de la ma- nière dont il pénètre dans la vessie.

De la vessie ; de sa posi- tion; de sa forme; du péri- toine , par rapport à la ves- sie ; de son fond ; de son cou ; de sa cavité; de sa mem- brane interne; de ses fais- ceaux charnus ; des glandes muqueuses de la vessie; de son trigone, de l’orifice des uretères ; de l’orifice de la vessie; des fibres musculaires de cet orifice ; de ses con- nexions avec les parties voi- sines ; des dilTércuccs de la

DISCOURS SUR L’ANATOMTE. m

vessie dans le mile et dans la femelle.

Des glandes et des sécré- tions parliculières à certains animaux, comme la sécrétion du musc , etc.

III. Dr la nature des subs- tances animales.

Avant de traiter du mé- canisme des sécrétions , il faut coniioitre la nature des organes qui filtrent, et celle des humeurs qui sont filtrées.

Un chimiste moderne a trouvé, dans les matières animales, une quantité re- marquable d’azote. On ex-

ijlique, parcetle découverte, a formation de l’ammo- niaque que jiroduiscnt ces substances , soit lorsqu’on les expose au feu , soit lors- qu’elles se pourrissent, et les la port s de ces substances avec celles des matières végétales qui fournissent del’ammonia- quo lorsqu’ellesse pourrissent ou loiS([u’on les distille.

Ainsi , on considérera les corps organi és comme com- posés de lieux ordres d. subs- tances très - dilTéronles : les unes (ce sont les végétales) , donnent de l’acidc lorsqu’on les décompose par le feu ; les autres ( les animales ) , fournissent de l’alkali vo- latil J les premières sont pro- pres à former I esprit ardent par la ferxueatalion ^ les se-

condes se réduisent en un charbon dont la comlmslion est difficilej celle-là laisse, par la calcination, un char- bon qui se brûle facilement.

ün remontera donc , avec les modernes , à la nature et à la formation de l’alkali volatil, qui est composé d’air phlogistiqué , ou de mofette et de gaz inflammable. Ce- lui-ci se sépare de l’huile , il est dégagé de l’eau , et il se combine avec la mo- fette des matières animales, tandis que l’air vital de l’eau, joint au charbon, forme l’air fixe. Dans la fermentation spiritueuse des végétaux , le gaz inflammable se combine au contraire avec une huile végétale et du sucre jiour fo riner l’esprit-dc- vin.

§. lY. Des humeurs ani- males.

Du sang ,considéréconime le fluide <|iii confient toutes les humeurs.

D U sang , relahvemenf à sa ’empératured ns les ani- maux , cl'e s’éli've au- dessus de celle de ratmos plière , et dans ceux elle se montre à peu jirès au même ilegré. f^es jiremiers Sont appelés à sang chaud ^ et les seconds a sano fioid.

Du sa-ig ex-iminé phj.-i- qnement , en égard à sa pe— sauteur J à su couleur, aux

i 1 2 SCIENCES PITYSIOL. ET MEDICALES.

molécules ronges , j.-iuncs et blanches qni le cou jjoscnt.

Du sang traité cliirniquc- rnenl, soit par les réaclil's, soit par l’action cln l’eu. 0;i le considérera surtout couiiuc se séparant par le repos en deux parties, le caillot et la sérosité.

Du caillot , qui devient blanc lorsqu’on le lave ^ qui est fibreux, qui se retire et se tounneule en brûlant , qui se pourrit proinpleinenl, qui n’est pas soluble dans l’eau , qui contient beaucoup d’azote , qui est plus aniina- lisé que le sérum , auquel adhère un acide , et qu’on doit regarder connue étant très-analogue à la pai t.e glu- tineuse des végél; ux.

De la sérosité ,Jluide al- bumineux ou lymphe , dont la saveur est fade et un peu salée , qui se coagule au feu, qui s’épai.‘:sil par l’action des acides et des spiritueux , qui contient de la soude à nu, et qui verdit le sirop de violettes.

De la gelée gélnline ou colle, qui diffère essentiel- lement (le la partie albumi- neuse ; de la manière dont elle entre dans la compo- sition des parties blanches des animaux, telles que les tendoiis , les aponévroses , les cartilages , les mcinbranes, les ligamens cl la peau. Elle

se liquéfie à la chaleur, et les acid, s, ainsi que les al- kalis, la dissolvent.

En suivant toujours lacora- paiaisoii des substances ani- males avec les vi^gétales , on

déleriuinei aquelssont les ràp-

poits de la gélai ine avec 'es mucilages fadesdes végétaux.

Du lait considéré quant a sa couleur , à sa consis- tance , et aux phénomènes qui se présentent lor'^qu’on 1 expose à une température de ibà 20 degrés. Du petit- lait , il se développe un acide, et qni contient le su- cre de lait. Celui-ci contient lui-même un acide particu- lier. Du fromage , (jui est analogue à la partie aibu- mineu'e du sang. Du beurre qui devient aisément acide et rance, et que l’on compa- rera aux huiles ve'gélale.s.

De la graisse qui se fond au feu , qui se coagule au froid, qui contient une huile et un aci ’e dont les . himistes modernes ont déterminé la nature et rjui est analogue à la bile.

De la bile elV-même ; de l’action des acides .«ur cette humour (ju’on .loit regarder comme un. sa von forni.'d’une liuile de nature presqi e ré- sineuse unie à la .«omle ; .jui contient aussi de l’albumeu coagulable par le feu , par les acides , et par les spi-

DISCOURS SUR L’ANATOVriE.

ritueux j qui rend les ma- tières huileuses miscibh's à l’eau , et qui est décomp<wse'e dans le dundémiin , par les acides que la digestion y dé- veloppe.

Du suc gastrique , qui dis- sout uniforuiéinenl les ma- tières animales et végélales ; qui les réduit eu une p;Vle molle ; qui est anti-septique ; qui donne , suivant plusieurs cliimistes , des marque-, d’a- cidilé J qui , dans le bœuf et le mouton , est analogue à l’acide phosphorique , et qui agit sur l’estomac , même ap l ès la mort.

De la salive , qui paroU être savonneuse et chargée d’âir, et qui contient un sel ammoniacal , démontré par l’odeur piquante et unneuse que la chaux et les alkalis fixes caustiques en dégagent.

De l’urine, qu’on doit re- garder comme une dissolu- tion d’un grand nombre de substances différentes , dont les unes sont des sels sem- blables à ceux des minéraux qui sont fournis par lesali- mens , daus lesquels ils n’ont souffert aucune altération j dont les autres sont analo- gues aux principes extrac ifs des végétaux ) tandis que

ii5

d’au très sont particuliers aux

animaux, ou mémo à l’urine, et ne se trouvent poijit en ([ualilé rolablc ailleuis que daus ce (luide.

De l’c-vces d’acide phos- phori(jue qu’on trouve flans i’urinc j de la piopriété qu’elle a , ainsi que la sueur , de rougir la teinture du tournesol. Des circon.slances dans lesquelles c.-l acide est retenu et se porte sur diverses parties , comme sur le.s arti- cnlaliuus dans les goutteux. De l’acide liliiique qui se trouve aus.si dans l’urine , et qui loriucla base des calculs. Du depot de l’urine, (|ui est un mélange de cet acide et de pliospliate calcaire.

Les autres humeurs, telles que le mucus des n.xriiie.s, ic ceremin» des oreilles, le suc pancréatique , le ffuidc séminal, etc. , n’ont point été analysées On exposera , en peu de mots, ce qu'on sait sur ce sujet.

Pour résumer , on peut diviser les humeurs en six classes , comprenant , ( i )

1°. Les liumeurs salines, c’est-à-dire, qui tiennent des sels en di-iso'ulion , telles que sont l’urine et la sueur.

2°. Les ÜUides huileux in.

( 1 ) Division adoptée par M. de Pourcroy. Elle est préférable à eeUe qu Haller a publiée dans sa physiologie.

T. 4. y

ii4 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

flammables, qui ont tous une certaine consistance , et qui sont concrescibles: telles sont les graisses , la moelle des os , et le cerumen des oreilles.

5°. Les humeurs de nature savonneuse , qui sont com- posées de matières inflam- mables , mêlées à l’eau par l’intermède d’un alkali mi- néral et végétal: tels sont la bile et le lait.

4°- Les humeurs mu- queuses ougélatineuses, telle que la gelée animale ou gé- latine.

5°. Les fluides albumi- neux ou lymphatiques, tels que la partie séreuse du sang et le blanc d’œuf.

6°. L’humeur glulineuse qui forme la base du caillot, et qui existe aussi daiïs le tissu musculaire.

§. V. Du mécanisme des sécrétions.

Des expériences exactes prouvent que le sang con- tient les différentes humeurs qui sont fillrécs dans les glandes. Un chimiste mo- derne y a trouvé la bile toute formée. On ne peut pas dou- ter que l’urine n’en fasse aussi partie. On peut dire la meme chose du lait, etc.

D’un autre côté , les hu- meurs qui se filtrent dans les glaudos UC sont pas tellement

pures et homogènes, qu’elles ne se mêlent pas les unes avec les. autres dans les émonc- toires même se fait le travail delà sécrétion. Ainsi la bile se mêle à l’urine j ainsi l'albumen., la gélatine se trouvent dans plusieurs des fluides animaux : la lym- phe , qui sert de dissolvant à la plupart des humeurs , est repompée par les vaisseaux absorbans , dont les bouches s’ouvrent sur les parois de leurs réservoirs. Ce seroit donc se tromper que de croire que les glandes ne fil- trent, c’est-à-dire, ne lais- sent passer qu’une sorte de fluides bien déterminée.

On doit examiner avec uu grand soin la nature du sang qui est porté vers les diflé- rens émonctoires ; ainsi , le sang de la veine-porte différé* beaucoup du sang artériel qui coule vers les reins.

Certains organes semblent

êire préparatoires ; d’autres, paroissent être destinés i opérer une sorte d’assimila- tion. Ainsi , la rate prépare le sang qui doit être porté au foie. Ainsi , les glandes con- globées , qui n’ont point de conduit excréteur, font subir à la lymphe qui les traverse une élaboration utile.

La vitesse du sang , la lon- gueur, la largeur, les angle* des vaisseaux sont encore de» .

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. n5

élemens qu’on ne négligera point dans la solution de ce problème. Ainsi, les arteres du cerveau forment des cou- des répétés avant de parvenir à cet organe, dont la mol- lesse est grande. Ainsi , les artères sperniatitjues sont longues , grêles et contour- nées.

Après avoir considéré les vaisseaux qui portent le sang aux glandes, on examinera les vaisseaux déliés desglan- des elles-mêmes. Ils ont dans chacune d’elles des loiines déterminées. Dans le foie , ils sont disposés en étoile; dans la rate, ils le sont en bvanches d’asperges; dans les testicules , en manière de cheveux frisés ; dans le cer- velet, les dernières ramili- cations sont presque trans- parentes.

C’est en examinant avec une grande attention ces circonstances diverses, qu’on reconnoîtra qu’felJes sont , dans les corps organisés , les conditions requises pour la filtration de chaque humeur.

On exposera , en peu de mots , les systèmes adoptés par les auteurs, qui se sont efforcés d’expliquer ce méca- nisme. On peut les rapporter aux classes suivantes :

La première est celle des chimistes , qui ont supposé des fermons dans les g landes:

tels ont été Vanhelmont , Willis, Cole , J. Pascal et Bellini.

La deuxième classe est celle des mécaniciens , qui ont admis dans les organes sécrétiiires des espèces de cribles de diflérentes formes et grandeurs. Descartes, Bo- rd li , Verheyen et Cock- burneont adopté ce système. D’antres ont supposé , avec Lamtire, que ch que conduit excréteur etoil res>erié par uneforce particulière, et que chaque humeur circuloit avec une quantité de m u- veruent proportionneeà l’obs- tacle qu’elle devoit vaincre.

Nous rapportons à une troisième classe ceux qui pensent que les humeurs s’ar- rêtent et se portent dans les organesdéjà pénétrésdeleurs molécules. Leibnitz, Newton lui-même, Winslow, Gor- ter, Helvétius, Lieutaud et Parsons ont été favorables à cette théorie.

Dans une quatrièmeclasse doivent être compris ceux qui ont attribué tout ce mé- canisme à l’attraction ; soit , qu’avec Keil , ils aient re- gardé la force qui unit les molécules semblables entre elles, comme celle qui a'^it avec le plus d’avantage ,^et qui préside aux sécrétions ; soit , qu’avec Hamberger , ils aient cru trouver de l’ana-

iiG SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

logie entre le poids des hu- meurs et » elui des organes.

La cinquième classe est celle des animistes, qui se contentent de dire que Tâme régit les opérations diverses j et ceux-là en diflerenl peu , qui les attribuent à un prin- cipe vague créé par l’imagi- nation , pour expliquer ce que l’observation et l’expé- rience n’ont point encore fait connoître.

VIIK FONCTION.

DE I.A. généra T lO IV.

I®*'. sexe innsculin dans l’adulte.

Du sexe masculin en gé- néral ; du pénilj des testi- cules en général j de leur situation J du scrotum; du dartosjdu crémaster; delà tunique vaginale; de la tu- nique albuginée ; de la forme du testicule mis à décou- vert ; des ses régions ; de sa structure interne ; de ses petits vaisseaux repliés sur eux-mêmes ; du corpsd'hjg- mor ; de l’épididyme ; au canal déférent; de la direc- tion do ce canal ; des vais- seaux et des nerfs de ces parties.

Des vésicules séminales; de leur situation : de leur stiucturc externe; de leur

structure interne ; de leurs rapports avec le conduit dé- férent, avec la prostate et l’urètre.

De la verge, pénis ou membre en général; de sa forme; de scs muscles ischio- caverneux , et du bulbo-ca- ^ verneux on accélérateur ; des muscles transverses ou is— chio - bulbeux.

Des corps caverneux ; de leur origine , de leur réu- nion ; de leur structure in- terne ; de leur terminaison près du gland.

De l’urètre , du gland , du prépuce , et de leurs glan- des; de la partie spongieuse de l’urètre ; de sa partie membraneuse ; du bulbe de l’urètre.

De la glande prostate; de sa forme ; de sa consistance , de sa structure interne; de ses conduits excréteurs ; du vérumontanum ; des con- duits éjaculafeurs.

Du canal de l’urètre ; de ses lacunes ; de ses glandes; de ses contours.

Du fluide séminal ; de scs qualités; de sa nature ; du fluide de la prostate;du flui- de des glandes de l’urèlrc.

§. II. Du sexe masculin dans le foetus.

Des pa r t ics sexu el les m A 1 es dans le fœtus , avant le

DISCOURS SUR

sixième mois de conception j du leslicule dans le ventre; Au guhernaculum teslis ; des bourses.

III. Du sexe féminin.

Du sexe féminin en géné- ral.

Des parties génitales ex- ternes ; de leur situation; de la vulve , ou pudendum ; des grandes lèvres ; de la fourcliette; de la fosse navi- culaire ; des glandes des grandes lèvres.

Du clitoris en général , de son ligament suspenseur ; de ses muscles ( ischio-caver- neux ).

Des corps caverneux avant leur réunion , lorsqu'ils sont reunis ; du gland du clitoris; du prépuceau clitoris , et des nymphes ou petites lèvres.

Du méat urinaire ou urè- tre ; de sa situation; de sa direction; de son étendue; de son orifice ; de sa cavité; de ses glandes ; de son tissu , en quelque sorte caverneux.

Du plexus caverneux ré- lilorme, qui entoure l’ori- fice du vagin; des vaisseaux de ce plexus ; des glandes de ce plexus , qui s’ouvrent dans le vagin ; du muscle cnns- trictor cunni , seu vagince , du muscle transverse.

Du vagin; de sasituation; de 'son orifice de l’hymen;

L’ANATOMIE. 117

des caroncules myrtiformes; de la face interne du vagin f de ses replis ou rides ; de ses glandes ; de ses parois et de leur structure; de l’extré- mité du vagin, qui embrasse le col delà matrice.

Des parties génitales in- ternes Delà matrice en gé- néral; du col de cet organe; de SQn orifice externe ou du mu- seau de tanche ; de sa c.avilé ; de scs rugosités ; de l épais— seur et de la structure de ses parois; de son orifice in- terne, ou de la partie du col oui s’ouvre dans la matrice ; <îu corps de cet organe ; de ses faces ; de ses angles ; de sa cavité ; de sa forme ; de sou épaisseur; de la structurede ses parois ; de ses cornes dan» les femelles qui en sont pour- vues ; de scs ligamens; du péritoine , qui la recouvre et l’environne; des ligamens ronds ; des ligamens larges; des deux replis des ligamens larges , dont un est anté- rieur ou supérieur ; l’autre pos'éricur ou inférieur.

De la trompe de fallope

Près de la matrice, près de ovaire; de ses contours et replis ; de sa cavité ; de son pavillon ou morceau frangé.

De l’ovaire ou testicule des femelles ; de sasituation- de sa forme ; de ses faces ; ses cicatrices; de ses corps jaunes, CQrpora lutea. Du.

1 18 SCIENCES PMYSIOL. ET MEDICALES.

ligament qui unit l’ovaire à la matrice 5 de la structure interne de l’ovaire.

§. IV . Des règles ou écoule- menl périodiijue.

De l’agc les règles pa roissent . de celui elles finissent des phénomènes qu’elles présentent; de la plé- thore locale ou organique de lamatrice; del’espccedci'ti— qui ennaîtou qui l’ac- compagne; de la quantité et de la qualité du sang qui sort par celte voie. Del’iiti- lité de cet écoulement , pour disposer à la conception. La plupart des femelles des quadrupèdes , au moment elles sont en chaleur, ont les parties sexuelles baignées d’une Ij mphe rougeâtre.

§. V . De la conception et de la grossesse.

Delà semencede la femme, et de la liqueur qu’elle éja- cule.

De la conception et de ses particularités : de la super- fétation ; de la grossesse ou gestation; de ses périodes; de sa durée; de l’accouche- ment.

§. VI. Du fœtus et de ses en- veloppes.

Du nombre des fœlusdans un seul accoucUeinenl ; du

chorion ; de l’amnios ; de 1 allantoïde , des eaux de 1 ainnios ; de Vhjrpor}ianes.

Du placenta et des cotylé- dons; de la portion utérine; de la portion foetale du pla- centa ; des vaisseaux du pla- centa. Du cordon ombilical ; delayésicule ombilicale; de la structure du fœtus en gé- nér.al ; de son poids total.

De la slructureidcs os en génér;.l; des extrémités des os ; des sutures ; des siuus de la face ; du cerveau ; de l’œil et de la membrane pupil- laire ; du thymus ; des pou- mons ; du cœur; du trou ovale; du conduit artériel; des ventricules.

Du diaphragme.

Du foie; de la veine om- bilicale; du conduit veineux; du lobe gauche du foie ; de la rate; du pancréas; de l'estomac ; des intestins ; des glandes mésentériques; des glandes cong obées; des tes- ticules ; des bourses ; du cli- toris ; des mamelles; des vaisseaux du bassin ; des ar- tères ombilicales; des reins ; de la vessie; de l’ouraque; du bassin ; des oxtréiuités inférieures en général.

§. VII. Des parties sexuel- les , considérées dans les' divers animaux ovipares et vivipares.

Desquadrudedes qui n’on

DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 119

point de scrotum. Plusieurs singes sont dans ce cas.

Ue la structure du corps d’hygmor dans les quadru- pèdes.

De ceux qui n’ont point de vésicules séminales.

De l’os de la verge de plu- sieurs quadrupèdes.

Il n’y a qu’un petit nom- bre de quadrupèdes dans lesquels le corps de la ma- trice et ses trompes soient disposés comme dans la femme. Les femelles des sin- ges qui se rapprochent le plus de l’espèce linmaine, jouissent seules de cette pré- rogative. Dans les autres es- pèces de singes, et dans tou- tes les femelles des autres quadrupèdes , deux sacs allongés , et de forineirregu lière, connus sous le nom de cornes de la matrice, sont placés des deux côtés de cet organe J et les foetus y sout spécialement contenus.

De quelques femelles des quadrupèdes, dans lesquelles le vagin , qui est très-étroit , forme divers contours. Les s.arrigues et les marmoses sont dans ce cas. Ces femelles ont un sac à l’extérieur du ventre, ou sont leur mame- lons , et leurs petits habi- tent long - temps.

Des testicules des oiseaux j du péuis court et bifurqué de ces animaux , dans les-

quels cet organe est séparé du conduit des urines.

De l’ovaire eide l’oviduct des oiseaux, qui, par un nionvemenl organique par- ticulier , se redresse et em- brasse l’ovaire , lorsque l’œuf est sur le point de se séparer de cet organe.

Du cloa([uequi tient lieu de vessie , «le matrice , etc.

De la structure de l’œuf fécondé et non fécondé.

De l’embryon, qui fait essentiellement partie do l’œuf.

Du j.tune et des vaisseaux de l’œuf, qui font partie de l’ernbryon.

Un observateur mo«lernc s’est servi avec succès , des vaisseaux du poulet , conte- nus dans l’œul , pour obser- ver la circulation dans les animaux à sang chaud.

Des vaisseaux omphalo- inésenlériqups.

Du développement du poulet dans l’œuf.

Do l’appendice corrice dont est surnmnté le bec du poulet, et de la manière dont il ouvre la coque de l’œuf.

Des ovaires des reptiles et des poissons cartilagineux.

La vipère et la raie ne diffèrent des an’manx vrai- ment ovipares , qu’en ce que , le plus souvent, leurs petits éclosent dans le ventre

120

SCIENX'ES PHYSIOL. ET MEDICALES.

dos mères J mais , ils y sont re'eücinent contenus dans des œufs.

Des têtards et des em- bryons des salamaiHÎrcs.

Des œufs des poissons pro- prement dits.

Dos œufs des insectes j de leurs larves^ de leur mêta- inorpîiose.

Dans les ovipares , le fœ- tus appartient immédiate- ment à la femelle: il est vi- vifié et modifié par le mâle.

De ceux qui semblent, dans quelques saisons de l’année, se reproduiresans le secours du mâle, comme les pucerons.

De ceux qui semblent re- pousser de bouture , tels que les polypes.

Des animaux dont cer- taines parties se reproduisent. Les crustacées et les vers sont dans ce cas.

Des diverses sortes d’her- maphrodismes dont les vers fournissent des exemples.

Des mu'els et de l’in- fluence du père et de la mère d-nsces érations. Il sem- ble que l’extérieur cl les ex- trémités soient modifiés par le père et que les entrailles scient une émanation de la mère.

De la génération des végé- taux , comparée avec celle des animaux. Suivant Linné,

le pistil se continue avec la njoëlle de la plante.

§• ^III. Des observations qui ont été faites sur la conception dans les diver- ses classes d' animaux.

Des faits qui prouvent que la semence parvient ju.squ’à la matrice, et qu’on l’a même trouvée quelquefois dans les trompes de fallope.

Des diverses conceptions qui se sont faites quelque- fois dans l’ovaiie et dans la trompe.

Des expériences d’Aris- tote, de Harvey , etdellaller sur la génération.

Des changemens qui arri- vent h l’ovaire après la fécondation* comment une vésicule se renfle , s’ouvre ensuite , et comment un corps , de couleur jaunâtre , en prend la place.

Du fluide qui est contenu dans les vésicules do l’ovaire.

Des débris de fœtus , tels que les dents , divers osse- mens , et des cheveux trou- vés dans les ovaires.

De I’ 'œuf humain , de sa surface cotonneuse, etdeses diffé reiis progrès.

Des faits qui semblent prouver que la superfétation est possible.

De la semence, vue au microscope, et des corpus-

121

DISCOURS SUR L’ANATOMIE.

des qu’elle renferme. Des observotions faites par Buf- fon et Needliarn à ce sujet.

Des diverses expériences qui prouvent qu’il n’y a point de communication imniédi.'ite entre les vais- seaux de la mère et ceux du fmtus.

Des nombreux essais que M. Üpallanzani a tentés sur la génération des animaux.

I! a prouvé que les molé- cules, appeli'es du nom de vers dans le fluide .séminal , ne sont pas nécessaires pour opérer la fécondation , puis- qu’il a réussi , dans ses ex- périences, à féconder un cra- paud femelle avec une por— ti(5n de liqueur séminale qui étoit dépourvue des préten- dus vers.

]M. Spallanzani a prouvé la préexistence des germes dans les femelles, déjà admise dans les écrits de Mal- piglii , de Swemmerdam , de Clieyne , de Bonnet , et de Haller.

1°. Dans l’ovaire des pou- les , dans celui des salaman- dres , des grenouilles , etc. , parmi les œufs , il y en a de toutes lesgrosseurs , qui exis- tent et qui croissent, indt^ pendamment de toute in- fluence du mâle.

a®. La fécondation des te- Urdsse fait hors du corps des

femelles : le mâle accouplé répand la liqueur séminale sur les fœtus,qui se dégagent de la matrice de sorte que les œufs , qui n’en ont point été imprégnés , demeurent sans développement. La fé- condation desœufs des abeil- les SC fait aussi après la ponte.

3°. On a vu dans le volvox et dans les oignons ou bu'bcs de certaines plantes, plu- sieurs générations envelop-

tjées,el , pour ainsi dire , em- joîtées les unes dans les au- tres.

On traitera de l’influence de la chaleur dans le déve- loppement des germes. C’est par elle qu’on voit se former les premiers globules rouges du sang dans le poulet.

Des générations artificiel- les opérées p.ar M. Spallan- zanisur les femelles de quel- ques insectes, sur les œufs de quelques quadrupèdes ovipares, et sur une chienne.

L’œuf touché en un seul point, est fécondé j mais la vapeur du sperme est in- suffisante ; le contact de ce fluide lui-même es! néce.ssaire pour que la fécondjition ait lieu.

M. Spallanzani assure que trois grains de sperme de crapaud, étendus dans une livre et demie d’eau , ont

I

122 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

conserve toute leur energîe, et tjue tous les têtards plon- gés dans cette eau , ont été fé- condés.

MM. Bonnet et Spallanzani pensent que le sperme a sur- tout pour usage d’irriter le cœur de l’embryon , et de lui donner la première im- pulsion de la vie.

On exposera les pri ci- paux systèmes imaginés, pour expliquer le mystère de la génération , et leur insuf- fisance. On peut réduire ces systèmes aux cinq classes suivantes.

La première est celle des métaphysiciens! mctaphjsi- ci ). Elle comprend les sys- tèmes de Platon et dePytha- gore, les hypothèses de Van- helmont , de Stahl , et l’épi- génèse de Wolf.

La seconde est celle des mécaniciens ( mecanici ), parmi lesquels on distingue Aristote, Descartes, Pas- chal , Launai , et Quesnai.

Dans la troisième sont compris les syslèmesdeceux qui ont admis le mélange des deux semences ( seminis- ) : tels sont Hippocrate, Déinocrite , Ernpedocles , Galien et BiilTon.

Dans la quatrième sont ranges ceux qui on pensé que la génération se faisoit , dans tous les animaux, par

le moyen des œufs (ovlslæ ). Telle étoit l’opinion de Har- vey,de Ma pighi , d.; Stenon, de Yalisnieri , de Duver- ney, de Littré, de Nuck , de Swammerdam , et de Haller.

A la cinquième serappor- tent ceux qui ont ajouté à cette idée ( elle des animal- cules spermatiques du mâle, se logeant et se développant dans l’œuf ( animalculo OYLSlœ ). Lewenoeck , Har- tzoecher , Andry , Bourguet, Mery , Verheyen , Cowper, Boerhaave, Lieutaud, Chey- ne, et Geoffroy ont été les principaux appuis de ce sys- tème.

Ceux qui sont de bonne foi , dans l’étude de l’écono- mie animale , conviennent que le mécanisme de la gé- nération est tout -à- fait in- connu.

IX'”'. FONCTION.

rf U T R 1 T I O N.

§. Des mamelles.

De la lactation en général. Des mamelles J de leur nom- bre ; de leur position sur la

Îioitrine , sur le ventre j de cur forme j de la peau qui les couvre j du tissu cellu- laircgraisseux qu’on y trou-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i25

ve; (lu corps glanduleux qui les forme ; des conduits ex- C'éteurs de ce corps ; de la direction de ces conduits ou tuyaux excréteurs vers l’a- réole j de l’aréole elle-inèniej de la papille J des tuyaux excréteurs du corps glandu- leux , qui , de l’aréole , sc portent à la papille. Des re- plis de ces tuyaux sur eux— jiicmes , lorsque la papille n’est pas dans l’état d’t rec- lion. Du nombre des ouver- tures de ces tuyaux sur la papille ( il y en a quinze dans la femme ). Des vaisseaux des mamelles 3 des nerfs.

§. II. Du lait.

De sanature^de sa sécré- tion 3 de sa résorbtiou 3 de son abondance.

§. III. Des alimens.

On les considérera relati- vementauxdenls, àja salive, H l’estomac , au suc' gastri- que , à la bile , et aux intes- tins des divers animaux.

Ou les considérera relati- vement à leur poids, à leur volume 3 à leur cousis— tence, à leurs principales pro- priétés , et à leur perspira— bilité.

Des alimens tirés du règne

végétal , et deceux que four- nit le règne animal.

Delà force que ce dernier régime donne aux animaux.

Des avantages des subs- tances alimentaires solides qui donnent de la vigueur à l’estomac par leurséjour ,et , pour ainsi dire , en le les- tant.

Du régime mixte.

Des divers assaisonne- raens 3 des différentes espèces de boissons ; des effets des boissons .«ipiritueuses sur l’e— conomie animale.

§. IV. Du tissu cellulaire.

De sa structure dans les diverses parties du corps 3 de ses principales divisions , dé- partemens et communica- tions3de la manière dont il divise le corps en moitié droite et gauche, supérieure et inférieure, de scs lames ({ui soutiennent les vaisseaux lymphatiques.

§. V. Des divers u^es et pé- riodes de la vieeit général.

De la différence qui y ap- portent les climats.

De la vieillesse.

De l’état des os des vieil- lards 3 de leurs membranes , de leurs muscles, et de leurs

Î24

SCIENCES PIIYSIOL. ET MEmCAEES

tendons ; de leurs vaisseaux^ de leurs glandes.

Delà vie et de la mort. Tel est le plan que je pro- pose, et que j’ai suivi luoi- ïnéme,soil dans mes lejons

particulières, soit dans l’en- seignernent dont la faculté de M. decine de Paris m’a lait I honneur de me charger pendanr deux années dans ses Ecoles.

IV"V

N

REMARQUES

DE L’ÉDITEUR.

Dans le plan que nous avons placé à la suite du premier (discours sur l’Analomie, et dont l’idée seule est une des plus belles conceptions de Vicq -d’Azyr , les différens faits de l’organisation et toutes leurs circonstances sont distribués avec beaucoup de méthode, et rapportés à leurs véri- tables chefs de division ; c’est-à-dire aux appareils ils s’exécutent et que l’on regarde comuae leurs instru— mens. ( i )

Ce tableau est analytique j c’est la méthode qu’emplova Condillac pour les sensations, appliquée aux autres plié—

(a ) La division des ph6notnènes de la vie, en fonctions , que l’on rapporte à des appareils d’organes distincts , n’est pas plus dans la nature que toutes les autres divisions. C’est un arti6ce heureux dont l’esprit humain fait usage ;mais l’organisation est un ensemble , un tout unique , et aucun système de parties isolées , ne sert exrlusive- Wnent à une fonction vitale. Ainsi, quoique l’appareil, que nous rappelons appareil digestif, paroisse affecté à U digestion, cependant Jtous les autres organes contribuent à cette fonction ; et , ainsi que l'Bordeul’a remarqué, réfléchissent, dirigent leurs forces et le dé- fTeloppement de leur énergie vers le système gastrique , au moment tou celui-ci est au plus haut degré d’action. La même relation se ma- Imfeste dans l'exercice de la pensée , dans celui du mouvement mus- culaire , de la génération ; et l’on diroit que l’organisme est un ius- Ùrument unique , susceptible de divers usages , et propre à différens i.phenomènes, que nous rapportons aux régions du corps ils se ronanifestent, et qui , peut - être, en sont plutôt le théâtre que les ! organes spéciaux et exclusifs-, ce qui répond très - bien à l’idée qu’Hippocrdie se faisoit de la vie , dans ces expressions una natura, conjluxio una, consentientia oin/iia.

1 2 6 SCIENCES PH YSIOL. ET ME DIC ALES.

nomènes de la viej et, si l’on veut, une suite d’aspects ' divers de l’organisation , une extension de la division vulgaire de l’homme , en homme moral et en homme phy- sique j méthode heureuse , et d’après laquelle le physiolo- giste étudie successivement l’homme musculaire, l’homme sensible , l’homme gastrique , l’homme sanguin , etc.

On a fait, toutefois , sur le plan de Vicq-d’Azyr , quel- ques remarques qui sont fonde'es.

Ce qui tient à l’histoire des os et à celle des muscles, par exemple, n’auroit pas être séparé dans son ta- bleau J ces deux systèmes d’organes faisant partie d’un même appareil , l’appareil de la locomotion.

La sensibilité et l’irritabilité, placées au nombre des fonctions , sont deux propriétés générales des corps vi- vans; l’article sur la formation des os n’est point à sa place, et appartient à l’histoire de la nutrition -, enfin l’ac- tion des sens et celle des nerfs auroient être placées avant les muscles et les os j et il conviendroit d’étudier successivement, i». la digestion; 2°. la respiration, qui est une digestion aérienne ; 5°. la circulation , qui est une suite de la digestion et de la respiration (i); 4®. les sécré- tions ; 5®. la nutrition ; 6°. la réproduction , qui termine et complète cette série d’actions que présente la vie , ainsi décomposée et analysée, pour en conuoîlre toutes les cir- constances.

( 1 ) Suivant le citoyen Cuvier , les insectes qui ne possèdent pa* d’appareil spécial et local de respiration , n’ont point de véritable circulation. Le sang , ou ce qui en tient lieu , reçoit l’inlluencc de l’air par les trachées , dans tous les points du corps , et n’est pas réuni vers un centre ou foyer pneumatique , spécialement affeeti à cot usage.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 127

D’après ces vues , les fonctions seroient donc divise'es et rangées sous les huit titres suivans j savoir ;

1°. Action des nerfs et des sens.

2°. Locomotion.

5®. Digestion.

4°. Respiration.

5°. Circulation.

G°. Sécrétions.

7°. Nutrition.

8°. Génération ;

C’est-à-dire fonctions au moyen desquelles le corps vi- vant qui les réunit cl leur doit un mode d’existence très- étendu , éprouve des sensations, se meut , digère, ajoute des matériaux frais à des matériaux dépouillés en partie de leurs propriétés nutritives; les transporte, réunis, dans le torrent de la circulation, et les élabore dans l’organe pulmonaire ; fait circuler une liqueur appelée sang artériel dans une suite admirable de vaisseaux ; se nourrit, s’ac- croît, s’entretient, se reproduit, s’altère ; et, après avoir olTert toutes les nuances du développement et de la dégé- iiération , meurt de vieillesse, et rend au fonds inépui- sable de la nature les matériaux dont il étoit com- posé.

Avant Vicq-d’Azyr et Haller, les anatomistes traitoient des différentes parties de l’organisation, sans avoir égard à renchaînement de leurs fonctions ; et le cœur , par exemple , étoit séparé des vaisseaux ; le cerveau , des or- ganes des sens et du système nerveux , dans ce qu’ils appe- loiont des traites de névrologie et de sp’anchnologie.

Le professeur Chaussier qui , d’ailleurs , a tant perfec- tionné les études physiologiques , a conservé quelque chose de ca désordre des anciens anatomistes; et ce n’est pas

1 28 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

sans etonnement que l’on voit ce célèbre professeur, né- gligeant la liaison des actions vitales, séparer dans sa table synoptique d’un cours d’Anatomie, la circulation de la respiration, et les organes des sens , des nerfs et du cer- veau. (.) Le même professeur a d’ailleurs adopté une clas- sification beaucoup plus philosophique dans sa table sy- noptique des forces vitales, où, partant du point le plus élevé de la doctrine des corps animés , il examine d’abord les trois grandes propriétés vitales, et passe ensuite aux fonctions qui résultent de leur développement dans les différens apjiareils d’organes.

Burdin, dans un ouvrage publié plus récemment que la division du professeur Chanssier , a adopté un ordre qui en dilFère sous plusieurs rapports, et suivant lequel les phénomènes de l’organisation sont rapportés à sept titres principaux^ savoir : i°. l’action du cerveau et des nerfs j 2°. et 0°. celles des os et des muscles j 4°* l’action des sens J 5°. la digestion j 6°. la circulation traitée de ma- nière à embrasser dans son examen la nutrition et la res- piration J y*, la génération.

Ces classifications des fonctions vitales , de Vicq-d’Azyr, Chaussier et Burdin , peuvent être désignéés sous le nom de d i visions anatomiques, parce qu’elles sont établies d’apiès la distribution des appareils d’organes qui les exécutent, ou ' qui, du moins, paroissent contribuer plus directement àj leur développement. j

On peut aussi ranger dans la même classe la division plus récente, que j’ai appliquée au tableau analytique des

( 1 ) Voyez la table synoptique du plan général de* divisious et •out - divisions principale# d’un Cours d’Anutomio.

I

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 129

différences générales d’organisation , qui semblent dépendre de la nature du sexe.

Suivant cette division , dans laquelle il est facile de voir que j’ai essayé de combiner l’ordre anatomique avec une distribution philosophique, les fonctions vitales sont distribuées en quatre grandes classes , et présentent quatre séries de phénomènes , qui forment des manières d’exister et de vivre bien distinctes.

La première classe comprend les fonctions de relation ; et embrasse tout ce qui tient au sentiment et au mou- vement, à l’existence proprement dite, à cette vie exté- rieure qui acquiert un si beau développement dans l’homme civilisé.

Une deuxième division est consacrée aux fonctions spé- ciales de nutrition ; savoir, la digestion, la respiration et la circulation , ainsi désignées , parce qu’elles se rap- portent à des appareils particuliers d’organes, et que plus directement liées aux fonctions de relation, et inséparables de ces fonctions, elles sont, comme elles, des attributs propres à l’organisation animale.

D’autres fonctions plus généralement répandues, et qu’il est impossible de rapportera des appareils distincts, sont reunies dans la troisième classe, et désignées sous le nom de

fonctions générales dénutrition.

La quatrième classe rassemble les fonctions reproduc ti\esj savoir, 1°. le travail, les actions séparées cl prépa- ratrices des organes des deux sexes; 2®. les phénomènes, les actes qui succèdent à Tunion conjugale , dans cet ordre : Conception. Gestation. Accouchement. Alaitement. Les autres classifications , qu’il nous reste à indi- quer, peuvent être désignées sous le titre de divi- sions métaphysiques ; les physiologistes qui les ont adop- T. i.

1 5o SCIENCES ni YSIOL. ET M EDICALES.

tées , ayant préféré, pour en former les bases , la considéra- lion ab.slraite de certaines manières d’être de l’homme , aux caractères qu’ils pouvoient plus aisément tirer des ditiérens appareils organiques.

Ijes principales divisions métaphysiques des fonctions de l’économie vivante , sont la division en fonctions vitales, fonctions naturelles, et fonctions animales; celle de Mauduy t , et les divisions plus récentes de MM. Cuvier, Dumas, Bichat et Buisson, qui ont plus ou moins d’inconvéniens et d’avantages.

D’après l’ancienne division, que l’on retrouve encore dans un grand nombre d’ouvrages de Physiologie, ou regarde comme fonctions vitales, l’action du cerveau, la . respiration et la circulation , parce qu’en effet l’entretien de la vie est plus éminemment attaché à ces fonctions, i

I

qui cesse brusquement, si elles sont un instant inter- rompues, et que leur importance semble justifier le titre sous lequel on les a désignées. Les fonctions naturelles sont au nombre de quatre; la digestion, les sécrétions, j la nutrition et la génération. Quant aux fonctions ani- ; males, ce sont la locomotion et l’action des sens ; fonctions i qui méritent plus particulièrement ce nom , puisqu’elles sont propres aux animaux , et que leur développement est intimement lié à la perfection de la structure or- ganique.

Suivant la classification de Mauduyt , qui diffère assez peu de la précédente, les fonctions sont rangées sous trois litres; savoir:

I". Fomctions nécessaires i l’exis- \

tcnce actuelle.

r 1®. Action (lu cerveau.

2^. Circulation.

^ b®. Picspiralion-

i

DISCOURS SUR L’ANATOMIE,

II®. Fonctions nécessaires à l’exis- C

< 2^. Action des sens.

tence pioloiigee. / Locomotion.

1I[°. Fonctions nécessaires à l’exis- lencc perpétuée.

r 1®. Accouplement. <2®. Conception.

( 3®. Développement.

Monsieur Cuvier .a adopté une autre distribution, et reconnoît des fonctions animales, des fonctions vitales, et des fonctions reproductives. Dans les fonctions ani- males, il place la locomotion, l’action du cerveau et des sen.s. Celles auxcpiellcs il croit pouvoir donner le nom de fonctions vitales, parce qu’elles sont plus généralement répandues, sont au nombre de quatre; la digestion , l’ab- sorption , la circulation, la respiration.

Suivant la classification de Monsieur Dumas, qui est beaucoup plus métaphysique que les précédentes , les phénomènes de la vie olfrent une autre combinaison , et sont partagés en qu.atre classes; savoir: i». les fonctions générales de relation ; (i) ?®. et 5®. les fonctions de com- binaison (2) et de composition ; (5) 4®. les fonctions spé- ciales de relation. (4)

Bichat n’a fait que deux classes de fonctions ; 1 ®. les fonc- tions relatives à l’espèce; 2®. les fonctions relatives à l’in- dividu , divisées en fonctions animales et en fonctions organiques , regardées comme deux vies bien dis- tinctes, et rapportées à des organes dans lesquels on suppose des différences tranchées de structure et de propriété , que

(1) .'Action du système nerveux et des sens.

(2) Circulation et respiration.

(3) Digestion et nutrition.

(4) Génération et relation sociale , entendement , parole.

102 SCIENCES PHYSldL. ET MEDICALES.

la nature désavoue quand on l’interroge avec plus de soin et moins de prévention.

La dénomination de fonctions et de vie organiques ne peut d’ailleurs convenir : toute vie , toutes fonctions étant nécessairement organiques, puisqu’elles s’exécutent par des organes; la dénomination de vie animale n’est pas plus heureusement clioisie, parce que plusieurs animaux n’ont rien de celte vie , et que la digestion , que l’on regarde comme un des élémens de la vie générale , est un caractère j de l’animalité beaucoup moins contesté.

On doit remarquer, en outre, que Bicliat a trop mul- tiplie le nombre des fonctions ; qu’il sépare un grand nombre de j^bénomènes que l’on doit ranger sous le même litre ; qu’il prend des modifications de propriétés pour des propriétés , et qu’il regarde comme une fonction , la calo- ricité, que le professeur Chaussier a placée avec plus de rai- son au nombre des propriétés générales des corps organisés.

M. Piiclierand a évité quelques-uns de ces inconvéniens et de ces défauts, dans la division qu’il a adoptée pour son traité de Physiologie, (i)

M. Buisson , en méditant sur les idées et la doctrine de Bichat , a admis une division très-ingénieuse , et dans les ] détails de laquelle on trouve plusieurs vues nouvelles et phy- siologiques, sur les rapports de plusieurs actions orga- niques.

Suivant cette division, tous les faits de l’organisation sont rapportés à la vie active et à la vie nutritive, qui se composent de fonctions dont le tableau ci-joint expose la succession et l’enchaînement. )

(i) Voyez la troisième édition de cet estimable ouvrage. Discourt prélimitiaira.

i

TABLEAU

DES FONCTIONS VITALES.

'VIE ACTIVE,

ARTICLE PREMIER.'

De la vue et de la locomotion.’

ARTICLE SECOND.

De l’ouïe et de la voir.

VIE NUTRITIVE.

ARTICLE PREMIER.

Des fonctions exploratrices, de l’odorat et du godt en

general.

article SECOND.

1* onctions préparatrices. La digestion et la respiration.

ARTICLE TROISIEME.

Fonctions nutritives immédiates.

§. I. LES ABSORPTIONS.

L absorption membraneuse. L’absorption organique;

§. II. L A CIRCULATION.

§. III. LES SÉCRÉTIONS ET LES ASSIMILATIONS.

Telles sont les differentes divisions au moyen desquelles les physiologistes modernes ont essayé d’étudier les phénomènes des corps vivans ; divisions qui présentent toutes quel- ques avantages, et dont le nombre prouve avec quelle activité I esprit d’analyse s’est appliqué à un ordi’e de phénomènes ,dont il pouvoit seul pénétrer la nature.

Quelques philosophes précédèrent les médecins dans oe genre de considération , et l’on croît pouvoir rap—

Ê

i54 SCIENCES THYSTOL. ET MEDICALES

porter à Aristote la première idée de la distinction , entre la vie intérieure et commune à tous les corps vi- vans , et la vie extérieure et propre aux animaux.

Bacon s est expiime sur ce point d^une manière Beau- coup plus positive qu’Aristote , et distingue bien évidem- xiient par le mot de perception , auquel on a donné depuis un autre sens, la sensibilité generale, dont la plante nVst point dépourvue et qui préside aux phénomènes de la di- gestion et de la circulation, de la sensibilité de relation , du sentiment, dont plusieurs pliilosophcs ont trop étendu 1 acception , en attribuant cette faculté à tous les corps vivans , sans exception ce qui conduit nécessairement , ajoute 1 illustre chancelier, à penser que l’on ne pourroit pas arracher une branche d’arbre sans être barbare , et sans s exposer à 1 entendre , comme Polydore , pousser des 1 gémissemens. j

BufTon, à qui plusieurs physiologistes modernes ont em— 1 prunte , sans le citer , plusieurs idées fécondés , a également i senti la nécessité de considérer, sous deux points de vue ' différons , la vie intérieure et toute relative à la nutrition , | de la vie extérieure et manifestée, par les relations plus | ou moins étendues que le sentiment et le mouvement musculaire établissent.

Ces deux vies, ou plutôt ces deux manières d’être , se développent en même temps pendant la veille.

La vie intérieure , qui est d’une nécessité absolue , est la seule qui soit eu action pendant le sommeil. « Cette première division, ajoute Buffori , me paroîl naturelle, ' generale et bien fondée j l’animal (jui dort ou qui est en repos , est une machine moins compliquée et plus aisée a considérer , que l’animal qui veille ou qui est en mou- vement, »i ....

DISCOURS SUR L’ANATOMIE, i55

» Une huître , un zoopliyte qui ne paroît avoir ni mou- vement extérieur sensible j ni sens externe j est un cire formé pour dormir toujours 5 un végétal n’est dans ce sens qu’un animal qui dort j et , en général , les fonctions de tout être organisé, qui n’auroit ni mouvement, ni sens , pourroient être comparées aux fonctions d un animal qui seroit , par sa nature, contraint à dormir perpétuel- lement. »

» Si nous réduisons l’animal , même le plus parfait , à celte partie qui agit seule et continuellement , il ne nous pa- roîtra pas diirérciil de ces êtres auxquels nous avons peine à accorder le nom d’animal j il nous paroîlra , quant aux fonctions extérieures , presque semblable au végétal ; car , quoique l’organisation intérieure soit différente dans l’ani- mal et le végétal, l’iin et l’autre ne. nous offriront plus que les mêmes résultats j ils se nourriront, ils croîtront, ils se développeront , ils auront les principes d’un mou- vement interne , et posséderont une vie végétale j mais ils seront également privés de mouvement progressif, d’action, de sentiment, et ils n’auront aucun signe exté- rieur , aucun caractère apparent de vie animale. Mais re- vêtons cette partie intérieure d’une enveloppe convenable, c’est-à-dire , donnons-lui des sens et des membres , et bientôt la vie animale se manifestera j et plus l’enve- loppe contiendra de sens, de membres , et d’autres parties extérieures, plus la vie animale nous paroîtra complète, et plus l’animal sera parfait. »

Il Le cerveau est le centre de cette enveloppe, comme le cœur est le centre de la partie intérieure de l’animal. C’est cette partie qui donne à toutes les parties extérieures

î56 SCIENCES niYSIOL. ET MEDICALES.

le mouvement et l’action , par le moyen de la moelle de J’epme et des nerfs qui n’en sont que le.prolongement j et de la même façon que le cœur et toute la partie intérieure communiquent avec le cerveau et avec toute l’enveloppe extérieure , parles vaisseaux sanguins qui s’y distribuent , k cerveau communique avec le cœur et toute la partie' ktérieure , par les nerfs qui s’y ramifient. L’union paroît intime et réciproque j et quoique ces deux organes aient des fonctions absolument différentes les unes des autres , lorsqu’on les considère à part, ils ne peuvent cependant cesser d etre, sans que l’animal périsse à l’instant. »

Il est facile d’apercevoir l’analogie de ces beaux aperçus de Buffon , avec les idees de Blane , sur la vie intrin- sèque et la vie extrinsèque, et la doctrine de Grimaud, qui fait deux grandes classes de fonctions , les fonctions extérieures et les fonctions intérieures. Bichat , qui a puisé dans la même source , et à qui l’on peut reprocher des dénominations inexactes et des distinctions non-fon- dées , a cependant reconnu plusieurs points de vue nou- veaux dans le même sujet, et présenté, sur la différence des deux vies, une foule de remarques et d’observations de détail très-ingénieuses.

Hoger, dans une dissertation qui n’est pas assez connue , a considéré les pliénomènes de la vie d’une ma- nière plus générale , et les rapporte à deux forces , les centiifugcs ou puissances de dilatation , qui ont leur fover dans le cœur , et les forces contractiles ou de resserre- ment, qui se développent par l’influence nerveuse.

1 elles sont les remarques que nous avons cru devoir’ placer à la suite du plan de Yicq-d’Azyr , qui doit être regardé comme une esquisse très-avancée d’une pliiloso- juiie de la nature vivante. Nous n’avons fait d’ailleurs

DISCOURS SUR L’ANATOMIE, lôf

aucun changement à ce plan; et les etuclians qui le con- sulteront, pourront aisément lui appliquer l’ordre suivi par leur professeur. Nous pensons , toutefois , qu’il importe de commencer par l’action nerveuse, et d’adopter , pour l’élude des autres fonctions , la division suivante , qui nous paroît plus propre à faire de la ^Physiologie une véritable science, c’est-à-dire, un enchaineiucut non-in- terrompu de toutes les connoissanccs acquises par l’ex- périence et par l’observation , sur les phénomènes de la vie.

DIVISION

des fonctions organiques , que l’on propose d’appliquer au plan de V i c q - d’A z y r.

I**'». Fonction.

Action nerveuse. Locomotion. .

. . I Sensibilité.

Ostéologie et mouvement vo- loutair*.

III® ' Digestion

IV* Ilespiration

V®,. Absorption

VI* Circulation

VII® Sécrétions et nutrition.

VIII* Génération

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DISCOURS SUR L’ANATOMIE.

DEirXIEME DISCOURS.

De l’Anatomie comparée en ffénéral ; de.? différences anato- miques les plus remarquables dans chaque grande classe d’animaux ; des descriptions anatomiques ; de la langue des sciences; de la nomenclature anatomique et de son perfec- tionnement.

On distingue deux espèces d’Analomie, dont l’une est SIMPLE et l’autre co.mparée. La première s’exerce sur des objets qu’elle considère seuls et sans aucune relation avec ceux dont ils sont environnés ; la se- conde en démontre les rapports. Ici, comme dans toutes les autres sciences physiques, s’onVent deux moyens d’instruction j l’étude des livi*es et celle de la uature.

Si l’Anatomie humaine a le plus acquis, ce n’est pas seulement parce qu’elle est l'ouvrage d'un grand nombre de coopérateurs , c'est surtout parce que tous ceux qui ont contribué à ses recherches en ont connu 1 ensemble , et que la plupart ont mis dans leurs travaux autant d’exactitude que d’intelligence et de clarté.

Il n’en a pas été de même de ceux qui ont cultivé l'Anatomie des animaux. Plusieurs, peu versés dans 1 art de la dissection, n’ont considéré qu’une seule classe de leurs parties, ou qu’une seule classe de leui’s

SCIENCES PHYSIOL. £T MEDICALES.

oiganes; le plus souvent encore, au lien i m.e descriplion, il, ,e sont contentés de dite ce”,"" L 3 ont vu ou cru vote de «et-venien.; de sorte que ce nest pas Ih.sto.re de la nature, mais celle de se, ecails dont tl semble que les zootomistes se soient pnne, paiement occupés. Que l’on parcourre lermé- ntotres des tur.eux de la nature , les divers journau,;

recueils de Elasius et de Valentin, et l’on verra combien sont grandes l’incohérence et la dis-

paii ecesfails analomiques qui y sont rassemblés, et

on verra combien, au milieu de ces richesses, on éprouvé de fatigue et d’ennui.

II n’est donc pas vrai que l’Anatomie ait fait comme quelques-uns l’ont avancé, de grands prol grès. Ne craignons pas de dire, au contraire, que cette science existe à peine. Perrault, dans ses \Ié- moues justement célèbres, tous ceux qui oui marché sur ses traces, si l’on en excepte Collins et M. d’Au- Jenloii , tous les auteurs qui ont écrit sur l’art vété- rinaire, n’ont traité que de l’Anatomie simple des animaux, sans les comparer avec l’homme ou entre eux. C’est à M. d’Aubenlon, notre maître et notre modèle, qu’appartient l’honneur d’avoir créé parmi nous l’Anatomie comparée proprement dite. Tout ce qui concerne la forme générale et extérieure du .sque- lette et des grands viscères des quadrupèdes est exposé ans ses écrits. C’étoit riiistoire naturelle qu'il se pro- posoit d éclairer par ses recherches. Sous ce point de > lie il a tout fait, élan mérite de s'etre ouvert la car- rièie, il a joiutcclui de l’avoir complètement leraplie.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i4i Mais il nous reste une autre espèce d’Analomie com- parée, dont toutes les parties correspondent à celles de l’Anatomie humaine. L’on n’a point encore décrit les articulations, les ligamens, les muscles, les vais- seaux, les nerfs, les glandes, ni la structure interne des viscères considérés dans les différentes classes d’a- nimaux. l’ai commencé, depuis plusieurs années, ce travail dontles dillicultéssont immenses; je continue- rai de m’y livrer avec courage, espérant que ceux qui l’acheveront un jour avec gloire, me sauront (juelque gré de la peine que j’aurai prise pour jeter les fonde- mens d’un édifice dont les matériaux sont épars, ou entassés sans ordre dans des constructions vicieuses, ou cachés encore dans le sein de la nature.

L’art de la dissection du corps humain doit ses pro- grès aux efl'orls de plusieurs siècles. Les anciens ana- tomistes n’avoient point imaginé de briser les os pour y suivre la route des nerfs : ils n’avoient point rempli les vaisseaux d’un fluide dont les parties les plus dé- liées, s’échappant par les extrémités capillaires, sem- blent reproduire le mécanisme des sécrétions dans uii corps inanimé: il n’avoient point vu le mercure com- muniquer aux réseaux qui le contiennent, son brillant, ses reflets et sa souplesse : ils n’ont point connu ces milliers devaisseaux dontles membranes, transparentes comme la lymphe qu’elles contiennent, ont échappé si long -temps aux yeux des observateurs. Toutes ces découvertes , tous ces moyens , perfectionnés par la main du temps , sont applicables a l’Aiiatoniie des animaux.

a 4'i SCIENCES PII YSIOL. ET, MEDICALES.

Les fautes co, «mises dans la dissection du corps ]iumam nous seront toujours présentes, et leur sou- venir nous avertira de les éviter. Des préparations trop ongueset trop subtiles ont souvent conduit à de faux résultats. Le corps muqueux et l’épiderme ne sont qu’une seule et même substance : à force de les tour- menter , on les a séparés. Le scapel de Ruysch a trop multiplié les membranes. Weitbreclit, en décrivant plus de cent ligamens dans la main, est devenu mi- nutieux, diffus et obscur. L’injection, poussée avec trop de force et d’abondance dans la rate, y a produit des epanchemens que la nature désavoue. Coscliwilz, Nuck, et Vasalva lui-méme , ont pris des vaisseaux sanguins, l’un pour un conduit excréteur, les deux autres pour des vaisseaux lymphatiques. Ces erreurs des yeux les plus exercés nous ont toujours inspiré la plus grande défiance de nous-mêmes dans un genre d Anatomie on, marchant presque sans guide, nous devons toujours craindre de nous égarer.

Ecoutons les maîtres de l’art. Ils nous disent que les muscles doivent être décrits dans leur situation res- pective et par couches; qu’il faut distinguer ceux qui s’attachent aux os dans une grande étendue, d’avec

ceux dont les seules extrémités s’y insèrent; que la structure intérieure de ces organes, et le trajet des tendons dans leurs chairs ne sont point assez connus; que les viscères doivent être vus en place et dans tous les sens possibles; qu’il ne faut point borner à une seule position le corps que l’on dissèque; qu’il convient de lui en donner plusieurs et d’observer ce qui se passe

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i45

dans chacune d’elles ; que les vaisseaux et les nerfs doivent être démontrés avec toutes leurs connexions ; enfin, ils nous disent que la recherche des glandes conglobées mérite une grande attention, parce qu’elles annoncent toujours la présence des vaisseaux lym- phatiques.

Avertis par ces réflexions, gardons-nous surtout d’i'nfecter un inonde nouveau en y répandant de vieilles opinions ou des systèmes. Profilons de l’exemple sans nous en l'endre esclaves; considérons Zinn, Meckel , Haller, Alliinus, lorsqu’ils ont sur- passé leurs prédécesseurs, dans la dissection de l'œil , du nerf de la cinquième paire, du diaphragme , des tuniques des intestins, et de la valvule du cæcum. Qu’ont- ils fait? ils ont imaginé des coupes et des pré- parations nouvelles; ils ont porté dans leurs recher- ches , celte liberté d’esprit sans laquelle l'homme n'a rien et ne fait rien qui lui appartienne, et par laquelle, devenu propriétaire de ses travaux et de ses pensées, il crée au lieu d’imiter, et commande aux préjugés au lieu de s’y asservir.

Ces réflexions nous tracent une belle route : mais nous a%'ons tant d’observations à faire, tant de pré- cautions à prendre, et l'erreur nous menace de tant de cotés, que nous sentons eu même temps redoubler nos inquiétudes; elles augmentent surtout à la vue du règne vivant qui se montre ici dans tout son ensemble. Le résultat de noire premier discours a été d’offrir le tableau des fonctions ou caractères propres aux corps organisés. Déterminons ici quels sont, dans chaque

i44 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

grande classe de ces êtres, tels que l’iiisloire naturelle nous les présente, les genres les plus frappans par leurs différences anatomiques, et quels principes doivent nous diriger dans cette étude.

Les foi'iiies des pieds et des doigts des quadrupèdes ont de grandes liaisons avec celles de l’avant-bras et de la jambe. Nous connoîtrons par leur examen les rapports de l’animal avec le sol qui le soutient, avec le milieu il vit, et avec le corps dont il est envi- ronné.

La tete , qui renferme les organes des sens les plus déliés, se montre aussi sous divers aspects. Tantôt courte et arrondie, comme dans l’homme, c’est par le milieu de sa base qu’elle s’articule avec la première veitèbie du cou; tantôt allongée par l’extension des mâchoires, c est son extrémité postérieure qui se meut sur le cou. La face est alors très* oblique, et taudis que son volume s’accroît, celui du crâne diminue; mais les ouvertures qui donnent passage aux neifs s'élargissent en même proportion. Par un contraste frappant, à mesure que le cerveau se rappetisse, la grosseur des cordons nerveux qu’il fournit augmente; les muscles, les divers organes, et les viscères, plus renfles et plus robustes, ont besoin d'un mobile plus énergique, ou d’un aiguillon plus puissant, et le cer- veau des animaux semble se borner à ces usages.

La clavicule est un os dont plusieurs sont privés , et

( 1 ) C est i*! M. cl’Aubcnton tju’uppai tient celle remorque surl’art ticulation de la tûic avec l’atlas.

DISCOURS SUR L’ANATOMIÉ. i45

rjui varie dans ses formes. La langue, l’os hyoïde, et toutes les parties organiques qui servent à la digestion , ont des rapports constans avec les substances alimen- taires de divers genres. Plus on s’éloigne de l’iiomme, plus aussi les scissures des grands viscères sont nom- bi'euses et profondes. Le cœur, situé presque trans- versalement sur le diaphragme humain, s’incline, dans le singe ; sa pointe se i’approche du sternum , dans les lissipcdes; dans les solipèdes et dans les bisulques, il est suspendu presque verticalement sur cet os, et, dans le mouvement que l’œil de l’observateur lui voit faire, en parcourant depuis l'homme jusqu’au clieval , la série de ces animaux, on peut estimera peu près à un quart de cercle l’espace qu’il a parcouru; les pou- mpns agissent sur l’air atmosphérique , et ils ont lea foyers se dégage la chaleur; l’air modifié dans le larynx, transmet au loin les sons dont le corps est agité; c’est par l’intermède de l’oreille que les divers animaux en sont avertis , et comme ces organes se correspondent , il faut les opposer les uns aux autres et les comparer entr'eux. Le nombre et la grosseur des mammelles sont également proportionnés à l’étendue des cornes utérines, parce que les unes et les autres sont relatives au nombre des fœtus à loger et de petits à nourrir.

A laide de ces caractères, nous déterminerons ce qui est propre à l'homme , et ce qu'il partage avec les quadrupèdes. Nous remarquerons que lui seul est bi- pède, c’est-à-dire, que lui seul a deux pouces aux mains sans en avoir aux pieds, tous les autres ayant

i46 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

■un pouce à chaque extré)nité , comme les singes et les makis, ou en étant tout-à-fait dépourvus, comme la plupart des quadrupèdes, ou n’en ayant qu’aux ex- trémités postérieures , comme le sarigue, le cayopollin , le phalange!' et la marmose; circonstance à laquelle il me semble que l’on n’a pas fait assez d’attention.

On ne peut voirie squelette d’un quadrupède,. sur- tout celui d’un solipède ou d’un bisulque, sans être frappé de l’énorme ^différence de ces extrémités avec celles de l’homme. Les os du bras et de la cuisse sont gros et courts 5 le col du fémur a peu d’étendue; le péi’oné n’existe que dans un petit nombre de ces ani- maux; (i) le talon est couché obliquement de bas en haut; les os qui représentent le métacarpe et le mé- tatarse s’allongent à mesure que ceux de la cuisse et du bras perdent de leur longueur, et l’animal n’est sou- tenu que sur une partie de l’espace qui correspond à la plante du pied.

Après avoir considéré les os des extrémités des quadrupèdes dans un squelette , supposons- les en- vironnés des muscles, des ligamens qui les couvrent. Nous l'emarquerons alors que, si l’on en excepte les singes et les quadrumanes en général, les os des bras et des cuisses disparoissent presque entièrement sous les masses qui les cachent et qui les confondent avec les parties latérales des corps. Nous remarquerons que plusieurs quadrupèdes, tels que le fourmilier, lepan-

( 1 )II n’exîste point dans les ruminans , si l’on en excepte un mosehut.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 147 golinj'et le phalanger, ont les pieds tellement enve- loppés par la peau , qu’on n’aperçoit que leurs ongles; que dans l’éléphant et le rhinocéros, les doigts sem- blables à ceux de l’homme, mais encroûtés par un tissu très -dense, loin d’ètre propres à toucher, ne peuvent serv'ir que de support à l’animal. Nous re- marquerons que les expansions qui , dans le phoque et dans le castor, forment des nageoires, et qui, dani la chauve-souris, composent des ailes, ont les pha- langes qu’elles masquent, pour appui. Nous verrons enfin les extrémités des doigts recouvertes par des ongles ou armées de grilï'es, ou entoui*ées de sahels épais.

Arrêtons un moment nos regards sur la station des quadrupèdes comparée à celle de l’homme. Dans celui- ci , le corps est soutenu sur tout le pied, et fos du talon fait un angle droit avec la jambe; position dont aucun quadrupède n’offre d’exemple. Les singes, les makis, le sarigue, le chien, le chat, les fissipèdes en général, et l'éléphant lui-même, ne marchent ni sur le poignet ni sur le talon, mais sur les doigts. L’ours n’est point excepté de celte loi commune; M. d’Aubenton estime aux cinq sixièmes de son pied l’espace sur lequel il s’appuye en marchant; et les bisulques, avec ou san» canon, et les solipèdes, ne sont soutenus que sur les extrémités des troisièmes phalanges. Ainsi plus ou s’éloigne de l'homme, plus ou voit le pied (ij se rétré-

(1) J’appelle pied , dans les quadrupèdes , comme dans l’homme,

i48 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

cir et s’allonger; plus la partie qui sert d’appui diminue, et plus l’angle que le talon fait avec la jambe devient aigu.

Je ne parle point ici de ces pieds dont la forme . est anomale irrégulière , et qui sont moins destinés à marcher qu à d’autres usages ; tels sont ceux de la taupe , que l’on sait être surtout propres à fouiller la i terre; tels sont ceux du paresseux et du fourmilier, dont ces animaux se servent pour s’accrocher aux arbres. Ici l’ordre des mouvemens est changé; la taupe mai’che sur le poignet et sur les doigts , comme la chauve-souris sur le pouce et sur le poignet.

Dans l’état de repos, les quadrupèdes et les fissi- pèdes sont soutenus sur les tubérosités sciatiques et sur . la plante du pied. Ainsi placés, la plupart relèvent le tronc et se servent de leurs "mains; c’est ce que fait la marmote, malgré l’extrême petitesse de son pouce; c’est ce que fait le raton en joignant ses deux mains, . et quoiqu’il n’ait point de pouce; c’est ce qu’exécutent j avec une grande adresse les singes et les malds. Que \ l’on ne croie pas cependant que la main de ces ani- maux jouisse de la même force et de la même mobi- lité que celle de l’homme. L’orang-outang a dans le carpe un osselet particulier que Galien a décrit dans le pithèque et dont l’homme est privé. Les autres singes en ont un, et quelques-uns en oui deux de plus plus que l’orang-outang. Dans tous le pouce est petit, .

tout l’cspacc qui s’étend depuis le ;<doa jusqu’à l’extrémité de* troisiènics phalanges.

'

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i4g et sa résistance ne peut, comme dans 1 homme , contre- balancer celle des autres doigls.

La disposition des muscles, dans les extrémités de l’homme et du singe, établit encore des diffeiences plus marcjuées entr eux. Je prie que 1 ou me pei mette d’entrer, à ce sujet, dans quelques détails que je crois nouveaux, et par le moyen desquels nous arri- verons à des résultats qui le sont aussi.

L’extenseur commun des doigts de l’extrémité an- térieure des singes est très-petit, parce que le muscle indicateur fournit deux tendons, l’un au second, l’autre au troisième doigt, et que le muscle exten- seur du petit doigt en fournit aussi deux , l'un au doigt annulaire, l'autre à l'auriculaire. Ce qui m’a la p'ius frappé dans cette dissection , c’est que je n'ai point trouvé de muscle fléchisseur propre du pouce; le tendon qui fléchit ce doigt sort de l'épanouisse- ment tendineux du fléchisseur profond , sans répondre à aucun des faisceaux charnus de ce muscle.

Dans le pied ou main postérieure des singes et des malcis , le pouce a, comme dans la main proprement dite , un muscle extenseur propre et un long abduc- teur. Le muscle péronier moyen est percé pour lo passage d’un muscle grêle qui se porte vers le petit doigt , dont il opère l’extension et l’abduction. Le muscle plantaire est très-charnu ; il passe , après s’ètre élargi, sur le talon, et dans la plante du pied, il se confond si intimement avec l’aponévrose plan- taire et avec le fléchisseur perforé , qu’on doit le l'e- garder comme faisant partie de l’un et de l’autre.

i5o SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

Ici se trouvent deux fléchisseurs perforans , l’un pour le troisième et le quatrième doigts, l’aulre’pour le second et le cinquième, et chacun de ces fléchis- seurs fournit un tendon au pouce qui n’a point de fléchisseur propre , non plus que dans la main anté- jieux’e.

Il suit de cette structure que les singes doivent le plus souvent étendre plusieurs doigts ensemble , et qu’ils ne peuvent fléchir le pouce de la main sans fléchir en même temps plus ou moins les autres doigts. Il suit qu’ils sont dépourvus de ces mouvemens dans lesquels l’action du pouce se combine avec celle du doigt indicateur et du médius; mouvemens indis- pensables dans toutes les opérations un peu délicates, et sans lesquels il n’existeroit peut-être aucune trace de l’industrie des hommes. 11 suit enfin que la main ai’est pour les singes qu’un instrument propre à saisir les corps, et c’est en la comparant avec celle de l’homme .que l’on découvre pourquoi lui seul a créé les arts.

En continuant l’examen de la main postérieure ou pied du singe, j’ai appris que chacun des muscles per- forés fournit un tendon au pouce , sans doute afin que, dans toutes les attitudes et dans toutes les cir- constances possibles , ce doigt soit fléchi sans peine, et par une suite nécessaire de la disposition des parties. Cette structure doit etre très- utile à ces animaux , qui nesontpas , à parler rigoureusement , des habitans de la terre , mais qui vivent sur des arbres , aux blanches desquels ils sont sans cesse accrochés et sus- pendus. Considérons -les sous cet aspect, et nous ver*

DISCOURS SUR L’ANATOMID. loi

rôtis que rétroilesse de leur bassin, que la forme de leur corps qui se x’étrécit de haut en bas, que la demi- flexion des cuisses sur l’os des îles , que la direction des callosités, que la séparation du pouce d’avec les autres doigts du pied sont très-propres à cette habi- tation, et répondent à toutes les conditions de celte

hypothèse.

Je suis bien loin d'avoir épuisé la matière. De nou- veaux faits viennent appuyer ma conjecture et la changent en démonstration. Dans l’homme les muscle» flécbrsseurs de la jambe se terminent par des con- tours doucement arrondis vers la région la plus élevée de l’os tihia. Dans le singe ces mêmes muscles se portent très-loin sur la surface luterne de cette partie, ils forment une corde qui x*end très -dillicile et très-rare sa parfaite extension sur la cuisse. Mais c’est surtout dans la manière dont le tendon élargi du muscle plantaire passe sur le cakaneumAa singe que j’ai trouvé la raison pour laquelle cet animal ne peut marcher droit. Comment, en effet, tout le poids du corps pourroit-il être soutenu sur un base oiseuse qui , comprimant et gênant le muscle fléchisseur , rendroit imparfaits et pénibles des mouvemens sans lesquels la station et la marche n’aurolent aucune solidité ? Li’hoinme , au contraii’e , a le talon nu et dépouillé de toute expansion musculaire, et lui seul est ainsi conformé.

Que l'on s'accoutume donc à regarder comme in- dispensable la connoissance la plus exacte des plu» petits organes, puisque l’exaxnen d’une loile aponé-

i52 sciences PHYSIOL. et MEDICALES.

vrolique nous a dévoilé pourquoi l’homme seul est vraiment bipède, et que la description la plus soignée des petits os du carpe a pu seule nous apprendre quels doigts des quadrupèdes correspondent à ceux de l’homme, et comment le pouce, l’indicateur et l’au- riculaire sont ceux dont on retrouve les traces dans presque tous les individus. Ç’a toujours été dans l’étude appiofondie des details que l’on a surpris les secrets de la nature : et c’est à ceux-là seuls qui ont le courage de tout apprendre qu’il est permis de croire que l’on peut tout expliquer.

I/iniitation est un autre trait non moins saillant dans les moeurs du singe. De la fréquente répétition des contractions musculaires naissent en lui l’ha- bitude qui les reproduit et la sûreté qui les dirige. On ne peut considérer un moment cette espèce d’ani- mal sans être étonné de la vitesse et de la succession non interrompue de ses mouvemens : on diroit qu’une force irrésistible le tourmente sans relâche; il s’agite, il s’appi’oche , il s’éloigne , il se pi’esse de monter, il se hâte de descendre. Cette inquiétude est, sans doute, im grand obstacle à sa perfectibilité. Qu’apprendre, en effet , à celui qui se meut toujours, puisqu’il n’est point d’étude sans réflexion , et que réfléchir , c’est s’arrêter ?

Le nombre des doigts des quadrupèdes, considéré dans chaque extrémité est au plus de cinq. 11 résulte des nombreuses observations de M. d’Aubenlon que la plupart de ces animaux ont cinq doigts à chaque pied; que parmi ceux qui sc-nt ainsi conformés on en

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i55

compte un tiers dont le doigt interne du pied , a la forme d’un pouce , et que, dans trente-trois espèces, les doigis anlérieui’s et les postérieurs ne sont pas en même nombre. C’est encore des rechercliesde M.d’Au- benlon que j’ai lii'e les l’esultats suivans.

Les quadrupèdes peuvent elre divises en dix sec~ lions, à raison du nombre de leurs doigts.

Dans la première, en comparant toujours le nombre des doigts d’une des extrémités antérieures avec celui des doigts d’une des extrémités postérieures, la pro- portion est de 5 (i) à 5 , comme dans Thomme et dans les singes,

5-5.

Dans la deuxième elle est de 5 à 4 , comme dans lo cliieu et le chat , 5-5.

4- 4.

Dans la troisième elle est de 4 à 5 , comme dans le tamanoir ,

5- 5.

Dans la quatrième elle est de 4 à 4, soit que l’animal s’appuye sur ses quatre doigts, comme l’hyennc, ou sur deux seulement , comme les bisulques, 4-4.

4- 4.

Dans la cinquième la proportion est de 4 à 5, comme dans le cochon d’Inde , 4-4.

5- 5.

( 1 ) Le premier nomtre désigne toujours celui des doigts de l’ex- trémité antérieure.

1 54 SQENCES PIIYSIOL. ET MEDICALE S.

Dans la sixième elle est de 5 à 3 , comme dan* 1 ai , 5-3.

3- 5.

Dans la septième elle est de 2 à 4, comme dans le fourmilier, 2-2.

4- 4.

Dans la huitième elle est de 2 à ’5 , comme dans l’unau , 2-2.

0-0.

Dans la neuvième de 2 à 2 , comme dans le cha- meau, 2-2.

2*2.

Enfin , dans la dixième elle est de x à i , comme

dans le cheval, l’âne , le zèbre et l’onagre, x-i.

1-1.

Remarquons que , dans le phalanger , deux des doigts sont réunis en un seul , sans cependant que les ongles soient confondus entr’eux ; observons que , dans les singes et dans le makis , chaque doigt est formé de trois phalanges , tandis qu’on n’en trouve que deux dans quelques-uns des doigts de plusieurs autres fissipèdes.

N’oublions pas qu’il existe une propoii-ion cons- tante entre le nombre des os du métacarpe et du mé- tatarse et celui des doigts , et que les quadrupèdes hisulques ne font point exception à cette règle , quoi- qu’avec deux doigts, ils n’aient qu’un canon, puis- que cet os, simple en apparence, est composé dans les jeunes sujets de deux pièces très-distinctes, qu'une ossification rapide confond de sorte qu'il n’y en a plus

discours sur L’ANATOMIE, i55

qu’une seule (i) dans un âge avancé. Ces mêmes qua-» drupèdes ont deux petits doigts surnuméraires sur lesquels l’animal n’est point appuyé, et dont chacun s’articule avec un petit os métacarpien ou métatar- sien. Cesdeux doigts surnuméraires sont, en général, plus volumineux dans les ruminans à cornes solides que dans ceux dont les cornes sont creuses ; dans le renne , par exemple , que dans le bœuf. 11 m’a paru aussi qu’ils étoient plus gros dans les extrémités an- térieures de ces bisulques que dans les postérieures. Dans le sanglier les deux doigts surnuméraires sont très-exprimés , et l’os du canon est remplacé par deux os épais et courts. Dans le cheval l'os du canon est environné de deux petits os aigus , (2) que l’on doit regarder comme tenant lieu de deux os du méta- tarse, ou comme répondant à deux ordres de pha- langes , ébauchés.

Les os du métacarpe et du métarlase sont donc, comme les doigts, au nombre de cinq dans l'homme, dans les singes, dans les makis et dans plusieurs autres fissipèdes ; au nombre de quatre bien distincts dans le sanglier , et en général dans les bisulques sans canon ; au nombre de quatre , dont les deux moyens sont réunis, dans les bisulques à canon ; enfin au nombre de trois dans les solipèdes, tel que le cheval.

L’examen des dents est encore un objet de recher-

( 1 ) Voyez le Mémoire de M. Fougeroux sur le canon du veau. Académie des Sciences , 1772.

( 2) M. d’ Aubenton les appelle Epines.

i56 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES.

elles commun à ceux qui cultivent l’Histoire Natu- relie et 1 Anatomie j et sans lequel on ne peut avoir j qu’une connoissance imparfaite des animaux. Les an- i ciens regardoient les dents comme des os d’une nature i jiarticuliere j elles jouissent , disoient-ils, d’une sensi- I bilité , puisque l’impression du froid et du chaud j s etend jusqu aux nerfs dont leurs cavités sont rem- | plies. Servons- nous de ce caractère pour distinguer les dents des animaux en deux grandes classes. Dans la premiei’e seront comprises les dents proprement dites, qui sont implantées dans des alvéoles, et qui reçoivent des nerfs et des vaisseaux. On doit rap- porter à la deuxième classe les dents aiguës ou épi- neuses des poissons , qui font corps avec les os maxillaires, dans lesquels on ne trouve point de ca- ! .vité ( 1 ) nerveuse ou vasculaire , et qui , n’ayant | aucun usage l'elatif à la mastication , ne servent qu’à ' retenir et à tuer la proie dont l’animal se nourrit. (2) j Quelques quadrupèdes, tels que le pangolin , le plia- j tagin, le tamanoir et le fourmilier sont tout-à-fait I dépourvusde dents; ils ne triturent point les alimens, que l’on retrouve entiers dans leur estomac. Les mâ- choires de l’éléphant ne sont armées que de dix dents, (5) en comptant ses défenses. Le rat n’a que

( 1 )Si cetto cavité existe dans quelques-uns, elle est au moins très-petite.

( 2 ) Voyez le second Mémoire de M. Droussonnet sur les dents des reptiles et des poissons.

( 5 )Lc petit nombre de dents de cet animal est suppléé par la grande étendue de chacune d'elles.

I

DISCOURS SUR L’A NAT O MIE. seize dents jl’ai, que dix-liui tj le porc-épic et l’agouty, que vingt 5 on en trouve vingt- deux dans le pola- touclie. Les nombres de trente-deux, vingt-huit et vingt -six dents sont les plus répandus parmi les qua- drupèdes. Les singes en ont trente- deux. On voit co nombre augmenter dans la belette et dans le barbi- roussa, qui en ont trente -quatre ; dans lemococo, le sajou et le hérisson, qui en ont trente-six; dans l’oui’s, qui en a trente- huit; dans le chacal , qui eu a quarante; dans le chien, qui en a quaraute-deux ; dans la taupe et dans le sanglier , qui en ont qua- rante-quatre ; enfin dans la mannose , qui en a cin- quante. Les nombre douze, quatorze, quarante-six, quarante-huit, ne sont ceux des dents d'aucun qua- diuipède connu, (x)

M. Broussonnet , qui a fait des recherches très- étendues sur la structure , les usages et la compa- raison des dents des différentes classes d'animaux , (2) a observé que leur forme varie moins dans les qua- drupèdes herbivores que dans ceux qui se nourrissent de chair; que, dans ces derniers, elles sont très- blanches et très-polies; qu’elles sont jaunâtres dans les quadrupèdes qui rongent des écorces , et noirâtres dans ceux qui se nourrissent de végétaux , qu’ils sont obligés de mâcher long-temps avant de les avaler ; qne les dents molaires des ruminans sont toujours

( 1 ) Cette remarque est extraite des leçons de M. d’AuLentou.

(2 ) Mémoire sur les dents de l'homme et des autres animaux , comparées entr’elles.

i58 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

recouvertes d’une couche de matière luisante , noire et semblable à l’enduit extérieur des bezoards, (i) enfin que , dans plusieurs quadrupèdes herbivores , tels que les rais, le castor, l’hippopotame et l’éléphant, l’émail , au lieu de se borner à l’extérieur de la dent, comme on le voit dans l’homme et dans les carnivores, s’enfonce dans l’inlérieur sous la forme de lamesver- ticales , qui dépassent la couronne et sont exposées aux divers froltemens de la mastication. (2)

Si , après avoir considéré les dents en général , nous examinons leurs divers ordres dans chaque classe de quadrupèdes , nous apercevrons que leurs différences constituent les caractères les plus sûrs dont le naturaliste puisse faire usage. Quoi de plus cons- tant, en effet , que la structure des dents incisives, qui sont au nombre de quatre dans les mâchoires de l’homme et du singe, au nombre de deux dans celles des rats, au nombre de six dans celles des carnivores , au nombre de huit dans l’os maxillaire postérieur des ruminans, tandis que l’antérieur en est dépourvu? Les six larges dents incisives du cheval n’ont -elles pas une forme particulièi’e qui les dsstingue des six dents incisives des quadrupèdes carnivores, que leur extrémité, plus aigüe que tranchante , caractérise assez , comme les quatre incisives antérieures du lièvre et du lapin, étroites, allongées et disposées sur deux

( i ) Cette remnrque appartient à iVr. (VAnbenton.

( 2 ) Comme lu mastication est très -répétée dans ces animaux , il falloit que tours dents fussent susceptibles d’une grande résistance.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i5q rangs, (i) ne peuvent être confondues avec les quatre dents incisives des singes, des sapajous et des makis. Les dents incisives inférieures des chauves- souiâs, dont M. d’x\ubenton a fait connoître plusieurs espèces nouvelles , sont divisées en lobes et comme festonnées; les incisives supérieures de l’oreillard sont fourchues, celles du hérisson sont aignës et longues; elles percent au lieu de couper. Toutes ces dents sont soutenues dans la mâchoire antérieure par un os que j’ai décrit sous le nom d'incisif (-j) ou labial , que quelques-uns appellent iniermaxillaire , que l’on a découvert depuis peu dans les morses, et dont j’ai reconnu les traces dans les os maxillaires supérieurs du fœtus humain. (5) Au reste les dents incisives proprement dites ne sont pas les seules que l’on trouve implantées dans les os; (-i) ou y voit aussi les défenses de l’éléphant, du, morse et de la vache marine; (5) et M. d’Aubenlon a remarqué que la portion de l’os maxillaire antérieur qui les soutient est beaucoup plus volumineuse que la région opposée de l’os maxillaire postéi'ieur. Ces cir-

( 1 ) Celles de la rangée postérieure sont petites et cylindriques. JBxtrait des leçons de M. d’Aubeiiton.

fa) Académie des Sciences, 177g.

{ 5 ) Ibidem.

( 4 ) J’ai appris de IVL Camper , dans son dernier voyage à Paris , que cet os lui est connu depuis très-long-temps , et qu’il regarde comme incisives toutes les dents qui y sout enfoncées. Voyez aussi le premier mémoire de H. Broussonuet sur les dents.

( 5 ) Les dents canines et Incisives de l’hippopotame, les canines du barbi -roussa et la corne dçL narwal, sout aussi formées d’un« sorte d’ivoire.

i6o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

constances prouvent bien que les défenses ne doivent point être confondues avec les dents canines; mais il ne pai’oît pas qu’elles puissent autoriser les natura- listes à les classer parmi les incisives. Divisons plutôt les dents des quadrupèdes en trois ordres : les labiales, les angulaires et les mâchelières ou molaires. Sous- divisons les labiales en plates tranchantes , ou inci- sives (i) proprement dites ; en aiguës, telles que celles de rbérisson; et en coniques ou défenses , comme celles de l’éléphant, que l’émail ne recouvre point, et qui sont entièrement formées d’ivoire.

Sous-divisons les molaires en petites et en grosses, et disons : les incisives et les délenses de la mâchoire antérieure, sont implantées dans l’os incisif ou labial. Les angulaires ou canines antérieures , sont placées dans l’os maxillaire, proprement dit, près de la su- ture, qui le sépai’e du précédent , et les deux oi’dres de dents molaires sont rangées sur les branches de chacune des mâchoires. Nons éviterons ainsi toute méprise , et nos expressions, d’accord avec nosidées, ne conduiront point à l’eiTeur.

L’ouverture des ti’ous incisifs, et l’étendue de l’es- pace qui sépai-e les dents incisives des mâchelières sont proportionnées à la longueur de l’os incisif. Cet espace , qui n’existe point dans l’homme , est déjà très - marqué dans les singes cynocéphales; il s’accroît dans les autres fissipèdes , et il occupe- une grande

( 1 ) On les appelle quelquefois , dans l’homme , du nom d* riante».

/

>

. DISCOURS SUR L’ANATOAllE. i6i parties des bords alvéolaires dans les solipèdes et dans les bisulques. Les quadrupèdes qui ont des dents in- cisivesà chaque mâchoire, à l'exception du hérisson , des musaraignes et du rat volant , manquent de ilents canines, et à leur place est un espace vide comme les barres du cheval, (i) Le lièvre et le lapin sont dans ce cas.

C'est dans cet espace (2) que se trouvent les dents angulaires ou canines. Celles-ci , placées dans les deux points qui correspondent aux commissures des lèvres, sont plutôt une arme dont l'animal se sert pour sa défense , qu’un instruïnent propre à la mastication. Ce qui donne une grande vraisemblance à cette opi- nion , c’est quêtons les ruminans qui ont des cornes , tels que le taureau et le liclier, sont dépourvus de dents canines , tandis que ces dents se trouvent dans les mâchoires des ruminans, qui , comme le chameau, n’ont point la tète surmontée de cornes, et que dans le barbi-roussa , les canines de la mâchoire antérieure, au lieu de se diriger vers l’intérieur de la bouche, sortent en sens inverse vers les angles des lèvres, et se roulent en formant, sur chaque côté de la face, des contours très- étendus.

Un caractère propre aux dents angulaires des divers animaux , est qu’elles sont courbes et aiguës, et qu’elles surpassent en longueur les dents des autres ordres. C’est dans les cavnivores (5) surtout qu’elles sontaigëus

( 1 ) Cptte remarque appartient àM. d’Aubenton.

( 2 ) Je l’appelle interdentaire , interdentitium.

(?>) Voyez le premier Mémoire de M. Broussoilnet , sur les dents

T. 4.

11

162 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, et prolongées, (i) et que leur base est large et pro- fonde. Elles sont aussi fort longues dans plusieurs quadrupèdes qui vivent d’insectes et de fruits. Elles sont obliques et presque horizontales dans ceux dont la face se termine par un long museau , tels que le sanglier. Enfin, dans quelques genres, comme dans le cheval, elles ne pai'oissent que sous la forme de petits crochets, et plusieursfemellesensont dépourvues. De cette remarque, qui n’a pas échappé à M. Brous- sonnet, et d’un grand nombre d’autres que je pourrois y ajouter, je conclus avec lui que les dents angulaires sont en même temps les moins nombreuses , et celles de toutes qui varient le plus par leurs formes et par leurs usages.

Les dents petites molaires composent un ordre par- ticulier moins étendu que les autres ; et que je regai de , avec M. Broussonnet, comme analogues à celui des dents des carnivores. Elles sont au nombre de quatre dans chaque mâchoire de l’homme et de la plupart des singes. Dans le sajou on en voit deux de plus à chaque mâchoire; ce qui porte à trente-six le nombre total des dents de cet animal, dont les grosses molaires sont égales en nombre à celles de l’homme. .M. d’Au- henton a trouvé de petites molaires dans l’écureuil, la marmotte, le hérisson, les musaraignes, lephalanger, le chat et le tigre. Observons ici que, dans plusieurs carnivores , les petites molaires ne sont sunuontées

( 1 ) Les quadrupèdes qui ont des dents canines courtes , ne se ser- vent do cette arme , ni pour combattre, ni pour tuer les animaux.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i65 que d’une seule éminence : c’est ce que j’ai vu dans le chien; la première dent màchelière après l’angu- laire, est petite et aiguë comme une canine proprement dite. Il me semble donc que l’on seroit exact en divisant les petites molaires en monoscupides et bicus- pides, c’est-à-dire, en dents qui ont une ou deux pointes. On a regardé celles-ci comme étant formées de deux dents canines réunies, comme chaque grosso molaire paroît résulter du rapprochement de deux molaires biscupides. (i) Mais cette manière de com- parer entr’elles les canines et les deux ordres de mo- taircs ne convient qu’aux dents de rhomme et à celle» de quelques quadi’upèdes qui se nourrissent de fruits et d’écorces ou de viande. On ne trouve aucun rap- prochement entre les molaires et les canines des her- bivores , dans lesquels ces dernières , si elles ne man- quent pas tout - à- fait , font au moins très -peu de saillie et se voient à peine.

Les dents auolaires ou mâchelières doivent être considérées comme les véx'itables instruraens de la mastication; aussi sont-elles les plus nombreuses, (2) les plus larges , et celles qui varient le moins. Leurs racines sont doubles, triples ou quadruples, et leurs surfaces opposées portent surtout l’empreinte de leurs caractères spécificiques. J’en distingue trois sortes dans les quadrupèdes des divers ordres: les li nés sont applaties, horizontales , et formées de lames perpen-

(1) M. J. Hunter a donné à celles-ci le nom de bifurquées.

(2 Les tatous ont beaucoup de dents mâchelières , parce qu’il> n’ont ni incisives , ni canines. ( M. d’Aubenton. )

k

l64 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

•diculaires , dont l’extrémité saillante paroît sous la forme de croissant, de trcfles, de triangles, d’orbes irréguliers, de sinuosités transversales, comme on le voit dans les rats, dans le castor, dans l’élépliant , dans le cheval, ( i ) et dans le taureau. Cette struc- ture appartient aux dents des quadrupèdes qui se nourrissent, soit d’herbes, soit de feuilles tendres, soit même de fruits et d’écorces , comme le rat d’eau. Les dents mâchelières des carnivores sont, au conti’aire, coupées obliquement, recouvertes d’une seule couche d’émail, et surmontées d’éminences aiguës et tran- chantes de forme triangulaire ou pyramidale , et j beaucoup plus élevées d’un côté que de l’autre. 1

Je place entre ces deux ordres les dents molaires j qui, recouvertes d’une seule couche d’émail comme i les précédentes, sans sinuosités sur leurs surfaces , et coupées dans une direction à peu près horizontale, sont hérissées de plusieurs tubercules ou pointes mousses. On trouve cessortes de dents molaires dans l’homme, dans les singes, dont les alimens se tirent du règne végétal, et dans le sanglier , qui se nourrit de fruits, de graines, et de racines plus succulentes et plus faciles à triturer que les feuilleset les herbes.

Les dents de ce troisième ordre, ou à tubercules, peuvent broyer des alimens de toutes les sortes; aussi les quadrupèdes qui en sont pourvus s’en acco-

(i ) C’est tlnns le fœtus du clieval qu’il faut les considérer. On j voit les lames verticales, d’autant plus sensibles, qu’elles seules composent lu totulité de la dent.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i65

modent- ils , lorsque les circonstances l’exigent. Ils sont vraiment omnivores. Les dents du premier ordre, ou à lames , se trouvent surtout dans les herbivores» et quelques quadrupèdes qui ne se nourrissent que de végétaux. Celles du second ordre, ou k j)oinles , ii’appartienent qu’aux carnivores : leur mécanisme n’est pas le même que celui des deux autres ordres : on ne peut les comparer à des meules ; elles cou- pent, elles déchirent, mais elles ne triturent pas comme les dents à tubercules ou à lames, dont les tablettes larges, applaties , et à peu près horizontales, se touchent lorsqu’elles sont rapprochées, dans une très-grande partie de leur étendue , tandis que celle» des dents à pointes, quelques rappixjchées qu’on les suppose, laissent toujours de grands intervalles entre elles.

Les dents à tubercules et à pointes ont une grande analogie entre elles : leur émail est disposé de la même manière; les tablettes sont plus obliques, et les éminences font plus de saillie, et se présentent sons des angles plus aigus dans les sécondes que dans les premières ; mais au fond leur structure est la même. Aussi les animaux carnivores mangent-ils quelquefois des végétaux, tandis que les ruminans et les soli- pedes refusent de se nourrir de viandes. Les dents à lames des herbivores sont donc très-éloignées de celles des deux autres sections, et il n’y a point de véritable rapprochement entre elles. Les dents de tous les quadrupèdes connus peuvent se rapporter- à oes trois ordres.

3 66 SCIENCES riIYSIÜL. ET MEDICALES.

C’«st une recherche curieuse que de considérer dam cetle clàsse d’animaux les difl'érentes combinaisons des divers ordres de dents. Le sajou, par exemple > le raococo, le.phalanger, le hérisson et l’oreillard , ont chacun trois dents dont la distribution varie dans chacun d’eux. Le phalanger a 8 dents incisives supérieures; le macoco, le sajou et l’oreillax'd en ont 4, et le hérisson n’en a que 2. On compte dans ce dernier 32 dents molaires ; dans le phalanger il y en a J27 , dans le sajou 24, dans le œococo et dans l’oreillard 22 , avec cetle différence que les molaires supérieures sont au nombre de 12, et les inférieures au nombre de 10 dans le mococo, au lieu que, par une disposition inverse , les inférieures sont au nom- bre de 12 et les supérieures au nombre de 10 dans l’oreillard. Nous sommes bien loin de pouvoir rendre compte de ces variétés qui ne paroisseut que bizarres au premier aspect , mais qui sont, on n’en sauroit douter, relatives à la force, aux besoins des ani- maux , et surtout à la nature des alimens dont ils doivent se nourrii’. Déjà M. Broussonnet a ingénieu- sement remarqué que les dents incisives supérieures et moyennes de l’homme , étant plus larges que les latérales, et ne se touehant point, sont, par cette disposition , analogues aux incisives des hei'bivores, tandis que les incisiv’’es moyennes de la mâchoire inférieure étant moindre que les latérales, ont des rapports avec celles des animaux carnassiers. Ainsi des observations exactes et des comparaisons suivies expliqueront successivement toutes ces énigmes.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 167 Non - seulement le sexe apporte quelque différence dans les formes des dents, comme je lai dit en par- lant du cheval ; mais le climat influe encore sur leur nombre et sur leur structure dans les animaux du même genre. C’est ainsi que, suivant la remarque de M. Camper, le rhinocéros d’Afrique, arme de deux cornes, n’a point de dents ( 1 ) incisives, tandi<» que celui d’Asie, qui n’a qu’une corne , est pourvu de deux dénis incisives supérieures , et de quatre inférieures. (2) Cest ainsi que, suivant le même ana- tomiste, les lames des dents molaires de l’éléphant d’Asie sont beaucoup plus nombreuses que celles de l’éléphant d’Afrique-, ( 3 ) ce qui founiit un moyen sûr pour les reconnoltre et les caractériser tous deux.

Veut-on avoir en peu de mots une idée exacte de l’action de toutes les espèces de dents molaires dont j’ai parlé jusqu’ici ? Dans les carnivores elle résulte du mouvement angulaire des mâchoires qui s’élèvent et s'abaissent , s’éloignent ou se rapprochent ; les dents qui sont taillées obliquement, glissant les unes sur les autres du haut en bas. Dans les herbivores, c’est principalement de droite à gauche que 1 os maxillaiie postérieur se déplace; dans l’homme , comme dans les singes, les molaires inférieures, en passant sous les supérieures, décrivent des courbes dont la gian-

( I ) Le rhinocéros dLVfrique a la peau lisse.

( 2 ) Celui-ci a la peau rugueuse et ptlssée.

(3)11 faut remarquer que cet éléphant est d’une taille iuféneure à celle du premier.

1 tiO SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES, deur et l’élévation varient, leur mouvement étant comi)osé de ceux qui se font de haut en bas, de droite à gauche, et de derrière en devant. Enfin, suivant les observations de M. Camper, ( i ) c’est principale- ment dans une direction longitudinale que se portent les dents molaires du cabiai et de l’éléphant, et e’est aussi dans le même sens que se fait, dans ce dernier , l’effort de leur accroissement

Des l'apporls conslans existent entre la structure des dents des carnivores et celle de leurs muscles, de leurs doigts, ue leurs ongles, de leur langue, de leur estomac et de leurs intestins. Cet appareil doit évi- demment servir à poursuivre, à tuer des animaux, à décliirer leurs membres, à digérer leur chair, à s’abreuver de leur sang. Se pourroit-il que celte guerre non interrompue entrât dans le plan de la na- ture? que par elle le fort fut armé contre le foible ; que jjar elle fut aiguisée la dent du lion et du tigre ; que par elle les substances végétales furent destinées à nourrir des animaux qui, dévorés à leur tour, se replongent suc- cessivement dans ce règne muet et insensible tout s’abîme et s’engloutit ; que par elle enfin furent orga- nisés ces grands quadrupèdes (2)qu’onnei’etrouveplus,

- ( 1 ) M. Camper a fait sur l’élépliant et sur les singes uu grand nombre d’observations nouvelles dont il est à désirer que Icssavaus ne soient pas privés plus long-temps.

( 7. ) Tels sont le mamoulb et l’élan aux cornes palmées. Observa- iions sur la Virginie , par M. Jefl'erson , pages io5 et 126; ouvrage traduit nouvellement , et publié par uu des plus savons littérateurs de celle capitale ( M. l’abbé Morellet- J

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 169

et dont les débris épars laissent entrevoir que le do- maine de la vie a déjà reçu quelque atteinte, et que celui de la mort s’élève sur scs ruines et s agrandit à ses dépens.

Le rat , appelé hamsler , a des poches ou abajoues analogues à celles des singes. Les unes et les autres seront l’objet de nos recherches.

L’os hyoïde, dont l’usage est de soutenir la base de la langue , s’allonge à mesure que la face et la langue elle -même acquièrent plus d’étendue. Il est formé de trois ou de cinq osselets dans les quadrupèdes cla- viculés , et de neuf dans la plupart de ceux qui ne le sont point.

Entre l’os hyoïde et le larynx de quelques singes esl un sac ( 1 ) membraneux , et double dans l’oi'ang- outang , simple dans la plupart des autres singes , osseux dans le singe rouge de Cayenne, et que M. Campera retrouvé membraneux dans le renne, sans que nous sachions ni quel est son usage dans les singes , ni pourquoi cette conformation leur est com- mune avec un quadrupède ruminant que tant de ca- ractères en éloignent, et qui a si peu de rapports avec eux.

D'autres cavités et des cloisons, placées à l’inté- rieur du larynx de quelques quadrupèdes, tels que Fane et le sanglier, forment des différences dont nous ne négligerons point de nous servir.

Tous les fissipèdes ont un estomac simple, c’est-à-

( 1 ) J’ai donné à ce sac le nom à-'hyolvroidien.

I

3 70 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES, dire formé d’une seule cavité. Dans l’Iiama, dans la vigogne, dans rhippopolame, et dans quelques-uns des bisulques sans canon, ce viscère est composé de plusieurs sacs irréguliers qui communiquent entr’eux. Dans tous les bisulques qui ont un canon , les quatre estomacs sont complets, et la rumination en constitue le principal caractère.

La vésicule du fiel manque dans plusieurs quadru- pèdes de différentes classes 5 tels sont l’ouistiti, l’iiip- popolame,le cheval , l’âne, le cerf, le daim, le che- vreuil, le cariacou , l’axis et la renne.

Plusieurs quadrupèdes sont dépourvus de l’intestin cæcum et de l’appendice vermiforine. Dans quelques- uns même, comme dans l’ours, l’intestin colon n’est point marqué. Dans plusieurs ruminans les intestins grêles sont en spirale, au milieu des circonvolutions du colon qui les entoure-, et dans les solipèdes, comme dans le cheval, la grande étendue des intestins sup- plée à la petitesse de l’estomac qui ne paroît pas être proportionné au volume de l’animal.

Les vertèbres, les côtes, le sternum et les os du bassin , composent la charpente du tronc. Jetons un coup d’œil sur leurs différences. Les vertèbres du cou sont, dans tous les quadrupèdes, au nombre de sept: la constance de ce nombre s’étend jusqu’aux cétacécs^ il subsiste, malgré la réunion apparente de plu- sieurs de ces vertèbres. Tandis que l’atlas et Iaxis sont soudés ensemble dans les dauphins, les cinq autres vertèbres cervicales ne forment qu une seule pièce dans laquelle les cerceaux osseux et les apophj^ses.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 171

soit épineuses , soit transverses , sont Irès-distincles; et M. Camper m’a appris que dans le cachalot l’allas est séparé, tandis que l’axis et les cinq autres ver- tèbres cervicales inlérieures, réunies, ollVent égale- ment lesti’aces de chacune d’elles en particulier.

Le nombre des vertèbre* du dos est toujours en rai- son de celui des côtes.

Les vertèbres lombaires varient beaucoup. Plu- sieurs quadrupèdes en ont cinq, comme l’homme: tels sont l’orang-outang, le sajou, le castor, le raton, la taupe, la musaraigne volante , le cheval (1) et le pécari. Le nombre des vertèbres lombaires semble s’accroître à mesure que celui des vertèbres sacrées diminue : c’est .ainsi que l’on trouve six vertèbres lombaires dans le singe, appelé gibbon, et sept dans le magot , dans le mandrill , et dans plusieurs autres le sacrum n’est composé que de trois pièces.

Les rats en général et les ruminaus ont six vertèbres lombaires. Le tigre, le lion, et presque tous les car- nivores, le dromadaire, le chameau, le lièvre et la marmotte eu ont sept. Quelques- uns, comme le loris et le polatouche en ont neuf. On n’en trouve que quati’e dans le coaila et le paresseux, et trois seule- ment dans l’éléphant et dans le fourmilier

Il n'y a qu’un très-petit nombre de quadrupèdes, tels que le castor, la inarumtte, la taupe, le pécari et le cheval, dans lesquels M. d’Aubentoa ait trouvé cinq

( 1 )M. d’Aubenton a découvert qu’il y a quelquefois une ver- tèbre do plus dans la région lombaire du cheval.

i72 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

vertèbres sacrées. Dans les autres, ces pièces sont au nombre de quatre, comme dans le saï et dans le loris j ou de trois, comme dans le gibbon; ou même de deux '

comme dans le coaila, dans le phaianger et dans il inarmose.

Plus on s’éloigne de l’homme, plus aussi on voit le coccyx se prolonger. Les pièces qui le forment sont au nombre de trente dans le phaianger, dans le saïmiri, et dans plusieurs auti’es; au nombre de trente- trois , dans le mococo ; au nombre de trente -six, dans le cayopolliii; enfin on trouve quarante-deux vertèbres, ou pièces coccigiennes, dans le fourmilier.

Le sternum est beaucoup plus étroit dans les qua- drupèdes que dans l’homme, et le nombre des osselets qui le composent est toujours proportionné à celui des côtes, que les anatomistes appellent vraies, et auxquelles j’ai donné le nom de sterno-vertébrales.

Les nombres des côtes les plus répandus parmi les quadrupèdes, sont ceux de vingt-quatre, vingt-six, vingt-huit et trente. Le résultat en plus, est de Trente- deux dans l’hyène; de ti-ente-six, dans le cheval; de quarante, dans l’élépbant, et de qiiai-ante-six dans l’unau. Le résultat en moins, est de vingt-deux dans la musaraigne volante, dans le campagnol volant, et dans le cachicame.

Le lamantin n’a que quatre côtes sterno-vertébrales: quelques-uns n’en ont que dix; dans la plupart on en trouve quatorze ou dix huit. Le jîhoque et Tunau sortent de ces lijuites, l’un ayant vingt, et l’autre vingt-quatre de ces côtes.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 175

On ne connolt point de quadrupèdes qui aient moins

de huit côtes verlébrales.(i) Dans leplusgrand nombre

on en trouve dix, et plusieurs en ont douze ou quatorze. Le clieval en a vingt; l’éléphant, vingt-six ; et le la- mantin en a vingt-huit.

On compte vingt-quatre côtes dans le squelette de riioinme : on en trouve le même nombre dans celui de plusieurs quadrupèdes; mais dans quelques-uns de ces animaux, la distribution de ces vingt-quatre côtes difl’ère de celle des côtes de l'homme. Dans le magot, dans le mandrill, dans le mococo, ce nombre est composé de seize côtes sterno - vertébrales et de liuit vertébrales; et dans la mone , il l’est de dix-huit côtes sterno - vertébrales et de six vertébrales. Dans le gibbon, dans le talapoin ,»daus le polatouche, dans le lièvre et dans le dromadaire, le nombre des côtes sterno-verlébrales est le môme que dans l'homme; ce qui fait bien voir que l’identité de plusieurs caractères n’est pas toujours une preuve d’analogie entre les individus auxquels ilsappartiennent, et que dans l’his- toire des animaux, on doit être réservé, pour ne pas tirer des résultats faux de quelques ressemblances trompeuses.

En général, la poitrine des quadrupèdes étant plus étroite que celle de l'homme, doit être plus longue, puisqu’elle a les mêmes viscères à contenir, et il falloit que les côtes qui en forment l’enceinte fussent aussi plus nombreuses.

( 1 ) J’appelle ainsi les fausses côtes.

174: SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

Linné a dit dans plusieurs endroits de ses ouvrages, que son premier dessein avoit été d’étendre à tous les animaux la méthode sexuelle qu’il a employée pour les plantes, et qu’il n’a été détourné de ce projet que pai la ciainte de blesser la modestie de ses lecteurs. Sans rechercher si cette crainte étoit fondée, j’assu- rerai qu’il auroit facilement trouvé dans ce plan de distribution systématique des caractères dont il auroit pu faire usage : j’assurerai que sous ce rapport, comme sous tant d’autres, l’homme diffère de tous les êtres j que le scroium, et la présence d’un os dans la verge, en éloigne le singe pour le rapprocher de quadupèdes; que la forme du prépuce et de la prostrate, que la pri- tation des vésicules séminales, que les diverses pro— portions de l’espace membraneux de l’ui-ètre, que la disposition des cornes utennes, qui n’existe point dans la femelle du pithèque, dont la matrice n’a qu’une seule cavité, comme celle de la femme; que l'étroi- tesse de ces mêmescornes dans quelques autres singes, et leur grande étendue dans la plupart des quadru- pèdes ; que la longueur, la largeur, la direction du vagin dans quelques genres, tels que la taupe, dont les foetus ne franchissent point, à la manière ordi- naire, le détroit formé par les os pubis; que la sou- plesse et la mobilité de leurs symphises dans quelques espèces; que les contours des vaisseaux spe)niali(jues et les divers renflemens des ovaires sont autant de ca- ractères anatomiques, qui doivent tenir une place distinguée dans nos travaux. Comme ces différences sont relatives à la reproduction des animaux, elle»

DISCOURS SUR L’\NATOMIE. 175

forment une des parties les plus importantes de leur histoire.

Le porte -musc, la gazelle, l’hyène, et plusieurs autres, sont remarquables par une liqueur d’une odeur très- forte, et que contient un réservoir particulier.

Il n’y a pas jusqu’aux mamelons qui pourraient servir de base à une distribution méthodique des qua- drupèdes. Dans les uns les mamelles sont placées sur la poiti’ine ; dans les autres, elles se trouvent sur la région abdominale; et dans la plupart, elles s’étendent à ces deux régions- Dans la première classe seroient compris, 1°. les quadrupèdes qui n’ont que deux ma- melons toiacliiques, comme les singes, l’éléphant et les quadrupèdes à ailes membraneuses; 2“. ceux qui , comme le vari , ont quatre mamelons placés sur la poitrine. A la deuxième classe se rappurteroient les quadrupèdes qui, comme la jument, n’ont que deux- mamelons abdominaux , ou qui en ont quatre, comme la vache et les ruminaiis en général. La troisième çlasse seroit nombreuse; des. combinaisons très- va- riées (1) en détermineraient les genres et les espèces on considéreroit surtout la poche de Vopossum qu’ac- compagne une expansion osseuse dont le inàle n’est pas privé, (2) et les mamelons, rangés par paires, doivent allaiter , je ne dirai pas les petits , mais les

( 1 ) M. d Aubenton a trouvé dans quelques-uns des nombres impairs , sans doute lorsqu’un de ces organes ue s étoit point déve» loppé.

taj Ce sont les ossa marsupialia Tyson.

176 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

embryons de ces animaux ; el l’on verroit avec quelle constance et quelle unifoi'inité les différences de ces organes sont d’accord avec celles qui constituent les divisions fondamentales dont j’ai parlé ci-devant.

Enfin, après avoir soumis à l’examen les caractères anatomiques des genres et des espèces, on cherchera en quoi diffèrent les uns des autres les individus qui forment les variétés des races; car il y a des animaux qui, réduits à l’état de domesticité, et répandus sur diverses parties du globe, y portent l’empreinte des différens sols et des usages aux(|uels on les a assujétis. Tels sont le cheval, le dromadaire et le taureau, que l’homme a domptés pour les associer à ses travaux ; tels sont le bouc et le bélier qu’il a tirés du fond des forêts pour s’emparer de leur toison et se nourrir de leur chair : tel est aussi l’homme lui -même, partout en guerre avec ses semblables, partout oppresseur de sa race, esclave et tyran de sa propre espèce. L’ana- tomiste dira quels sont, pai’mi tant de modifications diverses, les principaux changemens qui ont affecté les organes.

CÉTACÉES.

Les cétacées sont si peu nombreux et si peu connus que la distribution adoptée par les naturalistes (1) est la seule que je puisse indiquer et suivre. Les fanons de la baleine, les omoplates et les os des bras, ceux de

( 1 ) 7'^oj/ezla division méthodique des cétacées par M. Brisson. II est le premier qui les ait séparés des poissons.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 177

l’av'ant- bras rétrécis et défigurés, les phalanges nom- breuses et piülongées , dans les baleines et dans les dauphins; les nageoij'es dont le volume ne répond point à celui du corps , et (jui ne sont point composées d’os épineux ni de cartilages; la position de la na- geoire de la queue, les mamelles et les poumons ces animaux ; les trous par lescjuels l’eau , mêlee d'air, jaillit avec silllcment; les arcades zygomatiques, si déliées dans les dauphins; leurs côtes, dont les extré- mités vertébrales sont implantées et soutenues sur celles des apophyses transverses, avec lesquelles ces arcs osseux semblent se continuer; le défaut de car- tilages sterno-costaux , qui sont remplacés par des pièces osseuses; (i) le sternum qui est large; les os des îles et les apophyses pierreuses des os des tempes, que IHjii a si souvent oubliées dans leur diasecliun et ilans la préparation de leur squelette; la structure de l’or- gane de lüuie, qui, selon Camper, est dépour\ u de conduits demi circulaires dans les cétacées , tandis que dans celui des oiseaux, on ne trouve point de li- maçon ; le défaut de vestibule dans le cachalot et dans le dauphin, la baleine étant le seul des cétacées cette cavité se trouve; toutes ces parties, toutes ces observations trouveront leur place dans notre tableau.

OIS 1: A U X.

Les oiseaux offrent un spectacle plus attrayant et qui est plus à la portée de l’observateur. Ce peuple

(1 ) C’est des dauphins que je parle ici.

T. 4.

12

ryS SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, léger habite l’air, la terre et les eaux. Parmi les in- dividus qui le composent, quelques-uns s’élèvent d’un vol hardi et disparoissent à des hauteurs d’où ils voient sans peine ce qui se passe au-dessous d’eux, et ils respirent sans fatigue un air moins comprit^. D’autres sont en quelque sorte attachés à la surface du globe. Il en est qui ne jouissent de leurs facultés que dans le crépuscule. Plusieurs ne vivent que dans les ténèbres, et sont les compagnons de la nuit. Des fa- Dnilles nombreuses sont distribuées dans les plages, dans les marais ou sur les plaines. Moins vigoureux et, pour ainsi dire, domestiques, plusieurs entourent nos demeures et se reproduisent sous nos toits. Enfin la nature , en versant ses dons sur le nouveau conti- nent, voulut qu’une famille d’oiseaux, brillant de tout 1 éclat des fleurs, y habitat les lieux embaumés de leur parfum.

Les différences dans les habitudes/ qui en supposent aussi dans la conformation , doivent servir de guide dans la distribution des genres anatomiques des oi- seaux. L’aigle et le hibou seront comparés l’elative- nient à l’organe de la vue; le gerfaut, la buse et l’ou- tarde, le seront dans la structure des muscles et des os qui servent pour le vol. On considérera les pou- mons et leurs appendices dans ces oiseaux , dans \e% héron et dans les gallinacées, ccs viscères ont moins détendue. Le lete-chevre, qui tieirt le milieu enti'« les oiseaux de nuit et ceux de jour, sera compare avec eux. Le lagopède cherche le froid, et se creuse une cavité sous la ireige, tandis qye le hocco ne vil qua

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 179

sous la zone torride de l’ancien continent. On oppo- sera la douce mélodie du rossignol aux sons aigus du moineau franc ; le cygne sauvage au cygne domes- tique, les contours extérieurs de la trachée artère dans l’oiseau-pierre et dans le paragua à son enfoncement dans le slernum du héron et de la grue; le cou du perroquet et de la chouette à celui de cigogne ; la langue des colibris et des oiseaux-mouches, à celle des pics: les os innominés de l’autruche, à ceux du casoar et du dronte; et l’estomac du plongeon et du coucou , (1) à ceux de la buse et du coq d’Inde.

Le castagneux poursuit sa proie sous les eaux : le grèbe ne peut se reposer que sur cet élément : l’oie et le canard le quittent à volonté pour habiter la terre. ■L’aigle se nourrit de chair; le cormoran, de poissons; le pic, d’insectes; la bécace, de vers; le pigeon, de graines ; et le merle de baies et de fruits. Chacune de ces circonstances doit lixer l’attention du physio- logiste.

Il examinera d’abord le squelette et les muscles des oiseaux; étude sans laquelle on ne peut connoître que d’une manière imparfaite., et pour ainsi dire empi- rique, la structure d’un animal quelconque. Le cer- veau, l’estomac, et les intestins, le larynx, les pou- mons, le cœur et les organes sexuels , deviendront successivement le sujet de ses recherches.

On remarque de chaque côté , dans la base de la

( 1 ) La position de cet estomac , situé tout- à -fait en devant , est très - remarquable.

i8o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, tête des oiseaux , une pièce transversale qui , étant articulée et mobile dans les deux extrémités, permet à la mâchoire supérieure de se mouvoir en glissant en arrière, et sert en même temps à l’articulation de la mâchoire inférieure. Les deux arcades externes que l’ont peut appeler /jaZaiiW , et qui contribuent beaucoup à 1 élévation ou à l’abaissement de la mâ- choire supérieure; le trou optique qui est unique, placé derrière la cloison osseuse des orbites; le trou auditif qui est très -grand; l’osselet de l’organe de louie analogue à celui des quadrupèdes ovipares, et qui est seul, au lieu d’être triple comme dans lesqua- diupèdes; les conduits demi- circulaires qui forment différens ovales bien exprimés; un conduit droit, quelquefois divisé dans l’intérieur, et qui semble tenir lieu de limaçon; des cellules osseuses très -multipliées qui communiquent librement d’un côté de la tête à 1 autre, et au milieu desquelles sont logés ces con- duits; tout cet appareil montre une structure que l’on, ne trouve point ailleurs , et qui est particulière à cette classe d’animaux.

Les mouvemens de la tete et du cou sont plus étendus dans les oiseaux que dans les quadrupèdes; aussi la tête des oiseaux ne s’articule avec la première vertèbre que par une petite apopl)yse ronde, tandis que, dans l’homme et dans les quadrupèdes, il y a deux eminences articulaires et condyloïdiennes qui sont ovales. Aussi le nombre des vertèbres du cou des oiseaux surpasse - t-il celui de ces mêmes vertèlires dans le cou des quadrupèdes, et chacune de ces pièces

DISCOURS SUR L’ANxVrOMlE. i5i

jouit -elle de la mobilité la plus grande. Ou voit nombre des vertèbres cervicales, c]ui est de onze ou douze dans plusieurs oiseaux, augmenter à mesure fjue leur cou devient plus allongé; c’est ainsi qu’il y en a treize dans le casoar et dans la corneille, qua- torze dans le coq , dans la buse et dans l’aigle, seize dans le canard, dix-huit dans la grue, et dans le cygne vingt- trois.

Les côtes des oiseaux sont en général au nombre de huit ou dix. Elles diflèrent en plusieurs points de celles de l’homme et des quadrupèdes ; elles se di- visent comme les précédentes, en sterno - verté- brales (]) cl en vertébrales; (2) mais celles-ci se trouvent, dans un grand nombre d'individus, aussi bien à la partie antérieure qu’à la partie postérieure de la poitrine. Les côtes, sterno - vertébrales sont os- seuses jusqu’au sletnun^ elles sont angulaires vers le milieu de leur trajet; et dans les mouveinens de la respiration, ce n’est pas de droite à gauche , comme dans l’homme et dans les quadrupèdes , mais de de- vant en arrière, que la poitrine se dilate.

Les côtes vertébrales antérieures et postérieures, ainsi que les sterno- vertébrales, varient beaucoup dans les différeiis oiseaux. On ne trouve point de côtes vertébrales antérieui'es dans l’aiglè ni dans la buse^ On n’en trouve qu'une de chaque côté dans la cor- neille et dans la chouette. Il y en a deux dans l’am-

( 1 ) On les appelle communément du nom de vraiss côtes- < 3 ) Ce sont les fausses côtes.

a 82 SCIENCES PFIYSIOL. ET MEDICALES.

tiuche, dans ]e cygne, dans la grue, dans le coq et dans le canard.

Si l’on examine les côtes sterno vertébrales des oiseaux , on y remarque aussi beaucoup de différences. Le casoar, le coq et le coucou n’en ont que quatre de chaque côté. L’autruche , la corneille et le perroquet en ont cinq; l’aigle, la buse, la grue, la chouette et le canard en ont sept.

Enfin , en considérant les côtes vertébrables posté- rieures dans les mêmes individus, il est facile de.s’as- surer que l’aigle, la buse, la grue et la chouette ne paroissent point en avoir, ( i ) que le perroquet n’en a qu’une de chaque côté, que l’autruche en a deux, et que le casoar en a trois. ' *

Le sternum des oiseaux se meut par un mouve- ment de bascule, à la manière des soufflets des forges, mécanisme qui a été bien décrit par Bertin. (2) Cet os est i-emarquable par une crête très -saillante qui l’a fait comparer à une quille de vaisseau, et par deux prolongemens latéraux qui s’étendent en arrière, et qu’une membrane unit avec la partie moyenne de cet os. A droite et à gauche on aperçoit les articu- lations des côtes qui sont très -rapprochées l’une de l’autre, et qui jouissent dans ce contact d’un mouve- ment assez mai'qué. Sur les côtés du sternum 011 trouve une apophyse en forme d’anse, et vers les

{ 1 ) J’ai fait la plupart de ces recherches sur les squelettes que l’on conserve au Cabinet <tg Roi.

( 3 ) Ostéülo^ic.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i85 parties latérales et externes tles clavicules, deux autres apophyses que j’ai désignées sous le nom de claviculaires. _

Cette structure varie dans plusieurs oiseaux. Dans la perroquet , dans la petite chouette , dans 1 aigle , dans le bièvre et dans l’oie, l’os sternum cs\. plein. Dans le sternum du coq , les anses et les divisions la- térales sont bien exprimées. Dans la bacasse, cet os est mince ; les anses sont peu marquées , et les petites cotes latérales sont très-courtes; dans les plus petits oiseaux, ces prolongeniens sont en général tres-dis- tincts. Le sternum du casoar et de 1 autruche semble se rapprocher de celui de l'homme; il est beaucoup plus court que dans les autres oiseaux; la saillie moyenne n’existe point; un tubercule ou reiinenient en tient lieu. Il est poreux , léger , arrondi , et il a la forme d’un bouclier.

C’est une question difficile à résoudre que de savoir s’il existe une l'égion lombaire dans la colonne epi- nière des oiseaux, et quelles sont, dans cette classe d’animaux, les limites de l’os sacrum. Pour l'csoudie cette question, je ferai remarquer que c est \eis la partie antérieure des fosses rénales que se trouve l’ar- ticulation de l’os des îles avec le sacrum ^ et que cette union se fait de chaque côté par une double éminence en -devant de laquelle est une poi’tion très - courte de la colonne vertébrale qui pai'oît répondre à la ré- gion lombaire , puisqu’elle donne passage aux nerfs qui ont reçu le même nom. 11 y a cependant quel- ques oiseaux, tels que le perroquet , il semble que

i8i SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

cette région manque absolumenl. Dans la buse, dans l’aigle, dans la grue et dans la chouetle, elle e«l for- mée de deux pièces; elle l’est de six dans le casoar et d’une seule dans le canard et dans le coq. Remar- quons qu’il ne s’exécute aucun mouvement dans les lombes de loiseau, et que les différeules pièces que l’on y trouve sont toujours soudées entr’elles.Les ver- tèbres cervicales augmentent en nombre à mesure que la région lombaire se raccourcit ; et comme le cou est tres-souple et que le corps est très-court , le nombre des vertèbres dorsales et des côles, étant lui-même très - borné , il ne paroît pas que la mobilité de la ré- gion lombaire eût effet de grands avantages à cette classe d’animaux.

En convenant de placer la première pièce du sacrum des oiseaux au niveau de la double éminence de son articulation latérale, j’ai vu le nombre de ses osselets varier dans les différentes espèces, depuis sept jusqu’à douze ; et ceux du coccyx, depuis six jusqu’à huit, (i) L’os des îles des oiseaux m’a paru présenter l’ébauche d’un pubis dans ses parties latérales se trouve, de chaque côté, un osselet grêle et légèrement recourbé. Ces petits os, considérés dans l’aigle, se touchent presque. Reunis dans l’autruche, ils forment un vé- ritable pubis, et nous voyons la structure propre aux quadrupèdes recommencer finit celle qui est particulière aux oiseaux.

Les clavicules , dans les animaux de cette classe sont

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( I ) Academie dea Scicncea , 17/4 , page 4(ji.

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I

DISCOUTIS SUR L’ANATOMIE. i85

longues , épaisses , et droites. Trois muscles très- forts en dirigent les mouvemens, et un petit os courbe, connu sous le nom àc fourchette , en mesure et en as- sure la distance.

Les variétés de l’os appelé fourchette dans les diffé- rentes familles d’oiseaux sont très -nombreuses. Dans les uns , tels que le casoar et l’autruche, ( i ) la clavi" cule et la fourchette sont soudées ensemble, et celle- ci s’articule avec le sternum. Dans la grue et dans la cigogne, la fourchette est distincte de la clavicule; mais elle s’articule aussi avec le sternum. Plus les ailes doivent avoir de développement, plus leur réac- tion doit être grande, plus aussi l’os de la fourchette doit être bombé , plus il doit être élastique , plus il doit jouer facilement, et moins il doit être uni au sternum. L’os de la fourchette réunit toutes ces con- ditions dans l’aigle.

L'omoplate des oiseaux diffère beaucoup de celle des quadrupèdes. Elle est surtout remarquable par sa longueur. Deux muscles très-forts, le grand et le moyen pectoral, sont destinés aux mouvemens de l’aile qui s’exécutent dans l’angle formé par la réunion de la clavicule avec l’omoplate. L’effort de ces muscles tend à déplacer ces deux os en même temps qu’il agit sur le bras. La clavicule est retenue par des faces articulaires très-larges, par des ligamens très -solides, par l’os de la fourchette et par des muscles. Il falloit que l’omoplate qui forme l’autre extrémité du levier

( 1 ) Je n’ai disséqué ces oiseaux que dans l’âge adulte.

1 86 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, recourbé fût fixée par uneforceégale/etc’étoil ajouter à cette force que d’augmenter la longueur de l’os à rexti*émité, duquel sont appliquées les puissances. Les muscles qui s’insèrent à la partie postérieure del’omo- plate servent donc à empêcher sa bascule, que, sans leur résistance , les fortes contractions des muscles pectoraux n’auroient pas empêché de produire.

Nous trouverons encore des détails très -curieux dans les extrémités des oiseaux, soit que nous consi- dérions dans l’extrémité antérieure le grand ligament élastique du pli de l’aile, (i) les petits osselets du carpe, celui surtout qui tient lieu de pouce, ceux qui ré- pondent aux phalanges que terminent les plumes analogues à la substance de l’ongle dont elles tiennent la place; soit que, dans l’extrémité inférieure, nous examinions le péroné qui s’articule avec le fémur , le grand os du métatarse qui répond au canon des soli- pèdcs et des bisulques, et ces grands muscles dont les uns s’étendent du bassin jusqu’aux doigts, ce quel’on ne voit point dans les quadrupèdes, tandis que les autres, destinés à fléchir les doigts, sont àlafoisper- forés et perforans ; ce dont les oiseaux seuls offrent l’exemple.

Le squelette des oiseaux diffère encore de tous les autres par son extrême légèreté. Leurs os ne contien- nent point de moelle ; ils sont remplis d’air, et leurs cavités communiquent avec les poumons par-

ti ) M. Tenon a communiqué, à ce sujet , à l’Académie Royale dus Sciences des observations curieuses et nouvelles.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 187

des ouvertures que M. Camper a décrites. Les ver- tèbres cervicales, les côtes , la mâchoire inférieure même en reçoivent. L air remplit non— seulement ces trachées osseuses , il s’épanche encore sous la peau , comme Méry l’a vu dans le pélican, (i ) et il coule jusqu'aux racines des plumes, de sorte que toutes les parties de l’oiseau semblent être pénétrées du fluide il se meut.

Les anatomistes ont distingué deux especes de larynx dans les oiseaux , dont ils ont appelé 1 un su- périeur et l’autre inférieur ; mais les oiseaux n'ont réellement qu’un larynx dont les diverses parties constituantes sont séparées et occupent des réglons dillérentes. La glotte se trouve, comme dans tous les animaux qui en ont une , à la partie la plus élevée de la trachée- artêae , vers la base de la langue-, mais les membranes et les cavités sonores, au lieu d’être situées immédiatement au-dessous de celle ouverture , comme le sont les cordes vocales et les ventricules du larynx dans riiomme et dans les quadrupèdes, sont placées au bas du cou , entre les branches de la loiir- chelte. Sans m’arrêter à en exposer les variétés dans ce discours , je ne dois insister que sur les gi’ands caractères des différentes classes d’animaux , je me bornerai à faire une remarque d’après laquelle les oiseaux peuvent être divisés sous un nouveau. rapport, en deux grandes classes : c’est que le larynx de ceux

( 1 ) Académie des Sciences , 1666. Le cormoran est dans le même

•as.

I S8 SCIENCES PII YSIOI/. ET MEDICALES.

de ceux qui chaulent esl recouvert d’une expansion musculaire qui suit ses contours et lui imprime divers inouvemens; et qu’au contraire cet organe, considéré dans les oiseaux dont la voix rauque manque abso^ ' lument de mélodie, est nu et dépourvu de muscle»^ qui adhèrent absolument a ses parois,

Les poumons sont attachés aux côtes. Des vésicules ' abdominales , dont les lames moyennes ou diaphrag- inatiquessont musculaires, agrandissent leur étendue j et comme elles se remplissent d’air dans l’expiration,* ]e ventre des oiseaux se gonfle alors au Heu do ; s’affaisser, mouvement qui se fait d’une manière in- ^ verse dans riiomme et dans les quadrupèdes.

Les organes de la digestion des oiseaux ont encore : rme structure qui leur est propre. Quelques éminences ou épines , de la nature de la corne, et continues avec l’épiderme, tiennent lieu de dents , et semblent repondre à celles que l’on appelle incisives. La langue est rude, et l’on n’y trouve qu’un petit nombre de . ces papilles molles qui sont le siège du goût. L’oeso- phage , dilaté vers le bas du col , se prête au séjour des ahmens qui s’y ramollissent , et passent succès- sivement dans l’estoinac pour y subir l’action des forces digestives. Cette dilatation de l'œsophage (2) est très- grande dans les oiseaux qui vivent d’herbes.

( I s’agit «le l’organe nppelé communément le

et non tle la traclice artere, le long de laquelle nioiiteut des muscles gr#:I**.s dont je ne parle point ici,

( 1 J On le counoit sous le nom de johotx

DISCOURS SUR L’ANATOxMIE. 189 de fruits ou de graines. Elle est plus étroite dans les carnivores.

L’esloiuac varie aussi beaucoup dans ces animaux. Je réduis à trois chefs les diflérences principales de sa sli’uclure , observée dans un grand nombre d’in- dividus que j’ai décrits, et dont j'ai présenté les des- sins à l’Académie royale des sciences. Dans les un» le ventricule proprement dit, qui se continue avec l’oesophage, est recouvert par un muscle à deux ventre» épais, applatis, dont les bords latéraux sont aigus , et que deux tendons opposés réunissent. La situation do ces tendons est transversale, leur partie moyenne adhère un peu au sac du ventricule , et ils se termi- nent vers la circonférence par des liicts radiés. Cette structure est celle de l’estomac de la pintade et do tous les gallinacëes , de l’oie, du canard et des cygnes sauvages et domestiques. Dans les autres , quoique la disposition soit à peu près la même, et que le muscle digastrique du gésier conserve cette grande épaisseur , les bords de ce muscle , au lieu d’ètro tranchans sont arrondis ; l'estomac , considéré en entier , est beaucoup moins appjati ; les tendons mi- toyens sont moins volumineux, et ils adhèrent de la manière la plus intime au sac charnu qu’ils recou- vrent : on trouve dans le merle et dans le geai des exemples de cette structure. Enfin, dans les oiseaux du troisième ordre , l’estomac est allongé et arrondi : au lieu d un tendon transversal , sur le milieu de chacune de ses deux faces, il y a une expansion apo- névrolique étroite, ovale,, qui Lit commencer le sac?

1 90 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

du ventricule, et que l’on peut regarder comme le centre d’un grand nombre de rayons aponévrotiques élégamment dirigés vers les bords : l’épaisseur du tissu musculaire est beaucoup moins grande que dans les deux ordres précédons. Le martin-pêcheur, le héron , l’aigle, l’efliaye , le lanier de Tunis, le*grand-duc , le pélican, la petite mouette cendrée, le goéland et la cigogne, que j’ai disséqués, sont dans ce cas. A ces trois divisions sc rapportent les divers estomacs des oiseaux. Dans tous, même dans les carnivores, la portion de l’oesophage que l’on voit immédiatement au-dessus de l’eslomac est remarquable par un tissu glanduleux qui forme une bande circulaire, et dont chaque point saillant, percé d’un pore, laisse échapper, lorsqu’on le comprime, un fluide soit de couleur grise, comme dans la mouette cendrée , soit rougeâtre , comme je l’ai vu dans la cigogne , auquel on a donné le nom de suc gastrique. Ce tissu glanduleux est plus étendu dans les oiseaux qui vivent de chair que dans ceux qui se nourrissent de substances vé- gétales.

Dans ceux-ci la face interne de l’estomac est re- couverte d’une membrane épaisse, calleuse, et dont les replis , opposés syméti’iquement les uns aux autres, et mus par les fortes contractions du muscle externe , broient lesalimens déjà ramollis par leur séjour dans le jabot , et les mêlent intimement avec le suc que fill rent les glandes inférieures de l’œsopbage. J’ai lou- jojtrs ])ensé , comme le célèbre M. Ilunler, que la viaie mastication des oiseaux se faisoit dans l’eslomac;

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 191

pliénoinène singulier, eL que Ton retrouve dans la famille des cruslacées. Les organes destinés aux grandes fonctions dans les oiseaux ne conservent donc

O

pas le même ordre , ni les mêmes proportions que dans les quadrupèdes. Déjà nous avons vu la glotte séparée du larynx par toute la longueur de la trachée- artère ; nous avons vu les cavités pulmonaires s’étendre dans les os, sous la peau et jusqu’aux racines des plumes : ici, c’est dans l’estomac et non dans la bouche que les alimens sont triturés. Le développement de l’embryon nous oflrira d’autres difl'érences aussi re- marquables que les premières.

Le tube intestinal des oiseaux carnivores est en général très -court. Dans la plupart il est tout au plus deux fois plus long que l’animal , ou il n’atteint pas même cette dimension. La longueur totale du lanier de Tunis, que j’ai disséqué , étoit d’un pied deux pouces; celle de son intestin étoit de deux pieds et demi. La longueur du goéland étoit de deux pieds un pouce et demi ; celle de son intestin étoit de trois pieds deux pouces. La longueur de l’effraie étoit de huit pouces sept lignes; celle de son intestin étoit de dix-huit pouces et demi.

Tous les oiseaux ont deux appendices cœcales situées vers la partie postérieure du ventre. Ces appen- dices sont moins éloignées de l’anus , et leur volume est beaucoup moins grand dans les oiseaux carnassiers que dans ceux qui ont un gésier.

Les oiseaux n’ont point de colon , et leurs intestins ne peuvent être divisés, comme dans l’homme, en

19* SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

grêles et en gros: souvent même c’est près de l’estomac que la largeur de l’intestin est la plus grande.

Dans la plupait des oiseaux on trouve deux pan- créas. Le foie est profondément divisé en deux grands lobes que contiennent des membranes ou loges cel- lulaiies, et dans quelques-uns, 2ilusieurs conduits s’étendent de ce viscère vers la vésicule du fiel et de celle-ci vers l’intestin.

Les leins sont tres-larges. L’urine est blanchâtre et crétacée. Les testicules sont à peine visibles hors delà saison des amours. L’ovaire est unique, et il s oblittère à un tel point dans les vieilles femelles que, sans la trompe , ( i ) dont le volume diminue aussi , mais qui ne s efface jamais entièrement , je n’aurois pu leconnoitre le sexe des vieilles poules faisanes que les chasseurs prennent mal à propos pour des mâles, et auxquelles ils ont donne le nom de coquardes.

Ici commence la famille nombreuse des animaux ovipaies. Plus fécondes que les femelles des quadru- pèdes, celles des oiseaux produisent, sans le secours du male , des corpsarrondis nage, au milieu d’un grand amas de sucs lymphatiques , l’ébauche de l’em- bryon dont le jaune de l’œuf fait partie. Mais cette ébauché est imparfaite, et ne peut se développer si 1 approche du male ne lui donne ou la première impulsion, ou quelque complément inconnu. On est effrayé lorsqu’on arrête sa pensée sur les premiers linéamens de l’animal qui vient d’être conçu. Mais

( 1 ) Ovidudus.

DISCOURS SUR I/ANATOMIE. igS

ici notre vue se porte plus loin encore : nous coii- noissons le germe avciiit cjuil ait l’eçu le sceau de la vitalité. Déjà cependant il est organique, déjà sans doute, il jouit lui-nièine d’une sorte de vie dont il seroit diflicile d’indiquer la nuance, mais dont il est impossible de ne jîas admettre la réalilé.

li’œuf des oiseaux peut être comparé au produit de la conception des quadrupèdes; mais il en dif- fère surtout par sa consistance et par la dureté de son enveloppe. Au lieu de prendre son accroissement dans un viscère analogue à la matrice, il se forme dans l’ovaire, il se modifie dans la trompe et dans la ca- vité où s’ouvre ce conduit, et ilsortavec toutle volume qu’il doit avoir. Mais le développement du foetus est accompagné de circonstances particulières à cette classe d'animaux : il se perfectionne sans qu'il sur- vienne aucun changement dans la grosseur de l’œuf, ce qui le distingue, soit des quadrupèdes dont le fœtus et ses membranes forment une masse qui s’accroît dans ses dimensions, soif des insectes et de quelques vers dont les œufs, après avoir été déposés par la femelle, se renflent en meme temps que l’em- bryon grossit.

Que ceux qui se persuadent qu’il suffit de lire les meilleures descriptions pour avoir une connois- sance exacte des corps , veuillent bien considérer avec moi jusqu’à quel point leur espoir est trompeur, et de quelles jouissances ils se privent en se refusant au plaisir de vdir et d’observer eux- mêmes. J’avois médité long-temps sur les écrits de Harvey, de Mal- T. 4. i5

ig4 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

piglii et de Haller, et je me flaltois d’y avoir apprii la structure du poulet et ses connexions avec les différentes substances dont l’œuf est composé. Com- bien je fus surpris lorsque , comparant l’objet lui- même avec le tableau que je m’en élois formé , je m’aperçus que la plupart de mes idées manquoient de précision et que les images suggérées par les livres differoient, dans plusieurs points iraportans, decelles delà nature! Je lis une autre remarquej c’est que les détails transmis par les auteurs n’avoieut satisfait ma curiosité qu’après de longs et pénibles efforts pour comprendre le sens de leurs ouvrages , au lieu que la première vue de l’embryon palpitant dans la ci- catricule produisit en moi l’émotion la plus vive, et m’inspira aussitôt un grand intérêt pour cet éton- nant spectacle.

Quoi de plus curieux en effet que celle masse de sucs albumineux et lympides qui se changent en un instant par la seule addition du principe de la cha- leur , en un corps dont toutes les parties sont viv^antes? Qui nous dira comment, au milieu de cette masse transparente et sans couleur , se sont formés les premiers globules rouges; quelle puissance les a multipliés, d’où le premier jet du sang est sorti, quelle impulsion l’a lancé dans son tubé , par quel méca- nisme des vaisseaux, jusqu’alors imperceptibles et sans action, s’agrandissent dans leurs diamètres, bat- tent et se soulèvent dans leurs contours? Qui pourroit contempler avec indifférence et ces deux blancs qui se touchent sans se confondre, cl celle sérosité dr

DISCOURS SUR L'ANATOMIE. ig5

l’amnios qui s’étend dans la même progression le poulet augmente; et le jaune qui, divisé par son axe , en deux parties inégales , et souple dans ses balance- mens, roule toujours au-dessus de celle dont le poids est moins grand et sur laquelle l’emhryon repose; et cet épiderme blanchâtre dont les parois internes de la coque sont tapissés, et qui, se détacbant à mesure que l’évaporation avance, laisse un vide ( i ) que l’air remplit; et cette grande suiface du système vasculaire que soutiennent les membranes dans les- quelles les humeurs sont contenues; et les réseaux artériels , et les troncs de ces vaisseaux qui , ramifiés au loin, se réunissent dans le corps du poulet (jui en est le centre; et ce corps lui-iuôme dont la peti- tjpsse étonne loi'scju’on le compare avec le volume des appendices auxquels il donne le mouvemement et la vie; et ces deux points saillans d’autant plus écartés run de l’autre que le foetus est plus tendre, et qu'ils formeront le cœur lorsque les cavités (ju'ils repré- sententseront placées dans de justes proportions en- tr’elles? La grosseur démesurée du cerveau fixeroit toute notre attention si celle des yeux n’étoil plus sur- prenante encore. La vésicule du fiel déjà pleine de bile , qui regorge dans l’estomac ; les intestins dont les anses s’échappent au-dehoi’s de l'abdomen ; l’abdomen lui-même, qui semble dans le principe, avoir toute l’étendue du jaune, et dans lequel ce fluide doit être

( 1 ) Folliculus aëris.

196 SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES, renfermé tout entier , ( 1 ) se montreront succes- sivement à nos regards. Nous rechercherons quelles

( 1 ) Résultat de quelques nouvelles observations sur le jaune considéré dans le ventre du poulet.

I. La masse du jauiie ou vitellium est une poche ronde, membra- neuse , dans laquelle est contenue une humeur jaunâtre plus ou moins fluide. Plusieurs ordres de vaisseaux se distribueut dans celte membrane.

II. On retrouve le jaune dans le ventre du poulet qui vient d’éclore. L’opinion reçue est qu’il sert à le nourrir pendant les premières vingt-quatre heures ; mais je l’y ai vu plusieurs jours après la nais- sance. C’est après le sixième jour qu’il disparoît en grande partie. Alors on ne trouve à sa place qu’un petit cordon ou filet qui s’étend de l’ombilic vers l’intestin avec les deux vaisseaux omphalo - mésen- tériques. Dans l’épaisseur de ce cordon , et près de l’intestin , est un petit corps rond que l’on y voit long-temps après. C’est le reste du jaune. Le filet dont j’ai parlé s’allonge , s’amincit et se rompt , et il ne reste qu’un pédicule attaché à l’intestin.

III. J’ai vu les vaisseaux dont la membrane qui contient le jaune est arrosée, devenir plus grêles , se rapetisser et se flétrir en quelque sorte à mesure que la masse du jaune diminue : mais il faut beaucoup plus de temps pour que les membranes et les vaisseaux du jaune soient tout-à-fait oblitérés ; circonstance très - remarquable , et qui avuit été ignorée jusqu’ici des anatomistes.

IV. La masse du jaune est un organe creux. Le souffle poussé dans sa cavité le gonfle très-facilement et très-promptement. J’ai fait cette expérience sur le poulet déjà éclos ; mais je ne puis presque douter , d’après d’autres observations plusieurs fois répétées, que la même structure n’ait aussi lieu dans le jaune , considéré avant la naissance du poulet.

V. Le jaune est suspendu dans le ventre du poulet par un cordon composé de différens ordres de vaisseaux. L’un de ces vaisseaux est très -court ; il s’insère au tube intestinal , à peu près vers le milieu d* v)9 conduit , et un peu plu.s près de l’anus que du pylore. Ce vaisseau est blan(.hâtre , comme les intestins enx-memes ; son calibre est assez considérable j il est le plus gros. L’autre vaisseau est uue artère qui

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 197 sont les lois de celte force attractive et resseraute qui tend à diminuer l’éloignement des organes qu’un© grande distance avoit séparés d’abord. Nous admi- rerons les progrès de cet accroissement rapide que l’œil de l’observateur peut suivre et constater à chaque instant. Enfin , nous délerniinerons les périodes de cette métamorphose par laquelle des sucs que la cha- leur a Fondus deviennent plus cou lans sans se décompo- ser, et dont le produit est le développement d’un nouvel être qui se dégage de ses membranes avec des sens pour surveiller à ses besoins, et des muscles pour obéir à sa volojilé.

On ignoreroit encore que les petits de quelques oi- seaux , dégagés de l'oeuf, ont besoin (l’ime licjueur blanchâtre analogue au lait poiu' se nourrir, et quo cette liqueur leur est abondamment fournie par la femelle, et même par le mâle, si M. J. Hunier n’en avoit découvert la source dans l’œsophage du pigeon. Les membranes de la poche d'où l’on voit sortir ce fluide s’épaississent à l'époque les petits doivent éclore, et il s’en échappe un suc grisâtre qu’ils rc-

*e porte vers le tronc de l’artère cœliaque , duquel part la mésenté- rique supérieure , ou l’artère mésentérique elle- même- Un troi- sième vaisseau est une veiue.

VI. La masse du jaune tient donc par sa face verte'èra/e , aux in- testins du poulet ; par sa i-ace ombilicale , à l'ombilic. IZn ouvrant l’abdomen , on le trouve étendu sur le paquet intestinal qu'il re- couvre et qu’il cache entièrement , excepté la petite anse à laqaellu le pancréas adhère.

VII. Je ne suis pas éloigné de croire qu’il y a aussi une petite por- tion du second blanc qui entre dans l’abdomen du poulet.

i9« SCIENCES PHYSÏOL. ET MEDECALES. çoivenl avec aviclilé. Celle espèce d’allailement se conlinue même plus long-lemps de la pari du mâle que de celle de la femelle, qui cesse de se livrer à ce soin lorsqu’elle se prépare à pondre de nouveau.

Les oiseaux n’onl poinl de vessie. Une cavité com- mune reçoit toutes les matières excrémentielles du tube intestinal et des reins, et les conduits déférens s’y ouvrent sous la forme de tubercules.

Nul auteur n a décrit les vaisseaux sanguins des oiseaux. On sait qu’ils ont des vaisseaux lymphati- ques, soit dans le ventre, soit dans les autres parties du corps. Leurs nerfs sont encore moins connus. Sans parler ici de mes recliei’ches sur ces divers objets, je me contenterai de rapporter le résultat de n;es obser- vations sur le nerf intercostal des oiseaux. J'avois douté long -temps de son existence dans leur région cervicale : je l’ai enfin découvert dans la dissection de l’aigle, du cygne, de l’oie, du pélican, de la grande grue, et du coq d’Inde. On le trouve enfoncé dans la ligole les artères carotides sont ra[)procbées l’une de l’autre, le long de la partie antérieure du cou : là, il remonte sous la forme d’un filet très-délié. En haut et en bas il sa divise en deux branches : il entre avec la carotide dans le crâne, et il se termine par un ren- flement ganglio-forme avant de s’y engager; en bas il s’étend jusqu’aux nerfs du cœur et du poumon, c4; les filets du nerf splanchnique sont si manifestes dans la poitrine, qu’il n’est pas difficile de les découvrir et de les suivre jusqu’au lias -ventre. Les nerfs vagues sont très- volumineux, cl les nerfs cervicaux forment

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 199 jur les côlés du cou un entrelaceiuent dont les réseaux nombreux communiquent avec les nerfs précédons,

et se distribuent à la peau.

Celui qui considère un quadrupède après avoir pris connoissance exacte de la structure de 1 homme» trouve entr’eux de si gi'ands rapports qu’il passe sans étonnement de l’examen de 1 un a celui de lautie. Mais du quadrupède à l’oiseau, la chaîjie est rompue : l’autruche ell(;-même ne peut servir à les lier en- semble; car, à son pubis près, elle na aucun des ca- ractères propres aux quadrupèdes. Son squelette, ses poumons, son estomac, tout l’éloigne de cette classe d’animaux. Ainsi, l’anatomiste éclairé parses travaux, et sévère dans ses comparaisons, rejettera les rappro- chemens grossiers, et se gardera bien de réunir ce que la nature a séparé.

LES QUADllUrÈDES OVIPARES ET LES 5ERPEXS.

Les habitudes et les formes des quadrupèdes ovi- pares et desserpens, oflVent un tableau plus uniforme ' et plus sombre. Ici la chaleur vitale décroît en môme temps que les poumons diminuent; la respiration se fait par de lougs intervalles ; la voix s’éteint ; le cœur n'a plus qu’un seul ventricule avec des oreillettes; la . circulation se ralentit; la masse du cerveau se rape- tisse; le squelette a la demi - transparence des cartila- ges; un œuf tient aussllieu de mammelle à l’embryon ; celui-ci se métamorphose dans quelques espèces; la fibre devient plus molle à mesure qu'elle acquiert plus

:ioo SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES.

de mobilité ; plusieurs de ces animaux ne se montrent qu’aux approches de la nuit, pendant laquelle ils veil- lent, taudis que la plus belle partie de la nature dort; 1111 seul genre a des ailes; quelques-uns marchent; (i) les autres n’avancent que par sauts; (2) la plupart rampent; (5) enfin plusieurs sont dépourvus de dents, tandis que d’autres en ont de redoutables par un poison caché, comme celui de l’envie, dont il est l’emblème.

Les paupières et les yeux du caméléon, le cœur et les poumons irritables des tortues , du crocodile, du lézaid et de la grenouille, le développement curieux du têtard, les ouïes de la jeune salamandre, les ailes du dragon , les vertèbres et les mâchoires de la vipère, 1 ovaire, les muscles et la peau des sei’pens, sont les caractères que j’ai choisis dans cette partie de mes recherches.

LES POISSONS.

lics fleuves, les lacs et les vastes bassins de l’Océan sont habités par des animaux dont il ne faut pas quel© physiologiste ignore la stjucture. Environnés d’un lliiidc qui cède facilement à leur impulsion , des és- pèces d’ailes dirigent leurs mouvemens et leur tien- nent lieu d’extrémités. Leur corps est composé de muscles très- vigoin eux. Des organes frangés agissent sur l’eau qui les pénètre, et la chaleur vitale est en

C I ) C radient :a. ( a ) Salientia.

( 3 ) Jtepenlia,

201

DISCOURS SÛR L’ANATOMIE, raison delà petite quantité d’air qu'ils en séparent. Une grande famille de poissons se rapproche des reptiles; leurs ouïes, très multipliées, sont fixées sur des demi- cercles cartilagineux , et leurs os sont de la xncme nature : ils ne reçoivent pas l’eau seulement par la bouche; quelques-uns ont aussi des trous particuliers, et ils la rejettent par d’autres ouvertures. I^es poissons d’un troisième ordre ont des ouïes renfermées dans une seule cavité et attachées à des demi -cercles épi- neux; ils avalent l’eau, et ils la rejettent par une ouverture particulière, qu’une membrane soutenue par des rayons, ferme en partie. Des poissons d un quatrième ordre (i) tiennent un milieu entre ceux des deux premiers : leurs nageoires adhèrent à des rayons épineux, et ils rejettent l’eau par une seule ouverture, qu’une membrane rayonnée ne couvre point.

Dans quelques poissons l’cstoiuac est épais et ar- l’oudi comme le gésier dos oiseaux ; ilans les autre» il est à peine distinct des intestins. Des appendice» nombreuses sont suspendues près du pylore. Ici , le cœur n’a qu’une seule oreillette, comme il n’a qu’un seul ventricule. Le cerveau n’est qu’un assemblage de tubercules qui répondent à l’origine de principaux nerfs; et dans quelques-uns, des organes particuliers fixent la matière de l’électricité.

La torpille et l’anguille de Surinam seront considé- rées sous ce dernier aspect. La lamproie, dont la partie

( 1 ) Les Branchiostè^cs.

202 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICÂLES.

supérieure de la têle est percée pour donner entrée à l’eau, sera comparée avec la baudroie et avec l’es- tui-geon. On recherchera quelle est la forme des vessies aériennes que Cardan a prises mal à propos pour les poumons du coffre, et par quelle puissance le tétrao- don s’enfle et redresse ses épines. On décrira les sin- gularités de la vessie natatoire du raalarraat, les su- çoirs de la lorape, la tête de l’hypocampe, l’ovaire unique de la perche , les os verts de la raustela, l’or- gane par lequel le reraore s’attache , l’estomac et les ailes du muge; enfin la structure du misgurn, dont les halanceraens dans les eaux correspondent à ceux de l’hygromètre.

Tous les poissons sont ovipares. La fécondité des poissons épineux est une sorte de pi’odige ; des mil- liers de grains tous propres à reproduire l’espèce, sont entassés dans leurs ovaires, et un conduit assez court sert de passage à ces petits œufs. Dans la plupart des épineux anguilliformes , ces organes , disposés en grappe, sont situés hors de l’enceinte du péritoine. Dans l’anguille , c’est par la même ouverture que sortent les matièi’es excrémentielles et les œufs. On retrouve la même structure dans la lamproie, et ce n’est pas le seul caractère que les anguillifoi-mes par- tagent avec les cartilagineux.

Dans ceux-ci les œufs, détachés des ovaires, tombent dans Vutérus : les petits y éclosent. Après y avoir pris de l’accroissement, et quoique sortis du ventre de leurs mères , on les voit adhérer encore par un coi'don ombilical à l’enveloppe qui les coulenoil; sorte de re-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 2o5 procluclion qui semble tenir le milieu entre celle des animaux ovipares et celle des vivipares , et q*ii nous fait soupçonner que le mécanisme de la génération n’est pas aussi dilTérent qu'on l'a cru dans ces deux classes d’animaux.

Les œufs des poissons branchloslèges proprement dits sortent comme dans les épineux ; mais dans quel- ques-uns (i) ils restent allacliés à la partie exté- rieure de l’abdomen jusqu’à ce qu’ils soient éclos ; on comme dans le cheval marin , (2) ils adhèrent aux parois internes de deux renflemens longitudinaux situés derrière l’anus, et qui disparoissent aprt's le développement des petits. M. Rroussonnet , auquel ces observations appartiennent, pense que celte es- pèce de poule est la même dans tous les branchioslcges des mers des Indes : ajoutons qu’elle est analogue à celle de plusieurs quadrupèdes ovipares, et surtout a celle de la grenouille appelée pipa. Ainsi appliques à la surface du corps, les œufs des branchiostèges sont fécondés par le mâle. Lu organe particulier sert, dans le gras mollet (.o) à inanitenir les individus des deux sexes réunis, et à protéger contre les flots toujours soulevés des mers du nord un accouplement qui doit être prolongé pour être utile. Celui des cartilagineux , tels que la raie et le chien de mer, se fait à la manière des serpens, c’est-à-dire à l’aide d’un organe double:

( 1 ) Les syngnatlius sont dans ce cas. ( 2 ) Ce poisson est un synguathus.

( 3 ) Cj clopUrus luinpus.

2o4 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES ajoutons qu’il s'opère avec lenteur, et qu’il doit aussi durer long -temps. Comme cet engourdissement, doux peut-être , mais sans expression et sans chaleur, con- traste bien avec les agitations effrénées des quadru- pèdes pendant leur rut, avec la jouissance momen- tanée des oiseaux que frappe d’un coup rapide la commotion de l’amour; combien est riche et féconde cette source de la. vie se régénère sans cesse la nature, au milieu des langueurs , des transports et des éclaii-s du plaisir !

L’œsopliage des poissons est court et susceptible d une glande dilatation. Il est fortifie, dans plusieurs espèces, par des bandes musculaires longitudinales très -fortes. Les poissons avalent quelquefois des ali- mens d’un très-grand volume. Dans ceux dont l’es- tomac ofire une cavité très- distincte du boyau, les intestins forment des circonvolutions plus étendues et plus nombreuses.

Le squelette des poissons est composé de cartilages ou d’os que réunissent des ligamens très -serrés. On n y voit point d’articulations composées de cavités et de têtes arrondies. Leurs os se joignent par des facettes diversement combinées entr’tlles. Dans (jucl- ques espèces de silures ils représentent des cercles passés l’un dans l’autre à la manière des cliaînon.s.

Les nageoires dos poissons leur tiennent lieu d’ex- Irémités. Celles de l’abdomen , presque toujours au nombre de deux, se meuvent horizontalement dans la plupart, et elle.s servent à soutenir l’animal à une certaine hauteur. Linné les a comparées avec raison

DISCOURS SUR L’ANATO.MIE. 2o5

8UX pi0cls dont clics ont cjucl(|iics us32[cs« Celles de Is poitrine sont employées pour faire tourner le corps auquel l’impulsion est donnée par l’aileron de la queue. Les nageoires du dos et de l’anus maintiennent l’équilibre; et AJ. Broussonnet s’est cou vaincu par des recherches très-complètes dans ce genre, qu’elles sont toujours proportionnées au volume des parties ante- rieures du corps de l’animal , et qu’elles servent aussi dans quelques-uns, en augmentant la surface des ré- gions postérieures, à rendre la force d’impulsion plus grande. Mais qnelqu'iinportans que soient ces usages, quelque frappans que soient les rapports des nageoires avec les extrémités des quadrupèdes, on ne doit pas se permettre, à l’exemple d’un auteur moderne, de donner les noms de clavicules , ô*omoplates eld' os des îles aux osselets de ces organes, qui sont bien loin d’avoir ce degré de perfection et de mpbilité que donnent aux bras et aux jambes ces os, dont il est évident que la famille des poissons est dépourvue.

LES INSECTES, LES VERS, LES POLYPES.

Le physiologiste, dont nous essayons ici de diriger l’étude, n’oubliera dans scs travaux, ni les insectes, qui pai'oissent plusieurs fuis sur la scène du monde, toiijoui's differens d’eux- mêmes, et dont la vie est un tissu de merveilles et un continuel déguisement; ni les crustacées analogues aux insectes, dont les os re- couvi’eut aussi les muscles , et qui , se dépouillant

2o6 sciences pmysiol. et medicales.

chaque année de leur squelelte entier, de la mem- brane interne de l’eslomac et de la tunique extérieure des yeux , semblent avoir été condamnés à partager leur existence entre les embarras d’une enveloppe qui se refuse à leur accroissement , et les injures auxquelles la mollesse et la nudité les exposent; ni les vers des coquillages , dans lesquels tout l’ordre des viscères connus est déi-angé, dont les yeux et le cerveau ont une mobilité bizarre , dont les trachées servent à la fois a la respiration et à la sortie des excrémens; qui, pourvus d’une trompe, sont la plupart carnivores, et sinon cruels, au moins très -voraces ; dont la repro- duction oflre toutes les combinaisons possibles des sexes, et qui ont tous cela de commun qu’ils voient chaque année s’accroître le volume et l’éclat de leur demeure en même temps que leur fardeau s'appe- santit. fje physiologiste n’oubliera point le cœur, organe central des méduses, les fils vibrans de ces mollasses, les piquans, les trompes ni la bouche des oursins, ni le panache frangé des argJis , ni ces vers qui, sous la forme d’une outre, cachent des entrailles et un cœur. 11 considérera les animaux que la nature a destinés à vivre aux dépens des autres et qu'elle a mis à l’abri de toute injure en les logeant dans la profondeur des organes ils naissent , se développent et meurent. 11 s'arrêtera à l’aspect de la famille nom- breuse des polypes, dont les individus éminemment contractiles, tantôt séparés, tantôt réunis, semblent 7i’èlre composés que de bras pour saisir leur proie et d’un estomac pour s’eu nourrir. A l’aide de la loupe,

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 207 il retrouvera clans le inonde microscopique ce qu’il aura déjà vu, des atomes vivans qui s’agitent, s’at- , se repoussent , se dévorent et se iepio*“ duisent. Enfin, il comparera tous les êtres animés avec tous les végétaux que je définis, pour mettre le complément à ce système , des corps vivans dans lesquels la substance ligneuse lient lieu de squelette, dont les sucs, pompés par des vaisseaux capillaires, circulent et s’assimilent, il se fait des sécrétions, une sorte de respiration, et qui engendrent, mais qui sont dépourvus du cœur, qui no digèrent, qui n’ont ni sensations, ni mouvemens spontanés.

Voilà sous quels rapports j’ai vu le règne vivant. N’observer , ne décrire qu’un animal , c’est, me suis-je dit, ne tracer qu’un portrait, c’est n'étudier qu’un genre. J’ai osé concevoir le plan d’un tableau ; j'ai marqué les principaux traits qui m’ont paru de- voir entrer dans sa composition, et j’ai indiqué les divers genres anatomiques, dont il me semble que la connoissance approfondie dévolleroit celle du système entier de ces corps.

Ceux qui pai coureront les tables j’expose ces ré- sultats de mes recherchées , remarqueront que le nombre des individus tirés de la classe des vers y surpasse celui des animaux plus volumineux des pre- mières divisions. C’est que la structure de ceux-ci peut être facilement déterminée, tandis que les autres, échappant au scapel par leur petitesse, il faut les con- sidérer en famille , pour suppléer, par le nombre d’ob- aervations faites à l’extérieur de chacun d’eux, à ce

2o3 sciences PIIYSÎOL. ET MEDICALES.

qne la dissection nous dévoilerolt, si elle éloit pos- sible, sur le mécanisme de leurs organes.

Lorsqu’un animal, ou quelqu’un de ses viscères a été préparé par la dissection, il y a deux moyens de le rendre utile à l’enseignement et aux progrès de l’Anatomie: le premier est de le conserver dans un cabinet, le second est de le décrire.

DESCRIPTION.

Voir et décrire sont deux choses que chacun se croit en état de faire, et dont cependant peu de per- sonnes sont capables. La j^remiére suppose une grande attention et des lumières acquises dans le genre au- quel appartient l’objet que l’on observe ; la seconde exige de la méthode et la connoissance des termes propres à donner une idée exacte de ce que l’on a vu.

Avant Vesale, Galien et Sylvius sont peut-être les seuls anatomistes dont les descriptions puissent être citées avec éloge; encore le premier est -il sou- vent diflus , et le second quelquefois abrégé. Vesale n’a point mérité ces reproches. Plusieurs ont mis, comme Riolan, l’érudition à la place des connois- sances exactes. Mais c’est surtout dans les éci’ils de Stenon, de Malpigbi, delleisler, deWinslow, d’Al- hiuus et de Kerlin (|u’il faut chercher des modèles de description anatomique : on la voit sous deux formes dans leurs ouvrages. Dans l’osléologie de Ber- lin , ses détails sont très-clairs; mais longuement

discours sur L’ANATOMIE. 209

écvils el exposés à la manière des professeurs qui en- seignent. Dans le traité de Winslow , à l’aide de di- visions et de subdivisions régulières, sa marche est courte et rapide. Cette méthode est préférable ^ans doute, puisqu’elle dit les mêmes choses avec moins de paroles, et que, dans tous les cas, c est lendie une formule très - vicieuse , que d’ertiployer un grand nombre de signes pour exprimer un petit nombre d’idées. xMais la méthode de Winslow, que je pré- fère à toutes les autres, me paroîtra elle -même im- parfaite si on la compare avec celle des naturalistes. Ayant à décrire une longue suite d’objets, ceux-ci ont vu que, s’ils n’étoient pas très- rigoureux dans leurs définitions , très -précis et très- significatifs dans leurs phrases, leurs traités deviendroient très- volu- mineux et trop vagues. Un a donc créé autant d’idiomes nouveaux qu’il y a de branches dans l’bis- toire naturelle; les botanistes ont donné l’exemple. La langue grecque a été mise à contribution : de nouveaux substantifs ont exprimé par un seul mot des idées très-complexes, et qui exigeoient aupara- vant, pour être entendus, le secours des périphrases ; d’autres termes aussi nouveaux ont déterminé les diverses modifications des corps , et leur valeur a été fixée en tète de chacun de ces systèmes.

Au milieu de ces innovations, l’Anatomie seule n’a fait presque aucun changement dans son langage. Comment, avec une nomenclature qui n’est presque point enrichie depuis Galien, pourroit -elle suffire à la description de tant d’organes nouveaux E- Nous T. 4. li

210 SCIENCES niYSIOL. ET MEDICALES.

louchons donc au moment notre science doit Subi]’ la révolution générale, et c’est une étude Ij-ès- philosophique que celle des règles d’après lesquelles doivent être élrdjlies sa nomenclature et sa méthode. Les réflexions suivantes contiennent le résultat de mes recherches sur cet objet important.

DE LA LANGUE DES SCIENCES EN GÉNÉRAL, ET DE CELLE DE l’aNATOMIE EN PARTICULIER.

Une langue pauvre, a dit ingénieusement un écri- vain moderne, ( i ) n’a jamais été celle d’un peuple riche. Les diverses sortes de langues se forment en efiél et se développent dans la même progression le champ des idées s’étend: et soit que l’imagination s’élève, ou que la raison s’éclaire, il faut bien expri- mer d’une manière nouvelle des sensations que l’on ïi’a pas encore éprouvées, ou des combinaisons qui n’ont pas encore été faites. 11 n’y a point de nomen- clature ni de méthode qui ne puisse être changée par cette influence des progrès de l’esprit.

A la vérité lorsque les idées ou les inventions nouvelles sont peu nombreuses, on peut quelquefois, sans rien détruire, les placer à la suite de l’enchaî- neraent déjà formé; mais il y a un terme au-delà duquel on ne peut s’empêcher de refondre la mé- thode. Pour remettre l’ordre dans la faculté de penser.

fl) De V Universalité de la Langue française ; discours qui & remporté le prix de l'Académie de Berlin, en lySi, in-8°. , publié en 1785 , ]>a^o 4i.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 211

il faudroit , a ditllacoii, refaire rentendement hu- main. Nous dirons, pour .remettre l’ordre dans l’en- tendement humain appliqué à l'étude de quelques sciences, U faut refaire leurs langues. Qu’est-ce en effet qu’étudier une science? C’est acquérir des idées de toutes les parties qui la composent, c’est associer ces idées , de sorte que leurs impressions se repro- duisent d’elles- mêmes et se succèdent sans eflort et sans travail ; c’est les ordonner de manière que les unes, d’individuelles qu’elles étoienl , devenues gé- nérales , se sous-di visent en clas.ses, genres et espèces, tandis que les autres, isolées , attendent des filiations nouvelles; c’est en allant du connu à l’inconnu , veiller sur l’exaclilude des faits, dans l’observation comme sur. la chaîne des jugemens intermédiaires dans le raisonnement ; enliii , c’est apprendre à mettre en oeuvre toute l’activité de l’esprit, en fixant par des paroles et des signes, la nature et les rapports delà pen.sée.

Condillac , qu’on ne loue point assez, Coudillac , aussi grand que Locke, au moinsdans quelques parties de ses ouvrages , après avoir prouvé que la faculté de sentir est le foyer de toutes les autres, a dit le premier que les langues ne sont que des méthodes analytiques. Il suit de ces réflexions que l’art de rai- sonner n’a commencé qu’avec elles; que cet art ne peut s’exercer sans les formules dont est composé le langage, et que plus on abrège le discours, plus eu rapprochant les idées , on rend l’exposition claire , les comparaisons faciles et les résultats certains.

I

2 1 2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

Puisque tout le langage est une analyse , combien n’imporle-t-il pas, dans l’étude des sciences, de per- fectionner des inélliodes à l’aide desquelles les diverses parties d’un tout sont séparées, examinées, connues, nommées, comparées et réunies ! Long - temps les seuls géomètres surent employer ces procédés utiles: les physiciens et les naturalistes ont enfin appris à s'en servir. On demande pourquoi Linné a donné le nom philosophie botanique (i)au traité dans lequel sont consignés les principes de sa nomenclature? C’est que ce grand homme a compris que la base de tout édifice de l’esprit est la science élémentaire des mots, sans laquelle nul genre de connoissances ne peut ni s’élever , ni s’affermir.

Les auteurs des premiei’s noms assignés aux subs- tances des trois règnes , se sont servis d expressions qui n’avoient aucune liaison enlr'elles : l’analogie et le hasard en ont fourni le plus grand nombre. Diverses considérations religieuses , divers sentimens de recon- noissance et d’amitie, les inspirations mêmes de 1 or- gueil ou les prévenances de Fadulalion ont fait le reste , et l’on a vu la liste des productions de la nature sur- chargée de noms bien étrangers à son culte. Linné , témoin de ce désordre , résolut d’y remédier: bientôt disparurent du catalogue toutes les dénominations relatives, soità ces personnagesauxquels sont assignées d’autres places dans l’histoire , soit aux grands que la flatterie place partout, soit même aux savans des

( 1 ) Philosophia holanica.

discours sur L’ANATOMIE. 2vS

autres classes. C’est clans le ciel que cloiventetre écrits les noms des Cassini ; c’e^l aux plantes qu’il convient de donner ceux de Toumefort et de I^nne , comme c’est sur les replis du corps humain que Fallope et Sylvius ont imprimé le sceau de leur gloire.

Linné rejette , avec raison , les dénominations trop longues ou embarrassées , d’une prononciation trop dure, ou qui, composées dedeux racines, 1 une grecque et l’autre latine, offrent un assemblage monstrueux et bizarre. Mais doit-on également adopter son avis, lorsqu’il refuse d’admettre les noms que certaines finales (i) terminent, ou ceux dont les racines ne sont ni latines ni- grecques? Pourquoi , dans le premier cas , se priver d’un moyen facile pour distinguer certaines classes eiitr’elles ? et , dans le second, pouniuoi ne pas préférer à des noms factices ceux que les naturels des différenspays donnent depuis si long -temps aux corps que nous voyons pour la première fois?

Linné blâme encore les noms génériques composés de deux mots distincts. A la vérité cette construelion. vicieuse en général , est gênante dan^ le discours et dans les détails des espèces ; mais lorsque les deux mots composans réunis n’en forment qu’un , loin de trouver des incoiivéniens dans cette sorte de nomen- clature , j’y vois de grands avantages, en supposant toutefois que chacun des mots ainsi confondus ex- prime quelques rapports essentiels de conformation , de situation ou d'usage. Nous employons souvent,

( 1 )En eidesj alla, strum, sler , aria.

‘2ii SCIENCES PHYSrOL. ET MEDICALES.

en Anatomie, des noms ainsi composés ; et c’cst tou- jours avec profit pour les étudians, qui ne peuvent les prononcer sans se rappeler les relations ou la structure des parties auxquelles de pareils noms sont donnés, (i)

Comme un fait nouveau n’est qu’un rapport dé- couvert entre quelques-unes des parties du grand système de la nature, il ne suffit pas d’indiquer ce fait par un mot, il faut de plus exprimer ses rapports par des adjectifs dont le sens soit l)ien déterminé. Or, en Anatomie, nous avons peu de ces dénominations spécifiques propres désigner les qualités individuelles des corps. La plupart des noms que les'naturali.sfes ont adoptés peuvent aussi nous servir : n’appartien- nent-ils pas à la descript ion des surfaces extérieures? En les empruntant et en les appliquant aux surfaces intérieures, j en ai fait un usage que je crois légitime et permis. Lorsqu’il a fallu en créer de nouveaux, je les ai tirés surtout de ces termes qui, tenant à beau- coup d’autres, et étant connus par de nombreux dé- rives, ont une 'signification facile à transporter dans plusieurs langues. J’ai toujours fait connoîlre leurs synonymes latins et français, et je me suis efforcé de mettre enir’eux une telle correspondance , et entre quelques-uns une telle opposition, que toutes les pro-

( i) Pour résumer, il faut que les noms génériques ne soient composés que d’un seul nom ; que leurs racines n’apparlienneut pas a plusieurs langues ; et s’ils sont de nouvelle création , qu’ils expri- ment la situation , la structure ou les usages des organes auxquels h sont attribués.

discours SUR L’ANATOMIE. ai5 priélcs des corps pussent être facilement et briève- ment exprimées.

ün se tourmente souvent , dit Condillac, pour définir des idées simples, taudis qu’il ne faut que les énoiicer.Ladéfîuiliandoiten effet se bornera montrer l’objet -, elle est vicieuse , si elle le suppose déjà connu, ’l’rop courte, elle n’a pas la netlele de 1 idée ^ tiop longue, elle n’a pas l’exactlliide de la description j et dans les deux cas sou but est manqué.

Dans l’ordre de nos recherches , il faut choisir les mots propres à la formation des noms génériques et spécifiques avant de définir j et il faut définir avant d’analyser.

L’analyse ou la division est, au fond, la même opé- ration de l’esprit : c’est dans la succession nalurello des idées, c’est dana la manière dont on les acquiert et dont 011 les enchaîne qu’il faut chercher les élémens de cette méthode. En suivant une autre roule, l’es- prit se fatigue et finit toujours par s’égarer. Ici tous les termes ne sont pas connus.

C'est dans la combinaison des vérités déjà décou- vertes qu’il faut chercher celles qui ne le sont pas encore. Ici deux excès doivent être soigneusement évités, et cette précipitation qui se hâte de croire, en substituant la confiance au doute et l’hypothèse à la démonstration, et cette extrême timidité qui, sans la connoissance exacte des principes , n’ose avancer dans la carrière. Que ceux qui sont dans le premier cas apprennent, s’il en est encore temps , à marcher dans les sentiers de l’analyse, et disons aux autres

2 1 6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, qu’il n’est pas nécessaire de remonter aux premières causes pour dégager de toutes suppositions arbitraires le peu de connoissances que l’on a sur les sujets les pins embarrassés. A mesure que l’on observe un ordre de phénomènes conslans, il faut le désigner par une dénomination abstraite. S’est -on assuré qu’une force particulière régit ou produit certains mouvemensdé- tenninés , quoique l’on ne connoisse que l’existence de cette force, il faut encore l’exprimer par un mot convenu. Maissurtout que l’on se garde bien de donner à ces termes plus de valeur qu’ils n’en ont réellement , et que l’on ne perde jamais de vue les rapports dont ils sont les signes, si l’on veut éviter la méprise et l’erreur.

C’est encore à l’art de créer les langues, qu’il appar- tient de choisir des mots pour fixer l’abstraction des idées , et ce choix n’est pas indifférent : l’exemple suivant en donnera la preuve.

Des phénomènes sans nombre et des expériences multipliées ont appris que les nerfs sont le foyer de la sensibilité des organes et de l’irritation des muscles. On a imaginé un agent pour expliquer ces effets, et l’on a donné le nom à' esprits a?iiniaux au fluide dont on a gratuitement supposé que les nerfs étoienl remplis. Ici l’on a commis une grande faute , en donnant un nom individuel au lieu d’un nom abstrait à une pro- priété peu connue. (Combien, en se servant pour la désigner d'une expression générale, telle quecellede force nerveuse y on aui oil épargné d’erreurs aux mé- decins et de mauvais raisonnemeus aux physiologistes!

DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 217

Les termes qui disent autre chose que ce qu ils de- vroient exprimer ne sont pas les seuls qui doivent èlre compris dans notre réforme; plusieurs sont impropres ou insuffisans, et ils ne doivent point être épargnés. Je rapporte a ceux-ci les divisions numériques , de premier , second , troisième , tic, , qui ne donnent au- cune idée précise de situation ni de forme, et dont rordre peut être troublé par des observations nou- velles, comme je l’ai prouvé dans cet ouvrage, au sujet des nerLv Parmi ceux-là doivent èlre comptées les dénominations de vraies et de fausses , de dur, de mol , de grand , de petit , de honteuses , d*«ï7ci- , tlo bouquet, d'accessoires , i\e sublime , d'humble, d'adnii- rable, etc. 'roulesces locutions seront rejetées comme incorrectes, insignifiantes, et comme tenant à la fois de rimperléclion et du mauvais goût.

De même que riionnnc le plus sitnple et le plus dé- pourvu d’imagination ne peut parler long-teinpssaus métaphore le langage des sciences de description , le plus froid et le plus mesuré de tons les langages ne peut se passer d’expressions imitatives et figurées. On dit souvent en Anatomie, qu’une partie organique monte, se porte, descend, s’étend, se dirige, passe, s’allonge, s’élève, s’abaisse, s’enfonce, s’épanouit, pé- nètre, se montre, se présente, etc. Je crois qu’il seroit très-dilficile de renoncer tout-à-fait a ces expi’cssions; mais je désire qu'on n’en abuse pas , que l’on s’en tienne le plus souvent aux verbes auxiliaires, en y joignant des adjectifs ou des adverbes, et que souvent même on rende la marche plus rapide, en supprimant

2 1 8 SCIENCES PH YSIOL. ET MEDIC A LES.

les verlies qu’il est nécessaii'e et pénible de varier lors- qu’on les prodigue.

Ce qui a le plus contribue a rendre les descriptions informes et prolixes, c’est l’usage la plupaj't des auteurs sont de s’interrompre pour disserter sur ce qu'ils exposent. Cette marche est contradictoire aux principes que j ai établis. Elle rend l’analyse impar- faite et même impossible pour le lecteur, qui ne peut se permettre aucun raisonnement sur des faits qu’il ne connoît pas encore. La description doit donc être sé- parée de la théorie; et c’est en ne les confondant point ensemble que leur valeur réciproque augmentera , l’u ne gagnant en précision ce que l’autre acquérera de force, de lumière et de simplicité.

Ce seroit peut-être une entreprise utile que de subs- tituer U la nomenclature ancienne de l’Anatomie une nomenclature entièrement nouvelle dont les noms eussent, dans les différentes classes, une correspon- dance régulière par leur genre, par leur composition et par leurs finales, et dont la distribution métho- dique, soumise à des règles constantes, fût telle que l’esprit eu conçût facilement le projet et que la mé- moire en gardât sans j3eine le souvenir. Ce travail, analogue à celui dont plusieurs chiniistes illustres ont publié le plan pour la science qu’ils cultivent, semble devoir être l’ouvrage de ce siècle éclairé; mais j’ai pensé qu’avant d’y procéder, il falloit revoir avec le plus grand scrupule toutes les parties de la science anatomique, et ne se décider qu’après le plus mûr

examen.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 219

Tarin a fait paroître, en 1745, un Dictionnaire (i) dont je nie suis beaucoup servi dans mes recherches. J’ai trouvé dans les écrits de Linné, dans ceux de na- liiralisles modei nes, et surtout dans le V ocahulairede Botanique ^uhWé par . VJ. [3ulliard,(2) im'grnnd nombre de termes que j'ai cru pouvoir adopter. Autour de ces mots primitifs, j’ai distribué leurs dérivés, leurs accep- tions, leurs divisious, leur synonymie, et je les ai fon- dus avec les noms anciens, de sorte que ce n’est pas une langue nouvelle que je propose aujourd hui, mais une langue renouvelée et enrichia d’expressions déjà familières à plusieurs parties du monde savant , entre lesquelles on ne sanrpit trop multiplier la correspon- dance de la parole et de la pensée.

Sini LA DR5CRIPT10N ANATOMIQUE DE 1,’lIOMME ET UES ANIMAUX COMPARÉS ENTR’euX.

Cette matière est si neuve , et les anatomistes s’en sont si peu occupés, qu'ils paroissent ignorer quels soins préliminaires il faudroit prendre pour se disposer à l’exécution d’un projet dont quelques-uns ont parlé, mais sur lequel il est évident que personne encore n’a réfléchi.

L’homme marche droit: il est, comme je l’ai dit ci-devant, soutenu sur le talon et sur toute la plante du pied; sa tète occupe la partie supérieure; le ventre.

( 1 ) Dictionnaire anatomique , snivi d’une Bibliothèque anato- mique et physiologiste , par M. Tarin , in 4“,, 1743.

{ 2 ) Dictionnaire élémentaire de botanique , etc. par M. Butliard , iii-fol. , Paris, 17S5.

220 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, la partie antérieure, et le dos est situé en arrière. Dans les reptiles et dans les poissons, au contraire, la tête est en devant, le ventre en dessous, le dos en dessus. La ligne suivant laquelle le corps de l'homme est dirigé, et qui est verticale, fait avec celle du reptile et du poisson un angle de 90 degrés. Dans les quadrupède» proprement dits, on distingue, 1°. la tête et le tronc qui sont dans une situation horizontale, comme le reptile et le poisson; 2°. les cuisses et les jambes qui sont dans une direction verticale , comme celle de l’homme. Ce qui rend la position des quadrupèdes encore plus compliquée, c’est que la plupart de ces animaux, co}nme je l’ai dit au commencement de ce - discours, ne marchent que sur les doigts et ont le ta- lon relevé. Les extrémité postérieures des oiseaux sont aussi dans une situation verticale; mais leur corps est dirigé obliquement, et semble tenir le milieu entre la position de l'homme et celle des quadrupèdes. Les singes ont aussi le tronc dans une direction oblique. D’où il suit que les parties qui sont supérieui'es dans l’homme, deviennent antérieures dans le tronc des quadrupèdes, dans les reptiles et dans les poissons; obliquement tournés en devant dans les singes et dans les oiseaux; que s’il s’agit des cuisses et des jambes, la position est la môme dans l’homme, dans les quadru- pèdes et dans l’oiseau; mais que s’il est question du pied, ce qui est supérieur dans l’homme devient an- térieur dans la plupart des quadrupèdes, parmi les- quels on observe un grand nombre de variétés à cet égard.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 221 Je suppose que l’on ait a décrire et a compaiei les différentes parties d’un organe commun a ces divers animaux, et dans lesquels on reconnoisse six faces comme dans un cube. Ou suiv'ra sans doute dans leur dénomination l’usage reçu parmi nous , c est à-dire qu’on les diviseraen supérieure, inferieure, antérieure , postérieure ^ droite et gauche. Ces deux derniers noms ne varient point et peuvent être également employés dans tous les cas-, mais on voit que les quatre pre- miers cesseront d’être comparables lorsqu ils seront appliqués à l'homme, aux singes, aux quadrupèdes proprement dits, aux oiseaux, aux reptiles et aux poissons. Il faudra s’interrompre pour avertir que la face antérieure de l’un répond à la face inférieure de l’autre, et que, dans un troisième, elle est oblique; il faudra dire que la nomenclature est la même pour certaines parties des extrémités, et qu’elle difièi'e pour quelques autres; ce qui rend le discours obscur, en troublant toujours l’attention du lecteur.

Je sais bien qu’en plaçant sur une table tous les corps des animaux dont on se propose de décrire les organes, ou en les l’edressanl tous sur leuà*s ex_ trémités postérieures , onpourroit leur appliquer une nomenclature commune ; mais dans la première sup- position l’on cesseroit d’appeler supérieures les parties qui répondroient à la tète; la plante du pied seroit postérieure, au lieu d’ètre inférieure; et ce seroit l’homme que l’on rapprocheroit des quadrupèdes. La seconde supposition laisseroit subsister la nomen- clature employée dans nos livres pour l’anatomie de

222 SCIENCES PMYSIOL. ET MEDICALES, l’homme. Mais si l’on redressoit ainsi les quadi upèdessuf

leurs exlrémilés postérieures, il faudrait placer aussi daasla situalioji verticale , à côté l'homme les ser- peiis, les poissons et les vers, tahleau qui répugne au bon goût et à la raison. D’ailleurs, dans ces deux hypo- thèses, l’esprit seroit toujours occupé des transposi- tions à faire pour réduire chacun de ces animaux à sa position naturelle, et ce travail seroit plus pénible que celui dont on se seroit proposé d’éviter l’embarras par ce grand boulevei’sement.

Si les anatomistes qui ont disséqué jusqu’ici le corps de l’homme et celui des animaux n’ont point aper- çu ces difficultés, c’est que le plus souvent ils ne le ont point comparés entr’eux, ou qu’en les compai ant ils ont considéré la masse totale des viscères sans parler des détails qui sont indispensables dans le plan que j’ai tracé.

Ces considérations m’autorisent à dire que l’on a eu grand tort d’admettre comme primitives des di- visions qui ne conviennent qu’à l’homme seul et nul- lement aux autres animaux avec lesquels on doit les comparer; que les mots antérieur ^ postérieur ySupé~ rieur, inférieur, ne doivent être regardés que comme des attributs, et jamais comme des caractères géné- l’iques, etque, sans cette réforme, notre science ne fera jamais de véritables progrès.

Les principes suivans contiennent l’abrégé de la doctrine que je viens d’établir.

1°. Tout organe que l’on se propose dedécrire doit être traité conuno un solide gcoiuétriijuc dont on

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 225

examinera d’abord à l’extérieur les faces, les bords, etdes angles , et dont on considérera ensuite l’intérieur, avec les mêmes divisions.

2°. Dans les dénominations que l’on donnera aux faces, aux bords et aux angles de ces organes, on n’emploiera que des noms que l’on puisse appliquer à tous les animaux qui en seront pourvus ; et ces noms seront composés des parties les plus remar- quables de ces organes, ou de ceux des régions en- vironnantes, ou des usages, lorsqu’ils seront bien déterminés et assez Lciles à saisir pour qu’il ne puisse y avoir aucune équivoque à cet égard.

3“. Il n’y a point d’expressions qui puissent rem- placer , dans toute l’étendue du corps de l'homme et des animaux , comme caractères de division générale, les mots antérieur , postérieur J supérieur y inférieur ^ parce que les extrémités postérieures des quadrupèdes étant dans une position perpendiculaire comme celle de l'homme, tandis que le corps est horizontal , nulle dénomination ne peut être commune à des circon- tances aussi dilférenles. 11 faudra donc substituer à ces quatre termes des expressions propres à chacune des grandes régions du corps des animaux. Citons pour exemple l’os ethnoide, qui est cubique. Quatre de scs faces cérébrale , jiazale ^ sphénoïdale ; ou si je veux employer des noms plus généraux, et com- muns à tous les os de la tète, j’appelerai celle des régions qui est dirigée vers le sommet de l’os frontal, ou synciput; hasilahe , celle qui répond à la base du ci'ane j faciale , celle qui est tournée vers

224 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

la face; et occ.ipUaîe, celle qui l’est vers l’occiput, Oa voit que celle nomenclatui e peut s’étendre à tous les animaux qui ont une tôle osseuse, puisque, dans tous le synciput est opposé à la base du crâne cl la face à l’occipul. J’ai indiqué dans le vocabulaire, au mot POSITION, le développement de cette nouvelle méthode et son application aux diverses parties du corps et des extrémités.

4®. Non-seulement les régions correspondantes du même organe doivent être désignées. de la même manière, mais ces organes doivent aussi porter le môme nom dans tous les animaux; sans quoi les rap- procheraeus que nos travaux requièrent ne ppurroient jamais s’exécuter.

Ce seul principe sufFiroit pour exiger de grands cbangemens dans la nomenclature de l’analpmie de rhomrne et des animaux: un muscle très-connu sera cité pour exemple. Le muscle biceps du bras n’a qu’une tête dans les quadrupèdes qui ne sont pas claviculés. Le nom de biceps ne peut donc pas lui être conservé dans un tableau généial d’anatomie. Je préférerois celui de radio-scapulairc ^ qui désigne ses principales insertions dans l’homme et les quadrupèdes. Ici les anatomistes ont encore donné un nom d’attribut pour un nom de genre, ce qu’il faut toujours éviter.

Tour établir un système entier de nomenclature anatomique , il faudroit donc avoir rassemblé tout ce f|ue l’on sait sur la structure des animaux; et celte partie de nos connoissances n est pas assez avancée pour qu’on puisse exécuter ce grand projet. Je ne

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 225

poiivolsclonc entjfrrirqii’iinecbaiiche: peut-être serai- je un jour plus hardi, lorsque j’aurai aclle^■é les tra- vaux que j’ai eommeucés. En soumellant dans un vo cabulaire tous les lucts dont je dois me servir à un examen rigoureux, je me suis proposé de rendre mes desei-ipliüus plus intelligibles, et de courourir , autant qu’il eloil eu moi, à celle reforme gcuéiale dont il paroît que tous les nonienclateurs sonlacluellemenl occupés.

I

P È K O R A I s O N.

Ainsi, taudis que les sciences font chaque jour des progrès, leiu's idiomes s enrichissent, et avec eux se perlectionne l’art de penser. Les expressions techni- ques, recounoissables , et pour ainsi dire les mêmes dans tous les jiiiys, forment en quelque sorte une langue universelle , également écrite, entendue et parlée par tous les pefiples. Celte langue a resté long- temps incomplète. Celle de rimagiiiatiou a se dé- velopper la première; mais aus.si sa marche rapide a du se ralentir. Renfermé trop long-temjis dans les mêmes limites, fatigué par la répétition des mêmes images, environné de modèles (jui le subjuguent, étonné par tant de succès q ui soûl eu x-mèmes uii obs- tacle à des succès nouveaux, le geiiie des lettres n’a pu conserver toute sa force eu voyant diminuer ses espérances. Mais alors, docile à la culture, le champ des sciences et des arts s’est couvert de moissons aboa- dantes ; le domaine de la vérité s’est accru: ses divers langages se sont agrandis , ils s’agrandiront encore. Des combinaisons inattendues, des observations et des dé-

£26 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

couvertes sans nombre achèveront de dévoiler la na- ture; des imitations de toute espèce reproduiront à tous les sens le spectacle de ses merveilles; des idées, des images , des métaphores nouvelles, prépareront de ïiouvelles jouissances à riinagination , qui l'ede viendra féconde; sa langue se régénérera; l'esprit reprendra sa jeunesse et sa fleur; et s’il les perd encore, de nou- veaux progrès des connoissances les lui rendront sans doute : tant il est naturel de croire que, parmi des peuples dont les yeux sont pour toujours ouverts à la lumière, le génie doit porter alternativement l'em- preinte de ces différens modes , en passant d’âge en âge par toutes les nuances de la maturité !

La liaison des sciences et des lettres est donc plus grande que certains détracteurs ne le donnent à pen- ser, puisque les unes et les autres s’ouvrent mutuelle- ment la carrière, ou plutôt n’en forment qu’une se développent toutes les facultés de l’esprit. Que l’on compare les écrits des modernes sur les sciences avec les ouvrages de ceux qui les ont précédés, et l’on verra combien est grande la supériorité des premiers sur les seconds. Sans doute, il ne s’agit ici ni de l'ornement ni de la pompe du discours; sans doute, on n exige pas qu’un pliydcien soit éloquent comme M. de Bulfon, ni qu’il ait les grands talens de cet homme illustre, pour qu’il luisoit permisd'écriresur lanature: jene parleque de la méthode, de la précision et de la clarté, qui sont les qualités les plus reconimandables du style. J'<n vain ceuxqui ne lespossèdentpasallecteront du mépris poui elles; en vain ils diront qu’il importe peu de quelle ma-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 22; tolère un fait soit écrit : on leur répondra que, dans l’hisloire des sciences ainsi que dans celle des hommes, comme il n’y a qu’une manière de bien voir, il n’y en U qu’une aussi de bien décrire ; qu’un fait n’est plus identique dès qu’il est raconté de plusieurs manières 5 que l’image, comme l’idée qu’elle exprime, est une; et que parmi les inlidélilés qu'on reproche aux obser- Vateui's, il en est beaucoup qui tiennent à ce qu’ils ont mal dit ce qu’ils avoient bien vu.

Plusieurs de ces iniidélités tiennent encore à ce que la plupart expriment plutôt leur sentiment que le fait îui-mèine. A la vérité, pour bien voir, il faut le plus Souvent aussi bien jugei'. Ici , deux roules sont ou- vertes : fune esLtracée parla routine, par l'iitibitude, par une sorte d instinct j c'est celle de presque tous les lioniuies dans les détails de leur prolessioh ortlinaire : dans l’autre, on est guidé par les principes de l’analyse Ou de la’ synthèse; l’on suit une méthode générale ap- plicable à tous les cas, et l’on peut ainsi s’élever aux résultats de tous les ordres.

La première condition , dans cette l'echerche, est sans doute de n admettre un laitqu'après l'aVoir con- sidéré sous toutes ses faces, et avec des yeux exercés.

La seconde est de ne tirer de chaq ue observation que les conséquences qui en résultent immédiatement, et de ne point aller au tlà de ces conséquences.

En deux mots, agir en physicien et raisonner èh géomètre, voilà ce qu’il faut faire pour n’ètre poiiit trompe, et pour ne tromper personne.

lant que l’on n opère que sur des iuachines, on n'a.

328 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, pour ainsi dire , à veiller que sur soi-même ; maïs lorsqu’il s’agit d’expériences dans lesquelles ce sont des hommes que l’on observe, les sources du prestige de- viennent plus nombreuses et comportent plus de dan- ger; ceux que l’on soumet à une épreuve doivent tout craindre , et l’on a tout à redouter de leur imagination exaltée ou séduite; c’est elle qui a rempli le monde d’agens supposés devant lesquels la raison se tait, et qu’il est de l’intérêt de l’humanité de combattre et d’anéantir. Que l’on se souvienne surtout que l’espèce de raisonnement par lequel on remonte aux causes, est de tous, celui qui exige le plus de savoir et de mé- thode , et qu’il n’appartient qu’à un petit nombre d’hommes de s’en croire capables. Que l’on se sou- vienne encoi’e que les yeux les plus attentifs, lorsqu’ils ne sont pas accoutumés à un genre d’observation, sont, sous ce rapport , des instrumens très-imparfaits et dont il faut se défier, parce qu’il y a pour eux mille sources d’erreur.

Nous ne pouvions trop nous recueillir, mes lecteiu’s et moi , au commencement d’un aussi long ouvrage, (i) Je devois exposer mes vues sur la réforme de notre no- nienclature;et avant d’entrer dans les détails de la struc- ture des organes, j’ai voulu placer en tète un résumé des connoissances anatomiques dont les naturalistes ont fait usage, afin de montrer dans son ensemble le ta- bleau de la science à laquelle j’ai consacré mes veilles.

( 1 ) La lecture de la Dissertation de Bergman, de hulagando verc , est très-propre à faire sentir la nécessité d’uno marche sage et mesurée dans l’étude des sciences.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE.

TROISIEME DISCOURS.

Exposition des caractères qui distinguent les corps vivans ^ et idée générale de l'organisation des plantes et des animaux.

ULLE science ne touche riiomme cl aussi près que J’Analomie, et cependant il n’en est aucune qui soit aussi négligée. Les médecins et les chirurgiens sont les seuls qui s’en occupent, parce qu’ils en ont besoin pour leur instruction , et que le public les e.stime d’autant plus , qu’ils l’ont étudiée plusloiig-temps. Mais elle n’est point, comme l’histoire naturelle et la chimie , cultivée par des amateurs, qui consacrent à son avan- cement leurs fortunes et leurs veilles. Sans doute, il répugne à l’homme de voir d’aussi près sou néant j il fuit ce triste spectacle , et il consent à s’ignorer lui- mème, plutôt que de s’affliger à la vue de tant de misères. Le premier dégoût une fois surmonté, cette étude offre cependant un champ vaste et fécond en merveilles; elle détruit des préjugés nombreux; elle donne une explication d’un grand nombre de phéno- mènes , que chaque jour reproduit; elle rectifie les idées fausses qu’on peut avoir prises sur l’économie animale , et pai’mi les erreurs qu’elle dissipe, il n’en est aucune qui n’expose à quelque danger. Les philosophes de- vroient au moins prendre une teinture decette science , sans laquelle , lorsqu’ils auront à parler de la natui’e

2Ô0 SCIENCES PHYSrOE. ET MEDICALES.

de l’homme, de ses appétits et de ses besoins , ils de- meureront toujours au-dessous de leur sujet.

Ij homme est pciimi les corps vivans celui dont l’organisation est la mieux connue. On a aussi dissé- qué les autres animaux et les plantes, et on s’est enfin apeiçu que c est la comparaison des organes , consi- dérés à différens intervalles , dans lesystème des êtres, qui peut répandre le plus de jour sur le mécanisme et sur l’usage de leurs parties.

Cette comparaison , au reste , est très- peu avancée : on a beaucoup recueilli et on a peu comparé j jamais on n’a travaillé sur un plan commun. Chacun a décrit à sa manière, et dans l’ordre qui convenoit le mieux: à son système ou à ses habitudes j quelquefois même sans aucun ordre déterminé. Il n’y a rien eu jusqu’ici d’arrêté dans la nomenclature ; et parmi tant de mor- ceaux si dissemblables , quel œil seroit assez habile pour distinguer, sans un long et pénible examen, les diftérencea et les l'apports!

Quel que soit l’état des connoissancessur cette partie des sciences naturel les, on peut cependant réunir et pré* senter sous un même point de vue, plusieurs l'ésultaU d’im gi'and intérêt et quelques vérités générales.

IDÉE GÉNÉRALE.

Des caractères des corps organisés.

Je divise les corps naturels en deux grandes classes; la première comprend les corps bruts, la seconde Ica corps vivans.

DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 25 1 Dans ceux-ci, les organes , par des monvemens

propres, inhérensetsponlanés, croissent dans touleslc» dimensions à la fois, se nourrissent et se reproduisent. Dans ceux-là, l’altraclion , soit quelle agisse seu- lement sur les 7nasses,soit qu’elle donne aux parties similaires des corps diverses impressions , d’où résul- tent des formes détei minées, est le grand agent qui les meut, (pii les modifie, qui les fait passer par divers états successifs; c’est l'attraction qui règle les nom- breuses variétés des cristaux , dans la compositioudes- quels entrent des parties intégrantes , homogènes et d’une combinaison parfaite.

Ainsi , veut -on distinguer les corps bruts d’avec les corps vivans? Toutes les fois qu’on trouvera un corps .naturel ayant une forme constante , mais qui peut être divisé mécaniquement en parties d une natine diflé— rente , et qui cependant est essentielle à sa lormation, ou en pourra conclure que c'est un corps végétal ou animal, c’est-à-dire, un corps vivant.

Ouelques naturalistes ont donc eu tort de regarder lesfucus comme des cristallisations, puisque ces corps sont composés de parties très - diC'érentes les une des autres.

En général les formes cristallines sont angulaires, tan- dis que les formes végétales et animales soutarondies^ La forme organique des' végétaux et des animaux est loujoursdisposée de la manière la plus avantageuse à la vie , à l'accroissement de l’individu et à la conser-' vation de l’espèce; rien de semblable ne peutrésulter de la forme constante des ci’islaux , dont la masse u#

252 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES, s’augmente que par juxla-posilion , el dont les dive rses molécules n’ont rien de commun entr’elJes que la force qui les unit.

Les corp vivant sont toajou,-. oomposca <1e parlies soli.les et de parues fluides Irès-distincles les unes des aulres, tandis ijue l’on ne trouve en général dans les cristaux que des parties solidifiées.

La formation des cristaux qui croissent par l’appli- cation de lames successivement ajoutées à leurs sur- faces, ofire quelque analogie avec les végétaux. Dans ceux-ci, les couches se répandent sous l’écorce, c’est- à-dire, sous un organe disgeslif, qui prépare la matière avant qu’elle serve au développement de l’individu 5 mais le cristal n’a pas besoin d’un tel organe, puisque 3a substance qui sert à son accroissement, est déjàsera- Wable à ses autres parties ; la propriété d’attirer les principes homogènes', et de rejeter les principes hélé- logènes, est allacliée à chacun de ses points , et elle ne dépend pas, ainsi que dans le règne vivant, de la mobilité d’un organe.

Tous les cristaux qui appartiennent à une meme espèce, renferment, comme cristal inscrit, un polièdre d’une figure constante. Quelques variées quesoient les formes extérieures, ce polièdre est la forme primitive.; les autres ne donnent que des formes secondaires. Celles-cisoiit produites par uuesuperpositiou de lames appliquées sur le m yaii , et qui dcciois.seni , suivant des lois simples et régulières, par des soustractions d une ou de plusieurs rangées de molécules iulcgraule.s. L’existence de ces lois , prouvée par l’accord des cal-

DISCOURS SUR L’ANATOMID. 2^5

cnls, avec l’observation des angles , est le fondement de cette théorie. La plus légère rédexion fait voir com- bien ces principessontloinde pouvoir être appliques,

soit à la composition, soit au développement des corps

vivans.

Nous reconnoissons neuf caractères ou propii^eles

générales de la vie; savoir: i“. la digestion ; 2^. la nuliilion ; 5°. la circulation; 4“. la respiration ; 5 . les sécrétions; 6°. l’ossification; 7“, la génération ; 8“. 1 ir- ritabilité ; 9°. la sensibilité.

Tout corps' dans lequel on observe une ou plusieurs de ces fonctions doit être regardé comme organisé et vivant.

Il est hors de doute que les végétaux doivent être rangés dans celle grande division ; ils se nourrissent, quehiues-unesau moins de leurs parties se meuvent; ils croissent et se reproduisent ; des humeurs circulent; ils se fait en eux des sécrélions et ils ont une sorte de respiration. Mais la sensibilité est le grand caractère de la vie animale.

Le tableau suivant fera connoilre quelles sont, dans les difl'éreiiles classes, l’influence et l’étendue des neuf fonctions que nous avons admises.

TABLEAU

des fonctions ou caractères propres aux corps vivans.

DlfiE&XlOK. i

I qui ont un ou plu-\ I sieurs estomacs bien Corps TÎTansi distincts de l’œso- I phage et du coudait I lutcâtiuid : ^

l’homme, les qua- drupèdes , les c éfa- rées , les oiseaux, les crus lacées.

254 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

dont 1 estomac nei Jesquadrupèdesovl*. ^ diffère que par quel ! pares , les serpens j ques renflemens, de\ les poissons cartila- / 1 oesophage et dul gineux, les poisson» 1 condui t intestinal : f proprement dits. ^

1®. DI c ESTiON.<' Corps vivans<

qui n’ontqu’un tubeC , . ou tuyau alinien-< ,

taire ;

^ les Züophytes.

qui n’ontni estomac f ni conduit intesti-< les plantes.

Ual: (

(

2". M ÜTRITI ON./ Corps TÎvanSj

dont les sucs nour- riciers sont absorbés par des vaisseaux ouverts dans des ca vités intérieures.

l

l’homme , les qua- drupèdes , les téta- cées , les oiseaux , les quadrupèdes ovi- pares, les serpens, les poissons cartila- ^ineuT. les poissons pro])rement dits, le» insectes, les crusta—

cées , les vers.

dont les sucs iiour-[ ricierssont absorbésl par des vaisseaux! ouverts à la surface] extérieure.

les plantes.

(l) On difilîngiiv Bulmird'ui les mot- Jacques deR yers, et l’on snit que les pre* tnicrs»qui respirent pnr deuxbrnncTiics, •Ht un mode d’nrganiital ion qui les élève, de pln.siexirs degrés . clans l’éclielJc des corps animés. Lie digne successeur de Vic~Dazyr, M. Cuvier, è c)ui nous •levons cette découverte , nous a aussi appris c|ue les vers articulés. Iris que la sung-sue, avolcnl également unecir* dilution proprrmi nt dite, tandismie les insectes, c|iij correspondent avec le mi- lieu atiiiospliérin ne par des tnirbécs , sont dépourvus crun appareil de circu- lation , et placés, sotisce rapport , au- dessous des précédrns. dans IV’chelle des âointaux. ( Je î*eJilcur,)

f

qui ont du sang , desf , les

vaisseaux et uncœur

qua-

. , . . , drupèdes, les »éta-

u deux ventricules

,, , ... .. i cees , les oiseaux,

etadeux oreillettes:'.

3”. cincuLATioN./ Corps vivan;

1

à un .seul ventricule,!

dont riiiférirur est), -,

. , , V Ips quadrupèdes»

rtiViAM OtI 1)1 ll.AI <»ll r.< 1 * I

divisé en plusieurs', i,.'

. . * pares , les serpens.

t iiviies , et

oreillettes

f,

■i un seul ventricule le.s poîs.son.s cartila- c‘t à une seule oreil-' gineux les p<>i.>,sün» ette. / proprement dits :

(.

llont lo «ceur est/

ifornié p.vr un vni,'-t les crusfacées , les peau longitudinal ,\ insectes, les vers. (i )

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. a55

(l)D’^lpr^^ lu fniU rtppnrlis dam In note précédente , on doit ranger le» inaectea daiii cette diWaion.

( lYofe de l'éditeur. )

noueux et contrac-< tile , et dans les- quels une liqueurj blanchâtre tientlieuj de sang :

dans lesquels oui n’observe point de cœur, mais des vais-* seaux remplisdesucsi ^dedilléreiite uatureq

On trouve dans quel- ques crustacées l’é- bauche d’uu cœur.

les zoophites , les plantes, (i)

(4) Il fimt aimi comprendre dam •rite diriaion lea moHuai^ara et l«a Tora arliciilèi. ( VoieJr /'arfirmr. )

(5) Hluairura de» corp« vtvana que

l’on ici anns le nom de tftn

sont dea moUîtaquea et rea- ^pireiil par des branchies.

( Aole Jtf l'éditeur. )

dear

deV

■i

f qui respirent par deSj I potitnons libres toute adhéretice spongieux :

par des poumons li-l bres de toute adhé- 1 rence , formés des ceftules , et muscu-i laires ; ^

par des poumons ad-f nérens aux côtes , et’ pourvus d’appeudi-j ces :

(

4". nESPiEATiON'...;^ Corps vivans/par des ouïes de di-

Averses formes :

r

par des stigmates ou^ trous placés sur les difierens anneaux : t

(4) Lea tubas que l*on déconrre dans ^organisme v^gî^tal* et que l’on dé— aigue soua le nom de trachées , ne pa- roissent pas remplir des fonctions re»- ptratoires . ainsi qtt’on l’ayoit d’abord arancé, d’ap^^s l’analogie qui existe entre la forme de cea tubes et celle des trncliées des animaux.

( yote de l* éditeur, )

(5) Et presque tous les autres too- pbitea , les escbiuodermes exceptés.

( Note de V éditeur. )

9

par une ouTerture/ appelée trachée, ou) par des franges ex- térieures :

par des trachées : j

dans lesquels ou n’a^ J encore découvert ni I stigmates ni tra-\ l chees : /

l’homme , les qua- drupèdes, les céta- cécs.

lesquadrupèdrs ovi« pares, les serpena.

les oiseaux.

les poissons cartila- gineux, les poissons proprement dits, les crustacéè,'. (z)

les insectes, les vers terrestres.

les vers aquati- ques. (5)

les plantes. (4)

les polypes. (5)

5®. sEcuÉTioN.,,.., S y ® point de corps vÎTan* dans lesquels il ne se > fasse des secrétions.

T. i

356 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

(ï) Les lltopliytes n*ont pas de sque> IcUc corné , mais une t-uvelo|i])e pierreubf. Ces aiiiroaiix sont en si grand uombrr* dans quelques mers, qu’ils y fprmenl de îles en^^^cs.

( de lUdileur» )

6®* ossification., Corps vivans

■(

l’homme, les qua— 1 drupè.ies , les céta- qui ont un squelette) 1^8 oiseaux, le» I interne osseux : S quadrupèdes ovipa-

I res , les serpens ,

f les poissons propre- ment dits.

> les poissons cartila- (giueux.

qui ont un squelette^ les insectes parfaits, externe corné : | les litophytes. (i)

'les crustacées , les I coquillages, les ma- 1 drepores , et la plu- V part des zoophytes.

cartilagineux :

{Crétacé :

[ligneux :

les plantes.

. , . (les insectes dans le

qui n ont point de '• premier état de leur squelette : \ métamorphose , les

^vers, les polypes.

7°. ciwiRATioN

i

(

vivipares ;

I l’homme, les qua- I drupèdes , les céta-. cées.

les oiseaux, les qua- drupèdes ovipares , [ovipares, soit quel les serpens, les poia- Corps vivans ^ 1®* œufs se dévelop j sons cartilagineux , '^peiit au-dedans ou' les poissons propre- ihors de la femelle ;| ment dits , les in- I sectes , les ernsta- ( cécs , les vers , les plantes.

qui se reproduisent \ les vers , les poly- par bouture ; * pes , les piaules.

8®. IRRITABILITÉ. I Corps vivons

f 14—

I qui ont tout le corps] flccles dans le pro*t

I .««.......I .. /...î 1. I

la plupart des îu-

i

musculeux, ou coii-(iiiier état de leur tractile : j métamorphose , le,

vers, les polypes.

i

discours sur L’AN mie

îS'

1

, l’homme , les qua- 1 drupède» , les cét.a- \cées, les oiseaux, le» 1-1 .

8.iKKiTABiLiTiO).^Corps vlvans^

f

\

scees, ICS oiseau*, le» dont les muscles re- J jj^pèdes ovipa- couvrent le’ sque-/ ^ jçg serpeiis , les lette. 1 poissons cartilagi-

I neux , les poisson» \ proprement dits.

fil Virrit«l>iUli .««<■ lion , mai» une proprièlè vilale , U motililè du profeueur Cheimier , nropriilù doiil le diveloppcmenl con- tribue i toute» Ici fonction». On penl f«irc la mAme rcroarijiie »ur jenji- kiliti. ( Ni'lt * l'éiiU^ur. )

V

dont les muscles , sont recouverts par les insecte» parfaits, le squelette: ^ les crustacécs.

qui ont à peine quel-l ques partie» con-1 tractiles , et qui ne) plantes, jouissent d aucuns J inouveniens spon- tauis.

SEKSIBIUTU.

I l’homme , les qua- \ drupède» y lescéta- qui ont des nerfs et cées, le» oiseaux, les uQ cerveau bien dis- quadrupèdes ovipa-« Itincts de la moëlle\rcs, le» serpens , le» lépinière : Ipoissons cartilagi-

/lieux , les poissons

f proprement dits.

I y<lt*‘ nerfsf

^Corps vivans^et un cerveau àl les insecte», les crus- \peine distincts de la( tacées , les vers. (2) Imoclle épiuière : I

( #) Tons ces ■nimnu'^ n’tyanl point 4e squelette iulériciir, il nVst pas bieu démontré que leur système uerveux soit double et comprenne autre cHmc que la partie de ce système y à laquelle on rapporte une vie intérieure ci de matriüoa.'( aYoIc <U Viditeur. )

Idans lesquels.on n’a*

I point encoretrouvél I ou qui n’ont pointj les zoophytes , le» de nerfs , de cer-A plantes, veau , ni de moëlleJ épinière. \

Après avoir examiné sous un point de vue général les caractères et les fonctions des corp.s organisés, con- # sidérons rapidement les principaux traits anatomiques

des différentes classes des corps vivans, et dans ce dessein, arrivons des végétaux aux animaux à main-

«8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES

menas : maniera de procéder bien préférable à cille ,u. fa,t descendre l'homme an dernier degré de l’o ganisalion ; car s .1 est vrai que la vie de l'animal à aang chand ne soU qne celle de l'animal à sang 1V„M pins certames propriétés, .t q„e celle de ce derni^ ne son que la vie dn végétal, plus quelques modifica- ions, ne peut-on pas dire que pour acquérir sur la

nature de êtres desconnoissancesqui soientrangées

dans un ordre logique , il faut commencer par l’exa- men de ceui dont la composition est plus simple ?

des végétaux.

lia manière dont on a présenté jusqu’à ce moment l’Anatomie des végétaiix est insnflisante. On a pris à tout hasard la tige , la feuille , l’écorce d une, de deux ou de trois plantes, et d’après l’examen isolé de ce petit nombre d’individus, on s’est cru en droit de conclure que les feuilles, la tige et 1 écorce de tous les végétaux , sont généralement organisés de la même manière ; de même que si l’on prenoit une partie d’un animal quelconque, et qu’après l’avoir disséquée on en conclut qu’on a fait l’Anatomie de tous les animaux.

Il existe en effet autant de différence entre la struc- *ture d'une plante gras.se et celle d’un graminée, qu’entre celle d’un quadrupède et celle d'un oiseau.

De cette méthode négligente de travailler, il est résulté que nous n’avons ac((uis dans 1 Anatomie des plantes que des connoissanes vagues, lesquelles de- viennent uulles pour ceux qui n’approuvent que de* idées exactes. Les semences et les parties de la fruc- tification sont les seules qui aient été exactement observées dans toutes les classes de végétaux , parce que les auteurs des systèmes ont eu besoin de les connoître pour former diverses classifications : encore se sont - ils , autant qu’ils ont pu , bornés à l examen des surfaces.

Pour se former une juste idée des végétaux, il est donc nécessaire, i°. de disséquer avec soin, et dans toutes leui’s parties, un certain nombre d’individus

a io SCIENCES PHYSIOL. ET ATEDICALES. cle chaque famille naturelle ; 2®. il faut encore les disséquer dans toutes les périodes de leur accroisse- ment , dans lesquelles elles éprouvent de grandes variai ions ; 3“. la connoissance de la structui’e des parties internes des végétaux et de leurs usages ne peut être le fruit d’une seule dissection ; elle doit être fournie par l’observation de tous les changeraens que peuvent subir les diverses parties des végétaux.

II s’agit surtout ici de rechercher dans quel ordre doivent être rangés les végétaux pour être considérés sous des rapports anatomiques et physiologiques. On peut les examiner, ou comme formant de grandes fiunilles naturelles qui supposent une suite d’organes analogues et comparables entr’eux; ou comme pré- sentant certaines qualités ou propriétés.

DES VÉGÉTAUX . '

DIVISÉS EN G 11 ANDES FAMILLES.

I-a division suivante nous a paru propre à géné- raliser les idées que donnent les observations déjit recueillies sur l’anatomie et sur la physiologie.

PREMIÈRE F A M I L I. E.

Les arum. ( 1 )

Nous donnerons le pied-de-veau pour exemple; la partie de la fructification lapins remarquable dans

(i) Les {irum font eux-mftmcs partie de la treisième fatnill» naturelle de Jussiru , suivant la méthode de Lamarck.

discours sur L’ANATOMIE. 24i

ce genre de plante est le spadix qui paroit etre un© excroissance de substance vésiculeuse , laquelle est très-abondante dans ces plantes, ainsi que dans les palmiers, dont la Heur a souvent pour base cette pièce singulière.

L’arum ilalicum et plusieurs espèces de ce genre, sont remarquables aux yeux du physiologistejpar la chaleur naturelle de leur spadix. \ oyez ce ([u en a dit M. de Lainark, Dict. encycl. , art. Arum.

DEUXIÈME FAMILLE.

Les Palmiers. ( i )

Ici les feuilles de chaque année repoussent au-de- hors les feuilles de l’année précédente , et ce sont les bases des anciennes feuilles desséchées qui tiennent lieu d'écorce. i

Ces arbres ne peuvent habiter les pays froids, parce qu’ils sont formés d’un tissu vésiculaire très-lache. En général , les plantes qui résistent au froid ont tou- jours les fibres très-rapprochées , et un tissu vésicu- laire très -serré. (*jj

TROISIÈME FAMILLE.

Les Orchidées. ( 3 )

La racine de ces plantes mérite une étude parti- culière j elle est composée de deux tubercules , ou de

( 1 ) Quatorzième famille naturelle ,■ suivant la même méthode.

{ a) La théorie du calorique de Ramfurd explique très - bien l’a- vantage de cette structure pour résister au Iroid. ( î^ots de l'Edit. )

( 5 } La vingt -cinquième Jamille naturelle.

T. 4.

i6

æ42 sciences physiol. et medicales.

deux canaux, dont l’un s’épuise par la croissance de la plante; tandis que l’autre croît avec elle. Les semences des plantes de cette famille, exigent également une étude très-particulière. Elles sont d’un très-petit volume, et elles passent pour être stériles.

Q U A T R I K ME FAMILLE.

Les Liliacées,

Toutes les plantes de cette famille ont un tissu vési- culaire très-lâche, et une racine bulbeuse. Elles croi- sent très-rapidement , parce que la vitesse de l'accrois- sement d’une plante est toujours en raison inverse de la quantité des parties fibreuses, et en raison directe de la quantité du tissu vésiculaire dont elle est com- posée. C’est ainsi que les fungus, qui ne sont presque entièrement formés que de tissu vésiculaire , croissent très-rapidement. Il faut encoi’e observer que-la tige d’une plante bulbeuse est toujours annuelle; car la vie d’une bulbe se termine tonj'ours à la première floraison de l’individu; il est encore utile de recon- noître comment dans cette famille, les graines sont si souvent suppléées par de petits tubercules qui se développent dans la fructification de la plante Nous donnerons les allium pour exemple.

CINQUIÈME FAMILLE.

Les Joncs, (i)

lieur tige est toujours annuelle : on peut faire ici

( 1 ) Si-izlùinc faniitle niUurella.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 243 beaucoup d’observations sur la strucluie du tissu ve~ siculairequi est toujours très-étendu dans ces végétaux.

Ici, comme dans laclasse si remarquable des plantes dont la tige est articulée , et dont chaque individu semble être une suite de végétaux implantés les uns sur les autres , et qui jouissent chacun d une vie et d’une végétation particulière, il est important pour le physiologiste qui cherche la cause de ce phéno- mène, d’observer que les rejetons et les pousses de toute nature dans ces plantes ne se forment que sur les nœuds , et jamais dans rintcrvalle qui les sépare. Lcspersicali'es, les caryophy liées, les plantes sarmen- teuses ont des nouures d’une nature semblable dans la longueur de leur tige; il paroît que dans ces parties la continuité de la fibre est totalement interrompue, et que la soudure entre les diverses pièces du tronc ou des i*ameaux, n’est composée que d’un tissu vési- culaire très-serré. 11 estaisédereconnoîlre cette vérité si l’on fait attention à la cassure nette des tiges dans les articulations , quelques-unes mêmes se séparent spontanément par la dessication.

La fibre végétale ne peut prêter , dans l’accroisse- ment de l’individu, que jusqu’à un degré d’extension très - borné. jDans les plantes dont le développement est prompt et considérable , tels que les grands joncs, un seul fiiisceau de fibres n’auroil pu fournir le pro- longement nécessaire à toute la longueur de la tige. De l'utilité des articulations. L’accroissement des grands arbres ne dément point cette assertion ; si ou examine avec attention la manière dont ils croissent,

244 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

on verra que, dans toutes les familles de plantes, on peut poser, comme un principe certain, que la fibre végétale ne peut plus prendre d’accroissement lors- qu’elle est parvenue à un état ligneux.

SIXIÈME FAMILLE.

Les Graminées. ^(1)

Leur suc pi’opre est composé de sucre et de mu- cilage. Dans plusieurs espèces, le même individu porte des Heurs hermaphrodites et des fleurs unisexuelles. La tige est souvent articulée : exemple, le seigle , ■seeaLe cereale. Lin N.

SEPTIÈME famille.

Les Conifères.

Ici se trouve un système de vaisseaux qui n’ont pas •une grande étendue dans les familles précédentes j c’est le système des vaisseaux résinifères ; la résine coule particulièrement dans la substance corticale. Les végétaux lactescens n’ont ordinairement aucun principe résineux dans leur partie ligneuse.

huitième famille.

Les Arbres à chaton. ( 2 )

Ici se trouvent des plantes dioïqucs. Il seroit bien étonnant qu’on ne pût observer aucunedifférence entre

(1 ) Onzième famille naturelle.

(2) Dix- huitième famille naturelle. L’orme et le saule appartien- nent à celte famille.

DISCOURS SUR L’\NATOMIE. 245

rAnatomîe fl'nne plante à fleurs mâles et celle d’une plante femelle. Je présume que ces différences doivent être particulièrement sensibles dans la structure deâ pcduucules ; ceux des fleurs mâles ne doivent avoir de rapport qu’avec la partie corticale, et ceux des fleurs femelles qu’avec la partie médullaire.

NEUVIÈME FAMILLE.

Les Composées, (i)

Les causes des divers modes de polygamie dans les fleurons méritent des recherches particulières. L’Ana- tomie du réceptacle a pplalideces fleurs pourroil donner sur ce sujet de grandes lumières. Il est à présumer que les fleurons femelles n’ont point de relations avec la partie ligneuse et la partie corticale, tandis que les fleurons, garnis d’étamines fertiles, doivent avoir des connexions avec la fibre ligneuse.

Il est à observer que toutes les sémiflosculeuses ont nn système d’organes lactifères. On peut diviser la fajuille des composées en quatre sections, qui sont:

A Les Semiflosculeuses ;

B Les Capitées ( capitatœ)',

C Les Corymbifères;

D Les composées à feuilles opposées.

DIXIÈME FAMILLE.

Les Omhellifères. (2)

Ces plantes , considérées sous un point de vue ana-

( 1 ) Quatorzième famille naturelle. (3) Dix 'Septième familla naturelle.

246 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

tomique, peuvent èti’e regardées en quelque sorte com- me des {leurs composées , dont les organes solides sont dansunélat de division considérable, et dont les fluides ont acquis un grand degré d’énergie. Toutes les parties des espèces composées de toutes les seotionsse retrou- vent danslesombellifères diviséesen plusieurs pièces et parfaitement reconnoissables. Ces rapports très-inté- ressans et très-inullipliés entre ces deux familles de végétaux , n’ont pas encore été observés.

ONZIÈME FAMILLE.

Les Malvacées.

DOUZIÈME FAMILLE.

Les Pomifères.

TREIZIÈME FAMILLE.

Les Drupifères,

Le fi’uit à noyau n’est qu’une pomme dont la pulpe est ligneuse. La substance pierreuse de la poire et de quelques autres pomifères le démontre.

quatorzième famille.

Les Caryopliillèes. ( i ).

Elles présentent dans leur anatomie des rapports avec les graminées.

quinzième famille.

Les Borraginèes. (i)

(i ) Seizième famille naturelle.

( a ) Quatre - vlugl-septièmc famille.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 2^7

SEIZIÈME F A M I L I. E.

Les Etoilées.

D I X- s E P T T È M F. FAMILLE.

Les CucurbUacées. dix-huitième FAMILLE.

Les Plantes grasses.

Elles lie sont, pour ainsi dire, composées que de SLihslance corticale et de tissu vésiculaire.

J) I X-N E U V I È M E FAMILLE.

Les Crucifères.

Toutes leurs racines sont filiformes e.t pulpeuses dans leur centre , avant la fructilicalion 5 elles sont dures et creuses , après la formation de la graine.

VINGTIÈME FAMILLE.

Les Labiées.

YINGT-UNIÈME FAMILLE.

Lies Papillionacées.

Celte famille est très-remai-quable par rirrifabililé de scs feuilles et la structure de leur articulation.

VINGT-DEUXIÈME FAMILLE.

Les Fougères.

Y I N G T -T R 01 s I È M E F A M I L LE.

Les Glousses.

V I N G TQ U A T R I È M E FAMILLE.

Les Algues.

2i3 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

VINGT-CINQUIÈME FAMILLE.

Les Fungus.

Les genres des algues et des fungus sont, de tous les végétaux , ceux qui présentent les rapports phy- siologiques les plus réels avec les animaux ; plusieurs algues sont très -irritables ; leurs semences ne se déve- loppent point l’extérieur, mais dans leur propre substance; elles ne prennent point leur accroissement par des couches extérieures , comme les autres végétaux ; mais elles croissent par l’intususception des substances qu’elles s’assimilent, ainsi que les ani- maux. Enfin , et cette remarque est importante , l’analogie de leurs formes avec celles des mollusques et des zoophytes , et les rapports que l’analyse pré- sente entre leurs principes doivent les faire regarder comme le passage des végétaux aux animaux. ( i ) Chaque genredes algues et des fungus exige une étude particulière en anatomie: il est même vraisemblable que ces genres formés par le port extérieur de la plante , renfei ment souvent des espèces d’une struc- turetolalement dilfércnte. Les lichens et les trejiielles offrent dans le cours de leur existence le phénomène

( 1 ) En admettant que toutes les formes de l’organisation peuvent être comprises dans deux séries , les végétaux et les animaux , ce se- roit donc par leur extrémité que ces deux séries tendroient à se réunir. Le dernier animal n’enchaîneroit pas sa classe au végétal, comme le pensoit Bonnet ; mais le dernier rang ds la classe des végé- taux et des animaux, les algues et les zoophites formeroient cette réunion , ce passage insensible que l’on est souvent obligé d’accorder aux partisans du système direct de la nature. ( Note de l'Edit. )

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 249

singulier d’un état de vie et de mort successif, cha- que fois qu’ils sont humectés , desséchés ou gelés j j’ai vu des lichen desséchés depuis plus de vingt années dans les herbiers , végéter de nouveau et fructifier, lorsqu’on les arrosoit à l’air libre.

De toutes les plantes cryptogames, les ul va, les nostoc, les conferva, sont celles dont rorganisation est la plus simple et la moins connue. Nous nous bornerons à rapporter les observations qui ont été faites par i\I. de Bauvoir, surl’ulva lactuca. Lin., connue vulgai* renient sous le nom de laitue de mer, parce qu’on a cm lui trouver quelque*ressemblance avec la laitue. En présentant au microscope une portion decette plante , ou aperçoit un tissu si fin , t|u'avec la plus forte lentille du microscope de Dellabaro-, combiné do manière à grossir autant qu’il est possible , il faut apporter la plus soigneuse attention pour le distinguer. 11 n’en est pas de même d’une infinité de petits grains épars irrégulièrement dans ce rczeau, et que l’on voit très-distinctement. Ces grains qui nous ont paru de plusieurs formes et de plusieurs grosseurs , sem- blent être placés dans la substance; peut-être sout-ce les organes de la génération ; peut-être existe- t-il aussi d’autres parties essentielles, que la foiblesse des lentilles ou l'imperfection de l’instrument ne nous permettent pas d’apercevoir.

La Nature si cachée à nos yeux dans ces sortes do productions, se laisse un peu mieux pénéti’er , lors- qu’on examine les fucus. Si ces plantes comparées aux végétaux , qui nous paroissent plus parfaits, nous

25o sciences physiol. et medicales.

élonneiit par leur simplicité , combien ne nous semblent-elles pas supérieures anxnosloc, auxulva, et aux conferva (i).

TABLEAU

des classes naturelles dans lesquelles les vége'taux sem- Llent présenter les plus grands rapports anatomiques.

Exemples tirés des espèces indigènes

et communes en France.

Les palmiers

Les arum Le pied de reau..

Les orchidées JOrchls , ophris , scrapias de diven^es

( especes.

/ à bulbe solide. . . La tulipe.

Les îiliacées) à bulbe imbriquée. Le lys.

\ à bulbe tuniquée. . L’oignon.

Les joncs Le .souchet, le jonc articulé, le tipha.

Les graminées Le millet , le roseau , le maïs, etc.

Les conifères. ....... Le pin , le sapin.

( 1 ) Dans ces derniers temps , M. Girod de Chantran , correspon- dant de la société philomathique , s’est beaucoup occupé de la nature des conferveset des byssus , qu’il a cru pouvoir retirer de la classe des végétaux, et regarder comme des polipiers : opinion qu’U appuyoit , i“. sur une ressemblance entre les globules intérieurs des byssus , et les animalcules que l’on observe au dehors ; v. sur le rap- port entre l’absence de ces globules, etl’apparntion des animalcules , dans dos conferves dépourvues d’abord de, ces animalcules , et la circonstance de l’humidité les fait paroître. M. de Candole a combattu à la vérité cette opinion , et rendu les byssus et les conferves à la classe des végétaux. Mais il n’en demeure pas moins prouvé que Iss caractères du végétal sont beaucoup moins marqués dans ces dep- nières plantes ; que l’analogie de celle - ci avec les animaux ne peut •Ire contestée , et que les deux séries des corps vivans se tiennent et se confondent principalement par leurs extrémités.

Vid. du reste , pour plus de détail sur cet important objet, fc ÿulîetin de lu société philoiiialique. ( Note de l’Editeur. )

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 261

Lfs arbres à chaton Les composées . .

Les aggrégées . .

Les ombilliféres .

Les malvacées . .

Les pomi fèves .

Les drupifères . .

Les cariophyllécs . Les borraginées. . Les étoilées . . .

Les cucui bitacées . Les plantes grasses

Les crucifères . . Les labiées . . .

Les papillionacées.

Les fougères. . .

I.es mousses. . .

Les algues . . .

Les fungus . . .

. . L’orme , le saule , le châtaignier. ^

. . Le laitron, le chardon , la tauaisie.

. . Le churdou à loulou , la scabieuse.

(Le chardon Roland, la berce, œnanth*

) crocata, buplevrum fructicosum.

( r,a mauve, alcea rosa, ælthœa, gossipium "( herbaceuin.

. ' Le pommier , le poirier , le sorbier. _

. L’amandier, le prunier, le laurier-cerise.

. La saponaire , l’œillet , stellaria.

. La bourrache , la cynoglos.re.

. La garance , le caillclait blanc.

. . Les courges , l’elaterium.

. . Le cactus , les sedum.

(La giroillée, le chou, le cochlearîa ,1e ( raifort.

iLes sauges, les phlomis, le scutellaria, ' I le mulle de veau.

(Le geiif t , le lupin , le treflle, le latbirus

. ./ amphicarpo.s, (dans le Languedoc) le

( baguenaudier.

. . La fougère mâle , l’equisetum.

(Lycopodium , le politric , fonlinalis an- ) tipyrctica.

(Marcnantia polymorpha, lichen crustacé . . ( à écusson et à godets ; les bissns , le

^ fucus scrratus , treniella coiiferva.

1 Agaricus , boletus , hydnum , phallu.s , , .) helvella , elathrus, peaiza leutifera ,

( lycoperdon j uiucor.

Dans ces exemples, i". nous avons eu l'altention de ne citer que les espèces les plus connues dans ce pays-ci, afin que l’on puisse en étudier plus facile- ment l’anatomie et la physiologie; 2“. nous indiquons dans chaque classe les espèces les plus éloignées l’une de l’autre par leur structure, afin qu’elles puissent y former des chefs de division, et donner par leurcon- noissance une idée plus exacte de toute la classe.

T. 4.

252 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

Des principales qualités ou propriétés que

les végétaux présentent dans l’étude de

LEUR ANATOMIE ET DE LEUR PHYSIOLOGIE.

Les caractères qui foi’ment les principales saillies du règne végétal, peuvent se réduire aux suivans:

1°. La consistance et la durée des végétaux. Ce caractère établit une difTérence très - sensible entre l’herbe , qui périt dans l’espace de quelques mois , quelquefois plutôt encore, et l’arbre qui vit pendant plusieurs siècles.

1°. Végétaux qui vivent pendant plusieurs siècles. Grands arbres. Exemp. le chêne, rohur. Lin.

Durée de son accroissement , environ quarante ans. Chêne cité par Ray , cent trente pieds de hauteur sur trente pieds de diamètre.

2°. Plantes qui vivent seulement pendant plusieurs années.

Arbrisseaux. Exemple le l’osier des haies, rosa canica , Linn. Arbrisseau qui s’élève de cinq à huit pieds.

Sous-arbrisseaux. Exemple la bruyère cendrée , erica cinerea, Linn. Sous-arbrisseau qui a un peu plus d'un pied de hauteur.

Herbes. Exemple la v'éronique aquatique , veronica hecabunga, LiNN. Herbe à tige rampante dans une grande partie de sa longueur.

5". Plantes qui ne vivent que deux ans. Exemple la vipérine , echiu/n vulgare, Linn.

discours sur L’ANATOMIE. 255

4“- Plantes qui périssent dans le coui-s de l'année. Exemple, le mouron des oiseaux, a/sine menf^,LlNN.

5°. Plantes qui dibparoissent promptement. Exem- ple le nosloc , IremeLLa, nosloc ^ Lin N., production gé- latineuse, demi -transparente, d’un vert loible , que l’on aperçoit sur la terre après la pluie , et qui dis- paroît dans les temps secs. On observe dans les vides dont la surface est chargée , de petits globules , que Pou a pris pour des semences , et que Haller regai doit comme des bourgeons.

ir. Le nombre des lobes de la semence , on leur absence.

i“. Plantes aux semences desquelles on n’a point observé de lobes. Exemple, les fougères.

2°. Plantes dont lesKcmencesontun lobe. Exemple, les graminées.

5°. Plantes dont les semences ont deux ou plusieurs lobes. Exemple, presque toutes les plantes qui ont des Heurs connues.

Iir. Le nombre et l’ensemble des organes , qui forment une gradation marquée depuis la plante la plus parfaitement organisée jusqu’à celle qui a le moins d’organes apparens.

1°. Végétaux remarquables par un grand ensemble de cai'actères. Exemple, le pommier , malus ,

Linn., arbre d’une hauteur moyenne; fleurs com- plètes, très-apparentes , hermaphrodites ; cinq pétales; calice découpé en cinq ; environ vingt èlamines;cinq styles; fruit charnu bon à manger ; plusieurs se- mences à deux lobes.

254 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

2°. Végétaux qui réunissent un grand nombre de caractères, mais dans lesquels les parties de la fleur et du fruit sont peu apparentes. Exemple , l’orme > ulmus campesiris , Linn. , arbre très-plevé et d’une très -longue durée; fleurs peu sensibles, hermaphro- dites, sans calice; corolle à cinq divisions ; cinq étamines, deux styles ; fruits petits et très-comprimés; une seule semence à deux lobes.

5°. Plantes pourvues d’une belle corolle, mais sans calice. Exemple, la tulipe des jardins, tulipa ges- neriana , Linn.

4°. Plantes sans corolle ni calice proprement dit. Exemple, le bled, triticum , Linn. , fleurs

composées de trois étamines et de deux styles.

5°. Plantes sans rameaux ni feuilles. Exemple, le ciei’ge du Vévou. ^ cactus Peruvianus. Tige anguleuse, cannelée, garnie d’aiguillons, s’élevant à une grande hauteur; fleurs disposées sur la tige; calice d’une seule pièce; environ trente pétales; étamines en nom- hre indéfini ; un seul style ; fruit charnu semblable à celui du poirier sauvage. Cette plante a im port très- singulier.

6°. Plajiles sans lige, dont les fleurs sont sur des pétioles qui sortent de la racine. Exemple ,1a violella de mars odorante, viola odorata , Linn.

7°. Plantes sans fleurs , dojit les semences seules sont apparentes. Exemple , les fougères.

8*. J’iantes sans fleurs dont la fructification est peu distincte. Exemple, les mousses.

q". Plante dépourvue de la plupart des organes

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 255

Je la végétation. La truffle, lycoperdon tiiber, Linv., masse charnue informe, sans tige ni racine, cacliée sous terre, bonne à manger*, elle est couverte , clans sa maturité , d’une poussière farineuse d’une couleur obscure , que l’on a prise pour les semences.

10°. Plantes dans lesquelles on n’observe que des vésicules. Exemple, les moisissures.

11°. Productions qui ne sont pas évidemment des plantes. Exemple, les champignons.

IV°. Les dillérentes positions des fleurs mâles et femelles.

1°. Plantes à fleurs, toutes hermaphrodites. Exem- ple , la plupart des plantes.

2°. Plantes qui portent des fleurs toutes mâles sur . un individu et toutes femelles sur un autre. Exemple , le lichnls blanc des champs, lechnis dioica, Linm.

5°. Plantes qui portent sur le même individu des fleurs hermaphrodites , avec un mélange de fleurs mâles ou femelles. Exemple , le frêne , Fraxinus excehior. Linx.

V°. Les différentes position^ des parties sexuelles dans une même fleur.

1°. Le germe porté sur la corolle. Exemple, la hyacintlie des bois, hyacinihus , non seriptus jlLlss.

2°. Le germe placé sous la corolle. Exemple, la jonquille, narcissus ,jonquUla ^ Linx.

5®. Les étamines insérées sur le pistil. Exemple , l’aristoloche clématite, aristolockia cZemali/w , Linn.

4°. Les étamines insérées sur la corolle. Exemple, la valériane des bois', valenana officinaLis , Linn.

aS6 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

5". Les étamines insérées sur lo calice. Exemple, l’églantier , rosa canica , Lin N.

Vr. Les différentes époques de la naissance et du développement des fleurs.

i". Plantes dont les fleurs paroissent seules au printemps avant les feuilles. Exemple, le pas d’âne iussilago farfara, Ltnn.

2°. Plantes dont les fleurs paroissent après les feuilles, qu’elles accompagnent. Exemple, la plupart des plantes qui ont des fleurs apparentes.

5°. Plantes dont les fleurs paroissent seules , en automne, et dont les feuilles et les fruits ne se déve- loppent qu’au printemps suivant. Exemple , le col- chique , colchicum autumnale , Lin N.

VIT. La correspondance ou la position irrégulière, des parties doubles, ce qui peut fournir un point de comparaison entre les plantes et les animaux , dans lesquels les parties doubles se correspondent toujours.

1°. Végétaux dans lesquels les parties doubles n’ob- servent aucune symétrie. Exemple, beaucoup d’arbres et d’arbrisseaux.

2°. Plantes dans lesquelles les parties doubles sont opposées avec beaucoup de régularité. Exemple, l’ortie morte des ho\% ^ atachia sylvatica, Linn. Tige qua- drangulaire , ordinairement très - droite j rameaux opposés exactement deux à deux , à différentes dis- tances, de manière qua chaque paire fait un angle droit avec les deux paires voisines; feuilles pareille- ment opposées ; fleurs disposées en anneaux autour de la tige.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 25;

VIII. Les circonstances locales propres au déve- loppement.

1°. Plantes dont les racines sont enfoncées dans la terre. Exemple, la plupart des plantes.

2°. Plantes qui flottent sur l’eau avec leurs racines. Exemple, la lentille d’eau à longues racines, /emna polyrhiza , Lin N.

3". Plantes qui croissant linplantées sur d’autres plantes. Exemple, le gui. ^ iscum album, Linnk.

IX. Les diHérenlcs manières dont les plantes se reproduisent naturellement.

i”. Plantes qui se reproduisent seulement de graines. Exemple la plupart des plantes.

2°. Plantes qui se reproduisent de graines et par des rejets sortis de la racine. Exemple , le fraisier» fragaria pesca , Linn.

5°. Plantes qui se reproduisent de graines et cayeux. Exemple , la tulipe.

X. La sensibilité ou irritabilité de certaines parties des plantes.

1°. Plantes dont les feuilles et les rameaux sont doués d’une grande irritabilité. Exemple , la sensitive , mimosa piidica. L. Ses feuilles et ses ranieaux se re- plient par un mouvement de contraction aussitôt cju'on les a touebés.

2°. Plantes dont les étamines ont de la sensibilité, exemple, l’épine-vinette ; herberis dumeiorum. L'hélianthème commun, helianthemun vulgare, LiKX. Les étamines de pes plantes ont un mouvement de T. -i.

'7

i58 SCIENCES PHYSIOL. ET -MEDICALES.

eoulracüon , lorsqu’on les louche à leur base, avec la pointe d’une épingle.

Les remarques suivantes sur les sexes des plantes et sur leur génération, donneront une idéedesgrandes lumières que 1 anatoinic des végétaux peut répandre sur les fonctions les plus compliquées des corps vivaas^

SUR LA GÉNÉRATION DES PLANTES.

Toute fleur offre des anthères ou des stigmates; quelques-unes sont dépourvues de calicei comme la tulipe , la fritillaire ; d’autres le sont de corolle , comme les gramen; il y en a qui n’ont point d’éta- mines, comme l’aristoloche ; ou de stylet, comme la tulipe du i’arnasse (^Paniassia^ ; mais toutes k*s fleurs, sans exception, ont des anthères ou des stigmates, ou les uns et les autres à la fois. 11 suit de que ces deux parties sont essentielles aux fleurs; mais il y a plus ; .

Les anthères sont les organes génitaux mâles des plantes, c’est-à-dire, qu’elles tiennent lieu des tes- ticules et des vésicules séminales, et la poussière , ou pollen en est la semence masculine. C’est ce que prou- vent 1 époque ces parties paroissent; leur situation, leur castration et la forme du pollen.

1°. L’époque ces p.nrties paroissent. Lesanihcres et la poussière précèdent toujours lefruil ; etdemènio que le fruit est mur lorsqu’il j)roduit scs semences ; les anthères sont niûics cl ont rempli leur destination lorsqu'elles ont jeté toute leur |îOU3sièrc, cl elles lom-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. aSg

tcnt alors comme inutiles. De plus les anthères pa^ roissent en même temps que le# stigmates, et non- seulement quand les unes et les autres se trouvent sur les mêmes tîeui-Sj mais encore lorsqu’ils appartiennent à des fleurs dilTérentes ; ainsi les longues anthères du coudiier, du houleau , de l’aune, ne jettent jamais leur poussière avant que les stigmates soient déve- loppés en-dessous, et le chanvre mâle n’a point de pollen à donner jusqu’à ce que le chanvre femelle ait des pistils en état de les recevoir.

2". La situation. Les anthères sont toujours situés de manière que le pollen puisse parvenir aux stig- mates; car ou les étamines entourent le pistil, comme dans la plupart des Heurs, ou si le pistil est tourné vers le haut , les étamines le suivent, comme dans la didynamie, ou enfin si les pistils se penchent vers le bas , les étamines sont placées en - dessous.

O : La castration. Si on enlève lés anthères d’une plante qiti 11 a qu une seule Heur , et qu’on ait soin d’éloigner toutes celles de la même espèce, le fruit avorte, ou du moins il ne porte que des semences stériles. C est un lait dont tout le monde peut s’assurer*

4 . La forme du pollen prouve qu’il n’est pas unô simple poussière. Malpighi, Grew , et tous ceux qui ont voulu 1 examiner au microscope, lui ont trouvé une forme constante dans un même végétal, quoi- que diflèrente suivant les espèces. Cette conforraaiiort a sans doute un but; ( et pourquoi lui auroit-elle été donnée, si cfe n eloit pour qu il s’adaptât au canal dii pistil , il doit entrer, comme nous le verrons dans

ÿ6o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,

la suite ? ) Ce qui confirme encore celte opinion , c’est que le stiginate est toujours mouillé d’uiie hu- meur pi’opre à retenir ce pollen.

C’est une ohservatiop bien frappante que celle de jM. Bernard de Jussieu, sur Térable. Avant lui , les micrographes a.voient cru voir que la poussière de cet arbre étoit cruciforme 5 mais ce célèbre botaniste ^a trouva globuleuse. Pourquoi donc s’étoit-elle of- ferte au3f autres sous la forme d’une croix ? C’est que pour mieux s’emparer de l’humidité du stigmate, elle se fend en quatre pièces qui portent chacune à un point différent. Il y a lieu de croire que ces globules sont creux , et qu’en s’ouvrant tout à coup par l’effet de l’humidité qui les pénètre , ils lancent une autre poussière beaucoup plus subtile, et qui est le vx’ai principe de la fécondation.

On distingue dans le pistil trois parties, le germe, le style et le stigmate. Le germe est l’ébauche du futur embryon. Le style n’est pas essentiel aux plan- tes, car plusieurs en sont privées; mais le fruit ne sauroit venir à maturité, s’il n’est accompagné d’un stigmate , dans la même fleur.

Les stigmates constamment attachés aux germes, sont donc les organes féminins des plantes, comme le prouvent d’ailleurs leur situation, leur nombre, le temps ils se montrent, leur chute et leur sup- pression.

1". Leur situation , relative à celle des an- thères, comme on l’a observé précédemment, et leur multiplicité, suivant le nomlu’e des celullcs

DISCOURS SUR L'ANATOMIE. qui renferment les germes j car le germe est double, quand la cellule est double, comme dans la plupart des plantes; triple, s’il y en a] trois, comme dans les liliacées , les Iricolor , eic.

2°. Le temps de leur apparulion , qui est, comme je l’ai déjà dit, le même que pour les anthci-es.

5°. Leur chute; les stigmates de la plupart des plantes tombent avec les anthères et aussitôt qu’ils ont reçu de cènx-ci la poussière fécondante, signe évident qu’ils ne contribuent aucunement à la matu- rité des fruits, mais qu’ils s'crvent uniquement à la génération.

4°* Leur suppression , si les stigmates sont coupes, avantqu’ils aientreÇu la poussière,le fruit ne manque jamais de périr.

Le stigmate offre d’ailleurs deux particularités remarquables , l’une qu’il n’a ni épiderme, ni écorce, l’autre qu’il est toujours humide.

Tout ce qui vient d’ètre dit annonce assez que la génération des plantes s’opère par la chute du pollen des anthères sur les stigmates; mais on a d’autres preuves encore cette vérité, i”. Elle est sensible à l’œil , qui voit, au temps des fleurs, la pôussièrè voler et s’attacher aux stigmates. Cela est particu- lièrement sensible dans la violette à trois couleurs ( tricolor ). A peine cette fleur est-élle épanouie qné le stigmate s’ouvre et représente un globe creux , blanc et resplendissant. Cinq étaminesqü’il a autour de lui n’ont pas plutôt jeté leur poussièi’e blanche, qu’on le voit , tout poudreux , se rembrunir , à

56? SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES

l’exception de la trompe j qui demeure claire et briL lante.

2°, Les pistils et les étamines sont dans un grand nombre de plantes , de la même hauteur, ce qui donne à la poussière une nouvelle facilité pour parvenir aux stigmates. Si cette égalité n’a pas lieu , d’autres cir. constances y suppléent. Un des géranium , ( i ) et d’autres plantes dont le pistil est moins haut que les étamines, ont les fleurspendantes avant l’épanouis- sement, mais à la veille de s’ouvrir elles se relèvent et se disposent de manière que le stigmate est au niveau de l’anthère; et dès que la poussière de celle-» ci est tombée, elles se penchent de nouveau jusqu’à la maturité du fruit, époque elles se relèvent en-, core , et facilitent , par ce moyen, la dispersion des semences,

Le dianthus a souvent des pistils plus longs que les etainines; sa fleur est toujours dans la même situation; mais les pistils se recourbent en manière de bélier, vers les anthères.

3 . Les étamines pour l’ordinaire entourent si bien le style , que la poussière dispersée ^lar le vent ne peut lui échapper.

Le Musa offre un spectacle très-agréable. On voit sur une même plante deux sortes de fleurs qui ont chacune deux sexes , |dont un seul est fécond , et celui-ci est dllférent dans les deux; de sorte qu'elles

( I ) Géranium calicibus momphilUs ,Jlorcntibus , ereclis ,foliin iiubcordahs.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 265 ' font siniplenient les unes rollice des mâles, les aulros celui des femelles J mais les individus desdeux espèces n’y sont pas rassemblés par couples; c’est une singulière espèce de polygamie: une femelle unie à plusieurs mâles stériles est ft'condée par les mâles d’une autre llcur , unis à une femelle incapable de produire. Ci.iFF. 35.

4". Dans toutes les plantes les mâles et les fe- melles sont séparés, soit sur difl’érentes fleurs , soit suc (lilîérenls individus, enfin les mâles ne sont pas situés direclenieut au-dessus des femelles, les fleurs doiv'ent nécessairement éclore avant les feuilles , afin

t

que celles ci ne s'opposent pas à la fécondation, et c’est ce qui a lieu dans le mûrier, le guy , l’aulne,

. le hêtre, le noyer, le saule, le peuplier, le fiéne.

5“. On voit la plupart des fleurs s'épanouir tl’abord , lorsque le soleil paroît sur l’horizon, et se refermer le soir par un lemj)s humide : sans celte précaution de la nature, l'huniidité collant le pollen aux anlh Ves , lenjpècheroit de se disperser; mais ce qui est bien remarquable, c’est qu’aussilôt que les stigmates l’ont reçu, les fleurs ne se ferment plus, ni le soir, ni dans le temps des pluies.

Quand le seigle* eu fleur étale ses anthères, s’il est surpris par la pluie, les agriculteurs en augurent mal et avec raison ; la poussière agglutinée ue peut plus servir à la fécondation.

U n'en est pas de même de l’orge; la peau qui en- veloppe scs grains,, le met â l'abri de l'humidité.

Quand les poiriers et les cerisiers sont sur le point

é6i SCIENCË.^ PHYSIOL. Et MEDICALES.

de fleurir, la pluie leur est souvent funeste, par la même rJiison : mais elle Test surtout au cerisier, parce que les anthères de cet arbre jettent leur poussière tout à-la-füis, au lieu que le poirier ne disperse la Sienne que peu-à-peu , et que, si une partie devient inutile, le reste peut fruclifier.

6°. 'J’héophraste , Pline, Tournefort , et d’autres auteurs nous ont appris que les Orientaux arrachent des rameaux du palmier mâle, pour les attacher sur ceux du palmier femelle, sans quoi les dattes sont âpres et sans noyaux.

Les Ciliciens suivent des méthodes semblables, relativement aux pistachiers. Les uns coupent deà grappes de fleurs; ( c’est-à-dire les étamineâ du pistachier mâle , ) les placent dans des vaisseaux, d’où les vents portent plus aisément la poussière sur les stigmates du pistachier femelle ; d’autres mettent dans de petits sacs les fleurs mâles, leS font sécher» et ils en répandent eux-mêmes la semence sur les fleura femelles. Par ces pratiques, les uns elles autres se procurent de meilleures récoltes.

7”. La |)lupart des plantes ayant un long pistil, la ])ous.sière parvieudroit dillicilement aux stigmates, si les fleurs.de ceà ]jlantcs ii’cloient pas inclinées, comme elles le sont en ell’et.

On ncsauroit attribuer avec vraisemblaîice cette si- tuation à la pesanteur, puisque les fruits de ces nte-* mes plantes dix fois pins pesans que les fleurs, crois- sent dans une direction verticale.

b". Flusieiirs plantes, comme le Nymphsca , ont

DISCOURS SUR L*A N AT O -Vf 1 Ei 465

leurs tiges dans l’eau : mais sur le point de s’épa- nouir , leurs fleurs nagent à la surl'ace -, d’autres, comme les renoncules aqualiipies, y sont entière- ment plongées , et à la môme époque, elles élèvent leurs fleurs au-dessus de l'eau, puis les y replongent après le temps de la fécondation.

9°. lia plupart des fleurs composées semblent con- tredire la proposition dont on rassemble ici les preuves^ cependant elles la confirment : oes{fleurs sont cons- truites sur dillérens plans. Dans la polygamie égale, toutes les petites fleurs portent des élainines et des pistils; dans la polygamie superflue, ( ou plutôt aved surabondance ), des petites fleurs qui ont toutes leurs étamines et leurs pistils, occupent le disque, et sur les rayons, il n’y en a que de femelles, qui sontie- condées par la poussière Surabondante des mâles , situés au milieu. La polygamie inutile ( i) ( polygamia iVustranea) rassemble dans le disque, à coté des ma- les , toutes les femelles fécondes; elle a sur les rayoni d'autres femelles, mais qui sont stériles, malgré 1 a- bondance de la poussière. Enfin , dans la polygamie nécessaire, les petites fleurs que rassemble le disque ont toutes leurs étamines et leurs pistils: inaiselle» n’ont point de stigmates , et les petites fleurs des rayons n'ont point d’étamines ; ainsi la plante seroit stérile, et son espèce périroil , si rauteur de la na- ture ii’avoit placé sur les rayons des pistils munis non-seulement de stigmates, mais encore d’étamines.

{ 1 ) C’eït - à- dire il y a des ifldi\idas inutiles.

s66 SCIENCES PU YSIOL. ET MEDICALES.

On voit donc que dans aucun cas les plantes à llenrs composées ne manquent ni d’organes mâles , ni d'or- ganisations femelles capables de les propager.

10°. Les stigmates se comportent à l’égard des étamines comme les mâles des animaux à l’égard de leursfemellcs. Ainsi, par exemple, dans les Parnassiæ , on obsei’%’’e cinq elamines courtes , qui successivement 6 allongent, viennent enfin toucher le stigmate , et se retirent.

Observez la pariétaire ou la menthe, le malin, c est à-dire, dans cette partie de la journée qui, pour les animaux, est le plus spécialemeut consacrée aux amours, vous verrez leurs anthères se rompre av'eo explosion et lancer leur poussière sur les pistils. On avancera ce moment, si l’on pique les anthères avec une aiguille, comme l’a observé Vaillant, dise. 5.

Les melons, les concombres, les courges , portent deux sortes de fleurs, dont les unes nommées sféii-- les, n’ont des différentes parties dont il s’agit , que les étamines; les autres qui produisent des fruits, n'ont que des pistils.

Les jardiniei’s ont coutume de sacrifier les pre- mières, comme ne servant qu’à consumer inutilement une portion de la nourriture de la plante; mais ils se trompent. Qu’ils aient soin plutôt de cueillir les fleurs à étamines et d’en secouer la poussière sur les stigmates vers raidi , ou simplement de rouler ces fleurs sur celles à pistils, et ils auront de meilleures récoltes; car, si elles sont pauvres, c’est faute de fé- condation ot non de nourriture. Le niôine inconvé-

DISCOURS SUR L’ANATO^TTE.

nient ari'ive , si l’on n’a pas soin d’ouvrir les lenèlres des serres, afin que le vent aide au transport de la poussière prolifique.

On peut faire sur les tulipes une expérience agréa- ble. Prenez , par exemple , unelulipe rouge, arraeliez- en les anlhèresavaiit la dispersion du pollen, et secouez sur lesstigmales celui d’une lulipe blanche; lorsiju’en- suite les graines de celle-ci seionl mûres, semez-les dans un carreau particulier, vous aurez des tulipes do trois sortes, les unes rouges, les autres blanches , les troisièmes, ijii- parties de blanc et de rouge, comme il arrive dans raccouplcinenl des animaux de deux couleurs diflérenles.

Le calice est donc, pour ainsi dire, le lit nuptial .des plantes ; il enferme et protège des organes très- délicats; la corolle tient lieu des nymphes; ses pétales fournissent aux mêmes organes , un nouvel abri contre les injures de l’air dans les mauvais temps, elles s épanouissent à la clarté d'un beau jour. Les filamens sont les vaisseaux spermatiques , puisqu'ils portent aux anthères le suc génital ex primé de la plante. Les anthèi'es l'essemblent aux laites des poissons. La poussière peut être comparée aux vermisseaux ou cor- puscules quelconques , nageans dans le sperme des animaux. Le stigmate est la vulve qui reçoit ce sperme ; et le style est le vagin ou la trompe de la matrice ( ou 1 un ou 1 autre); le germe est l'ovaire; la graine est lœuf. Le péricarpe est encore l’ovaire , mais fécondé, développé, et renfermant les œufs qui ont reçu le principe de la vie.

268 SCIENCES PIlŸSlàL. ET MÉDICALES.

Observons ètl finissant , que le calice vient de Yé- corce extérieure la plante, la corolle de l’écorcê intérieure ; les étainimes , de laubier j le péricarpe , de la substance ligueuse et les sehiëncès de la moelle ; car ees parties sontplâcées et dévèloppent dans le même ordre; ainsi la fleur et le fruit sont le développement de toutes lès parties de la plante : c’est ce que Cæsal- pin avoit entrevu , et ce que Logau a vu d’une ma- iiièré distincte.

On trouve encore entre ces parties des plantes et les organes sexuels cleS animaux, d’autres analogies que celles dont on a fait mention.

La première est celle de l’odeüf que ces organes répandent, lorsqu'ils sont en activité.

En second lieu, les animaux ne sont jamais plus beaux qu’à l’époque ils sont disposés à se reproduire. Le cerfj tête haute, porte fièrement le bois dont elle est ornée; les oiséaux, les poissons même , brillent alors des plus vives couleurs ; temps une fois passé » tout change, et ces animaux perdent unè grande par- tie de leur beauté. II en est de même des fleurs ; le prin- temps qui, si on l’ose dire , est pour elles, comme pour le plus grand nombre des animaux, la saison des àmonrs, est aussi le temps elles embelüsent la teri’e d’une plus riche parure.

Troisièmement, l’acte la génération affaiblit les animaux ; c’est cequ’oîi voit particulièrement dans les papillons et dans les phalènes : à peiné ont-ils accompli cet acte que leurs ailes s’alfaiscnl , et que peu de temps apres ils expirent. Euferiucz-cn un seul dans unfe

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 269 chambre, il y vivra pendant plusieurs mois. Les l^lantes ressemblent eqpQrc eu Ce point aux animaux. Ainsi, par exemple , la plante appelée musa vit sou- vept un siècle dans les jardins des Pays-Bas; mais dès qu’une fois elle est épanouie, aucun soin, aucun art UC peuvent empêcher sa lige de se dessécher et dépérir l’pnuéP suivante. ( i )

(1) pans les considérations précédentes , Vicq-d’Azyrqui adopte Je? opinion? dp Linné, donne (rop d’étendue aux rupproebemens pntre la génération végétale et la génération Qpimale. Les ovaircf et les trompes son; même? les seules parties de l’appareil génita^ propre aux animaux, que l’on observe dans l’appareil génital des plantes. Les autres parties que l’oa a voulu voir dans ce dernier , telles que la matrice , le vagin , I9 vulve , seroient entiircraent 'inutiles dans le modp de reprodqction que la nq^pre q adopté ppur les végétaux, f'oj^ez, pour plus de détail, l’ouvrage que j’qi publiq sous le titre à’Histoire Naturelle de la Femme , suivie d’un Traité d’jyygjène appliquée à son régime physique et moral aux dilTércntcS époquçs dq Iq vip , to»e lU » pag®

( de l’Jtli^ileur. )

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DES ANIMAUX.

Nous avons déjà vu que certaines parties des végé- taux ùüiit irritables , et quoique l’irritabilité suit très- bol uec dans Iesplantes,cen est assez pour que nous ne devions pas regarder cette propriété comme un carac- tèreparticLilier a la substance dont les animaux sont formes 5 mais ce qui lesdistingue de toutes les espèces de végétaux sans exception , c’est la présence d’un ca- nal destiné à la (ligeslion des alimens. Tantôt ce canal est court et év^asé , comme dans les polypes, tantôt il s’allonge, comme dans les versj dans d'autres, il se di- vise en plusieurs cavités.

■î Le système nerveux oHVe encore un caractère très- frappant, et l’on n’en trouve aucune trace dans les végétaux.

Les vaisseaux sont blancs ou rouges; ceux-ci di- minuent en nombre et en étendue à mesure que l’on s’éloigne davantage des premiers animaux ; et les vaisseaux blancs sont les seuls dont soient pourvus les animaux qui se rajiprocbent le plus des plantes.

REMARQUE DE L’E D I T E U R.

Letvpe animal élève en général le corps qui le présente dans l’échelle des êtres; il augmente ses rap])orls, donne ])Ins d’éclat , plus d'étendue au phénomène de la vit.ililé; en s(.rtf (jiie , suivant notre façon de voir, on p'‘ul regarder l’animal comme l’ouvrage le p'us complet de la natuie , en avouant toutefois que scs autres productions ont une per-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 271

fectîon relative , c’est-à-dire , la plénitude des qualités qui leur sont propres,

Les déplaceuiens spontanés, le choix , la recherche d’une nourriture convenable , et son élaboration préliminaire, sont les attributs les plus saillans de l’animalité ; la pré- sence d’un oigane desline à une véritable digestion, ne permet donc pas de balancer sur la classe à laquelle on doit rapporter le corps vivant qui présente cette disposition.

On observe en outre , que les animaux fournissent à l’analyse chimique des produits particuliers j que leurs or- ganes sont plus liés, j)lus dépendans les uns des autres; qu’enfin leurs parties essentielles sont en plus grand nom- bre , plus rapprochées du centre , et comme j)rolégées par les organes extérieurs.

Quant au végétal , ce n’est pas un animal enracine, ni un corps vivant semblable à un animal qui seroit réduit h la partie de son être, dont le sommeil ne suspend jamais l’actioii ; sa structure , ses phénomènes ont d’autres for- mes. Incapable d’aucun déplacemeul spontané , réduit à un mode d’organisation plus simple , fe végétal reçoit sans choix , et absorbe, sans le concours d’un appareil spécial de digestion, les matériaux dont il se nourrit. Ses organes principaux sont en outre placés à l’extérieur , et sa subs- tance fournit des produits moins composés à l’analyse chimique.

Au premier coup d’œil le végétal et l’animal paraissent donc distincts l’un de l’autre , par des caractères bien tran- chés. Ainsi que nous l’avons déjà remarqué , ces deux grandes classes se réunissent cependant parles extrémités et un grand nombre de productions organisées n’entrent même qu’avec difficulté dans ces deux cadres l’on essaie de resserrer la nature vivante.

ï

^72 SCIENCES n^YSlOL. ET MEDICALES.

Ainsi , sans descendre jusqu’au dernier degré de l’éthelle animale , sans aller même au delà des méduses , nous trou- vons déjà le rizoslome , dont les bouclies sont de véri- tables racines , faisant partie d’ailleurs d’une organisation équivoque, qui tenant du végétal et de l’animal , semble foripcr un passage naturel entre ces deux classes.

Plus loin les allributs de l’animalité sont encore moins marqués , ou plutôt disparoissent , comme on peut s’en convaincre en observant que l’estomac des polypes est plutôt supposé que démontré j que des mouvemens , dont la nature est inconnue , sont le seul trait animal que l’on puisse saisir dans les éponges , que tout est végétal , ou même simple végétation dans ces animaux , dans les escares , les madrépores , les alcyons, etc. etc.

La sprie végétale a aussi ses productions équivoques , ses derniers rangs; les confprves , par exemple , ne sont placées parmi les plantes qu’avec effort , et d’une ma- nière tout - à - fait arbitraire; ce qui, joint à beaucoup d’autres motifs, doit nous convaincre dp l’insuffisance de nos classifications , ou de la nécessité de les augmenter , lorsqup la science faisant des progrès , nous venons a nous apercevoir que l’empire de la nature a trop d étendue pour cl(p rcnfprmé dans les divisions qui lurent d’abord tracées , et que l’on deypoit toujours regarder comme des cadres sus- ceptibles d’être , par la suite , diminués ou étendus.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 275

TABLEAU

des animaux clans l’ordre de leur composition

anatomique.

Les animaux sont composes ne tissu cellulaire et de fibres inusculdirts: yPolypes, hydra. . Linné.

'vers des loophytes

1". Aveu un estomac. . .• des litophytes.

/Biphores. . . .

(vibrio paxillifer.

Forskall.

AIullku.

Plus.

Plus.

Plus.

Plus.

I Actinies. \ Med uses.

Seiches.

Des Intestins ( Argonautes.

. Beroé. . .

iLa plupart i

CUn orçane extérieur d . 3'’-/ respiratiou ^ijueuse.

Quelques viscères ; un système de vaisseaux / lymphatiques ; des or- canes de génération (sans organes de coït) ; un réseau nerveux.

^Ün vaisseau sanguin

5®./ quelquefois le sens de \Les vers intestinaux, i la vue.

infusoires. . . .

Muller.

Vorticellea. . .

Muller.

Brachiones. . .

Muller.

Botryles

Pallas.

’Thétis

Anomie

Linné.

Nereis

Lin N a.

Les animaux des co- ' quilles bivalves et uniralves. . . .

''Des organes de coït/

(hermaphrodites); uni cœur ( lymphatique )\- sans, oreillette . avec sangsues. . .

, des pulsations dis-

Plus. . . tinctes; desganalions;/ T j

le sens de la vue ; un\^^® animaux des co organe masticatoire ] umvalves

imparfait , intérieur/ ou extérieur. f

27'i

Plus.

SCIENCES PHYSIOL.ET MEDICALES.

1 cerveau ; des mem-'\ bres pour la locomo- J tiüii ; des organes de f )arés'^ t les J] efois '

!; unV îxté- \

'Un bres

la génération séparés'^ entre les mâles et les^Les insectes, femelles ; quelquefois ' le sens de l’ouïe; système osseux exté- rieur

Plus.

Plus.

X

Plus.

Plus.

Plus.

("Les premiers rudimens Les poissons’cartila- 8°. i d’uusystèmeosseux in- , gineux (branchios- \ térieur; un coeur; des . tèges chondroplé- ) vaisseaux sanguins. / rigiens J. . . .

fun système osseux in- Les poissons propre* térieur meut dits. . . .

I . , .

IDes poumons intérieurs; ï

J un organe, de l’odo- ^f.es amphibies. . .

I

11'

12''

rat.

Un cœur hiloculaire. . Les oiseaux. (Dcs organes parfaits de

,e(

i;;L.

goût etde mastication; J Le5 cétacées . .

des organes de lacta-\ Les mamelliferes. tion ; une matrice. /

(0

(i) L’idée de ce lableauest très-heureuse; mais THistoire Naturelle et l’Anatomie comparée u’étoient pas assez avan- cées à l’époque à laquelle A^icq-d’Azyr l’a (racé, pour pré- senter , d’une nianièie ex.àcle , de semblables rapproclie- raens. Voici d’ailleurs l’indication rapide des erreurs qui se sont glissées dans ce tableau.

L’estomac des vers des lilopliiies n’e.st rien moins que démontré , cl la première famille des zoopliiles, les échino- dermes, dont il n’est pas parlé , ont un estomac , et de plus une ébauche de canal intestinal. Les seiches , sepia: , aux- quelles on attribue une organisation bornée à la conibinaisoni «l’un canal intestinal et d’un estomac , avec un tissu vascu-

Discours sur l’anatomie. 275

DES VERS.

Celte classe est la plus nombreuse de toutes celles qui composent le règne animal.

Les vers sont répandus et se multiplient dans lo corps des autres animaux; les premières couches de la terre en sont remplies ; les eaux en sont peuplée.' . Déposées sur la surface du globe, leurs enveloppes y forment deslils d’une immense étendue; iiscroissent daus les substances que le mouvement de la putré- faction décompose; ils vivent au sein même de la mort, et le monde nouveau que le microscope a découvert en eét presqu'entièrement formé.

Les fonctions organiques dans cette classe d’ani* maux, sont moins nombreuses, mais elles ont une énergie plus grande que dans les animaux des autres classes; l’irritabilité y est dans son plus grand degré de force, et les individus s’y multiplient avec une étonnante fécondité*

*

laire et musculaire , ont une structure plus composée. Elles doivent être rapprochées des animaux des coquilles bi- valves et univalves , dans la grande famille des mollusques, dont elles offrent le Ivpe organique.

Parmi les meduses auxquelles on suppose un estomac , on trouve le rhizoslome , dont M. Cuvier a fait récemment connoUre la slruclüre , et dans laquelle il a trouvé dés bouches qui sont des racines dépourvues d’un appareil quelconque de digestion. M. Duméril , qui s’est occupé spécialement de l’Histoire naturelle et de la Physiologie des insectes, a fait reconnoilre le sens de l’odorat et son siège daus cette classe d’animaux.

276 SCIENCES Pli YSIOL. ET MEDICALES.

L’examen de cette classe d’animaux promet des faits inléressans au physiologiste.

11 est à présumer par un grand nombre de faits , que l’on pourroit diviser la grande famille des vers en 4 classes, la première renfermeroit les animaux homogynes ou qui peuvent se reproduire parla section d’une de leurs parties , quoiqu’ils aient des ovaires. Les hydres, les byphores de bruyère , le vihrio paxi- life?', les ieroe J et les volvox , les animaux microsco- piques, etc. La seconde classe, les androgynes , qui ne se reproduisent que par des œufs ou des germes avec des organes de la génération , sans coït. ( Les madré- pores , les scj'lleSj les liololuries appartiennent à cette classe. )

La troisième renfermeroit les hermaphrodites qui ne peuvent se reproduire sans coït, etdont les sexes, cependant ne sont pas séparés, ( les seiches, les lapli- sies, les limaces , etc. ) Enfin une quatrième classe seroit consacrée aux Dioïques, tels que les araphlno- mes de Pallas, les aphrodites, les néréides, etc.

REMARQUE.

L’économie organique des animaux invertébrés étant peu connue lorsque Vicq— d Aicjra public son système anatomique, on divisoit encore ces animaux en deux classes ; savoir , 1°. les insectes s 2®. les vers : groupe im- mense dans lequel étoienl rapprochées ou plulôtconfondues et entassées des productions qui n’avoient presque rien de commun , que de nous être inconnues dans les circonstances les plus importantes de leur structure. Depuis celte é|iO(jue , et par suite des progrès dont rAualomie comparée est

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 277

redevable au citoyen Cuvier, fi) on a mieux distribué ce nouveau monde vital , que Ton a divisé en cinq parties j savoir, i“. les zoophites j 2“. les insectes ; S®, les vers arti- culés ; crustacées^ 5°. les mollusques.

Les mollusques , dont la seiche sœpia peut être regardée comme le type , ont une circulation complète , des organes de digestion, ua système nerveux double , des sens , et en un iuot une organisation qui les rapproche des poissons, dont ils partagent en grande partie la liquide habitation. (2) Les crustacées et les vers articulés (5) sont également remarquables par une perfection dans leur organisation intérieure , ou l’on observe aussi une véritable circulation.

Les insectes qui respirent par des trachées, et qui sont dépourvus d’un appareil circulatoire, ont été abaissés de plusieurs degrés dans l’éilielle des êtres; l’étendue des mou- ' vcmens de ces animaux , l’instinct , l’industrie de quelques- uns , et la grande expression de la vitalité , dans toute leur classe , la rétabliront sans doute à sa première place; les naturalistes, que l’abus des divisions arbitraires n’a point égares ne pouvant s’accoutumer à élever un ver de terre , une sangsue , un limaçon , ou une huitre au-dessus d’une abeille , d’un papillon , ou même d’une modeste fourmi , et de tous les autres insectes dont la société et les travaux sont si admirables.

. DES INSECTES.

Les vers étonnent par leur grande irritabilité , et par la force de reproduction dont jouit chacune de

( 1 ) Vid. les deux premiers Mémoires qu’il a publiés sur cet im- portant sujet , dans le Mag, Encyclop. et dans la Décade Philosop. (2) Les limaces et les huîtres appartiennent à cette classe.

(5; L’écrevisse, les crabes, la sangsue appai tiennent à ces deux classes .

I

^78 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

leurs parties. Dans les insectes, nous avons à exa- miner les divers étals par lesquels ils* passent avant d’arriver à celui d’insecte parfait.

Dans le premier de ces étals ils ont la mollesse et l’irritabilité des vers auxquels ils se lient par ce pas- sage. Dans le second état, leur métamorphose se pré- pare et s’achève sous l’enveloppe qu’ils vont quitter ; et dans le troisième, l’insecte ailé vole, se reproduit et meurt. Chacun de ces états donne aux fonctions qui lui sont propres une intensité particulière; dans la larve ce sont les mâchoires , l’estomac et les intes- tins qui fixent -rattenlion de l’observateur : dans l’insecte parfait le système gastrique est presque nul, et c'est celui de la génération quhdomine.

DES POISSONS.

Les poissons ont des ouïes , un cœur musculeux et le sang rouge ; ces parties les distinguent essentiel- lement de tout le reste des animaux. Les vers , à la vérité, ont des espèces d’ouïes ; mais dans les vers les organes sont mous , très-multiplies , et leur mé- canisme est sans doute bien inférieur.

lies ouïes sont, comme tout le mondele sait , les or- ganes de la respiration des poissons. Elles leur servent à séparer l’air pur qui est contenu dans l’eau. Leurcba- leur,qui ne surpasse guère que d’un degré celle de l’élément qu’ils habitent , est aussi eu proportion do la petite quantité d’air qui est contenue dans icau; car ou n’ignore point que les mêmes phénomènes qui

DISCOURS SUR L’xVNATOMIE. 279

accompagnent la combustion , s observent dans le

mécanisme de la respiration.

ün peut diviser les poissons eu trois grandes classes ; 1°. en cartilagineux •, 2“. en brancliioslèges ; 5 . en épineux. Les muscles des pjomiers ne sont point atta- cliés à des épines, mais à des cartilages ; leurs ouïes, plus étendues et plus multipliées que cellesdes épineux, sont lixées sur des demi-cercles cartilagineux. Ils ne l’eçoivent pas l’eau seulement par la gueule, mais aussi par des trous particuliers, et ils la rendent par d'autres ouvertures. Ils se rapprochent des reptiles par plus d’un caractère.

Les épineux ont les ouies renfermées dans une seule cavité et attachées à des demi-cercles épineux.

' Ils prennent l’ean par la gueule et ils la rejettent p ic nnc ouverture particulière, que ferme en partie un» membranesontenuepar des rayons Les branchiostèges tiennent le milieu entre ceux-ci et les oarlilagiueux. Leurs nageoires sont soutenues par des rayons épineux, et ils rendent l’eau par une seule ouverture; et il* difl’èrent essentiellement des épineux , en ce qu’ils n’ont point de membrane rayonnée pour fermercette ouverture.

La digestion , dans les poissons , s'opère de différentes manières. Les organes destinés à cette fonction varient beaucoup , quant à leur forme : aussi ces parties ne fournissent -elles point les caractères de grandes di- visions ; elles pourroienl tout au plus servir à dis- tinguer des familles, niais jamais de grands ordres.

L’œsophage, dans ces animaux, est court et sus-

28o sciences physiol. et medicales.

ceptible d’une grande dilatation. Dans quelques- una il est renforcé par des bandes musculeuses longitu- dinales. Les poissons avalent quelquefois de très-gros 3uorceauXj et les dents ne leur servent point à ti’iturer les alimens, mais tout au plus à tuer et à retenir leur proie. L’estomac est grand , ordinairement membra- neux , et peu différent , quant à la forme , dans les diverses especes. Dans quelques-unes il n’est j à pro— qirement parler, qu’une dilatation du tube intestinal. Dans le muge et dans une espèce de truite il est mus- culeux, orbiculaire , applati , très -épais, et l’essem- lilant au gésier des oiseaux. Dans ces mêmes espèces, l’ouverture de la gueule est assez petite. Le tube intestinal, qui est très -court dans les autres, forme dans celles-ci un grand nombre de circonvolutions, et sa substance est d’un tissu plus délié.

Dans beaucoup de poissons, la partie qui unit l’es- tomac aux intestins est garnie d’un grand nombre d’appendices vermiformes. On observe surtout ces parties dans les saumons, les morues, etc. Elles sont glanduleuses et séparent sans doute une liqueur par- ticulière nécessaire à la digestion. Le mésentère est ordinairement parsemé de glandes ; ce sont les réser- voirs de la liqueur qui passe dans les vaisseaux lactés, lesquels sont très- appareils dans cette classe. Tous les poissons sont ovipares, mais la manière dont ils font leurs œufs ofl’re des différences très-remarquables. Tous les épineux les jettentdans un temps déterminé; leurs ovaires sont très -considéraiiles , et eu contien- nent une quantité prodigieuse : ces organes sont le

DÎSCOURS SUR L’ANATOMIE. 281 plus souvent au nombre de deux , très-rarement au- dessous , et ils laissent échapper des œufs par un canal plus ou moins court , suivant les diQérenle» espèces.

Uans la plupart des épineux anguilliformes, ces organes sont situés hors de l’enceinte du péritoine , disposés en grappe , et leur canal aboutit dans le cloaque. L’anguille , qui est conformée de celte ma- nière, n’a aussi qu’une seule çt même ouverture pour rendre les excrémens et les œufs. On retrouve la même structure dans la lamproye, et ce n’est pas le seul caractère que les anguilliformes aient de com- mun avec les cartilagineux. Les organes internes de la génération des mâles de cette famille sont aussi Lors du péritoine et divisés en lobules.

Dans les cartilagineux, comme les chiens de mer, les œufs détachés des ovaires tombent dans l’utérus, et y éclosent après un certain temps. Ce temps leur est nécessaire pour prendre leur accroissement. Le petit sort de l'œuf sans en rompre l’enveloppe, et il y lient encore par un cordon ombilical, quoique hors du corps de la mère. Celte manière de se repro- duire , analogue à celle des animaux ovipares et vi- vipares, semble prouver que le mécanisme de la génération n’est pas aussi difierent qu’on le cx’oit d’a- bord dans CCS deux classes d’animaux.

Les branchiostèges proprement dits , rendent leurs œufs comme les épineux; mais dans quelques-uns (les syngnathes) les œufs restent collés sur la partie exterieui’e de 1 abdomen , jusqu’à ce qu’ils soient éclos ^

2Z2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

ou bien comme dans le clieval marin qui est une espèce de syngnalhe, ils sont attachés aux parois internes de deux lèvres longitudinales qui paroissent au mo- ment de la ponte. Ces lèvres sont formées par le gonflement des légumens de la partie qui est der- rière l’anus 5 et elles disparoissent lorsque tous les oeufs sont eclos. Cette manière de faire leurs œufs , qui est propre à tous les branchiostègesj que M. Eroussonet a eu occasion d’examiner, pourroit bien aussi l’être à tous ceux qui vivent dans les mers des Indes. Elle est absolument analogue à celle de plu- sieurs grenouilles j et la façon dont se reproduit la grenouille pipa est à-peu-près la même.

Quelques poissons s’accouplent à-peu-près comme les animaux à sang chaud : d’autres à la manière des grenouilles; d’autres enfin se multiplient d’une façon particulière qui leur est propre. Les mâles des car- tilagineux , comme les raies, les chiens de mer, ont deux pénis comme les serpens. Les femelles ont aussi deux ouvertures génitales. On pêche quelquefois ces animaux accouplés ; d’ailleurs, la fonne de leurs organes montre assez qu’ils doivent rester long-temps en copulation.

La liqueur séminale paroît devoir passer lentement dans les ovaires.

Nous ne croyons pas que la génération des bran- chiostèges s’exécute par un accouplement réel. Les œufs déjà collés à l’extérieur du corps ne sont point fécondés, mais le nulle les rend tels , en rc|JHndant fcur eux à plusieurs reprises 1.1 liqueur fécondante.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 283

Peut-être même cette liqueur sert-elle encore, commo dans les insectes , à les coller.

Le gros-mollet ( cycloplerus lumpus , LiNNÉ ) a au sternum une partie ronde, fongueuse, ressemblant en quelque sorte à une écuelle , nu moyen de laquelle il s’attache fortement aux rochers. Des auteurs di- gnesdefoi ont écrit que les deux sexes attai hésrécipro- quement par ces parties , procedoient à lacté de la génération. Mais la partie mâle dans cette espèce, telle que M. BroussoneL l’a observée dans le temps du rut, n’a pas plus de deux ou trois lignes de lon- gueur. Les ovaires cependant ont quatre ou cinq pouces d’étendue, ('omment s’imaginerqu’un accou- plement, quelque reitéréqu’il fut, pût suflire à fccon- cler tous les œufs contenus dans des parties si dis- pi’oporlionnécs? Il est bien plus vraisemblable que le mâle jette son sperme sur les œufs , à mesure qu’ils sortent du corps de la femelle. Cette opération doit être longue comme dans les grenouilles J et la nature . semble y avoir pourvu en donnant à ces animaux un organe particulier qui joint les deux sexes elles em- pêche d'ètre séparés par les vagues , dans les mers agitées, comme le sont celles du Nord ils vivent.

Dans la saison du rut, l’orgasme vénérien se montre à 1 extérieur , et les parties mâles ou femelles se tuméfient.

Le squelette des poissons est composé de cartilages ou d’os. Les cartilages sont réunis par des ligamens très- forts, et qui suppléent en quelque sorte au défimt de fermeté de ces parties. Les poissons de cette fa>-

284 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, mille ont les muscles très- forts; ils sont agiles et capables d’exécuter des mouveinens combinés. Les épines J dans les autres poissons , tiennent en quelque sor-te le milieu entre les os proprement dits et les cartilages: comme ceux-^^ci, elles peuvent se séparer jusqu’à un certain point, en feuillets, et elles ont à- peu-près la dureté des premiers. Les articulations sont presque toutes à facettes , ce qui rend un bon squelette de poisson très- difficile à , faire. Quelques espèces de silures ont certains osarticulés d’une ma- nière tout-à-fait particulière; ce sont .deux cercles unis enlr’eux , comme des chaînons.

Les nageoires tiennent lieu de membres dans les poissons; elles font l’office de bras, depieds, de mains, et leurs usages varient suivant leurs diflérentes posi- tions. Celles de l’abdomen , presque toujours au nombre de deux , sont situées entre le bout du museau et l’anus; elles s’ouvrent horizontalement dans la plu- part, et ellesservent à soutenir l’animal à une certaine hauteur. Linné les a aussi très-bien comparées à des pieds. Celles qui sont attachées aux côtés de la poi- trine sont employées pour faire tourner tout le coips* L’aileron de la queue donne l’impulsion ; les nageoiies du dos et de l’anus maintiennent l’équilibre : elles sont toujours en proportion avec le volume des parties antérieures de l’animal. Elles servent encoie dans quelques-uns, en offrant une plus grande sur- face vers les parties postérieures , à augmenter la force d’impulsion.

Ce qui prouve que toutes ces puissances sonlueces-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i>85

saîres aux mouveinens des poissons, c est qu on ne peut en supprimer une sans y porter atteinte et sans les ralentir. Rorelli a fait des expériences que j’ai répétées eïi 1772, et dont les résultats ne laissent aucun doute sur cette vérité.

Dans cette classe d’êtres vivans, la chaleur dimi' mie parce qu’il y a moins d’air respiré; le nombre des muscles blancs augmente; en général, le sque- lel le a moins de consistance : il n’y a dans la colonne vertébrale ni portion cervicale, ni portion lombaire ; point d’extrémités proprement dites, point de bassin; le corps entier se^réduit au tronc, qui lui - même n’est pas complet. Le cœur n’a qu’une cavité; une artère principale fait les fonctions de veine , et redr- vient ensuite artère ; et ce sont les organes de la digestion et surtout ceux de la génération dans les femelles, qui occupent ici le plus grand espace; cette grande classe d’animaux est muette, parce qu'elle n’a ni poumons ni larynx; elle est stupide, parce que le cerveau ti-ès-imparfait n’offre que les tuber- cules propres à l'origine de chaque nei-f: elle est vivace , parce que le système de la digestion domine, et n’est reprimé par aucun autre ordre ^d’appétit. Au l'este , on manque encore d’observations sur les habitudes et sur les mœurs des poissons qu’on ne connoît que d’une manière très -incomplète.

DES SERPENS ET DES QUADRUPEDES D V I P A R E S.

Les poissons forment avec les reptiles une grande

I

286 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

cJasse cVovipares à sang froid , qui précède ou qui suit la classe des oiseaux, lesquels sont ovipares et ont le sang plus chaud ; rapport qui les lie aux célacées et aux quadrupèdes vivipares.

Le mot repli le a paru vague. Nous distinguons ici des animaux apodes, des bipèdes, et des quadru- pèdes ovipares.

Les sei pens appartiennent à la première section * et ils se lapprocbent des congres et des anguilles. Lecanneléet le scheltopusick qui n’ont que deux pieds établissent le passage des serpens aux quadrupèdes ovipares, parmi lesquels le clialcide et le seps ont les quatre extrémités si courtes qu’on ne les aperçoit point lorsque l’animal se meut , et que ce quadrupède ovipare peut être pris pour un serpent.

L’ordre suivant nous paroît être celui dans lequel on doit faire l’examen et la dissection.de ces animaux, sur lesquels il l’este des reclierclies intéressantes àlaiie»

§. 1".

APODES OVIPARES.

i". Le serpent à sonnettes.

2”. La vipère commune.

Le serpent à collier.

à lunettes.

5". L'orvet.

§. n-

BIPÈDES OVIPARES.

1". Le cannelé , qui manque de pattes de derrière.

Quad. vvip.par M. de la Cépède , p. üi3.

DISCOURS SUR L’A-NATO \f lE. 287

Lescheltopusick, qui manque de pieds de devant. P allas ^ ^nIov. Comment. Acad. Felrop. l. ig ^ année 174*5 Cépède , p. 617.

§. III.

QUADRUPÈDES OVIPARES.

i“. Le clialcide. Quatre extrémités très- petites. Le seps. Quatre extrémités un peu plus éten- dues que celles du clialcide.

2°. La salamandre ; ses fœtus 5 sa dépouille.

Le lézard commun.

5”. Le dragon volant, il/, de la Cépède^ p. 45o.

4.°. Le caméléon. PerruulL Le scinque.

5°. L'igüane.

Le basiric. M. de la Cépède, p. 280.

6". Le crocodile.

7”. La tortue de mer.

8”. La tortue de terre,

La serpentine. Dans les eaux douces.

La bourbeuse. Dans les eaux bourbeuses,

La terra père. Dans les marais.

9*. La grenouille commune. Rana.

10 . La raine verte commune.

11°. Le crapaud commun. Bufo.

Le pipa, et le développement de ses fœtus.

Laui enti divise ces animaux en trois classes 51°. ani- malia serpenlia , les serpens ; 2®. gradientia, les lé- zards 5 5°. salientia, les grenouilles, etc.

I

258 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

DES OISEAUX.

A mesure que nous avançons , nous voyons le nombre des viscères s’accroître; les extrémités se dé- velopper, et prendre des formes plus compliquées , en même temps que le sang acquiert plus de consistance , plus d’intensité dans sa couleur; que les poumons de- viennent plus étendus, et que, dans la même propor- tion, la chaleur animale augmente.

Ici nous devons considérer surtout les habitudes, les besoins et les fonctions propres aux différentes classes d’oiseaux.

Relativement aux habitudes , les oiseaux sont diurnes ou nocturnes; ils vivent sur la terre ou sur les eaux ; ils habitent les montagnes ou les plaines , les lieux secs ou les lieux humides ; ils se nourrissent de chair, de poissons, d’insectes , de v'^ers , de substances végétales, soit herbacées , soit des fruits ou de baies ou de graines. Quelques-uns sont omnivores.

Les uns s’élèvent dans les plus hautes régions de l’air , ils y respirent aisément , et ne soulfrent point du froid qui y règne; d’autres quittent rarement la sui- face de la tei're , ne s’élèvent , en volant , qu’à des hau- teurs médiocres, et passent leur vie dans les endroits fort bas. 11 y en a qui , de ces mêmes lieux, se portent sans inconvénient dans les pi us hautes régions de 1 aii.

La différence des habitudes en suppose une t res- grande dans l’organisation. 11 est donc convenable de dissécjuer les oiseaux dont les habitudes sont le p opposées.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 289

Nous parcouri’ons , d’après ces vues, les principales fajnilles de ces animaux.

La dissection des oiseaux diurnes et des oiseaux noc* tui’nes, oUrira des résultats l’elatifs aux organes de la .vue et à ceux de la digestion.

Parmi les premiers, les uns s’élèvent à de grandes hauteurs ; les autres planent à peu de distance de la terre. La forme de leurs ailes considérées dans toutes leurs parties et les puissances qui les meuvent , seront comparées entre elles , et il est prôbable qu’on trou- vera aussi quelques dillérences dans les organes pul- monaires, entre des animaux qui i*espirent , tantôt un air ti'ès- froid , très - sec , très-léger , et ceux qui deineurent plonges dans upe atmosphère humide , compacte et plus échauflée.

Sous ce double rapport, il sera utile de disséquer 5 1 . le faucon, le gerfaut, ou quelqu’un des oiseaux qu’on nomme en fauconnerie de haut vol; 2“. la buse et la cresserelle, qui sont des oiseaux de bas vol; et il seroit curieux , relativement aux organes de la respi- ration , de comparer aux oiseaux de haut vol le héron , qui comme eux s’élève à la plus grande hauteur dans les ails , après avoir passé une grande partie du jour dans les lieux les plus bas et les plus humides.

Ivelativcment à l’organe de la vue, ces mêmes oiseaux de haut vol seront mis en opposition avec les oiseaux de nuit.

Ün disséquera donc api’ès le gerfaut et la buse: 1”. un liéron ; 2». un hibou ou une chouette. Les ré- sultats comparés du gerfaut et du hibou seront relatifs

290 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

8.UX or^cincs de Is- vucj ceux du geifaut et de la. buse le seront aux puissances qui servent pour le vol. Les résultats de l’anatomie du gerfaut, de la buse et du héron, se rapporteront aux organes de la respiration. Le gerfaut et la buse se nourrissant de chair , et le héron de poisson , la dissection de ces trois oiseaux seroit encore intéressante , relativement aux oiganes de la digestion»

Mais il est quelques- uns de ces oiseaux qui, sans être précisément diurnes ou nocturnes , tiennent le milieu entre ces deux familles , et qui , immobiles dans l’obscurité absolue et pendant la clarté du jour , ne voient bien que pendant le crépuscule. Tel est, dans nos contrées, le crapaud - volant , ou tête -chèvre, que M. de Montbeillard nomme engoulev^ent. Ce seroit donc un cinquième oiseau qu’on ajouteroit aux quatre que nous avons déjà nommes.

Les lieux que les oiseaux habitent, étant commu- nément déterminés par la nature des alimens dont ils se nourrissent, sous ce rapport, j’ajouterai aux cinq oiseaux précédons, le lagopède, connu vulgairement sous le nom de perdrix blanche , et quelques-uns des oiseaux qui ne vivent que sous la zone torride de l’ancien ou du nouveau continent; tel est le hocco , qui est peut-être celui de ces oiseaux qu’on peut se procurer le plus facilement. Cette espèce paroît très- sensible au fi-tdd de nos climats , tandis que la tem pérature au bas des montagnes, dans le plus fort de l’hiver , est trop chaude pour les lagopèdes qui , api être descendus l<j malin du sommet des moiiU, pour

DISCOURS SUR L’ANATOMIE, iîgf

clierclier leur nourriture, le regagnent promptement et y passent la journée et la nuit dans des cavités qu’ils ont creusées au milieu de la neige.

Les divers aliraens dont les oiseaux se nourrissent, supposent des fox’ccs et des organes digestifs très- variés j et comme il y a beaucoup de dilférence entre les oiseaux, dans la xnauière de se nourrir, cette ma- nière de les Considérer exige aussi de notre part des détails plus étendus.

Nous avons déjà comparé, relativement aux forces digestives , les carnivores et les piscivores, représentés par le gerfaut, le hibou et le héron. J'in suivant cette même série d’observations , nous trouverons des oi- .seaux qui ne vivent que d’insectes , plusieurs qui ne se nourrissent que de vers, et d’autres qui vivent en même temps de ces deux genres d’alimens , et de baies ou de fruits.

Pannl les premiers , nous choisirons, pour huitième sujet à disséquer, le pic qui ne vit que d’insectes, et dans lequel l’observateur aura eu mémo temps à remarquer la conformation d’un oiseau habitué à grim- per, qui a la faculté de darder sa langue très-loin hors du bec, et de la retirer avec une grande vitesse.

La bécace , que je plaçerai au neuvième rang, ne se nourrit que de vers. On y remarquera les particula- rités que présente l’organe de la vue des oiseaux qui ne voient bien que pendant le crépuscule.

Le merle et la grive , qui vivent suivant les cir-*' constances, d’insettes , de vers , de baies et de fruits, occuperont le dixième rang.

292 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

Les pies-grièches qui donnent, pendant l’été , la chasse aux insectes , et pendant l’iiiver , aux petits oi- seaux, fixeront ensuite notre attention, et les mésanges qui se nourrissent le plus communément d’insectes ^ mais qui ont en même temps la faculté de digérer l’amande des noyaux ou des grains qu’elles percent , la viande et la graisse dont elles sont surtout avides, ne devront pas être négligées.

Après les douze familles d’oiseaux déjà énoncées , nous considérerons , relativement à la manière de se nourrir , les granivores , dont les uns avalent le grain entier, sans l’écorcer ni le rompre ; dont. les autres l’écorcent avant de l’avaler, tandis que d’autres l’écor- cent et le triturent.

Ces différens oiseaux présenteront des caractères très -variés dans la forme, la force et les puissances motrices du bec , dans les organes digestifs , et surtout dans ce premier organe de la digestion , qu on nomme le jabot.

Les pigeons , placés au treizième rang , offriront l’exemple d’oiseaux qui avalent le grain entier ; ils présenteront en même temps des ohservalions à faire sur les oiseaux qui dégorgent la nourriture , pour ali- menter leurs petits, et en particulier sur la laculté que celte espèce a de faire passer l’air dans son jabot et de l’enfler.

Le quatorzième rang , ou celui des oiseaux qui avalent le grain ajirès l’avoir écorcé, offre une nuance que le gros bec fournit.

La quinzième place, ou celle de.s oiseaux qui écor-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 29^ cent et qui écrasent le grain avant de l’avaler, pourra être remplie par un grand nombre de petits oiseaux, et en particulier par le serin , le moineau , le char- donneret, etc.

Un grand nombi'e d’oiseaux granivoi'es paissent en même temps l’herbe ; mais il y en a qui en vivent uni- quement , à défaut degrain , dont d’autres ne sauroient se passer totalement. La perdrix et l’outarde ne vivent que de la sommité des blés, quand la terre est cou- verte de neige ; je les placerai au seizième rang.

Je n’ai point encore parlé des oiseaux d’eau. 11 y en a de deux genres; ceux qui fréquentent seulement le l’ivage ils trouvent leur nourriture, et ceux qui mé- .rilent le nom d’oiseaux d’eau, proprement dits, qui sont nageurs, et qui cherchent , ou une partie, ou la totalité de leurs alimens dans les eaux.

Les premiers rentrent , ou dans la classe des oiseaux qui vivent de poisson comme les hérons, ou danscelle des oiseaux qui se nourrissent d’insectes ou de vers.

Mais les oiseaux d’eau, proprement dits, méritent notre attention sous plusieurs aspects.

Ceux qui vivent indifleremment de poisson, degrain et de plantes, doivent être examinés , et je mettrai, par celle raison , au dix-septième rang l’oie et le canard.

Je placerai au dix-huitième la grèbe et le cormoran qui ne vivent que de poisson.

Ces mêmes oiseaux d’eau sont en général différens des oiseaux terrestres , par la coupe générale de leur corps , et ils difîèrent entre eux à plusieurs égai’ds.

294 SCIENCES EHYSIOL. ET MEDICALES.

Leur slx'uclurfc , comparée en général avec celle de» oiseaux de terre , est donc un sujet digne d’atlenlion.

Comparés entre eux , parmi ces mêmes oiseaux , il y en a qui sont d’excellens plongeurs , qui poursuiv'ent leur proie sous l’eau , ils peuvent rester assez long- temps. Celle différence en suppose une dans l’orga- nisation ; c’est pourquoi le castagneux , qui est un excellent plongeur , doit occuper le dix -neuvième rang dans ce tableau.

Parmi les oiseaux d’eau nous en trouverons beau- coup qui peuvent nager sur les eaux , et marcher à terre pendant que d’autres ne savent que nager , et ne fout , pour ainsi dire , que ramper à terre. Tels sont les grèbes, qui méritent d’ètre mis a la vingtièxne

place.

Indépendamment des différences que nous venons de remarquer entre les divers oiseaux , d apres leurs habi- tudes, il y en a qui méritent qu’on les examine sous d’autres aspects. La première de ces différences est la faculté de chanter et la privation de cette faculté -, c est pourquoi je mets au vingt- unième rang le rossignol qui en est le chantre par excellence, en opposition avec le moineau franc qui n’a aucune sorte de chant.

Mais il ne suffit pas de comparer l’oiseau chantant à celui qui ne chante pas : la femelle du premier , ou privée absolument de la faculté qu’a son male, comme celle du rossignol 5 ou n’ayant cette faculté qu’iinpar- failement, comme la femelle du serin , doit etre mise en opposition surtout avec le male de son espèce.

La voix des oiseaux chauluus n’claut pas, pendant

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 295

toute l’armée , la même, ou ces oiseaux cessant de chan- ter dans une saison , ils doivent encore être comparés à eux mêmes en dili'érens temps : ainsi le rossignol doit être examiné au mois de mai , sa voix est dans toute sa force, et au mois de juillet, elle est si cliangée cju’elle n’est plusreconnoissahle.

Il seroit, sous un autre aspect très-curieux de don- ner une attention particulière aux oiseaux qui viennent de revêtir de nouvelles plumes.

On les considérera encore dans la saison de leurs amours.

Tels sont eu général les points de vue sous lesquels on peut espréer de retirer le plus de lumière et de con- jioissance de l’anatomie des oiseaux , et ces mêtnes as- pects sous lesquels nous les considérons, n’exigentqu# l'anatomie de vingt -une espèces.

DES CÜTACÉES ET DES QUADRUPÈDES. ( 1 )

Les cétacées sont de tous les animaux ceux qu’on a le moins disséqués; on sait qu’ils n*onl de commun avec les poissons, que l’élément qu’ils habitent. Ils sont , quant à la structure des viscèi’es , à peu près confor- més commeles quadrupèdes. Une remarque curieuse, c’est que les grandes nageoires de ces animaux cachent un appareil osseux , semblable à celui des quadrupèdes fissipèdes; on y trouve une omoplate, un humérus.

(i) Dans l’état actuel des connoissances , les cétacées sont réunis avec les (quadrupèdes , et l’homme dans un même ordre , l’ordre des mammifères.

sgG SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

deux os de l’avant-bras , un poignet^ et dans le dau- phin cinq doigts. C’est ainsi que dans l’éléphant, le pied , qui forme une masse loui-de et pesante , dissé- qué, présentecinq doigts, et un carpe analogue à celui de l’homme. Le rhinocéros et l’hippopotame n’en diffèrent que, parce qu’en eux , le nombre des doigts est moins grand.

Il est bien important de saisir toutes les occasions qui pourront se présenter, d’examiner et de disséquer les cétacées, qu’on divise en quatre geni-es.

1°. Les baleines.

2". Les monodons narhwaî-raonocéros^

3°. Les cachalots , phiseter. L.

4”. Les dauphins, le raai'souin.

Les quadrupèdes étant ceux de tous les animaux qui ressemblent le plus à l’homme , ce sont ceux aussi qui ont mérité le plus d’attention de notre part. Un autre motif très- pressant nous a déterminés à les considérer avec tout le soin dont nous sommes capables; c’est l’utilité dont ils sont à l’homme dans ses travaux. Le cheval, le bœuf, la brebis, le chien, etc., sont devenus les sujets d’une médecine particulière , à laquelle des établissemens ont été con- sacrés. L’anatomie de ces animaux a lixernos re- gards; elle a nous arrêter plus long -temps que celle d’un grand nombre d’animaux qu’il est de 1 in- térêt public de détruire plutôt que de les conserver.

Il n’est aucune partie extérieure des quadrupèdes , qui n’ait été considérée comme devant servir à la

DISCOURS SUR L’AN ATO-MIE. 297 coTislructîon des méthodes que les 11a tur alla Les ont imaginées pour les classer. ( 1 )

D E l’iï O M M E.

C’est pour arriver à cet article que tous les autres sont faits.

On ne connoît point deux espèces d’hommes, mais plusieurs v'ariétés se font l'emarquer dans cette espèce.

M. Kant admet quatre races d’hommes (2} qui sont l’Européen septentrional, l’Américain, le Nègre, et l’Indien olivâtre d'au delà du Gange.

Erxleben en admet six; savoir, le nain du Nord, ou le Lapon; le Tartare , vivant en Asie , depuis lo mont Imaüs jusqu’aux cratères de la Laponie ; l’Asia- tique, habitant au delà du Gange ; l’Européen, l’Afri- cain et le Mexicain.

Chacune de ces races a des caractères de couleur , de forme et de grandeur qu’il est important de con- sidérer , et qui se trouveront à leur place dans cet ouvrage.

Feu M. Camper a publié , sur la structure du crâne et de la face des divers habitans du globe , des re- cherches , desquelles il résulte que la ligne féciale est plus oblique dans la tête des nègres que dans celle des Européens.

(1) Voyez pour les principaux résultats des travaux de Vicq- d’Azyr sur l’anatomie des quadrupèdes, le deuuème Discoius sur l’Anatomie.

(aj M- Blumenbach admet aussi quatre races d’hommes.

298 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

On trouve encore des remarques curieuses sur ce sujet, dans l’ouvrage suivant , de M. Blumenbach : Decas Craniorum diversarum gentium , iUustrata ; in-4;". 1790. ( 1 )

QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA NATURE

ET SUR certaines PROPRIÉTÉS DES

CORPS VIVANS OU ORGANIQUES.

Toujours l’impaliente curiosité de l’homme a devan- cé robservation j il aime mieux cherclier à deviner lessecretsde la nature, que de s’elfoicer à les appro- fondir. Les terres , les pierres , les métaux , les sels , les plantes, les animaux ont été les sujets de mille fictions. On a compris enfin que le véritable savoir n’est fondé que sur l’expérience et sur l’étude.

1°. MM. Pallas et Saussure ont parcouru les mon- tagnes ; ils ont vu que les plus élevées s’appuyent sur le granit, et le granit ne peut être rangé parmi.

(i)Au milieu des causes qui ont efface les tra ts originaires, et confondu les races , il est très -difficile de reconnoitre les branches primitives de l’c-spèce humaine. Cependant, d’a- près les résultats fournis sur col important sujet , par un grand nombre de recherches, on peut aujourd’hui rapporter toutes les variétés de l’homme à trois types principaux; i®. Tjrpe enuenssien 1 ou race prototype ; 'Ijrpenion- ^olique . ’^Fj'pp. Afiicnin. Fnycz^ pour le développe- ment de celte opinion , l’ouvrage que j’ai publié sous le titre à' Histoire et d’JJj giùnc de la Femme. '1 44®*

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 2g, j

les pi'emic^res productions du globe , puisqu’il est composé de cristaux qiïi n’ont pu se former et se réuïiir que dans une longue suite de siècles et dans une immense étendue d’eau. Or , comment les corps organiques atiroienl-ils e:^isléà celteépociue, puisqu’on ii’en trouve aucuns débris dans les vieilles montagnes?

Alors les eaux couvi-oient les plus Jiaules éléva- tions de la terre 5 de larges fleuves creusoienl les vallons; les métaux s’y formoientou s'y déposoient, et des substances qu’oii peut regarder comme pri- mitives, se '^jjlaçoient par couclics sur leurs flancs, ou composoient de nouvelles montagnes.

Enfin, lesaniinaux naquirent; des familles Immenses cV coquillages couvrirent de leurs dépouilles la pre- mièresuperficiedu globe : en même temps, les premiers végétaux, nourris dans une terre vierge, et entraînés par les eaux, s’entassèrent : des chocs, des fermen- lalions tumultueuses produisirent des ébranlemens inattendus , le volume des eaux diminuant , la mer se resserra dans ses bassins , le feu des volcans s’éteignit ou s’appaisa ; etla terre fut peuplée d’animaux etlivrée à l’homme.

L’obervation la plus attentive présente cette série de faits, dont la succession n’est pas douteuse, sans que ni la durée , ni les époques , ni les circonstances diverses eu puissent être aucunement déterminées.

2 . Non-seulement l’existence des corps organiques sur les difl'erentes parties du globe y a imprimé des traces piofondes et durables , mais elle a de j)lus influé sur latmosphère et sur les eaux.

5oo SCIENCES PIIYSIOI.. ET MEDICALES.

Il est dillicile de se refuser à croire avec Bergman que les eaux oui élé dans les anciens temps plus abondantes qu’elles ne le sont aujourd’hui. Une grande partie de ce fluide se décompose au sein de l’écono- mie végétale, dans laquelle le gaz inflammable sert à composer les huiles, les résines et la paille colo- rante, tandis que l’air vital , autre élément de l’eau, est versé dans l'atmosphère.

D’ailleurs, les animaux marins décomposant l’eau à leur manière, forment la magnésie , la soude et la craie , dans laquelle ce fluide demeure sous forme con- crète : l’acide carbonique également formé dans la mer, se concentre dans la chaux il fixe aussi de feau.

Remarquons surtout que les débris des animaux; terrestres ajoutent peu à la masse du globe; surtout si on les compare à ces bancs calcaires qui sont le produit des animaux marins , destination impor- tante qui établit une différence essentielle en r’eux. Considérés sous d’autres rapports, on peut dire que les animaux épuiserolent l’atmosphère et qu’ils la conv'erliroient toute entièi’e en un acide carbonicjue, si les végétaux , en décomposant l’eau , ne répandoient pas le gazoxigène en abondance. Sans la bienfaisante activité de l’économie végétale , la respiration des animaux n’auroit donc pu se faire , et pour celle raison, on conçoit que l’une de ces productions a du précéder l’autre dans l’ordre des êtres dont notre monde est formé.

Sans les végétaux, il n’y auroit pas non plus de corps combustibles.

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 5oi

Mais les animaux , en changeant l’air vital en acide carbonique, absorbent en même temps la chaleur ; car l’acide formé par l’air vital atmosphéi ique , et le carbone pulmonaire est plus dense que l’air vital, et contient par conséquent moins de calorique: tel est le foyer de la chaleur animale. C'est par l’action vivifiante du soleil que l’équilibre se rétablit; ce foyer intarissable de lumière et de feu répand l’une et l’autre à grands flots. Les végétaux exposés à ses rayons produisent de l’air pur, et la connoissance de celte propriété de la végétation, qui est due à l’influence de la lumière, est une des plus belles découvertes modernes.

-On sait actuellement que l'air vital est un des élé- mensde l'air atmosphérique. On sait que c'est lui qui entretient la vie de tout ce qui respire; qu’il donne à tous les corps animés la chaleur dont ils jouissent J et qu'il sert à la combustion de tous ceux qui s’enhamnient.

Si on plonge des substances enflammées dans cet air, il s’en dégage une lumièré vive, et une chaleur exces- sive : et cette propriété fournit à la physique un ins-« tiument des plus actifs, pour exciter facilement un très-haut degré de chaleur.

L influence de cet air sur la vie n’est pas moins grande que sur la combustion; ilia développe, il lauime : mais en même temps il la précipite, et si la nature n’en eût modéré la vitesse, nous eussions peut-être joui d’une vie plus courte, mais plus active, et les générations se seroient succédées avec plus de

5o2 sciences phy siol. et medicales.

rapidité : une partie de cet air sur trois parties de l’atmosphère donne la proportion qui paroît conve- nir le plus a notre espece.

N’oublions pas que le gaz qui tempère l’activité de l’air vital dans la composition de l’atmosphère , entre aussi comme partie essentielle dans la formation des animaux.

Les deux principes constiluans de l’atmosphère paroissant donc èli’e les produits de la végétation et de l’animalisation, ils sont les sources des acides et des alkalis, l’air vital contenant l’oxigène et le gaz azotique , l’alkaligène ou azote.

Il faut que l’acide carbonique soit aussi d’une grande utilité dans la nature, car la respiration en fournit avec abondance, et il disparoît en peu de temps. Ne sont-ce pas les végétaux qui 1 absorbent et qui le décom- posent en y puisant leur charbon ?

En somme , les etres se montrent partout en deux états, l’état de combustion ou de vie qui en diffère peu , et l’état salin ou de mort : c’est en passant de l’un à l’autre que se montrent toutes les nuances intermé- diaires. Dans ces deux états, et dans leur passage con- siste toute la chimie et se concentrenttoutes les opéra- tions de la nature.

IIJ. Pline avoit divisé le Ciel et la Terre en zones; Buffona suivi la même idée , à laquelle M. Zimmer- mann n donné tout le développement dont elle est

susceptible; mais il a soigneusement distingué le climat

physique, c’est-à-dire la température du climat géo- graphique que détermine la latitude; et celte dislinc-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 5o5

tion éloit importante à établir ; car, sur les diverses parties d’une montagne , dont la latitude est la même , le tableau de la végétation varie d’une manière éton- nante. Tournefort a cueilli, sur le mont Ararat, au sommet, les plantes de la Laponie; plus bas celles de Suède , plus bas encore celles de France; plus près du sol, celles de l’Italie, et enfin sur le sol même , Celles de l’Arménie, est situé ce mont. Ainsi, la zone torride n’est pas physiquement la même dans les deux continens; plus élevée et moins brûlante dans le Nouveau - Monde , elle nourrit 'des quadrupèdes et des oiseaux, dont le corps est, en général ,’ moins vo- lumineux que sous la zone correspondante de l’ancien continent. Cette terre étant plus humide, les reptiles et les insectes y sont plus gros, et ils se font remarquer par de plus vives couleurs.

Les productions des zones tempérées different beau- coup mollis les unes des autres, que celles des zones torrides ; l’élan , ou orignal, habite les zones tempé- rées des deux continens. Le taureau ne diffère, dans le Nouveau - Monde , que par une bosse qui est placée sur le dos, et formée jiar un amas de graisse; ce qui ne doit point surprendre dans un climat on la terre, plus neuve et plus abreuvée , produit une nour- riture plus abondante. Le cygne est le même dans les contrées du Nord de l’Europe, et dans celles qui leur correspondent en Amérique ; partout ces zones offrent physiquement beaucoup moins de différences que celles qui sont situées sous l’équateur.

, le mouvement de rotation renfle le globe ter-

5o4 SCIENCES PHYSIOL. fîH' MEDICALES.

restre ; sur les grandes élévations de l’Asie, se trou- vent les divers animaux que l’homme a rendus domes- tiques , et dont il s’est principalement entouré. Là, se réunissent toutes les qualités qui cai’actérisent la plus ancienne des habitations du globe 5 de sont sorties les colonies noinbi'euses qui ont occupé d’abord , soit les plaines situées entre le Mont Ural et le Mont Cau- case, d’où elles ont passé en Europe; soit le Mont Allas , le Nord de la Sibérie, et les contrées septen- trionales de l’Amérique , soit vers le Sud , l’Arabie et les Indes.

La chaleur et le froid produisent des impressions analogues sur les plantes et sur les animaux. C est sur la zone torride de l’ancien continent que se dé\ e~ loppent les arbres , les plus volumineux, et les fruits les plus gros. Sous les pôles, au contraire, les arbres qui jouissent ailleurs de tout leur accroissement ram- pent sous la forme de végétaux dégrades et stériles.

Tous les êtres vivans semblent être attachés à une ou plusieurs forces. L’homme seul, comme il peut se nourrir de tous les aliraens, peut vivre aussi dans tous les climats; il respire libi’emeut à Quilto, le ba- romètre ne monte qu’à vingt pouces et un quart, même sur les Cordelières , ou le mercure ne s élève qu’à quinze pouces neuf lignes.

L’échelle morale de riiomme est aussi la plus étendue. Que lonl en ellet le Lapon et 1 Eskimau , dont les sens resserrés par le froid Iransnietleut peu d’idées; le Crétin , dont les organes sont malades, le sauvage , qui ne songe qu’à ses besoins les plus gios-

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 3o5

sîers : que sont de pareils hommes auprès des grands poêles, des grands orateurs, auprès de ces grands philosoplies qui ont si bien compx'is et si bien peint la nature ?

Remarquons qu’il faut un certain degré de froid pour donner au corps humain tout le développement dont il est susceptible. Le climat habité par les Pa- tagons est aussi froid que la Norwège. Un froid trop considérable arrête aussi ce développement. Le do- micile des Eskimaux, des Groëlandois et des Lapons commence au soixante-sixième degré de latitude nord.

En général , il est beaucoup plus facile aux animaux qui vivent de chair de s’étendre et d’occuper un grand espace sur le globe, qu’à ceux qui ne se nourrissent que de végétaux : ceux-ci sont plus dé- licats; mais en s’étendant d’une zone à l’autre, les êtres vivans éprouvent toujours quelque influence qui les modifie; ces changemens ne sont pas toutefois assez considérables pour qu’il en résulte des espèces nouvelles.

IV. Pour l’homme, comme pour lesautres animaux, trois causes principales de variétés existent, le climat, la nourriture et les mœurs.

Tout annonce que la couleur dépend du climat ; les poils sont plus ou moins blonds dans le nord; à de grandes distances, le Sénégalois ressemble au Nu- bien : dans le nord de l’Amérique , on trouve des espèces de Lapons ., qui diSerent peu de ceux d’Eu- rope. Les Sauv^ages du Canada sont sous la même T. 4,

20

oV)6 SCIENCES PElYSIOL. ET MEDICALES.

lalitucle que les Tartai’es orientaux : aussi voit-on entr’eux de grands rapports. Ceux qui habitent les sommets des Cordilières sont presque blancs. Enfin , suivant M. Bruce , on trouve des hommes blancs dans l’intérieur de l’Afrique , même sous l’équateur 5 c’est sur les terres les plus basses que se trouvent les nègres.

C’est sur les lieux les plus élevés que les hommes vivent le plus long -temps et qu’ils jouissent de la plus , grande activité.

V. Dans l’espèce humaine, la fécondité dépend en grande partie de l’abondance de substances alimen- taires-, la disette mène à la stérilité, et l’oppression, source de toutes les misères , produit le même fléau,

VI. Ceux-là se trompent qui regardent la durée de la vie comme étant proportionnée à celle de la aestation. Dans les animaux vivipares qui n’engen- drent qu’un petit nombre de fœtus , c est la durée de l’accroissement qui en offre la mesure j en multi- pliant celle-ci par cinq ou par six, le produit donne

la durée de la vie humaine.

En général la durée de la vie est la même à peu près pour les différens peuples , quels que soient leurs alimens et leurs climats.

VII. La vie est composée de deux états qui se com- battent sans cesse, qui soiitdans une lutte perpétuelle entr’eux; du sommeil qui est un état de repos et d’inertie , et de la veille qui est un étal d’activite. Dans riiomme, leur succession n’est presque jamais celle que la nature indique-, en lui les affections mo- rales s’exaltent -, clics dérangent les mouvemens de

DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 5o;

ses organes, et la plupart des maladies sont reflet de ces désordres.

Vlir. 1j6s pliilosoplies ont distingué deux espèces d’éducation : celle de l’individu (jui est commune à l’homme et ,aux animaux , et celle de l'espèce qui n’appartient qu’à l’homme.

C’est par les alimens que l’homme et les animaux reçoivent en grande partie l’influence de la terre. Les animaux sont plus soumis que l'homme aux causes physiques; et pour cette raison, ils ont chacun Icnr contrée : les quadrupèdes sont surtout forcés de subir la loi du climat ; l’oiseau s’y soustrait , et on ne sait pas encore bien ce que peut le climat sur les poissons , dont plusieurs familles voyagent et' qui vivent dans un autre élément. Les cétacées , les oiseaux aquati- ques et les poissons sont les habitans les plus reculés du globe ; ils parviennent à des régions que sans doute l’homme ne pourra jamais atteindre.

IX. La grandeur du corps a des attributs positifs. Le grand , dit un philosophe moderne, (i) est aussi fixe dans la nature que le petit y est variable. L’élé- phant n’a point dégénéré; ils ne produit point dans 1 esclavage. L’éléphant ,1e rhinocéi'os , I hlppopotame, et la giraffe ne se propagent, comme l’homme, qu’en ligne droite , sans aucune branche colLlérale ; ils n ont point d’analogue, etlhonime, dont le volume est moins considérable , est moins isolé qu’eux.

X. Les animaux sont des foyers de desti’uction

(i) Buffon, tome i,

5o8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

qu’on peut comparer à le flamme, ils poursuivent tout CB qui peut servir à leurs besoins ou à leurs plai- sirs ; et de tous les animaux, le plus deslrucleur est l’homme.

XI. On a calculé que les races dontcerlainsanimaux tirent leurs alimens , périroiènt par surabondance si' elles ne leur servoient jDoint de pâture j il est des animaux qui naissent pour que d’autres s’en nour- rissent. Les uns sont armés de dents aiguës, dégriffés menaçantes-, les autres sont sans défense, quelques- uns n’opposent pas même la ruse à leurs ennemis, qui les surpassent , non -seulement par la force, mais encore par la vitesse et par l’industrie. A quels ré- sultats, en se repliant sur soi-même, on est conduit par cette vue, et comme il y a loin de aux conseils que l’homme éclairé reçoit de sa raison !

Dans la série des divers animaux, ce sont , toutes choses égales d’ailleurs , les plus petits qui mangent le plus, et ce sont eux aussi qui produisent da-

vantage.

XII. A considérer l’homme dans les divers siècles et dans tous les lieux connus , on voit qu’il est fait pour la société ; mais semblable en cela au castor, i n’est pas absolument contraint à se réunir avec ses semblables-, il paroit le faire par choix; les abeille» le font par nécessité : une seule abeille ne peut pour- voir à sa subsistance, et deux abbillcs ne suffisent pas pour propager l’espèce.

XIII. Les carnivores robustes , dit Buffon , son^ solitaires-, les carnivores foible» marchent en troupes.

V.

niSCOURS SUR L’ANATOMIE. Sog

ainsi font les hommes ; leur force croît dans des pro- portions immenses par leur réunion.

XIV. 11 existe moins d’espèces de plantes que d’ani- maux : mais plusieurs naturalistes pensent que le nombre des individus est plus grand dans ehaque espèce de plantes que dans chaque espèce d’animaux.

Muschenbi’oeck estimoit le nombre des animaux à sept mille sept cent cinquante. Erxleben l’a porté à vingt-cinq mille. M. Zimmermann présume que ce nombre est encore plus considérable; ce qu’il justifie en observant qu’il n’y a point de goutte d’eau, point de sable, point de mucosité qui n’en contiennent un grand nombre et d’espèces difl'érentes. Quel foyer de vie que la mer! c’est les corps conservent une grande souplesse, que la nature prodigue les germes et que les généi'ations se succèdent avec une grande rapidité.

Le microscope a découvert des milliers d’animal- cules, et à peine a-t-il fait cou noître quelques espèces de végétaux.

XV. On est bien loin de connoître toute la nature vivante , puisque la géographie d’une grande partie de la surface du globe est encore ignorée.

On assure que l’étendue des pays que les voyageur* ,ont parcourus est à ceux qu’ils n’ont point encore atteints , comme dix est à neuf.

-AVI. M. de Buffon a dit que l’homme ne peut rien sur les espèces ; que son influence se borne aux individus. Cependant certaines races, presque toutes entières, sont subjuguées; presque tous les individus

5 10 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

qui leur appartiennent ont perdu leur force, leur courage, leurs couleurs, leurs formes même, et il faut se donner bien de la peine pour retrouver les origi- naux de certaines espèces de plantes et d’animaux dont riiomme a fait son domaine.

XVII. Les mulets, les ovipares sont féconds: les végétaux, et dans le règne animal, les oiseaux, en fournissent des exemples. On sait que parmi les qua- drupèdes, lesmulets n’engendrent que dans les climats très-chauds cette espèce de reproduction est elle- mêrae très-rare. En général , la fécondité des ovipares ' surpasse beaucoup celle des animaux qui mettent au jour leurs petits vivans.

Le bardeau tient de la mère; et en général , les deux espèces de mulets tiennent plus de la mèreque du père. Linné avoit dit que le pistil est une exten- sion de la moelle de la plante.

L’expérience a prouvé qu’en croisant les races , on obtient des individus mieux développés , et des mcàles en plus grand nombre.

En somme, les individus qui naissent danimaux de deux espèces difiéren tes, sont d autant moins fé- conds, qu’il y a plus d’éloignement entre les deux souches dont la réunion lés a produit.

XVTII. On sait maintenant .[u’uri père et une mère tous les deux dépourvus des mômes parties, n engen- drent pas moins des enfans auxquels ces parties ua manquent point. Ainsi, tous les systèmes fondés sur un certain tribut Iburni par les divers organes des païens, sont des jeux de rimagiiialion. La repioduc-

DISCOURS SUR L’AN ATÜ MIE.

lion de l’espèce dépend donc d’une action qui, comme toutes les autres, appartient spéciliquemeut a une classe d’organes. Mais quelles sont lescauses principalesde cet étonnant phénomène ? C’est ce qu’on Ignore. Dune part, il est connu que, dans les oiseaux , le fœtus appartient à la mère, et que le père ne fait que modifier la surface, ou quelques -unes de ces parties. D’une autre part, on n’igjiore pas que, dans le i-ègne végétal, un germe est surmonté d’un autre germe ; que les boulons ^>ont de petits arbres: qu’un orme, par exemple, est formé de plusieurs petits ormes ; C’est là, c’est dans ces extrémités du système vivant qu’il faut chercher la solution de ce grand problème.

XIX. Il estdesœuls d’une certaine espî-cequi crois-- sent et qui prennent du volume apres être sortis du ventre de la mère; tels sont les œufs des poissons, des insectes , des crustacées , des lestacées *, ils tiennent le milieu entre les œuls proprement dits et leschcn il h s, qui sontdesœufs imparfaits. En général, ‘ces œufs ont tous un volume égal dans le ventre des femelles.

XX. La durée delà vie des oiseaux et des poissons est grande. Ils engendrent avant leur entier accrois- sement, et ils vivent plus que six ou sept fois le temps qui y est destiné. La loi que nous avons rapportée plus haut, relativement aux quadrupèdes, n’a donc point d’application ici.

Les oiseaux deproiesontmoinsfécondsqueles au très.

XXL Qu’on ne se laisse point tromper surcertai- ne.s espèces qu’on regarde comme un passage d’une classe à une autre. Le polalouche, par exemple,.

5i2 sciences PllYSlOL. ET MEDICALES, etc.

lie, dit - on, les quadrupèdes avec les oiseaux; mais si l’on en excepte les expansions membraneuses qui l’essemblent à des ailes , le polaloucbe est, sous tous les rapports , un quadrupède proprement dit ; il n’existe en lui aucun organe qui se rapproche vrai- ment de ceux des oiseaux. De même l’autruche est un oiseau dont les ailes sont très -courtes; mais ses prétendus poils sont de vraies plumes, son larynx, son gosier , ses intestins, ses œufs sont absolument, et en tout point, conformés comme ceux des oiseaux. Ce que je dis ici de ces animaux peut s’appliquer à presque toutes les espèces qu’on regarde comme ser- vant de passage. Il n’est donc pas démontré que les grandes familles des êtres vivans finissent par nuances insensibles , et qu’elles se confondent entr’elles comme quelques naturalistes l’ont pensé, et comme d’après eux , des philosophes l’ont écrit.

XXII. Celui qui se propose d’étudier avec succès l’histoire naturelle des corps vivans , doit être très- versé dans l’étude de la physique expérimentale , de la mécanique , de la chimie, de l’anatomie; il faut aussi que, comme Pline, il connoisse parfaitement la géo- graphie, sans quoi il ne sera que nomenclateur , et il ne pourra tirer qu’un petit nombre de résultats de ses travaux.

Après avoir médité sur ces réflexions , on lira peut- être avec plus de fruit les divers articles dont cet ouvrage est composé.

DEUXIEME SECTION.

MÉMOIRES ET FRAGMENS

SUK l’anatomie, LA PHYSIOLOGIE ET LA MÉDECINE.

M ÉMOI RE

Sur les rapports qui se trouvent entre les usages et la structure des quatre extrémités daas l’houimc et dans les quadrupèilcs.

■RAPPOHT DE CONDORCET SUR CE MÉMOIRE.

0 N entend ordinairement par anatomie comparée l’observation des rapj>orls et les diflerences qui existent entre les parties analogues des lioninies et ^des animaux. M. \icq-dAzyr donne ici un essai dune autie espece d Analonne comparée, qui jus- qu’ici a été peu cultivée et sur laquelle ou ne trouve dans les anatomistes que quelques observations iso- lées : c est 1 examen des rapports qu’ont entre elles les différentes parties d'un même individu. 11 com- paie dans ce mémoire les extrémités supérieures de

1 homme a ses extrémités intérieures j les extrémités antérieures de différeu tes espèces de quadrupèdes a leurs exil émités postérieures, llexamiuesous ce point de vue, leurs os, leurs muscles , leurs vaisseaux :

5i4 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES, partout, il observe des ressemblances frappantes et des différences cjui en général semblent dépendre des fonctions différentes auxquelles ces extrémités sont employées. Ainsi , la cuisse , la jambe , le pied de I bomme ressemblent au bras , à l’avant - bras ,

à la main , en supposant que ces dernières parties ont subi dans leur position et dans leur forme ,

les cbangeniens nécessaires pour qu’ds puissent soutenir le corps et le transporter dun lieu a un autre ;'de meme le bras et la main semblent n etre qu’une jambe et un pied j mais altérés dans leur forme , et disposés de maniéré quils puissent se porter sur toutes les parties du corps , saisir les objets , exécuter enfin tous les mouvemens néces- saires à la défense de l’homme , à sa nourrituie , aux travaux des dlfferens arts.

La meme 'chose s’observe dans les animaux ; la ressemblance est meme souvent plus parfaite , parce que les fonctions de ces parties sont moins diffé- rentes. En général , et pour les os surtout , si on place l’extrémité supérieure droite , en la tournant <1„ devant au derrière , i côté de IVxtrénilté infé- rieure «auchc, ou aperçoit une analogie 1res - fiap- panle , et une grande partie des différences d.spa- roissent , parce iptc ce renversement de 1’°»'“°” un des principaux changemeus qu’exige ^ ^ rencc des fonctions. Ainsi , dans cette uouve

PARALLELE DES EXTREMITES. 5i5

espèce d’Anatomie comparée , on observe , dit M. Vicq-d’Azyr , comme dans l’Anatomie com- parée ordinaire , ces deux caracWres que la nature paroît avoir imprimés à tous les êtres , celui de la constance dans le type , et de la variété dans les modifications. Elle semble avoir forme ces diffé- rentes esj)èces , et leurs parties correspondantes , sur un seul [)lan , mais cpi’elle sait modifier à l’in- linl , comme elle dlrli'e tons les corps célestes par une seule force , dont l’elVet , variant avec leurs distances, produit toutes les apparences qu’ils nous 2)résenteut.

MËUOIRE.

On appelle du nom d'Analoinie comparée, celle science qui oppose la structure de flioinme à cello des autres animaux, pour en apercevoir les rapports et les différences. C’est en superposant les objets , c'est en mesurant leurs contours et leurs surfaces, que l’on peut en acquérir une parfaite connoissance. Quelques anatomistes modernes se sont surtout livrés à ce tra- vail , et l’on sait combien ils ont augmenté, par ce moyen, les connoissances médicinales et pbilosophi- que.s. Si donc l’Anatomie comparée a rendu des ser- Auces aussi importans, ne pourvoit -on pas eu instituer une seconde, qui ne s’occuperoit uniquement que des lappoits quont entr elles les parties du même indi- vidu? Ces nouvelles considéraljüiis ne jetteroient-ellcs pas un plus grand jour sur les usages j sur le méca-

5 1 6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

nisme des pièces qui le composent ? Ne seroil-il paj possible qu’elles fissent apercevoir des analogies sur- prenantes? Et si les parties qui diffèrent le plus en apparence se ressembloient au fond , ne pourroit-on pas en conclure avec plus de certitude qu’il n’y a qu’un ensemble, qu’une forme essentielle, et que l’on reconnoît partout cette fécondité de la nature rpiî semble avoir imprimé à tous les êtres deux caractères nullement contradictoires , celui de la constance dans le type et de la variété dans les modifications?

L’Anatomie offre plusieurs exemples dans lesquels on les trouve de la manière la plus frappante ; mais ils ne sont peut-être nulle part aussi marqués que dans les extrémités de l’homme et des quadrupèdes ^ former les quatre extrémités avec le plus d économie ' et de ressemblance possible , les disposer de sorte que deux puissent se mouvoir dans tous les sens pour le ployer au gré de nos besoins et de nos désirs, tandis que les deux autres , plus solides , sont destinées à la locomotion de l’individu, sans être cependant abso- lument incapables de remplir les fonctions pour les- quelles les premiers ont été principalement formes, cl pour cela ne point altérer la forme primitive, •allonger seulement ou raccourcir quelques pièces osseuses, donner plus ou moins d’étendue à une apophyse , creuser plus ou moins certaines cavités ,

détacher cl transporter certaines éminences , allonger

quelques muscles , serrer plus ou moins le tiss quelques ligamens , ajouter à la longueiu d une ou d’un nerf, ôter quelques nuances aux inouvcmens

PARALLELE DES EXTREMITES. 517

d'une articulation , et ne se permettre ces légers chan- gemens que dans le plus pressant besoin , tel est l’énoncé du problème dont j’ai cru voir la solution dans la structure et le mécanisme des extrémités , et que j’entreprends de développer dans ces Mémoires.

Pour le faire avec méthode , j’ai choisi parmi les quadrupèdes un de ceux qui sont les plus éloignés de l’homme, et un de ceux qui tiennent à peu près le milieu de l’espace intermédiaire , afin qu’en dé- montrant la même analogie aux deux extrémités et au milieu de la chaîne , l’on puisse en_ tirer des con- séquences pour le reste des individus dont le nombre considérable ofFrlroit un champ trop vaste à nos re- éherches. Le chat et le chien , parmi les fissipèdes, non claviculés ; le bélier , parmi les bisulques;et le cheval, parmi les solipèdes, nous fourniront des pièces de comparaison. Nous aurons au reste peu de chose à dire sur les animaux ; celles des parties qui compo- sent leurs extrémités , et qui ont quelquerapport avec l’homme , conservent la même analogie ; les autres sont en petit nombre.

Il ne nous reste plus maintenant qu’à considérer ces objets d’une manière qui soit commode au pa- rallèle que nous nous proposons d’en faire; cet ordre sera celui des parties qui entrent dans leur compo- sition. Chaque extrémité est formée par des pièces osseuses , par des muscles et par des vaisseaux : cha- cune de ces divisions nous occupera séparément, et nous tâcherons de présenter un tableau précis et mé- thodique des rapports qui se trouvent entr’elles. Mais

5i8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

auparavant d’entrer en matière, il est important d’ob- server que cette espèce d’Anatornie comparée peut s’étendre non-seulement aux os, aux muscles et aux vaisseaux , mais encore aux viscères ; ce n’est pas que les anatomistes gardent à cet égard un silence pro- fond : il n’en est aucun qui n’ait avancé quelques-unes des propositions que je me propose de développer aujourd’hui 5 mais leurs assertions sont vagues 5 elles ne sont point confirmées par les détails et par les comparaisons. En un mot elles font plutôt désirer, qu’elles ne donnent les preuves de l'analogie qu’elles annoncent.

TAKALLÈLE DES OS QUI COMPOSENT LES EXTRÉMITÉS.

Presque tous les anatomistes rangent l’omoplate parmi les os de l’extrémité supérieure , et presque aucun ne compte l’os des îles parmi ceux de l’extré- mité inférieure. Une analogie très -marquée entre ces deux os, ne nous permet pas d’imiter ces auteurs, et nous croyons, pour des raisons que nous exposerons plus bas, qu’il faut les en exclure l’un el l’autre, ou les admettre tous les deux. Nous comptons donc quatre parties principales dans chaque extrémité^ l’omoplate et l’os des îles , le fémur et l’humérus , l’avant- bras et la jambe , le pied et la main-, mais avant d en- trer dans aucun détail , jclons un coup d œil sur la

position respective de ces dilTérenles pièces.

Dans l’homme , les extrémités sont paralle es a a longueur du tronc , et placées de sorte que la paume

PARALLELE DE^^EXTREMETES. 519

de la main est toarnée en dedans, et la plante du pied en bas et en arrière ; la rotule se trouve à la partie antérieure, et l’olécrcàne est située posténeure- ment. Si nous supposons que la jambe et l’avant-bras soient fléchis, l’angle que l’avant-bras fait alors avec l’humérus est ouvert en devant , celui de la jambe avec le fémur, l’est au contraire en arrière : les angles de la main avec l’avant - bras , et celui du pied avec la jambe, sont encore en même proportion l’un avec l’autre. La position des deux extrémités est donc inverse : lorsque la pronation est très- forte , la tète de l’humérus roule vers la partie postérieure, l’omo- plate s’élève, l’olécràne se porte en devant et le talon de la main en amère ^ alors les extrémités approchent plus du parallélisme ; mais dans cet état forcé l’appré- hension et l’exploration ne peuvent plus se faire d’une manière commode , et l’humérus , tourné trop en arrière, ne peut plus se mouvoir avec la même fa- cilité. Il étoit donc essentiel que la paume de la main fût placée devant et en dedans, et non absolument en arrière et eu bas : d'un coté, si dans l'extrémité inteiieure le talon eut ete tourné en devant, comme il l’est dans l'extrémité supérieure , alors le porte à fahx du thorax et de la tète , et la facilité avec laquelle le corps se ploie et tombe en devant , l’auroit pré- cipité à chaque pas; il étoit donc nécessaire que les deux extrémités fussent opposées dans leurs angles.

Les observations que nous venons de faire sur le squelette humain, se font encore avee plus de faci- lité sur celui des quadrupèdes. L’ai^gle que l’omo-

520 SCIENCES PHYSIOL. ET-MEDICALES.

plate fait avec l’humérus , est plus manifestement opposé à celui du fémur avec l’os des îles. L’olécrâne et la rotule sont également opposés l’un à l’autre, ainsi que les angles au sommet desquels ces apophyses sont placées. La tête du radius est en dehors , comme dans l’homme ; mais elle est beaucoup plus en devant , et son extrémité inférieure , ainsi que son apophyse slyloïde, sont dans tous les fissipèdes tournées en de- vant , en sorte que les deux os se croisent ; cette, conformation est due à une pronation forcée et cons- tante , qui augmente la surface sur laquelle ils sont appuyés. 11 n’est donc pas étonnant , d’après les prin- cipes établis plus haut , que les brutes soient prives des avantages attachés à l’appréhension et à l’explora- tion des objets. I/e pied et la main , sont dans leur extrémité , les seules parties qui ne soient imint oppo- sées; dans les singes , le radius n’est pas , à beaucoup près, aussi tourné en dedans, et plus nous avançons vers le modèle le plus parfait , plus nous sentons les

avantages de celte opposition que nous avons remar- quée dans les angles des extrémités.

Maintenant, si nous détacbons une de ces extie- mités antérieures d’un fissipède quelconque , et que nous la placions du coté opposé, de sorte que es bords et les faces de l’os des îles et de 1 omoplate

l’humérus et le fémur , la jambe et 1 avant- las soien

parallèles , alors la main est opposée au P opposition cesseroit , si la pronalion cesso.t el e^ ll^rpophyse s, y«e radiale. ^1^- -

le talon de la maiu en arriéré. Il suit ü H

PARALLELE DES EXTREMITES. Sai

extrémité antérieure répond et ressemble principale- ment à la postérieure , du côté opposé dans l’homme; vérité qui, quoique paradoxale en apparence, est cepeiidant, comme nous le ferons voir plus bas sus- ceptible de la démonstration la plus rigoureuse.

Ces principes , une fois établis, mettent dans la plus grande évidence ce qu'il nous reste à dire sur l’ana- logie des dilférenles parties qui composent les extré- ^ mités de riiomtne et des quadrupèdes.

OMOPLATE. os DES ILES.

i". L’omoplate et l’os des îles , sont de tous les os des extrémités, ceux qui dilfèrent le plus l’uii de l’autre ; mais cet te différence , qui frappe tant au premier coup d’œil, s'évanouit par un examen sérieux et plus ré- fléchi. N est -il pas facile de voir que ces deux os sont plats, que tous les deux ont une face concave et une bombée ; que tous les deux ont une cavité articu- laire , et que dans le voisinage de ces cavités se trou- vent deux apophyses ? Dans l’os des îles , elles sont confondues l’une avec l’auti'e pour former le pubis et le trou ovalaire ; dans l’omoplate , elles sont réunies seulement par un tissu ligamenteux. Si on place , comme nous avons dit plus haut, une extrémité su- périeure au côté opposé , de sorte que le fémur et l’humerus soient sur la même dir^ection , alors on ob- serve que la cavité articulaire de l’omoplate est tournée en arrière et en bas ; que le bec de corbeau est tout-à» fait inférieur, et répond à la tubérosité sciatique ; que

T. 4

21

522 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

la cote supéx’ieure de l’omoplale l'épond à l’échan- crure du même nom , les fosses épineuses aux fosses iliaques , et l’espace compris entre les apophyses au trou ovalaire. On peut faire les mêmes observations, d’une manière inverse, c’est-à-dire, en plaçant un os des îles auprès d’une omoplate, du côté opposé , de telle sorte que l'humérus et le fémur soient toujours sur la même ligne j la largeur des omoplates et celle de l’os des îles sont d’ailleurs toujours proportion-^ nelles. Dans les quadrupèdes, ces deux os sont étroitsH et longs ; dans l’homme, au contraire, ils sont ar- rondis et plus larges. C’est cette étroitesse et cette lon- gueur des os des îles dans les quadrupèdes , qui aug- mente l’étendue d’un diamètre antérieur de leur bas- sin 5 c’est au contraire la largeur de ces os , et leur peu de longueur dans l’homme , qui diminuent les dimensions de ce diamèti'e , et qui mettent tant de différence dans la facilité avec laquelle le fœtus fran- chit le détroit supérieur dans l’un et dans l’auti'e. La crêle qui sépare en deux la face externe de l’omo- plate , ne peut éloigner l’analogie , non plus que la crête du sternum des oiseaux n’empêche qu’il ne res- semble beaucoup à celui des quadrupèdes. L’articu- lation des os des îles entr’eux , et avec la colonne épinière , n’est pas non plus un obstacle ; l’extrémité supérieure, destinée principalement à la facilité des mouvemens, à l’agilité et à la souplesse dans 1 homme, comme dans les quadrupèdes , ne devoit point être fixée contre l’épine. C’est pour cela que des muscles font dans l’extrémité supérieure, ce que la synchou-

PARALLELE DES EXTREMITES. 525

drose fait dans rinféi’iinire ; les côtes ue permellent pas non plus aux apopliises de se réunir eu devant. Dans quelques genres cependaiit, un os intermédiaire en opère la réunion , et alors elle se fait par le moyen de celles des deux éminences que nous avons dit plus haut répondre au pubis. Les rapports de l’omoplate avec l’os des îles sont donc réels, et l'on peut rendre une raison satisfaisante des diflerenccs qui se trouvant entre ces deux os.

FÉMUR.

2". Le fémur présente toutes les parties que l’on dé- jnonti e oi diuan einent dans 1 liumeriïs j son col est seu- lement plus alongé et ses tubérosités plus saillatites, et plus exprimées inférieurement Les deux-coudyles internes de ces os font une bosse plus considérable en- dedanset en-bas: la facette radialeest plusantérieure, comme le condyle externedu fémur, et la ressemblance seioit parfaite, s il ny avoit pas trois facettes dans le ginglime de 1 avant-bras, tandis qu’il n’y en a que deux dans celui de la jambe. La sinuosité bicipitale manque encore; mais un ligament intéi'ieur fait la fouclion du tendon qu’elle loge.

AVANT-BRAS. JAMBE.

5 . L avant-bras et la jambe se ressemblent moins que I humérus et le fémur; ces deux derniers os ne faisant, pour ainsi dire, qu’allonger le lévier, leurs différences ne dévoient pas être considérables : ou

321 SCIENCES PllYSIOL. ET MEDICALES. devoiL au conli-aiie trouver dans l'avant-bras une disposition favorable à la mobilité la plus parfaite , et dans la jambe, un point d’appui ferme et solide, qui pût résister aux chocs et transporter , avec aisance et sûreté , le centre de gravité d’un point à un autre. 11 falloit donc faire, dans la structure, les changemnns relatifs aux conditions que nous venons d’énoncer c’est pour cela que les deux os de l’avanl- bi’as, à-peu-près égaux , roulent facilement l’un sur l’autre, que quand l’un est un centre de force, tandis que l’autre est un centre de mobilité; c’est pour cela enfin que la main s’articule avec ce dernier : dans l’extrémité inférieure , la pronation et la supination auroient été des mouvemens dangereux. Le pied, pour être solide, devoit s’articuler avec celui des deux os qui l’étoient davantage; aussi s’arlicule-t-il princi- palement avec le tibia, qui répond au cubitus, et non avec le péroné : ce dernier , si l’on y réfléchit bien , ne peut avoir d’autre usage que celui de former une malléole mobile et de rendre possible, par son obli- quité, le jeu et le glissage de son extrémité supérieure dans le choc, ce qui prévient et éloigne les fractures par un mécanisme aussi beau qu’il est simple. A ces différences près, leur analogie est sensible dans tous les points ; on trouve dans la jambe les malléoles qui répondent aux apophyses styloïdes : la rolule , qui tient lieu d’oiécrâne, comme plusieurs anatomistes l’ont démontré, et au-dessus de la rolule, une empreinte musculaire, comme on en Irouve une au- dessous de l’olécrâne. Lorsque la jambe est fléchie.

PARALLELE DES EXTREMITES.' 026

«lie exécute un mouvement de l’otalion qui tient lieu de supination et de pronation , sans rien oter à l'ar- ticulation du pied avec les malléoles. 11 est donc facile de voir que le tibia n’est qu’un cubitus renforcé, qui s’articule avec le pied , et qui exécute tous les raouvernens , et que le péroné l'épond au l'adius, dont il conserve à peine quel((ues usages, parce qu’il im- portoit au mécanisme de l’extrémité inférieure de per- dre de vue la mobilité, pour ne songer qu’à la solidité des j^ieds.

M A 1 K. PIE U.

4“. La main et le pied se ressemblent principa- lement dans le nombre et dans la structure des doigts et des 03 qui les soutiennent: mais les dilférences sont si marquées dans le carpe et dans le tarse, que l’on desespereroit volontiers de pouvoir rapprocher ces deux objets. Si cependant on compte les pièces qui les composent , on en trouve à-peu-près un égal nombre , et cette analogie doit en faire soup- çonner de nouvelles; mais auparavant, il est à propos de raisonner sur les usages auxquels la main et le pied sont destinés, et sur les besoins auxquels ces deux pai fies doivent satisfaire. Pour que l’appréhen sion et 1 exploration se fissent commodément, ilfalloit que le plan de la main et celui de l’avant-bras fussent presque continus, autrement le radius n’a uroit pu promener la main sur les objets qu’elle devoit con- noître ou saisir; le pied devoit au contraire être disposé de façon que la partie postérieure fût un léiver commode pour les puissances musculaires, et un appui

526 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

siir pour la ruasse du corps qu'elle soulienl : il fallolt donc qu’elle fût prolongée. D’un autre côté, l’articu- lalion du pied avec la jambe ne devoit se faire que par le moyen d’un seul os, sans quoi elle n’auroit pas cté solide. Enfin, comme c’est la partie tibiale du tarse qui , dans le marcher, se meut principalement sur la portion métatarsienne, et que c’est la partie la plus mobile, à laquelle, dans presque toutes les articulations, la tète appartient, il fallolt que dansle tarse, elle appartînt aux os de la première rangée-, dans la main , au contraire , c’est la portion méta- carpienne du carpe qui se meut principalement sur la premièi’e rangée , il falloit donc que la tête appar- tînt à la seconde rangée dans le carpe. D après ces

réflexions, nous pouvons rendre raison des difl’érences et dest-apports qui se trouvent entre ces deux parties.

Le grand os cunéiforme s’articule avec les deux premiers os du métatarse, et avec le scapliojde et 'les deux premiers os du métacarpe. Le trapezoïde tient le milieu entre le trapèze et le grand os qui , tous deux le surpassent en grandeur, comme le second »jt le troisième du métacarpe dans la main. I^c cu- boïde ressemble en tout à runcifonne ; comme lui, il soutient deux os , par la face antérieure; il a un tubercule inférieurement, comme lin il est incliné cl approche de la forme triangulaire. Le sca- phoïde, dans le pied comme dans la main, soutient les trois pi'emicrs os de la seconde langec , mais position est inverse, pour les l'aisons que nous avons exposées plus haut.

PARALLELE DES EXTREMITES. 027

L’astragal ressemble au sémi - lunaire , auquel ou auroit ajouté la tête du grand os. Dans celte suppo- sition ^ on y relrouveroit les faces articulaires, laté- rales et supérieures, le bord ti’anchant, la face concave, et la tête articulaire , qui auroit été transposée; enfin , le calcanéum est, comme le triangulaire, placé en dehors, et s'articule avec le cuboïde, qui répond àl’un- ciforme, et le gros tubercule du talon répond à l’os pisiforme que l’ou supposeroit soudé avec la pointe du triangulaire. Les principales différences que l’on observe , consistent donc dans la forme du calcauéum , dans la -position inverse du scaphoïde , et dans la t^nsposition de la tète articulaire, qui, dans l’ex- -Irémilé supérieure, tient au troisième os de la pre- mière rangée , tandis que , dans l’inférieure , elle lient an second os de la première ; dans la plante du pied , on trouve, comme dans la paume de la main, les éniinences qui reçoivent les insertions des muscles. Le crochet de l’unciforme, répond à la tubérosité du cuboïde, l’os pisiforme au calcanéum, la base du premier cunéiforme à l’éminence du trapèze, et la petite tubérosité du scaphoïde à celle de l’os qui porte le même nom. L’analogie est donc complète et s’é- tend plus loin que l’on ne s’y seroit attendu, d’après la première inspection des pièces.

M É T A C A R 1> E. M ÉT A TARSE, DOIGTS.

Les rapports du métacarpe et du métatarse , et des doigts les uns avec les autres, sont si sen^ib-les ,

5a8 SCIENCES PtI,YSIOL. ET xVTEDIGALES.

qu’il ne faut que les indiquer. 11 suffira d’observer que si la face articulaire antérieure du premier cunéiforme étoit plus sur le côté et en-dedans , que si le premier os du métarcarpe étoit détaché et plus mobile, et les phalanges plus allongées , ces deux organes seroient les mêmes en tout point.

Les parlies'osseuses qui composent les extrémités antérieures et postérieures des quadrupèdes, n’ont pas moins de rapport entr’elles que celles qui com- posent les extrémités supérieures et inférieures dans j’horame. Déjà, nous avons fait voir les rapports de l’os des îles et de l’omoplate dans les quadrupèdes; nous avons aussi fait remarquer ceux de l’avant-bras des fissipèdes, avec leur jambe qui ressemble beau- coup à celle de l’homme. L’humérus et le fémur , dans tous les quadrupèdes, sont tellement semblables qu’il suffit de b s voir l’un après l’autre, pour s’en convaincre. Il ne nous reste donc pim qu’à faim connoitre les rapports de la jambe et de l’avant-bras, du tarse et du carpe dans les quadrupèdes à canon qui, comme M. IVAubenton l’a démontré, sont les plus éloignés de l’homme. Dans ces derniers, le cubitus est le plus court des os de l’avant - bras : c'est un véritable os styloïde, terminé par une grosse apo- physe. Le péroné ressemble exactement à un os styloïde; l’avant-bras et la jambe sont donc formés par deux os très-considérables, qnisont, le radius et le tibia, et par deux os styloï'des, dont 1 un a une

grosse apophyseque l’on ne remarque poiutdans 1 autre,

Pt qui paroit avoir été transportée cn-devaul, pour

PARALLELE DESEXTREMITES. 529

former la rotule. Le radius est donc l’os le plus iuipor- tantde l’avant bras, puisque, plus nous nous éloignons de l’homme , plus nous voyons qu’il augmente, etqu’enfm il reste presque seul dans les solipèdes, dont le cubi- tus est réduit presqu’à rien. liC tibia conserve la même étendue dans l’extrémité postérieure dont le peione est tellement diminué, qu’on en retrouvera à peine quelques traces.

TARSE. CARPE.

lie tarse et le carpe, dans les solipèdes, ont moins d analogie que dans l'iiomnir. Prenons le cheval pour •exemple. Le calcanéum et l’astragal, mal à propos appelés os de la poulie, sont tellement conformés, quon ne peut leur trouver de ressemblance aveo aucun os du carpe; mais le trapezoïde, appelé grand os pai quelques uns, ressemble beaucoup aux deux scaphoïdes du (arse ; le cuboïde, mal à propos appelé dillorme , et le pyramidal, semlilen t être un assemblage de petits os que, dans le carpe, on nomme trian- gulaire et cunéïlorme, de sorte que l’on trouve toujours assez de rapports pour justifier notre proposition; d ailleuis, le canon, le paturon , la couronne et le pied se lessemlilent tellement dans l’extrémité pos- térieure et antérieure, que les légères différences du tarse et du carpe n’empèchent point l’analogie de sub- sister entr’elles; il est même essentiel de remarquer que le métacarpe et le métatarse et les doigts de l’une tit de 1 autre extrémité se ressemblent aussi parfai-

35o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

lement dans les fissipèdes, et que l’homme est celui de tous les animaux dans lequel ces parties diffèrent lo plus l’une de l’autre : observation importante et qui peut donner la solution de plusieurs problèmes pro- posés depuis long-temps, et résolus différemment par différens philosophes.

PARALLÈLEDES MUSCLES QUI COMPOSENT

les extrémités.

lies rapports ne sont pas moins sensibles entre les muscles des extrémités , qu’ils ne le sont entre les pièces osseuses qui les composent. On observe aussi entr’eux des différences , mais elles sont relatives aux usages parlicQliers , el il est toujours possible <Veu rendre raison; par exemple: l’os des îles, qui doit être regardé comme une espèce d’omoplate , n a cepen- dant ni releveur propre, ni trapèze , ni grand den- telé. Ces muscles auroient été de trop, puisque son articulation avec l’épine n’empêche p^s lesmouveinena auxquels ils sont destinés. Le quarré des lombes est le seul qui puisse avoir quelques rapports avec le rhomboïde. Au moins, ses insertions sont a-peu-pres

les mêmes.

Il n’en est pas ainsi des muscles qui meuvent le fémur ; ils ont de grands rapports avec ceux de l’humérus: le grand léssier fait , dans l’extremite in e- rieure, les fonctions du deltoïde j comme lui, il est formé par un grand nombre de muscles subalternes, «omme lui, il s’insère dans le voisinage des apophyses

PARALLELE DES EXTREMITES. 55i

qu’il recouvre en partie , et à la région postérieure de l’os des îles qui répond à la crête de l’omo- - plate.

Le muscle iliaque et le psoas tiennent la placedu sous- scapulaire , et leur tendon combiné s’insère à la petite t ubérositéqui, dans le fémur, s’appelle petit trochanter. Le moyen et le petit fessier sont situés, comme le sous - épineux ; mais ils sont , principa- lement abducteurs , dans l’exfrcmité supérieui-e; au conti’aire , les muscles et la fusse sous-épineuse sont prim ipalement rotateurs; cette difl’érence tient à ce que 1 os des îles doit être regardé comme une omo- plate inverse , dont l’apophyse coracoïde seroit tournéo ên bas et en arriéré, et avec laquelle l’os luiniérus qui lient lieu de fémur , s’arliculeroit eu sens con- traire, et de sorte que les deux tubérosités fussent dirigées vers la fosse sous- épineuse qui répond à la fosse iliaque externe; alors, les muscles qui s'y insè- rent deviendroient abducteurs au lieu d’ètre rotateurs, comme dans l’épaule, par la raison des contraires, les obturateurs qui sont placés entre les apophyses, le quarré et les jumeaux , qui tiennent lieu du sur- épineux, sont simples rotateurs, quoiqu'ils soient placés comme les courts releveurs de l’huraérus. Les abducteurs du fémur ont aussi quelque rapport avec le grand pectoral, et le pectinée en a de très-marqués avec le petit pectoral qui , dans l’extrémité inférieure, ne devoit point agir sur l’os qui tient lieu d’omo- plate, mais porter toute son action sur le fémur qu'il rapproche en se fléchissant. Le muscle du fascia lata

553 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

tient aux aponévroses tle la cuisse et du grand dorsal, dont il semble êti’e une continuation.

Les mêmes observations peuvent se faire sur les muscles c|ui meuvent la jambe et 1 avant'bias^ la Ion* gue tète du triceps s’insère au-dessous de la cavité glénoïdale de l’omoplate , comme le droit antérieur, au-dessus de la cavité articulaii’e fémorale. 11 faut toujours se souvenir que , d’après nos réfléxions , l’épine inférieure et antérieure de l’os des îles répond à la tubérosité qui est au-dessus de la cavité articu- laire de l’omoplate ; les deux vastes répondent aux d eu x anconés latéraux ; le couturier est un muscle ajouté pour opérer la flexion de la jambe, pour la porter vers sa semblable, de sorte que toutes deux se croi- sent, et pour soutenir avec force, dans la station et dans le marcher ,1a masse du bassin qui porte à faux sur la tête fémorale. Or, il n’est aucun de ces mou- vemens qui ne soient inutiles dans 1 extrémité supé- x'ieure.

Les muscles postérieurs de la cuisse , quoique moins nombreux que ceux qui sont placés à la partie ante- rieure du bras, ont cependant une structure et des usages analogues. Le biceps se joint au demi-nervcux comme il le fait avec le coracobracliial , dans l’ex- trémité supérieure , il s’insère à la tubérosité qui lient lieu de bec de coibeau , et s’attache au péroné qui répond au radius. Le muscle qui répond au brachia , a été dirigé du côté de l’extension , dans l’extrenule inférieure -,1e crural lui ressemble beaucoup. Nous avons déjà trouvé plusieurs exemples de parties ainsi

PARALLELE DES EXTREMITES. 355

transposées; le demi-membraneux et le droit interne sont encore des muscles ajoutés comme le couturier; la flexion et l’exlensiou de la jambe dévoient se faire avec une force bien plus considérable que celle de l’avant-bras, dans lequel la pronation et la supi- nation importoient au moins autant que les mouve- mens par lequel il se fléchit et s’étend. Le petit anconé est ainsi transposé dans l’extrémité inférieure, au lieu de se trouver auprès de la rotule qui tient lieu d’ülécrâne ; il est placé dans le pli du jarret il s'insère au condyle externe, comme dans le bras: il étoit nécessaire danscet endroit, pour faire , la jambe étant fléchie, les mouvemens de rotation en-dedans, qui répondent à la pronalion ; ceux qui se font en- dehors et (pii répondent à la supination, sont exé- cutes par le biceps. Ce muscle est donc supinateur dans les deux extrémitésjce qui établit encore entr'elles une nouvelle analogie.

Les muscles qui s’insèrent à la jambe et à l’avant- bras, et îueuvent les doigts, ont une même structure

et mêmes usages; ceux qui sont destinés aux mou- vemensdu carpeetdu tarse offrent plus de différences; on aperçoit cependant plusieurs rapports entre le cubital externe et le jambierantérieur, entre lespéro- nieij et les radiaux ; et si les insertions de leurs tendons ne sont pas les mêmes , c’est que , dans le pied Il etoit important qu’ils s’étendissent d’un bord à 1 autre, afin que les plus grands eflbrts eussent pour eSet principal de faire bomber le pied et d’en rap- procher les pièces. Le plantaire grêle répond encore

5?54 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES, au grêle palmaire. Le solaire et les jumeaux sont des muscles ajoutés pour l’extension du pied, comme les supinateurs et les pronateurs le sont dans l’extrémité supérieure, pour la facilité des mouveraens que la main doit exécuter. On trouve donc partout le même modèle , avec quelques transpositions ou quel- ques additions qui ne font que confirmer l’analogie , loin delà détruire.

Les extrémités des solipèdes et des lissipèdes ont un grand nombre de muscles qui sont les mêmes que ceux de l’homme : alors les mêmes rapports subsis- tent. Les muscles qui offrent les prinripales diffé- rences , se rencontrent également dans les quatre extrémités: dans le chien , par exemple, les extenseurs de l’avant-bras sont en plus grand nombre que dans l’homme: les extenseurs de la jambe et les muscles qui répondent au droit antérieur sont aussi plus nom- breux; le biceps brachial n’a qu’une tête : de même, le biceps fémoral n’en a qu’une; dans le cheval, le muscle que l’on appelé omo brachial est un coraco- brachial ; celui que l’on appelle abducteur de l’humérus est un grand rond : le long et le court néchisseur de l’avant- bras tiennent lieu de biceps: le biceps fémoral elle grêle interne l'épondenl aux adducteurs ou triceps cruraux : la principale différence consiste dans les extenseurs de l’avant-bras, que l’on cora])le au nombre de cinq ; aussi , les extenseurs de la jambe sont-ils plus exprimés et plus considérables propor- tionellement que dans l’homme: les autres muscles destinés au mouvement du canon et du pied sont

PARALLELE DES EXTREMITES. 555

moins nombreux , mais ils répondent tous à certains muscles de l’extrémitc humaine , et conservent la même analogie , avec beaucoup moins de difl'érence.

parallèle des vaisseaux et desnerrs

QUI entrent dans la composition

des extrémités.

La distribution des vaisseaux sanguins et des nerfs se fait aussi de 1a même manière dans les deux extré- mités. L’artère axillaire répond à l’iliaque; la mam- maire externe qui se distribue aux muscles pectoraux, et les rameaux qui fournissent au coraco - brachial et au biceps , répondent aux branches hypogastriques qui passent, soit au -dessous du pubis, soit par le tiou obturateur, pour se distribuer aux triceps, à la tete du biceps et du demi-nerveux. La torachi- que inférieure se porte le long de la cote de l’omo- plate, comme le rameau externe de l’iliaque se contourne le long de la crête de l'os des îles. La scapulaire interne se distribue au sous -scapulaire, comme les artères iliaques , aux muscles qui portent le même nom ; la scapulaire externe passe par l’échan- cruie de 1 omoplate, et l’on doit se souvenir que la côte supérieure répond à la région sciatique de l’os des îles par l’échancrure de laquelle passe l’artère qui porte le même nom, et leur distribution se fait aux: muscles analogues. L’humérale se distribue au del- toïde , comme la fessière, dans le muscle qui en tient heu. Enfin, 1 épigastrique répond à la mammaire

556 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

interne, avec laquelle elle s’anostomose 5 ne seroil-il pas à-propos de renlarq\ier que ces rapports cons- tamment observés dans les os, dans les muscles, et dans les vaisseaux des parties qui forment le bassin , et de celles qui sont placées sur le devant et sur le côté du thorax doivent faire soupçpnner entr’ellcs une sympathie très-grande^ c’est aussi ce que l’ex- périence journalière confirme. Si l’on poursuit plus, loin les ramifications artérielles , on trouve- des mus- culaires et des collatérales qui sont les mêmes dans les deux extrémités. L’artère se comporte dans le pli de la jambe comme dans celui du coude 5 la péronière répond à la radiale, et les tibiales antérieures et pos- térieures aux deux artères cubitales et interosseuses de l’avant - bras.

Les nerfs qui accompagnent les artères du bassin et de l’omoplate ont entv’eux les mèmesrapports, et il seroit Inutile de les répéter ; on y trouve de même un rameau qui naît comme le diaphragmatique, et que l’on connoît sous le nom d’obturateur : à l’égard des autres, il nous suffira d’observer que le médian, le radial et le cubital naissent priiicipaleineni des der- nières paires cervicales et de la première paire dor- sale, comme le sciatique naît des derniers spinaux ; au contraire , les cutanés doivent leur naissance aux paires cervicales supérieures , comme le crural doit la sienne aux paires lombaires , qui sont au - dessus des nerfs sacrés. Le sciatique semble donc tenir heu du médian, du cubital et du radial ; comme eux il donne des rameaux à tous les doigts inferieurs-, le

PARALLELE DES EXTRE\[ITÉS. % sciatique externe tient lieu du cubital, les nerfs plan- taires internes et externes tiennent lieu du radial et du médian, et le crural fournil les nerls musculaires et saphéens qui répondent aux deux cutanés de 1 ’ex- tiéraité supci'ieure ; au reste, dans l’une comme dans l’autre, ils ont un caractère qui semble être particu- lier aux nerfs de l’épine, et surtout à ceux do la queue de cheval; c’est qu’ils sont longs, grêles et qu’ilsfont beaucoup de chemin avant d’arriver à leur destination.

Nous finirons nos recherches, que nous conve- nons être de pure curiosité; mais l’Anatomie éclaire le philosophe, comme elle instruit la médecine, et Fou ne peut disconvenir qu’il éloit inléres.sant decon- noitre jusqu’à quel point la main, cet organe auquel nous devons tant de connoissances, peut ressembler au pied; c’est ce que nous avons lâché de faire, en comparant les différentes parties qui composent les extrémités, et nous croyons avoir rigoureusement emontré la vérité de ce vieux adage qui dit que le pied est une seconde main ipes altéra manus. ( r )

d W Y'"" de CCS rapprochemens que Vîcq-

P aine, dit-il, une main remplace le pied antérieur des au-

.tira 9». rtlme sJZZZ

. M. suüon p.rpt.dicul.ire h.bhuelle « facile , parce que lui

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nature, a. prévoyautc Jau. t.u. .et acte., lui a duuaé d.,,'

U2

M É M 0 I P. E

Sun. la structure de l’organe de l’ouïe des oiseaux com- paré avec celui de l’iiomme , des quadrupèdes , des rep- tiles et des poissons.

J)e toutes les propriétés particulières aux animaux, la sensibilité est celle qui les distingue le mieux d’avec les corps dont ils se rapprochent le plus , tels que les plantes ; ceux dans lesquels elle a le plus d in- fluence , sont regardés comme les plus parfaits , et la pulpe nerveuse qui en est le siège , semble être destinée à établir une liaison constante entre les corps auxquels elle appartient et tout ce qui les environne.

C’est pour -celte raison que la description des nerfs et celle des organes des sens dans lesquels ils se dis- tribuent , ont toujours fixé l’attention des physiciens ,

membres înférîeurs pour porter son corps , et des membres supé- rieurs pour disposer des objets qui l’entourent , et les mettre a sa portée. La main surtout détache l’homme des autres espèces d ani- maux , et s’il a une si grande supériorité , c’est que la nature lui a

donné la main , nous dit Anaxagore.

rayez Aristote , 7//sf. anim. Ub. i , de partibus ; Galien de usa

^Depuis Vicq-d’Azyr, un autre anatomiste, Falguerollcs , a

publié un mémoire sur le parallèle de.s membres, sous le titre le

l),.,ert de ExUerrnt. ^nalofr. Erlang. lySS- M- Cliauss.er a tra le même sujet, avec une certaine étendue . dans son Exposition de, muscles, .7«y. On peut , en outre , consulter le. Traités de Soein- merins et de Dumas , sur le même sujet.

DE L’OUIE DES OISEAUX. 35y mais il ne suffit pas de connoîti’e leur développe- ment dans une classe d’animaux ; ce n’est qu’en faisant un tableau dont l’anatomie comparée peut seule ofl'rir 1 ensemble, qu’il est possible de déterminer leurs rapports et leur étendue respective dans le système général des corps organiques.

Il est vrai que, pour obtenir des résultats satis* laisans , on doit supposer un nombre prodigieux de conuoissances acquises dans l’anatomie des dilfé- rcns animaux; il s’en faut bien que l’on soit assez avancé pour que l’iiisloire de tous les sens puisse être traitée de cette manière.

. L’organe de l’ouïe est un de ceux que l’on a exa- minés avec le plus de soin, surtout dans l’homme et dans les c|uadrupèdes.

Nous avons cru devoir placer ici une courte des- cription de 1 oreille de l’hoinme , que l'on peut regai- der comme le modèle le plus parfait , et qui d’ailleurs sera le point central de toutes nos comparaisons dans ce Mémoire.

En dehors, une conque figurée commeun pavillon, et un conduit externe, tortueux et oblique , sont des- tinés à transmettre les sons jusqu’à une membrane élastique et tendre comme celle d’un tambour; les fiémissemens ébranlent trois osselets que deux muscles meuvent et qui sont placés dans la cavité du tympan; celle-ci communique avec la bouche par un conduit appelé irowjje d'Eustache; avec la partie postérieure de la tele, parles cellules mastoïdiennes : et avec le labyrinthe, par deux ouvertures appelées des uoms

5io SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

de fenêtre ronde et ovale-, un des osselets qui est im- planté dans la dernière , propage le mouvement jusqu’au labyrinthe -, ses impressions y sont reçues par une pulpe nerveuse qui se distribue dans trois con- duits ovales et demi- circulaires, et dans une spire osseuse très-élégamment contournée , et que 1 on a comparée à un limaçon : une humeur lymphatique maintient la souplesse de celte pulpe et peut être résorbée dans l’intérieur du crâne par deux conduits appelés acqueducs de Cotunni.

On sait que ces grosses masses vivantes qui habi- tent les mers les plus profondes, et que l’on connoît sous le nom de cétacées , sont pourvues de l’organe de l’ouïe : le poisson muet est sensible à l’impression des sons , sans pouvoir en produire aucun ; 1 animal qui rampe , le froid reptile, entend aussi, et la struc- ture de son oreille n’a point échappé la curiosité des anatomistes. MM. GeoEfroy et Camper sont ceux qui se sont le plus distingués dans ce genre de

recherches, (i) ^ ^

C’est pour compléter ces travaux , que je me suis déterminé à faire connoître l’organe de l’ouïe dans les

oiseaux , dans tous ses détails.

Leur voix est très-étendue , et dans un grand nom- bre d’espèces, elle est très -mélodieuse; un double larynx et une trachée-artère très-mobile, et quel-

(0 7’ni nnsM ilonné la .Icscnptlon .1. Vorgan. J. l’o«ïe

ilans d.ux mAmoir., sur l’auatomle de «. animaux, inq.nmca

purtul ceux dütt dtrau^ers.

DE L’OUIE DES OISEAUX.

quefois même singullèreraent recourbée , eu sont les instnimeus; mais un animal qui produit une suite de sons doit prendre quelque plaisir à les entendre ; la mélodie de la voix suppose donc une grande perfection dans l’oreille des oiseaux.

Parmi les anciens, Ælien {Uh. Il , cap, 12), Aristote ( lib. IX. ,cap, Ô9)et Pline en ont à peine en quebjue connoissance j ils av'oient seulement observé que les oiseaux sont très-sensibles au bruit , quei’édu- cation peut leur apprendre à former les sons les plus agréables , et que cependant ils manquent d’oreille externe. Parmi les modernes, Aldrovande , Peyer {obs.pag, 45 ), Uerliam , (1) Perrault et Urich , ont parlé de l’osselet que le tympan contient : il en est aussi fait mention dans les l'ransactions philoso_ piiiques, n . 199, et Haller l’a décrit dans le tome V®. de sa Physiologie, page 2i5; la trompe qui établit la communication entre le tympan et la partie in- terne et postérieure du bec, est annoncée dans le Ji . iigdes Iransactions philosophiques ; enfin les conduitsdemi-circulaires ont été décrits par Perrault, qui en a mèjue donné une figure accompagnée d'une explication Ircs-succincte , par Schelammer , et dans les I ransactions philosophiques, n". 29g.

Mais quoique les parties les plus essentielles à l’or-

(1) Derham l’a représenté dans la vingt - troisième figare qui est très-défectueuse; il place un triangle sur l’osselet , et la loneue branche n y est point exprimée. Voyez aussi Ma,, anat. planche t

542 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

gane de l’ouïe des oiseaux soient connues , elles n’ont pas été décrites avec assez de soin : il y en a d’ail- leurs quelques-unes dont on n’a fait aucune mention , et nul auteur n’en a présenté l’ensemble.

Afin de remplir le mieux qu'il nous sera possible le but que nous nous proposons dans ce mémoire, nous donnerons d’abord une explication exacte de la structure de cet organe: nous le comparerons ensuite avec celui des autres animaux qui en sont pourvus, et nous finirons en faisant quelques réflexions sur la perception des sons en général.

ARTICLE PREMIER.

Un examen attentif de l’organe de l’ouïe des oi- seaux présente le conduit auditif externe , la mem- brane du tympan, le tympan lui- même, l’osselet conique qu’il renferme, le conduit qui tient lieu de trompe d’Eustaclie, le labyrinthe, les conduits demi- circulaires, le conduit droit, le nerf auditif et les ouvertures internes.

Dans la région externe , on aperçoit le con- duit auditif; il est environné de plumes qui ont une structure particulière: elles sont divisées en un grand nombre de filets longs , grêles, égaux de chacpie côté et assez écartés les uns des autres, comme on peut le voir dans la figure 7 ; presque tous les oiseaux ont

ces plumes symétriquement sur plusieui s lignes, elles

sont très-élégamment disposées dans le cotinga ordi- naire , ainsi que dans celui dont le bec est surjnonté

345

DE L’OÜIE DES OISEAUX.

par un appendice, dans l’allouetle de Cayenne, dans la tourterelle des bois, et même dans le roitelet; dans quelques-uns, leur foi-me est des plus agréables ; l'oiseau -mouche de Cayenne et roiseau-mouclie à oreilles en fournissent des exemples; dans l’oiseau de Paradis à gorge dorée, décrit par M. Sonnerat,.et connu maintenant sous le nom de fîJileL, elles sont très-longues et terminées par une lentille de belle couleur; dans le grand et le petit duc, elles forment une espèce de bouquet; dans le clial-liuant , toutes les plumes qui environnent les yeux et le bec ont le même caractère ; dans le cazoar et l'autruclie, au contraire, les parties latérales de la tête sont nues et absolument à découvert.

Le conduit auditif des oiseaux est ligamenteux , oblique, arrondi , assez court, soutenu sur un bord ci'eux qui le l'étrécit, et très- mobile; le muscle cio- taphyte adhère à sa paroi antérieure: deux petits muscles sont situés en bas et en arrière, et parois- sent destinés à se mouvoir et à redresser les plumes qui sont courbées sur son ouverture.

2°. La membrane du tympan, placée au fond du conduit auditif, est tournée en devant, elle s’insère à un contour assez inégal: sa forme est ovale, et son volume est très-grand par rapport à celui de 1 oiseau ; elle fait une saillie en dehors; on y trouve trois lames ; l’interne et l’externe sont fournies par le périoste; la lame moyenne est très-mince, trans-

pai ente , imperforée , la 5 représente la mem- brane du tympan en i, B.

5 U SCIENCES PH YSIOL. ET MEDICALES.

5°. Le tympan offre une cavité qui est simplement arrondie dans quel(|ues oiseaux, comme flans les gal- linacées; et qui, dans la chonetle et dans plusieurs autres, est divisée par une saillie Iransveisale ; ces différences sont exprimées dans la première et dans la troisième figure'. J’ai trouvé cinq ou voitures princi- pales dans le tympan, trois conduisent au tissu cellu- laire osseux: la première est très élevée et se dirige obliquement 5 la seconde est situeedans le tissu réti- culaire du crâne ^ la seconde est placée en arrière j on les volt en A ,D,C. Les deux autres sont : i°. celle qui communique avec le labyrinthe , et qu on appelle \a,fenêtre ovale; l’orifice de la trompe d’Eustac lie , que j’ai été surpris de trouver aussi considérable ; ces deux

ouvertures sont représentées en D , E.

4“. Un osselet conique , appelé Columella par Srhelammer , est placé dans le tympan ; sa base qui

ressemble à un petltparasol, est l'ermée par une plaque osseuse arrondie , qu’une membrane assujétit dans l’ouverture ovale: le manche ou pétiole, plus étroit dans le milieu , augmente un peu de volume auprès de la membrane du tympan à laquelle il adhéré; dans ce contact, on voit deux petites branches de longueur inégale qui l'ont un angle aigu avec le manche de l’osselet. Il m’a semblé quelquefois qu’une de ces deux branches étoil musculaire ; la plus longue ne se trouve pas dans tous les oiseaux ; je 1 ai obser- vée constamment dans les gallinacccs: elle est liés déliée , et elle se porte le long de la membrane du

tambour, à-peu-près suivant la direction de la trompe

DE L’OUTE DES OISEAUX. 545

d’Enstache; l’autre , plus courte, plus grosse, et qui se trouve clans tous les oiseaux, s'allaclie à la même membrane dont elle mesure la convexité, et elle s’insère auprès de l'ouverture ovale ; on les voit toutes deux en J , g" ^ l’osselet est représenté en D E: ce dernier est quelquefois environné par plusieurs filets liganienleiix très-fins; on n’y observe rien de plus; Derliam a donc eu tort de le représenter connue surmonté par un appendice triangulaire qui déborde des (leux côtés.

5". 'J’out l’appareil de l’organe de l’oine , dans les oiseaux, est entoure d un tissu spongieux très-étendu , dont les cellules communiquent entr’elles d’un côté de la tète à l’autre et avec le tympan; la base du crâne est également creusée par des cavités rélicu- laii es qui s étendent jusqu’à la membrane supérieure, de sorte que les conduits demi-circidaires se trouvent comme isolés, et placés librement au milieu d'im espace assez considérable : ces ravi lés paroissent en E, F.

6“. Le conduit qui tient lieu de latrompe d’Eustache est étroit et un peu aplaiti; il est placé en bas, et. j1 s ouvre antérieurement vers les deux petites faces ailiculaires sur lesquelles le mouvement de la partie supérieure du bec s’exécute.

7°. La cavité du labyrinthe est ronde et fort étroite ; une pulpe neivense très-fine y est répandue: une seule ouverture communique avec le tympan, et cest par le moyen de l’osselet conique implanté dans celte ouverture, que la pulpe nerveuse est ébranlée.

h\ Les conduits demi- circulaires sont au nombre

316 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

de trois-, deux , inégaux en grandeur , sont verticaux : le troisième est horizontal j le grand conduit vertical est incliné de devant en arrière: le petit conduit perpendiculaire est situé xibliqueinent de droite à gauche , et il coupe les deux autres à angle droit -, le conduit demi - circulaire horizontal s’ouvre par ses deux extrémités au niveau de celles du grand con^ duit perpendiculaire. J’ai trouvé dans plusieurs oiseaux

des renflemens vers leurs orifices, qui en augmentent

l’étendue et la surface; on voit ces trois conduits dans la fisurei,eües renflemens A'ausU figure 6 , en H ,C. J. On aperçoit à la partie interne du labyunthe

un prolongement figuré, comme une portion de con- duit demi-circulaire , avec cette différence qu il est droit; il forme en bas et en arrière une espece de cul-de-sac. Pérault le regardolt comme un limaçon ; mais outre qu’il n’y a ni rampe m cloison quelcon- que, il ne communique point immédiatement avec le tympan par une ouverture qui puisse etre corn- fe’nèt.a rcule, de .or.e ,u'il ..'a aucun de.

caraclèrcs du coclea : on le voit on / e en 10". Dan. la tégion interne et postérieure du erane on trouva quatre ou cinq ouverture, remarquable

plus grandes ne coinniuniquen, P-- avec o - gane de l’ouie ; deux plus petites donnant passag

aux nerfs qui y sont destinés.

lia plus grande de ces ouverlmc.s e p ^ .

milieu d’une excavation étroite

répond au grand conduit ,

plLiercoup d’ccil pour la conduit auditll Intel n

DE L’OUIE DES OISEAUX:. 5^7 mais elle ne contient qu’un prolongement de la subs- tance cérébrale, avec quelques vaisseaux qui m’ont paru sortir pai‘ son exti’émité.

La seconde des ouvertures, qui ne communique point avec 1 Organe de l’ouïe, est située en bas et en arrière.

Les nerfs auditifs naissent de la moelle allongée pjès du cervelet 5 ils passent par des ouvertures trés- lappiochées et fort étroites, qui sont représentées eu E, ils sont eux-mèines très-minces; un des deux est plus gros et fait un trajet plus considérable.

J ai cru que je rendrois mon travail plus complet en recherchant la structure de l’organe de l’ouïe dans l’autruche, qui, comme l’on sait, est un oiseau très- pesant et pour ainsi dire attaché à la surface de la terre; et dans la chauve-souris, animal dont la forme bizarre semble réunir les caractères des quadrupèdes avec ceux des oiseaux , et qui , habitant le même élément que ces deiniers, pourroit être soupçonné d’avoir, dans la structure de l’oreille, de grands rapports avec eux. M. d’Aubenton m’ayant procuré une léfe d autruche, je l’ai disséquée avec beaucoup d’attention; les conduits demi-circulaires m’ont paru peu étendus et fort étroits, vu le grand volume de 1 oiseau , et je n’y ai trouvé que l’ébauche du conduit droit: l’organe de l’ouïe de l’autruche n’est donc pas aussi bien développé que celui des autres oiseaux : ceux-ci étant en effet souvent placés au centre d’une sphère irès-élendue ,avoient besoin de conduits auri- culaires très-ouverts et très-vibralils.

Pour ce qui est de la chauve-souris , l’organe de

548 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES.

l’ouïe de Cel animal, dont aucun anatomiste n’a fait la description , l’éloigne de la structure des oiseaux pour le rapprocher de celle des quadrupèdes ; la dissection in’y a fait voir un pavillon cartilagineux très ample : un tympan forme par une cavitéshpérique et transparente ; une membrane qui s’y inséroit obliquement; trois osselets, dont un tenoit lieu de marteau, avec une apophyse grêle très- prolongée , et un muscle très-exprime, un limaçon contenu dans un tubercule que le tympan renfermoit , et trois conduts demi-circulaires.

Les oiseaux dont j’ai disséqué 1 organe de 1 ouie , sont le coq -d’Inde, la poule, le pigeon, la chouette, la pie, le geai, la tourterelle, le pic- vert, le canard, le moineau et le serin.

A RTICLE I I

La description qui a ete faite de 1 organe de 1 ouïe des animaux , la force et la mélodie de leur voix , et surtout cette extrême sensibilité au bruit , qui , en les avertissant du moindre danger, rend leur fuite aussi prompte qu’utile en une inlinité de cii’constances, suffisent sans doute pour faire connoître combien ce sens est parfait dans cette classe d animaux; mais nous en apprécierons plus facilement les rapports en comparant les didérenles parties qui le composent , avec celles que l’anatomie a démontrées dans l’oreille de l’homme, des quadrupèdes, des reptiles et des poissons.

DE L’OUTE DES OISEAUX. 51;i

L(i conque audilive sert clans l’homme et dans les qnadrupèdesù réunir et à diriger les vibrations sonores versle tympan ; cette partie manque dans les oiseaux ; elle auroit peut-être nui dans le vol , eu augmen- tant le poids et l’éteudue des parties antérieures du coi ps : clans plusieui’s reptilc;s et dans les poissons, il ny a pas même de conduit auditif extei ne.

D’usage de la membrane du tambour est de trans. mettre le son jusqu’au labyrinthe, par l’intermède d’un ou de plusieurs osselets; elle est très-grande et très déliée clans l’oiseau, elle fait saillie en dehors, dans riiomme, elle en fait une en dedans ; dans les .reptiles et dans les poissons , elle est très-J-paisse : et dans quelques-uns même, elle ne diffère pas de la peau qui recouvre le reste du corps.

La cavité du tympan est moins grande, relative- ment au volume du corps dans l’homme et dans les quadrupèdes, que dans les oiseaux; la conque , en réunissant un plus grand nombre de vibrations sono- res, supplée peut-être dans les premiers à l’étendue du tympan : et cette étendue est nécessaire dans les oiseaux qui , comme nous l’avons dit, n’ont pas de conque auditive : dans les reptiles , le tympan est étroit; et dans les poissons , il existe à peine: on ne trouve d’ailleursla corde du tambour ni dans ces derniers ni dans les oiseaux.

Dans l'homme et dans les quadrupèdes, la cavité du tympan est agrandie par des celulles qu’on appelle masto^chenms , et un assemblage de petits grain, oiseux recouvre les conduits demi-circulaires et le

55o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

limaçon ; dans les oiseaux , ces celulles n'existent point à la vérité , mais un réseau osseux très-étendu y supplée 5 et. environne tous les conduits qui sont presque isolés; la force des vibrations doit être aug- mentée par les ondulations de l’air qui y circule avec facilité j les ouvertures qui établissent une commu- nication entr’elles et le tympan , sont plus nombreuses dans les oiseaux que dans tous les autres animaux connus: on n’y trouve point de fenêtre ronde, non plus que dans les reptiles 5 dans les poissons, il n’y a pas même de fenêtre ovale.

Quelques reptiles, tels que la grenouille, ont, suivant la remarque de M. Geoffroy, la trompe d’Eus- tache courte et large: dans les oiseaux au contraire, elle est longue et étroite.

Les osselets du tympan sont destinés à communi- quer le mouvement jusqu’à la fenêtre ovale j dans tous les animaux qui ont un limaçon , on trouve trois osselets, le marteau, l’enclume et l’étrier; cette con- formation est celle de riiommeetdes quadrupèdes: les oiseaux qui manquent de limaçon n’ont qu’un osselet; dans quelques-iyis des reptiles qui ont des extrémités, il est figuré en platine comme dans 1 oi- seau. La figure 8 présente celui tle la tortue, dVgagé de toute adhérence; il est très- allongé; 011 le voit eu place dans la figiire 9 , en E D , et il tient a la mem- brane du tympan représentée en D dans Jtgure 10 ; celui du caméléon est plus grêle : la platine est fort étroite, et il se termine vers l’autre extrémité par un léger renflement ; ou le voit dans

OJI

DE L’OUIE DES OISEAUX.

1 1 , en DE cet osselet est isolé, et dans la figure 12 , il occupe sa place naturelle en G. Ces trois dessins ont été faits par M. Geoffroy lui-niênio , qui a bien voulu me permettre d’en faire usage; j’ai cru que celte courte description, en servant de pièce de comparaison pour mon travail, cornplétcroit celui des anatomistes sur l’organe de l’ouïo des reptiles qui ont des extrémités ; dans les reptiles allongés , l’osselet est très-irrégulier; dans l’oiseau, il supplée à l’étrier, et il est, comme lui, placé dans la fenêtre ovale : scs deux appendices paroissent répondre au marteau et à l’enclume. Dans les poissons épineux , .on trouve trois osselets aplattis et situés sur la pulpe auditive; et dans les cartilagineux, une substance friable comme de 1 amidon , en tient la place; mais ïl est essentiel de remarquer que c’est dans le crâne qu’elle se trouve, ainsi que les osselets, et non dans le tympan, dont les oiseaux sont dépourvus.

Les conduits demi-circulaires sont également au nombre de trois dans presque tous les animaux, si l’on en excepte peut-être quelques-uns des reptiles qui n’ont point d’extrémités : mais c’est dans lesoiseaux où, eu égard au volume du corps, ils ont incompa- rablement le plus d’étendue, ils sont d’ailleurs le plus élégamment contournés : ceux de l’homme se terminent sur le même niveau : dans l'oiseau, le petit conduit vertical descend plus bas que le grand, de toute la moitié de son segment.

Les reptiles et les poissons n’ont rien qui ressemble au limaçon ; dans les oiseaux, un conduit droit y supplée.

552 SCIENCES PUYSIOL. ET MEDICALES.

Tous les animaux dans lesquels on trouve la conque auditive, les trois osselets et le limaçon, ont aussi un conduit audilif interne : dans les oiseaux et dans les reptiles au conlraire, les deux ouvertures ner- veuses sont placées au niveau de la surface interne du crâne: de sorte que l’organe de l’oi.ïe des oiseaux, quoique beaucoup plus parfait que celui des reptiles, a cependant avec lui des rapports conslans.

Nous n’avons point parlé des insectes, parce que, quoique plusieurs, tels que la sauterelle et le grillon, appellent leurs femelles, on ignore cependant jusqu’ici comment la perception des sons se fait dans ces animaux.

ARTICLE III.

Ce tableau de comparaison , qui prouve combien les

travauxdesmodernesonl avancé l’analomiede l’oreille,

fournit immédiatement les conséquences suivantes:

1°. L’existence des osselets , si elle n’est pas essen- tielle , est au moins très-utile pour la perception des sons, puisqu’on la trouve sans aucune exception dans tous les animaux susceptibles de les entendre : mais il n’est pas nécessaire qu’il y en ait plusieurs, puisqu’un seul sulfit aux oiseaux et aux reptiles.

11 est également démont que les conduits demi-

circulaires sont une partie essentielle à l’organe de l’ouïe, puisqu’ils existent dans tous les animaux ou cet organe a été aperçu et bien décrit.

5“. Enfin, le limaçon, qui est particulier à 1 homme et aux quadrupèdes , u’cst pas iudispensablenient

555

' DE L’OUIE DES OISEAUX.

nécessaire aux fondions de l’oreille inlerne, puisque les oiseaux qui en sont dépourvus oiilendeni tirs-bien.

11 y a apparence ( nous prions qu’on veuille bien nous penueltre celle conjecture ) (|ue le limaçon forme avec les conduils demi- circulaires , dans chaque oreille, un double insirument composé de deux par- ties Irès-dislinctes, dans lesquelles la pçrceplion des sons se fait séparément, mais avec des rapports déter- minés, ee qui doit ajouter à l’Iiainionie, à la sensi- bililé.et pour ainsi dire à l’intelligence de l’organe.

Ne pourroil-on pas, d’après ces réflexions, consi- dérer le sens de l’ouïe sous un double point de vue ; premièrement, par rapport aux parties essentielles à sa structure, qui sont une membrane, au moins un Osselet , des conduits demi - circulaires et une pulpe nerveuse ; secondement , par rapport à ses parties accessoires, qui sont la conque, le conduit auditif interne, plusieurs osselets, des muscles, la corde du tympan , et surtout le limaçon? Ainsi les animaux dans lesipiels on a démontré cet organe^ pourroient être divisés en deux classes; les uns réunissent , en effet, toutes les parties qui le constituent; les autres , ont seulement celles que nous avons dit lui être es- sentielles. L'homme et les quadrupèdes doivent être rangés dans le premier ordre : outre que les oiseaux ' sont a la tête du second, on peut encore ajouter qu’ils ont les parties essentielles à l’organe de l'ouïe , les seules dont ils soient pourvus, beaucoup plus déve- loppées que l’homme et tous les autres animaux ; de sorte que Je sens de l’ouïe, dans les oiseaux, est aussi T. é.

554 SCIENCES PHYSIOl! ET MEDICALES.

parfait qu’il est simple, et jusqu’à ce que l’on ait déterminé avec plus d’exactitude l’usage de la lame spirale du limaçon , qui leur manque , nous ne croyons pas que l’on puisse rien dire de plus précis sur la place qu’il convient de leur assigner.

I

MEMOIRE

SUR LA VOiX.'

De la structure dcs''organcs qui servent à la formation de la VOIX , considérée dans l’homme et dans les différer classes d’animaux.

terenles

TT

N (les usages les plus imporlans tlit poumon, est sans doule de diriger l'air que ses lobes ont reçu vers les organes propres à la l'or, nation ,1e la voix ?Mts. en même temps que le poumon établit une corn-’ nmmcalion necessaire entre le Iluide dans lequel nous sommes plongés et les l.umeurs dont nos vaisseaux sont remplis, l'organe de la voix qui est une dépen- dauee de ce viscère, en imprimant à l'air un .non- ventent vibratil, porte an loin l'expression des idées donne aux paissions plu, d'énergie, en leur fournissant nn langage sans lequel la nature mnette seroit vouée H un elernel silence, et élablit entre les animaux une coi respnndance aussi prompte que commode, pour se conminn.quer leurs besoins. ^

-Mais connnent l'air reçoit - il des modifications capables de produire ces merveilles? quel est cet -tennent dont l'a.-t n'a p„i„t encore iJé les ITct ^ enun comment la voix se forme t-elle?

Le prentier anatomisle qui ait traité ce sujet d’une namere sat, sla, sanie, a été Galien : il a attribué les lonaltons de la votx humaine aux changemens dont ,

jf)6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

la glotle est susceptible. Fabrice d’Aquapenclenle , ayant observé que la trachée-artère s’allonge et se raccourcit lorsque le larynx s’élève ou s’abaisse , crut apercevoir beaucoup d’analogie entre ce conduit et une flûte.

Perrault ajouta bientôt de nouveaux développe- inens à l’explication de Galien, et M. Dodart l’appuya par de nouvelles probabilités -, il réfuta surtout la comparaison établie par Fabrice, entre la trachée- artère et une flûte, et il démontra que le son étant, toutes choses égales d’ailleurs, d’autant plus grave que le corps de la flûte est plus long, et la trachée s’allongeant au contraire dans la fbrmalion des sons aigus , il ne peut y avoir aucune ressemblance entre ces deux instrumens.

Jusqu’à cette époque on avoit ignoré la véritable théorie du son dans les instrumens a vent ^ un geo- mètre célèbre, M. Euler, en découvrit les élémens, en considérant la colonne d’air que ces instrumens contiennent comme une corde vibrante, etenlui ap- pliquant les mêmes formules qui conviennent aux cordes ordinaires, il prouva que parmi les différens instrumens de musique, les uns mettent 1 air en mou- vement par leurs vibrations, tandis que dans les autres

IVir devient sonore par lui-même; enfin il fit voir que l’ouverture par laquelle on introduit l’air dans les fiûles et dans les flageolets , n’infiue pas sur l’inlo- nation; découvertes importantes qui dévoient chan- ger les idées des physiciens sur la formation de la

VOIX.

DE L’ORGANE DE LA VOIX. 55^

M. Eenein sut profiter de ces observ'ations j il com- mença par faire connoître l’erreur sur laquelle le système de M. Dodart étoit fondé, eu démoutrant qu’il est possible de produire des sons artificiels avec le larynx, sans que la glotte y ait aucune pari, et même apsès l’avoir enlevée; il attribua lout le mé- canisme de la voix à la tension plus ou moins grande des ligamens qu’il appela cordes vocales , et il rangea cet organe parmi les instrumens à cordes, l’air fai- sant, suivant lui, les fondions d’archet.

Celle nouvelle théorie eut d'abord plus de critiques que de sectateurs; on ne doit point en être surpris:

elle détruisoit nue explication domiée et reçue avec la même confiance depuis Galien. Les expériences de !M. 1 errein, répétées par plusieurs anatomistes, furent couliimées par les uns et rejetées par les autres; et maintenant encoie celle question est au nombre de celles qui ont besoin d'une nouvelle suite de travaux pour fixer le jugement des physiciens. Ces considé- rations m’ont engagé à faire des recherches sur l'or- gane de la voix. J ai pensé que je ne jjourrois par- venir à connoître quelles sont les parties essentielles ou accessoires à la formation des sons , qu’en consi- déiant ces parties dans les différentes classes d’ani- maux qui en sont pourvus. Il est de mon devoir de publier, qu’il m’auroit été impossible d’exécuter ce projet , si _\L d’Aubenton ne m'en eût fourni les moyens, en me donnant des facilités pour examiner l’organe de la voix dans un grand nombre de qua- drupèdes et de reptiles qui font partie de la superbe

550 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

collection du cabinet du roi, si enrichie, et devenue si inléressanle par les soins de M. de Buffori.

C’est un beau spectacle que de voir d’un coup d'œil la disposition de ces inslrumens variés à rinfini, avec lesquels chaque animal produit des modulations qui lui sont propres, et peut contribuer au grand con- cert de la nature ! Depuis l’homme jusqu’au reptile, dans lequel la voix semble expirer pour se changer en un sifflement, la chaîne est immense : en la par- courant , je me suis arrêté sur les anneaux les plus remarquables. J’ai choisi , autant qu’il m’a été pos- sible, les individus les plus éloignés les uns des autres, et je les ai toujours comparés avec l’homme.

Après avoir rappelé la lorme du larynx humain , je considérerai cette partie dans les dill’érentes classes de quadrupèdes, dans les oiseaux et dans les reptiles; et après avoir décrit , dans ce premier mémoire, les organes de la voix des différens animaux, je ferai con- iioîLre, dans le second , les expériences et les recher- ches propres à en Indiquer le mécanisme.

Le larynx, dans l’homme, est une cavité disposée en manière de grotte , dans laquelle on sait que la voix se forme ; elle est composée de cinq cartilages, rendus mobiles les uns sur les autres par dillérens muscles ; ou y remarque deux rétrécissemeiis ; 1 un est placé à la partie supérieure ; on lui a donné le nom de glotte : deux membranes minces en composent les bords , et un cartilage élastique , situé antérieurement , et appelé l’épiglotte, empêche les corps étrangers d y pénétrer , soit eu divisant la coloiino du liquide quo

DE L’ORGANE DE LA VOIX. 359

]’on boit, soit en s’abaissant sur la glotte , lorsque les alimens se portent vers rœsopbage. Le second rétré- cissement est formé par deux ligamens, disposés pa- rallèlement de devant en arrière, et qfie M. Ferrein a appelés du nom de cordes vocales : une excavation est pratiquée de chaque côté entre ces deux ouver- tures.

Tarmi les quadrupèdes, il n’y en a peut-être aucun qui n’ait dans le larynx à peu près le môme appareil, et il y en a beaucoup dans lesquels la dissection fait apercevoir des pièces sur-ajoutées à celles dont le la- rynx humain est pourvu; de sorte que, si la plupart de ces animaux , avec beaucoup de moyens, ne pro- ’duisent que des sons désagréables , la prééminence de la voix de l’homme ne doit pas être regardée seule- ment comme l’elfet physique de sa constitution , mais encore comme le fruit de son industrie, et du besoin qu'il a de modifier ses sons pour exprimer un plus grand nombre d’idées.

Les singes étant ceux de tous les animaux qui ont, par leur structure , le plus de rapports avec l’homme, j’ai cru devoir les placer dans cette exposition, im- médiatement après lui.

On cherche depuis long- temps à déterminer l’es- pèce de singe que Galien a disséquée : M. Camper croit avoir trouvé dans la structure du larynx, telle que Galien la décrite , ( 1 ) un moyen assuré de recon-

(i) De usupartiuftij edit. Charter, tom. lY , lib. VU cap n

pag. 46i. > V- *

3Go SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.

ïioîlrs c6 singe i on liltltinsle lra.ilc.Z)e usii partiuTiz ^ qu’il y a de chaque calé de l’épigloüe de cel animal, lin conduit que l’on doit plutôt regarder comme une lissure, que comme un trou , lequel communique avee un ventricule assez ample , placé aussi de chaque çûlé. M. Camper ayant rencontré celte même dispo- sition dans le orang-outang , aucjuel elle est paiti- çulière , nous paroît fondé à croire que ce singe est celui dont Galien a fait mention. ( i ) Trois orang- oulangs, examinés avec soin par M. Camper, lui ont toujours offert deux conduits placés au-dessous de 1 os hyoïde, à la partie supérieure du cartilage lliyroide ,

communiquans avec deux sacs qu’il a appelés du nom de ventricules , lesquels éloienl placés sur les côtés du cou , et qui descendoieiil même jusqu’à la poitrine; dans un de ces singes, ils éloient inégaux en gran- deur; dans les deux autres ils étoienl presqu égaux, mais ils se réunissoient pour ne former qu’une seule cavité ; dans le troisième enfin , les conduits de com- munication ont paru à VI. Camper, ainsi qu’à GaU lien, étroits et figurés comme une fissure.

Tyson , qui a disséqué l'oiang- oulang d’Angola , n’a point parlé de la conformation ohservee par Ga- lien dans ceux d’Asie , et par M. Camper dans ceux de Bornéo.

I.e larynx des pîtlicques et des papions est tres- dlfférenl de celui des orang-oulangs; au lieu de deux

(i) Trnnsactionx philosophiques , of th# royal Society, of London, ^77'J > !’• P®o' suiv.

DE L’ORGANE DE LA VOTX, 56i

Bacs, on n’en trouve qu’un placé an - dessous de l'épi- glülle. -VI. Camper en a donné la figure dans le mé- moire que nous avons déjà cilé.

J’ai fait la même observation dans \m mandrill mâle, d’une très -grande taille , que j’ai eu occasion de disséquer cet liiver. Celle espèce de singe est re- marquable par la lunne de ses joues, (|ui sont sillon* nées et colorées d’un très- beau bleu ; la langue de cet animal est très-longue et très épaisse; sa tète est (rès- prolongée, il semble, au premier aspect, qu’il y ait deux glandes thyroïdes ; en rechercbant avec soin , on s'aperçoit qu’un prolongement mince et borizonfal en reunit les deux lobes. Les cartilages du larynx n ont rien de particulier; au-dessous de l'épiglotte se trouve une cavité, laquelle se termine par un conduit qui s ouvre dans une poche assez étendue, et que l’on peut facilement gonfler d’air ; étant distendue , elle présente un ovale irrégulier, rétréci dans quelques- uns de ses points. Les branches de l’os hyoïde sont disposées comme celles de fliomme; mais le corps de cet os est épais et se recourbe au-dessus du conduit qui mène au sac , et qu’il recouvre. Lorsque l’animal criüit un peu fort , ou lorsqu'il se inettoit en colère , on voyoit le sac , dont j’ai donné la description , se remplir et se vider alternativement.

La dissection du mangabey et de la mone , qui sont aussi des singes de l’ancien continent, m'a offeit une structure à peu près semblable; le corps de l’os hyoïde est également recourbé ; au-dessous de l'épi- glotte est une cavité demi -circulaire, qui mène à un«

562 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

excavation dont le principe se trouve vers le haut du cartilage thyroïde , et sous le corps de l’os hyoïde^ elle est formée par une membrane mince, et qui pa- roît se diriger latéralement ; la glotte est d’ailleux'S membraneuse et très-mobile j les ligamens inferieurs, appelés cordes vocales, sont très -bien exprimés; ils sont aplattis et comme tranchans dans le mangabey ; les ventricules (i) y sont très- marqués , et les carti- lages ne diffèrent presque en rien de ceux de l’homme.

J’ai ti’ouvé de grandes variétés dans le larynx des singes du nouveau continent. Le sajou gris offre, vers la partie extérieure du cou , une poche membra- neuse , mais le trou qui y conduit est fort étroit ; l’os hyoïde est également prolongé dans le sai : outre cette différence, l’épiglotte de ce dernier n’est point percée à sa base ; il n’y a point de conduit ni de poche comme dans ceux dont je viens de parler; les ventricules sont très-marqués , et les cordes vocales sont minces et comme ti’anchantes dans ces deux singes, surtout dans le saï : je conserve tous ces la- lïnx.

L’alouate et l’ouarine sont aussi deux animaux du nouveau continent , que MM. de Buff’on et d Au- benlon (2) ont rangés dans la famille des sapajous , parce qu’ils ont la queue prenante; leur voix étant très - forte , ils ont reçu le nom de hurleurs; le poil

(Ol’appclle ainsi non 1rs sacs externes , mais les cavitées entre la glotte et les corilea vocales , comme la plupart des Anatomistes.

{ 2 ) Histoire ^iuturelle , tome XV, pages i et suivantes.

DE L’OKGANE DE LA-VOIX. Ü65

clu premier est très -foncé 3 celui du second est d’im 'brun - noir.

Ces deux animaux , que l’on trouve principalement à ( ayenne, ont fixé depuis long-temps rallention des v'oyageiirs, par l’intensité des sons qu’ils p^■od^isent, Barrère i ) l’a attribuée à la conformation de l’os hyoïde ; d autres ont parlé d’un cornet placé dans l’intérieur de leur gosier. (2) M. le comte de Iluffon (ô) a fait mention d’une espèce de tambour , dans la concavité duquel leur voix grossit et forme des hur- lemens par écho. Il ajoute qu’il a observé dans un embriou d’alouate l’organe de la voix dé|à très-formé. Enfin, AI. d.Vubenlon, dans la description qu’il fait de cette espece de sapajou , après avoir remarqué que le nœud de la gorge est ordinairement très -renflé dans ces animaux, dit qu’ayant ouvert cette tubé- l'osité, il a reconnu qu’elle étoit creuse et concave.

On conserve dans plusieurs cabinets cette poche isolée, sous le nom de larynx ou de gosier du singe rouge de Cayenne. Il pai*oît cependant qu’elle étoit encore rare il y a deux ans en Hollande , puisque le célèbre M, Camper , qui étoit alors à Paris, eu vit avec étonnement deux dans mon cabinet. Je le priai d’en accepter une; depuis ce temps , il m’a écrit qu'il a fait des recherches sur cet organe , sans me rien

Cl ) Essai de VHistoire Naturelle de l’Afrique. ( ^ ) Voyage de Binet.

( 3 ) Histoire Naturelle, tome XV, page 7.

564 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, dire de plus : j’en ai fait de mon coté, que j’ai consi- gnées dans ce mémoire.

J’ai reçu de Cayenne (i) un gosier d’alouate en très - bon état , avec la langue , le pharynx , une partie de l’œsophage , tout le larynx et la poche même que l’on connoît depuis quelque temps, mais dont la po- sition , les connexions et les rapports sont absolument

ignorés.

Nous consldérei’ons d’abord la poche meme, indé- pendamment de ses adhérences', nous exaraineions ensuite le larynx de l’alouate à l’extérieur, et nous finirons en décrivant ce qu’une coupe longitudinale nous a offert de plus remarquable.

La poche osseuse est irrégulièrement pyramidale; sa pointe est mousse et arrondie ; sa face supérieuie présente deux légères dépressions sur les cotés , avec quelques sillons vasculaires et un espace dioit, alloUj^é et situé horizontalement dans le milieu . la face iiiié rieure est moins égale que la première; elU foime

une convexité assez considérable, et oii y lemaïque rm grand nombre de pores dont elle est criblée : la face postérieure est percée par une ouverture assez ample, arrondie en bas, et terminée supérieurement par un segment osseux , échancré des deux cotes : au-dessus de cette ouverture est une plaque osseuse, aux deux extrémités de laquelle sont deux pcli es facettes dont l’usage sera indiqué plus bas.

, l’a envoyé à M- Mau-

(i) M. Malouct, intendant de Cayenne duit , qui a bien voulu me lo icmcltrc.

DE L’ORG A.NE DE LA VOIX. 365

li’orifice , qui est plus étroit que le fond, conduit à Iti cavité de la poche; elle ressemble à ce qu’on ap- pelle en général du nom de sinus en anatomie; quel- ques lames minces et étroites s’élèvent de ses parois; elle est j)lacée entre les deux branches de la mâchoire intérieure, de manière que sa pointe est située en de- vant, son échancrure en arrière , et sa grande face arrondie en bas. J’en conserve quelques-unes qui sont plus étroites et plus allongées que celles dont j’ai lait faire le dessin.

Le larynx de 1 alouate , considei’e avec ses annexes et à l’extérieur, présente les objets suivans :

La langue est longue et étroite : ayant fait au pha- rynx une ouverture ovale, nous avons aperçu la glotte dont l’étendue est considérable , dont les lèvres sont saillantes, et qui est surmontée antéiieurement par «ne épiglotte large, et qu’un frein retient, ainsi que dans 1 homme et dans les quadrupèdes.

Le chaton postérieur du cricoide est très-élevé; la portion antérieure de ce cartilage n’a rien de parti- culier, non plus que la trachée-artère; le cartilage thyroïde est beaucoup plus grand qu’il ne l’est ordi- nairement dans les quadrupèdes de cette taille ; la sailhe qu’il lait est très- marquée ; en arrière il se recourbe ; ses deux faces latérales sont fort étendues et un peu excavées.

Nous décrirons surtout avec attention; i°. deux lipmens placés en dessus; 2”. un conduit qui commu- niijLie avec la poche osseuse.

Le cartilage thyroïde est surmonté dans l’alouate,

565 SCIENCES PHYSIOL. ET MET3ICALES. comme clans les autres quadrupèdes, par deux cornes, auxquelles s’insèrent deux ligamens qui , ense plaçant des deux côtés du pharinx et de la base de la langue, et en se portant de haut en bas, et de devant en arrière , aboutissent aux deux petites faceltesque nous avons décrites vers le haut et sur les côtés de la région postérieure de la poche ; ils sont plus étroits dans leur milieu qu’à leurs extrémités; ils paroissent être des- tinés à soutenir cette cavité , et à assurer ses rap- ports avec le larynx.

Entre la poche osseuse et le cartilage thyroïde , on trouve un conduit assez considérable, de forme ronde , plus large dans ses extrémités que dans son milieu, d’un tissu membraneux, serré , et qui s’insère en de- vant autour de l’orifice de la poche , et en arrière enti'e les deux ailes du cartilage thyroïde , de sorte qu’il semble que ce soit une seconde trachée - artère qui mène à une cavité analogue aux sinus de la glotte.

Après avoir considéré et décrit le larynx de l’alouate à l’extérieur, nous l’avons divisé suivant sa longueur, pour l’observer intéi'ieurement; nous avons principa- lement remarqué ce c|ui suit :

i". Une excavation placée au - devant du cartilage thyroïde, et qui en est séparée par un cordon sem- blable aux ligamens inférieurs de la glotte , appelés cordes vocales.

a^.T^a jonction du conduit horizontal avec le larynx et avec la poche osseuse; après s’èlre élargi, il s at- tache des deux côtés du cartilage thyroïde, auprès

DE L’ORGANE DE LA VOIX. S67 duquel il forme en amère un arrondissement, que la saillie de ce cartilage divise inlérieurement en deux rigoles; ces dernières percent le larynx précisément dans le lieu deux excavations situées devant lo cartilage cricoïde , répondent aux sinus de la glotte,

de sorte que ces deux rigoles paroissent en être la continuation.

Nous croyons donc être fondés à regarder le con- duit horizontal et la poche osseuse comme une exten- sion des ventricules de la glotte, qui doit beaucoup ajouter à l’intensité do la voix ; car , outre que la cavité propre du larynx est très -grande dans la- louate , l’air introduit dans les ventricules est néces- sairement divisé en deux colonnes pour entrer dans le conduit horizontal; elles se réunissent ensuite dans toute l’étendue de ce conduit: l’air s’engouffre dans la poche que nous avons décrite , et dont les lames ïmnces et osseuses sont très-élastiques; de il est répercuté vers le larynx : la saillie du cartilage thy- roïde, placée intérieurement dans une des extrémités du coudu.t horizontal, et les ligamens de la glotte lortement ébranlés par ce Huide , doivent produire une grande réaction.

La disposition du larynx, dans Falonate, est donc ties-propre à produire un bruit considérable, et tel que celui dont les voyageurs ont parlé.

11, suit de ces détails , que les Naturalistes qui ont avance que le larynx du singe ne dilféroit en rien a ceint de 1 homme , sa sont trompés; non-seulement g stei du singe différé de celui de l’homme , mais

I

568 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

encore cet organe n’est pas le même dans tous ces animaux : celui de l’orang-oulang est remarquable en ce qu’il communique avec deux sacs placés en dehors. Dans tous les singes de l’ancien conlineiil que l’on a disséqués, au lieu de deux sacs, on n’en a trouvé qu’un j celte conformai ion paraît moins mar- quée dans les singes d’Amérique : il y' en a parmi ces derniers, dans lesquels elle manque absolument, et dans quelques-uns, au lieu d’un sac membraneux, on trouve une cavité osseuse, jointe avec le larynx

par un conduit horizontal. Le cri des singes est aigu, perçant, et souvent interrompu par dessous rauques qui se succèdent en manière de baltemens^ l’air qui entre dans les poches de différente nature , dont le larynx de ces animaux est pourvu , paroil contribuer à ce dernier genre de sons -, en général , une cavile placée dessous et au-devant de l’épiglotte, et qui est remplie d’air , doit beaucoup nuire à la formation et

aux modulations de la voix. ^

Dans les quadrupèdes digités, l’organe de la voix conserve beaucoup de ressemblance avec celui de l’homme-, les bords de la glotte sont minces ; les ligamens inférieurs , appelés cordes vocales , sont bien détachés-, on trouve de chaque côté un ventricule , et les anneaux de la trachée-artère sont interrompus en arrière par un espace membraneux. L’epiglolle

du chien est triangulaire ; son extrémité est ires-a.gue;

Jaléralement elle se conlinue , en formant une espece de crochet, avec les ligamens inférieurs de la g olle et il y a uii muscle glosso -épiglollique. louLes

DE L’ORGANE DE LA VOIX,

parties qui composent le larynx du chat , sont très- mobiles, j’y ai surtout remarqué deux petites meni- bianes très -minces, qui sont placées au-dessous des J.'gamens inferieurs de la glotte ; elles vibrent lors- qu’on introduit de l’air par. la trachée-artère, et elles produisent une sorte de ronnemeut analogue à celui que les chais font entendre : Severinus et Ulasius, qui ont décrit la structure anatomique du chat, n’ont rien dit de ces membranes. Deux petits corps arron- dis sont situés au bas de lepiglotte du lapin , qui est échancrée à sa pointe. Perrault a écrit dans ses Mé- moires pour servir à l'Histoire des Animaux , que les anneaux de la trachée-artère du lion étoienl en- tiers , excepté les deux ou trois premiers ; sa descrip- tion asans douleélé faited’après un lion très-âgé;car, ayant disséqué une lionne mise à mort , il y a deux ans à peu près, au combat du taureau , j'ai trouvé les anneaux de 1a trachée-artère interrompus en ar- riéré par un espace membraneux et musculaire, à la vérité fort étroit. Dans le kerkajou, ( i ) quadrupède nouveau que j’ai disséqué cet hiver, et qui est ana- logue au genre des fouines, le larynx n’olTre rien de remarquable , si ce n’est que l’épiglotte est très grande, très - allongée , et que la membrane qui tapisse les ventricules est formée par des fibres longitudinales , parallèles et réunies en petites bandes. L’écureuil et le

renard ne m’ont rien présenté qui mérite des détails particuliers.

( 1 ) Quadrupède nouveau dont aucun auteur n’a fait mention,

T. 4.

24

570 SCIENCES rUYSfOL. ET MEDICALES.

En passant des quadrupèdes digilés à ceux qui ont le pied fourchu , on trouve des différences très-mar- quées. J’ai fait au cabinet du roi , sur le sanglier, les jnêrnes observations que M. Hérissant a publiées en J (1) sur le cochon : le cartilage de l’épiglotte est grand et épais*, deux reliefs tiennent lieu des ligamens inférieurs; ils sont percés par une fente qui ressemble à une petite glotte , et qui s’ouvre dans des excava- tions arrondies , recouvertes par un muscle , dans les- | quelles l’air entre , et dont il sort avec éclat. J’ajouterai ! que les cartilages arythénoïdes sont très-volumineux ; que la glotte e.st très- ouverte , et presqu’entièreraent entourée de cartilages , et qu’au lieu de ventricules , on trouve les cavités dont on vient de parler. Le la- rynx du bœuf est très -large; la glotte est béante, ses bords sont renversés ; les arythénoïdes font une saillie très - considérable en devant ; les ligamens in- férieurs sont à peine distincts , et au heu des ventri- cules, proprement dits, on remarque une cavité qui n’est presque pas circonscrite. Dans le mouton , la disposition est la même ; la glotte est pre.sque tout à- fait cartilagineuse; les ligamens inférieurs sont peu détachés des parois , et l’espace qui les sépare est fort étroit, ce qui tient à la structure des cartilages.

Le larynx des solipèdes est mieux organi.sé : 1 épi- glotte, qui a peu d’étendue, est triangulaire , et se lermine en pointe comme dans le chien ; les arythe- noïdes se portent en devant par un angle saillant ; ils

( i) Mémoires de l'yfcaJéinia royala^des Sciences , anuèc

DE L’ORGANE DE LA VOIX. 371

sont antérieurement recourbés, et les ligamens infé- rieurs sont bien délacliés et susceptibles de vibrer : à peine trouve -t-on aux extrémités de la glotte deux petites diiplicatures qui peuvent être assimilées aux deux membranes triangulaires, décrites par M. Hé- rissant, qui , pour cette raison , avoit rangé le larynx du cbeval parmi ceux qu’il appeloit composés. Mes- sieurs llourgelal et Vitet , qui ont décrit avec soin le larynx du cbe\'al , n’en ont fait aucune mention. M. Hérissant a été plus exact dans les détails qu’il a donnés sur l'organe de la voix de l’âne et du mulet; (1) il a fait voir qu’une cavité creusée dans le cartilage thyroïde , et recouverte par une membrane, est desti- née à recevoir une certaine quantité d'air, et à lui imprimer un mouvement de vibration très - considé- rable. Moins de souplesse et plus de volume dans les cartilages ; moins de profondeur dans les ventricules; moins de saillie dans les ligamens inférieurs ; moins de mobilité dans la glotte , dont les contours sont si massifs dans plusieurs individus, qu’elle est évidem- ment incapable de servir à la fonction de la voix, des cavités ou des poches surajoutées : telles sont les piincipales diSerences du larynx des quadru- pèdes.

C'est ici le lieu de parler de deux animaux qu’on a coutume de ranger, soit parmi les quadrupèdes, soit à leur suite , le phoque et lachauve-souris. L’épi- glotte du phoque est plus grande qu’il faut pour

^i) Mémoires de l u-icadurme royale des Sciences, année ijSS.

3;2 SCIENCES PIIYSTOL. ET MEDICALES.

recouvrir rouverture de la glolle : celle dernière est placée iminédialemenl au-dessus des ligamens appelés

cordes vocales , de sorle qu’il y a enlr’eux el elle très -peu d'espace; disposiLion que je n’ai vue dans aucun autre animal.

Il n’y a point d’épigloüe dans le larynx des cliauve- souris; la glolle est figurée en losange allonge ou en ovale , et au-dessous de cette ouverture on remarque un élargissemeul assez considérable. Dans la chauve- souris de nie de Sainte - Hélene , appelée vampir nez simple el long , une légère saillie membraneuse semble

tenir lieu d’épiglotte : dans la chauve-souris, appelée

vampir à nez composé , il n’y en a pas la moindre apparence ; dans la première , on trouve quelques re- plis membraneux, qui suppléent au défaut des liga- mens ou cordes vocales ; je n’en ai pas trouve dan» la seconde.

Ainsi le phoque se rapproche, par la disposition du larynx , de la classe des quadrupèdes , et la chauve-

souris de celle des oiseaux.

Ces derniers peuvent être divisés en trois ordres, a raison des diBcrcnces que l’organe de la voix présente; dans les uns, le neeud qui se remarque dans la divi- sion des bronches , est dépourvu démuselés; dansles autres, un muscle serré et aplatti le recouvre : dan» ces deux premiers ordres, la trachée-artère fait un simple trajet depuis la division des bronches pisqu a la glolle; dans le Iroisième ordre, elle se conloui no de dllfémiles manières , et l’organe de la voix est vraiiuciiL composé.

DE L’ORGANE DE LA VOIX.

On a dit que les oiseaux ont un double larynx: Fun supérieur et Fautre inférieur : on s’exprinieroit d’une manière plus convenable , en disant que la glotle , dans les oiseaux, est placée an haut du cou , et que ]e reste de l'organe de la voix , qui lient lieu des ventricules et des ligamens inférieurs, est situé en bas et à la division des bronches. C'est au moins ainsi que j ai envisagé celte structure, comme les détails su i va ns le j)i'ouveront.

La glotte des oiseaux différé par son ouverture et par sa forme; en général c’est cette partie de l’organe de la voix qui olfre on eux le moins de variétés: dans le canard, dans le coq -d’Inde et dans l’outarde, on distingue facilement une pièce triangulaire placée en devant; dans le canard, elle est surmontée intérieure- ment et an milieu par une saillie aiguë et cartilagi- neuse eu arrière: sur les cotés, sont des ligamens ir- régidiers, et les deux parties latérales de la glotte sont formées par deux cartilages, dont la figure varie suivant celle de la glotte elle-même. Dans l’aigle, dans le pélican et dans le canard , elle est disposée en feni e ; dans le casoar, elle est ovale ; elle est grande et un peu triangulaire dans le pigeon ; et dans la poule, elle forme une espèce de parallélogramme très- allongé. Perrault Fa vue figurée en losange dans le cormoran. Dans le cabaret, le chardonneret, lelinot, le verdier et le serin , j'ai trouvé cette ouverture ovale avec de légères échancrures sur les côtés. Dans le rossignol , elle ne diffère qu’en ce que les bords sont moins «chancrés et plus unis; deux muscles placés sur les

«

074 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, côtés de la glotte, sont destinés à la former. Dans les oiseaux, et en général dans tous les animaux qui n’ont point d’épiglotte, l’ouverture de la glotte peut se rétrécir au point dese fermer toul-à-fait ; maisétant cartilagineuse, elle n’est pas susceptible de tension; tin corps aigu , qui est placé au milieu de l’os hyoïde , répond à la ])ièce triangulaire et antérieure de la glotte , laquelle est environnée dans les gros oiseaux , ainsi que la base de la langue , de pièces blanchâtres et frangées.

Les anneaux de la trachée-artère sont d’une seule pièce, et quoique minces dans plusieurs, ils ont beau- coup de consistance et d’élasticité. M. d’Aubenton a trouvé les anneaux de ce conduit aplattis dans l’oi- seau-pierre: deux muscles latéi’aux s’étendent jus- qu’aux pièces qui forment les bords de la glotte, et paroissent les abaisser en les écartant l’un de l’autrej la longueur de la trachée-artère est ordinairement mesurée par celle du cou , dont l’étendue n’est pas, ainsi que M. d’Aubenlon l’a pi'ouvé , en raison du nombre des v'ertèbres cervicales, puisque le cou du cygne, qui a vingt -deux vertèbres cervicales, n’est pas aussi long que celui du flammant , qui n’en a que dix-sepl. 11 y a cependant quelques oiseaux dans lesquels la trachée-artère fait des contours et prend des formes particulières. On sait , d’après Perrault , qu’elle est dilatée en quelques endroits de l’ibis; que celle du coq indien fait un repli au bas du cou ; que celle du cormoran olIVe un nœud dans cette région ; que celle de lu demoiselle de Nuniidie s’enlonce dans

DE L’ORGANE DE LA VOIX, o;.?

le sternum , ainsi que celle du cygne. Willughhy (i) a fait voir què la trachée-artère de la grue s'enfonce de môme j on trouve aussi celte structure dans Je héron.

M. Hérissant a décrit les bronches de l’oie et de quelques oiseaux aquatiques du genre du canard ; elles sont entre - coupées par des membranes en forme de croissant. M. Bajon a fait connoître les replis que la trachée-artère fait le long du sternum dans le paragua. Enfin , M. d’Aubenton a donné une description exact© de celle de l’oiseau- pierre , qui s’étend en dehors des deux cotés du sternum. Tout cet appareil , qui peut être comparé à la poche osseuse du singe - hurleur , aux deux sinus de la glotte du cochon et du sanglier, ou au tambour qui se trouve dans le larynx de fane et du mulet, n’est ainsi disposé que pour donner plus de force et d’intensité à la voix de ces oiseaux. L'or- gane de la voix du rossignol et celui du serin , sont au contraire les plus simples de tous. N’est -on pas en droit de conclure de cette opposition, que la Na- ture paroît tendre d’elle -même vers l’harmonie , puis- qu’il semble lui en moins coûter pour former des sons agréables, que pour produii-e un grand bruit, à force de contours, de membranes et de cavités ?

La ti’achée -artère , que nous avons considérée vei's le haut et le long du cou, se rétrécit un peu vei’s le bas, dans le lieu les bronches se divisent j il semble que ce conduit y ait été pincé de droite à gauche :

( 1 } Ornithologie , page aooi

576 SCIENCES THYSIOL. ET MEDICA LES. les bronches prennent leur origine, et dans l’endroit d’où elles naissent, plusieurs cerceaux plus grands et plus éloignés les uns des autres, en tormeiiL le prin- cipe ; un cartilage mince , étroit et un peu tranchant, est situé perpendiculairement dans le milieu; il est quelquefois un peu échancré, ce qui a engagé quel- ques auteurs à le comparer à un hausse-col; la face externe de chaque bronche est formée d’une mem- brane mince, de sorte que les cerceaux cartilagineux n’y sont point entiers ; la pièce en fonne d’éperon , placée à l’origine des bronches , dilfère dans sa struc- ture; celle du héron , dont le cri a beaucoup de force, est très-simple ; elle est soutenue en devant et en arrière sur les cerceaux auxquels elle correspond. Dans le coq-d’lnde, cette pièce fait partie d’une autre, qui est elle -même composée de deux cerceaux plus forts et plus saillans que les autres ; les deux bronches sont réunies vers le bas par une substance ligamen- teuse , de sorte qu’il y a un trou entre ce ligament et leur di%dsion : dans les petits oiseaux, la disposition de la trachée-artère est la même à peu pi’ès que dans le héron ; on trouve à la division des bronches uii rétrécissement et une pièce aigue et verticale qui les sépare : mais il y a sous un autre aspect, une diffé- rence très-notable entre les grands oiseaux , dont la voix a plus de force que d’agrément, et les petits , appelés par quelques naturalistes aves canorœ , parce que leur gosier Irès-llexlble produit des sons bien caden- cés , et parce que plusieurs sont susceptibles d’ap- preudre des airs assez dilliciles, et de les l'épéter d’une

DE L’ORG.\NE DE LA VOIX. 577

manière agréable. Cette difTérenoe consiste en ce que le larynx inféneiir des grands oiseaux , tels que le coq -d’Inde, la poule, le canard, l’oie, l’outarde, le butor, etc. n’est composé que de membranes, et absoliimeut dépourvu de muscles , tandis que dans le rossignol , le serin , le linot , le verdier , le char- donneret et 1 alouette, la partie intérieure du larynx est absolument recouverte par un muscle dont les fibies sont très -serrées, qui est silloné en dev'ant par une depiession longitudinale , et qui se termine en anièie par deux petits mamelons : dans le pigeon, deux muscles, situes latéralement, s insèrent entre les derniers cerceaux de la trachée-artère, aux mem- hranes mobiles qui en remplissent l’intervalle.

A celte observation, dont aucun auteur n’a parlé, nous ajoutons, pour rendre le tableau plus complet, celle de AJ. Hérissant, sur la membrane qui s’étend d une des branches de 1 os de la lunette à l’autre, et qui ferme la partie antérieure de la poitrine.

La glotte des oiseaux ressemble assez à celle des quadiupedes : la pièce triangulaire qui est placée en devant , répond , non au crycoïde, comme Perrault l’a dit , niais au thyroïde, et les segmens latéraux aux aiy thénoïdes : la pièce qui divise les bronches et les membranes de ces dernières , sont susceptibles de vibier , et semblent tenir lieu des ligamens inférieurs de la glotte; la grande distance qui sépare celle-ci d avec loigane vraiment sonore, le défaut d'épiglotte et de ligamens ou cordes vocales, la disposition des membranes des bronches, et l’action que l’air échappé

.'78 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

du poumon, et conlenu dans la rc^gion antérieure de la poitrine , sous la membrane de la fourchette, exerce sur la partie inférieure du larynx , constituent les principales différences de l’organe de la voix des oiseaux.

Nous approchons du terme la voix ne consiste que dans quelques modulations informes, même elle s’aff’üiblit et disparoît enfin tout-à-fait; dans quel- ques reptiles, elle se fait encore entendre, ^raais dans lesserpens, quelques sons aigus, excités par la colère, dont ils annoncent la menace et le danger, sont tout ce qui en tient lieu. Dans la grenouille, la glotte, qui est longue et étroite, et sans épiglotte , s’ouvre et se feime avec autant de l’apidlté que de précision : au-devant de la glotte sont deux ligamens , qui mé- ritent par excellence le nom de cordes vocales ; ils sont très 'longs par rapport au volume de l’animal, tendus parallèlement, et tout-àfait détachés des par- ties environnantes ; de sorte qu’au lieu d’une ouver- ture, il y en a trois j souvent les feules latérales sont entre -coupées par un petit ligament transversal; la somme de ces li'ois ouvertures forme un espace ar- rondi, qui est encadre dans un losange cartilagineux, dont la partie antérieure est contiguë à la langue. Celle dernière est remarquable en ce que , fixée par sa pointe, elle est niobile postérieurement ; deux bron- ches très-courtes , et comme argentées, naissent immé- diaternenl de la glotte.

La structure est la même dans le crapaud ordinaire et dans le grand crapaud de Mississipi , que j’ai dis-

DE L’ORGANE DE LA VOIX. 579

séqué au jardin du roi : on ne peut s’empêcher d’être surpris, qu’avec un organe aussi bien disposé , ces animaux ne produisseut que des sons monotones et désagréables.

Eerrault a observé que , dans le crocodile , la tra- chée-artère faisoit divers contours.

Dans les animaux qui nous restent à examiner, nous ne trouverons plus que la glotte et la trachée- artère ; telle est la structure de la tortue, de la vipère, de la couleuvre , et des serpens en général. Dans la tortue , une pièce antérieure tient lieu du thyroïde; les paiois de la trachée -artère sont minces, ses anneaux sont continus : la glotte est très - étroite , et placée en devant , très- près de la face interne de la mâchoire inféiieure ; ce qui prouve que la voix, dans ces ani- maux , ne doit avoir aucun timbre. Dans la vipère et dans la grande couleuvre, la glotte est plus éten- due; elle se trouve derrière la langue, qui lient peu de place entre les deux mcàchoires, étant contenue dans une gaine le long de l’oesophage; la trachée s’é- largit un peu au-dessous de cette ouverture; ses an- neaux, qui sont entiers dans son origine, se divisent ensuite pour adhérer au poumon, et ils se terminent en bec de flûte, au-delà de ce viscère , dans une suite de cellules qui s’étendent jusqu’à l’extrémité de 1 animal, lequel peut être gonflé dans toutes ses di- mensions , lorsqu’on y introduit de l’air. La glotte des oiseaux est séparée d’avec l’organe , vraiment sonore ; elle est la seulé partie qui constitue l’organe de la voix dans les l'eptileg.

38o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

Je n’ai fait aucune mention des célacées , (|uoique Pline, parmi l*^s anciens, et MM. Anderson et Klein, parmi les modernes , aient avancé que la voix de la baleine et du dauphin est très-forte, parce que l’on ignore absolument la structure de leur larynx.

Je ne m’arrêterai point non plus sur les insectes; à la vérité , plusieurs de ces animaux , et surtout les femelles, font entendre des sons, mais les organes par lesquels l’air pénèti'e , n’y ont aucune part; ce sont des bruits mécaniques, produits , soit par le choc de la partie antérieure du corselet , comraé dans plusieurs coléoptères, soit avec des balanciers semblables à de petites baguettes de tambour qui frappent sur une peau sèche et tendue , comme dans les diptères , et principalement dans la cigale.

En se rappelant les observations dont je viens d’offrir le tableau , on peut en tirer les conséquences sui- vantes :

1°. La glotte étant formée dans la plupart des qua- drupèdes, par des bords presqu entiei’ement caitilagi- neux, f|ui ne sont susceptibles d aucune tension giu« duée; cette ouverture étant, dans les oiseaux , liès- éloignée de l’organe vraiment sonore, et ne produi- sant qu'un sifflement dans les serpens elle est seule,

ne peut-on pas en conclure quelle n’est point essen- tielle à la formation des sons ?

3°. Les ligamens inférieurs étant dans plusieurs quadrupèdes et dans quelques reptiles, les seules par- ties capables de vibrer, des membranes élastiques en •tant égalciuenl susceptibles dans les oiseaux, n csl-on

DE L’ORGANE DE LA VOIX. 58i pas conduit à penser que ces différentes parties ont un usage marqué dans la fonuation des sons ?

3°. Le timbre delà voix augmentant dans les con- duits recourbés et dans les cavités formées par des parois cartilagineuses et élastiques , n’est-il pasprobable que tout l’appareil , dont quelques animaux sont pourvus , ne tend qu’à augmenter la résonnance la voix , sans influer sur son intonation?

Ces inductions sont les seules que je me permettrai en finissanl ce méinoii e. Un anatomiste , qui se pro- pose de découvrir le mécanisme de la voix dans les difîérentes classes d’animaux, peut être comparé à im curieux qui, <àprès avoir entendu dans un concert l’eflet de plusieurs instrumeus de musique, sans avoir d'ailleurs la moindre connoissance de leur disposition, cherclieroit, en les examinant , à découvrir la ma- nière dont ou les emploie, et la nature du son qu’ils produisent. Les recherches que je viens d’exposer ne sont relatives qu’à la structure anatomique des or- ganes. ( 1 )

( 1 ) Depuis Vicq-d’Azyr, un anatomiste non moins célèbre, M. Cuvier, s’est occupé de nouveau, et sous des points de vue diffé- rens, des organes de la vois , qu’il a d’abord considérés dans les oiseaux, avec l’intention d’appliquer la doctrine qui lui est propre, sur leur action , à l’homme et aux autres mammifères.

Les résultats anatomiques de son travail se rapportent principa- lement a cette partie de l’appareil vocal que Vicq d'Azyr ne regarde pas, sans quelque motif, comme un simple supplément des deux ventricules et des ligamens inférieurs , et que son illustre succes- seur désigne , sous le nom de larynx inférieur.

larynx est situé au bas de la trachée, à l’endroit die s*

382 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

partage pour pénétrer dans les poumons. Il est tellement le lieu se forme la voix , dans les oiseaux, que la section du larynx supé- rieur, chez ces animaux , ne les empêche pas de crier.

Les bords du larynx inférieur forment une anche membraneuse, ou , pour parler plus exactement , deux lèvres qui représentent celle du joueur de cor de chasse.

On peut diviser les larynx inférieurs en deux classes , ceux qui n’ont pas de muscles propres et ceux qui eu sont pourvus. Les la- rynx de la première classe ,ont en outre, dans les mâles de quel- ques espèces , des cavités latérales , ou des dilatations plus ou moins étendues , osseuses et membraneuses. ( i )

Dans toute cette même classe , les mouvemens de la trachée sup- pléent jusqu’à un certain point aux muscles propres du larynx , et les oiseaux, dépourvus de ces muscles, ont ceux de la trachée beaucoup plus développés : parmi les larynx inférieurs pourvus de muscles , on doit distinguer ceux des oiseaux chanteurs , chez les- quels ces muscles sont au nombre de dix, ce qui prouve, contre l’opinion de Vicq-d’Azyr , que le larynx de ces oiseaux est très- composé.

Ce nombre si considérable de muscles laryngiens s observe éga- lement dans les hirondelles , les étourneaux , les moineaux, dont la voix , malgré celuxe de moyens, n’en est pas moins désagréable et fausse : ce qui dépend du timbre de l’instrument vocal , et d un défaut de rapport entre la mobilité du larynx et celle de la trachée. Cette partie de l’instrument vocal s’allonge , ou se raccourcit avec d’antant plus de facilité , que scs anneaux sont plus minces et plus séparés par des membranes flexibles, ainsi qu’on le remarque dans les oiseaux chanteurs; ces mêmes anneaux sont entièrement osseux ou cartilagineux dans les autres oiseaux, et présentent de nom- breuses variétés dans leur nombre, leur rapprochement et leurs dimensions.

La longueur absolue do la trachée est par conséquent foudamen-

taleet dépend principalement delà longueur du col de chaque oiseau.

Nous voyons que l’expérience , à l’égard du ton , est conforme

(i) Elle comprend les paons , les coqs , les faisans , les peidr" ; en un mot, toute la classe des galliuacées.

DE L’ORGANE DE LA VOIX. 383

ce principe ; les petits oiseaux chantant le plus haut , et ceux qui ont le cou long , ayant en général la voix plus basse, '

La voix plus grave des mâles , dans tous les oiseaux de rivage, et dans plusieurs autres espèces , dépend des contours de la trachée qui se replie et se prolonge de diverses façons. «

Le larynx supérieur des oiseaux est remarquable ; i®. par une ouverture longitudinale faite à la face postérieure du tube tra- chéal ; a", par la structure même de la glotte , formée de deux pièces osseuses , qui ne peuvent jamais s’étendre ou se relâcher. 11 faut remarquer , en outre , que le même larynx n’a ni cartilage aryténoïde, ni cartilage tyroïde , ni épiglotte. Celle-ci est sup- pléée par des points cartilagineux placés sur les bords de la glotte ils peuvent au besoin servir d’opercule.

Ce larynx supérieur se trouvant borné à la fonction d’ouvrir et de fermer plus ou moins la trachée , varie très-peu, ainsi que Vicq-d’A- zyr l’avoit remarqué.

- La principale différence qu’il présente tient â des tubercules placés dans son intérieur : tubercules que l’on n’observe jamais dans les oi- seaux chanteurs ; mais bien dans les oiseaux dont la voix est le plus rude-

M. Cuvier conclut en outre de plusieurs rapprochemens entre l’instrument vocal des oiseaux et les iustrumensà vent delà classe des cors et des trompettes , que dans l’instrument vocal le son est produit de la même manière que dans ces instrument, et qu’il est également modifié, quant à son ton , par trois sortes de moyens, c’est-à-dire, i®. par les variations de la glotte qui, correspondent i selles du joueur ; 2». par les variations de la trachée correspondante aux cors de rechange ; 5\ par le rétrécissement de la glotte supé- rieure qui répond a la main du joueur. ( 1 )

{ Aote de l'Editeur. )

J P""*" détails, le Mémoire de M. Cuvier , Journal

Jrnj siqus , prairial an S.

EXPLICATION

DES QUATRE PREMIÈRES PLANCHES, (l)

PLANCHE PREMIÈRE.

Fig. I.

A, D, C , trois ouvertures qui conduisent au tissu cel- lulaire osseux.

B , E , ouvertures qui communiquent avec le labyrinthe et l’orifice de la trompe d’Eustaebe.

Fig. JL

H , I , D , conduit droit.

A , conduits demi-circulaires.

E , tissu spongieux de l’os , dont les cellules commu- niquent entre elles.

Fig. III.

E,B,F,D,C,les ouvertures du tympan et la saillie transversale que l’on trouve ^ dans cette cavité , chez plu- sieurs oiseaux.

B , E , ouvertures qui donnent passage aux nerfs auditifs.

Fig. IV.

L , B , membrane du tympan.

D , E , l’osselet ou collumella. F , G ^ ses deux branches.

Fig. VI.

E, F, cellules communicantes. II , C , renflement des conduits demi -circulaires. D, conduit droit.

Fig. VII.

L’une des plumes qui environnent le conduit auditif.

( 1 } lo volume de planches.

DE L’ORGANE DE LA VOIX. 385 PLANCHE DEUXIEME.

Fig. V.

E, B, ouvertures qui traversent les nerfs auditifs,

F , A , D , autres ouvertures qui donnent passage à d^ nerfs.

Fig. FUI.

Osselet de l’ouïe isolé dans la tortue. '

Fig. IX.

E, D, l’osselet précédent en place, et tenant à la meni. brane du tympan.

Fig. X.

La membrane du tympan dans la tortue.

Fig XI.

D, E , D , E, osselets de l’ouïe, isolés du caméléon.

Fig. XII.

Le meme osselet occupant sa place dans l’organe de Touïe^ en G.

planche TROISIEME.

Fig. /.

O , P , Q , vaisseaux de la poche.

F, G, H, cette poche vue en devant. U, D, D, oshvoîdc.

L , trachée-artère. K , lobe de la glande tyroïde. B , C * langue du mandrill, * ^

' Fig. II.

Cotte figure présente la poche du larynx du singe - hur- leur , vue de coté.

Depuis A jusqu’à B , espace étroit, allongé et horizontal de la face supérieure de la poche.

C, dépression latérale de la face supérieure.

ï. 4.

25

586 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

Depuis D jusqu’à E , face inférieure , arrondie , inégale et poreuse.

F , échancrure placée au haut et à un des côtés de l’ou- verture.

G , une des petites facettes placées au haut et sur le côte de la face postérieure.

H , ouverture qui mène à la cavité de la poche.

Fig. III.

Cette figure représente le larynx du chien ; il a été ouvert longitudinalement pour voir l’intérieur.

A, B, os hyoïde. C, épiglotte qui est triangulaire. D, ligamens inférieurs de la glotte. F , G , ventricules. K , partie moyenne de l’épiglotte. L , M , crochets formés par l’épi- glotte et les ligamens inférieurs. H , I , trachée-artère.

Fig. IT^.

On voit dans cette figure le larynx du chat. A , B , os hyoïde. E , l’épiglotte. II , I , la glotte. E , D , F , G , repré- sente les ligamens inférieurs de la glotte et deux petites membranes placées au-dessus , et qui frémissent aisément.

Fig. V .

Elle offre le larynx du lapin: il a été ouvert pourvoir l’intérieur. A , l’épiglotte. B , petits corps arrondis , placés au bas de l’épiglotte du lapin. C, D , ventricules et liga- mens inférieurs de la glotte. E , la Irachee— artère.

Fig. VI.

Elle présente le larynx du phoque dans l’état naturel. A , la langue, qui est très-grande. B, épiglotte. B, C , la glotte. E, D , les ligamens inférieurs ou cordes vocales, qui sont très -près des lèvres de la glotte. F, la Iracbee- arlcre.

DE L’ORGANE DE LA VOIX. 58j

Fig. FIL

Larynx de la chauve-souris-vampire de l’ile Sainte-He'- lène à nez simple et long. A , langue. B , saillie très-peu con- sidérable , tenant lieu d’épiglotte. B, C, glotte ovale et comme festonée. D. la trachée - artère.

PLANCHE QUATRIEME.

Fig. FUI.

Trachée-artère du dinde. A, B, trachée-artère. C, œso- phage. D , endroit étoit la poche et qui a été lié. E , F , G, H, artères. I, nœud est la partie inférieure du larynx. K, trou situé eetre les deux bronches. L,M, deux muscles placés le long de la trachée-artère.

Fig. IX.

La glotte du pigeon. A , B , la glotte. C , D, pièces comrue frangées on hachées, qui accompagnent la langue et la glotte de plusieurs oiseaux. E , la trachée-artère.

Fig. X.

Cette figure offre la glotte du rossignol ; sa forme y est dessinée en grandeur naturelle; derrière, sont les pièces hachées ou frangées.

Fig. XL

Larynx de l’alouette , qui donnera une idée de cet or- gane, vu en dehors, dans tous les petits oiseaux; on y voit la trachée-artère, ses deux muscles longitudinaux, le*

ronc es , et en A , un muscle qui recouvre l’organe vrai- ment sonore.

F’^. XI J.

Dans cette figure , on voit ces parties en grandeur natu-

re e A, la langue. B , l'ouverture du larjni dans lequel

sont les cordes vocales. C, D, les bronches qui sont très, courtes.

fragmens

Sur l’Anatomie et la Pliysiologîe de l’œuf , tirés du Vocabulaire Anatomique , et d’un Mémoire inédit sur ce qui arrive au jaune de l’œuf apres l’incubation.

de l’œuf.

OEuf, Oi’um, est une production couverte d’un« enveloppe plus ou moins dure, propre aux femelles des oiseaux , des reptiles , des poissons et des in- sectes, et qui contient, lorsqu’elle a ete fecondee par le mâle, le germe de l’embryon.

Qjuf avec ou sans enveloppe osseuse.

On doit distinguer dans l’œuf deux sortes de par- ties, savoir: i“. les parties contenantes ; 2”. les parties contenues.

r. Les parties contenantes de 1 œuf de oiseau sont ce qu’on peut proprement appeler les enve- loppes extérieures de cet organe, c’est - a - dire . a coque et la membrane qui tapissent immédiatement l’inlérieur de eette coque. La ineinbrane qui l.r ta- pisse en dedans adhère intimement a sa s.irlace elle est blanche et légèrement raboteuse du co e par lequel elle lient à la coque, Ires-lisse e blanc moins éclatant dan» sa face interne.

Dans le gros bout de l’œuf, et tou, ours u p e i m le c,-,té, on trouve constamment un petit espa e vide, ou plutôt qui ne contient que de l-t"- .spaco a la forme d’un petit «■gineiit do sphèic.

ANAT. ET PHYSIOL. DE L’ŒEUE. SS5

est à im écartement particulier des deux lames de la membrane qui revêt l’inténeur de la coquille; de sorte que la plus extérieure de ces lames se trouve adhérente et suspendue au gros bout de la coque, tandis que le feuillet interne est comme refoulé vers 1 extrémité opposé* de l’cjeuf , et soutenu sur l’enve- loppe des blancs.

11°. Sous la tunique qui revêt immédiatement la face interne de la coquille, est une seconde enve- ^loppe ou capsule dont les usages tiennent de plus près au développement de lernbryon. La face exté- rieure de cette seconde enveloppe est collée à la sur- face interne de la membrane propre de la coquille, inais d’une manière si lâche qu’il est très- facile du l’en séparer sans la rompre. C’est sur cette seconde tunique que sont répandus les linéamcns ou ramifi- cations de la plupart des vaisseaux sanguins qui com- posent le cordon ombilical, comme il est aisé d*

6 en convaincie si Ion examine des œufs soumis de- puis quelques jours à 1 incubation. Cette seconde en- veloppe renferme les autres parties intérieures de l’œuf, telles que le blanc ou les blancs, le jaune et ses annexes, le germe ou la cicatricule, etc.

DU BLANC DE l’uïUF.

Le blanc dœuf (^albumen) , est composé de deux substances très-distinctes , qu’il est essentiel de ne pas confondre. Ou les appelle les blancs.

Le piemier blanc, ou blanc extérieur, est une humeur séreuse très limpide. Ce fluide, placé im.

5go SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, médiatcraent sous l’enveloppe membraneuse com- mune , compose la couche extérieure; de sorte que c’est dans cette humeur que nagent et sont sus- pendus le second blanc, le jaune et ses annexes, tels que les chalazes et le fœtus, dans le temps de l’in- cubation.

Quant au second blanc, ou blanc intérieur, c’est à lui qu’appartient proprement le nom d’albumen , ou humeur albumineuse. Il entoure immédiatement le jaune , et forme la plus grande partie de la masse de l’œuf; ses proportions, relativement au blanc ex- térieur, sont à peu près comme quatre ou cinq à un, dans l’œuf qui n’a pas été soumis à l’incubation.

Les propriétés principales de ce second blanc sont d’avoir une grande ténacité,- et surtout de se coa- guler au degré de chaleur de l’eau bouillante en une masse blanche très-- connue.

Les limites qui séparent les deux blancs l’un de l’autre sont très - marquées ; et quelques efforts que l’on fasse en les battant fortement ensemble , on ne réussit point à les mêler, si ce n’est par 1 intermède de l’humeur renfei'inée dans la capsule du jaune.

Le blanc intérieur réfracte puis.sammenl lesi'ayons lumineux, qu’il paroît l’assembler à la manière des verres lenticulaires. Il a l’éclat et la transparence du cristal. Sa viscosité fait qu’étant abandonné h lui- même il s’étend très- peu. 11 est situé en grande partie vers la petite extrémité de l’œul , de manière qu il y forme une couche beaucoup plus épaisse autour tlu jaune que partout ailleurs, enfin il adhère fortement

AN AT. ET PHYSIOL. DE L’(HUF. Sgi

au centre du grand hémisphère du jaune , dans la région* opposée à la cicatricule. Cette adhésion est si intime dans l’œuf qui a été couvé, qu’on est obligé d’employer le scalpel pour les séparer l’un de l’autre.

DU JAUNE D’tBUF ET DB SES ANNEXES.

Jaune d’œuf Çi^itellus). Pour bien connoîlre ce corps et la nomenclature qui le concerne, il faut le considérer dans cinq états différens, par lesquels il doit successivement passer: i”. dans l’œuf non-fécondé et qui n’a pas été soumis à l’incubation ; 2°. dans 'l’œu! fécondé qui n'a pas été couvé; 5". dans l’œuf fécondé qui a éprouvé les effets de l’incubation ; 4°. dans l’œuf couvé dont le fœtus est sur le point de sortir de sa coquille ; 5*. dans le poulet qui vient d’éclore, et quelque temps après sa naissance.

Le jaune est un corps de forme sphérique et d’une consistance molle. Il n’occupe point le milieu de la coque ; on le ti'ouve ordinairement plus près de la grosse extrémité que de la pointe , et toujours plus avancé vers un côté que vers l’autre , comme il est aisé de s’en convaincre en faisant cette recherche sur des œufs durcis au feu.

Le jaune ne flotte point au hasard dans l’intérieur de l’œuf-, il est comme fixé par deux ligamens qui sont en partie membraneux et en partie albumineux.

Ces ligamens forment ce que l’on appelle les cha- lases (grandines), deux petits corps blanchâtres et

092 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES, 'gélatineux, Tune consistance assez ferme , situés aux deux pôles du jaune auquel ils sont fortement adhérens.

Les chalazes , considérées dans leur situation na- turelle, répondent aux deux extrémités de l’œuf, l’une à sa pointe, et l’autre à sa base. Ces deux corps communiquent ensemble par une zone blanchâtre très-mince, qui entoure le jaune, et qui paroît faire partie de sa capsule. Cette bande n’est bien visible ([ue dans les œufs qui sont ti’ès- frais. C’est elle qui partage le jaune en deux hémisphères inégaux ; l’un plus petit / au milieu duquel se trouve la cicatricule ou le germe, et qui se présente toujours en dessus; l’autre plus grand, et qui tend à occuper la région

la plus déclive. .

L’extrémité de chaque chalaze , qui est opposce a celle par laquelle on voit ces productions adhérer au jaune, est attachée à la face interne de la mem- brane qui enveloppe immédiatement les blancs par le moyen d’un ircicius ou prolongement albumineux beaucoup moins densp et plus transparent que la chalaze elle -même. On a donné le nom de glaires ou de colonne, coliannœ , à ces deux px’olongemeus des chalazes. Leur insertion , ou plutôt leur adhérence à la membrane qui enveloppe les blancs, se fait vers l’extrémité de l’œuf; de sorte que le jaune se trouve, par le moyen do ces colonnes albumineuses , comme suspendu et fixé vers le centre.

La chalaze qui répond à la pointe de l’œuf est ordinairement plus grosse , ainsi que sa colonne , que

ANAT. ET PHYSIOL. DE L’dîUF. 5g5

la clialaze et la colonne qui sont placées vers la base ; aussi l’adhérence de la première de ces cha- lazes, qu’on appelle pour celte raison la grande cha- laze , à l’enveloppe meml)raneuse des blancs, est -elle bien plus forte et plus remarquable que celle de la clialazc qui répond au gros bout de l’œuf, ou petite chalaze.

La forme extérieure des clialazes est telle, qu’à la première inspection, il semble qu’elles adhèrent à nn enchaînement de plusieurs grainsgélatineux, réunis en chapelet par une substance intermédiaire de mémo iiatuie, et qui diminueroit de grosseur à mesure qn on les considéreroit plus loin du jaune. C’est à cause de cette disposition apparente que ces corps ont reçu le nom latin de grandines. Mais si on exa- mine attentivement les clialazes, il est aisé de convaincre qu au lieu d’ètre une série de grains sphé- riques, comme on l’a cru, elles ne sont au moins, quant à la forme, qu’une production gélatineuse, tournée irrégulièrerpent en spirale, à peu près comme le cordon ombilical des fœtus des quadrupèdes.

Ou doit distinguer dans le jaune deux parties prin- cipales; ces parties sont 1 humeur du jaune, ou la capsule ou tunique qui contient celle humeur.

La capsule du jaune dans un œuf frais, et qui n’a pas été soumis à l’incubation , est une membrane transparente très-déliée et très- mince : on n’y dis- tingue alors aucune organisation bien marquée, mais seulement une zone ou ceinture d’un blanc plus mat , plus opaque que le reste de la tunique, plus dijQEicile

5g4 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, à rompre , et à laquelle est, fortement attachée , ver» les deux bouts opposés de l’œuf, une des extrémités de chaque chalaze; On aperçoit obscurément , dans celte ceinture blanchâtre , des fibrilles qui se portent en divers sens, mais principalement dans une direc- tion parallèle à celle de la ceinture elle-même. Cette zone, ou bande circulaire, partage le jaune en deux hémisphères inégaux, savoir l’un plus considérable, qui tend à occuper la région la plus déclive, l’autre, moins volumineux , et qui se tourne toujours en

dessus.

Indépendamment de la ceinture ou bande circu- laire blanchâtre , dont je viens de parler , on remarque encore dans la capsule , vers le milieu du petit herms- phère du jaune , une tache ronde , également blanchâ- tre , de la largeur d’une lentille ordinaire ou d’un petit

pois. Cette tache , ou petit nuage , est ce qu’on nomme communément la cicatricule ou le germe. On y peut dislinguer différens cercles aussi bien ’exp-imes dan* les œufs non-fécondés, que dans ceux quilont ete.

L’humeur du jaune, considérée dans un œuflra.s, est un sucre à demi concret , ou épaissi a peu pies en consislance ae .mel Celte l-meuv e la

propriété de ae coaguler au degré de chaleur de eau Luillante. de même que le Idanc dmuft e le se mêle et se dissout aisément à froid dans tous les li- quides aqueux : on peut la joindre aux laisses et la faire servir d'intermède , comme es liueurs’émulsives. pour dissoudre dans l’eau toutes «ovles de subslances grasses et huileuses.

ANAT. ET PHYSIOL. DE L’(EUF. 5g5

II. La plupart des physiciens qui se sont occupés de celte recherche, et particulièrement Malpighi , ont cru apercevoir, dans le centre de la cicatricule du jaune d œuf fécondé, des traces sensibles du petit embryon que la chaleur de l’incubalion doit faire eclore ; tandis que dans le germe de l’œuf non -fé- condé , on n’entrevoit , suivant ces auteurs , qu’un assemblage informe de quelques cercles concentriques Ion ne découvre aucune organisation qui puisse y faire soupçonner l’existence du fœtus.

Des philosophes non moins recommandables, et à la tète desquels je crois devoir placer Haller et M. Charles Bonnet, assurent au contraire qu’on dis- lingue aussi bien les ébauches de rembryon dans la cicatricule non-fecondée , que dans celle qui l’a été. En gai’dant toute la réserve que l’on doit se prescrire en pareil cas, je suis d'autant plus porté vers cette dernière opinion , que dans les observations nom- breuses que j’ai laites sur ce sujet, et malgré toute 1 attention que j’y ai apportée, je n’ai jamais pu re- marquer une dilférence notable entre les germes des

œufs non- fécondés et ceux qui avoient éprouvé l’in- iluence du mille.

ni. 1». Deux ou trois jours au plus tard, après le premier moment de l’incubation, on ‘observe à la vue simple ainsi qu’à la loupe , dans les bords de la circonférence de la cicatricule, et surtout dans les trois-quarts de cette circonférence, une multitude de points d’un rouge obscur, ou d’une couleur de pourpre très-foncé. Ces points sont de diverses grau-

$96 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, deurs, et ils paroissent comme isolés et sépares lei uns des autres. On ne remarque eeu ux aucune sorte de mouvement. La cicatricule s’est un peu élargie.

Au centre de cette cicatricule, on découvre im petit corps allongé, dont une des extrémités semble se terminer en pointe. On ne peut bien distinguer ce corps vermiculaire d'avec les autres parties environ- uantes de la cicatricule, que parce qu’il est d’un blanc grisâtre, plus brun ou plus opa.jue que les autres points de celle surface.

2°. Vers le qualrièmeou cinquième jour, le germe s’eit'encore plus agrandi, les points pourprés de sii circonférence paroissent d’un rouge plus vif; ils sont aussi beaucoup plus multipliés, plus rapprochés les uns des autres, et ils s'avancent davantage vers le centre de la cicatricule. Déjà on voit vers le centre du germe, ou plutôt au milieu du petit corps allonge qui occupe ce centre, deux points rouges, beaucoup plus grands que les précédens, sépares 1 un de laulie par un espace beaucoup plus large , qui battent sans cesse alternativement. Ces deux points saillans sont les deux ventricules du cœur de 1 tm nyon.

L'embryon lui -même, ou le petit corps allonge qu’on voit an cc.lre de la cicatricule, a une forme beaucoup mieux déterminée; il pareil dcja nagei dans une bulle remplie d’une lymphe Ives- l.rap.ae . et qui est presque de la grandeur de la cicat , ulc A làcirconférence de la cicatricule , on reniaïque d. séries de points d'un autre genre que ceux t o J déjà parlé. Ces nouveaux points sont d un jaune

ANAT. ET PHYSIOL. DE L’ŒEUF. 097- claii’ , ils accompagnent parallèlement les séries de» points rouges ; et celte suite de points jaunes compose ce qu’on nomme le vaisseau du jaune, de même que la réunion de diverses séries de points rouges forme les vaisseaux sanguins ombilicaux, et les vaisseaux omplialo - mésentériques ou vaisseaux sanguins du jaune.

3°. Au neuvième ou dixième jour environ , la cl- calricule s’est singulièrement étendue. Les moignons des ailes et des pattes de rembryon, flottant dans la bulle qui le renferme, comm.encent à se montrer très- distinctement. La queue, qui forme le croupion et lo coccyx , s’est raccourcie. La tète , les yeux , et la plu - part des organes sont appareils. Les batlemens du cœur sont très-forts et très -manifestes 5 et de dif- férentes séries de points rouges et^e points jaunes , semés vers la circonférence de la cicali’icule , il résulie un triple système vasculaire complet, savoir celui des vaisseaux ombilicaux, celui des vaisseaux sanguins du jaune lui-mème, et celui des vaisseaux jaunes , dont le tronc s’ouvre dans le conduit intes- tinal , un peu plus loin que le milieu de ce conduit.

Plus ce développement du fœtus s’avance, plus aussi le jaune paroÎL acquérir d’étendue, et plus tout à la fois l’humeur contenue dans la capsule du jaune perd de sa consistance et de sa viscosité.

IV. Lorsque le fœtus est sur le point d’éclore, les blaucs de l'œuf se trouvent entièrement consom- més 5 mais le jaune paroît avoir augmenté de volume. Le lœtus s est nourri et développé , jusq^u’à ce mo-

5g8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

ment, aux dépens du blanc; à cette époque la masse entière du jaune passe par l’ouverture du nombril dans le ventre elle est attirée. On croit que c’est de cette masse , renfermée dans la cavité de l’ab- domen , que le poulet tire toute sa subsistance pen- dant les deux ou trois premiers jours qui suivent la naissance. Cette conjecture est confirmée par l’observation ; car on trouve alors , dans le conduit intestinal, une liqueur jaunâtre qui ressemble, par tous les signes extéi’ieurs , à celle que renferme la capsule du jaune.

V. Cependant il résulte de quelques expériences que j’ai faites sur des poulets nouvellement éclos, en leur extirpant le jaune qui étoit encore à peu près tout entier dans la cavité abdominale, que ces ani- maux, étant convenablement soignés après cette opération, peuvent survh’-re au moins très- long- temps; de sorte qu’il ne paroît pas qu’il soit d’une nécessité absolue pour leur conservation qu'on ne les frustre point du suc alimentaire que la masse du jaune verse dans leurs intestins.

Quoi qu’il en soit, dans les jeunes poulets aux- quels on n’a point enleve le jaune , ou voit cet oi- gane diminuer insensiblement de grandeur, et dispa- roître enfin tout -fait après un temps plus ou moins long. Alors, il ne reste plus de cet organe que le tronc commun du vaisseau jaune, qui s’est endurci à mesure que la m.atière du jaune s’est épuisée ; ce tronc du vaisseau jaune demeure, pendant toute la vie de l’animal , attache et suspendu aux parois du

ANAT. ET PHYSIOL. DE L’ŒUF. 5gg

tube intestinal, comme un appendice vermiforme.

ojez Je Discours sur les rapports de l’Histoire na- turellfe avec l’Anatomie.

«ES POULETS.

Poulet, Pullus galUnaceiis , est le produit de l’accouplement du coq et de la poule domesiique, comme parmi les animaux vivipares, le foetus est le résultat de la réunion du mâle avec une femelle de la même espèce.

Pour acquérir une idée précise de la formation et de l’accroissement des petits en général , et de ceux des animaux ovipares en particulier, les obser- vateurs se sont principalement attachés à examiner et a recueillir les divers phénomènes que pi-ésente développement successif du poulet dans l’œuf, sou- mis a la chaleur de l’incubation. Je placerai ici un abrégé de leurs recherches pour faire connoître la nomenclature qu’ils ont adoptée à ce sujet.

Environ douze heures après que l’œuf a été mis à couver, on commence à distinguer au milieu de la cicatricule la membrane qui paroît tenir lieu de chorion et que les physiologistes appelent le nid du poulet, nidus ou la membrane du nid ; on décou- vre de, a les premiers linéamens du fœtus, caHna,

Sur la fin du premier jour, la forme du nid est bien déterminée.

On voit la première ébauche dn rézeau vasculaire très- remarquable qui entoure le fœtus dans toute letendue de la cicatricule; on nomme ce réseau la

4oo SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES, figure veineuse: il paroît tenir lieu de placenta; les raraificalions vasculaires qui le parcourent en tous sens , sortent des vaisseaux ombilicaux ; ce rézeau vasculaii’e peut déjà être aperçu treize heures et demie après que l’œuf a été soumis à l’incubation. Une grosse veine circulaii-e en termine la circon- férence; on nomme cette veine le cercle veineux, çirculus venosus.

Après un jour et demi, ou vers la trente-huitième heure, on voit les premières traces de l’amnios, qui est caché sous la membrane du nid.

Le cœur du poulet, /JwncZnni saliens , et les raci- nes des gros vaisseaux qui sortent de cet organe , ne sont d’abord dans l’embryon qu'une espèce de cercle ou d’anneau vasculaire qui paroît alors uniforme dans tout son trajet. On n’y aperçoit dans les pre- miers instans de l’incubation aucune trace bien dis. lincte des différentes parties qui doivent former dans la suite les cavités de cet organe. On nomme ce cercle vasculaire l’anneau ou le cercle de Malpighi , parce que cet auteur est le premier qui en ait bien

reconnu et exprimé la forme.

Bientôt après , on distingue dans des points éloi- gnés de ce cercle: i». différens réservoirs qui doivent constituer proprement le cœur; 2”. les gros vaisseaux qui sortent de cet organe; 3“. dessegmcns vasculaires,

ou conduits de communication , dont 1 un qui est tics

long, se trouve entre l’oreillette droite et la base du ventricule gauche, et l’autre beaucoup plus court , est placé entre ce ventricule et la bulbe ou l’origme

ANAT. ET EHYSIOL. DE L’(ELIF. 4oj de l’aorte. Le premier de ces deux conduits de com- munication est appelé le canal veineux ou auricu-* laire , canalis venosus sive auricularis : on nomme 1 autre l’isthme^ isi/imus , ou le détroit t|ui unit la bulbe de l’aorte avec la partie supérieure du ven- tricule gauche du cœur.

^ Dans la suite, l’oreillette droite du Cœuf, quin*étoit d’aboidqu’une portion de la veine cave, prend une lorme plus marquée, et se partage en quelque sorte en deux cornes ou angles, dont J’mterstice est occupé par un espace blanc : l’angle antérieur, qui paroit le plus considérable, forme l’oreillettegauche. C’est dans l’mtervalle qui sépare ces angles, qu’est placée l’ia- sertion du canal veineux»

Le ventricule gauche ou aortique du cœur paroît aussi bientôt après, comme divisé en deux loges de manière que la cloison intermédiaire de ces logel est marquée par une ligne blanche, comme celle qui désigné la séparation des oreillettes. Dans ces premiers temps, W ventricule droit est très petit* il est situé touCà-fait vers la partie supérieure du cœur,

3l salonge ensuite pâr degré vers la pointe.

Le cœur et ses mouvemens alternatifs sont quel- quefois faciles à distinguer dès la quarante-deuxièmé heure ; mais on ne les aperçoit le plus souvent que veis la hn du second jour, ou vers le commence- ment du troisième.

La figure veineuse esl parfaitement déterminée ver4 la fi,.d„ ,ro,s.ème jour, et le sang qui étoit ouleurjaune, commence à prendre une teinta vouge.

as

4o2 sciences PHYSIOL. et ^MEDICALES.

A celle époque ( à la quarante-huitième lieure) » on distingue quelques rnouvemens dans le foetus.

On aperçoit aussi les battemens alternatifs des dllïerens points qui correspondent aux cavités du cœur.

Ces cavités sont au nombre de trois ; elles se mon- trent sous la forme de vésicules : celle qui doit former l’oreillette droite , et qui n’est autre chose qu’une por- tion de veine-cave ; elle bat ordinairement la première ; la seconde est le ventricule gauche du cœur: la troi- sième dans l’ordre des battemens constitue le bulbe de l’aorte. Le ventricule droit et l’oreillette gauche ne sont point encore développés.

Les petits moignons des ailes et des extrémités inférieures commencent à sortir du corps, ou plutôt à se montrer dans le troisième jour ( à la soixante- cinquième et à la soixante- dixième heure.

On distingue aussi déjà à la soixante-dixième heure l’oreillette gauche du cœur et les traces de la sépara- tion qui doit bientôt se faire entnp les deux ventri- cules de cet organe.

Au développement de ces dilférentes parties, suc- cède, vers la fm du quatrième jour la quatre- vingt -seizième heure) la première apparution du foie, du gésier et des intestins : le plus ordinairement, le foie ne se montre que vers la (jualre- vingt-sei- zième heure , et l’estomac et les intestins vers la cent-vingtième heure , dans le courant du sixième jour.

Le ventricule droit du cœur est très-facileà romar-

ANx\T. ET PIIYSIOL. DE L’(EÜF. 4o=î

quer vers la fin du quatrième jour ou au commen- cement du cinquième jour ( à fa quatre-vingt-sei- zième heure ) 5 et vers la fin du cinquième jour, les deux venlx ic ules sont très appareils, et bien conformé^» C’est vers le milieu du sixième jour d’inruhation , qu’on parvient à reconnoître le poumon.

1 eu d heuies après , ^ a la ceiit-quaraule-deuxième heure ) les reins commencent à paioîlre.

A cette mèma époque du sixième ou septième jour d’incubation, le cœur et les gros vaisseaux qui en sortent, se montrent sous la forme ijuils doivent désormais conserver ; le long conduit veineux ou auiiculaire ( cciiialia siue Uuctus vcfwsus vtl iiuricu» lavis), qui élablissoit une communication entre les deux oreillettes et le ventricule gauche, a disparu ainsi que le bulbe de l’aorte, qui est à l’origine do cette artère. Le conduit veineux s’étant raccourci par degrés, forme 1 orifice veineux (^ostium venosum ) , qui établit une communication entre les cavités des deux oreillettes, et le bulbe de l'aorte, est totale- ment lentre dans la base du cœur, de sorte que l’ar- tère pulmonaire qui paroissoit ci-devant confondue avec l’aorte, est alors distincte et séparée de ce dernier vaisseau.

La vésicule du fiel et le sternum se montrent entre la fin du septième jour et le commencement du huitième.

On voit la plume paroître à la surface de la peau et la recouvrir au commencement du dixième joui-.

A cette époque, tous les organes du poulet sont

4o4 SC'IENCES PHYSIOL. ET xVIEDICALES.

apparens: les nouveaux changemens qui surviennent par suite de l’incubation, ne consistent que dans un plus grand développement de ses différentes parties.

On dit ordinairement qu’il y a des animaux vivi- pares et des animaux ovipares.

Les ovipares sont incomparablement plus nom- breux , puisque le foetus des vivipares , renfermé dans des membranes et entouré de fluides , peut être considéré comme un œuf que la femelle couve en son sein , et sous cet aspect , la nature vivante est toute entière ovipare. Ainsi, c’est dans l’anatomie de l’œuf que l’on, devroit chercher l’explication de cette grande énigme de la généi’ation. 11 importe sur- tout de suivre l’état du jaune de l’œuf dans le ventre du poulet.

Les premiers jours de l’incubation sont "destinés au développement du cerveau , de la moelle épinière et du cœur. C’est vers le milieu de ce temps-là que se montre le système intestinal et gastrique , auquel le jaune de l'œuf appartient. Depuis le dixième jour de l’incubation, jusqu’au dlx-neuviéme , le jaune excavé dans sa face supérieure , et servant de lit à l embryon , loin de diminuer de volume , s’accroît et devient en même temps plus fluide et plus verdâtre. Celte aug- mentation de volume et de fluidité provient de ce que le blanc se mêle avec jaune. Aussi, observe- t-on ([u’à celte époque, la masse du blanc diminue, s’épaissit et disparoît. On a découvert les bran- ches des artères mésentériques moyennes et de la veine porte, qui sc répandent sur le sac du jaune.

AN AT. ET PHYSIOL. DE L’(HUF. 4o5

qu elles pénètrent , et dentelles alimentent profonde* ment les membranes; d’où je conclus que le jaune, arrosé par les vaisseaux propres aux viscères de l’abdomen, appartient plus intimement au poulet que le reste de l’œuf, dont la surface n’est recouverte que par les vaisseaux ombilicaux , comme l’avoit ob- servé Haller.

Cest jîar un pédicule creux que le jaune de l’œuf communique avec le tube intestinal du poulet , dont ïlest le premier aliment. Le volume de ce pédicule est d’abord presque égal à celui de l’intestin; mais comme ce dernier s accroît , le pédicule demeurant le même, on aperçoit bientôt une grande dispro- portion entr’eux.

Lesphysiologistesontdit qu’à la fin de l'incubation le jaune entroit dans l’abdomen. J’ai cru réduire a leur juste valeur ces expressions peu exactes, en observant que le ventre , qui avoit une étendue immense, relativement au corps de l’embryon, se resserre alors; et eu expliquant le mécanisme à l’aide uquel le jaune cède à l’action des membranes qui le pressent, eu se contractant, et ne fait que se rap- procher des viscères, à la nutrition desquels il doit puncipalement servir. Le jaune , auparavant divisé en deux ou trois lobes, lorsqu’il formoit comme une

ceinture autour du jeune poulet, paroît alors sous la forme d un petit baril alongé ; et c’est vers le côté cil oit du ventre qu’il se place.

On voit les divers états par lesquels le jaur.e passe successivement, en Toi, servant à différens

4oG SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.

jours , depuis la naissance du poulet. -J’ai suivi les diminutions de son volume, ses changemens de forme . ainsi que les variations qu'éprouvent le pédicule qui lui sert de canal, et le ligament ombi- lical, jusqu’à ce qu'enfin les débris du jaune se trou- vant rcdiiils au yolume d’un grain de millet, le ligament disparoîl ; et le pédicule du jaune n’étant ])lus soutenu par ce ligament le renvei’se surl’intes- liujOÙ il demeure ainsi couché. J’ai fait, pourrendre sensiUe à l'œil cette gradation d’états , dessiner, à diflércnies époques, les viscères du poidel nou- vellement éclos. L’histoire naturelle fournil des rap- procbemens curieux entre les insectes et les oiseaux; l’abeille sui toul a des traits marqués d’analogie avec le poulet nouvellement éclos : on y trouve, après qu’elle a été débarrassée de son enveloppe, le même miel dont le ver s’est nourri quelques jours avant sa métamorphose , comme le jaune de l’œuf existe dans ]e ventie du poulet, quelques jours après sa nais ' sauce. On poursuit celle analogie , qui se sou- tient par- tout dans ces deux classes d’ovipares, ([Lioique d’ailleurs très éloignées l'une de l’auti'e. J^i fait ensuite dilfércnles expériences à l’aide desquelles j'ai véi’i fié combien lejauneéloit utile à la subsistance du jeune poulet ; en extirpant cette liqueur, quelques joui's après la naissance de l'oiseau , quoique la plaie fût bien cicatrisée, l’animal qui avoil été soumis à îelte opération , lomboil dans un étal de langueur , qui se terminoit par une mort plus ou moins prompte. On peut rapprocher de ceg faits les résultats

AN \T. ET PMYSrOL. DE L'(HUF. 407 des recherches que Haller avoit publiées lui-mèrae sur la structure de l'œuf, et les observations analogues que les physiciens modenu sonlrecueillies. C'est l’ensemble de toutesces circonsiaiicej qui détei'minent ou favori- sentie développement (lu germe contenu dans l’œuf.

Elles sont donc trt-s- nombreuses, les nuances de la vie; les germes non-fécondt‘s forment la première; les germes fécondés et parfaits, mais dont le déve- loppcmentest suspendu, forment la seconde. Bientôt un mouvement intestin gonûe les vEcères; le cerveau j)aroit sous la forme de vésicules qui se boursoufllent ; le c(eur est un anneau noiumx , dont les rcnfleniens «’agiteront; des organes particuliers, et qui ne dure- ront qu’un moment, naissent, se perfectionnent et lueurent ; c’est l'embryon. Cependant les fibres se serrent, les masses se rapprochent , les extrémités se hiçonncnt, et le corps est entier; c’est le fœtus. Voit- il le joui i autre élément, autre aliment, autre tra- vad; les poumons se développent, et la circulation est changée; c’est le nouveau né. Dans la sixième époque, l’organe de la digestion s’affermit, et les germes des premières dents se montrent; dans la

septième, ces germes se détruisent et d’autres les remplacent.

Mais i,„e nouvelle exislence se prépare ; les organes ela reproduclion se développent; cl c’esi la puberté, eiulanl que la grossesse, l'accouchement et la l.iclat.on remplissent la plusbelle portion de la vie pendant que ces importantes fonctions produEent ‘l«i.s une classe très-étendue d’organes, de grandes

4o8 SCIENCES PHYSIOL. ET -MEDICALES.

alternatives d’accroissement et de décroissement, de travail et de repos, le système nerveux acquiert toute sa consistance et les muscles toute leur force; c’est la maturité ; les organes de la réjn’oduclion s’afloi* bîissent et meurent à leur tour ; ceux de la diges- tion languissent, et c’est la décadence ; enfin, les fibres deviennent dures et pesantes , et le mouvement cesse avec la vie , pendant laquelle il s’est fait une suite non-inleiTompue d’évolutions et de destructions partielles, dont le cours entier de l’existence orga- nique est formé.

FIN DU QUATRIÈME VOLUME.

#

table.

DEUXIEME PARTIE.

SCIENCES riIYSIOLOGIQ. ET MEDICALES.

Avertisse.mknt de l'Éditeur.

PRE.MIERE SECTION.

page 1

DISCOURS SUR lA N .A.T O M I £.

Premier discours. De I -dnatomie en général ;

. des êtres qui en sont le sujet ; de leurs carac- tères , etc. ^

Plan d un Cours d' Anatomie et de Physiologie. 35

Remarques sur ce plan , par l'Editeur. io5

Deuxieme discours. De t Anatomie comparée

, en général. ^5^

TROISIEME discours. Exposition des caractères qui distinguent les corps vivans , et idée géné- rale de l'organisation des plantes et des ani- maux. 22-

deuxieme section.

Mémoires et Fr.\gmens sur l’Anatomie , la Physiologie et l.y Médecine.

Mémoire sur le parallèle des extrémités , dans l homme et les quadrupèdes. 5^5

Mé.moire sur la structure de l'organe de l'ouïe ,

4io table.

des oiseaux , comparée avec celle de l'organe deVouie dans l'homme, les quadrupèdes ^ les reptiles et les poissons. 538

Mémoiue sur la voix. 558

Explication des quatre premières planches. 584 Fragmens sur V Anatomie et la Physiologie de l'œuf. 388

labledu quatrième volume.

erratum.

P. 25i , !• a8 , hydauuj , phallus , lise* bydaum phallus.

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