pfcSfijfc j ■'» 4'- Wmm W£*5&l j- y ,*i j§p| Mm I 'N ; s ~isfc LA MÉDECINE éclairée PAR LES SCIENCES PHYSIQUES, V OU \ v JOURNAÈ dÉs DÉCOUVERTES \ i RELATIVES AUX DIFFÉRENTES PARTIES DE L’ART DE GUERIR; Rédigé par M. FOURCROY. TOME TROISIÈME. A PARIS, Chea Buisson, Libraire , Hôtel de Coè’tlosquet , rue Hautefeuille , N® 2.0. Sk’ Digitized by the Internet Archive in 2015 https://archive.org/details/b21980342 N°. Ier. LA MÉDECINE ÉCLAIRÉE PA Pu LES SCIENCES PHYSIQUES, o u » ’ JOURNAL DES DÉCOUVERTES Relatives aux différentes parties de l’Art de Guérir. CHIMIE. Extrait d’un Mémoire de M. Fonrcroy , sur les différentes variétés de sulfate de mer- cure , et sur leurs précipitations par les al- calis' et spécialement par V ammoniaque . Annal, chimiques , tom. X , page 293. Le mercure fournit aux physiciens une mine inépuisable , où chacun, en y descendant:, trouve des richesses nouvelles s’il y porte des instru- mens propres à ]es découvrir et à les exploiter. Jamais substance n’a plus occupé les savans de tous les genres, et nulle n’a si généreuse- ment récompensé leurs soins et leurs travaux que le mercure. M. Fourcroy ne s’attendoit pas , en se tra- çant la route qu’il devoit suivre dans ce travail , à rencontrer autant de sentiers latéraux entiè- rement inconnus , et aussi fertiles en faits nou- veaux. En effet , chaque expérience sur cette 4 LàMédecïwe matière a été pour lui un trait de lumière qui l’a conduit à des résultats très-intéressans , et qu’il ne pouvoit pas prévoir d’avance. Son mémoire est divisé en deux parties ; la première comprend des remarques sur la pré- paration et les différens états où peut se trouver le sulfate de mercure ; la seconde ren- ferme les précipitations du sulfate de mercure par les alcalis , et les propriétés des sels triples qu’il forme avec l’ammoniaque. De la préparation du sulfate de mercure et de ses variétés. Pour préparer le sulfate de mercure ^ on fait bouillir ensemble une partie de mercure cou- lant , une partie et demie d’acide sulfurique , jusqu’à ce que le mercure soit réduit en une masse blanche formée de petits cristaux. Pen- dant cette opération , le mercure est agité d’un mouvement continuel , par des bulles de gaz sulfureux qui s’en dégagent de toutes parts. Quand l’expérience a été faite lentement dans des vaisseaux élevés et qui ne peuvent per- mettre la volatilisation de l’acide sulfurique , le sulfate de mercure est blanc , encore en- vironné d’une certaine quantité d’acide sulfu- rique non décomposé , et n’est point converti en sulfate jaune de mercure par l’eau ^ s’il a été exactement séparé de l’acide sulfurique surabondant. Mais si l’on jette sur cette subs- tance mêlée d’acide sulfurique , de l’eau , et sur-tout de l’eau chaude , une grande partie sera dissoute , et l’autre se convertira en sul- fate jaune de mercure ou turbith minéral ÿ souvent même , si l’on donne un grand mou- vement à la matière , en commençant à y verser de l’eau , il arrive qu’elle se dissout entière- à C L A I R É E , ect. 5 ment sans qu’il y ait un atome de turbith formé. Si sur le sulfate de mercure dont on a enlevé l’excès d’acide sulfurique , on verse de l’eau froide , on achève de le priver de ce corps , et l’on met la matière dans l’état de sulfate de mercure blanc et neutre. Dans cet état , il n’a point de saveur acide , comme il avoit immédiatement après sa prépa- ration ; il n’a plus qu’un goût métallique plus ou moins analogue à celui de tous les sels mer- curiels ; il est moins dissoluble dans l’eau , et il ne rougit plus les couleurs bleues des végé- taux. Si en préparant le sulfate de mercure , on suit la méthode ordinaire employée dans les pharmacies , c’est-à-dire , si l’on chauffe forte- ment la masse jusqu’à ce qu’elle soit entière- ment desséchée , ou qu’elle commence à jaunir , l’eau , de quelque manière qu’on l’applique , la convertit en sulfate de mercure jaune ou turbith minéral. Le sulfate acide de mercure est plus disso- luble que le sulfate blanc neutre de mercure , et celui-ci l’est plus que le jaune ou le turbith minéral. Le sulfate de mercure pur et neutre se dissout dans 5oo parties d’eau , et le turbith minéral en demande 2000. Pour connoître le degré de dissolubilité que l’acide sulfurique pouvoit donner au sulfate de mercure , on a mêlé deux parties de cette matière et une partie d’acide sulfurique , et au lieu de 5oo parties d’eau, il n’en a fallu que 157 ; ce qui indique un effet plus grand que la cause qui le produit. Relativement à la dissolubilité du sulfate acide de mercure , M. Fourcroy a fait clea A 3 / 6 La Médecine remarques intéressantes. Si au lieu d’employer les 1 5y parties d’eau à-la-fois , on les partage en 4 parties pour les employer successivement, on ne dissoudra point entièrement le sulfate de mercure , parce que les premières doses n’enlè- vent presque que l’acide pur , et il reste pour les dernières un sel qui demande 5oo parties d’eau ; et dans un partage de cette nature , il a fallu 3^3 parties et demie d’eau au lieu de 1 5y , pour opérer cette dissolution. D’après ces expériences, M. Fourcroy dis- tingue trois variétés de sulfate de mercure : le sulfate de mercure , proprement dit, celui qui est blanc , qui n’est point acide et qui ne jaunit point ; le sulfate acide de mercure , qui n’est qu’une combinaison du précédent avec l’acide sulfurique ; enfin , le sulfate de mercure avec excès d’oxide et d’oxigène. Il a prouvé par la synthèse et par l’analyse , que Je sulfate de mercure blanc différoit du jaune par moins d’oxîgène, d’oxide et plus d’acide : en effet, le sulfate blanc de mercure , exposé pendant long- temps à l’air, jaunit et augmente de poids; chauffé dans des vaisseaux clos , il exhale de l’acide sulfureux, et prend aussi une couleur jaune. Par l’analyse , la dissolution d’une. quan- tité de sulfate blanc de mercure dans l’acide muriatique donne plus de précipité qu’une dis- solution de la même quantité de sulfate jaune de mercure. Quant à l’oxigène , il a prouvé , par le même acide muriatique, qu’il y en avoit plus dans le sulfate jaune de mercure que dans l’autre , puisque le jaune se convertit entière- ment en sublimé corrosif ’, et que le blanc reste à l’état de mercure doux . Pour démontrer cjue le sulfate jaune de mer- cure contenoit plus de mercure que le blanc , ÉCLAIRÉ Ë, etc. 7 il en a réduit deux portions égales à l’état de ' muriate de mercure corrosif pur , et il en a précipité l’oxide par un alcali fixe. Par ces ex- périences , il a trouvé que le sulfate de mer- cure blanc contient sur 100 parties, 12. parties d’acide , y5 de mercure , 8 d’oxigène et 5 d’eau ; et que le sulfate de mercure jaune ou turbifh minéral est composé sur 100 parties , de 10 par- ties d’acide , de 76 de mercure , de 11 d’oxigène et de 3 parties d’eau. De la décomposition des différens sulfates de mercure par les alcalis en général. Les différences qu’il y a entre les variétés du sulfate de mercure dévoient faire naître des phénomènes particuliers dans leurs précipita- tions par les alcalis. C’est ce qui est en effet arrivé , comme on va le voir tout à l’heure. La dissolution de sulfate de mercure dans l’eau est blanche et sans couleur. Elle a une saveur stiptique et métallique ; la chaux , les alcalis fixes et volatils en précipitent l’oxide sous une couleur noire, et cet oxide , exposé à la lu- mière , se réduit en mercure coulant. Les phé- nomènes qui se présentent pendant ces expé- riences se ressemblent parfaitement , excepté que le dépôt formé par l’ammoniaque , quoique analogue aux autres , en diffère seulement par la quantité, qui est plus petite. Chacun de ces réactifs , mis sur du sulfate de mercure sec, le noircit comme de l’enére ; et ces oxides sont réductibles par eux-nîr^é-s’ à la lumière. «r •' Dans cette, mamère d’opérer, l’ammoriiaqne offre quelque chose de particulier 5 c’est un bruit, un frissonnement semblable à celui d’un A4 8 La Médecine fer chaud trempé dans l’eau j dans chacune de ces expériences , la température du mélange est élevée. Après avoir décomposé la dissolution du sul- fate de mercure par les alcalis fixes , on ne trouve plus dans la liqueur aucune trace de mercure , et l’évaporation de cette liqueur le démontre complètement ; mais il n’en est pas de même de celle qui a été précipitée par l’am- moniaque , elle retient encore de l’oxide de mercure que l’on y peut démontrer par l’acide muriatique , par l’eau et par l’évaporation de la liqueur qui surnage le précipité. S’il est arrivé que l’on ait mis plus d’ammo- niaque qu’il n’étoit nécessaire pour la préci- pitation de l’oxide de mercure la liqueur où elle est contenue , exposée à l’air , déposera au bout de quelques heures de petits cristaux blancs , brillans , et ayant une forme régulière. A mesure que cette cristallisation s’opère , Fadeur ammoniacale de la liqueur diminue, ce qui indique que ce n’est qu’en perdant cette substance que les cristaux se déposent , et qu’elle contribuoit à leur dissolution. Au lieu d’attendre la séparation spontanée et lente des cristaux , si on verse dans la li- queur une grande quantité d’eau, elle se trou- ble et devient absolument comme du lait. Peu- à-peu il se précipite une poudre blanche., et la liqueur s’éclaircit. .. Cette poudre est composée d’oxide de mer- cure, d’ammoniaque et d’acide sulfurique ; c’est ép^tie M. Fourcroy appelle sulfate ammoniaco- mreicuriel. Les moyens d’analyse qu’il a mis en usage pour apprécier \eé quantités des principes du sulfate ammoniaco-mercuriel , sont trop com- pliqués pour que nous puissions les faire con- ÉCLAIRÉE, eCt. 9 noître ici ; nous nous bornerons seulement à leur résultat : 100 parties de ce sel contiennent 18 parties d’acide sulfurique , 33d.’ammoniaque , 3ç d’oxide de mercure , et à-peu-près 10 d eau. Ce sel a une saveur métallique et stiptique très- forte j il n’est que peu dissoluble dans l’eau ; il noircit à la lumière ; il donne à la distilla- tion , i°. de l’ammoniaque , iQ . du gaz azote , 3°. un peu de mercure coulant réduit par la décomposition de l’ammoniaque , 4°- du sulfate d’ammoniaque : il reste dans la cornue du sul- fate de mercure jaune ou turbith minéral. Il se dissout dans l’acide muriatique , avec lequel il forme du sel alembroth mêlé de sulfate d’am- moniaque. L’acide nitrique le dissout aussi , mais sans le décomposer. Ces expériences démontrent que l’ammo- niaque ne sépare point tout le mercure de l’acide sulfurique , qu’elle n’en précipite que la quantité nécessaire pour former avec l’acide sulfurique assez de sulfate d’ammoniaque pour donner naissance à un sel triple en s’unissant au sulfate de mercure non décomposé , et par lequel il est attiré. On conçoit facilement , d’après cela , pourquoi , dans une dissolution de sulfate acide de mercure , il ne se fait point de précipité noir, quelle que soit la quantité d’am- moniaque qu’on y ajoute , mais quelquefois un dépôt blanc 5 pourquoi , lorsqu’on mêle des dis- solutions de sulfate de mercure et de sulfate d’ammoniaque , il se forme un sel triple qui se dépose sur le champ sous la forme de poussière blanche. L’ammoniaque agit à-peu-près de la même manière générale sur les différens sul- fates de mercure , c’est-à dire qu’elle forme toujours des sels triples plus ou moins abon- dans t suivant que les sels contenoient plus ou lo La Médecine moins d’acide , et qu’elle en sépare toujours l’oxide sous une couleur noire. Les alcalis fixes n’exercent pas la même ac- tion sur tous ; d’abord ils ne forment point de sels triples , et ils précipitent l’oxide de mer- cure sous des couleurs différentes. Ils séparent un oxide jaune du sulfate acide de mercure et noir, des dissolutions du sulfate de mercure pro- prement dit, et du sulfate de mercure avec excès d’oxide. Ces différences dans les phénomènes ont em- barrassé M . Fourcroy pour leur explication. Il est admis par les Chimistes, que dans les disso- lutions métalliques blanches , les oxides y sont sans couleur : l’on sait que le mercure contient moins d’oxigène dans l’état d’oxide noir que dans celui d’oxide blanc ; d’après cela , il est aisé d’expliquer comment l’oxide de mercure passe du blanc au noir par l’ammoniaque 5 mais la nature inconnue 'des alcalis fixes jette beau- coup d’obscurité sur la manière dont ils préci- pitent^ d’une dissolution blanche de mercure , un oxide noir. Ouoi qu’il en soit , il est certain que toutes les fois que l’ammoniaque précipite Foxide de mercure , elle lui enlève une portion d’oxigène;que lesalcalisfixesle précipitent tantôt avec plus d’oxigène qu’il n’en avoit dans la dissolution et tantôt avec moins , comme dans î 'exemple de la décomposition du sulfate de mercure neutre. Tels sont les faits principaux que renferme le mémoire de M. Fourcroy, duquel nous pensons nue la lecture seroit d’un grand avantage pour les Chimistes , Médecins et Pharmaciens , qui doivent s’intéresser parti- culièrement à tout ce qui lient aux préparations mercurielles.. éclairée, ect. 1 1 MÉDECINE PRATIQUE. I. Lettre de M. Burel le jeune , ancien Méde- cin des hôpitaux militaires , pensionné par la communauté de Si que , district de Bri- gnol es , département du Var , à M. Four- croy, sur plusieurs abjections de nature char- b o rieuse. L'observation de M,. Chopart, rapportée dans le numéro XI de votre Journal , m’en a rap- pel'é quelques- mies de ce genre qui me pa- roissent de la plus grande importance. Je ne me permettrai des réflexions qu’après avoir établi les faits. Le nommé Andrieu , travailleur, d’un tem- pérament bilieux et sanguin, se sentit piqué au col ; il y porta la main avec violence et y écrasa une araignée. La chaleur et l’enflure survinrent- bientôt $ la dernière fit assez de progrès pour occuper dans l’espace de deux heures toute la partie antérieure , postérieure et supérieure du tronc , se portant tout le long du bras, où la chaleur lut vive avec sentiment de stupeur considérable : à ces symptômes se joi- gnirent bientôt des sueurs froides ass^z copieuses, des soulèvemens de cœur, des vomissemens , des défaillances, des foiblesses , des sincopes si rap- prochées qu’on crut que c’en étoit fait du ma- lade. Je fus appellé dans ces circonstances. Je trouvai le malade avec un pouls petit, très- fréquent et convulsif. Je découvris sur la partie piquée , un point de la largeur d’une pièce de douze sols, noir, semblable a un vrai char- bon , entouré d’une aréole de deux à trois lignes , qui en occupoit toute la circonférence. Ü La Médecine L’état du malade me fit porter un pronostic des plus fâcheux. Je fis à l’instant scarifier le point spliacelé , panser avec l’onguent égyp- tiac et fomenter toute la tumeur avec la dé- coction de scabieuse, animée de quelques gouttes d’eau de-vie. Je prescrivis en même temps une potion cordiale, à prendre à cuillerée toutes les demi-heures, ensemble une mixture faite avec alcali volatil six grains, décoction de mélisse deux onces , sirop d’œillet une once , à repéter de trois en trois heures. L’état du malade me permit de supprimer, à ma seconde visite , la potion cor- diale ; à celle du soir , je fis éloigner les prises de la potion alcaline : enfin , le jour d’après , l’élévation du pouls , qui n’étoit plus convulsif, la cessation des anxiétés et le mieux être du malade me firent tout espérer. Je supprimai la potion , à laquelle je substituai l’usage du kina uni au camphre. Je permis une purée de quatre en quatre heures, avec prière de ne rien changer à ce régime avant mon re- tour de la Ciotat, où j’étois appellé pour des ma- lades ; mais, à peine fus-je panique les voisins, gens aussi simples que crédules , firent con- sentir le malade à appeller un charlatan qui blâma tout x et promit une guérison dans six heures. Il fit en conséquence appliquer vers la région de l’estomac où la tumeur avoit des- cendu , ets’étoit circonscrite , un emplâtre dont l'effet fut des plus prompts , qui répercuta l’enflure , renouvella les symptômes avec une telie violence que le malade périt deux heures après . Le nommé Jourdan, habitant à la Ciotat, employé à cuire le pain dans les fours publics , d’un tempérament bilieux et très-robuste , s’en- dormit sur des fagots de branches fraîches de ÈCLAIRBE, etC. l3 différens arbustes 5 il y fut éveillé par bi dou- leur que lui causa la piquure d’une araignée sur le téton gauche. La partie enfla considé- rablement quelques instans après , avec un sentiment de chaleur et d’ardeur insuportables. Survinrent bientôt après des anxiétés et dé- faillances qui le mirent hors d’état de se rendre chez lui. Il y fut porté à corps. On différa jusqu’au lendemain à m'appelle!. Je le trouvai froid , sans pouls et dans des défaillances continuelles. Je trouvai à l’endroit piqué, un point noir en tout semblable à celui d’Andrieu. Il avoit la tête très-libre, répondit parfaitement à toutes mes questions , et me fit le rapport le plus suivi de tous ses accidens. Ce malade mourut quelques heures après. La nommée Jourdan , femme d’un auber- giste de la Cadière , éprouvoit à la suite d’une maladie des plus graves , des maux de tête presque continuels. Elle étoit cependant mieux depuis une quinzaine de jours. Etant à son travail , elle crut avoir été piquée à la partie latérale et postérieure du col. Elle y porta la main inutilement ; les recherches dans ses ha- bits de coté et d’autres furent aussi infruc- tueuses, on ne découvrit rien. Quelques ins- tans après la douleur fut des plus vives. La partie enfla considérablement et gagna bien- tôt de proche en proche. M. Guérard , Mé- decin ordinaire, déterminé par l’état du pouls, plaça une saignée, qui fut de nul effet. Appelle en consultation avec ce digne Médecin , nous réunîmes nos efforts pour procurer quelques soula^eraens à la malade. L’enflure devint si considérable qu’il fallut avoir recours à des scarifications qui ne la soulagèrent que foible- ment. L’enflure gagna de jour en jour avec 14 La Médecine tant de force que je doute de jamais rien Yoir de pareil dans ma pratique. La malade mourut du sept au huit. Lu partie prétendue piquée ne présentoit pas les mêmes symptômes que dans les deux cas précédens. On y appercevoit seulement un point comme la tête d’une épin- gle , tant soit peu livide. Cliambon , dans son traité de l’anthrax , met la piquure des araignées et des animaux veni- meux dans la classe des causes du charbon. Richard , dans son recueil d’observations de Médecine militaire , rapporte plusieurs faits analogues^ voyez tome II , p. 677. Beaucoup d’auteurs qu’il est inutile de citer ici, viennent à l’appui de cette doctrine , confirmée par l’ex- périence journalière. D’autre part nous voyons plusieurs cas de charbon facilement attribués à la piquure des insectes, tandis qu’ils sont les suites d’un vice interne. Voyez l’observation de M. Aehard, rapportée dans votre Journal, n°. V. Celle de M. de Souville, journal de Médecine militaire , par Dehorne , Janvier 1788. Celle de la Jourdan que nous venons de rapporter, est peut-être dans cette classe , et beaucoup d’autres qu’on pourroit citer : d’où il résulte, ce me sem- ble , que le charbon se contracte de deux ma- nières différentes , ou par la piquure , la mor- sure d’un insecte , d’un animal irrité , ou par les causes connues, telles que les chaleurs exces- sives , les sucs des alimens gâtés , principale- ment de la chair des animaux morts de cette maladie , et des exhalaisons des corps en putré- faction . M. Tournatori , professeur en l’université d’Aix, avantageusement connu par ses grandes connoissances en Anatomie , à laquelle il s’est livré avec la plus grande ardeur , fut attaqué , ÉCLAIRÉE, eCt. 1 5 ✓ ' à la suite de dissections forcées faites sur des cadavres à demi-putréliés , d’une maladie des plus graves, dont il se tira contre i’attence de tous les gens de l’art. Je le vis à Gémenos , chez M. d’Albertas, où il ëtoit venu ch auger d’air, et datis un état qui annonçok assez com- bien la qualité de la bile et les fonctions du foie avoient été altérées ; dans une situation d’ailleurs à faire tout craindre pour les suites de sa maladie. Il m’apprit qu’il avoit eu trois charbons, qu’il avoit regardés comme insufli- sans pour produire une crise parfaite. Sans vouloir discuter si ces charbons ont été vrai- ment critiques ou symptomatiques, et s’ils n’ont pas constitué essentiellement la maladie , on ne peut guère douter que ce ne soit aux fré- quentes dissections des corps à demi-putréhés , et à l’altération des humeurs et de la bile , qu’on doit rapporter la cause de ces charbons, car ils sont en effet toujours le produit d’une acrimonie particulière de la bile , acrimonie qui diffère peut-être des autres , à raison des prin- cipes ou de la proportion des principes qui la constituent, et sur lesquels la seule chimie pourra peut-être nous donner un jour des con- noissances exactes et sûres. Il est très-probable que ce n’est qu’aux diverses combinaisons , qui se tiennent peut-être toutes par des chaînons très - rapprochés , que la plupart des maladies de ce genre doivent leur origine. Les obser- vations des auteurs paroissent favoriser ce sys- tème , ainsi que nous pourrions le . démontrer si nous ne craignions de donner trop d’exten- tion à ce mémoire. Mais ce qui doit, je pense , fixer l’attention des Médecins , c’est la diffé- rence qui existe dans la marche de cette mala- die , à raison de la façon dont elle a été con- / 1 6 La Médecine tractée. Si elle est le produit de la morsure ou piquure d’on animal ou d’un insecte ve- nimeux ou irrité, sa marche est des plus aiguës, et c’en est fait du malade sion n’yporteles secours les pins prompts. Dans le second cas, les symp- tômes trompent quelquefois , à raison de leur espèce de bénignité, et le malade est très-mal sans qu’on sans doute. Pourquoi cela ? parce que les humeurs ne se vicient alors que lentement , la nature s’accoutume, pour ainsi dire, à la pré- sence d’un virus délétère qui mine sourdement et énerve peu à peu les forces de la vie. Les miasmes délétères qui s’introduisent dans nos htuweurs , soit par la voie du poulrnon , soit par la voie des alimens, sont adoucis, modifiés, altérés par leurs mélanges avec elles j au lieuque dans le premier cas , i’animal dépose tout son venin sur une partie sensible et nerveuse, d’où, le désordre se propage bientôt dans tout le système , le venin ne peut être modifié par l’a- bord d’aucune humeur, parce que l’irritation de la partie dénature tout ce qui s’y porte ; mais, mieux que tout cela , la vitalité ne donne- t-elle pas au virus un dégré d’énergie qu’il n’est pas susceptible de retenir après la mort. Je crois que c’est ici la principale raison de ces différences. L’expérience donne un grand poids à tout ceci. Ne voit- on pas en effet tous les jours, que les excrémens des malades, l’ha- leine des infectés , l’ouverture d’une tumeur , d’une parotide , communique bien plus sû- rement et plus promptement une maladie con- tagieuse , que ne pourroit le faire l’ouverture des cadavres , les exhalaisons des corps en pu- tréfaction. Voyez ce que j’en ai dit dans mon mémoire sur l’épidémie de la Malgue , Journal de Médecine militaire, cahier de Janvier 1788 : d’où ÉCLAIB.ÉE, ©Ct» d’où l’on est en droit de conclure que le charbon est toujours le produit d’une âcreté ou d’un virus animal , auquel la vitalité donne un plus grand degré de force et d’énergie. IL Observations sur la fièvre puerpérale , spécia- lement telle qu'elle s’est présentée à l’hôpital des femmes en couches de Dublin > par M. Clarke. ( Medical commentâmes for the year ijgo. vol. V. Edinburg. ijcji). M. Clarke entend par fièvre puerpérale , une maladie qui attaque en général les femmes le second et le troisième jour après l'accouche- ment. Ses symptômes ordinaires sont des fris- sons , une douleur aiguë dans quelque partie de la cavité abdominale , avec une extrême sensi- bilité au toucher , un pouls accéléré , et enfin une distension considérable de l’abdomen. Il se présente quelquefois , durant les cou- ches , des symptômes un peu analogues , et qui continuent d’être alarmans jusqu’à ce que les intestins aient été évacués par les purgatifs. Il est par conséquent difficile au commence- ment de distinguer une fièvre puerpérale des accumulations des matières fécales dans le con- duit intestinal, sur- tout si elles sont jointes à une fièvre éphémère. Quand les symptômes rapportés ci - dessus continuent au-delà de vingt-quatre heures , ce qui est la durée ordinaire d’une fièvre éphémère , et après l’administration des purgatifs , M. Clarke regarde l’existence de la fièvre puerpé- rale comme absolument constatée , et on sait qu’elle devient funeste à la grande majorité des femmes qu’elle attaque. Cette maladie a fait l’objet de plusieurs traités, tant en France qu’en Tome III. N°. Ier* JS i8 La Médecine Angleterre , et M. Clarke ne publie aujourd’hui ses observations que parce que les opinions des Auteurs lui paroissent différer si sensiblement , soit pour la théorie; , soit pour le traitement de cette fièvre , que le Médecin sans expérience sait encore à peine la route qu’il doit tenir. En outre les Auteurs ont perdu de vue , et presque passé sous silence , les moyens d’arrêter les progrès de cette maladie dans les hôpitaux ou même de prévenir entièrement son existence : c’est sur ces objets que M. Clarke se propose de répan- dre quelque lumière par les nouvelles observa- tions qu’il publie. Il rappelle différentes épidémies de fièvres puerpérales qui ont régné dans les hôpitaux des femmes en couche , soit de France , soit d’An- gleterre , et il s’arrête sur-tout aux deux der- nières qui ont régné dans l’hôpital de Dublin , parce qu’il en a dirigé le traitement ; son objet n’est point de donner une nouvelle description de cette maladie 3 qui a fait déjà la matière de plusieurs traités ou mémoires particuliers. Il se borne à rapporter quelques faits à titre de sup- plément. Durant le printemps de 1787 la température de l’air fut en général très-froide , avec des vents très-piquans d'est et de nord-est. Les maladies inflammatoires furent dominantes , sur-tout les rhumatismes aigus. Les affections de la poi- trine furent très- vives , et on fut obligé d’avoir recours à des saignées répétées ^ sur-tout dans les mois de Février et de Mars. O11 observa en général que le rétablissement étoit lent , ce qui etoit d’autant plus malheureux qu’il se présen- toit beaucoup de pauvres femmes à cause de la rigueur de l’hiver. On fut obligé , contre l’usage ordinaire , d’en mettre deux dans un lit plutôt que de les renvoyer ailleurs. ÉCLAIRÉE, etC. 19 Il s’étoit déjà passé un temps considérable sans qu’on eût peint et blanchi les chambres. M. Clarke crut que cette circonstance con tribu oit à la lenteur du rétablissement des malades , et il s’adressa aux administrateurs de cet hôpital pour en obtenir cette réparation. On fut obligé d’attendre par le défaut des fonds de charité , et c’est dans ces circonstances que la fièvre puer- pérale se déclara de la manière la plus funeste. La première femme en fut attaquée le 18 de Mars , et la seconde le 3i ; la troisième , le 3 Avril ; la quatrième , le 7 $ la cinquième , le 10 ; la sixième , le 11 ; il y en eut deux le 14 , (Jeux le i5, et une de plus le 17. C’est vers le milieu d’ Avril que ses progrès furent très-rapides et que l’épidémie se déclara- de la manière la moins équivoque. Les symptômes de cette fièvre étoient si cor- respondais avec ceux que le docteur Hulme a décrits , que M. Clarke a cru devoir se borner à quelques légères remarques sur cet objet. Elle commençoit toujours par un sentiment de froid ou des frissons. La douleur dans la cavité de l’abdomen n’étoit pas plus fixe dans un endroit que dans un autre. Il n’y avoit point une sensi- bilité assez vive pour être affecté par des causes aussi légères que la compression des draps du lit. Il n’y avoit que peu ou point de vomisse- ment dans les diverses périodes de la maladie ; il n’y avoit point de déliré et on n’appercevoit aucun signe marqué de putrescence. Le pouls faisoit éprouver depuis cent- vingt jusqu’à cent- quarante batteméns par minute. L’écoulement des lochies et la secrétion du lait n’étoient sou- mis à aucune loi générale. Quelquefois ils con» tinuoient avec régularité pendantquelque temps, et d’autrefois ils étoient supprimés dès le début B a 20 La Médecine de la fièvre. M. Clarke n’a point apperçu qu’ils fussent plus dérangés dans ce cas que dans toute autre maladie où la circulation du sang est éga- lement altérée. L’ouverture des corps de celles qui ont suc- combé à cette fièvre n’a point offert de résultats diffère ns de ceux qui ont été remarqués parles Auteurs qui ont suivi le cours de cette maladie dans les hôpitaux. Dans tous les individus l’épi- ploon a paru enflammé , mais sans offrir de gangrène. M. Clarke est porté à croire, d’après des faits nombreux , que les Auteurs qui ont parlé de la gangrène de l’épiploon ou d’autres parties de l’abdomen, avoientlaissé les cadavres trop long-temps sans procéder à leur ouverture. Dans toutes les dissections , le péritoine parut ex- traordinairement vascrdeux et enflammé. Après l’épiploon les ligamens larges de l’utérus , le cæcum et la partie joignante du colon , ont paru avoir le plus souffert de l’ inflammation. On a toujours trouvé un fluide jaune, plus ou moins trouble et quelquefois fétide , qui flottoit parmi les intestins ; des grumeaux de matière puru- lente coagulée , des adhérences par inflamma- tion entre les intestins , etc. Dans aucun cas les apparences de l’inflammation n’ont paru pé- nétrer plus profondément que la tunique du pé- ritoine ou. quelqu’un des viscères de l’abdomen ou du bassin. La supposition la plus probable qu’on ait faite jusqu’ici de la cause prochaine de cette.maladie, est qu’elle consiste dans une inflammation du péritoine , et par conséquent le nom nosologi- que de péri lonitis lui a été donné par le docteur Forster. Sans doute que l’épiploon souffre da- vantage de l’inflammation, parce qu’il est com- posé de quatre replis ou d’un quadruple péri- 21 ÉCLAIRÉE, etC. toine. Après l’épiploon , les cluplicatüres clu Îiéritoine sont les plus affectées , sur-tout les igamens larges de l’utérus. La plupart des femmes qui furent attaquées de la fièvre puerpérale avoient été reçues dans un état de foiblesse et avoient eu des couches tardives et fatigantes. Parmi celles qui mou- rurent, il y en avoit quatre qui étoient -primi- pares. Deux parurent malades durant tout le travail et continuèrent de l’être ainsi , sans in- termission , après l’accouchement. Une d’elles mourut en trente-six heures , et l’autre vécut jusqu’au sixième jour. 11 y en eut qui furent attaquées le second jour après l’accouchement, et qui moururent le septième , c’est-à-dire après cinq jours de maladie. Une des femmes fut attaquée le quatrième jour, et mourut le dixième. Une autre fut visiblement attaqiîée le neuvième jour , dans le moment qu’elle étoit assise auprès d’un bon feu , et elle mourut le douzième jour. Malgré la courte durée de cette maladie , on trouva depuis cinq jusqu’à six livres d’un fluide jaunâtre fétide qui flottoit dans la cavité de l’abdomen, et beaucoup d’adhérences produites par rinflammation. On peut voir , d’après ce qui a été rapporté ci-dessus du progrès et des circonstances de la maladie , qu’elle tire son origine d’une conta- gion (i) locale et non d’aucune émanation ré- (i) Le premier étage de l’hôpital dans lequel sont les femmes en couche est séparé en quatre grandes divisions , chacune desquelles consiste dans une grande chambre et deux petites. La première contient sept lits et les au- tres deux lits chacune. A chaque division il y a un infir- mier et une garde. M. Clarke fait remarquer que dins une de ces divisions il ne perdit point une seule femme par la fièvre puerpérale , pendant que la mortalité dans B 3 22 La Médecine pandue dans l’atmosphère. D’après ces vues on fît fermer les deux grands compartimens où la fièvre puerpérale avoir. le plus régné , en faisant transporter ailleurs les malades. Les murs et le plancher des chambres vides furent blanchis sans délai. Tout le bois des lits fut peint , les couvertures et tout ce qui pouvoir être lavé fut nétoyé avec soin , et le reste fut exposé à l’air ouvert pendant plusieurs jours. On allumoit de grands feux pendant le jour ^ et la nuit on lais- soit les fenêtres ouvertes. On se comporta de la même manière pour tous les autres apparte- nions qui a voient été occupés par des malades. Les suites de cette pratique furent très-favo- rables , et l’hôpital devint très- sain. Durant le reste de l'année, sur neuf cents soixante femmes qui vinrent y accoucher , on n’en perdit que trois, et deux fie celles-là avoient mis au jour des jumeaux., ce qui diminue toujours la chance du rétablissement de la mère. Durant les dix premiers mois de l’année 1788 on accoucha dans l’hôpital 1260 femmes , et sur ce nombre il n’èn mourut que i3 ; mais il faut remarquer que plusieurs furent reçues dans un état dangereux de maladie , et que deux même étoient mourantes à leur entrée. Dans de pa- reilles circonstances la perte d’environ une sur cent ne peut point être regardée comme consi- dérable Sur le s treize qui succombèrent , au- cune cependant ne mourut de fièvre puerpérale. Le 18 Novembre une femme fut attaquée de cette fièvre. Le 8 Décembre une autre le fut aussi j il y en eut deux le 21 , une le 2 3, une les trois autres étoit presqu'égale . quoiqu’on somme il y eut un plus grand nombre de femmes malades dans les deux divisions qui avoient leur aspect au midi. ÉCLAIRÉE, <3tC. 2,3 le 28 , une autre le 29, une le 3i , une le 3 Janvier, une le 6, deux le îj et une le 16. Chacune de celles dont la lièvre puerpérale pa- rut, avec ses symptômes caractéristiques, en périt , pendant que sur cinq cas où ces symp- tômes furent douteux , aucune des femmes 11e succomba. Depuis le 18 Décembre jusqu’au 2,3 Janvier treize femmes furent affectées des symptômes d’une fièvre générale sans aucune apparence d’affection locale dans l’abdomen. Cette lièvre se prolongea au-delà de la durée d’une lièvre éphémère. Deux femmes en périrent , l’une le huitième et l’autre le dix-septième jour de l’at- taque. M. Clarke attribue ces affections fébriles aux craintes et aux alarmes qu’avoit excitées la mort des autres femmes qui avoient succombé à la lièvre puerpérale. Les symptômes de cette fièvre épidémique 11’ont point différé essentiellement de celle de 1787. Dans plusieurs cas la douleur de l’ abdo- men et sa distension étoient moins fortes , ce qui rendit dans quelques cas la maladie plus longue. Les jours de l’invasion de la fièvre lurent dans l’ordre suivant. Une en fut atta- quée quatre jours avant l’accouchement, une autre le jour même de l’accouchement ; huit en furent attaquées le second jour et une le troi- sième. Quant aux jours de la mort , deux péri- rent le deuxième jour de la maladie, trois le quatrième , deux le cinquième ; une le septième , deux le huitième, une le dixième, une le on- zième , et une le douzième. Dans plusieurs de ces cas l’estomac et les in- testins offrirent des degrés extraordinaires d’in- sensibilité aux opérations des médicamens. Une de ces malades prit du tai tre émétique en disso- B 4 $4 L a Médecine lution jusqu’à la quantité rie seize grains, avant qu’elle en éprouvât aucun effet émétique. Une autre prit jusqu’à quarante-cinq grains d’ipéca- cuanlia à des doses de sept grains et demi cha- cune d’heure en heure , pour en sentir le même effet. Souvent on a été obligé de seconder l’opé- ration de l’ipécacuanha avec une solution de tartre émétique , comme le recommande la so ciété de Médecine de Paris. Dans un petit nombre de cas , les purgatifs les plus doux n’ont point produit d’effet sur les intestins , et on a été obligé d’avoir recours à un extrait ca- thartique et au calomel , aux cly stères irritans de décoctions de senné , de tabac, etc. Une pareille insensibilité doit être toujours considé- rée comme un grand dérangement dans les fonc- tions du système nerveux (1). Quelques ma- lades durant l’épidémie ont été attaquées de délire avant la mort. Ayant observé , d’après les faits historiques , que la fièvre puerpérale ne paroît guères dans les hôpitaux plus d’une fois dans dix ou douze ans , ,M. Clarke n’attendoit pas son retour dans l’espace de douze mois. Les premiers deux ou trois cas furent considérés comme accidentels. Cependant observant que la mortalité conti- nuoit ^ quoique lentement, il commença à soup- çonner que les lits ^ par l’usage non interrompu qu’on en faisoit , avoient acquis quelques qua- lités nuisibles ; mais comme ils avoient été né- Ci) Cette épidémie eut cela de remarquable, que la chambre exempte de la maladie durant la première épi- démie de 17S7 , étoit maintenant celle où il y avoit le plus de malades, et qn’au contraire , celle qui alors en avoit le plus se trouvoit la plus salubre en a 7B3 , quoique sous Jes soins des mêmes gardes. ÉCLAIRÉE, eCt. 2,5 toyés quelques mois auparavant , il crut qu’en exposant les paillasses à un feu violent et à l’air ouvert, elles seroient assez purifiées. Les couver- tures, les matelas , etc. furent aussi ventilés. Ces mesures servirent à produire quelques intervalles insidieux , durant lesquels la maladie parut se calmer. Enfin on fut obligé d’en venir aux pro- cédés dispendieux et incommodes de blanchir , de peindre , ect. et on en obtint le plus heu- reux effet. Sur cent cinquante femmes en cou- ches, qui furent introduites dans l’hôpital après cette réparation , il y en eut à peine une qui eut une maladie sérieuse , et ce séjour lut également salubre le reste de l’année. Le docteur Youns; , d’Edimbourg , recomman- de les memes précautions d apres sa propre expérience. Toutes les fois donc que trois ou quatre femmes meurent de fièvre puerpérale dans peu de temps , on doit soupçonner une infection locale , sur-tout clans l’édifice , et on doit prendre aussi-tôt les mesures les plus vi- goureuses pour arrêter ainsi cette maladie. Pourquoi néglige-t-on de les prendre en France et en Angleterre ? Pour prévenir le développement de cette infec- tion, il n’y a pas de doute que les lits des femmes en couche qui sont dans un usage non interrompu ne doivent être soumis à la réparation dont on vient de parler toutes les années. Dès qu’une femme est morte , on doit à l’instant ôter tout ce qui servoit pour son lit , et ne le replacer qu’ après l’avoir nétoyé. Toutes les fois qu’une chambre est vide pour deux ou trois jours , ses lits doivent être défaits et exposés à un cou- rantd’air nuit et jour, au lieu du procédé ordi- naire, qui consiste à remettre la couverture , etc. Peut-être même qu’il seroit nécessaire d’avoir dans l’hôpital un appartement au-delà de ceux -2.6 La Médecine qui sont nécessaires pour le service de l’hô- pital 5 on pourroit ainsi , à tour de rôle , laisser chacun de ceux qui sont employés se reposer deux ou trois semaines et le purifier comme on le jugeroit convenable. On préviendroit ainsi les suites pernicieuses d’un usage non interrompu des mêmes lieux. On pourroit ainsi empêcher les fièvres puerpérales épidé- miques. Plusieurs Auteurs ont assuré que la fièvre Puerpérale n’attaque jamais les femmes qu’ après accouchement ; mais M. Clarke dit avoir vu des cas dans lesquels il étoit manifeste que la ma- ladie avoit existé avant l’accouchement , et Pexamen anatomique a fait voir après la mort toutes les apparences qu’on trouve ordinaire- ment après cette fièvre. Il a vu un cas de cette nature en 1782, , et la malade périt trente-six heures après l’accouchement. Un second cas dé cette nature eut lieu en 1786, et la femme expira deux heures après un accouchement long et fatiguant , avec des signes d’épuisement, lün ouvrant le lendemain la cavité de l’abdo- men , on y trouva les effets ordinaires d’une fièvre puerpérale très-distinctement marqués. M. Clarke fait peu de remarques sur les mé- thodes de traitement employées jusqu’à ce jour. La saignée ,, qui est fortement recommandée par MM. Leake , Denman et autres , n’a paru jamais utile à M. Clarke , excepté dans un petit nombre de cas 011 il y avoit une complication de péripneumonie et depéritonitis (inflammation du péritoine ) , et même dans ces cas la saignée n’a fait que calmer la violence des symptômes. L’ipécacuanha , administré comme le recom- mande la société de Médecine de Paris, semble quelquefois être très- avantageux , et dans d’au- tres cas n’être d’aucune utilité. Comment peut- ÉCLAIRÉE , etC.- 27 on en. rendre raison ? on conseille d’en donner sept grains et demi lorsque le malade est atta- qué d’un frisson , et de ie répéter à laT même dose dans une heure. Maintenant on peut as- surer que lorsqu’une femme eu couche a un frisson , personne ne peut dire si la maladie est une fièvre éphémère ou une fièvre puerpérale. Dans le premier cas , on aura produit en appa- rence la guérison. Dans le second cas, cette substance aura rarement un effet permanent. Lorsque Pipécacuanha opère comme laxatif et comme émétique , ce qui arrive souvent , on trouvera qu’il produit des effets plus heureux que quand il n’agit qu’à titre d’émétique 5 mais il est si loin de guérir dans tous les cas , que M. Clarke ne craint point d’affirmer que sur dix cas il ne réussit pas un , lorsque la maladie est épidémique Dans un cas il a fait employer plus de trois onces et demie d’ipécacuanha, suivant le précepte de la société de Médecine , et cependant jamais la mortalité n’a été si grande que durant ce mois. Les purgatifs salins et les fomentations sur la cavité de l’abdomen , comme le conseille M. Forster, et comme on le pratique à Dublin , for- ment les remèdes sur lesquels on doit le plus compter pour la guérison de la fièvre puerpé- rale. Mais M. Clarke n’est nullement de l’avis de M. Forster qui dit ce qu’il n’y a point de maladie dans laquelle le danger soit aussi 33 grand et qui cède si facilement aux remèdes, 33 c’est-à-dire que tous les symptômes dange- 33 reux se dissipent presque constamment par 33 l’usage répété et commencé de bonne heure 33 des remèdes qu’il recommande 33. M. Clarke dit que son expérience est contraire à ces asser- tions. Il ajoute que lorsque la maladie est épi- démique , aucune méthode de traitement con- è8 i A Médecine seillée jusqu’à ce jour n’a produit une guérison sur cinq cas de maladie. Au contraire , lorsque la maladie provient de causes accidentelles qui causent l’inflammation , il y a lieu d’attendre un heureux succès , en persévérant constam- ment quelques jours dans la méthode employée par M. Forster. C FI I R U K G I E. Observation sur un cancer à la lèvre inférièurè , par M. Lacroix ^ ancien élève de l’Ecole pra- tique de Paris. « L’extirpation d’une tumeur cancéreuse , dit 3? M. Louis , est assurément le seul moyen de 33 guérir celui qui a le malheur d’en être atta- 3> qué ; mais il faudroit quand les tumeurs 33 ont une certaine étendue , ne faire cette opé- 33 ration que pour sauver la vie et ne pas pré- 33 tendre corriger la difformité , sur-tout par 33 des moyens qui irritent les parties et qui at- 33 tirent presque nécessairement les accidens « qu’un autre procédé pourroit éviter 33. On sait que par ces moyens, qui irritent les parties , M. Louis entend les sutures , et qu’il en a pro- noncé la proscription générale dans le tome douzième des Mémoires de l’Académie Royale de Chirurgie. Je vais rapporter une observa- tion qui répand de nouvelles lumières sur les deux points chirurgicaux qui viennent d’être énoncés. Elle fait voir que le Chirurgien ne doit pas désespérer de corriger la difformité extrême qui résulte de l’extirpation d’une tumeur can- céreuse de la lèvre , et elle met au jour un moyen ingénieux et simple d’y remédier ; elle montre aussi que pour compléter la guérison de la plaie , rien ne pouvoit suppléer à la suture ÉCLAIRÉE, eCt. 29 entortillée que M. Louis cherche à proscrire, ou du moins elle offre un de ces cas extraordinaires de son heureuse application , que le même auteur disoit ne lui être pas possible de prévoir. François Dubois, dragon au ci-devant régi- ment de Lorraine , âgé de ans , d’une bonne constitution, fut atteint en 1788, n’ayant ja- mais éprouvé de maladie et sans cause connue , d’une petite gerçure à-peu-près dans le milieu du bord libre de la lèvre inférieure ; ce mal , plus inquiétant que douloureux , fut supporté pendant deux années sans quë le malade s’ap- perçût qu’il fît le moindre progrès. Au bout de ce temps, sollicité par son épouse, il eut re- cours à un Chirurgien qui lui conseilla d’ap- pliquer sur la lèvre des feuilles de cochléaria : dès le lendemain il survint de la douleur et un peu de chaleur dans la partie ; on réitéra néan- moins plusieurs jours de suite cette application qui aggravoit de plus en plus les accidens. Il alla consulter un autre Chirurgien, qui lui pro- mit une guérison aussi prompte que certaine s’il vouloit se soumettre au traitement par un caustique qu’il disoit être de sa composition ; celui-ci y consentit deux fois , après lesquelles l’ulcère fut en partie détruit , et avec lui une portion saine de la lèvre. Le malade , effrayé des ravages du caustique , vint à Paris prendre avis de plusieurs gens de l’art ; un petit nombre proposa l’opération ou extirpation de la lèvre , tant à cause de l’aspect hideux de la maladie qu’à raison de la diffi- culté qu’il y auroit à obtenir la réunion , après une perte de substance aussi énorme. Malgré cette disparité dans les opinions , M. Chopart , Chirurgien en chef de l’Hospice du Collège de Chirurgie , reçut le malade dans cet hôpital le 3 o la Médecine 2.6 de juillet 1791. Pendant la première huitaine de son séjour , il ne lui fit prendre que quelques bains, en y joignant des lotions sur la lèvre avec l’eau végéto-minérale. Le mal paroissoit cepen- dant s’étendre ; on voyoit augmenter l’engor- gement de la glande sous-maxillaire droite , ainsi que le gonflement de l’os de l.a mâchoire infé rieure. Tant de symptômes fâcheux exi- geoient qu’on prît un parti 5 on se décida pour l’extirpation , quoique avec l’incertitude de pouvoir rapprocher les bords de la plaie. L’é- tendue de l’ulcère devoit le faire craindre , car il avoit son siège à trois lignes de la commis- sure gauche , dans toute la hauteur et l’épaisseur de la lèvre , y compris la houppe du menton ; se portoit à droite , s’étendoit en dehors et en arrière à six lignes de la commissure droite , laquelle étoit tuméfiée , rouge et très-sensible. Lé malade fut préparé à l’opération suivant l’usage ordinaire , et opéré de la manière sui- vante , le 14 août , vingt-sixième jour de son entrée à l’Hospice. Assis sur une chaise , un drap passé autour du cou et sur la poitrine , Ïjour le garantir du sang , sa tête appuyée sur a poitrine d’un aide qui la fîxoit , avec ses mains placées sur les tempes 5 un second aide saisit la commissure gauche , et le Chirurgien le milieu de la lèvre, qu’il incisa avec un bistouri du haut en bas , et obliquement de dehors en dedans , tout près de la partie affectée , jus- qu’au bord inférieur de l’os de la mâchoire. Le même aide ayant repris la lèvre supérieure , le Chirurgien saisit le lambeau résultant de cette première incision , et coupa en dedans, à quatre lignes de la commissure droite , la lèvre supé- rieure , continua son incision autour de l’en- gorgement qui occupoit la commissure et sur ÉCLAIRÉE, etC. 3l la lèvre inférieure clans toute sa hauteur , jus- qu’à ce qu’il eût rencontré , le long du bord in- férieur de la mâchoire , la fin cle la première division. La houppe du menton qui se trouvoit comprise entre les deux sections , fut détachée ensuite , parce qu’elle étoit infectée du même virus. La plaie bien nétoyée , on excisa plu- sieurs tubercules situés au-devant de la gencive. L’opération avoit été faite suivant toutes les règles de l’art ; mais la difformité qui semblait devoir en résulter nécessairement , offroit le grand inconvénient dont parle M. Louis dans son mémoire sur l’opération du bec de lièvre , puisque par cette perte de substance toutes les dents , en comptant de gauche à droite , depuis , la dernière grosse molaire jusqu’à la seconde grossé molaire du côté droit , étoient à décou- vert, et avec elles toute la face antérieure de l’os maxillaire inférieur. M. Chopart tanta cl’aborcl et exécuta la réunion au moyen de deux aiguilles , comme dans l’opération du bec de lièvre. Mais il restoit encore une difficulté bien plus grande à surmonter : la figure qu’on avoit été forcé de donner à la plaie offroit une perte de substance au-devant de la portion carrée du menton que la peau , trop peu exten- sible dans les environs, ne pouvoit permettre de recouvrir. C’est dans cette circonstance que le Chirurgien eut l’idée ingénieuse de faire servir nne partie des tégmnens du cou pour remplir le vide qui avoit été formé par l’extirpation de l’ulcère et du menton. Alors, par deux incisions, dont l’une se clirigeoit verticalement sur la partie supérieure du cou , et l’autre transversalement, sur un bourelet formé par les tégumens vers la fin du corps de la mâchoire , on a eu un lam- beau qu’on a disséqué , ramené de bas en haut 3z La Médecine, etc. et étendu sur le menton , où il a été maintenu par deux points de suture simple. La réunion étant complette , on a appliqué l’appareil en usage après cette espèce d’opération. Le malade, mis dans son lit , ne manifesta que de légères souffrances ; on lui prescrivit la diète et des lotions faites sur la face avec l’eau végéto- minérale. Le lendemain , comme il étoit sans fièvre et qu’il ne se plaignoit que de douleurs extérieures à la tête , on lui permit quelques bouillons. Le deuxième jour on lui donna du ris ; le même régime fut observé le troisième , où l’on releva l’appareil. Le septième , les parties étant bien unies , on coupa les deux f>oints de suture simple. Le huitième, on retira ’aiguille inférieure, et l’on repansa à l’ordinaire. Le dixième , M. Chopart ayant apperçu , dans l’endroit d’où il avoit retiré l’aiguille , un écar- tement par lequel s’écouloit la salive mêlée à du pus , il traversa , avec une aiguille dirigée obliquement de gauche à droite , la partie de la lèvre réunie et l’angle du lambeau qui étoit lia les extrémités de l’ai- maintint les parties rap- Le douzième , on ôta les deux aiguilles , et la réunion se trouva faite 5 on continua cepen- dant plusieurs jours de suite à appliquer un bandage contentif Le succès de l’opération , quoique entier, n’empêchoit point les progrès du gonflement de la mâchoire qu’enyain on a voulu combattre par des frictions mercurielles sur la partie , et une tisane appropriée. Le malade est sorti de l’hôpital , sa plaie parfai- tement cicatrisée , mais avec une tuméfaction excessive à l’os maxillaire inférieure , qui fait craindre une suite dangereuse de cette maladie. ® • * * r v- D écarté , puis il en tort guille avec un fil qui prochées. 33 ( N°. I I. ) PHYSIQUE. Expérience en preuve de la différence d’ap- titude de la pointe , pour lancer et l'ecevoir explosivement la matière électrique ; par M. Chappe. Cj’est une opinion reçue parmi les Physiciens, que la pointe a la même aptitude , et pour re- cevoir et pour lancer le fluide électrique ; cette opinion , consacrée par l’autorité d’une foule de savans, ne paroît pas conforme à l’expérience qui suit. Expérience. A l’extrémité d’une des tiges de l’excitateur universel , vissez une boule d’un pouce et demi de diamètre. Adaptez une pointe très-aiguë à l’autre bran- che } la pointe placée à distance de sept à huit pouces de la boule , faites communiquer avec la garniture extérieure d’une forte bou- teille de Leyde ou batterie , l’anneau de la tige porte-boule ; puis chargez cette batterie par excédent ; dans cet état , si l’on provoque la décharge en portant brusquement, vers le con- ducteur de la machine électrique , un excitateur lors de sa communication avec l’anneau de la tige porte - pointe , une étincelle énergique se détache de la pointe , franchit l’espace avec éclat , et de ce choc violent résulte un équilibre parfait entre les deux surfaces garnies. Présentement, donnez à l’excitateur universel une position différente de la première , en faisant communiquer la tige porte-pointe avec la garniture extérieure de la batterie , de ma- nière que le fluide électrique puisse affluer de la boule vers la pointe. Dans ce cas , point de choc par l’applica- Tome III. N®. IL G 34 La I,ï d e c i n e tion de l’excitateur , quelque chargée que soit la batterie ; l’équilibre s’établit paisiblement. On parvient à la distance explosive par la réduction de l’espace compris entre la boule et la pointé ; cette réduction paroît suivre les rapports du diamètre des boules ; plus il aug- mente , moins la distance est grande. La boule de l’expérience précédente n’arrive à distance explosive que dans l’approximation de quatre pouces., différence prodigieuse qui tient à des causes que je développerai dans un mémoire particulier. La sphère d’attraction des pointes étant in- comparablement moins étendue que leur sphère d’expulsion , il en résulte les conséquences qui suivent : i°. Que les pointes dressées sur les édifices , la cîme des arbres et tous les corps saillans dans l’atmosphère , qui offrent un accès facile au fluide électrique , sont plus ou moins en but à l’action de la foudre , selon qu'ils exer- cent leur pouvoir sur un système de nuage positif ou négatif. 20. Que les coups de foudre les plus fré- quens et les plus redoutables dans leurs effets , sont ceux qui , s’élevant subitement de la terre à la faveur des corps pointus , vont frapper les nues; phénomène observé depuis long- temps par plus d’un Physicien , mais dont la cause restoit ignorée. L’abbé Chappe , mon oncle , a eu occasion de recueillir plusieurs observations semblables dans un voyage qu’il fit en Californie en 1769 : cet illustre martyr des sciences nous a laissé des détails aussi curieux que savans sur plusieurs phénomènes de la foudre. 3°. Que les violens et fréquens orages doivent é c i a i a é e, ect. 35 particulièrement se faire sentir dans les pays de montagnes et de forêts j c’est ce que l'ex- périence nous apprend. Ainsi , il paroît constant qu’un corps pointu , élevé clans l’atmosphère, peut souvent provo- quer la foudre en favorisant son émission vers la nue orageuse , bien, loin de l’enchaîner , en l’épuisant insensiblement $ cet effet doit avoir lieu toutes les fois qu’un nuage , dépouillé subi- tement de son électricité propre , se trouve „ dans cette rupture d’équilibre , à distance ex- plosive d’un corps pointu en communication avec la terre : dans ce cas , le paratonnère ne pourroit être un moyen préservatif contre les funestes effets de la foudre , qu’ autant que le conduit de décharge seroit de grosseur conve- nable et communiqueroit parfaitement avec le réservoir commun , encore il se pourroit qu’on ne fût pas entièrement à l’abri de ses atteintes. En effet , comment éviter l’expansion laté- rale et le choc en retour qui résulteroit de la pression élastico-électricjue , lors du passage du trait fulminant , à travers le conduit de dé- chargé , sur-tout si la masse électrique étoit prodigieuse. Cette objection , assez impor- tante , mérite d’être réfléchie. Une pointe communicant à un système po- sitif, transmet donc une explosion à une dis- tance bien plus grande que celle à laquelle elle peut la recevoir , lorsqu’elle communiqué à un système négatif ; c’est sur cette différence que j’ai établi un appareil propre à distinguer les deux espèces d’électrisation, et à déterminer d’une manière précise , la différence d’aptitude qu’ont les pointes , pour lancer ou pour rece- voir en masse la matière électrique. L’instrurnent dont il est question est un petit Ç a I 36 La Medecine bocal doublé d’une feuille d’étain aux deux surfaces , jusqu’à la moitié de sa iiauteur. Au fond et au centre de ce bocal est établie une pointe très-aiguë 5 elle communique par- faitement avec la garniture. Un bouchon tra- versé par un tube de verre ferme l’orifice du bocal -, dans l’intérieur du tube est une échelle graduée ; et â son extrémité est mastiqué un écrou qui reçoit une tige de cuivre , dont la partie supérieure est terminée en pointe et l’in- férieure par une boule bien polie. Il est indispensable d’enduire de plusieurs couches de vernis à la cire d’Espagne le tube de verre , les deux tiers de la boule , la tige jusqu’à la pointe et l’intérieur du bocal , à l’exception de la partie opposée à la pointe et à la boule , afin de pouvoir observer le jeu du fluide électrique. Voilà l’instrument 5 voici la manière de s’en servir : Placez la boule à distance convenable de la pointe ; chargez le bocal extérieurement , et à l’aide d’un excitateur , établissez communica- tion entre les deux surfaces, et vous verrez la pointe sous-tirer paisiblement le fluide électri- que : chargez maintenant le bocal d’une manière inverse j avant que le bout de l’excitateur soit en contact avec la pointe , une forte étincelle se manifestera à son sommet $ ainsi rien de plus facile que de distinguer les deux espèces d’électrisation. La présence de l’étincelle à l’approche de l’excitateur est donc un signe certain et invariable de Pélectrisation positive , et son absence un signe contraire : on pourra s’assurer de la différence d’aptitude de la pointe pour lancer et attirer la matière électrique , au moyen de l’échelle de division pratiquée à la partie supérieure du tube. ÉCLAIRÉE, eCt. 87 Cet instrument , quoiqu’assez simple , ne peut remplir son objet qu’ autant qu’il est exé- cuté avec justesse et précision ; il est sur-tout bien essentiel d’éviter la moindre humidité. On trouvera cet appareil chez MM. Dumotier , rue du Jardinet. MATIÈRE MÉDICALE. Notice sur le suc qui fournit la gomme élastique , extraite d' un mémoire lu à la société d' A- griculture de Paris , par M. Fourcroy. La gomme ou résine élastique sert à un grand nombre d’usages. Dans les pays où croissent les arbres qui la fournissent , elle est employée à faire des torches, et on la brûle comme de la cire, ou plutôt comme de la résine : aussi quel- ques chimistes ont-ils proposé de la nommer résine élastique , en l’appliquant liquide sur des moules de terre et en la laissant évaporer à l’air , on en fait des vases de formes et de. gran- deurs variées , destinés à contenir toutes sortes de liqueurs. L’industrie européenne a trouvé dans cette matière une ressource de plus pour fabriquer des instruments de chirurgie , qui pus- sent contenir quelques par ties sans opérer une compression trop forte , et en se pliant à tous les inouvemens, à toutes les flexionsque ces par- ties exécutent. Les mécaniciens et les physiciens tirent aussi 11.11 grand parti de cette substance ; elle fait aujourd’hui fonction de ressort dans les machines ; on l’étend sur les étoffes de lil et de soie qulelle défend de l’impressiou de l’eau , en leur conservant de la flexibilité. Jusqu’actuellement on n’a reçu cette matière que sous la forme solide , et il a fallu trouver j 3 38 Ï,A MËnËfcîNE les moyfens de la ramollir, de la dissoudre , pour la faire servir à un plus grand nombre d’usages. Onsaitquepresquetoujoursc’estauxdépensdc ses propriétés qu’on lui a fait subir ces cliangemens. Il y a plus de dix aïis que , pour connoître s’il ne seroit pas possible de l’employer ici comme on le fait dans nos colonies d’Afrique et d’A- mérique , je demandai qu’on me l’envoyât li- quide , et telle qu’elle découle des arbres qui la fournissent. J’en ai obtenu, il y a six ans, une pinte , par les soins de M. Melon , ancien commissaire du roi à i’île de Bourbon , et j’ai reconnu dès-lors que mes vues pourroient être remplies quelque jour. La société d’ Agriculture en ayant reçu une bouteille au mois de juillet de cette année , et m’ayant chargé d’en examiner les propriétés , j’ai repris les expériences que j’avois faites auparavant sur cette matière , et j’ai eu occasion de confirmer les premiers ré- sultats que j’avois déjà obtenus j c’est de ces résultats , immédiatement applicables aux arts , que je m’occuperai dans cette notice , car on verra que je suis bien éloigné d’avoir complété l’analyse de cette substance singulière ; il auroit fallu en avoir une beaucoup plus grande quan- tité , et il m’est permis de l’esperfer quelque jour du zèle des voyageurs instruits qui parcourent aujourd’hui nos colonies. En débouchant les bouteilles qui contenoient le suc del 'hevùea Guianensis d’Aüblet, ou du ja- îi'opha elasticci de Linnéus, il s’ëst répandu une odeur fétide très-forte , mêlée de celles du gaz hydrogène sulfuré et de l’ail pourri. La pins grande partie du sût ëtoit liquide , Liant: , et opa- que comme du lait \ mais' dans l’une et l’autre bou- teille, il y avoit une masse concrète très- blanche, ayant la forme de la bouteille dans l’une, et i C 1 A I R É E , ecf.' 3.9 seulement celle de son goulot et de sa partie évasée dans l’autre , parce que celle-ci avoit été tenue renversée pendant le voyage. Sur deux livres une once un gros et demi de matière contenue en totalité dans la bouteille du dernier envoi à la société d’Agriculture , on a retiré* en 'la cassant , trois onces un gros trente-six grains de gomme élastique concrète , blanche et pure. La liqueur blanche avoit une. saveur un peu. sucrée , quoiqu’elle f\it en même-temps âcre et désagréable. En la chauffant doucement dans des vaisseaux fermés elle ne s’est point coagulée, mais en la chauffant dans un vase large , et avec le contact de l’air, elle a présenté un phénomène très-important pour la connoissance de la gommé élastique. Il s’e'st formé à la surface de la liqueur une pellicule blanche demi-transparente très- élastique , qui avoit toutes les propriétés de la gomme. Après avoir enlevé cette première pel- licule il en a paru successivement plusieurs au- tres $ .une livre de cette liqueur a fourni près d’un demirgros de gomme élastique. Après qu’elle n’en donnoit plus , le lait d’hevæa étoit devenu transparent ; en l’évaporant jusqu’à consistence presque syrupeuse , il a déposé , par le refroi- dissement , une grande quantité de cristaux rayonnés d’une couleur jaune , d’une saveur sucrée et légèrement acide : nous parlerons plus bas de cette matière particulière 5 il faut con- tinuer ici l’examen dé la liqueur laiteuse et de la gomme élastique qui s’en étoit séparée. . Exposée à l’air, au-desSüsdu mercure , cette liqueur absorbe peu à peu l’air vital , la gomme élastique s’en sépare et vient nager à sa surface. Dans cette expérience, comme dans l’évapora- tion , la fixation de l’oxigène opère la concré- tion de la matière élastique 3 aussi les acides 4 0 L a M' BfIJJX 3v C I NE yersés dans .'la liqueur en: séparent-ils la portioil de gomme élastique qui y est en suspension : cette gouïme prend d’abord la forme de flocons , qui bientôt se rapprochent et s'unissent en une ■seule masse cohérente. L’.acide muriatique oxi- géné produit très-promptement cette précipita- tion de la gomme , et la. perte de son odeur prouve ' que c’est à la fixation de son oxigène qu’il faut attribuer ce phénomène ; en sorte que aails cette expérience , comme dans- toutes celles que l’on fait avec l’acide muriatique oxigéné , cet acide produit dans un temps très-court ce que le contact de l’air ne produit qù’à la longue. Les alcalis agissent d’une manière inverse sur le lait de Yhevaea ; ils opèrent une combinaison plus intime de la matière élastique avec le li- quide. , et s’opposent à sa séparation par ,1’oxi- gène atmosphérique : en distillant quatre onces de ce èùc laiteux , par une chaleur très-douce , ©n a obtenu une liqueur claire comme de l’eau , d’une odeur analogue à celle du jaSmin , odeur bien différente assurément de celle du gaz hy- drogène sulfuré ; cette eau étoit légèrement acide, mais sa petite quantité a empêché qu’on ne pût en déterminer la nature. La gomme élastique > déposée dans le col de la bouteille qui lui avoit en quelque sorte servi de moule , et qui pesoit plus de trois onces un gros , comme il a déjà été dit', étoit parfaite- ment blanche , d’un tissu fin et serré , douce au toucher, entièrement élastique ; exposée à l’air, elle a pris une couleur fauve quia passé au brun. En la distillant on en a tiré beaucop d’ ammo- niaque et d’huile 5 les alcalis caustiques et liqui- des ne lui ont fait éprouver aucune altérartion , ÉCLAIRÉE, etc. 4* soute. L’huile volatile de térébenthine Ta égale- ment et bien plus facilement dissoute que l’éther. Cette dissolution chauffée long-temps à un feu doux , et par le contact de l’air , a laissé déposer Une portion de la gomme dans son état élasti- que, et pur. En traitant cette gomme élastique pure par l’acide nitrique , on en a obtenu du gaz azote , du gaz acide carbonique , du gaz acide prnssicjtie et de l’acide oxalique -, toutes ces expériences ont été faites en même-temps sur la gomme élastique du commerce et elles ont présenté absolument les mêmes résultats. La matière cristaline et de saveur sucrée que le suc d 'hevaea avoit formée après la séparation des pellicules de gomme élastique , étoit très- dissoluble dans l’eau ; cette dissolution rougis- soit les papiers teints par le tournesol : l’alcool dissout très-facilement cette matière , et prend dans cette opération une couleur rouge. En lais- sant cette dissolution s’évaporer spontanément à l’air , il s’en sépare des cristaux blancs , allon- gés et minces ; il reste une matière colorante dans la dernière portion de l’alcool. Les mêmes cristaux précipités, de l’alcool , et séparés de la matière colorante qui les altère , sont promp- tement et facilement dissolubles dans l’eau ^ ils ne précipitent point les dissolutions nitriques d’argent et de, mercure ; ils ne forment point un sel insoluble avec l’eau de chaux $ ils ont encore ta saveur sucrée qui les distingue , lors- qu’on les examine immédiatement après l’éva- poration du suc dChevaea. Le feu les décompose, en dégage de l’acide pyromuqueux , et élu gaz acide carbonique , sans apparence d’huile. Ils ne font point éprouver d’altération aux carbo- nates alcalins. Ils paroissent être formés par la substance sucrée qui commence à prendre des 42 La Médecine caractères acides , sans être encore entièrement convertie en matière saline ; ce qui paroît dé- pendre d'une plus grande proportion d’oxigène qu’il n’y en a dans le sucre. Cet essai d’analyse , que nous aurions désiré de poursuivre et 'd’étendre bien plus loin , si nous avions eu à notre disposition une plus grande quantité du suc qui fournit la gomme élastique , nous permet d’offrir quelques résul- tats nouveaux et utiles , soit pour une eonnois- sance plus parfaite dé la nature de ce singulier produit végétal , soit pour tirer un plus grand parti des propriétés de cette matière. Nous pla^ cous dans la première classe les faits suivans .‘ i°. La gomme élastique esl'dissoute oti sus- pendue dans un suc laiteux , d’oii elle se sépare peu à peu par le contact de l’air , mais non pas par la seule évaporation. ' 1 2.°. L’absorpion de l’oxigcnc est la principale cause de cette séparation’ et de la concrétion de la gomme élastique. ' 3l>. La gomme élastique se' Colore cri FàuVri et en brun par* $e contact de l’air', et la suie n’est pas la cause .de la coloration dé ce produit. 4°. La gomme plastique dbrfrié , par sa nature même et noix pas: en raison dé la suie; qu’elle contient , del Ammoniaque à la distillation; c’éjlst à în présence dé l’azote , dans cette substance , qu’il faut attribuer la production de cet alcali'.' 5°. Là goimne élastique est diSsolubl c clans l’c- tber , quand on ia met en fragmens trcs-miricèiS élans dé l’étîier sulfuricpie bien rectifié *. ; 6°. parmi des principes immédiats dès : végé- taux aitxcjüéîs ôtl a comparé la gômine élastique, ce ri’eSt ui déS ‘Huiles grasses concrètes; ni des ïésines qu’elle paroît se rapprocher , ‘mais c’est ci v .* > w 1 Ojl - * . *-» \j 1 i IT*" 00 - i *0 w ^ + J • * ■> & ÉCLAIRÉE, etC. 43 à la matière glutineuse qu’elle ressemble le plus, par son élasticité , sa propriété de donner de l’ammoniaque et une huile fétide à la distilla- tion , et par celle de fournir du gaz azote et de l’acide prussique par l’acide nitrique. Quant aux résultats utiles aux arts qui parois- sent découler naturellement des expériences que nous avons décrites , nous ferons remarquer qu’outre la propriété que paroît avoir la gomme élastique blanche et pure de se dissoudre fort bien dans l’huile volatile de térébenthine , et la possibilité de se servir de cette dissolution , pour enduire différens corps et les recouvrir d’une pellicule élastique que l’huile volatile lais- sera en se réduisant en vapeur , c’est plus par- ticulièrement sur le suc de l 'hevetea que nous avons cru devoir porter toute notre attention. Dans les deux envois que nous avons eu occa- sion d’examiner , la plus grande partie de la gomme, ou plutôt du gluten élastique , s’en étoit séparé sous la forme solide , pendant le voyagé, et il n’en restolt pas le trentième dans la liqueur; cette portion de gluten élastique encore dissous , peut en être séparée , soit lentement , par l’ex- position à l’air ^ soit un peu plus vite , par la chaleur réunie à l’action de l’air , soit enfin rapidement par l’addition des acides ; mais il étoit plus important de trouver des moyens de maintenir la gomme élastique toute entière en dissolution , et de l’empêcher de se précipiter. Il falloit en même-temps que oe moyen n’altérât pas la matière élastique , et permît de la re- trouver et de l’obtenir à part lorsqu’on le dési- .reroit. Sans doute , pour réussir dans l’exécu- tion de cette idée , il seroit utile d’examiner , -dans son pays natal , le suc de l 'kevciea , et de ■le mêler avec différens réactifs 5 car ce que nous 44 La Médecine avons pu faire à cet égard , n’a eu lieu que sur ce suc déjà privé de la plus grande partie de son gluten : de sorte qu’il restera de l’incerti- tude sur ce point , tant que l’expérience n’aura pas confirmé notre procédé sur le suc entier , d où il ne se sera rien encore précipité. L’alcali fixe , soit potasse , soit soude , nous ayant paru augmenter très - sensiblement l’attraction et l’adherence de la gomme élastique pour le suc, c est ce sel que nous recommanderons de mêler au suc de Y kevaea , dans l’instant où il sera tiré du végétal : on peut espérer que cette addition empêchera la gomme de se précipiter pendant le voyage et que nous aurons ainsi le suc en- tier sans décomposition. Alors il sera facile d en séparer à volonté la gomme élastique, en absorbant l’alcali au moyen d’un acide foible , et de lui donner , à l’aide de moules , toutes les formes , et toutes les épaisseurs que l’on dési- rera • alors on ne risquera plus d’altérer ce produit dans sa nature , en le dissolvant et en le combinant avec des. corps qui diminuent son élasticité , qui le rendent gras et poisseux , ou sec et cassant. Il seroit superflu de détailler ici tous les avantages qui résulteront de ce procédé , parce qu’ils seront facilement prévus parloutesles personnes qui emploient la gomme élastique , ou qui connoissent les arts multipliés auxquels elle est utile. Il ne nous reste qu’à don- .ner aux naturalistes , aux voyageurs et aux culti- vateurs de nos colonies d’Amérique et d’Afrique, .connoissance du procédé que nous proposons ; .leur zèle et leurs lumières nous répondent qu’ils voudront bien le répéter sur-le suc de Yhevaea , au moment même qu’il sera tiré , et l’envoyer en France , après cette addition , dans des bou- teilles bien bouchées, enjoignant à leur envoi ÉCLAIRÉE, etC.' 45 la note de la quantité de ce suc , une légère description de ses propriétés , de sa pesanteur spécifique , de sa saveur , de son odeur avant le mélange d’alcali , ainsi que la date de son extraction. La même expérience devra être faite sur le suc des diverses espèces d ' hevaea , ainsi que sur ceux du cecropia psltata , du ficus in ^ dica , et de tous les autres végétaux connus ou inconnus des botanistes, mais d’où l’on sait qu’on peut obtenir de la gomme élastique. MÉDECINE PRATIQUE. I. Observations sur le sang des phtisiques , par M. Portai. ( Extraites d'un ouvrage sur la Phtisie , qui doit être bientôt mis sous presse. ) Un des points de doctrine sur lequel les opinions des Médecins sont encore divisées , est l’état particulier du système sanguin dans la phtisie. Quelques-uns ont en effet pensé que cette ma- ladie étoit toujours la suite , sinon d’une pléthore générale , du moins d’une pléthore locale ; c’est sans doute cette idée qui a engagé Fernel à recommander l’usage de la saignée , non-seulement au commencement de la phtisie , mais encore durant ses progrès. Stahl étoit si persuadé de cette pléthore qu’il l’a regardée comme la principale cause de la maladie, et qu’il dit que la plupart des phtisies viennent à la suite de la suppression de quelques hémorragies, comme un saignement de nez habituel, du flux hémorroïdal, des mens- trues , etc. Sydenham, dont le nom est d’un si grand poids en Médecine, trouvoit chez tous les phtisiques tous les signes caractéristiques de 46 La Médecine la plétliore sanguine , ce qui le cléterminoit à conseiller la saignée. On pourroit citer plusieurs auteurs qui sont du même avis ; mais d’un autre côté., des Médecins célèbres ont soutenu une opinion opposée. Torzi pense que les phti- siques ont si peu de sang, qu’ils ont à peine celui qui est nécessaire pour la circulation. M. Lieutaud étoit si convaincu que les phtisiques éprouvent plutôt une diminution qu’une sura- bondance de sang, même dans la phthisie tuberculeuse , qu’il s’élevoit fortement contre l’opinion de ceux qui recommandent la saignée. Knoblochius, quia écrit vers le commencement du dix-septième siècle, à et qui nous devons quel- ques observations anatomiques intéressantes , attribuoit la cause du marasme qui survient dans la phtisie au défaut de sang , et cette opinion a été adoptée par une suite nombreuse d’écrivains. On auroit du s’attendre que les résultats des ouvertures de corps , auroient ôté toute incer- titude sur cet objet 5 mais ils n’ont lait que l’augmenter. Thomas Bartliolin ouvrit le corps d’une personne morte de phtisie , et il ne trouva aucune goutte de sang, ni dans les vais- seaux , ni dans le cœur. D’un autre côté , des Anatomistes du plus grand nom, disent avoir trouvé le plus souvent à l’ouverture du corps des phtisiques une quantité plus ou moins considérable de sang dans le cœur et clans les gros vaisseaux. On lit clans les épliemérides des curieux de la nature , qu’en disséquant le corps d’une femme morte phtisique et qui étoit d’une maigreur extrême , on trouva les vaisseaux pleins de sang , principalement ceux du poumon. Il est prouvé par d’autres observations rapportées dans le même recueil. ÉCLAIR ÉE, etC. 47 qu’on trouve souvent beaucoup de sang dans les cadavres des plïtisiqùes , soit dans tous les vaisseaux en général , soit dans quelques- uns en particulier. Suivant M. Haller les phtisiques ont beaucoup de sang pendant les divers temps de leur maladie, et on en trouve aussi beaucoup à l’ouverture de leurs corps. C’est cette contrariété d’opinions qui m’a en- gagé à diriger mes recherches sur l’état du système sanguin chez les phtisiques, d au- tant plus que cela est loin d’être un objet de pure théorie , et l’usage de la saignée dans cette maladie peut en dépendre : mais on sent bien qUe pour fixer le vrai point de la question, il faut considérer la phtisie dans ses diverses périodes , c’est-à-dire qu’il faut examiner l’état des phtisiques , i°. lorsqu’ils sont menacés de phtisie et avant qu’ils en éprouvent propre- ment les premiers symptômes ; 2.0. lorsque la maladie est déclarée et au premier degré; 3°. lorsqu’elle est confirmée ; \° . lorsque les malades sont dans un état de dépérissement , où pour me servir de l’expression ordinaire dans le dernier degré de la phtisie; 5°. enfin il convenoit aussi de s’assurer par l’ouverture de leurs corps, de la quantité et de la nature de leur sang- Ceux qui sont menacés de tomber dans la phtisie , éprouvent presque tous des hémor- ragies , soit par le nez , soit par les veines hé- morroïdales et plus fréquemment encore , ils ont des vraies hérnoptisies. Or ces circonstances semblent annoncer en eux une quantité excé- dente de sang , et l’on en sera encore plus persuadé quand on considérera la rougeur sou- vent habituelle de leurs visages, de la région dç la pommète , particulièrement quand on la Médecine remarquera que leur pouls est plein et rebondis- sant , leurs yeux plus saillans et plus brillans que dans l’état ordinaire , leur chaleur à la surface de la peau plus vive et plus développée. D’ailleurs il est facile d’appercevoir que leurs veines jugulaires sont très-distendues, ainsi que celles des extrémités. Mais ces apparences de plé- thore ne sont-elles pas souvent trompeuses? Il est certain que si on établit que dans la phtisie essen- tielle , souvent avant qu’aucun des simptômes énoncés se manifeste , les poumons sont engor- gés , flétris et desséchés, il n’est pas étonnant que, sans une augmentation réelle de la quanti- tLté de sang, il survienne des Hémorragies, le gonflement des vaisseaux extérieurs et la plé- nitude du pouls. Le sang ne pouvant se vuider librement dans le poumon , qui ne lui est plus également perméable , se ramasse dans l’oreil- lette droite , dans les veines caves , et de proche en proche dans les jugulaires, ce qui entraîne bientôt l’engorgement des autres vaisseaux. Les poumons forment une espèce de ligature qui donne lieu à une gêne insurmontable de la circulation , ce qui est prouvé par l’état même des jugulaires, qui ne se dégorgent jamais aussi complètement que dans l’état de santé. Souvent, pour m’assurer s’il y avoit de la gêne dans fa circulation pulmonaire , j’ai conseillé aux malades de faire une grande inspiration , et je n’ai pas craint de regarder les poumons comme engorgés , lorsque je n’ai pas vu les veines jugu- laires "se désenfler pendant l’inspiration. L’en- gorgement des poumons occasionne le gonfle- ment des veines jugulaires et celui des veines qui leur correspondent comme les engorgeinens du foie produisent les hémorragies ; voilà des exemples frappans de pléthore locale qu’il ne faut i s i i i k i i, etc. 49 faut pas confondre avec l’augmentation réelle de la quantité de sang dans tout le système, vasculaire. Mais ce qui prouve de plus en plus mon opi- nion y c’est que les rougeurs du visage , le gon- flement des vaisseaux et la chaleur augmentent presque jusqu’au dernier moment , non-seule- ment aux extrémités supérieures , mais encore aux inférieures, et à F ouverture de leurs corps on ne trouve pas quelquefois une goutte de sang. Combien de fois n’ai-je point vu de malheureux phtisiques qui avoient dans les derniers mo- mens de leur vie les veines du cou , celles du visage et celles des extrémités, si gonflées et si distendues parle sang , qu’elles en paroissoient comme variqueuses! Venoient-ils à mourir , on 11e trouvoit presque plus de sang dans leurs vais- seaux , pas même dans les veines caves ni dans l’oreillette droite , ni dans la -ventricule qui lui correspond. Dans cette sorte de malades, les vais- seaux paroissent plus pleins que dans ceux qui éprouvent souvent l’apoplexie sanguine la plus manifeste, et dont on trouve après la mort, je ne dis pas les vaisseaux du cerveau, mais même tous ceux du reste du corps , remplis de sang. Ne confondons donc point la pléthore de quelques vaisseaux, occasionnée par l’engorge- ment des poumons , avec la pléthore réelle , et 11’épuisons pas les malades par des saignées trop copieuses et trop souvent répétées. Ce n’est pas que je blâme de recourir quelquefois à la saignée , qui peut être nécessaire pour opérer un dégorgement local, ou pour prévenir les suites de quelques suppressions , d’une hémor- ragie habituelle. Je ne doute point qu’on ne soit parvenu souvent à prévenir la phtisie par quelques saignées 5 mais elle ne peuvent être Tome III . N°. II. D 5o La Médecine utiles qu’au commencement de la maladie , et on doit les considérer plutôt comme un moyen préservatif que curatif, car il paroît que lors- que la phtisie est confirmée , la quantité du sang diminue bien vite , et il est incroyable com- bien on en trouve peu dans le corps de ceux qui ont péri de cette maladie. Je pourrois rappor- ter ici le résultat d’un très- grand nombre d’ou- vertures qui prouveroientqu’à peine on a trouvé quelques grumeaux de sang dans les corps des phtisiques. Il semble qu’ils n’avoient cessé de vivre que lorsque leur sang avoit été con- sumé , eu si l’on veut , que leur vie n’avoit été prolongée que pour que toute la quantité. de sang contenue dans leurs vaisseaux fût con- sumée. Il est cependant vrai que dans des sujets dont j’ai fait l’ouverture du corps ou que j’ai vu faire par d’autres , on a trouvé une médiocre quan- tité de sang dans les vaisseaux, et plus souvent dans le ventricule droit du cœur ; mais je dois observer que c’est toujours dans le corps des phtisiques qui ont éprouvé quelques acculons aigus , entés pour ainsi dire sur la maladie chro- nique , comme une hémorragie qui a été promp- tement mortelle , car dans ceux qui meurent comme par extinction , le sang se consume presqu’entièrement. Ne peut-on pas croire que lorsque le poumon est malade, la sanguification languit et qu’enfm elle cesse de se faire lorsque l’altération de ce viscère est portée au dernier degré ? Combien de raisons physiologiques ne potirroit-on pas alléguer pour prouver que cette fonction est due au poumon, et qu’elle doit être beaucoup altérée dans ses maladies , er sur- tout dans la phtisie. ÉCLAIRÉE., etC. 01 I • II. Rapport fait à la société Philomatique , sur une Jemme qui. bu,voit une très - grande quantité d’eau , par MM. Bellot et Bron- gniart. La société Philomatique , désirant répondre à la demande qui lui a été faite par M. Par- mentier , au nom du docteur Simulons, a nom- mé M. Bellot et moi pour examiner les habi- tudes et le tempérament d'une femme qui bu- voit beaucoup d’eau. Nous nous sommes transportés en consé- quence , samedi i5 octobre , fauxbourg Saint- Martin, hôtel des arts , chez la femme en ques- tion ; ne l’ayant point rencontrée chez elle , nous allâmes à la place où travailloit son mari, après avoir pris auparavant quelques informa- tions auprès du portier de la maison , qui furent conformes à ce que l’on avoit déjà dit. Nous trouvâmes cette femme avec une cruche d’eau à côté d’elle ; nous prîmes jour ensemble , et il fut convenu qu’elle viendroit passer une jour- née entière chez l’un de nous. Nous nous réunîmes en effet , lundi 17 oc- tobre 1791 , et reçûmes de cette femme les ren- seignemens suivans : Catherine Bonsergent , épouse de Jacques Fery , savetier, demeurant à Paris , hôtel des arts , fauxbourg Saint-Martin , est âgée de qua- rante ans ; elle est née à Senlis. Elle est très-blonde , sa peau est fine et mar- quée de taches de rousseur; elle est plus maigre que grasse et paroît être d’un tempérament bi- lieux ; ses bras sont plus maigres que le reste de son corps. Elle fut mise en sevrage chez sa grand’ mère, D a 5'z La Médecine qui , buvant beaucoup de vin , lui en fit boire aussi ; de retour chez sa mère , elle vomissoit tout ce qu’elle prenoit j les matières qu’elle vo- missoit étoient noires. Dès sa plus tendre jeunesse elle eut une soif très-considérable , et cherchoit tous les moyens de la satisfaire. Etant fille , elle buvoit trois seaux d’eau par jour $ étant mariée , deux seaux lui suffirent jusqu’à son premier enfant ; alors elle reprit sa première dose de trois seaux , jus- qu’à son quatrième. Depuis cette époque , elle n’en boit plus que deux dans les vingt- quatre heures. Lorsqu’elle est malade elle n’a plus la même soif, et lorsqu’elle ne boit point autant qu’elle le desire ^ elle se porte mal. Lorsqu’elle est en couche , elle a beaucoup plus soif qu’à l’ordinaire. Elle n’a pas plus soif en été qu’en hiver. Les choses salées , qu’elle n’aime pas à man- ger , ne l’altèrent pas plus que les autres. Sa soif se fait sentir par une défaillance d’es- tomac, semblable à celle que l’onéprouve lorsque l’on a faim. Elle a la bouche pâteuse , et ne pourroit , dit- elle , avaler un morceau de pain. Lorsqu’elle a bu , elle sent vers la région de l’estomac un froid assez considérable , qui la fait frissonner pendant quelque temps , ce qui l’o- blige d’être continuellement auprès du feu , pour peu qyi’il fasse froid. Cette femme a la lèvre inférieure assez grosse et couverte de croûtes : cette lèvre lui fait res- sentir des élancemens douloureux , sur-tout en été. Elle est sujette à des hémorroïdes qui ne fluent pas \ alors elle n’a plus mal à la lèvre. Elle a eu onze enfans en dix couches. C’est depuis son premier enfant qu’elle a des hémor- i'C i a i r i e , etc. „ 53 roïdes. De tous ses enfans il ne lui en reste que deux. Presque tous ceux qu’elle a nourris ont été sujets à différentes maladies. Son aîné , encore existant , a une maladie de la peau semblable à la gale , mais qui n’est cependant pas contagieuse. Le plus jeune , qu’elle n’a nourri qu’un mois, jouit d’une assez bonne santé. Cette femme est 1a. seule de sa famille qui ait une aussi grande soif. . Elle sue assez , et urine en proportion de ce qu’elle boit. Elle ne crache point. Elle ne prend ni café , ni vin , ni liqueur spi- ritueuse : elle nous a dit qu’elle mangeoit beaucoup , ce que nous n’avons cependant pas remarqué. Cette femme a bu devant nous , pendant dix heures qu’elle est restée avec nous , quatorze pintes d’eau , ce qui peut produire environ vingt-huit livres. Elle nous a dit qu’elle se rele- voit la nuit toutes les heures et demie pour boire , ce qui fait assez exactement la voie d’eau qu’elleprétend consommer dans les vingt quatre heures. Elle a rendu dix pintes d’urine. MM. Bonnard, Lair et Robilliard^ membres de la société , ont vu cette femme avec nous pendant une assez grande partie de la, journée. C H I E. U R G I E. I. Discussion relative à V opération de la taille ; par M. Sabatier. Il y a quelque temps qu’on a fait part à l’Académie de Chirurgie d’une observation qui a donné lieu à une discussion bien intéressante, V 3 54 La Médecine et qui seroit probablement perdue pour le pu- blic , et pour r Académie elle-même , si on ne prenoit le soin de la recueillir. Un homme , d’un âge moyen , tourmenté des incommodités que cause la pierre , s’est soumis à l’opération de la lithotomie , laquelle a été pratiquée sui- vant une des méthodes connues de l’appareil latéral. On présumoit que la pierre étoit grosse. Les incisions ont été faites en conséquence : cependant elles ne se sont pas trouvées suffi- santes pour en procurer l’extraction. Cette pierre étoit solide. Les tenettes mordoient peu sur elle , et elle leur échappoit. La crainte de fatiguer la vessie par des tentatives trop mul- tipliées engagea à remettre le malade dans son lit afin de le laisser reposer , et de délibérer h loisir sur les moyens à employer. La journée fut orageuse. Le ventre se tendit ; il y eut beau- coup de douleurs ; les urines furent retenues j enfin , il se fit des mouvemens salutaires dont le résultat fut l’expulsion spontanée de la pierre, qui se trouva être du poids de neuf onces. Le rédacteur de cette observation la présentent comme une nouvelle preuve de l’avantage de la taille en deux temps. Il est vrai que la pierre est sortie sans violence , au lieu qu’il eût fallu en faire beaucoup si on se fût opiniâtré à la tirer au moment de l’opération. Mais cet évé- nement est peut-être sans exemple, et par con- séquent il ne prouve rien. Des pierres médiocres, laissées à dessein dans la vessie ou dont la pré- sence a été méconnue , des fraginens de pierres qui se sont brisées au dedans de ce viscère pen- dant les tentatives qu’on faisoit pour les ex- traire , sortent d’eux mêmes : rien n’est plus fréquent. Cela perrnet-il d’espérer qu’une pierre d’un volume et d’un poids aussi considérables ÉCLAIRÉE, etc. que celle dont il s’agit, soit expulsée par les seules forces de la nature , ou qu’on puisse en faire l’extraction avec plus de facilité lorsque l’irritation et le spasme , qui sont les suites né- cessaires de l’incision et des premières ten- tatives , seront calmés ? Le peu d’écartement que présentent les branches des os ischion et pubis , et la médiocrité de l’ouverture que l’on peut faire au col de la vessie sans trop endommager ce viscère, n’y mettent-ils pas obstacle P Aussi pensoit-on à inciser au-dessus du pubis , à pratiquer au malade une seconde opération par la méthode du haut appareil. C’est ce que le frère Corne a fait en diverses circonstances , et avec des succès variés. Plusieurs membres de l’Académie ont cité des exemples de cette conduite. On la suivit , il y a une vingtaine d’années , à l’hôpital de la Charité de Paris , sur un malade dont l’histoire est remarquable. Il avoit été sondé à Page de quinze ou dix-huit ans, et on lui avoit trouvé une grosse pierre. Sans doute les incommodités que la présence de ce corps étranger lui causoit n’étoient pas fort vives , puisqu’il ne fut point opéré alors. Il exerçoit la profession d’horloger , et a vécu jusqu’à quarante-six ans en bonne santé Ce fut à cette époque de sa vie que , portant une pendule , il fit un effort qui fut suivi de grandes douleurs à la région de la vessie , et de diffi- cultés d’uriner. On le sonda , et on sentit bien que la pierre étoit fort grosse. Il fut taillé au- dessous du pubis. La pierre n’ayant pu être saisie , on se détermina le lendemain à l’opérer par le haut appareil. On eut pu attendre que les accidens de la première opération fussent dissipés. Peut-être auroit-on pu lui épargner la seconde en essayant de placer une cannule D 4 La Médecine dans la vessie et cle l’y laisser à demeure , ou de rendre la plaie fistuleuse. Mais on conçut le dessein louable de le guérir sans qu’il con- servât d’incommodité. La pierre pesoit vingt- quatre onces. Les accidens survinrent en foule. Le malade périt trente six heures après. Le poids de cette pierre paroissoit énorme. Un des membres de l’Académie , témoin de ce lait, a dit en avoir une en sa possession , la- quelle à la vérité n’a été tirée qu’après la mort, et qui pesoit cinquante-une onces. ( 1 ). Ces pierres ont perdu un peu de leur poids par le dessèchement qu’elles ont éprouvé. Un autre malade , dont la pierre a de même été tirée par une incision faite à la vessie au-dessus du pubis , après des tentatives infructueuses pour en procurer l’extraction au moyen de l’appareil latéral , qui avoit été pratiqué peu d’heures au- paravant , est mort aussi. Une petite fille , qui a été dans le même cas , et à qui on avoit in- cisé sans fruit le canal de l’urètre et le col de la vessie , a guéri malgré la difficulté qu’on a eue a 1 operer , et quoique 1 ouverture laite au péritoine , et par laquelle les intestins ten- doient à s’échapper pendant qu’on s’occupoit à chercher et à tirer la pierre, ait dû per- mettre à une partie des urines de tomber clans le ventre. La collection de pièces sur la taille au haut appareil , publiée en îyéoparM. Mo- rand, à l'occasion d’une opération de cette espèce qu’il venoit de pratiquer , présente plu- sieurs exemples de guérison malgré la blessure du péritoine , et celui-ci ajoute à la certitude qui en résulte, que les épanchemens d’une o) Gptte pierre est déposée dans une salle de l’hôpital de la Charité de Paris. ÉCLAIRÉE, etC. quantité médiocre d’urine dans le ventre , ne sont pas mortels. La plupart de ceux auxquels en a fait l’opé- ration de la taille par l’appareil latéral , et ensuite celle par le haut appareil , ont suc- combé. Un autre membre de l’Académie pen- soit que cet événement doit plutôt être attribué aux tentatives indiscrètes que l’on fait pour tirer la pierre par la première opération , et à l’irritation qui en est la suite , qu’à la double opération : car , disoit-il , une simple incision pratiquée au col de la vessie n’a rien de dan- gereux , et la meilleure preuve qu’on puisse en donner , c’est que l’opération du haut appareil à la méthode du frère Côme , qui suppose cette incision , réussit assez fréquemment ; il se trom- poit. Premièrement , on ne peut pas dire que le risque auquel sont exposés ceux à qui on ouvre le col de la vessie , ne mérite aucune considé- ration. Cette ouverture suppose une incision profonde qui comprend des parties musculeuses et graisseuses, arrosées de beaucoup de vaisseaux sanguins , et parsemées d’un grand nombre de nerfs. Elle porte sur des parties très-sensibles ; et quoiqu’il soit vrai que quelques personnes , a qui on a fait la lithotomie , guérissent comme par enchantement ^ il y en a d’autres qui éprou- vent des accidens terribles , lesquels se ter- minent quelquefois par la mort , quoique les recherches et l’extraction de la pierre n’ayent rien eu de pénible. Pourquoi cette ouverture seroit-elle sans conséquence , lorsque nous sa- vons que celle du péritoine et du ventre a été mortelle en des malades qu’on n’opéroit de leurs hernies que pour leur procurer une gué- rison radicale , et sans qu’on y fut déterminé par les accidens ordinaires de l’étranglement ? *58 La Médecine Le célèbre Jean-Louis Petit en a conservé des exemples. En second lieu , ce n’est pas le col de la vessie que l’on ouvre préliminairement dans l’opération dont il s’agit. C’est le canal de l’ urètre à la partie la plus inférieure du pé- riné , et cela dans la vue cle placer une cannule qui , traversant la partie membraneuse de l’urè- tre et pénétrant dans la vessie à travers son col , permette aux urines de s’écouler , et pré- vienne leur sortie à travers la plaie qui regarde les os pubis. Si on n’ouvre pas le col de la vessie dans cette circonstance, ajoutoit l’académicien dont on vient de parler , on devroit f ouvrir ^ parce que sans cela les urines n’auront point de faci- lité à s’échapper par en bas. Ce procédé d’ail- leurs exempteroil de placer une cannule qu’on ne peut s’empêcher de regarder comme un corps étranger. Mais pourquoi les urines ne sortiroient- elles pas aisément par la cannule r On sait que le col de la vessie est assez élevé deri'ière la symphise des os pubis , et que la partie membraneuse de l’urètre qui se trouve en-dcçà de la prostate , descend de haut en bas jusqu’à la partie inférieure de cette symphise , o h elle est embrassée par la substance spon- gieuse qui accompagne ce canal jusqu’à sa dernière extrémité. Donc, en faisant aux tégu- rnens une incision qui réponde à la partie gau- che et inférieure du périné , et qui pénétré dans l’urètre à travers son bulbe , la cannule qu’on y place parcourt une route qui monte de bas en haut jusqu’à ce qu’elle parvienne dans la vessie. Cette cannule offre par conséquent aux urines une conduite qui descend de haut en bas et de derrière en devant , et qui leur permet de s’écouler avec facilité. Voila le but ÉCLAIRÉE, eCt. 5f) que se proposoit le frère Corne. Reste à savoir si on le rempliroit aussi bien dans le cas où on se contenteroit d’ouvrir le col de la vessie sans faire usage de cannule. Chacun doit avoir remarqué que souvent après l’opération de la taille les urines continuent à couler à travers l’urètre , comme si le malade n’eût souffert au- cune opération. Elles ne commencent à passer par la plaie qu’au bout de quelques jours, et lorsque le gonflement survenu à celle qui a été faite au col de la vessie vient à se dissiper par le dégorgement. Alors , il n’en sort plus par l’urètre jusqu’à ce que les bords de la plaie intérieure se rapprochent et se recollent- Qu’en conclure , sinon que l’incision du col de la vessie , sans y placer une cannule , seroit une mesure insuffisante pour en procurer la sortie par cette voie ? Le choc des opinions n’a pas permis d’in- sister sur la question la plus importante peut- être , sur celle de savoir si dans les cas dont il s’agit , il ne vaudroit pas mieux attendre pour faire la seconde opération , que les accidens de la première fussent entièrement dissipés. Toutes les raisons , qui militent en faveur de l’opération en deux temps, prouvent également que cette opération ne peut être que fort utile. Quand on pratique le haut appareil peu de temps après avoir essayé de tirer la pierre par l’appareil latéral , le malade est exposé à deux risques dont la réunion est effrayante , au lieu que chacun d’eux , pris séparément , est beaucoup moins grave. Peut-être la sortie spon- tanée de la pierre, qui a eu lieu chez le sujet dont l’histoire a amené la discussion qui nous occupe , seroil-elle arrivée plusieurs fois si on eût suivi cette utile méthode , au lieu que ce 60 La Médecine fait est unique , au moins à notre connoissance. La natur e a tant de ressources , que nous ne devons employer celles que l’art nous offre , cjue lorsque nous avons la certitude qu’elle a épuisé toutes les siennes. II. Remarques sur les effets de l’èpithême désorganisant de M. Dorez , Chirurgien , rue et isle de Saint-Louis ; par M * Pinel. L’art de guérir ne doit- il pas suivre la même m irche que les autres sciences naturelles, et peut-il faire des progrès , si on ne fixe avec pr écision le vrai caractère du mal et l’espèce des remèdes qu’on emploie ? Ne seroit-il pas resté dans un état perpétuel d’enfance, s’il avoit été toujours pratiqué par des gens à secret et par des empiriques ? Des méthodes de guérir uniformes et dirigées aveuglément auroient été quelquefois utiles et très-souvent nuisibles ; et après plusieurs siècles d’une expérience vague et incertaine , on auroit toujours abouti au point du départ , c’est-à-dire , à une instabilité éternelle d’opinions et de principes. M. Dorez peut être cité en preuve de ce que je viens d’avancer ; il me fit adresser en 3788 deux lettres par deux de ses malades, qui se disoient guéries de cancers par son épi- thême désorganisant (1) , et qui me prioient de rendre publiques ces cures prétendues par la voie d’une feuille périodique dont j’étois alors chargé. Je répondis , en refusant d’insérer les (1) Je conserve encore les originaux de ces lettres , qui sont remarquables par l'inexactitude la plus marquée . soit dans la détermination de l’espèce de la tumeur , soit dans lit manière d’agir du remède. ÉCLAIRÉE, eCt. 6 1 cîenx observations , que les Médecins et les Chirurgiens avoient été dans tous les temps témoins des dangers et des effets funestes de tous les topiques qu on avoit proposes pour la guérison du cancer , que des topiques de toutes les formes avoient été présentés , et qu’ après de nouveaux essais faits avec soin., on avoit été contraint de les abandonner. Mais comme M. Dorez pouvoit répliquer que son topique étoit unique dans son genre , et qu’il avoit un avantage marqué sur tous ceux qu’on a proposés jusqu’à ce jour , je lui pro- posai dans ce cas , de soumettre l’examen de son remède à la société de Médecine ou à l’a- cadémie de Chirurgie , qui nommeroient des commissaires pour en faire le rapport et pour lui en garantir le secret ; qu’il n’auroit alors qu’à fixer, par une suite d’expériences décisives, son efficacité et les moyens de s’en servir ; qu’il falloit sur-tout faire bien distinguer et recon- noître avec candeur les cas qui seroient favo- rables à l’emploi de son remède , et ceux qui lui seroient contraires; car j’ajoutois que ce seroit toujours une grande chimère qu’un moyen uniforme de guérir toutes sortes de tumeurs , quelle que fut leur origine et leur nature , l’âge et la constitution de l’individu , l’époque plus ou moins avancée de la maladie , ses compli- cations avec divers virus ou d’autres maladies habituelles , ect. Je finissois par l’assurer que je me ferois alors un vrai plaisir de communi- quer au public les observations authentiques qui me seroient adressées sur cet objet. On imagine bien que toutes ces sages pré- cautions n’ont pas été du goût de M. Dorez , et qu’il n’a pas manqué d’insinuer à ses ma- lades, que les Médecins et les Chirurgiens de la 62 Là Médecine capitale ne cher choient qu’à le persécuter et à se montrer ses détracteurs ; que ce n’étoit que de pures jalousies et des rivalités qui empê- choient qu’on lui rendît justice. Il se défia donc de tous les journaux qui sont consacrés aux progrès de l’art de guérir , et il a publié depuis cette époque de prétendues cures de cancer , dans le Journal de Paris , dans le Mercure, dans le Journal encyclopédique , ect. Il faut respecter le zèle des rédacteurs de ces journaux , qui ont cru se rendre ainsi utiles à l’humanité souffrante ; mais peut-être qu’il eût été prudent , avant de publier les succès de M. Dorez, d’attendre qu’ori fît connoître quel- que cas qui fût contraire à l’emploi de son remède pour éviter le trop grand empressement de quelques malades à faire des essais nuisibles et dangereux. Je puis communiquer au public deux exemples de ce dernier genre , dont l’un m’a été attesté par M. Paschal , maître en Chi- rurgie à Erie-Comte-Robert , et l’autre s’est passé sous mes yeux. Madame Lavigne , aubergiste , à Grosbois , et affligée d’un cancer au sein , se rendit à Paris pour y être traitée par M. Dorez. Elle vint se loger chez madame Boisard , marchande grainetière, rue Saint-Antoine. On publia quel- que temps après que sa plaie étoit prête à se cicatriser; mais il survint un érésipelle au bras du même côté que le cancer , et la plaie s a- grandit de nouveau La malade ht en vain des instances à M. Dorez pour qu’il remplît la pro- messe qu’il lui avoit faite de la guérir en rece- vant d’avance ses honoraires ; elle s’est vue enfin abandonnée , et a succombé à ses dou- leurs au mois de juillet 1788. Voici encore un autre exemple des effets • ÉCLAIRÉE, etc. 63 funestes de l’épithême de M. Dorez, dont on petit facilement prendre connoissance. Made- moiselle Fricot , rue du Férou, près i’église de Saint-Snlpicc , avoit une loupe à la joue droite dont elle desiroit beaucoup de se délivrer ; elle s’adressa à M. Dénoue , Chirurgien , logé à la rue de Seine , qui appliqua un caustique sur la tumeur , et en consuma une partie ; bientôt après , il survint un engorgement dou- loureux à la partie latérale droite du cou. Des Médecins qui furent consultés prescrivirent tour-à-tour des cataplasmes érnolliens et des répercussifs , mais sans produire aucun effet remarquable. M. Dorez fut appelé , et il ap- pliqua son épitliême désorganisant ; il produisit une ouverture à la peau qui s’est agrandie peu- à-peu et qui a pris un caractère malin , en- sorte que M. Dorez a abandonné la malade. Cette malheureuse victime de l’empirisme s’est adressée encore à d’autres personnes qui lui promettoient de la guérir ; mais le mal a continué de faire des progrès 5 il s’est formé , vers la partie supérieure et latérale du cou , un ulcère de la grandeur de la main , avec des bords calleux et d’une fétidité insupportable, M. Boyer , Chirurgien gagnant maîtrise à la Charité , qui lui a donné des soins , m,e l’a fait voir dans cet état déplorable : le visage et l’œil du même côté étoient très - gonflés ; les douleurs ont été très-vives, et M. Boyer n’est parvenu à les calmer qu’au moyen d’une espèce d’onguent où il fait entrer la dissolution d’opium à une forte dose. Après l’usage die ce re- mode , la malade a été plus tranquille et a joui même du sommeil ; mais le mal n’en conserva pas moins le caractère d’un ulcère carcinoma- teux , et on sait combien jusqu’à présent les 64 La M É D E C I N E, etC. ressources de l’art de guérir sont foibles et in- certaines contre ce mal atroce. Dans ce cas-là donc , on ne peut méconnoître une espèce de cancer , provenue d’une application imprudente de l’épithême désorganisant de M. Dorez. Cette malade est morte vers les derniers jours d’oc- tobre 1791. N’est-ce pas donc une illusion bien déplora- ble, cjue cette confiance aveugle que les malades accordent aux empiriques qui prônent avec em- phase leurs prétendues guérisons de cancers , et qui omettent prudemment de parler d’une foule de cas où ils ne font qu’aggraver le mal et accélérer le moment d’une mort cruelle ? L’histoire des caustiques, dans les maladeis cancéreuses, est une des parties de Part les mieux connues aujourd’hui : sans doute on ne peut douter que leur usage , en détruisant les parties squirrheuses ou cancéreuses, ne puisse quelque- fois être utile; mais l’infection générale de la masse des humeurs ne peut pas être corrigée par un pareil moyen, et il ne peut avoir de véritable succès que dans une affection locale , dont les progrès n’ont point altéré le système lym- phatique. Voilà le seul cas où le médecin instruit peut con- seiller ou employer les caustiques. Mais ce n’est pas à cela que s’arrêtent la plupart des guérisseurs qui vendent et cachent leurs caustiques: ordinairement ils entreprennent tout et ne respectent rien; aussi leur réputation tombe- t-elle toujours au bout de quelque temps ; mais il leur reste au moins le profit, et c’est souvent tout ce qu’ils veulent. Au reste, on seroit trop heureux avec de pareils hommes , que l’espoir de la guérison favorise tandis que les vraies lumières les repoussent , s’ils vouloient bien mettre dans leurs procédés cautérisant la prudence qui devroit toujours les guider ; ils épargneroient aux malades les douleurs atroces et les accidens funestes qui accompa- gnent les mauvais traitemens en ce genre. ( N° I I L ) 65 MÉDECINE PRATIQUE. Observations sur l’usage du Camphre d’ Amé- rique y dans les maladies chroniques et in- flammatoires j par J. MarsillaCj Médecin. T o u s les praticiens savent que le Camphrb est le suc concret du laurus camphora de Li- néus , que ]es Hollandois retirent du Japon ou de l’île de Sumatra : depuis deux ou trois ans on a tenté en Amérique divers extraits vé- gétaux de plusieurs espèces de laurier , dont la sublimation a offert du camphre de même odeur , saveur , et effets que celui qu’on retire de Sumatra. Celui d’Amérique est d’un blanc demi-trans- parent , onctueux au toucher , laissant sur la langue une saveur amère aromatique , et d’une âcreté fortement prononcée ; il est totalement volatil , inflammable , soluble dans les esprits ardens , les huiles et les acides minéraux j mais il ne se dissout pas dans les liqueurs al- calines ni les acides végétaux. Le docteur Alexandre , d’Edimbourg , en ayant donné deux scrupules dans une maladie inflammatoire où le pouls donnoit soixante-dix- sept pulsations par minutes , sur un sujet de 28 ans, le pouls tomba en dix minutes àsoixante- dix pulsations $ mais une demi-heure après le pouls revint à soixante-dix-sept. — Deux heures après l’avoir pris , il survint un délire quel- ques mouvemens convulsifs , et le pouls gra- duellement accéléré donna cent pulsations par minute. — Cinq heures après la circulation se ralentit , il éprouva un froid extérieur qui se Tome III. NQ. III. E 66 La Médecine dissipa en buvant du thé chaud , et se termina par des sueurs abondantes. Le docteur Prembertt, de Philadelphie , an- nonce que le camphre américain , pris intérieu- rement , pénètre rapidement toutes les parties du corps , et provoque une transpiration sou- tenue 5 pris plusieurs jours , à la dose d’un de- mi-gros il rend le sang plus fluide , et ralen- tit sa vive circulation , il purifie les humeurs, chasse les matières morbifiques par les pores , et produit d’heureux effets dans les fièvres malignes et maladies aiguës chroniques , pro- cédant d’un état d’acrimonie dans les fluides. Nos. fréquentations journalières avec les na- turels américains (vulgairement appelés sau- vages) nous apprennent que ces peuples font usage du camphre de leurs climats pour se guérir, des mafadiès siphili tiques, et l’expérience offre plusieurs exemples en .Ecosse , où le cam- phre seul a guéri des maladies vénériennes qui avoient résisté à l’usage varié des mercuriaux , frictions et autres traitcmens du même genre. Le docteur Ohriscool assure n’avoir jamais Trouvé une substance plus énergique et un dépuratif plus doux dans cette dernière mala- die , lors même qu’elle est accompagnée de phlegmons , chancres et autres accessoires alar- ma ns. La pratique d’Ecosse a prouvé que le cam- phre portoit sa principale énergie sur les voies urinaires, s’opposoit au calcul et en dissipoit les inflammations ; il y a cependant . des ternpé- ramens qui ne peuvent en soutenir la saveur trop forte , mais on la rend supportable en y associant deux ou trois grains de musc por- phirisé. Enfin , l’usage extérieur du camphre d’Amé- ÉCLAIRÉE, etC. 67 riqne offre un puissant antiputride contre la mortification , la gangrène , les exanthèmes scorbutiques , et autres accidens qui recon- noissent , pour première cause , un excès de chaleur ou des humeurs âcres et corrosives : il paroît probable que le camphre d’Europe, employé de la même manière , produiroit les mêmes effets que celui d’ Amérique , mais la cherté de cette substance, préparée par les Hol- landois , s’opposera toujours à son usage fré- quent, tant (ju’on n’emploiera pas les moyens de se soustraire à leur cupidité despotique. C II I.R U R G I E. Sur les plaies des artères , par JVL. Deschamps , Chirurgien en chef de V hôpital de la Charité à Paris , lu le zi décembre VJS1 m Dans la blessure dés principales artères qui se distribuent aux extrémités , l’art ne pré- sentait aux anciens d’autres ressources que l’amputation du membre ( 1 ). La Chirurgie moderne , plus instruite et plus confiante dans les ressources de la nature , n’a point déses- péré de la conservation de la partie blessée , et le succès quelquefois a couronné ses tenta- tives. On a cru que la compression sur une artère avoit cet avantage sur la ligature , que par îë premier moyen , le calibre de l’artèrë ' était , . • • » '. O • (1) Les Fabrice , Paré , Paul d’Fgine et autres , et même GalieJJ, eonnoissoient la ressource de lier les artères , même à leur origine ; mais ils ne donnent aucun précepte par- ticulier sur la ligature des principales artères blessées dont ils ne fournissent aucune observation. E 2 68 La Médecine conservé , et que le cours du sang n’étoit point interrompu dans l’artère blessée, dont les bords ou les lèvres de la plaie se réunissoient ou plutôt s’unissoient médiatement l’un à l’autrê. Mais l’expérience a prouvé que toute com- pression stable et permanente sur une artère , l’oblitéroit dans le lieu de la pression , et jusques à l’endroit où elle reçoit quelques petites artères de communication (1) : cet avan- tage est donc imaginaire. Mais les inconvéniens qui résultent de cette compression sont réels ; ou celle-ci sera insuffisante , ou il ne sera pas possible d’en garantir entièrement les parties environnantes , et la moindre suffit pour s’op- poser au cours du sang dans les petites artères collatérales qui doivent le porter dans l’artère au-dessous du lieu comprimé. C’est à cette par- faite liberté dans le cours des liqueurs , qu’est dû le succès que l’on peut se promettre de l’opération. Les premiers exemples qui nous aient été donnés delà ligature de ces principales artères, nous ont été fournis par Marc-Aurèle Seve- rin (2) et par Saviard (3). On voit , par l’ob- servation du premier combien Lon redou- toit de mettre l’artère à découvert et d’en faire la ligature , puisque la proposition en fut universellement rejetée : ce ne fut qu’après (1) Des observations faites par M. Petit ont prouvé que cet effet de la compression n’étoit pas constant ; mais le contraire a été généralement observé par les meilleurs observateurs , et particulièrement par Valsalva , Molinelli , Tdorgagni, etc. ; l’observation de M. Petit ne peut donc être regardée que comme une exception à Ta règle gé- nérale. V " , (2) De medicina ejficaci , liber 3. (3) Obs. 63. ÉCLAIRÉE, etC. 69 plusieurs hémorragies que répuisement du ma- lade détermina enfin à prendre ce parti. On ne peut clouter que la compression , sur-tout après l’ouverture de la tumeur , n’ait été mé- thodique (1). La précaution de faire la com- pression à l’aine pour se rendre maître du sang pendant l’opération , et celle de séparer la veine de l’artère pour la lier , ne laissent aucun doute sur les connoissances anatomiques qui dirigeoient les Chirurgiens chargés du malade. L’observation de Saviard nous présente la ligature de l’artère fémorale blessée comme la seule ressource à tenter , malgré la perte de sang qu’il redoutoit pendant l’opération : la crainte de ne pas reconnoître l’ouverture de l’artère , et celle de ne pouvoir s’opposer au sphacèle qui pouvoit survenir après la ligature , toutes ces considérations n’arrêtèrent point , et l’opération eut le plus grand succès. Si l’on s’en rapporte à Heister (2) ^ une bles- sure de l’artère fémorale a été guérie par la compression. Depuis Saviard , la première cure d’une blessure de l’artère fémorale en France est due à M. Sabatier. Cet habile Chirurgien em- ploya la compression : plusieurs hémorragies se succédèrent j il se rendit enfin maître du sang , et le malade a guéri. O11 lit dans le journal de Médecine , novem— (1) On sait que la compression sur le tube artériel est d’autant plus sûre qu’elle est immédiate, (2 ) Inst. Chir. pars 11 , seck. 1 , caput i3 , et program- ma cle artenœ cruralis vulnere pericuiosissimo féliciter sanato , 1771 , in quo ligaturam indicat. Idem Ephém. des curieux de la nature , vol. 7 , obs. 32. E 3 7° La Médecine bre 1770 , qu’une blessure d’artère fémorale a été guérie par une compression stable sur le trajet de l’artère , au moyen du tourniquet de Morel ; ce qui n’empêcha pas, ajoute-t-on , la libre circulation du sang dans la partie au- dessous de la compression. M. Dessault , alors substitut du Chirurgien en chef de l’hôpital de la Charité , fit publi- quement , dans cet hôpital la ligature de l'artère fémorale à la suite d’une blessure , et l’opération eut le succès (1) que l’on devoit attendre de cet habile Chirurgien. Si à la cure opérée par M. Sabatier, par la compression , et à celle qu’a obtenue , par le même moyen , M.. JussyJ , Chirurgien à Be- sançon , ori oppose la multiplicité des cas où la compression sur des artères principales , et même sur celles d’un ordre inférieur, n’a eu aucun succès il sera difficile de ne pas con- venir que la ligature est préférable. J* Dans les anévrismes vrais et dans les ané- vrismes faux., quand , dans ceux-ci , il s’est écoulé quelque temps entre la blessure de l’artère et l'opération , la gêne que le sang éprouve dans l’artère blessée le fait refluer en plus grande quantité dans les petites artères collatérales $ celles-ci acquièrent un diamètre plus grand , et sont déjà disposées à porter le sang dans l’artère au-dessous de la blessure , lorsqu’on se détermine à l’opération : mais dans l’opération, qui suit de près la lésion d’une artère , les petites collatérales ne présentent pas le même avantage \ cest donc plus que (1) Quoique le malade soit mort le quinzième jour , J’opëration n'a pas moins réussi , l’artère étoit oblitérée et le malade eut conservé sa cuisse. éclairée, etc. 71 jamais le cas cl’éviter tonte compression sur elles , et celui sur- tout de permettre la plus grande liberté dans le cours des liqueurs. Première Observation. Blessure de V artère brachiale . Le 11 avril 1791 , le nommé René Piénoir , âgé de 2 5 ans , domestique attaché au ser- vice de M. Baujon, rue du Mont-Parnasse , fut menacé d’un coup de couteau dirigé vers la poitrine : Piénoir leva le bras pour parer le coup ; l’instrument blessa le bras à sa partie , moyenne antérieure et supérieure , vers le bord externe du biceps. Par cette situation du bras , de coup porté de haut en bas se trouva dirigé dans le bras de bas en hhnt. Le blesse fit quel- ques pas ; mais affoibli par la perte d’une grande quantité de sang , il tomba sans connoissance. Un élève peu instruit ne connut point le dam ger de cette blessure 5 il saigna le malade une fois , et mit sur la partie blessée des compresses trempées dans une liqueur spiritueuse. Le bras se tuméfia médiocrement , et les choses res- tèrent dans cet état pendant huit jours. Le huitième jour , une légère toux déter- mina une forte hémorragie ; un autre Chirur- gien , appelé vers les quatre heures du matin , connut l’importance de la blessure , et me fit inviter à voir le malade. Le sang alors étoit arrête. A huit heures du matin , je m’y transportai avec M. Boyer , Chirurgien gagnant maîtrise de l’hôpital de la Charité. Je trouvai le bras énormément tuméfié depuis l’aisselle jusqu’au pli du bras ; celui-ci et l’avant-bras éîoient E 4 72 La MÉDECINS échimosés jusqu’au poignet. Nous reconnûmes aisément les symptômes d’un anévrisme faux à la suite de la blessure de l’artère brachiale. Nous convînmes de nous trouver chez le ma- lade le même jour , onze heures du matin , pour procéder a l’opération, qui étoit urgente. A cette heure , toutes les choses disposées , le malade et les élèves situés, j’introduisis une sonde dans le trajet de la plaie ; mais sa direc- tion de bas en haut vers l’axillaire , nous donna lieu de craindre que la lésion de l’artère ne .fut très- haute, et que peut-être nous nous trouverions dans la nécessité indispensable de procéder sur le champ à l’amputation dans l’article. L’importance du cas me détermina à demander un consultant. A cinq heures du soir , nous nous trouvâmes chez le malade avec M. Sabatier, et je procédai à l’opération de la manière suivante. Je fis une incision de cinq pouces environ sur le trajet de l’artère , depuis le tendon du pectoral jusques vers le tiers inférieur du bras ; je pénétrai dans le foyer anévrismal , et le né- toyai de tous les caillots qu’il contenoit : l’in- térieur lavé et essuvé avec une éponge fine , on suspendit la pression faite sur l’axillaire , au-dessus de la clavicule. Nous sentîmes alors bien distinctement les battemens de l’artère , mais il n’en sortit pas une goutte de sang : nous passâmes plus d’un quart-d’heure à exa- miner la partie , et à nous assurer de l’état des choses ; et pendant tout ce temps , il ne sortit rien de l’artère. .Un de nous présuma que la principale artère n’étoit point blessée , parce qu’il n’étoit pas probable qu’une artère aussi forte ne fournît point de sang. Les autres per- sistèrent dans l’opinion que l’artère brachiale ÉCLAIRÉE, etC. étoit ouverte , nulle autre , clans cet endroit , 11e pouvant fournir une aussi grande quantité de sang que le malade en avoit perdu. Dans cette incertitude , nous résolûmes d’employer dans l’intérieur de la plaie une compression sur le trajet de l’artère , et préalablement de placer une ligature d’attente ; mais la difficulté étoit de connoître le lieu de la blessure. J’a- grandis la plaie faite par le couteau , et portai le doigt vers la partie supérieure de I fL bra- chiale ; je pris le parti de choisir ce lieu pour celui de la ligature , que je fis cinq à six lignes au-dessus de l’endroit où répondoit l’extrémité de mon doigt. Pour faire cette ligature , je me servis cl’une aiguille imitant celle de Gou- larcl (1) , pour la ligature des artères inter- costales , mais dont la courbure étoit adaptée au lieu où j’opérois. L’aiguille passée sous l’artère et le pacquet de nerfs, j’introduisis un fil ciré en trois brins dans l’ouverture pratiquée à sa pointe, et je le passai en retirant l’ai- guille. Tout le trajet de l’artère dans la plaie fut garni d’agaric , et la cavité de charpie ; le tout contenu par un bandage à dix-huit chefs solidement serré , mais pas assez pour effacer le pouls qui se faisoit sentir aisément. Les boissons furent appropriées à l’état du malade , et un élève instruit fut placé près de lui pour ne le point quitter. La nuit suivante fut assez tranquille ; mais vers les quatre heures du matin , le sang parut en petite quantité , et s’arrêta de lui-même 5 ce (1) Mémoires de l’Académie des sciences, année 174° : Garengeot , tom. 2, page 4^1 . deuxième édition. Gravée dans JJionis par M. Lafaye , torn. 2 , planche première des remarques P G. 74 La Médecine qui se renouvel la deux fois dans la journée , ainsi que le lendemain mercredi. La perte de sang cependant ne paroissoit pas considérable , mais le jeudi matin elle fut effrayante. Le lit étoit entièrement traversé par un sang noir et d’une odeur putride que lui communiquoit l’ap- pareil , qui exhaloit une odeur insupportable. A dix heures du matin , je me trouvai chez le malade avec M. Boyer : nous levâmes l’appa- reil, et laissâmes dans la plaie la charpie et l’agaric qui y aclhéroient ; une partie de la charpie , introduite dans la plaie faite par le couteau fut ôtée ; il n’y eut aucune apparence d’hémorragie ; le malade fut pansé comme le jour de l’opération. Il y avoit moins de gonfle- ment au bras , mais la chaleur étoit diminuée , et le pouls paroissoit moins sensible. A midi , le sang partit avec impétuosité, et fut arrêté sur le champ par l’élève. Je me transportai aussi- tôt chez le malade ; je levai entièrement l’ap- pareil ; je nétoyai l’intérieur de la plaie dans l’espérance de trouver l’ouverture de l’artère , ou au moins le lieu à-peu-près de la sortie du sang. Mon espérance fut trompée ; il n’en sortit pas une goutte. Le malade étoit épuisé , et je ne pouvois plus compter sur la com- pression : je pris le parti de me servir de la ligature d’attente., dans l’espérance qu’elle seroit peut-être placée avantageusement; mais a peine l’artère fut-elle serrée , que le sang sortit avec impétuosité. Il me fut facile de sentir que la ligature étoit placée au-dessous de la blessure de l’artère , que je ne pus distinguer, mais j en tirai cet avantage , tardif à la vérité , que je Connus précisément le lieu d’où sortoit le sang. Celui-ci arrêté par la compression sur 1 axiilaii e, je portai une ligature au dessus, et le coins É C ï. A I R É E , etc. 7S clu sang fut suspendu entièrement. Le malade à l’instant perdit toute espèce de sentiment et de chaleur à la partie. La quantité de sang écoulé pendant cette opération pouvoit être évaluée à deux ou trois cuillerées , mais il étoit d’ailleurs épuisé. Une demi-heure après, il eut une foi blesse. Quelques minutes après il reprit sa connoissance , mais un orage, ac- compagné de plusieurs coups de tonnerre , joint à l’état critique où il étoit lui fit une telle impression , qu’il expira trois heures après l’opération. A l’ouverture du cadavre , nous reconnûmes , MM. Sabatier , Boyer et moi , que l’artère bra- chiale avoit été ouverte à sa partie postérieure externe , dans une étendue de deux lignes , suivant sa longueur , vis-à-vis le bord inférieur du tendon du grand pectoral , au-dessus de la naissance des artères profondes supérieures du bras ÿ que la ligature d’attente étoit placée à quatre lignes environ au-dessous de l’ouver- ture , et que la supérieure l’étoit à cinq lignes à-peu-près au-dessus. D euxième Observation. Blessure de l’artèi'e fémorale . Le mois suivant , 9 mai 1791 , le nommé Etienne Escure , menuisier , âgé de 21 ans , se blessa au tiers inférieur antérieur de la cmsse droite , avec un ciseau dit bédane , dont le tranchant étoit de dix lignes. Cet instrument pénétra de devant en arrière et de dehors en dedans , et ouvrit l’artère fémorale.! Le sang sortit avec rapidité et en grande quantité. Le malade fut transporté le même jour à l’hôpital de la Charité. 7^ La Médecine Le lendemain , sept heures du matin , j’exa- minai la blessure ; la cuisse étoit légèrement tuméfiée. Je levai un peu de charpie placée sur la plaie ; le sang sortit aussi- tôt en arcade. La situation de la plaie ne laissa aucun doute sur la lésion de l’artère fémorale , aucune autre dans cet endroit ne pouvoit fournir la quantité de sang que le malade avoit perdu. L’opération étoit indispensable ; elle fut remise à onze heures du matin le même jour. En présence de MM. Chopart , Boyer et autres, je procédai à l’opération de la manière suivante. J’introduisis une sonde dans la plaie ; sa direction ^ cjue j’eus de la peine à suivre , la conduisit vers l’artère fémorale , à-peu-près à l’endroit où elle passe à travers le tendon du grand adducteur. Sans avoir égard . à cette plaie _, je fis une incision de la longueur de six à sept travers de doigts sur le trajet de la fé- morale , de manière que le lieu où la blessure de l’artère pouvoit etre supposée , se trouva ■ dans le milieu de l’incision $ les tégumens ouverts , je pénétrai à travers le muscle qui couvre l’artère avec toutes les précautions né- cessaires jusqu’à ce qu.e son battement me fût sensible. Comme il n’y avoit aucun épanchement san- guin , et par conséquent aucune cavité , il me fut impossible de mettre l’artère parfaitement à découvert. J’en approchai le plus près pos- sible et autant que la prudence put me le per- mettre. Celle-ci, blessée à sa partie postérieure, ne me présentoit aucune ouverture. La com- pression faite sur l’artère crurale , au pli de l’aine , suspendue , le sang ne parut ni par l'incision ni par la plaie faite par l’instrument blessant. J’introduisis de nouveau la sonde par ÜSCLAIREE, etc. 77 cette plaie ; j’en sentis distinctement l’extré- mité , mais non él nu : en portant l’ongle du doigt index sur les parties latérales de l’artère , je pénétrai dans un très-petit foyer , qui conte- noit un caillot de la grosseur à-peu-près d’une aveline. Tout l’intérieur de la plaie nétoyée , lavée et essuyée avec une éponge , je fis sus- pendre la compression , le sang ne parut point. Quelques-uns des assistans doutèrent de la lé- sion de l’artère -, mais la direction de l’instru- ment, et la quantité de sang sorti par la plaie , ne me laissèrent aucun doute sur la blessure de l’artère fémorale. La ligature étoit indiquée , mais la difficulté étoit de les placer l’une au- dessus et l’autre au-dessous de la lésion de l’artère, dont le lieu précis étoit inconnu : je me rappelai que chez le malade qui a fait le sujet de l’observation précédente , la cons- triction de l’artère au-dessous de la blessure avoit déterminé la sortie du sang. Je crus en. conséquence devoir commencer par la ligature inférieure. L’extrémité de la sonde rejoignant l’artère près de son passage à travers le tendon du grand adducteur, j’incisai plus profondé- ment à cette partie où , passé le tendon , l’artère est plus enfoncée $ et quand j’en eus ap- proché avec toute la prudence qu’exigeoit cette opération , je projetai de placer la ligatur® quatre à six lignes au-dessous de l’endroit où aboutissoit l’extrémité de la sonde. Le doigt indicateur de la main gauche , placé en cet endroit transversalement sur l’artère , me donna le double avantage de m’assurer , par le battement de l’artère , de sa position exacte , et celui de diriger la pointe-mousse dé l’aiguille , qui fut la meme que celle dont je me suis servi pour la ligature de l’artère bra- 7^ La Médecins cliiale. Mon doigt un peu plus avancé sur l’ar- tère , et l’ongle par conséquent un peu plus éloigné , je dirigeai sur lui l’extrémité mousse de T aiguille à manche , présentée suivant la longueur du membre. Je la portai perpendi- culairement , et assez profondément pour être sûr d’avoir dépassé l’artère ; ensuite , je lui lis faire un demi-tour, rappelant à moi le manche de l’instrument pour le placer transversale- ment à l’artère , sous laquelle je la passai en y comprenant une portion des muscles envi- ronnans. La pointe-mousse de l’aiguille par- venue au côté opposé à son entrée , et sortie assez au-deiiors pour en voir facilement la petite ouverture pratiquée près sa pointe , j’y passai un fil ciré en quatre brins , que je con- duisis sous l’artère en retirant l’aiguille (1) $ ensuite , prenant les deux extrémités du fil de la main droite , je passai entr’eux le doigt in- dicateur de la main gauche , et j’appuyai for- tement sur l’artère , tandis que je tirai à moi les deux fils. Le sang par ce moyen arrêté dans le tube artériel , au-dessous de sa blessure , sortit avec une impétuosité telle qu'un des assistant prononça légèrement que j’avois tra- versé l’artère avec l’aiguille. Le sang fut arrêté (1) L’aiguille de Goulard a une rainure sur sa partie convexe pour loger le fl dont elle est armée avant de traverser les parties , ce qui rend la marche de cette ai- guille plus difficile : à cette difficulté est jointe celle de dégager ce fil lorsque la pointe de l’aiguille est parvenue au côté opposé. Celle dont je me sers est plate , sans rainure, sa largeur est d’une ligne et demie, mousse à sa pointe , à une ligne et demie de laquelle est pratiquée une ouverture dans laquelle je ne passe le fil que lors- que l’aiguille a traversé toutes les parties. Ce procédé me paroît préférable à l’autre. ÉCLAIRÉE, etc. 79 sw le champ par la compression à l’aine. Le lien d’où sortoit le sang parfaitement connu , il me fut facile de faire la ligature supérieure. Le procédé fut le même ; et la même pression, sur l’artère avec mon doigt entre les deux fils tirés à moi , en arrêtant entièrement le sang , m’assura que l’artère étoit bien comprise , et que je pouvois la lier. En retirant l’aiguille , au lieu de conduire le fil double , j e le tirai simple. Je proposai d’en conduire un autre pour une ligature d’attente , mais la longueur de l’opération fit rejeter ma proposition , et j’eus lieu de m’en repentir. De petites com- presses furent placées sur l’artère , qui fut liée haut et bas par un double nœud. Les fils ap- partenans à chaque ligature furent placés sé- parément , enveloppés de petites compresses. La plaie fut mollement remplie de charpie , et l’appareil fut contenu par un bandage nulle- ment serré , et tel qu’il ne pouvoit s’opposer à la libre circulation du sang dans les artères collatérales. Le soir , le malade étoit dans un état satisfaisant ; la douleur étoit médiocre , et la jambe avoit conservé sa chaleur naturelle. La nuit fut agitée j il y eut quelques instans de délire. Le lendemain, à ma visite du matin, je trouvai le malade assez bien ; il y avoit de l’élévation dans le pouls , sans fièvre marquée. On observoit moins de chaleur au pied , mais celle de la jambe étoit dans son état naturel , et point de gonflement dans la partie. Le sur-r lendemain , troisième jour de l’opération , la fievre étoit plus forte , mais modérée , la dou- leur étoit réduite à peu de chose ; la chaleur étoit rétablie dans toute l’étendue de la partie. Lie quatrième jour , l’appareil parut un peu humecté d’une liqueur séreuse sanguinolente. 8o Là Médecine Cet état resta le même jusqu’au septième jour de l’opération , qu’il y eut le soir une hémor- ragie considérable ! je levai l’appareil 3 à l’exa- men , je trouvai la ligature relâchée , et telle qu’elle n’avoit plus aucune action sur l’artère , les parties musculaires , comprises dans la liga- ture , étant en partie coupées. L’impossibilité de dénouer les fils et de resserrer la ligature , ( inconvénient attaché à ce moyen d’arrêter le sang ) me mit , par l’omission d’une ligature d’attente , dans la nécessité d’en pratiquer une nouvelle au-dessus de l’ancienne 3 ce ne fut qu’en la serrant très - fortement que je pus intercepter le cours du sang dans le canal ar- tériel : j’en vins enfin à bout, mais le lendemain au soir le sang reparut en assez grande quantité. L’appareil fut levé et la ligature fut encore trou- vée relâchée. Nous prîmes le parti d 'agrandir la plaie supérieurement, et de prendre l’artère dans la partie où elle est placée moins profondé- ment. J’y fis une ligature , mais ce fut encore avec une plus grande difficulté que je parvins à arrêter le sang. Cette ligature fut serrée aussi solidement que les précédentes 3 mais dans la nuit , le sang reparut et continua de couler à différentes reprises , le jour suivant , mercredi 18 juin , dixième jour de la première opération. Toutes ces pertes de sang , coups sur coups , avoient extrêmement affoiblit le malade 3 son visage étoit décoloré , et son poids d’une foi- blesse extrême. Tant de ligatures sans succès me firent regarder une nouvelle tentative comme inutile. Il falloit un moyen d’étrangler * promptement l’artère , et de la mafntenir cons- tamment étranglée par la facilité que l’on au- roit de la serrer à volonté , à mesure que les parties comprises dans l’anse de la ligature cé- deroient t c î- a i r. ié e , etc. 8r deroient à la pression du fil. Le gonflement de la partie avoit rendu la situation de l’ar- tère plus profonde ; il fallôit , par conséquent^ que ce moyen présentât cet avantage , que la puissance qui agiroit pour serrer le fil put avoir un effet sûr , quoiqu’él'oignée dix tube artériel. J’imaginai un instrument propre à remplir ces intentions. Je passai une partie de l’après-midi chez un orfèvre pour le faire exé- cuter devant moi. A peine étoit-il achevé , que l’on vint m’avertir que le malade perdoit du sang , en petite quantité , à la vérité ; un élève # qui ne quittoit point le malade , s’en étoit rendu maître , au moyen du tourniquet de M. Petit , placé par précaution. Je me trans- portai aussi-tôt à l’hôpital, où s’étoit rendu M. Boyer j nous examinâmes l’instrument, et nous nous assurâmes à priori de l’effet qu’il devoit produire sur l’artère. L’appareil fut levé en entier : je trouvai la ligature relâchée \ elle fut coupée , et le fil d’attente , que j’avois eu soin de mettre à chaque ligature , me servit à conduire sous l’artère un cordonnet plat d’une ligne et demie de largeur , appelé dans le com- merce coulisse ou lacet blanc : il me parut pré- férable au fil ciré en quatre brins , en ce qu’il étoit moins coupant ; que nécessairement il devoit comprimer par sa partie plate , et que les parties qui le composent ne sont point di- visibles. Ce cordonnet passé , j’en introduisis les extrémités dans les ouvertures pratiquées à la plaque , et à celle de la tige de la machine , comme il est marqué dans la figure ci-j ointe. Alors , tirant les deux extrémités du ruban d’une main, je conduisis la plaque sur l’ar- tère. Bien assuré de sa position , je pris de chaque main une extrémité du ruban et le Tome III. N°. III. F 82 XjA. Médecine tirant en sens contraire , sur le bord arrondi et poli de l’ouverture pratiquée à la tige , comme sur une poulie , je comprimai l’artère qui , au premier effort , fut aussi- tôt étranglée , et avec la plus grande facilité ; le sang fut arreté sur le champ , ce que nous avions eu la plus grande peine à obtenir par la ligature ordinaire , comme je l’ai observé : je passai alternativement les extrémités du ruban dans l’échancrure pra- tiquée à l’extrémité de la tige , et les fixai au- tour par un nœud coulant. Dès ce moment le sang a été arrêté , et il n’en a pas paru une goutte depuis. L’appareil fut placé mollement ; la machine , ou serre-artère , fut entourée de charpie mollette ; les compresses furent mises de manière que sa partie excédant les bords de la plaie fût libre au-dehors, et je pris toutes les précautions nécessaires pour qu’elle ne fût point exposée aux agens extérieurs. A cette époque , le pied me parut un peu plus froid que la jambe. Le malade, comme je l’ai dit, étoit d’une foiblesse extrême : les toniques , les légers cordiaux et les alimens farineux furent mis en usage , ceux-ci avec la plus grande prudence. Le lendemain de cette der- nière ligature , je trouvai les linges baignées .d’une matière putride , ce qui m’obligea de lever l’appareil , qui fut suivie de la charpie, qui se détacha d’elle-même ; le pied me parut avoir plus de chaleur que la veille , et les jours suivans elle fut entièrement rétablie. Cette matière putride fit bientôt place à une suppu- ration d’une bonne qualité. La plaie alors étoit d’une grandeur énorme , de la longueur de sept à huit pouces, et d’une profondeur consi- dérable près le jarret, où, comme je l’ai dit, la ligature inférieure ayoit été placée au-dessous ^ÉCLAIRÉE, etc.' 83 du passage de l’artère , à travers le tendon du grand adducteur. Le lundi q.5 mai , cinquième jour du place- ment de la dernière ligature , je m’apperçus qu’elle étoit un peu lâchée 3 je déliai les ru- bans et la serrai un peu , ce que j’exécutai avec la plus grande facilité ; j’eus encore oc- casion de la resserrer un peu le douzième jour. Alorsla ligature inférieure^ quin’avoit pas chan- celé s’étant trouvé lâchée , elle me parut inu- tile , et même nuisible , comme corps étranger 3 et d’autant plus qu’elle contenoit dans son anse une compresse imbibée de matière putride , je passai une sonde cannelée sous le fil , et le coupai. Le mardi premier juin , une escharre gangre- neuse s’annonça à l’angle inférieur de la plaie, dans le lieu qu’occupoit la ligature. Le malade éprouvoit à cette partie des douleurs vives et continues : d’ailleurs le reste de la plaie étoit dans un état satisfaisant. La suppuration étoit d’une bonne qualité , et dans une telle abon- dance , qu’elle m’obligeoit , depuis quelques jours , à panser le malade deux et quelque- fois même trois fois dans les vingt - quatre heures. L’escharre fit quelques progrès 3 les bords de la plaie , clans cet endroit , étoient enflam- més et extrêmement douloureux. Le fond de la plaie , qui , dans ce lieu , étoit de la profon- deur déplus de deux pouces , paroissoit affecté de gangrène 3 mais elle ne me parut cpie locale 3 les parties voisines n’en étoient point mena- cées. Le trois juin le malade commit une impru- dence dans le régime 3 il eut une mauvaise nuit 3 il éprouva des coliques violentes , qui F 2 84 La Médecine furent suivies d’une évacuation abondante par les selles. Cet accident le jetta dans l’affais- sement ; la quantité de pus diminua sensible- ment , mais le surlendemain elle se rétablit. Le cinq juin , dix-huitième jour du place- ment de la dernière ligature , au pansement du matin , le fil d’attente suivit l’appareil ; ce qui me convainquit que toutes les parties com- prises dansl'anse de la ligature étoient coupées, et que le serre - artère étoit inutile j mais la plaque étoit perdue , et enclavée dans les chairs qui la recouvroient ; je crus prudent de ne la point tirer ce jour-là, crainte défroisser les parties nouvellement coupées ; quelques jours après je l’ébranlai avec précaution et j’en dé- barrassai la plaie. L’escharre gangreneuse, ainsique la douleur, persistèrent jusqu’au 12, juin que l’inflamma- tion se calma ; quelques petites portions d’es- cliarres se séparèrent. L’ulcère paroissoit parfai- tement détergé le dix-huit , mais la douleur n’é- toit pas encore dissipée ; la quantité de pus di- minua par degrés , ainsi que l’étendue de la plaie , dont la partie supérieure se cicatrisoit , tandis que la partie inférieure restoit dans le même état. Je rapprochai le milieu des lèvres delà plaie avec un emplâtre aglutinatif, qui eut tout le succès que je pouvois en attendre ; mais ce moyen ne pouvoit être employé à la partie inférieure : une compression sur le jarret n’eut aucun succès $ j’en référai au temps , et par des degrés bien Jens à la vérité la cavité a diminué , et enfin le malade a été parfaite- ment guéri le 16 août suivant , trois mois et sept jours après sa blessure. Il est sorti de l’hô- pital le vingt-neuf du même mois. A cette épo- que le malade avoit le mouvement du genou 85 ÉCLAIRÉE, etC. plus libre , et il commençoit à alonger sa jambe. Je ne parlerai d’un ulcère gangreneux, qu’une situation constante sur la lace externe de la jambe avoit déterminé à la malléole externe , que comme d’une cause de plus de douleur , qui a tourmenté le malade pendant presque tout le cours de sa maladie. Troisième Observation. Blessure de l’artère poplitée . Le même jour que le malade qui fait le sujet de l’observation précédente fut conduit à l’hô- pital de la charité , on y reçut le nommé Etienne Repassos , domestique , âgé de 4.1 ans , blessé au jarret droit par la pointe d’un sabre. La plaie étoit située à la partie postérieure inférieure un peu externe de la cuisse , avec lésion de l’artère poplitée ; j’observai une tu- meur anévrismale circonscrite, du volume d’un gros œuf de dinde , avec une pulsation très- forte , et même sensible à la vue. La jambe étoitconsidérablement tuméfiée , principalement au mollet. L’état du malade étoit d’ailleurs alar- mant , par une affection catharreuse à la poi- trine , survenue rapidement le lendemain de la blessure : cet état étoit accompagné de fièvre, d’étouffemens et d’insomnie ; les crachats étoient abondans et suspects. Cette situation ne permit pas de tenter l’opération ; on se contenta d’un bandage méthodique sur le pied et sur la jambe, et d’une compression graduée sur le trajet de l’artère fémorale. Les douleurs à la partie blessée furent supportables pendant quelque temps 3 mais , du quatorze au vingt, elles aug- 86 Là Médecine méritèrent , ainsi que la tuméfaction delà jambe: la tumeur anévrismale ne parut éprouver au- cun changement. Le vingt juin , la situation du malade , quant à la poitrine , paroissant amé- liorée , la fièvre diminuée , ainsi que la quan- tité des crachats , mais l’état douloureux de la partie blessée augmentant , je me déterminai à l’opération , qui fut faite le lundi 2,0 juin , en présence et de l’avis de MM. Chopart , Pelle- tan , Boyer et plusieurs autres. Le malade placé sur le ventre , j’incisai sur la tumeur, suivant la direction de l’artère , premièrement îa peau , ensuite le tissu cellulaire , avec toutes les précautions nécessaires pour ne point in- téresser le nerf que je cher, chois (1). La peau et le tissu cellulaire incisés , de la longueur de six travers de doigt, je reconnus le nerf au côté duquel , vers la partie interne du jarret, j’incisai toujours à profondeur , jusqu’à ce que j’eusse pénétré dans le sac anévrismal. Alors, en écartant le nerf avec les doigts de la main gauche , j’agrandis l’ouverture du sac haut et bas. Ceci fait , j’ôtai tous les caillots ; je lavai et épongai exactement tout l’intérieur du foyer: celui-ci parfaitement à sec , j’observai son étendue et le lieu de la blessure de l’artère : elle se présentoit à la vue d’une manière bien sensible ; elle étoit entièrement coupée , le dé- sordre , dans cette partie , étoit tel, que l’on pouvoit facilement introduire le bout du doigt dans le lieu où l’artère avoit été coupée . Je fis (a) Il n’est point indifférent de comprendre Je nerf dans la ligature, quand il est le seul qui porte le sentimentaux parties. On peut impunément , comme font observé Vai- salva , Molinelli , etc., lier ie nerf médian; mais il n'en $eroit pas ainsi du nerf ou paquet de nerf brachial et du nerf dont il est question ici. ÉCLAIRÉE, etC. 87 lâcher le tourniquet , et la prompte sortie du sang me confirma le lieu de la blessure de l’artère : celle-ci n’étoit pas située dans la partie la plus profonde du foyer , comme cela arrive ordinairement ; nous observâmes qu’elle étoit placée un peu plus en dehors , sur le côté in- terne du foyer , ce qui en rendit la ligature plus facile. Je 111e servis de la même aiguille , et du même procédé , et avec la même facilité. Je conduisis le fil ciré sous l’artère inférieure- ment , à quatre lignes à peu près de sa divi- sion ; je serrai le fil par un double nœud simple. Je procédai ensuite à la ligature supérieure , que je fis à égale distance à peu près de la blessure de l’artère , y conduisant en même temps un fil d’attente. Je saisis , comme dans l’observation précédente , les deux extrémités du fil avec la main droite , que je tirai à moi , tandis que le doigt indicateur de la main gauche, appuyé sur l’artère , entre les deux fils , arrêtant le sang, m’assura que l’artère étoit bien comprise dans l’anse du fil ; je fis alors un nœud simple sur l’artère, sans me servir de petite compresse. Je le serrai fortement ; je fis lâcher le tourniquet, le sang parut en petite quantité ; je serrai de nouveau , mes doigts étant introduits dans le fond de la plaie. Un des assistans posa le doigt sur le nœud du fil pour le contenir , tandis que je faisois le second que je serrai sur le premier, avec toute la fermeté que mes doigts , agissant près le tube artériel, purent me procurer. Nous restâmes un instant à examiner ces choses : le tourniquet étoit lâché, le sang parut $ les deux nœuds étoient faits , il n’étoit plus possible de resserrer la ligature. Quelques-uns des consultant furent d’avis de se servir de la ligature d’at- tente , et de la serrer 5 d’autres proposèrent F 4 8o la Médecine la machine ou serrre-artère qui m’avoit réussi clans l’opération précédente ; je me rendis à ce dernier avis. Je me servis de la ligature d’at- tente pour passer le cordonnet plat , sans toutefois supprimer le fil d’attente. Je coupai la ligature faite , passai le cordonnet dans le serre- artère , et au premier effort le sang fut arrêté et ne reparut plus. Je serrai le fil sur le serre-artère $ je garnis cet instrument comme dans l’observation précédente. La plaie fut rem- plie de charpie , et tout l’appareil fut contenu par un bandage médiocrement serré. Le même jour midi , la jambe avoit à peu près sa chaleur naturelle ; mais le pied étoit froid et insensible: les fomentations spiritueuses chaudes furent em- ployées sans interruption. Le soir le pied me parut moins froid , ce que j’aurois pu attribuer aux linges chauds qui l’enveloppoient conti- nuellement , si le sentiment n’étoit un peu revenu dans la partie : ce sentiment parut plus marqué le lendemain et le jour suivant ; mais les deux premiers jours le pied se refroidissoit quelques instans après que les linges chauds étoient ôtés 5 ce ne fut que le cinquième jour que les doigts du pied reprirent un peu de cha- leur ; les jours suivans elle étoit dans son état naturel. Le vingt-trois juin , troisième jour de l’opéra- tion , j’ôtai les compresses et ne laissai que la charpie , qui , humectée par une suppuration abondante et fétide , se détacha d’elle-même le surlendemain. Le lundi vingt-septième jour , la ligature me parut moins serrée , je la resserrai un peu. Les pansernens consistoient , comme dans l’obser- vation précédente*, en charpie molette dans l’intérieur de la plaie , et en plumaceaux cou- ÉCLAIRÉE, etC. 89 verts d’un mélange de bannie d’arcœus et de cérat. La suppuration étoit abondante et d’une bonne qualité; mais malgré tous les moyens in- diqués , pris intérieurement, la lièvre 11’avoit point discontinué ; la poitrine étoit toujours un peu affectée. Le samedi deux juillet, douzième jour de l’o- pération , je remarquai que toutes les parties comprises dans l’anse de la ligature supérieure étoient coupées ; je retirai facilement , avec précaution, le serre-artère , ainsi que le ruban qui y étoit attaché. Deux jours après, la li- gature me permit de passer une sonde can- nelée dans son anse , et je la coupai. Le senti- ment et la chaleur , dans toute la partie , étoient dans l’état naturel , mais l’engorgement de la jambe n’avoit point diminué. Une tumeur profonde et douloureuse sous les muscles ju- meaux et solaire se termina par un abscès , dont le pus se dégorgeoit dans la plaie ; j’en incisai l’angle inférieur , assez pour établir une communication plus facile. \'ers le vingt juillet , un mois après l’opéra- tion , le malade fut attaqué d’une diarrhée opiniâtre 5 il éprouva des frissons irréguliers ^ des vomissemens , des foiblesses : le pus devint séreux et fétide , et le malade succomba le vingt-huit juillet , trente-huitième jour de l’o- pération. J’ai cru devoir entrer dans quelques détails sur le manuel de ces différentes opérations , et sur leurs suites ; détails trop négligés par le petit nombre de ceux qui ont parlé de l’ané- vrisme et des blessures d’artère. Les deux premières observations prouvent qu’il est des cas où l’artère blessée à sa partie postérieure , ne permet aucune effusion de sang lors de l’opération , et qu’on ne doit point 9° la Médecine en conclure que l’artère n’est pas blessée, quand îa situation et la direction de la blessure ne peuvent faire soupçonner la lésion d’aucune autre capable de fournir une certaine quan- tité de sang ; que le lieu précis de la blessure de l’artère étant inconnu , il est impossible de placer sûrement la ligature. Le hasard m’ayant procuré le moyen de m’en assurer dans la première opération , il pourra en pa- reilles circonstances être employé avec le même succès que je l’ai fait dans la seconde. Lorsqu’à près la blessure d’une artère , le sang a eu une issue libre par la plaie , et qu’il ne s’est point accumulé dans le lieu de la bles- sure , comme dans la seconde observation , l’ar- tère ne cesse point d’être environnée du tissu cellulaire , et il n’est pas possible , sans impru- dence , de la mettre parfaitement à découvert, il suffit d’en approcher le pins près possible. Il pourrait arriver que , malgré toute l’atten- tion que l’on mettroit à comprendre l’artère dans la ligature , elle échappât ; la précaution de tirer les fds à soi , tandis que le doigt de l’autre main seroit appuyé sur l’artère entre les fils , donneroit une preuve certaine que le fil est bien placé ; et dans le cas contraire 011 évite- roitune constriction inutile et plus douloureuse que la pression faite par le doigt. Ce procédé m’auroit été de la plus grande utilité dans la première observation. Là blessure de, l’artere , à la vérité, étoit au-dessus des artères profondes supérieures , et par conséquent trop haute pour espérer de conserver le bras \ mais le ma- lade alors n’étant pas épuisé , il restoit la res- source de l’amputation dans l 'article. La ligature des principales artères placées pro- fondément , présente souvent beaucoup de dif- ficultés. i°. Four que la ligaturesoit suffisamment É C L A I R É E , etC. 91 serrée, il faut que la puissance qui agit soit très- près du nœud ; ce qui ne peut avoir lieu dans ce cas , que par les extrémités des doigts , de- là une force insuffisante ; l’attention , lans ce cas , d’entortiller le fil autour d’une pince, n’est pas plus sûre. 2°. La réaction des parties com- prises# dans la ligature , et l’action convulsive des muscles (1) , agissant du centre à la circon- férence sur tout le cercle du fil , tend à l’é- carter , et il se trouve lâclié lorsque le second nœud vient à Fassujétir. La cire dont le fil est enduit s’opposefoit un peu à cet écarte- ment , mais l’humidité dont il est aussi-tôt cou- vert rend cet avantage nul. L’utilité du double nœud, ou du nœud du chirurgien , est imagi- naire ; celui-ci , à la vérité , présente assez de solidité pour attendre le second , mais ce der- nier ne peut être appliqué exactement sur le premier , et la ligature n’est pas serrée plus solidement. La précaution de mettre un doigt sur le premier nœud, sur-tout à cette profondeur, ne la rend pas plus sûre , le fl glissant sous le le doigt sans qu’on s’en apperçoive. 3°. La né- cessité de tirer les fils transversalement à l’ar- tère , ajoute encore à la difficulté , les lèvres de la plaie ne donnant qu’un espace très-limité; cet espace scroit plus étendu , si l’on droit les fils suivant la longueur du canal artériel ; mais alors le nœud seroit encore plus défectueux , car , par cette direction , le cercle deviendroit plus oblique sur l’artère , et abandonné à lui- meme il se trouveroit moins serré. D après ces considérations , il n’est paséton- (0 Chez le malade , sujet de la seconde observation , j ai remarqué qu’à chaque ligature les muscles entroient 1 en convulsion , et cet état convulsif des muscles a été «observé aux pansemens suivans. 91 2 La M é d e c i k e nant qu’on éprouve de la difficulté à arrêter entièrement le sang dans le tube artériel (1), quand , avec lui , on comprend des parties en- vironnantes ; aussi a t on vu des cas où il n’a pas ete possible de se rendre maître du sang. Dans une opération d’anévrisme de l’artère po- plitée 3 un chirurgien très exercé aux opérations chirurgicales , ne put parvenir à serrer suffi- samment l’artère , et l’on fut obligé d’avoir recours à l’amputation. Plus il y aura de parties comprises dans la ligature , moins la pression circulaire s’exercera sur le tube artériel , et plus il faudra que cette pression soit forte , par conséquent les parties environnant l’artère seront plutôt coupées (2) ; le fil alors deviendra lâche , et n’agira plus sur le tube artériel $ et si ce relâchement arrive avant que celui-ci soit oblitéré , l’hémorragie aura lieu. On sait qu’il n’est point de temps pré- cisément déterminé pour cette oblitération ; chez le malade , sujet de la seconde observa- tion , elle n’avoit pas lieu le septième jour. Dans un des hôpitaux de Paris , et dans le même temps , un malade eut l’artère brachiale ouverte ; le sang a donné., à différentes reprises, malgré la ligature. (1) Je suppose que l’artère n’est affectée d’aucune autre maladie que de la blessure. (2) La ligature sera d’autant moins solide que 1 on com- prendra plus de parties avec l’artère dans l’anse du iil. Gette opinion fondée sur la raison et sur l’expérience, est bien opposée au conseil donné par plusieurs auteurs , de comprendre avec l'artère quelques parties environ- nantes pour , disent-ils , matelasser 1 artère et en garantir la section. La ligature la plus sûre sera celle ou 1 artère seule sera comprise ; la méthode de Paré, universellement em- ployée dans les amputations des grandes extrémités , en est une preuve. ÉCLAIRÉE, etC. 93 Le double nœud que l’on est obligé de faire pour la sûreté de la ligature a cet inconvé- nient que , lorsqu’elle se trouve lâchée , il est impossible de délier le fil pour la resserrer. Une ligature d’attente est alors de la plus grande utilité 5 mais celle-ci employée , doit être suivie d’un autre en cas de récidive. Toutes ces liga- tures d’attente deviendroient inutiles , si l’ar- tère étoit coupée par le fil en totalité ou en partie 5 on sent qu’en pareille circonstance il faudra placer une nouvelle ligature au-dessus de l’ancienne. Il est donc des cas , mais rares à la vérité , où il est impossible de se rendre absolument maître du sang , et d'autres où il est absolument nécessaire de resserrer la ligature. Ce sera dans de pareilles circonstances qu’il faudra avoir recours aux moyens mécaniques , qui , en augmentant les forces , et les dirigeant de loin vers le lieu où elles sont utiles , supléeront au défaut des instrumens naturels , toujours pré- férables quand ils peuvent suffire. Tel est l’ins- trument dont je me suis servi , et qui , à cet avantage , réunit celui de resserrer facilement la ligature quand elle est lâchée. Un ruban ou cordonnet plat de fil me paroît préférable au fil ciré en plusieurs doubles , poul- ies raisons alléguées , et parce qu’il présente une surface plus large , et que par-là il est moins susceptible de couper promptement. C'etoit l’o- pinion du célèbre professeur d’Edimbourg (1). Chez le malade , sujet de la seconde obser- vation , je cédai à l’avis d’un des assistans , qui proposa une petite compresse placée sur l’artère , entre elle et le fil de la ligature. Je rejette cette compresse comme inutile et dan- (1) Essais de médecine de la société d’Edimbourg. 94 La MiDEciNE gereuse : celle-ci n enveloppant pas l’artère , et ne la garantissant que dans un point , c’est comme si elle ne la garantissoit point du tout. Cette compresse , loin d’ajouter à la solidité de la ligature , lui est nuisible , en ce que le linge humecte s affaisse , et le lien devient moins serre. Enfin , cette compresse séjournant long- temps dans la plaie , elle se trouve , dès les premiers jours , imbibée des matières premières, toujours d’une mauvaise qualité , et dont la pu- tridité augmente par le séjour ; son contact con- tinuel avec les parties voisines est préjudiciable : pourroit-on lui attribuer l’inflammation locale et l’escharre gangreneuse survenue à l’angle inférieure de la plaie où elle étoit placée , ac- cident auquel n’a point participé le reste de la plaie , qui a toujours été dans l’état le plus satisfaisant .? Quoi qu’il en soit je pense, avec Saviard , qu’elle doit être proscrite de la liga- ture des artères (^î). Description diL Sej'rc- artère. Cet instrument, en acier ou en argent forgé, est composé d’une plaque A et d’une tige B , placée perpendiculairement sur elle. La plaque , longue de six à sept lignes , large de près de trois lignes , épaisse d’un tiérs de ligne à ses extrémités , et cl’une ligne un quart a son milieu , est plate du cote oe la tige , et arrondie du coté opposé. Elle est percée dé trois trous -, un quarré dans son milieu , pour recevoir la tige rivée exactement. Les deux au- tres CC sont ronds , polis et é vidés du diamètre d’une ligne et demie , placés à chaque extrémité de la plaque. La tige a deux ponces de longueur ; son épais- (i) Lieu cité. ÉCLAIRÉE, etc. 9 5 senr est d’une forte ligne ; elle est applatie , et sa largeur augmente depuis la plaque jusqu’à son extrémité , où. elle peut avoir environ quatre à six lignes : cette largeur est transver- sale , par rapport à la largeur de la plaque. Au tiers supérieur de cette tige , est pratiqué un trou rond , très-poli et évidé D , dont le dia- mètre est d’une ligne et demie ou deux lignes. Cette plaque est terminée par une fente ou échan- crure E , qui s’élargit à mesure qu’elle appro- che de son extrémité. T tube artériel à comprimer, fl Ruban. Pastilles astringentes de kzno.' Ces pastilles sont préparées ayec la gomme 9 6 LaMédecike kino , qui nous est apportée d’Afrique , et dont il a été question dans un des numéros précédens. Les Médecins angiois l’employent , depuis plu- sieurs années , avec le plus grand succès dans les dissenteries , et ils la regardent comme le meil- leur des astringens connus : ils la font prendre le plus ordinairement en poudre , à la dose de dix grains jusqu’à trente-six, ou bien ils en prépa- rent une teinture qu’ils donnent à la dose d’un et deux gros. Cette dernière préparation est ap- propriée au goût des Angiois , qui sont dans l’usage de prendre un grand nombre de inédica- mens sous la forme de teinture ; mais comme les François sont peu accoutumés à ce genre de pré- parations , on a cru pouvoir leur offrir la gomme kino sous la forme d’un médicament qui peut leur être agréable , c’est-à-dire sous la forme de pas- tilles , qui sont ceux des médicamens que les malades prennent avec le moins de répugnance , et qui dérangent le moins tout régime médical. L’on fait usage des pastilles de kino comme de celles de cachou : on les donne aux personnes chez lesquelles les digestions sont lentes et diffi- ciles ; elles produisent particulièrement de bons effets dans les diarrhées chroniques et invété- rées ; on les prescrit aussi aux personnes que l’eau de la Seine relâche : leur usage n’exige au- cun régime particulier ; l’on peut en prendre une vingtaine par jour lorsqu on les prend comme stomachiques, soit le matin ou le soir , avant ou après le repas ; mais l’on doit doubler la dose , même la .tripler , lorsqu’on les prendra comme astringentes. Ces pastilles sont préparées à la pharmacie de Tloüeïle-Pelletier 9 rue Jacob, fauxbourg Saint- Germain , où l’on trouve aussi la teinture de gomme kino. ( N°. IV. ) CHIMIE. 97 I. Observations sur le mélange métallique qui est employé à fade les caractères d’impri- merie , par M. Sage. T j t. plomb et l’antimoine (le régule ) fondus en diverses proportions, forment les caractères que les imprimeurs employent : si je dis en diverses proportions , c’est qu’on mêle avec le plomb plus ou moins d’antimoine , suivant la dureté qu’on veut donner aux caractères j ordinairement on met cinquante livres de plomb dans vingt livres d’antimoine fondu , mais pour les petits carac- tères , où il faut plus de dureté , on met soixante- quinze livres de plomb ^ vingt-cinq livres d’an- timoine. Pour les gros caractères, quatre-vingt- cinq livres de plomb et quinze livres d’anti- moine. Comme quatre-vingt livres de plomb et vingt livres d’antimoine formeroient un alliage trop fort pour les gros caractères, les fondeurs ajoutent du plomb à l’antimoine. Ces deux substances métalliques, quoique de gravités spé- cifiques bien différentes , restent exactement combinées et ne se séparent point par la fusion , à moins que le feu ne soit assez violent pour les brûler et les volatiliser , alors l’antimoine commence par s’exlialer. Les fondeurs de caractères doivent être atten- tifs à employer l’antimoine le plus pur ^ c’est-à- dire le plus exempt de soufre $ car lorsqu’il en contient , il se reporte avec le temps sur le plomb et forme une espèce de galène ou sul- fure de plomb qui prend une couleur noire. L’alliage métallique des caractères, au lieu de 'Conserver Son brillant et s pu poli , se ride , se Tome III. N°. IV. G 98 La Médecine ferce et effleurit pour ainsi dire. Lorsque cette écomposition spontanée a lieu , les caractères se déforment et deviennent friables ; j’ai eu occasion de m’en assurer en analysant un alliage semblable, avec lequel M. Anisson av oit fait mouler des caractères arabes. Le régule d’antimoine donne non-seulement de la dureté au plomb, mais ce métal en prend une bien plus considérable s’il est en outre mêlé avec de l’étain. J’ai analysé des clous qu’on destinoit pour la marine, ils étoient com- posés de trois parties d’étain , de deux parties de plomb et d’une de régule d’antimoine. Desclousde cet alliagequi avoient douze lignes de longueur sur deux lignes de diamètre vers leur tête , entroient dans le bois de chêne de toute leur longueur sans s’émousser. IL Analyse d’une mine de plomb cuivreuse > antimoniale , martiale , cobaltique , argen- tifère , dans laquelle ces substances métalli- ques se trouvent combinées avec le soufre et l’arsenic d’ Arnostigui, dans la concession des mines de Baigorri , en basse Navarre , par M . Sage. Cette mine , d’un gris noirâtre , et brillante en quelques endroits comme la mine d'argent grise , est entremêlée de quartz , quelquefois parsemée d’azur de cuivre , d’efflorescence cui- vreuse verte et de fleurs de cobalt d’un lilas tendre. Ayant fondu une partie de cette mine torré- fiée , avec cinquante parties de borax , elle a donné une couleur bleue. Cette mine calcinée , ayant été fondue avec trois parties de flux noir et un seizième de poudre de charbon a produit par quintal vingt-cinq £ C L A 1' R i £, etC. 99 livres d’un régule gris et fragile ; l’ayant fondu avec huit parties de verre de borax , ce régule ne lui a communiqué aucune couleur , il s’etoit précipité au fond un culot gris , fragile , enclia- tonné de plomb ductile. Si je n’avois pas eu recours à ce moyen , je ne me serois pas apperçu que cette mine contient du plomb , quoiqu’il soit au moins dans la pro- portion de moitié dans le régule mixte qu’elle produit , qui est lui-même composé d’environ moitié cuivre et d’un tiers de régule d’antimoiue En le dissolvant dans l’acide nitreux , l’anti- moine se trouve au fond du matras sous forme d’une chaux blanche. Le premier culot obtenu par la réduction da la mine étoit composé de plomb , d’argent , de cuivre et d’antimoine $ on voit que par la fu- sion de ce culot avec le verre de borax il s’est fait un départ par la voie sèche , puisque le plomb et l’argent se sont précipités et ont resté sé- parés y tandis que l’antimoine et le cuivre étoient à la surface. Cette expérience démontre encore que le cuivre a plus de rapport avec l’antimoine que le plomb , puisque l’antimoine se sépare de ce métal pour s’unir au cuivre. III. Suite du mémoire de M. Fourcroy sur les matières animales . Ann. Chimiq. tom. 7. Sur le beurre et la crème du lait de vache. Le beurre a le plus ordinairement une cou- leur jaune ; il y en a cependant qui n’a point de couleur et qui est blanc comme de la graisse. On sait généralement que ce dernier est infé- rieur en qualité. On prétend que la couleur ou l’absence de G a îoo La Médecine couleur est due aux alimëns que prennent les animaux qui les fournissent ; mais c’est un fait connu des habitans des campagnes que les va- ches donnent , les unes du beurre blanc et les autres du jaune , lors même qu’elles sont nour- ries des mêmes substances ou dans les mêmes pâturages. Sans nier que les alimens contribuent pour quelque chose à la coloration du beurre , il paroît que cette coloration inhérente à la nature du produit , tient aussi à la diversité de ce produit : on sait encore (pie le contact de l’air colore beaucoup le beurre _, et que celui qui est absolument blanc, immédiatement après sa préjiaration ^ devient jaune au bout de quel- que temps. Ce phénomène est bien sensible dans les mottes de beurre que l’oii coupe , et dont l’intérieur est infiniment moins coloré que l’extérieur , qui jouit du contact de l’air. On a remarqué que le lait fournissoit plus promptement sa crème en été qu’en hiver , parce que la chaleur, en donnant plus de fluidité a tous les principes de ce liquide , leur permet de prendre la place qui leur convient en raison de leur pesanteur spécifique. Il ne faut cepen- dant pas que cette chaleur soit trop forte ni trop subite , car alors l’équilibre de proportion entre ses élémens change , il se produit souvent un acide qui coagule le fromage avant que le beurre ait eu le temps de s’en séparer. C’est ce phénomène que fait naître l’orage et que les fermiers redoutent tous pour leurs laiteries. M. Fourcroy soupçonne que la matière électrique est la principale cause de cet effet ; il s appuyé sur ce qu’un conducteur électrique , passant au travers d’une laiterie, empêche ou au moins re- tarde de beaucoup la coagulation du lait pen- dant les orages. ECLAIREE, etC. ÎOl Le lait demande au plus quatre à cinq jours en été pour fournir sa crème ; il lui en faut au moins huit à dix en hiver , encore faut-il qu’il soit tenu à la température de huit à dix degrés , car il ne crémeroit point du tout s’il étoit ex- posé à la température de zéro , et il se gèle- rait même s’il avoit quelques degrés au-dessous.. On attend toujours quelques jours après que la crème est formée pour en extraire le beurre. Il paroît, dit M. Fourcroy , que la crème absorbe une portion d’oxigène de l’air qui s’épaissit et qui diminue l’attraction du beurre pour les autres principes auxquels il étoit en- icore uni dans la crème ; ces principes sont principalement le fromage et le mucilage gélati- meux , dont une portion se sépare de la crème ;solide lorsqu’on le bat pour faire le beurre. Il ] paroît que l’air facilite beaucoup la séparation de la crème du lait , car ce liquide mis dans le ivide parfait d’une colonne barométrique de mercure , ne donne pas sa crème si prompte- ment que celui qui est exposé à l’air avec la même température. La crème de vingt quatre heures, c’est-à-dire qu’on a prise sur du lait igardé pendant cet espace de temps , exige au rmoins quatre fois plus de temps pour donner du beurre que celle de huit jours, et quatre fois [plus de mouvement $ car il faut qu’elle prenne en quelques heures dans l’air ce que l’autre y avoit prise en sept jours, et pour cela, dit l’auteur , il est nécessaire que les points de contact soient beaucoup plus multipliés et re- nouvellés , ce que l’on fait par le battage. La crème qu’on laisse long-temps en contact avec l’air présente à sa surface des mucors et des tissus , tandis que celle qui se forme dans le vide jn’en offre point ; il est nécessaire que dans le vide G 3 îoa La Médecine une portion de l’oxigène combiné à tons les principes du lait à la fois se partage inégale- ment , et que l’huile du lait en prenne ce qu’il lui en faut pour devenir du beurre. M. Four- croy remarque que la crème recueillie dans le vide n’est jamais aussi abondante et aussi épaisse que celle qui s’est formée au milieu de l’air 5 et il ajoute que ces faits paroissent prouver que le beurre n’est pas tout formé dans le lait , qu’il y est contenu dans l’état d’huile qui a besoin d’absorber de l’oxigène pour devenir concrète. Le beurre bien pur, exposé à une chaleur douce, se fond et devient transparent ; la température qui est nécessaire pour cela est de vingt-huit à trente degrés au termomètre de Réaumur. Ce beurre , lorsqu’il a été bien lavé , ne rancit pas aussi vite que celui qui contient encore quelque portion de fromage et de mucilage ; mais aussi n’est-il pas aussi agréable au goût, et c’est vrai- semblablement pour cette raison qu’on y laisse toujours une certaine quantité de fromage qui le rend opaque , et qu’on en peut séparer par la fusion douce du beurre. Le beurre frais de nos marchés , mis dans un ttdje d’un pouce de diamètre , bouché à l’une de ses extrémités , plongé dans l’eau chaude et ayant acquis la température de vingt -huit degrés , s’est divisé en trois parties ; savoir en beurre proprement dit , en fromage et en eau. Le fromage a été entraîné à la partie supérieure par les bulles d’air qui paroissoient y adhérer plus qu’aux autres substances ; le beurre est resté au milieu et l’eau dans la partie inférieure. M. Fourcroy présume que le beurre fondu par cette chaleur douce n’a pas éprouvé de chan- gement dans sa nature intime 5 quoiqu’il 11’ait b c l i i r é ï, etc. io3 plus les mêmes propriétés } que sa couleur , sa saveur et son tissu , pour ainsi dire , soient chargés , car il est devenu demi-transparent et grenu , sa saveur est fade et analogue à celle de la graisse : c’est donc à la séparation du fro- mage et du mucilage que sont dus les chan- gemens qu’éprouve le beurre frais en se fondant. Le beurre exposé à une chaleur forte dans des vaisseaux fermés , fournit une huile peu colorée , un acide appellé acide sébacique , de l’eau et presque point de fluide élastique $ il reste dans la cornue un charbon compact qui fait au plus le trente - deuxième de la masse employée. Plusieurs Chimistes modernes pensent cpie c’est à l’air des vaisseaux où se fait l’opération qu’est due la formation de l’acide sébacique , et en général la décomposition des matières or- ganiques. M. Fourcroy remarque que cette assertion , appliquée au beurre , exige quelques restrictions d’après les considérations suivantes qu’il expose , i°. avant que le beurre commence à s’altérer les deux tiers de l’air ont été expulsé* hors des vases par la chaleur ; a°. la quantité n’est jamais proportionnée à celle de l’air des vaisseaux ; 3Q. il ne se forme point d’acide carbonique ; 4°* ü reste dans la cornue une cer- taine quantité de carbone privé d’oxigène ; 5°. l’huile distillée contient beaucoup moins d’oxigène que le beurre qui lui a donné nais- sance. On voit par ces observations , dit l’au- teur , que l’air atmosphérique n’est point d’une nécessité absolue pour la formation de l’acide sébacique dans la première distillation du beurre. L’oxigène qu’il contient se partage inégalement à l’aide de la chaleur : il resuite de ce partage inégal des principes désoxigènés et d’autres plus G 4 La Médeciki oxigénés qu’ils ne l’étoient. C’est sur-tout clans les distillations successives du. beurre que l’air atmosphérique est nécessaire pour la formation de l’acicle sébacique , parce que la quantité d’oxigène que contient le beurre n’est point assez considérable pour le convertir entièrement en acide sébacique , aussi s’en forme-t-il beau- coup plus dans un grand appareil que dans un petit. Le beurre forme avec la potasse un savon peu solide d’une couleur jaune , d’une ocleur agréa- ble , 'qui se dissout bien dans l’eau et qui dé- graisse parfaitement bien les étoffes et les mains : M. Fourcroy pense qu’il pourroit servir avec avantage dans la médecine. Sur le fromage. Schéèle avoit découvert que les acides , en séparant le fromage des autres principes aux- quels il est uni dans le lait , en dissout une certaine quantité ; il s’etoit même apperçu que chaque acide avoit avec cette substance un degré d’attraction qui lui étoit propre , et qu’il en dissol voit des quantités différentes. On savoit aussi que le sérum du lait con- jointement avec la partie sucrée et gélatineuse , retenoient aussi en dissolution une certaine quantité de fromage. MM. Parmentier et Deyeux ont remarqué qu’en versant une dissolution de potasse ou de soude sur le fromage , il se fonnoit de l’ammo- niaque. M. Fourcroy , qui connoissoit ce fait avant ie travail de MM. Deyeux et Parmentier, l’a examiné de plus près et l’a décrit plus en détail. A mesure , dit- il ^ que l’alcali fixe et le fromage réagissent l’un sur l’autre , il se forme t c i a i i i i, etc. io5 une écume considérable , il se produit une effervescence due au dégagement de l’ammo- niaque , reconnoissable par toutes ses proprié- tés. Bientôt la liqueur prend une couleur brune , le fromage se dissout et il se dépose des flocons noirs qui ne sont que du fromage à moitié brûlé. L’on peut , continue l’auteur , séparer ensuite par un acide le fromage dissous dans l’alcali , mais dans un état entièrement différent de celui de fromage. Il a une couleur noire , il se fond au feu comme une huile épaisse ; il ne se des- sèche plus , et reste gras sur les papiers où il a été étendu pour le faire sécher. Il paroît , ajoute-t-il , en forme de conclusion, que l’azote et l’hydrogène se dégagent pour former de l’am- moniaque •, que l’hydrogène et l’oxigène , de- venus plus abondans dans la matière du fro- mage , lui donnent des caractères huileux ; de sorte que la dissolution dans l’alcali est une sorte de savon. Sur la bile. La bile , suivant les chimistes , est une li- queur savoneuse , formée de résine et d’al- cali $ M. Fourcroy a observé , il y a onze ans , qu’elle contenoit encore une autre substance analogue à l’albumen de l’œuf. L’acide muriatique oxigéné détruit la cou- leur de la bile , et en coagule la partie albumi- neuse qui se précipite en flocons blancs ; le sa- von biliaire reste en dissolution, et semble n’êfere que de 1 eau pure , car il a perdu sa couleur et son odeur , mais il conserve encore toute son amertume. Si 1 on a mis plus d’acide muria- tique oxigéné qu’il n’en faut pour coaguler 1 albumen , cet excès agit peu à peu sur l’huile ic6 La Medicinb ilu savon , et , redevenant de l’acide muriatique ordinaire , décompose une portion du savon , et en sépare l’huile sous une forme concrète et £vec une couleur blanche. Comme il pavoît que ce n’est qu’en fournissant de l’oxigène à l’al- bumen que l’acide muriatique oxiséné coagule la bile , il est vraisemblable que ia portion de cet acide revenue à son état simple , décompose ime certaine quantité de savon biliaire , et que par conséquent 1 albumen doit toujours être naêle d’un peu de résine ou d’huile concrète de la bile. Telle est la manière par laquelle M, Tourcroy explique l’action de l’acide muriatique cxigéné sur la bile et sur ses principes. Si dans la bile traitée par l’acide muriatique oxigéné , et qui a perdu sa couleur , on met un acide simple , comme l’acide sulfurique , mu- riatique , etc. il se fait sur le champ un préci- pité blanc, concret , et de la consistance de la graisse. Ce pr écipité blanc , qui est de la ré- sine de la bile un peu altérée par l’oxigène de l’acide muriatique , se délaye parfaitement dans l’eau , et s’y dissout même lorsqu’elle est •chaude : cette propriété , dit M. Fourcrôy , est très-singulière , car la soude qui la rend ordinai- rement dissoluble n’v est plus unie, puisqu’elle s’est combinée à l’acide dont on s’est servi pour décomposer la bile. Cette huile concrète , ou cette sorte de ré- sine blanche , se dissout à froid dans l’alcool : quand on emploie la chaleur pour accélérer la dissolution , il se forme une certaine quan- tité d’éther , ce qui paroît tenir à l’oxigène que cette huile contient, et qui en passant dans l’alcool change les proportions de ses prin- cipes. La dissolution alcoolique , exposée. à l'air, perd peu à peu soit alcool et s épaissit, S C L À 1 R £ R , etc. 107 mais elle ne devient que très-difficilement solide. Si , lorsqu’elle est épaisse comme un sirop , on la mêle à de l’eau , elle s’y unit parfaitement : ceci y dit l’auteur , semblèrent annoncer que ce savon biliaire n’a pas été décomposé; mais qu’on ajoute à cette dissolution un acide quelconque., il se fait sur le champ un précipité. Une autre ex- périence qu’il rapporte , qui n’est pas moins singulière , c’est que si l’on inet une nouvelle quantité d’alcool sur la résine épaissie à l’air , et qu'on ajoute ensuite de l’eau , il se forme un précipité abondant. Le même phénomène sur la dissolubilité de cette matière , nommée résine de la bile , dans l’eau , avoit été observé il y a quelques années dans le laboratoire de M. Fourcroy. Après avoir précipité la prétendue résine cle la bile par un acide , on voulut laver cette matière colorante pour emporter l’excès d’acide 3 et la substance saline qu'elle pouvoit contenir ; l’eau qu’on employoit emportoit à chaque fois une portion de la résine elle-même ; il paroît qu’on auroit tout dissout , si on avoit continué de la la- ver ainsi. L'eau qui avoit dissous cette matière donnoit un précipité de résine de bile par l’addi- tion d’un acide ; ce second précipité est égale- ment dissoluble dans l’eau , lorsqu’il est privé de tout excès d’acide. Il sembleroit donc , dit l’auteur , que la matière de la bile , regardée jusqu’ici comme une espèce de résine , est en partie dissoîuble dans l’eau , et ne prend un caractère apparent d’indissolubilité dans ce li- quide que par la présence d’un acide. M. Fourcroy avoit pensé que la matière blanche que l’on séparoit de la bile de beuf par 1 acide muriatique oxigéné , avoit quelques analogies avec la matière blanche et cristal- io8 La Médecins line des calculs de la vésicule du fiel de l’homme , mais il s’apperçut bientôt qu'elle en différoit par plusieurs caractères ; i°. elle est plus dissoluble que cette dernière dans l’alcool , d’où elle ne se précipite point en pe- tites lames comme la matière cristalline du calcul biliaire humain ; 20. elle se dissout dans l’eau, ce que ne fait point la matière cris- talline du calcul ; 3°. elle est beaucoup plus molle et plus fusible que cette dernière ; sa fusibilité é^ale à peu près celle de la graisse (elle a lieu à 32 ou 33 degrés), tandis que la ma- tière cristalline des calculs biliaires humains ne se fond qu’à une chaleur au-dessus de 90 de- grés , et reste solide au-dessus de l’eau bouil- lante. Lorsque la bile a perdu son huile par l’ac- tion d’une chaleur forte , on éprouve les plus grandes difficultés pour réduire son charbon en cendre*; pendant qu’on le fait bouillir , la soude se volatilise , et la cendre , encore noi- râtre , qui en résulte , n’en fournit aucune trace dans l’eau. L’incinération est donc un procédé défectueux pour déterminer la pro- portion des principes fixes de la bile. O11 trouve dans le mémoire de M. Four- ■croy quelques faits intéressans sur les propriétés de la matière huileuse de la bile , qui seront peut-être un jour appliqués , par la phisiologie , à l’art de guérir ; peut-être feront-elles connoître la nature des calculs biliaires , comment ils se forment dans l’économie animale , et les moyens de prévenir ou au moins d’arrêter cette cruelle maladie, toujours mortelle , quand elle est parvenue à une certaine époque. ÉCLAIRÉE; etC. 1 09 IV. Examen d’un calcul rénal de cheval . Sa forme est très- exactement celle du rein dont il occupoit la place , à chacune de ses ex- trémités , il portoit des végétations en forme de choux fleurs. Sa surface avoit une couleur brune et offroit une infinité de petites lames brillantes comme des fragmens de sable qui réfléchissent les rayons du soleil. Il- y avoit dans sa partie moyenne un étranglement comme s’il avoit été lié , dans un état de molesse , avec une bande. Sur ses bords on appercevoit plusieurs cavités caverneuses et inégales. Pres- que toute sa surface étoit mamelonnée et con- tenoit en quelques endroits des portions de membranes. En le sciant , on a d’abord éprouvé beaucoup de difficulté à cause de sa dureté ; mais lorsque la scie a été parvenue à trois ou quatre lignes elle a passé très-facilement. En effet , l’extérieur étoit très-dense , mais le mi- lieu étoit formé de couches très - poreuses et très- tendres 5 le couteau les coupoit aisément. Il pesoit quinze onces cinq gros trente - six grains. Cent parties de ce calcul réduit en poudre et mises avec de l’acide muriatique , s’y sont dis- soutes en produisant une vive effervescence écumeuse. Le produit de cette effervescence étoit de l’acide carbonique. L’eau de chaux versée dans cette dissolution de calcul, par l’acide muriatique , a produit un dépôt floconneux de la nature des os , qui pesoit vingt-deux parties. L’acide oxalique a formé aussi dans cette dis- solution, un précipité abondant qui é„uit de l’oxalate de chaux. Ces deux ou trois expériences suffisent pour 110 La MiDBCïHE nous apprendre que la matière du calcul de cheval est composée de carbonate et de phos- phate de chaux , et que ces sels terreux in- solubles sont dans le rapport de soixante-huit pour le premier , à vingt-deux pour le second dans un quintal. Cette différence entre la nature du calcul du cheval et celle de l’homme , ne doit pas étonner d’après l’existence du carbonate de chaux dans les urines de cet animal. Sa formation est même peut-être plus fréquente qu’on ne pense chez ces animaux , vu la facilité avec laquelle ces ma* tières se déposent de leurs urines. Qui n’a pas vu qu’à mesure qu’ils rendent leurs urines elles deviennent blanches et laiteuse* , qu’elles sortent même quelquefois toutes troubles de leur vessie. Nous nous étendrons davantage sur cet objet dans l’analyse de l’urine de jument , que nous ferons connoître. V* Consultation chimique et médicale sur une poudre rouge qu’ on emploie à Saint-Domin- gue contre la dis s ente rie , par M. Fourcroy. On in’a envoyé de Bordeaux un paquet d’une poudre rouge dont on desiroit connoître la nature : il y en avoit dix grains. La petite quantité de l’échantillon envoyé m’a forcé de la ménager singulièrement j mal- gré cela les expériences assez nombreuses que je vais décrire , et dont quelques-unes ont été faites sur un demi - grain , ont heureusement suffi pour en connoître assez exactement la na- ture , parce qu’elles ont été faites avec les soins, l’attention , et conséquemment le temps qu’exige une analyse aussi délicate et aussi mir nutieuse. Voici les détails de cette analyse. éclairée, etc. 111 Analyse exacte de la poudre. i°. Cette poudre , vue à la loupe , étoit grenue , chaque grain offroit un morceau po- lygone demi-transparent , et teint inégalement d’une couleur rosée. 2.0. Mise sur la langue elle y adhéroit comme une gomme , ou plutôt comme une fécule , telle que la farine de pomme de terre ; elle n’avoit aucune saveur distincte , ni âcreté % ni amertume , ni astriction, ni goût sucré , etc. Ella ne se fondoit pas $ elle paroissoit seule- ment augmenter un peu de volume et former une pâte avec la salive. Il étoit déjà prouvé par-là qu’elle ne contenoit ni sel , ni matière minérale sapide et dissoluble. 3°. Un grain de la poudre , mis sur un char- bon , s’est boursoufflé , noirci , a exhalé une odeur semblable à une gomme brûlée , et a fini par s’enflammer ; en poussant le feu à l’aide d’un chalumeau , il est resté un atome de cen- dre blanche. Cette expérience a commencé à me faire voir que la poudre étoit une matière végétale , et que sa partie colorante n’étoit point due à une matière métallique. 4°. Une portion de la poudre jettée dans l’eau froide , s’est mise en petits pelotons , en grumeaux , sans s’y dissoudre j elle s’est légè- rement ramollie, mais sans se dissoudre au bout de quelques jours , et l’eau a pris , quoique à froid , un peu de sa couleur : ce liquide ne contenoit rien en dissolution. 5°. Une autre portion de la poudre , jettée dans l’eau bouillante , s’y est dissoute toute entière, à l’aide d’une longue et exacte tritu- ration } car , sans l’agitation , une partie au- 114 La Médecijts roit conservé la forme de petits flocons trans- parens. La dissolution avoit une couleur rose assez agréable ; elle s’est prise en gelée trans- parente par le refroidissement. 6°. Différens acides , et sur-tout l’acide sul- furique et l’acide muriatique jettés sur la pou- dre , ont d’abord augmenté sa couleur rouge et l’ont fait passer au rose éclatant , mais bientôt cette teinte a passé au jaune. 70. L’acide nitreux , et l’acide muriatique oxigéné sur-tout , ont détruit entièrement la couleur de cette poudre. 8°. Les alcalis lui ont fait prendre au contraire une nuance pourpre foncée. Toutes ces expériences prouvent cjue la poudre dont il est ici question est un mélangé d’une matière végétale , gommeuse ou amylacée , avec une petite quantité de substance colorante, végétale ou animale; qu’elle ne contient rien de salin, de minéral ou de métallique. Imitation de cette poudre. On sait , d’après les connoissances acquises aujourd’hui en chimie , combien il est diffi- cile de prononcer exactement sur les substances végétales , et de déterminer positivement de quelle nature elles sont , ou à quelle matière végétale elles appartiennent : ce n’est que par hasard qu’on a quelquefois rencontré juste dans ces recherches. Il ne peut y avoir qu’une com- paraison soignée et attentive entre différentes substances végétales connues , et celle incon- nue qu’on examine , qui conduise plus ou moins près de la vérité. Aussi le charlatanisme, en se fondant sur cette difficulté de lascienee , cherche encore à l’embarrasser davantage par HCZ.A£RÉE> etC. Îl3 des mélanges divers : on en a un exemple dans la poudre d’Ailhaud , etc. La poudre que j’é- tois chargé d’examiner pouvoit être formée de gomme arabique ou adragant en poudre , ou bien d’une fécule , d’un amidon , d’une farine quelconque , colorée par un extrait de bois de Brésil , de bois de campêche ou de cochenille. Pour tâcher de deviner , en quelque sorte , les- quelles de ces substances entroient dans la préparation ci-dessus , j’ai comparé à la pou- dre de Saint-Domingue la gomme adragant , la fécule de pommes de terre , la farine de manioc , en faisant sur ces diverses substances les mêmes expériences que sur la poudre. Il in’a paru , d’après toutes ces comparaisons , ?n’elle ressembloit le plus possible à la farine ou écule de manioc , colorée par un peu d’extrait de bois de Brésil , ou de cochenille , car il m’a été impossible , vu la petite quantité de pou- dre que j’avois, de déterminer positivement la nature de sa partie colorante. Quant à la ma- tière blanche qui en fait la base ou plus des neuf dixièmes , je suis persuadé , par l’analogie de la forme , de la saveur , de la manière de se comporter avec l’eau froide et chaude , qu’elle n’est autre chose que la farine de manioc. Je crois donc qu’on fera une poudre toute sem- blable , en prenant une livre de farine de ma- nioc , et la broyant dans un mortier avec quel- ques gros d'extrait de bois de Brésil ou de co- chenille : la nature de la partie colorante ne fait rien à ce remède , car elle n’y est intro- duite , suivant toute apparence , que pour dé- guiser ou masquer la farine , qui seroit trop promptement et trop facilement reconnue. A Tans ce 2.4 octobre . Tome III. N°. IV. H x A Médecins xî4 MÉDECINE. I. Lettre de AI. Davon , Médecin de la faculté de Montpellier , à Al. Fourcroy , sur les dou- leurs y etc. qui accompagnent les accouche- mens . A Pontcroix , le i5 octobre 1791. Monsieur , votre journal est tellement ré- pandu et d’ailleurs si propre à propager les connoissances utiles à la société , que j’ai pensé que vous n’y refuseriez pas une place à quel- ques réflexions sur la nature de ces douleurs atroces , qui harcèlent si cruellement les fem- mes en travail , et deviennent par là même un obstacle si fréquent aux accouchemens. L’efficacité de l’opium en pareil cas , est au- dessus de tout éloge , et mérite bien de fixer particulièrement l’attention du petit nombre des bons accoucheurs. De toutes les branches du grand art de guérir, il n’en est sûrement aucune où l’homme puisse rendre à ses pareils des services aussi mar- qués que dans les accouchemens. Les secours d’un praticien habile , y sont d’autant plus pré- cieux, que leur certitude est, pour ainsi dire , poussée jusqu’à la démonstration géométrique , et qu’ils ont toujours pour objet la conserva- tion de plusieurs individus à la fois. Si la partie mécanique de cet art salutaire a été portée de nos jours à un degré de per- fection qui laisse peu de chose à desirer , la partie médicale en revanche , offrira toujours à l’œil observateur un champ vaste, riche , et capable d’exercer son génie 5 mais celui qui ne l’aura étudié que sous le premier de ces ÉCLAIRÉE, etc. 1 1 S rapports, ne doit pas se flatter d’un succès tou- jours égal. A chaque pas sa marche se trou- vera entravée par des difficultés qu’il ne sait ni prévoir ni combattre , et que les seules lu- mières de la Médecine peuvent applanir. Plusieurs genres d’obstacles s’opposent à la sortie de l’enfant. Je les divise en deux classes : dans la première, je range les vices de con- formation de la mère ou de l’enfant , les différentes positions contre la nature de ce dernier, et les disproportions respectives de la tête de l’enfant avec le bassin de la mère , qui toutes regardent essentiellement la partie chirurgicale, trop savamment traitée dans une foule d’ouvrages pour que je m’y arrête , n’é- tant pas là mon objet. Je passe donc à la seconde classe où le flambeau de la Médecine, malheureusement trop négligée, doit nous conduire : elle comprend, i°. ia plé- thore sanguine ; 2°. un état de débilité et d’i- nertie ; 3°. le spasme , qui tous peuvent af- fecter le système en général ou être particuliers à la matrice et ses dépendances. Delà , l’effi- cacité reconnue des différentes saignées pra- tiquées dans le premier cas , des stimuians et des toniques dans le second, qui est bien plus rare qu’on se l’imagine (quoique la rou- tine ordinaire soit de faire un abus révoltant des cordiaux), et qu’il seroit cependant bien maladroit de confondre avec l’affection pu- rement spasmodique , dont je vais particuliè- rement m’occuper. Deux sortes de douleurs se font communément sentir chez une femme en travail , les franches et les fausses : les premières tendent toujours à expulser l’enfant , à moins que leur cours ne soit interrompu par quelque accident } H 2 n6 La Médecine elles portent de haut en bas et fatiguent peu$ mais comme la nature a cloué le col de la ma- trice d’une force qui tend à retenir le fœtus * à dessein sans doute de prévenir les accouche- inens trop faciles et sur-tout les avortemens, qui sans cette sage précaution auroient si sou- vent lieu , il s’en suit nécessairement que pour que F accouchement s’opère , les contraction* réitérées de la matrice doivent forcer insen- siblement et graduellement la dilatation de son col : voilà donc deux forces opposées bien démontrées dans le même organe., qui établissent une alternative de bonnes et de mauvaises dou- leurs suivant que les unes ouïes autres dominent ; mais il arrive fréquemment que les dernières prennent le dessus y et font même quelquefois taire entièrement les autres. Elles sont assez fa- ciles à distinguer , en ce que leur mouvement est inverse, et semble porter de bas en liant. Les femmes se plaignent alors d’une douleur cruelle à l’iiypogastre. Si l’on saisit ce moment pour le toucher , on trouve le col de la matrice exactement collé sur la partie de l’enfant qui se présente ; les eaux , bien loin de faire saillie , ne se font plus sentir, et la tête semble remonter. J’ai vu des cas où la tête , après avoir dépassé le col de la matrice , se trouvoit flot- tante dans le petit bassin , et l’accouchement lie pouvoir néanmoins se terminer, parce que cet organe, affecté de constriction spasmodique , retenoit l’enfant très étroitement serré. Si nous considérons la structure délicate des femmes , leur éducation molle et inactive , leurs passions vives , l’état de grossesse qui exhalte singulièrement l’irritabilité des nerfs, tout doit nous mettre en garde contre la mobilité extrême de ces organes , qui jouent presque toujours un ÉCLAIRÉE, etC. IÎ7 grand rôle dans la plupart de leurs maladies et particulièrement ici. Nous trouvons encore la cause naturelle de cet obstacle dans la struc- ture même du col de la matrice, qui joint à beau- coup d’irritabilité une grande force contractile. On conçoit aisément qu’une puissance capable de porter en si peu de temps son extension au point de laisser passer une tête souvent très- volumineuse , doit le tenir dans un violent état de contrainte , provoquer sa réaction et mettre toute sa sensibilité en jeu j et celle-ci, lorsqu’elle vient à correspondre avec toute la machine , ne tarde pas à offrir la scène la plus affligeante. IL n est point d ame sensible qui ne seroit attendrie des douleurs atroces qu’éprouvent ces malheu- reuses victimes ; elles sont telles que toutes , d’un commun accord , se réunissent à desîrer la mort, comme le terme prochain à tant de souf- frances 5 elles jettent des cris perçans et la- mentables , se roulent avec fureur , grincent des dents , et entrent dans de violens accès convulsifs , qui dégénèrent quelquefois en épi- lepsie, et finissent toujours par épuiser tota- lement leurs forces , si bientôt une main secou- rable ne vient apporter le remède à d’aussi grands maux. L’extrait gommeux d’opium fait à l’eau froide , et donné depuis un grain jusques à deux , est le beaume salutaire qui fait disparoître, comme par enchantement, tout cet appareil me- naçant : ce précieux médicament est à peine tom- bé dans l’estomac qu’il a déjà fait éprouver sa bienfaisante influence. Le mouvement désor- donné des nerfs se ralentit, les convulsions cessent , le calme renaît et les fausses douleurs disparoissent totalement , pour céder la place à celles qui seules peuvent opérer la délivrance. Deventer, ce célèbre Médecin accoucheur , dut H 3 i îB La Médecine la majeure partie de ses succès à l’opium , qu’il mànioit si adroitement. Aussi disoit-il , l’opium mûrit les accouche mens ; heureuse expression qui peint au naturel la puissante vertu de ce remède vraiment divin , que nul autre ne sauroit remplacer, comme l’expérience me l’a nombre de fois prouvé , et je dirois bien avec Sylvius de Hollande, libentius JVLedicînae reîiunciare quain opio carere . Ce n’est pas là le seul service qu’il peut rendre aux femmes en couches : les violent is coliques qui tourmentent quelquefois si impitoyable- ment les nouvelles accouchées, les suppressions de lochies qui reconnoissent pour cause quel- que affection morale , ou se trouvent accom- pagnées de spasme , sont encore de son ressort; certaines hémorragies mêmes ne cèdent souvent u aucun' autre moyen curatif. Je préfère l’extrait gommeux d’opium par l’eau froide à toutes ses autres préparations : ainsi dépouillé de sa partie résineuse , il est plus doux et plus sûr dans ses effets , ses vertus n’y sont point dénaturées par des associations sou- vent monstrueuses, et qui ne saüroient s’ac- commoder à tous les tempéramens et à toutes les circonstances. La forme solide sous laquelle je l’administre, réunit encore de grands avan- tages : son action est plus durable, et se gradue à proportion que la dissolution s’en fait dans l’estomac. J’invite les hommes sans préjugés, ces vrais amis de l’humanité , à s’assurer par eux-mêmes, et paroles expériences bien faites et réitérées, de la fidélité de mes observations; je les ai si sou- vent répétées et avec un succès si constamment heureux , que passant sur les vains détails qui fout lu fastueux cortège du charlatan , jàii pré- ECLAIR i e , etc. 119 féré dépeindre le plus exactement qu’il m’a été possible les caractères principaux qui dis- tinguent ce genre d’affection purement spas- modique , d’avec la foule des autres obstacles qui peuvent empêcher l’accoucliement , et bien, marquer la juste application d’un remède , dont la singulière’ efficacité peut se changer en poi- son dans des mains inhabiles et sans expérience. Mon désir le plus cher seroit de fixer l’attention des praticiens sur un genre d’affections extrê- mement commun , peu connu , souvent très- daugereux , et dont une sage administration de l’opium triomphera toujours. Eh combien de fois ne s’est-on pas mépris sur la qualité des obstacles que l’on avoit à com- battre ! que d’erreurs funestes à l’humanité ! que de meurtres même ! car le fer paroît la res- source favorite , et quelquefois l’unique de ces êtres qu’une routine aveugle conduit , qui ne rêvent qu’enclavement , et dont les lumières se bornant aux seules connoissances du bassin, l’accusent toujours du mal dont il est souvent bien innocent, etc. II. h" ur Ici guérison d’un ulcère au sein par /' in oculatlon de la gale ; lettre au rédacteur du journal , par M. Pascal, maître en Chirur- gie et Chirurgien en chef de V Hôtel-Dieu de Brie- Comte-Robert. J’ai lu avec intérêt dans votre dernier numéro des remarques judicieuses sur l’épithême dé- sorganisant de M. Dorez , et je suis convaincu que ce remède, ainsi que tous ceux des empi- riques , qui n’ont en général que des idées très- confuses des maux qu’ils entreprennent de gué- rir , est souvent appliqué sur des tumeurs ou Ii 4 3 20 La Médecine des ulcères qui n’ont nullement le caractère carcinomateux , et c’est-là sans doute la source des succès dont l’auteur se vante. Je vais don- ner un exemple des erreurs qu’on peut com- mettre sur cet objet lorsqu’on se décide sim- plement sur des apparences extérieures, et qu’on n’examine point la nature du mal avec un ju- gement éclairé. Ne pourrois-je pas moi-même, si j’étois de mauvaise foi , me vanter d’avoir gué- ri un cancer en inoculant la gale, comme on va le voir par l’observation suivante ? La nommée L... âgée de 22 ans, d’une mal- propreté naturelle et d’un tempérament plileg- xnatique , ayant d’ailleurs les seins très-volu- mineux et menant une vie peu régulière , contracta la gale en 1787 : un empirique lui conseilla de mettre une ceinture d’écarlate en- duite d’une amalgame de mercure , et peu de temps après elle parut en effet guérie de la gale } mais sur là fin d’octobre de l’année suivante , elle vint me consulter pour un ulcère qu’elle avoit au sein droit depuis environ six mois. Cet ulcère étoit de la largeur d’un écu de six livres , le fond en étoit noir et il en découloit une matière sanieuse ; mais ce qui lui donnoit sur- tout l’aspect d’un cancer, étoit ses bords durs et renversés. M. Dorez n’auroit certainement pas manqué de se laisser prendre à ces appa- rences et d’appliquer son épitliême désorga- nisant 5 mais , d’après les informations que je pris , il me fut facile de juger que c’étoit la suite d’une gale répercutée. Ce fut le 2 6 octobre de la même année que j e commençai à lui donner mes soins. J’appli- quai d’abord de la charpie sur l’ulcère , et par- dessus un cataplasme fait avec l’eau de fleur de sureau et la mie de pain. Je lui fis prendre aussi ÉCLAIRÉE, etC. 12.1 un purgatif ordinaire le 4 novembre , ce qui contribua à déterger un peu l’ulcère ; mais ses bords restoient cependant durs et renversés. Persuadé de l’existence du virus de la gale , et d’après les observations deM. Descotes, Mé- decin à xlrgentan , cité dans le journal de Mé- decine (cahier de mars 1786), je me décidai à l’inoculation de cette éruption cutanée. Je traitois en ce moment une autre personne de la gale , et il ne me fut pas difficile d’avoir de la matière récente pour la communiquer. Je fis mettre sur l’estomac de ce dernier malade de grandes compresses de linge avec de la char- pie, qu’il porta pendant deux jours. C’est de cette même charpie et des compresses dont je me servis le 8 novembre pour panser l’ulcère de la personne à qui je voulois inoculer la gale. Le lendemain je renouvellai le procédé avec du linge que j’avois fait porter au galeux dont j’ai parlé ci-dessus. Vers le 14 du même mois, la malade me dit éprouver déjà des démangeaisons auxquelles elles ne pouvoit résister , et deux jours après elle fut couverte de gale. A cette époque je fis appliquer sur l’ulcère des cataplasmes avec de la mie de pain et du vin , et de la charpie brute. Je la purgeai deux fois de suite comme ci-dessus , et je lui fis faire usage du soufre intérieurement et extérieurement. J’ai suivi en cela la méthode cle Buchan , enseignée dans sa Médecine domestique. Le vingt du même mois les bords de l’ulcère étoient affaissés et le fond detergé. Le changement est devenu ensuite de jour en jour plus favorable , et la plaie a été parfaitement cicatrisée dans le cours du mois de décembre. Je n’avois pas cru devoir publier dans le *22 l a Médecine temps ceUe observation , parce que la personne qui en fait le sujet a voit quitté la ville. Le ha- sard nie 1 a fait rencontrer dans un voyage que j ai fait a Paris vers la fin de l’année 1791, et je nie suis assure qu’elle s’étoit bien portée depuis son dernier traitement, et qu’elle 11’avoit plus ressenti aucun mal dans son sein depuis la cicatrice de l’ulcère. HT * Observation sur un enfant qui boit beaucoup , par M. Vauquelin. Cet enfant , âgé de cinq ans , est d’une bonne constitution , son teint est pâle , sa bouche , son nez et ses yeux sont toujours humides. Il mange raisonnablement et d’un bon appétit ; son pouls bat quatre-vingt à quatre-vingt- cinq fois par minute , mais il a de fréquentes irré- gularités. Ses inspirations sont au nombre de quinze à dix-huit par minute. Son caractère est gai , ses sensations sont vives et assez dé- licates. Cet enfant a bu en vingt-quatre heures dix pintes d’eau; il met environ une heure d’inter- valle entre chaque verre : pendant le même espace de temps ( vingt-quatre heures ) il a rendu douze pintes d’urine (1). Il dort environ dix heures sur vingt-quatre ; son sommeil est interrompu toutes les deux heures par l’envie de boire et d’uriner, et malgré les insomnies, il pisse toutes les nuits au lit. Lorsqu’il boit, on remarque le plaisir briller dans ses yeux , et la gaieté se peindre sur son visage, et après avoir bu il chante et il danse. (1) La température du lieu où cet enfant a resté , pen- dant les vingt-quatre heures que nous l'avons surveillé , ctoit de 10 à 11. ÉCLAIRÉE, etC. 12.3 Si on lui refuse à boire pendant quelque temps, il lui prend, dit- on , un tremblement de cœur qui se passe aussi-tôt qu’on lui pré- sente de la boisson. Cette envie de boire est si forte chez cet enfant qu’il se jette sur tout ce qui a la forme liquide , et si on n’y prend garde , il boit son urine à mesure qu’il ia rend. Après avoir bu il est saisi par le froid ; il éprouve un léger frisson par-tout le corps , sa ligure devient bleuâtre et son haleine froide. Il y a environ quatre mois que cet enfant est atteint de cette maladie ; elle lui est venue quelque temps avant d’avoir la petite vérole , dont il est bien guéri. L’urine qu’il rend est claire comme de l’eau , dont elle ne diffère extérieurement que par une odeur fade qu’elle répand. En sortant de la vessie elle fait monter le mercure du thermomètre de dix à vingt -huit degrés; elle ne rougit pas sensiblement le pa- pier teint par le tournesol ; elle n’est que très- légèrement troublée par l’eau de chaux. Son poids spécifique ne diffère pas sensiblement de celui de l’eau , tandis que l’urine ordinaire donne trois à quatre degrés à l’aréomètre de Baumé pour les sels. L’ammoniaque versée dans cette urine n’y produit aucun effet. Elle s’al- tère beaucoup plus promptement que l’urine de l’homme en santé; cette altération se ma- nifeste par une couleur laiteuse et par une odeur très -désagréable. Exposée à une chaleur douce avec le contact de l’air, elle prend la cou- leur de l’urine' ordinaire ; cette couleur devient plus intense à mesure que ce liquide s’évapore, son odeur désagréable se dissipe quand elle est évaporée aux cinq sixièmes, son acide se développe et elle rougit le papier de tournesol, dille a fourni , par l’évaporation complette , 124 La Médecine 63 grains de résidu qui contenoit du phosphate de soude et d’ammoniaque , beaucoup de sel marin , un extrait muqueux et de l’acide phos- phorique libre. Cette quantité de matière est bien peu de chose en comparaison de celle du liqu ide où elle éloit dissoute. Les excrémens de cet enfant sont bien liés, et ont ordinairement une couleur jaune ; mais un de ces jours derniers , il en a rendu qui sont blancs comme de la craie. Nous nous gaulerons bien de vouloir expli- quer l’origine d’une maladie aussi singulière que celle-là , nous nous bornerons seulement à faire quelques observations sur la grande quantité de calorique que l'enfant perd conti- nuellement par la boisson qu’il prend. On a vu qu'il a bu dix pintes d’eau à dix degrés en vingt-quatre heures , qu’il a rendu douze pintes d’urine a vingt-huit dégrés* pendant cet espace de temps : or il est clair que chaque livre de ce liquide a enlevé au sang dix-huit degrés de chaleur , et que Ces dix-huit degrés de cha- leur multipliés par vingt- quatre livres que don- nent les douze pintes d’urine rendue , forment une somme de quatre cent trente-deux degrés de chaleur enlevés pendant vingt-quatre heures. Il résulte des travaux de plusieurs chimistes, que ces quatre cent trente-deux degrés de chaleur sont capables de faire fondre sept livres trois onces un gros quarante trois grains de glace ou de réduire en gaz huit onces trois gros soixante-trois grains d’eau. Cette grande perte de calorique explique pourquoi cet enfant éprouve du froid et des frissons immédiatement après avoir bu , pourquoi son haleine est froide , et enfin pour- quoi son visage , ses lèvres , et le gland de sa verge prennent une couleur violette. D'a- ÉCLAIRÉE, etC- îa5 près ces observations , la transpiration ne doit pas être abondante chez cet enfant , puisqu'il rend autant et même plus d’urine qu’il ne prend de boisson. Ne pourroit-on pas penser que cette soif continuelle auroit pour cause l'altération des fonctions de la peau , qui est destinée à rafraîchir le sang , en offrant un passage à une portion d’humeur qui s’exhale continuellement dans l’atmosphère , sous la forme de gaz ? On conçoit en effet que s’il n’y avoit point un effluve continuel d’humeur par la. peau, la tem- pérature de notre corps s’éleveroit sans doute au point de déranger l’ordre établi dans nos fonctions , et nos humeurs seroient bientôt altérées si de nouveaux régulateurs n’étoient pas établis. Au reste ce ne sont que des hypothèses , qui deviendroient cependant des vérités si on par- venoit, en rétablissant la transpiration, à dimi- nuer la nécessité de boire qu’a cet enfant. Ce seroit donc alors un nouveau régulateur que la nature auroit mis en usage pour suppléer à la peau et tenir le corps à la température nécessaire pour l’exécution des autres fonctions de l'économie animale, et par conséquent pour l’entretien de la vie. Au reste , il faudroit réunir plusieurs faits ana- logues à celui-ci , et comparer plusieurs fois les phénomènes que ces maladies présentent, pour reconnoître positivement la cause de ces accidens singuliers. Nous recommanderons donc aux médecins observateurs de saisir les occa- sions qui se présenteront de voir avec soin de pareilles affections , et de déterminer exac- tement la température de la peau, celle des urines , les pulsations et les respirations. 12Ô L A M ï D ® C I K ® pharmacie, Extrait du Journal de Pharmacie de Aï. .... J apothicaire de Paris , par AI. Pinel. Eclellium , 12 onces. Gomme ammoniaque , 20 onces 2 gros. Encens , 6 onces 6 gros. Opoponax , 6 onces 6 gros. Mastic , % Aristoloche , > de chaque 6 onces. Verdet , J Litharge, 6 livres. Huile d’olives., 12 livres. Cire jaune , 3 livres. Aimant , 9 onces. Eau , suffisante quantité. Commencez par faire cuire la litharge avec i’huileetl’eau : lorsque l’emplâtreseracuitet qu’il n’y aura plus d’eau , ce que l’on reconnoitra lorsqu’on le verra fumer et même perdre un peu de sa couleur blanche alors retirez la bassine de dessus le feu ; ajoutez-y le verdet en poudre à l’aide d’un tamis, afin d’éviter les grumeaux : l’emplâtre prendra alors une belle couleur verte. Remettez aussi-tôt votre bassine sur le feu et continuez à agiter l’emplâtre ( sans y ajouter de l’eau ). On sentira une odeur piquante et acide comme si l’emplâtre brûloit ; il passera du verd à une couleur jaune $ il se fera aussi une effer- vescence assez vive , ce que l’on reconnaîtra facilement par le gonflement que l’on observera Emplâtre divin. Prenez Galbanum , Mirrhe , | de chaque i3 onces et demi. / ÉCLAIRÉE, etC. 1 27 dans la bassine : l’etn plâtre passera du jaune à une couleur brune ; retirez alors la bassine de dessus le feu , continuez à l’agiter et il s’y fera dans l’instant un grand changement dans la couleur de l’emplâtre 5 il prendra une belle couleur , ou plutôt celle connue sous le nom de lie de vin rouge , ou encore rouge pourprée , et l’on observera une belle pellicule cuivreuse ou dorée , qui couvrira la surface de i’emplâ- tre j c’est çette couleur rouge que l’on doit don- ner à l’emplâtre , et qui ne peut s’obtenir qu’ au- tant qu’il ne reste plus d’humidité dans la bas- sine ; il faut cependant qu’il y ait de l’eau pour que la litharge puisse se combiner avec l’huile et obtenir la consistance emplastique ; voilà pourquoi je commence à faire cuire l’huile et la litharge , et je n’ajoute le verdet que lorsque d’emplâtre est cuit et qu’il n’a plus d’humidité. L’emplâtre ayant la couleur rouge , j’y fais tfondre la cire , ensuite j’y ajoute le galbanuin ■ que j’ai fait dissoudre dans le vinaigre et que j’ai évaporé en consistance épaisse, parce qu’il n’a pu être réduit en poudre 5 j’y incorpore ■après les autres gommes résines , ainsi que d’aristoloche etl’aiinant réduits en poudre fine , ■ et c’est encore en me servant d’un garnis que je dais cette incorporation. En suivant exactement ce procédé., j’ai obtenu un emplâtre d’une belle couleur et d’une bonne consistance , nullement grumelé. Observations. Il 6e fait dans cet emplâtre nne réduction du verdet comme dans l’onguent .Egyptiac ; M. Baumé , le Codex de Paris et au- * res , recommandent de mettre le verdet avec la liitharge des le commencement de l’opération , fît de faire cuire l’emplâtre en ajoutant de l’eau; cf-est , dit M. Baumé , afin de donner le temps îa8- La Médecine auverdet de pouvoir se réduire. M. Baume n’a point fait attention que la réduction du verdet ne pouvoit point se faire tant qu’il y avoit de 1 eau ? Plusieurs pharmaciens m’ont aussi dit qu’il leur étoit arrivé d’avoir leur emplâtre rouge long-temps avant qu’il ne fût cuit. D’au- tres m’ont dit qu’ils n’avoient jamais pu lui donner la couleur rouge : cela tient à ce que les premiers avoient laissé manquer d’eau avant que l’emplâtre fût cuit , et que les derniers au contraire ont toujours conservé trop d’eau dans leur emplâtre , et qu’ alors le verdet n’a pu se réduire : il ne faut donc pas mettre le verdet avec la litharge , comme M. Baumé le prescrit, pour lui donner le temps de se réduire , puis- qu’une seule minute suffit pour la réduction du verdet. D’après Ge que je viens de dire , il est aisé de voir que si l’on veut avoir l’emplâtre de cou- leur verte , il faut mettre le verdet sur la fin de la cuite , et avoir soin que l’emplâtre ne soit pas trop chaud lors du mélangé , qu’il conserve même un peu d’humidité ; il faut aussi avoir l’attention de porphiriser le verdet avec un peu d’huile , afin qu’en l’unissant à l’emplâtre il s’y trouve plus divisé. On regarde Nicolas Myrepsus comme l’au- teur de cet emplâtre ; le nom de divin lui a été donné à cause de ses grandes vertus : il est dé- tersif. On a cru que cet emplâtre étoit meil- leur lorsqu’il étoit vert, mais aujourd’hui on le prépare généralement rouge. Léinery et au- tres prescrivent une- plus forte quantité de pierre d’aimant. Le Codex de Paris en retranche les trois quarts,, et comme elle est presqu’inutile et qu’elle ne sert qu’à dessécher l’emplâtre , je crois que l’on pourroit la supprimer totalement. 129 (. N° V. ) . c'h I M I E. Suite des expériences sur les matières animales : extrait d’un mémoire de M. Fourcroy. Sur l’urine humaine . I. L’urine la plus fraîche , quand on la fait évaporer à une chaleur un peu forte , répand une ordeur d’ammoniaque. Cette odeur est due à la décomposition du phosphate d’ammonia- que , dont les principes n’ont entr’éiix qu’une attraction foible. La preuve de cette assertion se trouve dans l’acidité considérable de l’urine évaporée , et dans la quantité plus grande d’am- moniaque qu’il faut alors pour saturer cet acide. II. M. Fourcroy s’est apperçu qu’outre l’am- moniaque il se dégage oit aussi , pendant l’éva.- poration de l’urine ^ une petite quantité d’acide phosphorique, car il n’a pas obtenu autant de pré- cipité par l’eau de chaux de l’urine évaporée :aux trois-quarts , que de la même urine non échauf- fée. Ce fait a été vérifié d’une autre manière ; eii distillant l’urine dans des vases fermés , on a constamment obtenu dans le récipient une pe- tite quantité de phosphate d’ammoniaque , avec excès d’ammoniaque : l’acide phosphorique a été prouvé par l’eau de chaux , quia formé du phos- phate calcaire , et l’ammoniaque par la teinture de v-iolettes. III. Une certaine quantité d’urine, évaporée {environ jusqu’à la moitié de son volume, a été ■abandonnée pendant plusieurs jours au contact de l’air, à la température de quinze degrés du -thermomètre de Réaumur : aù bout de ce temps Tome III. N°. Y. I i*5o T, A M B D E C I N S r~. elle a offert une pellicule verte bleuâtre , qui n’étoit pas dissoluble dans l’eau , mais la ren- doit laiteuse lorsqu’on l’y agitoit pendant quel- que temps ; cette urine , "qui étoit fortement acide immédiatement après son évaporation , étoit devenue ammoniacale , répandoitune mau- vaise odeur et a voit déposé une assez grande quantité de matière jaunâtre. Ces faits prouvent , dit M. Fourcroy , que pour connoître la quantité d’ammoniaque et d’acide phospliorique que contient l’urine , il ne faut pas la faire évaporer dans des vaisseaux ouverts , puisqu’il se dégage toujours une por- tion de l’une et de l’autre de ces matières. La méthode qu’il conseille est de verser dans l’urine fraîche de l’eau de chaux pour l’un , de l’acide muriatique ou sulfurique pour l’autre : par la quantité de phosphate de chaux on connoît celle de l’acide phospliorique ; ensuite , en fai- sant évaporer la liqueur , la quantité de mu- riate d’ammoniaque que l’on obtient , et qu’il est aisé de séparer de celui de soude par le moyen de l’alcool , indique la proportion d’am- moniaque. IV. M. Fourcroy a reconnu la présence de l’acide sulfurique dans l’urine en y versant du muriate de baryte j il se forme un précipité composé de sulfate et de phosphate de baryte. L’acide mu- riatique dissout le phosphate de baryte , et le sulfate de baryte reste seul ; son poids donne celui de l’acide sulfurique. Sur le sel fusible entier de l’urine humaine. I. Depuis six ans M. Fourcroy conservoit dans un bocal de verre recouvert d’un carton , quel- ques livres de sel fusible , retiré de l’urine hu- maine par la première cristallisation j ce sel Eclairée, etc. avoit une couleur brune et une odeur parti- culière , à laquelle a succédé depuis deux ans environ une odeur de musc ou d’ambre très- sensible. Les chimistes , dit-il , ont trouvé que ce sel est composé de deux matières salines , de phosphate de soude et de phosphate d’am- moniaque , ils ont dit qu’on pouvoit lès obtenir à part par la cristallisation. Ayant plusieurs fois essayé d’obtenir séparément ces deux subs- tances salines du sel fusible entier de l’urine , il lui a été impossible d’y réussir complètement ; ils ont paru combinés intimement, et il dit que si une portion se présente presque pure , c’est qu’elle est excédente à la combinaison saline triple qui a lieu entre ces deux matières $ que la portion qni se sépare aussi presque seule ap- partient au phosphate de soude , et que cela n’a lieu qu’à la fin de l’opération. Il s’est apperçu , en purifiant ce sel, que la quantité de phosphate d’ammoniaque diminuoit à mesure que la cris- tallisation avançoit , c’est- à dire que les levées de cristaux contenoient d’autant moins de ce sel qu’elles approchoient davantage de la fin de l’opération $ de manière qu’il peut y avoir clés sels triples de la même nature générale , mais dans un grand nombre cle proportions différentes. II. Le sel fusible de l’urine s’effleurit à l’air , il verdit les papiers teints avec les fleurs de vio- lettes , les cristaux qu’on en obtient , même vers la fin , c’est-à-dire , soit que ce soit du phosphate de soude et d’ammoniaque , ou du phosphate cle soude presque pur, produisent constam- ment cet effet. Cette propriété est très-singu- lière , remarque M. Fourcroy , car il est démon- tré que l’urine , en s’évaporant, perd cle l’am- moniaque sans perdre en -proportion de l’acide I 2 î32 IA M É D E CINE pliospliorique ; que par conséquent elle devient acide , et cependant les sels qu’on en obtient verdissent les violettes au lieu de les rougir. Une autre observation qui n’est pas moins remarquable, c’est que du sel fusible de l’urine , phosphate de soude qui verdit toujours les pa- piers de violettes. Le phosphate d’ammoniaque paroît donc s’être entièrement volatilisé à la chaleur simple de l’atmosphère , comme l’a- voient déjà reconnu MM. Rouelle et Ghaulnes. III. Les différens sels triples, obtenus de la purification du sel fussible entier de l’ urine , donnent tous de l’ammoniaque par la chaux. Cent parties d’un de ces sels régulièrement cris- tallisé, mis dans une cornue, ont donné, i°. une grande quantité d’eau $ i°. une légère dose d’ammoniaque sensible à l’odorat ; 3°. un peu d’acide pliospliorique combiné à l’ammoniaque ; 4°. il est resté dans la cornue soixante parties de phosphate de soude pur , de manière qu’il n’y a peut-être pas o,5 de phosphate d’amino- niacjue dans ce sel triple. Le produit liquide de cette distillation verdissoit les couleurs bleues , et la matière saline restée dans la cornue les verdissoit aussi au lieu de les rougir, comme elle l’auroit dû , puisqu’elle avoit perdu une por- tion plus grande d’ammoniaque que d’acide pliospliorique. IV. Cette manière d’opérer n’ayant pas paru suffisante pour connoître exactement les pro- portions du sel triple de l’urine , M. Fourcroy a eu recours à un autre procédé 5 il a précipité une dissolution dans l’eau par l’eau de chaux, il a ramassé le précipité , qu’il a fait sécher et Eclairés, etc. i33 qu’il a pesé ; il a ensuite saturé la liqueur par l’acide muriatique , et il Fa fait évaporer : les poids des muriates de soude et d’ammoniaque obtenus lui ont donné les proportions de phos- phate de soude et d’ammoniaque. M. Fourcroy avertit que s’il arrivoit de mettre trop de chaux: pour précipiter l’acide phosphorique , il fau- droit , après avoir saturé la soude et l’ammo- niaque, par 1‘* acide muriatique , précipiter la chaux par l’acide oxalique , afin de ne point avoir de inuriate calcaire y très- difficile à séparer d’avec les deux autres à la fin de l’opération. Cent parties de sel fusible de l’urine , ou du phosphate de soude et d’ammoniaque, ont donné par ce procédé , i°. D’ammoniaque 19 2.0. De soude 24 3°. D’acide phosphorique 3a 4°. D’eau. 2.5 100 Sur le calcul de la vessie. Les expériences qui ont été faites au Lycée par M. Fourcroy , ont ajouté à l’analyse de Schéele et de Bergman , sur les calculs de la vessie , les faits suivans : I. La dissolution de quelques calculs dans l’eau rougit assez fortement le papier de tournesol. II. Les calculs donnent de l’acide prussique par la simple distillation à feu nu , et par l’ac- tion de l’acide nitrique ; mais M. Fourcroy décrit cette opération en détail 5 voici comment il s’explique : « La distillation du calcul urinaire donne d’abord un produit liquide sans couleur* ensuite des fluides élastiques composés d’acide 13 ï34 ï. a Médecine carbonique, de gazhydrogène et d’un peu d’azote.' Il s’attache ensuite dans le col de la cornue des cristaux lamelleux, brillans et plus ou moins jau- nâtres d’acide lithique, et du carbonate d’ammo- niaque en petite quantité : il reste dans la cornue une grande quantité de charbon ; on n’ob- tient pas sensiblement d’huile. En examinant le produit liquide , on y reconnoît l’odeur de l’a- cide prussique libre ; on trouve dans l’eau une petite quantité de carbonate ammoniacal et de p-russiate d’ammoniaque : on a facilement dis- tingué la présence de l’acide prussique par l’oxide de fer nouvellement précipité , qui a été changé en bleu de Prusse en le jettant dans cette liqueur ». III. 1VÎ. Fourcrcy pense , d’après ces faits , que le calcul de la vessie ne ‘contient que très- peu d’hydrogène , puisqu’il ne se forme que peu d’ammoniaque , qu’il se dégage une grande quantité d’azote , et qu’il ne se forme point d’huile ; que l’acide lithique ne contient que très-peu d’oxigène , puisqu’il n’y a qu’une très- petite quantité d’acide prussique et carbonique formés , puisque d’ailleurs il reste une très- grande quantité de charbon à nu dans la cornue. IY. M. Fourcroy infère de ces observations que l’acide prussique contient plus d’oxigène que l’acide lithique , puisqu’il n’y a que très- peu d’acide prussique formé par une grande quantité d’acide lithique décompose ; qu’il est vraisemblable qu’il se forme en même temps de l’acide carbonique , mais que la quantité en est très-petite en comparaison de la masse de char- bon qui reste dans la cornue. Il semble , ajoute- t-il, que l’acide lithique est un composé de beau- coup de carbone et d’azote, et de très-peu d’oxi- gène et d’hydrogène. i3 5 Eclairée, etc. Sur plusieurs matières grasses animales com- parées dans leur fusibilité , leur dissolubilité dans V alcool , etc. M. Fourcroy rappelle qu’ayant trouvé plu- sieurs matières analogues au blanc de baleine dans les produits du corps humain , et notam- ment dans la. substance cristalline et blanche des calculs biliaires, dans les corps convertis en gras par leur enfouissement dans la terre , il lui a paru intéressant de comparer ces substances les unes avec les autres , et de déterminer les loix de leur dissolubilité dans l’alcool et de leur fusibilité par la chaleur. Calculs biliaires dans V alcool. Une once cinq gros douze grains d’alcool dissol- vent, à la température de soixante degrés du ther- momètre de Réaumur j cinquante grains de cette matière blanche et cristalline : quoique peut- être il pût s’en dissoudre davantage , il paroît qu’on peut fixer ainsi le terme de cette dissolu- bilité ; elle représente une combinaison dont le rapport des composans est comme un de ma- tière calculeuse biliaire à dix-neuf d’alcool. Leur union est presque nulle , car des cin- quante grains qui avoient été dissous à chaud par l’alcool , il s’en est déposé quarante-huit grains par le refroidissement , et l’alcool mêlé à l’eau ne se troubloit que très-légèrement. Matière grasse des cadavres enfouis dans la terre . Une once d’alcool peut dissoudre , à la tem- pérature de soixante degrés , près de son poids de cette substance , mais il en laisse une grande I 4 *56 r A Médecine partie en refroidissant ; il en garde environ le quatrième ou le cinquième de son poids : de manière qu’une once d’alcool peut dissoudre à froid deux gros de cire humaine , ce qui diffère beaucoup cîu blanc de baleine et de la matière cristalline des calculs biliaires. La substance cireuse des cadavres forme avec les alcalis, un savon beaucoup plus facilement que les autres matières auxquelles nous la com- parons. Blanc de baleine dans V alcool chaud et froid . Une once cinq gros douze grains d’alcool à trente-huit degrés , la température étoit dix , dissolvent six erains de blanc de baleine à l’aide d’une chaleur de soixante degrés du termomètre de Réaumur. Ce corps gras n’est point du tout dissoluble à froid dans l’alcool , puisque de cin- quante grains de cette matière , traités à chaud , avec une once cinq gros douze grains d’alcool , il s’en est séparé quarante-neuf par le refroidis-' sement. Fusibilité comparée du blanc de baleine , de la matière blanche des calculs biliaires , et de la cire du gras des cadavres. Le blanc de baleine commence à se fondre à trente-deux degrés du thermomètre de Réaumur, le thermomètre monte constamment à trente-huit jusqu’à ce que toutes les molécules de cette ma- tière soient fondues à la quantité de cinquante grains 5 mais il paroît que l’on peut en fixer le terme entre trente-deux et trente-cinq. L’espèce de matière cireuse , séparée par les acides des cadavres convertis en gras, commence àse fondre à vingt-huit degrés, etic thermomètre monte ordinairement jusqu’à trente-trois degrés rCLAinÉi, etc. - i3j pendant que cinquante grains de cette matière, réduite en poudre , éprouvent la fusion com- plète ; le vrai terme est depuis vingt-huit jus- qu’à trente : elle est par conséquent plus -fusible que lé blanc de baleine, La matière blanche des calculs biliaires ne se fond que bien au-dessus du degré de l’eau bouil- lante. M. Fourcroy n’en a point encore dé- terminé précisément le degré de fusibilité 5 mais il suffit , dit-il , pour la comparaison avec les deux autres substances , de savoir qu’elle n’est pas même ramollie à la chaleur de quatre-vingt- dix degrés. P FI Y S I Q U E ANIMALE. T rentier rapport des expériences faites , d’après M. l’abbé Spalanzani , sur la génération des grenouilles , par MM. Berlinghieri, Sil- vestre , Robilliard et Brongniart , lu à la So- ciété philomatique , dans sa séance du q janvier iqÿz. La société nous a chargé, MM. Berlinghieri , Silvestre , Robilliard et moi , de répéter les expé- riences de M. l’abbé Spalanzani. Nous venons lui rendre compte de nos travaux pendant 1791. Les faits que nous avons vérifiés et les résultats que nous avons obtenus feront l’objet de ce rapport, qui paroîtra sans doute plus intéres- sant par le degré de certitude qu’il donnera aux assertions de M. l’abbé Spalanzani , dont plusieurs naturalistes sembloient encore douter, que par la quantité de faits nouveaux qu'il pourra lui offrir , la vérification des expériences de ce physicien ayant été l’objet principal de la mission qu’elle a donnée à ses commissaires. *38 La Médecin* Nous n’ayons fait nos expériences que sur une seule espèce de grenouille , le rana esculenta de Linnéus , la grenouille commune de la Cépède 'r ce n’étoit point la même espèce que celle de Spalanzani , mais cet auteur ne l’ayant point déterminée d’une manière systématique , nous n’avons pu savoir de quelle espèce il a parlé. Avant de commencer le détail de nos expé- riences , nous devons rappeler ici la principale cle M. Spalanzani , le but dans lequel il les a faites , et les conclusions qu’il en a tirées. M. Spalanzani a voulu prouver plusieurs points de théorie. i°. Que les œufs des grenouilles n’étoient point fécondés par le mâle dans l’intérieur du corps de ranimai , ni de la même manière que dans la plupart des autres animaux ni par cette carnosité rugueuse du pouce du mâle, appliquée sur la poitrine de la femelle pendant l’accou- plement , ainsi que l’ont prétendu quelques auteurs. 2°. Que les fœtus préexistoient à la fécon- dation , et que les prétendus œufs de la gre- nouille n’étoient que de véritables fœtus non encore animés par la semence du mâle. 3°. Que l’accouplement n’étoit point néces- saire à la fécondation, et que l’on pouvoit imi- ter cette opération de la nature en touchant les œufs avec la liqueur séminale du mâle. Pour prouver ces trois opinions , M. Spalan- zani a fait une grande quantité d’expériences. Premièrement il a examiné avec soin les gre- nouilles pendant leur accouplement , et n’a reconnu aucun contact immédiat entre les or- ganes mâles et femelles ; au contraire il a vu que les œufs étoient arrosés par la liqueur sémi- nale du mâle à mesure qu’ils sortoient de l’u- éclairée, etc. 189 ter ns de la femelle. Il a vu que la femelle , sé- parée du mal dans ce moment , ne pondoit plus que des œufs stériles. Il a mis des caleçons aux mâles et s’est opposé ainsi à la fécondation, des œufs. Secondement, ayant examiné avec soin les œufs fécondés des grenouilles , il a vu que c’étoit ce point noir qui se développoit en fo rme de têtard , et non le têtard qui sortoit du point noir : il en a conclu que le point noir étoit l’embryon du têtard mis en mouvement par la liqueur séminale du mâle. Troisièmement enfin, il a arrosé des œufs de grenouilles avec des doses de liqueur sé- minale plus ou moins fortes et a constamment obtenu des têtards. M. Spalanzani a conclu de ces trois corps d’expériences , i°. que les œufs de grenouilles étoient fécondes en dehors du corps de l’a- nimal ; 2°. que ces œufs n’étoient que de véri- tables embryons de grenouilles privés de vie ; 3°. que les prétendus œufs pouvoient être fé- condés artificiellement. Nous allons rapporter les expériences que nous avons faites sur ces mêmes objets : passant rapidement sur celles qui nous donnent les mêmes résultats , nous ne nous arrêterons que sur celles dont nous ne croirons pas pouvoir tirer les mêmes conclusions que M. l’abbé Spal/nzani. > S* I. Expériences sur V accouplement et la ponte des grenouilles. Dans l’accouplement des grenouilles , ainsi que 1 ont dit Rœsel et plusieurs autres auteurs , le male passeses pattes antérieures sous les aiselles de la femelle et vient les rejoindre sur sa poitrine, en y appliquant la carnosité rugueuse de ses *4° La Médecine pouces ; il y est si solidement fixé qu’il faut beaucoup de peine pour lui faire lâcher prise , et cette action est tellement inhérente aux muscles des bras clans ce moment , que les bras du male , séparés de sa femelle et n’embrassant plus rien , restent dans la même situation pen- dant quelques instans. La durée de l’accouplement est très-variable , quelquefois elle n’est cpie de vingt-quatre heures. Nous avons eu des grenouilles accouplées pen- dant plus de vingt jours j elles ne prennent alors aucune nourriture. Cetanimal, pendant tout le temps qu’il est ainsi fixé sur le dos de sa femelle , ne fait rien pour la fécondation ; il paroît attendre dans cette situation le moment de la ponte afin d’arroser, avec sa liqueur séminale , les œufs à mesure qu’ils sortent : tout ce qu’il peut faire c’est de hâter et d’aider la ponte par la pression qu’il exerce sur le ventre de sa femelle. A l’instant où les œufs s’échappent de l’uté- rus, dit Rœsel , on voit une vapfeur blanchâtre qui , partant de l’anus du mâle , enveloppe les œufs qui sont alors fécondés. L’abbé Spalanzani dit avoir vu pareillement une pointe peu longue qui sortoit proche l’anus du mâle , et versoit une petite liqueur limpide sur les œufs d’une grenouille mise à sec. Ces observations très-intéressantes son: de fortes preuves de la fécondation extérieure. Nous eussions bien voulu le vérifier , mais nous ne pûmes y parvenir ; la ponte du ranci escu - Tenta est si prompte que nous ne pouvions être a temps pour la saisir. Nous passâmes quatre nuits et quatre jours de suite à examiner avec attention une douzaine de grenouilles accou- plées sans pouvoir rien appercevoir de satis- faisant. S C I A I R B E , etc. I4t Durant la première et la seconde nuit, au- cune grenouille ne pondit ; le matin nous étions sept observateurs à l’entour de ces grenouilles, une d’entr’elle pondit dans un instant si court que personne ne l’apperçut. La quatrième nuit s’annonça d’une manière plus heureuse. Vers sept heures du soir quel- ques œufs , que nous apperçûmes dans le bocal où étoit une grenouille accouplée, nous laisoient penser que la ponte totale n’étoit pas éloignée. Nous l’examinâmes avec soin: la lumière que nous étions obligé d’employer , inquiéta proba- blement cet animal , car il fut très -long-temps avant de pondre le reste de ses œufs ; enfin ce moment arriva , mais dans cet instant le mâle et la femelle s’agitèrent dans l’eau si fortement qu’il nous fut impossible de rien distinguer. Une autre grenouille, que nous saisîmes peu après dans le milieu de sa ponte, s’arrêta dès que nous voulûmes l’observer avec de la lu- mière 5 mise à sec , elle se clésacoupla. Tous ces faits nous confirmèrent dans l’o- pinion que l’espèce que nous examinions n’é- toit point celle de M. l’abbé Spalanzani , car Fauteur italien assure qu’il est très -facile de voir le mâle arroser les œufs qui sortent pendant une ponte c^ui dure environ une heure. Nous nous consolâmes un peu de la non réus- site de nos observations en lisant dans Rœsel qu’il avoit passé bien des nuits , pendant plu- sieurs années, avant d’être parvenu à voir clai- rement la ponte du rana esculenta accouplée. Ne pouvant prouver d’une manière directe la fécondation externe des œufs de grenouilles, nous employâmes des moyens indirects. Au bout de plusieurs jours d’accouplement nous retirâmes un mâle d’avec sa femelle, et *42 La Médecins laissâmes pondre celle-ci clans un vase séparé. Les œufs furent constamment stériles. . Nous mîmes des caleçons de taffetas à des mâles de grenouilles accouplés, leurs femelles pondirent et lesœufs furentconstamment stériles. Ces expériences nous prouvoient suffisam- ment que non - seulement les œufs n’étoient point fécondés par les pouces rugueux du mâle , mais encore qu’ils l’étoient en dehors du corps de l’animal. Cette opinion de la fécondation par les pouces du mâle , a été celle de plusieurs naturalistes. Elle étoit pareillement adoptée par un natu- raliste très -connu, correspondant de la so- ciété $ il l’abandonna facilement en assistant à nos expériences. §. II. Des fécondations artificielles . Nous avons répété presque toutes les expé- riences que M. l’abbé Spalanzani à faites sur les grenouilles ; mais comme elles tendent à un meme but, nous nous bornerons ici à rappeler les principales. Ayant séparé deux grenouilles accouplées depuis plusieurs jours , nous retirâmes de l’uté- rus de la femelle les deux masses d’œufs qui y étoient contenus , et les divisâmes en trois por- tions. Nous ouvrîmes ensuite le mâle , et piquant dans un verre de montre une des vésicules sé- minales , nous étendîmes cette liqueur avec un petit pinceau sur la surface de la première portion d’œufs. Nous broyâmes un testicule dans une petite capsule de verre, et nous humectâmes avec cette liqueur la seconde portion. Enfin la troisième portion d’œuf fut mise à part à une même tem- pérature, et dans une eau tirée du même vase. li C L I I R £ £, etc. 143 Au bout de trois jours les deux portions d’œufs, humectées de la liqueur du vésicule et des testi- cules , commençoient à éprouver les altérations qui se manifestent dans le développement du têtard , la portion non fécondée n’éprouvoit aucun changement. Cinq jours après les têtards fécondés artificiellement nageoient dans l’eau des vases , tandis que les autres étoient tombés en putréfaction. Cette même expérience répé- tée plusieurs fois réussit également. Nous variâmes les fécondations artificielles de la manière suivante. Ayant extrait de l’utérus d’une femelle les deux masses d’œufs qui y étoient contenues, nous les divisâmes en plusieurs portions. Nous mî- mes soigneusement à part la première, à laquelle nous ne touchâmes point. Nous pesâmes ensuite deux grains de semence tirée des vésicules , et mêlâmes cette petite dose avec une demi livre d’eau ; prenant avec une épingle des goutelettes de cette eau, nous en touchâmes plusieurs œufs : au bout de quelques jours la plupart de ces œufs donnèrent des têtards. Nous mêlâmes de la semence avec partie égale d’urine , et obtînmes de ce mélange un égal succès. L’abbé Spalanzani n’ayant point dit si un. accouplement antérieur étoit nécessaire aux fécondatious artificielles, nous voulûmes le sa- voir. Les œufs d’une femelle accouplée ayant été fécondés avec la semence d’un mâle non accouplé , nous tirâmes de l’utérus d’une autre femelle , non accouplée , les œufs qui y étoient contenus, et prenant les testicules d’un mâle pa- reillement non accouplé, nous fécondâmes ces œufs avec la liqueur broyée dans l’eau. Huit jours après, des têtards très-nombreux avoient pris tout leur développement , nouvelle preuve de 1 4 ^ La M b d e c i n jç l’inutilité de l’accouplement pour la fécondation. Nous devons remarquer ici que les féconda- tions artificielles réussissant très-bien avec la liqueur de la vésicule , sont une objection assez forte au système de M. Chaptal qui, clans un mémoire inséré dans le Journal de Physique , prétend que ces organes ne servent point à con- server la véritable semence , et que la liqueur qu’ils renferment n’est point prolifique. Nous avons souvent examiné au microsco- pes les differentes liqueurs séminales de gre- nouilles , de salamandres, de carpes et de chiens. Nous y avons presque toujours vu unanimement des animaux microscopiques parfaitement sem- blables à ceux qui ont été décrits par Spalan- zani , mais les fécondations artificielles que nous avons tentées sur ces dernières espèces d’a- nimaux , les salamandres , les carpes et les chiens, on tété jusqu’à présent infructueuses : les travaux que nous nous proposons de suivre cette année , nous permettront sans doute de fixer notre opinion à cet égard. S. III. Du développement des têtards. Les œufs pondus par les grenouilles accou- plées sont , dans les premiers momens de la ponte , absolument les mêmes que ceux pondus par les grenouilles non accouplées. La descrip- tion de ces œufs, faite par M. l’abbé Spalan- zani , diffère un peu de nos observations ; nous croyons devoir les rapporter avec quelques détails. Immédiatement après leur sortie de l’utérus , les œufs présentent une masse de la grosseur à- peu-près du ventre de la grenouille , formée de points noirs qui sont environnés chacun d'une matière transparente , peu épaisse alors , mais très- gluante : au bout de quelques momens éclairée, etc'. 14S de leur séjour dans l’eau ces œufs augmentent sensiblement de volume et finissent par eil acquérir un trois ou quatre fois plus grandi'. Ils ressemblent alors à autant de sphères trans^a!*- rentes de la grosseur d’un pois , qui seroient toutes réunies , et qui auraient à leur ceütre un point noir. A mesure qu’elles prennent ce Voluftie , ces sphères laissent appercevoir les différentes liqueurs dont elles sont composées : le centre , ainsi que nous venons de le dire , est un point noir gros comme un grain de millet , présentant un segment blanc qui , dans tous les œufs d’uiie même masse , est tourné presque toujours cîu même sens. Ce point noir est environné d’uii petit cercle très-transpUrenü et assez mince pour qu’il soit souvent difficile 7 de Tappéree^oif à l’œil nu 5 c’est ce petit cerclé que; M. S pal an - zani appelle l’auminos. -Ahtouf.de ce cerclé é£t une auréole plus ou moiifs laiteuse , qui ne s’ap- perçoit que dans les oeufs ttês-recens , et pondus dans de Teau claire : cette auréole , dans les pre- miers instans , est très -distincte de la dernière portion transparente de la glu ; mais à.mèsuté que l'œuf augmente de volume, il se perd in- sensiblement dans la couche superficielle, en diminuant d’intensité. M. Spalanzani reeorinèît dans chaque sphèrè trois membranes 5 la première , et la plus super- ficielle , envelope la sphère 5 la seconde est entré l’amiiios et cette membrane superficielle j là troisième est celle qui enveloppe les eaux d& i’anâ’ffios. 1 ’ ' J Nous sommes portés à croire qu’il n’ÿ a réel- lement point de membrane entre l’aminos et la membrane superficielle. Le caractère d’une mem- brane en effet est de donner quelque preuve dé son existence , soit en opposant une certaine résistance au déchirement, soit en donnant des tome III . N°. Y. K 1 46 il a Médecine caractères d’une densité plus grande que ce qu’elle renferme ; or , cette prétendue membrane moyenne ne présente aucun de ces caractères. Nous pensons , d’après cela, que les différences que l’on remarque entre les couches de glu appliquées sur l’amnios , sont dues aux diffé- rences de densité de cette glu : la manière .dont l’auréole laiteuse se perd par des nuances insen- sibles dans la sphère transparente , confirme cette opinion. Au bout de trois ou quatre jours , selon la tem- pérature , les points noirs changent de forme ; ilss’alongent, une des extrémités devient pointue et mince , l’autre obtuse et grosse , avec deux espèces de tubercules : cette figure est un peu courbée 5 l’amnios, toujours rond et transparent, est alors très-visible* En observant au microscope la liqueur limpide qui , contenue dans cette membrane , environne le têtard , nous y re- connûmes distinctement plusieurs animacules ovoïdes qui y couroient avec rapidité. Le point noir augmente toujours ainsi en changeant de forme, jusqu’au moment où, alongé et pourvu de petites nageoires. , il est assez fort pour sortir de la glu qui l’enveloppe ; alors il com- mence à nager dans l’eau. Tous les têtards ainsi éclos se rassemblent en masses , qui ont la forme d’une étoile $ iis réunissent toutes leurs têtes dans un seul point , et toutes les queues , assez longues de ces petits animaux , forment comme autant de rayons divergens : ce développement est absolument le même dans les œufs fécondés naturellement ou artificiellement. D’après ce que nous venons de rapporter sur le développement du têtard , on voit très- bien , comme le dit M. Spalanzani , que le pêtarcl n’est point sorti du point noir , que c’est au contraire le point noir qui est devenu ÉCLAIRÉE, etC. 3 47 têtard , sans laisser aucune enveloppe. De là M. Spalanzani conclut que le point noir n’est autre chose que le têtard lui-même , qui n’attend pour se développer qu’un irritant qui puisse imprimerie mouvement à son cœur : cet irritant , suivant lui , est la liqueur séminale du mâle. Cette théorie , spécieuse au premier coup- d’œil , renverse celle de la réunion des deux semences pour établir le système des germes préexistans àla fécondation ; mais M. la Cépède , dans son histoire de la grenouille commune , a répondu d’une manière très-satisfaisante à M. Spalanzani , et les expériences que nous avons faites viennent à l’appui de son assertion. M. la Cépède regarde le têtard non pas comme un animal sorti d’un œuf, et devant ensuite se transforner en grenouille , mais comme urz œuf dont les membranes minces permettent à l’animal qu’il contient d’agir et de se mouvoir, comme un œuf enfin diff érent encore des autres œufs en ce que l’animal 11e l’abandonne pas tout d’un coup , mais petit à petit , de la même manière que les grenouilles changent de peau. Nous avons suivi avec attention la transforma- tion des têtards en grenouilles , et nous avons remarqué, i°. que les pattes déjà développées dans l’intérieur de cette membrane n’en sor- toient que lorsqu'elles avoient pris un certain accroissement, et qu’elles on sortoient en per- çant' cette première peau. 20. Que la queue ne tomboit point tout d’un coup , mais qu’elle se détruisoit et tomboit en sphacèle à mesure que les pattes postérieures prenoient de l’accroissement (1). 5°; Nous avons pris plusieurs têtards assez avancés en âge , ensorte que l’on appercevoit 1) Roesel avoit déjà fait à peu près cette observation. K 2 *48 La Médecine au travers des téguinens les rudimens des pattes : nous les avons dépouillés avec soin de leur pre- mière enveloppe , et nous avons enlevé assez faci* lement , dans plusieurs endroits , une pellicule mince qui recouvroit les pattes , et qui pas- sant par - dessus les yeux , dont on pouvoit facilement la détacher , alloit s’enfoncer dans la bouche et dans les autres cavités. Le têtard , ainsi dépouillé , ressembloit parfaitement à une petite grenouille recouverte de sa peau ; les quatre pattes s’y trouvoient , et la tête étoit celle d’une grenouille et non celle d’un têtard. On pourroit donc regarder , avec M. la Cépèdc , le têtard comme un véritable œuf qui , ne contenant point la substance utile au jeune individu, est percé des ouvertures nécessaires pour qu’il la prenne au dehors. La coquille de cet œuf est la peau du têtard ; elle ne tombe point tout d’un coup comme une coquille d’œuf d’oiseau, mais petit à petit et couche par couche, comme le fait la queue de cet animal , organe musculeux cependant , et beaucoup plus fort qu’une légère membrane. Il est d’autant plus étonnant que l’ingénieux abbé Spalanzani n’ait pas remarqué ce phéno- mène , qu’il frappe tous ceux qui observent le développement des têtards , et que M. Berling- hieri , l’un des commissaires, nous avoit ex- posé cette même théorie avant de connoître l’opinion de M. la Cépède. Constitution du trimestre d’ automne de Vannée 1792, lue à la Société royale de JMédecine le 27 février 1792 , avec le détail des maladies qui ont régné pendant cette saison ; par M. Geoffroy. A la suite d’un etc dont la température en gé-r ÉCLAIRÉE, etC. l49 lierai avolt été fort sèche , et sur- tout vers la fin , est survenu un automne plus humide et assez doux. La première huitaine du mois d’octobre a ressemblé à la fin de septembre , le temps a été beau et tempéré jusqu’au 7 , que le vent ayant quitté le nord-est pour tourner d’abord au sud, puis au sud-ouest, a amené une pluie douce qui a duré vingt - quatre heures, et qui a éré suivie de pluies légères par intervalles , et d’un temps entre-mêlé de jours plus froids et d’autres plus doux, ainsi que de quelques beaux jours, ce qui a continué jusqu’au 19, moment où nous avons eu un orage assez fort, qui nous a pro- curé des jours froids et même quelques jours de gelées. Le 2.6 il est tombé une pluie fort froide , le vent soufflant du sud-est , uyais le reste de ce mois a été assez beau par une gelée assez vive pour la saison. Le mois de novembre a été encore plus in- constant que le précédent. Pendant les quatre premiers jours , le ciel a été couvert , le froid étoit noir, mais les jours suivans le temps s’est remis au beau , et la gelée a été assez forte pour que le thermomètre descendît à cinq dégrés au- dessous du terme de la glace, le vent soufflant du nord-est. Le 12 , le temps a changé de nou- veau ; il est tombé une petite pluie qui a ramené une température douce jusqu’aux 22 et 23 , que la gelée a repris, et a été accompagnée d’un brouillard très-fort et pesant , ce qui a été suivi d’un temps plus doux , de quelques pluies lé- gères, et ensuite d’un vent violent le 28. Le mauvais temps , les pluies froides et sou- vent continues , ainsi que les vents forts , n’ont pas discontinué les dix premiers jours de décem- bre alors la neige et la gelée sont survenues ; elles ont été suivies, tantôt de pluies froides et presque continuelles, tantôt de neige jusqu’au K 3 ï5o la Médecine 29 , que le temps est devenu beau et légèrement froid, ce qui a duré les trois derniers jours de l’année. Octobre. Le temps inconstant, qui au commencement de l’automne a succédé assez promptement à un été sec et chaud , principalement sur la fin , a contribué beaucoup à augmenter le nombre des maladies dans les premiers jours d’octobre. Les petites véroles, qui avoient commencé à régner dès le mois d’août, sont devenues plus nom- breuses et épidémiques : cependant, en général, elles ontété discrètes et peu meurtrières, et parmi une quantité assez considérable que j’ai eu occa- sion de traiter pendant ce mois, non- seulement chez les enfans et les jeunes gens, mais même parmi les adultes et des personnes d’un certain âge , je n’ai vu périr qu’une seule femme d’une cinquantaine d’années, qu’une goutte remon- tée , maladie à laquelle elle ëtoit sujette , a em- portée presque subitement le troisième jour de l’éruption. L’humidité froide a réveillé les affections ca- tharrales , que la chaleur précédente avoit dis- sipées. Outre les attaques cle goutte , et de rhu- matismes goutteux , la poitrine a été souvent le siège sur lequel s’est fixée l'humeur du catliarre , ce qui a donné naissance à des toux opiniâtres , et même à des péripneumonies et des pleu- résies assez graves. Cependant la plupart de ces maladies , après une couple de saignées faites au commencement, et quelquefois l’application d’un vésicatoire sur le côté , se sont terminées le 7 ou le 9 par des moiteurs douces et soutenues. Je n’ai vu qu’un seul de ces malades périr* c’étoit un homme âgé, dont la maladie parois- soit prendre un cours heureux jusqu’au sixième ÉCLAIRÉE, etc. l5l jour, et qui fut emporté le septième , en ciuq à six heures, par une suffocation et suppression subite des crachats , malgré les vésicatoires que j’avois fait appliquer de bonne-heure aux jambes et qui suppuroient abondamment , et malgré l’usage soutenu de légers incisifs. Les diarrhées et les dissenteries , suites de la suppression de la transpiration , ont été aussi assez nombreuses , sans être cependant dangereuses ; il en a été de même des fluxions , des ophtalmies, des érési- pèles au visage , dont plusieurs personnes ont été plutôt incommodées que malades, la plupart de ces maladies , à l’exception des érésipèles , n’ayant point été accompagnées de fièvre. Il y a eu aussi , dans la première moitié de ce mois , quelques apoplexies , dont une des plus fortes a frappé de mort , en trois jours , une femme très- grasse, âgée d’environ soixante ans 5 mais sur la fin du mois , quoique le nombre des malades ait un peu diminué , les maladies que nous avous eu à traiter ont été beaucoup plus graves. Les fièvres putrides ont été nombreuses et accompa- gnées de délires et de mouvemens convulsifs dans les tendons $ elles ne se sont terminées qu’après vingt-un jours , par des évacuations bilieuses critiques , et j’en ai vu une dont la crise s’est opérée par une abondante expectoration de crachats purulens qui , pendant un mois qu’elle a duré , a mis la malade à deux doigts de la mort. Je n’ai vu dans le cours de ce mois qu’une seule fièvre véritablement maligne , encore 11’ai-je été appellé que le huitième jour de la maladie. C’étoit un jeune homme de mérite, excédé par un travail d’esprit forcé et par les veilles. Son pouls , quand je le vis , étoit petit, concentré et médiocrement fréquent ; la chaleur de la peau médiocre et presque naturelle ; ses urines presque semblables à celles que l’on rend en K 4 tSz La Mïdjscinï: santé ; mais il y avoit perpétuellement un dé- lire obscur, des soubresauts dans les tendons, un tremblement dans les mains et dans les lèvres , et des convulsions dans les muscles de la face. Vers le quinzième jour de la maladie il parut des taches gangreneuses, qui commen- cèrent par les plaies clés vésicatoires qu’on lui avoit appliqués , et qui gagnèrent les extrémités inférieures ; enfin survint une évacuation d’un sang noir dissous , et d’une odeur infecte et putride , qui termina cette affreuse maladie et fit périr, à la fleur de l’âge, un citoyen précieux à la patrie , sans que les anti-septiques les plus actifs , la décoction de tamarin , et celle de quinquina acidulée, lui ayent pu apporter aucun soulagement. Les petites véroles étoient un peu moins nombreuses sur la fin du mois qu’au commencement, sans cependant qu’elles aient cessé de tout l’automne ; probablement on étoit redevable de cette rémission au froid et aux gelées qui revenoient par intervalles. Novembre Le nombre des malades, qui s’est soutenu dans le commencement du mois de novembre, a com- mencé à diminuer vers le milieu, et sur la fin nous n’avons eu que très peu de maladies aigues. Celles qui ont régné le plus communément ont été les fièvres intermittentes , tierces , doubles tierces et quartes , qui , malgré la mauvaise saison , n’ont pas été rebelles , et ont cédé aux fé- brifuges , précédés des vomitifs et des purgatifs ; mais plusieurs de ces malades ont été repris au bout de quinze jours ou de trois semaines , les un plutôt , les autres plus tard , à la suite de quelque*» erreurs dans le régime , ou pour s’etie exposés imprudemment au froid et surtout à l’humidité. Les rhumes et les catharres ont été aussi fréquens que le mois précédent, sans être ÉCLAIRÉE, etc. l53 plus dangereux : un seul a dégénéré en périp- neumonie plus catharrale qu’inflammatoire , qui s’est terminée heureusement. Nombre de personnes ont été attaquées de fluxions , de maux de gorge, d’érésipeies et de rhumatismes, toutes maJadies qui dévoient leur origine à l’hu- midité froide, et à la suppression de la transpi- ration qui en étoit la suite. C’est à la même cause que j’attribue les diarrhées et les dissen- teries , qui ont été encore plus fréquentes que le mois précédent. J’ai traité un militaire attaqué d’une de ces dernières , qu’une imprudence avoit rendu très-grave. Cet homme , fort et vigoureux , dans la force de l’âge , attaqué d’une dissen- torie , étoit néanmoins parti de Besançon pour venir à Paris , et dans le cours de son voyage il avoit continuellement rendu des glaires ensan- glantés, dans un bassin qu’il avoit dans sa chaise de poste. A son arrivée la fièvre étoit vive , le visagè allumé , et le ventre très- sensible , tendu et douloureux. Je fus obligé de faire saigner trois fois très-promptement : les fomentations , les lavemens émoliiens , les boissons adoucis- santes et mucilagineuses , furent mis en usage. En peu de jours ce traitement fit cesser la fièvre , le sang disparut dans les déjections ; la bile , qui étoit arrêlée , commença à couler , et le malade s’est rétabli assez promptement , à la suite de quelques minoratifs , toujours suivis le soir de quelques légers caïmans , suivant la pra- tique de Sydenham. Je ne sais si ce n’est pas à l’humidité froide , qui a régné dans ce temps , qu’on peut attribuer quelques éruptions cuta- nées , ruais légères et sans lièvre, dont plusieurs personnes se sont plaintes. Sur la fin de ce mois j’ai eu occasion de voir une Lèvre lente nerveuse très-caractérisée , ac- compagnée de morosité et de mélancolie , suite de la masturbation : heureusement le jeune 154 La Médecine homme n’y a pas succombé , en suivant les con- seils que je lui ai donnés avec un de mes confrères. J’ai remarqué que pendant ce mois les phti- siques , dont je voyois un assez grand nombre , ont plus souffert , et plusieurs ont terminé leurs jours , que l’inconstance de la mauvaise saison a pu contribuer à abréger. Décembre. La température du mois de décembre ayant été la même que celle du mois précédent, les maladies qui ont régné ont offert les mêmes caractères. Le froid humide dé la saison a en- tretenu la constitution catharrale , qui a donné naissance à des fluxions de différentes espèces , à des rhumes longs et opiniâtres , à des rhu- matismes et des diarrhées. Les fièvres tierces, et encore plus les quartes , ont continué de régner : j’ai vu plusieurs de ces dernières, déjà anciennes, qui éloient accompagnées d’obstruc- tions , auxquelles ont succédé des enflures et des bouffissures très-difficiles à guérir. Un ma- lade, venu de province dans ce déplorable état, y a succombé quatre jours après son arrivée. Les Iietites véroles ont continué d'être fréquentes , a plupart bénignes et quelques - unes con- fluentes : une de ces dernières a fait périr , au douzième jour , un enfant de vingt mois dont les boutons , singulièrement petits , étoient si nom- breux que sa peau ressembloit à une espèce de chagrin. Les fièvres bilieuses putrides n’ont pas discontinué : plusieurs enfans principalement en ont été attaqués Quoiqu’elles fussent accompa- gnées de symptômes graves, de délire, de soubre- sauts dans les tendons $ elles se sont terminées heureusement vers le vingt unième jour. Les astbrnatbiques ont beaucoup souffert pendant ce mois j quelques-uns ont succombé à des liydro- i c l ’a i r é i , etc.1 i55 pisies de poitrine , suites de cette première ma- ladie, et la mauvaise saison a rendu les phtisies fort communes : en général cette dernière ma- ladie me paroît devenue plus fréquente depuis quelques années. C’est probablement à l’intempérie de la saison qu’on doit attribuer les dépôts laiteux et les fièvres puerpérales qu’ont éprouvés quelques ac- couchées, qui peut-être s’étoient attiré ces ma- ladies par quelques imprudences. Une de ces fièvres , bien caractérisée , a été guérie par la méthode de feu M. Doulcet , et une autre jeune femme dont le lait , porté à la tête , avoit ex- cité un transport des plus violens , a dû un prompt soulagement à deux saignées du pied très-rapprochées, à l’application clés vésicatoires aux jambes , et ensuite , lorsque la fièvre et le spasme ont été calmés , à l’usage répété des laxatifs. Quant aux dépôts laiteux , les uns sur les bras , les autres sur la cuisse , ds ont été très-difficiles à guérir , et ce n’est qu’à la longue que les sudorifiques , entre-mêiés d’évacuans, ont eu du. succès. CHIRURGIE. Observation sur la nécrose ; extrait d'un mé- moire sur cette maladie , par M. Laumonier , chirurgien en chef de V IIo tel Dieu de Rouen . Livré depuis long-temps à des recherches sur cette maladie , le hasard ne m’avoit offert que des nécroses formées , compliquées de fistules et de carie de quelques points de l’écorce os- seuse qui renfermoit le séquestre que la nature s’efforçoit d’atténuer pour l’expulser ; car alors il est non seulement livré à une destruction spontanée , mais encore à l’action de la cha- leur , de l’humidité et même du principe vital , qui donne à tous les agens une activité très- î56 La Médecine considérable , car il est de fait que la disso- lution est plus rapide et plus complète dans une partie d’un tout vivant que dans un ensemble jnort . Je connoissois les superbes expériences de M. Troja , elles m’ont appris que la destruction de la moelle produisoit sur certains animaux une nécrose artificielle, d'où cet habile homme a presque conclu que cette maladie n’étoit et ne pouvoit être produite par une autre cause. J’ai été mieux servi à mon arrivée dans l’Ho- tel-Dieu de Rouen ; le hasard m’a présenté une nécrose naissante que j’ai vu s’accroître, par- venir à son état et guérir. Le nommé François-Romain Renard , de la Chapelle-Breteau- , près de Ponteaudmer , âgé de neuf ans , étoit à l’IIôtel-Dieu vers la un de 1784, pour y être traité d'une petite tumeur , située sur la partie moyenne antérieure du tibia droit , qu’il dit être la suite d’une légère contusion. La chose étoit assez peu doulou- reuse pour être négligée pendant plus de trois mois, et elle l’auroit sans doute été bien plus long temps , si l’augmentation du volume n’a- voit inquiété les parens plus que la douleur ne gênoit le malade. n Il fut apporté à l’hôpital quelques jours avant mon installation, et il fut un des premiers qui fixa particulièrement mon attention. J’examinai attentivement l’état de cette jam- be , je trouvai le tibia gonflé depuis sa tubéro- sité antérieure supérieure , jusqu’il la malléole interne en ligne oblique , qui laissoit dans l’état naturel la moitié inférieure de la face externe de la jambe. Le gonflement, quoique dur et fort épais, me parut pâteux et élastique dans certains points ; il augmenta le volume du tibia d’un demi-travers de doigt dans toute la circonférence iCLAIRBK, etc. 157 de la partie postérieure d’une manière plus douteuse , à cause des muscles jumeaux et so* laires qui le recouvrent dans cet endroit ; la peau n’étoit point altérée dans sa texure ni dans sa -couleur, le pouls du malade étoit fébrile, sa langue pâteuse et légèrement amère , les douleurs étoient sourdes, et l’accident le plus marqué étoit l’insomnie la plus fatigante. Je fis appliquer sur toute la jambe un cata-> plasme aromatique , et prescrivis le régime con- venable. J^e cinquième jour le malade fut purgé et le sommeil commença à être plus tranquille; la jambe resta dans le même état jusqu’au qua- trième mois de séjour dans l’hôpital , pendant lequel temps le régime et les moyens généraux furent méthodiquement employés. Alors la jambe se fractura d’elle-même et sans effort, malgré les faux fanons qui la soute- noient. La fracture étoit située vers le quart supérieur, et parut être oblique et sans dépla- cement : le gonflement ne parut pas sensible- ment augmenté en épaisseur , mais un peu en étendue , car alors il occupoit toute la partie inférieure externe , jusqu’à la malléole exclusivement. Toutes les ressources du toucher ne m’avoient encore fait connoître aucune fluctuation jusqu’à ce moment ; elle parut d’abord d’une manière équivoque sur l'a face interne du tibia, très-près de sa crête , qui étoit alors effacée par une sur- face d’environ un pouce et demi , près de deux pouces. Chaque jour la fluctuation devint plus sensible, et la jambe, qui n’étoit fracturée que danssapar- tie supérieure , se fractura de nouveau vers les malléoles, c’est-à-dire qu’il se fit une désunion de l’épiphise inférieure d’avec le corps de l’os. L’indication générale étoit d’ouvrir le sac, qui eontenoit manifestemènt une très-grande quan- i5S La Médecine tité de matière purulente , qui devoit abreuver les surfaces des os fracturés ; mais s’il est des cas où il faut sortir du sentier ordinaire , c’est particulièrement celui-ci. En pratiquant une ouverture j’aurois évacué du pus et soulagé mon malade pendant trois ou quatre jours, mais il auroit payé de sa jambe et probablement de sa vie le foible soulagement que lui auroit pro- curé cette fâcheuse entreprise. J’ai respecté le travail de la nature , qui ébau- choit les premiers rudimens d’un nouvel os, sans lequel la jambe devenoit plutôt à charge qu’u- tile au malade. J’ai suivi avec la plus scrupu- leuse attention les progrès de cette ossification , et je trouvai le premier noyau sensible au tou- cher , situé sur la partie antérieure de la région moyenne du tibia. Il s’est prolongé intérieu- rement , en suivant une ligne oblique du haut en bas, et de dehors en dedans supérieurement, et s’est élevé assez perpendiculairement. Parve- nu à la hauteur de l’insertion du ligament de la rotule , il s’est formé une espèce de pont qui s’est porté transversalement de dedans en de- hors, et qui s’est uni à un ay':re point d’ossifica- tion situé postérieurement. ' Sept à huit jours après , un nouveau pont , partant du premier noyau situé sur la partie moyenne du tibia, s’est porté vers un prolongement osseux qui sortoit de dessous le corps du muscle jambier antérieur. La partie inférieure de la jambe a été plus long- temps à présenter les signes d’une nouvelle ossi- fication; cependant environ trois semaines après la formation du point moyen, je sentis qu’il se formoit une portion de bracelet osseux au- dessus de la malléole externe , et qu’il se prolon- geoit jusqu’à la partie externe de la ligne obli- que qui descendoit du noyau primitif. De ces trois noyaux, osseux unis en avant par une bande longitudinale, a résulté une espèce de ÉCLAIRÉE, etC. I69 carcasse ; les intervallesse seroient probablement ossifiés si le tibia primitif , devenu corps étran- ger et ne participant plus à la vie commune, dont il avoit été dépouillé à l’instant où la matière amassée sous le périoste a décolé cette mem- brane dans toute l’étendue du séquestre, n’avoit irrité les portions de ce fourreau , dans lequel le dépôt de matière crétacée 11’avoit point en- gourdi le sentiment par la replétion de ses mailles ou aréoles. De cette irritation sont nées trois fistules qui se sont fait jour à travers la peau : la matière qui en est sortie dans le prin- cipe étoit louable et assez onctueuse -, bientôt après, elle est devenue semblable à du petit- lait mêlé de quelques flocons caséeux. La fièvre lente suppuratoire s’est fait sentir à mesure que la matière a changé de consistance. L’insomnie a recommencé , avec une espèce de diarrhée , contre lesquelles le quinquina en lavage a été d’une grande efficacité. Les pansemens ont été faits avec la plus grande attention , pour em- pêcher l'introduction de l’air dans le foyer et s’opposer à la diathèse putride qui s’en seroit suivie. Par ces moyens la fièvre suppuratoire et le déroiement ont été presqu’entierement dissipés, la marche de l'ossification est devenue plus rapide , jusqu’au moment où la nature a tenté elle -même l’expulsion du séquestre enfermé dans l'étui osseux qu’elle venoit de construire. Le trou flstuleux supérieur présenta une portion d’os tranchante , d’une couleur assez blanche , que je saisis avec des pinces , pour en tenter l’extirpation ; elle étoit mobile , mais elle me parut tenir à une masse très-étendue , que je pouvois à la vérité faire monter et des- cendre , suivant la longueur du cilindre nou- veau , mais non pas extirper sans une opération préliminaire. i6cj La Médecine L’indication me parut déterminante ; cepen- dant , avant de procéder à son exécution , je cherchai à m’assurer si ie nouveau cilindre étoit en état de résister à la contraction des puis- sances motrices qui ont leurs attaches sur dif- férons points de son étendue, et s’il y âvoit lieu d’espérer que nonobstant la perte que ce nouveau tibia alloit essuyer, il pouvoit soutenir le poids du corps et servir de remplacement à l’os dont il avoit pris la place. Telle étoit la situation de mon malade au sei- zième mois de sa maladie , à compter de l’é- poque du coup reçu sur le tibia. L’enveloppe osseuse bien solide, épaisse d’un grand demi-pouce dans sa partie antérieure, per- cée de trois trous fistuleux, le séquestre bien flottant dans sou étui, je ne balançai plus à débar- rasser ce cadavre enfermé dans un membre vi- vant , et j’y procédai en faisant deux incisions parallèles , distantes l’une de l’autre d’un bon demi-pouce sur la partie antérieure de la jambe , et de toute la longueur qui se trou voit entre la listule supérieure et les malléoles. - J’enlevai le lambeau et mis à nu cette nou- velle production osseuse qui renfermoit le séquestre. Après avoir soulevé la peau dans son pourtour, je creusai avec une gouge et un maillet une espèce de gouttière dans tonte la longueur du cilindre. Mon ouverture étant suffisante , je tirai du fond de cette cavité une portion demi- cilinclrique du tibia primitif, dont l’autre moitié avoit déjà été détruite ; mais ce qui me parut plus digne d’attention, c’est que je trouvai la moelle très-entière, très-vermeille et très saine, ce qui , contre la théorie de M. Troja , prouve d’une manière incontestable que les nécroses ne 3ont point toujours produites par la destruc- tion de la moelle. ( N° V I. ) . m 1. >>•«'' ’ 1 ^ A *- ■ *- k '*■' » ^ *• BOTANIQUE. Décade des plantes nouvelles , dont les graines ont été apportées des côtes de Barbarie, par M. Desfontaines , et qui sont maintenant propagées dans nos jardins. ( Extrait d’un Mémoire lu à la société d’Histoire naturelle le i3 janvier 1792. ). Le mémoire , dont nous donnons ici une sim- ple notice, contient la description détaillée des plantes qui composent cette décade. Nous nous bornerons à rapporter ici simplement le carac- tère spécifique de chacune de ces plantes. I. Salvia bi.color , sauge bicolore. Salvia foliis , ovato-oblongis , sublobatis , ramis virgatis , bracteis reflexis , floribùs nu - tantibus , corollae lo b o interme dio saccato. Cette belle sauge croît naturellement, au mi- lieu des moissons , dans les environs de Mascar et de Themsem. Elle fleurit en mai : on la cul- tive maintenant en Europe , et on peut l’em- ployer à la décoration des parterres. II. iScilla undulata. , scille ondulée, Scilla foliis glabris lanceolatis , iuidulaiis ~ bracteis minimis , floribùs laxe spicatis. Cette jolie, scille croît dans toute l’étendue de la Barbarie , sur les colines' arides et sablon- neuses. Elle fleurit en automne 5 ses feuilles ne paroissent qu’en hiver. III. Nitéaria. tridentcita , nitraria à trois dents. Nitraria ramis spi.nosis , foliis carnosis , trûîféatis , cunceiformibus. Cet arbrisseau croît dans les terreins humides eE sélrloneux , sur les bords “de fia mér , aux 2W1//,N°.YI. L x 16s la Médecins environs de Souse , dans le royaume de Tunis , et sur les bords du desert. Linnéus et tous les botanistes qui ont décrit le genre nitraria lui donnent , pour un des ca- ractères distinctifs , une baie uniloculaire , ren- fermant une noix à trois loges. La noix du nitraria tridentata est certainement à une seule loge. IV. Scrophularia nectarifera , scrophulaire nectarifère. Scrophularia caule erecto , tetragono , foliis glabris pinnatis , foliolis 3-7 lanceolatis , den- tato serratis , floribus sub verticillatis . Cette plante croît dans presque toute l’éten- due de la Barbarie ; elle fleurit fru printemps. V. Scorzonera. coronopifolia , scorsonnaire à feuille de corne de cerf. Scorzonera foliis pinnatifido-laciniatis , pu - bescentibus , caule unifloj'o. Cette plante croît aux environs de Tunis, dans les terreins incultes. VI. Hypochacris Tninima , liypocliæris naine. Hypocriaeris foliis dentatis , pappis disci stipitatis plumosis , radiis sessilibus , setis basi araneoso- tomentosis. Cette espèce est originaire des côtes de Bar- barie ; elle croît dans les terreins sablonneux. VII. Seriola hieracio'ides , sériola fausse épervière. Seriola foliis radicalibus spatulatis dentatis glabris caule nudo , pedunculis unifions , pappo sessili simplicissimo . Cette espèce de sériole , dont on pourroit peut-être faire un genre particulier , croît dans les fentes des rochers du mont Atlas ; elle fleurit en mai. VIII. Serra tu la hetcrophilla , sarrêtc à fleurs variables. ÉCLAIRÉE, etc. l63 Serratula coule szmplicz üniftoro , foliis pla- ins , inferioribus ovatis , dentatis , caulinis pinnatifidis . Cette espèce èst originaire des côtes septen- trionales de l’Afrique. Elle croît sur les collines incultes. IX. Centaurea ferox , centaurée très - épi- neuse. Centaurea tomeritosa , caule decumbente , foliis lyratis , calicibus spinosissimis , spinis palniatis , b a si sursum eclnnatis . Cette espèce a beaucoup de rapport avec la centaurée sonchifolia L. Elle en diffère par les feuilles incanes , et sur-tout par la surface su- périeure de la base des épines du calice, qui est hérissée de pointes. X. Ephedra altissima , éphédra élevée. Ephedra caule fruticoso , nodoso , ramis scandentibus , numéro sis S i rnis. Cette espèce d’éphèdra croît naturellement dans les montagnes de l’Atlas ; elle grimpe sur les buissons et même sur les arbres touffus , tels que les lentisques , en s’y attachant au moyen de ses rameaux nombreux et flexibles. Elle fleurit en hiver. ZOOLOGIE. Note sur un animal quadrupède inconnu , qu’on montre à Londres , lue par M. Swediaur f à V Académie , le premier février ijÿi. Cet animal ressemble beaucoup à un ours au premier coup d’œil. Son corps est couvert de poils longs et épais, la tête grande, le front très-large ; c’est la seule partie du corps qui soit couverte de poils courts. Le museau est long et L a 3 64 la Médecine finit par un cartilage mince, large, prolongé au-dessus clu nez d’un pouce et demi. Les lèvres sont minces et trèsdongues ; l’animal peut les allonger d’une manière remarquable , lorsqu’il voit et sent la nourriture qu’on lui offre. Les yeux sont noirs , petits , avec l’aspect sombre ; les oreilles et la queue sont très-courtes , les jambes et les cuisses sont fortes et grosses. Il marche sur tous les pieds comme l’ours ; ses doigts ne sont point divisés. Il a cinq ongles longs, courbes , blancs ^ à chaque pied , dont il fait un usage très-adroit pour diviser sa nourriture et pour la porter à sa bouche ; il se sert de toutes ensemble ou séparément. Sa couleur est noire , luisante , excepté le inuseau , qui est jaunâtre : il y a aussi une tache blanche sous le gosier. Il n’a point de dents incisives , mais deux ca- nines très-fortes et six molaires dans chaque mâchoire. Il est doux et bon ; mais quand on l’irrite , il fait un bruit à peu près comme un ours. Sa nourriture est du pain , des fruits , des noix j il aime le miel ; il mange de la moelle des os , de la graisse cuite ou crue , mais non les mus- cles ou la chair ; il refuse toutes les racines , les légumes et la viande. Ceux qui le montrent, à Londres , disent qu’il vient du Bengale , et qu’il ,se fait des trous dans la terre où il vit : n’est-ce pas l’ animal fourmi d’Hérodote. Ce qui est très-caractérisé dans cet animal , c’est une bosse sur le dos , couverte de poils de douze pouces de- longueur , qui tombent des deux cotés ; peut-être cette bosse lui sert-elle à bâtir la voûte de sa demeure. JSf. B. Cet animal estreprésentédans un ouvrage anglois destiné à réducation ou à l'instruction des gens du inonde ; mais la gravure* est inal faite Eclairée, etc. . 1 65 et ne présente aucun clés caractères de ce qua- drupède. Il n’a point été décrit , et M. Swediaur rie lui a point donné de nom ; il paroît qn’il doit faire un genre particulier de quadrupède. C H I MI E MÉDICINALE. Analysé et préparation du tartrite d: antimoine et de potasse , ou du tartre stibié , extraites de la dissertation de Bergman trop peu connue des Médecins . Les remèdes héroïques doivent être constam- ment les mêrriés'j pour ne compromettre ni la médecine ni les médecins. Cela est extrême- ment vrai , sur-tout par rapport aux antimo- niaux. On préfère les préparations salines de l’antimoine pour avoir les remèdes cloués tou- jours cle la même force : rien n’est cependant plus différent que les diverses formules dé- crites dans les différons dispensaires pour la préparation du .tartrite d’antimoine ét de po- tasse- Si presque tous prescrivent le tartre ou J a crème de tartre .‘ fes pharmacopées , d’Aus- bourg (] 704) j d’Ütrecht (1749) , : de Wirtem- berg (1750), d’Edimbourg (1 766) , indiquent le safran des métaux : celles de Prusse (1708) ve et niwVtn, y ; ■ ... clç Paris (1738), conseille le verre et le foie' d’an- ii moine à parti es épa ! 'es ; celle de Bath (1688) les fleurs 'd* antimoine . Le plus grand nombre des' pharmacopées prescrivent pattiès égales de ' creme de tarire^et de matière antimoniale ; celles .d’Edimbourg* et de Paris exigent le double dfl tartre. Ces ouvrages diffèrent encore par la quhiitité d’eau et par les temps de l’ébulli- L 3 3 66 tl x Médecine lion : à Londres, on prescrit une ébullition d’une demi-heure; à Paris, on en veut une de douze heures; enfin , suivant les uns, il faut faire cris- talliser la décoction , suivant les autres on doit l’évaporer jusqu’à siccité. Au lieu de toutes ces variétés de procédés, il seroit utile d’en fixer un qui donnât toujours le même tartrite d’antimoine , et pour cela il faut faire un choix exact de la base et du dis- solvant. On doit rechercher si les matières anti- uioniées , qu’on prend ordinairement pour faire cette préparation, sont constamment les mêmes par la manière dont on les prépare elles-mêmes. Le foie d’antimoine prépare avec le nitre, varie suivant une foule de circonstances , telles que la proportion et le mélange plus ou moins ré- gulier de ce sel, la chaleur qu’on donne, la manière dont on opère la detonnation , soit en promettant les matières dans un creuset rou- gi , soit en les allumant dans un vaisseau froid avec un charbon embrasé. Le foie d’antimoine doit donc être rejette comme variable ; il en est de même , et par la meme cause , du safraq des métaux. Le verre d’antimoine n’est pas plus constant dans sa nature , puisqu’on prend pour le faire un sulfure d’antirnoine plus ou moins brûlé , et contenant plus ou moins de soufre. Les meilleurs auteurs sont à cet égard parfaitement d’accord avec Bergman , et sur- tout Macquer , Poulletier de la Salle. L’anti- moine , même quand il seroit facilement attaqué par le tartre , ne devoit pas être choisi x puis- que l’on n’est jamais sûr de sa parfaite iden- tité dans toutes les boutiques. La poudre d’at- garoth y ou l’oxide d’antimoine , précipité par l’eau du muriate d’antimoine sublimé , paroît à Bergman remplir toutes les conditions qu’on £ c l i ni £ tj etc.' 167 désiré pour la préparation du tartritc d’anti- moine j elle est toujours la même , parce que l’antimoine combiné ayec l’acide muriatique est toujours dans le même état d’oxidation : à la vérité elle Contient un peu d’acide muria- tique , mais on l’en débarrasse par une lessive alcaline. Le choix de la matière antimoniée , ainsi fixée sur la poudre d> algaroth , Bergman passe à celui du dissolvant ; ce dernier est éclairé par un plus grand nombre d’expériences , parce que Bergman a traité en particulier de la nature des antimoniaux sulfurés , dans une disserta- tion dont on exposera les résultats les plus im- portans dans un des numéros suivans , auquel nous renvoyons. Comme l’action du tartre , re- commandé par la plupart des dispensaires, sur les oxides d’antimoine , n’est pas encore bien connue , et comme il n’est pas décidé si c’est son acide surabondant qui dissout ces oxides , ou si toutes les parties de cet acidulé contri- buent à leur dissolution , Bergman examine cette action , soit de la part de l’acide tarta- reux pur , soit du tartrite de potasse qui , uni à une portion de cet acide , constitue l’aci- dule tartareux , soit l’acidule tartareux luî- mêine. Une partie d’antimoine préparé suivant le procédé de la pharmacopée de Londres , ayant bouilli pendant vingt minutes, avec vingt- cinq parties d'acide tartareux pur , obtenu par le procédé de M. Retjrus , a donné de petits grouppes de cristaux qui se sont comportés au chalumeau comme ceux de l’acide tarta- reux pur, et sans donner de vapeurs antimo- niales ; ainsi cet acide ne dissout point et n’at- taque point l’antimoine : il en a été de même du foie d’antimoine traité avec le même acid» L 4 i68 La Médçcïkê et cle la même manière. Le safran des mé - taqœ , tenu en digestion clans six parties de cet acide pendant deux heures , a donné des cris- taux rayonnes qui, traités au chalumeau, ont exhalé quelque fumée, d’antimoine. Le verre d’ antimoine , traité pendant trente minutes avec vingt-cinq parties d’acide tartareux , a fourni des cristaux grenus qui ont donné au chalumeau, et une fumée d’antimoine très -forte, et quelques globules d’antimoine : une partie qui étoit sous forme de gomme a présenté les mêmes phénomènes. Une partie antimoine diqphorétique , tenue en digestion avec vingt- cinq parties cl’acide pendant trente minutes, a donné un sel blanc qui a répandu un peu de fumée antimoniale au chalumeau. Une par- tie de poudre d’ aîgaroth , bouillie pendant trente minutes avec neuf parties d’acide tarta- reux , s’est convertie., par le refroidissement , en une substance, gélatineuse qui, humectée par l’air , présenta des ramifications agréables. Exposée au chalumeau, çette gelée se bour- souffla beaucoup , et répandit une abondante fuinée: antimoniale , sans donner de globules métalliques. Dans une autre expérience, une partie de la même poudre fut. complètement dissoute par cinq parties d’acide , et à l’aide d’une ébullition d’une heure. Bergman n’a ja- mais pu parvenir à saturer cet acide d’oxide d’antimoine 5 la dissolution étoit toujours acide. Il conclut de toutes ces expériences que le métal de l’antimoine n’est pas dissoluble par l’acide tartareux, mais qu’il le devient à mesure qu’il est oxidé , et cependant jusqu’à une certaine limite d’oxidation , puisque l’oxide par le nitre est moins dissoluble que l’oxide vitreux, qui contient moins d’oxigène. ÉCLAIRÉE, CtC. l67° L x Médecine dule , ont offert le même résultat. Le verre d’antimoine exige trois parties de tartrite aci- dulé de potasse pour être saturé , et donne des cristaux. Trois parties d 'antimoine diapho- rétique fait avec l’antimoine^ mises en diges- tion. avec deux parties de tartre, ont donné quelques cristaux ; mais la plus grande portion a pris 1a. forme gommeuse. Cent parties de poudre d’algaroth , demandent soixante- dix parties de l’acidulé tartareux pour leur disso- lution. S’il y a plus de tartre, il se forme avec des cristaux une celée transparente, une grande quantité d eau la décomposé , et en précipité l’oxide d’antimoine. Les alcalis et le borax facilitent la dissolulion des antimoniaux par l’acidule tartareux. Trois parties d’une compo- sition , formée d’une partie de tartre et d’une demi-partie d’acide boracique , dissolvent une partie de verre d.’ antimoine , et forment une matière gommeuse qui se change en une poudre jaunâtre par la dessication. Cette poudre est indiquée comme très-supérieure au tartrite d’an- timoine et de potasse. Ces recherches préliminaires conduisent Berg- man à prescrire la préparation du tartrite d’anti- trioineetclepotasse de la manière suivante.Prenez, dit-il , cinq onces de crème de tartre réduite en poudre , et deux onces deux drachmes de poudre d’algaroth précipitée par l’eau chaude, lavée et séchée; ajoutez une demi-kanne d’eau, et faites bouillir doucement pendant une demi-heure : après cela , il reste ordinairement un peu de poudre noire mercurielle. Je ne sature pas ab- solument le tartre , parce qu’alors une partie de la dissolution se convertit volontiers en ge- lée , et que le sel qui est formé demeurant long- temps suspendu dans l’eau , se décompose fa- ÉCL AIRÉE, etC. I7I cilement ; c’est un inconvénient dans la pra- tique qu’il est bon d’éviter. D’ailleurs le re- mède étant moins actif , la dose sera plus forte ; on pourra la peser plus exactement et la distribuer en plusieurs prises, sans craindre aucun accident. Après avoir filtré la dissolu- tion , faites-là évaporer jusqu’à pellicule dans un vaisseau découvert ( on ne doit pas se servir de vaisseaux de métal): tenez la ensuite à la chaleur de la digestion , pour que les cristaux se forment et se précipitent insensiblement; vous les dessécherez ensuite sur du papier gris que vous aurez lavé auparavant. Ces cristaux sont nets et brillans, ils égalent le poids du tartre que l’on a employé. Les croûtes salines les plus pures , qui se sont attachées aux bords des vaisseaux , vont environ à une demi-once ; on les lavera dans l’eau froide et on les gaxdera séparément. La dernière lessive , rousse et épaisse, doit être jettée. Bergman termine sa dissertation par exa- miner les propriétés du tartrite d’antimoine et de potasse : ce sel cristallise en octaèdre, dont les pyramides sont plus allongées que celles de l’alun. M. Morveau observe à cet égard que le plus souvent il est en cristaux tétraèdres. Ces cristaux contiennent un tiers de leur poids d’antimoine ; ils ne s’eflleurissent ni ne s’humec- tent à l’air. Ils décrépitent au chalumeau, ex- halent beaucoup de fumée antimoniale, et lais- sent sur le charbon des grains métalliques. L’eau distillée à quinze degrés en dissout -g- ? cette dissolution rougit le tournesol ; les alcalis en précipitent un oxide blanc très-divisé , qui s’attache fortement au verre. La première li- queur préparée pour la cristallisation du tar- trite antimonié 3 se comporte autrement que la T 71i L a MÉDECINE dissolution pure de ce sel; les alcalis caustiques ne séparent l’oxide qu’en poudre; le précipité fait par les carbonates offre , au bout de quelques temps, des cristaux rayonnés qui disparoissent et ne laissent qu’une simple poussière: lorsqu’on chauffe jusqu’à trente degrés la liqueur qui les contient , l’acide sulfurique concentré forme , dans la dissolution de tartrite d’antimoine et de potasse, un précipité blanc abondant, qui dispa- rojt par l’agitation , et qui , au chalumeau, se dissipe en fumée antimoniale. Le sulfure alca- lin y forme un précipité orangé de soufre doré d antimoine. MATIÈRE MÉDICALE. C.« ; j A • • » > i , , » . , . * fî ; * • i * JSote adressée à la société pli 'ri o mati que de Taris , par AI. C haussier , secrétaire de V A- c ad /nie de Dijon , sur un prétendu spécifique contre la rage. On trouve , dans le Patriote François du 7 février, l’annonce de deux bureaux . établis , i’un à Paris , l’autre, à Lyon , pour la vente d’un spécifique contre la rage. Ce spécifique, que l’on connoît ordinairement sous le nom d’onnskirck, ou remède de M. Hilldormskirçk , est, dit-on, fameux dans toute l’Angleterre ; l’essai en est justifié par l’expérience , et non-seulement il prévient cette terrible maladie , mais encore il la guérit lorsqu’elle est confirmée ; enfin , pour inspirer plus de confiance , fauteur de cette annonce ajouté que quoique ce remède soit secret , ses effets sont connus de, tous les an- glais , qu’on peut les consulter , et que si ce remède réussit en France comme en Angleterre , il; présentera une pétition à l’Assemblée natio- éclairée, etc. arr3 riale , pour la prier d’excepter ce médicament de la prohibition générale décrétée , an mois d’avril dernier , par l’Assemblée constituante. Nous aimons penser que le désir du bien pu- blic et l’amour de l’humanité- sont les seuls mo- tifs de cette annonce ; mais malheureusement il s’en faut de beaucoup que ce remède si vanté mérite la confiance que l’on cherche à inspirer dans son usage : ce remède , connu dans l’An- gleterre depuis une quarantaine d’années , a été employé plusieurs fois sous les yeux des médecins lès plus célèbres du pays , soit pour prévenir la maladie , soit pour la guérir , et toujours les e'spérances ont été trompées. Waughan (dans lo Medical hiquiries, tcm. 5) rapporte plusieurs exemples de personnes mor - dues par des chiens enragés , et qui sont morts de la rage après avoir pris l’ormskirck. Le célèbre J. Hunter rapporte qu’en 1784 le fils de l’amiral Rowley , ayant été mordu au vi- sage par un chien malade , prit l’ormskirck , et ce qu’il faut observer ce remède fut admi- nistré au blessé par M. Barry lui-même , qui le vend publiquement à Londres , et dont par con- séquent on ne pouvoit suspecter la préparation ; cependant il est certain que le jeune homme périt quelque temps après de la rage. Ce fait tout récent , et quelques autres analogues , est rapporté dans l’ouvrage de M. Hamilton , in- titulé Remarc les on the bite of a mad dog. Aussi , quoique l’on nous en dise , les plus sages mé- decins de l’Angleterre n’ont aucune confiance dans ce remède , et ils 11e le laissent prendre à leurs malades que pour guérir l’imagination. Au surplus y la composition de çe prétendu spécifique n’est plus un mystère pour les chi- mistes et les médecins instruits : l’analyse en est 174 La Médecine très-facile ; elle a été faite plusieurs fois , et on sait très-positivement que ce remède est une préparation terreuse , absorbante ; nous en rap- porterons la formule telle que l’ont donnée Heyslain et Parry. Cette formule se trouve aussi dans les recherches sur la rage , par M. Audry. Prenez Craie en poudre. . . 4 gros. Bol d’Arménie. ... 3 gros. Enula campana en poudre. 1 gros. Sulfate d’alumine. . . 10 grains. Huile volatile d’anis. . 5 gouttes. Mêlez pour une dose que l’on délaie dans suffisante quantité d’eau avec un peu de lait ^ et que le blessé doit prendre le matin à jeun , eii une ou plusieurs fois ; ce qu’il faut répéter pen- dant six jours consécutifs. Heyslam est le seul médecin anglois qui attribue quelqu’efficacité à cette préparation, parce qu’il regardoitles terres absorbantes calcaires comme propres à détruire le virus ; mais l’expérience n’a que trop prouvé combien ces prétentions étoient peu fondées. Il seroit déplacé de nous arrêter ici à d’autres observations 5 il suffit de remarquer qu’il n’est point de pays dans lequel on ne trouve de tels remèdes que l’on vante comme spécifiques in- faillibles , et pour appuyer ces prétentions , on ne manque par de citer des exemples de leurs succès , mais on ne fait pas attention que tous les chiens malades ne sont pas enragés , et que toutes les personnes mordues par un animal véritablement enragé ne sont cependant pas également susceptibles de contracter la mala- die ; aussi , dans ces sortes de cas , tous les remèdes paroissent efficaces à ceux qui se bor- nent aux apparences , et c’est à de telles cir- constances que l’on doit attribuer la réputation de l’ormskirck , et de tant de spécifiques pré- éclairée, etc. lyS tendus infaillibles , avec lesquels on entretient la crédulité du public. Il n’est jusqu’à présent qu’un moyen vraiernent spécifique de prévenir la rage , c’est d’empêcher l’absorption du virus ; on y parvient principalement en cautérisant la partie mordue , en y excitant par différent moyens une secrétion ou une suppuration abon- dante , propre à entraîner le venin qui a été introduit par la morsure. CHIRURGIE. Ohservatioîi sur une plaie à la vésicule du Jiel , par M. Sabatier. L’histoire d’une plaie à laquelle le blessé n’a survécu que peu de jours, et dont les suites dévoient être funestes par la nature même des parties intéressées , semble ne mériter aucune attention. Cependant si les symptômes en ont été observés avec soin ; si, comparés avec ceux qui sont survenus dans des cas semblables , ils peuvent faire distinguer les plaies de la même espèce d’avec toutes les autres , elle est vraie- inent intéressante et doit être conservée. Chacun sait en effet combien il est utile de prévoir ce qui doit arriver, même au désavantage des blessés, soit pour ne pas compromettre son jugement , soit pour leur épargner des opérations infruc- tueuses , et souvent capables d’accélérer leur perte. Cette considération m’engage à publier l’observation suivante. Un sous-officier invalide reçut , dans un com- bat particulier , un coup d’épée à la partie moyenne inférieure de la région hypocondria- 3ue droite , entre la troisième et la quatrième es fâusses côtes. Il sentit sur le champ une 176 La Médecine douleur aiguë à l’endroit de la plaie , et fat obligé de se retirer dans une maison voisine, où iL resta environ deux heures sans secours. Pendant ce temps le bas- ventre se tuméfia et la respiration devint un peu difficile. Trans- porté dans les infirmeries de l’hôtel , ces symp- tômes augmentèrent considérablement, de sorte qu’il étoit moins incommodé de la douleur qù’il éprouvoit dans l’hypocondre droit , que de la tension du bas-ventre et de la gêne de la res- piration. Son pouls étoit petit, fréquent, et con- centré , ses extrémités froides , son visage dé- coloré 5 il avoit quelques nausées et ne pouvoit se tenir qu’à demi-couclié à la renverse , sans qu’il lui fut possible de se tourner à gauche ou à droite. Il lut saigné deux fois le meme jour , et sa plaie fut couverte d’une compresse trempée dans de l’eau-de-vie , à laquelle on substitua peu de temps après des linges trempés dans l’huile rosat. On lui fit aussi des embrocations avec la même huile sur toute l’étendue du bas- ventre. Sur le soir le pouls s’anima , les mou- vemens en devinrent plus prompts sans être plus forts. Une chaleur brûlante succéda au froid des extrémités , et l’agitation s’empara du malade , qui se plaignit clans le même temps d’une soif que rien ne pouvoit éteindre. U passa la nuit dans cet état. Quoique le lendemain au matin il fût tranquille , que sa fièvre lût di- minuée , la plaie moins douloureuse , et que les urines coulassent avec assez d’abondance , on crut devoir le saigner encore une fois , parce que le bas-ventre étoit toujours tendu , et que la respiration n’étoit pas plus libre que la veille. Cette troisième saignée le jetta clans un anéantissement difficile à concevoir, eu égard à la force.de son tempérament et à la vigtieur I E o l a- s» n i. e , etc. 177 de son âge;, car il n’aVoit' guère que quarante-cinq à cinquante ans-, et n’ëtoit ëffoibii par aucune infirmité. La tuméfaction du bas-ventre et la dif- ficulté de respirer augmentèrent beaucoup dans cette journée y les nausées revinrent plus fré- quentes qu’auparkvan-t , et le pouls devint -plus dur et plus serré. La foi blesse extrême du malade empêcha qu’on ne le saignât une qua- triènie fois. Il n’eut pas autant de fièvre pen- dant la nuit qu’il en avoit eu la précédente ; mais il ne lui fut pas possible de fermer les yeux ni de goûter un instant de repos. Le troi- sième jour se passa comme le second , si ce n’est qu’il lui prit sur le soir un vomissement qui revint plusieurs fois la nuit suivante , et par lequel il rendoit des matières de couleur Yejdâtre. Un de mes confrères , à qui j’avois fait voir le blessé , avoit pensé qu'il s’étoit formé un. épanchement dans le ventre , vu la prompti- tude avec laquelle il s’étoit élevé. Le peu de ■douleurs que -le malade éprouvoit lorsqu’on posoit la main dessus , et lors même qu’on le compriment légèrement, augmentoit ses soup- çons- L’espèce de fluctuation qu’il sentoit , en l’examinant de nouveau, vers la partie infé- rieure et droite de la région ombilicale , les confirma. 11 ne s’agissoit pins que de détermi- ner si , malgré l'état presque désespéré du blessé , on donneroit issue au liquide épanché par une incision pratiquée à l’endroit où il s’étoil fait sentir. Avant de prendre ce parti, nous crûmes devoir donner un coup de trois-. quart pour conuoître la nature de l’épanchement. Il sortit à l’instant une once ou deux d une iiqueur tirant sur le noir , sans aucun tnêiange de sang ni de matière alimenteuse ou excréinenteuse , Tome III. N°. YI. M 1 78 L J\X É D B O I N E et qui n!*i voit nulle odeur.. Il n’étoit pas difficile de juger que cette liqueur .étoit de la bile, et que la vésicule du fiel avoit été blessée ; sàns doute il en fut venu une plus grande quantité si je n’eusse retiré aussi-tot la cannule du trois-quart. Les forces, languissantes du malade furent soutenues par une potion cordiale jus- qu’à cinq heures du soir , temps auquel nous étant rendus près de lui?, nous con vînmes , mon confrère et moi , de lui faire une incision au bas-ventre , persuadés de la nécessité d’évacuer tout liquide étranger dont l’existence est re- connue. D’ailleurs , il pouvoit se faire que la plaie de la vésicule se fût rétrécie par l’affais- sement et même par la contraction des parois de cette poche membraneuse , et par consé- quent que la source de la bile épanchée fût déjà tarie. Cette opération ayant été faite à la partie la plus décilve du lieu qu’occupoit l’épanche- inent , nous fûmes surpris de 11e rien voir sortir ; mais notre étonnement cessa , lorsqu’ayant porté mon doigt dans l’ouverture , je sentis qu’une portion d’intestin fort gonflée la bou- clioit en entier. Je la repoussai avec assez de peine , et je fus obligé de la contenir pendant tout le temps que la matière épanchée mit à s’écouler : on en reçut quinze à seize onces dans un vaisseau convenable , sans compter ce qui se perdit dans les draps $ elle avoit la même couleur et la même consistance que celle qui étoit sortie le matin , et n’avoit pas contracté d’odeur , quoiqu’elle eût séjourné plus long- temps. Malgré la répugnance qu’une pareille épreuve devoit m'inspirer, j’eus le courage de porter sur ma langue un de mes doigts que j’y avois plongé : son excessive amertume me con- firma, que c’étoit de la bile toute pure. Le nia- ÉCLA IR»!, etc. 1-79 Jade fut pansé avec une bandé de linge effilée ^ dont je portai une des extrémités dans le ventre. Sa respiration parut un peu plus libre pen- dant qüelque temps , mais la tension de l'ab- domen ne diminua en rien. Les nausées et les vomissemens deveneientplus fréquens , le pouls s’affoiblit , ses extrémités perdirent insensible- ment le peu de chaleur qu’elles avoient corn servé , et le malade expira environ cinq heures après l’opération. Nous étions trop curieux de savoir quelles parties avoient été intéressées , et quel étoit l’état des viscère du bas-ventre , pour négliger d’en faire l’examen 3 c’est pourquoi je procédai à l’ouverture du cadavre environ dix huit heures après la mort du blessé. Il sortit d’abord une quantité de. bile presqu’égale à celle qui avoit été tirée par les opérations dont j’ai parlé plus haut, mais plus épaisse et d’un jaune aussi foncé que celle qui se trouve ordinairement dans la vésicule du fiel. Cette différence de couleur mérite d’être remarquée , et l’on ne conçoit pas aisément comment il peut se faire que la bile épanchée dans le ventre ait été décidément verte pendant la vie du blessé , et qu’après sa mort elle ait pris la couleur jaune qui . lui est naturelle. Le bassin contenoit encore trois ou quatre onces de bile. L’estomac et les intestins étoient prodigieusement distendus et couverts d’une espèce d’enduit de couleur jaune , tout semblable à la liqueur épanchée 3 cet enduit les colloitles uns aux autres , de sorte qu’ils ne pou- voient être séparés sans quelque difficulté. Une portion de l’iléon , appliquée à l’ouverture qui avoit été laite au péritoine avec le bistouri , y avoit aussi contracté de pareilles adhérences. Du reste on ne Yoyoit point de bile entre les cir- M a 180 i. à Mxnxeiirx convolutiens des intestins, ce qui prouye que les matières qui s’épanchent dans la capacité de l’abdomen trouvent , dans l’action naturelle des viscères les uns sur les autres , une résistance qui les empêche de se répandre de tous côtés , et qui les force à s’y rassembler dans un seul foyer , comme le dit M. Petit le fds , dans son excellente dissertation sur les épanchemens , insérée dans le second volume des Mémoires de l’Académie de Chirurgie. Le foie étoit dans la plus parfaite intégrité , mais la vésicule du fiel étoit affaissée sur elle-même et presque vide : j’y découvris bientôt une petite plaie d une ligne et demie d’étendue , par où la bile s’étoit écoulée dans le ventre. Le péritoine étoit percé vis-à- vis d’une plaie de même grandeur. Je vis alors que l’épée avoit pénétré entre les extrémités osseuses de la troisième et de la quatrième des fausses côtes , et qu’elle avoit glissé de derrière en devant , et de haut en bas , entre leurs por- tions cartilagineuses , pour atteindre le fond de la vésicule. Je n’ai rencontré , en parcourant les obser- vateurs qui me sont connus , qu’un petit nom- bre d’exemples d’épanchemens bilieux dans le ventre. Gérard Blasius , célèbre médecin hol- landois , en rapporte un dans ses Obseiyationes 7nedicae rariores. Il dit qu’ayant fait l’ouverture d’un enfant de huit mois , il trouva l’abdomen rempli d’une grande quantité de bile. La vésicule du fiel étoit si prodigieusement distendue que ses parois amincies laissoient suinter la liqueur qu’elle contenoit. Il y avoit un resserrement dans le canal cholédoque qui , ne permettant pas à cette liqueur de s’écouler par la voie ordi- naire , avoit donné lieu à son amas et à son épanchement à travers les parois de la vési- SCLAIK.ÉE, etc. 181 cule. L’enfant n’avoit cessé de crier nuit et jour depuis l’instant de sa naissance ; il toussoit et vomissoit souvent ; il étoit attaqué de temps en temps de légers mouvemens epileptiques , et rendoit par les selles une matière écuineuse et de couleur noire. Joli, à Meekren , chirurgien d’Amsterdam , nous a conservé l’histoire d’un pareil épanchement dans le recueil de ses Obser- vations médico-chirurgicales. Un enfant de six ans , qui avoit un abcès considérable au coude , fut inopinément attaqué de douleurs excessives dans le ventre , d’anxiétés continuelles et d’une sueur abondante qui le firent périr en moins de deux jours.- Lorsque Meekren fit l’ouver- ture du cadavre , il trouva une si grande quan- tité de bile dans le ventre ^ qu’il crut devoir examiner l’état du foie et de la vésicule du fiel. Cette poche étoit affaissée sur elle-même et percée d’une ouverture par où la bile s’étoit écoulée. La cause de cet accident se trouva dans le canal cholédoque , dont une partie étoit entrée dans l’autre par une véritable intussuscep- lion , comme il arrive aux intestins dans cer*- taines espèces de passions iliaques. Ces deux observations , quoiqu’intéressantes d’ailleurs , ne peuvent cependant jetter aucun jour sur le diagnostic des plaies de la vésicule du fiel et des épancheinens qui en sont la suite; car il est fort douteux que les accidens qui ont précédé la mort du malade aient été causés par la seule effusion de la bile. Ils. paroissent au con- traire avoir été produits par la distension de la vésicule , et peut-être aussi par la compression qu’elle faisoit sur les parties voisines. Pour déterminer quels sont les symptômes qui résultent essentiellement de la lésion de cette poche membraneuse , il faudroit pouvoir com- M 3 1§2 L A M il D T, *C INK parer ensemble plusieursdaits semblables à celui que j’ai rapporté" f mais la situation cïe la vé- sicule doit .lea rendre fort raçes. On sait en effet qu’elle est logée dans un -des enfoncemens de la face inférieure du foie qui la couvre d’un côté- , et’ qu’elle porte, de l’autre sur l’intestin colon ^11 n’y a que son fond qui appuie sur le péiilîûiiie.j encore fautAl pour cela que l’on soit à jeun , et que la bile ait eu le temps de s’y entasser y car en toute autre circonstance elle diminue de volume et se retire sous le foie, qui fa cache, en entier» Cela posé , on conçoit qu’il est difficile qu’elle, soit ouverte sans que les viscères qui l’avoisinent soient endommagés : on lit .pourtant ûn cas;, de cette espèce dans le •septième volume de i’ Abrégé des Transactions Jffi iiosopliiques . Le plus remarquable des' acci- dens qui sur vinrent an blessé , pendant les sept jours qu’il vécut, une. tension excessive du bas-ventre. Il ne vida rien par les selles , et les urines coulèrent en petite quantité , nonobstant •les purgatifs et les la-vemens qu’on lui donna , -et quoiqu’il prît une1 quantité de boisson con- venable à sa situation. Le malade n’eut jamais de sommeil tranquille malgré l’usage des ano- dins ; il n’avoit point de fièvre , et son pouls se soutint dans un état itaturel jusqu’à l’avau t- dernier jour de sa vie , temps auquel il devint intermittent : il eut aussi pour lors des nausées et des hoquets assez: fréquens. Après sa mort , cm. trouva ses intestins très-distendus ; la vé- sicule du fiel était presqu’éntièreineiit vide et il y avoit une grande quantité de; bile répan- due clans la cavité de l’abdomen. Cette obser- vation, qui a été communiquée à la société royale par le docteur Steward médecin de la reine d’Angleterre , a été insérée par extrait dans le i c t jl i r ib e , elc. i83 troisième volume des Essais d’Edimbourg , à l’endroit où il est ‘question des découvertes faites en médecine "dejpiiis l’année. 1^33 , et a passé depuis dans le Commentaire^ du célèbre M. Van-Swietein sur les Aphorismes de" JBoerhaave , à l’article des plaies elubas-yéntrej. Il est facile de voir que les accidens survenus: au malade qui en fait le sujet , ressemblent beaucoup m ceux du blessé dont j’ai donné l’iiistortei Tous deux ont eu le ventre ^ort tèndü , sans douteur et sans bùrborigmes ; tous deux ont été constipés j tous deux enfin ont eu le pouls fortfoible les derniers jouis de leur vie, et ont été attaqués de ho- quets et de nausées assez1 fréquentes* On ne peut cependant pas assurer que ces symptômes doi- vent avoir lieu dans tous les cas où la vésicule *du$el est blessée , 'sans que les autres viscères 'Se trouvent endommagés, jusqu’à ce que de nouveaux faits soiènt venus confirmer ceux que l’o.iV vient de lire. Il '.Recherches sur V aitiologie , ou le mécanisme ~‘jde la luxation de la mâchoire inférieure ; ■ > 'par' M. Pinel j docteur en médecine . 33 ft v* jj r i • t 'r- I < ) * c 5 \ f • 4 . r ’ ' • - -- La théorie des luxations est sans doute une des parties de l’art de guérir où on peut le plus es- pérer de faire une juste application des sciences exactes , -puisqu’on peut analyser les moyens mécaniques qui servent à les produire et à en opérer la réduction. Leur aitiologie, c’est-à- dire le développement des causes prochaines qui leur donnent lieu , est depuis long- temps l’objet de mes recherches , et ce que je dis aujourd’hui de la mâchoire inférieure , sert de suite à un travail sur les luxations dont j’ai déjà publié quelques parties dans le M 4 184 L JL Médecin* Journal de' physique. Il d-oit paroître étonnant qu’un grand nombréjd’an.tejuis très-distingués ; tels que rWeitbrecllt , ARnnusr/Ptuiscli , Muntlo* Ferrein , Bertin,, etc. , se soient occupés des ni au- vemens variés .de la mâchoire inférieure , et qu’ils n’aient point porté leurs vues sur le vrai mécanisme de; sa luxation, b ;> Les anciens en traitant :des luxations de; ia mâchoire inferieure , nese’sOht guère occupés que des symptômes qu’elles peuvent produire ou d’un vain appareil d’agènsc;jnécanit]Ues pour leur réduction. On peut voir sur ce point Hip- pocrate , Galien , Celse-, Paul d’Egiue,, Qri- base , etc, Ce qu’en disent ;Salicet et d’autres au- -teurs .peu versés dans l’anatomie, se réduit à une division scholastique des luxations qui s’o- pèrent suivant eux en avant , en arrière;, 'à gau- che et à droite , comme si tous ces déplacemens étoient compatibles avec.la structure de.s parties. Fabrice cî’Aquapendente , .doué d’un' esprit bien plus exact , fait sentir le ridicule de cette division ; mais en même temps qu’il fait des remarques judicieuses et dictées par l’expé- rience , il me paroît que le vrai mécanisme de cette luxation lui a échappé, lorsqu’il a avancé qu’elle s’opéroit parce que l’apophise coronôïde s’engage sous l’os malaire, puisqu’à la simple inspection des parties , on voit que cette . apo- phise s’en éloigne à mesure que la bouche s’ouvre , et qu’avant la luxation cette ouverture est extrême. Presque tous* les auteurs ont em- brassé l’opinion d’Aquapendente sans la discu- ter , et on n’en doit pas même excepter Monro qui , dans le premier Volume des essais d’Edim- bourg, a publié un mémoire sur la luxation de la mâchoire inférieure. Petit et Heister ont -eu une idée plus juste de cette luxation en l’at- ÉCLAIRÉS, etc. l85 tribu an t à un glissement des condiles de la mâ- choire inférieure, au devant de chaque emi- nence transverse qui est à la base postérieure de l’arcade zigomatique ; mais ce n’est-là que rapporter une- circonstance de la luxation, et nullement en donner le développement. Ce der- nier objet est celui dont j’expose aujourd’hui le résultat, en supposant d’ailleurs connue la structure anatomique de toutes les parties qui concourent à l’ articulation de la mâchoire inferieure. Ce sont des recherches d’anatomie comparée , qui m’ont donné de nouvelles lu- mières sur ce mécanisme. i ' V. Les parties ‘osseuses qui , dans les divers genres d'animaux , contribuent à l'articulation de la mâchoire inférieure , m’ont offert une si grande variété que j’en ai fait le fondement d’une nouvelle classification des quadrupèdes, comme on’le ' vferra dans un mémoire qui -sera inséré dans le' premier fascicule dès actes de la société d’Histoire naturelle. J’ai reconnu que dans tous les animaux , J’oS' maxillaire fàisoit les fonctions d’un levier du troisième genre, c’est-à-dire que la puissance musculaire qui sert à l’élever se trouve entre le point d’appui et la résistance ; il en est de même dans l’homme : mais en comparant l’articulation de cet os con- sidéré danscl-homme et dans les autres ani- maux, il s’est présenté une différence frap- pante; c’est que le point d’appui du condile est toujours le même dans les quadrupèdes , quelle que soit l’ouverture de la bouche , au lieu que ce point d’appui varie dans l’homme , suivant que la bouche est fermée ou plus ou moins ouverte. On peut regarder aussi comme un fait, que les animaux ne sont nullement sujets à la luxation de l’os maxillaire irifé- La M é d e c.-j k;'K -Ï^BFlpâr la seule forçe. des muscles, au lieu .i|u.e rkoinme y est-exposé,, comme l’expérience de chaque jour le démontre. U a été donc d’a- Jtiprd' naturel de présumer que c’étoit au cham- peinent du point d’appui qu’est du ce désavan- cqjn’a l’iaomme sur les animaux, et que ce qpli !yi concouroit- le plus é toit Réunis en çe trans- verse qui se trouve à la, base postérieure de J'ùrcade zygomatique , éminence qui ne se •tçfmve pns dan>s les- autres animaux^ pas meme le sing^ Pour, éclaircir cet objet./ j’ai fait 4ifl4rensessaisdan^i.’ampbithéâtre de la Charité, en présence de M. Boyer, pour bien voir sur le -cadav/le toutes les circonstances ,du chan- gement d’appui, .de l’os maxillaire inférieur , •dans les ; divers degrés de l’ouverture de la bouche jusqu’à une luxation parfaite , et voici .quel en a été, Ig' rcsiultat. ' h ba. première position du point, d'appui du con- dile est lorsque là bouche est fermée, et que rie condile de chaque côté porte directement ^d-aus, la fossette articulaire. Pour juger de la .traction que rie muscle masseterc exerce dans ce câs , comparativement aux autres' positions du point d’appui, j’ai cherché Jfc déterminer 1 angle formé par l’axe du condile ,r.et par une ligne longitudinale moyenne , qu’on peut subs- tituer par la pensé à l’effort ;der ce. muscle ; -j’ai trouvé cet angle de trente- cirai degrés, lorsque le condile portoit dans la fossette arti- culaire; et comme l’angle formé par l’axe du même condile , et par le rebord inférieur de f’os. maxillaire, est de cent vingt degrés , il s’en- suit que la ligne moyenne du masse ter fait , avec la direction de la base de l’os maxillaire infé- rieur, nn angle qui a environ quatre-vingt-cinq degrés , c’est-à-dire qui approche beaucoup ÉCLAIRÉE, etC. 187 de l’angle droit. Dans .cette position donc , le muscle masseter et le muscle crotaphite , dont les deux directions coincident, exercent la plus grande force pour tenir élevé Pos maxillaire inférieur. A mesure que la boubliè s’ouvre , lé .condile se porte en avant et s’aVance au-dessous de l’é- minence traris verse ; lorsqu’il est placé direc- tement sous cette éminençé; son axe fait avec la direction moyenne du masseter un angle de seize dégrés , et par conséquent l’angle formé par cette direction et par celle du rebord in- férieur de Pos maxillaire', est de cent quatre degrés , c’est - à - dire' qtie la force que ce muscle exerce , pour élever cet os , est beau- coup plus oblique :que dhiis le cas précédent, et par conséquent il s’opère une décompo- sition de cette force , en sorte qu’il 11’y a que la traction perpendiculaire qui soit effective pour opérer l’élévation de Pos maxillaire inférieur. Mais il faut observer que dans cette seconde position , ainsi que dans la première , Pos ma- xillaire inférieur peut touj ours être considéré comme un levier du troisième genre, puisque le condile se trouve toujours postérieur airmas- seter , et que par conséquent la puissance reste entre lé point d’appui et la résistance. Il n’en est pas de même dans la troisième position , qui nous reste à considérer , et dans laquelle la luxation a lieu comme on va le voir. Dans les essais que j’ai faits sur le cadavre , jai remarqué que dans une ouverture extrême et forcée de la bouche , l’extrémité postérieure du condile s’engageoit devant l’éminence trans- verse. Dans cette position , j’ai reconnu que l’angle formé par l’axe du condile et par la di- rection moyenne du masseter n’étoit plus que i88 Là Mêdegikï de quatre ou cinq degrés, c’est-à-dire que la traction de ce muscle approchoit beaucoup de la direction moyenne du condile ; l’effort donc de ce muscle s’emploie alors presque tout entier à tenir le condile dans cette position contre nature, qui nécessite l’abaissement de toute la courbure antérieure de l’os maxillaire infér rieur. O11 voit donc dans quelle circonstance les muscles releveurs de la mâchoire concourent réellement à son abaissement, et servent ainsi à la maintenir dans un état de luxation $ mais ce qui doit être sur-tout remarqué, c’est que dans cette troisième position contre nature les Ijtbres postérieures duànasseter se trouvent der- rière le condile , en sorte que par rapport à ces fibres l’os maxillaire inférieur vient à former ûn levier du premier genre , puisque le point d’appui se trouve entre la résistance et cette partie de la puissance. Voilà précisément ce qui fait la différence de l'homme et des animaux, puisque dans ces derniers le point d’appui est toujours le même, et que l’os maxillaire in- férieur ne cesse sous aucun rapport d’être un levier du troisième genre. 11 faut remarquer en outre que dans cette troi- sième position contre nature , l’angle formé par la direction moyenne du masseter (i), et par le (i) On m’objectera peut-être que j’introduis dans la chirurgie un appareil de géométrie qui ne sert qu’à la compliquer; mais on peut répondre qu’il est impossible , d’une autre manière, d’introduire de la précision et une exactitude rigoureuse dans tout ce que cette science offre de méchanique. Comment peut-on déterminer autrement que par la géométrie la figure régulière d’un grand nom- bre d’insr.rumens, et assujétir leur construction et leurs usages à des préceptes fixes et invariables? L’architecture , ÉCLAIRÉE, ëtC. li>9 rebord inférieur de l’os maxillaire, est de cent quinze degrés , c’est-à-dire que l’effort de ce muscle est très-oblique , et qu’il se décompose en un effort perpendiculaire qui est seul effec- tif pour élever l’os maxillaire inférieur, et en un effort dirigé en arrière dans le sens du re- bord inférieur du même os; or, ce dernier tend à tenir appliqué l’extrémité postérieure du con- dile contre l’éminence transverse , et à entrete- nir la luxation jusqu’à ce qu’elle soit réduite. La distinction que je viens de faire des trois po- sitions principales que peut prendre dans l’hom- me le point d’appui de l’oa maxillaire inférieur , fait voir ce qui manque à la théorie de Borelli, sur l’évaluation de la force des muscles releveurs de la mâchoire inférieure , qu’il a déterminé d’une manière indéfinie , comme si le point d’ap- pui étoit toujours le même. Je pourvois ici fa- cilement exposer cette détermination dans les trois cas , mais je me bornerai à la première position pour donner une idée juste de l’exac- titude qu’on doit mettre dans cette évaluation. On n’a qu’à placer une règle en partie sous le rebord inférieur de l’os maxillaire , et paral- lèlement à l’axe de sa courbure. Pour déter- miner la direction du point d’appui , on abaisse une perpendiculaire du milieu de la fossette ar- ticulaire sur la règle. Pour connoître mainte- nant la direction des trois muscles releveurs de la mâchoire , je fais attention que la direction des fibres moyennes du crotaphite et du masse- l’hydraulique , l’optique , d’astronomie, ont -elles pose perfectionner autrement que par l’application des sciences exactes? J’ose dire que la théorie des luxations manque entièrement à la chirurgie , et qu’il est impossible de l'établir sans l’applicatjori des mathématiques. 190 La. Médecine ter , est suivant celle du tiers longitudinal anté- rieur de la branche montante de l’os maxillaire, mais que la direction moyenne des libres du muscle ptérigoîdien interne répond à peu-près vers le tiers postérieur de la meme branche montante ; il n’y a donc qu’à supposer que l’effort combiné des trois muscles est dirigé suivant le mi- lieu ou l’axe de la branche montante , ce qui est à un pouce de la direction du point d’appui. Quant à la résistance , supposons-la placée entre les dents incisives, c’est-à-dire à trois pouces et demi du point d’appui, comme par exemple quand un homme élève un poids de deux cents livres pesant au moyen d’une corde placée entre les dents. Or puisque, suivant les principes com- mis du levier, la puissance et la résistance doivent être en raison inverse de leur distance au point d’appui dans le cas d’équilibre , on trouvera, puisque ces distances respectives sont un pouce et trois pouces et demi , la valeur de la puissance par cette simple règle de propor- tion 1 : 3 f , ou bien 2, : 7 : : 200 : X ^ 700, en esti- mant seulement l’effort que font les muscles releveurs de la mâchoire à leur insertion dans cet os. Pour réduire la luxation de la mâchoire , il faut contrebalancer l’action spasmodique des muscles qui retiennent les condilesdans cette po- sition contre nature, et pour parvenir à ce but, il faut d’abord abaisser la facette du condile au ni- veau de celle de l’éminence transverse de chaque côté , et dans un second temps , il faut porter les mêmes condiles en arrière, c’est-à-dire les re- placer sur leur point d’nppuiNnaturel. Cette ré- duction se fera donc en deux, temps*; par le premier , on relevera le menton et on abaissera les dents molaires pour remettre les condiles ï é l a i 'à 4 ë j etc. 191 de ïliveàu avec lès éminences transverses , et par un second mouvement en arrière on les replacera dans la fossette articulaire. Celui qui voudra donc opérer cette réduction enveloppera, comme le prescrivent les auteurs , le pouce de chaque main avec du litige , pour pouvoir l’introduire dans la bouche -et l’appliquer de côté et d’autre sur les dents molaires; il saisira en même temps , avec le reste' de la main, les deux côtés du menton; cela fait, il relevéra toute la partie antérieure de la mâchoire , pen- dant qu’avec les pouces appliqués sur les dents molaires , il abaissera fortement la partie pos- térieure. En vertu de ce double mouvement , les condiles seront abaissés au niveau des émh- nences transverses , et ensuite , par une impul- sion dirigée en arrière , ils seront placés dans leur position naturelle. Je ne puis m’empêcher de faire remarquer ici combien étoient compliqués les moyens adop- tés parles anciens , pour la réduction des luxa- tions, faute de connoissances’précises d’anatomie et du vrai mécanisme des luxations. Comment a-t-on pu donner des regrets à l’abandon de ces moyens, dans ce siècle éclairé ! « Oribase , dit M. Louis, a fait un livre particulier qui ne laisse rien à desirer sur les machines convenables à la réduction des os fracturés et luxés ». Or voici comment cet auteur propose d’effectuer la ré- duction de l’os maxillaire inférieur, lorsqu’il est luxé. L’homme étant étendu sur ce qu’on appelloit banc d'Hippocrate, onluilioit, dans une position horizontale, les jambes et les cuisses , et on fixoit de la même manière les bras le long du tronc. Pour abaisser ensuite la partie postérieure de la mâchoire et relever le menton, on faisoit passer dans la bouche lya La Médecine une corde ou bâillon qui, en portant sur les dents molaires , étoit fixé vers les pieds du malade à un cabestan, tandis qu’une autre corde, qui embrassoit la partie inférieure et anté- rieure de la mâchoire , étoit fixée à un autre ca- bestan au-dessus de sa tête ; c’est ainsi qu’on proposoit de relever le menton et d’abaisser la partie postérieure de la mâchoire ; mais qui ne voit dans ces moyens une complication superflue d’agens mécaniques, qu’une expérience cons- tante démontre pouvoir être remplacés par les seuls efforts de la inain, dirigée avec intelligence. Il reste à concilier avec les principes qui vien- nent d’être développés, une circonstance qui ac- compagne la luxation delà mâchoire inférieure ; c’est que l’ouverture de la bouche est extrême au moment où la luxation s’opère et qu’elle est bien moindre lorsqu’elle est faite. On voit en effet que les condiles ne peuvent porter directement contre la partie inférieure de l’éminence trans- verse , sans que la bouche ne s’ouvre extrême- ment ; mais aussi-tôt que les condiles ont dé- passé cette éminence , et qu’ils se sont engagés contre sa partie antérieure , ils remontent un peu dans la fosse zigomaticjue par l’effort des muscles releveurs , et la mâchoire inférieure se rapproche de la supérieure. Un seul condile peut-il éprouver une luxa- tion complète ? un chirurgien m’a assuré avoir reconnu cette espèce de luxation sur le cadavre d’une femme morte à Bicêtre $ il m’a fait voir même une vingtaine de petits osselets qui s’étoient formés dans la cavité articulaire qu’a- voit entièrement abandonnée un des condiles. ( N°. YII. ) 193 MÉDECINE PRATIQUE. Compte rendu des effets médicamenteux de V électricité , d’après une expérience de seize ans , par M. Maucluit , médecin de Paris . Depuis seize ans j’ai consacré mon temps à l’emploi de l’électricité médicale ; j’ai admi- nistré ce genre de remède à beaucoup de ma- lades, j’ai été témoin d’un grand nombre de faits j je les ai comparés aux faits de même genre publiés par les auteurs. Jai rendu compte de mon travail en différens temps ; mais mes observations sont isolées et éparses : vous pen- sez mon cher confrère, qu’en les rapprochant, en écrivant un résultat général , e pourrois concourir à fixer, dans l’état actuel des choses, nos connoissances sur l’utilité de l’électricité médicale ; vous m’invitez à m’occuper de ce résultat , à le publier , et vous m’offrez d’en rendre compte dans le Journal que vous ré- digez; je souscris avec plaisir et avec recon- noissance à votre invitation, je la remplirai le mieux qu’il me sera possible , et sur-tout en me renfermant, comme j’ai toujours tâché de le faire, dans les bornes de la plus stricte- et de la plus exacte vérité. Je peux me tromper, mais je ne peux vouloir tromper les autres. Je divise les maladies , relativement à l’utilité dont je crois que l’électricité peut-être pour les cembattre, i°. En maladies contre lesquelles l’utilité de l’électricité est avérée ; 2.0. En maladies contre lesquelles il est seu* lement propable que l’électricité peut-être utile; 3°. En maladies contre lesquelles l’éleçtricité Tome III . N°. YII. N 19 4 La Médecine n’offre point de ressource, quoique des appa- rences en aient imposé aux premiers obser- vateurs, et qu’ils aient annoncé l'électricité ; comine le remède contre ces memes maladies. L’ordre dans lequel j’énonce les maladies , indique le degré d’utilité de l’électricité dans chacune. La paralysie est peut être la maladie contre laquelle on emploie l’électricité plus utilement, parce qu’on guérit par son moyen beaucoup de Îjaralytiques, parce que la paralysie est une ma- adie très-fâcheuse et très-nuisible : il ne faut pas cependant croire qu’on guérisse tous les pa- ralytiques en leur administrant l’électricité ; les succès dépendent du caractère ou plutôt de la na- ture de la maladie , de son intensité , de sa date. Quant à la nature de la paralysie , cette maladie est ou humorale et accompagnée de stase, de congestion , soit sanguine, soit lymphatique ; ou elle est produite par le dessèchement , l’atro- phie , la rétraction, la rigidité des fibres; ou ces symptômes sont au moins sa cause secon- daire et apparente. La paralysie a encore lieu quelquefois à la suite d’une humeur répercutée , ou elle suc- cède à une violente commotion , à un choc,, un coup, une chute. La paralysie dans laquelle il y a stase et engorgement , est ou humorale , ou sanguine ; c’est la lymphe qui est en stagnation, et qui forme congestion dans la première ; l’engor- gement est dû, dans la seconde, à la stase du sang ou à la difficulté qu’il éprouve à circuler. Dans le premier genre de paralysie , la fibre est lâche , le tissu cellulaire est engorgé, il y a ædême et empâtement, ptyalisme , pâleur et froid à la peau , le pouls est foible , enfoncé et lent ; ÉCLAIRÉE, etC. 195 dans la seconde espèce de paralysie , la clialeur est souvent augmentée ; il n’y a ni empâtement ni ædêrne , la fibre est sèche et tendue, le pouls est aussi fort , aussi fréquent que dans l’état naturel, quelquefois davantage ; les membres paralysés conservent la même clialeur, le même coloris que dans l’état de santé ; le visage est souvent fort rouge , ainsi que les yeux. La première espèce de paralysie est la plus fré- quente , c’est celle clans laquelle on obtient des succès plus prompts , plus complets ; on en obtient aussi dans la seconde , mais ils sont plus lents, rarement aussi complets, et quel- quefois on n’en obtient pas. Ces deux espèces de paralysies sont souvent compliquées, et le mal cède à proportion qu’il s’approche, plus de l’une ou de l’autre espèce de paralysie. Jai dit que les succès dépendent aussi de l’intensité de la maladie et de sa date. Tous les malades que jai soumis à l’électricité , qui étoient dans un affaissement extrême, soit que la paralysie fût humorale , soit qu’elle fût sanguine , dont l’affaissement frappoit sur tout le système économique, dont les fonctions intel- lectuelles étoient ou milles ou très -dérangées , qui éprouvoient une extrême difficulté à parler , qui conservoient la mémoire des faits anciens , et oublioient promptement les faits les plus récens, n’ont obtenu aucun succès. J’ai vérifié les observations de ce genre un assez grand nombre de fois, et dans des cas assez variés pour que je croie pouvoir conclure qu’à pro- portion que les symptômes que je viens de rap-*> porter sont réunis en plus grand nombre , qu’ils ont plus d’intensité dans le même sujet, il y a moins ou point de succès à espérer pour lui 5 qu’au contraire, moins on observe de ces N a S 9 6 L A MÉDECINE symptômes à l’égard d’un malade , plus ils sont légers, plus il y a espérer à son éga d , quoique sa paralysie soit complète, que les membres affectés soient privés de tout mouvement et de tout sentiment. Le succès dépend aussi de la date de la ma- ladie : plus elle est récente , plutôt et plus com- plètement on y remédie; mais quelqu’imétérée qu’elle soit , on obtient dans le cas favorable que j’ai désigné, un succès seulement plus tar- dif et moins complet , enserte que le para- lytique électrisé peu après l’attaque est com- plètement guéri : celui qui ne l’est que plu- sieurs mois, ou plu leurs années après, n’est que soulagé. Il ne m’a pas paru que l’âge plus avancé rende la cure de la paralysie plus dif- ficile. Il suit de ce que je viens de dire, que pour apprécier en général la valeur de l’électricité contre la paralysie , il faudroil que ceux qui font des observations à cet égard commen- çassent par constater l’espèce de paralysie qu ils entreprennent de combattre , les symptômes dont le malade est affecté. En e ffet , l’un pour- roit guérir tous les malades , l’autre n’en guérir aucun; il en resulteroit une conti adiction epii ne tiendroit cju’à ce epie leurs observations ne se rapporteroient pas à des objets de même nature, mais à des objets très-différens , tjuoi- que désignés par le même nom. Il suit de ce que je viens de dire sur la pa- ralysie, i° Que l’espèce de paralysie qui a pour cause une congestion lymphatique, est celle contre laquelle on obtient plus de succès; a°. Qu’on en obtient aussi dans la paralysie qui succède au coup de sang incomplet ; 3°. Qu’à proportion que le malade est élec- ÉCL AISÉE, etc. Ï97 trisé plus promptement après i’attaque, la cure est plus facile , plus complète; qu’elle l’est de même à proportion que i’aftaissement du malade est moins général , moins étendu sur la totalité D 7 de son individu , plus circonscrit aux autres parties paralysées, que ses facultés intellec- tuelles sont intactes, que les organes de la yoix sont moins al’f ctés. .1 ai traiié par l'électricité quelques malades pa- ra y tiques qui me paroissoient évidemment être tombes dans cette infirmité , les uns par la ré- percussion de r humeur de la gale, les autres de l uumeur dartreuse ; ces malades , ou avoient eu des exutoires avant d’être électrisés , ou ils les. conservoient encore , ou ils n’en avoient point et n’en ^voient jamais eu. Je les faisois garder aux seconds, je les faisois renouveller aux premiers , je les prescrivois aux derniers ^ avant d’employer 1 électricité. Les malades dont il s agit , ont obtenu beaucoup de succès : l’hu- meur dt s dartres a communément reparu à la peau ; ce retour dans ce cas et les exutoires 9 peuvent être regardés comme la cause immé- diate de la cure, mais l’électricité y a contribué certainement, et a déterminé l’action de la cause immédiate , en irritant la peau par le moyen des étincelles, en y rappellant par l’effet de l’irritation , en poussant vers son tissu par l’augmentation du mouvement de la circulation, l’huin: ur dartreuse répercutée ; et dans i’un et l’autre cas , l’électricité a agi en détermi- nant un cours beaucoup plus abondant de l’hu- meur répercutée vers les exutoires ; car c’est un fait constaté par tous les électriciens que l’électricité augmente beaucoup l’écoulement qui a lieu par les exutoires , et que cet écor^- lement est plus abondant dans le même sujet 198 ï. a Médecine les jours où il est électrisé et ceux où il l’est plus fortement, que clans les jours dans lesquels il n’est pas électrisé , et dans ceux où il ne l’est que foiblement. Jai administré l’électricité à deux malades devenus subitement paralytiques , l’un à la suite d’une chute j l’autre à la suite d’uri coup de fleuret au-dessus de l’arcade sourcilière ; ni l'un, ni l’autre n’ont obtenu aucun succès. Si la chute , le coup , la commotion de quelque na- ture quelle soit, ne détermine que la conges- tion , la stase des humeurs , l’électricité pourra très-probablement être utile 5 mais qu’espérer de ce moyen, si l’ébranlement à dérangé le sys- tème organique ? Le compte que j’ai rendu des premiers trai- tcmens électriques que j’ai administrés , et qui est inséré dans le tome second des mémoires de la Société de Médecine, est accompagné d’un tableau qui présente le nom, l’âge des malades , la date de leur maladie , ses causes, autant qu’il est possible de les déterminer. On lit sur ce tableau les noms de cinquante-un paralytiques 5 leur histoire, rapportée dans le compte que j’ai rendu , appuie et vérifie les résultats , les conséquences, les assertions que j’énonce dans Cette lettre. J’ai électrisé depuis un beaucoup plus grand nombre de paralytiques , et leur trai- tement a , successivement et sans variation , confirmé mes premiers apperçus. Voulant, autant qu’il me seroit possible, dé- terminer la valeur de l’électricité contre la pa- ralysie , j’ai comparé les succès obtenus par ce moyen aux succès que procurent les autres médicamens usités contre la meme maladie : il m’a paru qu’en comparant des faits qui se rapportent dans les circonstances, comme la ÉCLAIRÉE, etC. I99 nature , la cause , la date , les symptômes de la maladie , l’électricité est contre la paralysie l’équivalent des autres moyens curatifs qu’on peut employer contre cette maladie : ensorte que l’électricité guérit, soulage, ou n’est suivie d’aucun succès, dans les cas où les autres moyens curatifs auroient également guéri , soulagé , on n’auroient procuré aucun avantage. Faut-il en conclure qu’on n’ait rien gagné par l’application de l’électricité à la paralysie P Je crois que cette conséquence seroit très-erronée , parce que l’é- lectricité est un moyen plus facile à administrer, beaucoup moins fatigant et moins désagréable pour le malade , infiniment moins dispendieux que les autres procédés curatifs contre la même maladie. Le riche devenu paralytique gagne donc , en recourant à l’électricite , de n’être pas con- traint , comme en recourant aux eaux miné- rales , et en allant, pour qu’elles soient plus efficaces , en user à leur source , à se dé- placer, de ne pas quitter ses affaires, de de- meurer auprès des personnes , et dans les lieux dont l’éloignement lui seroit pénible , d’em- ployer un remède qui le fatigue moins, et dont l’usage n’a rien qui surcharge et fatigue ses viscères , qui blesse la délicatesse de ses sens , et dont l’usage le contrarie dans sa manière de vivre. Mais le très-grand avantage de l’élec- tricité est en faveur de l’homme peu opulent et du pauvre. Le premier épuise ses moyens en faisant usage des remèdes ordinaires 5 le pauvre ne sauroit les employer , et personne n’en fait la dépense en sa faveur • ils ne lui sont fournis ni par les charités des paroisses-, ni dans les hôpitaux : c’est une des causes d’a- près lesquelles on voit tant d’infirmes parmi; N 4 2.00 La Médecine le peuple. En effet , la nourriture du pauvre , les intempéries qu’il supporte , l’insalubrité des lieux qu’il habite, souvent la nature de son tra- vail, l’exposent au danger de devenir paralytique, et beaucoup de pauvres, même encore jeunes, sont frappés de paralysie ; ils demeurent perclus , à charge à l’état, malheureux, faute de secours : des traitemens électriques , administrés dans les hôpitaux, qui occasionneroient une dépense très-modique , rendraient à eux-mêmes et à l’é- tat un grand nombre de paralytiques. L’élec- tricité , sous ce seul point de vue , peut donc être d’une très-grande utilité. . Pour achever ce que j’ai observé relative- ment à la paralysie , je dirai, i°. dans quel temps je crois convenable d’employer l’électricité après l’invasion du mal ; 20. de quelle manière il est plus avantageux d’administrer l’électricité ; 3°. de quelle précaution on doit user en en faisant usage. Ou la paralysie à lieu seule, sans avoir été précédée , sans être accompagnée de l’apoplexie ou d’une autre maladie, ou 011 est frappé à la suite del’apoplexie ou instantanément avec cette maladie, ou la paralysie a été précédée par des douleurs de goutte ou de rhumatisme plus ou moins fréquentes , ou la paralysie succède à la répercussion d’une humeur qui se portoit à la peau , ou elle arrive à la suite des coliques cau- sées par le vin lithargiré ou par les poisons mé- talliques , soit pris intérieurement , soit intro- duits sous forme de vapeurs parles pores absorbans et la respiration. Tels sont les cas dans lesquels la paralysie a le plus communément lieu , car elle arrive aussi quelquefois après la suppres- sion de certains écoulemens , ou habituels, ou périodiques comme après la dessication d’uu ÉCLAIRÉE, etC. 2>OÎ ulcère , après la cessation du flux liernor- rhoïdai . Jai cru reconnoître évidemment ces cas et ces causes de la paralysie parmi les pa- ralytiques pour lesquels j’ai employé l'élec- tricité , et il m’a paru qu’on doit observer les faits suivans relativement au temps , à la ma- nière d’administrer l’électricité ^ aux précau- tions à prendre en en faisant usage. Lorsque la paralysie a lieu en même temps que l’apoplexie , ou qu’elle succède promp- tement à cette première maladie , sans que l’une ni l’autre aient été précédées par des infirmités habituelles, il faut seulement, avant d’avoir recours à l’électricité , attendre que les accidens que l’apoplexie peut occasionner 11e soient plus à redouter 5 que l’assoupissement profond, le stertor , la pesanteur de tête, les étourdissemens , la rougeur du visage et des yeux , soient dissipés, ou au moins très-dimi- nués ; que l’usage des sens soit en partie ré- tabli : il est sur-tout nécessaire d’attendre dans le cas d’apoplexie sanguine ; sans cette lenteur on risqueroit, en raréfiant les humeurs , en ac- célérant le mouvement de la circulation par l’effet de l’électricité , de causer une nouvelle attaque d’apoplexie , d’augmenter l’embarras du cerveau, et d’aggraver, de renouveller tous les accidens; il faut donc attendre que les symp- tômes de la pléthore ou de l’engorgement soient au moins très-diminués , et assez pour qu’une légère augmentation de ces simptômes ne soit pas à redouter , pour qu’on n’ait pas à en craindre qu’elle occasionne une nouvelle attaque d’apoplexie. On connoît les moyens de remedier aux symptômes de l’apoplexie; ce n’est pas le lieu de parler de ces moyens , il suffit de dire que leur usage et l’effet qu’on ^02 JL/ a M e d e c i n e attend doivent précéder l’emploi de l’électricité. Quand la paralysie a été précédée par de longues , fréquentes ou habituelles douleurs de rhumatisme , ou par des affections gout- teuses, ou en particulier par des accès de goutte bien caractérisés , il faut avoir égard à ces cir- constances différentes ; quand la paralysie a ete précédée par des douleurs rhumatisantes , je crois qu’on peut sans risque employer l’é- lectricité sans aucun préliminaire de l'invasion du mal; quand on a lieu de présumer que la paralysie est due à une humeur 'de goutte vague qui s’est fixée , je crois qu’il est prudent , avant d’emjdoyer l’électricité , de prescrire des remèdes propres à porter à la peau, et de les faire ensuite concourir avec l’électricité pendant tout le temps du traitement : mais, lorsque le malade a eu plusieurs accès de goutte ca- ractérisés, et qu’on est fondé à regarder l’hu- meur goutteuse comme la source et le prin- cipe de la paralysie , je ne pense pas qu’on doive en aucun temps employer l’électricité. Mon opinion , dans les cas que je viens d’é- noncer, est fondée sur les observations suivantes. L’électricité manque rarement de déplacer l’humeur rhumatisante et de la pousser à la peau. On peut donc, dans le cas de paralysie qui succède au rhumatisme , et qui paroît avoir pour cause l’humeur rhumatisante , em- ployer, dès l’invasion de la paralyse, l’electricilé sans danger; car l’humeur morbifique déplacée, mise en mouvement , sera portée vers une partie où elle ne causera pas d’accident , et elle sera même expulsée. Dans les rhumatismes qu'on nomme goutteux et dans les affections de ce genre , l’électricité agit avec plus de promptitude encore , et a ÉCLAIRES, etC. 2.o3 plus d’effet que dans le rhumatisme simple : c’est parce que son action est très-vive, son effet très-grand , parce qu’elle met en mou- vement une humeur plus abondante dans ce genre d’affection , que je crois nécessaire de faire précéder pendant quelques jours, et de faire concourir avec l’électricité, les remèdes propres à porter à la peau. En effet, dans le cas dont il s’agit , les malades qu’on électrise ont souvent des crises par les crachats , quel- quefois par les urines , ou même par les selles : l’humeur mise en mouvement se porte donc sur les viscères , et c’est une voie dont il est toujours prudent de la détourner , sur-tout quand il est possible de lui faciliter une autre issue et une sortie qu’aucun risque n’accom- pagne. Je 11e me suis jamais permis d’administrer l’électricité aux goutteux, ni aux paralytiques en qui l’humeur goutteuse m’a paru être la cause de la paralysie , parce que Zetzel et Linnéus, d’autres observateurs encore , assurent que l’électricité , calme les douleurs de la goutte , mais en déplaçant l’humeur plus promptement qu’aucun autre moyen, sans l’expulser au de- hors j d’où il suit, ajoutent les auteurs, que les goutteux dont on a calmé les douleurs sont pris, tantôt de vertiges et de maux de tête in- supportables, tantôt de toux opiniâtres, ou de coliques accompagnées de déjections glaireuses et sanguinolentes , tous symptômes graves et très-difficiles a dissiper , qui ne cessent que quand l’humeur goutteuse a été rappellée à son siège ordinaire, aux extrémités, soit par les forces vitales seules, soit aidées par des remèdes convenables. Il n’est pas nécessaire de dire que quand le 2o4 La M é ïi b C i n e rhumatisme esl inflammatoire , ce seroit beau- coup risquer de prescrire l’électricité avant que les symptômes de l’inflammâtion soient en grande partie calmés. Je faisois un cours d'é- ïectricite médicale, de jeunes élèves qui le sui- voie.nt m’amenèrent le valet de leur hôtellerie, perclus par un rhumatisme très-aigu : une cir- constance me fit sortir de la pièce oh je les avois reçus pendant quelques instans ; ils don- nèrent au malade en mon absence de fortes commotions , répétées en assez grand bon dire : • ^ . ' /v ^ I • je les trouvai occupes a cet emploi en ren- trant ; je les blâmai et je leur exposai, après que le malade fut retiré , les dangers auxquels je croyois qu’ils venaient de l’exposer. Ce ma- lade étoit venu chez moi , appuyé sur une bé- quille, et aidé par les jeunes gens qui l’ame- noientj je le vis revenir le lendemain avec eux, sans appui d’aucune sorte. Il avoit eu la veille, après l’électrisation , un. redouble- ment de fièvre et un très-violent accès de plu- sieurs heures, suivi d’une sueur excessivement abondante, qui dura la plus grande parlie de la nuit : il s’étoit trouvé presque totalement délivré de douleurs le matin; il avoit recouvert la facilité de se mouvoir, il étoit venu sahs^ être aidé ni appuyé , et il n’avoit plus de fievre. Je le félicitai et ceux qui raccompagnoient sur l’heureuse issue de leur essai ; je leur con- seillai cependant de ne le pas renouvellèr en pareil cas : en effet, si la nature n’avoit pas ete assez forte pour déterminer et soutenir la vio- lente crise qui avoit eu lieu par la sueur , le malade n’auroit-il pas été dans le plus grand danger, et peut-être la victime de l’essai P Je crois donc beaucoup plus sage > en pareil cas , d’attendre que la violence des symptômes in- iSclairéI) etc. io5 flammatoires soit diminuée , et de n’employer même alors qu une électricité dont l’effet soit moins prompt, mais moins dangereux. Em- ployée dans le cas dont il s’agit, avec la violence dont elle le fut pour le mdjade dont je parle, ce seroit un de ces remèdes de charlatans qui réussissent une fois et tuent vingt autres fois. Toutes les fois que la paralysie m’a paru avoir pour cause une humeur repercutée, ou la suppréssion d’un écoulement soit habituel , soit périodique , j’ai prescrit avant et pendant le traitement électrique , ou l’usage d’un exu- toire , ou celm'des remèdes propres à rappeller l’écoulement habituel ou périodique qui avoit cessé d’avoir lieu. Je me suis conduit à cet égard comme par rapport à l’objet de l’article précèdent, dans la vue d’appeller l’humeur mise en mouvement vers une partie où elle se portât sans y produire un effet dangereux. La paralysie ne succède à l’effet des poisons métalliques pris intérieurement , que quand les accidens inflammatoires les plus violons sont en partie calmés ; mais lors de son inva- sion, le malade peut ressentir encore de vives douleurs dans les entrailles. Lorsque la paralysie est occasionnée par des vapeurs métalliques , elle n’a quelquefois lieu qu’après que les malades ont éprouvé des co- liq ues inflammatoires, comme il arrive sou- vent aux peintres et aux plombiers ; elle se déclare au contraire d’autres fois sans avoir été précédée par des coliques , comme les do- reurs en fournissent l’exemple. Je crois que quand la paralysie causée par des poisons me- ta i tp s, est accompagnée de coliques, même de simp.es douleurs , et d’une extrême sensibilité des entrailles, qui subsistent encore, il faut, 206 La Médecine avant d’employer l’électricité, attendre que ces symptômes soient très - diminués, sans quoi l’action irritante de l’électricité les rappelleroit à leur intensité , ou les en rapprocheroit beau- coup : mais quand la paralysie n’a pas été pré- cédée de douleurs d’entrailles , ou que ces douleurs ont cessé , on peut faire usage de l’électricité aussi- tôt que la paralysie se déclaré. Je n’offre dans cet article qu’une simple conjecture à l’égard de la paralysie survenue à la suite de coliques causées par des poisons métalliques pris intérieurement j je n’ai point traité de malades dans ca cas , à qui les dou- leurs d’entrailles se fissent encore sentir ; mais j’en ai traité deux qui , après avoir éprouvé des coliques , étoient devenus paralytiques , et ne souffroient plus de douleurs d’entrailles \ j’ai administré l’électricité à trois malades de- venus paralytiques par l’effet des vapeurs du mercure , sans avoir éprouvé des coliques : ces trois derniers étoient des doreurs ; les deux premiers n’ont été que soulagés et .les trois autres ont été guéris. De Haen , si digne qu’on le croie , assure avoir guéri , par l’électricité , un grand nombre de doreurs perclus, et réduits à l’état le plus fâcheux. Son assertion m’a tou- jours fait desirer d’employer l’électricité en faveur des doreurs, mais je n’ai eu occasion d’en traiter que trois ; d’après l’assertion de de Haen , un traitement électrique public seroit un grand bienfait pour ces artistes. Après avoir essayé de déterminer l’époque où il est à propos , dans les différentes es- peces de paralysie , d’administrer l’électricité , je m’occuperai de rechercher quelle est la meil- leure méthode d’en faire usage , quel doit être le nombre des séances par jour, la durée de ÉCLAIRÉE, etC. 207 cb fi que séance , et celle du traitement entier. La manière d’employer l’électricité , la duree et la. fréquence des séances., sont la façon de doser ce remède, comme la préparation des autres médicamens , leur poids, est la manière d’en régler et d’en fixer la dose. Les au- teurs anglois recommandent , de quelque ma- nière qu’on emploie l’électricilé , de ne por- ter le traitement qu’à un degré tel qu’il ne fatigue pas le malade et ne lui laisse pas un sentiment de lassitude qui se prolonge plus ou moins après le traitement : ils assurent qu’on ne réussit qu’en bornant à ce degré la dose d’électricité , si l’on peut employer cette expression. J’ai toujours pratiqué leur conseil depuis que je l’ai connu , et je m’en suis cons- tamment très-bien trouvé : en conséquence , je commence toujours le traitement par la mé- thode la moins active , par le bain électrique ; je passe ensuite pour la paralysie aux étincelles, et je fais d’abord des séances très-courtes. J’ob- serve le degré de sensibilité du malade., et selon qu’il supporte mieux l’électricité, je pro- longe les séances , j’en augmente la fréquence , s’il est possible j’emploie les étincelles , et plutôt et pendant plus de temps à chaque séance. J’ai toujours observé encore, même pour les malades qui supportent le mieux l’élec- tricité, de prolonger graduellement les séances, comme pour obtenir de l’effet d’un remède , long-temps continué, on en augmente insen'sible- inent et graduellement la dose. Je n’ai recours à la commotion que quand les bains et les étin-. celles ont été sans effet assez de temps pour que je croie qu’il n’y a plus lieu d’en espérer de succès j alors je mets en usage les commo- tions, comme une dernière ressource, et je les xa Médecine gradue comme je le pratique pour le bain et les étincelles. Je résume de ce qui précède , que pour les sujets très-sensibles , que les étincelles fatiguent , il faut se borner au bain : ce moyen agit plûs lentement mais il conduit au même succès, en dépensant seulement plus de temps; les commotions m’ont toujours paru un moyen fatigant , dont on doit se passer pour la plupart des paralytiques, et qu’on ne doit employer que quand les autres moyenssont reconnus inu tiles. La duree des premières séances me paroît ne devoir pas excéder huit à dix minutes , et je les porte ensuite à demi-heure ou trois-quarts d’heure , en les augmentant de quelques minutes chaque jour. Je partage la durée des séances moitié en bain , moitié en étincelles : le mieux seroit de faire deux séances par jour , une le matin , une le soir j mais je l’ai peu pratiqué , les ma- lades étant obligés de venir chez moi. Quant à la durée du traitement en totalité , je ne crois pas qu’on puisse fixer aucune époque , puis- qu’il y a des paralytiques guéris en six se- maines ; d’autres qui n’ayant éprouvé que très- peu ou point "de soulagement en six mois, et ne se rebutant pas cependant, obtiennent tout à coup beaucoup de soulagement : on doit seu- lement conclure que l’électricité agit très-len- tement , et que les paralytiques 11e doivent pas désespérer qu’elle les guérisse , ou les soulage, s’ils n’en ont pas fait usage au moins pendant six mois. Il me reste à parler des précautions que je crois nécessaires , en administrant l’électricité aux paralytiques. Lorsque MM. Lassone , Morand , Nollet , traitèrent aux Invalides des paralytiques par l’électricité } ces messieurs obtinrent d’abord de ÉCLAIRÉE, etC. 2.09 des succès marqués ; on en conçut des espé- rances , mais la plupart des malades retom- bèrent bientôt dans le premier état , ou ils furent frappés de paralysie sur des membres que cette maladie n’avoit pas affectés, tandis qu’ils étoient soulagés du côté des parties qui avoient été premièrement paralysées, et ayant l’usage de l’électricité ; on en conclut quelle étoit nuisible plutôt qu’avantageuse , et on cessa pour long temps en France de l'employer. Les faits qui avoient eu lieu en avoient im- posé , et la conséquence qu’on en avoit tirée n’étoit pas fondée : ces mêmes faits prouvoient que l’électricité avoit une action $ il étoit pos- sible de la diriger ou de la seconder de ma- nière qu’elle fût utile et ne pût pas nuire j mais on ne tira point alors cette conséquence , et 011 ne chercha point à profiter de l’action de l’électricité , en prévenant les dangers à re- douter de cette même action ; c’est je crois ce que l’observation et les circonstances m’ont appris de la manière que je vais exposer. Quand je commençai à électriser des ma- lades, je m’attachai à observer chaque jour ce qui leur arrivoit , et je recueillis à leur égard tous les faits qui eurent lieu. Je 11e tardai pas à reconnoître, comme les physiciens qui firent des traitemens aux Invalides et d 'autres sa vans , en particulier Sauvages , l’avoient annoncé , que l’électricité détermine dans la plupart des ma- lades des excrétions , tantôt par les sueurs , et c’est l’excrétion la plus fréquente , tantôt pas les crachats , quelquefois par les urines ou par les selles. Ces excrétions me parurent des crises que la nature cormnençoit , qui étoient déterminées par l’électricité 5 j'observai que les sécrétions étoient peu abondantes , que Tome IIL N°. VII. O 210 Là. Médecine souvent elles s^arretoient après avoir commen- cé , qu’elles succédoient toujours à des dou* .leurs , des mouvemens intestins éprouvés dans les parties paralysées , et à un retour marqué de mouvement et de sensibilité dans ces parties j que ces avantages se soutenoient si les ex- crétions continuoient , mais que si elles dimi- nuoient ou elles étoient supprimées , les acci- dens qui avaient été diminués redevenoient aussi graves que par le passé ; que d’autres fois le soulagement persévéroit à l’égard des parties sur lesquelles il avoit eu lieu, mais que le mal se portoit sur des parties qui en «.voient été exemptes avant l’électrisation. Une femme sur-tout, madame Prémon, dont l’histoire est rapportée tome second des Mé- moires de la Société de Médecine, me fournit occasion de répéter , de confirmer ces obser- vations, et d’en tirer une conséquence pré- cise. Madame Prémon étoit hémiplégique : on l’amena chez moi en voiture , et on la portoit de la voiture à la chambre où elle étoit élec- trisée $ elle ne tarda pas à être en état de marcher seule et de commencer à se servir de son bras; mais au moment où il sembloit qu’on ne devoit que s’applaudir, madame de Prémon fut saisie d’une oppression inquiétante , accompagnée de beau- coup de fièvre et d’une violente douleur à la région du diaphragme. Des délayans et des caï- mans adoucirent les symptômes , qui se dissi- pèrent à la suite d’une sueur longue et abon- dante. La malade recommença l’usage de l’é- lectricité ; elle éprouvoit depuis long-temps une douleur fixée sur le muscle grand pectoral , et cette douleur, qui en s’augmentant gênoit les mouvemens du bras , paroissoit être un puis- sant obstacle à ces mouvemens : je m’attachai un jour à diriger l’action de l’électricité sur ÉCLAIRÉE, CtC. 211 le muscle grand pectoral , en ne tirant des étin- celles que de ce muscle , en en tirant beaucoup , en faisant traverser quelques commotions. Le jour même la douleur cessa dans la partie qui en avoit été constamment le siège, le mou- vement fut plus libre ; mais dans la nuit sui- vante la douleur se porta sur les muscles sterno- costaux , et fut si vive qu’elle forçoit la malade à ne faire que de très-légères inspirations. Cet accident se termina comme le premier , et se renouvella , mais avec moins de violence , une troisième fois , de la même manière que la se- conde fois. Plusieurs de mes confrères qui ont suivi avec moi le traitement de madame Pré- inon , furent témoins des faits que je viens de rapporter ; ils contribuèrent beaucoup à nous confirmer dans le sentiment où nous étions, d’a- près les excrétions que l’électricité a coutume de déterminer, d’après les circonstances qui précèdent , accompagnent et suivent ces ex- crétions, que l’électricité entame des crises, que rarement elle les soutient si on ne la se- conde pas , et que si la nature n’est pas assez forte pour l'es maintenir , elle expose les ma- lades qu’elle soulage au risque des métastases $ mais qu’on peut prévenir ce danger, et profiter des avantages que l’électricité procure en se- condant les crises qu’elle détermine , en pro- curant l’évacuation des humeurs qu’elle déplace, qu’elle met en mouvement, qu’elle pousse vers un conduit excrétoire. Ainsi , en associant à l’électricité , les légers sudorifiques prescrits en boissons , les sialagogues , les diurétiques, se- lon que la crise s’annonce par les sueurs , les crachats ou les urines, et sur-tout en étant at- tentif, toutes les fois qu’un changement en bien s’opère subitement et d’une manière mar- O 2, La Médecine quee dans les paralytiques, à les évacuer promp- tement par les selles , on peut obtenir de grands avantages par l’électricité, sans avoir de re- chutes ni de métastases à craindre : cette pro- position a été confirmée d’abord par l’exemple de madame Prémon , que j’ai continué d’élec- triser après les trois premiers accidens dont j’ai parlé , qui n’en a plus éprouvé et a cepen- dant beaucoup obtenu par l’électricité. La même proposition a acquis, je crois , l’évidence , par l’exemple du grand nombre de paralytiques que j ’oi traités depuis, pour qui j’ai employé les précautions dont j’ai cru reconnoître la né- cessité, dont aucune n’a éprouvé ni rechute, ni métastase. Je me suis beaucoup étendu sur la paralysie , parce que cette maladie est très-fréquente , parce que l’issue du traitement est très - différent suivant la nature des symptômes , la date de la paralysie , parce que je crois indispensable d’user des précautions dont je viens de parler , et que c’est faute d’en avoir fait usage qu’on a souvent manqué de guérir les paralytiques , parce qu’enfin je pense qu’en employant l’é- lectricité pour les paralytiques dans les cas , de la manière et avec les précautions que j’ai rapportés, on en guériroit un très-grand nombre. Ce que j’ai dit de la paralysie relativement à son intensité, sa date, à la force du traitement, aux précautions nécessaires en électrisant , doit également s’appliquer au traitement des autres maladies; ce sont des généralités que je prie de ne pas oublier, dont je ne parlerai plus, et dont je supposerai qu’on se, souviendra. it ÉCLAIRÉE, etC. 2l3 HYGIÈNE. Blanchiment du linge taché par T onguent mer- curiel, par M. Y au quel in. C’est un problème, parmi les praticiens oc- cupés du. traitement des maladies vénériennes , de trouver un moyen de nétoyer les linges dont on a fait usage pendant le traitement par les frictions mercurielles. Il est difficile de se former une idée de la quantité de linge détruit par ce traitement : ce n’est que dans les hôpitaux où ces maladies sont traitées que l’on peut s’apper- cevoir de cette dépense considérable. Elle se fait sentir dans toute sa force lorsque par ignorance , ou faute de précaution de la part du chirurgien , les malades portent pendant leur traitement des linges précieux et qu’ils les font ensuite blanchir avec d’autres linges par des moyens ordinaires. Il arrive inévitablement que ce linge , ainsi que celui avec lequel on l’expose , est à jamais taché , et même que chaque tache , au bout d’un certain temps , devient un trou sur le linge. Il est encore un autre inconvénient qui résulte du traitement des maladies vénériennes , c’est de décéler cette' maladie chez des personnes qui quelquefois peuvent avoir un grand intérêt à la soigneusement cacher. Combien ces stigmates sur les linges n’ont-ils pas été des sources de maux et de scission dans les ménages et dans les familles ! Une circonstance telle que celle que nous avons exposée plus haut , relativement au dé- faut de précaution dans l’administration des médicamens anti -vénériens, m’a mis à portée d’offrir au public un moyen sûr et peu dispen- dieux pour blanchir les linges tachés par des préparations de mercure et de plomb. O 3 2î4 La Médecine Ayant été chargé de détacher un assez grand nombre de chemises fines , de mouchoirs de poche , et de serviettes , etc. tant en coton qu’en fil , j’ai opéré de la manière suivante : J’ai d’abord lessivé quelques-unes des che- mises , qui ne l’ayoient point été, dans une liqueur faite avec cinquante parties d’eau , une de potasse et une et demie de chaux ; lorsque toute la graisse a été dissoute par l’alcali et qu’il ne restoit plus sur les linges que l’oxide de mercure (car c’est avec l’onguent mercuriel que se font les taches) , je les ai réunis avec ceux qui avoient subi la première opération chez la blanchisseuse , et je les ai plongés dans un ba- quet contenant une liqueur composée de douze parties d’eau et d’une partie d’acide muriatique oxigéné le plus fort possible , à la température de dix degrés. J’ai laissé ces linges dans la li- queur jusqu’à ce que toutes les taches ayent été enlevées , ce qui dure plus ou moins de temps , suivant qu’il y a plus ou moins de matière à dis- soudre. S’il arrivoit que l’on eût mis plus de linge que l’acide muriatique oxigéné n’en peut détacher , il faudroit , après avoir ôté le linge de dedans la première liqueur , ajouter un vingtième du même acide et y plonger le linge de nouveau. Je conseille de retirer le linge avant l’addition de l’acide , car il pourroit arriver qu’il ne se mêlât pas exactement par-tout , et qu’il brûlât les parties du linge sur lesquelles il séjourneroit. Lorsque toutes les taches sont disparues , il faut bien laver le linge avec de l’eau de fontaine , le passer dans une eau de savon pour lui enlever son odeur , et ensuite , si l’on veut lui donner un beau blanc , on peut le plonger pendant quelques heures dans une eau ou on aura mêlé 0,01 d’acide sulfurique ou sulfureux. Ce sont- éclaikéb, etc. 2i5, là les closes qui m’ont le mieux réussi j elles peuvent être changées en raison des quantités de linges qu’on a blanchis et les quantités de taches dont ils sont gâtés : mais en général il faut mieux être obligé de lessiver et immerger deux fois que d’employer ou les lessives ou l’acide trop forLs , car on pourroit brûler son. linge Cette application de la chimie à l’économie domestique , met les malades hors de cette alternative , ou de perdre par le traitement anti- vénérien des linges précieux , ou de ne mettre que des haillons que beaucoup de personnes ne souffrent que difficilement. Nota, Quand on se sert de vases de bois neufs , il faut avoir soin d’y mettre quelques heures avant de l’acide muriatique oxigéné , pour en détruire la couleur. Il faut aussi soigneusement en. écarter le. fer. PHYSIOLOGIE. Observation sur le Légalement , par M. Charles Cadet , homme de loi. J’ai vu , dans la société , un jeune homme d’un extérieur avantageux , rempli de talens et fait pour y tenir une place distinguée, si un bégayement , qu’il appelloit insurmontable, lui eût permis de prononcer deux syllabes de suite. Je crus ce défaut produit par une conformation vicieuse , et je le plaignois de ne pouvoir la rec- tifier , lorsqu’une occasion assez ordinaire dans les cercles me mit a même de l’entendre chan- ter. Quel fut mon étonnement d’entendre les sons les plus doux, les plus longues tenues, la prononciation la plus nette et la mieux arti- culée , sans aucune faute de prosodie ! Je sentis à l’instant que l’étude et la méthode de la mu- 2i 6 ï. a Médecine siqtie , qui lie chaque syllabe à un certain nombre de notes , avoient maîtrisé son organe , et je pen- sai que si la mesure changeoit subitement de mouvement, le bégayement devoit se faire sen- tir ; mais je fus détrompé : le même jeune homme exécuta sur le champ, avec la même perfection , un long récitatif. Une pareille singularité me frappa , mais ne me parut pas assez concluante pour établir un système , et ne fit que me rendre plus attentif; mais ce qui vous surprendra sans doute , c’est que , peu de temps après , j’eus lieu de faire la même remarque dans trois autres personnes que le même défaut affligeoit. Toutes trois bègues dans 1a. conversation , avoient toutes trois la voix libre en chantant. Une d’elles déclamoit aussi sans obstacle , mais alors le son de sa voix avoit un caractère très-rapproché du chant. Ce rapport étonnant a fait naître quelques ré- flexions dont le développement demanderoit de l’étendue , mais qu’il me suffira d’indiquer ici. Je crois, avec J. J. Rousseau , que le bégaye- ment est toujours un vice d’éducation ; excepté les cas de paralysie oud’autresmaladics connues, il n’est peut-être pas un seul paysan qui bégaye. Si cette opinion est aussi juste que je la suppose , il seroit infiniment utile d’employer de bonne heure la musique pour corriger cette imperfec- tion. Quel triomphe pour elle si elle acquéroit par-là ie titre d’art utile î Après avoir dompté la nature par la nécessité d’observer des intonations justes , après avoir as- servi l’organe à la précision qu’il faut pour arti- culer avec netteté les paroles d’un air rapide, on pourroit lui substituer un récitatif lent , faire passer ensuite graduellement du récitatif à la déclamation noble et accentuée ; de ce genre à la déclamation moins élévée , et de celle-ci enfin ÉCLAIRÉE, etC. 217 au ton de la conversation. De cette manière on parviendront, j’ose Je croire, à donner une pro- nonciation nette à un enfant' qui n’auroit eu toute sa vie qu’un insupportable bredouillement. Il est sans doute urgent que les instituteurs s’oc- cupent de cet objet. De jour en jour les organes naturels deviennent plus rares; le tiers de nos comédiens bégaye , bredouille ou grasseye ; la moitié des femmes se font une mode et même un attrait du plus désagréable zézayement : ce qui est plus étrange, c’est qu’on les applaudit et qu’on les imite. Je ne doute pas que l’honneur qui appelle la jeunesse françoise à la tribune politique , pour y défendre les droits sacrés du peuple , ne la porte à soigner son organe. Le remède que je propose peut encore sembler utile à ceux qui , avec des talens précieux , seroient découragés par un organe défectueux qu’ils croiroient ne pouvoir rectifier. ANATOMIE. Mémoire sur les changemens qui arrivent aux organes de la circulation du fœtus , lorsqu’il commence à respirer , lu à l’ Académie des Sciences , à la séance publique de la Saint- Martin , par M. Sabatier. La disposition des organes de la circulation du fœtus a autrefois excité mon attention : elle m’a fourni , sur la manière dont le sang traverse le cœur à cette époque de la vie , des idées diffé- rentes de celles qui avoient été adoptées jus- qu’alors. Au lieu d’en conclure que ce fluide passe réciproquement de l’oreillette droite dans la gauche et de celle-ci dans la droite, de ma- niéré qu’il se fasse un mélange de celui qui revient du placenta par la veine cave infé- 2iS x a Médecine rieure , avec celui que les veines pulmonaires ramènent des poulmons , et que les deux oreil- lettes ne forment qu’une seule cavité partagée en deux par une cloison ouverte à sa partie moyenne , j’ai cru voir clairement que la dispo- sition dont il s’agit permettoit à la totalité du sang de la veine cave inférieure d’entrer dans l’oreillette gauclie , et à celui de la supérieure de tomber dans l’oreillette droite. J’en ai tiré la conséquence que tout le sang du cœur retourne au placenta avant de recommencer son cours , à peu près comme celui de l’adulte traverse les poumons avant de rentrer dans l’aorte , et qu’il décrit dans sa marche une espèce de huit de chiffre. Ce mécanisme , et les preuves qui l’éta- blissent , sont exposés dans un Mémoire im- primé parmi ceux de l’Académie , pour l’année 1774. Il a paru assez satisfaisant pour que le plus grand nombre des personnes qui s’occupent d’ Anatomie et de Physique animale Paient adopté dans leurs écrits, et dans l’enseignement de ces deux sciences. J’ai eu soin d’avertir que , pour vérifier mes remarques , il falloit avoir des fœtus qui n’eus- sent pas respiré , parce que le nouvel ordre de choses qui s’établit lorsque l’air a commencé à s’introduire dans les poumons , amène des chan ■ gemens très-prompts dans l’état du trou ovale , et dans celui du canal artériel et des arteres om- bilicales , dont l’un se ferme presque en entier , et les autres se rétrécissent au point qu’il est impossible de se les représenter tels qu’ils étoient quelques heures avant. Mon dessein n’étoit que de prévenir sur la promptitude avec laquelle se font ces changemens , qui d’ailleurs sont tres- connus. Mais quelle en est la cause ? comment le trou ovale ne permet-il plus au sang de passer de droite à gauche ? pourquoi le canal artériel ÉCLAIRÉE ,_etC. , 2.I9 et les artères ombilicales se resserrent-ils ? On a cherché à rendre raison du premier de ces phé- nomènes : les autres ont été négligés. La quan- . , , . DD J- tite de sang qui se porte aux poumons lorsque l’enfant a respiré est , dit - on , plus grande qu’avant ) ce fluide arrive avec plus d’abondance dans l’oreillette gauche , et la valvule du trou ovale qui est appliquée sur la paroi gauche de la cloison commune aux oreillettes est entraînée vers cette ouverture , et intercepte toute com- munication entr’elles. Cette explication suppose que l’enfant respire , et que les vaisseaux du poumon se laissent pénétrer par le sang que le ventricule droit pousse dans le tronc de l’artère pulmonaire. Reste à savoir pourquoi il respire, et ce que l’Anatomie apprend sur les change- inens que le développement des poumons pro- duit dans les diverses parties du cœur. Les Physiologistes se sont beaucoup occupés des causes de la première inspiration. Le plus grand nombre a pensé qu’elle est l’effet de l’im- pression que la différence de température pro- duit sur le corps de l’enfant. Il croît au milieu d un fluide dont la chaleur , égale à celle du sang et de toutes les parties intérieures du corps, s’élevoit à trente-deux degrés. Le froid que Pair lui fait éprouver agit sur lui comme un agent irritant , et détermine ses muscles à se contracter : ceux qui servent à la respiration sont mis en jeu comme les autres 5 les côtes sont élevées et le diaphragme abaissé , et Pair se précipite dans les poumons. Quelques-uns ont cru que l’humeur de la transpiration , que le froid empêche de s’échapper comme à l’ordi- naire , refluoit sur les parties intérieures , et que la suppression de cette humeur produisoit dans la machine une sorte de gêne qui pouvoit donner lieu à la contraction du système muscu- 220 la -Médecine laire. Gette explication, vraisemblable pour les régions froides et pour celles qui sont tempé- rées , ne l’est pas pour les lieux où la chaleur de l’atmosphère est égaie ou même supérieure à celle du sang. Il est vrai que l’enfant éprouve du inal-aise à l’instant où ses rapports avec le placenta viennent à cesser , et que ce mal- aise le force à mettre tous ses muscles en action , mais il dépend de toute autre cause que celle dont il vient d’être parlé. Tant qu’il a été ren- fermé dans la matrice , il recevoit , par la veine ombilicale , une quantité de sang que l’on peut croire égale à celle qu’il perdoit par les artères du même nom. Le système vasculaire étoit sur- chargé d’une colonne de fluide , laquelle s’éten- doit , sans interruption , de l’entrée de l’une à la sortie des autres. Cette colonne , sans cesse reproduite et sans cesse portée au dehors , ne oausoit aucun embarras : au moment où la com- munication avec le placenta est interrompue , elle devient un obstacle à la libre circulation du sang; l’enfant éprouve un mal -aise dont il cherche à se débarrasser , ses muscles se con- tractent, il s’étend, il baille, et les dimersions de sa poitrine , devenues plus grandes qu’elles n’étoient , par l’élévation des côtes et. par l’abaissement du diaphragme , obligent l’air de remplir les poumons. Les vaisseaux de ces or- ganes , étendus et comme déployés., n offrent plus autant de résistance au sang qui cherche a les pénétrer ; il s’y introduit en plus grande quantité qu’avant , et le système vasculaire est dégagé. Cette cause est la première de celles qui don- nent lieu aux changemens qu’éprouvent les or- ganes de la circulation, mais elle n’est pas la seule : pour connoître les autres il faut se rap- peller le peu de dimensions que présente la cavité ÉCLAIRÉE, etC. 312,1 de la poitrine dans un enfant qui n’a pas respiré , le refoulement des viscères du bas-ventre vers le diaphragme , et le pelotonnement , s’il rn’est permis de m’exprimer ainsi , du cœur et des poumons. Ces derniers viscères dévoient être renfermés clans un espace qui leur permît de se dilater , et qui pût s’agrandir et se resserrer avec eux : celui qui leur est destiné, circonscrit par les côtes , par les muscles qui remplissent leurs intervalles et par le diaphragme , est peu étendu dans le fœtus ^ parce que les poumons y ont peu de volume j il acquiert des dimensions plus grandes lorsque les côtes viennent à s’élever et que le diaphragme s’abaisse. Ce muscle , dont les influences sur presque toutes les parties du bas-ventre et de la poitrine sont si grandes j, est alors dans le plus grand relâchement : il est poussé en haut par les muscles abdominaux , dont rien ne contre-balance l’action j son refou- lement vers la poitrine est d’autant plus grand qu’il y est enfoncé par le foie , dont le volume est beaucoup plus considérable qu’il ne doit être dans les autres temps de la vie. Les poumons occupent la partie la plus élevée du thorax , et y retiennent le cœur , dont la position est subor- donnée à la leur , ainsi qu’à celle du dia- phragme. Il est facile de se représenter cet état des choses ; mais j’en ai trouvé la preuve dans une observation assez délicate , qui a échappé aux Anatomistes. L’aorte, à sa sortie du ventri- cule gauche du cœur , se porte de derrière en devant , de gauche à droite et de bas en haut. Bientôt elle retourne en arrière et de droite à gauche en continuant de s’élever , après quoi elle descend le long de la partie gahche des veiv tèbres qui lui correspondent : elle décrit une ar- cade de laquelle s’élèvent le plus ordinairement trois gros troncs ; celui qui est commun à la. 222 La Médecine sous clavière et à la carotide droite , la carotide gauche et la sous-clavière du même côté. On a remarqué avec soin la position et les dimensions de ces vaisseaux , dont le premier est en devant , et peut être d'un calibre plus gros que celui des deux autres pris ensemble , et ceux-ci plus en arrière et moins gros , de sorte que la sous- clavière gauche , qui naît de l’aorte à l’endroit où cette artère est prête à s’appliquer aux ver- tèbres , est dans un© situation plus reculée que les deux autres. On n’a pas dit qu’elle est en même temps la plus élevée, c’est-à-dire qu’elle naît de la partie la plus haute de la crosse de l’aorte , peut-être parce que cette circonstance a paru indifférente , ou parce qu’on a jugé qu’étant une suite nécessaire de la progression suivant laquelle naissent les trois gros troncs dont il s’agit, elle n’avoit pas besoin d’être indiquée. L’attention que j’y ai donnée m’a fait voir que le fœtus qui n’a point respiré présente à cet égard une différence remarquable : le tronc commun de la sous-clavière et de la carotide droite répond à la partie la plus élevée de la crosse de l’aorte pendant que la sous clavière gauche répond à sa partie la plus basse. Ce fait, que j’ai vérifié un assez grand nombre de fois pour le regarder comme constant , indique d’une manière manifeste le changement qui arrive dans la position du cœur et des gros vaisseaux. Ce viscère occupoit le haut de la poitrine , où il étoit retenu par les poumons resserrés sur eux- mêmes , et par le diaphragme , que son état de relâchement enfonçoit vers cette cavité. Lorsque l’enfant a commencé à respirer , il descend avec ces parties , et prend , au bout de quelque temps , la place qu’il doit occuper pendant toute la vie. Les veines caves acquièrent plus de longueur; l’inférieure sur * tout , entraînée ÉCLAIRÉE, etc. sa3 par le foie qu’elle traverse , est distendue aussi tien que la valvule destinée à bouclier le irou ovale. Cette valvule n’est plus disposée à prêter comme elle l’étoit avant , et elle offre au sang , qui tend à la pousser de droite à gauche , une résistance qui empêche ce fluide de s’y porter. Le changement qui arrive dans les veines hépa- tiques contribue à cet effet. Quand le foie étoit élevé vers la poitrine , ces veines se trouvoient plus près du trou ovale , et le sang qu’elles cliar- rioient étoit porté du côté de cette ouverture , dans une direction presque horizontale. Lors- qu’il descend elles s’en éloignent et s’ouvrent avec plus d'obliquité dans la portion de la veine cave qui traverse ce viscère. Le sang qui les par- court prend une direction différente de celle qu’il avoit , et se portant de bas en haut , il confond son cours avec celui que les extrémités inférieures et quelques-uns des viscères du bas- ventre versent dans la veine cave. Ce n’est donc pas uniquement parce que le sang qui a traversé les poumons, et qui revient dans l’oreillette gauche du cœur , soulève la valvule qui doit boucher le trou ovale et s’ap- plique sur cette ouverture , qu’elle refuse le passage au sang de la veine cave inférieure , et que ce sang est obligé de se rendre dans l’oreil- lette droite , ou , pour parler plus exactement , dans le sinus des veines caves : deux autres causes essentielles viennent s’y réunir ; savoir , la distension qu’éprouvent ces veines et la cloison qui sépare leur sinus de celui des veines pulmonaires, et le changement de ^direction qui arrive dans les veines hépatiques , et ces causes sont subordonnées à celle qui produit la première inspiration et qui détermine le sang à se porter , avec une abondance extraordinaire , dans les yaisseaux du poumon. 224 La Médecine Reste à savoir comment le canal artériel se ferme , et ne peimet plus au sang du ventricule droit de le parcourir. J avoue cjue ce phénomène me semble beaucoup plus difficile à expliquer que celui dont je viens de rendre raison. Le cœur, entraîné de haut en bas, exerce la même action sur l’artère pulmonaire et sur l’aorte : ces vaisseaux, également distendus, conservent entre eux le même rapport $ on ne voit point que l’angle qu’ils forment à leur point de réu- nion doive changer. Quelle cause peut donc s’opposer à ce que le sang traverse le canal arté- riel , qui n’est autre chose que le tronc de l’ar- tère pulmonaire prolongé jusqu’à l’aorte ? Je n’en vois d’autre que l’espèce de dérivation qui se fait dans les artères pulmonaires : ces vais- seaux ne présentant plus d’obstacle au cours du sang , ce fluide s’y précipite , et ce qui en reste pour le canal artériel est en si petite quantité qu’il ne l’empêche pas de se resserrer. J’ai re- marqué plusieurs fois que les parois de ce canal , ainsi que celles des artères ombilicales , ont beaucoup d’épaisseur. Mon journal d’observa- tions porte que je leur ai trouvé un calibre fort étroit , relativement à leur grosseur ; de sorte qu’ils m’ont paru pouvoir être comparés au canal déférent , dont on sait que la cavité intérieure ne répond pas aux dimensions qu’il présente ex- térieurement. Peut-être la nature s’est-elle servi de cette construction pour opérer, dans les vais- seaux dont il s’agit , le changement qu’ils doi- vent subir après la naissance , afin que se con- tractant avec une force supérieure à la résistance que leur oppose le peu de fluide qui y reste ou qui s’y introduit , ils se resserrent avec force , et refusent de lui livrer passage. I ( N° V I 1 1. ) 2^5 HISTOIRE NATURELLE. Observation sur la fontaine brillante située dans la. paroisse de Sain t - B art 11 demi , départe- ment de L’Isère ; par JM. Bouvier apothi- caire. L e mot de fontaine est bien mal applique pour cet endroit , puisque l’eau qu’on y ren- contre n’y est qu’accidentelle. Cette prétendue fontaine , qui depuis long-temps à été rangée au nombre des sept merveilles du Dauphiné, étoit située près d’un ravin , mais un cboulement de terre , qui se fit il y a environ quinze ans , la fit changer de place , et i eleva de quelques pieds au-dessus de son premier niveau. Le samedi 2.3 avril 1791 , je me transportai sur le lieu : j’observai le terrein , qui est de nature argileuse , et j’examinai l’eau qui s’étoit filtrée en très petite quantité à travers cette terre; cette eau , dont la présence est totalement étrangère à la cause du phénomène qui nous in- téresse , m’a semblé assez pure ; elle n^avoit point de saveur sensible , et elle ne rougissoit ni ne verdissoit les papiers colorés avec les tein- tures de tournesol et de violette : sa tempéra- ture étoit égale à celle de l’atmosphère. La présence de l’eau sert à démontrer le déga- gement d’un fluide élastique qui s’enflamme par le contact des corps en ignition , et qui est du gaz hydrogène , dont l’odeur est semblable à celle du gaz qui se dégage pendant la dissolution du fer dans l’acide sulfurique étendu d’eau. Quelqu’un de Saint-Barthelemi m’a dit avoir recueilli plusieurs fois , dans les environs de Tome 111. N°. Y III. P 22 ,6 xa Médecine cette fontaine , une substance semblable à de la neige , et qui fondoit si facilement qu’il pou- voit à peine la transporter chez lui : ce n’est que dans l’été qu’on rencontre cette substance. Le même observateur m’a assuré que dans l’été le dégagement de ce gaz étoit si considé- rable qu’on voyoit continuellement une flamme de cinq à six pieds de hauteur, et que des voya- geurs , à son aspect , s’imaginoient voir un vil- lage en combustion. Il est vraisemblable que l’inflammation de ce gaz tient à l’équilibre du fluide électrique qui s’établit entre la terre et les nuages. Seroit-ce à un sulfure décomposé qu’est dû le dégagement de ce gaz ? Si cela étoit ainsi , le gaz hydrogène seroit sulfuré , et celui que j’ai observé n’étoit pas de cette nature. Seroit-ce plutôt à la présence d’une tourbière? Alors le gaz brûleroit lentement , et seroit for- tement chargé de carbone et d’acide carbonique. Il faudroit faire des fouilles dans cet endroit ; elles seroient sûrement de quelque utilité à la science, car, depuis 1400 ans , ce phénomène existe, et saint Augustin , chap. VII , liv. XXI de la Cité de Dieu , fait mention de la fontaine brûlante située dans le voisinage de Grenoble. ANATOMIE. Observation sur un vice de conformation de .l’ extrémité supérieure , par M. A. P. Brasdor. Vers l’année 1787 François Souchard naquit avec le seul bras droit , et 11’ayant , de toute l’extrémité supérieure gauche , que l’épaule et un doigt réunis l’un à l’autre par les parties snollei» le bras â l’avant-bras et le reste de la ECLAIREE, etC. 227 main manquoient totalement de ce côté. Il est peut-être bon de remarquer que la mère de François Souchard avoitdéjaeu, avant celui-ci, un enfant mal conformé : j’ignore également, et le genre de cette vicieuse conformation, et sa cause présumée. Quant à celui qui fait le sujet de cette observation, j’ai appris que la mère lui donnoit pour cause la vue habituelle d’un christ dont le bras gauche étoit cassé , et auquel elle avoit tenté plusieurs fois et inutilement de recol- ler ce bras. Les explications de ce genre ne manquent guères aux femmes , sur-tout à celles dont l’ignorance et la superstition peuvent excu- ser la crédulité. J’ignore si l’imagination des femmes enceintes a quelque influence sur l’enfant renfermé dans leur sein ; mais je suis très- per- suadé que celle des femmes accouchées influe beaucoup sur les explications qu’on ne manque presque jamais de donner des difformités de naissance. Sans doute il n’est pas arrivé à une seule femme de prédire qu’elle accoucheroit de tel ou tel monstre ; mais après un accouchement de cette nature , la mère , troublée par cet évène- ment , et impatiente de lui trouver une cause , se retrace la foule des images qui l’ont frappée pendant sa grossesse , et saisit avec avidité quel- que analogie qui puisse expliquer un évènement toujours imprévu. C’est-là, je crois, la source de toutes ces explications illusoires, parmi les- quelles peut aussi être rangée celle que je viens d’exposer. Le 10 février de cette année 1792, François Souchard tomba dans un escalier très-rapide, la tête la première , et du côté gauche : la priva- tion du bras de ce côté l’empêcha de modérer sa chute. L’accident étoit arrivé vers midi j ce ne fut qu’à dix heures du soir que les pareils P 2. N 228 La Médecine demandèrent clu secours. Je supprime ici tous les détails de la maladie : il me suffit cle dire que toutes les ressources de l’art ayant été em- ployées inutilement , le malade mourut le samedi suivant. J’obtins de ses païens ia permission de faire l’ouverture du cadavre. Je trouvai un en- gorgement considérable dans les sinus de la dure- mère et les vaisseaux extérieurs du cerveau. La couleur de ce viscère , à sa partie supérieure et de chaque côté des vaisseaux gonflés par le sang , annoncoit un commencement de suppii- J 1 ** • 1 / • 1 • • ration ) les ventricules etoient remplis d une sé- rosité sanguinolente. Cet examen fait , ainsi que celui des autres cavités , j’emportai l’épaule , dont je vais maintenant faire l’exposition : je la décrirai d’abord recouverte des tégumens , puis dépouillée de sa peau et clu tissu cellulaire. Cette épaule , recouverte des tégumens , pa- roissoit moins volumineuse qu’elle ne devoit l’être relativement à l’àge et à la stature du sujet. La clavicule et i omoplate paroissoiént être dans leur situation respective ordinaire. La forme de ces os n’offroit aucun changement , si ce n’est qu’entre l'apophyse coracoïde et l’acromion , et au-dessous de ces apophyses , au lieu de la dépression que la cavité glénoïde devoit y faire trouver, on srntoit une éminence arrondie comme la tête de l’humérus , moins saillante cependant que celle-ci , et paroissant formée aux dépens de f omoplate. Au-dessous de ces os pendoit une masse de chair arrondie, au bas de laquelle , et à la distance de deux pouces à-peu-près cle l’acromion , on voyoit un doigt ayant la forme ordinaire et pourvu de son ongle. Au premier coup-d’œil , je pris ce doigt pour le pouce articulé avec le premier os du métacarpe j mais un examen plus attentif m’y ÉCLAIRÉE, etC. 2*9 fit sentir trois phalanges et une petite portion d’un os du métacarpe ; au-dessus on sentoit une espèce de cordon tendineux ou ligamenteux , qui lioit ce doigt à l'épaulé : celle-ci pouvoit être eievoe , abaissée , portée en arrière , en devant et dans les points intermédiaires. Le doigt ne pouvoit qu’être soulevé et appliqué avec peu de force contre la peau , à son côté interne : la grandeur de ce doigt paroissoit être celle de la moitié des doigts de la main droite , et comme son développement étoit proportionnel à celui des- os de l’épaule , j’ai cru pouvoir juger que celle-ci étoit aus i beaucoup moins développée que la droite , avec laquelle je ne l’ai pas com- parée. La peau et le tissu cellulaire étant enlevés , voici quelle m’a paru être la disposition des os et des muscles. La grandeur , la position , la forme gén érale des os de l’épaule , ainsi exa- minées de plus près , ne m’ont offert que ce que j’avois senti à travers les parties molles. L’émi- nence qui occupoit la place de la cavité glénoïde del’ omoplate m’a paru moins saillante qu’avant l’enlèvement de la peau et du tissu cellulaire très-abondant qui recouvroit toute l’épaule. Sa saillie cependant étoit encore augmentée par une membrane très -épaisse qui enveloppoït cette éminence , s’attachoit à la base et dans tout le reste de son étendue , glissoit sur elle sans y adhérer. Je coupai cette membrane , et cette section me lit découvrir une éminence très-peu saillante , prenant naissance de 1 angle antérieur et supérieur de l’omoDlale , précisément à l’en- droit où cet os est ordinairement déprimé pour recevoir une portion de la tête de l’humérus, et terminée extérieurement par une surface arron- die , lisse , incrustée d’un cartilage diarthrodiai ‘ r 3 23o La Médecine et lubréfiée par la synovie. Quant au doigt et à la portion d’os qui le soutenoit , les trois pha- langes du premier avoient la forme ordinaire. Je n’ai rien trouvé non plus de particulier dans la disposition des surfaces articulaires de ces os : la portion d’os qui soutenoit ou plutôt suspen- doit le doigt , en s’articulant avec sa première phalange , étoit l’extrémité digitale d’un os du métacarpe , auquel on reconnoissoit une tête arrondie pour son articulation énartrodiale avec la première phalange , et qui , immédiatement au-dessus du collet de cette tête articulaire , se continuoit avec un cordon tendineux , où aboutissoient plusieurs faisceaux charnus. Je n’a jouterai rien à cette exposition des parties osseuses ; je passe maintenant à celle des muscles. Parmi ceux qui lient au tronc l’extré- mité supérieure , le grand pectoral se perdoit à la peau : il en étoit sans doute de même du grand dorsal , qui ne s’est pas trouvé compris dans la section faite pour enlever l’épaule. Les autres ont échappé à mes recherches , comme le grand dorsal, et, par la même raison , ne m’ont rien offert de particulier. De tous les muscles qui s’attachent d’une part à l’épaule , cle l’autre à l’humérus, je ne puis dire avoir trouvé que le sur-épineux, le sous-épineux , le petit rond , le grand rond , le sous scapulaire et le deltoïde : quant au coraco brachial , au biceps , et au grand anconé , autrement dit longue portion du triceps brachial , je n’en ai trouvé aucun vestige , à moins qu’on ne regarde comme portions de ces muscles, des fibres charnues qui prenoient naissance de l’apophyse coracoïde et de la partie inférieure de l’angle antérieur et supé- rieur de l’omoplate. Dans ce cas les premières seroient les extrémités supérieures du coraco / - éclairée', etç. 23r ' brachial et de la courte portion du biceps $ les secondes celles du grand ançoné. Les muscles sur-épineux , sous-epi.neux , petit rond , grand rond et sous-scapulaire , cpjd étoient entiers et que j’ai pu bien examiner , occupoient sur l’omo- plate leur place accoutumée et se terminoient , par leurs qxtrémités’éiternes , à la capsule, qui recouvroit l'éminence décrite plus haut. Le del- toïde s’attachoit aussi , comme à l’ordinaire , au tiers externe du bord antérieur de la clavi- cule et au bord inférieur de l’épine de l’omo- plate : mais ce que ees muscles offroient de plus remarquable, c’est que de plusieurs d’entr’eux se détachoient des faisceaux charnus particu- liers, pour aller soutenir le doigt. Ces faisceaux étoient au nombre de quatre. Le premier venoit de l’extrémité externe .du grand 1 rond et de l’apophyse coracoïde ; le seoond du muscle del- toïde , avec lequel il se continuoit, et immédiate- ment par quelques libres charnues , et média- tementpar un tissu cellulaire dense $ le troisième étoit une portion du sous-épineûx Ç le quatrième étoit formé par le petit rond presqu’entier. Tous ces faisceaux charnus ’descendoient en conver- geant , unis entr’eux par d’autres faisceaux moyens , et se terminoient à un tendoil Commun , qui s’identilioit , com'nïe je l’ai dit , aveclapor- tion d’os du métacarpe articulée avec le doigt. Ace doigt je n’ai trouvé ni tendon extenseur, ni tendon fléchisseur ; cependant les articula- tions en étoient mobiles , une petite capsule entouroit chacune d’entr’elles. Tel est le résultat de l’examen anatomique de cette épaule monstrueuse. Ce que j’ai cru y trou- ver de plus remarquable, est la disposition de ces muscles particuliers f qui soutenant le doigt sans le fléchir ni l’éténdre , le rendoient ainsi! P4 a3s La Médecine absolument inutile, et qui d’ailleurs , soit par leur forme, soit par leur position, n’avoient aucune analogie avec les muscles du bras. Quant à l’éminence de l’angle antérieur et supérieur de l’omoplate , à la capsule qui recouvroit cette éminence et à l’espèce d’articulation qui existoit en cette endroit, je crois que l’entre-croisement des muscles sur-épineux , sous-épineux , etc. sur cet angle antérieur et supérieur de l’omo- plate , suffit pour rendre raison de tout cela. Je me garderai bien de parler de la manière dont cette épaule a pu prendre une forme bizarre. Avant d’expliquer quelque variation de la nature dai^s l’acte de la génération , je voudrois con- noître d’une manière positive quelle est sa mar- che ordinaire dans cet acte. Jusque-là je garde sur ce point un silence que je crois très-prudent, au moins pour moi. PHYSIOLOGIE Extrait d’un rapport fait à T Académie des Sciences , d’un Mémoire de M. Séguin sur les vaisseaux absorbans et exhalans. L’ordre des fonctions des corps animés est tel que toutes ces fonctions ont entr’elles des rapports intimes, des liaisons non-interrompues, et que l’étude de l’une conduit nécessairement à celle des autres. C’est ainsi que M. Séguin , ayant pris d’abord pour objet de scs recherches l’altération que l’air éprouve par la respiration , s’est trouvé comme malgré lui engagé à exa- miner les mouvemens de la circulation et de la pulsation des artères , qui suivent ceux de 1 ins- piration et de l’expiration , la digestion des aliinens et l’élaboration du chile dont les pou- i c l a i * i b j etc. ^33 mous lui offroient un des principaux moteurs , et les phénomènes de la transpiration cutanée qui tiennent immédiatement à l’existence des premiers phénomènes de la vie , en telle sorte que toutes ces fonctions sont , par rapport les unes aux autres , des modérateurs dont l’action réciproque entretient l’équilibre entre les masses et les forces qui composent l’ensemble de la vie des animaux. L’Académie se rappelle i’in- térêt qu’a excité dans ses séances la lecture des diffé rens mémoires de M. Séguin, sur la res- . . -i . 7 . piration , la transpiration pulmonaire et cu- tanée. Celui dont nous rendons compte au- jourd’hui ne lui présentera pas un intérêt moindre ; il a pour objet l’examen d’une ques- tion importante pour la physique animale , que les physiologistes ont regardée comme terminée , et qui méritoit cependant comme on va le voir , des recherches et des expériences plus exactes que celles qui avoient été- faites jusqu’ici. Il s’agit des fonctions de deux classes de vaisseaux qui s’ouvrent à la surface du corps humain , et que l’on a nommés vaisseaux a b- sorbans et vaisseaux exhalans. Les anatomistes ont admis les uns comme les autres : une analogie bien naturelle entre ce qui arrive dans les cavités intérieures et ce qui devoit arriver à la peau , ne leur a même pas permis de doutef qu’il y eût des vaisseaux destinés à absorber les fluides dissous dans l’air ou les liquides et même quelques solides placés sur la peau , comme il y en a qui portent dans l’atmosphère une partie des liquides contenus dans nos corps. C’est par l’action de ces absot bans ou inhalans cutanés , qu’on expliquoit celle de beaucoup de médicamens appliqués sur la peau , l’intro- duction de l’eau des bains , et des matières qui a3 4 La Médecine y étoient dissoutes , dans le système vasculaire , l’intromission de différens virus contagieux , etc. M. Séguin s’étant apperçu, dans ses recherches sur la transpiration , que cette fonction absor- bante de la peau ne répondoit pas aux phéno- mènes qu’il observoit , a cru devoir interroger l’expérience à cet égard. Haller ayant dit positi- tivement que la peau pompoit l’eau des bains , et que c’étoit pour cela que le corps augmentoit de poids et qu’il lui arrivoit la même chose clans un air humide , par la balnéation , M. Sé- guin a commencé par rechercher si ce phéno- mène avoit réellement lieu , et il a senti bientôt la nécessité d’étendre ce travail sur différentes substances placées sur la peau : tel est le but de l’ouvrage qui nous occupe. Nous n’entrerons point dans le détail des nombreuses expériences qui y sont consignées , et que l’on affoibliroit par la rapidité nécessaire dans un rapport $ nous nous contenterons de rappeller à l’Académie les principaux résultats qu’elles ont donnés. Le premier résultat tiré de trente-trois expé- riences faites sur lui-même , c’est que le corps n’augmerrfe pas de poids dans le bain , qu’il perd moins dans l’eau que dans l’air, et que cette perte suit sur-tout la raison de la tempéra- ture de l’eau du bain ; que la perte de poids dans l’eau à dix ou douze degrés ( baromètre a vingt-huit pouces ) , est à celle dans l’air comme 6,5 est à 175 qu’à quinze à dix-huit degrés de température , cette perte dans l’eau est à celle dans l’air comme 7,5 est à 21,7 j que dans l’eau chaude à vingt six ou vingt-huit degrés, elle est à celle dans l’air comme i3 est à 2.3. Deux autres personnes ont offert des résultats différens dans ces pertes relatives , mais elles ont toujours moins perdu dans l’eau que dans l’air. M. Séguin iCLAIRBE, etc. 2.3 5 attribue cette perte moindre à ce que la matière de la transpiration insensible n’est point exposée au contact de l’air qui doit la dissoudre dans l’état ordinaire. Il rend raison de la différence de ces pertes à diverses températures de l’air de la manière suivante, La perte de poids qu’on éprouve dans l’eau à dix ou douze degrés est beaucoup plus foible que celle qui a lieu dans l’air , parce qu’il n’y a point de transpiration cutanée j il n’existe alors que la transpiration pulmonaire : celle qui se fait dans l’eau à dix- liuit degrés est un peu plus foible que la seule transpiration pulmonaire , parce qu’outre qu’il n’y a point de transpiration cutanée clans ce cas comme dans le précédent ^ l’air qui entre dans le poumon est chargé d’humidité , et ne dissout pas toute celle qui se dégage de ce viscère ; enfin , la perte de poids qu’on fait dans un bain d’eau à vingt-huit degrés est plus considé- rable que celle qui est produite par la seule transpiration pulmonaire dans l’air à cette même température parce qu’alors le corps perd , et par cette dernière transpiration , et par la sueur qui sort des vaisseaux exhalés , en raison de l’augmentation de mouvement du cœur et des artères ^ qui , comme M. Seguin l’a prouvé dans son mémoire sur la transpiration , est la seule cause de la transpiration sensible , ou de la sueur. Mais , malgré la différence de ces trois résultats qui dépendent de la température de 1 eau du bain , il n’est pas moins certain qu’il n y a point augmentation du poids du corps par le bain et qu’il y a seulement une perte moins forte que dans l’air , dépendante de l’absence de celui-ci et de la privation de sa qualité dissol- vante par rapport à la matière de la transpi- ration. 1 2,36 LA MÉDECINE Los premières expériences dont nous venons d’exposer les résultats généraux les plus impor- tans^prouvoieut bien que le corps n’augmente pas <.le poids dans le bain , mais elles ne décidoient point encore l’absorption ou la non absorption par la peau j car on pouvoit objecter à leur auteur que la perte moindre que dans l’air dépendoit de la portion d’eau absorbée par les vaisseaux in- lialans. M. Séguin a pensé que , pour répondre à cette objection , il falloit faire baigner des in- dividus dans des dissolutions de substances dont les effets sur l’économie animale fussent bien tranchans. Il a employé la dissolution de mu- riate oxigéné de mercure, à des doses connues , en pédiluves , sur plusieurs malades attaqués de symptômes vénériens, et il a constamment observé que lorsque la peau étoit bien saine et l’épiderme bien entier , il ne passoit pas de sublimé corrosif dans leurs humeurs , ils n’éprou- voient aucun des accidens dus à ce sel , et aucune amélioration dans leurs maladies, tandis que dans le cas où l’épiderme étoit affecté et entamé , comme dans la gale , etc. ce sel péné- troit le corps et produisoit alors les effets qui en font reconnoître l'existence dans l’économie animale. Non content de ces expériences faites dans un hôpital sur plusieurs individus malades , M. Séguin a cru devoir les recommencer sur un sujet sain , les suivre avec une scrupuleuse exactitude , jusqu’à ce qu’il eût leve tous les doutes , et il s’est choisi lui-même pour sujet de ces nouvelles tentatives. En tenant à un grand nombre de reprises différentes, pendant long-temps à chaque fois , une partie de son bras plongée dans une dissolution connue de subli&ié corrosif à différentes températures , et à C L A I R i E , etc. 207 disposée dans un manchon de verre recouvert de taffetas gommé , de manière à ce qu’il n’y eût point d’évaporation sensible , le reste de son corps, excepté sa bouche , étant d’ailleurs enfermé dans l’enveloppe imperméable de taf- fetas ciré , afin de pouvoir apprécier la trans- piration pulmonaire comme il a voit apprécié la perte dans l’air de la partie du bras plongée dans la dissolution , M. Séguin est parvenu à obtenir des résultats aussi singuliers que nou- veaux: nous ne rapporterons ici que ceux qui ont trait à l’absorption par la peau. Quand la dissolution de deux gros de sublimé dans dix livres d’eau est à dix et à vingt-huit degrés de température , la quantité de ce sel dans le bain est très sensiblement la même après l’expérience qu'au paravant , et conséquemment il n’y en a pas d’absorbé ; mais dans la même dissolution, à dix-huit degrés , si la presque totalité du bras très-sain, et dont l’épiderme est bien entier, y reste plongée , il y a par heuie 1 , 2. grains de sublimé absorbé , quoique l’eau du bain qui tenoit cette portion de sublimé en dissolution ne soit point elle-même absorbée. M. Séguin tire de ce singulier résultat l’in- duction que ce n’est pas par les vaisseaux lymphatiques que se fait cette absorption du sublimé , car ces vaisseaux absorberaient bien plus facilement l’eau , qui cependant n’éprouve pas de diminution , mais par les vaisseaux exlialans. L’auteur explique ce phénomène d’une manière très-ingénieuse \ il pense que ces vaisseaux exhalans resserrés par des tem- pératures basses telles que douze , en évacuant des gouttelettes de sueur continuelles par un effort plus considérable du cœur et des artères produit par la température de vingt- huit degrés , 238 t A M É T> E C I N E et n’absorbant conséquemment aucune parcelle de sublimé dans les deux circonstances , se trouvent tellement disposés à la température de dix-huit degrés , que suffisamment dilatés pour que l’eau de la dissolution soit en simple contact à leur extrémité avec l’humeur trans- piratoire , sans être repoussée par l’écoulement de cette humeur , comme cela a lieu à vingt- huit degrés ; alors ce contact sans mouvement permet à l’humeur de la transpiration de dis- soudre de proche en proche une partie du muriate oxigéné de mercure dissout dans le bain , de le partager avec sa première eau de dissolution , de se mettre avec elle dans u.n véritable état d’équilibre , comme cela a lieu dans toutes les dissolutions salines mêlées avec de l’eau purq. Ainsi, suivant lui, une dissolution saline à dix' ou à vingt-huit degrés étant mise en contact avec la peau humaine bien saine , il n’y a point d’absorption ni de la part de l’eau ni de la part du sel \ la même dissolution à dix-huit degrés , mise en contact avec la peau qui ne transpire point dans l’eau à cette tem- pérature, permet à l’humeur de la transpiration de partager le sel de la dissolution jusqu’à l’é- quilibre de saturation, et de le porter dans la circulation : cet effet n’a pas lieu lorsque les pores des v-aisseanx exhalans sont resserrés par une température basse ou traversés par les cour an s de sueur qui repoussent la dissolution de sel. Les vaisseaux lymphatiques n’enlèvent ni solide, ni liquide , ni fluide élastique à la surface du corps ; les vaisseaux exhalans n’ab- sorbent jamais ni solide insoluble , ni liquide, ni gaz , parce qu’ils sont toujours pleins de la liqueur transpirable. L’absorption qui n’a lieu que dans une certaine température , et qui ECLAIREE, etC. 2,39 tient à la tendance à l’équilibre entre un liquide non saturé et un liquide saturé , est par cela même très-bornée. M. Séguin , en poursuivant la description de ses expériences , confirme les assertions précé- dentes , par l’histoire de plusieurs malades vénériens , chez lesquels la dissolution de su- blimé employée en lotion n’a rien fait tant que l’épiderme n’a point été entamé 5 d’autres à qui le sublimé ainsi que le muriate d’ammoniaque et de mercure ou le sel alembroth , appliqués à sec , n’ont produit d’effets que lorsque la peau s’entamoit par l’âcreté de ces sels ; de quelques- uns qui n’ont éprouvé ni érosion , ni action conséquemment du muriate de mercure ou mercure doux appliqué sur la peau. Le tartrite d’antimoine et de potasse ou le tartre stibié , appliqué ainsi sur le ventre , a purgé après avoir produit des boutons dans le lieu de l’ap- plication ; la gomme gutte , la scammonée , appliquées sur le ventre à sec , et recouvertes comme les matières précédentes d’un emplâtre agglutinatif à sa circonférence , n’ont fait naître aucun effet sensible. L'onguent mercuriel n’agit que par une friction qui fait pénétrer l’oxide de mercure sous l’épiderme , et le met dans le cas d’être absorbé 5 un onguent fait avec le sublimé corrosif entame la peau , et devient un des moyens les plus prompts et les plus actifs de faire pénétrer du mercure très-oxidé dans le torrent de la circulation. Il n’est pas nécessaire d’entrer ici dans de plus grands détails sur les expériences très- nombreuses de M. Séguin , pour faire conce- voir les résultats généraux qu’elles lui ont fournis et qu’on peut réduire aux suivans : i°. Les vaisseaux absorbans n’absorbent dans 2J^o La Médecine •i %' * aucun cas ni l’eau , ni l’air , ni les matières qui y sont mêlées ou dissoutes ; 2°. l’épiderme qui les recouvre exactement dans l’état sain , les empêche absolument de faire cette fonction , et ils ne l’exercent qu’au-dessous de cette croûte; 3°. Les matières dissolubles sont peu-à-peu en- levées à l’eau qui les dissout par l’humeur de la transpiration placée à l’extrémité des vais- seaux exhalans, lorsque cette humeur ne coule point en torrent comme dans la sueur ou lorsque les vaisseaux ne sont point resserrés comme par une température trop basse ; 40. les matières liquides ou fluides élastiques ne sont point admises dans les vaisseaux exhalans , tou- jours pleins de l’humeur transpiratoire qui y séjourne ou qui y est dans un mouvement in verse à celui de l’absorption ; 5°. les matières caustiques sèches ne sont absorbées qu’après avoir détruit et corrodé l’épiderme ; 6°. les matières sèches non solubles ne peuvent passer dans le système lymphatique , que lorsque par une friction plus ou moins forte on les a fait pénétrer à travers les mailles et les pores de l’épiderme jusqu’à l’espace ou s’ouvrent les bouches des vaisseaux absorbans. A ces énoncés , qui résultent immédiatement des expériences indiquées, M. Séguin en ajoute d’également importans/qui ne sont que des con- séquences nécessaires des premiers et dont nous exposerons ici les principaux : i°. les maladies épidémiques se contractent par la voie de la respiration , et les miasmes dissous dans 1 air déposé dans les poumons sont absorbés par les vaisseaux absorbans de ces viscères qui , dépourvus d’épiderme , jouissent d’une force absorbante très-entière ; 20. le diabète ne pro- vient point de l’eau absorbée dans l’air par la peau, ÉCLAIRÉE, etC.' 24 1 peau , mais du reflux de celle qui ne peut pas être enlevée aux poumons par l’air trop chargé d’humidité 3 3°. les amas d’eau ou les diverses espèces d’hydropisies ne dépendent que de la d;fférence d’action entre les vaisseaux absor- bans et les vaisseaux exhalans ; 4°* 1 absorption commune dans les absorbans par le vuide qui. y est produit, soit par la diminution de pres- sion , soit par celle des stimulus , leur structure valvulaire interne , détermine le mouvement des fluides de leur extrémité vers le système des vaisseaux sanguins ; 5°. les matières âcres et stimulantes , en faisant contracter les vaisseaux , arrêtent l’absorption 3 l’affinité des substances à absorber avec les vaisseaux absorbans dé- termine également cette fonction 3 telle est la différence d’action des matières nourrissantes et des purgatives , par rapport au système des vaisseaux absorbans abdominaux ; 6°. enfin les virus contraires pénètrent par les poumons 3 l’épiderme est un rempart qu’ils ne peuvent franchir dans l’état sain et dans l’intégrité par- faite de ce tissu , et ils ne peuvent pas être absorbés par la peau. MÉDECINE PRATIQUE. Suite du compte rendu sur V électricité médicale î par M. Mauduit. Un grand nombre d’électriciens regarde la suppression des règles comme l’accident contre lequel l’électricité a un effet plus général e plus pomplet. Je pense , d’après Les observations que ai faites , que l’électricité est un moyen de emédierà la suppression des règles dans les cas 3 s plus fréquens, d’une manière plus prompte. Tome 111. N°. VIII. Q 2,4% l a Médecine moins fatigante , plus certaine , accompagnée de- moins de risques que tous les autres moyens connus et usités contre le même accident : ruais je crois que l’électricité 11e réussit pas dans tous les cas de suppression , et qu’il en est dans les- quels il seroit imprudent de l’employer sans pré- caution. Lorsqu’une cause physique ou morale arrête le cours des règles et suspend leur retour pério- dique dans une femme d’ailleurs bien portante et bien constituée ; (pie la suppression est la maladie essentielle, et non un symptôme, alors l’électricité, bien administrée , rétablit le cours supprimé , ou le renouvelle à son période , sans qu’il soit besoin que d’un traitement de fort peu cle jours; elle agit plus sûrement, en moins de tempte, en altérant moins les diverses fonctions qui ne sont pas lésées que 11e le font les autres moyens : en effet, les emméïiagogues, la sai- gnée , sont des remèdes violens et qui usent les forces. L’électrieùe ne paroît accompagnée d’aucun danger , mais il est des cas dans lesquels je lui ai trouvé bien peu ou point d’efficacité ; elle ne m’a jamais réussi , quoique je l’aie em- ployée assez souvent pour les jeunes personnes qui ont passé l’âge où les femmes sont ordinai- rement réglées , sans qu’elles le fussent encore devenues ; elle a été également toujours inutile à celles qui , n’étant pas réglées par le défaut de force , étoient dans un état de langueur , de foiblesseet d’atonie, et souvent à celles dont la fibre trop tendre , trop irritable , ne permettoit pas sans doute la dilatation des vaisseaux de l’utérus, nécessaire pour L’écoulement du fins périodique , qui péchoient par un excès de vi- gueur , et étoient dans un état pléthorique. J’ai réussi deux fois dans ce dernier cas , en faisant 1 ÉCLAIRÉE, CtC. 243 précéder l’électricité par les demi-bains et la sai- gnée au pied : je crois que l’apparition du flux menstruel doit se rapporter , même pour les deux faits dont il s’agit , à l’action de l’électri- cité , parce que les demi-bains et la saignée au pied , employés précédemment , ne l’avoient pas déterminé , même à différentes époques, et que ce flux s’est établi peu après l’emploi de l’électricité , à la suite immédiate des mèmès moyens qui ne me semblent, dans le cas présent, ; avoir été que préparatoires et prédisposans. En électrisant une jeune fille fortement cons- tituée , dont la fibre pêche par excès de tension , ne doit-on pas craindre que l’action active et ir- ritante de l’électricité n’augmente les obstacles; qu’une personne dont la fibre pêche par un excès de tension , et qui est en même-temps dans un état pléthorique , ne soit exposée par l’action de l:éiectricité à une alternative très- dangereuse ? Eu effet , ou l’électricité , en portant la tension et les vibrations de la fibre , le mouvement ra- pide c\u sang à l’excès , forcera J a résistance des vaisseaux utérins , et les accidens se dissiperont à mesure que le flux s’établira ; ou le sang raré- i lé , poussé par des artères tendues et dans un état violent d’irritation , fera irruption , ou sur le cerveau , ou sur le poumon , dont les vais- seaux n’auront pas assez de ressort pour résister à son impulsion . Je pense donc que dans le cas de suppression accompagnée de rigidité et de pléthore , il est toujours prudent de diminuer cet état et de le réduire , avant l’emploi de l’électricité , à un degré dans lequel il n’y ait plus à craindre du stimulus qui accompagne ce remède. Peut être dans le cas opposé réussiroit-on , si avant i’éicctricité , et en même-temps , on em- Q * &44 L a Médecine ployoit les remèdes propres à relever les forces , si on les ainenoit à un degré où , aidées par l'électricité , elles détermineroient le flux mens- truel. Il n’est rpie symptomatique dans les deux cas dont je viens de parler , et l’électricité ne réussit pas parce qu’on n’attaque pas précédem- ment et en même-temps la cause , la maladie es- sentielle à laquelle l’électricité ne remédie pas, ou que même elle augmente. Il y a des femmes en qui la suppression est un symptôme de l’état spasmodique , comme il y en a , et plus souvent , en qui cet état est un symp- tôme de la suppression. 11 est infiniment difficile de prévoir si on remédiera dans ces femmes à la si ppression , ou si on n’en prolongera pas la durée ; si on n’aggravera pas l’état spasmodique , parce que lien n'est plus difficile à déterminer que l’effet de l’électricité dans les maladies ner- veuses. 11 ester pendant arrivé que ce remède n’a pas été contraiie à toutes les maladies de nerfs, comme on l’avoit d’abord pensé ; qu’au contraire il a été un très- bon remède dans plusieurs de ces maladies : mais quelles sont celles dans lesquelles il convient , celles dans lesquelles il nuit ? voilà ce qu’on pourra peut être déterminer un jour, mais que je crois impossible quant à présent. Lors donc qu’une femme souffre en même- temps une suppression , et qu’elle éprouve des symptômes spasmodiques et liistériques , je çrois qu’on peut conseiller l’électricité , employée d’abord avec beaucoup de ménagement , et conti- nuée ou abandonnée selon que les symptômes spasmodiques et liistériques sont dimiuués pen- dant son usage ou aggravés. J’ai réussi de cette façon pour des personnes dont l’état spasmo- dique , avant le traitement , sembloit devoir le faire redouter et n’en faire attendre que l’aug- i c i k i r i e , etc. 2.^5 mentation des sy al p tomes. C’est ce qui m’est arrivé à l'égard d line jeune personne qui me fut adressée par feu M. le Clerc , médecin de la faculté de Paris. Cette malade étoit affectée de symptômes liistériques portés au plus liant degré: je craignois de les voir augmenter, et je m’y atten- dons en commençant le traitement électrique ; il les diminua , les calma et les dissipa au con- traire contre mon attente , et la malade en fut délivrée, ainsi que de la suppression, qui ne céda qu'aprèsque tous les symptômes liistériques avoient disparu -, ainsi il est probable qu’ils en- tretenoient la suppression , car sa cause primitive avoit été une frayeur violente dans le temps périodique. La suppression avoit donc vraisem- bla blement causé les symptômes liistériques , et ces symptômes une fois excités, prolongoient la suppression en entretenant le spasme. Il me reste à dire un mot sur la manière d’ad- ministrer l’éLectricité dans le cas de suppression. On rétablit le cours périodique, hors les circons- tances qui font exception et que j’ai raportées p de quelque manière que l’on emploie Lélectri- cité. Le bain agit plus lentement que tous les autres moyens ; la commotion, sur-tout à travers V utérus , plus promptement , mais ce moyen est extrême et n’est peut-être pas sans danger : la méthode indiquée par Parthington , électricien angiois , agit très-promptement , dirige l’action de l’électricité sur les seules parties naturelles „ ne fatigue point les malades et. ne paroît suscep- tible dJ aucun inconvénient. Je la crois donc préférable de toutes manières. Je ne ferai pas ici la description de catte méthode , que l’on trouvera , ou dans l’ouvrage de Cavailo , ou dans le mémoire (pie j’ai publié sur les différentes manières d’administrer l’électricité. 0 3 2,46 L A MÉDJ3CIKE Les engelures ne sont regardées en généra] que comme une incommodité et même une incom- modité légère ; on croit à peine qu’elles méri- tent l’attention des médecins : elles sont en effet un mal fort léger pour les gens qui mènent une vie aisée , qui ne sont pas forcis de s’exposer à l’action du froid , de l’iiurnidité , de travailler en plein air -, mais les engelures sont un supplice pour tous ceux qui sont dans un cas opposé : les premiers en sont rarement attaqués , les seconds le sont très-souvent ; les enfans y sont sur-tout sujets , mais les adultes le sont aussi parmi la classe indigente et laborieuse. Les engelures ouvertes, ulcérées, sont un tourment, Sur-tout pour ceux qui sont forcés , ou de beau- coup marcher, ou de travailler , et particulière- ment pour ceux que le genre de leurs travaux contraint de s’exposer à l’air , de manier des corps froids ou humides, ou même de tremper les mains alternativement dans l’eau chaude et dans l’eau très froide. Puisque les engelures sont un supplice long et très-douloureux pour un grand nombre d’hommes, sur tout pour les pl us pauvres et ceux qui sont forcés de travailler pour gagner leur vie, elles méritent toute l’attention des médecins , contre l’opinion que les gens riches , qui n’en jugent que parce qu’ils en éprouvent , s’en forment ordinairement. Je place les engelures au troisième rang des maladies que prévient et guérit l’électricité. Sauvage s’apperçut le premier qu’elle est un moyen sur de guérir les engelures , et tous les électriciens ont confirmé depuis cette pro- priété. J’ai pendant deux ans de suite électrisé beau- coup d’enfans et quelques adultes pour des engelures. Je n’ai employé que les étincelles ÉCLAIRÉE, etC. 2.47 pour ceux dont les engelures n’étoierit point ouvertes , et je les ai dissipées en fort peu de temps , au bout de six ou huit séances de dix minutes chacune environ: j’ai employé le souffle des pointes électrisées, touchant sur les ulcères des engelures ouyertes , le malade n’étant pas isolé , et faisant varier la position de la pointe de façon cpie le soufile parcourut successive- ment toute la surface de la partie ouverte et ulcérée. Je n’ai guère trouvé d’engelures si considérables qu’elles n’aient été guéries en trois semaines par le souffle électrique. Je fai- sois une séance pir jour de dix ou quinze mi- nutes, selon l’étendue du mal. La guérison des engelures par l’électricité est donc certaine, mais on peut en outre, par le même moyen, dissiper le mal dans son origine, en recourant au remède aussi-tôt que le mal s’an- nonce , ou le prévenir pour ceux qui y sont sujets chaque hiver , en prenant quelques séan- ces électriques au retour des premiers froids. M. Girault , médecin de la faculté de Paris , m’adressa à l’automne huit ou dix enfans d’une pension dont il étoit le médecin, sujets à de fortes engelures tous les hivers : aucun n’en eut , ayant été électrisés au commencement de l’automne. Un grand nombre de boursiers du collège de Montaigii me vint trouver dans le même hiver ; la plupart avoient des engelures ouvertes très-étendues, quelques unes formant des ulcères très-profonds : tous furent guéris, quoique le traitement ait été fait par un temps de gelée , que la terre fut couverte de neige et que ces messieurs ne cessassent pas de prendre leur récréation dans la cour du collège. Un traitement électrique public seroit donc un très grand bienfait pour un nombre fort con- 24S La Médecine sidérable de pauvres citoyens , qui se rendroient au lieu du traitement, n'y passeroient que quel- • ques minutes chaque jour , et qui, faute d’un moyen d’un usage aussi facile , qui dépense aussi peu de temps , qui ne coûteroit rien d’ail- leurs , passent trois ou quatre mois chaque année dans un état malheureux , et dont plu- sieurs sont contraints d’interrompre leurs tra- vaux , dont beaucoup d’autres 11e les conti- nuent qu’à force de courage et nu prix des tourmensque les engelures leurs causent. Je sais qu’il est nombre de remèdes, même peu dispen- dieux ou gratuits , qu’on propose contre ce mal ; mais je ne crois pas qu’il y en ait aucun dont l’effet soit aussi sûr , aussi prompt , l’usage moins gênant. Je range d’après les faits nombreux dont j’ai été témoins , et des faits pareils publiés par différons observateurs, le rhumatismes au nom- bre des maladies contre lesquelles l’utilité de l’électricité est avérée ; mais cet objet exige que j’entre dans des détails, car la diffé- rence dans la nature, l’intensité, la date du rhumatisme , en apporte beaucoup dans sa cu- rabilité par l’électricité, et dans la manière ou plutôt le moment d’employer ce remède. Lorsque le rhumatisme est aigu, et accom- pagné de symptômes inflammatoires , d'une fièvre violente , recourir d’abord à l’électricité , rne paroîtroit un moyen dangereux , et on ne fèroit, je crois, qu’augmenter la violence du mal - il faut donc dans ce cas faire cl’abord usage des caïmans , des délayans, et des anti- ue ces ie in- tricité pendant quelque temps, pour qu’ils remédient à phlogistiques , employer l’electncite lorsq premiers moyens ont tempéré la fougi flammatoire , et les continuer avec Téléc ÉCLAIRÉE, etC. 24^ ce que ce remède a de tonique et d’irritant, et qui pourroit entretenir ou augmenter la disposi- tion inflammatoire ; mais quand les symptômes sont calmés en plus grande partie , alors on peut ne faire usage que de l’électricité seule. Quand le rhumatisme est récent et produit par une cause accidentelle , comme une pluie longue et froide , un vent du nord violent , auquel le malade a été exposé , l’entrée et le séjour dans un lieu frais étant en sueur, ce qu’on appelle un vent-coulis , dont la direc- tion a eu lieu sur le membre affecté de rhu- matisme , et dans les cas analogues , quelque violent que soit le rhumatisme , s’il n’est pas inflammatoire , on peut, aussi-tôt l’invasion du mal, recourir à l’électricité , faire de longues et de fréquentes séances , et plus le malade sera électrisé , plutôt il sera soulagé et guéri. Je n’ai vu aucun malade dans le cas dont je viens de parler, qui n’ait été guéri en huit jours au plus , et souvent moins. Un ouvrier en boutons de métal souffroit , depuis trois jours , d’un rhumatisme qui s’éten- doit sur les reins, l’omoplate et le bras jusqu’au coude du côté droit : cet homme , seul dans sa chambre , n’avoit pu se déshabiller depuis trois jours 5 il les avoit passés en plus grande partie sur son lit ; la viole ce des douleurs ne lui avoit pas laissé prendre une heure de sommeil de suite. Il vint me trouver le qua- trième jour à demi courbé, ne pouvant se re- dresser , ni faire aucun mouvement de son bras: je l’examinai, il me parut bien constitué , le pouls étoit élevé et fréquent plus que dans l’état naturel , mais sans ardeur ni rongeur i la peau , et s ms qu’aucur symptôme annonçât un état inflammatoire. Le malade avoit été exposé J JO La Médecine à une pluie froide dans un voyage à pied , et dans la nuit même il avoit été atteint du rhu- matisme , sans en avoir auparavant jamais éprouve de douleur. Je l’électrisai après avoir constate son état : la séance fut d’une demi- heure, Je lui prescrivis pour boisson la décoc- tion d’un gros de salsepareille et d’autant de sqnine, dans cinq demi -sep tiers d’eau réduits à une pinte \ de tâcher d’être aidé et secouru par quelqu’un , de se mettre au lit et de boire de la décoction aussi abondamment qu’il le nourroit. Il revint le lendemain matin , redressé, commençant à mouvoir son bras : n’ayant pu, ou n’ayant voulu a'ppeller personne à son se- cours , il avoit fait la décoction , s’étoit mis au lit sans se déshabiller, avoit bu de sa ti- sane placée à côté de lui, avoit sué, et com- mençant sur le soir à se trouver soulagé, il s’étoit levé, s’étoit déshabillé et remis au lit. La sueur avoit repris son cours , il s’étoit en- dormi vers le milieu de la nuit , et le sommeil avoit été de quatre à cinq heures sans interrup- tion. Le malade s’étoit habillé sans trop de difficulté , n’ayant pu seulement retourner en- core le bras pour mettre son coi. Il prit nue séance fie trois quarts-d’heure , passa la jour- née comme celle de la veille , et m’assura le troisième jour qu’il ne sentoit plus que de légères douleurs par intervalles. Il reprit son métier le sixième jour , et en tout huit séances électriques. Je l’engageai à me donner de ses nouvelles de temps en temps. Tl étoit devenu incommodé en novembre, et il me rendit di- verses visites jusqu’au milieu du printemps, dans lesquelles il m’assura qu’il j 'avait ressenti aucune douleur depuis son traitement. Lç fait que je viens de rapporter est un des . Eclairée, etc. ^5ï plus frappans dont j’aie été témoin , soit par la promptitude du succès, soit à cause de l’in- tensité du mal : mais j’ai traité beaucoup de malades dans des cas analogues ; tous ont ob- tenu un succès qui répond à celui dont il vient d’être question. Les personnes auxquelles j’ai administré l’électricité pour cause de rhumatisme , qui avoient précédemment ressenti des douleurs de ce genre , qui les éprouvoient sans une cause décidément déterminante et marquée , mais par une suite de leur tempérament , plus susceptible que ne le sont les hommes bien constitués, des influences de l’atmosphère, dont la crise actuelle étoit récente , ont constam- ment été soulagés très-promptement , et le pa- roxisme qui., d’après les paroxismes précé- dens , auroit probablement été long , a été ter- miné en peu de jours ; mais l’électricité n’a pas remédié à l’état de foiblesse et de propension à être affecté de rhumatisme. Les paroxismes se sont fait sentir par intervalles comme parle passé. Ne peut-on pas conclure des faits précédens que l’électricité dissipe souverainement , très- promptement et sans retour, le rhumatisme accidentel et récent 5 qu’elle abrège et dissipe le paroxisme du rhumatisme dans les personnes sujettes par intervalles à ce genre d’infirmité, sans remédier à la constitution qui les assujétit à ce genre d’incommodité ? Mais l’électricité est un remède avantageux pour ces personnes même , puisqu’elle arrête et dissipe dans son origine, en quelques jours d’un traitement très- facile , un paroxisme qui auroit été très-dou- loureux , qui auroit duré plusieurs semaines , souvent plusieurs mois , et quelquefois toute la saison froide. O •) O y-» La Médecine Lorsque le rhumatisme succède, comme il arrive souvent a une longue habitation dans un lieu humide, ou au passage fréquent de 1 exercice a 1 inaction , en demeurant exposé a. i air , au froid ou à l’humidité , comme y sont exposés les hommes qui travaillent , tantôt et successivement à l'air libre et dans des caves , dans des souterreins, s’il est récent , l’élec- tricite y remédie , mais en y consacrant pins de temps que dans les cas précédens, sans en m 1 pécher le retour , si on ne change pis cl habitation ou de manière de vivre. Si le rhumatisme est invétéré , l’électricité même en la continuant très- long-temps , diminue l’in- tensité des douleurs , quoiqu’on ne change ni d’habitation ni de genre de vie ; elle rend les; mouvemens moins difficiles, mais ne guérit pas ; cependant elle est utile même dans ces circonstances , car en y ayant recours par in- tervalles, pendant quelques jours, ce seroit un prophylactique qui , s’il ne prévenoit pas tous les paroxismes , les éioigneroit au moins , en abré- geroit la durée et en diminueroit la violence; et qu’on n’oublie pas combien l’emploi de l’électri- cité est facile , et dépense peu de temps J Je crois prouver, par les détails dans lesquels je viens d’entrer, qu’on est fondé à la regarder comme très-utile contre le rhumatisme; que comme ce ma! est très-commun parmi les pauvres , ce seroit leur faire un grand bien que de leur procurer un traitement électrique , auquel ils pussent re- courir dans les attaques de rhumatismes. La meilleure méthode d’employer l’électricité con- tre le rhumatisme , m’a paru celle que les anglois appellent à travers la flanelle $ elle consiste à couvrir la partie douloureuse d’une flanelle qui soit appliquée immédiatement sur la peau, ÉCLAIRÉE, etc. 2.5a sans former de plis , à promener sur cette fla- nelle , ou sur les vêtemens qui la recouvrent, le malade étant isolé , la boule d’un excitateur non isolé. Le malade sent un prurit à tous les points correspond ans à ceux que la boule parcourt , et assez souvent les parties élec- trisées se couvrent de sueur dans le lit , quoique le malade ne sue pas dans le reste de sa personne. Ma coutume est de faire concourir avec l’é- lectricité, l’usage de la décoction de squine et de salsepareiUe. Je crois que cette décoction aide l’action de l’électricité ; mais je ne pense pas qu’on doive lui attribuer le succès, parce que cette décoction seule , comme on l’emploie souvent, ne produit pas des effets qu’on puisse comparer à ceux qu’on obtient par l’électricité , dont on fait en même-temps usage. Je crois devoir , en ne jugeant que d’après les faks dont j’ai été témoin , borner l’utilité reconnue et avérée de l’électricité aux quatre maladies précédentes; mais il en est un plus grand nombre contre lesquelles les observa- teurs , et en particulier les auteurs angiois , as- surent que l’électricité est également tuile. Cette assertion d’un grand nombre de physiciens, l’expérience que j’ai faite dans beaucoup de ces maladies, me font penser qu’on est au moins fondé à regarder l’emploi de l’électricité contre ces maladies, comme d’une utilité t.ès- probable , et dont la preuve n’a besoin que ce nouve'les expériences qui la confirment. Plusieurs maladies des yeux sont celles contre lesquelles il est probable que l’électricité four- niroit des secours plus avantageux. Nous devons les premières découvertes en ce genre , et la manière d’administrer l’électricité dans les cas dont il s’agit, aux physiciens angiois. J'ai depuis 25zf l a Médecine vérifié plusieurs de leurs observations, et d’autres médecins franc ois en ont également reconnu la vérité. Les maladies des yeux dont il s’agit, sont l’oplitalruie , soit aiguë , soit chronique ; l’engorgement des membr anes , l’opacité pro- duite par cet engorgement , celui des paupières et des glandes situés à leur bord, les ulcères de ces glandes et ceux de la cornée, soit opa- que , soit transparente. J’ai employé plusieurs fois l’électricité dans les cas dont je viens de faire l’énumération ; elle a toujours réussi com- plètement et avec une célérité qui m’a surpris. M. Toulon , médecin de la marine à Toulon, M. Vivers , chirurgien de l’hôpital de Ro- chefort , ont de même obtenu de semblables succès dans les mêmes cas, et ils en ont, en différent temps , rendu compte à la société de médecine. Pendant deux ans que j’ai suivi les malades du dépôt de médecine à Saint Denis , j’ai, en divers temps, répété les mêmes expé- riences, toujours avec succès. Les anglois disent que l’électricité est employée avec le plus grand succès contre l’ophtalmie la plus aiguë, dans le moment de sa plus grande violence , et qu’elle la dissipe plus sûrement , plus promp- tement qu’aucun autre moyen , loin d’irriter et d’augmenter les symptômes inflammatoires. Je n’ai pas fait usage de l’électricité dans ce cas, je ne puis rien assurer de moi-même , mais je l’ai administré à un homme dont l’état étoit celui de cuisinier, dans une maison où il avoit tous les jours un travail fort long , et à faire usage de beaucoup de feu ; il n’en supportait l’éclat qu’avec une peine extrême , celui du jour seul l’incommodoit. L’ophtalmie étoit vive , récente , sans être très-aiguë ; elle a été dissipée en huit à dix séances, quoique le ma- ÉCLAIRÉE, etC. 2j5 îâtle n’ait pas interrompu son travail , si nui- sible à son état. On employé le souffle électrique dans les maladies dont je viens de parler , dirigé sur les parties affectées ; on lui trace même son cours à travers les parties, selon les cas. Je n’entrerai pas ici dans des détails qu’on peut trouver dans l’ouvrage de Cavallo, ou dans le Mémoire que j’ai publié sur les différentes manières d’admi- nistrer l’électricité. La goutte sereine est la maladie des yeux contre laquelle les physiciens ont le plus sou- vent tenté l’emploi de l’électricité. Je l’ai moi- même administrée à un assez grand nombre "de malades privés de la vue par une goutte sereine. Quelques observateurs certifient avoir guéri plusieurs malades , et pensent que l’élec- tricité est ie remède contre ia goutte sereine : selon les auteurs anglais , on n’en guérit jamais quand elle date de plus de deux ans, et on la dissipe quelquefois quand elle est plus récente. Je certifierais , comme si j’en usse été témoin , la guérison d’une goutte sereine par l’électri- cite , parce que le fait m’a été communiqué par M. de Sa ussnre , dont la capacité pour juger du genre de la maladie , et l’exactitude dans l’énoncé des faits , ne sauraient être mis eu doute par personne. Je no dirai rien des autres cures de la goutte sereine publiées par des ob- servateurs qui ont pu ou se tromper sur la na- ture de la maladie, ou qui n’ont pas été exacts dans leur récit. Je concluerai d'après l’observa- tion de M. de Saussure , des commencemens de succès que j’ai souvent obtenus , d’un succès même qui probablement eût été complet sans l’obsti- nation inconcevable du malade à dicontinuer le traitement , fait dont M. Geoffroi et plusieurs 2d6 La Médecine autres cle mes confrères ont été témoins , qu’il est probable qu’on réussiroit quelquefois , mais très - rarement , à guér ir les malades privés de la vue par la goutte sereine ; ce seroit encore une ressource précieuse , puisqu’il n’en existe pas d’autre jusqu’à présent contre cette cruelle maladie , et c’en est assez pour essayer i’é- lectricité. La manière de l’employer est par de légères commotions à travers le globe de l’œil ; on les fait passer de la cornée , 1 œil étant fer- mé, à la nuque du cou , d’une tempe à l’antre. On doit se servir , dans cette opération , de la bouteille disposée avec l’électromètre de Làne , de manière à graduer à volonté les commotions. On peut les donner d’un quart de ligne aune de- mi-ligne d’écartement entre les deux boules, et il faut les répéter quatre , cinq fois par jour * en faisant supporter de vingt à soixante pour chaque œil par séance ; quelques légères qu’on les donne , elles occasionnent des étourdis' semens , des maux de tête , et ces effets in- quiétans sont communément cause que les malades renoncent au traitement avant qu’on puisse savoir quel auroit été son effet* Cepen- dant ces symptômes ne sont pas aussi dangereux qu’on pourroit le croire ; ils ne le sont même pas. La femme traitée et guérie par 1VL de Saussure recevoit des commotions plus fortes que celles que je conseille à chaque seance , elle éprouva de violens maux de tête pendant tout son traitement, eut le courage de les sup- porter , guérit et jouissoit cinq ans apres d une santé parfaite , ainsi que de la vue qu’elle avoit recouvrée. / ( N° X. ) 2.89 PHYSIQUE MÉDICALE. Suite de V extrait d’un, article du Dictionnaire encyclopédique de Médecine , sur l' électricité atmosphérique ; par M. Iiallé. 101. L’état habituel d’électricité positive du globe terrestre, et l’état presque toujours négatif des corps atmosphériques ont fait penser à plu- sieurs physiciens que la foudre s’éîançoit aussi presque toujours de la terre vers la nue ; plu- sieurs exemples où la foudre est réellement et sensiblement partie du globe , confirmaient cette opinion. Les désordres qu’elle occasionne sur les corps terrestres ne la détruisoient pas , parce que l’on conçoit aisément que dans une. explo- sion pareille le corps duquel part l’explosion peut être affecté d’une manière aussi violente que celui vers lequel elle se dirige. Néanmoins les apparences les plus ordinaires ont toujours fait croire que la foudre partoit de la nuée. 102. La difficulté qui naît de cette contradic- tion apparente , paroît entièrement levée par l’expérience de M. Mauduyt. Qu’arrive-t-il dans cette expérience ? Dans le premier temps , l’élec- tricité communiquée au globe, est absorbée en silence par la vapeur aqueuse qui , par rapport à lui , se trouve comme la nue par rapport à la terre dans un état négatif. G’est le propre des vapeurs aqueuses d’anéantir tous les phén omènes électriques dans le temps qu’elles reçoivent ce fluide des conducteurs électrisés. 103. Dans le second temps , la surcharge com- mence à se manifester dans la doublure de la jarre , et les étincelles s’élancent, non du globe 7W///.N°. X. T * 2.90 La Médecins vers cette doublure , mais de cette doublure sur le globe. Ainsi la doublure a déjà passé à Tétât positif relativement au globe. En effet , l’élec- tricité communiquée au globe se répand à me- sure sur la vapeur et sur la doublure , mais de celles-ci elle ne passe à aucun autre corps , parce qu’elle est contenue parle corps non-conducteur eu le verre qui les environne. 104. Dans le troisième temps , la vapeur, qui est plus longue à se surcharger que la doublure , prend enfin une forte surcharge , toutes ses parties deviennent lumineuses , et le feu élec- trique réuni dans un sillon fond sur le globe avec un bruit d’autant plus éclatant que la ma- tière qui a produit la surcharge étoit plus abon- dante. La décharge faite, il faut une nouvelle surcharge pour produire une nouvelle déto- nation. 105. Dans le quatrième temps , la vapeur étant détruite , comme Ta dit M. Mauduyt , le phénomène n’a plus lieu et ne peut se renou- veler que par l’introduction d’une nouvelle va- peur. C’est dans cette partie de l’expérience qu’il reste à faire beaucoup de recherches pour connoître l’état précis auquel est passée la va- peur lorsqu’elle est devenue incapable de rece- voir une surcharge nouvelle. 106. Quoiqu’il en soit, n’est-on pas très-porté à croire que dans le temps qui précède un orage, dans ce temps où tous les animaux sont dans un accablement si singulier, où l’électricité aérienne s’anéantit ( 80 , 84 ) , toute cette électricité se porte sur la nue avec une extrême rapidité. Si elle n’est pas assez considérable pour y produire une prompte surcharge , l’orage est différé, et Ton sait que l’espèce d’anéantissement qui pré- cédé les détonations orageuses dure souvent £CLAl|BE,j CtC, 291 très-long-temps. , et quelquefois plusieurs jours. 107. Presque toujours l’orage, est précédé d’é.- clairs ou de grondemens sans éclat j alors c’est entre les nuées que toute la scène se passe ; il semble que la nue surchargée se décharge sur celles qui le sont moins, et quelques orages se bornent à ces foi blés détonations où les nuages semblent seulement s’équilibrer les uns aux autres. 108. Mais c’est lorsque la foudre .éclate et fond sur le globe qu’on entend ces bruits déchi- rans dans lesquels le ciel paroît en feu , et -où le trait qui traverse l’air semble sillonner la nue nty laisser quelques temps une empreinte em- brasée. Des flots d’eau terminent la scène , épuisent la nue, et le calme se rétablit. 109. Il en résulte , quoique les nuages soient avant l’orage, relativement à l’air et au globe, dans un état négatif, que la foudre peut, dans ce cas même , partir de la nue et peut réelle- ment être , comme elle en a l’apparence , la décharge d’un état électrique positif, état que paroît recevoir la nue du globe , puisque le globe , comme on l’a observé , perd subitement son état positif par l’approche d’une nuée électrisée négativement. Exemples de contre-coups électriques . 110. Cette théorie de la foudre 11’est nulle- ment en contradiction avec celle de M. Mahon. Il pense que souvent dans le moment où la foudre part d’une partie de la nue , il arrive que vers la partie opposée et même fort loin du lieu où s’est faite la décharge foudroyante, les corps exposés à l’atmosphère électrique de cette même nue , sont frappés par le seul effet d’un T a 292 JC A MÉDBCINE contre-coup électrique , suivant la théorie et le* expériences rapportées ci-dessus ( 63 et suiv. ). in. Il cite plusieurs faits ( principles ofelec- tricity , §. û23- — 3û2 ) qui semblent démontrer cette idée. Plusieurs personnes , dit-il , fort dis- tantes les unes des autres , ont été à la fois et du même coup frappées de la foudre. Des animaux ont été frappés à une grande distance du lieu de l’éclair. On a vu des personnes frappées de la foudre n’avoir éprouvé d’altéra- tions que dans leurs pieds et dans leurs chaus- sures déchirées et mises en pièces , c’est-à-dire , dans la partie la plus proche du sol ,, ou dans celle par laquelle le contre coup doit se faire au moment où la nue éprouve loin delà une dé- charge subite ( 73 , 74 > 75 , 76 ). En effet , les cuirs des chaussures , ainsi que beaucoup d*au- tres corps intermédiaires entre le sol et l’homme, étant des conducteurs imparfaits , ne peuvent F as être considérés comme établissant du sol à homme une communication immédiate. On a vu encore une personne , touchant un paraton- nerre dont la conduite étoit interrompue, rece- voir une violente commotion au moment où un éclair partoit très-loin de l’endroit où il étoit situé-; enfin on a vu dans une semblable inter- ruption paroître une lumière brillante et subite au moment où , à une grande distance de ce lieu , un éclair partoit de la nue. 112. Je bornerai à ce peu de réflexions toute la théorie de l’électricité atmosphérique. D’après cette théorie , on concevra aisément comment , suivant les variations de la propriété isolante de l’air, suivant le nombre et la disposition des corps atmosphériques , suivant la force de la charge électrique que reçoit le globe avant de la communiquer à ces corps, les phénomènes ÉCLAIRÉE, €tC. 293 électtiq'ues doivent varier dans les différentes heures du jour, dans les différentes saisons de l’année , dans les différens climats du globe. n3. On conçoit comment très-peu d’orages ont lieu le matin depuis une heure avant jus- que deux heures après le lever du soleil ; 2u’au contraire le très-grand nombre arrive epuis trois ou quatre heures après midi jus- que dans la nuit. Le refroidissement qui a lieu à l’heure du lever , la rosée qui se forme alors, les vapeurs qui s’élèvent ensuite , tant du sol que de la surface des rivières , forment un im- mense moyen de communication qui ôte à l’air ~5a propriété isolante. Dans le jour, la faculté isolante de fair se rétablit , les nuages dilatés et en partie absorbés s’éloignent davantage de la terre $ le soir , ils se condensent , se précipi- tent et se rapprochent du sol ; mais dans les j ours orageux où le serein n’a point lieu , il ne se forme au coucher dusoleil aucune communication- qui puisse rétablir insensiblement l’équilibre entre le sol et les corps atmosphériques. 114.. On conçoit comment les orages les plus violens sont ceux qui surviennent après une saison long-temps sèche, et où l’air, ayant long- temps conservé sa faculté isolante , a dû devenir très-électrique ; et par conséquent pour- quoi, dans nos climats tempérés, mais inconstans et variables , les orages , quoique souvent très- fréquens , sont bien moins violens que dans les climats où les températures sèches , soit chau- des , soit froides , se soutiennent long-temps ? pourquoi nos étés sont orageux, tandis qu’en Italie les orages , beaucoup plus violens que Les nôtres, ont principalement lieu dans les derniers mois de l’automne. n5. On conçoit pourquoi on voit des ora- T 3 294 Fa Mébecine ges considérables dans les contrées très-boréa- les , dans ces lieux où l’air long-temps sec au milieu des glaces, est en même temps lumineux dans' ces longues nuits où les aurores boréales remplacent la clarté du soleil ; pourquoi on en voit également de très-violens, dans les contrées placées sous l’équateur, où l’année se partage en deux grandes saisons, la saison sèche et la saison despluies; pourquoi enfin les orages très-fréquens et très-multipliés dans le continent américain, abreuvé de tant d’eaux, y sont cependant beau- coup moins forts que dans le climat sec, aride et brûlant de l’Afrique. 116. O11 traitera, dans d’autres parties du Dic- tionnaire encyclopédique , de la propriété des pointes et de cet art si connu maintenant , et cependant encore trop peu répandu , de préve- nir la foudre au moyen de pointes élevées , par lesquelles la matière électrique s’échappant en silence s’écoule doucement et sans effort , de la terre vers la nue ou de la nue vers la terre , et prévient à la fois et les éclats dangereux de la foudre et les effets non moins redou- tables des contre - coups électriques ; bienfait inestimable de Franklin , de cet homme vrai- ment grand , à quelques génies et à quel- ques siècles qu’on le compare , et dont la •destinée incroyable fut d’affranchir les hom- mes de tant de fléaux , de rendre le calme à l’air , et la liberté , la paix et le bonheur a ses concitoyens. 117. Nous ne nous occuperons pas non plus d’entamer ici une question très-difficile , celle de l’influence del’électricité atmosphérique sur la pluie , la grêle , la gelée et les autres mé- téores. par lesquels l’eau se précipite de 1 air sous tant de formes différentes. ÉCLAIRÉE, etC. 29 5 t 1 8.0nsentfacilementquerhomme,placé aumi- lieu du jeu continuel de cette immense machine, dont il fait lui-même partie, ne peut rester indiffé- rent à ce flux et reflux d’un fluide perpétuellement en mouvement 5 néanmoins on n’a que des obser- vations très- générales sur cet objet , et l’on sait seulement que les personnes sensibles sont af- fectées long-temps avant les orages et les pré- voyent par le mal-aise qu’elles en éprouvent. Quelques-unes sont dans un état violent, et dans les altérations qu’elles éprouvent on reconnoît aisément l’effet des atmosphères électriques , si bien observé par M. Mahon , et soumis par lui — à des calculs si précis et à des expériences si dé- monstratives (62,76). Qu’on relise ce qui a été dit dans les paragraphes où nous avons exposé cet excellent système , qui n’est composé que de faits et d’expériences $ qu’on y joigne les observations vraiment importantes de M. Mau- cluyt , qu’on se représente dans le corps hu- main tout ce qui arrive aux corps isolés de M. Mahon et au globe électrique de M. Mau- duyt, et l’on aura toute la théorie possible de l’influence inévitable et incontestable de l’électricité atmosphérique sur nos corps. M. Mauduyt et M. Ingen-Housz ont démon- tré également combien peu il falloit croire à ce que d’ingénieux physiciens nous ont dit jusqu’à présent de l’accélération que l’électricité artificielle produit dans l’accroissement et le développement des végétaux et des animaux , et par conséquent combien est peu solide l’ap- plication qu’ils ont faite de leurs expériences à l’électricité atmosphérique. On verra d’ailleurs, dans l’article Electricité médicale , tout ce qui résulte au- dedans de nous des différentes directions qu’on fait sul- T4 2()6 La Médecine vre au fluide électrique en le déterminant sur nos différeras organes. HISTOIRE NATURELLE. Extrait d'une lettre écrite de Russie , à M. la Roche foucault , par M. Genet , lue à V Aca- démie le 2 S avril Z792 , contenant la notice de plusieurs découvertes d’histoire naturelle dans V Archipel du nord . On a reçu des nouvelles du capitaine Bellings , chargé par l’impératrice de Russie de faire des découvertes dans la mer du sud. Ce navigateur a parcouru pendant l’année 1790 toutes les îles de l’Archipel du nord ; il est revenu hiverner au Kamshatka , et il est reparti au commen- cement de l’année 1791 pour les côtes de l’Amé- rique , où il a dû faire son second hivernage. Il a envoyé à l’impératrice plusieurs caisses d’ani- maux, de vêtemens et de plantes. M. Pallas n’a point encore pris connoissance des animaux ; niais ce savant a distingué parmi les plantes des espèces nouvelles de sophora , de croton , de gnaphalium, d’andromeda, de potentilla , d’ar- theuiisia, de rhododendron , un lis noir dont les racines sont tuberculeuses et servent à la nourriture des insulaires , une nouvelle gra- minée pérenne dont l’épi est très-gros et con- tient une grande quantité de grains propres à la nourriture des hommes 5 plusieurs légumi- neuses très-propres également à la nourriture des hommes,, un sapin , un sorbier et un saule nain, Ces arbres, dont la plus grande élévation est de deux pieds , sont les seuls qui croissent dans les îles Kourits et Aléontes , où I on trouve toutes les plantes alpines des montagnes du Karnshatka et de la Sibérie, Eclairée, etc.' 297 Le capitaine Bellings n’a pas pu recueillir de graines ; il étoit enmeràl’époquede leur maturité. Le 8 mai 1789 , on a ressenti au lOvinsliatka plusieurs secousses violentes de tremblement de terre occasionnées par des éruptions du volcan situé dans la partie septentrionale de cette péninsule. Le capitaine Bellings a découvert une nou- velle île dans la mer d’Ochotzk. MÉDECINE PRATIQUE. Suite du compte rendu sur V électricité médi- cale ; par M. Mauduyt. Je desirois depuis long-temps appliquer l’élec- tricité au traitement des écrouelles. Un soldat âgé de vingt-deux ans se présenta et m’offrit l’occasion que je chercliois : le genre de sa maladie fut constaté parla société de médecine ; les glandes engorgées ou abcédées qu’il portoit autour du cou furent dissipées en moins de trois mois de traitement électrique par bain et par étincelles; il y avoit deux ans , quand il se présenta , qu’il étoit inutilement traité dans les hôpitaux militaires. Sa guérison apparente fut constatée par la société de médecine , qui con- clut que les symptômes étoient dissipés , que le temps apprendroit si la cause étoit détruite ; en deux mois les symptômes reparurent, et même sur des parties où ils ne s’étoient pas encore manifestés. Ce nouvel état fut constaté comme le premier , et l’électricité employée une seconde fois , mais en y associant à l’intérieur des re- mèdes fondans ; les nouveaux symptômes étoient dissipés au bout de six semaines, et dix-huit mois après rien n’avoit annoncé leur retour , quoi- que le soldat eût fait. , pendant ce temps et du- 298 La Médecine rant un hiver fort rude , le métier de garçon boulanger. Quelque temps après, je traitai de même par l’électricité un enfant écrouelleux dont le mal faisoit depuis trois mois des progrès rapides , malgré des remèdes dont il usoit et qui étoient appropriés à son état 5 je fis continuer , en même temps que l’électricité , ces remèdes qui n’avoient pas même antérieurement retardé les nrès du mal : l’enfant étoit guéri au bout sux mois. Je concluois des deux faits précédens que l’électricité jointe aux remèdes fondans en fa- vorisoit l’action , la rendoit plus prompte et plus complète ; que ce genre de traitement seroit probablement fort utile contre les écrouelles , et je desirois vérifier ma conjecture par des expériences comparatives , en choisissant un nombre déterminé de malades dans des cir- constances en tout semblables, autant qu’il se pourroit , en traitant un tiers par l’électricité seule , l’autre par les seuls fondans, et les der- niers par les fondans et l’électricité ; attendant le résultat, je ne pus mettre à exécution ce projet, qui ne pouvoit y être mis que dans un hôpital. J’étois réduit à la simple conjecture fondée sur deux faits, quand je trouvai dans l’ouvrage de Cavallo l’assertion très-positive des auteurs anglois , qu’on guérit les écrouelles , quelques graves, quelques invétérées qu’elles soient, en associant l’électricité aux moyens communément et souvent inutilement employés contre cette maladie. Je crois ce que je viens de rapporter suffisant pour qu’on puisse regarder l’emploi de 1 élec- tricité comme probablement très-utile contre les écrouelles, et pour qu’on doive vérifier la ÉCLAIRÉE, etC. 299 valeur de cette présomption par les expériences contradictoires que je n’ai pu exécuter jusqu’à présent. J’ai employé l’électricité pour plusieurs fem- mes , plus 'ou moins gravement incommodées des suites de la maladie connue communément sous le nom de lait épanché ; l’électricité a eu sur toutes une action très-prompte et très vive j elle a excité cfes excrétions abondantes , tantôt par les sueurs, tantôt par les selles , quelque- fois par les urines , les crachats et même le vomissement. La sueur avoit une odeur déci- - — dément aigre ; les matières rendues par les selles ou le vomissement étoient mêlées de fragmens blancs en grande abondance ; ils res- sembloient par la couleur et la consistance à des portions de lait caillé ; les urines mêmes étoient chargées de filets de la même matière. Cependant il y avoit plusieurs mois, même une année et davantage , que les femmes étoient malades. Je laisse à tirer de ces faits les consé- quences qu’on croira devoir en déduire sur la nature et la cause des accidens qu’on attribue au lait épanché. Les crises dont je viens de parler , car je crois pouvoir employer ce terme , étoient toujours suivies de quelque soulage- ment, mais elles n’étoient pas apparemment complètes , car quelquefois j’y ai vu succéder des métastases. Si cette méthode étoit usitée , il y auroit sans doute moyen de prévenir cet inconvénient , en soutenant les crises , en ai- dant l’action de l’électricité par des remèdes qu’on y associeroit. L’action prompte et vive de l’électricité dans les épanchemens appelés laiteux , le soulage- ment obtenu par les femmes électrisées, me font regarder comme probable que l’on pourroit re- 3oo La Médecine tirer un grand avantage de l’électricité dans le traitement de ce genre d’incommodité : je crois que 1 électricité seule n’y remédieroit que rare- ment 5 mais que faisant partie d’un traitement méthodique , elle rendroit ce traitement beau- coup plus efficace ; il y auroit même des cas eù seule elle suffiroit 5 plusieurs de mes con- frères et moi en avons été témoins à l’égard de madame Bucquet , aujourd’hui veuve de notre confrère. Cette dame conservoit au commencement de l’été des symptômes graves, suite d’un lait épanché dont elle avoit été traitée pendant six mois par feu son mari et M. Lorri. Les soins de ces deux habiles Méde- cins n’avoient pu rendre à madame Bucquet la faculté de plier un des genoux , dissiper la tumeur qui gonfloit cette partie et la douleur vive que la malade y éprouvoit : elle ne mar- choit même dans sa chambre que difficilement 3 le marcher étoit accompagné de douleurs vives ; les règles étoient supprimées depuis un an. Madame Bucquet fut électrisée pendant deux mois par étincelles et par courant du fluide dirigé a travers les parties affectées. A la fin du traitement , tous les symptômes étoient dis- sipés , le cours périodique rétabli, ainsi que la mobilité du genou ; aucun symptôme ne s’est fait sentir depuis : madame Bucquet a joui d’une santé constante. Cette dame avoit eu pendant la durée du traitement des sueurs très- abon- dantes, quelques jours de diarrhée. M. Bucquet et moi convînmes de soutenir les sueurs parle simple usage de quelques fasses d’infusion de fleur de sureau prises dans- la journée , et nous secondâmes l’effet des diarrhées par un mino- ratif prescrit le lendemain du jour où elles avoient eu lieu. Mais ces moyens secondaires ÉCLAIRÉE, etc. 3oi ne me semblent que clés précautions dont nous aurions peut-être pu nous dispenser , et per- sonne ne doutera qu’elles n’ont pu influer que fort peu sur le succès. Cependant, et dans cette occasion , et dans beaucoup d’autres , dans presque toutes celles qui ont été à ma connois- sance , l’électricité m’a paru très-propre à di- viser , à mettre les humeurs en mouvement , à en provoquer la séparation de la masse des fluides et l’issue par des excrétions , sans suffire seule à cette heureuse terminaison , dont elle est suivie si on a soin de seconder à propos son effet salutaire , et que les remèdes employés à la seconder n^auroient pas déterminée seuls. Ma propre expérience ne m’a presque rien appris sur l’éffet de l’électricité contre les ma- ladies des nerfs Je n’en peux guère parler que d’après le témoignage d’autrui : mais ce témoi- gnage est si positif parmi les auteurs à qui nous le devons 5 il y en a de si dignes de foi à tous égards , que je crois 'devoir placer les ma- ladies nerveuses au moins au nombre de celles contre lesquelles il est trè.s propable que l’élec tricité seroit très-utile. Le fait me paroît même prouvé à l’égard de plusieurs de ces maladies : ce sont la catalepsie , la danse de Saint-Guy , le tremblement , et les affections nerveuses pro- duites par l’effet des vapeurs du mercure. De Haen assure si positivement avoir guéri , et si souvent, des malades dans les cas que je viens de citer , que je ne me permets aucun doute à cet égard , et que je regarde comme prouvé que l’électricité est le vrai remède contre les maladies dont il s’agit. J’ai été témoin d’un fait de ce genre dans la personne d’une femme enfermée au dépôt de Saint-Denis, attaquée de la danse de Saint-Guy, et impotente depuis 3o2 La M B D E C I N E quatre ans^ guérie par l'électricité ; j’ai aussi été témoin clés effets de l’électricité contre le trem- blement dans deux sujets incommodés des suites des vapeurs du mercure , et ce petit nombre de faits a confirmé les nombreuses observations de Haen et ses assertions sur le même sujet. Les maladies nerveuses dont je viens de par- ler ont un caractère qui leur est propre et qui les distingue ; mais pour cette foule d’autres affections qu’on désigne par le nom vague de maladies de nerfs, parce qu’on n’a pu en- core saisir le caractère de ces affections, les distinguer entre elles , qu’on ne sait à quelle cause les rapporter, j’ignore pleinement si l’é- lectricité est avantageuse ou nuisible contre ces affections. Plusieurs auteurs anglois, bien éloignés de ce doute , présentent l’électricité comme le remède contre toutes les maladies de nerfs indistinctement. C’est à l’expérience à confirmer ou à détruire leur assertion; mais au défaut de l’expérience, forcé, jusquà ce qu’elle nous ait instruit , de in’en tenir au raisonnement ; il me paroît que les auteurs anglois dont il s’agit annoncent beaucoup trop ; en effet, quoique nous sachions bien peu de chose sur la nature des nerfs , sur le carac- tère , la nature et les causes des maladies ner- veuses, cependant il paroît qu’on peut diviser ces maladies en général en deux grandes classes, l’une dans laquelle il y a excès cle tension , d’ir- ritablité et de sensibilité , l’autre dans laquelle existe l’excès opposé, celui de relâchement, de manque de ton, d’irritabilité et de sentiment: on peut à ces deux classes en ajouter une troisième , dans laquelle il y a à la fois , ou excès de tension , ou d’atonie. Cependant l’effet de l’électricité gé- néral, avéré et reconnu, est un effet stimulant. ÉCLAIRÉE, etC. 3o3 irritant et tonique j elle sera donc vraisembla- blement contraire contre les maladies de la pre- mière classe , avantageuse contre celles de la seconde, et elle aura de bons et de mauvais effets contre les maladies de la troisième. Il faudroit donc , pour porter un. pronostic qui eût quelque fondement à l’égard d’un ma- lade attaqué d’affection nerveuse , pouvoir dé- terminer d’abord à laquelle des trois classes, les maux dont il est affecté se rapportent. J’i- gnore si cette connoissance est possible, dans l’état présent de la science , mais bien assuré qu’elle me manque, je n’ose prédire à aucun "malade dans le cas d’affections nerveuses , si l'électricité lui sera avantageuse ou défavorable ; je ne crois pouvoir être éclairé sur cet objet, que par l’expérience même, et je conseille de la consulter, indécis entre l’espérance et la crainte. Un essai léger ne peut être suivi d’ac- cident, il apprend bientôt si l’électricité diminue ou augmente les symptômes , et il me paroît sage alors de continuer ou d’abandonner ce remède. Je ne conseille cependant pas d’y re- noncer sans être sûr, autant qu’on le peut , si l’augmentatiou des symptômes n’est pas un effet de l’imagination , et non du traitement. En procédant de la manière que je viens d’ex- poser , je n’ai vu aucun malade qui ait éprouvé de vrais inconvéniens de l’essai de l’électricité 5 quelques uns en ont été plus incommodés deux ou trois jours, et ils seront revenus sans ac- cident à leur état ordinaire. Parmi ceux qu’un essai suivi de quelques succès m’a déterminé a encourager à suivre le traitement , j’en ai vu quelques uns qui ont été soulagés ; mais étoit- ce par l’effet de l’électricité , par l’action de l’imagination sur les organes, par le bien que 3 04 h a M É D E C I N E procure l’exercice ? Je n’eil ai vu aucun à l’égard duquel le succès eût été assez complet pour que je regarde l’électricité comme le remède contre les affections nerveuses; il est cependant un cas qu’il faut excepter, c’est celui dans lequel les affections nerveuses sont symptomatiques, et les suites d’une maladie dont l’électricité est le remède. Ainsi la jeune personne présentée par M. le Clerc, dont j’ai parlé à l’article des règles, dont la suppression étoit accompagnée d’affections nerveuses très-graves, en a été dé- livrée par l’électricité, parce qu’elle a remédié à la suppression , dont les affections nerveuses étoient un symptôme; ainsi une autre jeune fille, aussi incommodée par l’effet d’une sup- pression, avoit tous les mois une fois, pendant la nuit, à-peu-près au jour où le cours périodique auroit du s’établir , un accès d’épilepsie , ac- cident qu’elle n’a plus éprouvé depuis le moment où l’électricité eut rétabli le cours des règles. Un chirurgien de campagne , parent de feu le frère Uôme , traité dans l’hôpital de ce religieux pen- dant long-temps , étoit resté hémiplégique et sujet à deux ou trois attaques d’épilepsie par mois : l’électricité guérit parfaitement ce ma- lade, et il fut en même-temps délivré des attaques épileptipes, qui n’étoient sans doute que symp- tomatiques et l’effet de la même cause qui avoit produit l’hémiplégie. Je conclus de ce qui vient d’être dit sur les maladies des nerfs, que l’électricité guérit les malades attaqués de catalepsie , de la danse de Saint-Guy, du tremblement, de la contraction des membres et autres affections nerveuses qui sont les suites des vapeurs mercurielles. Qu’il est probable que l’électricité seroit utile contre les maladies nerveuses dépendantes de , relâchement fCLAIR^E, etc. 3o5 relâchement , d’atonie, de défaut d’irritabilité et de sensibilité , cpie probablement elle est nui- sible dans les cas contraires ; que dans ceux où il y a complication de tension , défaut de sen- sibilité, ou excès de sensibilité avec relâchement, l’électricité peut à la. fois être avantageuse et nuisible ; que comme il est très-difficile et même impossible de déterminer la nature des maladies nerveuses, on ne peut raisonnablement se per- mettre d’établir un prognostic sur les effets de l’électricité à l’égard de ces maladies; que c’est à cause de la différence de ses effets selon la différente nature du mal, qu’elle est préconisée 'par les uns et décriée par les autres ; que dans l’impossibilité de prévoir ses effets, on doit tenter ce remède, le continuer, ou en cesser l’usage, selon ce qu’il produit; enfin, que toutes les fois que les affections nerveuses sont secon- daires et symptômes d’un mal soumis à une ac- tion victorieuse de l’électricité, elle dissipe, avec la maladie essentielle, les affections nerveuses qui n’en étoient que des symptômes. 1 Je termine l’énumération des maladies contre lesquelles il me paroît probable que l’électricité seroit utilement employée , par les tumeurs molles , indolentes , formées par congestion lymphatique , séreuse ou adipeuse. J’ai vu plusieurs malades qui portoient des tumeurs de ce genre , en être en totalité ou en grande partie délivrés à la suite du traitement électrique , suivi pour un autre objet. Une femme entre autres , portoit sur le coté une tumeur de la grosseur d’un très-petit melon ou d’une très- grosse poire de livre ; l’origine de ce; te tumeur remontoit à quatorze à quinze ans , et elle faisoit des progrès lents, mais continuels , et qu’on pouvoit remarquer d’une année à une autre Tome III. N°. X, Y 3o 6 L a M É D E C I N E la tumeur étoit molle , indolente. La malade fut électrisée pendant trois mois pour une hémi- plégie j au bout de ce temps , la tumeur n’étoit pas plus grosse qu’un œuf de poule , elle étoit démeurée indolente, mais elle étoit dure , et il ne paroissoit en rester qu’un noyau ou kiste : ce noyau auroit-il été dissous par un traitement électrique plus long ? Je l’ignore et présume que non. Voyant la tumeur diminuer rapidement, je fis ouvrir un cautère au bras de la malade. Je crois que dans le cas où on tenteroit de dis- siper des tumeurs d’un certain volume par l’é- lectricité, un émonctoire seroit un préliminaire et une précaution dont on ne pourroit sagement se dispenser. Je dois encore ajouter à cet article un mot sur la surdité et sur le relâchement des liga- mens , des capsules articulaires , à la suite des luxations, des fractures , des entorses, etc. On a beaucoup vanté l’électricité contre la surdité, ce qui m’a mis dans le cas d’étre con- sulté par un grand nombre de sourds et d’en traiter beaucoup. J’en ai soulagé un très-petit nombre et guéri deux sur plus de quarante. Il m’a paru que l’électricité soulageoit quand la surdité avoit pour cause une congestion , un embarras humoral de l’organe, causé par le re- flux, ou d’une crise imparfaite à la suite d’une maladie aiguë, ou d’une excrétion à laquelle les malades étoient ou habituellement ou pé- riodiquement sujets, et qu’il n’éprouvoient plus depuis -qu’ils étoient sourds ; l’électricité m’a paru complètement inutile dans tous les autres cas. Les deux malades guéris ont été une femme devenue, complètement sourde d’une oreille , à la suite d’un lait épanché, un jeune homme qui avoit presqu’entièrement perdu l’ouïe à la ÉCLAIRÉE, etC. 3o/ Btiite d’une fièvre maligne. Il est donc un cas dans lequel l’électricité est probablement utile contre la surdité. Il arrive souvent qu’après la guérison d’une fracture , d’une luxation , d’une entorse , après un effort violent, les ligamens et les capsules articulaires , distendus , tiraillés, forcés au-delà de l’extension de laquelle’ leur ressort suffit pour les rappeller , restent très - long- temps dans cet état : il s’en suit de la foiblesse dans les membres , de la difficulté à s’en servir. J’ai tenté dans plusieurs de ces cas l’action stimulante et tonique des étincel- les électriques $ leur usage a été suivi d’un prompt et heureux effet : il avoit paru si marqué à ftu M. Tiphaine , connu par la sagacité avec laquelle il parvènoit à redresser les membres contournés des jeunes gens , qu’en terminant leur traitement il leur conseilloit d’avoir recours à l’électricité , pour dissiper la foiblesse et la distension des ligamens, des capsides , suite de l’effort des machines qu’il einployoit , beaucoup plus promptement qu’il n’avôit coutume d’arriver par les seules forces de la nature , et sans le secours de l’élec- tricité. Je n’entrerai pas dans de longs détails sur les maladies qu’un jugement précipité à fait annoncer comme curables par l’électricité , et contre lesquelles l’expérience a depuis démon- tré l’insuffisance de ce moyen ; le simple ex- posé des faits suffit à cet égard. Un physicien qui a beaucoup écrit sur l’é- lectricité la présente comme un remède général contre contre tontes les maladies. Voici comme il procède : il divise les maladies en deux classes $ les unes sont causées par l’excès du fluide élec- V a 3o8 l a , Médecine trique, les autres par le défaut de ce fluide: puis le physicien fait rémunération des mala- dies dont ie défaut de fluide électrique est la cause , et il trouve dans T/électricité positive, qui fournit aux malades le fluide qui leur man- que , le remède à leurs maux : il fait de même rénumération des maladies causées par l’excès de fluide électrique , et il prescrit pour re- mède l’électricité négative , qui dépouille et dé- livre les malades de la surabondance de fluide , cause de leurs maux. Ce physicien suit dans sa division le catalogue des maladies rédigé par Sauvage ; d’où il suit que l’électricité est un remède général , et que d’après cette heu- reuse découverte , ou ce don précieux du Ciel , tous les maux peuvent et devroient être bannis de la surface cle la terre. Mais le système du physicien porte sur des suppositions purement gratuites et n’est appuyé sur aucun fondement. D’abord rien n’est moins constaté que le fluide électrique , tel que nous l’obtenons par les machines , entre dans notre constitution comme partie intégrante 5 celte supposition même n’est pas probable à cause de la tendance continuelle du fluide à s’échap- per : s’il fait partie de nous-mêmes , étant fixé ce n’est plus le fluide que nous mettons en mouvement par les machines , et celui-ci peut nous affecter de différentes manières , sans se combiner avec notre substance, et dès- lors il ne nous fourniroit pas ce qui nous manqueroit ; nous le perdrions aussi-tôt que nous l’aurions reçu , et nous ne conserverions ce dont nous en aurions besoin que pendant que nous serions électrisés. Les maladies ai- guës et inflammatoires , qui sont en général celles que l’auteur croit produites par excès ÉCLAIRÉE, etc. 3o() cle fluide électrique , ont pour symptôme un phé- nomène que le fluide électrique , accumule et concentré , bien au-delà de ce qu’on peut sup- poser à l’égard du corps humain , ne produit jamais : ce phénomène est celui de la chaleur portée à un très-haut degré. Le thermomètre exposé à l’action du fluide électrique dans le plus grand état de force où nous puissions l’obtçnir , n’offre aucune variation j donc le fluide électrique ne produit pas de chaleur j donc il n’est pas l’agent principal dans les ma- ladies aiguës et inflammatoires , toujours accom- pagnées d’une violente chaleur ; donc il ne pa- roît même concourir pour rien à l’existence de ces maladies: mais quand il y concourroit , quand il en seroit le principe , que serviroit l’électricité négative puisqu’à mesure que le malade perdroit du fluide , il en recevroit des corps environnans , de l’air qu’il respire , au- tant qu’il en fourniroit à la machine puis- que l’électricité négative, telle qu’on peut l’ad- ministrer aux malades , 11’est qu’une manière inverse de les électriser , c’est-à-dire qu’au lieu de recevoir de la machine et communi- quer à l’atmosphère , aux corps ambians , au réservoir commun , ils fournissent à la ma- chine et reçoivent de tout ce qui les entoure , puisque pour que l’électricité négative eût son effet à l’égard d’un homme , comme elle l’a à . l’égard d’une substance inanimée , il faudroit qu’il fût possible d’isoler l’homme comme la substance qu’on électrise , d’intercepter entre- lui et les corps environnans toute communi- cation , de le priver même du contact de l’air , et de ne laisser d’action qu’entre lui et l’axe des coussins delà machine, comme on. le pratique à l’égard d’une susbtance inanimée. Il n’y a 3io La Médecine clone rien à attendre de l’électricité négative contre les maladies aigues et inflammatoires , contre celles dont on attribue la cause à l’excès clu fluide électrique. Il n’y a pas plus de res- source de sa part contre les maladies attri- buées à son peu d’abondance ; car il faudroit qu’en en fournissant par l’action d’une ma- chine positive, on trouvât le moyen de le fixer, que le malade sur l’isoloir ne communiquât pas aux corps ambians une partie de ce qu'il re- çoit , et qu’il ne perdît pas le tout en des- cendant cîe dessus l’isoloir. Ce n’est donc pas en ce qu’on augmente ou en ce qu’on dimi- nue la mesure ou la proportion du •fluide élec- trique dans le corps, que ce fluide agit dans certaines maladies , mais bien par ses propriétés tonique , stimulante et apéritivc. ( La suite au prochain JS u/né ro. ) Constitution clu trimestre d’hiver de l’année 2792 , avec, le détail des maladies qui o/it régné pendant cette saison , par M. Geoffroy, lue le 2.4 avril 27.92. , à la société de médecine . L’hiver de cette année a été en général très- variable et plus humide que froid : nous n’avons eu pendant toute cette saison que peu de gelées , qui ne se sont pas soutenues , et après quelques jours de froid le temps s’est radouci et l’humi- dité a repris le dessus. Le mauvais temps , qui avoit régné pendant le mois de décembre , a encore continué pen- dant les premiers jours de janvier ; mais dès le 4 > vent quittant le sud et retournant au nord, la saison est devenue plus belle et s’est mise à la gelée , qui a augmenté graduellement , malgré la neige qui est tombée le 7 , et le K C L A I R E E , etc. 3 11 froid est devenu si vif le i3 et le i/\. , que le thermomètre est descendu de sept degrés au- dessous du terme de la glace. Ce dernier jour il est tombé du verglas , après quoi le vent quittant le nord , le temps est devenu doux par un vent du sud-est ,, mais souvent pluvieux et enfin très-chaud pour la saison le 2 5 et le jour suivant , ce qui a été accompagné d’ouragans et de grandes pluies , qui ont continué jusqu’à la fin du mois , le vent soufflant violemment du sud-est. La saison n'a pas été moins inconstante dans le courant de février. Dès le second jour de ce mois , la pluie a cessé , le temps est devenu beau -et très-doux , et le vent du sud-ouest sem- bloit avoir amené la température du printemps y ce qui a été suivi d’une légère gelée, à laquelle a succédé de nouveau un temps doux du 10 au 12 , le vent soufflant tantôt du sud , tantôt du"sud- est ou du sud-ouest ; mais dès le i3 , le vent re- tournant au nord-est nous a amené une neige très-abondante , qui a été suivie d’une gelée très-vive, au point que le 20 et le 21 la rivière a charié , et que le thermomètre de Réaumur est descendu à neuf et à dix degrés au-dessous de o. Dès le 25, le dégel est survenu par un vent du sud, le temps est devenu très-doux , et le 27- il a fait une fort belle journée , à laquelle ont succédé quelques gelées blanches les derniers jours du mois. Le vent soufflant de l’est et du sud-èst , le temps a été doux , humide , avec quelques pe- tites pluies les premiers jours du mois de mars. Cette température agréable n’a pas duré r elle a été bientôt suivie d’ouragans par un vent du sud très-violent, jusqu’à ce que le vent retour- nant au nord et au nord-est il y ait eu une gelée V 4 à 1 in . L JL M é n e c i if y assez forte du 11 au 14, jour auquel le dégel est survenu avec la pluie, ce qui a été suivi d’une gelée assez vive pendant deux jour s^, et ensuite d’un second dégel et d’un temps doux. Pour lors , par un vent d’ouest, la saison s’est soutenue belle jusqu’au 20 , mais au 21 elle a tout-à-coup changé ; le vent du sud nous a amené deux jours de pluie continue , et la tem- pérature a été toujours douce et humide, à l’exception des trois ou quatre derniers jours de ce mois, où le temps a été plus aigre par uht vent sec de nord-ouest, malgré quelques ondées passagères. On voit par ce détail combien la saison a été variable pendant tout cet hiver , et combien nous avons éprouvé alternativement de vicissi- tudes de temps beau , de temps doux et de froid quelquefois vif. Ces changemens ont été si subits et si condérablcs, que dans le mois de janvier il y a eu en vingt-quatre heures douze degrés de différence au thermomètre de Réau- mur, et que le 1 3 et le 14, par un froid piquant, la liqueur de ce thermomètre est descendue à sept degrés plus bas que le terme o , tandis que le 25 et le 26 elle est montée à dix et à onze degrés au-dessus du môme terme. Janvier. Ces variations perpétuelles et subites de tem- pérature influant sur les corps et supprimant fréquemment la transpiration , il a régné pen- dant cet hiver , et sur tout en janvier , un nombre de fièvres bilieuses continues 'avec des redoubleraens. Les malades avoient la langue très chargée et presque toujours couverte d un limon jaune 5 la peau avoit pareillement une teinte jaune , les urines étoient hautes en cou- ÉCLAIRÉE, etc. 3l3 leur, et les selles que rendoient les malades , lorsque la détente commençoit à se faire , étoient très-bilieuses. J’ai vu plusieurs personnes atta- quées de ces fièvres , je n’en ai fait saigner aucune ; je me suis contenté de délayer et dè détremper , tant par les tisannes et les apozèmes faits avec les plantes chicoracées que la saison p ou voit fournir , que par deslavemens émolliens fréquemment répétés. Par cette méthode , dès le huitième jour la bile s’est mise en mouve- ment. Pour lors les boissons, aiguisées d’émé- tique et de quelques sels neutres , ont facilité son écoulement, et en même temps la fièvre a diminué tellement par degrés qu’elle s’est ter- minée chez la plupart le 14 , chez quelques autres au vingt et unième jour , sans qu’un seul de ces malades ait péri. Le même caractère bilieux s’est fait apper- cevoir dans les catharres et les péripneumo- nies , qui ont été fréquentes pendant ce mois et les deux suivans. C’est la maladie, qui a régné le plus communément pendant tout l’hiver et qui n’a pas encore cessé aujourd’hui dans le mois d’avril , ce qui m’engage à la décrire avec un- peu plus de détail. Dans la plupart des malades, ces péripneu- monies se déclarent par un frisson pendant le- quel survient un vomissement d’une bile ver- dâtre et quelquefois des alimens , lorsqu’on a mangé depuis peu de temps. Dès le lendemain le point de côté se déclare d’une manière vive , la toux sans être trop fréquente est très- fati- gante , à cause de la douleur qu’elle reveille j à peine les malades peuvent-ils tousser. Les crachats qu’ils rendent sont mousseux et glai- reux, rarement deviennent- ils cuits et épais, mais le plus souvent ils sont légèrement sau- 3i4 la Médecine guinolens , teints d’une couleur rose , dans d’autres jaunes , verdâtres et bilieux , enfin dans quelques - uns noirâtres. Ces derniers , céchés sur le linge paroissoient bordés d’un cercle noir , qui annonçoit une disposition à la gangrène ; aussi dans ce cas les mala- des périssoient du sept au neuf. Lorsque les cracliats de ven oient plus blancs , que la douleur de côté diminuoit, et que la bile pre- aioit son cours par en bas , on pouvoit "tirer an pronostic favorable. Dans ces maladies j’ai cru qu’il falloit très-peu insister sur les saignées quoique les crachats fussent sanguinolens. Je n’en ai fait faire qu’une ou deux au commence- ment, rarement trois, et souvent point du tout. Mais j ’ai employé les apozèmes avec les plantes chicoracées et béchiques légèrement aiguisées d’émétique , l’application d’un vésicatoire sur le côté douloureux , et des loochs chargés de quelques grains de kermès minéral. Par ces moyens les malades ont éprouvé des moi- teurs douces et soutenues , les crachats ont pris une meilleure couleur et plus de consis- tance , la douleur de côté a diminué insensi- blement j la langue , auparavant chargée, s’est nétoyée , et lorsque les accidens ont été calmes , et que la bile a coulé d’une bonne qualité , j’ai terminé le tout par des purgatifs doux , mais plusieurs fois répétés. Pendant ce meme mois nous avons eu en- core à traiter quelques petites veroles , mais fort bénignes , en beaucoup plus petit nombre que les mois précédens. Il subsistoit aussi que l- ques fièvres intermitentes , tierces et doubles tierces , en général peu rebelles. Il n en etoifc pas de même des diarrhées et de quelques dis- 3eclaib.ee, etc. 3i5 senteries qui étoient très-opiniâtres quoique sans fièvre. Sur la fin du mois le temps , qui est devenu doux et même un peu lourd, adonné naissance à plusieurs coups de sang qui heureusement n’ont pas été mortels, et à beaucoup d’anasar- ques et de bouffissures universelles $ quelques personnes ont éprouvé des accès de goutte assez vifs. Février. La variation du temps , qui a continué pen- dant le mois de février, a entretenu la cons- titution catharrale du mois précédent. Nom- bre de personnes ont été attaquées de rhumes violens; plusieurs avec 'fièvre et courbature, quelques-uns sans fièvre. D’autres malades ont été pris, les uns d’ophtalmies assez fortes , les autres de fluxions sur les oreilles , qui quel- quefois occasionnoient une surdité passagère. Ces fluxions ont ordinairement cédé à l’appli- cation des vésicatoires, et chez d’autres elles ont été dissipées par un écoulement, soit lym- phatique et séreux , soit légèrement purulent par l’oreille. Les pulmonies nombreuses cette année ont terminé les jours de plusieurs phti- siques dans le cours de ce mois. Nous avons eu à traiter des péripneumonies catarrhales de la même nature que celles du mois précé- dent. En général elles n’ont point été mor- telles et je n’ai vu périr qu’un seul de ces malades , dont la fluxion de poitrine étoit com- pliquée d’une suffocation violente et perpé- tuelle que rien 11’a pu soulager, et qui est mort enfin le dix-septième jour de sa maladie. IL y a encore eu des diarrhées , des dissenteries , 3l 6 I. A MÉDECINE plusieurs petites véroles , qui en général n’ont point été dangereuses , et . un nombre assez considérable de dartres et d’autres maladies cutanées. Dans la dernière quinzaine du mois , j’ai été appellé auprès de quelques jeunes femmes nou- vellement accouchées, que j’ai trouvé malades de dépôts laiteux. Leur' sein étoit affaissé et vide de lait , elles avoient de la fièvre .dont la chaleur étoit entrecoupée plusieurs foisuans les vingt-quatre heures par les frissonnemens. Ayant examiné le ventre , j’ai senti , sur- tout à deux de ces malades , des duretés très- sensibles dans la région de l’ovaire et du li- gament droit de la matrice , place que ces dépôts paroissent affecter préférablement au côté gauche. Heureusement ces femmes ont guéri par différentes crises et même par plu- sieurs réunies ensemble. Presque toutes ont eu des moiteurs ou des sueurs soutenues , aux- quelles se sont jointes dans les unes des éva- cuations par les selles , dans lesquelles la matière laiteuse étoit reconnoissable tant par la couleur que par les grumeaux qu’elle for- moit ; dans d’autres par un sédiment laiteux très-abondant que déposoit l’urine. Je pense qu’à ces indices il est impossible de ne pas reconnoître un véritable dépôt de lait. Mars. La constitution du temps n’ayant pas changé et la saison ayant été aussi variable en mars que pendant les deux mois précéder s , les ma- ladies ont été aussi les mêmes et l’humeur ca- tharrale a encore été la maladie dominante. Ces catharres étoient dangereux pour les per* ÉCLA IRÉE, etc* 3 17 sennes âgées, et lorsqu’ils étoient accompagnés de fièvre et d’inflammation , ils devenoient quel- quefois mortels. Plusieurs ont dégénéré en vraies péripneumonies , tandis que chez d’au- tres personnes ils produisoient des douleurs rhumatismales vives et aiguës dans les muscles pectoraux , qui arrêtoient et gênoient la res- piration , quoiqu’il n’y eût point de fièvre. En général Ges maladies, quoique vives , n’ont exigé que très-peu de saignées et elles se dissipoient par des moiteurs. Quelquefois , au lieu d’atta- quer la poitrine , cette même humeur se por- toit à la tête , et y produisoit des fluxions opi- niâtres ; elle affectoit les yeux ou les oreilles , d’autres fois elle se jettoit sur les entrailles, ce qui donnoit lieu à des diarrhées. Outre ces maladies régnantes , nous avons eu en mars quelques fièvres , soit intermitten- tes , soit continues rémittentes , mais en petit nombre , et les petites véroles ont été beau- coup moins fréquentes que les mois précédens. Mais à l’exception des humeurs catarrhales , il y a eu plus d’incommodités que de vraies ma- ladies. Les pulmoniques se sont trouvés très- mal de l’inconstance de la saison , plusieurs ont péri, et j’ai vu une jeune femme dans ce triste état, qui dans les trois dernières se- maines de sa vie a été attaquée d’une manie des p'us violentes , (accident que je n’ai point encore observé chez les phtisiques), sans que les sangsues qu’on lui avoit appliquées précé- damment , que les cautères qu’elle portoit et que les bains et les douches dont elle a usé quelquefois , ayent pu prévenir ni calmer ces accès de folie. 3i8 i a Médecine CHIRUR.GI E. Observation sur une hémorragie considérable survenue durant V opération de la taille par M. Boyer , chirurgien à Paris. Un des accidens qui cause le plus d’embarras et de trouble durant l’opération de la taille ou lithotomie , est sans doute l’hémorragie qui peut survenir par l’ouverture d’une artère consi- dérable. L’opérateur reste quelquefois en sus- pens et ne sait s’il doit procéder tout de suite à l’extraction de la pierre ou la renvoyer à un autre temps, pour prendre tout de suite les moyens d’arrêter l’hémorragie. Le but de l’ob- servation que je vais rapporter est de prouver qu’une hémorragie considérable , qui survient durant l’opération de la taille , n’est pas une raison suffisante pour remettre l’extraction de la pierre à un autre temps, comme on l’a proposé $ elle fait connoître en outre un moyen simple d’arrêter le sang, qui me paroît bien préférable à celui qu’on emploie ordinairement. Je fus appellé , au mois de juin de l’année der- nière , à vingt-deux lieues de Paris, pourvoir un homme âgé de soixante-dix ans , attaqué du calcul de la vessie. Un chirurgien du lieu avoit voulu faire l’extraction de ce corps étran- ger en pratiquant une incision à la partie spon- gieuse de l’urètre f mais ses tentatives furent faites a deux reprises différentes , et à huit jours de distance l’une de l’autre. Je taillai cet homme ave 6 le lithotome caché , et je remarquai que l’angle inférieur de l’incision qit’on avoit prati- quée à l’urètre étoit dirigé eu dehors , ensorte que je fus obligé de commencer la section de la ."ÉCLAIRÉE, etc. 3l9 peau entre cet angle et le raphé. Cette section donna peu de sang; mais l’incision interne fut accompagnée d’une hémorragie si considérable que je fus obligé de porter le doigt indicateur clans la plaie , sur l’endroit d’où jallissoit le sang. J’étois incertain sur le parti que je devois prendre , et mon embarras étoit en- core augmenté par le défaut de canulle propre à faire la compression. Dans cette circons- tance , je portai les tenettes dans la vessie 3 sans ôter le doigt qui étoit dans la plaie ; mais j^ôtai ce doigt lorsque j’eus rencontré l'a pierre avec les tenettes , non • seulement pour saisir les tenettes avec les deux mains et charger plus facilement la pierre , mais encoie parce qu’il auroit nui à la sortie des tenettes. La pierre ayant été saisie de la manière la plus favorable , son extraction fut aussi prompte que facile. Aussi- tôt que la pierre fut sortie, je reportai le doigt sur l’orifice du vaisseau d’où le sang continuoit de couler. J’eus d’abord l’idée de faire tenir le doigt d’un aide appliqué sur „cet orifice ; mais comme l’artère ouverte paroissoit fort considé- rable, et qu’il eût fallu laisser trop long-temps le doigt dessus , je me déterminai pour un ap- pareil compressif, appliqué de la manière sui- vante. Je portai dans la vessie , par la plaie , une algalie de femme, que je plaçai à la partie infé- rieure de l’incision ; ensuite je portai un bour- donnet , lié avec, un bi double , dans la plaie jusqu’au delà de l’endroit ou siégeoit l’artère ouverte ; je séparai les deux fils et je plaçai d’au- tres bourdonnets dans leur intervalle. Lorsque j’eus ainsi rempli la plaie bien exactement, je plaçai extérieurement un gros tampon de char- pie , sur lequel je serrai fortement les deux fils 02.0 la Médecine du premier bourdonnet ; j’appliquai ensuite des compresses , et le tout Fut soutenu par un bandage en T , aux chefs duquel je fixai la sonde avec deux petits rubans. Cet appareil remplit si bien mes vues qu’il ne sortit pas une goutte de sang. Comme je de vois partir le len- demain , je recommandai au chirurgien qui devoit prendre soin du malade de ne lever l’ap- pareil qu’au bout de plusieurs jours , et de faire des injections par la sonde , si leï> urines avoient de la peine à passer. L’appareil fut levé au bout de huit jours, l’hémorragie ne reparut point, et le malade est parfaitement guéri j il est vrai que la plaie a été long -temps à se fermer. / I ( N- XI. ) 32l N O U V E I. L E S CHIMIQUES. I. Extrait d’une lettre de M. Van-Mons , apothicaire à Bruxelles , et membre de plu- sieurs Académies , à M. Schrœder , à la ma- ni/J'actui'e d’indiennes , près de Colmar. «Je vous prie de dire à M. J. M. Hoff- man , i°. que j’ai trouvé que lorsque l’on dé- compose du muriate oxigéné de mercure au moyen de Faminoniaque , il ne se produit point de muriate de cet alcali , mais que l’ammo- niaque est décomposée, que son azote forme de l’acide nitrique qui se combine avec l’acide muriatique et produit l’eau régale (1) ». « an. Que j’ai fait un grand nombre d’autres expériences sur la décomposition de l’ammo- niaque par l’oxigène des oxides métalliques , dont il est l’auteur, et qu’il en trouvera le dé- tail dans un des prochains cahiers du journal de physique François ». cc 3°. Que M. Kasteleyn d’Amsterdam m’ap- prend que M. Kels détruit le principe astrin- gent au moyen du charbon ; que des infusions de garance, de safran, de syrop noir, la dis- solution d’indigo dans l’acide sulfurique , ect. sont ainsi parfaitement décolorées et rendues claires comme de l’eau. M. Vestrumb se pro- pose de tirer de ces expériences des conclu- (i) Le précipité qui se forme est une combinaison d'oxide de mercure , d’acide muriatique et d’ammoniaque , de sorte que l’ammoniaque n’est pas détruite encore. Not* de C. Zr. BertholleC. Tome ///. N°. XI. X 322 La Médecin* sions qui renverseront entièrement la nouvelle théorie , ect. » cc Voici le procédé pour tirer l’eau-de-vie des carottes , que je vous ai promis ». cc On fait bouillir, dans deux cent seize quar- tiers ( mesure de Saxe ) d’eau pure , deux mille cent douze livres de carottes , jusqu’à ce qu’elles soient réduites en pulpe , et on exprime le jus». cc On fait bouillir ce jus pendant cinq heures avec un peu de houblon ; on coule le tout encore chaud dans une cuve , et quand la chaleur du bouillon est descendue au quinzième degré de Réaumur , on y ajoute six quartiers de levure ». acte dans l’épaisseur d’environ un tiers de igné. Cette partie se sépare du reste de la tige à l’endroit de la côte suivante , devient une gaine épineuse et recouvre une partie exté- rieure de la tige qui a pris de la compacité, cette partie se sépare à son tour de la tige et devient aussi une gaine épineuse : les mômes productions se font successivement dans les intervalles qui se trouvent entre deux côtes de feuilles. Pendant cet accroissement , le corps de la tige a le même diamètre dans toute sa longueur, comme dans le palmier $ ce qui vient nécessairement de ce que les filets ligneux et la substance cellulaire se développent et s’ac- croissent à mesure que la tige s’élève. Des deux gaines qui embrassent la tige du rotin , l’intérieure tient au moins en partie à cette tige ; elle est lisse par le dehors. La gaine extérieure a aussi sa surface intérieure lisse , mais l’extérieure est parsemée d’épines placées irrégulièrement , un peu inclinées en haut , de couleur brune et de longueur iné- gale j celles que j’ai vues s’étendoient au plus à un demi-pouce. La côte de la feuille a aussi des épines comme la gaine , dont elle est un prolongement. Cette côte étoit terminée par une foliole dansla feuille que j’ai observée , et portoit de chaque côté ÉCLAIRÉE; etc. 335 treize autres folioles qui a voient quelques peti- tes épines. Il y a beaucoup de plantes dont la tige est en faisceau . En suivant l’examen des troncs des arbres et des tiges des plantes , on trou- vera de nouveaux moyens pour déterminer les caractères spécifiques des végétaux , et les dis- tinguer des qualités accidentelles et variables. Cette distinction n’est pas établie jusqu’à pré- sent sur des principes plus certains par rapport aux races des animaux. On fait tous les jours des équivoques en prenant pour espèce ce qui n’est que race ou variété. Si l’on avoit des moyens sûrs pour reconnoître les caractères vraiment spécifiques , on éviteroit beaucoup d’erreurs en histoire naturelle. ANATOMIE. Concrétion osseuse formée dans la glande thi - roide ; par M. Boyer., chirurgien à Paris . Cette concrétion a été trouvée sur le cadavre d’un homme âgé de soixante-dix ans, mort à la suite de l’étranglement d’une hernie inguinale, formée par l’intestin cæcum et une partie de l’iléon; elle étoit située à la partie antérieure et inférieure du cou , derrière l’extrémité in- férieure du muscle sterno-cleido-mastoïdien gauche : la forme de cette concrétion est ob- longue, aplatie sur une de ses faces, sa superfi- cie est inégale ; elle a dix huit lignes d’étendue dans son grand diamètre , son poids est de 3 gros 5 o grains. Quoique cette concrétion ait été trouvée à la partie inférieure du cou , bien au-dessous de la glande thiroïde , néanmoins elle avoit pris naissance dans cette glande ; en effet , 336 La Médecine la dissection a fait voir qu’elle étoit recouverte d’une substance en tout semblable à celle de la glande , a laquelle elle tenoit par un pro- longement de cette même substance. Il est à remarquer qu’on ne voyoit aucune trace de cette concrétion à l’extérieur ; mais l’on con- çoit aisément , que si elle eût acquis un vo- lume considérable , elle auroit formé une tu- meur dont on n’auroit pas soupçoApé' la na- ture , et sur laquelle le topique qu’on n’au- roit pas manqué d’y appliquer n’anroit eu au- cune action , puisqu elle etoit osseuse et non susceptible d’être fondue ou ramollie par les topiques qu’on a coutume d’appliquer sur les tumeurs. MATIÈRE MÉDICALE. Extrait d’une lettre de M. Wilkinson, chirur- gien de Sunderland , en Angleterre , adressée à M. Vicq-d’Azyr, touchant V écorce d' an- gus tur a. Sunderland , z5 Mai. •c En 1790 j’ai communiqué à mon ami, le docteur Simmons , quelques observations sur Y écorce d’angustura. Ces observations ont été publiées dans le vol. XI. du journal de Mé- decine de hondj'es , et ont reparu encore clans un excellent essai du docteur Brand , que je sup- pose que vous connoissez déjà depuis long- temps. Mes expériences ultérieures et la corres- pondance de plusieurs Médecins de mes amis, m’ayant mis en état de parler plus positive- ment sur les bons effets de cette écorce , j’ai fait imprimer de nouveaux détails sur cet ex- cellent remède. Ces détails ont paru dans le second volume des Faits et Observations de Médecine du docteur Sfmmons, sous la date ^ du iCLA tRÜE, CtC. 337 du 4 octobre 1791- Comme vous ne tarderez peut-etre pas à avoir connoissance de ce que j’y dis de cette écorce,, je me contenterai de vous faire part de mes nouvelles épreuves dans différens cas qui se sont présentés à moi de- puis ce temps ««Dans les diarrhées des enfans , j’ai plusieurs fois obtenu d’excellens effets de ce remède , et souvent après deux ou trois doses seule- ment. L’effet en est: quelquefois si prompt que plusieurs personnes ont paru fort surprises de voir , après deux prises , un soulagement remarquable dans des cas où les enfans ren- doient une grande quantité de glaires mêlés de sang. Voici comment je donne cette subs- tance j prenez, poudre d’écorce d* angustura t un scrupule ; eau de cannelle , deux onces : ou bien prenez craie préparée , quinze grains ; poudre d’écorce d’ an gustura , un scrupule ; gomme ara- bique > huit grains ; eau de canelle siîiiple , deux onces. M. La dose est de deux oa trois cuillers à café deux ou trois fois le jour , sui- vant les cas. La seconde de ces préparations, m’a paru mieux réussir ». «Les diarrhées ont régné pendant quelque temps dans cette ville et ses environs, sur-tout pendant les quatre ou cinq semaines derniè- res. Toutes celles que j’ai vues étoient accom- pagnées de symptômes dissenteriques ; elles ré- gnoient sur-tout parmi les femmes du pauvre peuple plutôt que parmi les hommes. Les coliques étoient violentes et' suivies de glaires et de tenesmes. Ma méthode étoit d’abord de vider les intestins avec la magnésie , la rhubai - be , et l’alcali tartarisé ; ensuite de donner Y écorce d’angusture de dix à quinze grains trois ou quatre fois le jour , dans de l’eau Tome III. N°. XI. Y 338 La Médecins de canelle ou de riz. D’autres fois j’ai donné la décoction de la même écorce , qu’on fait ainsi. On fait bouillir une demi-once de cette substance en poudre grossière , dans dix-huit à vingt onces d’eau, pendant dix ou quinze minutes. Sur six onces de cette décoction j’ajoute deini- once de teinture de 'canelle et vingt gouttes de teinture d’opium , et j’en donne pour chaque dose, suivant les cas, trois cuillerées à bouche. Ce qu’il y a de remarquable est que six do- ses , et quelquefois moins , ont souvent guéri la maladie ; et que , dans les cas les plus gra- ves , rarement en a-t-il fallu plus de douze ou dix-huit >*. «< Nombre des malades auxquels j’ai donné ce remède avoient été très-mal pendant quel- que temps , et avoient pris d’autres remèdes avant de prendre cette écorce : ce remède passe ordinairement sans incommoder l’estoinac , et alors les malades sont communément soulagés dès la première prise >*. « Une expérience constante m’a convaincu du peu d’efficacité du kinkina donné, soit en poudre seul , soit en décoction , dans les cas de dispepsie , ou dans les affections appellées maladies nerveuses. Rarement convient -il à l’estomac , et souvent on le rejette •, c’est pour cette raison que j’ai souvent été obligé d’a- voir recours à la teinture stomachique recom- mandée par le docteur Whyt d’Edimbourg , (Observ. on nervous. diseases. iy65. p.328. 372) que je donne étendue dans trois fois autant d’eau. Toutefois cette teinture, même la racine de columbo , le lignum quassia , et en un îtiofc tous les remèdes connus sous la dénomination ■A.’ amers chauds , sont bien loin d’avoir au- tant d’effet que l’écorce d’angustura dans le» ÉCLAIRÉE, etc. 33p cas dont je viens de parler. Cependant , dans les cas où ces maladies sont accompagnées de dérangée ens dans les viscères , ce 1 emède doit , comme tous tes autres , être sans effet. Néan- moins dans ces Gas mêmes on peut y compter , si l’on a soin d administrer les désobstruans avant de passer à l’usage de l’écorce d’angnsture, sur-tout dans les cas des eimorsemens abdo- minaux. C^est pour cela cjue souvent je fais prendre les remèdes aloétiques joints aux sa- von eux , auxquels je rnêie ordinairement de petites doses de calomel, et par fois de doux purgatifs , comme la magnésie , la rhubarbe et l’alca i tartarisé. Dans les cas où j’ai observé que ce remède nuisoit à l’estomac et causoit un sentiment de chaleur , j’ai joint à sa dé- coction ou à son infusion la magnésie calcinée avec un effet très-avantageux. J’ai de même employé ce remède avec un succès peu ordinaire dans les coqueluches j j’en ai cité un exemple très-remarquable dans ma dernière dissertation insérée dans les faits et observations de mé- decine. Depuis ce temps, j’en ai fait usage dans quatre occasions avec un succès étonnant. Dans deux de ces cas , je n’a vois administré aucun antre remède ; dans les deux autres , j’avois fait usage , à la manière de FotherghiJl f de légères doses d’émétiques antimoniaux, mais sans aucun succès. Je l’ai employé dans ces cas en infusion , à la dose d’une cuillerée trois. fois le jour, et moins pour les plus jeunes sujeis. Peu de jours ont suffi pour rétablir ces malades. Aucun n’a demeuré malade plus de quinze jours après, et aucun n’a pris au-delà de huit onces du remède. Deux autres malades en font usage actuellement et sont en train de guérison 33. « Comme cette écorce tient un rang distingue 340 r a Médecine parmi les remèdes toniques , je ne serois pas surpris de lui voir produire des effets très- surprenans, même sous forme de ciyslères. Cela seroit très-bon à essayer dans les coqueluches clés en fans et dans les autres cas où on ne peut radministrer par ia bouche. La promptitude de ses effets , son activité et une sorte de propriété calmante dont elle paroît douée , et que je suis tenté d’attribuer à son huile essentielle , très- analogue au camphre , me déterminent à adopter cette opinion. Elle pourroit sans doute avoir une activité semblable , même appliquée à la peau sous forme de fomentations, mais je n’ai point eu occasion de l’employer de cette manière , si ce n’est dans deux cas d’cphthalmie ou inflammation des yeux occasionnée par un vice scrophuleux , et dont j’ai fait ment on. Je l’ai encore employée dans deux cas paieiis avec un succès égal. Dans ces cas , j’en fais une lotion, j’y trempe des linges que j’applique en forme de compresses qu’on met sur la partie, avant de se mettre au lit, et qu’on garde toute la nuit Je préfère alors généralement l’infusion , qu’on fait plus ou moins forte , selon le cas et le degré d’irritabilité de la partie affectée ». « Comme fébrifuge , je n’ai pas encore pu comparer suffisamment l’action de ce remède avec celle du quinquina ; mais ce que j’ai dit , et ce qu’en a écrit M. Brand , doit vous faire concevoir que les propriétés de ce remede doi- vent encourager les praticiens instruits à l’es- sayer. Mon savant et digne ami, M. Lettsom , appelle ce remède un estimable végétal , et m’a assuré dans une de ses dernières lettres qu’il se préparoit à publier ses observations à ce sujet ». « En un mot ., ce remède paroît être un sup- iCLÀIRKE, etC. 341 plément bien avantageux à notre matière mé- dicale, et je me flatte que des expériences bien faites par d’autres praticiens et exposées avec franchise, serviront à confirmer ce que j’en ai dit et à en accréditer l’usage ». Nous savons qu’on trouve cette écorce chez M. Pelletier, apothicaire, à Paris, rue Jacob. MÉDECINE PRATIQUE. Fin du compte rendu sur T électricité médicale , par M. Mauduyt. On a indiqué il y a quelques années l’élec- tricité comme le remède de l’épilepsie , sans distinction des différentes espèces de cette ma- ladie ) l’assertion à cet égard à été reçue avec confiance et accréditée pendant un temps assez long , sur- tout à Paris , et même dans tout le royaume. Cependant , malgré le grand nombre de malades qui a été électrisé, la guérison d’aucun épileptique n’a été évidemment cons- tatée. La faculté de médecine avoit nommé des commissaires pour suivre cet objet , pour être témoins des traitemens : ils ont fait un pre- mier rapport dans lequel ils donnoient lieu d’espérer des succès ; ils promettoient d’en rendre compte et de les constater par un second rapport 5 il n’a pas été fait : c’est au moins une forte présomption que les succès attendus n’ont pas eu lieu. Les commissaires nommés par la faculté auroient-ils négligé dans un objet si important de rendre témoignage des succès dont ils auroient été témoins ? S’il y en a eu , ils n’ont donc pas été constatés et dès-lors ils ne sauroient être comptés ? Mais des phy- siciens qui n’avoient rien annoncé , rien pro- mis , ont employé l’électricité pour traiter des ç\rr O ) 042 ”dés à oCS. >np o 1. Ü £- La Médecine épileptiques , et ils se sont tous assurer qu’ils n’avoient obtenu rir J’ai été cle ce nombre ; j’ai élcc d’épileptiques , quelques-uns mêi temps, je n’en ai ni guéri, ni même soiè’gé aucun. Les auteurs Anglois , même ceux qui accordent le plus de pouvoir à l'électricité contre les maladies nerveuses , ne placent pas l’épilepsie au nombre des maladies auxquel- les elk remédie. Je crois , et les faits dont j’ai été témoin , et ceux que différens observateurs ont publiés , assez nombreux pour conclure que l’électricité n’est point le remède de l’épilep sie et qu’on avoit à cet égard des espérances vaines. Il peut être arrivé , et il arrivera que l’on remédie à des attaques épileptiques , sympto- matiques , dépendantes d’une cause curable par l’étectricicé , comme la suppression des règles; mais pour l’épilepsie essentielle , je ne pense pas qu’on en ait guéri et qu’on en guérisse jamais par l’électricité. Tumeurs , en gorgômens . Quelques physiciens pensent que le souffle électrique est capable de dissiper les engorge- mens , les tumeurs , les obstructions; ils éten- dent la propriété dissolvante du fluide jusqu’à le regarder comme assez actif pour fondre et dissiper lessquirres , les anküoses ; iis citent des faits à l’appui de leurs assertions, mais ils n’en fournissent pas de preuves. Ces faits ne sont pas énoncés par des médecins , et la nature de la maladie n’avoit pas été constatée par des personnes qui en pussent juger. Il est donc in- finiment probable qu’on s’est trompé sur le caractère du mal , et que de simples embarras £ c l a i k £ e , etc. 3 43 ont été pris pour des; obstructions et des squir- res , le gonflement des articulations pour des ankiloses , etc. Tout le monde sait que clans le squirre , l’ankilose, il y a destruction de l’or- ganisation ; qu’il ne peut y avoir par consé- quent de remède qui rétablisse les fonctions de la partie lésée , et les propriétés dissolvan- tes et résolutives de l’électricité ne paroissent pas avoir d’action au-delà des simples embar- ras , des empâtemens , des congestions , des en- gorgemens • commençans. Les gonorrhées sont souvent suivies d’un écoulement qui fatigue et qui est difficile à arrêter 5 le même accident ou de fréquentes émissions involontaires de semence sont sou- vent la suite funeste de l’onanisme ; enfin , quel- ques hommes sont privés de la faculté virile ou la perdent fort jeunes après en avoir joui sans cependant en avoir abusé , sans qu’ils se soient épuisés , et quoiqu’ils conservent toutes les autres fonctions dans leur intégrité. On a indiqué l’électricité comme un remède excellent , et dont l’heureux effet ne manque jamais dans les cas que j’ai cités. Je l’ai em- ployée plusieurs fois et elle n’a été suivie d’au- cun succès , quoique je me sois appliqué , en l’administrant , à suivre la méthode indiquée par l’auteur qui conseille ce remède. Je cite- rai un seul fait en particulier. Un médecin de province , homme fort et bien portant ,âgé de quarante ans , après avoir joui de la faculté virile , en avoir usé , mais sans excès , jusqu’à l’âge de trente et quelques années , ne s’étant jamais abandonné à l’onanisme, perdit tout-à- coup la faculté dont il avoit joui, et depuis plusieurs années ne s’étoit jamais trouvé en état d’érection 5 cependant il éprouvoit des désirs , Ÿ4 344 La. Médecine ou au moins il en concevoit en imagination $ il étoit attaché d’affection à une personne dont il étoit aimé qui pressoit son union avec lui : tout convenoit réciproquement dans ce mariage ; les sentiments , l’âge , la condition, Infortune. Le futur époux, après avoir épuisé les res- sources de la médecine , ayant lu l’ouvrage dans lequel l’électricité est présentée comme un remède efficace dans le cas où ul se trou- voit , vint à Paris me consulter , et nous dé- cidâmes d’employer l’électricité ; le malade en lit usage pendant un mois , lui et moi atten- tifs à ne rien omettre des pratiques prescrites; cependant il n’y eut aucun effet , aucun signe qui en pût faire espérer. O11 a mis la manie et la mélancolie hypo- condriaque au rang des maladies curables par l’électricité ; on a traité les malades par des commotions fortes données à travers le cerveau. On a cité à cet égard entr’ autres l’exem- ple d’un magistrat de province , maniaque , et d’un religieux à Paris , mélancolique hypocon- driaque. Le magistrat fut conduit dans un ac- cès de manie à Paris , y fut électrisé , recourra son bon sens , repartit , et arrivé dans sa pro- vince, guérit, y reprit et remplit comme avant son accident scs fonctions de magistrature. Le reli- gieux dans l’état d’une mélancolie si profonde qu’elle le portoit à attenter à ses jours , et lui rendoit le fardeau de la vie insupportable , ve- noit tous les jours de son couvent au lieu où il étoit électrisé ; les idées sombres qui l’af- fectoient se dissipèrent, et il fut, dit -on, pleinement gnéri. Un médecin témoin de ces deux faits , m’en a souvent fait le récit , et me les a cités comme preuves que la manie et la mélancolie hypocondriaque sont des mala- ÉCLAIRÉE, etC. 3 4-5 (lies curables par l’électricité. Je lui objectois d’abord , que deux faits sur deux objets dif- lérens , ce qui les réduit à un seul fait de sa nature , ne forment pas une preuve : en second lieu , lui ai-je souvent dit , avant de tirer des deux faits .même une présomption , attendez quelque temps \ car les maniaques ne le sont que par accès plus ou moins éloignés , et ils jouissent dans les intervalles de toute leur rai- son comme les autres hommes ; c’est ce qui arrive sur-tout après les premières attaques , et lorsque la date de la maladie est récente , cas dans lequel est le magistrat. Attendez donc quelques mois , même une année et plus , et s’il n’a pas eu de récidive , concevez quelque espérance , mais ne concluez pas avant un laps de temps suffisant. Quant au religieux , ne comptez-vous pour rien la sortie de son cou- vent, la traversée de Paris, les matinées pas- sées dans un lieu où il trouvoit des hommes rassemblés, où l’entretien , les objets variés, le distrayoient et effaçoient les idées dont il étoit obsédé. Ces causes seules ne sont elles pas , in- dépendamment de l’électricité, suffisantes pour changer son état? Attendons , pour avoir une opinion à son égard , qu’il soit rentré dans la solitude et le silence de sa retraite. Jecrains, lorsqu’il y aura passé quelque temps , qu’il ne redevienne ce qu’il étoit. Si ma crainte ne se vérifie pas , je vous croirai fondé à tirer de son exemple une induction favorable à futilité probable de l’électricité contre la mélancolie. Le médecin promit de suivre l’his- toire des deux malades , de m’en faire part , et de la publier. On a parlé dans le temps de leur cure , et depuis il n’en a plus été ques- tion. Rien ne prouve donc, jusqu’à présent , I 346 La M é d e c in e que l’électricité soit un remède contre la ma- nie et la mélancolie. On n’en auroit de preu- ves qu’autant qu’un nombre de malades assez grand auroit été électrisé, et qu'un temps assez long pour confirmer leur guérison se seroit écoulé depuis la fin du traitement qu’ils auroient subi. J’entrerois dans des détails trdp longs si je rapportois tous les maux contre lesquels on a pr ésenté l’électricité comme un remède assuré. Une preuve que ces assertions étoient sans fon- dement , c’est qu’on a cessé d’employer l’élec- tricité contre ces maux; qu’on a , au contraire, continué d’en faire usnge dans les cas dans lesquels elle est en effet utile. Il est cepen- dant un genre de maladie à l’égard duquel je ne passerai pas sous silence ce qu’on a annoncé des avantages de l’électricité ; il se- roit trop important de vérifier le fait , de le rendre public s’il avoit lieu , pour garder le silence et s’en tenir à la simple probabilité pour rejetter une annonce si avantageuse. On lit dans le traité de Cavallo , que di- vers électriciens anglois regardent l’électricité comme le spécifique contre les fièvres inter- mittentes j ils administrent l’électricité au mo- ment du frisson, par étincelles et par légères commotions ; ils tirent des étincelles de toute la surface du tronc et des membres , et font passer les commotions en tout sens à travers les diverses parties internes. La séance est de quarante à quarante-cinq minutes. Ils pres- crivent aux malades de se mettre immédiate- ment au lit , de prendre une ou deux tasses d’une boisson diaphorétique , de demeurer bien couverts sans être surchargés ; il survient une sueur abondante , et ce traitement , sui- ÉCLAIRÉE, etC. û4y vaut les auteurs qui le conseillent, est si effi- cace , qu’il est rare que la fièvre ne soit pas dissipée par une seule séance, et qu’elle ne résiste jamais à trois séances. Les avantages inappréciables qui résulteraient d’une méthode si simple , si facile à pratiquer , si utile con- tre les diverses espèces de fièvres intermitten- tes , car on annonce la valeur de cette mé- thode sans exception , m’ont fait vivement souhaiter, depuis que j’en ai eu connoissance , de la mettre en pratique. La nécessité d’élec- triser pendant le frisson et de faire ensuite cou- cher le malade , m’a empêché de la vérifier par ma propre expérience : je n’en ai trouvé qu’une occasion , ce fut au dépôt de mendi- cité à Saint-Denis. Un malade a voit eu déjà douze accès de fièvre tierce , il avoit été traité méthodiquement , il prenoit depuis quelques jours des apozêmes fébrifuges ; rien n’annon- çoit que la fièvre fut prête à se terminer. M. Davan , Médecin du dépôt et moi , convînmes que le malade seroit électrisé lé prochain jour de fièvre , et nous recommandâmes au chi- rurgien chargé du traitement électrique d’être attentif au moment où le malade seroit pris du frisson. Toutes les conditions du traitement furent exactement remplies : le malade n’eut point d’accès pendant les dix jours suivans ; mais le onzième il commit une imprudence dans le régime , il eut une indigestion de ce- rises dont il avoit beaucoup mangé : dès ce même jour la fièvre le reprit et les accès se renouvellèrent aux jours ordinaires. Le malade fut purgé , et nous lui conseillâmes de rece- voir l’électricité ; il refusa d’user de ce re- mède , sans donner de raison valable de son refus. Ayant la fièvre , il étoit à l’infirmerie 3/(8 L a M É D E C I N K mieux couché , mieux nourri , que rentré dans les corridors , et il se peut qu’il ne crut pas acheter ce mieux être par l’état fébrile. Cepen- dant est- ce l’ électricité qui avoit suspendu ou dissipé la fièvre ? est-ce l’erreur commise dans ce régime qui l’a rappellé-e ? Il n’y a rien à conclure d’un seul fait , et de celui ci seu- lement , que le résultat en a été conforme à l’as- sertion des auteurs anglois. Cependant leur as- sertion date de près de dix ans : comment, depuis ce temps , l’électricité n’est-elle pas reconnue en Angleterre et dans toute l’Europe, pour le spé- cifique des fièvres intermittentes ? Je pense que quelques circonstances en ont d’abord im- posé et qu’on a conclu beaucoup trop-tôt 5 mais relativement à un objet aussi important , je crois qu’on devroit constater la réalité ou la fausseté du fait par la voie de l’expérience. On le doit d’autant plus, que supposé le fait vrai, il en résulteroit d’inappréciables avan- tages j et que s’il est faux , il ne peut y avoir aucun risque pour les malades soumis à l’ex- périence. On sera sans doute surpris qu’après avoir consacré pendant quinze ans la plus grande partie de mon temps à l’électricité médicale, j’aie à tirer des faits très-nombreux dont j’ai été témoin, un si petit nornbrede conséquences prou- vées par les faits et démontrées par inexpérience. Sans doute on eût pu faire beaucoup plus, et il reste beaucoup à faire dans cette carrière nou- velle. Personne n’y a fait encore que les premiers pas : mais en tout genre de découvertes, d’ex- périences , de connoissances nouvelles en mé- decine, on n’avancera jamais, on ne découvrira la vérité , on ne dissipera l’erreur , on n’ac- querra des lumières , 011 ne perfectionnera la ÉCLAIRÉE, etC. 349 science qu’autant que dans un hôpitaj , on ad- ministrera les traitemwns nouveaux à un nom- bre déterminé de malades , les traitemens an- ciens à un nombre égal ; que d’ailleurs toutes les circonstances seront les mêmes autant qu’il se pourra; que par des expériences, que j’ap- pelle contradictoires . on constatera l’efficacité plus grande d’un traitement que d’un autre , et qu’ autant encore ( car cette condition est aussi nécessaire) que l’on pourra constater long-temps après les traitemens , l’état des malades pour s’assurer si les traitemens n’auront point eu de suites fâcheuses. Je 11’ ai pas été à même de remplir ces condi- tions ; c’est ce qui a contribué pour beaucoup à retarder les progrès que j’aurois pu faire. Ceux qui seront placés à la tête des écoles cliniques auront l’avantage d’y satisfaire, et, placés plus favorablement que moi , ils pour- ront se promettre en électricité médicale des succès plus nombreux que les miens. PHARMACIE. Rectification de V ammoniaque , par JM. V au- quelin. En préparant l’ammoniaque, alca li volatil , il arrive souvent, quand on travaille sur de grandes quantités de maLières , qu’une partie del’ainmo- niaque qu’on obtient a une couleur fauve plus ou moins intense , et une odeur empyreumatique quelquefois très-forte. De l’ammoniaque telle que celle-là peut bien servir à la plupart des usages ordinaires de la chimie , même à des expériences de recherches , mais elle n’est pas comnterçahle , et elle ne peut O JO L A M E D E C I N 2 pas servir aux usages domestiques , et particu- lièrement en médecine. Il étoit donc utile de chercher un moyen de remédier à cet inconvénient , qui arrive cons- tamment lorsqu’on emploie du muriate d’ammo- niaque tel qu’il est dans le commerce , et lorsque l’on donne un grand degré de chaleur sur la fin de l'opération. J’ai trouvé , parmi plusieurs substances qui remplissent l’obje^ proposé , que la craie , desséchée à une chaleur un peu forte , méritoit la préférence sur les autres ; elle réunit le double avantage d’enlever et la couleur et l’odeur empyreumatique sans rien communiquer à l’ammoniaque. Le charbon l’éclaircit aussi, mais il lui laisse une partie de son odeur empy- reumatique ; la chaux la prive de sa couleur et de son odeur, mais il se dissout une portion de cette matière qui altère la pureté de l’ammo- niaque et n’en permet pas l’emploi à des expé- riences délicates, et sur- tout pour la médecine; il seroit impossible d’en composer de l’eau de litre permanente. Les chimistes savent très-bien quelle est la cause de l’odeur et de la couleur que prend l’ammoniaque dans les circonstances énoncées plus haut ; c’est une portion d’huile en partie décomposée qui reste dans le muriate d’ammo- niaque , et qui s’élève par la violence du feu. Ce moyen pourroit être appliqué avec beau- coup d’avantage pour la purification de l’ammo- niaque que donnent les matières animales , et spécialement l’urine, qui en fournit beaucoup, sur- tout lorsqu’elle est altérée ; on n’a pu jusqu’à Ce jour employer cette ammoniaque qu’à faire du muriate ammoniacal , à cause de sa mau- vaise odeur et d’une légère couleur fauve, qu’elle conserve opiniâtrement. ÉCLAIRÉE, etc. 35l L’ammoniaque s’éclaircit à la vérité spon- tanément en quelques semaines ; mais il est sûr qu’elle ne devient jamais aussi blanche qu’avec la craie, et qu’il lui reste toujours une odeur empyreumatique. Remarque du Rédacteurs . J’ai déjà dit uü grand nombre de fois depuis douze ans que j’en-, seigne les différentes sciences médicinales à Paris , que les pharmaciens ne sauroient trop acquérir de connoissances chimiques ; que leur art est celui de tous auquel ces connoissances sont les plus nécessaires , et qu’en revanche la, chimie pou voit tirer un très- grand parti des ex- périences faites dans les laboratoires de phar- macie , lorsque les hommes qui y travaillent en posséderont assez l’ensemble pour bien ob- server tous les phénomènes qui se présentent sans cesse à eux. Le nouveau procédé qui vient d’être inséré ici prouve sans réplique cette asser- tion. M. Vauquelin, mon élève et mon ami , un des chimistes les plus distingués de la capi- tale , livré depuis quelques mois à des travaux pharmaceutiques très multipliés , est convaincu comme moi de cette importante vérité. Il ne se passe pas un jour sans qu’il trouve l’occasion d’en faire une utile application. Déjà il a rec- tifié un assez grand nombre de procédés dont une routine presque aveugle sembloit avoir consacré la perpétuité dans les laboratoires de pharmacie. On verra la plus grande partie de ces améliorations , de ces vérifications phar- maceutiques dues à M. Vauquelin, dans les numéros suivans. On y trouvera tous les avan- tages que la chimie présente à la pharmacie , ainsi que la possibilité d’avancer la science en faisant des travaux pharmaceutiques. Scheèle, 3 5i La Médecine qui à lui seul a fait .plus de découvertes qu’un grand nombre d’autres chimistes, étoit d’abord un simple garçon apothicaire , et la plupart des travaux dont un seul eût suffi pour immor- taliser son auteur , ont été faits pendant un séjour de quelques années dans un laboratoire de pharmacie dont le propriétaire étoit bien éloigné d’apprécier l’homme qu’il possédoit chez lui. Ce fait doit suffire pdur échauffer le zèle de tous les jeunes gens qui se livrent à l’étude de la pharmacie , et pour les engager à devenir d’habiles et de profonds chimistes avant de former leur établissement. ( N° X 1 1. ) 353 C II I M I ;E. I. Eæpèrieîices sur le tartrite d’ antimoine et de potasse ; par M. Vauquelin. E/ n répétant les expériences de- Bergman sur le tartrite d’antimoine et de potassé , je les ai trouvées parfaitement d’accord avec son dis- . . cours ; il est donc inutile de les rappeler. Mais comme il est rare qu’en répétant des expériences, en y portant quelque attention, on n’apperçoive pas quelque phénomène nouveau, je vais faire connoître ceux qui se sont présentés pendant le cours de ce travail sur le tartrite d’antimoine et de potasse. i°. L’ érnétiqite le mieux cristallisé , et par conséquent le pins pur , rougit constamment les couleurs bleues des végétaux. 2.q. L’acide sulfurique le décompose en s’em- parant de l’oxide d’antimoine , avec lequel il forme un sel insoluble qui se précipite , et en laissant le tartrite acidulé de potasse libre. 3°. L’acide muriatique le décompose aussi mais sans former de précipité clans la dissolution. 4°. Le carbonate de chaux décompose l’émé- tique j des dissolutions de ces substances mêlées, ensemble ne laissent appercevoir rien de. sen- sible sur le champ ; mais au bout de quelques heures, il se forme un nuage blanc fort épais qui commence à paroître à la partie supérieure de la liqueur ; c’est du tartrite de, clijauy. et du- carbonate d’antimoine. ...... 5°. L’acétite de plomb le décompose 5 il se forme du tartrite de plomb , et de l’acétite d’an- timoine et de potasse. Tome III. JSKXII. Zi 354 TjA Médecine 6°. M. Berthollet vient de découvrir que plu- sieurs substances végétales, et en tr’ autres le quin- quina et la noix de galles , décomposent l’éméti- que. Sans expériences directes sur la manière dont se font ces décompositions, M. Berthollet a pensé que c’étoit en absorbant une portion de l’oxigène de l’oxide d’antimoine que les infusions végétales décomposoient ce sel , et que par con- séquent l’oxide étoit rapproché ded’état métalli- que. Pour vérifier cette assertion , qui paroissoit assez bien fondée, j’ai fait quelques expériences que voici : J’ai précipité une dissolution de cent grains d’émétique par la quantité nécessaire d’infu- sion de quinquina ; il en a failli quatre onces infusées plus de dix fois de suite. J’ai mis sur le précipité rouge pâle qu’on obtint par cette opération de l’acide muriatique affoibli , et j’ai obtenu tout l’oxide d’antimoine que le précipité contenoit. Le précipité a pris une couleur rouge superbe , et il se ramollissoit dans l’eau comme une résine ; cependant il ne fondoit point seul à sec , il se charbonnoit plutôt. La dissolution de l’oxide d’antimoine dans L’acide muriatique s’est faite sans mouvement et sans effervescence ; ce qui prouve qu’il étoit contenu dans le précipité tel qu’il étoit dans l’émétique même , et qu’il n’a pas changé de nature avec l’extrait de quinquina. La liqueur qui surnage le précipité dont je viens de parler , quand on a saisi exactement les pro- portions, est claire comme de l’eau, et ne contient du quinquina qu’une portion d’ex- trait muqueux légèrement amère , mêlé au tar- trite acidulé de potasse, que j’ai obtenu à part et que j’ai reconnu par toutes ses propriétés. Ce n’est donc que par une double attraction ÉCLAIRÉE, etC. WS. que s’opère cette décomposition ; savoir, celle de l’oxide d’antimoine pour la matière végétale, et cellede la potasse pour la masse entière de l’acide tartareux. Je n’ai point suivi en détail la manière dont se conduit l’infusion de noix galles sur l’émé- tique , mais je pense qu’elle est la même que celle du quinquina. Je n’ai point remarqué qu’il se fît de changement entre l’émétique et les infusions de séné , de follicules , de rhu- barbe , de chicorée , de cerfeuil , de poirée r de bourrache , etc. Je n’en ai pas remarqué davantage avec le sulfate de soude , le nitrate de potasse et le sulfate de magnésie. J’ai été curieux d’essayer l’émétique avec toutes ces choses , parce que c’est avec elles qu’on l’ad- ministre souvent en médecine. Bergman n’ayant point soumis le tartrite d’antimoine et de potasse à l’action du feu dans des vases clos , j’ai cru devoir le faire ; j’ai obtenu vingt-neuf parties d’acide carboni- que en gaz , douze d’une liqueur légèrement acide , une de gaz hydrogène et cinquante-huit de résidu. Les cinquante-huit de résidu étoient composées de seize de carbonate de potasse , de dix de charbon et de trente-deux d’oxide d’antimoine. Cent parties d ' émétiqzce ordinaire sont donc composées de trente-trois parties d’oxide d’antimoine , treize de potasse , quà- rante-sept d’acide tartareux et sept d’eau. Cette substance n’a point fourni d’huile, et les essais les plus exacts n’ont pu découvrir de traces d’ammoniaque dans le produit liquide de la distillation. E11 faisant quelques légères suppositions , cette expérience donneroit à peu près les pro- pçrtioas dés principes de l’acide tartareux , Z % 356 La Médecine ainsi que la quantité de potasse qu’il demande pour être dans l’état de crème de tartre 5 mais comme ces proportions ne sont pas encore exactement établies nous n’en parlerons pas en détail ; nous dirons seulement que le prin- cipe qui y est le plus abondant est le carbone, que l’oxigène le suit, et que l’hydrogène n’y est qu’en très-petite quantité. L’émétique étant un sel triple /composé d’a- cide tartareux de potasse et d’oxide d’anti- moine , j’ai voulu savoir si en mêlant à une dissolution d’oxide d’antimoine dans la potasse une quantité d’acide tartareux capable de sa- turer l’alcali et l’oxide d’antimoine , il se for- meroit de l’émétique semblable à celui qu’on obtient par la méthode ordinaire 5 voici ce qui arrive : i°„ les liqueurs deviennent lai- teuses et il se dépose de l’oxide d’antimoine , mais à l’aide de la chaleur elles s’éclaircissent de nouveau ; 20. il se dépose des cristaux de tartrite acidulé de potasse pur et sans mélange d’antimoine ; 3°. il reste dans la liqueur, après l’évaporation, un véritable émétique semblable à celui qui est employé ordinairement en mé- decine. Ce tartre stibïé étoit légèrement acide , il contenoit quelques portions de tartrite acidulé de potasse ; aussi lorsque je l’ai essayé par la dissolution du sulfure de chaux il s’est lait un précipité blanc , ce qui auroit pu faire penser qu’il n’y avoit point d’oxide d’antimoine; mais j’ai découvert qu’en y versant de l’acide mu- riatique le précipité devenoit d’un jaune oran- gé superbe, et tel que le donnent ordinairement les dissolutions d’antimoine avec les sulfures ou le gaz hydrogène sulfuré. Comme la dissolu- tion cL’oxide d’antimoine dans la potasse pro- ÉCLAIRÉE, etc. 3 5j yenoit de l’opération par laquelle on oxide l’an- timoine au moyen du nitrate de potasse , il res- toit dans la dissolution un peu de nitrite de potasse qui a été décomposé par l’acide tar- fcareux , et l’acide nitreux s’est volatilise en va- peurs. Pour être sur de cette dissolution d’oxide d’antimoine , j’en ai fait une immédiatement avec de la potasse et des fleurs argentines d’an- timoine , c’est-à-dire de l’oxide d’antimoine fait par l’action combinée du calorique et de l’air, et j’ai vu qu’une once de dissolution de potasse, donnant dix-neuf degrés, a dissout vingt grains de cet oxide. Après i^ne demi-heure d’ébullition, j’ai mis dans cette dissolution peu à peu de l’acide tartareux pur : dans le premier instant il ne s’est rien produit ; une portion d’acide tartareux de plus a troublé la dissolution par un nuage blanc qui s’est dissous à l’aide de l’ébul- lition. Cette combinaison a donné par l’éva- poration des cristaux très-petits , d’une saveur acide à peu près analogue à celle de la crème de tartre , qui contenoient un peu d’oxide d’antimoine , qui ne se dissolvoient que dans l’eau simple et froide, mais qui se dissolvoient abondamment dans cette même eau alcalisée. La dernière portion de cristaux donnée par l’évaporation étoit moins acide et contenoit plus d’oxide d’antimoine , mais n’en contenoit pas cependant autant quel’ émétique. Si j’avois mis moins d’acide il auroit été possible que la potasse seulement s’unît à l’acide tartareux , et j’aurois obtenu du tartrite de potasse dans la liqueur et de l’oxide d’antimoine à part ; mais pour cela il n’auroit pas fallu chauffer, car alors le tartrite de potasse auroit dissous l’oxide d’antimoine et formé un émétique par- ticulier et tel qu’pn le prépare dans cçrUÜOS £ 3 358 La Médecine pays ; il auroit différé seulement par la petite quantité d’oxide d’antimoine. Il m’eût été pos- sible aussi de ne produire aucun précipité dans la liqueur , en n’ajoutant pas assez d’acide tar- tareux pour saturer toute la potasse $ alors il y auroit eu dans la liqueur du tartrite de potasse et de l’antim onia-te de potasse : c’est en effet ce qui m’est arrivé plusieurs fois. En traitant l’oxide blanc d’antimoine par les alcalis , j’ai remarqué que leur combinaison étoit d’autant plus rapide que ces derniers étoient plus concentrés et plus parfaitement dépouillés d’acide carbonique , et que quand ils en étaient entièrement saturés , il n’y avoit alors aucune action entr’eux. L’alcali volatil ou ammoniaque dissout aussi cet oxide mais d’une manière moins marquée que la potasse et la soude ; peut-être cela vient-il de ce qu’on ne peut pas donner au mélange le même degré de chaleur sans opérer la volatilisation de l’alcali. Quand on met quelques gouttes de dissolution de sulfure calcaire dans une dissolution d'oxide d’antimoine par la potasse , il se fait un précipité blanc en raison sans doute d’une portion d’a- cide carbonique quela potasse aabsorbéependant l’ébullition, et ce seul moyenne rend pas l’oxide d’antimoine sensible , mais si l’on y ajoute de l’acide muriatique , il se forme sur le champ un précipité jaune orangé. Le sulfure de potasse n’occasionne non plus qu’un léger précipité blanc , et quelquefois point du tout, dans la dissolution d’oxide d’an- timoine par la potasse ; mais si de même que pour le sulfure calcaire et cette même disso- lution , on y ajoute de l’acide muriatique , il se fait un précipité jaune comme le soufre doré d* 'antimoine. ÉCLAIRÉE; etC. 359 Bergman avoit observé que l’acide tartareux pur donnoit , avec les oxides d’antimoine , des sels qui étoient très-différens de ceux qu’on obtenoit avec le tartrite acidulé de potasse, et cela devoit être puisqu’il y a un principe de moins. Il a suivi ses essais sur l’oxide d’antimoine dans tous les états d’oxidation connus , ainsi que dans quelques-unes de leurs combinaisons avec le soufre , et il a observé quelques différences , comme on l’a vu plus haut. Je 11’ai pas beau- coup multiplié les expériences sur les prépara- tions antimoniales par l’acide tartareux pur, je n’ai employé que l’oxide d’antimoine formé par le nitrate de potasse et l’oxide d’antimoine sulfuré vitreux. J’ai remarqué, i°. que l’acide tartareux ne perd jamais entièrement son aci- dité dans ces opérations, tels que soient la quan- tité d’oxide d’antimoine et l’espace de temps pendant lequel on le fait bouillir sur ces subs- tances ; 20. que l’oxide d’antimoine sulfuré vitreux est dissous par cet acide infiniment plus promptement que l’oxide d’antimoine préparé par le nitrate de potasse ; qu’il se dissout en plus grande quantité , et que par conséquent il arrive plus près du point de saturation de l’acide tartareux. En évaporant ces dissolutions d’oxide d’anti- moine dans l’acide tartareux pur, j’ai obtenu par le refroidissement de la liqueur, comme l’a annoncé Bergman , une masse blanche gélati- neuse et transparente comme du cristal. En continuant de chauffer cette masse , elle se dessèche en se boursoufflant comme de l’alun que l’on calcine. Cet émétique ainsi préparé a une saveur acide assez agréable au commencement, et nauséeuse au bout d’un certain temps. Z 4 36a La Médecine Il rougit fortement les couleurs bleues vé- Fhumidité de l’air et se convertit en masse gluante comme du mucilage. Il faut donc le conserver dans des vases fermés. Ce tartrite d’antimoine agit à peu près de la même manière que l’éméticiue ordinaire sur les autres substan- ces. Il est décomposé par l’acide sulfurique , par le carbonate de chaux , par les' infusions de quinquina et de noix de galles. Lorsqu’on y combine en quantité convenable de la potassé , il se forme un sel parfaitement semblable à celui qui est préparé avec le tar- trite acidulé de potasse et l’oxide d’antimoine. Ce tartrite d’antimoine paroît avoir les mêmes propriétés sur l’économie animale que l’éméti- ue ; j’en ai donné deux grains dans trois verres ’eau à un jeune homme de quinze ans chez lequel les symptômes de la petite vérole se dé- claroient ; il ne vomit point , mais il fut abon- damment purgé sans éprouver de nausées ni de tranchées. Trois grains du même émétique ad- ministrés à un homme de quarante ans , qui avoit l’estomac chargé et qui manquoit d’ap- pétit depuis quelque temps , l’ont fait vomir cinq à six fois , et évacuer par les selles à-peu-près autant de fois sans en être fatigué. Je crois que cet émétique auroit de l’avantage sur l’autre dans les maladies bilieuses et putri- des ; au reste c’est à l’expérience à prouver cette assertion. II. Observation sur V argehtite ammoniacal , ou argent fulminant ) par M. Fourcroy. Après avoir laissé sécher à l’air et au soleil , pendant douze ou quinze heures, le précipité gétales Il ati Eclairée, etc. 36 1 du nitrate d’argent par l’eau de chaux , en ver- sant dessus la quantité d’ammoniaque néces- saire pour qu’il en soit recouvert de quelques lignes , il devient tout à coup noir ; une partie se dissout dans l’ammoniaque , et il se forme à la surface une pellicule blanche jaunâtre, que M. Berthollet conseille de séparer d’avec le pié- cipité lorsqu’on décante l’ammoniaque^ parce que cette pellicule n’est pas détonante comme le précipité , et nuit à sa fulmination : on verra tout à l’heure que cette pellicule devient ful- minante en la gardant quelque temps , et qu’il faut s’en méfier. La préparation de l’argent fulminant est une des opérations les plus déli- cates , et qui demande le plus de prudence et d’attention. On ne doit point mettre l’oxide d’argent avec l’ammoniaque dans des vaisseaux très-profonds , qui aient de petites ouvertures , car la chaleur augmentée, le frottement le plus léger, suffisent pour faire briser ces vais- seaux avec les plus grands dangers. Les cap- sules plates de porcelaines ou les soucoupes , sont les vaisseaux qui méritent la préférence; il ne faut pas dessécher l’oxide d’argent am- moniacal dans ces soucoupes , car en voulant le détacher , il pourroit blesser les yeux de l’opérateur en fulminant sur un corps qui lui opposeroit de la résistance. Quand après dix-huit ou vingt heures de séjour de l’ammo- niaque sur l’oxide d’argent, il faut la décanter en donnant de légers mouvemens de rotation à l’oxide ammoniacal qui est au fond de la liqueur , on doit en emporter en entier cet oxide avec les dernières gouttes de liqueur, et distri- buer l’espèce de liquide épais que forme ce mé- lange sur des morceaux de papier Joseph ; celui-ci absorde la portion liquide, et facilita r a Médecine le dessèchement de l’oxide d’argent ammo- niacal. Chaque morceau de papier ne doit con- tenir que trois ou quatre grains de matière , et il fautfles couvrir d’une cloche de \erre large afin de s’en servir au besoin j il suffit , pour faire fulminer cette substance , d’y toucher lé- gèrement avec un corps quelconque $ une goutte d’eau , un grain de sable , tombés d’une cer- taine hauteur dessus , la font détofiner très-vi- vement. L’ammoniaque transparente, décantée de dessus l’oxide d’argent, donne des cristaux lorsqu’on l’évapore. Ces cristaux , qui parais- sent être une sorte d’argentite ammoniacal , sont encore détonans lorsqu’ils éprouvent une pression , même au milieu du liquide qui les contient , comme l’a indiqué M. Berthollet. Il faut se défier de cette liqueur , ne la traiter qu’avec précaution. Voici ce que nous avons vu, M. Vauquelinet moi, sur ce sel. Nous fai- sions évaporer au Lycée quelques onces de li- queur ammoniacale, décantée de dessus l’argent fulminant, dans un vase de verre arrondi placé sur un bain de sable ; la chaleur ayant évaporé la liqueur jusqu’à la formation de quelques cris- taux , on se proposoit de retirer la liqueur du feu, lorsque pendant qu’une autre occiipation nous appelloit ailleurs , il se fit entendre un bruit considérable, le vase se brisa en morceaux qui furent lancés à plus de quinze pieds du four- neau ; ces fragmens présentoient à leur sur- face, un enduit d’argent d’un poli aussi vif que si on l’avoit frotté avec un brunissoir. Les cristaux que l’on obtient par l’évaporation de l’argentite ammoniacal sont blancs et transpa- rens, mais ils noircissent promptement lorsqu’on les expose à la lumière , et ils deviennent en même temps beaucoup plus fulminans qu’ils éclairée, etc. 363 n’étoient sous la forme cristalline et trans- parente. La pellicule qui se forme à la surface de l'am- moniaque , versée sur l’oxide d’argent, et que M. Berthollet conseille de séparer comme non. fulminante , afin qu’elle ne nuise point à la fulmination de la poudre , acquiert la pro- priété détonante au bout de quelque temps. M. Vauquelin en a fait l’expérience d’une ma- nière cruelle, et dont il a failli d’être la victime dans mon laboratoire, bn préparant de l’oxide d’argent ammoniacal , il avoit mis à part, dans un verre conique , la pellicule qui pouvoit nuire à la pureté de cette préparation. Ce verre étant resté environ deux mois sur une tablette dans le laboratoire, M. Vauquelin en ayant besoin pour une autre expérience , il voulut en- lever la poudre* noire qu’il contenoit , ne se sou- venant plus de ce qu’elle étoitj ayant pris le pied du vase dans sa main gauche, il porta un doigt de la droite sur cette poudre noire pour recon- noitre si elle adhéroit au verre, et si ellepourroit etre enlevée facilement : la pression qu’il exerça Jantal instant fulminer avec une violence ex- trême; le verre fut réduit en grains et lancé de tous cotés, un grand nombre de ces morceaux percè- rent les mains de M. Vauquelin et lui sautèrent dans les yeux ; il éprouva une douleur et une cuisson si fortes dans ces organes qu’il crut les avoir crévés ; il fut quelques minutes sans voir clair heureusement qu’ils ne furent affectés que d’une inflammation qui dura quelques jours. Le bruit de cette détonation fut si considérable que M. Vauquelin resta sourd pendant plus de trois heures ; la main qui tenoit le pied du verre fut frappée d’une commotion telle qu’elle fut presque impotente pendant plusieurs jours. Cette 364 i a M É D E C I N E commotion s’étendit à de grandes distances dans le laboratoire , des vases de verre placés à plus de vingt pieds du lieu ou la fulmination s’o- péra furent renversés. Il n’y avoit cependant que quatre ou cinq grains de matière dans le verre qui causa ce fracas ; qu’on juge d’après cela de l’horrible accident qui auroit pu arriver si ce vase eût contenu quelques gros de ma- tière , comme cela n’auroit pas manqué d’avoir lieu, si j’avois fait évaporer à la manière accou- tumée une quantité assez considérable de nitrate d’argent et d’ammoniaque que je conservois de- puis quelques années 5 aussi je me suis hâté de décomposer cette dissolution par l’alcali fixe. On doit être prévenu de ces dangereuses expériences, pour se méfier toujours des mé- langes d’ammoniaque et d’oxide d’argent. Il faudra ne préparer l’argent fulminant qu’à pe- tites doses et avec les plus grandes précautions; il est toujours indispensable de ne rien garder de ces préparations, de les employer à mesure qu’elles sont faites , de ne les faire qu’à des doses modérées, et de laver sur le champ, à grande eau, tous les vases qui y servent, enfin de ne pas conserver dans ces vaisseaux de verre les différens produits qu’on en obtient, et sur- tout les pellicules , regardées jusqu’à présent comme non fulminantes, qui se forment à la surface de 1’, ammoniaque tenant de l’oxide d’ar- gent en dissolution. Le sel qui résulte de l’évaporation de l’ammo- niaque décantée de dessus i’oxide d’argent am- monical que Bergman avoit indiquée , qui cris- tallise régulièrement et qui lui même est tres- fnl minant , comme on l’a dit plus haut, pa- roît être un composé d’ammoniaque et d’oxide d’argent, clans lequel cet oxide fait fonction éclairée, etc* 3 65 d’acide , comme M. Eerthollet l’a pensé de plu- sieurs oxides métalliques , et en particulier de ceux d’antimoine et de plomb ; ainsi, on pour- roit nommer ce sel argentate ammoniacal^ ce- pendant l’oxide d’argent se rapprochant da- vantage des acides foibîes, il vaudrait mieux peut-être le désigner par la dénomination d’ar- gentite ammoniacal , d’après les principes de nomenclature établis dans nos ouvrages sur cet objet. On peut soupçonner aussi que cet ar- gent ite d’ammoniaque contient une certaine quantité de nitrate d’ammoniaque , puisqu’il est bien prouvé qu’en agissant sur l’oxide d’ar- gent, et en se décomposant, l’ammoniaque laisse une portion d’azote libre , qui peut se combiner avec l’oxigène; cependant il n’ÿ a pas encore de preuves positives de la présence du nitrate d’ammoniaque dans i’argentite am- moniacal. JEx amen d’une liqueur trouvé e dans la vésicule du fiel d'un homme ; par MM. Vauquelin • et Èourcroy. Cette liqueur a voit une couleur jaunâtre', une odeur analogue à celle du gaz hydrogène sul- furé, une saveur fade et nauséeuse. Elle mous- soit par l’agitation comme une dissolution de gomme ; elle verdissait légèrement la teinture de violettes , et elle troubloit un peu l’eau de chaux. Les acides concentrés et l’alcool en sépa- roient une matière blanche floconneuse ; la chaleur produisoit les mêmes effets. Quatre onces de cette liqueur, chauffées jus- qu’à l’ébullition , ont déposé une matière blan- che jaunâtre, qui séchée pesoit quatre grains. La liqueur claire réduite au huitième de son. 3 66 La Médecine volume primitif , n’a point donné de gelée par le refroidissement ; cependant , l’alcool en séparoit une matière blanche, qui se dissolvoit en grande partie dans l’eau froide. Ces floccons séparés ainsi par l’alcool., séchés, pesoient six grains. L’alcool avoit pris une couleur jaune dans cette opération ; il a laissé , après l’évapo- ration, neuf grains d’une matière jaune brune, qui avoit une saveur salée, assez ^semblable à celle de l’extrait de viande. Cette matière, mê- lée avec l’acide sulfurique , a répandu quelques vapeurs d’acide muriatique ; la chaux n’en a point dégagé d’ammoniaque $ elle troubloit un peu l’eau de chaux et précipitoit le nitrate d’argent en le décomposant : ce précipité pe- soit douze grains. On voit, par ces expériences, que la liqueur de la vésicule ne contenoit que très-peu de ma- tière en dissolution , puisque sur quatre onces on n’a obtenu que dix-neuf grains de résidu , composés à peu près de quatre grains d’albu- mine , six grains de gélatine , quatre grains de muriate de soude , un peu de phosphate de soude, de soude libre, et deux grains de ma- tière extractive. Il ne faut pas regarder ces estimations comme bien rigoureuses, car elles n’ont pu être faites que sur le poids des précipités, et la gélatine étoit mêlée d'une portion d’albumine qui rcs- toit en dissolution dans l’eau , malgré l’ébul- lition , et qui a été précipitée par l’alcool ; le muriate d’argent étoit mêlé d’un peu de phosphate d’argent et d’oxide d’argent. On auroit pu approcher , avec du temps , plus près de la vraie quantité des matières contenues dans la liqueur de la vésicule, mais comme on a pensé que cela ne serviroit 4 ÉCLAIRÉE, etc. 3 6j rien pour l’avancement de la Physiologie , on n’y a pas insisté. La .vésicule contenoit cinq onces trois gros de cette liqueur. Le canal cystique étoit obstrué par une pierre biliaire , dans le point où. il se réunit au canal hépatique , ensorte que cet obs- tacle empêchoit l’écoulement de la bile, soit dans la vésicule, soit dans le duodénum. Il seroit bien intéressant pour les médecins, de déterminer ce que devient la soude , l’un des principes de la bile , et quel changement éprouve l’autre principe huileux dans la formation des pierres biliaires. Il arrive presque toujours qu’ après la for- mation des pierres biliaires volumineuses dans la vésicule du fiel, la bile ne pouvant plus couler dans ce réservoir , il s’y sépare peu à peu un liquide blanc albumineux, fort différent de la bile , qui n’en a ni la couleur , ni la saveur , ni aucune des propriétés : dans ce cas, le foie ne peut plus séparer de bile, ses couloirs, ses vaisseaux s’engorgent de proche en proche , l’engorgement gagne les autres viscères, et le mal devient enfin absolument incurable: il fau- droitconnoître l’état du parenchyme du foie dans ces affections ; nous chercherons à acqué- rir cette connoissance à la première occasion, et nous en ferons part à nos lecteurs. MATIÈRE MÉDICALE ET MÉDECINE PRATIQUE. Sur les propriétés médicinales du muriate de baryte ; par M. Crawford , ( Médical com- munications , vol. 2. ). Le muriate de baryte quand il est parfai- ment neutralisé a un goût amer ; mais celui 368 La Médecine dont M. Crawford s’est servi dans ses expé- riences contenoit un peu d’excès d’acide , ce qui faisoit disparcître l’amertume en grande partie ; et sa saveur se rapprpchoit de celle du sel ordinaire de cuisine. E11 faisant dis- soudre une petite quantité de muriate de ba- ryte dans l’eau, et en prenant à l’intérieur un peu de cette dissolution , 011 éprouve dans l’estomac une agréable sensation 1 de chaleur. M. Crawford crut devoir présumer , d’après les qualités sensibles du muriate de baryte , qu’il seroit utile de l’essayer dans plusieurs maladies qui résistent aux. moyens ordinaires , comme les tumeurs scropliuleuses , squireuses , et les tumeurs blanches des articulations. Voici quel- ques résultats qu’à donnés l’expérience dans l’hôpital de Saint-Thomas à Londres. Henri Thompson , âgé de onze ans , fut con- duit à cet hôpital en 1788 \ on lui avoit fait l’année précédente l’opération de la listule à l’anus , et après avoir été parfaitement guéri et avoir joui d’une bonne santé pendant le cours d’une année , il eut un léger retour de cette maladie qui se dissipa cependant sans prendre aucun remède \ mais vers la même époque il se forma une tumeur douloureuse à la malléole interne du pied gauche , et le jeune malade éprouva un dépérissement manifeste. O11 ap- pliqua pendant une quinzaine de jours des topiques 5 mais comme la tumeur ne parois- soit point disposée à suppurer, M. Crawford pro- scrivit durantîa première semaine dumoisde mai, depuis quatre jusqu’à six gouttes d’une solution de muriate de baryte deux fois le jour. L’u- sage de ce médicament augmenta immédiate- ment son appétit en rétablissant sa santé , l'é- coulement de l’urine fut augmenté , la douleur ÉCLAIR i R, etc. 3o0 de la jambe diminua , la tumeur s’ouvrit en divers endroits , et il en sortit une matière lym- phatique. Après avoir persisté dans l’usage de ces médicamens jusqu’à la fin de juin , toutes les plaies se cicatrisèrent, et le jeune homme sortit de l’hôpital bien guéri. Jacques Heskit, âgé de douze atis , fut aussi . reçu dans le même hôpital le i3 mai 1789. Il avoit éprouvé , depuis plusieurs mois, des tu- meurs dans les glandes lymphatiques du cou $ -quelques unes même avoient suppuré , avec écou- lement d’une matière ténue 1 sa santé à d’autres égards se maintenoit. On lui prescrivit depuis trois jusqu’à six gouttes de la solution de mu» riate de baryte deux fois le jour. Ce médica- ment rendit l’urine beaucoup plus abondante s dans peu de temps les tumeurs devinrent plus molles et diminuèrent de volume , les ulcères se cicatrisèrent , et au bout de six semaines le jeune homme se retira bien guéri. Elizabeth Paradise, âgée de vingt-deux ans, fut attaquée au mois de novembre , sans aucune cause connue , d’une douleur vive au genou gau- che à laquelle succéda aussi-tôt une tumeur qui environnoit d’une manière uniforme la join- ture. Lorsque la malade entra à l’hôpital , cette tumeur étoit presque de la grosseur de la tête ; elle étoit douloureuse et dans un état de ten- sion : sa santé paroissoit en souffrir beaucoup | son pouls étoit fort et accéléré , elle éprouvoit des nausées , une perte totale de l’appétit , des frissons par intervalles, et des sueurs nocturnes. Aussi - tôt après son entrée dans l’hôpital , 011 avoit appliqué un séton au genou , ce qui , avoit diminué beaucoup le gonflement , mais la douleur étoit toujours la même. Le 2, mai *789 son genou étoit encore très-enflé et très* Tome UL XII. Ai 370 i- à Médecin* douloureux ; on lui prescrivit depuis quatre jusqu’à dix gouttes d’une solution de muriate de baryte deux fois le jour. Ce médicament fut continué jusqu’au 19 mai $ mais les symp- tômes n’étant point diminués, quoique l’excré- tion de l’urine eût été augmentée , et étant survenu une diarrhée , on fut obligé d’inter- rompre le traitement. On appliqua deux sang- sues au genou , et on prescrivit une mixture d’eau de menthe, d’esprit d^ lavande , et de racine de Colombo en poudre ; ces remèdes diminuèrent, la douleur d’estomac et la diar- rhée , mais comme il n’y avoit point de chan- gement dans les antres symptômes , on pres- crivit le 10 juin la diète lactée de deux jours l’un. On apperçut bientôt un rétablissement marqué de l’état de santé. O11 reprit donc le 2 5 juin l’usage du mu- riate de baryte , à la dose de huit gouttes deux fois le jour. Le 10 juillet il parut que la diar- rhée et la douleur avoient cessé , que l’appé- tit étoit bon et le pouls naturel 5 les frissons et les sueurs nocturnes avoient aussi disparu en grande partie 5 la malade éprouvoit aussi un peu de soulagement dans sa maladie du genou, et l’excrétion de l’urine avoit été beaucoup augmentée depuis la reprise de l’usage du mu- riate de baryte. Le 14 de juillet on réduisit entièrement la malade à la diète lactée ; le reste du mois le rétablissement de la santé fit des progrès , et le genou gauche fut réduit à n’avoir pas plus de volume que le droit. Vers le 20 du même mois la douleur avoit disparu ; mais elle reparut de nouveau à la fin du mois. Ce changement sernbloit provenir de l’admi- nistration du quinquina, qu’on donnoit conjoin- tement ayec la solution de baryte. On perse- éclairée, etc.' 371 véra dans l’usage de ces remèdes jusqu’au 19 août , et la malade sortit de l’hôpital entière- ment exempte de tout symptôme , exceptéqu’elle éprouvoit une certaine foiblesse dans le genou primitivement affecté. M. Crawford considère cette affection comme d’une nature scrophuleuse. Si le muriate de baryte n’a pas bien réussi au commencement de ce traitement , ce médecin l’attribue à la trop grande irritabilité qui régnoit alors dans toute l’habitude du corps , et à une sorte d’augmentation de force du système vasculaire j c’est ce qui lui a fait avoir recours à la diète lactée , pour diminuer cet état général d’irri- tation , et ce n’a été qu’après que tous les symptômes inflammatoires ont été beaucoup di- minués , que le muriate de baryte a obtenu les effets tant désirés. Barnabé Nash , âgé de vingt-quatre ans , fut reçu à l’hôpital le i5 mai 1789 : il avoit éprouvé le 2.4 du mois précédent des frissons auxquels avoient succédé de la chaleur et des douleurs vives dans les membres. Le lendemain matin la douleur s’étoit fixée au genou gauche , qui avoit pris un volume double de son état na- turel. Quand il fut reçu à l’hôpital , il se plai- gnoit de vertiges , d’une douleur d’estomac , d’une perte de l’appétit , de sueurs nocturnes, d’un accroissement de chaleur , et d’une grande soif 5 il étoit dans un état de dépérissement , son pouls étoit fréquent et dur , son genou très- enflammé et d’une couleur rouge pourprée : la douleur étoit si vive que le malade ne pouvoit goûter un moment de sommeil . On lui fit pren- dre d’abord huit gouttes de muriate de baryte deux fois le jour , et on appliqua des cata- plasmes et des fomentations sur le genou, et Aaa 3^2 La Médecine bientôt après on lit succéder à ces topiques un emplâtre de savon. Ce traitement rendit l’ex- crétion de Turine beaucoup plus abondante $ mais il n’y eut point de diminution des symp- tômes durant la première quinzaine : à cette époque , la douleur du genou diminua ; la douleur d’estomac, la soif , la fréquence du pouls , les vertiges diminuèrent aussi graduel- lement , et le sommeil et l’appétit se rétablirent. Le 3o mai on porta la dose du remède jus- qu’à douze gouttes deux fois par jour ; et vers le milieu de juin , comme il y avoit encore un peu de douleur dans le genou , on lui fit pren- dre chaque soir une pillule d’un grain de calo- melas et d’autant de soufre précipité d’anti- moine. L’ayant examiné le 3 août , il parut que l’inflammation du genou avoit cessé , qu’il n’y avoit plus de douleur , excepté quelques élancemens pendant la nuit ; que cette partie étoit encore plus volumineuse que la corres- pondante , quoiqu’elle le fût beaucoup moins qu’elle l’étoit auparavant ; le pouls étoit na- turel , l’appétit bon , l’excrétion de l’urine con- tinua à etre augmentée. Le 11 août l’enflure du genou avoit presqu’entièrement disparu, et le malade avoit presqu’entièrement repris l’u- sage libre de la jambe. Le 17 septembre il sortit de l’hôpital , ne ressentant plus qu’un peu de foiblesse dans le genou. On l’invita à continuer l’usage du remède pendant quelque temps. Le muriate de baryte paroît avoir agi dans toutes les affections scrophuleuses avec un degré rare de force et d’efficacité. Ce remède semble agir à titre d’évacuant , de désobstruant et de tonique. Les vertiges qu’il produit, quoique rare- ment , peuvent tenir aux nausées qu’il excite quel- quefois. Il n’y a pas de doute qu’un remède aussi ÉCLAIRÉE, etC. 3/3 énergique ne produisît des effets fâcheux s’il n’é- toit administré avec prudence. En le répétant fré- quemment, à de fortes doses, il diminue l’appétit en excitant constamment des nausées , et il se- roit par conséquent dangereux à une plus forte dose , en ce qu’il pourrait exciter des symptômes nerveux , et agir même comme émétique et comme purgatif. Il paraît avoir produit des effets remarquables dans des cas de squirre ou de cancer occulte. Il étoit survenu à un homme de trente - cinq ans, dans une des glandes mammaires, une tumeur de la grosseur d’une noix. Cette tumeur étoit accompagnée d’une douleur aiguë qui s’étendoit dans tout le ster- num -y elle n’étoit ni rouge ni enflammée. On donna d’abord des pillules d’un grain de mer- cure doux , d’un quart de grain de tartre émé- tique , et d’un demi-grain d’opium deux fois le jour, en appliquant un emplâtre de savon sur la tumeur 5 mais le tout fut sans succès. On fit cesser les pillules après un mois de leur usage * pour leur substituer la solution de muriate de baryte à la dose de quatre gouttes dans une tasse d’eau pure deux fois le jour ; 011 augmenta gra- duellement jusqu’à huit gouttes 5 et comme au- delà le remède causoit des nausées , on s’arrêta à l’usage de cette dose. L’appétit devint meilleur ainsi que l’état général de la santé. Dans peu de jours la douleur de la poitrine cessa entière- ment, et dans le courant de la quinzaine , la tumeur fut complètement dissipée. Le malade continua encore pendant quelques semaines l’usage du remède , et il sortit de l’hôpital : quelque temps après, la douleur et la tumeur reparurent, et on les fit disparaître de la mémo manière. A a S 374 La. Médecin* j Remarques chimiques sur le muriale de baryte. Le muriate de baryte peut se trouver dans un état de pureté , ou bien combiné avec une très -petite quantité de fer. Les constitutions sont si diversifiées qu’il peut y avoir plusieurs cas dans lesquels la combinaison de l’acide muriatique , avec un peu de fer et de terre pe- sante ou baryte , peut avoir des effets plus sa- lutaires que le muriatique barytique dans son plus grand degré de pureté. D’après les essais qu’on a faits , il paroît que le muriate de ba- ryte simple est particulièrement adopté pour remédier à la diathèse scrophuleuse -, mais lorsque cette diathèse est accompagnée d’une grande foiblesse et d’une circulation peu éner- gique , l’efficacité du muriate barytique avec un peu de fer , ou d’une combinaison de mu- riate de fer avec le muriate de baryte , est plus marquée. Mais pour répandre de nouvelles lu- mières sur cet objet , il importe de faire encore plusieurs expériences. Pour donner une nou- velle facilité aux médecins de les faire , deux pharmaciens de Londres , MM. Pike etCrawford , dans la rue Leadenhallstréet , n°. 66 , se char- gent de préparer ces deux sortes de sels ; et à Paris , M. Pelletier , dans l’ancienne pharmacie de Rouelle rue Jacob. Dans les cas où le mé- decin veut employer le sel barytique composé, on prend un gros d’une solution saturée de mu- riate de fer et une once d’une solution saturée de muriate de baryte. Il est bon d’observer que la plupart des miné- raux d’où on tire la terre pesante ou barytique > contiennent une plus ou moins grande propor- ÉCLAIRÉE, etC. 375 tion de plomb dans leur composition ; quelques- uns contiennent aussi un alliage de cuivre. M. Crawford dit même avoir plusieurs échantillons de carbonate de baryte , qui contiennent des ramifications de mispikel , qu’on fait consister dans du fer minéralisé par l’arsenic. Il faut donc user de la plus grande précaution pour obte- nir le sel barytique parfaitement libre de toutes les substances qui pourroient le convertir en un poison virulent. Voici des moyens pour déter- miner sa pureté. La solution du muriate barytique dans l’eau doit être parfaitement transparente et sans cou- leur. Si elle a une teinte verdâtre oul^ jaunâtre , elle contient certainement du muriate de fer , et peut-être aussi d’autres sels ou oxides métal- liques. Le défaut de couleur ne doit pas cepen- dant rassurer parfaitement , car la solution du muriate de plomb est sans couleur , et M. Crawford dit avoir découvert quelquefois uire certaine quantité de fer dans une solution déco- lorée de muriate- de baryte. La présence du fer peut être facilement constatée avec le prussiate d’alcali car , si la solution contient du fer , une petite quantité de ce prussiate qu’on y versera donnera un précipité d’une couleur foncée ; mais s’il ne contient que du muriate barytique, le pré- cipité par le prussiate d’alcali donnera àla liqueur un coup d’œil d’un blanc jaunâtre , et ce préci- pité, quelque temps après qu’il aura été formé * sera d’une blancheur parfaite. Le plomb peut être découvert au moyen d’une solution de foie de soufre ou sulfure d’alcali $ car une petite quantité de cette solution étant versée dans la liqueur qu’on desire éprouver , si celle-ci contient du plomb , il se formera un précipité brunâtre qui , après quelque temps de A a 4 La Médecine repos , prendra une couleur foncée. Voici un moyen très - efficace de découvrir les sels ou oxides métalliques , et de délivrer la solution de muriate barytique de tout mélange * étranger. Décomposez le spath pesant suivant la méthode de Sçheèle et de Bergman, et faites dissou- dre dans l’acide muriatique pur une portion de la terre obtenue par les procédés de ces chi- mistes. Qu’une portion séparée de cette terre soit rendue caustique en l’exposant à une cha- leur rouge dans üïi creuset , et quand le tout £st refroidi , versez -y de l’eau distillée. Une petite quantité* de cette dissolution barytique , après avoir été filtrée, étant ajoutée à une so- lution de baryte dans l’acide muriatique , si le mélange reste transparent, la solution est pure; mais s’il en est autrement , elle est altérée par un mélange de terre ou de sels métalliques. Dans ce dernier cas , versez lentement la disso- lution barytique dans la solution jusqu’à ce quelle n’y produise point de précipité , et vous ajouterez à cette liqueur filtrée autant d’acide muriatique qu’il sera nécessaire pour saturer la baryte superflue. Par cette méthode, la solution peut être rendue parfaitementpure. C’est toute- fois un procédé laborieux et qui doit être dirigé avec beaucoup de soin. M. Cruikshank a donné un autre moyen très- raffiné pour reconnoître la présence des oxides ou sels métalliques dans le muriate de baryte. 11 fait passer un courant de gaz hydrogène sul- furé dans une dissolution d’ammoniaque pure ou caustique , jusqu’à ce que l’alcali soit saturé de ce fluide. Une petite quantité de cette liqueur •étant ajoutée à une dissolution de muriate de baryte , si le mélange reste transparent et sans couleur , ou s’il dépose seulement un peu do ÉCLAIRÉE, etC. 377 ‘précipité blanc , la solution est pure ; mais s’il acquiert une couleur brune , un vert fonce ou une couleur noirâtre , elle est altérée par des fiels métalliques. Il est bon d’observer qu’en préparant le mé- dicament qui a servi dans les cas précédons , on avoit complètement saturé une quantité donnée d’eau avec le muriate de baryte , et qu’à cette solution ainsi saturée on a ajouté ensuite un peu d’excès d’acide. L’addition de cet acide le prive, en partie, d’une certaine amertume qui lui est propre , et le rend plus agréable à l’estomac. Il est cependant nécessaire que la quantité d’acide qui est ainsi ajoutée soit très-petite , car autrement la force de la solution diininueroit par la précipitation d’une partie considérable de ce sel. Peut-être même qu’il est très-important d’user cl’une solution, dans un état parfait de saturation , afin que les doses soient fixées avec plus d’exactitude ; et pour porter encore .plus loin la précision , il faut verser la solution avec une petite pliiole d’apothicaire , afin que le volume des gouttes soit presque toujours le même. Note du rédacteur. Ces observations, d’ailleurs fort intéressantes par leur objet, sont malheu- reusement un peu incomplètes par la simul- tanéité des remèdes qu’on a employés en même- temps que le muriate de baryte. Il est très- important que les médecins qui ont à cœur l’a- vancement de leur art , veuillent bien suivre les effets de ce remède , en le donnant seul et sans mélange , afin de déterminer son action et son efficacité d’une manière exacte. Je ne puis m’empêcher de croire , d’après les pro- priétés comparées de ce sel avec le muriate de chaux , que ce dernier a autant de vertus $ je 378 La Médecine les ai fait connoître dans les volumes de la société de médecine , et j’en ai inséré une no- tice dans les premiers numéros de ce journal. CHIRURGIE. Observation sur une fracture par contre-coup , à la partie orbitaire du coronal , par M . Royer, chirurgien de Varis. Le nommé Benoît Minard , charpentier , lit une chute du haut d’un bâtiment très-élevé , le 2.3 juillet ] 787 ; on le releva sans cormoissance , et il fut transporté sur le champ à l’hôpital de la Charité. La perte du mouvement et du sentiment, la difficulté de respirer , accompagnées de râle- ment, et la foiblesse excessive du pouls , faisoient craindre une mort très-prochaine. Je procédai à l’examen du malade, et je remarquai une plaie contuse au-dessus du sourcil gauche , avec dénu- dation du coronal ; le radius et la rotule gauches étoient fracturés. La portion du coronal qui paroissoit à nu dans le fond de la plaie , étant lin peu éraflée, j’agrandis la plaie pour m’assu- rer si l’os étoit réellement fracturé , comme je le présuinois, mais je ne découvris aucune trace de fracture. Le malade fut saigné trois fois dans le jour , et il recouvra la connoissance. Le lendemain 24 la fièvre survint et le ma- ladexfut très-agité, on réitéra trois fois la saignée. Le 2 5 la fièvre augmenta, les bords de la plaie étoient secs et affaissés , la respiration étoit laborieuse et le malade se plaignoit d’une dou- leur très-vive au côté gauche de la poitrine. Le 27 l'état du malade étoit le même , on appliqua sur toute la tête un vésicatoire. Le 28 le ma- lade fut plus mal , le pouls devint petit, irrégu- Eclairée, etc. 3yy lier et convulsif, la langue sèche , et il survint clés sueurs abondantes tous ces symptômes allèrent en augmentant jusqu’au premier août , que le malade mourut. Le lendemain je fis l’ouverture du corps ; le cerveau et ses membranes étoient dans l’état naturel , le corbnal avoit conservé son intégrité clans l’endroit frappé , mais la portion de cet os qui forme la voûte de l’orbite gauclie étoit fracturée en étoile. La poitrine étoit le siège de désordres considérables , le poumon gauclie étoit en suppuration , et il y avoit une grande quantité de matière purulente sur le diaphragme. L’espèce de contre-fracture dont il est ques- tion est extrêmement rare ; JBonhius (i) nous en a conservé un exemple : il rapporte qu’un homme mourut d’un coup de bâton proche du sourcil droit 5 que l’os fut trouvé dans son inté- grité à l’endroit de la plaie , mais que clans l’orbite droite, il y avoit une contre- fracture d’un demi- pouce, qui avoit sa direction du côté de la selle turcique du sphénoïde. Ces observa- tions sont un argument invincible contre ceux qui veulent que lorsqu’il n’y a pas fracture à l’endroit de la plaie, mais ailleurs , le blessé ait reçu deux coups. Quoiqu’on ne puisse pas attribuer directement la mort de notre malade à la lésion clu coronal, il n’est pas moins vrai de dire qu’une pareille contre-fracture à la base du crâne est inévita- blement mortelle, parle défaut de signes propres à la faire connoître, et sur-tout par l’impossibi- lité de lui opposer des moyens efficaces. (i) Joan, Bonhius, de Renunt. Vulner. pag. 142. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME, Suivant V ordre des Sciences qui y sont traitées . PHYSIQUE. Expérience en preuve de la différence d’aptitude de la pointe, pour lancer et recevoir explosivement la matière électrique, par M. Chappe, page 35 Sur l’électricité atmosphérique, par M. Hallé , 267 HISTOIRE NATURELLE. Sur la fontaine brûlante située dans la paroisse de Saint- Barthelemi , département de l’Isère, par M. Bouvier, apothicaire , 225 Notice de plusieurs découvertes d’histoire naturelle dans l’archipel du Nord, par M. Genet, 296 BOTANIQUE. Décade de plantes nouvelles , dont les graines ont été apportées des côtes de Barbarie et naturalisées dans nos jardins , par M. Desfontaines, *61 PHYSIQUE VÉGÉTALE. Sur l’accroissement des bois comparé à celui des os, par M. d’Aubenton, 043 ZOOLOGIE. Sur un animal quadrupède inconnu , qu’on montre à Londres, par M. Swédiaur, TABLE DES ARTICLES. 53 1 ANATOMIE. Sur les changemens qui arrivent aux organes de la cir- culation du foetus lorsqu’il commence à respirer, pax M. Sabatier, page 217 Sur un vice .de conformation de l'extrémité supérieure , par M. A. P. Brasdor, 226 Concrétion osseuse formée dans la glande thiroïde, par M. Boyer, chirurgien à Paris , 335 PHYSIQUE ANIMALE. (PHYSIOLOGIE.) Premier rapport des expériences faites, d’après M. l’abbé Spalanzani , sur la génération des grenouilles , par MM.1 Berlinghieri , Silvestre , Robillard et Brongniart , 137 Expériences sur l’accouplement et la ponte des grenouilles, i39 Des fécondations artificielles , 142 Du développement des têtards , 144 Sur le bégaiement, par M. Charles Cadet, homme de loi, 2l5 Sur les vaisseaux absorbans et exhalans , par M. Séguin, 23a CHIMIE. Sur les différentes variétés du sulfate de mercure et sux leurs précipitations par les alcalis et spécialement par l’ammoniaque , par M. Fourcroy. 1 Sur le mélange métallique qui est employé à faire les caractères d’imprimerie , par M. Sage, 97 Analyse d’une mine de plomb cuivreuse , antimoniale, martiale , cobaltique , argentine , dans laquelle ces substances métalliques se trouvent combinées avec le soufre et l’arsenic , d’Arnostigui , dans la concession des mines de Baigorri , en basse Navarre , par le même , 98 Suite du mémoire de M. Fourcroy , sur Les matières animales , 99 Sur le beurre et la crème du lait de vache , ibid. Sur le fromage , 104 ôur la bile, lo5 TABLE cheval , par M. FourJ SSs Examen d’un calcul rénal de cr°y > m page io9 Consultation chimique et médicale sur une poudre rouge qu’on emploie à Saint-Domingue contre la dissenterie, par le même , j 10 Analyse de cette poudre, Iir Imitation de cette poudre, u2 Suite des expériences sur les matières animales , par M. Fourcroy, I2g Sur l'urine humaine , ibid. Sur le sel fusible entier de l’urine humaine, i3o Sur le calcul de la vessie , j33 Sur plusieurs matières grasses animales , comparées dans leur fusibilité , leur dissolubilité dans l’alcool , etc. i35 Calculs biliaires dans l’alcool , ibid. Matière grasse des cadavres enfouis dans la terre , ibid. Blanc de baleine dans l’alcool chaud et froid , i36 Fusibilité comparée du blanc de baleine, de la matière blanche des calculs biliaires et de la cire grasse du gras des cadavres, ibid. Analyse et préparation du tartrite d’antimoine et de potasse , ( tartre stibié ) par M. Bergman , i65 Nouvelles chimiques, par M. Van-Mons et M. le chevalier de Landriani, 321, 323 Observations et expériences chimiques sur le tartrite d’antimoine et de potasse , par M. Vauquelin , 558 Observation sur l’argentite ammoniacal ou argent ful- minant , par M. Fourcroy , 36o Examen d’une liqueur trouvée dans la vésicule du fiel d’un homme, par MM. Fourcroy et Vauquelin, 365 MATIÈRE MÉDICALE. Sur le suc qui fournit la gomme élastique , par M. Four- croy , ^7 Sur un prétendu spécifique contre la rage , par M. Chaussier , secrétaire de l’académie de Dijon , 172 ’ Sur l’écorce d’angustura , par M. Wilkinson, chirurgien de Sunderland en Angleterre, 556 HYGIÈNE. ' » » ^ • *4 . «« ' ,S» .4 k ■ • I Blanchiment du linge taché par l’onguent mercuriel , par M. Vauquelin , ai3 DES ARTICLES. 335 MÉDECINE PRATIQUE. Sur plusieurs affections de nature charbonneuse, par M. Burel le jeune, ancien médecin de hôpitaux militaires, département du Yar , -, pagen Sur la fièvre puerpérale , telle qu’elle s’est -présentée à l’hôpital des femmes en couches de DubUn , par M. Clarke, 17 Sur le sang des phtisiques, par M. Portai, 4^ Sur une femme qui boit une très-grande quantité d’eau ; par MM. Bellot et Brongniart , 5i Sur l’usage du camphre d’Amérique, dans les maladies chroniques et inflammatoires, par J. Marsillac , mé- decin , 65 Sur les douleurs qui accompagnent l’accouchement , par M. Davon , médecin de la faculté de Montpellier, “4 Sur la guérison d’un ulcère au sein , par l’inoculation de la gale, par M. Pascal, chirurgien en chef de l’Hôtel- Dieu de Brie-Comte-Robert, 11g Sur un enfant qui boit beaucoup , par M. Vauquelin, 122 Constitution du trimestre d’automne de l’année 179a , par M. Geoffroi , 148 Des effets médicamenteux dé l’électricité , d’après une expérience de seize ans, par M. Mauduyt, médecin de Paris , ■ ig3, 241 , 29 7 , 34i Constitution du trimestre d’hiver de l’année 1792 , par M. Geoffroi , 3io Sur les propriétés médicinales du muriate de baryte , par M. Crawford, 667 CHIRURGIE. Sur un cancer à la lèvre inférieure , par M. Lacroix ; ancien élève de l’école pratique de Paris, 28 Discussion relative à l’opération de la taille, par M. Sabatier, 55 Sur les effets de l’épithême désorganisant de M. Dorez , chirurgien , rue et île Saint - .Louis , par M. Pinel , 60 Sur les plaies des artères, par M. Deschamps, chirurgien en chef de l’hôpitaide la Charité, à Paris, 67 534 TABLE DES ARTICLES. Description du serre-artère , par le même , page 94 Sur la nécrose, par M. Laumonier, chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu de Rouen. l55 Sur une plaie à la vésicule du fiel , par M. Sabatier, 175 Sur l’aitiologie ou le mécanisme de la luxation de la mâ- choire inférieure , par M. Pinel, docteur en médecine, 183 Sur une hémorragie considérable survenue pendant l’opé- ration de la taille , par M. Boyer , 3i8 Observation sur une fracture par contre-coup à la partie orbitaire du coronal, par M. Boyer, 378 PHARMACIE. Pastilles astringentes de kino, g5 Préparation de l’emplâtre divin; 136 Rectification de l’ammoniaque, par M. Vauquelin, 3^9 Fin de la Table des Articles, T AB U 585 I -.1.1 IW T u 'l'iu TABLE e DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TROISIÈME VOLUME, PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. A Acc ouchemens ( douleurs qui les accompagnent) page 114 Accouplement des grenouilles , i3g Accroissement des bois comparé à celui des os, 525 Affection dénaturé charbonneuse, j 1 Aitiologie de la luxation de la mâchoire inférieure , i85 Alcalis ( les alcalis précipitent différemment les différentes variétés du sulfate de mercure ) , r Alcool ( blanc de baleine dans l’alcool chaud et froid ) , i56 ; ( calculs biliaires dans l’alcool) , i35 ; ( dissoîu- bilité et fusibilité comparées de plusieurs matières grasses dans l’alcool ) , ibid. Ammoniaque ( l’ammoniaque précipite différemment les différentes variétés du sulfate de mercure ) , 1 ; sa rectification), 54g; Analyse d’une mine de plomb cuivreuse, antimoniale, ect. uni au soufre et à l’arsenic , g8 ; d’une poudre rouge qu’on emploie à Saint-Domingue pour la dissenterie, 111 ; du tartrite d’antimoine et de potasse, i65 ; Anatomie , 217 , 226, 335; Angustura ( sur l’écorce d’angustura ) , 33S Animal quadrupède inconnu qu’on montre à Londres, i'63 Aptitude différente de la pointe pour lancer et recevoir explosivement la matière électrique , 33 Argentite ammoniacal ou argent fulminant ( observation ' sur 1’ ) , Artères (description du serre-artère) , 94; plaies des ar-; tères , 65 ; Automne ( constitution médicale de cette saison pendant l’année I7gi ) , 148 Tome ÜL N0.. XII, B b 386 TABLE B Bégaiement ( sur le bégaiement), page Z i5 Beurre (nouveaux faits sur le beurre ) Bile ( découvertes sur la bile), 105 Blanc de baleine dans l'alcool chaud et froid, i36, (sa fusibilité comparée avec la matière blanclie des calculs biliaires , et la cire du gras des cadavres ) , ibid. Blanchiment du linge taché par l’onguent mercuriel, 2i3 Bois ( accroissement des bois comparé à celui des os ) , 325 Botanique , i6r c Calculs biliaires dans l’alcool , i35 ; fusibilité comparée de la matière blanche des calculs biliaires, du blanc de baleine, de la cire du gras des cadavres, i36 Calcul de la vessie ( nouvelles recherches sur le calcul de la vessie), i35 ; rénal d’un cheval (son examen chimique), 109 Camphre d’Amérique ( son usage dans les maladies chro- niques et inflammatoires ) , 65 Cancer à la lèvre inférieure , 28 Caractères d’imprimerie ( mélange métallique qui les com- pose) , . (î _ 97 Cliangemens qui arrivent aux organes de la circulation du foetus des qu’il commence à respirer, 217 Chimie, 1 , 97 , 98 , 99 , 104 , io5 , 109, 110, 129, i3o, i33 , i35 , i56 , i65 , 32 1, 323. Chirurgie, 28, 53, 60, 65, 94, i55, 175, i83, 3iS Circulation ( cliangemens qui arrivent aux organes de la circulation du foetus, lorsqu’il commence à respirer) , : 217 Comparaison de la fusibilité et de la dissolubilité de plu- sieurs matières animales dans l’alcool , i35 Concrétion osseuse de la glande thiroide , ^55 Conformation vicieuse de l’extrémité supérieure, 226 Constitution du trimestre d’automne de lannée » 148; du trimestre d’hiver, , 3io Crème du lait de vache ( expérience sur la ) 99 D Décade de plantes nouvelles dont les graines, apportées D E S M A T I E R E S. 3S7 des côtes de Barbarie , sont naturalisées dans nos jar- dins, i6r Découvertes chimiques , 3.21 , 323 ; d’histoire naturelle dans l’Archipel du nord , 296 Développement des têtards, i44 Dissènterie ( analyse et imitation d’une poudre rouge qu’on emploie à Saint-Domingue contre la dissenterie ) iro Dissolubilité comparée de plusieurs matières grasses dans l’alcool , i55 Douleurs ( sur les douleurs qui accompagnent les accou- chemens), n4 E Eaux ( femme et enfant qui boivent une grande quan- tité d’èau ), 5i , 122 Ecorce d’angustura ( sur l’écorce d’angustura ), 556 Electricité (sur l’électricité athmosphérique ) , 25j , 289 ; ( effets médicamenteux, de l’électricité ) ig5 , 241 , 341 Emplâtre divin (sa préparation), 126 Epithême désorganisant de M. Dorez ( remarque sur ses effets), 60 Expérience sur la différence d’aptitude de la pointe pour lancer et recevoir explosivement la matière électri- que , 33 ; sur la génération des grenouilles , j 37 Extrémité supérieure ( vice de sa conformation ) , 226 F Fécondation artificielle des grenouilles , 142 Femme qui boit une grande quantité d’eau , 5i Fièvre puerpérale à l'hôpital des femmes en couche de Dublin, 17 Foetus ( changemens qui arrivent aux organes de la cir- culation du fœtus quand il commence à respirer) , 2x7 Fontaine brûlante située dans la paroisse de Saint- Bar- thelemi, département de l’fsère 22S Fracture par contre-coup à la partie orbitaire du coro- nal , Fromage ( découvertes sur le fromage), xo4 Fusilibilité comparée de plusieurs matières grasses dans l’alcool , i35; du blanc de baleine , de la matière blan- che des calculs biliaires , de la cire du gras des ca- davres , i56 Bbij oS8 TABLE G Gale ( guérison d’un ulcère au sein par l’inoculation de ^ la gale ), ng Génération des grenouilles ( expériences sur la ), i37 Glande thiroïde ossifiée , 335 Gomme élastique ( suc qui la fournit), 37 .Graines apportées des côtes de Barbaries , et naturalisées dans nos jardins, i6i H Hémorragie considérable survenue pendant l’opération de la taille , 3i8 Histoire naturelle , 225, 296 Hiver ( constitution du trimestre d’hiver de l’année 17S1 )> . 310 Hôpital des femmes en couches de Dublin (fièvre puer- pérale à l’hôpital, ect. ) , i7 Hygiène, 2i3 I Imitation d’une poudre rouge qu'on emploie à Saint-Do- mingue contre la dissenterie, 112 Imprimerie ( mélange métallique employé à composer les caractères d’imprimerie ) , 97 Inoculation de la galle (ulcère au seinguéri par ce moyen ), K Kino ( pastille astringente de kino) , L 95 Lait de vache ( nouvelles recherches sur le beurre et la crème du lait de vache) , 99 Lèvre inférieure (cancer à la lèvre inférieure), 28 Linge taché par l’onguent mercuriel ( manière de le blan- chir), 2i3 Luxation de la mâchoire inférieure ( mécanisme de la ) . iS3 M <0 . Mâchoire inférieure (mécanisme de sa luxation) , i85 DES MATIERÈS: 3Sg Maladies chroniques et inflammatoires ( usage du camphre dans les ) 56 Matière blanche des calculs biliaires (sa fusibilité comparée avec celle du blanc de baleine et de la cire du gras des cadavres) , i36 Matière électrique ( différence d’aptitude de la pointe pour la lancer ou la recevoir explosivement) , 53; matière grasse des cadavres enfouie dans la terre, i35; ma- tière médicale, 37,172,535 Médecine pratique, 11 , 17, 4^ , 5x , 65, 114, 119» 122,] 148, 195,241,297, 3io, 541* Mélange métallique employé à faire les caractères d’im- primerie, 97 Mine de plomb cuivreuse , antimoniale , martiale, ect. uni au souffre et à l’arsenic ( son analyse ) , 98 Muriate de baryte ( propriétés médicinales du ) , 3 67 N Nécrose ( observation sur la nécrose) , i55 O Onguent mercuriel ( blanchiment du linge taché par l’on- guent mercuriel ) , 2i3 Opération de la taille (discussion relative à cette opéra- tion ) , 53 ; (hémorragie considérable survenue pendant cette opération), 3i8 Organes de la circulation du foetus ( changemens qu’ils éprouvent quand le foetus commence à respirer ) , 217 Os ( accroissement des bois comparé à celui des os) , 325 P P a stilles astringentes de kino, , 9^ Pharmacie, g5 126,349 Phtisiques ( sur le sang des phtisiques ) , 4^ Phisiologie( vid. physique animale). Physique , 83; physique animale, i3y ; i3g , 142 , j44i' 210, 232; physique médicale, 257, 289; physique végétale , 325. Plaies des artères , 65 ; à la vésicule du fiel , 175. Plantas nouvelles dont les graines ont été apportées de Barbarie, naturalisées dans nos jardins, 161 Zgq TABLE Plomb ( analyse d’une mine de plomb cuivreuse , antimo- niale, martiale, ect. unie au soufre et à l’arsenic) , 98 Poudre rouge qu’on emploie à Saint-Domingue dans la dissenterie , no; son analyse, 1x1 ; son imitation , 112 Précipitation des différentes variétés de sulfate de mer- cure par les alcalis, 1 Préparation de l’emplâtre divin, 126; du tartrite d’anti- moine et de potasse , 65 R * * , • *■ 1 '- * *■ » Piage ( prétendu spécifique contre la rage ) , Rectification de l’ammoniaque , S Sang des phtisiques ( observations sur le), 4^ Sein ( ulcère au sein guéri par l’inoculation de la galle ) “9 Sel fusible de l’urine humaine , 100 Soufre uni à une mine de plomb cuivreuse , antimoniale , martiale , ect. , ) 98 Spécifique prétendu contre la rage, 172 Suc qui fournit la gomme élastique , 5y Sulfate de mercure (ses différentes variétés), * T Tartrite d’antimoine et de potasse (expériences chimiques sur le ) , 553 Taille ( discussion relative à l’opération de la taille ), 55 $ ( hémorragie survenue pendant l’opération de la taille ) , 3iS Tartre stibié ( vid. tartrite d’antimoine et de potasse ). Tartrite d’antimoine et de potasse ( son analyse et sa pré- paration), i65 Têtards ( leurs développemens ) , i44 Trimestre d’automne de l’année 1791 , i4^î d’hiver, 5io U Ulcère au sein, guéri par l’inoculation de la galle, 119 Urine humaine (nouvelles découvertes sur l’urine), 1 29; ( sel fusible de l’urine ) , L;o 172 349 DBS MATIÈRES.- 5g r. Usage du camphre d’Amérique dans les maladies chroni- ques et inflammatoires , 65 V Vaisseaux absorbans et exhalans ( sur les ) ,’ 23a Variétés du sulfate de mercure , r Vésicule du fiel ( plaie à la ), 175 Idem . ( examen d’une liqueur trouvée dans la ) 565 Vessie ( calcul de la vessie ) , i33 Vice de conformation de l’extrémité supérieure,; 226 Z Zoologie i65 Fin de la Table -par ordre alphabétique. m- 7 •' ’ ’■ V • : , { ■ ■’ " '• - -, ; < i - j 9 ) > 1 «»ïjiS Al . ' v , ■4v > <.*!»■ ; } 4 V •- y • ' ’ E « , ■ " Y * ' i 5<>r ~ ~ v . r jl\ y \ iV i . . • ,Y.v. ' ’ 1 LA MÉDECINE * éclairée PAR LES SCIENCES PHYSIQUES, journal des découvertes RELATIVES AUX DIFFÉRENTES PARTIES DE L’ART DE GUERIR; •• A - Rédigé par M. FOURCROY. 2-4 TOME QUATRIEME. A PARIS, Chez Buisson , Libraire , me Hàutefeiiille , N° 20. 1792. ( N° 1er, i Juillet Ijÿl ) 3 HISTOIRE NATURELLE. Extrait des six premiers numéros du Journal d’histoire naturelle . MINÉRALOGIE. Mémoire sur les mines de charbon des mon - tagnes des Cé venue s , et sur la double em- preinte des fougères qu’on y trouve ; par M. Brugmère. L’auteur cherche clans ce mémoire à expli- quer la formation des mines de charbon de terre en général y et en particulier cette double em- preinte de la surface supérieure des feuilles de fougère qui se rencontre si fréquemment dans les schistes qui recouvrent les couches de charbon de terre. Après avoir fait voir que V image de V ordre et les traces de la lenteur , qui se remarquent dans la composition des mines de charbon , et dans la conservation in- tègre des végétaux qui s’y rencontrent , ne permettent pas de croire , avec Antoine de Jus- sieu , que ces différens végétaux y ont été ap- portés par quelque violente commotion du globe , il propose son opinion. La mer , dit- il , a couvert toute l’Europe , les preuves nom- breuses qu’elle nous en â laissées ne permettent plus d’en douter ; les fleuves charriant sans cesse et tranquillement des débris de végétaux, et même les végétaux entiers des pays qu’ils traversoient , ils les transportoient jusques au milieu des mers , où ils se précipitoient , mêlés avec la terre , également charriée avec ces vé- A a 4 La Médecine gétaux. M. Brugniere appuie cette théorie de la formation de couches de charbon en géné- ral , d’un assez grand nombre d’observations. Il passe ensuite à l’explication de la double empreinte des feuilles de fougère sur les schistes. Les fougères portent leur fructification sur la surface inférieure de leurs feuilles; cette fructification spongieuse , en s’imbibant plus intimement de la terre argileuse qui forme les schistes, a rendu ainsi l’adhérence de la feuille de fougère , par cette face, beaucoup plus forte que par l’autre $ ensorte que la séparation se fait toujours entre la face lisse' et couverte et le schiste, et jamais ou presque jamais en- tre la face concave des fructifications et cette même pierre. La convexité représente donc toujours la face lisse de la fougère changée en charbon, et la cavité l’empreinte de cette face dans le schiste. Cette ingénieuse explica- tion est appuyée de plusieurs observations qui ne laissent plus aucun doute sur sa vérité , mais qu’il seroit trop long de rapporter. A. inerme ; à pétioles pla- M. inerrnis *, yetiolh nés , linéaires , lancéolés , planis , lineari lanceola- obliques , nus , foliifor- tis , obliquis , midis , foin- mes , épis globuleux axil- formibus , spicif axillanbus laires. globosis. Cette plante est remarquable en ce qu’elle paroît s’éloigner par son feuillage des autres espèces de ce genre , qui presque toutes ont des feuilles extrêmement composées ; mais , comine le fait observer M. Lamarck , en Acacie oblique. Mimosa obliqua . ÉCLAIRÉE., etC. 5 donnant la description de cette espèce , les prétendues feuilles simples ne sont que les pétioles des feuilles composées qui ont paru dans le jeune âge de la plante, elles se sont desséchées et sont tombées ; la plante , adulte en se développant , 11e donne bientôt plus nais- sance qu’à des pétioles,. Description d'une nouvelle espèce de vantane , envoyée de Cayenne par M. Leblond ; par M. Lamarck. Vantane à petites fleurs. J^aritanea parviflorai V. A feuilles ovales , un V. Foliis ovalibus , obtu - peu obtuses , ovaire lai- siusculis , germine lanato^ neux. Ce végétal est un arbre ou un arbrisseau ra- meux à feuilles ovales , obtuses , entières, pé- tiolées , ayant ses fleurs disposées en coryrnbes terminaux à pédoncules rameux , courts et pu- bescens. Si ce vantane a le cède au vantane a- guyanensis cl’Aublet , par la petitesse de ses fleurs , il l’emporte au moins par la disposition de son feuillage. Description d’un nouveau genre de plante ap- pelle drapetes , par M. Lamark. Cette plante, voisine des dais , a été rapportée par Commerson des terres Magellaniques $ M. Bancks l’y a également ramassée et lui a donné le nom que M. Lamark lui a conservé. Tétrandrie monogynie. Drapet. Caract. gènèr. Fl. ramassée en faisceau; cal. o ; cor. infundibuliforme , TÉTRANDRIA MOSrOGYNIA.] Drapetes. Caract. generis." Fl. aggrega to- fascicu la tz, cal. o ; cor. infu ndib u lifor- A3 6 La Médecine à limbe qnadrifkle , recep- mis, limbo 4 fido\ recepta - tacle pédicellé , barbu, r eu la pedicellata , barbata ; Sein, couveite. sem. 1, tectum . L’espèce nppellée drapetes muscosus ressem- ble à une passeî ine; ses tiges sont filiformes et en touffes, ses feuilles opposées en. croix , les fleurs terminales et petites. ZOOLOGIE. INSECTES. Description d’une nouvelle espèce de cétoine ; par G. A. Olivier. Cétoine grillée. Cetonia clathrata. C. Corcelet noir, rayé de C. 1' ho race nigro , flavo - jaune , élytres d’un pourpre lineato , elytris fusco pur - foncé , pointillées de jaune. pureis flavo punctatis. Ce bel insecte a été envoyé de Cayenne à la société d’histoire naturelle , par M. Leblond. VERS TESTACÉS. Description d’une nouvelle espèce de mulette ; par J. G. Bruguière. M U LE T T E. U N I O. Caract. du genre. Caract. generis. Coquille bivalve , trans- verse. Valves égales , fermées par tout, nacréesdans l’in- térieur. Empreintes musculaires , trois dans chaque valve: une sur leur boid antérieur , deux inégales souvent réu- nies sur leur bord posté- rieur. Sommets , souvent cariés. Testa bivalvis , transversa. Valvulæ eequales , undi - que clausce , in tus marga- ritaceœ. impressiones musculares, très in qualibet valvula ; una juxta marginem ante • riorern , duo in œqua/es sce- pius unitee prope marginem posteriorem. Apices, scepius erosi À 3É C L A ï Charnibre , deux et trois dents articulées; valve droi- te , deux dents : une longi - tudinale parallèle au liga- ment , la seconde grosse crenelée , située en arrière du sommet. Valve gauche ,, trois dents; unelongitudina- le , accompagnée en dessous d’une gouttière parallèle : les deux autres inégales , crénelées , situées en arrière du sommet. Ligament extérieur, con- vexe , épais. R 3É 32 , et<^ J Cardo , dentes duo et très articulati ; valvulæ dextras duo : alius longitudinale ligamento parallelns . alius crassus crenatus , pone api- cem situs. V alvulce sinistrés dentes très ; nnus longitu- dinalis inferne canalicula - tus : duo alii inœquales ,] striato-crenati , crassius - culi , pone apicem siti. Ligamentum exterius coït - vexum crassum. Mulette Grenue. Unio Grands a. "Mulet te , coquille toute Unio , testa granis conferi, parsemée de grains saillans. fis undique obsita. Cette espèce est fluviatile , et a été envoyée de Cayenne par M. le Blond. Le genre mulette dans lequel M. Brugnière la fait en- trer a été formé par M. Retzius , avec les espèces fluviatiles du genre mya de Linnéus : ainsi le mya pictorum , improprement appelle moule de rivière , doit entrer également dans ce genre , et pourra servir à étudier les ca- ractères de ce nouveau genre , qui n’est point dans le tableau systématique des vers de l’En- cyclopédie. Description d'une nouvelle coquille du genre de V anodontide . M. Brugnière a fait , dans le genre de la moule de Linnéus , des cliangemens encore plus nombreux que dans ceux de la mie , et qui rendent pareillement ce genre plus naturel. Il en a retiré des espèces du genre des huî- tres , et a divisé les autres espèces en trois A 3 8 la Médecine genres , qu’il a nommés hy ronde , anodontide et moula j il ne compaie ici que les caractères de ces deux dernières : il fait voir que la moule est un genre de coquille marine1 plus longue que large , fixée aux rochers par une substance soyeuse appel lée byssus , ne pré- sentant que deux attaches musculaires , et renfermant plusieurs espèces dont la charnière est dentée. Les espèces de l’anodontide ont au contraire constamment une charnière sans dents: cette coquille est fluviatile , plus large que longue , "libre , et présentant trois attaches musculaires. Ce dernier caractère est proposé par M. Bruguière , comme pouvant servir à distinguer les coquilles bivalves marines des fluviatiles. Les fluviatiles n’ont point toujours trois attaches musculaires , mais les coquilles marines n’en ont jamais plus de deux. Anodontide crépue. Anodontites crispata.' Anodontide y coquille ova- Anodontites, testa ovali % le. marquée de stries longi- slriis longiti/ dinalibus trans- tudinales, et d’autres trans- versisque elevato-crispatis verses, élevées crépues. cancellata. MATIÈRE MÉDICALE. Réflexions sur l’usage des diverses variétés d’alcali, végétal en médecine , et sur la né- cessité d’employer ce sel dans un état constant ; par NI. Fourcroy. r r i t ' Rien n’est plus inexactement connu , et plus vaguement employé en matière médicale que les différentes espèces d’alcalis ; c’est cepen-t dant une vérité bien importante et bien sentie, que la nécessité de connoîlre avec précision la nature des substances qu’on emploie comme ÉCLAIRÉE, €tC. 9 médicamens. Il est aisé de prouver , par l’exa- men des foi uni les , que les médecins , en pres- crivant c nme matières analogues la potasse du commerce , l’alcali végétal , l’alcali du tar- tre , l’alcali du nitre , les cendres gravelées , l’huile de tartre par défaillance , les sels fixes des plantes , n’emploient point une matière alcaline égale , et souvent , ce qui est bien pis , emploient une substance dont ils ignorent la nature , l’énergie , la dose réelle , et consé- quemment l’action. Un coup-d’œil jetté sur les produits chimiques alcalisés qui ont reçu ces diverses dénominations , en raison de la dif- férence de leur prépar ation et de leur origine , fera sentir l’incertitude qui existe dans la pres- cription de ces médicamens , et la nécessité de changer cette pratique vicieuse, et d’adopter un mode exact et certain pour l’usage de l’al- cali fixe. I. De la potasse du commerce. La potasse du commerce est préparée en grand dans le nord, de l’Europe , en brûlant des bois jusqu’à les réduire en cendres. On fait calciner et fondre en partie ces cendres dans des pots de terres, et c’est de deux mois al- lemands qui signifient cendre de pot , que le mot potasse à été tiré. Il est facile de conce- voir , avec des connoissances mêmes superfi- cielles en chimie que ces cendres doivent contenir beaucoup de matériaux salins et ter- reux ; en effet , outre la portion de potasse caustique ou pure qu’elles contiennent en raison de la forte chaleur qu’elles ont éprouvée , et qui varie suivant l’intensité et la durée de cette chaleur , outre la quantité variée de car- bonate de potasse qu’elles contiennenten même lo La Médecine temps, elles sont chargées de sulfate de potasse ou tcütre vitriolé , de muriate de potasse ou sel fébrifuge , de muriate de soude ou sel marin , de sulfate de chaux ou sélériite , de carbonate de chaux ou craie , de terre silicée et d’a- lumine ; on y trouve encore du charbon , de petits silex , quelquefois même un peu d’ex- trait qui a échappé à l’action du feu , et sou- vent beaucoup de corps étrangers. La potasse du commerce ne doit donc jamais être em- ployée en médecine , pas même à l’extérieur ; car comme elle n’est jamais exactement la même par la quantité et la nature de l’alcali qu’elle contient , on ne peut jamais compter sur la force de la lessive ou de la dissolution qu’on en prépare. La potasse blanche ou pure qu’on prépare en grand , en lessivant la pré- cédente avec de l’eau , et en évaporant à sic- cité cette lessive filtrée ou tirée à clair , ne doit pas être plus avantageuse en médecine ; car elle n’est réellement ni plus pure , ni plus connue dans sa nature et la proportion de ses principes que la première. Ln effet , l’espèce de purification qu’on lui fait subir n’en sé- pare que les corps étrangers , les terres et les ordures qui peuvent s’y trouver , et le produit de la lessive évaporée quoique plus blanc et plus salin , contient toujours un mélange varié et inégal de potàsse, de carbonate de potasse , de sulfate de potasse et de chaux , de mu- riate , ect. 5 ainsi cette potasse purifiée, dans le commerce , est bien un des matériaux d’où l’on peut tirer en chimie et en pharmarcie la po- tasse pure , ou le carbonate de potasse , mais ne doit jamais être employée comme médica- ment , même pour les préparations pharma- ceutiques extérieures. 11 ^CXAIRSS, etc. IL De V alcali végétal. C’est une des dénominations les plus sou- yen l employées dans les formules que celle d’alcali végétal., et c’est cependant une des pins vagues et des plus insignifiantes : ce nom embarrasse nécessairement le pharmacien ; il ne sait ce qu’il doit donner ou de la potasse ou de l’alcali du tartre , s’il faut qu’il le fournisse sec ou liquide, caustique ou adouci. Une pa- reille désignation ajoute donc encore aux in- certitudes , et doit être entièrement proscrite. III. De V alcali du tartre . L’alcali du tartre des boutiques est le ré- sidu de la combustion ou de la calcination du tartre mis en poudre grossière dans des cornets de papier , et brûlé au milieu des charbons. On jette cette cendre alcaline dans l’eau , et on évapore à siccité la lessive qu’on en ob- tient. L’alcali qui provient de -cette opération, contient de la potasse pure , du carbonate de potasse en proportion diverse , suivant le mode de calcination , la force et la longueur du feu qu’on a employé $ il contient aussi du sulfate de potasse , et souvent quelques autres sels étrangers à la matière alcaline : il est donc loin d’être dans l’état de pureté convenable, pour qu’on puisse compter sur sa nature et sur son action 5 il n’est jamais constant dans ses effets , et on ne sait jamais exactement ce qu’on donne aux malades lorsqu’on le pres- crit. C’est cependant là l’espèce d’alcali le plus communément employé parmi les médicamens ; c’est celui cju’on croyoit autrefois le plus pur , avant qu’on connût bien en chimie les diffé- rées états des alcalis fixes. 1Z La MsDECiNk IY. De V alcali du nitre. Pour obtenir promptement de l’alcali ana- logue â celui qu’on extrait des cendres des végétaux , les chimistes ont depuis long-temps employé la détonation du niftre avec le char- bon. Deux parties de ce sel en poudre fine , mêlées avec une partie de charbon également en poudre , et projettées dans un creuset rouge , détonent fortement, et il reste après la déto- nation l’alcali du nitre et celui qui étoit con- tenu dans le charbon. Mais comme en brûlant le carbone, combiné avec l’oxigène de l'acide nitrique, forme de l’acide carbonique, cet acide s’unit à l’alcali ou potasse , et la sature plus ou moins , ou y reste en plus ou moins grande quantité, suivant qu’on a tenu le résidu de la détonation plus ou moins long-temps ex- posé au feu. Cet alcali est donc composé de proportions diverses de potasse pure ou caus- tique , et de carbonate de potasse $ et quand on l’employe comme médicament , on ne sait jamais positivement l’énergie et la nature du remède que l’on prescrit. Ajoutons encore à cette première cause d'incertitude qu’il en existe plusieurs autres, soit de la part du nitre , dont quelques portions peuvent n’avoir pas été décomposées , soit de la part du charbon qui fournit quelques sels neutres dans sa cen- dre , ou qui n’est pas toujours egalement et complètement brûlé. D’après ces observations on voit qu’on ne doit pas se servir en médecine de l’alcali provenant de la détonation du nitre, qu’on connoît aussi sons le nom d’alcali extem- porané , à cause de la promptitude et de la facilité qu’on a à l’obtenir. i3 KCLAIRÉK, etC. V . Des cendres gravelées. Les cendres gravelés , cineres cJavellaiî , ont été nommées ainsi , parce qu’elles sont sous la forme grenue et comme du gravier. Elles proviennent de la combustion des lies de vin , elles sont fort analogues à i’alcàli obtenu par la calcination du tartre , car les lies de vin sont en grande partie formées de cristaux de tartre ; elles n’en diffèrent même que par un plus grand nombre d’impuretés qu’elles peuvent contenir en raison des corps étrangers , des pépins , des portions de grappes, des pellicules ect. , qui se précipitent dans les tonneaux avec le tartre fin qui s’y dépose. Ainsi elles doivent contenir les cendres ou les résidus fixés de ces différentes matières , mê- lées avec l’alcali caustique , et le carbonate de potasse que le tartre brûlé et plus ou moins calciné à coutume de donner. On voit donc qu’on doit encore moins les employer comme médicament que l’alcali du tartre 5 aussi ne les faisoit-on en général servir dans la phar- macie que pour la préparation de quelques médicamens composés , et ne les prescrivoit-on que rarement dans les formules, encore n’étoit- ce que pour la prescription de quelques re- mèdes extérieurs. VI De V huile de tartre par défaillance . L’huile détartré par défaillance , oleum tar- tan per deliquium , est l’alcali du tartre qui a attiré l’humidité de l’air , et comme cette dissolution spontanée est épaisse comme une espèce d’huile , on lui a donné le nom qu’elle porte. Les médecins ont souvent ordonné et fait entrer dans leurs formules officinales ou / la Z> a Médeciwb magistrales, l’huile de tartre par défaillance mais ils n’ont pas à beaucoup pies su exac- tement ce qu’ils employoient sous cette déno- mination. Il n’y a que les découvertes de l’état actuel de la chimie qui puissent faire con- noître exactement ce que c’est que l’huile de tartre par défaillance. Quand on expose à l’air l’alcali du tartre , la portion de potasse pure ou caustique que contient cet alcali est la 6eule de ses parties qui attire l’humidité de l’atmosphère et qui devient peu à peu liquide ; quand on décante cette portion déliquescente, on trouve au fond , sous la forme de pondre humide , le carbonate de potasse et les sels neutres qui existent naturellement dans l’al- cali du tartre ; ainsi la déliquescence due à la forte attraction de la potasse pour l’eau tend à séparer cet alcali pur d’avec le carbonate de potasse et les sels neutres qui s’y trouvent mélangés dans le résidu du tartre brûlé ; et bous ce point de vue , la déliquescence seroit un assez bon moyen d’avoir de la potasse pure , si à mesure que l’eau atmosphérique se préci- pite dans cet alcali , l’acide carbonique contenu dans l’atmosphère ne s’y précipitoit pas en même temps , et ne venoit saturer peu à peu Cet alcali ; en telle sorte qu’en gardant long* temps à l’air l’huile de tartre,, on obtient au bout de quelques mois des cristaux de carbo- nate de potasse. On voit donc qu’en employant l’huile de tartre par défaillance, les médecins donnent aux malades un mélange varié et inconnu dans ses proportions de potasse pure ou caustique , et de carbonate de potasse , et qu’il leur est impossible d’apprécier exacte- ment les effets médicamenteux d’un pareil mé- lange. Si l’huile de tartre est récente , elle icixiRBE, etc/ i3 contient assez cle potasse pure ou caustique pour être très- âcre , aussi ronge-t-elle la peau et les excroissances quand on l’applique con- centrée sur quelques parties extérieures , et ne peut-on l’employer à l’intérieur qu’en la mê- lant avec des liquides aqueux, muqueux, ect. , en plus ou moins grande quantité. Si l’huile de tartre est ancienne , et a long-temps resté exposée à l’air , la potasse y est saturée d’a- cide carbonique ; elle a perdu son âcreté caus- tique , et elle a beaucoup moins d’énergie à l’in- térieur. Entre ces deux conditions elle varie considérablement de force , et c’est en raison de ces différences qu’on ne doit pas l’employer comme médicament. VII. Des sels fixes des plantes. Otto Tachenius a beaucoup vanté l’usage des sels fixes qu’on retire des plantes , et tous les médecins qui les ont employés depuis lui , les ont regardés comme des alcalis. Pour préparer ces sels, on met les plantes sèches dans une marmite de fer , on y met le feu , et lorsqu’elles commencent à être bien embrasées on couvre le vase , afin d’étouffer la flamme, et de laisser lentement consumer les plantes, pour y retenir une partie des vapeurs qui se dissiperoient dans l’air. Quand la combustion est finie , il reste des cendres charboneuses , qui retiennent encore la forme des plantes j on les agite quelque temps en les faisant en- core chauffer pour les rapprocher de l’état de véritables cendres : alors on les lessive avec de l’eau ; on fait évaporer la lessive jusqu’à siccité , et on obtient ainsi les sels fixes. Ils sont d’un jaune plus ou moins brun ou fauve. On y trouve par l’analyse de la potasse , du carbonate 2 6 La Médecine de potasse, du sulfate de potasse., du sulfate de chaux , du carbonate de chaux , du nmriate de potasse , du phosphate de chaux , mêlés d’un extrait en plus ou moins grande quantité. La proportion de ces matières varie suivant la nature des plantes, et suivant la combus- tion plus ou moins avancée qu’on leur fait subir. Ainsi il est très- vrai de dire que les médecins, en prescrivant les sels fixes des plan- tes , ne connoissent pas ce qu’ils emploient , et ne peuvent pas apprécier exactement les ef- fets que ces sels peuvent produire. Plusieurs ordonnent cependant assez fréquemmen t le sel d’absinthe , le sel de genêt et quelques autres , dans l’hydropisie , les obstructions ect. , et on en voit qui font beaucoup de cas de cesmédi- camens. Un homme instruit de toutes les con- noissances qui constituent la matière médicale , ne peut plus se permettre d’administrer de pa- reils médicamens, qui ne sont jamais les mêmes, et dont on ignore toujours la véritable nature. VIII. De la véritable manière d’avoir l’alcali fixe végétal dans un état identique , et de pouvoir compter sur ses effets. Il résulte de tout ce qui a été dit dans les articles précédens , que l’alcali fixe que l’on emploie comme médicament , préparé par les divers procédés qui ont été indiqués , est une substance très-variée , très-différente dans sa nature , presque toujours inconnue ou au moins peu exactement connue , et par conséquent très -incertaine dans ses propriétés et ses effets. Il n’y a qu’une manière d’avoir dans l’alcali fixe un médicament constamment semblable à lui-même dans sa nature et dans son action médicamenteuse , ÉCLAIRÉE, etC.' 17 médicamenteuse , c’^st de bien connoître ce sel pur , du bien savoir sa préparation et ses pro- priétés. L’alcali fixe végétal est nommé au- jourd’hui potasse dans son état de pureté ; on l’obtient tel en traitant tous les alcalis pro- venant des végétaux brûlés , du tartre cal- ciné , dunitre décomposé , par la chaux vive , qui lui enlève l’acide carbonique (ancienne- ment l’air fixe ) dont il est plus ou moins chargé après les combustions. Si l’on évapore la potasse ainsi rendue caustique parla chaux, dans des vaisseaux ouverts , elle reprend de l’acide carbonique de l’atmosphère, et poussée jusqu’à siccité , elle contient de la chaux et de la silice. Pour l’avoir bien pure , il faut dans cet état la dissoudre dans huit ou dix fois son poids d’alcool rectifié , et évaporer cette dissolution à siccité dans des vaisseaux fermés L’alcool , ne dissolvant absolument que la potasse pure , laisse les parties de carbonate de potasse , de chaux et de silice , souvent contenues dans ce sel traité par la chaux. La potasse ainsi obtenue , est sous la forme d’une matière blanche ou grise, non ciistallisée , très- âcre ettrès-caustique, qu’on donne dissoute dans une quantité plus ou moins grande d’eau avec quelque mucilage ; elle est toujours la même , constamment énergique à un dégré connu , quand on la donne avec des quantités d’eau déterminées. Le nom d’alcali caustique qu’on lui donne souvent dans cet état , ne doit point en imposer et exciter des craintes mal fon- dées ; on réduit cette causticité , qui est très- forte sous la forme sèche et solide de ce sel , a une saveur presque nulle , en le donnant dans une grande quantité d’eau. Quand on veut produire un effet antacide, absorbant, fondant. Tome IV . N°. I B i8 La Médecine mcisir , piompt , on ne peut pas employer nu plus puissant , un pins sur remède ; c’est celui qu’on donne avec quelque* succès aujourd’hui dans les maladies caiculeuseè : il convient dans tous les cas ou les alcalis sont indiqués, et au moins on peut être très-sûr de ses effets , puis- qu on sait exactement ce qu’on emploie et l’état précis du médicament que prennent les ma- lades. Il y a encore trop peu d’hommes de l’art qui commissent bien l’alcali dans cet état de pureté , et qui conçoivent même toutes les ressoudes que la médecine peut y puiser. A mesure que l’art de guérir se perfectionnera par l’.ipplicalion sevère des sciences acces- soires , on tirera un parti plus grand de Ce ré- niède', et je suis bien trompé si cet art n’y trouve pas quelqiie jour un des plus puissans moyens d’attaquer et de combattre victorieu- sement des maux qu’on regarde aujourd’hui comme incurables. Lè médecin veut-il* au contraire employer un alcali très doux et presque savonneux, pour me servir de l’express'on adoptée , alors il doit prendre le carbonate de potasse bien pur , C’est à -dire la potasse bien saturée d’acide carbonique , et non pas dans tous les états ' variés de combinaison avec cet acide, qui exis- tent clans les différentes préparations alcalines dont il a été question ci- dessus. Tous las chi- mistes , tous les pharmaciens doivent savoir préparer le carbonate de potasse bien saturé : il ne shunt que d’imprégner une lessive de potasse tres-pure de tout i acide carbonique qu’elle peut absorber , d’évaporer ensuite len- tement la dissolution et d’en obtenir le sel sous la forme de prismes rhomhé.uix réguliers , * non déiiquescens et plutôt légèrement efïlo- rescens à l’air. Ce sel est beaucoup moins ÉCLAIRÉE, etC. I9 fondant et beaucoup moins actif que la po- tasse pure : s’il rencontre des aigres dans les premières voies , il produit une effervescence occasionnée par le dérasement de son acide 1 • 1 . . ° D, r carbonique ; mais si ce 11 est que comme ton- dant qu’on radministre , on a au moins l’avan- tage de donner un remède constant , toujours semblable à lui-même, toujours d’une égale force , et sur lequel conséquemment on peut compter. Voilà ce- que les médecins empressés d’avoir des connoissances exactes, et désirant de n’em- ployer pour remède que des substances qu’ils connoissent bien , doive: t savoir et avoir tou- jours présent à l’esprit lorsqu’ils,. veulent pres- crire l’alcali fixe. La science chimique étant parvenue à un haut point de perfection dans la connpissance de ce sel , il n’est plus per- mis à la médecine de ne pas suivre ses pro- grès , et de ne pas employer ses connoissances au perfectionnement de la matière médicale qui les réclame. MÉDECINE PRATIQUE. Exemple remarquable d’ abstinence , par Ro- bert Willâii 5 ( Médical communications , vol. 11). ' 1 Un jeune homme très -studieux et d’un ca- ractère mélancolique , avoit éprouvé , durant les années 1784 et 1785 , des indigestions très- laborieuses , avec des douleurs vives dans l’estomac et une sensation constante de cha- leur intérieurement ; il s’imagina en 1786 de s’astreindre à une abstinence sevère , dans l’espoir de faire cesser ces symptômes incom- modes : il paroît que des opinions religieuses. no La Médecine contribuèrent aussi à lui faire prendre cette résolution. Il se déroba donc à toutes ses affaires , et à la société de ses amis , et fut se loger dans une rue peu habitée , pour y suivre son nou- veau plan de vie 5 son régime consista à s’abs- tenir de tout aliment solide , à humecter seu- lement sa bouche de temps en temps avec de l’eau et un léger mélange de suc d’oranges. Après trois jours d’abstinence , la sensation vie la faim , qui avoit été très-vive , cessa entiè- rement. Il s’appliqua alors à l’étude , et se plongea dans la méditation sans aucun déran- gement. Il ne faisoit aucun exercice , dor- moit très - peu , et passoit la plus grande partie de la nuit à écrire. La quantité d’eau qu’il consominoit chaque jour étoit depuis une demi - pinte jusqu’à une pinte. Deux oranges lui sufiisoient pour une semaine ; il 11e m â choit point la pulpe , et il se contentoit d’exprimer le jus dans l’eau , pour lui donner une saveur agréable. Il rendoit une médiocre quantité d’urine, tou- jours claire et sans sédiment. Il poussa des selles naturelles depuis le second jour de son nouveau plan de vie jusqu’au quarantième , mais non après ce terme , quoiqu’il vécut en- core de la même manière pendant vingt jours. Durant les dix derniers jours , il éprouva une chute très-rapide de ses forces ; et, quand il se vit hors d’état de se lever de son lit , il fut un peu alarmé. Jusques-là, il s’étoit flatté qu’il n’avoit été soutenu dans son état que par un moyen surnaturel, et il se livroit à l’agréable espoir de quelque grand événement qu’il croyoit devoir survenir à la suite d’une abstinence aussi extraordinaire 5 mais cette illusion s’évanouit enfin et il se trouva conduit par degrés à une 21 Eclairée, etc. exténuation extrême , et prêt à être précipité au tombeau. Ses amis ayant découvert sa retraite , obtin- rent de lui de recevoir la visite d’un ministre de l’évangile du voisinage. Celui-ci lui rendit sensibles, avec tous les ménagemens de la pru- dence, toutes les erreurs de ses idées vision- naires , et le lit consentir à adopter un régime propre à obtenir son rétablissement ; c’est clans cette vue cjue le docteur Willan fut appelé le soixante et unième jour de son abstinence , c’est-à-dire le 20 mars 1786. Il étoit alors réduit à la dernière période cle l’amaigrissement ; les muscles de la face étoient entièrement flétris. Les os de la pommette et les arcades zygoma- tiegues étoient très-saillans , et lui donnoient l’as- pect de la mort. Son abdomen étoit concave et l’ombilic dans un état de rétraction par l’affais- sement des intestins. La peau et les muscles de l’abdomen étoient ridés au-dessous du rebord du bassin et sous les côtes en laissant de grands vides entre les os des isles , les fausses-côtes et l’épine. Ses membres étoient réduits au der- nier degré de ténuité 5 on clistinguoit facilement les os ischium , les trochanters internes et toutes les apopliises des os. L’état de ce jeune homme donnoit l’idée d’un squelette préparé , en desséchant les muscles dans leurs positions naturelles. Ses yeux n’a- voient pas perdu leur éclat 5 et quoiqu’il fût dans un état de foiblesse , sa voix étoit claire et comme dans l’état sain. Quelques écrits qu’il avoit faits durant sa retraite , sur des objets de piété , se ressentoient beaucoup, sur-tout vers la fin , de la confusion et de l’obscurité de ses idées. Le 2.3 mars , jour de la visite du médecin , on lui prescrivit pour boisson une pinte d’eau B 3 22 e a Médecine d’orge et deux tasses de panade, et l'estomac parut l)ien digérer ces alimens ; il éprouva un léger mouvement fébrile durant la première partie de la nuit, mais pendant le reste de la nuit il dormit mieux qu’à l’ordinaire. Le 2 4 mars il prit un peu de bouillon de mouton qu’il trouva délicieux, et qui parut réveiller son ap- pétit. Son pouls marquoit soixante-douze batte- xnens par minute ; il étoit petit et tempéré. Le 2 5 du même mois , il prit à son déjeuner une pinte de lait , et pour dîner autant de bouillon de mouton cuit avec de l’orge. Le soir pour le souper on lui accorda , à sa demande, presqu’autant de riz au lait ; il éprouva ce jour- là un violent appétit , et il auroit beaucoup plus mangé si on le lui eut permis. Le 26 au matin il mangea une grande quantité de pain et de beurre , qu’il prit sur la table pendant l’absence de la garde-malade. Peu après il se trouva in- disposé et il voruit deux ou trois fois sans pres- que aucun effort. L’après-midi il poussa une selle , et la matière des déjections offrit la con- figuration naturelle , mais elle fut suivie de , deux ou trois selles liquides. L’urine avoit sa couleur ordinaire, avec un léger enéorème au milieu. Sa peau étoit toujours sèche. M. Wiilan le vit le soir, et il le trouva beau- coup mieux. Son pouls donnoit quatre-vingt- dix pulsations par minute et il étoit plus fort. Il étoit alors assis sut* un fauteuil , parce qu’il se son toit un peu plus de force. Il se plaignit de quelques symptômes hypochondriaques. Ses yeux et sa langue étoient très - diminués en volume et dans un état d’émaciation. Il dit que la sensation de chaleur dans l’estomac ne l’avoit jamais quitté même durant son abstinence. IL paiihit d’u e manière sensible et même avec esprit sur divers objets, mais bientôt la conver- ÉCLAIRÉE, etC. 2.3 6ation le fatiguoit. Il prit un peu de pudding ( bread pudding') au dîner et deux œufs au souper, et la saveur de ces alimens lui parut très-agréable. Il fut calme et plus gai qu’à l’or- dinaire , en marquant la satisfaction qu’il éprou- yoit d’être dégagé de son ancienne illusion. Le 2.8 il parut dans un état de rétablissement ; ses joues étoient plus pleines ; il avoit même assez de forces pour se promener dans sa chambre. Il n’a voit pas beaucoup dormi la nuit précédente , et il n’avoit point eu de selle durant le jour. II déclara que la douleur d’estomac l’avoit quitté, ce qui contribuoit beaucoup à le rendre plus joyeux. Le 29 la scène changea entièrement ; il éprouva de la confusion dans les idées , et vers minuit il tomba dans une sorte de frénésie. Son pouls étolt devenu plus fréquent, avec une chaleur considérable de la peau et des tremblemens. L'incohérence et la confusion des idées continua le lendemain. On lui ht prendre un fort purgatif et 011 lui administra deux clys- tères dans le courant du jour , ce qui ne pro- duisit qu’une petite évacuation ; il resta presque dans le même état jusqu’au 2 avril, prenant peu de nourriture et dormant très peu; à cette époque , il rendit une quantité considérable de matière à l’aide d’un ciystère. Bientôt après il devint très-chagrin et n’ent aucune connois- sance de ce qui se passoit autour de lui. A cette époque , il fut transporté à la campagne , et M. Willan n’eut occasion de le voir que le 6 avril. Il parut alors aussi amaigri qu’à la pre- mière visite qu’il lui avoit rendue. Son pouls étoit petit et foible , avec cent vingt battemens par minute. Le 7 et le 8 , il prit toute la nour- riture qu’on lui offrit; il reconnut tous ceux 2,4 i. A Médecine qui étoient autour de lui , mais il étoit très- cléfailJant. Le 9 il mourut dans un état complet d’épuisement. Cette abstinence est peut-être la plus longue dont on ait fait mention dans les annales de médecine. Elle n’a pu guère être soutenue que par une tournure d’esprit enthousiaste et qui approclioitde la manie, qu’on sait être si propre à faire supporter la faim et le froid Dans les mémoires de l’Académie des Sciences, année 1769, on trouve l’exemple d’un homme qui vécut quarante sept jours sans prendre plus d’une pinte et demie d’eau par jour. Il resta constamment dans la même position pendant trente-huit jours; mais durant les derniers huit jours, il fut obligé de rester couché, et alors il 11e voulut rien prendre , refusant même de boire de l’eau. Lorsqu’il commença de nouveau à manger, il recouvra sa raison pour un temps , mais il retomba aussi-tôt, Dans les JEssais de médecine d’Edimbourg , vol. VI , on rapporte l’exemple cl’une jeune fille qui fit une absti- nence de trente-quatre jours, et dans une autre époque de cinquante-quatre jours , à cause d’un spasme et d’une obstruction de l’ésophage. M. Fouteau, dans ses œuvres posthumes, parle d’une jeune personne, âgée de treize ans , qui , ne pouvant conserver aucune nourriture solide dans son estomac, subsista dix-huit mois avec du syrop de capillaire mêlé avec l’eau , et dont le corps prit en hauteur un accroissement de deux pouces et demi. On trouve divers au- tres exemples remarquables d’abstinence dans différent ouvrages , sur-tout dans les Observa- liones mrioj'es de Stalpart Van der Wiel ; clans les Transactions philosophiques , vol. LXV1I ; dans les Mémoires de la société philosophique et littéraire cle Manchester ; mais 011 ne peut ÉCLAIRÉE, etC.' 25 tirer aucun objet d’utilité de ces cas extraor- dinaires : il étoit cependant lion de faire remar- quer jusqu’à quel point; la constitution humaine est capable de soutenir l’abstinence. M. Pouteau a fait une observation digne de remarque dans ses ouvrages. Il croit que le virus du cancer peut être détruit par la diète de l’eau , et propose pour cet objet un plan de vie qui doit être continué deux mois. Il assure qu’ensuite la santé et la force peuvent se rétablir par un régime convenable. Une per- sonne a été guérie parfaitement par ce moyen. Dans d’autres, qui n’ont pu s’astreindre à l’abs- tinence que pendant un mois, la maladie paroît avoir été très-diminuée. CHIRURGIE. Observation sur le passage subit de l’intestin dans la tunique vaginale ; parM. Deschamps, Chirurgien en chef de l’hôpital de la Charité, Le 1 7 février 1787 , sur les neuf heures du matin , M. L. G. , clerc de notaire , âgé de vingt ans , en sautant un ruisseau, éprouva un écartement douloureux. L’intestin passa par l’anneau jusques dans le scrotum avec la plus grande rapidité. Transporté rue St. -Dominique , je le vis une heure après ; le vomissement avoit déjà paru. Je tentai la réduction, mais une particularité dans une hernie aussi récente que celle-ci fixa mon attention. Je trouvai le testi- cule droit tellement adhérent à l’extrémité de la tumeur herniaire, que je ne pus l’éloigner assez pour embrasser la masse intestinale seule et en faire la réduction. Je ménageai autant que je pus la compression sur cet organe clans les différentes tentatives que je fis pour réduire la hernie 5 ces tentatives furent répétées à dîf- 2.6 La Médecine férentes reprises et toujours inutilement. Le malade fut mis dans le bain et saigné deux fois dans la journée. La foiblessc s’empara de lui ; les vomissemens et les hoquets devenoient fréquens ; il passa une très- mauvaise nuit. Le matin la tumeur étoit douloureuse. Vers les onze heures ( vingt-six heures après l’accident) je le vis avec M. Sassard , mon confrère ; nous nous déterminâmes à l’opération. La précipi- tation avec laquelle l’intestin étoit sorti nous donna lieu de penser que le péritoine ne l’ac- coinpngnoit pas , et qu’il étoit rompu , ce qui me détermina à redoubler d’attention après l’ou- verture des tégumens. La tumeur herniaire , entièrement débarrassée du tissu cellulaire , nous présenta un cylindre parfait de la lon- gueur d’environ deux pouces et demi , uni dans toute son etçndue , et arrondi a son extrémité, à laquelle nous remarquâmes aisément le tes- ticule séparé de l’intestin, non par un vide, mais par une dépression circulaire seulement sensible au toucher. Nous regardâmes c tte tumeur comme étant de la nature îles hernies congénitales, quoique celle-ci ne lût pas de naissance, mais par accident. Quelque fut la cause qui ait permis' l’introduction de l’intestin dans la tunique vaginale^, nous regardâmes cette tunique comme servant de sac à l’intestin : son ouverture donna issue à une quantité de sérosité rougeâtre plus abondante qu’elle n au- rait du être pour le peu de temps que 1 intestin V avoit séjourné. J’incisai le sac jusqu’à l’an- neau supérieurement et inférieurement , jusqu a l’extrémité des parties contenues , c’est-à-dire jusqu’au testicule , que je ne crus pas de découvrir, pouvant librement dégager Pii devoir 'intes- tin ; je 11’apperçus aucune interruption entre lui et le testicule , qui me parurent en contact. ÉCLAIRÉE, etC. 27 La portion intestinale étranglée étoit déjà li- vide , mais elle n’avoit rien perdu de sa con- sistance et de son élasticité. L'anneau étoit très-serré ; je fus obligé de l’inciser à deux fois 9 la première incision n’ayant pas été suffisante. L’intestin rentré, il sortit de l’abdomen une assfz grande quantité de sérosité pareille à celle dont j’ai parlé, et qui étoit contenue dans le sac ; la sortie de cette sérosité donna issue à une petite portion d’épiploon qui fut reportée dans le ventre. La cessation prompte de tous les accidens , les digestions stercorales spon- tanées qui survinrent le lendemain , et l’état satisfaisant dans lequel se trouva le malade, donnèren t les plus grandes espérances de succès. Le quatrième jour, à la levée du premier ap- pareil , la présence du testicule dans le sac Herniaire ne fut plus douteuse ; il parut à dé- couvert dans l’étendue d’une pièce de douze sols , et la charpie y adhéroit fortement , ce qui a constamment lieu dans toutes les opéra- tions faites à cette partie où le testicule se trouve à découvert : il s’étoit beaucoup tuméfié et étoit devenu très- douloureux , tandis que le scrotum étoit , ù peu de choses près , dans son état na- turel. Cette tuméfaction céda par degrés à une suppuration louable, et la cicatrice a été par- faite le trente-cinquième jour. Dans une circonstance absolument nouvelle pour moi, j’ai questionné le malade sur tout ce qui pouvoit avoir rapport a une hernie congénitale , ou à quelqu’autre tumeur pro- duite par la présence d’un fluide dans la tuni- que vaginale. Le malade m’a assuré ne s’être jamais apperçu de rien, dans cette partie , seu- lement il a observé , que le testicule droit ( côté de la hernie ) n’étoit pas tout- à fait aussi 28 La Médecine bas dans le scrotum que l’autre mais que la différence étoit peu de chose. Le passage subit de l’intestin dans la tuni- que vaginale , ne paroît pas s’accorder avec les notions anatomiques ; car on sait que le testicule , encore dans le bassin d’un fœtus , ne descendpar l’anneau, oun’y est déterminé par ce que Hunter appelle le gubernaculum , qu’entre le huitième ou neuvième mois de la conception ; que cet organe , en passant par l’anneau , entraîne le péritoine dans le scrotum ; que la tunique vaginale , continuellement humec- tée par les sérosités qui y sont successivement versées et reprises, ne peut contracter d’adhé- rence avec lui : mais qu’il n’en est pas ainsi de la production du péritoine , qui envelope le cordon des vaisseaux spermatiques ; que cette production , dans l’état naturel, ne forme point de sac , et qu’elle adhère fortement au cor- don depuis l’anneau où cette tunique se res- sère jusqu’au testicule où commence vérita- blement la tunique vaginale du testicule. D’après cette observation anatomique , il est difficile de concevoir comment , dans la hernie précipitée dont il est question, l’intestin a pu glisser dans une cavité qui ne doit point exister. La pathologie apprend que souvent l’in- testin et l’épiploon ont été trouvés dans cette enveloppe , mais ce n’a été que lorsque ces parties contenues ont suivi la descente du testicule dans le scrotum , ce qui a fait donner ù cette hernie le nom de congénitale ou her- nie de naissance 5 et quand ce sont des flui- des accumulés dans cette cavité , celui d’hy- drocèle de naissance ou congénitale. n _ Il est cependant prouvé , qu’outre les hydro- cèles de naissance , il s’en forme souvent dans la tunique vaginale et le long du cordon des vais- ÉCLAIRÉE, etC. 29 seaux spermatiques en même temps ; il est vrai que le liquide , amassé premièrement dans J a tunique du testicule , a pu forcer l'obstacle et s’étendre le long du cordon des vaisseaux , mais encore l’expérience prouve qu’il existe des hydrocèles dans la tunique ( 1 ) des vais- seaux spermatiques, et cette espèce d’hydro- céle , je crois , ne peut plus être révoquée en doute. Suivant Haller ( 1 ) , la communication de l’abdomen avec la. tunique du cordon a été observée, mais rarement. M. Pelletan , dans sa savante thèse JDe herniâ inguinali conge- nitâ ( 2 ) , dit , en parlant de cette communi- cation , potest autem apertum remanere , quod haud fréquenter in homine , in quadrupedibus vero constanter observatur. J’ai recueilli quelques exemples d’hydrocèle dans la tunique vaginale , dont la communica- tion avec la cavité du bas-ventre n’étoit point interrompue , et dont l’eau , amassée en assez grande quantité , disparoissoit précipitamment, rèpassant dans l’abdomen , et de cette cavité dans le sac de l’hydrocèle. Dans la hernie dont il est question , la grande quantité de séro- sité que nous avons remarquée dans le sac her- niaire , et celle qui est sortie de l’abdomen après la réduction de l’intestin , ne donneroit- elle point la solution du problème ? cette ser- rosité n’étoit-elle point habituellement dans la tunique du cordon des vaisseaux spermatiques , mais en si petite quantité que le malade ne s’en est pas apperçu ? n’a-t-elle pas été la cause de la communication qui a subsisté depuis (i) Je préviens que ee que j’entendrai par tunique du cordon , dans ce cas, n’est autre chose que le tissu cellulaire dont l’écartement se prête à la collection aqueuse^ (1) Haller , phys. lib. 27 , $. z. (2) 21 octobre 1776. DO ï- a Médecine sa naissance , et de la hernie consécutive dans cette partie ? l’aspect du sac herniaire dé^ané de tout ce qui l’environnoit , le cordon^des vaisseaux, sp l ma tiques dans le lieu qu’occu- poit 1 intestin le testicule dans l’intérieur du sac, et à sa partie intérieure celui-ci mis à découvert, ne me laisse en particulier aucun doute sur ie passage précipité de l’intestin dans la tunique vaginale , quelque soit la cause qui lui en aura permis l’entrée. De nouvelles observations pourront peut être venir à l’appui de celle-ci. Le signe pathognomonique (pii fera, reconnaître cette espèce de hernie sera , dans une hernie récente et subite , la pré- sence du testicule à l’extrémité île la tumeur , avec impossibilité de l’écarter pour embrasser aveç la main la masse intestinale , et en faire la réduction. PHARMACIE. ■Exposé de qjielques phénomènes qui se pré- sentent dans la préparation du phosphate de soude ; par M. Vauquelin. L’usage du phosphate de soude comme pur- gatif , est depuis quelque temps fort répandu en i rance ; il est donc utile de faire connoître tous les phénomènes que présente sa prépara- tion. Pour l’obtenir , on fait calciner à blanc des os de quadrupèdes, on les réduit en pou- dre , on Je.tte dessus la moitié de leur poids d’acide sulfurique concentré : il se produit des phénomènes différens , suivant que les os ont été plus ou moins brûlés. Communément le mélange s’échauffe, noircit, exhale des vapeurs blanches d’acide sulfureux , quelquefois mêlé de gaz hydrogène , dû à l’huile plus ou moins brûlée que les os contiennent encore , et qui agit sur l’açide sulfurique , en lui en- ÉCLAIRÉE, etc. 3l levant une portion jPoxigène. Cette réaction est produite par l’hydrogène et le carbone , aussi se forme-t-il de Peau et de l’acide car- bonique. La chaleur est telle dans cette opé- ration , cpie tandis qu’une portion d'hydro- gène et cle carbone de l’huile contenue dans les os , s’unissent à Poxigène de l’acide sul- furique, une autre portion d’hydrogène est sépa- rée du carbone etde l’azote sous la forme de gaz. Ilsepasse encore ici.un autre phénomène qui n’a été a p perçu jusqu’à présent que par M. .Ber- thelet , à la vérité sur d’autres matières , mais qui sont analogues par leur nature ; l'attrac- tion de l’acide sulfurique et de l’acide phos- phorique pour les alcalis détermine et opère véritablement l’union de l’azote et de l’hy- drogène dans des doses convenables pour don- ner naissance à P ammoniaque : tous ces effets • différens ne tiennent qu’à la présence d’une ma- tière huileuse due à la gélatine et à la moëlle des os non complètement calcinés : aussi lors- que les os ont été parfaitement brûlés , il n’y a qu’une décomposition simple du phosphate de chaux qui en forme la base solide, et l’a- cide phpsplioriquè devient libre tandis que l’a- cide sulfurique s’unit à la cliaux. , . Après avoir laissé l’acide sulfurique et les os en contact environ douze heures, pendant les- quelles on a eu;, soin d’agiter Je mélange, on délaye la matière dans cinq à six fois son poids d’eau de rivière, et on jette le tout sur une toile garnie de papier gris ; on, ,y passe assez d’eau pour emporter tout l’acide pliospliprique 5 ce qui reste sur le filtre est du sulfate de cliaux ou du plâtre , qui est rejetté comme inutile. Comme l’acide phosphoriqué dissout une grande quantité de sulfate de chaux , il con- vient de le faire évaporer jusqu’à un certain 32 La Médecine éclairée etc. point , pour en séparer ce sel qui se dépose ordinairement en aiguilles ; mais quoi qu’on fasse , jamais on ne parvient à l’enlever en- tièrement. Lorsqu’il ne se sépare plus sensi- blement de sulfate de chaux cle la liqueur, on sature cet acide phosphorique avec le carbo- nate dé soude ; il se fait une vive effervescence due au dégagement de l’acide carbonique $ on voit se précipiter une poussière blanche qui est du carbonate de chaux ou de la craie pro- venant de la réunion de la chaux avec l’a- cide carbonique de la soude , on sent en même temps une odeur d’ammoniaque très-forte ; ce carbonate d’ammoniaque qui se dégage provient du sulfate d’ammoniaque contenu dans la les- sive d’acide phosphorique , et décomposé par le carbonate de soude. On voit donc qu’en préparant ainsi le phos- phate de soude il est impossible de l’obtenir parfaitement pur , et qu’il contient constam- ment du sulfate de soude : on sent que ce sel est plus ou moins abondant , suivant que les os ont été aussi plus ou moins brûlés , et que l’acide phosphorique a été plus ou moins éva- poré. Cependant si l’on mettoit beaucoup d’at- tention à la séparation de ces deux sels on y parviendroit au moins en partie , car par l’é- vaporation le sulfate de soude cristallise le pre- mier sous la forme de prismes. Mais ce sel n’apportant aucun obstacle à l’indication que les médecins se proposent de remplir par son usage , on ne se donhe pas la peine de les séparer. On pourroit se procurer le phosphate de soude parfaitement pur , en combinant à la soude l’acide phosphorique obtenu par la com- bustion rapide du phosphore ; mais ce pro- cédé le rendroit extrêmement cher. ( 1er. août lygz. ) 65 ANATOMIE. II. Ei : trait d'une lettre écrite à 31. Seguin , par 31. Dumas, de l’académie de 31 ont- pellier , contenant l’histoire d’une concep- tion tuhale. U n e femme qui n’avoit pas fait d’enfant de- puis une vingtaine d’années , portoit depuis cette époque un ventre d’une énorme grosseur. Elle vient à l’hôpital , on la juge hydropique ; on lui fait la ponction , il sort de son ventre une matière épaisse semblable à du chocolat : à la seconde fois , le trois-quarts est arrêté par un obstacle , on le retire et il amène un gros paquet de cheveux; on soupçonne un grossesse extra- utérine. La femme meurt, on trouve à l’ouverture du cadavre l’ovaire droit prodigieu- sement dilaté, et ayant acquis le volume d’un estomac distendu. L’ovaire contenoit , i°. au- tant de cheveux que peut en fournir la tête d’un adulte ; a0, beaucoup de cette matière semblable à du chocolat ; 3°. un morceau de chair dans lequel on ne remarquoit aucune ‘ structure régulière et décidée , il avoit la forme et la couleur d’un morceau de saucisson. : 4°- des parcelles d’os brisés et moulus; 5°. une portion de la mâchoire inférieure présentant la forme , la consistance, la dureté , la per- fection de la mâchoire d’un adulte ; 6°. quel- ques dents implantées dans les alvéoles de cette mâchoire : ces dents a voient l’émail et la du- reté de celles qu’on voit chez les adultes ; une de ces dents étoit implantée dans les tuniques de l’ovaire à peu près comme si elle eût été Tome IV. N°. IV*. E 66 i- a Médecine dans son alvéole : leur disposition n’étoit pas régulière, mais cependant elles laissoient en- tre elles un espace convenable , et elles étoient placées alternativement l’une à droite, l’autre à gauche. Telles sont les circonstancesles plus re- marquables que l’inspection de ce cadavre éton- nant nous a présentées. De quelle manière ces cheveux ont-ils végété dans l’ovaire ? de quelle manière les dents ont- elles pris de la consis- tance et de l’accroissement ? comment l’une cl’elles a-t-elle éprouvé la carie ? comment le corps renfermé dans l’ovaire s’est-il dissous , décomposé , à l’exception d’une partie de la mâ- choire , de quelques dents et d’un morceau de chair ? comment ces parties sont-elles demeu- rées intactes ? ect. ect. Que de questions se pré- sentent , auxquelles il faut répondre ce que dit Voltaire dans son poëme sur la Nature , Demandez- le à ce Dieu qui nous donne la vie. Dans les mémoires de l’académie de chirur- gie , on trouve je crois une observation qui offre quelque analogie avec celle-ci , mais elle n’est point rapportée par un témoin oculaire, et plusieurs membres de l’académie l’ont ré- voquée en doute ; celle que je vous atteste a été suivie par trente témoins , et je suis de ce nombre moi-même. M. Fagès , chirurgien de notre hôpital , vient d’envoyer le détail de cette observation à l’académie de chirurgie, avec la pièce anatomique convenablement préparée. PHYSIOLOGIE Procès-verbal des expériences de M. Valli , sur P électricité animale. M. Valli, médecin italien, vient de faire ÉCLAIRÉE, etC. 67 connoître à l’académie des sciences de très- belles expériences sur ce qu’il nomme l’élec- tricité animale. L’académie a chargé MM. le Roi, Vicq-d’Azyr et Coulon , de répéter ces expé- riences avec M. Valli., Les principales ont été faites dans le laboratoire de M. Lourcroy, le jeudi 12 de ce mois (juillet 1792), en présence de plusieurs savans de la capitale : c’est le procès-verbal simple de ces essais qu’on donne ici ; on ne l’accompagnera pas encore de ré- flexions sur le résultat de ces expériences , et sur leur application à la physique animale. Lors- qu’elles auront été répétées et variées , comme la nature et l’importance du sujet l’exigent , il sera temps d’en faite connoître alors les ap- plications : nous dirons seulement que la pre- mière découverte de ce genre est due à M. Co- tunnius ; que M. Galvani de Padoue a ré- pété ensuite ces expériences électriques , que M. Valli les a multipliées, et, qu’il a déjà publié trois lettres sur cette matière. On aura soin d’entretenir les hommes de l’art de la suite de ces recherches , dans les numéros suivans de ce journal. Trernière expérieiice. Une grenouille étant attachée sur une table , on a disposé sur elle deux armatures métalliques , l’une étoit une lame de plomb posée sur l’abdomen de l’a- nimal; l’autre une pièce d’argent passée sous le bassin. M. Valli, en réunissant les deux ar- matures par le moyen, d’un excitateur de cui- vre , produit sur l’animal des mouvemens con- vulsifs très-remarquables. Secoîicie expérience. La lame de plomb qui servoit de première armature ayant été en- levée , l’abdomen restant à nu et l’excitateur ayant été posé , les convulsions ont eu lieu , £ 2 68 La Médecine mais d’une manière moins sensible que clans l’expéiience précédente , et M. Valli a dit que cetie expérience ne réussissoit pas toujours. Troisième expérience . On a éprouvé qu’en mettant les deux armatures d’un même métal, en arpent ou en or indifféremment , l’excita- teur de cuivre produisoit des effets beaucoup plus foibles : lorsque les deux armatures ont été faites avec les métaux semblables , cuivre, plomb , étain , z:nc , ect. , et que l’excitateur a été du même métal , on n’a observé aucun effet. Quatrième expérience. L’armature de l’ab- domen a été placée d’une manière horisontale , alors les points de contact se trouvant moins nombreux , les effets ont été beaucoup moins sensibles , mais ils ont reparu avec force lors* que l’armature a enveloppé exactement la ca- pacité de l’abdomen. Cinquième expérience. Une grenouille a été dépouillée et coupée transversalement par la moitié , les nerfs cruraux mis à nu ont été réunis et posés sur une pièce d’or, tandis que les cuisses restoient en contact avec une pièce d’argent ; l’exc dateur de cuivre a produit alors de légers mouvemens , les deux armatures en arpent en ont offert aussi avec l’excitateur de cuivre. Maïs lorsqu’on a substitué une armature de plomb, d’étain ou de cuivie, à celle d’argent qui cveloppoit les nerfs , les mouvemens ont été ti ès-violens : on ponvoit cependam y ob- server cette gradation dans faction dt s mé- taux , le plomb prodirsoit les mouvemens les plus vifs, ensuite l’étain , après le cuivre 5 à mesure que la grenouille perdoit de sa vita- lité les métaux perdoient aussi la faculté de i c ï, a ï ti é e , etc. 69 déterminer la marche du fluide électrique dans l’animal : le plomb , l’étain et le zinc, ont conservé le plus long temps cette propriété. Sixième expérience Lu plomb de vitrier, mis des deux côtés pour armante , n’a produit aucun effet avec un excitateur du même plomb; mais lorsqu’on y a mis du plomb de différentes qualités , tels que celui de vitrier et celui d’essai, un excitateur de l’un ou l’autre de ces. .me taux a produit des effets n marqu . blés , et lorsque ces deux plombs , en changeant les. métaux dif- ferens ne prodnrsoient puis, rien dans .une des armatures., en substituant au plomb, l’ar- gent , l or , le bismuth , l’antimoine ou le zinc, 011 a .obtenu encore des mouvemens tiès vifs, qui ont mis f ■ nima l p n état d’éprouver de lé- gères convulsions, lorsqu’on a remis une se* coude fois les deux premiers plombs- de di- verse .nature. -, • .-j'ivr.ôr* Septième expérience. M. "V al 1 i ayant laissé, reposer quelq.ues inomens- 1 rt grcncvviillç t elle s’est trouvée en état d’éprouver des convul- sions rusez vives lorsqtrelle a été sqmnise de de nouveau aux mêmes expériences. Huitième expérience. ,La force . électrique ©tant plus pi ès d être épuisée. dans l’animal , M. Walli est arrivé au point ou les métaux, cliffé- rens , en rappellant les ..convulsions par. leur at- touchement, ne lui laissoient pas après eux la propriété de donner encore des mouvemens avec les armatures de plomb dj vitrier et de plomb d’essai. Neuvième expérience . Enfin l’acl ion électih ue a tout à-fait disp ou ; dans l’ordre suivant le plomb de vitrier , fouinant toujours l’une des aimatures : i°. Le plomb d’essai a cessé de donner. E 3 72 La M e d e c i n e pouyqlt être l’état d’électricité de l’amittal soumis à l’expérience, il a été plongé clans un vase qui contenoit tin électromètre de M. Cou- lomb , successivement "électrisé positivement et négativement : dans les deux cas l’animal a attiré la boulé de l’électromètre , ce cpii. a prouvé que l’électricité étoit dans un parfait repos, avant et pendant l’expérience, et c|ue le système du corps sur lequel elle se faisoit préseiitoit absolument le phénomène de la bouteille clë Levcle. ] Jiæ-srptième 'expérience. Le nerf crural gau- che' d’une grenouille 'vivante , Vivant" été lié fortement, l’àniniajf a perdu la faculté de mou- voir naturellement la! partie inférieure à la li- gature ; mais ce nèrf étant armé comme dans les autres expériences , leS moüvërnéni ont été excités lorsque la coiurpunication a été établie cfutre le muscle et la1 partie supérieure à la T ; .'.•ù .n A ■ • y 4 , i ligature. T : Diæ-îiuiLième expérience. La ligaturé ayant été'' faite sur; le .ne'rf gauche,f assez près du muscle pour le toucher , et dans le droit , do manière .que le nerf fût dégagé .et visible , la' partie "anche' paralysée es, t rëstéié tfdri'Ritêiïiént' f - f.-arrn i . mi • • r " i • < ■icro1) :ri. i '-c: îmm^bne^ , et toUs les mouyemèns convulsifs cxôites "par la: VômmUnïdàtion 'gé'soiir portés sur la partie droite : le mêrné" )]nh'n ’,ga'uèlié ayant ensuite été dépouillé plus 'avant de, la partie musculaire qui l eiivironnoit^ g repris sa faculté conductrice , et laissé ‘le mouvement communiqué agir d’.ime inditier e, tressa clive ; lorsqu’on repoussoir la ligaturé contre le muscle., le membre'* perdoit la' faculté de se mouvoir. " Dix-neuvième expévièiice. Un! dés nerfs çni- ràux ayant été armé d’une plaque de plomb , 4- » i É C L A I II É E , e^Cl 70 M. 'Va'lli l’a rnis en communication avec T antre nerf 'crural non armé, et il a obtenir des mou- vements convulsifs très- considérables. , Vingtième expérience. Un même , nerf armé de deux plaques de plomb à différentes hau- teurs dans le muscle , a été violemment agité 'lorsque les deux parties ont été mises en com- munication par l’excitateur.; les mêmes effets ont eu lieu quoique le nerf fut entièrement dépouillé dans tonte sa longueur de la partie musculaire qui renvironnojt. Vingt*- deuxième expérience t La cuisse d’une [grenouille présqii’entièrement dépouillée de sa partie musculaire , et dont le nerf crural étôit armé d’une 'plaque métallique, oscilloit avec forcé 'lorsqu’on lui présent oit un con- 1 cl ucteur dé métal. 'U . Vingt-troisième expérience. On a essayé d’é- tablir la même communication sur un animal vïvân t et à sang chaud ; un homme s’est placé sur la table et les' armatures disposées sut lui de la même manière que dans les expé- riences précédentes , n’ont produit aucun mou- vement lors de leur réunion par le moyen dé l’excitatérr - le mê'rilè essai , tënté sur le cochon d’inde (càvia çdbayà , Li'nn. édit.' i3. ) n’a pré- senté- aucun résultat satisfaisant. C H I M I E. Extrait, d’un rnerhoire par M. Margueron , pharmacien aux invalides , sur V examen chimique de la sérosité produite par les remèdes vésicans , lu à r académie le 19 juin 1792,. Les remèdes vésicans appliqués sur diffé- 7 4 La Médecine rentes parties du corps , y produisent ordi- nairement de la chaleur , de la douleur , de rinflaimnation , et l’élévation de vessies rem- plies d’un liquide connu sous le nom de sé- rosité ; M. Margueron a eu la facilité de se procurer une assez grande quantité de ce fluide dans les infirmeries des invalides. Le sujet qui a fourni la sérosité étoit jeune , d’une foible constitution , et affecté d’une maladie putride: des emplâtres vésicatoires appliqués aux jambes du malade , produisirent bientôt l’effet ordi- naire ; lorsqu’au bout de douze heures on leva l’appareil , on apperçut une vessie qui ayant été ouverte, laissa découler une liqueur demi-transparente , d’une couleur ambrée : on y reconnut l’odeur des résines et des can- tharides , qui entrent dans la composition des vésicatoires 5 sa pesanteur spécifique étoit plus grande que celle de l’eau distillée , et étoit à ce dernier liquide comme trois cents sont à deux cent quatre-vingt huit ; sa saveur étoit salée, elle veidissoit la teinture de violettes. Il se forme dans la sérosité, quelques temps «près qu’elle est rendue , un réseau qui, se re~ tirant sur lui-même, produitune pellicule qui se précipite au fond du vase. M. Margueron , apres avoir reconnu que cette liqueur se me- loit à l’eau ; que ce mélange moussoit par l’a- gitation j que l’eau bouillante , les acides et 1 alcool y détermin oient un sédiment floco- nenx • qu’un degré de chaleur inférieur à celui de l’eau bouillante la coaguloit , se détermina à comparer cette liqueur à cette partie du sang connue sous le nom de sérum , et à faire un examen chimique de la sérosité produite par les remèdes vésicans , comparativement avec le sérum du sang eu prenant lçs précautions ÉCLAIRÉE, etC.' 75 de se procurer ces deux liqueurs de sujets du même sexe , du même âge et de la même constitution. En examinant ces deux fluides , leur odeur ne lui a point paru être la même 5 le sérum du sang n’avoit presque point d’odeur , la sé- rosite des vésicatoires avoit 1 odeur des résinés et des cantharides , que l’on sait entrer dans la composition de l’emplâtre vésicatoire. Le sérum a voit une couleur jaune verdâtre, la sérosité étoit ambrée ; leur transparence étoit la même. Le sérum non-seulement avoit plus de vis- cosité que la sérosité , mais il avoit encore une pesanteur spécifique plus considérable : ces deux liqueurs se trouvent dans le rapport de trois cent cinq à trois cent ; la saveur de ces deux liqueurs étoit salée, elles verdissoient la teinture de violettes. La sérosité donnoit une pellicule que ne donnoit point le sérum ; il existe donc , parmi les propriétés physiques de ces deux liqueurs , des différences qui sont l’espèce de pellicule que fournit la sérosité , et sa couleur ambrée , que M. Margueron croit due à l’action des vésicans sur le sérum , puisque clans l’examen qu’il a fait de plusieurs sérosités , les unes produites par des sujets malades , les autres par des sujets en santé , à qui on avoit appli- qué des vésicatoires pour des opthalmies , des rhumatismes, et autres maladies ou les hu- meurs animales ne sont point altérées , il a trouvé dans l’une et dans l’autre les mêmes caractères. Le sérum du sang , et la sérosité des vé- sicatoires , se mêlent à l’eau froide , en chan- gcntla transparence , ctlui donnent la propriété y6 La, Médecine de mousser par l’agitation,; mais avec l’eau bouillante,, ce.s liqueurs prennent une couleur laiteuse, et donnent un précipité floconeux. Exposées à une douce chaleur , elles se coa- gulent bientôt , avec cette différence que la sérosité se coagule moins promptement et idurnit un coagulum .moins abondant et de Couleur opale , tandis que celui du sérum a plus de consistance et a une couleur blanche. Mêlées à deux parties d’eau distillée , et ex- posées dans un hain d’eau*bou>llante , elles se couvrent de pellicules ; la séros lé a donné plus tard que le sérum cas pellicules , qui ont été en moins grande quantité, et qui avoient une couleur opale. Lorsqu’on a eu séparé du sérum et de la sé- rosité l’a. élimine , les liqueurs contenoient en- core d vais sels en dissolution qu’on a obtenus par l’évaporation, et qui étoient du muriate de sonde et du cnbonate de soude ; les acid- s versés dans ces liqueurs y produisent la sepniation de fil a me ns blanchâtres; l’alcool y détermine une pareille séparation. Les carlio'nati s de potasse et do soude se mêlent à ces deux fluides ; privés de leur acide carbonique ils en augmentent la flui- dité., i , '•> Exposées à un air sec , elles perdent leur humidité , et laissent un résidu éciilleux, ou on n commît la présence du nruriate de souue et du caibonate de soude. Ab indonnées à une température humide , elles pci 'délit leur transparence , se couvrent de pellicules, cliangentcle couleur , et donnent urte odeur de poisson pourri. lies résidus de d'évaporation cle cos deux li- queurs , distillés séparément, donnent un flegme ÉCLAIRÉE, etC. chargé d’ammoniaque , de l’huile 'empyienmatî- que , de l’hydiogene carbo é , du carbonate d’ammoniaque $ il reste deux charbons qui , les- sivés , donnent du znuriate de soucie et du. carbonate de soude. Ces charbons lessivés , mis ensuite à inci- nérer , laissent une cendre blanchâtre , soluble dans l’acide nitrique 5 l’acide oxalique fait, avec cette dissolution , de l’oxalate calcaire : la liqueur filtrée , et mise à évaporer , laisse un résidu un peu coloré, qui , chauffé au chalu- meau , forme un globale dont la dissolution dans l’eau distillée est précipitée par l’eau de chaux , ce qui annonce l’existence du phos- phate de chaux.1 Il résulte de ces expériences que le sérum du sang et la sérosité des vésicatoires con- tiennent chacun sur deux cents parties , Sérum. Sérosité. i°. Albumine 40 i°. Albumine 36 2°. Muriatede soude. . 4 20. iVIuriate d<- soude. . 4 3°. Carbonate de soude 3 5°. < ai bonatp de soude 2 4°. Phosphate de chaux 2 4°- Phosphate de chaux 2 5°. Eau 1 5 5°. Eau. . i55 Total 200 Total 200 L’on voit , d’après cet analyse comparée , que la sérosité produite par les remèdes vésîcans ne diffère du sérum , i°. que parce qu’elle contient uu peu moins d’albumine, 2°. par une couleur ambrée que M. Margueron attribue à l’action des remèdes yésicans. 78 ïj a Médecine MÉDECINE PRATIQUE. Obseiyation sur une maladie endémique des Asturies en Espagne , qu’on appelle jnal de larosa ( Observation de médecine et de phy- sique ect. ; par M. Thierry, vol . 11. ). On trouve dans les Asturies , outre la lèpre , plusieurs affections qui en approchent ; de ce nombre est le mal de la rosa , qui est accom- pagné d’un grand nombre de symptômes fort graves. Ce qui le caractérise est une croûte hor- rible , entrecoupée de crévasses profondes qui pénétrent souvent jusqu’au vif 5 elle peut se montrer à la tête , au visage , à l’abdomen , aux bras , aux cuisses , à la plante des pieds , à la peau des mains et aux coudes , avec plus ou moins de douleur et de fétidité ; mais tous ces signes , fussent-ils réunis , les Asturiens ne lui donnent le nom de la rosa que quand il a son siège précisément aux métacarpes des mains ou sur le dos du pied. Cette maladie commence d’ordinaire vers l’é- quinoxe du printemps, et plus rarement en d’autres saisons. D’abord on ne voit qu’une simple rougeur , accompagnée d’âpreté ; elle dégénère ensuite dans de vraies croûtes sca- breuses , sèches ou noirâtres , qui se sèchent communément en été , et pour lors le dos de la main ou du pied se trouvent absolument dépouillés de ces croûtes ou pustules : il reste à leur place des stigmates rougeâtres luisans, très-lisses , dégarnis de poil même dans les vieillards , plus enfoncés que la peau du voi- sinage , assez semblables à ces cicatrices que laissent des brûlures après leur guérison 5 ces écï/aïiiée, etc 79 cicatrices au printemps de cliaque annee se couvrent de nouvelles croûtes > qui deviennent de plus en plus horribles : elles n’occupent point constamment les deux mains , quelque- fois on les voit à une seule ou à un pied , quel- quefois aussi à deux mains et à un seul pied ; il arrive encore qu’elle s’emparent tout à la dois de ces deux extrémités. Un autre signe de la maladie , qui sans être absolument général raccompagne le plus sou- vent , consiste dans une croûte de couleur icendrée et jaunâtre à la partie antérieure et iinférieure du col, et qui s’étend le long des cla- vicules et l’extrémité supérieure du sternum, k 1 i i r** /-\ f ■* * ** M ' * t ' III. Obser valions sur l’affuiité qui se trouve entre les basaltes et le granit. , £> Les deux propositions fondamentales que l’auteur de ce mémoire croit résulter de l’ob- servation est, i°. que les basaltes ont un tel Tapport avec le granit qu’on peut suivre le pas* sage et les changemens gradués de l’un de ces rochers dans l’autre ; a°. que les basaltes et les granits sont si contigus et si confusément mêlés •f un avec l’autre qu’on ne peut que supposer Physique et Médicinale. 63 qu’ils sont le produit de la même opération de la nature , qui a agi en même temps. L’auteur re- jette aussi la division ordinaire des montagnes en primitives et en secondaires , et il prétend que les chaînes de granit , de schiste et de pierre calcaire , sont aussi anciennes les unes que les autres. IV. Observations sur certaines excroissances charnues du corps humain. Une femme âgée maintenant de cinquante ans, remarqua il y a environ quatorze ans, une substance mobile sur le côté gauche de sa tête. Cette tumeur parvint , par des accroissemens gradués, à la grosseur d’un œuf de poule ; s’étant alors rompue , il en découla un fluide épais et boueux. Après cette évacuation on apperçut dans le centre de la tumeur une petite excrois- sance de la grosseur d’un pois et d’une couleur rouge au sommet ; elle augmenta par dégrés en longueur et en épaisseur, et continua d’être souple pendant trois mois : c’est alors qu’elle prit la consistance d’une corne. Cette femme , désespérée par la violence de la douleur , tâcha de l’arracher environ deux ans et trois mois après sa première formation. Ce fut avec beaucoup de difficulté et d’efforts qu’elle parvint enfin à la rompre vers le milieu , et elle arracha en- suite la racine de sa tête , en y laissant une dé- pression considérable qui s’y trouve encore. Sa longueur, en totalité, est environ de cinq pouces, et sa circonférence aux deux extrémités est d’un pouce ; elle est un peu moindre au milieu : elle est contournée comme la corne d’un bélier. On voit naître maintenant une autre corne du bord inférieur de la même dépresssion, et celle- ci a environ trois pouces de longueur, et elle est de la grosseur d’une plume d’oie. 64 Bibliographie On remarque une troisième corne située à la partie supérieure de la suture l’ambdoïde , et d’un pouce de long, avec autant de circonférence à la base. Elle est tournée en bas , en s’élevant un peu au-dessus de la tète. On a vu naître aussi deux ou trois cornes dans le même en- droit , mais la femme les a toujours arrachées. Toutes ces excroissances cornées sont précédées de la même sorte de tumeurs enkistées qui , en se rompant, laissent écouler un fluide boueux. Les ouvertures d'où la matière découle sont très- f)ctites. Le Liste s’affaisse et se dessèche en aissant distinguer la substance charnue qui croît au milieu. Ces kistes sont peu douloureux jusqu’à ce que les cornes viennent à pousser , mais alors la personne éprouve les plus vives douleurs presque 6ans relâche. M. Home , qui rapporte cette observation , en a joint une autre qui est de la même nature ; il parle ensuite de divers auteurs qui ont fait, connoître des excroissances analogues. XXXIX. Observations sur les maladies , les blessures et le s autres imperfections des arbres fruitiers et forestiers de toute espèce , avec une méthode particulière de les guérir , décou- verte et pratiquée par G. Forisith , jardinier du T'oi de la grande Bretagne , à Kensing - tone y traduites de l’ anglais . A Paris, chez Théophile Barrois le jeune . Ces observations sont le fruit d’une longue expérience , et paroissent montrer de singu- lières analogies entre le règne animal et végétal. Elles deviennent sur-tout précieuses dans les cir- constances présentes , où il importe tant de per- fectionner la culture des arbres, puisque les bois deviennent de plus en plus rares. Physique et Médicinale. 65 XL. Histoire de V Académie royale des sciences , année M. DCC. LXXXV11I, avec les mémoires de mathématiques et de physique pour la même année , tirés des registres de cette aca- démie. A Paris , de l’ imprimerie royale , J791' Ce nouveau volume des travaux de l’académie des sciences commence par un rapport fait sur le choix cl’une unité de mesures , et sur un projet de l’uniformité des mesures et des poids, ce L’établissement d’un système de poids et de mesures uniformes dans toutes les parties de la France , et qui ayant pour base uilé unité naturelle , pût mériter d’être adopté par toutes les nations , une opinion si grande , si utile, devoit être un des bienfaits de l’Assemblée na- tionale. Pouvoit-elle négliger d’épargner au commerce du temps et des erreurs , d’établir plus d’union entre les hommes, plus d’égalité entre les citoyens , Je rapprocher les nations comme les individus , de donner enfin plus de justesse aux esprits , en répandant plus de simplicité, plus de clarté sur des opérations qui sont pour tous d’un usage habituel et né- cessaire » ? On trouve dans le même volume les éloges his- toriques de MM. de Lassone , du cardinal de Luynes, de Fouchi et de Buffon. Nous croyons devoir détacher un des morceaux de ce dernier, puisqu’il peut servir à donner une juste idée de cet écrivain célèbre, ce La première classe d’ani- maux décrite par M. de Buffon est celle des quadrupèdes; la seconde, celle des oiseaux, et c’est à ces deux classes que s’est borné son travail. Une si longue suite de descriptions Tom. III. N°. VII. Bibliographie. I 66 Bibliographie sembloit devoir être monotone, et ne pouvoir intéresser que les savans ; mais le talent a su triompher de cét obstacle. Esclaves ou ennemis de rhomme , destinés à sa nourriture ou n’é- tant pour lui qu’un spectacle , tous ces êtres , sous le pinceau de M. de Buffon, excitent al- ternativement la terreur, l’intérêt, la pitié ou la curiosité. Le peintre philosophe n’en appelle aucun sur cette scène toujours attachante, tou- jours animée , sans marquer la place qu’il occupe dans l’univers , sans montrer ses rapports avec nous. Mais s’agit-il des animaux qui sont connus seulement par les relations des voyageurs , qui ont reçu d’eux des noms différeris , dont il faut chercher l’histoire ^ et quelquefois dis- cuter la réalité au milieu des récits vagues et souvent défigurés par le merveilleux? le savant naturaliste impose silence à son ima- gination, il a tout lu , tout extrait , tout ana- lysé, tout discuté. On est étonné de trouver un nomënclateur infatigable dans celui de qui on n’attendoit que des tableaux imposans ou agréables ; on lui sait gré d’avoir plié son génie à des recherches si pénibles , et ceux qui lui auroient reproché peut-être d’avoir sacrifié l’exactitude à l’effet , lui pardonnent et sentent ranimer leur confiance En nous bornant plus particulièrement , dans ce nouveau volume , aux objets qui ont un rapport plus direct à notre Journal , nous ferons remarquer quelques mémoires d’histoire na- turelle , de physisique ou de chimie j nous y joindrons quelques notices simples , pour ré- veiller l’attention du lecteur sur les nouveautés et pour l’engager à consulter l’ouvrage même. Physique et Miêbïcïïtàei. Gy \ ù Mémoire oh Von expose une méthode ana- lytique , pour résoudre les problèmes re> loti. fs à la structure des cristaux , par M* l'abbé H an y. On sait que cette idée d’appliquer la géo- métrie à reconnoître les loix de la figure des cristaux , en attendant qu’elle puisse calculer celle de leur formation proposée d’abord par M, Bergman , a été suivie avec tant de succès par M. Hauy, qu’elle est devenue en quelque sorte son domaine. AI é moire sur la double réfraction du spath dislande , par M. l’abbé Hauy. Le phénomène d’un corps transparent , dans lequel un rayon de lumière éprouve une ré- fraction double, est très-sensible dans le cristal d’Islande , et peut être observé dans plusieurs autres substances cristallisées. Newton en a donné une explication, qui suppose que ces substances exercent sur les rayons de lumière une action particulière. Analyse de la prase et de la chrysoprase ou calchedoine verte de Cosemitz , en Silésie > dans le comté de Glatz , par M. Sage. L’espèce d’agathe verdâtre , connue sous le nom de prase , est colorée par le cobalt et le- nikel ; elle porte le nom de chrysoprase , lors- qu’elle est parsemée de taches couleur d’or , et alors elle contient de la terre /inartiale- jaune-. I a 63 Bibliographie Analyse du spath pesant, transparent et strié d’ Alston moor , par le même . Ce spath très-pur ne contient , ni terre cal- caire , ni chaux métallique, lorsqu’il est blanc et transparent. M. Sage examine clans ce mémoire les sels formés par la combinaison de ce spath avec les trois acides minéraux. Mémoire sur le muscadier myristica , par M. de la Mark. Quoique le fruit du muscadier soit en usage depuis plusieurs siècles , le monopole exercé sur le commerce des épiceries par les Hollan- dois , avoit empêché jusqu’ici de CQnnoître l’arbre qui le produit; M. Poivre l’a transporté à l’isle de F. ance , et c’est à des branches de cet arbre , < nvoyées à M. Géré , directeur du jar- din du roi dans cette isle , que nous en devons la première description exacte. Les fleurs mâles et les fleurs femelles se trouvent sur les indi- vidus séparés. Recherches sur l’espèce d’acier la plus propre à recevoir la vertu magnétique , par M . Brisson. ïl résulte des expériences rapportées dans ce mémoire, que l’acier d’Angleterre est le plus prop re à recevoir la vertu magnétique $ l’acier d’Allemagne , connu sous le nom (SI étoffe des sons , vient immédiatement après. Les aciers fondus ne peuvent acquérir que très-peu de force magnétique. Physique et Médicinale. 69 Mémoire sur la. combustion de plusieurs corps dans le gaz acide muriatique oxigênê , par M. Fourcroy. L’objet principal de ce mémoire est de mon- trer cpiie l’air ou le gaz , oul’oxigène muriatique oxièéné , sert à la combustion comme l’air vital, mais en présentant des phénomènes particuliers. Le gaz oxigène existe à la vérité dans cet air muriatique , mais dans un état de combinaison, et non simplement mêlé avec d’autres airs , comme dans l’atmosphère. Mémoire sur les phénomènes qui ont lieu dans la précipitation des dissolutions métalliques par V ammoniaque ( alkali volatil ) , par M . Fourcroy. Les phénomènes que présente la précipita- tation des métaux par l’alkali volatil, n’ont pu être bien analysés tant qu’on a ignoré que î’ alkali , formé par la combinaison de l’azote et du gaz inflammable, se décomposoit plus ou moins dans cette opération. M. Fourcroy pré- sente ici l’analyse de ces phénomènes. » Observation sur une espèce de vareck qui croît sur les côtes oc ci de n ta le s de la basse 'Normandie , et sur une petite coquille qui se loge dans le tronc de cette plante , et g prend son accroisement , par M. le Gentil. Cet auteur a observé que presque toutes les tiges d’une espèce de vareck qu^il a rencontrée sur les côtes de Normandie , servoient de re- traite à un petit coquillage du genre des pa- rjo Bibliographie telles qui., s’établissant dans ces tiges, y forme une cavité ou il vit, et à laquelle il est adhérent. Ce coquillage est d’une couleur verdâtre, très- approchante de celle de la plante. ‘Recherches su r un arbrisseau connu des an- ciens sous le nom de lotos de hybie , par M. Desfontaines. t Dans les temps où les peuples n’avoient point de communication entre eux , la nourriture com- mune des hommes de chaque pays devoit être îa graine , le fruit , la racine qu’on y trouvoit en plus grande abondance , qui exigeoit le moins de soin , dont la récolte étoit moins su- jette aux accidens. Cette nourriture commune devoit être plus variée qu’on ne l’observe au- jourd’hui, où des rapports plus longs et plus fréquens entre les peuples, les ont rapprochés davantage dans leurs habitudes. Les poètes, les historiens , les naturalistes anciens ont beau- coup parlé d’un peuple d’Afrique , qu’ils ap- pellent l otopliage s ; mais l’on ignoroit quelle étoit cette nourriture sur laquelle ils ne nous avoient donné que clés notions vagues , mêlées de beaucoup de fables. M. Desfontaines , qui a visité le pays habité autrefois par ces peuples , prouve que le lotos étoit une espèce de jujubier très-commun encore dans le pays. Manière de construire un aréomètre qui soit tel que les pesanteurs spécifiques qu'il in- dique , soient en raison inverse des volumes qu’il mesure y et qui y en conséquence y fait con- no/lre la pesanteur spécifique des liqueurs par la simple immersion , et sans qu’il soit besoin d’aucun calcul , par M Brisson. I Physique et Médicinale. 71 Sixième mémoire sur V électricité , par M. Colomb. Suite des recherches sur la distribution du Jiuide électrique entre plusieurs corps con- ducteiu's : détermination de la densité élec- trique dans les différons points de la surface de ces corps. Dans ces mémoires , l’auteur suit constam- ment la même marche. Il cherche par l’expé- rience seule la loi clu phénomène qu’il exa- mine , et ce n’est qu’après l’avoir trouvée qu’il examine , par le calcul , si cette loi est d’accord avec celle que les premières expériences lui ont fait reconnoître avec les principes généraux qu’il en a déduits. Observation sur la manière de former l' alun par la combinaison directe de ses principes constituons , par JM. Chaptal. Cette combinaison, faiteimmédiatement, excé- deroit dans beaucoup de pays ]e prix commun de l’alun. M. Chaptal propose de l’exécuter en soumettant la terre argilleuse, qui est la base de ce sel , à l’action de l’acide qui se dégage pen- dant la combustion du souffre 3 mais si 011 en- duit de plomb la chambre où cette combustion s’exécute, il en résulte une dépense trop con- sidérable encore. Il falloit donc chercher un mastic inattaquable par cette vapeur , qui l’em- pêchât de s’échapper , et que la chaleur ne pût ni gercer , ni faire couler. Un mélange de partie égale de poix résine , de térébentine et de cire , lui $ présenté tous ces avantages , et yz Bibliographie ce mastic peut devenir utile à beaucoup d’autres usages importans. XLI. Cours d'étude pharmaceutique , par E. J. , B. de la Grange , membre du college de phar- macie de Paris y 4 vol. in-8° . Cet ouvrage est particulièrement destiné aux élèves en médecine, chirurgie et pharmacie : il sera divisé en quatre parties ; la première contiendra les élémens de la physique ; la se- conde traitera des médicamens simples ; la botanique sera l’objet de la troisième partie ; la quatrième enfin contiendra les élémens de la ciiirnie pharmaceutique. Ceux qui désireront acquérir cet ouvrage, sont priés de faire leurs soumissions simples chez II. J. Jansen, imprimeur-libraire, cloître Saint-Honoré. Le prix des quatre volumes sera de quinze livres pour les souscripteurs. XLII. Verhan deling over etc. Traité des fièvres eu général y et en particulier de la fièvi'e pu - tr'uie et de la disse literie qui ont fait depuis les douze dernières années tant de ravage dans les Pays-Bas ; par M. Van-Baregem , docteur en JSlédecine , etc. A Termonde , chez la veuve Ducaju, etc. , 3 vol, in-8°. L’auteur cherche à détruire , dans le premier volume, les abus et les préjugés innombrables qui déshonorent encore la Médecine et les sciences qui en font partie. Il propose au gouvernement plusieurs moyens de les reformer. Dans les vo- lumes suivans, M. Van-Baregem ne traite que des maladies énoncées dans le titre de l’ouvrage , et une pratique paroît lui avoir fourni de fré- quentes occasions de les observer. Physique et Médicinale. Si XL VI. Observations de physique et de médecine faites en différons lieux de lé Espagne ; on y a joint des considérations sur la lèpre , la petite- vérole , et la maladie vénérienne , par M. Thiery j docteur régent de la faculté de mé- decine de Taris , médecin consultant du roi , etc. A Taris , au bureau du Cercle social , rue du Théâtre François 3 1791, a vol. in- 8°. 1 3 bien le tempérament détermine les qualités 3» de l’esprit, et combien le climat influe sur 33 les dispositions du corps Quand , après 33 un bon nombre d’observations assidues et 33 exactes autant que je l’ai pu, faites dans » la capitale et aux environs , je crus avoir 33 acquis des connoissances suffisantes sur 33 la partie centrale de l’Espagne , je de- 33 sirai de les étendre sur plusieurs autres lieux 33 de la presqu’île que mes occupations jour- 33 nalières auprès de mes malades m’empêchoient 33 de visiter moi-même. Il n’y avoit d’autre 33 moyen de remplir mes vues à cet égard 33 qu’en m’établissant des correspondances avec 33 les médecins les plus distingués de ces di- ,33 verses contrées 33. On voit , d’après ce qui vient d’être rapporté , le but que l’auteur s^est proposé dans son. ouvrage et le zèle qui l’a animé pour le remplir ; il donne des connois- sances bien plus étendues sur les maux épi- Tom. III . N°. XI. Bibliographie. L §2 Bibliographie démiques de la Castille et de Madrid que ne l’ont fait François Valiez et Louis Mercado , célèbres médecins espagnols du seizième siècle. L’auteur , après des considérations topogra- phiques sur la Castille et sur la ville de Ma- drid , donne la description d’une colique qui Ï)aroissoit épidémique dans cette capitale de 'Espagne ainsi qu’aux environs. Les malades étoient tourmentés de vomissemens presque con- tinuels ; les matières qu’ils rejettoient par le haut avec les plus grands efforts étoient re- marquables par leur couleur verte et leur té- nacité 3 ces évacuations sembloient les soulager pour quelques momens , mais bientôt la douleur les reprenoit avec la même violence : à des cris aigus succédoient tantôt un morne silence qu’ac- compagne l’expression de la plus vive dou- leur , tantôt de longs géinissemens. La cons- tipation étoit opiniâtre , et on parvenoit très-difficilement à la vaincre par des lavemens et des laxatifs. Cette colique se terminoit assefc fréquemment par la paralysie , sans que néan- moins le sentiment en fût généralement affecté ; ce qu’il y avoit de particulier c’étoit que le pouls étoit rarement concentré durant même que le malade éprouvoit des douleurs inex- primables. L’auteur fait des remarques judi- cieuses sur l’emploi de la saignée et l’usage des relâchans pris à l’intérieur, qui se trou- voient ou insuffisans ou nuisibles contre cette maladie ; il tire ses indications de la nature de* matières que les malades rendoient , de l’état actuel des symptômes et de l’analogie de cette colique avec celle qui est connue en France sous le nom de colique du Poitou , et qu’on guérit à Paris par l’émétique et de forts pur- gatifs : il adopta donc une méthode çurativ» Physique et Médicinale. 83 opposée à celle qui étoit en usage à Madrid , et il se félicite d’en avoir obtenu les succès les plus marqués : il donnoit donc l’émétique à la dose de trois ou quatre grains dans une pinte d’eau , et il distribuoit le tout en six ou sept portions afin de s’arrêter selon l’effet. Le moindre avantage fut que les vomissemens de bile verte se changeoient promptement en vomissemens de bile jaune ; le soulagement étoit marqué dès le jour même. Le soir il donnoit un calmant , les- gouttes anodines de Sydenham ou la thériaque j le lendemain des pilulles gommeuses , avec la rhubarbe et quel- ques fondans purgatifs ; il soutenoit leur effet par quelques apozêines laxatifs ; il finissoit par un vrai purgatif combiné avec la décoction du bois des Indes. Tous les malades guérirent sans exception ; dans ce nombre il s’en trou- voit plusieurs qui } affligés de ce mal plusieurs mois avant son arrivée , n’avoient pas pu se rétablir encore. On trouve dans le second volume des dé- tails intéressans sur la mine de mercure d’ Af- in aden qui ont été communiqués à M. Tliiery par le docteur Arebalo , médecin de l’hôpital royal des forçats de cette ville. Il est a pré- sumer que ces mines , plus ou' moins profon- des , s’étendent fort loin en suivant la direction des montagnes qui courent de l’est à l’ouest sans interruption considérable , car à Alicante ( placé sur la même ligne et à la même lati- tude ) , où ces montagnes vont aboutir , on a trouvé nouvellement une mine de mercure. La surface du sol offre d’abord une pierre sablon- neuse qui marche par couches d’orient en occident ; on rencontre ensuite l’ardoise , et on parvient ensuite à la mine qui est plus ou L 2 U Bibliographie moins enfoncée. La superficie étant de pierre ; aussi- tôt qu’on commence à creuser , on voit paroître en quelques endroits des «lobules de mercure pur. Entre l’ardoise et le minerai on découvre assez souvent des croûtes de terre crétacée (qu’on nomme caliches ) , desquelles il sort quelquefois des jets de mercure aussi liquide et assez abondans pour pouvoir en amas- ser par arrobes. Il n’en coule jamais de la masse du minerai où il est uni au souffre , et sous forme de cinnabre. Dans tous les lieux d’où l’on tire le minerai, la chaleur est si grande que les ouvriers sont obligés d’être nus , et malgré cette précaution ils ne cessent de suer , sur tout si le minerai est fin , abondant , et si l’air n’est pas renou- vellé. Dès qu’un petit garçon de la ville d’Al- maden est assez fort pour porter un poids de douze livres, il entre dans lamine et commence par aider les ouvriers ; son travail augmente avec les années et change d’objet par degrés , mais il y passe , sa vie , qui le plus ordinaire- ment n’est guère que de soixante ans au plus. Les maladies les plus communes chez les mi- neurs sont celles de la poitrine , la pleurésie, la péripneumonie , l’hémoptisie , l’asthme con- vulsif , la toux. On les voit aussi sujets au vomissement de sang au tremblement des membres , aux inflammations de la bouche et du gozier , d’où s’ensuivent la salivation et des ulcères semblables à ceux qu’on observe dans l’usage des frictions mercurielles contre le mal vénérien. Ceux qui sont occupés à la fonte du mi- nerai sont exposés aux mêmes maladies; le mer- cure qui se volatilise pénètre avec facilité leurs corps , au point qu’ils rendent parmi les ma- tières fécales beaucoup de mercure en petites Physique et Médicinale. 85 globules très-visibles. Un auteur rapporte aussi qu’en ouvrant des sépultures à Almaden on a cassé des os , et qu’on en a vu sortir du mercure. Qui auroit jamais soupçonné que dans un lieu où on respire pour ainsi dire avec l’air des émanations mercurielles , les vers soient un mal endémique ; c’est cependant ce que l’observation atteste. On voit journellement les malades rejetter par le vomissement des poches de lombricaux , et dans le traitement de tou- tes les maladies on doit avoir égard à la pré- sence des vers qui les compliquent. Ainsi les lièvres étant dérangées dans leur marche , leurs symptômes dénaturés et leur caractère masqué, rien de plus aisé que l’erreur , si l’on n’a soin de s’en garantir par la plus exacte observation des signes. Les maux vénériens sont extrême- ment communs dans ce lieu ; ce qui dépend du concours de beaucoup d’étrangers et de vagabonds des deux sexes, qu’on y amène de tous côtés pour travailler aux mines , in- dépendamment des troupes réglées pour les contenir. Les lia bit an s d’ Almaden sont donc infectés au point qu’il s’en trouve à peine quelqu’un qui en soit exempt. Mais en gé- néral ces maux y font moins de ravages qu’ail- leurs ; on en est quitte pour quelques dou- leurs ou une gonorrhée légère ; on y observe très-peu d’ulcères au-dehors des pustules ou des bubons. On se guérit aisément par les dé- coctions anti- vénériennes , sans qu’ils soit be- soin de recourir , sinon en des cas rares , à l’usage du mercure , employé d’ailleurs inté- rieurement ou extérieurement en frictions ; il produit à Almaden, comme dans les autres con- trées , la salivation et la sueur. 86 Bibliographie L’auteur , après clés observations curieuses de topographie médicale sur la Saragosse , la Navarre, la Biscaye , les Asturies et la Galice , finit son ouvrage par des considérations sur la lèpre , la petite- vérole et le mal vénérien. XLVII. Bibliothèque physico économique , ins- tructive et amusante, année 1 792 ou 11e. année \ contenant des mémoires , observations prati- ques sur V économie rurale ; les nouvelles , découvertes les plus intéressantes dans les arts utiles et agréables ; la description et la figure des nouvelles machines , des ins- trumens qui on peut y employer , d’apres les expériences des auteurs qui les ont imagi- nées ; des recettes , pratiques , procédés , médicamens nouveaux , externes ou inter- nes , qui peuvent servir aux hommes et aux animaux ; les moyens d’arrêter et de pré- venir les accidens , d’y remédier , de se ga- rantir des fraudes ; de nouvelles vues sur plusieurs points d’ économie domestique , et en général sur tous les objets d’utilité et d’ agrément dans la vie civile et privée , etc. etc. On y a joint des notes que ion a cru nécessaires à plusieurs articles. 2 vol. in- îz. avec des planches en taille douce . Prix , ô liv. g sols broché , franc de port par la poste. A Paris , chez Buisson , libraire , rue Plaulefeuille , n° . 2.0. Cet ouvrage forme actuellement 18 vol. in- 12 avec beaucoup de planches en taille-douce ; savoir, l’année 1782, 1 vol. ; 1788, 1 vol.j 1784^ 1 vol. ; 1780 , 1 vol. ; 1786 , 2 vol. , 1787 , 2 vol. 5 1788 2 vol. ; 1789 , 2 vol. ; 1790, 2 vol. j 1791, 2 vol. -, 1792 , 2 vol. Physique et Médicinale. 87 Chaque année se vend séparée au prix de 2 liv. 12 sols le vol. broché, franc déport par la poste. XL VIII. Galen vomaderlassen , etc. Galien sur la saignée , contre Erasistrate , traduit du latin par le docteur de Sallaba. A Vienne , et se trouve à Strasbourg, chez Amand-Kœnig , 1791 ^ petit z/z-8°. de i5o pag. : prix 1 liv. 8 sols. Les médecins connoisscnt assez ce que l’an- tique Galien a écrit sur la saignée , contre le médecin Erasistrate • mais en leür offrant cette traduction allemande le but de M. Sal- iaba est dirigé vers d’autres objets ; il s’a- git de détruire l’impression qu^a pu faire sur le peuple du Nord un écrit que M. le pro- fesseur Nowtein a fait répandre avec profu- sion en langue vulgaire , contre l’usage de la saignée. XLIX. Vratische ansreisung furden burgêr and landmaiin , etc. C’est-à-dire , Instruction pratique pour apprendre aux citoyens et gens de la campagne à se guérir radicale- ment en peu de temps , et sans secours de pei'- sohne , toutes les maladies , et même celles des bestiaux. A Ncu wied , en commission , et se trouve à Strasbourg , chez Amand- Kœnig , libraire. 1792. in- 8°. de i5o pag. : prix 1 liv. 4 sols. Le titre de ces opuscules annonce assez clâi- rementles objets dont ils traitent ; mais la table des matières les indiquera encore mieux. Une partie s’énonce ainsi : remèdes contre l’hydro- pisie, la pierre ,1a diarrhée, les convulsions. » 88 Bibliographie etc. Tout cela nous paroît tenir beaucoup du charlatanisme. L. Handbuch der practisches pharmacologie , etc. c'est-à-dire , Manuel de pharmacologie pratique , par une société de médecins pra- ticiens. A Halle } et se trouve à Strasbourg , chez Amand-Kœnig , 1792., grand in- 8°. de 55z pag. , non compris une introduction : prise 6 livres. Ce traité est divisé en trois parties. Il est fait mention dans la première des médicamens sim- ples tirés des trois règnes de la nature , exami- nés et décrits d’après toutes les qualités phy- siques qui les font distinguer, qui en déterminent un bon choix ou les font rejetter : les meil- leurs praticiens ont servi de règles pour en ad- mettre les vertus. La seconde partie traite des remèdes composés les plus estimés et les plus universellement recommandés $ la manière de les préparer , de les conserver , ensemble leurs propriétés médicinales établies avec soin. La troisième offre des méthodes pour bien for- muler. Caroli à Linné , etc. systema naturae per régna tria naturae fecundum classes , ordines , gé- néra , species cum caracteribus , dijj'e rendis , synonymis, locis , tom.J.pars VI, editio décima tertio. ; curâ J. Fred. Gosselin. A Leipsick , et se trouve à Strasbourg , chez Amand Kœnig , Libraire ; et à Paris , chez Croullebois , Libraire , rue des Mathurins 1791. Prix , 9 liv. 10 sols. Quelle recommandation, pour un ouvrage de science , que d’en être à sa treizième édition ! m r Physique et Médicinale. 89 LU. Lettre de M. Dufresnoi , médecin consul- tant des armées du roi, ancien médecin de S. J\ï. en Allemagne , etc. d ale ne ie une s , ijy 2, brochure de ix pages. M. Dufresnoi expose dans (jette lettre l’ob- jet du procès qui a existé entre le ci-devant corps des médecins établis de tous temps à Valenciennes , et Je sieur Baudouin ? méde- cin en cette ville ; nous n’entrerons point dans les détails qui pourraient n’intéresser qu’un petit nombre de nos lecteurs ^ et nous nous bornerons à parler des effets du champignon, meurtrier , employé contre la phthisie tuber- culeuse. Voici la copie d’une lettre écrite sur cet objet par M. Wattecamps , à M. Baume 3 professeur de médecine à Montpellier. Lié depuis long -temps avec M. Dufresnoi par les mêmes goûts pour l’étude des plantes , je me fais un devoir de vous écrire ce qué j’ai observé des effets du champignon meurtrier , qu’il employé pour combattre la phthisie tu- berculeuse et la vomique. Depuis trois ans j’ai eu de fréquentes occasions de m’assurer par moi-même des succès de cette plante , en sui- vant régulièrement les visites de ce médecin à l’hôpital militaire , et j’ai vu que l’éloge bien mérité que MM. les officiers de santé lui ont donné , étoit bien au-dessous des effets inat- tendus qu’elle a produits sous mes yeux. Il serait à desirer Monsieur , que les mé- decins botanistes s’appliquassent à découvrir les vertus de nos plantes indigènes , plutôt que d’aller dans les contrées éloignées en chercher de nouvelles , qui n’ont souvent d’autres avan- tages sur les nôtres que celui d’être plus rares. Tom. IV. N°. Ier . BiELiQGE.ArüïE. M q o Bibliographie C’est encore avec une plante que nous fou- lons .aux pieds et que nous payerions au poids de l’or, si elle venoit des Indes , que M. Du- fresnoi a combattu , avec le plus grand succès, les fièvres putrides épidémiques qui ont régné dans la garnison de cette ville en 1789 et 1790 , puisque sur plus de 3oo soldats qui ont éprouvé cette redoutable maladie , il n’en est pas mort im seul. Ce ne sont point là les seules découvertes utiles dont M. Dufresnoi a enrichi l’art de guérir 3 le narcisse des prés vient d’avoir le succès les plus marqué sur un épileptique de cette ville , qui avoit employé sans succès la racine de valériane sauvage , et qui depuis deux ans qu’il prend l'infusion des fleurs de cette plante , n’a ressenti que deux accès très- foibles , au lieu de 8 ou 9 qu’il éprouvoit cha- que année avec la plus grande violence. Pour ce qui est du l'Zius radie ans , dont M. Dufresnoi nous a fait également connoître les vertus contre la paralysie des extrémités infé- rieures , je sais que c’est avec l’extrait de cette plante que M. Pierre , médecin de la plus grande réputation à Mézières , vient de "guérir la paralysie de mademoiselle de Han de Mazerny , qui avoit résisté aux remèdes des plus célèbres médecins de Paris, aux bains de Bourbonne , ect. ect. M. Van-mons , secré- taire de la société de physique de Bruxelles, mande que le rhus radicans vient d’opérer dans cette ville une cure plus éclatante que celles qui sont rapportées dans l’ouvrage de toutes M. Dufresnoi. Enfin. M. de Blangy, lieutenant- général des armées du roi , assure, dans sa lettre du 10 décembre dernier , qu’il vient de faire parcher un jeune homme de 27, Physique et M é. b i c i h a l e . 9.1 ans , paralytique depuis 6 mois , en lui faisant prendre l’extrait du rhus radie ans. Signé y Wattecamps, médecin pensionnaire de la ville de Valenciennes LUI. Mémoire sur la question proposée pari’ aca- démie de chirurgie de Paris , pour le prix de 1792. , en ces termes : Déterminer la meilleure forme de diverses aiguilles propres à la réunion des plaies , à la ligature des vaisseaux et autres cas oh leur usage sera jugé indispensable , et décrire la méthode de s’en servir , par J. J. Lamole. A Pajis , chez l’auteur , rue Galande , N°. 33- De V imprimerie de Didot le jeune , zypa. Prix y o sols. Ce mémoire est divisé en trois parties \ dans la première , l’auteur examine tous les cas où l’usage des aiguilles est indiqué ; il parle-d’a- bord des plaies où l’usage de cet instrument peut devenir nécessaire , et il fait remarquer sur - tout que la suture aux parois du ventre et des intestins , comme on la pratique , ne se- conde point l’intention de la nature. Pour mieux prescrire un usage raisonné du même instrument , il examine avec attention les effets qu’ilpeut produire. Dans la seconde partie l’au- teur donne une description des aiguilles les plus propres à la réunion, des plaies. Il pro- pose un instrument commode et simple , pour les cas où il faut faire la ligature d’un vais- seau profond. Enfin il parle des liens dont les aiguilles doivent être armées } et il proscrit en même temps la suture entortillée. La troisième partie renferme quelques préceptes généraux M 2, 92 B ï B I I O G a À PHIe sur la manière cle se servir des aiguilles dans tous les cas ; elle proscrit la sature enche- villée , et propose un moyen qui doit rendre l’effet de la ligature plus certain dans le cas» d’anévrisme à une grosse artère. 35 Pour donner un exemple des préceptes que donne l’auteur , nous nous, arrêterons sur ce qu’il dit des aiguilles propres à la ligature des vaisseaux. Il est des cas simples, dit M. Lamole , où l’on pourra avec facilité et sans inconvénient se servir , pour faire la ligature des vaisseaux , des aiguilles dont on se sert pour la réunion des piales , et si toujours le vaisseau etoit super- ficiel et facile à distinguer des autres parties , il seroit inutile d’en avoir d’autre ; mais quand on doit lier un artère profonde , comme la poplitée , l’axillaire ect. , il est très -difficile et peut-être impossible de les atteindre con- venablementavec ces aiguilles: il faut pour cela une courbure rapide qui puisse aller facilement au fond de la plaie , en écartant le rnoinS possible les bords , passer sur un côté du vais- seau derrière lui , et paroître au côté opposé pour laisser le fil à sa place >3. Voici l’instru- ment simple qu’il croit pouvoir remplir ses Vues. « Une tige d’acier, longue de sept pouces , ayant une grosseur convenable pour lui donner la force suffisante avec la figure qui lui con- vient. Le corps de cette tige doit avoir la même forme et les mêmes dimensions que celui des autres aiguilles , à cela près de la grosseur ab- solue. Ses deux extrémités formeront deux ai- guilles de grandeur différente , et pour cela elles seront courbées en sens opposé de ma- nière à former deux moitiés de cercle , dont le diamètre sera d’un pouce pour la plus grande Physique et Médicinale. 93 et de neuf lignes pour l’autre. La grosseur de chacune sera proportionnée à sa longueur. Leur pointe sera mousse et non tranchante , seulement assez aiguë pour traverser le tissu cellulaire , figurée d’ailleurs comme les autres aiguilles ». Les objets exposés dans ce mémoire sontr décrits avec clarté; mais on n’y trouve pres- que point d’observations nouvelles qui puis- sent ajouter aux connoissances qu’on a déjà acquises. Des préceptes qui ne sont pas étayés sur des faits bien circonstanciés , restent tou- jours vagues et ne font qu’une foible impres- sion dans l’esprit. La ligature des vaisseaux est un point chirurgical sur lequel il a para des faits nouveaux ces dernières années , et il en a même été publié dans ce journal , dont l’auteur n’a point pris connoissance. LIV. Médical communications , -vol. 1 1 , London. Ce recueil d’observations dont on publie de temps en temps de nouveaux volumes à Lon- dres, contient indistinctement plusieurs objets de médecine et de chirurgie qui font voir les progrès successifs de l’art de guérir. Comme tous ces objets forment des articles séparés , et qu’il seroit trop long d’en donner l’extrait , nous nous bornerons à quelques exemples. Observations sur les effets du camphre appli- qué extérieurement dans quelques cas de rétention d’urine , par J. Latham , chirur- gien à Dartfort. Un homme de soixante-dix ans, d’une consti- tution délicate , mais assez bien portant , avoit toujours suivi un régime régulier , et avoit cou- q4 - B I B £ I O G R A P H I 2 tume de se livrer chaque jour à quelque exer- cice du corps , sur-tout à celui du cheval. Le 10 novembre, quatre jours avant la visite de M. Lantham , il gagna un rhume à la suite d’une pluie violente qu’il essuya étant à che- val , et le lendemain il éprouva quelque dif- ficulté'à uriner ; mais elle n’étoit pas plus grande que celle qu’il avoit fréquemment éprou- vée auparavant, car depuis quelques années 11 n’étoit point en état de retenir son urine pendant quelque temps sans inconvénient. Le 14 du même mois , il survint une réten- tion d’urine accompagnée d’efforts violens et douloureux pour la rendre , avec un pouls vif et un peu de soif. On crut convena- ble de le saigner , après quoi on lui fit pren- dre , pour le purger , un peu d’huile de succin, et on y joignit un demi-bain. Ces moyens ne produisant point l’effet désiré , le cathéter fut introduit , ce qui fit évacuer une grande quantité d’urine. On lui prescrivit ensuite un peu de manne avec de l’huile d’amandes douces de quatre en quatre heures. Le 10 le cathéter fut introduit de nouveau , et cette opération fut répétée une ou deux fois jusqu’au 37 ; 011 lui ordonna alors de pren- dre du quinquina , et on appliqua sur le pu- bis un linge trempé dans l’eau froide. Le ma- lade ne fut point soulagé , au contraire l’ir- ritation pour uriner devint plus violente , et lorsque le cathéter étoit introduit, 011 n’éva- cuoit guère plus que la moitié de la quantité ordinaire d’urine 3 le pouls étoit ainsi beau- coup plus accéléré , et on observoit d’autres signes d’une inflammation augmentée , en sorte que ce n’étoit qu’avec beaucoup de difficulté qu’on étoit parvenu à introduire le cathéter* Physique et Médicinale. ç5 M. Latham crut donc devoir reprendre son pre- mier plan de traitement, comme la saignée, la purgation avec l’huile de succin, ect. Après la se- conde saignée , le malade se trouva presque au même état où il avoit été réduit avant de prendre le quinquina. M. Green prescrivit le musc à forte dose , ayan t comme ^ il le dit, trouvé qu’il réussissoit dans des cas semblables , après que d’autres remèdes n’avoient produit aucun effet ; mais il n’eut aucune efficacité à l’égard de ce malade. Dans une de ces visites , M. Latliain dit au médecin qu’il avoit lu quelque part des exemples des bons effets du camphre contre les stranguries , en l’appliquant en topique. Il rappeila en même temps que le camphre étoit employé en général dans la pratique pour contrebalancer l’irritation des cantharides sur les voies urinaires ; on crut donc devoir es- sayer le même remède dans le cas présent de strangurie. On composa donc un liniment pré- paré avec de l’huile d’amandes et autant de camphre que cette huile pouvoit en tenir en dissolution. M. Latham prescrivit de frotter avec ce liniment , de quatre en quatre heures , l’intérieur des cuisses depuis les aines jus- qu’au genou , en faisant de même à la région du pubis. A la seconde application , le ma- lade vuida environ demi-once d’urine , et con- tinua d’en évacuer en plus grande quantité de temps en temps; l’usage du cathéter, qui avoit été introduit précédemment plus de 67 fois , ne fut plus nécessaire , et par des remèdes convenables et un régime restaurant , le ma- lade recouvra ses forces ordinaires sans éprou- ver après cela aucun retour de strangurie. Marie Croifs, d’un âge moyen et d’une cona* BiBxioGRAriiiE Phys, et Médici. ti tu Lion délicate , fut attaquée d’une rétention d’urine après s’être exposée au froid. Lorsque M. Latham fut appelle , il pratiqua une sai- gnée et prescrivit un purgatif et une appli- cation d’eau froide sur la région du pubis. C,es remèdes n’avant produit aucun soulagement , il évacua, par le moyen du cathéter, une grande quantité d’urine , et ii prescrivit ensuite un clystè're qui contenoit soixante gouttes de tein- ture d’opium , et un demi-gros de camphre, ce qui procura du repos et du sommeil , mais ne produisit aucun soulagement de ,1a maladie. M. Latam fit par conséquent usage du lini- înent camphré, comme dans le cas précédent et dans peu de temps la malade évacua un peu d’urine , après quoi ii ne fut nécessaire de recourir que deux fois au cathéter , la santé étant parfaitement rétablie. Une année après, la même affection se renouvella ; la saignée et les laxatifs furent employés de nouveau sans fcuccès : le Uniment camphré réussit alors comme auparavant , et la malade depuis cinq années est restée bien portante. La 'rétention d’urine n’est point rare après des accouchemens laborieux , et dans de pareils cas l’usage du cathéter , avec un régime ra- fraîchissant, est en général propre à soulager. Mais dans deux exemples de cette espèce , où la rétention a continué plus qu’à l’ordinaire, M. Latham a fait un usage heureux du cam- phre appliqué à l’extérieur. ( Physique et Médicinale. 97 Journal physico-médical des eaux de Plom- bières , pour Vannée 1791 y 7'édigé et publié parM. Martinet, I). M. , directeur adjoint en survivance des eaux de Plombières : avec cette épigraphe , extraite des Recherches sur les maladies chroniques , par Borcleu : le traitement des eaux minérales , employées à leurs sources , est sans contredit de tous les secours de la médecine le mieux en état d’opérer , pour le physique et le moral , toutes les révolutions nécessaires et possibles dans les maladies chroniques. A Nancy , chez H. Ilaener , imprimeur ordinaire du roi , ect. 1792., in-8°. de 92 pages. Il y a des journaux dans tous les genres, non- seulement pour la politique , mais encore pour les sciences et les arts. L’art de guérir en a plusieurs ; mais, selon M. Martinet, il lui en manque un qui paroît essentiel ; c’est un journal qui rende compte annuellement des effets occasionnés par les différentes eaux mi- nérales de la France , et des divers change- mens qui arrivent , soit dans les sources, soit dans les objets qui y tiennent de près. 11 seroit peut-être à desirer que tous les méde- cins des eaux minérales en fissent un de ce genre : les médecins éloignés des sources miné- rales seroient plus à même , d’après ces journaux, de juger de celles qui conviendroient le mieux aux malades qu’ils envoyent aux eaux. Un tel journal , d’ailleurs , ne peut être qu’une nou- velle source de lumières, sur les causes et le traitement des maladies. En attendant que d’autres médecins entreprennent la même tâche , M. Martinet, met à exécution ce projet pour Tom. IV. N°.III. Bibliographie. N ^8 Bibliographie les eaux de Plombières : il donne avis qu’il paroîtra un numéro de ces annales au com- mencement de mai de chaque année , et ce nu- méro rendra compte des effets produits l’année dernière , et chaque fait sera toujours raisonné et discuté. L’abonnement de cet ouvrage pério- dique sera très- modique , l’auteur ayant plus à cœur l’intérêt de son art et de l’humanité que le sien propre. Les eaux de Plombières jouissent d’une ré- putation très-méritée depuis plusieurs siècles pour la guérison d’une infinité de maladies chroniques 3 beaucoup de médecins en ont fait l’éloge , et nous avons plusieurs traités qui en constatent l’efficacité. Le résultat annuel de leurs effets ne peut donc être qu’extrême- ment intéressant 3 il renfermera deux parties : dans la première, M. Martinet rendra compte des changemens faits et à faire dans les bains , douches, étuves 3 des changemens qui pourroient arriver dans les sources , soit thermales , soit des eaux froides 3 desphénomènes physiques qui s’ob- serveront sur les lieux , sur-tout des variations dans la température de l’air et des saisons : •de plus on pourra y joindre quelques reflexions générales sur les causes , le siège et le traite- ment des maladies , sur les effets des eaux appliquées sous toutes les formes , sur les ré- sultats nouveaux que l’analyse pourra fournir. 13 ans la seconde partie , on donnera le détail des maladies, des effets des eaux sur ces ma- ladies , avec les réflexions que chaque sujet fera naître naturellement. La première partie commence par l’indica- tif n des changemens utiles à faire aux bains de Plombières. M. Martinet rapporte les ex- périences qu’il a pratiquées pour reconnoître Physique et MImcinaie. 99 leurs effets purgatifs , présente quelques pré- ceptes d’Hippocrate sur l’usage des bains , aux- quels il ajoute ses propres réflexions : il ter- mine cette partie par un coup d’œil rapide sur les effets généraux des eaux de Plombières dans la lésion de divers organes. La seconde - partie offre des détails de pratique 5 ce sont les observations que M. Martinet a recueillies avec soin pendant l’année 1791 ; nous allons insérer ici la suivante. cc M. Rignier , ci-devant religieux bénédictin 35 de l’abbaye de Saint-Urbain , près de Jouain- 35 ville , vint , d’après les avis de son médecin, 33 à Plombières au mois de de juin 1790. Il e>3 étoit malade depuis plusieurs années 5 sa 33 santé et ses forces dépérissoient à vue d’œil ; 33 il a voit un fonds de tristesse et de mélancolie 3» qu’il ne pouvoit. vaincre ; il étoit sujet à 33 des spasmes nerveux très -violens , un vice 33 dartreux se manifestoit à la peau , et il 33 portoit depuis quatre à cinq ans sur la joue 33 gauche un bouton de la grosseur d’un petit 33 œuf de pigeon , qui laissoit’ suinter conti- 33 nuellement une humeur séreuse très -âcre. Il fit usage pendant vingt - six jours du. » bain et de la boisson des eaux thermales , en 33 observant un régime très-sobre. Il partit 33 après ces vingt-six jours pour s’en retourner 33 à sa maison ; il ne se sentoit nullement sou- 33 lagé. Ce ne fut qu’après environ six semaines 33 que son sommeil , qui étoit très- agité , devint 33 tranquille ; ses affections nerveuses devinrent 33 moins fréquentes ; un mieux.- être général se 33 fit sentir , le bouton qu’il portoit à la joue 33 diminua, et finit par disparoître entièrement. 33 On vouloit lui établir un cautère , dans la 33 crainte que l’humeur ne se portât ailleurs 5 N 2 îoo Bibliographie G, et sur quelque vicère intéressant , mais il os s’y est refusé et a continué de jouir d’une mentielles qui irritoient les nerfs et trou- 33 bloient les fonctions de l’économie animale. 33 Le cautère n’étoit pas mal indiqué ; mais il 33 est toujours préférable de rétablir les excré- 33 tions naturelles plutôt que d’en établir d’ar- 33 tificielles $ la nature une fois accoutumée à 33 ces portes de den'ière , néglige de suivre 33 ses voies ordinaires 33. Ce journal ne peut que grossir la masse des bons écrits relatifs à Part de guérir, et nous ne pouvons qu’engager M. Martinet de con- tinuer son travail. MÉDECINE. Dissertatio medica de curatione icteri maxi- me per vitellum ovi : Dissertation de mé- decine sur la guérison de la jaunisse , opérée sur - tout avec les jaunes d’œufs 5 par J\I. Gustave Schwartz , de Riga en Livonie , doc- teur en jnédecine et chirurgie . A Jena , chez Goepferds , 1791.' in-4°. de 21 pages. Cet opuscule, qui traite d’une maladie sou- vent opiniâtre , renferme treize paragraphes* Physique et Médicinale. îoi Les affections physiques et morales qui peuvent produire la jaunisse sont si variées qu’il est difficile de fixer leur nature avec précision ; le plus souvent ce sont des obstructions dans le parenchime du foie , produites par une bile épaissie ou par des calculs biliaires. Lorsque la vésicule du fiel regorge de bile , et que le canal cholédoque est obstrué par des calculs et des vers , ce sont autant de causes qui don- nent l’ictère. La nostalgie , une vie sédentaire , les pas- sions d’aine languissantes , des études forcées , la morsure de quelques animaux, engendrent aussi la jaunisse. La jaunisse simple n’est nullement dange- reuse , il est infiniment rare d’y voir succom- ber les malades ; il est fort facile de la guérir par le moyen des jaunes d’œufs : ce médica- ment qui est alimentaire , a été employé avec succès par M. Whit , célèbre médecin anglois. La manière de s’en servir consiste simplement en des œufs frais , délayés clans l’eau , donnés deux à deux , quatre à cinq fois dans la jour- née. M. Whit tenoit ce remède d’un officier de vaisseau qui avoit été guéri d’une jaunisse assez opiniâtre , et M. Whit lui - même en avoit éprouvé l’utilité sur lui et sur plusieurs malades. Un raisonnement simple l’avoit décidé à adopter ce remède : il est de fait qu’à l’aide du jaune d’œuf 'on dissout les résines $ il est certain que la bile épaisse approche beaucoup des résines. Ce médicament n’a aucun succès dans la jaunisse accompagnée de squirres au foie , de concrétions dans la vésicule du foie. M. Schwartz rappelle donc la méthode de guérir la jaunisse avec les jaunes d’œufs , due à M. Whit , et ne manque pa3 de citer les foa Bibliographie cures opérées avec ce moyen , par MM. Ma- ret et Dufande , savans médecins de Dijon. Le premier malade traité par eux étoit un jeune homme que quelqu’ affection de l’ame avoit jetté dans la jaunisse ; elle a cédé à l’usage des œufs en moins de quinze jours. Le second étoit aussi un jeune homme qui étoit tombé de cheval sur son côté droit , et avoit négligé les remèdes capables de prévenir les suites de la commotion et d’une espèce de contusion du foie. La jaunisse étoit des plus fortes , la couleur de la peau et de la conjonc- tive extrêmement foncée , les urines presque noires, les déjections rares et très-blanches, des démangeaisons considérables fatiguoient le malade. Tous ces accidens ont cédé à l’usage des œufs : le ventre est devenu plus libre au septième jour , et environ le quinzième il est survenu une diarrhée bilieuse considérable ,, qui a occasionné des coliques assez vives pour obliger à recourir aux saignées et aux caïmans , après quoi le malade a été parfaitement guéri. Trois autres malades ont été également guéris avec le même secours. Ces médecins associoient à ce remède , les tisanes simples de racine de fraisier et de chiendent, le petit lait et le régime. M. Schwartz rapporte ensuite quelques cures opérées avec les jaunes d’œufs , rappelions . celle-ci. Un jeune homme âgé de vingt ans, avoit perdu l’appétit , étoit accablé de nausées et d’éructations , symptômes qui dénotoient que l’estomac étoit malade et débile : M. Schwartz lui prescrivit des stomachiques , parmi les- quels l’essence amère et l’essence d’écorce d’o- r anges tenoient le premier rang. Ces médi- Physique et Médicinale. îo3 camens ne firent aucun effet , et la jaunisse survint : pour y remédier, M. Schwartz fit pren- dre en premier lieu la teinture de rhubarbe mêlée avec la liqueur de terre foliée de tartre ; en même temps une décoction de racine de chicorée, de dent de lion , de chiendent, avec la semence de fenouil , ce qui ne produisit aucun bien. Il eut alors recours aux jaunes d’œufs ; il en fit prendre un délayé dans un mortier de marbre , avec un peu de sucre et deux onces d’eau , pour une dose à prendre deux fois avant midi , et trois fois l’après dîner. Le malade usoit en même temps de la décoc- tion apéritive ci-dessus. Il continua ces médi- camens pendant quatre jours, et la jaunisse se dissipa. Nous ajouterons ici que M. Martin , habile médecin des hôpitaux militaires , emploie journellement , avec le plus grand succès , l’u- sage des jaunes d’œufs contre la jaunisse: les guérisons qu’il en obtient journellement sont connues. Suite de V annonce d’un ouvrage an glois qui a pour titre : Médical communications. Description d’une espèce d’ érésipelle qui s’est manifesté parmi les enfans dans V hôpital des femmes en couches à Londres. Cette maladie a paru très-meurtrière 5 le remède le plus efficace qu’on ait pu lui op- poser a été le quinquina , en donnant en clys- tère une forte décoction de cette écorce , ou bien en faisant prendre son extrait à l’intérieur. Terminaison favorable dune blessure faite et l estomac par un instrument tranchant. Cette blessure a été suivie des symptômes 9m "'À ïo4 BxÈxiOGRAniiE Phys, et Mébici. les plus all9.rm.ans le pouls étoit très-foible et très-languissant , avec une grande prostration des forces , le froid dès extrémités , et une douleur poignante dans ce qu’011 appelle vul- gairement le creux de l’estomac ; toute les subs- tances liquides qu’on donnoit au malade étoient promptement rejettées , et on fut obligé de soutenir ses forces avec des bouillons donnés en clystère. On appliquoit des fomentations chaudes sur la région épigastrique. On faisoit tremper de la flanelle dans du lait et* de l’eau chaude , et on l’ appliquoit aussi sur les bras et les jambes. On tenoit sous la plante de ses pieds des briques chaudes. Le deuxième jour de sa blessure , le malade parut très-sensiblement soulagé j il fut alors en état de prendre un peu de gelée faite avec de la viande de veau. Les clystères nourrissans furent continués jus- qu’au seizième jour : en les répétant moins fréquemment depuis cette époque , jusqu’au quarantième jour 5 le blessé vécut avec du pain, du lait et une légère bouillie 5 le soixantième jour il jouissoit d’une bonne santé. Observation sur la rupture des corps caverneux du jnembre viril. V Cette rupture fat occasionnée par une chute violente au moment où la verge étoit dans un état d’érection. L’écoulement de J’urine fut dif- ficile jusqu’à ce que les corps caverneux eussent été dégorgés du sang qui y étoit épanché. s I ■ ■ * I i ; 1 ÉStSSIa wstâtfi HS m^î r3îvfv §t w- '¥' àbsfe Ste^Sl*' UK! ÏMRT IC f L)(V) p .S ÏA >É T O AMA/y MmRRUTS B OU KJ J) VOCjE THti.tl . psg* F ¥#' ifife Mil • ^ii- ■ v i- • • ■ ^sasv;# m mm Üü® ' HB