©lassgoto (üînibfrsitj) IÇtJjrarjj NlW - I+.2 Digitized by the Internet Archive in 2016 https://archive.org/details/b24927855 RECHERCHES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR LA STRUCTURE INTIME DES ANIMAUX ET DES VÉGÉTAUX, ET SUR LEUR MOTILITÉ, PAR M. H. DUT ROC HE T, DOCTEUR EN MÉDECINE, CORRESPONDANT DE L’iNSTITUT DE FRANCE DANS L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, MEMBRE ASSOCIÉ DE 1,’aCADÉMIE HOYAI.E DI! MÉDECINE, DES SOCIÉTÉS PHILOMATIQUE, LINNÉENNK KT MÉDICALE D’ÉMULATION DE PARIS, DES ACADÉMIES DK ROUEN , UE LYON, DE TOULOUSE , etc. , AVEC DEUX PLANCHES. A PARIS, C II E L J. B. B A l L L I È R E, LIERAI R E , RUE DE L’ÉCOLE DH MÉDECINE, N° \!\, 1 82/} • RECHERCHES ANATOMIQUES ET PHYS 10 LOGIQUES SUR LA STRUCTURE INTIME DES ANIMAUX ET DES VÉGÉTAUX, ET SUR LEUR MOTILITÉ. i INTRODUCTION. Tous les êtres vivants sont susceptibles de subir certaines modifications vitales , par l’influence de certains agents qui leur sont extérieurs. Les physio- logistes ont donne' le nom de sensibilité à la faculté', à la propriété vitale , en vertu de laquelle a lieu celte influence des causes extérieures sur l’être vivant. Ce que nous appelons sentir ne se peut guère définir; chacun sait ce que c’est par sa propre expérience. Ce sont nos sensations qui nous donnent la conscience de l’existence , qui font que nous avons un moi. Toutes les fois que nous observerons^ dans un être vi- vant , des preuves bien certaines qu’il possède la conscience de l’existence, nous pourrons aflirmer, 2 INTRODUCTION. par cela même , qu’il possède la sensibilité ; nous serons autorisés à lui refuser cette faculté lorsqu’au contraire il nous sera bien démontré qu’il ne possède point la conscience de son existence individuelle. Les végétaux sont dans ce dernier cas: personne , je pense, ne sera tenté de leur accorder un moi, et par con- séquent des sensations; cependant, ils manifestent souvent, par les mouvements qu’ils exécutent à l’oc- casion de l’influence de certaines causes extérieures, qu’il se passe chez eux un phénomène analogu • à celui que l’on appelle sensation chez les animaux. Les physiologistes de l’école de Bichat considèrent ce phénomène comme appartenant à la sensibilité que cet auteur nomme organique ; sensibilité d’une na- ture particulière, qui n’est point une source de sensa- tions, et qui existe de même dans les organes intérieurs des animaux. Chacun connaît la distinction que Bi- chat a établie de deux vies, l’une animale, l’autre organique, chez les animaux . Selon ce physiologiste, ces deux vies possèdent chacune une sensibilité par- ticulière: la sensibilité animale est la seule qui soit une source de sensations ; la sensibilité organique n’en procure aucune. Or, si l’on prétend que, dans l’exer- cice de la sensibilité organique, la sensation est bor- née à la partie sur laquelle agit la cause qui la met en jeu, on est conduit par cela même à admettre dans celle partie des sensations individuelles et un moi particulier. Le corps d’un animal devient de cette manière un assemblage d’êtres qui ont tous leurs sensations , leurs appétences , leurs aversions parti- INTRODUCTION. J culières. Celte théorie entraîne nécessairement l’idée d’un moi particulier, d'une volonté particulière dans chaque organe. Cette hypothèse est évidemment inadmissible. On ne peut véritablement point dire que les- organes qui ne procurent jamais de sensations aient de la sensibilité; cependant les organes inté- rieurs des animaux exécutent des mouvements sous l’influence de certaines causes qui leur sont exté- rieures; ils ont donc une propriété vitale analogue à la sensibilité. Ces conséquences contradictoires prou- vent que c’est à tort que l’on se sert en physiologie du mot sensibilité. Que l’on supprime ce mot, lequel ne réveille que des idées purement morales, et qu’on le remplace par une expression qui représente la nature matérielle du phénomène en question , et toutes les difficultés disparaîtront à cet égard. Nous pouvons trouver celle expression nouvelle dans l’étude de la manière dont nos sensations sont produites. Les agents extérieurs, lorsqu’ils nous lontéprouver des sen- sations, produisent une modification d’une nature quel- conque dans les sens sur lesquels ils agissent ; il y a par conséquent production d’un mouvement par- ticulier ; l’organe est remué. Nous ignorons quelle est la nature de ce mouvement , mais son existence n’en est pas moins incontestable. Ce mouvement est transmis, par le canal des nerfs, au cerveau, siège unique du moi , et par conséquent des sensations. Je donne à ce phénomène de mouvement , produit dans les sens par les agents du dehors et transmis par les nerls , le nom de nervi motion , et à la propriété vitale i . INTRODUCTION. 4 en venu de laquelle il a lieu , le nom de nervimoti - lité ' ; je donne aux agents extérieurs qui sont sus- ceptibles de produire la nervimoiion , le nom d’agents nervimoteurs. La nervimotion est un phénomène pu- rement physique ; il précède constamment le phéno- mène moral delà sensation, mais il n’en est pas toujours suivi: ainsi nos organes intérieurs possèdent la ner- vimotilité , ils éprouvent la nervimotion ; mais il n’en résulte point de sensation , comme cela a lieu pour nos organes extérieurs; ceci tient à des secrets parti- culiers de la vie. Celte distinction étant une lois bien établie entre les phénomènes moraux et les phéno- mènes physiques , la science de la vie devient plus simple et plus facile ; elle peut même devenir une science exacte. Il était impossible d’appliquer des mesures à la sensibilité et à la sensation , tandis que la nervimotililé et la nervimotion sont susceptibles de mesures, comme tous les phénomènes physiques. Je le répète, ce n’est qu’en bannissant de la physiolo- gie toutes les expressions qui n’éveillent que des idées morales , qu’on se mettra sur la voie de lui faire faire de nouveaux progrès. La nature de la sensibilité , comme celle de la sensation, est totalement inacces- sible à notre investigation. Notre faculté de sentir est ' M. Flourcns, dans ses Recherches sur les fonctions du système nerveux, nomme irritabilité la propriété vitale que je désigne ici sous le nom de ncrvimotilite. Je regrette de ne pouvoir adopter avec lni cette expression , qui, détournée? ainsi du sens qui lui a été donne par tous les physiologistes, ne pourrait que produire la plus grande con- fusion dans les :dées. INTRODUCTION. celle à l’aide de laquelle nous connaissons , il nous est par conséquent impossible de la connaître elle- même. Il est donc contraire à la saine raison , à la bonne philosophie, de placer dans une science d’ob- servation, telle que la physiologie , celui de tous les phénomènes de la nature qui est le plus nécessaire- ment soustrait à nos recherches ; l’étude de la sensi- bilité et de la sensation appartient exclusivement à la psychologie. La vie, considérée dans l’ordre physique, n’est autre chose qu’un mouvement: la mort est la cessa- tion de ce mouvement. Les êtres vivants nous offrent diverses facultés de mouvement ; à leur tête est la nevvimotilité , faculté d’éprouver certaines modifica- tions , certains changements dans leur être , par l’in- fluence de certains agents du dehors, ou des agents nervimoteurs. Ce premier mouvement , qui est invisi- ble , est la source des mouvements visibles qu’exé- cutent les parties vivantes. La faculté d’exécuter ces mouvements qui déplacent les parties peut recevoir le nom de locomotilité : elle offre deux mouvements opposés, la contraction et la turgescence. Toutes ces facultés de mouvements se rattachent à une seule * faculté générale, que je désigne sous le nom de moti- lité vitale ' : c’est la vie elle-même. La motilité vitale nous ofire, chez tous les êtres On ..ait que II- mol mntilitc a clé introduit dans lu largage physio- logique par M. Cliaussier , mais avec une signification moins étendue que celle que je lui donne ici. 6 INTRODUCTipN. vivants, les mêmes phénomènes principaux. Partout il y a tiervimotuité , et par conse'quent nervimolion sous l’influence des agents nervimoteurs ; partout aussi il y a locomotilité ou faculté de changer la po- sition des parties. Les végétaux offrent, comme les animaux, ces deux facultés de mouvement; mais elles sont, chez eux, bien moins énergiques, bien moins développées. Il est fort peu de- végétaux dont- les parties soient susceptibles d’exécuter ces mouve- ments brusques, rapides qui, tels que ceux que l’on observe chez la sensitive, frappent d’étonnement par leur ressemblance avec les mouvements des ani- maux; mais tous les végétaux ont la faculté de don- ner une direction spéciale à leurs diverses parties, et cette faculté se rattache aux lois générales de la mo- tilité vitale, ainsi que cela sera démontré dans le cours de cet ouvrage. L’étude des lois qui président à la mo- tilité vitale est, chez les animaux, d une difficulté peut- être insurmontable, à raison de l’extrême complica- tion-des causes, tant intérieures qu’extérieures, qui peuvent influer sur l’état de celte motilité. L’étude, à cet égard, se simplifie beaucoup chez les végétaux, et c’est probablement à eux seuls que l’on devra la solution des principaux problèmes de la science de la vie. Les secrets de cette science sont disséminés dans tout le règne organique; aucun être en particu- lier et même aucune classe d’êtres ne fournit les moyens faciles d’apercevoir tous ces secrets. Le phy- siologiste doit donc interroger tous les êtres vivants sans exception: chacun d’eux lui dira son mot; INTRODUCTION. 7 chacun d’eux soulèvera à ses yeux une portion particulière du voile dont la nature couvre ses mys- tères; et c’est, de l’universalité de ces recherches que sortira la connaissance complète des phénomènes de la vie. 8 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. SECTION IN- OBSERVATIONS SUR L ANATOMIE DES VEGETAUX, ET SPÉCIALEMENT SUR L ANATOMIE DE LA SENSITIVE ( mimosa pudica. L.). L’anatomie végétale, étudiée avec le plus grand soin par les observateurs les plus exerces, est certai- nement arrivée au dernier degré de perfection auquel il soit possible de la conduire par les moyens mis en usage pour cette étude. Que pourrait-on, en effet, at- tendre de nouveau de l’observation microscopique des organes des végétaux, après les recherches de Leu- wenhoeck, deGrew, de Malpighi, d’Hedwig; après les travaux récents de messieurs Mirbel, Link, Tré- viranus, Sprcngel, etc.? On doit penser qu’après de pareils observateurs il y a bien peu de chose à faire, à moins que l’on ne trouve de nouveaux moyens d’investigation. Bien persuadé de celte vérité, j’ai cher- ché, par des essais nombreux, à rendre plus facile qu’elle ne l’a été jusqu’il ce jour l’élude de l’anatomie végétale , et j’y suis parvenu au moyen d’un procédé bien simple. Le plus grand obstacle que la nature ait mis à l’élude des organes intérieurs des végétaux n’est pas leur extrême petitesse; c’est la difficulté d isoler ces petits organes les uns des autres pour les étudier séparément. Leur forte adhérence mutuelle rend cet STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. 9 isolement presque impossible; de plus, ces organes sont opaques pour la plupart, ce qui augmente la difficulté de leur observation , qu’on ne peut faire qu’avec le secours du microscope. J’ai essayé divers moyens pour remédier à ce double inconvénient, et j’en ai trouvé' un qui a parfaitement rempli le but que je me proposais. Je place un fragment du végétal que je veux étudier dans une petite fiole remplie d’acide nitrique , et je plonge celte fiole dans l’eau bouillante. Par cette opération, les parties qui composent le tissu végétal perdent leur agrégation et deviennent transparentes, ce qui facilite singulièrement leur étude. En même temps les trachées et les autres vais- seaux se remplissent d’un fluide aériforme, ce qui leur donne au microscope un aspect tout particulier, et fournit un nouveau moyen pour les observer. On sent qu’il ne faut pas que celte opération soit poussée trop loin, car le tissu végétal serait tout-à-fait désor- ganisé : c’est à l’observateur à limiter le temps que le végétal doit rester dans l’acide nitrique, et cela se- lon la délicatesse plus ou moins grande de son tissu. Moins l’ébullition est prolongée, mieux cela vaut: en général, il ne faut pas attendre que le tissu végétal soit devenu tout-à-fait transparent , et qu’il se divise spontanément. Avant cette époque de dissolution , il est déjà devenu facile à déchirer dans l’eau avec des pinces, et ses éléments organiques dissociés sont de- venus très faciles à étudier. Pour faire cette observa- tion, je place dans l’eau, contenue dans un cristal de montre, des fragments aussi petits qu’il est possir STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. 1 O ble de se les procurer par la division mécanique , et je les soumets au microscope. C’est le désir de connaître l’anatomie particulière de la sensitive ( mimosa pudica L.) qui m’a engagé dans ces l'echerches, que j’ai étendues ensuite à beau- coup d’autres végétaux. Ce sera donc l’anatomie de cette plante qui me servira de texte. J’y rattacherai des considérations sur l’organisation des autres végé- taux, lorsque cela me paraîtra nécessaire pour éclai- cir des points obscurs, et résoudre certaines ques- tions. Je commencerai l’étude anatomique de la sensitive par l’examen de la moelle. Elle est , comme celle de tous les végétaux, entièrement composée de tissu cellulaire. Les cellules qui la composent offrent une forme hexagonale assez régulière dans quelques en- droits, et, dans d’autres, leur forme est lout-à-lait irrégulière; en général, elles sont disposées en séries longitudinales. Grew a comparé le tissu cellulaire à l’écume d’une liqueur en fermentation, etM. Mirbel adopte cette comparaison, qui s’accorde parfaitement avec la manière dont il considère le tissu cellulaire. En effet, il admet que les cellules ont une paroi com- mune là où elles se touchent, en sorte quelles se- raient pratiquées dans un tissu membraneux continu; mais l’observation infirme celle assertion. En effet , lorsqu’on soumet à l’ébullition dans 1 acide nitrique la moelle de la sensitive ou celle de tout autre végétal, on voit toutes les cellules se séparer les unes des au- tres, et se présenter comme autant de vésicules com- STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. 1 1 plètes qui conservent leur forme, laquelle leur avait été donnée par la compression que les cellules voi- sines exerçaient sur elles: ainsi, partout où deux cel- lules se touchent, la paroi qui les sépare offre une double membrane. On voit d’après cela que la com- paraison du tissu cellulaire à l’écume manque tout-à- fait de justesse. Dans la moelle de la sensitive, chaque cellule porte plusieurs corpuscules arrondis, opaques dans leurs bords , et transparents dans leur milieu. (Fig. 1 .) Ces petits corps à demi opaques, et percés, en appa- rence , dans leur milieu , ont été observés dans le tissu cellulaire de beaucoup de végétaux par M. Mir- bel : il les considère comme des pores environnés d’un bourrelet opaque et saillant. L’observation de la moelle de la sensitive ne me permettait guère d’ad- mettre cette assertion; en effet, le tissu cellulaire dont elle est composée est incolore et d’une trans- parence parfaite , tandis que le trou prétendu qui est au centre des petits corps dont il est ici ques- tion transmet à l’œil une lumière verdâtre. Il me parut que ces petits corps n’étaient autre chose que des petites cellules globuleuses, remplies d’une ma- tière verdâtre transparente, lesquelles, en leur qua- lité de corps sphériques transparents, rassemblaient les rayons lumineux dans un loyer central , et de- vaient, par conséquent, paraître opaques dans leur pourtour. Chacun sait que tel est l’eftèt île la réfrac- tion des rayons lumineux par les corps transparents sphériques ou lenticulaires. Ce soupçon s’est' changé 12 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. en certitude par l’observation de l’effet que produit l’acide nitrique sur ces corpuscules transparents: en elFet, lorsqu’on fait chauffer la moelle delà sensitive dans cet acide , les cellules acquièrent une grande transparence , et les corpuscules dont il est ici question deviennent complètement opaques ; leur centre 11e transmet plus aucun rayon de lumière. Celte observation prouve d’une manière incontesta- ble que les petits corps qui sont situes sur les parois des cellules 11e sont pas des pores environne's d’un bourrelet opaque, comme le pense M. Mirbel, mais que ce sont véritablement des petites cellules glo- buleuses , remplies d’un fluide qui est concrète' et rendu opaque par l’aeide nitrique. On sait que les fluides qui ont été conere'te's par les acides sont or- dinairement dissous et fluidifiés de nouveau par les alkalis. Il était important de savoir si ce phénomène chimique se manifesterait par rapport aux corpus- cules concrétés de la moelle de la sensitive. .1 ai donc placé sur une lame de verre quelques fragments de celle moelle dont les corpuscules étaient devenus opaques par l’action de l’acide nitrique ; je les ai couverts d’une grosse gouüe de solution aqueuse de potasse caustique 1 , et j’ai présenté la lame de verre avec précaution à la flamme d une lampe à esprit de vin, afin que la chaleur favorisai la disso- lution. Au bout de quelques minutes, ayant examiné 1 C’est de la potasse caustique à la chaux, ou hydrate de potasse-, que j’ai lait lisage. > STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. l5 ce lissa cellulaire au microscope, j’ai trouve tous les corpuscules transparents dans leur milieu, avec une teinte verdâtre, comme cela avait lieu dans l’e'tat naturel : ainsi il est évident que l’alkali avait dissous et rendu transparent le fluide que l’acide avait con- crété et rendu opaque. Cette double expe'rience , qui sera répétée souvent dans la suite de cet ouvrage, ne permet donc plus de douter que les corpus- cules arrondis dont il est ici question ne soient , comme je l’ai dit plus haut , de petites cellules glo- buleuses remplies d’un fluide concreseible par les acides et soluble dans les alkalis. Il n’y a point de végétal dont le tissu cellulaire ne soit muni avec plus ou moins d’abondance de ces petites cellules globu- leuses , qui sont situées dans l’épaisseur des parois des grandes cellules; nous verrons plus bas qu’on les trouve aussi à la surface de certains tubes vésré- O taux. Quelle est la nature , quels sont les usages de ces corpuscules globuleux vésiculaires ? c’est ce qu’il est impossible de déterminer par l’étude des seuls vé- gétaux. Ce n’est que l’étude comparée de la structure intime des animaux qui peut ici nous fournir des lu- mières. Les recherches microscopiques de plusieurs observateurs, recherches qui seront exposées plus bas, ont appris que tous les organes des animaux sont composés de corpuscules globuleux agglomérés. Il est évident que ces corpuscules sont les analogues de ceux que nous venons d’observer dans le tissu orga- nique des végétaux, chez lesquels ils sont infiniment moins nombreux qu’ils ne le sont chez les animaux. l4 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. Cette observation nous montre une certaine analogie de structure organique entre les végétaux et les ani- maux , mais elle ne nous éclaire point sur les fonc- tions de ces petits organes globuleux. Comme ils composent tous les organes des animaux , cela prouve que ce n’est point de leur forme qu’il faut tirer des inductions pour déterminer leurs fonctions ; mais , chez les animaux , la nature chimique de ces cor- puscules globuleux n’est point partout la même. Ainsi, ceux qui composent les muscles sont solubles dans les acides , tandis que ceux qui composent le système nerveux sont insolubles dans ces mêmes acides , mais seulement solubles dans les alkalis. Or, telle est aussi la nature chimique des corpuscules globu eux que l’on observe dans les végétaux , ainsi que nous venons de l’exposer. Ceci peut donc auto- riser à penser que ces corpuscules globuleux sont des organes nerveux , ou plutôt que ce sont les élé- ments- épars d’un système nerveux diffus . ou qui n’est point réuni en masses , comme il l’est chez les animaux. Cette considération, appuyée sur l’analogie de la nature chimique des corpuscules globuleux , est encore fortifiée par l’observation de la structure intime du système nerveux de certains animaux : ainsi , chez les mollusques gastéropodes, la substance médullaire du cerveau est composée de cellules glo- buleuses agglomérées, sur les parois desquelles il existe une grande quantité de corpuscules globuleux ou ovoïdes, comme on le voit dans la figure 20. Ces corpuscules, de couleur blanche, sont évident- STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. l5 ment de très petites cellules remplies de substance médullaire nerveuse ; elles sont situées sur les parois des grandes cellules qui contiennent une substance demi-transparente. La similitude de cette organisa- tion avec celle du tissu cellulaire médullaire des végétaux est évidente : nous voyons ici de même de petites cellules globuleuses , remplies de substance concrescible par les acides , et situées sur les parois des grandes cellules. Celte analogie très remarquable de structure qui existe entre le tissu cellulaire mé- dullaire des végétaux et la substance du cerveau des mollusques est donc une analogie de plus, qui sert à étayer l’opinion que nous venons d’émettre sur la nature et sur les fonctions des corpuscules végétaux que nous considérerons comme des molécules ner- veuses éparses sur les parois des cellules; et, en effet , les phénomènes singuliers que présentent les végétaux irritables ne permettent guère de douter qu’il n’y ait chez eux quelque chose d’analogue aux fonctions que remplit le système nerveux chez les animaux. Ces phénomènes tendent, par conséquent , cà prouver qu’il y a chez les plantes , sinon un sys- tème nerveux, au moins quelques éléments de ce système. On sent qu’il serait impossible de trouver un plus grand nombre de preuves tirées de l’analo- gie entre les animaux et les végétaux, pour établir , chez ces derniers, l’existence des éléments du système nerveux. L’immense distance qui sépare ces deux classes d’êtres ne laisse subsister entre elles aucune de ces analogies empruntées de la forme générale et i6 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. tic la position des masses qui nous servent , dans l’anatomie comparée des animaux, à de'terminer la nature des organes. Déjà ces analogies ont disparu graduellement chez les zoophytes; il ne reste, chez les végétaux , lorsqu’on veut les comparer aux ani- maux , que les analogies empruntées de la forme, de la position, et de la nature chimique des particules qui composent le tissu organique. Lors donc que nous avons saisi ces analogies des particules , nous avons saisi tout ce qu’il y a de comparable dans la structure organique des végétaux et des animaux. Fondé sur les observations qui viennent d’être expo- sées, je n’hésiterai donc point à considérer les cor- puscules globuleux de nature concrescible qui sont situés dans les parois des cellules des végétaux , comme des corpuscules nerveux ; je les désignerai dorénavant sous ce nom , que l’on devra considérer comme une expression abrégée qui signifie une cellule globuleuse microscopique , remplie de sub- stance nerveuse. Les cellules de la moelle ne contiennent que de l’air dans les liges de la sensitive un peu âgées; mais lorsque ces tiges sont naissantes, comme elles le sont aux extrémités des rameaux, les cellules de la moelle contiennent un fluide diaphane concrescible pai la chaleur et par les acides, et soluble cependant dans ces derniers. Pour voir cela, il faut couper une ti anche de moelle extrêmement mince, et la mettre dans un peu d’eau. Cette tranche transparente, observée au microscope, ne fait apercevoir que des cellules dia- 1 " STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. phanes dans les parois desquelles on distingue une grande quantité de corpuscules nerveux ; mais si l’on trempe cette tranche dans l’acide nitrique froid pen- dant une ou deux minutes, on voit que plusieurs de ces cellules deviennent opaques, tandis que les autres conservent leur transparence, comme on le voit dans la figure 2. C’est spécialement auprès de l’étui mé- dullaire que ces cellules opaques sont nombreuses. Celte observation prouve que ces cellules contien- nent, dans l’état naturel, un fluide diaphane qui est concrété par l’action à froid de l’acide nitrique. Si l’on fait chauffer dans cet acide la petite tranche dont il vient d’être question, toutes les cellules qui étaient devenues opaques reprennent leur transparence; il y a dissolution complète de la substance concrétée qu’elles contenaient. L’étui médullaire de la sensitive est composé d’une assez grande quantité de trachées qui, dans l’état na- turel, ne se déroulent point; elles sont extrêmement, petites. Lorsqu’on fait bouillir la lige de cette plante dans l’acide nitrique, les trachées se remplissent d’air; on les voit alors très facilement, d’autant plus que le tissu végétal environnant a acquis de la transparence. La propriété de l’acide nitrique à chaud étant de dé- truire l’agrégation des organes qui composent les végétaux, il en résulte que par ce moyen les trachées s’isolent tout-à-fait du tissu végétal environnant, et quelles deviennent plus faciles à dérouler qu’elles 11c l’étaient auparavant, .l’espérais, par ce moyen, obte- nir le déroulement des trachées de la sensiilvc; ce- l8 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. pendant, quoique je leur eusse fait subir une ébulli- tion de dix minutes , elles refusèrent de se dérouler : on pourrait penser, d’après cela , que ce ne sont point des trachées. On sait que M. Mirbel a admis chez les végétaux des fausses trachées , c’est-à-dire des tubes qui , par leur aspect , ressemblent extérieurement aux trachées, mais qui en diflèrent parcequ’ils ne se déroulent point comme elles : mais tels ne sont point les vaisseaux de la sensitive dont il vient d’être ques- tion ; car, en les faisant bouillir pendant long-temps dans l’acide nitrique , ils finissent par devenir suscep- tibles de se dérouler. Ainsi , l’impossibilité qu’il y avait de dérouler ces trachées dans l’état naturel pro- venait de l’adhérence mutuelle de leurs spires qui était pJus forte que la ténacité du fil spiral , en sorte que celui-ci se rompait plutôt que de quitter l’adhé- rence qui l’unissait aux spires voisines. Une longue ébullition dans l’acide nitrique détruit celle adhé- rence, et alors les apparentes fausses trachées se trouvent être des trachées véritables. M. Link, dans ses Recherches sur V anatomie des plantes ' , a fait mention de ces trachées qui ne se déroulent point; il les nomme vaisseaux en spirale soudée. Au reste, j’ai observé que les spires des trachées sont unies entre elles par une membrane transparente qui se déchire lorsqu’on déroule le fil spiral ; cela se voit avec facilité lorsque, par l’ébullition dans 1 acide nitrique, on a complètement isolé des trachées qui ■ ylnnatcs du MusCuin d’histoire naturelle, tome 19. STRUCTURE DES VEGETAUX. »9 se trouvent remplies d’air, ei dont les spires sont un peu éloignées les unes des autres. L’un des végétaux qui se prêle le mieux à ce genre d’observations est le solarium tuberosiwi. Les pétioles des feuilles de cette plante contiennent des trachées très grosses et plon- gées dans un tissu très délicat , ce qui rend leur ob- servation très facile, surtout à l’aide de l’acide ni- trique. On peut, sur ce végétal, voir avec facilité la membrane qui unit entre elles les spires des trachées. M. Mirbcl a fait mention de cette membrane dans son Traité d' anatomie et de physiologie 'végétale ; car il dit positivement que la trachée, en se déroulant, présente quelquefois deux filets réunis par une mem- brane intermédiaire. Il dit un peu plus bas : On peut conjecturer avec quelque apparence de raison que, dans beaucoup de cas , les trachées ne se déroulent queparcequ’on déchire les membranes qui unissent les spires entre elles '. Mais, quittant bientôt cette manière de voir, qui ne s’accordait pas avec sa théo- rie, M. Mirbel considère les trachées comme formées d’une lame roulée en spirale, bordée souvent de petits bourrelets calleux3; à l’appui de cette opinion, il donne la ligure très grossie d’une portion de trachée, figure dont je reproduis ici l’analogue ( fjg. 5, aj Dans ! explication que M. Mirbel donne de cette figure, il considère la trachée comme ayant des fentes transversales bordées en dessus et en dessous par le 1er. 1 Traité d’anatomie et de ‘physiologie végétale , chap. 4, articl Eléments de physiologie végétale et de botanique, page 5a. 20 STRUCTURE f)ES VÉGÉTAUX, bourrelet ou cordon saillant que l’on voit ici de chaque côte de la lame qu’a formée la trachée en se déroulant. D’abord je dois faire observer que la forme de trachée représentée ici est assez rare; je ne l’ai observée que dans quelques trachées du sureau ( sarnbucus nigra) . Ici la trachée est composée de deux fils spiraux juxta- posés et formant une lame opaque par leur réunion ; cette lame est roulée en spirale dont les spires sont écartées les unes des autres, et leurs intervalles sont remplis par une membrane transparente c. Lors- qu’on essaie de dérouler cette trachée , le déroule- ment s’opère par la séparation des deux fils qui for- ment la lame opaque, en sorte que la membrane trans- parente qui rem p tissait les intervalles des spires se trouve rester intacte et bordée de chaque côté par qn fil opaque, qui est la moitié de la lame opaque qui composait la spire de la trachée avant son déroule- ment. J’ai représenté la continuation de celle trachée non déroulée en b. Cette figure fera voir, mieux que l’explication que j’en pourrais donner, l’erreur où est tombé M. Mirbel, en prenant pour une lame spirale de trachée ce qui n’est dans le fait que la membrane intermédiaire aux spires, bordée de chaque côté par un des deux fils spiraux qui forment cette lame par leur réunion. L’adhérence mutuelle de ces deux fils étant moins forte que ne l’est la résistance de la mem- brane intermédiaire aux spires, il en résulte que le déroulement de la trachée s’opère seulement par la séparation de ces deux fils qui, dans l’état naturel, ne sont point séparés par une fente comme l’admet STRUCTURE DES VEGETAUX. 2 1 M. Mirbel. Au reste, on soit que les trachées, qui souvent n’ont qu’un seul lil spiral , en possèdent quelquefois deux, trois et quatre, ainsi que je l’ai observé moi-même; M. Link en a compté jusqu a sept: Ces fils spiraux, qui se suivent parallèlement, forment, par leur assemblage, une lame en spirale plus ou moins large; et la réunion de ces fils, opérée par une membrane intermédiaire quelquefois a perce- vable, ne laisse point subsister de fentes entre eux. Ainsi les trachées n’ont point de lentes transversales en spirale , comme le pense M. Mirbel , qui trouve dans ces fentes et dans les bourrelets prétendus qui les bordent, une transition heureuse pour passer des trachées aux fausses trachées , dans lesquelles il a cru reconnaître des fentes transversales bordées de bourrelets, fentes qui, selon lui, ne diffèrent que par leur forme alongée, des pores , également bordçs d’un bourrelet. Nous avons prouvé plus haut que ces prétendus pores n’existent point dans le tissu cel- lulaire; nous verrons tout à l’heure qu’ils n’existent point non plus sur les tubes «pie M. Mirbel appelle poreux. Nous venons de voir que les trachées n’ont point de lentes transversales en spirale; nous ver- rons dans un instant que les fausses trachées ne sont point non plus fendues transversalement. Les trachées sont , eu général , des tuhes dont la longueur est considérable; la manière dont ils se terminent n’a point encore été observée. M. Mirbel prétend que ces tubes se métamorphosent vers leurs extrémités en tissu cellulaire, et qu’il en est de même 22 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. des autres tubes végétaux. Cette assertion est encore infirmée par l’observation. J’ai vu clans les pétioles des feuilles du noyer ( juglans regia ) , et dans l’étui médullaire du sureau ( sambucus nigra ), que les trachées' se terminent en devenant des spirales co- niques dont la pointe devient très aiguë, comme on le voit dans la figure 4 '•> j’ai vu que celte terminaison des trachées était la même en haut et en bas, c’est- à-dire à la base et au sommet de ces tubes spiraux. Les trachées .sont très souvent munies extérieure- ment de corpuscules nerveux plus ou moins nom- breux. On peut faire celle observation avec facilité dans les tiges du solarium, tuberosum et du cucur- bita pepo , en dissociant leurs parties constituantes par le moyen de l’ébullition dans l’acide nitrique , qui rend opaques les corpuscules nerveux , lesquels , dans l’étal naturel, ne sont point apercevables , à cause de leur transparence. On voit, dans ces deux végétaux , les trachées accompagnées souvent de deux rangées de corpuscules nerveux qui restent adhérents à leurs spires lorsqu’on les déroule, comme on le voit dans la figure 5. Ces corpuscules concrètes par l’acide ni- trique, étant mis dans la solution acqueuse de po- tasse caustique, y deviennent fluides et transparents : ainsi il n’y a pas de doute qu’ils ne soient tout-à-fait semblables à ceux qui sont situés dans les parois du tissu cellulaire. Quelquefois les trachées sont cou- vei'tes de rangées transversales de corpuscules ner- veux, comme on le voit dans la figure 6, qui repré- sente une trachée du clematis vitalba. Une portion STRUCTURE DES VEGETAUX. 30 île cette trachée se trouve dépourvue de corpuscules nerveux , et cela ne provient évidemment que de ce que ces corpuscules ont été enlevés par la manière dont s’est opérée la déchirure du tissu végétal ,, car ils n’adhèrent que faiblement aux trachées sur lesquelles ils sont appliqués; ils ne font point partie essentielle de leur organisation. Il n’en est pas de meme des corpuscules que l’on observe à la surface des tubes que M. Mirbel a nommés tubes poreux ( fig. 7 ) , parcequ’il prend les corpuscules nerveux qui les cou- vrent pour des pores environnés d’un bourrelet opa- que et saillant. 1 ,e tube que je représente est emprunté au sureau ( swnbucus nigra ). Ces corpuscules sont ici contenus dans les parois mentes du tube qui les porte ; ils ne peuvent jamais en être séparés. J’ai dé- montré plus haut que M. Mirbel était tombé dans l’erreur en prenant les corpuscules nerveux du tissu cellulaire pour des pores; les mêmes preuves me ser- viront ici pour démontrer la véritable nature des pré- tendus pores de ses tubes poreux. I )ons un grand nombre d’observations et d’expériences que j’ai faites sur les vaisseaux corpusculifères de beaucoup de vé- gétaux, j’ai toujours vu que les corpuscules qu’ils offraient se comportaient exactement comme ceux du tissu cellulaire, lorsqu’on les soumettait à l’action de l’acide nitrique ou de la potasse caustique. Le pre- mier les rend opaques et paraît les concréter ; la se- conde les rend transparents et les dissout. Ainsi il ne peut rester aucun doute sur leur nature ; ce sont des corpuscules nerveux fixés dans les parois des vais- \ 24 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. seaux , comme ils sont situés dans les parois des cel- lules. Il n’y a donc point de vaisseaux poreux , sui- vant l’acception que M. Mirbel donne à cette expres- sion. Déjà M. Link avait émis- l’opinion que les points obscuT's que l’on remarque dans le tissu cel- lulaire et à la surface des vaisseaux ne sont pas des pores entourés d’un bourrelet saillant, mais que ce sont des petits grains transparents au milieu 1 • il pense qu’il en est de même des lignes transversales obscures et interrompues quon observe dans les 'vaisseaux , auxquels cet observateur donne, avec M. Mirbel , Je nom de fausses trachées. On sait que ce dernier naturaliste considère ces lignes transver- sales interrompues comme des lentes bordées d’un bourrelet. Si l’on veut observer ces vaisseaux avec facilité, il faut soumellre à lebullilion dans l’acide nitrique un morceau de bois de vigne ( vitis vini- fera ) , et cela pendant un espace de temps suffisant pour que l’agrégation de ses parties constituantes soit presque complètement détruite ; alors on observe avec la plus grande facilité tous les organes qui en- trent dans sa composition. Lorsque l’on coupe trans- versalement le bois de la vigne, on découvre, à l’œil nu, les ouvertures d’une grande quantité de gros tunes : ce sont des fausses trachées de M. Mirbel. Ces tubes, que l’ébullition dans l’acide nitrique rem- plit d’air, sont articulés et chacun des articles dont ils sont composés est environ trois à quatre fois plus Ouvrage cité , pages 3 1 4 et 53o. STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. 2 5 long qu’il n’est large. Les cavités de ces articles ne communiquent point entre elles ; cela se voit facile- ment , parceque l’air qui les remplit forme autant de bulles alongées et se'pare'es les unes des autres qu’il y a d’articles; cela prouve bien évidemment qu’il y a une cloison intérieure à chaque articulation. Je donne ( fîg. 8 ) la figure de l’un de ces articles ; on voit qu’il est couvert de lignes transversales interrompues. Ces lignes, que leur opac^MÉui paraître noires, res- semblent assez bien à deiHpres de trachées qui se- raient interrompues de distance en distance : je ne sais si ce sont ces lignes ou bien leurs intervalles de- mi-transparents que M. Mirbel considère comme des fentes transversales. Pour savoir à quoi m’en te- nir sur la nature de ces lignes opaques, j’ai eu recours au moyen dont j’ai déjà fait mention; j’ai fait chauffer dans une forte solution acqueuse dépotasse caustique le tissu de la vigne déjà préparé, comme il a été dit ci- dessus , par le moyen de l’acide nitrique. Ce second réactif a complètement fait disparaître les lignes opa- ques dont il vient d’être question; et les articles des gros vaisseaux , sur lesquels on les observait aupara- vant , n’ont plus présenté qu’un aspect et une demi- transparence uniformes. Nous avons vu plus haut que tel était constamment l’effet produit sur les corpus- cules nerveux par la potasse caustique; elle les rend transparents, et les fait ainsi disparaître quand ils ne possèdent aucune coloration. La potasse caustique ne produit point le même effet sur les fils spiraux des trachées : malgré l’action prolongée de cet alkali, ils a6 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. conservent constamment leur opacité ; ainsi , il n’y a aucune analogie entre ces lîls spiraux et les lignes opaques dont il vient d 'être fait mention ; ces der- nières sont évidemment des corpuscules nerveux nlon- gés et linéaires. Peut-être ces lignes sont-elles for- mées par des se'ries de corpuscules globuleux place's a la file et qui se louchent ; nous verrons bientôt un exemple qui pourra fortifier ce soupçon. Le clematis vitalba contient, C0IjHÉfe|| vigne, une grande quan- tité' de ces gros lubes^^Hale's , dont les orifices sont visibles à l’œil nu; leurs articles sont très courts, et ils sont couverts de corpuscules nerveux qui repré- sentent des lignes transversales extrêmement courtes , comme on le voit dans la figure 9. C’est en vain que je cherche ici ce qui a pu induire M. Mirbel en er- reur, en lui faisant voir, dans les tubes qu’il appelle des fausses trachées, des fentes transversales bordées d'un bourrelet. On pourrait croire que ce natura- liste a vu cela sur d’autres végétaux que ceux que j’ai observés. A cela je répondrai que M. Mirbel a donné spécialement la figure du gros vaisseau de la vigne ’ dont je viens d’exposer la structure, et qu’il y dessine les fentes ouvertes à jour qui condiment ses fausses trachées. Il est donc certain que M. Mirbel s’est laissé induire en erreur par quelque illusion d'op- tique; et , dans le fait , il n’est pas cïonnant qu’ayant pris des corpuscules nerveux semblables a des points 1 Eléments de physiologie végétale cl de iiotanigvc , planche 12, figure 10. I 27 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. pour des pores , il ait puis des corpuscules nerveux linéaires pour des lentes. Ainsi il n’y a point de f ausses trachées , dans le sens que M. Mirbel attache à celte expression; il y a des trachées qui ne se déroulent point, pareeque leurs spires sont fortement soudées; il y a des tubes couverts de corpuscules nerveux li- néaires dont la direction est transversale : voilà les deux sortes de vaisseaux que M. Mirbel a pris pour des fausses trachées. Cesjjrganes n’existent pas plus que les tubes poreux , pSvplus que le tissu cellu- laire poreux , dans le sens que M. Mirbel attache à ces dénominations. J’en dirai autant des tubes que ce naturaliste appelle mixtes, et qui, véritables trachées dans une portion de leur longueur , seraient , dans les portions suivantes, successivement fausses trachées et tubes poreux , en sorte que le même tube offri- rait une organisation différente dans les diverses por- tions de son étendue. La source de cette erreur est facile à découvrir. Les trachées sont quelquefois cou- vertes de corpuscules nerveux qui masquent leurs spires en partie, comme nous venons de le voir ( fi- gure 6 ); M. Mirbel , considérant ces corpuscules comme des pores, et voyant les lignes transversales de la trachée interrompues par les corpuscules ner- veux qui les masquent, a été conduit par là à penser que la trachée qu’il observait avait quitté sa struc- ture en spirale, pour devenir un tube muni de pores et de petites fentes transversales. Pour moi , j’ai tou- jours vu les trachées conserver l’organisation qui les caractérise dans toute leur étendue ; cependant le 28 STRUCTURE DES VEGETAUX. moyen d’analyse que j’emploie m’a souvent permis de suivre ces tubes dans une portion considérable de leur longueur. Mes observations à cet égard ont été telle- ment multipliées et tellement précises, que je ne crains point d’affirmer que jamais un même tube végétal ne présente successivement l’organisation en spirale des trachées et la structure particulière aux tubes corpus- culilères que M. Mirbel désigne sous les noms de tubes poreux e t défaussés trachées. Ainsi, il n’existe point de tubes mixtes , $Pfcioins qu’on ne veuille ap- pliquer ce nom aux tubes dont la surface présente simultanément des lignes transversales obscures et des points obscurs , c’est-à-dire des corpuscules ner- veux linéaires dirigés transversalement, et des cor- puscules nerveux globuleux. On trouve celte réunion, par exemple, sur les gros tubes dont on voit les ori- fices à l’œil nu dans le bois du chêne ( quercus ro- bur ). La figure 10 représente l’un de ces tubes, que l’on pourrait appeler mixtes , si la forme des corpuscules nerveux qui les couvrent leur donnait un caractère particulier d’organisation, ce que je ne pense pas. En effet , quand on considère la forme et la po- sition desgros tubes corpusculifères, on ne peutsedis- penser de reconnaître que tous ces tubes sont iden- tiques, bien qu’ils diffèrent souvent parla lorme et par la position des corpuscules nerveux qui sont situés dans l’épaisseur de leurs parois. S il fallait reconnaître autant de sortes de tubes qu’il y a de formes particu- lières clans les corpuscules nerveux qui les couvrent , on multiplierait d’une manière indéfinie les disline- STRUCTURE DES VEGETAUX. 29 lions cl les dénominations ; car il est probable qu’il y a beaucoup de diversité à cet égard. La sensitive, à elle seule, nous offre deux variétés toutes nouvelles dans la configuration des corpuscules nerveux de ces gros tubes ; en effet , dans l’étui médullaire de celte plante, à côté des trachées, on trouve des tubes dont le diamètre est environ le double de celui de ces der- nières, et dont les parois offrent des corpuscules ner- veux disposés en losanges irrégulières , comme on le voit dans la figure 1 t . Lorsqu’on observe ces tubes encore adhérents aux organes qui les environnent, on les prendrait volontiers pour un faisceau de trachées à moitié déroulées ; tel est , en effet, l’aspect que pré- sentent, au premier coup d’œil , les lignes en loscuiges qui parcourent ces tubes dans le sens longitudinal. J avoue que j’ai moi-même douté si cette apparence 11 était point produite par des trachées fort petites , collées sur le tube dont il est ici question ; mais ayant plusieurs fois obtenu ce tube parfaitement isolé , j’ai pu l’examiner dans tous les sens, et me convaincre que les lignes en losanges que présente sa surface sont bien réellement des corpuscules nerveux conte- nus dans l'épaisseur de ses parois. Dans les pétioles des feuilles de la sensitive, on trouve des tubes dont les corpuscules nerveux offrent une autre configuration ; ils présentent des lignes longitudinales disposées sy- métriquement, comme on le voit dans la figure 12. Quelles sont les fonctions de ees tubes corpuscu- lilèrcs? quelles sont les fonctions des trachées qui leur sont associées dans l’étui médullaire? Voilà des ques - 00 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. lions auxquelles il est impossible (le répondre d’une manière satisfaisante dans l’état actuel de nos con- naissances. Nous ne pouvons offrir ici sur cet objet que des conjectures plus ou moins probables. Je pense que les gros tubes corpusculifères sont les ca- naux par lesquels la sève opère son ascension dans le végétal. Ces tubes n’occupent pas seulement l’étui médullaire, ils existent dans tout le système central du végétal , et se remarquent spécialement chez les végétaux ligneux dans les intervalles des couches an- nuelles du bois; ils sont très nombreux dans le bois de la vigne, et il m’a paru que c’était par leurs ori- lices que sortait la sève qui coule si abondamment au printemps des rameaux tronqués de ce végétal. Une force considérable préside à ce mouvement d’ascen- sion de la sève , ainsi que l’a expérimenté Haies ; cette force n’est pas le seul résultat de la capiHarité, puis- que l’ascension de la sève n’a plus lieu dans les bran- ches mortes qui tiennent encore au végétal vivant, branches dont la capillarité est cependant toujours la même. Les fonctions des trachées ont été l’objet de bien des discussions. Les premiers naturalistes qui les dé- couvrirent , séduits par leur analogie avec les trachées des insectes , n’hésitèrent pas à les considérer comme des organes respiratoires ; d autres observateurs af- firmèrent que ces tubes ne contiennent jamais d’air, mais bien de la sève ; mes observations m’ont prouvé la vérité de celte dernière opinion. Les trachées con- duisent bien certainement un liquide diaphane, et STRUCTURE DES VEGETAUX. 3 < jamais on ne trouve une seule bulle d'air dans leur intérieur. Le moyen d’analyse que j’emploie, l’ébul- lition dans l’acide nitrique , remplit les trachées , comme tous les autres tubes, d’un fluide aéri- lorme; elles offrent alors un aspect tout particulier et très different de celui qu elles présentent dans l’état naturel. Ainsi il est bien certain que, dans ce dernier état, elles ne contiennent jamais d’air. Quelles sont donc leurs fonctions? Admettra-t-on , avec M. Mirbel, qu’elles servent, comme les tubes corpusculifères, à conduire la sève dans son ascension ? mais il répugne à croire que la nature ait attribué des fonctions sem- blables à des tubes aussi différents dans leur organi- sation, surtout lorsqu’on voit ces tubes placés les uns à coté des autres dans l’étui médullaire ; car on con- cevrait peut-être qu’une position très différente d’un même organe entraînât une modification dans son or- ganisation. Ce qu’il y a de certain, c’est que les fonc- tions des trachées ont un rapport nécessaire et immé- diat avec les fonctions des feuilles ; on ne les trouve que dans les feuilles et dans l’étui médullaire, parties qui, dans les jeunes tiges, ont une correspondance intime et immédiate. Les fonctions des feuilles ne sont pas encore bien connues; il est certain cependant que la lumière exerce spécialement sur les lèuilles une action vivifiante , soit par elle-même, soit en déter- minant certaines combinaisons chimiques dans les fluides que contienncni leurs vaisseaux. Ceci est un objet important de physiologie végétale qui n’est point encore suffisamment éclairé, malgré les re- STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. 02 cherches d’Ingenhôuz el tic Sennebier, malgré les travaux encore plus étendus de M. Théodore de Saus- sure. Quoi qu’il en soit, il me paraît probable que les trachées sont destinées à transmettre dans le corps du végétal un liquide modifié dans les feuilles par les agents du dehors, el propre à propager Faction vivi- fiante dont nous avons parlé plus haut; ainsi elles seraient comparables, jusqu’à un certain point, aux trachées des insectes qui transportent dans toutes les parties de l’animal l’air atmosphérique qui doit y pro- duire une influence vivifiante. Considérées sous ce point de vue, les trachées des végétaux seraient des organes respiratoires qui conduiraient un liquide vivifiant. Après avoir étudié les organes qui composent l’étui médullaire, nous arrivons naturellement à l’examen de la couche ligneuse qui le recouvre. En effet, la sensitive , plante frutiqueuse , possède des fibres li- gneuses tout-à-fàit semblables à celles qui compo- sent le bois des arbres. Ce mot fibre ligneuse , em- ployé par quelques naturalistes, doit être banni de la science comme’ n’offrant aucune idée exacte; il in- dique seulement que les parties dont le bois est com- posé sont susceptibles de se diviser en filets très fins; cette division, comme on le sait, s’opère dans le sens de la longueur de la tige. Rien n’est plus difficile, dans l’état naturel , que l’observation microscopique du tissu qui compose le bois proprement dit, ou la partie ligneuse du système central ; celle difficulté disparaît entièrement par le moyen (pie j emploie. STRUCTURE DES VEGETAUX. 35 Eu faisant chauffer un petit fragment d’un bois quel- conque dans l’acide nitrique, ses parties constituan- tes ne lardent pas à perdre leur agrégation , elles se séparent au moindre effort, et alors leur observa- tion au microscope ne présente plus aucune diffi- culté. On voit de celte manière que le bois est en majeure partie composé de tubes renflés dans leur milieu, et qui se terminent en pointe aiguë par leurs deux extrémités , comme on le voit dans la figure i5. Je désignerai ces tubes fusiformes par le nom de clostres' -, ils sont appliqués les uns à côté des autres. Les clostres voisins se touchent par leur par- tie renflée, cl laissent entre leurs pointes des inter- valles qui sont remplis par les pointes des clostres qui les suivent en- dessus et en-dessous.' Chez la sensitive, plusieurs de ces clostres sont divisés dans leur milieu par une cloison transversale (fig. i3 a), d’autres offrent deux ou trois cloisons, hb. La mem- brane qui forme ces tubes est très solide ; elle est d’un aspect nacré. J’ai vu qu’ils étaient creux jusque dans leurs pointes, parles bulles d’air que l’action de l’acide nitrique produit souvent dans leur intérieur. Leurs parois ne contiennent aucun corpuscule ner- veux. Ces organes fusiformes appartiennent spécia- lement aux végétaux ligneux ; cependant on les rencontre aussi dans les parties des végétaux herba- cés, qui présentent une certaine solidité-, les végétaux dont le tissu est mou et délicat en sont tout-à-fait 1 Mot dérive de n, fuseau. 5.4 STRUCTURE DES VEGETAUX. dépourvus. Ainsi il parait que les closlres sont les organes auxquels les végétaux doivent spécialement la solidité' de leur tissu. Cependant je noierai, comme un fait remarquable, que la tige du clematis vitalba, quoique ligneuse, ne contient point de clostres; elle est, en majeure partie, composée de petits tubes ar- ticulés qu’on peut considérer comme du tissu cellu- laire alongé et articulé. Les closlres ne présentent pas toujours exactement la lorme de fuseau que nous venons de leur reconnaître. Quelquefois ils repré- sentent des tubes parallèles qui se terminent brus- quement en pointe aiguë; c’est sous celte forme que se présentent, par exemple , les clostres du pinus picea (fig. i4). La forme des closlres a été figurée d’une manière assez exacte par M. Link ; il désigne l’assemblage de ces organes , sous le nom de tissu d’aubier. M. Mirbel a également aperçu, quoique d’une manière peu distincte , celle organisation ; il regarde le bois comme formé de tissu cellulaire a- longé. Nul doute en effet que les clostres ne soient engendrés par un développement particulier des cel- lules , mais on conviendra que leur forme les éloigne trop du tissu cellulaire pour leur en conserver le nom. Les clostres sont les réservoirs d’un suc qui est sus- ceptible de se concréter, et qui, presque toujours, acquiert en vieillissant une couleur plus ou moins foncée et une plus grande dureté. C’est ainsi que s’opère le changement de V aubier en bcris de cœur. En effet , ce n’est point par eux-mêmes que les clos- lres sont durs et colorés , c’est par la substance STRUCTURE DES VEGETAUX. O'ô conerélée qu’ils contiennent. Si l’on fait chauffer rlu bois d’ébène dans l’acide nitrique, cet acide dissout la substance noire que contiennent les clostres, qui peu à peu acquièrent ainsi de la transparence , tandis que l’acide nitrique se colore fortement en noir. Ce lait prouve bien évidemment que la couleur du bois de cœur est due au suc coloré et endurci , que con- tiennent les clostres. Ceux-ci sont , par leur nature , d’un blanc nacré; c’est dans leur intérieur qu’est contenue la substance colorante des bois employés dans la teinture. On pourrait penser que la dureté plus ou moins grande du bois proviendrait de la ténuité plus ou moins considérable des clostres; mais il n’en est rien. En effet, j'ai vu que les clostres qui forment le bois ont des dimensions semblables dans le buis (buxus sempervirens ) et dans le peu- plier ( populus fastigiata ) , c’est-à-dire dans les deux bois indigènes dont la. dureté et la pesanteur spécifique offrent les plus grandes différences. Ce fait achève de prouver que la dureté et la pesanteur spécifique du bois dépendent exclusivement de la substance endurcie que contiennent les clostres; il parait que ces organes sont vides dans lepeuplier; aussi ce bois est-il tendre, extrêmement léger, et d’une cou- leur blanche, qui est la couleur naturelle des clostres. C’est par la même raison qu’il n’offre point la dis- tinction de l’aubier et du bois de cœur • les clostres . partout également vides , sont partout également blancs, puisqu’ils ne doivent leur coloration qu’à la substance qu’ils contiennent chez les bois colorés. STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. "6 Au reste, la coloration et la dureté qu’acquiert cette substance en vieillissant, et d’où résulté la transfor- mation de l’aubier en bois de cœur , est un phénomène chimique dont l’essence n’est point connue. Lesclostres, dans l’aubier de formation récente, me paraissent être les réservoirs de la sève élaborée qui sert spécialement à fournir les matériaux de l’accroisse- ment en diamètre du végétal, et qui, transmise de clostre en clostre par un mouvement descendant, va fournir aux racines les matériaux de leur accroisse- ment. Je pense que cette sève élaborée, transmise à travers le tissu perméable du végétal, se mêle à la sève ascendante pour fournir aux bourgeons les ma- tériaux de leur accroissement, et qu’elle va fournir aux vaisseaux propres les matériaux de la sécrétion qu’ils opèrent. On sait que c’est au moyen d’une diffusion semblable d’un suc élaboré que s’opèrent et la nutrition et les sécrétions chez les insectes. Lors- que cette sève élaborée est tout entière employée à l’accroissement du végétal , l’accroissement de ce der- nier est rapide, et ses clostres restent vides; alors le bois est blanc, tendre et léger: lorsque, au con- traire, la plus grande partie de celle sève élaborée demeure dans les clostres, et n’est point employée à l’accroissement, ce dernier est plus ou moins lent , et le bois demeure lourd, dur et coloré. Les clostres, quoique contenant un liquide diffé- rent de la sève ascendante, ne doivent cependant point être confondus avec les vaisseaux propres, lesquels sont des organes sécréteurs. Ces derniers sont des STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. 3" tubes dont Je diamètre est toujours plus grand <|ue celui des clostres; ils sont, comme eux, toujours pri- ves de corpuscules nerveux, mais les substances qu’ils contiennent sont bien differentes, et paraissent être purement excrëmenlitielles. Telle est, par exemple, la résine pure que contiennent les vaisseaux propres des arbres résineux. Cette substance n’est bien cer- tainement pas destinée à l’accroissement et à la nutri- tion du végétal; mais ne serait-elle point le résidu de la substance alimentaire, qui aurait été absorbée, et avec laquelle elle était mêlée dans le principe? Les sucs laiteux, que l’on comprend généralement dans la classe des sucs propres, me paraissent devoir être considérés comme des liquides, au moins en partie excrémcntiiiels. Cette partie de la physiologie végétale demande, comme on le voit, de nouvelles recherches, eL je ne m’y arrêterai pas davantage ; je me contente- rai de faire observer ici incidemment que les sucs rési- neux, qui sont abondants dans l e'corcede la plupart des conifères, ne sont point contenus dans des la- cunes ou dans des cavités produites par le déchire- ment du tissu cellulaire , comme le pense M. Mirbel. Ces sucs résineux sont contenus dans des vaisseaux irrégulièrement renflés et tortueux. On les isole complètement par le moyen de l’acide nitrique. Ce lait eL quelques autres me font penser que la théorie de M. Mirbel sur les lacunes a besoin de recevoir des modifications. Les faisceaux des clostres sont mêlés, chez la sensi- tive, avec un tissu cellulaire qui se divise mécani- 58 STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. quement en filets longitudinaux, compose's de sériés de cellules, comme cela se voit dans la figure t5, ab , cd. Ici je crois devoir rappeler que, dans mes Recherches sur V accroissement et la reproduction des végétaux ', j’ai désigné sous le nom de fibres ces assemblages de cellules qui se prêtent avec facilite' à la division longitudinale en filets , parceque les cel- lules qui les composent adhèrent plus les unes aux autres dans le sens de la longueur de la tige que dans le sens transversal , ce qui n’a point lieu pouF le tissu cellulaire irrégulier. Mais, reconnaissant que ce mot fibre a e'tê appliqué tà plusieurs sortes d’organes linéaires très différents entre eux , et que par consé- quent il est difficile d’y attacher une idée exacte, j’ai résolu de désigner ces assemblages rectilignes de cellules articulées les unes avec les autres parle simple nom de tissu cellulaire articulé. Pour peu qu’on multiplie un peu ses observations sur la structure intérieure des végétaux, on ne larde pas à trouver des cellules articulées qui, par leur alongement dans le sens longitudinal, tendent à devenir des tubes. C’est ce que Link 3 a désigné sous le nom de tissu cel- lulaire alongé. On trouve, enfin, de véritables tubes articulés les uns avec les autres dans le sens longi- tudinal. Ces observations prouvent que, du tissu cel- lulaire articulé aux tubes articulés, il y a une transi- tion évidente, et que ces organes ne different que par >■» ■ Mc moires du Muséum d'histoire naturelle , tome 7. i Anna! ci t! a Muséum U’hisloit e iiiiliii clic , tome iy. STRUCTURE DES VEGETAUX. ~>Ç) les proportions respectives de leurs parties. Après cette petite digression, je reviens au tissu cellulaire articulé, qui m’y a conduit. Ce tissu cellulaire est assez généralement semblable à celui de la moelle ; il est, comme ce dernier, tout couvert de corpus- cules nerveux placés d’une manière fort irrégulière. Quelquefois cependant j’ai observé des portions de ce tissu cellulaire articulé qui offraient dans le milieu de chacune des cellules un seul corps linéaire placé longitudinalement, comme on le voit en b (ligure r 5)*, c’est un corpuscule nerveux qui , vu avec une forte lentille, paraît formé par une série de quatre ou cinq corpuscules globuleux placés à la file, comme on le voit en a. Ce fait justifie le soupçon que j’ai émis précédemment touchant la nature des corpuscules nerveux linéaires, que j’ai considérés comme proba- blement formés de très petits corpuscules placés à la file. Le tissu cellulaire articulé dont il est ici question est l’organe générateur des rayons médullaires dans les végétaux ligneux et frutiqueux. Les végétaux totalement herbacés ne possèdent point ces rayons , qui existent dans la lige frutiqueuse de la sensitive. Dans les jeunes tiges de cette plante , ce tissu cellu- laire mêlé aux elostres est articulé dans le sens longi- tudinal (c d, lig. r5) ; ce n’est que dans ce sens qu’il se divise mécaniquement en filets. Dans les grosses branches ou dans le tronc , le sens de celte articula- tion est changé , et ce même tissu se trouve articulé dans le sens do, c’est-à-dire dans le sens trans- versal, pour former les rayons médullaires. Ainsi, dans STRUCTURE DES VEGETAUX. 4° les liges naissantes ou dans les jeunes branches des végétaux ligneux dicolylés , le lissu cellulaire ar- ticule et corpusculifère qui est mêle aux faisceaux des clostres, et qui est évidemment une émanation latérale de la moelle, est articulé dans le sens longi- tudinal , comme cela a lieu dans les peliles plantes herbacées dicotylées. Lorsque ces tiges ou ces bran- ches prennent de l’accroissement en diamètre, ce tissu cellulaire cesse de présenter une articulation longitudinale ; il en prend une transversale, et c’est ainsi que se forment les rayons médullaires qui sont exclusivement formés de lissu cellulaire articulé. Le système cortical de la sensitive est composé de clostres beaucoup plus alongés que ceux qui existent dans le système central , leur diamètre est également plus grand. Au reste, en parlant de la longueur de ces organes , je n’entends faire mention que de leur apparence au microscope ; car, dans le fait , ils sont toujours d’une extrême petitesse. J’ai mesuré les clostres de la sensitive , et j’ai trouvé que les plus alongés , dans le système cortical , ont à peine un millimètre et demi de longueur sur de millimètre de largeur ; les clostres du système central n’ont guère que la moitié de ces deux dimensions \ Les clostres du système cortical sont , comme ces 1 Je me sers du microscope, solaire pour mesurer les objets d une extrême petitesse. Je compare l’image ou l’ombre produite à une dis- tance déterminée par l’objet que je veux mesurer, avec l’ombre que produit, à la même distance, un petit morceau de (il métallique dont le diamètre ejiact m’est connu. STRUCTURE DES VÉGÉTAL X. 41 derniers , privés de corpuscules nerveux ; leurs fais- ceaux sont plongés dans un tissu cellulaire corpus- culitére tout-à-fait semblable à celui de la moelle. On y trouve de même , et en assez grande quantité , des cellules remplies de ce fluide concrescible par l’acide nitrique froid , et soluble dans le même acide chaud ; cellules dont j’ai fait mention plus haut en étudiant la moelle. Celle identité parfaite de structure et de composition chimique entre la moelle et le paren- chyme cortical esi une preuve à ajouter à celles que j’ai exposées dans un précédent ouvrage ’, pour dé- montrer que ces deux tissus organiques ne diffèrent en aucune façon et ont des fonctions semblables; c’est donc avec raison que, dans cet ouvrage , j’ai donné à la moelle le nom de médulle centrale , et au paren- chyme de l’écorce le nom de médulle corticale. Les feuilles de la sensitive sont portées sur un long pétiole, à la base duquel existe une portion renflée a b , cd ( ftg. 18 ) que je désignerai par le nom bourrelet. Des renflements semblables, tuais plus petits, existent à l’insertion des pinnules sur lesommét du pétiole , et à l’insertion des folioles sur les pin- nules ; c’est en eux que réside le principe des mouve- ments qu’exécutent les le ui lies de la sensitive , comme nous le verrons plus bas. Le bourrelet qui est situé il la base du pétiole est le seul qui présente une grosseur suffisante pour qu’il soit possible d’en ob- server la structure intérieure: en le fendant lonsitu- O dinalement, et en 1 examinant à la loupe, on voit que ce Recherches sur V 'accroisse meni et la voproiluclion des vcyclau.u. /f2 STRUCTURE DES VEGETAUX. bourrelet est principalement forme' par un développe- ment considérable du parenchyme cortical; le centre est occupe' par les tubes qui établissent la communi- cation vasculaire de la feuille avec la tige : si l’on veut voir avec facilité l’organisation intérieure du paren- chyme cortical qui constitue essentiellement ce renfle- ment , il faut , avec un rasoir , enlever d’abord l’épi- derme sur l’un de ses côtés ; ensuite on enlève une tranche de parenchyme, aussi mince qu’il est possible de l’obtenir , et on la soumet au microscope, plongée dans un peu d’eau. On voit de cette manière que le parenchyme du bourrelet est composé d’une grande quantité de cellules globuleuses et diaphanes dont les parois sont couvertes de corpuscules nerveux. Si on supprime l’eau dans laquelle est plongée la petite tranche, et qu’on mette en place un peu d’acide ni- trique , on voit, en peu d’instants, les cellules dia- phanes devenir d’abord jaunâtres , et ensuite com- plètement opaques. On reconnaît alors que ce sont des cellules lout-à-fait semblables à celles que nous avons déjà observées dans la moelle et dans le paren- chyme cortical , excepté que celles-ci sont de forme globuleuse. Ces cellules, qui ne sont point en contact immédiat, sont alignées dans le sens longitudinal, comme on le voit dans la figure 16. J’ai représenté, dans cette figure , quelques unes de ces cellules ali- gnées, et les autres dans un ordre confus, pareeque c’est ordinairement ainsi quelles se présentent a 1 ob- servation , l’instrument tranchant avec lequel on en- lève la lame mince du bourrelet, ne rencontrant que STRUCTURE DES VEGETAUX. /{3 par hasard la direction alignée des cellules. La figure i n représente ces cellules globuleuses plus grossies ; on voit qu’il existe entre elles des intervalles qui sont occupés par un tissu cellulaire très délicat , et rem- pli d’une immense quantité de corpuscules nerveux semblables à des points opaques. Si l’on fait chauffer l’acide nitrique où se trouve la petite tranche de bour- relet mentionné plus haut , en présentant avec pré- caution le cristal de montre qui le contient au-dessus d’une lampe à esprit de vin, on ne tarde pas à voir disparaître complètement toutes les cellules globu- leuses. La substance quelles contiennent est entière- ment dissoute par l’acide; il ne reste plus alors que les cellules et le tissu extrêmement délicat qui les en- vironne. J’ai vu qu’il suffisait d une chaleur de 4o à 5o degrés R. pour que l’acide nitrique opérât la dissolution de la substance contenue dans ces cellules globu- leuses. J’ai essayé sur ces organes l’action de la solu- tion aqueuse de potasse caustique. Je n’ai observé «à froid aucun changement dans leur transparence , mais à chaud j’ai vu que tout le parenchyme prenait une teinte verte uniforme ; on n’apercevait plus les cellules globuleuses , ce qui me fit penser que la substance qu’elles contenaient avait été dissoute. Ce- pendant, ayant soumis à la même épreuve une lame de parenchyme du bourrelet dont les cellules globuleuses avaient été rendues opaques par l’acide nitrique f roid, je vis ces cellules globuleuses devenir encore plus opa- ques, et acquérir une couleur noire : ceci prouve que la potasse caustique carbonise ces cellules, lorsque son STRUCTURE DES VÉGÉTAUX. 44 action succède à celle de l’acide nitrique , car elle ne produit point du tout cet effet lorsqu’elle agit sur ces cellules dans leur état naturel. Ce serait à tort que l’on croirait pouvoir conclure de cetteexpeïience que la po- tasse caustique ne dissout point la substance que con- tiennent les cellules globuleuses; en effet, la solubilité de cette substance dans la solution alkaline est bien prouvée par les expériences suivantes. Si l’on t'ait bouillir dans l’eau un bourrelet de sensitive , les cellules globuleuses qu’il contient deviennent toutes opaques , ce qui provient de la concrétion de la sub- stance contenue dans ces cellules; alors si l’on verse sur cette substance concrétée un peu de solution aqueuse de potasse caustique , celle substance con- crétée se dissout et disparait avec une extrême rapi- dité. Je me suis un peu étendu sur les propriétés de la substance contenue dans les cellules globuleuses du bourrelet, pareeque ce dernier organe est la partie la plus intéressante à éludier dans la sensitive , comme étant, chez cette plante. 1 organe iiynnédiat du mouvement. Les bourrelets situés à l'insertion des pinnulessur le sommet du pétiole ont la même organisation que le bourrelet situé à la base de ce dernier , seulemen t leurs cellules globuleuses sont plus petites. Le pétiole de la feuille de sensitive offre à sa partie extérieure une grande quantité de elostres fort a- longés; ils forment, pour ainsi dire, l’écorce du pé- tiole; dans son intérieur , on trouve du tissu cellulaire articulé et corpusculifère , cl de gros tubes corpuscu- STRUCTURE DES VEGETAUX. 45 lifères , dont nous avons déjà fait mention plus liant (fig. 12). Au centre du péliole, existent des trachées à spires qui ne se déroulent point dans l’état naturel , niais que fou parvient à dérouler au moyen d’une longue ébullition dans l’acide nitrique. Les folioles de la sensitive contiennent une im- mense quantité de corpuscules nerveux ; pour les voir, il faut plonger une feuille de celle plante dans l’acide nitrique, à la température de l’eau bouillante, pendant une minute seulement , et la transporter de suite dans l’eau pure. Par celle opération, les folioles deviennent fort transparentes, et laissent apercevoir, au microscope, leurs innombrables corpuscules ner- veux , qui sont devenus opaques. Ilssontd’une extrême petitesse; leurs groupes sont spécialement placés au- tour des nervures, ou plutôt des vaisseaux qui par- courent la foliole. Les rameaux les plus fins de ces vaisseaux , chargés de ces corpuscules globuleux , ressemblent tout - à - fait à un végétal chargé de fruits. La racine de la sensitive offre , dans son système central , des elostres mêlés avec de gros tubes tout- «à-fait semblables par leur forme, leur grosseur et leur position aux tubes corpusculifères de la tige ; mais on n’aperçoit point de corpuscules nerveux dans leurs parois; cela tient probablement à la petitesse et à la grande transparence de ces corpuscules. Le tissu cellulaire articulé est disposé en rayons médullaires concentriques dans les grosses racines, et en filets longitudinaux dans les radicelles. Les cor- /|6 STRUCTURE DES VEGETAUX. pusculcs nerveux qu’il contienl sont fort transparents , et l’acide nitri([ue ne les rend point opaques , ce qui fait qu’ils sont bien moins visibles que ceux du sys- tème central de la lige. On sait qu’il n’y a , dans les racines , ni moelle, ni e'tui médullaire , ni trachées. Ce fait est général. Cependant MM. Link et Tréviranus prétendent avoir trouvé des trachées dans les racines: n’en ayant jamais trouvé dans des recherches assez nombreuses que j’ai faites , je suis porté à penser que ces deux naturalistes ont observé des liges souterraines, en croyant observer des racines véritables. Il est en elfet facile de les confondre ; j’ai indiqué les moyens de les distinguer dans mes Recherches sur l’accrois - sement et la reproduction des 'végétaux *. Ces tiges souterraines possèdent en effet des trachées, de même que les tiges aériennes , ainsi que je l’ai ob- servé. Le système cortical de la racine de sensitive ne diffère point essentiellement du système cortical de la lige , sous le point de vue de sa composition ana- tomique; seulement je n’ai point vu que les cellules de son parenchyme continssent un fluide concresci- ble par les acides. Lorsqu’on coupe une jeune tige de sensitive , ou le bourrelet du pétiole de l’une de ses feuilles , on en voit sorlir sur-le-champ une goutte d’un liquide dia- phane qui, vu au microscope, paraît composé d’une immense quantité de globules transparents. J’ai re- ■ Mémoires du Muséum d’histoire naturelle, tome :dérales du bourrelet , ces tranches plongées dans l’eau ,6ê courbent en cercle , de la meme manière que cela «arrive aux tranches enlevéewiux côtes supérieur et «inférieur; en un mot, quelle que soit la partie du (bourrelet sur laquelle on enlève une tranche, cclle-ci jouit toujours de la propriété d’affecter , lorsqu’on la plonge dans l’eau, une courbe dont la concavité regarde l’axe du bouri’elet. Ainsi , le bourrelet du pétiole est organisé pour se mouvoir dans tous les- sens; cepen- dant il ne se meut ordinairement que dans deux sens ^seulement, celui de la flexion, qui est une abduction du pétiole , et celui du redressement , qui est une adduction de ce même pétiole. Or il est fort remar- iquable que dans le même moment, et sous 1 influence d’une même cause , les folioles et les pinnules se meuvent dans des sens opposés cà celui du pétiole. lEn effet , lorsqu’on provoque les mouvements d’une feuille de sensitive, les folioles et les pinnules se meu- went dans le sens de 1 adduction , elles se rapprochent delà partie supérieure de l’axe commun qui les porte ; le pétiole , au contraire, se meut dans le sens de Yab- duction , il s’éloigne de la partie supérieure de la tige sur laquelle il est implanté , et ce mouvement d’ab- duction est tellement étendu, que le pétiole se rap- proche de la partie tle la tige qui lui est inferieure. Ces i organes étant abandonnés à eux-mêmes , ne lardent pointa se mouvoir spontanément dans des sens oppo- sés à celui de leur mouvement provoqué, c’est-à-dire les folioles et les pinnules dans le sens de l’abduction , et le pétiole dans le sens de l’adduction. 64 MOTILITÉ DES VEGETAUX. Nous venons de voir que c’est dans une incurva- tion vitale , et qui s'exerce dans des sens alternative- ment opposes, sons Influence de certaines causes extérieures, que consiste Y irritabilité de la sensitive. Si actuellement nous jetons les yeux sur les autres plantes chez lesquelles on observe cette irritabilité , nous voyons partout le même phénomène, c’est-à- dire une incurvation vitale du tissu organique. L 'hedisarum girans nous montre dans les pétioles de ses feuilles, sans cesse oscillantes, une incurvation oscillatoire , c’est-à-dire qui s’exerce dans des sens alternativement opposes. Les examines du cactus opuntia et du berberis •vulgaris offrent de même , lorsqu’on les louche, un simple phénomène d’incur- vation dans un sens déterminé et suivi de redresse- ment quelque temps après que la cause occasionelle de l’incurvation a cessé d’agir : il en est de même des feuilles de la dionée ( dionea muscipuld). Dans toutes ces circonstances l’incurvation ne s’elTectue que dans un sens ; il n’y a qu’une seule courbure qui alterne avec un état de redressement ou avec une courbure dans un sens opposé; mais il est quelques cas où celte incurvation oscillatoire s’effectue dans plusieurs sens différents, tel est, par exemple , le phénomène que présente une plante du genre ypomœa , observée aux Antilles par M.Turpin, plante encore inédite, qu’il désigne sous le nom d ypomœa sensiüva. Le tissu membraneux de la corolle campnnulée de cette plante est soutenu par des filets ou par des nervures qui , au moindre attouchement , se plissent ou s in- MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 65 ycurvent sinueusement, de manière à entraîner le tissu ; membraneux de la corolle , laquelle , de cette ma- nnière, se ferme complètement; elle ne tarde point à s’ouvrir de nouveau lorsque la cause qui avait dé- terminé sa plicature a cessé d’agir. Ce phénomène , lidont l’observation appartient à M. Turpin, n’est point, au reste , essentiellement différent de celui que présente la corolle des convolvulus dont le genre ypomœa est très voisin. C’est , en effet , par le même mécanisme que la corolle de ces plantes se ferme le soir et s’ouvre le malin; c’est encore par le même mécanisme que s’ouvre et se ferme la corolle des Tiyclaginées. Il n’y a de particulier dans l 'ypomœa sensitiva que la propriété que possède sa corolle de se lormersous l’influencedes agents mécaniques. Ces di- verses observations prouvent que l’incurvation oscil- latoire des végétaux est tantôt simple ou à courbure unique , et tantôt sinueuse ou à courbures multipliées. Outre l’ incurvation oscillatoire , il y a chez les végétaux une incurvation fixe , c’est-à-dire une incurvation qui n’alterne point avec un état de redres- sement. Ce second phénomène est beaucoup plus commun que le premier, dont il ne diffère pas essen- tiellement. L’ovaire de la balsamine en offre un exem- ple très remarquable. A l’époque de la maturité, les valves de cct ovaire se séparent les unes des autres , et se roulent en spirale. Avant leur séparation clics sc pressaient mutuellement par leur force élastique , ou par leur tendance à 1 incurvation. Les vrilles et les tiges grimpantes qui se roulent en spirale autour de G5 MOTILITÉ DES VEGETAUX. leurs appuis offrent de meme un phénomène d’incur- vation fixe. Ainsi on peut établir en thèse générale que la locomotilite' végétale consiste dans une ten- dance à l’incurvation fixe ou oscillatoire. Je ne cher- cherai point ici à de'lerminer la cause de ce phe'no- mène de la vie végétale. Ce serait d’ailleurs en vain que l’on essaierait de le faire avec les seules notions que nous rivons acquises jusqu’ici. On ne peut expli- quer les phe'nomènes de la nature que par un rappro- chement de faits ; or, le fait de l’incurvation vitale est encore pour nous un phénomène isolé. Ce ne sera que dans l’étude des animaux que nous trouverons de nouveaux faits du même genre , à l’aide desquels nous pourrons tenter l’explication de ce phénomène. Je me contenterai donc de prouver ici que l’incurvation vé- gétale est un résultat de l’action nerveuse mise en jeu par les agents du dehors. Les chocs ou les secousses sont les moyens les plus généralement employés par les curieux pour provo- quer les mouvements de la sensitive. Lorsqu’une feuille se ploie sous l’influence d’un choc, on peut penser avec raison que celte influence s’est fait sentir directement et sans intermédiaire aux bourrelets qui exécutent le mouvement; on en peut dire autant, lorsqu’une secousse imprimée à la plante entière dé- termine la plicature de toutes les feuilles. Ainsi ces expériences laissent douter s’il existe un mouvement nerveux antérieur au mouvement de flexion des bour- relets; elles ne permettent pas de distinguer la ne/vi- motilité de la locomotilite. 11 non est pas ainsi lors- MOTILITÉ DES VEGETAUX. 67 qu’on sollicite les mouvements de la sensitive par des agents dont l’influence ne s’exerce que sur une par- Mlie déterminée, qui est plus ou moins éloignée des 1 bourrelets ou des organes locomoteurs. Les mouve- jiments qu’exécutent alors ces organes prouvent bien ((évidemment que leur action est la suite d’un mouve- 1 ment nerveux , et que par conséquent la nervimoii- lité et la locomotililé existent d’une manière distincte h chez la sensitive. Ainsi, lorsqu’on brûle une seule foliole avec les rayons du soleil rassemblés par une lentille , ou avec une flamme légère , on voit à l’instant cette foliole se ployer avec son opposée-, les folioles voisines se ploient ensuite, et le mouvement se com- munique ainsi de proche en proche et de haut en bas jusqu’à la base de la pinnule qui porte ces folioles : les autres pinnules se ploient, et ensuite on voit le mouvement se communiquer de même de proche en proche et de bas en haut aux folioles quelles sup- portent. Pendant que cela s’exécute, et après un certain intervalle de temps, on voit le pétiole se flé- chir. Ce n'est pas tout, les autres feuilles qui garnissent la tige au-dessus et au-dessous de la feuille qui a été brûlée se mettent aussi en mouvement les unes après les autres, et l’on voit la plicature de leurs pinnules et de leurs folioles succéder à la flexion de leur pé- tiole. Il est impossible de ne pas reconnaître qu’il existe ici un mouvement invisible qui se transmet de proche en proche. Il existe donc un phénomène vital antérieur à la locomotion , et postérieur à l’influence ûe la cause extérieure. Ce phénomène est la nervi - 68 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. motion ; mouvement vital invisible par lui-même, appréciable seulement par ses effets ; mouvement dont on peut suivre et calculer la marche; mouve- ment, enfin, qui de'lermine la locomotion ve'ge'tale, lorsqu’il parvient aux parties qui, en verlu de leur organisation, possèdent cette lacultê de mouvement. La nervimotion paraît être un mouvement vital passif, c’est-à-dire communiqué par les agents nervi- moteurs ; ce premier mouvement vital est la cause immédiate du mouvement vital secondaire ou de la locomotion qui opère le déplacement des parties. Ce mouvement vital secondaire, dépendant immédiate- ment d’une cause intérieure et vitale, est par celte rai- son nommé spontané. La faculté locomotrice n’appartient qu’aux bour- relets des feuilles chez la sensitive; loutes les autres parties de celle plante sont étrangères à cette faculté vitale; il n’en est pas de même de la nervimotililé; cette dernière existe dans loutes les parties de la plante. Aussi avons-nous vu que toutes possèdent des organes nerveux en quantité plus ou moins considé- rable. Ainsi, si l’on dirige un verre ardent sur les fleurs de la sensitive, il ne se manifeste à l’extérieur aucun mouvement dans ces fleurs ni dans leur long pédoncule commun; cependant la nervimotion y est produite, car quelques instants après on voit les feuilles de la tige se ployer les unes après les autres. Le même phénomène a lieu lorsqu’on agit sur les fleurs non encore développées et en bouton. Une cha- leur un peu vive appliquée par le même moyen àl’e- MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. O9 corccdclatige produit les mêmes mouvements dansles feuilles de celte lige. Lorsqu’une feuille est complète- |tmeni ploye'e , et qu’il n’est plus possible de provoquer ! 1 chez elle aucun mouvement appréciable, elle ne laisse pas cependant d’être encore susceptible de nervi- ji motion, car i’ustion de ses folioles provoque la plica- i ture des autres feuilles de la tige à laquelle elle appar- tient. Ces faits prouvent que la nervimolilité appnr- 1 tient à toutes les parties de la plante, et qu’elle est très h distincte de la locomolililé. Ici une question fort im- l' portante se présente; nous voyons que la nervimo- ilion produite dans une partie quelconque de la plante se transmet de proche en proche aux autres parties. )l Ce mouvement invisible se transmet-il par tous les organes intérieurs du végétal, ou bien y a-t-il des organes spécialement affectés à cette transmission? Pour arriver à la solution de cette question, j’ai fait des expériences assez nombreuses, et la plupart fort dé- licates: je vais les exposer. J’enlevai un anneau d’écorcc sur une tige; les feuilles, comme on le pense bien , sc ployèrent toutes par l’effet de leur agitation pendant celle opération; maiselles ne lardèrent pas à reprendre leur position de déploiement. Alors je brûlai légèrement quelques folioles de la feuille située au-dessus de la dé cortication annulaire. Cette feuille se ploya, et quelques instants après les autres feuilles situées au-dessous de l’end roit décortiqué se ployèrent tour à tour. Je ré- pétai cette expérience , en brûlant les folioles de la feuille située au-dessous de l’endroit décortiqué. Les feuilles situées au-dessus de cet endroit tic tardèrent 70 MOTILITÉ DLS VÉGÉTAUX. point à se ployer. Ces expériences me prouvèrent que la nervimolion se transmet egalement bien en montant et en descendant , maigre' l’enlèvement de l’écorce. Après avoir enlevé un anneau d’écorce, j’ouvris latéralement le canal médullaire, et j’enlevai toute la moelle ; après cette préparation et le repos nécessaire, je brûlai quelques folioles de la feuille située au-dessus du lieu de l’opération. Les feuilles subjacentes ne tardèrent pas à se ployer. Cette expérience me prouva que la nervimolion se transmet malgré l’enlèvement simultané de l’écorce et de la moelle. Les parties de la plante situées au-dessus et au-dessous du lieu de l’opération ne communiquaient plus ici que par la partie ligneuse du système central. Je voulus savoir si la moelle seule était susceptible de transmettre la nervimolion. A cet effet, je choisis l’un des derniers articles d’une lige dont la moelle était encore verte et pleine de sève; j’enlevai tout le tissu végétal jusqu’à la moelle sur trois de ses côtés avec un instrument bien tranchant; ensuite je fortifiai la tige, affaiblie par cette opération, au moyen d’une petite attelle de bois que j’attachai avec du fil au-des- sus et au-dessous du lieu de l’opération. Cela fait, j’enlevai le tissu végétal jusqu’àla moelle surle côté de la tige qui était resté intact. Je m’assurai que la moelle était parfaitement à nu dans tout son pourtour en l’examinant à la loupe. J’enveloppai la plaie avec du coton imbibé d’eau, afin d’empêcher que la moelle ne se desséchât, et j’attendis que les feuilles situées au-dessous du lieu de l’opération se f ussent déployées, MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. i car la feuille située au-dessus ne se déploya point. Je 1 brûlai légèrement celte dernière, sachant, par nies (expériences précédentes, que la feuille dans l’état de plicature est tout aussi susceptible de nervimotion que dans l’étal de déploiement. Les feuilles, situées au-dessous du lieu de l’opération, n’éprouvèrent au- cun mouvement, quelque forte que fût l’ustion delà feuille supérieure. Celle expérience me prouva que la moelle ne transmet point du tout la nervimotion. Il me restait à. savoir si l’écorce était susceptible de transmettre ce mouvement. Je préparai donc une lige de manière que sa partie supérieure ne commu- niquait avec sa partie inférieure que par un lambeau d écorce, qui n’était guère que le tiers de l’écorce entière. Cette opération fut faite avec assez de légè- reté pour que les feuilles de la partie inférieure de la lige soumise à l’expérience ne se ployassent point, en sorte qu’il me fut possible de faire celte expérience immédiatement après l’opération. Ayant donc brûlé les feuilles de la partie supérieure de la lige, celles de la partie inférieure ne se ployèrent peint , ce qui me prouva que l’écorce ne transmet point la nervimotion. Dans un essai tenté antérieurement , j’avais obtenu un résultat opposé, lequel m’avait fait penser que l’écorce était susceptible de transmettre la nervimotion. Mais, ayant répété plusieurs fois celle expérience avec beaucoup de soin , je me suis pleinement convaincu que l’écorce ne jouissait point du tout de celte faculté , et que si quelquefois elle paraissait transmettre la nervimotion, cela provenait 72 MOTILITÉ DES VEGETAUX. de ce qu’en détachant l’écorce, j’avais entraîné avec elle quelques filets ligneux du système central. C’était par ces filets que la nervimoiion se trans- mettait dans ces expériences trompeuses. 11 était important de savoir si le tissu cellulaire rempli de corpuscules nerveux, qui forme la ma- jeure partie des bourrelets , était susceptible de transmettre la nervimoiion. Pour faire celle expé- rience , il s’agissait de laisser une portion de ce tissu cellulaire subsister seule , en enlevant complètement le faisceau de tubes qui occupe le centre du bourre- let. Cette opération est extrêmement délicate : je vins cependant à bout de l’exécuter, et j’eus une lèuille qui ne communiquait plus avec la tige que par le moyen d’une portion du tissu cellulaire de son bourrelet pe'tiolaire. Je brûlai les folioles de cette feuille; mais les autres feuilles de la tige restèrent parfaitement immobiles , ce qui me prouva que le tissu cellulaire rempli d’organes nerveux , qui con- stitue essentiellement le bourrelet , ne transmet point du tout la nervimoiion. Je fis une contre-épreuve : j’enlevai tout le tissu cellulaire du bourrelet , et je ne laissai subsister que le très petit faisceau de tubes qui en occupe le centre , en sorte que la feuille ne communiquait plus avec la lige que par ce petit faisceau. Je brûlai ses folioles, et bientôt après les autres feuilles de la lige se ployèrent. Il résulte de ces expériences, que la moelle, l’écorce, et le tissu cellulaire rempli de corpuscules lierveux , qui constitue le bourrelet, sont également incapables MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 7O kle transmettre la nervimotion , et que ce mouvement îinvisible est exclusivement transmis par la portion ligneuse du système central. L’anatomie que nous .lavons présentée plus haut , de toutes les parties de la sensitive nous met à même de rechercher les ccauses de celle différence qui existe entre les lacjiltés des diverses parties de la plante. La moelle est en- tièrement composée de tissu cellulaire qui contient des corpuscules nerveux. Comme elle ne transmet point la nervimotion, cela prouve, i° que ce mou- vement n’est point transmis par le tissu cellulaire, 20 qu’il ne se propage point non plus par le moyen des corpuscules nerveux que contient ce tissu cel- lulaire. Cette inaptitude des corpuscules nerveux à transmettre la nervimotion est encore démontrée d’une manière plus évidente par le tissu cellulaire corpusculifère du bourrelet. Ici les corpuscules ner- veux sont extrêmement nombreux ; cependant ce 1 tissu cellulaire corpusculitère ne transmet point la |i nervimotion. Nous sommes donc forcés de recon- naître que les corpuscules nerveux , qui sont , dans ii ma manière de voir, les agents de la puissance ner- veuse , ne sont cependant point les organes de la transmission de cette puissance. Il nous reste à comparer 1 organisation du système cortical qui 11e transmet point la nervimotion avec l’organisation de la partie du système central qui transmet ce mouvement. L’écorce est exclusivement composée de clostres et de tissu cellulaire articulé corpusculitère. La partie ligneuse du système ccn- 74 MOTILITÉ DES VÉGÉTAL' X. irai contient des trachées, des tubes corpusculifères, des elostres et du tissu cellulaire articulé corpus- culifère. L’inaptitude des elostres et du tissu cellulaire articulé corpusculifère à transmettre la nervimotion dans le système cortical doit nous porter à refuser celte fonction à ces mêmes organes dans le système central. Il ne nous reste donc, dans ce dernier sys- tème , que les trachées et les tubes corpusculifères , auxquels, par voie d’exclusion, nous puissions at- tribuer la laculté de transmettre la nervimotion. Mais l’expérience prouve que cette transmission s’opère sans le concours des trachées. En effet , j’ai vu qu’en laissant subsister le plus petit fdet de la partie exté- rieure du système central comme seul moyen de communication entre les' deux parties d’une tige, cela suflisait pour transmettre la nervimotion de l’une à l’autre. Or les trachées occupent exclusivement l’étui médullaire : elles sont donc , dans cette expé- rience, étrangères à la transmission de la nervimo- lion. Il ne reste donc, en définitive, que les tubes corpusculifères auxquels nous puissions attribuer cette transmission. Ces tubes , mêlés aux elostres , se trouvent en effet dans toute l’épaisseur de la couche ligneuse. Ici l’on peut se demander si c’est par le moyen de la sève qu’ils conduisent , ou par le moyen des corpuscules nerveux qui sont places dans leurs parois , que ces tubes transmettent la nervimotion. Nous avons constaté plus haut 1 inap- titude des corpuscules nerveux pour opérer celte transmission, il reste donc démontré qu elle s opère MOTILITÉ DES VEGETAUX. 75 par l’intermédiaire de la sève. Cette conclusion est mise hors de doute par les observations suivantes. Il iest certain que les parties qui conduisent la sève sont îles seules qui conduisent également la nervimotion. Lorsque deux portions de lige ne communiquent plus entre elles qlie par le moyen de la moelle ou par le moyen de la seule écorce , la portion supérieure ne tarde point à se flétrir et à mourir, parceque la moelle Let l’écorce ne transmettent point la sève d’une por- fition à l’autre. Elles ne transmettent point non plus la nervimotion. Lorsqu’une feuille de sensitive ne communique plus avec la lige que par le moyen du tissu cellulaire du bourrelet de son pétiole, elle se fane promptement, parceque ce tissu cellulaire ne transmet point la sève ; il ne transmet point non plus la nervimotion. Lorsqu’au contraire une feuille ne communique plus avec la lige que par le moyen du petit faisceau de tubes qui occupe le centre du bourrelet du pétiole, ce petit faisceau de tubes continue à nourrir la feuille; en lui transmet- tant la sève, il transmet également la nervimotion. Toutes les portions du système central qui contien- nent des tubes propres à transmettre la sève, sont également propres à transmettre la nervimotion. En un mol, nous voyons toujours la transmission de la sève liée d’une manière exclusive et inséparable à la transmission de la nervimotion; il n’y a donc pas de doute que la transmission de la puissance nerveuse, chez la sensitive , ne s’opère par l’intermédiaire du liquide séveux. Les corpuscules nerveux sont élran- * 76 MOTILITÉ DLS VEGETAUX. gers à celle transmission, Lien qu’ils soient les or- ganes producteurs de celle puissance, au moyen de l’influence des agents nervimoieurs. La nervimolilité n’appartient pas exclusivement, aux diverses parties de la tige de la sensitive, on l’ob- serve aussi dans les racines de celte plante; l'expé- rience qui prouve cette assertion appartient à l’il- lustre Deslbntaines , et je l’ai répétée. Si l’on arrose les l’acines de la sensitive avec de l’acide sulfurique, on ne tarde point à voir les feuilles de la tige se ployer les unes après les autres; celles qui sont les plus voi- sines de la racine se ploient les premières; les feuilles qui occupent les extrémités des rameaux se ploient les dernières. Il y a évidemment, dans ce phénomène, une transmission de la nervimolion qui provoque la plicature des feuilles à mesure quelle parvient jus- qu’à elles, et qui tire son origine de l’action exercée sur les racines par l’acide qui les baigne. Je n’avais versé de l’acide que dans un seul endroit sur les ra- cines de ma sensitive. Lorsque je vis toutes les feuilles ployées , j’enlevai , en les cernant avec un couteau , toutes les racines offensées, ainsi que la terre impré- gnée d’acide : la plante, quelques heures après, re- dressa ses pétioles, mais elle ne déploya ses folioles que le lendemain; cette opération ne la fit point mourir. La transmission de la puissance nerveuse ou la nervimotion s’opère avec assez de lenteur chez la sen- sitive. Il s’écoule en effet un temps assez considérable entre le moment où l’on brûle légèrement une lo- ♦ MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 7 7 lioic avec un verre ardent, et celui où la nervimo- ion produite par cette action parvient aux autres folioles, aux pinnules, au bourrelet du pétiole, et enlin aux autres feuilles de la lige. Ii me parut donc , ju’il n’était point impossible de mesurer le temps qui découlait entre ces diverses actions, et de comparer ides espaces parcourus par la nervimolion avec les (temps employés h parcourir ces espaces. Il était im- portant de savoir si les variations de la température influaient sur la vitesse de la transmission de ce mou- vement intérieur. J’ai fait dans cette vue un grand [nombre d’expériences; voici la méthode que j’em- ! ployais : je brûlais légèrement les folioles terminales de l’une des pinnules d’une feuille, soit avec un verre ardent, soit avec une flamme légère. A l’ins- tant les folioles Commençaient à se ployer par paires les unes après les autres. Je tenais près de mon oreille une montre dont le balancier effectuait ses os- cillations, composées chacune de deux battements, dans une demi-seconde; je comptais le nombre de ses oscillations, à partir du moment de l’ustion jus- qu à celui où les pinnules opéraient leur flexion; je mesurais de la même manière le temps qui s’écoulait jusqu au moment de la flexion du pétiole; j’appliquais ensuite la même mesure au temps qui s’écoulait jus- qu’au moment de la flexion successive des pétioles des autres feuilles de la lige. Cette première partie de l’observation étant faite, je mesurais la longueur de la pinnule, celle du pétiole, et celle des articles de la tige intermédiaires aux feuilles dont les pétioles 78 MOTILITÉ DES VEGETAUX. s’étaient fléchis. De cetle manière il m’eïait facile de comparer les espaces parcourus par la nervimotion avec les temps employés pour les parcourir. J’ai fait cette expérience la température de l’atmosphère étant / < à 10, à 1 3 , à 1 5, à 18, à 20 et «à 25 degrés de cha- leur au thermomètre deRéaumur. Voici les résultats généraux que j’ai obtenus : la progression de la ner- vimolion est toujours beaucoup plus rapide dans les pinnules et dans les pétioles quelle ne l’est dans les articles de la tige. La vitesse ordinaire de ce mouve- ment dans les pétioles est de huit à quinze millimètres par seconde, tandis que dans les articles de la tige ce même mouvement, n’excède pas deux à trois milli- mètres par seconde, et souvent est encore plus lent. La température de l’atmosphère ne m’a paru exercer aucune influence sur la vitesse de ce mouvement; car j’ai obtenu des résultats peu différents les uns des au- tres aux divers degrés de température dont je viens de faire mention. Les variations que j’ai obtenues dans ces résultats ont été purement accidentelles, et sans aucun rapport fixe avec les variations de la tem- pérature extérieure; seulement j’ai observé que, lors- que la température était à -R dix degrés, la nervimotion provoquée par l’uslion se transmettait à une distance moindre que celle à laquelle elle parvenait lorsque )a température était plus élevée. JNfous venons de voir que la nervimotion a cons- tamment une vitesse plus considérable dans les pé- tioles que dans la tige, lorsque £*3 mouvement pro- voqué dans les folioles iraverse le pétiole en descen- MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 79 iant pour gagner le corps de la lige. J’ai observe que ce même phénomène a lieu lorsque la nervimotion provoquée dans la lige par l’ustion de son écorce ar- rive aux pétioles et les traverse en remontant pour ■gagner les pinnules et les folioles. Voici comment je 1,’aisais cette expérience : après avoir brûlé vivement i l’écorce de la tige avec un verre ardent, je ne tardais pas «à voir les feuilles les plus voisines fléchir leur j pétiole. Bientôt après, les pinnules et les folioles de vces feuilles se ployaient à leur tour; je mesurais le uemps qui s’écoulait entre le moment de la flexion du jpeïiole et le moment delà flexion des pinnules; puis je comparais le temps écoulé avec la longueur du pétiole. J’ai trouvé, de cette manière, que la nervi- motion avait , en remontant dans le pétiole , la même vitesse que nous avons observé qu’elle avait en des- cendant dans ce même pétiole, c’est-à-dire (pic ce [mouvement parcourait toujours de huit à quinze mil- limètres par seconde, tandis que dans le corps de la ttige ce même mouvement ne parcourt que deux à trois millimètres dans le même temps. L’élude com- I parativeque nous avons faite plus haut de la structure anatomique de ccs parties ne nous apprend point du tout la cause d’une différence aussi considérable. Il me paraît donc probable que cette différence tient spécialement à la différence du diamètre des parties; la nervimotion est plus rapide dans les pétioles, les- quels ont peu de diamètre, qu’elle ne l’est dans la tige, dont le diamètre est plus considérable. Ce mou- vement nerveux ressemblerait par conséquent, sous 8o MOTILITÉ DES VEGETAUX. ce point île vue, au mouvement des fluides qui, mus avec une vitesse déterminée dans un canal étroit, per- dent de cette vitesse en proportion de l’élargissement du canal qui les transmet, et la reprennent de nou- veau lorsque le canal se rétrécit. Celte explication du phénomène dont il s’agit devient encore plus plau- sible par l’observation que nous avons déjà faite, que c’est par l’intermédiaire du liquide se'veux que la ner- vimotion se transmet. La neryimotion provoquée par l’ustion d’une feuille se propage quelquefois jusqu’aux branches voisines de celle qui porte celte feuille, en sorte qu’on voit quelquefois se ployer des feuilles très éloignées de celle sur laquelle on fait l’expérience. Il m’a semblé que l’intensité de l’ustion influait sur l’étendue de la propagation de la nervimotion ; ce mouvement ne s’é- tendait qu’à peu de distance lorsque bastion était ex- trêmement légère. On sent qu’il est difficile dq déter- miner d’une manière certaine le degré d’intensité de l’ustion que l’on opère; cependant je pouvais juger approximativement de son intensité comparative lors- que j’employais le verre ardent; car je modérais à vo- lonté la chaleur produite en pareil cas , en plaçant le verre de manière à ce que la feuille soumise à son ac- tion fût située plus ou moins en-deçà ou au-delà de son foyer. De cette manière on peut provoquer dans la feuille une nervimotion qui ne s’étend pas plus loin que la base de son pétiole. La communication en ligne droite, au moyen des tubes séveux , influe beaucoup sur la promptitude MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 8l ide la propagation de la nervimotion. On sent que cela doit être ainsi, puisque c’est le fluide séveux qui liransmet ce mouvement. Aussi ai-je observé que, lorsqu’on brûle une feuille de sensitive , il arrive ouvent que la nervimotion parvient h la feuille qui -st située du même côté deux articles plus bas, avant le se manifester dans la feuille située dans l’article oisin, mais du côté opposé de la tige; car on sait que es feuilles de la sensitive sont alternes. Les feuilles de la sensitive perdent complètement .sur motilité, lorsque la température de l’atmosphère e trouve à sept degrés environ au-dessus de glace , u thermomètre de Réaumur; on peut alors les brù- er sans qu’il en résulte chez elles aucun phénomène le mouvement appréciable. La lumière solaire exerce sur l’énergie de la mo- ilité de la sensitive une influence extrêmement re- marquable, et qui pourtant n’a point encore été ob- ervée. Cependant plusieurs naturalistes , et notam- ment MM. Duhamel, Dufay et Decandollc, ont herché à étudier les phénomènes que présente cette olante, lorsqu’elle est plongée dans une profonde obscurité. Ces naturalistes ont toujours choisi des saves pour faire celte expérience; mais, la température de ces lieux souterrains me paraissant peu favorable tu libre et plein exercice des facultés vitales de la sen- sitive, je résolus d’employer, pour soustraire cette plante à l’influence de la lumière , un procédé qui laissât subsister sur elle l’influence nécessaire d’une température plus élevée. A cet effet, je plaçai un 82 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. pied de sensilive , planté dans un pot sous un réci- pient fait avec du carton fort épais. Toutes les pré- cautions possibles avaient été prises dans la fabrica- tion de ce récipient pour qu’aucun rayon de lumière ne pénétrât dans son intérieur. J’accumulais de la sciure de bois autour de son orifice, afin d 'intercepter tout-à-fait la faible lumière qui aurait pu pénétrer par cette voie. Cet appareil fut établi dans un appar- tement qui, situé sous la tuile et exposé au midi, éprouvait pendant le jour une forte chaleur, qu’il conservait avec peu de diminution pendant la nuit. C’était pendant les chaleurs de l’eté ; le thermomètre se tint constamment, dans cet appartement, à une élévation de -f- 20 à 25 degrés pendant mon obser- vation. La sensitive, ainsi plongée dans une pro- fonde obscurité sans être soustraite à l’influence de la chaleur, commença par ployer toutes ses feuilles. * Vers le milieu du premier jour, elle les déploya à demi, et les ferma complètement le soir. Le lendemain au matin , je trouvai toutes les feuilles complètement déployées, et déjà leur motilité était sensiblement di- minuée ; elles ne se fermèrent plus d’une manière j complète, et le troisième jour, je les trouvai à moitié déployées, et leurs folioles avaient perdu leur moti- lité; le pétiole seul avait encore la faculté de se fléchir. Je voulus voir si, dans cette diminution considérable de la motilité , la nervimotion aurait éprouvé de l’altération dans la rapidité de sa progression. Je brûlai légèrement l’une des folioles d’une feuille; la nervimotion se transmit, comme à l’ordinaire, à la MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 83 base du pétiole et de là aux pétioles de deux autres •Veuilles de la lige. Dans cette progression, la nervi- nmotion parcourut dix millimètres par seconde dans Ida pinnule de la feuille et dans son pétiole; elle par- courut deux millimètres par seconde dans la tige. La tmême expérience, faite sur un autre pied de sensitive qui était dans le même appartement, et qui jouissait de toute sa motilité, me donna des résultats à peu près ('pareils. Ainsi il me fut prouvé que la diminution lie la motilité n’en apporte aucune dans la rapidité die la progression de la nervimotion. Seulement je (remarquai que ce mouvement se propagea moins i loin chez la sensitive dont la motilité était dimi- nuée. Je la remis sous le récipient pour continuer mon observation. Le quatrième jour, les pétioles des feuilles se ployaient encore, mais faiblement lorsqu’on les frappait vivement ; les folioles étaient immobiles : le cinquième jour, toute espèce de motilité appré- ciable avait disparu. L’uslion elle-même ne provoquait plus aucun mouvement dans les feuilles qui étaient à moitié ouvertes, et dont les pétioles étaient redressés. J'exposai alors cette sensitive à la lumière du soleil; les folioles tardèrent peu à se déployer complètement et, au bout de deux heures, elles commencèrent à se mouvoir légèrement lorsqu’on les frappait. Cepen- dant le pétiole continuait à demeurer immobile. Après deux heures et demie d’insolation, les pétioles com- mencèrent à manifester de la motilité; elle augmenta 1 O peu à peu , et , dans le courant de la journée suivante, la sensitive avait complètement récupéré sa moti- 84 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. lité. Il résulte de cette expérience qu’il sullit de pri- ver la sensitive de l’influence de la lumière pour lui faire perdre les conditions de sa motilité , et que c’est dans l’influence de cet agent qu’elle puise de nouveau ces conditions, lorsqu’elle les a perdues. J’ai voulu voir quelle était l’influence qu’exerçait la température extérieure sur ce phénomène. J’ai donc répété cette expérience de la même manière sur d’au- tres pieds de sensitive, car celui sur lequel cette ex- périence avait été laite avait un peu souffert; plu- sieurs de ses feuilles étaient tombées. Je plaçai donc une de ses plantes sous mon récipient; la chaleur de l’appartement était alors de -f- 22 degrés Réaumur, et elle monta jusqu à 24 degrés pendant la durée de l’expérience. Au bout de quatre jours et demi d’obscu- rité , la sensitive avait complètement perdu sa motilité. Je fis alors , sur le phénomène du retournement des feuilles, une expérience qui sera rapportée dans l’une des sections suivantes. Dans cette seconde ex- périence , l’abolition de la motilité fut un peu plus rapide que dans la première; cela me parut devoir dépendre du degré de la température extérieure, qui avait été constamment de-|- 22 à 24 degrés, tandis que dans la première expérience cette même température avaitétéassezconstammentde-|-2oà25 degrés; elle ne s’était élevée qu’un seul jour à 25 degrés. Pour m’as- surer davantage du degré de l’influence qu’exerçait la température extérieure sur la production de ce phé- nomène, je fis de nouveau celte même expérience par une température qui varia de — f— i4 à 20 degrés. Il MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 85 :i fallut dix jours d’obscurité à la sensitive pour lui faire ijperdre complètement sa motilité. Il me parut bien évident, par cette troisième expérience, qu’une tem- pérature modérée retardait l’extinction de la motilité Lchez la sensitive, plongée dans l’obscurité; les expé- riences précédentes m’avaient appris que cette extinc- tion était bien plus rapide lorsque la température était élevée. J’avais vu précédemment que l’exposition aux rayons directs du soleil rendait assez promptement les conditions de la motilité à la sensitive qui les savait perdues. Je voulus voir, dans cette circon- stance, si le même elfel serait produit parla lumière diffuse du jour. J’exposai donc ia sensitive tirée de dessous le récipient , en plein air, derrière un bâti- ment qui la garantissait des rayons directs du soleil. Le premier jour, la sensitive ne manifesta aucune motilité, mais lorsque la nuit arriva, quelques unes de ses feuilles, celles qui avaient le plus récemment atteint leur complet développement, se ployèrent, et présentèrent ainsi le phénomène du sommeil qui avait cessé d’avoir lieu sous le récipient. Le lende- main, les folioles se déployèrent, mais elles ne ma- nifestaient aucune motilité sous l’influence des plus fortes secousses. Les vieilles lcuilles avaient presque 'toutes perdu leurs folioles; celles qui restaient com- mencèrent à présenter le phénomène du sommeil le second jour. Le troisième jour, les folioles commen- cèrent à se mouvoir sous l’influence des chocs; les pétioles étaient encore immobiles. Le quatrième jour, les pétioles commencèrent à se mouvoir assez le- 1 86 MOTILITÉ DLS VÉGÉTAUX. gèremenl, et , le cinquième jour, la sensitive avait re'cupëré sa motilité. Ainsi il fallut cinq jours d’ex- position à la lumière diffuse du jour pour ren- dre à la sensitive les conditions de sa motilité : - nous avoçs vu qu’il suffisait de quelques heures d’exposition à la lumière directe du soleil pour pro- duire le même effet. Je recommençai cette expérience une quatrième fois par une température qui varia de -j- 1 5 à 1 7 degrés. Il fallut onze jours d’obscurité pour opérer l’extinction complète de la motilité de la sen- sitive. Cette fois je ne pus observer le retour de la motilité, parceque la sensitive rendue à la lumière perdit toutes ses feuilles. Je répétai une cinquième fois l’expérience dont il est ici question par une température qui varia de -j- îo à i5 degrés dans l’appartement où était le récipient sous lequel était placée la sensitive. Celte plante , plongée dans une obscurité complète, conserva sa motilité sans aucune altération bien sensible pendant dix jours. Le douzième jour , les folioles cessèrent de se mou- voir lorsqu’on les frappait; les pétioles seuls pos- sédaient encore leur motilité. Le quinzième jour, toute motilité appréciable avait disparu. La sensitive avait souffert par celte longue obscurité; plusieurs de ses feuilles avaient jauni et leurs folioles tombaient à la moindre secousse. Cependant un assez grand nombre de ces feuilles avaient conservé leur couleur verte et me paraissaient susceptibles de récupérer leur motilité. Je voulus voir si cet effet pouvait être pro- duit par l’exposition de la plante à la lumière diffuse MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. S; du jour, telle quelle parvient dans une ehambre >ar les fenêtres au moyen de la réflexion des nuages cl des objets du dehors. Ayant donc tiré nia sensitive le dessous son récipient, je la plaçai dans un lieu i le l’appartement qui était bien éclairé, mais qui ne recevait point la lumière directe du soleil; dès le soit lu premier jour quelques unes des feuilles les moins âgées commencèrent à présenter le phénomène du sommeil, qui avait cessé d’avoir lieu sous le récipient. Le lendemain , les folioles se déployèrent à la lumière, mais restèrent immobiles sous l’influence des plus i fortes secousses. Les feuilles plus âgées ne commen- cèrent à présenter le phénomène du sommeil que le (quatrième jour. Alors les folioles des jeunes feuilles se mouvaient fort légèrement lorsqu’on les choquait vivement avec le doigt ; les pétioles étaient immobiles. :Le cinquième jour, la plante continua de présenter les mêmes phénomènes d’une motilité languissante. !Lc sixième jour, je plaçai la sensitive aux rayons d’un soleil ardent ; au bout de quatre heures, les jeunes feuilles avaient complètement récupéré leur motilité, et les vieilles feuilles l’avaient récupérée en partie, (les dernières avaient jusqu’alors refusé de se mouvoir sous l’influence des chocs. L’exposition de la plante au soleil pendant la durée du septième jour acheva de lui rendre complètement sa motilité. Il résulte de ces expériences que la privation de la lumière oc- easione chez la sensitive l’abolition des conditions de la motilité, et que l’exposition de celle plante à la lumière lui rend ces conditions perdues. Cette 88 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. perte des conditions de la motilité' dans l’obscurité est fort rapide quand la température est très élevée, elle est beaucoup plus lentelorsque celte température offre un certain degré d’abaissement. En effet, nous avons vu qu’il n’a fallu que quatre à cinq jours d’absence de la lumière, par une température de-f- 20 à 25 degrés , pour abolir complètement la motilité d’une sensi- tive, tandis que, par une température de -f- i5 à 2 0 degrés il a fallu dix jours d’obscurité pour produire cette abolition ; et qu’il a fallu quinze jours d’obscurité pour produire ce même effet, lorsque la température était de -f- îo à i5 degrés. La rapidité du retour des conditions de la motilité chez la sensitive qui les a perdues dans l’obscurité est en raison de l’in- tensité de la lumière à laquelle elle est soumise. Nous avons vu en effet qu’il ne faut que quelques heures d’exposition à la lumière directe du soleil pour réparer ces conditions perdues , tandis que pour produire le même effet il faut plusieurs jours d’ex- position .à la lumière diffuse du jour. Il résulte de ces expériences que la lumière, et spécialement la lumière solaire, est l’agent extérieur dans l’influence duquel les végétaux puisent le renouvellement des conditions de leur motilité. J’ignore en quoi consiste cette in- fluence réparatrice, mais le fait de cette réparation est certain, comme l’est celui de l’abolition de ces conditions dans l’obscurité. Dans les expériences qui viennent d’être exposées , j’ai observé que les folioles ont perdu leur motilité avant les pétioles, et l’ont ré- cupérée avant eux. J’ai observé de même que les MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 89 jeunes feuilles ont récupéré' leur motilité avant les vieilles feuilles, et que , chez les unes comme chez les autres, les premiers indices de la motilité réparée se sont manifestés par les seuls phénomènes du som- meil et du réveil. Ces phénomènes de motilité vitale ont été pendant quelque temps les seuls qu’ait pré- sentés la sensitive dont la motilité n’était pas encore entièrement récupérée. Il résulte de là qu’en privant une sensitive d’une portion des conditions de sa mo- tilité , on la réduit au mode d’existence des végé- taux vulgaires , c’est-à-dire quelle ne meut point ses feuilles sous l’influence des agents nervimoteurs mécaniques , bien qu elle les meuve encore pour présenter les phénomènes du sommeil et du réveil. Il est enfin un état d’épuisement des conditions de la motilité qui , sans occasioner chez la sensitive la mort de la feuille, fait qu elle demeure quelque temps dans un état d’immobilité parfaite , et quelle est incapable de sommeil et de réveil appréciables , comme le sont tant d’autres végétaux. Cela prouve que toutes les différences qui existent à cet égard entre les plantes dérivent seulement de ce qu elles possèdent en quantité différente les conditions de la motilité, conditions dont la nature est encore inconnue. Ces conditions sont réparées chez les végétaux par la lu- mière solaire ; par conséquent l’influence qu’exerce la lumière sur les végétaux est comparable à celle qu’exerce l’oxigénation respiratoire sur les animaux. On sait que chez ces derniers l'énergie de la motilité est généralement en raison de la quantité de la res~ 9° MOTILITÉ 1)K S VEGETAUX. piration, c’est-à-dire en raison de Ja quantité de l’oxi- fe'ène absorbé ; toute motilité cesse rapidement lors- - que l’oxige'nation du sang n’a plus lieu. Le genre de l’influence qu’exerce l’oxigénalion des fluides sur l’énergie de la motilité animale est inconnu; le fait seul de cette influence est bien constaté. Il en est de même de l’influence qu’exerce la lumière solaire sur l’énergie de la motilité végétale; le genre de celte in- fluence est inconnu, mais le fait de celle influence est constaté. Donc X insolation est pour les végétaux ce que Xoxigénation est pour les animaux. Ce sont deux sortes de vivification , si je puis m’exprimer •ainsi. Tl résulte de ce rapprochement que X étiolement des végétaux est un état analogue à celui de l’tf.v- phyxie des animaux ; dans l’un comme dans l’autre il y a diminution ou abolition des conditions de la motilité , par cause de l’absence de l’agent exté- rieur qui sert à les entretenir. Ce rapprochement inattendu est encore fortifié par la considération sui- vante. On sait combien l’asphyxie est rapide chez les animaux à sang chaud; on sait combien elle est lente chez les animaux à sa?ig froid; on sait enfin , par les expériences de M. Edwards , que chez ces derniers l’asphyxie peut être à volonté accélérée ou retardée, en augmentant ou en diminuant la température ex- térieure dans certaines limites. Or, chez la sensitive, nous observons le même phénomène. Nous voyons son asphyxie arriver promptement quand il fait chaud, cl tardivement quand la température est plus basse. Tout concourt donc à prouver qu’une même fbnc- MOTILITÉ DES VEGETAUX. 9» oan réparatrice de la motilité est exercée de deux laanières différentes par les animaux et par les végé- ii ux. Les premiers exercent cette fonction réparatrice iu moyen de Xoxigénation , et les seconds au moyen L’î X iiisolatioji. Il est à remarquer que ce sont là les eux causes les plus universelles de la production de i chaleur. La conclusion définitive que nous tirerons de ces sspériences est que la motilité de la sensitive dé- tend de trois conditions principales, i° de 1 exis- ince d’une température plus élevée que le septième icegré au-dessus de zéro, au thermomètre de lléau- îur; 2° de l’influence de la lumière; 5° de la pré- ence d’une sève suffisamment abondante. L’absence l’une seule de ces conditions suffit pour anéantir com- ‘blèlement la motilité de cette plante. 92 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. SECTION III. DES DIRECTIONS SPÉCIALES QU’AFFECTENT LES DIVERSES PARTIES DES VEGETAUX Les phénomènes les plus généraux de la nature , ceux quelle présente sans cesse à nos yeux, sonlén gé- néral ceux que la plupart des hommes remarquent le moins. Celui qui n’a point appris à méditer sur les phénomènes naturels , a peine à se persuader , par exemple , qu’il existe un mystère profond dans l’as- cension des liges des végétaux, et dans la progression descendante de leurs racines. Ce phénomène, cepen- dant , est un des plus curieux parmi ceux que nous offre la vie végétale. Le mouvement descendant des racines paraîtra facile à expliquer pour la plupart des esprits: elles tendent, dira-t-on, comme tous les autres corps , vers le centre de la terre, en vertu des lois connues de la pesanteur; mais comment expli- quera-t-on l’ascension verticale des tiges, qui est en opposition manifeste avec ces lois? C’est ici qu’ont échoué ceux qui ont tenté d’expliquer ce phéno- * o Ce mémoire avait été présenté (à l’Académie royale des sciences) • pour le prix de physiologie, et l’Académie a dû regretter que ce prix .fût restreint dès cette année à la physiologie animale.» Analyse des travaux de l’Academie royale des sciences pendant l’année 1821, par IM. le baron Cuvier. MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. Ç)5 « ène. Dodart le premier, à ce qu’il paraît, qui t recueilli quelques observations sur cet objet , retend expliquer le retournement de la radicule et : la plumule dans les graines semées à contre sens , iar l’hypothèse suivante : il admet que la racine est omposée de parties qui se contractent par l’effet de îumidilé, et que les parties de la tige , au contraire, i contractent par l’effet de la sécheresse. Il doit en ésulter, selon lui , que, dans la graine semée à con- resens, la radicule tournée vers le ciel se contracte , s’incline vers la terre, siège de l’humidité; tandis tue la plumule , au contraire, se contracte et se tourne iu côté du ciel, ou plutôt de l’atmosphère, milieu lus sec ou moins humide que ne l’est la terre. On onnaît les expériences de Duhamel , et les tentatives [u’il a faites pour contraindre des graines à pousser eur radicule en haut , et leur plumule en bas , en le* nnfèrmani dans des tubes qui ne permettaient pas le etournement de ces parties; ne pouvant obéir à leurs endances naturelles , la radicule et la plumule se •.ontournèrent en spirale. Ces expériences prouvent que les tendances opposées de la radicule et de la plu- nule ne peuvent être interverties , mais elles nous aissent dans une ignorance complète de la cause à aquelle sont dues ces tendances. Nous ignorons de même la cause du retournement des feuilles. Bon- net 3 a cru pouvoir appliquer à l’explication de ce ' Sur la perpendicularité des tiges par rapport à l’horizon. Mémoire * de V Académie des sciences, 1700. * Ueoherches sur l’usngc des feuilles. 94 MOTILITÉ DES VEGETAUX. phénomène l’hypothèse imaginée par Dodart pour expliquer le retournement de la radicule et de la plumuledans les graines semées à contre sens. Selon ce naturaliste , la face inférieure des feuilles est, comme la radicule, composée de fibres qui se con- tractent à l’humidité, tandis que leur face supérieure est, comme la plumule, composée de fibres qui se contractent à la sécheresse. Cherchant à donner des preuves à ces assertions, Bonnet imagina de fabriquer des feuilles artificielles, dont la face supérieure était en parchemin , qui se contracte par l’effet de la séche- resse, et dont la face inférieure était en toile , dont les fils se raccourcissent par l’effet de l’humidité. Il soumit ces feuilles à la chaleur et à l’humidité, et crut voir quelles se comportaient à peu près comme de véri- tables feuilles. Ce que prouve le mieux celte étrange expérience , c’est le danger qu’il y a d’observer la nature avec des systèmes faits à l’avance , et dans l’intention de leur trouver des preuves. Convaincus de l’insuffisance des hypothèses propo- sées pour expliquer les directions spéciales qu’affec- tent lesdiverses parties des végétaux, les physiologistes se bornent aujourd’hui à dire que ces directions spé- ciales sont des phénomènes vitaux. Mais celte asser- tion, dont au reste tout concourt à prouver la vérité ; cette assertion, dis-je, ne nous apprend rien sur la cause de ces phénomènes. Il en est du phénomène de la direction opposée des liges et des racines comme de la plupart des phénomènes que la nature offre à notre observation: rarement ils sont les effets d’une cause MOTILITÉ DES VEGETAUX. 9^ unique; la plupart du temps plusieurs causes concou- rent à les produire. La tache de l’observateur consiste à démêler des causes diverses, et à assigner la pan que prend chacuned’ellesdansla production du phénomène. En voyant les tiges se diriger constamment vers le ciel, et les racines se diriger toujours vers la terre, on peut penser qu’il existe un certain rapport entre la cause de la gravitation et celle de la vie végétale ; la direction également constante des liges vers la lu- mière peut aussi porter à penser que cet agent est poul- ies végétaux une cause de direction spéciale. Les liges ipour se développer ont besoin d’être placées dans le •sein de l’atmosphère; les racines au contraire ont besoin de se trouver dans le sein de la terre : existe- t rait-il une tendance entre l’atmosphère et la tige , entre la terre humide et la racine, tendance de la- quelle résulterait l’ascension de la lige , et le mouve- iment descendant de la racine? C’est à l’observation à (.éclaircir nos doutes sur ces différents objets. J’ai rempli de teri-e une boîte dont le fond était percé de plusieurs trous; j’ai placé des graines de haricot ( phaseolus vulgciris j dans ces trous, et j’ai suspendu la boîte en plein air à une élévation de six mètres. De cette manière les graines, placées dans les trous pra- tiqués à la face inférieure de la boîte, recevaient de Ibas en haut l’influence de l’atmosphère et de la lu- pmière : la terre humide se trouvait placée au-dessus id’elles. Si la cause De la direction de la plumule et !de la radicule existait dans une tendance de ccs par- ues pour la terre humide et pour l’atmosphère, on 96 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX, devait voir la radicule monter dans la terre placée au- dessus d’elle, et la tige au contraire descendre vers l’atmosphère placée au-dessous; c’est .ce qui n’eut point lieu. Les radicules des graines descendirent dans l’atmosphère, où elles se desséchèrent bientôt;* les plumules, au contraire, se dirigèrent en haut dans l’intérieur de la terre. Je plaçai verticalement en haut la pointe de la radicule de quelques unes de ces graines germées , en les enfonçant dans les trous dont il vient d’être question; ces radicules, au lieu de se diriger vers la masse de terre humide placée au-dessus d’elles, se courbèrent en bas. Je voulus voir si une grande masse de terre, placée au-dessus des graines, exercerait plus d’influence sur la direction de leurs radicules. Je fixai donc des graines de haricot au plancher d’une excavation qui était recouverte d’en- viron six mètres de terre, et je les y maintins dans de la terre humide par des moyens appropriés. Les résultats de celle seconde expérience ne furent point différents de ceux de la première. Ces expériences prouvent que ce n’est point vers la terre humide que se dirige la radicule, et que ce n’est point vers l’atmosphère que se dirige la plu- mule. Ces deux parties se dirigent toujours l’une vers le centre de la terre, l’autre dans une direction opposée. Quoiqu’il paraisse résulter des expériences précédentes que la radicule des embryons séminaux ne possède aucune tendance spéciale vers les corps humides, on pourrait cependant penser que, dans les ■expériences dont il s’agit, la tendance de la radicule MOTILITÉ DES VEGETAUX. g n vers le cenire de la terre étant plus forte que la ten- dance supposée de cette même radicule vers les corps humides, cette dernière tendance n’aurait pas pu se manifester. J’ai vu évanouir ce soupçon par l’expé- 1 icnce suivante ; ] ai suspendu dans un Local une petite soucoupe que j’ai remplie d’eau, et dans la- quelle j’ai placé une éponge taillée et placée de ma- nière a présenter une lace plane verticale; ensuite, au moyen d’un fil de fer fixé au couvercle du Local , j ai suspendu dans 1 intérieur de ce dernier une lève nouvellement germée, ayant soin de placer la radi- cule aussi près qu il était possiLle de la lace verticale < de l'éponge sans la toucher. De cette manière le corps humide était place latéralement par rapport à la ra- dicule, et comme il n’y avait point d’eau au fond du Local , et que la fhce verticale de l’éponge dépassait un peu le Lord de la soucoupe qui la contenait , il en résultait que la radicule, si elle avait une tendance wers l'humidité, devait se courber latéralement pour 'se diriger vers l’éponge qui l’avoisinait; car il n’y uavait point d’eau ni de corps humide de tout autre côté. Au reste, l’air de l’intérieur du Local se trouvant saturé d’eau, et la radicule étant extrêmement rap- prochée de l’éponge mouillée, cela non seulement pmpêchait celte radicule de se flétrir, mais fournissait i son absorption une quantité d’eau suffisante pour mlfire a son développement et même à la production le nouvelles racines latérales. Cette expérience donna les résultats suivants : la radicule ne manifesta aucune tendance vers l’éponge imbibée d’eau ; les racines la- V ()8 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. terales quelle produisit du côte' de l’éponge pénétrè- rent dans les cellules de celle dernière; mais les autres racines latérales qui prirent naissance dans les autres points de la surface de la radicule ne manifestèrent aucune tendance vers l’éponge, quoique plusieurs de ces racines latérales prissent leur origine très près de ce corps mouillé. Il résulte de ces diverses expé- riences que les racines n’ont aucune tendance vers les corps humides, et que, par conséquent, cette cause n’est point une de celles qui déterminent la direction des racines vers la terre. Il est probable que les liges n’ont pas plus de tendance spéciale vers l’air atmosphérique, que les racines n’en ont vers l’eau, mais on ne peut guère s’en assurer par l’expérience. T ous les végétaux ne sont pas destinés par la na- ture à plonger leurs racines dans la terre; les végé- taux parasites enfoncent leurs racines dans la sub- stance d’autres végétaux : les radicules de leurs em- bryons se dirigent-elles aussi vers le centre de la terre? L’observation de la germination de la graine du gui résout cette question par la négative. On sait depuis long-temps que la graine du gui germe dans toutes les directions. Le premier développement de l’embryon de cette graine consiste dans une élonga- tion caulinaire de sa lige , qui puise la matière de cet accroissement dans la substance des cotylédons, auxquels elle aboutit par l’une de ses extrémités , et qui est terminée à son autre extrémité par un petit renflement d’un vert moins foncé qui est la radicule. Lorsque la graine est fixée sur une branche d’arbre / MOTILITÉ DES VEGETAI X. 99 au moyen de sa glu naturelle, on voit la tige de l'em- bryon se courber pour diriger la radicule dans un sens perpendiculaire à la surface de la branche; car cette radicule elle-même, qui ne consiste qu’en un petit corps hémisphérique, ne subit ordinairement aucune inflexion. Lorsque la radicule louche la sur- face de la branche, elle s’épanouit dessus en une sorte de disque, résultat de 1 aplatissement du tubercule hémisphérique qui la constituait. C’est de la partie de ce disque qui est collée sur la branche que sortent les racines qui vont puiser leur nourriture dans la substance de la branche qui porte cette plante para- site. Quelle que soit la place qu’occupe la graine du gui sur la branche d’un arbre , l’embryon dirige constamment sa radicule vers le centre de cette bran- che; en sorte que celte radicule est, suivant la posi- tion de la graine, tantôt descendante, tantôt ascen- dante,'tantôt dirigée horizontalement, etc. Existe- t-il dans cette circonstance une tendance de la radi- cule vers les parties vivantes du végétal dans lequel elle doit s’implanter? Pour éclaircir ce doute, j’ai fixé . des graines de gui sur du bois mort, sur des pierres, sur des corps métalliques, sur du verre, etc., tou- jours j ai vu la radicule prendre une direction perpen- diculaire au plan sur lequel la graine était collée. Je fixai un grand nombre de graines de gui sur la sur- face d’un gros boulet de 1er; toutes les radicules se i dirigèrent vers le centre du boulet. Ces faits prouvent que ce n’est point vers un milieu propre à sa nutri- tion (pie l’embryon du gui dirige sa radicule, mais >00 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. que celle-ci obéit à l’attraction des corps sur lesquels la graine est fixée, quelle que soit leur nature. Ainsi, les radicules des végétaux terrestres obéissent à l’at- traction de la terre, tandis que la radicule du gui parasite obéit à l’attraction particulière des corps. Les liges des végétaux terrestres se dirigent dans le sens opposé à celui de l’attraction du globe, et s’élèvent ainsi au-dessus du sol , auquel elles deviennent per- pendiculaires ; la lige du gui affecte toujours une direction perpendiculaire à celle de la branche sur laquelle elle est implantée ; en sorte qu’elle est des- cendante lorsque l’implantation a lieu à la face infé- rieure de la branche , ascendante lorsque cette im- plantation est faite à la face supérieure, etc.; elle se dirige constamment dans un sens opposé à celui de l’attraction de la branche. Ainsi , l’embryon du gui se comporte, par rapport à la branche qui le nour- rit, comme les embryons terrestres se comportent par rapport à la terre. Ces deux phénomènes, diffé- rents au premier coup d’œil, se trouvent, au moyen de cette analyse , être du même genre. Les moisis- sures nous offrent encore un exemple remarquable de la perpendicularité des tiges par rapport aux corps sur lesquels elles sont fixées , et de l’absence de celle même perpendicularité par rapport à la terre. Spal- lanzani a noté une partie de ce phénomène dans ses observations sur l’origine des moisissures , mais il ne l’a point aperçu dans son entier; il n’a point vu que les moisissures affectent, constamment une direction perpendiculaire à celle de la surface sur laquelle elles 1 0 1 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. soûl implantées. J’ai observé ce fait chez les moisis- sures aquatiques comme chez les moisissures aé- riennes. Les poils des végétaux se comportent à cet égard comme les moisissures, c’est-à-dire qu’ils sont toujours perpendiculaires à leur surface cl implan- tation. Il paraît que l’extrême ténuité de ces produc- tions végétales les soumet spécialement à l’influence de 1 attraction particulière des corps sur lesquels elles sont implantées, et les soustrait à l’influence de l’at- traction du globe terrestre. C’est ainsi que nous voyons les corps réduits en poussière line adhérer aux corps les plus polis, et manifester par là qu’ils obéissent à l’attraction particulière de ces corps , de préférence à l’attraction du globe terrestre. La ten- dance des racines et des tiges, les unes dans le sens de la pesanteur, les autres dans le sens diamétrale- ment opposé, ne se remarque d’une manière spéciale que dans ies caudex ascendants et descendants, c’est-à-dire dans l’axe du végétal considéré dans son entier. Les productions latérales de cet axe prennent toujours une direction plus ou moins différente. On sait que les branches qui naissent aux parties laté- rales de la tige principale, ainsi que les racines (pii sont produites latéralement par la racine pivotante, u’affecteni point ordinairement une direction parfaite- ment verticale. Plusieurs causes influent sur la direc- tion quelquefois parfaitement horizontale quelles prennent : nous tâcherons d'exposer ces causes di- verses \ l’une d’entre elles est indubitablement la ten- dance générale qu'ont toutes les parties végétantes à 1 02 MOTILITE I)ES VEGETAUX. affecter une direction perpendiculaire à leur surface particulière d’implantation. La branche latérale et la racine latérale se comportent comme le gui par rap- port à la branche sur laquelle il est implanté; la tige principale et la racine pivotante sont des surfaces particulières d’implantation auxquelles les branches et les racines latérales tendent à devenir perpendicu- laires : mais comme cette tendance est combinée avec les tendances générales qui portent les tiges en haut et les racines en bas, il en résulte ordinairement une direction moyenne , en sorte que les branches et les racines font, avec l’axe vertical du végétal, un angle plus ou moins ouvert. En faisant germer et dévelop- per des graines dans de l’eau ou dans de 'a mousse humide , on est à même de voir que les racines laté- rales n’ont qu’une faible tendance vers le centre de la terre. On voit de ces racines latérales, longues d’un ou de deux centimètres, qui sont dirigées dans une horizontalité parfaite; j’en ai même vu quelques unes qui étaient tout-à-fait ascendantes : ce n’est que lors- qu’elles ont acquis une certaine longueur qu’elles commencent à se diriger en bas; elles sont en cela bien différentes de la radicule pivotante , qui ; dès qu’elle commence à se manifester, tend vers le centre de la terre avec une énergie et une constance qu’il est impossible de vaincre. On peut faire, sur les bran- ches, des observations semblables. J’ai vu des bran- ches de chêne nées à la surface inférieure de grosses branches horizontales se diriger verticalement en bas jusqu’à ce qu’elles eussent acquis environ la longueur MOTILITÉ DES VEGETAUX. 1 O. » d’un décimètre; alors seulement elles commencèrent à relever leur extrémité végétante vers le ciel. Dans beaucoup d’arbres, les branches latérales végètent dans une horizontalité plus ou moins parfaite; celte horizontalité qui , dans la branche naissante, paraît due à Intendance que possède cette branche u se dis- poser perpendiculairement à sa surface d’implantation, qui est ici la surface de la lige verticale, cette hori- zontalité, dis-je, est due à d’autres causes lorsque la branche a acquis une certaine longueur. Son poids l’entraîne vers la terre , et les branches supérieures qui s’étendent au-dessus d’elle , de meme dans le sens horizontal, l’empêchent de se dresser vers le ciel. Ces deux causes tendent à maintenir sou horizontalité, qui est encore entretenue par l’action de la lumière, que les extrémités végétantes des branches horizontales ne reçoivent (pie latéralement. L’influence que les liges, considérées comme sur- faces d’implantation , exercent sur la perpendicula- rité des branches auxquelles clics donnent nais- sance paraît ne s’étendre qu’à une très petite distance; elle parait même quelquefois proportionnelle à la masse de ces tiges : je dis quelquefois , car il s’en faut beaucoup que celle règle puisse êire donnée comme générale. Cependant il est un lait qui tend à prouver qu elle n’est pas sans fondement. Nous avons vu plus haut que la graine du gui tend constamment à implanter sa radicule perpendiculairement à la sur- face de la branche, ou plus généralement du corps sur lequel elle est fixée ; or, j'ai observé que sa ra- 1 °4 MOTILITÉ DES VEGETAUX. dicule ne se dirige point vers ce corps lorsqu’il est trop délié', ou lorsqu’elle en est trop éloignée. Une distance de cinq à six millimètres suffit pour anéan- tir toute tendance de la radicule du gui vers les corps qui l’avoisinent. Il suffit encore, pour anéan- tir cette tendance, de fixer la graine du gui sur des corps filiformes qui aient moins d’un millimètre de diamètre; dans ces deux circonstances, la radicule ne se dirige point vers le corps qui porte ou qui avoi- sine la graine, elle prend une direction particulière, ainsi que je l’exposerai plus bas. Nous venons de voir , par l’exemple des moisissures et des poils des végétaux, que l’extrême ténuité de ces productions végétales les soumet spécialement à l’attraction par- ticulière des corps , comme cela a lieu pour les corps inorganiques. Ces faits prouvent que l’influence des surfaces d’implantation pour déterminer la direction perpendiculaire des productions végétales est en rapport avec l’étendue de ces surfaces; ils prouvent en même temps que cette influence est en rapport avec ladistance qui existe entre ces surfaces et les produc- tions végétales qui leur deviennent perpendiculaires. Les faits qui viennent deire exposés prouvent que la cause inconnue de l’attraction générale agit sur les végétaux comme cause de direction spéciale , mais ils prouvent en même temps qu’il s’en faut beaucoup que cette cause agisse sur les végétaux comme elle agit sur les corps inertes. Chez ces derniers, elle pro- duit constamment la tendance vers le centre de gra- vité; chez les êtres vivants végétaux , elle ne produit MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 105 cette tendance que pour les racines; elle déterminé une tendance opposée dans les tiges. Ce phénomène, en apparence paradoxal, peut faire soupçonner que la cause de la gravitation n’est point la cause im- médiate de la direction des liges et des racines , mais qu’elle en est seulement la cause éloignée ou occasionelle ; pour éclaircir ce doute, j’ai tait l’ex- périence suivante. J’ai pris une graine de gui , que j’avais fait préalablement germer suspendue à un fil délié., d’où il était résulté que la lige de l’em- bryon s’était développée sans que la radicule hémi- sphérique qui la terminait eût manifesté aucune ten- dance à se fixer. J’ai collé celte graine germée à l’une des extrémités d’une aiguille de cuivre construite comme une aiguille de boussole et suspendue de même sur un pivot; une petite boule de cire placée à l’autre extrémité de l’aiguille formait contre-poids. Les choses étant ainsi disposées, j’ai approché latéra- lement de la radicule une petite planche de bois que j’ai placée à un millimètre environ de distance de la radicule. J’ai ensuite couvert cet appareil d’un réci- pient de verre , afin qu’aucune cause extérieure ne pût faire mouvoir l’aiguille sur son pivot. Au bout de cinq jours j’ai vu la tige de l’embryon se fléchir et diriger la radicule vers la petite planche qui l’avoisi- nait, et cela sans que l’aiguille eût changé de posi- tion, quoiqu’elle fût extrêmement mobile sur son pivot. Deux jours après, la radicule était dirigée per- pendiculairement vers la planche, avec laquelle elle sciait mise en contact ; et cependant l’aiguille , qui 1 MOTILITÉ DES VÉGÉTAI’ X. • portait la graine, n’avait point varie dans sa direction. Celte expérience est fort délicate, et demande, pour réussir, des précautions particulières. Il faut que l’appareil soit mis à l’ombre, car si le récipient était échauffé par les rayons du soleil , il communiquerait à l’air qu’il contient un mouvement qui se ferait sen- tir à l’aiguille; il faut que cette expérience soit faite par un temps chaud , car la germination de la graine du gui ne s’opère qu’avec une extrême lenteur lors- que le thermomètre de Réaumur n’est pas au moins à quinze degrés au-dessus de zéro. Comme il est fa- cile de trouver des graines de gui mûres de l’année précédente jusque vers le milieu de l’été, j’ai pu faire l’expérience dont il s’agit pendant les jours les plus chauds de cette saison. Malgré ces précautions, mon expérience a quelquefois été dérangée par une autre cause. La glu qui enveloppe la graine est fort hygrométrique; l’eau qu’elle absorbe de l’atmosphère ou quelle lui livre augmente Ou diminue son poids, en sorte que, suspendue à l’une des pointes d’une aiguille mobile, elle fait éprouver à cette dernière des mouvements de bascule qui peuvent un peu dé- ranger sa direction; aussi m’a-t-il fallu répéter plu- sieurs lois l’expérience pour la voir réussir à souhait. Cette expérience prouve que la direction de la ra- dicule du gui vers les corps qui l’avoisinent n’est point le résultat immédiat de l’attraction exercée sur elle par ces corps, mais qu elle est le résultat d’un mouvement spontané exécuté par l’embryon , à l’oc- casion de l’attraction exercée sur sa radicule , attrac- . MOTILITÉ DES VEGETAUX. lion qui n’esi ainsi que la cause médiale ou occasio- nellerlu phénomène. Tl est facile, en effet, de comprendre que l’inflexion de la tige de l’embryon du gui ne peut être due à l’action imme'diate exerce'e sur la radicule par l’attraction de la petite planche de bois , car une force exte'rieure capable d’opérer cette inflexion eût opéré avec bien plus de facilité un changement dans la direction de l’aiguille à l’une des pointes de la- j> quelle la graine était fixée. Il n’y a donc point de doute que ce mouvement ne soit spontané , c’esl-à- ■ dire qu’il ne soit dû à une cause intérieure et vitale mise en jeu par l’influence d’un agent extérieur. Celte spontanéité de la direction de la radicule du gui sous l’influence de l’attraction prouve d’une manière incon- testable que celte attraction n’a agi que sur la ner- vimolilité du végétal , et point du tout sur sa matière pondérable. 11 en est indubitablement de même pour les végétaux terrestres. La cause inconnue de l’at- traction n’est que la cause occasionelle du mouve- ment descendant des racines et de l’ascension des tiges; elle n’en est point la cause immédiate; elle agit, dans cette circonstance, comme agent nervjmoteur. Nous verrons plus bas de nouvelles preuves de la gé- néralité de ce fait important en physiologie, savoir, que les mouvements visibles des végétaux sont tous des mouvements spontanés, exécutés à l’occasion de l’influence d’un agent extérieur, et non des mouve- ments imprimés par cet agent. La lumière est pour les végétaux une cause de di- rection spéciale non moins énergique que celle dont MOT [MT F. DES VÉGÉTAUX. I 08 nous venons d’observer l’influence. On sait qu’une plante renfermée dans un appariement qui ne reçoit la lumière que par une seule ouverture dirige con- stamment vers cette ouverture sa lige, qui cesse d’af- fecter une position perpendiculaire à l’hofizon. 3Nul doute que cette tendance des tiges vers la lumière n’ait egalement lieu en plein air. La lumière affluant de toutes parts , à peu près en égale quantité' par la ; réflexion des nuages et de l’atmosphère , doit déter- miner l’ascension des liges vers le ciel; elle est en cela l’auxiliaire de la cause de là gravitation. On | pourrait même penser que la tendance vers la lu- mière serait la cause unique de l’ascension des tiges ; et de leur position verticale , si l’expérience ne prou- ] vait le contraire. J’ai couché sur le sol, dans un en- ■ droit sec et parfaitement obscur, des tiges Gallium \ cepa et Gallium porrum, arrachées avec leurs bul- bes ; on sait que ces plantes , quoique déracinées , j continuent long-temps à vivre : ces liges se courbè- rent dans une portion de leur longueur, et leur partie j supérieure se dirigea vers le ciel. Je n’obtins ce ré- sultat qu’au bout de dix jours , tandis qu’il ne me j fallut que trois jours pour l’obtenir en répétant la même expérience en plein air. L’absence de la lu- mière, dans la première expérience, ne permet d’at- tribuer le redressement de la tige qu’à la cause de j la gravitation, seule cause connue qui agisse dans le j sens perpendiculaire à l’horizon ; cependant on pour- rail peut-être penser que l’humidité agirait ici pour j rendre convexe le côté de la tige en contact avec le I MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 1 OÇ) ssol, et déterminer ainsi la flexion de la tige vers le haut. J’ai déjà dit que le lieu où se faisait celle expé- rrience était fort sec, ainsi il n’était pas probable que Ile redressement de la tige fût dû à la cause que je kviens d’indiquer; cependant, pour dissiper tous les Icloutes à cet égard , j'ai répété l’expérience en couchant une lige Gallium porrum dans une auge qui conte- nait assez d’eau pour couvrir entièrement cette lige retenue au fond. Ici l'influence de l’humidité devenait nulle, par cela même quelle s’exercait simultanément sur toutes les parties de la lige : celle-ci ne laissa pas ‘de se dresser vers le ciel. Je voulus voir si la spathe remplie de fleurs qui terminait cette tige avait quelque influence sur son redressement : je l’enlevai ; et la tige à laquelle j’avais fait celte amputation ne laissa pas de se redresser. Je variai l’expérience : ayant couché la tige et l’ayant courbée en arc, je la fixai •solidement au sol en deux points de son étendue. L’arc couché sur le sol se redressa et tourna sa con- vexité vers le ciel. Cette expérience me réussit éga- lement bien en plein air et dans l’obscurité ; seule- ment il fallut, dans ce dernier cas, un temps beau- coup plus long. Ces expériences prouvent que le re- dressement des tiges vers le ciel est dû simultanément •à l’influence de la cause de la gravitation et à l’in- fluence de la lumière. Ce n’est point seulement par leur partie supérieure que les liges tendent vers le ciel ou vers la lumière. Bonnet a prouvé cette vérité par des expériences que j’ai répétées, et qui m’ont donné des résultats semblables à ceux qu’il a obtenus. 110 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. J’ai enfoncé le sommet d’une tige, encore jeune, de mercurialis annua dans l’ouverture d’une fiole rem- plie d’eau, et placée verticalement; puis, fléchissant la partie inférieure de celte tige vers la terre , je fai maintenue dans celle flexion avec une ligature lixée au col de la fiole. La portion de lige ainsi flé- chie était dépourvue de feuilles; exposée à 1 influence de la lumière , celle plante ne tarda pas à dresser vers le ciel sa portion libre , qui était la partie infé- rieure de la lige. Ainsi ce n’est point seulement par leur sommet que les liges tendent vers le ciel ; nous verrons bientôt que cette tendance se manifeste dans Les tiges se dirigent quelquefois vers la terre, dans laquelle elles tendent à s’enfoncer comme des racines. ! Ce phénomène mérite une attention toute particu- lière, tant pour lui-même que par rapport aux cir- constances qui l’accompagnent et qui le déterminent, j Beaucoup de végétaux, outre leurs tiges aériennes, possèdent des tiges souterraines, ainsi que je l’ai fait voir dans mes Recherches sur V accroissement et la reproduction des 'végétaux ’. Ces tiges souterraines rampent horizontalement dans l’intérieur de la terre, ; saps manifester aucune tendance vers le ciel ; elles j sont blanches comme les racines dont elles affectent la direction et dont elles habitent le séjour. Quelque- lois cependant elles sont de couleur de rose, comme j cela s’observe, par exemple, chez le spargardum j •i Mémoire du Muséum d’hislt ire naturelle , tome 8, page ap. MOtfÏLITÉ DES VEGETAI X. 1 1 1 1 1 erectuuij mais alors c’est l’épiderme qui se trouve i coloré et non le parenchyme subjacenl. Lorsque la pointe de ces tiges souterraines approche de la sur- Ifaee du sol, elle verdit, et dès lors elle tend vers le ciel. Pourquoi cette tendance, qui était nulle dans la lige I blanche ou plutôt décolorée, se manifeste- t-elle dans cette même tige lorsqu’elle vient à verdir? Y aurait-il ( donc un rapport secret entre la coloration des parties ides végétaux et les tendances diverses quelles affec- ttent? L’observation va nous éclairer sur ce mystère. En général, les tiges se dirigent vers la lumière, ice qui coïncide avec leur coloration, presque toujours ien vert’ les racines n’affectent ordinairement aucune direction vers la lumière, ce qui coïncide avec leur défaut de coloration. La couleur des racines n’est autre, en effet, que celle du tissu végétal décoloré; leur i blancheur ne saurait être comparée au blanc mal que présentent les pétales de plusieurs végétaux, et qui est dû à la présence d’une matière colorante blanche. La lumière, principale mais non pas seule cause de la coloration des liges et de leurs organes, ne possède aucun pouvoir pour colorer les racines, ainsi qu’on peut s’en assurer en faisant développer les racines d’une plante dans l’eau contenue dans un bocal de verre; malgré l’influence de la lumière elles restent constamment incolores; ceci ne tient pointa leur im- mersion dans l’eau, car les feuilles des végétaux aqua- tiques sont colorées malgré leur submersion. En gé- néral , les racines ne possèdent aucune tendance vers la lumière, mais celte tendance se manifeste lorsque 1 1 2 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. le bourgeon terminal d’une racine acquiert une teinte le'gèrement verdâtre , comme cela arrive quelquefois. J’avais fait germer des graines de mirabilis jalappa dans de la mousse humide, et je remarquai que les ra- dicules, déjà de la longueur du doigt, étaient termi- nées par un bourgeon de couleur légèrement ver- dâtre. Je voulus voir si ces racines dirigeraient leur pointe vers la lumière. A cet effet je les plaçai dans un bocal de verre rempli d’eau et dont le couvercle de bois était percé de trous pour recevoir les racines et fixer les graines. J’enveloppai le bocal avec une étoffe noire; en laissant seulement une fente verticale de peu de largeur , par laquelle la lumière parvenait dans l’intérieur du bocal. Je dirigeai cette fente vers la lumière du soleil; quelques heures après, je vis que toutes mes racines en expérience avaient courbé leur pointe en crochet , pour la diriger vers la fente qui leur transmettait la lumière. Je fis la même expérience avec d’autres racines dont le bourgeon terminal n’était point verdâtre , elles demeurèrent immobiles. D’après cette expérience, il est évident que la colo- ration est une des conditions qui déterminent la ten- dance de parties des végétaux vers la lumière, et par conséquent vers le ciel. Cela est si vrai que, lors- qu’elles sont décolorées, les tiges naissantes se diri- gent vers la terre. J’ai observé ce fait curieux chez plusieurs plantes aquatiques , et notamment chez le sagittaria sagittifolia. Des tiges naissent des bour- geons situés dans les aisselles des feuilles toutes radi- cales de celte plante, qui, comme on sait, croît au fond MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. j 1 1 3 des eaux. Ces bourgeons ont leur pointe dirigée vers lie ciel, comme cela a lieu chez tous les végétaux. Les j jeunes tiges qui naissentdeces bourgeons sont entière- îment décolorées comme des racines: aussi, au lieu de se diriger vers le ciel, comme le font les tiges colorées , telles se courbent et dirigent leur pointe verticalement wers le centre de la terre; se comportant dans ce retour- meraent comme laradicule d’une graineseméeà contre 'sens. Pour parvenir à prendre cette position , la jeune lige perce de vive force toute l’épaisseur du pétiole t engainant de la feuille dans l’aisselle de laquelle elle ta pris naissance, surmontant ainsi l’obstacle méca- pnique qui s’oppose à sa tendance vers la terre. Celte lige souterraine, munie de feuilles décolorées comme elle , se plonge dans la vase , où bientôt sa progres- sion devient horizontale; ce n’est que lorsqu’elle a tacquis une certaine longueur que son bourgeon ter- minal commence à acquérir une couleur verte; dès ors elle devient ascendante et sort de la vase , elle devient tige aérienne. Les racines offrent quelquefois in phénomène analogue quoique inverse. On sait que dusieurs végétaux produisent des racines sur diffé- rentes parties de leur tige : lorsque ces racines aé- iennes sont incolores, elles se dirigent toujours vers e centre de la terre ; mais lorsqu’elles ont une cou- eur verte elles recourbent leur pointe et la dirigent i/ers le ciel. J’ai observé ce dernier phénomène chez e pothos crassineivia et chez le cactus phyllan- hus. Ainsi, ce n’est point en leur qualité de tiges pie les tiges se dirigent vers le ciel , c’est parcequ’elles 1 1 4 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. ont un parenchyme coloré ; et ce n’est point en leur qualité de racines que les racines descendent vers la terre, c’est parceque leur parenchyme est incolore. Au reste, en indiquant la présence ou l’absence de la coloration du parenchyme superficiel comme la cause de la différence de la direction des tiges et des ra- cines, je ne lais qu’indiquer une condition générale de l’organisation végétale qui accompagne constam- ment cette différence de direction. Nous reviendrons plus bas sur cette coïncidence de phénomènes. Les racines des végétaux terrestres , ainsi que nous ve- nons de le voir, se dirigent vers la lumière lorsque j leur parenchyme est coloré; elles n’affectent aucune tendance ni vers la lumière, ni dans le sens opposé, lorsque leur parenchyme est incolore. La radicule de l’embryon du gui offre à cet égard un phénomène tout particulier. Celle radicule, qui est d’un verd bien moins loncé que celui de la tige de l’embryon , au lieu de se diriger vers la lumière comme cela sem- blerait devoir être, en sa qualité de partie verte, se dirige au contraire constamment en sens inverse, comme si elle était repoussée par la lumière. Pour être témoin de ce phénomène, il faut, dans l’intérieur d’un appartement, et vis-à-vis d’une lènêtre, tendre un fil sur lequel on collera des graines de gui, au moyen de leur glu naturelle. Ces graines, si le temps est chaud, ne tarderont point à germer, et l’on verra toutes les radicules se diriger vers le fond de l’appar- tement. Cette tendance à fuir la lumière est ici la seule à laquelle obéit la radicule de l’embryon du gui, MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. Il5 oarceque le fil délié sur lequel la graine est fixée n’exerce passai’ cette radicule une attraction assez puis- sante pour la déterminer à se diriger vers lui. Plus m approche de la fenêtre le fil qui porte les graines, i!)lus la tendance de la radicule à fuir la lumière dé- fient énergique. J’ai collé plusieurs de ces graines ur les carreaux de vitre en dedans de l’appartement; outes les radicules se sont dirigées vers le fond de et appariement, obéissant ainsi à leur tendance à nir la lumière , de préférence à la tendance qui , dans Date autre position, les eut portées vers la surface u carreau sur lequel elles étaient fixées. J’avais en aeme temps colle un pareil nombrede ces graines en ehors , sur la lace opposée du même carreau de vitre; mtes les radicules se dirigèrent vers la surface de cc arreau, obéissant ainsi aux deux tendances qui les sol- citaientdans le mêmesens, c’est-à-dire à la tendance fuir la lumière et à la tendance à obéir à l’attraction du orps sur lequel elles étaient fixées. J’ai retourné quel- les unes de ces graines, et je les ai placées en sens verse de celui qu’elles avaient pris naturellement : les :rt> le carreau de vitre, ne tardèrent point à ramener *s mêmes radicules vers l’intérieur de l’appartement; s graines de l’extérieur dont j’avais dirigé les radi- îles vers les objets du dehors, ramenèrent en même mPs ces mêmes radicules vers la surface du carreau - vitre. La lumière directe ne possède pas seule le lavoir de déterminer le mouvement rétrograde de radicule de gui; la lumière réfléchie par lesobjeis 8. I 1 6 MOTILITÉ DES VEGETAUX, terrestres produit le même effet : je m’çn suis assuré par l'expérience suivante : j’ai pris un tube de bois fermé à l’un de ses bouts par une lame de verre, et recouvert à l’autre bout par un couvercle de bois fer- mant exactement; j'ai collé plusieurs graines de gui sur la face intérieure de la lame de verre , et j’ai sus- pendu le tube verticalement sous l’abri du toit d’une fenêtre en mansarde, et de manière à ce que l’extré- mité de ce tube qui était fermée par la lame de verre fût en bas : ainsi l’intérieur du tube n’était éclairé que par la lumière que réfléchissaient les objets ter- restres. Les radicules des graines de gui mises en ex- périence se dirigèrent toutes verticalement vers le ciel, fuyant ainsi la lumière qui leur arrivait de bas en haut. Il était intéressant de savoir si celte tendance j singulière de la radicule du gui était le résultat d’une répulsion exercée sur elle par la lumière. Je pris une graine de gui que j’avais fait préalablement germer sur un fil et vis-à-vis de la lumière. Celte graine por- tait deux embryons dont les radicules étaient fléchies du même côté. Je fixai cette graine à l’une des extré- mités de l’aiguille de cuivre qui m’avait déjà servi dans une expérience rapportée plus haut, aiguille qui se suspend sur un pivot à la manière des aiguilles de houssole ; je couvris d’un récipient de verre cet appareil que je plaçai auprès d’une fenêtre que n’é-i clairaient point les rayons directs du soleil, et j’cus;i soin de diriger les deux radicules vers la lumière. Au bout de quelques jours , ces deux radicules changèrent de direction, et se dirigèrent vers le fond de l’appart MOTILITÉ DES VEGETAUX. I 1 7 itement, sans faire éprouver aucun changement à la direction de l’aiguille. Celte expérience me prouva ique la radicule du gui fuit la lumière par un mouve- iment spontané, et non par l’effet d une répulsion qui -serait exercée sur elle; car une force extérieure qui serait capable de fléchir la tige de l’embryon du gui -serait bien plus que suffisante pour opérer un chan- gement de direction dans l’aiguille extrêmement 1110- i bile qui portait cet embryon. Il résulte de ces expé- riences et de celles qui ont été rapportées plus haut que la radicule de l’embryon du gui affecte deux tendances spontanées à l’occasion de l’influence de deux agents nervimoteurs différents. Le premier de ces agents , qui est l’attraction particulière des corps , est la cause occasionelle de la tendance spontanée de cette radicule vers ces mêmes corps; le second de tces agents, qui est la lumière, est la cause occa- -sionelle delà tendance spontanée que manifeste celle radicule à fuir cette lumière elle-même. Pour compléter mes observations sur la graine du gui, il me restait à observer la tendance qu’af- fecterait la radicule dans l’obscurité, la graine étant fixée sur un fil , et par conséquent soustraite à l’in- fluence de l’attraction particulière des corps. Les ex- périences que j’ai faites à cet égard ne m’ont rien appris de bien positif; j’ai vu, dans celle circon- stance , la radicule affecter toutes sortes de directions ; cependant j’ai observé que très rarement la radicule s est dirigée vers la terre; un peu plus souvent sa di- rection a été horizontale, ou inclinée diversement, à MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. J 1 8 l’horizon; dans le plus grand nombre des cas, la ra- dicule a e'te' ascendante. Le seul fait bien certain qui résulte de ces observations, c’est que la radicule du gui ne possède aucune tendance vers le centre de la terre, comme cela a lieu chez la radicule des vé- gétaux terrestres. On peut tirer de là cette conclusion vraiment paradoxale, que la radicule du gui , qui obéit à l’attraction particulière des corps, n’obéit point du tout à l’attraction du globe terrestre ; attraction qui n’est cependant que la somme des attractions particu- lières exercées par les corps dont le globe est composé. Dans les observations que je viens de rapporter sur la graine du gui , je n’ai point parlé de la direc- tion de la plumule, parceque ce n’est qu’un an après la germination qu’elle se développe ; il ne se mani- feste d’abord du caudex ascendant de l’embryon du gui que la portion de la lige qui est comprise entre l’insertion des cotylédons et l’origine de la radicule. La plumule, située entre les cotylédons, reste pen- dant la première année à l’état rudimentaire, et ne prend ainsi aucune direction particulière pendant la germination ; les cotylédons eux-mêmes, fixés sur les corps au moyen de la glu qui les environne, n ont aucune liberté pour prendre une direction quel- conque ; ce n’est que dans le printemps de la seconde année que les cotylédons desséchés se détachent de la tige qui commence à développer ses premières feuilles. Les végétaux offrent un autre phénomène de direc- tion spéciale qui a beaucoup occupé Jes observa- teurs de la nature : je veux parler de la direction MOTILITÉ DBS VÉGÉTAUX. 119 constante de la face supérieure des feuilles vers le ciel , et de leur face inférieure vers la terre. Lorsqu’on renverse une feuille, et qu’on maintient la face inté- rieure dirigée vers le ciel , il s’opère, soit dans le corps de la lèuille, soit dans son pe'tiole, une torsion au moyen de laquelle la face inférieure est ramenée vers la terre, et la face supérieure vers le ciel. Bon- net ■ a fait beaucoup de recherches sur ce phéno- mène qu’il a cru pouvoir expliquer par l’influence qu’exercerait, sur la face inférieure des feuilles, l’hu- midité qui s’élève de la terre; mais cette tendance de la face intérieure des feuilles vers l’humidité ne peut être admise, puisque le retournement de ces organes a lieu dans l’eau comme dans l’air. Celte expérience est due à Bonnet lui-même , et il est bien singulier qu’il n’ait pas vu qu’elle renversait sa théorie. Au reste, c’est faute d’avoir observé le phénomène de la direction des feuilles dans toute sa généralité que Bonnet a affirmé que la face des feuilles appelée supé- rieure se dirige constamment vers le ciel, et la face opposée vers la terre; il existe à cet égard des excep- tions fort remarquables: il y a presque toujours une différence sensible d’organisation entre la lace supé- rieure et la face inférieure des feuilles , la face supé- rieure est presque toujours plus colorée que ne l’est la face intérieure , qui est ordinairement d’un vert blanchâtre, (jette différence de la coloration des deux laces de la feuille coïncide constamment avec la dit— 1 Recherches sur Vusaije des feuilles. 1 20 MOTILITÉ DES VÉGÉTAEX. férence de la direction de ces faces ; la face la plus co- lore'e se dirige toujours vers la lumière, ou plus gé- néralement vers le ciel ; la face qui a le moins de coloration, c’est-à-dire dont la coloration est moins vive, se dirige toujours vers la terre : aussi lorsque la face supe'rieure est moins colorée que la face in- férieure , la feuille présente une position inverse de celle qui s’observe chez presque tous les végétaux; sa position est renversée , c’est-à-dire que sa face supérieure est dirigée vers la terre, et que, par con- séquent , sa face inférieure est dirigée vers le ciel. C’est ce que j’ai observé chez plusieurs graminées : beaucoup de plantes de cette famille ont leurs feuilles renversées , la face supérieure de ces feuilles est d’un vert glauque ; la face intérieure de ces mêmes feuilles est au contraire d’un vert éclatant : aussi est-ce cette dernière qui se dirige constamment vers le ciel , au moyen d’une torsion qui s'opère dans le corps même de la feuille. Ce phénomène est surtout facile à obser- ver chez les graminées céréales ; ces plantes , avant l’apparition de l’épi , offrent une multitude de feuilles qui , élancées dans l’atmosphère, ramènent leur pointe vers la terre, et sont ainsi disposées en arceaux : or c’est toujours la face inférieure de la feuille qui , dans ces arceaux, est dirigée vers le ciel; la face supé- rieure regarde la terre. Avec un peu d’attention, on voit la même disposition dans la feuille de plusieurs des humbles graminées que nous louions tous les jours aux pieds. J’ai trouvé peu de graminées qui fus- sent étrangères à cette disposition. On ne l’observe MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 12 1 I point, par exemple, chez le zea majr s ; elle n’existe I point non plus chez le triticum repeus ni chez l a- [grostis rubra : aussi , chez ces végétaux, n’observe- tt-on point la prédominance de la coloration de la face inférieure de la feuille , comme cela s’observe ■ chez la plupart des autres graminée'. J’ai remarqué ique les substances qui masquent extérieurement la . coloration des feuilles ne nuisent en rien à la direc- tion qu’elles affectent en raison de cette coloration; ainsi la feuille du seigle dirige constamment sa face inférieure vers le ciel , quoique cette face soit couverte d’une poussière glauque qui masque sa cou- leur verte, et qui fait que cette face inférieure paraît moins colorée que la face supérieure. Cette apparence disparaît en essuyant la feuille; alors on voit que sa face inférieure, dirigée vers le ciel, est effectivement plus colorée que ne l’est sa face supérieure dirigée vers la terre. Les feuilles dont les deux faces sont également colorées ne dirigent aucune de ces faces vers la lumière, mais leur pointe s’élève ordinaire- ment droit vers le ciel; telles sont les feuilles des ty- phinées et les feuilles subulées des alliacées. L’ascen- sion verticale de ces feuilles résulte de la même cause que celle qui produit l’ascension verticale des liges dépourvues de feuilles, et qui sont également colo- rées dans tout leur pourtour, telles que les tiges des plantes qui appartiennent aux genres allium , scir- pus , j une us } etc. Les feuilles du gui, également co- lorées sur leurs deux faces, les dirigent de même in- différemment vers la lumière, el j’ai remarqué que la I *22 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. pointe de ces feuilles tend aussi vers le ciel, de même que les extrémités des tiges de celle plante lors- qu’elles ont acquis une certaine longueur. 11 résulte de ces observations que les directions spéciales qu’af- fectent les faces opposées des feuilles sont constam- ment en rapport avec la différence de la coloration de ces faces. C’est toujours la face dont la couleur est la plus éclatante qui se dirige vers le ciel, la face la moins colorée se dirige toujours vers la terre; ainsi ce n’est point en leur qualité de face supérieure ou de face inférieure de la feuille , que ces faces affectent des directions spéciales , c’est en leur qualité de faces différemment colorées. Les pétales des fleurs sont soumis , sous le point f de vue de la direction de leurs faces, à des lois sem- blables à celles qui président à la direction des feuilles ; c’est toujours leur face la plus colorée qui se dirige vers la lumière , et c’est en général , comme chez les feuilles , la face supérieure qui présente cette prédo- minance de coloration qui , quoique souvent peu sensible , est cependant toujours réelle. On la remar- que même dans les pétales de couleur blanche : que l’on observe, par exemple, un pétale de lis blanc ( l ilium album), on verra que sa face supérieure est d’un blanc mat et fort éclatant , tandis que sa lace inférieure offre une teinte beaucoup plus pâle ; la couleur blanche des fleurs, comme toutes les autres couleurs que l’on observe dans ces organes , est due à une matière colorante particulière qui est déposée dans le parenchyme subjaccnt à l’épiderme; il en est MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. ! 20 de même de la couleur verte des feuilles. Ainsi la blancheur des pétales de certaines fleurs n’esi point due à la même cause que la blancheur des racines ainsi que des liges étiolées. Dans les pétales blancs , il y a existence d’une matière colorante blanche; dans les racines ainsi que dans les tiges étiolées , il y a absence de toute matière colorante , ce qui laisse apercevoir la couleur propre au tissu végétal , cou- leur qui approche du blanc. Les pétales tendent à se retourner comme les feuil- les, lorsqu’on dirige leur face supérieure vers la terre, en maintenant renversée la fleur à laquelle ils appar- tiennent. J’ai fait cette observation sur les pétales du lilium aLburrij mais leur retournement , qui ne s’opère qu’au moyen de leur torsion, n’est jamais aussi com- plet que l’est celui des feuilles que leur pétiole rend tort mobiles; on observe avec plus de facilité la ten- dance de la face supérieure de la fleur tout entière vers la lumière , ce fait est si connu que je ne crois pas devoir m’y arrêter. Tl est cependant des fleurs dont l’ouverture est constamment dirigée vers la terre, cela, sans nul doute, provient souvent de leur pesanteur et delà faiblesse de leur pédoncule ; ruais je pense que cela provient aussi quelquelois d’une tendance naturelle de la face inférieure de la fleur vers le ciel, comme étant plus colorée que la face supérieure. Dans les fleurs du digiialis purpurea , du symphjtum officinale, du fritillaria imperialis , par exemple , la face supé- rieure est moins colorée que la face inférieure , qui doit , par cela même , tendre de préférence vers la 1^4 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. lumière, et par conséquent vers le ciel: delà vient que ces fleurs ont toujours leur orifice dirige vers la terre; c’est par une action spontanée qu’elles se dirigent ainsi. Nous trouverons la preuve de cette assertion dans la section suivante. Dans les fleurs papilionacc'es , il est presque général de voir le pavillon diriger sa face supe'rieure vers la lumière , ce qui coïncide avec la plus forte coloration de celte face ; les ailes , au contraire , appliquées ordinairement l’une contre l’autre par leur face supe'rieure , qui est peu colorée , présentent latéralement à l’influence de la lumière leur face inférieure, dont la coloration est beaucoup plus forte. Dans le genre phaseolus , on remarque même que les ailes se tordent sur elles-mêmes pour diriger vers le ciel cette même face inférieure; le contraire a lieu dans la fleur du melilotus officinalis ■ chez elle, c’est laface supérieure des ailes qui se dirige en haut, au moyen de la torsion de ces mêmes ailes , et cela coïncide encore avec la plus forte coloration de la face dirigée vers le ciel ; ainsi les pétales se comportent exactement comme les feuilles, sous le point de vue des directions spéciales qu’ils affectent : chez les uns comme chez les autres , la prédominance de la coloration de l’une quelconque des deux faces est la condition organique qui détermine la direction de celte face vers la lumière ei vers le ciel. Les ovaires , après la chute de la fleur , affectent souvent une direction spéciale et différente de celle que présentait la fleur; chez le digitalis purpurea , par exemple , après la chute de la fleur qui était diri- MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 120 gee vers la terre , l’ovaire se redresse et dirige sa pointe vers le ciel ; ce fait coïncide avec la couleur s verte de l’ovaire ; il se dirige vers le ciel comme le ferait ; une tige , et par la même raison. Un phénomène ab- solument inverse s’observe chez les convolvulus volubilis et arvensis : la fleur est dirigée vers le ciel; à peine est-elle tombée, que l’ovaire tend à se diriger wers la terre au moyen de la torsion du pédoncule : à i coup sûr cette torsion du pédoncule, lequel est fort i robuste, n’est point due à la pesanteur de l’ovaire qui, i immédiatement après la chute de la fleur , est encore I fort petit, et par conséquent très léger; il faut donc i chercher ailleurs la cause de cette direction ^spéciale. L’ovaire qui est nu est blanc, ou plutôt décoloré comme une racine, il tend comme elle et par la même i raison vers la terre; le même phénomène n’a point lieu chez le convolvulus sepium , dont l’ovaire, après la chute de la fleur , reste enveloppé par deux larges bractées, qui, en leur qualité de parties vertes, tendent vers le ciel et maintiennent l’ovaire dans celte direction. Ainsi, les phénomènes de direction spéciale que nous observons dans les diverses parties des végétaux coïncident constamment avec la nature de la colora- tion de ces parties : nous ne pouvons donc nous dispenser de reconnaître que la différence de colora- tion est la condition organique à laquelle est attachée la différence de cette direction. Les tiges se dirigent vers le ciel et vers la lumière, parcequ’elles possè- dent un parenchyme coloré; les racines se dirigent vers la terre, parceque leur parenchyme est incolore: 126 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. les feuilles et les pe'tales dirigent l’une quelconque de leurs faces vers le ciel et vers la lumière , pareeque dans celle face le parenchyme subjacent à l’épiderme est plus fortement colore' que ne l’est celui de la lace opposée, qui se dirige vers la terre. Ainsi la coloration des tiges oppose'ès à la décoloration des racines est un phénomène du même genre que la forte coloration de la feuille sur l’une de ses faces, mise en opposition avec la moindre coloration de l’autre lace. Après avoir étudié les directions spéciales qu’affec- tent les faces opposées des feuilles, il nous reste à décider cette question : Ces directions spèciales sont- elles mécaniquement imprimées à la feuille par des agents extérieurs , ou bien sont-elles les résul- tats d’actions spontanées , exécutées à l’occasion de l’influence de ces agents? Pour décider celte question, j’ai fait les expériences suivantes: j’ai pris des feuilles de divers végétaux , et, après avoir retran- ché leur pétiole , je l’ai remplacé par un cheveu fixé dans le corps de la feuille au moyen d’un petit cro- chet; à l’autre extrémité du cheveu était attaché un petit morceau de plomb. J’ai ensuite plongé cet ap- pareil dans un bocal plein d’eau, après avoir pris le soin de laisser ce bocal long-temps en repos , afin que l’eau qu’il contenait n’eût aucun mouvement propre. La pesanteur du plomb précipitait la feuille au fond du bocal; mais, comme, en vertu de sa pe- santeur spécifique moindre que celle de l’eau , la feuille tendait vers la surface de ce liquide, il en ré- sultait qu’elle se plaçait dans une position verticale, MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 1 2 7 ayant sa pointe dirigée vers le ciel , et j’avais soin de la placer de telle façon quelle eût sa face inférieure ddirigée vers la lumière. On sait, par les expériences dde Bonnet , que les feuilles plongées dans l’eau se re- itournent de la même manière que dans l’air : si donc Ile retournement de la feuille était dû à une attraction ^exercée par la lumière sur la face supérieure de cet corgane, ce retournement devait s’opérer, dans l’ex- ipérience en question, au moyen de la torsion du ccheveu qui remplaçait le pétiole , et cela même avec jplus de facilité que dans l’ordre naturel , puisque ce tcheveu opposait moins de résistance à la torsion que tn’en opposait le pétiole lui-même, qui cependant se tord en pareille circonstance. Le résultat de cette ex- périence a été que la feuille est restée parfaitement iin- ! mobile, et n’a manifesté aucune tendance au retour- nement. Cependant, lorsque j’ai mis en expérience des feuilles alongées et lort jeunes, telles que des i feuilles de pêcher ( amygdalus persica ) ou des fo- ilioles de noyer ( juglans regia ), j’ai vu la partie su- périeure de la feuille se tWrdre sur elle-même et ra- ii mener sa face supérieure vers la lumière, sans que le cheveu éprouvât la moindre torsion, ce dont je ju- ! : geais à la direction du crochet au moyen duquel la I feuille était attachée au cheveu. Ces expériences com- || i mencent à prouver que la lumière n’exerce aucune attraction sur la face des feuilles qui se dirige ordi- 1 1 nairement vérs elle, et que le retournement de ces I organes est le résultat d’un mouvement spontané. | 1 Cette vérité est mise hors de doute par l’expérience 128 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. suivante : j’ai pris un fragment de lige de polfgonum convolvulus j chargée de deux feuilles situées du même coté et dirigées dans le même sens. J’ai fixe avec un petit crochet un cheveu à la partie supérieure de ce fragment de tige ; un morceau de plomb , fixé à l’autre extrémité du cheveu a précipité dans l’eau d’un bocal ce fragment de tige dans une situation renversée , en sorte que les deux feuilles qu’il portait avaient leur face supérieure dirigée obliquement vers la terre et à l’opposile de la lumière. La plante se te- nait suspendue au milieu de l’eau du bpcal, sans tou- cher les parois de ce dernier, qui était placé auprès d’une lenêtre. Les deux feuilles ne tardèrent pas à se retourner au moyen de la torsion de leurs pétioles ; le fragment de lige qui les portait ne changea point déposition, et le cheveu qui le retenait au milieu de l’eau n’éprouva pas la moindre torsion. Ce cheveu délié offrait à la torsion une résistance infiniment moindre que celle qui lui était opposée par les deux pétioles des feuilles ; si donc ces deux derniers ont été tordus par l’effet du retournement des feuilles , sans que le cheveu ail participé le moins du monde à cette torsion, cela prouve d’une manière irréfragable que ce n’est point une attraction , ou une autre cause mécanique extérieure qui détermine le retournement des feuilles, mais que ce retournement est le résultat d’un mouvement spontané, exécuté cà l’occasion de l'influence d’un agent extérieur sur la feuille. La lumière n’est point le seul agent dont 1 influence soit susceptible de déterminer le retournement des MOTILITÉ DE» VÉGÉTAUX. 1 ‘AC) l'tfeuilles. J’ai observe, avec Bonnet, que ces organes se ; retournent dans une obscurité complète, et tendent ainsi, sans le secours de la lumière, à diriger l’une de Heurs laces vers le ciel et l’autre vers la terre. Cette «observation prouve que la cause de la pesanteur joue, Bans la production de ce phénomène, un rôle sem- Iblable à celui de la lumière: la face la moins colorée ,:de la feuille tend, comme les racines, vers la terre, oou dans le sens de la pesanteur; la l’ace la plus colo- rrée tend, comme les tiges, vers le ciel, ou dans le ssens opposé à celui de la pesanteur. On pourrait * fpeut-êlre penser qu’il n’j aurait qu’une seule des ‘faces de la feuille qui affecterait une tendance déter- minée, et que l’autre face serait passive dans cette circonstance; il est, je crois, impossible d’éclaircir chez les feuilles ce doute qui se trouve levé par l’ob- servation de la tendance que manifeste la radicule du .gui à fuir la lumière. Cette radicule est moins co- lorée en vert que la tige à laquelle elle fait suite, et ic’esl cette moindre coloration qui est la cause de sa tendance évidente à fuir la lumière. On ne peut se irefuser ici à admettre les inductions de l’analogie, et à reconnaître que la face la plus colorée des feuilles tend vers la lumière, et que la face la moins colorée tend à la fuir; par la même raison on peut affirmer tque les deux faces de la feuille ont une tendance in- ' verse, par rapport à la cause inconnue de la pesanteur. Ainsi il est bien établi par l’observation qtie îa diffé- rence de la coloration est la condition organique qui accompagne constamment la différence delà direction l30 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. des parties végétales; il est également démontré que c’est toujours par des mouvements spontanés que les végétaux dirigent d’une manière spéciale leurs diverses parties, et que, par conséquent, les agents extérieurs qui déterminent ces directions spéciales n’agissent sur le végétal qu’en qualité d’agents nervimoteurs. C'est la nervimotion, produite par ces agents, qui produit à son tour les mouvements spontanés dont il est ici question. Aussi , quand la nervimotilité de la plante est abolie, ses feuilles renversées ne se retour- nent plus. Nous avons vu , dans la section précédente, qu’on peut abolir la motilité de la sensitive , en la plaçant dans une obscurité complète pendant un temps plus ou moins long. Or j’ai expérimenté que, lorsque cette plante est réduite par ce procédé à ne plus mouvoir ses feuilles sous l’influence des secousses, elle n’est plus capable non plus de les mouvoir pour les retourner , lorsqu’on les place dans un état de ren- versement. Les feuilles de la sensitive étant renversées se retournent assez promptement , même dans la plus profonde obscurité. Or , ayant renversé plusieurs lèuilles d’une sensitive qui était depuis quatre jours et demi dans une obscurité complète , par une tempé- rature de -}- 22 à 24 degrés, et dont les feuilles n’ol- fraient plus aucune motilité sous l’influence des agents nervimoteurs mécaniques , ces feuilles con- servèrent leur position renversée , sans faire aucune tentative pour la quitter pendant trois jours que je les laissai en expérience. Ceci achève de prouver que le retournement des lèuilles dépend entièrement d’une MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. l3l ction intérieure et vitale, et que les agents extérieurs ai déterminent ce phénomène ne sont , dans cette nrconstance, que des agents nervimoteurs. Or, jomme la différence de la coloration des parties des égétaux apporte une différence dans la direction liu’elles affectent , il en résulte qu’il y a deux modes afférents de la nervimotion, qui sont en rapport avec t différence en plus ou en moins de la coloration des aarties végétales. On doit à Bonnet plusieurs observations qui ten- draient à faire penser que les végétaux cherchent à air les abris desquels ils sont voisins. Ainsi les liantes qui croissent près d’une muraille inclinent :ur tige pour s’en éloigner ; les feuilles que l’on cou- re d’une planche s’éloignent spontanément de cet abri, ai répété et varié les expériences queBonnet a faites cet égard ; je ne me suis pas contenté de les faire sui- es plantes exposées à l’influence de la lumière, je les répétées sur des végétaux plongés dans la plus profonde obscurité. J’ai vu que lorsqu’on couvre d’une elite planche la face supérieure d’une feuille d’un jgétal situé en plein air, cette feuille tend à se Uuslraire à cet abri par des moyens qui ne sont point lujours les mêmes , mais qui sont toujours ceux ni doivent arriver le plus facilement et le plus comptcment à cette fin; ainsi c’est tantôt au moyen ; la flexion latérale du pétiole que la feuille est re- trée de dessous l’abri , tantôt c’est au moyen de la exion de ce même pétiole vers la tige. Lorsque la tanche est trop large pour que la feuille puisse être 9- 1Ô2 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. retirée de dessous, le pétiole se fléchit vers la terre, et la feuille se présente ainsi à l’influence de la lu- mière, qui lui arrive latéralement par-dessous la plan- che. J’avais couvert d’une petite planche la foliole terminale d’une feuille de haricot ( phaseolus vuU garis ), feuille qui, comme on sait, possède trois folioles; cette foliole ne pouvait point se retirer de dessous la planche par l’inflexion de son pétiole par- ticulier, à cause du peu de longueur de ce dernier; ce fut le pétiole commun qui, par son inflexion , retira la foliole de dessous l’abri qui la recouvrait. En voyant celte diversité de moyens employés pour parvenir à une même fin, on serait presque tenté de croire qu'il existe là une intelligence secrète qui choisit les moyens les plus convenables pour accomplir une action déterminée. Les feuilles plongées dans mie profonde obscurité, et recouvertes par un abri , ne manifestent aucune tendance à s’y soustraire. C’est ce dont je me suis as- suré par des observations multipliées et Faites avec beaucoup de soin; seulement j’ai observé quelque- fois que les feuilles recouvertes d’une petite planche s’en éloignaient en s’abaissant ; mais , comme ce mou- vement peut être causé par la pesanteur de la feuille , on n’en peut rien conclure pour l’existence chez cette dernière d’une tendance spéciale à fuir l’abri qui la recouvre. Il faut donc admettre que le mouve- ment par lequel les feuilles exposées en plein air se retirent de dessous les abris qui les recouvrent est uniquement dû à la tendance naturelle que ces or- MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 1 33 j ^anes ont à diriger l’une de leurs laces vers la lu- mière; c’est un phénomène analogue à celui de leur retournement. On peut conclure de là que si les •iges s inclinent en avant lorsqu’elles croissent dans ce voisinage d’un mur, cela ne provient point d’une endance particulière qu’elles auraient à luir cet abri , mais que cela est occasione' par la tendance de la :ige vers la lumière qui lui arrive principalement en avant, et à l'influence de laquelle elle est presque to- lalement soustraite en arrière, c’est-à-dire du côte' Mu mur. Il existe chez les ve'gétaux un autre phénomène le direction spèciale dont la cause s’est jusqu’ici d/- obée à toutes les recherches des naturalistes ; je veux parler du phénomène auquel Linné a donné e nom de sommeil des plantes. On sait qu’aux ap > roches de la nuit les feuilles et les fleurs de beau- coup de végétaux affectent des directions et des positions differentes de celles qu’elles offraient pen- dant le jour. Bonnet , qui a beaucoup observé ce phé- nomène, croit qu’il dépend de l’humidité qui s’élève de soir de la terre. Cette hypothèse est repoussée par I l’observation ; car j’ai vu qu’une feuille de sensitive plongée dans l’eau ne laisse pas de présenter pendant lia nuit le phénomène du sommeil ou de la plicature de ses folioles, qui se déploient au retour de la lumière du jour. M. Decandolle, qui a fait de belles expé- riences sur les deux états de sommeil et de 'veille des plantes, a reconnu que ces phénomènes dépendent exclusivement de l’absence ou de la présence de la 134 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. lumière; mais cela ne nous apprend point la cause du phénomène lui-même , et ne nous instruit point sur sa nature. La lumière exerce deux influences bien distinctes sur les ve'ge'taux ; elle est à la fois agent réparateur de la nervimotilité végétale, et agent nervimoteur, c’est-à-dire qu’elle répare et consomme tout à la fois les conditions vitales de la nervimotilité. J’ai fait voir, dans la 2 e section , que la lumière répare chez la sensitive la nervimotilité que l’absence de celle lumière avait laissé éleindre ou épuiser. Cette répa- ration de la nervimotilité par la lumière a lieu en venu d’une propriété de cet agent qui n’est pas con- nue. Nous venons de voir que la lumière agit comme cause de nervimotion pour déterminer certaines di- rections des parties végétales. 11 résulte de cette com- plication d’actions de la part de la lumière sur les végétaux que ceux-ci doivent avoir un état diurne en rapport avec la double influence réparatrice et nervimotrice de la lumière , et un état nocturne en rapport avec l’absence de celte double influence. L’observation nous apprend que dans l’état diurne les feuilles de plusieurs végétaux offrent deux direc- tions spéciales différentes ; tantôt elles présentent di- rectement l’une de leurs faces à la lumière , tantôt elles dirigent leur pointe vers elle; c’est ce que l’on re- marque, par exemple, chez la sensitive (mimosa pu- dica ), chez le robinia pseudo acacia , etc. Le matin les feuilles de ces végétaux présentent leur face supé- rieure à la lumière , mais dans le milieu du jour, sur- MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. r* u5 1 Tout si la lumière du soleil est fort intense, les lolioles Idirigent leur pointe vers la lumière ou vers le ciel. ilCes deux directions différentes, qui se croisent à angle droit, composent par leur assemblage l’état diurne des feuilles. Ces deux directions ne s’observent pas fichez tous les végétaux , mais il est un phénomène assez commun qui s’y rattache : ce phénomène, qui a été noté par Bonnet, est celui de la forme concave que prennent les lèui lies un peu larges lorsqu’elles •sont soumises à l’influence d’une forte lumière. Cette (concavité de la feuille est produite par la tendance de ses bords ou des extrémités de scs nombreuses nervures vers la lumière ; ce phénomène est évidem- ; ment du même genre que celui que l’on observe dans les feuilles qui, comme celles de la sensitive, diri- gent vers une forte lumière la pointe de leur nervure unique. Ce phénomène provient de ce que les extré- mités des nervures des feuilles se comportent comme si elles étaient des extrémités de tiges , et qu’elles tendent, en cette qualité, à se diriger vers la lumière. Ainsi, pendant le jour, les feuilles de certains végé- taux obéissent successivement à deux tendances qui se croisent à angle droit ; la première de ces tendances dirige leur face supérieure vers la lumière, la seconde dirige leur pointe vers ce même agent. Il est à re- marquer que la première est le plus constamment prédominante, et qu’il faut une grande intensité de lumière pour faire prédominer la seconde, encore ce dernier effet ne s’observe-t-il que chez quelques vé- gétaux. Dans leur état nocturne , les feuilles n’offrent 1 36 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. qu’une seule direction spéciale, et celte direction , considérée, chez les divers végétaux, est assez va- riable, quoique constante et unique chez chacun d’eux. On sait qu’alors les folioles de la sensitive sont ployées le long de leur pinnule ou de leur axe com- mun, que les folioles du roblnia pseudo acacia ont leur pointe dirigée vers la terre; que les folioles des casses tordent leurs pétioles pour se joindre par paires par leurs faces, supérieures en même temps qu’elles dirigent leur pointe en bas , etc. Ces phénomènes ont leur cause dans un état particulier de la nervimoli- litd du végétal; cette cause se trouve spécialement dans la diminution des conditions de la nervimolilité, conditions qui, sans cesse épuisées par le milieu environnant , ne sont plus réparées en suffisante quantité , à cause de l’absence de l’agent répara- teur, qui est la lumière. En un mot, le sommeil des feuilles est la position particulière qui doit résul- ter d’une diminution considérable et rapide des con- ditions de leur nervimolilité : aussi toute cause qui produira cette diminution produira une position des feuilles semblable à celle du sommeil. C’est ce que l’on observe chez la sensitive ; une secousse imprimée à ses feuilles, en épuisant momentanément une por- tion des conditions de leur nervimolilité, leur fait prendre la même position qu’elles affectent pendant le sommeil ; leur plicature est véritablement alors un sommeil diurne. Il n’y a point de différence entre ce sommeil diurne provoqué par un agent nervimoteur violent , lequel consomme cl diminue rapidement les MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. I Ô'J conditions de la nervimotilité, et le sommeil îioc- i tturne , qui est provoqué par la diminution de ces < i mêmes conditions de la nervimotilité, par le fait de ,11’absence de l’agent réparateur de ces conditions vi- i taies sans cesse consommées par le milieu ambiant. Les fleurs, comme on le sait, présentent, de 1 nncme que les feuilles , ces deux états de sommeil et jule veille, qui reconnaissent certainement pour cause un état particulier d’épuisement ou d’accumulation i des conditions de la nervimotilité. La lumière agis- sant à la fois comme cause réparatrice de la nervimo- lililé végétale, et comme cause nervimotrice , ou comme cause d’épuisement de cette même nervimo- liiité, elle doit, considérée dans un degré déterminé d’intensité, tantôt réparer plus quelle n’épuise , tan- tôt épuiser plus qu’elle ne répare, et cela suivant l’organisation particulière des végétaux. Ainsi, il n’est point étonnant que l’on rencontre des parties végé- tales qui offrent la plicature du sommeil pendant le jour, et qui se déploient à la faible lueur du crépus- cule; telle est, par exemple, la fleur de la belle de nuit ( mirabilis jalappa ). La plicature de cette Heur est provoquée par une forte lumière qui agit sur elle plus comme cause d’épuisement que comme cause de réparation, tandis que le même degré de lumière pro- duit un effet inverse sur la plupart des autres fleurs. i38 MOTILITÉ DES VEGETAUX. SECTION IV. UE T, 'INFLUENCE DU MOUVEMENT DE ROTATION SUR UES DIRECTIONS SPÉCIALES Qu’aFFECTENT LES DIVERSES PARTIES DES VEGETAUX. Les expériences rapportées dans la section précé- dente nous ont prouve que les directions spéciales qu’affectent les diverses parties des végétaux sont dues à des actions vitales et spontanées dont la cause immé- diate se trouve dans l’influence qu’exercent sur la ner- vimotilité végétale deux agents extérieurs, la lumière, et la cause inconnue de la pesanteur. Si nous pouvions imiter les procédés de la nature , si nous pouvions em- ployer des agents nervimoteurs differents de ceux quelle met en usage pour déterminer ces directions spécialeset spontanées des végétaux, cela nous mettrait à même de déterminer quel est le mode d’action de ces agents sur la nerviinolililé végétale. Deux naturalistes, MM. Hunier et Knight.ont déjà tenté ce genre d’expé- riences; ils ont voulu voir ce qui arriverait à des graines qui , soumises à un mouvement de rotation continuel, présenteraient ainsi leur radicule et leur plumule , chacune successivement au ciel et à la terre. Huntermit une fève au centre d’un baril plein de terre et qui était animé d’un mouvement continuel de rotation sur son axe horizontal: la radicule sedirigea dans le sensdel axe MOTILITÉ DLS VÉGÉTAUX. 1 09 de la rotation du baril. M. Knight' fixa des graines de haricots à la circonférence d’une roue de onze pouces de diamètre, laquelle, mue continuellement par l’eau dans un plan vertical , faisait cent cinquante révolu- tions par minute. Il résulta de cette expérience que chaque graine dirigea sa radicule et sa plumule dans le sens des rayons de la roue ; les radicules tendirent vers la circonférence et les plumules vers le centre. M. Knight répéta la même expérience avec une roue de semblable diamètre et qui était mue dans un plan horizontal ; elle faisait deux cent cinquante révolutions par minute. Toutes les radicules se dirigèrent encore vers la circonférence et les plumules vers le centre, mais avec une inclinaison de 1 o degrés des radicules vers la terre et des plumules yers le ciel. En réduisant à quatre-vingts révolutions par minute la vitesse de rota- tion de celte roue horizontale, l’inclinaison des radicules vers la terre, et des pl umules vers le ciel , devint de de- grés. Ces expériences sont extrêmement intéressantes, en ce qu’elles démontrent qu’il existe des moyens d’oc- casioner artificiellement chez les plantes des directions différentes de celles qu’elles prennent naturellement. Je résolus de répéter ces expériences et de les varier; mais comme je ne pouvais disposer d’un appareil mu par l’eau sans interruption, je pris le parti de faire con- struire un mouvement d’horlogerie assez semblable à un tournebroche. Il est mu par un poids de deux cent soixante-dix livres, que l’on remonte de douze ' Phiiosophical Transactions of llic royal Society of Lon don , 1S0G. 1 40 MOTILITÉ DUS VÉGÉTAUX. heures en douze heures; son mouvement est régie par un régulateur ou volant, dont la rotation s’opère dans le sens horizontal : les roues verticales, qui sont au nombre de cinq, prolongent leurs axes de chaque côté au-delà des montants qui les supportent; ces prolongements des axes sont carrés , en sorte qu’il est facile d’y adapter une roue de bois , à la circonférence ou au centre de laquelle je place les graines dont je veux observer la germination. Je place ces graines dans des ballons de verre munis de deux ouvertures diamétralement opposées, et que je ferme avec des bouchons après y avoir introduit la quantité d’eau nécessaire pour la végétation des embryons des graines. Celles-ci sont enfilées par leurs enveloppes, ou leurs cotylédons, au mqyen de deux fils de cuivre extrêmement déliés, dont les extrémités sont fixées de part et d’autre aux bouchons qui ferment les deux ouvertures des ballons de verre. Ceux-ci sont ensuite fixés d’une manière solide à la roue avec laquelle ils doivent se mouvoir; de cette manière, les graines transportent avec elles dans leur mouvement circu- laire l’eau nécessaire à leur germination; les ballons de verre au milieu desquels elles sont fixées d’une manière invariable, ont l’avantage de les soustraire à l’in- fluence de toute action mécanique de la part du mi- lieu dans lequel le mouvement s’opère. Le fil de cuivre dont je me sers pour fixer les graines dans l’intérieur des ballons de verre est le plus fin que l’on emploie pour envelopper eu spirale des cordes d’instruments. J’ai pris des graines de pois ( pisuni scitivum ) cl MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. l/|l des graines de vesce ( vicia sativa ) qui commen- çaient à germer; je les ai placées, suivant le procédé décrit plus haut, dans des ballons de verre que j’ai fixés à la circonférence d’une roue d’un mètre de dia- mètre, qui faisait quarante révolutions par minute. Le résultat de cette expérience fut que toutes las ra- dicules se dirigèrent vers la circonférence, et que toutes les plumules se dirigèrent vers le centre de la rota- lion ; les radicules, qui s’étaient trouvé originairement tournées vers le centre, se retournèrent vers la circon- férence; les plumules se courbèrent de même pour sedi- riger vers le centre. Cette expérience, répétée plusieurs fois, m’a donné constamment le même résultat, qui est également celui qui a été obtenu par M. Ivnight. A l’exemple de M. Knight , j’ai voulu éprouver l’effet que produirait sur les graines en germination une rotation rapide, opérée dans un plan horizontal; pour cela, j’ai remplacé le régulateur ou volant de mon mouvement d’horlogerie par une règle de bois, à chacune des extrémités de laquelle j’ai attaché so'ide- ment un petit ballon de verre contenant des graines de vesce, fixées dans son intérieur, comme je l’ai dit plus haut, au moyen de deux fils de cuivre; cette règle formait un diamètre de .58 centimètres de lon- gueur, elle faisait cent vingt révolutions par minute. Les radicules et les plumules se dirigèrent dans un sens parfaitement horizontal , les premières vers la circonférence , et les secondes vers le centre. Ici les graines n’avaient point cessé d’être soumises à la cause qui , dans l’étal naturel , préside à la direction per- \ 142 MOTILITÉ DBS VEGETAUX. pendiculaire de la plumule et de la radicule ; mais cette cause naturelle avait été surpassée en énergie par la cause artificielle -employée dans cette circon- stance, c’est-à-dire par la force centrifuge qui résul- tait de la rotation rapide. M. Ivnight n’avait pas ob- tenu un résultat aussi complet de son expérience sur les graines de haricots soumises au mouvement de rotation horizontale, puisqu’elles avaient conservé un peu de leur tendance verticale; cependant la force centrifuge à laquelle elles étaient soumises était plus considérable quelle ne l’était dans mon expérience, puisque sa roue, qui avait 1 1 pouces anglais (ou 28 centimètres) de diamètre, faisait deux cent cinquante révolutions par minute. Cette différence dans le ré- sultat dépend entièrement de la nature des graines soumises à l’expérience. J’ai éprouvé que l’embryon de la graine de vesce est beaucoup plus facile à in- fluencer pour sa direction que ne le sont les embryons beaucoup plus gros des graines de haricots ou de pois ; aussi est-ce presque toujours avec des graines de vesce que j’ai fait mes expériences. J’ai placé un certain nombre de ces graines dans un ballon de verre, dont elles occupaient le diamètre intérieur, fixées, comme à l’ordinaire, dans celte place au moyen de deux fils de cuivre qui enfilaient leurs enveloppes. J’ai attaché ce ballon de verre sur une petite planche que j’ai adaptée au pivot du volant horizontal de mon mouvement d’horlogerie , en remplacement de ce vo- lant ; cet appareil taisait deux cent cinquante révolu- tions par minute; le centre de la rotation répondait MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. >4° iau milieu de celle se’rie longitudinale et horizontale kle graines; une de ces dernières eïait située aussi exactement que possible au centre meine, cependant Ja radicule de celle-ci se trouva décrire un cercle ex- iirêmement petit, car je ne pense pas qu’il eût, dans [l’origine , plus d’un à deux millimètres de rayon. (Celle radicule se dirigea vers la circonférence, dans iun sens parfaitement horizontal; la plumule s’éleva vverticalement vers le ciel ; les radicules des autres graines, qui étaient plus éloignées du centre, se diri- gèrent à plus forte raison dans une horizontalité par- faite vers la circonférence; leurs plumules se dirigé— rrent toutes vers le centre, mais avec différents degrés Id’inclinaison par rapport à l’horizon: celles qui étaient à plus de deux centimètres du centre dirigèrent leurs kiplumules vers ce dernier avec une horizontalité par- faite; celles qui. étaient situées plus près du centre -s’en approchèrent en se dirigeant obliquement vers le (ciel; enfin, toutes les plumules ayant continué de s’ae- ccroître, se réunirent en faisceau au centre, où elles .prirent toutes une direction verticale vers le ciel. Je rrépétai cette expérience aveedes graines germées, dont je dirigeai la radicule vers la terre ; au bout de quel- ques heures de rotation, les radicules abandonnèrent (cette direction naturelle, et, se courbant vers la circon- Iférence, se placèrent dans une situation horizontale. La rotation horizontale la plus lente qu il m'ait été [possible d’obtenir avec mon mouvement d’horlogerie îa.étéde cinquante- quatre révolutions par minute. Les .graines de vesce soumises à celte rotation ont incliné • 1 44 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX, leur radicule vers la terre, dans une position oblique, éloignée d’environ 45 degrés de la ligne verticale, et dirigée vers la circonférence ; les plumules ont affecté le même degré d’inclinaison vers le centre, en mon- tant obliquement vers le ciel. Ces expériences démon- trent deux faits généraux, savoir, i° que la radi- cule, dans l’action spontanée au moyen de laquelle elle se dirige , obéit au mouvement ou à la tendance qui l’influence; en effet, soumise au mouvement de rotation , la radicule se dirige dans le sens de la ten- dance centrifuge qui naît du mouvement circulaire , c’est-à-dire quelle prend la direction du rayon, en s’a- vançant vers la circonférence ; 20 que la plumule , dans faction spontanée au moyen de laquelle elle se dirige, réagit contre le mouvement ou la tendance qui l’influence; en effet, soumise au mouvement de rotation, la plumule se dirige dans le sens diamétra- lement opposé à celui de la tendance centrifuge qui naît du mouvement circulaire , c’est-à-dire qu’elle prend la direction du rayon en s’avançant vers le centre. Après avoir répété et vérifié les expériences de M. Knight, j’ai voulu essayer de reproduire l’expé- rience de Hunter, qui a vu qu’en faisant, tourner une graine sur elle-même, la radicule se dirigeait dans le sens de l’axe de la rotation ; cette observation fort in- complète méritait d’être suivie. J’ai placé un ballon de verre, contenant des graines de vesce, au centre d’une roue qui faisait quarante révolutions par mi- nute; j'avais fait en sorte que la série longitudinale des graines, que maintenaient les deux fils de cuivre, !ul située aussi exactement que possible sur le pro- « ngemcnt de l’axe de rotation, lequel était dirige' à neu près du nord-est au sud-ouest. Les radicules et e2S plumules se dirigèrent également selon l’axe de cotation , mais dans des sens diamétralement opposés; ess radicules s’avancèrent vers le sud-ouest et les dumules vers le nord-est. Le même effet eut lieu wec tous les degrés de vitesse de rotation qu’il me ut possible d’employer, ce qui me prouva que ce Phénomène ne dépendait point du tout du degré de \elte vitesse. Je pensai que cette direction spéciale de ai plumule et de la radicule pouvait provenir du sens Llans lequel la rotation s’opérait; je répétai donc mon expérience en taisant tourner la roue dans le sens op- posé à celui dans lequel sa rotation s’opérait précé- demment; mais le résultat ne varia point: les radi- cules se dirigèrent constamment vers le sud-ouest, et 2S plumules avec le nord-est. Je ne savais à quelle ! :ause attribuer celte direction spéciale de la radicule U de la plumule, lorsqu’il me vint dans l’idée de m’assurer de l’horizontalité de l’axe de ma roue; je ni appliquai un niveau , et je vis qu’il inclinait vers e sud-ouest d’une quantité que je trouvai être j'I’un degré et demi. Celte inclinaison, quoique lé- gère, me parut devoir être la cause de la direction .pédale des caudex séminaux; pour m’en assurer, je •oenchai légèrement mon mouvement d’horlogerie, en teintant les axes des roues vers le nord-est , et dans ette position je recommençai mon expérience. Alors es directions précédentes de la plumule et de la ra- l46 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. dicule furent interverties : les radicules se dirigèrent vers le nord-est, et les plumules vers le sud-ouest. Ainsi, il nie fut démontré que la radicule se dirige vers le côté déclive de l’axe dont elle suit la pente en descendant, et que la plumule, au contraire, se dirige vers le côté ascendant de l’axe dont elle suit la pente en remontant. Il est évident que, dans celte circonstance, la plumule et la radicule subissent l’in- fluence de la cause qui les sollicite dans l’état natu- rel ; mais ne pouvant , à cause de la rotation conti- nuelle , monter et descendre verticalement, elles mon- tent et descendent par une ligne inclinée. Après m’être éclairci sur ce point, j’ai voulu voir ce qui arriverait en plaçant l’axe dans- une horizontalité parfaite, et j’ai vu qu’alors la plumule et la radicule se sont diri- gées comme les deux rayons d’un même diamètre d’un cercle vertical dont la graine occupait le centre. Ayant répété plusieurs fois de suite la même expé- rience, je vis que les caudex séminaux se dirigeaient constamment dans le sens d’un diamètre toujours le même, et que, par conséquent, la plumule tendait constamment vers un point déterminé de la circon- férence de la roue au centre de laquelle la graine était fixée, et que la radicule tendait constamment vers le point diamétralement opposé, et toujours le même de cette circonférence. J’ai cherché, sans succès, pen- dant fort long-temps , la cause de cette tendance spé- ciale, et je l’ai enfin trouvée en observant des graines en germination soumises à un mouvement très lent ' de rotation. J’avais fixé deux ballons de verre, con- MOTILITÉ IJI5S VÉGÉTAUX. 1 4 7 icenant comme à l’ordinaire des graines de vesce prêles ii germer, à la circonférence d'une roue de deux dé- pimètres de rayon qui faisait trente révolutions par heure; un autre ballon de verre semblable était place' nui centre de cette même roue, dont l’axe de rotation "était parfaitement horizontal. Les radicules, dans ces ;rois ballons de verre , prirent une même direction, Vest-à-dire qu’elles se dirigèrent suivant des lignes jcoutes parallèles entre elles ; les plumnles prirent gé- néralement une direction diamétralement opposée à 'celle des radicules. De cette manière , les graines si- tuées au centre de la roue avaient leurs radicules diri- gées selon l’un des rayons de cette roue, tandis que es graines situées à la circonférence avaient leurs ra- licules dirigées parallèlement à ce même rayon et du même côté. Les réflexions que je fis sur ce phéno- mène me conduisirent à penser qu’il y avait de l’iné- galité dans le mouvement delà roue, c’est-à-dire qu’il r avait un des points de cette roue qui marchait vite oendant une demi-révolution, et qui marchait plus entement pendant l’autre demi-révolution. Comme khaque révolution s’exécutait dans l’espace de deux minutes, il me fut facile de mesurer et de comparer mire elles les diverses parties de cette révolution, au moyen d’un pendule qui marquait les demi-secondes. Je trouvai de cette manière que ce que j’avais soup- çonné avait lieu effectivement; la rotation de la roue l’était point uniforme. Celui des points de sa circon- erence pour lequel celte inégalité de mouvement •tait la plus marquée parcourait l’une de ses deux l48 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX, demi-révolutions, observée en parlant d’un point dé- terminé, en soixante-six secondes, et l’autre demi-ré- volution en cinquante-quatre secondes; en sorte que les temps dans lesquels s’opéraient ces deux demi-ré- volutions étaient entre eux comme onze est à neuf. Or, les caudex séminaux étaient tous perpendiculaires à celui des diamètres de la roue qui, en raison de l’i- négalité delà rotation, restait le plus long-temps ex- posé à l’influence de la pesanteur par l’un de ses côtés ou flancs pendant une demi -révolution, et le moins long-temps exposé à cette même influence par le flanc opposé pendant l’autre demi- révolution. Les radicules étaient perpendiculaires au côté ou flanc le plus long-temps tourné vers la terre, et les plu- mules se dirigeaient perpendiculairement sur le côté ou flanc opposé, lequel était le plus long-temps tourné vers le ciel; ainsi, dans cette circonstance, les caudex séminaux se dirigeaient sous l’influence de la pesanteur à laquelle ils étaient incomplètement sous- traits à cause de l’inégalité du mouvement de rotation. Cette inégalité du mouvement provenait de la con- struction défectueuse de mon mouvement d’horloge- rie, qui avait été confectionné par un serrurier fa- bricant de tournebroebes. Quelques tentatives que j’aie faites, il m’a été impossible de corriger ce défaut et d’obtenir un mouvement de rotation parfaitement égal; en revanche, il m’a été facile de rendre la rota- tion de mes roues plus inégale qu’elle ne l’était , en les chargeant aux deux extrémités d’un meme diamètre de ballons de verre d’inégale pesanteur, de manière MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 1 /| Q cependant à ce que le mouvement de rotation ne fut pas arrête par une trop forte inégalité de poids entre c:es ballons. J’ai pleinement confirmé de celte ma- inière les résultats de l’expérience précédente. Lorsque Le ballon le plus pesant parcourait sa demi-révolution jt'în descendant, son excès de poids s’ajoutait à la force motrice et accélérait le mouvement : lorsqu’au con- traire ce même ballon parcourait sa demi-révolution m remontant , son excès de poids diminuait la force imolrice et retardait le mouvement. Il résultait de là «que le diamètre sur lequel étaient placés ces deux ballons présentait ses deux flancs à la terre pendant [Iles espaces de temps inégaux : lorsque, par exemple, Je ballon le plus pesant était au point le plus déclive de sa révolution, il commençait à parcourir lentement sa demi-révolution ascendante, et le diamètre sur le- îjquel il était placé présentait pendant long-temps à la uerre l’un de ses flancs, et cela sous tous les degrés successifs d’inclinaison jusqu’à ce que le ballon pesant æût gagné le point le plus élevé de la révolution. A partir de ce moment, le ballon pesant parcourait ra- pidement sa demi-révolution descendante , et le dia- i mètre sur lequel il était placé présentait, pendant [peu de temps , à la terre sou autre flanc sous tous les degrés d’inclinaison. Il résultait de là que ces deux flancs opposés du diamètre dont il est ici question étaient dirigés vers la terre pendant des temps iné- gaux, et que, par conséquent, la pesanteur devait agir sur les embryons séminaux avec une force pro- portionnelle à cette différence de temps. La direction l5o MOTILITE DES V KG ETAUX. des caudex séminaux devait, dans celle circonstance, être la ligne moyenne entre toutes les inclinaisons sous lesquelles le flanc du diamètre s» présentait à la terre , c’est-à-dire que les caudex séminaux devaient être perpendiculaires au diamètre dont il s’agit : c’est aussi ce que l’expérience m’a prouvé. Ainsi, en ob- servant l’appareil lorsque le ballon pesant parcourait sa demi-révolution ascendante, et au moment où le diamètre sur lequel il était situé était horizontal , on voyait toutes les radicules dirigées verticalement vers le centre de la terre, et toutes les plumules dirigées verticalement vers le ciel. Il n’y avait ainsi qu’une seule et même direction pour toutes les graines con- tenues dans les ballons dont la roue pouvait être chargée, soit à son centre, soit à sa circonférence. Ainsi me fut dévoilée la cause de la direction, selon les deux rayons d’un même diamètre, d’un cercle ver- tical qu’affectaient les deux caudex séminaux de mes graines lorsqu’elles tournaient sur elles-mêmes ; l’axe étant parfaitement horizontal. Il m’était impossible d’apercevoir cette cause lorsque j’employais une ro- tation plus rapide, qui ne permettait pas de mesurer la durée des demi-révolutions , ni même de soupçon- ner leur inégalité ; aussi la recherche de ce phéno- mène m’a-t-elle entraîné dans des erreurs que je m’em- presse ici de désavouer. J’avais cru apercevoir dans le principe que les secousses étaient la cause de la direction spéciale dont je viens d’exposer la cause vé- ritable ; je soumis en conséquence des graines en ger- mination et tournant sur elles-mêmes sur un axe ho- MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 'l5l rizontal, à des secousses régulières, opérées dans un sens toujours le meme, au moyen d’un mécanisme iparliculier. Je vis que les radicules et les plumules des graines contenues dans cet appareil affectaient des «directions constantes en rapport apparent avec la di- rection des secousses, et je n’hésitai point à admettre que le mouvement imprimé par secousses exerçait une influence déterminée sur la direction des caudex >séminaux soustraits à l’influence de la pesanteur par leur rotation. Ce ne fut que long-temps après que je i m’aperçus de mon erreur : la direction spéciale qu’al- ifèctaient les caudex séminaux, dans celte expérience, provenait uniquement d’une inégalité dans le mouve- ment de rotation; inégalité qui était produite par le mécanisme au moyen duquel je produisais les se- cousses, et qui, étant toujours la même, produisait des (effets toujours semblables. L’expérience a ses décep- ftions comme l’imagination a ses illusions, et il est quelquefois bien difficile de s’y soustraire. On voit , par les expériences qui viennent d etre i rapportées, que lorsque la rotation est lente, les em- bryons séminaux qui l’éprouvent cessent de di- riger leur radicule vers la circonférence et leur plumule vers le centre. Il me paraissait important de trouver quel est le degré de vitesse de rotation où cette direction spéciale cesse d’avoir lieu. Les expériences que j’ai faites sur cet objet lie m’ont rien appris de bien positif; d’abord pareeque je n’ai pu essayer Loules les vitesses de mouvement' ; en second lieu, à cause «le la construction défectueuse 102 motilité des végétaux. de mon mouvemeni d’horlogerie. Le mouvement le plus lent que j’aie pu obtenir avec ma roue la plus éleve'e a eïe' de quinze révolutions par minute; les graines soumises à cette rotation avec un décimètre de rayon ont dirigé leurs radicules vers la circonférence et leur plumule vers le centre. Les graines parcou- raient ici neuf mètres quatre décimètres par minute. Le mouvemeni le plus rapide de la roue immédiate- ment subjacente était de quatre révolutions par mi- nute. J’ai soumis des graines à cette rotation, avec un rayon de cinq décimètres : ici les graines parcou- raient douze mètres quatre décimètres par minute, par conséquent leur mouvement était plus rapide que dans l’expérience précédente; cependant la radicule ne se porta point vers la circonférence ni la plumule vers le centre; ces deux caudex se dirigèrent paral- lèlement à l’axe de rotation , -lequel était incliné lé- gèrement. La radicule se porta vers le côté déclive de l’axe et la plumule vers le côté ascendant ; ce ré- sultat, comme on le voit , est semblable à celui que j’avais obtenu en faisant tourner des graines sur elles-mêmes. Je recommençai l’expérience en pla- çant l’axe dans une situation horizontale; alors les a * caudex séminaux alfeclèrent la direction particulière qui, est produite par l’inégalité de la rotation; c’est-à- dire que toutes les radicules ettoutes les plumules se dirigèrent perpendiculairement au même diamètre dans un plan vertical. Il me fut impossible de corri- ger cette inégalité de mouvement, dans la roue dont il est ici question; en sorte que je ne sais pas d’une I MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 1 5.5 manière bien posilive quel est le degré de vitesse de , i mouvement rotatoire sous l’influence duquel la plu- mule cesse de se porter vers le centre et la radicule wers la circonférence; toutefois ces expériences pour- iraienl porter à penser que ladirec.tiondela radicule vers lia circonférence , et celle de laplumule vers le centre , seraient produites plutôt par le nombre des révolu- tions dans un temps donné, que par l’étendue du kchemin parcouru par la graine dans le même temps ; mous venons de voir en effet que des graines qui j parcourent environ douze mètres par minute , en (faisant quatre révolutions dans le même temps , ne dirigent point leur radicule vers la circonférence et leur plumule vers le centre , tandis que l’on observe cette double direction chez les graines qui ne par- ti courent qu’environ neuf mètres par minute, en fai- sant quinze révolutions dans le même temps. Mais ici il y a une observation importante à faire; la roue qui ne faisait que quatre révolutions par minute, éprou- vait des saccades multipliées qui résultaient de l’en- grenage des dents avec les pignons ; ainsi son mouve- ment de rotation n’était point uniforme , c’étaiL plutôt un transport circulaire opéré à des reprises multi- pliées. On conçoit que, dans cette circonstance, il ne devait point y avoir de force centrifuge ; elle ne peut exister d’une manière sensible que dans un mouve- ment rotatoire continu ; le même inconvénient n’exis- tait pas lorsque j’employais la roue la plus élevée de mon mouvement d’horlogerie , à laquelle je pouvais faire exécuter depuis quinze jusqu’à quarante révo- l54 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. lutions par minute, avec un rayon que je pouvais porter jusqu’à cinq décimètres ; je supprimais son en- grenage avec le volant. Les ballons de verre , situés sur leur roue verticale à long rayon . servaient alors de régulateurs pour le mouvement de rotation, qui était continu et complètement exempt de saccades. On con- çoit que , dans celle circonstance, rien ne s’opposait au développement delà force centrifuge, et ceci explique d’où vient la différence qui a été signalée plus haut. ; Lorsque le mouvement de rotation est lent, et que par conséquent la force centrifuge est insuffisante pour opérer la direction des caudex séminaux , ceux- ci subissent l’influence de la pesanteur , tantôt en se dirigeant parallèlement à l’axe , lorsque cet axe est iucliné à l’horizon, tantôt en prenant la direction par- ticulière qui résulte de l’inégalité de la rotation. Lorsque le mouvement rotatoire s’effectue avec une vitesse modérée , l’axe étant un peu incliné, et qu’en même temps la rotation est inégale, les caudex sé- minaux affectent des directions variées : tantôt on voit, par exemple , toutes les radicules affecter une direction semblable, qui est la direction moyenne résultant des trois forces qui les sollicitent, tantôt on voit ces radicules subir chacune en leur particulier l influence exclusive de l’une quelconque de ces trois forces, sans qu’il soil possible de savoir d’où provient celle irrégularité dans ces effets, sons l’influence d’un même assemblage de causes. Les plumules sont, à cet égard , encore plus irrégulières que les radicules ; il est rare que , dans cette circonstance , la plumule MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 1 55 (prenne la direction diamétralement opposée à celle ide la radicule ; souvent elle semble errer au hasard , .-souvent même elle se dirige dans le même sens que ! lia radicule. Cela s’observe spécialement lorsque, M la rotation étant fort lente, et l’axe étant horizon liai, les caudex séminaux subissent seulement l’in- fluence d’unè faible inégalité dans le mouvement i rotatoire. Les deux caudex séminaux sont absolument indé- pendants l’un de l’autre pour leur direction; on peut •supprimer l’un quelconque de ces deux caudex sans que le caudex opposé cesse pour cela d’affecter la direction qui lui est propre ; celle direction spéciale ii n’appartient qu’à l’axe du végétal, lequel axe est représenté par l’assemblage rectiligne de la tigelle cet de la radicule; j’ai vu, en effet , que les racines i produites latéralement par la radicule pivotante n’é- prouvent point, ou presque point, 1 influence des causes qui déterminent la direction de celte dernière ; aussi, ne se dirigent-elles point comme elle vers la circonférence lorsqu’elles sont soumises à une rota- tion rapide. La direction de ces racines latérales offre généralement une tendance à la perpendicula- rité sur la racine pivotante ; cette observation est concordante avec celles que j’ai rapportées dans la section précédente; observations qui prouvent que les productions végétales tendent généralement à affec- ter une position perpendiculaire à celle de leur surlace d’implantation; cela no us apprend pourquoi les racines latérales de beaucoup de végétaux, au lieu de s’en- 1 56 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. foncer verticalement dans la terre, rampent horizonta- lement à peu de distance de sa surface. Le procédé au moyen duquel j’ai fait mes expé- riences ne m’a pas permis de répéter une expérience très curieuse de M. Knight. Cet observateur ayant iixé des graines de haricot à la circonférence d’une roue de 1 1 pouces de diamètre que l’eau faisait mou- voir, observa le développement des liges qui, en s’alongeant , gagnèrent le centre de la rotation : il avait eu soin de les attacher aux rayons de la roue ; sans cette précaution, ces liges, grêles et flexibles, au- raient été , ou brisées , ou déviées de leur direction par l’effet de leur pesanteur. Lorsque , par leur ac- croissement progressif, ces tiges eurent un peu dé- passé le centre de la rotation , elles se recourbèrent et ramenèrent leurs sommets vers ce même centre , unique but de leur tendance constante. Si je n’ai pu répéter cette expérience , en revanche il m’a été pos- sible d’en faire plusieurs autres que M. Knight ne pouvait pas entreprendre avec son appareil. J’ai voulu voir si les fouilles étaient susceptibles d’affecter une direction spéciale sous l’influence d’un mouvement de rotation rapide. Cette expérience était facile à faire avec mon appareil; il ne s’agissait que de renfermer des tiges munies de feuilles dans des ballons de verre, de les fixer solidement dans leur intérieur , et de sou- mettre ces ballons à un mouvement de rotation rapide. Je plaçai donc dans un ballon de verre une tige de convolvulus arvensis , munie de quatre feuilles ; j a- vais choisi pour cet effet les fouilles les plus petites MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. 1 57 .qu’il m’avait été possible de trouver , afin de pouvoir employer des ballons de verre d’une médiocre dimen- ssion , et , par conséquent , afin d’obtenir une rotation irapide, à laquelle il m’eût été impossible de soumettre .Ides ballons volumineux , à cause de leur pesanteur. LLa tige grêle et flexible du convolvulus était attachée aavec un fil à une tige de fer de peu de grosseur, que t’introduisis ensuite dans le ballon de verre, et dont je lïîxai les deux extrémités aux ouvertures opposées de ce ballon, dans lequel je mis seulement une ou deux cuillerées d’eau. Un second ballon de verre fut préparé .Üe la même manière , et je plaçai ces deux ballons aux deux extrémités d’un même diamètre, sur une roue qui avait cinq décimètres de rayon, et qui fai- sait quarante révolutions par minute. Les tiges des plantes étaient perpendiculaires au plan de la roue, cen sorte que pendant la rotation elles étaient toujours dans une situation horizontale ; ainsi elles ne tou- chaient point à l’eau, qui occupait toujours la partie la [plus déclive des ballons de verre; les feuilles n’y tou- chaient point non plus , cependant elles ne lardèrent point à être mouillées par l’eau vaporisée dans l’inté- trieur des ballons qui étaient hermétiquement bouchés, et cela suffit pour entretenir leur vie et leur fraîcheur. ILes feuilles placées au hasard affectaient des directions 'variées par rapport au plan de rotation. Au bout de dix-huit heures, toutes les feuilles soumises à l’expé- rience avaient dirigé leur face supérieure vers le cen- tre de la rotation , et par conséquent leur face infé- irieure se trouva dirigée vers la circonférence. Cg 1 58 MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. retournement s’était opéré au moyen de la torsion ou de l’inflexion des pétioles. Je répétai cette expérience avec les feuilles à long pétiole du fraisier ( fragaria vesca') et de la violette ( viola odorata ); je choisis pour cela les plus petites feuilles qu’il me fut possible de trouver , et n’en laissant que deux sur chaque pied, auquel j’avais conservé la racine, j’attachai celle dernière avec un fil à la tige de fer, que je plaçai en- suite dans l’intérieur de mes deux ballons de verre , disposés comme dans l'expérience précédente. Au bout de vingt-quatre heures de rotation par un temps très chaud , toutes les feuilles avaient dirigé leur face supérieure vers le centre, et par conséquent leur face inférieure vers la circonférence. J’observai ici un phé- nomène de plus que dans l’expérience précédente, c’est que les feuilles s’étaient rapprochées du centre au moyen de l’inflexion et de la tendance du som- met de leur pétiole vers ce point. Ce phénomène, en- tièrement vital , est tout-à-fait contraire aux lois ordi- naires du mouvement ; car, en soumettant au même mouvement de rotation un corps aussi pesant que le limbe de la feuille suspendu à un fil, ce corps se porterait vers la circonférence , en vertu de la force centrifuge. 11 résulte de ces expériences que les deux faces opposées des feuilles possèdent des conditions vitales opposées dans leur nature, comme cela a lieu pour la plumule et la radicule des embryons sémi- naux. La face supérieure des feuilles possède les con- ditions vitales de la plumule , et se dirige comme elle vers le centre : la lace inférieure des feuilles possède MOTILITE DES VEGETAUX. iflQ ies concluions vitales de la radicule, et se dirige connue elle vers la circonférence. Ainsi, la l’ace intérieure des tfeuilles obéit , comme la radicule , au mouvement ou à lia tendance qui l’influence; leur lace supérieure, au «•contraire, réagit , comme la plumule, contre cemouve- îment ou contre cette tendance. Cela explique pourquoi Iles feuilles dirigent ordinairement leur face supérieure jvvers la lumière, c’est-à-dire dans le sens diamétrale- Iment opposé à celui du mouvement de cet agent , et pourquoi leur face inférieure fuit la lumière , c’est- làà-dire se dirige dans le sens meme du mouvement «Üe cet agent ; il y a obéissance au mouvement dans lia face inférieure , et réaction contre le mouve- ment dans la face supérieure. Si les feuilles se re- tournent aussi dans la plus profonde obscurité, cela provient évidemment de ce que la feuille est^égale- iment en rapport avec la cause inconnue de la gravi- tation, dont la tendance de haut en Las détermine tune obéissance de la part de la face inférieure , et tune réaction de la part de la face supérieure. Ainsi , jfon peut établir comme un fait général que c’est le mouvement, ou la tendance au mouvement dans un sens déterminé, qui provoque la direction opposée des tiges et des racines et la direction opposée des deux faces des feuilles. C’est la gravitation, • c’est la tendance en ligne droite vers le centre (de la terre qui provoque l’ascension des liges et le i mouvement descendant des racines; c’est le mouve- junent en ligne droite de la lumière qui provoque la direction des tiges et de la face supérieure des feuilles ïôo MOTILITÉ DES VÉGÉTAUX. des fleurs vers le lieu duquel celle lumière arrive , et qui porte en même temps la face inférieure des feuilles et des fleurs , de même que la radicule du çui à s’éloigner du lieu duquel la lumière émane. J’ai fait voir, dans la section précédente, que les pétales des fleurs se comportent de la même manière que les feuilles ; dans les directions spéciales qu’ils affectent , c’est toujours leur face la plus colorée qui se dirige vers la lumière. J’ai dit que lorsque les fleurs avaient habituellement leur face supérieure , ou plu- tôt leur partie intérieure dirigée vers la terre , cela provenait le plus souvent , moins de la faiblesse du pédoncule qui se ployait sous le poids de la fleur , ; que d’une tendance spéciale de la lace intérieure de la fleur vers la terre. Pour m’assurer de la validité de cetje opinion, j’ai soumis à une rotation rapide des tiges de bourrache chargées de fleurs et renfermées dans des ballons de verre. On sait que les fleurs de > celte plante ont toujours leur lace intérieure dirigée vers la terre ; or l’extrême légèreté de ces fleurs ne permettait guère de croire que cet effet pût être dû à leur poids , sous lequel le pédoncule se fléchirait. Dans l’expérience dont il s’agit, il y avait trente-six révolutions par minute et trente-deux centimètres de rayon. Au bout de seize heures de rotation toutes les fleurs avaient dirigé leur lace intérieure vers la circonférence , et cela au moyen de la torsion ou de l’inflexion des pédoncules ; celte expérience me prouva que la direction de la face intérieure des fleurs de bourrache vers la terre est le résultat d une len- MGTIMïÉ DUS VÉGÏiTAUX. iGl I > • 1 1 1 1 Les résultats généraux des observniions contenues dans celle scc- ' tion ont été communiqués é la Société philomatique, dans sa séance I du fi décembre 187.Î ! 1 . I 64 STRUCTURE INTIME nous eut été totalement inconnue. Actuellement nous allons porter nos recherches sur le phénomène de l’ir- ritabilité animale , et nous serons puissamment aidés ■ dans celte investigation par les notions que nous •; avons précédemment acquises sur l’irritabilité végé- tale; mais avant de nous livrer à cette élude il est nécessaire de connaître la structure intime des sys- tèmes nerveux et musculaire. Le système nerveux des animaux , observé dans ses éléments microscopiques , est essentiellement com- posé de corpuscules globuleux agglomérés ; celle organisation est connue depuis long-temps par les re- cherches de Leuwenhoeck, par celles de Prochaska, et de Fontana; par les observations de sir Everard Idoine, de Bauer, des frères Wensel, et en dernier lieu par les observations de M. Milne Edwards. Ces cor- puscules globuleux paraissent être des cellules d’une excessive petitesse , lesquels contiennent une sub- stance médullaire ou nerveuse , substance qui est concrescible par l’action de la chaleur et par celle des acides. Cette opinion a été émise par'sir Everard Home1, qui l’a empruntée à MM. Joseph et Charles \ Wensel2; on ne pourra se dispenser de l’adopter quand on aura jeté les yeux sur la structure microscopique du cerveau des mollusques gastéropodes. Le cerveau des mollusques gastéropodes , comme on le sait , est composé de deux hémisphères , si toutefois on peut donner ce nom aux deux parties | ' Pliilosophical Transactions , 1818. » De penitiorc structura ccrciri hominis et lirutorum. ET MOTILITE O HS AINIUAIX. 1 6 l ont se compose ce corps syme'lrique. De ces deux kémisphères partent deux cordons nerveux qui cin- trassent l’œsophage , et se réunissent pour lormer un ganglion. Le cerveau est enveloppe par une mem- brane fibreuse dont on peut îç de'pouiller avec la pointe ’une aiguille et des pinces très fines; on obtient de cette manière le petit noyau pulpeux qui occupe le centre de chacun des hémisphères ; celte operation , (tant fort délicate, ne peut guère être faite que sur ss grosses espèces; aussi est-ce exclusivement sur lhelijc pomatia, et sur le Umax rufus que j’ai t’aii ces observations. Les deux petits noyaux pulpeux qui composent essentiellement le cerveau de ces mollus- ues doivent être placés dans l’eau pour les exami- ner au microscope ; car on ne peut faire d’observa- ons délicates sur les tissus organiques qu’en les tbservant dans ce fluide ; c’est ainsi que j’ai fait la llupart de mes observations microscopiques; je dois in outre prévenir les observateurs qui seraient cu- œux de les répéter, quils ne doivent point se servir iu microscope composé, mais du microscope simple, ui seul peut procurer une vision très nette et très distincte. Celle supériorité du microscope simple, sur : meilleur microscope composé, est connue depuis mg-temps, mais je ne la croyais pas aussi considé- ible quelle l’est réellement; des lentilles de trois .gnes à une ligne do loyer suffisent pour faire la llupart des observations qui vont être exposées, et ixquelles je m’empresse rie revenir après petite igression. 1 6(3 STRUCTURE INTIME Le petit noyau pulpeux qui lorme chacun des hé- misphères du cerveau, chez le Umax rufus et chez l’ hélix pomatia, est compose de cellules globuleuses, agglomérées , sur les parois desquelles on voit une grande quantité' de corpuscules globuleux ou ovoïdes, comme on le voit dans la figure 20. Ces corpuscules globuleux sont très évidemment de petites cellules remplies d’une substance médullaire ou nerveuse, demi-transparente, et cependant très sensiblement de couleur blanche. Les cellules globuleuses sur les parois desquelles ces corpuscules sont place's con- tiennent de même une substance médullaire nerveuse, laquelle, autant qu’on en peut juger au microscope, est d’une couleur un peu grisâtre et demi-transpa- rente : ainsi ces deux substances nerveuses sont ana- logues aux deux substances grise et blanche que contient le cerveau des animaux vertébrés; il n’y a de particulier ici que la manière dont ces deux sub- stances sont disposées l’une relativement à l’autre; la substance grise est contenue dans de grosses cellules globuleuses , la substance blanche est contenue dans de très petites cellules également globuleuses , et placées sur les parois des grosses cellules, auxquelles elles n’adhèrent que faiblement : elles s’en détachent assez facilement. Celte observation nous prouve que les corpuscules nerveux dont se compose le cerveau , et en général le système nerveux des animaux , sont véritablement des cellules remplies par la substance nerveuse proprement dite. Ces cellules sont adhé- rentes les unes aux autres, sans aucun medium ap- ET MOTILITE DES ANIMAUX. lf>7 parent, ainsi que l’ont pense MM. VVensel pour Ides corpuscules vésiculaires rlont est composé le ecr- i.weau des animaux vertébrés. Les nerfs do Y hélix pomatia et grisea offrent ex- iler ieu renient une tunique celluleuse assez épaisse et ! Idemi-transparente ; les cellules agglomérées (pii com- posent cette tunique sont globuleuses et contiennent un fluide diaphane et incolore; les parois de ces cel- il Iules contiennent des corpuscules également diapha- uies, comme on le voit dans la figure 2 1 , a. Cette organisation est, quant à la forme, loul-à-fait sem- iblable à celle que nous venons d’observ. r dans le cerveau (flg. 20) ; mais elle en diffère essentiellement par l’apparence et par la nature de la substance qui est contenue dans les cellules. Au centre du canal que forme celle enveloppe celluleuse est le nerf propre- ment dit , dont le tissu est représenté en h ( fig. 21). • Ce tissu est composé d’une immense quantité de cor- ipuscules nerveux d’une excessive petitesse, adhérents à deux sortes de fibres, les unes longitudinales, et p qui sont les plus grosses, les autres, d’une prodigieuse ténuité, qui sont distribuées irrégulièrement dans les intervalles des précédentes. J’ai observé que le nerf b pénètre seul dans l’intérieur des organes auxquels il se distribue; l’enveloppe celluleuse a se continue avec une enveloppe analogue, qui, revêt tous les or- ganes. Chez la grenouille, les nerfs sont composés de cor- puscules nerveux, transparents, adhérents à dès fi- bres longitudinales, également transparentes. Pour 1 68 STlllîCTURE INTIME faire celte observation , il faut , avec la pointe d’une aiguille, diviser un nerf en fileis aussi déliés qu’il esi possible de le faire : de celte manière on sépare les libres nerveuses les unes des autres. La figure 22 re- présente une seule de ces fibres considérablement grossie. Ces fibres paraissent être des tubes remplis d’un fluide diaphane; les corpuscules nerveux sont collés sur leur surface ; la plupart du temps on ne voit d’une manière très distincte que les corpuscules qui sont situés sur les bords de la fibre, pareequ’ils forment une légère saillie qui aide à les distinguer ; les corpuscules qui sont situés sur le milieu de la fibre s’aperçoivent plus difficilement , pareeque leur transparence les confond avec la fibre , qui est trans- parente elle-même. Fontana 1 avait déjà annoncé que les nerfs sont composés d’un grand nombre de cy- lindres transparents ; M. Milne Edwards pense que ces cylindres longitudinaux sont formés par la réunion d’un certain nombre de fibres élémentaires , qui elles-mêmes sont composées de globules placés à la file. Ici les illusions du microscope permettent diffi- cilement de distinguer la vérité; cependant il m’a paru évident que ces cylindres longitudinaux ne sont point composés de fibres élémentaires , formées elles mêmes de globules alignés, ainsi que le pense M. Milne Edwards , mais que ce sont des cylindres d’une substance diaphane dont la surface est hérissée de corpuscules globuleux , lesquels tantôt sont en ’ Truité du venin de la viper c. ET MOTILITE DES ANIMAUX. l()9 i contact et places à la Hle , tantôt sont séparés les uns Iles autres. Comme ils couvrent toute la surface du t cylindre, on est porte', dans l’observation microsco- pique , à croire qu’ils le composent intérieurement. Ainsi les nerfs de la grenouille me paraissent compo- sés de filets transparents, environnés de corpuscules inerveux : cette organisation est surtout évidente dans les nerfs de X hélix pomatia ( fig. 21), ainsi que mous venons de le voir. Ici les libres sont très dis- tinctes des corpuscules globuleux qui les environ- ment. Cette manière de voir estd’ailieurs singulièrement (confirmée par l’induction analogique, qui nous mon- ttre, chez les végétaux, les corpuscules globuleux .garnissant la surface des cylindres tubuleux; nous allons voir d’ailleurs, chez les animaux, un autre exemple bien évident de celte disposition : je n’hésite idonc point à considérer les nerfs comme composés de deux éléments organiques ; savoir, des cylindres uliaphanes et des corpuscules globuleux quj les en- ’vironnentde toutes parts. Le cerveau de la grenouille est entièrement com- posé par une agglomération de corpuscules nerveux semblables à ceux qui existent dans les nerfs ; quel- ques fibres diaphanes assez rares sont mêlées parmi ces corpuscules agglomérés: la figure 2 5 représente ce tissu intime du cerveau de la grenouille. Ainsi la substance du cerveau de ce reptile ne diffère de celle de ses nerfs que par une différente proportion des mêmes éléments organiques : les corpuscules nerveux abondent dans le cerveau, les fibres nerveuses v sont STRtCTHtE INTIME 1 70 rares; c’esi le contraire dans les nerfs, qui offrent des libres nombreuses et très développées , tandis que les corpuscules nerveux y sont plus rares qu’ils ne le sont dans le cerveau. Les inductions physiologiques que l’on peut tirer des observations précédentes sont extrêmement im- portantes; en effet, nous voyons d’un côté le cer- veau, organe éminemment destiné à la production de la puissance nerveuse , être éminemment composé de corpuscules nerveux; nous voyons d’un autre côté que les nerfs, qui sont éminemment destinés à la transmission de la puissance nerveuse, ou de la ner- vimotion, sont éminemment composés de fibres ner- veuses ; cela nous donne droit de conclure que les corpuscules nerveux sont les organes producteurs de la puissance nerveuse, et que les fdjres nerveuses sont destinées à la transmission de la nervi motion. Nous avons vu que, chez les végétaux, la nefVimo- tion est transmise par l’intermédiaire du liquide sé- veux; cela peut faire penser que les fibres nerveuses des animaux sont des tubes remplis d’un liquide par- ticulier , et que c’est par l’intermédiaire de ce liquide que s’opère la transmission de la nervimotion. Les polypes, comme on sait, n’ont point de nerfs; ils sont composés d’une substance en apparence ho- mogène ; cependant, comme ils manifestent , par leurs mouvements, qu’ils éprouvent l’influence des agents du dehors, on doit penser qu’ils possèdent des or- ganes nerveux. Effectivement , dans la pulpe transpa- rente et en apparence homogène qui les compose le ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 1 '] 1 nmicroscope fait apercevoir une grande quantité de granulations qui ressemblent toul-à-fait aux corpus- ccules nerveux des autres animaux, et encore plus à iiceux des végétaux. Cette ressemblance pcui autoriser .à les reconnaître pour des organes nerveux épars dans i itout le tissu organique: on se fera une idée de cette organisation en jetant les yeux sur la figure 2/j , qui j i représente un tronçon de l’un des bras d’une hydre. 'Ces corpuscules nerveux sont bien moins nombreux, i et sont proportionnellement plus gros chez les po- lypes à bouquets ( vorticella convallaria ) ; ils occu- pent exclusivement la partie centrale des rameaux , comme on le voit dans la figure 29. Les muscles, chez les animaux vertébrés, chez les crustacés et chez les insectes , sont composés de fibres ou de corps cylindriques filiformes auxquels on donne, par excellence, le nom de fibres mus- culaires. Ces fibres , comme chacun le sait , ont la propriété de se contracter , ou de se raccourcir dans le sens de leur longueur, en se ridant transversale- ment, et en devenant plus grosses qu’elles ne l’étaient dans leur état de relâchement. L’extrême petitesse de la fibre musculaire rend très difficile l’observation de sa structure intime. Leuwenhoeck 1 a cherché â ob- server cette structure chez divers quadrupèdes , chez les poissons et chez quelques crustacés. Le seul ré- sultat de ses recherches est que la fibre musculaire est composée d’une grande quantité d’autres fibres 1 Transactions 'philosophiques , 167/1 STRUCTURE INTIME I72 plus peliies , lesquelles soin réunies en faisceau par une membrane enveloppante commune. Dans les premières observations qu’il publia sur cette ma- tière il affirma que les fibres musculaires étaient composées de globules; mais quelques années après, il revint sur celte assertion , et déclara que c’était une erreur. Cependant Hook affirma avoir observé ces globules dans les fibres musculaires des écrevisses et des crabes ; il considérait chaque fibre comme composée de filaments semblables à des fils char- gés de perles. Leuwenhoeck , auquel il fit pari de celte observation , la répéta et continua d’af- firmer que ces globules n’étaient autre chose que • les plis transversaux des fibres , et que cette appa- rence de petites boules était causée par la chute va- riée de la lumière sur ces plis plus ou moins éle- vés Dans cette circonstance Leuwenhoeck , mal- gré son grand talent pour les observations microsco- piques, a méconnu une vérité qu’il avait d’abord entrevue; en effet, les observations rapportées par sir Everard Home 2 ne laissent point de doute à cet égard. Ces observations , qui sont dues à M. Bauer, et qui ont été faites sur les fibres musculaires de l’es- tomac humain, et sur celles du mouton, du lapin et du saumon, prouvent que ces fibres sont composées de globules placés à la suite les uns des autres , et qui sont de la grosseur des globules sanguins. Cette dé- ' Lettre à Ilook, insérée dans la Collection philosophique de ce dernier. * Philosophical Transactions , 1818 I ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 1 70 * couverte a été confirmée parles recherchcsde MM.Pre- wost ci Dumas qui affirment avoir vu la même lichose chez les mammifères, les oiseaux et les pois- ; «sons j mais malheureusement ils ne donnent aucun j idetail à cet egard. La même structure a été vue depuis ipar M.Milne Edwards. Ici je m’arrête un instant pour [présenter une réflexion. Le mot fibre est peut-être juin de ceux dont on a le plus abusé en anatomie, aussi ne représente-t-il aucune idée exacte ; on donne , jj.en général, ce nom à tous les corps organiques 1 linéaires et très déliés. D’après celte définition , on voit que le mot fibre n’est , pour ainsi dire , qu’une II 1 expression provisoire dont on se sert en attendant jique l’on connaisse exactement la nature véritable de l’organe linéaire que I on désigne sous ce nom. Ce que l’on appelle proprement les fibres musculaires sont des corps cylindriques filiformes qui , par leur réunion en nombre immense , forment les muscles dont ils sont les parties intégrantes, mais ces fibres ne sont point des corps simples , elles ont une orga- nisation intérieure qu’il est essentiel de dévoiler; c’est ce qu’ont tenté de faire les derniers observateurs que je viens de citer, et le résultat de leurs re- cherches a été chez eux l’incurvation est le plus souvent simple , c’est-à-dire à courbure unique ; tandis que généra- lement, chez les animaux, ce même phénomène est , ipour ainsi dire, masqué; son mécanisme est caché dans l’intérieur des organes, et de plus, chez eux , l’in- curvation est presque toujours sinueuse; car je n’ai observé l’incurvation simple, ou à courbure unique, (■que dans la fibre musculaire considérée dans son entier. Nous avons vu, en effet, que cette fibre jouit à la fois de la faculté de se contracter et de celle de s’incurver en demi-cercle; il résulte de ce rappro- chement de faits que X irritabilité animale et 17/'- ritabilitè végétale sont deux phénomènes essentiel- lement identiques; elles dépendent l’une comme ll’auire de X incurvabilité du tissu organique, ou de la faculté vitale que possède ce tissu de se courber net de se maintenir dans cet état de courbure d’une Il 1 manière élastique. Les notions que nous venons d’ac- quérir sur la cause de cette incurvation chez les ani- hmaux nous mettent à même de rechercher la cause de l’incurvation végétale; recherche que nous avons été contraints d’abandonner plus haut, faute de points de comparaison. Nous venons de voir que le tissu musculaire est essentiellement composé de corpus- STRUCTURE INTIME •94 cules vésiculaires agglomérés , tantôt de manière à former des organes linéaires , tantôt d’une manière confuse, et que ces corpuscules .ont cela de parti- culier, qu’ils sont solubles dans les acides; ce qui les distingue essentiellement des corpuscules nerveux , qui sont insolubles dans ces agents chimiques. Or, dans l’examen que nous avons fait plus haut du tissu organique des bourrelets de la sensitive (fig. 16), nous avons vu que ce tissu offre une grande quan- tité de cellules globuleuses alignées, et remplies d’un fluide concrescible par l’acide nitrique froid , et soluble dans le même acide chaud; ces cellules globuleuses sont donc de véritables corpuscules musculaires , plus gros que ceux des muscles des animaux, mais essentiellement semblables à ces derniers parleur alignement, et sur- tout par leurs propriétés chimiques; en effet, les corpus- cules musculaires des animaux sont rendus opaques par les acides avant d’être dissous par eux , comme cela a lieu pour les cellules globuleuses des bourrelets de la sensitive. Or, comme le phénomène de l’incurva- tion est essentiellement le même chez les végétaux et chez les animaux, il en résulte que cette incurvation dérive également chez les uns et chez les autres d’un rapprochement corpusculaire qui n’a lieu que d’un seul côté. Les corpuscules musculaires , ou les cellu- les globuleuses des bourrelets de la sensitive, ne sont point en effet en contact immédiat, ainsi que nous l’avons vu; ils peuvent par conséquent éprouver un rapprochement suffisant pour produire l’incurvation que l’on observe dans le tissu de ces bourrelets, et f / ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. I C)5 s’éloigner de nouveau lors du redressement de ces organes; il résulte de là que, sans posséder de véri- tables muscles , la sensitive possède réellement le t tissu musculaire élémentaire, c’est-à-dire des corpus- icules musculaires organes de l’incurvation; c’est ainsi que , sans posséder de véritables nerfs , celle même I plante possède les éléments du système nerveux, tc’es-à-dire des corpuscules nerveux, qui du reste se rencontrent également chez tous les autres végétaux. L’incurvation vitale , celle qui a lieu sous l’in- fluence de la puissance nerveuse, est ordinairement un phénomène de peu de durée; la partie incurvée re- ;i tourne plus ou moins promptement à l’état de redres- sement, qui, chez les animaux, constitue l’état de •relâchement; les alternatives d’incurvation et de |i redressement ont lieu à des intervalles de temps assez li considérables chez les végétaux. Une feuille de sen- ! suive , qui s’est ployée subitement par l’effet d’une :: secousse légère, se redresse lentement au bout Inde quelques minutes : cette incurvation , toujours •suivie du redressement , se renouvelle autant de fois qu’on la sollicite. Ces alternatives d’incurvation et de 1 1 redressement ont lieu sous l’influence d’une cause dé- i i terminante intérieure chez l’ hedysarum gircins , dont les feuilles sont animées d’un mouvement oscillatoire l| perpétuel. Ces oscillations dépendent également d’une cause déterminante intérieure , et sont bien plus frequentes chez les oscillaire s , êtres qui sont situés I l tout-c— l’ail sur la limite qui sépare le règne végétal du règne animal, et dont les filaments offrent perpé- 1 5. 196 STRUCTURE INTIME tuellemeni des phénomènes alternatifs d’incurvation et de redressement. Si des végétaux nous passons aux polypes , nous voyons, chez les vorticelles ( fig. 29) des alternatives, très fréquemment répétées, d’m- curvation sinueuse et de redressement , sous l’in- fluence de la volonté. Les muscles des animaux , proprement dits , nous offrent un phénomène tout- à— fait semblable. Tout le monde sait que la contrac- tion de ces organes , sous l’influence de la puissance nerveuse , est un phénomène de peu de durée , et qu’il est nécessaire qu’ils se relâchent lorsque leur contraction dure depuis un certain temps , après quoi ils sont susceptibles de se contracter de nouveau. D’ailleurs cette contraction , qui nous paraît fixe et permanente pendant certain temps , ne l’est point réellement : on sait que la contraction des muscles , sous l’empire de la volonté , n’est point un état d’im- mobilité, mais qu elle est le résultat d’une multitude d’ oscillations ou de contractions partielles suivies de relâchement qui se succèdent à des intervalles de temps très courts 5 aussi , nos membres ne peuvent- ils affecter une position qui exige une action muscu- laire soutenue , sans offrir un léger tremblement, qui est presque imperceptible chez les individus vigou- reux , qui devient très sensible chez les personnes faibles , et notamment chez les vieillards. C’est ce tremblement , c’est ce frémissement oscillatoire des organes musculaires que l’on entend en se bouchant l’oreille avec la main ; celte palpitation des organes musculaires est facile à voir sur des muscles de gre- >97 ET M0T1UTÉ DES ANIMAUX. nouille mis à nu , et que l’on saupoudre légère- ment de sel commun finement pulvérisé ; on voit de cette manière que la contraction des muscles soumis à la volonté n’a que la durée de l’éclair, comme elle en a la rapidité. Si donc nos muscles se contractent d’une manière qui nous paraît fixe , cela provient de la petitesse de leurs oscillations ou de leurs alterna- tives de contraction et de relâchement. Ces oscilla- tions sont beaucoup plus lentes dans les fibres mus- culaires des mollusques , des annélides et même des insectes , ainsi que je m’en suis assuré par diverses observations. Il n’entre point dans le plan que je me suis tracé, d’offrir ici un traité complet sur la contraction con- sidérée chez les animaux. Je me bornerai donc à présenter ici quelques considérations générales sur cet objet. Plusieurs des tissus de l’économie ani- male ont la propriété de se contracter ; mais ce n’est que dans les organes musculaires que celte propriété existe à un degré éminent ; c’est ce qui fait qu’elle peut être mise en jeu chez eux par des causes lout-à-fait insuffisantes pour en déterminer l’exercice d’une manière sensible dans les autres tissus. \ Ainsi , la puissance nerveuse et l’électricité galvani- que provoquent vivement la contraction des muscles, et n’ont point d’influence aperccvable sur la contrac- tion des autres parties; ces phénomènes ont fait penser qu’il existait plusieurs sortes de contractilité. Ainsi Bicbat reconnaît , outre une contractilité animale et une contractilité organique sensible , une contractilité STRUCTURE INTIME ,98 organique insensible et une contractilité de tissu qui est indépendante de la vie; il porte enfin ses regards sur le phénomène du racornissement, sur ce phénomène de mouvement que présentent plusieurs tissus animaux lorsqu’ils sont soumis à l’action du feu; et, par un rap- prochement extrêmement philosophique, il considère tous ces phénomènes de mouvement comme dépen- dants également de la texture et de l’arrangement des molécules des tissus organiques, qui ont ainsi en eux la faculté de se raccourcir , faculté qui peut être mise en jeu par des causes très diverses , soit pendant la vie , /.soit après la mort ’. Ce dernier aperçu d’un observa- teur profond , dont la plupart des idées sont mar- quées au coin du génie , est delà plus grande vérité ; ainsi , en nous reportant aux causes et au méca- nisme de la contraction , nous voyons , i° sous l’in- fluence de la puissance nerveuse émanée des centres nerveux ou déterminée par des agents extérieurs , les fibres musculaires éprouver une contraction qui al- terne plus ou moins rapidement avec leur relâche- ment ; c’est X incurvation sinueuse oscillatoire et à mouvement très étendu; elle est propre aux seuls muscles. Cette incurvation rapide et de peu de durée peut être sollicitée dans les muscles de l’animal fraî- chement tué par l’électricité galvanique, laquelle ressuscite la puissance nerveuse, ou peut-être la remplace. 20 Sous l’influence de certaines causes inté- rieures ou extérieures , plusieurs tissus de l’économie 1 Anatomie générale , considérations generales, § 5. et motilité DES ANIMAUX. 1 Ç)Ç> animale éprouvent une contraction faible, qui alterne, mais d’une manière lente, avec un e'tal de relâche- ment : cette contraction est l’effet de ce que Bichal nomme la contractilité organique insensible. Quoi- qu’on n’ait point observé directement le mécanisme de celle contraction , on ne peut guère douter qu’elle ne consiste dans une incurvation sinueuse; cette in- curvation, à mouvement peu étendu, est lentement oscillatoire. 5° Lors de la cessation de la vie, les fibres musculaires se contractent avec assez de force ; c’est leur contraction qui produit, dans celte circonstance, la roideurdes membres, ainsi que l’adémontré Nyslen 1 Cet auteur, considérant que celte contraction cesse spontanément quelques jours après la mort , lorsque la putréfaction commence à se manifester , a pensé qu’elle était le résultat d’un reste de vie organique qui ne s éteignait (pie plusieurs jours après la mort. Eu cela, je pense qu’il est tombé dans l’erreur: la con- traction des muscles après la mort est un phénomène du meme genre que la coagulation du sang, qui ar- rive en même temps ; ces deux phénomènes attestent également l’absence Je la vie. Si les muscles cessent d’être contractés lorsque la putréfaction commence, cela provient évidemment du dégagement , dans ces organes, de l’ammoniaque, qui, en sa qualité d’al- kali, fait cesser l’incurvation du tissu musculaire ; cette incurvation est sinueuse , fixe , c’est-à-dire quelle n’alterne point spontanément avec un état de 1 Recherches de •physiologie et de chimie pathologiques . 200 STKtJCTURE INTIME redressement ou de relâchement. La contraction des muscles occasionne par l’absence de la cause immé- diate de la vie est un l'ait qui mérite toute l’attention des physiologistes ; car il tend à prouver que la con- traction de ces organes a lieu dans toutes les circon- stances, comme dans celle-ci, par la soustraction d’un principe ou d’un élément inconnu, qui abonde au contraire dans le muscle relâché. 4° Sous l’influence de l’extension mécanique, la fibre animale , complète- ment morte, reprend, lorsqu’elle est abandonnée à elle-même , son état antécédent de raccourcissement : c’est l’effet de ce que Bichat appelle la contractilité de tissu. Cet effet résulte de l’élasticité des fibrilles , qui tendent à persister dans l’état d’incurvation quelles ont pris ; elles agissent alors comme de véritables ressorts : c’est encore une incurvation sinueuse fixe. 5° Sous l'influence de l’action du feu , le tissu fibreux animal , complètement mort et meme desséché, s’agite presque comme le ferait un animal vivant: c’est un ré- sultat des incurvations partielles et multipliées qui sont produites dans ce tissu , soit par le développe- ment de gaz, soit par la dilatation ou par l’évaporation des fluides. Ainsi, partout où nous observons des mouvements dans les tissus organiques , soit pendant la vie, soit après la mort, nous les voyons dépendre également d’incurvations élastiques, dont les causes occasionelles sent différentes , mais qui dépendent toutes de la texture organique de ces tissus, tous essentiellement composés de corpuscules ou de cel- lules vésiculaires agglomérées: telle est, en effet, la ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 201 composition intime de tous les organes des animaux , sans aucune exception. Leuwenhoek avait de'jà an- nonce une partie de cette vérité, qui a été confirmée par les recherches récentes de M. Milne Edwards 1 , qui a examiné avec beaucoup de soin la structure mi- croscopique des principaux tissus organiques des ani- maux : il n’a vu partout que des globules agglomérés. J’ai vérifié l’exactitude de ces observations : partout , en effet, on ne trouve, dans les organes des animaux, que des corpuscules globuleux , tantôt réunis en sé- ries longitudinales et linéaires, tantôt agglomérés d’une manière confuse. C’est sous ce dernier aspect que ces corpuscules globuleux se présentent dans tous les or- ganes sécréteurs , tels que le loie, les reins , les glandes salivaires, les testicules, etc. ; la rate et les ovaires ne présentent pas une autre structure intime. Celte si- militude fondamentale du tissu de tous les organes parenchymateux est telle, chez la grenouille, qu’il est presque impossible de distinguer les uns des autres , au microscope, les tissus du cerveau, du foie, des reins, de la rate, etc. : partout on n’aperçoit que des corpuscules globuleux agglomérés d’une manière confuse, et constituant ainsi le parenchyme de l’or- gane par leur assemblage. Chez les animaux verté- brés, les corpuscules globuleux sont tellement petits qu’il est impossible de savoir si ce sont des corps so- lides ou des corps vésiculaires; mais cela s’aperçoit 1 Mémoire sur la structure élémentaire des principaux tissus orga- niques. p.oa STRUCTURE INTIME avec beaucoup de facilite chez les mollusques. Eu ef- fet, en examinant au microscope le tissu du foie, des testicules ou des glandes salivaires des hélix et des li- maces, on voit que ces organes sécréteurs sont com- posés , comme ceux des animaux vertébrés , de petits corps globuleux agglomérés d’une manière confuse; mais ici ces petits corps globuleux ne sont point d’une excessive petitesse, ils sont même assez gros, si tou- tefois on peut se servir de celte expression en parlant d’objets microscopiques, et l’on voit de la manière la plus évidente que ce sont des corps vésiculaires ou de véritables cellules, dans les parois desquelles on aperçoit même d’autres corpuscules excessivement petits. On pourrait peut-être douter que ces cellules globuleuses soient les analogues des corpuscules glo- buleux que l’on observe dans les organes sécréteurs des animaux vertébrés, mais l’examen le plus super- ficiel dissipera tous les doutes à cet égard, en faisan L voir que les cellules globuleuses des organes sécré- teurs des mollusques, et les corpuscules globuleux des organes sécréteurs des animaux vertébrés , com- posent de même immédiatement le parenchyme de ces organes; leurs masses entourent de même les vaisseaux sanguins et les canaux excréteurs Cette observation prouve que les corpuscules globuleux dont l’assemblage compose les organes parenchyma- teux des animaux vertébrés sont des cellules d’une excessive petitesse, et dans les parois desquelles on distinguerait des corpuscules plus petits, si le micro- scope pouvait faire pénétrer notre vue dans ces pro- ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 200 fondeurs de l’infinimenl petit. Nous avons déjà vu plus haut que , chez les mollusques gastéropodes, la niasse du cerveau est composée de vésicules globu- leuses, contenant la substance nerveuse; nous avons également fait remarquer que cette observation con- firmait l’opinion de MM. Wenzel, qui considèrent sous le même poinL de vue les corpuscules globuleux du cerveau des animaux vertébrés. On peut tirer de là cette conclusion générale, que les corpuscules glo- buleux qui composent par leur assemblage tous les tissus organiques des animaux sont véritablement des cellules globuleuses d’une excessive petitesse, les- quelles paraissent n’être réunies que par une simple force d’adhésion; ainsi, tous les tissus, tous les or- ganes des animaux, ne sont véritablement qu’un tissu cellulaire diversement modifié. Celte uniformité de structure intime prouve que les organes ne diffèrent véritablement entre eux que par la nature des sub- stances que contiennent les cellules vésiculaires dont ils sont entièrement composés : c’est dans ces cellules que s’opère la sécrétion du fluide propre à chaque organe, fluide qui est probablement transmis par transsudalion dans les canaux sécréteurs. Dans le cerveau, ces cellules agglomérées opèrent la sécrétion de la substance nerveuse proprement dite, substance qui reste stationnaire dans le tissu cellulaire qui l’a sécrétée. Ainsi la cellule est l’organe sécréteur par excellence : elle sécrète, dans son intérieur, une sub- stance qui tantôt est destinée à être portée au dehors par le nto^en des canaux excréteurs , et qui tantôt est STRUCTURE INTIME 204 destinée à rester dans l’intérieur de la cellule qui l’a sécrétée, et à faire aussi partie de l’économie vivante, où elle joue un rôle qui lui est propre : telle est spé- cialement la substance nerveuse proprement dite qui remplit les cellules microscopiques du cerveau et des nerfs; substance qui, dans le corps vivant, jouit de propriétés si étonnantes et si inconnues dans leur nature. On ne peut guère douter que les organes pa- renchymateux, tels que la rate, qui n’ont point de canal excréteur, n’opèrent également dans leurs cel- lules Ja sécrétion d’une substance qui est destinée , soit à y demeurer stationnaire, soit à passer par transsudalion dans les vaisseaux sanguins. Il faut bien que la cellule ait des qualités particulières dans chaque organe, puisqu’elle y sécrète des substances aussi dif- férentes; et, à cet égard, on ne peut s’empêcher d’ad- mirer la prodigieuse diversité des produits de l’or- ganisation , diversité qui est bien plus grande encore dans le règne végétal qu’elle ne l’est dans le règne ani- mal. Quelle variété dans les qualités physiques et chi- miques des substances sécrétées par les cellules qui composent le parenchyme des fruits ou celui des l iges, des racines, des feuilles et des fleurs, dans tous les végétaux répandus sur la surface du globe! On ne peut concevoir qu’une si étonnante diversité de pro- duits soit l’ouvrage d’un seul organe, de la cellule. Cet organe étonnant , par la comparaison que 1 on peut faire de son extrême simplicité avec l’extrême diversité de sa nature intime, esi véritablement la pièce fondamentale de l'organisation; tout, en effet , ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 205 dérive évidemment de la cellule dans le tissu orga- nique des végétaux , et l’observation vient de nous prouver qu’il en est de même chez les animaux. Nous sommes arrives plus haut, par le moyen de l’observation, à ce résultat, que la coagulation des liquides est un phénomène analogue à celui de la con- traction des solides : ce fait est d’une grande impor- tance en physiologie, car il prouve que certaines propriétés organiques appartiennent également aux solides et aux fluides; ces derniers, en effet, ne sont point semblables aux liquides inorganiques. Les fluides du corps vivant sont organisés , c’est-à-dire que leur composition intime est lout-à-fait semblable à celle des solides; ils sont, comme eux, entièrement com- posés de corpuscules globuleux; mais, dans les so- lides, ces corpuscules sont adhérents les uns aux autres, tandis que, dans les fluides, ils sont libres et dissociés. Tout le monde connaît les globules dont le sang est composé; ces globules ont été observés avec soin par plusieurs naturalistes célèbres dont je vais exposer ici très succinctement les découvertes , en y ajoutant les résultats de mes propres recherches. Les globules sanguins ont été découverts, comme on le sait, par Leuwenhoek, et depuis ils ont été étudiés par un grand nombre d’observateurs, à la tête des- quels on trouve Haller, Spallanzani et Hcvvson. Dans ces derniers temps, ils ont été de nouveau étudiés par sir Éverard Home, par M. Bauer, et tout récemment par MM. Prévost et Dumas. Le nom de globules , par lequel les premiers observa- 2f)6 STRUCTURE INTIME teurs ont désigné ces corpuscules flottants dans le sang, prouve qu’ils les considéraient comme de pe- tites sphères ; certains observateurs, voyant que leur milieu était transparent, tandis que leurs bords étaient opaques, crurent pouvoir en conclure que ces petits sphéroïdes étaient percés d’un trou dans leur milieu; mais celte assertion mérite peu d’attention, car il est de la plus grande évidence que cette apparence ne provient (pie de ce que ces globules transparents ré- fractent la lumière de manière à la rassembler dans un loyer central, en sorte que leurs bords paraissent opaques et leur milieu diaphane. Nous avons déjà fait cette observation plus haut, relativement aux cor- puscules globuleux et transparents que M. Mirbel a pris pour des pores dans le tissu des végétaux. Jus- qu’à Hewson , on s’accordait généralement à considé- rer les globules sanguins comme des sphéroïdes ou des ellipsoïdes ; cet observateur prétendit que telle n’élail point leur forme, mais qu’ils avaient celle d’un disque renflé dans son milieu \ M. Bauer, reprenant ces observations, crut devoir leur restituer la forme sphéroïde qui leur avait été attribuée par la plupart des observateurs 2. En dernier lieu, MM. Prévost et Dumas, revenant à l’opinion de Hewson, ont con- sidéré ces corpuscules comme ayant la forme dis- coïde 3. Ce que l’on peut soupçonner, au milieu de cette divei'gence d’opinions, c’est que les observateurs » Transactions •ptiito.~ophijn.cs , tome 63. a Idem, 1S18. » Examen du sang , etc. i ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 2O7 , qui les ont émises ont eu tous également raison. Si, , en effet, tous les corpuscules sanguins étaient dis- 1 coïdes, comment cette forme aurait-elle échappe' à itant d’excellents observateurs? D’un autre côté, il ( est incontestable que telle est quelquefois leur forme, ainsi que je l’ai observé moi-même; mais, il faut en convenir, cette forme se présente assez rarement, et , dans le plus grand nombre des cas, on peut même dire presque toujours , les corpuscules sanguins se présentent sous la forme sphérique ou elliptique. Peut-être dira-t-on qu’ils ne se présentent sous cette forme que pareeque leur disque offre alors l’une de ses faces à l’œil de l’observateur; mais alors il faudrait admettre qu’il y aurait un nombre immense de chances pour qu’ils affectassent celte position, tandis que le nombre des chances pour qu’ils se présentassent de champ seraient assez rares. On pourrait penser que la direction de la pesanteur influerait sur la position à pial de ces corpuscules prétendus discoïdes , et comme on observe ordinairement au microscope avec un rayon visuel vertical, il en résulterait, en effet, que ces corpuscules présenteraient le plus souvent une de leurs faces à l’œil de f observateur. Quoique celle position à plat soit peu probable pendant la circulation , cependant j’ai voulu m’assurer si une position différente de l’animal changerait l’aspect sous lequel se présentent ces corpuscules. J’ai donc di- rigé le rayon visuel de mon microscope dans le sens horizontal, et dans cette position, j’ai observé la cir- culation dans la queue d’un têtard : le vaisseau que 208 structure intime j’observais était dirigé dans le sens vertical. Si la pe- santeur eût influé sur la position horizontale des cor- puscules discoïdes, il en fût résulté, dans mon ob- servation , que ces disques se seraient tous présentés de champ. Or, j’ai continué à voir ces corpuscules ovoïdes; je n’ai meme pu, dans cette observation, en apercevoir un seul qui fût discoïde. Tout concourt donc à prouver que cette dernière forme est rare , qu’elle est purement accidentelle , et que la forme normale des corpuscules sanguins est celle d’un sphé- roïde ou d’un ellipsoïde; d’ailleurs, ce fait est prouvé par les changements de forme que les corpuscules sanguins sont susceptibles de prendre. Fontana et Spallanzani ont vu, le premier dans la grenouille, elle second dans la salamandre, les globules sanguins se former en un ellipsoïde très alongé quand ils étaient engagés dans un vaisseau d’un diamètre plus petit que le leur , se courber en forme de croissant dans les courbures anguleuses des vaisseaux , et reprendre enfin leur forme ordinaire quand ils étaient parvenus dans un vaisseau suffisamment large. Ces change- ments de forme ne peuvent dériver que d’un sphé- roïde : on sent qu’un disque ne pourrait pas les pré- senter. Une membrane d’une extrême délicatesse environne les corpuscules sanguins. Cette membrane vésiculaire est seule dépositaire de la matière rouge qui colore ces corpuscules ; son extrême délicatesse fait quelle s’altère très promptement après la mort et quelle se détache du corpuscule, ainsique l’ont observé MM. Bauer et ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. • CÜ() | Home; après celle séparation de l’enveloppe colorée, lie corpuscule sanguin paraît blanc, et conserve sa I forme. On pourrait penser qu’il ne consiste plus alors .que dans un noyau de matière solide, mais la faculté . qu’ont les corpuscules sanguins de changer de forme, ainsi que nous venons de le voir, prouve que ce noyau < est composé d’une substance très molle ou même li- quide; par conséquent, la conservation de sa forme après la disparition delà membrane colorée qui l’en- ’veloppait extérieurement semble prouver que le cor- ipuscule sanguin possède une seconde membrane plus solide que la membrane colorée à laquelle elle est subjacente, et dans l’intérieur de laquelle est contenue la matière molle ou liquide qui constitue le noyau du h corpuscule : toujours résulte-t-il de l’existence de la ji membrane vésiculaire colorée que les corpuscules sanguins doivent être considérés comme des corps vé- isiculaires. L’existence de cette membrane, prouvée j par les observations de Bauer et de Home, a été pleine- iment confirmée par celles de MM. Prévost et Dumas. Un jeûne prolongé diminue considérablement le i nombre des corpuscules sanguins : je les ai vus dis- I paraître totalement chez un têtard de crapaud accou- icheur que j’avais conservé une année entière sans lui i donner de nourriture. Leuwenhoek avait annoncé que les globules sanguins avaient un mouvement de ro- itation sur eux-mêmes ; mais les observations de Hal- ! 1er ’ et de Spallanzani a prouvèrent que ce mouve- 1 Mémoire sur le mouvement du sang. ’ De’ fenomeni delta circoUazionc. 210 STRUCTURE INTIME ment n’existait point. Ces deux derniers observateurs ont toujours vu les globules sanguins , plonges dans le fluide diaphane cjui les environne, se tenir constam- ment éloignés les uns des autres : jamais, tant que la vie subsiste, ces globules ne sont en contact immé- diat. Spallanzani a vu un grand nombre de fois que lorsque deux de ces globules se présentaient ensem- ble à l’orifice d’un vaisseau qui ne pouvait admettre que l’un d’eux, l’autre, repousse' à l’instant, rétro- gradait sans avoir louché le globule qui le précédait dans le passage ; Haller 1 a vu de même que ces glo- bules se repoussaient réciproquement quand le mou- vement progressif du sang tendait à les rapprocher. Ainsi , il a observé que l’un de ces globules étant placé lans une espèce de cul-de-sac , il repoussait, sans les avoir touchés, les globules qui venaient vers lui. Cet isolement constant des globules sanguins nu milieu du fluide séreux dans lequel ils nagent , et celle répul- sion qu’ils exercent les uns sur les autres, quand une cause extérieure les rapproche, ne cessent d’exister que lorsque la vie commence à s’éteindre : c’est alors que Haller a vu ces globules s'agglomérer en perdant leur forme sphérique; mais ils reprenaient celte forme en se séparant de nouveau, si la circulation languis- sante venait à se ranimer. J’ai répété toutes ces ob- servations de Haller et de Spallanzani, et je me suis assuré de leur exactitude. J’ai beaucoup observé la circulation du sang dans les parties transparentes des » Deuxième Mémoire sur le mouvement du sang. ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 211 jeunes salamandres et des jeunes têtards, et j’ai tou- jours vu les corpuscules sanguins être éloignés les uns des autres tant que la vie conserve une certaine énergie; mais aux approches de la mort, lorsque le sang avance dans les vaisseaux pendant la systole du cœur, et rétrograde dans ces mêmes vaisseaux pen- dant la diastole de cet organe; alors, dis-je, les cor- puscules sanguins cessent de se tenir éloignés les uns des autres ; ils s’agglomèrent et forment ainsi de petits caillots qui remplissent certaines parties des vais- seaux, tandis que les autres ne contiennent que du sérum. Il n’y a donc point de doute qu’il n’existe pendant la vie une force répulsive qui tient les cor- puscules sanguins isolés les uns des autres, et qui disparaît lors de la mort; alors ces corpuscules, aban- donnés à une force d’attraction qui les précipite les uns sur les autres, s’agglomèrent, et c’est leur réu- nion qui forme ce qu’on appelle le caillot. On sait, par des expériences positives, que ce n’est point le refroidissement qui est la cause de cette coagulation , de laquelle il résulte tantôt des corps rnembrani- fbrmes ou couenneux , tantôt des corps filiformes semblables à des fibres, ce qui a fait donner le nom de fibrine à la substance composante de ces corps, et cela avec d’autant plus de raison que cette sub- | stance est tout-à-fait semblable à la substance nius- t culairc, sous le rapport de ses propriétés chimiques : t aussi a-t-on appelé le sang de la chair coulante , et I ceta n’est point une métaphore , c’est une vérité exacte. La substance musculaire , en effet , est essentiellement 2 1 2 STRUCTURE INTIME composée de corpuscules globuleux comme le sang ; mais, dans ce liquide, ces corpuscules floltent isolés , tandis que, dans le muscle, ils sont agglomérés, et forment ainsi un solide organique . Après la mort, le sang se coagule par le rapprochement de ces cor- puscules; dans le même temps, le tissu musculaire se contracte par le rapprochement et le resserrement de ses plis sinueux. Il y a, dans ces deux circonstances, égale absence d’une cause d’écartement corpusculaire ou de répulsion dans les parties intimes. Nous avons vu plus haut, par des expériences positives , la tran- sition tout-à-fait insensible qui existe entre le phéno- mène de la contraction et celui de la coagulation ; nous avons vu , en effet, que le tissu musculaire cor- pusculaire, simplement déplissé par un faible alkali , était susceptible de se plisser de nouveau ou de s’in- curver par l’accession d’un acide, tandis que ce même tissu, dont les corpuscules étaient dissociés par un alkali un peu plus fort , formait alors un liquide or- ganique simplement susceptible de se resserrer sur lui-même par le fait de sa coagulation; il n’est donc point douteux que les deux phénomènes de ‘l’incur- vation et de la coagulation ne soient très voisins , et ne tiennent au même principe ; il reste à déterminer quel est le lien qui réunit ces deux phénomènes. Les corpuscules sanguins, pendant la vie , ne sont jamais en contact immédiat; après la mort, ou lorsque le sang est tiré hors des vaisseaux, ces corpuscules s’agglomèrent, et il en résulte une espèce de solide organique: c’est le phénomène de la coagulation; il ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 2l> dépend évidemment de l’attraction que les corpuscules sanguins exercent les uns sur les autres. J’ai voulu voir si cette espèce de solide organique était suscep- tible de se contracter comme le tissu musculaire. J’ai mis une goutte de sang de grenouille dans l’eau que contenait un cristal de montre ; cette goutte de sang s’est coagulée en formant une membrane diaphane qui tapissait le fond du cristal; on pouvait enlever la membrane et l’agiter dans l’eau sans que ces corpus- cules quittassent leur adhérence mutuelle. Ayant ajoute' à l’eau une goutte d’acide nitrique, je vis, au microscope, la membrane se resserrer sur elle-même par le rapprochement plus considérable des corpus- cules dont elle était composée; ainsi le solide formé par la coagulation du sang est susceptible de présen- ter seulement le mode primordial de la contraction , c’est-à-dire le resserrement par rapprochement géné- ral des corpuscules; il ne présente jamais le mode secondaire de la contraction, c’est-à-dire l’incurva- tion sinueuse qui résulte du rapprochement corpus- culaire opéré d’un seul côté ; ce mode secondaire de la contraction paraît dépendre essentiellement de la puissance nerveuse, laquelle est étrangère au solide formé par coagulation. Les propriétés vitales des liquides organiques sont encore peu connues : d’après ce que nous avons vu plus haut, il paraît que la répulsion corpusculaire, ou plutôt que la laculté que possèdent les corpuscules des liquides de se tenir éloignés les uns des autres, est la principale propriété vitale des fluides, puisque l’i-r STRUCTURE INTIME 2 1 4 solement de ces corpuscules cesse généralement avec la vie. La contractilité est nécessairement étrangère aux fluides : elle ne peut appartenir qu’aux solides. Pour ce qui est de la nervimotilité , nous ignorons si elle appartient exclusivement à ces derniers. Nous avons vu que, chez les végétaux, la puissance ner- veuse est transmise par l’intermédiaire d’un liquide organique, il n’est pas bien certain qu’il n’en soit pas de même chez les animaux, et même il paraît fort probable que la production de la puissance nerveuse est la propriété physique que possède pendant la vie le liquide contenu dans les cellules vésiculaires dont le cerveau est entièrement composé ; cellules qui ne diffèrent peut-être pas , sous ce point de vue , des cel- lules dont se composent les organes électriques de certains poissons. Ce que nous venons de voir touchant la similitude de la composition organique des solides et des fluides du corps vivant pourrait faire penser que les glo- bules vésiculaires contenus dans le sang s’ajouteraient au tissu des organes et s’y fixeraient pour les accroître et les réparer, en sorte que la nutrition consisterait dans une véritable intercalation des cellules toutes l faites et d’une extrême petitesse. Cette opinion, tout étrange qu’elle puisse paraître, est cependant très fon- dée, car l’observation parle en sa faveur. J’ai vu plu- sieurs fois les globules sanguins, sortis du torrent cir- culatoire , s’arrêter et se fixer dans le tissu organique : j’ai été témoin de ce phénomène, que j’étais loin de soupçonner , en observant le mouvement du sang au / ET MOTILITÉ DES ANIMACX. 2l5 microscope dans la queue fort transparente des jeunes têtards du crapaud accoucheur. Des artères formant des courbures nombreuses se répandent dans la partie transparente de la queue de ces têtards ; ces artères sont immédiatement continues avec les veines, en sorte qu’il n’existe ici aucune distinction, aucune ligne de démarcation entre les deux circulations arté- rielle et veineuse : le sang, dont on aperçoit1 parfaite- ment les globules, qui sont assez gros, offre un tor- rent dont le mouvement n’éprouve aucune interrup- tion depuis son départ du cœur jusqu’à son retour à cet organe. Entre les courbures que forment les vais- seaux , il existe un tissu fort transparent dans lequel on distingue beaucoup de granulations de la grosseur des globules sanguins; or, en observant le mouve- ment du sang, j’ai vu plusieurs fois un globule seul s’échapper latéralement du vaisseau sanguin et se mouvoir dans le tissu transparent dont je viens de parler, avec une lenteur qui contrastait fortement avec la rapidité du torrent circulatoire dont ce globule était échappé; bientôt après le globule cessait de se mou- voir, et il demeurait fixé dans le tissu transparent; or, en le comparant aux granulations que contenait ce même tissu, il était facile de voir qu’il n’en différait en rien; en sorte qu’il n’était pas douteux que ces gra- nulations demi-transparentes ne fussent aussi des glo- bules sanguins précédemment fixés. Par quelle voie ces globules sortent-ils du torrent circulatoire:’ C’est ce qu’il n’est pas facile de déterminer. Peut-être les vaisseaux ont-ils des ouvertures latérales par lesquelles STRUCTURE INTIME 2l6 le sang peut verser ses éléments dans le tissu des or- ganes; peut-être le mouvement de ces globules n’é- tait-il ralenti d’abord, et ensuite arrête' que parcequ’ils étaient engagés dans des vaisseaux trop petits relati- vement à leur grosseur-. On expliquera celte fixation des globules sanguins comme l’on voudra , mais le fait de celte fixation demeurera toujours démontré ; je l’ai observé un trop grand nombre de fois pour croire que ce soit un phénomène accidentel. Cette fixation des globules est indubitablement un phénomène dans l’ordre de la nature vivante : cela explique le rôle que jouent les globules sanguins dans la nutrition ; ce sont des cellules vagabondes qui finissent par se fixer et par se joindre au tissu des organes ; aussi les cel- lules vésiculaires et microscopiques qui composent essentiellement le tissu de tous les organes , sans au- cune exception , ne sont-elles généralement que de la grosseur des globules sanguins chez les animaux vertébrés : Leuwenhoek le dit positivement par rap- port au tissu du foie du mouton et de la vache \ Mes observations m’ont prouvé la même chose par rapport aux autres organes. Chez les mollusques, ces cellules microscopiques sont incomparablement plus grosses que les globules contenus dans le sang de ces ani- maux, ce qui peut provenir de ce quelles se sont développées après leur fixation. Au reste, le phéno- mène de cette fixation explique pourquoi les globules ont disparu tout-<à-fail dans le sang du têtard que 1 Transactions •philosophiques , ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 2 1 7 j’avais soumis à un jeûne très prolongé : celle dispa- rition prouve en même temps que ces globules tirent leur origine des aliments : aussi Leuwenhoek les a-t-il trouvés en abondance dans le chyle. Cela peut faire penser que ces globules vésiculaires sont introduits tout formés dans l’économie. Les substances alimen- taires, qui sont toutes des matières organiques, sont essentiellement composées de ces globules, et la di- gestion ne consiste probablement que dans leur disso- ciation, opérée par le menstrue stomacal. Ces obser- vations paraîtront sans doute très favorables au fa- meux système des molécules organiques de Buffon ; système que je suis fort éloigné d’admettre dans son entier , mais dont la base essentielle me paraît être ap- puyée sur les faits que je viens d’exposer. Ici je dois rappeler ce que j’ai exposé plus haut louchant la text ure organique des végétaux : nous avons vu que ces êtres étaient entièrement composés ou de cellules ou d’organes qui dérivent évidemment de la cellule ; nous avons vu que ces organes creux étaient simple- ment contigus et adhérents les uns aux autres par une force de cohésion, mais qu’ils ne formaient point, par leur assemblage, un tissu réellement continu; en sorte que , dès lors , l’être organique nous a paru for- mé d’un nombre infini de pièces microscopiques qui n’ont entre elles que des rapports de voisinage. Les observations que nous venons de faire sur les animaux tendent évidemment «à confirmer ce premier aperçu; il est encore confirmé par les observations si curieuses de M.Bory de Saint-Vincent sur ces arlhrodiées, qui STRUCTURE INTIME 2l8 sont composées de pièces de rapport qui se réunissent successivement les unes aux autres , en sorte que ces êtres singuliers nous montrent en dehors le phéno- mène de l’agrégation corpusculaire , que les autres êtres vivants cachent dans l’intérieur de leurs tissus organiques. ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 219 APPENDIX. L’espèce d’avidité avec laquelle la nature est au- jourd'hui interrogée de toutes parts met les natura- listes dans la nécessité de publier très promptement Heurs découvertes, s’ils ne veulent pas courir le risque (de se voir privés, par des observateurs plus diligents, (de l’honneur qui y est attaché. Mais cette précipita- ttion expose à publier des travaux incomplets et quel- quefois fautifs ; elle ne permet pas de rassembler et • de coordonner une masse de faits. C’est cette dernière i considération qui m’a engagé à retarder de plusieurs mois la publication des observations qui m’ont dé- voilé le mécanisme de la contraction musculaire. Pen- dant ce temps , deux observateurs très distingués , MM. Prévost et Dumas, se livraient à des recherches sur le même sujet, et arrivaient, par une autre voie, au résultat auquel je suis parvenu. Le travail de ces deux observateurs , communiqué à la Société philo- matique et à l’Académie des sciences , en juillet et août i8a3, a paru, en extrait, dans le cahier de sep- tembre du Bulletin des sciences de la Société phi- lomatique , cahier qui ne m’est parvenu que dans le milieu du mois de novembre. Alors mon travail était complètement rédigé , et j’ai cru devoir le publier sans :20 STRUCTURE INTIME y rien changer, me re'servant seulement d’y ajouter cet Appendix, dans lequel je vais exposer la decou- verte de MM. Prévost et Dumas, et la théorie qu’ils en déduisent. Le travail de ces deux savants a été im- primé en entier dans le numéro d’octobre du Jour- nal de physiologie expérimentale de M. Magendie. MM. Prévost et Dumas ayant placé sous le mi- croscope un muscle de grenouille suffisamment mince pour conserver sa transparence, et y ayant excité des contractions , au moyen d’un courant galvanique, ont vu les fibres se fléchir en zig-zag d’une manière in- stantanée, et cette flexion a déterminé le raccourcis- sement de l’organe; ils ont fait, en même temps, celte importante observation, que les dernières ramifica- tions des nerfs coupent à angle droit la direction des fibres musculaires, et que c’est toujours dans le lieu de leur intersection qu’existent les sommets des courbures qu’alfectent les fibres musculaires en se courbant sinueusement. Ainsi, MM. Prévost et Du- mas ont vu, comme moi, que la contraction des orga- nes musculaires consiste dans une courbure sinueuse de leurs parties constituantes, et la date de la publi- cation de celte découverte leur en assure incontesta- blement la propriété , bien que j’eusse fait la même découverte de mon côté, au moyen d’expériences différentes. Toutefois, ceux qui liront mon travail et celui de MM. Prévost et Dumas avec attention ver- ront qu’ils contiennent des faits différents , quoique du même genre. Je vais essayer d’établir ici la dis- tinction de ce qui m’appartient et de ce qui constitue. ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 22 1 I la part de MM. Prévost et Dumas, dans la découverte du mécanisme de la contraction musculaire. MM. Prévost et Dumas ont observé la llexion si- mueuse de la fibre musculaire, flexion tout-à-fàit sem- Iblable à celle des tiges des vorticelles, et que j’ai ireprésentée dans la figure 29, en a. Pour moi, je m’avais observé que l’incurvation semi-circulaire de mette fibre, arrachée à l’animal vivant, et plongée dans ! l’eau; j’avais cru pouvoir conclure de celle observa- ttion que l’incurvation semi-circulaire de la fibre coo- ipe'rait au raccourcissement du muscle, et qu’elle était d’auxiliaire de la contraction de cette même fibre. Par } ( ce mot de contraction , j’ai entendu exprimer l’ac- Ittion par laquelle la fibre musculaire se raccourcit en devenant plus grosse, sans perdre de sa rectitude. H Or j’ai prouvé que cette contraction de la fibre trouve sa cause dans le plissement extrêmement fin, ou dans l’incurvation sinueuse des fibrilles et du tissu cor- pusculaire qui composent intérieurement la fibre mus- iculaire. C’est ici que mes observations ont été plus loin que celles de MM. Prévost et Dumas. Ces obser- vateurs ne regardent comme une contraction que la courbure sinueuse de la fibre musculaire considérée dans sa masse ; ils ont bien observé que cette fibre se raccourcissait aussi sans aucune flexion , mais ils ont considéré ce raccourcissement comme le résultat de celte propriété que Haller nomme l 'élasticité de la fibre , et que Bichat désigne sous le nom de contrac- tilité de tissu. Du reste, ils ne cherchent point à se rendre raison du mécanisme au moyen duquel celte .222 STRUCTURE INTIME élasticité est mise en jeu: ils admettent, dans la fibre musculaire, un état de repos , qui est celui quelle prend quand aucune cause ne tend plus à l’alonger. Ce n’est, selon ces observateurs, que lorsque la fibre a atteint, dans son raccourcissement- élastique, cet état de repos , qu’elle devient susceptible de se cour- ber sinueusement pour se raccourcir de nouveau, et c’est à ce dernier phénomène seul qu’ils donnent le nom de contraction. Ici tout est exactement vrai dans l’exposition des faits : il n’y a d’erreur que dans la théorie. MM. Prévost et Dumas, n’ayant pas poussé assez loin leurs recherches, n’ont point vu que le raccourcissement de la fibre, sans aucune flexion , est dû à l’incurvation sinueuse à plis extrêmement fins du tissu intérieur de cette fibre, qui s’alonge par le déplissement de ce tissu, et. qui se raccourcit , en conservant sa rectitude , par le plissement ou par l’incurvation sinueuse élastiaue de ce même tissu in- A. time. Lorsque ce plissement intérieur est parvenu au summum, la fibre ne peut plus se raccourcir de cette manière , elle se trouve dans Y état de repos , suivant l’expression fort inexacte de MM. Prévost et Dumas. C’est alors que commence le développement d’un se- cond phénomène, celui de l’incurvation sinueuse de la fibre elle-même , qui se raccourcit en perdant sa rectitude, et cela par un mécanisme entièrement sem- blable à celui qui avait opéré son raccourcissement avec conservation de rectitude. Toute Ta différence qu’il y a, c’est que, dans le premier cas, le phéno- mène que présente la fibre est extérieur, et que, dans ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 22 0 le dernier cas, il est inte'rieur. Or, l’observation du j premier de ces phénomènes appartient à MM. Pré- ivosl et Dumas ; l’observation du second m’appartient K exclusivement. C’est de l’ensemble de ces observa- tions que résulte l’explication complète du mécanisme :(de la contraction musculaire. Au reste, c’est faute (d’avoir envisage' sous son véritable point de vue le I phe'nomène de la contraction de la fibre qui conserve y revenir lorsqu’il en est éloigné. Or les fibres muscu- laires sont des solides qui, sous l’influence de certaines ^causes intérieures ou extérieures, prennent, soit dans leur niasse, soit dans leurs parties intimes, une position de courbure accompagnée d’une force élastique qui tend à faire persister celte position. Ainsi la conlrac- ition musculaire est un véritable phénomène d’élasti- « cité ; mais c’est une élasticité qui naît et qui disparaît successivement avec la position de courbure qui l’ac- compagnait; or, comme l’élasticité est, en dernière analyse, un phénomène d’action moléculaire , il en résulte que la contraction se trouve de même , en dernière analyse, dépendre d’un certain mode 1 5 226 STRUCTURE INTIME d’action des molécules ou des corpuscules qui com- posent les solides organiques. Cette théorie est tout- à-lait en opposition avec celle qui a été émise par MM. Prévost et Dumas : ces deux savants ayant ob- servé que les dernières ramifications des nerfs cou- pent à angle droit la direction des fibres musculaires , ont pensé que le courant galvanique excité au travers des filets nerveux déterminait le rapprochement de ces filets, qui s’attireraient réciproquement, et qui en- traîneraient ainsi avec eux les faisceaux musculaires auxquels ils sont fixés, ce qui déterminerait le plisse- ment des fibres. D’après cette hypothèse, les nerfs seuls seraient les organes du mouvement de contrac- tion, et les fibres musculaires seraient des organes inertes, destinés seulement par la “nature à assujettir les filets nerveux les uns aux autres. On sent tout ce qui s’opposerait à l’admission d’une pareille hypo- thèse, quand bien même il ne serait pas prouvé qu’elle doit être rejetée. Mais si l’hypothèse disparaît , les faits sur lesquels elle paraissait pouvoir être établie subsistent , et cette découverte suffit pour la gloire de ses auteurs , auxquels la science doit déjà beau- coup , et qui l’enrichissent tous les jours par d’impor- tants travaux. Je profiterai de l’occasion qui m’a été offerte d’a- jouter cet appendix à mon ouvrage, pour discuter l’o- pinion d’un savant fort célèbre sur l’irritabilité végé- tale. J’avais d’abord résolu de n’en point parler, pen- sant que les faits que j’avais établis sur l’observation suffisaient pour combattre une théorie purement ra- ET' MOTILITÉ DES ANIMAUX. 227 lionnelle, sans qu’il fût besoin d’entrer dans une dis- cussion à cet égard : cependant j’ai senti qu’il était nnécessaire de changer ma première manière de voir 'Sur cet objet; car, bien que les faits soient tout dans lia science, cependant l’autorité des noms ne laisse 1 pas d’avoir aussi quelque influence. Je discuterai donc tici brièvement l’opinion de M. de Lamarck sur l’irri— Habilité. Ce naturaliste célèbre, dans son Introduction ià V histoire des animaux sans 'vertèbres, prétend (établir une démarcation tranchée entre les mouve- unenls des animaux et ceux des végétaux. V oici com- unent il s’exprime ( chap. 5 ) : « Les végétaux sont n des corps vivants non irritables 3 et dont les ca- >' ractères sont, i° d’être incapables de contracter » subitement et itérativement, dans tous les temps, » aucune de leurs parties solides, ni d’exécuter, par » ces parties, des mouvements subits ou instantanés, » répétés de suite autant de fois qu’une cause stimu- » lante les provoquerait. » Partant de ce principe, iil prétend qu’aucun des mouvements des végétaux 111’est dû à 1 irritabilité ; que ce ne sont que des mou- vements de détente, ou des affaissements de parties, produits par l’évaporation de certains fluides subtils ■ qui cessent de gonfler les cellules. Il affirme qu’au- icunedes parties de la sensitive ne se contracte lors- qu’on la touche, mais que les mouvements qu’011 lui voit exécuter ne sont que des mouvements articu- laires opérés par détente, sans qu’aucune des dimen- sions des parties fie cette plante soit altérée, ce qui, selon lui, établit une différence tranchée entre ces 228 STRUCTURE INTIME mouvements ei ceux qui résultent de l’irritabilité ani- male , dans laquelle il y a bien évidemment change- ment dans les dimensions de la partie contractée. Poursuivant , d’après les mêmes principes , le con- traste qu’il établit entre l’irritabilité animale et les mouvements des végétaux, M. de Lamarck donne comme une différence spécifique entre ces deux or- dres de phénomènes, que chez les animaux l’irrita- bilité reste la même dans les parties qui en sont douées tant que l’animal est vivant, et que leur con- traction peut se répéter de suite autant de lois que la cause excitante viendra laprovoquer, tandis quechezles végétaux prétendus irritables la répétition de l’attou- chement ou de la secousse ne peut plus produire au- cun mouvement lorsque la plicatioTi articulaire est complètement effectuée. D’après cet exposé, les différences tranchées que M. de Lamarck prétend établir entre l’irritabilité ani- male et l’irritabilité végétale se réduisent aux points suivants : i 0 les mouvements des végétaux ne sont que des plicalions articulaires; il n’y a point chez eux de véritable contraction ou de raccourcissement de parties; 2° ces mouvements ne peuvent être pro- duits itérativement, c’est-à-dire déterminés plusieurs fois de suite. 11 ne me faudra que quelques mots pour com- battre ces diverses assertions. D’abord, c’est une er- reur que de regarder les mouvements de la sensitive comme des plications articulaires. On a donné le nom à\i7'ticulatio7i , dans les feuilles, à l’endroit où t ET MOTILITE DES ANIMAUX. 22Ç) elles se séparent naturellement de la tige lorsqu’elles ont atteint le terme de leur vie : or , ce n’est point dans cet endroit que s’opère le mouvement des leuilles de la sensitive, c’est dans une portion renflée du pé- tiole, portion voisine de l’articulation, et à laquelle j’ai donné le nom de bourrelet. C’est par l’incur- vation élastique de ce bourrelet que s’opère le mou- vement du pétiole de la feuille; ce mouvement n’est donc point articulaire , comme le pense M. de La- marck : on en doit dire autant des mouvements des pinnules et des folioles de la sensitive; ces mouve- ments ne sont point non plus articulaires , ils n’exis- tent que dans les bourrelets , parceque ces organes possèdent seuls la structure intime nécessaix’e pour l’exécution de ce mouvement. M. de Lamarck prétend qu’il n’y a point de véri- table contraction ou de raccourcissement de parties chez les végétaux : l’observation infirme encore celte assertion. Nous avons vu que, chez ïypomæa se/isi- tiva, les nervures de la corolle présentent un raccour- cissement départies ou une contraction qui ne diffère en rien de celle des fibres musculaires , car elle con- siste de même dans une incurvation sinueuse. Le lait de la contraction de la corolle chez 1 ypomœa sen- sitiva n’était point connu du public, il est vrai, puis- que je suis le premier qui l’ait publié, avec l’agré- ment de M. Turpin, qui a observé ce phénomène; mais tout le monde connaissait le phénomène essen- tiellement semblable que présente la corolle des cou - volvulus et celle de la belle-dc-nuit ( mirabilis ja~ 25o STRUCTURE INTIME lappa ), qui se ploient au moyen d’une incurvation sinueuse pour présenter les alternatives de sommeil et de réveil. Mais il manquait à M. de Lamarck, pour établir l’analogie de ce mouvement avec l’irritabilité animale, de connaître le mécanisme de cette dernière, qui consiste de même dans une incurvation sinueuse. Enfin, M. de Lamarck objecte que les mouve- ments des végétaux ne peuvent être produits itérati- vement. Cette objection tombera d’elle-même, au moyen d’une réflexion bien simple : l’incurvation ne peut être produite une seconde fois que lorsqu’elle a cessé d’exister, c’est-à-dire lorsqu’elle a été rempla- cée par le redressement ou par le relâchement , selon l’expression ordinaire. Or, chez les végétaux, le re- dressement ou le relâchement n’arrive que long- temps après l’acte de l’incurvation , en sorte que la partie reste long-temps incurvée, tandis que chez les animaux le redressement ou le relâchement de la fibre arrive immédiatement après l’acte de son incurvation sinueuse ou de sa contraction; en sorte qu’il n’y a presque aucun intervalle entre ces deux phénomènes. De là vient que, chez les animaux, la contraction ou l’incurvation sinueuse peut être produite itérative- ment un grand nombre de fois de suite dans un très court intervalle de temps, tandis que chez les végé- taux l’incurvation ne peut être produite itérativement qu’à des intervalles de temps assez longs : il faut at- tendre que le redressement ait succédé à l’incurva- tion. N’est-il pas évident que, dans cette circonstance , la longueur du temps qui s’écoule entre les deux actes ET MOTILITÉ DES ANIMAUX. 2.3 1 de l’incurvation et du redressement n’apporte aucune différence essentielle entre les phénomènes de V irri- tabilité animale et de l’ irritabilité 'végétale ? Dans l’une et dans l’autre, les mouvements sont produits itérativement, mais à des intervalles de temps diffé- rents. Pour ce qui est de l’hypothèse émise par M. de Lamarck , que les mouvements des végétaux sont dus à des affaissements de cellules produits par l’évapo- ration des fluides , il ne me faudra, pour montrer son peu de fondement , que rappeler l’expérience sui- vante, que j’ai plusieurs fois répétée. La sensitive, en- tièrement plongée dans l’eau, meut ses feuilles sous l’influence des secousses, comme elle le fait dans l’air; elle y présente de même les phénomènes du sommeil et du réveil. Or, il est évident que dans cette cir- constance il ne peut y avoir ni évaporation ni affais- sement de cellules. Dans le cours de cet ouvrage j’ai opposé avec fran- chise mes opinions à celles de plusieurs savants cé- lèbres ; et je l’ai fait sans crainte de les blesser , per- suadé que tout philosophe observateur de la nature ne „doit rechercher que la vérité, et qu’il ne peut manquer de la voir avec plaisir, même lorsqu’elle heurte ses idées les plus favorites. F 1 N. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Introduction 1 Section Irc. Observations* sur l’anatomie des végétaux , et spécialement, sur l’ana- tomie de la sensitive 8 Section II. Observations sur les mouve- ments de la sensitive 52 Section III. Des directions spéciales qu’af- fectent les diverses parties des végétaux. 92 Section IY. De l’influence du mouvement de rotation sur les directions spéciales qu’affectent les diverses parties des vé- gétaux 1 38 Section Y. Observations sur la structure intime des systèmes nerveux et muscu- laire , et sur le mécanisme de la con- traction chez les animaux 1 03 ÀPPENDIX 219 Tableau synoptique des diverses modifi- cations de l’incurvation organique dans les deux règnes animal et végétal. . . . a33 ( a53 ) TABLEAU SYNOPTIQUE DES DIVERSES MODIFICATIONS DE L’INCURVATION DANS LES DEUX RÈGNES ANIMAL ET VÉGÉTAL. OR G AN IQUE . Simple ou à cour- bure unique. Incurvation os- ciUatoiro, c’cst-à- dire alternant spon- tanémcnt^avec un ( état de redresse- scment ou d'incur- vation en sens op- posé, Incurvation fixe, cVst-à-dire n’alter- nant point d’une manière spontanée , avec un étal de r dressement. Sinueuse ou à courbures multi- pliées. Simple ou à cour- bure unique. Sinueuse ou à courbures multi- pliées. Incurvation et redressementalternatils des bourrelets de la sen- sitKo , des étamines du cactus opuntia et du bcrbcrisvuharis , des leuilles du dionca musciputa ; oscillation des folioles de I7ie- .ysarum gyrans ; incurvations en sens inverses , desquelles résul- / Incurvation simple oscillatoire des végétaux tent les positrons alternatives de sommeil et de réveil chez les plantes ; mouvement des oscillaires Incurvation de la fibre musculaire arrachée à l’animal vivant et 1 plongée dans l'eau f Incurvation simple oscillatoire des fibres musculaires. Plissement et déplissemcnt des nervures de la corolle de l’y- ) pomwa sensitiva, des bras des hydres, et des tiges des vorticelles. 1 'ncurvatujn sinueuse oscillatoire des végétaux et des zoophytes. Plissement et déplissement du tissu intime de la fibre niuscu- \ laire, qui se raccourcit en devenant plus grosse et en conservant / Incurvation sinueuse oscillatoire des muscles : son caractère est sa rectitude ! d’être rapidé, forte et très étendue : c'est la coût, aetilité animale Plissement et déplissement de la fibre musculaire elle-même , J et la contractilité organique sensible de Bichat; c’est l’irritabilité qui se raccourcit en perdant sa rectitude ? “e Hallcr- Plissement et déplissement des tissus qui ne sont point muscu- ) Incurvation sinueuse oscillatoire des organes non musculaires : Iaires > so" caractère est d’étre lente, laihle et très peu étendue : c’est la * contractilité organique insensible de Bichat. Incurvation des valves de l’ovaire de la balsamine ; incurvation I c^lefeT fixer!'! ^ ^ direCtÎ0R8 Spé‘ } ïncurvatijn simple fixe des Végétaux. Incurvation des vrilles des végétaux : elles s’effectuent sous Pin- 1 LTplante. * «* '* *“%”«>» [ Incurvation sinueuse fixe delégétamt. Plissement de la fibre musculaire morte lorsqu'on l'abandonne ) Dicuiration sinueuse fixe, suite de la précédente : elle est nom - a elle-même après l’avoir distendue en l'alongeant i mée par Ilajler élasticité de ta fibre, et par Bichat contractilité ') de tissu. ) t? b .5 OTS L'AGENT IMMÉDIAT DU MOUVEMENT VITAL V DEVOILE < LvNS SA NATURE ET DANS SON MODE D’ACTION, CHEZ LES VÉGÉTAUX ET CHEZ LES ANIMAUX. CET OUVRAGE SE TROUVE AUSSI AU DÉPÔT DE MA UEUAllUE / Palais- Royal , galeries de Lois, nos aGâ el aGG. IMPRIMERIE DE J. G. DENT K UE DU COLOMBIER , îl° al. L’AGENT IMMEDIAT PU ŒOUVEMENT VIT Al DÉVOILE DANS SA NATURE ET DANS SON MODE D’ACTION, CHEZ LES VÉGÉTAUX ET CHEZ LES ANIMAUX. PAR M. H. DUTROCHET, iorrcsponiiant de l’Institut dans l’Acade'niie royale des sciences, membre associé de l’Académie rovalc de médecine, etc. Nil lara difficile est quin qusremlo investigari possit. ( Tkhknck , Ileauiontimorumenos. ) A PARIS, ,IE7, DENTU, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DU COLOMBIER, 21. MDCCCXXYJ. AVERTISSEMENT. IL ouvrage que je publie mettra dans tait son jour cette vérité, qu’il n existe oint deux physiologies, l une animale Il autre végétale, entre lesquelles il soit ossible d’établir une ligne de démarca- »n. La science de la v ie est une, et I on e peut que perdre de précieux secours a isolant les unes des autres les diver- :S parties qui la composent; car c’est ur le rapprochement des faits que la üence devient féconde. Ainsi, nous al- ins voir la physiologie végétale faire larcher la physiologie animale , et réci- proquement la physiologie animale prê- tr un puissant appui à la physiologie égétale. L’objet spécial et primitif de ce travail al l’ étude du mouvement de la sève dans îs végétaux, phénomène dont l’explica- on, jusqu’à ce jour, a vainement été TI AVERTISSEMENT. cherchée, parce qu'on a voulu la trou- ver dans les faits déjà connus de la phy- sique ou de la physiologie. L’étude at- tentive que j’ai faite de ce phénomène, m’a dévoilé pleinement sa cause mysté- rieuse. Cette découverte m’a conduit beaucoup plus loin que je ne devais le présumer. En effet, en trouvant le mé- canisme et la cause du mouvement de la sève, j’ai trouvé le mécanisme secret du mouvement vital, et cette découverte m’a fait remonter à la connaissance de * 1 agent mystérieux auquel est immédia- tement dû ce mouvement. En annonçant cette découverte, je dois me hâter de dire qu elle ne fournira point d armes au matérialisme. Les sciences , faites pour le bonheur et pour la perfection de l’homme, ne peuvent être hostiles en- vers la morale , cette autre source de bonheur et de perfection. De tous les êtres vivans qui couvrent la surface du globe, l'homme est le seul qui possède l’ intelligence, ce flambeau divin au moyen duquel il parvient à connaître une partie des mystères de la AVERTISSEMENT. VII attire, et à remonter à la connaissance 3 son auteur. Siège immatériel de cette >ule investigation des sens; elle est par wnséquent inaccessible aux attaques qui iraient fondées sur des observations; îtr les observations ne peuvent s’exer- er que sur des objets matériels. L ame pression d agent, immédiat, dont je me ers, laisse-t-elle toute la latitude possi- iiat de la vie, place plus haut dans 1 é- ihelle des faits. Ne serait-il pas absurde, n effet, de prétendre qu’il n existe plus Itelligence, lame est inaccessible à Ile pour rétablissement d’un agent- me- y iii AVERTISSEMENT. rien là où notre vue ne peut plus s’éteri- dre , et que les bornes de notre horizon sont les bornes du monde? Ainsi la reli- gion et la morale ne doivent point s’el- frayer des tentatives qui sont laites pour remonter à la source des phénomènes de la vie, puisque ces recherches ne peu- vent jamais avoir pour résultat de prou- ver le matérialisme ; ces recherches , d’ailleurs , sont commandées par le plus haut intérêt de 1’ humanité, celui de la conservation de la vie, conservation à laquelle on ne peut travailler avec effi- cacité qu’au moyen de la connaissance approfondie des ressorts qui font mou- voir l’admirable machine organique. L'AGENT IMMÉDIAT DE LA VIE DÉVOILÉ 4 DANS SA NATURE ET DANS SON MODE D’ACTION, CHEZ LES VÉGÉTAUX ET CHEZ LES ANIMAUX. fli 1 4/VWVWli WWWW VWVWW WW WW tw\ WVWVW WW VWWVW IW\ IAlV\lUWi W WW VVW WW SECTION re. Recherches sur la marche de la sève dans les plantes, et sur la cause de sa progression. INTRODUCTION. Lorsque des faits dont la cause est inconnue se présentent à l’observation , on tâche de leur donner 'une explication, en leur assignant pour causes cer- tains phénomènes dont la marche bien connue sem- ble concorder avec celle de la cause encore ignorée des faits que l’on veut expliquer. On est naturelle- ment porté à admettre (pie ce que l’on observe se rattache à ce que l’on connaît déjà. Mais les esprits 10 INTRODUCTION. philosophiques se mettent en garde contre cette ten- dance que nous avons à circonscrire la nature dans le cercle étroit de ce que nous savons; persuadés qu’il ne suffit pas qu’une explication soit probable pour qu’elle soit vraie, ils savent rester dans le doute, et dire f ignore , ce mot qui répugne tant à l’orgueil des esprits vulgaires. Combien de lois, en effet, n’a- t-on pas vu les explications les plus probables ren- versées, sans retour, par l’observation de certains laits dont on n’avait pas auparavant la plus légère idée, et qui venaient agrandir inopinément le champ de la science? Ces réflexions naissent naturellement de la considération du sujet que j’entreprends de traiter ici. On a cherché à expliquer le mouvement de la sève en lui assignant pour cause la capillarité du tissu végé- tal, cause insuffisante évidemment à elle seule pour la production du phénomène, et à laquelle on a cru pou- voir adjoindre la contraction supposée des parois des organes dans lesquels la sève se trouve contenue. La réunion de ces deux causes donne sans doute une ex- plication assez plausible du mouvement de la sève; mais cette explication n’a point le caractère d’évi- dence qui seul a le pouvoir de dissiper tous les dou- tes, et d’entraîner la conviction. Incertains sur la cause du mouvement de la sève, nous le sommes aussi sur les routes que suit ce fluide. On sait que la sève monte des racines dans la tige et dans ses ap- pendices; on ne sait pas d’une manière bien positive quels sont, dans le végétal, les organes de celle trans- mission. Cependant, les expériences de Duhamel, de INTRODUCTION. I I aarrabat el de Bonnet ont fourni quelques données icécieuses sur cette question. On admet générale- ment que la sève élaborée descend de la lige vers les wcines; et certains faits prouvent que c’est par ré- porce que s’opère ce mouvement descendant : rien ’a prouvé cependant que celte fonction de trans- mettre la sève descendante soit le partage exclusif de técorce. La science réclame, à cet égard, des obser- vations plus étendues et plus précises que celles qui mt été faites jusqu’à ce jour. Ainsi, deux problèmes ee présentent ici à résoudre : i° quelles sont les routes fue suit la sève? 20 quelles sont les causes de la arogression de ce fluide? Nous allons aborder suc- cessivement ces deux questions, qui nous jetteront lécessairement dans le domaine de la physiologie animale. BOUTES DE LA. SÈVE. I 1 WW IVVVVVIV V V WX WV WVW'VW XWVXVX/X V. V W WWW W VWV WW WW WW VWX WXX XVX\ iv\% CHAPITRE PREMIER. Des routes de la sève. ' Le premier pas à faire dans l’examen des routes que suit la sève serait de déterminer si, comme on l’admet généralement, ce fluide possède deux mou- vemens, l’un ascendant, l’autre descendant : le mou- vement ascendant de la sève n’est pas susceptible d’étre. mis en doute; quant au mouvement descen- dant de ce fluide, les preuves sur lesquelles il doit être établi ressortiront de l’étude de certains laits qui ne peuvent être exposés qu’après l’examen préalable des roules que suit la sève dans son ascension. Lorsque, dans nos climats, les premières chaleurs du printemps se font sentir, les végétaux se remplis- sent d’une sève abondante qu’ils pompent dans le sol , et ce mouvement ascendant de la sève est le pré- lude de leur développement végétatif. La vigne est certainement le végétal qui offre le plus de facilité pour l’étude de ce mouvement ascendant de la sèye. Tout le monde connaît l’abondance avec laquelle ce fluide s’écoule des plaies faites à cet arbuste au prin- temps. La surface de la section transversale d’une branche de vigne offre une multitude de petits trous visibles à l’œil nu. Ce sont les ouvertures des tubes auxquels M. Mirbel donne le nom de fausses tra- O routes de ea sève. %ées; tubes qui, selon moi, sont une variété de ceux me j'ai désignés sous le nom général de tubes cor- husculifères (.). M. Decandolle (a) nomme ces mêmes organes tubes lymphatiques ; et y adoP - contiers celle expression, aujourd Inu qu il mes montré que ces tubes servent effectivement comme ,e pensait M. Decandolle, à la transmission de la seve ascendante , qui est une lymphe incolore et msip.de, u’esl -à-dire de l’eau presque pure. Lorsque les premières chaleurs du printemps com- mencent à provoquer l’ascension de la seve , si on , coupe transversalement , et en biseau, une branche de wimie, on voit ce fluide suinter lentement de la sur- -ice de la section. Si l’on essuie la sève a mesure u’elle suinte, on voit, en armant son œi t une Dupe , les gouttelettes de cette sève sortir des ouver- tes des tubes lymphatiques ; .1 n’en sort point u issu compact qui les sépare. Cette observation est im- lossible à faire lorsque la sève sort avec abondance, :ar à peine la surface de la section est-c c essuy e, tu’ elle est recouverte par la sève, qui sort avec rapi- de. A cette époque cependant, il est encore un moyen de savoir quels sont les vaisseaux qui livrent passage à ce fluide. On prend une branche de vigne dont les deux extrémités sont coupées en biseau, a n, de pouvoir observer plus facilement les orifices des (,) Recherches amtemique s et phys Magiques sur la structure intime clcs animaux et des végétaux. (a) Flore française , 3" cdiliou. ROUTES DE LA SÈVE. i4 tubes lymphatiques; ces tubes sont alors entièrement remplis par la sève. Or, si l’on ploie légèrement cette branche par son milieu, cette flexion comprimera la sève contenue dans les tubes situés à la partie concave de l’endroit fléchi, et la forcera à sortir par la surface des deux sections transversales qui terminent la bran- che. L’œil armé d’une loupe, on voit très-distincte- ment la sève sortir par les seules ouvertures des tubes lymphatiques, et y rentrer rapidement lorsqu’on fait cesser la flexion qui opérait la compression de ce fluide, et le forçait de sortir. 11 est à remarquer que, dans cette circonstance, la sève ne sort, aux sections terminales, que du côté où se trouve la concavité de* la flexion, c’est-à-dire du seul côté où il y a compres- sion du fluide, et cela quoiqu’il y ait plusieurs nœuds , placés entre les extrémités et l’endroit fléchi. Ceci prouve i° que les tubes qui contiennent la sève of- frent une cavité continue dans toute l’étendue de la branche, et que ces tubes n’ont point de valvules qui favoriseraient le mouvement ascendant de la sève en s’opposant à son mouvement rétrograde ; 2° que c’est spécialement en ligne droite que s’opère la transmis- sion de la sève dans ces tubes. Cette dernière asser- tion est mise hors de doute par l’expérience suivante. A l’époque du printemps, où la vigne pleure > j’ai choisi une tige de cet arbuste Agée d’un an, et des plus grosses. J’en ai retranché la partie supérieure par une section transversale, à l'instant la sève ascen- dante a coulé en abondance par cette blessure. Alors j’ai pratiqué à la tige une entaille, jusqu’au voisinage ROUTES DE LA SÈVE. l5 o ]a moelle, à un pied environ au-dessous de l'ex- ■c'émité tronquée : la sève a coulé par celte nouvelle Idessure, et a cessé de couler par la partie de la sec- n transversale supérieure qui correspondait en iroite ligne à l’entaille. A un pouce environ au-des- jus de celle dernière, j’ai pratiqué une nouvelle cn- uille semblable, qui a également donné issue à la ’tve, et qui a de même fait cesser l’émission de ce uide à la partie de la section supérieure qui lui cor- ispondait directement. Les deux entailles occupaient ■ïs deux tiers de la circonférence de la lige, et la sève e sortait plus, à la section supérieure, que par Je ers de la surface de cette section, correspondant, en I gné droite, à la partie de la tige qui était restée in- iactc au-dessous. Je pratiquai une troisième entaillé , un pouce au-dessous de la dernière, et de manière couper les tubes de la partie de la tige qui était eslée intacte. De celte manière, toute communica- ion directe se trouvait interrompue entre les deux tardes de la tige supérieure et inférieure, aux trois allai] les. Au moment où la dernière entaille fut faite, ia sève cessa tout à fait de se montrer h la section ransversale supérieure. Celte expérience prouve, d’une manière 'certaine, que les tubes lymphatiques qui conduisent la sève ascendante ne communiquent point latéralement les uns avec les autres, et qu’ils •sont étendus en ligne droite dans la tige, sans se dé- vier jamais du côté qu’ils occupent primitivement. Cette dernière expérience semble en contradiction avec un fait bien connu, qui est celui-ci, que des en- i6 HOUTES DE LA SÈVE. tailles faites au tronc d’un arbre, de manière à couper toute communication directe entre la partie supé- rieure et la partie inférieure, n’empêchent point la transmission de la sève des racines aux rameaux" mais cette contradiction n’est qu’apparente. La sève offre, outre son mouvement direct, un mouvement de dif- fusion générale , ainsi que nous le verrons plus bas, Les entailles faites au tronc d’un arbre interceptent seulement le premier de ces mouvemens, et laissent subsister le second , qui , dans certains cas, peut suf- fire pour nourrir l’arbre. Ces observations ne laissent point subsister de doutes sur la roule que suit la sève dans son mouvement as- cendant. Déjà les expériences de plusieurs physiciens, ej/spécialeinent celles de Sarrabat (i) et de Bonnet (2), avaient prouvé que la sève ne monte ni par la moelle ni par l’écorce , et que son ascension s’opère exclusi- vement par les fibres ligneuses j expression vague, dont l’emploi ne peut paraître étonnant à une époque où l’anatomie des plantes était encore imparfaite. Au- jourd’hui, l’on sait que la substance ligneuse des vé- gétaux contient plusieurs organes très - différens par leur structure, et par conséquent par leurs usages. Les tubes lymphatiques ou corpusculifères forment, avec les organes fusiformes, auxquels j’ai donné le nom de (1) Dissertation sur la circulation de la sève, sous le faux nom de Labaisse, 1733. (2) Recherches sur l'usage des feuilles, cinquième Mémoire. ROUTES DE LA SÈVE. J7 'astres (i), les principales parties de la substance .gneuse ; et ce sont ces organes différens que l’on a jwuvent confondus ensemble sous le nom général de l Ibres ligneuses. J’ai répété les expériences de Sarra- ut et de Bonnet, en faisant pomper des liqueurs co- urées à des végétaux, et je me suis convaincu que test exclusivement dans les tubes lymphatiques et laans les trachées que ces liqueurs colorées s’introdui- |mt : elles n’entrent point du tout dans les clostres. ,ues résultats de cette expérience sont très-faciles à oir, spécialement dans la vigne, dont les tubes lym- phatiques, fort nombreux, se distinguent facilement œs faisceaux de clostres, au milieu desquels ils sont littués. Il ne peut donc rester aucun doute sur la des- malion des tubes lymphatiques à conduire la sève 'Scendante : ces tubes ne s’obstruent jamais, même aans les couches les plus anciennes du duramen (2), iù ils ne cessent point de servir de canaux à la sève .ymphatique ascendante. Ce fait est prouvé par l’ex- térience de Coulon (3) : cet expérimentateur perça — (1) Recherches atudomiques et physiologiques sur la structure ;itime des animaux et des végétaux. (2) Je propose de donner, comme en latin, ce nom de dura- aen a ce que l’on nomme vulgairement le bois de cœur. Jusqu’à Ee jour les botanistes ont désigné cette partie sous le simple nom e bois, la distinguant ainsi de l’aubier, qui, de cette manière, e serait pas du. bois. Or, cela est manifestement contraire aux Idées généralement reçues : l’aubier est du jeune bois encore à état de mollesse et de blancheur; le duramen est du vieux bois devenu dur cl coloré. (J) Journal de physique, t. 49» P» J y2- ROUTES DE LA SEVE. 1 8 le tronc d’un peuplier jusqu’au centre avec une ta- rière , et il vit que la sève ascendante sortait en abon- dance de la partie centrale de l’arbre. Une expérience d’un autre genre m’a également prouvé cette vérité. Pendant l’hiver, je fis pratiquer une entaille circu- laire au pied d’un gros chêne : cette entaille profonde avait emporté la totalité de l’aubier et une partie du duramen. Or, au printemps, l’arbre ne laissa pas de végéter comme à son ordinaire ; et il continua de le faire pendant toute la belle saison, sans paraître souf- frir de la profonde blessure qui avait été faite à son tronc. Cette expérience ne laisse aucun doute sur l’ap- titude des tubes lymphatiques du duramen à trans- mettre la sève ascendante. Les tubes lymphatiques de l’aubier transmettent cette sève avec la même faci- lité, car il n’y a que de l’aubier dans les très-jeunes arbres; et il n’y a que cela non plus dans les troncs de quelques vieux arbres creux dont le duramen est entièrement pourri, ainsi que je l’ai observé quelque- fois. Enfin , on peut ne laisser subsister qu’une por- tion de l’aubier d’un arbi’e, comme seul moyen de communication entre la tige et les racines, sans nuire d’une manière sensible à la transmission de la sève ascendante, ainsi que je m’en suis assuré souvent par l’expérience. Tout cela prouve d’une manière cer- taine que la sève ascendante se transmet avec une égale facilité par les tubes lymphatiques de toutes les couches ligneuses , et que leur âge et leur dureté ne les privent en aucune manière de cette fonction. Il semblerait même résulter de l’expérience de Coulon, ÈOUTES DE LA SÈVE. 1 9 qui vient d’être citée, que ce serait spécialement par lie centre de l’arbre que la sève ascendante serait trans- imise; mais cette assertion, appuyée sur un fait parti- ( cuber, ne doit pas être généralisée. En effet, j’ai ob- servé que dans la vigne c’est d’abord par la couche la jplus extérieure de l’aubier que s’effectue l’ascension en retenant dans ces liges lia sève élaborée, qui, dans l’état naturel, tend à des- cendre vers les racines, pour servir au développement des tubercules souterrains. Or, il m’a été facile de nvoir que ces tubercules aériens étaient formés spé- cialement par un développement considérable de la imoelle des jeunes branches, ou plutôt des bourgeons. (Chez eux le tissu ligneux avait presque entièrement » disparu. La moelle, ainsi développée, contenait de la ifëcule, comme il y en a dans les tubercules souter- irains. Celle hypertrophie de la moelle ne s’était pas bornée à former des tubercules aériens, elle avait gonflé presque toutes les jeunes branches dans le voi- : sinage de leur insertion à la tige principale. J’ai voulu voir en quoi celle moelle, nourrie avec excès, diffé- rait, au microscope, de la moelle du même végétal dans l’état normal. Les cellules qui composent la moelle du solarium tuberosum offrent, comme c’est l’ordinaire chez tous les végétaux, une certaine quan- tité de ces corpuscules globuleux que j’ai considérés comme des organes nerveux (i). Or, j’ai vu que, dans la moelle qui avait un excès de nutrition, ces corpus- (i) Recherches sur la structure intime des végétaux , etc. 4° ROUTES DE LA SEVE. cules étaient tellement nombreux, qu’ils ne laissaient aucun intervalle entre eux dans les parois des cel- lules qui les portaient. C’est donc en partie par l’aug- mentation du nombre de ces corpuscules globuleux que se marque l’excès de nutrition de la moelle, dont les cellules augmentent aussi considérablement en nombre. Chacun de ces corpuscules est un grain de fécule dans les tubercules. Or, j’ai démontré, dans l’ouvrage que je viens de citer , que ces corpuscules sont de petites cellules globuleuses remplies d’une substance particulière; il en résulte que l’état de fé- cule est une manière d’être de cette substance que je considère comme nerveuse, et que chaque grain de fécule est contenu dans une petite enveloppe mem- braneuse. Cette dernière vérité, à laquelle j’étais ar- rivé par l’observation anatomique, a été dernière- ment démontrée par M. Raspail , qui , par l’analyse de la fécule , a fait voir qu’elle est composée d’une substance extérieure insoluble dans l’eau, et qui sert d’enveloppe à la substance soluble qu’elle renferme. On ne peut douter que ces corpuscules globuleux contenus dans les parois des cellules , n’aient un usage quelconque dans l’économie végétale. Dira-t-on que c’est de la matière nutritive mise en réserve pour les besoins de la plante? Celte idée, qui se rattache à l’opinion de M. Dupelit-Thouars sur les usages de la moelle, me paraît vraie ; et cependant, à mon avis, la saine philosophie de la science s’oppose à ce qu’elle soit admise sans restriction. Aucune espèce d’être, dans la nature, n’a la destination expresse de servir à ROUTES DE LA SEVE. 41 i nourriture d’une autre espèce : celte destination i’est qu’éventuelle. De même, dans les êtres vivans, iiucune espèce d’organe n’a la destination expresse et exclusive de nourrir les autres organes aux dépens Itie sa propre substance ; cette destination n’est de même qu’éventuelle ; chaque organe a des fonctions ji{ui lui sont propres, et qui sont plus ou moins né- cessaires à la vie générale de l’individu : c’est là la ■raison de son existence. Un organe, après avoir rem- pli ses fonctions pendant un certain temps, peut per- i Ire son utilité; il peut devenir impropre à remplir :ces mêmes fonctions : c’est alors que la matière qui ’Bntre dans sa composition peut acquérir un nouvel usage purement éventuel, celui de servir à la mun- ition des autres organes. Le règne animal nous offre uan fait qui rendra cette vérité très -palpable. Les lê- uards des batraciens ont une queue musculaire , au imoyen de laquelle ils nagent comme les poissons. 'Or, à l’époque de la métamorphose, la moelle épi- inière se retire de cette queue, selon M. Serres, et la {prive ainsi de la vitalité énergique dont elle jouissait. lDès 1 ors celte partie, devenue inutile sous le point de vue de ses fonctions antécédentes, n’a plus que U’utilité éventuelle de nourrir, aux dépens de sa subs- i tance, sans cesse absorbée, les autres parties de l’ani- imal, et spécialement les membres postérieurs, qui se 'développent rapidement à celle époque, sans que l’a- nimal ait besoin de prendre de la nourriture du de- hors ; il a dans sa queue musculaire une substance nutritive toute élaborée, et qui n’a besoin que de chan- 4 2 110UTES DE LA SEVE. ger de place. On en peut dire autant des autres ma- tériaux organiques , qui , comme la graisse , sont ab- sorbés pour servir à la nutrition, spécialement chez les animaux qui jeûnent pendant l’hiver. Ces subs- tances organiques jouent un rôle particulier dans l’é- conomie, ou sont les résultats nécessaires de l’action des organes ; c est d’une manière purement éven- tuelle qu’elles servent subséquemment à la nutrition : elles ne sont pas faites exprès. On en doit dire au- tant des substances qui, chez les végétaux, paraissent servir à la nutrition de l’individu dans lequel elles existent. Ces substances appartiennent à des organes dont les fonctions , nécessaires et actives à une cer- taine époque, ont été postérieurement abolies. Dès lors, les substances composantes de ces organes pren- nent, si leur nature le permet, l’utilité éventuelle de servir, par leur absorption et leur transport, à la nu- trition des autres parties du végétal. Ainsi , pour re- venir au solanum tuberosunij les tubercules, après l’époque de leur maturité, et lors de leur végétation, livrent leur substance composante, comme matériaux de nutrition , aux nouvelles tiges et aux nouvelles racines qu’ils produisent ; alors ils ont cessé de vivre par eux-mêmes, et ils ne tardent pas à se flétrir, et à subir la décomposition putride qui détruit ceux de leurs élémens organiques que les nouvelles produc- tions n’ont pu absorber. Ce que je viens de dire des tubercules du solarium tuberosumj peut et doit s’ap- pliquer également aux substances nutritives qui ac- compagnent ordinairement les embryons végétaux. ROUTES DE I,A SÈVE. 4^ Jes considérations me ramènent naturellement à mon oint de départ : je veux dire aux fonctions de la inoelle. Je ne contesterai point à M. Dupetit-Thouars on opinion sur Y usage qu’il attribue à cette partie i.u végétal, d’être le réservoir de la substance ali- mentaire des bourgeons, ou des embrjons fixes j omrne il les appelle; cela me paraît même très -vrai. •Hais je reconnaîtrai, dans cette même partie, une 'onction antérieure a cet usage., et cette fonction doit être fort importante, à en juger par le volume considérable de la moelle dans les branches nouvel- lement sorties des enveloppes du bourgeon. Le sys- tème central de ces jeunes branches n’est véritable- ment que de la moelle environnée d’un étui médul- laire. Or, si l’on considère que c’est à cetle époque le formation première que la vie végétale a le plus ‘d’activité, on sera porté à admettre qu’elle le doit iux organes qui entrent dans la composition de la production nouvelle; ces organes sont les innombra- bles corpuscules globuleux qui sont situés dans les parois des cellules de la moelle. Or, si chez les ani- maux le système nerveux est le siège spécial de la vie, il pourra être permis de considérer comme ana- logues au système nerveux des animaux, les organes des végétaux auxquels paraît exclusivement duc l’ac- tivité du mouvement vital , activité qui se manifeste par la rapidité de l’accroissement. On voit, par ces considérations, que ce n’est pas tout à lait sans raison que je considère les corpuscules globuleux des végé- taux comme des organes nerveux ; je n’entends par- ROUTES DE LA SÈVE. 44 là que des organes spécialement dépositaires ou ; producteurs de la force particulière aux êtres vi- f vans j et que Von nomme force vitale. Ainsi, il est démontré que la moelle étrangère à ( l’ascension de la sève lymphatique, admet dans ses * cellules la sève élaborée qui lui fournit les matériaux nécessaires à la formation et au développement -des nombreux corpuscules que j’appelle nerveux j et qui existent en nombre plus ou moins considérable dans les parois de ces mêmes cellules. Or, comme la moelle est fort abondante dans les jeunes branches récem- ment sorties des enveloppes du bourgeon , il me paraît fôrt probable que , selon l’opinion de M. Dupelit- Thouars , la matière nutritive nécessaire à leur déve- loppement leur est fournie par la moelle delà branche mère, moelle qui, par l’abolition de ses fonctions vi- tales, n’a plus d’autre usage que d’être un réservoir de substance nutritive qu’elle livre à l’absorption des nouvelles branches avec lesquelles elle communique. Il résulte des faits qui viennent d’être exposés, que la sève lymphatique et la sève élaborée ont chacune des organes spéciaux de transmission ; ces deux sèves tendent à une diffusion générale chacune dans le système d’organes qui est spécialement affecté à sa transmission : si la sève lymphatique est la plupart du temps ascendante, cela provient de ce qu’elle tire principalement son origine de la partie terrestre du végétal j si la sève élaborée, au contraire, est la plupart du temps descendante , cela provient de ce qu elle tire exclusivement son origine de la partie aérienne ROUTES DE LA SEVE. 45 *11 végétal; mais, dans plusieurs circonstances, ces eux sèves peuvent, comme nous venons de le voir, itiervertir la direction la plus générale de leur mar- jhie. Dans ce mouvement de diffusion générale, la we lymphatique affecte quelquefois une marche des- endante, et la sève élaborée une marche ascendante, .tinsi il n’y a point, à proprement parler, de circu- ittion chez les végétaux; chez eux, il n’y a point de ’Ètour de la masse du fluide au point duquel il était airti, comme cela a lieu dans la circulation des ani- maux : tout se réduit dans les plantes à la diffusion inérale de deux sortes de sèves, dont l’une tire gé- néralement son origine des racines, et l’autre des jppendices de la tige, et qui doivent par conséquent Iffecter dans cette diffusion une marche inverse. Dans cet exposé de la marche générale de la sève, e n’ai point fait mention de l’épanchement de ce i .itide entre le bois et l’écorce, épanchement qui, dans oes arbres, a lieu deux fois l’année, au printemps et u mois d’août. L’origine de cet épanchement séveux i l’est pas encore bien connue; on ignore s’il est dû la sève lymphatique ou à la sève élaborée. Comme ;’est spécialement au printemps que ce phénomène e montre dans tout son développement, c’est-à-dire à ’époque où la sève lymphatique monte avec abon- dance dans la tige, on serait, il semble, autorisé à oenser que cet épanchement serait produit par cette dernière sève. Cependant, une observation qui m’est propre, semble prouver que c’est la sève élaborée qui fournit la matière de cet épanchement. J’ai vu un ROUTES DE LA SÈVE. 46 gros tronc de noyer ( jugions regia) abattu pendant l’hiver, chez lequel l’épanchement de sève entre le bois et l’écorce ne laissa pas d’avoir lieu au prin- temps. Ici , cet épanchement ne pouvait être opéré qu’aux dépens de la sève conservée dans le tissu de l’arbre depuis l’année précédente; il est probable par conséquent que c’était de la sève élaborée dont l’u- sage, dans celte circonstance, est de servir à la nu- trition et au développement des deux nouvelles cou- ches de liber et d’aubier. Celle sève paraît sortir du tissu ligneux de l’arbre par une marche horizontale, et je pense qu’elle est versée par le tissu cellulaire articulé horizontalement qui compose les rayons mé- ; dullaires. Voici l’observation sur laquelle je me fonde à cet égard; je la tiens des ouvriers qui travaillent à décortiquer les jeunes chênes pour les besoins de la tannerie, et j’ai été plusieurs fois à même d’en cons- tater l’exactitude. Lorsque les chênes sont en pleine sèvej et qu’ils se décortiquent par conséquent avec beaucoup de facilité, s’il survient un vent froid du nord, l’épanchement de sève entre le bois et l’écorce disparaît presqu’entièrement , et il n’est plus possible d’enlever l’écorce. Cette disparution de la sève épan- chée ne peut évidemment avoir lieu d’une manière aussi subite, que parce qu’elle rentre dans le tissu du végétal. L’observation que je viens de rapporter tou- chant ce tronc de noyer qui , quoiqu’abaitu et privé de scs branches comme de ses racines, ne laissa pas de produire un épanchement séveux entre le bois et l’écorce , sert encore à prouver que c’est par une . ROUTES DE LA SEVE. 47 îarche transversale ou par une diffusion horizontale urculaire que s’opère cet épanchement de sève qui mire par la même voie dans les tissus qui l'ont ver- ie lorsque la température vient tout à coup à baisser, fignore comment la température agit dans cette cir- onstance, je m’en tiens à l’exposé du fait, qui peut orter à penser que c’est par les rayons médullaires me s’opère cette diffusion horizontale de la sève d’où Jsulie son épanchement entre le bois et l’écorce. Au este, il paraîtra bien probable que cet épanchement, iu son abondance, est produit à la fois par la sève liaborée et par la sève lymphatique qui se mêle avec i Lie. L'opinion que j’émets ici sur les fonctions des ayons médullaires, que je considère comme les or- aanes qui épanchent la sève entre le bois et l’écorce , est ortifiée par les considérations suivantes. On sait que es rayons médullaires appartiennent exclusivement ux végétaux dicotylés, qui seuls aussi s’accroissent en .iamètre par la production de couches successives et oncentriques. La production de ces nouvelles cou- ches est le résultat de l’abondance de la sève nourri- cière , qui se porte entre le bois et l’écorce. Or, les vé- gétaux dicotylés ayant seuls des rayons médullaires , tt ayant seuls aussi cet épanchement de sève entre e bois et l’écorce , il est presque démontré par cela eul , que les rayons médullaires sont les organes exclusifs de cet épanchement, lequel, a son tour, est ia cause immédiate de la formation ou du développe- ment des couches successives de liber et d’aubier, par 'abondance des matériaux nutritifs qu’il apporte dans I ‘ 48 ROUTES DE LA SÈVE. cei endroit. J’avais déjà entrevu l’importance de la coexistence de ces faits, dans mes Recherches sur V accroissement et la reproduction des végétaux ( i). Voici mes expressions : Jd accroissement par couches concentriques est généralement lié avec l’ existence des rayons médullaires ; f ignore quel est le rap- port précis qui existe entre ces deux phénomènes j mais leur coexistence étant générale et les ray ons médullaires existant avant V accroissement par cou- ches j l’existence des rayons médullaires peut être considérée comme la condition sans laquelle ce mode d’ accroissement ne peut avoir lieu. Alors je n’avais point encore fait de la marche de la sève l’objet d’une élude spéciale, je n’avais pu par conséquent saisir la nature du rapport qui existait entre les deux phéno- mènes de l’accroissement par couches et de l’exis- tence des rayons médullaires, phénomènes dont j’a- percevais seulement la liaison intime et constante. Aujourd’hui je vois l’existence des rayons médullaires constamment liée au phénomène de l’épanchement entre le bois et l’écorce de la sève, qui, par son abon- dance, provoque la formation des couches nouvelles chez lesvégétaux dicotylés. Je voisde plus, que chezles végétaux monocotylés, lesquels n’ont jamais de rayons médullaires , il n’y a jamais non plus d’épanchement de sève sous l’écorce; or, chez eux , il n’y a point de formation de couches nouvelles. L’absence de forma- tion de ces dernières tient donc évidemment à 1 ab- (i) Mémoires du Muséum d’histoire naturelle, t. 7, p. ROUTES DE LA SÈVE. 49 vsence de la sève épanchée, el l’absence de cei épan- chement tient à l’absence des rayons médullaires. Une aautre considération fortifie encore cette assertion. La transmission de la sève s’opère le plus naturellement r’et le plus facilement parles organes creux disposés en digne droite; c’est généralement , selon la direction idesorgancs linéaires, que s’opère celte transmission [facile, c’est-à-dire selon la direction des tubes lym- phatiques, qui sont tous des tubes articulés, et selon lia direction du tissu cellulaire articulé, qui ne dif- fère véritablement des tubes lymphatiques que pai- lla petitesse de ses parties articulées ; enfin , selon la lÜirection des clostres. Or, les rayons médullaires sont pcomposés de tissu cellulaire articulé dans le sens transversal; en sorte que les organes linéaires qui les «composent sont tous horizontaux. Ces séries rectili- gnes de cellules sont donc éminemment propres à la (transmission de la sève dans le sens horizontal, et Ulles doivent verser ce fluide par leur extrémité, qui aboutit à l’intervalle du bois et dq l’écorce. J’ai fait 'voir, dans mes Recherches sur Vaccroisementetla re- production des végétaux > que le système cortical pos- sède ses rayons médullaires particuliers, qui viennent rencontrer ceux du système central sans se continuer avec eux. Ainsi la sève doit arriver, et du système 'Central et du système cortical, par les canaux de leurs rrayons médullaires respectifs, pour s’épancher dans l’intervalle de ces deux systèmes, et fournir ainsi les élémens nutritifs abondans, desquels résulte la for- mation des couches nouvelles de chacun de ces deux 4 5o ROUTES DE LA SÈVE. systèmes. Une dernière considération vient encore à l’appui de mon opinion. Les feuilles sont composées d’une émanation du système central et d’une émana- tion du système cortical ; leur pétiole a par conséquent son écorce particulière. Or, on ne voit jamais, même chez les végétaux dicotylés, celle écorce se séparer des organes subjacens par l’épanchement de la sève. Cela provient évidemment de ce qu’il n’y a point de rayons médullaires dans les pélioles, comme on peut facilement s’en convaincre par l’inspection des énor- mes pétioles que possèdent les feuilles de certaines plantes herbacées, telles que le chou ( brassica ole- raceci). Cette absence dans les pétioles d’organes de transmission circulaire de la sève dans un sens per- pendiculaire à l’axe, fait qu’il n’y a jamais d’épan- cherneni séveux entre leur système central et leur système cortical, qui sont toujours intimement unis. Aussi les pétioles des feuilles ne s’accroissent-ils ja- mais par couches concentriques ; ils ne grossissent que par ce que j’ai nommé l’ accroissement en laigeur dans mes Recherches sur l' accroissement et la re- production des 'végétaux (i ). Ainsi nous voyons l’é- panchement de la sève entre le système central et le système cortical constamment lié à l’accroissement en diamètre par couches successives; nous voyons, d’un auire côté, cet épanchement de sève constamment lié à l’existence des rayons médullaires ; nous voyons enfin que les rayons médullaires sont éminemment (i) Mémoires du Muséum, t. 7, p. 3q3 et 397. ROUTES UE LA SÈVE. 5i propres, par leur organisation , à opérer la transmission circulaire fie la sève et son épanchement entre les deux systèmes. Nous sommes donc autorisés à consi- dérer ces divers phénomènes comme étant sous une dépendance mutuelle et nécessaire, les uns comme (causes, les autres comme effets; car c’est par la con- ssidération de la constance de la marche des phéno- mènes qui se montrent toujours associés , que nous ssommes conduits à regarder leur enchaînement comme (celui de la cause à son effet. La marche de la sève, chez les végétaux monoco- ttylés, n’a point encore été étudiée d’une manière spé- ciale : celte élude, d’ailleurs, présente de grandes (difficultés, à raison du défaut de distinction qui existe, lia plupart du temps, entre leur système cortical et leur système central, défaut de distinction qui me paraît ù tenir à l’absence des rayons médullaires. Nous avons vu en effet plus haut que cette absence produit ce n même défaut de distinction des deux systèmes dans les pétioles des feuilles, chez les végétaux dicotylés; nous ne pouvons donc établir la détermination de la marche de la sève, chez les végétaux monocotylés, que sur des analogies de structure anatomique. En effet, les organes élémentaires de ces végétaux sont les mêmes que ceux des végétaux dicotylés ; ils possè- dent, comme eux, des tubes lymphatiques, des clos- tres, des trachées du tissu cellulaire médullaire, etc. Il y a grande apparence qu’ici les mêmes organes servent aux mêmes usages. Les tubes lymphatiques doivent servir à l’ascension de la sève; les clostres 5 2 ROUTES DE LA SEVE. doivent servir à son mouvement descendant; les tra- chées doivent conduire un liquide vivifiant puisé dans les feuilles j le tissu cellulaire médullaire, épars dans toutes les parties de la tige des monocotylés, et rempli de corpuscules nerveux, doit avoir le meme usage que la moelle des dicotylés : aussi s'e remplit-il de même quelquefois d’une substance éminemment nutritive, comme cela s’observe chez le palmier-sagoutier (sa gus genuina Labillardière), substance qui sert à nourrir la fructification de l’arbre, et dont l’emploi comme comestible, sous le nom de sagou j est bien connu. Une question qui se rattache de fort près à celle de la marche de la sève , est celle de l’origine et de la formation des tubes qui servent de canaux à ce fluide. Tous les organes qui entrent dans la structure intime des végétaux, dérivent très-évidemment de la cellule, dont ils sont des modifications; il n’y a d’exception, à cet égard , que pour les trachées , dont l’origine est tout à fait mystérieuse. Les tubes lymphatiques, et sous ce nom je comprends ceux que l’on a désignés sous les noms divers de tubes poreux 3 de fausses trachées ou tubes fendus 3 et de tubes en chapelet , sont bien évidemment composés de cellules placées les unes à la suite des autres : ce que je nomme le tissu cellulaire articulé 3 n’en diffère que par la pe- titesse des cellules. Dans l’origine, ces tubes sont di- visés intérieurement par des diaphragmes, ou par des cloisons articulaires formées par les parois juxtaposées des deux cellules contiguës : ainsi, les cavités de ces cellules ne communiquent point les unes avec les ROUTES DE LA SfcVE. 53 ; autres. J’ai noté ce fait clans mes Recherches sur , la structure intime des animaux et des végétaux (page 2 5), et je l’ai observé sur les tubes lymphali- i ques du bois de vigne jeune encore. Mais lorsque ce bois est âgé de quelques mois, l’organisation de ses tubes lymphatiques se trouve modifiée : alors, les cloi- sons articulaires de ces tubes ont disparu presque i entièrement; il n’en reste à chaque articulation qu’un petit bourrelet circulaire, qui indique en dedans du tube la place qu’occupait auparavant la cloison dont il est le reste. Ainsi , les tubes lymphatiques ne for- ment un canal continu que par la disparition des cloi- sons articulaires qu’ils possédaient dans le principe. 'Ceci nous rend raison de la différence que présente le mouvement de la sève de la vigne dans les jeunes branches de récente formation, et dans le vieux bois. On sait qu’une incision faite au bois de la vigne, au commencement du printemps, donne lieu hune abon- dante émission de sève, qui est chassée au dehors par une force à tergo assez énergique. Or, à la même époque, les blessures faites aux jeunes branches ré- cemment sorties du bourgeon, ne versent point de sève : ce fait prouve que la force à tergOj qui chasse la sève hors du vieux bois, éprouve un obstacle à son action dans les tiges récemment développées. Or, l’observation anatomique nous apprend que cet obs- tacle se trouve dans les cloisons articulaires que pos- sèdent , dans les premiers temps , les tubes lympha- tiques : alors, la sève ne peut pénétrer dans les articles successifs dont ces tubes sont formés, que par une lente 54 KOl/TES DE LA SÈVE. imbibition ; tandis que, dans le vieux bois, l’absence des cloisons articulaires fait, des tubes lymphatiques, des canaux dont la cavité non interrompue n’oppose aucun obstacle au cours de la sève. Les vaisseaux propres sont tous des tubes articulés; ils dérivent, par conséquent, aussi du tissu cellulaire. Les clostres ne sont évidemment que des cellules mo- difiées d’une manière particulière ; il n’y a donc véri- tablement dans les végétaux que les trachées, dont les fds spiraux, réunis de manière à former des lames spirales , ne présentent aucune analogie avec le tissu cellulaire, et ne paraissent point, par conséquent, en lirer leur origine. Ainsi, les plantes ne possèdent que deux élémens organiques réellement diiTérens : la cel- lule et le fil trachéal. Je n’expose ici qu’en passant cette considération , qui me paraît importante , et je m’empresse de revenir à mon sujet. TREPIDATION. JD CHAPITRE IL. De la prétendue circulation du suc jaune dans la grande chélidoinc. ISous venons de voir qu'à proprement parler, il n’existe point de circulation de la sève , et que ce fluide est seulement soumis à une diffusion générale, laquelle affecte deux directions opposées, l’une as- cendante et l’autre descendante. Ce mouvement de la sève est nécessairement fort lenl. Or, des observa- tions dues à M. Schultz, médecin à Berlin, tendent à faire croire qu’il existerait, chez certains végétaux, une circulation extrêmement rapide (t). C’est spé- cialement sur la grande chélidoine (chelidoniumma- jus L.) que cet observateur a lait celte remarque : il affirme qu’en examinant au microscope, et avec le se- cours des rayons solaires, les nervures demi-transpa- rentes des feuilles ou des pétales de la chélidoine, on aperçoit deux courans fort rapides, dirigés en sens in- verse, l’un ascendant, l’autre descendant. M. Schultz admet que c’est le suc jaune de la plante qui se meut ainsi, en présentant en outre un mouvement de tré- (i) Le Mémoire de M. Schultz a etc traduit eu français, et in- séré par M. Jourdan aux tomes i6 et 17 du Journal complémen- taire du Dictionnaire des sciences médicales. 56 TRÉPIDATION. pidaiion dans les globules dont il est composé. J’ai dû m’empresser de répéter ces observations ; et pour suivre en tous points les indications de cet auteur, j’ai com- mencé par observer les feuilles de la chélidoine sur la plante enracinée. Je n’ai pas tardé à me convaincre de la vérité de l’assertion de M. Schultz, relative- ment à l’apparence d’un mouvement de trépidation très-rapide dans les nervures transparentes des feuilles de celte plante, lorsqu’on les examine au microscope au moyen de la lumière du soleil, réfléchie par le mi- roir. La nervure de la feuille semble être un vaisseau unique, dans lequel se meuvent en tremblotant des corps qui semblent être des globules. M. Schultz pré- tend avoir observé que ces globules ont un mouve- ment de transport, et que le fluide qu’ils forment par leur assemblage offre deux courans, l’un ascen- dant et l’autre descendant. Quelque attention que j’aie apportée dans mes observations, il m’a été impossible d’apercevoir rien qui put faire soupçonner l’existence de ces deux courans, rien même qui pût autoriser à penser qu’il y eût là un véritable mouvement de pro- gression d’un fluide. On n’aperçoit, comme je viens de le dire, qu'un mouvement de trépidation fort rapide. Au reste, je me suis convaincu qu’il n’est point du tout nécessaire, pour voir ce mouvement, d’observer les feuilles de la plante pendant que celle-ci tient au sol ; car une feuille cueillie offre ce mouvement tout aussi rapide que la feuille qui tient à la plante enra- cinée. Ce n’est même, comme l’a observé M. Schultz, que lorsque la feuille est complètement fanée qu on TRÉPIDATION. 57 esse de l’apercevoir. Je l’ai observé, tout aussi rapide ne dans le principe, dans une feuille à demi-flétrie uii éiaii cueillie depuis deux jours. Ce phénomène ite peut s’apercevoir qu’en illuminant la feuille avec es rayons du soleil ; la lumière diffuse du jour ne fait [percevoir aucun mouvement. On pourrait croire que, :.ans cette dernière circonstance, la lumière ne pos- èède pas assez d’intensité pour percer au travers des nervures de la feuille, et apporter à l’œil l’image du mouvement qui a lieu dans l’intérieur de ces nervures. Cependant on peut rendre cette lumière diffuse extrê- mement vive, et très-suffisante pour bien illuminer 'intérieur des nervures, sans qu’elle y fasse aperce- /oir le moindre mouvement. Il suffit, pour cela, de olacer la feuille que l’on observe au microscope sur une lame de verre dépoli dont on éclaire la face infé- rieure avec les rayons du soleil réfléchis par le miroir eoncave du microscope , qui fait converger sur ce ooint une grande quantité de rayons lumineux, les- quels ne traversent le verre et la feuille qu’il sup- porte que sous l’état de lumière diffuse très -vive. Je lie répète, celte observation ne fait apercevoir aucun unouvement dans les nervures des feuilles de la chéli- doine. Ces faits me donnèrent des doutes sur la réalité dde ce mouvement. D’ailleurs, il ne me paraissait guère [probable qu’un mouvement d’une rapidité aussi ex- traordinaire se maintînt dans une feuille séparée de la plante, et cela pendant un aussi long lemps. D’un autre côté, la cessation de ce mouvement, quand la 'vie avait complètement abandonné la feuille , sem- 58 TRÉPIDATION. Liait attester cju’il y avait là une cause vitale. Pour éclaircir ces cloutes, j’ai soumisles feuilles de la chéli- doine à plusieurs expériences. J’ai commencé par faire l’anatomie des nervures de la feuille de celte plante. J’y ai trouvé des trachées en petit nombre , des tubes corpusculiferes rayés en travers ( fausses trachées de M. Mirbel) , des tubes articulés contenant le suc pro- pre et du tissu cellulaire. Lorsqu’on observe la feuille entière avec les rayons du soleil, on ne voit point du tout cette structure intérieure. J’ai examiné ensuite le suc propre au microscope; je l’ai trouvé composé d’une multitude de globules d’une excessive petitesse, et tout à fait inapercevables avec un grossissement mé- diocre, lequel suffit cependant pour voir les prétendus globules tremblotans dont je viens de parler. Ainsi, il me fut prouvé que ce ne sont point les globules du suc jaune que l’on voit ainsi se mouvoir en tremblo- tant. Mais on pouvait penser que ce mouvement résul- tait de la contraction et de la dilatation alternatives des tubes articulés, des cellules et des autres organes creux fort petits qui existent dans les nervures des feuilles. Ce mouvement de systole et de diastole , si son existence était démontrée, serait un fait d’une haute importance en physiologie végétale ; je ne né- gligeai donc rien pour éclaircir tous les doutes à cet égard. Je résolus d’examiner ces feuilles au micros- cope solaire. Si le mouvement intérieur de leurs ner- vures était une illusion d’optique, cette illusion devait disparaître ici, puisque, dans ce genre d’observations, la vue n’est point dirigée sur l’objet lui -même, mais TREPIDATION. % nr son image considérablement grossie. Je soumis onc des feuilles de chélidoinc au microscope solaire; îurs nervures fort transparentes n’opposaient aucun Ibstacle à la transmission de la lumière du soleil ; on es voyait se peindre en lignes lumineuses qui con- trastaient avec les intervalles obscurs occupés par le parenchyme vert de la feuille. Or, dans cel te observa- tion, tout me parut complètement immobile; il n’y jtwait dans les nervures aucune apparence de mouve- ment. Mais il se trouve ici un obstacle à l’observation, d’objet observé se trouvant précisément au foyer de aa grande lentille du microscope, est bientôt brûlé par a concentration des rayons solaires. Pour obvier à cet nconvénient, je collai une feuille de chélidoine sur Kune lame de verre avec un peu d’huile d’olive, et je ^présentai cette lame de verre au microscope solaire, e3n plaçant la feuille du côté opposé à celui par lequel .larrivaient les rayons du soleil. De celte manière, la transparence des nervures était encore plus parfaite, tel la feuille resta en expérience sans se brûler. Or, je m’aperçus aucun mouvement de trépidation dans ses mervures. Cependant, avant l’expérience, j’avais vu ce unouvement, avec le microscope ordinaire, dans cette imême feuille huilée, et je le vis de même après l’ex- ipérience. Dès lors il me parut prouvé que ce mouve- iment n’existait point dans la feuille, mais que son apparence étaitde résidât d’une illusion d’optique pro- duite par un certain jeu de lumière. Je crus trouver la cause de cette illusion dans les réfractions multi- pliées produites par les petits organes transparens f Go TRÉPIDATION. qui contiennent les fluides, réfractions sans cesse variables par le mouvement inaperçu de l’œil de l’ob- servateur. Ce fut dans celte idée que je publiai une note sur cet objet en 1824 (1). Depuis ce temps, j’ai fait de nouvelles observations qui m’ont prouvé que le phénomène découvert par M. Schuliz est très-réel, et que son apparence n’est point le résultat d’une illusion d’optique , comme je l’avais présumé. J’étais déjà revenu de mon opinion erronée à cet égard , lorsque M. Savi a fait paraître , dans le Nuovo giomale cle’ letterati (2), un travail qu’il a fait sur cette même matière. M. Savi admet que le mouvement de trépidation que l’on observe dans les nervures des feuilles de la grande chélidoine, provient des changemens rapides qui surviennent dans les intersections des anneaux lumineux produits par les globules du fluide contenu dans les vaisseaux de cette plante, et il en conclut que ce fluide se meut par un mouvement circulatoire. Il rejette la cause d’illusion d’optique que j’ai cru pouvoir admettre, et que, du reste, j’abandonne tout à fait. M. Savi 11e fonde ses assertions sur aucune observation nouvelle; il n’a fait que répéter les observations de M. Schultz, et constater comme moi leur réalité. L’une des raisons les plus fortes que l’on puisse produire pour prouver que le mouvement de trépida- (1) Dans le Journal complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales, t. 1 ), p. 289. (2) Janvier et février i8a5. TRÉPIDATION. 6l on offert par la grande chélidoine n’est point dû à îe illusion d’optique, est l’intermittence qui s’observe ééquemment dans ce mouvement. Cette intermittence tété notée par M. Schullz, et je l’ai très-souvent ob- rrvée comme lui. Ce phénomène est fort remarqua- iLe. Au moment où le mouvement de trépidation est lune vitesse extrême, on le voit tout à coup s’arrê- rr, puis recommencer avec la même vitesse l’instant .après. Cette stase est générale dans tout le champ du icroscope. Quelle est la nature de ce mouvement? sst-il produit par une circulation des fluides de la ante, ou résulte-t-il simplement d’un mouvement moléculaire qui aurait lieu dans ces fluides? On con- )it en effet que ces deux causes sont également sus- ceptibles de produire ce phénomène, qui indique in- onteslablemenl des déplacemens rapides et multipliés aans les petits corps qui réfractent la lumière trans- mise au travers des nervures de la feuille. M. Schullz irétend que ce mouvement indique une circulation \ lï. Savi est du même avis. 11 m’est impossible de jariager leur opinion à cet égard. Si ce phénomène irovenait d’une circulation , elle serait plus rapide ue ne l’est celle des animaux, ce qui est incompa- ible avec la structure des organes des plantes. D’ail- 3urs, une pareille circulation se maintiendrait-elle sans perdre de sa rapidité, pendant plusieurs jours, fans une feuille séparée de la plante, et même pres- que totalement fanée, ainsi que je l’ai observé avec fl. Schullz? J’ai vu d’ailleurs qu’en coupant trans- versalement la nervure d’une feuille dans deux en- TRÉPIDATION. f)2 . droits peu disians l’un de l’autre , on continuait à ob- server le mouvement dans le fragment isolé; ce qui n’aurait pas lieu s’il y avait là une circulation. Il faut donc renoncer à cette idée, et se porter vers celle d’un mouvement dans les molécules ou dans les globules dont le fluide jaune de la plante est composé. Or, quelle serait la nature de ce mouvement moléculaire? Un premier soupçon m’est venu à cet égard. On sait que le calorique imprime une impulsion réciproque aux molécules des corps. Ne serait-il pas possible que les globules de suc jaune, frappés par les rayons so- laires, éprouvassent entre eux des changemens ra- pides dans leurs rapports mutuels, parle seul fait de la chaleur que leur communique ces rayons? Ce mou- vement moléculaire suffirait en effet pour varier à l’infini et sans cesse les intersections des petits an- neaux lumineux, et pour produire, par conséquent, l’apparence de trépidation que l’on observe; mais si telle était la cause du phénomène, il n’olfrirait point d’intermittence. D'ailleurs les observations suivantes prouveront d’une manière décisive que ce n’est point à de la chaleur actuellement communiquée qu’est due la production du phénomène dont il s’agit; mais que ce phénomène est véritablement vital. L’influence du froid suspend chez les plantes les phénomènes de la vie. Il était intéressant de savoir si le mouvement de trépidation de la chélidoinc serait suspendu par cette cause. Lors donc des premières gelées qui se mani- festèrent aux approches de l’hiver, je m’empressai d’observer leur effet sur le phénomène qui nous oc- TRÉPIDATION. 63 jpe. Un matin, le thermomètre était descendu à — degré R.; je pris des feuilles de chélidoine qui iaieni couvertes de gelée blanche, et je les soumis au îicroscope. Je trouvai dans la plupart des nervures ine absence complète de mouvement de trépidation, du n’apercevait ce mouvement que dans quelques- ines des nervures de moyenne grosseur, et il y était ntennittent. J’ai vu une de ces nervures dont le mi- teu seul offrait ce mouvement- ses deux parties laté- rales étaient immobiles. Je vis une autre nervure com- llèlement privée de mouvement, tandis que les deux tranches dans lesquelles elle se divisait offraient une trépidation très-vive. Quelques jours après, par un rroid de — 2 degrés R. , je ne trouvai aucune trace le trépidation dans les feuilles de la chélidoine. En rain elles furent réchauffées par les rayons du soleil [lie rassemblait le miroir concave du microscope, il ue se manifesta aucun mouvement dans leurs ner- 7ures pendant plus d’une heure que je les observai, d'ouïes les chélidoines qui avaient élésoumises à l’im- oression du froid offraient la même absence de mou- vement. Je trouvai cependant une trépidation faible et intermittente dans les feuilles de l’une de ces plantes qui avait été garantie du froid par un abri. Je répétai ces observations pendant deux hivers , afin d’être bien certain de leurs résultats. Je vis tou- jours le mouvement de trépidation cesser dans les feuilles de la chélidoine, lorsque le thermomètre était descendu' à 1 degré au-dessous de zéro. Les feuilles soumises à ce degré de froid étaient quelque- TREPIDATION. 64 fois susceptibles de reprendre leur trépidation, lors- qu’elles étaient réchauffées par les rayons du soleil que rassemblait sur elles le miroir concave du micros- cope; mais lorsque le froid avait été plus intense, les feuilles de la chélidoine qui y avaient été soumises n’étaient plus susceptibles de présenter le phénomène de la trépidation lorsqu’on les réchauffait. C’est en vain qu’alors je les mis séjourner dans un appartement dont la température constante était de -j- 7 à 8 de- grés R., elles ne reprirent point leur trépidation. Ce- pendant ces feuilles, dont le pétiole trempait dans l’eau d’un vase, conservèrent pendant plus de quinze jours toute leur fraîcheur. Ainsi l’action du froid avait anéanti complètement le mouvement de trépidation dans les nervures de ces feuilles, et le retour d’une température plus douce ne suffisait pas pour repro- duire ce mouvement dans des feuilles séparées de leur tige, et conservées au moyen de l’immersion de leur pétiole dans l’eau. Tant que dura le froid de l’hiver, il ne se mani- festa aucun indice de trépidation dans les feuilles de la chélidoine. Lorsque le dégel survint, je m’em- pressai de les observer, mais je n’y aperçus aucune trépidation , quoique le thermomètre se maintînt pen- dant plusieurs jours à 3 et 4 degrés R., et même à des degrés plus élevés Les gelées qui avaient lieu souvent pendant la nuit, pouvaient être la cause de cette absence de la trépidation dans les feuilles de la chélidoine, malgré le retour d’une température qui, avant l’abolition de ce mouvement, était suffisante TREPIDATION. [pour qu’il se maintînt. Cependant, lorsqu’il eut tout là fait cessé de geler, je n’observai point encore de t trépidation. Le 20 janvier, je cueillis plusieurs feuilles de ché- Uidoine , dans lesquelles on n’apercevait aucun mou- vement, et je les conservai en mettant tremper leurs [pétioles dans des vases pleins d’eau. La température , idans l’appartement où se trouvaient ces feuilles , ne lful point au-dessous de H- 5 degrés, et elle fut, la imajeure partie du temps, de -+- 8 à -j- io degrés. (Or, pendant plus d’un mois et demi que je conservai cces feuilles dans l’état de vie et de fraîcheur, je n’ob- .-servai aucune trépidation dans leurs nervures. Ce ne {fut que le 8 mars que je commençai à apercevoir ccelte trépidation. Alors la température de l’apparle- iment était de -H i3 degrés. Cependant les chélidoi- mes du dehors n’offraient encore aucun mouvement. ’Mais le io mars, la température extérieure étant de —h i5 degrés, j’aperçus la trépidation dans la ner- vure de quelques-unes des feuilles. Ce phénomène ne 'fui généralement établi que plusieurs jours après. Il résulte de ces observations, que la trépidation que l’on aperçoit au microscope dans les nervures cdes feuilles de la chélidoine, est un phénomène très- rréel, et que son apparence n’est point due à une illu- ssion d’optique, comme je l’avais pensé d’abord. Si le imicroscope solaire ne fait point apercevoir cette tré- pidation, cela provient probablement de ce qu’elle test abolie par la forte chaleur que produit, sur la feuille en expérience, la concentration des rayons 5 66 TRÉPIDATION. solaires opérée par la grande lentille du microscope. Cette trépidation, aux approches de l’hiver, subsiste dans toute sa force, malgré l’abaissement de la tem- pérature jusqu’à zéro du thermomètre. Ce n’est qu’au- dessous de ce degré de température qu’elle disparaît tout à fait, pour ne plus se reproduire que lorsque la température environnante s'est maintenue, pendant un certain temps, jusqu’à -f- i3 ou -f- 1 5 degrés R. Ainsi, celte trépidation ne dépend point directement de l’influence actuelle de la chaleur, puisqu’un cer- tain degré de température qui maintient très-bien ce phénomène est incapable de le reproduire. Il faut donc reconnaître que ce phénomène est vital. Toutes fois, nous ignorons en quoi il consiste essentielle- ment. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’indique point une circulation des fluides, comme une cer- taine apparence l’a fait croire à M. Schultz. Il me pa- raît probable que ce phénomène est le résultat d’un certain mouvement moléculaire qui a lieu dans le suc jaune de la plante ; car une trépidation tout à fait semblable, dans ses apparences, se fait apercevoir dans le sang des animaux immédiatement après leur mort. Or, ce dernier phénomène résulte inconlesta- j blement d’un mouvement des molécules du fluide ; sanguin. Je ne puis me dispenser de jeter ici un coup-d’œil sur ce second phénomène, quoiqu’il pa- raisse bien éloigné du sujet qui m’occupe spéciale- ment. C’est également à M. Schultz que l’on doit les premières observations sur cette matière (i). (i) La traduction française du Mémoire de M. Schulte est in- TREPIDATION. 67 Si l’on examine au microscope éclairé par les irayons du soleil, les parties transparentes d’un ani- imal fraîchement tué, on voit, dans scs vaisseaux :sanguins capillaires, un mouvement de trépidation «exactement semblable à celui que l’on observe dans lia chélidoine. Les raisons qui m’avaient porté à con- sidérer le mouvement de trépidation de la chélidoine (comme une illusion d’optique, m’avaient conduit à jporler le même jugement par rapport au mouvement de trépidation qu’offre le sang des animaux; mais j’ai 1 dû revenir de mon opinion à cet égard. Si, comme ll’indique M. Scbuitz, on observe au microscope, avec les rayons solaires, l’oreille d’une souris coupée à l’a- nimal vivant ou récemment tué, on voit, dans les vaisseaux sanguins, un mouvement de trépidation fort rapide, qui présente l’apparence d’une circula- tion qui aurait son cours des troncs dans les ramifi- cations des vaisseaux. Pour faire commodément cette observation, il faut placer l’oreille de souris sur une lame de verre, et la mouiller pour prévenir la dessi- cation, qui serait prompte sous l’influence des rayons solaires. De celle manière, j’ai observé, pendant vingt- cinq minutes, ce mouvement de trépidation dans les vaisseaux sanguins de l’oreille de la souris. Ce mou- vement, en tout semblable à celui de la chélidoine, était, comme lui, sujet à des intermittences : il cessait tout à fait pendant un quart de seconde, puis il re- scréc au tome 19 du Journal complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales. 68 TRÉPIDATION. commençait tout à coup avec rapidité. Cela avait l’air, en quelque sorte , de spasmes interrompus par des momens de repos et de calme. Lorsqu’il a été sur le point de cesser, il s’est graduellement ralenti, ne présentant plus, sur la fin, qu’une trépidation fort lente. J’ai soumis à la même observation une portion détachée du mésentère de la souris : j’y ai vu le même phénomène de trépidation dans l’intérieur des vais- seaux sanguins, et ici il m’a été facile de voir qu’il n'y avait point de circulation, comme une apparence trompeuse l’a fait croire à M. Schultz. En effet, le vaisseau sanguin que j’observais était assez court, et divisé transversalement à ses deux extrémités. Or, quoiqu’il parût y avoir un courant dans son intérieur, il ne sortait rien de ses extrémités ouvertes. Une heure après la mort de la souris, je fis l’extraction d’une nouvelle portion de mésentère. J’y observai encore le mouvement de trépidation dans les vais- seaux sanguins ; mais il était devenu intermittent : il avait lieu par saccades irrégulières, et avait perdu beaucoup de sa rapidité. Après quelques minutes, il se ranima, et reprit toute sa rapidité première, puis diminua de nouveau , et cessa tout à fait au bout de dix minutes. Le sang extrait des vaisseaux d’un ani- mal vivant, offre le même mouvement de trépidation. 11 suffit, pour faire cette observation, de mettre une couche mince de sang sur une lame de verre, et de l’éclairer avec les rayons solaires, pour l’observer au microscope. Le mouvement de trépidation est fort rapide, et il offre des intermittences, comme les offre TRÉPIDATION . fi 9 sang renfermé dans les vaisseaux, comme les olfre chélidoine : il diminue graduellement de rapidité, finit tout à fait lorsque le sang est coagulé. J’ai vu lue le sang artériel comparé au sang veineux, que le itngdes mammifères comparé à celui des reptiles, n’of- ,ait aucune différence sous le point de vue de la rapi- iité du mouvement de trépidation donl il paraît animé. On pourrait croire que le mouvement moléculaire, ni, dans le sang non circulant, produit cette appa- fince de trépidation , ne serait autre que celui qui ;nd à amener la coagulation. Dans ce dernier phé- omène , en effet, il y a une tendance générale des obules sanguins à se réunir; tandis qu’ils sont cons- inmenl dissociés dans le sang circulant. Par l’effet b cette tendance, les globules sanguins se meuvent mr se rapprocher les uns des autres, jusqu’à ce que tur réunion soit complète et intime. Or, ce mouve- kent des globules sanguins suffirait pour produire des nangemens rapides et multipliés dans les intersec- >ons des anneaux lumineux produits par ces glo- ; îles ; cela suffirait, par conséquent, pour donner 2u à l’apparence de trépidation que l’on observe ors. Il serait donc possible de regarder la tendance u sang à la coagulation, comme la seule cause du piénomène dont il s’agit ; mais cette explication ne ;ul point s’appliquer à la chélidoine, chez laquelle ; phénomène de trépidation est véritablement un jïuénomène vital, ainsi que nous l’avons vu plus haut. Æci doit nous porter à admettre que, dans le sang, phénomène de la trépidation est également dû à la TRÉPIDATION. 70 vie , et que s’il cesse de se montrer quand la coagu- lation est complète, cela provient de ce que le sang possède une vie propre dont l’extinction est marquée par la coagulation. Le sang , quoique privé de mouvement de trans- port dans les vaisseaux sanguins d’une partie fraîche- ment détachée d’un animal vivant, paraît cependant se mouvoir encore des troncs vers les rameaux : en un mot, on croirait, si l’on se contentait d’une obser- vation superficielle, que le sang circule encore, quoi- que privé de l’impulsion du cœur. Nous avons acquis la certitude que cette apparence de circulation est une illusion d’optique , et ceci nous confirme dans l’opinion qu’il en est de même pour la chélidoine, chez laquelle il n’y a point de transport rapide d’un fluide , comme l’a pensé M. Schultz. Mais il reste démontré que , dans la chélidoine et dans plusieurs autres plantes à fluides laiteux, il existe, comme dans le sang des animaux nouvellement morts, un mouve- ment moléculaire d’une nature inconnue, mouvement qui imprime, aux rayons de la lumière solaire, une grande variété de réfractions sans cesse changeantes, d’où résulte le changement rapide et multiplié des intersections des anneaux lumineux, et par suite l’ap- parence de trépidation que l’on observe alors. Je ne me permettrai aucune hypothèse sur la nature de ce mouvement moléculaire qui a lieu dans l’intérieur de certains fluides organiques; mais ce phénomène me paraît mériter de fixer l’attention des physiologistes. PROGRESSION DF. LA SEVE. V CHAPITRE III, De la cause de la progression de la sève. La recherche des causes qui président à la pro- gression de la sève a enfanté plusieurs systèmes, et ’a conduit à aucun résultat positif. Malpighi pen- haait que la dilatation et la condensation alternatives jlte la sève, par l’effet de la température environnante, itaient la cause de la progression de ce fluide; plus lard, Sarrabat admit que le mouvement de la sève levait être attribué à la raréfaction et à la condensa- tion alternatives de l’air, qu’il prétendait être contenu Hans la moelle et dans les trachées; d’autres physi- ciens ont considéré l’ascension de la sève comme le itimple résultat de la capillarité du tissu végétal : en- iïin , plusieurs physiologistes prétendent que les vais- seaux des végétaux sont pourvus d’une force contrac- lile qui chasse de proche 'en proche le fluide séveux. IDe ces quatre hypothèses, les deux dernières seules iméritent de fixer notre attention. Nous allons voir quel est le degré de confiance que nous pouvons leur raccorder; et pour cela, nous devons étudier avec soin des conditions appréciables dont l’existence est néces- •saire pour que la sève opère son ascension dans les plantes. Les expériences de Haies ont appris avec quelle 7 2 PROGRESSION DE LA SÈVE. force la sève moule dans la vigne : ce célèbre expéri- mentateur ayant adapté un tube de verre rempli de mercure à un cep de vigne tronqué , vit ce métal s’é- lever à 33 et à 38 pouces au-dessus de son niveau primitif, par l’effet de la force avec laquelle la sève tendait à sortir par l’extrémité tronquée du cep. Celte expérience , qui prouve bien évidemment que , dans cette circonstance, la sève monte en vertu d’une force impulsive à tergOj avait été mise en doute par Sen- nebier et par d’autres ; mais ces résultats ont été ren- dus incontestables par MM. Mirbel et Chevreul, qui, ayant répété l’expérience de Haies, virent le mercure s’élever, dans cette expérience, à 29 pouces au-dessus de son niveau. Or, si l’on coupe une branche de vigne dans le moment où elle chasse la sève au de- hors avec tant de force par son extrémité tronquée, et qu’on la plonge dans l’eau par son extrémité infé- rieure, elle pompera de l'eau par cette extrémité in- férieure , mais elle ne versera plus de sève par son extrémité supérieure tronquée. La force impulsive à tergo a donc cessé d’exister dans cette dernière cir- constance , puisqu’il n’y a plus d’expulsion de la sève par l’extrémité supérieure de la branche ; et cepen- dant la sève continue de monter dans cette dernière. Ceci nous fait voir que l’ascension de la sève, dans les plantes , est un phénomène complexe ; elle est le ré- sultat de deux causes qui , au premier abord , parais- sent être différentes : la première de ces causes est une impulsion àtergOj dont nous ferons plus bas une étude spéciale; la seconde est le résultat de l’action des or- PROGRESSION DE LA SÈVE. ^3 unes intérieurs de la plante sur le liquide qu'elle ab- nrbe. Nous allons tenter de déterminer quelle est la .alure de celte action. Tout le monde sait qu’en mettant un végétal coupé remper dans l’eau par sa partie inférieure tronquée, 'es végétal absorbe l’eau, en opère l’ascension dans nn intérieur, la transmet à toutes ses parties, et par je2 moyen se maintient à l’état de vie et de fraîcheur tendant un temps quelquefois très - long. Or, l’ab- jrplion de l’eau dans cette circonstance est soumise J; t certaines lois qu'il est important de déterminer. En éénéral , la quantité d’eau absorbée est proportion- nelle à la quantité de l’émanation aqueuse opérée par es feuilles de la plante soumise à cette expérience. | ))r , la quantité de cette émanation aqueuse est en naisqn de la température de l’air ambiant, et en rai- on de son état hygrométrique. Plus l’air est à la fois haud et sec, plus il y a d’émanation aqueuse opérée .ar les feuilles, et plus en même temps il y a d’eau Ibsorbée par la partie inférieure de la tige. Cepen- dant, comme on le pense bien, cet équilibre entre absorption ctl'évaporaiion ne peut exister qu’aulant |it(ue cette dernière n’est point trop considérable; car dors l’absorption ne peut plus suffire à réparer les oertes causées par l’évaporation , et la plante se flé- rit ou se fane : plus il y a de feuilles sur la tige, blus il y a d’évaporation , et plus il y a par conséquent l'absorption. Cela est si vrai, qu’on voit celle der- nière diminuer subitement de quantité lorsqu’on re- vanche des feuilles à une tige de végétal dont on a 74 PROGRESSION DE LA SÈVE. auparavant évalué la force absorbante. C'est d’après ces observations que Haies a été conduit à considérer les feuilles comme ayant pour usage spécial d’élever la sève dans le végétal. On pourrait penser que cet usage des feuilles ne serait point le résultat d’une ac- tion spéciale qu’elles exerceraient; qu’elles n’opére- raient point directement l’ascension de la sève, mais que leur rôle se bornerait, dans cette circonstance, à favoriser l’évaporation de ce fluide par l’étendue de la surface qu’elles présentent à l’air, ce qui suffirait pour déterminer une absorption proportionnelle à l’é- vaporation. Les expériences qui vont être rapportées prouveront que cette manière de voir, plausible au premier coup-d’œil, est cependant fausse, et que les feuilles exercent une action vitale qui leur est propre pour attirer la sève et opérer son ascension. La lumière influe d’une manière bien sensible sur les quantités respectives de l’absorption et de l’é- vaporation. On sait en effet, par les expériences de Haies , que les plantes transpirent beaucoup plus à la lumière que dans l’obscurité. On conçoit que la transpiration d’une plante soit augmentée par son exposition au soleil, dont les rayons directs, en échauffant les feuilles , augmentent l’évaporation des fluides qu’elles contiennent; maison ne comprend pas de même comment l’exposition d’une plante à la lu- mière diffuse qui ne produit point de chaleur, aug- mente cependant son émanation aqueuse. Ce fait ce- pendant est très-certain, et je m’en suis assuré par de nombreuses expériences sur des branches de végétaux PROGRESSION DE LA SÈVE. qui absorbaient l’eau par leur extrémité inférieure tron- quée. J’avais soin de peser le matin et le soir la plante et le vase rempli d’eau dans lequel elle était plongée ppar son extrémité inférieure, et j’ai vu qu’il y avait [(toujours excès de l’évaporation sur l’absorption pen- ddant le jour, et au contraire excès de l’absorption sur d’évaporation pendant la nuit; en sorte que la plante diminuait de poids dans le premier cas, et augmentait lie poids dans le second. Ainsi, bien que l’absorption 'ffùt en général proportionnelle à l’évaporation, cepen- dant la présence ou l’absence de la lumière diffuse, suffisaient pour changer la nature du rapport qui existait entre ces deux quantités : lorsque l’évapora- tion était forte ou faible, l’absorption l’était aussi; imais en suivant ainsi l’évaporation dans sa marche, d’absorption lui restait un peu inférieure pendant le ijour, et lui était un peu supérieure pendant la nuit. IDeux résultats se déduisent de ces observations : le /(premier est que la vacuité des vaisseaux des parties supérieures du végétal produite par l’évaporation des 1 liquides qui y sont contenus, est une des causes dé- Uerminanles de l’absorption opérée par les vaisseaux ;de la partie inférieure; les vaisseaux et les cellules fies parties supérieures ayant perdu par l’évaporation d’eau qui les remplissait, cette perte est réparée au fur et à mesure par l’introduction des liquides qui rem- plissent les organes situés au-dessous, et cette com- munication s’étend ainsi de proche en proche jus- qu’aux orifices des vaisseaux qui pompent l’eau dans laquelle la tige est plongée par son extrémité infé- 7 fi PROGRESSION DE LA SÈVE. rieure. Le second résuliai esl que la capillarité du 1 végétal n’est pas la seule cause de l’absorption de l’eau ! et de son élévation dans la tige, car la capillarité ne varie point , et l’on ne voit pas par conséquent pour- quoi pendant la nuit elle introduirait dans le végétal plus d’eau qu’il n’en est dissipé par l’évaporation, et pourquoi le contraire aurait lieu pendant le jour, il y a donc évidemment ici une action vitale qui est mo- difiée par la présence ou par l’absence de la lumière. Nous allons voir celte conclusion confirmée par des expériences d’un autre genre. Lorsque la tige d’une plante est coupée et aban- donnée ainsi sur le sol, elle ne larde point à se flé- trir. Si la tige est herbacée, elle devient flasque et pendante; les feuilles deviennent molles, et cessent d’avoir leurs pétioles redressés. Si cet état de dessica- tion n’est pas porté trop loin, la tige dont il est ici question est susceptible de reprendre son état de vie et de fraîcheur, en la mettant tremper dans l’eau par la partie inférieure. Bientôt on voit la lige pendante se redresser; les feuilles perdent leurs plis et leur état de mollesse; leurs pétioles se relèvent; en un mot, il se manifeste dans toute la plante un état turgide op- posé à l’état de flaccidité qui existait auparavant. Cet état turgide provient manifestement de la réplélion des vaisseaux et des cellules de la plante. Or, il était important de savoir quelles sont les conditions neces- saires pour que cet état turgide puisse se reproduire , quelles sont celles qui s’opposent à leur retour. Dans celte vue, j’ai fait plusieurs expériences que j’ai progression de la sève. y, ^pelées un grand nombre de fois, et sur plusieurs e>- lèces de végétaux, afin de m’assurer de la constance U de la généralité des résultats auxquels je suis par- jeenu. Je ne citerai de ces expériences que celles qui )i>nt faites avec une même espèce de plantes; et afin ie les rendre comparatives autant que possible, je les i faites toutes en même temps, et j’ai eu soin d’em- Üoyer des plantes à peu près de la même taille, et \iactement du même poids. Je coupai une tige de mercuriale ( mercurialis annua'), et je l’abandonnai tains cet état jusqu’à ce qu’elle eût perdu, par l’éva- joiralion, les o,i5 de son poids. Ses feuilles et ses jumeaux étaient dans un état complet de flaccidité. dors je la mis tremper dans un flacon plein d’eau Jtue j’avais pesé avec soin auparavant. Au bout de tuatre heures, par une température de -f- 12 degrés .., la plante avait repris complètement son état tur- ide; cependant elle n’avait pas repris tout à fait son >ids primitif. Je trouvai que, pendant ces quatre pre- nières heures, la plante avait absorbé 20 grains et ;mi d’eau par heure, et avait évaporé par ses feuilles grains et demi d’eau également par heure. Dans les uatre heures suivantes, et pendant le jour également, température et l’état hygrométrique de l’air étant ss mêmes dans l’appartement où se faisait cette ex- 'érience, la plante absorba seulement 9 grains et demi eeau par heure , et elle en évapora par ses feuilles 1 grains également par heure. Pendant la nuit qui l iivit, la plante absorba 7 grains et demi d’eau par heure; elle en évapora 7 grains également par heure. 7^ PROGRESSION DE LA SÈVE. Alors elle avait repris son poids primitif. Le lende- main et les jours suivans, l’état de l’air ambiant ayant très-peu changé, la plante continua à absorber de 7 à 8 grains d’eau par heure, et l’évaporation quelle opéra suivit à peu près la même proportion ; seulement elle était plus forte que l’absorption pendant le jour, et plus faible que cette dernière pendant la nuit. En un mot, la plante continua à se comporter comme un végétal auquel rien ne manque pour exercer les fonc- tions de la vie dans toute leur plénitude. Il résulte de celte expérience, qu’une mercuriale qui a perdu les o,i 5 de son poids par l’évaporation, et qui par-là est devenue flasque et fanée, peut reprendre complè- tement son état turgide et sa fraîcheur, quand on lui fournit de l’eau à absorber par l’extrémité inférieure de sa tige; il en résulte encore que la vacuité des vais- seaux et des cellules, opérée par l’évaporation, et pous- sée seulement jusqu’au point qui vient d’être indiqué, augmente considérablement la rapidité de l’absorption et de l’ascension de l’eau dans le végétal. En effet , nous voyons dans cette expérience une plante qui ab- sorbe 20 grains et demi d’eau par heure, lorsque ses vaisseaux et ses cellules sont dans un certain état de vacuité, et qui, rendue à peu près à son état turgide naturel, n’absorbe plus que 7 à 8 graius d’eau par heure, l’état de l’air ambiant n’ayant point changé. Celte expérience vient à l’appui de celles qui, plus haut, nous ont conduit à penser que la vacuité des vaisseaux des parties supérieures de la plante élailune des causes déterminantes de l’absorption opérée par PROGRESSION DE LA SÈVE. 79 partie inférieure. 11 y a évidemment ici d’autant us de facilité pour l’introduction et pour l’ascension >! l’eau, qu’il y a plus d’organes vides qui attirent ce aide dans leurs cavités. On pourrait penser, d’après Ha, que le tissu végétal se comporte comme une «onge, qui est d’autant plus avide d’eau que ses cel- illes en sont moins remplies. Mais les expériences înivantes vont nous faire voir que cette comparaison iitt inexacte. Une mercuriale coupée depuis vingt-quatre heures ,vait perdu les o,36 de son poids primitif. Alors je la jiiis tremper dans l’eau par son extrémité inférieure Ioonquée. Cette expérience se fit en meme temps que précédente; en sorte que leurs résultats ne peuvent Manquer d’être comparables. La plante était dans un aat de flaccidité considérable j mais aucune de ses . milles n’était desséchée. L’absorption de l’eau fut èès-peu considérable pendant le premier jour; car lie ne s’éleva qu’à deux grains un tiers par heure, jmoique la plante fût à peu près de la même taille , eût primitivement le même poids que celle qui a lté le sujet de l’expérience précédente, et qui, dans même temps et dans le même local , absorbait dans commencement jusqu’à 20 grains et demi d’eau par Rire. La plante qui fait le sujet de cette seconde ex- érience ne regagna que 1 2 grains de pesanteur pen- unt les vingt-quatre premières heures; c’était l’ex- -is de l’absorption sur l’évaporation. Quelques-unes es feuilles inférieures avaient repris leur fraîcheur leur état turgide. Le lendemain, la plante n’ab- 8o PROGRESSION DE LA SÈVE. sorba plus qu’un grain et demi d’eau par heure ; et comme ce qu’elle perdait alors par l’évaporation était plus considérable que ce qu’elle gagnait par l’absorp- tion, elle commença à se dessécher, surtout aux ex- trémités des rameaux. Les jours suivans, cette dessi- cation fut en augmentant, et bientôt il ne resta de vivant dans la plante que deux de ses petits rameaux les plus inférieurs. Nous voyons par celle expérience, qu’une vacuité des vaisseaux et des cellules, poussée jusqu’à la perte des o,36 du poids primitif de la plante , diminue considérablement la faculté qu’avait le végétal d’absorber l’eau et de l’élever dans son in- térieur, tandis que nous avons vu par la première ex- périence, que, par la perte des o,i5 de son poids seulement, la mercuriale avait augmenté l’énergie et l’activité de sa faculté absorbante. Cela prouve bien évidemment que la vacuité des vaisseaux de la plante n'est, pas la seule cause déterminante de l’ascension de l’eau dans son intérieur; cela prouve également que cette ascension n’est pas due à la seule capilla- rité; mais qu’elle est eu majeure partie due à une ac- tion vitale qui se trouve abolie par une perte trop considérable des fluides qui remplissaient les vaisseaux et les cellules de la plante dans son état de fraîcheur. En même temps que ces expériences se faisaient, j’en faisais marcher parallèlement une autre du même genre. Une mercuriale coupée depuis vingt-huit heu- res, avait perdu les 0,46 de sou poids primitif; l’ayant mise tremper, par sa partie inférieure, dans un fla- con rempli d’eau, je mis le tout sous un récipient de PROGRESSION DE LA SÈVE. 8 I j’ verre fermé avec de l’eau, qui couvrait, entièrement !la surface sur laquelle le récipient était appuyé. De Ji celte manière, l’air renfermé sous le récipient avec la mercuriale fut bientôt saturé d’eau. La plante, dont la flaccidité était considérable, se trouvait ainsi dans la position la plus favorable pour récupérer prompte- i ment l’eau qu’elle avait perdue. Ses pertes ultérieures par l’évaporation devenaient h peu près nulles ; il de- venait ainsi bien plus facile d’étudier les progrès de l’absorption, et il n’y avait plus h craindre de voir la plante se dessécher, comme dans l’expérience précé- dente. Pendant les vingt-quatre premières heures, la plante absorba seulement 5 o grains d’eau : ce qui fait 2 grains Y, par heure; le second jour, elle ab- sorba à peu près i grain ]/x par heure. Cette lente absorption continua à peu près sur le même pied pendant quatre jours, au bout desquels je trouvai que la plante avait récupéré, à peu de chose près, son Î poids primitif. Cette troisième expérience confirme pleinement le résultat de la deuxième, et fait voir, par l’extrême lenteur de l’absorption dans ces deux : circonstances, que la vacuité des vaisseaux de la : plante, poussée jusqu’à un certain point, diminue considérablement sa faculté d’absorber l’eau dans la- quelle elle est plongée par l’extrémité inférieure de sa tige. Mais ici une réflexion se présente. L’imbibi- tion préalable d’un tissu capillaire est nécessaire pour le disposer à absorber avec rapidité un liquide. Ainsi, une éponge parfaitement sèche pourra nager quelque temps à la surface de l’eau sans absorber ce liquide 6 82 PROGRESSION DE LA SÈVE. d’une manière sensible, tandis qu’une éponge préa- lablement imbibée d’eau, et ensuite fortement ex- primée, absorbera l’eau avec une rapidité prodigieuse. N’est-il pas possible que les plantes considérablement flétries qui font le sujet de ces deux dernières expé- riences, soient dans le cas d’une éponge sèche, com- parativement à la plante qui fait le sujet de la pre- mière expérience , et qui serait dans le cas de l’é- ponge humide? De celle manière, les phénomènes qui viennent d’être observés rentreraient dans les phénomènes généraux de la capillarité. Pour appré- cier celte objection , il faut se reporter à la cause qui fait que l’absorption est plus lente dans une éponge sèche qu’elle ne l’est dans une éponge humide. Dans la première, l’air est adhérent aux parois des cellu- les : il faut qu’il en soit chassé peu à peu par l’eau qui s’introduit; dans la seconde, au contraire, c’est de l’eau qui est adhérente aux parois des cellules qu’elle mouille , et ici l’attraction de ces parois pour l’eau est fortifiée par l’attraction que Veau mouillante exerce sur l’eau qui s’introduit ensuite. On sait qu’en général un tissu capillaire absorbe de préférence le liquide qui mouille préalablement les parois de ses cavités capillaires; ainsi une éponge mouillée d’huile absorbera de l’huile de préférence à l’eau. 11 en est de même de l’éponge mouillée d’airj si je puis m’ex- primer ainsi ; elle résistera à l’introduction de l’eau jusqu’à ce que tout l’air qui adhère à ses parties in- times soit remplacé par ce liquide, sur lequel alors elle exercera son action absorbante, sans aucun obs- . 83 PROGRESSION DE LA SÈVE. tacle. Or, en nous reportant aux plantes flétries qui n’opéraient qu’une faible absorption de l’eau , nous voyons qu’elles n’étaient point dans cet état de sic- cité qui fait que c’est l’air et non' plus l’eau qui mouiüe les parois des cavités capillaires. Ces plantes étaient molles; elles étaient fort éloignées de cet état * de dessèchement qui est marqué ordinairement par une sorte de crépitation que font entendre les plantes sèches quand on 'es touche; elles contenaient évi- demment encore beaucoup d’eau. Pour m’en assurer d une manière posit.ve , je fis sécher complètement les plantes qui avaient servi aux deux dernières ex- périences, et je vis que, réduites à cet étal de sic- cne, leur matière solide se trouvait peser dans l’une les 0,1 7, et dans l’autre les o,,4 de ce que pesatt la plante dans l’état frais. Par conséquent, la première contenatt pnmtltvemem o,83 d’eau ; elle en avait perdu o,36 lorsque je la mis en expérience : il hti restau par conséquent les o,47 de la sève qu’elle possédait primitivement. La seconde plante, celle qui fut mise sous le récipient, possédait, dans le prin- cipe, o,86 d’eau sur son poids total: quand elle fut m,se en expérience, elle avait perdu les 0,46 de son poids primitif : il lui restait par conséquent alors es 0,40 de la sève qu’elle possédait dans l’état frais. On voit par-là que si les plantes très-flétries qui font le sujet de ces observations n’absorbaient l’eau qu’ t vec lenteur et difficulté, cela ne provenait point du tout de la stccité des parois de leurs cavités capil- mres, puisqu’elles contenaient encore une quantité 84 PROGRESSION DE LA SÈVE. d’eau qui était presque la moitié de celle qu’elles possédaient dans l’état frais. Par conséquent, ce n’est point en vertu de sa seule capillarité, et à la manière d’une éponge, que le tissu végétal absorbe l’eau. Quelle est donc la cause de cette absorption ? 11 est évident qu’il y a, dans cette circonstance, une action vitale ; l’observation peut nous apprendre en quoi elle con- siste , et quel est son mécanisme. Ici , pour marcher vers la connaissance de la vérité, il faut observer et noter les changemens appréciables qui sont survenus dans le végétal , et qui accompagnent la perte ou la diminution de sa faculté d’absorber et d’opérer l’as- cension de l’eau. Or, nous ne voyons encore ici qu’un seul changement survenu dans ce végétal : c’est la diminution de l’eau, en quantité déterminée, dans le cavités capillaires de ses organes. Si c’est effective- ment à la présence d’une certaine quantité de liquide dans les organes de la plante qu’est nécessairement attachée la faculté d’opérer l’ascension de l’eau, il devra suffire de rendre à la plante ce liquide inté- rieur, pour lui rendre de suite, et dans toute sa plé- nitude, cette dernière faculté. C’est effectivement ce dont je me suis assuré par l’expérience suivante. Une mercuriale coupée et flétrie avait perdu les o,36 de son poids par l’évaporation. Je savais, par mes ex- périences antécédentes, que dans cet état elle ne pouvait récupérer complètement sa fraîcheur et son état turgide, en la mettant tremper dans l’eau seule- ment par la partie inférieure de sa tige, et en plein air. Je la couvris entièrement d’eau : au bout de douze PROGRESSION I)E LA SEVE. 85 heures d’immersion , Ja piaule avait repris complète- ment son état lurgide et sa fraîcheur. Alors je la li- rai de l’eau, et ne l’y laissai plus tremper ou donner de la courbure à quelques-unes de ses par- ties. Ainsi , il n’est point impossible que les organes cpii contiennent la sève se contractent sur ce fluide. 11 est un fait sur lequel on a spécialement insisté pour étayer cette opinion. Si l’on coupe en travers une plante laiteuse, telle qu’une euphorbe, ou une laitue par exemple, on voit le suc propre sortir des surfaces, divisées en quantité souvent assez considérable ; il sort également de la portion de tige qui est restée fixée au sol , et du fragment de tige qui a été enlevé ; cette émission a également lieu chez ce dernier lors- qu’on le tient dans une position renversée, en sorte que le suc propre, pour sortir, surmonte la force de la pesanteur. 11 est fort évident que ce suc est chassé hors des vaisseaux qui le contiennent, par une force intérieure. Si l’on veut chercher une origine éloignée à cette force d’impulsion, on ne lui en trouve au- cune : elle n’a point, en effet, son origine dans les racines, puisqu’elle se manifeste dans un fragment détaché de la tige ; elle n’a point non plus son origine dans les feuilles, puisqu’en coupant une tige d’eu- phorbe au-dessous de l’insertion des feuilles, on ob- serve, dans la portion de tige fixée au sol, une émis- (i) Recherches sur la structure intime des animaux et des vé- gétaux, et sur leur motilité. PROGRESSION DE LA SÈVE. 101 sion de suc propre qui se manifeste à chacune des sections successives que l’on fait de haut en bas à cette tige. Ainsi, c’est dans le lieu même où se fait l’émission du liquide qu’existe la force qui l’expulse. Cette expulsion n’est point opérée par l’expansion d’un gaz, car le suc propre est toujours exempt de bulles d’air. Cependant, il est bien évident que le suc propre est soumis à une pression dans les vais- seaux qui le contiennent , et que c’est par l’effet de cette pression qu’il s’échappe par toutes les ouvertu- res que l’on fait à ces vaisseaux. Celte pression est- elle produite par la contraction des vaisseaux? 11 semble tout naturel de l’admettre ; car on n’imagine pas qu’il puisse exister ici une autrè cause d’expul- sion. Ainsi, la force de contraction des vaisseaux se trouverait ici prouvée non pas directement, mais par l’exclusion de toutes les autres causes connues qui seraient susceptibles de produire le même effet. Une expérience de Van-Marum semble venir a l’appui de cette hypothèse. Ce physicien ayant fait passer une forte décharche électrique au travers de la lige d’une 'euphorbe, vit que cette plante ne versait plus de suc j propre lorsqu’on la coupait en travers, bien qu’elle • en versât encore en la. comprimant. Or, comme on sait que les fortes décharches électriques détruisent I l’irritabilité des animaux, il paraît tout naturel de I penser qu’ici la même cause aurait détruit l’irritabi- lité des vaisseaux qui contiennent le suc propre, le- quel n’étant plus pressé par la contraction de ces 'vaisseaux , ne lait plus aucun mouvement pour en 102 PK0GIIESSI0N DE LA SÈVE. sortir , a moins qu on ne 1 y force par une compres- sion extérieure. Une autre expérience de Brugmans et Coulon sem- blait aussi venir à l’appui de l’hypothèse par laquelle on admet dans le tissu végétal une contraction sem- blable à celle qui existe dans le tissu des organes des animaux. On sait que l’application de certaines subs- tances astringentes arrête l’écoulement du sang, par la constriction que ces substances produisent dans les vaisseaux capillaires. Or, Brugmans et Coulon (i) ont cru observer que les astringens, et notamment l’alun et le sulfate de fer, arrêtaient l’écoulement du suc lai- teux des euphorbes; mais celte assertion a été con- tredite par Van-Marum, par Linck et par Trévira- nus. Je puis joindre , dans celle circonstance , mon témoignage à celui des observateurs que je viens de citer; ainsi, il n’y a point de doute que Brugmans et Coulon ne se soient trompés. Malgré cela, entraîné par la nécessité d’admettre une cause quelconque pour expliquer l’état de compression où se trouvent les fluides dans les organes capillaires des végétaux, je regardais comme infiniment probable l’opinion qui fait dériver la progression de la sève de la contraction des organes dans lesquels elle est contenue, lorsqu’une seule observation est venue me désabuser h cet égard. On sait que le figuier ( ficus carica ) contient une grande quantité de suc laiteux non seulement dans le système cortical , mais aussi dans le système central (i) Juunuit c/c physique, t. 5i, p. 217. PROGRESSION DE LA SÈVE. Io3 3e ses jeunes branches. Tant que le tissu ligneux de ces branches est à l’état herbacé s on peut croire que tes parois des tubes sont susceptibles de se contracter air le fluide laiteux qu’ils contiennent; mais lorsque ce tissu est endurci et devenu boiSj toute idée de con- traction de la part des vaisseaux doit nécessairement 'disparaître. Or, si l’on examine les jeunes branches du figuier vers la fin d’octobre, on trouve le tissu li- gneux de leur système central endurci à tel point, qu’il se rompt avec éclat; on s’aperçoit également de a dureté, en l’entamant avec un instrument tran- chant. L’agrégation des tubes et des clostres dont il •'St composé est tellement solide , qu’il faut plus d’un quart d’heure d’ébullition dans l’acide nitrique pour ja détruire; cependant on voit le suc laiteux sortir ’ori abondamment des tubes de ce tissu ligneux , quand on le coupe ou quand on le rompt transversalement, ici , je le répète, il est impossible d’admettre une con- traction des vaisseaux; et celte observation concluante trouve que c’est à une autre cause, quelle qu’elle soit , qu’il faut rapporter l’état de pression où se trouvent tes fluides contenus dans les cavités organiques des .végétaux. Dès lors, nous voyons qu’il est possible que ■ce ne soit pas la contraction du tissu des spongioles hui imprime l’impulsion à la sève ascendante, puisque 'observation prouve l’existence d’une cause inconnue le pression des fluides dans les tubes végétaux , cause pii n’est certainement pas la contraction de ces tubes. D’ailleurs, en examinant à la loupe les spongioles sur les racines développées dans l’eau que contient un 104 PROGRESSION DE LA SÈVE, vase de verre, on ne remarque pas le plus léger mou~ veinent de dilatation et de contraction alternatives: on sent que cela devrait avoir lieu, si c’était la con- traction du tissu des spongioles qui chassât dans les racines l’eau qu’elles pompent sans cesse. Tout ce que l’observation montre à cet égard , c’est que les spon- gioles sont dans un état turgide continuel et très- marqué. La cause de cet état turgide est évidemment la même que celle qui entretient l’état turgide de la tige et de ses appendices ; cause qui , comme nous l’avons vu, n’est point la simple capillarité. Cet état turgide provient de la réplétion avec excès des cavi- tés organiques qui contiennent les fluides. C’est parce que les tubes qui contiennent les sucs propres sont turgides, c’est-à-dire remplis avec excès qu’ils se vident en partie quand on coupe la plante qui les contient. Il reste à déterminer quelle est la cause de cet état turgide ou de celte réplétion avec excès, puis- qu’il est certain que cette cause n’est pas la simple capillarité. La recherche de cette cause inconnue n’eût offert aucune chance de succès ; il faut une di- rection aux recherches , pour qu’elles soient fruc- tueuses : or, ici l’on ignore quelle direction l’on doit suivre. Si donc j’ai fait , dans cette circonstance , quelques pas vers la découverte d’une vérité nou- velle, je le dois au hasard, auteur de la plupart des découvertes. 11 est vrai de dire , cependant , que j’ai fait naître en ma faveur les chances du hasard , par la multitude des objets que j’ai soumis à mon obser- vation. EXPÉRIENCES SUR l’ÉTAT TURGIDE. i o5 CHAPITRE 1Y. Observations et expériences sur la cause et sur les effets de l’état turgide. Les observations et les expériences qui vont être exposées, sont du nombre de celles pour lesquelles la ohysiologie végétale est tout à fait inséparable de la oliysiologie animale. Ainsi , quoique ce soit la phy- siologie des plantes qui nous occupe exclusivement cci , cependant il nous faudra prendre les sujets de nos observations, autant, et même plus, dans le rè- gne animal, que dans le règne végétal, déterminé en :cela par la plus grande opportunité des conditions fa- vorables aux observations et aux expériences. Un très-petit poisson dont j’avais coupé la queue, !3t que je conservais vivant dans un vase plein d’eau, )ffrit sur la surface de sa plaie la production d’une sorte de moisissure aquatique à filamens assez longs, Lesquels étaient terminés chacun par un petit renfle- ment très-facile à apercevoir à l’œil nu. J’eus la cu- riosité d’observer au microscope celte plante qui végé- tait sur un animal vivant. Les filamens de la moisissure étaient transparens ; les renflemens qui les termi- onaient, et qui ressemblaient aux capsules d’un végé- tal , étaient terminés en pointe , et complètement opaques. Je coupai quelques-uns de ces filamens, et je les plaçai dans un cristal de montre avec un peu io6 EXPÉRIENCES d’eau , afin de les observer à loisir au microscope. Je no tardai pas à voir quelques-unes des capsules dont je viens de parler, expulser par une ouverture située à leur pointe, une multitude de globules; pendant cette expulsion, la cavité de la capsule se vidait seulement à sa partie inférieure opposée à la pointe qui donnait issue aux globules; la masse de ces derniers, qui rem- plissait encore la partie supérieure de la cavité capsu- laire, semblait pressée , et fortement chassée en haut par 1 accumulation de l’eau dans la partie inférieure de cette cavité capsulaire, qui ne diminuait aucune- ment de capacité, en sorte qu’il me fut bien prouvé que l’expulsion des globules n’était point due à une contraction de la capsule. L’eau , par son introduc- tion dans la partie inférieure de la cavité capsu- laire, semblait faire ici l’office du piston d’une serin- gue, pour chasser en haut, et expulser parla pointe de la capsule , l’amas de globules qui primitivement rem- plissait cette dernière en entier. Dans l’espace de deux ou trois secondes, tous les globules furent expulsés de leur capsule, qui demeura pleine d’eau sans avoir rien perdu de ses dimensions primitives. Il semble inutile de dire que j’avais la certitude que ce n’était pas de l’air qui s’était développé dans la cavité cap- sulaire pour remplacer la masse des globules qu’il aurait expulsée, car l’air contenu dans les petits or- ganes transparens plongés dans l’eau, est tres-facile à voir et à distinguer au microscope. Je crus d abord que les globules dont je venais d’observer 1 expulsion étaient sortis de leur propre mouvement, et que c é- sur l’état turgide. 107 lient clés animalcules. On sait que M. Bory de Saint- incent a découvert , dans les plantes singulières qu’il nommé zoocarpéeSj une émission de globules ani- més de mouvemens spontanés, globules cpi’il considère cmme de véritables animalcules. Je me rappelai que leedham avait fait mention d’un semblable phéno- eène, et précisément chez une moisissure aquatique. 3t observateur avait vu les capsules terminales de ttte moisissure donner naissance par émission à de iritables animalcules, assertion qui fut vivement Himbattue par Spallanzani (1). Je ne doutai point que 1 moisissure aquatique que j’avais observée, ne fut la èême cjue celle cjui s’était présentée à l’observation : Needham, et je résolus de l’observer de nouveau eec beaucoup de soin, afin de voir si véritablement >> globules émis par les capsules étaient des animal- illes. Il me fut facile de reproduire la plante dont test ici question. Je prenais de l’eau du bocal où vi- ùt le petit poisson, sur lequel cette moisissure s’était iveloppée la première fois, et j’y plongeais des frag- cns de substance animale, lesquels ne tardaient pas >se couvrir d’une épaisse production de celte plante. 3ci d’abord me prouva que cette production 11e te- uit point du tout à la vie de l’animal sur lequel je avais d’abord observée. Il faut quelques jours pour te cette plante acquière le degré de maturité néces- i ire , pour qu’elle puisse donner lieu à l’émission des obules contenus dans ses capsules. A cette époque, (1) Obseivations et e.v/iériences sur les animalcules , ch;ip. io8 EXPÉRIENCES je pris quelques-uns de ses filamens que j’isolai dans un cristal démontré rempli d’eau très-pure, et exempte d’animalcules. Par une observation assidue , je trou- vai le moment où l’une des capsules opérait l’émission de ses globules. Ce phénomène se passa exactement comme je l’ai décrit plus haut. Je vis les globules ré- pandus dans l’eau environnante, s’agiter en divers sens pendant un instant, puis ils se précipitèrent au fond de l’eau, où ils demeurèrent immobiles. Ainsi, il me fut prouvé que ces globules n’étaient point des animalcules; leur mouvement , en apparence spon- tané dans l’eau, un instant après leur sortie de la capsule, n’était évidemment que le résultat du mou- vement imprimé à ce fluide par le fait même de cette émission : ce mouvement de l’eau étant apaisé, les globules cessaient aussi de se mouvoir. Je ne doute donc point que ces globules ne soient les graines de la plante; aussi ne pouvais - je reproduire cette der- nière qu’avec l’eau dans laquelle elle avait végété. Ayant mis les deux moitiés d’un grain de blé, l’une dans cette eau, et l’autre dans de l’eau très -pure, il n’y eut que la première qui se couvrit, sur la surface de sa section, de la moisissure dont il est ici question; la seconde moitié n’offrit aucune végétation. Les glo- bules contenus dans les capsules de la moisissure n’é- tant point des animalcules, on ne peut attribuer leur sortie de la capsule à leur mouvement spontané : une dernière considération confirme ce résultat. Si c é- taient des animalcules qui sortissent par un mouve- ment spontané de l’intérieur de la capsule, on verrait sur l’état turgide. 109 U vider la première la partie de cette cavité la plus oisine de l’ouverture qui leur donne issue. Or, c’est ui contraire la partie opposée qui manifeste sur le hamp un vide que remplit l’eau. Il n’y a donc point se doute que cet amas de globules ne soit une masse nerte, qu’une force à tergo chasse vers la pointe de t capsule, et delà au-dehors, exactement de la même uanière que l’eau est chassée hors d’une seringue par : piston. L’eau introduite dans la partie inférieure æ la cavité capsulaire, est évidemment l’instrument nécanique de cette force à tergo qui produit l’im- rnlsion de l’amas de globules qui remplit le reste de 'Dite cavité. D’où vient celte eau? quelle est la force ni la pousse dans l’intérieur de la capsule? J’avais ■ensé d’abord qu’elle était poussée dans la capsule aar les organes intérieurs du filament , au sommet mquel cette capsule est située ; mais j’ai dû rejeter site idée, en voyant des capsules détachées de leurs Üamens opérer de même, et par le même mécanisme, démission de leurs globules. 11 me fallut donc alors llacer ce phénomène au nombre de ceux dont la anse est tout à fait inconnue. Cette observation étant nicroscopique, peut, par cela même, être frappée ’une certaine défaveur aux yeux de ceux qui savent e combien d’illusions d’optiques le microscope est n source. Je me contentai donc de noter ce fait, et î n’y pensais plus, lorsqu’un fait du même genre, et ont l’observation n’avait plus besoin de l’emploi du licroscope, vint s’offrir à moi. Ce fut le règne animal ni me la fournit. I 10 EXPÉRIENCES L’accouplement des limaces offre une particularité bien remarquable , et qui n’a point encore été notée. La verge de ces molusques est, avant l’accouplement, revêtue d’une gaîne épidermoïde imperforée, qui ne lui est point adhérente. L’accouplement étant effec- tué, le sperme, qui est pâteux chez ces animaux, sort par l’extrémité de la verge, et s’accumule dans la gaîne imperforée qui lui sert de fourreau, en sorte que la verge se trouve refoulée à mesure que le sperme s’ac- cumule dans cette espèce de sac. Lorsque ce dernier est entièrement rempli, il se brise à la racine de la verge; l’accouplement cesse alors d’avoir lieu, et il reste ainsi dans l’organe femelle de la génération, un petit sac rempli parla pâle spermatique. Si l’on trouble l’accouplement lorsqu’il est sur le point de finir, on détermine sur-le-champ le détachement du sac dont il est ici question, et sa séparation de l’organe mâle. La limace, effrayée, se contracte avec force, et chasse hors de son organe femelle ce petit sac rempli de sperme. Ces animaux, comme on le sait, sont herma- phrodites, et ont besoin d’un accouplement récipro- que; en sorte que, dans une seule observation de ce genre, je pus me procurer deux petits sacs remplis de pâte spermatique. Ces sacs ressemblent à de petites cornues; ils sont fortement courbés sur eux-mêmes, et plus gros à leur extrémité aveugle qu’ils ne le sont à leur entrée. Ils ont ordinairement environ quinze milli- mètres de longueur; leur diamètre est de trois millimè- tres à leur extrémité renflée , et d’un peu plus d’un mil- limètre h leur autre extrémité. Comme j’ai l’habitude SUR l’état turgide. 1 1 1 .d’observer les objets délicats en les couvrant d’eau, je [plongeai un de ces petits sacs dans un vase rempli .de ce fluide, et je l’y laissai sans y toucher. Ayant télé distrait de mon observation , que je repris une idemi-heure après, je fus singulièrement surpris de (trouver ma petite cornue vide de sperme, et rem- plie d’eau dans sa partie la plus grosse ou dans son tfond ; la pâte spermatique avait été chassée par le rcol de la cornue, et s’était répandue dans l’eau, où icelle conservait sa consistance pâteuse. La moitié en- jwiron de la petite cornue était encore remplie de [■■sperme , que je ne tardai pas à voir s’écouler hors de !la cornue. Cet écoulement, ou plutôt cette émission , l’était bien évidemment l’effet d’une impulsion opérée jpar une force à tergo ; la pâle spermatique sortait avec ceffort par le col de la cornue, qu’elle remplissait exac- tement; en sorte que ce n’était bien certainement [point par ce col que s’introduisait l’eau qui rempla- çait le sperme dans le fond de la cornue à mesure • qu’il en sortait. Cette eau, accumulée de plus en plus dans ce fond de cornue, était bien évidemment l’a- rgent mécanique de la pression qui déterminait la pâte spermatique a sortir par l’ouverture du col de la cor- nue ; aussi cette dernière était-elle turgide ; elle était distendue avec excès par l’eau; en un mot, il me fut ifacile de voir ici, à l’œil nu, et sans crainte d’aucune illusion d’optique, la répétition et la confirmation des observations que j’avais faites précédemment au mi- croscope sur la moisissure aquatique. Lorsque la cor- nue fut presque entièrement, remplie d’eau, et qu’il I I 2 expériences il 'y eut plus qu’une dernière portion de sperme à ex- pulser, je fus témoin d’un phénomène qui ne me laissa aucun doute sur la cause de cette expulsion. Cette der- nière portion de sperme sortit de la cornue avec un courant d’eau que l’on distinguait à la répulsion qu’il exerçait sur les corps légers qni flottaient dans le li- quide; ce courant devint de suite très-faible, et cessa au bout d’une minute d’être sensible. La petite cor- nue, ainsi vidée de la pâte spermatique qu’elle con- tenait dans le principe, conserva exactement son dia- mètre primitif. Il ne se manifesta aucune contraction dans ses parois, lesquelles n’éprouvèrent non plus au- cun affaissement. J’avais conservé au sec la seconde des deux petites cornues que je m’étais procurées. Elle était restée remplie par la pâte spermatique. Je me hâtai de la mettre dans l’eau pour jouir encore une fois de l’observation de ce curieux phénomène. Afin d'éviter toute cause d’erreur, au lieu de la placer ho- rizontalement comme la première, j’eus soin de lui donner une position inclinée ; en sorte que l’orifice du col de la petite cornue était tourné en haut, et se trouvait plus élevé que le fond. De cette manière, on ne pouvait attribuer l’émission de la pâte spermatique hors de la cornue à un simple écoulement. Bien que la consistance pâteuse du sperme s’opposât à ce qu’on pût adopter cette idée, j’étais cependant bien aise d’a- voir une preuve de plus contre son adoption. Or, dans cette seconde observation , les choses se passèrent exac- tement comme dans la première, excepté qu’il fallut un peu plus de temps pour que l’expulsion du sperme SUR L ÉTAT TU RG ! DE. . 1 13 fût complète; ce qui arriva au bout d’une heure et demie. Je vis, comme dans la première observa- tion, la pâte spermatique pressée, refoulée vers l’ou- verture du col de la cornue, sortir avec effort par celte ouverture. Peut-être pourrait-on penser que cette sor- tie était le résultat d’un mouvement spontané , exé- cuté par des animalcules, ou plutôt par les globules mouvans, qui ordinairement abondent dans le sperme ides animaux j mais il n’en est rien. J’ai examiné au i microscope ce sperme de la limace, et j’ai vu qu’il con- i tenait une immense quantité de globules inertes et sans aucun mouvement. Ce sperme est tellement consistant, ■ que, malgré son accumulation dans le sac qui le con- t tient, et où toutes les parties de sa masse sont pressées les innés contre les autres, il conserve cependant sa disposi- itiou en un fil continu, disposition qui lui a été donnée Hors de son émission en passantpar l’ouverture étroite de la verge du mâle. D’après ces observations et celles qui ^viennent d’être exposées, il est de la plus grande évi- dence que la sortie de la pâle spermatique hors des i;peliies cornues qui la contiennent, n’est ni le résul- jllal d’un écoulement ni celui d’un mouvement spon- ttané exécuté par des animalcules. C’est, comme je l’ai dit, une véritable expulsion produite par l’accumula- Ittion de l’eau à tergo. Il est donc prouvé que l’eau, laaccumulée de plus en plus dans l’intérieur des petites E l cavités organiques, y devient un agent mécanique d’impulsion, y devient une force a tergo qui pro- i' duit l’expulsion, hors de ces petites cavités, des subs- i lances qu’elles contenaient auparavant. Par où cette 8 Il4 EXPÉRIENCES eau sans cesse afiluenle s’introduit-elle? 11 est évi- dent que ce ne peut être qu’au travers des parois de la cavité dans laquelle elle s’accumule, puisqu’il n’existe dans ces parois aucune ouverture sensible. Ainsi nous voyons dans ces observations de petits organes creux qui sont doués de la faculté singulière d’introduire avec violence, dans leur cavité et au travers de leurs parois, l’eau qui baigne leur surface extérieure, et cela de manière à chasser hors de cette cavité les substances qui y étaient précédemment contenues. La cause de ce phénomène, ou de celte action physico- organique nous échappe ici ; mais nous devons noter une condition qui paraît nécessaire pour sa production. Nous avons vu que l’introduction sans cesse active de l’eau dans les petits sacs spermatiques de la limace, n’a eu lieu que tant qu’il a existé un reste de sperme dans ces petits sacs. Lorsque toute celle substance pâ- teuse a été expulsée, nous avons vu qu’il sortait par l’ouverture de ces sacs un courant d’eau qui s’est promptement affaibli, et qui enfin a cessé de se mon- trer. Ainsi l’introduction forcée de l’eau au travers des parois de la cavité organique a cessé, lorsque celle | cavité, délivrée du corps consistant et dense qu’elle j renfermait , n’a plus contenu que de l’eau pure. La < présence d’un corps plus dense que l’eau dans les pe- tites cavités organiques, est donc une des condi- lions nécessaires pour y déterminer l’exercice de I’ac- i lion physico-organique qui introduit avec violence j l’eau dans leur intérieur. Tels sont les deux faits sur l’observation desquels j sur l’état turgide. j j5 .’etablis l’exislence de la nouvelle aciion physico- organique que je viens d’indiquer; aciion dont Je double effet est de rendre turgides les petits organes tcreux , et de produire l’expulsion des substances que r.es organes contiennent; double effet qui trouve sa kource dans une cause unique, dans l’accumulation continuelle et avec excès de l’eau dans l’intérieur le ces petits organes creux. Celle action physico- irganique , dont l’observation est neuve, a besoin elre désignée par une expression nouvelle. Je dési- inerai donc cette action, en vertu de laquelle les oenis organes creux se remplissent d’un liquide qui ?emble être poussé et accumulé avec violence dans sur cavité, sous le nom d 'endosmose (i). L’exislence te cette action physico- organique ou vitale étant irouvée par l’observation des opérations spontanées e la nature organique, nous allons chercher à lui oonner des preuves confirmatives par le moyen de ^expérience. L’observation de la turgescence acquise par les acs spermatiques de la limace, me fit penser que je ourrais obtenir un résultat analogue avec les intes- ms de petits animaux; intestins dans lesquels j’in- ’oduirais, avant de les plonger dans l’eau, un liquide rganique plus dense que ce fluide ambiant. J’espé- fis, par ce moyen, obtenir une endosmose ou une Production de l’eau dans la cavité intestinale, fer- lée de toutes parts ; les intestins de poulets âgés (J) Mut dérivé de ïvSov, dedans, cl de a)CT/-t0?, impulsion. ïi6 EXPÉRIENCES d’environ trois mois , me parurent propres à ce genre d’expériences. Je pris donc un cæcum de poulet; et après l’avoir bien nettoyé intérieurement par des in- jections d’eau pure , je le remplis à moitié avec du lait, et je fermai son entrée avec une ligature. Je plongeai ensuite ce cæcum dans un vase rempli d’eau de pluie : il pesait, avec le lait qu’il contenait, 196 grains. Vingt-quatre heures après, je le tirai de l’eau; et l’ayant pesé, je trouvai son poids de 269 grains : il avait gagné ^3 grains par l’eau qu’il avait introduite. Je replaçai le cæcum dans de l’eau que j’avais tou- jours soin de renouveler soir et matin ; douze heures après, je trouvai son poidJ%e 3 1 3 grains. Ainsi, dans l’espace de trente-six heures, le cæcum avait intro- duit dans sa cavité 1 17 grains d’eau : il était devenu très-turgide. A partir de cet instant, le poids de cet intestin diminua continuellement : il perdit son état turgide ; et sa vacuité, toujours croissante, occasionna l’alfaissement de ses parois. Trente-six heures après le commencement de celte diminution de poids, le cœcuin ne pesait plus que 2 5g grains : il avait perdu 54 grains de l’eau qu’il avait introduite. Prévoyant, par la continuité de celte déperdition, qu’elle ne fe- rait qu’aller en augmentant, je mis fin à l’expérience; j’ouvris le cæcum, et le trouvai rempli de lait caillé et putride. La température, pendant la durée de l’ex- périence , s’était maintenue de 18 à 21 degrés lh Ayant nettoyé l’intérieur du cæcum par des injec- tions d’eau pure, j’en remplis de nouveau la moitié de la cavité avec du lait frais, et je le plaçai, comme sur l’état turgide. IJ7 U l’ordinaire, dans de l’eau. Vingt-quatre heures après, ee trouvai son poids augmenté de 21 grains. A partir lie cet instant, le poids du cæcum commença à di- minuer progressivement. Je l’ouvris vingt-quatre heu- res après, et trouvai encoi’e dans son intérieur du lait décomposé et putride. Le fait de l’endosmose se re- produit manifestement à nous, dans cette expérience. 'Nous voyons, en effet, un organe creux qui introduit Hans son intérieur, et au travers de ses parois, le fluide nui l’environne, et cela de manière à devenir turgide. Ile phénomène , bien évidemment , ne dépend point lie la capillarité ; c’est une action physico-organique dont la cause ne nous est pas encore connue. La qua- lité du fluide organique contenu dans le cæcum a exercé une influence bien marquée sur celle action vhfsico-organique j car nous l’avons vue cesser lors- que le lait contenu dans cet intestin s’est altéré dans ■sa composition ■ et nous avons vu ensuite celte action ■se renouveler, mais cependant avec bien moins d’in- tensité, lorsque du lait frais a été substitué au lait cor- rompu, pour cesser de nouveau et plus promptement jque la première fois, lorsque le lait s’est altéré. Alors, le cæcum en macération dans l’eau depuis six jours, par une température élevée, avait pris lui-même une odeur putride; il était, par conséquent, altéré dans vsa composition, et par cela même moins propre qu’il ne l’était dans le principe à exercer l’action physico- organique que je nomme endosmose action vitale qu’il exerçait avec énergie dans l’état frais. Celle ex- périence, qui nous prouve la réalité de l’influenco IJo expériences qu exerce sur la production de l’endosmose le fluide contenu dans la cavité organique, nous prouve en même temps que la dégénérescence putride de ce fluide anéantit complètement celte action physico- organique. Alors , le liquide du dehors n’est plus sol- licité à pénétrer dans l’intérieur de l’organe creux; c est , au contraire, le liquide intérieur qui est solli- cité à se porter au dehors. Il faut qu’un Jiquide organique plus dense que 1 eau , et pourvu de ces (qualités ((chimiques particu- lières qui constituent Y état sairij existe dans un or- gane creux , pour provoquer énergiquement chez lui l’exercice de l’endosmose : cela est vrai générale- ment ; mais celle condition', nécessaire pour l’énergie de l’endosmoc-e, ns l’est point pour son existence. Les expériences suivantes m’ont prouvé cette vérité. Je remplis à moitié d’eau de pluie un cæcum de poulet : il pesait, dans cet étal, 64 grains, et je le plongeai dans l’eau. 11 introduisit de l’eau dans son intérieur, et augmenta ainsi de poids pendant trente- six heures. Au bout de ce temps , il se trouva peser 121 grains : il avait introduit 5^ grains. A partir de ce moment, le cæcum diminua continuellement de poids jusqu’au troisième jour, dans le courant duquel je le vidai de l’eau putride qu’il contenait. Après l’avoir nettoyé, j’y introduisis de nouveau de l’eau pure, et je le replaçai dans l’eau : il pesait alors 63 grains. Pendant trente-six heures, le cæcum in- troduisit de nouveauMe l’eau dans son intérieur; mais cette quantité fut très-petite, car elle ne s’éleva qu’à sur l’état turgide. 119 7 grains. Le cæcum commença alors à. diminuer de poids. Je le vidai de nouveau de l’eau putride qu’il se trouva contenir ; et après l’avoir nettoyé, j’y introdui- sis du lait : dans cet état il pesait 66 grains ; je le re- mis dans l’eau. Alors l’endosmose, qui était devenue très-faible, acquit sur le champ une énergie nou- velle. L’introduction de l’eau dans le cæcum s’éleva, au bout de trente -six heures, à 58 grains : à partir de cette époque, le poids du cæcum commença à di- minuer; je l’ouvris, et je trouvai le lait caillé. Le cæcum lui-même, soumis à la macération dans l’eau , depuis sepL jours et demi, par une température de 4- 20 à 24 degrés R., avait éprouvé une altération putride. C’est cette altération qui, lors de la seconde introduction de l’eau, l’avait rendu bien moins pro- pre à exercer l’endosmose qu’il ne l’avait été dans le principe; et cependant, malgré cette altération, en- core augmentée par deux jours de macération, l’in- troduction du lait rendit au cæcum son action endos- mosique, avec plus d’énergie qu’il n’en avait montré dans le principe, lorsqu’il ne contenait que de l’eau pure. Cette expérience prouve que s’il n’est pas né- cessaire, pour l’existence de l’endosmose, que l’or- gane creux qui l’exerce possède, dans son intérieur, un liquide plus dense que le liquide ambiant, au moins est-il certain que cette plus grande densité du liquide intérieur exerce une grande influence sur l’augmentation de l’énergie de l’endosmose. Nous voyons encore ici que les liquides putrides contenus dans les organes creux abolissent complètement l’en- 1 20 EXPÉRIENCES dosmose de ces organes tant qu’ils y sont présens, et que l’ablation de ces liquides putrides suffit pour ren- dre aux organes creux qui ont cessé de les contenir, la portion d’énergie endosmosique qu’ils peuvent en- core posséder , d’après l’état d’intégrité où se trouve leur tissu, car l’état putride de ce tissu est une autre cause de l’abolition de l’endosmose. L’existence de l’endosmose, lorsque l’organe creux ne contient que de l’eau, étant démontrée, il s’agit actuellement de savoir si cette action existe de même quand l’organe creux est complètement vide. Pour éclaircir ce doute, je pris une anse d’intestin de pou- let , bien nettoyée intérieurement , soigneusement évacuée d'eau , et fermée par une ligature à chaque bout : elle pesait 27 grains ; je la plongeai dans l’eau. Au bout de douze heures, je trouvai i3 grains d’eau dans son intérieur. Je ne poussai pas plus loin cette expérience, qui, par son résultat, me donnait par l’affirmative la solution de la question que je m’étais proposée. Ainsi , l’endosmose est une action qui ap- partient au tissu des parois de l’organe creux ; elle n’a point besoin, pour s’exercer, d’être sollicitée par la préexistence d’aucune substance dans la cavité de l’organe, bien que cette préexistence ait, dans cer- tains cas, une influence sur le degré de l’énergie de cette action-physico-organique. Je pensais que l’ordre de superposition des mem- branes intestinales pouvait être une des causes déter- minantes de l’introduction de l’eau ou de l’endos- mose. Pour m’en assurer, je pris deux anses d in- sur l’état turgide. i 21 eslin de poulet, que je retournai, mettant ainsi la itnembrane muqueuse en dehors, et la membrane pc- itonéale en dedans ; dans l’une je mis un peu d’eau , ee laissai l’autre entièrement vide ; et les ayant fer- uae'es toutes les deux à chaque bout, avec une liga- ture, je les plongeai dans l’eau. Toutes les deux in- troduisirent de l’eau dans leur intérieur : l’anse intestinale, qui contenait déjà de l’eau, en introduisit tlus, dans un temps égal, que celle qui était primiti- eement vide. Je pris deux autres anses intestinales, ue je dépouillai de leur membrane muqueuse : j’en retournai une, le péritoine en dedans; l’autre fut re- placée dans son état naturel, c’est-à-dire le péritoine n dehors. Un peu d’eau fut mise préalablement dans haeune de ces deux anses intestinales : toutes les leux introduisirent de l’eau dans leur intérieur, et à •jeu près en égale quantité. Je répétai cette dernière expérience, en ne mettant point préalablement d’eau fans les anses intestinales : il y eut également intro- iuction d’eau. Ainsi, il me fut démontré que l’endos- nose ne dépendait, dans celte circonstance, ni de P’ ordre de superposition des membranes , considérées le dehors en dedans, ni du nombre de ces membra- nes elles- mêmes. Je vis par-là qu’il suffisait que des aarois organiques fussent disposées de manière à for- mer une cavité, pour que le liquide ambiant fut poussé, oar une force inconnue, dans l’intérieur de cette ca- vité qui n’était point capillaire , car les cæcum que 'employais avaient généralement de 10 à 12 milli- mètres de diamètre; les anses intestinales, plus pe- 122 EXPÉRIENCES lites, il est vrai, avaient cependant 5 millimètres de diamètre, et plus*: ce qui ne constitue point des cavi- tés capillaires. Convaincu, par les expériences précédentes, de l’influence exercée par la densité du liquide intérieur sur l’augmentation de l’énergie de l’endosmose, je résolus d’employer un liquide organique plus dense que le lait, que j’avais employé jusqu’alors. L’albu- men, ou blanc d’œuf, me parut propre pour cela; et il me parut avoir sur le lait cet avantage, qu’il était moins promptement altérable. Je résolus aussi d’em- ployer de l’eau fortement chargée de gomme arabi- que, solution encore moins promptement altérable que l’albumen. Mais avant d’employer ces substan- ces, je devais m’assurer de la manière dont elles se comportaient lorsqu’elles étaient en contact immédiat avec l’eau pure. En effet, il était possible que ces liquides denses , quoique possédai] t déjà beaucoup d’eau, eussent une tendance à s’en pénétrer davan- tage, et à se gonfler ainsi par de nouvelle eau intro- duite entre leurs molécules. On sent que si cette ten- dance à se gonfler par l’absorption de l’eau eût existé dans les substances dont il est ici question, celte propriété eût altéré l’exactitude des résultats que je me proposais d’observer. En effet, ces substances étant introduites dans des organes creux clos de toutes parts, et environnés d’eau, ce liquide, par la tendance quil aurait eue à gonfler les substances introduites, aurait opéré la distension de ces organes creux, et j aurais pris pour un effet de l’endosmose 1 introduction de 123 sur l'état turgide. l’eau, qui n’aurait été que le simple effet (l’une at- traction chimique. Pour lever tous les doutes à cet ! égard , je pris un de ces larges tubes gradués et fer- més par un bout , qui servent à l’eudiométrie. Je le remplis à moitié avec de l’albumen, et je notai le de- gré du niveau occupé par cette substance. Alors, in- clinant légèrement le tube, je fis couler de l’eau de- ■ dans, goutte à goutte, et en glissant le long des parois. De celte manière, l’eau superposée ne se mêla aucu- nement avec l’albumen, dont le niveau ne fut point dérangé. Le tube étant rempli d’eau, on distinguait parfaitement la ligne de démarcation qui séparait les deux fluides. Je plaçai le tube dans une position ver- ticale ; et l’ayant examiné vingt -quatre heures, et ensuite quarante -huit heures après, je trouvai que l’albumen avait conservé exactement son niveau pri- mitif. Cela me prouva ou’il n’avait aucune tendance i à absorber l’eau et à se gonfler par celte addition. Je fis la même expérience avec une solution épaisse de gomme arabique, solution que j’avais teinte très-lé- gèrement en rouge avec du carmin, afin de mieux distinguer la ligne de séparation, avec l’eau super- posée. J’eus un résultat exactement semblable. Ainsi, ! il me lut prouvé que la cause d’erreur que je craignais ; n’existait pas, et je fis l’expérience dont je vais don- ner le détail circonstancié. Je pris un cæcum de poulet qui, dans l’étal de dis- 1 tension, avait 12 millimètres de largeur, et qui, courbé en arc, avait 10 centimètres de longueur. Je le remplis à peu près à moitié avec de l’albumen. Dans EXPERIENCES 124 cet état, il pesait 58 grains. Le cæcum fut plongé dans de l’eau de pluie. J’avais expérimenté que celte eau très-pure était plus propre à ce genre d’expérience que ne l’était l’eau très-chargée de carbonate de chaux fournie par les puits et par les fontaines du pays que j’habite. Huit heures et demie après le commence- ment de l’expérience, le cæcum pesait i3o grains. Il avait gagné 72 grains, et était devenu très-turgide. Cet état lurgide se maintint pendant trois jours; et le cæcum, plein à peu près autant qu’il pouvait l’être, ne gagna que 3 grains de pesanteur durant cet espace de temps. Au commencement du quatrième jour, il com- mença à perdre de son poids ; et au commencement du cinquième jour, il avait perdu 22 grains. Je l’é- vacuai d’un liquide putride et floconneux qu’il conte- nait; et après l’avoir lavé par des injections d’eau pure, j’y remis de l’albumen; il pesait, dans ce nou- vel état, 60 grains. Huit heures après, le cæcum pe- sait 92 grains; il avait gagné 32 grains de pesanteur. Douze heures plus tard, je trouvai qu’il avait perdu 5 grains de son poids. Cette perte continua à se ma- nifester pendant deux jours , et la diminution totale du poids fut de 20 grains. Alors j’ouvris de nouveau le cæcum, que je trouvai rempli d’un fluide putride. Je le lavai, et j’y introduisis une solution aqueuse, assez chargée de gomme arabique. Dans ce nouvel état, le cæcum pesait 48 grains. Cinq heures après son immersion dans l’eau, le cæcum pesait 124 grains; il avait gagné 76 grains, et était devenu très-turgide. il se maintint dans cet état, sans aucune variation de sur l’état turgide. 125 j poids, pendant deux jours entiers. Le troisième jour, ? il commença à diminuer un peu de poids; il perdit .‘.seulement 4 grains. Le quatrième jour, il perdit 48 grains. Je l’ouvris alors, et je trouvai le fluide 1 qu’il contenait devenu très-putride. Le cæcum lui- même se putréfiait, et je cessai de l’employer. La tem- pérature, pendant la durée de ces expériences, s’était soutenue entre 18 et 21 degrés R. Ces résultats me I fournirent la confirmation de ceux que j’avais obte- nus précédemment. Il me fut pleinement démontré ique l’introduction de l’eau dans la cavité organique ■ dépendait entièrement de la nature du fluide, plus dense que l’eau que contenait cette cavité. Tant que ce fluide conservait son intégrité de composition , l’endosmose avait lieu; mais du moment qu’il était devenu putride, l’endosmose cessait, et l’eau, au lieu d’entrer dans la cavité comme auparavant, en sortait, et même assez rapidement. J’avais d’abord attribué cette sortie de l’eau à ce que l’endosmose ayant cessé, les parois du cæcum comprimaient par leur pesanteur le fluide contenu dans sa cavité, et le forçaient ainsi à filtrer au travers de ces mêmes parois. Cependant, la rapidité de cette sortie de l’eau me donna lieu de soupçonner que cette sortie était le résultat d’une ac- tion particulière opposée dans sa direction à l’endos- mose, et due à la même cause. L’expérience suivante me prouva que ce soupçon était fondé. Je remplis aux trois quarts un cæcum de poulet avec de l’eau •qui tenait en solution '/So de son poids de gomme arabique; et après l’avoir fermé par une ligature, je 126 EXPÉRIENCES le plongeai dans l’eau pure. Il pesait 61 grains. Au bout d’une heure d’immersion, je trouvai son poids augmenté de 6 grains. Alors je le relirai de l’eau pure, et je le plongeai dans de l’eau qui tenait en so- lution l/lo de son poids de gomme arabique. L’ayant pesé de nouveau au bout d’une heure d’immersion , je trouvai qu'il avait perdu 3o grains de son poids. Celte perte augmenta si rapidement, qu’au bout de deux heux-esle cæcum était presque entièrement vide. Celte expérience, que je répétai plusieurs fois, et tou- jours avec le même résultat, me prouva que, dans cette circonstance, l’eau est poussée au travers des pa- rois de la membrane organique, de manière à ce que son courant est toujours dirigé vers le plus dense des deux fluides qui baignent les deux parois opposés de cette membrane. Ainsi, lorsque c’est le plus dense des deux fluides qui est dans la cavité, l’eau y est in- troduite par l’action que j’ai nommée endosmose ; lorsqu’au contraire c’est le plus dense des deux fluides qui est hors de la cavité, le fluide le moins dense, qui est au dedans, est poussé au dehors par une ac- tion inverse que je nommerai exosmose (i). C’était par un effet de cette action expulsive que le liquide intérieur, lorsqu’il était devenu putride, était chassé hors des cavités organiques, dans les expériences qui ont été rapportées plus haut. Cependant ce fluide pu- tride n’avait pas cessé d’être plus dense que l’eau en- vironnante; il aurait dû, par conséquent, en celle (1) Mot dérivé de ëÇ, dehors, cl de orruoç, impulsion. 9 IJ R L’ÉTAT TURGIDE. I27 {qualité de fluide plus dense, conlinuer à déterminer d’endosmose ; si, au contraire, il a déterminé l’exos- imose , cela prouve qu’il y a d’autres conditions que la différence de densité, qui sont propres à déterminer le double phénomène de l’endosmose et de l’exosmose. Ces conditions nouvelles me parurent devoir se trou- ver dans la nature chimique des fluides. Pour m’en ussurer, je fis de nombreuses expériences en introdui- sant dans des cœsum de poulet de l’eau faiblement chargée d’un acide ou d’un alkali; je fermais ces or- ganes avec une ligature, et je les plongeais dans l’eau pure. J’ai vu constamment dans ces expériences les ulkalis produire l’endosmose, et les acides produire Vexosmose. J’avais soin, comme je viens de le dire, de n’employer ces agens chimiques qu’à des doses as- »ez faibles, afin d’éviter les altérations qu’ils n’auraient pas manqué d’apporter dans la texture des membranes organiques. Il y avait une cause d’erreur à éviter dans ces expériences. L’adjonction d’un acide ou d’un ulkali à l’eau en change la densité, et il serait possi- ble que les effets d’endosmose ou d’exosmose qui se manifestent alors, fussent les résultats de cette modi- fication de la densité du liquide introduit dans les cavités organiques. Cette objection peut être fondée, oar exemple, lorsqu’on voit une cavité organique con- tenant de l’eau chargée d’un peu de potasse causti- que, produire l’ endosmose j et devenir turgidc par l’introduction de l’eau pure qui est au dehors. Alors le fluide intérieur est plus dense que le fluide exté- rieur, et celle différence de densité sullit pour déter- EXPÉRIENCES I 28 miner l’endosmose. Pûen ne prouve ici d’une manière certaine que celte endosmose soit due à la qualité al- kaline du fluide intérieur. Cette objection disparaît complètement en employant l’ammoniaque, alkali moins dense que l’eau, et qui, par conséquent, doit diminuer la densité de ce fluide lorsqu’on l’y ajoute. Voici l’une des expériences que j’ai faites avec cet al- kali : J’ai mis dans un cæcum de poulet de l’eau de pluie mêlée avec une très-petite quantité d’ammonia- que. Il pesait 5 2 grains. Je le fermai par une ligature, et je le plongeai dans l’eau pure. Après une heure d’immersion, je pesai le cæcum, et je trouvai son poids augmenté de 20 grains ; il s’était considérable- ment gonflé. Ici le liquide intérieur était moins dense que le liquide extérieur, et cependant il y avait eu endosmose. Cela prouve bien évidemment que c’est à la qualité alkaline du fluide intérieur que cet elfet doit être exclusivement attribué. Ce premier point étant déterminé, je fis l’expérience en sens inverse. Je mis de l’eau dans un cæcum de poulet, et après l’avoir fermé par une ligature, je le plongeai dans de l’eau qui était mêlée avec une certaine quantité d’am- moniaque. Le cæcum, qui, au commencement de l’ex- périence, pesait 49 grains, perdit 6 grains en une heure ; vingt-quatre heures après , il avait perdu 20 grains. Ainsi, dans cette circonstance, la qualité alkaline du fluide extérieur avait déterminé l’exos- mose; et cependant, sa qualité de fluide moins dense que le fluide intérieur, aurait dù déterminer l’endos- mose, ce qui prouve que ce n’était pas ici la différence sur l’état turçide. 139 de densité des deux fluides qui était Ja cause du moü- wement de transport de l’un d’eux; mais que cette tcause se trouvait dans la différence de leur conslitu- ition chimique. En un mot, celle expérience prouve que, lorsqu’un fluide alkalin est séparé de l’eau pure ypar une membrane organique, il s’établit un courant cqui porte l’eau au travers de la membrane vers le tfluide alkalin; en sorte que, si ce fluide alkalin est dans l’intérieur d’une cavité organique environnée cd’eau, il y a endosmose; si, au contraire, cette ca- wité organique remplie d’èau se trouve environnée ' d’un fluide alkalin , il y a exosmose. Ces déductions de l’expérience sont applicables à l’effet des acides, cdont l’action est exactement inverse. Ces résultats nous font déjà pressentir que l’impul- 'sion qu’éprouvent les liquides dans ces expériences, • dépend d’un courant électrique déterminé par le voi- sinage de deux fluides de densité ou de nature chi- rmique différentes, fluides que sépare imparfaitement unie membrane perméable. Cette membrane ne joue évidemment aucun rôle propre dans cette circons- ttance; elle ne fait fonction que de moyen de sépara- tion entre les deux fluides auxquels elle est cepen- dant perméable : les liquides la travei’sent, soit dans Kun sens, soit dans l’autre, au gré de l’action récipro- que des deux fluides qui baignent ses parois opposées. Cependant nous avons vu, dans quelques-unes des expériences précédentes, que la cavité organique étant 'vide et environnée d’eau, elle introduit cependant ce ! fluide dans son intérieur. Ceci tient à une cause qui EXPERIENCES i3o trouvera son exposition plus bas, et n’infirme point les assertions (pie je viens d’émettre. Lorsque les conditions de l’endosmose existent, les organes creux, qui en sont le siège, prennent un état turgide extrêmement prononcé : ils sont remplis avec excès; et si l’introduction du liquide extérieur paraît cesser lors de l’existence de cet état de réplétion, cela ne paraît provenir que de l’obstacle qu’oppose à cette introduction nouvelle le fluide déjà introduit, et qui se trouve dans un état de pression dans l’intérieur de la cavité qui le contient, cavité dont les parois disten- dues réagissent sur ce fluide par l’elfet de leur élasti- cité. Ces réflexions me conduisirent à penser que je pourrais faire monter l’eau dans un tube, en fixant autour de son extrémité inférieure l’ouverture d’un organe creux qui serait dans les conditions de l’en- dosmose. Je pris donc un tube de verre ouvert par ses deux extrémités : son diamètre intérieur était de deux millimètres, et sa longueur de trente-deux centimè- tres. Au moyen d’une ligature, je fixai autour de son extrémité inférieure l’ouverture d’un cæcum de pou- let, que je remplis avec une solution d’une partie de gomme arabique dans cinq parties d’eau. Je plongeai ce cæcum dans de l’eau de pluie, et je maintins le tube élevé verticalement au-dessus. Bientôt le cæcum devint turgide , et le liquide qu’il contenait ne tarda pas à monter dans l’intérieur du tube. Cette ascension s’opéra avec une vitesse de sept centimètres par heure; et quatre heures et demie après, le liquide, parvenu au sommet du tube, déborda par son ouverture, et sur l’état turgide. i 3 i s'écoula au dehors. Cet écoulement, après avoir duré pendant un jour et demi, s’arrêta; et bientôt après, le liquide commença à baisser dans le tube. Vingl- i quatre heures plus tard , l’abaissement du liquide était j parvenu à plus de la moitié du tube ; alors j’ouvris lie cæcum, et je le trouvai rempli d’un fluide putride. La température, pendant cette expérience, s’était i maintenue entre 17 degrés et demi et 19 degrés R. .Je recommençai cette curieuse expérience, en em- ployant un tube de cinq millimètres de diamètre in- ttérieur et de six décimètres de longueur : le cæcum, isième jour que l’abaissement du liquide dans le tube Recommença à se manifester, et s’augmenta progressi- Iwement. Le quatrième jour, j’ouvris le cæcum, et je trouvai le liquide qu’il contenait devenu putride. Il était important de savoir si des organes creux, autres que des cæcum de poulet, étaient susceptibles d’offrir Îce même phénomène d’impulsion; je recommençai donc ces expériences avec des vessies natatoires de EXPÉRIENCES l32 carpe, ci j’obtins les mêmes résultats : je vis qu’il n’était pas nécessaire, pour les produire, d’employer des solutions aussi chargées de gomme arabique que celles dont j’avais fait usage. Un cinquantième de gomme arabique dans l’eau m’a suffi, dans beaucoup d’expériences, pour obtenir l’ascension de l’eau dans les tubes ; mais je dois faire observer qu’alors l’ascen- sion était moins rapide , et s’élevait moins haut que lorsque j’employais une solution plus dense. 11 n’était pas moins important de savoir si des organes creux végétaux présenteraient le même phénomène : pour en faire l’expérience, je me servis des gousses vésicu- laires du colutea arborescens. J’ouvrais le bout de l’une de ces gousses ; et remplissant sa cavité avec de l’eau chargée de gomme, je fixais par une ligature l’ou- verture de la gousse autour de l’orifice d’un tube de verre. L’endosmose ne tardait pas à se manifester dans ces gousses plongées dans l’eau ; elles devenaient tur- gides, et bientôt le liquide montait dans le tube. J’ai obtenu cet effet, même avec des gousses desséchées et devenues presque transparentes après la maturité des fruits. Avant de les soumettre à l’expérience, j’a- vais soin de les rendre souples par une immersion suf- fisamment prolongée dans l’eau. Ainsi , l’état turgide par l’effet de l’endosmose, et l’impulsion des fluides par l’effet de cette même endosmose, sont des phéno- mènes qui appartiennent également au règne animal et au règne végétal. Ces expériences nous prouvent ainsi que l’endosmose, en rendant turgide ou en rem- plissant avec excès les organes creux, devient par sur l’état turgiur. i 33 ,cela même une cause d’impulsion pour les lluides que .contiennent ces organes, lorsqu’un chemin leur est oouvert pour en sortir. Ceci nous dévoile l’existence dd’une cause tout à fait ignorée d’impulsion pour les fluides des végétaux et des animaux. Il est temps , avant d’aller plus loin , de rechercher quelle est la ccause qui fait passer l’eau au travers des membranes organiques, et qui, suivant les circonstances, produit cou l’endosmose ou l'exosmose. Nous avons vu, par les expériences précédentes, que 'lorsque deux liquides d’inégale densité sont séparés [par une membrane organique, il s’établit au travers 'Idc cette membrane un courant qui porte le liquide le moins dense vers le liquide le plus dense. Ce ré- sultat de la différence de densité de deux liquides tlrès-rapprochés, et presque en contact, doit d’abord faire penser qu’il est dù à une action électrique. Le rapprochement ou le contact des corps de densité différente est, comme on sait, une cause de produc- tion d’électricité • et l’on sait aussi que le fluide élec- trique accélère l’écoulement et la vaporisation des liquides, ce qui prouve que ce fluide a prise sur les molécules des liquides pour leur communiquer de l’impulsion. Ce fait a été prouvé pour l’électricité or- dinaire, par les expériences de Nollet. L’électricité -galvanique possède d’une manière encore plus mar- quée cette propriété de donner de l’impulsion aux i molécules des liquides : ce fait est prouvé par une expérience très- curieuse de M. Porret, insérée aux A anales de physique et de chimie. Ce physi- EXPÉRIENCES I 34 cicn ayant séparé un vase en deux cornpartimens par un diaphragme de vessie, remplit d’eau l’un de ces cornpartimens, et n’en mit que quelques gouttes dans l’autre. Ayant alors placé le pôle positif de la pile dans le compartiment rempli d’eau, et le pôle négatif dans celui qui était à peu près vide , l’eau fut poussée au travers des parois de la vessie dans le compartiment vide, et elle s’y éleva à un niveau supérieur à celui au- quel elle fut réduite dans le compartiment primitive- ment plein. Ce fait me parut tout à fait analogue à ceux dont l’observation vient d’être apportée. En effet , nous voyons dans l’expérience de M. Porret, l’eau poussée au travers d’une membrane organique par un courant dirigé du pôle positif ( zinCj ou le moins dense ) vers le pôle négatif (cuivre j ou le plus dense). On, dans les expériences précédentes, nous avons vu de même le liquide le moins dense être poussé au travers d’une membrane organique vers le liquide le plus dense. Cette similitude exacte dans les effets et dans les con- ditions de leur existence, ne permet pas de douter qu’ils ne soient dus à une même cause, c’est-à-dire à un courant électrique. Nous allons voir celte asser- tion acquérir un complément de preuves, en produi- sant avec la seule électricité tous les phénomènes d’endosmose et d’exosmose qui ont été rapportés pré- cédemment. Il ne s’agit pour cela que de varier un peu l’expérience de M. Porret, en faisant communi- quer le pôle négatif de la pile avec 1 intérieur d un organe creux fermé de toutes parts, vide, et plongé dans de l’eau, en communication avec le pôle positif. sur l’état turgide*. i35 iDe cetle manière, il devait y avoir une introduction rrapide de l’eau dans l’organe creux, où elle serait ;poussée par le courant électrique dirigé du pôle positif >vers le pôle négatif. Je pris donc un cæcum de poulet que je fixai par une ligature à l’ouverture d’un tube de verre. Un bouchon de liège qui fermait exactement d’ouverture de ce tube, empêchait la communication de la cavité du cæcum avec la cavité du tube. Ce Ibouchon était traversé par un fil de cuivre, lequel s’é- ttendait un peu dans la cavité du cæcum, et traver- sant de l’autre côté toute la longueur du tube, était destiné à établir la communication de l’intérieur du ccœcum avec le pôle négatif de la pile. Le tube de verre dans lequel ce fil était renfermé avait pour of- ifice de l’isoler de l’eau dans lequel le cæcum fut [plongé, eau qui était en communication avec le pôle [positif de la pile. Le cæcum formait ainsi un organe -■creux sans issue, et c’était au travers de ses parois qu’était établie la communication entre les deux pôles de la pile. Cette pile à auges était composée de 4o cou- ples de 3 pouces et demi (9 centimètres % ) en carré; l’eau de la pile était acidulée avec de l’acide sulfuri- que: en 20 minutes, le cæcum, qui était entièrement vide au commencement de l’expérience, se trouva rem- pli de manière à être extrêmement turgide ; les trois «ju arts de sa capacité étaient occupés par de l’eau in- troduite au travers de ses parois; l’autre quart était occupé par du gaz hydrogène dégagé par le pôle né- gatif, et provenant de la décomposition de l’eau. Je répétai la même expérience , en faisant correspondre EXPEIUENCKS 1 36 le pôle positif avec l’intérieur du cæcum ; il n’y eut pas une seule goutte d’eau d’introduile. J’étais ainsi parvenu à produire une endosmose artificielle , au moyen de la seule électricité ; mais l’état turgide du cæcum ne dépendait pas seulement de l’eau intro- duite dans sa cavité , elle dépendait aussi en partie du gaz hydrogène développé. Pour obvier à cet incon- vénient, j’ajoutai à mon appareil un tube de verre capillaire qui pénétrait dans l’intérieur du cæcum, de la même manière que celui qui servait de conducteur au fil conjonctif. Ce tube, ouvert par ses deux bouts, s’élevait verticalement à i5 centimètres au-dessus du niveau de l’eau. De cette manière, le cæcum ne for- mait plus une cavité sans issue , comme dans l’expé- rience précédente ; mais cette cavité communiquait avec l’air extérieur par le moyen du tube capillaire, qui était disposé de manière à évacuer le gaz hydro- gène à mesure qu’il serait produit. Le cæcum mis en expérience vide et dans l’état de flaccidité, ne tarda pas à se remplir d’eau introduite au travers de ses parois, et à devenir turgide. Bientôt après, je vis l’eau monter dans le tube , et parvenir rapidement à son ouverture supérieure : il ne me fallut qu’une demi- heure pour obtenir ce résultat. L’eau s’écoula au-de- hors par l’ouverture supérieure ~du tube, et cet écou- lement ne cessa que lorsque l’action de la pile se fut affaiblie. Nous voyons dans ces expériences l’endos- mose et l’état turgide, et, par suite, l’ascension de l’eau dans le tube être le résultat de la seule action du courant électrique dirigé au travers de la raem- SUR l’état TURGIDE. 1 37 liane organique du pôle posilif ( zinc 3 ou le moins ense ) au pôle négatif ( cuivre 3 ou le plus dense). Von ne peut manquer d’èlre frappé de la similitude ce ces résultats avec ceux obtenus dans les expé- riences, où l’endosmose déterminée par la densité du tuide intérieur plus grande que la densité du fluide xxtérieur a produit d’abord l’état turgide de l’organe ireux, et, par suite, l’ascension du liquide que con- tenait cet organe dans le tube dont la cavité commu- niquait avec la sienne. Il est évident que, dans ces keux ordres d’expériences, c’est également à un cou- aant électrique dirigé d’un pôle positif } ou le moins llense3 à un pôl enégatifj ou le plus dense 3 qu’est bue l’impulsion qui fait passer l’eau au travers de la membrane organique , et qui l’accumule du côté du >ôle négatif. Un autre rapprochement confirme en- core ce résultat. On sait qu’en soumettant à l’action le la pile de l’eau chargée d’un sel à base alkaline , :oe sel est décomposé, l’alkali se dépose au pôle négatif t't l’acide au pôle positif. Or, c’est vers le pôle négatif que s’établit la direction du courant de l’eau, d’où résulte l’endosmose. Ainsi , si l’on fait cette expé- rience avec de l’eau chargée de sel , le courant de ’eau se trouvera dirigé vers le pôle où se dépose l’al- Aali. Or, nous avons noté précédemment un fait exac- tement semblable ; l’endosmose résulte de la seule présence d’un alkali dans une cavité organique envi- ronnée d’eau, la présence d’un acide dans celte cavité produit l’exosmose. Pïous voyons ici, comme dans l’action de la pile, le courant d’eau se diriger vers 1 38 EXPERIENCES le côté de Talkali , et fuir le côté de l’acide. Tout concourt donc à prouver que, dans l’un comme dans l’autre cas, l’impulsion de l’eau est due à un courant électrique dirigé du pôle positif (acide, ou le moins dense) vers le pôle négatif (alkali , ou le plus dense). C’est de là que résulte, d’une part, l’état turgide de l’organe creux, lorsque c’est dans sa cavité que se fait cette accumulation de l’eau ; et d’une autre part, l’as- cension de l’eau dans le tube qui communique avec la cavité de cet organe dans lequel l’eau est sans cesse introduite au travers de ses parois. Après avoir produit, avec la seule électricité, tous les effets de l'endosmose, on ne pouvait point douter qu’on ne produisit de même l’effet d’exosmose. Je ne négligeai point cependant de m’en assurer par l’expé- rience. Ayant rempli d’eau un cæcum de poulet, je le préparai comme dans les dernières expériences, et je fis correspondre le fil qui pénétrait dans son inté- rieur avec le pôle positif de la pile, l’eau dans la- quelle baignait le cæcum correspondant avec le pôle négatif. Le courant électrique, dirigé du pôle positif au pôle négatif, chassa l’eau de l'intérieur du cæcum au travers de ses parois ; et en moins d’une demi- heure le cæcum se trouva presqu’entièrement vide. Je répétai ces diverses expériences en employant, au lieu de cæcum de poulet, des gousses de coluten arborescens ; j’obtins les mêmes résultats ; et il me fut prouvé, de celte manière, que toutes les mem- branes organiques animales ou végétales sont suscep- tibles de présenter le phénomène d'un courant d’eau sur l’état tujigide. j39 tirigé au travers de leurs parois, courant dirigé du ôté positif vers le côté négatif, lorsque les deux côtés ee ces membranes sont électrisés d’une manière dif- érente. Il n’y a pas de doute, dans ces dernières ex- eériences, que le courant de l’eau ne soit déterminé aar le courant électrique. Telle est parconséquent mssi la cause qui détermine le courant de l’eau au •avers des membranes organiques, lorsque leurs pa- :ois opposées sont en contact avec des liquides de eensités différentes. Ainsi, l’endosmose et l’exosmose Æpendent entièrement de l’électricité. Les organes rceux qui présentent l’un ou l’autre de ces phénomè- ees sont, en quelque sorte, des bouteilles de Lejde parois perméables ; leur intérieur est occupé par me électricité opposée à celle qui existe à leur exté- iteur; et comme le courant du liquide est toujours iirigé vers le côté négatif, :1 en résulte qtte ces bou- silles de Leyde offriront l’endosmose quand leur ntérieur sera négatif, leur extérieur étant positif ; et iu’au contraire elles offriront l’exosmose lorsque leur ntérieur sera positif, leur extérieur étant négatif. >!es considérations nous mettent h même d’expli- iuer pourquoi les organes creux , quoique ne conte- jant aucun fluide, exercent cependant l’endosmose, uiblement, il est vrai, mais cependant d’une manière nnsible. Ceci, au premier coup-d’œil, semble être rai contradiction avec l’assertion à laquelle nous a onduit l’expérience, que le courant électrique qui roduit l’endosmose provient de la supériorité de la ensité du fluide intérieur sur la densité du fluide EXPÉRIENCES 1 40 extérieur. Or, ici il n’y a point du tout de fluide in- térieur, et cependant l’organe creux exerce l’endos- mose. D’où provient donc ici le courant électrique qui fait entrer l’eau dans la cavité? Pour résoudre celte question , il faut se reporter à la composition des tissus organiques. J’ai démontré, dans un autre ouvrage (i), que le tissu végétal est essentiellement composé de vésicules agglomérées ; il en est de même du tissu animal ; nous reviendrons plus bas sur cette vérité essentielle à établir. Chacune de ces vésicules est ordinairement, dans l’état naturel, remplie par une substance organique plus dense que l'eau ; elle exerce par conséquent l’endosmose, par rapport à ce liquide, lorsqu’il baigne ses parois extérieures. Cha- cune de ces vésicules est donc une petite bouteille de Leydej électrisée négativement en, dedans et po- sitivement en dehors. Il résulte de là qu’un organe vésiculaire, comme un cæcum de poulet, fermé par une ligature, peut être considéré comme un organe creux dont les parois sont formées par l’aggloméra- tion d’une multitude de petites bouteilles de Leyde, toutes négatives à l’intérieur , et positives à l’exté- rieur. Or, d’après les lois connues de l’électricité, l’organe creux doit être lui -même une grande bou- teille de Lejdej du même genre que les petites qui entrent dans sa composition. L’électricité positive qui occupe l’extérieur de chacune de ces petites bou- (i) Recherches sur In structure intime des animaux et des vé- gétaux , et sur leur motilité. SUR l’état TURGIDE. 1 4 1 tailles de Le y de doit se porter toute entière vers l’ex- lêricur de l’organe creux , par l’effet de la répulsion que l’électricité négative exerce sur l’électricité po- iitive; par conséquent, l’intérieur de l’organe creux ■ccra à l’état négatif. Ainsi, si l’on pouvait construire une sphère creuse en agglomérant, pour faire ses pa- rois, des petites bouteilles de Lejde en verre, les- quelles seraient toutes positives à l’extérieur, la sphère îtreuse serait elle -même une bouteille de Lejde du même genre. Ceci nous explique pourquoi un cæcum le poulet ne contenant aucun liquide , et fermé par une ligature, se trouve cependant, lorsqu’il est plongé il ans l’eau , dans un état électrique positif en dehors H négatif en dedans : d’où résulte l’introduction de O l’eau, ou l’endosmose. Si les vésicules ou les petites ^ bouteilles de Lejde composantes, au lieu d’être né- gatives, étaient positives en dedans, elles exerceraient ü’exosmose au lieu d’exercer l’endosmose, et l’organe csreux en ferait autant. C’est aussi ce que l’expérience jprouve. J’ai démontré que lorsque les organes creux rcontiennent un fluide putride, ils exercent l’exos- rmose, quoique ce fluide putride soit cependant plus dense que l’eau environnante. Dans cette circons- tance, c’est la constitution chimique du fluide qui l’emporte, comme condition de production d’électri- (cité. Or, j’ai observé que lorsqu’un cæcum de pou- let commence à se putréfier, et qu’on le plonge dans l’eau étant vide, il n’introduit point d’eau dans son i intérieur, il n’exerce plus l’endosmose ; bien plus, 'lorsqu'on le remplit d’eau pure, et qu’on le plonge EXPÉRIENCES ï42 dans l’eau, il lerid h se vider, il exerce l’exosmOse. Ceci provient évidemment de ce que chacune des vé- sicules, ou bouteilles de Lejde composantes, a in- terverti son état primitif par la putréfaction des flui- des qu’elles coniiennnent. Lorsque ces fluides étaient dans l’éiat sain, leur densité, plus grande que celle de l’eau, déterminait l’état négatif de l’intérieur des vésicules, et par conséquent l’état négatif de l’inté- rieur de l’organe creux , et par suite l’endosmose. Lorsque ces mêmes fluides sont devenus putrides, ce nouvel état a déterminé l’état positif de l’intérieur des vésicules, et par conséquent l’état positif de l’in- térieur de l’organe creux, et par suite l’exosmose. Les considérations précédentes doivent faire pen- ser que les tissus organiques sont plus spécialement propres que les corps poreux inorganiques pour l’éta- blissement du courant électrique, qui communique une impulsion à l’eau; c’est aussi ce dont je me suis assuré par les expériences suivantes. Je pris un large tube de verre dont je fermai l’une des extrémités, en y fixant solidement, par une ligature, un morceau de vessie de cochon. Je plongeai ce tube dans l’eau par son extrémité fermée, en sorte que son extrémité ouverte s’élevait un peu au-dessus de la surface de ce liquide, qui, par son poids, tendait ainsi à pénétrer dans l’in- térieur du tube, en filtrant au travers de la meni- brane animale qui fermait son extrémité inférieure, et qui était pressée par une hauteur de 8 centimè- tres d’eau. Cet appareil fut laissé en expérience pen- dant douze heures. Au bout de ce ipmps , je trouvai sur l’état turcide. 1 43 iji p grains d’eau, que la filtraiion avait introduit dans e tube. Alors, sans déranger la position de l'appa- reil, j’introduisis dans le tube, et jusqu’au contact de a membrane obturatrice, le fil conjonctif communi- quant au pôle négatif de la pile, tandis que le fil con- onclif du pôle positif communiquait avec l’eau du uase, et à peu de distance de la face extérieure de la imembrane. Le courant électrique ne tarda pas à dé- terminer l’introduction dans le tube d’une grande quantité d’eau, qui filtra au travers de la membrane. IJe répétai cette expérience en employant, au lieu de imembrane de vessie, un morceau de peau de gant Hes plus minces. J’obtins à peu près le même résul- uat. Une immersion de douze heures n’introduisit que lïi grains d’eau dans le tube; l’application du courant 'voltaïque y fît entrer l’eau avec rapidité. Il s’agissait actuellement de savoir si les corps poreux inorgani- ques se comporteraient de la même manière sous l’in- I fluence du courant électrique. Je lutai solidement une plaque de grès tendre de 4 millimètres d’épaisseur à l’une des extrémités d’un tube de verre de 2 centimètres de diamètre, et je plongeai cet appareil dans un vase plein d’eau, en maintenant l’ouverture libre du tube au-dessus de la •surface de ce liquide. Au bout de huit heures, je trouvai 8 grains d’eau qui étaient entrés par filtra- tion dans le tube, ce qui indique qu’il en entrait i grain par heure, sous une pression de 8 centi- mètres d’eau. Je mis 24 grains d’eau dans le tube, j’y introduisis le fil conjonctif correspmdant au pôle EXPÉRIENCES 144 négatif de la pile, tandis que le fil conjonctif corres- pondant au pôle positif trempait dans l’eau du vase, à peu de distance de la plaque de grès. Le courant électrique fut entretenu, avec beaucoup d’énergie, pendant une heure. Au bout de ce temps , je pesai l’eau contenue dans le tube, et je n’en trouvai que 22 grains. Il aurait dû s’en trouver 25 grains, en sup- posant l’impulsion électrique nulle , et en ne tenant compte que de l’introduction en vertu de la porosité. Par conséquent, une partie de l’eau introduite avait disparu, ce que j’attribue à sa décomposition, par l’action électrique qui dégage de l’hydrogène au- pôle négatif. Il me parut résulter de là que l’impulsion électrique était ici de nul effet. Je recommençai cette expérience, après m’être assuré de nouveau que la pla- que de grès n’introduisait par filtration qu’un grain d’eau dans une heure. Cette fois, je retrouvai dans le tube les 24 grains d’eau que j’y avais mis : résultat à peu près semblable au précédent, et qui, comme lui , me laissait dans le doute sur l’effet impulsif de l’électricité, tout en me prouvant que cet effet, s’il existait, devait être extrêmement faible : c’est ce qui me fut prouvé par l’expérience suivante. Je lutai à un tube de 35 millimètres de diamètre, une plaque de ce tuf très-poreux dont on se sert pour pierre à bâtir; elle avait 1 centimètre d’épaisseur. Cet appa- reil fut plongé dans le même vase, et avec la même quantité d’eau que pour l’expérience précédente. Au bout d’une heure, je trouvai 5i grains d’eau qui avaient été introduits dans ce tube par filtration. Je SUR l’état turgide. 145 imis le tube vide dans l’eau du vase, en faisant cor- rrespondre le fil conjonctif du pôle négatif avec la fïace intérieure de la plaque de tuf ; l’eau du vase (correspondait avec le pôle positif. Au bout d’une Ibeure, je trouvai 5/\ grains d’eau dans le tube. Ainsi, ll’irapulsion électrique s’était manifestée ici par l’in- itroduction de 3 grains d’eau de plus que ce que pou- wait faire la seide porosité. Je m’assurai de nouveau lie la quantité d’eau que mon appareil pouvait intro- duire dans l’espace d’une heure sans le secours de l’électricité. Je trouvai cette quantité un peu aug- mentée : l’eau introduite s’élevait à 53 grains. Alors te recommençai l'expérience avec le courant électri- que, et j’eus pour résultat l’introduction dans le tube lie 60 grains d’eau. Je m’assurai immédiatement après de la quantité d’eau que mon appareil introduisait, dans l’espace d’une heure, sans le secours de l’éjcc- iricité, et je trouvai cette quantité de 55 grains. Je ne sais à quoi attribuer cette légère augmentation orogressive de l’eau introduite par simple filtration; toujours résulte-t-il de ces expériences, que j’ai répé- tées plusieurs fois, et que j’ai variées, pour dire cer- tain de leurs résultats, que le courant électrique, Idirigé du pôle positif au pôle négatif de la pile, ne produit qu’une impulsion très-faible sur l’eau pour la déterminer h passer au travers des corps poreux inor- ganiques; et que cet effet est même tout à fait insen- sible lorsque la porosité de ces corps est assez peu considérable pour 11e permettre l’introduction que ide quelques grains d’eau par heure. Aussi , lorsque 10 EXPERIENCES 146 je laissais ces tubes se remplir jusqu’au niveau de l’eau du vase dans lequel ils plongeaient, et qu’alors je leur appliquais le courant électrique, comme dans les expériences précédentes, jamais il n’y avait de haussement du niveau de l’eau dans le tube; j’ai seulement vu qu’avec le secours du courant électri- que , l’eau qui pénétrait par filtration dans le tube arrivait un peu plus promptement au niveau de l’eau du vase qu’elle ne le faisait par le seul effet de la pe- santeur de l’eau. Ainsi, l’électricité voltaïque agit ici comme l’électricité ordinaire, en accélérant l’écoule- ment de l’eau; mais il y a loin de cette impulsion, qui est très-faible, à l’impulsion énergique que pro- duit sur l’eau le courant électrique lorsqu’il la fait passer au travers des membranes organiques, dont la porosité seule, et sans le secours de l’électricité , laisse cependant assez difficilement passer l’eau. On ne peut donc se refuser à reconnaître que les mem- branes organiques, par certaines conditions qui leur appartiennent, sont, sinon exclusivement, au moins très-spécialement propres à transmettre l’eau par fil- tration, sous l’impulsion du courant électrique dirigé du pôle positif au pôle négatif. Ces conditions phy- siques, propres aux membranes organiques, ne sont point altérées par la dessication, car j’ai expérimenté que des cæcum de poulet, ou des vessies natatoires de carpe, qui avaient subi un dessèchement complet et très-prolongé, étaient aussi propres que dans l’état frais pour toutes les expériences qui viennent d’être rapportées; il suffisait de leur rendre leur souplesse sur l’état turgide. *47 jpar une immersion suffisamment prolongée dans l’eau. Revenons actuellement à nos premières expériences >sur l’endosmose et sur l’exosmose déterminées par la (différence de nature des deux liquides intérieur et (extérieur. Nous avons déterminé les effets de la différence de (densité de ces deux liquides , et nous avons vu que le (courant se dirige toujours vers le liquide le plus idense, à moins qu’il ne soit putride, ou qu’il ne pos- • ?sède certaines qualités chimiques qui intervertiraient la direction de ce courant, que les faits observés jus- qu’ici nous ont porté à considérer comme unique. Or, tde nouveaux faits vont nous apprendre que ce cou- irant n’est point unique, comme nous l’avons établi d’après les apparences, mais qu’il y a effectivement (deux courans opposés dans leur direction, et inégaux dans leur intensité : c’est ce dont je n’ai pas tardé à im’apercevoir en étudiant les effets d’endosmose pro- duits par diverses substances chimiques. Pour étudier avec facilité les effets d’endosmose ou i d’exosmose que produisent les diverses substances, j’emploie un moyen très-commode, dont l’idée m’a ■ été suggérée par l’une de mes précédentes expérien- ces. Je fixe une vessie natatoire de carpe, ou un cæ- cum de poulet, à l’extrémité d’un tube de verre de trois millimètres de diamètre intérieur; un rebord de cire à cacheter, mis à ce tube, sert à fixer la ligature qui attache la vessie. Au moyen d’une petite seringue de verre, j’injecte dans la vessie, par l’autre extrémité du tube, les liquides dont je veux étudier l’action. EXPERIENCES l4 8 Lorsque la vessie est pleine, et que le liquide est même un peu élevé dans le tube, je plonge la vessie dans un vase rempli d’eau pure; le tube, suspendu verticalement au-dessus, correspond à une planchette graduée, destinée à indiquer l’élévation ou l’abaisse- ment du liquide dans le tube. Il est évident que, s’il y a endosmose dans la vessie , le liquide doit monter dans le tube ; et que si , au contraire, il y a exosmose, le liquide descendra. Il y a une cause d’erreur à évi- ter dans ce genre d’expérience ; il est possible que la membrane de la vessie se resserre ou se dilate sous l’influence des agens chimiques. On conçoit que, dans ce cas, l’élévation ou rabaissement du liquide dans le tube ne dépendraient point de l’endosmose ou de l’exos- mose. J’obviais à cette cause d’erreur, en pesant le tube garni de sa vessie et rempli du fluide en expérience, tant avant le commencement de cette expérience qu’a- près sa terminaison. Je voyais par-là, d’une manière certaine, si les variations de hauteur du fluide dans le tube étaient le résultat d’un changement apporté dans la quantité du liquide que contenait la vessie. Avec cet appareil, qu’on pourrait appeler un endosmomè- trej j’ai répété la plupart des expériences qui ont été exposées plus haut, et j’ai obtenu des résultats sem- blables. J’ai essayé, dans le même sens, l’action de plusieurs sels en solution dans l’eau ; et c’est alors qu’un phénomène dont je soupçonnais déjà l’exis- tence, s’est plus complètement développé à mes re- gards. Si l’on met dans la vessie de l’endosmomètre une solution saline concentrée, une solution d’hydro- sur l’état turgide. i4o fchlorate de soude, par exemple, on observe 'une as- cension assez rapide du liquide dans le tube : celle solution est, par conséquent, un agent producteur 11’endosmose. En même temps , l’eau du vase dans tequel trempe la vessie se charge de plus en plus de :ce même hydrochlorate de soude ; ce qui prouve que a vessie perd par filtration une partie du liquide salé qu’elle contient. Cependant, le courant étahli du de- nors au dedans de la vessie y introduit sans cesse par filtration l’eau qui baigne les parois extérieures ; et il semblerait que cette vessie, qui acquiert sans cesse, me devrait rien perdre. L’observation prouve qu’il en eest autrement. Quelques instans après que l’expé- rience est commencée, on peut, au moyen du nitrate ld’argent, constater la présence de l’hydrochlorate de >soude dans l’eau qui environne la vessie ; et quelque temps après, la quantité de ce sel y est assez considé- rable pour se manifester au goût. J’ai obtenu un ré- ssultat semblable avec tous les sels que j’ai employés à et l’eau pure étant extérieure } il s’établit un fort courant du dehors au dedans, et un courant plus faible du de- dans au dehors, d’où résulte l’augmentation progres- sive de la quantité du liquide intérieur ■ L’existence sur l'état tuagide. tôt Ide ces deux courans, prouvée ici d’une manière di- recte, est, au reste, un résultat nécessaire de l'action électrique à laquelle ces courans sont dus. On sait, en effet, que l’électricité produite par contact de deux 'substances hétérogènes, donne toujours naissance à ildeux courans électriques dirigés dans des sens dia- métralement opposés. Tel est l’effet produit par la ;pile voltaïque. Dans les expériences précédentes, deux ! liquides hétérogènes en contact produisent de même aine électricité qui manifeste ses effets par deux cou- irans dirigés dans des sens diamétralement opposés. IQn fait très-important qui résulte de ces expériences, est la différence qui existe constamment dans la force ities deux courans électriques opposés. Je livre ce fait laux méditations des physiciens : il ne peut manquer Üe jeter quelque lumière sur la véritable théorie de ll’éleclricité. INous avons vu plus haut qu’au moyen de l’élec- t triché voltaïque seule, on pouvait produire l’endos- imose ou l’exosmose, selon qu’on faisait correspondre lie pôle négatif de la pile avec l’intérieur ou avec l’ex- jtiérieur de la vessie, le pôle positif occupant alors la (position opposée. Or, l’existence connue des deux ecourans électriques de la pile nous indique qu’il existe dans cette expérience, comme dans celles qui vien- nent d’être rapportées, deux courans d’eau opposés Hans leur direction , et que l’endosmose et l'exosmose existent alors simultanément, mais avec une intensité différente. Ainsi, l’accumulation de l’eau dans la ves- sie n’est que le résultat de l’excès de la force du cou- EXPERIENCES l5st rant d’introduction sur la force du courant d’expul- sion. il serait curieux, il serait important d’étudier les effets d’endosmose qui seraient produits en mettant les differens agens chimiques en rapport les uns avec les autres, ou même en les étudiant isolément, sous ce point de vue, dans leur rapport avec l’eau pure. 11 serait également utile d’étudier ainsi les divers pro- duits solubles que fournissent les végétaux et les ani- maux. Cette tâche est fort étendue, et je n’ai pu l’en- treprendre. Je me suis borné à étudier l’action de quelques substances, et je me suis attaché spéciale- ment h celles qui sont pour l’homme d’un usage fré- quent. Ainsi j’ai vu que tous les liquides qui peuvent nous servir d’aliment, comme le lait, le blanc d’œul, le jaune d’œuf, la solution de gélatine, l’eau gommée, l’eau sucrée, produisent l’endosmose. L’eau chargée de divers principes extractifs des végétaux, même d’opium, produit de même l’endosmose. L’alkool à 36 'degrés, introduit dans la vessie de l’end osmomè- tre, produit une ascension rapide dans le tube. Cette substance est, par conséquent, un puissant agent pro- ducteur d’endosmose. Or, par son infériorité de den- sité sur l’eau qui environne la vessie, il devrait pro- duire l’exosmose, ou la diminution de la quantité dn liquide intérieur, ici les qualités chimiques de ce li- quide intérieur sont tellement puissantes pour pro- duire l’endosmose, qu’elles l’emportent sur la cause d’exosmose qui résulte de l’infériorité de densité. C e- pendant, lorsqu’on met dai s la vessie de l’endosino- sur l’état turguve. i53 anètre de l’alkool tort étendu d’eau, ou obtient un ef- fet inverse. Ainsi, ayant introduit dans la vessie un mélange de six parties d’eau (en volume) et d’une partie d’alkool à 36 degrés, le liquide s’abaissa len- tement dans le tube, et la vessie, plusieurs heures après, avait perdu une portion notable du fluide, qui avait cessé de la remplir entièrement. 11 y avait tci production d’exosmose. Ainsi, l’alkool concentré oroduit un elfet diamétralement opposé à celui que produit l’alkool étendu d’eau. Il est facile de se [rendre raison de ce phénomène. C’est en vertu de •■oon action chimique, et malgré son infériorité de densité sur l’eau environnante, que l’alkool pur pro- duit l’endosmose. Le mélange de l’alkool avec une orte proportion d’eau affaiblit tellement son action Chimique, qu’elle cesse d’être supérieure comme cause d’endosmose à la cause d’exosmose, qui résulte de ce que le liquide intérieur (alkool mêlé d’eau) est in- lêrieur en densité à l’eau pure, qui est le liquide ex- ; teneur. La cause d’exosmose est ici la plus forte , et die évacue en partie la vessie. Un fait analogue, mais inverse dans ses résultats, se présente lorsqu’on met Hans la vessie de l’endosmomètre un mélange d’eau tt d’acide sulfurique. Ici l’excès de la densité du duide intérieur sur la densité de l’eau environnante, devrait déterminer l’endosmose , et par conséquent .'ascension du liquide dans le tube; mais au contraire e liquide s’abaisse graduellement, cl la vessie s’éva- lue en partie; et cela, parce que les acides sont en '.énéral des agens producteurs d’exosmose. Ici nous 1 54 EXPERIENCES voyons encore que l'action exercée par le liquide in- térieur, en vertu de ses qualités chimiques, l’emporte sur l’action opposée qu’il tend à exercer en vertu de sa densité. Ces expériences prouvent combien il est important de distinguer les effets qui résultent de la densité des effets qui résultent de l’action chimique. Pour bien apprécier cette dernière, il sera nécessaire de n’employer comparativement que des solutions également denses. C’est ainsi que j’ai trouvé que l’eau fortement chargée de sulfate de soude, et l’eau égale- ment chargée d’hydrochlorate de soude, produisent l’ascension du liquide dans le tube de l’appareil dé- crit plus haut, avec des vitesses qui sont entre elles comme 44 est à 3; ce qui indique que la sulfate de soude a, pour produire l’endosmose, une énergie bien plus considérable que celle que possède l’hydrochlo- rate de soude, propriété qu’il doit à ses qualités chi- miques. 11 était important de savoir quel est le genre d’in- fluence qu’exerce la température sur les phénomènes combinés de l’endosmose et de l’exosmose. J’ai fait dans ce but plusieurs expériences, qui toutes m’ont donné des résultats semblables. Voici l’une de ces expériences. J’ai mis dans la vessie de l’endosmomètre une solution d’une partie de gomme arabique dans dix parties d’eau, et après avoir pesé cet appareil, j’ai plongé la vessie dans un vase qui contenait de l’eau à la température de -J- \ degrés R. Pendant une heure et demie que je laissai l’endosmomètre en expé- rience, la température fie l’eau ne varia point, et j eus N sur l’état turgidé. i 55 "jour résultat une élévation de 33 millimètres du li- quide intérieur dans le tube, et une augmentation de xmls de i 3 grains dans l’appareil. Alors je plongeai a vessie de l’endosmomètre dans un autre vase rem- pli d’eau, dont la température fut soigneusement en- tretenue à -+- a5 ou 26 degrés R. Il est à remarquer que les 1 3 grains d’eau introduits dans la vessie avaient diminué un peu la densité du liquide gommeux inté- rieur, par conséquent l’endosmose devait être plus faible , en tant qu’on ne la considérait que comme un nffet de celte seule densité. Or, un effet opposé se ma- nifesta. Le liquide intérieur monta dans le tube de q8 millimètres en une heure et demie, et le poids de l’appareil se trouva augmenté de 23 grains. La quan- tité dont le liquide intérieur s’cst élevé dans le tube, ù ces deux expériences, n’est point l’indice exact de lia quantité comparative du liquide introduit, parce que la dilatation du liquide intérieur par la chaleur est ici une cause accessoire de l’élévation de ce liquide dans le tube. C’est donc seulemen l le poids de l’appareil avant et après l’expérience, qui indique d’une manière cer- taine la quantité de l’eau introduite dans la vessie par d’endosmose. Or, nous avons vu que, par une tem- fpéralure de -f- /(. degrés R., cette introduction a été ^seulement de i3 grains dans une heure et demie, (tandis que dans le même temps, et par une tempé- rature de 2 5 degrés, celte introduction a été de 23 grains. Ainsi, il est démontré que l’élévation de la tem- pérature augmente l’intensité de l’endosmose. Ce fait i56 EXPERIENCES est en harmonie avec les résiliais des expériences par ' lequelles M. Becquerel a prouvé que l’élévation de la température des deux métaux dont le contact produit l’électricité, augmente l’intensité du courant électri- que. Cela prouve de plus en plus que l’endosmosé est due à l’électricité développée par le contact des deux liquides de densité différente. Je citerai un dernier fait à l’appui de ceux qui viennent de nous démontrer que l’endosmose est due à une impulsion électrique. Lorsqu’un cæcum de poulet, presqu’entièrement rempli d’albumen d’œuf, est plongé dans l’eau , il introduit ce liquide dans son intérieur, et devient turgide. Si l’on ouvre le cæcum après quelques heures d’expérience, on trouve sa surface intérieure tapissée par une fausse mem- brane formée d’albumen coagulé. Or, on sait que la coagulation de l’albumine est un des effets que pro- duisent les courans de l’électricité voltaïque. Les expériences précédentes nous ont appris que les liquides différons de densité ou de constitution chimique , lorsqu’ils ne sont séparés que par une membrane fine et perméable , donnent lieu à la pro- duction de courans électriques. Il serait fort impor- tant de déterminer en quoi consistent les conditions chimiques qui remplacent la densité du liquide pour le rendre apte à prendre, dans cette circonstance, l’électricité négative. Nous avons vu que l 'alkalinitè est une de ces conditions chimiques. La combustibi- lité paraît en être une autre. C’est pour cela que l’al- kool se comporte comme un liquide très-dense. C’est SUR l’état turgide. IOr >out-ctrc aussi parce qu'il eoniient un radical très- ombuslibie , le soufre, que le sullàte de soude pro- mit une endosmose plus énergique que l’hydrochlorate te soude à égale densité. Il est ici un rapprochement lurieux à faire. On sait que le pouvoir réfringent des jubstances diaphanes est en raison de leur densité et te leur combustibilité, ce qui indique que ces deux nudités des corps produisent, dans certains cas, des tlfets semblables. Je me borne à exposer ce rappro- chement, qui indique l’existence d’un mystère fort mportant à dévoiler. Désirant savoir si les substances poreuses inorga- niques sont propres à la production des phénomènes 'endosmose, j’ai fait les expériences suivantes. À ouverture évasée de deux peiits entonnoirs de verre, aai luté avec soin h l’un une plaque de tuf calcaire pendre, et propre à filtrer l’eau ; à l’autre, une plaque ee grès tendre; la plaque de tuf avait 8 millimètres, ni plaque de grès seulement 4 millimètres d’épaisseur. | insuite, par le petit canal des entonnoirs, j’ai intro- Muit dans leur cavité une forte solution de gomme . rabique. Ces appareils ont de suite été plongés dans leeau de pluie et dans une situation renversée, en porte que les ouvertures des entonnoirs, munies de heur plaque poreuse, étaient tournées en bas, tan- ins que les tubes opposés s’élevaient au-dessus de leeau. Ce liquide s’est introduit par filtration dans t cavité des entonnoirs, jusqu’à ce qu’il ait acquis ans les tubes la hauteur du niveau de l’eau exté- eure, hauteur qui a été dépassée, par l’clfel de l’attrac- 1 58 EXPÉRIENCES SUR l’ÉTAT ÏURGIDE. tion capillaire (les tubes, de i millimètres seulement; le liquide ne s’est point élevé plus haut. Ainsi, dans cette circonstance , il n’y a point eu d’impulsion du liquide, il n’y a point eu d’endosmose. Je ne sais si je dois attribuer l’absence de cet effet à ce que les subs- tances inorganiques seraient incapables de le pro- duire. Je suis plus porté à penser que cette absence d’impulsion électrique provient, dans ce cas, de l’é- paisseur des plaques qui séparaient les deux liquides de densité différente. J’ai observé, en effet, que l’on obtient une endosmose beaucoup plus énergique avec des organes membraneux, lorsqu’ils sont très-minces, que lorsque leurs parois ont une certaine épaisseur. 11 me paraît donc que l’intensité de l’électricité produite en pareil cas , est en raison du rapprochement des deux liquides. Ceci expliquerait pourquoi il ne s’est point manifesté d’impulsion du liquide extérieur, lorsqu’il était séparé du liquide intérieur, par une plaque poreuse de 4 ou de S millimètres d’épaisseur. STATIQUE VÉGÉTALE. l5(j fcVXX V\ l V\ V\\ «« W \.*A VM.V W.\\\(lVVUiM VU VI ulsion. Il doit résulter de la réunion de leurs ac- .ions particulières, un effet général d’adlluxion opéré principalement du côté ou la sève arrive déjà par jpîlus forte impulsion, c’est-à-dire du côté d’en bas, et J. un effet général d’impulsion opéré principalement du côté où la sève est déjà aspirée par plus forte ad- lluxion, c’est-à-dire du côté d’en haut. Ainsi, les 'nœuds sont véritablement des organes moteurs pla- cés de distance en distance pour favoriser la pro- gression de la sève, qui, sans ce secours, ne pourrait [probablement arriver jusqu’au sommet des plantes, ordinairement grêles et fort allongées, dans lesquelles cette organisation existe. Quoiqu’il soit certain que les fluides des végétaux •soient, en général, soumis à deux mouveinens géné- raux opposés, l’un ascendant et l’autre descendant, | cependant il n’y a point ici de véritable circulation. Ainsi que nous l’avons déjà dit plus haut, la sève lymphatique ascendante et la sève élaborée descen- dante sont véritablement soumises à une diffusion générale, qui intervertit souvent la direction la plus .générale de leur marche. Celte diffusion générale dé- pend de l’endosmose particulière de chacun des or- Cganes creux qui composent le tissu végétal, et qui, en vertu de celte endosmose, exercent f les uns sur I72 STATIQUE VÉGÉTALE. les autres, une succion dont les effets se font sentir de proche en proche. Aussi avons-nous vu plus haut que la sève lymphatique , généralement ascendante, est cependant quelquefois descendante , et que la sève ' élaborée, généralement descendante, devient ascen- dante dans quelques circonstances. Toule partie en développement reçoit necessairementTces deux sortes de sève, et c’est son endosmose qui les attire* Quel- que forte que soit l’impulsion de la sève, elle ne fait point pénétrer ce liquide dans une partie morte. C’est parce que les corolles meurent 3 c’est-à-dire cessent de posséder l’endosmose, qu’elles se flétrissent après la floraison ; l’embryon , dans un fruit fécondé , est , en raison de son endosmose, un but d’adfluxion de la sève. Si l’embryon meurt, le fruit se flétrit et tombe, parce que la sève n’y est plus attirée. Le dé- veloppement j ce phénomène propre aux seuls êtres vivons, est encore un résultat de l’endosmose, ainsi que la nutrition, eau-., immédiate de ce développe- ment. Le mécanisme de cette fonction est facile à dé- duire des faits que l’observation vient de nous ap- prendre. Chaque vésicule possédant dans son intérieur un fluide plus dense que ne l’est la sève que contien- nent des organes voisins, attire ce fluide nourricier en vertu de l’endosmose, et tend à l’introduire dans sa cavité déjà remplie. Mais ce courant introducteur n’existe pas seul, comme nous l’avons vu plus haut. L’électricité, cause de ce phénomène, donne lieu à deux courans opposés dans leur direction , et inégaux en intensité. Ainsi, outre le courant d’introduction, STATIQUE VÉGÉTALE. ^3 1 1 y a un courant d’expulsion, qui est pl us faillie, de orte que chaque vésicule opère à la fois l’endosmose •tt l’exosmose ; mais comme la première est la plus oorte , la vésicule est toujours remplie avec excès j tt conserve son état lurgide. Cette introduction vio- lente du liquide extérieur dans la cavité de la vési- mlc, doit nécessairement avoir pour effet de lui faire tubir une dilatation ; de 1 b résulte l’augmentation le grosseur des parties organiques toutes composées lie vésicules agglomérées : c’est une des causes du lléveloppement. Un antre effet de celte introduction tiiolente du liquide extériei. dans la cavité des vési- tules, est l’expulsion des substances précédemment introduites : ce second effet seconde la faible exos- nose qu’exerce chaque vésicule, et favorise ainsi le feenouvellemenl continuel du liquide qu’elle contient, i’cst en cela que consiste le mouvement continuel le composition et de décomposition qui constitue la nutrition. Les vésicules voisines échangent sans cesse nt que des rudimens de cellules développées dans I antérieur des parois des grandes cellules. Toute jnartie nouvelle est toujours le résultat d’une produc- tion médiane ; c’est-à-dire qu’elle est produite envi- nnnée de toutes parts de parties organiques. Jamais elle production n’est véritablement extérieure > uoiqu’elle paraisse l’être souvent. J’ai démontré cette Srité dans un précédent ouvrage (i), où j’ai émis uelques idées sur la nutrition des végétaux (2); j’ai ?ancé quVZ n y a point chez eux ce remplacement its molécules anciennes par des molécules nou- illes j tel c/u’on suppose quil existe chez les ani- aux. Celte assertion ne peut être vraie que par fpport aux vésicules, ou plus généralement par rap- i 'art aux organes creux, qui sont les parties conte- (1) Recherches sur l'accroissement et la reproduction des végé- ,x- — Mémoires du Muséum, t. 7 et 8. (a) Idem, t. 8 , p. a88 et suivantes. 176 statique végétale. riantes; ccs parties, effectivement une fois formées, restent invariablement en place ; mais il n’en est pas de même des fluides, ou plus généralement des pi ties contenues ; celles-ci sont assujetties à des trans- ports continuels d’un organe creux dans un autre; et c’est dans cette partie seulement du phénomène de la nutrition qu’il s’opère un remplacement des subs- tances anciennes par des substances nouvelles, chez les végétaux. Chaque cellule ou vésicule qui entre dans la compo- sition du tissu végétal absorbe et exhale continuelle- ment. Ces deux actions sont, comme nous venons de le voir, le résultat nécessaire des deux courans électri- ques qui déterminent le transport des liquides du dehors au-dedans et du dedans au-dehors. Ainsi, l’ab- sorption et l’exhalation dépendent de l’endosmose et del’exosmose : la capillarité est tout à fait étrangère à ces deux actions, du moins dans l’état naturel de la vie. En effet, l’attraction capillaire est une cause bor- née dans ses effets. Il y a dans tous les corps un point de saturation pour l’introduction des liquides par l’effet de la capillarité. Un minéral poreux plongé dans l’eau, se sature de ce liquide, ou s’en imbibe jusqu’à la plénitude de ses cavités capillaires; ce terme étant atteint, il n’y a plus d’indroduclion. Or, il n’en est pas de même chez les végétaux vivans. Une plante aquatique prend de l’accroissement, quoiqu’entière- ment plongée dans l’eau, ce qui prouve que, malgré son immersion prolongée, et par conséquent, maigre la saturation de son action capillaire, elle absorbe les STATIQUE VÉGÉTALE. 177 substances du dehors. L’absorption est donc tout à Isfïait indépendante de ia capillarité, c’est l’endosmose iseule qui l’opère. Ce qui est évident ici, par rapport à tune plante entièrement plongée dans l’eau, ne l’est {pas moins par rapport à un végétal dont les racines sont dans un sol humide, et dont la tige est dans l’air. Toutes les parties de ce végétal sont turgides, effet que : ine peut produire la seule capillarité, ainsi que nous inous en sommes assurés plus haut par l’expérience. [Les organes creux végétaux , par cela même qu’ils sont turgides, sont donc au-delà du terme de la satu- iration de leur attraction capillaire. Ce n’est donc point recette attraction qui produit l’absorption qui 11e cesse {point de s’opérer, malgré la quantité de liquide déjà ^introduite avec excès j ou en plus grande quantité rque ne le pourrait, faire cette attraction capillaire. I! Icesl évident que c’est à la seule endosmose qu’est due | U’absorption , et que la capillarité 11’y contribue en rrien, tant que les organes végétaux sont dans l’état Éjtturgide, qui est pour eux l’état de vie. Mais il n’en teest pas de même lorsque, par un dessèchement acci- dentel, ils ont pei’du cet état turgide jusqu’à un point unférieur à celui de la saturation de leur attraction capillaire. Alors cette attraction doit agir pour opérer l’introduction de l’eau, et cela jusqu’à la plénitude des cavités capillaires, mais sans les distendre avec excès j sans les rendre turgides; car il n’appartient }qu’à l’endosmose de produire cet effet. Ainsi, l’intro- duction de l’eau par l’effet de l’attraction capillaire , n’est chez les végétaux, qu’un phénomène acciden- I78 STATIQUE VÉGÉTALE. tel qui ne mérite pas, à proprement parler, le nom à' absorption : ce n’est point un phénomène vital. 11 n’en est pas de même de l’introduction de l’eau par l’effet de l’endosmose; c’est, ià le phénomène véri- tablement vital auquel le nom à' absorption doit être exclusivement appliqué. Les vésicules du tissu végétal étant toujours dans l’état turgide , et introduisant néanmoins sans cesse de nouveaux fluides dans leur intérieur, Y exhalation qu’elles opèrent doit être en partie l’effet indirect au subséquent de l’endosmose ; car cette exhalation est aussi l’effet de l’exosmose qui leur est propre. Dans le courant de cet ouvrage, j’ai constamment désigné par le simple nom d ' évaporation } la perte de liquides que font les végétaux par l’effet de l’action dissolvante de l’air atmosphérique. Mais plusieurs faits prouvent que cette perte de liquides ne se fait pas entièrement comme se ferait, par exemple, celle qu’éprouve une étoffe mouillée qui se sèche : ici, c’est l’action dissol- vante de l’air, qui seule agit sur l’étoffe pour lui en- lever l’eau qui l’imbibe. Il n’en est pas tout h fait de même pour le végétal vivant; il exhale et livre ainsi à l’action dissolvante de l’air, ses liquides surabon- dans. H y a chez le végétal une véritable transpira- tion; aussi, la perte qu’il fait par l’évaporation n’esl- elle point soumise aux seules lois qui président a l’évaporation des liquides, comme cela a lieu pour les corps inorganiques imbibés d’eau. La présence de la lumière augmente considérablement l’exhalation des plantes, exhalation qui n’est plus la même dans 1 obs- STATIQUE VÉGÉTALE. 1^9 curilé , quoique l’état thermométrique et hygromé- trique de l’air n’ait point varié. Cela provient évi- demment de ce que la lumière exerce une influence d’un genre inconnu sur l’énergie de l’endosmose et de l’exosmose végétales. Aussi , arrive-t-il quelquefois que le liquide qui est chassé au-dehors soulève l’épi- derme en forme de petites vésicules, lorsqu’il ne peut sortir assez librement : c’est ce que l’on voit dans le mesembrjanthemum crjstallinumj dont les petites vésicules ou boursouflures de l’épiderme ne sont ja- mais plus remplies que lorsque la plante est exposée au soleil , parce que la lumière et la chaleur aug- mentent alors l’action vitale. L’exhalation des végé- taux a lieu de même, lorsqu’ils sont entièrement plon- gés dans l’eau. J’ai pu me convaincre de cette vérité par l’observation de la spongille fluviatile, que j’af- firme être un véritable végétal doué d’une composi- tion chimique analogue à celle des animaux. Les in- nombrables cellules qui entrent dans la composition de cet être singulier, sont tapissées par une membrane mince et diaphane ; leur intérieur contient une subs- tance caséiforme ; cette même membrane diaphane revêt toute la surface de la spongille. Souvent il se forme des boursouflures remplies d’eau sur celte mem- brane superficielle , et ordinairement ces boursou- flures finissent par se percer à leur sommet ; alors il s’établit par l’ouverture un courant d’eau continu du dedans au-dehors, et qui entraîne de temps en temps avec lui de petites portions de la substance caséiforme intérieure dont j’ai parlé tout à l’heure. Ce courant l8o STATIQUE VÉGÉTALE. d’eau très-uniforme* el qui n’éprouve aucune inler- ruplion , me paraît être le résultat clc l’afflux vers l'ouverture de tout le fluide intérieur qui tend à être chassé par exhalation ; trouvant une issue libre par la perforation accidentelle de la membrane extérieure qu’il avait d’abord soulevée, le liquide, chassé vers le dehors, el destiné à filtrer péniblement au travers delà membrane enveloppante, se précipite vers cette ouverture, qui lui livre un passade facile. Ce n’est point par des orifices vasculaires, particu- lièrement destinés à cet usage, que se font l’absorp- tion et l’exhalation chez les végétaux. Ce transport des liquides du dehors au -dedans et du dedans au- dehors s’opère par filtration au travers des parois des membranes organiques. Nous n’avons aucune idée de la disposition des pores qui transmettent les liquides dans cette circonstance, et l’on se tromperait beau- coup si l’on croyait pouvoir les apercevoir au micros- cope. La ténuité des molécules de l’eau est immense, et hors de tonte proportion avec des pores que le mi- croscope nous ferait apercevoir. C’est par des voies capillaires, dont la forme est inconnue, que les li- quides sont transmis; mais, comme cela a été prouvé plus haut, ce n’est point en vertu de la capillarité ou en vertu de Y attraction capillaire que se fait cette transmission, qui s’opère entièrement sous l’influence des courans électriques. Ainsi , c’est spécialement à l’agent, électrique qtfé sont dus les mouvemens divers de la sève ; les autres causes qui peuvent avoir de l’influence sur ces mouvemens sont purement acci- STATIQUE VÉGÉTALE. l8l dentelles ou accessoires. Telles sont la Capillarité , qui agit dans toutes les circonstances que j’ai indiquées I j plus haut, la pesanteur qui influe probablement un ipeu sur la sève descendante, et enfin l’influence de il agitation par le rvent. M. Knight a expérimenté iqu’en rendant tout à fait immobile une partie de ila tige d’un jeune arbre, au moyen d’un étai solide, j (celte partie immobile prenait moins d’accroissement en grosseur que la partie libre de celte même lige qui pouvait être agitée par le vent. M. Knight a con- clu de cette expérience, que l’agitation des végétaux jpar le vent est une des causes de la progression de la jsseve. Effectivement, on conçoit que les mouvemens de iiexion des parties du végétal doivent occasionner vdes compressions locales, lesquelles ne peuvent man- uquer d’accélérer la progression des liquides contenus dans ces parties. On sait combien les mouvemens de liocomotion des animaux ont d’influence sur la ra- jfpidité de la progression de leurs liquides intérieurs; es végétaux, qui ont peu de mouvemens spontanés , trouvent un supplément à ce qui leur manque à cet •3gard, dansj’agitation de leurs parties mobiles par le »/eni. C’est, en quelque sorte, leur manière de pren- dre de l’ exercice. En certain degré d’élévation dans la température "St nécessaire pour que la progression de la sève •it lieu : c’est pour cela que la végétation s’arrête rendant l’hiver et recommence au printemps. Or, 'îous trouvons une explication complète de ce phé- nomène dans les expériences rapportées plus haut. STATIQUE VEGETALE. 182 et qui nous ont prouvé que l’intensité de l’endos- mose est augmentée par l’élévation de la tempéra- ture et diminuée par l’abaissement de cette même température. Comme c’est à l’endosmose qu’est due l’introduction et la progression de la sève, on conçoit comment le froid , en suspendant ou en diminuant considérablement cette action vitale , suspend le cours des fluides , et par conséquent la végétation. Au reste, il existe de grandes différences entre certains végétaux, sous le point de vue de la température qui convient à chacun d’eux ; les uns ne se plaisent que dans les zones glacées , les autres ne peuvent vivre que dans les climats brûlans. Toutes ces différences, on n’en peut douter, tiennent à certaines qualités physiques qui les rendent propres à produire des courans électriques sous une température détermi- née, et dont le de^ré est différent selon la différence de ces mêmes qualités physiques, dont la détermina- tion ne doit pas être très-difficile. L’existence démontrée de courans électriques dans les vésicules remplies d’une substance plus dense que l’eau qui les environne, nous donne une explication très -satisfaisante des mouvemens spontanés qu'exécu- tent quelquefois ces vésicules que, jusqu a ce jour, les observateurs n’ont point hésité à prendre pour des animaux. Ces vésicules, opérant a la fois 1 introduc- tion de l’eau environnante et l’expulsion du liquide qu’elles contiennent, doivent, par l’effet de celte der- nière action, agir sur l’eau dans laquelle elles nagent, comme une fusée agit sur l’air, c’est-à-dire qu cllc> 1 83 STAT I Ql! F. VÉGÉTALE. (doivent sc mouvoir dans une direction opposée à celle ■ du courant d’eau qui sort de leur cavité. Cet.eflét ne idoit avoir lieu que lorsque le courant du liquide ex- pulsé est assez énergique pour opérer par réaction le (déplacement de la vésicule : dans le cas contraire, (celte dernière doit rester immobile. Ceci nous donne lia solution d’un problème de physiologie qui , dans ices derniers temps, a beaucoup occupé les naturalis- ites : je veux parler des célèbres zoocarpées de AI. Bol- ide Saint-Vincent. J’ai eu occasion de les observer, ces zoocarpées; j’ai vu leurs mouvemens spontanés tou- jours de peu de durée; j’ai vu même, dans certaines circonstances, les globules de la matière 'verte de Priestley se mouvoir spontanément , mais s’arrêter 1 bientôt; je n’ai vu, dans tout cela, que des vésicules i qui sont mues par des courans électriques : ce ne sont ' certainement point des animaux qui se meuvent vo- lontairement. J’en dirai autant de tous ces prétendus animalcules infusoires qui sont simplement globu- leux ou ellipsoïdes, et chez lesquels on n’aperçoit aucune de ces parties qui constituent incontestable- ment l’animal. Tels sont, par exemple, ces prétendus animalcules qui constituent, par leur agglomération, ces pellicules qui se forment à la surface de l’eau dans laquelle des substances animales ou végétales sont en macération : ce sont des vésicules tantôt en mouvement, tantôt constamment immobiles, et cela selon le degré de la température , ou selon d’autres circonstances qu’il n’est point dans mon plan d’ex- poser ici. Dernièrement, M. Edwards, en examinant i84 STATIQUE VÉGÉTALE. au microscope des cellules détachées mécaniquement d’une partie végétale et plongées dans l’eau, vit ces cellules se mouvoir spontanément, et crut pouvoir en conclure que, dans cette circonstance, des parties végétales prenaient de l’animalité. Ce phénomène, comme les précédens, dépend entièrement des cou- rans électriques qui existaient dans ces vésicules. Ainsi disparaissent des merveilles imaginaires devant le flambeau de l’observation ; la nature possède assez de merveilles réelles pour nous consoler de cette perte. Mais n’est-ce pas gagner que de perdre des erreurs ? Il résulte de tout ce qui vient d’être exposé, que la vie de nutrition des végétaux consiste toute entière dans l’endosmose et dans l’exosmose ; et comme ces actions physico-organiques reconnaissent pour cause l’agent électrique, il en résulte, en dernière analyse, que cet agent est le principe de la vie de nutrition des végétaux. Probablement est-il aussi le principe de leur vie de relation ; mais ceci doit attendre la con- firmation de l’expérience. Je viens de parler de l’existence d’une vie de re- lation chez les végétaux ; et cette assertion , qui a droit de surprendre , demande une explication que je ne puis me dispenser de donner ici, quoique cela soit étranger au sujet principal dont je m’occupe dans ce travail. Tous les physiologistes savent que Bichat a divisé les fonctions de la vie en deux classes : la première, sous le nom de vie animale } comprend les sensations 1 85 STATIQUE VÉGÉTALE. «et les aciions volontaires : celle vie animale esi lout «entière sous la dépendance du cerveau; la seconde celasse de fonctions, sous le nom de vie organique ccomprend toules les aciions spontanées par lesquelles ila vie se soutient, par lesquelles la machine vivante ^s’entretient et se répare. On a donné aux fonctions ede la vie animale le nom de fondions de relation ^ eet aux fonctions de la vie organique celui d e Jonc - liions de nutrition. D’après les idées admises à cet «égard, les animaux seuls possèdent les fonctions de Irrelation ; les végétaux sont bornés aux fonctions de imulrition. Ces idées, quoique lumineuses, ne sont («cependant pas tout à fait justes. En effet, les végétaux ont bien certainement des fonctions qui les mettent een relation avec certaines choses qui leur sont ex- jtlérieures. Par exemple, ils dirigent quelques-unes aide leurs parties vers la lumière, et cette direction ^spéciale a lieu en vertu d’un mouvement spontané. La 'sensitive a des relations assez nombreuses avec les «choses du dehors, puisqu’elle se meut spontanément à l’occasion des variations de la température, à l’oc- xasiondes chocs, etc. Les végétaux ont donc desfonc- «ilions de relation distinctes de leurs fonctions denulri- ijtiion. Ces fonctions de relation ne se rapportant point i«chez eux à un centre nerveux, ou à un sensorium central j ils n’ont ni sensations ni volonté. Leurs mou- wemens, quoique spontanés j c’est-à-dire dépendans immédiatement d’une cause intérieure et vitale, sont : 'nécessairement exécutés à l’occasion de l’influence de la cause extérieure qui a le pouvoir de les provo- ï 86 STATIQUE VÉGÉTALE. quer. En cela, leurs mouvemens spontanés ressem- blent tout à fait aux mouvemens également sponta- nés qu’exécutent quelques-unes des parties intérieures des animaux, à l’occasion de leur relation avec cer- taines choses qui leur sont extérieures. Ainsi le cœur se contracte sur le sang, la vessie sur l’urine, les in- testins sur les matières qu’ils contiennent, l’utérus sur le produit de la conception sans aucune participation de la volonté, sans aucune intervention du cerveau, centre et régulateur des fonctions de relation. Ces ac- tions cependant sont fondées sur des relations de l’or- ganisme avec des choses extérieures. Elles doivent donc aussi faire partie des fonctions de relation, et l’on en doit dire autant des actions spontanées des végétaux. Ceci nous indique la nécessité de faire une légère modification à la classification des fonctions adoptées par Bichat. Les fonctions de relation sont de deux ordres : i° celles qui reconnaissent le cerveau, ou le sensorium central comme centre et comme ré- gulateur; 2° celles qui sont indépendantes d’un sen- sorium central. Les animaux possèdent ces deux or- dres de fonctions de relation ; les végétaux ne possèdent que le second. Les fonctions de nutrition appartien- nent également aux végétaux et aux animaux; les fonctions de génération sont également l’apanage de tous les êtres vivans. Le tableau suivant offre la clas- sification des fonctions de tous les êtres vivans, d a- près les principes que je viens d’exposer. liuuuua STATIQUE VÉGÉTALE. iS'J Classification des fonctions dans les deux, règnes végétal et animal. Fondions de rela- tion sen- soriale. Fonctions de rela- tion non sensoria- le. Sensations. Mouvemcns volontaires. Action du cerveau. _ . Transmission de l’influence excitatrice , par le moyen des nerfs; elle est involontaire pour déterminer des sensations ; et volontaire pour déterminer les mouvemens musculaires. Mouvcmens spontanés et involontaires des organes , à l’occasion de l’influence de certaines choses du dehors. _ . Transmission involontaire de 1 influence excitatrice, par le moyen des nerfs, chez les animaux, et par l’intermède des tubes lymphatiques, chez la sen- sitive. Absorption et exhalation. Sécrétions. _ . . Nutrition, ou composition et décomposition des organes. Progression des fluides / dans leurs canaux. ( Elaboration des subs- tances alimentaires. Circulation chez les animaux. Ascension et descente de la sève chez les végétaux. Digestion et chilificalion chez les ani- maux. Production de la sève élaborée chez les végétaux. Vivification ou entretien du mouvement vital , par les deux causes les plus géné- rales de la production de la chaleur. Par l’oxigénation respiratoire chez les animaux. Par l’insolation, ou par l’in- fluence de la lumière chez les végétaux. fFonctions de ( Génération sexuelle. î Appartiennent toutes les deux génération. 1 Génération geinmiparc. f aux animaux et aux plantes. 1 88 STATIQUE ANIMALE. IMIiWVUWtUUliUlUtVUW IWWiM iwvvwvawmvwu A tHWVlWVW SECTION II. Application des observations précédentes à la statique vitale , des animaux. Les faits qui nous ont dévoilé Inexistence de l’en- dosmose et de l’exosmose, nous ont prouvé que ces ac- tions physico-organiques appartiennent également aux végétaux et aux animaux. Nous avons vu que c’est par elles que s’opère la progression des liquides dans les cavités capillaires des végétaux; elles doivent, par conséquent, présider aussi à la progression des li- quides dans les cavités capillaires des animaux. Mais chez ces derniers, la progression des fluides ne dé- pend pas d’une cause unique, comme cela a lieu dans le règne végétal. Chez les animaux à circula- tion, les fluides ne marchent dans des cavités capil- laires que pendant une partie du trajet qu’ils parcou- rent dans l’organisme. Tant que le sang est dans les artères, il se meut spécialement par l’impulsion que lui communique la contraction du cœur; mais arrivé dans les vaisseaux capillaires , le sang obéit à une force nouvelle, force à laquelle est spécialement due la circulation veineuse. Chez les animaux dépourvus de circulation , les fluides marchent exclusivement par des voies capillaires. C’est ainsi , par exemple , que s’opère la diffusion du fluide nourricier chez les STATIQUE ANIMALE. igc) usectes. Chez eux la marche des fluides ne paraît unit avoir d’autre cause que celle à laquelle est due (progression de la sève chez les végétaux. Pour nous n assurer, recherchons si les conditions fondamen- lles de l’endosmose existent chez les animaux comme les existent chez les végétaux. Nous avons vu que 'îS conditions fondamentales sont, d’une part, la rrttcture vésiculaire, et, d’une autre part, l’existence ans les vésicules d un fluide organique dense. J’ai 'il voir, dans un précédent ouvrage (i), que les vé- ïlaux sont composés de vésicules agglomérés. Ces esicules ou cellules, tantôt arrondies, tantôt po- fhèdres, forment alors ce que l’on appelle le tissu Mulaire. Lorsqu elles sont plus ou moins alongées , surtout lorsque leurs cloisons terminales ayant dis- uru elles communiquent entre elles, elles forment îs tubes. Or, l’observation microscopique apprend I ue tous les organes des animaux sont aussi composés vésicules agglomérées,- mais ces vésicules sont or- nairement bien plus petites que ne le sont celles as végétaux, lesquelles sont quelquefois aperceva- is à l’œil nu. C’est spécialement chez les mollus- nies que celte structure vésiculaire est facile à voir, urce que leurs vésicules sont plus grandes que ne le pnt celles des animaux vertébrés. Avec un bon mi- •oscope, on peut même voir, dans certains organes îs mollusques, que les parois de leurs vésicules sont i,i) Recherches sur ta structure intime des animaux et des vé- ' taux. 190 STATIQUE ANIMALE. formées par une aggrégation de vésicules plus peti- tes (1). Toutes ces vésicules sont remplies par des substances organiques. Ainsi, les conditions fonda- mentales de l’endosmose existent chez les animaux. Ici je dois m’arrêter un instant pour jeter un coup- d’œil sur la distinction générale que l’on fait des par- ties constituantes des êtres vivans, en solides et en liquides : distinction qui me paraît peu philosophi- que. Revenons ici, pour un instant, aux végétaux. La meilleure distinction générale que l’on puisse faire de leurs parties constituantes , est celle des par- ties contenantes et des parties contenues. Les par- ties contenantes sont les organes vésiculaires ou tu- bulaires ; les parties contenues sont les substances que contiennent ces organes creux, substances tantôt liquides, tantôt pâteuses, tantôt très - solides. Il est évident que ce ne sont point ces substances conte- nues qui, lorsqu’elles sont solides, forment les véri- tables solides organiques chez les végétaux. On ne doit donner ce nom qu’aux parois des vésicules ou des tubes, c’est-à-dire aux parties contenantes. Or, (1) Si l’on est curieux de s’assurer, d’une manière très-posi- tive, de l’existence de ces vésicules, il faut prendre un fragment de cet organe, qui, semblable a un filet blanchâtre, enveloppe l’estomac de I ’ hélix pomatia, et qui est la glande salivaire de ce mollusque. On met ce fragment de glande dans un cristal de montre, avec de l’eau chargée d’une petite quantité d’hydrate de potasse, et on le place sous le microscope. A mesure que 1 alkah dissout les parois extrêmement minces des vésicules, on les V®'1 crever, et s’évanouir comme des bulles de savon. STATIQUE ANIMALE. 19! il en est de même chez les animaux. Toutes leurs parties sont composées de vésicules agglomérées, les- < quelles contiennent des substances tantôt liquides, tantôi pâteuses, tantôt solides. Ainsi, le tissu osseux, vu au microscope, paraît, comme toutes les autres ! 1 parties , composé de globules agglomérées; ce sont i ides vésicules remplies de phosphate de chaux, comme 'le cerveau est composé de vésicules remplies de suhs- iilance nerveuse, comme les organes sécréteurs sont «composés de vésicules remplies par le fluide sé- «crété, etc. Ainsi, ce que l’on appelle, ordinairement mn solide organique chez les animaux, est un agré- Iigat de vésicules remplies par des substances pi us ou imoins denses. Mais ce ne sont pas ces substances qui, llorsqu’elles sont solides, méritent le nom de solides ! (.organiques : ce nom doit appartenir par excellence ;aux parois des vésicules. Ces parois étant elles-mêmes (composées de vésicules plus petites, il en résulte qu’on iignore où s’arrête cette texture vésiculaire, et où se ttrouve le solide essentiel et primitif, celui qui serait (composé de molécules solides agglomérées, et non de 'vésicules. Probablement que ce solide n’existe que (dans les molécules constituantes, et que le composé 'doxigène, d’hydrogène et de carbone, auquel s’ad- joint souvent l’azote, composé qui forme essentielle- iment les parties organiques, est, par sa nature, essen- tiellement vésiculaire jusque dans ses molécules inté- grantes. F, ntre les vésicules qui composent le tissu organique des animaux, rampent les vaisseaux sanguins, chez I93 STATIQUE ANIMALE. les animaux à circulation; ces vésicules sont appli- quées sur les parois des vaisseaux ; et il est certain que la cavité des vésicules ne communique point im- médiatement avec la cavité des vaisseaux, puisque le même fluide n’existe point dans leurs cavités. Ce fait est très-facile à vérifier, en examinant au microscope le tissu d’un organe sécréteur chez un mollusque gas- téropode, celui du foie par exemple. On voit toutes les vésicules de cet organe remplies par la bile, que l’on distingue à sa couleur, tandis que les vaisseaux sanguins qui côtoient ces vésicules n’ont que la dia- phanéité que leur donne l’état incolore du sang qui les remplit. Ainsi , les vaisseaux sanguins n’existent que comme des moyens d’irrigation pour les vésicules qu’ils côtoient ; et ce ne peut être que par filtration que le fluide sanguin pénètre, en se modifiant jusque dans ces vésicules élémentaires. Le système sanguin, considéré dans son entier, forme une cavité sans is- sue dans laquelle rien ne peut entrer, et de laquelle rien ne peut sortir autrement que par filtration. Les extrémités artérielles et les radicelles veineuses sont des fables physiologiques. La continuité exacte des artères et des veines est très-visible au microscope, chez les très-jeunes salamandres. En général, chez les reptiles, la division en ramuscules dn système sanguin est moins considérable qu’elle ne l’est chez les mammifères et chez les oiseaux ; mais c’est à cela seul que se réduit la différence qui existe à cet égard entre ces animaux : chez les uns comme chez les autres, le système sanguin forme une cavité sans is- STATIQUE ANIMALE. 193 ssue , mais plus ou moins divisée en ramifications. Ce ssont les ramifications qui opèrent Y irrigation des or- ganes, et qui portent ainsi à leurs vésicules élémen- ttaires les nouveaux matériaux organiques qu’elles leur tlransmetleni par filtration, et cela en vertu de l’en- tdosmose, comme nous allons le prouver tout à l’heure. TNous vêtions de voir que les conditions fondamentales dde l’endosmose existent chez les animaux; actuelle- iment nous allons voir que cette action physico-orga- inique existe effectivement chez eux. Tout le monde connaît l’état morbide que l’on dé- signe sous le nom d’ inflammation. On sait que, dans pet état, les parties molles deviennent turgides j et qu’elles attirent avec abondance les fluides dans leur antérieur. Les liquides organiques qui environnent uune partie enflammée sont soumis à un mouvement •il 'adjluxion qui les porte vers cette partie, dans la- quelle se trouve la cause inconnue qui les attire, ou qui les appelé j comme l’ont dit quelques physiolo- gistes modernes dans leur langage improprement fi- guré. Ici, il est impossible de méconnaître l’endos- mose, qui se manifeste à la fois par l’existence de ’ état turgide et par le mouvement <¥ ad fluxion j double effet qu’il n’appartient qu’à l’endosmose de produire. Les artères qui se rendent à une partie en- dammée augmentent de calibre pour y conduire le niang que Y adjluxion dirige en abondance de ce coté; æs veines qui viennent de cette même partie enflam- mée se dilatent sous l’impulsion du sang, que celte uariie leur envoie en plus grande abondance et avec i3 194 STATIQUE ANIMALE. plus de force qu’à l’ordinaire. Ainsi, la partie enflam- mée est à la fois but d’ adjluxion et origine d’impul- sion pour le sang. Nous avons vu plus haut que tels sont exactement les effets de l’endostnose chez les vé- gétaux. Il ne peut donc exister de doutes à cet égard; l’inflammation est un phénomène d’endosmose : or, ce phénomène, dont les effets sont si visibles dans l’état morbide, existe de même dans l’état normal, mais avec un degré d’intensité moindre. Le sang des artères est attiré dans leurs ramifications capillaires, et c’est à cette adfluxion qu’est due la vacuité des ar- tères après la mort, lorsque l’impulsion du cœur a cessé. Le sang des veines reçoit dans les ramifications capillaires une impulsion dont, jusqu’à ce jour, les physiologistes ont vainement cherché la cause ; cette cause est évidemment dans l’adfluxion des liquides qui chassent, en les remplaçant, les liquides précé- demment existans dans les cavités capillaires : c’est ainsi que s’opère la progression de la sève par impul- sion , et c’est de même que s’opère la progression du sang veineux. Au reste, diverses causes accessoires peuvent favoriser et favorisent en effet le mouvement du sang dans les veines. Lorsqu’il n’y a point de ra- mifications capillaires entre une artère et une veine, l’impulsion du cœur suffit pour imprimer le mouve- ment au sang artériel et au sang veineux. C’est ainsi, par exemple, que cela a lieu chez les salamandres nouvellement écloses : on voit en effet chez elles un seul vaisseau sanguin, qui, parvenu à l’extrémité de la queue, se réfléchit pour revenir vers le cœur, en STATIQUE ANIMALE. I 9^ sorlc qu’il ne présente aucune distinction en artère et en veine. On ne peut douter que l’impulsion du cœur ne se fasse sentir ici dans tout le trajet circulatoire. Il paraît que c’est pour avoir spécialement étudié la circulation chez les reptiles, que Spallanzani a été conduit à émettre l’opinion que c’est l’impulsion du cœur qui est la cause du mouvement du sang vei- neux : cela n’est vrai que pour les artères, qui, sans se ramifier beaucoup , se changent immédiatement en veines; mais lorsque les artères se divisent en d’in- nombrables ramifications capillaires avant de se chan- ger en veines, l’impulsion du cœur devient de plus en plus insensible, et le sang marche sous l’influence d’une force nouvelle. On admet généralement que la contraction des petits vaisseaux est une des causes de la marche du sang dans les capillaires; mais il fau- drait alors admettre dans ces vaisseaux capillaires une diastole et une systole semblables à celles du cœur. Ceci est purement hypothétique. J’ai beaucoup ob- servé la ciiiculation capillaire au microscope, et ja- mais je n’ai pu apercevoir le moindre mouvement de contraction ou de dilatation dans les parois des vais- seaux capillaires. Il est certain, cependant, que les vaisseaux sanguins ont une action d 'élasticité par la- quelle ils réagissent sur le sang qui les distend ; mais il n’est point certain du tout que ce resserrement des vaisseaux soit dû à une contraction c’est-à-dire à une incurvation de fibres. Dans ces derniers temps, M. Barr-y, médecin écossais , a cru pouvoir expliquer la progression du sang veineux par la pression de l’at- STATIQUE ANIMALE. iy6 mosphère et par les mouvemens de la respiration ; mais celle cause de progression ne peut être qu’une cause accessoire propre seulement aux mammifères et aux oiseaux, qui seuls respirent en formant un vide dans leur poitrine. Ainsi, la circulation du sang est un phénomène complexe dû au concours de plu- sieurs causes très-di(férentes, mais à la tête desquelles se trouvent d’une part la contraction du cœur, et d’une autre part l’endosmose des capillaires, endos- mose qui agit à la fois comme cause d’adfluxion et comme cause d’impulsion. Ce que je viens de dire par rapport au mouvement du sang veineux, s’applique également au mouvement des fluides que contiennent les vaisseaux chilifères et lymphatiques ; mais, ici, il y a quelque chose de plus. On sait que ces vaisseaux sont interrompus de dis- tance en distance, dans leur cours, par des ganglions ou glandes lymphatiques, corps au travers du tissu desquels sont obligés de passer les fluides contenus dans les vaisseaux qui aboutissent à ces ganglions : ces corps semblent, au premier coup-d’œil, être des obs- tacles au cours du fluide; mais, en y réfléchissant un peu, on voit qu’ils sont placés là par la nature pour favoriser au contraire la marche du fluide lympha- tique. En effet, les ganglions lymphatiques ont un tissu capillaire, dont l’endosmose doit opérer l’ad- fluxion du fluide contenu dans les vaisseaux ajfé- rens : cette même endosmose opère l’expulsion des fluides précédemment introduits, et il en résulte une impulsion à tergo pour les fluides contenus dans les STATIQUE ANIMALE. 197 vaisseaux ejjérens. Ainsi, loin d'être des obstacles au mouvement du fluide, les ganglions lymphatiques sont , au contraire , pour ce fluide , des organes d’ad- fluxion et d’impulsion : placés de distance en distance sur le trajet des vaisseaux lymphatiques „ ils sont , pour les fluides que contiennent ces vaisseaux, des organes moteurs. Ces ganglions remplissent ici le même office que les nœuds de tissu cellulaire qui existent de dis- tance en distance chez les graminées, et sur lesquels nous avons jeté un coup-d’œil plus haut ; car tout tissu capillaire vivant est nécessairement et à la fois, par l'effet de son endosmose , cause d’adfluxion et cause d'impulsion pour les fluides. Ainsi, l’endosmose existe dans l’état sain ou nor- mal chez les organes des animaux, par conséquent l’inflammation se trouve être l’exagération de cette action physico-organique; c’est une hypérendosmose. On en doit dire autant de la turgescence érectile , hypérendosmose compatible avec l’état sain de la partie dans laquelle elle existe, et qui diffère essen- tiellement par-là de l’ inflammation ou de Yhypéren- dosmose morbide j dont la cause occasionnelle est aussi bien différente. L’hypérendosmose érectile nê recon- naît qu’une seule cause occasionnelle, c’est l’influence nerveuse; l’hypérendosmose morbide dépend de plu- sieurs causes occasionnelles sur lesquelles il sera utile de jeter ici un coup-d’œil. Une des causes les plus connues de l’inflamma- tion, ou de l’hypérendosmose morbide, est l’intro- duction dans les tissus organiques d’un corps étran- J 98 STATIQUE ANIMALE. ger. Ceci nous reporte d’une manière singulière- ment frappante h l’une des causes déterminantes de l'endosmose, et qui existe en ceci, que la pré- sence dans les cavités organiques d’une substance plus dense que le Jluide qui les environne est pour ces cavités une cause déterminante d’endos- mose. Ceci nous explique pourquoi les corps étran- gers , plus dense que le sang} produisent l’hypéren- dosmose, ou l’inflammation des parties dans l’intérieur desquelles ils sont introduits, et pourquoi cette hypé- rendosmose ne cesse qu’après la sortie de ces subsr lances étrangères. Je suppose ici que ces substances sont dépourvues de toute action chimique sur les or- ganes, et n’agissent que par leur simple contact ; car, dans le cas d’une action chimique de leur part, ce serait une complication de phénomènes. Toutes les fois donc que les substances introduites dans le tissu des organes n’ont point d’action chimique sur eux, et ont une densité inférieure à celle du sang , elles ne pro- duisent point d’inflammation ; c’est ainsi qu’on peut impunément introduire dans l’organisme certains li- quides et plusieurs gaz. Nous avons vu plus haut, que l’endosmose perd d’autant plus de son énergie, que le liquide intérieur est rendu moins dense par l’ad- dition de l’eau pure. Or, on sait que l’introduction de l’eau dans l’organisme est un des moyens les plus efficaces pour faire cesser l’inflammation. C’est à ce moyen que se rapportent les cataplasmes aqueux dont on couvre les parties enflammées, les bains et les boissons aqueuses abondantes dont on fait usage STATIQUE ANIMALE. '99 en pareil cas. L'introduction de l'eau en abondance ia, dans cette circonstance, le double elFel de diini- rnuer la densité des liquides producteurs de l'hyperen- Idosmose, et de remplacer ces liquides qu’elle expulse ipar son introduction continuelle. Pour bien saisir ce rmécanisme, qui est en même temps celui de la nu- ilrition et celui de la guérison de l’hypérendosmose , I i il est nécessaire de se reporter aux notions qui ont tété exposées plus haut louchant la composition des i-solides organiques, et louchant les lois de l’endosmose tel de l’exosmose. Les solides organiques mous sont (des agrégats de vésicules remplies ordinairement par urne substance pâteuse plus dense que ne l’est le sang qui baigne leurs parois extérieures, ou qui n’est sé- i paré de ces vésicules que par les parois extrêmement i minces des vaisseux capillaires. Il résulte de cette • disposition, que le fluide sanguin doit tendre conti- nuellement à s’introduire dans les vésicules, lesquelles i deviennent alors sièges de deux courans électriques, l’un dominateur, qui produit l’endosmose, l’autre plus faible, et qui produit l’exosmose. Par l’effet du pre- i inier, les parties constituantes du sang sont introduites avec violence dans les vésicules; par l'effet du second, ces mêmes vésicules expulsent, et versent dans le courant sanguin une partie du liquide qu’elles con- tiennent. Celte expidsion qu’opère l’cxosmose , est favorisée et augmentée par la pression que produit l’in- troduction violente dn liquide extérieur dans les vési- cules déjà pleines avec excès : c’est ainsi que doit s’é- tablir l’équilibre entre l’introduction et l’expulsion, 200 STATIQUE ANIMALE. malgré la différence qui existe dans l’énergie des deux çourans électriques auxquels sont dus l’endosmose et l’exosmose. L’introduction de nouvelles substances dans les vésicules élémentaires, constitue le phéno- mène de composition; l’expulsion des substances que contiennent ces vésicules constitue le phénomène de décomposition ; l’ensemble de ces deux phénomènes, en y joignant celui de la production des nouvelles vésicules, constitue la fonction de nutrition, la- quelle existe avec le même mécanisme chez les vé- gétaux, ainsi que nous l'avons vu plus haut. Or, c’est h l’action sans cesse continuée de ce mécanisme qu’est due la guérison de Y inflammation ou de Yhypéren- dosmose morbide. Cette affection ne peut se déve- lopper spontanément , que parce que les substances contenues dans les vésicules qui composent les solides organiques ont acquis accidentellement ou une den- sité trop considérable, ou des qualités chimiques inac- coutumées, et propres à déterminer une augmentation de leur endosmose naturelle. Dès lors le sang, qui est pour ces vésicules le Jluide extérieur se trouve dé- terminé à pénétrer dans leur intérieur en plus grande abondance que dans l’état naturel; il les gonfle, et augmente considérablement leur état turgide. Une violente tendance à'adjluxion se manifeste par le fait même de la violence de l’endosmose; une forte impulsion pour le sang veineux résulte de la même cause. Cependant les vésicules, sièges d’un double courant d’introduction et d’expulsion , tendent par cela même à renouveler entièrement leur substance 201 STATIQUE ANIMALE. i intérieure. L’époque de ce renouvellement est celle « de la cessation complète de l’hypérendosmose mor- Ibide, si celte affection est déterminée par une alté- i ration dans la composition chimique de la substance intérieure des vésicules : mais si cette affection recon- naît simplement pour cause une augmentation de la densité de la substance intérieure, elle cessera lors- qu’il se sera introduit dans ces vésicules une quantité de fluide aqueux suffisante pour diminuer convena- blement cette densité de leur substance intérieure. Ainsi, la force médicatrice n’est autre chose que le jeu naturel et continuel du double mouvement d’en- dosmose et d’exosmose qui constitue une partie essen- tielle du phénomène de la nutrition. 11 résulte de cette théorie, qui est une déduction rigoureuse des faits observés, que l’inflammation ou l’hypérendosmose morbide dépend essentiellement de l’altération des substances contenues dans les vésicules élémentaires. Ces vésicules elles-mêmes peuvent, dans cet état morbide, avoir conservé leur intégrité. Ainsi la vésicule ou la partie contencùite s qui est le vérita- ble solide organique, est nécessairement étrangère à l’inflammation. Ce n’est point celte vésicule qui est altérée, c’est la substance contenue dans son inté- rieur, substance plus ou moins fluide. C’est donc véri- tablement l’altération des fluides qui constitue les ma- ladies par hypérendosmose ; aussi est-ce par les fluides que les maladies contagieuses se communiquent. Un virus introduit dans l’économie fait éprouver aux fluides une altération semblable à celle qu’il possède / 202 STAT1QU K ANIMALE. lui-même, et celte altération se propaye de plus en plus, jusqu’à produire une altération générale des fluides. Toutes les substances du dehors qui sont suscepti- bles de provoquer l’hypérendosmose agissent, comme les virus, par leur introduction et par leur mélange, avec les liquides organiques que ce mélange al 1ère. 11 est impossible de concevoir qu’une substance puisse enflammer un tissu vivant sans y êire introduite. Si un agent impondérable tel que le calorique produit l’inflammation, c’est par l’altération qu’il apporte dans la nature des substances contenues dans les vésicules des tissus organiques soumis à son action; enfin, s’il existe des inflammations spontanées , et sans cause extérieure connue, cela provient d’un changement survenu dans la nature des substances contenues par l’effet d’une cause intérieure. Autant il pourra exister de changemens ou de modifications spécifi- ques dans la nature des substances contenues s au- tant il y aura de causes spéciales ou spécifiques d’hy- pérendosmose; de là ces inflammations si variées dans leur nature; car ce n’est pas seulement par la diffé- rence des tissus qu’elles affectent que les inflamma- tions diffèrent entre elles. C’est ainsi que l’inflammation des ganglions lymphatiques par le virus syphilitique n’est point semblable à l’inflammation de ces mêmes gauglions par le vice scrophuleux; c’est ainsi que l’in- flammation d’un ulcère cancéreux ne ressemble point à l’inflammation d’un autre ulcère dont le siège se- rait semblable. Il y a dans les parties affectées d’une inflammation spécifique „ des fluides altérés d’une 2o3 STATIQUE ANIMALE. % 9 Manière spécifique; el il arrive souvent que ces fluides, transmis à un individu sain , déterminent chez lui une inflammation de la même nature que celle de la par- ue malade de laquelle ils sont originaires; et cela, parce jjue le liquide morbifique introduit communique sa (manière d’être aux liquides sains; car, je le répète, coûte inflammation dérive nécessairement de l’alté- ration des liquides. Le mouvement d’adfluxion que produit l’hypéren- dosmose morbide ne se fait pas sentir seulement sui- te sang contenu dans les vaisseaux. Une partie dont 'endosmose est augmentée se gonfle en absorbant les fluides contenus dans les tissus voisins. Ceux-ci, dé- oouillés d’une portion des fluides qui remplissaient leurs cavités, tendent, en vertu de leur endosmose, ii se remplir de nouveau, et cela produit la dé- plétion des tissus organiques qui les avoisinent, du "côté opposé à celui par lequel ils correspondent à la partie hypérendosmosée. Ainsi il s’établit de proche Een proche une adfluxion qui porte les fluides vers la partie hypérendosmosée comme vers un centre. Si lia partie hypérendosmosée possède un moyen d’éva- ccuation au dehors pour les fluides aflluens, l’adfluxion en devient plus énergique. Dans tous les cas, ce moyen d’évacuation existe toujours au dedans , par le moyen des vaisseaux sanguins. Aussi les veines de la partie ^hypérendosmosée prennent - elles très - promptement un volume bien plus considérable que celui qu’elles jpossédaient dans l’état normal. Elles servent alors de canal d’évacuation, non seulement pour le sang ap- 20 î STATIQUE ANIMALE, porté directement par les artères, mais aussi pour les fluides, qui sont transmis de proche en proche à la par- ité hypérendosmosée, par les parties voisines. Plus l’hypérendosmose est intense, plus l’adfluxion se pro- page, et fait sentir au loin son effet. C’est sur l’obser- vation de cet effet qu’est fondée la pratique de la dé- rivation } si fréquemment et si avantageusement employée dans la médecine. Une partie essentielle à la vie est-elle devenue, par son hypérendosmose, un centre dangereux d’adfluxton, on suscite une hypé- rendosmose plus énergique, si cela est possible, dans une autre partie moins essentielle, et alors les routes de 1 adflxion se trouvent changées; les fluides cessent de converger uniquement vers leur premier centre d’adfluxion ; ils convergent vers le centre artificiel d adfluxion que l’on a créé. C’est ainsi qu’agissent les vésicatoires; c est aussi de celle manière qu’agissent quelquefois les purgatifs. Les sangsues, les ventouses agissent aussi en déterminant une adfluxion dans la pai tic si ii laquelle on les applique; et cela, parce que le vide quelles produisent tend sans cesse à être rem- pli par 1 endosmose des parties évacuées. Si un venin tel que celui de la vipère a été introduit dans une partie, et qu il ail déjà tendu à se propager de pro- che en proche, en arrête ce mouvement de propaga- tion en appliquant une ventouse sur la partie par la- quelle l’introduction du venin a été faite. Alors la di- rection du mouvement de propagation des fluides de proche en proche se trouve intervertie ; l’adfluxion , dirigée vers l’extérieur par la ventouse, fait rétrogra- STATJQUE ANIMALE. 20 5 1er les fluides infectés, et leur propagation se trouve itinsi arrêtée. C’est de cette manière qu’il faut, à mon wis, expliquer les bons etfels que produit la ventouse lans cette circonstance, bons elfets dont on doit la découverte, comme ou sait, au docteur Barry. Ainsi ’adfluxion peut être déterminée de deux manières : ° par l’bypérendosmose, qui, par l’adfluxion qu’elle occasionne dans la partie où elle existe, détermine la narche générale des fluides vers cette partie; 2° par m vide opéré dans le tissu organique au moyen d’une uccion artificielle. Alors le tissu organique, vidé en aarlie par cette succion extérieure, attire les fluides les parties voisines, en vertu de son endosmose na- urellc; et cet effet, propagé de proche en proche, iroduit une adfluxion dont l’effet se fait sentir plus |i)u moins loin dans l’organisme. Les moyens de combattre l’inflammation ou l’hy- oérendosmose morbide, sont connus seulement d’une nanière empirique, et par conséquent d’une manière ’orL imparfaite. Ce ne peut être que par la connais- sance physiologique de la nature de l’inflammation et le son mécanisme organique, que l’on peut arriver à [me théorie rationnelle, et par conséquent certaine, fies moyens de curation. Ce n’est ainsi véritablement ijue par la physiologie que l’on peut acquérir des con- naissances positives en médecine; car, dans l’art de guérir, l’expérience est si souvent trompeuse, qu’on ' ne peut que fort rarement en tirer des conclusions ères. D’après la théorie que nous venons d’exposer, 20Ô STATIQUE ANIMALE. les moyens de combattre et de guérir l’hypérendos- mose morbide sont les suivans : i° La soustraction de la substance dont la pré- sence dans le tissu organique cause l'hypérendos- mose. Ainsi, lorsqu’un corps étranger est la cause de l’inflammation , son extraction la fait cesser. Les samn- sues, les ventouses scarifiées, appliquées immédiate- ment sur une partie hypérendosmosée , procurent l’é- vacuation des fluides altérés, dont la présence dans le tissu organique occasionnait son état morbide. Ce moyen de remédier à l’inflammation est un des plus puissans. 2° La saignée générale, ou l’évacuation des vais- seaux sanguins, remédie à l’hypérendosmose en di- minuant l’afflux du sang artériel dans toutes les par- ties, et par conséquent dans la partie hypérendosmosée. Alors le vide opéré dans les gros vaisseaux se remplit au moyen de la déplétion générale des capillaires. Par conséquent, la partie hypérendosmosée perd alors une partie du sang qui abondait dans son tissu. Elle de- vient par conséquent moins turgide. 3°. Les sangsues ou les ventouses scarifiées, appli- quées dans le voisinage de la partie hypérendosmosée, et non sur cette partie immédiatement, ont deux modes d’action pour remédier à l’hypérendosmose •’ i° l’évacuation de sang qu’elles procurent opère la déplétion générale des vaisseaux; 2° leur succion opère une dérivation ou un changement dans la direction de l’adfluxion. Les fluides qui se dirigeaient vers la partie hypérendosmosée tendent, par l’effet de la suc* STATIQUE ANIMALE. 207 cion artificielle qui attire le sang au dehors, à se di- riger dans le sens de cette nouvelle adfluxion. 4° Une hypérendosmose énergique, suscitée dans une partie, tend à faire cesser ou à diminuer l’hypé- rendosmose qui existe dans une autre partie. Cet ef- fet est le résultat lu changement opéré alors dans la direction de l’adfluxion. Les fluides se dirigent vers la partie où existe l’hypérendosmose la plus énergique. C’est ainsi qu’agissent les vésicatoires. La dérivation opérée par ce moyen est d’autant plus efficace, que l’évacution qu’il produit est plus abondante; car l’éva- cuation continuée des fluides est, à elle seule, un ex- cellent moyen d’opérer l’adfluxion, et par conséquent d’opérer la dérivation. 5° Nous avons vu plus haut que l’addition de l’eau, en diminuant la densité du fluide intérieur , ou en affaiblissant les effets de ses qualités chimiques, di- minuait, par cela même, l’intensité de l’endosmose. Ceci nous explique pourquoi l’introduction de l’eau dans les tissus organiques est un si puissant moyen de combattre l’inflammation, ou l’hipérendosmose mor- bide, puisque ce dernier liquide n’est point apte, par ses qualités physiques et chimiques, à provoquer l’en- dosmose. 6° U existe des inflammations ou des hyperen- dosmoses morbides, pour la curation desquelles les moyens indiqués ci-dessus n’ont que peu ou point d’efficacité. La théorie indique ici l’emploi d’un sixième moyen de curation. Nous savons que les flui- des introduits par l’endosmose chassent, en les rem- 20 8 STATIQUE ANIMALE. plaçant, les fluides précédemment exislans dans les tissus organiques. Or, s’il existait dans ces tissus des fluides altérés, causes d’hypérendosmose, et dont au- cun des moyens indiqués précédemment ne puisse opérer l’expulsion , on pourrait parvenir à ce but en introduisant, par l’absorption, dans les tissus organi- ques, des substances propres, par leurs qualités chi- miques, à produire une hypérendosmose plus éner- gique que celle qui existerait déjà. Ces nouvelles substances, en augmentant l’activité de l’endosmose, procureraient l’expulsion de la cause antécédente d’hypérendosmose , cause qui pourrait être délétère par sa nature même , et contre laquelle la force d’ex- pulsion naturelle serait impuissante. De cette ma- nière, on substituerait une cause d’hypérendosmose dont la nature vivante pourrait se débarrasser facile- ment, à une autre cause d’hypérendosmose contre laquelle cette même nature vivante serait sans force. Or, ce que nous supposons ici théoriquement, a lieu tous les jours dans la pratique médicale, mais d’une manière tout à fait empirique; car c’est ainsi, à mon avis, que le mercure guérit la syphilis. L’introduc- tion de cette substance métallique dans l’économie y produit une hypérendosmose qui procure l’expulsion complète du virus syphilitique : cause antécédente d’hypérendosmose, contre laquelle la nature vivante était impuissante. Après celle expulsion, la nature se débarrasse toute seule de la cause d’hypérendosmose médicamenteuse ; il arrive cependant quelquefois que lorsqu’on a trop introduit de mercure dans l’économie, la STATIQUE ANIMALE. 209 : nature devient impuissante pour s’en débarrasser, et il en résulte des hypérendosmoses mercurielles per- manentes. C’est par un mécanisme semblable que ?se guérit souvent l’hypérendosmose dissenterique , au i moyen des purgatifs conseillés dans cette maladie jpar plusieurs médecins célèbres. Les substances pur- gatives sont des agens producteurs de l’endosmose. Leur action sur le canal alimentaire ne peut avoir lieu sans leur absorption, sans leur introduction dans le tissu organique de ce canal. Or, dans le cas qui mous occupe, l’introduction de celle nouvelle cause id’hypérendosmose procure l’expulsion de la cause Id’hypérendosmose dissenterique : cause délétère dont la nature vivante se serait peut-être difficilement dé- barrassée toute seule. Il est inutile de faire observer ,’]que l’économie se débarrasse ensuite facilement, et à lie seule, de la cause d’endosmose introduite comme oyen de curation. C’est encore de cette manière jqu’un vésicatoire appliqué sur un érysipèle, sur une artre, en procure la guérison. La substance irritante es cantharides , introduite , par l’absorption , dans le tissu hypérendosmosé, procure l’expulsion des flui- des altérés qui occasionnaient et entretenaient une | l’hypérendosmose aiguë dangereuse , ou une hypéren- klosmose chronique opiniâtre. Il y a grande apparence ;que l’on pourrait souvent, dans le traitement des ma- ladies, obtenir ainsi de bons effets, en substituant une cause d’hypérendosmose sans danger, à une cause 'd’hypérendosmose dangereuse. 7" L’intensité de l’hypérendosinose peut être di- 2 I O STATIQUE ANIMALE. mirmée par riniroduction clans l’économie de cer- taines causes d 'exosmose. Nous avons vu plus haut que les acides sont, en général, des agens producteurs d’exosmose. C’est probablement cette qualité qui rend si utile, dans les inflammations, l’usage des acides légers en boisson , et qui les fait considérer comme rafraîchis s ans. La théorie nous indique que l’on doit, dans les inflammations, s’abstenir de toutes les substances propres à produire l’endosmose ; rien , par conséq ueut, n’est moins convenable que ces bois- sons chargées de gomme, de substances extractives, ou de sucre, dont on abreuve ordinairement les ma- lades, car toutes ces substances sont des agens pro- ducteurs d’endosmose, comme le sont les substances alimentaires, que l’instinct naturel repousse en pareil cas. Si les cataplasmes émolliens produisent un effet salutaire, par leur application sur les parties hypé- : rendosmosées, cela provient ou de l’eau qu’ils livrent à l’absorption, ou de l’effet d’exosmose qu’ils déter- minent, en vertu de leur densité considérable. Nous ; avons vu, en effet, plus haut, que l’exosmose a lieu lorsque le Jluide extérieur est plus dense que le fluide intérieur. Or, un cataplasme de farine de graines de I lin, par exemple, est véritablement un liquide d’une i densité très-supérieure à celle des liquides animaux contenus dans la partie sur laquelle ce cataplasme est appliqué. Il doit, par conséquent, déterminer, à la surface de cette partie, un courant électrique qui porte les fliiides du dedans au dehors, c’est-à-dire qu’il produit un effet d’exosmose, d’où résulté la dé- 21 I STATIQUE ANIMALE. délion rie la partie bypérendosmosée. De là provient «e soulagement très -marqué que procurent ces cata- plasmes dans les hypérendosmoses. Cette théorie peut indiquer, dans certaines maladies, l’usage des bains îaits avec des liquides plus denses que ne le sont nos liquides organiques ; alors la peau doit exhaler abon- lamment au lieu d’ absorber > comme elle le fait lors le l’immersion du corps dans l’eau pure , ou dans des liquides dont la densité est inférieure à celle de nos liquides intérieurs. Ces réflexions nous conduisent naturellement à nous occuper ici de Yabsorption et le Yex halation. Nous avons vu que chez les végétaux l’absorption n’est point du tout le résultat de l’attraction capil- aire, mais que cette introduction dés liquides du dehors au dedans dépend entièrement de l’endos- mose ; il en est de même chez les animaux. On a, jusqu’à ce jour, considéré l’absorption et 'exhalation comme les résultats de l’action des ori- iices béans de certains vaisseaux absorbans et exlia- ans. M. Magendie a porté la première atteinte à cette théorie, relativement à l’absorption, en prou- •zant, par des expériences, que l’introduction des li- C] juides dans l’organisme s’opère, par une véritable liltra- tirion, au travers du tissu perméable des membranes, j. ''Mais ce physiologiste célèbre me paraît avoir poussé ■trop loin les déductions de ses expériences, lorsqu’il a ipru pouvoir en conclure que l’absorption est le simple I résultat de la capillarité. L’introduction des liquides y s’opère, il est vrai, par des voies capillaires > mais ce 212 STATIQUE ANIMALE. n’est pas Y attraction capillaire qui détermine cette introduction. J’ai prouvé cette vérité pour les végé- taux, et son application aux animaux est directe. Les parties vivantes sont sous l’influence continuelle de l’électricité, qui entretient leur étal d ' endosmose ^ état de réplétion avec excès s qui fait que leurs cavi- tés capillaires sont remplies par les liquides, au-delà du point de saturation de l’attraction capillaire. Ce n’est point, par conséquent, celte atti'aciion qui opère une absorption subséquente. Comment se pourail-il, en effet, qu’un animal habitant de l’eau, qu’un po- lype, par exemple, animal pulpeux et sans vaisseaux, absorbât continuellement, en vertu de la seule attrac- tion capillaire des petites cavités de son tissu? Celte attraction est bornée dans ses effets, ainsi que je l’ai déjà fait observer plus haut. Lorsque les cavités ca- pillaires sont remplies, il n’y a plus d’introduction nouvelle, tout demeure en repos. Il n’en est pas de même de l’introduction ou de l’absorption, résultat de l’endosmose ; elle est continuelle, parce qu’elle est accompagnée par une expulsion, ou par une exhala- tion également continuelle, et qui est le résultat de l’exosmose. Ce sont donc véritablement ces deux ac- tions vitales qui seules opèrent l’absorption et l’exha- lation, et cela par simple filtration au travers d’un tissu organique perméable, et non, comme on l’avait supposé, par des orifices vasculaires particulièrement destinés à cet usage. Toutes les parties organiques qui, par leur position naturelle ou accidentelle, se trouvent en rapport avec des liquides qui leur sont (extérieurs, absorbent ces liquides, lorsqu’ils sont dans Iles conditions voulues pour cela, et les versent dans le système vasculaire, leur réceptacle naturel, chez lies animaux pourvus de vaisseaux. L’observation {prouve qu’il y a des absorptions électives. Ainsi , (dans le canal alimentaire, le chile seul est absorbé; iil n’y a point d’absorption des matières fécales qui :Soni cependant mêlées avec le chile , dans l’intestin ; grêle. Ce phénomène trouve son explication, de la imanière la plus complète, dans l’expérience suivante, • combinée avec les expériences déjà rapportées plus haut. J’ai fait un endosmomètre avec un cæcum de poulet, dans lequel j’ai laissé les matières fécales qu’il (contenait, et auxquelles j’ai ajouté de l’eau, pour les 'délayer d’une manière suffisante. Ce liquide fécal s’é- levait à une certaine hauteur dans le tube. Ayant plongé le cæcum dans l’eau, le liquide fécal n’a pas tardé à s’abaisser dans le tube, et cet abaissement n’a point discontinué pendant tout le temps de l’expé- rience. Ce fait m’a démontré que la matière fécale est un agent producteur d’exosmose. Alors j'ai évacué le cæcum ; et l’ayant soigneusement lavé par des injec- tions d’eau pure, j’y ai introduit du lait, fluide, comme on le sait, assez semblable au chile. Le cæcum étant plongé dans l’eau, le liquide intérieur a monté gra- duellement dans le tube : il y a eu production d’en- dosmose. Les expériences rapportées plus haut nous avaient déjà prouvé ce dernier fait, (pie je ne repro- duis ici que pour le mettre en parallèle avec celui qui le précède. 11 résulte de là que le chile et la ma- 21 4 STAT I QU K ANIMALE. tière fécale ont des qualités diamétralement oppo- sées, sous le point de vue de la propriété de produire l’endosmose ou l’exosmose. Si donc le chile possède des qualités telles que le tissu organique soit déter- miné à l’introduire ou à l’absorber, ce même tissu organique doit, par cela même, ne pas introduire, ne pas absorber la matière fécale. Ceci est un phéno- mène qui mérite toute l’attention des physiologistes et des médecins. Il y a des substances que V absorp- tion n introduit point. Il suffit qu’une substance ap- pliquée au dehors de l’économie soit plus dense que les fluides intérieurs, ou qu’elle possède certaines qualités chimiques qui équivalent, pour cet objet, à l’excès de densité, pour qu’elles ne soient point in- troduites, et cela parce qu’elles sont des agens pro- ducteurs d’exosmose, doués d’une suffisante énergie. Ceci expliquerait peut-être pourquoi des médicamens actifs donnés à hautes doses dans certaines maladies, / restent sans effet , ils ne sont point absorbés, ou plutôt ils le sont très-peu, et cela précisément parce que leur dose est exagérée. Il est possible aussi que dans la ma- ladie, l’économie vivante soit plus voisine que dans la santé de cet état, qui est favorable à la manifestation de cette tolérance pour les médicamens tolérance qui ne me paraît être que leur défaut d’absorption. Une belle expérience de M. Magendie a prouvé que, chez les animaux, on augmente l’énergie et l’ac- tivité de l’absorption en désemplissant les vaisseaux sanguins. Mes expériences sur les végétaux m’ont donné un résultat tout à fait semblable, et elles m’ont prouvé en même temps qu’il ne fallait pas généra- liser celte assertion. En effet, nous avons vu que la wacuité du tissu végétal , poussée jusqu’à un certain ipoint, augmente l’activité de son absorption; mais mous avons appris ensuite que lorsque cette vacuité note, i8a5, lisez i8o5. 87, 3o, trouvant, lisez trouvent. g3, a5, il fait, lisez elle fait. * \ DES LITRES DE MÉDECINE QUI SE TROUVENT T pris, CHEZ J.-B. BAILLIÈRE , LIBRAIRE DE L’ACADEMIE ROYALE DE MEDECINE, ET DU COLLEGE ROYAL DES CHIRURGIENS DE LONDRES, Rue de l’Ecole-de-Médecme, n° i3 bis ; £o\xbtc& y mhnc iltuteon , 5 Bedford Street, Bedford square. 21 târuriUrs, au dévot de la librairie médicale française. / ^boveiwGic iSaq. P. S. J’adresserai franco le Catalogue general de mes ivres de médecine français et étrangers aux personnes >[ui m’en feront la demande par lettres affranchies. ANATOMIE PATHOLOGIQUE DU CORPS HUMAIN , O D DESCRIPTIONS AVEC FIGURES LITHOGRAPHIEES ET COLORIÉES DES DIVERSES ALTÉRATIONS MORBIDES DONT LE CORPS HUMAIN EST SUSCEPTIRLE ; PAR J. CRUVEILHIER, PROFESSEUR d’aKATOMIE A I.A FACULTÉ DE MEDECINE DE PARTS, MÉDECIN DE LA MAISON ROYALE DE SANTÉ, PRÉSIDENT PERPÉTUEL DE LA SOCIÉTÉ ANATOMIQUE , etc. Les livraisons i , 2 , 3 , 4 5 5 et 6 sont en vente. (Novembre 1825.) CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Cet ouvrage sera publié ert jo livraisons ; chacune contiendra, six planches . liant plusieurs coloriées avec le plus grand soin , et au moins 6 feuilles de texti I in-fol. grand-raisin vélin, caractère neuf de F. Didol. — Les livraisons se suivrait régulièrement de six semaines en six semaines. L'impossibilité de rendre en noir un grand nombre d’altérations nous foret d’avoir recours aux couleurs pour la plus grande partie des planches qui compo seront cet ouvrage ; Le prix de chaque livraison est de i i francs. si la fin que tous les articles seront signés du nom de leur auteur ; 2° qu’un comité île idaction , choisi parmi les collaborateurs, sera chargé de la direction du travail, de lo é vis ion des articles , et de veiller îi ce qu’il ne s'y glisse ni omission ni double emploi i 5 enfin, qu’il ne sera adjoint aux collaborateurs actuels aucune autre personne sans unu écessité reconnue par la totalité des auteurs. Par cela même qu’il paraîtra le dernier, ce Actionnaire offrira le précieux avantage de reproduire avec plus de fidélité que les précc- ens l’état présent de la science j mais toutes ses par'ies seront empreintes de cet esprit ’une critique éclairée , qui est aujourd’hui si nécessaire lorsqu’on traite de la médecine et o la chirurgie pratiques. L’observation clinique , la pratique des grands maîtres, les expé- riences sur les animaux vivans , et , toutes les fois qu’il deviendra possible d’y recourir, le bleui lui-même scrout invoques par les auteurs , afin d’arriver à la rigoureuse appréciation i es agens médicinaux ou des opérations chirurgicales. Kclairer ies praticiens, aplanir de- vint eux les difficultés attachées au diagnostic et au traitement des maladies, rechercher l e qu’il y a de bon, de douteux , d’erroné, ou de téméraire , dans les conseils qu’un mu esse de leur prodiguer, tel sera le caractère distinctif du nouveau Dictionnaire. La situa, ion favorable de la plupart des auteurs placés à la tête de grands clablissemens , le zèlu aot ils ont donne tant de gages , l’esprit experimental et sévère qui les anime, sont dj urs garnis que rien ne sera négligé pour faire du Dictionnaire tic Médecine et de Cln\ urgie pratiques , un livre éminemment utile, et bientôt indispensable, à tous les médecin our qiuid pratique n'est pas de la routine , et la thérapeutique un vain recueil de formules* DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE MATIÈRE MÉDICALE ET DE THÉRAPEUTIQUE GÉNÉRALE; CONTENANT L INDICATION , LA DESCRIPTION ET l’eMPLOI DE TOUS LPS MÉDICAMENS CONNUS DANS LES DIVERSES PARTIES I)U CLORE; Par F. V. MÉRAT, Docteur en mèdochic de la Faculté de Pari* , membre de 1* Acadéur e royale de Médecine , elc. , etc. Et a. J. DEPENS , Docteur tn médecine do la Faculté de Paris. Inspecteur- général des Éludes , Membre titulaire de l'Académie royalo de Médecine , etc. , etc. 6 VOLUMES IN- 8". - TOME I" EN VENTE. - PRIX I 7 FR. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Le Dictionnaire universel de Matière médicale et de Thêrapeuliqut générale sera composé de six vol. in- 8° de 600 à ’joo pages , caractère gaillarde neuf, l\i lignes à la page. — Le premier volume a paru le 20 Juillet 1829. A partir de cette époque , les autres se succéderont de 4 en 4 mois. Le prix de chaque volume est de 7 fr , et franc de port par la poste de qfr. A la publication du 2n volume le prix de chaque volume sera pour les non-souscripteurs , de S fr. et franco 10 fr. Les éditeurs prennent V engagement de livrer gratis aux souscripteurs les volumes qui dépasseraient le nombre de six. Il sera publié , avei le dernier volume, la liste des souscripteurs . Pour donner une ide’c nu cidre immense que les auteurs de ce Dictionnaire ont onilirassp fruit lie dix années de reclic relies, il nous suffit d’indiquer que, selou l'importance du sujet l’histoire de chaque médicament comprendra tous les articles du laldeau ci-aprcs : 1° Noms Linncen , officinal, commercial , rulgaire , ancien et moderne ; définition. 2° Decouverte : historique ; gisement ou lieu natal ; extraction ou récolté ; état commer- cial ; espèces , varic’tc’s , tortes , qualités. 3° Description pharmacologique j choix ; préparation pharmaceutique j alterations f so- pliistications , substitutions. Ip Analyse chimique. 5" Action immédiate et médication chez l’homme et les animaux , dans 1 état sam et dam IVtst morbide i c Ilots thérapeutique* ! doses -, formes; mode d’administration; adjnvans el correctifs > indications et contre-indications ; inconveniens. 6° Opinions diverses des auteurs ; classification. r° Combinaisons ; mélanges j compose's pharmaceutiques. BrhKbgraphre*, article important qui manque dans les ouvrages analogues. TRAITÉ DES CHAMPIGNONS, OUVRAGE CONTENANT L’Histoire analytique et chronologique des découvertes et des travaux sur ces plantes , leur synonymie botanique et les tables nécessaires; la description détaillée, les qualités, les effets, les différens usages , non-seulement des Champi- gnons proprement dits, mais des Truffes, des Agarics, des Morilles , etc. ; avec une suite d’expériences sur les animaux , l’examen des principes pernicieux de certaines espèces , et les moyens de prévenir leurs effets ou d’y remédier ; PAR J.-J PAULET, D. M P. Correspondant de l’Institut royal de France, Médecin du château royal de Fontainebleau et de l’hôpital civil et militaire de la même ville, membre d’un grand nombre de Sociétés savantes. 2 FORTS VOLUMES AVEC 30 LIVRAISONS DE PLANCIIES, Composées ensemble de 170 Planches , gravées et coloriées avec le plus grand soin , et offrant plus de 5oo espèces de Champignons de grandeur et de couleur naturelles. ■ — igee» ‘ Quoique le Traité des Champignons fut imprimé et publié depuis long-temps, 1 devenait chaque jour plus difficile de se le procurer. Nous croyons donc fair<* le chose utile en annonçant que nous sommes en possession du petit nombre exemplaires qui se sont trouves chez l’auteur après sa mort. Le prix de ect ouvrage, a vol. in-4°, avec 3o livraisons contenant 170 planches bloriées, est réduit à i5o f. Les personnes qui désireraient le recevoir en souscription, pourront retirer eux livraisons de planches par mois , au prix de 5 fr. chaque. — Le premier alumc du texte sera livré en retirant la quinzième livraison , et le second avec la 'entièine cl dernière livraison. Les possesseurs des anciens exemplaires à qui il manquerait des livraisons de louches , pourront se les procurer au prix de 6 fr. chaque. J. B. lÏAiLUÈriE , rue de V Eccle-de-Mëdccine , u° i3 fris, ANATOMIE PATHOLOGIQUE, DERNIER COURS DE Xav. BICHAT d après un manuscrit uutographe de P. A. Béclabd ; avec une notice sur la rie et les travaux de Bichat ; par F. G. Boisseau , D. M. P. , membre des acadé- inies royales de médecine de Paris et de Madrid, de la société médicale d’ému- lation, etc. , etc. P aris , i8s5, in-8., portrait et foc-s imite 5 f < Dans cct ouvrage les principales maladie» de chaque liisu , de chaque organe, sont énnmé-écs et rapidement décrues; pus* vient t indication des résultats de l’ouverture du cadavre à la suite de cha- cune .1 elles, Lessympiomes vraiment caractéristiques, elle signalement des traces après la mort paraissent avoir été le but que Bichat s est proposé dans son cours. On y chercherait vainement l’ana- tum e pathologique toute descriptive du nos jours 11 est évident que , sous le turc d’anatomie pâ- li logique , Bicha» hasardait ses vues sur la pathologie interne, vues qui , exploitées bii ntét par ses deVaieat -P^l* 4« a. la nali*nê "° 1 V°É in - 18 de 55o liages, imprime sur papier lin, par E- D'dot. !.. 4 f. 5*c. tELSI (A. C.) : DE RL MEDIOA LIBRI OCTO , edilio nova, curantibus 1 . r ouQuiER , in saluberrima iacultnte parisiensi professore , et F. -S. Ratier, 1 ) . M . P aris iis , 1823, 1 vol. in-18, imprimé sur papier lin des Vosges . par I’ . Didot î 4 if. 5o c. -v- Le même , papier vélin 8 f. M n est pas de médecin qui puisse sc dispenser, d'avoir dans se bibliothèque l'ouvrage de Cclse, 1 un des auteurs de l’antiquité chez lequel **n trouve le plus de connaissances posilives sur l’art de guérir, jointes a lin style aussi pur qu’élégant, qui l'a fait placer par les philologues au r.omhre des classiques latins. MM. Fouquier rtifatier, en donnant une nouvelle édition de Cclse, ont mieux aimé Jonncr séparément la traduction que la inrltrc en regard «le l’édition latine , afin ‘ c laisser In faculté de choisir : toutefois ces deux volumes, du niAtnc format, joignent au mérite •inc correction parfaite celui «l’une exécution typographique très-soiguée. CODEX MEDICAMENTARIUS , sive Pltarmacopæa gallica , jtissti régis op- t.mi et ex mandato sunimi rertim iuternarum regin adrninistri cd’tus a facul- ta(e medica Parïsiensis. Parîsiis , 181S, in-fj. 18 f. COURS COMPLET DES MALADIES DES YEUX , suivi d’un précis d'hy- giène oculaire ; nouvelle édition , augmentée d’un mémoire sur le slapliylotnu J. B. Baillière, rue de V Ecole-de-Mèdecine , n° i3 bis. (j tic la cornée transparente; par M. Delarue, docteur en médecine de la fa- culté de Paris, etc. Paris, i823, in-8 6 t. CONSIDÉRATIONS PRATIQUES SUR CERTAINES AFFECTIONS DE L’UTÉRUS , en particulier sur la phlegmasie chronique avec engorgement du coi de cet organe, et sur les avantages de l’application immédiate des sang- sues méthodiquement employées dans cette maladie, par J. -N. Guilbert, professeur de la Éaeulté de Médecine de Paris , etc., 1826, in-8., lig • 2 f. 5o c. DE LA GOUTTE ET DES MALADIES GOUTTEUSES , par M. Guil- bert , professeur de la faculté de médecine de Paris ; suivi de recherches prati- ques sur la pathologie, le traitement du rhumatisme , et les moyens de prévenir cette maladie ; trad. de l’anglais de James Johnson. Paris , 1820, in-8. 5 f. Cet ouvrage fut accueilli avec bienveillance. Ln France, il obtînt le suffrage de M. !«/ pro- fesseur iliLLR, qui voulut bien publier ( Bibliothèque medicale , t lvi ) qu’il le regardait comme un vrai Traité et un bon Traité. — En Angleterre , AL James Johnson le fit passer dans sa langue; il y joignit dee recherches sur le rhumatisme pleines de vues ingénieuses, et qui nous montrent l’état actuel «le la médecine en Angleterre sur ce point. A son tour, M- Guilbert traduisit les Re- cherches de James Johnson , afin que son ouvrage ainsi accompagné devint eucore plus utiie. [DE LA NATURE ET DU TRAITEMENT DE L’HYDROCEPHALE AI- GUE (MENINGO CE PH A LITE DES ENFANS). par D. Charpentier, D. M. P., médecin de l’hôpital civil de Valenciennes, membre correspondant de l’Académie royale de médecine , de la Société de médecine de Paris , et de la Sociélé médicale d’émulation, etc. Paris , 1829, in-8 6 f. Le but de l’auteur a été de foire ressortir la part active que prend le cerveau dans Y Hydrocéphale ci guis , r»Mce que l'examen des causes prédisposantes et oceosionelles , la nature des symptômes’ et les altèrationc nresque constantes dont il est le siège, démontre qu'il est l’organe principalement affecté ; cet ouvrage se iistingue encore par des considérations neuves sur le délire sur l'inlîueuce qu’exercent les organes digestifs iur l’appareil cérébral . sur les modifications que l’àpe détermine dans la vitalité des organes. liais jb partie la plus importante de l’ouvrage de M. Charpentier, est celle, qui a rapport au traitement: la manière dont il emploie les mbyens qui peuvent agir efficacement, en a fait une méthode curative nouvelle, t l’expérienco lui a prouvé que la terminaison heureuse dépend le plus souvent de la manier * de la mettre en Usage: c'est cc que démontre le? fait? nombreux qu’il rapporte. Tout le monde sait quelle inquiétude règne encore aujourd’hui dans les fa mille. 4 lorsqu'un enfant est atteint le Fièvre cérébrale. Un outrage qui annonce un mo^eii nouveau de guérison doit donc être recherché avec ’.vidité. DE LA PHYSIOLOGIE DU SYSTEME NERVEUX , et spécialement du cer- veau. Recherches sur les maladies nerveuses en général , et en particulier sur le siège, la nature et le traitement de l’hystérie , de l’hypochondrie , de l’épi— lepsic et de l’athsmc convulsif ; par M. Georget, D. M. P. , membre de l’Aca- demie royale do médecine , ancien interne de première classe de la division des aliénées de l’hospice de la Salpétrière, etc. Paris , 1821 , 2 vol. iu-S 12 f. «* L'ouvrage de M. Georget est destiné à prouver que de lV.ction cérébrale dérivent U* sensi- bilité. les fonctions intellectuelles et affectives, 1rs pencha ns , les passions, les névroses et les maladies mentales. C’est l'oeuvre d un homme instruit et qui sait beaucoup. Il .jérite d’étre mé- dité avec attention par tous les médecins, »j4i ne peuvent manquer de le lire avec fruit. Journal univers t-L des sciences medicales , t. XX.Y , janvier i M 2 2. ) DISCUSSION MEDICO-LEGALE SUR LA FOLTE , ou Aliénation men- tale, suivie de l’Examen du procès criminel d’Henriette Gornier, et de plu- sieurs autres procès, dans lesquels celte maladie a été alléguée comme moyen do défense; par M. Georgf.t, D. M. P. Paris, 1826, iu-8 ... 3 f. 5r> <■ sOUVELLE DISCUSSION MEDICO-LEGALE, suite de l’ouvrage précé- dent, par le même. Paris , 1828, iu-8 3 f. DES MALADIES MENTALES , considérées dans leurs rapports avec la législa- tion civile et criminelle , par le même. Paris , 1827 , in-8. 3 f. 5o e. Mi DEGRÉ DE COMPÉTENCE DES MÉDECINS DANS LES QUES- TIONS J U D IC I A 1 RES RE LA T I V ES A U X A L 1 E N AT ION S IVi ENTA LES, et. des théories physiologiques sur la monomanie; édition augmentée de Nou- vbli.es Réflexions sur le même sujet, sur le suicide, etc.; par Elias Ré- gnault , avocat 4 la Cour royale de Paris. Paris , 1829 , in-8. G f. cet nuTrago .11. K. Tlepinnlt examine jusqu'à quel point les médecins experts sont rompi-len» •..lin le» questions |ini,i-inir.'j n ltillvi o ou» aliénations mentales, i|uello valeur un ili.it nt tin lior n lait • l imon; la sricnec médicale tour fournit clic, sur la foin lu nature d« lu fol; . rf«, cnnnaiMciirt» io J. B. Baillière, rue de lfÈcole-de-Médecine , n° i3 bis. assez poBÎtiycs , asioe supérieure! a relies du vulgaire , pour qu’ils puissent à ooup sûr reconnaître et distinguer de 1 état normal cet état irrégulior «t extraordinaire ) Cob questions sont traitées avec le doublo caractère du talent et de lajy-obité. Il y a dans le livre de M. E. Régnault des critiques qui frappent juste et fort , des argument dont lai doctrines médicales m peuvent démontrer la fausseté, et des conseils dont les médecins pourront faire leur profit. Toutes le personnes qni possèdent les ouvrages de Georçct doivent so procurer celui de M. E. Regneult , ayau« examiné tous deux les mêmes questions avec des résultats difrérens. — Séparément. Nouvelles Réflexions sur le degré de compétence des médecin* dans les questions judiciaires , sur le suicide, etc. Paris , 1829, in-8. 2 f. 5o c DE LA SANTÉ DES GENS DE LETTRES , par Tissot ; avec une notice sui la vie.de l’auteur, et des notes , par F. -G. Boisseau. Paris, 1826, 1 volume in-i8 f. 5o c Ce petit ouvrage manquait depuis long-temps dans le commerce ; nous pensons avoir fait un* chose utile en le réimprimant. Les notes que M. le docteur R-aisseau y a ajoutées le rendent en- core plus intéressant : aussi nous ne doutons pas qu’il ne soit bien cfccueilli des médecins etdc gens de lettres , auxquels il est spécialement destiné. DE LA PARALYSIE , CONSIDÉRÉE CHEZ LES ALIÉNÉS , Recherche} faites dans le service et sous les yeux de MM. Royer-Collard et Esauirol ; par L. F. Calmeil, D. M. P. , médecin à la Maison royale des aliénés de Cliarenton. Paris, 1826, in-8. 6 fr. 5o c, * Résultat de huit années d'observations faites aux cliniques de la Salpétrière et de la maison royal* de Cbarentcn M. Calmeil a fait une étude spéciale de ce genre de malndie sur laquelle on n’avai que des idées confuses; son ouvrage, riche d’un grand nombre d’observations pathologiques, doi fixer l’attention dans un moment où la pathologie du cerveau est devenue l’objet d’une étude spé- ciale. DES CAUSES MORALES ET PHYSIQUES DES MALADIES MEN- TALES, et de quelques autres affections nerveuses telles que l’hystérie , la nymphomanie et le satyriasis ; par F. Voisin , D. M. P, , directeur de la Maison d’ Aliénés de Vanvres près Paris, membre de plusieurs sociétés sa- vantes. Paris, 1826, in-8. 9' fr. Dr.nscet ouvrage M. Vouin examine quelle est l’influence de l'éducation, des institutions politiques religieuses, du fanatisme et de la superstition , des mœurs, des professions, des âges et des sexes , di l'hérédité, et généralemeut de toutes les passions qui peuvent altérer les facultés intellectuelle tant au moral qu’au physique. Son livre est aussi bien écrit que bien pensé, il sera lu par h médecin et le philosophe, le magistrat et l’homme du monde, tous y puiseront des conseils utiles. DE LA LITHOTRITIE , ou Broiement de la pierre dans ia vessie , par le doc- teur Civiale. Paris, 1829, 1 vol. in-8, avec sept planches 7 f. LETTRES SUR LA LITHOTRITIE , ou Broiement de la pierre dans la vessie, pour servir de suite et de complément à^l’ouvrage jjrécédent , par le docteur Civiale. Irc Lettre à M. Vincent Kern. Paris , 1829, iu-8- lig- •■»•••• 3 f' 11e. Lettre. Paris , 1828- 3f». 5o c En 1836 et '. 3ae, l'Institut royal Je Francs a récompensé M. Civuue , pour le pranJ nombre J V pé rations qu'il a faites sur Ir virant, et pour les beaux succès qu’il a obtcuus. Q-fsl Pou répondre n un suffrage aussi honorable que M. Civiale a publié son premier ouvrage ; et dan ses Lettres il indique les diverses modifications que sec nombreuses observations lui ont suggérées DE LA PERCUSSION MEDIATE, et des signes obtenus à l’aide de ce nouveai moyen d’exploration, dans les maladies des organes thoraciques et abdominaux: par P. -A. Piorry , D, M. P. , agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, me- dcein du Bureau cventral des Hôpitaux , membre de l’Académie royale de Médj- ciue , etc. Paris , 1828 , 1 vol. in-8 , avec deux planches- t- L'Institut royal de France vient d’accorder un pris & M. Piorry pnur les avantages qui doiren résulter, pnur le diCRnostir des maladies de poitrine , des modifications qu'il a apportées daus Icmplo de la percussion médiate. DE L'ANATOMIE PATHOLOGIQUE CONSIDEREE DANS SES VRAIS RAPPORTS, avec la science des maladies; par M. Rides, professeur de la Faculté de Médecine de Montpellier. Paris, 1828, tom. Ier. , in-8° 7 DE L'ÉTAT PRÉSENT DES HOMMES , considérés sous le rapport médi- cal; par L'AFOnt-Gouzi , médecin du Collège royal de Toulouse, membre de plusieurs Sociétés savantes. Paris , 1829 , in-8. 0 ’■ DES MALADIES PROPRES AUX, FEMMES , par M. Nauche , médecin de J. B. Baillière, rue de l' Ecole-de-Médecme , n° i3 bis. 11 la Société maternelle, et de l’Institution des Jeunes Aveugles, membre de p.usieurs Sociétés savantes. Paris, i8ag, 2 vol. in-8 , fig.- - • xof. 5oc. Dan» ce nomel ouvrage, M. Noucho a refondu , avec de6 additions, celui publié en iBifi sur les maladies ih l'utérus , qui est épuieé depuis long temps. En se livrant à do nouvelles recherches sur les maladies propres aux femmes l'auteur a réuni aux nombreux laits que lui a fourni une pratique étendue , ceux recueillis pur es auteurs qui se sont occupés du même sujet. Placé i portée d’observer toutes les opinions , d'examiner les T; nets de toutes les méthodes curatives, il a adopté tout ce qui lui a paru vrai, comme aussi il a rejeté tout e qui ne lui a pas paru conforme à une expérience éclairée ; parmi les maladies qu’il a décrites , il en est peu Ion t il n’ait siwvi les traitemeiis qu'il indique, il rapporte les circonstances dans lesquelles l’art a été utile ans craindre de citer celles où il a été impuissant. DES DIVERSES MÉTHODES D'EXPLORATION DE LA POITRINE ET DE LEUR APPLICATION AU DIAGNOSTIC DE SES MALADIES , par V. Collin , docteur en médecine de la faculté de Paris, interne des hôpitaux civils delà même ville ; deuxième édition , considérablement augmentée. Paris, i83o , iu-8 • Après avoir examiné les mouvemem respiratoires dans l’état sain et dans l’étal morbide . l’au- teur traite successivement des signes fournis par la percussion et Y auscultation met licite ; il passe ensuite en revue toutes les maladies thoraciques, et chcrêhe à les distinguer tes unes des autres, en assignant à chacune ses caractères propres. Ce petit ouvrage peut être considéré comme un extrait fart bien fait de la partie de l’ouvrage de M. Laennec relative au diagnostic «'es maladies de la poitrine. 11 sera très-utile aux élèves qui suivent les cours de clinique, et aux médecin* qui veulent se familiariser avec l’emploi du stéthoscope et du plessimètre. » {Archives générales ne médecine.') DE L’INFLAMMATION DES VAISSEAUX ABSORBANS , LYMPHA- TIQUES , DERMOIDES ET SOUS-CUTANÉS , maladie désignée par les auteurs sous les diflérens noms ôdèlépliantiasis dns Arabes , d’œdème dur, de hernie charnue , de maladie glandulaire de Barhade , etc. , avec quatre plan- ches en taille-douce , représentant les diverses formes , etc. ; par M. Alabd , D. M. P. , membre de l’académie royale de médecine , médecin de la maison royale de Saint-Denis , etc. , deuxième édition. Paris, 1824 , in-8 G f. « Dans cetonvrage, M. Alabd suit l’inflammation des lymphatiques sous tontes les formes qu’elle peut revêtir ; il soulève avec une rare sagacité les voiles oui la couvrent dans 6cs divers dégui- semens, et fait justice des apparences qui jmqu’icicn avaient imposé aux observateurs. Les plan- ches offrent le tableau effrayant de cet *.c maladie. • ( Revue médicale , août 18^4 ) DU SIEGE ET DE LA NATURE DES MALADIES , ou Nouvelles considé- rations louchant la véritable action du système absorbant dans les phénomènes de I’economie animale ; par M. Alàiu? , membre de l’Académie royale de mé- decine, médecin de la maison rovale de Saint ? Denis , etc. Paris , 1821 ; 2 voL f. DU MAGNÉTISME ANIMAL EN FRANCE cl DES JUGEMENS QU’EN ONT PORTÉS LES SOCIÉTÉS SAVANTES. avec le texte des divers rapports fait en 1784 par les commissaires de l’Académie des Sciences decinc , et une analyse des der- 11e , et du rapport de M Husscu ; 1 apports iair. en 1704 par les commissaires de la Faculté et de la Société loyale de Méd nières séances de l’Aci démie royale de Médecin Dan* un moment où le magnétisme fl ni mal est devenu l’objet n’unc grande discussion fi l’Aca- demie royale de Médecine, M. Bertrand, connu par les coins qu’il n f ûts sur ce sujet, et qui, depuis long-temps , en fait l’objet spécial de scs travaux, ne pouvait rester spectateur dans ce grand pro- cès : aussi, dan* l’ouvrage que nous publions, il ne se .contente p«s d’Mfri'’ le résultat de scs expé- riences, il y fait entrer avec des commentaires les jtigemens des Société» savantes en France; x°. le Rapport de Üailit et Fbankûin à l’Acadcmir (les Sciences; a°. celui des commissaires de In 1 acuité de Médecine; 3 \ r*dui de M. de Jussieu; 4° celui de M IIusson à l’Académie royale de Médecine* Aussi son ouvrage doit-il être recherché de toute* les personnes que cette grande question intéresse. DICTIONNAIRE DE MÉDECINE ET CHIRURGIE VÉTÉRINAIRES, ouvra."!; utile aux vétérinaires , aux officiers de cavalerie, aux propriétaires, aux cultivateurs et à toutes los personnes chargées du soin el du gouvernement des animaux domestiques, par HunTr.EL-D’ÀiuiovAL, membre de la Société royale et centrale d’Agricullure de Paris, rl de plusieurs sociétés nationales et ctrn.'igèies Paris, 1828, 4 forts vol. iu-8. 32.fr. 12 J. B. Baillière, rue de V Êcole~de— Médecine , n° i3 bis. Depuis long-temps on «'prouvait généralement le besoin «l’un livre dans lequel toutes les no- tions sur lesquelles repose l’art de prévenir et «le traiter les maladies des animaux domestiques «Puce manière efficace, ac trouvassent rassemblée* et coordonnées avec méthode. 11 était devenu né- cessaire de réunir une foule de faits que leur dissémination rendait à peu près inutiles pour la scirnce , et de choisir, parmi celte foule de préceptes que le temps a consacres, les serils que puisse avouer et suivre l'exnérience guidée par une saine théorie. Il n’était pas moins indispen- sable de mettre la médecine «1rs animaux en harmonie avec les progrès immenses que celle des. hommes a faits depuis un petit nombre d’années, cl «le lui donner, comme à celle dernière, l'inébranlable appui d’une physiologie rigoureuse. C’est en procédant de cctle manière qu’on pou- vait espérer «le conduire l’art vétérinaire à une perfection réelle i aussi l’ouvrage de M. Hurtrel* d’Arboval peut-il être considéré comme un véritable traité de médecine cl de chirurgie comparées- qui sera aussi utile aux médecins qu'aux vétérinaires. ANATOMIE CHIRURGICALE DES PRINCIPAUX ANIMAUX DOMES- TIQUES, ou Recueil île 3o planches représentant, i° l'anatomie tics régions du cheval, du bœuf , du mouton, etc., sur lesquelles on pratique les opéra- tions les plus graves : 2° les divers états des dents du cheval , du bœnt, du mouton , du chien , indiquant l’Age de ces animaux ; 3° les instruirions de chirur- gie vétérinaire; 3° nn texte explicatif; par U. Leblanc , médecin vétérinaire, ancien répétiteur h l’Ecole royale vétérinaire d’Alfort ; et A. Trocsseac , doc- teur en médecine , agrégé à la Faculté de Paris, professeur d'anatomie et de physiologie pathologiques comparées. Atlas pour servir de suite et de complé- ment au Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires ; par M. Hua- tuel-d'Arboval. Paris, 1828, x vol. grand in-fol. composé de 3o planches gravées et colot iées avec soin jtl. C«;t atlas est dessiné parChazal, sur des pièces aoatcmiqjec originales, et grave parAmbr. Tar- dieu. DICTIONNAIRE DES TERMES DE MÉDECINE , CHIRURGIE, ART VÉTÉRINAIRE, PHARMACIE, HISTOIRE NATURELLE , BOTA- NIQUE, PHYSIQUE , CHIMIE , etc. , par MM. Bégin , Boisseau, Jour- tïan , Montgarny , Richard , Sanson , docteurs en médecine de la faculté de Paris, et Düpct , professeur à l’École vétérinaire d’Alfort. Paris , i8u3. i v. in-8 de 6oo-pagcs. 8 f. « Plus complet que celui de "System, ce «lictionnai»-e présente les mot* avec leur étymologie et leur signification ; c'est un petit r«5s«imé de toutes les idées attachées à ces mois dans chaque scirnce , et par ce moyen un court résumé «le chacune des sciences d«»nt on rapporte les termes; la doctrine physiologique y trouve une bonne explication de ces mots. Tontes les connaissances chimiques s v rencontrent, les termes de l’art vétérinaire y sont au complet, enfin l'ouvrage est également en - richi des termes de physique, d’histore naturelle et de botanique. *-(_ Annales de la médecine phjr-* siologiquc par Broussais, octobre , 1820.) DISSERTATION SUR LES ANÉVRYSMES DE L’AORTE, par G. Noverre, docteur en médecine de la faculté de Paris. Paris , 1 820 , in -8 1 f. 5o c. ÉLÉMENS DE PHILOSOPHIE CHIMIQUE , par JL Dayy, processeur de chimie à l’Institution royale Backcriennc, auteur des Elémens de Chimie agri- cole ; trad. de l’angl. , avec des additions , par Van-Mons , correspondant de l’Institut. Paris , 182B, 2 vol. iu-8., fig. 18 t. Le nom de Divr est connu depuis long-temps; il occupe une place distinguée parmi les pre- miers chimistes de l’ICuropc, pour les progrès que ses nombreuses découvertes ont fait faire a cette belle partie des connaissances humaines. Ses Llcmens de Philosophie chimique étaient peu con* nus en France; nous croyons avoir rendu service eu les reproduisant* ÉLOGES DES ACADÉMICIENS DE MONTPELLIER , pour servir a l’his- toire des sciences dans le 18e siècle , par M. le baron Desgenettbs-, inspec- teur-général du service tic santé des armées , professeur de la faculté de méde- cine de Paris, etc. Paris, 1811. iu-S- • 4 f* ESSAI SUR LA FIÈVRE JAUNE D’AMÉRIQUE , ou Considérations sur les symptômes , la nature et le traitement de cette maladie ; avec l’histoire de l’épidémie de la Nouvelle-Orléans, en 1822 , et le résultat de nouvelles recuer- rhes d’anatomie pathologique ; par P. -F. Thomas , secrétaire général l ue la so- ciété médicale de la Nouvelle-Orléans , médecin de i’ hôpital de cette ville, 're- cédé de considérations hygiéniques sur la Nouvelle-Orléans , par J. Picornel, J>. M. P. Paris, 1823 ; in-8. 3 L ✓ J. R. R a i ll! hue , rue de l' Ecole- cle -Médecine , nn 1 5 bis. i3 1ESSA I DE GEOLOGIE, ou Mémoires pour servir à l’histoire naturelle du giobe, par B. Faujas-St.-Fond , professeur au Jardiu du Roi. Paris', 1809, 3 vol. in-8, avec 29 planches dont 5 coloriées ai t. HESSAI PIIYSIOLOGICO-PATHOLOGIQUE SUR LA NATURE DE LA FIEVRE, DE L’INFLAMMATION ET DES PRINC1 l'ALES NÉVRO- SES ; appuyé d’observations pratiques ; suivi de l’histoire des maladies obser- vées à l’hôpital des Enfans malades pendant l’année 1818 ; Mémoire couronné iiar la taculté de médecine de Paris , le 4 novembre 1821; par Ant. Dügès J. M*. P. , professeur de la faculté de médecine de Montpellier, etc. Paris ’ iSa3 , 3 vol. in-8 i3 (. • L’auteur de cct ouvrage semble avoir eu pour but de concilier le. doctrines les pin opposées, il a mis également à contribution ies Mec s d’ Hippocrate sur les crises . de Cnlien Cl de Darwin sur les oscillations 11er veuscs, de M. Pinel sur l’cssmiialité des lièvres: il reconnaît aussi devoir beaucoup à M. Broussais et à l’école des coutre-stimu listes. M. Dugès est donc 1111 auteur éclectique par excellence; il a cherché In vérité partout où il a espéré la rencontrer. Apres avoir jeté dans une première partie des principes londamentaux de pathologie, il a cherché dans une seconde partie à faire l’application de et s principes aux diverses maladies. Nous avons donc o considérer M. Dugès et comme auteur d’un système et comme médecin observateur; mais, nous aimons a le proclamer usance , 011 ne peut s'empêcher de reconnaître eu lui un homme doué d'une vaste instruction et d’une sagacité peu commune. En terminant l’analyse du premier vo- lume de cct ouvrage, nous nous hâtons de donner au lecteur une idée «les matières que con- tient le second volume. C’est un rerucil d'excellentes observations sur différentes maladies, et spé- cialement sur les fièvres graves, l’hydrocéphale aigue, la variole, ia rougc.de, l’angine , la diar— rbe'e , le charbon, etc. Dire que ces observations ont été recueillies à l’hôpital des lai fa us ma- lades et dans d’autres hôpitaux de Paris, que le plus grand nombre fait partie d’un mémoire couronné en 1R21 par la faculté «le médecine de Paris, c'est en faire suffisamment l’éloge. - (il c\‘uc medicale , t. xi» août i&il. ) - o ill 8 2 il*. Daiisre travail , M. Duges a voulu faire sentir la liaison intime qui existe entre les diverses branches «le I art de guérir, la niutuclle dépendance de chacune de ses branches et la nécessité «le les étudier toutes, SUNT NE INTER ASC ITEM ET I’ER ITONITI DEM CHRONICAM CERTA DISCRIMINA QUIUUS DIAGNOSCI QUEANT : a uct. Ant. Dügès, D. M. P. Parisiis ; 1824 , in-4 , f, 50 C- ESSAI SURLES IP.RI TA LIONS , par Maiundel , docteur eu médecine de la lacultc de Paris. Paris y 1807,111-4 ^ p ESSAI SUR LES MALADIES DE L’OREILLE INTERNE; par J.-A. Saisst iloctcur eu médecine, membre de plusieurs Sociétés savantes, etc.: ouvrage couronne par la Société de médecine de Bordeaux. Paris 1827 ?n-8 4 R 5o c. É1 UDES CLINIQUES SUR LES EMISSIONS SANGUINES ARTIFI- CIELLES , ouvrage ar le même. Paris , 1822 , in-8 j f. 25 c-, RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L’ABSORPTION ET L’EXHA- LATION, Mémoire couromié par l’Institut royal Je France; par le même. Paris, 1824, iû'&j avec une planche coloriée. 2 f. 5o c. DISCOURS SUR LA BIOLOGIE, ou SCIENCE DE LA VIE. suivie d’un tableau des connaissances naturelles, d’après leur nature et leur filiation ; par le même. Paris, 1826; in-8. 2 fr. 5o c. MELANGES DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE , on Mémoibes snr les nansemens, les luxations , les opérations chirurgicales, tes maladies syphilitiques, îa paralysie, etc., etc.; par M. Motjie, ancien chirurgien de l’Hôtel-Dieu de Lyon t etc. Paris , 1812-1827, 2 vol. in-8 12 f. Le tom. Il’ séparément, 1827, in-8 « 6f. MEDECINE LÉGALE. Considérations sur l’infanticide ; sur la manière de pro- céder à l’ouverture des cadavres, spécialement dans le cas de visites judiciaires; sur les érosions et perforations de l’estomac, l’ecchymose, la sugillation , la contusion, la meurtrissure; par MM. Leciedx, Renaud, Lafske , Rieux, docteurs en médecine de la faculté de Paris. 1819, in-8 4 C 5o c. - Cet ouvrage nous a offert beaucoup «l’intérêt ; on y trouve d’cxce.lleus principes, exposés avec clarté et méthode ; partout on y rencontre la doctrine , souvent les expressions mêmes de M le professeur CnvrssiEn «( Bibliolhamc médicale. )« Ces quatre dissertations manquent dans la biblio- thèque de presque tous les gens Je l’art ; nous ne doutons pas qu’ils ne s'empressent de se les pro- curer, et Ps doivent le faire puisqu’ils ne trouveront nulle part ailleurs les cxcelleus document qui y sont consignés.* ( Journal complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales .) MÉDECINE LEGALE RELATIVE AUX ALIÉNÉS , AUX SOURDS- MUETS, 01; les lois appliquées aux désordres de l’intelligence; par Hof- FBAUEn ; Irad. de l’allemand par Chambcyron , D. M. P., avec des notes, par MM. Esyoïr.oti et Itahd. Paris , 1827 , iu-8 6 f; Le besoin généralement senti d’un traité de médecine légale appliquée aux désordres de l’intelli- gence , la juste réputation dont jouit celui de M. Hoffbaucr , les notes nombreuses et importantes qu’oni ajoutées a ce travail MM. lüsquirol, sur les aliénés, et itard sur les souds-muels, en font un ouvraga du premier ordre qui sera consulté avec fruit par les médecins , les avocats , 1rs juges, etc. Voici 1rs principales divisions de ccl ouvrage. — Des maladies mentales et de leurs suites légales. — Do l'erreur -de scutimcnt et des maladies analogues. — De In manie et des maladies analogues. — Du somnambu- lisme— Des sourds-muets — -Des états passagers de l’âme qui peuveht être du ressort de la médecine légale De i’ivresse. — De l'état intermédiaire de la veille et du sommeil. - — De l’egarcmcnt mo- mentané — De l’impulsion insolite. — De la monomanie homicide. De l’influeuce qu’exercent sur la validité d’un témoin les maladies et les états indiqués ci-dessus. — Règles geueralcs pour reconnaître une maladie mentale quelconque, ou un état nicutal qui vient à être du ressort de la médecine legale. MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE. Pa/w, 182S, tome lor, 1 fort vol. in-4. , avec six planches. 20 f. Ce premier volume que nous annonçons peut être considéré comme la suite et le complément der Mémoires de la Société roya ’e de Médecine et de l'Académie royale de Chirurgie. Ces deux Sociétés célèbres sont représentées dans la nouvelle Académie par ce que la science a de plusds- liugiié , soit à Pans, dans les départeu.ens ou a l’étranger. Par cette publication, l’Académie vient de répondre à l’attente «le tous les njé'lccins jaloux de cuivre les progrès de la science. Le premier ■volume se compose des mémoires suivans : Ordonnances constitutives et Réglemcns de l’Académie royale de Médecine — Liste général.- «le I scs membre* résidons et corrcspondans. — Discours d’ouverture prononcé par M. Paeiset, secré- taire perpétuel — Lloges de Corvisart , de Cadqf Gassicourt, de bertbollet.de Pinel , de beau - r.liêne et de Hnurru, par le même . — Rapport de la Commission chargée de rédiger un projet d’in I strnetion relativement aux épidémies . par «l Double. — Compte rendu des travaux de la Sei tionl de Médecine , par le même. — Discours sur l’histoire et lcs.progrès des sciences pharmaceutiques ,| par M. V irf.y. — Mémoire sur le Mutisme , par M* Itard. — Mémoire sur les Pblegmasics eéré-j braies , par le même. — Kxisle-t -il «le nos jours un plus grand nombre de fous qu'il n'en existait ill y a quarante ans? par M. Lsqlirol. — Mémoire sur la mortalité en France dans ia claîse aisée cil dans la. classe indigente, par M. Villermk. — Observations sur les effets thérapeutiques de 14 morphine ou naveéme , par M. Rallt. — Mémoire sur la folie des ivrognes, ou sur le délire trem I Liant, par M. Lévbili.é Mémoire sur les ploic^ pénétrantes de la poitrine , par M. lé batorJ Larrey. — Observations sur l’operation de la taille, par le même. — - Mémoire sur une oouvclUI J. B. Baillière , rue de l’Écôle- de-Médtci ne , n° i3 bis. 17 vnvthode de traiter le* .'.nos contre nature ou artificiels ,pnr M le baron Poputtiihn. — Mémoire sur le* obstacles upportes a l'accouchement par la immvnUe conformation «i 11 beux, par M Dugks. — Analyse le l'écorce du Solanu-n psewloquinn , par M. Yâi jvelik. — Con&iucralicns chimiques «h r diverses concrétions «lu corps humain, par M. hsi'Oi*-* Keeherchr* nn.il 1 liqur* sur la Vio- 1*110, par M. IhnjtLAY, arec des KYpcrhiOCos par MM. OariL* et t uomel. — — Mémoire sur Pipe - caciianha , par M. Li miike Lissocouht MEMOIRES DE LA SOCIÉTÉ MÉDICALE D’ÉMULATION DE PARIS, f. ix*. Paris, i8a(», iu-8. , lig 8 f. Pour montrer que ce nouveau volume n'est pas inférieur n ceux publiés précédemment, il nous sufiilde citer 1 s noms des auteur M.11. lloineau. Geoffroy Saint J/i/i.ire , / hittounct , Mi bel Rrichctcuu . Dsieimerit . fioiiilla’td , Moulluml , V act/uie , Amiral , Iiotlei , Vantldurre , /A<- chateuu, Cbantot.ro/ le , Fourcauit. ...A SOLITUDE , par J. -G. Zimmermann , nouvel lu traduction de l’allemand , par A.-J.-L. Jourdan. Paris, i8a5 , un fort vol. iu-8. Prix , broché- ■ • • 7 f. Le même , papier vélin , cartonné- • ’•••• 1 j f. Fe-sonnc n'p mieux écrit sur les avantages cl les inconvénient de la solitude que le céîebr** Zimmer- mann ; tout son livre esc empreint des pensées les plus généreuses ; un livre aussi fortement pense ne peut manquer d'être reebcrdic avec avidité, et d'autant qu’il est écrit «vcc ce clioi’Uie particulier qui caractérise les productions de tous les pense rs mélancoliques. • L'ART DE PROLONGER LA VIE DE L’HOMME , par G.- G. IIufelanu , conseiller d’état , premier médecin du roi de Prusse , directeur de l’école de médecine de Berlin, etc. traduit de l’allemand, par A.-J.-L. Jourdan, D. M. P., chevalier de la Légion d’honneur , membre de l'académie royale lié médecine , de la société médicale d’émulation , correspondant de l’académie des sciences de Turin. Paris , t8a/j , in-8 • • (i f. • ï.a Juri’cilr la tic, .tes conditions, les diverses méthodes mises en usage pour In prolonger, soûl Étudiées dans la première partie de l'ouvrage de M. lIoeiLANn; 1rs causes qui l'abrègent comprennent la deuxième ; dans la troisième, il est question de la santé rl dr tous les moyen* de la maintenir ilori'vante. Une instruction variée, des observations nomb eus s , dtrs anecdotes poi.*r la plupart curieuses , rendent la lecture de celouvinge fort agréable, et su fout un des livres les plus imlructiU ‘qu'un puis*»* I « *-e. Ku un mot , c'est un livre bien fait , et nuVn est fâché de vcm linir • ( Journal wUversel de* iciences médicale/ , juillet iSa.j.) TRAITÉ DE La MALADIE SCROPHULEUSE, ouvrage couronné par l’aca- démie impériale des curieux de la nature ,. par C.-G. IIufedand , médecin du roi de Prusse ; traduit de l’allemand sur la troisième édition (i8rq''; accom- pagné de notes par J. B. Bousquet. TJ. M., et suivi d’un Mémoire sur les scrophuleS , accompagné de quelques réflexions sur le traitement d* cancer, par M. le baron Larrey . Parts , 1821 ; in-8. lig (if. LECTURES RELATIVES A LA POLICE MÉDICALE , faites au conseil do sulubtitéde Lyon, eu 182G, 1827 , 1828; par Et. Sainte-Marie, D. M. , membre du conseil île salubrité et de la commission de statistique , membre de plusieurs Sociétés savantes. Paris, 182g. 1 vol. in-80. •• • ij fr. (Ici ouvrage est divixé cm dix loclurc? , dont il iiou3 .v;îlU de donner le titre : 1. E<1» fi ce* récemment construit* ; *. Inondations; â. lléformc ù taire de quelques usager tnlciés jusqu'à jn-ésent ; 4- Méphitisme des mura : 5. Insr.iul rile de* ali.neiis et de* boissons : fi. Provlitutioiis et visite de* (nie* publique* ; 7. De l'avortement u.tifni« l:8 Sur lliydroidiobie : p De fenijJoDonneinent par le verV ie*gri* , qui sc forme à lu surface des usletjdle* en cuivre , ou vert de gris naturel; iu. i)e I huître et de sou usage comme aliment, et comme remède. PRECIS ELEMENTAIRE DE POLICE MEDICALE ; par le même. Paris, i8i4 , in-8. - 1 fr. 5o c. '-NOUVELLE METHODE POUR GUERIR LES MALADIES VENE- RIENNES INVE TEREES qui ont résisté aux traitemens ordinaires ; par Et. Sainte-Marie, D. M. Parss, 1829, in-8. 3 f. 5o c. '■NOUVEAU FORMULAIRE MEDICAL ET PHARMACEUTIQUE; par le même. Paris , 182.0 , in-8. 5 f. i DISSERTATION SUR LES MEDECINS POÈTES; par le uême. Paris , tftuT. , in. 8. a f. 2 i8 J. C. Baillière , rue de l’ Ecole- de-Mêdecine , n° i5 bis. LETTRE DE LOUIS-JACQUES BÉGIN h F.-V.-J. BROUSSAIS , méde- cin en chef, et: premier professeur à l’hôpital militaire d’instruction du Val- de-Gràce , chevalier de la Légion d’honneur , membre de l’académie royale de médecine, et z. Paris , 1825, in-8. 1 f. 20 c. LETTRE A L’ACADÉMIE DES SCIENCES. Examen critique de l’ouvrage de M. le docteur Civiale, intitulé : de la iitholritie , ou broiement de la pierre dans la vessie , et appréciation des faits présentés par ce médeciu ; par le baron Heurte-coup , docteur en médecine. Puns , 1827 , in 8 , lig 3 f. 5o c. MANUEL D’ANATOMIE GÉNÉRALE , DESCRIPTIVE ET PATHOLO- GIQUE,par F. Meckel , professeur d’anatomie à l’université de Halle, tra- duit de l’allemand , et augmenté des faits nouveaux dent la science s’est enri- chie jusqu’à ce jour ; par G. Bresciiet et A.-J.-L. Jgcrdah, D. M. P. Paris, 1825, 3 vol. in-8 de 800 pages chacun, en caractère petit-romain • • 28 f. Depuis long-femp* on désirait un livre qui réunit tous les faits importons «le l’anatomie géné- rale, de l’analonve descriptive, de l’anatomie pathologique et de la physiologie. Un pareil travail exigeait def connaissances aussi étendues qu’approfondies ; il ue pouvait être exécuté que par l’un des premiers anatomistes uu siècle. M. .Meckel, qui soutient si iFgnement l’éclat d’une célébrité médicale héréditaire dans sa familie , et a qui on doit plusieurs autres ouviâges du premier ordre , n’a pas craint d’entreprendre cette tâche pénible. Son traité d’anatomie , considéré comme classique eu AlUuingne , ne sera pas moins honorablement accueilli clic* nous. C’ait une des- plus belles productions de l’école de Liiclmt , de ce Bichat que l’Kurcpe envie a la France, et auquel M. Meckel rend le plus brillant hommage qu’un grand talent p uisse témoigner au génie, en pro- fessant pour lui une admiration sans enthousiasme. Un a eu soin , en faisant passer ce manuel dans notre langue, tl’y rattacher tous les faits dont le domaine de la science s’est enrichi depuis sa pu- blication. L’un des traducteurs, placé à la tête île l’amphithéâtre d’anatomie de la faculté de médecine de Paris, est À même . par sa position , de s’assurer journellement de l’exactitude comme de la vérité des descriptions de Meckel : aussi ne craignons-nous point de l'offrir comme un ouvrage entièrement neuf , sous le double rapport du plan et du mode d exécution. MÉMOIRE SUR L’EMPLOI DE L’iODE DANS LES MALADIES SCRO- PIIULEUSES ; lu à l’Académie royale des Sciences dans la séance du 22 juin 182g ; par J. G. A. Lcc.ol, médecin de l’hôpital Saiu (-Lotus ; et précédé du Rap- poit fait par MM. Duméeil, Serres et Magendie. Paris, 1829, iu-8. 2 f. 5o c, MEMOIRES SUR LE TRAITEMENT DES ANUS ARTIFICIELS, DES PLAIES DES INTESTINS. ET DES PLAIES PENETRANTES DE LA POITRINE; par J. -F. Reybaiid, docteur en médecine de la Faculté de Paiis, ancien chitmcien «les hôpitaux de ! yon, etc. Paiis, 182- , in-8, lig. !\ f. f»o c. MEMOIRE SLR LES HEMORRHAGIES INTERNES DE L’UTERUS , qui a obtenu le prix au concours ouvert par la Société de médecine de Paiis; par madame Rotvix , ex-surveillante eu chef de l’hospice «le la Maternité, etc. Paiis , 1819 , iu-8° 3 fr. 5o c. RECHERCHES SUR UNE DES CAUSES LES PLUS FRÉQUENTES ET LA MOINS CONNUE DE L’AVORTEMENT, suivies d’un Mémoire sur l’intro-pelyimètre , ou mensuratenr interne du bassin ; par madame veuve Boivik, docteur en médecine de l’Université de Marbourg, sage-femme sur- veillante eu chef de la Maison royale de Sauté, etc. Paris, 1828, in-8». , 2 f. 5o c. OBSERVATIONS ET RÉFLEXIONS SUR LES CAS D’ABSORPTION DU PLACElNTA , par le même. Paris , 1829, in-8. 1 f. 5o c. MONOGRAPHIE SUR LA RAGE , ouvrage couronné par le Cercle medical de Paris, par A. -F. -C. De St. -Martin , docteur en médecine de la Facullt de Paris, etc., etc. Paris, 1826, in-8. (if. NOUVEAUX ÉLÉMENS DE PATHOLOGIE MÉDICO-CHIRURGICALE, ou Traité théorique et pratique de médecine et tic chirurgie ; par L. Lit. Loche, D. M. P. , membre de l’Académie royale de médecine , etc. ; et J. L. Sarsok D. G. P. , chirurgien eu second de l’flôtcl-Dioii de Paris; secorue édition! Paris, 1828, 5 vol. iu-8. , de 600 pages chacun 35 fj J. B. Baillière, rue de l’Ecole- de- Médecine ,n° i3 bis. 19 Cet ouvrage obtînt un succès si rapide , que déjà, avant d’avoir publié le dernier volume , les pre- mier» étaient épuisés. C'est pour répondre u cet empressement du publie que les auteurs eu font au- jourd'hui une seconde, édition , avec de nombreuses addition? et augmentations , et en ont entièrement changé la classification. Du reste, nous reproduisons ici le jugement d’un critique éclair • que la science vient de perdre, que le docteur Urbain Coste porta des premiers volumes delà première édition. - C’était une périlleuse entrepris*, que de composer un ouvra/jc didactique sur les deux branches de la pa.boîogic, n une époque où lune d'elles, bien qu’émondée par dis mains habiles est encore chargée de nuages, lorsque la science n’est pas, n beaucoup près, réduite en aphorismes , et sous la redoutable prévention de la défaveur, nue des essais toujours malheureux ont attachée aux et/wenj r aux manuels , et en general à ces compilations serviles tju* ont la prétention d être clas-iquc cl qui, .manquent leur but parce qu’elles disent trop nu pas assez. Le talent do MM Hoche et S-wsuN a place leur travail dans un rang qui ne souffre point de parallèle avec les prnducl ons analogues qui l'ont précédé. Ici l'exposition fidèle de nos connaissances et de mu» acquisitions les plus récentes evt animée par une foule d idées neuves cl fécondes , et par la discussion aj'prolwndie des doc- trines qui son* encore en mouvement Ainsi, nos auteurs ne sont pas de simples historiens, ce sont aussi des écrivains originaux, et leur originalité n'a rien de bizarre, ni de téméraire; elle fait penser - £ \onoelle Bibliothèque mrdictiiü , juillet i8a(». ) - Il reste encore uu petit nombre d’exemplaires des 'ornes 3 et 4 de la pre- 1 mière édition. Prix du lotnc 3. * 5 f. Tome 4 8 f. IE LA NOUVELLE DOCTRINE MÉDICALE. CONSIDÉRÉE SOUS LE RAPPORT DES THÉORIES ET DE'!. A MORTALITÉ, par L.-Cii. IRociie , membre de l’Académie royale de Médecine. Pn-is. 1827, in-8. 4L • - Tous les médecins , jaloux de se tenir au courant de layscicncc , tous ceux qui ont observé les progrès k la nouvelle doctrine médicale du professeur Rroussais , tous «eux enfin qiù ont suivi 1rs discussions Telle a lait naître , voudront lire net écrit. Il» y trouveront 1.» réfutation la plus complète des prin- taales objections qui aient été faites jusqu'à ce jour à cetl? doctrine, que tant d’efforts n'ont pas encor? 1 ébranler; ils y verront surtout apprécié à sa juste valeur, certain tableau de mortalité du Val- ' Grâce, dont on a fait «grand bruit, tableau qui devait démontrer que la doctrine physiologique était nngcrcuse , et «'ont la publication tourne aujourd’hui a la honte fies hommes qui l'ont produit. < ’est r 1* des chiffres que M. Kooho en démontre toute la fausseté . et par dus faits incontestables et fies rai- memens pressés qu’il renverse les conséquences erronées qu'on en avait tirées Toutes les pièces dit «ces son t mises par lui sons les yeux «les lecteurs fort «le la bonté de sa cause , i1 aurait craint de lui ire en ne produisant pas avec la plus scrupuleuse exactitude le teste même des a^mnens de scs anta^o- :stea M h orbe a déployé dans ce nouvel écrit toutes les ressources de son talent et toute la puissance sa logique , et il y a semé à pleines mains ces traits vifs et piqu.im.qiii animent une discussion cl en réu- ni la lecture agréable. C’est un livre enfin, qui sera le a\cc Uu égal avantage par les ad versais 15 de nouvelle Joctriae et par ses partisans ; les premiers y perdront pet- être quelques préventions, et les «01.J1 y puiseront certainement de nouveaux motifs de confiance dans la bonté fies principes qu’ils ont optes. • IOUVEAUX ÉLEMENS D’HYGIÈNE, rédigés suivant les principes de la 1 nouvelle doctrine médicale, pur Charles Londe , D M. P., membre de l’A- 1 endémie royale de Médecine, de la Société medicale d’Émulation de Paris, de la Société médicale de Londres , etc., etc. Paris , 1827, 2 vol.in-8. 12 fr. ! L'hygiène est généralement définie , l’iirfrfe conserver la tan’r. I.'anlrnr de l’nu.r'n :e >jnr nous pu- ions , -considéré l'hygiène sous un punit de vue plus vaste qu'on lie t’avait fart avant lui - ( fiouit- Ao.'ie. bib. m/d. ). Elle ne borne passes av.mtag s, bit il, a prév ,nir les deraugemens de nos "ânes; . dirige/ 1er or’anet si au s l'r.iercicc ds leurs fondions ; il insiste surloutiur des partie: de i 'hygiène nt sa. semble inim • ne pas soupçonner retsiilnr.ee. - ; Il stiser, Archives) - A prés .unir fait en, maître cirroe.itanrrs (lempévameni , à. es. sexes etc. 7 qui différencient sur l1, omme les applications des , '1rs d'hygiène , après avoir établi I s réglés o’hvgiè e général, s , c’csl a-dire applicable: it tou» (organes, aptes, dis je, ces prolégomènes, M. Londe entre en inatithc , - L’ouvrage est divisé deux volumus b ’ - Le premier comprend toute la vie dite de relation . c’est -a. dire la direction des fonctions , au •yen (lesquelles l'homme entretient îles rapports avec te monde extérieur, non-seulement pour en i concerne la conservation et le perfectionnement de l’individu , mai* enro c pour ce gui regarde 1 1 «servation et le perfectionnement de l’espèce, 'elle première partie, sous quatre sections, em- 'tsse a direction, lies cinq sens ; i" des [icullcs intellectuelles et mot aies ; jo ,|t.3 mouvement tsculaires volontaires ; 40 du sommeil , lequel n’est autre chose que le renos île la vie de rr * • Le tome deuxième est consacré à la vie de nutrition il contient la direction . 1° des fonctions par (quelles tout être vivant assimila à sa propre nature des substances déterminées q„: lui servent a . / ne uc l j^coifriite-ivieaecihc , ?f* • accroître et à sc réparer; a° de cm autres fonctions par lesquelles sont rejetés de l’économie le matériau* i-. propres à la réparation rt A Pacer oMsrment , ainsique le produit à terme de la rnneen . . -- -a roncen, tion l.rtlr sto oiwle parlii: se eompnai* «lo tro s sections , ii.itu l«*sq:'rl 1rs !ST Lcnde traite «le la direction s° des fonctions «tes or^n/f es digestifs; a° des Ton. lions de P appareil ra piraluire et circulatoire ■ ,|” celles des organes séci éteins • ' (i gymnastique y, kdicale, ouivx. p-. e u jijUitjttL' ui\ organes du l’huintrus après les luis de la physiologie et de la tlien::peutiiiuo ; par Ch. Londe ‘ 1\1 1 » — I 1 . I • _ . . 1 r* L 7 î. D. M. P. , membre Je plusieurs sociétés savantes. Paris , 1821 , in-8- •. f. NOSOGRAPHIE ORGAiNIOUE, ou Traité complet de médecine pratique; par r .-G. Boisseau , I). M. P., 11 t-tooie de» Académies royales de Médecine île Paris et de Madrid, de la Société medicale de Moscou , de la Société inédit aie •l’Emulation, etc., etc. Paris, 1828-1829, 4 forts vol. in-8. 34 f. l.’inirodnrtion de la physiologie, dam la pathologie le rappel a l’ét ide des organe», la découverte des signes de la gailro -entérite, le renversement des fièvres essentielles; rnlin , la révolution '*!»• ré» par M Broussais, dans la veienue et dans la pratique médicale, faisaient vivement délirer une nou' rlle Holographie , où l'état des connaissances inéJ;caie* actuel f.'u c> HMHHH ex|)w»c a ec méthode, avec clarté. jçlle est la tâche que s est imposée M. Boisseau, auteur d.i la Pyr/tologie physiologique , dont la troisième édition atteste le succès; verse dans l'élude de la médecine aut.que , d, triple indépendant tku réformateur , il s’est j»rr pose de liocct uo tableau exact et Complet des causes et des signes des maladie tonsidei'ét.s dont /e/ 3fja/iei, d’unir Icj veriuts auci unes aux vérités nouvelles de présenter les vert* , ~ . - , présenter . — tables uidtcat onv tlitrajieulupies dans chaque aflcciion, en un mot, île résumer dans l’inlérrt des étu- diait* M des praticiens , i’éinl présent de la patholog e et de la thérapeutique médicale. PYHETÜJ.OGÎE PHYSIOLOGIQUE, ou Traité (les fièvres considérées duos l’esprit de la nouvelle doctrine médicale, par E.-G. Boisseau , docteur en mé- decine de la faculté de Paris , membre des académies royales de médecine de Paris et de Madrid. Troisième eclit. Paris , 1826 , 1 vol. in-8. de 725 p.ig • 9 I. Trois éditions en moins de trois ans, voilà qui vaut mieux que tous les éloges qu’oc pourrait donner à l'ouvrage de M. Boisseau, aussi nous nous contentons de rapporter ir jugement que les Arcuivx* ont porté sur la a* édit. « La première édition de cet ouvrage a élé épuisi c en moins d’uue année ; le talent « oni.u de l’auteur, le besoin généralement senti d’un ouvrage de ce genre , propre a faire connaître toute* 1rs variations qu'a éprouvées la doctrine des fièvres, surtout depuis 1rs travaux de M. Hroussai», teL*om le* éJimcns du succès de la Pyrélologie de M. Boisseau L'auteur a fait subir de oombreuses ame- liorations à son travail; il a revu aveu soin les principes de physiologie pathologique qui furinrct l'introduction Je sou livre; il a ajouté une foule Je détails relatif* au siège, à l'iutcnsité, au d»a- Citostic et nu traitement des maladies fébriles C>t ouvrage, I un des plus remarquables qui .ii**t p»ru dans «r. j derniers t> mps, est dévenu indispensable aux mé irrii.s qui »’«M c:ipent des nrogi ■:% utfl la science, et surtout a ceux qui veulent connaître les nouvelles iJ. es s»..* la doctrine îles ficus: • f / îreftives gnt/fnîr.t de médecine , février ifta? ) SUR LA NATURE ET LE TRAITEMENT DE JL’ H Y - M. Portai., premier médecin du Roi, membre de l' I nsfi ■> OBSERVA I IONS DROPISLE, pat . , tut ( académie des sciences), président de l’Académie royale de médecine Paris , 1824, 2 vol. in-8- 1 1 f. » Cel oumge , fruit ne la longue pratique d’un médecin dent le grand âge n'a point interrompu les travaux, sc recommande ans praticiens pat les observations cliniques et les recherches qu’il con- tient sur les Iivdropmes eu général et sur chaque espèce d'hydropuie en particulier. Il est inutile de comacicr Je longue» phrase» à son éloge; le nom de M. Portai est plus que suffisant pour fisc' l’ attention du public médical sur une production qui ne peut manquer île prendre une place dis- tinguée parmi les nombreux ouvrage» déjà publiés par ce savant méslecin. • ( Cris elle île lanL , u° istt , mai iSa; ) OBSERVATIONS SLR LA NATURE ET LE TRAITEMENT DE L’Jî- PILEPSIE ; par M. Poiital, premier médecin du Roi, membre de i Insti- (ut , etc. Paris , 1827 , 1 vol. iu-8. ŒUVRES CHIRURGICALES D’ASTLEY COOPER ET B. TRAVERS; contenant des mémoires sur les luxations , l’inflammation tic I iris, la ligature I de l’aorte , le phimosis et le paraphimosis , l’exostose , les ouvertures contre na litre de l’urèthre , les blessures et les ligatures des veines , les fractures du co g du fémur et les tumeurs enkystées , traduites de l’anglais çar G. Bertrand^.) docteur en médecine, avec 21 planches. Paris, 1823 , 2 vol. iu-8 *4 " f • Personne n’ignore le nom d’Astlcy Cooper, et tout les chirurgien» français sont déiireux naître la pratique de ce célèbre opérateur anglais; nous ne douions donc point que celle r«. tiou ne soit bien accueillie Le» personnes qui désirent rallier la doctrine physiologique » j rurgie sc réjouiront particnltcreineiit Je relie nouvelle acquisition, qui leur .nurnira i c a J. 1). Raiu. Èke , rite de V Ecole- (le- MS 'devine , //" i - bis. 21 1 moyens d'exécuter un rapprochement si nécessaire. •(Annales delà médecine physiologique , par &AOUSSAI* , j uin 1823.) :iUVHES DE MÉDECINE PRATIQUE do Pujol de Castres, D. M., cou- Menaut : Essai sur les inflammations chroniques des viscères , les maladies I vra- jishatiques , l’art d’exciter 011 de modérer la lièvre pour la guérison des malu- liiliet chroniques , des maladies de la peau, les maladies héréditaires , le vice sscrophuleux ,le rachitisme , la fièvre puerpérale, la colique hépatique par cause ccalculeuse , etc. , avec une notice sur la vie et le.s travaux de l’auteur . et des ad- dditicus , par F. -fi. Boisseau , D. M. P. Parts , ibtS./j vnl.iii-8, br. j5 h-. « !.c* o:m*»gex de Pi.jul jotii peu r»Ue ires- mi portant dans les affections cbrt-niqi11-8, Pans, 1818, atlas i n - 4 • >0 R — Tome II. Monstruosités humaines , Paris, jt23 , 1 vol. in-8 , atlas iu-4- 12 f. Ouvrage rempli tie vues neuves cl d'ingénieux aperrus. Dans le premier volume , l’auteur développe en plusieurs Mémoires sa nouvelle méthode pour déterminer rigoureusement les organes. Celte méthode repose sur quatre principes qui sont : la théorie des analogues . le principe des connexions , les affinités électives des élémens organiques et le balancement des organes. Dans le deuxième volume, M. Geoffroy démontre l’application nette *• t facile de sa méthode à tous les cas d'organisation les pkis singuliers et les plus difficiles n ramener; il a cherché pour cet eflet, les monstruosités les plus horribles et les plus désordonnées, et trouvé, la cause étant connue , que l’ordre le plus admirable régne Omis ces compo- j bitions (jui parais&unt bizarres à quiconque les envisage s^pexlicielleiuei.t. PRÉCIS DE BIBLIOGRAPHIE MÉDICALE, contenant l’indication et la classification des ouvrages les meilleurs, les p us utiles; la desciipiion des livres de luxe et des éditions rares , et des tables pour servir à l’histoiie de la médecine; par J. -B. Moktfalcon, médecin de i’Hôlel-Dieu de Lyon. Paris , 1827. Un fort vol. in-18 , pap. vélin. 6 fr. 5o <:. Trop long temps négligée en France , laJBiblio^raj Lie médicale e.*t dévoué nnjourd hui une scunce, et c'est pour répondre au besoin de l’époque, que M. Moutfalcon a entrepris ce travail , qui demaml.rit beaucoup de ïecheich s et surtout beaucoup d'exactitude ; afin d’en faire m:< nx sentir l'ulil lé , nousnous contenterons d’en indiquer le. principales divis.ons. i° L'auteur, dans l’introduction de son h 'te, qui u’est pas la partie la moins Intéressante, expose l’origine de l'imprimerie , des not ons relatives a l im- pression même es livres, a la reliure, a la disposition matérielle des b.bliollièqucs ; il im4iq**o »es gra- vures clics bustes qui doivent orner le Cabinet *>u médecin, pnoil présente des généralités sur les nosa- graphies, les monographies, les journaux, b s collections académiques cl les dictionnaires ; sur l esprit qui dirige les écoles de Paris, ne Montpellier, sous le titre de Dictionnaire. Il présente la liste des auteurs - et celle des ouvrages qu’il a jugés les meilleurs el jrs plus utiles accompagnées tres-soment de courtes remarques critiques , rédigées dans un excellent esprit i° la classification par ordre de ma- nière u'iiue bibliothèque de inédev ine ; vient ensuite me fable des aiiten os classiques specia.coîent né- cessaires a l'étudir.nt el ru médecin praticien; nue bibliographie complète des ouvrages publies sur, «our et contre la nouvelle doctrine médicale d- M Brounai» ; 40 une table chronologique de 1 histoire îl, médecine; :>v une table de la naisanceet de la mort des auteurs ; 0° vue liste détaillée de» pro- ductions que les priuces •■ «le n i muu iSc <-lâttt.|iie , l.m.' >ur ■ u->euli it)cut de* anatomiste»- et de» chirurgiens , mais aussi des médecin» qui s’uccnpeut de médecine légale* iuÉFLEXIONS ET OBSERVATIONS AN.4TOMICO - CHIRURGICALES SUR L’ANÉVRYSME SPONTANÉ EN GÉNÉRAL , et en particulier sur celui de l’artère fémorale ; par J.-L.-.L. Casamayor , docteur en médecine de- là Faculté de Paris, etc. P mis, iSîiï, in-8* • • -. - G f. Des observations nombreuses bi* n fade», l'histoire la plu* Coitipli’te de* n]>ératiuns qu ont étc pratiquées tant en France qu’à l’etranger, l’cNameii du» divers procédés tij cratuires qui oui été preposés-par le» plu* grands maître -, »ont les | rtficipai*\ point» que traite Î\1 l’asam.tyor L’ou- vrage de M. ( a»amayer occupera une plaie .iistmgucc dans 1 i bibliothèque du cbirurgicu; à coté de ceux de Scurpa et de iiodgton sur l auevrysmc. 'REVISION DES NOUVELLES DOCTRINES CHIMICO-PHYSIOLO- GIQUES, suivie d’expériences relatives h la respiration ; par M. Coütasceau, D. M. P. , médecin et professeur à l’iiôpitai militaire d’instruction du Val-de- Gràce , membre de l’académie royale de médecine , de la légion d’honneur, etc. Paris, 1821 ; in-8, bc 5 f. UUD1MENTA HYGIENES PATHOLOGIÆ THERAPEUTLE , epitomeno- sologiæ ad instiluendos chirurgiæ sludiosos in regio taurinensi athenæo; pro- fessoris II. Garnf.r: , chirurgi primari in regio ptocbolrophio. Turin , 1821 , iu-8 61. >»UR LES FONCTIONS DU CERVEAU ET SUR CELLES DE CHACUNE DE SES PARTIES , avec des observations sur la possibilité de reconnaître les iustiucts , lespenchans , les talerts , ou les dispositions morales et intellectuelles des hommes et des animaux , par la configuration de leur cer%'cau et de leur télé : par le docteur F. -J Gall. Paris , i8i5 , 6 forts vol. in-8. br B f. P» otis m- pouvons donner que de* idée* très imparfaite* de* travaux physiologiques «h* M. Gall, >\ 1 hüijuc traité se ratt.i* lient de* con*i«lér niions aussi importantes que -no'ivi-llc* sur une fouir d’uli jet», par cvcmple, sur le suicide, sur l'infanticide, sur une loi gé.néiole de* évacuatii.n* périodi- ques, non- seulement cher la femme, mais aussi chei l’homme et cl»« diverse» eJpèt?«»> d’uninuiox , sur la manière déjuger les ’étes des diverses nations, sur la pli ysingnunm111q.1t: et la pathognunu.- iiique , sur la loi de la mimique. Partout des faits intéressons . des aperçu» ingénieux , d s qu. stious de ia plus haute philosophie sur les motifs de nos .ictîuns , sur l’ntiaiiM* d»-s art» et de* scictct», sur la perfectibilité de l’espèce humaine, sur Féirndur du mooilr.de iliaque è re vivant, efr. Imi vain "hcrcherait-on dans lui autre ouvrage Fbistiûrc naturelle des n»»tltu<î* S 'nd.iatriei'.ej , de» ms li*. ccs , des penchau* ,dcs passions, drr qualité» mort, les et de» faculté» iuiel lecluetle» de l’Inncuie' ridrs animaux L’on a appris beaucoup lorsqu’on n lu IM. Gall ; ou e relit, ou le consulte tou- jours a» e« l’rnit , lorsqu’on médite sur le sujet qu’ri traite ; c’ist un omrage \raiment classique et •iniuue danr sou genre; il y règne un ordre cn-tncuimenl philosophique dai s In 'lisirihulinti drs matières. Comme M. Gall voulait le rendre aussi utiie ans philosophes, -ux moralistes, aux ju- risconsultes, aux peintres, aux sculpte 1 r» . etc -, qu’a scc n.nfferr» L* médecins, il a dépouillé son ouvrge <{«*< tenu**» tecbn. nue» ; «ou style c»t partout clair-, facile , et il a perfaitement réus»i a n.cU'C 1rs soj 1 même 1rs plus imporlans n la portée de toute a les classes de lecteurs. /.le les Jaire /‘remit e J ans le plut court délai possible , au prix de 7 francs chaque. Il' A BLE AU ÉLÉMENTAIRE D’ORNITHOLOGIE , ou Hialuire naturelle des oiseaux que l’on rencontre commuuéinent en France, suivi tl’ua Traité sur la manière de conserver leurs dépouilles pour en former des collections, par S r. part lEM-GÉnAr.Diw , professeur d’Hiïtoive naturelle, attaché mi Muséum d’bisti-.irc naturelle de Paris, etc. Paris, 1822, 2 vol. in-8. et allas de q1 planches in-'). f, I-obul de l'auteur , en publiant cet ouvrage , a i>'6 de faciliter an» jeunes gens l’étude de crtlc pailu si ietCrenanle de l’Iliitnire naturelle ; c'est pourquoi il a elns.é sou livre dans un ordre nié- tluoli jiie 1 ni rrspondart au» plan-lie;. -)iii ont f té disposées de manière n otfrir , dans lis espèces ,11 elle» 1 epr . si ut.'nt, .e; rata -T- ras Oisttui ts qui " nt propres s ch jijic ordro , à chaque scclioA , a 20 J. B. Baillière , rue de V Ecole-de-Médecine , n° i3 liis. chaque famille, à chaque tribu ou à chaque espèce. Plusieurs planches sont consacras pour repré- senter les divers m&trumcns que 1 on emploie pour prépaier la peau des animaux afin d’en former des collections; des instructions sur In manière de disposer un cabinet cPHistnire naturelle, celle de se procurer les nuis et les œufs nés oiseaux , et enfiu l’explication des diverse» espèces de pièges que 1 ou emploie dans diver» pays pour prendre les oiseaux. THÉORIE NOUVELLE DE LA PHTHISIE PULMONAIRE , augmentée de la méthode préservative , par M. Lanthois , docteur en médecine, etc. Deuxième édition. Paris, 1818, iu-8 6 f . TORTI (F.) THERAPEUTICE SPECIALIS AD FERRES PERIODICAS PERNICIOSAS ; nova editio edentibus e! curautibus C. C. F. Tombeur et O. Brixhe, D. M. Leodii et Paiisiis. 1821 .2 vol. iu-8. fig 16 f. TOPOGRAPHIE MÉDICALE DE PARIS , ou Examen général des causes qui peuvent avoir une influence marquée sur la sauté des liabitaus de celle ville, le caractère de leurs maladies el le choix des précautions hygiéniques qui leur sont ' applicables ; dédiée à M. lecpmte Chabrol de Volvic , préfet du département de la Seine, par C. Lach aise , docteur en médecine de la faculté de Paris, etc. Paris , 1S22 , in-8 5 f. 5o c. - Cet ouvrage est divisé en cinq chapitres, dans lesquels l’auteur traite successivement de In po- sition relative cl directe de la \ il le . sa ligure, son Ctendue, sa température, de l'histoire natu relie île Paris et de ses environs. Il passe en revue les causes qui peuvent a voir une itiHuencc sur la salubrité tic Paris. A cct.e occasion, il fait, r\ l’égard des douze arrondissement» municipaux qui ‘ j composent la ville, tirs obscr ati*ms 1res- importantes. 1 1 recherche , dans 1 a disposition des divers ] quartiers et dans le genre d’ateliers qu’ils renferment, les causes qui décident d»; leur salubrité comparative , et propose, d’une part, des moyens d'assainissement , de l'autre, des précautions hygiéniques propres a soustraire les habitons a l’action des causes insalubres.il examine l’habitant ( d** Paris tant au physique qu’au moi al, et termine par le tableau des constituVons médicales. - {Journal général de m decine , t. lxxxi, octobre 183 a) TRAITÉ DE CHIMIE, par J. J. Bcrzélius, traduit par A. J. L. Jourdan , sur les manuscrits inédits de l'auteur, et sur la dernière édition allemande. Paris, 1 1829 , 8 vol. iu-8 ; ouvrage publié par souscription. Prix de chaque volume. 7 f. ( Le tome I est en veille. ) Les nombreuses découvertes dont M. Berzélius a rnricbi la science, surtout rétablissement de la doc- '1 ti iue des proportions définies cl de la théorie atomistique , lui ont valu l’estime «les chimistes les plus distingués, et faisait vivement désirer la publication de l'ouvrage complet de ce célèbre chimiste. Les nombreuses additions manuscrites que 1 auteur a bien voulu communiquer , doivent faire rc- g garder celle traduction comme une véritable édition nouvelle, non-seulement les dernières opinions j de 1 auteur y sont consignées, mais encore tout ce qui a été découvert d'essentiel jusqu’à ce jour. TRAITÉ DES MALADIES DU CŒUR ET DES GROS VAISSEAUX , par R. -J. BeIitin , professeur de la faculté de médecins de Paris , médecin en chef de l’hôpital Cochin, rédigé par J. Bouillaüd. Paris, 1824 ; 1 vol. iu-8. avec six planches. • « 7 *• Fruit île >ingt .muées de recherches . et de l’application du stéthoscope à l’étude des maladies du emur , l’ouvrage de MM. Bcrtin et Itonillaud peut être considéré comme la monographie la plus complété que nous possédions sur ce sujet : riche d’un grand nombre d’observation* pathologiques intéressantes et de faits nouveaux , observations et faits particuliers d’après le rapprochement des- quels a etc composée l’histoire générale dcS*tnalad-ics auxquelles ils se rapportent , nous dirons que 1rs plus graves de ces maladies , telles que l’hypertrophie e. l'anévrysme du ctrur , le rétrécissement de ses ondées , etc , sont décrites avec tant d’exactitude , et sous des traits tellement frappans , que tout médecin un peu exercé pourra désormais les reconnaître avec la plus grande faeivli é , et par suite 1rs traiter avec plus de succès qu’on ne l’a luit jusqu’ici. TRAITÉ CLINIQUE ET PHYSIOLOGIQUE DE L’ENCÉPIIALITE OU INFLAMMATION DU CERVEAU et de .ses suites , telles que ie ramollisse- ment, kt suppuration, les tubercules, le squirrhe , le cancer , etc.; par J. Boüillaud , docteur en médecine de la faculté de Paris, ancien interne des hôpitaux de la meme ville, membre de plusieurs sociétés savantes. Paris f i8a5. in-8 6f. .M llumu-sun a rassemblée! disposé avec discernement un grand nombre d observations ; la plu- „ ,rt ont été recueillies par lui-même; il a su eu déduire l’histoire la plus complète que nous pos- sédions sur l’cnecphalitc. Le livre qu’il vient de publier, csscniielleine.il dans les principe» de la nouvelle doctrine médicale , est très- propre a démontrer, s il en était besoin, la solidité des bases sur lesquelles repose cette dernière. Il justifie parfaitement son titre, et est destiné a pren place an premier rang des meilleurs écrits que nous possédions sur les maladies des organes c céphalique».* ( Journal général Je médecin, t- xen , sofil iSri .) ,T. B. Baillière j rue de l'Ecole de Médecine , n° i5 -bis. 27 i TRAITÉ CLINIQUE ET EXPÉRIMENTAL DES FIÈVRES DITES ES- SENTIELLES ; par J. Bouillaüd , docteur en médecine tle la faculté de Paris, ancien interne des hôpitaux de la meme ville , Membre de l'Academie royale de Médecine, etc. Pui ts , i8u6;iu-8. * 7 fr* Dei faits nimbrcus nuisis dans l’observation elini«iuc et dans l’observation expérimental rêsultert tic cette double sour. e de tout- s les ventés médicales; car ce n’est qu'en exploitait: cette tiche et fé- cond,- mine du domaine de l’anatomie pathologique que l'on parviendra à nous expliquer tous les mys- tères de U doctrine pvrétologique ; les observations que renlcrme ce traite n'ont été recueillies dans l’esp-it d’aucun S, sterne. Pour bien observer, il faut voir les objets tels que la nature les présenté n nos regards, et pour les voiraiusi, il faut être exempt de prévention- Véruabl traité d expérience cet ouvrage jette le pins giaud jour sur la nature, le diagnostic et la thérapeutique des lierres. ITRAiTE DES MALADIES DES ENFANS NOUVEAUX-NÉS ET A LA MAMELLE, fondé sur de nouvelles observations cliniques et d’anatomie pa- thologique faites à l’hôpital des Enfans Trouves de Paris, dans le service de M. Binon; par C. Billard, D. M. P-, ancieu interne de cet hôpital. Paris, 1 828, t fort vol. iu-8. • • • * - • 8 f. ATLAS D’ANATOMIE PATHOLOGIQUE, pour servir à l’histoire des ma- ladies des enfans; par C. Billard, D. M. P. Paris, 1828, in*4 > de dix plan- ches, avec un texte explicatif. 10 f. Les planches, exécutées sur les dessins de l’auteur, oui été gravées, imprimées eu couleur, et retou- chées au pinceau avec soin par M. Duménil. - Dans cet ouvrage , le but principal de l'auteur esl d'exposer les caractères des symptômes propres aux maladies des enfans, et de les considérer dans leurs rapports avec les altéi-atinus des organes, lia passé successivement en revue tous les appareils; il s'est appliqnè à étudier les variétés de forme r.t d'aspect de chaque organe considéré dans l’état sain, dans l'état normal el dans l'état pathologique; et ce n est qu'aprè: avoir discuté et apprécié la valeur des symptômes et la nature des des lésions analo- iniques , qu’il a exposé comme uue dernière induction les méthodes de traitement- — En parlant des vices de conformation , il a particulièrement lait ressortir ceux qui pouvaient donner lieu a quelques symptômes pendant la vie , et troubler ainsi les diverses fonctions de l'enfant, Partout enfin , en rapportant l'histoire de chaque maladie, il a fait en sorte de n'aborder que les discussions susceptibles d être éclairées par des faits. [ITRAITE ELEMENTAIRE DE L’ART DES ACCOUCHEMENS , ou prin- cipes cle tocologie et .d'embryologie ; p.ir A. A. L. M. Velpeau, D. L. P., professeur iPaecoucbeinent , ogreyé a la Faculté de Paris. Paris, 1829, 2 vol. in-8. « 12 f. Cet ouvrage est le tcxlc des leçons publiques , faites par laulcur à un nombreux auditoire depui s près de dix ans. Aujourd’hui , que tout marche avec tant de rapidié et qjue chaque moment est marqué par de nouveaux besoins, un livre dans lequel ou, a su mettre a prolit, non -seulement tous les travaux dès écrivains français et étrangers , mais encore de nombreux matériaux fournit par une grande pratique dans les hôpitaux et dans l’enseignement, ne peut manquer d intéresser toutes les personnes qui suivent Ivs progrès «le la science. La partie consacrée h Y embryologie fixera 1 attention des phvsiologitfU s et des anatomistes: c’est une lacune qui existe dans tout les traités d’accoucbemens , personne, mieux que M. Velpeau , ne pouvait la remplir, car, on sait que depuis long-temps il en fait l’objet d'une étude particulière, et ce n’est qu apres avoir disséqué environ i4o produits de conception, âgés de moins de trois mois qu’il hasarde ses opinions. ITRAITE DE LA MÉTHODE FUMIGATOIRE . onde l’emploi médical des bains et douches de vapeurs , avec planches ; par d’. Rapou , D. M. P. , ancieu chirurgien en chef de l’hôpital de Lyon , etc. Paris, iSatj , 2 vol. in-8* •• 12 f. - Dans la première partie de cet ouvrage, l’auteuv traite d la disposition des locaux et des ma- chines fumigatoires , indication des sui*:lspces dont on emploie les vapeurs, effets physiologiques immédiats des difféientes espèces de vapeurs, pratiqués auxiliaires de la méthode fumigatoirc, particularités du traitement par celle méthode, puis vient la partie proprement médicale, qu comprend les considérations générales sur l’emploi d s vapeurs comme n.oyen hygiénique, préser- vatil et thérapeutique , et de nombreuses observations sur leî.r efficacité dans le Iraitonicnt des fiè- vres, des pblegmas es, du rhumat sine , de li goutte, fies maladies signés et chroniques de la peau, des maladies lymphatiques, des névroses , «le la syphilis -{Journal universel der sciences médicales , avril 182 j.) ANNALES DF, LA. MÉTHODE FUMIGATOIRE , ou Recueil d'observa- tions pratiques sur l’usage médical des bains et douches de vapeurs ; par T. R a po u , D. M. 1*. Première partie représentant les nouveaux appareils por- tatifs. Paris , 1827, in-8. * 3 f, 5o c. 28 J. B. Baillière, rue de l Ecole-de-Médecine , n° i5 bis. 1 RA1TK DES MALADIES DES ARTISANS et de relies qui résultent des di- verses professions , d’après Ramazziui ; ouvrage dans lequel on indique les pré- cautions que doivent prendre , sous le rapport de la salubrité publique et parti- culière , les administrateurs , manufacturiers, fubricaus , chefs d’ateliers, ar- tistes, ot toutes les personnes qui exercent des professions insalubres; par Pu. Pâtissier , docteur en médecine de la faculté de Paris , etc. Paris , 1822 ; in -8 . , . - I. • M. Pal»s»ier se montre, tlani cet ouvrage , l'heureux émule ilu médecin de Pu doue ; il lui cm» pi mite le* observations et les conseils dont l'utilité est de tous les tomjii. I e* prérawt'onihygié- i iij'iü» , si ini|inrfr.ites u l'époque où lîinutzi ii écrivait, sont nujotisd Imi «fune efficacité reci nin.c. L auteur ne sc conlenT pas de les indiquer, il en're dans tou • le* détails qui i unceruent ces in.vcns présm vati's . et descend, st r les traces de Rairaxim , ilans ceux qui se. rapportent ans • perditions de l'inclnsinc . pour chercher. d.*:ns une pat f*ite connaissance du «langer , le* armes avec lesquelles il le combat. M. Pâtissier a profité des travaux Humasrini n*e* un rare lu uhenr , et il a he.aiCt up njoii.6 a ses travaux Le st . le de Kaiuacsint est un modèle d'élégance et de Isnn g'v.lj celui tle son heureux im.tatet r .t in«Mns «l’Vcl.it, mais i u’c-t nue miens appr prié a von sujet.» Journal untversel des sciences medicales , t. xxvi, avril tSrj ) TRAITE DE THÉRAPEUTIQUE , rédigé suivant lus principes de l.i nouvelle doctrine médicale; par L. J. Bf.cik, docteur en médecine, membre de l’académie royale de jnédecinc , etc. Paris , i8a5 , i vol. in-8 12 I. Après dix années employées à disserter sur les causes des maladies et sur 1a nature des lésion» qi.i 1rs constituent , il est temps tjue les médecins observateurs soumettent à une sévère atialyse la minière d’agir «les moyens hygicniqu s ou médicamenteux dont ils prescrivent l’usage afin «le ré tablir la santé. Un Traité de thérapeutique , écrit sous l’inHuenrc et suivant l’esprit de la nouvelle «hvetrine médicale , manquait encore r. la science , et devait former. <-n quelque sorte, le compl- iment de la révolution « c- TRAITÉ THÉORIQUE ET PRATIQUE DES MALADIES DE I.A PEAU , fondé sur de nouvelles recherches d’anatomie et de physiologie patho omques ; par P. Rayer , docteur en médecine de la faculté de Paris , medecm du Bureau central d’admission des hôpitaux, etc. Paiis, 1826-27, a vol. m-8et atlas, 10 planches coloriées , offrant plus de 60 variétés de maladies de peau. 27 t. Rien .|u’cmo»dée par <1r, maie, habile., celle partie .i importante -le la P» enveloppé J obscurité ctlai-aule , lèse, poir .le* praticien. qui défraient «®‘r ‘ 'v “„"3ë .era- 1 i_j. _ i., 1 , cV.st cette lacune nue • »v*viix vient «jc ir-iu- u» bon oiisra-c pratique aur les maladie» . I. la pea '• année» d’objervaiiom et Je r cebercl.es ,, r «Uns l’ouvrage «inc nous annonçons, fru t »*c plusieurs année» « uu, « a. ; , iwi lues, il a su profiler en homme habile «le U position .vm.isReust ou L* Z celle, prenijci 'coup cl’tcil. .ï. B. ÎUirxiÈnE , rue de ï Ecolc-de-Médecinc , n° i 3 bis. ‘AC) TRAITÉ MÉDICO- CHIRURGICAL DE L’INFLAMMATION, par .T. Thomson, professeur de chirurgie à l’Université d’Edimbourg, traduit de l’anglais sur ia dernière édition et augmenté d’un grand nombre de notes par A. J. L. Jourdan et F. G. Boisseau, membres de l’Académie royale de Médecine , etc. Paris 1827, un fort vol. in 8. 9 fr. CV»t »'**C U nouvelle dmirine médicale que cet ouvrage a le plus d'analogie, l'inflammation V c t étudiée avre sr;u dans ni divers cla’a dans ses conséquences rl dans svs conditions de «love* l' pl'ciDcitl. M. Thomson s’esl montré digne de reproduire le* belles \ ne» de limiter , 1 1 d'nÿOuL-r aux observations «le «on célèbre compatriote. Physiologiste et praticien, il porte dans l’flpprécraliotr l< la valeur réelle «les igens tbrr.ipi uliques ce aerpLcsmc q -i caracté isr lu véritable médecin ; la resset>ildanre des opinions consignées dans cet ouvrage avec telles de M. Broussais', ue peut manquer d\ntércss*r les pxrlisars de* la nouvel le doctrihe et même leurs adversaires; les noirs nombreuses ajoutées au texte par MM. Juurdan et Boisseau Sont destinées a établir les principales différences qui ex s»cnl enlie les vues pratiques des médecins anglais et français. TRAITÉ DE LA CYSTOTOMIE SUS-PUBIENNE , ouvrage basé sur pus de cent observations, tirées de la pratique du docteur Souberbieile , par D. Bei.mas, docteur en chirurgie de la Faculté de Paris , chef des travaux anatomiques à la Faculté de médecine de Strasbourg, etc. Paris, 1827, iu-8. , lig. »• 5 fr. La Lithotomie par le bail*, appareil, pratiquée nr. grand nombre de fois par le frère Corne, recommandée par les sut ces qu'il en obtenait a j"ui pétulant long - temps d'une sorte de pré- férence sur lis autres manières de tailler. M. Belinas vient aujourd'hui nous ,?n rappeler les avantages, les réglés et 1rs préceptes qu’il indique sont tin s de sa pratique et de celle dV. . litboioniistc habile- M. le Uoclcur Souberbieile qui a mis M Brimas dans le cas de f-.ire jou.r. le p.iblic des observations iutéresaanles qu'il a reccueillies depuis un si grand nombre d'anncea. L'exposition auattiinicn chirurgicale des o»ganei intéressés dans l'opérolion de la taille, eide leurs 1 apports réerpn que* , est très remarquable ; un y lit parliculicreme ni mit 1rs ‘rapports dtr péritoine avec le» organes renfermés dans le petit Bassin, des observations 11 -uve* et impor- tantes; enfin cet ouvrage mérite de fixer 1 attention par les excellents préceptes cl les bonnes duC- triues qu'il contient ( Journal général de médecine , juin 1S27.) TRAITÉ THÉORIQUE ET PRATIQUE DU CROUP, d’après les prbuq.es de la doctrine physiologique , précédé de réilexious sur l’organisation dus en - fans , par H.-M.-J. Desruelles , docteur en médecine de la faculté de Paris, membre de lu société médicale d’émulation ; deuxième édition , entièrement re- tondue. Parti , 1 82.} ; 1 vol. in 8 5 f. 5o c. • flbhede tous 1rs travaux dont celte maladie a été l'objet, ut de l’application de la docHine physiologique y son clude, l'ouvrage de M. Oesruellcs est la meilleuie monographie du croup quo nous possédons. l e qui est relatif au siège, n la nature, aux causes , aux phénomènes de telle a|- frctiou y est traité avec beaucoup de talent, cl la partit» thérapeutique décele un praticien judicieux Les principaux chapitres ont été augmentes de beaucoup de Considérations nom elles ; ces améliora - liens, et le succès rapide que la première édition a obtenu, sont de sûrs garans de celui que mé- rite celle que nous annonçons. * ( Archiva générale * Je médec.ne , octobre ifcaq ) TRAITÉ DE LA COQUELUCHE, ouvrage couronna par La Sociale 37c- dico-pratiijue de Paris ; pur H Deshu elles , docteur eu médecine de la Fa- mille de Paris, chirurgien aide-major à l’hôpital militaire d'instruction du Vül-dc-Grâoe , etc. Paris , 1827, in-8. 5 fr. 5o c. Dans de* cunt’îdérn lions préliminaires, l’auteur a donné une idée générale delà Lequel uch* , puis i' indique les different noms sons 1- squcl* celle maladie a été Connue ; il analyse les «quoi ni des auteurs sur le siège cl la nature de « ette attention ; il pi npuse une théorie nouve Ile , ap. tiv c ur un grand nombre de preuves tirées de l'hist». ire des épidémies . d .•dut tes des signes de U roqiii lu lie, -1rs causes de i elle maladie et des autopsies. £osu te ii parle dis complication» et «les ton- iiiuison* • e la coqueluche ; il examine avec le plus grand soin les divers moyens qui oui été emploi es j our la combattre 11 ilémm t*-e par 1 observation , le 1 nuonuement , l'expérience et l'analogie, dans quelles orcoîistasires il ccnvicul d'oser de ces moyens , et il termine ptr le traitement de celle maladie; r’csl nu livre b;en fait cl qui nous paraît digne du suffrage de la Société qui l'a couronné. TRAITÉ HISTORIQUE El DOGMATIQUE DE LA TAILLE, par F. -J. Descuami's, chirurgien en chef de l’hôpital île I;: Charité, membre de PI nsi if ut , etc., avec un suppléaient dans lequel l'histoire de la Taille est continuée, depuis la liu du siècle dernier , jusqu a ce jour , par L. J. Bégin, docteur en niedecine , membre de l’académie royale de médecine , de la société médicale d’émulation, etc. Paris, 1826, 4 in-8, lig. , ao f. 3o J. B. Bailliere , rue de l’ Ecole- de-Mèdecinc , n° i3 bis. -Nous formions le vœu que cet ouvrage ffit transporté dans notre langue, convaincus rue non» étions qn il F0"'0'1 étru .l’une grande utilité nus prati. icns , qui rlolvcnt éprouver loin les t.iuri les difficultés que présentent le diagnostic et le traitement di s maladies des voies urinaires: nous nous félicitons de te que notre appel n'ait pas été fait en sain; il ne nous reste pins qua souhaiter devoir les chirurgiens français faire à l’ouvrage de M. Home tout l'accueil qu’il mérite. • ( «eii/e mrrfj- cale , 5*' livrauun., 1820.) CONSIDERATIONS GENERAI ES SUR LES FIÈVRES INTERMIT- TENTES, CONTINUES ET REMITTENTES; par M. Olibet, docteur en médecine de la faculté* de Paris, etc. Paris, 1829, in-8. a f. COIJP-D’QEIL CRITIQUE SUR LA MEDECINE FRANÇAISE AU XIXe SIÈCLE , et sur la nouvelle organisation qu’on projette; suivi d’un aperçu sur les mesures à prendre pour la tirer de l’état d’avilissement où elle se trouve; par S Eymard , docteur en médecine. Paris , 1829, in-8. 1 f 5oc. COUP-D’OEIL SUR LES CLINIQUES MEDICALES DE LA FACULTE DE MEDECINE et des hôpitaux civils de Paris; par F. S. Ratier, doc- teur en médecine Paris , i83o , in-8. - 3 f. DE LA FLUXION VULGAIREMENT APPELÉE PERIODIQUE, ou Recherches historiques, physiologiques et thérapeutiques sur celle maladie, auxquelles 011 ajoute des considérations sur le cornage , la pousse et la sectiou des nerfs pneumogastriques ; par M. Dupuy , directeur et professeur de l’école vétérinaire de Toulouse. Paris , 1829, in-8. 3 f- DE L’INFLUENCE DES NOUVELLES DOCTRINES MEDICALES FRANÇAISES sur la connaissance et le traitement des maladies aiguës ; par F. Vacçüié, docteur en médecine , etc. Paris, 1825, iu-8, 2 f. EXISTE-T-IL TOUJOURS DES TRACES D’INFLAMMATION dans lis " viscères abdominaux après les fièvres putrides et ataxiques? Cette inffamma- iion est-elle cause , effet ou complication de la fièvre ? par le même , Mémoire couronné par la société de médecine pratique. Paris, 1825, in-8- 1 f, 5o c. FLORE ET FAUNE , de Virgile ; on Hisioire naturelle des plantes et des ani- maux les plus intéressans à connaître , et dont ce poète a fait mention ; par M, J. J- Paulet, D. M. P. , coriespoudant do l’Institut. Paris , 1824,111-8 , figures noires ® Le même , papier véiin , figures coloriées. 13 <- HISTOIRE DE L’ANA*T0M1E Et DE LA CHIRURGIE, contenant l'orieinè et les p. ogres de ces sciences , avec un tableau chronologique des prin- cipales decouvertes , etc.; par A. Porta l , membre de l’Institut revaille France. Patls, 1770, 7 vol. in-8. • MANUEL PRATIQUE DE LA LITHOTRIT1E , ou Lettres à on jeune mé- * decin sur le broiement de la pieire dans la vessie ; par A. I . Bancal docteui ,n médecine, suivi d’un rapport fait h l'Institut royal de F rance , par MM. 1 er- - ier , Dcscham >s , Pelletait et Magendie , eu laveur de son nouvel pour l’opération de la cataracte par cxtiacnon et d une lettre des- la manière de pratiquer au moyen de cet instrument. Pans , 1 29 , 5 f. cy, CliauSsrer instrument eviptive de la iv ' son écriture.- ol. in-8 , avec cinq planches , le porirait de M. Dubois, et un J. B. Baillière, rue de V Ecole-de-Médecine , n° i5 bis. 3r L’ourroso de M. Bancal est divisé par lettres qui Irait™! chacune un point important de In I.ilhotri tic : la description de rappar.il lithotriteur, avec tous ses pe, rectiom.en.cn», est laite «sec beaucoup .le clarté; el..o,uc pièce est examinée sous le point de vue d’ut.litç quelle pràente : I operation , a prepn ration uu'.dle exi™ , la manière d’introduire limtnmicl.t. les divers temps du Broiement sont exposes avec beaucoup de méthode et de clarté: un praticien, adroit et instruit, pourra tacitement pratiquer cette opération en suivant les préceptes déduits par M. Bancal, (Uciuu medicale , octobra îbay. ) '.MEMO I HE ET OBSERVATIONS CLINIQUES SUR LES MALADIES DE POITRINE DES ENFANS ; par I . TEitnEux, docteur en médecine. Paris , iu-8. MEMOIRES POUR SERVIR A L’HISTOIRE GENERALE DES EAUX MINERALES sulfureuses et des eaux thermales; par J. Anglada, profes- seur à la faculté de médecine de Montpellier, etc. Palis , 1828, 2V. in-8. 12L NOTE MEDICO-LEGALE SUR LA MONOMANIE HOMICIDE; par M. le docteur Esquiuol. Paris, 1827, in-8. 2 f 5o e.. OBSERVATIONS SUR LES MALADIES DES ENFANS; par le docteur Véron. Première partie. Paris , 1825 , in-8. 1 L 5o c. DSTEOGRAPHIE DE LA BALEINE échouée au port d’Ostcndc , précédée d’une Notice sur la découvei te ci la dissection de ce cétacée ; parM. Ddcar , chiiuigien à Osteude , membre de plusieurs sociétés savantes. 1828, 1 vol gr. in-8, avec 1 3 belles plauches. b L IPRECIS D'ANATOMIE PATHOLOGIQUE ; par G. Akdral , professeur h la faculté de médeciue.de Paris, etc. Paris, 1829 , 3 vol. in-8. 18 f. PRECIS D’U&Ë NOUVELLE DOCTRINE MEDICALE , fondée sur l’ana- tomie pathologique , et modifiant celles de MM. Pinel, Broussais, Tomma- sirti, etc. ; par M. A. G rimaud , docteur en médecine de la faculté de Paiis , etc. Paris, 1829, in-8. 1 f. 5o c. RECHERCHES SUR LE SIEGE ET LA NATURE DES TEICNES; par M. Mahon jeune, chargé du traitement spécial de ces affections dans les hôpi- taux de Paris, Lyon, Rouen, Dieppe , Elbeuf, Louviers , etc. Paris , 1829 , in-8 , accompagne île 5 planches coloriées , offrant les diverses variétés de ce. ' genre de maladie. 10 f. RECHERCHES D’ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLO- GIQUES SUR PLUSIEURS MALADIES DES NOUVEAU-NES; par P. S Denis , D. M. P. , ancien interne de 1 hospice des en fa ns.. Commercy , 1826, in-8. 9 f. 'MÉMOIRES SUR TROIS GENRES DE CAS RARES dans l’ordre pliysio- logico pathologique ; parle même. Pans, 1828, iu-8. 2 L RECHERCHES PRATIQUES SUR LES PRINCIPALES DIFFORMITÉS DU CORPS HUMAIN , ouvrage oiné de 35 planches lithographiées repré- sentant les machines oscillatoires et les instruit eus employés clans la 1 hirurgie orthopédique; par Jaladb Lakond, docteur en médecine, membre de plusieurcs sociétés savantes. Paris, 1829,3 vol.iti-4 3o f. RÉFLEXIONS CRITIQUES sur l'ouvrage de M.Bioussais de l’Irri talion et de la Folie; par M. Besnard Paris, 1829’, in-8. 1 f. Soc. JÉRIUS AUXQUELS SONT EXPOSES LES ENFANS QUE LEURS MÈRES REFUSENT D ALLAITER , malheurs que parce 1 élus ces mères attirent sur elles-mêmes , par le tnètue- Paris , 1825 ,in -12 l'.Soc. L’ENTENDEMENT HUMAIN MIS A DÉCOUVERT d’après lés prin- cipes île la physiologie et ceux de la métaphysique. Paris, 1820 , in-ia.- 3 f. 32 J. -B. BailliÈQE, rue. de l’Ecole- de- Médecine , n° i5 bis. TABLE ALPHABÉTIQUE ET MÉTHODIQUE DES MATIÈRES conte- nues dans les 30 volumes de la deuxième série du JOURNAL GÉNÉRAL DE MEDECINE FRANÇAISE , ou Recueil périodique des travaux de lu société de médecine de Paris ; par E.' F. S. Gaultier de Cladbrv , docteur eu médecine , etc. Paris , 1 829 , i fort volume in-8. • 8 f. TRAITE DES POISONS tirés des règnes minéral, végétal et animal, ou 'l'OXlüOLOGIE GENERALE considérée sous les rapports de la physio- logie , de la pathologie et de la médecine légale ; troisième édition ; par M. Or- f ila , professeur à la Faculté de médecine. Paris , -.827 , 2 vol. iu 8. • • • • î&f. »J4V NOUVELLES RECHERCHES .'SUR L’ENDOSMOSE ET L’EXOSMOSE. Ouvrages de M. Dutrochet qui se trouvent chez le même libraire. Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure in- time des animaux et des végétaux , et sur leur motilité. — Paris, 1824, in-8°,fig. U Agent immédiat du mouvement vital dévoilé dans sa nature et dans son mode d’action chez les végétaux et les animaux — Paris , 1826 , in-8°. IMPRIMERIE-LIBRAIRIE DE J. -G. DENTü, RUE DO COLOMBIER, K» 21. NOUVELLES RECHERCHES SUR L’ENDOSMOSE ET L EXOSMOSE, SUIVIES IDE L’APPLICATION EXPÉRIMENTALE DE CES ACTIONS PHYSIQUES A LA SOLUTION DU PROBLÈME DE L’IRRITABILITÉ VÉGÉTALE, ET A LA DÉTERMINATION DE LA CAUSE DE L’ASCENSION DES TIGES ET DE LA DESCENTE DES RACINES. PAR M. DUTROCHET, ■Correspondant de l’Institut dans l’Académie royale des Sciences, membre associe de l’Acn- demie royale de Médecine, correspondant de la Société royale et centrale d’Agricullure , de la Société horticulturale de Paris, des Sociétés borticulturalc et médico-botanique «le Londres, de la Société d’agriculture d'Indre-et-Loire, etc., etc A PARIS, CHEZ J.-B BAILLIEBE, LIBRAIRE DE L’ACADEMIE ROYALE DE MÉDECINE, RUE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE , N° l3 BIS; LONDRES, MÊME MAISON, 3, BEDFORT STREET , BEDFORT SQUARE; BRUXELLES, AU DÉPÔT DE LA LIBRAIRIE MÉDICALE. 1828. ERRATUM. Pag. 45; lig. ii. L’ouverture d, lisez l'ouverture b. 1-XXXlVtVtV^VVVVVVVVVVVVVVVVWVVV VVVVlAArtrWV^ VWV»JV^V1^VVVVVX tW\VM,%VWVWV\WV\ %J\M. AVANT PROPOS. S ai publié, en 1824, un ouvrage inti- tulé : Recherches anatomiques et physiolo- giques sur la structure intime des animaux et des végétaux , et sur leur motilité ; en 1826, j ai publié un nouvel ouvrage inti- ! 1 tulé : L’Agent immédiat du mouvement vital dévoilé dans sa nature et dans son \ mode d’action chez les végétaux et chez les animaux j depuis ce temps, j’ai fait de nouvelles recherches qui ont confir- mé, en les modifiant, les résultats aux- quels j’étais parvenu dans ces deux ou- vrages. Je réunis ici ces nouveaux tra- vaux, dont quelques-uns ont déjà été | publiés dans les Annales de physique et (de chimie. Par ces nouvelles recherches , le phénomène de 1 endosmose et de f exos- îmose, que j’ai découvert, se trouve déci- dément appartenir à un nouvel ordre de iphénomènes physiques ; et soninterven- IJ avant-propos. tion puissante dans les phénomènes vi- taux, n ’est plus à mettre en doute. Les recherches de physiologie végé- tale que contient cette publication , ne sont qu’une partie détachée de travaux plus étendus que j’ai commencés sur cette matière. Mon projet était d’atten- dre, pour les publier, que la réunion de ces travaux eût fait une masse plus con- sidérable. Je crains avec raison, en pu- bliant prématurément mes moyens d’in- vestigation , de mettre ceux qui courent la même carrière que moi, à même de m’ enlever les découvertes commencées que j’ai en portefeuille, et que je ne suis point encore en mesure de publier; mais les circonstances dans lesquelles je me trouve m’ ont déterminé à faire cette pu- blication hâtive. NOUVELLES RECHERCHES SUR L’ENDOSMOSE ET L’EXOSMOSE. Lorsque deux liquides de densité ou de nature œhimique différentes, sont séparés par une cloison membraneuse, il s’établit au travers de cette cloi- son deux courans dirigés en sens inverse, et iné- gaux en force. 11 en résulte que la masse du liquide j’accumule déplus en plus dans la partie vers laquelle îSt dirigé le courant le plus fort. Ces deux courans îxislent dans les organes creux qui composent les lis- ms organiques : c’est là que je les ai désignés sous les noms d 'endosmose pour le courant d’introduction , ît d 'exosmose pour le courant d’expulsion. Un cé- ' tlèbre mathématicien a cru pouvoir expliquer ces phé- nomènes par la simple attraction capillaire jointe à l’affinité des deux liquides hétérogènes. Je vais ici retracer sommairement sa théorie (1). (r) Note sur des effets qui peuvent être produits par la capil- '■arilé et C affinité des substances hétérogènes , par M. Poisson. — Journal de physiologie expérimentale , tome 6, p. 36 1 , et Annales de physique cl de chimie, tome 55, p. q8. 1 ENDOSMOSE 4 quel j’ai fait ces expériences , et auquel je donne te nom d *ésndàsmomètre. Cet appareil consiste en un tube de verre de (fig. i ), muni inférieurement d’une partie evasee mobile, la- quelle offre en bas une ouverture abj, qui est fermée avec un morceau de vessie fixé par une forte ligatuie dans la gorge circulaire ii. Cette partie évasée est ce que je nomme le réservoir de l’endosmomètre. C est dans ce réservoir que je place le liquide dont je veux éprouver la propriété d’endosmose. Ce réservoir se détache à volonté du tube , et l’on réunit ces deux pièces au moyen d’un bouchon de liège c} traverse par l’extrémité inférieure du tube ; bouchon qui s a- dapte au réservoir comme à une bouteille. Après avoir rempli le réservoir avec le liquide que te veux éprouver, je le fixe au tube , lequel est atta- ché sur une planchette graduée pp. Il ne reste p us alors qu’à plonger le réservoir de l’endosmometre -dans l’eau, au-dessus de laquelle le tube s’élève verticale- ment. Lorsque le réservoir de l’endosmomeire est fermé avec une membrane organique , tel qu’un mor- ceau de vessie, je fixe au-dessous de ceue membrane une plaque métallique percée d’une multitude de trous. Cette plaque soutient la membrane, et em- pêche de se déprimer sous le poids du liquide contenu dans l’endosmomètre. On sent que s. l’on ne prenait pas celte précaution , la dépression de la membrane s’accroissant avec la hauteur du liquide contenu dans l’endosmomètre , ceue dépression logerait une grande ET EXOSMOSE. 5 partie du liquide introduit par l’endosmose; en sorte que le mouvement ascensionnel du liquide dans le tube n’indiquerait point du tout la quantité, de l’en- dosmose. Lorsqu’on met dans le réservoir de l’endosmomètre un liquide dense, tel qu’une solution de gomme, de sucre, ou d’un sel quelconque , et que le réservoir de cet instrument est plongé dans l’eau, il se manifeste de l’endosmose, et le liquide intérieur s’élève gra- duellement dans le tube vertical de l’endosmomètre , jusqu’à se déverser par son extrémité supérieure. On obtient le même effet en mettant dans le réservoir de l’endosmoinèlre des liquides alkooliques , qui sont cer pendant moins denses que l’eau , mais qui se compor- tent comme des liquides denses, en s’élevant peu, comme eux, dans les tubes capillaires. En même temps que l’effet d’endosmose a lieu, il se manifeste un effet d’exosmose. Le liquide contenu dans le réservoir de l’endosmomètre descend en filtrant au travers de la cloison, et se mêle à l’eau, qui est ordinairement le liquide extérieur. Ce mouvement de transport du li- quide supérieur le plus dense vers le liquide inférieur le moins dense, pourrait être attribué à une simple filtration , qui serait l’effet de la pesanteur du liquide supérieur. Cette filtration a lieu effectivement, mais le mouvement d’exosmose a lieu d’une manière con- comitante. 11 était essentiel de prouver l’existence isolée du mouvement d’exosmose, ou plutôt du mou- vement qui porte le liquide le plus dense vers le li«- 6 ENDOSMOSE quide le moind ense. C’est ce que j’ai fait par l’expé- rience suivante. J’ai mis de l’eau distillée dans le réservoir d’un endosmomètre fermé avec un morceau de vessie. J’ai suspendu cet endosmomètre au-dessus d’un vase qui contenait de l’eau tenant en solution du sulfate de fer. La membrane de l’endosmomètre tou- chait la surface de la solution de sulfate de fer, sans s’enfoncer dedans. Ce dernier liquide étant plus dense que l’eau distillée contenue dans l’endosmomèlre , il devait y avoir, au travers de la membrane, un cou- rant fort qui portait l’eau en descendant vers la solu- tion saline , et en même temps un courant plus faible qui portait en montant la solution saline vers l’eau. Ce dernier courant était ici contrarié par l’effet de l’écoulement, par l’action de la pesanteur; il ne laissa cependant pas d’avoir lieu ; car au bout de deux heures ayant essayé l’eau de l’endosmomètre par le nitrate de baryte et par le prussiate de potasse, j’y constatai l’existence du sulfate de fer. Ainsi , l’existence des deux courans antagonistes et inégaux d’endosmose et d’exosmose, est démontrée d’une manière irréfragable: l’écoulement par l’effet de la pesanteur est un phéno- mène accessoire dont les résultats modifient plus ou moins ceux de ces deux courans antagonistes. La membrane de l’endosmomètre , en opérant l’en- dosmose, produit l’impulsion du liquide ascendant dans le tube de l’instrument; cette action d’impulsion sur le liquide supérieur atteste l’existence concomi- tante d’une action d’attraction ou d ' adjluxion sur le ET EXOSMOSE. 7 liquide inférieur. Cette action d ' adflilxion est mise içn évidence par l’expérience suivante : Je pi’ends un (endosmomètre ab (fig. 2 ) fermé avec un morceau de 'Vessie. Je fais correspondre son évasement à celui «d’un autre endosmomètre renversé cd, privé de ves- sie. Je lute solidement ces deux instrumens l’un à l’autre dans celte position : de cette manière, les deux cavités des endosmomètres sont séparées l’une de l’autre par une seule cloison membraneuse. Je rem- plis le réservoir, et non le tube de l’endosmomèire ab} avec une solution aqueuse de sucre ; je remplis entiè- rement le réservoir et le tube de l’endosmomètre cd avec de l’eau pure , et je le renverse dans un vase g rempli d’eau colorée. L’endosmose produit l’ascension du liquide sucré dans le tube b> et en même temps le liquide coloré du vase g monte dans le tube d3 et arrive dans la cavité c. Ainsi, il y a impulsion du li- quide dans l’endosmomètre supérieur, et adjluxion du liquide dans l’endosmomèlre inférieur. Lorsqu’on met de l’eau dans le réservoir jusqu’au sommet du tube d’un endosmomètre , et qu’on plonge cet appareil tout entier dans un liquide dense, de ma- nière à ce que l’extrémité supérieure du tube soit peu au-dessus du niveau de ce liquide dense, l’eau inté- rieure s’abaisse continuellement dans le tube au-des- sous du niveau du liquide dense extérieur. Le mou- vement île descente de l’eau au-dessous du niveau du liquide dense extérieur est dû à la même cause qui produit le mouvement ascensionnel du liquide dense, ENDOSMOSE 8 lorsqu’il esi placé dans le réservoir de l’endosmomètre.1 et que l’eau est le liquide extérieur. Ces deux mouve- mens d’ascension et de descente qui dépendent de la position inverse des deux liquides, sont soumis aux mêmes lois. J’ai posé en principe que tous les liquides plus denses que l’eau produisent l’endosmose, lorsqu’ils sont mis dans le réservoir d’un endosmomètre dont l’eau baigne la partie extérieure. L’acide sulfurique offre une exception remarquable à cet égard. Si l’on met dans le réservoir de l’endosmomètre de l’eau chargée d’acide sulfurique, ce liquide, plusdense que l’eau, ne produit cependant point d’endosmose; au contraire , ce liquide s’abaisse graduellement dans le tube de l’endosmomètre, lorsque, par une addition de liquide , on l’a élevé au-dessus du niveau de l’eau dans laquelle plonge le réservoir de l’instrument. Dans mon ouvrage (i), j’ai attribué cet abaissement de l’a- cide sulfurique à ce que cet acide, au lieu de pro- duire l’endosmose , aurait produit l’exosmose. Mais il n’en est rien ; l’acide sulfurique s’écoule ici en fil- trant au travers de la membrane , par le seul effet de sa pesanteur et de son élévation au-dessus du niveau de l’eau extérieure. On peut s’en assurer en faisant la contre-épreuve de l’expérience précédente. J’ai mis de l’eau pure dans le réservoir de l’endosmomètre , et j’ai plongé ce réservoir dans, de l’eau mêlée d’acide (r) lé Agent immédiat, etc. ET EXOSMOSE. 9 uulfurique. L’eau s’est abaissée dans le tube de Pen- Icosmomètre , comme avait fait l’acide sulfurique dans '('expérience précédente. Ceci prouve que cette des- cente du liquide est due , dans l’un comme dans Vautre cas , à la filtration de ce liquide , par le seul ilfetde sa pesanteur. Il n’y a aucun courant d’endos- mose ni d’exosmose dirigé de l’eau vers l’acide sulfu- îique , ni de l’acide sulfurique vers l’eau. Ainsi , je ois relever une erreur dans laquelle je suis tombé Irrécédemment. L’observation de la manière dont se comporte l’acide sulfurique m’avait fait penser que les ccides sont des agens producteurs d’exosmose ; mais il ’en est rien. Le vinaigre, l’acide nitrique, l’acide nydrochlorique , placés dans le réservoir de l’endos- momètre, environné d’eau pure, produisent l’endos- mose ; l’acide hydrochlorique surtout produit une en- osmose très-énergique. Il se trouve que l’acide sul- furique est incapable de produi re cette action physique ; iis en rapport avec l’eau pure, il ne produit ni en- osmose ni exosmose ; bien plus , on trouve qu’il est mnemi de cette double action , car il tend à l’anéan- îr lorsqu’elle existe. Ainsi, si l’on mêle une petite luantité d’acide sulfurique à une solution de gomme irrabique que l’on introduit dans l’endosmomètre , ce ffquide ne produit point d’endosmose , quoique la so- ition de gomme arabique, employée seule, produise Energiquement cet effet. Le liquide gommeux mêlé ’acide sulfurique , s’abaisse graduellement dans le tube ■e Pendosmomètre. Si la quantité d’acide sulfurique io ENDOSMOSE est extrêmement petite, il reste encore un peu de force d’endosmose h la solution gommeuse ; aussi voit- on quelquefois cette solution acide , qui s’est abaissée d’abord dans le tube de l’endosmomètre , reprendre un peu de mouvement ascendant lorsque l’immersion prolongée de la vessie dans l’eau a dépouillé cette so- lution gommeuse d’une partie de l’acide qu’elle pos- sédait primitivement. Ce fait , très- important , prouve qu’il y a des liquides inactifs, par rapport à la pro- priété de produire l’endosmose, et que ces liquides peuvent communiquer leur état inactif aux liquides qui ont, à cet égard, des qualités contraires, c’est-à- dire qui sont des liquides actifs. Les liquides ani- maux putréfiés sont inactifs , comme l’est l’acide sul- furique. J’ai fait voir en effet que les liquides ani- maux qui , à Y état sain, produisaient énergiquement l’endosmose , cessaient de produire cet effet lorsqu’ils étaient putréfiés. Alors j’ai vu ces liquides, au lieu de produire l’endosmose ou l’entrée de l’eau extérieure dans les organes creux qui les contenaient , produire au contraire un courant dirigé du dehors au dedans, courant qui évacuait en partie l’organe creux , et qui paraissait devoir être attribué à l’exosmose ; mais il n’en est point ainsi. Celte filtration du dedans au de- hors est un effet purement mécanique produit par la pesanteur du liquide que sa putréfaction a rendu inactif, et qui, dans cet état, ne produisant plus d’en- dosmose , n’obéit plus, dans sa filtration, à d’autres forces qu’à celles de la capillarité et de la pesanteur. ET EXOSMOSE. i r Il est important de savoir quel est l’agent chimique auquel est due V inactivité des fluides animaux putré- fiés, c’est-à-dire l’inaptitude de ces liquides pour pro- duire l’endosmose. La putréfaction développpe dans les liquides animaux une grande quantité de combinai- sons nouvelles , et il était difficile de savoir auquel de ces nouveaux composés chimiques était due V inactivité i du liquide. Ce n’est donc que d’une manière indirecte que je suis parvenu à cette connaissance. En faisant imes expériences sur l’effet d’endosmose produit par les différens liquides organiques, je ne négligeai pas (d’essayer, dans cette vue, les liquides excrémentiels. , Je trouvai que l’urine mise dans Pendosmomètre, en- vironné d’eau , produisait l’endosmose. Je voulus es- sayer, dans la même vue, la matière liquide fécale. Je pris dans les gros intestins d’une poule une matière ifécale liquide, de couleur jaune, ayant fortement l'o- deur propre aux excrémens; j’y ajoutai un égal vo- lume d’eau, et je l’introduisis dans un endosmomètre : fermé avec un morceau de vessie. Le liquide fécal s’élevait à une certaine hauteur dans le tube. Ce li- quide ne tarda pas à s’abaisser dans le tube de l’en- dosmomèlre, ce qui me prouva que le liquide fécal, malgré sa supériorité de densité sur l’eau dans la- quelle le réservoir de l’endosmomèire était plongé, ne produisait point d’endosmose , et par conséquent était inactif. Pour constater ce fait d’une manière po- sitive , il s’agissait de savoir si l’ad jonction de ce li- quide fécal inactif à un liquide actif } enlèverait à ce t 12 ENDOSMOSE dernier sa qualité à? activité. J’ajoutai au liquide fécal: de la poule cinq fois son poids d’eau ; et après l’avoir laissé reposer pour laisser précipiter toute la matière! solide, je le décantai. J’obtins de cette manière un liquide légèrement jaunâtre, ayant fortement l’odeur d’hydrogène sulfuré propre aux matières fécales. Je mêlai ensemble parties égales de ce liquide et d’une solution aqueuse de gomme arabique, qui contenait 0,04 de son poids de gomme. La densité de ce mé- lange était i,oo5, la densité de l’eau étant i. Ce li- quide, mis dans l’endosmomètre, s’abaissa rapidement dans le tube, ce qui me prouva qu’il était inactif: cependant, une solution de gomme pure de. pareille densité produit très-bien l’endosmose. Je mêlai en- semble parties égales du même liquide fécal étendu d’eau et d’une solution aqueuse de gomme arabique qui contenait o, i de son poids de gomme. La densité de ce mélange était 1,017; ce mélange, mis dans un endosmomètre , n’y produisit point d’endosmose : le liquide s’abaissa rapidement dans le tube. Je mêlai ensemble parties égales du liquide fécal étendu d’eau et d’une solution de gomme arabique, qui contenait 0,2 de son poids de gomme. La densité de ce mélange était 1,027 ; ce mélange étant introduit dans un en- dosmomètre , il y eut une endosmose très-faible du- rant une heure ; au bout de ce temps , le liquide com- mença à s’abaisser lentement dans le tube, et cet abaissement ne discontinua point. Ces expériences prouvent que l’addition d’une petite quantité de lir ET EXOSMOSE. l3 jquide fécal à de l’eau chargée de gomme, suffit pour lanéanlir l’effet d’endosmose propre à cette substance en solution , c’est-à-dire pour la rendre inactive. Oit voit aussi par ces expériences, qu’en augmentant la Idose de la gomme , on parvient à contrebalancer un peu la tendance que manifeste le liquide fécal à lui communiquer son inactivité. A quoi tient cette inac- tivité bien démontrée du liquide fécal ? Il me parut ; probable que cela dépendait de l’hydrogène sulfuré qu’il contient abondamment. Pour m’en assurer, je ;mis dans un endosmomètre de l’eau chargée de 0,025 de gomme arabique , et j’y ajoutai o,oo5 de son poids d’hydrosulfure d’ammoniaque sulfuré. Il n’y eut point d’endosmose; le liquide s’abaissa graduellement dans le tube. Je recommençai la même expérience, en em- jployant de l’eau chargée de o,o5 de son poids de igomme : il n’y eut point non plus d’endosmose, quoi- que ces solutions gommeuses fussent par elles-mêmes très -actives ou très-aptes à l’exercice de l’endosmose. IL’adjonction à ces solutions d’une très -petite quan- itité de liquide hydrosulfuré suffisait pour leur enlever toute leur activité , pour les rendre incapables d’opé- irer l’endosmose. Si j’ajoutais à ces solutions gom- meuses une quantité plus considérable d’hydro-sulfure 'd’ammoniaque, leur endosmose, loin d’être anéantie, semblait, au contraire, être augmentée d’énergie. Ce phénomène provient de ce que l’hydro-sulfure d’am- moniaque est, par lui -même, pourvu à' activité; il produit l’endosmose. Ce n’est que par l’hydrogène sul- ENDOSMOSE >4 furé libre que développe son addition à l’eau chargée d’une substance active } que X activité de cette subs- tance se trouve abolie. Or, il ne faut qu’une quantité extrêmement petite d’hydro -sulfure d’ammoniaque pour développer une très -grande quantité d’hydroj- gène sulfuré. Ces expériences prouvent que c’est à l’hydrogène » sulfuré qu’il contient, que le liquide stercoral doit son inactivité ou son inaptitude à produire l’endos- | mose ; et l’on peut présumer de là que c’est à la même cause que l’on doit attribuer l 'inactivité que l’on ob- serve dans certains liquides animaux putréfiés, car toute putréfaction animale dégage de l’hydrogène sulfuré. 11 résulte de ces recherches, que nous ne connais- sons encore que deux liquides inactifs ; liquides non seulement incapables d’exercer ou de provoquer l’en- dosmose, mais véritablement ennemis de celle actioii physique. Ces deux liquides sont l’acide sulfurique et l’acide hydro-sulfurique ou hydrogène sulfuré, c’est- à-dire , d’une part , le soufxe uni à l’oxigène , et de l’autre part, le soufre uni à l’hydrogène. Probable- ment l’expérience découvrira , parmi les nombreux agens chimiques, d’autres liquides inactifs. J’ai voulu voir quel serait l’effet de l’addition de l’hydrogène sulfuré à l’eau dans laquelle est plongé le réservoir de l’endosmomètre. Ayant donc introduit dans ce réservoir de l’eau chargée de o,o5 de son poids de gomme, sans addition d’hydro-sulfure d’ani- ET EXOSMOSE. înioniaque, je mis dans l’eau environnante un millième jade son poids de cet hydro-sulfure, ce qui suffît pour I( charger cette eau d’hydrogène sulfuré. L’endosmose >se manifesta, et continua pendant quatre heures : au lbout de ce temps, elle s’arrêta, et le liquide devint (descendant dans le tube. Ainsi, l’endosmose est éga- llement abolie par l’hydrogène sulfuré , lorsque cette ■substance est mêlée au liquide intérieur, et lorsqu’elle (est mêlée au liquide extérieur. J’ai fait, à cet égard , lia même observation par rapport à l’acide sulfurique, j L’observation prouve que, dans ces deux circonstan- ices, l’endosmose n’est pas toujours abolie subitement. Dans la dernière expérience, nous avons vu, en i effet, l’endosmose s’effectuer pendant quatre heures : • ce n’est qu’au bout de ce temps que cette action phv- sique s’est trouvée abolie. Cela me fit penser que ce n’était point le simple contact du liquide hydro-sul- furé sur la vessie qui faisait cesser l’endosmose, mais qu’il fallait, pour produire cet effet, que le tissu ca- pillaire de la vessie fût pénétré complètement par le liquide bydro-sulfuré. Pour juger de la validité de ce soupçon, je pris l’endosmomètre qui avait servi à la dernière expérience; je l’évacuai et le nettoyai soi- gneusement par des injections d’eau pure; ensuite, je remplis son réservoir avec de l’eau chargée de o,o5 de son poids de gomme arabique , et je le plongeai dans l’eau pure. 11 ne se manifesta aucune endosmose ; le liquide s’abaissa graduellement dans le tube de l’endoSmomètre : ainsi la vessie, pénétrée d’hydro- 16 ENDOSMOSE gène sulfuré, élait devenue incapable d’endosmose j elle était devenue inactive. J’évacuai l’endosmomèlre* je remplis son réservoir d’eau, et je le laissai tremper pendant vingt-quatre heures dans l’eau pure; au bout de ce temps, je recommençai l’expérience. Alors, il se manifesta de l’endosmose ; ce qui me prouva que le i tissu de la vessie avait perdu, en totalité ou en grande \ partie , l’hydrogène sulfuré qu’il contenait. Ce résul- tât, que nous allons voir bientôt confirmé par une autre expérience , prouve que c’est dans les conduits capillaires de la membrane organique qu’existe la force qui produit l’endosmose. C’est lorsque ces con- duits capillaires sont envahis par un liquide inactif ) que l’endosmose se trouve abolie. L’existence bien démontrée de liquides actifs et de liquides inactifs j de liquides âge ns d’endosmose et de liquides ennemis de l’endosmose, devait faire présumer qu’il existait aussi des solides actifs et des solides inactifs , c’est-à-dire des solides capables d’exer- cer l’endosmose , et des solides privés d’aptitude par rapport à l’exercice de cette action physique. C’est effectivement ce que l’expérience m’a démontré. Tous les solides membraneux organiques sont actifs; tous, étant placés dans des conditions convenables, exer- cent l’endosmose ; mais il n’en est pas de même des solides inorganiques perméables aux liquides, comme nous allons le voir. Je n’avais d’abord employé que des membranes or- ganiques pour fermer l’évase ment terminal du réser- ET EXOSMOSE. voir lie 1 endosmomètre : il s’agissait de savoir si des lames poreuses minérales étant substituées, dans les expériences laites avec cet instrument, à la membrane organique, on verrait de même l’endosmose s’opérer, •l’ai donc luté, à l’ouverture évasée d’un réservoir d’end osmomètre , une lame de grès tendre, de six millimètres d’épaisseur; j’ai rempli son réservoir avec de l’eau chargée de o,a de son poids de gomme ara- bique , et je l’ai plongé dans l’eau pure, au-dessus de laquelle le tube vide de liquide s’élevait verticale- ment : il ne s’est manifesté aucune endosmose; le li- quide gommeux intérieur ne s’est point élevé dans le tube au-dessus du niveau de l’eau extérieure. J’ai remplacé celte lame de grès par une autre lame de même substance, de quatre millimètres d’épaisseur- le n’ai encore obtenu aucune endosmose : ces deux lames étaient faites avec du grès très-pur, c’est-à-dire exclusivement siliceux. J’ai employé à la même ex- périence une lame faite avec un grès dur et très-fer- rugineux; elle avait trois millimètres d’épaisseur : J ai obtenu alors une endosmose très- faible, ou d’une lenteur telle que le liquide intérieur ne fut élevé que de trois millimètres dans l’espace dedeux jours, quoi- que le tube dans lequel s’opérait celte ascension du liquide gommeux n’eût que quatre millimètres de diamètre intérieur. J’adaptai à un endosmomètre une ame de carbonate calcaire poreux (pierre tendre à bâtir), de huit millimètres d’épaisseur : je n’oblins par ce moyen, aucune endosmose. Pensant que l’ab- 1 8 K N DOSMOSE sence de cel elle L d’endosmose pouvaii provenir de Ja trop grande épaisseur de cette lame, je la remplaçai par une lame de carbonate calcaire plus dur, mais ce- pendant perméable à l’eau , et de trois millimètres d’épaisseur : je n’ai encore obtenu, par ce moyen, aucune endosmose. J’ai essayé, dans le même but, plusieurs lames faites avec des variétés differentes de carbonate calcaire ; je n’ai point eu plus de succès pour obtenir l’endosmose par leur moyen. Enfin, j’ai adapté à un endosmomèire une lame de marbre blanc, de deux millimètres d’épaisseur. Cette substance, quoique très-dense , n’est cependant pas imperméable à l’eau; et j’espérais qu’à raison de son peu d’épais- seur, j’obtiendrais ici de l’endosmose; mais mon at- tente fut trompée : il ne se manifesta aucune ascen- sion du liquide gommeux dans le tube de l’endosmo- inètre. Ainsi , il me fut démontré que le carbonate calcaire est un solide inactif \ ou dépourvu d’aptitude à exercer l’endosmose. J’ai adapté à un endosmomètre une lame de plâtre (chaux sulfatée calcarifère), de quatre millimètres d’épaisseur : je n’ai obtenu , par ce moyen , aucune endosmose. J’ai employé pour la même expérience, et sans plus de succès , la chaux sulfatée cristallisée , qui , comme on sait, se divise en lames extrêmement minces. Mais ici le défaut d’endosmose pouvaii eire attribué à ce que ces lames de substance cristallisée ne seraient pas perméables à l’eau : ainsi, je ne liens compte ici que de la première expérience, qui semble ET EXOSMOSE. *9 prouver que la chaux sulfate est inactive, ou privée d’aptitude à produire l’endosmose. Les solides siliceux et calcaires étant étudiés sous ce point de vue, il me restait à examiner l’effet des solides alumineux. Je commençai par l’ardoise. Au moyen d’une légère calcination, on rend ce minéral acile a diviser en lames extrêmement minces. J’ob- tins de cette manière une lame d’ardoise qui n’avail guère qu’un demi-millimètre d’épaisseur; je l’adaptai a un réservoir d’endosmomèlre, que je remplis d’une soluuon fortement chargée de gomme : j’obtins un e et d endosmose très-évident, quoique trcs-faible. Je pensais alors que l’effet d’endosmose produit par les cloisons perméables qui séparaient les liquides hété- rogènes pouvait dépendre de la très-petite épaisseur de ces cloisons , et cette dernière expérience semblait confirmer cette fausse manière de voir. Après avoir essaye dans l’ardoise l’effet d’endosmose produit par «n solide alumineux, il était naturel d’essayer, dans , ,TUe’ deS lames dVSile cuite. J’adaptai donc a U„ endosmomelre une lame d’argile blanche cuite d un millimétré d’épaisseur : j’obtins une endosmose asses énergique , et peu différente de celle que i’au ■aïs obtenue dans le même cas, avec une membrane organique : le réservoir de l’endosmomètre était rem P comme h l’ordinaire, avec une solution de gomme bmèt.re^d^ne ’me ^ ^ m^nle arëde, de deux mlb d épaisseur, cl une autre de cinq millimètres d épaisseur, ayant été adapiées à des endosmomètres 20 ENDOSMOSE remplis ensuite de gomme arabique en solution, j’obtins également de l’endosmose. Enfin, des lames d’argile blanche , d’un centimètre et d’un centi- mètre et demi d’épaisseur, adaptées à des endos- momètres, produisirent encore de l’endosmose : ce- pendant, la plus épaisse de ces lames n’opéra qu’une endosmose très-lente ; ce qui provenait de ce que sa grande épaisseur avait diminué sa perméabilité. Ces faits, qui me prouvaient que le peu d’épaisseur des cloisons perméables n’était point la condition néces- saire de l’effet d’endosmose, comme je l’avais d’abord pensé, me prouvaient en outre que les solides alumi- neux sont éminemment actifs j c’est-à-dire jouissent éminemment de l’aptitude à produire l’endosmose. J’ai voulu voir si l’addition d’un liquide inactif à la solution de gomme dont je remplissais les endosmo- mèlres, dans ces dernières expériences, anéantirait l’effet d’endosmose , comme cela arrive lorsque l’en- dosmomètre est fermé avec une membrane organique. Je pris donc un endosmomètre fermé avec une lame d’argile blanche de deux millimètres d’épaisseur, et je mis dans son réservoir de l’eau tenant en solution 0,1 de son poids de gomme arabique, et je le plon- geai dans l’eau : l’endosmose se manifesta. Ce pre- mier essai était fait pour constater l’aptitude de mon appareil à exercer l’endosmose. Alors, j’ajoutai à la solution gommeuse une goutte d’hydrosulfure d’am- moniaque. Dans le premier moment, l’endosmose eut lieu ; mais au bout d’un demi - quart d’heure , elle ET EXOSMOSE. 21 commença à s’arrêter, et bientôt il y eut suspension complète de l’endosmose : ainsi , l’hydrogène sulfuré agissait ici en sa qualité de liquide inactif \ et paraly- sait l’action delà solution gommeuse, de la même ma- nière que cela avait eu lieu lorsque l’endosmomètre était fermé avec une membrane organique. J’évacuai l’endosmomètre ; et après l’avoir soigneusement lavé intérieurement et extérieurement, je remplis son ré- servoir avec la même solution gommeuse que ci-dessus, mais pure, et je le plongeai dans l’eau. Pendant cinq heures que je le laissai en expérience, il ne se mani- festa aucune endosmose. J’évacuai de nouveau l’en- dosmomètre; et après l’avoir bien lavé, je le remplis d’eau pure , et je le mis tremper dans l’eau pure pen- dant deux jours. Je renouvelai plusieurs fois l’eau pendant cet espace de temps : alors, je remplis de nouveau son réservoir avec une solution gommeuse pure, pareille à celle employée ci-dessus, et, l’ayant mis en expérience, j’obtins de l’endosmose, mais elle était moins énergique que dans le principe. Ces ex- périences prouvent que les liquides inactifs n’exer- cent leur action pour abolir l’endosmose que lorsqu’ils ont pénétré dans les conduits capillaires de la cloison perméable qui sépare les deux liquides hétérogènes, et que celte action reste abolie ou diminuée, tant qu’il reste dans ces conduits capillaires une certaine quantité de ces liquides inactifs. Nous avons observé plus haut le même phénomène avec les membranes organiques; ainsi, il est général. 22 ENDOSMOSE Ou pourrait penser que Pinapliuule des solides à produire l’endosmose proviendrait de ce que , n’étant point assez capillaires, ils seraient trop facilement perméables pour le liquide contenu dans l’endosmo- rnètre, liquide qui, en vertu de sa pesanteur, s’écou- lerait ainsi par des canaux trop peu capillaires pour opposer un obstacle à cet écoulement. C’est en effet ce qui a lieu quelquefois. Ainsi, par exemple, si l’on met en expérience un endosmomètre fermé avec un morceau de parchemin très-mince, on obtiendra d’à- bord de l’endosmose, mais bientôt le tissu du par- chemin, amolli et dilaté par l’eau qui le gonfle, de- vient trop facilement perméable, et dès lors il cesse d’opérer l’endosmose. Le liquide intérieur de l’endos- momètre s’écoule au travers de la membrane, en vertu de sa pesanteur. Or, ce dernier effet est peut-être la cause qui produit l’absence de l’endosmose, lorsqu’un endosmomètre est fermé avec une plaque minérale très-facilement perméable aux liquides. Ainsi, je n’af- firmerai point ici positivement que les solides siliceux soient inactifs } car je n’ai essayé que des lames de grès tendre très-facilement perméables aux liquides. Quant à la lame de grès dur qui a produit un peu d’endosmose, j’ignore si l’on doit attribuer cet effet à sa capillarité plus considérable, ou à sa nature parti- culière; car j’ai constaté par l’analyse chimique, que c’était un grès très-ferrugineux. IN’ayant essayé que des lames diversement épaisses de la même chaux sulfatée assez perméable aux liquides, je n’ai point ET EXOSMOSE. 2.3 des données suffisantes pour affirmer que cette subs- tance soit inactive j quoique cela me paraisse fort pro- bable. Quant à la cbaux carbonatée , ayant essayé des lames de cette substance pourvues de tous les degrés possibles de capillarité, et avec toutes sortes d’épais- seurs, sans obtenir le moindre effet d’endosmose, je n’hésite point à affirmer que cette substance est com- plètement inactive. Il n’y a donc , parmi les solides minéraux , que les solides alumineux qui jouissent émi- nemment de la qualité que je nomme Yactivitéj et qui consiste dans l’aptitude à produire l’endosmose. Je n’ai point expérimenté, à cet égard, la propriété des solides magnésiens, ni celle des solides de baryte ou de strontiane. L’argile cuite perd complètement la faculté d’opérer l’endosmose, lorsqu’elle est impré- gnée d’hydrogène sulfuré; elle devient alors inactive mais elle peut reprendre son activité en perdant l’hy- drogène sulfuré qui la pénètre. On peut en dire au- tant des membranes organiques hydro-sulfurées. La chaux carbonatée est par elle-même ce qu’est l’argile par l’adjonction de l’hydrogène sulfuré ; elle est inac- tive ou incapable de l’endosmose , quoique pourvue de toutes les conditions de la simple capillarité , ce qui prouve bien évidemment que l’attraction capil- laire n’est pas la cause de l’endosmose; car cette at- traction existe dans toute son intcerilé dans l’areile " n hydro-sulfurée , dont la capillarité n’a point été altérée par l’hydrogène sulfuré. Les seuls liquides dont Vinac ENDOSMOSE M livite soit démontrée, sont l’acide sulfurique et l’acide hydro-sulfurique ou hydrogène sulfuré. Ces deux li- quides sont non seulement incapables d’exercer ou de provoquer l’endosmose, mais ils sont véritablement ennemis de celte action physique. Nous ignorons en- tièrement comment agissent, dans cette circonstance, ces deux liquides sédatifs de l’endosmose. Quelquefois , lorsqu’on emploie des endosmomètres fermés avec des lames d’argile cuite , l’endosmose s’arrête subitement, et le liquide intérieur s’abaisse dans le tube. Cela ne lient point, comme on pourrait le penser, à ce qu’il y aurait dans l’appareil quelque élément d 'inactivité. Celte suspension de l’endosmose tient à une autre cause qu’il importe de connaître. Lorsque la lame d’argile est mince et assez facilement perméable, il arrive que le liquide gommeux inté- rieur filtrant au travers de cette lame , se trouve en- duire toute la surface inférieure de la lame qui baigne dans l’eau. On s’en aperçoit à ce que cette surface, au lieu d’être rude au toucher, est glissante et onctueuse. Dès lors, tout accès est interdit à l’eau pour pénétrer dans les conduits capillaires de la lame d’argile, et par conséquent l’endosmose est suspendue; mais on la voit renaître sur le champ, en essuyant ou en lavant la face inférieure de celle lame d’argile. Il résulte de ces expériences que, par rapport à l’endosmose , il y a des solides actifs et des solides inactifs „ et que les solides actifs peuvent posséder cette qualité à' activité à un degré plus ou moins émi- ET EXOSMOSE. 25 nent. Ces expériences prouvent de même qu’il y a des liquides actifs et des liquides inactifs et que les li- quides actifs peuvent posséder la qualité à' activité à un degré plus ou moins éminent. Ainsi, l’endosmose l'ésulte de l’influence réciproque des liquides actifs sur les solides actifs , et des solides actifs sur les liquides actifs. Il suffit qu’un seul de ces élémens d’action soit inactif j pour que l’endosmose n’ait point lieu. Ainsi , par exemple, tout étant convenablement disposé pour l’endosmose , cette action sera suspendue par l’addi- tion d’un peu d’acide sulfurique ou d’acide hydro-sul- furique aux liquides, parce que ces deux acides sont inactifs. Ce sera de même en vain que deux liquides hétérogènes seront actifs; si la cloison perméable qui les sépare est inactive > il n’y aura point d’endosmose. Ainsi , il demeure démontré que ce phénomène ré- sulte de deux influences combinées : i ° de l’influence des liquides sur le solide , influence qui détermine l’action de ce dernier \ i° de l’influence du solide sur les liquides, influence de laquelle résulte l’impulsion que reçoivent ces derniers. Les liquides que l’on peut désigner sous le nom de liquides organiques ; opèrent l’endosmose sans discon- tinuité tant qu’ils ne subissent aucune altération dans leur composition chimique, tant qu’ils restent dans Y état sain. Ces liquides sont, par exemple, les solu- tions de gomme, de sucre, de gélatine , d’albumine, d’extractif, toutes les émulsions, etc. Il n’en est pas de même des liquides que je désigne sous le nom de 2(i ENDOSMOSE chimiques j tels que les solutions salines et alkalines , les acides autres que l’acide sulfurique et l’acide hy- dro-sulfuriquc , l’alchool , etc. Ces liquides opèrent tous l’endosmose, mais ce n’est pas sans discontinuité comme cela a lieu pour les liquides organiques. Les liquides chimiques ont deux actions distinctes: l’une, qui est primitive et directe, par laquelle ils produisent l’endosmose; l’autre, qui est consécutive et indirecte, par laquelle ils diminuent ou abolissent cette action physique. Les expériences suivantes mettront cette vérité dans tout son jour. Une solution de gomme arabique ou de sucre étant mise dans uh endosmomètre fermé avec un morceau de vessie , l’endosmose aura lieu pendant plusieurs jours, et ne s’arrêtera que lorsque ces liquides auront été altérés par la putréfaction commençante de la membrane organique. Si l’on ajoute à ces solutions un agent chimique j leur action d’endosmose sera aug- mentée , mais elle ne durera pas très-long-temps , sur- tout si la dose de l’agent excitateur chimique est assez considérable ; il y aura bientôt abolition de l’endos- mose. Je pris une solution de sucre dans l’eau , dont la densité était 1,095; je notai le nombre de degrés que le mouvement ascensionnel de l’endosmose faisait parcourir à ce liquide pendant une heure dans le tube de l’endosmomètre fermé avec un morceau de vessie. Alors j’ajoutai au liquide sucré une certaine quantité d’hydrochlorate de soude, en sorte que, par cette ad- dition, sa densité fut portée à 1,211. Le mouvement ET EXOSMOSE. 27 ascensionnel du liquide dans le tube de l’endosmo- unètre lut environ quatre lois plus rapide dans la pre- mière heure ; mais dans les heuressuivantes , il diminua graduellement de vitesse; cl enlin, au bout de cinq llieures, l’endosmose cessa complètement, et le liquide itommenca à descendre dans le tube de l’endosmo- unètre. Cet abaissement du liquide intérieur continua ipisqu’à ce qu’il lut descendu au niveau de l’eau dans IJaquelle était plongé le réservoir de l’endosmomèlre. Alors je retirai le liquide sucré et salé du réservoir, ït je trouvai sa densité réduite à 1 ,1 15. Il s’agissait de savoir si l’abolit ion de l’endosmose était due à l'allé- gation de ce liquide intérieur, ou à l’altération de la membrane de l’endosmomètre. J’introduisis donc ce liquide, extrait de l’endosmomètre ci-dessus, dans un autre endosmomèlre dont la membrane de vessie était fraîche. Ce liquide opéra de l’endosmose pendant quatre heures et demie; alors l’endosmose cessa en- core , et le liquide s’abaissa dans le tube. En même temps, j’introduisis dans le premier endosmomèlre qui avait cessé d’agir, une solution d’hydrochlorate de ■oude , dont la densité était 1,08, c’est-à-dire qui con- tenait environ une partie de sel sur huit parties d’eau. I n’y eut point d’endosmose. Je remplaçai cette solu- tion saline par une solution d’une partie de sucre dans rois parties d’eau, dont la densité était 1,110. L’en- losmose eut lieu, mais avec environ quatre fois moins île vitesse que celle qu’elle avait manifestée au coin- 1 nencement de l’expérience avec le liquide sucré, dont 28 ENDOSMOSE la densité n’était que de 1,095. Ainsi , il est démontré que la membrane organique de Pendosmomèlre avait subi , par l’action de l’hydrochlorate de soude , une altération particulière qui la rendait moins propre à opérer l’endosmose. C’est de là que provenait l’aboli- tion de cette action dans les expériences qui viennent d’être exposées. Mais la membrane altérée possédait encore la faculté de produire l’endosmose, en mettant dans l’endosmomètre un liquide nouveau plus actif que celui dont l’action était devenue impuissante. Quant au liquide sucré et salé qui avait servi à ces expériences , il conservait toujours sa propriété de produire l’endosmose, et cela en vertu de sa densité ou de ses qualités chimiques particulières. Si la solu- tion d’hydrochlorale de soude, dont la densité était 1,08, n’a point produit d’endosmose avec un endos- momètre dont la membrane avait déjà été altérée par l’action de cette substance saline , cela ne provient point de ce que cette solution n’aurait point été apte par elle-même à opérer l’endosmose. Cette solution, en effet, contenait une partie de sel sur huit parties d’eau. Or, j ’ai expérimenté qu’il suffit d’ajouter à l’eau deux millièmes de son poids d’hydrochlorale de soude pour la rendre apte à opérer l’endosmose avec un endos- momètre fermé par un morceau de vessie non altérée. J’ai obtenu des résultats analogues à ceux qui vien- nent d’être exposés , en associant l’eau sucrée au sul- fate de soude , à l’acide hydrochlorique , à la potasse caustique (hydrate de potasse) , et à l’alchool. Toujours ET EXOSMOSE. 29 iil y eut d’abord accroissement de l’endosmose, et en- suite abolition de cette action au bout de quelques I heures. Cependant, cette abolition n’avait point lieu I lorsque la quantité du liquide chimique associé au iliquide organique, était peu considérable; il n’y avait ; alors que diminution de l’endosmose. J’ai obtenu des irésuliats analogues, en associant des liquides chimi- iques à la gomme arabique. Ainsi , les liquides chimi- ques qui, par eux-mêmes, sont aptes à opérer l’endos- imose, augmentent à cet égard l’action des liquides organiques, lorsqu’ils leur sont associés; mais ils exer- icent consécutivement une action d’abolition ou de 1 diminution de l’endosmose , action qui dépend de ll’altération particulière qu’ils produisent dans la cloi- son membi’aneuse de l’endosmomètre. Il est bien re- imarquable que cette action d’abolition consécutive .■soit exercée par des liquides aussi différens entre eux ique le sont, par exemple, les acides et les alkalis , les ^solutions salines et l’alchool , etc. Il était important de rechercher si les liquides chi- imiques exerceraient également une action consécutive 1 d’abolition de l’endosmose sur une lame d’argile dont : serait fermé un endosmomètre. J’ai donc mis dans le 1 réservoir d’un de ces endosmomètres une solution haqueuse de sucre, dont la densité était 1,226, et j’ai li noté la vitesse de l’endosmose opérée par ce liquide; alors j’ai ajouté à ce dernier une quantité d’hvdro- I (chlorate de soude, qui a porté sa densité à 1,271. La V vitesse de l’endosmose a été augmentée dans la pro- 3o ENDOSMOSE portion de 12 à i3, et celte action a continué sans éprouver beaucoup de diminution pendant vingt heures; alors j’ai augmenté la dose de sel, ce qui a porté la den- sité du liquide à 1,33p. La vitesse de l’endosmose a été augmentée, et j’ai observé cette action pendant trois jours, sans en voir la fin. Ainsi, le liquide chi- mique introduit dans l’endosmomètre n’a produit, dans la lame d’argile qui le fermait, aucune altération capable d’abolir ou de diminuer l’endosmose. Cette action d’abolition consécutive n’a donc lieu que par rapport aux membranes organiques. Or, il est très- remarquable que l’abolition directe de l’endosmose par l’hydrogène sulfuré, a également lieu avec les membranes organiques et avec les lames d’argile. Ces deux phénomènes d’abolition de l’endosmose n’ont donc véritablement rien de semblable dans leur cause; l’une est une abolition directe, l’autre est une aboli- tion indirecte. Il résulte de ces expériences , que les liquides qui ont une action ou une influence quelconque sur l’en- dosmose, peuvent être divisés en trois classes : i° Les liquides qui ne possèdent d’une manière sensible que la seule action de production constante de l’endosmose. Ce sont ceux que je désigne sous le nom de liquides organiqu es ; 20 Les liquides qui ne possèdent d’une manière sensible que la seule action d'abolition de l’endos- mose. Je ne connais que deux liquides de ce genre, savoir : l’acide sulfurique et l’acide hydro-sulfurique ET EXOSMOSE. 3i ou hydrogène sulfuré. Ce sonl en quelque sorte des sédatifs de l’endoslnose ; 3° Les liquides qui possèdent à la lois les deux ac- tions de production et d1 abolition de l’endosmose. On peut désigner ces liquides par le nom d 'excitons chi- miques de V endosmose. Leur action primitive ou di- recte est la production ou l’ augmentation de l’endos- mose ; leur action consécutive ou indirecte est Y abo- lition ou la diminution de cette action physique. Ces excitans chimiques n’agissent qu’en détruisant ou en diminuant dans le solide organique qu’ils tra- versent, les conditions en vertu desquelles leur action • existe. Les expériences qui viennent d’être exposées prou- vent d’une manière incontestable que la force impul- sive à laquelle est due l’endosmose, a son siège dans ! les conduits capillaires de la cloison perméable active (qui sépare les deux liquides hétérogènes ; il s’agit ac- ituellement de rechercher quelle est la nature de cette Iforce capillaire inconnue. L’endosmose est le résultat immédiat de la diffé- rence de densité, ou plus généralement de l’hétéro- généité des deux liquides que sépare une qloison per- iméable active. Ce résultat de la différence de densité de deux liquides doit d’abord faire penser qu’il est dû à une action électrique; mais l’expérience phy- ssique prouve, ou du moins semble prouver qu’il ne résulte point d’électricité du contact des liquides de i densité différente. M. Becquerel a prouvé que le con- ENDOSMOSE 32 tact des liquides sur les solides produit de l’électricité ; mais cet effet n’est prouvé que pour les liquides qui ont une action chimique sur les solides : or, le con- tact de l’eau et des liquides organiques sur les deux faces d'une membrane organique , ne produit aucune électricité appréciable au galvanomètre , ainsi que je m’en suis assuré par l’expérience. La cause de l’en- dosmose reste donc enveloppée de beaucoup d’obscu- rité. J’avais admis précédemment que cette cause était l’électricité. Je penche encore à le croire, mais cela n’est point suffisamment-démonlré ; il n’existe, en fa- veur de cette opinion , que des probabilités que je vais exposer. J’ai cité dans un précédent ouvrage (i), l’ex- périence de M. Porret, qui prouve que les courans électriques de la pile voltaïque impriment à l’eau une impulsion qui lui donne un mouvement ascensionnel, lorsque ces courans sont dirigés au travers d’une mem- brane organique que l’eau baigne des deux côtés. Ainsi, l’on peut, par ce moyen purement électrique, produire de l’endosmose sans hétérogénéité des li*- quides. Je mis de l’eau distillée dans le réservoir d’un endosmomètre, qui plongeait lui-même dans l’eau dis- tillée. Je mis le fil conjonctif négatif d’une pile vol- taïque en contact avec l’eau intérieure , en faisant plonger ce fil dans l'intérieur du tube. Je mis le fil conjonctif positif en contact avec l’eau extérieure. Bientôt je vis l’eau monter dans le tube , et parvenir (i) L’Agent immédiat, etc. ET EXOSMOSE. 33 à son ouverture supérieure. L’eau s’écoula au-dehors , et cet écoulement ne cessa que lorsque l’action de la pile se fut affaiblie. Il résulte de ces expériences, qu’il existe deux causes d’endosmose : i° l’hétérogénéité des liquides ; 2° l’électricité de la pile voltaïque. Nous avons vu plus haut que l’endosmose par hété- rogénéité des liquides n’a lieu qu’avec des solides ac- tifs. Il s’agit de savoir si cette même condition est nécessaire pour l’endosmose par électricité de la pile. Je pris un endosmomètre fermé avec une lame de grès •tendre. Je mis de l’eau distillée dans son réservoir, que je plongeai dans ce même liquide. Je mis le fil négatif de la pile en contact avec l’eau intérieure, et •le fil positif en contact avec l’eau extérieure. Je n’ob- tins aucune endosmose , et par conséquent aucune ascension de l’eau dans le tube de l’endosmomètre. Je substituai à la lame de grès tendre la lame de grès dur ferrugineux , avec laquelle j’avais obtenu un peu d’endosmose par hétérogénéité des liquides ; je n’ob- tins avec cette lame de grès dur aucune endosmose sensible par Y électricité de la pile ; l’eau s’abaissa au contraire dans le tube. Mais ici il y a une cause d’er- reur qu’il faut signaler. Le fil conjonctif négatif, en contact avec l’eau intérieure de l’endosmomètre , dé- compose cette eau , et par conséquent diminue son | volume, en sorte que ce liquide s’abaissera dans le tube de l’endosmomètre , si la quantité de l’eau intro- duite par l’endosmose est inférieure à la quantité de l’eau décomposée. C’est ce qui pouvait avoir lieu avec 3 ENDOSMOSE 34 celte lame de grès dur, qui était difficilement per- méable à l’eau : ainsi , cette expérience ne prouve rien. Cette même expérience , faite avec un endosmo- mètre fermé avec une lame de pierre à plâtre (chaux sulfatée calcarifère ) , ne donna aucun indice d’endos- mose. Nous avons vu plus haut que celte même subs- tance ne produisait point non plus d’endosmose par le moyen de l’hétérogénéité des liquides. Mais ici il y a une cause possible d’erreur qui existe également dans l’expérience faite avec une lame de grès tendre. Cette cause d’erreur consiste dans la possibilité qu’il y a que ces lames poreuses soient trop facilement per- méables à l’eau. On sent, en effet, que l’ascension de l’eau dans le tube de l’endosmomètre ne peut s’opérer lorsque la filtration descendante de l’eau intérieure, par l’effet de la pesanteur, est plus considérable que 11e l’est son ascension ou son introduction par l’effet de l’endosmose. Ainsi , ces expériences sont sans ré- sultats bien positifs. Il n’en est pas de même des ex- périences semblables que j’ai faites avec des endos- momètres fermés avec des lames de chaux carbonatée , pourvues de tous les degrés possibles de la capilla- rité, depuis la pierre tendre à bâtir jusqu’au marbre blanc. Je 11’ai obtenu dans ces expériences aucun signe d’endosmose par le moyen de l’électricité de la pile. On se rappelle que je n'ai de même obtenu aucune endosmose avec ces lames de carbonate calcaire, par le moyen de l’hétérogénéité des liquides : ainsi , cette substance est bien décidément inactive par rap- ET EXOSMOSE. 35 port aux deux moyens que nous connaissons de pro duire l’endosmose. Cependant, j’ai expérimenté que l’impulsion électrique de la pile n’est pas tout à fait sans influence sur l’eau qui traverse les conduits ca- pillaires de cette substance, quoique celte impulsion ne puisse élever l’eau au-dessus de son niveau. Je lutai, à un tube de' trente- cinq millimètres de dia- mètre, une lame de tuf ou pierre tendre à bâtir; elle avait un centimètre d’épaisseur. Je plongeai vertica- lement ce tube dans un vase plein d’eau , en mainte- nant l’ouverture libre du tube au-dessus de la surface de ce liquide : au bout d’une heure, je trouvai 5 1 grains d’eau qui avaient été introduits dans ce tube par fil- tration au travers de la lame de chaux carbonalée, et sous une pression de huit centimètres d’eau. Je vidai le tube , et je le replaçai dans l’eau du vase , en fai- sant correspondre le fil conjonctif négatif de la pile avec la face intérieure de la lame de chaux carbona- tée ; l’eau du vase correspondait avec le fil conjonctif positif : au bout d’une heure, je trouvai 54 grains d’eau dans le tube. Ainsi, l’impulsion électrique s’é- tait manifestée ici par l’introduction de 3 grains d’eau de plus que ce que pouvait faire la seule porosité. Je m’assurai de nouveau de la quantité d’eau que mon appareil pouvait introduire , dans l’espace d’une heure , sans le secours de l'électricité : je trouvai cette quan- tité un peu augmentée; l’eau introduite s’élevait à 53 grains. Alors , je recommençai l’expérience avec Je courant électrique, et j’eus pour résultat l’introduc- 36 ENDOSMOSE lion dans le tube de 60 grains d’eau : ainsi, le cou- rant électrique dirigé du pôle positif au pôle négatif de la pile, exerce une légère impulsion sur l’eau, pour la déterminer à passer au travers du carbonate calcaire poreux ; mais cette impulsion est trop faible pour déterminer l’eau négative intérieure à prendre un niveau supérieur à celui de l’eau positive extérieure. C’est cette faiblesse de l’impulsion électrique qui fait que, dans cette circonstance, il n’y a point d’ascen- sion de l’eau. Ainsi, le carbonate calcaire n’est pas complètement inactif par rapport à l’endosmose au moyen de l’éloclricité de la pile; il est seulement trop peu actif pour produire l’ascension de l’eau. Il n’en est pas de même du grès. En effet, ayant répété l’expérience précédente avec un tube muni d’une lame de grès, je ne trouvai aucune différence dans la quantité de l’eau introduite par simple filtration, en vertu de la porosité, et la quantité de l’eau introduite sous l’influence ajoutée du courant électrique de la pile. Ceci prouve que ce courant électrique est ici d’une influence tout à fait nulle , et que par consé- quent le solide siliceux est complètement inactif. Il nous reste à examiner, dans ce genre d’expé- riences, l’effet des lames d’argile cuite, que nous sa- vons être très - pourvues d 'activité pour la production de l’endosmose par le moyen de l’hétérogéneite des liquides. J’ai donc pris un endosmomètre fermé avec une lame d’argile de deux millimètres d épaisseur ; le réservoir de cet endosmomètre a été plongé infé- ET EXOSMOSE. 37 rieurement clans l’eau , eisa cavité a été remplie d’eau jusqu’au niveau de l’eau extérieure : alors, j’ai intro- duit le fil conjonctif négatif dans le tube, jusqu’au contact de l’eau intérieure, et j’ai mis le fil conjonctif positif en contact avec l’eau extérieure. A l’instant , j’ai vu l’eau s’élever dans le tube de l’endosmomètre , et elle ne larda pas à arriver au sommet et à s’écouler au-dehors. J’ai répété la même expérience, et avec le même succès, avec une lame d’argile de cinq milli- mètres d’épaisseur, et avec une autre lame d’argile d’un centimètre d’épaisseur. Dans cette dernière ex- périence , l’ascension de l’eau clans le tube fut très- lente. Il résulte de ces expériences, que l’argile cuite est très -active pour la production de l’endosmose , par- le moyen de l’électricité de la pile. J’ai voulu , enfin , expérimenter si les liquides inac- tifs ou ennemis de l’endosmose, par le moyen de l’hé- térogénéité, étaient également ennemis de l’endos- mose, par le moyen de l’électricité de la pile. J’ai donc répété l’expérience précédente en mettant, au lieu d’eau pure , dans l’endosmomèire , de l’eau avec addition d’hydro-sulfure d’ammoniaque. Le courant électrique de la pile étant appliqué, comme à l’ordi- naire , à l’endosmomèlre pourvu de sa lame d’argile , l’endosmose a eu lieu sans diminution appréciable. Ainsi, les liquides ennemis de l’endosmose par hé- térogénéité des liquides, ne sont point du tout enne- mis de l’endosmose par électricité de la pile. L’endosmose par hétérogénéité des liquides offre 38 ENDOSMOSE deux qualités qu’il est important d’étudier dans les variations qu’elles peuvent présenter. Ces deux qua- lités sont : i° sa vitesse, 2° sa force. DE LA VÎTESSE DE L’ENDOSMOSE. J’entends par vitesse de V endosmose la quantité dont un liquide s’élève dans le tube d’un endosmo- mètre dans un temps donné. En général , plus le li- quide que contient l’endosmomètre est dense, plus il y a de vitesse d’endosmose. Il était important de dé- terminer quel est le rapport qui existe entre la den- sité des liquides et la vitesse de l’endosmose qu’ils sont susceptibles de produire. Pour faire des expé- riences comparatives à cet égard , il faut d’abord qu’elles soient faites avec le même endosmomèlre; il faut, en second lieu, ne comparer entre elles que des expériences qui se suivent immédiatement; car l’en- dosmomètre fermé avec une membrane organique, avec un morceau de vessie par exemple , offre des ré- sultats très- variables; en sorte que deux expériences faites l’une après l’autre, et avec lés mêmes liquides, n’offrent point toujours exactement les mêmes résul- tats. tSi ces deux expériences sont faites long -temps l'une après l’autre, on obtient quelquefois des résul- tats qui diffèrent de la moitié. Ces variations provien- nent des cliangemens apportés dans la densité, ou dans la perméabilité de la membrane par sa longue ET EXOSMOSE. 39 macération. Ainsi , lorsqu’on veut obtenir des résul- tats comparables dans ce genre de recherches, il faut iaire chacune des expériences dans le moins de temps possible , les faire immédiatement les unes après les autres, et recommencer plusieurs fois la même série d’expériences comparées, afin de ne point être induit en erreur par des anomalies accidentelles. Il est tout à fait indispensable que la membrane de l’endosmo- mètre soit soutenue en dehors par la plaque métal- lique criblée de trous dont j’at parlé plus haut. 11 faut, en outre, avoir soin que l’endosmomèlre soit placé dans un local dont la température ne varie point ; car, ainsi que je l’ai démontré , l’augmentation de la température accroît l’endosmose. L’endosmomètre avec lequel j’ai lait les expérien- ces suivantes, possède un réservoir de quatre centi- mètres ( i pouce l/2) de diamètre. Son tube a deux millimètres de diamètre intérieur. L’échelle gra- duée à laquelle il est fixé est divisée en dixièmes de pouce. Première série d’ expérience. Je mis dans le réservoir de l’endosmomèlre une solution d’une partie de sucre dans quatre parties d’eau. La densité de ce liquide était i,o83. Le réser- voir, fermé avec un morceau de vessie, fut plongé dans de l’eau de pluie. Au bout d’une heure et demie d’expérience, j’avais obtenu 19 degrés d’ascension. La densité du liquide sucré devait nécessairement endosmose 4° avoir subi de la diminution par le fait de l'introduc- tion de l'eau. Effectivement , je trouvai cette densité réduite à 1,078 ; elle était, au commencement de l’ex- périence, à i,o83 : cela donne une densité moyenne de 1,080 pour cette première expérience. Immédiatement après, je mis dans le réservoir du même endosmomètre une solution de deux parties de sucre dans quatre parties d’eau ; sa densité était i,i45. Après une heure et demie d’expérience faite comme ci-dessus, j’avais obtenu 34 degrés d’ascension. La densité finale se trouva être ï,i38, par conséquent la densité moyenne était 1 , 1 4 1 pour cette seconde expé- rience, à laquelle je fis immédiatement succéder la suivante. Je mis dans le réservoir de l’endosmomètre une solution de quatre parties de sucre dans quatre parties d’eau; sa densité était 1,228. J’obtins en une heure et demie 53 degrés d’ascension. La densité du liquide sucré était réduite à 1,216, ce qui donna une densité moyenne de 1,222. Les résultats de cette expérience prouvent que la vitesse de l’endosmose n’est point du tout proportion- nelle aux quantités de sucre dissous dans l'eau. En effet, ces quantités sont 1, 2-, 4 : or, en prenant pour base d’une semblable progression le nombre de degrés de la première expérience, qui est 19 % , on aurait pour les élévations ou pour les vitesses proportion- nelles des trois expériences, 19 y/ , 39, 78, tandis que l’observation donne 19 ^4 > 34, 53. Ce résultat de l’expérience n’offre également aucun rapport avec les ET EXOSMOSE. 41 i densités respectives des trois liquides sucrés. Les den- sités moyennes de ces liquides sont i, 080, 1 , 1 4 1 ? 1,222: en établissant une progression semblable sur to '/4, vitesse de l’endosmose donnée par la première expérience, on aurait 10 % , 16 3/0 , 32 3/0. Ce résultat du calcul est, comme on le voit, presque entièrement semblable au résultat de l’expérience. Troisième série d’ expériences. L’endosmomètre précédent fut fermé avec une lame d’argile très-compacte, épaisse de deux lignes et de- mie. J’y mis en expérience successivement les trois liquides sucrés ci-après : i° Eau sucrée, densité primitive, 1,049; densité linale, i,o43 ; densité moyenne, 1,046; ascension du liquide, 9 degrés en six heures d’expérience; 20 Eau sucrée, densité primitive, 1,082; densité finale , 1,076 ; densité moyenne , 1,079 ; ascension du liquide , 14 degrés l/% en six heures d’expérience ; 3° Eau sucrée, densité primitive, 1,1 45; densité finale, 1 ,1 36 ; densité moyenne , 1, 1 4o ; ascension du liquide , 3o degrés en six heures d’expérience. Les ascensions dans un temps égal, c’est-à-dire les vitesses de l’endosmose , sont 9 , 14 % , 3o. Les excès de la densité moyenne des liquides sucrés sur la den- sité de l’eau, sont 0,046, 0,079, 0,140 : or, en éta- blissant uue progression semblable, dont le premier ET EXOSMOSE. 43 irme est 9, on trouve 9, i5,6, 28. Ce résultat du ulcul diffère assez peu du résultat de l’expérience , tour qu'on puisse admettre que leur différence tient à eîs causes accidentelles d’erreur. Nous allons en ac- tuérir la preuve tout à l’heure. Quatrième série d’ expériences. Les trois expériences précédentes ont été faites avec jne lame d’argile qui servait pour la première fois, es expériences suivantes ont été faites avec la même urne d’argile qui servait sans interruption aux expé- ;eences depuis deux jours , et qui , par conséquent , ait plus complètement imbibée, et plus facilement uîrméable que dans le principe. ]° Eau sucrée, densité primitive, 1,047; densité male, i,o43; densité moyenne, i,o45; ascension du qjuide, 3 degrés X en une heure et demie ; 20 Eau sucrée, densité primitive, 1,258; densité wnale, 1,252; densité moyenne, 1,255; ascension du quide , 19 degrés X en une heure et demie. Les ascensions du liquide ou les vitesses de l’en- jjcosmose sont 3 X > 19 X* Les excès de la densité (moyenne des liquides sucrés sur la densité de l’eau , »nt o,o45, 0,2 55. Le calcul de l’ascension établi sur îtte proportion donne 3'/2:20, résultat évidemment tmblable à celui que donne l’expérience. Ici nous Icouvons la cause de l’erreur que nous avons soupçon- née dans la troisième série d’expériences. Nous voyons me, dans celte troisième série, l’eau sucrée, dont la ENDOSMOSE 44 densilé moyenne est 1,046, a produit une ascension de 9 degrés en six heures, tandis que, dans la qua- trième série , l’eau sucrée , dont la densité moyenne est i,o45, a produit trois degrés y2 d’ascension en une heure et demie, ce qui donnerait 14 degrés en six heures. On voit par-là que la même lame d’argile peut , avec les mêmes liquides , donner des résultats d’endosmose très-differens. Lorsque cette lame est en expérience depuis un certain temps, et qu’elle est bien complètement imbibée , elle opère plus d’endos- mose qu’elle n’en opérait dans le principe. C’est pour cela que la dernière expérience de la troisième série offre un résultat supérieur à celui qui est donné par le calcul. Il résulte définitivement de ces expériences, que les vitesses de l’endosmose produites par des liquides in- térieurs de diverses densités , sont proportionnelles aux excès de la densilé de ces liquides intérieurs sur la densité de l’eau, qui est le liquide extérieur. DE LA FORGE DE L’ENDOSMOSE. Pour mesurer la force de l’endosmose, j’ai fait cons- truire un appareil à peu près semblable à celui dont Haies, et, après lui, MM. MirbeletChevreul, se sont servis pour mesurer la force ascensionnelle de la seve de la vigne. Cet appareil est un endosmomèlre (fig. 3) dont le tube, au lieu d’être droit, est courbe deux ET EXOSMOSE. 45 Dis sur lui-même. Par l’ouverture supérieure cl de la rrande branche ascendante, je verse du mercure, qui Dmbe dans la courbure inférieure c} où il se met de àiveau en g. Au sommet de la courbure supérieure >st une ouverture par laquelle j’introduis le liquide pue je veux mettre en expérience dans le réservoir a. œ remplis du même liquide la partie eb> ainsi que u partie bg. La pression de la colonne bg de liquide eefoule le mercure jusqu’en fj et le porte jusqu’en i ans la branche ascendante cd; aloi’S je ferme l’ou- verture d avec un bouchon très-solidement maintenu »ar un coin placé entre ce bouchon et un épaule - ment que porte la planche sur laquelle l’appareil est iixé. De cette manière, il n’y a point d’air dans la partie ebf du tube ; elle est remplie du même liquide jue contient le réservoir a. L’ouverture o du réser- oir est fermée avec trois morceaux de vessie superpo- sés, lesquels sont fixés très-solidement, au moyen de ligatures, dans les deux gorges circulaires dont le ré- servoir est muni. Je fortifie cet assemblage par dehors >ar l’addition d’un morceau de fort canevas. L’ouver- lure o du réservoir a cinq centimètres (un pouce dix lignes) de diamètre. Lorsqu’on veut faire marcher ''expérience , on plonge entièrement le réservoir a Hans un vase plein d’eau hj que l’on peut ôter et re- mettre à volonté sans déranger l’appareil. Dans l’état où se trouve l’appareil par la description que je viens île donner, la membrane qui ferme l’ouvertuie o de '’endosmomèlre n’est pressée que par la colonne de endosmose 46 liquide eb. La colonne ci de mercure est égale en pe- santeur à la colonne fc de mercure, plus la colonne fb de liquide. Cet appareil étant mis en expenence , l’endosmose introduit 1 eau du vase h, dans le réservoir et. Le vo- lume du liquide intérieur étant ainsi augmenté, la surface f du mercure est refoulée en bas, et la sur- face i prend un mouvement ascensionnel. Le diamètre intérieur de la branche descendante bc est beaucoup plus considérable que ne l’est le diamètre intérieur de la branche ascendante cd„ en sorte qu’une faible dépression de la surface f du mercure correspond à une ascension plus considérable de la surface du mer- cure en i. Sans cela , on ne pourrait observer en i qu’une ascension égale à fc, ce qui serait trop peu considérable ; d’ailleurs, la dépression du mercure en/ est diminuée par la dépression qu’éprouve la mem- brane oo j dépression qui est d’autant plus considé- rable , que la colonne de mercure est plus élevée en i. Cette dépression de la membrane oo est ici sans in- convénient , et la force de l’endosmose s’apprécie d’une manière exacte par la pesanteur de la colonne de mercure comprise entre les" deux niveaux /, i, en diminuant sur le poids de cette colonne le poids tic la colonne fb du liquide , et en y ajoutant le poids de la colonne eb du liquide intérieur, dont la pesanteur spécifique est connue. Ce calcul ne se fait qu’à la fui de l’expérience, pendant le cours de laquelle il n'est besoin que de constater l’existence du mouvement ET EXOSMOSE. 47 ascensionnel du mercure en L Lorsque ce mouvement ascensionnel s'arrête , l’expérience est terminée. La gomme arabique et le sucre sont les seules subs- i lance en solution dont je me sois servi dans mes ex- ipériences sur la force de l’endosmose. J’ai fini par .donner la préférence au sucre, qui a sur la gomme davantage très-considérable d’agir sur la membrane de l’endosmomètre, comme substance conservatrice, .en retardant sa putréfaction , propriété tout à fait étrangère à la gomme. Lorsque le liquide intérieur acquiert une odeur putride , il cesse d’être propre à l’endosmose , et cela par l'effet de l’hydrogène sulfuré que développe toute putréfaction animale. Or, on pré- vient cet effet , en mettant dans le réservoir de l’en- idosmornètre une solution aqueuse de sucre suffisam- ment chargée ; alors il n’y a plus que la partie exté- rieure de la membrane dont la putréfaction commen- çante puisse imprégner d’hydrogène sulfuré l’eau dans laquelle baigne le réservoir de l’endosmomètre. Lors- que cela arrive , l’endosmose s’arrête , mais elle re- commence de suite , en mettant de nouvelle eau pure dans le vase où baigne le réservoir. D’après cette ob- servation , j’avais soin de changer souvent cette eau | extérieure. Une solution d’une partie de gomme dans trois parties d’eau, solution dont la densité était r,095, ; avait élevé le mercure à ^5 centimètres (28 pouces). • C’était la limite du tube de mon appareil, mais ce n’était pas celle de la lorce d'endosmose qui existait dans cette circonstance. Je construisis donc un endos- Endosmose 48 momètre dont le tube avait plus d’étendue , et je Me servis exclusivement d’eau sucrée dans les expériences subséquentes. Ces expériences, que j’ai multipliées pendant plus de deux mois , exigent de la patience. Ce n’est que par de nombreux tâtonnemens que je suis parvenu à des résultats tels que vont les offrir les expériences choisies que je vais exposer. Yoici com- ment je procédais à ces expériences. Le réservoir de l’endosmomètre étant rempli du liquide sucré dont la densité m’était connue , et ce réservoir étant plongé dans l’eau, je versais du mercure dans la grande bran- che ascendante de l’endosmomètre par l’ouverture dj et cela jusqu’à une hauteur arbitraire , mais de beau- coup inférieure à la hauteur à laquelle la colonne de mercure devait être portée par la force de l'endos - mose. Mes expériences antécédentes m’avaient fourni des données approximatives à cét égard. J’attendais que le mercure eût monté dans le tube par l’impul- sion de la force d’endosmose ; alors j’ajoutais une cer- taine quantité de mercure à la colonne , en le versant par l’ouverture supérieure d du tube. J’attendais en- core que l’endosmose eût fait monter la colonne; alors j’ajoutais de nouveau mercure. Je cessais d’opérer cette addition à la hauteur de la colonne, lorsque je voyais, par l’extrême lenteur de son ascension , que la force de l’endosme approchait de sa limite ; alors je laissais cette force opérer seule l’ascension du mercure, jus- qu’au point où celte ascension s’arrêtait définitive- ment; alors je calculais, comme je l’ai dit plus haut, ET EXOSMOSK. 49 la pesanteur de la colonne de mercure soulevée par l’endosmose. J’évacuais ensuite le réservoir de l’en- dosmomètre par l’ouverture et je mesurais la den- sité ou la pesanteur spécifique du liquide sucré extrait . de ce réservoir. Celte densité finale devait être seule prise en considération, puisque c’est sous son influence ' que s’était terminée l’ascension de la colonne de mer- cure. Ces explications données, je vais exposer trois des expériences par lesquelles je suis parvenu à la connaissance de la loi qui préside à la force de l’en- • dosmose. J’ai préparé trois solutions aqueuses de sucre, dont les densités étaient i,o35, 1,070, 1,140. Cette der- nière contenait un peu moins d’une partie de sucre sur deux parties d’eau. Les excès des densités de ces trois solutions sur la densité de l’eau étaient, comme on voit , dans la progression 1 , 2 , 4- Je mis dans le réservoir de l’endosmomètre la solu- tion sucrée i,o35, et je le chargeai d’une colonne de mercure d’un pouce de hauteur. L’expérience fut con- « duite comme il a été dit plus haut; et au bout de vingt-huit heures , l’ascension de la colonne de mer- cure s’arrêta à 286 millimètres (io pouces 7 lignes). Je fais entrer dans cette estimation le poids de la co- lonne d’eau sucrée qui pesait immédiatement sur la membrane et l’endosmomètre. Le liquide sucré , pesé après l’expérience , se trouva réduit à la densité de 1,025, densité qui est à peu près celle d’une solution qui contient une partie de sucre sur seize parties d’eau. 4 ENDOSMOSE ')C Immédiatement après cette première expérience, je mis dans le réservoir de l’endbsmomèlre la seconde solution sucrée 1,070, et je la chargeai d’abord d’une colonne de mercure de 27 centimètres ( 10 pouces) de hauteur. L’expérience dura trente-six heures. Au bout de ce temps, l’ascension de la colonne de mer- cure s’arrêta, ei j’évaluai sa hauteur à 617 millimè- tres (22 pouces 10 lignes). Le liquide sucré, pesé après l’expérience , était réduit à la densité de i,o53 , densité qui est à peu près celle d’une solution qui contient une partie de sucre sur sept parties d’eau. Je mis ensuite en expérience le troisième liquide sucré 1 , 1 4o , et je le chargeai d’abord d’une colonne de mercure de 5p5 millimètres (22 pouces). L’ex- périence dura deux jours entiers. La colonne de mer- cure ayant terminé son ascension, je l’évaluai à 1 mè- tre 238 millimètres (45 pouces 9 lignes). Le liquide sucré, pesé après l’expérience, était réduit à la den- sité de 1,1 jo, densité qui est exactement celle d’une solution qui contient une partie de sucre sur trois par- ties d’eau. Ces trois expériences furent faites dans un local dont la température, qui ne variait nullement, fut constamment à -+- 16 degrés % b. On voit, par ces expériences, que la loi qui préside à la force de l’endosmose est la même que celle qui préside à sa vitesse, résultat qui devait être prévu. Nous avons vu que la vitesse de l’endosmose, produite par des liquides intérieurs de même nature et de den- sités diverses, l’eau étant toujours le liquide exté- ET EXOSMOSE. rieur, que cette vitesse, dis-je , est proportionnelle aux excès des densités des liquides intérieurs sur la den- sité de l’eau. Nous trouvons la même loi pour la force de l’endosmose. En effet, dans les trois expériences précédentes, nous avons des liquides intérieurs dont les densités finales sont 1,025, i,o53, t,iio. Les ex- cès de densité de ces liquides sur la densité de l’eau, sont o,oa5, o,o53, 0,110. Or, établissons une pro- gression semblable, en prenant pour premier terme 286 millimètres ( 10 pouces 7 lignes), hauteur de la •colonne de mercure soulevée par l’endosmose du premier liquide sucré, nous aurons 286““, 6o6'"‘,‘, T,258mm, c’esl-à-dire, 10 p. 7I., 22 p. 51., 4^ P- 61. Or, l’observation donne 286""", 6 1 7“*m, 1,238'"“, c’est- à-dire, 10 p. 7I., 22p. 10 1., 4^P- 9^* ^ n’y a évi- demment ici, entre les résultats de l’expérience cl ceux du calcul, que les différences légères qui sont inévitables dans les expériences de ce genre. Ainsi , il est démontré que la force de l’endosmose, pro- duite par différentes densités d’un même liquide in- térieur, l’eau étant le liquide extérieur, et la tem- pérature étant constante, est proportionnelle aux quantités qui expriment, dans deux expériences com- parées, les excès de la densité des deux liquides inté- rieurs sur la densité de l’eau, qui est le liquide exté- rieur. D’après cette loi, on peut calculer qu’avec l’endos» momèlrc qui a servi à ces expériences, et par la même température , le sirop de sucre, à la densité de 1,3, ENDOSMOSE 52 produirait une endosmose capable de soulever une colonne de 127 pouces de mercure, ou du poids de 4 atmosphères l/2. Ceux qui tiennent encore k ne voir dans le phé- nomène de l’endosmose, qu’un simple effet d’attrac- tion capillaire et d’attraction réciproque des liquides, croiront sans doute que si le liquide intérieur de l’endosmomètre, pressé par une haute colonne de mercure, monte au lieu de descendre, cela provien- drait, d’une part, de l’impossibilité où serait le liquide intérieur de filtrer, au travers de la membrane de l’endosmomètre , en raison de sa viscosité, et, d’une autre part , de la facilité avec laquelle l’eau peut tra- verser cette membrane; en sorte que l’attraction réci- proque des deux liquides ayant lieu, et un seul d’entre eux pouvant traverser la cloison, il en résul- terait que ce dernier marcherait seul au travers de la membrane pour aller se réunir au liquide opposé, dont ilaugmen1. irait ainsi le volume. Mais cette théorie, en apparence séduisante , est infirmée par l’expé- rience. J’ai rapporté plus haut qu’une solution d’une partie de gomme arabique dans trois parties d’eau, avait, par endosmose, élevé le mercure k 7 5 centi- mètres (28 pouces), et l’eût élevé plus haut, si mon tube eût eu plus de longueur. Je remplaçai l’eau dans laquelle baignait le réservoir de l’endosmomètre, par une solution d’une partie de gomme arabique dans dix parties d’eau. Dès ce moment, le liquide gom- meux intérieur s’abaissa dans le tube de l’endosmo- ET EX OSMOSE. 53 mètre. Cet abaissement extrêmement lent, étant ar- rivé à 72 centimètres, je replaçai le réservoir de fendosmomètre dans l’eau pure. Dès ce moment, le mercure reprit son mouvement ascensionnel comme auparavant. Ainsi , le liquide gommeux intérieur avait la possibilité de filtrer au travers de la mem- brane, et celte filtration s’opérait sous la pression de la colonne de mercure, lorsque le liquide extérieur était augmenté de densité. Cependant, d’après les lois connues de l’hydrostatique, l’augmentation de densité de ce liquide extérieur, bien loin de favoriser l’écoule- ment du liquide intérieur, aurait dû, au contraire, le rendre plus difficile. Il existe donc, dans cette cir- constance, une force inconnue qui met obstacle à l’écoulement du liquide intérieur , auquel la mem- brane livre cependant un passage suffisamment facile par ses voies capillaires ; c’est celte même force qui produit le mouvement ascensionnel de l’eau au tra- vers de la membrane. Cette force est incontestablement une force intra-capillaire , mais ce n’est point l’at- traction capillaire connue jusqu’à ce jour ; cette dernière est une force d’ascension et de station qui ne porte jamais les liquides au-delà des voies capil- laires; l’endosmose est le résultat d'une force de per- méation qui exige le concours de deux liquides diffé- rens, et qui porte ces deux liquides en sens inverse au travers des voies capillaires, en les chassant au- dehors. Tous les solides poreux et tous les liquides sont aptes à opérer l’ascension capillaire; certains ENDOSMOSE ET EXOSMOSE. 54 solides et certains liquides seulement sont aptes à opérer la double perméation capillaire. L’augmenta- tion de température diminue la force d’ascension capillaire; elle augmente la force de perméation ca- pillaire. Ainsi , ces deux forces intra-capillaires pa- raissent être essentiellement différentes. RECHERCHES SUR LA CAUSE ET SUR LE MECANISME ♦ DE L’IRRITABILITÉ VÉGÉTALE. L’importance de la physiologie comparée des vé- gétaux et des animaux est aujourd’hui sentie par tous les bons esprits. La vie a des phénomènes généraux jiqui appartiennent au règne végétal comme au règne ; animal. 11 est donc nécessaire d’étudier comparative- ment ces phénomènes chez tous les êtres vivans sans ^exception. C’est de cette étude que sortira la physio- logie générale , science qui est encore à créer, mais pour laquelle il existe de nombreux matériaux. L’irritabilité est un de ces phénomènes généraux qui appartiennent aux végétaux comme aux animaux ; limais chez ces deux classes d’êtres, ce phénomène présente des modifications très-remarquables, et telles que certains physiologistes ont pu douter si l’irritabi- lité était véritablement un phénomène semblable chez les végétaux et chez les animaux. Mais l’observation (prouve que ccs modifications ne sont dans le fait que des simplifications du phénomène, eu sorte que les 56 IRRITABILITÉ végétaux présentent, dans le plus grand degré de simplicité, ce phénomène d’irritabilité que les ani- maux ne présentent ordinairement qu’avec certaines complications. Ce sont donc les végétaux qui sont ap- pelés à donner la solution de ce problème, l’un des plus importans de la physiologie , solution à laquelle l’étude des seuls animaux ne conduirait jamais. J’ai annoncé, dans un précédent ouvrage (i), que l’irritabilité végétale consistait exclusivement dans la propriété que possèdent certaines parties des végétaux de prendre un étal de courhure élastique, et de s’y maintenir, tantôt d’une manière fixe et permanente , tantôt d’une manière temporaire, en sorte que dans ce dernier cas l’incurvation alterne avec un état de redressement. Depuis que j’ai découvert qu’il existe chez les végétaux une irritabilité dont l’exercice ne se manifeste par aucune courbure, par aucune in- flexion de parties, en sorte qu’elle consiste dans une véritable contractilité, j’ai étudié avec beaucoup d’at- tention ces deux ordres de phénomène d’irritabilité végétale, et cette étude m’a conduit à la connaissance du mécanisme intime au moyen duquel il s’opère. (i) Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure intime des animaux et des végétaux , et sur leur rnoiililé . VÉGÉTALE. 5? OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES SUR L’IRRITABILITÉ DE LA BALSAMINE. ( Impatiens balsàrriina. ) On sait que les valves de l’ovaire de la balsamine, à l’époque de la maturité, se séparent les unes des autres, et que chacune d’elles se roule en spirale en dedans j c’est-à-dire que sa convexité est en dehors , ou du côté de l’épiderme. Si on les redresse, elles retournent spontanément et avec vivacité à leur état d’incurvation, lorsqu’on les abandonne à elles-mêmes. Si on les plonge dans l’eau , elles se courbent encore plus profondément; si on les laisse se dessécher à moitié, elles tombent dans l’état de flaccidité ou de relâchement, et perdent leur tendance élastique à l’incurvation. Ces premiers faits prouvent déjà que la présence de l'eau dans les organes qui composent Je tissu de la valve , est une des conditions de l’existence de sa tendance à l’incurvation. Si l’on plonge dans l’eau la valve à moitié flétrie par l’évaporation de ses liquides intérieurs, elle absorbe ce liquide, reprend son état turgide vital, et son incurvation élastique , ou son irritabilité. Si on laisse dessécher presqu’enlière- ment la valve à l’air libre, elle ne reprend plus du tout son état turgide et son iucursation lorsqu’on la plonge dans l’eau. Elle s’imbibe entièrement , et jusqu'à complète saturation, mais elle n’absorbe point 58 IRRITABILITÉ l’eau avec excès comme elle le faisait auparavant : elle ne redevient point turgide ; elle demeure cons- tamment dans l’état de flaccidité; elle a complète- ment perdu son irritabilité. Celte dernière expé- rience m’a conduit à penser que l’irritabilité tenait à l’existence du liquide organique qui remplissait les organes vésiculaires dont la valve est composée, et que c’était, non par une simple imbibUion, mais par endosmose que l’eau était introduite dans le tissu or- ganique irritable. Les expériences qui vont être ex- posées confirmeront ce premier aperçu. Le tissu organique qui compose la valve de l’ovaire de la balsamine, vu au microscope, se trouve com- posé par une agrégation d’ulricules ou de vésicules. C’est, en totalité, ce que l’on nomme improprement un tissu cellulaire et qui sera mieux nommé tissu vé- siculaire. Mais il y a une chose très-remarquable dans ce tissu vésiculaire, c’est que les vésicules, grandes à la partie externe, vont toujours en décroissant de gros- seur, jusqu’à la partie interne, où elles sont le plus petites. Cette disposition dévoile complètement la cause de la tendance à l’incurvation. Toutes les vési- cules étant pleines jusqu’à l’état turgide, l’incurvation de la valve en dedans en est le résultat nécessaire. Les vésicules qui composent ce tissu sont, dans l’étal naturel, remplies par un liquide organique plus ou moins dense. Lorsque ces vésicules éprouvent exté- rieurement l’accession de l’eau, elles exercent l’endos- mose, par cela seul qu’elles contiennent un liquide VÉGÉTALE. $9 corganique plus dense que l’eau. Alors elles deviennent tturgides, et le tissu, distendu plus en dehors qu’en ^dedans , prend un état d’incurvation en dedans (i). lLorsqu’une dessication prolongée a enlevé le li- quide intérieur des vésicules, celles-ci s imbibent dde l’eau dont çlles éprouvent extérieurement 1 ac- ccession, mais elle n’exercent plus d’endosmose; elles me deviennent plus turgides; le tissu demeure dans ll’état de flaccidité; l’irritabilité est abolie. Du moment qu’il me fut démontré que l’accession extérieure de il’eau était la cause de l’endosmose des vésicules qui contenaient un liquide organique dense , et que cette endosmose était la cause de l’état turgide du tissu ; du nnoment qu’en outre il me fut démontré que l’incur- vation de ce tissu était le résultat de l’inégalité de ses vésicules, grandes en dehors, et petites en dedans, :1 me parut certain qu’en substituant à l’eau un liquide dus dense que celui que contenaient les vésicules, te produirais, non plus de l’endosmose, maisdel’exos- nose, et, par suite, une incurvation de la valve dans te sens opposé à celui de son incurvation naturelle, de plongeai donc plusieurs de ces valves, qui étaient courbées en dedans, dans du sirop de sucre. Elles ne (i) Toutes les fois que je dirai, eu parlant d’une partie vé- i tce'tale , qu’elle se courbe en dedans ou qu’elle se courbe en de- hors , cela signifiera, dans le premier cas, que la concavité' de la ourbure est tournée vers l’intérieur ou le centre du végétal , et , ans le second cas , que la concavité de la courbure est tournée «ers l’extérieur. Go IRRITABILITÉ lardèrent pas à perdre leur état d’incurvation, et 'à- devenir droites. Bientôt après, elles se roulèrent en spirale en dehors. Cet effet, que j’avais prévu, était un résultat nécessaire de l’exosmose, qui soutirait Je liquide organique moins dense que le sirop, liquide qui remplissait les vésicules du tissu de la valve. Ces vésicules étant désemplies , la valve se roulait en de- hors, parce que, de ce côté, les vésicules, plus grandes, avaient plus perdu de liquide; il y avait, de ce côté, moins de matière solide qu’en dedans; dès lors, il devait y avoir incurvation de ce côté, lors de la sous- traction d’une grande partie du liquide, qui, en gon- flant ces vésicules, leur faisait occuper un espace con- sidérable. Je transportai dans l’eau ces valves roulées en spirale en dehors; elles ne tardèrent pas à se dé- rouler, et, enfin, à reprendre leur état naturel d’in- curvation en dedans; ici, leurs vésicules composantes exerçaient de nouveau l’endosmose, et l’incurvation en dedans en était le résultat. Je transportai de nou- veau mes valves dans le sirop. Elles se roulèrent en dehors; je les replaçai dans l’eau, elles se courbèrent en dedans. Je répétai ce double jeu d’incurvation neuf lois en cinq heures de temps. Alors, les valves ces- sèrent de se courber en dedans, lorsque je les plon- geais dans l’eau; elles ne reprenaient plus assez pour cela leur état turgide, ce qui provenait de ce que l’ac- tion d’exosmose, provoquée par l’immersion dans le sirop, avait soutiré en grande partie leur liquide dense intérieur; il ne leur en restait plus assez pour exercer VÉGÉTALE. 6l mne endosmose suffisanie pour les replacer dans l’état itturgide ; dès lors, il n’y avait plus d’incurvation en (dedans. Mais l’immersion dans le sirop produisait tou- jours le roulement en dehors, jusqu’au summum j [parce que celte incurvation était le résultat de l’exos- imose, laquelle, loin d’éprouver de la diminution, ai- llait, au contraire, toujours en augmentant d’énergie, [puisque le liquide intérieur des vésicules devenait de imoins en moins dense, l’eau ayant remplacé huit ou ineuf fois le liquide organique intérieur, soutiré par ll’exosmose qu’occasionnait l’immersion dans le sirop. .Je mis sous le microscope une lame mince de valve, [plongée dans du sirop de sucre. Je fus ainsi à même ide voir d’une manière immédiate le mécanisme de «son incurvation. Je vis toutes les vésicules, et spé- cialement les plus grandes, qui occupaient son côté (extérieur convexe, perdre assez rapidement de leur (diamètre, par l’effet de leur déplétion, et l’incurva- ition en dehors de la lame de valve en fut l’effet. Il résulte de ces expériences , que les valves de la balsamine perdent leur irritabilité ou leur faculté (d’incurvation élastique en dedans, lorsque le liquide (organique dense qui remplit leurs vésicules est sou- i tiré , soit par l’évaporation, soit par l’exosmose. C’est donc à l’existence de ce liquide intérieur dense qu’est due l’irritabilité. Si l'on pouvait rendre aux vésicules le liquide dense qu’elles ont perdu , on leur rendrait leur faculté de devenir turgides par endosmose, lors de l’accession extérieure de l’eau; on rendrait par 62 IRRITABILITÉ conséquent aux valves leur faculté de prendre une incurvation en dedans, c’est-à-dire qu’on leur ren- drait leur irritabilité perdue. C’est effectivement ce que j’ai fait par les deux expériences suivantes. J’ai fait dessécher à l’air libre des valves d’ovaire de bal- samine, en ayant soin de les empêcher de se tortiller, et de les conserver dans la rectitude. Lorsque cette dessication me parut à peu près complète , j’achevai de la déterminer à l’aide de la chaleur douce du feu. Les valves ainsi desséchées étaient devenues cassantes et friables. J’en plongeai quelques-unes dans l’eau; elles s’imbibèrent jusqu’à saturation, et demeurèrent droites dans l’état de flaccidité. Je plongeai plusieurs autres de ces valves dans de l’eau très-sucrée ; elles s’imbibèrent de ce liquide dense jusqu’à saturation , et demeurèrent de même dans l’état de rectitude et de flaccidité. Lorsque je jugeai que les vésicules com- posantes de leur tissu avaient absorbé par imbibition du liquide sucré autant qu’elles pouvaient le faire, en vertu de leur simple capillarité, je plongeai ces valves dans l’eau; elles ne tardèrent pas à l’absorber par l’effet de l’endosmose, provoquée par la présence d’un liquide dense dans les vésicules; leur tissu vésiculaire devint lurgide , et l’incurvation des valves en dedans eut lieu de la même manière que dans l’état naturel. Je transportai ces valves dans du sirop de sucre, elles se roulèrent en dehors; je les replaçai dans l’eau, elles se courbèrent de nouveau en dedans; en un mot, ces valves avaient repris leur irritabilité par une véri- VÉGÉTALE. 63 table résurrection ; seulement leur incurvation n’avait pas autant de force d’élaSticilé cjue dans l’état naturel. Je viens d’exposer comment l’exosmose produite par l’immersion alternative, souvent répétée dans le sirop et dans l’ean , avait fini par soutirer la plus grande partie du liquide organique dense que conte- naient originairement les vésicules, en le remplaçant par de l’eau. Il résultait de là l’impossibilité au tissu de la valve de reprendre dorénavant son état turgide , • et par conséquent son incurvation en dedans, ou son 1 1 irritabilité naturelle; mais, en abandonnant long- iilemps dans le sirop ces valves ainsi privées de leur liquide dense naturel , ce liquide sucré tend à les pé- i métrer par imbibition. Les vésicules s’en remplissent, • en sorte qu’au bout de huit à dix jours , si l’on trans- iporle ces valves dans l’eau, elles quittent leur incur- vation en dehors, et reprennent leur incurvation na- turelle en dedans; elles ont récupéré leur irritabilité •en récupérant un liquide dense dans l’intérieur de Ileurs vésicules. Il résulte de ces observations, que l’irritabilité de lia balsamine consiste dans une faculté d’incurvation •(élastique qui résulte de l’état turgide par endosmose d’un tissu vésiculaire à vésicules larges et rares au i< côté convexe, petites et serrées au côté concave. C’est l’accession extérieure de l’eau sur ces vésicules rem- fplies d’un liquide organique dense , qui détermine l’endosmose de ces vésicules, et par conséquent l’exer- • cice de l’irritabilité ou de l’incurvabilité, dont le mé- 64 IRRITABILITÉ canisme se trouve ainsi dévoilé. Dans l’état naturel, c’est la sève lymphatique ascendante , qui n'est pres- que que de l’eau pure , qui remplit ici le rôle de li- quide extérieur, dont l’accession provoque l’endosmose des vésicules. On peut se convaincre de cette vérité, en laissant flétrir un rameau de balsamine détaché de la plante et chargé d’ovaires. En perdant une partie de l’eau qui les rend turgides, les valves de ces ovaires perdent une partie de leur irritabilité; elles la récu- pèrent en plongeant l’extrémité du rameau dans l’eau. Ce liquide , pompé par la tige , arrive par les canaux lymphatiques jusqu’aux vésicules des valves, et son accession extérieure détermine leur endosmose, et par conséquent le retour de leur état turgide, ce qui ramène leur irritabilité. Il était important d’apprécier l’action des différens agens chimiques sur l’irritabilité végétale. Je me suis assuré que les acides affaiblis augmentaient la force de la tendance à l’incurvation dans les valves de la balsamine. Ainsi , en plongeant une de ces valves dans l’eau pure, elle prenait un degré déterminé d’in- curvation ; si j’ajoutais h l’eau une petite quantité d’a- cide sulfurique, nitrique ou hydro-chlorique, l’incur- vation de la valve devenait à l’instant plus profonde ; mais l’incurvabililé de cette valve était altérée , en sorte qu’en la transportant dans du sirop de sucre , elle se redressait , mais sans se rouler en spirale en dehors, comme cela a lieu ordinairement. Si l’action de cet acide affaibli était plus longue, la valve per- VÉGÉTALE. 65 tlait entièrement la faculté de se redresser dans le sirop; son irritabilité était complètement détruite. Ce phénomène était le résultat de la coagulation du li- quide intérieur des vésicules , coagulation opérée par l’action de l’acide. Alors les vésicules ne contenaient plus un liquide dense, mais simplement un coagu- lum; elles étaient par conséquent incapables d’exer- cer l’endosmose, dès lors l’incurvabilité était abolie. L’immersion suffisamment prolongée d’une valve d’o- vaire de balsamine dans l’alchool , produit de même, et par la même raison, l’abolition de son incurvabi- lité. L’immersion suffisamment prolongée dans une solution de potasse caustique , anéantit également l’ir- ritabilité de ces valves, et cela autant par l’altération chimique de leur tissu, que par celle de leurs li- quides intérieurs. Je mis quelques Valves de balsamine dans un verre i d’eau , à laquelle j’avais ajouté trois gouttes d’hydro- : sulfure d’ammoniaque. Les valves se courbèrent d’a- ibord profondément en dedans; deux jours après, leur jji incurvai ion était beaucoup diminuée. Je les transpor- ii tai dans l’eau pure; elles y demeurèrent immobiles, i . Je les transportai dans du sirop de sucre ; elles se re- dressèrent jusqu’à la rectitude seulement, et ne se (Courbèrent point en dehors, comine cela a lieu ordi- inairement : remises dans l’eau, elles affectèrent une (courbure très -légère en dedans. Ces valves étaient ^véritablement dans un état d’engourdissement ou de stupéfaction, et cependant elles avaient conservé leur 5 66 IRRITABILITÉ apparence de vie; elles n’avaient point perdu leur couleur verte, comme cela avait lieu lors de l’aboli- tion de l’irritabilité de ces valves par des acides , par des alkalis ou par l’alchool. Ce fait coïncide avec les observations qui m’ont prouvé que l’hydrogène sul- furé est ennemi ou sédatif de l’endosmose. OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES sur l’irritabilité du momordica elaterium. Le fruit du momordica elaterium > à l’époque de la maturité, se détache de son pédoncule. A l’instant de cette séparation, le liquide contenu dans la cavité centrale du fruit est expulsé avec violence, mêlé avec les graines , par l’ouverture qui provient de la sépa- ration du pédoncule. A la seule inspection de ce phé- nomène d’irritabilité, on peut juger qu’il y a là une contraction des parois de l’organe creux sur le liquide contenu dans sa cavité. J’avais d’abord été porté à douter de ce fait; mais l’observation m’a ramené à le reconnaître. 11 ne m’a fallu pour cela que mesurer d’une manière exacte les deux diamètres du fruit el- lipsoïde, avant et après son évacuation. Ce fruit, après qu’il a expulsé son liquide central et ses graines par une violente expulsion, se trouve diminué environ d’un neuvième dans son petit diamètre , et environ d’un douzième dans son grand diamètre. J’ai pris ces mesures d’une manière extrêmement exacte , avec un VÉGÉTALE. 67 febmpas de tourneur. Il n’y a donc point de doute; il y a ici une véritable tonlraclion; l’organe creux s’est resserré sur lui-même dans tous les sens. Il s’agit ac- tuellement de rechercher le mécanisme de cette con- traction. Cette recherche est d’autant plus importante , qu’elle peut fournir par analogie des lumières sur là contractilité des animaux. Avant sa maturité, le fruit du momordica elate- "um ne manifeste aucune tendance à expulser le li- quide alors peu abondant, qui existe dans sa cavité centrale. Cependant, ce fruit vert donne des marques tres-sensibles d irritabilité. S. l’on en coupe une tran- che longitudinale, comme on coupe une côte de me- lon, cette tranche se courbe profondément sous forme un croissant . cette incurvation augmente encore en plongeant la tranche dans l’eau. Si l’on coupe le inm par tranches circulaires transversales, et qu’on d.vise chacune de ces tranches circulaires en deux em.-cercles, chacun de ces demi-cercles se courbe profondément, jusqu’à former un petit cercle complet • cette incurvation augmente par l’immersion danà 1 eau. Ainsi, il y a dans le fr„i, Vert du momordica elalerium une tendance générale à l’incurvation • cette tendance, loin de comprimer le liquide cen- ’ lCnd„au contra're à lui faire plus de place, puis- que par elle le petit diamètre du fruit tend à s’agran- ■r. Ce n’est donc point cette tendance à l’incurva- tton qui comprime ce liquide , et qui l’expulse à l’é- poque de la maturité. Effectivement, à cette époque 68 IRRITABILITÉ et après l’expulsion du liquide central, les tranches longitudinales du fruit ne tendent plus à se courber en dedans sous forme de croissant. Elles conservent leur rectitude, même lorsqu’on les plonge dans l'eau. Ainsi, il y a eu un changement extrêmement no- table dans le mode de l’irritabilité du fruit, comparé dans ses deux étals de fruit vert et de fruit mûr. Nous allons déterminer, par l’expérience et par l’observa- tion, quel est ce changement survenu. Le tissu du fruit, examiné au microscope , se trouve spécialement composé de vésicules agglomérées. Ces vésicules vont en décroissant de grandeur de la cir- conférence au centre. C’est cette grandeur décrois- sante des vésicules qui se retrouve ici comme dans les valves de l’ovaire de la balsamine, qui détermine de même la tendance à l’incurvation en dedans dans le fruit vert; mais cette grandeur décroissante des vé- sicules existe aussi dans le fruit mûr. Pourquoi donc n’existe-t-il plus de tendance à l’incurvation en de- dans chez ce dernier? c’est ce que l’observation va nous dévoiler. Les vésicules qui composent par leur assemblage le fruit du momordica, contiennent un liquide organique dense. L’accession extérieure de l’eau ou de la sève lymphatique provoque l'endosmose dans ces vésicules, et par suite l’état turgide et l’incurvation en dedans. C’est pour cela que l’incurvation d’une tranche de ce fruit augmente en la plongeant dans l’eau. Si on la plonge dans du sirop de sucre , la densité de ce li- VÉGÉTALE. 69 quidc, plus considérable que la densité du liquide intérieur des vésicules, provoquera l’exosmose dans ces vésicules, et il en résultera que la tranche perdra son incurvation en dedans, et prendra une incurva- tion en dehors. Si l’on répète ce jeu d’incurvations alternatives dans l’eau et dans le sirop, il arrivera à la tranche du fruit ce qui est arrivé dans la même ex- périence à la valve de l’ovaire de la balsamine; elle perdra la faculté de prendre de l’incurvation en de- dans , en conservant celle de se courber en dehors. C’est le résultat de la soustraction du liquide dense que contenaient les vésicules, soustraction qui a été opérée par l’effet continué de l’exosmose. Or, comme il arrive, lors de la maturité du fruit du momordica , qu’il a perdu sa faculté de se courber en dedans, et que cependant il conserve ses vésicules décroissantes de dehors en dedans, il faut nécessairement que ces vésicules aient perdu une grande partie du liquide dense intérieur qu’elles contenaient, lorsque le fruit était vert. L’expérience va nous dévoiler la cause de celte déperdition. Le centre du fruit du momordica elalerium con- tient une substance organique très-singulière , et qui ne ressemble à aucun autre tissu végétal. On le pren- drait pour un mucus vert fort épais. Vu au micros- cope , il paraît composé d’une immense quantité de globules fort petits, agglomérés, tantôt confusément, tantôt de manière à former des stries irrégulières. Cette substance est pénét rée par un liquide blanchâtre, IRRITABILITE 7° par une sorte d'émulsion, qui est d’autant plus dense, qu’on l’observe à une époque plus voisine de la matu- rité. Ce liquide aqueux s’épanche aussitôt qu’on ouvre le fruit vert. Au microscope, on voit des globules presque imperceptibles qui nagent dans ce liquide ; à l’époque de la maturité , ce liquide blanchâtre est beaucoup plus abondant, et en même temps beaucoup plus dense; les globules qu’il tient en suspension sont devenus beaucoup plus gros. Les graines détachées du fruit nagent dans ce liquide central, qui , par sa den- sité considérable , provoque l’exosmose des vésicules qui composent le tissu du fruit; dès lors le liquide organique qui remplit ces vésicules tend , par l’effet de l’exosmose, à s'écouler vers le liquide central, dont la densité est supérieure à la sienne. Cette exosmose fait cesser la tendance à l’incurvation en dedans, qui existait dans toutes les parties du fruit; qui se trouve alors dans le même cas que s’il était en contact avec dtp sirop de sucre; ses côtés tendent alors à la recti- tude. La masse du liquide central est augmentée par l’addition du liquide qu'il soutire des vésicules. Les côtés du fruit sont, courbés mécaniquement par cette accumulation de liquide dans sa cavité; et comme ces côtés tendent avec force à la rectitude, ils pressent avec violence le liquide central , et ils le chassent ra- pidement dès qu’une issue lui est offerte. Cette expul- sion n’est pas l’effet de la seule tendance à la recti- tude des côtés du fruit; elle est aussi l’effet de la di- minution de la capacité de sa cavité centrale, par VÉGÉTALE. 7l sa contraction générale. Ces deux effets dépendent de la même cause, c’est-à-dire de l’exosniose des vési- cules, produite par l’accession extérieure du liquide central, plus dense que ne l’est le liquide qui remplit ces mêmes vésicules. La vérité de cette assertion est prouvée par l’expérience suivante. J’ai pris un nombre suffisant de fruits parvenus à leur maturité, et j’ai recueilli dans un vase le liquide central qu’ils expul- saient, mêlé aux graines; alors j’ai pris un fruit vert, et je l’ai coupé par tranches longitudinales ; chacune de ces tranches s’est courbée en croissant, en dedans, comme à l’ordinaire , et cette incurvation s’est aug- mentée dans l’eau : c’était l’effet naturel de l’endos- mose. Alors j’ai transporté ces tranches dans le liquide que j’avais recueilli ; elles n’ont pas tardé à diminuer de courbure; ensuite elles se sont redressées complè- tement; enfin, elles se sont un peu courbées en de- hors. Il est prouvé par 'cette expérience, que le liquide central du fruit mûr agit comme cause d’exosmose sur les vésicules qui composent le tissu du fruit, ce qui prouve que ce liquide est plus dense que ne l’est le liquide qui remplit ces vésicules. C’est donc l’ac- cession ou le contact de ce liquide central, devenu très-dense, qui fait cesser la tendance générale à l’in- curvation en dedans, qui existait dans le fruit vert, par l’effet* de l’endosmose des vésicules, et qui lui substitue une tendance générale au redressement et à l’incurvation en dehors, par l’effet de l’exosmose de ces mêmes vésicules. ?2 IRRITABILITE Ainsi, il y a deux phases dans l’irritabilité du fruit du momordica elaterium, savoir; une tendance à l’in- curvation en dedans par effet d’endosmose dans le fruit vert, et une tendance à l’incurvation en dehors par effet d’exosmose dans le fruit mùr. Ce change- ment ne reconnaît d’autre cause cpie l’augmentation survenue dans la densité du liquide qui occupe la cavité centrale, du fruit. 11 résulte de ces observations , que l’irritabilité de l’ovaire de la balsamine et du fruit du momordica elaterium consiste dans une incurvabilité à laquelle se joint une véritable conti'actilité. L’incurvabilité dépend de la grandeur décroissante des vésicules qui composent le tissu irritable ; ce tissu offre, d’un côté, de la capacité en pliiSj et de l’autre côté, de la ca- pacité en moins. Ces vésicules contiennent un liquide organique d’une densité toujours supérieure à celle de l’eau ; lorsqu’elles subissent l’accession extérieure de l’eau ou de la sève lymphatique, qui diffère peu de l’eau pure, ces vésicules exercent l’endosmose, et le tissu irritable se courbe , de manière que les plus grandes vésicules occupent le côté convexe. Lorsque ces vé- sicules subissent l’accession d’un liquide plus dense que celui qu’elles contiennent , elles exercent l’exos- mose , et il en résulte deux effets ; le premier est l’in- curvation du tissu irritable, en sens inverse de celui qui avait lieu par endosmose ; alors ce sont les plus petites vésicules qui sont au côté convexe ; le second effet est la contraction ou le raccourcissement du tissu VÉGÉTALE. 73 irritable : c’esl le résultat nécessaire de l’évacuation partielle de toutes ses vésicules composantes. Par cette déplétion, le tissu devient moins volumineux, ou, en d’autres termes, il se contracte. observations sur l’irritabilité de la sensitive. ( Mimosa pudica. ) Dans mes recherches sur la structure des organes irritables de la sensitive (1) , j’ai fait voir que ces or- ganes, auxquels j’ai donné le nom de bourrelets , sont . composés d’un parenchime cellulaire. Ce parenchime n’est autre chose que de la médulle corticale dans un : grand état de développement. Dans son centre existe lun petit faisceau de tubes lymphatiques etde trachées (qui appartiennent à l’étui médullaire du système cen- ttral. Les vésicules articulées dont se compose le tissu du bourrelet, sont remplies par un liquide diaphane, |< coagulable par la chaleur et par l’acide nitrique atfai- ;bli. Par ce moyen , on produit dans l’intérieur de !i chacune de ces vésicules un petit coagulum globuleux i.qui doit son apparence noire à son opacité. C’esl ce jique j’ai représenté dans les figures 16 et 17 de Tou- rnage cité plus haut. On voit, dans les intervalles de jcces corps globuleux, des lignes irrégulières qui indi- ( 1 ) Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure intime des animaux et des végétaux , et sur leur motilité. IRRITABILITE 74 ([lient les sections des parois contiguës des vésicules irrégulièrement divisées par l’instrument tranchant. J’avais considéré les coagula globuleux dont il est ici question, comme indiquant l’existence de vésicules globuleuses éparses dans une masse de parenchime cellulaire ordinaire ; mais de nouvelles observations m’ont éclairé sur la véritable nature de ces corps glo- buleux , qui n’existent point dans l’état naturel , et dont la formation purement artificielle est due à ce que l’acide nitrique froid et affaibli coagule subite- ment le liquide organique contenu dans chaque vési- cule , et à ce que le coagulum se resserre en forme de boule au centre de la vésicule. De nouvelles ob- servations m’ont fait voir que le tissu du bourrelet ou de l’organe irritable de la sensitive, est entièrement composé de vésicules articulées remplies d’un liquide dense, et décroissantes de grandeur de dehors en de- dans. J’ai prouvé par des expériences , que c’est exclu- sivement dans ce tissu vésiculaire que réside l’irrita- bilité de ia sensitive , et que le faisceau central de tubes et de trachées est tout à fait étranger à cette propriété vitale; enfin, j’ai déterminé le mécanisme des mouvemens qu’exécute la sensitive. Je rappellerai ici très-brièvement ces expériences. Le pétiole de la feuille de la sensitive possède un double mouvement d’abaissement et de redressement, et c’est le bourrelet situé à sa base qui est l’organe de ce double mouvement. Si, par une section longi- tudinale , on enlève la partie inférieure du bourrelet, VÉGÉTALE. 75 lia partie supérieure de cet organe , restée seule , se (courbe en arc , dont la concavité est dirigée vers la tlerre, et, par ce moyen, le pétiole est maintenu cons- ttamment dans l’état d’abaissement. Cet abaissement m’est point le résultat d’un état d’affaissement des cel- llules du bourrelet, et n’est point un état de flaccidité; lie pétiole est maintenu dans cet état d’abaissement [par la force d’élasticité de l’arc que forme le demi- Ibourrelet supérieur. Si , par une pareille section lon- gitudinale, on enlève la partie supérieure du bourre- llel à une autre feuille , la partie inférieure de cet or- _gane, restée seule, se courbe en arc, dont la concavité eest dirigée vers le ciel, et, par ce moyen, le pétiole eest maintenu constamment dans l’état de redresse- iment. Ainsi, le bourrelet de la sensitive peut être con- sidéré comme composé de deux ressorts courbés et antagonistes : le ressort supérieur, en se courbant, abaisse la feuille ; le ressort inférieur, en se courbant àà son tour, la relève. Lorsque chacun de ces deux res- sorts existe seul , il maintient le pétiole dans une po- sition constante et invariable d’élévation ou d’abais- sement. Le ressort inférieur, par exemple, existant seul, le pétiole demeure invariablement redressé. Ce- pendant, si l’on néglige d’arroser suffisamment la jplante, on voit bientôt le pétiole s’abaisser. La plante (Cependant n’est pas encore fanée ou flétrie par le manque d’eau, mais déjà il n’y a plus assez d’eau dans le tissu du ressort pour entretenir son état d’é- lasticité. Il tombe dans le relâchement par flaccidité , IRRITABILITE ?6 et. la feuille entraîne par son poids le pétiole dans l’état d’abaissement. Si on arrose la plante dans ce moment, on ne tarde pas à voir le pétiole se redresser par la force d’élasticité du ressort inférieur du bour- relet, qui reprend son état de courbure naturelle. Ces observations prouvent que l’élasticité des ressorts de l’organe irritable ou du bourrelet est produite par l’é- tat turgide des cellules ou des vésicules qui le com- posent. Cet état turgide des organes vésiculaires est le résultat de l’endosmose que ces organes exercent par l’accession extérieure de la sève lymphatique; ainsi, l’endosmose est la cause immédiate de l’élasticité des ressorts de l’organe irritable de la sensitive, de la même manière que cela a lieu cbcz la balsamine et chez le momordica elaterium. La tendance à l’incur- vation des parties du bourrelet de la sensitive est en- core mise en évidence par les expériences suivantes. On enlève avec un instrument bien affilé des tran- ches minces du boui’relet; elles ne manifestent dans l’air aucun mouvement ; mais si on les plonge dans l’eau, à l’instant elles se courbent en arc, dont la concavité est toujours tournée du côté qui regardait l’axe du pétiole. Si on les transporte dans du sirop de sucre , elles se redressent , et ensuite se courbent par exosmose en sens opposé ou en dehors ; en les trans- portant de nouveau dans l’eau , elles reprennent par endosmose leur incurvation primitive en dedans. Ainsi, il n’y a point à douter que l’irritabilité de la sensitive ne soit due à l’endosmose d’un tissu vésiculaire dont VÉGÉTALE. 77 lees vésicules sont décroissantes de dehors en dedans ; il n’y a point de doute non plus que ce ne soit l’ac- :cession extérieure de l’eau ou de la sève lymphatique qui provoque l’endosmose de ces vésicules remplies nar un liquide organique très-dense. Ceci m’explique un phénomène dont je ne m’étais pas rendu compte icors de mes premières recherches, et que je m’étais xontenté d’exposer. Une excitation exercée sur une teeule des folioles de la sensitive se propage au loin fans le végétal , et va déterminer l’action de tous les itrganes irritables ou de tous les bourrelets auxquels ille parvient successivement. Des expériences posi- lives in’ont prouvé que c’est par le moyen du liquide tconlenu dans les tubes lymphatiques que s’opère la transmission de cette excitation j ou plutôt de celte :;ause excitatrice intérieure , si semblable en appa- rence à un influx nerveux. J’ai calculé la vitesse de u marche de cette cause excitatrice intérieure chez a sensitive. Aujourd’hui, les nouveaux faits qui m’ont trouvé que l’action des organes irritables végétaux st toujours mise en jeu par l’accession d’un liquide m’indiquent ici que cette cause excitatrice, qui mar- Ihe dans les tubes lymphatiques de la sensitive, ’est autre chose que la sève lymphatique elle-même , aquelle reçoit, par l’action des excilans du dehors, in mouvement d’impulsion qui se communique de roche en proche avec une vitesse déterminée, et qui, ar son accession, détermine l’action des organes irri- ubles. Mais il reste toujours à déterminer quelle est IRRITABILITÉ 78 la force qui , dans celte circonstance , meut le liquidé lymphatique dans ses canaux après l’influence d’une excitation du dehors. Il reste également à déterminer pourquoi l’accession de cette sève lymphatique fait prédominer l’incurvation du ressort supérieur du bour- relet, ce qui abaisse le pétiole. Il reste enfin à savoir pourquoi , après un peu de repos , le ressort inférieur du bourrelet reprend sa prédominence , ce qui relève le pétiole. OBSERVATIONS SUR L’iRRITABILITÉ DU SAINFOIN OSCILLANT. ( Hedysarum girans. ) La feuille du sainfoin oscillant a trois folioles comme la feuille du trèfle. La foliole du milieu , qui est la plus grande, est immobile, mais lesdeux folioles latérales , qui sont assez petites , sont dans un mouve- ment continuel d’élévation et d’abaissement alterna- tifs. Ces mouvemens s’exécutent au moyen de la flexion du pétiole très-grêle de ces petites folioles; ainsi, c’est dans ce pétiole qu^existe l’organe des mouvemens des folioles qu’il supporte. L’extrême ténuité de ce pé- tiole rend son élude anatomique très-difficile. Il faut, avec un instrument tranchant, délicat et bien affilé, enlever une lame de tissu sur deux côtés opposés du pétiole. Alors, on soumet au microscope la partie moyenne extrêmement mince qui reste. On voit de VÉGÉTALE. 79 celle manière, que le centre du pétiole est occupé par les tubes ou vaisseaux qui se distribuent à la foliole. De chaque côté de ce faisceau central de tubes se trouve un parenchime composé de vésicules globu- leuses d’une extrême petitesse, et dont la grosseur est it décroissante de dehors en dedans. Ces vésicules con- t tiennent un liquide incolore. C’est ce tissu vésiculaire qui est l’organe irritable. Le sainfoin oscillant offre des phénomènes d’irri- tabilité plus remarquables que ceux de la sensitive; u car le mouvement de ses folioles dépend d’une cause (excitatrice intérieure sans cesse agissante, et qui pa- j irait complètement indépendante de toute excitai ion (extérieure. Les petites folioles de la feuille de celle ] plante s’élèvent et s’abaissent alternativement , et itou jours par petites saccades ; elles effectuent leur descente en se fléchissant d’un côté, et elles opèrent leur ascension en se fléchissant du côté opposé , en sorte que le sommet de la foliole décrit une ellipse. Il Celle oscillation s’effectue dans l’espace d’une ou de deux minutes. Elle a lieu même pendant la nuit, et s’arrête lorsque la plante est soumise à l’influence d'un soleil ardent. Alors les folioles cessent de se ^mouvoir, et leur pointe demeure fixement dirigée wers le ciel; la grande foliole impaire prend la même direction. C’est dans le pétiole des folioles qu’existe l’organe irritable auquel est dû leur mouvement. Nous venons de voir que, semblable à tous les or- ganes irritables végétaux , il est composé de vésicules 8o IRRITABILITÉ dont la grosseur est décroissante; ainsi, il n’y a pas de doute que l’action de cet organe irritable ne dérive d’une tendance à l’incurvation : c’est effectivement ce que l’expérience démontre. J’ai divisé ce pétiole en deux moitiés longitudinales; à l’instant ces deux moitiés se sont courbées en arc dont l’épiderme oc- cupait la convexité. Cette incurvation devint plus profonde en plongeant ces petits arcs dans l’eau. Ainsi, leur incurvation en dedans avait lieu par en- dosmose. Je transportai ces petits arcs dans le sirop de sucre ; ils se redressèrent , et ensuite se courbèrent en dehors. Cette nouvelle incurvation avait lieu par exosmose. Ainsi , l’action de l’organe irritable du sain- foin oscillant est exactement semblable à celle de tous les autres organes irritables végétaux. Je divisai lon- gitudinalement un pétiole en deux parties très-iné- gales ; il n’y avait qu’une lame très-légère de tissu qui fût enlevée d’un côté. Le plus volumineux de ces fragmens de pétiole se courba en arc, dont la conca- vité était tournée du côté de la section. L’ayant plongé dans l’eau , il se l'edressa , et immédiatement ensuite il se courba de nouveau , s’agitant ainsi comme un vermisseau. La raison de ces deux mouvemens en sens opposé est facile à saisir. Le pétiole s’est d’abord courbé dans le sens voulu par la prédominance d’ac- tion d’incurvation du côté qui avait conservé son in- tégrité; ce côté ayant sa masse entière, l’emportait par cela même sur le côté affaibli par l’ablation d’une partie de sa masse; mais ce dernier, dont l’épiderme VÉGÉTALE. Si triait enlevé , absorbait l’eau avec plus de facilité et de rapidité que ne le faisait son antagoniste; cette cause ayant fait prédominer sa force d’incurvation , malgré son infériorité de niasse, il opéra le redres- sement du pétiole. Mais cet effet ne pouvait être que momentané. L’eau ayant bientôt pénétré dans le tissu du côté intact, provoqua l’endosmose de ses vésicules, et lui rendit sa prédominance de force d’incurvation. Après l’accomplissement de ce dernier phénomène , le pétiole courbé en arc conserve cette position , et reste immobile dans l’eau. J’ajoutai une goutte d’a- cide nitrique à l’eau dans laquelle était plongé ce pé- tiole. A l’instant, le pétiole courbé en arc se redressa, puis il se courba de nouveau , et plus profondément qu’auparavant. Cette expérience concourt avec cel- les rapportées plus haut, pour prouver que l’ac- cession d’un acide provoque l’exercice de l’irrita- bilité ou de l’incurvabilité végétale avec plus d’é- nergie, mais de la même manière que le fait l’ac- cession de l’eau pure. Ce fait est très-remarquable, parce qu’il coïncide avec ce fait connu, que les aci- des provoquent l’exercice de la contraction chez les animaux. Le pétiole de sainfoin oscillant , auquel on a conservé son intégrité , n’exécute aucun mouve- ment d’incurvation quand on le plonge dans l’eau. Alors ce liquide pénètre également dans toutes les parties de son tissu; et de l’égalité d’endosmose qui en résulte, naît l’équilibre des forces antagonistes G 82 IRRITABILITÉ d’incurvation, qui existera dans l’organe irritable de ce pétiole. Il résulte de ces observations, que le pétiole des pe- tites folioles du sainfoin oscillant possède, comme le bourrelet de la sensitive, des ressorts antagonistes si- tués de chaque côté de l’axe commun, et qui tendent tous à se courber en arc, dont l’épiderme occupe la convexité. Il existe autant de ces ressorts antagonistes qu’il y a de diamètres dans la coupe transversale du pétiole; mais les deux ressorts supérieur et inférieur sont ceux dont l’action est la plus énergique et la plus étendue. Chez le sainfoin oscillant, l’action successive de ces ressorts concentriques se manifeste dans le mode d’oscillation des folioles. J'ai dit plus haut que les folioles effectuent leur descente en se fléchissant d’un côté, et qu’elles opèrent leur ascension en se fléchissant du côté opposé, eu sorte que le sommet de la foliole décrit une ellipse. Ainsi, il y a dans le pé- tiole une action d’incurvation qui est révolutive au- tour de l’axe du pétiole, mais cette action est prédo- minante dans les deux sens supérieur et inférieur. En supposant par la pensée un grand nombre de ressorts disposés autour de l’axe du pétiole, et tendant tous à tourner vers lui la concavité de leur courbure, nous verrions chacun de ces ressorts entrer successivement en action par l’effet d’une cause déterminante qui serait révolutive autour de l’axe du pétiole. Les res- sorts supérieur et inférieur seraient ceux dont l’action aurait le plus d’étendue. De là résulterait l’oscillation VÉGÉTALE. 83 en ellipse, que présentent les folioles du sainfoin os- cillant. Cette supposition est exactement ce qui existe, excepté qu’il n’y a point dans le pétiole un grand nombre de ressorts , mais bien un seul ressort tubu- leux dont toutes les parties ont une tendance concen- trique à l’incurvation , et agissent les unes après les autres, lorsqu’elles subissent l’accession de la cause à marche révolulive, qui détermine l’endosmose de leurs vésicules, et par suite la prédominance de leur force d’incurvation. Les deux ressorts supérieur et inférieur ont sur les ressorts latéraux une prédomi- nance d’action qu’ils doivent, à ce qu’il m’a paru, à la prédominance de leur volume. L’action successive de ces ressorts dans le sens d’une révolution autour de l’axe du pétiole, atteste qu’ils sont successivement rendus turgides par l’accession de la sève lympha- tique , qui détermine l’endosmose de leurs vésicu- les composantes. Mais nous ignorons entièrement quelle est cette cause impulsive de la sève lvmpha- thique, qui, dans celte circonstance, donne au li- quide séveux une marche révolulive autour de l’axe du pétiole. Il résulte de ces observations, que le mécanisme de l’irritabilité du sainfoin oscillant est exactement le même que celui de l’irritabilité des autres végétaux irritables; il n’y a d’inconnu, ici comme chez la sen- sitive, que la cause intérieure et vitale qui meut la sève lympathique pour opérer son accession aux vé- sicules de l’organe incurvable. Celte motion de la sève, 84 IRRITABILITÉ VÉGÉTALE. considérée comme cause excitatrice immédiate de l’in- curvation , paraît avoir lieu suivant une ligne droite chez la sensitive. Elle s’effectue en tournant autour de l’axe du pétiole , chez le sainfoin oscillant. DE LA DIRECTION DES TIGES VERS LE CIEL, ET DES RACINES VERS LA TERRE. La tendance des tiges vers le ciel et la tendance inverse des racines vers le centre de la terre, est un des phénomènes les plus mystérieux de la végétation. J’ai démontré, dans un précédent ouvrage (i), que cette double tendance dérive d’une action organique et vitale exercée par le végétal , et qu’elle n’est point du tout le résultat d’actions immédiates extérieures, telles qu’une attraction qui attirerait les racines, ou bien une répulsion qui repousserait les tiges. Le mé- canisme de cette action organique et vitale va être dévoilé par les observations et les expériences sui- | vantes. J’ai démontré, dans un précédent ouvrage (2), que (1) Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure ' intime des animaux et des végétaux , et sur leur motilité. (2) Recherches sur l' accroissement des végétaux. 86 DIRECTION le végétal est composé de deux systèmes concentri- ques , le système cortical et le système central , et que ces deux systèmes sont composés de parties sem- blables ou analogues, disposées en sens inverses. Dans le système central , la moelle ou médulle centrale oc- cupe le centre ; dans le système cortical , le paren- chyme ou médulle corticale occupe la circonférence. Ce sont ces deux médulles et quelques vaisseaux et trachées qui composent toute l’organisation des tiges et des racines naissantes. Or, il est d’observation que, dans les tiges naissantes, la médulle centrale l’em- porte en volume sur la médulle corticale. Au con- traire, dans les racines naissantes, la médulle corti- cale l’emporte en volume sur la médulle centrale , dont l’existence est même difficilement appréciable dans la plupart des circonstances. Cette prédomi- nence inverse des deux médulles dans les tiges et dans les racines est un premier fait qu’il faut noter. Les deux médulles, corticale et centrale, sont com- posées de vésicules agglomérées et remplies par un liquide dense. Or, une disposition organique très-im- portanie de ces deux médulles, et qui n’a point en- core été observée, est celle-ci : dans la médulle corti- cale, les vésicules, grandes en dehors, vont en dé- croissant de diamètre vers le dedans, où elles sont le plus petites; au contraire, dans la médulle centrale, les vésicules petites en dehors vont en augmentant de diamètre vers le centre. Cette disposition est plus ou moins facile i voir chez tous les végétaux. La DBS TIGES ET DES RACINES. Oj moelle offre toujours de grandes vésicules dans son centre; ces vésicules vont en décroissant de grandeur jusqu’à l’étui médullaire, dans le voisinage duquel elles sont le plus petites. On peut faire cette observa- tion chez tous les végétaux, même chez ceux dont la tige est fistuleuse. Chez ces derniers , la moelle forme les parois du canal central , et les vésicules compo- santes offrent comme à l’ordinaire une grandeur dé- croissante de dedans en dehors. Je citerai ici le pis- senlit ( leotoîidon taraxacum ) comme l’une des plantes herbacées chez lesquelles cette disposition est le plus facile à observer. La tige ou hampe de ce végétal est listuleuse ; son canal médian occupe le centre de la médulle centrale, qui, blanche et diaphane, forme les parois immédiates de ce canal. En dehors existe le système cortical , dont l’épaisseur est moindre, qui est de couleur verte, et qui contient les vaisseaux du suc laiteux. Une tranche mince et longitudinale de cette tige étant soumise au microscope, on voit avec la plus grande facilité le décroissement des vésicules de dedans en dehors; à l’intérieur, elles ont acquis tant de développement, que la surface interne du canal central s’est garnie d’une multitude de plis transversaux, résultat de l’augmentation dispropor- tionnelle de cette surface par le développement con- sidérable des vésicules agglomérées qui composent le lissu médullaire auquel elle appartient. Le système cortical de la tige du pissenlit est si mince, qu’il n’est guère possible de voir l’ordre de décroissement des 88 DIRECTION vésicules dont il est composé; mais cela se voit sans difficulté dans le système cortical de la racine de cette même plante. La racine du pissenlit offre un système cortical très-volumineux et un système central très- exigu. Une tranche longitudinale du système cortical étant soumise au microscope, on voit sans difficulté que les vésicules articulées, dont elle paraît entièrement composée, sont décroissantes de grandeur de dehors en dedans. Il résulte de cette organisation inverse du système central et du système cortical , que ces deux systèmes étant isolés et divisés en lanières longitudi- nales, ces lanières, quand elles appartiennent au sys- tème corLical , doivent tendre à se courber en dedans; et quand elles appartiennent au système central, doi- vent tendre à se courber en dehors. C’est effective- ment ce que l’expérience démontre. Une lanière lon- gitudinale d’écorce, prise sur une plante herbacée ou sur une branche très-jeune d’un végétal ligneux, étant plongée dans l’eau, se courbe en dedans. Si on la plonge ensuite dans le sirop de sucre , elle se courbe en dehors. Pour que cette expérience réussisse bien, il faut, chez les végétaux ligneux, enlever l’épiderme qui s’opposerait à la prompte et facile absorption de l’eau par la partie qu’il recouvre. Au contraire , une lanière longitudinale du système central, prise sur une plante herbacée ou sur une branche très-jeune de végétal ligneux, étant plongée dans l’eau, se courbe en dehors ; transportée dans le sirop de sucre, elle se courbe en dedans. Les mêmes phénomènes s’ob$er- DES TIGES ET DES HACINES. 89 venl sur le système cortical et sur le système central des racines. Ainsi, les tiges et les racines se ressem- blent exactement sous le point de vue de ce phéno- mène physiologique, et par conséquent sous le point de vue de la disposition organique à laquelle ce phé- nomène est dû. Il résulte de ces observations, que les médulles corticale et centrale sont de véritables or- ganes irritables dont la tendance à l’incurvation a lieu dans des sens diamétralement opposés. Or, comme ces deux systèmes sont cylindriques , et que les par- ties diamétralement opposées de chaque cylindre ten- ident à l’incurvation, toutes les deux eu dedans, ou i toutes les deux en dehors avec une même force, il en îrésulte que le caudex végétal conserve sa rectitude; • elle est le résultat de l’équilibre parfait de toutes les 1 tendances concentriques à l’incurvation. Les expé- riences qui viennent d'être rapportées prouvent que hcette incurvation dépend, comme celle de tous les organes irritables végétaux, i° de la grandeur décrois- sante de leurs vésicules composantes, qui offrent d’un coté de la capacité en pliiSj et de l’autre côté de la < capacité en moins ; i° de ce que ces vésicules conte- inant un liquide organique d’une densité quelconque, elles exercent l’endosmose lors de l’accession de l’eau, iet l’exosmose lors de l’accession extérieure d’un li- quide plus dense que celui qu’elles contiennent. Ainsi, d’une part, capacité en plus et capacité en moins des vésicules, et d’une autre part, densité en plus et densité en moins des deux liquides intérieur et QO DIRECTION extérieur. Voilà les conditions fondamentales de tonie incurvabilité végétale, et ce sont effectivement les causes des incurvations spontanées qu’affectent les tiges et les racines. Ces caudex possèdent dans leurs médulles corticale et centrale des organes de mouve- ment en action d’incurvation permanente, et que l’équilibre parfait de leur antagonisme circulaire con- damne au repos dans l’état naturel; mais qu’une cause quelconque vienne à rompre cet équilibre, cette éga- lité parfaite d’action d’incurvation, à l’instant les cau- dex végétaux se courberont dans le sens déterminé par l’action d’incurvation de celui de leurs côtés dont la force sera prépondérante. 11 ne s’agit donc que de déterminer les causes particulières qui, en détruisant l’équilibre auquel les caudcx yégétaux doivent leur situation immobile , les détermine à se courber pour affecter des directions spéciales. La prédominence de l’incurvation en un sens dé- terminé, dans une tige ou dans une racine, atteste nécessairement la rupture de l’équilibre qui primiti- vement maintenait chacun de ces caudcx dans la rec- titude, par l’égalité des tendances concentriques à l’incurvation. Le moyen le plus simple de rompre cet équilibre est de fendre en deux, longitudinalement, chacun de ces caudex. Je fais celte opération, par exemple, sur une lige et sur une racine de haricot nouvellement germé. Considérons séparément ici la tige et la racine. La tige offre une prédominence du système central sur le système cortical ; ces deux sys- DES TIGES ET DES RACINES. 9! lèmes tendent à se courber en sens inverse : or, dans la moitié de lige il y aura une forte tendance du sys- tème central à se courber en dehors, et une tendance plus faible du système cortical à se courber en de- dans , en raison de la prédominence de masse du pre- mier de ces systèmes. Si donc l’on plonge celle moitié de tige dans l’eau, elle se courbera en dehors par l’effet de l’endosmose , et avec une force qui sera égale à l’excès de la tendance h l’incurvation en dehors du système central sur la tendance à l’incurvation en dedans du système cortical. Si l’on transporte cette moitié de tige dans le sirop de sucre , elle perdra sa courbure en dehors et se courbera en dedans, par l’effet de l’exosmose. La même expérience , faite sur la moitié de racine de haricot fendue longitudinalement, donne des ré- sultats inverses. La racine offre une prédominence du système cortical sur le système central ; par consé- quent la tendance du système cortical à se courber en dedans l’emportera sur la tendance du système central à se courber en dehors; et la moitié de racine étant plongée dans l’eau, se courbera en dedans avec une force éyale à l’excès de la tendance du système cortical à se courber en dedans, sur la tendance du système central à se courber en dehors : cet effet sera dù à l’endosmose. Si l’on transporte cette moitié de racine dans le sirop de sucre, elle perdra sa courbure en dedans, et prendra une courbure en dehors par l’effet de l’exosinose. DIRECTION 92 Nulle tige ne manifeste avec plus d’énergie les ten-t dances à l’incurvation dont il vient d’être question, que la tige ou hampe du pissenlit. Une lanière lon- gitudinale de celte tige fistuleuse étant plongée dans l’eau , se roule en dehors sous forme d’une spirale très -serrée. Cette incurvation en dehors a lieu éga- lement sans plonger la lanière de tige dans l’eau; mais cette incurvation est bien moins profonde. Si l’on transporte cette lanière de l’eau dans le sirop de sucre , elle perd sa position roulée en dehors, se re- dresse , et se roule en spirale en dedans. Cette incur- vation en dedans est le résultat de la déplétion géné- rale des vésicules par l’effet de l’exosmose. Cela se voit de la manière la plus facile , en soumettant au microscope une petite lanière de tige de pissenlit plongée dans du sirop. On voit ses vésicules compo- santes,et spécialement les plus grandes, qui sont situées à la partie intérieure, se vider et devenir plus petites. Si on laisse une tige de pissenlitseflétrir un peu avant de la diviser en lanières longitudinales, ces lanières ne se courberont point en dehors dans l’air, comme cela a lieu pour ces mêmes lanières lorsqu’elles appartiennent à une plante fraîche, c’est-à-dire qui contient beaucoup de sève lymphatique. C’est donc l’accession de cette sève lymphatique sur les vésicules remplies d’un li- quide dense, qui, dans l’état naturel, provoque l’en- dosmose de ces vésicules, et par suite l’incurvation du tissu qu’elles forment par leur assemblage. Ces la- nières à demi -flétries sont dans l’état de flaccidité. Si DES TIGES ET DES RACINES. pJ on les plonge dans l’eau, elles reprennent prompte- ment, par l’accession de ce liquide, leur tendance à l’incurvation en dehors. Ainsi, nous voyons que par- tout l’incurvabilité exige, pour son exercice, l’acces- sion d’un liquide extérieur sur les vésicules qui com- posent le tissu incurvable, et que ce liquide exté- rieur est toujours la sève lymphatique, lorsque l’in- i curvation a lieu par endosmose. Nous venons de voir que l’incurvation inverse des i moitiés longitudinales de tige et de racine est le ré- sultat du défaut d’équilibre en sens opposé, qui existe i entre les tendances inverses à l’incurvation des sys- tèmes cortical et central de chacune de ces moitiés de icaudex végétal. Ceci va nous conduire à la connais- sance de la cause qui détermine les tiges et les ra- cines à se courber dans leur entier en sens opposé , h sous l’influence de la pesanteur. J’ai couché horizontalement une tige ou hampe de [pissenlit, et je l’ai maintenue dans cette position au imoyen d’un poids placé sur la moitié de sa longueur. Au bout de vingt-quatre heures, la tige couchée , s’était redressée et dirigée vers le ciel, en se cour- tbant dansle voisinage de l’obstacle. Je détachai cette ttige du sol, j’en retranchai les parties qui avaient cconservé leur rectitude. Je ne voulais étudier que la partie courbée. Je fendis longitudinalement cette oartie courbée en deux , en suivant le sens de la courbure ; j’obtins de cette manière deux moitiés de j âge courbées, l’une aa (fig. 4) dont l’épiderme oc- DIRECTION '94 cupaii la concavité dirigée dans l’état naturel vers le ciel, l’autre bb dont l’épiderme occupait la convexité dirigée dans l’état naturel vers la terre. Ainsi, la première, ou celle d’en haut, était courbée en dehors, et la seconde, ou celle d’en bas, était courbée en dedans. Or, il arriva que la première aa augmenta son incurvation en dehors , et que la seconde bb per- dit une partie de son incurvation en dedans, et tendit à se redresser. Ce phénomène devint encore plus sensible en retranchant deux lanières latérales à chacune de ces deux moitiés de tige fistuleuse , et en ne conservant ainsi qu’une seule lanière médiane pour chacune de ces moitiés. La lanière médiane de la portion supérieure aa se courba plus fortement en dehors , la lanière médiane de la portion inférieure bb se redressa complètement. Celte observation prouve que la moitié inférieure bb était courbée en dedans mal- gré elle j ou dans le sens opposé à celui de sa ten- dance naturelle à l’incurvation. Etant abandonnée à elle-même par sa séparation de la moitié supérieure aa_, elle tendait au redressement et à l’incurvation en dehors, qui était le sens naturel de sa tendance, mais celte tendance naturelle h l’incurvation en dehors était affaiblie, elle n’était pas à beaucoup près aussi énergique que celle de la portion supérieure an. Ainsi, dans la plante vivante et sur pied, les deux moitiés longitudinales de tige aa et bb tendaient toutes les deux à l’incurvation en dehors, comme c’est l’ordinaire. Mais cette tendance h l’incurvation en DES TIGES ET DES RACINES. y5 dehors étant affaiblie dans la moitié longitudinale in- férieure bb, et la moitié longitudinale supérieure aa ayant conservé sa tendance à l’incurvation en dehors dans toute son intégrité, il est résulté de cette rup- ture d’équilibre, que la moitié de tige supérieure aa, par sa prédominance d’action d’incurvation en de- hors, a courbé la tiye toute entière dans le sens d’in- curvalidn qui lui est propre. La moitié de tige infé- rieure bb ayant une action d’incurvation en dehors moindre, a été vaincue et entraînée malgré elle dans mn état de courbure contraire à celui qui résulte de ■sa tendance naturelle. Ainsi, la courbure que prend une tige couchée horizontalement, pour diriger son -sommet vers le ciel , dépend de la rupture de l’équi- libre ou de l’égalité d’action d’incurvation en de- Hiors dans ses deux moitiés longitudinales supérieure et inférieure. Cette dernière , qui regarde la terre , étant affaiblie , et son antagoniste, qui regarde le ciel, ayant conservé toute sa force, la tige toute entière est ,ccourbée dans le sens d’incurvation en dehors et en lhaul,qui est propre au côté vainqueur, et le sommet de la tige se trouve ainsi dirigé vers le ciel. Passons actuellement à la cause de la direction des racines vers la terre. J’ai pris un haricot germé, dont la radicule, par- ailemenl droite, avait acquis une longueur d’environ pin pouce. Je donnai à celte radicule une position ho- izontale , et bientôt elle se courba pour diriger sa lointe vers la terre. Je détachai celte racine courbée, 96 DIRECTION et je la fendis longitudinalement en deux, en suivant le sens de la courbure. J’obtins, de cette manière, deux moitiés de racine courbées, l’une an (fig. 5), dont l’épiderme occupait la convexité, dirigée, dans l’état naturel , vers le ciel; l’autre bb 3 dont l’épiderme occupait la concavité, dirigée, dans l’état naturel, vers la terre. Ainsi, la première, ou celle d’en haut, était courbée en dedans, et la seconde, ou celle d’en bas, était courbée en dehors. Ayant plongé ces deux moitiés de racine dans l’eau , la moitié supérieure cia augmenta sa courbure; la moitié inférieure bb 3 au contraire, perdit la sienne et se redressa. Par consé- quent, dans celle circonstance, la moitié inférieure bb était courbée en dehors , malgré elle 3 ou dans le sens contraire à celui de sa tendance naturelle à l’in- curvation, tendance qui, chez les racines, a lieu en dedans j ainsi que nous l’avons vu plus haut. Cepen- dant, cette moitié longitudinale de racine bb3 plongée dans l’eau, ne fit que perdre sa position forcément courbée en dehors, elle atteignit la rectitude sans se courber en dedans, comme cela a lieu ordinairement. Celle moitié longitudinale inférieure bb a donc perdu une partie de sa tendance à l’incurvation en dedans: cette tendance est affaiblie; or, comme cètte même tendance naturelle à l’incurvation en dedans existe dans toute son intégrité chez la moitié longitudinale supérieure aa3 il résulte de cette rupture d’équilibre , ou de cette inégalité de force d’incurvation en dedans, dans les deux côtés supérieur aa et inférieur bb3 que DES TIGES ET DES RACINES. gy ve dernier est vaincu par la prédominance de force d’incurvation, en dedans et en bas de son côté anta- goniste aa; de cette manière, la pointe de la racine se trouve ramenée vers la terre. Une conclusion importante se déduit de ces deux observations. Dans la tige courbée (fig. 4), comme dans la racine courbée (fig. 5), c’est toujours le côté supérieur aa qui est vainqueur du côté inférieur bb et qui lui imprime de force le mode de courbure qui ui est propre. Cette prédominance d’action d’incur- vation du côté supérieur aa provient, dans la ti„e comme dans la racine , de l’affaiblissement de l’ac- tion d’incurvation dans le côté inférieur bb. Quelle rest donc la cause qui, dans une tige ou dans une ra- cine couchée horizontalement, affaiblit la tendance à il incurvation qui est propre au côté de cette tige ou e cette racine qui regarde la terre? C’est encore il expérience qui va nous résoudre ce dernier pro- Jblemtu Reportons-nous d’abord à nos connaissances précédemment acquises. Nous savons que la force H incurvation est proportionnelle à la force de l'en- dosmose des vésicules qui composent le tissu i„cur. fl6’ Par conséquent, l’affaiblissement de cette force 1 incurvation provient de l’affaiblissement de l’endos- bnose. s’agit donc de déterminer quelle est, dans ctette circonstance, la cause de l’affaiblissement de endosmose. Cet affaiblissement peut avoir lieu de P* rièreS : pariedéfaul d’accession de la sève lymphatique en quantité suffisante,; a" par la diminu- 7 DIftÉCTIOR 98 tion de densité du liquide intérieur des vésicules; 3* par l’augmentation de densité de la sève lymphatique, qui est ici le liquide extérieur aux vésicules. Il n’existe aucune raison pour qu’il y ait une diminution dans la quantité de sève lympathique que reçoit la partie latérale inférieure des caudex végétaux, couchés ho- rizontalement; il n’existe, de même, aucune raison pour que le liquide intérieur des vésicules compo- santes de cette même partie latérale inférieure éprouve de la diminution dans sa densité par l’effet de la pesan- teur. L’exclusion de ces deux premières manières dont peut avoir lieu l’affaiblissement de l’endosmose, nous met dans la nécessité d’adopter la troisième, et nous allons voir cette adoption confirmée et légitimée par l’expérience. Lorsque deuxjiquides, imparfaitement mêlés, sont [réunis dans un même vase, le plus dense se précipite vers la partie inférieure, et le moins dense occupe la partie supérieure. Or, la sève lym- phatique n’est point un liquide homogène et partout le même; lors de son introduction dans le végétal, ce n’est que de l’eau pure; cette eau acquiert peu à peu une densité plus considérable, par la dissolution qu’elle opère des liquides organiques. Ce fait est bien prouvé par les expériences de M. Knight. Lorsqu’un caudex végétal est couché horizontalement, la sève la plus dense doit se précipiter vers le côté qui regarde la terre; la sève la plus aqueuse, et par conséquent la plus légère, doit demeurer dans le côté qui regarde le ciel. I DES TIGES ET DES RACINES. 99 Cette induction rationnelle est pleinement confir- mée par l’expérience. Je pris de jeunes tiges de bou- rache dont j’avais sollicité le redressement vers le ciel , en les maintenant courbées vers la terre. Je re- tranchai les parties droites de ces tiges , et ne conser- vai que les portions courbées. Je fendis en deux ces tiges courbées par une section longitudinale prati- quée dans le sens de la courbure, de la même ma- nière que cela est représenté pour la tige du pissenlit, dans la fig. 4- Je plongeai ces deux moitiés de tige dans l’eau : elles se précipitèrent au fond , parce que leur pesanteur spécifique était plus considérable que celle de l’eau. Je les transportai dans de l’eau sucrée, suffisamment dense pour que ces deux moitiés de tige surnageassent; alors j’ajoutai de l’eau peu à peu à la solution sucrée, et je diminuai ainsi sa densité d’une manière graduelle; bientôt je vis la moitié de tige inférieure, c’est-à-dire celle qui, dans l’état naturel, était située du côté de la terre , se précipiter au fond du liquide , tandis que la moitié de tige supérieure continuait de surnager. J’ai répété cette expérience un grand nombre de fois, et toujours avec le même résultat. Je dois faire observer ici que l’on ne doit faire cette expérience qu’avec des plantes dont la moelle est entièrement remplie de liquides, et ne contient point d’air du tout. Or, les jeunes tiges de bourache remplissent parfaitement à cet égard les vues de l’expérimentateur; il faut avoir soin seule- ment qu’il ne reste point de bulles d’air adhérentes DIRECTION ièo aux poils dont l’écorce de la plante est chargée. Ces expériences prouvent que la tige qui s’est courbée pour se redresser, offre une pesanteur spécifique plus grande dans sa moitié longitudinale inférieure que dans sa moitié longitudinale supérieure; celle-ci con- tient donc des liquides dont la densité est plus grande que ne l’est la densité des liquides contenus dans la moitié supérieure. Cette déduction est rigoureuse ; car la matière solide du végétal, qui consiste toute entière dans les parois des vésicules ou des tubes, n’est pas susceptible d’augmenter de pesanteur d’un instant à l’autre. La sève lymphatique , au contraire , peut de- venir plus dense en très-peu de temps dans la partie latérale qui regarde la terre, chez une tige ou chez une racine placée horizontalement, parce que la pe- santeur précipite nécessairement vers la partie infé- rieure la portion la plus dense ou la plus pesante de celte sève, dont la diffusion s’opère avec la plus grande facilité dans le tissu végétal. Les résultats de cette précipitation de la sève , la plus dense dans la partie latérale inférieure des caudex placés horizontalement, sont faciles à déduire. INous avons vu plus haut que l’accession extérieure de la sève lymphatique sur les vésicules composantes des tissus incurvables, est la cause de l’endosmose de ces vésicules, et par suite la cause de l’incurvation des tissus qu’elles composent. Or, plus ce liquide extérieur est dense, moins il v a de force d’endosmose dans les vésicules, moins par conséquent il y a de force d’incurvation. La partie DES TIGES ET DES RACINES. 101 latérale des caudex horizontaux qui regarde la terre, contenant une sève lymphatique plus dense que ne l’est celle que contient la partie latérale opposée qui regarde le ciel, il en résulte une rupture de l’équi- libre qui existait antérieurement entre les tendances concentriques à l’incurvation. Le côté inférieur se trouve affaibli , le côté supérieur a conservé toute la force de sa tendance à l’incurvation; dès lors ce der- nier, doué d’une force prédominante, entraîne son antagoniste vaincu dans le sens d’incurvation qui lui est propre. Ce sens propre de l’incurvation est en dehors pour la tige et en dedans pour la racine , par conséquent dans la tige horizontale, le côté qui re- garde le ciel se courbant en dehors, dirige le sommet (le celte tige vers le ciel; et dans la racine horizon- tale, le côté qui regarde le ciel se courbant en dedans, dirige la pointe de cette racine vers la terre. Ces deux caudex opèrent ensuite leur élongation, selon les di- rections opposées dans lesquelles ils sont constamment maintenus par la cause qui les y a placés. Voilà tout Je mystère de ces deux directions spéciales opposées 1 une à 1 autre. J1 n’y a point, à proprement parler, de tendance de la tige vers le ciel, ni de tendance de la racine vers la terre ; il n’existe dans ces caudex végétaux que des tendances à l’incurvation dans des sens diamétralement opposés, et qui sont mises en jeu par l'action de la pesanteur, ce qui lait que ces cau- dex végétaux affectent la direction verticale. Ce n’est pas seulement lorsque la racine et la tigev 102 DIRECTION sont horizontales, qu’elles se fléchissent pour se di- riger, la première vers la terre, et la seconde vers le ciel. Le retournement de ces caudex végétaux a lieu également lorsqu’ils sont verticalement placés dans une position renversée, c’est-à-dire la racine en haut, et la tige en bas. Il semblerait que, dans cette cir- constance, la théorie que je viens d’exposer ne serait point applicable, puisqu’il n’y aurait point de côté ou de partie latérale inférieure vers laquelle la sève la plus dense ait à se précipiter. Mais il ne faut pas perdre de vue que la rectitude mathématique n’appar- tient point aux caudex végétaux ; il en résulte qu’il est impossible de donner à ces caudex renversés une position verticale dans le sens rigoureux et mathéma- tique. J’ai expérimenté que lorsqu’on dirige vers le ciel des radiculesdegrainesen germination, l’inflexion de ces radicules, pour se retourner, a toujours lieu du côté où elles ont une inclinaison, même la plus légère. La même chose a lieu pour les tiges ; mais il est nécessaire de faire observer que ces expériences doivent être faites dans une obscurité complète, car la lumière possède sur les tiges une grande puissance pour opérer leur direction. Ainsi, c’est toujours la partie latérale la plus basse ou la plus voisine de la terre, qui, dans les caudex végétaux, perd une partie de la force de sa tendance naturelle à l’incurvation. Il n’est pas nécessaire pour cela que cette partie la- térale soit placée horizontalement; la plus légère dé- viation de la position verticale suffit pour produire DES TIGES ET DES RACINES. Io3 cet effet. On sent que s’il était possible qu’une radi- cule fût pourvue d’une force d’incurvation mathéma- tiquement égale dans toutes ses parties latérales op- posées, et qu’elle fût dirigée vers le ciel dans une position verticale mathématique, elle resterait dans cette position, n’y ayant aucune raison qui puisse la déterminer à opérer son inflexion d’un côté plutôt que d’un autre. Mais cette égalité mathématique dans les forces opposées qui animent les côtés opposés de la radicule n’existe point. Sa rectitude mathématique n'existe point non plus; par conséquent, sa position verticale mathématique est impossible ; et quand bien même celte position serait possible, la radicule ne laisserait pas de trouver un moyen de commencement d’inflexion dans le défaut d’une égalité mathémati- que entre les forces d’incurvation de ses parties laté- rales opposées; et dès lors, l’action de la pesanteur agirait sur cette radicule fléchie, pour déterminer l’achèvement de son inflexion : le même raisonne- ment peut être fait par rapport à la tige. Au reste, ce n’est que dans leur jeunesse, et tant qu’ils conservent leur flexibilité, que les caudex vé- gétaux peuvent opérer leur retournement, qui devient impossible lorsqu’ils ont acquis de la dureté; aussi les arbres, dont le bois est très-mou, conservent plus long-temps que les autres celte propriété de se fléchir spontanément. J’ai vu un peuplier (populiis f asti gi ata) de la grosseur du poignet, qui, placé accidentelle- ment dans une position inclinée, se courba pour ra- DIRECTION ïo4 mener la partie supérieure de sa lige à la position verticale j mais il lui fallut toute une période annuelle de végétation pour opérer cette inflexion. Lorsque des graines en germination sont fixées à la circonférence d’une roue, soit verticale, soit horizon- tale, qui tourne avec une certaine rapidité, les tiges se dirigent vers le centre de la rotation, et les racines vers la circonférence. On doit la découverte de ce phénomène à M. Knight , et j’en ai confirmé la réa- lité par mes expériences. J’ai fait voir en même temps que cette double direction des caudex végétaux n’a point lieu lorsque la rotation trop lente ne produit point de force centrifuge appréciable. La cause de cette double direction est facile à déterminer. Les deux caudex opposés d’une graine en germination A ( fig. 6 ) , sont disposés tangentiellement à la circon- férence d’une roue qui tourne rapidement sur son axe ; la force centrifuge projette la sève la plus dense vers le côté extérieur bb de la tige et de la racine ; de là résulte l’affaiblissement de la force d’incurva- tion de ce côté, et la prédominance de force du côté opposé aa ; dès lors le côté a de la tige, dont la force est prédominante, et qui tend à se courber en dehors, dirige le sommet de la tige vers le centre de la rota- tion; comme on le voit en B , le côté a de la racine, dont la force est également prédominante , et qui tend à se courber en dedans, dirige la pointe de la ra-. cine dans une direction opposée à celle de la tige. Ces observations, comme on le voit, dévoilent DES TIGES ET DES RACINES. io5 Complètement le phénomène jusqu’ici si mystérieux de l’ascension des tiges et de la descente des racines. Ce phénomène est beaucoup plus simple cju on ne paraissait le supposer. Certains esprits ont pu être tentés de croire qu’il existait là une sorte de polarité analogue à celle qui dirige les deux pôles opposés de l’aiguille aimantée vers les deux pôles de la terre, mais toutes les expériences portent à rejeter bien loin cette hypothèse. La double tendance qui résulte de la polarité appartient à toutes les parties dans les- quelles un aimant peut être divisé. Or, dans une tige séparée de sa racine, il n’existe plus de double ten- dance. C’est toujours sa partie demeurée libre et mo- bile qui se dirige vers le ciel. Ainsi, en supposant cette tige suffisamment entretenue de sève lympha- tique et placée dans une position horizontale , on verra sa partie inférieure se diriger vers le ciel lors- que sa partie supérieure sera fixée invariablement. Si celle lige horizontale est fixée par son milieu, ses deux moitiés se dresseront également vers le ciel ; si cette tige horizontale et ployée en arc est fixée par ses deux extrémités, cet arc horizontal se dressera, et deviendra vertical* il est donc bien prouvé qu’il n’existe dans la tige aucune polarité aucune tendance à diriger spé- cialement son sommet vers le ciel; il n’y a point chez cette tige une disposition ou une organisation spé- ciale qui exige que son sommet soit en haut et que la hase soit en bas. C’est simplement en sa qualité de partie libre et mobile, que le sommet de la tige est dirigé vers le ciel. La base de cette tige peut être ar- IOÔ DIRECTION DES TIGES ET DES RACINES. lificiellement placée dans cette direction, sans qu’il en résulte aucun inconvénient pour le végétal. C’est ce qui arrive lorsqu’on plante des arbres la tête en bas. Ainsi, il n’y a point à douter que le phénomène de la direction spéciale qu’affecte la tige et la racine n’ait sa cause toute entière dans le mode particulier d’incurvation qui est propre à cette tige et à cette racine. Il y a des tiges qui dirigent leur sommet vers la terre comme des racines. Cela provient indubitable- ment de ce que , par anomalie , elles possèdent la même organisation que les racines. Je n’ai point en- core assez étudié ce phénomène. Il y a des parties des végétaux qui se dirigent vers la lumière , il y en a d’autres qui la fuient. Je pos- sède déjà plusieurs faits pour l’établissement de la théorie de ces deux directions spéciales opposées, mais ce travail est encore trop incomplet pour pou- voir être publié. Je puis dire seulement ici que je regarde comme certain que tous les phénomènes de di- rection spéciale que présentent les végétaux, soit dans leur action de rechercher ou de fuir la lumière , soit dans leur sommeil ou dans leur nutation, dépendent des diverses manières dont l’équilibre ordinaire de leurs forces d’incurvation peut être altéré par la pré- sence ou par l’absence de la lumière. Ici s’ouvre un champ très-vaste de recherches extrêmement cu- rieuses. FIN. k^vvwvt m%iw\ m/iiu^i^wu^vtm\tv^tvvvvvv%i'vvviivuiA/\Aivvvw/vvtvvwvvvtA/v'iivv^ TABLE DES MATIÈRES. Pages • Nouvelles recherches sur l’endosmose et l’exosmose. i Recherches sur la cause et sur le mécanisme de l’irri- tabilité végétale 55 De la direction des tiges vers le ciel, et des racines vers la terre 8g * % S ' * • «\ I • t M ,* % m ** .4 4-» . • « 4 • . '4