f.é ©lasaow IHniverstts Xtbcarç l(o'^ ' ^ ^ Digitized by the Internet Archive in 2016 https://archive.org/details/b24923461_0002 LEÇONS D’ANATOMIE ^ COMPARÉE DE G. CUVIER, MEMBRE DE L^INSTITUT NATIONAL, Professeur au College de France et à FÊcoîé centrale du Panthéon, etc. Recueillies et -publiées sous ses yeux par C. Dumèril y Chef des travaux anatomiques de VEtCole de Médecine de Paris, TOME IL Contenant LES ORGANES DES SENSATIONS. PARIS. CROCHARD, Libraire, rue de l’École de Médecine, n® 8. FANTIN , Libraire , quai des Augustins , n® 55. BAUDOUIN, IMPRIMEUR DE L’INSTITUT, AN XIVv i8o5. U /. ■ t ' 1 TABLE DES MATIÈRES Contenues dans ce second volume. H; pages. -UITIEME LEÇON. IDe la tête, considérée comme réceptacle des principaux organes des sens. . i,' 'Article I. Du crâne ^ de sa forme et de ses proportions avec la face 2. Article IL Des os qui composent le crâne i5. A. Dans l'homme ibid, B. Dans les mammifères 1°. Nombre des os du crâne des mammifères. , ibid. 2°. Connexions des os du crâne des mammifères • 22. 3°. Forme des os du crâne des mammifères . • 24. C. Dans les oiseaux 27, D. Dans les reptiles. 29. E. Dans les poissons , 32. Article III. Des éminences et des enfoncemens de V in- térieur du crâne. . 33. A. Dans l'homme B. Dans les mammifères 35. C. Dans les oiseaux 40. D. Dans les reptiles, 42. E. Dans Us poissons ibid. 2 a Table Article IV. Des trous de la base du crâne . . A. Dans l'homme B. Dans les mammifères et les oiseaux. . . 1®. Trous optiques . . • • 2®. Fente sphéno-orbitaire, ....... 3°. Trou rond »... 4°. Trou ovale. . 5°. Trou déchiré antérieur 6°. Canal carotidien . 7°. Trou déchiré postérieur 8®. Conduit auditif interne C. Dans les reptiles et les poissons . . . , Article V. Des os qui composent la face. . . A. Dans l'homme. B. Dans les mammifères. . C. Dans les oiseaux D. Dans les reptiles E. Dans les poissons Article VI. Des fosses de la face A. Dans l'homme. . • B. Dans les animaux 1°. Fosses nasales 2°. Fosses orbitaires 3°. Fosse temporale Article VIT. Des trous de la face, A. Dans l'homme. .• J B. Dans les animaux 1°. Fente sphéno -maxillaire 2°. Trous orbitaires internes 3°. Trou incisif 4°* Trou sous-orbitaire . 5^, Canal sphéno-palatin. ....... pages . . ibid, • • 47- . . ibid. . . 49. . . 5o. . . 3i. . . 52. . . 53. . . ibid. . . 54. . . 55. . • 56. . . ibid. . . 61. . . 68. . O 71. . . 74. • • 77- . . ibid. . . 78. . . ibid. . . 82. . . 84. . . 85. . . ibid. . . 86. ibid. 88. 90. 9^ i)Es Matières. NEUVIÈME LEÇON. Du cerveau des animaux ver- tébrés . pages 93, Article I. De V organisation du système nerveux en général ihid. Article ÎI. Du système nerveux considéré en action . io4< ApvTicle IIL Comparaison générale des di^érens systèmes nerveux 121, Article IV. Description du cerveau de Vhomm.e. . . i25. A, Le cerveau de L'homme vu a sa face supérieure , ibid. B. Le cerveau de l'homme vu par le côté.. . . , 126. U. Le cerveau de l'homme vu par sa base. . . . 127. D. Développement du Cerveau.. ........ i3i. E. Coupes du cerveau i38, 1°. Coupes verticales ibid. 2°. Coupes hori-pontales . ... <>...... i4o. F. De l'origine des nerfs. i43. i°. Du nerf olfactif. ........... ibi'd. 2°. Du nerf optique * . . . ibid, 3°, Du nerf oculo - musculaire, . i44* 4®. Du nerf pathétique ibid, 3®. Des nerfs trijumeaux. i45. 6®. Du nerf abducteur ibid. 7«. Du nerf auditif, ou portion molle de la septième paire 146, 8°. Du nerf facial , ou portion dure de la septième P^'^re ibid, 9°. Des nerfs glosso-pharyngien , vague et spinal, vulgairement nommés nerfs de la huitième P aire . ibid. xQd, Du nerf grand hypoglosse 147. €t IJ iv Table Article V. Du cerveau des mammifères, . . . pages i47« Proportion de la masse du cerveau avec le corps. 148. 2”. Proportion du cerveau avec le cervelet et la moelle alongée i52. 3°. P orme générale i55. 4*^. Circonvolutions 157. 5®. Développement des parties intérieures • • . i58. 6°. De la base du cerveau, et de t origine des nerfs Article VI. Du cerveau des oiseaux, 160, Article VIL Du cerveau des reptiles 164. Article VIII. Du cerveau des poissons 166. 1°. Nœuds des nerfs olfactifs 168. 2°. Eminences de V intérieur des hémisphères. .169, 3°. Cervelet 1 70. 4°. Tubercules situés en arrière du cervelet . . .171. 5°. Origine des nerfs . ibid. Article IX. Résumé des caractères propres aux cerveaux des quatre classes d'animaux vertébrés 172. Article X. Des enveloppes du cerveau 176, Article XI. Des vaisseaux du cerveau i8i. Article XII. De la moelle épinière. 188. 1®. Vaisseaux de la moelle épinière . • • . • 190. Enveloppes de la moelle épinière 191, DIXIÈME LEÇON. Distribution des principaux nerfs dans les animaux vertébrés . j 98, Article I. Du nerf olfactif, ou de la première paire de l'encéphale 194. A. Dans l'homme et les mammifères, .#.••• ibid. V des Matières. B. Dans les oiseaux pages 196. C. Dans les reptiles, ibid, D. Dans les poissons ibid* V Article IL Du nerf optique^ ou de la seconfie paire de t encéphale . 197* Article III. Des nerfs de la troisième , quatrième et sixième paires. , . ..... 199. I. Du nerf oculp - musculaire , ou de la troisième paire ibid. IL Du nerf pathétique^ ou de la quatrième paire* . 200. III. Du nerf abdu^:eur ^ ou de la sixième paire* . 201. Article IV. Des nerfs de la cinquième paire y ou tri- jumeaux ibid. , I. Du nerf ophthalmique , première branche de la cinquième paire 202. A. Dans Ihomme. ibid, B. Dans les mammifères, 204. IL Du nerf maxillaire supérieur y deuxieme branche de la cinquième paire. 206, A. Dans V homme. . , • . . ibid. B. Dans les mammifères . 209. III. Du nerf maxillaire inférieur y troisième branche de la cinquième paire. 211. A. Dans l'homme. . . . . . ibid. B, Dans les mammifères .21 3. IV. Du nerf de la cinquième paire dans les oiseaux . 2i5. V. Du nerf de la cinquième paire dans les reptiles .216. VI. Du nerf de la cinquième paire dans les pois- sons . 2i8. Article V. Du nerf facial y ou petit sympathique de Winslow 222. A. Dans l'homme. ibid. a iij V Table B. Dans les mammifères pages 226. C. Dans les oiseaux et dans les reptiles 228. D. Dans les poissons ibid. Article VI. Du nerf acoustique, ou portion molle du nerf auditif • 229. Article VII. Du nerf vague, appelé vulgairement la huitième paire ou pneumo-gastrique 23o, A. Dans tkomme * ibid, B. Dans les mammifères 233. C. Dans les oiseaux et les reptiles 234. D. Dans les poissons ibid. Article VIIL Du nerf glosso-pkaryngien 23;^. Article IX. Du nerf hypoglosse , ou de la douficme paire 240. Article X. Des nerfs sous-occipital et cervicaux. • . 242, K. Dan's V homme. . ibid, B. Dani Us mammifères 245. C. Dans les oiseaux 24^' D. Dans les reptiles. ibid. P. Dans Us poissons 247. Article XL Du nerf diaphragmatique 248. Article XII. Des nerfs dorsaux et lombaires. . • . 25o, A. Dans r homme ibid, B. Dans les mammifères et les oiseaux , . . • . 252. C. Dans les reptiles 253. D. Dans les poissons ibid. Article Xlll, Des nerfs pelviques et caudaux. . . . ibid.. Article XIV. Du plexus brachial, et des nerfs du membre thoracique. 12.5p. A. Dans l'homme. ikid, 1®- Du nerf médian. ........... 258^ DES Matières. vlj îi*. Du nerf cubital pages 260, 3°. Du nerf radial 261. 4°. Du nerf axillaire 262. 5®. Des nerfs thoraciques et scapulaire .... ibid. 6^, Du nerf cutané externe ou musculo-^cutané . 263. 7°. Du nerf cutané interne « . . • ibid, B. Dans les mammifères 264. C. Dans les oiseaux 266. D. Dans les reptiles 268. E. Dans .les poissons 272. Article XV. Des nerfs du membre abdominal . . . 275. A. Dans t homme, ibid. 1 Du nerf sous - pubien 3 ou obturateur.. . . . ibid. 2®. Du nerf fémoral antérieur, ou crural . . . 276. 3°. Du nerf ischiadique ou sciatique ibid. 4°. Du nerf tibial , ou poplité interne .... 277. 5®. Du nerf péronier, ou poplité externe . • . 278. B. Dans les mammifères. 279. C. Dans les oiseaux. 280, D. Dans les reptiles, 282. E. Dans les poissons 284. Article XVI. Du nerf grand sympathique , appelé encore grand intercostal ou trisplanchnique 285. A. Dans Vhomme ibid. B. Dans les mammifères 289. C. Dans les oiseaux. 298. D. Dans les reptiles, . . . . . . , . . . . . 296. E. Dans les poissons 297, ONZIEME LEÇON. Description des systèmes nerveux des animaux sans vertèbres 298. Article I. Cerveau et nerfs des mollusques céphalopodes . 299. a ip viij Table Article II. Cerveau et nerfs des mollusques gastéro^ ■podes pages 302. j A. Dans le limaçon d coquille, ••••.•.. ihid, B. Dans la limace 3o3. ) C. Dans l'aplysie . . . . 3o4. D. Dans la clio boréale 3d5. I E. Dans la dorîs ibid, j F. Dans la scyllée 3o6. \ G. Dans Voreille de mer ibid, H. Dans le bulime des étangs 3o8. Article III. Cerveau et nerfs des mollusques acéphales . 309. A. Dans les anodontes,' ibid, B. Dans les ascidies 3 12. I C. Dans les tritons ibid. Article IV. Cerveau et nerfs des crustacés., , , , , A. Dans V écrevisse ordinaire. . . B. Dans le crabe ordinaire, C. Dans le cloporte D. Dans les monocles Article V. Cerveau et nerfs des larves dl insectes , . A. Coléoptères • 1®. Larve du monocéros . 3°. Larve du cerf-volant 3®. Larve du grand hydrophile . , Larve du dytisque bordé B. Orthoptères et hémiptères C. Hyménoptères D. Névroptères E. Lépidoptères F. Diptères 3i4. ‘ ibid, 316. 317. I ibid, \ 318. I ihid. ! ibid, 320. ■ I 321. 322. 324. ibid, 325. I 327. 332. Article VI. Cerveau et nerfs des insectes parfaits. , 334. A. Coléoptères ibid. IX des Matières. 1°. Dans U cerf-volant. pages 334. Dans le scarabée monocéros, ... .... 336. 3®. Dans les dytîsques et les carabes 337* 4°. Dans le grand hydrophile ^^9. B. Orthoptères. C. Hémiptères 346. D. Lépidoptères ^^7* E. Névrapteres. F. Hyménoptères ^*^^*^* G. Diptères H. Aptères a mâchoires Article VII. Cerveau et nerfs des vers 353, 1°. Dans V aphro dite hérissée . ibid, a®. Dans les sangsues 355. 3®. Dans le lombric terrestre ........ 356. 4°. Dans le dragonneau 357. 5°. Dans les néréides et les ampkinomes . . . ibid. 6®. Dans le lombric marin ibid. 7°. Dans l'ascaride lombrical ibid. Article VIIÎ. Des animaux dans lesquels on n'a point encore reconnu de système nerveux distinct . • • . 359. DOUZIÈME LEÇON. De l'organe de la vue, ou de l'œil. 364* Article I. Idée générale de la vision ....... ibid. Article IL Du nombre, de la mobilité, de la gran- deur relative, de la position et de la direction des yeux dans les divers animaux 370, Article III. De la forme totale du globe de l'œil, de la forme et de la proportion de ses chambres , et de la densité de ses parties transparentes A. Forme ibid. X Table B. Proportions pages 38o. C. Consistance, 382. Article IV. De la première tunique de l‘œil , ou de la sclérotique. . 385, Article V. De la cornée transparente et de la con- jonctive, . . 3^0. Article VI. De la seconde tunique de Cœil , ou de la choroïde et de ses annexes 3ç4. A. Dans Vhomme ihid. B. Dans les animaux . .... 398. 1°. Des procès ciliaires ibid, 2°. De la ruyschienne 4®0. 3°. Du tapis. . 4oï* 4°. De la glande ckoroïdienne des poissons • . 4^3, Article VII. De Viris ^ de la pupille et de leurs mouvemens A. Texture de l'iris . . . , . ibid. E. Fibres de Vuvée 4°^» C. Mouvemens de Viris ........... ibid% D. Figure de la pupille 4^®* E. Membrane pupillaire 4^^* Article VIII. De Ventrée du nerf optique dans Vœil^ de V origine de la rétine j de sa nature et de ses limites . . 4* 2. A. Entrée du nerf optique ibid, 1°. Dans les mammifères ibid, 2®. Dans les oiseaux ,....4i4* 3®. Dans les reptiles et les poissons 4^7- 4°. Dans les seiches 4i3. B. Rétine ibid. Article IX. De la nature des parties transparentes ^ de leurs membranes A. Humeur vitrée • • • 4^0. B. Cristallin. 4^5. C. Humeur aqueuse • • Article X. De la suspension du globe de Veeil et de ■ ses muscles. .4^4» Article XI. Des paupières et de leurs mouvemens • • 4^^« A. Dans l’homme ibid. B. Dans les mammifi^es C. Dans les oiseaux, . 4^®* D. Dans les reptiles » 4^2- E. Dans les poissons • 4^4* F. Dans les mollusques. ioid. Article XII. Des glandes qui entourent l’œil. • . . 4^^» A. Dans l’homme ibid, B. Dans les mammifères. 4^^* C. Dans les oiseaux, .h. 44®»^ D. Dans les reptiles . . 44i» Article Xîîî. De l’œil des insectes et des crustacés . ibid. TREIZIEME LEÇON. De l’organe de l’ouïe^ ou de l’oreille 446» Article I. Du son, et de l'ouïe en général. .... ibid. Article II. Des diverses formes de la membrane qui renferme la pulpe auditive ^ ou du labyrinthe mem- braneux 4'^3* A. Dans les écrevisses. . ibid. B. Dans les seiches, 4^4. C. Dans les poissons a branchies libres ibid. D. Dans les poissons a branchies fixes 460. E. Dans les reptiles, .462. F. Dans les oiseaux 464- G. Dans les mammifères. 46-^- xîj Table Article III. De la manière dont le labyrinthe mem* braneux est renfermé dans les os ^ ou du labyrinthe osseux 4^9» A. Dans les poissons à branchies libres, • • . • ibid, B. Dans les chondroptérygiens 47^* C. Dans les reptiles 47^* D. Dans les oiseaux et dans les mammifères. . . ibid. Article IV. Des cavités situées entre le labyrinthe et V élément extérieur , ou de la caisse du tympan et de ses appartenances l^jo. A. Dans les reptiles, 479* B. Dans les oiseaux, • . • , 48'. c. Dans les mammifères, • • • . 4^^» 1°. Extérieur de la caisse 4^^* a®. Divisions intérieures et cellules mastoï- diennes 4^7* 3®. Configuration et proportions des fenêtres. • #4^9* 4®. La trompe d’Eustache . 491* D. Description de la caisse des cétacés 49^* Article V. Du tympan et de son cadre osseux . . . 49^* Substance du tympan ibid, 2°. Surface et direction du tympan. ...... 49^* 3°. Cadre du tympan 496. Article VL Des osselets qui établissent une commu- nication entre le tympan et la fenêtre ovale ^ et de leurs muscles 499* I. Les os,. ', ibid. A. Dans les mammifères * . . .* ibid, 1®. Le marteau 5oo. 2®. Venclume 5o3. 3°. Dos lenticulaire. . 5o4. 4®. L‘ étrier • 5o>5, DES Matières, xiij B, Dans les oiseaux . ® . • pages 5o5. C. Dans Us reptiles, 5o6. IL Les muscles 5o8. Article VIL Du méat auditif externe ^ de la conque de V oreille et de ses muscles 5ii, 1°. Le méat externe osseux 5i3. 2°. Le méat externe cartilagineux et la conque. . 5i5„ a. La grandeur, . . • 5i6. b. La direction ibid, c. La figure . • 517'. d. Les éminences 5i8. e. La composition. ^19, 3°. Les muscles 520. A. Dans Vhomme. îbid„ B. Dans les mammifères 52 1, a. vo/zf de la tête a Vécusson 523, b. Qui vont de la tête d la conque ou au tube de Voreille 523. c. Qui unissent Vécusson d la conque ou au tube 526. U. Les superficiels .......... ibid,. /3. Les profonds ibid, d. Qui vont d'une partie de la conque d une autre ibid„ ApvTicle VIII. De la distribution des t^erfs dans Vin» térieur de Voreille 52jr, QUATORZIÈME LEÇON. Du sens du toucher, et de tous les organes qui s'y rapportent 534. Article L Des sensations que le toucher nous procure • ibid^ Article IL De la peau et de son organisation , • , 539. ]L®, De l’épiderme, •••y......*» 54'^* XIV Table 2.°. Du tissu muqueux 549. 3°. Du tissu papillaire 554. 4°. Du cuir 557. Article III. Des muscles de la peau, ou du panni- cule charnu. 56o, Article IV. Des glandes de la peau, et de la graisse subcutanée » 5j2., 1°. Des glandes ibid, 2°. Du tissu adipeux Article V. Des doigts et de leurs dispositions relati- vement au sens du coucher Article VI. Des appendices qui suppléent aux doigts dans V exercice du sens du toucher 589. Article VIL Des parties insensibles qui munissent les organes du toucher et les préservent contre des impressions trop fortes . . . 1®. Des poils 2°. Des plumes 3°. Des cornes . 4°. Des ongles 5®. Des écailles . 6°. Des parties insensibles dans les animaux sans vertèbres •...,. 595. 596. 6o3. 61 1 . 61 5. 618. 624. QUINZIÈME LEÇON. Des organes de V odorat et du goût 626. Section première. Des organes de l'odorat 627. Article I. Du sens et de ses organes en général . . ibid. Article II. De la forme et de la grandeur de la cavité nflsale 632. Article III. Des sinus qui augmentent la capacité de la cavité nasale 633, DES M A T î È ü E S. XV A. Dans Vhomme . . . . pages 634- B. Dans les mammifères ibid. Article IV. Des lames saillantes qui multiplient les surfaces dans V intérieur de la cavité nasale 639. A. Dans Vhomme » ibid^ B. Dans les mammifères ♦ , 641. 1°. hes cornets inférieurs ibid, 2°. Les cornets supérieurs et les cellules ethmoï- dales 644. C. Dans les oiseaux 646, D. Dans les reptiles. 647, E. Dans les poissons 648. Article V. De la membrane pituitaire 649. Article VI. Des nerfs qui se distribuent dans Vin^ térieur des narines 65i. I. Nerf olfactif ibid, A. Dans les mammifères »... 652. 1°. Lame criblée îbid^ qP . Nerf olfactif . . 653. B. Dans les oiseaux 654. C. Dans les reptiles . 655. D. Dans les poissons ibid. II. Nerf de la cinquième paire .......... 656, Article VII. Des cartilages qui couvrent l'entrée des narines y et de leurs muscles 657, A. Dans Vhomme 658. 1®. Les cartilages ibid. 2°. Les muscles 669. B. Dans les mammifères ibid. C. Dans les oiseaux 668, D. Dans les reptiles idid. E. Dans les poissons 669. xvj Table des Matières. Article VIII. Des narines des cétacés et de leurs jets Article IX. Des organes de Vodorat dans les animaux invertébrés 674* Section deuxième. Des organes du goût 676, Article I. De la sensation du goût ibid. Article II. De la substance de la langue , de sa forme et de sa mobilité 678. Article III. Des tégumens de la langue 684. A. Dans l'homme ibid. B. Dans les mammifères 686. C. Dans les oiseaux, 691, D. Dans les reptiles. 694. E. Dans les poissons 695. Article IV. De la distribution des nerfs dans l'inté- rieur de la langue , 696* Fin de la Table. LEÇONS P’ANATOMIE COMPARÉE. HUITIÈME LEÇOU. U E la tâte ^ considérée comme réceptacle des principauæ organes des sens. E N traitait des organes du mouvement , nous fi’avons parlé de la tête que relativement à sa masse, aux mouvemens dont elle est susceptible^^ et aux muscles qui agissent sur elle. Si nous nous en tenions Là , nous n’en aurions qu’une connois- sance très-incomplète. L’histoire de ses os fait ïa principale partie de i’ostéologie comparée , parce qu’ils sont les plus variables et les plus compliqués de tout le squelète : d’ailleurs ils sont importans à connoitre à cause du grand nombre de parties essentielles auxquelles iis servent de soutien ou d’enveloppe. Le cerveau , les principaux nerfs , les organes de la vue , de l’ouïe , de l’odorat et du. goût , ceux de la manducation et de la déglutition ^ une partie de ceux de la respiration et de la voix , sont renfermés dans la tête, ou du moins sont atta-- A a ^ 2 VIÎF Leçon. Osléologle de la tête, elles à quelqu\m de ses os, ou en traversent les Irons et les canaux. C’est donc ici que nous devons la décrire , à la Un du traité des organes des mou- vemens, afin de compléler i’ostéologie, et au com- mencement de celui des organes des sensations , pour que nous connoissions d’avance le lieu assigné a cliacun d’eux. ARTICLE PREMIER. Du crâne y de sa forme et de ses proportions avec la face, La tête est formée de deux parties principales: ie crâne , qui est une boîte osseuse contenant le cerveau ; et la face , aggrégation de plusieurs os formant des cavités assez compliquées dans les- quelles sont renfermés les organes de la vue, de l’odorat et du goût. Ceux de Touïe sont contenus dans les parois latérales du crâne. Les deux organes qui occupent la plus grande partie de la face sont ceux de Fodorat et du goût. Plus les' organes de cea deux sens sont développés , plus la face acquiert de volume j plus sa proportion avec le crâne est à son avantage. Au contraire , plus le cerveau grandit, plus le crâne qui le con- tient augmente en capacité j plus il devient consi- dérable en comparaison de la face. Ainsi un grand crâne et une petite face indiquent lin grand cerveau , un odorat et un goût peu dé-^ 5 Art. I. Forme du crâne. tdoppés : un petit crâne et une grande face indiquent les proportions contraires ^ un cerveau peu volu- mineux , et des organes du goût et de Fodorat très- parfaits. Or, la nature de chaque animal dépend en grande partie de Fénergie relative de chacune de ses fonc- tions 5 il est , pour ainsi dire , entraîné et maîtrisé par celles de ses sensations qui sont les plus fortes. Nous en voyons tous les jours des exemples parmi lions , quoique les différences qui peuvent exister à cet égard d’un homme à un autre soient beau- coup moindres que celles que Fon peut remarquer entre des espèces différentes d’animaux. Nous verrons de plus dans la suite ^ que le cerveau , centre commun de tous les nerfs , est aussi le lieu auquel aboutissent toutes les perceptions , et l’ins- trument au moyen duquel notre esprit combine ces perceptions, les compare, en tire des résultats, en un mot, réfléchit et pense. Nous verrons également que les animaux parti- cipent d’autant plus à cette dernière faculté ,• ou du moins paroissent en approcher d’autant plus près , que la masse de substance médullaire qui forme leur cerveau surpasse davantage celle qui constitue le reste de leur système nerveux ^ c’est- à-dire , que Forgane central des sensations l’em- porte davantage sur leurs organes extérieurs. La proportion respective du crâne et de la face indiquant immédiatement celle du cerveau, avec deux des principaux organes extérieurs, est donc A 2 4 VIÎF Leçon. Ostéologie de la tête, aussi un indice du plus ou moins de perfection des, facultés intérieures comparées avec les exié- rieures. Mais il y a une considération de plus qui ajoute à son importance comme indice 5 c’est que les deux sens en question sont ceux qui agissent sur les animaux avec le plus de force 3 ceux qui les maîtrisent le plus puissamment, à cause de l’énergie que deux des besoins les plus pressans, la faim et l’amour, communiquent à leurs impres- sions. Les actions auxquelles ces besoins déterminent sont aussi celles dans lesquelles il entre le plus d’aveugle fureur^ le plus de brutalité , s’il est permis de s’exprimer ainsi , lorsqu’il ne s’agit pas de l’homme. Il n’est pas étonnant d’après cela, que la forme de la tête et les proportions des deux parlies qui la composent soient des indices des facultés des animaux , de leur instinct , de leur docilité , en un mot de tout leur être sensible 3 et c’est là ce qui rend l’étude de ces proportions si importante pour le naturaliste. Nous verrons bientôt que l’homme est celui de tous les animaux qui a le crâne le j)lus grand et la face la plus petite ; et que les animaux s’éloignent d’autant plus de ces proportions, qu'ils deviennent plus stupides ou plus féroces. Parmi les difiérens moyens que l’on a employés pour exprimer commodément les proportions de ces parties, un des plus simples, mais qui n est pas toujours sufîisant c’est la Ugfie faciale d® 5 Art. Ï. Forme du crâne. Camper , et l’angle qu’elle fait avec la base du crâne. La ligne faciale est censée passer par le bord des dents incisives supérieures et par le point le plus saillant du front. La ligne de la base du crâne est celle qui coupe longitudinalement en deux un plan passant par les trous auditifs externes et par le bord inférieur de l’ouverture antérieure des narines. 11 est clair que plus le crâne aug^ mente en volume, plus le front doit saillir en avant 5 plus la ligne faciale doit faire un grand angle avec celle de la base du crâne. Au contraire, à mesure que le crâne diminue , cette ligne doit s’incliner davantage en arrière. Nous allons voir par le tableau des différentes ouvertures de rangle facial J que l’homme est celui qui l’a le plus ou- vert , et qu’il devient toujours plus aigu dans les mammifères qui s’éloignent de i’iiomme , dans les oiseaux , les reptiles et les poissons. Le vulgaire même est habitué à attribuer de la stupidité aux animaux qui ont le museau très - alpngé , comme les grues et les bécasses , qui ont meme fait proverbe r et lorsque quelque circonstance vient à relever la ligne faciale , sans augmenter la capacité du crâne , comme cela a lieu , par exemple , dans l’éléphant et dans la chouette , à cause de la grande épaisseur du diploé de leurs os du front 5 nous trouvons à ces sortes d’ani- maux un air particulier d’intelligence , et nons' sommes portés à leur attribuer des qualités qu’ils B’ont pas réellement. Qn sait que la chouette était A ôfc- 6 VHP LeçoîJ. Osîêoïûgle de In tête, Femblcrae de la sagesse, et que l’éléphant porte aux Indes un nom qui indique qu’il a la raison en partage. Les anciens paroissent avoir senti ces rap- ports : non seulement ils ont très-bien remarqué que la ligne faciale relevée étoit un signe d’une nature plus généreuse , et un des caractères de la beauté ; mais ils l’ont avancée outre nature , et l’ont fait s’incliner un peu en avant , dans les figures auxquelles ils voul oient donner un air plus qu’humain ; dans les statues des dieux , et dans celles des héros , ou des hommes qu’ils voul oient faire participer à la divinité. Il semble qu’ils aient voulu placer l’homme entre ces sortes d’étres plus parfaits , et les brutes ^ et qu’ils aient voulu indiquer par cette inclinaison en sens contraire , que ces dieux et ces héros étoient encore plus éloignés que l’homme , des formes et de la nature des brutes, A» I^nns Vhomme et les mammifères. Cet angle étant déterminé de la manière que j’ai indiquée plus haut , et qui est celle de Camper, on trouve que les têtes européennes l’ont ordinai- rement de 8o® 5 celles de mongoles , de 7/) ^ et celles de nègres , de 70 ; avec des variations de quelques degrés, relatives à l’âge et aux individus. Par exemple , les enfans ont la face plus courte , à cause que leurs dents de derrière ne sont pas développées : cela rend leur ligne faciale plu^^ Au T. I. Forme du crânéi 7 droite ^ et c’est une des causes qui fait que leur visage est constamment agréable , et qu’il enlaidit presque toujours avec l’âge. Les anciens ont donné jusqu’à 90° à l’anglé facial de leurs figures d’hommes, lorsqu’ils vouloient leur imprimer un caractère au- guste 5 et ils sont allés jusqu’à près de 100° dans leurs figures de divinité. C’est ce qui leur rend les yeux plus enfoncés , et les branches de la mâchoire inférieure plus courtes que dans la nature. U orang-outang a cet angle de 65° ; les sapajous et les , d’environ 60 ; les magots et les macaques , d’environ 45 : enfin les mandrills , qui sont les plus médians et les plus féroces de tous les singes , de 3o° seulement. Dans les espèces qui ont l’oreille très-relevée , et la fosse gutturale très - profonde , comme le pongo de Batavia, et Valouatte y la petitesse de cet angle n’indique point un alongement proportionnel du museau. Il fau- droit , pour bien rendre cette circonstance , que la ligne de la base du crâne fût tirée parallè- lement au plancher des narines. Au reste , même avec cette modification , l’angle facial n’est important que dans l’espèce humaine et parmi les quadrumanes , parce qu’ils n’ont que de très-petits sinus frontaux qui ne relèvent point; la ligne faciale d’une quantité sensible, et parce que le nez reste au-dessous de cette ligne. Mais , parmi les quadrupèdes , il y en a , comme les carnasiÿers , les cochons , quelques ruminans , A 4 VÎJP Leçox. Ostéologie de la tête, et 5iïr -to'it rélépha.nt , dont les sinus IVontaux gonlîent tellement le crâne qu’ils relèvent la ligne l’aciale beaucoup au-delà de ce qu’exigeroit la }?roportion du cerveau. Dans d’autres , comme le morse et la plupart des rongeurs , le nez occupe un si grand espace , que le crâne est incliné en arrière , et n’a aucune de ses parois libre en de- vant J de façon qu’on ne sauroit même par où faire passer la ligne faciale. Enfin les cétacés ont le crâne relevé en pyramide , au - dessus d’une face très- prolongée, mais applatie horizontalement; en sorte que l’inclinaison de leur ligne faciale seroit plus forte qu’il ne faudroit pour être relative à la ca- pacité réelle de leur face. Voici cependant un tableau des grandeurs de l’angle facial dans nn certain nombre d’animaux , en tirant une ligne parallèle au plancher des na- rines et une autre qui passe par le bord antérieur des alvéoles , et qui touche la convexité du crâne, soit que le point de contact soit caché par la face, ou à découvert au-dessus d’elle ; Européen enfant. 90®. Européen adulte. 85-, Européen décrépit. çS. Nègre adulte 70. Orang-outang jeune - 87, Sapajou. Guenon talapoin. 67- Jeune mandiill . • • • AfxT. I. Forme du crâne, \ g Coati . . « , Putois oi. Chien doguin 55. Chien mâtin , la tangente prise à la surface externe du crâne* • • • • 4i. — à la surface interne 5o. Hyène , à la surface externe .... 4o- — à la surface interne s5. Léopard^ à la surface interne • • . sS. (On ne peut mener de tangente à sa surface externe, à cause de la convexité du nez.) Lièvre 5o. Marmotte • • • * s5. Porc-épic . 25. (Tous trois sont mesurés par la surface interne ^ parce qu^on ne peut mener de tangente à Tex- terne. ) Pangolin 5g, Eabi-roussa. 29. Bélier 5o. Cheval 25. Dauphin 2.5. Mais on peut découvrir des rapports plus îm- portails , en considérant le crâne et la face dans une coupe verticale et longitudinale de la te!e, Fielativement à leur proportion respective y le crâne 10 VHP Leçon. Ostêologie de la tete. occupe dans cette coupe une aire tantôt plus grande, tantôt moindre , tantôt à-peu-près égale à celle qu’oc- cupe la face. Dans l’Européen, l’aire de la coupe du crâne est à-peu-près quadruple de celle de la face, en n’y comprenant point la mâchoire inférieure. Dans le nègre , le crâne restant le meme , l’aire de la coupe de la face augmente d’environ un cin- quième : elle n’augmente que d’un dixième dans îe calmouque. La proportion est encore un peu moindre dans V orang-outang. Dans les sapajous , Faire de la face est presque moitié de celle du crâne : elle lui est presque égale dans les mandrills et dans la plupart des carnivores , excepté les variétés de chiens à museau court , comme le doguin , qui ont la face un peu moindre à proportion du crâne. Les rongeurs , les pachydermes , les ruminans et les solipèdes ont tous Faire de la coupe de la face plus grande que celle du crâne : parmi les ron- geurs 5 le lièvre et la marmotte Font d’un tiers plus grande ; elle est plus que double dans le porc-épic ; elle est presque double dans les rumi- nans , un peu plus que double dans les cochons , à-peu-près triple dans l’hippopotame , presque qua- druple dans le cheval. Le morse et l’éléphant ont une grande face, à cause de la hauteur de leurs alvéoles ; mais elle ne peut être considérée ici comme augmentant l’étendue des organes des sens. ApuT. I. Forme du crâne. ii Les cétacés ont un crâne très- bombé et une face très -plate, ce qui diminue l’aire proportionnelle de celle-ci : d’ailleurs cette face n’est point occupée par le nez dans toute son étendue , et ne peut être considérée ici sous ce rapport. Son aire peut être dans le daupliiii d’environ un tiers plus grande que celle du crâne. Pour ce qui concerne leur f giire , la coupe du crâne de l’homme , si on en contiiiuoit la courbe en dessous , depuis le trou occipital jusqu’à la racine du nez, formeroit un ovale un peu plus étroit en avant , et dont le grand axe seroit à- peu-près parallèle au plancher des narines, ou du moins très-peu incliné en arrière, et se rap- porteroit au petit, comme 5:4. Mais cette cour- bure est remplacée dans l’espace que je viens d’indiquer , et qui forme la limite du crâne et dê la face , par une ligne irrégulière qui forme un angle saillant au dedans de cet ovale. La coupe de la face est un triangle dont le plus grand côté est celui qui touche au crâne , et le moindre celui qui répond au dehors. L’angle que celui-ci fait avec le troisième côté ou le palais , est pré-» cisément l’angle facial. Dans les singes , le grand axe s’alonge im peu par rapport au petit ^ la ligna de séparation du crâne et de la face devient plus droite , et le côté antérieur et l’inférieur du triangle de la face s'a- . longent au point que le côté qui touche le crâne devient le plus petit des trois dans les cynocéphales Iî2 YIIP Leçon. Ostpologie de la tête» et les mandrills , et reste tel dans les auties dinpèdes. L’ovale du crâne est plus étroit par devant dans les carnassiers et les rongeurs ; il l’est par derrière dans les rurninans et le cheval. On voit à sa voùto nn fort angle rentrant dans ceux qui ont une sépa- ration osseuse entre le cerveau et le cei'velet. Son grand axe s’incline en avant dans les car- nassiers , relativement au plancher des narines , et en arrière dans tous les herbivores. La forme et la dii eclion sont dans le morse comme dans les carnassiers. La coupe du crâne du dauphin est presque trian- gulaire , mais à côtés convexes et à angles arrondis. Un des côtés est antérieur , un postérieur , dans lequel est percé le trou occipital 5 et le troisième qui forme la base du crâne , et qui correspond à la ligne de jonction du crâne et de la face des autres animaux, se trouve cependant tout entier^ en arrière de la face^, et est meme parallèle à la voûte du palais. On peut aussi considérer la coupe verticale transversale du ci âne, c’est-à-dire celle qui se fait par un plan perpendiculaire à son grand axe. Elle forme dans l’homme une portion très-consi- dérable d’un cercle , dont il ne manque qu’un segment vers le bas , qui fait un peu moins du tiers de la circonférence. Le crâne du nègi e est un peu plus plat sur les côtés que celui de l’Eu- ropéen^ parce que ses fosses temporales sont plus Art. I. Torme du crâne, i5 grandes et plus enfoncées ; cela lui rétrécit le visage par le haut , mais il s’élargit par en bas à cause de la proéminence des pommettes. Dans les carnassiers, cette coupe produit une demi-ellipse , arrondie vers ie haut, et dont la base est à-peu-près égale à la hauteur. Dans le cochon , c’est un ovale dont la hauteur surpasse la largeur , et dont les côtés sont écliancrés par de forts angles rentrans vers les rochers. Dans le cheval , c’est un ovale plus large que haut , et dont la moitié inférieure a à-peu- prés la même courbure que la supérieure. Ces remarques sont d’autant plus intéressantes, que, dans tous les mammifères , le cerveau se moule dans la cavité du crâne, qu’il remplit exactv inent; en sorte que la connoissance de la partie osseuse donne au moins celle de la forme extérieure du cerveau. B. Dans les oiseaux, La coupe longitudinale et verticale du crâne des oiseaux représente généralement un ovale plus étroit en avant, dont le côté qui répond à la face est moins convexe que celui qui est supérieur et postérieur, et dont le grand axe est dirigé en haut et en avant. Les chouettes seules ont une coupe ovale^ dont le grand axe est presque vertical et qui se rétrécît à peu près également en haut et en bas. La face des oiseaux étant formée principale- i4 YIîP Leçon, Osiéologie de la tête, ment par leur bec , c'est la grandeur et sur-tout la longueur de ceiui-ci qui dcterniine leur phy- sionomie ^ niais comme le nez n’en occupe souvent qu’une très-petite partie, et que laJangue est souvent si petite qu’elle ne remplit pas à beaucoup près toute la bouche^ on ne peut pas tirer de la pro- portion du crâne des oiseaux à leur face les mêmes inductions que ces parties fournissent dans les qua- dupèdes. C. Dans les l'epüles et les poissons. Le cerveau des reptiles et celui des poissons n’occupant qu’une petite partie de la cavité de leur crâne , la forme et la grandeur de cette cavité n’est point un indicateur important. La tortue l’a grande, étroite de droite à gauche, élevée en avant, surbaissée en arrière. Ses parois latérales sont presque verticales 5 son fond e&t parallèle au palais. La forme extérieure de la tète et son volume ap- parent sont dus à des os accessoires entre lesquels et le crâne est un grand espace occupé par des muscles et des glandes. Cette petitesse de la cavité du crâne , relative- ment au volume extérieur de la tête , est encore plus extraordinaire dans le crocodile , où cette cavité admet à peine le pouce dans un individu de quatre mètres de longueur , ei où l’aire de la coupe du crâne ne fait }jas la vingtième partie de celle de toute la tète. La ligure de cette coupe est ob- longue, un peu plus large par devant, descendant Art. il Os du crâne, i5 en arrière. Il y a un enfoncement considérable pour la glande pituitaire. Elle n’est pas plus large que haute , et les parties latérales de la tête ne re- couvrent 5 comme dans la tortue , que les fosses temporales. Le crâne des grenouilles et des salamandres est presque prismatique. Celui des poissons est généralement fort petit en comparaison du reste de la tête 5 mais ses formes varient beaucoup, et ne se rapportent ni à celles du cerveau , ni à celles des parties environnantes ; elles approchent cependant le plus souvent de l’ovale. ARTICLE IL Des os qui composent le crâne, A. Dans V homme, La boîte osseuse qui forme le crâne est divisée en un certain nombre d’os par des sutures. On nomme ainsi les articulations immobiles qui unissent ces os. Elles disparoissent plus ou moins avec l’âge, parce que les dentelures réciproques , par lesquelles les bords des os contigus s’engrainent, se soudent plus tôt ou plus tard. Cependant , comme il en reste toujours des traces et que leur situation ou leur disposition est sujette à varier dans les diverses espèces d’animaux , leur connoissance devient très- utile à l’anatomiste qui veut reconnoître la partie tG \in® Leço^. Ostéologie de et l’espèce de crâne auxquelles on pourroit rap- porter des fraginens de têtes fossiles. Nous allons étudier ces salures , ou les lignes de démarcations extérieures entre chacun des os du crâne dans les diverses espèces d’animaux, en commençant par celui de riiomme. Huit os forment la boîte du crâne ; ils sont tous appuyés sur l’im d’eux qui se trouve situé à la base du crâne ^ à la voûte duquel il sert pour ainsi dire de clef. On l’a comparé à la figure d’une chauvesouris, et on l’a nommé sphénoïde ou cunéiforme , parce qu’il remplit les fonctions d’un coin à l’égard des os entre lesquels il se trouve enclavé. Nous allons considérer ici son contour^ abs- traction faite de scs éminences et de ses trous. Il est borné en avant par une ligne courbe, dont la concavité est antérieure et qui règne oblique- ment sur le fond de chaque orbite dont le sphé- noïde occupe le côté externe et l’enfoncement. On nomme cette ligne suture sphénoïdale. Arrivée à l’angle temporal de l’orbite , elle se porte direc- tement en arrière dans la fosse temporale jusqu’à ce qu’elle touche l’os des leriipes. Elle sépare l’os sphénoïde du frontal dans presque toute sa lon- gueur : ses deux extrémités seulement touchent aux pariétaux. Le sphénoïde est borné de chaque coté par une antre ligne courbe qui fait un angle aigu avec la première, et qui le sépare du tem- poral : on la nomme sphéno- temporale, ou la suture Art. ÎÎ. Os du crdnêo i-jv temporale du sphénoïde. Sa concavilé est externe ; elle descend et se porte en arrière en se rappro- chant du milieu de Tos, de manière que son bord postérieur est beaucoup moins étendu que l’anté- rieur. Ce bord postérieur est divisé en trois lignes presque droites : une moyenne parallèle au milieu de son bord antérieur, et deux latérales qui se portent obliquement en arrière en se joignant chacune au bord externe du meme côté par un angle aigu. La partie moyenne de ce bord posté- rieur sépare le sphénoïde de Toccipital : on la nomme suture basilaire. Celte suture n’existe que dans le jeune âge. Les deux os se réunissent par la suite et n’en forment plus qu’un seul. Ses parties laté- rales le séparent du rocher de l’os des tempes. L’axe longitudinal du sphénoïde est à peu près moitié de son bord postérieur , et un peu plus du quart de l’antérieur. Des dilTérens points du contour de i’os sphénoïdal partent les lignes qui séparent tous les os du crâne. La suture frontale ou coronale part d’un point très-voisin de son angle latéral supérieur , et re- vient au point correspondant de l’autre côté, après avoir coupé presque verticalement la voûte du crâne. C’est cette suture qui borne en arrière l’os qui forme le front et la voûte supérieure des orbites. Cet os nommé frontal est divisé dans les enfans par une suture longitudinale , qui se conserve quelquefois jusques dans un âge très- avancé. Tantôt elle prcdin.î dans le point de contact B 52 i8 yiir Leçon. Osicologie de la tête, des deux pièces un enfoncement peu sensible , et tantôt une ligne plus ou moins saillante : on la nomme suture médiane , ou frontale propre. Le contour de Tos frontal est à peu près demi-circu- laire tronqué inférieurement, où il se reploie en dedans pour former la voûte des orbites. Sa hau- teur verticale est à peu près les deux tiers de sa largeur. De l’angle externe et supérieur du sphénoïdal part une autre suture qui continue à former le bord de Los temporal. Sa courbure est presque circulaire : on la nomme suture écailleuse , parce que les bords des os qui la forment sont taillés en biseau aux dépens de la lame interne du tem- poral et de la lame externe du pariétal. Lorsqu’elle a décrit environ le tiers d’un cercle , le bord du temporal se redresse , et formant avec elle un angle obtus et rentrant, il se dirige en arrière jus- qu’à ce qu’il vienne gagner l’os occipital. Du point de jonction de la suture basilaire avec la suture pétro- sphénoïdale part de chaque côté une ligne qui sépare le rocher d’avec Ibs occi- pital. Ces deux lignes se courbent en dehors jusques vis-à-vis le milieu de chaque condyle occipilal, où elles se portent tout-à-coup en arrière , et remontent un peu pour achever le contour de l’os temporal. Toute cette partie postérieure du bord de l’os porte le nom de suture mastoïdienne. Le temporal forme par sa partie mince et presque circulaire une portion de la partie laUraledu crâne. Aîit. IÎ. Os du crâne, ig Son bord postérieur s^ayance en s’arrondissant du côté de Focciput, et son bord inférieur produit cette proéminence épaisse et dure appelée rocher, située entre l’apopli3^se basilaire et le bord pos- térieur latéral du sphénoïde et faisant partie de la base du crâne. Ce rocher est séparé du reste de l’os dans les foetus humains : sa position est obli- quement rentrante d’arrière en avant. La suture lambdoïde ou occipito- pariétale, qui achève le contour de l’os occipital, part du milieu de celte suture mastoïdienne et remonte un peu en arrière , de manière qu’elle forme un angle avec sa correspondante. Elle unit l’occipital avec les pariétaux qui sont les os qui achèvent de com- pléter supérieurement la voûte du crâne. La portion de l’occipital , comprise entre son grand trou et îe sphénoïde, se nomme apophyse basilaire. Elle est presque quarrée dans l’homme , un peu plus étroite en avant et fort courte. Dans les jeunes sujets, elle est séparée du reste de l’os par deux sutures qui coupent la portion antérieure des con- dyles. Le reste de l’os qui forme l’occiput, pro- prement dit, est d’une forme ovale très-bombée , terminée en pointe supérieurement; sa position est telle que, lorsque l’homme est debout^ l’apophyse basilaire monte un peu en avant et son autre partie en arrière. Les deux pariétaux sont séparés l’un de l’autre par une suture longitudinale , nommée pariétale ou sagittale. Leur contour est quadrangulaire, I.s B 2 20 Vlir Leçon. OsUologie de la tête, bord par lequel ils se touchent est le plus long ; leur bord temporal est le plus court et le plus concave ; leur convexité est à peu près uniforme. Le frontal a entre les deux orbites un espace vuide, quarré long, borné en arrière par le sphé- noïde qui est rempli par la lame criblée de l’os ethmoïde : on appelle la ligne de démarcation suture etlmioidale, B. Dans les mammifères. Les principales différences qu’offrent les os des crânes des mammifères consistent dans le nombre des os qui les constituent ; dans les connexions de ces os j enfin , dans la forme particulière que chacun d’eux affecte. Nous allons donc considérer les crânes dans les diverses familles sous ces trois points de vue généraux. 1®. Nombre des os du crâne des mammifères. Les quadrumanes ont tous les huit os du crâne ; mais souvent le sphénoïde est divisé en deux parties , dont Tune forme les ailes orbitaires et les apophyses clinoïdes antérieures, et l’autre les ailes temporales, les apophyses clinoïdes postérieures et la fosse ba- silaire. Les deux pariétaux se soudent de très- bonne heure dans les chéiroptères, de manière à ne former qu’une seule pièce. Il en est à peu près de même dans tous lës autres carnassiers qui ont de plus, presque toujours, l’os frontal partagé en deux pièces , au moyen d’une suture médiane. La caisse de l’os temporal est séparée du reste 21 Art. il Os du, crcine, de Los par une suture , qui se soude rarement dans les genres chat , chien et civette, La caisse du temporal est aussi séparée dans les rongeurs^ et Los frontal reste divisé en deux pièces. Leur pariétal est tantôt simple , comme dans les lièvres,^ les cahiais , le porc-épic ^ Xdiinar^ motte , les rats , lês écureuils ; tantôt double y comme dans les souris , les loirs , le lapin. Le frontal et les pariétaux de Véléphant se soudent de bonne heure avec tous les autres os du crâne , et de manière à former une calotte où Ton n^apperçoit plus de traces des sutures. Dans le cochon y le tapir hippopotame ^ les deux pariétaux ne forment qu’une pièce unique. Leur frontal est double. Le rhinocéros a le pa- riétal et le frontal doubles \ mais ce dernier se soude de bonne heure. Le sphénoïde des animaux de cette famille et des deux suivantes reste très- long -temps divisé en deux pièces j Tune forme Taile orbitaire ou les petites ailes d’Ingrassias 5 l’autre produit les grandes ailes ou les apophyses temporales J qui sont ici beaucoup moindres. Cette disposition est absolument opposée à celle qu’on observe dans l’homme. Les ruminans et les solipèdes ont le frontal long- temps divisé par la suture médiane. Les deux pa- riétaux sont , chez ces animaux , remplacés par une pièce unique qui forme la calotte du crâne r la caisse de leur temporal est toujours distincte» Le phoque a deux pariétaux et deux pièces an B 5 22 YJÎή Leçon. Ostéologie de îa tête. fronlaî, ainsi que le morse. Le tamentin ri*a qu'nn seul pariétal, et la caisse du temporal est séparée j du corps de l’os. Dans les cétacés , les pariétaux se soudent de très-bonne heure avec l’occipital et les temporaux , de nianière que ces cinq os n’en font qu’un seul. L’os de foreille est toujours séparé, et n’est main- tenu rapproché contre le crâne que par des parties molles. Le sphénoïde demeure plus long - temps distinct, et meme il reste divisé en plusieurs pièces. 2®. Connexions des os du crâne des mammi-^ fer es. Parmi les quadrumanes, le crâne de Vorang- outang approche beaucoup de celui de l’homme pour la forme; il en diffère cependant par la con- nexion des os. En effet , Faile temporale du sphé- noïde est extrêmement étroite; elle ne s’étend pas | jusqu’au pariétal, et elle ne touche au frontal que par son extrémité la plus supérieure, en sorte que le temporal s’articule en partie avec le frontal. La suture temporale est dentelée et les bords de ^ î’os ne se recouvrent point en biseau. Dans le jocho , î’os sphénoïde ne louche par cette portion de son « aile temporale, ni le frontal, ni le pariétal; mais l’os temporal s’articule immédiatement avec celui de la pommette , par sa partie écailleuse. Dans les mandrills , les cynocéphales , les magots et les guenons ^ la connexion est la meme que dans V orang-outang^ 23 Art. il Os du crâne. Dans les sapajous y Los frontal ne touche point l’aile temporale du sphénoïde,, en sorte que le pariétal s’articule avec l’os de la pommette. Dans les alouates ^ les connexions sont les mêmes que dans l’homme. Les connexions des os du crâne entre eux sont les mêmes chez tous les carnassiers que dans l’homme. Dans tous les rongeurs le sphénoïde ne s’arti- cule qu’avec le frontal et le temporal, sans toucher au pariétal. Son étendue dans la fosse orbitaire et temporale est très-bornée. Dans les tatous, lespangolms et les paresseux j on retrouve les mêmes connexions que dans les ron- geurs; mais dans les fourmiliers ^ l’os pariétal se porte sous le crâne et s’unit dans une assez grande étendue avec le sphénoïde, à la partie postérieure de la fosse temporale et orbitaire. Dans V éléphant , les os du crâne se soudent de très - bonne heure , et ne forment qu’une seule pièce : l’os de l’oreille est toujours distinct et sé- paré du temporal. Dans le cochon^ le tapir ^ le rhinocéros et Y hippopotame , le sphénoïde ne s’unit point au pariétal, et ses grandes ailes n’occupent qu’un très- petit espace dans la fosse orbitaire et temporale. Les ailes orbitaires paroissent peu au dehors , quoiqu’’elies aient plus d’étendue que les grandes ailes. L’os de l’oreille, qui est fort distinct, est B 4 s4 VîîP Leçon. OsKwlogie de la tète» cependant soudé par sa base au pourtour du conduit auditif de l’os temporal. Le sphénoïde des ruminans s’articule , comme dans l’homme, avec tous les autres os du crâne 5 mais son aile orbitaire, qui est très étendue, est cachée en grande partie dans l’intérieur de la ca- vité cérébrale et recouverte par le feuillet orbi- taire de l’os frontal. Dans les cétacés en général , les sutures qui subsistent après la première jeunesse sont toutes écailleuses. 5®. Formes des os du crâne des mammifères. Le contour du frontal de Vorang - outang est plus irrégulier que dans l’homme. Les arcades orbitaires sont moins surbaissées. Dans les sapa- jous^ son contour est triangulaire, et se termine en pointe vers le sommet de la tête. Dans les autres singes cet os est à peu près ovale_, et les arcades orbitaires sont presque droites. Ces arcades forment dans tous les singes , comme dans l’homme , le bord antérieur du frontal parce que la racine du nez y est très-étroite. Dans les r?ia]ds ^ elle com- mence à s’élargir, et les yeux deviennent obliques : ce qui donne à leur frontal une figure rhomboulale. Les frontaux des carnassiers , et en général de tous les mammifères qui suivent, jusqu’aux cétacés, forment une surface irrégulière de prisme ou de cylindre, à laquelle on peut considérer trois faces principales 3 une supérieure, qui touche par devant Art. ÎI. Os du crâne. 25 au museau, et par derrière au reste du crâne; et deux latérales qui descendent chacune dans la fosse orbitaire et temporale de chaque côté. La forme de la face supérieure est sur-tout dé- terminée par la position des orbites : ils répondent à la partie antérieure de ses bords latéraux dans les chiens ^ les chats ^ les ours, les roussettes^ les belettes , les sarigues , etc. , et donnent à cet os une figure rhomboïdale. Pans les rongeurs , les orbites échancrent la partie moyenne des bords latéraux du frontal , et lui donnent une figure plus ou moins rectangulaire. Il en est de même dans le galéopithèque. Les hérissons , les taupes , les musaraignes , fourmiliers J quelques phoques^ les morses', les rhinocéros n^ont point d’arcades orbitaires ^ proprement dites ; le frontal y est simplement ré- tréci et à peu près cylindrique entre les orbites: ii s’élargit en arrière. Dans les hippopotames ^ les ruminans et les solipèdes , le frontal s’élargit et forme une voûte au dessus de chaque orbite. Enfin, dans les cétacés, le frontal est étroit de devant en arrière ; il ressemble à un bandeau étendu en travers sur le crâne; mais comme, sui- vant les lois de la structure des têtes de mammi- fères, c’est lui qui doit faire les plafonds de l’orbite , il descend pour cela au dessous des os maxillaires , en sorte que l’ordre des positions est entièrement renversé ici pour maintenir celui des connexions. s6 VIII® Leçon. Ostèclcgie de la tête. Les pariétaux de V orang-outang ne dififèrent de ceux de Fiiomme que parce que leur bord tem- poral est presque droit. Ceux des singes sont plus étroits et deviennent plus obliquangles à mesure que le crâne s’applatit. Ils reprennent une forme presque rectangulaire dans les carnassiers et les édentés. Nous avons déjà vu qu^ils sont unis en une seule pièce dans beaucoup de rongeurs. Cette pièce est aussi à peu prés quarrée ; mais elle est tantôt plate, tantôt arrondie, tantôt surmontée d^une crête. Les ruminans ont aussi un pariétal d’une seule pièce. Dans les cerfs ^ la plupart des antilopes y les moutons y les chèvres y il est large, et envoie de chaque côté un ruban étroit dans la fosse tem- porale : sa situation est au devant de l’arcade occipitale. Dans le chameau , il est plus étroit et porte une crête longitudinale. Dans le genre des bœufs y et dans V antilope bubale y il est situé derrière la crête occipitale , et représente un ruban qui entoureroit transversalement le derrière de la tête. Dans les solipèdes , le pariétal qui est unique est à-peu-près quarré , et situé en avant de la crête occipitale. Nous avons déjà indiqué les formes de l’o^ occi- pital , en parlant, dans le premier volume^ des mou- vemens de la tête sur l’épine. Nous ne décrirons ici que la partie écailleuse du temporal , nous réservant de traiter du rocher Art. II. Os da crâne. 27 à l’article de i’oreille. La partie écailleuse da temporal forme dans Vorcing outang , et dans la plupart des singes , un trapèze dont le côté su- périeur est le plus long. La hauteur de ce trapèze varie selon que le crâne est plus ou moins élevé. Les sapajous sont ceux dans lesqueL cette dimen- sion est la plus courte. Les carnassiers ont la partie écailleuse à-peu- près comme les singes. Dans les rongeurs elle est très-étroite en arrière. Elle est un peu arrondie dans les édentés à mu- seau court 5 dans les rummans et les pachydermes. Il faut remarquer encore que l’apophyse mas- toïde ne fait partie de cet os que dans l’homme et îes singes , et que* dans tous les autres mammifères elle appartient à l’os occipital. Nous traiterons de l’apophyse zygomatique du temporal à l’article de la face , et surtout à celui de la mastication. Nous parlerons de l’ethmoïde à l’article de l’o- dorat. Nous avons fait connoître assez le sphénoïde pour que nous n’ayons pas besoin d’y revenir. Nous trai- terons de ses apophyses à l’article de la face, C. Dans les oiseaux. # Les os qui composent le crâne des oiseaux se réunissent de très-bonne heure , et ce n’est que dans les très- jeunes sujets qu’on peut en apperceyoir les sutures. s8 vin® Leçon. Ostéologie de la tête. Ces os répondent, par le nombre et par la posi- tion^ à ceux des mammifères. Il y a frontaux qui se prolongent en avant pour former la voûte des orbites. Lorsque les oiseaux portent quelque corne ou quelque crête , c^est aussi sur le frontal qu’elle est attachée. Derrière les frontaux sont deux très-petits os pariétaux. Les temporaux occupent les côtés du crâne et la région auriculaire. Le sphénoïde ne peut pas être distingué d’avec l’occipital , même dans les sujets où les autres su- tures sont très-visibles. Il faut encore remarquer que cet os spJiéno- occipital se soude avec les temporaux plutôt que les autres os ne le font entr’eux. Cependant dans les oiseaux qui sortent de l’oeuf, on voit une suture qui s’étend transversalement en ligne droite d’une oreille à l’autre , et qui sépare le sphénoïde d’avec l’occipital. Ce dernier, os a alors à-peu-près la forme d’un anneau, et il est lui-même subdivisé en quatre portions : une supérieure , deux latérales , et une inférieure très-petite. Le sphénoïde forme la plus grande partie de la base du crâne. Il est à-peu-près triangulaire , et a en avant une petite éminence à laquelle s’aiiicu- lent les arcades palatines dont nous parlerons en traitant de la face. Il n’a point d’ailes ptérygoides et ne touche point à l’ouverture postérieure des narmes. ApvT. il Os du crâne, 29 Le temporal n’a point d’apophyse zygomatique , mais il en a une petite qui contribue à la forma- tion du bord postérieur de l’orbite. Le frontal , après avoir recouvert une partie du crâne, se prolonge en avant en une lame plus ou moins large qui forme le plafond des orbites , et dont les bords latéraux sont ordinairement écban- crés par ces fosses. Les deux orbites ne sont séparés î’un de l’autre que par une lame verticale qui ap- partient également à l’os frontal , et qui est atta- chée à la lame qui forme leur plafond. Les éminences osseuses que l’on remarque sur les têtes du casoar , du calao ^ de la pintade ^ et de quelques hoccos , etc. sont des renflemens de cette portion suprâ-orhitaire du frontal. Leur intérieur est rempli par un dipîoé très-lâche. D. Dans les reptiles. Dans le crocodile , l’os de la base du crâne peut être considéré comme une pyramide tronquée , très-irréguliére , dont la pointe est en bas ^ et sur la base de laquelle est creusée la cavité du crâne. Cette pyramide a trois faces : mie postérieure qui forme l’occiput , et deux latérales. La face occipi- tale est à-peu-près triangulaire. Un de ses angles est inférieur ; les deux autres sont supérieurs, et se prolongent extraordinairement de côté et en arrière pour former d’énormes apophyses articulaires qui reçoivent la mâchoire inférieure. Leur position esjt presque horizontale. C’est au milieu de cette face 5o YIîP Leçon, Ostéologîe de la iùte^ qii^est le grand troQ occipital , et sous lui le condyle unique pour rarticulatlon avec la colonne verté- brale. De ce trou partent trois sutures qui subdivisent Focciput en autant d^os particuliers. Un pariétal unique forme le plafond du crâne : au devant de lui est un frontal également unique qui forme le plafond des orbites. L’os temporal est placé de chaque côté du pa- riétal, et appuie en yjartie sur cette proéminence articulaire pour la mâchoire inférieure , dont nous avons parlé en traitant de Focciput. De chaque côté est une petite arcade différente de Farcade zygomatique , qui laisse entre elle et le pariétal un grand trou rond qui pénètre dans la fosse tejnporale. Cette arcade est formée en partie par une apophyse du temporal , et en partie par un os particulier qui s’articule sur la jonction du pariétal et du frontal. Cet os particulier remplace l’apophyse post- orbitaire du frontal des mammi- fères j car ildescend derrière l’orbite pour se joindre à l’os de la pommette , et terminer avec lui le cadre de Forbite. Cette composition du crâne du crocodile se re^ trouve dans les autres lézards, malgré les grandes différences de forme , de proportion et de direc- tion des parties. Ainsi dans le caméléon , les trous par lesquels les fosses temporales communiquent sur le crâne sont si grands , et les bords osseux qui les forment sont si minces j que ces derniers repré- Art. il Os du crâne. 5i sentent trois brandies grêles qui s^élèvent pour sou- tenir l’espèce de casque qui distingue cet animal. Les apophyses articulaires se portent en-dessous au lieu de se porter en-arrière. Cette dernière particularité se retrouve aussi dans les autres lézards ; mais ils n’ont point les crêtes du caméléon , et le dessus de leur crâne est large comme dans le crocodile. Le crâne des grenouilles et celui des salaman-^ dres est d’une forme presque cylindrique , applaii en-dessus et élargi par-derrière. Les frontaux sont en rectangle alongé , et remplissent l’intervalle des orbites. Le pipa est beaucoup plus applati que les autres espèces. Les éminences qui doivent servir à l’articulation de la mâchoire se portent directement sur les côtés. La composition du crâne des tortues ressemble plus à celle du crocodile qu’à celle des grenouilles. Les frontaux ne forment de même que la voûte des orbites , et le crâne ne passe point entre ces cavités. Ils sont très-courts , et les pariétaux sont trois fois plus longs qu’eux. Ces derniers ne se bornent point à recouvrir le crâne 5 mais ils s’éten- dent de chaque côté pour former une voûte sur la fosse temporale. Dans les tortues de mer , cette voûte est complétée par deux os particuliers qui s’étendent depuis le pariétal jusqu’à l’arcade zygo- matique , et dont l’antérieur borne l’orbite en- arrière. Les apophyses articulaires sont dirigées en en-bas •^2 VHP Leçon. Ostéologie de la tête, comme dans le caméléon. Au-dessus de celles-ci et du trou auditif, sont des apophyses mastoïdes con- sidérables , qui dans les tortues de terre sont poin- tues supérieurement^ et qui sont arrondies et mar- quées d’un sillon longitudinal dans celles de mer. Il y a dans les serpens deux frontaux presque quarrés et un pariétal unique. Leur crâne s’avance entre les orbites comme dans les grenouilles. L’os de l’occiput a une apophyse dirigée en arrière , et portant un os parliculier mobile , analogue à l’os quarré des oiseaux, auquel s’articulent la mâchoire inférieure et les arcades qui forment la supé- rieure. Fi. Dans les poissons. Les os du crâne des poissons se soudent de très- bonne heure ; et comme les sutures qui les unis- sent entre eux sont écailleuses , il est difficile d’en reconnoître les traces : en général , le crâne des poissons ne forme qu’une très-petite portion de la tête. Sa figure varie beaucoup ; mais comme il n’est recouvert que de la peau , ses formes se manifes- tent au-delîors, et ont été assez bien décrites par les naturalistes pour que nous nous dispensions de les faire connoître ici. Art. ÎIÎ. Inégalités de Vîntèr, du crâne. 55 ARTICLE III. Des éminences et des enfoncemens de ^intérieur du crâne^ A. Dans Vhomme. La voûte supérieure du crâne est presque lisse intérieurement 5 elle ne présente que des impres- sions produites par les vaisseaux de la dure-mère ou par les circonvolutions du cerveau. La plus re- marquable de ces empreintes est celle qui règne longitudinalement dans tout le milieu de cette voûta et qui répond au sinus longitudinal. Mais la base du crâne , ou son plancher ^ est très-inégale , et on y remarque des cavités et des éminence^ très-pro- noncées. Elle peut même se diviser en trois ré- gions ou grandes fosses, La fosse postérieure est nommée cérébelleuse ^ parce qu^elle est occupée en grande partie par le cervelet. C’est la plus profonde de toutes j on Fa aussi nommée occipitale inférieure. C’est dans sa partie la plus profonde qu^est percé le grand trou occipital , en avant duquel est une légère exca- vation qui monte obliquement en avant, et qui se termine là en une arête saillante qui a de chaque côté un petit crochet nommé apoph3/^se cîinoïde postérieure. Cette arête forme la borne antérieure de la fosse dont nous parlons. Elle appartient à l’os sphénoïde 5 mais le large canal qui est derrière 2 C 54 \IÎP Leçon. Cstéologle de la tête, elle 5 et dont nous venons de parler , est formé en grande partie par Tapophyse basilaire de l’os occipital 5 et se nomme fosse basilaire. Du côté de chaque apophyse clinoïde , pai î: une arête saillante qui se dirige obliquement en arrière, et qui achève d’enceindre pardevant la grande fosse cérébelleuse ; cette arête appartient au rocher du temporal. Le contour de cette fosse en arrière est Cerné par une ligne saillante qui part, comme les branches d’une croix , d’une tubérosité moyenne et interne de l’os occipital , de laquelle part éga- lement une autre ligne saillante qui descend jus- qu’au bord du grand trou occipital , et divise ainsi la fosse cérébelleuse en deux dans sa longueur. On remarque encore dans celte fosse des empreintes vasculaires dont nous parlerons ailleurs. La fosse antérieure est celle dont le niveau est le plus élevé. Elle est située au-dessus des oibités et du nez; elle s’unit par-devant, sans aucune sé- paration marquée , à la voûte supérieure du crâne ; en arrière , elle est séparée des fosses moyennes par une vive arête concave en arrière, formée par l’aile orbitaire du sphénoïde. Ces deux arêtes se portent vers la ligne moyenne et en arrière; elles se terminent presque vis-à-vis les apophyses cli- noïdes postérieures, mais un peu plus en dehois, chacune par un crochet appelé apophyse clinoide antérieure. L’intervalle situé entre ces deux cro- chets est une autre arêle moins vive qui achève de cerner en arrière la fosse antérieure du crâne. Art. IÎI. Inégalités de Vintér, du crâne, 55 Le milieu de celte fosse est plus enfoncé ; il est formé par la lame criblée de f ethmoïde qui porte dans son milieu une arête tranchante en forme de soc de charrue, appelée la crête de cocj ou crête ethmoïdale ; ses parties latérales sont bombées et raboteuses. Les fosses moyennes du crâne occupent Fespace qui est entre la fosse antérieure et la postérieure. Ainsi nous avons déjà indiqué leurs limites. Leur niveau est intermédiaire entre celui des deux autres : comme la fosse antérieure et la postérieure occupent plus d’étendue à la partie moyenne que sur leurs côtés , elles s’y rapprochent beaucoup l’une de l’autre. L’intervalle qui les y sépare et qui est placé entre les quatre apophyses clinoïdes, est plus élevé que les fosses moyennes , et porte le nom de selle turcique ou sphénoïdale. B. Dans les mammifères. Les trois grandes fosses de la base du crâne exis- tent dans les mammifères ; mais elles y deviennent d’autant moins profondes , et les éminences qui leur servent de bornes s’affaissent d^autant plus , que l’on s’éloigne davantage de l’homme. On s’ap^ perçoit déjà clans le jocho que la fosse du cervelet est presque de niveau avec les fosses moyennes j que la selle turcique est plus affaissée et l’arête des petites ailes moins vive. La lame criblée de Fethmoïde est plus enfoncée ^ et elle n’a point de crête. C 2 56 YIIF Leçon. Ostéologie de la tête. Les mandrills y les magots ^ et les diverses es- pèces de guenons ne different du jocko que parce que leur fosse postérieure est plus étroite et moins profonde, attendu que leur rocher se porte plus <^lirecteinent en arrière , et que la face occipitale de leur crâne est plus relevée. La fosse frontale a ses deux convexités latérales plus bombée^, sur- tout dans les guenons. Dans les sapajous , les ailes orbitaires du sphé- noïde liront point d’aréte. Au lieu de fosse anté- l'ieure, il y a une convexité. Les fosses intermé- diaires sont aussi profondes que la fosse postérieure. La selle sphénoïdale est presque de niveau avec elles, et la lame criblée s’y trouve dans un enfon- cement étroit. Dans les alouates y la fosse postérieure, les in- termédiaires et la selle sphénoïdale ne forment qu’un seul plan sur lequel s’élèvent les deux rochers et les quatre apophj^ses clinoïdes. Au lieu de fosse antérieure , il y a une espèce de paroi oblique dont le milieu est enfoncé , et conduit à une très-petite lame criblée*. Cette égalité de niveau de toutes les parties de la base du crâne se retrouve dans tous les car- nassiers , dans lesquels la fosse antérieure n’est sou- vent point distinguée des fosses intermédiaires, mais forme seulement un canal court et large terminé en avant par une très-grande lame criblée. Cepen- dant il faut remarquer que dans Vours^ les fosses moyennes sont séparées des antérieures par une Art. III. Inégalités de Fintér, du crâ/ie. arête saillante attachée au côté du crâne, et qui appartient en partie à Fos frontal, et en partie à Fos pariétal. Dans le phoque , au contraire , il n’y a point, de fosse antérieure proprement dite , et le devant du crâne s’élève perpendiculairement comme une muraille , et porte la lame criblée â sa partie supérieure. La fosse supérieure est un peu plus marquée dans le morse. On conçoit aisément que , dans tous ces animaux , à mesure que la fosse cé- rébelleuse s’applatit , et que le trou occipital se porte en arrière et en haut ^ la fosse basilaire s’aîonge ; la limite postérieure de la fosse cérébelleuse re- monte en même temps et finit par former une cein- ture qui coupe verticalement le crâne , et qui se trouve située au-devant du cervelet. Dans la plu- part des carnassiers, elle est formée par une lame saillante large et mince , qui se continue sur les rochers , et qui semble faire une chambre parti- culière pour le cervelet. Les carnassiers n’ont point de selle sphénoïdale proprement dite ; leurs apo- physes clinoïdes sont peu considérables. Dans les rongeurs , la base du crâne est fort unie. Il n’y a presque point de distinction entre la fosse antérieure et les moyennes. L’arête des rochers est peu aigiie ; les apo])liyses clinoïdes n’existent que dans un petit nombre d’espèces, comme dans les lièvres et les agoutis. Le lieu de la selle est même enfoncé dans le cahiai. Il y a de même peu de différences de niveau entre les fosses du crâne des édentés. Leur lame criblée C 3 5S YîIF Leçon. Ostéologie de la tète. est située dans un enfoncement que distingue une arête verticale. La limite entre les fosses moyennes et postérieures n’est pas très-marquée dans les pa- resseux^ les tatous et les fourmiliers ; mais dans le pangolin , c’est une large cloison verticale percée clans son milieu d’un trou oval. Les trois fosses sont très-distinctes dans V éléphant. La moyenne est la plus enfoncée , leur séparation se fait par des saillies mousses. La lame criblée de l’etlimoïde occupe presque tout le fond de la fosse rrntérieure , parce que le nez se trouve sous le crâne , comme dans l’homme 5 et non devant , comme dans les carnassiers, les rongeurs, etc. La selfles hénoïdale n’est pas très-élevée ; les apophyses clinoïdes sont courtes, sur-tout les postérieures. Dans le rhinocéros , les fosses antérieures et mo^rennes ne sont point distinguées l’une de l’autre. La fosse postérieure est plus profonde que les autres , et elle est séparée des moyennes par une arête saillante et aiguë qui n’est point attachée au rocher, mais qui est située en avant d’eux. L’endroit ciui répond à la selle sphénoïdale est beaucoup plus enfoncé que les fosses moyennes , au lieu d’être relevé comme dans l’homme. La partie qui cor- respond aux apophyses clinoïdes postérieures n’esî point attachée, comme dans les autres animaux^ à la base du crâne ; mais elle s’étend, comme un pont, de l’une des fosses moyennes à l’autre, tandis que la selle sphénoïdale qui est, comme nous venons de le dire, beaucoup plus basse que ces fosses, com- Akt. ÎIÎ. Inégalités de Fîntér. du crâne, 3g inunique sous ce pont avec Fapophyse basilaire de l’occipital. Dans V hippopotame , les trois fosses et la selle sont de niveau, et il n’y a même de distinction entre elles qu’une lame saillante qui correspond aux apo- physes clinoïdes postérieures. Les rochers dont la hgure est très-irrégulière , saillent dans l’intérieur du crâne, mais n’y établissent point de cloisons régulières. Î1 en est de même dans le tapir-,, mais dans le cochon ^ la fosse postérieure se trouve plus basse que les autres dont elle est distinguée , comme dans le rhinocéros ^ par une saillie placée en avant des rochers. Les apophyses clinoïdes postérieures sont attachées au fond. du crâne. Les antérieures n’existent pas , et le lieu qui correspond à la selle est enfoncé et fort large. Les fosses antérieures ne se distinguent des moyennes que par un peu plus d’élévation et une légère convexité. Tous ces pa- chydermes ont la lame criblée de l’ethmoïde très- large, très* enfoncée et divisée en deux parties par une crête très-épaisse. Dans les ruminans , les fosses moyennes sont à peine distinguées d’avec la fosse antérieure. La selle sphénoïdale est fort large et beaucoup plus basse que les fosses moyennes entre lesquelles elle I est située r elle se continue sur le même niveau avec I la fosse postérieure, dont elle n^est distinguée que par une petite lame qui correspond aux apophyses clinoïdes postérieures. La selle sphénoïdale des cerfs et des chameaux est moins enfoncée que celle des C4 4o VIIF Leçon. Ostêologîe de la têtè, autres genres. Les lames criblées de l’ethmoïde sont larges , mais elles sont plus enfoncées , et séparées par une crête plus large dans le chameau que dans les autres genres. Dans les cJievrotins ^ la fosse antérieure est un peu plus élevée, à propor- tion, que les moyennes. Dans les solipèdes, la selle est moins enfoncée que dans la plupart des ruminans ; et il y a sur chaque rocher une arête saillante qui s’étend jus- qu’à la voûte supérieure du crâne, comme dans les carnassiers. Dans les cétacés, la fosse cérébelleuse est dis- tinguée des fosses moyennes par une cloison laté- rale ; mais tout le fond du crâne est presque de niveau , et il n’y a ni fosse ethmoïdale ni lame criblée. Les fosses moyennes sont très-écartées l’une de l’autre , et un peu plus élevées que la fosse cérébelleuse; il n’y a point d’apophyses clinoïdes. Ce n’est pas par le rocher qu’est formée la ligne de démarcation entre les fosses moyennes et pos- térieures. Cette crête est située en avant. C. Dans les oiseaux. Le crâne des oiseaux est divisé en deux fosses principales , dont l’une est située au-dessus et un peu en avant de l’autre. La première contient le cer- veau proprement dit, et répond par conséquent aux fosses antérieures et à une partie des fosses moyennes de l’homme. La seconde contient les couches optiques, le cervelet et la moelle alongée, Art. III. Inégalités de Vinîér, du crâné, 4i et répond à une partie des fosses moyennes et à la fosse cérébelleuse de Thomme. La ligne qui sé- pare ces deux fosses est aiguë et horizontale. Sur les côtés , mais par derrière , elle remonte pour former une arcade au-dessus du cervelet. La fosse supérieure est séparée en deux parties par une légère proéminence convexe produite par la voûte de Torbite ; mais la fosse inférieure présente plu- sieurs cavités remarquables. Il y a d’abord de chaque côté , sous Faréte qui la sépare de la première fosse , une cavité arrondie pour loger la couche optique correspondante. Entre ces deux cavités optiques, en est une qui corres- pond à la selle sphénoïdale, et dans laquelle on voit un creux particulier pour la glande pituitaire. Ces trois petites fosses forment ensemble une es- pèce d’arc dont la convexité est en avant. Dans sa concavité et devant le trou occipital , est une qua- trième fosse qui répond à la fosse basilaire de l’homme et sert comme elle à supporter la moelle alongée. La fosse inférieure du crâne des oiseaux étant beaucoup plus étroite que la supérieure , l’épaisseur de ses parois latérales se trouve occupée par les cavités de Foreille interne. Les diiférences qui existent parmi les oiseaux relativement à ces fosses de l’intérieur du crâne , sont fort peu considérables ; elles ne consistent guères que dans le plus ou le moins de profondeur de cha- cune d’elles. On remarque en général que leur inégalité est moindre dans les oiseaux nageurs et 42 VHP Leçon. Ostèologie de la tête. ensuite dans ceux de rivage, et qu’au contraire les perroquets et les oiseaux de proie sont ceux chez lesquels cette inégalité est la plus grande. D. Dans les reptiles, La forme générale de la cavité du crâne des reptiles est oblongue, presque d’une égale largeur, seulement un peu rétrécie entre les oreilles. La tortue a une espèce de selle turcique dont les quatre apophyses clinoïdes sont dirigées en avant. La fosse sphénoïdale est un peu enfoncée dans les serpens ; mais elle n’a pas d’apophyses clinoïdes : c’est un enfoncement sémi- lunaire dont le plan est oblique de devant en arrière. La fosse basilaire est plus basse que les autres dans le crocodile et quelques tortues, E. Dans les poissons. Nous n’avons également que fort peu de choses à dire sur l’intérieur du crâne des poissons. Comme leur cerveau ne remplit pas exactement la cavité , celle-ci n’est pas modélée sur les éminences de ce viscère , et les différens enfoncemens qu’on y re-» marque ne sont point séparés par des arêtes vives. La base en est presque généralement plane à l’excep- tion d’un enfoncement qui se trouve dans quelques espèces, et qui correspond, parla place qu’il oc- cupe , à la fosse basilaire , mais qui est destiné à contenir tout le cerveau. Le crâne des poissons osseux s’élargit entre le» Art. IV. Trous du crâne, 4o oreilles au lieu de s’y rétrécir , parce que ces or- ganes sont contenus dans la même cayité que le cer- veau. C’est le contraire dans les cliondroptéri- giens. ARTICLE IV. Des trous de la base du crâne, A. Dans V homme, La base du crâne est percée d’un assez grand nombre de trous qui donnent passage aux nerfs et aux vaisseaux. Les uns communiquent avec la faceq les autres s’ouvrent dans la partie située en arrière. Le plus considérable de ces derniers est le -grand trou occipital^ qui donne passage à la moëile alon- gée et aux vaisseaux qui l’accompagnent. Il est situé au fond de la fosse cérébelleuse , immédiatement au bas et en arrière de la fosse basilaire dans l’os oc- cipital. Son contour est ovale. Son plus grancl dia- mètre est de devant en arrière. Sous la partie anté- rieure de chacun de ses bords latéraux , est une des proéminences par lesquelles la tête s’articule avec la colonne vertébrale J et qu’on nomme les condyles occipitaux. Dans l’épaisseur de chacun de ces condyles , est percé un petit canal qui se porte de dedans en dehors , et un peu en avant et en haut 5 et qui donne issue aux nerfs de la neuvième paire. C’est le trou condyîien antérieur c^\ donne passage au nerf grand hypoglosse. Un peu plus en VHP Leçon. Ostêoîogie de la tête. dehors et en arrière , on voit dans le crâne un autre petit trou qui manque quelquefois , et qui se porte en arrière et en bas et donne issue à une petite veine. C’est le trou condylien postérieur. Un peu en avant et en dehors est un grand trou, formé par le bord postérieur du rocher et par Fos occipital 5 qu’on nomme le trou déchiré posté- rieur. Il est situé précisément au bas d’une impres- sion formée derrière le rocher par le grand sinus latéral. Une autre impression , produite par le sinus pétreux inférieur , aboutit également à ce trou , et c’est en effet par lui que tout le sang du cerveau descend dans la veine jugulaire. Ce trou donne en meme temps issue au nerf vague , au glosso- pharyngien yQik V accessoire de la huitième paire, La partie qui transmet le glosso-pharyngien est sou- vent séparée par une petite lame osseuse. A la face postérieure du rocher , un peu au- dessus du trou déchiré , est un enfoncement conique/ dirigé en dehors , qui pénètre dans l’intérieur du rocher , et s’y termine par deux trous , dont l’infé- rieur transmet le nerî acoustique dans le labyrinthe de l’oreüle , et dont l’autre sert d’entrée à un canal qui loge le nerf facial dans son trajet au travers du rocher, et se termine entre les apophyses mastoïde et styloïde , par un petit trou nommé stylo-mastoï- dien. L’enfoncement dont nous venons de parler se nom nie le canal auditif interne, La fosse cérébelleuse présente encore de chaque côté de petits trous pour le passage de vaisseaux 45 Art. IV. Trous du crâne, sanguins. L\m est situé dans la partie du temporal^ en arrière de Tapophyse mastoïde. Son trajet est très-oblique ; il répond en dedans à la cayité du sinus latéral. L^autre , iionnné aqueduc de Cotunni, est placé vers la crête du rocher au-dessus et en dehors du conduit auditif interne. Il laisse passer quelques petits rameaux veineux. Dans la fosse moyenne on remarque les trous suivans ; 1°, Le trou déchiré antérieur , situé entre la pointe du rocher et Fangle postérieur de la selle sphénoïdale , et dont les bords sont formés par le temporal , le sphénoïde et Foccipital : il est fermé dans Fétat frais par une substance cartilagineuse ; mais à son côté externe estam autre trou, par le- quel Fart ère carotide entre dans le crâne , et qui n^est que Fissue d\m canal tortueux , dont Fentrée est à la face inférieure du rocher immédiatement en avant du trou déchiré postérieur. Ce canal se nomme carotidien ; il transmet ^ outre Farter e , le nerf grand sympathique. A cette même face inférieure du rocher, en avant de Fentrée du canal carotidien , se voit Fissue d’un autre canal qui communique avec la caisse de Fo- reille , et qui fait partie de la trompe d’Eustacke ou conduit guttural de V oreille. Dans Fos sphénoïde , un peu en avant du rocher , en dehors du trou déchiré antérieur, est un grand 46 VHP Leçon. Ostêologie de la tête, trou appelé ovale ^ et qui a en effet cette figure ; il transmet au- dehors le troisième rameau de la cin- quième paire de nerfs, appelé maxillaire infé^ rieur. Un peu en arrière et en dehors du trou ovale , est un petit trou , nommé épineux , qui donne pas- sage à une artère. En dedans de ce meme trou ovale , tout près de Tangle postérieur de la selle sphénoïdale , est un autre petit trou qui donne passage à une veine. Plus en avant encore , mais un peu moins près de la selle , est le trou rond qui se porte en avant et transmet au dehors la seconde branche de la cinquième paire de nerfs nommée maxillaire su- périeur. Il est plus petit que le trou ovale. Enfin sous le rebord aigu qui sépare la fosse an- térieure de la fosse moyenne , est une longue fente qui part de Fangle antérieur de la selle , et se porte obliquement en dehors et en avant j elle commu- nique dans le fond de l’orbite , et y transmet la première branche de la cinquième paire ou ophtal- mique de JVillis y et la troisième , quatrième et la sixième paires entières des nerfs du cerveau , ainsi que l’artère orbitaire interne. On la nomme fente orbitaire supérieure ou sphéno-orbitaire , Les trous optiques s’ouvrent dans le crâne , un peu au-dessus du bord antérieur de la selle , et en dedans des apophyses clinoïdes antérieures. Ils se portent obliquement en dehors dans l’orbite où ils Art. IV. Trous du crâne, transmettent le nerf optique et Tarière centrale de la rétine. Enfin les trous nombreux de la lame criblée de Tethmoïde ( il y en a environ 4o ) occupent le fond de la fosse antérieure , et donnent issue au nerf ol- factif pour se rendre dans le nez. Au-devant de la crête ethmoidale , dans son union avec Fos frontal , on voit un petit trou qui donne passage à une petite veine qui se rend dans le nez. On Fa nommé le trou borgne ou fronto-ethmoïdaL B. Dans les mammifères et les oiseaux. Nous allons examiner successivement les variation s que subissent dans les mammifères et les oiseaux , les principaux trous de la base du crâne. Nous com- mencerons par ceux qui sont situés antérieurement. Nous ne parlerons point du trou occipital dont nous avons déjà traité dans la troisième leçon , à Farticle de Farticulation de la tête. 1°. Trous optiques, a. Les trous optiques des singes sont moins écar- tés Fun de Fautre que dans Fhomme. Dans les carnassiers ^ ces trous et leur intervalle sont recouverts quelquefois par une lame osseuse , dirigée d’avant en arrière comme un toit. Ils ne sont séparés , dans quelques rongeurs , ! comme T agouti,^ que par une lame verticale mince qui manque même tout-à-fait dans le lièvre. Ce- 48 A^IIP Leçon. Ostéologie de la tête, pendant ils sont très-séparés dans le plus grand nombre des espèces. Dans le fourmilier à quatre doigts ^ les trous optiques sont très-grands et réunis à leur naissance, de manière à foi mer une petite fosse sur la portion orbitaire du sphénoïde. Ces trous sont très-petits dans le tatou , et ptiiicipalementdans lep«/2^o//;2y ilsn’oiTrent aucune particularité ddiXisl^ paresseux. Les trous optiques de V éléphant prennent nais- sance dans un canal commun , tracé sur le corps de Fos sphénoïde , et à Forigine duquel on voit un trou qui pénètre dans l’intérieur de Fos. Ces trous se di- rigent obliquement en formant un angle très-ouvert en devant. Dans le rhinocéros , les trous optiques sont dis- tincts ; ils se portent presque directement en de- vant , et forment un canal ^ dans Fépaisseur des os , de près d^un décimètre de longueur. Dans Vhippopotame , ces trous sont Irès-distans i’im de Fautre ; ils sont plutôt ovales que ronds. Leur direction et leur distance respective varient ' dans les ruminans. Dans le cheorotin , il n’y a qu’un seul trou optique , partagé par le vomer. b. Les trous optiques des oiseaux sont situés en avant de la petite fosse qui est entre leurs deux fosses optiques. Ils ne sont séparés Fuii de l’aiitre que par la même lame verticale qui sépare leurs or- bites. La partie de cette lame qui leur répond étant quelquefois échanerée comme dans le coq , etc. ils Art. IV. Trous du crâne, 4q paroissent alors ne former qu’un seul trou lorsqu’on les considère à l’intérieur du crâne. 2°. Fente sphéno-orhilaire, a. La fente sphéno -orbitaire des singes est très- courte , et se réduit même à un simple trou ovale 4 excepté dans V orang-outang où elle est comme dans l’homme. Dans les carnassiers , elle est toujours oyale et en forme dë canal. Dans les rongeurs , il n’y a qu’un seul trou à l’in- térieur qui tient lieu à la fois de la fente sphéno- orbitaire et du trou rond. Dans le fourmilier à deux doigts la fente sphéno- orbitaire , qui est très-distincte du trou op- tique dans l’intérieur du crâne , se confond avec ce trou dans la fosse orbitaire et temporale ; elle est arrondie et s’annonce long temps ayant de percer le crâne par un sillon ou canal tracé sur sa base. Il en est de meme dans les autres fourmiliers et ta- tous^ ainsi que dans ies/?<7r^u cerveau de V homme, 125 ARTICLE IV. Description du cerveau de Vhomme, A. he cerveau de V homme , vu à sa face supérieure , Lorsqu'on a enleyé la calotte da crâne et la dure-mère, présente un ovale, dont la longueur est à la largeur à peu près comme 4 à 5. Cet ovale est un peu plus étroit par devant ; sa con- vexité est assez uniforme , et telle que la hauteur est à peu près moitié de la largeur. Un sillon profond , dans lequel entre la faux , partage longitudinalement cet ovale en deux parties à peu près égales , qu’on nomme hémisphères. On ne voit point le cervelet à cette face supé- rieure parce qu’il y est entièrement recouvert par le cerveau. Les sillons sont très-nombreux et très-profonds. Il y en a qui ont jusqu’à o,o2i de profondeur j ils se contournent de cent manières différentes. Leurs intervalles ont la partie visible au dehors , large d’environ o,oi , plus ou moins : ces intervalles ont l’aspect d’un paquet de petits boyaux. En comptant ceux qui touchent à la ligne de séparation des deux hémisphères, on en trouve dix-huit ou vingt : en comptant dans une direc- tion transverse, on en trouve dix on douze; mais iü6 IX® Leçon. T)u cerv, des an. vertébrés. ces nombres dépendent des lignes sur lesipelles on compte. La faje par laquelle les hémisphères regardent , est plane : on y voit des sillons corame à leur face convexe. Cetle face a Ojo4 de hauteur. La faux n’étant pas aussi haute ne sépare pas entièrement ces faces, et les hémisphères s’unissent au dessous de la faux par des vaisseaux et de la celluîosité. En écartant les hémisphères l’un de l’autre on voit qu’il y a au fond du vallon qui les sépare une espèce de pont de substance médullaire , qui va de l’un à Fautre , en s’enfonçant sous eux. 11 n’occupe pas toute la longueur de ce vallon, mais laisse en avant un espace égal au tiers de sa propre longueur, et en arrière, un autre double du pre- mier. Il ne fait donc lui-mème que moitié de la longueur des hémisphères : on voit qu’il se replie sous lui-méme à ses deux extrémités. B. Le cerveau de V homme y vu par le coté y Présente à son contour supérieur une ligne courbe, assez semblable à une moitié d’ellipse; mais son contour inférieur est très-irrégulier. Il y a d’abord une ligne concave , qui règne de l’extrémité pos- térieure en descendant jusqu’au milieu de la lon- gueur totale, qui est aussi le point le plus bas. C’est sous cette ligne concave qu’est le cervelet qui est entièrement situé sous le cerveau. Le contour du cervelet, considéré ainsi de probl, équivaut à peine en aire au huitième de celui Art. IV. T) U cerveau de V homme. 127 u cerveau de rjiomine, 129 dont les fibres sont parallèles entre elles et aux deux bords j elles se rapprocbeiit en dehors pour former les deux cornes de cette espèce de crois- sant, lesquelles s'enfoncent dans le cervelet sous, ou plutôt sur sa petite éminence arrondie. Cette protubérance annulaire correspond à la fosse ba- silaire de fos occipital : sa plus grande largeur est double de sa longueur. La moelle alongée se montre immédiatement derrière le pont de varole, qui a l’air de lui avoir formé une sorte de coiUer et de Favoir comme étreinte. Sa base est plus large , et elle se rétrécit par degrés, de manière à représenter une espèce de bulbe. On voit un sillon longitudinal dans son milieu et un autre vers chacun de ses côtés. En dedans du sillon latéral est une légère éminence ovale que Fou nomme ollvaire. Entre Férninence olivaire et le sillon du milieu sont des fibres lon- gitudinales, que Fon appelle éminences pyrami^ dales. Il y a un petit creux triangulaire entre les bases dos éminences pyramidales et le bord pos- térieur du pont de varole. Un autre enfoncement îrans verse ce fait aussi remarquer entre les émi- nences olitaires, et les sépare de ce même bord. Les fibres de la portion de la moelle alongée qui est située en dehors de chaque éminence olivaire se dirigent obliquement en dehors et en avant. Les deux monticules latéraux ou les lobes moyens du cerveau ont un contour à peu près triaîigu- îaire ; ils présentent des siiiom irréguliers , comm© 2. I iI)o IX® Leçon. Du cerv. des an. vertèbres. fout le reste de la surface du cerveau. Ils sont séparés des antérieurs par un sillon nommé scissure de Sylviusy et dans lequel est reçu le bord pos- térieur des petites ailes du sphénoïde. Tout ce qui est au devant de ces deux monti- cules appartient aux lobes antérieurs du cerveau. Ils sont beaucoup moins convexes et moins saillans ; ils présentent également des sillons irréguliers , et les nerfs olfaciifs sont couchés sur eux dans cette position renversée parallèlement à la ligne moyenne qui les sépare. Pour distinguer ce qui se trouve dans l’enfon- cement situé entre ces quatre monticules , il faut presser le cervelet et le pont de varole en arrière et les lobes moyens sur les côtés : alors on apperçoit les jambes du cerveau , qui sont deux cylindres médullaires qui paroissent à l’œil être la conti- nuation de la moelle alongée après son passage sous le pont de varole. Ils se touchent par leur bord interne, et se dirigent en avant en se por- tant un peu en dehors , où ils s’enfoncent chacun de son côté sous la masse du cerveau entre ses lobes antérieurs et moyens. Ils sont là croisés chacun par un des nerfs optiques qui sortent de ce même enfoncement et se dirigent en avant et obliquement en dedans pour venir s’unir dans la ligne moyenne. Il reste entre les jambes du cerveau et les nerfs optiques un espace en lozange, à la partie postérieure duquel on voit deux tuber- cules blancs arrondis , appelés mamillaires. Le Art. IV. Du cerveau de V homme, i$i reste de cet espace est occupé par un cône de substance cendrée, nommé Venlonnoir^ qui se pro- longe en une tige mince adhérente à T union des nerfs optiques, et se terminant dans la gknde pituitaire qui_, dans cette position renversée, se trouve placée au dessus d’elle et la recouvre. D. Développement du cerveau. Pour bien connoitre les parties intérieures du cerveau, il faut couper ses jambes immédiatement au devant du cervelet et du pont de varole : on voit alors que le cerveau proprement dit ne tient au reste de l’encéphale que par un croissant d’en- viron o,o3 de largeur , qui forme précisément la coupe des jam.bes du cerveau , et qui occupe à peu près le milieu de la face inférieure du cer- veau ainsi séparé. Sur son bord supérieur est une solution de continuité qui est la coupe de l’aqueduc de Syl- vius , dont nous parlerons par la suite ; et en écartant un peu les jambes du cerveau qui est au dessus , on voit qu’il y a sur cet aqueduc une espèce de pont médullaire , dont la face supérieure présente quatre éminences arrondies , que l’on nomme les tubercules quadri-juraeaux. Les supérieurs et antérieurs , nommés nates ^ sont un peu plus grands et de forme ovale. Les inférieurs et postérieurs , nommés testes ^ sont arrondis et un peu plus petits ; mais ils se pro- longent obliquement au coté externe des nates, I 2 i5s IX® Leçon. JD/i cerv, des an, vertébrés. A FeExclroit où ce prolongement vient à rencon- trer la racine du. nerf optique qui , comme nous Favons dit en décrivant la base du cerveau , contourne la jambe en remontant obliquement en arriére , on remarque une autre petite éminence qui pourroit être regardée comme appartenant à une troisième paire de tubercules (i). Entre les testes en arrière est un petit frein triangulaire grisâtre assez dur. Le nerf optique , un peu avant d’être remonté jusqu’à Féminence latérale du testis ^ s’élargit, se partage par un petit sillon en deux parties, dont la plus extérieure , après avoir formé un petit tubercule ovale , semble s’épanouir sur la partie postérieure d’une grosse éminence appelée couche optique. Les deux couches optiques représentent en- semble par leur face supérieure, qui est cachée sous le cerveau , un espace triangulaire échancré par derrière. ( C’est dans cette échancrure que sont les tubercules quadri-jumeaux. ) Les côtés de cet espace sont bombés , le milieu en est enfoncé longitudinalement 5 et lorsqu’on écarte l’une de l’autre les deux couches optiques on voit qu’il y a entre elles une solution de continuité qui porte le nom de troisième ventricule. Cette solution de continuité n’est pas complète 3 il passe d’une (1) Vicq-d’Azir, pl. XVI , n°. 54. Art. IV. l^u cerveau de V homme, i33 ûe ses faces à Faiitre une production de substance pulpeuse presque fluide, appelée la commissure molle des couches optiques. Ce yentricule communique par Vaqueduc de Sylpius y qui passe sous les tubercules quadri- jumeaux, avec un autre qui est sous le cervelet, et qu'on nomme quatrième ventricule, La partie antérieure du troisième s’enfonce entre les tubercules mamiilaires et Funion des nerfs optiques, pour y former une espèce d’entonnoir de substance pulpeuse , appelé infundihulum. Les bords supérieurs de ce troisième ventricule sont marqués chacun d’une ligne blanche, qui se prolonge en arrière pour former le pédoncule de la glande pinéale , petit corps ovale, cendré, suspendu au dessus des tubercules quadri-j uni eaux. Cette même ligne blanche se prolonge en avant vers le bas , et se recourbe subitement pour s’unir à un gros cordon médullaire qui forme l’une des moitiés du pilier antérieur de la voûte. Un peu en avant de cet endroit est une poutre médullaire transverse qui passe d’un côté du cer- veau à l’autre , et qui se nomme la commissure antérieure du cerveau. Il y a une autre commissure presque semblable sur l’entrée de Faqueduc de Sylvius et sous les pédoncules de la glande pùnéale : on Fa appelée commissure postérieure. L’entrée de Faqueduc a été appelée Vanus. Entre la commissure antérieure et Funion dea i 3 i54 IX®. Leçon. T)u cerv. des an. vertébrés. nerfs optiques est un espace qui n’est fermé que par la membrane pie - mère et par une Couche très-mince de cette substance pulpeuse qui revêt tout l’intérieur du troisième ventricule : on l’a nommé la vulve. En dehors et en avant des couches optiques, sont deux autres monticules également cachés sous le cerveau , que l’on nomme corps cannelés , à cause de leur texture interne, que nous décrirons ailleurs. Ces corps cannelés sont larges en avant, et s’y rapprochent de la ligne moyenne ; ils se rétré- cissent en arrière et s’y écartent l’un de l’autre pour faire place aux couches optiques 5 ils se ter- minent par une queue qui suit exactement le con- tour de la couche optique et de la racine du nerf du même nom, et ils se terminent en dessous par un petit élargissement obtus, en sorte que chaque corps cannelé représente un fer à cheval , dont l’une des branches seroit beaucoup plus grosse que l’autre. Dans la position naturelle du cerveau ce fer-à-cheval est placé de champ, de manière que la grosse branche est en haut et un peu plus en avant et en dedans que l’autre. Dans le sillon qui sépare le corps cannelé de la couche optique , du même côté , est un ruban de substance médullaire qui suit le même contour , et que l’on nomme bandelelie sémU circulaire. Toute la partie du cerveau proprement dit, qui est visible à l’extérieur, est en quelque sorte un I Art. IV. Du cerveau de Fhomme, i55 appendice des corps cannelés; mais un appendice qui les surpasse inliniment en volume dans l’homme. Cette xnasse de chaque hémisphère tient à tout le bord externe des corps cannelés ; et après s’étre portée en bas et en dehors , elle se recourbe en haut et en dedans pour s’adosser à celle du côté opposé et s’unir au corps calleux. La portion de cette masse qui tient à la queue recourbée du corps cannelé forme ce que l’on nomme le lobe moyen, La partie postérieure des hémisphères eî du corps calleux lui -même se reploie en dessous, eî leur repli pénètre sous eux , en recouvrant les tubercules quadri-jumeaux et les couches optiques: il arrive ainsi, en se rétrécissant toujours , jusques au dessus de la commissure antérieure du cerveau , où il se termine par deux cordons médullaires qui pénètrent dans la substance de chaque couche optique : ce repli porte le nom de voûte à trois piliers. En arrière , il est uni immédiatement à la face inférieure du corps calleux ; en avant , cette union se fait par deux lames de substance médullaire qui forment une cloison très - mince , nommée le septum luciduni. Les bords de la voûte se prolongent en arrière en s’écartant Pun de l’autre, de manière à former un triangle, et descendent dans rintérieur* du lobe moyen en sui- vant à peu près la même courbure que les queues des corps cannelés. Derrière chacun de ces bords est un renflement de la largeur du doigt qui suit I 4 ' Ÿ 106 IX® Leçon. T) a cerv, an. verièhrès. encore la nome coinbure , et qjie l’on nomme corne d'ammon ou -pied de cheval-marin. Sous ce meme bord est une bandelette grisâtre et ser- pentante, et comme festonnée, que l’on nomme le cor (y s franoê. La surface inféiieiire de la voûte présente une ou deux stries longitudinales sous son milieu et en devant. En arrière , se voient des fibres trans- verses qui sont la suite de celles du corps calleux. Les diderens replis dont les bémispbères sont composés , ne s’üiiis.^ant point Fun à l’autre par leur face interne , iis interceptent une grande ca- vité dans chaque hémisphère : ces deux cavités se nomment les ventricules antérieurs du cer- veau. Elles peuvent être comparées, par la forme, à ta lettie majeure italique couchée K. La voûte de leur branche supérieure est formée par le corps calleux , et son plancher par le corps cannelé. La branche descendante contient la queue du corps cannelé en devant , et la corne d’ammon en arrière. L'angle de réunion de ces deux branches pénétre en arrière dans la portion de Fiiémisphère qui est au dessus du cervelet, et y forme un cul- de-sac qui se contourne en dedans, appelé cavité digitale. A sa face interne est une petite éminence nommée ergot. Les deux ventricules ne sont séparés l’un de l’autre dans leur partie antérieure que par le septum îucidam , et ils commuiiiqueroient l’im avec l’autre sous la voûte sans une productiep de Art. IV. Du cerveau de riiomme, j'arj la pie ~ mère , que nous décrirons dans la suite S0U3 le nom de plexus choroïde, et qui ne leur laisse de communication qu’un petit trou près du pilier antérieur. C’est par ce mémé endroit qu’ils communiquent avec le troisième ventricule , et par lui avec le quatrième 5 en sorte que ces quatre ca- vités n’en font, à proprement parler , qu’une seule. Il y en a une cinquième entre les deux lames du septum luciduin , mais qui n’a point de coni” munication à l’extérieur : c’est le cinquième ven- tricule. Le cervelet tient au reste de l’encéphale par deux troncs médullaires , l’un à droite et l’autrq à gauche, qui semblent prendre racine dans son intérieur pour entrecroiser leurs libres avec celles de la moelle alongée. Les fibres du plan inférieur de chacun de ces troncs se continuent pour former le pont de varole ^ et pour s’unir ensemble sur la ligne moyenne. Celles du plan supérieur forment un faisceau plus mince ^ qui se dirige vers les éminences testes, et qui est joint au faisceau, du coté opposé , par une lame très-mince de substance médullaire, appelée valvule du cerveau. Le bord postérieur de cette valvule s’unit à la masse du cervelet. Le cervelet ne touche point à la partie supé- rieure de la moelle alongée ; mais il est placé sur elle comme un pont. La solution de continuité qui existe entre eux , se nomme le quatrième ven- tricule^ i38 IX® Leçon. Du cerv. des an, vertèbres. Celte cavité communique avec le troisième par Faqueduc de Sylvius. Sur le fond de ce ventri- cule est une empreinte angulaire, nommée à écrire. Le cervelet lui-même est divisé en trois parties ; deux latérales beaucoup plus grandes , appelées ses lobes 5 et une moyenne beaucoup plus petite , cachée dans le sillon qui sépare les deux autres, qu^on nomme protubérance vermiforme. E. Coupes du cerveau. On peut faire dans la masse du cerveau plu- sieurs coupes propres à en faire connoître la struc- ture r les unes se font dans le sens vertical j d’autres dans le sens horizontal et oblique. 1®. Coupes verticales, La plus essentielle des coupes verticales est celle qui partage le cerveau en deux parties égales , en laissant les deux hémisphères intacts , ainsi que les corps cannelés et les couches optiques , et en coupant par le milieu le corps calleux , la voûte , les trois commissures , la glande pinéale , les tubercules quadri-jumeaux, le cervelet, le pont de varole et la moelle alongée. Cette coupe montre , 1'’. que le corps calleux a une courbure presque parallèle à celle de la voûte du crâne ; qu’il se reploie en avant et en arrière sous lui-même ; 2^^. que la voûte est une continuation de son repli postérieur ; 5®. que le septum Lucidum est un espace triangulaire ren- Art. IV. Du cerveau de VJionnne, loq fermé entre le corps calleux , son repli antérieur et la voûte 5 4”. que la commissure antérieure , runion des nerfs optiques et le tubercule mammillaire font ensemble un triangle à peu près équilatéral. Cette coupe montre bien aussi le grand vuide du milieu du crâne, qui commence en avant à Fen- tonnoir , puis forme le troisième ventricule, Faque- duc de Sylvius et le quatrième ventricule. La coupe de ce dernier est triar^ulaire ; celle de Faqueduc est longue et étroitej celle du troisième ventricule à peu près demi-circulaire, et sa partie qui descend vers Fentomioir presque quarrée. La partie coupée de la moelle alongée et du pont de varole montre des libres croisées , plus ou moins remarquables. On en voit quelquefois un faisceau qui vient des environs du quatrième ventricule , et se recourbe pour donner naissance à la troisième paire de nerfs. La coupe du cervelet montre des linéamens médullaires qui représentent un arbre à cinq branches principales , subdivisées deux fois de suite en branches plus petites : on Fappelle arbre dé vie. Toutes les coupes parallèles à celles-là , mais plus sur le coté , présentent la même figure. En pénétrant dans celte coupe verticale, et en s’approchant toujours du coté extérieur , on dé- couvre plusieurs choses remarquables : i®. que le pédoncule du pilier antérieur de la voûte s’en- fonce dans la substance de la couche optique pour se terminer au tubercule mammillaire} 2°, que de c© »i4o IX® Leçon. Du cerv, des an. vertébrés^ même tubercule part un autre faisceau médullaire qui remonte également dans la substance de la couche optique jusques vers sa face supérieure ; 3°. que les libres des jambes du cerveau se con- tinuent au travers de la couche optique jusques dans le corps cannelé , et au travers du pont de va- roie jusques dans la moelle alongée^ 4®. que Fémi- nence olivaire présente dans son intérieur un linéa- ment grisâtre qui en fait tout le tour en serpentant. Comme ce linéament se montre de quelque manière que bon coupe Féminence , on voit qiFelle doit contenir un corps dont la surface est très-inégale et enduite d^une couche mince de substance grise dont les coupes forment ces linéaraens. 2®. Coupes horizontales. Les coupes horizontales peuvent commencer par la face supérieure ou par l’inférieure. Lorsque Fon coupe supérieurement les deux hémisphères au niveau du corps calleux , on dé- couvre le plus grand espace médullaire qui puisse être démontré dans le cerveau : il n’y a alors que les bords où Fon voie de la substance grise, tout le reste est blanc et porte le nom de centre ovale de Vieussens. Si Fon pénètre plus bas , les deux ventricules antérieurs se découvrent aussitôt. On voit de cette manière que leurs cornes antérieures sont rap- prochées Fune de Fautre, tandis que les postérieures s’écartent. Art. IV. Du cerveau de V homme. i4i En enlevant toiit-à-fait le corps calleux , on met à découvert la voûte à trois piliers , et Fon voit bien sa forme triangulaire : on pénètre aussi dans le cinquième ventricule , en écartant les deux cloisons qui forment le septum lucidum. Coupant alors le pilier antérieur de la voûte , et rejetant la voûte elle-même en arrière , on met entière- ment à découvert la face supérieure des couches optiques , Fouverture du troisième ventricule , les trois commissures et les trois tubercules quadri- jumeaux : Fœil peut même plonger jusques dans Vinfundih Ilium. En faisant de nouvelles coupes plus profondes , on voit que Fintérieiir des corps cannelés est rempli de stries blanches qui semblent venir des couches optiques et par elles des jambes du cer- veau. Ce sont ces stries blanches , séparées par des stries cendrées, qui leur ont valu le nom de corps cannelés. En pénétrant davantage encore, on voit que la commissure antérieure du cerveau se prolonge de chaque coté dans la substance des couches optiques, sous forme d’un trait blanc assez semblable à un arc à tirer des flèches. La commissure postérieure se perd presqu’aussitôt après avoir pénétré dans la substance des couches optiques. Les corps ou tubercules quadri-jumeaux coupévS horizontalement présentent une substance grisâtre à peu près uniforme. i42 IX® LnçoN. 7Du cerv, des an. vertébrés. Les coupes horizontales du cervelet montrent des lignes blanches dont la direction est de droite à gauche , et qui sont précisément les mêmes dont les coupes verticales forment l’arbre de yie. Les coupes horizontales de la moelle alongée et du pont de varole montrent les mêmes directions de fibres que nous avons déjà décrites. Celles des jambes du cerveau présentent dans leur intérieur une tache d’un brun noirâtre. Par des coupes horizontales faites à la face in- férieure on peut mettre à découvert plusieurs choses intéressantes. Premièrement, le repli postérieur du corps calleux qui forme en dessous un gros bourrelet en arrière de la voûte proprement dite; secondement , les deux corps frangés qui partent chacun de l’une des extrémités de ce bourrelet, et se portent sous les piliers postérieurs de la voûte dont ils suivent exactement la courbure ; troisiè- mement , la coupe des jambes du cerveau , dans laquelle on voit la tache noire qui forme dans ce sens une espèce de dcmi-cercle ; quatrièmement , de cette manière on montre en situation la face inférieure de la voûte et la lyre j enfin , en en- levant la voûte on met à découvert la face infé- rieure du corps calleux, c’est-à-dire le plafond des ventricules supérieurs, à la partie moyenne duquel tient le septum lue id uni par les deux lames qui le forment. Ap..t. IV. Du cerveau de V homme, i43 F. De V origine des nerfs, 1°. Du nerf olfactif ÎjQ nerf olfactif est couclié sous les lobes anté- rieurs du cerveau dans un sillon voisin et parallèle à la ligne moyenne. L^extréniité antérieure , qui appuie sur la lame cribleuse de l’os etlimoïde, est de substance grire.' Le resie de la longueur du nerf est blanc , en prisîne triangulaire f sa base s’élargit et se divise en trois racines marquées par autant de filets blancs, qui se perdent dans la substance grise du cerveau. L’une, intérieure, se porte en dehors jusque dans la scissure de S)lvius où elle se perdj la seconde, extérieure, remonte à la face interne de l’hémi- sphère jusques vers le corps calleux 5 la troisième, moyenne, est beaucoup plus courte que les deux autres et manque même quelquefois. 2®. Du nerf optique. Le nerf optique prend visiblement naissance par des libres qui se voient à la partie supérieure des couches du même nom. Il descend en dehors, en entourant comme Un ruban les jambes du cer- veau , dont il est séparé par son bord interne , ma.is en s’y unissant par le bord externe. Il se rapproche de la ligne moyenne au devant de l’en- tonnoir ou il s’unit intimement à son correspondant, de manière que ni l’œil, ni le scapel ne peuvent i44 IX^ Leçok. I^u cerv. des an. vertébrés. discerner s’ils se croisent ou s’ils ne font que se réunir. Après ce point de réunion, ils s’écartent de nouveau pour soi tir du crâne par les trous optiques. La portion qui est en avant de leur réunion est cylindrique. 5°. JDii nerf oculo-musculaire. Ce nerf naît à peu près du milieu de la jambe du cerveau, un peu en avant du pont de va rôle ; mais on peut suivre son origine dans l’intérieur de cette jambe. C’est un filet médullaire qui pé- nètre en remontant et en se courbant en arrière jusque sous le plancher du quatrième ventricule. On a cru mal-à-propos que ce filet se rendoit au tubercule mammiîlaire. Ce nerf se porte un peu sur le côté pour sortir du crâne par la fente sphéno- orbitaire , après avoir traversé l’épaisseur de la dure-mère. 4”. Du nerf pathétique. Il naît par quelques filets derrière les éminences testes au côté du petit frein. On voit derrière lui , sur la valvule du cerveau , quelques fibres blanches , dont les unes vont gagner le pont de varole , et dont les autres ont une direction plus ou moins divergente avec les premières. Ces fibres paroissent quelquefois contribuer à sa formation. Ce nerf se glisse entre le lobe moyen du cer- veau et la partie adjacente du pont de varole et de la jambe ; et après avoir parcouru un fort long Art. IV. Du cerveau de Vhomme, i45 trajet , il sort du crâne par la fente sphéno-orbi^ taire derrière les apophyses clinoïdes postérieures. 5®. Des nerfs tri-jumeaux. Le nerf de la ciquième paire vient de la partie de la jambe du cervelet , qui forme le pont de varoîe très - près de sa sortie hors du cervelet. M. Scemmerring assure qu’on peut quelquefois le suivre dans la substance de cette jambe jusques sous le plancher du quatrième ventricule. IJ est très-mou à son origine ; mais il devient bientôt fort dur et se divise en une multitude de filets disposés en un ruban applati. Ce ruban se partage en trois faisceaux qui ont valu à ce nerf le nom qu’il porte de tri-jumeau ou tri-facial, et qui eux- mêmes portent le nom de nerf ophtalmique , maxil- laire supérieur et maxillaire inférieur, 6°. Du nerf abducteur, La sixième paire de nerfs commence sur le bord postérieur du pont de varoîe par quelques filets qui viennent du sillon qui sépare le pont d’avec les émi- nences p5^ramidales. Quelques-uns des filets pa.rois- sent venir du pont lui-même ; iis se portent directe- ment sous le pont de varoîe , en avant vers la pointe du rocher , où ils pénètrent dans les sinus caverneux pour se porter ensuite dans l’orbite ^ comme nous fin clique r on s, K 2 i46 IX® Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 7°. Du nerf auditif , ou portion molle de la septième paire. Le nerf acoustiq^iie paroi t naître par plusieurs fibres blanches,, dont le nombre varie de cinq à deux , et qui se voient sur le plancher du quatrième ven- tricule. Ses filets se rapprochent et descendent sur les côtés de la base de la moelle alongée, pour y donner naissance à ce nerf qui se sépare de la niasse un peu plus en dehors que le précédent. Il se rend dans l’intérieur de Foreille , où nous suivrons sa distribution à l’article du sens de Fouïe. 8°. Du nerf facial y ou de la portion dure de la septième paire. Il tire son origine du sillon qui sépare le pont de varole de la moelle alongée^ un peu plus en dehors que les éminences olivaires , par une portion en forme de bandelette , et par une autre qui paroît un peu plus fibreuse , mais qi,ù ne tarde pas à s’unir intimement à la première. Il entre dans un canal de la dure-mère qui lui est com- mun avec le nerf acoustique,, et entre avec lui dans le trou auditif interne. 9®. Des nerfs glosso - pharyngien , vague et spinal^ vulgairement nommés nerfs de la liuU tième paire. Le nerf glosso-pharyngien et le vague naissent dans le sillon qui borne extérieurement Féminence Art. IV. Du cerveau de V homme» 147 olivaire. Le gîosso-pharyngien est plus antérieur, et est formé par trois , quatre ou cinq filets. Le vague est formé par un nombre beaucoup plus considérable qui occupe tout le reste de ce sillon. Le spinal vient de plusieurs filets qui naissent de la moelle de l’épine sur ses cotés , en descen*- dant jusqu’aux racines des quatrième, cinquième, sixième et quelquefois septième paire cervicale. Il se rapproche du nerf vague , et il sort avec lui et le glosso - pharyngien par le trou déchiré postérieur. 10°. Du nerf grand hypoglosse. Ce nerf, qui forme la douzième paire , quoi- qu’il soit nommé vulgairement la neuvième , prend naissance sur la moelle alongée , un peu au dessous et entre les éminences olivaires et pyramidales , par un grand nombre de filets grêles formant une sorte de cercle. Ces filets se réunissent bientôt en deux ou trois faisceaux qui se portent vers le trou unique ou double qui traverse l’os occipital au devant de son condyle. ARTICLE V. Du cerveau des mammifères.. Le cerveau des mammifères contient absolument les mêmes parties que le cerveau de l’homme, disposées à peu près dans le même ordre 5 mais il K 2 . ï48 IX® Leçon. Du cerv, des an. vertébrés. varie par ses proportions avec le reste da corps> par ses proportions avec le cervelet et la moelle alongée , par sa forme générale , par ses circon- volutions, par son développement intérieur, enfin, par les différences que présentent la base et Fori- gine des nerfs. 1®. Proportion de la masse du cerveau avee le reste du corps. Il est très-difficile , pour ne pas dire impossible , d’établir cette proportion d’une manière compa- rative 5 parce que le poids du cerveau reste à peu près le meme pendant que celui du corps varie considérablement, et quelquefois du simple au double selon qu’il est plus maigre ou plus gras : c’est ainsi que cette proportion a été indiquée dans le cliat, comme i à i56 par un auteur, et comme 1 à 82 par un autre; dans le chien, comme 1 à 5o5 , et comme 1 à 47 , etc. Voici cependant une table de ces proportions recueillies de différens auteurs et de nos propres observations. On verra que, toutes choses égales, les petits animaux ont le cerveau plus grand à proportion ; que l’homme n’est surpassé que par im petit nombre d’animaux , tous maigres et peu charnus, comme les souris, les petits oiseaux, etc.; que, parmi les mammifères, les rongeurs ont assez généralement le plus grand cej veau et les pa- chydermes le plus petit; que les animaux à sang Art. V. Du cerveau des mammifères, *i4(^ froid Font énormément plus petit que ceux à sang cliciud, etc. Selon qu’il est jeune ou vieux. O R A N G s. Gibbon S^A P A J O U s. Saïmiri • • • À* Saï • Ouistiti • • À* Coaï ta. • Guenons. Malbrouc jeune. • Callitriche et Patas • * * Mone • •••••- Mangabey . ^ .. . Magots et Macaque s. Mataque. • Magot. Papion • - * Makis. Mococo jeune yari, K 3 i5o IX® Leçon. Du^cerv. des an, vertébrés. C H E ï R O P T È R E s. Nodule Plantigrades. Taupe. Ours Hérisson, • • ‘ Carnivores. 96* 36* 1 265* 1 16.8* Chien • Renard • Loup • • Chat • • Panthère Marte. • Furet, » j_ j_ _L JL. JL 47* 50* 57* 154* 161* 305 2Ô5* 2 30* 1 1 5G* 1 247* 1 365* 1 138’ Rongeurs. Castor. Lièvre Lapin. • * rb- Ondatra. • . • Rat . . Souris. Mulot 2 90* 1 228* 1 i6a* 1 124* I 76* 1 43* al* Art. V. T^u cerveau des mammifères. i5i Pachydermes. Éléphant Ç Sanglier Giclions. ' ’ Verrat • 1 de Siam R U M I N A N s. Cerf • • Chevreuil Brebis. • Boeuf. • jeune 1 351* SOLIPEDES. Cheval • Ane. • • C ^ T A c É s. Dauphin. h- h- il- -h' y Marsouin. ^7(1}* (1) Pour ne pas revenir à cet objet dans les articles où nous traiterons du cerveau des autres classes, nous ajoutons ici une table de Ja proportion du cerveau au reste du corps dans quelques oiseaux, reptiles et sérpens : elle est prise en partie de Haller, et en partie de nos propres observations. Oiseaux. Aigle. . îlî. Faucon * . Moineau» Serin i552 IX® Lsçoisr. Du cerv, des an, vertébrés. 2^. Proportion du cerveau avec le cervelet et la moelle alongée. Il est facile d’obîenir avec justesse la proportion du poids du cerveau avec celui du cervelet, parce qu^aucune variation dans la santé, la graisse des individus , etc. , ne peut avoir d’influence ici. Cette proportion est plus considérable dans Tarin» . . Pinçon . . Rougegorge Merle» . . Coq . . . Canard* . Oie . . . Reptiles. Tortue de terre» . . . . i . . Tortue de mer Couleuvre à collier Grenouille Poissons. P^equin Chien de mer . k . ..... Thon» . . . , Brochet ...... Carpe • . Silure . glanis • . 7T44' Tv44Ô» ïT^* I J8 V Aut. V. T)u cerveau des mammifères. i55 Fhomme que dans presque tous les autres mam- mifères , ainsi qu’on le verra par la table ci- jointe. Les rongeurs sont ceux qui ont le cervelet le plus grand, à proportion du cerveau. Dans l’homme , le cervelet est au cerveau comme • > . . . • • 9* Magot . . • < Papion. • • • 7- Chien. ... Chat • ... : 6. Taupe • • • : 4 Castor . • . - : 5.” P..at. Som is • • • : 2. Lièvre . . • < : 6. Sanglier. • • • 7- La proportion du cerveau avec la moelle alongée s’estime par la mesure de leurs diamètres. M. Soemmerriiig et M. Ebel ont fait voir que cette proportion est plus à l’avantage du cerveau dans l’homme que dans tous les autres animaux , et qu’elle est un très-bon indicateur de la perfection de rintelligence, parce que c’est le meilleur in- i54 Leçon. Du cerv. des an» vertébrés» dice de la prééminence que Forgane de la ré- flexion conserve sur ceux des sens extérieurs. Ce- pendant il y a aussi quelques exceptions à cette règle : le dauphin en est une preuve remarquable. Voici un tableau des proportions entre la lar- geur de la moelle alongée à sa base, et la plus grande largeur du cerveau dans quelques animaux. Dans l’homme , la largeur de la moelle alon- gée , après le pont de varole , est à celle du cerveau, comme i : <7. Dans le singe bonnet chinois, comme 1 : 4. Dans le macaque à queue courte. • 1 : 5. Chien 6:11. ou. 5 : 8. Chat • • • •••••••..• S i 22» Lapin. . 5 : 8. ou. 1 : 3. Cochon 5 : 7. Bélier. 5 : y. Cerf. 2 : 5» Chevreuil 1 : 3. Boeuf 5 ; i3. Veau 2 : 5. Cheval. * 8 : 21. Dauphin. • 1 : i3(i). ( 1 ) Nous ajoutons ici un tableau de la proportion de ces mêmes parties dans quelques oiseaux. Faucon : 34. Art. V. IDu cerveau des mammifères. i55 5®. Forme générale. Les différences dans la forme générale du cer- veau dépendent principalement du plus ou moins de volume et de développement de ces deux appen- dices des corps cannelés , que nous nommons les hémisphères. Ces paities sont plus épaisses en tous sens dans l’homme que dans aucun autre ani- mal. C’est ce qui produit la rondeur de son cer- veau. Les singes commencent à l’avoir plus applati. Leurs hémisphères se prolongent aussi , en ar- rière , comme dans l’homme , pour y former les lobes postérieurs qui posent sur le cervelet 3 mais dans tous les autres quadrupèdes , à commencer par les carnassiers , non-seulement les hémisphères sont minces , et par conséquent le sillon qui les sépare peu profond et le cerveau applati en dessus ; mais encore les lobes moyens sont beau- coup moins bombés vers le bas , et les postérieurs n’existent point du tout. Le cervelet se voit à dé- couvert en arrière du cerveau. Quant au contour , les cerveaux des singes sont Chouette Canard* Dindon Moineau i4 : 35. 10 : 27. 12 : 33. 7:18. i56 IX* Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. aussi assez semblables à celui de l’homme parleur forme oyale ; mais dans les carnassiers , ils sont propo] tionnellement plus étroits en avant et se rapprochent davantage de la forme triangulaire. Cela se voit sur tout dans le chien et le sarigue. Quelques rongeurs ^ comme le lièvre et le lapin ^ ont aussi cette forme : mais d’autres , tels que le castor et le porc-épic ^ ont le contour du cerveau presque circulaire. Dans les autres herbivores , il forme généra- lement un ovale plus large par derrière que par devant. Le cerveau du dauphin est d’une forme très- extraordinaire : ses hémisphères sont fort épais ; il recouvre le cervelet pardessus ; il est arrondi de toutes parts , et presque du double plus large que long. Le cervelet de Thomme ayant son lobe moyeu caché sous les deux autres , aenible au premier coup d’oeil n’en ave ir que deux , dont le cpntour est à-peu-près arrondi. Dans les autres animaux ^ et même dans lea singes , ce lobe moyen est plus grand à propor- tion et est visible au-dehors. Il égale même les deux autres lobes dans les rongeurs ; mais on le retrouve dans le dauphin proportionnellemeni plus petit que dans les singes. Art. y. Da cerveau des mammifères. 4°. Circonvolutions. Le cerveau de Fliomme est celui de tous qui a les circonvolutions les plus profondes , et il y a peu d’animaux qui les aient aussi nombreuses. Les singes en ont beaucoup moins que lui , sur- tout les sapajous. Le lobe postérieur n’en a même presque aucune , excepté dans le jocho et le gib- bon, chez lesquels ce lobe est séparé en avant du reste par un sillon transyerse très- marqué. Dans les carnassiers , les sillons sont assez nom- breux , et ils observent un certain ordre qui se retrouve le même dans la plupart des espèces. On en voit en arrière deux de chaque côté , parallèles à la ligne du milieu , et en ayant un court qui la traverse en croix. Les rongeurs , en général , n’ont presqu’aucune circonvolution sensible. Leurs hémisphères sont presqu’entièrement lisses , ou ne montrent que quelques lignes peu enfoncées ^ mais on retrouve beaucoup de circonvolutions dans les animaux k sabots 5 et sur-tout dans quelques ruminans et dans les chevaux. Le dauphin a des circonvolutions nombreuses et profondes. Tous les mammifères ont la surface du cervelet marquée de sillons transversaux ^ parallèles et rapprochés comme dans l’homme ; mais ils diffè- rent entre eux par d’autres sillons qui le divisent 1Ô8 IX^ Leçon. Du cerv, des an, vertébrés, en lobules y et qui semblent y foi mer des circon- volutions analogues à celles du cerveau. Ils sont assez nombreux dans les carnassiers , les ruminans et les solipèdes. On en voit moins dans les autres ordres. Développement des parties intérieures du cerveau dans les mammifères . Les tubercules quadri- jumeaux augmentent de grandeur proportionnelle dans les animaux qui s’éloignent de 1 homme , et sont foit considérables dans les herbivores , tant rongeurs que ruminans et solipèdes. Ces herbivores ont tous les mîtes arrondis et beaucoup plus grands que les testes ; ce qui fait penser que cVsl paimi eux que les anciens ont vu et nommé ces tubeicules. Dans les singes , leur proportion respective est à peu près la même que dans rnomme ; mais dans les cai nassiei s y les testes sont généralement plus grands que les nates. Dans le dauphin , ils ont au moins le triple du volume. Les tubercules que nous avons indiqués dans riiomme , comme formant une troisième paire, deviennent, dans le maki et dans le chien, aussi gros que ceux des deux autres paires; mais ils ne sont que peu ou point sensibles dans les ruminans. Les couches optiques , le troisième , le quatrième ventricule et la glande pinéale ne présentent point de dihérences remarquables. Art. V. Du cerveau des mammifères. i5g Les corps cannelés ne diffèrent guères que par un peu plus ou un peu moins de largeur. Il en est de même du corps calleux et de la voûte, lies cornes d^ammon sont généralement plus grandes à proportion dans les quadrupèdes. Leur surface ne présente point de boursoullure comme dans l’homme. Les ventricules antérieurs n’ont de cavité digi- taie que dans Fhomme et dans les singes. Celte partie n’existe dans aucun autre mammifère. Sa présence dépend xle celle des lobes postérieurs. De la hase du cerveau et de V origine des nerfs. La base du cerveau présente beaucoup moins d’inégalités dans les quadrupèdes que dans l’homme. La partie de l’entonnoir est beaucoup moins en- foncée 5 les lobes moyens et le pont de varole sont moins saillans. Lès éminences pyramidales se prolongent davantage en arrière. Quant aux nerfs , il n’y a que l’olfactif qui présente des différences remarquables. Les singes seuls l’ont , comme l’homme , dé- taché jusqu’à sa basse de la masse du cerveau et en forme de filet médullaire. Dans les autres , on n’apperçoit que quelques traits blanchâtres , ét il y a au lieu de nerf une grosse éminence cen- drée qui remplit la fosse ethmoïdale , et dont l’intérieur contient une cavité qui communique avec i6o IX® Leçot^. Du cerv. des an, vertébrés. le ventricule antérieur. G’est cette éminence que les anciens avoieiit appelée Caroncule mamillaire. Le dauphin n’a point du tout de nerfs olfactifs, ni rien qui les remplace , et il en est de meme de plusieurs autres cétacés. Il résulte de ces observations , que le caractère propre du cerveau de l’homme et des singes con- siste dans l’existence du lobe postérieur et de la cavité digitale , celui du cerveau des carnassiers dans la petitesse des nates relativement aux testes^ celui du cerveau des rongeurs dans la grandeur des nates , et dans l’absence ou le peu de profon- deur des circonvolutions ; celui du cerveau des animaux à sabots dans . la grandeur des nates , jointes à des circonvolutions nombreuses profondes; celui du cerveau des cétacés dans sa grande hau- teur et sa grande largeur, et dans l’absence totale des nerfs olfactifs. On .voit aussi que les herbi' vores ont tous les nates plus grands que les testes y et que c’est le contraire dans les carnivores. L’homme et les quadrumanes ont seuls des nerfs olfactifs proprement dits : ils sont remplaces dans les vrais quadrupèdes par les caroncules mamil- laires , et ils manquent dans les cétacés. ARTICLE VI. Du cerveau des oiseaux. liE cerveau des oiseaux se distingue au premier coup- d’œil, parce qu’il est formé de six masses ou Art. VÏ. Cerveau des oiseaux. î6i iLibercLileSj tous visibles à l’extérieur 5 savoir , deux hémisphères, deux couches optiques , un cervelet ^ et une moelle alorigée. J^es deux hémisphères représentent, mie figure de cœur très bombée , dont la pointe est en avanL Les deux couches optiques sont deux tubercules arrondis placés sous les hémisphères , mais qui n’en sont point enveloppés. Le cervelet n’a qu’un seul lobe comprimé iatéraîenient. La moëlle alon- gée n’a- ni éminences pyi amidales et olivaires^ ni pont de varole ; elle représente une large surface unie, entre les deux couches optiques. Les jambes du cervelet y pénètrent immédiatement sans former de saillie. Les hémisphères ne présentent aucune cîrcoii- Yolution ; il n’y en a point non plus sur les couches optiques : mais le cervelet a des siries transverses,, parallèles et serrées comme dans les mammifères. Les oiseaux n’ont point de corps calleux, ni de voûle , ni de cloison transparente. Lorsque l’on “écarte les deux hémisphères , 011 voit qu’ils sont séparés selon toute leur hauteur , et qu’ils ne s’unissent l’im à l’autre qu’en arrière vers la commis- sure antérieure du cerveau. La face par laquelle ils se touchent présente des lignes rayonnantes blanches qui viennent de oette commissureo Celte surface est formée par une cioisoii mince qui sert de paroi interne aux ventricules anlérieurs. Celle cloison est, comme à l’ordinaire, un repli de l’appendice du corps cannelé^ mais cet appendice' se îrouve iG2 IX® Leçon. I)u cerv. des an. vcrtéhré^. très-petit chez les oiseaux, dans lesquels le corps camielc forme à lui seul presque tout riièmisphère. Il est de la forme d’un rein et n’a point de queue ^ aussi les ventricules antérieurs ne se recourbent- ils point en dessous comme dans les mammifères , et il n’y a point par conséquent de corne d’am- mon. Eïerrière leur cloison interne est une fente ^ par laquelle ils communiqueroient ensemble et avec le troisième si le plexus choroïde ne s’y opposoit. La commissure antérieure se prolonge de chaque coté dans la substance des hémisphères, comme cela a lieu dans l’homme et dans les quadrupèdes. Le troisième ventricule est situé entre les couches optiques. Les lignes blanches qui le bordent su- périeurement se prolongent, comme à l’ordinaire, pour servir de pédicule à la glande pinéale : il a en avant et en arrière une commissure blanche. Le fond du troisième ventricule communique dans Fentonnoir. Sa partie postérieure commu- nique aussi avec le quatrième ventricule; niais la voûte placée sur cette espèce d^aqueduc n’est point surmontée de tubercules quadri - jumeaux. C’est une simple lame mince , qui n’est antre chose que la valvule du cerveau prolongée davantage en devant. Le quatrième ventricule est semblable à celui des mammifères , et contient aussi l’impression longitudinale appelée plume d ècj'ire. Les couches optiques contiennent chacune un Art. yi. Cerveau des oiseaux. 'Ventricule qui communique ayec les autres dans l’aqueduc de Sylvius. Il n’y a point d’éminences ou tubercules ma- miliaires : les corps cannelés ne présentent point dans leur intérieur de stries alternatives blanches et grises. L’arbre du cervelet est moins composé que dans les mammifères, Èntre les corps cannelés et les couchés optiques sont quatre éminences arrondies , qui se voient mieux dans Fautroche que dans les autres oiseaux. Les premières sont situées en avant de la commissure antérieure 9 dans les ventricules antérieurs mêmes; les autres sont en arrière de cette commissure j et font saillie dans le troisième ventricule ^ à peu près au lieu où se trouve la commissure molle des mammifères. Ces tuberculès n’ônt point d’analogues dans le cerveau de l’homme ; mais nous leur eri trouverons dans celui des poissons. Les nerfs olfactifs naissent de la pointe même des hémisphères dont ils semblent , pour ainsi dire J être la coïîtinuaîion , et non pas de la base de cette partie , comme cela a lieu dans les mam- mifères. Les autres nerfs de l’encéphale ne présenteBl point de différences dans leur origine. i64 IX'^ Leçon. Du cerv. des an. vertèbres. ARTICLE VIL Du cerveau des reptiles. Toutes les parties du cerveau des reptiles sont lisses et sans circonvolutions. Les couches optiques sont placées en arrière des hémisphères , et n’en sont peint recouvertes. Elles contiennent chacune , comme dans les oiseaux: , un ventricule qui com- munique avec le troisième. On voit , aux deux extré- mités de celui-ci, les commissures antérieure et postérieure ; mais il n’y a point de commissure molle; il n’y a point non plus de tubercules quadri- jumeaux. Dans la tortue .,\es hémisphères forment un ovale. Leur partie antérieure est séparée de la posté- rieure par un sillon , et représente une espèce de bulbe qui sert comme de racine aux nerfs olfactifs. Ce bulbe est trois fois moindre que l’hémisphère. L’intérieur de l’hémisphère est ‘creusé comme à l’ordinaire par un ventricule , et contient un corps analogue au cannelé ,Mpii ressemble assez, pour la forme , à celui des oiseaux. lies couches optiques ne sont pas plus grandes que les bulbes des nerfs olfactifs. Leur forme est à peu prés arrondie : elles se prolongent en dessous et en avant sous les hémisphères pour produire le nerf optique. La valvule du cerveau se trouve entre elles et le cervelet, sans être surmontée ni Art. VII. Cerveau des reptiles. i65 précédée d’aucun tubercule , et elle donne , comme à l’ordinaire, naissance au nerf de la quatrième paire. En avant des couches optiques, sous la partie postérieure des hémisphères, est un tubercule qui correspond à celui que nous avons remarqué dans les oiseaux. Le cervelet est à peu près hémisphérique. Le quatrième ventricule pénètre assez ayant dans son épaisseur. Dans la grenouille ^ les hémisphères sont plus alongés et plus étroits. Les couches optiques sont plus grandes à proportion des hémisphères : leur ventricule est très-sensible. C’est le contraire dans les salamandres , dont les couches optiques sont petites^ et dont les hémisphères sont presque cy- lindriques. Le cervelet de ces deux genres de reptiles est applati , triangulaire et couché en arrière sur la moelle alongée. Dans les serpens , les deux hémisphères forment ensemble une masse plus large que longue. Les couches optiques sont presque globuleuses , et moitié plus petites que les hémisphères , eu arrière desquels elles sont situées. Le nerf olfactif n’a point de bulbe sensible. Le cervelet est extrêmement petit , applati , et a la forme d’un segment de cercle. Dans tous ces animaux ^ la face iihérleure du cerveau est presque unie, les couches optivques na l66 IX® Leçon. Du cerv. des au. vertébrés. faisant point de saillie vers le bas, et le pont de yarole n’existant point du tout. Les nerfs olfactifs proviennent , comme dans les oiseaux , de l’extrémité antérieure des liémi- splières. Les nerfs optiques semblent tirer leur ori- gine d’une éminence commune située sous le milieu des liéinisplières. Les autres nerfs ne présentent point de particularités quant à leur origine^ ARTICLE VIII, Du cerveau des poissons. Les dilTérens lobes et tubercules qui composent le cerveau des poissons sont placés à la file les uns des antres , de manière que' l’ensemble ne présente point une masse comniune plus ou moins approchante de la forme ovale, mais une espece dp double chapelet. Cette coin par cti son est d’autant plus juste que, dans la plupart des espèces, ces tuber- cules sont plus nombreux que dans les animaux dont nous avons parlé jusqu’à présent. Le cervelet est toujours impair j il est plus grand à proportion que dans Ips animaux à sang chaud , il surpasse même souvent les hémisphères en vo-? iume. Les deux hémisphères existent toujours 5 ils sont généralement de forme ovale, sans circoiivor iuiion apparente, et cgnlieiment chacun un ven- Art. VIII. Cerveau des poissons, 167 tricule dont le plancher présente une saillie ana- logue aux corps cannelés. Les couches optiques sont constamment situées, comme dans les oiseaux , au dessous des hémi- sphères. Elles sont plus petites qu’eux et contien- nent aussi chacune un ventricule. ^ Des deux cotés de Foiigine de leur moelle aîongée, en arrière du cervelet, sont presque toujours des tubercules qui paroissent donner naissance à plu- sieurs paires de nerfs, et qui sont souvent aussi considérables que leurs hémisphères. Il y a quel- quefois entre eux un tubercule impair qui form© comme un second cervelet. Les nerfs olfactifs forment, à leur origine, des renüemens ou des noeuds dont le nombre varie, et qui sont souvent si volumineux que plusieurs auteurs les i)iit pris pour le véritable cerveau. Enfin , il y a dans plusieurs poissons , sous la voûte commune des hémisphères , tantôt deux , tantôt quatre tubercules qui varient pour la figure et pour les proportions , mais qui présenferoient une analogie frappante avec les tubercules quadri- jumeaux , s’ils n’étoient pas , comme leurs analogues dans les oiseaux , situés en avant et en dessus des couches optiques. Le cerveau des poissons est toujours très-petit à proportion de leur corps. Il ne remplit jamais entièrement la cavité du crâne. La surface des hémisphères est toujours l^se. 11 n’y a que le cer- L 4 . ibS IX® Leçon. Du cen\ des an. vertébrés, Telet' et les tubercules de ses cotes qui prcseiilenE quelquefois des rugosités. Les cerveaux des diiTér entes espèces de pois- sons peuvent dilTèrer entre eux : premièi ement ^ par le nombre et la forme des noeuds du nerf olfactif j secondement , par le nombre et la forme des éminences contenues dans l^intérieur des hémispîières 5 troisièmement , par la forme du cervelet j quatrièmement , par les tubercules situés en arrière dû cervelet. Nous allons les exa- miner sous ces différens rapports. î®. Nœuds des nerfs olfactifs. Dans les raies et les squales ces noeuds sont soudés ensemble en une seule masse plus large- que longue, qui surpasse du double les hémisphères en grandeur j elle ne contient aucune cavité, et son intérieur est entièrement formé d’une substaiioe médullaire homogène. De chacune de ses paiiies latérales part le nerf olfactif proprement dit : c’est ce que plusieurs auteurs nomment le cerveau , et d’antres, les lobes antérieurs du cerveau. Dans V esturgeon y ces noeuds sont aîoiigés, étroits r ils, sont simples , ovales et plus petits que les lié- Miîsphères dans le cycloptère et le tétrodon lime.. Le genre gade, c’est-à-dire les morues les mer-^ ianSy les a simples , -arrondis. Ils sont meme dans la morne presque aussi grands qtie les bémispbères» Lés labres et tout le genre cyprin y c’est-à-dire les carpes y les barheœ^^ les tanches y etc.,, le& ) Art. Vin. Gerveau des poissons. i6c^ ont aussi simples et arrondis ; mais on y voit im sillon léger qui leur donne la forme d’un rein. Dans \qs pl^uronectes , les harengs.^ les brochets ^ les perches et tout le genre des saumons^ qui comprend les truites et les éperlans., y ^ deux paires de nœuds dont Fantérieure est plus petite que l’autre , mais qui n’égalent point ie volume des liémisplières 5 eniin , dans le genre des an- guilles y il y a trois paires de ces nœuds, qui vont en. diminuant de grosseur â commencer par la deimière : ce qui fait que leur cerveau présente en tout dix tubercules en avant du cervelet , dont liuit supérieurs ( les six nœuds et les deux hé- misphères ) et deux inférieurs, qui sont les couches optiques. 2°. Eminences de V intérieur des hémisphères* a. Les corps cannelés ne sont pas sensibles dans les raies et les squales , où l’inlérieur du venlri- CLile ne présente aucune éminence. Dans la plu- part des autres poissons ils représentent deux arcs de cerclo, dont la concavité est dirigée en dedans,, et du bord convexe desquels partent des stries, médullaires très- Unes , qui se prolongent transyer- gaiement sur les parois internes du ventricule. Ces corps cannelés sont plus ou moins larges selon les espèces. Ils forment deux ovales saiiians dans le merlan. Leur extrémité antérieure se rapproche davantage de la ligne moyenne que la postérieure. Un peu plus en avant au’eux est la coaiinissure. 170 IX® Leçon. T)ii cerv. des an. vertébrés. antérieure du cerveau. Entre eux est un sillon qui conduit dans le troisième ventricule. La por- tion supérieure de chaque hémisphère n’est, comme dans les autres animaux à sang rouge , qu’un ap- pendice de ces corps cannelés , qui se recourbe en dessus pour former une voûte. b. Les tubercules semblables aux quadri-jumeaux n’existent pas dans les raies et les squales. Il n’y en a qu’une seule paire dans les anguilles , les gades et les harengs forme une éminence demi- ovale en avant du cervelet entre les extrémités pos- térieures des corps cannelés. Les brochets , les truites et saumons, \qs perches en ont deux paires, qui forment quatre petits tubercules arrondis, dont les postérieurs sont un peu plus gros. Dans le genre des carpes il y a aussi quatre tubercules , mais très-inégaux : les postérjeurs sont petits et arrondis j les antérieurs sont extrêmement alongés en forme de cylindres, et se recourbent en dehors et en arrière pour suivre la courbure des ventricules latéraux dont ils remplissent toute la capacité. Leur face postérieure est marquée d’un sillon longitudinal 3®. Cervelet, Le cervelet des poissons ne recouvre pas seule-* anent le (juaîriéme ventricule : cette cavité s’élève aussi dans sa substance. Il est tantôt arrondi, et tantôt plus ou moins approchant de la forme co- nique. Les raies squales l’ont irrégulièremoiû Art, VIII. Cerveau des poisswis, 171 siilonné : il est lisse clans presque tons les autres. On ne voit dans son intérieur d’autres vestiges d’arbre de vie que quelques lignes blanchâtres et peu marquées, Lorsque sa Iprme est conique, comme dans la morue et la carpe y sa pointe se recourbe un peu en arrière, et lui donne la fonne d’un bonnet phrygien, 4°. Tubercules situés en arrière du cervelet.. Ces tubercules sont propres aux poissons , à moins qu’on ne les regarde comme tenant la place des éminences olivaires. Dans la raie ^ ils sont volumineux, irrégulière- ment sillonnés, et donnent évidemment naissance à la plus grande partie de la cincpiième paire, La carpe les a aussi grands que les hémisphères , en forme de reins, et entre eux un gros tubercule arrondi, qu’on pourroit nommer un second cer^ velet, mais qui tient immédiatement à la Yjartï© dorsale de la moelle aiongée, et qui ne renferme aucun ventricule. Dans le merlan et la morue, ils sont ovales^ placés tüut-à-fait au dessus de la moelle : il en est à peu près de même dans V anguille et le congre. Ces parties sont peu sensibles dans les brochets y les truites y- les saumons et \<às perches. bT . Origine clés gerfs. Dans les poissons, les nerfs olfactifs ne sont que la continuation des noeuds placés en ayant des IX® L*eçon. Du cerv. des an. vertèbres. hémisphères. Le Irajet qu’ils parcourenl ayant d’arriver aux narines est souvent très -long. Les optiques naissent sous le cerveau où les couches du meme nom se trouvent aussi placées. Ces nerfs sont très-gros , et composés , tantôt de plusieurs hlets distincts, tantôt d’un seul ruban applati, qui est quelquefois plissé longitudinalement sur lui- méme. Ils se croisent sans se confondre, en soi te qu’on voit clairement que celui du côlé gauche se rend à l’œil droite et réciproquement. Le nerf de la cinquième paire a son origine si près de celle du nerf acoustique , quÙl semble n’en former qu’un seul avec lui. Le facial est en re- vanche très-distinct du nerf acoustique. Le tierf de la huitième paire est très-gros : les autres ne présentent rien de,r particulier. ARTICLE IX. Résumé des caractères propres aux -cerveaux des quatre classes cV animaux vertébrés. De l’examen que nous venons de faire il résulte, 1*^. Que le caractère qui distingue le cerveau des mammifères , d’avec celui des autres animaux à sang rouge , consiste : a. Dans l’existence du corps calleux, de la voûte, des cornes d’ammon et du pont de varole ; b. Dans la position des tubercules quadri-j umeaux sur l’aquedac de Sylviusj Aet. IX. Caraclèrês des cerveaux, 175 c. Dans l’absence de tout ventricule aux couches optiques , et dans la position de ces couches en dedans des hémisphères ; d. Dans les lignes alternativement grises et blanches de Fintérieur des corps cannelés. 2”. Le caractère propre du cerveau des oiseaux consiste : a. Dans la cloison mince et rayonnante qui ferme chaque ventricule antérieur du côté in- terne. 5®. Le caractère propre du cerveau des reptiles consiste : a. Dans la position des couchés i optiques der- rière les hémispliéres. 4°. Le caractère propre du cerveau des poissons consiste : a. Dans les noeuds du nerf olfactif et les tuber- cules situés en arrière du cervelet. 5°. Les trois dernières classes ont en commun les caractères suivans^ par lesquels elles se distinguent de la première : a. Ni corps calleux^ ni voûte , ni leurs dépen- dances ; ' ^ b. Des tubercules plus ou moins nombreux, situés entre les corps cannelés et les couches op- tiques ; c. Des ventricules dans ces couches, et leur dé- gagement des hémisphères ; d. L’absence de tout tubercule entre les couches €t le cervelet, ainsi que de tout pont de yarole. TiECoy. tiu cê?'i\ de^ an, verlèhreÉi 6^. Les poissons ont certains caractères communs? avec les oiseaux, qui ne se retrouvent point danî les deux autres classes. Ce sont,* a. La position des couches optiques sous la base du cerveau 5 b. Le nombre des tubercules placés en ayanî de ces couches ordinairement de quatre. 7'^. Les poissons et les reptiles ont en commun ♦ pour caractère qui les distingue des deux premières classes, l’absence de l’arbre de vie dans le cer- velet. 8*^. Tous les animaux à sang rouge ont en commun les choses suivantes: a. La division principale en hémisphères , couches optiques et cervelet ; b. Les deux ventricules ^intérieurs pairs, le troi- sième et le quatrième impairs , l’aqueduc de Syi~ vins, l’infundibulum , la communication ouverte entre toutes ces cavités 5 c. Les corps cannelés et leurs appendices eti forme de voûte , nommés hémisphères ; d. Les commissures antérieure et postérieure, et la valvule du cerveau 5 e. Les corps nommés glandes pinéale et pitui- taire ; f. L’union du grand tubercule impair, ou cer- velet, par deux jambes transversales avec le reste du cerveau, qui naît des deux jambes longitudi- nale de la moelle alongée. AmT. IX. Caractères des cerveaux. ijB 9°. Il paroîfc aussi que Ton entrevoit certains rap- ports entre les facultés des animaux el les proportions de leurs parties communes. Ainsi la perfection de leur intelligence paroîf d’autant plus grande , que l’appendice du corps cannelé qui forme la voûte des hémisphères est plus volumineux. L’homme a celte partie plus épaisse, plus étendue et plus reployée que les autres espèces. A mesure qu’on s’éloigne de l’homme, elle de- vient plus mince et plus lisse ; à mesure qu’on s’éloigne de l’homme , les parties du cerveau se recouvrent moins les unes les autres ; elles se développent et semblent s’étaler davantage en lon- gueur. Il paroît meme que certaines parties prennent dans toutes les classes un développement . relatif à certaines qualités des animaux. Par exemple , les tubercules quadri -- jumeaux antérieurs des carpes qui sont les plus foibîes , les moins carnas-^ siers des poissons , sont plus gros à proportion , comme ceux des quadrupèdes qui vivent d’herbes. On peut espérer, en suivant ces recherches, d’ac- quérir quelques notions sur les usages particu- liers à chacune des parties du cerveau ou de l’en- céphale. î.7^ Leçox. T)u cerp, des an. vertébrés. A R T I C L E X, Des enveloppes du cerveau. Î3ans tous les animaux: à sang rouge, le cer- veau , ainsi que les autres parties du système nerveux , est enveloppé par trois membranes. Celle qui le touche immédiatement a été appelée la pie-mere; l’externe se nomme la dure - mère y -et celle qui est intermédiaire a été désignée par le nom éé arachnoïde . a. La dure-mère est une membrane épaisse, opaque , très - solide , qui tapisse toute la cavité osseuse du crâne et du canal vertébral. La plupart des libres de la face externe sont longitudinales , et la plupart de celles de la face interne sont transversales; mais il y en a beau- coup d’autres qui suivent diverses directions. Dans le crâne , la dure-mère est intimement unie aux os; elle leur sert de périoste; elle paroîî comme veloutée à sa face exterile; elle est lisse et brillante à sa face interne. Dans le canal ver- tébral , elle est plus lâche et n’est point intimement unie aux os; mais son organisation est la meme. Cette membrane est regardée par les anatomistes <5omme formée de deux lames, quoiqu’il soit très- difficile de les séparer. Entre ces deux lames «rampent les vaisseaux sanguins, et la lame interne Art. X. Enveloppes du cerveau. 177 paroît se détacher de Texterne pour former divers replis. On sait que dans l’homme on en a décrit sept^ 1°. \si faux du cerveau y qui s’étend de la crête ethmoïdale à l’épine occipitale interne , dont le bord inférieur libre , plus étroit en ayant , pins large en arrière, se trouve engagé entre les deux hémisphères qu’il sépare Fun de Fautre 5 2°. 1j3l tente du cervelet^ qui sépare les deux lobes postérieurs du cerveau d’avec le cervelet ; elle provient de la dure-mère au devant des deux branches de la croix occipitale , et se porte vers les apophyses clinoïdes postérieures, en laissant un vuide par lequel plongent les prolongemens médullaires du cerveau 9 '5'^. La faux du cervelet , qui répond à la ligne inférieure de la croix occipitale , et qui se pro- longe un peu entre les lobes du cervelet; 4°. Les deux replis qui s’étendent des apophyses clinoïdes anlérieures aux postérieures, et circons- crivent ainsi la fosse pituitairq ; . Enfin, les deux replis qui séparent les fosses antérieures du cerveau d’avec les moyennes , en se contournant sur les apophyses orbitaires de Fos sphénoïde , qu’on nomme petites ailes d’Ingrassias. Dans les mammifères , la faux du cerveau di- minue beaucoup de longueur et de largeur, La tente du cervelet, au contraire, a beaucoup de consistance ; elle est meme soutenue par une lame osseuse dans ceux qui sont très -prompts à 2 M lyS JX® Leçon. Du cerv. des an. verîéhrés, ]a course, comme nous l’avons indiqué à l’ar- ticle ni de Tostéologie de la tête. Ce repli semble destiné â empêcher les deux parties de Tencé- pliale de se froisser, de la même manière que la faux du cerveau peut obvier à ce que l’un des héjiiisphcres pèse trop sur l’autre lorsque la têlQ repose sur un coté. La faux du cervelet disparoît entièrement dans les animaux chez lesquels le processus vermiforme fait plus de saillie que les lobes latéraux, comme dans tous les véritables quadrupèdes. On retrouve dans les oiseaux la faux du cer- veau ; elle a , dans de dindon , la forme d’un segment de cercle j elle s’étend du milieu de i’iutervalle des ouvertures des nerfs olfactifs jusqu’à la tente du cervelet. La faux du cervelet manque ; sa tente est peu étendue , soutenue par une lame osseuse , et il y a en outre deux replis particuliers , un de chaque coté , qui séparent les hémisphères d’avec les couches optiques. Dans les animaux à sang rouge et froid, il n’y a aucun de ces replis. La dure-mère des reptiles et des poissons est toujours adhérente à la sur^ face interne du crâne ; elle est même séparée du cerveau par une humeur muqueuse ou huileuse plus ou moins solide. b. La membrane arachnoïde a été nommée ainsi par rapport à sa texture extrêmement déli- cate et transparente, qui l’a hiit comparer à une toile d’araignée. Elle enveloppe la pie-mère 3 mais Art. X. Enveloppes du cerveau, elle Î18 s’enfonce pas avec elle dans les sillons du cerveau ; elle est tendue au dessus de ces eiifon- ceinens 5 et forme là comme un pont, à l’excep- îion cependant des endroits dans lescpiels se pro- longe la membrane interne de la dnreunère ; elle forme un vaste entonnoir ^ dans lequel est reçue îa moelle épinière. Ce sac paroît naître dans l’homme immédiatement au dessous de l’originé des nerfs optiques. Dans les animaux à sang froid, chez lesquels, comme nous l’avons déjà dit, le cerveau ne remplit pas toute la cavité du crâne à beaucoup près , l’arachnoïde est remplacée par une cellulosité lâche qui occupe tout l’espace compris entre la dure et la pie - mère , et elle est ordinairement abreuvée d’une humeur de consistance de gelée, comme dans les poissons cartilagineux , et quel- quefois sanguinolente. Dans la carpe et dans 1© saumon , cette humeur ressemble à une écum© Iiuileuse, c. La pie-mère est la membrane qui enveloppe immédiatement la substance du cerveau ; elle s’en- fonce dans tous les sillons qui sont tracés sur sa surface et qui en forment les circonvolutions. Elle paroît composée de vaisseaux sanguins ; mais ce- pendant les artères et les veines ne font que îa pénétrer. On a remarqué qu’elle est beaucoup plus solide , et qu’elle a un plus grand nombre de vaisseaux sur les endroits où elle ne recouvre que la substance grise du cerveau, que dans ceux M ^ î8o IX® Leçon. Du cerv. des an, vertébrés^ où elle enveloppe la substance médullaire et les nerfs : elle suit aussi la moelle vertébrale qu’elle enveloppe ; elle pénètre dans plusieurs ventricules : mais elle ne s’attache point à leurs parois ; elle flotte dans leur intérieur en y supportant les vais- seaux : on nomme les prolongemens qu’elle y f or m e J) l exus cJioro ïdi ens. Les replis de la pie-mère, qui pénèta'ent dans les circonvolutions , sont attachés à la substance du cerveau par une cellulosité line qui paroît être produite par des vaisseaux sanguins d’une ténuité extrême. Le plus grand des prolongemens de la pie-mère se trouve dans les mammifères , dans la partie des ventricules antérieurs qui correspond au dessous de la voûte et au dessus des couches optiques. C’est une toile vasculeuse repliée sur elle-même et formant une espèce de cordon. Lorsqu’elle est étendue , on lui trouve une forme à peu près trian- gulaire. Les vaisseaux qui la pénètrent sont entre- lacés d’une manière bien plus serrée sur les bords de cette toile : ce sont eux qu’on désigne plus particulièrement sous le nom de plexus choroïdes. 11 y a encore un plexus à peu près semblable au milieu de la face inférieure de cette toile, et positi- vement sur l’ouverture du troisième ventricule. Dans les oiseaux, il y a deux bandes étroites qui pénètrent dans les ventricules et qui en oc- cupent toute la longueur. Il y a bien une disposition analogue dans les Art. XI. Vaisseaux du cerveau. i8i poissons ; mais là le plexus adhère aux parois des ventricules et n’y flotte point. On trouve deux autres prolongemens de la pie- mère dans le quatrième ventricule situé sous le cervelet^ un pour chaque côté. Ils sont libres et sans adhérence bien marquée : il n’y en a pas dans les oiseaux. ARTICLE XI. Des vaisseaux du cerveau. Dans l’homme six artères principales se rendent dans le crâne , trois de chaque côté 5 l’une se distribue dans la dure-mère, on la nomme artère sphéno-épineuse ; les deux autres se divisent dans le cerveau : on les désigne sous le nom de caro- tides internes et de vertébrale. L’artère spJiéno-épineuse est une branche de la maxillaire interne qui pénètre dans le crâne par le petit trou de l’avance postérieure de l’os sphé- noïde. Parvenue dans l’intérieur du crâne, elle monte vers la face interne de l’os pariétal ^ elle se divise là , dans l’épaisseur de la dure - mère , en un grand nombre de ramifications qui s’anas- tomosent entre elles, et que l’on a comparées dans l’homme aux nervures dhine feuille de figuier. Cette disposition est la meme dans tous les autres mammifères. La carotide interne sort du conduit osseux de M a i82 IX®. Iæçon. Du cei'v. des au, vertèbres, Tos iemporal , rampe quelque temps dans l’épaisseur de la dure-mère, où elle baigne dans le sang' veineux contenu dans le sinus caverneux ; elle pénètre enfin dans le crâne derrière les apophyses clinoïdes antérieures : on la nomme alors ai tère cérébrale , Elle donne là plusieurs ramuscules qui se distribuent aux parties voisines, et toujours en arrière un gros rameau qui va s^unir au tronc des artères vertébrales , et qu’on nomme artère communiquante, Deuji petits rameaux qui vont se rendre au plexus choroïde naissent ordinairement de l’artère cérébrale lorsqu’elle a fourni la communicante. Le tronc se bifurque ensuite. L’une des branches se porte en devant au dessus du corps calleux, ce qui la fait appeler artère calleuse ; elle fournit , ainsi que toutes les autres branches , beaucoup de ramuscules aux parties voisines. L’autre branche est un peu plus grosse que l’antérieure ; elle se porte en dehors à la surface des hémisphères dans l’épaisseur de la pie-mère et dans la scissure de Sylvius , où elle se divise et se subdivise à l’inhni pour pénétrer par des artérioles extrême- ment délicates dans la substance meme du cer- veau. Les artères vertébrales ^ après de nombreuses indexions dans le canal formé par les trous dont sont percées les apophyses transverses des cinq vertèbres intermédiaires du col , arrivent dans le crâne par le grand trou occipital , elles se portent i85 Ae-T. XL F^aisseaux du cerveau, en devant dans la fosse basilaire de l’os occipital ; elles s’unissent là pour ne former qu’un tronc com^ commun , nommé artère basilaire ; mais elles donnent auparavant deux branches de chaque coté au pont de varole : celles-ci se ramihent à la face inférieure du cervelet. L’une des ramifications porte le nom de spinale postérieure ^ parce qu’elle pénètre dans le quatrième ventricule , et qu’elle suit en arrière la moelle épinière jusqu’à la hau- teur des vertèbres lombaires. Des mêmes artères vertébrales proviennent les spinales antérieures^ qui se réunissent vers les nerfs grands hypoglosses en un tronc unique, lequel descend dans le canal vertébral au devant de la moelle épinière jusqu’au sacrum , en donnant beaucoup de petites branches qui s’anastomosent avec d’autres artères. Le tronc basilaire se bifurque de nouveau pour produire les artères supérieures du cervelet si- tuées entre le cerveau et le cervelet, et de plus les artères communiquantes qui , comme nous l’avons vu , s’unissent aux carotides. Les veines du cerveau ne forment point de gros troncs ; elles débouchent dans des conduits d’une structure particulière , nommés sinus. Ils sont for- més par des duplicatures de la dure-mère, collés aux os par une ceîlulosité épaisse et munis dans leur intérieur de tissu cellulaire et de brides li- gamenteuses. Les veines s’y insèrent d\me ma- nière contraire au cours du sang. Le bot de cette organisation paroit être d’empêcher le reflux dix M 4 i84 IX® Leçon. Du cerv. des an, vertébrés, sang veineux qui pourroit comprimer le cer- veau. Tous les sinus dégorgent le sang qu’ils contien- nent , soit directement , soit médiatement , dans une sorte de dilatation , qu on nomme golfe des jugulaires. Ce golfe est situé au dessus du trou déchiré postérieur , par lequel la veine sort du crâne. Les sinus de l’homme sont le longitudinal 'postérieur y qui règne le long du bord convexe de la faux 5 le longitudinal inférieur^ situé sur son bord concave ; le droit , qui de l’extrémité postérieure du précédent va s’aboucher avec l’un ou l’autre des sinus latéraux. Ceux-ci.se distinguent en droit et en gauche , l’un reçoit ordinairement â lui seul le sang du sinus longitudinal supérieur; l’autre reçoit aussi le plus ordinairement celui qui est contenu dans le sinus droit. Ils suivent chacun de leur côté le sillon tracé entre le cerveau et le cervelet à la base du rocher ; ils descendent et suivent son bord postérieur jusqu'au golfe des jugulaires. Le sinus circulaire de la selle sphénoïdale entoure la glande pituitaire ; il se décharge dans deux grands réservoirs situés sur les côtés de la selle , nommés sinus caverneux ^ au milieu des- quels baignent dans le sang l’artère carotide et plusieurs paires de nerfs. On nomme pétreux inférieur un conduit veineux qui va du sinus ca- verîxeux au golfe du jugulaire 3 enfui , I on a désignéj Ab-T. XL Vaisseaux du cerveau. i85 sous le nom de sinus pétreux supérieur , un autre périt conduit qui suit l’angle saillant du rocher et qui débouche dans le sinus droit. Les vaisseaux sanguins de riniérieur du crâne des mammifères ne diffèrent de ceux de Fhomme que par leur position. Nous avons indiqué dans la huitième leçon les cavités de l’intérieur du crâne et les sillons qui y sont tracés. Ces sillons étant les traces des vaisseaux indiquent jusqu’à un certain point leur position. Ainsi, d’après la des- cription du canal carotidien, du trou épineux et du trou vertébral , on voit les points desquels partent les artères. Quant à celles du cerveau , elles sont à peu près disposées comme celles de l’homme ; mais elles suivent d’autres courbures déterminées par les formes des lobes. Cependant il est une disposition particulière des vaisseaux autour de l’artère carotide , au moment où ce vaisseau pénètre dans le crâne : c’est ce que les anciens anatomistes ont nommé réseau admirable ( rete mirahile ). On avoit avancé d’abord que cette disposition de vaisseaux existoit dans l’homme; mais il est bien reconnu mainte- nant qu’on ne la retrouve que dans un certain nombre d’animaux. Voici sa distribution la plus générale ; le réseau admirable est le produit d’un plexus d’artérioles rameuses qui proviennent de l’artère carotide, et qui entourent la glande pi- tuitaire. Tous ces ramuscules dans lesquels l’artère seinbloit s’être dissoute d’abord se réunissent de i86 IX® Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. nouveau en un seul tronc : cela paroît être ainsi au moins dans le plus grand nombre des carnas- siers. éléphant et le castor n’ont point offert cette disposition. Dans les oiseaux , les vaisseaux artériels et veineux sont analogues à ceux des mammifères. Nous ne les avons pas encore bien étudiés : nous nous propo- sons de faire des recherches à cet égard , ainsi que pour ceux des reptiles. Dans les poissons , et spécialement dans les cartilagineux, comme les raies, les squales^ les vaisseaux artériels du cerveau proviennent de deux ti’oncs récurrens de la première paire de veines branchiales. Ces deux artères remontent en devant vers le crâne qu’elles percent en dessous à peu près dans le point de son union avec la colonne ver- tébrale. Parvenues dans la cavité encéphalique, elles se partagent chacune en trois rameaux, l’un qui descend dans le canal vertébral , pour s’unir à son correspondant de l’autre côté et à un petit tronc moyen dont nous parlerons par la suite. La réunion de ces trois rameaux forme une grosse artère qui suit la moelle épinière en dessous, et qu’on pourroit nommer l’artère spinale. Il s’eu sépare beaucoup de ramilicalions qui suivent le trajet des nerfs. Le second rameau de l’artère vertébrale se porte obliquement en avant au dessous de la moelle épinière ; il rencontre là le tronc moyen et le rameau correspondant de l’autre côté : iious en parlerons par la suite. Le troisième - \ Aht. XT. Vaisseaux du cerveau. 187 rameau de Fartère vertébrale est le plus antérieur; arrivé sur la naissance de la moelle épinièrè , il donne deux rameaux qui se rendent à un anneau vasculaire produit par le vaisseau moyen qui passe au travers, de manière à former une espèce de 4), ou de phi grec majeur y accompagné de deux moitiés de cercle accolés en sens opposé o<îc. Le rameau continue encore de se porter en avant à la hauteur des nerfs de la huitième paire ; il s’en détache là de nouveau deux troncs qui, venant à se rejoindre, font le commencement du vaisseau moyen , dont nous avons parié plusieurs fois , et qui finit par former Fartère spinale en suivant ainsi toute la ligne inférieure du cerveau. Le rameau antérieur, continuant de se porter en avant, fournit beaucoup de petites artérioles au cerveau ; il passe sous Forigine du nerf de la cinquième paire ; et^ enfin, arrivé sous le tubercule olfactif^ il s’y épanouit en patfè d’oie et l’environne de toutes parts. Tels sont les rameaux principaux de Fencéphale des poissons. Les vaisseaux veineux sont aussi fort nombreux, et rampent dans la graisse ou la liqueur muqueuse dont est enveloppé le cerveain Nous ne les connoissons pas encore assez pour pouvoir les décrire. i88. IX® Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. ARTICLE XII. De la moelle épinière. Le prolongement de l’encéphale qui sort du crâne par le grand trou occipital a été nommé la moelle épinière. Elle paroît produite , ainsi que nous l’avons vu, par Fanion des appendices médullaires du cerveau et du cervelet. La moelle vertébrale paroît au dehors entière- ment composée de substance blanche , mais dans l’intérieur elle est un peu plus grise. Recouverte de ses membranes , elle a plus de consistance que le cerveau; mais elle se liquéfie presque aussitôt qu’on lui enlève cette enveloppe. Ce prolongement médullaire est presque cylindrique, un peu com- primé; il semble formé de deux cordons séparés entre eux par deux sillons : l’un , du côté du corps de la vertèbre ; et l’autre , du côté de son apo- physe épineuse. En écartant un peu les bords des sillons ^ on ap perçoit des fibres qui semblent s’entrecroiser et qui réunissent les deux faisceaux de la moelle. La grosseur de la moelle vertébrale varie dans les difierens points du canal qiFelle parcourt. En général le canal des vertèbres est d’un plus grand diamètre dans la partie inférieure du col : c’est aussi dans cet endroit que la moelle épinière est plus grosse. Elle éprouve encore une Aut. XII. T)e la moelle épinière. 189 sorte de renflement vers les dernières vertèbres du dos. Dans la région lombaire, elle se rétrécit et devient conique, et finit enfin par un filet qui appartient à son enveloppe , et qui va se fixer à Fextrémité du canal vertébral. Cette disposition est à peu près la même dans tous les animaux à sang rouge. La moelle épinière donne naissance à autant de paires de nerfs qrfil y a de troiis de conju- gaison entre les vertèbres. On désigne ces nerfs sous le nom de la région de la colonne vertébrale par laquelle ils sortent. Les nerfs cervicaux sont au nombre de sept dans le plus grand nombre de mammifères , à Fexception du paresseux à trois doigts et des cé- tacés. Dans les oiseaux, ce nombre est beaucoup plus grand. Il est moindre le plus ordinairement dans les reptiles, et souvent il n’y en a point du tout dans les poissons. Les nerfs des autres régions varient aussi extrê- mement : nous n’en apportons point ici d’exemples , parce que nous répéterions ce que nous avons déjà indiqué dans l’article I de la IIF. leçon. L’origine de tous nerfs vertébraux est à peu près semblable. Ils paroissent produits par deux racines, dont l’une vient de la partie antérieure du cordon , et l’autre de la postérieure. Ces deux racines sont séparées entre elles par un prolongement mem- braneux 3 dont nous parlerons par la suite , en J go ÏX® Lecox. T)u cei'v. des an. vertèbres. traitant des enveloppes. Us sortent du canal ver- tébral par deux trous distincts dont est percée la dure mère au devant des trous invertébraux. Ils se réunissent ensuite en formant un ganglion qui produit les nerfs vertébraux, que nous décrirons dans la leçon suivante. T^aisseaux de la moelle épinière. Les artères de la moelle épinière sont nombreuses. Les vertébrales lui en fournissent deux : Fune antérieure , et l’autre postérieure, qu’on désigne sous les noms de spinales. Elles se distribuent dans l’épaisseur de la pie-mère , et plusieurs filets pé- nètrent dans la substance médullaire même. Les autres artères proviennent des cervicales, des in- tercostales, des lombaires, des sacrées et des coc- cigiennes ; elles entrent dans le canal par les trous qui donnent sortie aux nerfs , et elles communi- quent avec les autres et entre elles par un grand nombre de fines anastomoses. Les veines de la moelle épinière sont aussi fort nombreuses. Leurs plus petites ramifications ram- pent dans l’épaisseur de la pie-mère^ et elles se dégorgent dans deux sinus îongitiidinaux de la dure- mère qui revet le canal vertébral. Ces deux sinus s’unissent par des veines de communications trans- versales qui répondent à chacune des vertèbres. La première de ces branches communicantes se dégorge dans les fosses jugulaires j les autres dé- Art. XîI. T)e la moelle épinière, 191 gorgent: savoir, les cervicales dans la veine ver- tébrale ; les dorsales , dans les veines intercostales; enlin, Jes lombaires et les sacrées, dans les veines du même nom. Enveloppes de la moelle épinière. Nous avons vu, à l’article des enveloppes du cerveau , que les membranes de ce viscère se pro- longent dans le canal vertébral , et recouvrent la moelle épinière. Le tout est contenu dans ce canal osseux formé par les vertèbres, dont le nombre et les articulalions varient beaucoup ainsi que nous l’avons déjà vu dans la troisième leçon en traitant des os de l’épine. Nous avons omis là les conformations qui tiennent à la sortie des nerfs : nous allons en parler ici. La partie annulaire de chaque vertèbre a, de chaque coté, une échancrure située à la partie in- férieure dans celles des lombes et dans les infé- rieures du dos. Elle est commune aux deux bords des vertèbres adjacentes dans les premières dor- sales et dans les cervicales. Il n’y a qu’un simple trou dans V odontoïde ou deuxième cervicale, Telle est l’issue des nerfs dans la plupart des mammifères et des oiseaux , et même dans le cro- codile. Cependant quelques quadrupèdes , comme le cheval , ont des trous au lieu d’échancrures. Dans les poissons, comme les parties annulaires IX® Leçon. J^u cerv, des an. vertèbres, ne se touchent point, on ne retrouve ni trous, ni échancrures. La pie-mère présente une disposition particu- lière dans Tintérieur du canal vertébral. De chaque coté du cordon , elle se prolonge entre chacune des racines des nerfs vertébraux, de manière à former autant de dentelures qu’il y a de paires de nerfs. Cette duplicalure de la pie-mère porte le nom de ligament dentelé. Il commence vers le bord du trou occipital , et ses dentelures se terminent vers les premières vertèbres lombaires : alors il se confond avec la pie - mère et se fixe avec elle. Cette disposition est la même dans les mammifères et les oiseaux. m DIXIÈME LEÇON* t^istrihutiûn des principaux rtei'js dans les anima iicc vertébrés^ jfVpRès avoir Ÿü^ dans îa dernière leçon, cè qui concerne la partie centrale du système ner- veux , iiôüs allons suivre aujourd’hui les branches de ce système dans leur distribution aux partiésj Ce que cette distribution nous offre de plus re- inarquable , c’est la fidélité de la nature à suivre un plan général , dont elle ne s’écarte que le moins qu’elle peut dans les diverses espèces^ Nous avons eii déjà des preuves répétées dé Cette constance à l’égard dusquelète et des muscles: elle est plus remarquable encore à l’égard des nerfs, parce que la conformité y est plus exacte^ quoiqu’au premier coup d’oeil elle paroisse moins nécessaire* Les parties analogues reçoivent constamment leurs nerfs de la même paire dans tous les ani- maux, quelle que soit îa position de ces parties ^ quels que soient les détours que cette pa-ire est obligée de faire pour s’y rendre. Les nerfs ana- logues ont toujours une distribution semblable 5 ils se rendent toujours aux mêmes parties. Même les plus petites paires : celles dont la distribution â' N 104 X® Leçon, Distrih. des princip, nerfs. est la plus bornée , ou qui pourroient être le plus aisément suppléées par les paires voisines , comme la quatrième et la sixième , conservent leur exis- tence et leur emploi. Il semble assez naturel de conclure de là, que les nerfs ne sont pas entièrement semblables entre eux , et ne conduisent pas par-tout un fluide ab- solument identique, comme le font, par exemple les artères ; mais qu’il y a dans la structure de chacun d’eux , dans leur manière d’agir , dans leur action secrétoire, quelque particularité rela- tive aux fonctions et à la nature de l’organe qu’ils vont animer. C’est sur tout sous ce rapport que la comparai- son détaillée des nerfs dans les diverses classes peut intéresser le physiologiste. ARTICLE PREMIER. JDu nerf olfactif , ou de la première paire d& V encéphale . A. Dans Vhomme et les mammifères* Nous avons indiqué de quelle manière naît le nerf olfactif dans l’homme , dans les mammifères et dans les autrd^ classes d’animaux à sang rouge : nous allons maintenant le suivre dans la cavité du crâne jusqu’à l’endroit où il pénètre dans l’or- gane de Todorat. Art. L Nerf olfactif, igS Dans rhomme , aussitôt que le nerf olfactif est parvenu à la face inférieure du cerveau , il se porte en devant au dessus de la membrane arach- noïde , en s’approchant de plus en plus de celui du côté opposé , de sorte que lorsqu’ils sont ai ri- vés sur la (aine criblée de l'os eîhmoïde , ces nerfs ne sont plus séparés i’un de i’aulre que par la faux du cerveau. Dans ce trajet, le nerf est reçu dans un sillon peu profond du lobe antérieur. Lorsqu’on l’en fait soi tir, il paroit triangulaire j il se termine en devant par un petit tubercule très-mou , de couleur cendrée , dont la substance pénètre dans la fosse nasale q>ar les trous dont est percée la lame criblée de retbmoïde. Les singes ont ces nerfs disposés à peu près comme ceux de l’homme; mais ce sont les seuls animaux qui les présentent distinds et de forme alongée. Dans tous les autres, au lieu du cordoa blanchâtre qui constitue le nerf olfactif, on n’ap- perçoit plus qu’une grosse éminence cendrée qui remplit la fosse ethinoïdale. Cetie partie médul- laire est creusée et communique avec la cavité du ventricule antérieur. C’est même â cette dis- position singnlière qu’on doit attdbuer l ignorance du nerf olfactif, dans laquelle les anatomistes ont été si long temps, et l’erreur qui a\mit fait penser aux anciens que ces nerfs, qu’ils nommoient procès ou caroncules mammillaires , étaient des conduits qui transportaient la prétendue pituite du cerveau dans la cavité des narines. N % 196 X® Leçon. DUtrib. des prmcip. nerfs. Parmi les mammifères , les marsouins et les dauphins n’ont point du tout de nerfs olfactifs. Il est probable que les autres cétacés n’en ont point non plus , puisqu’ils n’ont point de trou§ ethmoïdaux. B. Dans les oiseaux Le nerf olfactif des oiseaux , après s’éfre sépar» du cerveau de la manière dont nous l’avons in- diqué , se glisse dans un canal osseux , où il est accompagné d’un vaisseau veineux : il parvient ainsi dans la cavité des narines. C. Dans les reptiles. Ce nerf se porte aux narines , à peu près d® même que dans les oiseaux ^ mais il est plus long* liG canal qui le reçoit est en partie osseux et en partie cartilagineux. Les deux canaux n’ont qu’une ouverture commune dans l’intérieur du crâne. Eu général les nerfs olfactifs des reptiles sont beau- coup plus solides que dans les classes précédentes. D. Dans les poissons. Les poissons cartilagineux, comme la raie et les squales y ont des nerfs olfactifs* très-mous. C’est un bulbe oblong qui se dirige obliquement en devant vers les narines , à des distances plus ou moins grandes du cerveau , selon les espèces. Dans le squale nommé païens, le nei f est d’abord grêle , puis il se renfle et forme un gros ganglion^ Art. I. Nerf olfactif 1917 Dans celui ^ que Linné a désigné par le nom de catulus J, ce nerf a beaucoup de rapport avec ceux du plus grand nombre des mammifères^ il est gros, court , tubuleux , entouré de substance cendrée 5 il se termine par un ganglion semi-lunaire , qui est séparé de la narine par une cloison membra- neuse. Celle-ci porte plusieurs enfoncemens dont chacun est percé de plusieurs trous qui laissent pénétrer les rameaux nerveux dans les mem- branes. Les poissons épineux ont des nerfs olfactifs longs et très-grêles. Dans ceux qui ont le bec alongé, ce nerf est reçu dans un tuyau cartilagineux. Dans ceux qui ont le museau court, le nerf n’est re- vêtu que d’une membrane fine , qui paroît la même que celle qui contient l’humeur grasse ou huileuse qui recouvre le cerveau. Dans le plus grand nombre de ces poissons, le nerf est de même largeur dans ses différentes parties. Cependant le genre cyprin et celui des gades ont ce nerf renflé à l’extrémité nasale , en un ganglion arrondi qui forme une espèce de cupule, ARTICLE II, Du nerf optlçue^y ou de la seconde paire de V encéphale^ Nous ne décrirons encore ici le trajet du nerf optique que depuis le point ou il se sépare de N 5 îgS X* Leçov. Disîrih, des principe nerfs, son entrecroisement jusqu’à celui où il entre dans le globe de l’œil pour former la l étine. Nous fe- rons connoîire sa terminaison dans la leçon du sens de la vue. Dans tous les animaux à sang ronge , sans excep- tion , le nerf optique vient ^d’uii tubercule parti- culier du cerveau 5 ainsi que*^ nous l’avons indiqué. Après s’etre entrecroisé avec celui qui lui corres- pond , il se rend directement à l’œil du coté op- posé. Dans les mammifères , les oiseaux et les reptiles, il est très difficile de distinguer ces nerfs dans leur union ; mais dans les poissons , et sur - tout dans ceux qui ont nn squelète osseux , on voit mani- festement que ces nerfs se croisent sans se con- fondre : ils sont à la vérité collés par de la cel* lulu>ité. On reconnoit et Ton démontre là très- facïlefncnt que le nerf optivqiie du côté gauche va à l’œil droit , ef vice versa. Dans les poissons cal tilagineux ce croisement est moins apparent. Le nerf optique des gros animaux présente une structure ti es remarquable. Son névrilùme, ou l’en- veloppe (lui lui est fournie par la pie-mère, le partage intéiieurement en un grand nombre de caraiix 1 ngiliulinaux , qui eonlieniient la substance médullaire. On ])arvient à rendre cette structure Irè.-'-s' nsib!^‘ , en faisant dissoudre la partie mé- duILiie par la mat éjalion; on soulle ensuite le nerf et on le fait dessécher. Des coupes de ce nerf , ainsi préparées , dé- Art. III. Nerf oculo -musculaire, igg. montrent la disposition des canaux qui le par- courent. Au reste , ces filets nerveux sont beaucoup mieux séparés dans les nerfs optiques des poissons , et n’ont point ici besoin de préparation particulière pour être démontrés. Ils sont ordinairement ap- plattis comme les autres nerfs, et ils paroissent quelquefois formés par une lame médullaire très- rnince, plissée plusieurs fois sur elle- même et con- tractée en forme de cordon : cela a lieu notamment dans la morue et V espadon. ARTICLE III. Des nerfs de la troisième , quatrième et . sixième paires, I. Du nerf oculo-musculaire ^ ou de la troi--^ sième paire. Après avoir percé la dure-mère au côté de l’apophyse clinoïde postérieure , chacun de ces nerfs se glisse dans Fépaisseur de cette membrane pour parvenir vers la partie la plus large de la fente sphéno-orbitaire. Arrivé dans l’oibite , il se partage en deux branches : rime petite , qui se distribue dans le muscle droit supérieur de Foeil et dans le releveur de la paupière supérieure : souvent il contribue à la formation du ganglion ophthalmique qui produit les nerfs ciliaires j Tautre brandie est un peu plus considérable. Elle se N 4 ’soo Leçon, Distrlh, des principe nerfs, partage en trois rameaux : l’un se rend dans le muscle abducteur dç l’ocil ; le second , dans le muscle droit inférieur , et le troisième se termine, dans le muscle grand oblique. Cette description abrégée de la disposition du nerf oçulo-musculaire dans Thomme convient à peu près à tous les animaux à sang rouge. Dans tous 5 il pénètre dans Forbite par un trou partie culier, quand il n’y a point de fente sphéno- orbitaire , soit seul , soit avec quelqu’un des autres nerfs destinés à Forgane de la vue , et il se dis- tribue de la même manière. Au reste.^ nous re-^ viendrons encore sur ce nerf, et sur ceux qui suivent , à l’article de Forgane de la vue. Nous remarquons seulement ici que, dans les raies et les squales y poissons dont le globe de Foeil est supporté par un pédicule mobile , l’une des branches du nerf ocuîo- musculaire passe au tra- vers de ce pédicule cartilagineux par un trou particulier y afin d’aller se distribuer dans les muscles qui sont situés au dessous. II, Du nerf pathétique y ou de la quatrième paire de nerfs,. Ces nerfs percent la dure-mère en arrière des précédens et un peu plus vers la ligne moyenne. Ils sont les plus grêles de ceux qui sortent de la base du crâne. Logés dans l’épaisseur de la dure-mère^ ils se portent vers la fente orbitaire fUpéiieure, et pénétrent dans Fprbite gax la partie Art. IV. Des nerfs trijumeaux, 201 la plus large de cette fente. Lorsqu’ils y sont par- venus , ils se dirigent vers la voûte et se terminent dans le muscle grand-oblique. La distribulion de ce nerf est la même dans 1© grand nombre des animaux à sang rouge que noua avons pu examiner, III. Du nerf abducteur , ou de la sixième -paire de nerfs ^ Le tronc unique , ou les deux rameaux qui composent ce nerf dans l’intérieur du crâne , percent la dure-mère au dessus de la pointe du rocher. Ils glissent quelque temps dans son épais- seur et parviennent dans le sinus caverneux , où ils se réunissent. Ce nerf augmente alors un peu de grosseur j il reçoit ou donne un ou plusieurs petits filets qui communiquent avec le nerf grand- intercostal, lorsqu'il est encore baigné dans le sang du sinus 5 après quoi il pénètre dans l’orbite par la fente supérieure , et il va se distribuer dans l’épaisseur du muscle abducteur de l’œil. Nous avons observé la même disposition dans les autres animaux à sang rouge. ARTICLE IV. Des nerfs de la cinquième paire ^ ou trijumeaux. Nous avons indiqué de quelle manière se par- tage le nerf de la cinquième paire dans les animaux I 202 X® Leçon. Distrlh. des princlp. nerfs, à vertèbres : nous allons suivre maintenant à leur solfie du crâne chacune de ses branches dans les dilTérentt-s classes , en commençant par la branche ophtJialmique y ou celle qui se rend à l’oeil. I. Du nerf ophtJialmîcjue , première branche de la cinquième paire dans V homme et les mammifères, A. Dans rjiomme. La première branche de la cinquième paire sort du crâne par la fente sphéno - orbitaire avec la troisième, la quatrième et la sixième paire; sou- vent même elle donne à la quatrième paire un rameau transversal très - remarquable. Avant de parvenir dans rintérieur de l’orbite, et lorsqu’elle est encore enveloppée de la dure-mère^ elle se partage en trois rameaux ; l’un se porte vers le bord nasal ; le second , vers la voûte ou le bord frontal, et le troisième, vers le bord temporal de l’orbite : le second est le plus gros des trois. Le rameau nasal est inférieur et interne : il se divise presque de suite en deux ramuscules. L’un se porte vers le nerf optique, s’unit avec le petit rameau de la troisième paire qui se porte au muscle petit oblique de l’oeil, et par sa réunion produit un gonflement nerveux, appelé ganglion lenticulaire ou ophthalmiqiie. C’est par ce gan- glion que sont ordinairement formés les nerfs ci- liaires disposés en deux faisceaux. îls sont composés Am» ÎY. Des nerfs tri-jumeaux. 20S chacun de plusieurs filets qui se rendcuit oblique- ment dans le bulbe de l’œil, où nous aurons occa- sion de les examiner en traitant de cet organe. L’autre ramuscule, nommé ethmoïdal, produit souvent aussi une ou deux petites branches qui vont s’unir au faisceau des nerfs ciliaires. Il con- tinue de se porter le long du bord nasal de l’or- bite 5 et lorsqu’il est arrivé vers le trou orbitaire interne antérieur , il se bifurque. L’une de ces bifur- cations entre dans le trou , suit le canal dont il est l’ouverture J rentre dans ie crâne au dessous de la dure- mère 5 en ressort vers le bord antérieur de la lame criblée, pénètre dans la membrane na- sale, et se perd au dessus des cornets supérieurs et sur les côtés de la lame verticale. La seconde bifurcation se porte vers la poulie du muscle grand- oblique, et se divise en un grand nombre de filets, dont quelques-uns se portent à la peau du front vers l’angle nasal de l’orbite j d’autres, au muscle orbiculaire des paupières, quelques-uns dans le muscle frontal, à la caroncule et dans les mem- branes des voies lacrymales. Ordinairement quel- ques - uns de ces filets s’uniseent à d’autres qui proviennent du nerf facial et du sous-orbitaire. Le second rameau du nerf ophthalmique est appelé frontal. Il est situé entre le périoste de la voûte de l’orbite et le muscle releveur de la paupière supérieure. Il se sépare pi esque dès sa naissance en deux ramuscules : l’un, plus inte ne, se porte vers la poulie du muscle grand- oblique so4 X® Leçon. Distrih, des princip, nerfs, de Toeil et va s’unir avec quelques filets produits par la seconde brandie de la bifurcation du rameau ethmoïdal; l’autre , plus externe, se porte au dehors de l’orbite par le trou ou l’échancrure sus-orbitaire et s’épanouit sur le front , en donnant des filets à la peau , aux muscles et au périoste environ- nans. Enfin ^ le troisième rameau du nerf ophthalmique a été nommé lacrymal', il est situé vers le bord temporal ou externe de l’orbite , et se porte vers la glande lacrymale. Avant de parvenir à cette glande , il se divise en plusieurs filets : l’un perce la glande et se perd dans la conjonctive 3 un autre se distribue presqu’entièrement dans la glande 5 un troisième, et quelquefois un quatrième, après avoir percé aussi la glande , se partagent en sept ou huit filamens, dont plusieurs passent dans la fosse tem- porale par la fente sphéno-maxillaire , et s’unissent à d’autres filets du nerf temporal profond : l’un d’eux perce l’os jugal, se porte sur la joue^ et s’unit avec des filets du nerf facial. B. Dans les mammifères. C’est par la fente , ou plutôt par le trou sphéno- orbitaire, qui est en même- temps le trou optique, que parvient dans l’orbite la branche ophthalmique des mammifères. Elle se sépare des deux autres branches dans l’intérieur du crâne , et elle rampe dans ré[>aisseur de la dure-mère avec la troisième, la quatrième et la sixième paire. Aussi- tôt .qu’ell# Art. IV. Des nerfs tri-jumeaust. ùo5 est arrivée dans Fintérieur de Forbite, elle se par- tage ^ comme dans Fhomme, en trois rameaux. Celui du côté interne de Forbite , qui correspond au nasal ^ est le plus gros des trois. Il se divise en cinq ou six ramuscules ; les uns pénètrent dans les sinus frontaux par quelques petits trous de la voûte orbitaire , qui sont assez sensibles dans le mouton j d’autres, beaucoup plus gros, pénètrent dans la cavité nasale par le trou orbitaire interne. Enfermés dans un canal osseux, ils remontent dans le crâne par les grands trous de la lama criblée de Fethmoïde que nous avons indiqués , puis ils en ressortent par les trous etbmoïdanx , pour se distribuer sur la membrane nasale : ils sont très-faciles à suivre dans les ruminans. Un ou deux autres se rendent dans le muscle releveur de la paupière supérieure. L’un de ces ranius- eules concourt à la formation du ganglum lenti-- culaire. De ce ganglion partent, dans le chien ^ deux filets ciliaires qui se divisent ensuite, et trois ou quatre filets dans le vequ. Enfin, un ou plu- sieurs de ces ramuscules vont se terminer dans le muscle oblique inférieur et dans la glande de Harderus , dont nous parlerons à Farticie du sens de la vue, en traitant des larmes. Ces nerfs sont sur-tout très-remarquables dans les ruminans. Le rameau moyen de Fopîitlialmique est supé- rieur. Il est couché sous la voûte osseuse de For- bite : il se divise en deux filets principaux. L\in y externe y fournit deux filamens qui se perdent dans 'î2o6 X® Leçox. Dlslrih* des jn^lncip, nerjs, les muscles droit supérieur et releveiir du sourcil, en s’anastomosaiil. avec d’autres ülets nerveux Le fdet interne donne des divisions au muscle droit interne , et sur tout une très-remarquable , souvent très-grosse, qui, passant par l’échancrure ou trou surcilier , vient s’épanouir sous la peau du front où elle se perd dans les muscles. Le troisième rameau du nerf ophtlialmique est composé d’un grand nombre de filets qui, quoique rapprochés, sont très - distincts : ils se perdent presque tous dans la glande lacrymale. TT. Du nerf maxillaire supérieur y seconde hranche de la cinquième paire dans L'homme et les mammifères, A. Dans Vhomme, Sortie du crâne par le trou rond de l’os sphénoïde , ceite hranche fournit presqu’aussitôt un petit filet qui entre dans l’orbite par la fente inférieure de cette fosse. Ce filet s’unit avec un autre qui aj)pàrtient au nerf lac«ymal avec lequel il passe, ainsi que nous ^a^ons indiqué, dans un petit canal de l’os de la pommette pour s’épanouir sur la joue , en s’anastomosant avec le nerf facial et le sous - orbitaire et quelquefois en arrière avec des filets temporaux, du maxillaire inféiieur. La branche maxillaire sLipérieure , arrivée dans l’intervalle qui existe entre la base des apophyses pterigoïdes et la partie supérieure de la tubérosité Art. IY. T) es nerfs tri-jumeaux. 207 malaire , il s’en détache un ou deux rameaux qui dans ce dernier cas se réunissent presqii’aussitôt et forment un ganglion ou renflement qui se trouve situé au devant du trou sphéno -palatin. ïî part de ce ganglion beaucoup de filaraens qui se portent dans des directions diverses , et qui Torment des nerfs très-remarquables : ils sont sujets à varier dans l8p.r nombre , mais rarement dans leur distribution. Il en part d’abord, du côté interne, quatre ou cinq filets qui , entrant par le trou spliéno-palatin dans les narines , se distribuent dans la membrane olfactive. En arrière du ganglion naît un petit fllet qui , s’engageant dans le canal de la base de l’apophyse ptérygoïde , se porte en arrière vers la pointe du rocher. On a nommé ce nerf vidien , d’après l’auteur qui a le premier fait connoîîre sa distri- bution. A sa sortie du canal le nerf se bifurque. L’une des branches rentre dans le crâne , passe par un petit trou du rocher qui aboutit au canal du nerf facial et s’unit à ce nerf. L’autre brancha de la bifurcation du nerf vidien pénètre dans le canal de l’artère carotide , et s’unit là aux filets de la cinquième paire cjui se joignent au nerf grand sympathique. Quelquefois aussi le hlet suit la ca-^ rotide et ne s’unit au grand sympathique que dans le ganglion cervical supérieur. Enfin , de la partie inférieure du ganglion sort le plus gros filet nerveux qui paroit être la So8 X® Leçon. JDistrib» des principe iiérfsi continuation du tronc. Il s’engage dans le canal ptérygo-palatin en grande partie. Il se divise là en plusieurs lilamens qui traversent de petits canaux osseux. Les uns se portent dans la membrane olfactive, et d’autres, en arrière, se perdent dans la luette et dans les petits muscles. Le tronc sort par le trou palatin postérieur, et se portant en- devant, il se divise en deux ou trois rameaux sur la voûte du palais* Après avoir donné les deux filets qui produisent le ganglion sphéno-palatin ^ la branche maxillaire se porte vers l’ouverture du canal sous-orbitaire^ mais avant d’y entrer , elle fournit un petit ra^ meau , appelé alvéolaire qui se divise souvent en deux autres î l’un pénètre dans le sinus maxiL laire ; l’autre se porte sur les alvéoles , dans les- quelles il pénètre : il donne aussi beaucoup de lilamens aux gencives et aux muscles des lèvres- Engagée dans le canal sous-orhitaire , la branche prend alors le nom de sa position. Il s’en détache un rameau assez considérable qui se porte dans l’épaisseur de l’os , pénètre dans le sinus et se distribue dans les racines de presque toutes les dents. Le tronc sort de l’os par le trou sous-orbi- taire; parvenu sur la face, il se fait un épanouis- sement de tous ses filets qui se perdent dans tous les muscles de la face, et dont un grand nonibr© s'unissent aux ramifications du nerf facial. Art. îVi. Des nerfs îri-jumeaiix, sog B. Dans les mammifères. Nous avons déjà dit que les nerfs maxillaires sortent du crâne, dans le plus grand nombre de ces animaux, par un même trou situé dans la fosse moyenne au devant de la pointe du rocher. Parvenu au dehors du crâne , le tronc unique s’élargit beaucoup, et les filets qui le composent semblent s’entrecroiser de manière que, des deux rameaux qu’ils forment , bientôt après le posté- rieur ou sous-maxiilaire paroit produit par les lileU antérieurs, et le rameau antérieur ou sus-maxillaire par les filets postérieurs. Cette disposition est très- remarquable dans les chiens ^ elle l’est beaucoup moins dans les ruminans. La branche maxillaire supérieure se porte presque îiorizontalement de derrière en devant. Parvenue à la partie antérieure et inférieure de la fosse temporale , elle se divise en un grand nombre de filets; l’un des trousseaux, composé de quatre à cinq filets considérables, se porte vers le trou sphéno - palatin. Là le trousseau se partage en deux. L’une des branches se porte dans la cavité des narines , et fournit un très-gros rameau qui va s’épanouir dans le tissu charnu du palais. Quel- quefois , comme dans les ruminans , ce rameau se sépare du tronc ^ meme avant qu'il entre dans le trou sphéno- palatin. L’autre branche du nerf sus - maxillaire , qui entre par le trou sphéno - palatin , se glisse dans 2 O 210 X® Leçon. Distrib. des princip. nerfs. l’épaisseur de l’os de la mâchoire supérieure , envoie des ramuscules à toutes les dents , et sort par le trou sous-orbitaire pour s’épanouir en patte d’oie sur la face , et s’anastomoser avec le nerf facial. Mais, outre ces deux nerfs principaux produits par la branche maxillaire supérieure , il est d’autres filets très remarquables qui s’en détachent presque aussitôt après sa sortie du crâne. Il s’en sépare d’abord un petit filet très - grêle qui , après s’être anastomosé avec un ganglion , dont nous parlerons par la suite , se porte dans l’épaisseur du muscle temporal , qu’il traverse et auquel il donne beaucoup de filamens : il perce ensuite la partie inférieure de l’orbite, et pénètre dans le nez. Un autre filet beaucoup plus remarquable vient de la branche sphéno - palatine. Elle forme un ganglion auquel aboutissent plusieurs autres filets et entre autres celui dont nous avons parlé plus haut. Il s’en sépare ensuite un nerf plat qui , quoique beaucoup plus gros, paroît être la conti- nuité du filet qui nous occupe; il se glisse dans l’épaisseur des os entre le palatin et la convexité de l’apophyse ptérygoïde ; il fournit là plusieurs filets, dont un très-^ distinct descend sur le plancher des narines. Telle est la distribution générale du nerf sus- maxillaire dans les mammifères. On peut voir sur cette description succincte , prise d’après le chien y le lapin ^ le mouton et le veau, qu’il n’y a ici 211 Art. IV. nerfs tri-jumeaux. de différence avec l’homme que celle que devoit nécessairement entraîner la conformation des os de la face. III. Bu nerf maxillaire inférieur , troisième hranche de la cinquième paire ^ dans V homme et dans les mammifères . A. Dans Vhomme, Celle-ci est la plus grosse des trois branches que fournit le nerf tri-facial ; elle sort , comme nous Favons vu , par le trou ovale du sphénoïde 5 elle paroît à la base du crâne sur le rebord qui sé- pare la fosse temporale de la gutturale en dedans du muscle ptérygoïdien externe. Elle se divise presqu’aussitôt en deux troncs principaux , Fun supérieur, l’autre inférieur. Le premier se sub- divise en cinq rameaux , et le second en trois ^ en sorte que le nerf se trouve divisé en huit. 1. Le premier rameau envoie quelques filets à rarticulation de la mâchoire et au crotaphite ; puis se portant au dessus de Féchancrure qui existe entre les deux apophyses, il pénètre dans l’épais- seur du muscle masseter dans lequel il se distribue. 2 et 5. Le second rameau du premier tronc se porte dans la partie postérieure et profonde du muscle crotaphite. Le troisième se porte aussi dans la même direclion , mais un peu plus antérieu- rement.5 il s’anastomose souvent avec un filet du nerf lacrymal , comme nous l’avons indiqué, O 2 212 X® Leçon. Distrih, des princip. nerfs. 4. Le quatrième rameau passe entre les deux muscles ptérygoïdiens auxquels il donne quelques petits lilets; puis se portant au dehors du muscle buccinateur il se divise en un grand nombre de hlels , dont les uns se portent dans ce muscle , ainsi que dans ceux des lèvres en générai, et les autres s’unissent au nerf facial. 5. Le cinquième rameau est un des plus petits; il se porte dans le muscle ptérygoïdien interne et dans ceux du voile du palais. 6. Le sixième rameau paroît être le tronc du nerf lui' même : aussi lui conserve-t-on le nom de nerf maxillaire inférieur proprement dit. U se glisse entre les deux muscles ptérygoïdiens et se dirige vers le canal dentaire de la mâchoire inférieure ; mais avant d’y pénétrer , il donne quelques filets dans les muscles mylohyoïdien et digastrique et dans les glandes sous - maxillaires. Lorsqu’il est entré dans le canal, il se distribue dans les racines de chacune des dents , et se con- tinue en un filet qui sort par le trou mentonier , et qui se divise dans les muscles de la lèvre in- férieure en s’anastomosant un peu avec les filets du nerf facial. 7. Le septième rameau est destiné à la langue; il se porte avec le précédent entre les muscles ptérygoïdiens. Il reçoit là un petit filet qui pro- vient du nerf facial , et qui a été nommé la corde du tympan : il se dirige A^ers la langue. Arrivé vers l’origine du muscle stilo-glosse , au dessus de 2i5 Art. IV. Des nerfs irifumeaux, la glande maxillaire ^ il produit quelques filets qui souvent se réunissent et forment un petit ganglion duquel partent des filets qui percent cette glande , après quoi le nerf se glisse entre le muscle liyo- glosse et la glande située au dessous de la langue. Il pénètre dans fépaisseur de cet organe, et se distribue dans sa substance dans les muscles qui y aboutissent et dans la peau qui la recouvre. 8. Enfin le huitième rameau est celui qui est le plus postérieur : il naît souvent de deux racines entre lesquelles passe une petite artère. Le tronc unique passe derrière le condyle de la mâclioire au devant du conduit auditif; il donne beaucoup de filets qui se portent sur les parties voisines. Il se subdivise en une grande quantité de filets dont beaucoup s^unissent au nerf facial sur J a partie externe du muscle temporal : ce qui lui a fait don- ner le nom de temporal superficiel. B. Dans les mammifères. Nous avons indiqué la disposition de cette branche dans les mammifères à sa sortie du crâne par le trou ovale. Elle fournit , presque aussitôt après sa séparation , un rameau assez gros , qui se porte dans les glandes parotide et maxillaire. Il s^en sépare ensuite deux autres: fun interne, qui se divise et qui se perd par plusieurs filets dans Fépaisseur des muscles et dans la substance meme de la langue ; Fautre externe , qui donne beau- coup de ramifications aux muscles ptérygoïdiens j O 5 52 14 X® Leçon. Distrih, des princîp. nerfs, à ceux des joues et des lèvres qu’elles traversent pour se porter sous la peau de la face, où elles s’unissent aux filets du nerf sous - orbitaire et à ceux du nerf facial. Le plus gros filet, ou la continuation de la branche elle - même , pénètre dans le canal dentaire , s’y distribue aux dents , et se termine dans les muscles de la lèvre en formant une patte d’oie qui vient du trou menton- nier. Les autres petits filets se retrouvent à peu près comme dans riiomme. Dans le veau ^ aussitôt après sa sortie du crâne le nerf maxillaire inférieur se divise en quatre portions principales. La plus postérieure, qui est la troisième en grosseur , se porte derrière et sous le condyle de la mâchoire où elle se divise en deux rameaux : l’un, grêle, qui pénètre dans la glande parotide , où il se divise en beaucoup de filets qui s’unissent à ceux du nerf facial 5 l’autre ra- meau suit le contour de la mâchoire , et se porte au devant du mufle ; il s’unit en passant sur la joue avec la branche moyenne du nerf facial , dont il avoit reçu déjà auparavant plusieurs filets anastomotiques. La branche suivante du maxillaire inférieur est la plus grêle des quatre. Elle est très - longue , suit la branche de la mâchoire et va se perdre dans les muscles bucciiiateurs et dans les glandes buc- cales. La troisième branche pénètre dans le canal Art. IV. Des nerfs tri-jumeaux, 2i5 dentaire , et s’y distribue , comme nous l’avons indiqué pour les mammifères en général. Enfin la quatrième branche est la linguale : c’est la plus grosse et la plus antérieure. Elle est ap- platie et forme un ruban large j elle se termine en éventail par des rayons qui se terminent dans les muscles de la langue et des parois de la bouche. IV, Du nerf de la cinquième paire dans les oiseaux, La cinquième paire des oiseaux présente à peu près la même distribution que dans les mammi- fères. Le nerf ophthalmique sort du crâne par un trou particulier de l’orbite en dehors du nerf op- tique. Il rampe quelque temps dans l’épaisseur da l’os , avant de parvenir au dehors. Il est gros et décrit une courbe qui suit la voûte de l’orbite. Il ne commence à se diviser qu’en delà de la fosse j il pénètre ordinairement dans l’épaisseur des os de la face au dessus des sinuosités nasales. Il se divise en trois branches : la supérieure e^t la plus petite, elle va se perdre dans la membrane pi- tuitaire ; la seconde branche est la plus grosse des trois et la plus longue , elle est reçue dans un canal osseux, passe au dessus des narines, et vient se terminer à l’extrémité du bec en un grand nombre de divisions j la troisième branche paroît O 4 21 6 X® lÆÇO'iH. Dis trih. des princip. nerfs. se perdre entièrement dans la peau qui enveloppe le pourtour de l^ouverture des narines. Le nerf maxillaire supérieur sort par le meme trou que Finférieur , précisément au dessus de Fos carré. Il se porte de derrière en devant à la partie inférieure de Forbite; il donne dans ce trajet deux filets, Fini (|ui s’unit à des ramifications du nerf ophthalniique , Fautre qui remonte vers le coté interne dans Fépaisseur des muscles ptérygoï- diens. 11 pénètre dans Fépaisseur des os maxillaires pour se perdre sur les parties latérales du bec. Dans les canards , la distribution en est très* remar- quable. Chacun des crans dont est marqué le bec paroît recevoir quatre ou cinq filets. Le nerf maxillaire inférieur se sépare du su- périeur , et se dirige obliquement en en - bas 5 il donne d’abord des rameaux aux muscles pté- rygoïdieiis et au muscle nommé quadrangulaire , que nous ferons connoître en traitant de la mas- tication. Le tronc descend ensuite en dehors ; et arrivé à ia mâchoire inférieure , il se divise en deux branches : une interne , et une externe. L’in- terne , qui est la coniinuation du tronc ^ pénètre dans le canal maxillaire, et se rend ainsi jusqu’à l’extrémité antérieure de cette mandibule. Dans les oiseaux qui ont des dentelures, comme les ca- nards , chaque dent l èçoit des filets de ce nerf. La branche externe se détache de la précédente eîl perçant Fos de la mandibule ^ et se répand Art. IV. T)es nerfs tri-j itmeaux , 217 ^ en dehors sous la peau ou la substance cornée qui revêt le bec jusqu’à son extrémité. V. Du nerf de la cinquième paire dans les reptiles. Les reptiles ont les trois branches de la cin-' quième paire. Dans les tortues de mer l’ophthal- mique glisse quelque temps dans l’épaisseur de la dure-mère avant de pénétrer dans l’orbite. 11 donne des filets à la fosse nasale , aux muscles du globe de l’œil et sur-tout aux deux glandes lacrymales. La branche maxillaire supérieure est la plus grosse des trois : elle est unie à l’inférieure dans son origine ; mais, parvenue dans l’intérieur de l’or- bite , elle s’en sépare pour préndre une autre direction ; elle se glisse sur le planclier de l’orbite en décrivant une courbe très- marquée , dont la convexité est extérieure. De la concavité de la courbe , ou du côté interne , partent une infinité de ramuscules qui vont se perdre dans la glande lacrymale. Le tronc se divise ensuite en deux ra- meaux : un interne, qui répond an nerf spîiéiio- palatin et au sous-orbitaire. Il fournit des filets au palais, aux narines ; et, arrivé à la partie anté- rieure de l’orbite , il se porte en dehors et vient s’épanouir sur la face. L’autre rameau du tronc principal est extérieur ; il glisse aussi sur le plan- cher de l’orbite , aux os duquel il donne plusieurs filets 3 il vient enfin s’épanouir sur la face ix la ssi8 X® Leçon. Dlstrih. des princip nerfs. partie inférieure de l’orbite , et s’anastomoser avee les autres nerfs faciaux. La brandie maxillaire inférieure se porte presque verticalement en en-bas à la partie postérieure de l’orbite , au devant de l’apophyse pierreuse et articulaire du temporal. Elle donne, dans son trajet jusqu’à la mâchoire inférieure, plusieurs lilamens qui se perdent dans les muscles temporaux et pté- rygoïdiens , entre lesquels elle se glisse. Parvenue à la mâchoire inférieure au devant de la facette articulaire, elle pénètre dans l’ouverture oblongue qui y est tracée , et se divise dans l’intérieur de l’es. Elle fournit en dedans de la mâchoire plu- sieurs fdets qui se perdent dans les muscles de la langue , et en dehors quelques autres qui se ra- milient sous la peau. VI. Du nerf de la cinquième paire dans les poissons. On retrouve aussi dans la cinquième paire des poissons les trois branches qui s’observent dans l’homme. L’oplithalmique ou la plus supérieure s’élève dans le crâne et se porte obliquement en dehors et en avant vers la partie postérieure de l’orbite , dans lequel elle pénètre. Arrivée là , elle présente quel- ques variations, selon les espèces, dans la manière dont elle se subdivise. Ordinairement elle fournit trois rameaux principaux, comme dans la carjjej Art. IV. Des nerfs tri-jumeaux, 219 le saumon y la morue y et probablement dans les autres poissons épineux 5 mais , dans la raie et dans le squale- scie , cette division a lieu beau- coup plus tard et au delà de Forbite , comme nous le verrons en décrivant ces rameaux. Le premier rameau est le plus grêle et le plus interne; il va se terminer au pourtour de la ca- vité des narines. Dans la raie y la branche passe au delà de Forbite sans se diviser. Bientôt après il s’en détache deux filets ; Fun , plus gros , traverse au dessus de la narine , lui donne plusieurs ra- muscules et passe au delà pour se perdre dans la partie latérale du bec. Dans le squale - scie y la partie de la branche ophthaîmique qui se rend aux narines est peu remarquable : se sont de simples filets qui se détachent de la branche que nous allons examiner par la suite. Le second rameau du nerf ophthaîmique du côté interne dans les poissons épineux est le plus con- sidérable des trois. Il se divise en deux dont l’un se ramifie dans les parties charnues de la lèvre supérieure, où elles s’unissent avec les filets du nerf maxillaire supérieur; l’autre va se dis- tribuer aux parties molles voisines de l’angle de la bouche : il en est au moins ainsi dans le soai^ mon et dans la carpe. Dans les raies y c’est la continuation du tronc qui tient lieu de ce rameau. Il se dirige en avant vers l’extrémité du bec où il se termine. Dans le squale-scie , le rameau qui nous occupe se porte au dessus des muscles du 220 X® Leçon. Distrlb. des principe nerfs. bulbe de l’œil, et se dirige en avant dans une rainure pratiquée au dessus du bec ; il se divise là, du côté externe, en une infinité de filamens en forme de treillis , dont les ramifications pa- roissent se porter aux dents ou crochets qui arment ce bec. Le troisième rameau de roplitlialmique se porte sur les parties latérales de la face , et se distribue aux muscles des mâchoires dans les poissons épi- neux. Ce rameau n’existe point dans la raie ; mais dans le squale-scie il est très-distinct et très- gros j il se glisse dans Forbite au dessous des deux muscles supérieurs de l’œil, en donnant quelques filets qui vont se porter dans le bulbe, puis il se dirige en avant pour se confondre avec le pré- cédent. Nous ne devons pas omettre ici une particularité très-remarquable , sur laquelle nous reviendrons cependant par la suite à l’article des secrétions : c’est que les deux branches du nerf ophthalmique, dont nous venons de parler, paroissent changer de nature à l’endroit de leur réunion. Elles pren- nent là une couleur noire et une consistance par- ticulière. Nous avons eu occasion de faire la même observation sur cette couleur noire du nerf dans le squale - milandre où elle est encore plus marquée , et où la distribution du nerf est sur- tout très-importante. Dans cette espèce de poisson, toute la partie avancée de la tête au devant de la bouche est percée de pores Rombreux par lesquels Art. ÎV. Des nerfs tri-jumeaux, 221 sninte par la moindre compression une humeur gélatineuse. Lorsque la peau est enlevée, on voit que cette humeur est contenue dans des espèces de cellules formées par un tissu fibreux blanc très-serré. Sur les parois de ces cellules aboutissent en grand nombre les extrémités du nerf qui nous occupe. Nous reviendrons par la suite aux usages présumés de cette liqueur : nous ne youlons ici qufindiquer Tobservation. La seconde branche de la cinquième paire , qui représente le nerf maxillaire supérieur , est inter- médiaire. Elle se glisse au dessous du nerf optique vers la partie moyenne et inférieure du crâne. Parvenue au dessous des narines , elle se divise en deux , trois ou plusieurs rameaux , dont les uns se portent vers Tangle de la bouche , et se terminent dans les barbillons lorsque ces appendices existent ; les autres se portent vers la partie moyenne, où ils se distribuent dans répaisseur des lèvres. Il en est au moins ainsi dans les poissons épineux que nous avons eu occasion d’observer. Le squale-scie et la raie présentent des obser- vations dilférentes. Dans le premier de ces poissons, le maxillaire supérieur se divise presqu’aussitôt après sa sortie du crâne , au dessous de l’orbite , en trois branches principales. La première , qui se porte en avant , est très-grosse , passe au dessous des muscles de l’œil auxquels elle donne quelques filets. Il s’en détache sur-tout un qui se porte dans *î22 X* Leçon. Distrlh. des princip. nerfs, le bulbe de Foeil , ^juis elle passe à la face infé- rieure de la racine du bec, donne quelques lilamens tm pourtour des narines , et pénètre enfin dans le canal longitudinal du bec qui reçoit Toplithalmique. La branche moyenne est composée de plusieurs fîla- inens qui se distribuent aux muscles de la bouche ; enfin, la dernière branche se porte aussi en grande partie dans les muscles de la bouche, et princi- palement vers Fangle , où elle se perd dans la peau qui forme les lèvres. Dans la raie bouclée , îa disposition est à peu près la meme ; mais on remarque que les filets qui dans le squale-scie pa- roissent se terminer aux crochets du bec se terminent dans les boucles ou aiguillons dont sont armées diverses espèces de raies. La troisième branche de la cinquième paire ^ ou la maxillaire inférieure ne présente aucune particularité. Dans les poissons osseux , arrivée vers Fangle de la mâchoire , elle se perd dans les os qui la forment par des filets déliés dont le nombre varie. Dans les chondro-ptérygiens , ce nerf se dirige beaucoup plus en arrière et se dis- tribue aux muscles de la mâchoire inférieure. Art. V. T)u nerf facial. 225 ARTICLE V. Du nerf facial ^ ou petit sympathique de TV'înslo'W, jK, Dans Vliomme, Nous avons indiqué de quelle manière naît ce nerf^ et comment il est presque toujours dis- tinct de la portion molle. Parvenu dans le conduit auditif interne , il s^engage dans le canal nommé aqueduc de Fallope. Il suit ses différentes courbures , et reçoit là la branche du nerf vidien, que nous avons indi- qué en traitant du ganglion sphéno - palatin de ]a branche sus-maxillaire. Il fournit ensuite deux petits filets dans la caisse du tambour pour les ; muscles des osselets de Fouïe , et un autre plus considérable , quelques lignes avant de sortir par le trou stilo-mastoYdien. Ce hîet 's’engage dans un petit canal osseux qui le conduit dans la caisse ! du tambour ; il passe sous rencîume sur le tendon I du muscle interne du marteau ; il sort par un I petit trou pratiqué à la base de la caisse pour communiquer avec le rameau lingual de la troi- sième branche du nerf tri - facial , ou cinquième paire , à laquelle il s’unit en formant avec elle un angle aigu. Sorti de la base du crâne , le tronc du nerf 224 X® LEÇ0^^. Distrih. des principe nerfs^ facial se divise en plusieurs rameaux, dont le nombre varie , mais s’élève souvent à celui de quatorze ou de quinze. Le plus postérieur a été nommé occipital. Il se porte derrière l’apophyse mastoïde , s’unit à un rameau d’une paire cervicale supérieure, et se divise ensuite en deux ramuscules , dont l’un se perd sur la conque de l’oreille , et l’autre dans la peau et la partie supérieure des muscles du col. Le second rameau communique d’abord par un ou deux filets avec la partie supérieure du ganglion cervical du nerf grand- sympathique 5 il se termine dans les muscles qui proviennent de l’apophyse stiloïde : aussi l’a-t-on appelé stilo- hyoïde. Le troisième rameau se porte dans le muscle digastrique. Le tronc du nerf facial se glisse ensuite dans la glande parotide, qu’il traverse et à laquelle il fournit un grand nombre de filets. Le quatrième rameau , produit par le facial , se distribue à la partie antérieure de la conque de l’oreiile et sur l’aponévrose du muscle crota- phite. Le cinquième et le sixième rameau se distribuent à peu près de la même manière , et ont entre eux des anasfomoses très - nombreuses : on les a nommés nerfs tempoi'aux ou jugaux. Le septième rameau a beaucoup de rapport avec le précédent ; il s’unit avec eux et les branches 225 Art. V. IDu nerf facial. voisines, et se porte sur îe muscle orbiculaire des paupières, au dessus duquel il se termine par une espèce de plexus. Lè huitième rameau se partage presqu’aussitot après sa naissance en trois autres , qui se portent aussi sur le muscle orbiculaire des paupières , mais dans sa portion inférieure. Le neuvième rameau se glisse entre le conduit de la glande parotide , le muscle zygomatique et le masseter. Il se porte vers Fangle interne de l’œil en formant un large plexus sur la face^ et en s’unissant avec un grand nombre de filets du nerf sous-orbitaire. Le dixième le onzième , le douzième et le treizième rameau se portent aussi sur la face, mais les uns au dessous des autres j ils fournissent des filets à tous les muscles et forment un véri- table réseau nerveux sous la peau. Le quatorzième rameau suit le bord de la mâ- choire inférieure ; il se perd dans les muscles de la lèvre inférieure , et s’unit aussi au lacis nerveux de la face. Il sort enfin de la glande parotide un grand nombre de petits filamens qui proviennent de la division du nerf facial. Quelques-uns s’unissent aux filets des rameaux que nous avons décrits ; d’autres se perdent dans le muscle peaucier et dans la peau. Il résulte de cette distribution du nerf facial , qu’il recouvre tout le visage, les tempes, les oreilles 5 P 226 X® Leçon. Distrib. des prlncip. nerfs. et une portion de l’occiput et du col , et qu’il communique avec un grand nombre de nerfs : ce qui lui a fait donner le nom de petit sympathique par Winslow. B. Dans les mammifères. On retrouve presque toutes ces branches dans les mammifères : les différences tiennent seulement aux formes diverses des parties auxquelles elles se rendent et à l’étendue des muscles. Dans les animaux dont la conque de l’oreille est très- longue 5 par exemple , le rameau qui s’unit à la première paire cervicale est beaucoup plus gros et peut être suivi fort aisément sur la surface des cartilages, où il accompagne les vaisseaux sanguins; de même, dans les carnassiers, les rameaux qui se portent sur le muscle crotaphite sont beaucoup plus gros. On peut remarquer en général que les filets qui forment le réseau facial sont très-flexueux. Comme nous avons lait des recherches parti- culières sur ce nerf, dans le veau ^ nous croyons utile d’en présenter ici une espèce de monographie succincte. Il sort du crâne par la scissure pratiquée à la base de l’apophyse mastoïde; il traverse la glande parotide , dans l’épaisseur de laquelle il donne beaucoup de filets ; il s’en détache sur - tout une branche très-remarquable , laquelle s’unit à une autre du maxillaire inférieur , comme nous l’avons indiqué plus haut. A sa sortie de la glande parotide ; AiiTi V. Du nerf facial. îe rièrf facial se partage en quatre rameaux ; deux remontent au devant de l’oreille, et se portent dans les parties supérieures , latérales et postérieures de la face ; les deux autres se portent sur ses parties antéjieures. Le plus inférieur de ces ra- meaux se divise, se Subdivise eî s’anastômbsê en tout sens avec les blets du nerf mentonuier ; le supéîieur reçoit un gros iilet du inaxillaire infé“ rieur qui passe derrière le condyie de fa mâchoire : ainsi, unis en un seul tronc, ils forment une grande patte d’oie qui s’anast omose avec le sous-os bîlaH e. Ce nerf facial présente une pai ticulâi ité trè^- remarquable à son osigine. Il a deux raeines j l’ime, qui est la poriion âme du nerf auditif^ et qui est engagée dans l’intérieur du conduit, dôrit elle sort par la scissui'c de Glaser ou par le trou stylo- mastoïdien j qui sont ici la même ouvéïdure^ l’autre racine paroît provenir d’un ganglion côn^ sidérable de la partie postérieur du nerf vagué* Ce ganglion est logé dans un enfoiiGemeiit parti- culier de la face inférieure de l’os de la caissô I il paroît aussi s’unir là avec le nerf grand sym^ palhique , qui prend une consistance presque car- tilagineuse* Deux ou trois blets coiiï'ts concourent à la formation de la racine du nerf qui nous occupe^ il devient de suite assez gros et pénétre dans la scissure j où il rencontre l’autre racine dù nerf facial; il lui donne Un filet, et continue dé se porter en dehors au devant et au dessous dé l’oreille* P ^ 228 Leçon. Distrih. des prîncip, nerfs. Dans les lapins , le nerf facial sort immédia- tement au dessous du cartilage de l’oreille et du trou auditif externe^ dont il n’est meme séparé que par une petite saillie osseuse. C. Dans les oiseaux et dans les reptiles. Ce nerf facial existe; mais il est grêle, parce que ces animaux n’ayant point de lèvres, et leur bouche , ainsi que la plus grande partie de leur face , étant recouverte par une substance cornée ou écailleuse , il doit y avoir peu de mobilité et de sensibilité. Cependant on retrouve quelques- uns des rameaux : ils sont difficiles à poursuivre par la dissection , à la vérité ; mais leur tronc existe constamment. D. Dans les poissons. Le nerf facial est très - considérable dans les poissons cartilagineux. îl se sépare du cerveau par un seul tronc très-distinct du nej’f auditif, qui appartient ici à la cinquième paire ; mais bientôt après , et dans la cavité même du crâne , il se sé- pare en deux rameaux : l’un , qui remonte en dessus, et qui perce le crâne par un trou particulier pour se distribuer sous la peau ; l’autre , plus gros, qui se porte horizontalement vers la cavité de l’oreille, dans laquelle il pénètre par un trou particulier. Parvenu dans cette cavité , il se porte sous la vésicule qui contient la matière calcaire amilacée de l’oreille , ou il s’unit à la portion Art. VI. T^u nerf acoustique, 22g auditiye de la cinquième paire. Le tronc commun perce ensuite^ la cavité de l’oreille pour se porter au dehors et se distribuer par un grand nombre de ramifications aux parties molles qui enyeloppent la tête. ARTICLE VI. IDu nerf acoustique , ou portion molle du nerf auditif, A l’article de l’origine des nerfs dans chacune des classes d’animaux, nous avons vu de quelle manière se sépare l’acoustique. Comme il est très- court , et qu’il pénètre dans l’organe presqu’aussi- tôt après sa naissance , nous ne ferons , pour ainsi dire, qu’indiquer ici ses rapports avec le facial 5 ou la portion dure dans la cavité cérébrale. Dans l’homme et dans les mammifères, il pé- nètre avec le facial dans le cul-de-sac que forme le conduit auditif interne du temporal , et il entre dans le labyrinthe par plusieurs trous, dont le nombre et la grandeur sont sujets à varier. Nous indiquerons, à l’article de l’oreille, sa distribution ultérieure dans cet organe 5 il est très mou, et on n’y reconnoit point de fibres comme on en voit dans tous les autres nerfs, l’olfactif excepté.. Dans les oiseaux , les deux nerfs sont à peu près dans le même rapport. L’acoustique est très-gros, mou et rougeâtre : il est reçu dans un conduit profond P 3. 2î5o X® Leçon. Distrlh. des prhicip. nerfs^ (de la face interne du crâne, d’où il pénètre dan« le labynnlhe par plusieurs petits trous. Dans les repliles, il en est à peu prés de même que dans les oiseaux. Mais, dans les poissons, le nerf acoustique est très-séparé du facial. Il se rapproche même telle- ment de l’origine de la cinquième paire, qu’on ne peut J’en jegarder que comme une branche. D ans les eartilagineux , comme les raies. ^ U pé- nètre dans la cavité de l’oreille par un trou par- ticulier et non par une lame criblée , comme dans les autres classes. Dans, les poissons épineux, comme l’oreille se trouve libre et dans la meme cavité que le cerveau , il se distribue directement dans cet organe. ARTICLE VII. nerf pague y appelé pulgairement la huitième^ paire , oa pneumo - gastrique, A, Dans V homme ^ Les blets nombreux qui composent ce nerf à sa séparation de la masse cérébi ale se rapprochent en un cylindre applati, et sojtent de la cavité du crâne par une ouverture oblongue de la dm e-inère, placée au dessous du trou déchiré postérieur. Un autre nerf qui remonte du canal de l’épine, où il se detacdie par plusieurs filets de la moelli^ Ae-T. vil Du nerf vague, s5i épinière, sort par le même trou: on Fa nommé, pour celte raison, V accessoire du nerf vague. Parvenus à la base du crâne, ces nerfs prennent' une destination différente. Le nerf vague propre- ment dit se distribue aux poumons et à Festomac. L’accessoire va se porter vers les muscles de l’épaule. Le tronc principal communique d’abord avec le grand hypoglosse , avec le grand sympathique , les paires cervicales supérieures et le glosso-pha- ryngien. Il descend ensuite presque verticalement au devant du col , près de Fartère carotide et du grand sympathique jusqu^à la poitrine ; mais dans son trajet il fournit aux parties voisines beaucoup de filets que nous allons indiquer. L’un est destiné au larynx, et se distribue aux muscles et aux glandes de cette partie. Un autre s’en détache vers la partie moyenne du col 5 et formant une arcade en dedans , il remonte vers le nerf grand hypoglosse. De la convexité de cette arcade se détachent quelques hlamens qui des- cendent dans la poitrine où ils se portent sur le péricarde, dans Fépaisseur duquel ils se distribuent en formant un plexus , qu’on nomme cardiaque supérieur. Parvenu à la hauteur des clavicules , le nerf vague du côté gauche donne en devant des filets qui vont s’unir aux plexus que nous venons d’in- diquer. Les filets analogues de l’autre côté sont P 4 7 2^2 X® Leçox. Dlstrih. des princip. nerfs. produits par le nerf récurrent 5 après quoi le tronc se portant en dedans pénètre dans la poitrine entre les veines et les artères. Il se partage bientôt en deux grosses branches 5 Tune plus externe, qui est la continuation du tronc , et Fautre interne , appelée nerf récurrent ^ parce qu’elle remonte et ressort en partie de la poitrine. Cette branche récurrente forme un contour, ou une anse autour de l’aorte du côté gauche, et de l’artère sous clavière du côté droit. Le récurrent gauche donne des filets qui , s’unis- sant à quelques autres , produits par le grand sym- pathique , forment le plexus pulmonnaire autour de l’artère pulmonaire et de l’aorte, et se distribuent au coeur, après avoir pénétré dans le péricarde, en produisant là le plexus cardiaque inférieur. Les branches récurrentes de l’un et de l’autre côté , parvenues vers la trachée-artère , se divisent en iilamens , dont quelques - uns remontent jusqu’au larynx et se distribuent aux petits muscles de cet organe , sous le nom de nerfs laryngés. Le tronc du nerf vague , après avoir fourni les récurrens , passe derrière les vaisseaux pulmo- naires et donne beaucoup dé tiiets qui , se con- tournant autour des bronches, produisent un plexus désigné sous le nom de pulmonaire, qui reçoit un filet du nerf grand sympathique. Ils continuent de descendre ensuite dans la poi- trine le long de l’oesophage, auquel ils donnent beau- coup de filets, l’un en devant, l’autre en arrière. Art. WL Du nerf vague. î233 îls arrivent ainsi tous ^eux dans le bas -ventre, où ils forment un plexus considérable sous Ten- veloppe de restomac, produite par le péritoine. Ils fournissent aussi quelques filets aux plexus hépa- tique , splénique et solaire , comme nous le ver- rons en traitant du grand sympathique. Le tronc accessoire du nerf vague se sépare de ce dernier à sa sortie du crâne \ il se porte un peu en arrière en descendant le long du col y il traverse la portion supérieure du muscle sterno- inastoïdien , auquel il donne quelques filets j il se porte ensuite au muscle trapèze, dans lequel il se termine après avoir donné quelques filets aux deux splénius entre lesquels il se glisse. B. Dans les mammifères. Cette distribution du nerf vague étoit à peu près la même dans quatre ou cinq espèces de mammifères , sur lesquels nous avons fait des recherches à cet égard. Le veau seul nous a offert une particularité que nous avons indiquée à Farticle du nerf facial j mais les anastomoses avec le grand sympathique, les nerfs récurrens, les plexus car- diaqiie et pulmonaire ne nous ont présenté de différence que dans le nombre des filets, ce qui peut dépendre de Fadrosse du prosecteur. Les espèces que nous avons disséquées sont le chien ^ le raton ^ le cochon^ le vorc-épic. 234 Leçon, Dlsirib. des prlncip. nerfs. C, Dans les oiseaux et les reptiles. Xous n’avoîis également rien de remarquable à dire sur le nerf vague des oiseaux et des rep- tiles, quoique nous ayons fait la préparation de ce nerf dans plusieurs espèces. On voit évidem- ment qu’il se distribue aux poumons , au coeur , à l’oesophage et à l’estomac , et qu’il forme des plexus sur ces organes, comme en produit le nerf grand sympathique autour de toutes les altères du tronc. A sa soi tie du crâne , le nerf vague s’entrecroise avec le lingual et ie glosso pharyngien; ils se séparent ensuite : le glosso-phai yngien est en arriére, le vague au milieu et le lingual en devant. Le nerf vague ne soit pas toujours par un trou unique. Il est formé de deux ou trois filets , qui se rejoignent ensuite en recevant un filet de communication du glosso- pharyngien et un peu plus bas du lingual; puis le neif, augmen- tant un peu de diamètre , descend dans la poitrine. D. Dans les poissons. Le nerf vague présente une disposition toute particulière dans les poissons , et cette différence tient à celle des organes de la respiration , aux- quels ce nerf paroît le pins spécialement destiné. En effet les poumons , ou les branchies des pois- sons, se trouvent situés immédiatement au dessous du crâne , de sorte que le trajet des nerfs est très- court; de plus y comme la distribution du nerf 5^5 Art. vil Z>z/ nerj* vague. se fait presqu’aussiîôt après sa sortie da crâne , il n’y a J pour ainsi dire, point de tronc commun. Nous allons décrire d’une manière générale ce qui est commun dans la disposition de ce nerf ; nous en ferons connoître ensuite les particularités dans les espères. Les branches du nerf vague se distribuent à trois parties distinctes ; les unes , qui sont anté- rieures, plus grosses, et or dînai i ement au nombre de quatre de chaque côté , sont destinées aux branctiies. ; elles représentent le nerf vague des mammifères. Les secondes, qui sont beaucoup plus grêles, au nombre de deux ou de trois de chaque côlé , se distribuent aux muscles qui meuvent la langue dans la base des dents branchiales et à la sur- face de l’oesophage. Enfin , les troisièmes sont uniques de chaque côté ; elles forment un très-gros nerf qui parcourt toute la longueur du corps du poisson immédiatement au dessous de cette ligne qu’on nomme latérale. Les nerfs branchiaux- sortent du crâne par un trou commun, et se portent, en s’éloignant les uns des autres , vers chacune des branchies. Avant d’y arriver, ils se bifurquent. La branche postérieure va se glisser dans la gouttière qui règne îe long de la convexité de l’os qui soutient la branchie , et dans son trajet elle fournit une quantité considé- rable de petits rameaux aux replis en forme da peigne. La branche antérieure se porte dans la gouttière 256 X® Leçon. Di.strih. des princip. nerfs, semblable pratiquée dans la concavité du meme osselet , et s’y divise de la même manière. Le rameau antérieur de la première branche rentre dans le crâne, et paroît se porter dans l’oreille. Les branches moyennes du nerf vague, que nous en avons distinguées par rapport à leur distribu- tion , naissent quelquefois du même tronc que le dernier branchial , et se divisent ensuite en deux ou trois rameaux J mais, le plus ordinairement, ce sont autant de branches distinctes qui sortent du crâne par le trou commun. L’une de ces branches donne des ramifications aux muscles qui meuvent les branchies et à ceux qui agissent sur les dents du palais. Une autre beaucoup plus grosse se porte le long de l’oesophage , auquel elle se distribue de manière à pouvoir être suivie jusque sur l’estomac. La troisième de ces branches s’unit aux nerfs cervicaux qui se portent à l’épaule ou à la nageoire pectorale. Enfin , la dernière branche du nerf vague , qui paroît particulière aux poissons, est ce long nerf longitudinal de la ligne latérale du corps. Nous l’avons constamment rencontré dans tous les pois- sons , et sa distribution est à peu près la même dans tous. Quand on remonte à son origine, il est très-facile de reconnoître que c’est la branche la plus postérieure du nerf vague, qui, au lieu de descendre vers la gorge , se porte presque horizontalement en arrière et au dehors, de ma- nière â devenir presque superiicielle. Il n’est re- Art. VIII. Du nerf glosso-pharyngien, 257 couvert que par la peau , et maintenu par un tissu cellulaire lâche qui lui permet quelques sinuosités. Ce nerf est à peu près dhme grosseur égale dans toute sa longueur, de sorte qu’on pourroit le con- fondre très- facilement avec un tendon: il ne paroît point s’anastomoser avec d’autres nerfs ; ou s’il s’unit aux inter - vertébraux , les filets en sont extrêmement grêles. Arrivé vers la queue, il se termine par une irradiation de lilets très -menus qui se distribuent sur les rayons de la nageoire. Telle est en général la disposition du nerf vague dans les poissons. Les variétés qu’il offre tiennent à la conformation des espèces : ainsi , dans les poissons choudro - ptérygiens , comme les raies ^ les squales , etc. , ce nerf est beaucoup plus alongé, et tous ses rameaux proviennent d’un tronc unique qui ne se divise que lorsqu’il est arrivé vers l’organe auquel il doit se dis'ribuer. Dans ces mêmes poissons, les deux nerfs longitudinaux se trouvent aussitôt situés du côté du dos et plus rapprochés. lies autres différences ne sont point assez re- marquables pour que nous les décrivions en par- ticulier. ARTICLE VIII. Du nerf gîosso - pharyngien. Nous avons indiqué de quelle manière se séparent de l’encéphale les filets qui forment ce a5B Leçon. Disirih. des priîicip, nerfs, iierf 5 et les motifs qui ont engagé les aiiatomiste^t modernes à le considérer comme une paire par- ticulière : nous allons le suivre maintenant dans sa distribution. Il sort du crâne par un trou différent de celui de la huitième paire ^ pratiqué dans l’épaisseur de la dure-mère. Le trou jugulaire dans lequel passe la yeine du même nom sépare ces deux neifs. Encore enveloppé par la dure-mère, il épj ouve un petit renÜement, et il s’en détache deux hh ts: l’un qui se porte en arrière vers le conduit au^ dilif, et un autre qui, perforant la dure-mère, va s’unir à la paire-yague. Parvenu à la base du crâne il reçoit des filets du nerf facial et du nerf vague ; il se divise ensuite en ])lusieurs rameaux , dont l’un se distribue en partie aux muscles qui s’attachent à l’apophyse 6t} iüïde et va se terminer dans les muscles de la langue. Un autre rameau s’unit au nerf grand hypoglosse 5 d’autres, enfin, se distribuent aux muscles du pharynx avec quelques filets du nerf grand sympathique, et forment un plexus qui en- veloppe les altères carotides; mais la principale destination de ce nerf est pour la langue et le qjharynx. Telle est la distribution de ce nerf dans l’homme. Les mammifères , les oiseaux et les reptiles ne nous ont présenté aucune différence remarquable à cet égaid. Nous n’avons pas, à la véiité, poussé nos recherches aussi loin qu’on Ta fait dans l'homme j Art. VIIÎ. Dunerf gîossô-pharyngien, sSg cependant nous avons reconnu que ce nerf se portoit et se terminoit dans la langue, après avoir fourni des lilels aux muscles qui la jneuvent. Dans la cigogne ^ par exemple , il sort de la base du crâne , par le trou situé au dessous de l’oreilie , et qui correspond au déchiré postérieur. Il naît là par deux filets qui se réunissent presqu’aussitôt et forment un ganglion quadrangulaire alongé , qui envoie un petit filet interne au devant des muscles du col j une petite branche en arriére,, qui s^unit à la huitième paire, et une grosse branche en-bas au devant du col. Celle-ci est la confinuafion du nerf lui-même j elle descend le long de Fcesopliage et se divise en deux principales : Fune qui remonte au devant du col , et qui se distribue aux muscles de Fos hyoïde qui Fembrassent en forme de cornets; Fautre , qui descend sur les parois latérales de Fœsopbage, et qui fournit une branche au nerf lingual avec lequel elle s'anastomose. La reste du nerf continue de se porter sur Foesophage. On voit par cet exemple que la distribution du glosso- pliaryngien est à peu près la même que dans Fhomme. Dans les poissons , le nerf qui tient lieu du glosso - pharyngien est évidemment une division idu nerf Vague qui se sépare dti premier rameau branchial, de sorte quhci le glosso-pharyngien est la plus antérieure des branches du nerf vague. Il se divise en un grand nombre de filets qui pé- nètrent les muscles de la langue , dans lesquel.^ 24o IX® Leçon. Distrih. des princip nerfs, ils se subdivisent. Le tronc lui - même vient se perdre sous la partie inférieure de la gorge au devant et entre les branchies. / A R T I CL B IX. Da nerf hypoglosse ^ ou de la douzième paire. Ces nerfs sortent, comme nous l’avons vu, par le trou condylien antérieur. Parvenus hors du crâne, ils sont cylindriques et communiquent aussi- tôt par quelques filets avec les branches du nerf vague , avec celles des deux premières paires cervicales, et principalement avec le ganglion cer- vical supérieur du nerf grand sympathique. Après quoi, ils se portent en devant et un peu en dehors jusque derrière les muscles sterno - mastoïdiens. Ils s’en détache là une forte branche qui suit la veine jugulaire jusqu’à peu près au milieu du col, où elle forme un arc qui remonte au devant du col , où il se termine en s’unissant à quelques filets qui viennent des premières paires cervicales. De la convexité de cet arc partent quelques ramuscules qui se terminent dans les muscles. A deux travers de doigt de cette première branche, les nerfs hypoglosses en donnent une autre qui se distribue toute entière dans l’épaisseur du muscle thy r O - hy oï dien . Enlin, les troncs s'’engagent entre les muscles Art. IX. Du nerf grand hypoglosse, 24t liyoglosses et jnyl o~ hyoïdiens , en rece^^ant quel- ques filets du rameau lingual de la branche maxil- laire inférieure 5 ils s’enfoncent enlin dans l’épaisseur des muscles de la langue en se distribuant dans leur substance. Dans les mammifères ., ce nerf présente la même disposition que dans rhomrae. Dans le veau^ sa couleur est bleuâtre, et il pourroit être pris faci- lement pour une veine; il reste ainsi coloré jusqu’à ce qu’il soit arrivé près et en dedans de la branche de la mâchoire inférieure; il se distribue dans les muscles et dans l’épaisseur même de la langue vers sa partie moyenne. Dans les oiseaux., le nerf hypoglosse sort aussi du crâne par le trou condylien en arrière de la paire vague. Il est très-grêle à son origine ; il se porte au devant de la paire vague qu’il croise en sautoir , et avec laquelle il s’unit en partie ; il s’en détache là un petit filet qui se porte vers la poitrine en suivant la veine jugulaire. En conti- nuant de se porter en devant, le tronc de l’hy- poglosse vient croiser le glosso-pharyngien : alors il passe sous la corne de l’os hyoïde , et se porte vers ]e larynx supérieur ^ où il se termine après s’être divisé auparavant en deux rameaux , dont l’inférieur se porte en devant et an dessous de la langue , et le supérieur au dessus et en deda?is de la langue. Nous n’avons reconnu aucun nerf analogue au grand hypoglosse dans les poissons. 2 Q s42 X® Leçon. Distrib, des principe nerfs ^ ARTICLE X. Des nerfs sous - occipital et cervicaux, A. Dans l’homme. Le tronc formé par la réunion des deux racines du nerf sous - occipital perce la dure - mère au dessous de la courbure de l’artère vertébrale. Il glisse quelque temps dans l’épaisseur de cette membrane , et en sort sur le bord du trou occi- pital en arrière des condyles. Il se dirige alors vers l’échancrure de l’apophyse articulaire de la pre- mière vertèbre , où il passe au dessous de l’artère vertébrale : après quoi il forme un ganglion , par lequel sont produits de petits filets qui se distribuent dans les muscles droit et oblique de la tête. Le tronc se contourne ensuite au devant de l’apo- physe transverse ; il communique par un rameau antérieur avec le grand sympathique^ la paire vague, l’hypoglosse et avec la première paire cervicale par un rameau postérieur. Il se dirige vers l’intervalle triangulaire des petits muscles de la téte_, et se distribue à presque tous les muscles qui s’attachent à l’os occipital dans leur partie su- périeure. La première paire cervicale naît de la même manière que le précédent. SQrtie par l’échancrure pratiquée entre la première et la seconde vertèbre cervicale, cette paire de nerfs forme un ganglion Art. X* T)es nerfs sous-occip, et cerp. 245 qui fournit deux rameaux principaux : Tun , anté- rieur, qui communique avec la branche inférieure du nerf sous - occipiîaj j le grand sympathique, riiypoglosse et la paire cervicale suivante ; l’autre , postérieur , plus considérable , dont quelques filets s’unissent à la branche postérieure du sous-occi- pital .et à celle de la paire cervicale suivante; le reste du nerf se distribue dans les muscles de la partie postérieure du col. Un des filets se porte en avant, communique avec l’hypoglosse et se perd dans quelques-uns des muscles de i’os hyoïde et dans les glandes du larynx. La seconde paire cervicale se divise comme toutes les autres en deux rameaux : l’antérieur est le plus gros. Il communique en haut et en bas avec les deux paires cervicales voisines , avec le sympathique et l’hypoglosse, enfin avec le rameau de la paire ou des paires cervicales suivantes qui produisent le diaphragmatique, après quoi elle se divise en plusieurs branches. L’une se porte en arrière dans les muscles du col ; une autre en devant et de côté sur les parties latérales de l’oreille, où. elle communique avec un rameau du nerf facial ; une troisième se porte vers la branche ascendante de la mâchoire , se distribue en partie dans la glande parotide et en partie sur les tégumens de l’oreille ; une quatrième Se perd au devant du col dans le muscle peaucier. Toutes les autres branches se réunissent entre elles et avec le nerf accessoire de la huitième paire , eu Q 2 s44 X® Leçon. Distrib, des princip. nerfs. formant ainsi un plexus qui produit un grand nombre de blets sur les parties latérales du col, dont quelques-uns communiquent avec le grand sympathique. Quant à la division postérieure du tronc de ce nerf, elle s’unit avec les nerfs cervicaux voi- sins, et se perd dans les muscles splénius com- plexus , long dorsal , et trans verse des vertèbres. C’est par l’échancrure pratiquée entre la troi- sième et la quatrième vertèbre du col que sort la troisième paire cervicale. Elle se divise comme toutes les autres en deux rameaux. L’antérieur se partage en deux : le premier reçoit le filet de la paire précédente, puis se dis- tribue dans le muscle angulaire de l’omoplate et dans le sterno-mastoïdien ; le second se bifurque. L’un de ses filets s’unit à la paire suivante , en donne quelques-uns qui se joignent au facial, et un autre plus marqué , qui constitue le nerf dia- phïagmatiquej l’autre filet de la bifurcation se joint à la quatrième paire , et s’unit en partie au nerf grand sympathique. Le rameau postérieur se distribue dans les té- gumens et les muscles du col en arrière. La quatrième paire se partage en deux comme tous -les autres* nerfs vertébraux à la sortie du canal. Le postérieur se perd en partie dans les muscles du dos. L’antérieur, qui est le plus gros, communique avec la branche de la paire précé- dente qui forme le nerf diaphragmatique 5 elle Art. X. nerfs sous-occîp. et cerv, 245 communique aussi avec le grand sympathique, et se divise en trois brandies. Deux s^unissent à la paire suivante et concourent à la formation du plexus brachial ; la troisième se porte vers Tomo- plate et se distribue dans les muscles de Fépaule. La cinquième, la sixième et la septième paire de nerfs cervicaux peuvent être considérées en commun. Elles communiquent toutes avec les parties voisines et avec le nerf grand sympathique. La cinquième paire donne des filets aux muscles postérieurs du col , à ceux de la partie antérieure de la poitrine : quelquefois elle concourt par un filet à la formation du diaphragmatique 5 enfin elle se porte dans le plexus brachial. La sixième se porte principalement par deux gros troncs dans le plexus brachial : le premier reçoit celui de la paire précédente , et donne des filets au muscle grand dorsal ; le second donne aussi un filet au muscle grand pectoral. La septième^ em^, pro- duit de même deux gros troncs pour le plexus brachial , qui s^unissent plutôt ou plus tard à celui de la sixième. Le cordon inférieur fournit un ou deux filets pour les muscles sous-clavier et petit dentelé antérieur. B. Dans les mammifères. Les nerfs sous - occ^fital et cervicaux ne pré- sentent pas de différences remarquables. Ils naissent de la même manière que dans rhomme. La gros- seur et rétendue des filets nerveux qu’ils prc« Q5 246 X® Lf.çon. Dlstrib. des prlncip, nerfs, duisent tient à l’augmentation ou à la diminutiorf respec tive et rel itive au volume des organes aux- quels ils sont destinés. Tous ont le meme nombre de nerfs, à l’excep4ion du paresseux à trois doigts , qui doit en avoir deux paires de plus , puisque , comme nous l’avons vu dans la troisième leçon , cet animal a neuf vertèbres cervicales. C. Dans les oiseaux, Les nerfs cervicaux varient beaucoup en nombre. Les extrêmes connus sont de dix à vingt - trois ainsi que le nombre des vertèbres. Leur dispo- sition est analogue à celle qu’on observe dans l’homme. Cependant ces nerfs sont respectivement beaucoup plus gros; ils sont très-flexueux; ils se perdent en grande partie sous la peau du col, où on peut les suivre très -facilement. Il n’y a que la dernière, ou très-rarement les deux dernières paires cervicales qui concourent à la formation du plexus brachial. D. Dans les reptiles. Les tortues ont huit paires de nerfs cervicaux. Ils se disiribuent à peu près comme dans les mammi- fères. Les trois dernières paires concourent à la formation du plexus brachial. Dans le lézard verd^ il y a quatre paires de nerfs cervicaux; mais les deux dernières seulement entrent dans la composition du plexus. Dans les salamandres et dans les grenouilles ^ on ne peut pas distingue:^ Art. X. nerfs sous-occip. et cerv, véritablement les nerfs cervicaux d^avec les dor- saux , puisqu’il n’y a point de côtes. Entre la première et la seconde vertèbre sort une paire de nerfs qui se portent aux muscles de la partie in- férieure de la gorge et sous la peau qui les re- couvre : ils donnent aussi quelques filets à l’épaule. D’après cette manière de se distribuer , on peut regarder ces nerfs comme de véritables cervicaux. Dans les grenouilles ^ il n’y a véritablement que deux paires qui entrent dans la composition du plexus : dans la salamandre il y en a très-dis- tinctement quatre. E. Dans les poissons. Comme on ne peut pas distinguer d’une manière positive les vertèbres cervicales d’avec les dor- sales , il est très-difficile de pouvoir faire connoître la distribution des nerfs cervicaux. Il n’y en a jamais plus de quatre qui puissent mériter ce nom ^ et souvent il n’y en a pas du tout. Quand ces nerfs existent, ils se distribuent aux parties qui avoisinent la gorge , ou bien ils se portent vers la nageoire pectorale , sur laquelle ils s’épa- nouissent, ainsi que nous Findiquerons en traitant des nerfs brachiaux. s48 Leçon. Distrib. des principe nerfs. ARTICLE XI. Du nerf diaphragmatique, C^EST principalement de la quatrième paire des, nerfs de la moelle épinière que vient ce nerf; mais il reçoit aussi , comme nous avons eu le soin de l’indiquer , un filer considérable de la paire suivante , quelquefois même un troisième plus grêle de la sixième paire, et en outre très- ordinairement un ramuscule qui provient de la convexité de Farcade que forme au devant du col le nerf grand hypoglosse. Ce nerf, composé par les rameaux que nous venons^ de faire connoître , descend au devant du col en un tronc grêle ^ auquel s’unissenf quelques filets des deux dernières paires cervicales et du ganglion cervical du nerf grand sympathique. Il donne quelques fibrilles aux muscles scalènes et à la glande thymique lorsqu'elle existe, après quoi il passe dans la poitrine entre la veine et Far- tère sous-clavières ; se colle au replis moyen de la plèvre ; passe au devant des vaisseaux pul- monaires , puis sur les parties latérales du péri' carde jusqu’au diaphragme. C’est là que se termine ce nerf ; il se distribue , comme par une irradiation , dans l’épaisseur du muscle. Quelques-uns des filets passent cependant à la face abdominale , et communiquent avçc le As-T. XL lyii nerf diaphragmatique. 249 plexus sous - gastrique du nerf grand sympa- thique. Le nerf dkapliragmatique des mammifères est en tout semblable à celui de riiomnie. Quant à sa racine première q elle est sujette à varier, ainsi que cela s’observe même dans riiomme. Cepen- dant le plus ordinairement ce nerf provient de la quatrième paire cervicale et des deux suivantes. Il reçoit aussi le filet du nerf îi3^poglosse et du grand intercostal. Au reste sa description ne mé- rite pas de détails particuliers. Dans les oiseaux , nou^ n’avons pas reconnu de nerf diaphragmatique. Cependant il pourroit se faire que les muscles qui s’attachent aux poumons et qui forment sur leur surface une si grande aponévrose^ reçussent quelques filets nerveux: nous avouons qu’ils ont échappé à nos recherches. Dans les reptiles^ il n’y a point dé nerf dia- phragmatique, à jnoins qu’on ne veuille regarder comme tels les paires cervicales qui se perdent dans les muscles de la gorge chez les reptiles privés de côtes , comme les salamandres et les gre- jiouilleSy animaux clans lesquels les muscles dont nous parlons font l’effet du diaphragme , ainsi que nous le ferons connoître à l’article de la res- piration. Dans les poissons qui sont privés de poumons il n’y a point de nerf diaphragmatique : cepen- dant on retrouve quelque analogie dans la fonction présumée et sur-tout dans la distribution à\iiiQ s5o X®JLeçon. Distrih, des principe nerfs. des premières paires vertébrales qui se porte à la paroi musculeuse qui sépare la cavité des branchies d’avec celle du bas- ventre. Ce nerf est sur - tout très - remarquable dans la raie et dam la carpe. ARTICLE XII. Des nerfs dorsaux et lombaires^ A. Dans rjiomme. Les nerfs dorsaux sortent du canal de la moelle épinière par les trous que forment les échancrures correspondantes des deux vertèbres qui se touchent. La première paire sort entre la première et la seconde vertèbre dorsale, et la dernière entre la deuxième du dos et la première des lombes. Tous , à leur sortie du trou inter - vertébral , se partagent en deux branches : une postérieure , plus petite , qui pénètre dans les muscles du dos et qui s’y distribue , ainsi qu’aux tégumens de cette partie ; la branche antérieure , plus grosse ^ qui communique par un ou deux filets avec le nerf grand sympathique , et qui envoie quelques ramuscules aux muscles inter-costaux et à ceux du devant de la poitrine et de l’abdomen , se glisse ensuite dans l’intervalle compris entre deux côtes pour se porter vers le sternum. La première paire des nerfs dorsaux est très- Aïit. XÎL nerfs dorsaux et lomh, z5t remarquable , en co^ qu’elle contribue à la for- mation du plexus bi'achial, en s’unissant à la dernière paire cervicale. Les deux paires suivantes om*^^ quelques rarnus- Cules qui percent les parties latérales de la poi- trine , et qui se portent de dedanu en dehors sur les tégumens du bras du côté interne. La douzième paire se distribue en partie dans les muscles du bas-ventre et sous les tégumens ; en partie dans les muscles quarr és des lombes , grand dorsal , petit dentelé inférieur , et sous la peau des fesses. Les nerfs lombaires varient pour Je nombre à peu près comme les vertèbres. Ils sont ordinai- rement au nombre de cinq, quelquefois de quatre, rarement de six. Ils sont d’autant plus gros qu’ils proviennent d’une vertèbre plus inf érieure , de sorte que le cinquième est ordinairemient le plus volumineux. A leur sortie des trous inter- vertébraux , ils se partagent en deux branches, l’une anilérieure et l’autre postérieure. La première branche envoie un nombre de filets indéterminés, qui s’unissent à chacun des ganglions lombaires du nerf grand sympathique, et avec chacune des paires précé-^ dente et suivante ; elle en donne aussi quelques- uns aux muscles du bas-ventre, quarré des lombes, iliaque et à la peau. Ordinairement ces dernières ramifications sont llexueuses, afin de pouvoir suivre les pdities dans leur extension^ 252 X® Leçon. Disfrib, des princip. nerfs,' Quant à la branche postérieure , elle se perd dans les muscles de la partie inférieure de Fépine. Le nombre des rameaux et leur division varient beaucoup. La première paire lombaire fournit un petit rameau qui va se disiribuer dans le muscle cre- master et dans les testicules chez les hommes. Dans les femmes, ce filet se porte en partie à la ma- trice , et en partie à la peau des parties externes de la génération. La seconde paire donne aussi des lilefs qui se distribuent de la ménie manière que ceux de la précédente^ dont Fun, très-remarquable, descend quelquefois jusqiFau genou. La troisième paire , la quatrième et la cinquième ont à peu près une distribution analogue. Les principales branches de chacun de ces nerfs s’unissent entre elles , et forment trois nerfs très- remarquables , que nous verrons par la suite. ^ Le premier , est le nerf fémoral antérieur , vulgairement le crural. Le second, est le sous-pubien y vulgaire- ment obturateur. Le troisième , qui est le produit d’un plexus des nerfs lombaires avec les sacrés antérieurs , est le nerf ischiatique, B. T) ans les mammifères et les oiseaux. Ces nerfs sont absolument semblables dans ces animaux 3 ils ne varient que par leur nombre. Art. Xlîî. nerfs peïp, et caudauT, 255 On peut s’en former une idée , en consultant les tableaux du nombre des vertèbres, que nous ayons donnés dans la troisième leçon. C. Dans les reptiles. Nous renverrons encore ici aux tableaux que nous avons rédigés pour indiquer le nombre des vertèbres, alin de faire connoitre celui des nerfs auxquels leurs échancrures donnent issue. Quant, à leur distribution , elle est la même que dans les autres animaux. Si nous l’indiquions de nou« veau, nous ne ferions que répéter ce que nous avons fait connoitre pour Tbomme. D. Dans les poissons. Il n’y a point de différences distinctes entre les nerfs de la colonne vertébrale : tous se distribuent dans les espaces inter- costaux , et ne présentent aucune particularité. ARTICLE XIII. Des nerfs pelviques et caudaux. Les nerfs pelviques ou sacrés sortent du canal vertébral par les trous appelés vulgairement sacrés ^ ordinairement au nombre de cinq, quelquefois plus, quelquefois moins. La brandie postérieure qui sort par les trous postérieurs est la moins considérable i elle s’unit à sa sortie avec la branche a54 X® Leçon. Dîstrih, des prîncip. nerfs, supérieurs et avec rinférieure; elle se distribue par beaucoup de filamens dans la peau des fesses et dans les parties latérales de l’anus. La branche antérieure est celle qui produit les nerfs sacrés ou pelviques proprement dits. La première paire se porte vers l’échancrure ischiatique dans l’intérieur du bassin. Après avoir fourni quelques fdets aux ganglions inférieurs du grand nerf sympathique, elle s’unit et se confond avec la paire sacrée qui suit. Puis, un peu plus loin, elle reçoit le gros tronc formé par la qua- trième et la cinquième paire des lombes 5 elle donne en outre un rameau qui, se séparant du cordon ischiatique , lorsqu’il passe dans l’échan- crure , va se distribuer dans l’épaisseur du muscle moyen fessier. La seconde paire fournit des rameaux qui se distribuent à peu près de la meme manière que ceux de la première ; mais elle se partage dans l’intérieur du bassin en deux portions, dont la supérieure, s’unit au tronc de la première paire, comme nous l’avons vu , et dont la seconde va se confondre avec la troisième paire pour former le nerf ischiatique. Deux filets se détachent de la partie postérieure de cette paire et la suivent dans l’échancrure 5 mais ils s’en séparent au delà. L’un se perd dans le muscle grand fessier; l’autre s’unit SL un rameau de la paire suivante , forme un petit tronc unique et se resépare ensuite pour se dis- tribuer à la partie postérieure de la cuisse et d« Art. XÎIÎ. Des nerfs pelv. et caudaux, 255 îa jambe au dessous de la peau el aux tégumens de la fesse, de Faims et du pénis ou de la yulve. La troisième paire s’unit , ainsi que nous Favons indiqué, au cordon inférieur de la seconde. Elle^ est beaucoup plus petite , donne d’abord des blets pour le grand sympathique , ensuite elle^ en fournit un grand nombre qui se distribuent dans l'inté- rieur du bassin sur le col de la vessie dans l’homme^, et sur les parties latérales du vagin dans la femme : ils forment là un plexus très-considéjable , en s’unissant à des blets du nerf grand inter- costal • elle fournit encore beaucoup de rameaux , dont les uns se portent à la partie postérieure de la cuisse^ et d’autres sous la peau des fesses. La quatrième paire des nerfs sacrés sç distribue à peu près de la même manière que la précé- dente. Elle donne en outre quelques filets a,ux muscles de Fanus , et un gros rameau qui s’unit à d’autres qui viennent du nerf sciatique pour former un tronc très-remarquable , qui passe entre les deux ligamens sacro-sciatiques , et qui se par- tage ensuite en deux branches, dont Fu ne se perd dans les muscles de Fanus et dans l’obturateur interne , et l’autre se porte aux muscles du pénis et sous les tégumens de cet organe , ou sous les tégumens de la vulve dans la femme. Enfin , la cinquième paire , qui est la moins grosse de toutes, se distribue à peu près comme la quatrième , s56 X® Leçoî^'. Distrih, des prhicip, nerfs. Il n’y a point de neifs caudaux ou coccy giens dans riiomnie. Les mammifères et les oiseaux ne présentent pas de dliféiences dignes de remarc[ue dans leurs nerfs peivi'jues. 11 y a des nerfs de la queue dans les luaiumiiéres ; ils sortent du canal vertébral par les trous dont sont percées les premières ver- tèbres caudales : nous allons les faire connoître d’après le Lapin, La première paire sort entre la dernière pièce du sacrum et la première vertèbre de la queue. Elle sort du bassin au devant du muscle ischio- coccygien par l’échancrure iscîiiatique 3 elle se partage alors en deux branches , l’une qui s’unit au nerf sciati:jue, l’autre qui continue de se porter entre le bassin et la queue jusque dans une glande située sous la sixième paire caudale, glande dans laquelle cette branche se termine 3 mais dans ce trajet elle s’unit à beaucoup d’autres nerfs 3 elle en produit d’autres , et constitue ainsi un plexus très - remarquable , que nous nommerons plexus caudal. La première branche, ou plutôt le premier filet qui s’en détache , se glisse sous les muscles fessiers , dans l’épaisseur desquels il se perd 3 puis, du côté interne , il s’y joint un petit filet anastomotique qui paroît provenir de la seconde paire caudale; dn côté externe , trois ou cpialre filets qui forment im plexus en forme de réseau, duquel partent beau- coup de filamens pour les muscles et un gros filet Art. XIV. Du pïerus\ hrachîaL 257 qui se plonge dans le bassin et qui va se perdre dans la verge^ où on le suit très facilement, parce qu’il diminue peu de grosseur. Ensuite et du côté interne, trois ou quatre filets qui proviennent de la troisième , quatrième et cinquième paii e des nerfs caudaux : puis de nouveau , du côté externe , cinq ou six filamens pour les muscles de la verge et ceux qui s’attachent à riscliion ; enfin , le tronc de la première paire caudale se termine dans la glande dont nous avons parlé. Dans les reptiles et les poissons, les nerfs sacrés et caudaux ne sont pas distincts. Nous avons in- diqué la distribution de ceux qui se portent aux pattes de derrière , ou aux nageoires ventrales. Ceux, de la queue ressemblent aux intercostaux: ils se perdent dans les muscles. ARTICLE XIV. Du plexus hrachial y et des nerfs du membre, thoracique, A. Dans Vliomme, Nous avons indiqué de quelle manière les nerfs cervicaux inférieurs produisent par leur union le plexus brachial. Cet entrelacement nerveux est tel qu’il est assez difficile de suivre chacune des quatre paires de nerfs qui le forment , lorsqu’elles yiennent à se séparer pour se distribuer au bras^ S. R s58 X® Leço?7. Distrih» des princip, nerfs. Tous ces nerfs passent dans Fintervalle compris entre les deux muscles scalènes, et c’est là qu’ils s’unissent ordinairement à la première paire dor- sale. Lorsque ces nerfs se séparent, ils forment trois faisceaux principaux , desquels naissent tous les nerfs du bras. Du faisceau moyen proviennent les nerfs médian et cubital. Par le faisceau postérieur so'nt produits les nerfs radial et axillaire. Enfin , du faisceau externe sortent les nerfs thoraciques y scapulaire y cutané externe y et le cutané interne. Cependant cette disposition est si sujette à varier , qu’on ne peut rien donner de certain à cet égard; mais quelque soit la naissance des nerfs que nous venons de nommer, ils se retrouvent constamment en meme nombre. Nous allons maintenant les suivre dans leur distribution. 1®. T) U nerf médian. Ce nerf est un des plus gros du bras , à la partie moyenne et antérieure duquel il se trouve situé, sur le bord interne de l’artère brachiale : il des- cend ainsi sans produire de blets remarquables jusqu’au devant de l’articulation de l’avant-bras. Il se glisse là entre le tendon du nerf bj’achial interne et le rond pronateur , auxquels il envoie quelques blamens, ainsi qu’à la peau. Il produit encore en cet endroit plusieurs autres blets très- Art. XïV. Du plexus hrachiaL Temarquables : Fun se perd dans le muscle radial externe , et Fon peut meme le suivre très - loin dans son épaisseur 5 les autres sont destinés au palmaire grêle et au profond ; mais le plus cons- tant de tous est celui qu^on nomme interosseux , lequel , après avoir reçu un. filet anastomotique du nerf radial , comme nous le dirons j donne des filamens au muscle long - fléchisseur du pouce et au profond 5 perce le ligament interosseux, auquel il donne un filet , et reparoit à la face externe de Favant-bras pour se perdre dans le muscle long-fléchisseur du pouce et dans le quarré pronateur. Le tronc du nerf médian suit les muscles flé- chisseurs des doigts, et parvient avec leurs tendons à la face palmaire de la main. Il s’en détache plu- sieurs filets pour les muscles , Fapoiiévrose pal- maire et la peau qui la recouvre 5 enfin , il se divise en quatre ou cinq rameaux principaux à peu près vers l’extrémité digitale des os du métacarpe. L’un des rameaux se perd dans les muscles du pouce ; le second se partage en deux filets qui , après avoir donné des filamens qui se perdent dans l’adducteur du pouce , se portent sur les bords et s’anastomosent à leur extrémité ,, en formant une arcade de laquelle partent un nombre consi- dérable de filets. Le troisième rameau produit aussi deux filets qui se portent de meme sur las bords du doigt indicateur. Le quatrième se dis- tribue à peu près de la même manière sur le R 3 s6o X® Leçon. Distrib. des prîncip, nerfs, doigt du milieu : quelquefois cependant il ne fournît qu\m des filets latéraux , le radial ayant été donné par le troisième rameau ; enfin , le cinquième rameau se distribue au bord radial ; il se porte le long du bord cubital du quatrième doigt , et du bord radial du cinquième : quelquefois cependant il ne fournit qu^au petit doigt. Ces quatre rameaux di- gitaux donnent aux muscles lombricaux, à la gaine des tendons et aux tégumens de petits filamens qu^il est impossible de poursuivre, mais qui sont en très- grand nombre. s®. Dà nerf cubital, Î1 descend le long de la partie interne du bras jusqu^auprès du coude , où il est reçu dans un sillon particulier de Fépitrochlée de rhumérus. Il donne là quelques filets à la peau qui recouvre Tolécrâne et aux muscles qui s’y insèrent. Le tronc du nerf traverse l’attache du muscle cubital in- terne , et suit la face palmaire de l’avant-bras sur son bord cubital. Il envoie dans son trajet jusqu’au poignet plusieurs filamens pour la capsule arti- culaire du pli du bras et pour les muscles flé- chisseurs des doigts. Arrivé au ligament annullaire du carpe , ou un peu auparavant , il se divise en deux branches : l’une qu’on désigne sous le nom de dorsale , et raiitre sous celui de palmaire, La branche dorsale se subdivise en filamens qui , s’unissant enire eux et avec d’autres du nerf ra- dial , se perdent dans la peau du dos de la main. Art. %TV. Du plexus hrachial, 261 La branche palmaire fournit le rameau cubital ou les deux rameaux latéraux du petit doigt ^ en s’anastomosant avec le cinquième rameau du nerf médian. Elle donne aussi des filets profonds pour les muscles lombricaux et les interosseux. 5®. Du nerf racliaL Le nerf radial est le plus gros de tous ceux du bras ; il est situé , aussitôt après sa séparation du plexus, immédiatement entre le nerf cubital et l’artère axillaire j il fournit presque de suite quelques filets qui vont se perdre dans la peau et dans le muscle triceps brachial. Le tronc du nerf passe ensuite derrière l’os du bras , qu’il contourne pour reparoitre à sa face externe entre les muscles bra- chial externe , long supinateur et le brachial an- térieur. Il produit encore là un rameau sous-cutané qui suit la veine céphalique jusque sous le poignet , et plusieurs autres pour les muscles radiaux et supinateurs. Au dessus de l’articulation du rayon avec l’os du bras le tronc du nerf radial traverse le court supinateur, et continue de se porter à la face externe de l’avantrbras : il donne là beau- coup de filets aux muscles^ il se divise ensuite en deux branches, dont l’une, après avoir passé sous le ligament annuitaire de la convexité du carpe, se perd dans la peau et les parties qui recouvrent le dos de la main y l’autre branche , qui est la plus grosse , se partage bientôt en deux autres avant d’arriver au ligament annulaire du poigne L R 3 2052 Leçon. Distrib. des principe nerfs, ■ L^une se divise en deux rameaux ; le premier se ' termine sur la face dorsale du pouce et sur celle de l’indicateur; le second se poiie aussi sur le doigt indicateur^ le médius, et même souvent sur l’annulaire. L’autre brandie se porte aussi sur la convexité de la main et des doigts, et se distribue à peu près comme l’autre : elle est cependant moins grosse ordinairement. 4”. Du nerf axillaire. On a encore nommé ce nerf articulaire : il n’est souvent qu’une branche du radial.. Couvert du ^ deltoïde , sous lequel il se glisse , il lui donne quelques filets , ainsi qu’aux autres -muscles qui avoisinent rarticulation de l’humérus , comme le grand rond , le grand dorsal , le grand dentelé et le sous- scapulaire. L’un de ses rameaux les plus remarquables se perd dans la capsule articulaire de l’humérus. 5®, Des .nerfs thoraciques et scapulaire. j Les nerfs thova-ciques naissent quelquefois sé- ; parement du plexus brachial.; iis se distribuent ^ principalement dans les muscles pectoraux, et se î perdent dans les glandes mammaires et dans la peau qui les recouvre. Il y a souvent un raïuèau postérieur qui se distribue dans l’épaisseur du muscle long du dos ( lomho-humérien ). ' Le nerf scapulaire se glisse derj iére réchancrure de l’apophyse coracoïde, donne des filets aux* * Art. XIV. Du jyïexus brachial. s65 muscles sous et sus - épineux et au sous - sca- pulaire. 6®. Du nerf cutané externe ^ ou muscuîo- cutané. Celui-ci perfore le muscle coraco-brachial , et, situé ensuite entre les muscles biceps et bracliiai interne , il leur fournit des filets nombreux. Par- venu vers la partie moyenne du bras , il se divise en deux branches : fiune , superficielle 5 Fautre ^ profonde. L»a superficielle est plus grosse ; elle descend avec la veine céphalique au dessus du tendon du muscle biceps au devant du pli de Favant-bras , où elle se divise en beaucoup de ramuscules. Les uns se perdent en partie dans le long-supinateur et dans la peau , où ils s'anastomosent avec d’autres filets du nerf radial ; d’autres ramuscules descendent jusque sur la main en se divisant et se subdivisant dans la peau. La branche profonde du musculo-ciitané se perd presqu’en entier dans le muscle brachial interne. L’un des filets pénètre , avec Fartère hiiméraii e proprement dite , dans la cavité médullaire de Fos, y®. Du nerf cutané interne. Ce nerf provient quelquefois du cubital; il suit le bord postérieur et interne de Fos du bras entre la peau et les muscles. Arrivé sur Favanbbras , il se partage en beaucoup de rameaux qui se R 4 204 X®. Leçon. Distrih, des prîncip, nerfs, perdent dans la peau , dans laquelle on peut suivre leurs ramifications jusque sur la main. B. Dans les mammifères. Le plexus brachial est produit par les trois der- nières paires cervicales et par la première du dos. Le nerf articulaire est essentiellement formé par la cinquième paire cervicale dans le lapin et il n’y a que l’un de ses lilets qui entre dans la composition du plexus. Les nerfs thoraciques se détachent de l’entre- lacement^ et se di.^tribuent à tous les muscles de l’aisst lie : on retrouye aussi un nerf analogue au scapulaire. Les nerfs cutanés interne et externe ne sont point des coi dons distincts , mais seulement des branches des trois cordons pjincipaux qui repré- sentent les nerfs médian , cubital et radial. Le médian produit à la partie moyenne du bras un filet qui_, se distribuant aux muscles et à la peau, peut être regardé comme un musculo-cutanè. Parvenu au devant du pli de l’avant -bras, il s’en détache beaucoup de filets qui pénètrent pro- fondément avec le tendon du biceps, et qui se dis- tribuent aux muscles. Le tronc continue de suivre les muscles de la face palmaire de l’avant-bras. Il se partage en deux rameaux qui passent par deux cou fisses particulières des ligamens du carpe, et qui se distribuent à chacun des doigts à peu près comme dans rhomme. Art. XîV. Du plexus hrachioL s65 Le nerf ciihit 'al est le plus externe et le plus grêle des trois. Vers la partie moyenne du bras il s^en détache un filet pour les muscles extenseurs du coude et pour la peau. Ce tilet paroît tenir lieu du nerf cutané externe. Le tronc du cubital, arrivé au devant de Farliculation du bras , perce les aponévroses des muscles qui s’insèrent au con- dyle externe. Il glisse le long de l’os du coude sur le ligament interosseux , donne des filets aux muscles fléchisseurs des doigts, et se termine par deux autres fort longs, dont Fun se porte à la face externe de la patte où il se perd dans la peau 5 Fautre suit la face palmaire , et se distribue à peu près comme dans Fhomme. Le nerf radial est aussi le plus gros des trois cordons. Il tourne autour de Fhumérus en four- nissant des rameaux aux muscles extenseurs du coude. Parvenu à la partie externe du bras, et glissant entre les muscles biceps et triceps bra- chiaux, il se partage en plusieurs rameaux : Fun devient externe et se porte au devant du pli du bras sous la peau \ les autres se perdent dans les muscles de la partie antérieure de Favant-bras. Enfin, le tronc lui-même, après avoir fourni aux muscles , se partage en plusieurs filets qui se perdent dans la peau qui recouvre la convexité des doigts. s66 X® Leçon. Distrib, des principe nei'fs, C. Lhuis les oiseaux. Le plexus brachial des oiseaux est essentielle- mement formé par la dernière paire cervicale et les deux premières dorsales. Cet entrelacement ne forme qu’un seul faisceau, duquel partent tou les nerfs du bras. Les premiers cordons qui sortent du plexus sont destinés aux muscles grand et moyen pectoraux,, ainsi qu’au sous-clavier 5 ils sont gros et au nombre de quatre. Il s’en détache ensuite un petit filet qui tient lieu du nerf articulaire, et qui se distribue aux muscles qui entourent la tête de l’humérus et à sa capsule articulaire. Viennent ensuite deux gros cordons principaux qui sont destinés à l’aile. L’un se porte sous la face interne ou inférieure de l’aile. Il donne d’abord des filets aux muscles biceps et. deltoïde ; puis, suivant le bord interne du biceps , il arrive au pli de l’avant - bras sans donner de rameaux remarquables. Parvenu au dessus de l’articulation de l’avant-bras, immédia- tement sous la peau, il se divise en trois branches. L’externe est la plus grêle 5 elle se perd en partie dans les muscles radiaux et dans la peau qui re- couvre le pouce ou l’aile bâtarde. La moyenne se glisse profondément au dessous des muscles auxquels elle se distribue ; un desj filets perce le ligament intcrosseiix et passe à la face supérieure. Aut. XîV. Du plexus hrachial, 267 Enfin la troisième branche ou Finterne passe comme le nerf cubital sur le condyle interne de l’humérus dans les tendons des muscles qui s’y insèrent ; elle se partage là en beaucoup de filets : l’un se porte sur la capsule articulaire de l’avant- bras avec le bras et dans la peau qui recouvre le coude, quelques-uns sont destinés aux muscles fléchisseurs du métacarpe 5 deux autres , enfin , plus remarquables et plus longs ^ suivent le bord inférieur de l’aile sous la peau, et viennent se perdre dans celle qui recouvre les doigts à leur face interne. Il paroit que ce nerf tient lieu en même temps de médian ^ de cubital et de inusculo- cutané. L’autre cordon principal du plexus brachial se contourne autour de l’humérus , et vient se porter à sa face supérieure en donnant d’abord des filets très-sensibles pour les muscles extenseurs du coude , puis deux autres très-remarquables encore qui se distribuent comme une espèce de patte d’oie sous la peau et les membranes situées entre le bras et l’avant-bras. Ces branches paroissent tenir lieu du nerf cutané interne. Le tronc du nerf conti- nuant de descendre le long du bras , et parvenu à rarticulation de l’avant - bras , se trouve placé à la face interne, mais vers le bord radial de l’avant-bras. Il perce le tendon du muscle radial externe; et arrivé à la face externe ou supérieure, il se divise en deux branches: l’une, courte, qui ge perd sous la peau qui recouvre la face exlerne 208 X® Leçon. Dlstrib. des princîp. nerfs, du cubitus, Fautre, plus longue, située entre le» deux os de Favant-bras sur la membrane inter- osseuse. Lorsqu’elle est parvenue à Farticulation du poignet , elle passe par une coulisse particu- lière , et se divise bientôt après en trois filets : Fun court pour le pouce , et deux autres peur chacun des doigts , à la face externe de chacun desquels ils se portent sous la peau jusqu’à leur dernière articu- lation, où Fon en apperçoit encore des traces. Il est évident que ce cordon tient lieu du nerf radial y et que par Fiine de ses branches il rem- place le cutané interne. Cette description est faite d’après le canard et la cigogne : nous présumons qu’il n’y a pas de différence dans les autres oiseaux. D. Dans les reptiles. Dans la tortue , les trois dernières paires de» nerfs cervicaux et la première des dorsaux se portent au membre thorachique , en formant un plexus , ainsi qu’il suit. La cinquième paire cer- vicale se porte en arrière des quatre autres qu’elle croise dans leur direction , et auxquelles elle s’unit en passant; puis elle fait le tour de l’omoplate, qui est ici articulée avec la première vertèbre du dos. Nous reviendrons sur sa description. La sixième paire cervicale se porte directement sur la longueur de l’omoplate et à sa face interne; elle est croisée en arrière par la cinquième ; et vers le tiers postérieur de l’omoplate elle reçoit la septième paire. Celle-ci est grêle ; elle est croisée Art. XI y. plexus brachial, 269 par la cinquième et la première dorsale ; elle vient garnir , comme nous venons de le dire. La pre^ niière paire dorsale s’unit en partie à la septième presqu’à sa sortie du canal vertébral, et vient se porter aux muscles de l’épaule. Nous allons suivre maintenant chacun des cordons que nous avons indiqués. Le gros nerf produit par la cinquième paire cervicale , parvenu derrière et près de la véri- table articulation de l’omoplate avec l’épine , se partage en trois branches : l’une , qui n’est qu’un hlet 5 paroît se porter à la capsule articulaire ; une seconde , qui est très - applatie , et des bords do laquelle partent line infinité de rameaux qui se portent aux muscles et à la peau , paroît tenir lieu du musculo - cutané • la troisième branche suit les muscles de l’omoplate sous la peau et descend jusqu’au bras sans donner de rameaux remarquables. Il s’en détache là plusieurs pour les muscles extenseurs de l’avant-bras. Le tronc continue de se porter en avant et s’épanouit en se perdant sur la pe^iu de l’avant-bras, où on le suit jusqu’à la main : il tient peut - être lieu de cubital, La sixième paire des nerfs cervicaux , après avoir concouru , ainsi que nous l’avons indiqué , à la formation du plexus brachial , se porte le long de l’omoplate du côté interne. Yers son tiers postérieur elle reçoit la septième. Le nerf devient alors beaucoup plus gros j mais bientôt S270 X® Leçon. Dlstrib, des principe nerfs. après il se divise en deux. L’un, grêle, passe dans l’échancrure pratiquée entre la fourchette et la clavicule , et paroît s’épanouir là sur la capsule articulaire de l’humérus après avoir foarni des filamens nombreux aux muscles qui l’entourent. Ce nerf pourroit être regardé comme l’analogue de V articulaire dans l’homme. Le tronc du nerf lui-même, qui tient évidemment lieu du médian, parvenu à la hauteur de l’articulation de l’humérus avec l’omoplate, donne des filets aux muscles en- vironnans. Lorsqu’il est arrivé à la lace palmaire de l’avant-bras , il se partage én trois rameaux , dont deux sur le bord cubital s’enfoncent profon^ dément dans les muscles; le troisième, beaucoup plus gros , suit le bord radial de l’avant - bras ; arrivé à la base du pouce, il se porte à la paume de la main et envoie des filets à chacun des doigts. La septième paire cervicale s’unit, comme nous l’avons dit à la sixième , à la partie postérieure de l’omoplate , pour former le nerf médian et l’articulaire : ainsi nous ne reviendrons pas sur sa description. La première paire dorsale se perd dans les muscles de l’épaule et ne suit pas du tout le bras. Le plexus brachial du lézard dilière un peu de celui de la tortue : il est formé par les deux paires dorsales et parles deux dernières cervicales. L’avant- dernière cervicale ne fournit qu’une de ses branches au plexus, l’autre se porte sur le col. Dans la grenouille^ les nerfs qui doivent sa Art. XIV. T>u -plexus hrachiaL 271- tlistribuer au bras proviennent d’un très-gros cordon qui sort entre la seconde et la troisième vertèbre. C’est le plus gros cordon nerveux de tout le corps ; il reçoit peu après un filet nerveux dé la paire suivante avec lequel il s’unit intimement. Ce cordon se dirige vers l’aisselle ; il ^’en détache une branche qui va au dessus de l’épaule et qui se perd dans les muscles de cette partie. Le tronc continue de se por- ter vers le bras. Bientôt après il se bifurque ; mais , outre les deux rameaux principaux qu’il forme, il s’en détache quelques filets qui se rendent aux muscles extenseurs de l’avant-bras et à la capsule articulaire de la tête de l’humérus. Des deux cordons nerveux , l’un se porte au devant de l’os du bras et représente le nerf médian; il s’en détache quelques filets pour les muscles et la peau. Arrivé au pli de l’avant-bras, le nerf plonge dans l’épaisseur des muscles avec le tendon du slerno-radicn y qui tient lieu du biceps, il se divise ensuite en deux rameaux placés l’un au dessus de l’autre 5 le plus grêle, entre les muscles fléchisseurs des doigts; le plus gros, sur le sillon qui indique la réunion des deux os de l’avant-bras. Ils passent sous les ligamens du carpe; et, par- venus à la paume de la main , le superficiel se perd dans la peau qui la recouvre, et le profond 80 partage à chacun des doigts, à peu près comme cela a lieu dans l’homTne : il donne aussi quelques filets aux muscles de la main. L’autre cordon nerveux représente le radial; 272 X® Leçon. Distrib, des prîncip, nerfs, j1 se contourne autour de riiumérus. II fournit d’abord au muscle extenseur de l’avant-bras; con- tinuant de descendre autour de l’humérus , il arrive au devant de son articulation avec l’os unique de l’avant - bras , du coté radial. Il pénètre là dans . l’épaisseur des muscles , puis il repasse à la face externe de l’avant - bras : il se partage ensuite. L’un des rameaux se perd sous la peau ; l’autre passe sous le dos de la main où il se perd sur la convexité des doigts. On voit, d’après cette des- cription , que les nerfs du bras de la grenouille ressemblent beaucoup à ceux de l’aile des oiseaux. Dans la salamandre les nerfs du bras se dis- tribuent comme dans la grenouille ; mais leur plexus est formé par deux paires cervicales et par deux dorsales , si l’on peut regarder comme vertèbres du dos celles qui poi tent des rudimens de côtes. Il n’y a pas de nerfs brachiaux dans les serpens. E. Dans les poissons. Les nerfs de la nageoire pectorale des poissons épineux proviennent des deux premières paires vertébrales. Ces deux nerfs naissent à une assez grande distance l’un de l’autre, et traversent le premier muscle qui se porte de l’épine sur la première côte, et qui paroît tenir lieu de scaiène. Dans le saumon y l’antérieur est si rapproché de la paire vague, qu’il pourroit en être regardé pour une branche , si on ne reconnoissoit qu’il sort par un trou particulier. Dans la carpe y il en Art, XlV. Du plexus hracliiaî. 27^ est séparé par le dernier os brancliial, La seconde paire vertébrale , destinée à Tépanie , est située plus eh arrière et plus rapprochée de la ligne moyenne du corps , derrière Fœsophage. Ces deux nerfs se portent directement en bas vers la lame interne de l’os de l’épaule, où ils se réunissent sans se confondre cependant. La première paire vertébrale se partage alors en deux cordons , et il part de ces trois nerfs des filets anastomotiques qui en font une sorte de plexus. Beaucoup de ces filets se distribuent aux muscles adducteurs de la nageoire. I^e cordon qui s’est détaché de la pre- mière paire vertébrale paroit aussi se terminer dans ces muscles; mais auparavant il s’en détache un filet assez remarquable qui se distribue à la membrane qui sépare la cavité branchiale de la thoracique ou abdominale , qui sont ici confondues - Ne pourroit-on pas regarder ce filet comme l’ana- logue du diaphragmatique ? nous y sommes trés- p or lés. Les deux cordons nerveux brachiaux passent ! par le trou pratiqué au devant et au dehors de I l’articula! ion de la nageoire avec l’épaule. Ils I s’unissent là et ils produisent une irradiation de filets nerveux dont plusieurs se perdent dans les î muscles de la face externe de Fépaule , dans la capsule articülaire oblongue qui reçoit les osselets du carpe; enfin, un des filets se porte sous la peau qui forme la membrane des rayons. Dans les poissons cartilagineux, comme les raies ^ S X® Leçon. Distrih, des princip, nerfs. la distribution des nerfs brachiaux, ainsi que leur nombre , sont bien difîerens. Les vingt premières paires vertébrales sont reçues dans un canal car- tilagineux derrière la cavité des branchies ; elles s’unissent là , et forment un gros cordon unique qui se porte vers la partie moyenne de la nageoire en traversant la barre cartilagineuse sur laquelle s’articulent les rayons. Ce premier cordon continue de se porter en avant le long de la barre cartilagineuse , en dé- crivant un arc dont la concavité est antérieure. De ce gros cordon se séparent autant de filets qu’il y a de rayons de la nageoire : tous ces filets se perdent dans les muscles et peuvent être suivis jusqu’aux bords de l’aile. Les quatre ou cinq paires vertébrales qui suivent les vingt premières se réunissent de même en un gros cordon qui se subdivise ensuite en sept ou huit filets pour les rayons moyens de Faile : ceux- là sont presque perpendiculaires à la moelle ner- veuse que contient le canal vertébral. Lès paires de nerfs vertébraux qui suivent jusqu’à environ la quarante - quatrième s’unissent deux à deux , et forment un cordon qui va percer la barre cartilagineuse de la partie postérieure de l’aile ; iis se divisent dans les muscles de la même manière que les précédens , do sorte que la préparation des nerfs de l’aile de la raie présente une dispo-r lition très-singulière. Art, XV. nerfs du memb, abdoin. srjS ARTICLE X V. Z)ês nerfs du membre abdominal, A. Dans V homme. En faisant la description des nerfs lombaires et sacrés nous avons indiqué déjà de quelle manière sont formés les principaux troncs des nerfs qui se distribuent dans Fextrémité inférieure. Nous allons maintenant les suivre en particulier. i". Du nerf sous-pubien , ou obturateur. Ce nerf provient du plexus des paires lombaires, La hauteur à laquelle il s’en détache n’est pas constante ; il se porte vers le petit bassin en sui- vant le côté interne du tendon du muscle psoas , et il se dirige vers le trou sous- pubien. Il fournit quelques filets au muscle obturateur interne , passe par le trou de la membrane obturatrice , et pro- duit de nouveaux filets qui se perdent dans l’ob-* îurateur externe ^ après quoi il se partage en deux branches : l’une antérieure , l’autre postérieure. La première se perd dans les muscles pectiné, grêle interne et crural , en descendant presque jus-’ qu’au genou. La, branche postérieure se distribue à peu près de la même manière j mais elle est située plus profondément. 276 X* Leçon, Dlstrib. des princip, nerfs. 2". Du nerf fémoral antérieur ou crural. C^est ordinairement par le plexus des quatre premières paires des nerfs lombaires qu’est formé ce cordon. Il suit Tartèrè fémorale dans son trajet Biir la petite rainure que laissent entre eux les muscles iliaque et psoas , auxquels il donne quelques filets. Arrivé sous l’arcade inguinale, il se divise «n un nombre considérable de rameaux destinés aux muscles. Il y en a ordinairement un pour le muscle droit antérieur^ quatre ou cinq pour le triceps fémoral; quelques-uns pour le couturier, dont plusieurs se portent ensuite sous la peau ; enfin , il en est pour le fascia lata ^ le pectiné , le grêle interne et le demi-tendineux. Les deux filets les plus longs se portent sous la peau de la cuisse du côté interne ; Fun : suivant à peu près la direction de l’artère fémorale, s’épa- nouit à la hauteur du genou ; l’autre est beaucoup plus gros; il descend jusque sur le pied, en sui- vant à peu près la veine saphène ^ dont il em- prunte le nom ; il reçoit souvent un rameau du nerf sou s- pubien vers le milieu de la cuisse ; il se distribue principalement à la peau. 3®. Du nerf ischiadicjue ou sciatique. C’est le plus gros des nerfs du corps. Il est ordinairement produit par les deux dernières paires des lombes et les trois premières du sacrum ; il Art. XV. Des nerfs du memh, ahdom, 277 sort du bassin entre les muscles jumeaux et py- ramidal par Féchancrure ischiatique. Il donne la quelques lîlets pour les muscles obturateur interne, jumeaux et carrés de la cuisse. Situé ainsi à la partie postérieure , il descend de la tubérosité ischiatique vers le trochanter. Parvenu à la parti® moyenne de la cuisse , ou plus bas vers le genou , il se partage en deux cordons qui continuent d® descendre , et qui passent sous le jarret : ils prennent alors le nom: Fun, de poplité interne o\x tibial ^ et Fautre , de poplité externe ou péronier. Dans son trajet , le long de la cuisse, le nerf sciatique fournit en outre de petites branches aux muscles demi - nerveux , demi - membraneux , au biceps, aux abducteurs de la cuisse. Sous le jarret, il en donne d’autres aux muscles poplité , demi - tendineux , bicéps et gastro-cné- miens. Il produit M souvent aussi un rameau, qui quel- quefois naît plus bas du nerf péronier. Ce rameau , se portant sous les muscles du tendon d’Achille , [ du coté du péroné, se distribue, à la hauteur du I pied , dans^ la peau qui recouvre cette partie ; il I se continue meme sur le dos du pied 'jusqu’aux extrémités des orteils, 4”. Du nerf tibial ou poplité interne. C’est la division interne du tronc du nerf sciatique, lorsqu’elle est parvenue au delà du jarret. Le cordon qu’il forme suit à peu près la longueur du muscle 8 5- 278 Leçon. Distrih. des prîncîp. nerfs» plantaire grêle dans la partie moyenne des muscles du gras de la jambe, auquel il donne beaucoup de rameaux j il en fournit aussi au muscle poplité , dont cjuelques filamens accompagnent l’artère il- hiaire proprement dite^ ou celle qui entre dans Fos 5 il en donne encore aux muscles tibial pos- térieur, long fléchisseur du gros orteil et fléchis- seur commun des orteils. En continuant de des- cendre, le tronc se porte vers la malléole interne. Il passe là dans la rainure pratiquée entre le tibia et le calcanéum avec les tendons des fléchisseurs. Parvenu sous la plante du pièeL il prend le nom de nerf plantaire interne. Celui-ci donne quelques filets aux petits muscles court- fléchisseur des doigts, au transverse des orteils^ aux courts abducteur et adducteur du gros orteil 5 il se partage ensuite en quatre branches qui se distribuent aux muscles îombricaux , inter-métatarsiens et à la peau des orteils auxquels il donne des branches qui se distribuent, à peu près comme le nerf médian à îa main, en formant aussi une arcade qui se joint au nerf poplité externe, ainsi que nous l’indique- rons. « 6®. Du nerf péronier ou poplité externe. C’est au delà du jarret que la branche externe du sciatique prend ce nom. Elle donne d’abord des filets qui se portent en devant sous la peau de îa jambe et du pied , et qui s’unissent aux rameaux cutanés du nerf sciatique il se glisse Art. XV. Des nerfs du memh, ahdoin. 27^ ensuite le long du péroné; et se contournant yers le tiers supérieur de cet os , il se divise là en trois rameaux, dont deux sont superficiels et l’autr© profond. Le rameau profond se distribue dans les muscles de la partie antérieure de la jambe, et se porte jusque sous la peau du genou et du pied, en don- nant quelques filets au court extenseur et aux inter- osseux supérieurs. Quant aux rameau:^ superficiels, ils se portent tous deux sous Taponévrose de la jambe. Le pre- mier en ressort vers la partie moyenne , et se porte à la peau jusque sur le pied. Le second perce aussi Faponévrose vers la partie moyenne de la jambe, se porte sous la peau vers la mal- léole externe. Parvenu sur le pied, il se divise en plusieurs filets qui , comme ceux du précédent , se terminent sur les parties latérales de chacuii des orteils. ' B. Dans les mammifères» Les nerfs lombaires et pelviques , qui sont des- tinés au membre abdominal , forment un plexus avant de se distribuer à ces parties. En général il est le même que dans Fliomme, où les diffé- rences sont peu essentielles. Les cordons nerveux sont absolument en même nombre, et se divisent de la même manière. Le nerf fémoral antérieur naît le plus ordinai- rement avant le soiis-pubieii. Dans le pli de raine S ^ 28o X" Tæçox, Disitrih. des principe nerfs, il produit une irradiation de fdets musculaires ; Tun d’eux , très - remarquable , se perte sous la peau en suivant la veine sapliène : on peut le suivre jusque sur le pied. Le nerf sous - pubien passe aussi par le trou ovale avec le tendon du muscle obturateur interne. Il se distribue aux muscles de la cuisse. Le nerf sciatique est aussi produit par les paires sacrées ; il reçoit ordinairement des ülets anasto- motiques des paires caudales. Il n’offre au reste aucune différence essentielle d’avec riiomme. C. Dans les oiseaux. Le, nerf obturateur provient aussi du plexus formé par les paires lombaires. Il passe par le trou sous-pubien avec le tendon de l’obturateur interne , et se divise aussitôt après sa sortie du bassin en un grand nombre de rameaux qui se terminent dans les muscles qui enveloppent Fos de la cuisse ^ et principalement dans ceux qui entourent son articulation et dans les muscles adducteurs. Le fémoral est évidemment formé par les trois dernières paires des nerfs lombaires qui forment un plexus au dessus du bassin, et duquel se dé- tache le nerf obturateur. Parvenu dans Faine, lo nerf crural se partage en trois branches principales , lesquelles se divisent et se subdivisent dans les diffé- rens muscles de la face anféricure et interne de ]a cuisse : beaucoup se terminent à la peau, sur laquelle on les suit très-faciiemenl. Art. XV. T)es nerfs du memb. ahdom. 381 Le nerf sciatique est produit dans les oiseaux principalement par les quatre paires pelviennes ^supérieures 5 il se porte vers l’échancrure ischia-» tique du bassin, derrière la cavité cotyloïde. Sorti du bassin , il se divise en deux portions principales : Tune postérieure, qui est un faisceau composé de sept à huit branches qui se perdent dans les muscles fessiex’s et adducteurs de la cuisse^ rautre portion est un cordon simple , très -gros , qui paroît être le tronc du nerf. Il suit la direction du fémur ; donne quelques branches grêles qui se portent dans les muscles fléchisseurs de la jambe. Arrivé vers la partie moyenne et postérieure de l’os de la cuisse , le tronc se divise en deux : l’un , qui est le plus rapproché des os et qui paroit être \q poplité externe ; l’autre , qui est le plus gros et qui tient lieu du ûhiaL Ce dernier, arrivé à la hauteur du jarret , se divise en deux branches. La plus grosse des deux se partage en six ou sept rameaux destinés aux muscles de la partie postérieure de la jambe et principalement aux jumeaux et au solaire 5 l’autre branche continue de se porter derrière les os de- là jambe. Arrivée sous le talon, elle passe dans une coulisse , et continue de se porter dessous les os du métatarse ; parvenue vers leur extrémité digitale, elle se partage en quatre, ou trois ^ ou deux portions , selon le nombre des doigts do l’oiseau. Ces filets se portent sur le bord péronier de chacun des doigts X* Leçon. Dlsirih. des principe nerfs, • Le nerf poplité externe y ou la seconde branche principale du sciatique est , comme nous Pavons dit, celle qui est la plus près des os. Arrivée sous# le jarret, elle se porte vers le bord péronier de la jambe et se partage en beaucoup de blets qui se perdent dans les muscles de la partie antérieure delà jambe. Deux des filets, beaucoup plus gros et plus longs, suivent les os de la jambe : Pun , sur le bord péronier; Paulre , sur le tibial. Ils passent ainsi au dessus de Particulation du tarse dans deux coulisses qui leur sont particulières : ils se rapprochent ensuite et se trouvent situés dans la goutière antérieure des os du métatarse, après quoi ils se reséparent de nouveau. La branche tibiale se porte entre le second et le troisième doigt , et la péronière entre le troisième et le quatrième , quand il existe ; elles en suivent les bords et sY lerininent sous la peau près de Pongle. On voit , par cette desciiption , faite d’après la cigogne spécialement , quoique nous ayons fait des re- cherches à cet égard dans plusieurs autres oiseaux ; que les nerfs du membre abdominal sont à peu près les mêmes que dans Phomme. D, Dans les reptiles. Dans les lézards y il y a un petit filet nerveux qui provient du nerf fémoral et qui tient lieu du nerf sous-puhien. Le nerf fémoral lui-même est formé des deux dernières paires lombaires et passe au dessus des os du bassin pour se distribuer aux Art. XV. Des nerfs du memh, ahdom, s85 muscles de la partie antérieure de la cuisse. Le nerf sciatique est produit par les trois paires de nerfs qui suivent et qui reçoivent aussi un filet de la dernière paire lombaire. Le cordon unique qu'elles forment suit le bord interne de la cuisse ; et en se subdivisant dans les muscles il se porte jus- qu'aux doigts du pied. La distribution des nerfs du membre abdominal est à peu près la meme dans la salamandre. Il n’y a de différences que dans la manière dont le plexus est formé. Ici le nerf fémoral est produit par une seule paire lombaire qui envoie une branche au plexus sciatique qui est formé par les deux paires suivantes.* Dans la grenouille , trois paires de nerfs entrent dans la composition du plexus fémoral y elles parcourent toute la longueur des os iléons , qui sont ici fort étendus , avant de se réunir pour former le plexus. A la hauteur de la cuisse il s’en sépare un nerf qui tient lieu de fémoral antérieur ^ qui se distribue , comme par une irra- diation, aux muscles de la partie antérieure delà cuisse. Le reste du plexus se porte dans le bassin et forme un gros cordon qui se porte à la partie postérieure de la cuisse, qu’on peut regarder comme le nerf sciatique. Il s’en détache de suite un grcaid nombre de filets pour les muscles de la cuisse. Vers la partie moyenne et postérieure, il se partage en deux branches qui passent sous le jarret dt qui re- présentent les deux nerfs popUîésmiQmiQ et externe^ s84 X® Leçon* JDistrib, des prîncîp. nerfs» qui se distribuent ensuite à la patte de derrière à peu près de la nielle manière que dans le pied de l’homme. E. Dans les poissons, La nageoire yentrale , qui représente le pied de derrière, reçoit des nerfs qui proviennent des paires vertébrales. Dans les poissons cartilagineux, comme la raie y huit à neuf paires se portent directement en. dehors vers la nageoire ventrale. Les quatre ou cinq pre- mières se réunissent en un seul tronc qui passe par un trou particulier dont est percé le cartilage qui soutient les rayons ; les autres paires se portent directement au dessus des rayons. Tous ces nerfs se distribuent sur les muscles , absolument de la même manière que dans la nageoire pectorale. Dans les poissons épineux, comme les silures y les paires vertébrales qui se distribuent dans les muscles intercostaux envoient des fdets qui vont se perdre dans les muscles propres à mouvoir la nageoire. Quelques-uns des lilamens peuvent être manifestement suivis jusque sur la membrane qui recouvre les rayons. Art. XVI. Du nerf grand sympathique. 285 ARTICLE XVI. Du nerf grand sympathique , appelé encore grand intercostal ou tri- splanchnique. Dans V homme, ^ Ce nerf ne peut point être considéré comme provenant immédiatement du cerveau. Il commu- nique avec la cinquième et la sixième paires en- céphaliques 5 avec les trente paires des nerfs cer- vicaux , avec le glosso - pharyngien et la paire vague 5 et dans tous ses points de communication il éprouve des rendemens très-remarquables. La portion du nerf grand sympathique, qui est la plus voisine du cerveau , s’observe dans le canal carotidien de l’os temporal , où elle forme un plexus autour de l’artère carotide. Nous avons indiqué déjà les filets qui l’unissent à la sixième paire et celui qu’il paroît recevoir du ganglion sphéno- palatin du maxillaire supérieur, sous le nom de nerfVidien. Les filets nerveux qui produisent le plexus ca- rotidien se rassemblent à la base du crâne en un seul tronc qui forme un renflement alongé , de couleur rougeâtre , qui s’étend jusqu’à la troisième vertèbre , et qu’on nomme ganglion cervical su- périeur, Ce ganglion reçoit des filets dès son ori- gine de la première et de la seconde paire cervicale , quelquefois du glosso-pliaryngien et du nerf vague s86 X* Leçon. Distrlb. des princlp. nerfs, avec lequel il est toujours uni ainsi qu’avec l’artère carotide, par une toile celluleuse très-serrée . Sa figure estoblongue, ovale, plus pointue inférieurement. Après avoir subi ce renflement , le tronc du nerf , qui est alors assez grêle , descend le long et derrière l’artère carotide jusqu’à la partie in- férieure du col , où il forme un nouveau gangUn nommé cervical inférieur. Dans ce trajet, il reçoit ou donne des filets à chacune des branches cervicales par sa partie posiérieure. Il s’en détache d’autres de sa partie antérieure pour le pharynx et pour les graisses, dont les filamens, en s’unissant entre eux, produisent autour des artères carotides des plexus très-gréles. Les muscles de la face antérieure du col en reçoivent aussi un grand nombre. Enfin , parmi les autres filamens qui , par leur ténuité , échappent aux recherches, on en remarque quel- ques-uns qui, s’unissant aux filets de la paire vague, pénètrent dans la poitrine et vont former le plexus cardiaque inférieur , ainsi que nous l’avons indiqué en décrivant le nerf vague. Le ganglion cervical inférieur est applati. Sa figure varie ; elle est oblongue , triangulaire ou carrée, selon les individus. Il est ordinairement situe au devant de l’apophyse transverse de la septième vertèbre du col. Il manque quelquefois, et alors il se confond avec le premier ganglion thoracique. Il reçoit ordinairement des filets des quatre dernières paires cervicales , rarement des paires dorsales. Il paroît en produire d’autres qui^ Art. XVI. Du nerf grand sympathique ^ 287 se portant du côté interne , vont se joindre au ré- current de la paire vague, au nerf diaphragmatique, aux nerfs qui produisent les plexus cardiaques supérieur et inférieur. Le tronc du nerf sympathique , situé derrière Tartére vertébrale , entre dans la poitrine ; et par- venu au dessus ou im peu au dessous de la tête de la première côte , encore recouvert par Fartère sous-clavière , il éprouve un nouveau renflement qu’on a nommé ganglion thoracique supérieur. A ce ganglion viennent se rendre beaucoup d@ filets nerveux des paires cervicales inférieures , parmi lesquels il y en a toujours un très-remar- quable de la première paire dorsale, et quelque- fois même un autre de la seconde paire. Il produit trois ordres de filamens : les uns vont s’unir au plexus cardiaque^ les seconds forment un plexus autour des artères sous-clavière et vertébrale; les autres se perdent dans les muscles scalène et long du col. La suite du nerf grand sympathique dans la cavité de la poitrine est un peu plus grosse que sur le col ; elle est collée au dessous de la plèvre et passe par dessus les têtes des côtes. Dans son trajet jusqu’au diaphragme, elle reçoit les filets des paires dorsales à angle aigu. A chacun des points d’union il se forme un renflement ou gan- glion qu’on désigne par des dénominations numé- ciques. Leur forme varie ainsi que leur grosseur. A la hauteur du sixième ganglion , il se détache 288 X® Leçon. Distrib, des princip. nerfs. ordinairement du nerf cinq ou six brancliess qui se portent en bas et en dedans vers le corps des vertèbres. Elles s’unissent là et il en résulte un cordon particulier qui pénètre dans le bas-ventre par une ouverture du diaphragme , muscle auquel il donne quelques filets : on nomme ce cordon nerf splanchnique. Arrivé dans le bas- ventre , le cordon dont nous venons de parler s’applatit presqu’aussitôt et forme une espèce de lunule nerveuse au devant de l’aorte. fSa forme l’a fait désigner sous le nom de ganglion sémi lunaire . Inférieurement , il se joint à celui du côté opposé. Il en sort un grand nombre de filamens : les uns sont pour le diaphragme ; beaucoup d’autres se portent sous forme de plexus autour de l’aorte et des artères rénale , coeliaque et mé- sentérique supérieure. On nomme en particulier plexus solaire celui qui enveloppe l’artère coeliaque , et qui reçoit beaucoup de filets de la paire vague. Les autres plexus ont tiré aussi leur nom de leur situation sur les artères coronaire stomachique ^ splénique et hépatique. Quant au tronc même du grand S3nnpathique , que nous avons laissé dans la poitrine , il continue de descendre jusqu’au diaphragme, mais du dernier ganglion thoracique , et quelquefois de l’avant- dernier, il se détache un filet appelé petit nerf splanchnique cpA y di s’unir au grand, lors de son passage au travers du diaphragme. Art. XVI. T>u nerf grand sympathique. 289 La manière d’èîre du grand S3rmpatîiique dans Fintérienr du "bas- ventre est à peu près la même que dans la poitrine. Il éprouve sur chaque ver- tèbre lombaire un renflement auquel viennent se rendre deux ou trois lllets de chacune des paires lombaires. Il s^en détache aussi beaucoup de filets qui vont se joindre aux plexus que nous avons fait connoître. Ils en forment un particulier autour de Tarière mésentérique inférieure ^ des artères spermatiques et hypogastriques , dont ils prennent les noms. Le dernier plexus donne des filets à toutes les artères voisines, au colon et au rectum, aux uretères , à la vessie et aux parties* de la gé- nération. Parvenu dans le bassin , le grand sympathique continue de se porter sur l’os sacrum; arrivé vers les vertèbres caudales , les deux troncs devenus très- grêles s^unissent et forment un dernier gan- glion. Dans ce trajet il y a autant de renfleraens que de nerfs sacrés : il arrive cependant quelque- fois qu’il n’y a point du tout de ganglion. Ainsi se termine le nerf grand sympathique dans l’homme. B. Dans les mammifères. Le nerf grand sympathique des mammifères est à peu près semblable à celui de l’homme. Nous allons en présenter une description faite d’après des recherches exactes dans le loup , le raton , le porc-épic , le mouton et le veau. 2 Sgo X® Leçon. Dlstrih. des princip. nerfs. Le grand sympathique s’unit manifestement dans l’intérieur du crâne et dans l’épaisseur de la dure- mère avec la cinquième et la sixième paire d« nerfs : cette anastomose est très-remarquable. A son entrée dans le crâne par le trou déchiré 5 il est très-distinct du nerf vague, mais très adhérent au périoste de l’os de la caisse. Lorsqu’on tend le cordon qu’il forme, en le tirant à soi, on voit qu’il se divise en six ou sept fdets qui forment entre eux un réseau à mailles très-serrées. A deux ou trois lignes de là , selon la grosseur de l’animal ^ tous ces lilamens se serrent entre eux et s’unissent si intimement de nouveau , que le ganglion qu’ils forment paroît comme cartilagineux dans sa coupe* De ce ganglion partent des filets extrêmement nom- breux , dont les uns très-courts vont se porter dans le nerf de la cinquième paire , et dont les autres plus longs et plus grêles forment une espèce de réseau de couleur rougeâtre , entremêlé de vais- seaux sanguins. C’est ce réseau que Willis a re- gardé comme un petit rete admirabile. Il paroît que la commAiication avec la sixième paire se fait à l’aide de ce réseau qui enveloppe le nerf de toute part, et dont il est très-difficile de le dégager. Au reste , nous n’avons pas remarqué de branche par- ticulière d’anastomose dans le veau et dans le hèlier. Dans son trajet au travers du trou déchiré , le nerf grand sympathique donne un filet nerveux qui entre dans la caisse du temporal 3 il s’unit aussi Art. XVI. Du nerÿ grand sympathique, 291' là d’une manière intime , avec la liuitiè'më paire , dont il se détache à la base du crâne pour for- mer un gros cordon. A quelques lignes de distance de sa sortie du crâne îe grand sympathique se renfle en un gros ganglion î’ougeâtre , de forme alongée et ovale : c’est ie ganglion cervical supérieur, La manière dont il s’unit aux nerfs voisins est analogue à ce qu’on observe dans riiommeo Après avoir donné ou reçu les diiFérentes anastomoses avec les nerfs voisins , le ganglion cervical supérieur se termine en üil filet grêle qui se porte à la partie antérieure dii col au devant du muscle long du col jusqu’à la séptièine ver- tèbre. Dans ce trajet il reçoit dès iiiets nerveux très-grêles de toutes les paires cervicales^ Au devant de la dernière vertèbre du col il forme une anse qui se porte de dedans en dehors vers la première côte, sur la tête de laquelle il s’unit au premier ganglion thorachique. De la convexité de l’anse partent plusieurs filets qui 5 parvenus dans la poitrine , glissent le long du médiastin sur le péricarde où ils se perdent* D’autres forment un plexus autour de l’artère sous^ cl aviaire. Le premier ganglion thorachique est de figure sémi-lunaire plus ou moins alongée^ selon l’animaL Sa concavité est interne. Par son bord convexe , il reçoit ou donne quatre ou cinq filets nerveux. Le plus supérieur se glisse le long de l’artère T 2 292 X' Leçon. Distrih. des princip, nerfs, vei tébrale , et pénètre avec elle dans le canal en formant autour d’elle un plexus qu'on suit très- haut, et qui probablement entre dans le crâne avec Tartère. Les autres lllets s’unissent à la dernière paire cervicale et aux deux premières dorsales. De la concavité, ou du bord supérieur et in- terne de ce premier ganglion thorachique, partent un , deux ou trois filets qui se portent transver- ‘salement ou obliquement en en-bas vers les ar- tères pulmonaires à leur entrée dans le poumon ; ils s’unissent là au nerf vague pour former les plexus pulmonaire et cardiaque inférieur. Le tronc du nerf grand sympathique continue de descendre dans la poitrine jusqu’au diaphragme, en formant au dessus de la tête de chaque côte un ganglion qui reçoit un filet nerveux de chacune des paires vertébrales 5 enfin, il traverse le dia- phragme ^ en formant un cordon unique qui est le, véritable nerf splanchnique, ' Parvenu dans la cavité abdominale , le nerf splanchnique se porte vers la ligne moyenne au dessous de l’estomac; il se divise souvent là en deux cordons qui se réunissent ensuite. De cette sorte d’anneau nerveux sort un tronc principal , ou quatre à cinq filets qui se réunissant entre eux auprès de l’artère céiiaque forment un ganglion souvent de figure sémi-lunaire. Des bords de ce ganglion partent beaucoup de filets qui enveloppent les artères slomachiques^ splénique et hépatique , et qui tiennent lieu du plexus solaix'e. D’autre» ' Du nerf grand sympathique. filets enveloppent Tartère rénale , autour de laquelle ils forment aussi un plexus. Le tronc du nerf grand sympathique continue de descendre dans la cavité abdominale sur les parties latérales du corps des vertèbres. Chacun de ces ganglions est à peu près de forme qua- drangulaire alongée. Des deux angles supérieurs, Fun reçoit la continuation du tronc , Fautre la paire vertébrale. Des deux inférieurs , Finterne donne une branche qui va se porter sur Faorte et concourir à quelques-uns des plexus qui entourent chacune des artères qui en proviennent 5 Fautre produit la continuation du tronc. Au reste le nerf grand sympathique se comporte , à ce quhl paroît, dans tous les mammifères comme dans Fhoinme ; il produit les mêmes plexus , avec quelques différences dans le nombre des blets et dans les figures que forment les ganglions ; mais ces dispositions sont même sujètes à varier, C. Dans les oiseaux,. Le nerf grand sympathique a beaucoup de rap- ports avec celui des mammifères. Î1 entre dans le crâne par la même ouverture que celle par laquelle sortent le nerf vague et le glosso-pha- ryngien ; il s^unit aussi avec la cinquième et la sixième paire. Le premier ganglion , ou celui qui tient lieu de cervical supérieur, est de forme lenticulaire 5 il est situé immédiatement sous le crâne % il communique presqff aussitôt avec la neuvième T5 59^; X® Leçon. Distrlh. dés piincip. nerfs. paire et sur-tout avec la huilième, avec laquelle il a Fapparence de se confondre entièrement. On ne retrouve aucune trace du nerf grand sympathique sur le col des oiseaux; mais dans rintérieur de la poitrine on voit se détacher du plexus pulmonaire , formé par la paire vague ^ pn très- gros fdet nerveux qui va s’unir au premier ganglion thorachique. C’est ici que le grand sympathique des oiseaux commence à devenir yéritablement remarquable. Ce premier ganglion nerveux devient comme un centre duquel partent en divergeant huit filets nerveux différens : l’un va s’unir au plexus des nerfs brachiaux; le second remonte le long du col par le canal vertébral avec l’artère , et au milieu de chacune des vertèbres il forme un petit gan- glion, de chacun desquels partent de petits filets pour chacune des paires cervicales. Il nous a été impossible de le suivre jusqu’à la tête dans le foulque^ le canard ^ le cygne et la huse. Le troi- sième filet va se confondre avec le plexus cardiaque formé par la paire vague. Les trois filets sui van s se portent du côté interne et vers l’avance que forment les corps des vertèbres , pour produire un cordon particulier sur lequel nous reviendrons. Enfin , le septième et le huitième filet servent à unir ce ganglion avec le suivant: l’un passe au dessous de la tète, et l’autre au dessus, de manière, à former une sorte d’anse de figure lozangique. dans laquelle la tête de la côte est reçue. Art. XVI. Du nerf grand sympathique, Chacun des ganglions qui suit forme ainsi une irradiation nerveuse , composée de cinq , six ou sept lilets, dont quatre, deux supérieurs et deux infé~ rieurs, servent d’union' au ganglion qui précède ou qui suit j un ou deux à la formation d’un cordon nerveux qui tient lieu du nerf splanchnique , et un dernier qui va s’unir avec la paire de nerfs dor- saux située au dessous.. Le cordon qui est formé par toutes les branches internes du nerf grand intercostal et qui tient lieu de nerf splanchnique , suit l’artère aorte de l’un et de l’autre côté. Parvenu à la naissance du trépied de la céliaque , les filets nerveux qui pro- viennent des ganglions thorachiques produisent en s’unissant avec lui un, déiix, ou trois renflemens, desquels partent une infinité de filets qui enve- loppent les artères de toutes parts. Les ganglions remplacent ici sensiblement ceux qu’on désigne par le nom de sémi-lunaires dans l’homme , et les filets qui en proviennent tiennent lieu du plexus solaire. Il se forme encore d’autres plexus sur les artères rénale et mésentérique inférieure. Le tronc du nerf continue de suivre le corps des vertèbres; mais les ganglions deviennent moins sensibles lorsqu’il n’y a plus de côtes , et on ne s’apperçoit plus alors que d’un petit renüement au point où s’unit la paire vertébrale. Mais il part du côté interne de chacun de ces petits renfiemena deu:^ ou trois filets qui viennent former un plexus T4 2g6 X® Leçon. Dlstrib, des prîncip, nerfs. sur l’artère aorte , en s’unissant avec ceux du côté opposé. On voit évidemment la continuation du nerf grand sympathique jusque sur les dernières vertèbres de la queue. 11 est très-facile de les suivre dans le cygne. D. Dans les reptiles. Nous n’avons pu étudier le nerf grand sympa- thique que dans la tortue bourbeuse ; mais il n’est bien distinct que dans l’intérieur de la carapace, îi y a bien une disposition analogue à celle du premier ganglion cervical 5 cependant le nerf vague lui est tellement adhérent qu’on ne peut Fen sé- parer. Sur le col nous n’avons vu aucun filet qu’on puisse regarder comme le tronc du nerf. On voit très-bien sur le péritoine et sur le corps des vertèbres des ganglions nerveux qui sont ma- nifestement produits par le grand intercostal. Les ganglions sont absolument semblables à ceux des oiseaux 5 ils ont deux filets supérieure et deux in- férieurs qui passent sous l’apophyse transverse de la vertèbre qui s’unit à la carapace. Du bord in- terne de chacun d’eux part un nerf splanchnique qui va former des plexus autour dç chacune des artères que produit l’aorte ; il en part un aussi qui concourt à la formation du plexus pulmonaire* On suit très-bien ce nerf jusque sur les parties latérales des premières vertèbres de la queue. Art. XVI. Du nerf grand sympathique, sgj E. Dans les poissons. On retrouve aussi le nerf grand sympathique ^ mais il est extrêmement grêle. Oest un simple hiet nerveux qui se trouve situé de l’un et de l’autre côté de la colonne vertébrale dans la cavité abdo- minale. On reconnoît manifestement qu’il fournit des filets au péritoine^ et que ces filets se pro- longent autour des artères qui se perdent sur les intestins. On voit aussi qu’il y a des filets de com- munication pour chacune des paires vertébrales 5 mais il n’y a point de ganglions sensibles au point où s’opère cette union. Le nerf grand intercostal paroît entrer dans le crâne par le canal dont est percée la première vertèbre : il suit là les vaisseaux sanguins. ONZIÈME LEÇON. 'Description des systèmes nerveux deS, animaux sans vertèbres. Pour les nerfs, comme pour les muscles^ les animaux sans vertèbres ne sont point tous formés sur un plan commun , et ils présentent de si grandes disparités , que nous sommes obligés d’adopter un© marche différente de celle que nous avons suivie dans les trois dernières leçons. Il faut que nous procédions ici comme nous l’avons fait en traitant des organes du mouvement de ces memes ani- maux ; il faut , dis-je , que nous considérions le système nerveux dans leurs différentes classes et dans leurs principaux genres. Ce qui est commun à quelques-unes de ces classes se réduisant à peu de chose , ce que nous en avons dit aux articles IH et V de la I' ® leçon , et à l’article III de la IX® suffira , et nous allons de suite entrer dans les. détails. 'Art. L Nerfs des céphalopodes. 29^ ARTICLE PREMIER. Cerveau et nerfs des mollusques céphalopodes., # Dans les poulpes ^ les sèches et les calmars^ le système nerveux paroit se rapprocher, à quelques égards , de celui des animaux à sang rouge. Le cerveau est renfermé dans une cavité particulière creusée dans le cartilage de la tête , lequel est percé de différens trous qui donnent passage aux nerfs. Ce cartilage de la tête a la forme d'un anneau creux et irrégulier. Sa partie postérieure est plug épaisse et contient le cerveau. Sa partie antérieure renferme les oreilles et un canal demi- circulaire qui communique de chaque côté avec la cavité du cerveau et qui contient le collier médullaire. L’oeso- phage traverse le centre de cet anneau cartilagi- neux , et se trouve par conséquent entouré par le cordon médullaire comme dans tous les autres animaux à sang blanc. Les parties latérales de l’anneau cartilagineux ont des proéminences qui forment de chaque çôté une espèce d’orbite. Le cerveau se divise en deux parties distinctes : une plus voisine de l’oesophage, dont la surface est lisse j et une autre plus voisine du dos, qui est arrondie et striée longitudinalement. Le collier médullaire sort des parties latérales fie ces deux portions ! c’est dans le poulpe une 5oo XP Leçon. Nerfs des an, sans verûh, masse applatie en forme de lame, dont la partie antérieure produit quatre gros nerfs qui, avec les quatre pareils de Tautre coté, vont se rendre en devant dans les huit pieds qui couronnent la tête : nous reviendrons suH^leur distribution. En dessous , ces lames se joignent et complettent ainsi le tour de Foesophage. Deux autres paires principales naissent de chaque côté tout près de Forigine du collier. lia première est la paire optique : elle se rend directement dans For- hite. Après y avoir fait un trajet très-court ^ elle pénètre dans la sclérotique et s’y dilate en un ganglion plus gros que le cerveau et qui a la forme d’un rein , dont le côté concave est du côté du cer- veau. La substance de ce ganglion paroît la même que celle du cerveau. Sa convexité produit plu- sieurs centaines de petits nerfs fins comme des che- veux , qui traversent la choroïde par autant da petits trous pour aller former la .rétine. La seconde paire e»t celle des muscles du sac. Son origine est un peu au dessous de celle de la précédente. Chacun de ses nerfs descend oblique- ment ; et après être sorti de la cavité cérébrale , il se glisse entre les muscles qui retiennent la tête^ et se porte sur la partie latérale du sac assez près de son bord supérieur entre le corps et les branchies* H s’y partage en deux branches , dont l’une des- cend directement vers le fond du sac , et dont l’autre se dilate en un ganglion arrondi qui produit une nmllitude de nerfs disposés en rayons. Ces Art. î. Nerfs des céphalopodes. Zoï: nerfs se distribuent tous aux fibres charnues da sac et des nageoires. La partie antérieure et inférieure du collier donne encore naissance à deux paires de nerfs^ La première paire est -celle des nerfs acoustiques ! ils sont très - courts , attendu qufils ne font que traverser une lame cartilagineuse pour pénétrer dans Foreilie et s’y épanouir. La deuxième paire sort du cartilage par deux trous très-rapprochés et situés au dessous desoreillles. Les deux nerfs qui la composent descendent en dedans du péritoine vers le fond du sac. Arrivés à peu près à la hauteur du cœur , ils forment un plexus assez compliqué^ dont sortent tous les nerfs qui se rendent aux différens viscères. Chaque pied a un nerf qui le traverse d’une extrémité à l’autre comme un axe , et qui est situé dans un canal , que nous avons déjà décrit en traitant des muscles de ces pieds. Ce nerf e?t renflé d’espace en espace par de nombreux gan- glions qui le rendent comme tuberculeux, et de chacun desquels partent dix ou douze filets ner- veux : ces filets percent en divergeant les muscles de l’intérieur du pied auxquels iis fournissent ; mais ils se rendent principalement aux ventouses. Cette description du système nerveux est prise û.\x poulpe. Les autres céphalopodes n’en dirfèrent guères que parce que leur cerveau est moins distinc- tement divisé et ne présente pas des sillons aussi marqués. ëo2 XI® Leçon. Nerfi des an, sans vertèh^ ARTICLE II. (Cerveau et nerfs des mollusques gastéropodes, A. DâJis le limaçon à coquille ( hélix pomatia). Le cerveau se trouve placé sur rœsophage ^ derrière une masse ovale de muscles qui enve- loppe la bouche et le pharynx, et que nous dé- crirons à l’article de la mastication. Son contour est à péii près sémi - lunaire ; sa partie concave est en arrière : les angles du croissant se pro- longent de chaque côté en un filet qui entoure l’oeso^diage comme un collier* Les glandes sali- vaires et le muscle qui retire en dedans la bouche et le cerveau passent aussi au travers de ce collier. Les deux cordons produits par le cerveau se réunissent au dessous de l’oesophage et du muscle en un gros ganglion arrondi, dont le volume surpasse de près de moitié celui du cerveau. Tous les nerfs partent de l’une on de l’autre de ces deux masses. Ceux que fournit le cerveau sortent des parties latérales de son bord convexe. 11 y en a d’abord deux pour la masse charnue de la bouche, imis un de chaque côté pour les petites cornes , puis deux pour chaque grande corne , dont un se rend à la base de cette corne et pénètre dans sa substance musculaire ^ l’autre se rend à l’œil. Celui-ci se replie beaucoup sur lui-même quand la corne renti’e au dedans. Il y ÂtiT. il. Nerfs des gastéropodes, 5o3 a. encore quelques autres filets qui se rendent à la base des parties de la génération et dans les muscles moteurs de la tête. Le gros ganglion inférieur produit d’abord trois grands nerfs : un pour la verge , un autre pour les viscères, et le troisième pour les muscles qui retirent tout ranimai dans sa coquille. La face in- férieure de ce ganglion produit ensuite deux grands faisceaux qui se portent en arrière , et qui ayant passé entre les deux muscles dont nous venons de parler , se distribuent dans toutes les parties charnues du pied. La figure que Swammerdam donne des nerfs du limaçon paroît avoir été prise de la limace plutôt que du limaçon à coquille. E.- Dans la limace ( Umax rufus ), Le cerveau est aussi placé derrière l’oesophage ; mais il forme comme un ruban étroit situé en travers et qui s’élargit un peu à ses parties latérales, dont chacune produit ensuite un filet pour entourer l’oeso- phage. Le ganglion qui est formé par la réunion de ces deux filets est plus considérable que le cerveau. De ce ganglion partent deux troncs principaux qui se portent en ligne droite , chacun de son côté , tout le long du dessous du corps, en conservant une direction a peu près parallèle , et en donnant chacun de leur bord externe une multitude de filets qui pénètrent dans la substance charnue de la peau. D’autres filets ^ en très-grand nombre , partent 5o4 Xr LEço^^ Nerfs des an, sans vertèh. immédiaternent du ganglion inferieur pour se rendr® dans cette meme peau. Deux nerfs de chaque coté partent de ce meme ganglion inférieur pour se rendre aux viscères , en suivant la distribution des artères. Quant au cerveau proprement dit, il donne d’abord de chaque côté un nerf pour la niasse charnue de la bouche , puis deux pour chacune des grandes cornes , Tun desquels va à l’œil et tient lieu de nerf optique : plus en dehors viennent les nerfs des petites cornes. C. Dans Vaplysle^ animal marin très-semblable aux limaces, mais respirant par des branchies qui forment une espèce de buisson sur le dos, et qui sont recouvertes par un opercule particulier ; le cerveau est placé comme dans le limaçon ; mais les filets qui entourent l’œsophage produisent deux ganglions, un de chaque côté, qui sont réunis eux-mémes par un flet mince. Le cerveau produit de sa partie antérieure deux filets grclejs qui entourent la masse charnue de la bouche , et qui vont se réunir sous elle en un petit ganglion d’où partent les nerfs des lèvres. Le cerveau donne ensuite des nerfs aux cornes et aux yeux , qui dans cet animal sont situés entre les cornes, et aux parties mâles de la génération. Les deux ganglions latéraux donnent une multi- tude de nerfs à toutes les parties charnues du pied et de la peau. Ils produisent aussi chacun un long cordon qui ya se réunir â son correspondant i^ur Art, il. Nerfs des gastéropodes, 5o5 Faorte très-près de sa sortie du cœur, et donner naissance à un ganglion lenticulaire , duquei sortent tous les fœrfs qui se rendent aux divers viscères, D. La clio boréale animal sans pied, ne pouvant que nager, et respirant par deux branchies en forme d^ailes , situées sur la nuque , mais du reste assez semblable aux limaces a un systênie nerveux analogue à celui de l aplysie. Son cerveau formé de deux lobes arrondis, et fournissant immédiatement des nerfs aux tentacules, donne naissance aussi à un double collier. L'an- térieur va, comme dans l’aplysie, sous la bouche, former un petit ganglion . Le postérieur a un ganglion ^ de chaque côté , qui fournit des nerfs à la peau musculeuse qui entoure le corps. Chacun d’eux en produit un ou deux autres d’où naissent les nerfs des viscères. « E. Dans les doris , qui sont des animaux marins assez semblables aux limaces, mais qui respirent par des branchies extérieures disposées en étoiles autour de l’anus , le cerveau est très - gros , en proportion avec le reste du corps et sur tout par comparaison avec celui des autres gastéropodes* Il est étranglé dans sa partie moyenne et comme formé de deux lobes réunis 5 sa forme est adongée transversalement et comme quarrée ; ii est situé immédiatement au dessus de Forigine de pliage 5 dernerp ÎX iricdsè oroiCuiaire des muscles qui forment les parois de la bouche. Il part du cerveau six nerfs de chaque coté *' 5o6 XP Leçon. Nerfs des an. - sans vertèh. une paire est destinée aux muscles de la bouche , une autre aux tentacules ; la troisième est un cordon qui se porte au dessous de l’oesophage pour se perdre dans les muscles du pied , où on les apperçoit très- distinctement sur les parties latérales de la face interne; la quatrième et la cinquième se portent au dessus de la masse des intestins et donnent à la peau du dos ; enfin , la sixième se termine dans les parties de la génération, F. Dans la scyllée^ autre animal marin assez sem- blable aux limaces , mais qui respire par des branchies en forme d’ailes rangées par paires sur le dos , et qui rampe sur un sillon de son ventre , le collier qui entoure l’oesophage est un simple cordon qui ne se grossit point en dessous pour y former un ganglion. Le cerveau qui est au dessus est de forme ©vale ; il envoie des nerfs à la bouche et aux cornes; mais il n’y a point de nerfs optiques, attendu que cet animal n’a point d’yeux. Les nerfs des viscères naissent de la partie in- férieure du collier , et ceux des muscles de ses parties latérales. G. Dans V oreille de mer {halyotis tuherculata) , il n’y a point au dessus de l’oesophage de gan- glion qui tienne lieu de cerveau : on voit seule- ment un filet nerveux situé transversalement au dessus de l’œsophage derrière la bouche. De la partie moyenne et antérieure de ce liiet parlent quatre petits rameaux, deux de chaque coté, qui vont se perdre dans les parois de la bouche. ' Art. il Nerfs des gastéropodes, A chaque extrémité du filet nerveux transversal bn observe un ganglion fort gros , aplati , de la circonférence duquel partent beaucoup de nerfs pour les parties voisines ; nous allons les faire connoître. De la face extérieure de ce ganglion partent de chaque côté trois filets : un pour le tentacule, en forme de soie , qui est situé au dessus de la bouche ; les deux autres sont destinés au tentacule aplati et en rondache , placé plus en arrière et sur les parties latérales. L’un, le plus postérieur, paroîfc destiné à Fœil 5 il est plus gros : Fautre semble se perdre dans les parties musculeuses. Supérieurement part un autre filet très-remar- quable , qui se reporte au dessus de Fœsophage qu’il enveloppe en s’unissant à celui de Fautre côté. Au point de réunion , on voit un petit ren- flement, et il en part quatre nerfs , deux de chaque côté de la ligne moyenne. L’un, plus extérieur, se perd dans les muscles de la langue ; Fautre suit la ligne moyenne de Fœsophage, et se ramifie sur les intestins. Inférieurement partent plusieurs petits rameaux qui se terminent dans les muscles en forme d’éven- lails qui soutiennent la langue. Enfin , absolument en arrière , le ganglion se prolonge en un gros cordon nerveux , situé sur les côtés et au dessous de Fœsophage; il est très- aplati en se portant en arrière; il décrit une courbe de figure sémi- lunaire , de sorte que les deux nerfs Y 2 3o8 XP Leçon. Nerfs des an. sans vertèh, de chaque côté se rapprochent et viennent enfin à se toucher à la base de la langue et au dessous de la partie antérieure du gros muscle qui tient Panimal attaché à sa coquille. Du contact des deux nerfs résulte une espèce de ganglion , duquel partent deux troncs très- remarquables qui sont destinés aux intestins. On peut les suivre au dessus de Pestomac, et on en voit entrer quelques ramifications dans le foie. Après la formation du ganglion qui fournit les nerfs viscéraux , les deux troncs percent par deux trous différens l’épaisseur du muscle du pied. Ces deux trous sont l’origine de deux canaux qui régnent dans toute la longueur du pied sur les parties latérales d’un autre canal moyen y qui paroît des- tiné à distribuer le sang de l’animal. Les deux nerfs logés dans les canaux latéraux se distribuent par un grand nombre de petits trous dans l’épaisseur des muscles très-charnus du pied et de la coquille, où on peut les suivre avec assez de facilité. H. Dans le hulime des étangs ( hélix stagnalis Lin.) et dans le planoî'he corné {hetoX cornea ), îe cerveau consiste aussi en deux masses latérales , séparées par un étranglement. Ce qui est remar- quable y c’est que dans les animaux frais , ces masses sont d’une couleur rougeâtre assez vive. La distribution des nerfs diffère peu de ce qu’on yoil; dans le colimaçon ordinaire. Art. ÎIL Nerfs des acéphales, ARTICLE III, Cerçeau et nerfs des mollusques acéphales. Le système nerveux des mollusques acéphales est formé sur un plan beaucoup plus uniforme que celui des gastéropodes. Dans tous les acéphales testacés, depuis Thuître jusqu^à la pholade et au taret, il ne présente aucune différence essentielle. Il est toujours formé de deux ganglions 5 un sur la bouche , représentant le cerveau ^ et un autre vers la partie opposée. Ces deux ganglions sont réunis par deux longs cordons nerveux qui tiennent lieu du collier ordinaire , mais qui occupènt un espace beaucoup plus grand , puisque le pied , lorsqu’il existe , et toujours l’estomac et le foie , passent dans l’intervalle de ces cordons. Tous les nerfs naissent des deux ganglions dont nous par- lons. A. Dans les ano doutes qm moules d^éiang^ dans les hue ar de s y les vénus ^ les madrés ^ les mya y et en général dans toutes les bivalves qui ont deux muscies cylindriques, un à chaque extrémité de leurs valves, destinés à les rapprocher, la bouche est placée auprès d’un de ces muscles et l’anus auprès de l’autre. Le pied sort vers le milieu du bord de la coquille , et les tubes des excré- mens et de la respiration, lorsqu’ils existent, sortent par ie bout de cette coquille opposé à celui où Y S 3io XP LKGO^^ Nerfs des an. sans vertèh, est la bouche. Le cerveau est situé sur le bord antérieur de la bouche; il est de forme transver- salement oblongue ; il fournit deux cordons en avant, qui se portent sur le muscle voisin, et qui , en se détournant chacun de son côté , entrent dans les lobes du manteau et rampent chacun tout le long du bord du lobe dans lequel il a pénétré. Le cerveau fournit de chaque côté quelques, lilets aux tentacules membraneux qui entourent la •bouche , et de son bord postérieur naissent les deux cordons analogues au collier médullaire des autres animaux sans vertèbres. Ces cordons rampent chacun de son côté sous la couche musculeuse qui enveloppe le foie et les autres viscères, et qui se continue en s’épaississant pour former le pied qui est souvent une hlière. Arrivés au muscle postérieur qui ferme les valves, âls se rapprochent Fun de Fautre , et s’unissent en se renflant pour former le deuxième ganglion. Celui-ci est d’une forme bilobée : il est au moins aussi gros que le cerveau, et toujours beaucoup plus facile à distinguer. Il donne deux nerfs prin- cipaux de chaque côté , et les quatre ensemble représentent une espèce de sautoir. lies deux an- térieurs vont en remontant un peu du côté de la bouche , et, après avoir décrit un arc , ils pénètrent dans les branchies. Les deux autres passent sur les muscles postérieurs , absolument comme ceux du cerveau sur Fantérieur ; et après lui avoir donné quelques filets,, ils se rendent dans le manteau Art. ÎIÎ. Nerfs des acéphales. 5ii dont ils suivent le bord jusqu’à ce qu’ils se joignent à ceux du cerveau , ce qui en fait un cercle con- tinu. Nous ne savons point encore d’oii viennent dans ces animaux les nerfs des viscères. Dans les acéphales testacés , dont le pied sort par une extrémité toujours ouverte de la coquille, et les tuyaux par l’extrémité opposée , c’est-à-dire dans les ‘solens et les pholades , la bouche est ïnoins proche d’une extrémité , et le cerveau par conséquent. Les nerfs qui sortent de celui-ci font donc un trajet plus long avant de diverger pour aboutir au manteau. En revanche , les cordons du collier en font un bien plus court avant de s’unir» H y a un assez grand espace , sur-tout dans les solens , entre la masse des viscères située dans la base du pied, et le muscle postérieur. C’est dans le milieu de cet espace , entre les branchies de l’un et de l’autre coté , qu’est situé le deuxième gan- glion : il est rond , et beaucoup plus visible que dans les autres espèces. Les nerfs qu’il donne sont au reste absolument les mêmes. Dans V huître , qui n’a point de muscle à la partie antérieure , le cerveau se trouve , ainsi que la bouche , sous l’espèce de capuchon que le mam teau forme vers la charnière. Ses nerfs vont im- médiatement dans le manteau lui-même. Le ganglion est situé sur la face antérieure du muscle unique, immédiatement derrière la masse des viscères. Les nerfs qu’il fournit sont les mêmes que dans les p-récédeii-5o. N 4 5j2 XP Leçon. Nerfs des an. sans vert eh. B. Les ascidies sont des animaux marins, enve- loppés d’un clui coriace ou gélatineux et immobile, percé de deux ouvertures, dont l’une sert à la sortie des excrémens, et l’autre à l’entrée de l’eau dans les branchies. Ces branchies sont en forme d’un très-grand sac, et elles sont enfermées, ainsi que les autres viscères, dans un autre sac mem- braneux, de même forme que l’étui extérieur, mais plus petit, et n’y tenant absolument que par les deux ouvertures. C’est sur ce sac membraneux qu’on voit le ganglion inférieur ; , sa position est entre les deux ouvertures, mais plus près de celle qui correspond à l’anus. Il fournit quatre nerfs principaux ; deux remontent vers l’ouverture su- périeure ou de la respiration j deux autres des- cendent vers celle des excrémens. Il y en a de moindres , qui se dispersent- dans tout le sac mem- braneux , dont nous avons parlé. Nous n’avons pu voir encore ceux qui aboutissent au cerveau , ni le cerveau lui-méme , qui est sans doute situé sur la bouche , comme à l’ordinaire. La bouche est dans le fond du sac des branchies. C. Dans les tritons Linnens , c’est-à-dire dans les analifères et les glands-de-mer ou balanites {lepas Lin. ), qui sont peut-être plus voisms des crustacés et sur -tout des monocles que des mol- lusques , le système nerveux tient une sorte de milieu entre celui des mollusques et celui des crustacés et des insectes. Le cerveau est placé en travers sur la bouche. Art. IIL Nerfs des acéphales. qui elle-même est située dans la partie du corps qui répond au ligament , et au fond de la coquille. Il donne quatre nerfs aux muscles placés dans celte partie et à Festoraac , et deux autres qui , après avoir embrassé rœsopliage , se rendent dans cette partie alongée du corps qui porte ces nombreux teotacqles cornés, articulés et ciliés, que Fanimaî fait sortir de sa coquille. Ces deux filets , après avoir formé un ganglion au point de leur rappro- chement , marchent serrés Fim contre Fautre entre ces tentacules, en formant pour chacune de leurs paires une paire de nerfs correspondante j mais on ne voit point de ganglions sensibles aux endroits où ces paires de nerfs prennent naissance. Il résulte de ce que nous avons dit dans les deux articles précédens et dans celui - ci : Que le système nerveux des mollusques consiste en un cerveau qdacé sur Foesophage , et en mî nombre variable de ganglions, tantôt rapprochés de ce cerveau, tantôt épars dans les différentes cavités , ou placés sous les enveloppes musculaires du corps j que ces ganglions sont toujours liés au cerveau , et entre eux par des cordons nerveux qui établissent une communication générale entre ces diverses masses médullaires ; que les nerfs naissent tous, soit du cerveau, soit des ganglions; enfin , qu’il n’y a aiicune partie qui puisse élre comparée à la moelle alongée et épiuiére. 5i4 XP Leçon. Nerfs des an. sans verièh, ARTICLE IV. Cerveau et nerfs des crustacés. Les crustacés , qui ressemblent tant aux insecte* par leurs organes du mouvement, quoiqu’ils en diffèrent beaucoup par ceux de la circulation et de la respiration , ont aussi un système nerveux semblable à celui des insectes , du moins quant aux parties essentielles. Dans les écrevisses à longue queue , la partie moyenne du système est un cordon noueux qui se prolonge d’une extrémité du corps à l’autre ; dans celles à courte queue , vulgairement nommées crabes , il y a au milieu de l’abdomen un cercle médullaire d’où les nerfs du corps partent comme des rayons. Dans ces divers animaux, le cerveau est placé à l’extrémité antérieure du museau , et par con- séquent assez loin de la bouche, qui s’ouvre sous le corselet : c’est ce qui fait que les cordons du collier de Fœsophage sont plus alongés que dans d’autres espèces. A. Le cerveau de l’écrevisse ordinaire ( astacus fluviatUis. Fab. ) est une masse plus large que longue, dont la face supérieure est assez distinc- tement divisée en quatre lobes ‘arrondis. Les lobes moyens produisent de leur bord antérieur chacun un nerf qui est l’optique. Il se rend directement dans le tubercule mobile qui porte l’oed, et il s’y Aet. IV. Nqrfs des crustacés. 5i5 dilate et s’y divise en une multitude de lilets qui forment un pinceau , et aboutissent à tous les petits tubercules de l’œil. De la face inférieure du cerveau naissent quatre autres nerfs qui vont aux quatre antennes et qui don- nent quelques filets aux parties voisines. Les cordons qui forment le collier naissent du bord postérieur du cerveau ; ils donnent chacun vers le milieu de leur longueur un gros nerf qui va aux man- dibules et à leurs muscles j ils se réunissent sous l’estomac en un ganglion oblong qui fournit des nerfs aux diverses paires de mâchoires. A partir de cet endroit , les deux cordons restent rapprochés dans toute la longueur du corselet, et y forment cinq ganglions successifs , placés entre les articu- lations des cinq paires de pattes. Chaque patte reçoit un nerf du ganglion qui lui correspond , et ce nerf pénètre jusqu’à son extrémité : c’est celui de la serre qui est le plus gros. Les cordons médullaires arrivés dans la queue s’y unissent si intimement , qu’il n’est plus possible de les dis- tinguer. Ils y forment six ganglions, dont les cinq premiers fournissent chacun deux paires de nerfs. Le dernier en produit quatre, qui se distribuent en rayons aux nageoires écailleuses qui terminent la queue. Le bernard Vhermile ( Pagurus. Fabr. ) dont la queue n^est point recouverte d’écailîes articulées, paroît avoir beaucoup moins de ganglions que l’écrevisse : on ne lui en voit que cinq. SiG XP Leçon. Nerfs des on, sans vertèh. Dans les mantes de mer ( scjuilîa. Fabr. ), il y a dix ganglions , sans compter le cerveau. Celui qui est à la réunion des deux cordons qui ont formé le collier donne aux deux serres et aux trois paires de pattes qui les suivent immédiatement , et qui dans ces animaux , sont presque rangées sur une même ligne transversale : aussi ce ganglion est-il le plus long de tous. Chacune des trois paires suivantes a son ganglion particulier. II y en a ensuite six dans la longueur de la queue , qui dislribuent leurs blets aux muscles épais de cette partie. Le cerveau donne immédiatement quatre troncs de chaque côté : savoir , Fopiique ceux des deux antennes et le cordon qui forme le collier. Comme les antennes sont placées ici plus en arrière que le cerveau^ leurs nerfs se dirigent en arrière pour s’y rendre. B. Dans le crabe ordinaire ( cancer mœnas. L. ) , le cerveau ressemble à celui de l’écrevisse par sa forme et sa situation; il fournit aussi des nerfs analogues, mais qui se dirigent plus sur les côtés à cause de la situation des yeux et des antennes. Les cordons médullaires qui forment le collier donnent aussi chacun un nerf aux mandibules 5 mais les cordons se prolongent beaucoup plus en arrière que dans Fécrevisse , sans se réunir : ils ne le font que dans le milieu du thorax , et là commence une masse médullaire , figurée en anneau ovale, évidée dans son milieu et huit fois plus grande que le cerveau. C’est du pourtour de cet Art. IV. Nerfs des crustacés, Zij anneau que naissent les nerfs qui vont aux diverses parties, il fournit six nerfs de chaque côté pour les 3iiâchoires et les cinq pattes, et il j en a un onzième ou impair qui vient de la partie posté- rieure et se rend dans la queue. Il représente, pour ainsi dire , le cordon noueux ordinaire j mais ses ganglions, shl en a, ne sont point visibles. C. Dans le cloporte {oniscus ase Uns) ^ les deux cordons qui composent la partie moyenne du système nerveux ne sont pas entièrement rapprochés. On les distingue bien dans toute leur étendue. Il y a neuf ganglions sans compter le cerveau j mais les deux preiniers et les deux derniers sont si rap- prochés qu’on poiirroit les réduire à sept. D. Dans les monocles. Nous ne connoissons point le système nerveux du crabe des Mohiqiies ( limulus gigas , Fab. ^ monoculus poljphernus ^ Lin.) ; mais celui de l’apus (^monoculus apus , Lin.) est si peu distinct que cette particularité , jointe à quelques autres de son organisation , nous porteroit presque à ranger cet animal dans la classe des vers articulés. Le cerveau est un petit globule presque trans- parent, situé soûs l’intervalle des yeux. Le cordon médullaire est double et a un renflement à cha- cune des nombreuses articulations du corps .j mais le tout est si mince et si transparent qu’on a peine a s’assurer de la véxdtable nature de cet organe. 3i8 Xr Leçon. Nej'fs des an. sans vertèh^ ARTICLE V. Cerveau et nerfs des larves d’insectes, A. Coléoptères, Larve du monocèros ( scarah, Jiasicornis ). Nous décrirons en particulier les nerfs de cette larve, parce qu’ils diffèrent essentiellement, par leur distribution , de ce qu’on observe dans les autres coléoptères. Le cerveau est situé sous la grande écaille qui recouvre la tête immédiatement au dessus de l’ori- gine de l’oesophage. Il est formé de deux lobes rapprochés qui sont très-distincts en devant et en arrière. De la partie anterieure partent quatre nerfs, deux de chaque côté, qui vont se perdre dans les barbillons et dans les parois de la bouche. Des parties latérales et un peu postérieures de ce cerveau sort une paire de nerfs qui , embras- sant l’œsophage, se reporte en dessous pour for- mer le cordon nerveux que nous décrirons tout- à-Flieure. De la face inférieure du cerveau , ou de celle qui appuie sur Foesophage , naît une autre paire de nerfs qui se portent d’abord en devant, puis se recourbent en dedans et au dessus de la ligne inoyenne et siipi^ieure de l’œsophage, en s’ap- prochant Fun de Faulre. Lorsqu’ils sont en contact, Art. V. Nerfs des larves. 5jg îîs se réunissent et forment mi petit ganglion qui produit un nerf unique, lequel continuant de se porter en arrière, passe au dessous du cerveau, suit Toesopliage jusqu’à Festomacj arrivé là, il se renfle de nouveau en un ganglion qui produit quelques petits nerfs destinés à l’estomac, et un plus considérable qui continue de suivre la^ lon- gueur du canal intestinal. On en voit sortir d’es- pace en espace des filets latéraux qui se perdent dans les tuniques de ce tube. Ce nerf est analogue à celui que Lyonnet a décrit sous le nom de re- current dans la chenille du cossus. La moelle épinière , que nous avons vu être produite par la paire de nerfs postérieurs du cer- Teau , est fort grosse à son origine ; elle forme, un gros ganglion fusiforme qui peut avoir o,oo5 de longueur sur un demi-millimètre de largeur. On remarque dans sa partie antérieure quatre ou cinq étranglemens , mais si rapprochés qu’ils ne paroissent que comme des sillons transversaux. La partie postérieure de ce ganglion est lisse. Des parties latérales de ce gros ganglion, qui dépasse de très-peu le troisième anneau du corps , partent en divergeant un très-grand nombre de filets nerveux. Leux qui sont plus près de la tête remontent un peu; ceux qui viennent ensuite sont presque transverses ; enfin , ceux qui suivent se portent de plus en plus en arrière. La longueur de chacun d’eux est en raison de leur distance de la 5so XP Leçon. Nerfs des an. sans Veitch. partie antérieure de ce ganglion, de sorte que les deux filets les plus posléiieurs sont aussi les plus longs. 2°. Les nerfs de la larve du cerf volant lucaniis cervus ) sont très - différens de ceux de la larve ' du scarabée nasicorne, quoique ces insectes soient trés-rapprocliés par leur genre. Le cerveau e.st composé de deux lobes contigus presque sphériques ; ils produisent quatre nerfs en avant pour les antennes et les parois de la bouche. Deux en dessous, qui se portent en devant pour retourner ensuite eu arrière , passent de nouveau sous le cerveau , et forment le nerf qu’on désigne sous le nom de récurrent ^ enfin, deux nerfs en arrière, qui forment un collier autour de l’oesophage et se rejoignent en dessous pour produire le cordon nerveux du corps. Ce cordon est formé de huit ganglions qui s’éten- dent jusqu’au neuvième anneau du corps. Ces ganglions sont à des distances differentes les uns des autres 5 ils sont joints entre eux par des cor- dons nerveux très-grèles et rapprochés. Le premier ganglion du coté de la tête est très- gros , .presque sphérique 5 il est suivi presque immédiatement du second qui est de moitié plus petit , et qui n’en est distinct que par une espèce d’étranglement. Du premier partent de chaque coté quatre paires de nerfs : l’une remonte dans la tête ; les trois autres se perdent en divergeant dans les muscles du ventre et dans ceux qui üieuvcnt la jlcte, Lo second ganglion, outre les Art. V. Nerfs des larves. 521 0 deux nerfs qui Funissent à celui qui suit , en pro- duit deux autres qui se portent aussi en arrière et qui se perdent dans les muscles du quatrième anneau. Le troisième ganglion et les suivans jusquW liuitième sont semblables au second, avec cette dilîèrence qu’ils sont beaucoup plus distans les uns des autres, et que plus ils descendent , plus les iiiets qu’ils produisent deviennent longs 5 en- fin , le liuitiême et le neuvième ganglion sont tellement rapprochés qu’ils semblent n’en faire qu’un seul, dans la partie moyenne duquel on îi’apperçoit qu’un petit étranglement. Il sort de ce double ganglion trois paires de nerfs qui sont très-alongés et qui se portent jusqu’aux environs de l’anus. 5®. Les nerfs des larves de capricorties ^ ^hydro- philes ^ de carabes et de staphy lins étant à peu près les mêmes, nous ne les faisons connoître que pour l’une d éliés^ et nous prenons pour exemple celle du grand hydrophile {hydrophilus piceus). Le cerveau se trouve ^lacé dans la tête au dessus de l’origine de Fœsopliage : il est formé de deux lobes très-rapproçîiés. De sa partie antérieure il donne des filéts aux palpes, aux antennes et aux parois de la bouche. De ses parties latérales partent deux cordons qui entourent l’œsophage , et qui sont l’origine du cordon nerveux situé au dessous. Il est probable qu’il naît aussi de sa partie inférieure 022 XI® Leçon. Nerfs des an. san$ verièh, des nerfs récurrens ; mais nous n’avons pas encore pu les découvrir. Le cordon nerveux est composé de dix ganglions qui produisent chacun trois paires de nerfs, lesquels vont se perdre dans les muscles sans donner dis- tinctement aux intestins : ce qui fait croire qu’il y a un nerf récurrent. Le premier ganglion est fort gros ; il se pro- longe en arriére par deux filets nerveux assez distans l’un de l’autre. Le second est à peu près semblable ; mais le troisième est très - rapproché du quatrième, qui ne donne qu’un seul filet en arrière. Tous les autres jusqu’au dixième, n’offrent aucune particularité. Ce dernier a un étrangle- ment sensible ; de la première portion de l’étran- glement sort de chaque côté un filet unique, et de la seconde trois paires j de manière que de ce dernier ganglion il naît quatre paires de nerfs. La der- nière paire est destinée aux rudimens des parties de la génération, qut sont très-distinctes dans ces larves , lorsqu’elles approchent de leur derniei> terme d’accroissement. 4®. Le cerveau de la larve du ditisque horde {dy~ tiscus marginalis. L. ) est sphérique , composé d’un .seul lobe situé dans la télé au dessus de l’origine de l’oesophage. De sapartie antérieure pai tentquelques filets nerveux pour les parties de la bouche , et de ses parties latérales, deux nerfs qui sont les optiques. Ceux-ci sont composés de deux parties très-distinctes par la forme. La première portion , Art. V. Nerfs des larves. 32o ou celle qui tient au cerveau , est de forme ovale , plus pointue par Fextrémité qui tient au cerveau. L’autre extrémité, qui est arrondie, produit un nerf grêle , lequel se rend directement à l’œil. Il est à peu près de même grosseur dans toute son étendue^ mais il se renfle, à son extrémité libre, en un bulbe d’où partent les filets nerveux de TœiL Les deux cordons qui embrassent l’œsopbage sont courts et gros ; ils viennent de la face infé- rieure du cerveau et se réunissent immédiatement au dessous de l’œsophage en un gros ganglion, de figure carrée , qui produit en devant les nerfs des mandibules, et en arrière deux cordons qui se portent de la tête dans le corselet. C’est entre ce premier ganglion de la moelle nerveuse et le second qu’est la plus grande dis- tance ; elle est plus du double de Celle qui existe entre les deux suivans. Le second ganglion est arrondi ; il produit latéralement deux paires de nerfs : l’antérieure , pour les muscles qui agissent sur la tête ; la postérieure , pour ceux qui meuvent les pattes antérieures. En arrière sont deux cor- dons qui se portent dans la poitrine. Le troisième ganglion est en tout semblable au second; il fournit des nerfs à la paire de pattes intermédiaires. Le quatrième ganglion est aussi produit par les deux cordons qui viennent du précédent; il est situé sur l’union de l’abdomen avec la poitrine; il est plus large que long; il produit latéralement deux X ^ 024 XP Leçon. Nerfs des an» sans vertèh. paires de nerfs qui , parallèlement transversales y se perdent dans les muscles. Les huit autres ganglions sont tous grouppés les uns à la suite des autres et laissent entre eux un si petit intervalle qu’à peine peut-on y apperce- voir les deux filets nerveux qui les unissent. Ils vont aussi en décroissant de grosseur sans dimi- nuer de largeur à mesure qu’ils se portent en arrière. Tous fournissent latéralement une paire de nerfs très-longue et flottante dans l’abdomen, qui, pour la plupart, se terminent dans les muscles qui meuvent les anneaux. On en voit cependant une paire se porter dans les parties qui sont les rudimens de celles de la génération. B. Orthoptères et hémiptères» Les nerfs des larves d’insecles orthoptères et hémiptères ne présentent point de différence sen- sible avec ce qu’on observe dans leurs insectes j^arfaits : nous ne les ferons donc coniioître qu’en déciûvant ceux-ci. C. Hyménoptères» Dans la larve d’une mouche d scie ( ten^ thredo y Lin.}, dont la tète est grosse, large et munie d’yeux , le cerveau est très-large et court j il semble formé de quatre bulbes presque sphé- riques et d’égale grosseur. Les deux extérieurs servent de base aux nerfs optiques , qui sont grêles et qui se renflent peu à leur autre extrémité. Art. V. Nerfs des larves, 5^5 Le premier ganglion est produit par deux très- petits nerfs qui viennent de la partie inférieur© du cerveau , et qui , après avoir embrassé Foeso- phage , se réunissent sur le premier anneau du corps; il fournit aux muscles des pattes, et se ter- mine en arrière par deux autres nerfs qui, à une ligne de distance , produisent un second ganglion et ainsi de suite. Le cordon nerveux est ainsi foi"- mé de onze ganglions sans compter le cerveau. Plus les ganglions s’éloignent de la tète, plus ils diminuent de grosseur : ils sont tous à peu près de forme arrondie. D. Névroptères, Dans la larve du fourmi-lwn ( myrràeleon for- j^iicarium) , le système nerveux a quelques rapports avec celui des larves des diptères , que nous dé- crirons par la suite. Il y a un cerveau situé dans la tète ; il produit les nerfs analogues à ceux que nous avons déjà fait connoître pour les autres insectes. La moelle nerveuse est composée d’abord de deux ganglions , composés eux - mêmes de deux lobes rapprocliés. Ces deux premiers ganglions sont séparés des autres et contenus dans la partie qui correspond aux pattes ou dans le thorax. Le reste de la moelle épinière se trouve ren- fermé dans l’abdomen : c’est une suite de huit ganglions extrêmement rapprochés , formés chacun de deux lobes : le premier est de près du double ■ X 5. 52G XP Leçon. Nerfs des an. sans vertèh. plus gros que les sept autres. Cette série de ganglions ressembie , à i’œil , à Fextrcmité de Ja queue du serpent à sonnettes. Le dernier est arrondi et non didyme ; les autres sont plus larges que longs-. Tous ces ganglions fournissent des nerfs aux muscles. Il est probable que cette dis- position et ce rapprochement des ganglions sont dus aux changemens qui doivent arriver à l’insecte au moment de sa métamorphose, parce qu’alors son abdomen occupe six fois plus d’espace que dans l’état de larve. En effet dans les névroptères , dont la larve est à peu près aussi alongée que l’insecte parfait, les ganglions sont séparés comme à l’ordinaire. La larve de V éphémère en a onze, sans compter le cerveau , qui donne deux gros nerfs optiques. Trois ganglions sont dans le thorax et sept dans l’abdomen. Les six premiers de tous donnent plus de nerfs que les cinq derniers. Les larves de demoiselles ont un petit cerveau bilobé qui produit des nerfs optiques plus ou moins grands selon les espèces. Le genre àe^saésnes est celui qui les a les plus grands. Le reste du £3^stême consiste en une suite de ganglions de gran- deurs inégales. Dans les a'èsnes ^ le corselet en contient six, dont les deux derniers sont les plus gros de tous. Il y en a sept petits et égaux entre eux dans l’abdomen. Art, V. Nerfs des larves. 027 E. Lépidoptères. Le système nerveux des chenilles consiste en une suite de treize ganglions principaux qui four- nissent des filets à toutes les autres parties du corps. Le premier de ces treize ganglions est situé dans la cavité de la tête. Il est couché au dessus de roesophage et tient lieu de cerveau. Il paroît formé en dessus par la réunion de deux tuber- cules arrondis 5 en dessous, il est concave et cor- respond à la convexité de Toesophage. Ce ganglion communique avec le reste du cordon nerveux par deux gros filets qui embrassent l’œso- phage et qui vont shiiiir en dessous à la partie antérieure et latérale du ganglion suivant 5 il pro- duit en outre huit paires de nerfs. La première s’unit en partie à d’autres filets , en produit quelques-uns pour l’œsophage , et forme au dessous de la lèvre supérieure plusieurs gan- glions très-remarquables. Le plus gros et le plus postérieur , que Lyonet a nommé premier gan^ glion frontal y se prolonge en arrière en un gros nerf récurrent qui suit toute la longueur du corps du côté du dos. Ce nerf récurrent donne des filets à l’œsophage et à ses muscles. Il pénètre dans le vaisseau dorsal, et en ressort ensuite pour glisser le long de l’œsophage jusqu’à l’estomac. Ce nerf produit*, de distance en distance , des filets très- X 4 528 XF Leçon. Nerfs des an, sans' vert èh, solides qui maintiennent l’œsophage attaché à \bL peau du dos. Outre le nerf récurrent dont nous venons de parler , il sort du ganglion frontal postérieur plu- sieurs filets pour les muscles de l’œsophage , et deux pour le second ganglion frontal , duquel partent encore plusieurs filamens pour l’œsophage , efc sur-tout un très-remarquable, qui, par son ren- flement presque subit,, constitue le troisième gan- glion frontal qui fournit encore plusieurs filets à l’œsophage. La seconde paire de nerfs du cerveau paroîf principalement destinée à l’antenne , quoiqu’elle fournisse à plusieurs autres parties voisines. . La troisième paire se termine spécialement dans l’antenne et dans les muscles qui la meuvent. La quatrième paire est propre à l’œil de chaque coté; elle suit la bronche qui s’y rend, et se partage en six branches qui pénètrent dans cha- cun des six yeux qui, par leur réunion, forment celui de la chenille La cinquième se porte un peu en arrière, où elle se partage en deux brandies : l’une , posté- rieure , pour les muscles adducteurs de la mâ- choire ; l’autre , antérieure , qui se perd dans les membranes qui recouvrent les écailles du front.^ La sixième et la septième paire se réunivssent pour former un ganglion , duquel partent beau- coup de filets pour l’œsophage et ses muscles. Art. V. Nerfs des larves. 52g Enfin, la dernière paire du cerveau se perd entièrement sur une bronche. Mais, outre ces nerfi? produits par le ])reniier ganglion nerveux, il en naît plusieurs^ autres que nous ne ferons qu'indiquer. D’abord on voit qu’il produit beaucoup de*fiîamens pour le canal dorsal; ensuite un filet assez long qui se termine sur les bronches entre le second et le troisième ganglion; enfin , un anneau nerveux qui embrasse l’oeso- phage en dessous , comme une sangle , en lui donnant beaucoup de filets. Le second ganglion est intimement uni avec le troisième , et n’en est distingué que par un étran- glement. Les nerfs qui provienent xle la partie an- térieure paroissent produits par le premier gan- glion, comme ceux qui sont produits par la partie postérieure semblent iiaitre du troisième. Outre les deux filets qui font le collier autour de l’œsopbage , et qui unissent le premier gan- glion avec le second, celui-ci a quatre paires de nerfs très-distincts. La plus antérieure se dirige en devant jusqu’à la bouche; mais dans son trajet elle se partage en deux branches : l’une, qui se termine dans la langue et dans les parties voisines ; l’autre qui se porte sur les parties latérales, où elle se subdivise pour donner des filets à la mandibule, à la mâchoire, à la lèvre supérieure en communiquant avec 1© premier ganglion et avec le second du front. La seconde paire se porte à la mâchoke; mai,s 53o XI® Leçon. Nerfs des an. sans vertèb. il s’en détache beaucoup de filets pour les muscles et les parties voisines. La troisième paire est destinée à la filière et à ses muscles. Elle fournit dans son trajet beaucoup de filets aux vaisseaux soyeux et aux muscles de la tête. La quatrième paire naît près de l’étranglement qui indique la réunion des deux ganglions entre la tête et le premier anneau. Elle se perd en partie dans la graisse , dans la peau du col et dans les muscles qui s’insèrent à la tête. Le troisième ganglion, qui, comme nous l’avons indiqué, est uni au second, ne produit que trois paires de nerfs , dont l’une ^ la postérieure , n’est que la continuation du cordon nerveux des deux autres paires ; l’antérieure se perd entièrement dans les muscles et dans la peau. La paire inter- médiaire se distribue aussi à cette partie; mais elle donne principalement aux muscles qui meuvent les articulations de la jambe. Nous avons déjà dit que chacun des ganglions communique avec celui qui précède ou qui suit par deux filets qui sont distincts dès leur origine, ou qui sont la bifurcation d’un tronc unique. Du milieu de cette bifurcation, depuis le troisième ganglion jusqu’au onzième, il naît un autre petit nerf, que Lyonet a nommé bride épinière. Ce nerf impair est situé dans la ligne moyenne; il se partage bientôt en deux branches qui sui- vent les divisions des bronches et pénètrent avec Art. y. Nerfs des larves. 53 1 quelques - unes, d’elles dans le vaisseau longi- tudinal. Le quatrième et le cinquième ganglion produisent un même nombre de nerfs dont la distribution est aussi à peu près semblable. Leur paire antérieure fournit aux muscles et à la peau des anneaux auxquels elle correspond. L’intermédiaire donne aux muscles de la jambe plus particulièrement. Le sixième ganglion , qui correspond au qua- trième anneau du corps , donne aussi deux paires de nerfs qui se distribuent aux muscles et à la peau. Les cinq ganglions siiiyans se distribuent à peu près de la même manière. Le douzième ganglion et le treizième , qui est la terminaison du cordon nerveux, sont très-rap- prochés l’un de l’autre quoique distincts. La dis- tribution des nerfs que produit le premier n’offre rien de remarquable ^ mais ceux que fournit le second sont très-alongés , parce qu’ils sont destinés aux derniers anneaux , dans la peau et les muscles desquels la première paire se perd en partie. La seconde paire ne se subdivise que lorsqu’elle est parvenue dans le dernier anneau 5 elle produit là un plexus dont beaucoup de filets se portent sur le gros intestin. Le tronc paroît se terminer sur les parois du rectum vers sa terminaison. 352 XP Leçon. Nerfs des an. sans verieh^ F* jDiptères. Les nerfs de la larve du stratyomys ont quelques rapports avec ceux de la larve du scarabée nasi- corne. Le cerveau est formé de deux lobes rapprochés presque sphériques 5 il est situé au dessus de Foeso- phage à la hauteur du second anneau du corps. De sa partie antérieure sortent beaucoup de petits filets nerveux qui se distribuent aux parois de la bouche, aux mandibules et à toutes les parties voisines. Ces nerfs sont très-distincts, sur-tout ceux qui s’écartent davantage de la ligne moyenne. la partie postérieure de ces deux lobes qui forment le cerveau naissent deux très-gros cordons, qui embrassent l’œsophage et qui sont l’origine de la moelle nerveuse. Ce cordon nerveux est très - court et d’un dia- mètre de près de moitié moindre que celui du cerveau ; il est formé de onze ganglions très-rap- prochés , qui produisent chacun une paire de nerfs. (4s nerfs se portent directement en arrière. C’est à tort que Swammerdam a représenté ce cordon contourné en queue de scorpion , et ne produisant des nerfs que du côté gauche seulement. Il est vrai que ceux qui naissent du côté droit sont pai’allèles au cordon , tandis que ceux du côté gauche s’en écartent davantage. Les ganglions ainsi rapprochés sont au nombre de onze et dans une direclioa Art. V. Nerfs des larves, 555 droite. Les nerfs qu’ils produisent sont très-alongés 5 ils se perdent dans les muscles. Les nerfs du ver du fromage ( musca putris. Lin.) sont fort curieux quant à la manière dont ils se distribuent. Le cerveau est placé immédiatement au dessus de l’origine de l’œsopliage derrière la tète. ïi est très-gros en proportion du reste du corps 5 il est arrondi en arrière et échancré en devant comme s’il étoit formé de deux lobes. De la partie antérieure sort une paire de nerfs qui se porte en avant pour se distribuer aux parties de la bouche, et aux parois mêmes de cette cavité. Il est à remarquer que ces nerfs éprouvent un renflement très-sensible avant de se distribuer aux parties. En arrière , le cerveau présente une ouverture par laquèlle passe l’œsophage. La partie nerveuse située sur ses cotés pourvoit être regardée comme les cordons qui produisent la moelle et tout ce qui se trouve au dessous de i’œsopliage comme la moelle elle-même. De l’origine de la pioelîe nerveuse sortent deux paires de nerfs qui se reportent en avant et qui se distribuent principalement aux viscères et à quelques-uiïs des muscles des anneaux antérieurs. La troisième paire de nerfs que produit cette moelle est la plus remarquable j elle provient de la partie qui correspond à peu près au troisième ganglion. Nous disons à peu près , parqe que 554 XP Leçon. Nerfs des an, sans vertèh, dans cet insecte les ganglions sont tellement rap- prochés les uns des autres , que la moelle ne semble en faire qu’un seul , à la surface du- quel on apperçoit seulement douze rides trans- versales qui indiquent le nombre des ganglions. Cette troisième paire s’étend presque transversa- lement. A quelque distance de sa séparation , elle se renfle en un ganglion , et puis se partage en plusieurs filets : ce sont ces ganglions que Swam- merdam présume être destinés aux muscles des ailes quand elles existeront dans l’insecte. De chacun des autres étranglemens part une autre paire de nerfs destinés aux muscles du corps. Ces nerfs ne présentent au reste . rien de parti- culier. ARTICLE VI. Cerveau et nerfs des insectes pa? faits, A, Coléoptères, \\ Da NS le cerf-volant {lucanus cervus) ^ on trouve, comme dans sa larve un cerveau com- posé de deux lobes sphériques rapprochés , situé au dessus de l’oesophage. De sa partie antérieure naissent deux petits nerfs qui se terminent dans les palpes et autres parties de la bouche. Il est probable qu’il doit y avoir un nerf récurrent; mais jusqu’ici il a échappé à nos recherches. Art. VI. Nerfs des insectes. Z'55 Sur les parties latérales du cerveau se voient deux ganglions presqu’aussi gros que chacun des lobes j ils ont la forme d’une poire et sont appuyés par leur base sur le cerveau ; ils se prolongent pres- que transversalement en un gros nerf destiné en grande partie pour l’œil. Avant d’y arriver, on en voit se détacher d’abord un blet grêle qui entre dans la grande mandibule; puis, plus extérieurement, un autre filet un peu plus gros^ qui pénètre dans la cavité de l’antenne; enfin, le nerf lui-même , parvenu à l’œil, se renfle de nouveau en un bulbe , duquel partent une infinité de petits nerfs que nous décrirons en traitant de l’œil. En arrière , le cerveau produit deux petits nerfs très-grêles et très-longs qui suivent la longueur de l’œsophage jusqu’au point d’union de la tête avec le thorax, immédiatement au dessus du condylc articulaire r alors les deux nerfs situés au dessus de l’œsophage produisent un ganglion de forme alongée ovale , duquel naissent plusieurs filets ner- veux qui se rendent aux muscles qui meuvent les mandibules et à ceux qui agissent sur la tête. Ce ganglion se termine en arrière par deux nerfs parallèles qui , arrivés au milieu du thorax au dessus de l’attache des deux paires de pattes , forment un second ganglion de figure hexagone. Celui-ci fournit des filets aux muscles des pattes et se termine aussi en arrière par deux nerfs grêles et parallèles qui se prolongent jusqu’au dessus de Funion du corselet avec la poitrine; ils pro- 556 Xr Leçon. Nerfs des an, sans verteh. daisent là un troisième ganglion qui a la forme d’un croissant dont la convexité est en arrière. De cette convexité partent deux autres nerfs "qui produisent presque de suite un autre ganglion de même forme , mais moins large. Celui-ci produit cinq nerfs : deux latéraux , destinés aux muscles des pattes intermediaires , dans la îicinclie desquelles on les voit entrer; en arrière ^ deux grêles, qui vont se distiibuer dans les muscles des pattes postérieures et des ailes ; le cinquième est situé dans la ligne moyenne : il est aussi plus gros. Presqu’aussitèt il se renfle en un ganglion de figure olivaiie, qui se partage en ariière en deux filets extrêmement grêles , qui se portent dans rabdomen en formant comme un pont dans la poitrine , où ils sont placés dans la ligne moyenne que laissent enli e eux les muscles des pattes et des ailes de l’un et de l’autre coté. 2”. Le scarabée monocéros ( scarabœus na- sicornis. Lin. ) diiTère sous l’ètat parfait de ce que nous ayons observé dans sa larve par rap- port aux nerfs. Les nerfs optiques , qui sont ici fort distincts et assez gros , se rendent à l'œil , dans lequel 011 les voit pénétrer par une inimité de blets quand on fait une coupe liorizontale de cet organe. Le cordon nerveux offre une variation bien sensible , Dans la larve , il n’y avoit qu’un seitl gangtion; ici, il y en a plusieurs de très-distincts. Art. VI. Nerfs des insectes, Le premier est situé au dessus du condyîe; il provient des deux filets postérieurs du cerveau , et donne aux muscles qui meuvent la tête sur le corcelet. De sa partie postérieure partent deux filets qui se portent dans la poitrine , s’y réunissent vers la partie moyenne et forment un ganglion triangulaire. De ses bords latéraux naissent trois paires de nerfs qui se distribuent dans les muscles. De son angle postérieur partent deux nerfs parallèles qui se portent dans la poitrine pour former un trr)i- sième et un quatrième ganglion très - rapprochés Fun de l’autre , et qui paroissent divisés en deux lobules qu’indique un sillon longitudinal. C’est de ces deux ganglions que partent tous les autres nerfs du corps par irradiation, absolument de la même manière que dans la larve. 4®. Le système nerveux est entièrement semblable dans les dytisques et dans les carabes. Le cer- veau est formé de deux gros hémisphères séparés entre eux par un sillon longitudinal. De la partie antérieure sortent les nerfs de la bouche et des parties latérales ceux des yeux et des antennes. Ceux des yeux sont courts et diffèrent beaucoup de ceux des lucanes : ils sont de forme pyramidale. Leur base correspond à Fœil , et leur sommet au cerveau. Nous n’avons pas vu de nerfs récurrens. Les deux filets qui produisent le cordon nerveux partent du cerveau , non en arrière, mais en dessous à côté des nerfs optiques. Ils sont très -courts^ parce qu’ils se portent directement au dessous 2 Y: 338 XI® Leçont. Nerfs des an. sans vertèb. de l’œsophage. Us donnent quelques filets aux muscles et à l’œsophage. ^ Le premier ganglion qu’ils forment est situé sous une espèce de pont de matière cornée , situé dans la partie moyenne de la tête, et qui donne attache aux muscles des mâchoires; il est de forme alongée et quadrangulaire; il occupe à peu près tout l’es-' pace qui correspond au condyle, au dessus duquel il est situé. — ^ Il se termine en arrière par deux filets qui marchent parallèlement , et qui viennent former un second ganglion dans la partie moyenne du cor- selet. (^elui-ci fournit des nerfs aux muscles des pattes antérieures : on les voit entrer dans la cavité des hanches. Le troisième ganglion est comme hilobé , ou formé de deux bulbes ovalaires , dont runion se distingue par un sillon longitudinal. Ce ganglion est situé longitudinalement au dessus du bord an- térieur inférieur de' la poitrine ; il fournit aux muscles des pattes intermédiaires. . Le quatrième ganglion est très-près du précé- dent ; il est de forme arrondie , et fournit aux muscles des pattes postérieures et des ailes. Le cinquième et le sixième ganglion sont à très- peu d’intervalle l’un de l’autre; ils sont de forme arrondie; ils fournissent aux muscles qui meuvent rabdomen sur la poitrine. Le reste de la moelle épinière est une suite de cinq ganglions j tellement rapprochés les uns des Art. Vî. Nerfs des insectes. 35g autres, qu’ils semblent n’en former qu’un seul à la simple vue ; mais à la loupe on les reconnoit très distinctement : on apperçoit ' même** les deux filets que chacun d’eux produit pour former le suivant. ^Le cinquième ganglion présente un sillon 'transversal qui sernble indiquer la réunion de deux. Cette fin de la moelle épinière est comme flottante dans la cavité abdominale , mais au dessus des intestins. , 5°, Dans le grand hydrophile ( hydrophilus pU cens. Lin. ) , le cerveau situé dans la tête et Ru dessus de l’origine de l’cesophage est composé d® deux bulbes sphériques accolés. Des parties laté- rales partent les nerfs optiques qui se prolongent jusqu’aux yeux sans changer de diamètre, mais qui se terminent là par un bulbe triangulaire qui produit extérieurement une infinité de filets. De la partie antérieure du cerveau dn voit sortir quelques filets destinés aux parties de la bouche ; on y remarque aussi un petit ganglion sphérique qui paroit appartenir au nerf récurrent qui suit l’oesophage. Inférieurement naissent deux filets qui doivent produire le cordon médullaire. Ils embrassent l’œso^ pliage dans leur écartement, et se réunissent im- médiatement au dessous et encore dans la cavité de la /tête pour former un petit ganglion, duquel partent les nerfs qui sont destinés aux muscles des mandibules et des palpes. Deux cordons nerveux proviennent de la partie y ^ 54o XF Leçon. Nerfs des an. sans vertèh. postérieure de ce premier ganglion; ils se glissent presqu’aussitôt après leur naissance sous un arc corné qui est produit par la face interne de la ganaclie : on les voit reparoître par derrière et se porter dans le corselet. Ils produisent un second ganglion positivement dans sa partie moyenne; il est de figure quadran- gulaire. Aux angles antérieur et postérieur sont les nerfs de la moelle , et par les latéraux sont produits ceux destinés aux muscles des pattes an- térieures. L’intervalle compris entre le second et le troi- sième ganglion de la moelle , non compris le cer- veau, est très-grand. Ce troisième ganglion corres- pond à Finsertion des pattes intermédiaires. Il est gros et de forme arrondie ; il fournit des nerfs aux ailes et à la paire de pattes intermédiaires. En arrière, il produit deux cordons qui, à une demi-ligne au plus de distance, se renflent et for- ment un quatrième ganglion presqu’aussi gros que le précédent , qui fournit de sa partie infé- rieure beaucoup de filets nerveux pour les gros muscles des pattes postérieures qui sont spéciale- ment destinées à nager. Deux autres cordons très- courts, produits par la partie postérieure de ce ganglion, se renflent en un cinquième, moitié moindre, duquel part en arrière un cordon unique. Celui-ci se glisse dans une espèce de gouttière longitudinale pratiquée au dessus de l’appendice corné , qui donne attache aux muscles des hanches Art. VI. Nerfs des insectes. 54 1 et que nous ayons décrit dans le premier vo- lume. A la partie postérieure et évasée de cet appen- dice paroît un sixième ganglion; puis, à quelque distance, et positivement au dessus de Tunion de l’abdomen avec la poitrine , un septième. De ces deux ganglions il ne part qu’une seule paire de nerfs qui sont destinés aux muscles. Il n’y a que deux ganglions dans l’abdomen : l’un correspond à la partie moyenne du second anneau ; l’autre, qui est le dernier et le neuvième^ est situé au dessus de l’union de ce second segment avec le troisième. L’avant-dernier ganglion est en tout semblable aux deux précédens ; mais le neu- vième est de moitié plus gros et produit en arrière quatre paires de nerfs , qui se portent et vont se distribuer de l’un et de l’autre ooté dans les parties de la génération. B. Orthoptères, Dans la blatte d^ Amérique ( hlatta Ameri- cana ) , le cerveau est composé de deux lobes séparés par une échancrure très-distincte en de- vant. Les nerfs optiques naissent sur les côtés, et sa partie antérieure donne quelques filets aux parois de la bouche et aux instrumens de la man- ducation. Les cordons nerveux qui produisent la moelle viennent de sa face inférieure; ils se portent di- rectement en dessous en embrassant étroitement Y 5 54s XP Leçon. Nerfs des an. sans verieh. l’oesophage ; ils se portent ensuite parallèlement , mais très-distincts l’nn de l’autre, vers le corselet. Quand ils sont arrivés à sa partie moyenne , ils forment un ganglion très-gros , duquel partent trois paires de nerfs latéraux et une postérieure. Des latéraux, les pjemiers remontent obliquement vers la tête pour fournir aux muscles qui la meuvent sur le thorax et qui agissent sur les antennes et sur les parties de la bouche. Les autres donnent aux muscles de la première paire de pattes. Les nerfs postérieurs se portent parallèlement en arrière. Au milieu de la poitrine ils produisent un ganglion plus considérable encore que le second. Celui-là fournit latéralement les nerfs des pattes intermédiaires et postérieures, ainsi qu’aux muscles des ailes; il produit aussi en arrière deux cordons qui, pa] leur réunion sur la jonction de l’abdo- men avec la poitrine, forment un quatrième gan- glion qui est couché sur une avance de substance cornée qui donne atiache aux muscles des hanches. Après ce quatrième ganglion il n’y a plus qu’un seul nerf qui, d’espace en espace, produit quelques petits reullemens : on en compte cinq. Chacun d’eux pioduit une paire de nerfs pour les muscles des anneaux de 1 abdomen. Le cinquième est le plus gros; il produit en outre deux nerfs qui se rami- fient dans les parties voisines de l’anus. Dans la sauterelle d sabre ( locusta inridis- sima. Lin. ', ‘e cei veau situe dans la tête au dessus de l’oesophage est formé de deux lobes qui ont la Art. VI. Nerfs des insectes, 545 forme de poires; ils sont accolés par leur base, et se prolongent par leur sommet en un nerf optique qui va se rendre dans Fœil de l’un et de l’autre côté. De la partie antérieure partent encore deux nerfs , de forme pyramidale , dont la base pose sur le cerveau. De la pointe naissent quelques filets qui se perdent dans la mandibule^ la mâchoire et sa galette, ainsique dans la lèvre" supérieure. Entre ces deux nerfs antérieurs^ on voit un petit ganglion qui provient de la réunion de deux filets de la face inférieure du cerveau. C’est le nerf récurrent qui suit le canal intestinal. En arrière , et un peu au dessous , naissent les deux cordons qui sont l’origine de la moelle ner- veuse ; ils embrassent l’oesophage , au dessous duquel ils se portent directement et forment un ganglion. Ce premier ganglion est protégé et recouvert d’une espèce de pont de substance cornée , de cou- leur rougeâtre ; il fournit aux muscles de la tête, dans laquelle il est encore renfermé , ainsi qu’à ceux de la bouche. En arrière, il produit deux longs cordons nerveux qui pénètrent dans le cor- selet. Environ vers la partie moyenne du thorax, et au devant de l’appendice, qui donne attache aux muscles des hanches de la paire des pattes anté- rieures ces deux cordons s’unissent et forment un gros ganglion , composé des deux lobes et irrégulièrement quadr angulaire , dont les côtés Y 4 544 XP Leçon. Nerfs des an, sans vertèh. produisent plusieurs filets pour les muscles des pattes de devant. De la partie postérieure de ce second ganglion de la moelle naissent deux filets qui pénètrent dans la poitrine. Entre ces deux filets passent des ap- pendices solides des hanches qui donnent insertion aux muscles. Ces filets forment un troisième gan- glion qui correspond à Fintervalle moyen compris entre les pattes intermédiaires. Ce ganglion donne aux muscles des ailes et des pattes. Le quatrième ganglion est aussi contenu dans la poitrine , situé au devant et entre la paire de pattes postérieures 3 il est produit par deux cordons nerveux du ganglion précédent, et donne en arrière deux autres cordons si rapprochés, qu’ils paroissent à la vue simple n’en former qu’un seul. Ce nerf est reçu et caché dans une espèce de gouttière longitudinale , pratiquée au dessus de la pièce trian- gulaire qui donne attache aux muscles des pattes. Les autres ganglions , qui sont tous situés dans l’abdomen, sont au nombre de six. Ils sont tous, à l’exception du dernier , de même grosseur et de même forme, à égale distance, et produits par deux cordons semblables, très-rapprochés entre eux. Ils donnent chacun deux paires de nerfs pour les muscles des anneaux du ventre. Le dernier ganglion de la moelle , ou le dixième , est de moitié plus gros que les cinq précédens ; il est situé au dessous des parties de la génération , auxquelles il se distribue par quatre paires de filets. 545 Art. VI. Nerfs des insectes. Dans la courtillière ( acheta gryllo - talpa ) ^ le cerveau est aussi formé de deux lobes arrondis et sur-tout très-distincts en arrière. On en voit sortir visiblement le nerf des palpes , des antennes, des yeux lisses et des yeux pro- prement dits. En général , les nerfs de la moelle épinière sont semblables à ceux de la blatte. Les deux premiers ganglions sont produits par deux nerfs : le premier , qui est dans le corselet, fournit aux muscles de la tête , de la poitrine et des pattes antérieures ; le second , qui est plus gros et dans la poitrine , donne à ceux des ailes et des pattes intermédiaifes et pos- rieures. Il fournit encore deux nerfs en arrière qui produisent le premier ganglion abdominal j mais dès-lors le cordon est unique , applati comme un ruban , sur la longueur duquel on ne compte que quatre ganglions , situés à des distances diffé- rentes les unes des autres. Chacun d’eux produit deux paires de nerfs qui se portent en arrière pour se distribuer dans les nerfs : le premier cor- respond à la partie moyenne du premier anneau du ventre; le second, au troisième; le troisième, au ciuquième ; enfin, le dernier, au neuvième. Ce dernier ganglion est le plus remarquable de tous ; il est ovale , et de toute sa circonférence partent des nerfs qui vont se distribuer dans les parties voisines. Deux, plus gros que les autres^ se portent en divergeant en arrière, et représentent ainsi une bifurcation de la moelle épinière. Les 546 XI® Leçon. Nei'fs des an, sans vertèb, nerfs qui en résultent sont destinés aux organes de la génération. C. Hémiptères, Dans le scorpion aquatique à corps ovale ( nepa cinerea. Lin. ) , le système nerveux con- tote essentiellement en trois ganglions. Le premier , qui tient lieu de cerveau , est situé dans la tête; il est formé de deux lobes rap- prochés. Ces lobes sont pyriformes; ils se touchent par leur base; leur sommet est obliquement dirigé en avant vers les yeux, dans lesquels ils se ter- minent en servant ainsi de nerfs optiques par leur extrémité antérieure. De la partie moyenne et antérieure de ces lobes il part aussi quelques filets pour les parties de la bouche. En arrière , le cerveau produit deux cordons qui embrassent l’œsophage en passant au -fessons. Ils se réunissent à l’origine de la poitrine en un ganglion tétragone, dont chacun des angles produit ou reçoit plusieurs nerfs : l’antérieur reçoit les deux cordons qui viennent du cerveau ; le pos- térieur, les deux qui sont la suite de la moelle épinière. Les latéraux produisent chacun un faisceau de quatre nerfs qui sont destinés aux muscles de la poitrine et de la paire de pattes antérieures. On voit l’un d’eux entrer dans la cavité de la hanche. Les deux nerfs produits par l’angle postérieur du second ganglion se portent parallèlement en Aut. VI. Nerfs des insectes. 54y arrière. Arrivés dans la poitrine an dessus de Tap- pendice corné qui donne altaclie aux muscles des hanches des pattes intermédiaires et postérieures , ils se renflent en un gros ganglion arrondi , beau- coup plus volumineux que le cerveau , des bords duquel partent une infinité de nerfs comme les rayons d’un soleil. Les deux filets les plus remarquables sont extrê- mement longs et grêles ; ils s’étendent de la poi- trine jusque près de l’anus : nous les avons vu se terminer par trois ramuscules dans les parties de la génération du mâle, en donnant cependant aux parties voisines quelques filamens. Tous les autres filets qui proviennent de ce troisième et dernier ganglion sont destinés aux muscles. On distingue sur-tout très-bien ceux qui appartiennent aux pattes moyennes et intermé- diaires : ils sont un peu plus gros. D. Lépidoptères. ^ Nerfs de la phalène zig~zag. ( homhyx dis-' par. Lin. ) Le jcerveau est presque sphérique ; cependant on apperçoit dans sa ligne moyenne un sillon lon- gitudinal. De sa partie antérieure partent quelques petits nerfs excessivement grêles. Sur les côtés sont deux gros nerfs (^tiques qui se rendent dans la concavité de l’œil, où ils se terminent par un bulbe duquel partent une infinité de filets. 548 XI® Leçon. Nerfs des an, sans vertèh, I7œsopliage passe immédiatement derrière le cerveau par un petit intervalle triangulaire , dont les côtés postérieurs sont formés par les deux cordons de la moelle épinière qui marchent ensuite accolés et ne formant plus qu’un tronc unique , dans la partie moyenne duquel on n’apperçoit qu’un sillon longitudinal. Parvenu dans le corselet, il se forme un ganglion, teint à sa surface d’une cou- leur rougeâtre , qui produit en arrière deux nerfs , lesquels laissent entre eux un petit intervalle par lequel passent les appendices cornés qui donnent attache aux muscles des hanches. Derrière ces ap- pendices , et dans cette même cavité de la poitrine , ces deux cordons se réunissent de nouveau et pro- duisent un second ganglion beaucoup plus gros , des parties latérales duquel partent beaucoup de nerfs pour les muscles des ailes et des pattes. Il se prolonge en arrière en un cordon unique qui , lorsqu’il est arrivé au dessus de l’articulation de la poitrine avec l’abdomen , se renfle de nouveau et forme ainsi un troisième ganglion. Il est à remarquer que ce gros ganglion, qui a la forme d’un coeur , est le seul qui avec le cerveau soit d’une couleur absolument blanche , tandis que tous les autres cfirent une teinte plus ou inoins foncée et sur lesquels on voit à la loupe des points rougeâtres plus ou moins alongés et si- neux qui ressemblent assez bien à des vaisseaux sanguins , tels qu’on les voit dans les glandes in- jectées. Art. VI. Nerfs des insectes. 549 Ce troisième ganglion se prolonge en un cordon unique qui, au dessus du premier anneau de l’abdomen, produit un quatrième ganglion. Celui-ci , i ainsi que ceux qui suivent, donne de l’un et de l’autre côté un petit nerf grêle, mais très-long, qlü passe sous les libres musculaires, absolument de la même manière que lès fils de la trame passent sur la chaîne. Leur direction est absolument trans- versale. Le cinquième ganglion ne diffère pas du pré- cédent ; il se prolonge en un cordon unique , dans lequel on apperçoit très-bien encore le sülon lon- gitudinal. Il est situé dans la partie moyenne du troisième anneau de l’abdomen. Le sixième ganglion, en tout semblable au pré- cédent , est placé au milieu du quatrième anneau. Enfin , le septième et dernier ganglion est beau- coup plus gros que ceux qui le précèdent dans l’abdomen ; il est de forme ovale , situé sur la lunule qui termine le cinquième anneau en arrière du côté du ventre. Outre les nerfs destinés aux muscles du cinquième anneau , qui en partent par deux paires distinctes, il se termine en arrière par quatre autres paires , lesquelles paroissent des- tinées aux parties de la génération et aux muscles des derniers anneaux de l’abdomen qui , dans la femelle, sont aloiigés en forme de queue , qui sert à la ponte. 55o XP Leçon. Nerfs des an. sans verteb, E. Névropleres. Les insectes à ailes nues, c’est-à-dire les hymé- noptères, les nevroptères et les diptères, ay/int souvent de très-grands yeux, ont des nerfs optiques proportionnés: c’est ce qu’on voit sur -tout dans les demoiselles. Leur cerveau est formé de deux très - petits lobules; mais leurs nerfs optiques se dilatent en deux larges plaques qui ont la ligure d’un rein , et qui tapissent toute la surface de l’oeil qui regarde le dedans de la tête. Le reste de leur cordon médullaire est très-mince et garni de douze ou treize ganglions très-petits , dont le der- nier aboutit, comme à l’ordinaire, aux parties de la génération. F. Hyménoptères, Le cerveau de V abeille est petit et divisé en quatre lobes ; il produit immédiatement les nerfs qui vont aux diverses parties de la bouche et les deux grands nerfs optiques qui se dilatent , pour s’ap- pliquer derrière chaque oeil , comme dans les demoi- selles. Il y a ensuite sept ganglions, dont trois* dans le corselet et quatre dans l’abdomen. Le dernier de tous fournit principalement aux parties de la génération. G. Diptères. C La mouche apiforme ( syrphus tenax. Lin. ) a un très-petit cerveau formé de deux lobes très- Art. VI. Nerfs des. insectes, o5i rapprochés mais distingués par un sillon longitu- dinal 5 de la partie antérieure duquel part un nerf assez gros , qui se partage ensuite pour les antenses et la trompe. Les nerfs optiques sont très-gros, cylindriques et d’un diamètre égal à la longueur du cerveau, sur les parties latérales duquel ils sont appuyés j ils se terminent à leur extrémité par un très-gros bulbe qui correspond à la largeur de l’œil. Le premier ganglion de la moelle est produit par deux cordons qui proviennent de la partie postérieure du cerveau , et qui embrassent l’œso- pliage comme un collier. Il est très- grêle et situé dans la poitrine j il fournit une paire de filamens pour les muscles des pattes antérieures. Le second ganglion et les suivans, qui sont au nombre de trois, ne sont unis les uns aux autres que par un cordon unique. Le dernier de tous est plus gros de moitié que celui qui le précède j il se termine par huit ou neuf hlainens destinés aux parties voisines de l’anus. Le premier des trois est placé dans la poitrine , où il donne aux muscles des ailes et des pattes. Les deux autres sont dans l’abdomen. L’avant-dernier e^t situé au dessus de l’union du troisième anneau avec le quatrième, et le dernier sur le bord antérieur et inférieur du cinquième anneau. Dans Vasile crahroniforme , on n’apperçoit aussi qu’un seul cordon pour F union des ganglions abdouiinaux, qui so;it au nombre de six. 5o2 XP Lkçox. Nerfs des an. sans vertèb. Le cerveau est semblable à celui du syrplius; mais les bulbes formées par les nerfs optiques sont encore plps larges à proportion , vu la grandeur des yeux qu’ils ont c’i tapisser par derrière. IL Aptères à mâchoires. Dans \di grande scolopendre {scolopendra rnor^ sitans)^ le cerveau a une forme très-singulière; il est, comme à l’ordinaire , composé de deux lobes presque sphériques , qui produisent latéralement des nerfs optiques très-courts, qu’on voit se di- viser long-temps avant d’arriver dans l’oeil : les fdets sont au nombre de quatre ; mais en avant naissent deux nerfs si gros qu’ils paroissent faire partie du cerveau dont ils ont le diamètre. Ces nerfs sont spécialement destinés aux antennes , dans lesquelles on les voit entrer et où on peut les suivre , car elles sont très-larges. Les deux cordons qui embrassent l’oesophage se portent directement en bas ; ils produisent un gros ganglion sur l’union du premier anneau avec la tète. Le premier ganglion fournit deux nerfs en arrière et plusieurs sur les cotés. Il existe ainsi un ganglion absolument de même forme au dessus de chacun© des articulations , de sorte qu’il y en a viugt-quatre très-distincts; le dernier seul est plus petit, plus rapproché du précédent et comme flottant dans l’abdomen. Chacun d’eux produit trois paires de nerfs : une qui remonte du coté de la tête ; une Art. VII. Nerfs des vers, 555 seconde qui se porte transversalement : toutes deux sont destinées aux muscles du ventre, la troisième descend et se porte en arrière et en haut : elle fournit aux muscles latéraux et à ceux du dos. ARTICLE VIL Cerveau et nerfs des vers. Quelques genres de vers présentent un système nerveux très-distinct , et organisé à peu près comme celui des crustacés et des insectes; mais il y en a d^autres dans lesquels cette partie devient si obscure qu^on a peine à en reconnoître l’existence. Aussi cette classe de vers, qui_, par rapport aux organes de la circulation, s’élève dans plusieurs de ses genres au dessus même de la plupart des insectes , s’abaisse - 1 - elle presque au niveau des zoopliytes , par rapport aux organes des sens. 1°. Dans V aphrodite hérissée , on distingue très- bien le système nerveux. On voit immédiatement derrière les tentacules , placés au dessus de la bouche, un gros ganglion nerveux qui est le cerveau ; il a la forme d’un cœur, dont la partie la plus large et bilobée regarde en arrière ; de la partie pointu© et antérieure partent deux petits filets pour les tentacules ; et des parties latérales , quelques autres beaucoup plus grêles encore pour les parois de la bouche. Ce ganglion est situé immédiatement au dessus de l’oidgine de l’oesophage. 5 Z 554 XI® Leçon. Nerfs des an, sans verièb. Les deux cordons qui naissent du cerveau et qui forment le collier sont très - grêles : iis sont aussi fort longs ; ils augmentent sensiblement de grosseur en s’approchant du point de leur réunion : c’est alors qu’ils donnent naissance l’un et l’autre à un gros filet nerveux que nous appellerons ré- current. Ces nerfs sont très-distincts ; ils se portent en devant vers le point où l’oesophage, qui est très- court, se joint à l’estomac. On les suit facilement à l’oeil nu sur les parties latérales de ce viscère qui est long et très- musculeux. Avant de parvenir aux intestins qui font suite à l’estomac, ils se renflent en un ganglion , duquel partent une iniinité de fibrilles nerveuses. Les deux nerfs du collier produisent par leur réunion un très- gros ganglion , qui est bifurqué en devante! qui se trouve placé immédiatement derrière la bouche et au dessous de l’oesophage : c’est l’extré- mité antérieure du cordon nerveux. On n’en voit pas sortir de filets. A ce premier ganglion en succède un autre, qui n’en est distinct que par un petit étranglement. De celui-ci partent deux filets nerveux qui se portent un peu en devant dans les muscles du ventre ; vient ensuite une série de ganglions beaucoup plus espacés , qui pro- duisent chacun six nerfs , trois de chaque coté ; ils se perdent dans les muscles. Ces ganglions sont au nombre de douze. Le cordon nerveux qui hiit suite , et qui occupe le tiers postérieur du corps, ne présente plus Art. y il Nerfs des vers. 355 de renflement sensible; mais il en part encore, d’espace en espace, des paires de nerfs; enfin, on peut suivre ce cordon jusqu’à l’extrémité du corps, 2^. Dans les sangsues \ Le système nerveux est un cordon longitudinal j composé de vingt-trois ganglions. Le premier est situé au dessus de l’oesophage ; il est grêle et arrondi; il fournit en devant deux filets ténus , qui se portent au dessus du disque de la bouche. De ses parties latérales naît une grosse paire de nerfs , qui forme un collier autour de l’oesophage en se portant en dessous pour s’unir au second ganglion. Celui-ci est de figure triangulaire ; il paroît formé de la réunion de deux tubercules. Deux de ses angles sont antérieurs et latéraux; ils reçoivent les nerfs qui proviennent du premier ganglion. L’autre est postérieur : il se prolonge en un nerf d’une demi -ligne de longueur au plus* qui produit le troisième ganglion. Par la partie antérieure du ganglion triangulaire que nous décrivons , sont produits deux petits nerfs qui se perdent sur l’oeso- phage autour de la bouche. Les dix-neuf ganglions qui suivent ont absolu- ment la même forme et produisent chacun deux paires de nerfs ; ils ne diffèrent que par le plus ou le moins de distance qui existe entre chacun d’eux. Le troisième est très - rapproché du second , ainsi que nous l’avons indiqué. Les trois suiyanâ Z 2 556 XF Leçoîa. Nerfs des an. sans verteh. sont à peu près à une ligne et demie de distance; mais ceux qui suivent, depuis le septième jusqu’au vingtième^ sont distans de trois ou quatre lignes; enfin , les trois derniers sont très-rapprochés. 'Tous ces ganglions sont situés au dessous de la longueur du canal intestinal auquel ils donnent par leur face supérieure beaucoup de filamens ner- veux ; ils produisent de chaque côté deux nerfs qui pénètrent sous les muscles longitudinaux et transverses, dans l’épaisseur desquels ils se perdent. Ces nerfs sont opposés dans leur direction , de manière qu’ils représentent une sorte d^X. La tunique de ces nerfs est noirâtre et très- solide , ce qui fait qu’avant que la pièce ait sé- journé dans Falkool, le système nerveux ressemble à celui des vaisseaux. 5®. Dans le lombric terrestre ^ Le cordon nerveux tire son origine dhm gan- glion situé au dessus de Foesophage. Ce ganglion est formé de deux tubercules rapprochés , mais très-distincts : il en part une paire de petits nerfs pour les parois de la bouche , et deux très - gros cordons qui embrassent l’oesophage en forme de collier pour se réunir au cordon , dont l’origine paroît ainsi bifurquée. Trois paires de petits nerfs naissent de cette origine : Fune vient du cordon même; et les autres, de ses parties latérales ; elles se portent toutes dans les muscles de la bouche. La tige nerveuse se continue jusqu’à Fanus, en Art. vil Nerfs des vers* suivant la partie inférieure de l’intestin. Sa grosseur ne diminue pas sensiblement, et les étranglemens ne sont pas très-remarquables : de sorte qu’il n’y a point ici de véritables ganglions. Il sort une paire de nerfs entre chacun des an- neaux du corps. Ces nerfs se glissent sous les muscles longitudinaux , où ils disparoissent en se plongeant entre eux et la peau. Lorsque le cordon nerveux est arrivé à l’anus^ il se termine en formant un plexus qui se perd sur les parois de cette ouverture. 4®. Dans le dragonneau ( gordius argillaceus* Lin. ) , il n’y a qu’un seul cordon nerveux sem- blable à celui du lombric terrestre, mais dont les étranglemens sont encore moins sensibles. 5°. Dans les néréides et les amphinomes , On trouve dans la peau du ventre un cordon longitudinal qu’on pourroit regarder comme ner- veux ; on y voit autant d’élrangiemens qu’il y a d’anneaux au corps : nous n’avons remarqué au- cun filet nerveux sortant de ce cordon. 6'’. Dans le ver qu’on appelle lombric marin ( lomhricus marinus. Lin. ) , qui , par ses carac- tères extérieurs , est plus voisin des néréides que des lombrics , le système nerveux est le meme que dans les néréides j mais il va en grossissant vers la partie moyenne du corps, où il est beau- coup plus distinct. 7°. Dans V ascaride lornbrical de l’homme et du Z 5 558 XP Leçon. Nerfs des an. saiis verteh. cheval, il paroît qu’il y a deux cordons nerveux; ils se remarquent dans toute la longueur du corps sur les parties latérales du ventre. Ces nerfs se réunissent au dessus de l’oesophage , positivement à sa naissance sur la bouche ; ils sont là très-grêles , et ne produisent pas de ganglion remarquable. La grosseur des blets est moindre vers leur origine que vers leur extrémité , c’est-à- dire du côté de l’anus; mais ils sont égaux et absolu- ment semblables entre eux dans leurs diverses parties. D’abord on n’y remarque que de petits points granuleux qui vont en grossissant à mesure que le nerf descend. Lorsqu’il est parvenu au milieu de la longueur du corps , on le voit formé de gan- glions carrés^ peu éloignés les uns des autres; enfin , à la terminaison , dans une longueur de six lignes à peu près , le nerf devient de plus en plus grêle J et finit par un très-petit filet qui s’unit à celui de l’autre côté. Les détails dans lesquels nous sommes entrés , dans les articles IV, V, VI et VII de cette leçon, nous montrent évidemment dans l’organisation des systèmes nerveux une analogie aussi grande que dans les formes extérieures , dans la disposition des muscles , et dans cette singulière division de tous ces animaux en une suite d’anneaux ou de segmens : analogie qui doit nous empêcher d’établir entre les trois classes des crustacés , des insectes et des vers, des limites aussi tranchées que celles qui existent entre elles et celle des mollusques. Art. VIIÎ. Animaux sans nerfs, 35g Ces ganglions presque égaux répartis d’une manière uniforme sur un cordon qui s’étend sur toute la longueur du corps , semblent être placés là pour que chaque segment ait son cerveau à soi, et ils nous conduisent par degrés à la diffusion générale de la substance médullaire qui a lieu dans les zoophytesl ARTICLE VIII. Des animaux dans lesquels on n^ a point encore reconnu de système nerveux distinct. Nous ne rangeons point ici les animaux de la classe des vers ou de celle des mollusques, dans lesquels leur extrême petitesse ou la mollesse de leurs parties n’a pas encore permis de mettre au jour ce système. L’analogie ne permet pas de douter de son existence, lorsque les parties qui l’accompagnent constamment existent : ainsi les douves ( fasciola ) , ayant des vaisseaux , un foie , etc. , doivent aussi avoir des nerfs, quoique •nous n’a3mns pu encore les développer. Nous ne doutons pas non plus que plusieurs des vers intestins, beux sur - tout qui ont une forme c^dindriqiie , n’aient une moelle à peu près pa- reille à celle que nous avons décrite dans les grands ascarides : elle s’est bien retrouvée dans le gordiusy comment n’existeroit-elle pas dans V èchinorhinque^ le str ongle , etc. , etc, ? Z 4 56o XP Leçon. Nerfs des an. sans vertèb. Mais il y a des animaux dans lesquels Panalogie nous abandonne , et auxquels on ne pourra attri- buer un système nerveux que lorsqu’on l’aura vu distinctement : ce sont quelques vers intestins, assez diffèrens par la forme de ceux que nous venons d’indiquer, et la plupart des zoopliytes. Nous allons en examiner quelques-uns. Les étoiles de mer ( astérias ) ont des parties que l’on pourroit juger assez semblables à des nerfs j mais il faudroit faire des expériences galvaniques sur des individus vivans , pour en constater dé- finitivement la nature. Autour de l’oesopliage s’ob- serve une ceinture de substance molle et blanchâtre, d’oii partent dix blets : deux pour chacune des branches qui forment le corps de l’étoile. Les deux filets qui appartiennent à chaque branche étant arrivés à la base de la tige osseuse et articulée qui lui sert de principal soutien, se réunissent par un cordon court qui se rend directement de l’un k l’autre ; ils se continuent ensuite l’un et l’autre tout du long de cette fige, jusqu’à l’extrémité de la branche en diminuant toujours de grosseur. A l’endroit où ils se réunissent, part de chacun d’eux un faisceau de filets qui se distribuent sur l’esto- mac , qui , dans ces animaux , est situé au milieu du corps entre les cinq branches. L’aspect de tous ces filets est plutôt tendineux que nerveux, et c’est sur- tout cela qui nous em'- péche de nous décider encore. Dans les vraies holothuries ( parmi lesquelles Art. VIÎI. Animaux sans nerfs. 56 1 on ne doit compter ni les thalies^ ni Isipetite galère., {hol, physalus. Lin. ), on trouve quelque chose d’assez semblable à ce que nous venons de décrire dans V étoile ; mais l’aspect en est beaucoup plus nerveux , et c’est une forte confirmation de nos conjectures. C’est sur-tout dans les espèces àé holothuries qui ont cinq paires longitudinales de muscles, comme le priapus et le pentactes , qu’on voit bien les parties dont nous parlons. Entre les deux muscles qui composent chaque paire règne un cordon blanc, légèrement serpentant , marqué d’anneaux trans- verses absolument comme les nerfs ordinaires. Les cinq cordons vont en grossissant jusque vers l’œso- phage, où il nous a paru qu’ils s’unissoient pour l’envelopper par un cordon. Les sipunculus , qui sont plus semblables aux holothuries qu’à tout autre animal , quoique les naturalistes les aient jusqu’ici rapprochés des lom- brics , n’ont qu’un seul cordon blanchâtre j mais il ressemble parfaitement à ceux des holothuries, et il vient de même embrasser l’œsophage par son extrémité antérieure. Si ces observations portent en effet sur de vrais nerfs , il faudra séparer les échinodermes d’avec les autres zoophytes pour en former une classe à part. Nous n’avons encore rien observé dans les oursins qui ressemble à des nerfs; mais l’analogie ne permet pas de les séparer des étoiles de mer^ 5G:> Xr Leçon. Nerfs des an, sans vertèh, ^ ni des liololhuries^ une espèce de ce dernier genre ayant meme été nommée autrefois, avec assez de raison , oursin coriace. Les actinies et les méduses forment, dans la classe des zoophytes, une seconde famille qui ap- proche assez de la précédente, etsur-^tont du genre des holothuries par Farrangement de ses parties internes j mais il n’a pas été possible d’y rien appercevoir qui pût être pris pour des nerfs. Quant aux hydres ou polypes d bras et aux genres voisins, qui forment avec les animaux des coraux, la troisième et la plus simple famille des zoophytes , nous avons déjà eu occasion de dire plusieurs fois qu’on n’observe dans leurs corps qu’une pulpe gélatineuse et homogène , sans or- ganisation apparente. Cependant tous ces animaux ont des sensations très-distinctes. Non-seulement leur toucher est fort délicat^ non-seulement ils s’apperçoivent des mou- vemens qui agitent Feau dans laquelle ils se tiennent , mais ils sentent parfaitement les degrés de la chaleur et de la lumière. L’expansion des actinies correspond parfaitement à la sérénité de F’air 5 le polype à bras s’apperçoit très-bien de la présence de la lumière : il l’aime et il se dirige constamment vers elle. Les animaux microscopiques paroissent se rap- procher en partie de la nature des hydres par leur substance uniforme et gélatineuse 3 il y en Art. VIII. Animaux sans nerfs. 563 a cependant quelques-uns dans lesquels on remarque une organisation plus compliquée et plusieurs sortes de viscères intérieurs ; mais on imagine aisément que nous n’avons pas meme songé à nous assurer s’ils possèdent ou non un système nerveux. 1 ] DOUZIÈME LEÇON. De V organe de la vue ^ ou de V œil» ARTICLE PREMIER. Idée générale de la vision. I_;A vue nous fait distinguer la quantité, la couleur et la direction des rayons lumineux qui viennent frapper notre oeil. C’est par la différence des cou- leurs qu’elle nous fait reconnoître les limites des corps en hauteur et en largeur ; et c’est par la différence dans l’intensité de la lumière , qu’elle nous en fait reconnoître les profondeurs et les inéga- lités, lorsque noiis l’aido#is de l’expérience acquise par le sens du toucher 5 enfin , c’est par la direc- tion des rayons qu’elle nous fait juger de la ligne dans laquelle ces corps sont situés. Quant à la distance réelle , la vue seule ne pourroit nous la faire connoître immédiatement. Il faut qu’elle soit encore ici aidée de l’expérience acquise par le toucher, et que nous jugions cette distance d’après la gran- deur et le degré de lumière connus des objets comparés à leur grandeur et à leurs degrés de lumière apparens. « Art. î. T)e la vision, 565 Liü vue ne nous faisant coïinoître immédiatement que les quantités ^ qualités et mouvemens des rayons à Finstant même où ils frappent Foeiî , nous sommes sujets à errer, lorsque nous voulons en tirer des conclusions relatives aux corps mêmes qui nous envoient ces rayons. Ainsi des rayons réfléchis par un miroir nous font voir des corps dans une direction où il n^ ^ point ; des rayons brisés par des verres changent à nos yeux la grandeur ap- parente des corps dont ils viennent. Lorsque nous ne connoissons pas la vraie grandeur d’un corps, nous nous trompons sur sa distance , et vice versa. Un corps très-éclair é nous paroit plus voisin lorgne ceux qui sont entre nous et lui sont dans Fombre, etc. etc. Les rayons ne se font sentir à nous qu^autant qu’ils frappent une membrane nerveuse de Foeil , nommée rétine ; et ils ne nous procurent une sensation conforme au corps d’où ils viennent , qu’autant qu’ils tombent sur la rétine précisé- ment dans l’ordre selon lequel ils sont partis de ce corps. Pour cet effet, il faut que tous les rayons qui viennent d’un des points de ce corps se ras- semblent en un point de la rétine , et que tous ces points de réunion soient disposés comme ils le sont dans le corps dont ils forment l’image. Cette nécessité est une chose de simple expé- rience 3 car il est aisé de concevoir que nous ne connoissons pas plus la nature intime de la vue que celle de tous les autres sens, et que nous ne 566 XII® Leçon. De Vœil, pourrons jamais savoir pourquoi ce sont là les conditions des idées qu’elle nous procure. Les rayons qui partent d’un point , allant né- cessairement en divergeant^ ils ne peuvent së réunir en un autre point qu’en étant brisés par quelque corps transparent qu’ils traversent : cela se fait dans l’oeil comme dans l’instrument d’optique nommé chambre obscure. L’oeil est percé d’un trou, nommé ijupi rie J derrière lequel est un corps transparent de forme lenticulaire , nommé cristal- lin , plus dense que le milieu dans lequel l’ani- mal habite, et que les autres fluides qui remplissent l’oeil. Le cône des rayons qui d’un point lumineux quelconque se rendent à la pupille^ forme, après avoir traversé le cristallin, un autre cône dont le sommet frappe la rétine lorsque l’oeil est bien constitué. Ces deux cônes ont leurs axes presqu’en ligne droite ; celui qui est perpendiculaire au milieu du cristallin va donc directement au fond de l’oeil. Celui qui vient du haut va frapper en bas; celui de gauche va à droite,, ainsi des autres, et il se forme sur la rétine une image renversée de l’objet : mais comme nous jugeons de la situation de chaque point lumi- neux par la direction des rayons qui en viennent , nous devons voir les corps , droits , comme nous les voyons en eflet. Si les rayons éteient parallèles, ils se réuniroient dans le point qu’on nomme, en dioptrique, le foyer des rayons parallèles ; mais ceux qui viennent d’un point dont la distance est finie, étant divergens. Art. I. De la vision, 067 ont leur point de réunion un peu plus éloigné du cristallin cpie ce foyer; et ceux qui viennent d’un point très-proche , divergeant encore davaniage , se réunissent encore un peu plus loin. Un œil déterminé ne doit donc voir distincte- ment que des objets placés à une certaine distance. Si son cristallin a beaucoup de force réfringente, c’est-à-dire, s’il est très- dense et très- convexe, ou si sa rétine est éloignée du cristallin, il ne pourra, distinguer que les objets les plus proches ; si son cristallin est plat et moins dense, ou sa rétine plus voisine du cristallin, il ne distinguera que les objets éloignés. De là les différentes portées de vue d’un homme à un autre , et célles encore plus différentes d’une espèce d’animal à une autre. Mais comme le meme homme peut, avec quelque attenîion, distinguer le même objet à des éloigne- mens différens , et dont on peut assigner les limites pour chaque individu ; comme sur-tout certains animaux distinguent à des distances extrêmement différentes ; les oiseaux , par exemple , qui apper- çoivent leur proie du plus haut des airs ^ et qui ne la perdent pas de vue pour cela , lorsqu’ils la touchent : il faut que l’œil puisse changer la position de ses parties en rapprochant et en éloi- gnant sa rétine de son cristallin , ou bien qu’il puisse augmenter sa force réfringente en a.uginen- tant la convexité de quelques-unes de ses parties transparentes; ou, enfin, qu’il ne laisse entrer, 568 Xlf" Leçox. De VæiL lorsqu’on regarde des objets très-rapprochés, que les rayons les plus voisins de Taxe, et par con- séquent les moins divergens. Nous verrons dans la suite les moyens par lesquels on suppose que ces changemens s’opèrent. Aucun de ces moyens ne résout pleinement le problème. Peut être que les limites de la vision distincte sont beaucoup plus resserrées qu’on ne croit , et que dans beaucoup de cas elle ne paroît telle que parce qu’elle est aidée du souvenir que l’on a de l’objet. Au devant du cristallin est ordinairement une humeur, nommée aqueuse^ égale en densité à l’eau pure ; et derrière lui en est toujours une autre beaucoup plus abondante et un peu plus dense, nommée vitrée. Lé aqueuse ne manque qu’à quelques animaux qui vivent toujours dans l’eau. On suppose que la réunion de ces trois corps de densité diiïerente doit produire le même effet que celle des trois verres dont on compose les objectifs des lunettes achromatiques : c’est-à dire qu’elle doit corriger la différence de réfrangibilité des rayons. En effet ces rayons sont ordinairement composés : les blancs le sont d€^ sept rayons simples; et comme ils ne se biisent pas sous le même angle, les images formées sur la rétine seroieiit bordées d’un iris , comme celles que produisent les lunettes ordinaires^ si cette disposition des trois humeurs n’existoit pas. Cependant l’œil est encore sujet à voir ce que l’on nomme des couleurs accidentelles. Lorsque Art. ï. De la vision. 569 ia rétine a été trop fatiguée par certaines couleurs, elle leur est moins sensible 5 et si on jette la vue sur une des couleurs composées dont celles M font partie, la composée nous paroît comme elle seroit si cel]|^ dpnt on est fatigué n’y entroit point. Ainsi, lorsqu’on a fixé une tache blanciie , et qu’on porte la vue sur des corps blancs, on y voit une tache obscure de même contour que celle qu’on a fixée; si la tache qu’on a fixée étoit noire, c’étoit un repos, et i’œil voit par- tout une tache plus claire; si la tache étoit rouge, on en voit sur le bianc une verdâtre; si elle étoit jaune, ©n en voit une bleuâtre ; une rougeâtre , si elle étoit verte , etc. , etc. ïi ne faut pas oublier que l’humeur aqueuse a aussi une grande influence sur la réfraction des rayons par sa convexité, sur- tout dans les animaux qui vivent dans l’air. C’est probablement cette con- vexité jointe à celle que prend le vitré , qui supplée à l’action du cristallin dans les yeux que l’on a opérés de ]a cataracte^ c’est à-dire dont le cristallin devenu opaque a été enlevé- Beaucoup d’animaux ne peuvent voir le même objet que d’un seul œil à la fois; l’homnie n’en emploie non plus qu’un, lorsqu’il veut voir très- distinctement : pour la vision ordinaire , tant que les images tombent sur les places cori espondantes des deux rétines, et que les deux yeux sont à peu près égaux , nous ne distinguons ])oiot ces images 5 et nous voyons les objets simples; mais 2- A a ^rjo XII'. Leçon. De l’oeil. pour peu qu’un œil soit tordu ou tourne différem- ment de l’autre , ou lorsqu’ils sont très-inégaux , nous voyons double. article II. Du nombre , de la mobilité, de la grandeur relative , de la position et de la direction des yeux dans les divers animaux. Tous les animaux à sang rouge, sans excep- tion, ont deux yeux mobiles placés dans des cavités du crâne nommées orbites , et composés des mêmes parties essentielles que ceux de l’homme. Aucun d’eux n’en a ni plus, ni moins : il n’y a que des exceptions apparentes, lorsque les yeux sont cachés par la peau , comme dans le rat zemni ( mus ijphlus), ou lorsque le même œil ayant deux pupilles paroît double , comme dans le poisson nommé cohitis anablebs. La même chose a lieu aussi dans les mollusques céphalopodes , ou seiches. La plupart des gastéropodes ont aussi deux yeux, mais très-petits et places, ou à fleur de tete, ou sur des tentacules charnus et mobiles; a la base de ces tentacules dans les uns, sur leur milieu ou à leur pointe dans d’autres, ainsi qu’on peut le voir dans les livres des naturalistes. Il n’y a guères que les clios , les scy liées , les lernées , qui en soient privés dans tout cet ordre. Art. II. Nombre des yeux , etc. 571 Î1 n’y a d’yeux dans aucun mollusque de l’ordre des acéphales. Les yeux des insectes paroissent d’une nature différente de ceux des animaux dont nous avons parlé jusqu’ici. Ils se divisent en composés ou chagrinés ^ dont la surface présente au micros- cope une multitude de tubercules, et en shnples^ qui n’en présentent qu’un seul. Tous les coléoptères et les papillons de jour ont deux yeux chagrinés seulement , sans yeux simples. Ces yeux sont quelquefois divisés par une traverse , et paroissent alors doubles : cela a lieu dans les gyrins. On prétend avoir vu des yeux simple^ dans quelques papillons de nuit. Les orthoptères , les hémiptères , les hyniê- noptères y les névroptères , les diptères ont, à quelques exceptions prés, deux yeux chagrinés et trois.yeux simples placés entre les deux autres. Dans ces exceptions sont compris les éphémères et les phryganes, qui n’ont que deux yeux simples extrêmement grands dans quelques espèces du premier genre j les hémérohes et les fourmi-lions ^ qui n’ont point d’yeux simples. Aucun insecte ailé ri’est dépourvu d’yeux com« posés. Parmi ceux qui sont sans ailes , les uns n’en ont que de composés, les cloportes; d’autres n’en ont que de simples : savoir, les faucheurs ^ quatre 5 A a 2 ^72 XIP Leçon. Be Vœil. les araignées et les scorpions^ six ou huit; les Jules et les scolopendres , un assez grand nombre ; d’autres enfin, les lépismes ^ les limules y etc,, en ont des deux sortes. Les écreoisses ont presque toutes des yeux com- posés , placés sur des pédicules mobiles. Les larves des insectes à demi- métamorphose ont les yeux semblables à ceux de leurs insectes parfaits; mais celles des insectes à métamorphose complète n’ont jamais que des yeux simples qui varient beaucoup pour le nombre, selon les espèces. Les chenilles par exemple^ on ont six de chaque côté ; les fausses chenilles ^ ou larves de mouches^ ci scie y deux seulement , ainsi que celles des abeilles y des straiy ornes y etc. Plusieurs de ces larves à métamorphose complète n’ont point d’yeux du tout. Il y auroit une infinité d’autres observations à faire sur la forme , la position , la direction des yeux des insectes et de leurs larves, et sur les effets qui en résultent pour leur vision ; mais toutes ces choses se voyant à l’extérieur, nous devons les abandonner aux naturalistes. Voyez d’ailleurs notre article XIII. Parmi les vers articulés, on trouve quelquefois de petits tubercules qui ressemblent assez aux yeux simples des insectes pour qu’on les ait aussi re- gardés comme tels. Quelques sangsues en ont deux , quatre , six ou huit. Ou en trouve clans Art. il Nombre des yeux , etc. quelques néréides deux ou quatre^ dans quelques naïdes deux seulement , etc. Aucun zoophyte n’a rien montré jusqu’ici qui ressemblât à des yeux. Les^eux sont toujours placés à la tête, excepté dans quelques insectes sans ailes , où la tête se confond avec le corselet, c’est-à-dire dans les araU gnées , les fauoheurs ^ les scorpions y etc, La grandeur relative de l’œil varie sans nul rapport avec les classes , ni même avec les genres naturels. Cependant les très- grands animaux ont généralement l’œil petit à proportion. Tels sont les cétacés y les éléphans y les rhinocéros y^ les hippopotames. Il est aussi fort petit dans les animaux qui vivent presque conlinuellement sous la terre, les taupes ^ les musaraignes y les rais-taupes y quelques ca/TZ- pagnols. Les mammifères frugivores , qui grimpent aux arbres, les ont généralement grands^ les mahis^ les écureuils les loirs y etc. Un très-grand œil est le plus souvent un signe que l’animal peut voir dans l’obscurité. Les chauve-^ souris ne sont pas une exception réelle à cette règle, parce qu’il ne paroît pas que ce soit leur vue qui les dirige dans leur vol, comme nous 1© verrons en traitant du toucher. Les poissons ont presque tous de grands yeux, sans doute parce qu’ils vivent dans un milieu plus obscur par lui-même. A a 3 574 Xir Leçok. Be F œil. Les mollusques céphalopodes les ont très-gi'and(s j sur-tout le calmar , tandis qu’ils sont à peine yï- sibles dans ceux des gastéropodes qui en ont. Si l’on examine tous les yeux chagrinés et lisses des insectes, on trouvera qu’ils présentent à la lumière des surfaces oculaires plus grandes, à proportion , qu’aucun animal des autres classes , quoique chaque oeil en particulier soit très-petit. Les yeux de l’homme et des singes sont dirigés en avant ; les derniers les ont même plus rap- prochés de la ligne moyenne que l’homme. Le tarsier {lemur tarsius Pall. ; didelphis ma- crotarsus. Ginel. ) est de tous les mammifères celui dans lequel ils sont le plus rapprochés. Dans les autres quadrupèdes , les yeux s’écartent toujours plus l’un de l’autre, et se dirigent vers les cotés. Ils sont un peu dirigés en bas dans les cétacés. Les oiseaux les ont tous dirigés latérale- ment , excepté les chouettes , dans lesquelles ils regardent en avant comme dans l'homme. Tous les reptiles les ont latéraux. Les jwissons varient beaucoup à cet égard ; les uns ayant les yeux tout-à-fait dirigés vers le ciel , comme V uranoscope ; d’autres les y portant très- obliquement ( les callyony7neSy\es raies) ; quelques- uns les ayant tous les deux dirigés d’un même côté du corps ( les pleuronectes ), Cependant la très- grande partie des poissons a les yeux dirigés latéralement. Art. III. T)e la forme de Vœily etc, SyS Tous les animaux qui les ont entièrement ainsi ^ ne peuvent contempler les objets qu^avec un seul œil à la foiss. ARTICLE III. De la forme totale du globe de l’œil , de lc€ forme et de la proportion de ses chambres , et de la densité de ses parties transparentes <, L’ (ES I L devant etre considéré comme une machine de dioptrique , il est très - important de connoitre les circonstances qui peuvent en dé- terminer FelFet. Ce sont les formes, les propor- tions et la densité de la lentille cristalline, et des deux humeurs qui l’accompagnent^ A. Forme^ L’œil dépend , quant à sa forme générale, du; milieu dans lequel habite l’animal auquel il ap- partient. Il est presque sphérique , ou du moins très- approchant de la sphère dans l’homme et dans les quadrupèdes qui se tiennent à la surface de la terre , c’^est-à-dire dans la partie la plus basse et la plus deiise de l’atmosphère. La cornée forme seulement à sa partie antérieure une légère saillie, qui vient de ce que sa convexité appartient à une sphère plus petite que celle du reste de l’œil. Cette différence n’est cependant pas sensible dans ^ porc -épie y le sarigue y etc^ Le globe est em A a 4 576 XIP Leçon. De Vœil, génénéral un peu moins conyexe par devant que par derrière (1).' (1) Pour déterminer avec encore plus de précision de combien le globe de Toeil s’approche ou s’éloigne de la forme sphé- rique, on peut faire une table de la proportion de son axe avec son diamètre transverse^ Axe. Diâtnctrc transvetse. Homme ........ ou i36. Singe Chien s5. 21. Cheval - . . 2.5. Baleine • ! 11, Mesures prises en dedans, j 1 . « 0 : Marsouin . . ■» En dehors» . i 3. Axe. D'amStrc postérieur. Chouette «... T .. 7 1 2. Vautour 16. Autruche ........ 5. Comme certains yeux s’écartent aussi dans leur coupe, de droite à gauche, de la forme circulaire , on pourroit égale- ment faire une table de la proportion de leur diamètre vertical , ou de leur hauteur, avec leur diamètre transverse ou leur largeur : en voici quelques exemples* La hauteur est à la largeur Dans le bœuf .... comme . . • * . * S7 — 38. Raie < 1 Aîlt. III. T)e la forme de Vœil , etc. 077 Dans les poissons et dans les cétacés qui habitent dans heau , rapplatissement de la partie ?.ntérieure de Foeil est beaucoup plus considérable y au point que y dans beaucoup de poissons y l’oeil représente une demi-spbère dont la partie plane est en avant, etja partie convexe en arrière. Dans la raie , il y a de plus un applatissement à la partie supé- rieure ÿ en sorte que Fœil est comme un quart de sphère , coupé par deux grands cercles per- pendiculaires Fun à l’autre. Quelques poissons, notamment la lote ^ font exception à cette règle, et ont aussi la cornée très convexe. Dans les oiseaux qui se tiennent toujours pliîâ ou moins élevés dans l’atmosphère, Foeil s’écarte de la forme sphérique, dans un sens Contraire à celui des poissons. Sur sa partie antérieure , qui est tantôt plate, tantôt en forme de cône tronqué, est enté un court cylindre, fermé par une cornée très-convexe et quelquefois absolument hémisphé- rique , mais appartenant toujours à une sphère beaucoup plus petite que la convexité postérieure. . C’est sur- tout dans les chouettes que la partie conique est considérable. Son axe est double de celui de la partie postérieure; mais dans les autres oiseaux le cône est pour For din aire très-applati. Son axe est, dans le vautour^ moitié de celui de la partie postérieure ou du segment de sphère* Cette différence entre les yeux des trois classes tient à la proportion qui existe entre la densité du milieu, dans lequel les animaux habitent, et 373 Xir Leçon. De F œil, celle de rhumeur aqueuse de Foeil. Comme? celle - ci est de la même densité que Peau , elle ne briseroit point les rayons qui viendroient de ce milieu ; ainsi son effet seroit nul dans les poissons: c’est pourquoi elle n’y existe point, ou y est du moins réduite à une très-pefite épaisseur.. Dans un air très raréfié, comme celui où se tiennent les oiseaux , le pouvoir réfringent 'de l’bumeur aqueuse est considérable : aussi existe- t-elle en quantité et avec une surface très convexe. Les quadrupèdes sont sur la limite de ces deux classes extrêmes , par la structure de leur œil , comme par le milieu qu’ils habitent. L’humeur aqueuse manque entièrement dans les seiches. La convexité du cristallin est en raison inverse de celle de la cornée ; et par conséquent sorr épaisseur , en raison inverse de celle de l’humeur aqueuse. Les poissons ont un cristallin presque sphérique y et même quelquefois absolument sphérique pii fait saillie au travers de la pupille , et ne laisse presque point de place pour l’humeur aqueuse. On en trouve aussi un extrêmement convexe dans les cétacés et dans quelques quadrupèdes et oiseaux sujets à plonger souvent , comme les -phoques y les cormorans y etc. Celui des reptiles est aussi très-convexe. Dans les oiseaux , le cristallin est en forme de lentille applatie 5 dans les mammifères , la lentille qu’il forme est plus convexe 5 l’homme est de touSf I ÂnT. lîï. De la forme de V œil ^ etc, ^79 les mammifères celui qui Fa le plus plat. Dans tous ces animaux , il est composé de deux segmens de sphère 5 dont le postérieur appartient généra- lement à une sphère plus petite (1). Ses dimensions (1) Un moyen simple de comparer les convexités des dif- îérens cristallins, c’est la table suivante du rapport de leur axe à leur diamètre, extraite en partie des observations de Petit (Mémoires de l’Académie des sciences, 1727), et en partie de celles qui nous sont propres. L’axe est au diamètre Dans l’bomme- . . — Singe »... — Bœuf.» . . . — Cheval . . . — Chien. . . , — Lièvre. . . . — - Loutre. . . . — Marsouin . • — • Baleine • . . — Chouette. . • — • Perroquet. • . — Vautour» . . — Tortue - , • — Grenouille • . — ■ Saumon.» . • — Espadon» . , ‘ — Alose »... Brochet» • . . = 1:2 généralement^ . id, .= 5:8. . = 2 : 3. .= 7:9; .==4:5. .= 4:5. . = 9 ; lO. . = i3 : i5. . =. 3 : 4. . ==a 7 : 10. . = 8:11. .= 7:9. .= 7:8. , = 9 : 10. , 2.5 : 26. . = 10:11. . == 14 : i5. SSo XIF Leçov. 'De Vœil. et ses proportions ne sont pas entièrement constante» dans chaque espèce ; il est généralement plu» convexe dans les jeunes sujets que dans les vieux. Il est facile de voir que cette convexité du cris- tallin doit suppléer à celle de la cornée. Dans les animaux où la cornée est convexe, les rayons, déjà convergens lorsqu’ils arrivent au cristallin, îi’oïlt pas besoin d’étre si fortement rapprochés par celui-ci : c’est le contraire dans ceux où la cornée est plate. B. Proportions. Pour déterminer l’espace qu’occupent le cris- tallin et les deux humeurs, il faut faire geler les yeux*, et les couper dans cet état par un plan qui passe par leur axe. Il y a cependant cet incon- vénient, que la gelée dilate inégalement les diffé- rentes parties de l’oeiL De cette manière on voit Dans le barbeau. généralement. — Carpe V . . . . . . . = 14 •' — Maquereau 12 : i3. — Merlan . . . • • . . = i4 ^ — Squale, . • • • • . . = 21 : 22. — Raie zV. — Hareng.» == 10 : 11. — Tanche.» 7 : 8. — ' Anguille » 1 1 ; 1 2. — ~ Congre. 9 : 10. Art. ÎîL De la forme de Foeil, etc» 58 1 que l’œil de i’iiomme est celui de tons où le cristallin occupe le moins de place, et que les poissons sont ceux où il en occupe le plus. L’axe de l’œil étant i , l’espace que chacune de ses trois parties occupe sur cet axe peut être représenté par les fractions suivantes. Humeur aqueuse. Homme • 22* Chien • • . . A 21* Boeuf • • 5 * * 37* * Mouton. • I 7* * Cheval. • P ÏI* Chouette. . ^ . 8 ' * * 27* Hareng • • . 1 . y. • • Cristallin. Humeur yiîrée4 4 1 5 22* 22* 8 ^ _8_ 21* * 21* ü 18 37* 37* 1 1 ^ 15 17* JJ , 18 45* 43* 1 1 8 27* 27* 5 i ?• ?• Il seroit aussi intéressant de comioître la pro« portion du volume total occupé par chacune des trois parties transparentes. L’œil de Thomme est, parmi les mammifères , celui où l’humeur vitrée est la plus abondante , à proportion ; il en a vingt fois autant que d’humeur aqueuse. Dans le bœuf, il y en a dix fois ; dans le mouton , neuf fois autant. C. Densité. Si la table suivante, donnée par Monro, des den- sités spécifiques des différentes parties transparentes 582 XIF Leçon:. De VæiL de l’oeil, dans le bœuf et la morue , est exacte, on en conclura que les difTérences à cet égard , entre les mammifjres et les poissons, ne sont pa» considérables : Feaa distillée y est supposée looo. Dans le bœuf. Dans la morue. Pesanteur Spécifique de l’humeur aqueuse «J • icoo ••• lOOO. — De l’humeur vitrée* •• • ici6 ••• ioi3, — Du cristallin entier* •• • iii4 *•• ii65. — De sa partie extérieure * 1 070 * * • 11 40. — De son noyau 1160 •*• 1200. Mais il faut remarquer, quant à leur pouvoir réfringent , qu’il doit être plus considérable que la densité ne l’indique , à cause de la nature en partie inflammable des humeurs de l’oeil. Il est possible que ces mêmes humeurs contiennent davan- tage de ces parties inflammables dans certaines espèces que dans d’autres, et que par conséquent leur pouvoir réfringent ne soit pas précisément dans le rapport de leur densité. D. Consistance, La dureté du cristallin est plus grande dans les animaux où il est le plus convexe. Le cristallin de l’homme est un des plus mous. Celui des oiseaux et des mammifères se laisse écraser avec quelque facilité : sa partie moyenne est cependant plus dure. Dans les poissons , cette partie moyenne devient subitement plus dure et forme un noyau qui ne se laisse diviser qu’avec beaucoup de peine. Art. ïII. Ici forme de Vœif etc. 585 Le cristallin des seiches est aussi très - dur. La dureté du cristallin augmente avec l’âge dans toutes les espèces. Les parties extérieures et plus molles du cris- tallin sont aussi moins denses. Il est probable que cette disposition doit empêcher les rayons d’étre réfléchis , comme ils le seroient en partie , s’ils passoient subitement par trois milieux différens. Cela arrive ainsi dans leur passage au travers des objectifs des lunettes achromatiques , et le nuage laiteux qui résulte de ces réflexions répétées est un des principaux défauts de ces instrumens. L’humeur aqueuse , qui est très-fluide dans les animaux à sang chaud , se trouve visqueuse et filante dans les poissons. L’humeur vitrée est généralement d’une consis- tance semblable à celle du blanc d’œuf, et comme elle est contenue dans des cellules, elle a l’ap- parence d’un corps circonscrit et non fluide : c’est ce qui lui a fait donner par beaucoup d’anato- mistes le nom de corps vitré. Les données précédentes ne suffisent point pour calculer parfaitement l’effet de l’œil ; il faudroit avoir encore la longueur absolue des rayons des sphères , auxquelles appartiennent dans chaque animal les courbures antérieures et postérieures de la cornée et du cristallin , et celle de l’axe de l’humeur aqueuse du cristallin et du vitré ; enfin , le pouvoir réfringent de ces trois corps transparens comparé à celui de l’eau distillée. 5:84 Xir Leçon. De VœlL On pouiToit alors déterminer le foyer des rayons parallèles 5 et on sanroit à quelle distance rani- mai distingue le plus facilement les objets; et en ajoiftant à*^ces points principaux ce que nous dirons dans la suite des moyens qu’ont les diverses classes de changer la ligui« de leur oeil, on détermine- roit les limites de leur faculté visuelle. Nous n’avons que d’une manière incomplète et peu sûre les dimensions que je viens de de- mander. Lu voici cependant un tableau, tiré de Petit, de Monro et de nos propres observations. N O M S. Rayon ci - 1 courbure de la cornée. Rayon pie la courbure antérieure du cristallin. Rayon de la courbure postéiieure du crist. llin. Axe de l’humeur aqueuse. Axe du cristallin. Axe du corps vitré. Homme . . . 0,©i7 o,oi6 0,012 o,oo3 0,0045 0,014 Chien. . . . 0,014 0,012 o,oo5 0,008 0,008 Bœuf. .... 0,025 0,021 0,006 0,014 0,017 Mouton. . . 004 0,010 0,0)2 î Cheval. . . . 0,009 0,1 16 0,019 , Lapin. . . . 0,014 G 1 ^ 0,011 ! ?vlarsouin de 3,5. . . . 0,016 0,014 0,012 Dîiitlûu. . . . 0,012 009 o,oo5 Hibou. . . 0,014 0,016 0,012 Saumon de o,5 oo3 C04 0,0045 Brochet tic 0,65. . . . 0,010 0,009 0,008 IS 385 Art. IV. De la sclérotique. On n’a presque rien sur le pouvoir réfringent des trois humeursi Pour calculer celui d’un cris- tallin dont on connoît bien les courbures, il fau- droit mesurer à quelle distance il rassemble les rayons parallèles. Selon Monro , pour un cristailin de bœuf y dont le rayon de la courbure antérieure étoit de ~ de pouces , et celui de la postérieure de ~ , le foyer étoit à 3 de pouce derrière la face postérieure^ et pour un cristallin de morue do it les courbures sont de ^ et de ^ et demi, le foyer étoit à ^ seulement dans l’air, et à ^ dans l’eau; mais il ne donne point l’épaisseur de ces cristallins, et il n’explique point de quelle mesure il s’est servi* ARTICLEIV. De la première tunique de V œil y ou de la sclérotique. La sclérotique enveloppe tout le globe de l’œil, à l’exception de la partie antérieure , où elle laisse Un grand vuide que ferme la cornée. C’est la sclérotique qui détermine la ligure de l’œil : d’après cela , elle n’a pu être absolument molle et flexible que dans les animaux dont roéil est à peu près globuleux , c’est-à-dire dans l’homme et les quadrupèdes, parce que cette ligure s’ob- tient d’elle - même par la résistance à peu prés uniforme des fluides contenus dans l’œil à la pression de ses tuniques 3 mais dans tous les animaux où 3 .B b 586 XIF Leçon. De Vœil. l^œil s’éloigne davantage de la forme sphérique, comme les cétacés , les poissons et les oiseaux y cette membrane est maintenue par des parties dures accessoires , ou par une plus grande solidité dans son tissu et une épaisseur plus considérable. Dans Fhomme et dans la plupart des mammi- fères , la sclérotique est une membrane blanchâtre , opaque , médiocrement épaisse , assez molle , ne présentant au premier coup d’œil aucune organi- sation apparente ; mais se résolvant par la macé- ration en un tissu cellulaire composé de fdets entremêlés en tous sens. Cette structure se dé- couvre sans préparation dans l’œil des cétacés , et sur-tout dans celui de la haleine. Les parties latérales de la sclérotique ont dans ce dernier animal près d’un pouce, et son fond près d’un pouce et demi d’épaisseur : les parties latérales sont très-dures. On voit en les coupant que leur substance est formée de fibres qui ont Fapparence tendineuse , et qui interceptent des mailles remplies d’une autre substance comme fongueuse , plus brune et plus flexible que ces fibres. La partie postérieure est beaucoup plus molle , parce que les mailles y sont plus grandes et en partie remplies d’une substance huileuse. Ces deux parties, la molle et la dure , sont séparées d’une manière tranchée , et l’une ne passe point par degrés à la nature de l’autre. Le nerf optique parcourt la portion postérieure d« la sclérotique par un canal d’un pouce et demi Art. ÎY. De la sclérotique, Z%q de longueur , dont les parois sont formées par la dure-mère ; et il est très - visible que les libres blanches , qui font la base de la sclérotique , se détachent successivement de la face externe de la dure-mère, dont elles semblent être un épa- nouissement. Cela pourroit décider , en faveur des anciens, la question de savoir si la sclérotique est ou non une continuation de la dure-mère : question assez difficile à résoudre dans les autres animaux où ces deux membranes ne se touchent que dans un espace très-mince. La sclérotique du marsouin n"a que deux à trois lignes d’épaisseur ; mais elle présente la même structure que celle de la haleine. Celle des quadrupèdes proprement dits ne s’écarte en rien d’essentiel de celle de l’homme. L’une et l’autre sont généralement plus épaissps ù leur partie antérieure \ mais cette épaisseur vient des tendons des muscles de l’oeil qui s’y insèrent. Dans le phoque y la sclérotique est épaisse par devant, et encore plus par derrière j mais la zona moyenne est mince et flexible. La sclérotique des oiseaux est mince , flexible et assez élastique par derrière. Elle a là un aspect bleuâtre , assez brillant ; on n’y apperçoit point de fibres distinctes. Elle ne reçoit pas le nerf optique par un simple trou , mais par un canal qui perce obliquement son épaisseur. Sa partie antérieure se divise en deux lames , dans l’intervalle desquelles est reçu un cercle de pièces osseuses , minces ^ dures , oblongues , qui empiètent les unes slir les Bb a 388 XIP Leçon. De VoeiL autres comme des tuiles, et qui donnent à cette partie antérieure une grande fermeté et une formé constante. Ces osselets sont presque plats dans la plupart des oiseaux , où ils ne forment qu’un disque annulaire peu bombé j ils sont légèrement arqués et concaves en dehors dans les hihous où ils forment un tube, dont la figure est celle d’un cône tronqué assez long : on en compte ordinairement une vingtaine. La tortue a, à la partie antérieure de la sclé- rotique, les mêmes lames osseuses que les oiseaux. Ces lames sont enfermées dans cette membrane, sans être continues à sa substance : elles s’en sé- parent nettement par un ‘léger effort. Il y en a aussi à la sclérotique du caméléon , et à celle? de plusieurs autres lézards; mais elles n’en forment point le disque antérieur ; elles en entourent la partie latérale. Dans les poissons , la sclérotique est cartilagi- beuse, homogène, demi-transparente , élastique et assez ferme pour conserver sa forme par elle-même, quoique fort mince dans certaines espèces. Dans la raie y elle est renflée en arrière en un tubercule, par lequel l’œil s’articule avec une tige parti- culière dont nous parlerons. La sclérotique de Y esturgeon est plus épaisse que la éavité de l’œil. Elle représente, pour ainsi dire, une sphère car- tilagineuse , dans une partie de laquelle seroit creusée une petite cavité tapissée par les autres membranes. Le saumon l’a d’une ligne d’épaisseur en arrière , Art. IV. JDe la sclérotique, 389 et (l’une dureté presque osseuse en avant. Cette dureté de la portion antérieure se retrouve dans beaucoup d’autres espèces, La sclérotique des seiches ^ des -poulpes et des calmars est singulière. En arrière elle est fort éloignée du globe de l’oeil : le gros ganglion du nerf optique et ^plusieurs parties glanduleuses se trouvent entre deux. La sclérotique forme donc en arrière un cène tronqué, dont la partie pointue tient au fond de l’orbite : c’est à cette portion que s’attachent les muscles. La partie antérieure serre le globe de l’oeil de près j elle est trèLmolle , comme gluante j elle se laisse déchirer très- aisé- ment, et présente un tissu feutré tout particulier. Elle se raffermit dans l’esprit de vin; dans quelques espèces, elle a un brillant métallique. Comme il n’y a point de cornée, la sclérotique est percée vis-à-vis du cristallin d’un trou qui n’est pas assez large pour laisser voir l’iris sans dissection. Dans toutes les espèces la sclérotique est doublée en dedans d’une membrane très-mince, ordinai- ment noirâtre, qui lui adhère fortement et que l’on croit un prolongement de la pie-mère. Dans le lion y il nous a été facile de la suivre jusque sous la cornée , où elle devient ferme et trans- parente , et dont elle se détache assez facilement. La sclérotique est non seulement le point d’in- sertion des muscles droits et obliques de l’œil ; elle donne encore attache à ceux de la troisième paupière dans les oiseaux et dans beaucoup de - E b O 5go XII® Leçon. T>e VœiL reptiles. Dans toutes les classes elle transmet , par des trous dont elle est percée , le nerf optique , les nerfs ciliaires et les vaisseaux de l’intérieur de Foeil. On croit que sa flexibilité dans l’homme et dans les quadrupèdes permet aux muscles de la com- primer , et en poussant ainsi les liumeuis en avant, de gonfler la cornée pour rendre l’œil capable de distinguer des objets très - proches 5 mais elle ne peut avoir cette utilité dans les animaux où elle est inflexible en tout ou en partie , comme les cétacés, les oiseaux et les poissons, et cependant les limites de leur vision distincte sont, du moins dans beaucoup d’espèces, plus grandes que celles de l’homme. ARTICLE V. ^De la cornée transparente et de la conjonctive. La cornée est cette partie transparente qui est comme encadrée dans le vuide que laisse la sclé- rotique en avant de l’œil. Nous avons vu, dans l’article III, quelles sont les variétés à l’égard de sa convexité ; elle en présente aussi à l’égard de son contour. Elle n’est pas toujours parfaitement circulaire: dans l’homme et dans les mammifères , elle est plus large que longue , et un peu plus étroite du côté du nez. Art. V. Cornée et conjonctive. 5g i Son diamètre transverse ou sa largeur est à sa liauteur , Dans le boeuf, comme. • • • . 27 : Dans tous les animaux , la cornée est composée de lames minces , transparentes , collées ensemble par une cellulosité serrée , et formant par leur assemblage un ménisque plus épais dans le milieu que sur ses bords, et qui peut déjà par lui- même faire converger les rayons lumineux. Ces lames se laissent aiséniient séparer au scalpel , sur - tout après une légère macération. D’après les expériences de Home, la cornée devient plus convexe, lorsqu’on regarde des objets rapprochés ; et plus plane , lorsqu’on en regarde d’éloignés. Dans le premier cas, elle rapproche avec plus de force les rayons plus divergens. Quelques-uns ont attribué cet elfet à la contrac- tion des procès ciliaires ; d’autres , à celle de l’iris : il est plus probable qu’il est produit par les muscles droits de l’œil ; mais il n’est pas suffisant pour expliquer la clarté de la vision à des distances très-dilïerentes. La cornée est la seule partie dont on retrouve l’analogue dans les yeux des insectes. Il paroît même qu’elle leur tient lieu de cristallin : elle y est entièrement dure et écailleuse. On a regardé long-temps la cornée comme un© continuation de la sclérotique 5 on a reconnu depuis que c’est une membrane particulière. Il ne faiët B b 4 592 XTr Leçox. De VœiL pas croire cependant qu’elle soit toujours simple- ment attachée à la sclérotique par de la cellulosité. Les Lords des deux membranes se pénétrent ré- ciproquement : c’est ce qu’on voit sur- tout dans la haleine. Les libres de la sclérotique y pénètrent dans l’épaisseur de la cornée^ sous forme de lignes blanches très-déliées, mais assez longues et bien visibles. On les distingue aussi très-bien dans le Thinoc('ros. La coupe de la séparation de ces deux mem- branes est quelquefois droite , comme nommément dans la haleine , le rhinocéros ^ etc.; d’autrefois, c’est une espèce de biseau, et la cornée se glisse sous le bord de la sclérotique : c’est le cas de l’homme , du bœuf ^ etc. ; d’autrefois encore le bord de la sclérotique est double et embrasse celui de la cornée comme une pince : cela est ainsi dans îe lièvre. C’est sur-tout dans îe squale - milandre qu'on voit bien la séparation de la cornée d’avec la sclé- rotique ; elles forment un biseau , mais tel que c’est la sclérotique qui s’amincit derrière la cornée, et non celle-ci , comme à l’ordinaire. La scléro- tique est blanchâtre; la cornée jaunâtre, et il y a de plus entre deux un tissu cellulaire serré , mais très-visible , qui semble être une production de la conjonctive qui pénètre dans l’œil pour aller s’unir au ligament ciliaire et à l’iris. Les friches n’ont point de cornée, et l’ouver- ture antérieure de leur sclérotique n’est garnie Ap.t. V. Cornée et conjonctive. 5g5 par rien ; le cristallin fait saillie au travers et il ny a point d’humeur aqueuse. Cependant on trouve sous leur conjonctive une membrane particulière, sèche ) fine , transparente , qui enveloppe la sclé- rotique elle -même, et dont la partie antérieure tient lieu de cornée. La conjonctive est cette partie de la peau qui, après s’être reployée pour doubler la face interne de la paupière en prenant un tissu plus hn et des vaisseaux plus nombreux , se reploie en sens contraire et devient plus fine encore pour couvrir le devant de l’œil, auquel elle adhère très- forte- ment , sur-tout à la cornée , dont on ne peut la séparer que par la macération. La partie de la conjonctive qui recouvre la cornée est transparente. Celle qui est sur la sclérotique forme ce qu’on nomme le blanc de l’œil, et est en effet de cette couleur lorsque ses vaisseaux sanguins ne sont point gonflés et rendus trop visibles par l’inflam- mation. Cette description , prise de l’homme , convient à tous les animaux qui ont des paupières, à l’excep- tion de la couleur de la partie analogue au blanc de l’œil qui varie quelquefois ; mais dans les espèces qui n’ont point de paupières , comme la plupart des poissons , la peau passe directement au devant de l’œil , sans former aucun repli : quelquefois même elle n’y adhère pas très-fortement. C’est ce qu’on voit sur-tout dans V anguille , qui se peut écorcher sans qu’il reste de trou à l’endroit d@ 5g4 Xir Leçon; De VœiL l’œil : la peau y a seulement un espace arrondi et transparent. 11 en est de meme dans les serpens et dans les seiches. Dans le poisson coffre ( ostracion ) , la con- jonctive est si semblable au reste de la peau , qu’on y voit des lignes qui y forment les mêmes com- partimens que sur tout le corps de ce poisson. Nous trouvons parmi les mammifères une espèce de rat^ dans laquelle la peau n’est pas même trans- parente à l’endroit de l’œil; mais elle y est re- couverte de poil comme ailleurs ; et l’œil , qui au reste a à peine la grosseur d’un grain de pavot, est parfaitement inutile. Ce rat est le zemni ( jiius tjphlus). Une anguille {murena cœcilia)^ et la myxine { gastrobranchus cœcus) sont aveugles de la même manière , par le défaut de transpa- rence de la conjonctive, ARTICLE VI. De la seconde tunique de V œil , ou de leu choroïde et de ses annexes. A. Dans Vhoinme. La choroïde tapisse intérieurement toute la sclérotique, dans la concavité de laquelle elle se moule ; elle ne s’y colle dans la plus grande partie de son étendue que par un tissu cellulaire très- lâche; mais ces deux membranes sont liées par Art. VI. T)e la choroïde. 5^5 des nerfs et des vaisseaux qui percent la scléro- tique pour se rendre à la choroïde, ou pour la traverser elle-même. Leur partie antérieure , celle qui est voisine de la cornée , est unie plus inti- mement par un cercle d^un tissu cellulaire comme cotonneux , abreuvé d’une mucosité blanchâtre ^ que bon a nommé le ligament ciliaire. Il est plus épais et plus serré en .avant; il s’amincit et dis- paroît en arrière. A la face opposée à ce ligament, c’est-à-dire à la face concave, tout autour du bord antérieur de la choroïde, on voit sa lame interne former des plis très-lins et disposés en rayons ; ils représentent en quelque sorte le disque d’une fleur radiée, et leur ensemble se nomme coj'ps ciliaire. Les lames saillantes qui résultent de ces plis portent leur extrémité antérieure un peu vers l’axe de Foeil, en s’écartant de la cornée, en sorte que toutes les extrémités de ces lames interceptent un espace circulaire, dans lequel est précisément placé le cristallin; il paroît même que ces extré- mités , que l’on nomme les procès ciliaires, s’at- tachent au devant de tout le bord aigu de la capsule du cristallin et contribuent à la fixer. Les lames qui composent le corps ciliaire s’impriment en creux sur la face antérieure du vitré , qui remplit toute la partie de l’œil située derrière eux. Après avoir produit par ses plis ou lames saillantes en dedans et par leurs prolongemens la belle cou- ronne que nous venons de décrire , la choroïde se continue pour former un voile annulaire ^ 5g6 XIP Leçon. T>e VœiL placé entre la cornée et le cristallin, et qui porte le nom ^uvée ; il est percé dans son milieu d\m trou qui porte le nom de pupille , et recouvert par sa face antérieure d’une membrane également annulaire, que l’on voit au travers de la cornée et qui se nomme Viris, Nous en parlerons dans l’article suivant. Cette partie de la seconde tunique, qui est située au devant du cristallin , est presque plane dans l’homme ; elle a quelquefois de la convexité dans les animaux , mais toujours moins que le reste de la tunique, qui a absolument la même courbure que la sclérotique. C’est entre cet applatissement de la seconde tunique et la convexité au contraire plus grande de la cornée qu’est située la première chambre de l’oeil que remplit l’humeur aqueuse. La substance de la choroïde est très -mince et très- délicate. Les bonnes injections font voir qu’elle est presque entièrement composée d’un triple tissu vasculaire. Ses artères forment d’abord le tissu extérieur. La plupart pénètrent au travers de la sclérotique , très-près du nerf optique , et se ré- pandent sur toute la choroïde en se divisant par des angles très- aigus : on les nomme artères ci- liaires courtes J pour les distinguer de deux troncs qui vont presque jusqu’à l’iris sans se bifurquer et qui se nomment ciliaires longues. Le tissu intérieur est formé par les extrémités de ces mêmes artères qui, ayant percé la choroïde, forment à Art. VI. De la choroïde, 597 sa face interne im réseau si uniforme et si fin ^ qu’on n’en distingue tes mailles qu’avec une forte loupe. Le troisième tissu est intermédiaire 5 il est formé par les veines. Leur marche est singulière ; elle représente des arcs irréguliers qui aboutissent à certains centres , et forment des espèces de tour- billons. Ce sont ces vaisseaux - là qu’on voit le mieux sans injection. La face interne de la choroïde est tapissée dans l’homme d’une mucosité noirâtre, ou même ab- .solument noire et terne, qui peut se détacher ou s’absterger avec le doigt ou avec un pinceau , et qui sert à empêcher que des rayons réfléchis par les parois internes de l’œil ne troublent la vision qui se fait par les rayons directs. C’est par la même raison qu’on noircit l’intérieur de tous les instrumens de dioptrique. On voit à la loupe un léger velouté lorsqu’on a enlevé ce vernis. La lame interne de la choroïde semble d’un tissu plus ferme que le reste de son épaisseur, et porte en parti- culier le nom de ruischienne. Les procès ciliaires et l’uvée ont les mêmes vaisseaux , le même duvet et le même vernis noir que le reste de la choroïde. Les procès ciliaires laissent même une empreinte remarquable de ce vernis sur le devant du corps vitré lorsqu’on les en sépare , ce que le reste de la membrane ne peut pas faire à cause de la rétine qui est entre deux. 5g8 XIP Leçon. De VœlL B. Dans les animaux, La choroïde existe dans tous les animaux dont on connoît bien les yeux ; elle est toujours vas- culeiise et enduite au moins en partie à sa face concave d^une mucosité particulière. Elle varie par les procès ciliaires , par la couleur et le tissu de son fonds, par la séparation plus ou moins facile de la ruiscliienne , et par la disposition de ses vais- seaux. 1^. Des procès ciliaires. Les mammifères et les oiseaux ont tous des procès ciliaires : on en trouve dans quelques reptiles et même dans les seiches j mais ils manquent à presque tous les poissons. Dans riiomme , chacune des lames des procès ciliaires représente un triangle scalène très-alongé ; un côté , celui par lequel la lame tient au reste de la choroïde, est convexe. Le bord qui touche au vitré concave, et celui qui est voisin de lïris, est beaucoup plus court que les deux autres. L’angle qui touche la capsule est arrondi : tous les bords libres sont légèrement dentelés. Cette dentelure est bien plus sensible et se . change en véritable frange dans les grands animaux, comme le bœuf, le cheval et le rhinocéros : cela est aussi dans la haleine y où Fangle qui retient la capsule se pro- longe beaucoup plus en pointe que dans les pré- cédons. Dans les carnassiers, notamment dans 1© Art, VL T)e la choroïde» 3c)g lion ^ les lames ont le côté de leur base moins long, à proportion des autres côtés, que dans' les animaux préqédens, de façon que Fangle opposé est plus saillant : on n’apperçoit sur les bords au- cune dentelure. Dans toutes ces espèces , il y a une lame sur deux ou sur trois , plus courte que les autres , mais sans aucun ordre absolument ré- gulier. Les oiseaux ont leurs lames ciliaires peu saillantes; ce ne sont presque que des stries serrées et peu ondoyantes. Il y a cependant des différences entre les espèces. Dans le hibou ^ elles sont plus fines, plus serrées et plus nombreuses ; dans Y autruche , elles sont plus grosses et plus lâches ; mais , dans tous les oiseaux , leur extrémité tient très - fermement à la capsule du cristallin. Dans la tortue ^ les procès ciliaires sont si peu saillans , qu’on les reconnoîtroit à peine pour tels sans la belle empreinte qu’ils laissent sur le vitré ; mais dans crocodile y ces procès sont très-beaux et très-prononcés : ils se terminent chacun par un angle rectiligne presque droit. J’ai vu des procès I en forme de fils alongés , mais en petit nombre , i dans une grande rainette étrangère. Il y en a j aussi de tels , mais peu marqués , dans le crapaud. Je n’en ai point apperçu dans les lézards ordi- naires , ni dans les serpens. Il y a un corps et des procès ciliaires très-marqués dans le squale-milandre. Les lames en sont presque 4oo XIP Leçon. De VœiL aussi saillantes que dans les oiseaux, et après avoir formé une très- courte pointe qui touche à la capsule du cristallin , elles se continuent avec les stries de Tuvée. Je n’ai pu voir la même structure dans la raie ; mais il est certain qu’il n’y a rien d’approchant dans les poissons osseux ; leur uvée se continue sans interruption avec leur ruischienne , et forme avec elle une tunique uniforme sans aucune partie saillante en dedans. On ne voit nulle part si distinctement l’usage des procès ciliaires pour retenir le cristallin que dans l’oeil des seiches et àes poulpes. Leur procès ciliaire forme une large zone ou diaphragme , dans l’ouverture de laquelle le cristallin est véritable- ment enchâssé. Ce cristallin a tout autour un sillon circulaire profond , qui le divise en deux hémi- sphères inégaux. C’est dans ce sillon que pénètre le procès ciliaire , et il s’y attache si fixement qu’on ne peut l’en ôter qu’en le déchirant. Ce procès n’est point formé de lames saillantes , mais d’une membrane continue , dont les deux faces sont mar- quées d’un cercle formé d’une quantité innom- brable de stries rayonnantes très - fines , qui pré- sentent à l’œil un spectacle très-agréable. 2®. De la ruischienne, La ruischienne se laisse à peine distinguer de la choroïde dans l’homme , les singes , les petits quadrupèdes et les oiseaux 5 mais dans les grands Art* VI. De la choroïde, 4oî quadrupèdes , quoiqu’on ne puisse la séparer sans endommager Tune ou Fautre , on la distingue par son tissu plus fin , serré , et comme homogène. La coupe de la choroïde ne présente au microscope que les ouvertures béantes des petits vaisseaux qui îa composent 5 celle de la ruischienne est solide et ressemble à celle d’une simple membrane , de Fépiderme par exemple : c’est ce qu’on voit sur- tout très - bien dans l’œil de la haleine y où les ouvertures des vaisseaux sont sensibles à l’œil nu, et où l’on en reconnoit aisément les trois couches^ Les parties latérales et antérieures de la ruis- chienne sont toujours , comme nous l’avons dit , enduites d’un vernis muqueux plus ou moins noir : il est d’un rouge pourpre dans le calmar , qui est probablement avec les autres seiches la seule exception à cette règle. Quelques oiseaux Font seulement d’un brun roux foncé. Ce vernis vient quelquefois à manquer dans certaines espèces , par l’effet d’une maladie qui leur blanchit aussi les poils. Les lapins blancs, les nègres blancs, les ^souris blanches sont dans ce cas. Leur ruischienne est alors transparente , et toutes les parties de la choroïde sont d’un blanc que les nombreux vaisseaux qui rampent dans cette membrane font paroître Tose. 5°. Da tapis. Le fond de la ruischienne n^est enduit quâ 4’une couche souvent très - légère de ce vernis , 2 Ce 4o2 XII* Leçon. De Vœil. au travers de laquelle on apperçoit sa couleur ^ qui varie singulièrement selon les espèces. L’homme elles singes l’ont brune ou noirâtre; les lièvres ^ les/ap//75, les cochons , d’un brun de chocolat ;mais les carnassiers», les ruminans, les* pachydermes , les solipèdes et les cétacés ont des couleurs vives et brillantes à cette partie. Le hœufVci d’un beau vert doré 5 changeant en bleu céleste; le cheval y le houe , le bubale y le cerf y d’un bleu argenté, changeant en violet; le mouton^ d’un vert doré pâle, quelquefois bleuâtre; le lion y le chat y V ours y le dauphin^ l’ont d’un jaune doré pâle; le chien , le loup et le blaireau , d’un blanc pur , bordé de bleu. On nomme cette partie co- lorée de la ruischienne le tapis. Elle n’occupe pas tout le fond de l’œil, mais seulement un coté, celui dans lequel le nerf optique ne perce point. Il est difficile de soupçonner l’usage d'une tache si éclatante dans un lieu si peu visible. Monro y et d’autres avant lui , ont cru que le tapis du bœuf est vert , pour lui représenter plus vive- ment la couleur c\e son aliment naturel ; mais cette explication ne convient pas aux autres CvSpèces. Les oiseaux et les poissons n’ont aucun tapis. Leur ruischienne est uniformément noirâtre et enduite par-tout de mucosité : il y en a meme beaucoup plus sur son fond qu’ailleurs dans les poissons. La raie fait une exception a])parente à cette règle; elle a le fond de l’œil d’une belle couleur d’argent^, produite par la transparence Art. VT. De la choroïde. 4o3 sa ruiscliienne 5 qui laisse voir la couleur de sa choroïde, 4°. Dè la glande choroïdienne des voissons, La ruischienne et la choroïde des poissons forment deux membranes hien distinctes, et faciles à séparer. La ruischienne est noire et composée d’un lacis d’innombrables vaisseaux , la choroïde est, ou blanche , ou argentée, ou dorée, très -mince et peu vasculeuse. Entre ces deux membranes est un corps, que les uns ont nommé glande j les autres muscle , et qui mérite d’être décrit. Sa couleur est pour l’ordinaire d’un rouge vif 3 sa substance est molle et plutôt glanduleuse que musculeuse ^ du moins n’y distingue-t-on point de fibres, quoique des vais- seaux sanguins forment des lignes plus foncées et presque parallèles à sa surface. Sa forme est ordi- nairement celle d’un c}dindre mince , qu’on auroit contourné autour du nerf optique, comme un anneau^ Famieau n’est cependant pas complet : il en manque toujours un segment plus ou moins long. Quelque- fois ^ comme dans le perça labrax ^ il est com- posé de deux pièces , une de chaque côté du nerf optique j d’autrefois , il n’est pas roulé en cercle j mais sa courbure est irré julière : c’est ce qui a lieu dans le saumon , dans le poisson-lune {ie- îraodon-moUi ) et dans la morue ; mais les carpes et la. plupart des autres poissons l’ont d’une figure très- approcb ante dw cercle. C ç 2 4o4 XIP Leçon. De VœiL Ceux qui pensent que Foeil doit changer de figure, selon la distance des objets qu’il veut voir, croient que le corps dont nous parlons est un muscle destiné à produire cet effet en contractant la choroïde; mais il nous semble que les nom- breux vaisseaux déférons qui en sortent le doivent plutôt faire regarder comme une glande destinée à séparer quelques-unes des humeurs de l’oeil. Ces vaisseaux sont blancs, fins, très-tortueux, et paroissent traverser la ruischienne : on les voit très-bien dans le poisson-lune et dans le labrax. Dans la morue , ils sont extrêmement gros ; ils s’anastomosent ensemble et sont tous recouverts d’une mucosité blanche et opaque. Haller a fait de ces vaisseaux une troisième lame intermédiaire de la choroïde , qu’il a nommée vas-^ culaire. Le corps glanduleux lui - même reçoit beaucoup de vaisseaux et des nerfs qui viennent de l’ophthalmique , et dont le tronc marche quelque temps dans une gaine commune avec le nerf optique , après que sa propre gaine a débouché dans celle de ce dernier, comme une veine dans une veine plus grosse. Cette glande n’existe point dans les chondropté- rygiens, c’est-à-dire dans les raies et les squales y dont l’œil se rapproche davantage de celui des mammifères, comme nous l’avons déjà vu pour le tapis et les procès ciliaires. La choroïde de ces deux genres est, comme à l’ordinaire, un triple tissu de vaisseaux, qui a de l’épaisseur et de la Art. VII. De Viris. 4o5 consistance. La ruiscliienne est très-mince et trans- parente; entre deux est une couche de matière argentée. Les seiches , qui ont plusieurs corps glanduleux entre leur sclérotique et leur choroïde, n’en ont point entre celle-ci et la ruiscliienne. Ces deux membranes sont même quelquefois difficiles à sé- parer. La choroïde est plus épaisse, plus molle, plus vasculeuse; la ruischienne est mince et sèche : il n’y a point de tapis. Tout l’œil est tapissé en dedans d’un vernis d’un pourpre foncé. ARTICLE VIL De Viris y de la pupille et de leurs mouvemens. Nous avons vu, dans l’article précédent, que Vuvée y cette production de la choroïde qui forme un voile annulaire ou un diaphragme au devant du cristallin, est recouverte à sa face antérieure d’une substance particulière qui porte le nom à' iris, A. Texture de Viris, L’iris est un tissu demi-fibreux, demi-spongieux , qui est collé de la manière la plus intime sur l’uvée , et qu’on ne peut en séparer qu’avec peine et dans les plus grands animaux. Il est plus épais et plus lâche à sa grande circonférence du coté du ligament ciliaire , où il semble se terminer. C c 5 An6 Xir Leçox. De V æiî. Il y est plus facile à séparer j mais vers les bords de la pupille il va en s’ainincissanl, et il ne peut plus se distinguer de Tuvée qui le double. Les artères ciliaires longues , arrivées vers la grande circonférence de Firis, s’y bifurquent et Fentoui^nt d’un cercle, d’où partent ses artères propres qui sont nombreuses et en rayons ^ et qui s’anastomosent ensemble pour former un second cercle plus petit, 11 reçoit une grande quantité de petits rameaux des nerfs ciliaires, qui, après avoir percé la sclé- rotique et entouré longitudinalement la choroïde comme des rubans , mais sans y pénétrer , se perdent dans Firisr Les stries qu’on remarque sur l’iris de l’homme sont simplement distinctes par leur couleur plutôt que par leur saillie. Elles représentent de petites flammes qui se dirigent en convergeant vers la pupille. Il y a sur le. bord de ce trou un cercle plus étroit et plus foncé que le cercle extérieur. Ces ligues, droites lorsque Firis est dilaté et la pupille rétrécie , sont flexueuses dans le cas con- traire. On sait assez que la couleur totale de Firis varie , dans les différens hommes, du bleu au jaune et à Forangé foncé. Quelques animaux domestiques présentent aussi des variétés dans la couleur de leurs yeux ; on en voit aux cbevaux , aux chiens ; mais les animaux sauvages ont généralement une couleur fixe pour chaque espèce. Art. VII. De Viris. 407 Dans les mammifères, cette couleur est le plus souvent d\m fauve foiicé , ou brune. On y voit moins de stries colorées que dans les yeux de Fhomme ; et dans ceux dont la pupille n’est pas ronde , on apperçoît souvent des plis inégaux qui proviennent des mouvemens de Fîris. Les oiseaux ont généralement Firis d’une surface unie et d’une couleur matte , qui varie à Finfini selon les espèces , et qui est souvent très - vive , comme d’un beau jaune, d’un beau rouge, d’un bleu clair, etc. Son tissu paroît, au microscope, composé de mailles formées par l’entrecroisement d’une multitude de fibres très-fines. La membrane de Fuvée est si fine dans les oiseaux, que, lors- qu’on en a abstergé le vernis , elle est absolument transparente , et que Firis paroît de la même cou- leur des deux côtés* Dans les poissons au contraire c’est Firis qui est une membrane si fine, que l’on voit Fuvée au travers , qui montre au premier coup d’œil , par son éclat doré et argente , qu’elle est la conti- nuation de la cboro'ide , qui est de la même nature comme nous l’avons vu précédemment. L’iris des reptiles tient un peu à celui des poissons par la dorure qu’il présente y mais les vaisseaux y sont plus visibles que dans les autres espèces. Ils forment un beau réseau sur celui du crocodile^ €c 4 4o8 Leçon. Z><* VœiL B. Fibres de Vuvée, lia face postérieure de Tuvée présente des stries serrées qui se continuent avec les procès ciliaires. Ces stries, peu sensibles dans l’hoinme, le sont beau- coup dans les grands ruminans , sur-tout dans le boeuf, qui les a plus fortes que le cheval, quoique son œil soit plus petit j il les a meme plus fortes que la baleine. Le rhinocéros les a aussi très - fortes , et elles régnent jusque près du bord de la puyjille. Dans les autres espèces, elles laissent A^ers ce bord im espace lisse. Ces stries ne se montrent pour l’or- dinaire ni dans les oiseaux, ni dans les poissons: on en voit cependant des vestiges dans l’œil des grands squales , comme le milandre recjuin , etc. On les a long-temps regardées comme muscu- laires. On croit aujourd’hui que ce sont de simples replis de la membrane. C. Mouvemens de riris. L’iris est destiné à empêcher qu’il n^entre dans l’œil trop de rayons venant d’un même point, et que la lumière étant trop intense, n’affecte dou- loureusement la réline. Pour cet eflèt , lorsque les objets que l’qn regarde sont vivement éclairés, i’iris se dilate , et la pupille se rétrécit ; lorsque ces objets sont obscurs , le mouvement contraire a lieu; le cône de rayons qui a son sommet au point lumineux et sa base à la pupille , ayant par Art. VÎI. De F iris. 409 ce moyen mie base d’autant plus grande que les rayons qu’il contient sont moins serrés , la quantité absolue de rayons reste à peu près la mêine^ à moins que les différences dans l’intensité de la lumière ne soient trop considérables. Ce mouvement est ordinairement involontaire 5 il dépend uniquement des rayons qui tombent sur la rétine : une lumière qui ne tomberoit que sur l’iris lui-méme ne lui causeroit aucun mouvement. Cette membrane n’est point irritable ; et comme elle n’a aucune liaison immédiate avec la rétine , on ne peut chercher la cause de leur sympathie que dans le cerveau. Lorsqu’un œil seul est frappé par la lumière, il se contracte seul. Dans le sommeil^ la pupille est contractée et l’iris dilaté. Il y a quelques cas où une forte attention à considérer certains objets, ou une terreur subite, causent des mouvemens dans l’iris sans qu’il arrive d© changement dans rintensité de la lumière. Ce mouvement est même absolument volontaire dans quelques animaux. Il y a long-temps qu’on le sait du perroquet. Il est nul^ ou à peu près nui dans les poissons. Lorsque nous regardons un objet de très-près, notre pupille se rétrécit : d’une part , parce que la lumière qui vient d’objets rapprochés est plus abondante ; de l’autre , parce que cette contraction ne laisse epîrer dans l’œil que les rayons les moins divergens , et écarte une partie de ceux qui 1© 4io Xir Leçox. De VoeiL seroîent trop pour pouvoir être réunis sur la rétine. Cependant Hunier a prouvé que ce rétrécisse- ment de la pupille ne suffît pas pour expliquer la facilité avec laquelle le même œil peut voir les objets éloignés et les objets voisins ^ et qu’il falloit avoir recours à d’autres moyens , quoique Haller et Sabhatier n’aient voulu admettre que celui-là. i D. Figure de la pupille. La forme de la pupille varie dans les différentes espèces. Lorsqu’elle est dilatée, elle est générale- ment ronde ; elle reste aussi à peu près ronde lorsqu’elle se rétrécit, dans l’homme, les singes beaucoup de carnassiers et dans les oiseaux ; mais elle se rapproche d’une ligne verticale dans le genre des chais ^ en passant par différens losanges toujours plus étroits , selon que la lumière est plus vive. Dans le bœuf et dans les autres ruminans, elle est transversalement oblongue, et elle devient dans son plus grand resserrement une ligne trans- versale. Dans le cheval^ elle est aussi transver- salement oblongue , et. son bord supérieur forme une convexité festonnée de cinq festons plus épais que le reste du contour. Dans la haleine , elle est aussi transversalement oblongue. Dans le dau-- phin , elle approche de la figure d’un cœur. Le crocodile a sa pupille semblable à celle du chai; elle est rhomboïdale dans les grenouilles. Art. VII. T)e Viris, 4it La tortue Ta ronde, ainsi que le caméléon et les lézards ordinaires. Le geclo Fa rhomboïdale. La raie a une particularité très - remarquable. Le bord supérieur de sa pupille se prolonge en plusieurs lanières étroites , disposées en rayons , et représentant ensemble une palinette. Ces lanières sont dorées en dehors, et noires en dedans. Dans Fétat ordinaire , elles sont reployées entre le bord supérieur de la pupille et le vitré 5 mais lorsqu’on presse le haut de Foeil avec le doigt elles se dé- veloppent , et ferment la pupille comme une jalousie. Il est probable que dans Fétat de vie cette fer- meture a lieu , ou à la volonté de Fanimal , ou par Feffet d’une vive lumière. La torpille peut entiè- rement fermer sa pupille par le moyen de .ce voile. Aucun autre poisson, pas même un squale ne nous a rien présenté de semblable. Dans les seiches ^ la pupille a la forme d’un rein. E. 3ïemhrane pupillaire. Dans les foetus humains y avant le septième mois, la pupille est fermée par une membrane très- hne , continue à Fuvée, et qui en reçoit ses vais- seaux. Elle se déchire et disparoît ensuite , et 011 n en trouve plus de vestige dans Ferifant nouveau- né. On a observé cette membrane dans les fœtus des autres mammifères ^ mais on prétend qu’elle n existe point dcins ceux des oiseaux. 4i2 Xir Leçon. De Voeil. ARTICLE VIII. De Venir ce du nerf optique dans Vœîl^ de V origine de la rétine y de sa nature et de ses limites. A. Entrée du nerf optique. Nous avons vu dans la IX® leçon l’origine du nerf optique; nous l’avons suivi dans la X® jusqu’à son entrée dans l’oeil. 11 faut dire ici comment il pénètre dans cet organe , et de quelle manière il y donne naissance à la rétine. 3®. Dans les mammifères. Le nerf optique des mammifères , arrivé à la sclérotique , commence à diminuer de diamètre ; il forme en traversant cette tunique un cône tronqué, d’autant plus alongé , qu’elle est elle -meme plus épaisse; arrivé à la choroïde, il la perce par un trou rond, fermé d’une petite membrane criblée d’une multitude de petits pores, au travers desquels la substance médullaire qui a tiaversé les longs canaux dont ce nerf est composé, semble s’écouler pour se mêler intimement et former cetle expan- sion nerveuse qui double toute la concavité de la choroïde, et que l’on nomme rétine. Cette pointe du nerf optique fait quelquefois une légère saillie en dedans de l’œil. Dans le lièvre et le lapin y au lieu d’un petit disque rond et criblé, l’extrémité du nei’f fait une saillie au Art. YïII. De la rétine. 4i5 dedans de Foeil , et se dilate en une espece de cupule ovale , légèrement concave dans son milieu , et des bords de laquelle naît la rétine. Dans la plupart des mammifères, on voit autour de ce point des bbres blanchâtres, un peu pkis opaques que le reste de la rétine et disposées en rayons. Dans le lièvre et dans le lapin y ces fibres forment deux longs pinceaux , un à droite , Faiitre à gauche ; leur finesse et leur blancheur vive , que relève encore le fond brun de la choroïde cjui paroît au travers du reste de la rétine , les rendent très- agréables à la vue. Dans l’homme , on observe à côté de l’entrée du nerf, à peu près au point qui répond à l’axe de l’œil, un petit pli de la rétine, qui forme une légère convexité lorsqu’on a enlevé les membranes plus extérieures. Au milieu de ce pli est un point transparent , que l’on prend au premier coup d’œil pour un trou. Les bords de ce point sont teints en jaune dans les adultes , mais non dans l’enfant qui vient de naître. Cette particularité de l’œil de l’homme , qui avoit échappé à presque tous les anatomistes, jusqu’à M. Scemmerring, ne se retrouve que dans l’œil des singes. Nous l’avons observée dans le cynocéphale , dans la guenon blanc-nez^ etc. Dans le premier, la partie trans- parente est bien plus large que dans l’homme , et de forme ovale. Il y a quelquefois une tache jaune à côté, mais qui n’est pas constants. 4i4 XII* Leçon. T>e Vœil. Le niahi, qui de tous les mammifères approche le plus des singes , n’a qu’un léger repli , sans tache , ni point transparent, et les autres espèces n’ont rien d’approchant. 2®. Dans les oiseaux. Dans les oiseaux , le nerf optique arrivé à la sclérotique se continue obliquement en une longue queue conique, qui se glisse dans une gaine de même ligure^ creusée dans l’épaisseur de cette membrane et dirigée en en-bas et obliquement en avant. La lame de cette gaine qui touche l’oeil est fendue dans toute sa longueur par une ligne étroite qui laisse passer la substance du nerf. Cette fente existe aussi dans la partie correspondante de la choroïde , et même elle y est plus longue , parce que la pointe du nerf conserve sôn obliquité après avoir percé la sclérotique. Il arrive de là que le nerf optique forme au dedans de l’oeil , au lieu d’un disque rond , comme dans les mammifères , une ligne ronde et étroite , très-blanche , des deux bords et des deux extrémités de laquelle naît la rétine. Mais ce qui est plus singulier encore, c’est la membrane pîissée qui est suspendue à toute la longueur de cette ligne blanche , et que quelques- uns ont nommée la bourse noire ^ et d’autres^ le peigne de Voeil des oiseaux. Cette membrane paroît être de la même nature , que la choroïde, quoiqu’elle n’y tienne point du i Art. VIII. De la rétine» 4i5 tout ; elle est de même très- fine , très-vasculeuse et enduite d’un vernis noir. Ses vaisseaux viennent d’une branche particulière de l’artère ophthalmique , différente des deux qui appartiennent à la cho- roïde. Ils descendent sur les plis de la membrane noire, et y forment des arbuscules très-agréables à voir lorsqu’ils sont injectés. Cette membrane pénètre directement dans l’in- térieur du vitré, comme un coin qu’on y auroit enfoncé 5 elle est dans un plan vertical oblique- ment dirigé en avant. Son angle le plus voisin de la cornée dans les espèces où elle est très-large , et tout son bord antérieur dans celles où elle est étroite, arrive jusque près du bord inférieur de la capsule du cristallin. Dans quelques espèces , elle s’en approche tellement, qu’il est difficile de dire si elle ne s’y attache pas : tel est le cas du vautour de la cigogne , du dindon , selon Petit , etc. Mais il est d’autres oiseaux dans les- quels elle en reste à quelque distance, et où elle ne par oit s’attacher qu’à quelques-unes des nom- breuses lames qui partagent le vitré en cellules.» Dans la cigogne , le héron , le dindon , cette membrane est plus large dans le sens parallèle à la queue du nerf optique que dans le sens contraire. Dans Y autruche^ le casoar^ le hibou ^ elle a des dimensions opposées ; elle est plissée comme une manchelte , dans le sens perpendicu- laire à la c(ueue du nerf optique. Les plis sont arron- dis dans la plupart des espïcesj dans Y autruche 4i6 XII® Leçom. De VœiL et le casoar y ils sont comprimes, tranclians et si hauts perpendiculairement au plan de la mein- hrane , qu’elle a, au premier aspect, Tair d’uno bourse conique , plutôt que d’une seule membrane. Aussi est- ce dans ces deux espèces que les pre- ïiiiers académiciens de Paris, qui l’ont découverte > Pavoieiit nommée bourse noire. Les plis varient pour le nombre : il y en a i6 dans la cigogne ^ lo ou 12 dans le canard et dans le vautour , j5 dans V autruche y 7 dans le grand-duc. Il est difficile d’assigner le véritable usage de cette membrane. Sa position doit faire tomber sur elle une partie des rayons qui viennent des ob- jets placés aux côtés de l’oiseau. Petit a cru qu’elle étoit destinée à absorber ces rayons et à empêcher qu’ils ne nuisissent à la vue distincte des objets placés en avant. D’autres ont pensé, et cette opi- nion a été répétée depuis peu par M. Home , qu’elle est pourvue d’une force musculaire , et que son usage est tie rapprocher le cristallin de la rétine , lorsque l’oiseau veut raccourcir son axe de vision pour mieux voir les objets éloignés. Ce- pendant on n’y voit aucune libre charnue; et les expériences qui prouvent qu’elle se contracte après la mort ne sont pas absolument concluantes : d’ailleurs , comme elle s’attache au cristallin par le côté, elle ne pourroit le mouvoir qu’obliquement. Haller la regarde comme un simple soutien des vaisseaux qui doivent se rendre à la capsule du cristallin. Art, VIII. De la rétine. 417 5®. Dans les reptiles et les poissons. Dans tous les reptiles, le nerf optique traverse les membranes de Foeil directement et par un trou rond, comme dans les quadrupèdes 5 il forme en dedans un petit tubercule, des bords duquel naît la rétine. Il en est de même dans un grand nombre de poissons , comme la raie, où le tubercule est mam- melonné, le squale, toutes les carpes et beau- coup d’autres. Les fibres rayonnantes qui naissent des bords de ce disque y sont même plus sensibles que dans la plupart des quadrupèdes; mais il y a un certain nombre de poissons dans lesquels la formation de la rétine ressemble , à quelques égards, à celle qui a lieu dans les oiseaux. Je ne puis encore nommer tous les genres dans lesquels on trouve cet arrangement: je l’ai vu dans les saumons et les truites , dans les harengs ^ les maquereaux , les perches, la morue , la dorée ( zeus faher ) et dans le poisson ~ lune : il est probable qu’il existe dans beaucoup d’autres. Voici en quoi il consiste : le nerf optique perce à la vérité les membranes par un trou rond ; mais , après avoir traversé la ruischienne il forme deux longues queues blanches qui suivent le contour de celte dernière membrane. Ces deux queues, quoique parallèles , ne sont point contiguës ; mais une pro- duction de la ruischienne passe entre deux pour pénétrer dans Fépaisseur du vitré. La rétine naît 3 Dd 4i8 XIP Leçon. De F œil. des bords opposés de ces queues , comme elle nah dans les oiseaux de la ligne blanche unique. La production de la ruischienne aune forme triangulaire curviligne , que Haller a comparée à une cloche. Elle est noire , yasculeuse comme le reste de la membrane , et elle vient s’attacher par son extré- mité à un coté de la capsule du cristallin, abso- lument comme le peigne des oiseaux. Il paroi t qu’elle fournit de même des vaisseaux sanguins à cette capsule. 4°. Dans les seiches. Dans les- seiches, les nombreux fdets optiques , après avoir percé la choroïde , se confondent en une seule membrane qui est. la rétine. B. Rétine. Cette membrane est une des moins consistantes du corps animal. Demi - transparente , molle, se déchirant par son propre poids , elle prend un peu plus de dureté et d’opacité dans l’esprit- de- vin ^ elle n’est qu’appliquée à la choroïde sans y adhérer aucunement. Dans tous les animaux qui ont un procès ciliaire , elle se termine tout autour à la racine de ce procès; elle y est coupée netlement. Dans les oiseaux, elle y forme même un bourrelet. On pourroit penser qu’elle s’attache plus inti- mement à la face antérieure du corps vitré , et que c’est ce qui la fait rompre . à cet endroit Art. ^r[[î. De la rétine, 4 19 lorsqu’on enlève ce corps. L^empreinte que les procès ciliaires laissent à cette même lixce a pu favoriser cette opinion, que quelques - uns ont étendue jusqu’à croire que la rétine couvre meme le devant du cristallin : ils supposoient sans doute que cette portion de la rétine reste adhérente dans les sillons que ces procès impriment sur le vitré , et qu’elle est couverte par le vernis qu’ils y laissent. Mais dans les animaux qui n’ont point de procès ciliaires, la rétine se termine de même brns:|ue- ment vers le commencement de l’uvée , et rien n’empêche de voir que la face antérieure du vitré n’en conserve aucune portion. La face interne de la rétine est parcourue de vaisseaux nombreux qui viennent de l’artère cen- trale du nerf optique. Ces vaisseaux donnent plus de consistance à sa lame interne qu’à l’externe , qui n’est que pulpeuse. C’est sur - tout dans les poissons qu’il est facii^ de distinguer et même de séparer ces deux lames. L’interne , qu’on a nom- mée arachnoïde ,, y présente des fibres très-déliées, mais très- visibles. La rétine est la partie la plus sensible de tout le corps, animal , puisque la lumière , qui ' n’affecte aucun autre organe , y cause la dou- leur lorsqu’elle est trop vive ; et cela n’est pas étonnant : car , indépendamment de la nature entièrement nerveuse de cette membrane , les parties qui sont situées au devant d’elle ne tendent Dd 420 XIF Leçon. De VæiL point à amortir Feffet de la lumière , comme c’est le but des tégumens qui sont sur les autres nerfs y par rapport aux divers corps extérieurs; mais elles tendent au contraire à renforcer cet effet , en rassemblant les rayons dans un espace plus étroit. ARTICLE IX. De la nature des parties transparentes de Vœil ÿ de leurs membranes propres y etc, A. Humeur vitrée. Cette liumeur , qui occupe la plus grande partie de l’oeil , est renfermée dans sa membrane propre ^ qui l’est elle-même dans la rétine , mais sans adhérer aucunement à cette dernière ^ si ce n’est peut-être par quelques vaisseaux. La membrane ‘ du vitré , qu’on nomme aussi hyaloïde y est très - fine et parfaitement transpa- rente. L’esprit -de -vin ne la rend point opaque. Sa face antérieure se divise en deux lames qui embrassent étroitement la capsule du cristallin, et entre lesquelles on peut introduire de l’air qui y produit un canal circulaire , inégalement bour- souflé, nommé canal godronné ^ de Petit. L’intérieur de sa cavité est divisé en une infi- nité de cellules par des cloisons de même nature que la membrane extérieure , qui s’y répandent en tout sens : c’est ce qui fait qu’il ne suffit pas Art. IX. parties transp, de Vœiî. 4s i de percer la membrane Iiyaloide pour la vuider, Thiimeur vitrée ne pouvant couler à la fois de toutes ces cellules. L^humeur vitrée est gluante comme du blanc d’œuf 5 un long séjour dans l’esprit -de -vin la rend quelquefois parfaitement concrète. Nous con- servons des vitrés d’oiseaux durcis de cette manière ; d’autrefois, l’humeur se dissout dans l’alcohol, et il ne reste que ses membranes presque vuides : nous ignorons à quoi tient cette différence dans le résultat. Durci par l’alcohol, ou par la gelée ^ le vitré se partage aisément en une multitude de lames lenticulaires qui ont probablement été moulées dans les cellules qui contiennenf cette humeur. Toutes ces choses sont communes à tous les ani-^ maux dont nous avons décrit les yeux. B. he cristallin. La lentille cristalline est enfermée sans adhé- rence dans une capsule membraneuse , transpa-^ rente, molle, qui adhère fortement dans un creux de la face antérieure du vitré. Cette capsule paraît simplement cellulaire. Sa moitié antérieure est plus dure que l’autre 5 elle perd plus difficilement sa transparence que le cristallin même. Celui-ci est plus dur dans son centre qu’à son extérieur. Il se durcit et devient absolument opaquo par la cuisson et l’alcohol \ mais son centre Dda 4‘2 2 XIP Leçon. De Vocil. conserve menue alors quelque transpa!rencé, et ne prend qu’une couleur jauhe^ Dans les grands animaux, le ciistallin ainsi macéré se. divise en une '.infinité de lames qui s’emboitent toutes les unes dans les autres : les plus intérieures, sont les plus difficiles à séparer. Ces laines^ se divisent elles - mêmes en libres rayonnantes,, extrêmement 'Unes, qui viennent de deux ôentres situés aux deux extrémités de Taxe, comme les méridiens* viennent des deux-pôles sur les globes géographiques. . . Cette structure se voit très-bien dans le; hœuf y la haleine y etc. Queiquefois le cristallin se divise plutôt dans le gens des libres que dans celui des lames 5 il forme alors -des secteurs ou quartiers : cela arrive ainsi dans les mammifères et les o.iseaux, mais beau- coup moins dans les poissons. Le cristallin des seiches se partage facilement en deux hémisphères, dont la limite est marquée à l’extérieur par un sillon profond. Chacun d’eux consiste aussi en une inlinité de calottes concen- triques et composées de libres rayonnantes. Ces libres , qui se trouvent dans tous les cris- tallins, ont été regardées par quelques anatomistes comme musculaires . et capables de faire varier la convexité de celte lentille, selon la distance des objets qu’on veut voir distinctement ; mais les yeux dont on a ôté le cristallin n’ont pas de limites plus resserrées que les autres pour la vision distincte. Aut. IX. T>ôs parties transp, de V œil. 4s5 Entre le cristallin et sa capsule on troiiye gé- iiéraleraent un peu d\ine humeur particulière. Cette capsule reçoit dans Fliommè et dans les mammifères sa nourriture dhme artère qui vient du nerf optique, traverse le vitré qu’eile nourrit aussi par quelques branches, et vient former à la face postérieure de la capsule un réseau très- compliqué^ dont les branches s’étendent jusqu’à sa face antérieure. Dans les oiseaux, elle reçoit ses vaisseaux des artères de la membrane plissée , vulgairement nommée le peigne. Ces vaisseaux viennent eux- niémes de l’artère centrale du nerf optique. On croit que le cristallin en reçoit quelques branches : certains anatomistes le supposent nourri par imbibition. C. humeur aqueuse , Est une liqueur limpide ^ simplement épanchée dans toute la partie de i’œii qui est au devant du cristallin; sa plus grande partie est au devant de l’iris. On a beaucoup disputé sur la quantité qui s’en trouve derrière cette membrane ; il est çonstant que cette quantité est très-petite. On pré- tend que dans l’homme l’humeur aqueuse est un peu plus légère que l’eau distillée, comme 976 : 1000, Elle n’a point d’odeur; sa saveur est légèrement salée; elle ne devient point opaque par l’esprit- de-vin; elle s’exhale au travers des pores de la. Dd 4 4s4 XIP Leçon. De Vœil. cornée , et c’est sa déperdition qui rend cette membrane flasque aj^rès la mort. Toutes ces choses sont communes à tous les animaux vertébrés. ARTICLE X. De la suspension du globe de Vœil et de ses muscles. Dans tous les animaux à sang rouge l’oeil est placé dans une cavité de la face, nommée orbite, dont nous avons décrit les formes et les compositions dans divers articles de la VHP leçon. Il peut s’y mouvoir plus ou moins , et il s’y appuie sur des corps de nature differente. L’orbite étant le plus souvent conique ou oblong , il reste derrière le globe un espace qu’il ne peut remplir. Dans tous les animaux à sang chaud, cet espace est rempli de graisse ; elle y forme une espèce de de coussinet , sur lequel le globe de l’œil s’appuie et se meut sans se blesser. C’est la diminution de cette graisse dans les vieillards qui fait que leur œil s’enfonce dans l’orbite. L’orbite des oiseaux étant beaucoup moins pro- fond à proportion que celui des mammifères, leur coussinet de graisse est moins épais , et leur œil a moins de jeu : aussi en apperçoit-on à peine les mouvemens. Les 7'aies et les squales ont une disposition Art. X. muscles de Vœih 425 particulière. Leur oeil est articulé sur rextrémité d\me tige cartilagineuse, qui s’articule elle-même dans le fond de l’orbite. De cette manière les les muscles agissent sur un long lévier , et ont beaucoup plus de force pour mouvoir Foeil. Dans les autres poissons, Foeil repose sur une masse plus ou moins étendue d’une substance gé- latineuse contenue dans un tissu cellulaire lâche. Cette masse tremblante et élastique donne à Foeil un appui qui se prête à tous ses mouvemens. Les seiches ayant une sclérotique conique, qui s’attache au fond de l’orbite, ce n’est pas entre elle et l’orbite , mais entre elle et la choroïde que sont placés des corps glanduleux qui servent à soutenir le globe. Comme sa partie fixée aux bords du trou optique est pointue , elle conserve malgré cette fixation quelque mobilité. Les muscles de Foeil de l’homme sont au nombre de six 5 il y en a quatre droits , qui s’attachent aux bords du trou optique , et viennent coller leurs tendons à la partie antérieure du globe, où. ils épaississent la sclérotique et parviennent ainsi jusqu’aux bords de la cornée. Les deux autres sont nommés obliques. U oblique supérieur ou irochléateur vient aussi du fond de l’orbite; il passe son tendon dans une poulie cartilagineuse , située à la voûte de cette cavité , et le porte en rebroussant en arrière et en dehors pour l’attacher à la sclérotique sous le droit externe pu abducteur, oblique inférieur vient de la paroi 4s6 Xn® Leçov. Z)^ ZW/. interne de l’orbite, et passe sous Toeil pour s’in- sérer à son coté externe. Les singes ont les mêmes muscles que riiomme , et en même nombre j mais les autres mammifères en ont au moins un de plus. C’est celui qu’on nomme éuspenseur ou muscle choanoïde y c’est-à-dire en forme d’entonnoir; dans les ruminans et les chevaux , il forme en effet un entonnoir ou un cône alongé , dont la pointe est fixée au bord du trou optique, et qui s’étend dans tout l’intervalle qui est entre les quatre muscles droits. Son insertion est un peu plus en arrière que les leurs. Plusieurs espèces , comme la plupart des carnassiers et les cétacés, ont le muscle par- tagé en quatre, en sorte qu’ils ont huit muscles droits. Dans le rhinocéros ^ il ne se divise qu’en deux. Les muscles obliques ne présentent point de différence dans les mammifères. Les oiseaux et les poissons ont tous six muscles seulement; quatre droits, qui viennent comme dans l’homme, des bords du trou optique; et deux obliques, qui viennent l’un et l’autre de la paroi antérieure dq l’orbite ; ils’ ont leur attache très- près l’un de l’autre , et vont s’insérer l’iiii au dessus , l’autre au dessous du globe , sans que le supéiieur passe par une poulie, comme dans les mammifères. Dans les oiseaux , tous ces muscles s’attachent à la partie molle de la sclérotique, et oxi ne peut. Art. X. Des muscles de V œil. 427 sans les déchirer^ suiyre leur tendon jusqu’à sa partie osseuse. Iis sont beaucoup plqs courts à proportion que dans les autres classes. Dans la toi'tue^ on trouve les six muscles ordi- naires 5 disposés comme dans les poissons , et de plus quatre petits qui embrassent de près le nerf optique , et s’épanouissent sur la portion convexe de la sclérotique, après avoir été comme bridés par le muscle de la troisième paupière j dont nous parlerons par la suite. Il en est absolument de même dans le crocodile. Dans les grenouilles et les crapauds ^ il y a un grand muscle en entonnoir, qui embrasse le nerf optique et ne se divise qu’en trois portions. Ses fibres inférieures avancent davantage vers I0 bord de l’œil que les supérieures. Il y a de plus un seul muscle droit à la partie inférieure, par conséquent une abaisseur ; et un seul très-colirt muscle oblique, qui s’atïaclie à la paroi antérieure de l’orbite , et s’insère directe- ment dans la partie voisine du globe. Le muscle de la troisième paupière bride tellement la partie inférieure de celui en entonnoir, qu’il est tiraillé lorsque ce dernier se gonfle , et voilà pourquoi la troisième paupière s’élève lorsque l’œil s’abaisse , comme nous le verrons mieux par la suite. L’œil de la seiche n’a que deux petits muscles : im supérieur , et un antérieur ( en supposant la tête en haut ). 428 XIF Leçon. Be Vœil, ARTICLE XI. Des paupières et de leurs mouvemens. Les paupières sont des voiles membraneux , formés par des replis de la peau, et destinés à couvrir Toeil dans Fétat de repos; à nettoyer sa surface par leurs mouvemens ; à en écarter par leur clôture subite les petits corps qui pourr oient Firriter; et même, dans certains cas, à favoriser la vision, en diminuant la trop grande affluence des rayons lumineux. A. Dans r homme. L’homme n’a que deux paupières , dont la com- missure est transversale. Leur épaisseur est remplie par des muscles et une cellulosité serrée , dont quelques-uns ont fait un ligament. La face qui touche l’oeil est très - fine et très - abondante en vaisseaux. La face externe est semblable au reste de la peau. Le bord de chacune est renforcé par un cartilage , nommé tarse , qui va d’un angle de la commissure à l’autre , est arrondi et forme avec son opposé un petit canal du côté de Foeil , par lequel les larmes s’écoulent du côté du nez. Ces bords des paupières sont encore garnis d’une rangée de poils, connus sous le nom de cils. Les paupières de l’homme n’ont que deux muscles: un orbiculaire qui les ferme; et un rele- Art. XI. Dés paupières, 429 véur, qui relève la supérieure. L’inférieure s’abaisse par sa propre élasticité. Le muscle orhiculaire entoure les paupières de fibres concentriques et circulaires , qui ont leur attache fixe dans Fangle interne ou nasal , où il y a même quelques autres fibres dont la direction est transverse. Le muscle releveur de la paupière supérieure vient du fond de l’orbite au dessus des muscles droits de l’œil, et se dilate dans l’épaisseur de cette paupière. Dans l’angle interne des paupières , est un petit repli en forme de croissant , qui n’est sensible que lorsque l’œil se tourne du côté du nez : c’est un vestige de la troisième paupière qui est déve- loppée dans d’autres animaux. B. Dans les mammifères. Les singes ne diffèrent point de l’homme, à l’égard des paupières. Dans les autres quadrupèdes , la troisième pau- pière devient de plus en plus considérable , quoi- qu’elle n’ait dans aucun de muscle propre , et qu’elle ne puisse couvrir entièrement l’œil. Elle est ordinairement sémi - lunaire : c’est ainsi qu’on l’observe dans les ruminans ^ les édentés , les pachydermes. Le rhinocéros l’a épaisse et charnue. Dans le lièvre y son bord libre est convexe : il en est de même dans les rats y les agoutis ^ etc. Dans presque toutes les espèces, on y remarque une rangée de pores , qui laissent sans doute passer àT)o XIP Leçox. De FœU. .quelque humeur onctueuse. Souvent une partie de son épaisseur est occupée par une lame carti- lagineuse : cette plaque a été nommée onglée par les liippotomistes. Le lièvre l’a triangulaire et fort grande. On voit dans quelques mammifères outre les muscles ordinaires des da^x paupières , deux couches de libres qui viennent du pannicule charnu, et qui servent, Tune à abaisser la pau- pière inférieure , l’autre à relever la supérieure. Les cétacés ont leurs paupières si épaissies par la graisse huileuse qui est entre les deux lames, qu’elles sont presque immobiles. Elles n’ont point de cils 5 il n’y a aucun vestige de la troisième paupière. C. Dans les oiseaux. Les oiseaux ont trois paupières ; les deux or- dinaires, dont la commissure est horizontale; et une troisième , verticale , située dans l’angle nazal de l’œil , mais qui peut le couvrir entièrement comme un rideau. Les deux premières contiennent entre leur peau extérieure et l’interne ou conjonc- tive une membrane ligamenteuse , qui se continue dans l’orbite et en tapisse toute la cavité. C’est sur-tout la paupière inférieure qui couvre l’œil en s’élevant f elle est plus grande que la supé- rieure et bien plus épaisse. Sa face interne j>ré- seiite une plaque ovale , presque cartilagineuse et parfaiiemeut lisse : l’crbiculaire des paupières Art. XL T) es paupières, 45 1 passe sons cetîe plaque , mais dans la paupière supérieure il touche immédiatement le bord. Le reieveur de la paupière supérieure ne s’insère que vers l’angle externe ; son attache hxe est à la voûte de l’orbite. La paupière inférieure a un abaisseur particulier qui vient du fond de l’orbite. Il n’y a point de cartilage au bord de ces pau- pières, et il n’y a qu’un petit nombre d’oiseaux qui y aient des cils , encore sont - ce plutôt des plumes à barbes courtes que de vrais dis. Ces plumes sont très-remarquables dans le calao. Il n’y a qu’un petit nombre d’oiseaux dans lesquels la paupière supérieure s’abaisse autant que l’inférieure s’élève. Tels sont entre autres les chouettes et les engoulevents, La troisième paupière , ou la membrane cligno- tante , devoit avoir une certaine transparence ^ car les oiseaux regardent quelquefois au travers : et c’est elle qui permet à l’aigle de fixer le soleil 5 elle ne pou voit donc contenir de muscle dans son intérieur : c’est là la raison du singulier appareil qui la met en mouvement. Deux muscles ont leur attache fixe au globe de l’cdi, à la partie postérieure de la sclérotique. L’un , nommé le M. g narré de la troisième paupière y est fixe vers le haut de l’œil et un peu en arrière ; ses fibres descendent vers le nerf optique , et se terminent en un tendon d’une espèce toute particulière. Il ne s’insère nulle part^ mais il forme un canal cyilndrivque, qui se courbe un 452 Xir Leçon. De Vœil. peu autour du nerf optique , en traversant la direction des fibres du muscle. Le second muscle, nommé le pyramidal , est fixé au côté de cette même partie postérieure du globe, qui est près du nez un peu vers le bas. Ses fibres se ramassent en un tendon , en forme d’une longue cordelette , qui traverse tout le canal du muscle précédent , comme il feroit la gorge d’une poulie 5 et après avoir fait ainsi plus d’un demi-cercle, il se porte dans une gaine cellulaire de la sclérotique par dessous l’œil jusqu’à la partie inférieure du bord libre de la troisième paupière où il s’insère. On sent aisément que l’action siniultanée de ces deux muscles doit tirer avec force ce cordon tendineux , et amener par son moyen la troisième paupière sur l’œil. Elle retourne dans l’angle des deux autres paupières par sa propre élasticité, D. Dans les reptiles. Les reptiles varient singulièrement pour le nombre et la disposition de leurs paupières. Les serpens n’en ont point du toutj les crocodiles , les tortues en ont trois, et la troisième est ver- ticale , comme dans les oiseaux. Il y en a trois aussi dans les grenouilles ^ mais la troisième y est horizontale comme les deux autres. Les paupières horizontales des crocodiles et des tortues se ferment exactement; elles ont chacune un renÜement à leur bord, mais sans aucun cil. Leur troisième paupière est demi - transparente ^ 455 Art. XI. Des paupières, elle se meut d’avant en arrière , et peut couvrir tout l’œil. Elle n’a qu’un seul muscle qui remplace le pyramidal des oiseaux; il est de même fixé à la partie postérieure du globe vers le bas ; et après avoir tourné autour du nçrf optique, il re- passe sous Fœil pour porter son tendon à cette paupière ; mais il n’y a ni le muscle carré ^ ni sa gaine, comme dans les oiseaux. Dans les autres lézards ^ il y a des variétés assez fortes. Les lézards ordinaires ont pour paupières une espèce de voile circulaire, tendu au devant de l’orbite et percé d’une fente horizontale qui peut se fermer par un sphincter , et s’ouvrir par un releveur et un abaisseur. Sa partie inférieure a un disque cartilagineux, lisse, rond, comme dars les oiseaux. Il y a de plus une petite paupière interne , mais sans muscle propre. Elle manque tout-à-fait au caméléon ^ dont la fente est d’ailleurs si petite qu’on voit à peine sa prunelle au travers. Le gecho n’a point de paupière mobile. Son œil est protégé par un léger rebord de la peau , comme dans les serpens. Il paroît qu’il en est de même dans le scinque. Dans les grenouilles et les crapauds , la pau- pière supérieure n’est qu’une saillie de la peau, à peu près immobile ; l’inférieure est plus mobile , elle a un bord renflé; mais la troisième, qui se meut de bas en haut, est celle que ces animaux emploient le plus. Elle est très - transparente 5 2 E e 4:34 XIF Leçon. De Voeil. elle n’a qu’un muscle placé transversalement derrière le globe de Foeil , et qui forme de chaque côté un tendon mince qui va s’insérer à l’extré- mité correspondante du bord libre de cette troi- sième paupière. Les salamandres n’ont que deux paupières horizontales, charnues et très-peu mobiles. Ils ne paroît pas qu’elles puissent entièrement couvrir Foeil. E. Dans les poissons. Dans la plupart des poissons , il n’y a aucune paupière mobile. Dans quelques - uns , ainsi que nous l’avons déjà vu, la peau passe devant Foeil sans même former un repli; d’autres n’ont que de légères saillies , des espèces de sourcils plutôt que des paupières. La plupéirt des poissons osseux ont, à chaque angle de l’orbite, un voile vertical et immobile , qui n’en couvre qu’une petite partie. C’est ce qu’on peut voir iiisénitintdcmsle maçuereau ^ le saumon , etc. Le poisson - lune ( tetraodon mola) nous a présenté une particularité que nous n’avons point vue ailleurs. Son oeil peut être entièrement cou- vert par une paupière percée circulairemènt , et qui se ferme au moyen d’un vrai sphincter. Cinq muscles disposés en rayons, et s’attachant au fond de Forbite , en dilatent l’ouverture. 455 AîIT. XL Des paupières. F. Dans les mollusques. Les seiches et les mollusques qui n’ont pas les yeux à l’extrémité de leurs tentacules, n’ont aucune paupière. La peau couvre l’œil , comme dans les serpens et les anguilles ; mais les limaces , les escargots y etc., ont une organisation bien plus compliquée et plus sûre que des paupières pour protéger leur œil. Cet œil est situé à l’extrémité d’un tube charnu^ nommé corne ou tentacule , qui peut rentrer en entier dans la tète , ou qui peut en sortir en se dé- roulant comme un doigt de gant. Nous avons décrit, dans notre premier Yoiume y page 4i3 , les muscles qui retirent le limaçon dans sa coquille. A chacun d’eux ^ sur son bord externe s’attache le muscle particulier d’un des yeux. Ce muscle pénètre dans l’intérieur de la corne et ya se fixer à son extrémité, en sorte que lorsqu’il se contracte, et encore mieux lorsqu’il est aidé par la contraction du grand muscle du corps , il tire celte extrémité de la corne en dedans , comme lorsqu’on veut retourner un bas. Des fibres annulaires qui en- tourent toute la longueur de cette même corne la déroulent en se contractant successivement, et reproduisent ainsi l’œil au dehors. Dans la limace sans coque , les muscles i étracteurs des yeux s’at- tachent simplement à la masse charnue qui forme le pied. Les cornes ou tentacules inférieurs qui ne portent point d’yeux ont le même rnécanisme. E e 2 436 XIP Leçon. De VœiL ARTICLE XII. Des glandes qui entourent F œil, A. Dans V homme. Dans les animaux qui vivent dans Fair , le devant de Foeil seroit bientôt desséché et sali par la poussière , si une humeur limpide ne l’humec- toit^ et ne le lavoit continuellement ; il seroit blessé par une infinité de petits corps, d’insectes, etc. , si des substances onctueuses^ ne les arrétoient sur les bords des paupières et entre les cils : c’est là l’usage des glandes dont l’œil est entouré, et qui, dans Phomme , se réduisent à trois sortes : la glande lacrymale , les glcuides de Meibomius et la caroncule lacrymale, La glande lacrymale est située dans le haut de l’orbite , au dessus de la paupière supérieure , un peu vers la tempe; elle paroît composée de grains blanchâtres, et forme deux petits lobes. Il en part six ou sept canaux très-fins, qui descendent dans l’épaisseur de la paupière et , s’ouvrent à sa face interne, un peu au dessus du cartilage qui la borde. L’humeur des larmes suinte continuellement de ces petites ouvertures; elle se répand au devant de l’œil ; et chaque fois que les paupières se ferment, elles poussent une partie de cette humeur dan» Aut. XII. Glandes lacrymales, 45^ le petit canal triangulaire, qui est formé par leurs bords et le globe , vers leur angle interne ou nasal. Une matière grasse , séparée par les glandes de Meihomius y vernisse les bords des paupières, et empêche Fhnmeur des larmes de les mouiller et de passer par dessus. Ces glandes sont situées dans J^épaisseur des deux paupières vers leurs bords. Elles sont composées de petits follécules , rangés sur des lignes verticales et parallèles , au nombre de plus de trente à la paupière supérieure , et de plus de vingt à Finférieure. Leurs ouvertures sont de petits trous qui régnent tout le long du bord de chaque paupière. Lorsque Fliumeur des larmes est arrivée vers Fangle nasal de Fœil, elle y est absorbée par deux petits pores, percés dans deux éminences qui se trouvent à cette extrémité des paupières et nommés points lacrymaux. Chacun d’eux conduit dans un petit canal, et les deux canaux aboutissent au sac lacrymal , qui se vide dans le nez par un canal que nous avons indiqué , page 85 de ce volume. La caroncule lacrymale est placée dans Fangle interne ou nasal des paupières \ on la voit sans dissection : c’est une masse petite , arrondie et rougeâtre , composée de sept follécules distincts^ qui produisent une humeur épaisse et blanchâtre, dont Fusage paroît être sur-tout de garantir les points lacrymaux , en arrêtant les corps légers qui pourroient s’y introduire,^ E.e 438 Xir Leçon. De Voeil. B. Dans les mammifères. Les quadrupèdes ont , pour la plupart , les mêmes glandes que l’homme , et plusieurs d’entre eux en ont une de plus. La glande lacrymale , proprement dite , est sub- divisée en deux ou trois corps dans les ruminans ; quelques grains séparés ont chacun leur canal excréteur très-court. Dans le lièvre y le lapin , la glande lacrymale est très-grande , elle s’étend au dessus et au dessous de l’œil j elle remplit l’intervalle entre le crâne et l’apophyse qui , dans ces animaux , soutient le sourcil ; elle passe derrière l’œil , s’enfonça sous l’arcade zygomatique, ressort de l’orbite du côté du nez, et se termine à cet endroit par un grand renflement ; elle ne m’a paru avoir qu’un seul canal excréteur , qui perce la paupière supérieure vers l’angle postérieur. La glande particulière à certaines espèces de quadrupèdes et qui manque à l’homme porte le nom de glande de Ilarderus y quoiqu’elle ait été vue et décrite bien avant cet anatomiste. Elle est toujours située dans l’angle interne ou nasal, et sépare une humeur épaisse et blanchâtre, qu’elle verse par un orifice situé sous le vestige de la troi- sième paupière. Dans les ruminans , elle est ob- longue , d’une consistance assez dure. Dans le lièvre y elle a l’air d’être formée de deux parties, unies seulement par de la cellulosilé , et subdi- Art. XII. Glandes lacrymales, 45g visées chacune en beaucoup de lobes. La partie supérieure est plus petite et blanchâtre ; Finférieure, beaucoup plus grande , est rougeâtre ; elle est considérable et double dans le rat d’eau. Elle existe aussi dans les carnassiers, , le cochon^ où elle est ovale, \e paresseux ^ etc. La caroncule existe dans les ruminans comme dans l’homme ; elle y est composée d’un plus grand nombre de follécules. Je n’ai pu la voir dans le lièvre^ ni dans plu- sieurs autres rongeurs. Les voies par lesquelles les larmes s’écoulent présentent aussi des différences. Les ruminans ont les points lacrymaux et les conduits comme l’homme. Quelques genres de cet ordre sont encore remarquables par les latmiers ou fosses lacrymales : ce sont de petites fossettes creusées sur la joue , une au dessous de chaque oeil près de son angle nasal , et communiquant avec cet anglé par un petit sillon. Elles se trouvent dans les cerfs et dans X^sxintilopes ou gazelles. Le cochon a deux points lacrymaux : on les trouve aussi dans les paresseux et les fourmiliers. Dans les lièvres , les lapins , et sans doute dans quelques genres voisins , il n’y a pas de points lacrymaux , mais une fente en croissant sous le bord inférieur de la troisième ]>aupiére.. qui conduit dans un canal lacrymal unique. Lei bords de cette fente sont garnis de cartilages. Il Ee 4 44o XïP Leçon. Be VœU. y a dans le canal une petite valvule sémi-lunaire, qui empêche Fliumeur de revenir vers Fœil. Les cétacés n’ont, comme la plupart des animaux qui vivent constamment dans l’eau, ni glande, ni points lacrymaux, Qn voit seulement sous la pau- pière supérieure des lacunes d’où s’écoule une humeur épaisse et mucilagineuse, C. Dans les oiseaux. On trouve dans les oiseaux la glande lacry- male et celle de Harderus : il n’y a point de ca- roncule. La glande de Harderus est beaucoup plus grande que l’autre , ordinairement de forme oblongue et de couleur de chair; elle est située entre le muscle releveur et l’adducteur, ou quel- quefois comme dans le dindon ^ entre l’adduc- teur et l’oblique inférieur, et produit un canal excréteur unique qui se ' glisse dans l’épaisseur de la troisième paupière et s’ouvre à sa face interne. Cette glande répand une humeur jaune et épaisse. La glande lacrymale des oiseaux est ordinairement fort petite, à peu près ronde, très- rouge et située à l’angle postérieur. Elle se dé- charge par deux ou trois petits canaux assez vi-» sibles, précisément dans l’angle des deux paupières horizontales. Les oiseaux du genre des canards , et d’autres oiseaux d’e ui et de rivage , ont un corps glandu- leux , dur 5 grenu , qui occupe toute la partie supérieure de l’orbite, et se contourne en arrière Art. XIII. Glandes lacrymales, 44 1 pour suivre la courbure de Toeil. Dans le morillon {anas fuligula) ^ il est si large qu’il touche son correspondant par dessus le crâne. Ce corps paroît tenir lieu de la glande lacrymale : je n’en ai ce- pendant pas encore vu le canal excréteur. Les oiseaux ont tous deux trous pour l’écoule- ment des larmes , placés dans l’angle antérieur entre les deux premières paupières et la troisième, larges et non bordés de cartilage , mais mous comme le reste de la peau environnante. Ils donnent presque immédiatement dans le sac nasal situé dans la base du nez. D. Dans les reptiles. Les reptiles varient autant à l’égard de leurs glandes lacrymales qu’à celui de leurs paupières. Les tortues de liier ont une glande très*con- sidérable à l’angle postérieur 5 elle est rougeâtre , grenue , divisée en lobes , et s’étend jusque sous la voûte qui recouvre la tempe. Dans les tortues d’eau douce , on trouve deux petites glandes noirâtres , qui existent aussi dans les crapauds et les grenouilles y mais dont je ne eonnois pas bien les canaux excréteurs. Les serpens paroissent n’avoir aucune glande autour de l’œil, non plus que les poissons. 442 Xir Leçon. De Vœil. ARTICLE XIII. De Vœil des insectes et des crustacés. Ce que nous avons à dire concerne principa- lement les yeux composés ; car les yeux simples sont trop petits pour être disséqués. La structure de l’oeil des insectes est si diffé- rente de ce qu’on observe dans celui des autres animaux, et même des mollusques, que l’on auroit peine à croire qu’il pût être un organe de la vue , si des expériences faites à dessein ne l’avoient démontré. En effet, si on coupe, ou si on couvre avec quelque matière opaque les yeux de la demoiselle elle va se heurter contre les murs ; si on couvre les yeux composés de la guêpe y elle s’élève droit en l’air , et monte à perte de vue; si on couvre aussi ses yeux simples , elle reste immobile, et ne peut J)lus être déterminée à prendre son vol. La surface de l’oeil composé présente au micros- cope une mullitude innombrable de facettes hexa- gones , légèrement convexes et séparées les unes des autres par de petits sillons , dans lesquels sont très-souvent des poils fins et plus ou moins longs. Ces facettes forment toutes ensemble une mem- brane dure et élastique , qui , lorsqu’on l’a débar- rassée des substances qui lui adhèrent par derrière , est fort transparente. 445 Art. XIIL (Eiil des insectes. Chacune des petites facettes peut être considérée ou comme une cornée, ou comme un cristallin; car elle est convexe en dehors , concave en dedans , mais cependant plus épaisse au milieu qu’aux bords, et c’est la seule partie transparente qui se trouve dans ce singulier oeil. Immédiatement derrière cette membrane trans- parente est un enduit opaque, qui varie beaucoup en couleur selon les espèces , et qui forme même quelquefois dans un seul et même œil des taches ou des bandes de couleur différente. Sa consistance est la même que celle du vernis de la choroïde; il bouche entièrement le derrière des facettes sans laisser aucune ouverture pour le passage de la lumière. Derrière ce vernis se trouvent des filets blan- châtres, très-courts, en forme de prismes hexa- gones, serrés les uns contre les autres comme les carreaux d’un pavé, et précisément en même nombre que les facettes de la cornée. Ils pé- nètrent chacun dans le creux d’une de ces facettes et n’en sont séparés que par le vernis dont j’ai parlé plus haut. S’ils sont de nature nerveuse , comme j’ai lieu de le croire, on pourroit consi- dérer chacun d’eux comme la rétine d’une des facettes ; mais on aura toujours à expliquer comment la lumière peut agir sur une semblable rétine au travers d’un vernis opaque. Derrière cette multitude de filets perpendiculaires â la cornée , est une membrane qui leur sert à 444 Xn® Leçon. De VœiL tous de base, et qui est par conséquent à peu près parallèle à cette inême cornée. Cette mem- brane est très-fine, d’une couleur noirâtre qui tient à son tissu intime , et qui ne lui est point donnée par un vernis ; on y voit des lignes blanchâtres très-fines, qui sont des trachées, et qui produisent des branches encore plus fines qui pénètrent entre les filets hexagones jusqu’à la cornée. On pourroit , par analogie , donner à cette membrane le nom de choroïde. Derrière cette choroïde est appliquée une expansion mince du nerf optique , qui est une vraie membrane nerveuse, parfaitement semblable à la rétine des animaux à sang ronge. Tl paroît que les filets blancs qui forment les rétines par- ticulières de chaque facette sont des productions de cette rétine générale, qui ont percé la mem- brane que j’ai nommée choroïde par une multi- tude de petits trous presque imperceptibles. Pour bien voir toutes ces parties il faut couper la tête d’un insecte dont les yeux soient un peu gros , et la disséquer par derrière : on enlève alors chaque partie dans un ordre inverse de celui dans lequel je les ai décrites. Dans les écrevisses y en général , l’œil est placé sur un tubercule mobile. L’extrémité , arrondie de toute part, et quelquefois alongée en cône, présente à la loupe les mêmes facetter que les yeux des insectes. Lorsqu’on coupe longitudinalemei:vt ce tubercule , on voit que le nerf optique le traverse Art. XIII. (EU des insectes, 445 par un canal cylindrique qui en occupe l’axe. Arrivé au centre de la convexité de l’œil il forme un petit bouton , d’où partent en tout sens des filets très-fins , qui rencontrent à quelque distance la membrane choroïde, qui est à peu près con- centrique à la cornée^ et qui enveloppe cette brosse sphérique de l’extrémité du nerf, comme le feroit un capuchon. Toute la distance entre cette choroïde et la cornée est occupée, comme dans lesinsectes, par des filets blanchâtres, serrés, qui se rendent perpendiculairement de l’une à l’autre, et dont l’extrémité qui touche à la cornée est également enduite d’un vernis noir. Ces filets sont la continuation de ceux qu’a produits le bouton qui termine le nerf optique, et qui ont percé la choroïde. U TREIZIÈME LEÇON. De V organe de Vouie ^ ou de V oreille. ARTICLE PREMIER. T) U son 5 et de rouie en général. L E son y et plus généralement le hruit , est une sensation qui se produit en nous , lorsque certains corps que nous nommons sonores sont mis en vibration , et communiquent médiatement ou immé- diatement leur mouvement vibratile à Tair qui nous éntoure , ou à tout autre corps qui aboutisse à notre oreille ; c’est V oreille qui, étant affectée de ce mouvement, nous en donne le sentiment et nous fait entendre. Nous distinguons dans le son des qualités de divers ordres , et indépendantes l’une de l’autre 5 savoir , i'’. la force qui dépend de l’étendue des vibrations du corps qui cause le son. Plus ces vibrations sont grandes , plus le son est fort. Cette étendue de vibrations dépend elle-même de la force de l’impulsion qui les a causées. 2°. Le ton qui dépend de la vitesse de ces mêmes * vibrations. Plus le corps sonore en fait dans un temps donné , plus \e ton est haut ou aigu \ moins il en fait, plus le ton est bas ou grave. On Art. I. T>u son et de Fouie, 447 connoît parfaitement les lois de cette vitesse , et les circonstances qui la déterminent. Toutes choses égales d’ailleurs , elle est en raison inverse de la longueur des corps sonores , et en raison directe de leur tension , soit que la cause de celle-ci soit extérieure ou qu’elle tienne à la nature même du corps sonore. 5^. La qualité du timbre ; elle dé- pend de la composition intime du corps sonore f; c’est d’après elle que nous distinguons le son argentin , le son fluté ^ le son sourd ^ le son éclatant y etc. etc. On n’en connoît point les lois. 4°. Les voix y dont on exprime les diverses espèces par les lettres nommées voyelles, a y e y i y o y Uy ai y ou y eu y etc. On ignore absolument à quoi tient cette modification du son , quoique l’on sache assez quels sont les mouvemens que l’homme et les ani- maux doivent imprimer à leurs organes vocaux pour les produire. 5°. Les articulations , dont on exprime les diverses espèces par les lettres nom- mées consonnes , h y c y dy etc. On est à leur égard dans la même ignorance que pour les voix. Aussi n’est-on encore parvenu à imiter les unes et les autres que très - imparfaitement par nos instru- mens. L’oreille de l’homme distingue tous ces ordres de qualité dans un seul et même son , et elle le fait avec une justesse admirable dans les personnes exercées, et sur-tout dans les musiciens de pro- fession. Les mammifères nous donnent des preuves qu’ils distinguent très-bien les qualités qui ont rap- 448 XIIP Leçon. De V oreille. port à la parole , c’est-à-dire les voix et les arti- culations'^ car nous voyons tous les jours qu’ils retiennent le son et la signification de plusieurs niots. Quelques-uns d’entre eux sont vivement affectés par certains tons. Les Ions aigus font souf- frir les chiens ; nous voyons aussi que les bruits violens les épouvantent : ainsi ils distinguent ces deux ordres de qualités. Les oiseaux n’ont pas un sentiment moins exquis du ton ^ de la voix ^ de V articulation , du timbre même puisqu’ils apprennent à chanter avec tant de justesse , et que ceux dont les organes de la voix le permettent savent contrefaire , à s’y méprendre , la parole de l’homme , avec toutes les modifications qu'’y met- tent les individus qu’ils imitent. Quant aux animaux à sang froid , nous savons bien que plusieurs d’entre eux s’appellent par certains sons , que d’autres qui ne peuvent en pro- duire peuvent du moins en entendre , comme les carpes qui viennent au son de la cloche qui leur annonce leur repas , etc. etc. Mais nous igno- rons quelles sont les qualités de ces sons qu’ils distinguent et jusqu’à quel point va à cet égard la finesse de leur sens. Nous en savons encore bien moins touchant les animaux à sang blanc ^ quoique nous ayons la preuve que plusieurs d’entre eux ne sont pas dé- pourvus de la faculté d’entendre. Il seroit bon de déterminer aussi les limites _ dans lesquelles l’oreiile de chaque animal perçoit Aet. I. Du son et de l\ cîiacime des qualités du son. Ainsi à Tégard de la force 5 il y a des sons beaucoup trop foibles pour que nous puissions les entendre , que certains animaux entendent encore très-bien ; il y a des sons si forts qu’ils nous assourdissent , et que d’autres animaux pourroient peut-être supporter. A l’égard du ton , il y en a de trop graves et d’autres trop aigus 'pour que nous puissions les entendre. Les mu- siciens en ont même assigné les limites, entre deux nombres de vibrations dont les rapports sont entre eux comme i à 1024. Peut-être ces limites ne sont- elies pas les mêmes pour tous les animaux. Il y a une grande différence d’un homme à un autre pour la faculté de distinguer deux tons très-voisins. Elle peut être plus grande encore d’un animal à lui autre. A l’égard des voix et des articulations , il y a des peuples qui distinguent certaines lettres , entre lesquelles d’autres peuples ne sentent point de différence. Ainsi du reste. La perfection de l’oreille ne suit pas le même , ordre pour toutes les qualités du son. Telle oreille est très-délicate pour entendre les sons les plus foibles 5 qui ne vaut rien pour distinguer un ton d’avec un autre, et vice versa. Sien observe de telles différences d’un homme à un autre ^ à plus forte raison doivent-elles exister entre les divers animaux. 11 est clair qu’il doit se passer dans l’oreille , au moment où l’on entend , quelque chose de cor« 2 Ff 45o XIIP Leçon. De Voreille^ responclant à chacune des qualités du son ; mais on est encore bien éloigné de savoir quoi , puisque l’on ne sait pas même encore ce qui est nécessaire pour qu’il y ait en général oüie , ou perception de son. C’est ici que se fait sentir l’avantage de l’ana- tomie comparée. Il est bien naturel de croire que les parties qui se trouveront constamment dans tous les animaux qui entendent , seront celles qui sont absolument nécessaires à l’ouïe en général ; et que celles-là auront un rapport plus particulier avec tel ou tel ordre de qualités du son , qui so trouveront plus développées dans ceux des ani- maux qui perçoivent plus parfaitement cet ordre de qualités. C’est ce dernier point qui présente seul de la difficulté , parce qu’il nous est presque impossible de nous assurer de l’espèce et du degré des per- ceptions de tout ce qui n’est pas nous. Quant aux parties essentielles à l’ouïe , d’après l’examen que nous allons faire des oreilles dans tous les animaux où on en a découvert , il se trouve que la seule partie qui existe constamment ^ est cette pulpe gélatineuse , et enveloppée d’une membrane fine et élastique, dans laquelle se résol- vent les dernières extrémités du nerf acoustique , et qui remplit le labyrinllie , depuis riiomrae jus- qu’à la seiche ; les organes de l’ouïe n’étant point encoi e connus dans les animaux placés au-dessous de la seiche dans l’échelle des êtres , quoique plu- Art. I. T^u son et de Vouîs. 45i sieurs d’entre eux donnent des preuves mani- festes qu’ils ne sont pas privés de ce sens. Il est donc à peu près démontré que c’est dans cette pulpe , ou plutôt dans les diets nerveux qui y flottent ou qui y rampent , que réside le siège de l’ouïe. On peut se représenter a^sez naturelle- ment le rapport de cette substance avec les mou- vemens extérieurs qui sont la cause du son. Cette pulpe si tremblante doit admettre avec facilité les ébranlemens que lui transmettent les vibra- tions des corps sonores , et les communiquer aux filamens nerveux. Une fois le mouvement arrivé là , ce qui reste nécessaire pour produire la pei;- ception, échappe à l’anatomiste comme au méta- physicien. Les autrës parties qui ne se trouvent point dans toutes les oreilles ^ ne peuvent être regardées que comme des accessoires propres à renforcer ou k modifier la sensation, chacun à sa manière. Il en est quelques - unes dont on peut conjecturer l’effet d’une manière assez plausible ; il n’est pas! douteux , par exemple, que le pavillon extérieur de l’oreille , si développé dans certains quadru- pèdes , ne serve à renforcer le son , comme le cornet qu’employent les sourds ; il est très-probable que les grandes cavités à parois osseuses qui en- tourent le labyrinthe dans beaucoup d’animaux , produisent un effet semblable par la résonnance de leurs voûtes solides et élastiques. On a pensé que la membrane mince et tendue du tympaa F.f i 452 XIIP Leço^\ De Toreille. pouvoît transmettre , par le moyen des Osselets qui lui sont attachés , la vibration de Fair extérieur au labyrinthe 5 d’une manière Irès-vivo, et que la Tolonté pouvoit lui donner , par le moyen des muscles qui agissent sur ces mêmes osselets , le degré de tension précisément nécessaire pour la mettre à Funisson des sons auquels on desire don- ner. une attention particulière. On a cru que la lame spirale et décroissante qui partage le limaçon des quadrupèdes en deux rampes , étoit composée de fibres osseuses 5 qui , diminuant de longueur de la base à la pointe de cet organe , se trouyoient propres à être ébranlées chacune par un ton particulier. Auparavant on attribuoit la même faculté aux anneaux osseux qui composent les canaux sémi-circulaires , et qu’on croyoit aller en diminuant graduellement depuis les deux extrémités de chaque canal jusqu’à son milieu. La trompe d’Eustache a été regardée comme une voie supplémentaire pour les sons qui ne peu- vent point arriver à l’oreille par le méat externe^ d’autres Font prise pour un canal par lequel s’écoulent les humeurs superflues de la caisse , etc. etc. Les recherches dans lesquelles nous allons entrer peuvent éclaircir plusieurs de ces questions inté- ressantes Art. II. Du labyrinthe membraneux, 453 ARTICLE II. De^ diverses formes de la membrane qui ren^ ferme la pulpe auditive , ou du labyrinthe membraneux^ La membrane qui renferme la pulpe auditive est transparente , assez fine singulièrement élas- tique, et se soutenant en conservant sa forme par elle - même et indépendamment des appuis qui l’entourent. Cependant elle est plus fine et plus foible dans les animaux où elle est embrassée de plus près par les os ^ et sur-tout dans l’homme et dans les mammifères. Dans les jeunes animaux elle est plus épaisse , plus humide , et plus facile à séparer des os que dans les vieux* A. D.ans les écrevisses y ( La membrane du lab^^rinthe ne mérite guéres ce dernier nom ; elle représente une petite bourse renfermée dans un cylindre écailleux, ouvert par les deux bouts. L’extrémité par laquelle ce petit cylindre s’unit avec la base de lanfenne, laisse passer les nerfs dans la bourse : l’exlrémité op- posée est fermée par une membrane élastique qui peut porter le nom de tympan ^ ou mieux encore de fenêtre ovale. Cette membrane est immédiatement frappée par Fair ou par l’eau ^ dans laquelle se tient l’animaL Ff 454 XTTF Leçon. De Voreille. Il sulBt de regarder avec un peu d’attention la base des grandes antennes , à sa face inférieure , ♦ pour appercevoir ce tympan. Fabricius et Scarpa l’ont décrit en détail, B. Dans les seiches , L’oreille est presque aussi simple que dans les 'écrevisses ; mais elle est entièrement cachée dans l’épaisseur du cartilage annulaire qui sert de base aux grands tentacules ou pieds de ces animaux, La membrane du labyrinthe est aussi une simple bourse, de forme ovale ou arrondie. Dans la seiche commune ( sepia officinalis elle a en dedans plusieurs proéminences coniques, disposées irrégulièrement. Ces proéminences manquent dans les autres espèces. Dans la pulpe qui la remplit est suspendu un petit corps , de substance osseuse dans les seiches proprement dites , et semblable à de l’amidon dans le poulpe* Celui de la seiche commune a la forme d’une petite valve de conque. C. Dans les poissons à branchies libres^ Le labyrinthe membraneux commence à se compliquer. Il est toujours composé de trois vais- seaux sémi-circulàires plus ou moins grands, qui aboutissent tous à un sac plus ou moins divisé par des étranglemens, et qui contient dans son intérieur, outre la puple ordinaire, des osselets, au nombre d’un , de deux ou de trois , selon les Art. ïI. Jyu labyrinthe membraneux, 455 espèces, qui sont dans les poissons osseux d^une dureté égale à celle de la pierre ; ils y sont toujours suspendus au milieu de la pulpe par un grand nombre de fibrilles nerveuses. Chacun des trois canaux sémi-circulaires a un renflement, en forme d’ampoule, près de l’endroit où il pénètre dans le sac, et deux de ces canaux se réunissent par une de leurs extrémités, en sorte qu’il n’y a que cinq ouvertures pour la communication des canaux avec le sac , au lieu de six qu’il y auroit sans cette réunion. Tout ce qui regarde ces trois canaux se retrouvé dans les classes supérieures, comme nous le verrons. Cet appareil entier est situé dans les côtés de la cavité du crâne , et s’y trouve fixé par du tissa cellulaire , des vaisseaux et des brides osseuses ou cartilagineuses. Les poissons different les uns des autres par la forme et la proportion des parties de leur laby- rinthe , et par celles des osselets pierreux qu’iî contient. Des trois canaux , l’un se dirige obliquement en avant et en dehors dans un plan presque ver- tical \ le second en arrière et en dehors , aussi dans un plan vertical; le troisième est presque horizontal et extérieur aux deux autres. Ce sont l’extrémité postérieure du premier, et l’antérieure^ du second, qui se réunissent en un seul canal pour pénétrer dans le sac. Leurs deux autres extrémité^ et les deux du troisième y entrent chacune à partv fi- 4 456 Xlll^ Leçon. De V oreille. Le renflement est dans les deux premiers canaux près de celles de leurs extrémités qui ne s’unissent point; le troisième Fa à son extrémité antérieure. Il y a des différences assez marquées dans la longueur proportionnelle des canaux, par rapport aux dimensions du sac ; mais en général , dans les poissons osseux , ces canaux sont moins longs que dans les cartilagineux. Le poisson^lune J la haudroye et V esturgeon les ont extrêmement longs et minces. Parmi les osseux, le brochet et le les ont plus longs que les carpes^ les anguilles et les saumons , etc. Le sac varie beaucoup plus que les canaux sémi-circulaires. Dans le poisson - lune ^ c’est un simple cône ^ dont la pointe est du côté du cerveau, et dont la base s’élargit pour recevoir les trois canaux. Dans V esturgeon ^ c’est un large disque applalti et vertical , appliqué contre la- paroi latérale et interne du crâne, et qui reçoit aussi immédiate- ment les trois canaux. Dans la haudroye , c’est aussi un sac simple: ainsi il paroît que c’est un caractère général de tous les cartilagineux , à branchies libres , de n’avoir point ce sac divisé ; mais dans la plupart des autres poissons, la partie où aboutissent les canaux , et que nous nomme- rons le sinus J est séparée du reste ^ que nous nommerons proprement le sac, par un étrangle- Le J.ùiiis est ordinairement aîongé d’avant en Aïit. il Da labyrinthe membraneux. 457 arrière , et mince ; le sac est ovale et repose sur le pîaiîclier même dm crâne, de manière à se trouver souvent très-rapproché de celui de l’autre oreilie. Quelquefois ii s’enfonce dans une fosse de ce plancher. Le brochet a un petit appendice creux, tenant à la partie postérieure du sinus par un canal très- mince, et se fixant par son autre extrémité au crâne, tout près du hord du trou occipital. C’est en quelque sorte uns troisième division du sac : on ne l’a trouvée jusqu’ici que dans ce seul poisson. Dans le poisson-lune ^ le sac ne contient pour tout osselet que quelques grumeaux d’une matière plutôt muqueuse que crétacée. Dans V esturgeon ^ il ri’y a qu’un seul osselet, triangulaire, dont le noyau dur est enveloppé en parde d’une matière crétacée, . Dans les poissons osseux , et même dans quelques cartilagineux, comme la baudroye , il y a toujours trois osselets, dont deux dans le sac, un grand qui est le pimcipal de tous , et un petit en arrière de lui. Le troisième osselet, qui est aussi fort petit, est élans le sinus commun des canaux. Leurs formes, leurs manières d’adhérer au sac méritent d’étre notées , sur-tout à l’égard du plus grand. îl est pour l’ordinaire ohlong d’avant en arrière, placé obliquement dans son sac, convexe à sa fac® interne P concave à l’externe. 458 XîIP Leçon. De Voreille. La face interne est lisse et marquée d^un sillon dont la direction varie selon les espèces. La face externe présente des aspérités. Le bord supérieur est ordinairement dentelé d’une manière plus mar- quée que l’inférieur, et l’extrémité antérieure a souvent des tubercules ou des avances: il y en a deux dans l’osselet du brochet , du maquereau et du hareng ; trois dans celui de la carpe , dont la moyenne est en forme de stilet: les morues et autres gades , les rougets ^ les labres^ etc., ont cette extrémité arrondie et sans pointes. La grandeur proportionnelle de cet osselet varie beaucoup. Il est petit dans V anguille uranoscope y les pleuronecies y la dorée y le brochet; médiocre dans le hareng; grand dans les gades et sur- tout la morue y dans la carpe et dans beaucoup de thoracbiques. Sa forme générale est ovale dans la morue et beaucoup de gades -y presque ronde, avec un angle rentrant, dans les cypjrins y comme la carpe y brème y la tanche y la rosse y et dans les silures; irrégulièrement triangulaire dans le brochet y le saumon et les autres truites ^ V esturgeon y etc. Le sillon dont cet osselet est marqué paroît former, avec une production de la membrane du sac qui rentre en dedans de lui-même , un petit canal qui parcourt une .partie de l’intérieur de ce même sac. Ce sillon est ordinairement longi- tudinal. Quelquefois il a la courbure d^un fer à cheval 5 il est presque circulaire dans la carpe^ Art. il Du labyrinthe membraneux, 45gr Dans la morue , il est remplacé par une côte saillante. On voit presque toujours des stries transversales qui vont de ce sillon au bord de Fos, et qui logent les nombreux filets nerveux qui s’y attachent. Ces stries sont sur-tout très-marquées dans la carpe ^ où elles sont disposées en rayons. Les dentelures du bord sont presque égales tout autour dans la morue , qui les a mousses , et dans la carpe qui les a pointues ^ il n’y en a que d’un côté et à un bout seulement , dans les saumons , les truites y les perches ; le congre n’en a que trois à son bord supérieur, etc. Le second osselet de l’oreille interne des pois- sons est ordinairement en arrière du grand et un peu plus en dehors. Sa forme est le plus souvent demi-lunaire, et sa concavité tournée en avant. La carpe l’a d’une forme particulière et sem- blable à un fer de lance. Sa grandeur varie ; mais il est toujours beaucoup plus petit que 1@ premier. Le troisième osselet est dans le sinus; quelque- fois il est si voisin du grand , qu’on a peine à le distinguer au coup d’œil. Les gades , les scomhres , etc. , l’ont triangulaire ; les trigles , lenticulaire ; le brochet^ arrondi et inégal. Dans la carpe J il est un peu plus grand que dans les autres à proportion ; sa surface y est âpre , et son bord dentelé. Çassériusj qui a décrit le premier l’organe de 45o XIÎI" Leçon. De Voreîlle. Fouïe des poissons, regardoit ces osselets comme analogues au marteau ^ à V enclume ^ etc., des quadrupèdes. On a pensé depuis^ et Camper sur-tout a montré que ces masses suspendues dans une gelée trem- blante, et pouvant être ébranlées par les moindres vibrations extérieures , pouvoient communiquer cet ébranlement aux nombreuses fibres du nerf acoustique auxquelles elles sont suspendues. La cloison que ces osselets forment dans les sacs qui les contiennent , au moyen des mem- branes intérieures de ces mêmes sacs, et les libres nerveuses dont cette cloison est garnie , portent k regarder ces sacs comme assez analogues à For- gane à deux loges , que nous nommons limaçon dans Flîomme à cause de sa forme. D.. Dans les poissons d branchies fixes , On retrouve les mêmes parties que dans les autres , mais disposées daine manière différente. Le sac est placé à peu près horizontalement et de ligure triangulaire ^ un des angles , celui qui est le plus voisin du cerveau, se prolonge en un canal qui perce le crâne et va jusqtFcà la peau extérieure , où il n^est fermé que par une mem- brane mince. Cotte petite membrane se distingue sans aucune dissection , parce qu’elle forme au dehors un petit enfoncement très-près de la nuque do Fanimal. Elle est très-probablement analogue k la fenêtre ovale des animaux d’un ordre plus Art. il T)u labyrinthe membraneux, 46i élevé, et elle fait aussi les fonctions de tympan. Le second angle du sac est postérieur ; il est arrondi ou ovale , et contient la plus grosse des pierres ; le troisième angle est dirigé en ayant et en dehors. C’est vers lui que sont placées les deux petites pierres. Il y a trois canaux sémi-circulaires, ayant chacun une ampoule , comme dans les autres poissons : l’un est antérieur et se dirige oblique- ment en avant et en dehors j le second est extern©^ et horizontal; le troisième, postérieur, et dans nu plan presque vertical , dirigé obliquement en arrière et en dehors. Les extrémités sans ampoule des trois canaux communiquent avec l’angle in- terne du sac; le premier et le troisième tout près de la fenêtre ronde , le second un peu plus bas. Quant à leur autre extrémité , le premier et le second la réunissent ensemble, et communiquent par un canal commun avec l’angle externe du sac^ le troisième revient seul à ce sac vers son angle interne , et son extrémité qui porte une ampoule s’y réunit très -près de l’endroit d’où, l’autre est partie Tout cet appareil est rempli, comme à l’ordinaire , d’une pulpe gélatineuse ; les pierres contenues dans le sac ne ressemblent en rien par la dureté à celles des poissons osseux. Leur consistance est absolument celle de l’amidon hu- mecté d’eau, et elles se laissent de même écraser sous les doigts. La plus grande est arrondie d’un côté , comprimée et rectiligne de l’autre. Les deux petites sont à peu près ovales. 463 XIIP Leçon. De V oreille. Tout ce que je viens de dire est commun aux raies et aux squales. Les espèces de ces deux genres ne diffèrent entre elles que par les pro- portions des canaux et du sac , différences qui se réduisent même à très-peu de chose^ E. Dans les reptiles^ Le labyrinthe membraneux est composé det mêmes parties que dans les poissons , c’est-à-dire , de trois canaux et d’un sac , mais il y a dans quelques espèces une partie de plus. Dans les salamandres , qui n’ont , ainsi que les poissons, aucune autre partie *de l’oreille que le labyrinthe , les trois canaux sont situés au dessus du sac j ils sont surbaissés , et forment ensemble un triangle presque équilatéral. Chacun d’eux a son ampoule ; le sac contient une pierre , de con- sistance d’amidon , comme dans les raies et les squales. Les grenouilles et les crapauds ne diffèrent presque point des salamandres par le labyrinthe membraneux; elles ont les mêmes parties dans la même position, et leur sac contient aussi un© pierre amylacée. Leurs trois canaux forment presque un cercle complet par leur réunion. Les crocodiles et les lézards ont aussi les trois canaux , mais plus grands , et approchant davan- tage de former chacun une circonférence entière. Le sac est situé à proportion plus vers l’intérieur de la tête ; ses parois membraneuses sont garnie^ Art. II. Du labyrinthe membraneux 465 ■de plusieurs vaisseaux sanguins , très- visibles sur-f tout dans le crocodile. Les pierres qu’il contient , au nombre de trois, sont fort petites et encore plus molles que celles des poissons cliondropté- r3^giens ; enfin , et ceci est remarquable , leur la-» byrinthe a une partie de plus que ceux que nous avons examinés jusqu’ici : un premier vestige de limaçon. C’est une production du sac , en forme de cône, légèrement arquée , qui se porte sous le crâne et vers la ligne moyenne , et qui se trouve divisée en deux loges , ou plutôt en un double canal , par une cloison cartilagineuse double. Une des loges communique avec le sac; l’autre, qui est la continuation de la première, mais revenant ;sur elle-même , va aboutir à un très - petit trou , fermé d’une membrane qui le sépare de la caisse du tympan. Cet organe est absolument semblable à celui que les oiseaux possèdent tous. Comparetti est la premier qui l’ait décrit dans les lézards. Il est très-grand dans le crocodile , et on peut le pré- parer aisément dans les très -jeunes individus. Il est plus difficile à voir dans le caméléon et dans le lézard marbré ; on en trouve aussi un ves!ige dans les serpens. Mais la production que l’on pourroit comparer à ce cornet ou à ce ves- tige de limaçon, dans la tortue ^ est si semblable à ce que nous avons nommé le sac proprement dit dans les poissons , et par sa forme et par les petites pierres molles qui y sont contenues , qu^on 464 XÏIF Leçon. De V oreille, ne peut douter que ce sac ne soit vraiment Tana- logue du limaçon de riiomme , et que la partie que nous avons nommée le sinus, ne soit l’ana- logue du vestibule. C’est donc sur- tout par le plus grand développement du limaçon qu’on peut juger de la perfection du labyrinthe de ces diverses oreilles. Les tortues et les serpens ont aussi des canaux sémi- circulaires comme les autres reptiles. La tor- tue les a fort courts a proportion. Dans les animaux cl sang chaud en général , où le labyrinthe est toujours étroitement enveloppé dans les os , il est composé , dans toutes les espèces , de trois canaux sémi - circulaires , ayant chacun une ampoule , d’un sinus commun dè ces canaux , nommé vestibule , et d’un organe à deux loges ou deux rampes nommé limaçon , mais qui n’est vaiment contourné en spirale que dans les mam- mifères. F. Dans les oiseaux^ Le limaçon est , comme dans le crocodile , co- nique , légèrement arqué , obtus à sa pointe , situé obliquement d’avant en arrière et de dehors en dedans sous la partie inférieure du crâne. Sa cour- bure est telle que sa concavilé est tournée en arrière. La cloison qui le sépare en deux loges , est composée de deux lames cai tilagineuses étroites, réunies par une membrane mince dans toute leur longueur , et légèrement tordues sur elles-mêmes. 'Art. il Du labyrinthe membraneux. 465 Elles adhèrent foiblement aux parois de Forgane. Sa loge postérieure est la plus courte , et corn- iriunique avec la caisse du tympan par la fenêtre ronde , qui est fermée par une membrane. L’anté- rieure 5 plus longue , donne dans le vestibule et n’est point fermée. Le vestibule est petit , à peu près arrondi ; les canaux sémi-circulaires . sont disposés ainsi qu^il suit. Le plus grand est vertical , et obliquement dirigé d’arrière en avant et de dedans en dehors» Le second est horizontal, et dirigé en dehors. Le troisième est vertical , il croise le second , et sa direction est contraire à celle du premier. Dans les passereaux , le premier canal est plus petit , et situé plus en arrière relativement aux deux autres , que dans les autres oiseaux ; les autres différences de ces canaux sont peu importantes. Ils paroisseni cepen- dant plus grands dans les oiseaux de proie , sur- tout les nocturnes, et dans les passereaux, que dans les gallinacées et les palmipèdes. Le cornet à deux loges , ou limaçon , est plus approchant de la verticale , dans le casoar et dans V autruche , que dans les autres oiseaux. autruche est de tous celui qui a ce cornet plus petit. C’est dans Voie qu’il se porte le plus ^directement vers la ligne moyenne. G. Dans les mammifères. Le labyrinthe ne diffère de celui des autres animaux , que parce que Forgane 4 deux loges ^ s G g 466 XIIP Leçon. "De V oreille, fait véritablement plusieurs tours de spirale au- tour d’un axe conique , et représente par consé- cjuent très-bien une coquille de limaçon. Les trois canaux dans Vhomme sont presque égaux. Aucun ne croise Tautre. L’horizontal est un peu plus petit. Le vertical antérieur , et le postérieur s’unissent par une de leurs extrémités. Chacun des trois a une ampoule^ mais peu ren- flée. Le vestibule est un peu arrondi. Le limaçon est situé en avant et un peu en dedans ; le plan de sa base est presque vertical , . et dirigé obli- quement d’arrière en avant et de dehors en de- dans. La largeur de cette base n’excède pas celle du canal hoiizontal. La spirale fait deux tours et demi y elle dimi- nue rapidement, en sorte que le limaçon approche en total de la forme globuleuse. Comme l’axe du limaçon est oblique ; les deux rampes sont , l’une antérieure et externe , l’autre interne et posté- rieure. L’interne , qui est plus près de la base du limaçon est un peu plus longue , et se redresse pour aboutir à la fenêtre ronde qui donne dans la caisse du tympan. L’externe, qui est plus près de la pointe, va au vestibule, qui communique lui-même avec la caisse par la fenêtre ovale. Les proportions entre les parties du labyrinthe varient beaucoup plus dans les espèces. Dans ]e« chauve-souris proprement dites, et encore plus dans \q fer-à- cheval , le limaçon sur- passe beaucoup les canaux sémi - circulaires en Art. il Du labyrinthe membraneux. 467 grandeur. Le limaçon du fer à-cheval est quatre fois plus large que la circonférence d’un des ca- naux , et le diamètre de sa cavité est dix fois plus grand que celui de la leur. Cette disproportion est beaucoup moindre dans la roussette. Dans la plupart des carnassiers ^ et dans î@ cochon , V éléphant et le cheval , le limaçon est aussi plus grand à proportion des canaux que dans l’horame ; mais dans la taupe il est petit. Le lièvre Fa aussi plus petit à proportion que l’homme. La proportion de celui des ruminans est à peu près la même que dans Fhomme. Dans tous ces ani- maux , sa forme est celle que les conçhyliologistes nomment turbinée , c^est - à - dire en cône arrondi ou bombé ; et le nombre de ses tours est , comme dans Fhomme , de deux et demi. Le cochon -cV Inde , le cabiai et le porc-épic ^ ont un limaçon turriculé , et dont les tours sont au nombre de trois et demi. Ce sont les seuls exemples que je connoisse de ce nombre. Le rai ordinaire n’en a comme les autres quadrupèdes que deux et demi. Dans les cétacés , le limaçon est fort grand ; toutes ses parties sont bien développées ; mais sa spirale reste presque dans le meme plan , sans s’élever sur son axe ; il ne fait d’ailleurs qu’un tour et demi. Les canaux semi-circulaires sont si minces, que Camper en a long-temps nié l’existence. Ils y sont cependant absolument comme dans les G g 2 468 XIIF Leçon. De Voreille, autres mammifères ; et je les ai bien disséqués dans un fétus de haleine, La proportion entre les deux rampes du limaçon n’est pas non plus la même dans tous les animaux. Celle qui donne dans le tympan , est un peu plus grande que Fautre dans V homme , le chien , le -paresseux ^ V éléphant , le cheval le dauphin; la différence est très-sensible dans la chauve-souris. Les rampes sont à peu près égales dans Vhippopô- tajne le cochon. Celle qui donne dans le vesti- bule est la plus grande dans le veau , la chèvre ^ le mouton^ le lièvre ^ le rat^ le cochon d’Inde ^ le chat , etc. Mais dans ces animaux même , la partie delà rampe du tympan, qui est très-proche de la fenêtre ronde, s’évase^ et devient plus large que Fautre. En général , dans les mammifères , le labyrinthe , pris dans son ensemble , est beaucoup plus petit à proportion du reste de la tête que dans les oiseaux. Le labyrinthe de ces deux classes ne contient plus aucune pierre , on n’y voit que quelques parties blanchâtres qui proviennent de l’épanouissement des extrémités nerveuses dans la pulpe gélatineuse qui le remplit. Nous en parle- rons ailleurs. Art. III. Du labyrinthe osseux. ARTICLE III, De la manière dont le labyrinthe membraneux est renfermé dans les os ^ ou du labyrinthe osseux. Le labyrinte membraneux , dans les animaux vertébrés , est d’autant plus complètement ren- fermé dans les os , et d’autant plus étroitement embrassé par eux , que l’animal est plus parfait, et que la communication de son oreille avec l’air extérieur est plus ouverte. A. Dans les poissons à branchies libres^ Le labyrinthe est renfermé dans la même cavité que le cerveau , c’est-à-dire dans le crâne ; les os ne lui présentent que quelques enfoncemens dans lesquels il est retenu par des vaisseaux et de la cellulosité 5 seulement une partie des canaux demi-circulaires est engagée dans des poulies ou dans de courts canaux osseux. Dans le poisson-lune , le vaste enfoncement la- téral du crâne , dans lequel est l’oreille , n’est divisé que par deux colonnes cartilagineuses minces, dont l’une horizontale , et fournit une poulie au canal sémi - circulaire potérieur ; l’autre est verticale , et en fournit une au canal horizontal; mais l’intervalle entre ces colonnes et les parois du crâne étant dix fois plus grand que le dia- Gg3 ■f 470 XIIP Leçox. De V oreille. mètre des canaux , ils sont suspendus dans cet espace par des vaisseaux et de la cellulosité. Le canal vertical antérieur n’a pas même une telle colonne, et le sac qui est fort petit n’a point de creux sur le plancher, pour s’y enfoncer. Dans la haudrnye , les colonnes cartilagineuses deviennent pins larges , et se rapprochent davan- tage des parois du crâne; dans les poissons osseux, cela augmente encore , au point que les canaux éémi-ciî'culaires ont tous une portion plus ou moins considérable de leur longueur y engagée dans des canaux osseux. Le canal postérieur et l’horizon- tal, y sont toujoin s plus engages que l’antérieur. Celui-ci n’a qu’un mince pilier osseux dans Van- guille . le brochet , le roitget , le maquereau ^ il ïi’a même qu’un sillon dans la dorée , et quelques jugulaires ; il a un canal osseux un peu moins couit dans la morue , la carpe ^ les deux autres sont presque entièrement enfoncés dans les os. Dans le saumon , la carpe , le sac est ordinaire- ment enfoncé danâ on creux de la base du crâne; plus ce sac est séparé du sinus ou vestibule , plus la fossette qui le reçoit devient profonde : c’est ce qu’on voit dans la morue , mais sur-tout dans la carpe .J le hareng y où ce sac est étroitement enve- ÎQpé dans un antre osseux , qui n’a d’issue que celle par où passe le canal étroit qui joint le sac au sinus. f Dans tous ces poissons osseux , le sinus , et les extrémités des canaux sont libres dans la cavité Art. III. T>u labyrinthe osseux, 471 du crâne ^ et les nerfs n^ont pas besoin de percer les os pour y arriver. U esturgeon commence à avoir son- oreille plus séparée de la cavité qui contient le cerveau. Ses trois canaux sont tous engagés dans les cartilages par toute leur longueur ; les canaux cartilagineux qui les reçoivent sont un peu plus larges qu’eux. Le sac , auquel ils aboutissent , est appliqué de très- près contre la paroi du crâne , et il y a entre lui et cette cavité une membrane très - épaisse , attachée par plusieurs productions ligamenteuses, et percée de plusieurs trous pour laisser passer les nerfs. B. Dans les chondroptérigiens ^ Ou poissons à branchies fixes , tels que les raies eiles squales^ le labyrinthe membraneux tout entier est renfermé dans une cavité particulière , creusée dans l’épaisseur des os du crâne , à côté et en arrière de celle qui contient le cerveau , et ne communiquant avec celle-ci que par les trous qui donnent passage aux nerfs.. Cette cavité semble moulée surîe labyrinthe mem- braneux lui- meme; elle est formée comme lui de trois canaux , et d’un antre auc^uel ils abou- tissent mais toutes ces parties sont bien plus larges que celles qu’elles contiennent , et ces der- nières n’adhèrent point à leurs parois , sont sus- pendues au milieu d’elles par les vaisseaux ^ les nerfs et la cellulosité. Cette largeur du labyrinthe G § 4 XIIF Leçon. De Voreille, osseux fait que les extrémités des canaux sémi- circulaires membraneux se trouvent dans la ca- vité qui contient le sac des pierres. C^est à cette cavité que répondent du. coté interne les trous qui laissent passer les nerfs , et du côté extérieur le trou nommé fenêtre ovale , qui n’est fermé que par une membrane ^ et par la peau qui passe dessus. C. Dans les reptiles. Le labyrinthe osseux des reptiles ressemble à celui des chondrojjtérigiens ^ c’est-à-dire qu’il en- veloppe tout le labyrinthe membraneux 3 mais plus ou moins étroitement. Dans la tortue , la paroi du vestibule qui le sépare du crâne ne s’ossifie point. Elle reste en partie membraneùse. Dans le crocodile et les autres lézards , le labyrinthe osseux serre de près le membraneux , ou le revêt par-tout d’une lame mince et dure. D. Dans les oiseaux et dans les mammifères , Le labyrinthe membraneux est enveloppé si complètement et si étroitement par les os^ qu’on en a long-temps méconnu l’existence. On l’a re- gardé le plus souvent comme le périoste interne des cavités osseuses qui le contiennent; lorsqu’on l’a trouvé desséché et racorni en filets dans ces ca » vités , on l’a décrit sous les noms de zones ner- Art. IIL Du labyrinthe osseux. 470 yeuses des canaux sémi -r circulaires , de cloison ïnenibraiieuse du vestibule. Scarpa et Comparetti ont rétabli cette partie dans sa dignité. En effet, en Texaminant dans des sujets jeunes et frais ^ 011 trouve qu’elle ne diffère point de son analogue dans les poissons ; qu’elle est vrai- ment la partie essentielle du labyrinthe , et que les cavités osseuses ne sont là que pour lui servir d’étuis. Le labyrinthe osseux des oiseaux est formé d’une lame osseuse , mince et dure , si exacte- ment moulée sur le labyrinthe membraneux, qu’on distingue meme les renfleinens qui contiennent les ampoules des canaux sémi-circulaires : comme il est placé dans l’épaisseur de l’os temporal et occi- pital , dont les deux tables ne sont séparées que par un diploé très-rare, et très-facile à enlever, il est fort aisé de le mettre à nu , de manière à en faire voir toutes les parties. Quelques-unes, notamment deux des canaux sémi-circulaires , sont même visibles au dedans du crâne, sans aucune préparation. Les cellules acous- tiques , dont nous parlerons par la suite , formant des vides autour et dans les intervalles du laby- rinthe , rendent encore sa préparation plus facile. Dans les mammifères , le labyrinthe est ordi- nairement enveloppé par la substance du rocher de l’os temporal , cjui est si dense , qu’on ne peut point , dans l’animal adulte , distinguer les lames qui l’enveloppent , du reste de l’os 5 et les cavités Xlir Leçon. De Foreille. qui composent ce labyrintlie ont l’air d^étre creu- sées dans ce rocher , comme les carrières ou les mines le sont dans les rochers véritables. Ce n’est que dans les fétus qu’on peut débar- rasser le labyrinthe osseux , de la substance qui l’enveloppe , et qui n’a point alors acquis la même dureté que la lame c|ui le forme. Il y a cependant quelques espèces, et elles sont du nombre- de celles qui entendent le mieux , qui n’ont point de cette substance pierieuse autour de la lame mince de leur labyrinthe osseux. Dans la taupe , par exemple , les trois canaux sémi circulaires sont libres et visibles vers Tintée rieur du crâne sans aucune préparation. Son lima- çon est enveloppé d’une cellulosité presqu’aussi lâche que celle des oiseaux. Dans les chauve-souris , l’énorme limaçon est visible sans aucune préparation sous la base du crâne ^ où il fait une saillie très- considérable , et pareille à celle c[ue fait la caisse du tympan dans beaucoup d’espèces. Leurs canaux sémi-circulaires se voient dans l’intérieur du crâne comme dans la taupe. Dans la chauve- souris -hec- de -lièvre ( Vesp. leporinus ) , c’est au-dedans du crâne que le lima- çon fait saillie. Dans le cochon-d^ Inde ( cavia cohaia ) et dans le cabiai ( cavia capyhara ) , c’est au-dedans de la caisse , sous les deux fenêtres ; sa saillie a la forme d’un mammeion. Cela est de^ même dans la mar- Art. IIL Du labyrinthe osseux, 4y5 motte , dans le porc-épic ^ et plus ou moins dans tous les rongeurs : il saillit aussi un peu en dedans de la caisse dans \ éléphant. Les animaux qui ont la substance du roclier la plus dure sont les cétacés. D’après la description que nous avons donnée du labyrinthe membraneux , on sent aisément que le vestibule osseux doit avoir cinq trous , pour les extrémités des canaux sémi-circulaires ; un pour la rampe du Imiaçon qui communique avec lui ; et un qui est la fenêtre ovale , et qui donne dans la caisse du tympan. Nous ne nous arrêterons point à décrire les différences que présentent les grandeurs, les figures et les positions respectives de ces sept trous. Le limaçon osseux se contourne autour d’un axe conique , que Fon pourroit cojnparer à la fusée d’une montre , et dont la hauteur et la base sont dans des proportions différentes selon les espèces. La coupe de chacun des tours du limaçon osseux n’est pas ronde , mais il y a du côté de l’axe une échancrure aiguë , qui est la coupe de la partie osseuse de la lame spirale qui divise tous ces tours en deux rampes. Dans Fliomme , il n^ a que cette portion de la bime qui touche à Faxe qui soit osseuse. L’autre partie est entièrement membraneuse ; mais il n’en est pas de même dans tous les animaux. Dans le dauphin il n’y a qu’une fente Irès-'étroite qui par- tage la lame toute sa longueur en deux par- 476 XIIP Leçon. De Voreille. lies ^ dont celle qui touclie à l’axe est trois fois plus large que l’autre. Cette fente seule est complétée par une membrane dans l’état frais. Dans ce même dauphin , la partie osseuse de cette cloison qui touche à l’axe a sous sa base et dans la rampe qui aboutit au tympan un petit canal qui en suit la courbure d’une extrémité du limaçon à l’autre. La coupe trans verse de ce canal est ronde ; ses parois sont très-minces. Il formeroit une troisième rampe dans le limaçon 5 mais il est pro- bable qu’il sert à envelopper un vaisseau ou un nerf. D’ailleurs son diamètre diminue en sens con- traire de celui des rampes , et c’est vers la pointe du limaçon qu’il est le plus gros. On en voit aussi un ^ mais beaucoup plus petit à proportion dans les 7'uminans. Nous croyons avoir suffisamment décrit l’exté- rieur du rocher des quadrupèdes , dans les articles III et IV de la VIIF leçon. Celui des cétacés mé- rite d’être considéré à part. Il ne s’articule point avec les os du crâne ; il est suspendu par des liga- mens sous une cavité ou une voûte située à chaque côté de la base du crâne , et formée en grande partie par l’os occipital. Le rodier lui-même peut être considéré comme formé de deux portions soudées ensemble^ la caisse, que nous décrirons ailleurs , et le rocher propre- ment dit, qui contient ledabyrinthe. La face supérieure de cette' secoude portion à Art. III. Du labyrinthe osseux, 477 vers son bord interne une proéminence demi-circu- laire qui répond à un trou de la base du crâne j et où Ton remarque un creux qui est le méat auditif interne : .c’est dans cette proéminence qu’est le limaçon. La portion externe de ce même rocher proprement dit est bien plus grande que la proé- minence dont nous venons de parler. Elle forme en partie une voûte sur la caisse. Elle est oblongue dans les dauphins , grossièrement arrondie et se prolongeant en arrière en une apophyse raboteuse dans les cachalots ^ profondément bilobée dans le lamantin , etc. C’est ici le lieu de dire un mot des aqueducs. Ce sont deux canaux qui établissent une commu- nication entre le labyrinthe et l’intérieur du crâne , différente de celle qui donne passage aux nerfs. L’un donne dans le vestibule près de l’orifice com- mun des deux canaux sémi- circulaires qui s’unis- sent ; son orifice, du côté du crâne, est triangulaire, et situé au-dessus et en arrière du méat auditif interne; l’autre donne dans le limaçon à sa rampe tympanique , tout près de la fenêtre ronde , et pénètre dans le crâne sous le bord inférieur du rocher , et sous ce même méat interne- On les retrouve dans tous les mammifères : ils sont très- larges dans le dauphin , principalement celui du tympan. Dans d’autres animaux , ce dernier ne forme qu’une fente étroite du côté du crâne. Tels sont V éléphant , le cheval \ je ne les ai pas assez exa- 478 Xlir Leçon. De V oreille. minés dans les autres espèces. On trouve aussi deuT canaux analogues dans les oiseaux , selon Compa- retu. Leur usage nous paroît encore sujet à con- testation. ARTICLE I Y. Des cavités situées entre le labyrinthe et V élément extérieur, ou de la caisse du tympan, et de ses appartenances. Dans les poissons à branchies libres , tant cartilagineux qu’osseux , il n’y a aucune commu- nication entre le labyrinthe et l’extérieur; toutes les parties de l’oreille sont enfermées dans le crâne et recouvertes par les os. Dans les JJ oisso ns d branchies fixes ou chon- droptérygiens ,\e labyrinthe aboutit par un petit canal à une ouverture des os située à la paitie postérieure de la tète , et fermée par une mein- biane et par la peau. Il n’y a rien de plus entre l’oreille et l’élément ambiant. Parmi les reptiles , la salamandre a son la- byrinthe entièrement enfermé dans le crâne , et sans aucune communication avec l’extérieur , comme les poissons à branchies libres ; mais les autres genres de cet ordre ont tons une fenêtre nommée ovale sur larpielle appuie une platine osseuse , qui correspond â ce que l’on nomme l’étrier dans l’homme. Le genre des lézards a Art, IV. De la caisse du tympan, 479 •une ouverture de plus , mais qui n’est fermée que par une membrane , et qu’on nomme fenêtre ronde. Ces deux ouvertures existent dans tous les oiseaux et dans tous les quadrupèdes 5 ainsi que nous l’avons vu précédement. La cavité située au devant, et qui est plus ou moins cojnpliquée , se nomme la caisse ; elle communique avec la bouche par un canal ou par une simple ouverture béante , nommée trompe d^Eustache ; et avec l’extérieur , par une autre ouverture, fermée tantôt d’une membrane mince, tantôt d’une peau épaisse et même écailleuse , nommée tympan, La platine osseuse qui couvre la fenêtre ovale s’unit par un manche d’une seule pièce , ou par une chaîne de quelques osselets articulés ensemble avec cette membrane du tympan, et peut en communiquer les ébranlemens dans l’intérieur du vestibule. Nous allons examiner particulièrement dans cet article les diverses conformations de la caisse. A. Dans les reptiles. Elle n’existe , pour ainsi dire , pas du tout dans les serpens ; le manche de la platine est enfermé dans les chairs, et son extrémité touche à la peau, près de l’articulation de la mâchoire inférieure. Dans les crapauds et les grenouilles ^ la caisse a toute sa partie postérieure membraneuse 5 elle communique immédiatement avec l’arrière-bouche par un grand trou, qui se voit en ouvrapt sim- 48o XIIF Leçon. De V oreille» plement la bouche de Fanimal ; elle est très-petite et presque entièrement membraneuse dans \e pipa^ ■. où le labyrinthe n’aboutit à la fenêtre ovale que j par un très-long canal. La caisse est aussi membraneuse en arrière et en dessous dans les lézards ordinaires et dans le caméléon. Elle y communique avec le fond du palais par un large canal court. La caisse du crocodile peut se diviser en deux parties : une externe, très- évasée, et fermée en dehors par le tympan et par la peau, mais toute entourée d'os 3 et une interne, séparée de la pre- 3îîière par un étranglement , et à laquelle abou- tissent les deux fenêtres et quelques cavités analogues aux cellules mastoïdiennes de l’homme , mais beau- coup plus grandes. Une de ces cavités est placée entre les canaux sémi-circulaires , et une autre se dirige en arrière et en dehors. Cette caisse est située vers la partie supérieure du crâne. La caisse de la tortue est beaucoup plus laté- rale; elle est moins évasée par dehors, et l’étran- glement^qui sépare la partie externe de l’interne est moins marqué , parce que la saillie qui le forme est arrondie et non aiguë , comme dans le crocodile. Cette portion interne de la caisse se prolonge en arrière en une grande cellule arrondie. Dans le fond, vis-à-vis le tympan, est un canal étroit, où s’enfonce l’osselet, et qui aboutit à la fenêtre ovale. La trompe d’Elistache est un canal de longueur médiocre, qui se porte en bas et un Art. IV. T>e la caisse du tympan. 48 1 peu en arrière, et aboutit au palais, derrière et en dedans de l’articulation de la mâchoire. B. Dans les oiseaux , La caisse est aussi très-évasée en dehors : seâ parois , postérieure et inférieure , sont formées par une saillie de Tos occipital. L’antérieure est en grande partie complétée par un os particulier aux oiseaux , et que ron nomme carré. Nous le décrirons en traitant de l’articulation de la mâchoire inférieure. Elle communique avec trois grandes cavités qui se prolongent pins ou moins dans l’épaisseur des os du crâne , et qui caractérisent éminemment forgane de l’ouïe des oiseaux. Ces cavités ^ fermées de lames osseuses , minces et élastiques , sont sans doute très-sonores , et renforcent beaucoup Faction du son sur le labyrinthe , qu’elles entourent de toutes parts. C’est sur-tout dans le genre des chouettes , et dans l’espèce de V effraye.^ plus que dans toutes les autres , que ces cavités sont étendues. La pre- mière s’ouvre à la partie supérieure de la caisse , et s’étend dans toute la largeur de l’occiput jusqu’à celle qui appartient à l’oreille de l’autre côté, avec laquelle elle se réunit sur le trou occipital. La seconde s’ouvre à la partie postérieure et infé- rieure de la caisse ; elle ne s’étend qu’entre les canaux sémi-circuiaires : c’est la plus circonscrite des trois. La troisième s’ouvre à la partie anté-^ rie Lire de la caisse^ au dessus de la trompe d’Eustache. 2 H h 482 XIIP Leçon. De Voreille, Elle niarclie au dessus de cette trompe et s’étend dans toute la largeur de la base du crâne ; elle se réunit à celle de l’autre côté sous l’endroit où est la glande pituitaire : ainsi les deux caisses de Veffraye communiquent ensemble par deux endroits différons. Le cornet analogue au limaçon est entouré par cette troisième cavité. Cette énorme étendue des cavités attenantes à la caisse n’existe à ce point que dans la seule effraye. Dans les autres hihous et chouettes ^ elles sont déjà un peu moindres, et elles diminuent de plus en plus jusqu’au casoar ei à Y autruche^ qui sont de tous les oiseaux ceux qui les ont les plus petites. engoulevent ^ comme oiseau noc- turne , et ayant besoin d’une ouïe délicate , les a aussi fort grandes. Les oiseaux de proie diurnes , et les gallinacés ont la première et la troisième en forme de boyau conique et étroit, et sans com- munication d’un côté de la tête à l’autre. La se- conde , ou celle d’entre les canaux sémi-cii culaires , est plus grande dans les oiseaux de proie diurnes que dans les chouettes, parce qu’elle se porte en dehors derrière le bord postérieur de la caisse. Ces cavités sont généralement petites dans les palmipèdes et les oiseaux de rivage ; elles pa- roissent manquer toul-à-fait à plusieurs perroquets ,, dont le crâne a son épaisseur uniformément remplie d’un diploé très-lâche ; mais , en revanche , leur caisse meme a en arrière une concavité plus con^ sidérable que celle des autres oiseaux. Art. IV. De la caisse du tympan, 483 La trompe d^Eustacîie est entièrement osseuse dans les oiseaux. C’est un canal conique qui com- mence à la partie antérieure et inférieure de la caisse par une large ouverture , et qui marche sous la troisième des cavités décrites ci - dessus , dont il n’est séparé que par une lame mince; il se porte obliquement en dedans , en se rétrécis- sant toujours 5 et aboutit à une petite ouverture très-près de la ligne moyenne , et par conséquent aussi très - près de l’ouverture de la trompe de l’autre coté. Ces deux ouvertures répondent au palais, à quelque distance en arrière des narines internes. Les deux 'fenêtres par lesquelles le labyrinthe des oiseaux communique avec leur caisse , sont situées Tune au dessus de l’autre dans un enfon- cement qui est vis-à-vis la membrane du tympan. Une traverse osseuse mince les sépare. La fenêtre dite ovale ^ c’est-à-dire celle qui donne dans le vestibule , est au dessus de la ronde qui donne dans le limaçon ; mais toutes deux sont vraiment de forme ovale. La fenêtre ronde est la plus grande, et souvent de beaucoup. C. Dans les mammifères j La caisse présente des différences très -remar- quables de grandeur, de forme, de composition et de distribution intérieure. Dans V homme ^ la caisse est une cavité presque hémisphérique, dont le tympan seroit le grand H h 2 48’4 Xnr Leçon. De Voreille. cercle; elle ne fait aucune saillie en dehors ou en dessous du crâne. Ses parois sont très -iné- gales. Celle qui est vis - à - vis du tympan pré- sente une saillie en dos d^âne , qui monte obli- quement d’avant en arrière , et qu’on nomme i>ro~ montoire. La fenêtre ovale est au dessus. Son grand diamètre est transverse et presque double du petit; elle regarde directement le tympan. La fenêtre ronde est au dessous du promontoire; elle regarde en arrière et un peu en dessous. L’une et l’autre est un peu enfoncée. Il y a dans la caisse quelques creux légers , que l’on pourroit comparer aux cellules des oiseaux , mais qui n’en geroient qu’un très-foible vestige: ils* ne sont pas les memes dans tous les individus. Il y en a un au dessus et en avant de la fenêtre ovale, et un autre en arrière de la ronde. Celui-ci communique dans les adultes avec les cellules qui se déve- loppent à un certain âge dans l’intérieur de l’apo- physe mastoïde du temporal. La trompe d’Eustaclie commence à la partie antérieure et inférieure de la caisse par un trou presque rond; elle forme un canal osseux , qui va en bas et en dedans jusque vers la pointe du rocher, où il est le* plus étroit; il s’y ouvre dans un autre canal cartila- gineux qui va, en s’élargissant, se terminer dans l’arrière-bouche , près de l’apopliyse ptérygoïde in- terne , et par conséquent près de l’orifice posté- rieur de la narine du même côté^ par un pavillon évasé , bordé d’un bourrelet saillant. Art. IV. De la caisse dit tympan. 485 1®. Extérieur de la caisse dans le s mammifères. Dans les singes , les guenons , les magots , le rocher ne fait giières plus de saillie au-dessous du crâne que dans rhomme ; et la caisse reste cachée dans le rocher ; Tapophyse niastdide devient très- petite , ou même nulle , mais les cellules mastoï- diennes s’étendent davantage dans le reste de l’os temporal. Dans les autres mammifères , à commencer par les sapajous , la caisse s’agrandit considérable- ment 5 et forme sous le crâne une protubérance très-forte. Cetle protubérance est ovale , et son grand axe est longitudinal dans les sapajous , les blaireaux , les civettes , les martres. Elle est un peu plus arrondie , et son grand axe rentre obliquement en dedans dans les chiens , les chats 5 les coatis. Elle est presque ronde dans les lièvres ^ les castors. - Elle est demi - sphérique dans les roussettes , les pangolins. Elle est plus ou moins anguleuse dans les rumi- nans y le cabiai , le paresseux y V hippopotame , Véléphant , le rhinocéros. Elle est plane et touche celle de l’autre côté , en sorte que le crâne paroît lisse en dessous dans la taupe. Dans les fourmiliers ^ le plancher des narines^ Hh 5 486 Xlir Leçon. De Voreille. se continuant entre les deux caisses, empêche qu’on ne voie leur saillie sous le crâne. Celle de Vours ne fait aucune saillie au dehors. Celle du cochon forme une longue saillie en forme de sac ou de massue , plus étroite par l’en- droit où elle tient au crâne. Dans la plupart des mammifères digités , il n’y a y pour toute apophyse mastoïde , qu’une légère protubérance de cette saillie de la caisse , ou bien la caisse elle-même en tient lieu j mais dans le cahiai y le cochon-d’Inde , les cochons , les riimi- nans et les chevaux , il y a derrière la caisse une longue apophyse qui remplace la mastoïde , mais qui appartient à l’occipital. Dans la plupart des carnassiers et des rongeurs , les parois qui forment cette saillie sont minces, dures , et laissent entre elles un grand vide. Dans les cochons au contraire, tout l’intérieur est presque rempli par une cellulosilé serrée. Dans les carnivores , les rongeurs , cette lame contournée qui ferme la caisse se distingue par une suture du reste du rocher , et ne s’y soude que dans un âge avancé. Dans les chats et les civettes , elle est subdivisée elle- même en deux par une autre suture 5 la partie postérieure ressemble beaucoup à une coquille , et est parfaitement représentée par la caisse de la haleine y à l’épaisseur près que celle-ci a de plus. Art. IV. De la caisse du tympan, 487 2®. Division de V intérieur de la caisse et eel^ Iules mastoïdiennes. Le cadre ovale qui soutient le tympan , est à peu près parallèle à la paroi de la caisse qui lui est opposée. Il répond à peu près au milieu de cette paroi dans V homme , le singe , le chien y le blaireau , les martes y les rongeurs , les rumi- nans , etc. Dans tous ces animaux , le promontoire répond à la partie moyenne ou postérieure du tympan , mais il resté toujours un intervalle entre lui et cette membrane ; et les parties de la caisse , situées devant et derrière le promontoire , ne sont point fortement séparées. Mais dans les genres du chat et de la civette y il y a une arrête osseuse qui va du bord postérieur et inférieur du tympan au promontoire , et qui se prolongeant oblique- ment partage la caisse en deux parties inégales ^ qui ne communiquent ensemble que par un trou. L’antérieure et externe est la caisse proprement dite y dans laquelle sont les osselets et la fenêtre ovale. L’autre partie qui est beaucoup plus grande , contient la fenêtre ronde. Dans le lion , la fenêtre ronde répond précisément à la ligne de séparation , et est située dans le trou qui sépare les deux parties. On pourroit regarder la partie postérieure comme analogue aux grandes cellules des oiseaux , et elle paroît n’avoir été donnée qu’à des animaux qui entendent très-bien. Il y a dans beaucoup de carnassiers , et même Hh 4 488 XTII® Leçon. T>e Voreilîe. dans ceux que je viens de nommer , une autre arrête osseuse , mais moins large , et transver- sale 5 elle ne paroit servir qu’à soutenir le cadre du tympan. Le cheval en a un assez grand nombre de semblables. Dans les sapajous et les fourmiliers , il y a aussi une cellule accessoire de la caisse qui en est séparée par une arrête osseuse j mais cette cellule est ])lacée au devant de la caisse propre- 3iient dite , on donne le tympan. Le paresseux en a une dans la base de l’arcade zygomatique. Dans V éléphant , la caisse ne forme qu’une seule grande cavité, sans cloison dans l’intérieur ; mais les parois en sont garnies d’une multitude de lames saillantes qui se croisent dans toute sorte de sens , et qui produisent une multitude de cellules et de sinus irréguliers. On trouve déjà des vestiges de semblables cellules dans les irrégularités et les enfoncemens de la caisse de plusieurs rongeurs , notamment du cahiai , du cochon-cV Inde., de la marmotte , du porc-épic. Dans Y hippopotame ^ la caisse proprement dite est extrêmement petite j mais elle communique par un trou avec une seconde cavité, divisée dans son intérieur en un grand nombre de cellules irrégu- lières, et analogue à celle du lion , de la civette , etc, Da?is le phoque et dans le morse , la caisse est très-grande , arrondie de toute part et sans division., Art. ly. De la caisse du tympan, 489 5®. Configuration et proportion des fenêtres ronde et ovale. Nous avons déjà vu que la fenêtre ronde qui • donne dans une des rampes du limaçon , n’est fer-^ mée que par une membrane tendue ; comme elle regarde toujours en arrière , on peut croire que c’est principalement elle qui doit recevoir les sons produits par la résonnance de cette chambre pos- térieure de la caisse que nous venons de décrire 5 et qui est si distincte dans les animaux nocturnes , le chat , le lion , etc. Scarpa regarde cette mem- brane de la fenêtre ronde comme un tympan secon- daire. Dans l’homme 5 ces deux fenêtres méritent, par leur ligure ^ les noms qu’elles portent , quoi- qu’elles ne soient point entièrement régulières. L’ovale est un peu plus grande que la ronde. Dans les autres animaux , il y a des variations considérables dans la- grandeur respective et dans la hgure , au point que les noms d’ovale et de ronde ne conviennent plus. Nous leur substitue- rons ceux de fenêtres vestihulaire et cochléaire. Les singes les ont à peu près comme l’homme. Dans les chauve-souris , la cochléaire est la plus grande. Dans la taupe , les fenêtres sont ovales toutes les deux ; il y a une traverse qui va d’un bord de la fenêtre vestihulaire à l'autre , en passant entre les jambes de i’élrier : c'est ce qui a causé l’erreur 490 XIIP Leçon. De V oreille, de Derham , qui a cru que Fétrier de la taupe n’avoit point de platine 5 mais qu’il appuyoit une de ses jambes sur la fenêtre ronde, et l’autre sur Tovale." Cette disposition se retrouve dans plusieurs autres mammifères. Dans la marmotte , la tra- verse osseuse qui enlile l’intervalle des jambes de l’étrier est même si grosse , que l’étrier une fois enlevé, qn croiroit qu’il y a deux fenêtres vestibu- laires. Cette traverse est toujours creuse et donne passage à des vaisseaux. Dans les carnassiers en général , la fenêtre co- cMéaire est la plus grande. Elle l’est de près du double dans les chats et les civettes. hermine les a presque égales. Dans le sarigue , la yesti- bulaire est ronde 5 la cochléaire irrégulière et plus petite. Dans le castor et la marmotte , cette dernière est triangulaire ; dans le lièvre elle a la forme d’une petite fente presque verticale ; la vestibu- laire y est ronde et beaucoup plus grande. Le cochon-d’Inde les a presque égales , diri- gées toutes deux en haut , et séparées seulement par une barre mince. Elles sont ovales toutes deux , et à peu près égales dans les édentés. Dans les ruminans ^ c’est la cochléaire qui est la plus grande. Le veau l’a presque double. Le cochon l’a aussi du double plus grande , et très- voisine de l’autre. Elle est trois fois plus grande dans au contraire dans V éléphant ^ Art. IV. De la caisse du tympan. 4g i elle est très-petite , irrégulière , et cachée derrière une avance du promontoire. La cochléaire est la plus grande dans les solU •pèdes et dans les cétacés. 4®. La trompe d’Eustache ^ Présente peu de différences remarquables dans les quadrupèdes , dans sa partie osseuse. Cette partie est plus courte dans les carnassiers que dans riiomme. Dans les chats et les civettes , c’est une fente étroite plutôt qu’un canal 3 on peut se la représenter comme un espace resté vide dans la suture qui unit l’os de la caisse au rocher propre- ment dit. La loutre , le blaireau , les belettes , etc. ont un simple trou , séparé du reste de la caisse par un arrête saillante longitudinale. Dans le lièvre ^ son origine dans la caisse est un trou ;triangulaire. Dans le cahiai , c’est d’abord un demi -canal creusé à la paroi interne , qui devient entier en perçant la pointe du rocher. Dans V éléphant , c’est un long et large canal qui commence sous le tympan , et se termine à la pointe du rocher. Ses parois sont lisses et sans cellules. Nous n’avons point encore assez examiné la partie cartilagineuse de la trompe dans les qua- drupèdes , pour pouvoir la décrire. Dans le cheval , le bas de la trompe cartila- gineuse communique dans un grand sac membra- 4g2 XIIP Leçon. De Voreille. nenx, placé au coté de l’arrière-bouche, et qui , clans quelques circonstances , se remplit de pus , et presse alors le gosier d’une manière dange- reuse. D. Description particulière de la caisse des cétacés» La caisse des cétacés mérite d’étre décrite à part. Elle est formée par une lame osseuse qui a l’air d’avoir été roulée sur elle - même , et on peut la comparer , pour la forme ^ à ces coquilles qu’on nomme huila , excepté que le coté épais , au lieu de contenir une cavité en spirale , est tout- à fait solide. Cette partie épaisse est l’interne. Elle a plus de deux pouces d’épaisseur dans le cachalot. Son bord est mousse et arrondi. Le côté opposé est plus mince et son bord est irrégulier ^ c’est entre deux de ses apophyses Qu’est placé le tym- pan. Celte caisse adhère au rocher par son extré- mité postérieure , et par une apopliyse de la partie antérieure de son bord mince. Dans les dauphins y l’apophyse antérieure du tympan remonte aussi jusqu’au rocher ; mais dans les cachalots elle n’y atteint point. L’extrémité antérieure de la caisse est toute ouverte , et c’est là que commence la trompe membraneuse , qui , en montant le long de l’apo- physe ptérygoïde , et en perçant l’os maxillaire , aboutit à la partie supérieure du nez. Cette posi- tion de l’orihce de la trompe , et la grandeur de ce canal doit le rendre plus utile que le méat externe Art' V. Du tympan, 4g3 pour faire percevoir aux cétacés les sons qui ont lieu clans Fair 5 nous verrons , en traitant de Fodo- rat , que ^ par un arrangement non moins singu- lier , c’est aussi la trompe d’Eustaclie cjui conduit les émanations odorantes au lieu où réside ce sens. L’ouverture par laquelle cette trompe commu- nique avec le nez , est garnie d’une valvule qui ne permet point à l’eau d’y entrer lorsque Fani- mal l’élance en jet par ses narines. ARTICLE V. Du tympan y et de son cadre osseux. Le tympan est la membrane qui ferme l’ou- verture extérieure de la caisse , et qui reçoit immédiatement les vibrations de l’air, pour en transmettre l’effet dans Foreille interne. 1°. Substance du tympan. Les animaux sans caisse , comme les poissons , les salamandres n’ont pas de tympan. Cette mem- brane manque aussi à plusieurs reptiles qui ont une caisse , 'et en particulier au caméléon. La peau passe sur l’ouverture extérieure de leur oreille sans éprouver \de changement dans scii épaisseur , ni dans sa nature , et on ne peut s’as- surer que par la dissection de l’existence de cet organe. En enlevant la peau et quelques portions de muscles, on trouve cependant dans quelques / 4g4 Xlir Leçon. De VoreîLle. espèces, et notamment dans V orvet ^ une sorte de tympan membraneux. Dans la tortue , la vaste ouverture extérieure de la caisse est fermée par une plaque cartilagi- neuse très - épaisse , recouverte elle - même par une peau écailleuse toute semblable à celle du reste de la tête. Dans les grenouilles et les crapauds , le tympan est à fleur de tête , et la peau qui le recouvre devenant plus fine le fait reconnoître par une tache ovale 5 plus lisse que le r este ^ de la tête, et ordinairement d’une couleur particulière. Dans les lézards ordinaires ^ le tympan est aussi à fleur de tête , mais très-mince , lisse, trans- parent, la peau devenant aussi lisse et aussi fine à cet endroit que sur la cornée de l’oeil. Dans le crocodile , il est de même nature, mais plus enfoncé dans la tête , et recouvert par deux lèvres charnues qui tiennent lieu d’oreille externe. Tous les animaux à sang chaud, oiseaux ^ cé- tacés et quadrupèdes^ ont, ainsi que V homme, le tympan mince, transparent, sec, élastique , plus ou moins enfoncé dans la tête*, et précédé d'un canal qui l’est lui-même dans une partie de ces animaux par la conque ou l’oreille externe. Malgré sa finesse, le tympan se divise toujours en trois lames au moins : une qui lui est propre \ une interne, qui est la continuation de la mem- brane interne de la caisse , qui l’est elle-même de Art. V. Du tympan, 4g5 celle de la bouche; et une externe, qui l’est de la peau. 2°. Surface et direction du tympan. Le tympan de Vhomme et de tous les mam^ mifères est une surface conique, dont la pointe est dirigée en dedans, et la concavité en dehors. Ce cône est très - évasé , et sa pointe ne répond pas au milieu de sa base. La taupe fait excep- tion à cette règle, son tympan est plane. Dans tous les oiseaux c’est le contraire des mam- jnifères : sa partie saillante est dirigée en dehors. Dans les lézards^ sa pointe, moins saillante que dans les oiseaux , est aussi dirigée en dehors. Il est à peuq)rès plane dans les grenouilles et les tortues. Le tympan est de niveau avec les parties voi- sines de la tête , et par conséquent à peu près vertical dans tous les animaux qui Font à fleur de tête ; mais , dans ceux qui Font enfoncé , son inclinaison, et par rapport à la tête elle-même, et par rapport au méat auditif externe , varie con- sidérablement. Nous allons la considérer ici par rapport à la tête , en supposant la tête droite et le plan du palais horizontal. Le tympan regarde obliquement en haut et de côté dans le obliquement en bas_, en arrière et de côté dans la plupart des oiseaux ; et même d’autant plus en bas , que Foiseau entend mieux les sons foibles : ainsi la chouette Fa très-oblique. Il 4[)6 XÎIP LEÇo^^ De Voreille, se rapproche davantage de la verticale dans le perroquet. Dans les quadrupèdes , le tympan est ansi d’au- tant pins oblique au canal externe , et regarde d’autant plus vers le bas, que l’animal entend mieux. La taupe ^ dont l’ouïe est très-hne, malgré ,1e défaut de conque, a son tympan presque pa- rallèle à la base du crâne et servant de plancher à la caisse. La raison de cette disposition est sans doute que cette obliquité donne plus d étendue au tympan : en effet, c’est une autre règle tirée de l’observation , que plus le tympan est grand , plus Foreille ( toutes choses égales cl’ailleurs J en- tend distinctement les sons foibles. Le tympan est presque aussi oblique que dans la taupe ^ dans les lou tres y les belettes y le bîai^ reau : il est aussi très-obliqué dans le pangolin. Il est presque vertical, et regarde en avant, dans V homme , les singes, les chiens , les chats y les civettes , les coatis. Il est presque vertical et regarde directement de coté dans les lièvres , lès cabiais , les mar-^ mottes et la plupart des ruininans, 5®. Cadre du tympan, • Le tympan est attaché à un cercle osseux que l’on nomme son cadre. Ce cadre, qui termine le méat auditif externe du côté de la caisse , en est la portion qui s’ossifie la première; il est. à peu- plés rond, et ne fait en dedans qu’une légère, Art. V. Du tympan. 497: saillie, en avant de laquelle est un sillon dan» V homme. Dans un grand nombre de mammifères > il forme en dedans de la caisse une saillie qui représente une lame étroite, contournée en cercle ou en ellipse, dont un des bords seroit attaché à la paroi externe de la caisse, et dont Fautre seroit libre. Ce bord libre est plus ou moins aigu , et plus ou moins évasé selon les espèces 5 il est; souvent soutenu par des artères saillantes qui viennent de dilférens endroits de la caisse se joindre perpendiculairement à la lame qui forme ce bord. Nous en avons déjà parlé plus haut. Ce cadre saillant n’est pas entièrement complets Il lui manque presque toujours vers le haut un segment qui fait une portion plus ou moins grande de sa circonférence , selon les espèces. Le cochon-^ à' Inde., le paca, le phoque et le fourmilier s>oi\i les seuls dans lesquels ]e Faie vu complet : encore dans ce dernier fait-il si peu de saillie , qu’on dis- tingue mal où il finit. Il lui manque presque tout son quart supérieur dans le chat., le chien., le lapin., le rat, La portion manquante est un peu moins grande à proportion dans les ruminans et les solipèdes : \ éléphant manque de toute la moitié supérieure. La figure de ce cadre est pour Fordinaire un ovale dont le grand axe descend obliquement en avant, et dont Farc antérieur est moins con- vexe que le postérieur. Cet ovale est plus oblong dans les carnassiers que dans les herbivores. Il 3 î i 4g8 XIII®. Leçon. De Voreille. approche de la figure cii culaire, et a ses cotés presque égaux dans le cochon-d' Inde , \epaca: le lapin est après eux celui qui Ta le plus ré- gulier. \J homme et le fourmilier Font presque circu- laire : il Fest absolument dans la taupe. Dans les cétacés ^ il n’y a point de cadre du tympan proprement dit , mais la caisse a trois apo- physes qui en échancrent l’ouverture très-irrégu- lièrement, et lui donnent une figure à trois lobes inégaux. Dans les oiseaux, le cadre du tympan n’est pas aussi marqué que dans les quadrupèdes, et ne fait pas de saillie en dedans de la caisse. Il y a des espèces, comme V effraye y où il est complet 5 d’autres souvent très voisines , comme le grand- duc., où il est. interrompu à sa partie antérieure, et où la membrane s’attache à l’os carré de l’arti- culation du bec inférieur, dont une apophyse fait toujours, comme nous l’avons dit, partie de la paroi antérieure de la caisse. La figure du cadre des oiseaux est aussi un ovale oblique, dont le grand axe descend oblique- ment en avant ; m^is elle est ordinairement plus approchante de la figure ronde que dans les qua- drupèdes. Le grand axe se porte moins en avant dans plusieurs passereaux ; mais toutes ces différences soiit peu importantes. Dans les reptiles , le cadre du tympan ne s» Art. VI. Des osselets, 499 ïiiarque par aucun bord saillant : c’est en arrière qu’il est interrempu. Son grand axe est vertical dans la tortue et les lézards ordinaires , et son arc antérieur y est le plus convexe. Dans le cro- codile y c’est un ovale régulier, dont le grand axe se dirige obliquement en arrière. ARTICLE VI. Des osselets qui étahllssent une communication entre le tympan et la fenêtre ovale et de leurs muscles, ( I. Des os. Tous les animaux qui ont une vraie fenêtre vestibulaire , l’ont fermée par une platine osseuse, qui a la même ligure qu’elle , et qui communique ^ soit au tympan, soit, lorsqu’il n’existe pas, à la peau, ou très -près de la peau , par une tige, tantôt simple et ne fesant avec la platine qu’un seul et même osselet , tantôt composée de deux ou de quatre os , de ligures très-variées. Nous com- mencerons la description de cette chaîne d’osse- lets , par les mammifères , dans lesquels elle est plus compliquée. A. Dans les mammifères y Ils ont tous quatre osselets , qui portent les noms ûemarteau y dé enclmne^ lenticulaire exàé étrier^ lia 5oo Xlir Leçon. De Voreille. le marteau est toujours formé d^un niandie alongé , mince y et pointu , qui adhère à la mem- brane du tympan , selon une ligne qui va de son bord supérieur au sommet du cône que cette mem- brane forme , et d’une tête , qui fait angle avec le manche , et se porte obliquement en dedans de la caisse en se dirigeant un peu en haut et en arrière. ’U enclume s’articule avec la tête du marteau , par une facette articulaire. Sa partie opposée se divise en deux pointes , dont l’une se porte direc- tement en arrière , et dont l’autre descend presque parallèlement au manche du marteau , mais en se portant un peu plus en arrière et en dedans. L’extrémité de cette seconde apophyse s’articule avec l’osselet lenticulaire , le plus petit des os du corps des mammifères , et par lui avec Vétrier^ Celui-ci prend son nom de sa figure , qui est celle d’un étrier à monter à cheval : il fait un angle pres- que droit avec la branche de l’enclume qui le supporte 5 et se portant directement en dedans va appliquer la plaque ovale qui le termine sur la fenêtre ovale. Chacun de ces os varie en grandeur, en figure et en position dans les differentes espèces. Nous allons examiner quelques-unes de ces varia- tions. 1°. Le marteau , Dans V homme , le manche du marteau est légè- rement comprimé, un peu arqué , de manière que Art. VI. I^e8 osselets. Bot sa pointe se dirige obliquement en avant. La tête est un peu plus longue , et fait avec lui un angle de 120 degrés ; elle se termine par une masse ovale , arrondie au bout , dont la faoe posté- rieure présente à Penclume une facette arti- culaire composée de quatre petits plans. Sur l’angle que fait la tête avec le manche est une pointe dirigée en haut. On la nomme Vapophyse courte du marteau. Le col , ou la partie un peu étranglée de la tête a une petite apophyse en avant qui se prolonge comme un stylet, et qu’on nomme Vapo- physe grêle du marteau , et une petite lame saillante et oblique en arrière et en dessus. ' Celui de V orang - outang ne diffère de celui de l’homme que parce que la masse qui termine la tête est un peu plus pointue. Dans le sapajou ^ la tête est de moitié plus courte que le manche. La facette articulaire oc- cupe toute sa partie postérieure. L’apophyse grêle s’élargit en une lame qui occupe tout le bord anté- rieur. L’apophyse courte est effacée. Elle se re- trouve bien marquée dans les guenons'^ mais la tête y est aussi en ligne droite avec le manche et fait une saillie en avant ; elle ne se distingue du manche dans V alouatte que par sa grosseur subite. Dans les chiens et les chats le manche est en -longue pyramide à trois faces , dont la plus étroite adhère au tympan. La tête fait un angle aussi fort que dans l’homme. Son col est mince , et se tourne en avant 3 mais l’apophyse grêle ou antérieure f ïi B 5o2 XIII® Leçon. De V oreille, qui est fort longue , s’élargit en une lame mince qui remplit l’angle que la tête fait en ayant avec le manche. La courte est très- saillante ^ et il y a à la face interne du col une troisième apophyse qui remplace la petite arrête de l’homme. Les autres carnassiers n’offrent de différence que dans la longueur des^ apophyses. L’antérieure, par exemple , est plus longue et plus étroite dans le blaireau^ plus courte et plus large dans la loutre. Elle est très-large dans la taupe ^ et donne à son marteau une ligure presque rhomboïdale. Dans les rongeurs , le manche est. comprimé comme une lame de couteau , et adhère au tym- pan par un de ses tranchans ^ le col de la tête fait avec lui un angle fort ouvert sur lequel est l’apo- physe courte , comme à l’ordinaire. La tête^ après avoir reçu l’enclume par sa face postérieure , porte sa masse à l’opposite , c’est-à-dire en avant. Cette masse est ovale dans le cabiai et le cochon~d^ Inde , pointue dans le lapin et le rat. Le manche du paresseux est comme dans les rongeurs. La tête ressemble à celle du marteau de l’homme. Le fourmilier ne diffère du paresseux que parce que le col est plus mince, et le pangolin que parce qu’il y est très-court. Dans tous ces animaux^ à compter des rongeurs, la petite apophyse interne ou postérieure du col est presque nulle. Elle se retrouve bien marquée dans le cochon elles ruminans , dont l’osselet ressemble beaucoup à celui des carnassiers. Art, YI. T>es osselets^ 5o3 Xje phoque a le manche comprimé ; le col court sans presque d’apophyse antérieure j la tête légèrement aplatie , et circulaire d’avant en ar- riére. Dans le dauphin , il n’y a point de manche ; mais le tympan a la forme d’un entonnoir alongé , et sa pointe vient se fixer au bas du col , qui est comme tronqué obliquement. L’apophyse anté- rieure est longue et arquée. Les facettes pour l’articulation de l’enclume sont dirigées non tout- à-fait en arrière , mais un peu en dessus , à cause de la position du labyrinthe en dessus de la caisse. Le marteau de la haleine est tout sem- blable , mais du double plus grand. 2®. Lj^enclume Présente beaucoup moins de différences que Te marteau. Dans tous les mammifères ces deux os s’articulent ensemble par un ginglyme très-serré , composé au moins de deux faces , et le plus sou- vent de quatre ; de manière que chaque os a une convexité croisée par une concavité : la principale différence des enclumes des diverses espèces con- siste dans la longueur et la grosseur respectives de leurs deux apophyses. Dans Y homme y la supérieure , attachée à l’os de la caisse par un ligament , est plus grosse et plus courte que l’inférieure qui s’articule avec l’étrier par le moyen de l’os lenticulaire j celle-ci est ar- quée , de manière que sa convexité regarde em lié Êo4 XUF Leçox. Be Voreiîte. dehors. Elles font ensemble un angle presqite droit. C’est la même chose dans V orang-outang. Dans les guenons y l’apophyse supérieure devient plus grêle. Elle égale presque Tautre en longueur dans les sapajous. En général dans les singes la rainure articulaire devient plus profonde. Les deux apophyses sont grêles et presque égales dans le chatj le chien les a comme l’homme. Les belettes , loutres ,, phoques , ont la supérieure fort courte. L’enclume de la taupe est singulière. Son apophyse inférieure ou stapédienne est très- courte et menue ; l’autre est très - grande y oblon- gue 5 et creusée en arrière comme une cuiller. Il seroit possible qu’elle logeât un muscle.. Les lièvres , les rats ont l’apophyse stapé- dienne très-longue , et l’autre presque nulle. Elles se rapprochent davantage de l’égalité dans les eahiais. Elles sont presque égales, et font un angle obtus dans le paresseux. C’est la supérieure qui est la plus grêle dans le mouton. Elles se dirigent toutes deux vers le haut dans le dauphia, 5°. Li^osselet lenticulaire , Malgré sa petitesse , présente aussi des dilîé- rences , mais elles sont trop minutieuses pour que nous nous y arrêtions. Art. Vï. Des osselets,. 5o5- 4®. étrier Diffère par Fécartement et la courbure de ses branches , par la grandeur du vide qui est entre elles , et par la forme de sa platine. Dans Y homme ^ par exemple , les branche^ sont arquées , et la platine demi-ovale. Dans le sapa^ jou , elles sont presque droites , et la platine eu ellipse étroite. Aucun animal n’a les branches plus arquées et plus écartées à proportion que la taupe j dont la platine est une ellipse très-alongée et très- étroite. Dans tous les animaux, la branche postée rieure est plus grosse que l’antérieure. Dans les cétacés , il y a , au lieu de deux branches , un corps solide , conique comprimé , et percé seule- ment d’un très-petit trou. Cette partie de l’étrier représente dans le lamantin un cylindre qui au- roit été tordu; d’un coté, est une rainure oblique et le trou a l’air d’une piquure d’épingle. La face de ce même étrier qui est attachée à la fenêtre, est extrêmément convexe, B. Dans les oiseaux,. Les oiseaux n’ont qu’un seul osselet , composé de deux branches qui font un coude. La première est attachée au tympan même , depuis son bord postérieur inférieur , jusqu’au sommet du cône saillant qu’il forme vers le dehors : ainsi sa direc- tion est presque contraire à celle du manche du mar- teau , dont cette branché tient cependant la place. So6 XIIP Leçon. De Voreille, A l’endroit oùeJle se joint à la seconde partie, sont deux petites apophyses cartilagineuses, dont la pos- térieuj'e se joint encore par son extrémité libre à une troisième branche qui va regagner la pre- mière pai tie de Tos , et forme avec elle un triangle presque rectangle, dont les trois côtés sont attachés au tympan. L^autre partie de l’osselet , après avoir fait un angle aigu avec cette première branche , s’enfonce directement dans la caisse ^ sous forme d’une tige grèle^, et, après s’étre un peu évasée et quelquefois divisée en deux ou en quelques petits filets osseux , elle se termine par une platine ovale ou triangulaire , qui ferme la fenêtre vestibulaire, comme le fait l’étrier dans les mammifères. Il n’y a de différence d’un oiseau à l’autre que pour la grandeur de cet osselet, et pour la figure de sa platine ; les petites branches adhérentes au tympan varient aussi par leurs inclinaisons et leurs gran- deurs respectives , mais d’une manière trop peu importante pour que nous la notions. C. Dans les reptiles, La grenouille et le crapaud ont deux osselets à leur oreille ; l’un tient lieu du marteau et de i’enclume. Il est attaché au tympan par une branclio mince , avec laquelle la partie qui pénètre dans la caisse fait un angle aigu 5 cette partie est en forme de massue 5 son extrémité interne est la plus grosse, et s’articule par une double facette au second osselet , qui remplace l’étrier , et qui a la forms Art. VL T)es osselets. 607 d\m demi- ellipsoïde , appliqué à la fenêtre ovale par sa face plane. Ces deux osselets ne sont que cartilagineux. Les lézards et les tortues ont plus de rapport avec les oiseaux ^ par leur osselet simple , à tige mince , dure ^ à platine ovale ou triangulaire ; il s’attache au tympan dans les lézards , et sur-tout dans le crocodile une branche cartilagineuse ; mais dans la tortue il s’implante directement par son extrémité extérieure dans la masse cartilagi- neuse que forme le tympan lui-même. La platine du crocodile est en ellipse alongée. Son grand axe est longitudinal. Dans la tortue , l’os s’élargit comme une trom- pette 5 il s’applique à la fenêtre par une face con-^ cave 5 régulièrement ovale. Les serpens ont un osselet sans tympan 5 son extrémité extérieure touche à l’os qui supporte la mâchoire inférieure , il est entouré par les chairs, et va s’appliquer à la fenêtre par une platine con- cave dont les bords sont irréguliers. La platine du caméléon ressemble aussi au pa- villon d’une trompette ; sa tige se perd dans les chairs en devenant cartilagineuse. Les salamandres n’ont sur leur fenêtre ovale qu’un petit couvercle cartilagineux , sans tige , et caché par les chairs. 5o8 XIIP Leçon. De V oreille» II. Les muscles» L’homme et les mammifères ont quatre muscles à leurs osselets : trois au marteau , et un à l’étrier. L’enclume n’en a aucun. Elle est attachée par sa tête à la face postérieure de celle du marteau , et par l’extrémité de son apophyse supérieure à l’os des tempes dans le fond de la caisse en haut et en arrière. Eile participe à tous les mouvemens du marteau^ qui lui font faire une bascule sur sa jambe hxe. Ceux du marteau sont : 1. L^ interne , qui vient de la partie cartilagi- neuse de la trompe , marche dans un demi-canal pratiqué dans le rocher sur la partie osseuse de la trompe , peu après son entrée dans la caisse , il rencontre une éminence située en avant de la fe- nêtre ovale 5 et nommée h ec- de- cuiller. Il con- tourne son tendon sur une traverse de cette émi- nence ; et le dirigeant en dehors , l’insère au manche du marteau à sa face interne , et sous son apophyse grêle. Il tire le marteau entier en dedans ^ et tend la membrane du tympan ^ et par le mouvement que le marteau communique à l’en- clume, la jambe supérieure de celle-ci, restant fixée , l’autre doit décrire un arc de dehors eu dedans , et pousser l’étrier dans la fenêtre ovale. 2. L"" externe marche parallèlement au précé- dent , mais plus en dehors , et s’insère à l’apo.- Art. VI. Des osselets. 5og physe grêle du marteau , qui est elle-même logée dans un petit canal pratiqué au - dessus du bord supérieur du cadre du tympan. Ce muscle est si foible qu^on a peine à s’assurer de sa vraie na- ture. Il doit tirer le marteau en avant 5 tendre la moitié postérieure du tympan , et donner à Fen- clume un mouvement de bascule qui abaisse un peu sa tête , porte Fextrémité de son apophyse inférieure en arrière , et ébranle Fétrier sur la fenêtre ovale. 5. Le laxateur vient de la voûte du méat ex-^ terne , près le tympan ^ passe par Féchancrure du cadre de celui-ci , et s’insère à la petite saillie oblique du col du marteau. Il doit tirer cet os en dehors , et par conséquent relâcher le tympan ; et par suite du mouvement communiqué à Fen- clume , il doit retirer un peu Fétrier de la fenêtre ovale. Le muscle de V étrier est placé dans un creux d’une éminence située en arrière de la fenêtre ovale près du bord postérieur de la caisse , et qu’on a nommée éminence pyramidale ; son tendon en sort pour se porter directement à la branche pos- térieure de Fétrier , qu’il tire en arrière , en sou- levant un peu sa partie antérieure. Nous n’avons pas suivi ces muscles dans beau- coup de mammifères 5 mais nous en avons vu la plupart , et sur-tout celui de Fétrier ^ et l’interne du marteau , dans plusieurs espèces où ils ont présenté peu de variétés. Ôio XIIP Leçon. De V oreille. Il nous a paru que le dauphin n’avoit point de muscle du marteau ; mais il en a bien certaine- i ment un pour Fétrier , qui s’attache très-haut , et non au milieu d’une des branches , comme dans l’homme. La pression de l’étrier sur la fenêtre ovale doit avoir un double effet : le premier, d’ébranler tout l’intérieur du labyrinthe ; le second, de com- primer la substance gélatineuse qui le remplit , et de la faire se reporter par le limaçon sur la mem- brane de la fenêtre ronde , qui doit se trouver par là beaucoup plus tendue. C’est sur-tout ce second effet que doit produire sa pression lorsqu’elle est fixe , et causée par l’action des muscles; c’est sans doute lorsque nous vou- lons écouter avec beaucoup d’attention que nous les contractons. Quant au simple ébranlement , ou à la simple secousse , elle peut aussi résulter de l’ébranlement occasionné au tympan par les vibrations de l’air. C’est probablement une des causes immédiates de l’ouïe. Les animaux qui n’ont point de muscles à leurs osselets n’en reçoivent que cette première espèce de pression. Il seroit intéressant de rechercher s’ils sont maîtres d’écouter avec plus ou moins d’at- tention. Les oiseaux ont un petit musclç situé en arrière de l’oreille sur l’occiput ; il pénètre dans la caisse par un trou , et va s’insérer à rhypolhénuse du Art. VII. Du méat auditif externe, 6ii ^etit triangle rectangle que forment sur le tympan trois des branches de Fosselet. L’effet de ce muscle est de tendre le tympan en faisant sailfir davan- tage en dehors la pointe du cône que celte mem- brane fôrme. Deux fJets qui paroissent tendineux s’opposent à ce que ce mouvement ne devienne trop fort. Un d’eux , qui est très-long , s’attache à l’apophyse antérieure du cartilage attaché au tym- pan, et va se fixer dans la cellule située au-dessus de la trompe d’Eustache. L’autre monte et se fixe sur le pilier qui sépare l’entrée de cette' cellule de celle qui est située au-dessus du labyrinthe. Nous ne connoissons pas suffisamment les mus- cles des osselets des reptiles , et les descriptions de Comparetti ne nous ont point paru assez claires pour pouvoir suppléer à nos propres observations. Il nous paroît que les serpens , les caméléons et les salamandres en sont entièrement privés, et qu’ils sont au moins très-peu visibles dans les tortues, A R T I C L E_ V I I. Du méat auditif externe , de la conque de V oreille , et de ses muscles. Les reptiles n’ont aucun méat auditif externe: le crocodile est le seul qui en ait quelque appa- rence, parce que la peau forme au dessus de son tympan une espèce de lèvre ou de couvercle 5i2 XIÎP Leçon. De Voreille, qui le cache entièrement, à moins d’ètre soulevé, . C’est là sans doute ce qu’Hérodote regardoit comme l’oreille externe du crocodile , à laquelle il dit que les Egyptiens altachoient des pendans. Le méat externe des oiseaux est très-court 5 il n’a ordinairement pour orifice qu’un simple trou à fleur de tête, entouré de plumes d’une struc- ture particulière. Elles sont fines, élastiques; leurs barbes sont simples, minces, élastiques, écartées les unes des autres, et laissant passer l’air entre elles. Ces plumes sont couchées avec beaucoup de régularité sur le trou qu’elles recouvrent. Il y a des oiseaux dans lesquels elles s’alongent et prennent diverses formes : tels sont V outarde , V oiseau^ mouche^ nommé huppe-col ;V oiseau de paradis ^ nommé sifdet , etc. Dans les hibous et les chouettes ^ l’orifice exté- rieur de l’oreille est placé au fond d’une grande cavité , creusée autour de chaque côté de la tête , revêtue en dedans d’une peau nue , dont les replis forment des cloisons qui la divisent presque comme la conque de l’homme , à laquelle cette cavité ressembler oit ^ si elle étoit libre et saillante au dehors. Les plumes effilées qui la recouvrent forment les cercles qui donnent à la physionomie de ces oiseaux son caractère singulier. \Jeffraye a au bord antérieur de cette cavité un opercule mem- braneux de forme carrée. Art. vit. T^u méat auditif externe. 5i5 Nous allofis à présent examiner l’oreille externe dans riiomme et les mammifères. ji®. L/e méat externe osseux. Le méat auditif externe est osseux dans sa partie inférieure ou celle qui est la plus voisine du tympan ; sur cette partie osseuse s’attache par des membranes ou des îigamens la partie tubuleuse du cartilage de l’oreille externe , qui ne fait quelque- fois qu’une seule pièce avec la conque, mais qui en est aussi quelquefois séparée. Les cétacés sont les seuls mammifères qui n’aient point de méat osseux ; leur méat externe est un canaljicartilagiueux , très- mince, qui commence à la surface de la peau ( où il admetti oif à p^ine une épingle dans le dauphin ) , et qui s’enfonce en serpentant dans le lard qui est sous la peau , pour pénétrer jusqu’au tympan. Dans tous les autres genres , il y a un canal osseux plus ou moins long, du moins lorsqu’ils sont adultes; car ce canal est plus long-temps à s’ossifier que la plupart des autres os de l’oreille. Le cadre du tympan Iseui est ossifié dès la pre- mière enfance, et conserve sa grandeur pendant que le reste de l’os temporal prend de l’accroisse- ment. Le méat externe osseux de Vhomine est court , droit , et se porte presque horizontalement en dedans et un peu en avant; sa coupe est un ovale dont le grand axe descend d’avant en arrière ; son K k 2 5i4 XIIP Leçon. De Voreille, diamètre reste à peu près le même dans toute sa longueur. Il est un peu plus long et plus étroit, à pro- portion, dans les guenons y et encore plus dans les magots / il y descend un peu , mais il s’y porte moins en avant que dans l’homme. Il est très- court et circulaire dans les sapajous et les chauve- souris. Dans les carnassiers, en général, il se dirige, comme dans l’homme , à peu près horizontale- ment ; il va droit en dedans , sans se diriger eu avant ni en arrière, dans les chiens ^ les chats y le blaireau. Il se dirige un peu en avant dans le coati. Il se dirige en arrière dans la loutre y le putois ; et, en général, dans le genre mustela. La taupe a un canal externe fort singulier ^ en restant très-plat dans le sens vertical ^ il va en s’élargissant dans le sens horizontal, et le grand tympan circulaire lui sert de plafond , comme il sert de plancher à la caisse. Ce canal se dirige fortement en bas dans les rongeurs , sur- tout dans les lièvres^ il se porte aussi en avant dans ce dernier genre et dans la marmotte; Il va directement en dedans et en bas dans le castor ; Et il se porte en arrière dans le porc-épic. Les cahiais et les agoutis l’ont court, se por- tant droit en dedans. Sous son bord inférieur est Art. vil Du méat auditif externe, 5i5 mi trou qui pénètre dans la caisse , et qui , dans quelques espèces , s’unit avec le méat même par une fente. Les paresseux , les pangolins , les fourmiliers ont le méat externe très-court, large et circulaire. Il est grand, long, et se dirige très-peu en bas et en arrière dans V éléphant. Il descend de 45 degrés dans le rhinocéros et dans Vhippopotame ^ sans se diriger ni en avant, ni en arrière. Dans le babiroussa , son inclinai- son est la méme^ mais il se porte un peu en avant. Dans le cochon ordinaire, il va encore plus en descendant, et se porte aussi en avant. Tous ces animaux l’ont très-long et très-étroit. Il est plus court dans le cheval'^ il y descend un peu moins rapidement , et il porte un peu en arrière. Enfin , dans les rumiiians , il va directement en dedans, mais en remontant un peu. 2°. Lie méat externe cartilagineux et la concilie. Les cétacés exceptés, il y a très-peu de mam- mifères qui n’aient point à l’orifice du méat au- ditif externe cette espèce d’évasement ou de pavillon cartilagineux que l'on a nommé concfue. Ceux qui en sont privés sont, parmi les car-" nassiers , la taupe et quelques musaraignes ; parmi les rongeurs , le zemni et quelques raî^~ taupes^ parmi les édentés, leë pangolins , et Iv k £2 5j6 XIIP Leçon. De V oreille, parmi les amphibies, le morse et plusieurs espèces de phocjueSo Dans les animaux qui sont pourvus d’une conque , ou d’une oreille externe, elle varie à l’infini par sa grandeur , sa direction , sa figure , ses éminences intérieures , la composition de son tube , et enfin par ses muscles. a. La grandeur. Les animaux qui se font re- marquer par la grandeur de l’oreille sont presque tous timides ou nocturnes, et par conséquent ont besoin de bien entendre : les ruminàns foibles , gazelles, cerfs, Vâiie^ les lièvres et quelques petits rongeurs, et sur-tout les chauve-souris. Il y en a beaucoup parmi ces dernières qui ont l’oreille plus grande que toute la tête , et une espèce , V oreillçird ^ qui fa presque aussi grande que le corps. \J éléphant dLlfrique est aussi remarquable par son énorme oreille, plate, ouverte et serrée contre le corps , et par conséquent peu propre à remplir les fonctions de cornet acoustique. \J élé- phant des Indes l’a semblable, mais beaucoup plus petite. b. La direction. Les naturalistes ont remarqué que l’ouverture de la conque se dirige plus souvent en avant dans les animaux qui chassent et en arrière dans ceux qui fuient; mais ce mouvement lient à leur besoin du moment , et non à une dis- position anatomique ; car tous les animaux qui ont Art. VII. Du méat auditif externe, Ôij des oreilles un peu longues ^ peuvent les diriger à volonté, excepté peut-être le vespertilio spasma^ dont les deux grandes oreilles sont réunies par leur bord interne , et par conséquent très - peu mobiles. Les oreilles, dont la partie supérieure de la • conque est pendante , sont un signe d’esclavage : les chiens ^ les moutons, les chèvres , les cochons ^ en ont de telles dans quelques-unes de leurs va- riétés domestiques. éléphant a l’oreille pendante , mais par la partie postérieure et inférieure de la conque, et non à la manière des précédens. c. La figure. La conque de l’oreille de l’homme a pour contour un demi-ovale , dont la partie in- férieure , plus étroite , se termine par un lobule rempli de graisse. Le bord antérieur est adhérent au reste de la peau, et presque rectiligne , sauf les éminences dont nous parierons; le supérieur et le postérieur sont libres et sailîans. Dans les orangs et les sapajous , le lobule diminue et la partie libre devient plus considé- rable , mais elle demeure ronde. Dans les guenons et les macaques, elle devient un peu pointue vers le haut ; dans les sagouins , elle est même écliancrée en arrière par une sinuosité. Dans les autres genres , l’oreille varie en ligure , sans rapport direct avec les ordres auxquels ils appartiennent. Elle est en général d’autant plus elliptique qu’elle est plus grande. Les petites variations de ses con- tours étant entièrement extérieures sont du ressort Kk 5 XIII® Leçon. De Voreille, 5i8 de l’histoire naturelle ordinaire ; il suffît de reir- voyer nos lecteurs aux gravures qui représentent les quadrupèdes. d. hes éminences. Les éminences de l’oreille humaine sont, i®. ce repli de son bord supérieur^ et postérieur, nommé V hélix : il rentre en dedans au bas de sa partie antérieure, et se termine au dessus et en arrière du trou auditif; s'’, cette saillie aiguë, presque parallèle à l’hélix, en arrière, qui traverse ensuite l’oreille obliquement , et qu’on nomme Y antliéUx ; 3°. l’éminence située au devant du trou auditif et nommée tragus ,• 4®. celle qui est située derrière , et qui termine l’antliélix par en bas , et qu’on nomme antitragus. Le repli qui forme V hélix diminue dans les 'singes ^ disparoît dans les sapajous ^ les sagouins et dans tous les autres animaux : tous ont le bord de l’ereille trcinchant. lY an thé lix s’applanit , ou est remplacé par une éminence transverse située très-profondement. Le tragus, qui se voit encore dans le chien , se réduit dans les lièvres , les chevaux etc., à une légère avance du bord supérieur de la conque sur l’inférieur. C’est sur-tout dans les chauve - souris que le tragus est développé, et qu’il prend des formes singulières. U oreillard l’a si grand, qu’on a supposé à cet ■ animal une conque doLible3 il est fourchu dans Art. vil Du méat auditif externe, 5ig le Vesp. spasma ; dentelé dans le V, leporinus et dans le J^. crenatus; ovale, arondi , pointu, etc. , dans d’autres espèces. Il peut servir à empêcher Firruption trop violente de l’air dans l’oreille lorsque l’animal vole. L’antitragus des chauve^ souris est généralement arrondi j il se prolonge quel- quefois en avant par delà le tragus , 'jusqu’au coin de la bouche : cela est ainsi dans le K, molossus. Dans quelques musaraignes , c’est l’antitragus qui sert d’opercule à l’oreille ; il la ferme très- exactement dans le musaraigne aquatique de Daubenton. e. ha composition. L’oreille externe de l’homme n’est faite que d’une pièce; le pavillon devient tubuleux , et se continue ainsi jusqu’au méat osseux auquel il se soude. Seulement on remarque une fente ou incision irrégulière. Dans les animaux dont les oreilles sont un peu longues et très-mobiles , le tube de l’oreille est partagé en deux parties , dont l’une tient à la conque ; l’autre forme un cartilage particulier et tubuleux, qui s’attache au méat osseux par un ligament , et qui a , ainsi que la portion qui tient à la conque , une fente longitudinale. Il résulte de cette division que le tube peut se raccouj cir et s’alonger, comme se dilater et se rétrécir. Ces animaux ont de plus un troisième cartilage, applati, posé au dessus de la partie tubiforme, ne faisant point partie de la concavité de l’oreille , ♦ K k 4 520 XîIF Leçon. T)e Voreîlle, mais servant seulement de point- d’appui à plusieurs muscles. Ce cartilage est triangulaire dans le cheval; en croissant dans le mouton; pointu en arrière, et bilobé en avant dans le lapin, et ihomboïdal dans le chien : nous le nommerons V écusson, 3°. Les muscles, A. Dans l’homme. Les muscles de loreilîe externe dépendent, pour leur nombi e , de sa grandeur et de sa mobilité j pour leurs figures et proportions, de sa position, laquelle dé j end à son tour de celle de i’oriiice extérieur du méat osseux. Cet orifice est toujours situé près et derrière rarticulation de la mâchoire inférieure : ainsi il est d'autant plus en arrière et plus voisin de l’oc” ciput, que les mâchoires sont plus longues à pro- portion du crâne; et il est d’autant plus élevé, par rapport à l’ensemble de la tête , que les branches montantes de la mâchoire inférieiire sont plus hautes et le crâne plus plat. Ainsi, à partir de l’homme, il se porte toujours plus en haut et en arrière, et les deux oreilles se rapprochent d’au- tant plus que l’on descend davantage jusqu’aux solipèdes, qui sont le dernier terme du rappro- chement. Les muscles qui agissent sur l’oreille de Thomme se réduisent à trois qui viennent de diverses parties Art. VII. Du méat auditif externe. 5s i de la tète , et à cinq qui vont d’un point de la conque à un autre. Les trois premiers sont : i°. le suj)érieur , mince, rayonnant, recouvrant une partie de la tempe, et s’attachant à la partie supérieure de la convexité de la conque; 2°. V antérieur , peu distinct du pré- cédent , petit , venant des environs de l’arcade zygomatique, et aboutissant à la partie antérieure de la convexité de la conque ; 5'’. le postérieur , petit, divisé en quelques languettes venant de l’oc- cipital , et s’insérant derrière la conque. Les cinq muscles de la conque sont : i°. le grand hélicien ; il naît au dessus du tragus , et se perd sur le contour antérieur de l’hélix; 2®. le petit hélicien: il s’étend sur la partie de l’hélix qui traverse la conque ; 5°. le tragien : ses fibres s’étendent transversalement sur le tragus; 4° Vanti-- tragien naît sur ranli- tragus , et se perd sur le contour intérieur de Fanthélix; 5^. Y anthélicien , ou transversal de l’oreille : il traverse le repli creux qui correspond sur la face dorsale de l’oreille, à la saillie que l’anthélix fait sur sa face concave. , Ces muscles n’ont aucun usage sensible sur la plupart des hommes : on en a vu cependant queL ques-uns mouvoir plus ou moins roreilîe. B. Dans les quadrug)èdes . Les muscles de l’oreille des quadrupèdes sont généralement très-nombreux. On peut les diviser en quatre classes : i®. ceux qui viennent de quelque 522 XIIP Leçon. De Voreille, partie de la tête s’insérer à l’écusson ; 2®. ceui qui, venant de la têîe, s^insèrent à la conque ou à son tybe^ 5°. ceux qui réunissent l’écusson et la conque; enfin, 4”, ceux qui vont d’une partie de la conque à une autre. Leur usage est de tirer l’oreille dans toutes sortes de directions , ou de la faire tourner sur son axe , et cela de manière que sa surface supérieure tourne eu avant ou en arrière , et l’inférieure dans les sens opposés. Nous allons examiner ces muscles dans le cheval ^ le mouton y le lapin et le chien. a. Muscles qui vont de la tête à Vècusson. 1°. Le vertico-scutien vient de la ligne moyenne de tout le sommet de la tête dans le chien , et du bord supérieur de la fosse temporale dans le cheval y et s’insère au bord supérieur de l’écusson. Il se réduit, dans le mouton y à une bande qui vient de dessus et de derrière l’orbite , et , dans le lièvre y à une encore plus étroite de la crête occipitale seulement : c’est le commun de Lafosse, fronto - auriculaire de Girard. Il relève les deux oreilles en rapprochant leurs convexités l’une de l’autre. 2^. Le jiigo-scutien vient, dans le cheval y de l’arcade zygomatique, et monte en arrière s’insérer au bord antérieur de l’écusson. Dans le chien y il vient de la peau des joues et se dilate beaucoup vers le haut, pour s’attacher , non seulement à l’écus- son, mais encore au bord antérieur du précédent : Art. VïL Du méat auditif externe. il manque au lièvre et au mouton : il tire Foreille- en a.vant et un peu en haut. 5®. Le cervico-scutien yient du ligament cer- vical, et s’attache au bord postérieur, de l’écusson" il est propre au chien et au lapin ^ il rapproche les deux oreilles en arrière. h. Musclais qui vont de la tête à la conque de V oreille ^ ou à son tube. ' 4°. Le vertici-aurien vient du sommet de la tête , passe sous le vertico-scutien , et s’épanouit sur la conque vers son bord antérieur : il est propre au cheval et au mouton : il rapproche puissamment les deux conques en les redressant. 5°. Le surcili - aurien remplace le précédent dans le lièvre et le chien ^ il vient de l’arcade surcilière , passe devant le bord de l’écusson et s’attache sur la conque ; dans le lièvre , par un tendon mince 5 dans le chien , en s’épanouissant très- près du bord antérieur , et après s’être presque uni dans toute sa longueur au bord antérieur du vertico-scutien. Il relève la conque et la porte en avant. 6^’. Le cervici - aurien vient du ligament cer- vical , passe derrière le bord de l’écusson , et s’épanouit sur la conque , qu’il porte en arrière en la rapprochant de l’autre, f . Idoccipitdanrien vient des environs de la crête occipîfale, et passe sous l’écusson et sous I0 muscle précédent , pour s’attacher à la conque 524 XIIP Leçon. De V oreille, qu^il relève , mais sans la porter en arrière : il manque au lièvre. 8°. Le cervici-tubien profond vient du ligament cervical sous l’anté-précédent ; il s’insère à l’origine du tube de l’oredle, qu’il tire en arrière: il est double dans le cheval : il manque au lièvre. 9^. U occipiti-aurien rotateur vient de la partie postérieure de l’occiput , et va s’insérer en écharpe sur la partie de la conque voisine de son tube. Ce muscle se trouve dans tous les animaux à longues oreilles. C’est lui qui fait tourner l’oreille sur son axe^ en dirigeant sa concavité en dehors et en arrière lorsqu’elle est droite, en bas lorsqu’elle est horizontale. lo®. Le parotide - aurien vient de la glande parotide et de la partie voisine de la peau , s’in- sère sous la conque près du tragus, et abaisse l’oreille : il se trouve dans tous les animaux. Le lièvre l’a plus long que les autres. 11^. YiC j ugo- aurien : il est bien marqué dans le mouton où il part de la base antérieure de l’arcade zygomatique, et va en arrière s’insérer au bord de la conque le plus près du trou au- ditif : il est double dans le chien. Une de ses parties vient de la peau de la joue; l’autre, du bord postérieur du jugo- soutien. Dans le cheval^ il en vient une du milieu , de l’arcade, et une du bord postérieur^ du jugo-scutien. Il tire hoiizon- talement l’oreille en avant : le lièvre en manque. Art. VII. Du méat auditif externe, 525 12^". Le jugo - a'urien -profond : c^est un petit muscle grêle qui ne manque à aucun de ces' ani- maux. Il vient de la partie de Farcade zygoma- tique voisine de Farticulation de ia mâchoire in- férieure 5 et se porte à la partie de la conque voisine du tube un peu en dessus. Il doit servir principalement à raccourcir le tube de Foreille. Le cheval a encore deux muscles qui appar- tiennent à cette classe^ et qui ne sont pas dans les autres espèces, savoir: 3 5°. Le vertici- aurien- rotateur : il vient du sommet de la tête , près de la proéminence occi- pitale 3 passe sous Fangle postérieur de Fécusson et sur V O ccipiti- aurien ; se porte obliquement en avant , et va s’épanouir en écharpe sur la partie antérieure de 1a conque voisine de son tube ^ il tourne Foreille sur son axe, en faisant regarder sa concavité en avant et en dedans lorsqu’elle est droite, en dessus lorsqu’elle est horizontale. / i4”. Le vertici-aurien-profond a une opigine commune avec le précédent : il s’en sépare sous Fécusson , et descend entre la tête et la conque pour s’insérer à la partie de celle-ci qui regarde en dedans lorsque sa concavité regarde en dehors , et qui est la plus voisine du tube. Son usage doit être d’alonger le tube de Foreille. 026 XïlF Leçon. I}c Voreille. c. Muscles qui unissent V écusson à la conque ou au tube de V oreille, «. Les superficiels ^ qui s’attachent sur l'écusson. i5°. Le scutien antérieur va du bord inférieur et de Fangle antérieur de récusson sur le devant de la coïK^ue , quhl fait tourner sur son axe , et regarder le ciel, et en avant lorsqu’elle est ho- rizontale : il manque dans les chiens à oreilles pendantes. i6”. Le scutien postérieur du même bord et quelquefois de même angle , se porte en arrière sur le dos de la conque qu’il relève : il manque dans le lièvre. /S. Les profonds y qui s’attachent sous l’écusson. Le scutien-rotateiir vient de dessous l’écus- son , et se porte en écharpe derrière la partie de la conque voisine du tube j il lui fait tourner sa concavité vers la terre et en arrière quand elle est horizontale : il est double dans le lièvre. d. Muscles qui vont d^ une partie de la concque de Voreille à une autre. Î1 n'y en a point dans le mouton , et un seul dans le cheval , savoir : i8®. Le tragien: il est placé sur la fisfeure de la conque dont il fait croiser les bords; il rétrécit par conséquent l’entrée du méat externe. îî existe Art, VIII. Delà distribution des nerfs. 627 aussi dans le chien et dans le lièvre : dans ce dernier , il est accompagné du 19®. tuho - hélicien , qui va du tube cartila- gineux à la conque , et qui raccourcit le tuyau de Foreille. On trouve dans le chien : 20®. Le plicateur de l\)reille analogue de Vhé^ licien de rhommej il règne le long du bord an- térieur de la conque près de sa base ; il plie et abaisse la partie supérieure de l’oreille. Eniin , le chien et le cheval ont sur le dos de leur conque , 21”. Des fibres charnues éparses, qui sont les analogues de V anthélicien ou du transversal de VoreilLe de riiomme. ARTICLE VIII. De la distribution des nerfs dans rintérieur de ioreille. Nous avons parlé du canal auditif interne.^ pages 44 et 54 de ce volume. Son fond est situé à peu près vis-à-vis du milieu du limaçon. Il est divisé en deux fossettes par une arête osseuse : la supérieure contient un trou destiné au nerf facial, et un amas de petits pour une branche du nerf acoustique 3 la seconde en contient plusieurs 528 XIIP Leçon. De V oreille, autres a ni as pour les autres branches du nerf acoustique. Nous avons décrit Forigine de ce nc^rî^pages i46, 172, et son trajet jusqu’à l’oreille, pages 229 et 23o. La fossette inférieure , par laquelle il pé- nètre presque tout entier , est ovale 5 son grand diamètre est transverse. En avant est un enfonce- ment particulier qui correspond à la base de l’axe conique du limaçon : il est percé d’une infinité de petits trous disposés en spirale,, et qui donnent dans les trous de cette cavité. Dans la partie postérieure de cette fossette , sont d’autres amas de pareils petits trous, mais disposés en rond: un de ces amas conduit dans le vestibule j deux autres dans des canaux demi- circulaires. Il y en a un quatrième situé , comme nous venons de le dire, dans la fossette supérieure. Ces petits trous donnent dans des canaux qui se subdivisent encore beaucoup en traversant les parois osseuses, de manière que le nerf arrive dans le labyrinthe, dans un degré de division inexpri- mable. Ceux de ces canaux qui entrent dans le limaçon , après avoir suivi les parois de son axe , pénètrent, selon Scarpa , dans l’épaisseur de sa. cloison osseuse , et s’ouvrent au bord libre de cette cloison. Le nerf acoustique, une fois renfermé dans le canal auditif interne , paroi t comme tordu sur lui- méme ; et ses filets , ^qui commencent à devenir i manifestes , décrivent une spirale oblique. | Ils ne tardent pas à se diviser en quatre faisceaux, ! Art. VIII. De la dis^tribution des nerfs. 629 dpnt un répond an commencement du canal semi - circulaire supérieur et de Fexterne ; un à celui du postérieur , et un troisième au milieu du vestibule; le quatrième, qui est la continuation du tronc, achève de se tordre en spirale pour suivre la série des petits trous qui donnent dans le limaçon ; il remplit de ses filets tous les tubes dont ces petits trous sont les orifices, et se dis- tribue ainsi dans cette partie du labyrinthe, pour se terminer dans la partie membraneuse de la cloison. Ces filets ont entre eux de nombreuses anastomoses le long de Taxe pyramidal. Quant aux trois autres faisceaux, le premier, qui est le plus grand, ayant pénétré dans le ves- tibule osseux par^un des petits cribles dont nous avons parlé , se divise en deux petites parties qui se rendent aux ampoules des deux canaux semi- circulaires dont il est voisin. Le second se rend, sans se diviser, dans Fam- poule du canal postérieur. Les filamens de ces deux faisceaux se terminent dans ces ampoules en s’y étalant en éventail , et en y formant une espèce de cloison. Les canaux ne reçoivent de nerf dans aucune autre de leurs parties. Le troisième faisceau est situé entre les deux précédons ; il se rend dans le vestibule membra- neux, et se distribue sur sa paroi interne par un réseau aussi mou que compliqué. C’est ici le ‘lieu de décrire le trajet du nerf facial au travers de Foreille. Nous ayons vu Fori- I. l 2 55o XII P Leçon. jDe V oreille. gine de ce nerf, page i46. Le trou où il entre au fond du canal auditif interne est Forifice d’un canal long et diversement recourbé , nommé aque- duc de Fallope : ce canal perce d’abord le rocher en montant en dehors; il ne tarde pas à recevoir un autre petit canal qui vient d’avant en arrière et qui amène une branche du nerf vidien de la cinquième paire , pour l’unir avec le facial. {Voyez y page 207.) aqueduc se dirige ensuite subitement en arrière , et traverse le haut de la la caisse^ où il est en partie membraneux; ensuite il redevient osseux , se courbe et descend verti- calement et parallèlement à la partie postérieure de la caisse jusqu’au trou stylo-mastoïdien. Nous avons àécxiX^ page 224 et suivantes^ la distribution du facial après sa sortie de ce dernier trou ; mais , pendant qu’il parcourt l’aqueduc ^ il donne, 1®. un nerf au muscle interne du mar- teau; 2®. un à celui de Fétrier; et 3°. un long filet qui traverse la caisse , ainsi que nous l’avons vu, page 2 23, pour aller s’unir à un rameau du maxillaire inférieur de la cinquième paire. On nomme ce filet la corde du tympan y parce qu’il est placé derrière cette membrane comme la corde qui travex^se sous celle d’un tambour. Il part à angle aigu ; et en montant dans un petit canal qui s’ouvre dans la caisse sous l’éminence nommée pyramide; il ressort de la caisse par la fissure de Glazer : nous en avons déjà parlé, pag. 223. he méat externe reçoit des nerfs du maxillaire Art. VIIL De la distribution des nerfs, 55i inférieur de la cinquième paire, de son rameau temporal superficiel. {KoyeZy pag. 2i5. } Le dos de la conque , et ses muscles , en reçoivent du rameau occipital du foLcial (l^oyez ^ page 224.), et de la seconde paire cervicale {V oyez,p. 245.), qui en donne aussi à la partie concave de la conque 5 mais cette partie en reçoit davantage d’un autre rameau du facial. {Voyez ^ p. 224. ) Les nerfs de l’oreille interne des mammifères ne diffèrent en rien d’essentiel de ceux de l’homme. Ceux de l’oreille externe sont plus gros et plus nombreux, en raison de la grandeur de la conque et de ses muscles j mais ils tirent leur origine dçs mêmes paires. Dans les oiseaux ^ renfoncement qui tient lieu de canal auditif interne est ovale; son grand diamètre est presque horizontal. Il offre cinq trous pour le passage des nerfs, dont un pour le nerf facial, et quatre pour l’acoustique. De ces derniers , trois donnent dans le vestibule osseux, et un dans le limaçon. Les trois rameaux de l’acoustique , qui vont aux canaux semi-circulaires^ pénètrent dans leurs ampoules et s’y divisent comme dans l’homme et les mammifères. Celui du limaçon se rend dans le supérieur des deux cartilages qui forment la cloison de cet organe ; et pa.rvenii vers le milieu de sa longueur, le perce et se distribue en patte d’oie dans la pointe du cône du limaçon. Plu- sieurs filets remontent en sens contraire du tronc pour se rendre dans la base de ce même cône. Li 2 532 XIIP Leçon, De Voreille, Le nerf facial des oiseaux reçoit un filet du nerf vague , pareil à celui que nous avons décrit dans le veau , 226. Il traverse Foreille dans un canal osseux ; et après être sorti de la caisse , il se rend principalement dans le palais. Dans les reptiles et dans les poissons , mais sur-tout dans ces derniers, on voit encore mieux que dans les animaux à sang chaud, avec quelle constance les branches du nerf acoustique se ren- dent aux ampoules des canaux sémi- circulaires. > Dans les reptiles , il se partage avant de péné- trer dans le labyrinthe osseux, et il y arrive par plusieurs trous. Dans les poissons chondrop- iérygiens y il y arrive par un seul trou, et ne se divise que lorsqu’il y est. Dans les autres poissons^ il n’a besoin de percer aucune cloison osseuse, l’oreille étant dans la cavité du crâne ; mais il sort, par plusieurs branches^ du nerf de la cinquième paire , dont il fait partie. Dans les raies et les squales ^ il y a toujours deux rameaux : l’un , qui est plus petit , donne des filets au sac vers le petit corps amilacé , et se partage ensuite aux ampoules du canal anté- rieur et de l’horizontal; l’autre, plus grand, forme une belle patte d’oie dans la portion du sac qui contient le grand corps amilacé. Ses nombreuses branches ont entre elles de fréquentes anastomoses. Le nerf facial entre dans l’oreille par un trou particulier. Il va se joindre à une branche de Tacoustique , qui dçriaq dans l’ampoule du canal Art. VIII. De la distribution des nerfs, 555 postérieur , puis il s’en resépare pour sortir par un second trou et se distribuer aux tégumens de la tête et aux muscles voisins. Les nerfs acoustiques des poissons sont souvent au nombre de trois ou quatre, qui partent sépa- rément du nerf de la cinquième paire : il en va aux ampoules, et au sac qui contient les pierres. C’est sur-tout sur ces pierres qu’ils s’épanouissent en nombreux filets. Lorsqu’elles sont grandes , les réseaux formés par ces filets sont de la plus grande beauté. On peut les voir principalement dans la morue, La grandeur des réseaux décroît avec celle des pierres. L1 5 QUATORZIÈME LEÇON. Du se/iS du toucher y et de tous les organes qui s^y rapportent. ARTICLE PREMIER, Des sensations que le toucher nous procure. Le sens du toucher semble nous mettre dans une communication plus intime avec les corps extérieurs que ceux de la vue et de l’ouïe, parce qu’il n’y a point d’intermédiaire entre ces corps et nous lorsqu’ils affectent ce sens : aussi quoiqu’il ne soit point exempt d’erreurs , il y est moins sujet que les autres sens, et il sert à en vérifier et à en compléter les impressions, sur-tout celles de la vue. C’est par le toucher seul que nous recevons l’idée des trois dimensions des corps, et par con- séquent de leur figure, comme solides.. C’est par la pression plus ou moins forte , plus ou moins directe, que les diverses parties d’un corps exer- cent sur notre peau , lorsque nous l’y appliquons , que nous reconnoissons si ce corps est plat , ou arrondi, ou diversement anguleux; c’est par l’éga- lité ou l'inégalité de cette pression, et par la force Art. L De la sensation en elle-même, 535 da frottement , lorsque nous passons quelque partie de notre peau sur la surface d’un corps ^ que nous jugeons si cette surface est lisse , ou rude , ou raboteuse. Les degrés de résistance que les corps opposent à la pression du nôtre , en tout ou en partie, nous font juger s’ils sont mobiles ou immo- biles, durs, mous , liquides ou fluides 5 la pression ou la percussion qu’ils exercent eux-mêmes sur nous, lorsqu’ils se meuvent ou qu’ils tendent à se mouvoir , nous font connoître les forces dont ils sont animés et la direction de ces forces. Toutes ces actions des corps extérieurs sur le nôtre sont purement mécaniques , et les sensa- tions qu’elles produisent en nous ne pourroient être occasionnées par un changement chimique de notre système nerveux qu’autant que la simple compression pourroit former ou détruire quelques- unes des combinaisons qui entrent dans ce système; ce qui , au reste n’auroit rien de contraire à l’analogie : car on sait que la combinaison du feu avec l’eau, par exemple, qui produit la vapeur, peut être détruite par ce moyen-là. Mais le sens du toucher nous procure aussi des sensations d’un autre genre , et qui paroissent dues à une pénétration plus intime d’un des élémens ambians dans notre propre corps : je veux parler du chaud et du froid. La sensation de la chaleur ou du froid dé- pend de la proportion qui existe entre la quan- tité de calorique que nous gagnons ou que nous L1 4 536 XIV® Leçon. Du toucher. percions dans un instant donné, et celle que nous gagnions ou que nous perdions dans l’instant pré- cédent ; mais elle n’est point en rapport direct avec la chaleur absolue des corps, ni méjne avec la proportion entre leur chaleur et celle du nôtre. Toutes choses égales d’ailleurs , les corps qui sont à un degré de températuie phi s élevé que le nôtre nous paroissent chauds ; ceux qui sont moins élevés nous paroisssent froids. Cependant lorsque nous venons de toucher un corps très- froid , si nous en touchons un qui l’est moins , nous le -trouvons chaud, quoiqu’il le soit encore beaucoup moins que notre propre corps : c’est ainsi que les caves et l’eau de source paroissent chaudes en hiver , parce qu’elles ont conservé leur tem- pérature ordinaire lorsque les autres corps en ont changé. Lorsque nous touchons successivement deux corps de densité , ou , pour parler encore plus exacte- ment , de capacité différente pour le calorique , celui qui a le plus de cette capacité nous paroît le plus froid, quoique tous deux soient au même degré de température, parce qu’il nous enlève plus de ca- lorique que l’autre dans un temps donné : c’est pour- quoi le marbre , les métaux paroissent toujours froids; l’eau paroît plus froide que l’air, et l’air que l’on trouvoit froid avant d’entrer dans l’eau froide paroît chaud lorsqu’on en sort , etc. Les corps qui sont bons conducteurs du calo- rique, ou qui le transmettent rapidement, paroissent Art. I. De la sensation en elle-même, 557 plus froids par la même raison : c’est pourquoi , à épaisseur égale , la soie et la laine sont plus chaudes que la toile. Cette partie du sens du toucher est sujette à beaucoup plus d’erreurs que celle qui a rapport à la figure et à la pression des corps, parce que notre jugement y entre pour beaucoup plus. L’organe général du toucher est la peau qui recouvre tout notre corps: ou plutôt, ce sont les extrémités des nerfs qui se terminent à cette peau. Cet organe est susceptible d’une sensibilité plus ou moins grande, selon que les nerfs y sont plus nombreux, plus à nu^ et moins embarrassés dans des parties insensibles , ou recouverts par ces parties. La chaleur des corps, leur résistance gé- nérale et leurs mouvemens se font sentir d’autant plus parfaitement, que cette sensibilité générale est plus délicate. Lorsqu’il s’agit des mouvemens, de la résis- tance , et de la chaleur d’un liquide ou d’un fluide , et sur - tout si le corps qui doit les sentir y est plongé , la force de la sensation dépend encore de la grandeur de la surface que le corps sensible pré- sente à ce liquide ou à ce fluide ; mais lorsqu’il s’agit de reconnoître les formes des solides , et sur-tout des plus petits il faut quelque chose de plus ; il faut qu’une peau très-sensible soit étendue sur plusieurs parties menues , divisées et mobiles , qui puissent embrasser le solide par ses différentes 5ùS XIV® Leçon. Du toucher, faces, en palper les plus légères inégalités et en saisir les parties les plus déliées. Ainsi la perfection totale du sens du toucher dépend de la finesse de la peau, de habondance de ses nerfs, de Fétendue de sa surface, de Fab- sence des parties insensibles qui la recouvrent , du nombre^ de la mobilité et de la délicatesse des appendices par lesquelles Fanimal peut examiner les corps. Comme le toucher est le plus important de tous les sens , ses degrés de perfection ont une influence prodigieuse sur la nature des divers animaux. D’après Fexamen que nous en allons faire, on verra que Fhomme est de tous les animaux ver- tébrés celui qui a le toucher le plus parfait ; mais , parmi les animaux sans vertèbres, ce sens se per- fectionne d’autant plus que les autres se dégradent, et ceux qui ii’out point cFantre sens que celui- là, Font si exquis, que quelques-uns d’entre eux semblent même palper la lumière. Indépendamment des sensations dont nous venons de parler, et qui ont un rapport direct avec les qualités des corps extérieurs , nous en éprouvons d’autres à la peau, sur-tout aux endroits où elle est le plus mince et le plus abondante en nerfs, qui sont plutôt relatives à Firritation produite sur les nerfs par certains niouvemens de ces corps , qu’à leur nature et à leurs qualités , et qui ap- partiennent plutôt à l’ordre des sensations internes , Art. il De la peau, 51q qu’à celui des externes. Tels sont les cliatouillemens, les picoteinens et les démangeaisons. Enfin, la peau remplit une fonction diiiérenta de celle du toucher, et qui consiste dans la trans- piration et dans l’absorblion , c’est-à-dire , dans Texhalation d’une partie des élémens de nos fluides, et dans l’inhalation d’une partie des fluides qui nous environnent. Cette seconde espèce de fonction, n’apparte- nant point aux sensations, nous aurons à en traiter ailleurs. ARTICLE II. De la peau et de son organisation. Toute la surface de l’animal est recouverte par un organe d’une structure particulière, qu’on nomme la peau. C’est une membrane appliquée sur tous les points par lesquels se termine le corps, et dont l’épaisseur varie suivant les dilférentes parties qu’elle recouvre et selon les espèces d’ani- maux. L’organisation de la peau paroit être essentiel- lement la même dans toutes les classes d’animaux à vertèbres. Les diiférences extérieures qu’elle présente tiennent au plus ou au moins de déve- loppement de certaines parties sur-ajoutées , ainsi que nous le ferons connoître par la suite. On ne peut pas établir d’une manière aussi générale la 54o XIV ®Leçon. Du toucher. structure de la peau dans les animaux sans ver- tèbres. Nous verrons cependant qu^elle a quelque analogie dans ses parties avec celle des animaux vertébrés. La peau de tous les animaux à vertèbres est composée de quatre couches plus ou moins dis- tinctes ; mais que Tanatomiste sépare et peut dé- montrer facilement. La plus profonde se nomme derme y cuir ou corlum ; celle qui vient ensuite a été appelée corps y ou tissu mammillaire ou papillaire ÿ la troisième, le réseau y le corps ré- ticulaire ^ ou le tissu muqueux ^ enfin, la qua- trième, ou la plus externe^ a reçu le nom ^épi- derme ou de surpeau. On ne distingue pas aussi facilement toutes ces parties dans les animaux non vertébrés. Quelques- unes de ces couches sont beaucoup mieux pro- noncées ; d’autres le sont moins. Il y a même des espèces dans lesquelles on ne les retrouve pas toutes : c’est ce que nous indiquerons plus au long en traitant successivement de chacune de ces couches. i®. De Vépiderme. Ainsi que son nom l’indique , cette couche est la plus superficielle. C’est une pellicule transpa- rente et insensible qui s’oppose au contact im- médiat des nerfs de l’animal avec le fluide dans lequel il est plongé 5 elle pénètre aussi dans toutes les ouvertures du corps, et en tapisse l’intérieur ) Art. il De la peau, 54 1 pour les préserver du contact de Pair ou de Peau: ainsi on la retrouve sur Pœil, dans le conduit de Poreille , les narines , la bouche , Panus , la vulve , etc. ; mais on la désigne alors sous des noms difîéï’ens , comme nous Pavons indiqué déjà en traitant de la conjonctive , de la membrane du tympan , et comme nous le dirons par la suite en traitant des autres organes. La consistance de Pépiderme varie suivant le milieu dans lequel Panimal est plongé et obligé de vivre; il est sec et comme corné dans ceux qui vivent à Pair; il est muqueux et plus ou moins visqueux dans les animaux qui habitent dans Peau. Dans les animaux qui sont soumis continuelle- ment à Paction desséchante de Pair , Pépiderme paroît plissé diversement, selon les parties de la peau sur lesquelles il adhère. Ce sont des sortes de rides , de mam melons ^ de cercles , de spires , qui correspondent par leurs reliefs et par leurs creux aux éminences et aux enfoncémens de la peau , principalement à ceux du tissu muqueux et des écailles, quand celles-ci existent. En général, Pépiderme est beaucoup plus épais sur les parties qui sont le plus exposées au frotte- ment , comme sous la plante des pieds , dans la paume des mains et dans toutes les autres parties dont les animaux se servent fréc^uenim eut ^ soit pour marcher J soit pour saisir les corps. 542 XÏV* Leçon. Du toucher. C’est flans l’enfoncement des sillons de l’épi- derine que se remarquent les trous par lesquels sortent les poils. Ce sont des espèces d’entonnoirs ou de prolongemens coniques qui paroissent avoir été poussés en dehors par les poils , auxquels il» servent de gaines. Dans les animaux qui ont des écailles au heu de poils, l’épiderme enveloppe ces parties en tout sens et s’y colle intimement. Dans l’homme , l’épiderme est généralement très- mince j à l’exception de la partie qui revêt la plante des pieds et la paume des mains. Le frotte- ment, le dessèchement, soit par la chaleur , soit par certains réactifs chimiques, le durcissent consi- dérablement ; ils le changent en une sorte de corne qui émousse, et fait même perdre totale- ment la sensation du toucher. Nous en avons des exemples très-remarquables dans les forgerons , les teinturiers , ainsi que dans les hommes qui marchent pieds nus ^ principalement sur les sable» brûla ns. Les sillons de l’épiderme tracent des figures à plusieurs angles sur le dos de la main 5 des lignes parallèles et alongées dans la paume et sous la plante des pieds 5 des arcs , des sinuosités et des spirales très-singulières, symétriques et 1res- rap- prochées au dessous de l’extrémité des doigts. Les mam migres ont l’épiderme à peu près sem- blable à celui de riiomnie 3 il est d’autant plus Art. il De la peau. $43 jnince, que les poils qui le recourrent sont plus serrés. Celui qui revêt les ailes des chauve-souris est aussi très-mince et/ forme des sillons de figure polygone , à peu près semblables à ceux qu’oa remarque sur le dos de la main de riiomme. Dans le porc-épic , il est mince et peu distinct des autres couches de la peau , qui est comme gé- latineuse. On retrouve l’épiderme , quoique desséché et comme écailleux y sur la queue des animaux qui l’ont préhensile, sur celle du castor ^ des rats ^ de V ondatra y et sur les écailles qui recouvrent le corps des pangolins et des tatous. Dans V éléphant y le rhinocéros et V hippopo- tame , dont la peau est fort épaisse et profonder- ment sillonnée, Fépiderme, qui est épais , et dont la superficie est hérissée de petites lames qui s’en détachent comme des écailles , s’enfonce dans les différens sillons. Celui de la plante du pied pré- sente une structure tout-à-fait singulière. Il est par- tagé à l’extérieur par des enfoncemeiis profonds à peu près circulaires, à six ou à huit pans plus ou moins réguliers, dans chacun desquels sont renfermés une infinité de petits polygones beau- coups plus irréguliers , qui rendent la surface de la peau comme chagrinée. Ce même épiderme , détaché de l’animal et vu par sa face interne , ollre des lignes très-saillantes à la place des sillons qui déteiuninent les grands polygones j il en pré- 544 XIV® Leçon. Du toucher, sente aussi d’auti'es beaucoup plus petites , qui correspondent aux petits polygones. Il résulte de , celte disposition une espèce de treillis en relief, d’un de^in assez régulier , qui ressemble à une dentelle à larges points. Les cétacés ont un épiderme très - lisse , sans aucun pli remarquable , toujours enduit d\me hu- meur muqueuse et un peu huileuse , qui s’oppose à la macération de l’animal par son séjour dans l’eau. Dans les oiseaux , l’épiderme du corps est très- mince et forme des plis qui correspondent aux espèces de quinconces, sur lesquels les plumes sont disposées. Celui des pattes est lisse , brillant et comme formé d’écailles cornées 5 il recouvre les différentes plaques polygones qu’on observe sur les pattes des gallinacés et des oiseaux de rivage , et dont nous parlerons à l’article des écailles; il s’enlève à certaines époques de l’année, principalement dans le temps de la mue. Chez tous les animaux dont nous venons de parler, à l’exception des cétacés , l’épiderme se détache par petites écailles pellucides qui rendent la surface de leur peau comme farineuse. Dans quelques mammifères , ce renouvellement de l’épi- derme a lieu à une certaine époque de l’année, en même temps qu’ils changent de poils ; dans les autres , il ne s’opère que petit à petit et en tout temps, comme dans rhomme. Art. il De la peau. 545 L’épiderme des tortues n’est bien distinct ^ue sur la peau du col et des membres; il est ana- logue à celui des salamandres ^ que neras décrirons tout à riieure. Celui qui recouvre les écailles de la carapace et du plasîron est extrêmement mince 5 il s’enlève par plaques transparentes, dont la gure est absolument la même que celle des plaques cornées. Dans les salamandres et les grenouilles ^ Fépi^ derme est^une membrane muqueuse qui revêt tout ie corps , et qui tombe par lambeaux à plusieurs époî^iies de l’année. L’épiderme des lézards et des serpens recouvre et enveloppe enlièrement les écailles; il s’en dé- tache en une seule pièce et comme un fourreau à une certaine époque de l’année , et on observe dans ces sortes de dépouilles jusqu’à la portion de sphère qui formoit la cornée transparente. Dans les poissons, l’épiderme qui recouvre tout ie corps, les nageoires et autres appendices, paroît toujours dans un état de mollesse; il ressembla quelquefois à une simple mucosité qui envelop- peroit de toutes parts le corps de l’animaL C’est cet épiderme muqueux qui rend en genéi ai le corps .des poissons si diiEcile à saisir : il s’enlève aussi par lambeaux à certaines époques de l’année. Nous verrons par la suite, en traitant des tu- niques intérieures des organes dans iesqueh l air, i’eau ou les aliiiiens pénètrent, que l’épiderme qui s’y prolonge , et qui forme içur couche interne, ^ s Jsl m 546 XÎV® Leçon. Da loucher, y devient aussi presque muqueux, et qu’il' a beau- coup de rapport avec celui de l’extérieur des poissons. On retrouve aussi un épiderme dans les ani- maux sans vertèbres. Ceux qui vivent dans l’eau i’ont ordinairement muqueux et d’une épaisseur très-variable dans les diverses espèces. ï)ans les céphalopodes-, il est à peu près comme dans les poissons. Dans les gastéropodes nus , il a befucoup de rapports avec celui des salamandres et des gre- nouilles. Dans les testacés , en général , on retrouve î’épiderme à la surface des coquilles. Datis celles de terre, comme les hélices ^ c’est une pellicule sèche qui se détaçhe très -facilement, lorsqu’après îa mort de l’animal son test a été exposé aux intempéries de l’atmosphère , ou lorsqu’on le plonge dans l’eau bouillante. Dans les anodontes , les moules et autres bivalves on voit un épiderme semblable qui enveloppe extérieurement la co- quille. Cet épiderme manque toujours à la sur- face des parties saillantes sur lesquelles l’animal traîne sa coquille sur le sable , parce qu’il s’y est usé. Dans quelques espèces de coquilles, l’épi- derme est épais et velu: ce qui l’a fait nommer drap de mer. Il est très-remarquable dans plu- sieurs espèces du genre arche de Linneus : c’est même pour exprimer cette particularité, qu’il en a désigné une sous le nom de velue ^ pilosa. Art. ÎL Dé ta pèait^ 547 Dans tous les testacés, Fépiderme qtiî enveloppe îa coquille se continue avec la pellicule qui revêt Faninial j mais il éprouve le même diangement que celui qui^ dans les animaux à vertèbres 5 pé- nètre dans Fintérieur du corps. Î1 est mince et comme muqueux sur toutes les parties qui ne sont pas soumises à l’action du fluide ambiant. Aussi ^ dans les espèces de gastéropodes, dont la coquille est cachée sous la peau et ne sert pas de défense ^ Fépiderme ne cliange-t-il pas de nature. Nous en avons des exemples dans quelques espèces' d’apA- sies et de scy liées ^ ainsi que dans l’animal qui produit la coquille nommée , par Linné hélix Jialyotoidea (Lam.* sigaret). Dans les crustacés et dans les insectes, soit sous Fétat de larve , soit sous celui de nymphe ou dhnsecte parfait , il y a un véritable épiderme ; mais comme cette peau , lorsqu’elle est une fois desséchée et durcie , n’est plus susceptible de s’étendre pour se prêter à l’accroissement de l’ani- mal, à mesure que l’insecte augmente de volume, et à des époques déterminées pour chaque espèce , mais sur lesquelles la chaleur atmosphérique paroit avoir beaucoup d’influence , l’animal quitte son épiderme dont il sort comme d’un fourreau. On nomme mue cette crise , à laquelle l’insecte est souvent plusieurs jours à se préparer , et qui lui est quelquefois mortelle. La plupart des chenilles de publions et de bomhices changent ainsi sept fois de peau avant de passer à l’état de chrysalide. Mm S48 XIV® Leçon, toucher, U écaille martre ( bombyx caja) quitte ainsi près de dix fois sa peau. Au reste , nous avons Fin- tention de revenir plus particuliérement sur la mue à Fartide des métaniorplioses , dans la leçon sur la génération. Il y a un épiderme très* distinct dans les vers. On le détache facilement de la peau dans les lombrics qui ont été soumis pendant quelques heures à Faction de Fesprit- de-vin ,, ou qui ont macéré quelques jours dans Feau : c’est une pel- licule assez solide qui peut s’enlever en une seule pièce. Dans le ver nommé sipunculus saccatus^ cet épiderme est même entièrement séparé du corps ^ qui est libre et flottant dans son intérieur, comme B^il étoit renfermé dans un sac. Les sangsues eÇ quelques autres vers ont l’épiderme muqueux comme celui des mollusques gastéropodes. Il est assez diflicilè de déterminer la nature de l’épiderme dana les zoophytes , et même de re- connoître dans plusieurs s’il existe. Les étoiles de meiy les oursins et les actinies paroissent en être pourvues. Il y a bien une pellicule dans les ztzc- duses ; mais elle est si mince et si transparente , qu’il n’est pas probable qu’elle ait plusieurs couches. Les autres zoophytes , comme les hydres y etc. , sont muqueux à leur surface , qui est trop molle pour qu’on puisse y distinguer aucune membrane. ’ Art* il De la peau, 64^ 2®. Du tissu muqueux, n se trouve, comme bous Lavons dit, immé- diafement entre Lépiderme et le corps papillaire. Ce n^est point une couche membraneuse , mais plutôt un enduit d’une mucosité, dont la couleur Tarie dans les diverses espèces d’animaux et quel- quefois même dans différentes parties de leur peau. C’est même de la couleur du corps muqueux que dépend celle de la peau de l’animal ^ car , dans tous ceux dont la peau est colorée , on peut enlever l’épiderme presque pellucide, et le cuir ne participe jamais de cette couleur. Il paroît que l’influence des rayons solaires dé^ termine jusqu’à un certain point la coloration de la peau de l’homme; elle est blanche dans les pays tempérés; elle brunit de plus en plus dans les pays chauds ; enfin , elle devient noire dans les contrées brûlantes de l’Afrique et de l’Asie. Ne pouiToit-on pas rapporter la cause de ces variétés à la diversité de la lumière qui colore les corps vivans , en leur enlevant l’oxigène , et en déve- loppant le carbone et l’hydrogène qu’ils conte- noient? En effet, les hommes qui s^expovsent an haie se basannent , a.u lieu que ceux qui habitent dans les souterreins s’étiolent comme les plantes et deviennent extrêmement blancs. La couleur du tissu muqueux varie beaucoup dans les mammifères. Il paroît déterminer, ainsi que nous le yerrons par la suite , celle des ongles M m 5- 55o XIV® Leçon. Du toucher, et des poils. Souvent même il se retrouve coloré dans la cavité des organes où il se prolonge avec la peau , comme sut le palais , la langue , le conduit auditif, la conjonctive et la membrane nasale des singes , des chiens , des rurninans des cétacés. Le corps muqueux des mammifères a très-peu de couleurs vives. Il est blanc sur les joues de quelques mandrills ; rouge , violet et carmin sur les fesses et sur le nez de ces mêmes singes ; il est d^uii beau blanc argenté sur le ventre des cétacés. C’est dans cette dernière famille des mammi- fères que le tissu muqueux a le plus d’épaisseur; car, dans le dauphin et le marsouin y il a près d’un demi- millimètre sur les parties du dos et de la tête qui sont colorées en noir. On ne peut mieux le comparer pour la consistance et la couleur qu’au noir que produit la graisse des essieux. Le tissu muqueux est peu distinct dans les oiseaux et presque toujours blancliâtre dans toutes les parties que recouvrent les plumes j mais sa cou- leur sur les pattes, les cires et les caroncules de la tête est très-sujette à varier. Sur les tarses et les doigts , elle est souvent noire , comme dans les corbeaux y les dindons y quelques canards^ les oignes^ etc. ^ grise, comme dans les poules y les paons ; bleue, comme dans quelques mésanges ; verte, comme dans la poule d'eau ^ y comme dans Y aigle y orangée, Art. II. De la peau. 55i comme dans la cigogne; rouge, comme dans la chevalier , etc. Le corps muqueux est noir dans la caroncule des oignes ; ^ dans la cire du bec de beaucoup perroquets; blanc , dans les joues de Vara bleu ; vert, dans la cire du bec de Vépervier ; jaune , dans celle de la plupart des oiseaux de proie diurnes; rouge, sur le col et les joues du roi des vautours, etc.; en général, il est adhérent à la peau ; il s’enlève même difficilement par la ma- cération, et la dessication le décolore complète- ment. C’est aussi à la présence du tissu muqueux qu© sont dues les couleurs des reptiles. Dans les tortues^ par exemple, non-seulement la peau qui revêt les pattes et le cou est diver- sement colorée par le tissu muqueux , mais c’est à ce même tissu que sont dues les taches symé- triques qu’on remarque sur les écailles : c’est ce qu’on reconnoîî par la direction. En effet, la peau du corps s’amincit beaucoup en s’approchant du plastron et de la carapace ; elle passé par dessous les écailles qui recouvrent ces parlies, et qui sont elle^s- mêmes recouvertes par l’épiderme et le tissu muqueux, dont la couleur varie, forme les taches qu’on voit au travers de leur transparence. Il en est de même des salamandres et des grenouille^. Le tissu muqueux varie encore ici davantage pour les couleurs : il est noir , brun ^ gris, blanc, vert, jaune, aüi~ore, carmin, etc. M an ‘k 652 XIV® Leçon, T>u toucher. On retrouve aussi un corps muqueux sous ïes écaii)es des lézards et des serpens , et ses cou- leurs sont extrêment variées. Les poissons sont cependant ceux de tous les animaux à vertèbres dont le tissu réticulaire est le plus remarquable par les couleurs éclatantes et métalliques dont il brille On y retrouve celles de l’or, de Fargent , du cuivre, de Fétain , du plomb, et meme toutes celles que peuvent prendre ces métaux par leurs divers degrés d’oxidation. Les couleurs étant du ressort de Fhistoire natu- relle proprement dite , nous voulons seulement indiquer ici qu elles proviennent du corps muqueux qui adhère fortement à la face interne des écailles, avec lesquelles on Fenlève souvent. La plupart des mollusques ont un tissu mu- queux au dessous de leur épiderme. Dans les céphalopodes , il est le plus souvent coloré en bleu ou eu rouge ^ mais il forme une couche très-mi nce , Celui des gastéropodes varie beaucoup^, ainsi qu’on en a un exemple frappant dans les limaces, II est épais, visqueux 5 mais il se dissout complé- ment dans Feau. Peut être, et nous sommes très-portés à le croire , la substance même de la coquille est-elle vi aiment analogue au corps muqueux , qboique ce nom de muqueux ne lui convienne plus ? En effet, le test calcaire se trouve immédiate- ment au dessous de Fépiderme^ il se renouvelle Art. il De la peau, 553 lorsqu’on en a enlevé quelques parties. C’est un enduit sans organisation apparente , et non une inembraïie; il est produit par couches* successives; enfin , il est coloré , et ses nuances varient à Finfini. Dans les crustacés, le corps muqueux se trouve aussi représenté par le test calcaire situé au dessous de l’épiderme. Sa couleur est ordinairement vert- sombre , quelquefois rouge , blanche ou noire. L’alcool, les acides, et sur - tout l’action du feu font passer la couleur verte à une nuance de rouge souvent très-éclatante : c’est ce que nous voyons tous les jours sur nos tables dans les écrevisses. Dans les insectes qui sont encore sous la forme de larves, on voit entre répiderme et les muscles une couche , de substance muqueuse , dont les couleurs, varient à l’infini dans les diverses espèces. C’est sur-tout dans les chenilles et dans les larves de quelques hyménoptères, qu’elle est remarquable par les couleurs; elle donne à leurs corps les teintes les plus pures et les plus vives, dont les nuances et la symétrie sont admirables. Le blanc, le pourpre, le violet, le bleu, le vert, le jaune, î’aurore, le noir, etc., s’y trouvent distribués de la manière la plus régulière et la plus éclatante. Nous croyons aussi que c’est au tissu muqueux desséché et mélangé avec la substance cornée qu’on doit attribuer les couleurs dont brillent les insectes parfaits; car, lorsque les lépidoptères sont dans leur chrysalide, les petites écailles colorées qui 554 XI Leçon. Du toucher. . doivent orner leurs ailes sont alors sous un étaf de mucosité assez semblable à celle qu’on trouve sous la peau des chenilles. Les couleurs des araignées sont aussi dues à cette mucosité : on la trouve sous leur peau 5 elle a l’apparence de petits points glanduleux dont les nuances varient beaucoup. Mais ^ dans les coléoptères et dans plu- sieurs autres ordres , les couleurs de la peau sont fondues dans son tissu corné, à peu près comme celles des testacés le sont dans leurs coquilles calcaires. Parmi les zooghytes ^ il n’est qu’un petit nombre d’espèces dans lesquelles on puisse distinguer le tissu muqueux ; il est meme si mince alors qu’on ne peut le séparer de la peau : c’est ce qui a lieu dans quelques astéries et dans les actinies., Il paroît se confondre avec le test calcaire qui sert de demeure à plusieurs autres : c’est ce qu’on observe dans plusieurs espèces iS' oursins y de coralines^ dans les cératophytes et dans beaucoup de litliophytes. 5*^. Du tissu papillaire. Les anatomistes ont désigné sous ce nom la partie | de la peau qui se trouve entre le cuir et le corps muqueux. Ce n’est point une couche membraneuse comme Tépiderme , mais une surface produite par i’aggrégation et le rapprochement d’une infinité de petits tubercules de formes diverses, qu’on croit être produits par les dernières extrémités des nerf* Art. il T)e la peau, 555 cutanés: aussi les nomme -t- on maminelons ou papilles nerveuses. Quoique ces tubercules soient de ligures très- différentes , leur stritcture est à peu près la meme. On la développe assez facilement par la macéra- tion dans Feau, continuée pendant quelques jours; on voit alors que chacun d^eux est formé par le rapprochement de fibrilles réunies par leurs bases à peu près comme les poils d'un pinceau. Tantôt les fibrilles du centre sont plus longues que celles de la circonférence, alors la pupille est de figura conique ; tantôt elles sont à peu près de même longueur , et alors le mammelon est applaii. Oest principalement dans ces papilles que réside le sens du toucher : aussi les voit- on en plus grand nombre et beaucoup plus prononcées sur la langue , sur les lèvres et sur les extrémités des doigts. Dans Fhomme, les mammelons sont sur - tout remarquables sous la plante des pieds et à la paume des mains ; iis sont très-serrés et très-^rapprochés les uns des autres, distribués sur des lignes qui correspondent à celles que Fou voit à Fextérieur, et dont nous avons déjà parlé en traitant de Fépi- derme. Ceux qui se trou vent sous les ongles forment mie surface veloutée , dont les fibrilles très-serrées sont toutes obliquement dirigées vers Fextréiiiité du doigt. Les fibrilles des lèvres sont disposées de la même manière ; mais elles sont encore plus déliées, plus longues et j>lus serrées entre elles. Il en est à peu près de même dans tous les 656 XI Leçox. Du toucher. îTiammifcres ; mais les inammelons se dévelop- pent d’autant plus , que les parties auxquelles ils correspondent servent davantage au tact. Dans la taupe ^ la musaraigne et le cochon^ les mam- mclons nerveux sont très- visibles sur le museau ; - ils forment des houppes dont les fibres sont I res- serrées ; on les retrouve sur la trompe de lV7e- jjhant y et nous les avons très - distinctement ob- servés sur la queue du sarigue - crabier. Il est probable qu’il en est de même dans tous les mammifères à queue préhensile : nous n’en n’avons pas remarqué sur la peau du dauphin et du mar^ souin. Les oiseaux n’ont de papilles distinctes que sous ' la plante des pieds et sous les doigts. Elles forment des inammelons très - rapprochés et disposés par lignes parallèles : on les démontre facilement dans les pattes de volailles, dont on enlève répiderme par l’action du feu : on les voit aussi sur la mem- brane qui réunit les doigts des oiseaux palmipèdes. Les reptiles sont dans le même cas que les oiseaux. On ne voit guères de papilles que sous leurs pattes j elles sont très- grosses et mammelo- nées dans plusieurs espèces de lézards , et no- tamment dans le caméléon. On n’en distingue pas du tout dans les tortues de mer ^ dont les pattes prennent la forme de nageoire. Il n’y en a pas du tout non plus dans les serpe ns , ou bien elles n’ont pas la forme de mammelons. Nous n'avons rien observé sous la peau des -[A-RT. il De la peau. 65 j animaux à sang blanc qui puisse être regardé comme des papilles nerveuses : cependant, dans les mollusques céphalopodes , on voit parvenir quelques filets nerveux dans de petits globules qui nous ont paru glanduleux , et dont la peau est hérissée. Dans tous les autres mollusques on suit bien quelques filamens nerveux jusque dan§ la substance de la peau ; mais nous ne les aypns pas vu y former de papilles^ 4®. Du cuir. On nomme ainsi la dernière couche de la peau ou la plus profonde. Les anatomistes sont par- venus à développer sa structure d’une manière très-évidente, à Faide de certaines préparations, et particulièrement en la faisant macérer dans Feau. Ils ont démontré que son tissu est un composé de fibres d’une substance gélatineuse , qui se croisent en tout sens, et qui sont tellement en^remêlée^s qu’on ne peut les comparer qu’à une étoffe feutrée. Parmi ces fibres ^ on a reconnu un grand nombre de fines ramifications de nerfs et de vaisseaux artériels, veineux et lymphatiques, sur 'lesquels nous reviendrons dans un article particulier. Cette organisation du cuir est telle que le$ fibres qui le composent sont susceptibles des’alonger et de s’étendre en tout sens. Son extensibilité étoit nécessaire pour donner à la surface de l’animal la faculté de résister à Faction physique des corps. Qa a profité dans Fécoi^omie de cette mémo 558 XîV^ Leçon. T)u toucheré propriété de la peau, en lui donnant certaines préparations , pour Feniployer aux divers usages dans lesquels il faut de la force et de la souplesse, et où il y a un grand frottement à éprouver : c’est ce qui constitue Fart du corroyeur. On en a rap- proché les libres, ou on les a écartées pour appli- quer le cuir à d’autres usages , et c^est ce qui a produit les arts du tanneur , du mégissier , du parcheminier , du marroquinier , etc. Dans Fliomme, le cuir est épais de deux à trois millimètres dans certaines parties du corps, comme dans la région du dos et des lombes ; mais il n’a guères qu’un demi - millimètre sur les bras et sur le ventre. Par la macération et la pré- paration de Fart du mégissier, on voit que les libres qui entrent dans sa composition sont longues , Unes, très-solides, mais réunies d’une manière lâche. Dans les mammifères en général , le cuir est aussi plus épais dans la région du dos, et beau- coup plus mince dans celle du ventre. Dans les oiseaux, le cuir est beaucoup moins épais que dans les mammifères : cependant il a beaucoup de consistance dans quelques familles , particulièrement dans celles des oiseaux de proie et des palmipèdes. Il est excessivement mince , même proportionnellement, dans quelques espèces de lîicsanges et de bec-- fins. Les reptiles , dont le corps n’est point , ou n’est qu’en partie couvert d’écailles , ont une peau très- ferrée et très-dense. Nous en avons un exemple! ‘ Art. il De la peau» 55g dans les tortues, les salamandres , les grenouilles et les crapauds. Dans ces deux derniers genres en particulier^ le cuir est très - remarquable, en ee qu’il n’adhère pas au corps dans tous ses points comme dans les autres animaux chez lesquels il est intimement uni avec le tissu cellulaire ; il n’ad- hère là qu’au pourtour de la bouche dans la ligne médiane du corps sur . les aisselles et sur les aines. Dans toutes les autres parties, le corps est libre dans son cuir, où il est contenu comme dans un sac. Les lézards et les serpens sont dans le même cas que les poissons. On retrouve dans cette classe d’animaux un derme, ou cuir fort tenace au dessous des écailles; mais il est intimement adhérent aux muscles^ et inémê d’une manière beaucoup plus serrée que dans' les autres classes; il est très - épais dans V esturgeon, quelques squales, les raies , Y an- guille , etc. ; il est mince , au contraire , dans les poissons qui ont les écailles larges , comme les cyprins , les spares. Parmi les animaux non vertébrés, nous n’avons reconnu de véritable cuir que dans les seiches et autres céphalopodes. Il est appliqué immédia- tement sur les muscles à l’aide d’un tissu cellu- laire très -dense : il est lui-même très -coriace et difficile à déchirer : ses fibrilles sont très-tenues. Dans tous les autres ordres, on ne retrouve îâucune partie qu’on puisse comparer au cuir : il 56o. XîV® Lecox. T>a toucher, y a bien une pellicule au dessous du test des crustacés; mais elle est fine, transparente, et elle a très-peu de consistance. Dans les insectes sous rétat de larve, la peau qui s’enlève par couclie, dans le temps de la mue , est de même nature et de même épaisseur que celle qui se trouve dessous et qui doit lui succéder. L’enveloppe même des chrysalides coarctées , telles que celles des lépidoptères et des diptères, ne peut être regardée comme le cuir: c’est plutôt une espèce d’épiderme corné. Enfin , sous Tétât parfait , on ne retrouve dans les tégumens des insectes aucune partie qui puisse être comparée au cuir. Les vers et les ^oophytes sont absolument dans le même cas. ARTICLE III. Des muscles de la peau ^ ou du pannicule charnu. Noirs avons fait connoître, dans l’article pré- cédent , la nature et l’organisation des difiereiites couches des tégumens : nous allons étudier ici les mouvemens dont la peau est susceptible, et les organes qui les produisent. Dans Thomme, la peau a très-peu de mouvement: aussi le muscles qui s’y insèrent ont-ils peu de foi ce et d’étendue^. Ils sont au nombre de trois paires : deux de ces . muscles sont spécialement destinés à Art. III. T>a pannicuïe charnu, 56 1 mouvoir la peau du front et de la tête , et le troisième agit sur les tégumens du col et des joues. Tout l’espace compris entre l’occiput et la partie supérieure des orbites 5 immédiatement au dessous du cuir, est occupé par un muscle digastrique, en grande partie aponévrotique , et qu’on nomme fronto- occipital {occipito-frontien). Les fibres charnues sont très - courtes et situées aux deux extrémités de la large aponévrose qui forme comme une calotte au dessus du crâne. Les antérieures sont attachées à la peau au dessous des sourcils 5 les postérieures s’insèrent à une ligne transversale supérieure de l’os occipital; elles se glissent par leur autre extrémité sou« la calotte aponévrotique à laquelle elles se fixent. Ces muscles sont plus prononcés dans certains sujets que dans d’autres: ils sont destinés à relever les sourcils; ils froncent aussi la peau du front et produisent ainsi les rides transverses plus ou moins parallèles qu’on y re-f marque. Immédiatement au dessous des fibres charnues antérieures de l’occipito-frontal , dans la ligne qui correspond aux sourcils , on trouve d’autres fibres charnues , qui s’attachent d’une part à l’éminence nasale de l’os du front, et de l’autre, en partie à la peau des sourcils , et en parlie aux fibres charnues dont elles sont recouvertes. Ces petits muscles, qu’on a nommés surciliers {fronto-^ surciliens) ^ contrebalancent l’a cfion des occipito- frontaux. Ils rapprochent aussi les sourcils l’un 2 N n 56i2 XIV® Leçon, Du loucher. de Tautre , et froncent ainsi la peau qui recouvrît Forigine du nez. Enfin, la troisième paire de muscles peaussiers, dans Fhomme, occupe toute la partie antérieure du col : c’est une espèce de membrane charnue située immédiatement au dessous de la peau; elle s’étend de la partie antérieure de la poitrine , où elle prend naissance , par des fibres charnues , grêles et très- distantes, sur le tissu cellulaire qui recouvre les muscles grand pectoral et deltoïde , jusque sur les parties latérales des joues, où elle s’attache en partie à la mâchoire inférieure et en partie à l’arcade zygomatique. Ces muscles sont extrêmement minces , mais très-lâches dans la partie inférieure du col ; ils deviennent plus épais à mesure qu’ils se rétré- cissent. Il est assez difficile de déterminer l’action de ces peaussiers {thoraco-faciens). Ils agissent sur la bouche par leur union aux muscles des lèvres ; ils entrent ainsi pour beaucoup dans l’expres- sion de la physionomie ; ils froncent les tégumens du col et du menton , et y produisent des rides très-remarquables . Il y a bien encore quelques fibres musculaires sous la peau des bourses génitales de l’homme , qu’on nomme le dartos^ mais ces fibres sont très- grêles ; elles varient beaucoup , et ne constituent pas un muscle proprement dit : elles sont destinées à froncer la peau de ces parties. Art. IÎI. Du pannicuîe charnu, 66S îbahs tous les mammifères , on retrouve les inêmes muscles peaussiers. Ceux de la tête sont ordinairement moins prononcés j mais aussi celui du col est plus fort , et il y en a un particulier qui, de toute la peau du ventre et même des cuisses , vient s’insérer à l’humérus. Dans les singes et dans les chiens ^ il y a mi . occipito-frontal : il est aussi très-mince 5 mais ses fibres charnues sont proportionnellement plus longues. En outre , on trouve sous la peau de la face des fibres charnues qui lui communiquent le mouvement qui fait froncer dans ces animaux la partie latérale des joues et du nez* Eè peaussier du col, dans les singes > tient à la peau par un tissu cellulaire très-serré ; il se prolonge sur la face et va s’unir avec les fibres que nous venons de faire connoitre. Dans les chiens y nous n’avons vu qüe des fibres charnues très-grêles sur le col. Le peaussier du ventre , dans ces animaux j est aussi fort adhérent à la peau. Ses fibres recouvrent la poitrine et l’abdomen; elles vien-^ nent toutes se réunir sous l’aisselle , où elles s’attachent par un ou deux tendons au dessous de la tête de l’humérus avec le tendon du grand pectoral. Ce peaussier du ventre , dans tous les mammifères, a la même insertion, de sorte qu’il sert aux mouvemens du bras , et qu’on pourroit le nommer dermo-humérien. Dans les quadrumanes, les chéiroptères et les Nn 3 564 XIV® Leçon. Du toucher. carnassiers mâles, on trouve aussi des fibres mus- culaires dans la peau des bourses génitales ^ elles sont même , proportion gardée , plus visibles dans les chauve-souris ^ que dans Fliomme. Dans le raton ^ le peaussier du ventre est en même temps un rétracteur très-puissant du pré- puce ; il forme un faisceau de fibres , d’environ deux doigts de largeur , qui vient s’attacher au prépuce en décrivant un ovale avec celui du côté opposé. Le reste du muscle qui recouvre le ventre est mince. En devant, le muscle s’attache à l’hu- mérus par deux languettes distinctes. Dans la marmotte y le peaussier du col est à peu près comme dans l’homme j mais au dessous de celui-là on en retrouve un autre plus épais, qui en forme comme la doublure , mais qui monte plus haut vers la tête, où il se termine sous les parties latérales de la tête, et même sur la face et le museau. Celui du corps occupe tout le dos, depuis l’ori- gine de la queue jusqu’à la pointe postérieure du trapèze. Sur le ventre , il vient du pubis , des aines et des fesses : toutes les fibres se réunissent sous l’aisselle où elles forment deux tendons l’un qui s’insère avec ceux du grand dorsal et grand rond réunis et l’autre avec celui du grand pectoral. Il y a très-peu de variations dans les autres espèces de mammifères. Dans presque tous il se glisse sous la peau des parties génitales mâles , Art. III. Du pannîcuïe charnu, 565 sur-tout dans ceux qui lancent leurs urines par bonds. On retrouve un muscle peaussier, même dans le dauphin^ il vient des parties latérales du corps, et se termine à l’os du bras. Comme le hérisson d^Europe présente une organisation plus compliquée et très-curieuse des muscles peaussiers , nous allons en donner une description abrégée. Il faut d’abord se rappeler que ces muscles , étant attachés à la peau , changent de position avec elle , de sorte qu’ils n’ont de constant que leurs attaches : nous allons donc supposer l’animal dans certaines positions, pour que l’on puisse re- trouver plus facilement les parties décrites. Le hérisson , supposé roulé sur lui - même , comme lorsqu’il veut se défendre 5 tout son corps se trouve enveloppé sous la peau par un sac de fibres charnues et concentriques, de forme ovale. Toutes ces fibres sont intimement adhérentes à la peau et même à la base des épines dont elle est hérissée et dont on a peine à les détacher avec les instrumens. La bourse charnue qu’elles forment est plus épaisse au pourtour de son ouverture qui répond au ventre ; elle forme là une espèce de sphincter ou de muscle à libres orbiculaires. Lorsque le hérisson est alongé , comme lorsqu’il court ou qu’il est sur ses pattes, le muscle que nous venons de faire connaître est tout-à-fait changé de figure 3 il forme sur le dos un ovale , dont la N n 5 566 XiV® Leçon. Du toucher, partie moyenne est très-mince ^ et dont le pour^ tour beaucoup plus épais est plus élevé. Aux dif- férens points de ce pourtour s’attachent plusieurs muscles accessoires. Du coté de la tét© , ou à la pointe antérieurç de l’oyale , on en voit deux paires : Fune s’attache dans la_ ligne moyenne et s’insère sur Içs os du nez ; l’autre , plus extérieure semble confondre ses fibres entre les orbiculaires externes et s’in-r sère en avant sur les parties latérales du nez et sur les os incisifs, A l’extrémité postérieure de l’ovale s’attache une autre paire de muscles larges et de forme pyramidale , qui se continuent aussi avec les libres orbiculaires externes : leur pointe tendineuse s’in- sère aux parties latérales de 1^ queue, vers son extrémité. Il y a encore quelques autres muscles situés sous la peau du côté du ventre, ou plus profon- dément sous le grand muscle orbiculaire. L’animal écorché, et supposé vu par le ventre, on y distingue au premier apperçu trois portions charnues-. La première est située sous la gorge , et cor-^ respond au peaussier du col 5 elle vient de l’ori- gine de la poitrine sous la peau, et va s’insérer sur les parties latérales de la tête vers les oreilles. Celle d’un côté s’unit à l’autre par un© intersec- |ioii médiane ou ligne graisseuse. La seconde vient de la ligne moyenne c\n Art. III. Du pannicule charnu, 567 sternum , et se porte obliquement en s’épaissis- sant et diminuant de largeur au dessus des épaules pour aller se joindre au bord du grand muscle orbiculaire. La troisième portion ventrale est encore plus mince que les deux autres, elle est étendue sur toute la surface de l’abdomen ; elle vient du pourtour de l’anus, des parties latérales de la queue, de l’origine des cuisses. Arrivée sur les côtes, elle se partage en deux portions : l’une interne, plus large , se glisse sous l’aisselle , et s’insère à la partie supérieure interne de l’os du bras^ l’autre externe , se prolonge sur les parties latérales pour s’unir au grand peaussier orbiculaire vers le col. Tels sont les muscles que l’on apperçoit à la couche superficielle j il y en a quelques autres encore qui en sont des appendices et qui se trouvent couchés sous ceux du dos. L’un vient de la tête, où il est attaché sur îo bord postérieur du conduit auditif de l’un et de l’autre côté; il se perd en arrière dans l’épaisseur de la pointe antérieure de l’orbiculaire. Un autre petit trousseau charnu vient des der- nières apophyses cervicales en se perdant dans le muscle peaussier du dos. Enfin , au dessous de ce grand peaussier orbi- ciliaire du dos, on remarque des fibres transver- sales qui forment un plan très-mince, dont les antérieures s'attachent à la partie supérieure ixi- N n 4 • 56S XIV® Leçon. Du toucher. terne de l’humérus^ et les postérieures au trousseau externe de la troisième portion ventrale. Etudions maintenant Tusage de ces muscles. L’animal, supposé roulé en boule, est enveloppé par le muscle orbiculaire. S'il veut conserver cette position, il lui suffit de faire contracter les fibres du pourtour qui sont très-fortes , et qui font , pour cacher le ventre en fermant la bourse , Teffet d’un sphincter. L’animal veut - il se dérouler ? les fibres du milieu de l’ovale se contractent ; les externes se relâchent d’abord, et laissent sortir le ventre et les pattes : puis toutes les fibres circulaires se contractent ensemble et se rapprochent sur le dos. Par cette contraction en tous sens les muscles accessoires se trouvent tendus et aptes à se con- tracter : les antérieurs relèvent la tête et l’étendent vers le dos. Les postérieurs relèvent la queue. Ceux de la couche profonde relèvent la tête et le col , et l’animal peut alors marcher. Le hérisson s’apperçoit-il de quelque danger j veut-il se rouler en boule ? L’orbiculaire se relâche, et les muscles de la queue et de la tête alongent l’ovale^ les profondes tra ns verses qui s’attachent sur la portion externe du peaussier du ventre l’élargissent. Tout cède alors. Les fléchisseurs et le peaussier du col et de la poitrine rapprochent la tête du ventre 5 le peaussier et les muscles de l’abdomen Art. ÏIL Du pannicule charnu, 56g approchent la queue et les cuisses de la tête; les fléchisseurs des membres se contractent. Le grand orbiculaire glisse sur les côtes ; et se contournant par ses bords, et reprenant par là la forme d’une bourse, il maintient l’animal pelotonné. Les muscles peaussiers du tatou {dasypus) ne sont point aussi forts , ni aussi compliqués que ceux du hérisson , quoique ces animaux aient aussi la faculté de se rouler en boule. Le grand peaussier du dos est plus épais sur les bords du ventre , où il est fortement adhérent au pli qui réunit la peau de l’abdomen avec celle du dos. Il adhère à la peau des aines et des aisselles ; il envoie aussi quelques prolongemens qui s’attachent à la tête et à la queue ; mais ses fibres charnues sont très-minces. Quelques-unes se détachent d’espace en espace pour s’insérer au bord antérieur de chacune des bandes osseuses qui recouvrent le dos de l’animal. Les peaussiers du ventre sont aussi très-gréles; ils fournissent quelques fibres charnues à la verge , et le trousseau qu’elles forment a beaucoup de ressemblance avec ce que nous avons observé dans le raton; mais il est moins épais. Le peaussier du col existe ; mais il est très- mince : il se prolonge sous les écailles de la face. Dans les oiseaux, ces muscles sont plus pro- noncés dans certaines espèces , particulièrement lorsque l’oiseau meut à sa volonté les plumes de la huppe , du col , du croupion , comme dans les 570 XIV® Leçon. Du loucher, huppes ) les Icakatoès y les hérons , etc. Nous allons les faire connoître dans Voie , oiseau sur lequel il est très-facile de les disséquer. Le peaussier du ventre s’attache sur la septième et la huitième cotes par deux digitations charnues comme le grand dentelé j il est large , applati et se dirige obliquement en devant et en haut vers Farticulation scapulaire de l’os du bras. Arrivé au dessus de la tète articulaire, U s’insère à la peau. Il y a aussi sur la partie latérale externe de chacun des muscles grands pectoraux quelques fibres charnues. Dans l’épaisseur de la peau , elles se confondent immédiatement au dessus de l’ais- selle avec le tendon du grand pectoral. Immédiatement au dessus de la partie large et plane de l’os pelvien entre les deux iléons , on remarque sur la peau deux petits plans charnus , dont les fibres courtes et comme mammelonées agissent sur les plumes de cette partie et tes re-, dressent. On yoit aussi le long de la peau du col des bandes longitudinales de fibres musculaires qui meuvent cette partie : ils forment deux plans distincts, sur-toxit sur les côtés. Dans les grenouilles y il n’y a point de muscle peaussier du corps, parce que la peau ne lui est point adhérente ; mais 011 trouve sous la gorge ^ des fibres qui s’attachent au pourtgur de la mâchoire I Art. III. Du pannicuîe charnu, et qui s’insèrent au tissu cellulaire qui unit peau à l’origine de la poitrine Dans les tortues , le peaussier du col est très^ visible ^ et il semble formé de deux parties ; il est étendu depuis et dans foute la. concavité de îa mâchoire inférieure jusqu’au bas du col à la partie antérieure du plastron. Une ligne médiane cellu- laire le réunit avec celui de l’autre côté; il prend naissance sur les apophyses transverses des ver- tèbres cervicales. Etendu sur tous les muscles du col, il leur sert comme de sangle. Dans sa partie inférieure, il est percé par le sterno-mastoïdien qui , comme nous l’avons dit , vient des parties latérales du plastron.^ Lorsque l’on a enlevé la peau des poissons épineux, tels que la carpe j on trouve des libres musculaires qui lui sont intimement adhérentes. Elles sont divisées en deux portions par une ligne longitudinale qui indique la situation de la colonne vertébrale. On y voit des inscriptions tendineuses qui tiennent à la peau ; elles décrivent des courbes dont la convexité regarde la queue. Voilà les seules parties qu’on puisse regarder comme les muscles peaussiers des poissons. Dans les animaux non vertébrés, à corps mon^ il n’y a , pour ainsi dire , que des muscles peaus- siers ; ou du moins le plus grand nombre des muscles sont attachés à cette partie ; mais comme ils servent aussi à la locomotion , nous les avons fait connoitV€^ décrivant les organes du mQuyeijient XIV® Leçon. Du toucher. ARTICLE IV. Des glandes de la peau y et de la graisse sub- cutanée, 1®. Des glandes, La surface de la peau s’enduit naturellement de substances qui paroissent destinées à la pré- server de l’action des élémens ambians , et qui sont différentes selon l’espèce des animaux et le séjour que chacun d’eux habite. Cette humeur est onctueuse dans l’homme et dans les autres animaux à sang chaud. C’est une espèce de graisse qui s’accumuleroit petit-à-petit sur la peau, si on n’avoit soin de la laver. Dans les animaux à sang froid, c’est une vis- cosité de la nature de la gélatine, et qui ne se dissout point dans l’eau froide. Ces animaux l’ont d’autant plus abondante , que leur séjour dans l’eau est plus continuel , et que leur corps est moins bien recouvert d’écailles; elle semble être un supplément de cette dernière espèce d’armure. Ainsi les poissons sans écailles, comme les raies et les squales y ont beaucoup de cette humeur , en comparaison de ceux qui ont de grandes écailles. Parmi les reptiles , ceux qui ont des écailles , comme les couleuvres et les lézards y ont la peau presque sèche j et ceux qui ont la peau nue , Art, IV. I>es glandes de la peau, 5^5 comme les salamandres ^ les grenouilles , Font constamment lubréfiée par une viscosité abondante. Les crapauds et les salamandres peuvent meme augmenter à volonté Fexcrétion de cette liqueur, et la faire sortir comme une rosée de tous leurs pores. Parmi les animaux à sang blanc, la plupart des mollusques produisent une liqueur gluante qui leur lubrébe toute la peau; ils la font même jaillir avec abondance au moindre danger : c’est ce qu’on observe sur-tout sur les limaces ^ etc. ; mais les espèces qui ont la peau dure et écailleuse ne ré- pandent rien de semblable , et leurs excrétions n’ont lieu que dans des points déterminés de leurs corps. Le même animal ne produit pas la même espèce de substance par toutes les parties de sa peau. Dans l’homme , par exemple , il y en a de trois sortes, sans parler de la sueur. Un suc huileux très-subtil transsude au travers des pores de toute la peau, et empêche pendant quelque temps l’eau pure de s’étendre dessus. Ce suc enduit aussi les cheveux et tous les poils, et finit par les rendre gras lorsqu’on ne les nettoie point assez souvent. Une espèce d’onguent en produit dans certains jendroits , et notamment entre les cheveux , aux aisselles , aux genoux, etc. , par de petits follé- cules visibles à l’oeil; il s’attache à la peau en se durcissant, et y produit des espèces d’écailles que le frottement et l’eau en détachent ; enfin , des glandes , dont les ouvertures sont très- visibles è-ji XI Leçon. T)u toucher, en certains endroits, fournissent une matière cè- ruinineuse, concrète, et qui s’en laisse exprimer en forme de petits vers : il y en a de telles aux côtés du neZ) derrière les oreilles, sous les paupières j autour du bouton du sein , au périnée ^ dans le pli de Taine , et on en trouve presque par- tout d’épars , hors peut-être à la paume de la main et à la plante du pied; On pourroit aussi rapporter ici l’espèce de pom- made fétide qui s’accumule en grumeaux entre le gland et le prépuce, et sous les n^^mplies , et celle qui enduit les bords de Tanus. On ne connoît point les organes qui produisent le suc de la première espèce^ Il est possible qu’il soit une simple exhalaison de la graisse qui est toujours plus ou moins abondante sous la peau. Les follicules qui produisent l’onguent de la seconde espèce sont très-petits , arrondis ou oblongs^ Leurs canaux excréteurs sont grêles et tortueuXi La troisième sorte d’onguent est produite par des glandes que l’on a nommées sébacées y et qui sont quelquefois composées. La peau des quadrupèdes est enduite des subs- tances semblables aux nôtres. Quelques-uns en ont de grands amas sur certaines parties de leurs corps , par exemple , dans les aines. Les glandes ou follicules particuliers nous ont paru peu sem gibles dans la peau des cétacés j mais, en revanche^ elle transsude par- tout un suc huileux si abondant^ qu’elle est par-tout lisse et glissante. Art. IV. Des glandes de ta -peau, B'jS Dans les oiseaux, les glandes sébacées sont peu tisibles, et situées plus profondément sous la peau 5 ils ont sur le croupion une glande conglomérée d’une structure particulière , dont ils expriment une huile qui leur sert à imbiber leurs plumes. Nous en parlerons en traitant des sécrétions excré- mentitielles. C’est aussi là que nous parlerons de plusieurs autres glandes propres à certaines espèces de quadrupèdes, comme celles qui produisent le musc y la civette^ le castoreum ^ etc. Les glandes cutanées sont plus visibles dans les animaux à sang froid que dans les précédens. Les salamandres en ont plusieurs rangées le long du dos, qui font des saillies ou des verrues à la peau. Les crapauds en ont d’éparses irrégulièrement sur toute la surface de leur corps; et on leur en voit sur -tout deux grosses derrière les oreilles, qui s’ouvrent par plusieurs petits trous. Ces glandes produisent une humeur acre , qui est un poison pour les animaux très-foibles. Dans les lézards y on voit sous chaque cuisse une rangée très - régulière de petits pores , d’où sort aussi une humeur visqueuse. Mais on ne voit nulle part les pores qui trans- mettent la viscosité de la peau, ni les sources qui la produisent, aussi bien que dans les raies et les squales. Le dessus et le dessous du corps de ces poissons présentent des pores multipliés et très-gros , qui sont 576 XIV* Leçon. Du toucher. les orifices d'autant de vaisseaux excréteurs transpa- rens. Dans les grands squales ^ ces vaisseaux ont la grosseur d’un tuyau de. plume. Ils partent tous par faisceaux, et sans se diviser en branches , de certains centres , plus ou moins nombreux selon les espèces , où paroît se former l’humeur absolument gélati- neuse qui les gonfle. Ces centres n’ont cependant point l’apparence glanduleuse ; on n’y distingue qu’une cellulosité remplie elle-même de cette hu- meur, et à laquelle se distribuent sur tout un très* grand nombre de nerfs. Il y en a, dans la raie ^ deux principaux , situés vers les côtés de la bouche. Le squale milandre n’en a qu’un dans l’épaisseur du museau. Nous reviendrons sur cet objet à l’article des sécrétions. Dans les poissons osseux, la liqueur visqueuse sort principalement par les trous situés le long de ce sillon qui parcourt longitudinalement chaque côté de leur corps, et qu’on nomme ligne laté~ raie. Ces trous appartiennent à autant de petits tuyaux , qui viennent d’un plus grand situé der- rière ce sillon dans toute sa longueur. Ce grand vaisseau arrivé à la tête s’y divise en plusieurs branches, qui se répandent sur les deux mâchoires, et dont deux s’unissent vers le haut du museau. Les raies et les squales ont aussi ces grands vaisseaux visqueux de la tête , indépendamment de ces nombreux petits que nous venons de décrire, et qui leur sont propres. On voit ces vaisseaux et les pores où s’ouvrent Art. IV. T)es glandes de la peau, 677 leurs petites branches sur la tête du chimœra monstrosa^ mieux que sur tous les autres poissons. Les pores sont encore très- visibles sur le brochet {esox luciiis) et sur V orphie (esox hellone), 2^, Du tissu adipeux. Une çellulosité plus ou moins lâche réunit la peau aux chairs qu’elle recouvre. Cette cellulo- sité ne manque presque que dans les grenouilles et les crapauds y où la plus grande partie de la peau, quelques endroits exceptés, n’adhère aux chairs que par les vaisseaux et les nerfs. On trouve aussi dans les oiseaux, et principa- lement sous leurs aisselles, de grands espaces où la peau n’adhère que d’une manière très-lâche, et laisse introduire de l’air dans l’intervalle. Si l’on en croit Sparrmann , le ratel ou. blaireau mangeur de miel du Cap , présente une dispo- sition semblable. La çellulosité subcutanée est ordinairement remplie d’une graisse dont la fluidité et l’épaisseur varient selon les espèces et selon l’état de chaque individu. Tout le monde sait que, parmi les qua- Idrupèdes, le cochon est celui qui l’a plus épaisse et plus uniforme, et qu’elle y porte le nom de |lard. Les cétacés ont un lard encore plus épais que celui du cochon , et dont la graisse est si liquide qu’elle s’écoule sous forme d’huile , sans avoir besoin d’être exprimée, 2 O O $7 8 XIV® Leçon. Du toucher^ Les anima üx dans lesquels la graisse subcii- tanée est très -abondante éprouvent une grande diminution dans la sensibilité de la peau. Dans les animïHiX à sang froid, il n’y a point de graisse subcutance proprement dite ; quelque- fois seulement le dessous de la peau est imbibé, comme le reste du corps , d’un suc oléagineux. C’est ce qu’on voit, par exemple, saïunon et les autres truites. D’autrefois on y trouve des substances d’une nature düférente. Le poisson- par exemple, a sous sa peau une couche épaisse de deux ou trois travers de doigt d’une substance blanche, semblable à du lard , mais qui présente tous les caractères chimiques de l’albumine. L’usage de ces diverses substances placées sous la peauparoit être d’amortir les coups et les autres chocs venant du dehors , et de diminuer leur effet sur les chairs 5 mais la graisse , en général , a plusieurs autres usages, comme de donner du jeu à toutes les parties entre lesquelles elle s’in- terpose, et sur -tout d’être en quelque sorte un iniagasin de substance nutritive, propre à être re- pompée et portée dans le sang pour le renou- veler. Cela se remarque sur-tout dans les animaux qui passent une partie de l’année sans manger : comme ceux qui dorment l’hiver , les chenilles, lorsqu’elles passent à l’état de chrysalides, etc. Ces animaux il® tombent dans ces espèces de léthargies qu’aprè» Art. y. Division des membres. 579 avoir accumulé une grande quantité de graisse , qui se trouve consommée à leur réveil. Ils ont pour elle des réservoirs particuliers , que nous décrirons dans les ours , les loirs , les marmottes^ les chenilles, etc. , à l’article de la nutrition. ARTICLE V. Des doigts , et de leurs dispositions relativement au sens du toucher. Nous avons fait connoître, dans la quatrième et dans la cinquième leçon ^ le nombre , la forme et Fusage des os et des muscles des membres et des doigts par rapport à leurs mouyemens. Nous allons considérer ici ces appendices sous un autre aspect, et comipe appartenans à Forgane du toucher. Les doigts sont sur*tout destinés à nous faire connoître les formes des corps. Deux circonstances perfectionnent ou affoiblissent cette partie du tact. Premièrement, la division de la main et du pied en doigts plus ou moins nom- breux , longs , distincts , mobiles ; secondement , la forme de ces doigts et la nature des tégumens qui, les recouvrent, les arment ou les protègent: voilà le sujet de cet article. Plus la main est divisée en doigts distincts et mobiles , plus Forgane du toucher est parfait i aussi Fhomme possède-t-il ce sens dans un très-haut O o 2 58o XIV® Leçon. Du toucher, degré. Les singes ont , à là vérité^ la main orga^ nisée comme celle de Fhomme ; mais , comme nous Pavons dit en traitant des muscles, tome i ^ pag. 520 et suiv. , ils ne peuvent mouvoir les doigts séparément, puiscpi51 n’y a ni extenseur, ni fiécliisseur propre. En outre, le pouce est plus court et ne peut être opposé aussi aisément aux autres doigts ; or c’est dans cette opposition des doigts que réside la facilité de saisir les objets les plus minces, et de distinguer leurs plus pe- tites éminences. Au reste , si la main des singes est moins parfaite sous ce rapport , ils ont plus d’avantage dans l’organisation de leurs ' pieds , dont les doigts sont beaucoup plus longs et plus mobiles. Dans l’iiomrae et dans le plus grand nombre des quadrumanes, les doigts sont minces , arrondis, couverts par une peau serrée , sur laquelle les papilles nerveuses sont en grand nombre, et dis- posées d’une manière très - régulière. Leur extré- mité n’est recouverte d’un ongle qu’en dessus. Cet ongle est plat ou sémi-cylindrique. Les sagouins seuls {simia rosalia ^ jacchus ^ etc. , Lin.) ont l’extrémité du doigt enfermée dans un ongle corné et pointu comme celui des carnassiers. Les chéiroptères n’ont point les doigts de la main susceptibles de saisir les corps solides, puis- qu’ils sont tons renfermés entre deux fines mem- branes : aussi n’ont- ils pas, à un haut degré, cette Jjartie du sens du toucher qui se rapporte aux Art. y. Division des membres, 5Si formes de ces corps; mais, en revanche, la grande étendue que ces membranes présentent à l’air les rend si propres à en reconnoître la résistance, les mouvemeris et la température, qu’on s’est cru obligé de supposer un sixième sens à ces animaux. Spallanzani avoit observé que des chauve-souris aveugles, et abandonnées à elles-mêmes, s’envo- loient malgré cette cécité , enhloient les souter- reins sans se heurter contrôles murs; que même elles y tournoient exactement, selon que l’exi- geoient les inflexions les plus compliquées; qu’elles discernoient les trous dans lesquels étoient leurs nids , et savoient éviter les cordages , les filets et les autres obstacles que l’on avoit mis sur leur passage. Il chercha alors à déterminer par quel sens étoient dirigés ces animaux. Ce n’éîoit pas la vue , puisqu’on les avoit privées de cet organe; ce n’étoit pas l’ouïe, car on àvoit de plus bouché très - exactement les oreilles à quelques individus ; ce n’étoit pas l’odorat, puis4ue dans d’autres on avoit ajouté la précaution de leur obstruer exactement l’ouverture des narines. Il en conclut que les chauve - souris ont nu sixième sens, dont nous n’a vmns aucune idée. Le citoyen Jurine a fait d’autres expériences, qui tendent à prouver que c’est par l’ouïe qu’elles se dirigent; mais il nous paroit que les opérations qu’il a fait subir aux individus qu’il a privés de la faculté de se diriger, ont été trop cruelles, et O O 3 582 XIV® Leçon. Dii toucher. qu’elles ont plus fait que de les empêcher d’en- tendre. Il nous semble qu’il suffit de leur organe du toucher pour expliquer tous les phénomènes que les chauve-souris présentent. En effet, les os du métacarpe et les phalanges des quatre doigts qui suivent le pouce , sont exces- sivement alongés. La membrane qui les unit pré- sente à l’air une énorme surface. Les nerfs qui s’y distribuent sont nombreux et très-divisés 5 ils forment un réseau admirable par- sa finesse et le nombre de ses anastomoses. Il est probable que, dans l’action du vol, l’air, frappé par l’aile ou par cette main si sensible , imprime à cet organe une sensation de chaleur , de froid , de mobilité , de résistance , qui indique à l’animal les obstacles et la facilité qu’il rencontre dans sa route. C’est ainsi que les hommes aveugles discernent avec les mains , et même par le visage , l’approche d’un mur , d’une porte de maison , d’une rue , avant de les toucher , et par la seule sensation du choc différent de l’air. Le pouce et les doigts des pattes postérieures, dans les chauve-souris , sont semblables par leur disposition à ceux des autres carnassiers. Dans les plantigrades, dont les doigts sont très- courts et peu mobiles, le plus généralement au nombre de cinq , la sensation du toucher doit cependant être un peu plus parfaite que dans les carnivores ; car la plante entière de leurs pieds est privée de poils : et comme le contact avec les Ae-T. V. Division des ûiemhres. 585 corps qu’ils touchent est plus immédiat ^ la sen- sation doit être plus vive, mieux perçue. La taupe a les mains extrêmement élargies , et tous les doigts réunis jusqu^à l’ongle. Les pédimanes viennent naturellement après les plantigrades par la perfection présumée du toucher, puisque leur gros orteil est écarté des autres doigts : ce qui fait de leur pied de derrière une espèce de main. Ce doigt est proportionnellement fort gros , aîongé , très - mobile , privé entièrement d’ongle , et élargi à son extrémité libre. Uorang roux ^ ou vrai orang-outang^ est avec ces pédimanes le seul animal à pouce de der- rière séparé , qui n’y ait point d’ongle. Les carnivores, qui ne marchent que sur l’extré- mité des doigts qui sont courts et tous dirigés- dans le même sens , sont par là même beaucoup moins favorisés quant au sens du toucher : ce dont ils sont en général compensés par celui de l’edorat. Le plus grand nqmbre ont la dernière phalange enfermée dans un ongle tranchant. Dans le genre des chats et des civettes ^ cette phalange se recourbe en arrière et ne sert plus du tout au toucher pendant tout le temps que l’animal marche. Parmi les rongeurs, les lièvres^ les écureuils et les rats , qui marchent sur les quatre pattes, mais sur l’extrémité des doigts , dont les der- nières phalanges seules sont séparées les unes des autres, ont un ongle alongé, conique, qui enveloppe toute la partie du doigt qui est libre* Go 4 584 XIV® Leçon. Da toucher. Quelques cabiais et le porc - épie ont presque tous les doigts enfermés dans des sabots^ comme ceux des cochons. JJaye - aye ( sciiirus mada- gascnriensis , Lin. ) est sur-tout remarquable par la division des doigts des pattes de devant. Toutes les phalanges sont excessivement alqngées , sur- tout celles du doigt du miliëu , à Taide duquel il va saisir les insectes sous Técorce des arbres. Cet animal est aussi le seul qui , parmi les ron- geurs, ait le gros orteil séparé des autres et op- posable. . Enfin, les hanguroos et les gerboises ^ qui ne marchent que sur les ' pieds de derrière , ont les pattes de devant divisées comme celles des rats , et années d’ongles pointus ; mais les pieds de "■derrière ont les doigts enveloppés dans des sabots. Les édentés ont généralement les doigts réunis par la peau jusqu’aux ongles. Quelques-uns meme y comme les paresseux , ne marchent que sur la convexité de leurs ongles qui se recourbent sous la plante du pied. Uoryctérope a des ongles plats excessivement larges. Plusieurs tatous les ont presqu’en forme de sabot. Dans tous ces animaux y les doigts du pied, dont le nombre varie de quatre à deux , n’ont de mouvement que dans le sens de l’extension et de la flexion , disposition qui vient de la profondeur des poulies qui servent à l’articulation de leurs phalanges. U éléphant et le rhinocéros ont tous les doigts réunis par une peau épaisse et calleuse 3 ils ne Aut. V. Division des membres. 585 sont même distincts au dehors que par le nombre des sabots qui sont placés sur les bords du pied. hippopotame ^ le tapir et les cochons ont les doigts plus séparés; mais its ne marchent que sur leurs extrémités qui sont enveloppées de sabots. Tous les ruminans , sans exception , n’ont que deux doigts enveloppés de sabots de forme trian- gulaire , sur lesquels ils marchent. La face infé- rieure, celle qui regarde la terre, est plus molle et comme tuberculée ; l’extérieure est convexe et lisse ; enfin , la troisième , ou celle qui regarde Fautre doigt et un plan vertical. Le chameau seul diffère un peu par la forme du sabot, qui est petit, plus régulièrement triangulaire et prolongé en dessous par une corne qui garnit toute la plante du pied. Enfin , dans les solipédes , il n’y a plus quhin seul doigt terminé par un sabot sémi-circuîaire ^ sur lequel Fanimal marche. Pour terminer cet article de la division des membres dans les mammifères , il nous reste encore à parler de quelques dispositions relatives au mou- vement, mais qui influent sur le toucher. Nous avons déjà fait comioître une de ces par- ticularités pour les chéiroptères. Parmi les car- nassiers, les loutres , les phoques y un dideîphe y une musaraigne ^ et parmi les rongeurs, le castor y Y ondatra y etc., qui plongent et nagent souvent, ont tous les pieds palmés , c’est-à-dire que leurs doigts sont réunis par une membrane. J: 686 f Xiy® Leçon. Du toucher. Enfin, dans le morse et dans les cétacés^ ou ne distingue plus dans les pattes les doigts qui les formoient : ce sont de véritables nageoires , ' sur le bord desquelles on remarque cependant encore , dans les morses et dans un lamantin , ^ les rudimens ou les restes des ongles qui indiquent les cinq doigts qu‘on retrouve en effet , mais masqués sous la peau coriace qui les enveloppe étroite- ■ ment. Dans les oiseaux , le membre tborachique n’est pas destiné à palper : aussi, non seulement il n’est pas divisé extérieurement en doigts ou appendices , mais encore il est presque toujours entièrement couvert de plumes longues et serrées. Il n’y a donc que les pieds qui soient doués de la faculté de palper : encore s’y trouve- 1- elle très- émoussée par les lames cornées, ou écailles^ qui recouvrent les tarses et les doigts , souvent par les plumes meme, et toujours par les cals qui les garnissent en dessous sous la forme de verrues et de durillons. Nous avons déjà vu , tome i ^ page 5go ,1e nombre et la direction des doigts dans les diffé- rens oiseaux. Ils ne sont revêtus, dans aucune ) espèce, de sabots, mais seulement garnis d’ongles qui les renforcent sans nuire au sens du toucher. Dans les oiseaux nageurs ou palmipèdes , comme ^ les canards , les doigts antérieurs sont réunis par ■ une membrane qui s^étend jusqu’à leur extrémité. ^ Quelquefois le pouce est aussi réuni aux autres - doigts par cette membrane ^ et cependant les \ Aîit. V. Division des membres. 687 biseaux chez lesquels cela a lieu sont de tous les pal- mipèdes ceux qui se servent le plus de leurs pattes pour palper et saisir les corps. Une courte membrane réunit Seulement à leur base les doigts de devant dans les oiseaux gallinacés. Les deux doigts externes sont encore ainsi réunis à leur base dans beau- coup d’oiseaux de rivage et de proie.’ Les passereaux , en général , ont les deux doigts externes intimement unis par leurs premières pha- langes , et , dans quelques genres , comme les martins-pêcheurs guêpiers ^ jusque près de leur extrémité. Les membranes écailleuses qui bordent les doigts, dans quelques oiseaux de rivage, et leur longueur excessive ainsi que celle des ongles, dans d’autres sont encore des obstacles au toucher. Quoique , d’après tout ce que nous venons de dire , ce sens soit ti'ès - obtus dans les oiseaux , néanmoins les oiseaux grimpeurs , sur - tout les perroquets , sont , avec les chouettes , ceux qui l’ont encore le plus parfait et qui en font le plus d’usage. Le nombre des doigts et leur mobilité varient plus dans les reptiles que dans toutes les autres classes. Les lézards ordinaires en ont généralement cinq de div^erses longueurs , très-propres à em- brasser en tout sens les objets. Quelques - uns , eomnie les crocodiles , les ont palmés du nioiîu» 588 XIV® Leçon. Du toucher, aux pieds de derrière; d’autres, comme le gecho , les ont revêtus en dessous d’écailles tuilées. Le caméléon les a réunis par la peau jusqu’aux ongles , en deux parties qui font la pince : la peau de leur surface inférieure est pourvue de papilles très-sensibles. Les lézards très-alougés , nommés seps et chaldde , n’ont que trois doigts très-petits. Les salamandres et les grenouilles les ont nus et sans ongles : aussi jouissent-elles d’un toucher très-délicat : il doit l’être encore plus dans les rainettes y dont l’extrémité des doigts .s’élargit en un disque spongieux qui peut adhérer aux corps avec force ; mais , dans les tortues où ils sont palmés , ce sens est moins parfait. Enfin , les serpens sont absolument privés de pieds et de doigts. C’est aussi le cas des poissons; leurs nageoires, uniquement destinées au mouvement , ne sont presque d’aucun usage pour percevoir les formes des corps. '' Ce que nous avons dit, dans la VI® leçon, du nombre et de la division des pattes dans les ani- maux sans vertèbres, nous paroît suffire pour qu’on puisse en déduire les divers degrés de per- fection que ces parties donnent au tact. 5§9 Art. VI. Des appendices, ARTICLE VI. Des appendices qui suppléent aux doigts dans V exercice du sens du toucher. Outre les doigts, plusieurs animaux ont reçu diverses parties assez mobiles et assez sensibles pour exercer la faculté de palper. Dans les espèces privées de doigts, ou dont les doigts sont enve- loppés de substances insensibles , ces appendices les remplacent. Les queues de quelques mammifères, comme les sapajous ^ les didelphes ^ une espèce de porc- épic ^ plusieurs du genre fourmilier , etc. , sont organisées de manière à pouvoir embrasser les corps et à les saisir comme avec une main. Nous avons fait connoître, dans la IIP. leçon, la forme des os et la disposition des muscles qui servent à ces sortes de mouvemens. Les nerfs qui s’y distribuent sont en grand nombre ; ils proviennent de la terminaison de la moelle épinière , et ils sortent par les trous intercaudaux. Ces sortes de queues sont ordinairement privées de poils sur partie de leur face inférieure par laquelle elles saisissent les corps. On trouve des queues semblables dans quelques reptilfes , comme le caméléon^ et le corps entier des serpens remplit le meme office en s’entor- tillant autour des corps qu’ils veulent palper : c® 5go XIV® Leçon. Du toucher. qui leur est d^aulant plus utile qu'ils sont privés d'ailleurs de doigts et de tout autre appendice propre à îeur^ procurer la sensation du tact. Dans d'autres espèces de mammifères, dont les doigts peu nombreux sont en outre enveloppés de sabots de corne dans toute la partie qui appuie sur les corps , le sens du toucher semble avoir été relégué dans les lèvres , qui sont les parties les plus mobiles. Nous en avons un exemple dans les ruminans et les solipèdes,. Nous ne décrirons pas ici les muscles de ces parties : ils trouveront leur place dans la leçon sur la mastication; mais les lèvres en elles - mêmes ont une organisation toute particulière. Le nerf facial et celui de la cinquième paire s'y subdivisent en une infinité de rameaux. Ils s'anastomosent en formant des plexus nombreux qui donnent à cette partie un sentiment exquis. On sait que c'est elle qui nous procure la plus délicieuse de toutes les sensations du toucher. Dans beaucoup d’animaux-, des glandes nom- breuses et serrées forment une couche au dessous de la peau, qui est mince, tendue et couverte de poils rares, parmi lesquels s'en trouvent quelques- uns de longs, roides, implantés chacun dans une papille mammelonée et verruqueuse : on leur donne le nom de moustaches. Ces poils communiquent facilement , à , cause de leiir roideur , aux nerfs des lèvres les moindres ét^l'anîemens qu'ils reçoivent des corps environnans; / Art. VI. Des appendices, 691 et , sous ce rapport , ils peuvent , quoique insen- sibles par eux - mêmes , être rangés parmi les appendices qui servent au toucher. La lèvre supérieure du rhinocéros se prolonge en un petit appendice , dont cet animal se sert pour palper , empoigner ^ arracher , etc. : nous n’en connoissons point les muscles. Les cochons y les taupes, les musaraignes, qui ont un museau mobile , long et pointu , auquel on donne en particulier le nom de grouin, pa- rpissent aussi l’employer au sens du toucher. Souvent il y a dans son épaisseur un petit os particulier , de forme diverse selon les espèces ^ et maintenu entre les incisifs et les nasaux, au- quel on donne le nom d’ou toucher, génie. Ici nous allons nous occuper des cornes à chevilles osseuses qui prennent de Faccroissenient par leur base , et qui par leur nature ont beau- coup de rapport avec les tégumens. Àu troisième mois de la conception , lorsque le fœtus de la vache est encore contenu dans les enveloppes , l’os frontal cartilagineux ne présente aucun indice des cornes qu’il doit porter par la kiite ; vers le septième mois , l’os devenu en partie osseux présente dans ses deux portions un petit tubercule , qui paroît produit par le soulèvement des lames osseuses 5 bientôt après , ces tumeurs os- seuses se manifestent au-dehors ; elles soulèvent la peau qui devient même calleuse en cet endroit: plus la tumeur va croissant , plus la callosité durcit 5 elle devient enfin cornée en s’alongeant 5 c’est une sorte de gaine , qui recouvre extérieurement le prolongement osseux de l’os frontal. Entre cette gaine et l’os sont des ramifications nombreuses de vaisseaux sanguins destinés à la nourriture de la partie osseuse. Les cornes ne sont donc que des gaines d’une substance solide , dure , élastique et insensible , qui protègent le prolongement osseux de l’os du front. Ces gaines sont en général de ligure co- nique 5 plus large par leur base , extrémité par laquelle elles prennent leur accroissement. Elfes ont différentes courbures suivant les espèces. Les naturalistes les ont fait connoîlre. Elles présentent aussi différentes cannelures ou sillons transverses Art. VÎI. Des parties insensibles, 6i5 . qui dépendent de l’âge de l’animal , et qui le dé- notent d’une manière certaine, suivant les espèces. La texture des cornes paroît avoir beaucoup de rapport dans les genres chèvre , hréhis , an- tilope cX bœuf ^ ce sont des fibres d’une substance analogue à celle des poils qui paroissent aglutinés d’une manière très-solide. Dans les deux premiers genres ces fibres sont courtes et se recouvrent par lits superposés comme les tuiles d’un toit. Dans les deux autres elles sont plus longues , plus serrées , et forment des cornets plus alongés , enchâssés les uns dans les autres. Les rhinocéros ont des cornes qui paroissent s’éloigner un peu de celles des ruminans; car elles n’ont pas de chevilles osseuses , et ne sont pas situées sur les os frontaux , mais sur ceux du nez. Cependant ces prolongemens sont formés de la même substance. On reconnoît même plus distinc- tement dans celles-ci les fibres analogues aux poils dont elles paroissent composées. En effet la base de ces cornes présente à l’extérieur une infinité de poils roides qui semblent se séparer de la masse , et qui rendent cette surface rude au toucher comme une brosse. Quand on scie cette corne transversa- lement et qu’on l’examine à la loupe , on distingue une infinité de pores cjui semblent indiquer les intervalles qui résultent de la réunion des poils aglutinés. Si c’est sur sa longueur que la corne est divisée ; des sillons nombreux , longitudinaux et parallèles , démontrent encore cette structure. Qq 3 6i4 XIV^ Leçon. Du toucher, ' f Cette espèce de corne ne tient qu’à la peau. Celles du rhinocéros bicorne paraissent même être tou- jours plus ou moins mobiles ; et lorsqu’elle est fixe , comme dans Tunicorne , il y a une mucosité épaisse , interposée entre sa base et l’os sur lequel elle est attachée. La couleur des cornes dépend , comme dans les poils 5 de celle du tissu muqueux. Leur analyse chimique donne des produits semblables. La cha- leur les ramollit et les fond même. C’est le moyen employé dans les arts pour les faire servir à diffé- rens usages. Il résulte de cet examen des cornes qu’elles diffèrent essenliellement des prolongemens osseux qu’on nomme bois dans le genre des cerfs. Ceux-, ci croissent par leur extrémité libre ; ils sont re- couverts par la peau pendant le temps de leur croissance 5 ils tombent et se reproduisent à une certaine époque de l’année. Les autres croissent par leur base ; elles ne sont pas recouvertes de la peau ; elles sont permanentes. On retrouve plusieurs autres parties cornées dans les animaux. Telles sont les protubérances de la tête dans les calaos , la peinîade , le casoar, etc. Ce sont des lames de substance cornée qui revê- tent des sinus osseux dont nous avons déjà parlé , ou dont nous traiterons par la suite en faisant connoître les organes auxquels ils sont destinés. H en sera de même de la corne qui recouvre les mâchoires des oiseaux et de plusieurs reptiles 5 Art. vit. Des parties insensibles, 6i5 des aiguillons de Faile et des ergots des tarses. Au reste la forme de ces parties est plus du ressort de la zoologie ordinaire que de celui de Fana- tomie. 4". Des ongles. On nomme ainsi les prolongernens cornés qui arment et protègent Fextrêmité des doigts dans les mammifères , les oiseaux çt les reptiles. Ils sont , le plus souvent, en même nombre quê les doigts et leur forme , ainsi que nous Favons indiqué dans Farticle de la division des extrémilés , paroît dé- pendre de celle de la dernièrè phalange. Iis sont , pour ainsi dire à ces phalanges , ce que les cornes creuses sont aux proéminences du frontal qu’elles revêtent. Les ongles sont comme enchâssés dans une idupiicature de la peau. On nomme racine la I partie qui est recouverte par la peau. C’est par I cette portion qu’ils acquièrent leur accroissement I absolument comme les poils ; mais ils s’usent à Fex- jtrémité opposée par le frottement sur le sol et par lies autres usages auxquels l’animal les emploie. Aussi leur voiî-on prendre un accroissement ex- jcessif dans les animaux qu’on lient en captivité, I en leur laissant peu de mouvemens. Il n’y a de sensible dans l’ongle que la partie qui adhère à la peau. Celle qui est libre peut être coupée ou déchirée sans occasionner aucune dou- leur. Qq 4 6i6 XIV® Leçon. Du toucher, La couleur dépend de celle du tissu muqueusî , ainsi que nous l’avons déjà dit. Dans 1 homme les ongles se manifestent dès le troisième mois de la conception. Le développe- ment a lieu à peu près de mêjne que dans la corne à cheville osseuse que nous avons déjà décrite. Ce ne sont d’abord que des espèces de cartilages qui prennent de plus en plus la consistance nécessaire. Presque tous les animaux naissent aiiibi avec leurs ongles plus ou moins développés. Les ongles de l’homme et de la plupart des on- guiculés paroissent formés de couches superposées , extrêmement minces. Les lames antérieures sont, plus longues que celles de la face inférieurè. De sorte qu’à leur surface on ne s’apperçoit pas de celte s(ute d’inibiication ; mais dans les maladies, et par une coupe transversale de l’ongle , lorsqu’il est bien desséché , cette structure devient mani- feste. Souvent on voit, à la superficie de l’ongle, des stries ou côtes parallèles , très-fines et longitu- dinales, qui paroissent dues à la manière dont cette partie s’est moulée sur les papilles qu’elle recouvre. Les ongles semblent destinés à protéger l’extré- mité des doigis. Ils manquent généralement aux doigts que les animaux n’emploient ni pour mar- cher ni pour saisir. Nous en avons des exemples dans les chauve-souris ailes des oiseaux, à l’exception de quelques espèces des genres rnichi {palamedea) vanneau^ pluvier cl jacana^ dans les nageoires de plusieurs tortues^ et les pattes Art. vil De^ parties insensibles, 617 de quelques autres reptiles aquatiques , comme les grenouilles les salamandres , etc. Enlin dans les membres ou nageoires de poissons. Les oiseaux n^ont généralement d^ongles qu’aux doigts des pieds de derrière : ils sont forts et sem- blables à ceux des carnassiers , dans les oiseaux de proie ; plats dans les palmipèdes ; grêles , pointus et très-alongés sur le doigt postérieur des alouettes et des jacanas, ( Parra, Lin. ) L’ongle est dentelé sur l’un de ses côtés dans le doigt du milieu des engoulevents ( Caprwiulgus, Lin. ) , et des hérons. Il y a un ongle surnuméraire ou à cheville osseuse , une sorte de corne sur les tarses du plus grand nombre des gallinacées. On le nomme épéron ou ergot. Le paon de la Chine ( pavo hicalca- ratus ) en a deux. Iis deviennent fort longs dans le coq. On fait même l’expérience curieuse de couper cet ergot lorsqu’on chapone les poulets pour le fixer à la place de la crête. Il prend là de nouveau racine , et acquiert un très-grand accrois- sement. Les ongles n’offrent aucune particularité dans les reptiles. L’analyse des ongles a donné aux chimistes à peu près les mêmes résultats que celle des poils et des plumes , pai lies avec lesquelles ils ont beaucoup de rapport , et par le mode de développement et par la structure. Les sabots diffèrent des ongles , parce qu’ils 6i8 XIV® Leçon. Du toucher, envelopent la phalange en dessous comme en dessus et qu’ils ne sont ni pointus ni trancîians , mais que la rencontre de leurs deux surfaces forme un contour arrondi et mousse. Leur intérieur est remarquable par les sillons profonds et réguliers , qui reçoivent des lames sail- lantes de la phalange , et qu’on ne voit point dans les ongles proprement dits. C’est sur- tout dans le rhinocéros et dans réléphant que ces sillons sont remarquables. Ils sont aussi très-forts dans le che- val , mais moins dans les ruminans. Entre l’ongle et la phalange est toujours une couche de matière muqueuse 5 et dans la partie inférieure du sabot , il y a une substance molle et abondante en nei’fs , qui donne à cette partie une sorte de sensibilité. 5”. Des écailles. Ce sont des lames ou petites plaques de subs- tance soit cornée , soit osseuse, qui recouvrent cer- taines parties du corps des animaux à vertèbres. Les écailles ont, avec les poils , les plumes, les cornes et les ongles les plus grands rapports par la manière dont elles se développent , leur usage et leur analyse chimique. La plupart des écailles pourraient être appelées des cornes excessivement plates , comme les poils des cornes excessivement grêles. Presque tous les reptiles et le plus grand nombre des poissons sont entièrement recouverts d’écailles. Aut. VII. Des parties insensibles, 619 Parmi les mammifères on n’en remarque que sur quelques parties du corps dans un petit nombre d’espèces , et dans les oiseaux il n’y en a le plus^ souvent que sur les pattes. Nous désignons ici , par le nom écailles , des parties fort différentes entre elles ; mais jusqu’ici on a compris sous cette dénomination toutes celles que nous allons faire connoître d’une manière gé- nérale, en les étudiant dans les quatre classes d’ani- maux vertébrés. Acs pangolins Acs phaiagins sont des espèces d’ongles plats , leur substance est cornée. Elles sont épaisses , libres dans leur tiers antérieur , taillées en biseau et tranchantes , adhérentes à la peau par le reste de leur étendue , extérieurement cannelées dans leur longueur , sur -tout dans le phatagin où elles se terminent ordinairement par trois pointes, sillonnées transversalement du côté qui regarde la peau , et paroissant formées de lames qui se recouvrent coname les tuiles d’un toit. Dans les tatous les écailles sont de petits com- partimens d’une substance calcaire recouverte d’un épiderme épais, lisse et comme vernissé. Dans le castor les écailles qui recouvrent la queue sont semblables à celles des pattes des oiseaux. Il en est de même de celles de la queue dans les rats , les sarigues , et dans plusieurs autres animaux à queue préhensile. 620 XIV®. Leçon. Da toucher. Les écailles des pattes d’oiseaux sont des lames minces de substance cornée. Les espèces d’écailles qui recouvrent les ailes des manchots ne sont que des plumes très-courtes, dont les barbes sont collées à l’épiderme. Parmi les reptiles, les écailles varient beaucoup suivant les genres. Ainsi , dans les tortues , ce sont des plaques d’une substance cornée , tantôt très- denses et très-dures , comme dans le plus grand nombre ; tantôt molles et flexibles , comme dans l’espèce nommée maiamata , et plusieurs autres. Quelquefois ces écailles se recouvrent comme les tuiles d’un toit, comme dans le caret: alors elles sont lisses ou cannelées longitudinalement. Quel- quefois elles forment des compartimens de figures diverses : alors elles sont plus ou moins bombées , entourées de sillons ou de cannelures concentriques, au milieu desquels sont des points rugueux, saillans, mousses , comme dans les espèces nommées géo- métrique y grecque^ etc. Dans le crocodile^ les écailles sont osseuses, disposées par bandes , comme dans les tatous ; elles sont embriquées , comme dans quelques pois- sons J elles portent une arête ou ligne saillante sur leur longueur. Dans le plus grand nombre des lézards et des serpens , les écailles ne sont que de petites plaques ou compartimens de la peau, entre lesquelles s’en- fonce et se moule l’épiderme. Les scinques et les or pets ont de véritables écailles, qui se recouvrent Art. vil T>es parties insensibles. 621 comme des tuiles , à la manière de celles des poissons. Dans celle dernière classe , on désigne , sous le nom d’écailies, toutes les plaques solides dont la peau est recouverte ; mais la nature de ces parties insensibles , leur structure , leur usage , obligent de les considérer plus en détail. Nous nommons écailles des plaques cornées , minces , embriquées comme les cottes de mailles , ordinairement taillées en croissant dans leur extré- mité libre , coinme dans les carpes y le hro^ chet^ etc. Ces plaques présentent le plus ordi-^ nairement des lignes longitudinales rudes au tou- cher 5 elles sont colorées dans leur tiers externe par l’enduit du tissu muqueux. Celles qui se trouvent au dessus de la ligne latérale ont ordinairement un sillon longitudinal tracé sur la face qui regarde le corps. Quelquefois elles sor^t percées d’un trou oblique^ par lequel passe un canal membraneux. Ces écailles sont couvertes de pointes rudes dans les elles sont dentelées très-finement sur leurs bords 5 dans la sole { pleuronectes solea); I elles sont très-petites dans les anguilles y où l’on I ne peut les appercevoir que lorsque la peau est j desséchée ; mais elles cicquièrent jusqu’à sept cen- ; timétres de longueur dans une- espèce de spare y nommée la grande écaille. C’est sur- tout dans ce poisson qu’il est facile d’en observer la structure. On y voit , outre les lignes longitudinales , ou plutôt rayonnantes , dont nous avons parlée des 622 XIV® LEço^^ Da toucher. stries concentriques qui semblent indiquer que celte partie croît en tous sens par l’addition de nouvelles couches, comme les cornes et les ongles. On pourvoit nommer écussons osseux des plaques de substance calcaire , qui sont retenues dans Té- paisseur de la peau. Dans les coffres ( ostra^ don ) y etc. , ce sont de petits compartimens de ligure régulière, disposés par ordre comme des mosaïques. Dans V esturgeon y ces plaques sont de formes diverses , excavées extérieurement par des trous nombreux , et portant une aréle saillante et longitudinale. Dans le turbot ( pleuronectes maximus ) ^ ces écussons sont petits , en forme de trocliisques. Dans le brochet cdinian ( esox osseus ) , les plaques sont rliomboïdales , recou- vertes d’un épiderme serré et luisant. Dans la raie bouclée y les boucles ou aiguillons sont des pointes recourbées, de substance osseuse et transparente. La base de cet aiguillon est blanche, opaque , creuse intérieurement , portant l’empreinte des fibres musculaires sur lesquelles elle est im- plantée. Ces aiguillons sont à peu près semblables dans plusieurs espèces de diodon et autres ; mais ils n’ont pas de base ronde et creuse comme dans la 7'aie. Dans l’espèce de squale nommée par Linné acanthias y les écailles ou les prolongemens qui en tiennent lieu sont de petites lames hérissées, Art. YII. Des parties insensibles, 6^5 applaties , recourbées , ligurées en feuilles de înyrthe , avec une arête nioyenne et longitudi- nale. Dans d’autres espèces du même genre , comme la roussette ; dans la theutie , le rémora , etc. , la peau est recouverte de petits tubercules extrê- mement durs , très-r approchés les uns des autres , rudes au toucher, auxquels le nom d’écaiiles ne peut pas convenir. Ces écailles sont recouvertes dans les poissons, ainsi que dans toutes les autres classes , par Tépi- derme , qui est plus ou moins épais , plus ou moins mou, selon les espèces. C’est cet épiderme seul que les serpens perdent lors de la mue. Les écailles qui sont dessous restent adhérentes à la peau. Il paroît que les poils, les cornes et les ongles se forment aussi sous l’épiderme j et que lorsqu’on n’en trouve plus sur ces parties, c’est qu’il a été desséché et usé par le frottement. Toutes ces parties insensibles sont dépourvues de nerfs et de vaisseaux , à moins qu’elles ne recouvrent des cavités qui en contiennent^ comme c’est le cas des plumes, des boucles de la raie_, etc. Elles croissent comme l’épiderme par l’addition de nouvelles lames qui transsudent de la peau, et qui s’attachent sous ou dans celles qui les pré- cédoient. €24 XIV* Leçon. Du toucher. 6®. Des parties insensibles dans les animaux sans vertèbres. Il nous reste très-peu de chose à dire sur ces parties, puisque, dans ces animaux, la peau que nous avons déjà décrite est dure et insensible dans le plus grand nombre. Dans l’article second de la deuxième leçon , nous avons fait connoître la manière dont la coquille se développe. Nous avons donné de même dans celle-ci , à l’article de la peau , quelques apperçus sur la couleur de ce test calcaire dans les mol- lusques et les crustacés. La substance cornée , qui sert d^os et de peau au plus grand nombre des insectes parfaits , a été aussi décrite : il ne nous reste donc à traiter ici que des poils. Ces parties paroissent être une continuité de l’épiderme, car ils tombent avec la surpeau dans la mue; et il en paroît d’autres aussitôt, qui sont même plus longs que les premiers. Les écailles des ailes et du corps , dans les lé- pidoptères et quelques autres ordres d’insectes , sont de petites plaques cornées, colorées diverse- sement_, implantées sur la peau, et se recouvrant comme les tuiles d’un toit. Les plumes des ptérophores , de quelques pa- pillons et hespéries à queue ne sont que des prolongemens ou des laciniures des ailes, garnies de poils longs sur les côtés. Art, vil Des parties insensibles. 6a5 Beaucoup d’animaux de la classe des vers ont le corps revêtu de faisceaux de poils tantôt roides et rétractiles , servant comme de pattes , tels que nous les avons décrits dans les néréides ^ les amphinomes ^ les lombrics , etc. Dans VaphrO’- dite y outre les poils roides qui servent à la pro- gression , il y en a une infinité d’autres , longs et flexibles, couleur d’aigue-marine changeante^ avec un reflet métallique, et une espèce detoupe ou de feutre qui recouvre les branchies , et au travers duquel l’eau se tamise. Nous renvoyons à l’article VIII de la VF. leçon pour les parties insensibles des zoophytes. QUINZIÈME LEÇON. Des organes de l’odorat et du goût. Le goût et Fodorat tiennent de plus près au tou cher que les deux autres sens ; iis semblent même n’être que des touchers plus exaltés , qui perçoivent jusqu’aux dilFérences des petites mo- lécules des corps dissous dans les liquides ou dans l’atmosphère. Leurs organes sont au fond les mêmes que celui qui sert au toucher ordinaire , et n’en diifèrent que par un plus grand déve- loppement de la partie nerveuse , et plus de fi- nesse et de mollesse dans les autres parties : ce sont de véritables prolongemens de la peau, dans lesquels on peut en suivre toutes les couches : l’épiderme , le corps muqueux , le corps papil- laire, le derme et le tissu cellulaire s’y retrouvent. La langue de certains animaux est même revêtue de substances insensibles , comme d’écailles d’épines, de dents , etc. Nous allons examiner ces deux organes , comme nous l’avons fait pour les autres, dans leurs parties essentielles , et dans celles qui ne servent qu’à en augmenter ou en diminuer la force et l’étendue. Art. ï. Du sens et de ses organes, 627 SECTION PREMIÈRE. Des organes de Vodorat. ARTICLE PREMIER. Du sens et de ses organes en général. De toutes les substances qui agissent sur nos •sens ^ celles qui produisent la sensation de Fodorat sont les moins connues, quoique leur impression sur notre économie soit peut-être la pius profonde et la plus vive. En général , nous savons que cette sensation est due à des parties volatiles , dissoutes ou na- geantes dans Patmosphère , et portées dans nos narines avec l’air où elles sont répandues. Il y a des corps toujours odorans^ parce que tout ou partie de leur substance est volatile , et s’exhale sans cesse 5 d’autres le deviennent dans certaines circonstances , lorsqu’un des principes , qui est volatil par lui-même , mais qui étoit retenu par son affinité avec les autres , en est dégagé par quelque nouveau corps survenant^ comme les sels qui contiennent de \ ammoniaque , lors- qu’un acide supérieur vient à l’en chasser ; ou lorsqu’il s’y unit quelque corps extérieur propre à former avec eux un composé volatil , comme Vacide muriatique y lorsqu’il se change en acide R r 2 6s8 XV* Leçon. F® Section. De VodoraU muriatique oxigèné par raccession de nouvel oxigène 5 ou enfin , lorsque quelque partie qui ôtoit au corps dans lequel elle entroit sa vola- tibilité, en est enlevée, comme V acide nitrique ^ lorsqu’il se change en nitreux par la perte d’une partie de son oxigène. C’est sans doute de l'une ou de l’autre de ces manières que la présence ou l’absence de la chaleur , de la lumière ou de l’hu- midité peuvent donner de l’odeur à certains corps, comme certaines fleurs qui n’en ont que pendant la nuit , l’argille qui n’en prend que lorsqu’elle est humectée , etc. Aussi les odeurs paroissent - elles se propager dans l’air comme un fluide qui se répandroit et se mêler oit dans un autre ; leur mouvement n’est point direct comme celui de la lumière ; il n’est point rapide ; il n’est point susceptible de réfraction , ni de réflexion ; il ressemble à celui de la matière de la chaleur, avec cette différence seulement que les substances que l’air ne peut traverser sont aussi imperméables aux odeurs. Les odeurs peuvent se combiner avec les divers corps par la voie d’affinité, et elles sont souvent détruites par ce moyen ; elles adhèrent aussi de préférence à certains corps appropriés à la nature de chacone d’elles ; quelques - unes sont retenues plus aisément dans des liquides spiritueux , d’autres dans des huiles, etc. Cependant , malgré ces phénomènes , qui semblent prouver que chaque odeur est due à une substance Art. î. Du sens en général. 629 particulière flottante dans Fatmosphère , il y en a d’autres qui semblent prouver qu’il n’en est pas toujours ainsi. Plusieurs corps répandent pendant très-long- temps une forte odeur , sans aucune déperdition sensible de substance : tel est lé' musc. Des odeurs se manifestent dans des circonstances où l’on ne voit pas qu’il se fasse aucune évaporation : telle est celle que le cuivre donne lorsqu’il est frotté, celle que produit la fusion d’un grand nombre de corps, et même le dégel ordinaire. Dans d’autres cas , des évaporations réelles ne produisent aucune odeur sensible : c’est ce qu’on voit lors du déve- loppement de plusieurs gaz, et même lors de l’év^a- poration ordinaire de l’eau. Peut-être ces phé- nomènes ne prouvent-ils autre chose , sinon que la force de la sensation n’est point proportionnelle à la quantité de la substance qui la cause, mais à sa nature et au degré de son affinité avec le fluide nerveux. Cette action de la plupart des substances odorantes sur le système nerveux se manifeste par beaucoup d’autres elfets que par celui de la sensation : certaines odeurs produisent des assoupissemens ^ d’autres des migraines ou même des convulsions. Quelques-unes sont propres à calmer ces accidens. En général, la plupart des médicaraens agissent plutôt par leurs parties vo- latiles et odorantes que par le reste de leurs prin- cipes; et nous retrouvons ici de nouvelles preuves du rôle que jouent dans l’économie animale les Rr 5 65o XV® Leçon. P® Section. De Vodoraî. substances gazeuses et impalpables, dont la plupart nous sont sans doute encore inconnues. On ignore si les odeurs ont un véhicule par- ticulier , outre la matière de la chaleur qui leur est commune à toutes , en leur qualité de vapeurs ou de fluides élastiques. On ignore à quoi tient leur agrément pour nous, et pourquoi des odeurs qui nous paroissent abo- minables semblent délecter certains animaux qui ne témoignent que de Findifterence pour des odeurs que nous trouvons délicieuses. Quoique Fhomme et les animaux aiment en général Fodeur des substances que la nature a destinées à nourrir chaque espèce, ces odeurs leur déplaisent quand ils sont repus, tandis qu’ils aiment , quelquefois meme avec une espèce de fureur , celles de certaines choses qui ne leur servent à rien du tout, comme le iiepe,ta pour les chats , etc. Les odeurs constam- ment désagréables viennent, pour la plupart, de choses , qui poiirroient être nuisibles : les plantes vénéneuses , les* chairs corrompues , les métaux empoisonnés sentent généralement mauvais. Quoi quai en soit de ces questions , Forgane • de Fodoi at est dans tous les animaux , chez lesquels on Fa reconnu , une expansion de la peau de- venue très-fine , très-abondante en vaisseaux et en nerfs, et humectée d’une viscosité abondante, que viennent frapper Fair ou Feau imprégnés des substances odorantes ; car il paroît que le poisson sent dans l’eau comme les autres animaux Art. I. Du sens en général. 65 1 dans Tair ; du moins les suLtances odorantes qu^on y jette pour lui servir d^appât Faitirent de très- loin, comme elles pourroient attirer des quadru- pèdes ou des oiseaux dans Pair j mais nous ignorons si les substances qui ne peuvent se dissoudre , ni se répandre dans Pair , et qui n’y ont pulle odeur, mais qui -se dissolvent dans Peau, comme le sel, par exemple , y exercent une action sur Porgane de Podorat des poissons. Dans toua les animaux à sang rouge, qui res- pirent par des poumons, les organes de Podorat sont placés sur le passage de Pair , de manière à en être frappés lors de Pinspiration ; dans les poissons, ils sont simplement au bout du museau, et doivent être frappés par Peau lorsque le poisson nage en avant. Nous ne connoissons point assez la nature de la membrane olfactive, ni celle des nerfs qui s’y distribuent, pour juger du degré et de l’espèce des sensations qu’elle procure aux divers animaux: nous pouvons seulement présumer que , toutes chpses égales d’ailleurs , les animaux dans lesquels elle a le plus d’étendue doivent jouir d’un sens plus délicat , et l’expérience confirme cette con- jecture : il seroit seulement curieux de connoître pourquoi les animaux qui ont Podorat le plus exalté sont précisément ceux qui se nourrissent des choses les plus puantes, comme le chien, par exemple , qui vit de charognes. Peut-être les ani- maux carnassiers 0111418 en général Podorat plus Rr 4 65s Xy® Leçon. Section. De V odorat, lîn 5 parce qti^ils doivent appercevoir de plus loin la présence de leur proie. Xous avons à examiner, dans les organes de Todorat^, la texture et Fétendue de la membrane piluitaire ou olfactive , la grandeur et le nombre des nerfs qui s’y distribuent , et les voies par les- quelles les vapeurs odorantes y sont amenées : ce seront les objets des articles suivans. ARTICLE II. De la forme et de la grandeur de la cavité nasale. Cet article étant implicitement contenu dans plusieurs de ceux qui composent la VUE leçon, nous nous contenterons de renvoyer : Pour ce qui concerne la composition des fosses nasales, aux pages 58 et suivantes de ce volume / L’ouverture extérieure , aux pages 78 et sui^ vantes y Leur grandeur et leur coupe verticale, aux pages 10 et suivantes ; Leur coupe transversale et leur direction, aux pages 78 et suivantes. Nous ajouterons seulement ici que quelques poissons n’ont point leurs fosses nasales creusées sur le museau, mais au contraire portées par des pédicules et élevées comme des coupes à boire r de ce nombre est la haudroye. Art. IIÎ. Des sinus. 655 ARTICLE III. Des sinus qui augmentent la capacité de la cavité nasale. Il n’est point prouvé que le sens de l’odorat réside aussi dans ces sinus j la membrane qui les revêt est plus mince que celle du reste des na- rines ; elle ne paroît point recevoir de rameaux; du nerf olfactif. On ne leur attribue d’autre usage 5 que de séparer une humeur aqueuse propre à lubréfier tout l’intérieur du nez y cependant il est certain que les animaux qui ont l’odorat le plus fort ont aussi ces sinus les plus grands. Peut-être sont iis destinés à tenir en réserve une plus grande masse d’air imprégné de particules odorantes , ahn qu’elle agisse plus fortement sur la membrane pituitaire. Ces sinus sont presque nuis dans les jeunes ani- maux 5 et ne se développent que lorsqu’ils ap- prochent de l’adolescence. On ne les trouve que dans l’homme et les qua- drupèdes. Ils communiquent avec la cavité des narines par des ouvertures plus étroites qu’eux- mémes. Il y eh a de trois sortes , nommés , d’après les os dans lesquels ils sont creusés ^ frontaux ^ sphé-- noïdaux et maxillaires. 634 XY® Leçon. î’® Section. JDe Vodorat. A. Dans V homme. Les sinus frontaux s^ouvrent dans le sommet de la voûte du nez. Ils s’étendent à environ un pouce de hauteur , et un peu plus en largeur de chaque coté au-dessus des sourcils; ils sont séparés Fun de l’autre par une cloison verticale. Les sinus sphénoïdaux s’ouvrent dans la partie postérieure et inférieure de la voûte. Ils remplissent toute l’épaisseur du corps du sphé- noïde sous la partie antérieure et moyenne de la selle pituitaire. Ils sont aussi séparés entre eux par une cloison verticale. Les sinus maxillaires ou antres d^Highinore occupent tout le corps des os maxillaires : ils s’ouvrent aux côtés de la cavité nasale vers son fond. B. Dans les mammifères. 1®. Les sinus frontaux sont très-petits dans les singes. Ils manquent meme entièrement à la plu- part des magots et des guenons ; mais on les trouve et meme assez étendus dans beaucoup de sapajous. Parmi les carnassiers ^ les chiens , loups re- nards , etc. sont ceux qui les ont les plus consi- dérables. Ils y occupent toute l’étendue du fron- tal , remplissent rintérieur des deux apophyses post-orbitaires J, et descendent de chaque côté dans la paroi postérieure de l’orbite. Dans Vours , ils Art. III. IDes sinus, 635 sont un peu moins étendus sur les côtés , et dans le chat un peu moins en arrière. Ceux du cQaü ressemblent à ceux du chat. Ceux de la civette n’occupent que la partie postérieure du frontal. Il n’y en a point dans les blaireaux , dans les chauve-souris , ni dans la plupart des belettes : les creux des apophyses post '•orbitaires y existent bien , mais ils ne sont que des prolongemens de la cavité nasale , qui communiquent librement avec elle et non par une ouverture étroite. Parmi les rongeurs , ces sinus manquent aux rats ^ à la marmotte ^ à Y agouti , à Y écureuil , au castor^ au lièvre ; mais ils sont très-grands dans le porc-épic , où ils pénètrent même dans l’épaisseur des os propres du nez. Les mêmes différences existent parmi les édentés. Le fourmilier ^ le pangolin ^ n’ont point de sinus frontaux j le tatou en a de grandeur médiocre ; dans le paresseux ils sont très-grands et s’éten- dent dans l’adulte , jusqu’auprès de l’occiput. Il n’y a pas moins de différences parmi les ru- minans. Le cerf paroît n’avoir aucuns sinus fron- taux. Le bœuf y la chèvre , le mouton , en ont d’énormes qui s’étendent jusque dans l’épaisseur des chevilies osseuses qui soutiennent leurs cornes. Ceux des antilopes n’occupent que l’épaisseur du frontal , et leurs chevilles osseuses sont solides. Le chameau en a aussi de nombreux , et très- di visés ; mais qui ne s’étendent point en arrière au-delà du frontal. 656 XV® Leçon. F® Section. De Vodorat. Celui de tous les animaux qui a les plus grands sinus frontaux , c’est V éléphant. Ce sont eux qui donnent à son crâne celte épaisseur extraordi- naire qui le distingue de tous les autres. Ils s’é- tendent dans toute l’épaisseur des pariétaux , des temporaux^ et jusque dans les condyles articu- laires de l’occipital. Les lames qui les divisent en cellules 5 toutes communiquantes, sont nom- breuses et irrégulières. Ceux des cochons ne sont pas moins étendus , quoique moins hauts. Ils vont jusqu’à l’occiput , et ne sont séparés les uns des autres que par quelques lames osseuses longitudinales ou un peu obliques , qui n’interceptent pas toute communi- calion. Il y en a quatre rangées dans le Babi- Toussa , et sept ou huit dans le cochon ordi~ naire. JJ hippopotame et le rhinocéros n’ont point de sinus frontaux. Les sinus frontaux du cheval occupent une grande partie de l’os du front : ils ne s’ouvrent pas immédiatement dans le nez , mais ils communi- quent par une vaste ouverture de chaque côté avec le sinus maxillaire postérieur j car cet animal en a deux. 2°. Les sinus maxillaires ne suivent pas les mêmes rapports que les frontaux. Ils sont un peu plus petits dans les quadrumanes à proportion que dans l’homme. Ils se réduisent presque à rien dans les carnassiers , la plupart des rongeurs et des édentés , et en général dans tous les animaux Art, III. Des sinus, 657 dont Fos maxillaire ne forme point im plancher sous Forbite. Cependant ce sinus existe , et est même fort considérable dans le porc-épic ; mais dans la plupart des autres onguiculés , même lors- que Fos maxillaire est creux, la cavité fait parlie de celle du nez , et ne peut porter le nom de sinus , puisqu’elle iFa pas d’ouverture étroite. Les cochons n’ont point de sinus maxillaire proprement dit , mais ils en ont un dans la base de Fos de la pommette , qui est sur-tout très-vaste dans le sanglier (V Ethiopie . hippopotame en a un petit au même endroit. Les sinus maxillaires des ruminans sont très- grands , et s’ouvrent dans le nez par une fente étroite et oblique derrière les cornets inférieurs. Le cheval en a deux : le postérieur est le plus grand ; il s’ouvre dans le coté vers le fond et le haut par un trou triangulaire ; ses parois for- I ment, dans l’intérieur du nez, une grosse saillie qui sépare la portion des' narines que remplissent les tubulures ethmoïdaies , d’avec celle où sont situés les deux grands cornets. C’est dans le fond de celte dernière partie que s’ouvre le sinus maxil- laire antérieur. L’intérieur des os maxillaires de V éléphant est divisé, comme celui des os de son crâne, en une multitude de cellules très-larges , toutes communi- quantes , et dont une s’ouvre par un trou au côté du nez. 3^. Les sinus sphénoïdaux sont d’autant plus 638 XV® Leçon, Section. De Vodoraî. petits que la selle turciqne est plus appîatie ; les singes et les mctkis les ont plus petits que Fhomme : les carnassiers les ont aussi plus petits ^ et d’une forme plus alongée : la loutre , le phoque , le putois en manquent entièrement \ il paroît n’y en avoir aucun dans la plupart des autres onguiculés, et dans les ruminans. Le cochon et V hippopotame en ont , mais de très-petits. Dans V éléphant ^ ils sont énormes , et occupent meme une partie des apo- physes ptérygoïdes. Its ne sont point divisés en cellules comme les autres sinus de cet animal. Ceux du cheval s’ouvrent chacun dans le sinus maxillaire postérieur de son côté. Je n’ai trouvé de sinus d’aucune espèce dans les os des cétacés. Les cavités des os du crâne des oiseaux sont en communication avec leurs oreilles , et non avec leur nez ; les vides immenses, des becs des calaos et des toucans J communiquent à la vérité avec leurs narines, qui sont très-petites dans ces oiseaux^ mais il nous paroît que, dans l’état frais, la mem- brane pituitaire ferme cette communication , et qu’elle ne pénètre point dans ces vides , qui sont traversés de toute part par des filets osseux. Les reptiles et les poissons n’ont rien que Ton puisse comparer aux sinus. Art. IV. T)es lames saillantes, 63g ARTICLE lY, ï)es lames saillantes qui multiplient les surfaces dans V intérieur de la cavité nasale. Ces lames , outre l’usage de multiplier les sur- faces , et par là d’augmenter l’étendue de la mem- brane pituitaire et l’intensité du sens de l’odorat, ont encore celui de former des conduits qui abou- tissent aux embouchures des divers sinus. A. Dans Vhomme , Ces lames sont de trois sortes : les cornets in- férieurs , formés par des os particuliers \ les cornets supérieurs , qui sont une production de l’os ethmoïde, et les anfractuosités de ce même os ethmoîde. Les cornets inférieurs ont la forme d’une lame mince, adhérente par un de ses bords à une arête de l’os maxillaire, et légèrement contournée, de manière que le bord libre regarde en bas. Sa face convexe est supérieure et interne j on y voit quelques sillons obliques. L’ouverture du sinus maxillaire est au dessus d’elle, en arrière. Le conduit que forme sa concavité va directement des narines antérieures aux postérieures. L’o5 ethmoîde est formé de trois lames per- pendiculaires les unes sur les autres, et de plu- sieurs intermédiaires à ces trois là : la lame criblée^ 64o XV® Leçon. Section. De Vodorat. qui complète le crâne entre les deux plafonds des orbites 5 et les deux , nommées os planum , qui forment chacune une grande partie de la cloison interne d’un des orbites , sont ces trois lames externes : nous en avons parlé ailleurs. Voyez pages 20^ 55^ 47 et 58 de ce volume. Entre les deux os planum est une lame im- paire , verticale , qui , se continuant avec vomer , divise en deux la cavité des narines. Dans l’intervalle qu’elle laisse de chaque coté_, sont des lamelles irrégulières ^ qui adhèrent à la lame criblée et à l’os planum de ce côté - là seulement, mais non à la cloison mitoyenne; et qui, étant jetées comme au hasard, forment quel- ques cellules communiquantes ensemble , qui sont les anfractuosités , et qu’on pourroit aussi nom- mer les sinus de Yos ethmoide. Leur assemblage est fermé du côté qui regarde la lame mitoyenne par une lame verticale et sillonnée ; et l’inter- valle qui reste entre ces deux lames conduit di- rectement au sinus sphénoïdal de ce côté. La partie inférieure de celte lame , qui regarde le septum , se prolonge obliquement , et se porte un peu en arrière en faisant un pli , dont la concavité regarde en bas , et dont la partie antérieure se continue avec un canal court , qui conduit en montant obliquement et en perçant la masse des anfractuosités ethmoïdales dans le sinus frontal de ce côté. Cette lame ployée est le cornet supérieur du nez. Akt. îV. Des lames saillantes» 64i Les deux paires de cornets ont une structure plus spongieuse que les autres lames osseuses , et on y voit , sur tout sur les supérieurs , une multitude de petits trous, B. Dans les mammifères, 1®. Les cornets inférieurs. Nous venons de voir qidils ne forment qidune simple îarae dans l’homme : nous allons suivie leurs divers degrés de complication dans les ani- maux. Ils sont semblables à ceux de l’homme dans les singes de l’ancien continent 5 mais , dans les sapajous , ils commencent à ressembler à ce qui a lieu dans les mammifères à deux ou plusieurs sabots. Dans tous ceux-ci , la lame n’est simple qu’à sa base , et elle se bifurque à une petite distance 5 les deux lames qui en naissent se roulent chacune sur elle' même en spirale, en tournant du côté de l’os maxillaire , et en faisant , selon lés espèces , deux tours ou deux tours et demi. L’espèce de cornet produit par ce roulement est fermé par derrière , en pointe. On conçoit qu’il doit contenir deux canaux : l’un au dessus , l’autre au dessous de la lame principale. Celui de dessous conduit, comme dans l’homme , daiîs les narines postérieures. Dans les ruminans, la fissure qui mène dans le sinus maxillaire se trouve dans le fond du canal supérieur. Dans les cochons ^ â S g 642 XV® Leçon. I'*® Section. De Vodorat, ce meme canal se continue en arrière en un long sillon 5 au bout duquel est un conduit qui va dans le sinus de la base de la pommette. Les lames de ces cornets sont pleines dans les cochons ; mais , dans les ruminans , elles sont percées de trous plus ou moins larges et très- nombreux. Ils sont petits dans les moutons; ils deviennent plus grands et plus nombreux dans les cerfs ; et dans les grands ruminans , comme les vaches , les grandes antilopes , ils sont si grands qu’ils ne laissent entre eux que des filets osseux, et que l’os ressemble à de la dentelle. L’intérieur des corne Is est divisé par plusieurs diaphragmes verticaux percés comme le reste de leurs cloisons. Dans Vhippopotame , les deux cornets sont applatis horizontalement , tandis qu’ils le sont verticalement dans les autres : cela tient à la forme de sa tète. Les trous y sont très-fins , mais innom- brables. Les cornets inférieurs sont moins réguliers dans les solipèdes ; la lame horizontale , au lieu de se bifurquer , se ploie d’abord en dessous , puis se recourbe en dessus , se colle par derrière à l’os maxillaire; monte en arrière pour couvrir le trou du sinus maxillaire inférieur, et même pour y pénétrer; enfin, elle donne vers son milieu deux ou trois lames obliques qui vont s’attacher au bord anLcrleur de ce trou. AS-t. ÏV. Des lames saillantes, 64S Dans les fourmiliers les pangolins , les oryc^ ièropesy les tatous^ et même dans Fa'f ou pa- resseux à trois doigts, les cornets inférieurs sont à peu près comme dans les ruminans^ mais, dans V unau y ou fourmilier d deux doigts^ ils repré- sentent deux boîtes prismatiques, fermées de toutes parts, et dont Fintérieur est divisé par quelques lames verticales. On retrouve deux pareilles boîtes dans les mahis^ mais sans divisions intérieures. Le rat^ parmi les rongeurs, a des cornets sem- blables à ceux des ruminans ; mais ceux des autres genres de cet ordre peuvent se diviser en deux espèces, dont une est la même que dans les car- nassiers; Fautre , qui n’a lieu que dans \çs porc- épies ^ les jnarmottes ^ et quelques autres espèces, consiste en une double lame , attachée longitudi- nalement , et dont les deux parties s’écartent et montent en se tordant en spirale , et en repré- sentant presque une portion de coquille de sabot. Les autres rongeurs, tels que lièvres^ lapins^ écureuils^ castors, rats j et la plupart des car- nassiers, tels que chiens, ours, blaireaux , phoques, chat ordinaire J ont une structure très- compliquée des cornets inférieurs. La lame par laquelle ils s’attachent se bifurque : chaque branche en fait autant; et, après une dichotomie multipliée, les dernières lames forment par leur parallélisme un nombre quelquefois très - considérable de petits canaux que Fair est obligé de traverser, et qui sont tous revêtus de la membrane pituitaire. 644 , XV' Leçon. F® Section. De Vodorat, Le nombre de ces dernières lames est très- variable. Les phoques et les loutres sont les espèces qui en ont le plus 5 ensuite viennent les chiens, puis les ours. Les castors^ parmi les rongeurs , en ont le plus 5 les lièvres en ont moins qu’eux. La direction des canaux est plus droite dans les carnassiers , plus arquée dans les rongeurs. Lorsqu’il y a peu de lames , les dernières se roulent aussi en spirale , comme dans les animaux qui n’en ont que deux. Quelques carnassiers ont au reste des cornets inférieurs aussi simples que les animaux dont nous avons parlé d’abord. Le lion , par exemple , les a bifurqués seulement et à double rouleau, presque comme les ruminans, La lame osseuse en est aussi toute criblée de trous : les 'civettes et ge- nettes les ont en simple cornet roulé , et sans trous. 2°. Des cornets supérieurs et des cellules ethmoidales. Les cellules etbmoïdales sont, dans beaucoup d’animaux, très-distinctes du cornet supérieur. La partie de la cavité du nez qui les contient est même quelquefois séparée du reste par une cloison particulière. Cette cloison est formée , dans les cochons , en dessous par une lame qui appartient aux os palatins , et en avant par une saillie des os maxillaires , qui vient jusqu’au septum des Art. IV. I^es lames saillantes, 645 I narines , et ne laisse passer l’air que par une issue étroite au dessus d’elle. Dans l e cheval y cette saillie ne va pas jusqu’au septum 5 elle produit I cependant encore une séparation assez forte , et î laisse derrière elle un enfoncement latéral rempli par les cellules etlimoïdales. Il en est de meme ^ dans les carnivores, mais non dans les ruminans, [ ni dans les rongeurs , chez lesquels du moins i l’enfoncement est peu considérable. ^ Pour se faire une idée des cellules etlimoïdales dans la plupart des animaux , il faut se repré- senter un grand nombre de pédicules creux,, tous ‘ attenant à l’os cribîeux. Ils se portent en avant et en dehors j et à mesure qu’ils avancent , les plus voisins s’unissent , et il en naît des vésicules qui grossissent à mesure qu’elles deviennent moins nombreuses. Toutes sont creuses , et entre elles sont une infinité de conduits ou de rues, toutes communicantes les unes avec les autres. Telle est leur structure dans les édentés y les ruminans y les solipèdes y les pachydermes et les carnas- siers ; les derniers de ces ordres en ont plus que les premiers. Les rongeurs en ont très-peu : le porc-épic y par exemple , n’en a que trois ou quatrede chaque coté. Quelques genres , comme le lièvre y n’ont qu’une cellulosité irrégulière^ semblable à celle de l’homme. Les quadrumanes sont dans le même cas. Le cornet supérieur est représenté , dans les ruminans , les pachydermes et les solipèdes, par Ss 3 646 XV® Leçon. F® Section. De V odorat, une de ces cellules qui est plujs grande , et sur- tout beaucoup plus longue que les autres, et qui s’étend jusque sur le cornet supérieur qu’elle re- coLiA’^re comme un toit. Dans le cochon y elle s’amincit vers le bas en une lame qui se soude sous le bord externe de l’os propre du nez de chaque côté, et ce bord a l’air par là de se re- courber en dedans pour former un toit au cornet inférieur. Cet amincissement commence bien plus haut dans les carnassiers, en sorte que la partie creuse de la cellule en question n’y est pas plus longue que dans les autres. C. Dans les oiseaux. Le côté externe de chaque narine est occupé par trois ordres de lames. Le cornet inférieur n’est qu’un repli , tenant d’une part à l’aile du nez , de l’autre , au septum. Le moyen , ou le plus grand , dont Scarpa compare la figure à celle d’une cu(^Lirbite, adhère par son fond à la partie osseuse du septum ; il est formé d’une lame qui se replie deux fois et demie sur elle-même. Le supérieur , qui a quelque rapport avec une cloche, adhère à l’os du front et à l’os unguis , et contient deux loges qui se prolongent chacune en un tube creux, dont l’interne va jusqu’auprès de l’orbite, et dont l’exteine finit en cul-de-sac derrière le cornet, moyen. Ces trois cornets divisent la cavité nasale en trois méats j ils varient en grandeur et en inflexions , selon lés espèces. Scarpa , dont Art. IV. Des lames saillantes, 647 nous empruntons cette description^ assure que le moyen ne se tourne qu’une fois et demie dans les gallinacés et les passereaux, et que le supérieur y est extrêmement petit. Il croît un peu dans les pies , bien davantage dans les oiseaux de proie , et encore plus dans les palmipèdes ; enfin , dans ceux de rivage , il remplit à lui seul plus des deux tiers de la cavité , pendant que le moyen est très-grêle , ne se tournant qu’une fois et demie , et que l’inférieur n’est qu’un pli insensible. Ces cornets sont généralement cartilagineux. Harwoocl dit qu’ils sont membraneux dans le casoar et Valbatross : ils m’ont paru osseux dans le calao et le toucan, D. Dans les reptiles. Les reptiles ont aussi différentes lames saillantes dans l’intérieur de leurs narines ; mais elles sont simplement produites par des replis de la mem- brane interne, et non soutenues par des lames osseuses. La tortue en a trois , qui divisent sa cavité nasale en plusieurs fossettes. Celle du milieu répond à l’ouverture externe des narines j entre elle et la suivante est un canal oblique qui conduit aux narines postérieures. On ne trouve que quelques tubercules dans les grenouilles et autres petites espèces. Il ne paroît pas qu’on ait fait des recherches sur le crocodile. S s 4 648 XV® Leçon. Section. De Vodorat. E. Dans les -poissons^ Les lames de Fintérieur des narines des poissons sont aussi purement membraneuses ; elles sont plus nombreuses et plus régulièrement disposées que dans les autres classes. Dans les chondropté- rygiens , tant t'aies que squales , elles sont dis- posées parallèlement aux deux côtés d’une laine plus grande , qui règne d’un bout de la fosse à l’autre. Chacune d’elles est un repli sémi - lunaire de la membrane pituitaire , et a d’autres lames plus petites 5 rangées sur ses deux côtés, comme elle l’est elle-même par rapport à la grande lame du milieu. Dans les autres poissons , tant cartilagineux , qu’osseux , les lames sont disposées en rayons autour d'un tubercule saillant et arrondi , situé au fond de la fosse. Elles sont sur-tout très-belles à voir dans \ esturgeon y où chacune d’elles se ' divise en lames plus petites, comme une branche d’arbre en rameaux. Dans quelques espèces, et notamment dans la carpe y le tubercule du milieu est un peu ovale , ce qui rend la disposition des lames un peu plus semblable à celle qu’on observe dans les chondroptérygiens. Art. V. De la msinhrane pituitaire. Gég A R T I C L E V. De la membrane pituitaire. C’est une continuation de la peau extérieure qui s’unit dans l’arrière - bouche avec celle qui , après avoir revêtu les lèvres et tout i’iiitérieur de la bouche , tapisse i’oesopliage et le reste des in- testins. Elle prend le nom de membrane pituitaire dans tout l’intérieur du nez , sur son septum ^ ses parois , ses lames et même dans ses sinus ; elle s’attache au périoste de toutes ces parties par une cellu- losité serrée , et est elle-même recouverte par-tout par l’épiderme. Dans les sinus, elle est extrêmement mince et semblable à une membrane ordinaire; à peine y voit-on des vaisseaux : mais , dans le reste du nez , elle est en même temps plus épaisse et plus molle , sur-tout à la partie inférieure et postérieure du septum. Sa substance est pulpeuse ou fongueuse. On y apperçoit un tissu spongieux, moins serré par petites taches , qui représentent les mailles d’un rets. Sa superficie est colorée d’un beau rouge : ce n’est qu’en y« regardant de très-près qu’on voit que cette couleur résulte des raraihcations innom- brables de petits vaisseaux sanguins ; ôn les distingue mieux près de leurs troncs , sur-tout à la partie 6.5o XV® Leçon. F® Section. De Vodorat. postérieure du septum , ou lorsque Finflammation ou Finjection les ont gonflés. La surface de cette membrane a une grande quantité de petits pores, d^où suinte perpétuelle- ment une humeur muqueuse. On croit que ce sont les orifices d’autant de petits follicules cachés dans son épaisseur : on a meme vu dans quelques endroits plusieurs de ces follicules a voir des canaux excréteurs communs : c’est ce que Stenon a dé- couvert dans les narines de la brebis. Ruisch , et après lui, Haller, en ont vu plusieurs donner dans un sinus commun , et cela sur-tout vers la partie antérieure du septum. On observe dans plusieurs quadrupèdes , comme la vache et la brebis y des lignes blanches pa- rallèles entre elles , qui traversent de grandes étendues. J’en ai vu de transversalement obliques sur le septum , et de longitudinales sur les cornets inférieurs du mouton. Une humeur visqueuse suinte continuellement de toutes les parties de la membrane pituitaire 5 dans les inflammations produites par les rhumes, elle commence par devenir plus abondante et plus fluide, et flnit par être épaisse, jaune et de mauvaise odeur. Les sinus produisent une humeur plus limpide , qui semble destinée à éclaircir l’autre. Excepté les cétacés ^ dont nous parlerons ailleurs , les mammifères montrent peu de différences dans la texture de leur membrane pituitaire. 65i Art. VI. Nerfs des narines. Dans les oiseaux , elle est , selon Scarpa , très- mince sur le cornet supérieur , plus épaisse , et veloutée sur le moyen. Les vaisseaux forment à sa surface un très-beau réseau, et une multitude de pores y produisent une abondante mucosité , sur-tout sur le cornet moyen. Dans les reptiles, elle est garnie par-tout d’un rets de vaisseaux noirâtres. On les retrouve dans quelques poissons, et notamment dans le brochet; mais, dans la plupart des espèces, ils sont rou- geâtres. Entre eux se voient de petites papilles qui séparent un mucilage épais, et qui nous a paru être plus abondant dans les poissons, et sur- tout dans les raies et les squales , que dans les autres classes. ARTICLE VI. Des nerfs qui se distribuent dans V intérieur des narines. Ces nerfs viennent de la première et de la cinquième paire. I. Nerf olfactif. Nous avons décrit Forigine de la première paire dans Fliomme , page i45 ; dans les qua- drupèdes, page iSg,- dans les oiseaux, i65y dans les reptiles, page 166, et dans les poissons^ pages 168 171 de ce volume. 65f2 XY® Leçon. F® Section. De Vodorat. Nous avons décrit toute la portion de ce nerf, située entre son origine et son entrée dans les narines par un ou plusieurs trous du crâne, dans tout fart. F"' de la leçon. Il nous reste à traiter de son passage au travers du crâne, et de sa distribution dans Fintérieur des narines. A. Dans les mammifères, 1®. Lame criblée. Les mammifères seuls ont une lame criblée de Fetlimoïde (encore faut-il en excepter les cétacés, qui n’ont ni nerf olfactif, ni trous pour son pas- sage). Tous les autres animaux n’ont qu’un simple trou, ou un simple canal. La position et la concavité de la lame criblée ont été décrites, leçon VIIF, art. III, ÿ. B. Il nous reste à parler de sa grandeur, de sa figure et de ses trous. Elle est, dans Fliomme , en forme de rectangle alcngé ; on y compte environ quarante trous simples. Dans les singes y elle est beaucoup plus étroite à proportion, et ses trous sont moins nombreux. Dans les autres quadrupèdes, la lame criblée a ^ la forme d’un cœur ou d’un ovale 5 elle est placée au fond d’une fosse, qu’un étranglement plus où moins marqué sépare du reste du crâne; et elle est percée d’une grande quantité de trous de dif- férentes grandeurs, rassemblés en groupes, qui 4 655 Art. *VL Nerfs des narines. laissent entre eux des espaces vides tigiirés comme des branchages, plus grands et plus petits, en sorte que l’ensemble de la lame présente Faspect d’une belle dentelle. Le nombre et la ligure de ces groupes de trous ne sont pas assujétis à des lois constantes 5 mais , à en juger par les animaux dont nous connoissous la force de l’odorat, cette force est assez en pro- portion avec le nombre des trous. Ils sont grands et nombreux dans V éléphant , Vhippopotamé y le cochon^ et encore plus dans la biche. Les carnassiers en ont plus que tous les autres. Le cochon, le mouton, le fourmilier ont k chaque côté de la crête une rangée de trous plus grands que les autres j on en voit aussi , mais moins marqués, dans quelques autres espèces. Les rongeurs paroissent avoir assez généralement moins de trous que les autres ordres. Le chameau a fa lame plus petite , et les espaces non percés y sont plus larges que dans les autres ruminans. Les édentés l’ont tous grande et munie de beaucoup de trous. 2^. Le nerf olfactif Soit qu’il soit détaché de l’hémisphère, comme dans l’homme et les singes; soit que la pie-mère s’unisse tellement à la caroncule maramiliaire qu’il semble faire corps avec elle, comme cela a lieu dans les autres quadrupèdes, il se dilate par son extrémité pour couvrir toute la lame criblée, et 654 XV® Leçon. F® Section. De Vodorai, pour pénétrer au travers par autant de filets qu’elle a de trous. Ces filets se distribuent à la partie de la mem- brane pituitaire qui recouvre les anfractuosités et les cornets de l’os ethmoïde et la cloison inter- médiaire des narines ; ils sont d’une si grande mollesse qu’il est difiîcile de les suivre. On en voit cependant quelques branches principales se répandre sur la cloison : il y en a sur-tout deux très-belles dans le mouton. Plusieurs auteurs croient que ce nerf ne se propage point sur les cornets inférieurs. Sans avoir fait des recherches parti- cnlières sur cette question , la complication de ces cornets dans les animaux dont l’odorat est le plus fort 5 nous empêche d’adopter cette opi- nion. B. Dans les oiseaux. Le nerf olfactif des oiseaux ne se détache de l’hémisphère qii’à l’extrémité antérieure de celui- ci , extrémité qu’on a aussi comparée à la caron- cule mammiîlaire des quadrupèdes. Le nerf tra- verse un canal , dont la longueur et la grosseur vaiient selon les espèces, mais qui ne se divise point en plusieurs. Arrivé à la racine du nez , le nerf se divise comme un pinceau en une multitude de fibrilles , qui se répandent dans la membrane pituitaire de la cloison et des cornets supérieurs. Scarpa croit qu’ils ne vont point au delà^ et il pense que les cornets moyens et inférieurs ne Art. VI. Nerfs des narines, 655 reçoivent de nerfs que de la cinquième paire, et ne sont point des organes de Fodorat. Il ne leur attribue d’autre usage que de rompre l’air que ces animaux respirent en plus grande quantité que les autres , et d’empêcher sa masse de nuire par son choc aux cornets supérieurs. Il assure que ses expériences sur des oiseaux vivans lui ont fait voir que l’odorat est plus fort dans les espèces où les cornets supérieurs et les nerfs olfactifs eux-mêmes sont plus grands 5 voici l’ordre qu’il leur attribue , en commençant par ceux qui ont ce sens plus délicat : les oiseaux de rivage, les palmipèdes, les oiseaux de proie, les pics, les passereaux, les gallinacés, C. Dans les reptiles. Leur nerf olfactif diffère peu de celui des oiseaux dans sa naissance et dans son trajet; il en diffère encore moins dans sa distribution, puis- qu’il se partage aussi, selon Scarpa^ au septum et au cornet supérieur, sans aller au delà. D. Dans les poissons. Lorsque leur nerf olfactif est arrivé derrière la membrane plissée qui forme la narine, il se dilate pour s’appliquer à toute sa face interne ou convexe , et pour l’envelopper. Quelquefois , avant de se dilater, il se renfle en un vrai gan- glion: c’est «e qu’on voit dans la carpe. D’autres 656 XV® Leçon. F® Section. De Vodorat, fois, son expansion se fait sans renflement; elle est mince, et pourroit être comparée à la rétine: mais on y voit plus distinctement les fibres ner- veuses dont elle est composée. Dans les raies et les squales^ ü y ^ tronc sous le repli prin- cipal de la membrane pituitaire et des branches dans les replis latéraux. Ces branches produisent de petits filets qui pénétrent dans toute l’épais- seur de la membrane, et s’y répandent unifor- mément. II. Nerf de la cinquième paire. Dans tous les animaux vertébrés, l’intérieur du nez reçoit un rameau de la branche ophlhalmique de la cinquième paire, ainsi que nous l’avons vu, pcig, 2o3 de ce volume , pour l’homme; pag. 2o5 pour les mammifères; page 2i5, pour les oiseaux; page 217, pour les repliles, ei page 219, pour les poissons. On nomme ce rameau le nerf nasal. Le ganglion sphénn -palatin du maxillaire su- périeur fournit de plus , dans rhomme et dans les mammifères, plusieurs filets aux narines pos- térieures. Voyez pag. 207 et 208. Le sinus maxillaire en reçoit de cette meme branche, et le sinus frontal, du rameau frontal de l’ophthalmique. Dans les oiseaux y le premier rameau nasal de l’ophthalraiqiie liait à l’endroit meme où le nerf arrive dans le bec ; il est grêle et règne tout le long du bord supérieur du septum. L-’ophlhaîmique Art. vil Cartilages du nez, 65j donne ensuite un second rameau, plus gros, qui se divise en trois ou quatre , et va au cornet moyen et à Finférieurj et un troisième^ qui se distribue dans les parties extérieures du pourtour des na- rines. Nous ne connoissons point exactement la distri- bution des nerfs de la cinquième paire dans Fin- térieur du nez des reptiles. Dans les poissons, le rameau nasal de Foph- talmique est quelquefois aussi gros que Folfacîif lui-même j et comme ces deux nerfs marchent parallèlement pendant un espace assez long, dans les carpes y les gades , le brochet^ quelques anciens anatomistes (Collins entre autres) ont cru que ces animaux ay oient de chaque côté deux olfactifs. Cette erreur a été copiée mal-à-propos par quel- ques écrivains plus récens. Ce nerf nasal nous a paru se distribuer princi- palement vers les bords extérieurs de la membrane pituitaire. ARTICLE VII. Des cartilages qui couvrent Ventrée des na-’ rines , et de leurs muscles. Nous n’avons décrit, à la p. 78 de ce volume y que Fouverture de la fosse nasale , telle qu’elle est dans le squelette , lorsque les parties molles en ont été enlevées. Dans Fétat frais , cette ou- Tt 2 658 XV® Leçon. F® Section. De Voclorat, verture est munie de plusieurs cartilages , qui pro- longent plus ou moins la cavité nasale en avant, et qui peuvent en élargir ou en rétrécir l’entrée par leurs mouvemens. A. Dans riioimne. 1®. Lies cartilages. La cloison intermédiaire des narines devient cartilagineuse à sa partie antérieure et inférieure , et se prolonge ainsi jusqu’à la pointe du nez. Son bord antérieur se dédouble dans la partie qui est immédiatement sous les os propres du nez , en deux lames triangulaires qui se portent sur les cotés du nez et prolongent les pians formés par sçs os propres. L’intervalle qui reste de chaque côté entre une de ces lames triangulaires et le septum , est oc- cupé par un cartilage oblong , transverse et ployé en deux feuillets , entre lesquels- reste le vide qui conduit dans chaque narine. Un de ces feuillets est placé contre le bord inférieur du septum. L’autre occupe l’épaisseur de l’aile du nez ( c’est ainsi qu’on nomme la partie inférieure de chacun de ses côtés ). Cette aile contient en- core vers sa racine , un , deux ou même trois petits cartilages irréguliers, qui restent quelque- fois membraneux. Toutes ces parties sont liées par une celiulosité graisseuse , et enveloppées par la peau. Art. vil Cartilages du nez, 609 2®, Tjes muscles. Plusieurs muscles agissent sur ces cartilages , et contribuent avec ceux des lèvres à donner à la physionomie de l’homme ce jeu varié qui la carac- térise. 1®. Le muscle pyramidal est une produc- tiüii de l^occipiîo-frontal , qui descend entre les sourcils , et couvre les cotés du nez. Il se ter- mine par une aponévrose qui lui est commune avec 5 2®. le transi^erse ^ qui vient de dessous l’angle interne de l’orbite , et s’étend sur le côté du nez , pour l’unir avec son correspondant , sur le dos de cette partie. 5®. Le releveur de l’aile du nez et de la lèvre supérieure , qui descend de l’angle interne de l’orbite vers la lèvre , et donne en passant plusieurs libres à l’aile du nez. 4®. ahaisseur de l’aile du nez , qui vient de îa partie de l’os maxillaire qui contient les inci- sives, et monte directement au bord inférieur de l’aile du nez. 5®. Le nasal 5 il vient de la partie inférieure de la cloison , et se porte en bas et de côté pour se confondre avec i’orbiculaire des lèvres. On comprend aisément Faction de chacun de ces muscles. B. Dans les mammifères. Les cartilages du nez et leurs muscles varient singulièrement dans les mammifères , comme la plupart des autres parties extérieures. . T t 2 66o Xy® Leçon. Section. De Vodorat, Les cartilages du nez des singes ne diffèrent de ceux de l’homme que par leur extrême pe- titesse : ils ■ ne paroissent avoir d’autres muscles qu’une expansion de fibres longitudinales qui couvre uniformément toute la face , et qui semble être une continuation du pannicule charnu. C’est ainsi du moins que nous les avons trouvés dans les cynocéphales. Dans les carnassiers , dont le museau ne se pro- longe point au-delà de la bouche comme le chien , les cartilages sont encore semblables à ceux de riiomme , le cartilage du septum produit deux ailes qui prolongent les os du nez, et les bords des narines sont garnis de deux cartilages ployés; il n’y a de muscles bien prononcés que le rele^ veur commun de Vaile du nez et de la lèi^re inférieure , qui recouvre toute la joue presque comme l’expansion que nous avons décrite dans le singe 5 et Vabaisseur de Vaile du nez , qui est assez petit. Dans les carnassiers à museau saillant et mo- bile , comine les ours, et sur-tout les coatis et les taupes , les cartilages forment un tuyau com- plet , qui est articulé sur les narines osseuses. Dans Vours le septum cartilagineux se dédouble par dessous comme par dessus 5 les ailes supé- rieures se courbent vers le bas , les inférieures vers le haut , et elles se rencontrent sur les cotés pour s’unir par une cellulosité et compléter la cloison extérieure de chaque narine. Le bord de Art. VIÎ. Cartilages du nez. 66 1 chaque aile continue ensuite à se recourber en dedans ^ et s’y roule en un cornet , qui fait suite au cornet osseux inférieur j et qui est recouvert comme celui-ci d’un prolongement de la mem- brane pituitaire. Ce tuyau cartilagineux se meut en fous sens sur le bout du museau osseux. C’est sur- tout dans la taupe que ses muscles sont remarquables. Il y en a quatre de chaque côté , tous attachés au-dessus de l’oreille , et marchant en avant entre le crotaphite et le masseter. Ils se terminent par au- tant de tendons qui sont .placés autour dû tuyau nasal comme des cordes autour d’un mât. Le plus profond de ces muscles produit le tendon supérieur qui s’unit avec son correspondant et une large aponévrose qui couvre tout le dessus du nez. Les deux suivans se rendent sur le côté du nez ; l’un un peu plus haut , l’autre un peu plus bas ; le quatrième , qui est le plus extérieur , va s’unir avec son correspondant , sous le nez , comme le premier le fait dessus : ces tendons s’insèrent à la plaque fongueuse , qui termine le boutoir , en recouvrant l’extrémité des cartilages j un petit muscle vient aussi du bord alvéolaire de l’os incisif et abaisse le museau j le bout du septum est ossilié. Le boutoir du cochon est semblable en grand à celui de la taupe 5 les cartilages en sont seule- ment beau(^oiip plus courts à proportion 5 leur ex- trémité est aussi ossiSée du côté de septum. Il Tt 3 f 66‘2 XV® Leçon. Section. De Voàorat, I y a aussi quatre muscles, mais moins longs, et autrement disposés. Le supérieur vient de l’os la- chrymai , en avant de l’oeil. Son tendon se porte sur le boutoir, mais ne s’approche pas assez de son correspondant pour s’y unir \ deux autres si- tués sous le précédent , qui viennent de l’os maxil- laire , en avant de l’arcade , sont en partie réunis ; mais leurs tendons se rendent séparément l’im au côté , l’autre vers le bas du boutoir. Un qua- trième , très-petit , va obliquement de l’os nasal vers l’insertion du précédent en passant sous les tendons des deux premiers. Le boutoir et ses muscles longitudinaux sont enveloppés dans le cochon comme dans la taupe, par des libres annulaires qui sont une continua- tion de l’orbiculaire des lèvres. Dans les solipèdes et les ruminans dont les na- rines osseuses sont très-ouvertes , regardent obli- quement en haut , et sont formées par une grande échancrure de chacpie côté de la pointe des os propres du nez , la partie molle des narines est en grande partie membraneuse , et porte le nom de naseaux ; le bord de leur ouverture seulement renferme un cartilage dans le ùhevaL Ce cartilage , nommé sémi-îiinaire par les hippo- tomistes est analogue à l’inférieur de l’homme , il est aussi formé de deux branches ; mie, presque parallèle au septum, longue et étroite; l’autre, placée dans l’aile extérieure du nez , courte et presque carrée. Tout le reste de cette aile exté- 665 Art. VII. Cartilages du nez. rieure n’est qu’un repli de la peau , qui forme d’abord un cul de-sac , dont la convexité est sen- sible en dehors et qu’on nomme fausse narine ; une fente longue et étroite de la paroi interne conduit dans la narine vraie. Un muscle prin- cipal agit sur cette fausse narine pour la dilater : c’est le pyramidal des hippotomistes : il naît de l’os maxillaire près l’origine de l’arcade zygoma- tique par un tendon étroit. Sa partie charnue se dilate et se perd sur la convexité de la fausse narine et dans l’orbiculaire des lèvres. Un autre muscle situé au-dessus du premier et venant de i’os maxillaire près de l’échancrure des narines osseuses , pénètre dans le répii situé entre l’os et la fausse néirine , et va s’insérer à une produc- tion cartilagineuse du cornet inférieur. Le cartilage sémi-Iunaire est rapproché du septum 5 et le naseau dilaté par un muscle coni- îiiun aux deux narines ^ et nommé transverse par Bourgelat. Ses fibres sont parallèles à celles de l’orbiculaire des lèvres et aucune séparation ne les en distingue. Au dessus sont des fibres qui viennent de l’os nasal et s’insèrent sur la con- vexité supérieur de la fausse narine. Elles for- ment le muscle court de Bourgelat. Le muscle maxillaire de ce meme auteur vient de tout le devant du chanfrein ^ se porte obli- quement de côté et en bas , et se bifurque ; la branche externe passe sur le pyramidal , et va à la commissure des lèvres. L’interne passe sous T t 664 XV® Leçon. Section. De Voâorat, le pyraminal , et se mêle avec lui pour s’insérer à la convexité externe de la fausse narine , enfin le releveur de la lèvre supérieure peut être aussi considéré comme un muscle des naseaux sur lesquels il agit puissamment. C’est un muscle long , qui vient de Fos lachrymal , produit un tendon fort , qui s’unit à son correspondant sur le bout des os propres du nez , et forme avec lui une aponévrose qui s’insère à la lèvre supé- rieure. Les muscles du nez des ruminans sont beaucoup moins compliqués. Leurs cartilages ne consistent qu’en un dédoublement du septum , qui se con- tinue dans l’aile externe du nez par une production pointue et arquée. Les naseaux sont moins écartés et regardent plus en avant que dans le cheval. Il y a deux muscles de chaque côté , qui viennent de la partie inférieure de Fos maxillaire au dessus des molaires antérieures. Le supérieur se divise en deux tendons, dont Fun va au bord supérieur et l’autre à l’angle postérieur de la narine; Fin- férieor , en trois autres portions qui vont toutes à son bord inférieur : il y a aussi un abaisseur ; il est placé en avant. Nous terminerons cette description des cartilages du nez et de leurs muscles, dans les mammifères, par celle de la trompe de l’éléphant. Nous allons d’abord donner un extrait de la description qu’en ont faite les académiciens de Paris. 665 Art. vil Cartilages da nez. Cette trompe est un cône très-alongé, plus large à sa racine, et dont Fintérieur est creusé en un double tuyau revêtu d’une membrane forte, ten- dineuse, et percée de beaucoup de petits trous qui sont les orifices d’autant de cryptes muqueuses, et qui laissent couler une liqueur abondante. Ces tuyaux remontent jusqu’aux narines osseuses; mais un peu avant d’y arriver, ils se recourbent deux fois, et leur communication avec elles est fermée par une valvule cartilagineuse et élastique , que l’animai peut ouvrir à volonté , et qui retombe par son propre ressort quand les muscles cessent d’agir. Tout l’intervalle entre les tuyaux membraneux qui suivent l’axe de la trompe et la peau qui l’en- veloppe extérieurement, est rempli par une couche charnue fort épaisse , et composée de deux sortes de fibres: les unes vont de la membrane des tuyaux à une membrane tendineuse, située im- médiatement sous la peau extérieure, de manière que dans une coupe longitudinale de la trompe elles sont transverses ; et que , dans une coupe transversale, elles représentent les rayons d'un cercle. Leur effet est de rapprocher la peau exté- rieure de la membrane des tuyaux; et, en com- primant leur intervalle , de forcer la trompe à s’alonger sans rétrécir les tuyaux, comme l’auroient fait des fibres annulaires : ce qui est fort remar- quable. Les autres fibres de la trompe sont lon- gitudinales 3 elles forment une multitude de faisceaux 666 XV® Iæçon. F® Section. De V odorat» courts et arqués , dont les deux extrémités sont attachées à la membrane des tuyaux , et dont le milieu ou la convexité adhère à la membrane extérieure. Il y a de ces faisceaux tout du long et tout autour de la trompe ^ leur effet est de la raccourcir en son entier, ou dans telle partie qu’il plaît à ranimai. On conçoit que, par ces alongemens et rac- courcissemens partiels , d’un côté ou de l’autre , il n’est aucune courbure imaginable que l’éléphant ne puisse donner à sa trompe. Ce qui est plus difficile à expliquer , c’est la manière dont il lance dans la bouche l’eau cju’il a pompée par aspira- tion dans sa trompe. Comme il n’a point de fibres annulanes, il ne peut en comprimer les tuyaux, et il n’a d’autre moyen que de la pousser par le souffie; mais comment peut-il souffler dans son nez en meme temps qu’il avale? Peut-être enfonce- t-il le bout de sa trompe par delà son larynx. Nous n’avons disséqué qu’un foetus d’éléphant, qui nous a cependant permis d’ajouter quelques faits à la description précédente. Tous les petits faisceaux longitudinaux se rapportent à quatre grands muscles qui se confondent presque dans la trompe même , mais qui sont bien distincts à leur attache supérieure. Les deux antérieurs tiennent à toute la largeur de l’os frontal au dessus des os du nez. Les deux latéraux tiennent aux os maxillaires sous et en avant de l’œil. La face postérieure ou inférieure de la trompe est revêtue Art. vil Cartilages du nez, 667 de fibres qui semblent se continuer avec le muscle orbiculaire des lèvres , et dont la direction est oblique de haut en bas et de dedans en dehors, en sorte que celles d’un côté font un a avec celles de l’autre. Tous ces muscles sont animés par une énorme branche du nerf sous - orbitaire , qui pénètre do chaque côté entre le muscle latéral et l’inférieur, et qui se ramifie dans toute la trompe. La trompe du tapir ^ que nous avons dissé- quée nous-mêmes aussi sur un fœtus , ressemble, à quelques égards , à celle de l’éléphant , quoique beaucoup plus courte 5 elle est composée de même de deux tuyaux membraneux, garnis de beaucoup de lacunes muqueuses , et renfermés dans une masse charnue que la peau enveloppe. Les fibres longitudinales ne sont divisées qu’en deux faisceaux qui viennent de dessous Tœd 5 les fibres trans- verses vont, comme dans î’élépbant, de la mem- brane des tuyaux à celle qui est sous la peau ; mais le tapir a de plus un muscle tout semblable au releveur de la lèvre supérieure du cheval , venant de même des environs de l’œil , et se réunissant en un tendon commun avec son con- génère au dessus des naseaux. L’occipito - frontal donne aussi un tendon qui s’insère à la base de la trompe et la relève. 668 XV® Leçon. F® Section. De Vodorat. C. Dans les oiseaux. Les narines externes, des oiseaux ne sont jamais munies de cartilages mobiles , ni de muscles , mais Fouverture en est seulement rétrécie par des productions plus ou moins considérables de la peau qui revêt le bec. Les formes et la position de cette ouverture ont été remarquées par les naturalistes; elle est latérale dans le plus grand nombre des oiseaux. Quelques-uns Font à la base, ou même sur la base du bec : dans ce dernier cas sont les toucans ; elle est tantôt plus large , tantôt plus étroite. Dans les hérons ^ par exemple, c’est une fente où une épingle pourroit à peine pénétrer ; dans les hirondelles de 771er , les deux narines correspondent à une ouverture du septum , en sorte que Fon voit par elles au travers du bec. Les gallinacés ont les narines en partie recou- vertes par une plaque charnue. Les corbeaux les ont bouchées par un faisceau de plumes roides et dirigées en avant, etc., etc. D. Dans les reptiles. Les narines extérieures des reptiles ne sont ordinairement garnies que de quelques couches charnues qui peuvent en dilater ou en rétrécir Feutrée : c’est ce qu’on remarque dans la plupart des lézards , qid ne diffèrent entre eux que par la position de leurs narines extérieures. Les croco- diles sont ceux qui les ont le plus rapprochées; les Art. vil Cartilages du nez. 669 tupinambis 5 les stellions et les caméléons sont ceux qui les ont le plus écartées et le plus laté- rales: les salamandres les ont extrêmement petites. On y voit une petite tubulure dans les grenouilles ^ où le jeu en est très-sensible , parce qu’il est fort important poui.!> la respiration , comme nous le verrons par la suite. Les tortues ont aussi deux très-petites narines rapprochées 5 elles sont portées au bout d une courte trompe cartilagineuse dans l’espèce matamata et dans une ou deux autres. Les serpens ont des narines latérales petites, et susceptibles seulement d’une très-légère extension. Le serpent à sonnettes a , au dessous et en arrière de chaque narine, un trou borgne assez profond, et dont l’usage est inconnu, qui lui donne l’air d’avoir quatre narines. E. Dans les poissons. Dans les poissons, l’entrée de la fosse qui forme chaque narine est plus étroite que cette fosse même 5 la membrane qui l’entoure est susceptible de se redresser, au gré de l’animal, en un tube court dans beaucoup de poissons osseux, et notamment dans les carpes^ mais lorsque le poisson est tiré de l’eau , ce tube s’affaisse. Le plus grand nombre des poissons osseux ont celte ouverture divisée en deux par une traverse membraneuse : ce qui leur donne l’air d’avoir quatre narines. Les deux trous de chaque coté sont tantôt égaux , tantôt inégaux 3 ils varient à 670 XV® Leçon. I''* Section. De l'odorat. rinfini en grandeur et en positions : mais ces différences extérieures ont été décrites par les ichtyologistes. Dans les poissons chondroptérygiens , les narines communiquent par un sillon avec les angles de la bouche : il y a ordinairement^un lobe de la peau qui recouvre une partie de leur ouverture; les fibres qui les élargissent tiennent aux os des mâchoires , celles qui les rétrécissent paroissent être en vSphincter. 11 est difficile de voir bien dis- tinctement les unes et les autres. ARTICLE VIII. Des narines des cétacés ^ et de leurs jets-d'eau. Les narines des cétacés méritent une descrip- tion particulière, à cause des grandes différences qui existent entre elles et celles des autres mam- niifères. Les cétacés qui ne peuvent respirer que Fair, et qui ne peuvent point le recevoir par la bouche , qui est plus ou moins plongée dans Feau , n’au- roient pu non plus le recevoir par les narines , si elles eussent été percées au bout du museau : c’est pour cela qu’elles s’ouvrent sur le sommet de la tête que ces animaux peuvent aisément élever au dessus de la surface de Feau ; elles sont donc l’unique voie de leur respiration; elles servent de plus à les débarrasser de Feau qu’ils seroient Art. VIîI. Narines des cétacés, 671 obligés d’avaler chaque fois qu’ils ouvrent ia bouche , s’ils ne trouvoient moyen de la faire jaillir au travers de leurs narines par un méca- nisme que nous décrirons bientôt. C’est sans doute parce qu’une membrane pitui- taire ordinaire auroit été blessée par ce passage eontiiiuel et violent de l’eau salée (ainsi que nous pouvons en juger par la douleur que nous éprou- vons lorsque nous laissons entrer quelques gouttes de boisson dans nos narines ) , que celles des cétacés sont tapissées d’une peau mince, sèche, sans cryptes , ni follicules muqueux , et qui ne paroît point propre à exercer le sens de l’odorat. Il n’y a aucun sinus dans les os environnans , ni aucune lame saillante dans l’intérieur j l’os ethmoïde n’est même percé d’aucun trou, et n’a pas besoin de l’être , puisque le nerf olfactif n’existe point. Voyez J)ag, 160 et 196. Cependant il n’est pas certain que ces animaux n’aient aucun odorat. S’il existe chez eux, il doit résider dans la cavité que nous allons décrire. Nous avons vu, page 492 , que la trompe d’Eustache remonte vers le haut des narines. La partie de ce canal voisine de l’oreille a à sa face interne un trou assez large , qui donne dans un grand espace vide , situé profondément entre l’oreille , l’œil et le crâne , maintenu . par une celjulosité très-ferme, et se prolongeant en dilTé- renB- sinus également membraneux qui se collent contre les os. Ce sac et ces sinus sont revêtus, en 672 XV® Leçon. F® Section. De Vodorai. dedans d’une membrane noirâtre, muqueuse et trés-tendre. Il communique avec les sinus frontaux par un canal qui remonte au devant de l’orbite : ces sinus n’ont point de communication immédiate avec les narines proprement dites. On ne trouve dans ce sac, ainsi que dans les narines, que des nerfs provenant de la cinquième paire. Il paroît, d’après les expressions de Hunier^ qu’il avoit reconnu quelque chose de semblable dans deux espèces de haleine; mais il n’avoit pas cru voir d’organe de l’odorat dans le dauphin et le marsouin ^ dont nous avons pris la description ci-dessus. Voici maintenant le mécanisme par lequel les cétacés font jaillir ces jets d’eau qui les font re- connoître de loin à la mer, et qui ont valu à plusieurs de leurs espèces le nom de soujleurs. Si on suit l’œsophage en remontant, on trouve qu’arrivé à la hauteur du larynx , il semble se partager en deux conduits, dont l’un se continue dans la bouche et l’autre remonte dans le nez. Ce dernier est entouré de glandes et de fibres charnues qui forment plusieurs muscles. Les uns sont longitudinaux , s’attachent au pourtour de l’orifice postérieur des narines osseuses , et des- cendent le long de ce conduit jusqu’au pharynx, et à ses cotés; les autres sont annullaires et semblent une continuation du muscle propre du pharynx ; comme le larynx .s’élève dans ce conduit en ma- nière d’obélisque ou de pyramide , ces fibres an- nulaires peuvent le serrer dans leurs contractions. Art. VïïL Narines des cétacés, 67^ Toute cette partie est pourvue de follicules mu- queux qui versent leur liqueur par des trous très- visibles. Une fois arrivée au vomer, la mem- brane interne du conduit , qui devient celle des narines osseuses, prend ce tissu uni et sec que nous avons décrit plus haut. Les deux narines osseuses , à leur orifice supérieur ou externe , sont fermées d’une valvule charnue , en forme de deux demi-cercles, attachée au bord antérieur de cet orifice, qu’elle ferme au moyen d’un muscle très-fort, coiuhé sur les os inter-maxillaires. Pour l’ouvrir , il faut un effort étranger de bas en haut. Lorsque cette valvule est fermée ^ elle in- tercepte toute communication entre les narines et les cavités placées au dessus. Ces cavités sont deux grandes poches membra- neuses, formées d’une peau noirâtre et muqueuse j très-ridées lorsqu’elles sont vides, mais qui étant gonflées prennent une forme ovale, et ont dans le marsouin chacune la capacité d’un vf^rre à boire. Ces deux poches sont couchée« sous la peau en avant des narines; elles donnent toutes deux dans une cavité intermédiaire placée immédiate- ment sur les narines, et qui comjnunique au dehors par une fente étroite en forme d’arc. Des libres charnues très - fortes forment une expansion qui recouvre tout le dessus de cet appareil ; elles viennent en rayonnant de tout le pourtour du crâne se réunir sur les deux bourses, et peuvent les comprimer violemment. V T 2 6y4 XV® Leçon. T® Section. De Vodorai, Supposons maintenant que le cétacé ait pris dans sa bouche de beau qu’il veut faire jaillir : il meut sa langue et ses mâchoires comme s’il vouloit l’avaler 5 et fermant son pharynx, il la force de remonter dans le conduit et dans les narines, où son mouvement est accéléré par les fibres annulaires , au point de soulever la valvule et d’aller distendre les deux poches placées au dessus. Une fois dans les poches , l’eau peut y rester jusqu’à ce que l’animal veuille produire un jet. Pour cet effet , il ferme la valvule afin d’empêcher cette eau de redescendre dans les narines , et il com- prime avec force les poches par les expansions musculaires qui les recouvrent 5 contrainte alors de sortir par l’ouverture très-étroite en forme de croissant , elle s’élève à une hauteur correspon- dante à la force de la pression. ' On dit que les baleines la portent à plus de quarante pieds. ARTICLE IX. Des organes de V odorat dans les animaux invertébrés. On ne trouve de nez proprement dit , ni même ^d’organe qui paroisse clairement destiné à l’exer- cice du sens de l’odorat, dans aucun animal sans vertèbres, et cependant presque tous donnent des preuves très marquées qu’ils possèdent ce sens. Art. IX. Odorat des an. sans çertèb. 0y5 Lies insectes reconnoissent de loin leur pâture; les papillons viennent chercher leurs femelles , même lorsqu’elles sont renfermées dans des boîtes : ce qui prouve même évidemment que c’est l’odo- rat qui guide les insectes dans beaucoup de cir- constances , c’est qu’ils sont sujets à être trompés par des ressemblances d’odeur. Ainsi la mouche à viande vient pondre ses oeufs sur des plantes à odeur fétide, croyant les placer sur de la chair corrompue, et les larves qui en éclosent y périssent faule de trouver la nourriture nécessaire. Comme l’organe de l’odorat, dans tous les ani- maux qui respirent l’air, est placé à l’entrée des organes de la respiration , la conjecture la plus probable que l’on ait proposée sur son siège dans les insectes est celle de Baster, renouvellée depuis par divers naturalistes qui le placent à l’entrée des trachées ou vaisseaux aériens. Nous pouvons ajouter aux raisons alléguées jusqu’ici , que la membrane interne des trachées paroit assez propre à remplir cet ollice , étant molle et humide j et que les in- sectes dans lesquels les trachées se renflent et forment des vésicules nombreuses ou considérables, semblent exceller par leur odorat : tels sont tous les scarahés y les mouches les abeilles ^ etc. Les antennes, que d’autres anatomistes ont cru être le siège de l’odorat des insectes, ne nous paroisseiit réunir aucune des conditions requises pour cela. Les mollusques qui respirent l’air pourroient Vv 2 676 XV® Leçon. IP Section. Du goût, aussi a^^oir quelque sensation des odeurs à l’entrée de leurs poumons , mais au fond il n’est pas besoin de leur chercher d’organe particulier pour ce sens , puisque leur peau toute entière paroît ressembler à une membrane pituitaire 5 ayant la même mol- lesse, la même fongosité, étant toujours abreuvée par une mucosité abondante 5 jouissant enfin de nerfs nombreux qui en animent tous les points. Les vers et les zoophytes mous , comme tous les polypes , sont probablement dans le même cas. On ne peut pas douter que tous ces animaux ne jouissent du sens ; c’est principalement par lui qu’ils reconnoissent leur nourriture , sur-tout les espèces qui n’ont point d’yeux. Aristote a déjà remarqué que certaines herbes d’une odeur forte font fuir les seiches et les poulpes. DEUXIÈME SECTION. T>es organes du goût, ARTICLE PREMIER. De la sensation du goût. Après ce que nous avons dit des quatre sens précédens , il nous reste très - peu d’observations à faire sur celui du goût , qui est de tous celui qui s’éloigne le moins du toucher. Les organes de ces deux sens sont même si Art. I. De la sensation du goût, 677 semblables , qu’ils servent à s’expliquer mutuel- lement, et que l’on a eu recours à celui du goût pour se faire une idée des parties qui ne sont pas suffisamment développées pour nos yeux dans celui du toucher. Ce qui paroit caractériser spécialement l’organe du goût, c^est son tissu spongieux, qui lui permet de s’imbiber des substances liquides : aussi la langue ne peut- elle goûter que les Substances liquides ^ ou susceptibles de le devenir lorsqu’elles se dis- solvent dans la salive. Les corps insolubles n’ont aucune saveur j ceux même qui sont le plus sapides , ne font aucune impression sur la langue lorsqu’elle est sèche, soit par maladie, soit parce que la salive, consommée par des mastications précédéntes, n’a pas eu le temps de se renouveller. La nature a richement pourvu à ce besoin d’une humidité continuelle. Dans tous les animaux qui ne vivent pas dans l’eau, les glandes nombreuses versent d’abondantes humeurs dans la bouche , ainsi que nous le verrons en traitant de la mas- tication J l’absence de toute salive , la sécheresse absolue de la langue est un des plus cruels toiir- mens que l’on puisse endurer. Les corps semblent avoir d’autant plus de saveur qu’ils sont plus solubles : les sels sont de touSj ceux qui l’ont au plus haut degré ; mais on sent aisément qu’il est impossible de rendre raison des diverses espèces de saveurs attachées à chaque corps , et que les explications fondées sur leg V V 5 fijS XA'® Leçon. Il® Section. Du goiU. figures que l’on suppose à leurs molécules élé- mentaires , ne seroient plus reçues aujourd’hui. Le changement qui a lieu dans le nerf , est dû sans doute à l’action réciproque qui s’exerce entre le principe de chaque saveur et le fluide nerveux , mais la nature de cette action nous est encore inconnue , et ses rapports avec l’image qui en est la suite nous le seront nécessairement toujours. Le sens du goût , dans un animal quelconque , est d’autant plus parfait , i^. que les nerfs qui vont à sa langue sont plus considérables ; 2°. que les tégumens de cette langue sont plus susceptibles de se laisser pénétrer par les liqueurs savoureuses j que la langue elle-même est plus flexible , et peut entourer par plus de faces ^ et serrer de plus près , le corps qu’elle veut goûter. C’est sous ces trois rapports que nous allons considérer les or- ganes de ce sens dans les articles suivans. ARTICLE II. De la substance de la langue ^ de sa forme et de sa mobilité. La langue étant en même temps un organe du goût 5 et un organe de déglutition et de parole , et tout ce qui sert à la mouvoir, contribuant plu- tôt à ces deux dernières fonctions qu’à la pre- mière 5 C8 ne sera que dans Farticle de la déglu- Ap^t. il De la substance de la langue» 679^ iition que nous décrirons l’os hyoïde , ses liga- mens , ses muscles , ceux de la langue , et les niou- vemens dont elle est susceptible. Nous n’indi- querons ici que la nature de sa substance et le degré général de sa mobilité , en tant qu’ils influent sur la perfection du sens du goût. Dans tous les mammifères sans exception , la langue est charnue et flexible dans toutes ses parties , attachée par sa racine seulement à l’os hyoïde et par mie portion de sa base à la mâ- choire inférieure , elle ne diffère d’un animal à l’autre que par la longueur et l’extensibilité de sa partie libre , ou de sa pointe. Les extrêmes à cet égard , sont le fourmilier d’une part , qui peut l’alonger à l’excès, et les cétacés de l’autre, qui l’ont attachée par presque toute sa face in- férieure. Les autres espèces ne diffèrent pas sensiblement de l’homme à cet égard. Dans les oiseaux ^ la langue est toujours sou- tenue par un os qui en traverse l’axe , et qui s’ar- ticule à l’os hyoïde 5 elle est par conséquent très- peu flexible 5 il n’y a que la pointe de cet os , qui devenant un peu cartilagineuse peut se ployer plus ou moins. Cet os est conforme à la figure exté- rieure de la langue , étant recouvert par quelques muscles seulement , et par des tégumens peu épais. Dans les pics et les torcols il est beaucoup plus court que la peau de la langue , et lorsque la langue s’alonge , cela proirient de ce que l’oi^ Vy 4 68o XV* Leçon. IÎ* Section. Du goût, hj^oïde et ses cornes se portant en avant , pénè- treiit dans ce surplus de peau , et détendent en poussant la langue en ayant, comme nous le verrons ailleurs. Les reptiles varient beaucoup à Fégard de la langue , comme à tant d’autres. Les crapauds et les grenouilles ont une langue entièrement char- nue , atlachée au bord de la mâchoire inférieure , et qui dans l’état de repos se reploie dans la bouche. Dans les salamandres y elle est attacliée jus- qu’à sa pointe , qui ne peut point se mouvoir , et n’est libre que par ses bords latéraux. Les crocodiles l’ont attachée d’aussi près par ses bords que par sa pointe , en sorte qu’on a écrit longtemps qu’il» n’en àvoient point du tout. Elle est entièrement charnue dans ces deux genres. Les stellions et les iguanes ont la langue charnue ^ et jouissant à peu près de la même mobilité que celle des mammifères. Celle des scinqiies et des geckos n’en dilfère que parce qu’elle est échancrée par le bout , et elle se rap- proche , en cela, de celle des or^pets ^ dont les sein- ques sont en général très-voisins. Dans les lézards ordinaires , les tupinamhis ou monitor , etc. la langue est singulièrement extensible , et se termine par deux longues pointes flexibles , quoique demi- cartilagineuses ; elle res- semble parfaitement à celle des serpens y si on en excepte les orvets et les amphishènes , qui ne Art, IT. De la mh stance de la langue, 68 1 peuvent Falonger , et qui Font plate , et seule- ment fendue par le bout. Le caméléon a une langue cylindrique qui peut s’alonger considérablement par un mécanisme analogue à celui qui a lieu dans les pics. Dans quelques poissons , comme les chon- àroptéry giens , il n’y a point de langue du tout 5 le dessous de la gueule est lisse et sans saillie. Dans d’autres^ comme la plupart de ceux à bran- chies libres,^ la langue n’est formée que par la protubérance de Fos mitoyen auquel s’articulent ceux qui supportent les branchies. Cet os n’a de muscles que ceüx qui Félèvent ou qui Fabais- sent pour la déglutition et pour la respiration : aucune de ses parties ne peut se fléchir ^ il n’est recouvert que par une peau plus ou moins épaisse , et il est souvent garni de dents aiguës , ou en forme de pavés , qui en rendent la surface presque insensible. La sirène ressemble à cet égard aux poissons à branchies libres. Les seiches , les limaçons , et la plupart des autres mollusques gastéropodes , ont une langue cartilagineuse dont nous développerons ailleurs la structure très-singulière , mais qui n’a de mou- vement que ceux relatifs à la déglutition. Sa partie antérieure est flxée au dessous de la bou- che , et n’a nul moyen d’entourer les corps sapides. Les mollusques acéphales ne paroissent point 682 XY' Leçon. IP Section. Du goût, avoir de langue du tout. Peut-être le sens du goût est-il exercé par ces tentacules si semblables à des papilles , qui garnissent leurs manteaux aux endroits par lesquels y pénètre Feau qui est le véhicule de leurs alimens ? Il n’y a point non plus de langue proprement dite dans les vers^ quoique quelques-uns aient donné ce nom à la trompe du thalasseme , de VéchU norhinque , etc. Les zoopliytes n’ont point non plus de langue 5 mais les tentacules souvent si dé- liés 5 et d’une substance si délicate , qui entourent leurs bouches paroissent très-propres à être le siège du goût, pourquoi d’ailleurs la peau en- tière des -polypes ne seroit-elie pas assez sensible pour palper les parties salines dissoutes dans l’eau , puisqu’elle palpe bien la lumière qui la traverse? La nombreuse classe des insectes présente de grandes variétés à l’égard des organes du goût. Les coléoptères et les orthoptères ont la partie que l’on a nommée ^ peut-être sans trop d’ana- logie, lèvre inférieure, cornée à sa base, et ter- minée à sa pointe par une expansion membraneuse qu’on a nommée en particulier la langue^ et dont la forme varie presque à l’infini dans les divers genres , ainsi qu’on peut le voir dans les ouvrages des nouveaux entomologii'tes. Le pharynx s’ouvre sur la base de cette langue. Les hyménoptères ques néproptères ont la leur placée au même en- Art. il De la suhstanbe de la langue, 680 droit , mais concave et percée pour le pharynx en dessous , et se prolongeant souvent en une trompe qui surpasse quelquefois la longueur du corps. Cette trompe conserve encore le nom de langue 5 elle est aussi membraneuse ^ mais on voit que sa substance est molle et fongueuse , et qu’elle est très-propre à recevoir les impressions du goût. Aussi remarque-hon que les insectes où elle est le plus développée , sont ceux qui mettent le plus de choix dans leurs alirnens. Les abeilles en sont la preuve. Tous les diptères à trompe charnue , comme les mouches,, les taons, etc. semblent encore avoir un excellent organe de goût ; les deux lèvres de cette trompe ayant , indépendamment de leur substance molle et de leurs tégumens déliés , la faculté d’embrasser par plusieurs points les corps sapides. Les lépidoptères , ou papillons , ont une lan- gue tubulée 5 de deux pièces exactement jointes ^ et le plus souvent très-longue , qui doit bien sa- vourer les liqueurs qu’elle hume 5 si tout son ca- nal est sensible à ces sortes d’impressions. On peut en dire autant du suçoir des ryngotes ou hé- miptères, et de celui des diptères qui n’ont point de langue charnue comme les asiles , les sto-^ moxes , les cousins ; on ne peut cependant juger de la perfection de chacun de ces instrumens par leur seule étendue proportionnelle. Ilfaudroit pou- voir tenir compte de leur sensibilité propre ^ qu© 684 XV® Leçon. IP Section. Du goût, nous n’avons aucun moyen d’estimer dans des organes si petits. Les palpes^ barbillons ou antennules ^ sont des fiîamens le plus souvent articulés , qui sont atta- chés à quelques parties de la bouche des insectes^ et que ces animaux remuent sans cesse pour tou- cher leur nourriture pendant qu’ils mangent. Quelques-uns les ont crus destinés au goût, d’au- tres à l’odorat ; d’autres enfin les croyent de sim- ples organes du toucher. Quoique ces opinions ne soient pas très-éloignées l’une de l’autre qu’il ne soit pas même impossible que ces organes rem- plissent à la fois deux ou plusieurs de ces fonc- tions , il est clair que nous ne pouvons obtenir aucune certitude sur cet objet. Nous décrirons ces palpes en même temps que le reste des organes manducatoires des insectes. ARTICLE III. Des tégumens de la langue, A. Dans V homme. Les muscles qui forment le corps de la langue sont entourés dûin tissu cellulaire abondant , et revêtus d’une membrane épaisse , qui n’est qu’une continuation de celle qui tapisse l’intérieur de la bouche , et par conséquent de la peau extérieure du corps. Art. IIL Tégumens de la langue, 685 Ses caractères particuliers sur la langue sont Fépaisseur et la mollesse de la partie analogue à l^épiderme ; mais sur - tout le développement extraordinaire des papilles , qui ^ quoique parois- sant au fond, de même nature que celles de la peau , sont beaucoup plus grandes , plus serrées , et laissent mieux voir leur structure intime. Toute la face supérieure de la langue , depuis la pointe jusque fort près de sa raciue , est cou- verte de papilles appelées coniques ^ parce que c’est en effet leur ligure j elles sont serrées comme les soies d’une brosse j sur le milieu de la langue et vers sa pointe , elles sont hautes et aiguës ; leur sommet se divise en plusieurs pointes ou filets ; vers les cotés , elles se raccourcissent gra- duellement , et se réduisent à de simples tubercules mousses. Parmi ces papilles , en sont éparses d’autres plus grandes, mais beaucoup moins nombreuses, dites en champignon ou fungiforines ; elles sont portées par un pédicule mince , et se ter- minent par une tête grosse et arrondie. Il y en a plus vers le bout de la langue que par - tout ailleurs. Enfin , vers la base de cet organe , sont environ dix tubercules demi- sphériques , entourés chacun d’un bourrelet circulaire^ et nommés à cause de cela papilles à calyce ; elles sont disposées sur deux lignes qui représentent un V, dont la pointe est tournée vers le gosier. 686 XV® Leçon. IP Section. Du goût. L’espace silué entre la pointe de ce V et l’épi- glotte n’a point de papilles; mais la membrane en est rendue inégale par des glandes qui sont dessous , et la plupart des éminences qu’on y remarque sont percées de trous qui laissent pé- nétrer dans la bouche les humeurs que ces glandes préparent. Le dessous de la langue n’a aussi aucunes papilles, et la peau n’en diffère point de celle da reste de la bouche. La partie analogue au corps muqueux est si mince sur la langue de riiomme , qu’on a peine à en reconnoître l’existence ; mais elle est fort épaisse sur celle des quadrupèdes, où les papilles qui la traversent la rendent parfaitement réticu- laire. B. Dans les mammifères, La langue des mammifères présente les mêmes espèces de papilles que celle de l’homme : les différences consistent seulement dans la forme des papilles coniques , et dans la substance dont elles sont quelquefois armées^ dans la grosseur et l’abon- dance des papilles fungiformes, et dans le nombre des papilles à calyce et la ligure que leur arran- gement représente. Dans les guenons^ on ne voit d’autre différence d’avec la langue humaine, que parce que les pa- pilles à calyce sont moins nombreuses. Le*. .* bonnet chinois en a sept, disposées ainsi ; le macaque , quatre*.,*; le cynocéphale et le Art. III. Tègumens de la langue. 687 mandrill n’en ont que trois disposées en triangle *.*5 011 n’en trouve non plus que trois dans les sapa- jous ^ qui se distinguent d’ailleurs par le peu de proéminence de leurs papilles coniques. Plusieurs chauve-souris ont des papilles coni- ques alongées et ressemblant presque à des poils. C’est sur- tout vers la partie postérieure de la lan- gue qu’on en voit 5 il y en a même sur les côtés de la bouche. Quelques espèces ont ces papilles dures comme de la corne. Telle est la roussette où celles du bout de la langue ont chacune plusieurs pointes. Il n’y a que trois papilles à calyce très- rapprochées sur la langue de ces animaux. Le genre des chats a des tégumeiis très-parti- culiers à la langue. Tous les bords de cet organe sont garnis de papilles coniques petites et molles , de papilles fungiformes semblables à celles de la plupart des animaux , mais toute la partie moyenne porte d’autres papilles de deux espèces : les unes sont arrondies,, et représentent, lorsqu’elles ont un peu macéré , des faisceaux de filamens qui semblent être les dernières extrémités des nerfs gustatifs ; les autres sont_çoniques , pointues , et revêtues chacune d’un étui de substance corné , terminé en pointe ou en coin , et se recourbant en arrière. Ces étuis rendent cette langue très-rude , et font qu'elle écorche lorsqu’ils lèchent. Ils se laissent arracher aisément , ils ont alors l’air d’autant de petits ongles. Les papilles en hlamens , et les pointes cornées sont placées alternativement et 688 XV* Leçon. IP Section. Bu goût. en quinconce , de façon qidil y en a autant d’une espèce que de l’autre. Il n’y a >point de papilles fungifonnes dans tout cet espace où je crois qu’elles sont remplacées par celles en faisceaux , comme les coniques le sont par celles à étuis cornés. La parîie postérieure de la langue reprend la nature ordinaire des tégumens. Les papilles à calyce y sont plus petites à proportion que dans les autres genres , et disposées sur deux lignes qui se rapprochent en arrière. Dans le chat or- dinaire ^ on voit quelquefois sur les côtés en ar- rière , des papilles fungiformes pendantes au bout de très- longs pédicules. Les civettes ont une lan- gue semblable à celle dçs chats. Les sarigues ont aussi à la partie moyenne et antérieure des étuis ou écailles cornées , recour- bées en arrière 5 mais elles se terminent en coins ou en tranchans arrondis. La pointe de leur lan- gue a des dentelures en forme de frange , il n’y a que trois glandes à calyce. Les phalangers ont la langue douce , comme les autres carnassiers , chiens y ours ^ martes^ phoques y etc. qui tous ne diffèrent presque point de l’homme par cet or- gane , et ne diffèrent même entre eux que par le nombre de leurs papilles à calyce. Il y en a cinq dans la marte y dix dans le ra- ton y deux grandes et quelques-unes très-petites dans le blaireau ; je n’en ai pu compter que quatre , très-petites , dans un grand chien : il y en trois grandes dans la hyène. Tout l’espace situé Art. III. Tègumens de la langue, 68g entre les papilles à calyce et Pépiglotte , est garni de grosses papilles coniques, fort aiguës , et plus serrées. Une des langues les plus singulières parmi celles des rongeurs , est celle du porc-épic ^ qui a sur les cotés vers le bout , de larges écailles à deux et trois pointes terminées en coin , le reste de sa surface est comme à Fordinaire. Il n’y a que deux grosses papilles à calyce. Les autres rongeurs n’ont rien de bien différent de Fhomme, si ce n’est le nombre des papilles à calyce qui est toujours moindre. Les édentés à long museau , fourmiliers ta^ tous 5 orycléropes ^ ont tous la langue longue , étroite , pointue et singulièrement lisse : dans les deux derniers on ne voit bien les papilles coni- ques qu’avec la loupe ; et dans les fourmiliers proprement dits , on n’en voit d’aucune espèce. Il n’y a que trois papilles à calyce dans Voiycté- rope y et deux seulement dans le tatou. Les paresseux ont la langue ronde par le bout y les papilles coniques et fungiformes peu dével- loppées y et celles à calyce au nombre de deux seulement. Les langues des pachydermes sont aussi peu hérissées. Dans lesruminans, les papilles coniques qui re- couvrent la moitié antérieure sont nombreuses , serrées , fines y et terminées chacune par un filet corné y mais encore flexible y qui se recourbe en X X ü 6go XV® Leçon. Iή Section. Du goût, arrière. Ces filets ne se distinguent qu’à la loupe dans les moutons^ les gazelles \ etc. mais dans le genre chameau , ils sont longs et rendent la lan- gue douce au toucher comme le velours. La partie postérieure de ces mêmes langues de ruminans est revêtue de gros tubercules , tantôt en cône court y tantôt en demi -sphère ^ et qui se rapetissent sur les côtés. Les papilles à calyce sont rangées sur les côtés de cette partie postérieure j elles sont assez nom- breuses et se distinguent mal aisément des fun- giformes , qui sont aussi grandes qu’elles en cet endroit. Il faut encore ici excepter le chameau, quia ces papilles à calyce fort larges, et concaves à leur surface. Dans le cheval , les papilles coniques sont très- petites et serrées : on n’en voit guères de fungi- formes que sur les côtés ; il n’y en a que trois à calyce , dont la surface présente une multitude de tubercules irréguliers. L’espace situé derrière est comme dans l’homme. La langue du dauphin et du marsouin ne pré- sente , même à la loupe , aucune papille conique dis- tincte y elle est parsemée de petites élevures per- cées chacune d’un trou , qui se multiplient sur-tout à sa moitié postérieure : on voit à sa base quatre fentes disposées à peu près comme les glandes à cal^T-ce le sont ordinairement. Les bords de la pointe sont découpés en petites lanières étroites et obtuses. Art. III. Téguinens de la langue, 6g i C. Dans les oiseaux, La langue a des papilles de formes diverses. Quelques-unes sont charnues , mousses et arron- dies. D’autres sont recouvertes par des étuis cor- nés, tantôt coniques, tantôt cylindriques; il y en a même d’osseuses et de cartilagineuses. Celte der- nière. espèce se trouve presque toujours à la partie postérieure de la langue , et dirigée en arrière , de manière à servir plutôt à la déglutition , en em- pêchant le retour des aiimens lorsqu’ils sont portés dans l’arrière-bouche , qu’au sens du goût. Dans les vautours qui ont la langue arrondie en devant et cornée à son tiers extérieur , toute sa surface est lisse , excepté les bords qui sont relevés comme pour former un canal, et dentés en scie : chaque dent est revêtue d’un étui cartilagineux di- rigé en arrière. Dans les faucons , la langue est plus épaisse , enlièreinent lisse au bord , et échancrée à ses deux extrémités. Les oiseaux de proie nocturnes ont la langue charnue et garnie en arrière de papilles coniques molles, dirigées vers le gosier. Dans les ^perroquets la langue est très-épaisse , charnue, arrondie en de\^ant. On y observe quel- ques papilles vraiment fungiformes sur-tout à la partie postérieure. Celle des toucans est étroite et garnie , de X X 2 692 XV® Leçon. Il® Section. Du goût. chaque côté, de soies cornées longues et serrées qui la font ressembler à une plume. Le genre des pzcs et des torcols a la langue for- mée de deux parties. L\me antérieure , protractile, longue , lisse , pointue antérieurement , où elle est revêtue d’une gaine cornée et garnie sur ses bords de quatre ou cinq épines roides dirigées en arrière et qui font de cette langue une espèce de ha- meçon ou de flèche barbelée. L’autre partie de la langue est lâche , et sert de gaine à Fos hyoïde et à ses cornes lorsque la langue s’alonge. Sa surface est hérissée de petites épines dirigées en arrière. Chacune de ces épines paroît implantée dans le centre d’un mammelon charnu. L’ouver- V ture de la glotte est comprise dans celte partie lâche de la langue. Les gallinacés ont la langue pointue , cartila- gineuse , en forme de fer de flèche , lisse à sa sur- face sans aucune espèce de papilles , celles de Farrière-langue exceptées. Celle de V autruche n^’en a également aucune ; elle est en forme de demi-lune ^ large et si courte , que plusieurs auteurs ont cru qu’elle n’existoit pas : sa base est un repli de la peau qui tient lieu des pointes qu’ont les aulres oiseaux. Les geais , les étourneaux et le plus grand nombre des passereaux onl la langue semblable à celle des gallinacés : mais dans plusieurs genres la pointe en est fendue plus ou moins profondé- ment , ou divisée en plusieurs petites soies , ou Art. III. Tégumens de la langue, 6g5 comme déchirée. Les naturalistes ayant tiré de là les caractères de quelques-uns de leurs genres , on peut les consulter. On voit aussi un léger sillon qui règne dans toute la longueur de sa partie moyenne. Le genre des canards , dont la langue est char- nue J applatie et large , présente beaucoup de va- riétés pour la disposition des papilles. Dans le cygne elle forme dans sa partie moyenne un sillon profond. La partie antérieure est re- couverte à sa surface d’une couche épaisse de poils roides et serrés , dirigés sur les côtés. Plus en arrière et vers la partie moyenne le long du sillon , il y a deux rangées de plaques ou lames osseuses , dont la base est épaisse et le bord tranchant , libre , dirigé en arrière. Plus postérieurement sont des papilles coniques en forme de poils courts et roides ^ dirigées aussi en arriére. Deux autres sil- lons latéraux séparent les poils d’une nouvelle rangée de lames osseuses , semblables à celles de la partie moyenne , mais augmentant de largeur à mesure qu’elles approchent de la base de la langue. Le bord de cette langue est en outre garni de poils roides , longs , parallèles ^ très-rapprochés et formant comme les dents d’un peigne. Vers le tiers postérieur la langue est comme partagée par un tubercule considérable à sur- face rugueuse sans papilles. Derrière ce tubercule la surface est hérissée de X X 5 6g4 XV® Leçon. IF Section. Du goût, grosses papilles, charnues, longues, dirigées en ar- rière. Des sillons profonds , en forme de x italique , les séparent les unes des autres. La surface de la langue des autres espèces de canards varie beaucoup. Le cravant a aussi deux rangées de lames osseuses. Dans le canard sif- fieur , il n’y en a que sur les bords du tiers pos- térieur. Presque toutes les espèces ont les villosités roides et dirigées sur les côtés. Dans la double macreuse elles dépassent de beaucoup les bords de la langue. • Dans réider ( anas moUissima ) , la pointe de la langue porte un petit appendice arrondi, plat et corné. Les villosités antérieures sont plus courtes , et le reste de la surface est presque lisse. Dans les oiseaux de rivage , la langue , qui est en triangle plus ou moins alongé ou en flèche , est généralement lisse et applaîie. outarde , dont la forme de la langue appro- che de celle des oiseaux de rivage , en diffère ce- pendant en ce que ses bords sont garnis de pa- pilles cornées, longues, roides. Les deux dernières sont très larges, tranchantes et comme osseuses. D. Dans les reptiles, La langue de la tortue est garnie en dessus de papilles uniformes coniques , longues ^ molles , serrées, qui la font ressembler à un velours. Dans le crocodile , elles sont très courles , et Art. III. Tégumens de la langue, 6(j5 représentent plutôt des rides légères que des pa- pilles ’j elles forment au contraire un velouté bien marqué dans les iguanes et les stellions, La langue du caméléon est garnie île rides trans- verses , profondes, serrées et très-régulières. Dans les lézards à langue extensible et fourchue , et dans les serpens , cet organe est singulièrement lisse , et comme corné vers ses pointes. Les salamandres Font munie d’un velouté fin comme les iguanes ; mais dans les grenouilles et dans les crapauds , la surface en est absolu- ment lisse à l’œil et toujours muqueuse. Il n’y a dans aucun reptile deux espèces de papilles , ni glandes à calyce. E. Dans les poissons • ' La peau qui est appliquée sur les os qui soutiennent la langue des poissons , ressemble à celle du reste de la- bouche , et elle ne présente point à l’œil des papilles plus développées. Les seules différences que l’on puisse remarquer tien- nent aux dents dont ces langues sont armées dans certaines espèces , et que nous décrii ons en traitant de la mastication. C’est aussi là que nous nous réservons de dé- crire les langues ou les organes qui les rempla- cent dans les animaux à sang bkiic. 6y6 XV® Leçon. IP Section. Du goût. ARTICLE IV. De la distribution des nerfs dans V intérieur de la langue. Le sens du goût diffère de ceux de la vue , de Touïe ^ et de Fodorat^ et ressemble à celui du toucher , en ce quhl n’y a point de paire de nerfs qui y soit employée dans son entier. La langue reçoit des branches de trois paires diffé- rentes dans les animaux à sang chaud , et de deux seulement { à ce qu’il nous a paru ) dans les pois- sons 5 mais elles ne sont pas toutes employées à la sensation. Celles qui viennent du grand hypo~ glosse et du glosso-pharyngien ne paroissent se distribuer qu’aux muscles et aux glandes , ainsi que nous l’avons vu, pages 208 et 24i ; du moins les filets du glosso-pharyngien , que l’on a vu aller aux papilles à calyce , ne sont- ils pas pour sûr destinés au sens du goût , puisque nous ignorons si ces papilles en jouissent : et les filets du même neif qu’on a cru voir aboutir à d’autres papilles, paroissent avoir été peu considérables. C’est le nerf trifacial ou de la cinquième paire qui donne des branches à tous les organes des sens , qui paroit seul recevoir les impressions de celui du goût , par le rameau lingual du maxil- îairb inférieur, décrit page 212 et suivantes ; car c’est le seul qui se distribue aux légumens, dans Art. IV. Nerfs de la langue, 697 lesquels il est évident que la sensation a lieu , et c’est le seul dont îa ligature , la section , ou la compression cause l’anéantissement du sens. Telle est du moins l’opinion reçue aujourd’hui par les physiologistes : il nous semble cependant que les anastomoses de la cinquième et de la neuvième paires sont si nombreuses dans toute l’é- tendue de la langue , qu’il est difficile de dire laquelle a le plus de part à la formation des filets qui vont aux papilles. Ce sont les papilles fungiformes qui reçoivent tous ceux de ces filets qui sont assez gros pour être suivis à l’oeil nud; et cette circonstance , jointe à celle de la dureté qu’ont les papilles coniques dans certains ani- maux 5 nous porte à croire que les fungiformes sont le siège principal du goût. On suit plus aisément les filets qui vont aux pa- pilles du dessous du bout de la langue, que ceux qui vont à la face supérieure , parce que les prin- cipales branches rampant à la face inférieure , les filets qui vont à l’autre face disparoissent aisé- ment par leur ténuité , au travers de l’épaisseur des chairs qu’ils sont forcés de traverser. Ces filets montent parallèlement entre eux, ils arrivent très- perpendiculairement à la surface où ils aboutissent. La distribution des nerfs de la langue , ne pré- sente aucune différence essentielle dans les trois autres classes d’animaux vertébrés. Fîn du second volume. ADDITIONS ET CORRECTIONS Au second volume. Page 47 5 ligne 19 après le moi tête , ajou- tez ; ni des trous de lame criblée , que nous dé- crirons à Farticle de Fo dorât. Page 8g, ligne 18, ajoutez : Dans le cheval, il y a un trou rond , impair, en ayant des deux incisifs. Pages i5g et 160. On n’a pas assez distingué la caroncule mammillaire du nerf olfactif qui est intimement attaché à sa face inférieure. On doit faire la même remarque sur la page ig5. Page r65 , antépénultième ligne , après le mot mammifères , ajoutez : Cependant on voit en dessous des traits blancs , qui leur servent de racines. FAUTES A corriger a^ant la lecture^ dans le second 'volume. Pages 38, ligne i4* au lieu de selfies hénoïdale^ lisez selle s-phénoïdale. 94, ligne 21 : au lieu de sy terne ^ lisez système. • 111, ligne 11 : au lieu de considérales , lisez con-* I sidérahles. 117, ligne 18 : au lieu de philosophie , lisez phi^ losophes. 519, ligne 12 : au lieu de le , lisez la. 538, ligne 8 : au lieu de lesquelles ^ lisez lesquels, 552, ligne 3 : au lieu de extrêment , lisez extrême^ ment. ’ 555^ ligne 11 : au lieu de^ pupille^ lisez papille. 56o, ligne 25 : au lieu de le muscle ^ lisez les muscles, 568, ligne 25 : au lieu de profondes ^ lisez profonds, 585, ligne 12 : au lieu de et un plan, lisez est un plan. 594, ligne 3 ; au lieu de nombreuses nombreux, 595, ligne 2 : au lieu de celles, lisez ceux. 688, lignes 3o et 3i ; au lieu de il y en trois , lisez il y en a trois. Ou rKAGES du fonds de Baueouiit, ^JTabi,s ATT élfîraentaiie l’Histoire naturelle des animaux, par Cuvier, un gros volume 14 pbncKes 8 f, La Physique , réduite eu ^ talileaux par Baruel , examinateur de l’Ecole polytechnique; 38 tableaux reliés en atlas 10 f. Tableaux de Chimie, puldiés en l’an 8 par A. F. Fourcroy , pour servit cle résuma aux leçons de l'école de Médecine de Paris. — Douja tableaux sur papier dit chapelet, avec une introduction , reliés "en atlas, format lof. 5o«. ■Rapport à l’Institut national, sur la mesure de la méridienne de France , et les rc* sultats qui en ont été,déduits pour déterminer les bases du système métri- que , , broché , avec le précis dudit ouvrage 2 f. 5o c. Traité des maladies des femmes enceintes, dts femmes en couches et des enfans nouveaux nés , précédé du mécanisme des accouchemens , rédigé, sur les leçon* d’Antoine Petit, par les citoyens Baigneres; ancien médecin, et Perral, ancien chirurgien-major des armées, s volumes 6 f. Compte rendu à la classe des sciences mathématiques et physiques de l’Institut, de» premières expériences faites par la commission nUmraée pour examiner et vérifier les phénomènes du galvinisme 3 f. Mémoires de l’Institut des sciences et arts. — Sciences mathématiques et physiques , tome I , un vol. f/;-4" : i5 f. — Sciences morales et politiques , toine I, un volume f/7-4'’, 12 f, — Littérature et beaux-arts , tome I, un volume 14 f. En tout , trois volumes, brochés en carton, contenant vingt planches. Les trois volumes pris à la fois 89 f. i/C meme ouvrage. — Mathématiques et physique, tome II 16 f. — Morale et politique, tome II ^ 12 f. — Littérature et beaux-arts, tome II.' 16 f. En tout , trois volumes iz/-4°. , coutenant trente planches. I.ps trois volumes pris à la fois 42 f. Il y a quelques exemplaires de cet ouvrage en papier fin. Compte rendu et présenté au Corps législatif le premier jour complémentaire de l’an 4 , par l’Institut national , contenant l’analyse de ses travaux pendant les années 4, 5 > ^ et 7 , chaque volume 2 f. Des Signes et de l’Art de penser , considérés dans leurs rapports mutuels , par Th. M. Degerando , ouvrage auquel l’Iijstitut a décerné le prix le i5 germi- nal an 7: 2 volumes zVz-S” 9 f. Des Signes envisag-'s réïativement à leur influence sur la formation des idées , par Pierre Prévost, professeur à l’Académie de Genève, etc., brochure grand 2 f. Ce mémoire est celui qui , après le précédent, a, au jugement de l’Institut, le plu* approché du but. Sous presse pour paroître irès'încessammenf. Système des connoissances chimiques , et de leurs applications aux phénomènes de 1-a. nature et de Part , par Fourcroy, 10 volumes et un volume de tables, sus papier grand rasin. Le même ouvrage , 5 volumes, format . Eb'mens de Botanique, un volume z'«-8°. , à l’usage des jeunes élèves. Mesure de la méridienne (Résultat des opération.s des citoyens Delambre et îîéchain), a volumes , imprimé par ordre de l’Institut. Les personnes des départeraens qui désireront ce» •uvrages, enverront, franche de port, leur demande; onles leur expédiera, ou par l’occasion qu’elles indiqueront, oua leurs frais par la diligence ,.ou par la poste , si l’objet en est susceptible. ... :W' ■ ■ V U4\'^;^u I > J; Jf ■•• j (J ^ ■ d.'- t&oS-C. Val. 2.