Presented to the Library by Rc&yod* CûULe^e. oP S Date 15 rWcU 19 Class Mark JsSlILCL. Accession No. ^9(4. H TRAITÉ D’ANALYSE DES EAUX POTABLES BRUXELLES. — IMPRIMERIE A. LEFÈVRE 9, RUE ST-PIERRE. TRAITE D’ANALYSE CHIMIQUE MICROGRAPHIQUE ET MICROBIOLOGIQUE des EAUX POTABLES l-Ali A.-J. ZUNE ■Rédacteur en chef du « Moniteur du Praticien » PARIS OCTAVE DOIN, éditeur 8, place de l’Odéon, 8 BRUXELLES Bureaux du moniteur du Praticien 126, Boulevard du Nord, 126 d 894 TOUS DROITS RÉSERVÉS -^>o m w7 7 L'AUTEUR Traité général de microscopie, de microchimie et de microspectroscopie appli- quées à la médecine, à la pharmacie, à la chimie, à l’hygiène et à l’in- dustrie. — I : Introduction. Paris, 1889. In-8° de 136 pages avec 41 figures dans le texte. Prix ... 3 francs. Analyse chimique des eaux potables et détermination rapide de leur valeur hygiénique. Paris 1889, in -8° de 144 pages avec 14 figures intercalées dans le texte (Ouvrage épuisé). Prix 4 francs. Traité général d’analyse des beurres : Préparation caractères, composition, altérations et falsifications. Méthode générale d’analyse, discussion et appréciation des résultats. Paris 1892-1893, 2 beaux volumes grand in-8°, de plus de 800 pages, à texte compact, contenant la matière de 1 ,150 à 1 ,200 pages in-8° ordinaire ; 270 figures originales et 85 tableaux sont intercalés dans le texte et 14 planches ajoutées hors texte. Prix 25 francs. Mémoire sur la filariose. — Histoire clinique et thérapeutique; histoire natu- relle et médicale : anatomie, physiologie, pharmacognosie, etc., de lafilaire du sang. Paris 1892/grand in-8° de 40 pages avec 8 figures et 2 planches dans le texte, plus 4 planches hors texte. Prix 3 francs. Urines chyleuses et hémato-chyleuses : Définition, caractères physiques, recherche et dosage des graisses, des albuminoïdes, du sang etc.; analyse microscopique ; diagnostic et pronostic urologiques ; mécanisme patho- génique. Paris 1893, grand in-8° de 82 pages avec 8 figures et 2 tableaux dans le texte et 4 planches noires hors texte. Prix 3 francs. Le Moniteur du Praticien, journal mensuel de physique et de chimie appliquées à la médecine, à la pharmacie, à l’hygiène et à l’industrie. L’abonnement annuel est de 10 francs pour la Belgique et de 12 francs pour tous les pays de l’Union postale ; il comprend 12 fascicules in-8° de 32 pages chacun, avec figures et planches originales dans et hors texte. La S000 année portera le millésime de 1895. La collection des années antérieures étant complè- tement épuisée et la publication de la 7n,° année subissant des retards con- sidérables, il ne sera plus accepté d’abonnements avant 1895. EN VOIE DE PRÉPARATION, POUR PARAITRE EN 1894. Essai d’urologie séméiologique, ou application au diagnostic et au pronostic des données de l’analyse des urines pathologiques. Traité général de microscopie, de microchimie et de microspectroscopie appliquées ala médecine, à la pharmacie, à l’hygiène et à l’industrie. — II : Analyse des farines, fécules, pâtes alimentaires, etc. L PRÉFACE Nous avons été sollicité de toutes parts et depuis environ deux ans que notre opuscule de 1889 sur l'analyse chimique des eaux potables est épuisé , de publier un nouveau travail sur le même sujet. Diverses circonstances nous ont forcé à remettre de jour en jour l'élaboration d'une œuvre plus complète, c'est-à-dire comprenant non seulement l'analyse chimique mais encore l' analyse microsco- pique, beaucoup trop délaissée malgré sa haute importance et, enfin, l’analyse microbiologique , que d'autres ont traitée depuis. A vrai dire, nous ne le regrettons nullement: le lecteur y a gagné d'abord d’excellents petits manuels de microbiologie , tels que ceux de Miquel et de Roux, qui peut-être n’ auraient pas vu le jour et, ensuite, d’être mis en possession d’un ouvrage — celui que nous lui présentons actuellement — absolument nouveau, même eu ce qui concerne l’analyse chimique, beaucoup plus riche en documents de toute nature et surtout en figures — noires et coloriées — enfin beaucoup moins imparfait sous tous les rapports, que celui que nous eussions pu lui offrir alors. C'est ainsi notamment qu’il nous a été possible, en tenant compte des nombreux travaux d’ordre microbiologique publiés au cours de ces dernières années et en nous basant sur l’ expérience que tout tra- vailleur — titre que nous revendiquons hautement — acquiert journellement avec l’ âge, de simplifier àtel point les procédés et l’ou- tillage bactériologiques, que le chimiste ou le pharmacien le plus mo- destement installés pourront, après quelques essais préliminaires, G PRÉFACE ne livrer sans aucune difficulté et au moyen d'une dépense insigni- fiante : 100 à 150 francs au maximum , au dosage des colonies, à la recherche des bacilles du choléra asiatique et de la fièvre typhoïde, enfin à presque toutes les expériences , cultures, etc., microbiolo- giques qui semblaient ne pouvoir être menées abonne fin qu’au moyen d’un outillage exceptionnel , excessivement coûteux et très com- pliqué. C’est ainsi encore que tout en conservant le principe , théorique- ment et pratiquement excellent, de notre méthode d’analyse ch unique, nous avons pu y apporter de si nombreuses améliorations tech- niques, la compléter par tant de documents et de renseignements nouveaux et faire disparaitre les longueurs inutiles ainsi que les erreurs qui s’y étaient glissées tout d’abord, qu’elle est devenue elle- même pour ainsi dire absolument originale. C’est ainsi enfin que les quelques lignes que nous avions consa- crées dans notre opuscule de 1889 à la partie hygiénique, sont devenues quelques chapitres formant une partie très importante de notre travail actuel et comprenant l’étude des caractères et de la composition des eaux potables au point de vue physiologique, celle du rôle étiologique des dites eaux, leurs causes et leurs modes de contamination et de purification, la discussion, l’interprétation ou V appréciation des résultats de V analyse. Mais c’est surtout à l’analyse 'micrographique que nous avons apporté les plus grands soins et ce en raison même de l’oubli im- mérité dans lequel elle était, non pas tombée, mais maintenue. Non pas que son- importance fût méconnue par les analystes ni les hygiénistes, la plupart sinon même tous la déclarant indispensable et d’une grande valeur, mais elle paraissait ou si simple ou si dif- ficile, nous ne savons trop laquelle de ces deux manières de voir il faut adopter, que personne ne s’en occupait et qu’il n'y a été con- sacré jusqu’ici , à notre connaissance du moins, que quelques no- tices ou articles très intéressants, il est vrai, mais plus succincts encore qu’intéressants. C’est pourquoi nous n’avons reculé devant aucun sacrifice pos- sible pour combler une lacune trop regrettable, accumulant, sans compter, les dessins tant noirs que coloriés, de telle sorte que cette partie de notre ouvrage comprend, ci elle seule, près de 300 figures noires intercalées dans le texte et 90 figures coloriées hors texte. PREFACE 7 Ajoutons enfin que nous avons jugé méthodiquement utile et même indispensable de scinder notre Traité d’analyse des eaux potables eu quatre parties, divisées elles-mêmes en un certain nom- bre de chapitres et de paragraphes, et respectivement consacrées à V analyse chimique , à V analyse micrographique, à l’analyse micro- biologique et, enfin, à la physiologie et à l’hygiène. Un coup-d’œil jeté sur la table analytique des matières insérée pages 8 à 12 ci-après, suffira pour se rendre compte du nombre et de l’impor- tance des sujets traités. Laissons maintenant à la critique le soin d’ apprécier jusqu’à quel point nous avons réussi à atteindre le but que nous nous étions proposé : Mettre le lecteur à même de se prononcer aisément, rapidement et sûrement sur la valeur hygiénique d’une eau donnée. Et terminons cette préface en nous acquittant d’un devoir tou- jours agréable à remplir : témoigner notre reconnaissance à toutes les personnes dont V obligeance nous a permis de mener notre travail à bonne fin. Février 1894. A. J. ZUNE Publications de l’auteur. Préface Pages 5 à 7 Introduction — 13 à 28 PREMIÈRE PARTIE Analyse chimique. Chapitre premier. — Appareils et réactifs (34 figures dans le texte). § Ier. — Appareils , P. 29 à 65 A. — Ordinaires. Balances, étuves, bains de sable et d’eau, brûleurs, chalumeau, burettes de Mohr, éprouvettes, pipettes, ballons, flacons, thermomètre, baro- mètre, objets et appareils divers : en verre, porcelaine, métal, bois, caoutchouc, liège, etc. B. — Spéciaux. Etuve à évaporations dans le vide, machine pneumatique, colorimètre, spectroscope. § II. — Réactifs, A. — Simples. Liquides et solides à acheter ou à préparer. B. — Composés. Nombre, espèces, mode de préparation, de conservation et d’emploi des réactifs nécessaires à la recherche ef au dosage de l’azote sous ses diverses formes : nitreux, nitrique, ammoniacal, albuminoïde; des acides car- bonique; phosphoriciue et sulfurique; du chloi’e, des matières orga- niques, de la chaux, des carbonates, de l’oxygène, etc. Chapitre II. — Opérations préliminaires . . P. 66 à 74 § I . — Prélèvement, transport, volume, etc., des échantillons. §. II. — Synopsis des manipulations à exécuter et de la marche à suivre pour l’analyse méthodique des eaux douces. 10 TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES A. — Essai rapide. Volume d’eau nécessaire. — Durée de l’essai. — Appareils et réactifs, indispensables. — Déterminations, recherches et dosages à exécuter ; ordre à suivre. B. — Analyse approximative. Mêmes renseignements qu’en A. Chapitre III.— Caractères organoleptiques et physiques (1 figure). P. 75 à 77 §§ I à VI. — Appréciation de la nature et de la quantité des matières en suspension, de la couleur, de l’odeur, de la saveur, de l’imputrescibilité et de la réaction de l’eau, Chapitre IV. — Recherche, essai rapide, dosage approximatif et exact des éléments anormaux. (13 figures et 3 tableaux.) Pages 78 à 111 §§ I à XII. — Acide nitreux. — Acide nitrique. — Ammoniaque. — Azote albuminoïde. — Hydrogène sulfuré. — Carbures d’hydrogène et gaz d’éclairage. — Matières l'ecales et ui'ine. — Oxydes métalliques. — Sulfocyanure8 alcalins. — Matières organiques. — Acide silicique. — Acides crénique et apocrénique. — Matières en suspension. Chapitre V. — Recherche, essai rapide, dosage approximatif et exact des éléments normaux (3 figures et 1 tableau). P. 112 à 145 §§IàXIX. — Résidu sec. — Résidu fixe. — Acide carbonique — Carbonate de chaux. — Carbonates alcaliuo-terreux. — Acide sulfurique. — Sulfate de chaux. — Sulfate de magnésie. — Sulfates alcalins fixes. — Acide phospborique. — Chlore — Chlorure de magnésie. — Chlorures de chaux, de potasse, de soude. — Oxyde de calcium. — Oxyde de magné- sium. — Oxyde de potassium et de sodium. — Azote et oxygène. — Oxygène. — Degré hydrotimétrique. DEUXIÈME PARTIE Analyse mierographique. Chapitre premier. — Technique (2 figures dans le texte). P. 147 à 154 §_§ I à IV. — Appareils. — Réactifs. — Opérations préliminaires. — Préparations microscopiques. Chapitre II. — Classifications et descriptions (285 figures noires et 96 figures coloriées). P. 155 à 204 §§ I u XII. — Méthode de classement des éléments en suspension. — Substances minérales et débris organiques d’origine végétale ou animale. Zoophytes amœbiformes : monères et amibes — Sphœriaeés isolés et sociaux. — Rayonnés. — Flagellés: mono, di-et pluriflagellés ; cifio- flagellés. — Cilliés : embryons et larves vcrmioulaires, holotriches, hé- terotriches. — Cilio-cirreux : hémiciliés, vc'rticellidœ libres et fixés, isolés ou sociaux, cirro-sphœriacés — Thallomorpliiacées. — Cœlentérés. — Vers. — Arthropodes. — Lophopodes. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES I I TROISIÈME PARTIE Analyse microbiolog’ique. Chapitre premier. — Technique (9 figures). P. 205 à 225 §§ I à VI — Appareils. — Réactifs et produits divers. — Stérilisation des verreries, bouchons, tubes, ouate, etc. — Milieux de culture : nombre, espèce, préparation, conservation, etc. — Prélèvement des échantillons — Transport et conservation. Chapitre II. — Analyse quantitative (G figures). P. 226 à 233 §§ I à VII — Essai préliminaire. — Dilution des eaux. — Prépa- ration des plaques. — Durée des cultures — Dosage des colonies. — Etude des colonies : examen macro- et microscopique, ensemencements divers, réaction de l’indol. — Coloration des cils. Chapitre III. — Recherche et diagnose clés bacilles du typhus et du choléra (15 figures). P. 234 à 24G § I. — Bacille typhique : Recherche, formes, dimensions, aspect, mobilité, coloration, vitalité et développement, spores et cils, caractères des cultures sur plaques et en tubes de gélatine, sur agar. pomme de terre, gélose lactosée, dans le lait et le bouillon, réaction de l'indol. § II. — Bacille du choléra : idem. Chapitre IV. — Description succincte des principaux microbes des eaux douces (46 figures et 1 tableau). P. 247 à 259 § I. — Généralités : Nombre, formes, dimensions, cils, coloration et liquéfaction de la géla- tine, fermeirtation des sucres et coagulation du lait. § II. — Caractères spéciaux : Des coccus, bacilles et spirilles. QUATRIÈME PARTIE Hygiène. Chapitre premier. — Caractères physiques ou organoleptiques et composition chimique des eaux potables au point de vue physiologique. P. 261 à 272 I à IV. — Généralités. — Caractères physiques et organoleptiques. — Eléments normaux. — Eléments anormaux. Chapitre II. — Origine, nature et contaminations des eaux potables. P. 273 à 283 12 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Chapitre III. — Dangers que présentent les eaux contaminées. P. 284 à 299 Chapitre IV. — Divers modes de purification. P. 300 à 310 §§ I et II. — Naturels. — Art ificiels. Chapitre V. — Discussion et interprétation des résultats. P. 311 à 356 §§ I à V. — Caractères physiques. — Eléments normaux. — Eléments anormaux dissous. — Eléments en suspension. — Classification des eaux potables au point de vue hygiénique. Bibliographie. P. 357 à 360 Table des figures. P. 361 à 370 Noms d’auteurs. P. 371 à 372 Table alphabétique des matières. P. 373 à 380 TRAITÉ EAUX — INTRODUCTION D’ANALYSE DES POTA Vie et eau sont deux termes .corrélatifs L’eau est le principe essentiel de tous les éléments, de tous les tissus et de tous les organes des végétaux et des animaux; Le milieu au sein duquel naissent, vivent et meurent une mul- titude d’êtres de toute nature, de toute forme et de toutes dimensions; Le réceptacle de la plus grande partie des détritus et des résidus de la vie en général et de l’activité humaine en particulier. Par sa composition chimique, ses caractères physiques et ses propriétés biologiques, l’eau exerce une action considérable sur la santé et sur le bien-être des populations au sein desquelles elle distribue, frappante antithèse, la fortune et la vie, la misère et la mort. D’où l’impérieuse nécessité d’une connaissance approfondie de ces propriétés, de ces caractères et de cette composition, con- 14 INTRODUCTION naissance que l’on ne peut acquérir qu’en procédant à l’analyse chimique, micrographique, microbiologique et physiologique des diverses eaux employées à la boisson, aux usages culinaires et aux soins de propreté. Il importe en outre que ces multiples déterminations puissent être exécutées partout et par tous, fréquemment et rapidement, surtout en temps d’épidémies, à la suite de brusques variations de température, de longues pluies, gelées, sécheresses, etc., des variations prononcées dans la composition et les propriétés phy- siologiques de l’eau étant fréquemment sinon même constamment la conséquence immédiate et plus ou moins prolongée des per- turbations atmosphériques dont il s’agit. Mais il ne suffit pas, quelque intéressant que cela puisse être, cl’accumuler des chiffres et des documents ; il faut encore et sur- tout en faire connaître la valeur hygiénique. Il est donc indispensable d’établir les bases cl’une saine et judi- cieuse interprétation des faits signalés et des phénomènes obser- vés, de telle sorte que l’analyste puisse se prononcer sans grandes difficultés sur les résultats des recherches et des dosages qu’il a effectués. C’est à la solution aussi complète que possible des divers points que nous venons d'indiquer, que le présent ouvrage a été con- sacré. Pour mieux atteindre notre but ou tout au moins pour le réa- liser méthodiquement, nous avons divisé notre travail en quatre parties, savoir : Y analyse chimique, Y analyse micrographique , Y analyse microbiologique et enfin la physiologie et Y hygiène. De l’analyse chimique nous avons peu de choses à dire, notre méthode étant connue; cependant nous lui avons fait subir, depuis 1889, date de la publication de notre première édition, diverses modifications techniques assez importantes et l’avons en outre enrichie d’additions assez sérieuses, pour qu’il nous soit permis de lui consacrer quelques lignes. Ainsi, tout ce qui a trait aux manipulations cà exécuter pour la recherche et le dosage d’un élément déterminé, soit à l’état isolé soit sous forme de combinaison, a été réuni dans un seul para- graphe au lieu d’être disséminé comme auparavant. On y trou- INTRODUCTION 15 vera donc les divers procédés relatifs à la recherche, à Y essai rapide au point de vue hygiénique, au dosage approximatif d’après notre méthode des maxima, et au dosage exact et direct de l’élé- ment (acide libre sulfurique par exemple) et combiné aux diver- ses bases (sulfates de chaux, de magnésie, de potasse, de soude, d’alumine). Le procédé d’essrn rapide que nous venons de mentionner, est nouveau, en tant du moins qu’il s’applique actuellement à la détermination de la valeur hygiénique d’une eau potable ; il est basé sur quelques réactions spéciales décrites avec le plus grand soin, faciles à obtenir et à observer sans appareils spéciaux ni manipulations exceptionnelles, de telle sorte qu’il est possible en moins de deux heures et avec un volume d’eau peu important — un litre environ — d’obtenir tous les renseignements nécessaires pour émettre, au point de vue chimique, un avis raisonné sur la potabilité d’une eau donnée. Go n’est plus que dans des circon- stances relativement exceptionnelles que l’on devra procéder, au moyen de liqueurs titrées, à l’analyse quantitative approximative. Quant à l’analyse scientifique, c’est-à-dire complète et exacte d’une eau donnée, elle ne doit être entreprise que sur demande, car elle exige une installation, des appareils, des réactifs et sur- tout un temps dont peu de chimistes peuvent disposer. Afin de rendre les recherches et les opérations aussi faciles et aussi rapides que possible, nous énumérons très succinctement, à la fin du chapitre II (§ II) sous la rubrique Synopsis des opéra- tions à exécuter et marche à suivre pour V analyse chimique des eaux potables , celles que l’on devra exécuter et l’ordre dans lequel elles devront l’être, pour : A Y essai rapide , B Y analyse approxi- mative, ainsi que les appareils et les réactifs nécessaires pour les conduire à bonne fin. L’indication du nombre et de l’espèce des appareils, la des- cription des principaux, leur mode d’emploi, font l’objet d’un paragraphe spécial placé en tète du chapitre premier; de même tout ce qui a trait à la préparation, à 1 emploi et à la conserva- tion des réactifs est réuni sous un second paragraphe placé à la suite du premier. Cette disposition, nouvelle pour notre ouvrage, permettra à chacun de se rendre aisément compte des dépenses a effectuer pour compléter son outillage ordinaire, dépenses que INTRODUCTION IG nous nous sommes efforcé de réduire, plus encore que nous ne l’avions fait la première fois, au strict minimum. Nous avons également ajouté, à la demande de plusieurs de nos lecteurs, un paragraphe relatif à la détermination du degré ou titre hydrotimêtrique des eaux douces. Comme nous n’avons pas modifié notre manière de voir au sujet de cette détermina- tion, que nous considérons toujours comme étant sans aucune valeur au point de vue de la potabilité des eaux, nous nous sommes borné à décrire la méthode telle qu’elle est employée à Y Observatoire de Montsouris , par M. Albert Lévy. Ajoutons encore, pour en finir avec la partie chimique, que nous avons fait disparaître quelques erreurs grossières qui s’étaient glissées dans l’édition de 1889, pendant la publication de laquelle nous avons été atteint coup sur coup de plusieurs affections très graves qui nous ont mis dans l’impossibilité de revoir les épreuves. * îjc ÎJÎ L’origine et les causes des modifications qui peuvent être ou sont imprimées aux propriétés physiologiques ou aux caractères biochimiques des eaux potables par les multiples manifestations de la vie à la surface du globe, échapperaient fréquemment aux investigations de l’analyste s’il en était réduit au seul concours des procédés chimiques. Or ces modifications retentissent souvent d’une façon si terri- ble sur la santé des populations, qu’il lui importe au plus haut point de pouvoir recourir à des moyens de recherche et de diagnose suffisants pour lui permettre d’en découvrir la nature et d’en prévoir, atténuer ou faire disparaître les conséquences. Fort heureusement, la science est une- Déité généreuse, tou- jours secourable à ceux qui veulent et savent l’interroger; aussi nous apprend-elle à recourir à l’examen microscopique qui nous permettra de reconnaître et de caractériser les divers éléments figurés qui sont ou la cause ou l’indice des pollutions meurtrières et de résoudre ainsi sinon l’entièreté, au moins la plus grosse partie du problème posé. Quelques exemples, brièvement résumés, suffiront pour mon- trer toute l’importance de cet examen tant au point de vue pro- INTRODUCTION 17 phylactique qu’en ce qui concerne l’appréciation de la valeur hygiénique d’une eau donnée. Ainsi la présence de débris d’aliments cuits, notamment du tissu musculaire des animaux de boucherie, colorés par les pig- ments stercoraux et plus ou moins modifiés dans leur structure intime, permettra d’affirmer à coup sûr une contamination par les matières fécales, soit directe, soit indirecte : communication accidentelle ou continue entre l’eau et les fosses d’aisance, les égouts, etc. Celle d’œufs ou de larves d’entozoaires ou d’hématozoaires, presque toujours justiciable d’une même origine, dévoilera en outre l’étiologie de nombre d’affections vermineuses et lesmesures à prendre pour les faire disparaître. L’examen comparé des êtres microscopiques ou des sédiments des eaux de surface et des eaux profondes, permettra souvent d’établir un rapport de cause à effet entre la contamination de ces dernières par las premières, celles-ci pouvant être, par exem- ple, des eaux stagnantes plus ou moins corrompues et reposant sur un sol crevassé, fissuré en communication avec celles-là ; de plus, on pourra reconnaître si cette communication est continue ou intermittente, récente ou ancienne, faible ou forte : il suffira de se rappeler que la coloration de certains organismes, les algues par exemple, varie considérablement sous l’influence de la lumière ou de l’obscurité,, etc. M. le professeur Moniez, de la Faculté de Lille, a montré au cours de ses recherches sur la faune des eaux profondes de Lille et des environs, toute l’importance de cette étude comparative. On sait que de nombreuses plantes et de non moins nom- breux animalcules, que nous apprendrons à connaître au cours de cet ouvrage, doivent puiser le carbone qui leur est nécessaire dans les matières végétales en décomposition ou en putréfaction : la présence de ces organismes sera donc un indice certain de la corruption des eaux par ces matières, sur la nocivité desquelles nous aurons à insister ultérieurement. Tous les êtres qui se rencontrent au sein des eaux et surtout ceux qui y vivent habituellement, ne sont du reste pas également dangereux pour l’homme ou pour les animaux supérieurs; en outre, il en est aussi d’inoffensifs et même d’incontestablement 18 INTRODUCTION utiles : c’est ainsi que les plantes vertes immergées concourent, parfois même à un très haut degré, à la purification des eaux ou à la conservation de leur pureté. Leur différenciation, dont l’uti- lité n’a pas besoin d’être démontrée, sera également établie par le micrographe, dont le rôle, on le voit, est loin d’être insigni- fiant. Mais, il ne faut pas se le dissimuler, ce rôle exige, pour être sérieusement rempli, des connaissances assez étendues et de bon aloi, les éléments que l’on peut trouver dans les sédiments aqueux étant excessivement nombreux et variés. 11 suffît, pour s’en con- vaincre aisément, de recueillir sur les bords d’un étang ou d’un fossé limpide, quelques brins d’herbes, quelques fragments de plantes immergées, d’y joindre quelques centimètres cubes d’eau et d’en conserver une partie à l’air libre et à la lumière et l’autre en flacon fermé et placé à l’obscurité, puis de procéder au bout de un, deux et trois jours à l’examen microscopique de chacun de ces liquides, en ayant soin d’exprimer un ou deux brins d’herbe sur la lame porte-objet : c’est par milliers que l’on pourra obser- ver ainsi les êtres les plus divers et les plus bizarres et le spec- tacle auquel on assistera ne sera certes pas l’un des moins inté- ressants qu’il puisse être donné à l’homme d’observer. Des individus de toute forme, de toute taille, de toute corpu- lence, droits comme des jouvenceaux ou courbés comme des vieillards décrépits, cintrés, spiralés, globuleux, ovoïdes, cylin- driques, fusiformes, claviformes, haltériformes, campanulés, ra- mifiés, nus, velus ou cuirassés, casqués, panachés, couronnés, ciliés, se recherchent ou s’évitent, se caressent ou se dévorent, dorment, courent, dansent, sautent, nagent, plongent, virent, pêchent ou chassent; les uns sont grands, gros, gras, pansus, goulus, lourds, disgracieux ou laids à miracle, micromégasques ici, poussahs ou Falstaff là, mais partout voraces comme des tigres, gloutons comme des brochets, venimeux comme des ser- pents; les autres, minces, diaphanes, à peine visibles, mais gra- cieux, sveltes, élancés, fiers comme des paons, hardis comme des pages, malins comme des singes, paraissent vivre de poésie, d’amour et — ce n’est pourtant pas précisément le cas de le dire — d’eau claire! Certes, tous ne se montreront pas dans une eau donnée, mais INTRODUCTION 19 tous et bien d’autres encore, peuvent, à un moment donné, appa- raître sous la... lentille. Ainsi, on connaît plus de mille espèces d’algues microscopiques, pour le moins autant d’infusoires et plus encore de schizomycètes, de vers, d’arthropodes, de mollus- coïdes, etc., sans compter les innombrables débris ou organes de toute espèce, de toute nature et de toute provenance introduits accidentellement dans les eaux douces. Il n’est nullement nécessaire, il est vrai, — et c’est fort heu- reux! — de connaître le nom générique ou la dénomination scientifique exacte de chacun de ces êtres, de ces organes ou de ces éléments, pour s’occuper avec fruit de l’analyse microgra- phique des eaux au point de vue hygiénique; mais encore faut-il, tout au moins, savoir distinguer les principaux et pouvoir les grouper d’après leur degré de nuisance ou d’utilité. On y parviendra en s’appuyant sur quelques réactions géné- rales peu compliquées et sur la connaissance, assez facile à acquérir du reste, des caractères généraux de ces groupes et des fonctions biologiques les plus importantes des êtres qui la com- posent. Ce sont ces réactions, ces caractères et ces fonctions que nous nous sommes efforcé de décrire dans la seconde partie de cet ouvrage, en accompagnant nos descriptions de plusieurs cen- taines de figures noires et coloriées toutes spécialement dessinées et gravées pour lui, soit d’après nos préparations, soit d’après les dessins des principaux auteurs mentionnés dans la Biblio- graphie qui termine ce livre et parmi lesquels nous devons citer tout particulièrement les magnifiques atlas d’Ehrenberg, de Millier et de Dujardin et les ouvrages de Blanchard, Cienkowski Claparède et Lackmann, Claus, de Fromentel, Payer, Sachs Stein et Van Tieghen. (Il nous eût été également fort agréable de pouvoir recourir au grand travail de Wolle sur les algues d’Amérique et à celui de Pritchard sur les infusoires, mais il ne nous a pas été possible de nous les procurer.) Le lecteur pourra se convaincre que nous n’avons reculé devant aucun sacrifice pour lui présenter un travail aussi complet qu’il nous a été possible de le faire. Ce n’est pas à dire cependant que nous ayions atteint la perfection, bien loin, excessivement loin de là même, mais 20 INTRODUCTION comme il n’a été publié sur Y Analyse micrographique des eaux potables que quelques brochures ou quelques notices, très intéressantes, il est vrai, mais aussi très sommaires et absolument incomplètes, nous croyons que notre ouvrage est appelé à rendre de sérieux services et qu’il facilitera, en outre, le classement des documents qui pourront être ultérieurement recueillis. Dans tous les cas, il aura à tout le moins le mérite d’appeler la sérieuse attention des chimistes et des hygiénistes sur un côté, beaucoup trop délaissé jusqu’ici, de l’analyse des eaux potables; or, un semblable résultat nous dédommagerait amplement des peines et des dépenses, excessivement considérables, on peut nous en croire, que nous a coûtées ce travail. * * * Si nous ne sommes entré jusqu’ici dans aucun détail relative- ment à cette classe d’êtres microscopiques auxquels Sédillot a imposé la dénomination si exacte de Microbes, c’est que l’examen microscopique seul étant insuffisant pour les caractériser, il est nécessaire de recourir à de nouveaux procédés de diagnose dont l’ensemble constitue une science qui, bien que d’origine relative- ment toute récente, possède cependant sa technique, ses méthodes, de nombreux adeptes et même des... détracteurs. Cette science, c’est la microbiologie ou la bactériologie, deux expressions deve- nues absolument synonymes, mais que l’on a cependant tort de confondre, la dernière s’occupant d’êtres qui sont loin d’être “ infiniments petits „, puisqu’il en est qui peuvent atteindre jusque un millimètre de longueur. Jusqu’en ces derniers temps, Y analyse microbiologique des eaux potables était ou paraissait être à la portée de tout le monde et si peu de personnes s’en sont occupées ou s’en occupent, c’est qu’il est généralement admis que pour pouvoir la cultiver — pardon — avec fruit, il faut posséder un outillage exceptionnel, très compliqué et surtout excessivement coûteux. Malgré cela, — nous ne voulons point dire à cause de cela — les documents y relatifs se sont accumulés et continuent à s’accumuler à tel point qu’elle est devenue, sous tous les rapports, un véritable casse-tête chinois, ce qui était article de foi hier devenant contestable aujourd’hui et erroné demain. INTRODUCTION 21 Il y a deux ou trois ans à peine, c’était jeu d’enfant que de découvrir, dans une eau donnée, le bacille du choléra op celui de la fièvre typhoïde; aujourd’hui, on leur connaît tant et tant de Méneclnnes, que les plus savants spécialistes y perdent leur latin et que ceux d’entre eux qui n’ont point oublié l’Enéide s’écrient, connne l’auteur des Géorgiques : Quantum mutatus ab illo! Aussi faut-il, si l’on veut se prononcer dans la plupart des cas, — non pas même dans tous — être à la fois chimiste, micro- graphe, naturaliste, physiologiste, anatomo-pathologiste, etc., etc., ce qui, entre parenthèse, est peut-être beaucoup pour un seul homme. Mais, chose assurément curieuse, plus Y analyse microbio- logique des eaux paraît devenir difficile et moins l’on semble vouloir admettre ses résultats : la crainte du microbe, que l’on disait être le commencement de la sagesse, disparaît peu à peu et fait place à l’indifférence et même au mépris le plus absolu (voir IVe partie); toutefois, et en attendant que l’inanité des théories microbio-pathogéniques ait été nettement démontrée, nous sommes d’avis qu’il est nécessaire de soumettre, surtout en temps d’épidémies, toutes les eaux à l’examen, les microbes se rencontrant surtout dans celles qui ont été polluées par des ma- tières organiques en voie de décomposition et certains d’entre eux y étant généralement introduits avec les matières fécales des malades dans le tube intestinal desquels ils se trouvaient. C’est pourquoi nous consacrons à cette analyse une partie de notre ouvrage, au cours de laquelle nous examinerons successi- vement la marche à suivre pour compter les microbes et caracté- riser les principaux d’entre eux. Le dosage ou la numération des bactéries s’exécute actuelle- ment encore, dans tous les laboratoires, d’après le procédé indiqué, il y a plusieurs années déjà, par M. Koch, c’est-à-dire au moyen de plaques de gélatine neutre ou très légèrement alcaline, que l’on maintient, pendant un temps plus ou moins considérable, à une température de 20 à 22° G. En principe, les cultures sur plaques sont excellentes et les 22 INTRODUCTION résultats qu'elles fournissent très acceptables, pourvu toutefois que l’on prenne toutes les précautions nécessaires en vue d’éviter les contaminations extérieures, les liquéfactions prématurées, l’excès des colonies, etc., ce qui, en fait, ne présente guère de difficultés. Il a été reconnu, il est vrai, que certains microbes sont d’infiniments petits — oh! combien petits — disciples de Brillat- Savarin et trouveraient sans aucun doute le brouet des Lacédé- moniens des plus méprisable; toutefois, il ne s’agit là, en somme, que d’une intime minorité d’agents nitrificateurs ou autres dont il n’y a pas à se préoccuper, du moins pour le moment. Mais la méthode des cultures sur plaques est passible d’une critique autrement importante et qui est relative à la température d’incubation. Pourquoi maintenir les plaques à 20-22° G., par exemple, et même moins, alors que la température du corps humain, celle à laquelle vont être soumis les microbes aussitôt leur ingestion, s’élève à 37-38° G.? De quelle importance cela peut-il être pour nous, consomma- teurs, médecins, hygiénistes' que tels ou tels microbes évoluent ou prolifèrent admirablement à 22° G., s’ils languissent, dépé- rissent ou meurent à 38° ou réciproquement? Mais, répond-on, la gélatine se liquéfiant à une température à peine supérieure a 22° G., il est impossible d’agir autrement. Examinons ce que vaut cette objection, en apparence capitale. La gélatine constitue-t-elle un milieu de culture unique? Les microbes meurent-ils invariablement sur tout autre substratum? La réponse à ces deux questions est et ne peut pas ne pas être négative. En effet, les bactéries prolifèrent non-seulement dans de l’eau plusieurs fois redistillée, des quantités infinitésimales de matières organiques leur suffisant pour vivre, mais il en est même dont l’évolution est entravée par une trop grande proportion de matières protéiques; on peut donc considérer la gélatine comme un support dans ou sur lequel on a introduit ou disposé des aliments suffisants pour assurer la vie et le développement des êtres dontnous nous occupons, support que l’on peut évidemment remplacer sans aucun inconvénient par tout autre de même nature et de consistance plus grande. C’est pourquoi nous avons INTRODUCTION 2.-»- préconisé, depuis plusieurs années déjà (1), l’emploi d’un mélange de gélatine et de gélose restant solide en-dessous de 40° G. et rendu nutritif par addition de substances protéiques et salines qui le rapprochent autant que faire se peut des sucs digestifs chez l’homme. Une autre critique que nous avons adressée à la méthode de numération ou de dosage des bactéries, c’est de ne comporter1 que fusage de milieux neutres ou légèrement alcalins. Or, tous les bactériologues et tous les médecins savent que le suc gastrique est mortel pour un très grand nombre de microbes et cela en raison de son acidité plus ou moins prononcée. Il serait donc rationnel et même absolument indispensable de tenir compte de ce caractère ou de cette action, lorsqu'il s’agit de procéder à des dosages de bactéries, mais ici la difficulté est, sinon insurmontable, tout au moins trop malaisée à tourner pour que nous insistions. Bornons-nous donc, pour le moment du moins, à appeler l’attention sur ce sujet et à en tenir compte dans l’appréciation des résultats au point de vue hygiénique. Nous dirons peu de chose de l’analyse microbiologique qualitative. Nous nous sommes, en effet, borné à résumer très brièvement l’état actuel de nos connaissances sur les principaux microbes des eaux douces, ne faisant d’exception qu’en faveur des bacilles de Koch et d’Eberth, dont la recherche et la diagnose sont assez longuement, développées. C’est ainsi que nous donnons la méthode toute récente (mai 1893) et déjà modifiée de Koch pour la recherche du bacille qui porte son nom, le procédé plus récent encore (juillet 93) de MM. Nicolle et Morax pour la coloration des cils, enfin une méthode très complète pour la recherche du bacille d’Eberth, méthode dont la technique, bonne ou mauvaise, est presque entièrement nôtre, mais dont le prin- cipe appartient à plusieurs auteurs dont nous citerons les noms en lieu et place. Pour le surplus : inoculations, extraction des leu- comaïnes, etc., nous renverrons le lecteur aux ouvrages spéciaux. * * * Ainsi que nous l’avons dit en commençant, l’analyste ne doit pas se borner à déterminer les caractères et la composition des (1) Moniteur du praticien, année 1888, p. 61. INTRODUCTION 24 eaux soumises à son examen; il doit encore et surtout pouvoir se prononcer sur leur valeur au point de vue hygiénique. Afin de lui permettre de le faire en connaissance de cause, nous consacrons la IVe partie de cet ouvrage à l’exposé et à la discus- sion des points suivants : 1° Fixation des caractères organoleptiques et de la composition chimique que doivent présenter les eaux douces pour pouvoir être déclarées physiologiquement pures; 2° Causes et modes de contamination; 3° Dangers que présentent, au point de vue sanitaire, les eaux contaminées ; 4° Modes divers de purification des dites eaux; 5° Enfin, discussion et appréciation des résultats analytiques et classification des eaux au point de vue hygiénique. Trois méthodes ont été préconisées pour la détermination des qualités que doivent présenter les bonnes eaux potables. L’une consiste dans l’étude comparative de ces eaux au triple point de vue physique, chimique et biologique, et de l’état sani- taire des populations qui les consomment. A priori , elle semble très rationnelle et il paraît malaisé d’en contester les conclusions pourvu, bien entendu, qu’elles soient basées sur une observation rigoureuse des faits et des chiffres. Cependant, si l’on y prête quelque attention, on ne tarde pas à s’apercevoir qu’elle est passible d’une grave objection, attendu qu’elle ne tient aucun compte de la question pourtant si impor- tante de Y accoutumance. La seconde est basée sur l’expérimentation physiologique. Bien conduite, établie sur une grande échelle et poursuivie pen- dant un temps suffisant, elle constitue bien certainement la méthode de choix; malheureusement, il est extrêmement malaisé de réunir sur un même point et dans toutes les conditions néces- saires à une expérience sérieuse un nombre d’individus assez considérable pour donner aux résultats obtenus un caractère scientifique indiscutable. Les médecins militaires seuls pourraient, tout au moins jusqu’à un certain point, entreprendre et pour- suivre des recherches de cette nature, soit aux époques d’arrivée aux régiments des miliciens de nouvelles levées, soit à l'occasion des changements de garnison; encore faut-il ajouter qu’il ne peut INTRODUCTION 25 leur être permis, pas plus qu’à tous autres, je ne dis pas de mettre la vie des hommes en danger, mais même de laisser compro- mettre leur santé sous prétexte d’expériences, si intéressantes fussent-elles. La troisième méthode, d’ordre biologique, est à la fois théorique et pratique, scientifique et expérimentale ; c’est la seule dont on puisse faire usage dans tous les cas et partout, mais elle exige la détermination précise du rôle physiologique des eaux potables. Or, nous n’étonnerons personne en disant que les auteurs ne sont pas plus d’accord sur ce sujet que sur bien d’autres, les uns ne voulant voir dans l’eau qu’une boisson destinée à apaiser ou étancher la soif, à aider à la déglutition et à favoriser la digestion et l’absorption des aliments, tandis que les autres veulent en outre qu’elle intervienne dans le développement, l’évolution ou la régénération des tissus, des organes et des êtres par les sels qu’elle tient en dissolution. De telle sorte que si l’on admettait cette dernière théorie, l’on ne pourrait déclarer potables que les eaux contenant un minimum, à fixer, de sels minéraux nécessaires à l’organisme, tandis que si l’on se range du côté des adeptes delà première opinion, on pourra — nous ne disons pas qu’on devra — considérer comme types d’eaux pures celles qui contiendraient le moins de substances dissoutes, telles par exemple que les eaux de pluie ou les eaux distillées. Il est cependant une troisième hypothèse, de nature quelque peu épicurienne, il est vrai, mais non moins physiologique pour- tant et qui, tout en ne considérant l’eau que comme une boisson, permet de conclure sinon à la nécessité au moins à l 'utilité de certains sels, en proportion modérée, dans les eaux potables; c’est celle que nous admettons et que nous développerons ultérieure- ment. Bornons-nous, pour le moment, à énoncer les bases de notre appréciation au point de vue physiologique. L’eau étant une boisson destinée à calmer, apaiser, étancher la soif, doit plaire au goût, être légère à l’estomac, et n’affecter ni la vue, ni l’odorat. Faisant partie intégrante de nos tissus et devant être absorbée par l’organisme, elle ne doit contenir aucun élément étranger à ce dernier. INTRODUCTION Employée à la préparation et concourant à la régularité de la digestion et de l’assimilation de nos aliments, elle doit posséder des caractères et une composition tels qu’elle n’entrave sous aucun rapport ni les actes ni les phénomènes qui les accompa- gnent ou les suivent. En nous appuyant sur ces données et en tenant compte de ce fait universellement admis et du reste physiologiquement dé- montré, que l’organisme animal possède une puissance de réaction et d’accommodation assez prononcée, nous pourrons établir une classification hygiénique rationnelle des eaux douces que chacun pourra aisément adopter, rejeter ou discuter, puisqu’il aura sous les yeux tous les éléments d’appréciation nécessaires pour émettre une opinion raisonnée dans un cas déterminé. Parmi les nombreuses maladies qui frappent et déciment l’humanité, il en est plusieurs et non des moins dangereuses, dans l’éclosion et la dissémination desquelles les eaux potables jouent incontestablement un grand rôle. Des centaines de faits, parmi lesquels beaucoup ont la valeur de véritables expériences de laboratoire, prouvent en effet et ce à toute évidence, que la fièvre typhoïde, le choléra, la dysenterie, l’impaludisme, l’helmin- thiase, etc., sévissent plus ou moins cruellement au sein des popu- lations qui consomment des eaux impures et que toute mesure qui atténue ou supprime la pollution, est immédiatement suivie d’une diminution frappante de la mortalité et même de la dis- parition totale de ces affections. Mais si l’action nuisible des eaux altérées est indéniable et à ce point caractéristique même que des hygiénistes et des médecins éminents n’ont pas craint de professer qu’elles étaient le seul ou tout au moins, et de beaucoup, le plus important vecteur de la fièvre typhoïde et du choléra par exemple, la recherche ou la détermination des causes de cette nocivité constituent toujours l’un des problèmes les plus intéressants à résoudre tant pour l’analyste, le médecin et l’hygiéniste, que pour l’économiste et l’ingénieur. Il leur importe à tous, en effet, et ce à un très haut point, d’être fixés sur l’origine ou la nature organique ou inorganique, animée ou inanimée, soluble ou insoluble du contage des diverses affec- INTRODUCTION Tl tions endémiques ou épidémiques, susceptibles de naître ou de se propager sous l’influence ou par l’intermédiaire de l'eau. Qu’il soit permis de l’attribuer exclusivement à la présence de substances minérales ou à celle de matières organiques, animales ou végétales, en putréfaction ou en voie de décomposition plus ou moins avancée, les unes et les autres dissoutes dans l’eau et, immédiatement, l’analyse micrographique et l’analyse microbio- logique deviennent inutiles : le chimiste reste seul juge de la valeur des eaux au point de vue hygiénique; par contre, les dé- penses à faire et les travaux à exécuter pour le captage et l’ad- duction d’eaux pures atteignent le maximum du coût et des difficultés. Si, au contraire, les agents du contagium ne sont autre chose, comme beaucoup le croient et l’enseignent, que les êtres animés : les microbes, pour les appeler par leur nom, tout change : l’analyse chimique n’a pour ainsi dire plus de raison d’être, tandis que le microbiologiste et le micrographe deviennent les souverains arbi- tres de la situation; en outre, une simple filtration faite avec soin permet alors d’utiliser toutes les eaux courantes ou stagnantes, même les plus infectes au point de vue de l’odeur, du goût, de la saveur, etc. L’une et l’autre de ces deux théories ont eu et ont encore leurs défenseurs attitrés, parmi lesquels on compte nombre d’hygié- nistes éminents et de savants illustres, les uns et les autres étayant leurs arguments sur des observations et des faits dont nous résumerons et discuterons brièvement les plus importants, spécialement en ce qui concerne le choléra et la fièvre typhoïde, mais^sans négliger cependant ce que l’on sait de positif au sujet d’autres affections. Nous procéderons à cet exposé sans aucun parti pris, sans aucune idée préconçue, mais non sans le vif désir d’aider à l’élucidation de l’important problème dont nous venons d’exposer la nature, dussent nos conclusions heurter les opinions de savants que nous estimons ou admirons : Amiens Plato , sed mugis arnica veritas. Nous nous bornerons à indiquer brièvement les causes de con- tamination des eaux de surface et des eaux profondes, mais nous entrerons dans quelques détails au sujet des divers modes de 28 INTRODUCTION purification préconisés jusqu’ici : filtration, précipitation chimi- que, ébullition, etc., dont nous apprécierons la valeur pratique. Enfin, nous terminerons notre travail par un chapitre que nous consacrerons à la discussion et à l’interprétation des résultats de l’analyse et à la classification des eaux au point de vue hygié- nique, chapitre qui ne sera certes pas le moins intéressant de notre Traité d'analyse des eaux jetables. PREMIÈRE PARTIE ANALYSE CHIMIQUE CHAPITRE PREMIER APPAREILS» ET RÉACTIFS § Ier — Appareils. L’analyse scientifique, c’est-à-dire exacte et complète d’une eau douce, exige une installation sérieuse et un outillage assez coûteux, mais la détermination rapide, approximative par con- séquent, de ses caractères physiques et de sa composition chi- mique au point de vue hygiénique peut s’exécuter dans toutes les pharmacies et, a fortiori , dans tout laboratoire d’analyse, sans grande dépense du chef d’appareils et de produits ou réactifs. Pour le prouver à toute évidence ainsi que pour permettre à chacun de se rendre immédiatement compte de ce qui peut lui manquer sous ce rapport, nous allons indiquer ici tous ceux dont on peut avoir besoin au cours d’une analyse complète , mais nous mentionnerons succinctement, au § II du chapitre II, ceux qui sont nécessaires pour un essai rapide et pour une analyse suc- cincte. Afin d’éviter des répétitions et des longueurs inutiles, nous supposerons que l’on a à sa disposition le gaz d’éclairage et l’eau sous pression ; ceux qui seraient moins bien lotis sous ce rap- 30 ANALYSE CHIMIQUE port, remplaceront le gaz par l’alcool, les hydrocarbures liquides, le charbon, etc., et choisiront des appareils de chauffage en con- séquence; quant à l’eau, tout le monde peut facilement faire installer sous le toit de son habitation un réservoir d’eau de pluie, avec tuyau de conduite aboutissant au local où se trouve le laboratoire. Nous classerons les appareils en deux grandes catégories savoir : A Ceux d’usage courant et B Ceux dont on n’a besoin que dans des cas spéciaux et dont l’usage est, par suite, beaucoup plus restreint. A. — APPAREILS ORDINAIRES a) Pour les pesées : 1° Une balance Roberval ou autre d’une portée de 1,500 à 2,000 grammes, sensible à 10 centigrammes. Il faut s’adresser à un constructeur sérieux et n'accepter que des instruments bien construits et présentant toutes les garanties d’exactitude désirables. On la vérifiera, ainsi que les poids, en cuivre, d’après les indications ci-après. 2° Une balance de demi-précision, d’une force de 200 à 250 grammes, sensible au 1/2 ou au 1/4 de milligramme. Elle doit être renfermée dans une cage en verre, avec porte à contre-poids, vis calantes et niveau d’eau. Les couteaux et les plans seront en agate, les poids, ajustés avec soin, seront dorés ou platinés jus- qu’au gramme inclusivement, et en platine pour les subdivisions, sauf le milligramme, le 1/2 et le 1/4 de milligramme qui seront en fil d’aluminium et spiralés. On trouvera ce modèle chez tous les bons constructeurs, mais le prix en est très variable et peut atteindre jusque 350 à 400 francs. Nous signalerons tout particulièrement la balance que M. Sartorius, de Gôttingen, a bien voulu construire d’après les indications que nous avons publiées ailleurs (1). Elle est repré- sentée ci-contre (fig. 1) et ne coûte que 125 francs, poids non compris. Avec une règle à cavalier, du reste inutile et dans tous les cas fort mal construite jusqu’ici, le prix atteint environ 140 francs. Les plans, couteaux, etc., sont en agate et le support en cristal noir très épais. (1) Moniteur du praticien , année 1887, p. 259. APPAREILS ORDINAIRES 31 Les plateaux, qui mesurent 14 centimètres de diamètre et'sont assez éloignés des parois pour que l’on puisse aisément peser des tubes ou des appareils assez longs et assez larges, sont soigneu- sement platinés. La force de la balance est de 200 grammes pour chaque plateau et sa sensibilité de 115 de milligramme, ce qui Fig. i. est amplement suffisant, même pour la plupart des analyses de précision. Position et soins à donner à la balance. — Elle sera placée sur une console ou une cheminée et y calée dans une position tout à fait horizontale. On la tiendra aussi éloignée ou aussi à l’abri que possible du feu, des rayons directs du soleil, de la poussière et des trépidations de la rue, etc.; pour maintenir l’atmosphère 32 ANALYSE CHIMIQUE cle la cage en état de siccité, on placera derrière chaque plateau, contre la paroi postérieure, un vase assez large contenant de l’acide sulfurique concentré que l’on renouvellera aussi souvent que nécessaire. Essai de la balance. — On s’assure de l’équilibre des plateaux en tournant doucement et régulièrement vers la gauche le bouton du mécanisme d’arrêt : les oscillations de l’aiguille doivent être égales et l’arrêt doit se faire exactement au zéro de l’échelle. On place ensuite sur l’un des plateaux un poids de 200 grammes et sur l’autre une capsule ou un gobelet dans lequel on introduit de la grenaille de plomb, puis des fragments de feuille mince d’étain jusque parfait équilibre : si l’on change alors le poids et le vase de plateaux, l’équilibre ne doit pas être rompu, si les bras du fléau sont égaux. Pour apprécier la sensibilité, on ajoute sur l’un des plateaux un poids de 1/2 ou 1/4 de milligramme, puis on tourne le bouton d’arrêt : l’aiguille doit s’incliner, vers le plateau opposé, d’une ou plusieurs divisions de l’échelle. Essai des poids. — Est tout aussi indispensable que celui de la balance. Celle-ci étant au repos, on y procédera de la manière suivante et en prenant toutes les précautions qui seront indiquées ci-après pour les pesées. On pose sur l’un des plateaux, celui de gauche, par exemple (G), un poids quelconque : un gramme, je suppose, et sur celui de droite (D) un poids de 50 centigrammes, deux de 20 et un de dix, puis on examine si l’équilibre est ou non rompu. En faisant passer le premier poids de G en D et le remplaçant par celui de 2 grammes et ainsi de suite pour tous les multiples et tous les sous-multiples du gramme, que l’on compare 2 à 2, 3 à 3, un à plusieurs ou à tous, etc., etc., on doit toujours consta- ter une égale amplitude d’oscillations et l’arrêt de l’aiguille au 0. S’il y a écart, il ne doit jamais être supérieur à la fraction de milligramme (1/5 ici) qui représente la sensibilité de la balance. Pesées. — Pour déterminer exactement le poids d’un corps et conserver à la balance sa justesse et sa sensibilité, on devra observer les prescriptions suivantes : Placer toujours le corps à peser sur le plateau gauche et les poids sur le droit ou vice versa. APPAREILS ORDINAIRES 33 Ajouter ou ôter les poids de manière à resserrer constamment les limites entre lesquelles doit se trouver le poids réel de la substance que l’on pèse, en ayant soin de mettre la balance au repos chaque fois que Von veut ajouter ou retirer, soit un poids, si petit soit-il , soit une partie quelconque du corps à peser. Lorsque l’on possède une balance ordinaire, on abrège de beaucoup la durée des pesées en déterminant d'abord sur cette balance le poids approximatif du corps ou de la substance àpeser. Celle-ci ou celui-là devront toujours, sauf de très rares excep- tions, être placés dans un vase couvert et préalablement taré avec son couvercle : verre de montre, capsule, creuset, etc., et jamais posés directement sur le plateau. Les vases devront être séchés avec soin à l’étuve et refroidis dans l’exsiccateur à acide sulfurique; leur poids sera inscrit, une fois pour toutes, sur une feuille de papier ou de carton que l’on conservera dans le tiroir ou dans la cage de la balance. Lorsqu’il s’agit de résultats très précis portant sur des sub- stances hygroscopiques séchées à l’étuve, on doit faire au moins deux pesées et souvent trois, à intervalles de 10 à 15 minutes, pendant lesquels on reporte à l’étuve, puis dans l’exsiccateur, jusqu’à ce que le poids reste constant. Pour noter celui-ci, on compte d’abord les poids d’après les cases restées vides dans la boîte ou bien encore ceux qui n’ont pas été employés et on écrit le total sur une feuille de papier; on additionne ensuite, sans les retirer, les poids qui sont sur le pla- teau et on écrit leur somme à côté de la première. Si l’on a déter- miné celle-ci d’après les cases vides, les deux doivent être égales tandis que si Ton a opéré de la seconde manière, les sommes doivent correspondre à la totalité des poids dont on dispose. Quant au poids de la substance, il sera nécessairement égal au chiffre trouvé, moins la tare du vase dans lequel elle a été pesée. 11 ne faut jamais peser un vase ou un produit quelconque avant refroidissement complet à la température ambiante. On fera autant que possible usage, pour les filtres, de deux verres de montre rodés, maintenus l’un sur l’autre au moyen d’une petite pince ad hoc , ou encore d’un large tube fermé par un bouchon en verre rodé à l’émeri. Quant aux liquides, on les introduira tou- jours dans des flacons également bouchés à l’émeri. 3 34 ANALYSE CHIMIQUE Nous ne parlerons pas des pesées par substitution : lorsque la balance et les poids sont exacts, elles sont superflues; or, il est tout à fait inutile, à notre avis, d’aider les constructeurs à écouler leurs rossignols. b) Appareils «1e chaufftige : 1° Une étuve en cuivre ou en fonte à doubles parois, avec porte en verre munie d’une ventouse à lapartie inférieure. Un ou deux supports en toile métallique, à très larges mailles, sur lesquels on pose les vases, filtres, etc., à des- sécher, sont placés dans l’appareil à 4 ou 5 centimètres du fond pour le support inférieur et à 12-15 centimètres pour le supé- rieur. Nous nous servons depuis de longues années d’un modèle représenté figure 2 ci-contre et que l’on peut faire construire partout. Les dimensions intérieures sont les suivantes : 25 centi- mètres en largeur et en profondeur et 30 centimètres en hauteur, mais il va sans dire qu’elles peuvent être réduites ou augmentées à volonté. Les parois extérieures seront distantes de 5 centimètres environ des parois intérieures. On réglera l’arrivée du gaz au moyen d’un thermorégulateur, dont le plus simple et le moins coûteux est encore celui de Chancel, catalogué un peu partout APPAREILS ORDINAIRES 35 sou; le nom de Reichert (fig. 2, R.); un thermomètre allant à 200° G. environ, sera placé clans la seconde tubulure (£) ; 2° Deux ou trois brûleurs Bunsen avec leur support (fig. 3) ; on les choisit de préférence avec robinet réglant simultanément l’arrivée et le mélange d’air et de gaz et muni d’un tube veil- leuse t. La figure 4 représente un brûleur coiffé d’une “ tète de bec „ en éventail (e), excessivement commode pour le travail du verre; 3° Un chalumeau articulé (fig. 5) avec tubes à robinet pour introduction de l’oxygène ou de l’air sous pression (A) et de l’hydrogène ou du gaz d’éclairage (G). 11 est absolument indis- pensable pour les calcinations, le travail du verre, etc. Une lampe d’émailleur peut le remplacer lorsque l’on n’a pas de gaz à sa disposition ; 4° Un bain de sable (lig. 6), sorte de plat ovale en fer battu ou Fig. 3, Fig. 5 Fig. fi. 36 ANALYSE CHIMIQUE même en tôle de grandeur moyenne. La forme ovale est préférable parce que l’on peut mieux régler l’action de la chaleur en rappro- chant plus ou moins les vases des extrémités du bain ; 5° Un bain-marie. — Une marmite quelconque peut en tenir lieu. On fait découper dans une feuille de zinc, par le premier ferblantier venu, une série de rondelles ou cercles de diamètres variables, comme supports pour capsules, ballons, etc. Si l’on ne doit pas regarder à quelques francs, il est cependant préférable de se procurer un bain-marie à niveau constant. c) Appareil»* démesuré. — DDeuxÔMreffesde Mohrà robinet, d’une capacité de 50 cc. et graduées en 1/10 de cc. On doit les choisir et les vérifier avec soin. Voici les qualités que nous exigeons des nôtres : le 0 ou trait supérieur doit être placé à 5 centi- mètres au moins de l’ouverture et le trait 50 à une égale distance du robinet; celui-ci doit être tout à fait étanche, ce qui, entre parenthèse, n’arrive pas deux fois sur dix; le tube doit être calibré ou tout au moins gradué de telle sorte que le volume d’eau dis- tillée compris entre deux divisions quelconques soit identique à celui limité par deux autres divisions équidistantes et que le poids de 5, 10, 15, 50 cc. de ce liquide, déterminé à 15° C., ne soit ni inférieur ni supérieur de plus de 10 milligrammes à 4ïr996, 9,992, 14,988, 49,964. Il importe en outre de s’assurer au cours de chaque dosage, que la burette se vide bien, c’est-à-dire qu’il ne reste pas de gouttelettes plus ou moins volumineuses adhérant au verre; si cela arrivait, on devrait laver la paroi à la soude caustique alcoolique, puis rincer à l’alcool et à l’eau distillée et recommencer les dosages. Des erreurs très sérieuses sont souvent commises par suite d’inobservance de ces prescriptions. Flotteur d’ Erdmann. — Ce petit appareil représenté en F, figure 7, est excessivement commode pour les lectures : lorsqu’il est bien construit, on peut aisément apprécier le 1/50 de cc.; de plus, toutes les erreurs de lecture, si faciles à commettre autre- ment, sont absolument supprimées. On doit toujours lui faire donner exactement la forme indiquée par la figure, sinon la pointe peut s’engager, lorsque le liquide arrive au bas de la burette, dans la partie rétrécie e, où il s’encastre parfois si exactement qu’on ne APPAREILS ORDINAIRES 37 peut le retirer qu’en retournant la burette sens dessus dessous et soufflant fortement en p. Parmi les nombreuses formes de support imaginées pour les burettes de Mohr, celle que représente la figure 7 est une des Fig. 7. plus commodes que nous connaissions; il faut seulement exiger que les ressorts rr soient très forts et faire placer sur la face extérieure des pinces PP, un morceau de cuir ou de lame de caoutchouc. On trouvera ce support dans de bonnes conditions chez M. E. Greiner, à Stutzerbach, mais il faut insister pour obtenir le modèle à ressorts renforcés que nous y avons fait placer,, sinon gare au balottement des burettes! 2° Burettes à (jaz (fig. 36, M). — Une suffît. Elle doit mesurer 25 cc., et être graduée en 1/10 de cc.;son diamètre intérieur ne sera pas supérieur à 10 millimètres. On y fera joindre deux ou trois têts à gaz. 3° Eprouvettes graduées — On en prendra deux fermées à l’émeri (fig. 8) de 500 à 600 cc. de capacité et graduées de 5 en 38 ANALYSE CHIMIQUE 5 cc. plus 1 de 1,000, 1 de 250 et 1 de 100 (fig. 9); enfin, il est recommandé de se procurer également deux éprouvettes-tubes de 25 et deux de 10 cc. graduées en 1/10 de cc. et fermées à l’émeri (fig. 10); Fig. 8. Fig. 9. Fig. 10. 4° Pipettes. — Les unes seront jaugées, les autres graduées. Toutes seront vérifiées avec soin et rejetées si elles ne laissent pas écouler, à 15° G., le volume exact de liquide qu’elles doivent con- tenir ; on doit donc les jauger ou les faire jauger humides ou et if ; f" si . ^ V Ve 1 ! . J là Fig. U Fig. 12. Fig. 13. Fig. 14. mieux encore, à la fois à écoulement et à sec. Dans ce cas, deux traits, w et s, figure 12, indiqueront le volume exact correspondant APPAREILS ORDINAIRES 39 à chacune des deux formes de jaugeage. La partie a b devra mesurer au moins 10 et c d 15 centimètres, de manière que l’on puisse remplir lapipettepar aspiration, sans crainte de voir arriver le liquide dans la bouche et l’introduire dans un matras ou un ballon dont le col serait plus étroit que la partie renflée R. Les pipettes cylindriques auront la forme indiquée par les figures 11 et 13. La première sera réservée pour les pipettes d’une capacité inférieure à 20 c. c., la seconde pour celles de 20 c. c. ou plus. Les tubes-pipettes jaugés à un ou plusieurs traits seront préparés dans le laboratoire au moyen de tubes à gaz de diamètre convenable : 5 à 8 millimètres environ. Il suffit, pour cela, de couper dans un de ces tubes un morceau assez long pour faire deux pipettes et de l’étirer dans la flamme d’un bec Bunsen, comme l’indique la figure 14 : un trait de lime en sépare les deux pièces, que l’on jauge ensuite. Pour ce faire, on ferme la pointe dans la flamme ou encore avec un peu de cire à cacheter et on introduit dans le tube, par l’extrémité supérieure, un, deux ou plusieurs centimètres cubes ou fractions de centimètres cubes d’eau distillée, soit au moyen d’une burette de Mohr, soit avec une pipette graduée d’un petit volume. Deux pipettes jaugées à 20 et deux à 10 cc. suffisent; en fait de pipettes graduées, 1 à 25, 1 à 10 et 1 à 5 divisées en 1/10 de cc. et deux de 1 cc. divisées en 1/100 de cc., sont nécessaires. Elles pourront être, comme tous les autres vases du reste, utilisées pour les analyses microbiologiques. 5° lJ allons jaugés. — Un ballon de 1,000 cc. jaugé à deux traits et col étroit fermé à l’émeri (fig. 15) et un sans bouchon, 40 ANALYSE CHIMIQUE sont nécessaires. On doit en outre en posséder au moins deux de 500, et autant de 250, 100 et 50, les uns avec bouchon de verre, les autres sans. Tous devront avoir la forme indiquée par la figure 15, c’est- à-dire jaugés à sec et mouillés, et ce de telle sorte que le trait inférieur (jauge à sec) soit placé un peu au-dessus du ballon proprement dit, là où le col devient nettement cylindrique : plus bas, les lectures seraient difficiles; plus haut, l’espace libre entre le bouchon et le trait serait trop petit pour effectuer convenable- ment le mélange des liquides introduits dans les ballons. 6° Flacons compte-gouttes. — Les flacons compte-gouttes de la forme indiquée figure 10 et d’une capacité de 100 à 150 ce., Fig. lü. rendront de bons services. On en prendra une dizaine au moins, moitié en verre blanc et moitié en verre jaune, et on aura soin de bien graisser les bouchons et de les tourner de temps en temps si l’on ne se sert pas souvent des flacons. 7° Thermomètres et baromètre. — Deux ou trois thermomètres allant de 0 à 100, 200 et 300° G., le premier autant que possible divisé en 1 2 ou 1/5 de degré. Un tube barométrique ordinaire fixé sur planchette avec échelle en papier indiquant les divisions de 10 en 10 millimètres de mercure, suffit amplement, mais il est évident que si l’on peut se payer le luxe d’un instrument de grande précision, rien ne s’y oppose. cl) Objjcls divers en verre on en |>oreeIaine. — Quel- ques gobelets en verre mince de 100 àG00 cc., 1 ballon ordinaire à fond plat, d’une contenance de 1,000 à 2,000 cc. pour servir de pissette à eau froide et deux de 1,000 cc. environ, en verre d’épaisseur moyenne, une cornue tubulée de 150 à 200 cc. et une APPAREILS ORDINAIRES de 500 à G00, un serpentin avec réfrigérant pour monter l’appa- reil figure 39, faire les distillations, etc., deux ou trois douzaines de tubes à essai avec support et une ou deux douzaines plus grands (20 centimètres environ de longueur sur 1 7 millimètres de diamètre) et en verre plus mince, un support ordinaire, quel- ques tubes à gaz de 5, 6, 7, 8 millimètres de diamètre intérieur que l’on coupe à longueur voulue au moment des besoins, quel- ques agitateurs en verre plein et à bouts arrondis de longueur variable : 10 à 20 centimètres, et un de 40 à 50 centimètres, des' entonnoirs à filtration avec paroi intérieure cannelée de trois ou quatre dimensions, deux ou trois tubes en U (fig. 34, p. 59) et trois idem, mais plus grands, enfin quelques capsules en porce- laine de Bayeux de dimensions variables. e) Objets en pl.-itinc : l°une capsule avec couvercle (fig. 17), à Kig. 17. fond plat, mesurant environ 60 millimètres à la base et 70 en haut sur 40 de hauteur (contenance approximative, 125 à 130 cc.; poids, 50 à 55 grammes sans et 70 à 75 avec couvercle) ; 2° deux ou plusieurs petites capsules cylindriques, mesurant de 40 à 45 millimètres en diamètre et de 5 à G millimètres de profondeur (pour les évaporations dans le vide) ; 3° un creuset avec couver- cle, d’une contenance de 20 à 25 cc.; 4° une pince en nickel ou acier nickelé à bouts do platine coudés à angle droit et mors sur le plat; 5° une spatule flexible pour détacher les précipités des filtres, etc., et un fil court et gros, terminé en massue à une extrémité et monté sur manche en bois ou métal, pour servir d’agitateur, de pilon, etc. ; 6° 2 à 3 grammes de fil fin pour faire des spirales-ponce, des supports en boucle pour l’examen spec- troscopique, etc. f) Objets en mêlai divers. - Une capsule en nickel, de 2(30 à 250 cc. de capacité, pour chauffer, évaporer et fondre les alcalis caustiques, doser approximativement le résidu sec et le résidu 42 ANALYSE CHIMIQUE fixe; une ou deux pinces en nickel, pour capsules, creusets, etc.; un jeu de 12 perce-bouchons en cuivre; une lime dite “ queue de rat „, une triangulaire pour couper le verre, une plate pour mé- taux et demi-ronde pour le bois, les bouchons, etc. ; 3 ou 4 pinces de Mohr (fig. 34, page 59) : une trompe à eau soufflante et aspi- rante (fig. 18). g) Objet» cliver». — Une pince en bois pour tubes à essai, des tubes en caoutchouc de diverses grosseurs, des bouchons en caoutchouc pleins et à 2 et 3 trous, ainsi que des bouchons en liège souple et fin, les uns et les autres de diverses grosseurs» deux ou trois valets en jonc ou en paille et quelques triangles en Fig. 19. terre de pipe que l’on peut du reste préparer soi-même, quelques morceaux de tôle métallique pour interposer entre la flamme et le fond des ballons, capsules, etc., une petite meule en grès pour polir le verre, l’user, etc., des brosses cylindriques (fig. 19) de APPAREILS SPÉCIAUX 43 diverses grosseurs et longueurs, pour nettoyer les tubes, les éprouvettes, pipettes, burettes de Mohr, etc. B. — APPAREILS SPÉCIAUX. 1° Une etuvc à évaporation et dessiccation dans le vide (voir 3e partie, chapitre I, § I). 2° Une machine pneumatique ou une bonnepompeà fairele vide, avec baromètre tronqué et plateau détaché. Nous avons fait construire à Genève un baromètre à plusieurs voies (fig. 20) pouvant mesurer le vide dans plusieurs appareils. 3° Un colorimètre Zunc (fig. 21). — Cet appareil, très simple et peu coûteux (60 francs sans et 85 francs avec le spectroscope),se compose principalement d’un tube cylindrique T, représenté en coupe figure 22, et divisé en deux compartiments égaux, A et B, par une mince cloison ou lame métallique l et ouvert aux deux bouts, mais pouvant être fermé hermétiquement en bas au moyen d’un disque en verre D posé sur un cercle F soudé à la partie supé- rieure d’un anneau E à pas de vis, permettant de serrer le disque D contre le rebord inférieur du tube T par l’intermédiaire d’un an- neau en caoutchouc. Les deux compartiments A et B sont alors complètement isolés, mais ils peuvent communiquer avec le de- hors par la partie supérieure sur laquelle on pose, pendant les 44 ANALYSE CHIMIQUE observations, un disque de verre mince finement dépoli sur l’une de ses faces (l’inférieure) et par les robinets R, R', surmontés de deux tubes G et H gradués en 1/2 millimètre et destinés à mesurer la hauteur exacte du liquide dans le compartiment correspon- dant, hauteur que l’on peut faire varier par le jeu des robinets, mais dont le maximum ne peut être supérieur à 100 millimètres. Fig. 21. Unmiroir plan M (fig. 21), à double face, l’une en verre argenté, l’autre en porcelaine blanche, est fixé à genouillère sur un pied lourd P, portant une tige cylindrique G, le long de laquelle peu- vent glisser 2 anneaux an, an1, et une pince p destinés, celle-ci, au petit spectroscope à vision directe sp, ceux-là, à une loupe sans foyer L et au tube T; des vis de pression V, V1 et V* permettent de fixer ces différentes pièces à la hauteur voulue au-dessus du miroir. Pour faire usage de l’instrument comme colorimètre, on intro- duit le tube T dans l’anneau an, que l’on descend à 2 ou 3 cen- timètres environ du miroir M, dont la face argentée, convenable- ment inclinée et éclairée par une bonne lumière blanche, doit APPAREILS SPECIAUX 45 réfléchir également les rayons lumineux à travers les deux com- partiments A et B; tout étant bien disposé sous le rapport de l’éclairage et les robinets R et R1 étant fermés, c’est-à-dire dans la position indiquée par les figures 21 et 22, on remplit l’un des compartiments, toujours le même, A par exemple, avec le liquide à analyser, et l’autre, B, avec une solution colorée type servant de terme de comparaison ; on recouvre le tube T avec le disque en verre dépoli, on descend la loupe L presque contre ce disque et, mus jamais toucher au miroir pendant toute la durée de l’examen, on note l’aspect des deux demi-lunules dont la teinte est vue à travers la loupe. Si les teintes sont égales, l’opération est ter- minée, mais si elles sont distinctes, ce qui est généralement le cas, on ouvre le robinet correspondant à la teinte la plus foncée et on laisse couler le liquide jusqu’à égalité de teinte; on calcule, d’après la hauteur h de la colonne restante et les indications qui seront données chapitre III, §§ I et II, la quantité de substance à doser qui se trouve dans un volume déterminé du liquide introduit en A. Lorsque l’on veut employer l’instrument comme spectro-colori- mètre, ou même simplement comme spectroscope simple ou dif- férentiel, on place la loupe L dans la position qu’occupe le spec- troscope dans la figure et on amène ce dernier, par une rotation convenable de la pince p, au-dessus du tube T (supposé vide), 46 ANALYSE CHIMIQUE où on le dispose de telle sorte que la fente soit divisée en deux parties égales par le bord de la lame l; dans ces conditions, le spectre est également divisé en deux parties égales (fig. 23) par l’image optique de la susdite lame. Si maintenant l’on introduit Fig. 23 ' Fig. 24. un liquide actif dans le compartiment A par exemple, B restant vide, le spectre prendra l’aspect indiqué par la figure 24; celui que montre la figure 25 correspond à l’introduction dans le com- partiment B d’un liquide de même nature que le premier, mais moins concentré : les bandes d’absorption qui n’occupaient que la moitié A du spectre (fig. 24) l’assombrissent entièrement, mais plus faiblement en B qu’en A; enfin la figure 26 correspond au B Fig. 25. Fig. 26. cas où les compartiments A et B du tube T renferment des liqui- des actifs cle composition différente. Nous avons quelque peu insisté sur les usages de notre colori- mètre, parce que cet instrument rendra de précieux services non seulement dans l’analyse des eaux potables où il peut être appli- qué au dosage des acides nitreux et nitrique, de l’ammoniaque, du fer, du plomb, etc., et à la recherche des matières fécales, mais encore dans tous les cas, et ils sont nombreux, où les dosa- ges ou les recherches sont basés sur des comparaisons d’intensi- tés de teintes, la présence ou l’absence de spectres d’absorp- tion, etc. Ajoutons que dans ce dernier cas l’usage du miroir blanc est tout indiqué. 4U SpectroNcope. — Lespeetroscope à vision directe, dont nous venons de parler, est tout à fait suffisant pour les recherches courantes; cependant si l’on peut se payer le luxe d’un appareil APPAREILS SPECIAUX 47 horizontal complet, nous signalons tout particulièrement et même non sans quelque fierté le modèle que nous avons fait construire il y a environ deux ans par la Société cle construction d'instru- ments de physique à Généré. Cet instrument, qui est établi d’une manière absolument re- marquable — ceci dit à l’adresse des constructeurs — peut ser- vir à la fois comme spectroscope ordinaire et pour l’ultra-violet comme spectromètre, goniomètre de Babinet, réfractomètre sim- ple ou réfractomètre différentiel (oléoréfractomètre ou butyroré- fractomètre), instruments en lesquels il peut être transformé pour ainsi dire instantanément (on passe de l’un à l’autre en moins de 5 minutes , comme ont pu s’en convaincre les membres de la Société Chimique et de la Société d' Encouragement de Paris, des Sociétés Chimiques de Bruxelles et de Lille, ainsi que plusieurs savants auxquels nous l’avons montré depuis lors). En outre, son prix, 500 francs, n’est guère supérieur à celui d’un bon spectros- cope ordinaire, d’un oléoréfractomètre, etc., tandis que celui des divers instruments qu’il peut remplacer n'est pas inférieur à 1,500 francs environ, somme à laquelle il faut ajouter 2 ou 300 francs au moins pour les tables, supports, lampes, brûleurs, ro- binets de canalisation, frais de port, d’entretien, etc., alors qu’il suffit pour notre appareil d’une seule table, d’une lampe, d’un support pour les tubes ou les flacons et d’un brûleur Bunsen, que Von trouve partout, la hauteur de l’appareil ayant été calculée en conséquence et pour éviter tous frais inutiles. Nous ne pouvons en donner ici une description, même som- 48 ANALYSE CHIMIQUE maire, mais on nous permettra de l’y représenter, avec ses prin- cipaux accessoires, par quelques figures, dont plusieurs sont en- core inédites, savoir : Figure 27, page 47. — Coupe verticale passant par l’axe des lunettes; la moitié gauche de la figure est une semi-perspective, tandis que la moitié droite montre tous les détails du mécanisme. Figure 28. — Oculaire micromètre à réticule et tambour gra- dué donnant le 800e de degré ; il est accompagné d’une pièce de raccord (fig. 29) permettant de l’utiliser pour les mesures micro- métriques à faire au microscope, ce qui permet de réaliser, lors- qu’on s’occupe en même temps de microscopie, une nouvelle économie de 75 à 100 francs environ. Figure 30. — Cuve prismatique pour la détermination des in- dices de réfraction simples ou différentiels (cuve de 60°) et des angles différentiels ou valeurs oléoréfractométriques (cuve de 89°5 environ). Fig 30. Fig. 31. Figure 31. — Etuve à eau dans la cavité rectangulaire inté- rieure GC de laquelle on place les cuves (fig. 30) nécessaires aux APPAREILS SPECIAUX 49 déterminations réfrac tométriques, qui peuvent ainsi être faites à toutes températures égales, inférieures ou supérieures à la tem- pérature ambiante; cette étuve se place sur le plateau Pf(fîg. 27) au lieu et place du prime Pr et peut être chauffée au moyen d’une lampe quelconque placée sous le réservoir R. Figure 32. — Support pour les flacons rectangulaires F que nous employons pour l’étude des spectres d’absorption ; ces fla- cons sont fixés dans une pince P munie d’un pivot tournant dans une courte tige creuse p, de telle sorte que les rayons lumineux peuvent traverser successivement des couches de liquide dont l’épaisseur peut varier de 1 à 4 centimètres suivant que le flacon est parallèle, oblique ou perpendiculaire à la fente; une cuve mé- tallique à parois latérales fermées par des lames de verre et remplie avec une solution aqueuse saturée à froid d’alun potas- sique, est interposée entre le flacon et la source éclairante dont elle absorbe les rayons calorifiques. Figure 33. — Cuvette photographique montée sur un tube de raccord T. On l’introduit dans la lunette L (fig. 27), au lieu et place de l’oculaire Oc. La plaque sensible P repose sur 3 vis ca- lantes v disposées en triangle et y est maintenue immobile par les ressorts rr fixés dans le couvercle G. Un obturateur O, glis- sant dans une coulisse ad hoc , ferme hermétiquement l’appareil. 50 ANALYSE CHIMIQUE § II Réactifs. Nous les diviserons en réactifs simples, solides ou liquides, et en réactifs composés, toujours liquides, c’est-à-dire sous forme de solutions aqueuses titrées. Les premiers sont rarement préparés dans le laboratoire : on a plus d’intérêt à les acheter dans des maisons de premier ordre, mais il faut les vérifier avec le plus grand soin. L’eau pure doit cependant être préparée par l’analyste. Les quantités ou volumes deréactifsou de solutions à acheter ou à préparer varient nécessairement avec le nombre d’analyses que l’on peut avoir à effectuer journellement; il est donc extrêmement malaisé d’indiquer les dépenses à faire de ce chef, mais comme il est facile de se procurer assez rapidement la plupart des produits dont on peut avoir besoin, nous recommandons de limiter les acquisitions au strict nécessaire. Quant aux solutions titrées, il est préférable de ne préparer la plupart d’entre elles que par petites quantités : 500 à 1,000 cc. au plus, attendu qu’elles s’al- tèrent parfois très vite et presque toujours au bout de quelque temps. Enfin il ne faut pas perdre de vue que plus on prend de produits, plus il faut de vases et de place pour les mettre et chargent pour les acheter. Ceci dit, nous allons signaler et décrire ici tous les réactifs né- cessaires pour une analyse chimique complète d’eau potable. A. - RÉACTIFS SIMPLES 1° Liquides. — On achètera 1 kilogramme ou 1 litre de chacun des suivants : acides acétique cristallisable, azotique, chlorhy- drique et sulfurique concentrés purs, alcool absolu, alcool à 90° G., ammoniaque caustique concentrée pure, éther sulfurique à 65 \ 500 grammes acide sulfurique fumant, 250 grammes benzine cristallisable et 50 grammes acide nitrique fumant et phospho- rique sirupeux. Eau distillée à volonté. On préparera : de l’eau pure en redistillant celle de commerce après addition de 0.5 à 1 p. m. d’acide phosphorique sirupeux et de permanganate de potasse : quelques litres suffisent; des soin- REACTIFS SIMPLES 51 tions aqueuses d’hydrogène sulfuré, de sulfure d’ammonium, de sous-acétate de plomb ammoniacal, de chlorure de magnésie, sul- fate de chaux. 2 ‘Solides. — Tous doivent être achetés et dans un état de pureté aussi grand que possible. Voici les quantités moyennes : 2 à 5 grammes d’amidon, d’azotates d’ammoniaque et de cal- cium, azotite de potassium, brucine cristallisée, iodure de cad- mium ou de zinc, métaphénylène diamine, orangé Poirrier, phé- nolphtaléine, sulfate d’ammoniaque, sulfure de sodium, tournesol (extrait de). 10 grammes d’acétate de cuivre, acide phénique cristallisé, azotate de potasse, bioxyde de plomb puce, chaux caustique du marbre, chlorures ferrique, mercurique, platinique, zincique, chromate potassique, curcuma, ferri et ferrocyanure de potasse, permanganate de potasse cristallisé en aiguilles, sulfocyanure de potassium, urée pure. 25 à 30 grammes acide pyrogallique, azotate d’argent cristal- lisé, azotate d’urée, bicarbonate de soude, chlorure de calcium, iodure de potassium, magnésie blanche, oxalate d’ammoniaque, phosphate ammoniaco-sodique, sulfate d’alumine, sulfate ferroso- ammonique, sulfure de fer, verre filé, zinc grenaillé absolument exempt d’arsenic. 50 grammes acide oxalique anhydre (sublimé , chlorure de ba- rium, protochlorure de fer, chlorure de sodium, litharge, pierre- ponce en morceaux de la grosseur d’un bon pois, solution con- centrée de silicate de potasse ou de soude. 100 grammes acétate de plomb neutre, coton hydrophile à longue soie, savon aiuygdalin. 250 grammes chlorure d’ammonium, marbre blanc, mercure métallique redistillc, soude caustique du sodium. 500 à 1,000 grammes acide phosphorique anhydre et soude caustique à l’alcool ou à la chaux, mais alors très épurée. Du sable blanc pour bain de sable, 2 ou 3 mains de papier à filtrer blanc rapide, 3 paquets de 100 filtres ronds en papier Berzélius suédois, ne laissant pas de cendres à la calcination, c’est-à-dire lavés à l’HCl et à 1TIF1, du diamètre de 50, 70 et 90 millimètres. 52 ANALYSE CHIMIQUE B. — RÉACTIFS COMPOSÉS Plusieurs servant en même temps pour les recherches et les dosages, nous les grouperons d’après la nature ou l’espèce des principaux éléments, savoir : l’azote sous toutes ses formes, les matières organiques totales, les acides, les bases, les sels et les gaz. Le volume indiqué est généralement l’unité de mesure, soit 1.000 cc. mesurés à 15° C., mais il va sans dire, répétons-le, que l’on peut en préparer plus ou moins suivant les circonstances. a. — AZOTE NITREUX 1° Acide sulfurique dilué. — Si l’on peut se procurer de l’acide sulfurique chimiquement pur et surtout absolument exempt d’acides nitreux et nitrique, il suffit d’en verser douce- ment et en un petit filet 50 cc. dans un ballon en verre mince, contenant un égal volume d’eau pure, de laisser refroidir à l’abri de l’air et de conserver en flacon bouché à l’émeri. Mais comme il est rare que l’acide dit “ chimiquement pur „ du commerce ne contienne pas de composés nitreux (1), on doit l’étendre de 2 à 3 fois son volume d’eau distillée et chauffer le mélange au bain de sable, dans un ballon en verre mince placé sous une bonne che- minée, jusque apparition de vapeurs blanches abondantes. On purifie ainsi une centaine de grammes dudit acide dont la moitié est étendue de son volume cl’eau pure comme ci-dessus et dont la seconde moitié est conservée avec le plus grand soin, à l’abri do l’humidité et des poussières de l'air, pour la recherche de l’acide nitrique et la réaction de l’indol. . Additionné de 90 à 100 fois son volume d’eau pure, l’acide di- lué ainsi préparé ne doit pas bleuir parl’iodure de zinc amidonné, même après un contact de 50 à G0 minutes dans la lumière dif- fuse (sous l’action directe des rayons solaires, la réaction se pro- duit toujours au bout de quelques minutes, quelle que soit la pureté des produits). 2° Solutions titrée de nitrite alcalin. — On a recommandé (1) II nous a été absolument impossible de nous en procurer nulle part. RÉACTIFS COMPOSÉS 53 de faire usage, pour la préparer, de nitrite d’argent, produit que l’on se procure, dit-on, très facilement pur dans le commerce. Il est très regrettable que les auteurs auxquels nous faisons allu- sion n’aient pas cru devoir indiquer l’adresse de leur fournisseur, car il nous a été impossible d’en obtenir nulle part. En attendant ce renseignement... sous l’orme presque à coup sûr, nous avons recours au nitrite de potasse du commerce. Si ce sel était pur, 0?r224 (1) correspondraient à 100 milli- grammes A z’ O”, mais comme ce n’est jamais le cas, il faut en prendre de 0'r3 à CT4, que l’on fait dissoudre dans 1100 cc. en- viron d’eau distillée, solution dont on détermine le titre au moyen d’une liqueur récemment titrée de permanganate de potasse pur, contenant 0"3 158 du dit sel par litre (p. G3) et correspondant par conséquent à CF19 Az1 2 0!. On procède à cette opération de la manière suivante : 25 cc. de la dissolution de nitrite sont introduits dans un flacon d’une capacité d’environ 50 à 60 cc., et y additionnés de 1/4 de cc. acide sulfurique dilué ( 1 0 » ; on ferme immédiatement avec un bouchon en caoutchouc à un trou, dans lequel on a fixé un tube d’absorption (fig. 37) contenant 1 cc. de soude N/ 10 et 3 ou 4 cc. d’eau pure ; on agite, on laisse en repos pendant quelques instants, puis on enlève le bouchon, on introduit dans le flacon le contenu du tube d’absorption, puis on y laisse couler, centimètre cube par centimètre cube et en agitant après chaque (1) Le poids des sels, acides ou oxydes entrant dans la préparation des liqueurs titrées, étant basé sur la connaissance des poids atomiques ou des équivalents des corps simples, et les auteurs n’étant pas toujours d’accord sur ces valeurs, nous indiquons ici, pour éviter toute confusion, celles des dits corps dont nous aurons à nous occuper au cours du présent travail. Nous les empruntons à V Agenda du Chimiste, pour 1893, page 142, table 127, der- nière colonne ; elles sont, à peu de chose prés, identiques à celles que Frésénius indique dans la dernière édition de son Traité d'analyse quantitative. Lorsque l’équivalent diffère du poids atomique, nous le plaçons entre crochets à droite de celui-ci. Argent 107.7 Azote 14.0 Barium 137.0(68.5i Calcium 40 (20) Carbone 12 (6) Chlore 35 4 Cuivre 63 3(31 65) Fer 55 9 (28) Hydroge 1 Magné s"'24 (12) Mangau® 54.8(27.4) Oxygène 16 (8) Phosph® 31 Plomb 206.4 (103 2) Potassium 39.1 Sicilium28 (14) Sodium 23 Soufre 32 (16) Zinc 65 (32 5) 54 ANALYSE CHIMIQUE addition, la liqueur de caméléon contenue dans une burette de Mohr (fig. 7, p. 37), jusque coloration rouge faible persistante. On note le volume de permanganate nécessaire pour atteindre ce résultat, soit x , puis on recommence un second dosage iden- tique au premier, mais avec cette différence que l'on ajoute en une fois x — 1 cc. permanganate; on ferme le flacon et on agite • doucement jusqu’à ce que la décoloration soit complète, ce qui exige parfois quelques minutes, on ouvre et on ajoute du perman- ganate, goutte à goutte, en agitant continuellement, jusque légère coloration rouge faible, persistant pendant au moins quelques instants. Supposons qu’il faille, pour atteindre ce résultat, 14 cc. caméléon : la solution de nitrite correspond par conséquent à 107mgrs10 Az2 O3 par litre, au lieu de 100. On calculera comme suit la quantité d’eau à ajouter à x cc. de la solution, pour la ramener au titre exact : 107.16 : 100 : : 1000 : x, d’où z = 933 cc. 2; On remplit donc un ballon jaugé d’un litre avec la solution, on enlève 00""8 de celle-ci et on les remplace par un égal volume d’eau pure, on agite et on conserve pour l’usage dans un flacon en verre jaune bien lavé à l’eau pure. 3° Empois iotlo-cariniiqnc ou modification Bœttger du réactif classique de Tromsdorff. — Voici comment on peut, d’après M. le Dr Van Melckebeke, chimiste à Anvers, préparer ce réactif dans les meilleures conditions de sensibilité et de conser- vation. (Communication personnelle.) On délaie 1 gramme d’amidon dans environ 200 cc. d’eau pure, on ajoute 1 cc. HCl et on fait bouillir pendant une minute; on neutralise par du carbonate de chaux pur, on ajoute 10 gr. chlorure sodique et 0îr5 iodure de cadmium, on laisse refroidir, on complète le volume à 250 cc., par addition d’eau pure, on filtre et on conserve pour l’usage. 4° Kéactif de Gneiss. — Est employé concurremment avec le précédent et comme moyen de contrôle. On le prépare en dis- solvant 0?'o métaphénylène diamine pure et incolore, dans 50 cc. d’eau pure additionnés de 1/2 cc. HCl ou S O3 purs; on conserve en flacon jaune. La solution se colore à la longue, mais il suffit de la traiter par un grand excès de charbon animal pur pour la décolorer. REACTIFS COMPOSES 55 b. — AZOTE NITRIQUE 5° Solution «le brucinc. — On fait dissoudre à chaud 1 gramme de brucine dans 1000 cc. d’eau pure; on laisse refroi- dir et on conserve en flacons ordinaires. 6' Azotate potassique titre — On dissout 0'r936 du dit sel cristallisé pur, dans suffisante quantité d’eau pure pour faire 100 cc. On ajoute à 10 cc. de cette solution (que l’on conserve pour l’usage), 990 cc. d’eau pure; on obtient ainsi une liqueur titrée contenant 50 milligrammes Az? 0! par litre. C. — AZOTE AMMONIACAL 7° Réactif Kessler. — On fait dissoudre à chaud dans 200 cc. d’eau contenus dans un ballon de verre de 300 cc., 10 grammes iodure de potassium et 3 grammes bichlorure de mercure. Lors- que la dissolution est complète, on laisse refroidir et on ajoute goutte à goutte une solution saturée froide de sel mercurique, jusqu’à ce que le précipité rouge ne. se dissolve plus par agitation. On met de côté, pendant 24 heures, on filtre, on ajoute 35 grammes soude caustique pure (du sodium) dissous dans 70 à S0 cc. d’eau pure, on mélange, puis on ajoute de nouveau quelques cc. de solution mercurique (4 ou 5), on agite, on ferme et on met de côté, dans l’obscurité, pendant 3 ou 4 jours au moins, après quoi on filtre sur un tampon de soie de verre. Si l’on a bien suivi ces indications, le liquide est incolore ou à peine très légèrement jaunâtre. On le conserve en flacon jaune, fermé par un bouchon en caoutchouc traversé par un tube pipette, dont l’extrémité libre est obturée par une petite bourre de coton et dont l’extré- mité opposée porte un trait de jauge limitant un volume de 1,2 cc. 1 cc. de réactif Nessler, ajouté à 25-30 cc. d’eau pure, c’est-à- dire exempte d’ammoniaque, ne doit pas la colorer, même au bout de plusieurs heures. 8° Solution amnioniquc titrée.— On dissout 0,r314 AzH'Cl pur et sec, dans 500. cc. d’eau pure; cette solution mère con- tient 100 milligrammes AzIF. Pour l’usage on en prend 10 cc. 5G ANALYSE CHIMIQUE que l'on étend à un litre par addition d’eau pure, de manière à obtenir une solution contenant 0"'8r2 par litre : c’est la seule cfue l’on puisse utiliser pour les dosages colorimétriques. Le chlo- rure d’ammonium doit être complètement volatil et 50 cc. de la solution mère doivent précipiter exactement par 5cr9. azotate argentique déci-normal. 9° Acide siil('iici<|iic déci-normal. — On le prépare en ajoutant 900 cc. d’eau distillée à 100 cc. d’acide normal ci-après. 10" Acide sull‘(iriq*ie normal. — On verse avec précaution 45 à 46 grammes acide sulfurique monohydraté pur, dans envi- ron 1100 cc. d’eau distillée contenus dans un ballon en verre de Bohême, on laisse refroidir à la température ordinaire, on mélange bien puis on plonge le ballon dans l’eau froide, ou tiède suivant les cas, de manière à amener le liquide à 15° G. Dési- gnons-le par la lettre A. On dissout d’autre part 20 grammes chlorure barytique cris- tallisé pur, dans 175 à 180 cc. environ d’eau distillée, on ajoute 10 cc. HCl pur et on laisse refroidir. Nous désignerons cette solution par la lettre B. 50 cc. de A sont introduits dans une capsule en platine tarée avec son couvercle, chauffés au bain de sable jusque vers 95-96° G., puis additionnés, en remuant continuellement, de 55 à 60 cc., c’est-à-dire d’un léger excès de B. On éteint le feu, on couvre et on laisse en repos pendant au moins 4 à 6 heures, puis on décante dans un petit entonnoir de 4 centimètres de diamètre, dont la douille est obturée par une bourre de coton humectée d’eau distillée et assez serrée. Le liquide filtré est recueilli dans un tube d’essai contenant 1 cc. de B : aucun trouble ne doit se produire, même au bout d’une heure, sinon il faudrait recommencer l’opération en pre- nant un volume de B supérieur à celui indiqué ci-dessus. Lorsque tout le liquide de la capsule a été versé dans l'enton- noir, on traite le précipité par 10 cc. environ d’eau bouillante additionnée de 1/2 cc. HCl, on mêle avec soin au moyen de l’agi- tateur dont on s’est servi la première fois, on laisse refroidir, on décante dans l’entonnoir, puis on répète une seconde et même une troisième fois le lavage et, dans tous les cas, jusqu’à ce que le liquide filtré soit complètement volatil. Pendant toutes ces RÉACTIFS COMPOSÉS 57 manipulations, une partie du précipité a passé dans l’entonnoir, mais la plus grosse portion doit toujours se trouver dans la cap- sule; celle-ci est chauffée à l’étuve, doucement d’abord, plus for- tement ensuite, jusqu’à dessiccation complète. D’autre part, on retire, avec une pince fine, la petite bourre de coton de l’entonnoir, on la pose sur le couvercle de la capsule, puis, au moyen d’une seconde bourre trempée dans l’alcool et tenue avec une pince, on lave doucement mais complètement l’enton- noir et on reçoit le liquide trouble dans le couvercle ; on lave de même l’agitateur puis on place la seconde bourre dans le cou- vercle, on évapore l’alcool dans l’étuve à air, on sèche et on calcine à une douce chaleur, de manière à brûler entièrement le coton sans réduire le sulfate. Du reste, et pour plus de sûreté, il est recommandé de traiter le résidu par deux ou trois gouttes d’acide azotique nitreux, d’évaporer doucement sous la che- minée, sécher et calciner. On place alors le couvercle sur la cap- sule, on chauffe au rouge sombre pendant quelques instants, on fait refroidir dans l’exsiccateur et on pèse. Le poids du précipité, multiplié par 40 puis par 0’ '343348, donne le poids exact de l’acide sulfurique anhydre (SO:i) contenu dans 1000 cc. du liquide A. Supposons le égal à 41"625. On remplit de liquide A, un ballon jaugé de 1000 cc. préalable- ment rincé avec 20 à 25 cc. de ce même liquide et on calcule comme suit le volume à retirer et à remplacer par de l’eau distillée, soit 1000 - C —4^95—] ou 1000 — 9G0.9 = 39 cc 1 ; on mélange bien l’eau et l’acide et on conserve dans un flacon en verre blanc, lavé à l’eau puis rincé avec 20-25 cc. de l’acide titré normal. Les détails qui précèdent ne sont point superflus, la prépara- tion de l’acide sulfurique normal étant d’une importance capi- tale pour nous qui employons cet acide au titrage direct des solutions alcalines normales et déci-normales, et au titrage in- direct des autres acides; ils nous permettront du reste d’être beaucoup plus concis dans la description du modus fciciendi relatif aux autres liqueurs titrées. • 111 Soude normale — On introduit 45 à 46 grammes soude du sodium dans un ballon de 1 100 cc. contenant environ 1000 cc. d’eau distillée récemment bouillie et refroidie à l’abri 58 ANALYSE CHIMIQUE de l’CO2 de l’air, on ferme avec un bouchon en caoutchouc et on fait dissoudre en agitant de temps à autre; on laisse refroidir^ on ajoute encore 50 à GO cc. de la même eau, on agite forte- ment et à plusieurs reprises, et on porte à 15 ' C. 10 cc. de cette solution sont alors introduits dans un petit gobelet en verre posé sur une surface blanche devant une fenêtre bien éclairée, addi- tionnés d'une goutte de solution alcoolique mi-saturée de phé- nol phtaléine puis titrés par l’acide sulfurique normal que l’on verse d’une burette de Mohr jusqu’à disparition de la teinte rouge : la réaction est très nette et on ne peut plus sensible. On recommence un second et au besoin un troisième dosage en s’aidant des indications du premier, on note le volume exact d’SO’1 employé chaque fois, lequel volume doit être toujours le même ou différer tout au plus d’un demi dixième de cc , puis on détermine le titre exact de la liqueur sodique ainsi que le degré de dilution nécessaire pour l’amener à accuser exactement 40 grammes NaOH par litre. Remarque importante. — Le titre de la solution alcaline ne sera absolument exact que pour autant qu’elle soit entièrement privée de carbonate, la phénolphtaléine n’indiquant que la moitié de l’GO2 combiné qui peut se trouver dans la solution; or, comme il est presque impossible d’obtenir de la soude pure, c’est-à- dire non carbonatée, et qu’il est extrêmement difficile, malgré toutes les précautions prises, de la conserver pendant quelque temps sans qu’elle absorbe des traces .sensibles d’CO2, on devra ou bien la faire bouillir chaque fois, comme avec le tournesol, ce qui est très ennuyeux, ou bien vérifier le titre de temps en temps et opérer toujours, pour les titrages ultérieurs, de la même manière que pour fixer le titre. On a imaginé divers appareils pour conserver les solutions alcalines titrées; il en est d’excellents, mais la plupart ne peuvent guère être employés que dans les grands laboratoires o ii chaque liqueur a sa burette spéciale et un support parti- culier; ils exigent donc beaucoup de place et coûtent très chers. Le suivant rend les mêmes services et ne présente aucun de ces inconvénients. C’est, comme on le voit figure 34, un simple llacon ordinaire quelconque, fermé par un bouchon en caoutchouc à deux trous RÉACTIFS COMPOSÉS 59 portant deux tubes S et t coudés deux fois à angle droit et dont l’extrémité libre communique d’une part avec un tube en caout- chouc muni d’une pince de Mohr P et d’une pointe en verre effilée p, d’autre part avec un tube en U dont les branches A et B sont remplies de fragments de pierre ponce imbibés d’une solu- tion de soude caustique concentrée. Lorsque le flacon est rempli et fermé, on ouvre la pince P, on souffle doucement par t' et on Fig. 31. fait sortir un peu de liquide en p, puis on ferme P; le siphon SS une fois amorcé, fonctionne jusqu’à ce que le flacon soit vide. Il est seulement nécessaire, si l’on n’ouvre pas souvent la pince P. d’essuyer de temps à autre p et de laisser perdre un peu de liquide avant de recueillir celui dont on a besoin. 11 est recommandé de poser le flacon sur une planche en dessous de laquelle on mettra les burettes, dont le remplissage est ainsi plus commode. 12’ Solution alcaline «leci-nornialc. — Se prépare au moyen de la précédente dont on étend 100 cc. à un litre par addition d’eau distillée privée de CO2. 19° Solution «le carbonate .««nUque alcaline. — Soude caustique 10 grammes; carbonate de soude pur 20 grammes; eau distillée 100 cc. Faire dissoudre. GO ANALYSE CHIMIQUE d. — AZOTE ALBUMINOÏDE 14° Solution de pci'Hiiingnnntc alcalin. — On dissout 40 grammes soucie du sodium et 2 grammes permanganate de potasse dans environ 303 cc. d’eau pure, on chauffe à l’ébulli- tion pendant 10 minutes puis on verse la liqueur encore chaude dans un ballon de 250 cc., on laisse refroidir et on porte au volume indiqué par addition d’eau pure. La solution est conser- vée dans un flacon en verre jaune, fermant à l’émeri; le bouchon doit être vaseliné avec soin et déplacé de temps en temps pour l’empêcher d’adhérer au goulot. e. — ACIDES CARBONIQUE, PHOSPHORIQUE ET SULFURIQUE 15° Liqueur burytique sodée. — Voir chapitre V, § III, c. 1G° Mixture magnésienne. — On calcine au rouge vif 15 à 20 gr. de magnésie blanche, on laisse refroidir dans l’exsic- cateur, on pèse 7ST5 du produit ainsi obtenu et on les délaie dans 200 à 250 cc. d’eau distillée; on ajoute par petites portions à la fois environ 70 cc. HCl concentré pur, on fait dissoudre à une douce chaleur et en agitant fréquemment, puis on ajoute 150 grammes chlorure d’ammonium dissous dans 200 à 250 cc. d’eau distillée. On verse le tout dans un ballon d’un litre, on ajoute 250 à 300 cc. AzH3 concentrée pure (22° B") puis assez d’eau pour remplir le ballon, après quoi on mêle et on met de côté pendant » jours. Le liquide est alors décanté dans un entonnoir obturé par une bourre de verre filé et posé dans le goulot d’un flacon d’un litre que l’on ferme, aussitôt rempli, au moyen d’un bouchon en caoutchouc. En tenant compte des légères impuretés de la magnésie et du précipité qui se forme par le repos, on peut admettre que 1 cc. de cette solution précipite 25 milligrammes d’acide phosphorique anhydre. 17° Chlorure barytique acide litre. — On dissout 13 grammes du dit sel cristallisé pur dans 7 à 800 cc. d’eau distillée, on ajoute 50 cc. HCl concentré, puis suffisante quan- tité d’eau pour faire un litre à 15° C. 1 cc. de cette solution précipite exactement 5 milligrammes SO3 anhydre. 18° Acide siiltiiriqige IX/ 8. — 125 cc. acide normal sont RÉACTIFS COMPOSÉS G I additionnés do suffisante quantité d’eau distillée pour faire 1000 ce. à 15° G. 1 cc. de cette solution précipite exactement son volume de la liqueur précédente. f. — CHLORE 19°Azo«:ïtc d'argent «loci-Bnorinal — On dissout 19à20gr. de sel cristallisé pur et sec dans environ 1000 cc. d’eau et l’on amène la solution bien mélangée à 15° G. Nommons-la A. On dissout cl’autre part 5Br84 chlorure sodique pur et sec dans suffisante quantité d’eau distillée pour faire un litre à 15° G. Désignons cette solution par la lettre B. Enfin on prépare quelques centimètres cubes d’une solution aqueuse (G) de chromate neutre de potassium. On prend 25 cc. de B et on les introduit dans un gobelet en verre posé sur une surface blanche éclairée par un bec de gaz (on doit opérer le soir ou bien dans un cabinet noir), on y ajoute 2 à 3 gouttes de G puis on y laisse couler, au moyen d’une burette de Molir, d’abord 15 cc. de A en une fois puis, et en agitant après chaque addition, centimètre cube par centimètre cube, jusqu’à coloration rouge brun produite par formation de chromate d’argent après précipitation complète du chlore. On note le nombre de centimètres cubes employés pour atteindre ce résultat, soit x , on mesure exactement 50 cc- de A toujours maintenu à 15° G., on les introduit dans une capsule en platine tarée avec son couvercle, on chauffe doucement à l’étuve ou au bain de sable jusque vers 80-90° G., on éteint le feu, on ajoute 1 cc. acide azotique pur, puis, et en remuant conlinuellement au moyen d’une mince baguette de verre, 2 x cc. de B, on couvre entièrement, on laisse en repos jusque refroidissement et dans tous les cas jusque précipitation aussi complète que pos- sible du précipité au fond de la capsule, on décante dans un petit entonnoir comme il a été dit page 5G et en appuyant le bec de la capsule contre l’agitateur légèrement vaseliné, on lave avec de l'eau distillée chaude et acidifiée par l’acide azotique, on laisse refroidir, on décante de nouveau et aussi complète- ment que possible c’est-à-dire en martelant le précipité avec l’agitateur pour en chasser le liquide dont il reste toujours forte- ment imprégné. Gette petite manipulation, combinée avec l’em- ANALYSE CHIMIQUE 62 ploi d’un très petit excès seulement de chlorure sodique pour la précipitation, rend le lavage extrêmement rapide : 15 à 20 ce d’eau distillée employée en deux fois, suffisent généralement pour enlever toute trace de chlorure sodique. On procède à la dessiccation et à l’enlèvement du précipité passé dans l'entonnoir absolument comme pour le dosage de l’SO (page 57), avec cette seule différence que l’on emploie l’ammo- niaque au lieu de l’alcool pour le lavage de l’entonnoir et de l’agitateur, l’alcali volatil dissolvant aisément jusqu’aux moindres traces de précipité argentique retenues par le coton ou adhé- rentes au verre. La solution ammoniacale est recueillie dans le couvercle de la capsule et évaporée très doucement sous la che- minée; on sèche dans l’étuve à air, on chauffe la capsule et le couvercle isolément sur une petite flamme jusque commence- ment de fusion, on laisse refroidir dans l’exsiccateur et l'on pèse. Du poids trouvé, multiplié par 20 puis par 0.7526, on déduit la quantité d’argent métallique contenue dans 1000 cc. de A, soit, par exemple, ligr093. Le poids atomique de l’argent étant 107.7 ou 10s‘77 pour un litre de solution déci-normale, il suffit de procéder de la manière indiquée page 57 pour connaître le degré de dilution à employer pour amener A au titre exact, soit, dans le cas actuel, 29 C1 d’eau distillée à ajouter à 970' 9 solution A pour faire un titre de liqueur argentique dont 1 cc. précipite 0gl'00354 Cl et 0;r005S4 NaCl. Il reste maintenant à enlever le chlorure d’argent partielle- ment fondu, de la capsule et du couvercle. On y parvient aisé- ment en les. remplissant d’acide sulfurique très dilué, y ajou- tant quelques fragments de zinc et laissant réagir pendant une heure ou deux sous la cheminée ou en plein air; on jette le liquide, on lave, on traite à chaud par l’acide azotique mi- concentré, on verse la solution dans un vase quelconque où l’on recueille tous les résidus argentiques jusqu’à ce qu’on en ait assez pour les transformer en argent métallique. 20° Solution dcci-iiormule de rlilorurc sodique. — On la prépare au moyen du nitrate d’argent N/10 ci-dessus; le titrage se fait volumétriquement en présence de chromate potassique comme indicateur. I cc. précipite 0,r001077 Ag. De même que Ag N/10 sert à la préparation de la solution REACTIFS COMPOSES 63 sodique, de même celle-ci peut-être employée lorsqu’il s’agit de renouveler celle-là. On évite ainsi le dosage pondéral, toujours délicat et long, du chlorure d'argent. (J. — MATIÈRES ORGANIQUES 21° Solution centime d’acide oxalique. — On dissout 63 grammes acide oxalique cristallisé, ou, et beaucoup mieux encore, 45 grammes acide anhydre sublimé dans suffisante quantité d’eau distillée pour faire 1000 cc. à 15° G. Gomme on n’est jamais absolument certain de la pureté du produit, même en le préparant chez soi, on doit vérifier le titre de la liqueur soit en précipitant 10 cc. par le chlorure de calcium, soit en neutralisant par la soude caustique N/l à froid et en présence de phénolphtaléine. 10 cc. de liqueur oxalique N ci-dessus étendus de 990 cc. eau pure donnent la solution centime, que l’on ne doit préparer qu’au moment du besoin ou tout au plus 5 ou 6 jours avant. 22° Solution centime de caméléon. — On dissout 3t:r2 à 3gr3 permanganate potassique pur dans 100 cc. cl’eau pure, on mélange bien et on conserve dans un flacon en verre jaune fermé à l’émeri et lavé avec le plus grand soin. Au moment des dosages, on prend 10 cc. de cette solution et on les étend à 100 cc. par addition d’eau, on agite et on fixe le titre comme suit. 10 cc. de la solution oxalique N, 100 sont introduits dans une petite fiole d’Erlenmayer, y additionnés de 1 cc. S0:i 2 et chauf- fés au bain de sable vers 60° G.; on place alors la fiole sur une surface blanche bien éclairée et on y laisse couler centi- mètre cube par centimètre cube du permanganate jusque colo- ration rose permanente. On note le volume nécessaire pour atteindre ce résultat, soit x cc., on recommence un deuxième titrage en ajoutant en une seule fois x— 1 cc., agitant jusque décoloration puis laissant couler le permanganate goutte à goutte jusque coloration rose. Soit 9'°4 ou 94 cc. au lieu de 100.11 suffira donc d’ajouter 6 cc. d’eau à 91 cc. permanganate pour obtenir 100 cc. de solution N/100, correspondant exactement à 100 cc. acide oxalique de même dilution et contenant, par conséquent, 3Br 158 permanganate de potasse par litre. G 4 ANALYSE CHIMIQUE 11. — OXYDE DE CALCIUM ET CARBONATES ALCALINO-TERREUX 23° Solution titrée «l'oxalaic d'animoniaquc. — 20 cc d’acide oxalique normal sont additionnés de 3 cc. environ d’AzFP concentrée pure, puis d’eau distillée en quantité suffisante pour faire 1000 cc. à 15° G. Un centimètre cube de cette liqueur déco- lore exactement 2 cc. permanganate N/ 100 et correspond à 0‘r0056 CaO. 24° Acide chlorhydrique N/10. — On dilue à 1000 cc. par addition d’eau distillée, 100 cc. acide normal préparé au moyen de 100 cc. HCl pur (D = 1.21) étendu de 1000 cc. d’eau; on fixe le titre exact au moyen de soude normale et on contrôle au besoin par un titrage argentique (p. 62). i. — OXYGÈNE 25° Soluflioa» rcrreso-aauuBosiâquc. — On fait bouillir dans un ballon de jaugé 100 cc., 85 à 90 cc. d’eau distillée acidifiée par 1 cc. S03/o, puis on y fait dissoudre 4?,903 sulfate double de fer et d’AzH5 cristallisé pur et sec, on complète à 100 cc. par addition d’eau distillée, on agite, on ferme et on met de côté. Nous désignons cette solution par la lettre A. 26° SoluSIooa pci’inaBigauiquc. — On dissout 3ïr94S per- manganate pur dans suffisante quantité d’eau distillée pour faire 100 cc. et on conserve pour l’usage 2 cc. de cette solution additionnés de 98 cc. d’eau donnent 100 cc. de solution B, c’est-à-dire un volume suffisant pour une et même deux analyses. Pour le tiansport, on l’introduit dans un flacon en verre jaune fermant à l’émeri. Lorsque les sels sont purs et les liquides mesurés exactement, la solution A doit décolorer cinq fois son volume de B, ce dont on s’assure en versant 5 cc. de A dans un gobelet en verre posé sur un morceau de papier blanc bien éclairé, y ajoutant 2 cc. SO% puis de la solution B jusque coloration rose ou rouge clair persistante. On ramène, s’il y a lieu, au titre exact par dilution ou concentration convenable de A, de telle sorte que 1 cc. cor- responde à 5 cc. B et par suite à un milligramme d’oxygène. Remarques. — a) La solution concentrée du sel de fer peut se RÉACTIFS COMPOSÉS 05 conserver pendant quelque temps, sans altération sensible, dans un flacon jaune fermé à l’émeri. b) Nous avons supposé jusqu'ici que le sel ferreux était pur. Dans le cas contraire, on détermine son titre soit en dosant direc- tement le fer par précipitation ou calcination, soit indirectement par la solution permanganique dont on fixe le titre par l’acide oxalique N 100. Il suffit d’inscrire les résultats sur le flacon dans lequel on conserve le sel de fer à l’état solide pour éviter à l’avenir tout nouveau titrage. 27° Soude caustique. — On dissout 25 grammes soude du sodium dans suffisante quantité d’eau distillée pour faire 100 cc. et on conserve dans un flacon fermé au caoutchouc. 5 CHAPITRE II OPÉRATIONS l'RÉLIIUlIV AIISIS § Ier. — Prélèvement, transport, etc., des échantillons. Les résultats de l’analyse d’une eau donnée et la valeur du juge- ment auquel ils servent de base tant au point de vue hygiénique qu’à tout autre: industriel, scientifique, etc., étant pour une bonne part sous la dépendance des règles auxquelles doit être soumise la prise d’échantillon, nous estimons nécessaire d’entrer dans quelques détails au sujet des précautions à prendre pour que le liquide soumis à l’examen présente aussi exactement que faire se peut tous les caractères et la composition de Ta masse dans laquelle il a été puisé. 1° Vases à employée — L’eau doit être recueillie dans des flacons en verre blanc, neufs et, si possible, fermés à l’émeri; cependant on peut fort bien, à défaut de semblables vases tou- jours assez coûteux et parfois difficiles à se procurer, faire usage de bouteilles en verre blanc, neuves, et fermées avec un bouchon en liège fin, souple, élastique, non rugueux, ni fissuré ou cre- vassé. 2° Contenance des flacons. — Dans la première édition de cet ouvrage, nous recommandions spécialement, en raison sur- tout de la facilité avec laquelle on peut se les procurer partout, les bouteilles ou les flacons d’un litre. C’est encore ceux ou celles que nous employons de préférence lorsqu’il s’agit d’analyses hygiéniques rapides, lesquelles peuvent être aisément conduites à bonne fin avec un semblable volume d’eau. Mais lorsqu’il sera question d’analyses scientifiques ou même d’analyses courantes plus complètes, on devra faire usage de vases de plus grandes dimensions : deux ou plusieurs litres, suivant les circonstances. 3° Nettoyage de.*» flacon*» — On a recommandé de laver les bouteilles soit à l’eau acidulée par l’acide chlorhydrique (1), soit (1) Rapport du Congrès international d’hygiène , Bruxelles, 1885, p. 87. OPERATIONS PRELIMINAIRES 07 avec une solution de permanganate de potasse additionnée d’acide sulfurique (l) dans le but de détruire les matières orga- niques adhérentes au verre. On doit naturellement rincer le vase à l’eau distillée ou avec l’eau à analyser jusque disparition de toute trace de permanganate ou d’acide. Lorsque l’on doit procéder à des recherches ou à des dosages précis, les précautions les plus minutieuses doivent être prises, aussi ne pouvons-nous qu’approuver dans des cas semblables les recommandations faites par M. Lajoux. Mais lorsqu’il s’agit d’essais rapides ou d’analyses approximatives, il est inutile de s’astreindre à de telles manipulations : un lavage soigné intus et extra des flacons avec l’eau même que l’on doit examiner suffît ; c’est aussi, du reste, le seul que l’on puisse prescrire, attendu qu'il est très rare que le chimiste soit appelé à prélever lui-même l’échantillon, qu’il reçoit au contraire presque toujours en même temps que l'avis ou la demande d’analyse. 4U Volume d’eau nécessaire à l’analyse. — Un litre d’eau suffît pour un essai rapide, mais une analyse approximative sérieuse en exige deux. Pour les recherches spéciales, une analyse scientifique, etc., il en faut davantage : 4 litres et plus, suivant une foule de circonstances et surtout en raison de la plus ou moins grande pureté des liquides et de la nature des éléments à rechercher ou à doser. Les eaux de sources, de lacs, de pluies, celles provenant de la fonte des neiges, des glaciers, etc., sont généralement très pauvres en matières organiques et en sels : leur analyse complète néces- sitera par conséquent un volume de liquide beaucoup plus consi- dérable que celle des eaux de pluie, de fleuves, de canaux, etc. Enfin, il peut être nécessaire de procéder à la recherche de cer- tains éléments anormaux : arsenic, iode, brome, fluor, etc., etc., dont on soupçonne la présence ou dont l’existence ou l’absence doivent être démontrées. Dans ces diverses circonstances, il sera nécessaire de disposer de quantités souvent énormes de liquides : des centaines et même parfois des milliers de litres. Mais ce sont là, évidemment, des cas tout à fait exceptionnels, (1) H. Lajoux, Recherches et documents du laboratoire muDicij aide Rems, 1889, p. 11. os ANALYSE CHIMIQUE et l’on peut dire qu’en règle générale 10 litres d’eau suffisent à toutes les recherches. 5° Prélèvement de récliaiitilloii. — Où et comment doit- on recueillir l’eau à analyser? La réponse à cette double question est relativement complexe; elle dépend, en effet, non seulement des lieux, mais encore du but que l’on se propose. Veut-on, par exemple, déterminer la valeur hygiénique d’une eau de pluie, de citerne, de fontaine, d’étang, de rivière ou de canaux employée à la consommation journalière d’une ou plu- sieurs familles? On devra alors se baser rigoureusement sur le principe suivant : L’eau à examiner doit être en tous points identique à celle dont on fait journellement usage et, par conséquent, puisée exactement de la même manière. C’est donc à tort, selon nous, que certains auteurs recomman- dent de laisser couler des tuyaux de pompe ou de robinets, une grande quantité d’eau : 10, 20, 50 litres et même plus avant de recueillir celle qui doit être envoyée au laboratoire, les consom- mateurs n’ayant pas l’habitude de perdre leur temps et même leur... eau dans de telles conditions. Mais il peut se faire toutefois que semblables précautions de- viennent nécessaires : par exemple, lorsque l’on doit procéder à l’examen de l’eau d’un puits, d’une citerne ou d’une canalisation dont on ne s’est plus servi depuis quelque temps. Il est évident qu’il faudrait alors rejeter d’abord toute l’eau qui a séjourné dans les tuyaux, de telle sorte que l’on puisse considérer comme nor- male celle que l’on recueillerait ensuite pour l’examen. Le ou les flacons, préalablement lavés et rincés à plusieurs reprises avec l’eau à analyser, seront remplis directement et aussi complètement que possible, c’est-à-dire de telle sorte que le bouchon affleure le liquide; si le remplissage direct était impos- sible, on ferait usage d'un second vase, gobelet, tasse, louche, etc., également lavés de la même manière et avec le même soin que les flacons. Lorsqu’il s’agit de puiser directement l’eau dans une fontaine, une rivière, un étang, etc., on doit prendre toutes les précautions nécessaires pour ne point toucher le fond ou remuer la vase qui pourrait être déposée sur le lit du cours ou du réservoir. OPERATIONS PRELIMINAIRES Tous les auteurs recommandent également, et avec raison semble-t-il, de plonger le flacon entre deux eaux, le goulot étant dirigé vers l’amont; il y a lieu, cependant, de faire remarquer qu’en agissant ainsi, on s’écarte toujours plus ou moins du prin- cipe énoncé plus haut. Enfin, on puisera toujours l’eau au même endroit que le public et non au-dessus ou en-dessous, ainsi que nous l’avons vu faire, sous prétexte que le liquide était moins agité ici que là. Il est évident que le modus faciendi devrait être tout différent s’il s’agissait de déterminer les caractères et la composition d’une ou plusieurs sources, rivières, nappes souterraines, d’un ou plu- sieurs fleuves, lacs, étangs, canaux, etc., destinés à alimenter ultérieurement, en eau potable, soit une ou plusieurs villes, soit une ou plusieurs agglomérations. Dans ce cas, il serait absolument indispensable non-seulement de s’entourer de toutes les précautions les plus minutieuses, mais encore de procéder au prélèvement de nombreux échantillons près du fond ou de la surface, au milieu, sur les bords, etc., en divers points du cours d’eau ou du réservoir et à diverses époques, surtout pendant les périodes de grande chaleur ou de grand froid, avant, pendant et après les orages ou les pluies pro- longées. Enfin, on se conformera en outre, dans l’occurrence, aux indications dû § 7 ci-après. 6° Fcruicturc des flacons. — Quel que soit le bouchon employé, verre ou liège, chaque flacon sera recouvert d’un capu- chon en papier parchemin trempé dans l’eau à analyser ou dans de l’eau distillée, fortement tendu et fixé au moyen d’une ficelle blanche sur le goulot de la bouteille. Lorsqu’il y aura lieu de prévoir des contestations ou en cas d’expertises judiciaires, etc., les bouts de cette ficelle seront réunis et fixés sur le bouchon au moyen de cire à cacheter sur laquelle on appliquera un cachet ou timbre donnant à l’échantillon le caractère d’authenticité exigible. A l’Observatoire de Montsouris, chaque flacon est enfermé dans une boîte en bois. C’est un luxe de précaution que l’on 11e peut critiquer, mais qui doit être cependant proscrit de la pra- tique courante, celle-ci ne comportant absolument que le strict nécessaire. 70 ANALYSE CHIMIQUE Les bouclions de liège, nous l’avons dit déjà, doivent être neufs, souples et compacts; il est recommandé de les tremper pendant quelques minutes dans l’eau à examiner avant de les employer. Ils ne devraient jamais, comme on Fa conseillé, être recouverts de cire : c’est inutile, le papier parchemin suffisant, et ce peut être nuisible ou occasionner des erreurs. Nous en dirons autant du parafmage des bouchons de verre, recommandé par Sutton et admis par presque tous les auteurs. 7° Renseignements particuliers. — Les échantillons seront, autant que possible, accompagnés d’une note indiquant la température de l’eau au moment du puisage et à différentes heures de la journée, son aspect, son odeur et sa saveur au moment même du puisage, la nature, les dimensions — et surtout la profondeur, — le revêtement, la situation, soit isolée, soit au sein d’une agglomération d’habitations ou à proximité d’une fosse d’aisance, d’un égout, etc., du réservoir (puits, citernes, fon- taines, etc.), le jour et l’heure du prélèvement, la localité, la nature du sol, la durée et le degré de la ou des périodes de sécheresse ou de pluie, d’orages, ainsi que le temps écoulé depuis la dernière perturbation atmosphérique prononcée. S’il s’agit d’un cours d’eau, rivière, fleuve, canal, etc., on indiquera en outre et aussi exactement que faire se peut, les divers terrains : rocheux, sablonneux, argileux, calcaires, etc., que traverse ce cours d’eau, ainsi que ses principaux affluents, avant d’atteindre l'endroit où l’on prélève les échantillons; le nombre, l’espèce et l’importance des industries ou des agglomérations qui peuvent le contaminer ou le polluer, son débit, la nature et l'intensité de la végétation sur ses rives, sa faune et sa flore microscopiques, la vitesse d’écoule- ment, l’aspect de son lit, l’étiage, l'état sanitaire des populations qui boivent ses eaux, etc., etc. En un mot, on s’entourera de tous les renseignements de nature à permettre une appréciation raisonnée non-seulement dans le présent, mais encore dans l’avenir, et l’on ne perdra jamais de vue qu’il suffit bien souvent d’un accident tout passager pour modifier considérablement les caractères et la composition d’une eau qui, dans les circonstances ordinaires, eût pu être considérée comme bonne, passable ou mauvaise. 8° Envoi ou transport des échantillons au labora- OPERATIONS PRELIMINAIRES 71 toii'c. — Le transport cle l’eau au laboratoire doit s’effectuer aussi rapidement que possible; si l’on doit faire l’expédition par chemin de fer, il est indispensable de recourir au tarif de grande vitesse et de s’arranger de telle sorte que le transport s’effectue autant que possible la nuit, tout au moins pendant les grandes chaleurs. En outre, les flacons ne seront remplis qu’à un moment aussi rapproché que possible du départ ou de la remise à la gare d’expédition. L’emballage devra être surveillé avec soin pour éviter le bris des vases; le mieux est de les enfermer dans une caisse en bois ou dans un panier de dimensions convenables, renfermant du son ou de la sciure de bois que l’on tasse bien tout autour. 9° Réception «les échantillons. — Aussitôt que le colis arrivera au laboratoire, on en retirera les flacons et l’on consta- tera leur état et leur fermeture; il sera fait mention au registre d’analyses des observations que cet examen pourrait suggérer, ainsi que des renseignements contenus dans la note qui accom- pagne le flacon ou inscrits sur les étiquettes. 10° Conservation de l'eau. — Si l’on n’était pas en mesure de commencer immédiatement l’analyse, il faudrait conserver les échantillons dans un endroit frais et à l’abri des rayons directs du soleil : dans une cave, par exemple, mais il- ne faut pas oublier que tout retard est préjudiciable à l’exactitude des résultats et à la justesse des appréciations à émettre, le temps modifiant toujours plus ou moins les caractères et même la composition de l’eau : certains éléments se précipitent ou disparaissent, lente- ment, il est vrai, lorsque les vases sont bien fermés, mais cepen- dant d’une manière parfois très prononcée, surtout si toutes les précautions nécessaires n’ont pas été bien prises. Afin de faciliter les déterminations et les recherches ultérieures, nous conseillons, surtout si l’on doit retarder l’analyse, de remplir avec le contenu du ou des flacons préalablement agité, une ou plusieurs éprouvettes cylindriques de 500 à 600 cc. (p. 37); on fermera avec soin et on mettra de côté. Les matières en suspen- sion se précipitent en tout ou en partie, pendant le temps qui devra s’écouler avant de commencer l’analyse : ce sera donc 72 ANALYSE CHIMIQUE autant de gagné; de plus, on pourra noter de suite l’aspect, la couleur, la saveur et, au moins approximativement, l’odeur du liquide, toutes -choses qui n’exigent que quelques instants. § II. — Synopsis des opérations à exécuter et marche à suivre pour l’analyse chimique méthodique des eaux potables. A) ESSAI RAPIDE. a) Outillage. Volume d’eau nécessaire : un litre. Durée approximative de l’examen : 40 à 50 minutes, rarement plus, lorsque l’on a tout sous la main, bien entendu. Appareils. — Brûleur Bunsen, bain de sable, étuve, balance ordinaire, 2 éprouvettes cylindriques graduées ou non de 500 à 600 cc., aussi étroites que possible, 6 tubes d’essai, mesurant 17 à 18 centimètres de long sur 14 à 15 millimètres de diamètre intérieur, 1 ou 2' matras de 50 à 60 cc., 1 ou 2 capsules en porcelaine, 1 en nickel de 250 à 300 cc., 1 appareil à absorption (fig. 37), quelques tubes pipettes préparés et jaugés dans le laboratoire même, 1 burette de Mohr à robinet et support, 1 ballon jaugé de 100 cc. et 1 éprouvette graduée idem. Réactifs. — Acétate de plomb ammoniacal, acide chlorhydrique pur, acide sulfurique N/2 (p. 52) et N/10 (p. 56) azotate de chaux, bicarbonate de soude, brucine (p. 55), carbonate de magnésie, carbonate sodique alcalin (p. 59), chlorure ferrique, chlorure so- clique, curcuma, empois iodo-cadmique (p. 54), éther sulfurique, hydrogène sulfuré, mixture magnésienne (p. 60), nitrate d'ammo- niaque, nitrate d’argent (p. 61), nitrate de potasse, orangé Poir- rier, papier à filtrer, permanganate de potasse alcalin (p. 60) et solution titrée de caméléon (p. 63), pierre ponce, réactif Nessler (p. 55), silicate de potasse, sulfate d’ammoniaque, sulfate d’alu- mine, sulfate de chaux et tournesol. ESSAI RAPIDE 73 b) 'Déterminations diverses. 1° Caractères organoleptiques. — Aspect, couleur, odeur, saveur, réaction et sensation gastrique (chapitre III). 2° Éléments anormaux. — Recherche et appréciation immé- diate de la présence et des proportions des éléments anormaux : acides nitreux et nitrique, ammoniaque, azote albuminoïde, hy- drogène sulfuré, plomb, zinc, sulfocyanures alcalins, fer, matières organiques, magnésie (chapitre IV). 3'’ Recherche de l’acide phosphorique et dosage approximatif des carbonates, sulfates et chlorures. Elles s’exécutent dans l’ordre suivant et en tenant compte des observations que voici : Caractères organoleptiques. — Un aspect trouble, une colora- tion et surtout une odeur prononcées, une saveur nauséeuse, doivent faire rejeter l’eau sans autre examen. Même observation en ce qui concerne l’alcalinité ou l’acidité prononcées. Analyse chimique. — On recherche directement l’hydrogène sulfuré libre ou combiné, l’acide nitreux, l’AzEP, l’azote albumi- noïde et les sulfocyanures : leur présence nettement constatée rend toutes autres recherches inutiles. On évapore l’eau au dixième et on recherche le plomb et le zinc. S’ils existent, l’eau est condamnée. On recherche ensuite et directement l’acide phosphorique, le fer et la magnésie. Pour l’appréciation des résultats, voir IVe partie, chapitre IV. On dose les matières organiques par le permanganate, le chlore et l’acide sulfurique par l’aspect des réactions des sels argen- tiques et barytiques, les carbonates par l’ébullition ou l’SO:î N/ 10 enfin on détermine approximativement le résidu fixe. Pour tous les détails relatifs aux diverses manipulations à exé- cuter, consulter les chapitres III et IV ci-après. 74 ANALYSE CHIMIQUE B. — ANALYSE APPROXIMATIVE. a) Oui Volume d'eau nécessaire : 2 litres. — Durée de l’ analyse : -2 à 3 heures environ. Appareils. — Ceux indiqués en A pour l’essai rapide; on y ajoutera une burette de Mohr en plus, une capsule en platine avec son couvercle (encore n’est-ce pas indispensable), une ou deux éprouvettes graduées en centimètres cubes, les vases nécessaires pour la préparation des liqueurs titrées et deux ou trois gobelets en verre mince. Béactifs. — On prendra, en plus de ceux mentionnés en A, les so- lutions décrites sous les litt. 6, 11, 12, IG, 17 et 21 à 25, pp.35à 64. b) Déterminations. Caractères organoleptiques. — Gomme en A. On y ajoutera le poids au moins approximatif des matières en suspension. Analyse chimique. — Gomme en A, mais on procédera en outre au dosage approximatif de l’AzIL, des acides nitreux et nitrique, de l’azote albuminoïde, du fer, de la magnésie, de l’acide phos- phorique et de l’acide silicique. Les quatre premiers seront dosés directement, les trois autres après concentration de l’eau au 1 5 de son volume, le dernier dans le résidu fixe. On dosera ensuite exactement ou à peu près le résidu fixe, l’acide carbonique fixe, le carbonate de chaux, le chlore et l’oxy- gène par les procédés décrits au chapitre V, §§ II, Ilh/, IV, X et XVII ; et approximativement, l’acide sulfurique et la chaux. Les dosages ou recherches autres que ceux dont il vient d’être parlé ne doivent être exécutés que sur demande ou dans des cir- constances spéciales que chacun appréciera. Ainsi, par exemple, il ne peut jamais être question, lorsqu’il s’agit d’établir une dis- tribution d’eau dans une ville, une commune, une caserne, etc., etc., d’une analyse approximative pas plus que l’on ne pourrait se contenter d’un simple dosage d’azote albuminoïde ou de ma- tières organiques si l’on avait à se prononcer sur la contamina- tion d’une eau par des matières fécales; dans le premier cas, on devrait nécessairement procéder à une analyse complète, tandis que dans le second la recherche des matières dont il s’agit s’im- poserait (chapitre IV, § VII). CHAPITRE III CARACTÈRES ORGANOLEPTIQUES ET PHYSIQUES On agite fortement l’échantillon, on en prélève ensuite 50 à 100 cc. ou plus s’il y a lieu, et on les introduit dans une éprou- vette, un verre conique ou un tube analogue à ceux représentés figure 35 ci-dessus. On laissera en repos pendant 12 à 24 heures, en ayant soin d’imprimer de temps à autre quelques légères secousses au tube ou même de frotter la paroi intérieure avec un agitateur, de manière à activer la chute des particules en suspension ou déjà fixées contre la paroi. Les caractères macroscopiques et le volume au moins approximatif du dépôt seront notés, puis on procédera, s’il y a heu, à son analyse chimique et microscopique (2e partie). Pour apprécier la teinte de l’eau ainsi que l’intensité de colo- I. — ASPECT. S Fig 35. II. - COULEUR. 76 ANALYSE CHIMIQUE ration, on fait usage d’une éprouvette cylindrique de 5 àGOO cc. que l’on remplit et que l’on pose devant une fenêtre, sur une sur- face blanche, à côté d’une seconde éprouvette de même forme et de même contenance remplie d’eau distillée. III. - ODEUR. On remplit presque complètement d’eau à analyser un ballon de 50 à 60 cc., préalablement lavé à plusieurs reprises intérieu- rement et extérieurement avec de l’eau distillée, on ferme avec un bon bouchon en liège neuf, on le plonge pendant 3 ou 4 minu- tes dans un bain-marie chauffé à 50-60 C, on le retire, on l’essuie, puis on le débouche brusquement et on place aussitôt le nez au- dessus du col : les gaz accumulés dans l’espace resté vide sous le bouchon contiennent la plus grande partie sinon même la tota- lité des substances odorantes et affectent vivement l’organe olfactif, lequel perçoit ainsi la plus légère odeur. Le procédé suivant, particulièrement applicable aux eaux sup- posées contaminées par des matières fécales ou par des sub- stances animales en voie de décomposition, peut aussi être recommandé. On ajoute à 40 ou 50 cc. d’eau, contenus dans un petit ballon analogue au précédent, 10 cc. environ d’éther sulfurique à 65". puis on agite fortement et à plusieurs reprises; l’éther se sépare après quelques instants de repos et est ensuite aspiré au moyen d’une petite bandelette de papier à filtrer sur lequel se fixent les matières odorantes, dont on peut ainsi reconnaître des traces aussitôt l’éther évaporé. IV. - SAVEUR. Pour apprécier convenablement la saveur d une eau, on s’en rince la bouche à deux ou trois reprises, puis on la “ déguste „. L’interprétation judicieuse des sensations perçues exige un petit apprentissage que l’on rend du reste aussi fructueux et aussi court que possible en suivant le conseil donné par M. le profes- seur A. Gautier, c’est-à-dire en ajoutant à une eau pure quelques gouttes de solution aqueuse saturée des divers sels que l’on ren- contre le plus habituellement dans les eaux potables : chlorure CARACTERES PHYSIQUES 77 sodique, chlorures de magnésie et de chaux, nitrates d’ammo- niaque, de chaux et de potasse, sulfates de chaux et d’alu- mine, etc. V. - IMPUTRES CIBILITÉ . On remplit à moitié ou aux deux tiers un flacon en verre blanc avec l’eau à essayer, on ferme et on expose au soleil ou tout au moins en pleine lumière; d’autre part on en remplit complètement un second flacon, on ferme et on conserve à l’obscurité. Une eau de bonne qualité ne doit s’altérer ni dans l’un ni dans l’autre cas même au bout d’un mois. VI. - RÉACTION. On la constate au moyen de papiers ou de teintures de tour- nesol, de curcuma, d’orangé Poirrier, etc. Papiers. — Une bandelette de papier à filtrer blanc imprégnée de l’une ou l’autre teinture alcoolique ou aqueuse susmention- nées, est plongée à moitié dans l’eau à essayer, introduite dans un petit tube à essai : on note les changements de teinte qui peuvent se produire, leur intensité et le temps nécessaire à leur apparition. Tous les papiers réactifs doivent être préparés et conservés avec soin et à l’abri des vapeurs du laboratoire; on ne doit jamais les acheter dans le commerce, surtout celui de curcuma. Disons, en passant, que nous n’avons jamais obtenu de résultats satis- faisants du papier de tournesol dit “ sensible „ que l’on a préco- nisé pour l’essai des eaux; à notre avis, un morceau de bleu et un de rouge bien préparés sont de beaucoup préférables. Teintures. — Une goutte dans 20 à 25 cc. d’eau introduits dans un tube à essai; on agite et on incline au-dessus d’une feuille de papier blanc devant une fenêtre bien éclairée, à côté d’un second tube contenant un égal volume d’eau distillée récem- ment bouillie et refroidie à l’abri de l’air, puis additionnée égale- ment d’une goutte de teinture. CHAPITRE IV Recherche et dosage approximatif des clément*» anormaux. I. — AZOTE NITREUX 1° Recherche. — On verse dans un tube d’essai 20 ce. d'eau filtrée et, s’il y a lieu, décolorée par l’addition de deux outrais gouttes d’une solution aqueuse concentrée de sulfate d’alumine, puis d’un même volume de bicarbonate de soude et ensuite fil- trée; on ajoute 2 gouttes d’acide sulfurique au demi (§ 1° p. 52’, on agite puis on laisse tomber dans le tube, d’une hauteur de 5 à 10 centimètres, 8 à 10 gouttes d’empois iodo-cadmique (p. 54), on note les phénomènes qui se produisent (litt. 3 ci-après) puis on agite doucement. Si l’eau contient des nitrites, il s’y développera immédiatement ou au bout de quelques instants, suivant les cas, une belle colo- ration bleue plus ou moins foncée ou même un précipité ou un trouble. Certains auteurs affirment que les sels de fer peuvent donner lieu à la même réaction, mais il ne nous a jamais été possible de vérifier leurs dires, pas plus en ajoutant des quantités considé- rables de sels ferreux ou ferriques à des eaux pures, qu’en exa- minant, ainsi que nous venons encore de le faire à l’instant même, des. eaux naturellement ferrugineuses et contenant soit des hydrocarbonates, soit des crénates ou apocrénates de fer en quantité relativement énormes : jusque ler26 par litre. Avec le réactif de Greiss (p. 54) la teinte varie du rouge-feu très intense au jaune-brun très clair, en passant par toutes les nuances de brun, suivant la proportion d’acide nitreux. La sen- sibilité de la réaction est également de même ordre ou à peu près, mais ce réactif ne peut être, lui, employé en présence des sels de fer. 2° Essai rapide — Est basé, de même que le dosage approxi- matif, sur les réactions indiquées dans le tableau ci-contre et sur les considérations développées page 13. Toute eau qui pré- AZOTE NITREUX 79 H — O eo O HH H P Ph 2 o g S P a) t- ^ P Oh « H O « , w « U H 3H(ni0,(I oM * a p a* U >o 3 o *p 05 ✓P rO O) P P 9^ s- o ° ^ N„-o3 £’ O o ü , o h ✓d tu .o ü T3 P 5 ^5^ P 1 d-ô ^ PM U P 5 p U (D ■4-J * .5 p S ^ ^ SE cw <0 _ 'P P « ^ 2 a CP cw ^ ^ •23 p% -4J ce o.^ -V a=T-s § S'-g-s m s> ^ -m .„ ? i> c a '3rc ce v. ce ^3 PH 4J — Ph P p a $-M o-^ o.C« CD . § g,-*-S “ams LO 0) H 1 O ~__ . bu ✓P '-' T3 P » CD -P

CD CD > P 3 23 p 13 p CD rn WD bu -o ✓o Jh H P P O P CD 02 —• 3-p p 3 Ppî^H ^ 2 -■_ o p o U Ph t- t? o 5 Pr3 P -+j „P ■*j ^ +2 c/j 1-3 '§>«■§ g S ».§ a | SU’S,a o r-| p. ^ P cw rz .P P T3 »+" .2 s sIg «P Cj Ih -M co 3 -p p 3 O CD 3 s-S g p PP Ph-P O P O g c« P p '3 3° 3i*P p cr o a> p pP N ■H H fl S-g. §*§ P P- O cw o S ^ O £ D H3 c p 'TD C/2 _ -H CW •£ 3PDü- ^ o -p cj 3^ s 3 °° 5^ 3 g 73 3 3 a Si ® > «<® « <® s ■2*g*E 25o ■ 2 « 8 « <ü 3 Ç C S *8 *'3.® .5.23 tube d’essai ou d une éprouvette. so ANALYSE CHIMIQUE cipite ou bleuit fortement et immédiatement doit être rejetée, celle qui bleuit immédiatement mais légèrement doit être tenue pour suspecte. 3° Dosage approximatif. — Le tableau page 79 comprend les réactions que l’on observe en traitant 20 cc. d’eau, introduits dans un tube à essai de 14 millimètres de diamètre et de 17 cen- timètres environ de longueur, par 2 gouttes d’acide sulfurique au demi et 11 gouttes d’empois iodo-cadmique. 4° Dosage coloriméfriqtie. — Applicable dans tous les cas, c’est-à-dire quelle que soit la proportion d’acide azoteux, mais il importe, lorsque cette proportion est supérieure àOmgr2par litre, ce que l’on constate aisément de la manière indiquée ci-dessus, de diluer le liquide au moyen d’eau pure, afin de l’amener à ne plus contenir que cette proportion et même un peu moins par 1000 cc. C'est là, en effet, le point capital dans ce procédé. On verse 50 cc. d’eau, diluée ou non suivant les cas, dans une éprouvette ou dans un grand tube, on ajoute 1/4 cc. acide sulfu- rique dilué et 1 cc. empois iodo-cadmique, on agite, on met de côté et on traite de la même manière 50 cc. de la solution type de nitrite alcalin (§ 2° p. 52); au bout de 10 minutes environ, on remplit avec cette dernière le compartiment A de notre colori- mètre (fig.21 et 22. p. 44 et 45), jusqu’au zéro et le compartimentB avec l’eau à analyser, en procédant connue il a été dit page 44. Supposons que B paraisse plus teinté que A. On tourne le ro- binet R' et on laisse couler le liquide jusqu’à ce que les teintes paraissent égales, on ferme le robinet et on note sur le tube H la hauteur de la colonne liquide; si elle n’est pas inférieure à 9 cen- timètres, on peut considérer le dosage comme étant terminé, mais si elle est moindre on ajoutera de l’eau pure dans le comparti- ment B jusqu’au O, on agitera doucement pour bien mélanger puis on comparera de nouveau la teinte des deux demi-lunules. Il est essentiel, en effet, d’opérer sur des colonnes de même hau- teur ou tout au moins très peu différentes. Admettons, pour fixer les idées, que les deux teintes soient inégales et qu'il ait fallu derechef diminuer de 10 millimètres l’épaisseur de B pour obtenir l’égalité, cette diminution ayant été de 25 millimètres la première fois. On calculera comme suit la AZOTE NITRIQUE 81 teneur de l’eau en acide azoteux, une épaisseur de 100 millimètres du liquide type correspondant à 0mg'l de cet acide par litre. 75 : 100 :: 0ragrl : x d’où x = 0mgr1336 90 : 100 :: 0mgr133G : y d’où y = 0mgr148 L’eau analysée contiendrait donc, si elle n’avait pas été primi- tivement diluée, 0"’gI'148 Az203 par litre. En admettant qu’il ait fallu pour l’amener à ne contenir qu’environ 0mgr15 à 0mgr20 par litre, l’étendre de 9 fois son volume d’eau pure, sa teneur réelle en acide azoteux sera donc 0'r,g‘‘148X l0, soit lmgr48. II. — AZOTE NITRIQUE 1° Recherche. — 1 cc. d’un mélange par parties égales d’eau à analyser et de solution de brucine (§ 5° p. 55), est intro- duit au fond d’un tube à essai dans lequel on laisse tomber en- suite un centimètre cube d’acide sulfurique monohydraté pur. Si l’eau contient 0mgr5 ou plus d’acide nitrique par litre, on obser- vera les colorations indiquées au litt. 3 ci-après. Remarque : Si elle contenait des nitrites, il faudrait la faire bouillir pendant 10 minutes environ, après y avoir ajouté 8 à 10 gouttes d’acide sulfurique concentré pur pour 50 cc. de liquide. On laisserait refroidir, on rétablirait le volume primitif par addi- tion d’eau pure, puis on essaierait comme il vient d’être dit. La destruction des nitrites est absolument indispensable, car l’acide nitreux réagit non seulement sur la brucine comme l’acide ni- trique, mais encore avec une intensité au moins décuple. 2° Essai rapide. — Toute eau qui, traitée comme il vient d’être dit, donnera lieu à une coloration rose clair ou rose brun immédiate et persistant pendant au moins 20 à 30 minutes, devra être tenue en suspicion ou rejetée suivant les cas. 3° Dosage approximatif. — On fait comme en a un mé- lange d’eau, préalablement privée de nitrites s’il y a lieu, et de brucine : 3 cc. de chaque, dans une éprouvette graduée en cen- timètres cubes; on verse dans un tube à essai (A, je suppose) 1 cc. et dans un second tube B, 5 cc. de mélange, puis on traite comme suit par l’acide sulfurique monohydraté pur : on laisse couler dans le tube A 1 cc. dudit acide et dans le tube B, 1, 2, 3, 4 et 5 cc., en agitant après chaque addition et observant les réactions produites, que nous résumons dans le tableau ci-contre. 82 ANALYSE CHIMIQUE w sg O-tiS RÉACTIONS OBSERVÉES DANS LE TUBE n N [, g Kr19 Az'2 0! ou pour 0™Er56 Fe. cl) On a conseillé de recommencer plusieurs fois les dosages et de prendre la moyenne des résultats obtenus; à ne considérer les choses qu’au seul point de vue analytique, c’est, en effet, indis- pensable, mais au point de vue hygiénique, le seul important ici, c’est absolument inutile , i ou 2 cc. et même davantage de camé- léon en plus ou en moins n’ayant aucune importance. Du reste, avec un peu d’habitude et en observant à la lettre les prescrip- tions relatives au dosage, il est rare que les différences entre deux opérations consécutives soient, à beaucoup près même, aussi considérables. e) La durée de l’ébullition a une sérieuse importance, le per- manganate continuant à réagir avec le temps; aussi est-il indis- pensable de la limiter exactement au temps indiqué, soit 10' et de chauffer franchement, c’est-à-dire sur un brûleur au moyen d’un bec Bunsen largement ouvert ou sur une forte lampe à alcool. ■2° Procédé Scliülzc-Troinwdorfr. — Ne diffère du précé- dent que par l’emploi de soude caustique au lieu d’acide sulfu- rique : en d’autres termes, la décomposition des matières orga- niques par le permanganate a lieu en milieu alcalin et non en milieu acide, comme dans le procédé Kubel-Tiemann. On admet généralement que la réaction est plus énergique, la décomposition plus profonde et plus complète. C’est ainsi, par exemple, que M. Lajoux, de Reims, comparant les deux procédés, a trouvé des chiffres cinq à six fois plus forts avec celui de Schiilze qu’avec le Kubel. Des résultats analogues, bien que moins discordants cependant, ont été signa- lés ailleurs et notamment au Congrès d’hygiène de 1885. Nous ne nous permettrons pas de mettre un seul instant en 108 ANALYSE CHIMIQUE doute leur exactitude absolue, mais il nous sera permis d’ajouter qu’il ne nous a pas encore été possible au cours de nos recherches systématiques, assez nombreuses déjà, d’observer des différences à beaucoup près aussi considérables. Ainsi, un échantillon d’eau de Welcle, provenant d’un sol tour- beux et ferrugineux, échantillon que je dois à l’obligeance de M. Crispo, d’Anvers, et dont la teneur en matières humiques était très élevée, titrait 740 cc. permanganate par litre après traite- ment en liqueur alcaline, et 738 cc., fer compris, en liqueur acide. Trois autres échantillons d’eau d’Ostende (distribution), d’eau de Bornem et d’Arlon (puits) m’ont également donné des résul- tats pratiquement identiques. Enfin de l’eau contaminée par des matières fécales fraîches et titrant 520 cc. permanganate par litre lorsqu’on la traitait par le procédé Ivubel, ne donnait que 538 cc. par la soude caustique. Par contre un mélange de cette eau et d’eau de Welde à par- ties égales, titrait G40 cc. permanganate dans le premier cas et 800 dans le second. Ce dernier résultat présente cette particularité assez curieuse, qu’il est supérieur à celui obtenu avec de l’eau de Welde non mélangée, alors qu’il devrait lui être notablement inférieur : 568 -|- 740 zi 654 cc., chiffre qui s’éloigne peu du reste de celui 2 trouvé par le procédé Kubel : 640 cc. Il ne peut être permis de tirer une conséquence quelconque d’un fait isolé, mais on peut cependant faire remarquer que la présence des matières azotées d’origine excrémentitielle, semble avoir pour résultat d’activer ou d’augmenter la décomposition des matières organiques d’origine végétale. Il serait important de contrôler cette expérience, faite au même moment, avec les mêmes réactifs et dans les mêmes conditions que toutes celles dont nous venons de parler. 4° Procédé Zmic (1). — On évapore 500 cc. à 1,000 cc. (1) Applicable seulement lorsque 1 eau ne contient pas (ou peu) de ni- trates ou de sels ammoniacaux ; dans le cas contraire, on le combinera avec le procédé indiqué page 9G pour la recherche des matières fécales et de l’urine. MATIERES ORGANIQUES 100 d’eau dans un polit gobelet A en verre mince d’une contenance de 100 cc. environ, chauffé au bain de sable et un peu en de- hors du rayon direct de la flamme. Lorsque le liquide est réduit à 15 ou 20 cc. au plus, on enlève le gobelet et on le met de côté pendant environ une heure ou plus si nécessaire, de manière à bien tasser au fond le précipité qui aurait pu se former, puis on décante, dans un second gobelet B, semblable au premier, le liquide clair surnageant, on verse en A 4 ou 5 cc. d’alcool dilué (alcool absolu et eau : ââ) on agite, on laisse en repos et on dé- cante de nouveau dans le verre B. Il importe peu qu’il reste des traces d’alcool en A ou qu’il passe un peu de précipité en B, cependant il vaut mieux qu’il n’en soit pas ainsi. On additionne ensuite les liquides de trois à quatre fois leur volume d’alcool à 94-95°, on agite fortement, puis on laisse en repos jusque éclaircissement aussi complet que possible; pendant ce temps on chauffera s’il y a lieu (c’est-à-dire s’il y a un préci- pité), le gobelet A dans l’étuve à air, vers 100" C, jusque des- siccation complète, on pèsera après refroidissement dans l’exsic- cateur, puis on chauffera doucement de manière à détruire les matières organiques peu solubles précipitées pendant l’évapora- tion de l’eau. La différence de poids, s’il y en a une, pourra être considérée comme due à des matières organiques peu solubles . toutefois avant de conclure ainsi, il faudra s’assurer si tous les sels formant le précipité deviennent complètement anhydres à 100° et si, d’autre part, la calcination ne leur fait point subir de décomposition, questions que l’analyse qualitative — qui doit toujours précéder toute analyse quantitative — permettra de résoudre aisément. Le précipité formé par l’alcool étant traité de la même manière donnera le poids des matières organiques solubles dans l’eau seulement. Enfin, l’évaporation ménagée du liquide alcoolique laissera un nouveau résidu qui, séché, pesé, calciné et pesé de nouveau don- nera le poids des matières organiques solubles dans l'alcool. Il va sans dire que l’observation ei-dessus, relative à la nature des composants de ces deux derniers précipité et résidu, est sur- tout applicable ici. 110 ANALYSE CHIMIQUE Disons en passant que le traitement, par l’alcool concentré, du résidu obtenu par évaporation au bain-marie de 1000 à 2000 cc. d’eau préalablement additionnée de la quantité d’acide sulfu- rique strictement nécessaire pour décomposer les carbonates, peut être très utile au chimiste appelé à se prononcer sur la va- leur d’une eau potable, la solution alcoolique obtenue renfermant généralement la presque totalité des matières nuisibles ou répu- tées telles. Pour compléter ces recherches, on procédera, si c’est néces- saire, au dosage de l’azote dans chacun des groupes organiques séparés comme il vient d’être dit, soit par le permanganate de potasse, soit par la méthode Kjeldahl. C’est, croyons-nous, le seul procédé qui permette de se prononcer sur la nature ou l’origine des diverses matières organiques en dissolution dans l’eau et de déterminer les proportions de chacune d’elles ou tout au moins des deux grands groupes de matières animales et végétales; malheureusement il est très long et assez délicat. XI. — ACIDE SILICIQUE. 500 à 1000 cc. d’eau — ou plus s’il y a lieu — sont addition- nés d’un léger excès d’acide chlorhydrique pur et évaporés à sec, dans une capsule en platine de 200 à 250 cc. au bain-marie ou au bain de sable, en prenant toutes les précautions nécessaires pour éviter des pertes; la capsule, que l’on munit alors de son couvercle, est rapprochée du centre de la flamme de manière à volatiliser l’excès d’acide et à détruire les matières organiques ainsi que les sels ammoniacaux. Cette opération demande à être surveillée de près afin d’éviter les projections et la volatilisation d’un peu de chlorure sodique. (Si l’eau était riche en nitrates, il faudrait remplacer la capsule en platine par une capsule en por- celaine de Berlin.) On note le poids du résidu ainsi obtenu, puis on le traite dans la capsule par 20 à 25 cc. d’eau chaude acidu- lée par quelques gouttes d’acide chlorhydrique, on laisse digérer pendant une heure environ, on filtre sur un petit filtre dont le poids des cendres est nul, on lave le filtre et la capsule avec quelques centimètres cubes d’eau distillée chaude et on réunit les eaux de lavage au liquide primitif. Quant au filtre, on le sèche MATIERES EN SUSPENSION 111 dans la capsule ou mieux dans le couvercle, on le brûle et le cal- cine dans la capsule préalablement séchée, on refroidit et l’on pèse. Du poids ainsi obtenu, il suffit de déduire la tare de la cap- sule pour obtenir le poids de la silice. S’il était très élevé ou si l’on avait des raisons de croire à la possibilité d’impuretés, il faudrait traiter le résidu silicique par le fluorure d’ammonium et l’acide sulfurique, de manière à en vérifier la pureté et à rectifier, au besoin, le chiffre obtenu. XII. — ACIDES CRÉNIQUE ET APOCRÉNIQüE. On fait bouillir pendant environ une heure avec de la lessive de potasse, une grande partie du précipité qui s’est formé pen- dant l’évaporation de l’eau, on filtre, on acidulé le liquide filtré avec de l’acide acétique, on ajoute de l’ammoniaque, on filtre le précipité de silice et d’alumine qui se dépose en général au bout de 12 heures, on ajoute de nouveau de l’acide acétique jusque réaction acide, puis de l’acétate neutre de cuivre. S’il se forme un précipité brun, c’est de l 'apocrênate de cuivre, qui, suivant Mulder , retient des proportions variables d’ammoniaque et con- tient 42.8 p. c. d’oxyde de cuivre après dessiccation à 140° C. On additionne de carbonate d'ammoniaque le liquide séparé par filtration, jusqu’à ce que la couleur verte soit devenue bleue et l’on chauffe. S’il se forme un précipité vert bleuâtre, c’est du crénate de cuivre qui, séché à 140°, renferme, d’après Mulder, 74.12 p. c. d’oxyde de cuivre. (Traité d’analyse quantitative de Frésénius , 5e édit, franç., p. 758). XIII. — MATIÈRES EN SUSPENSION. Après avoir noté les caractères physiques de l’eau à analyser, on verse sur un filtre double taré sec tout ou partie de l’échan- tillon reçu. On lave le ou les flacons et le filtre avec de l’eau dis- tillée, jusqu’à ce que le liquide de lavage soit complètement vo- latil, on sèche dans l’étuve à air vers 105-110C, on refroidit sous l’exsiccateur et on pèse : la différence de poids des deux filtres, qui était primitivement nulle, donne la quantité de matières en suspension. CHAPITRE V. KECHEKCIIE ET OOS4GE «ES ÉLÉMENTS KORAUIIX I. - RÉSIDU SEC. 1° Uosage approximatif. — Le dosage de la totalité des substances en dissolution dans l’eau n’a pas une bien grande importance au point de vue hygiénique, aussi est-il tout à fait inutile de l’entourer cUs minutieuses précautions qu’exige une détermination précise, scientifique. Le mieux est d’évaporer 200 à 300 cc. de liquide filtré dans une capsule en platine tarée ou, à défaut, dans une capsule en nickel chauffée au bain de sable; lorsqu’il ne reste plus qu’une légère couche d’eau au fond de la capsule, on achève la dessicca- tion à l’étuve à air vers 110° C, on refroidit et l’on pèse. On peut contrôler les résultats par une seconde pesée de la capsule chauffée de nouveau pendant 25 à 30', mais c’est inutile. 2° Rosage exact. - Il n’est possible que par l’emploi d’une étuve à vide, mais cependant on peut avec quelques précautions, obtenir des résultats très approchés en procédant comme suit. 20 cc. d’eau filtrée sont introduits dans une capsule en pla- tine à fond plat, de 7 à 8 centimètres de diamètre sur 10 à 12 mil- limètres de hauteur, posée sur un plan de verre dépoli : on recouvre le tout d’une cloche tubulée à bord rodé et on porte dans une étuve à eau ouverte par le haut et chauffée vers 35 à 40° G. La cloche est mise en communication, au moyen d’un bouchon en caoutchouc à 2 trous et de tubes à gaz coudés à angle droit, cl’une part avec deux éprouvettes à dessiccation contenant des fragments de pierre-ponce imbibés pour l’une de potasse caustique en solution concentrée et pour l’autre d’acide sulfurique concentré et, d’autre part, avec une trompe à eau. Le tube qui amène l’air desséché dans la cloche doit presque affleurer le liquide à évaporer et être légèrement coudé à son extrémité, de telle sorte que l’air arrive obliquement à la surface de l’eau. RESIDU SEC 113 Lorsque l'évaporation est presque complète, on place dans la cloche, sous la capsule, un petit récipient contenant de l’acide sulfurique ou de l’acide phosphorique anhydre, puis on fait le vide aussi complètement que possible. L’appareil est laissé dans l’étuve, mais la température est légèrement abaissée pendant toute la durée de la dessiccation : vers 30° C. Au bout de 24 heures, on laisse rentrer de l’air sec , on enlève la capsule, on la couvre, on laisse refroidir un instant dans l’exsiccateur à acide sulfurique, puis on pèse à 1/10® de milligramme près et on mul- tiplie par 50 pour rapporter les chiffres au volume habituel, soit 1000 cc. Le résidu ainsi obtenu comprend, les sels minéraux et autres et les matières organiques amorphes. Les premiers sont toujours à l’état hydraté où à l’état anhydre, suivant qu’ils cristallisent avec ou sans eau de cristallisation, tandis qu’en desséchant à l’étuve à 105, 110, 120, 100 ou 180° G — toutes températures préconisées par divers auteurs - on volatilise souvent une partie des ma- tières solides, sels ammoniacaux, urée, etc., et on ne fait dispa- raître toute l’eau de cristallisation que si l’on opère la dessicca- tion à 180 ou 200° G. au moins, température à laquelle certains sels, nitrites, nitrates, etc., se décomposent partiellement, au moins dans certaines circonstances. Lorsque l’on dispose d’une étuve à vide (IIIe part., chap. II, § III) et de plusieurs capsules en platine, on peut exécuter en 48 heures au plus et à la température de 30° G. un assez grand nombre de dosages à la fois. Voici comment nous procédons. Nous introduisons dans chacun des compartiments à vide de notre, étuve une cuvette rectangulaire en verre ou en porcelaine, analogue à celles employées en photographie, que nous remplis- sons à moitié d’un mélange d’acide sulfurique concentré pur et d’acide phosphorique anhydre (SO3 anhydre est trop incom- mode à manier) et que nous recouvrons d’une toile métallique à très larges mailles, sur laquelle sont posées les capsules conte- nant 1 à 2 cc. au plus de l’eau (ou des liquides) à évaporer. On ferme hermétiquement les hublots et on fait le vide aussi complet que possible dans les compartiments, l’étuve étant chauffée vers 30° C. jusque dessiccation complète, soit pendant 8 114 ANALYSE CHIMIQUE 24 à 48 heures, suivant la nature des liquides (pour les eau x douces 24 heures suffisent). Afin d’activer aussi complètement que possible la dessiccation, il est nécessaire : 1° De s’assurer de temps à autre si le vide se maintient et, dans la négative, de faire fonctionner la trompe ou la machine pneumatique. 2° D’employer un grand excès des substances desséchantes. Pesée du résidu. — Nous avons indiqué pages 32 et suivantes les précautions à prendre pour procéder aux pesées de précision, nous n’y reviendrons donc plus ici, mais nous insisterons cepen- dant sur ce point, que les erreurs, si minimes soient-elles, se multiplient par 500 ou par 1,000. Il est donc bien nécessaire de s’assurer que les résidus ne perdent plus de leur poids par un nouveau séjour de 2 à 3 heures à l’étuve, dans le vide. II. — RÉSIDU FIXE. Le résidu sec, obtenu par évaporation de 200 à 300 cc. d’eau, est calciné à une douce chaleur et assez lentement pour que l’on puisse observer les phénomènes produits par l’action du feu : vapeurs odorées, colorantes, de charbon, etc. D’après M. Crispo, les résidus secs qui contiennent beaucoup de sels minéraux : chlorures, sulfates, nitrites et nitrates, per- dent 1/5 à 1/10 de leur poids à la calcination, tandis que les eaux chargées de matières organiques perdent moins. Il en résulterait que le dosage des matières organiques par la chaleur donnerait des résultats illusoires et complètement faux. Cette observation et cette conclusion ne sont pas nouvelles, mais leur confirmation n’était pas inutile. Cependant, il ne faudrait pas non plus prendre les choses trop au pied de la lettre, le fait de la volatilisation ou de la décomposition de cer- tains sels minéraux : carbonates, chlorures, nitrates et même sulfates, etc., étant surtout une conséquence d’un chauffage défectueux, trop rapide et trop énergique, ou encore de la pré- sence d’une grande quantité de substances organiques difficiles à brûler; il suffit, dans ce dernier cas, de prendre moins de liquide ou d’ajouter dans la capsule quelques centimètres cubes d'alcool ACIDE CARBONIQUE 115 fort au moment où il ne reste plus que 2 ou 3 cc. cl’eau à évaporer. En mélangeant bien, au moyen d’une petite spatule tarée que l’on peut laisser dans la capsule, on répartit unifor- mément le résidu en une couche mince sur tout le fond du vase et on évite la formation de petits amas difficiles à calciner. La perte due à la décomposition des carbonates alcalino- terreux est réparée par l’addition au résidu fixe de 1 à 2 cc. d’une solution concentrée de carbonate d’ammoniaque pur; on évapore à sec, puis on chauffe doucement pour volatiliser le sel ammoniacal. La transformation des sulfates en sulfures, due à la présence de matières organiques, occasionne également une perte de poids que l’on peut corriger en traitant le résidu par l’acide azotique nitreux; seulement comme on transforme alors les carbonates en nitrates, il faut calciner de nouveau pour les ramener à leur premier étal. Une eau riche en nitrates donne un résidu fixe contenant un excès de carbonates et, par suite, moins pesant qu’il ne l’est en réalité. Si cette eau ne contenait pas de carbonates, il serait aisé de faire disparaître cette cause d’erreur en traitant le résidu par un peu d’acide nitrique, mais comme c’est rarement le cas, il faut procéder par voie indirecte, c’est-à-dire en tenant compte du poids des carbonates dosés directement. III. — ACIDE CARBONIQUE. Nous savons que l’CO' se trouve généralement dans les eaux potables sous trois états : libre, bicombiné et fixe. Pour le doser en totalité et rapidement, on procède comme suit : a) 100 cc. d’eau aussi récemment puisée que possible sont introduits dans une fiole d’Erlenmayer d'une contenance de. 200 à 300 cc. environ et y additionnés d’un égal volume d’eau de chaux saturée à chaud; on ferme la fiole au moyen d’un bouchon à un trou portant un court tube à dégagement coudé à angle droit et on fait bouillir jusque réduction au volume primitif, soit 100 cc environ. On enlève la fiole du feu et on la met en communication avec un petit tube à boule ou en U contenant de la potasse caustique destinée à absorber l’acide carbonique de 116 ANALYSE CHIMIQUE l’air qui rentre clans l’appareil pendant le refroidissement et le dépôt du précipité. On décante ensuite le liquide dans un petit entonnoir obturé par un peu de coton et on lave la fiole et le précipité y resté avec un peu d’eau distillée froide récemment bouillie (une dizaine de centimètres cubes au plus) que fon filtre également; on pose alors l’entonnoir sur le ballon et on y laisse couler, goutte à goutte et sur toute la paroi intérieure, 20 cc..(ou moins suivant l’abon- dance du précipité) d’HGl N/10 de manière à dissoudre toutes les parcelles du précipité qui y sont passées pendant la filtration: l’acide filtre dans le ballon et y dissout le reste du précipité ; il faut avoir soin d’agiter le vase de manière à promener l’acicle sur tous les points de la paroi intérieure. Lorsque la dissolution est complète, on ajoute deux ou trois gouttes de phénolphtaléine et de la soude clécinormale jusque coloration rouge très nette, c’est-à-dire un excès, on note le volume qui, pour la facilité des calculs, doit être un nombre entier de centimètres cubes, puis on neutralise à chaud par HCl N/10, ajouté d’abord par 1/2 cc. puis par 1/10 cc. à la fois, chaque addition étant suivie d’une ébullition de 1 minute au moins. Du volume total d’acicle employé, on déduit le volume de soude et on calcule le poids correspondant de l’acide carbonique. Exemple : 100 cc. d’eau de distribution de la ville de Bruxelles ainsi traités ont donné lieu à un précipité qui a été dissous par 35 cc. HCl ; on a dû ajouter, pour faire virer la phénolphtaléine au rouge vif, 18 r5 de soude N/10, puis 0CC45 HCl pour faire disparaître la teinte après ébullition. L’CO2 déplacé est donc équivalent à 35.45 — 18.50 = 16"r95 HCl N/10 ou 169 cc. 5 p. m. soit 0-‘37 1 CO2 auquel il faut ajouter le poids du même acide resté en dissolution dans l’eau sous forme de carbonate, soit O''028 par litre. Le poids de l’CO2 total est donc égal à- 0;,399 (1). Une seconde expérience faite en vue de déterminer l'influence de l’air pendant l’ébullition et le refroidissement en vase ouvert (capsule), a donné comme résultat CM '51 3 CO2, soit une différence de 0ir114 CO! due à la carbonatation de la chaux. (1) L’IiCl employé n’était pas exactement déci-normal : 1 cc. correspondait à 2>ngi'1885 CO2 au lieu de 2'»g|'2. ACIDE CARBONIQUE 117 Le procédé que nous venons d’indiquer est assez rapide, mais il n’est, exact que pour autant que l’eau ne contienne pas de carbonate de magnésie ou n’en contienne que des traces, comme les eaux dont nous venons de parler; dans tous les autres cas, on trouve toujours une quantité d’acide carbonique inférieure à celle qui existe réellement. 2° Procédé lloiizcitu (1). — Ce procédé, que nous avons légèrement modifié, est très précis et permet, en outre, de doser simultanément l’CO2 sous ses différentes formes. a) Appareil (fig. 49). — Se compose essentiellement : 1° d’un ballon en verre à fond plat A, d’une contenance de 1100 cc. environ et dont le goulot, long et large, porte à la base une marque indiquant une jauge exacte de 1000 cc.; 2° d’un second ballon B, de 250 à 300 cc. de capacité; 3° d’un manchon réfrigé- rant muni d’un tube en verre F, long de 65 centimètres et d’un diamètre intérieur de 9 millimètres; 4° de trois grands tubes en U à boules a, b, c. Le ballon A, rempli d’eau jusqu’au trait de jauge et fermé par un bouchon en caoutchouc à trois trous C,est mis en communication : 1° avec l’air extérieur par l’intermédiaire du tube a, dont les deux branches sont remplies de fragments de pierre ponce imbibés, pour la première, d’une solution concentrée de potasse caustique et, pour la seconde, d’acide sulfurique concentré; 2° Avec le ballon B par un tube long de 20 à 25 centimètres et (1) C. 1t. Ac. des Sc. du 7 a jût 1876. 118 ANALYSE CHIMIQUE large de 9 à 10 millimètres. Ce ballon, qui contient un excès d’acide sulfurique déci-normal: 20 cc., est fermé par un bouchon en caoutchouc à deux trous portant deux tubes de même diamètre dont l’un c, coudé à angle droit, plonge dans le ballon à 1 ou 2 millimètres sous l’acide, tandis que l’autre h, plus court et plié à angle obtus, s’arrête sous la face inférieure du bouchon et est relié par un bout de tube en caoutchouc avec le tube F. Enfin, dans le troisième trou du bouchon C est fixé un entonnoir cylindrique E dont la douille, en forme de tube, est assez longue pour plonger jusqu’au tiers inférieur du ballon A. A l’extrémité libre du serpentin, placé dans une position ascen- dante , par rapport aux ballons, est adapté, par l’intermédiaire de tubes en caoutchouc, un système de 2 tubes b et c contenant 50 cc. d’une dissolution titrée de potasse caustique; ce dernier est mis en communication avec une trompe à eau destinée à faire passer un courant d’air dans l’appareil pendant toute la durée de l’opération. b) Dosage de CO 2 libre et bicombiné. — Les bouchons et les tubes en caoutchouc étant parfaitement fixés et le robinet de l’entonnoir fermé, on chauffe le ballon, d’abord doucement, puis ensuite plus fortement, de manière à porter l'eau à l’ébullition- en même temps onfaitfonctioner la trompe et circuler un courant d’eau froide dans le réfrigérant. L’action de la trompe doit être réglée de telle sorte que le courant d’air ne soit ni trop lent ni trop rapide : les bulles de gaz et d’air doivent se succéder sans interruption dans les tubes à potasse mais non y arriver ensemble, ce qui pourrait — aisément — déterminer des projections. L’eau doit être maintenue en ébullition tranquille pendant au moins une demi-heure et mieux encore 3/4 d’heure à 1 heure. On éteint le feu, on détache les deux tubes à absorption, on en verse le contenu dans un ballon de 500 cc., on lave et on titre de la manière qui va être indiquée. c) Préparation de la liqueur alcaline et détermination du titre avant et après V opération. — On dissout de 16 à 17 grammes de potasse caustique à l’alcool (ou 10 à 12 grammes de soude) dans 250 à 300 cc- d’eau distillée, ou laisse refroidir et on complète le volume à un litre par addition d’eau. A 50 cc. de solution ainsi préparée, on ajoute 40 cc. de solution ACIDE CARBONIQUE 119 saturée à froid de chlorure bary tique, et ensuite la quantité d’eau distillée, récemment bouillie et refroidie, nécessaire pour porter le volume à 500 cc., on agite fortement, on ferme le ballon et on laisse en repos jusqu’à ce que le précipité se soit bien rassemblé et que le liquide surnageant soit complètement limpide. On prélève 50 cc. de ce liquide que l’on verse dans une capsule en porcelaine blanche, avec une ou deux gouttes de teinture de tournesol et on y laisse couler, d’une burette graduée en dixièmes de centimètres cubes, la quantité d’acide sulfurique déci-normal nécessaire pour neutraliser le liquide. Supposons qu’il en faille 12':r6, soit 126 cc. pour les 50 cc. de solution alcaline employés. Si l’on traite de même le contenu des tubes b et c dans lesquels i’CO2 de l’eau a été absorbé, la quantité d’acide sulfurique néces- saire à la neutralisation sera évidemment inférieure à la précé- dente et elle le sera d’autant plus que l’eau analysée sera plus riche en CO2 libre et semi-combiné : soit, par exemple, 6CC2 =• 62 cc. pour la totalité du contenu des tubes. La différence, soit 126 — 62 = 64, multipliée par 0.0022 indi- quera, en poids, l’CO2, soit 0 '1408; et comme un litre de cet acide ramené à la température de 0° et à la pression normale, pèse lg,9774, il suffira de multiplier le premier nombre par 1000 et de diviser le produit par le second pour connaître le volume du gaz en dissolution : soit 1408 / 19,774 = 71 " 2. Remarques . — 1° Il est absolument indispensable que les liqueurs alcalines, après traitement par le chlorure barytique et agitation, soient laissées en repos jusqu’à éclaircissement complet, parfait, absolu. En effet, s’il restait du carbonate de baryte en suspension, il serait décomposé par l’acide sulfurique employé à la saturation et par suite compté comme alcali libre. Or cet éclaircissement des liqueurs est très variable : parfois complet au bout de vingt minutes et même moins, souvent trouble encore après dix ou douze heures de repos. Dans ce dernier cas, nous conseillons de filtrer rapidement une partie du liquide : 80 à 100 cc. par exemple, en faisant usage d’un filtre serré ou mieux encore d’une bourre de verre filé, recouvrant l’entonnoir d’une plaque de verre rodé et rejetant les premières portions du filtrat qui souvent passent encore légèrement troubles. 120 ANALYSE CHIMIQUE 2° La saturation des solutions alcalines par l’acide sulfurique donnant lieu à la formation d’un précipité de sulfate de baryte par suite de l’excès du chlorure employé, le virement de teinte du tournesol est moins net que d’habitude; pour éviter toute cause d’erreur, il est bon de faire bouillir le liquide avant d’ajouter l’acide sulfurique, mais ce n’est cependant pas indispensable. On pourrait, du reste, remplacer cet acide par l’acide chlorhydrique déci-normal, mais celui-ci se conserve moins bien. 3> Il est nécessaire de mettre en B un assez grand excès d’SO3 N/10, parce que l’ébullition qui s’y produit bientôt pour- rait, malgré l’action du réfrigérant, entraîner des traces d’alcali volatil dans les tubes b etc. d) Dosage de l’acide carbonique fixe. — On enlève les tubes en U et on les remplace, le premier, a, par un bout d'agitateur en verre, les deux autres ( b et c ) par un flacon de Woulf contenant 50 cc. de la solution bary tique alcaline; on supprime également le ballon B, on place le réfrigérant dans une position descendante et on le met en communication avec A au moyen d’un tube d coudé à angle ai#», puis on introduit dans l’entonnoir E 10 à 15 cc.d’ acide sulfurique N/ 10; on s’assure que tous les tubes sont bien ajustés, on ouvre le robinet de l’entonnoir, on laisse couler l’acide dans le ballon, on ferme le robinet puis on chauffe, doucement d’abord, plus fortement ensuite, jusqu’à ce que l’on ait recueilli à la distillation 250 à 300 cc. d’eau, on éteint le feu, on ouvre le robinet de l’entonnoir pour laisser rentrer l’air pendant le refroidissement et l’on procède au dosage de TCO2 absorbé par la liqueur alcaline, de la même manière que ci-dessus. e ) Calcul de l’acide carbonique libre. — Si l’on admet que l’eau ne contient que des bicarbonates et de l’CO: libre, on pourra aisément, connaissant le poids x de l’CO; fixe et celui y du même élément libre et bicombiné, trouver la quantité d’CO2 libre puisqu’elle est évidemment égale à y — x; mais il importe de remarquer que rien ne prouve l’absence de carbonates neutres à côté des bicarbonates, ce qui rendrait naturellement les calculs illusoires. f) Acide carbonique total. — Egal à .r -f- y. 3° Dosage rapide de l’aride combiné. — On ajoute à 100 cc. d’eau introduits dans un petit gobelet en verre mince, CARBONATES TERREUX 121 10, 15 ou 20 cc. SO3 déci-normal, on fait bouillir pendant 5 ou G minutes, on ajoute une ou deux gouttes de phénolphtaléine puis on procède au titrage de l’excès d’SO3. Soit x le volume primitif et y celui de l’acide en excès : x — y représente évidemment la quantité employée à la décomposition des carbonates; or, comme un centimètre cube S03/10 correspond à 2mgr2 GO2, il est aisé de calculer son poids total pour 1000 cc. d’eau. 1 IV. — CARBONATE DE CHAUX 1° Dosage approximatif. — On fait bouillir 200 à 500 cc. d’eau pendant 5 minutes, on laisse en repos pendant 2 heures, on décante le liquide dans un petit entonnoir obturé par un peu de coton, on lave avec quelques centimètres cubes d’eau distil- lée que l’on réunit au liquide filtré, on dissout le précipité par un excès d’acide déci-normal, etc., comme ci dessus. On déduit le poids du carbonate de chaux de celui de l’CO* en multipliant par 2.2728. La présence de carbonate ou d’oxyde de fer fausse- rait les résultats. 2° Dosage exact. — On procède de même, mais on pèse le précipité et on dose en plus le carbonate de chaux resté en solu- tion; cependant il est plus simple et surtout plus exact de procé- der de la manière indiquée au § suivant. V. - DOSAGE SIMULTANÉ DES CARBONATES CALCIQUE ET MAGNÉSIQUE On évapore presque à sec un volume d’eau déterminé : 200 cc. par exemple, on ajoute B ou 4 volumes d’alcool dilué (alcool à 90° et eau : les oxydes de magnésie et de chaux provenant de la décomposition du chlorure de la pre- mière base et du nitrate de la seconde, que l’on dosera de la ma- nière indiquée aux §§ 14 et 15 ci-après. La solution alcoolique A sera additi onnée d’acide acétique pur en très léger excès, puis évaporée à sec au bain-marie. Le résidu sera épuisé par l’alcool éthéré et la solution B mise de cité, pour le dosage des nitrates alcalins fixes (§ II, p. 86). La partie (R') du résidu insoluble dans l’alcool éthéré sera dissoute par la plus petite quantité possible d’eau distillée froide et la solution, chauffée vers 90-95'’ G., addi- tionnée d’un très léger excès d’eau de baryte. On continuera à chauffer pendant quelques minutes encore, puis on laissera refroidir et on recueillera sur filtre le précipité que l’on y lavera avec soin à l’alcool dilué, jusqu’à ce que ce liquide ne lui enlève plus rien. On réunira tous les liquides filtrés, et on les traitera par un courant d’acide carbonique pur pour enlever l’excès de baryte caustique, et transformer, s’il y a lieu, les oxydes alcalins fixes en carbonates. On filtrera et on mettra de côté la solution (C) ainsi obtenue. Quant au précipité resté sur filtre, on l’y traitera par suffisante quantité d’alcool dilué chaud et acidifié par l’acide acétique. On enlèvera ainsi, puis on dosera la magnésie précipitée par la baryte et il restera le sulfate de baryte que l’on dosera également. On déduira de ces dosages le poids de la magnésie et celui de l’acide sulfurique, ce dernier pouvant être égal ou supérieur en équivalence à celui de la magnésie. Dans le premier cas, l’eau ne contenait pas de sulfate de potasse ou de soude; dans le second, il faudra chercher si la quantité d’acide sulfurique supérieure à celle nécessaire pour saturer la magnésie dosée, correspond à la quantité de carbo- nates alcalins, ce que l’on exécutera de la manière indiquée au paragraphe suivant. ACIDE PHO SPIIORIQUE 127 IX. — SULFATES ALCALINS FIXES. La solution C ci-dessus, sera traitée par un léger excès d’acide acétique et évaporée à sec au bain-marie. Le résidu sera épuisé par l’alcool éthéré qui enlèvera les acétates et laissera les chlo- rures calcique, potassique et sodique. On évaporera la solution à sec,' puis on calcinera le résidu pour transformer les acétates alcalins en carbonates que l’on pèsera, puis dosera volumétrique- ment par SCP déci-normal; on obtiendra ainsi la quantité d’SCP combinée aux alcalis fixes : potasse et soude, en procédant de la manière qui sera indiquée pour le dosage des chlorures alcalins (§ XIII ci-après), opération pour laquelle on emploiera la partie (R) du résidu ci-dessus insoluble dans l’alcool éthéré. X. — ACIDE PHOSPHORIQüE. 1° Recherche et essai rapide. — Une eau qui contient 30 milligrammes PhO5 par litre, se trouble presque instantané- ment par addition d’une petite quantité de chlorure de magnésie ammoniacal : 1 cc. pour 20 à 25 cc. d’eau. Lorsque la proportion est moindre, le trouble ne se produit qu’au bout d’un temps plus ou moins long : 30 à 40 secondes pour 20 milligrammes, 8 à 10 minutes pour 10 milligrammes acide phosphorique anhydre par litre. Toute eau qui, réduite par évaporation au 1/5 de sa valeur, ne se troublera qu’au bout de plusieurs minutes ou de plusieurs secondes, peut être considérée comme bonne; elle contiendra, en effet, moins de 5 milligrammes PhO5 par litre. Si le trouble est instantané, l’eau sera suspecte et devra faire l’objet de nouvelles recherches, enfin celle qui précipite plus ou moins abondamment ou qui se trouble instantanément ou à peu près, avant toute évaporation, devra être rejetée, à moins que la présence de l’acide phosphorique soit nettement démontrée être d’origine végétale ou minérale, car alors il y aurait lieu à de nouvelles recherches. 2° i>ohî»ü;c approximatif. — Est basé sur les indications qui précèdent. Lorsque l’eau précipitera immédiatement par le chlo- rure magnésique, on la diluera de manière à réduire l’intensité, de la réaction et à l’apprécier ainsi plus facilement. ANALYSE CHIMIQUE J28 3° Dosage exact. — 500 à 1,000 cc. d’eau — ou plus si c’est nécessaire — additionnés de 10 cc. HCI concentré pur, sont ré- duits par évaporation à environ 50 cc. Le liquide ainsi obtenu est introduit dans une éprouvette fermée avec un bouchon en verre rodé à l’émeri et y traité par 1 à 2 cc. IICl., puis par un léger excès d’ammoniaque et, enfin, par suffisante quantité de solution magnésienne (§ IG, p. GO). Le mélange, fortement agité , sera laissé en repos pendant 12 heures, puis le liquide clair, surnageant le précipité, sera dé- canté sur un petit filtre Berzélius; on ajoutera 25 à 30 cc. d’eau distillée fortement ammoniacale dans l’éprouvette, on agitera, on laissera quelques minutes en repos, on versera de nouveau le liquide surnageant sur le filtre, on traitera une seconde fois le précipité par une quantité un peu moindre d’eau ammoniacale, on agitera et on versera le tout, précipité et liquide, sur le filtre; enfin, on lavera une dernière fois l’éprouvette et le filtre avec quelques centimètres cubes cl’eau distillée pure, en ayant soin de recueillir tous les liquides et de les mettre de côté pour le dosage • des oxydes de potassium et de sodium (§ XV ci-après). L’entonnoir ayant servi à la filtration sera placé sur l’éprou- vette dans laquelle la précipitation a été faite, et le précipité traité sur filtre par suffisante quantité d’acide azotique dilué bouillant pour tout dissoudre; la solution azotique filtrée dans l’éprouvette y sera agitée de manière à dissoudre toutes les parcelles du pré- cipité qui seraient restées adhérentes à la paroi intérieure, puis on la versera dans une capsule en platine et on lavera le filtre avec quelques centimètres cubes d’eau distillée bouillante, qui serviront également au lavage de l’éprouvette et seront ensuite versés dans la capsule; celle-ci sera placée sur un bain de sable ovale, en dehors de l’action directe de la flamme et son contenu évaporé à siccité,puis calciné d’aborcl au rouge sombre et ensuite au rouge vif jusqu’à cessation de perte de poids. Du poids du résidu de pyrophosphate de magnésie obtenu, on déduira la quantité d’acide phosphorique anhydre en multipliant par 0.63964 et, s’il y a lieu, par 2 pour rapporter les résultats à l’unité de volume, soit 1000 cc. Filtre. — Comme il importe de n’employer, d’une part, que la plus petite quantité possible d’eau ammoniacale pour le lavage CHLORE 129 du précipité et, d’autre part, le moins de liquide acide que faire se peut pour sa dissolution et ce afin d’éviter des pertes de temps et de substance (le phosphate ammoniaco-magnésien n’étant pas tout à fait insoluble dans les eaux de lavage, il faut employer un liltre pas trop grand). On se placera dans les meilleures condi- tions, sous tous les rapports, en prenant un morceau de papier Berzélius ou autre, exempt de fer , mesurant 10 centimètres en- viron de côté, que l’on pliera en quatre de manière à obtenir un filtre sans plis. Si l’on a soin de redélayer chaque fois le précipité dans l’eau de lavage versée sur le filtre, l’opération s’exécutera rapidement et sans qu’il soit besoin de recourir à l’emploi du vide, comme le conseillent plusieurs auteurs. XI. — CHLORE. 1° Recherche. — On acidulé 10 à 15 cc. d’eau avec 5 à 6 gouttes d’acide nitrique concentré pur et surtout absolument exempt d’acide chlorhydrique, puis on ajoute quelques gouttes de solution de nitrate d’argent à 10 p. c., qui détermineront soit un précipité blanc caillebotté, soit un trouble plus ou moins pro- noncé, s’il y a des chlorures en dissolution. 2° Essai rapide. — 10 cc. d’eau sont introduits dans un tube à essai et additionnés d’une ou deux gouttes d’acide azotique pur; on agite, puis on ajoute une goutte de solution déci-normale d’azotate d’argent. Si l’eau ne contient qu’un milligramme envi- ron de chlore par litre, on n’observera de trouble qu’au bout de 5 à 6 secondes; avec 2 milligrammes, le trouble apparaît au bout de 2 à 3 secondes; avec 4 milligrammes, il est pour ainsi dire in- stantané et se montre, à la lumière directe, sous forme de très fines stries; enfin, avec 8-10 milligrammes, les stries se forment instantanément et sont très sensibles. Bien qu’il soit assez malaisé de décrire la nature et l’intensité du trouble produit par le sel d’argent, on peut cependant, avec un peu d’habitude, apprécier assez exactement la quantité de chlore par l’aspect de l’eau- Ainsi avec 1-3 milligrammes par litre, on observe un trouble bleuâtre ou gris bleuté mais assez léger pour laisser à l’eau toute sa transparence, tandis qu’avec 9 p 1 30 ANALYSE CHIMIQUE des proportions de chlore variant de 4 à 10 milligrammes par litre d’eau, le trouble est blanc bleuâtre, blanc clair ou blanc I opaque, et le liquide perd peu à peu sa transparence. Remarque. — Il est indispensable de suivre exactement les indications qui précèdent si l’on veut obtenir des résultats com- parables : un réactif plus concentré ou plus étendu, ou bien em- ployé en plus grande quantité, modifierait plus ou moins forte- ment et parîois du tout au tout, les réactions susmentionnées. 3° i>o*agc exact. — Est trop facile et trop rapide pour qu’il soit utile de recourir au dosage approximatif ou par maximum dont nous ne parlerons par conséquent pas. 100 cc. d’eau sont introduits dans un petit gobelet en verre mince et additionnés de 2 gouttes d’une solution concentrée de chromate neutre de potasse préparé récemment; on pose le go- belet sur une surface blanche et on procède de la manière indi- quée au § 20, p. 62 pour le titrage du chlorure sodique. On multiplie par 10, puis par 0e'003537 le nombre de centimètres cubes et fractions de centimètres cubes du réactif argentique, • nécessaires pour obtenir la teinte rouge du liquide : le produit de cette multiplication représente le poids du chlore en dissolu- tion dans un litre d’eau. Remarque. — Si la quantité de chlore était très petite, il fau- drait concentrer plus ou moins fortement l’eau par évaporation au bain de sable. On laisserait refroidir, puis on procéderait au titrage sans se préoccuper du précipité qui aurait pu se former pendant l’évaporation. XII. — CHLORURE DE MAGNÉSIE. Le résidu R (§ VIII, p. 126) sera lavé, séché et pesé. En l’ab- sence de chaux, il suffira de multiplier le poids trouvé par 2.3585, mais si l’eau contenait du nitrate calcique, celui-ci se trouverait dans le résidu R, suffisamment calciné, à l’état d’oxyde de cal- cium. Dans ce cas, le mieux est de traiter ce résidu, pesé avec soin, par un excès d’HCl déci-nonnal (10, 15 ou 20 cc. suivant le cas), que l’on dose par la soude N/10; connaissant le poids P du résidu et celui p du chlore nécessaire à la formation des chlo- rures de chaux et de magnésie, on trouvera celui de chacun d’eux de la manière indiquée au paragraphe suivant. En multi- 1 CHLORURES ALCALINS 131 pliant celui du chlorure de calcium par 1.3541 on obtiendra le poids de l’azotate correspondant. XIII. - CHLORURES DE CALCIUM, DE POTASSIUM ET DE SODIUM. Le résidu R' (§ VIII) sera dissous dans l’eau et la solution addi- tionnée d’oxalate d’ammoniaque; le précipité bien lavé mais non séché est dissous dans 100 cc. d’eau pure additionnés de 5 ce. d’acide sulfurique concentré pur; on chauffe à 60’ C. et l’on titre parle permanganate de potasse de la manière indiquée au § 22, p. 63. En déterminant au moment même la valeur du perman- ganate en acide oxalique, on pourra aisément obtenir des ré- sultats très exacts. 9 parties en poids d’acide oxalique anhydre correspondent à 7 parties d’oxyde calcique ou 10.999 chlorure. Les liquides séparés par filtration de f oxalate de chaux seront, y compris les eaux de lavage de ce dernier, évaporés à sec et le résidu calciné à aussi basse température que possible pour dé- truire les sels ammoniacaux sans toucher aux chlorures de po- tasse et de soude. On pèsera après refroidissement, puis on dissoudra dans l’eau et on dosera le chlore par le nitrate d’ar- gent N/10. Soit P le poids du résidu et p celui du chlore, x le poids du KC1 et y celui de NaCl; on aura x i- y — P D’autre part, dans KC1 dont l’équivalent est 74.4, il y a 35.37 35 37 de chlore et dans x, il y aura — — x. Même calcul pour NaCl, 35.37 soit — gg’g-y - y. D’où une seconde équation 35.37 . 35.37 _ . r„ , x -| n y — p, ou, en simplifiant, 74.4 58.37 0.475 x + 0.606 y — p. Il suffira de résoudre ce système de 2 équations à 2 inconnues, pour obtenir les résultats cherchés. Exemple : Soit P = 0.200 et p — 0.1 10 x 4- y — 0.200, d’où x — 0.2 — y 0.4754 x T- 0.606 y — 0.11, d’où x — — ^ J ’ 0.4754 par conséquent no _ 0.11- 0.2 y — - 0.606y 0.4754 d’où y — 0 gr. 1142 et x — Q gr. 0858. 132 ANALYSE CHIMIQUE XIV. - OXYDE DE CALCIUM. 1° Essai rapide — 20 ce. d’eau sont introduits dans un tube d’essai et y additionnés de I ce. d’oxalate d’ammoniaque (§ 23, p. 64). Si l’eau contient plus de 0 r5 CaO par litre, on observe la formation d’un précipité pulvérulent instantané, descen- dant plus ou moins rapidement au fond du tube suivant la pro- portion de chaux en dissolution. Pour 0'r4 à 0*r5 CaO, le pré- cipité est plus léger, reste en suspension sous forme de trouble blanc grisâtre et ne se forme que 1 à 2" après que le réactif a été versé dans le liquide. Lorsque la proportion de chaux varie de 0grl à (F 3 par litre, le temps nécessaire à l’apparition du • trouble est de 3 à 6 ou 7" au plus; enfin pour (F05, il s’écoule environ 15" avant que le liquide se trouble. Comme nous estimons inutile de nous préoccuper d’une proportion d’oxyde calcique inférieure à 5 centigr. par litre, nous n’avons pas cru nécessaire de rechercher quelle était la limite de sensibilité abso- lue ou relative — en fonction du temps — de la réaction. 2’ Dosage volumétrique. — On chauffe à l’ébullition dans un gobelet ou un matras en verre mince, 100 cc. d’eau préalable- ment additionnés de suffisante quantité (une ou plusieurs gouttes suivant les cas) d’acide acétique pour décomposer les carbo- nates; on laisse refroidir pendant quelques instants, on ajoute 1/10 de centimètre cube d’une solution aqueuse saturée de sul- fate d’alumine, on agite, on verse goutte à goutte d’abord et en- suite en un petit filet et en agitant continuellement, 5 à 10 cc., c’est-à-dire un sérieux excès, de la solution oxalo-ammonique ci-dessus, on couvre et on laisse en repos jusque refroidissement ou plus longtemps si c’est nécessaire pour séparer le précipité; on décante alors dans un petit entonnoir obturé par une bourre de coton, on lave le précipité, le vase et l’entonnoir avec un peu d’eau froide, on reçoit les liquides filtrés dans un ballon jaugé de 110 cc., on mélange bien et on divise en deux parties égales dans chacune desquelles on dose l’excès d’oxalate d’ammo- niaque par le permanganate de potasse, de la manière indiquée précédemment (§ XIII). I cc. de la liqueur oxalique ajouté à 100 cc. d’eau correspondant à 56 milligrammes oxyde de cal- cium par litre , les calculs sont faciles. OXYDE DE MAGNESIUM 133 Ce procédé remplace avantageusement celui par maximum in- diqué dans la première édition de cet ouvrage; il est aussi rapide et beaucoup plus exact. On pourrait même le rendre très précis , en procédant à un essai préalable sur 100 cc. d’eau distillée addi- tionnés d’un poids exactement déterminé, 10 centigrammes par exemple, de carbonate de calcium pur (contenant par conséquent o6'mrCaO) et traitant exactement comme il vient d’être dit II suffira de faire ensuite les corrections indiquées par cet essai pour obtenir des résultats aussi et même plus exacts que ne pour- rait donner le dosage pondéral, beaucoup plus long et plus déli- cat. Il va sans dire que nous supposons les solutions exactement titrées et tous les appareils jaugés et gradués avec la plus grande précision. Si l’eau contenait des quantités très appréciables de magnésie, de fer et d’alumine, il faudra les séparer. 3 Dosage pondéral. — Le précédent suffit, même pour des recherches scientifiques; cependant, si l'on voulait recourir au dosage pondéral de la chaux, on y procéderait soit par précipita- tion au moyen d’oxalate d’ammoniaque, soit sous forme de sul- fate. Le premier mode est général, mais il exige quelques pré- cautions assez minutieuses lorsque l’eau contient des quantités sensibles de fer, d’alumine et de magnésie. Dans ce cas, du reste assez rare, le second est préférable, mais si le liquide contient des phosphates, il n’est plus applicable. Il est bien entendu qu’en faisant ces observations, nous n’avons en vue que les recherches ou dosages très précis. Pour le surplus, on trouvera dans Frésénius tous les détails relatifs aux deux pro- cédés que nous nous bornons à indiquer ici; leur description com- plète nous entraînerait trop loin et serait sans intérêt pour nos lecteurs. XV. - OXYDE DE MAGNESIUM. 1° lvs.su i rapide. — 50 cc. d’eau préalablement bouillie pen- dant quelques instants, puis filtrée, sont additionnés de 10 à 15 gouttes d’une solution concentrée de chlorure ammonique et d’un égal volume d’ammoniaque, puis de là2cc. environ déso- lation saturée de phosphate double d’ammoniaque et de soude: on ferme le tube avec le pouce et on l’incline do manière à lui donnerla position horizontale et à promener le liquide de gauche 134 ANALYSE CHIMIQUE à droite et vice-versa, mais en évitant soigneusement de l’agiter{\) : si l’eau contient au moins 15 milligrammes MgO par litre, il se produira un trouble immédiat, I rès nettement visible, surtout en se plaçant près d’une fenêtre bien éclairée et examinant le tube latéralement à la lumière. On déterminera approximativement la quantité de magnésie en solution, en diluant successivement l’eau examinée avec de l’eau distillée. Ainsi, par exemple, si à 25 cc. d’une eau se trou- blant comme il vient d’être dit, on ajoute 25 cc. d’eau distillée et que l’on répète l’expérience, on pourra conclure qu’elle contient moins de 30 milligrammes de magnésie par litre si le trouble ne se manifeste point. L’on conçoit qu’il est aisé de se rapprocher de plus en plus de la réalité, en ajoutant plus ou moins d’eau dis- tillée, le volume de celle-ci étant toujours déterminé. Avec un peu d’habitude l’on parvient du reste à supprimer une partie de ces tâtonnements, en se basant sur l’intensité du trouble produit. 3o Dosage exact. — 500 cc. d’eau sont additionnés de 4 à 5 cc. HCl concentré pur et évaporés jusque réduction à 100 cc. environ; on laisse refroidir pendant quelques minutes, on verse dans une éprouvette à bouchon de verre, on ajoute un petit excès cl’AzH1 * 3 puis 5 à [6 cc. d’une solution concentrée de phosphate double d’ammoniaque et de soude, et encore 15 à 20 gouttes cl’AzH3, on ferme, on agite fortement pendant 15 à 20", puis on met de côté pendant 3 à 4 heures, en ayant soin d’imprimer de temps à autre quelques légères secousses à l’éprouvette, de ma- nière à faire tomber tout le précipité au fond. Le liquide est alors décanté dans un petit entonnoir obturé par une bourre de coton, puis le précipité et l’éprouvette sont lavés à deux reprises avec 10 à 20 cc. d’eau ammoniacale et rin- cés ensuite avec 5 ou G cc. d’eau pure, que l’on filtre également, puis on verse dans l’entonnoir, préalablement posé sur l’éprou- vette, de l’eau distillée chaude additionnée d’acide azotique con- centré, en vue de dissoudre le précipité; la solution ainsi obte- nue est introduite dans une capsule en platine, dans laquelle on (1) L’agitation du liquide activerait considérablement la réaction et le trou- ble apparaîtrait immédiatement alors même que l’eau examinée contiendrait beaucoup moins de 15 milligrammes de magnésie par litre ; les résultats ne seraient donc plus comparables. OXYDES DE POTASSIUM ET DE SODIUM 135 verse également le peu d’eau chaude nécessaire au lavage de l’entonnoir et de l’éprouvette, on évapore avec précaution puis on sèche, calcine et pèse le résidu. En multipliant le poids trouvé par 0.36036, puis par 2, on obtient le poids de la magnésie en dissolution dans un litre cl’eau. XVI. — OXYDES DE POTASSIUM ET DE SODIUM. Les eaux mères et de lavage ayant servi au dosage de l’acide phosphoricjue (§ 10 p. 127), sont évaporées à siccité et le résidu, calciné avec précaution jusque disparition des sels ammonia- caux, dissous dans la plus petite quantité possible d’eau distillée froide, de manière à obtenir une solution concentrée mais non saturée cependant, que l’on traitera à une douce chaleur et dans l’obscurité, par un excès d’un mélange d’oxyde et de carbonate d’argent précipités purs, encore humides et préparés au moment même de s’en servir; le mélange sera agité de temps en temps puis, après une à deux heures environ, on filtrera et on lavera le précipité avec soin. Le liquide filtré et les eaux de lavage réunis seront additionnés d’un très léger excès d’acide sulfurique dilué pur, puis évaporés au bain-marie dans une capsule en platine; le résidu sera séché, chauffé jusqu’à disparition de toute trace d’acide libre, refroidi, très exactement pesé, puis traité par l’eau distillée de manière à obtenir une solution modérément concen- trée, laquelle doit être absolument exempte de toute trace de sel d’argent. Si elle en contenait, il faudrait la traiter par une quan- tité strictement suffisante d’HGl dilué, filtrer, évaporer, sécher, peser et redissoudre une seconde fois. Cette solution est introduite dans une capsule en porcelaine et additionnée d’un excès suffisant d’une solution aqueuse concen- trée de chlorure de platine pur pour transformer toute la potasse en sel double; on évapore au bain-marie de façon à n’avoir plus que quelques centimètres cubes, on laisse refroidir puis on ajoute en remuant toujours et d’abord par petites portions, un mélange de 2 p. d’alcool absolu et 1 p. d’éther, correspondant à environ 20 fois le volume du liquide aqueux ; on laisse reposer pen- dant 15 à 20 minutes, on filtre et on lave le précipité à l’alcool éthéré jusqu’à ce que le liquide filtre incolore, puis on sèche et ANALYSE CHIMIQUE 136 on chauffe ensuite dans un creuset en porcelaine, jusqu’à des- truction complète du filtre, on ajoute un peu d’acide oxalique pur et on chauffe pendant quelques minutes au rouge à peine sombre. Le résidu ainsi obtenu est épuisé par l’eau distillée chaude et la partie insoluble est chauffée au rouge, au contact de l’air, jusqu’à cessation de perte de poids. On pèse, et du poids trouvé, on déduit la tare du creuset, puis on multiplie par 0.478 pour obtenir le poids de Y oxyde de potassium anhydre correspon- dant ou par 0.75668 pour obtenir celui du chlorure de potassium. Si du poids connu des deux chlorures on retranche le poids du chlorure de potassium ainsi déterminé, on obtiendra le poids du chlorure de sodium , dont on déduira le poids de Y oxyde de sodium anhydre en le multipliant par 0.5306. XVII. — AZOTE ET OXYGÈNE. Pour doser ces deux gaz, c’est-à-dire l’air en dissolution dans l’eau, nous procédons comme suit : Appareils. — Un ballon B (fig. 50), d’une contenance de 1 100 ce. environ et dont le col, assez long et entouré d’un manchon en verre M, est fermé par un bouchon en caoutchouc percé de deux trous. Un vase G d’une contenance de 12 à 1300 cc. environ. Deux supports, l’un S avec brûleur à gaz et toile métallique /. l’autre S' avec pince pour le manchon M. Enfin, une burette à gaz B’ de 25 cc. graduée en centimètres cubes et 1/10 de cc. avec entonnoir E communiquant par l’intermédiaire du robinet R, avec la burette; celle-ci est maintenue dans le vase C par un AZOTE ET OXYGÈNE 137 support S". Le ballon B communique avec G par les tubes a, c, b , et avec la burette B' par les tubes a,c',b'; le tube a plonge dans le ballon jusque près du fond, tandis que le tube a affleure simplement la face inférieure du bouchon. Opérations préliminaires. — 1° On remplit la burette B' et le vase C avec une solution de soude caustique à 10 p. c., récem- ment bouillie et refroidie, l’entonnoir E restant vide. !20 On remplit presque entièrement le vase G avec l’eau à ana- lyser, on le pèse sur une balance sensible au décigramme on et note le poids. 3° On introduit 50 à 60 cc. d’eau distillée dans le ballon B, on met le bouchon muni de ses tubes et des pinces p et p\ on allume le brûleur et on chauffe à l’ébullition que l’on maintient jusqu’à ce qu’il ne reste plus que 10 à 15 cc. environ d’eau dans le ballon. Pendant cette opération, b' plonge dans le li- quide alcalin en G mais en dehors de la burette B', tandis que b communique avec l’atmosphère. Lorsque l’ébullition doit être arrêtée, on ferme c avec p et on plonge immédiatement b dans le vase G, puis on ferme ensuite c avec p' en même temps que l’on éteint le feu. Dosage. — L’appareil étant refroidi, on ouvre la pince p et on laisse entrer l’eau dans le ballon jusqu’à ce qu’elle arrive un peu en dessous de la naissance du goulot, on ferme alors la pince et on pèse de nouveau G : la différence des deux pesées indique la quantité d’eau introduite dans le ballon, moins épile contenue dans le tube a b. Pour faire passer celle-ci dans le ballon, il suffit de plonger b dans un petit gobelet rempli d’eau distillée récemment bouillie et refroidie, d’ouvrir p et de laisser passer en B quelques centimètres cubes de ladite eau, après quoi on ferme p. Tout étant ainsi arrangé, on chauffe le ballon d’abord douce- ment puis plus fortement, en même temps que l’on fait passer un courant continu d’eau froide dans le manchon M, en vue de condenser la vapeur d’eau. Dès que la partie c du tube en caout- chouc commence à se gonfler, on desserre doucement la pince p' de manière à laisser passer les gaz et à les diriger dans la bu- rette B' où on les recueille; celte opération demande à être con- 138 ANALYSE CHIMIQUE cluite avec quelque attention, car si l’on ouvrait brusquement p le mercure passerait de B' en B, ce qu’il faut éviter. Lorsqu’il n’arrive plus de bulles gazeuses en B', on arrête l’écoulement d’eau froide dans le manchon, que l’on vide même entièrement de façon à activer la marche de l’opération, et l’on continue l’ébullition jusqu’à ce que la vapeur d’eau commence à sortir du tube b'\ on éteint alors le feu et on supprime immédia- tement toute communication entre B' et B. Il reste maintenant à mesurer le volume total du gaz recueilli, ce à quoi l’on parviendra de la manière indiquée page 85. Pour doser l’oxygène, on remplira à peu près complètement l’entonnoir E avec une solution concentrée de pyrogallate de po- tasse et, mieux encore, avec une solution de chlorure chromeux, dont l’action absorbante est très énergique; on maintient, pen- dant l’absorption, la burette B plongée dans l’éprouvette (p. 85) de manière que les deux niveaux coïncident constamment. Lors- que le réactif absorbant ne pénètre plus dans la burette, on appuie sur celle-ci avec précaution, de manière à l’enfoncer légèrement dans l’éprouvette jusqu’à ce que le niveau intérieur soit un peu plus bas que le niveau extérieur; on produit ainsi une légère pression sur le volume gazeux restant, pression qui le met en contact plus intime avec le réactif absorbant, ce qui complète son action. Toutefois il est nécessaire de surveiller avec soin cette petite manipulation afin d’éviter des pertes de gaz. La mesure du volume gazeux restant s’exécutera comme la première fois et donnera le volume de l’azote ; celui de l’oxygène s’obtiendra par différence. Il est bon toutefois d’essayer si l’azote est pur et notamment s’il ne contient pas de carbures d’hydrogène (voir p. 95 et sui- vantes). XVIII. — OXYGÈNE Un procédé de dosage exact et rapide de l’oxygène seul pré- senterait un très sérieux intérêt; aussi a-t-on cherché, depuis longtemps déjà et un peu partout, à le découvrir. Malheureuse- ment on n’y est certes pas encore parvenu. OXYGÈNE 139 Quelques auteurs estiment cependant que le procédé Gérar- din, tel qu’il a été modifié par Schutzenberger et Risler, donne des résultats très satisfaisants et très rapides. Pour notre part, nous ne lui reconnaissons aucun avantage sur celui que nous allons décrire, ni comme exactitude, au contraire même, ni comme rapidité; par contre, il est beaucoup plus incommode pour tout ce qui concerne la préparation et l’emploi des réactifs. Nous n’en dirons donc pas davantage. Dans la première édition de cet ouvrage, nous avons décrit un procédé basé sur l’absorption de l’oxygène par l’oxyde ferreux à l’état naissant et la détermination de la valeur numérique de cette absorption par le permanganate de potasse. Malheureuse- ment nous n’avions pu, la maladie nous clouant sur notre lit, revoir nos épreuves ni contrôler les descriptions, de telle sorte que nous ne nous sommes aperçus que beaucoup trop tard de la faute grossière que nous avions commise, en oubliant de men- tionner l’emploi de la soude caustique. Cette faute, nous la répa- rons ici et nous indiquons, d’autre part, un modus operandi tout aussi simple, mais donnant des résultats plus précis et permet- tant d’exécuter le dosage aussi facilement sur les lieux mêmes, c’est-à-dire au moment du puisage, qu’au laboratoire. Appareil. — Dans le laboratoire, le mieux est d’employer un gobelet ou un flacon à large goulot, aussi étroit que possible et d’une capacité de 130 à 140 cc. environ. Les burettes de Mohr, les pipettes, etc., ordinaires, suffisent amplement. Quant on veut doser l’oxygène au moment même du puisage ou du prélèvement de l’échantillon, on fait usage d’une sorte d’éprouvette ordinaire mesurant à peu près 4 centimètres de diamètre et 12 centi- mètres de hauteur, d’une contenance de 125 à 130 cc. environ et portant un trait de jauge, que l’on peut tracer soi-même, limi- tant exactement une capacité de 100 cc. Cette éprouvette, dont la partie supérieure est rétrécie sous forme de goulot, peut être fermée par un bouchon en liège ou en caoutchouc à deux trous, dans l’un desquels est fixé la pointe d’une petite burette de Mohr à robinet, d’une contenance de 12 cc. et divisée en 1/10 de cc., et dans l’autre un petit bout de tube en verre pour laisser sortir l’air pendant l’addition du permanganate (fig. 51), trois pipettes de 2 cc. dont une au moins très exactement jaugée, complètent l’ap- 140 ANALYSE CHIMIQUE pareil nécessaire (ces pipettes peuvent être préparées au labora- toire même, au moyen de petits tubes à gaz). Réactifs. — Ce sont ceux indiqués au § i, page G4, sous les nos 25 à 27 inclus; on y joint un petit flacon de benzine distillée pure. Opération préliminaire. — Nous supposerons que l’on doit exécuter le dosage au dehors; dans le laboratoire, on employera, comme nous l’avons dit, le matériel ordinaire et un gobelet au lieu de l’éprouvette. On introduit dans l’éprouvette E (figure 51) 100 cc. de l’eau à analyser puis on y ajoute 2 cc. d’acide sulfurique D et 2 cc. de solution A; on mélange doucement, puis on ferme l’éprouvette au moyen d’un bouchon portant lepetit tube if et la burette de Mohr B préalablement remplie jusqu’au 0 avec la solution permanga- nique (1). On place l’appareil sur un morceau de papier blanc, devant une fenêtre bien éclairée, puis on laisse couler le per- manganate dans l’éprouvette centimètre cube par centimètre cube, jusque coloration rouge faible permanente. Fig- 51- On note le nombre de centimètres cubes nécessaires à cette fin, soit par exemple 11, on vide l’éprouvette, on la rince avec l’eau même puis on la remplit de nouveau jusqu’au trait de (1) 11 faut qu’avant de mettre le bouchon en place, le liquide descende jusque l'extrémité de la pointe p et affleure en même temps au 0. OXYGÈNE 141 jauge et on recommence le dosage, mais en ayant soin de verser le permanganate goutte à goutte à partir du 10° cc., jusqu’à ce que le liquide paraisse coloré en rouge très clair mais bien visible en regardant de haut en bas et un peu obliquement. Supposons que l’on ait employé, pour obtenir ce résultat, 10ccl. Dosage. — Le titre du permanganate étant fixé par rapport à l’eau et au sel ferreux employés, on procède au dosage de l’oxygène en suivant exactement la marche indiquée ci-dessus, mais avec les modifications suivantes : On verse 100 cc. d’eau dans l’éprouvette, on ajoute 2 cc. de soude, puis 10 cc. environ de benzine et ensuite 2 cc. solution fer- reuse; on laisse réagir pendant 1 minute au plus, puis on ajoute 2 cc. permanganate, on applique la paume de la main gauche sur le goulot de l’éprouvette et on renverse celle-ci sens dessus des- sous pour bien mélanger les liquides et dissoudre tout l’oxyde ferrique. On place alors l’éprouvette sur une surface blanche, on met le bouchon et on laisse couler du permanganate goutte à goutte jusque coloration rouge faible, soit par exemple, 5e'9. La différence : 10 C1 - 5 ' 9 ou 4"' 2, représente l’oxygène absorbé par le sel ferreux; or, nous savons que 1 cc. permanganate correspond à 0mK'2 d’oxygène : par conséquent, le poids de ce gaz en disso- lution dans un litre d’eau sera égal à 4,r2 x 10 X 0'nb''2 = 8 “M4 ou 5 '85 environ (chiffre trouvé le 5 octobre 1893 à midi, dans l’eau de canalisation de la ville de Bruxelles). Remarques. — 1° La benzine ayant pour effet d’éviter toute action de l’air ambiant, permet par conséquent d’opérer en vase ouvert et de supprimer l’emploi des pipettes ou des burettes, appareils, etc., spéciaux ou coûteux et d’un fonctionnement plus ou moins délicat. 2° Certaines eaux ferrugineuses, nitreuses, etc., décolorent en milieu acide une quantité de permanganate supérieure à celle exigée parles 2 cc.de solution ferreuse dans l’eau pure, mais il n’y a pas à s’en préoccuper au point de vue du dosage de l’oxygène, puisque la réaction se produit aussi bien lors du titrage prélimi- naire que pendant le dosage même. On notera cependant le phénomène et le volume de permanganate supplémentaire, lequel permettra de calculer la quantité de fer ou d’acide nitreux y correspondant. 142 ANALYSE CHIMIQUE XIX. — DEGRÉ I-IYDROTI MÉTRIQUE. Nous répétons ici ce que nous avons dit dans notre Introduc- tion : la détermination du degré hydrotimétrique est sans aucune valeur au point de vue hygiénique; nous nous bornerons donc à reproduire à peu près textuellement la description du procédé d’après X Annuaire de X Observatoire de Montsouris. 1° Liqueur liydrotimétriquc. — Savon amygdalin bien sec, 100 grammes, alcool à 90°, 1,000 grammes : on dissout le savon dans l’alcool en chauffant jusque ébullition, on filtre pour séparer les matières insolubles et on ajoute à la dissolution filtrée 1000 cc. d’eau pure. 2" Liqueur normale de chlorure de calcium. — On dissout 0"r25 CaCl fondu et sec dans 1000 cc. d’eau distillée. On admet que cette dissolution normale correspond à 22° hydrotimétriques ; 1° correspondant par conséquent à llmgI4 de chlorure de calcium dans un litre. Cette convention, absolument arbitraire d’ailleurs, doit être adoptée par tous les observateurs, afin que les résultats, exprimés en degrés, soient comparables. 3’ Titrage de la liqueur hydrotimétrique. — On en remplit une burette de Mohr de 50 cc.et on la laisse couler goutte à goutte dans un flacon contenant 40 cc. de chlorure de calcium normal, jusqu’à formation d’une mousse persistante, c’est-à-dire ne disparaissant pas par agitation. On note le nombre de centi- mètres cubes nécessaires, puis on recommence l’opération, mais sur 20 cc. de CaCl seulement. 4° Calculs. — 40 cc. CaCl exigent 20' 4 20 )1 i r 1 o différence 9 ' 4. Soit 9 V4 de liqueur de savon pour 20 cc. de liqueur normale ou 1S"'8 pour 40 cc., correspondant à 22" hydrotimétriques. 1 cc. de la liqueur de savon correspond, par conséquent, à 22 18 r8 = 1°17, L’exactitude des calculs reposant toute entière sur celle du titre de la liqueur de calcium, il est nécessaire de le fixer exacte- ment par précipitation au moyen de l’oxalate d’ammoniaque. 4" Dosage. — On prend 5, 10, 20 cc. de l’eau à analyser et on y ajoute 35, 30, 20 cc. d’eau distillée pure, de manière à opérer DEGRE HYDROTIMETRIQUE 143 toujours sur 40 cc.; on procède ensuite comme pour le titrage ci-dessus. Lorsque l’eau est très chargée en sels calcaires, il se forme à la surface du liquide à mesure que l’on ajoute le savon, des grumeaux qui empêchent de saisir avec précision l’apparition de la mousse. Dans ce cas, il faut arrêter l’analyse et recommencer en prenant moins d’eau. 5° I>étoi*uiiiiîilion «lu de^rr liydrotiiuéti'iqiic après ébullition. — On verse 100 cc. de la liqueur dans un ballon de verre et on la soumet à l’ébullition pendant une demi-heure. Si l’eau contient des bicarbonates de chaux et de magnésie, pendant l’ébullition les bicarbonates sont transformés en carbonates, le carbonate de chaux se précipite soit seul, soit accompagné d’une petite quantité de carbonate de magnésie ; mais, par le refroidis- sement et l’agitation de la liqueur, ce dernier se redissout, de manière qu’en filtrant on ne sépare que le carbonate de chaux. Quand le liquide est refroidi, on complète son volume, réduit par l’évaporation, à 100 cc. avec de l’eau distillée. On filtre et la liqueur filtrée est analysée avec la liqueur de savon. Son degré hydrotimétrique, comparé à celui qu’elle avait avant l’ébullition, fait connaître, par différence, la proportion de carbonate de chaux qu’elle a perdue- Il convient cependant de remarquer que la différence des lectures ainsi obtenues donne non-seu- lement le carbonate de chaux, mais encore l’acide carbonique dissous dans l’eau et qui a été chassé pendant l’ébullition. Il est nécessaire de faire subir à la lecture correspondant à l’eau bouillie une correction de 3° en raison de la solubilité du carbo- nate de chaux dans l’eau. Exemple : Eau de Choisy-le-Roi. Titre hydrotim. direct : T’,2 X 17,2 = 20", G I 4 A-e 7 O ] Après ébullition j g() ' ^ j 1",2 X 5,6= G", 7 Il faut donc donner comme lecture après ébullition 6,7 — 3° = 3°, 7. On voit que cette eau (de Choisy-le-Roi) est très carbonatée : la lecture correspondant à ce carbonate, laissant de côté l’acide carbonique dissous, serait de 20 ',6 — 3", 7, soit 17° de la liqueur 144 ANALYSE CHIMIQUE normale, c’est-à-dire 10n,;r3 x 17 = 175 milligrammes de carbo- nate de chaux par litre d’eau. M. Albert Levy publie dans Y Annuaire de Montsouris, année 1892, pages 291 et suivantes, une étude critique duproeédéhydro- timétrique au cours de laquelle il énumère les diverses causes d’erreurs que l’on doit, dit-il, éviter. Nous les résumons briève- ment ici : 1° L’eau distillée n’a jamais un titre nul, on doit donc faire les corrections nécessaires; 2° Les résultats varient suivant la plus ou moins grande rapi- dité avec laquelle on verse la liqueur hydrotimétrique : de plus de 2° quand on opère sur 40 cc. d’eau et de plus de 16' (!!) quand on n’a opéré que sur 5 cc. M. Levy recommande de verser la liqueur par 10 gouttes au début, par 5 quand la saturation est presque obtenue et, enfin, par 2 gouttes au moment où l’opéra- tion va être terminée; 3’ Fausse mousse. — On parvient le plus souvent à la faire disparaître en versant dans le liquide 1 ou 2 gouttes d’AzEF éten- due de son volume d’eau. Dans tous les cas, il convient d’attendre quelques minutes, en imprimant au liquide un léger mouvement de rotation autour de l’axe du flacon; 4° La correction de mousse n’est pas égale, comme le disent MM. Boutron et Boudet, à une division de leur burette : elle doit être déterminée par chaque opérateur et chaque fois que l’on change de liqueur hydrotimétrique et d’eau distillée; 5° M. Levy insiste vivement sur la nécessité absolue de vérifier fréquemment et avec le plus grand soin le titre des liqueurs. Les liqueurs de savon fournies par les fabricants de produits chimiques peuvent faire varier les résultats d’un tiers ! 1 0° Jusqu’en 1892, M. Levy avait admis que le chiffre de 3’ soit 30'nfr9 carbonate de chaux, indiqué par MM. Boutron et Boudet. comme correspondant à la teneur de l’eau en carbonate calcaire après ébullition, était exact, mais il résulte d’expériences faites récemment par lui et dont les résultats sont publiés dans 14//- nuaire de 1892 (p. 300 et suiv.) que cette “ constante „ est loin de l’être “ constante puisqu’elle peut varier de 21.7 à 32"1,!r5. Or, ces variations sont bien autrement considérables encore que ne le suppose M. Levy : c’est ainsi que Frésénius affirme que DEGRE HYDROTIMETRIQUE 145 l’eau bouillie peut retenir en dissolution jusque 113 milligrammes de carbonate de chaux; nos expériences sont peut-être plus caractéristiques encore : une même eau, celle de la ville de Bruxelles, en retenait de 31 à (58 milligrammes, suivant la durée de l’ébullition, le mode de refroidissement, le volume d’eau employé, etc. En refroidissant rapidement et à l’abri de TCO'2 de l’air, on obtenait un chiffre minimum, tandis que le maximum correspondait à une eau refroidie lentement: 2 heures environ en vase largement ouvert. 10 DEUXIÈME PARTIE ANALYSE MICROGRAPHIQUE CHAPITRE PREMIER TECHNIQUE I. — Appareils. Un microscope moyen modèle avec condensateur Nachet-Abbe, tube à tirage gradué, 2 oculaires et 3 objectifs dont 2 à sec et 1/12 à I-H, le tout acheté chez un constructeur de premier ordre : Nachet, à Paris; Reichert, à Vienne; Siebert, à Wetzlar; Watson et fils, à Londres; Zeiss, à Iéna. On y joindra trois ou quatre douzaines de lames porte-objet, une centaine de lamelles couvre-objet, 5 ou G verres de montre, une ou deux douzaines de petits tubes à granules homéopathi- ques, 2 ou 3 verres coniques à pied de 50 à 60 cc. de capacité, quelques tubes pipettes — que l’on prépare soi-même — 1 ou 2 éprouvettes de 50 à 100 cc. graduées en 1/2 et 1/5 cc., deux flacons Zune à acide osmique (flg. 52) et une douzaine de tubes à essai en verre assez mince. La plupart de ces objets sont du reste identiques à ceux du laboratoire et ne sont mentionnés ici que pour mémoire. IL — Réactifs. On peut tirer parti de tous ceux que l’on possède, mais les suivants sont seuls nécessaires. 14s ANALYSE MICROGRAPHIQUE ci) Acide osmique. — On l’achète en tubes de 50 centigrammes (fig. 53) et on l’emploie en solation aqueuse à 1 p. c.; comme il est excessivement altérable et que ses vapeurs sont fortement irritantes pour les yeux, il importe de prendre quelques précau- tions tant pour la préparation que pour l’usage et la conservation des solutions. Voici comment nous procédons : Dans un flacon spécial d’une contenance de 50 cc. environ (fig. 52), préalablement lavé avec soin à l’acide sulfurique puis à la soude caustique en solution aqueuse (10 p. c.) bouillante, rincés à l’eau distillée puis à l’alcool et, enfin, à l’éther sulfurique et séché, on introduit le contenu d’un tube à acide osmique, dont on détache au préalable la pointe par un trait de lime (a), on ajoute immédiatement 50 cc. d’eau pure bouillie et encore chaude, puis on ferme (pendant ces manipulations le bouchon a dû être tenu en main par un aide) .11 suffitd’ agiter doucement de temps en temps pour obtenir assez rapidement une solution limpide qui fa . ~ ■> Fig. 53. se conservera aussi longtemps que l’on voudra, puisqu il suffit pour en retirer tout ou partie de presser légèrement la poire en caoutchouc G. L’air qui rentre après la sortie du liquide étant obligé de filtrer au travers des bourres en verre filé introduites dans les boules B (par le constructeur) et A (au laboratoire et avant tout lavage), aucune matière organique ne peut avoir accès dans le flacon. REACTIFS 149 b) Acide acéto-chromosmique ou chromo-acêtosmique. — So con- serve comme le précédent et se prépare comme suit : solutions aqueuses d’acide osmique à 1 p. c. et d’acide chromique à 5 p. c.? de chaque 25 ce.; acide acétique cristallisable, 1 cc. On mêle dans le flacon même, lavé comme il a été dit en a. Ce réactif est beau- coup moins altérable que le précédent et peut le remplacer fré- quemment. c) Solution d’iode on liqueur Gram. — On la prépare en ajou- tant 1 gramme d’iode dans 300 cc. d’eau tenant en dissolution 2 grammes d’iodure potassique pur. d) Chloroïodure de zinc. — On dissout à chaud et en agitant continuellement avec une baguette en verre, 50 grammes chlo- rure de zinc distillé pur dans 10 cc. d’eau distillée, on ajoute ensuite 5 grammes iodure potassique, on fait dissoudre, on intro- duit dans le mélange 1 gramme environ d’iode bisublimé, on chauffe doucement en agitant jusque apparition d’abondantes vapeurs violettes, on couvre, on laisse refroidir en remuant de temps en temps, on verse dans une éprouvette graduée en centi- mètres cubes et fermée à l’émeri, puis on lave la capsule avec la quantité — toujours très petite du reste — d’eau distillée néces- saire pour faire 35 à 3(3 cc., on agite doucement pour opérer le mélange, on verse dans un flacon jaune fermant à l’émeri et l’on conserve pour l’usage. La solution ainsi obtenue est d’un rouge brun clair, d’une densité égale à 1.8 environ et possède un indice de réfraction égal à 1.48 : il est inutile de filtrer, mais on doit la laisser déposer pendant 8 à 15 jours avant de s’en servir. e) Solution aqueuse d’éosine. — Eau distillée 45 grammes, éosine 0îr5, glycérine distillée pure 5 grammes. Mêlez. f) Solution de picrocarminate d’ammoniaque. — Nous conseil- lons d’en acheter 50 cc. dans le commerce ou de tâcher de s’en procurer 20 ou 25 cc. chez un spécialiste, la préparation de ce réactif étant très délicate. (j) Solution aqueuse de vert de méthyle acide. — Eau distillée 48 grammes, vert cristallisé 0?r5, acide acétique cristallisable 2 grammes. h) Solution de violet Dahlia. — Se prépare comme la précé- dente, mais sans acide acétique. 150 ANALYSE MICROGRAPIIIQUE Nota. — Les solutions c, e, f, g et h seront diluées au moment des besoins. i) Médium Zune n° I. — Hydrate de chloral cristallisé pur 25 grammes, eau distillée chaude q. s. pour faire 25 cc. de solu- tion que l’on verse dans un petit gobelet ou une petite capsule; on ajoute, en remuant continuellement mais très doucement, 25 cc. glycérine anhydre (30° B°). k) Médium n° IL — On mélange une partie du précédent avec un égal volume d’eau distillée. Ces deux liquides peuvent également servir comme agents conservateurs. III. — Opérations préliminaires. 1° Prise d'échantillons, — N’exigé aucune précaution par- ticulière en dehors de celles qui sont mentionnées ailleurs (Analyse chimique , Ire partie, chapitre II). Le seul point sur lequel il faille insister plus particulièrement, est relatif au parfait nettoyage des flacons. Il sera toutefois indispensable, si l’on désire être fixé sur la nature de la faune et de la flore microscopiques complètes d’un cours ou d’un réservoir d’eau, de prélever plusieurs échantillons en divers points, savoir : sous la surface, à une profondeur de 1 à 2 centimètres au plus; au milieu; au fond, avec un peu de vase ou de sable; sur les bords, avec des herbes flottantes et immergées sur lesquelles se posent ou se fixent souvent d’innom- brables quantités de microorganismes de toute nature. Mais ce sont là des recherches exceptionnelles, qu’un micrographe expé- rimenté peut seul entreprendre et au sujet desquelles il ne doit avoir besoin d’aucun conseil. 2° Formation liiici»tu« Ehr. — L 'A. cignus (fig. 176), grand et bel animalcule mesurant près de 1/2 millimètre en longueur; son aspect dispense de toute description. L ’ A. viridis ' et VA. melea- gris, se rencontrent dans les mêmes conditions. Les Dileptus diffè- rent sensiblement des précédents, dont on les rapproche cepen- dant assez souvent; la figure 178 représente le D. folium , d’après Dujardin. 2J Kassula — Corps ovoïde, bouquets de cils buccaux allon- gés, œsophage nassiformc. Le JV. viridis (tig. 177) est incolore 12 178 ANALYSE MICROGRAPHIQUE mais rempli de globules d’un beau vert tandis que le N. élegans est verdâtre avec globules violacés. 3° Encliclys. — Corps pyriforme, sans œsophage, bouche tronquée obliquement et munie de trois bouquets de longs cils étalés ou réunis, suivant les mouvements de l’animalcule. La figure 179 représente VE. farcimen Ehr. 4° Colporta. — La bouche est très caractéristique (fig. 180). D’après M. Moniez, le C. cucullus est fréquent dans les eaux de puits à Lille. Nous représentons ci-contre les C. crinata et rem- for mis. 5° Holoplu*ya. — Corps ovoïde, longs cils, pas d’œsophage, une grosse vésicule au pôle postérieur. La figure 181 représente Fig. 177. Fig. 1-78. Fig. 179. Fig. ISO. Fig. 181. Fig. 1S2. Fig. 183. VH. vesiculosa sous un grossissement de 300 D. L ’H. viiïdis (pl. I, fig. 35) est remplie de granules d’un beau vert. 6° Glauconia. — La forme de la bouche, entourée de deux membranes ondulatoires, le test chitineux et cannelé, rendent toute description inutile. L eG.scintillans est représenté figure 182 sous un grossissement de 600 D. et vu de face (A) et de côté (B). 7° Mctopiis. — Claparède et Laclnnann classent le genre Metopits parmi les Hétérotriclies; nous ne voyons cependant pas trop en quoi il diffère d’un Holotriche (fig. 183). HOLOTRICHES 179 8° Lacryniaria. — Ressemble assez à Yamphileptus, mais sa bouche est terminée en bouton simulant une lampe poire à incan- descence; vésicule postérieure terminale. La figure 184 représente en A le L. cignus et en B le L. olor. 9° Panophry». — L’espèce type. P. chry salis, est représentée figure 18G, d’après un dessin de Dujardin. 10° Paramcciiiui. — Genre très important, élevé même au rang de famille par certains auteurs. Les Paramécies abondent dans toutes les infusions et les eaux fortement altérées par les matières animales ou végétales en voie de décomposition. Nous en avons vu en grand nombre dans des eaux pures additionnées de 1 p. m. de fèces humaines, dans les eaux de certains puits, canaux, etc. Elles sont douées d’une très grande agilité, traver- sent le champ du microscope avec la rapidité de l’éclair ou se meuvent avec plus ou moins de lenteur suivant les circonstances; elles sont en outre très élastiques et se déforment avec la plus grande facilité, mais on peut cependant leur décrire trois aspects principaux : ovoïde, rond et cylindrique. L’iode les tue très rapidement, de même du reste que la plupart des infusoires, rotateurs, etc., mais il est difficile de les fixer autrement que sous la forme d’une masse globuleuse et assez fortement rétractée. L’espèce type P. aurelia est représentée figure 187, tandis que les figures 189 et 190 représentent les P.coli et cordata vues sous de forts grossissements (400 D. environ). 11° Prorodou. — Corps ovale, allongé, deux à quatre fois plus long que large, la bouche et l’œsophage dentelés, régulière- 180 ANALYSE MICROGRAPHIQUE ment coniques et se prolongeant fortement dans l’endosarc; deux grosses vésicules contractiles (fïg. 191). 12” Lcucoplu-ys. _ Cils buccaux très allongés, péristome entouré d’une lame membraneuse (fig. 192). Quelques espèces sont colorées en rouge (L. sanguinea) ou en vert (L. patula), mais la plupart sont incolores. On les trouve surtout en novembre et décembre, même par les fortes gelées. Signalons encore le Coleps hirtus (fig. 195), les Pleuroneina Fig. 189. Fig. 190. Fig. 191. Fig. 192. Fig. 193. Fig. 194. Fig. 195. crassa (fig. 194), les Colpiclium (fig. 196) et les Trichoda (fig. 197), puis passons aux C. — Hétérotriches. Ces infusoires ne diffèrent des précédents que par la présence, autour de la bouche, d’une rangée de cils longs et rigides, dis- posés soit en ligne droite ou oblique, soit en spirale dirigée à droite et en arrière. Cette rangée de cils spéciaux a reçu le nom de couronne adorale. Nous signalerons particulièrement : 1° Le Balantidium coli Gap. et Lachm. (fig. 204) que l’on ren- contre en même temps que le Paramecium , mais moins souvent cependant. 2° Les diverses espèces du genre Stentor Mull., remarquables par leurs dimensions, leur forme tronconique ou en entonnoir évasé, leur grande contractilité et la disposition spiralée delà zone adorale; le péristome est creusé en forme d’entonnoir et l’anus se trouve près et à gauche de la bouche, tandis que la vésicule contractile est placée sous le cercle vibratile. L’extrémité posté- rieure se termine parfois sous forme de ventouse munie d'une couronne de cils. La plupart des Stentors sont libres, mais il en est cependant quelques-uns de fixés soit au fond d’une coque, CILIO-CIRREUX 181 soit sur un support quelconque. Le plus curieux est le S. poly- morphus qui, comme l’indique du reste son nom, se présente sous de multiples aspects; sa forme la plus fréquente, celle qu’il prend le plus souvent lorsqu’on le fixe par la chaleur et mieux encore par soustraction très lente du liquide de la préparation, est indi- quée par la figure 188, page 179. Le corps, strié longitudinalement, est d’un brun vert foncé; le noyau, allongé, est souvent divisé en une série de nodosités ovoïdes jaunâtres et forme une sorte de chapelet disposé en hélice. On a signalé des stentors colorés en rouge feu, en brun, en bleu (S. cernions Ehr.), jaune ou noir — toute la gamme des couleurs, quoi! — mais nous devons avouer n’avoir jamais eu, jusqu’ici, la chance de pouvoir enrichir notre collection d’individus semblables. Peut-être serons-nous plus heureux par la suite du reste, niais en attendant force nous est bien de nous borner à ce que nous connaissons : mentionnons donc simplement, en plus du précédent, le S. élêgans qui est repré- senté figure 185, p. 179, dans la position allongée et figure 193 dans un état de contraction très prononcé. Fig. 11)6. Fig. 197. Fig. 198. Fig. 199. Fig. 200. Fig. 901. Fig.202. Fig, 203. On trouve les Stentors dans les eaux stagnantes claires, bien aérées; ils habitent de préférence à la surface ou peu profondé- ment et affectionnent particulièrement les algues vertes sur les- quelles ils voisinent avec beaucoup d’autres animalcules et spé- cialement avec les Vorticelles , dont nous parlons plus loin; les enux corrompues n’en contiennent pas ou très rarement. VIL — Cilio-cirraux. Tous les organismes compris dans ce groupe sont incomplète- ment ciliés, mais un très grand nombre sont pourvus d’appen- dices variés : soies saltatrices, crochets, cornes, griffes, etc., 182 ANALYSE MICROGRAPIIIQUE appendices auxquels on donne généralement le nom de cirres ou cirrhes. L’aspect général du corps, la disposition et la forme des cirres , la présence ou l’absence d’un pédoncule, etc., constituent autant de caractères morphologiques généraux sur lesquels nous nous appuierons pour établir quelques coupes, savoir : A. — Hémi-ciliés. Corps membraneux ou — mais rarement — partiellement recou- vert d’un test chitineux ou cuirasse ; la face dorsale est générale- ment nue, tandis que la face ventrale est plus ou moins complè- tement recouverte de cils et le plus souvent de cirres en nombre variable et de formes diverses. Citons, parmi les plus fréquents, Aspidisca ovata (fig. 198), le Campylopus paradoxus (fig.200),le Chilodon aureus (pl. 1,32), d’un beau jaune d’or, le Chlamydodon mnemos { fig. 199), coloré en vert avec vésicules roses ou d’un rouge rosé (pl. 1, 19, vu par la face ventrale), Y Euplotes grandis (fig. 210) et Y E. charron , a gros gra- nules verts (fig. 211), le Freia elegans (fig. 2 12), les Kerona inaniil- lata , patélla et triangidaris (fig. 203, 20G, 208), les Oxytricha lahiata[i\ g. 209), colorée en brun clair, ovalis en vert clair (fig. 207) VOlîTlCELLIDŒ 183 et caudata (fig. 171), qui se distinguent par leur énorme bouche ; le Schizopus gallus (fig. 302) et les Stylonychia monostylis (fig. 201) et ovalis (fig. 205) qui tous se rencontrent dans les eaux sta- gnantes : étangs, mares, puits, etc., dans les mêmes conditions que tous les autres infusoires. B. — VORTICELLIDŒ. Corps nu, cylindrique ou en forme d’urne, de dé, de campa- nule, etc., droit ou incliné, lisse ou sinueux et comme bosselé; la bouche est entourée d’une couronne de longs cils cétacés et sou- vent fermée par une sorte d’opercule, épistome ou clapet; le pied (pedicelle ou pédoncule) est long ou court, rigide ou contractile et pouvant alors s’enrouler sur lui-même comme un ressort à boudin ou un tire-bouchon, etc., sous l’action d’un long muscle qui en occupe toute l’étendue; il est toujours très nettement dis- tinct du corps et peut même s’en détacher, de telle sorte qu’il n’est pas extrêmement rare de rencontrer des urnes à l’état isolé. Le noyau est cintré, en forme de fer à cheval ou bien simplement sinueux ou encore droit. La vésicule contractile est souvent invi- sible. Les Vorticellidœ se rencontrent dans toutes les eaux douces, surtout au printemps, elles abondent notamment dans les ruis- seaux, les étangs, les rivières limpides, bien aérées et dont le cours est peu rapide, mais il n’est pas rare non plus d’en trouver dans les eaux douteuses et même assez fortement polluées. Elles vivent principalement sur les algues et autres plantes vertes im- mergées, d’où elles se répandent cependant dans le liquide envi- ronnant. En récoltant quelques plantes dans un peu d’eau et conservant le tout en vase ouvert, les Vorticellidœ se fixent bien- tôt contre la paroi. On peut les réunir en deux groupes principaux, savoir : les V. libres et les V. fixées , chacun comprenant des espèces isolées ou composées. a) Vorticellidœ libres. 1° Espèces isolées. — Les figures 213 à 217 représentent une série d’espèces typiques et fréquentes, toutes incolores mais 184 ANALYSE MICROGRAPHIQUE nous en figurons deux planche I, colorées en vert: V. margarita (lig. 56) et V. flavicans (fig. 42), cette dernière étant aussi sou- vent brunâtre; elles sont très communes dans les eaux, même en hiver. Fig. 218. F 2° Espèces composées ou sociales. — Les figures 219 et 222 représentent deux types de Vorticelles sociales appartenant aux genres Carchesium (C. polypinum) et Epistylis ( E . anastica ); le pied de cette dernière se termine par une grosse ventouse, au Fig. 219. Fig. 220. Fig. 221. moyen de laquelle la colonne peut se fixer, mais en général elle nage en toute liberté. b) VoRTICELLIDŒ FIXÉES. 1° Espèces isolées A part le support, elles ne diffèrent pas ou peu des précédentes, cependant chez quelques-unes le pédoncule, assez gros, se réduit pour ainsi dire a une soi te de moignon (fig. 223, 224 et 226) ou disparaît entièrement comme dans Vciginicola decumbens (fig. 230). 2' Especes sociales. — Une des plus jolies que nous avions encore vues, est celle que nous avons rencontrée en octobre 1891, THALLOMORPHI AGEES 1S5 dans le lac d’Enghien-les-Bains et que nous croyons être une Cotliurnia crist. (fig. 220) ; signalons encore la 1 riigosa (fig. 227) qui diffère des précédentes par la présence de plusieurs grosses vésicules contractiles et d’un œsophage conique très profondé- ment enfoncé. c) ClRRO-SPHÉRI AGÉS . Corps sphérique ou ovoïde, régulier ou irrégulier, porlant généralement une couronne de soies saltatrices ou de cils à l’équateur ou dans une région plus ou moins rapprochée des pôles. Les genres Halteria (fig. 232, 233 et 235) et Strombidium (fig. 231, 234 et 236) sont les plus communs parmi ces organismes, Fig. 210. Fig. 231. Fig 232. Fig. 233. auquels nous ajouterons en outre le Diclinium nassotum Allem. (fig. 229) dont l’aspect rappelle celui de diverses larves vermicu- laires à dard perforant replié. On les rencontre assez fréquem- ment dans les eaux mi-impures. VIII — Thallomorphiacées. Nous comprenons sous cette dénomination, dont le barba- risme doit nous être pardonné — que celui qui n’a rien à se re- procher sous ce rapport nous jette le premier... “ thalle „ — tous les organismes mono ou pluricellulaires d’origine animale ou végé- 18G ANALYSE MICROGRAPHIQUE taie, dont le corps est tubulaire ou filamenteux, régulièrement ou irrégulièrement cylindrique, fusiforme ou rectangulaire, simple ou ramifié, mobile ou immobile, grisâtre, hyalin ou coloré. Nous ne ferons d’exception que pour les Bacillus ou Spirilhnn dont nous renvoyons l'étude à la IIIe partie (analyse bactériologique). Nous les décrirons en allant, autant que possible, du simple au composé et sans nous préoccuper, plus que de raison, des classi- fications de l’Ecole. C’est ainsi notamment que nous réunirons aux champignons les algues incolores, les unes et les autres étant obligés de puiser leur carbone dans les matières organiques en voie de décomposition, de telle sorte que leur présence dans une eau donnée, est un indice certain de son impureté au moins rela- tive. A. — Thallomorphiacées incolores Les espèces essentielles, c’est-à-dire vivant exclusivement dans l’eau sont peu nombreuses, mais il en est beaucoup d’acciden- telles, y entraînées par les excréments, les matières organiques en décomposition, etc., sur ou dans lesquels elles se développent en si grande abondance. Nous les diviserons en deux classes : cham- pignons et algues. 1° Champignons. — Citons, comme espèces essentielles, le Physarum album , les Zygocliytrium (fig. 237), quelques Leptomi- tus (fig. 253) et Selonosporium (fig. 243) et la famille des Saprolé- Fig. 241. Fig. 212. Fig. 213. Fig. 244. Fig. 245. Fig. 246. gniées (fig. 249 et 255), qui se trouvent dans toutes les eaux cor- rompues; comme champignons accidentels, des Mu-cor (fig. 250 THALLOMORPIIIAGÉES INCOLORES 187 et 251), Ehizopus (fig. 246), Coprinus stercorarius (fig. 244), di- vers Aspergïllus, Pénicillium et Sterigmatocystis (fig. 239, 242, 245, 252, 257 et 260), le Selonosporium (fig. 243) et Tonda, sacchari (fig. 241). U Hygrocrocis arsen. Marchand (fig. 240), coloré en brun clair, a été signalé à plusieurs reprises dans les eaux de fleuves et de rivières. 2° Algues. — Parmi les algues blanches, nous devons une mention toute particulière aux suivantes dont la présence dans les eaux produit parfois, directement ou indirectement, des résul- tats désastreux. 1° Cladothrix dichotoma ( Leptotlirix ocracea ) abonde dans les eaux stagnantes et autres impures ; il se présente sous forme de filaments tubulés de 0.4 p de largeur et dont la longueur peut Fig. 2i7. Fig. 218. Fig. 2 îO. Fig. 250. Fig. 251. Fig. 252. atteindre 2 à 3,000 fois la largeur. Ces filaments se dissocient et se feutrent fréquemment et forment ou des espèces de zooglées ou des masses flottantes ou fixées parfois considérables. D’après certains auteurs, les articles réunis en zooglées constitueraient le Myconostoc gregarium Cohn (fig. 247). Les dichotomisations Fig. 253. Fig. 251. Fig. 255. Fig. 250. Fig. 257. fausses (fig. 265 D) ou vraies (fig. 265 A, C.) sont plus nombreuses que les éléments isolés (fig. 265 B). 1S8 ANALYSE MICROGRAPHIQUE Le C. dichotoma est normalement incolore, mais il peut fixer aisément certaines substances colorantes minérales et autres et notamment les oxydes de fer; il est accusé également de provo- quer la décomposition des sels calcaires et, comme conséquence, la formation d’incrustations aussi nuisibles que celles dues aux sels de fer. 2° Crenothrix Kühniana : possède comme le précédent et même à un plus haut degré encore, une véritable affinité pour les sels de fer et spécialement pour l’oxyde; aussi abonde-t-il dans les eaux ferrugineuses impures, surtout lorsque leur écoulement est lent : c’est ainsi qu’il s’accumule parfois en quantités si consi- dérables dans les tuyaux des canalisations d’eau, qu’il finit par les obstruer. M. Giarcl a signalé le fait, il y a plusieurs années déjà, pour les eaux de Lille; à Berlin, il s’est montré en niasses si considérables, que l’on a dû installer partout et à grands frais des filtres spéciaux (Tiemann et Gartner) et, tout récemment encore (1892), deux savants italiens, MM. Bontivegna et Sclavo, ont reconnu que la souillure des eaux de canalisation de Corneto (Italie) devait lui être attribuée. Le Crenothrix y forme des masses feutrées colorées eli brun ou en vert brunâtre foncé par l’oxyde de fer et qui, par les phéno- mènes de putréfaction qui accompagnent leur décomposition lente, communiquent au liquide une odeur et un goût si désa- gréables qu’il devient absolument impropre à la consommation. C’est un exemple, et il n’est pas le seul à beaucoup près — nous allons le retrouver encore avec les Beggiatoacées — de l'influence due à la présence de grandes quantités de substances ou d’élé- ments qui par eux-mêmes sont inoffensifs, mais dont la putréfac- tion facile présente un très grave danger. Les filaments normaux de Crenothrix (fig. 254), se [distinguent généralement des précédents et des suivants par leur forme coni- que très nette et leur absence de ramification, mais ils peuvent être assez sensiblement modifiés par le milieu, surtout lorsqu’ils sont nombreux et libres, c’est-à-dire en masses et non fixés sur un support. On les trouve non seulement dans les eaux ferrugi- neuses impures, mais encore dans toutes celles qui contiennent beaucoup de matières organiques en voie de décomposition; c’est ainsi qu’il n’est pas rare de les rencontrer dans les sédi- THALLOMORPHIACEES INCOLORES 189 ments d’eau de puits. Cependant, MM. Tiemann et Gartner affir- ment qu’il abonde dans les sources du Tegeler, qui ne contien- nent pour ainsi dire pas trace de matières organiques. 3° Beggiatoacées. — Les diverses algues de ce groupe : S. roseo persicina, B. mirabilis, etc., mais surtout B. alba , sont consi- dérées par la plupart des auteurs comme étant les plus nuisibles de toutes les algues blanches, non seulement par leur nombre souvent énorme, mais encore par elles-mêmes, et ce en raison de la propriété qu’elles posséderaient à un très haut point, dit-on, de réduire les sulfates contenus dans les eaux qu’elles habitent ou dans l’organisme où elles sont introduites par la boisson, en mettant du soufre et de l’hydrogène sulfuré en liberté. Le pre- mier se déposerait dans les cellules sous forme de granules solides, et le second se combinerait au fer, qu’il précipiterait à l’état de sulfure. D’où la dénomination de Suif araires appliquée aux plantes de cette famille. Si cette manière de voir pouvait être admise sans conteste, il est évident ainsi que nous le montrerons ailleurs (voir III'-' partie), que la présence de l’un ou l’autre Beggiatoa devrait être consi- dérée comme un signe caractéristique d’infection de l’eau; mais la réalité de cette action physio-chimique est loin d’être prouvée et les récentes expériences de Winogradsky, très précises et très rigoureusement conduites, montrent que les Beggiatoacées , Sul- f araires ou Sulfobactêries, décomposent au contraire l’HS avec formation de soufre se précipitant non sous forme granuleuse mais en gouttelettes de consistance huileuse ; ce n’est qu’après la mort des cellules que ce métalloïde passerait à l’état solide et se transformerait, par oxydation, en acide sulfurique. Il en ré- sulte que les Suif araires, au lieu d’être nuisibles, devraient être considérées comme des agents de purification pour les eaux con- taminées par des matières organiques en voie de décomposition et produisant de l'hydrogène sulfuré. Les eaux sulfhydriques d’En- ghien-les-Bains (France) paraissant précisément avoir cette ori- gine, il nous a paru intéressant de mettre à profit un séjour forcé dans cette localité pour tâcher d’élucider la question, mais des circonstances indépendantes de notre volonté et les obstacles qui nous ont été créés, ne nous ont point permis de mener nos (1) Ann. de l’Inst. Pasteur, années 1887, p. 548, et 1889, p. 49. ANALYSE MICROGRAPHIQUE 190 expériences à bonne fin, tout au moins dans la direction que nous avions cru devoir leur donner. Cette restriction faite et elle était très importante, nous ajouterons que les résultats, si incom- plets soient-ils, que nous avons obtenus, confirment ceux du savant biologiste Zurichois et du célèbre physiologiste allemand, Hoppe Seyler (1). Mais s’il n’est plus possible, tout au moins jusque preuve du contraire, de dire que les Beggiatoacées sont nuisibles par elles- mêmes, il n’en reste pas moins évident qu’elles ne se rencontrent que dans les eaux fortement contaminées et que leur putréfaction facile pendant les chaleurs estivales prolongées, constitue un dan- ger assez considérable pour que l’on ait pu notamment leur faire jouer un rôle prépondérant dans l’étiologie de l’impaludisme. L’espèce type, le B. cilba, se présente généralement sous forme de filaments grisâtres à extrémités arrondies (fig. 266), formés de plusieurs articles mesurant de 3 à 5 y- de longueur sur 0.5 à 7 ou 8 p de large, suivant les espèces; ces filaments sont réunis et libres ou fixés sur un support quelconque, mais ils se détachent ou se séparent aisément, de telle sorte qu’il n’est pas rare cl’en rencontrer à l’état isolé. On en a décrit plus de 30 espèces, que Winogradsky réunit en 15 genres, mais outre que cet auteur ne considère les Beggiatoa- cées que comme une famille des Sulfuraires ou Suif ‘o-bact cries, comme il les appelle, nous estimons que les caractères sur I Ig. 258. Fig. 259. Hg. 260. Fig. 261. Fig. 262. lesquels il se base pour différencier les genres et les espèces ne sont ni constants ni suffisants, ce qui, soit dit en passant, n a du reste aucune importance ici. (1) Zats. f. p/iys. Chemie, année 1886, T. X. THALLOMORPHIACEES COLOREES 191 A part les granules de soufre dont elles peuvent être impré- gnées, presque toutes les Beggiatoacées sont incolores; cependant les filaments du B roseo-persicina (algue dont nous avons plu- sieurs fois parlé déjà) sont colorés en violet, rose ou brun, sui- vant l’âge. Signalons encore le Myconostoc gregarium (fig. 247), déjà nommé page 187 ; les Hyphœa (fig. 248); le Streptotlirix Fœrst., décrit par M. le Dr Gombert (m-Roux. p. 370), comme étant formé de filaments à extrémités arrondies, rectilignes ou plus souvent ondulés ou spiralés, à fausses clichotomisations; or Colin, qui a créé l’espèce, la décrit et la figure tout autrement (fig. 267), et telle que nous l’avons rencontrée à deux reprises au cours de nos recherches : il s’agit sans doute d’une autre espèce; ajoutons enfin les Hyalotheca (fig. 259). B. — Thallomorphiacées colorées. Sont excessivement nombreuses, môme en faisant abstraction des espèces macroscopiques dont nous ne parlerons qu’incidem- ment. Nous les réunirons en deux groupes, dont le premier com- prendra tous les organismes à thalle simple , cloisonné ou non, et le second, ceux dont le thalle est ramifié. a) T. colorées à thalle simple. — Les Noslocaeées sont les plus simples : pas de noyau, pas de chromoleucites, distribution uni- forme du pigment chlorophyllien, filaments très fins, formés d’une série de cellules rectangulaires plus ou moins allongées et simple- ment disposées les unes à la suite des autres. Signalons, parmi les plus importantes, les Oscillariées (pl. II, 7), que certains auteurs classent parmi les sulfuraires et dont la teinte, cl’un vert pâle, peut virer au bleu, au jaunâtre et même disparaître, suivant le degré de corruption des eaux où on les rencontre : lacs, étangs, puits, fossés, mares, etc. L’O. rubescens a été signalée par de Candolle dans le lac de Morat, qu’elle colore en rougeâtre au printemps. Leurs mouve- ments d’oscillation — d’où leur nom — sont très prononcés, mais aussi variables que leur teinte et dans les mêmes circon- stances. Les Lyngbya , plus larges que les précédentes et le Nostoc verrucosum (fig. 273), assez souvent incolore, sont assez fréquents également. Signalons encore les Calothrix (fig. 264 etpl. I, 58), 192 ANALYSE MICROGRAPHIQUE et les lïivularia (fig. 2(33, A et B), dont les filaments terminés en pointe plus ou moins allongée s’accolent fréquemment, simu- lant ainsi des dichotomisations. Fig. 263. Fig. 264. Fig. 265. Fig. 266. Fig. 267. Au point de vue de la forme, les Cénobiées, les Siphonées et les Desmidiées paraissent plus simples encore que les précédentes, auxquelles elles sont toujours supérieures au point de vue de l’organisation : citons particulièrement comme très fréquentes dans les eaux claires: ruisseaux, mares, etc., Y AnJcistrodesnius, le Scenedesmus acuta et le Ehip/ndktm lunula (pl. I, 53 à 55) qui 11e diffèrent guère que par la taille et, au moins pour le dernier, par une forme en croissant plus prononcée; YHydrodyctyon, petite algue verte très bien décrite par Morren, et formée d’une seule Fig. 26, S. Fig. 269. Fig. 270. Fig. 271. Fig. 272, cellule se présentant sous forme d’un filet à larges mailles, repré- senté vide dans la figure 2(39, mais pouvant contenir jusque 20,000 spores excessivement petites et d’un vert pâle à l’état isolé, mais d’un beau vert lorsqu’elles sont réunies; 1 eClosteriumlunula, THALLOMORPHIACÉES 193 belle desmidiée verte pourvue d’un noyau central cylindrique, arrondi aux deux bouts, de deux vacuoles situées aux extrémités du croissant et, enfin, de deux chromatophores sphériques d’un vert foncé, occupant la zone intermédiaire (pl. T, 50); le Closterium striatum (fig. 271), vert également mais à surface fortement striée longitudinalement et ne montrant aucun des éléments spéciaux que nous venons de signaler dans l’espèce précédente ; les Des- midium spliœr. et Smart, (pl. I, 49). Signalons encore les Bangia , floridée d’eau douce assez commune et à thalle aussi simple que celui d’une nostocacée quelconque (fig. 278). Les Conferuacées et les Diatomées sont non moins fréquentes et non moins simples d’aspect que les précédentes. Les Conferva aéra (fig. 261) ftoccosa (pl. I, 21), Ulva lactuca (pl. I, 62), Œdogo- Fignres : 279. 280. 281. 2. 2. 283 . 284 . 285 . 286 . 287 . 238. niam vesicatum (pl. II, 5), Sphœroplea annulina (pl. II, 13) se ren- contrent à chaque instant dans les sédiments aqueux concurrem- ment avec Navicula viridis (fig. 283), Diatoma mdgare (fig. 295), Melosira varions (fig. 291), Meridium circulare (pl. II, 3) et plu- sieurs autres diatomées brunes ou vertes dont les figures 292 à 295 représentent les principales. Ces algues présentent cette curieuse propriété d’être brunes à 13 194 ANALYSE MICROGRAPIIIQUE l’état vivant et vertes après la mort, ce qui est dû à la présence de deux pigments brun et vert, tous deux insolubles pendant la vie de la plantule tandis que le premier se dissout dans l’eau après la mort de celle-ci, laissant la chlorophylle seule fixée sur les plastides. Figures: 239. 2)0. 201. 202 . 293 . 214 . 205. Les diatomées se posent sur tous les objets, vivants ou inertes, à leur portée; il suffit pour s’en procurer à volonté, surtout au printemps et en automne, de prendre quelques brins d’herbes immergés le long des bords ou une petite pierre au fond d’un ruisseau, d’une mare, etc., et de les frotter avec un pinceau dans un peu d’eau distillée : la récolte est généralement abondante et rarement infructueuse. Ne pas oublier qu'une abondante lumière leur est fort désagréable. Ceux qui s’intéressent particulièrement à l’étude des Diatomées trouveront de multiples et précieux renseignements dans le magnifique ouvrage, bondé de superbes dessins, que M. le Dr LI. Van Heurck a publié il y a deux ou trois ans à peine, ouvrage qui a été couronné par Y Institut de France. Il nous reste à mentionner, avant de passer au second groupe, les Spirogyra et les Zygnema, appartenant à la grande famille des Conjuguées et que l'on rencontre aussi fréquemment dans les eaux limpides. Nous en avons représenté plusieurs espèces, soit à l’état isolé, soit en conjugaison, telles que nous les avons observées dans une Zygnema que nous avons dû faire repro- duire en noir, faute de place (fig. 25G). Ces deux algues diffèrent par la forme de leurs ChromatapJiores : spiralés chez les Spirogyra, étoilés, rayonnés chez les Zygnema. b) Thallomorphiacées colorées ramifiées. — Plusieurs espèces ont l’aspect général de véritables champignons, dont elles diffè- CŒLENTÉRÉS ET VERS 195 rent cependant par la forme de leurs utricules, simples ou com- posés. Presque toutes les familles dont nous venons de parler en contiennent, même les diatomées. Citons, parmi les plus com- munes, les Batrachospermum (fig. 258 et 262) et les Chara , fré- quents dans tous les cours d’eau rapides, les Mesoglœa (fig. 268), les Chœtophora (fig. 272), les Cladophora (pl. II, 10), les Botridium ou Hydrogastrum (fig. 274 et 277) et, mais plus rarement, les Vci- lonia (fig. 275) et les Vciucheria (fig. 276). Parmi les Diatomées ramifiées, citons quelques Cocconema (fig. 293) et Gomphonema (pl. II, 9). IX. — Cœlentérés. 1° Spongiaires — On ne connaît que quelques rares espèces d’éponges d’eaux douces ; on les rencontre généralement sur les pieux immergés, les bois flottés, les montants d’écluses, etc. Elles n’ont rien de microscopique, mais leurs spiculés doivent être signalés de même que les cellules de forme amiboïde des Hali- sarcines ou éponges molles. Les premiers sont ou bien calcaires ou encore siliceux, et très variables de forme; Neuville (loc. cité) en a dessiné deux ou trois espèces fusiformes terminées en pointe aigue et qu’il a rencontrées dans les eaux de Paris et des environs, mais ils doivent être assez rares, car nous n’en avons jamais trouvé jusqu’ici. 2° Hydres. — L’aspect de ces animalcules est trop caractéris- tique pour qu’il soit nécessaire de les décrire ; nous nous borne- rons donc à les signaler et à les figurer (pl. I, 41 et II, 29). On les rencontre dans les eaux stagnantes, notamment dans les étangs limpides où elles vivent sur les plantes submergées; elles sont très contractiles, très vivaces et surtout très... voraces. X. — Vers. 1° Planaeia. — Corps ovale, allongé et aplati, extrémité anté- rieure arrondie ou acuminée. Les Flanaria polychroa, lugubris et torva (fig. 296 à 298, d’après O. Schmidt) sont assez fréquentes dans les eaux douces. 2" A aiguillai ides. — Corps filiforme aminci aux deux bouts; la bouche est arrondie ou triangulaire, parfois labiée; la queue est 19G ANALYSE MICROGRAPIIIQUE line, piquante : on l’a comparée à une alêne, mais elle peut aussi être plus ou moins tronquée. La cuticule peut être striée trans- versalement. Tous no vivent pas dans l’eau, mais plusieurs espè- ces peuvent y être entraînées par les pluies coulant à la surface des terrains contenant beaucoup de matières pourries ou encore par les déjections animales, etc. Signalons particulièrement l 'An- guillula stercorcilis ou intestinale, que nous avons rencontrée en Fig. 29G. 297. 298. Fig 299. abondance dans quelques eaux de grandes mares et de canaux et dans les eaux de distribution de la ville d’ Os tende au cours de l’été 1893 (fig. 299). Ce ver a été signalé fréquemment en Italie, notamment dans les rizières, en Hongrie où l’on croit qu’il joue un rôle dans la genèse de l’anémie des mineurs, en Angleterre, en Allemagne, en France, où G. Neuville l’a fréquemment ren- contré dans les eaux de la Seine à Paris et aux environs. 3° Rotateurs. — Corps allongé, à segmentation tégumen- taire, appareil ciliaire protractile situé à l’extrémité antérieure du corps, ganglion cérébroïde, canaux aquifères. Ils habitent les eaux courantes et surtout stagnantes : puits, citernes, étangs, fos- ROTATEURS 197 sés, mares, etc., mais seulement du printemps à l’automne ou clans tous les cas très rarement en hiver. On peut le mieux s’en procurer sur les plantes submergées ou encore en délayant dans de l’eau un peu de mousse des toits ou de poussière ramassée Fig. 307. Fig. 308. lig. 309. Fig. 31C. dansles gouttières : il est rare qu’au bout de deux ou trois heures on n’en ait pas au moins quelques exemplaires. Les Rotateurs sont libres ou fixés sur un support quelconque au moyen d’un pédoncule ou, et plus souvent encore, au moyen d'appendices postérieurs variés; enfin quelques espèces vivent dans une gaine ou un tube gélatineux. 198 ANALYSE M1CR0GRAPII1QUE Les espèces actuellement connues sont très nombreuses : 250 à 300 au moins, distribuées en familles et genres, dont les Fig. 314. Fig. 315. principaux types sont représentés ci-contre, figures 300 à 322 incluses. Les Rotateurs — tout au moins le plus grand nombre — sont Fig. 316. Fig. 317. Fig. 318. Fig. 319. Fig. 320 excessivement contractiles et prennent des aspects très divers, de telle sorte qu’il faut les observer vivants pour ne pas être tenté Fig. 121. Fig 322. de croire que l’onjse- trouve en* présence de plusieurs espèces re- présentées par un seul individu. Les figures 303, 305, 306 et 309 qui représentent un seul et même individu, _le R. vulgaris , et les ARTHROPODES 190 figures 315, 320 et 321 qui se rapportent à la Calladina vaga, en sont une preuve frappante. Presque tous sont incolores ou colorés accidentellement, tel, par exemple, le R. vulgaire devenant rouge après avoir copieu- sement dîné de la Discœrea purperea ; cependant nous avons trouvé un Melicerta ringens à gaine brune. Enfin les yeux sont souvent d’un beau rouge brun ou carmin. 4° Oligoclioetcs limoiicolcs. — Annélides vivant dans les eaux douces, surtout souterraines. Les genres Nais, Pachjdrilus, Phreatothrix,Œlosonia, ont été rencontrés dans les eaux de puits, etc., par divers auteurs et notamment par Vejdovsky à Prague et Moniez à Lille; nous renvoyons le lecteur aux travaux de ces deux derniers savants pour la description de ces vers, qui sont du reste tous visibles à l’œil nu. XI. — Arthropodes. 1° Cladocèrcs. — Corps comprimé latéralement et entouré d’une carapace bivalve hors de laquelle la tête fait saillie à la manière d'un toit (Claus). Deux seulement nous intéressent : la daphnie et le lyncée, que l’on rencontre généralement, surtout en été, à la surface des eaux stagnantes mais limpides et peu pro- fondes; on les a cependant signalés dans les eaux de puits (Vejdovski, Moniez, etc.), de canaux (Lermuseau). La carapace de Daphuia puiez (fig. 324), est réticulée et à fa- cettes losangiques; celle du Lyncée rond ressemble à une mosaï- que. La première n’a qu’un œil, mais il est très gros et à multi- 200 ANALYSE MICROGRAPHIQUE pies facettes, le second en a deux, lui, mais l’un est beaucoup plus petit que l’autre, de telle sorte qu’on peut se demander quel est, de ces deux Cladocères , le mieux partagé sous le rapport de la vue. Le bec des Lyncêes est double et très pointu, l’inférieur est terminé par une touffe de cils (pl. Il, 32 et fig. 32G A et B). Corps jaune clair, ovaires muriformcs et d’un beau vert clair, tube intestinal rouge foncé, presque noir même, vésicule pulsatile céphalique et colorée en rouge. 2° ©stracodcs. — Carapace bivalve complète, sept paires d’appendices, palpes mandibulaires en forme de pattes et un abdomen court (Clans). Ils sont représentés dans les eaux douces par les Cypris et les Diaptovmis que l’on rencontre, surtout au printemps et en été, sur et sous les lentilles d’eau, dans les étangs, viviers, mares, etc., peu profonds et bien aérés; cependant ils semblent s’acclimater aisément dans d’autres milieux, car MM. Vejdowsky et Moniez disent avoir souvent rencontré deux ou trois espèces de Cypris dans les puits et réservoirs souterrains de Prague et de Lille, et nous en avons trouvé dans des canaux, notamment dans le canal de Willebroeck, à Bruxelles, dont les eaux sont infectes. L’espèce la plus fréquente est le C. fitsco qui abonde dans les mares où l’on peut le voir nager à l’œil nu, grâce à sa teinte brune très prononcée. La première paire de pattes-antennes est plus longue que la seconde et munie d’un faisceau de soies ou poils très fins (fig. 325). Les Cypris, de même du reste que la plu- part des arthropodes d’eau douce, peuvent être rencontrés àl état ARTHROPODES 201 larvaire dans les sédiments ou la vase du fond : c’est la forme nauplienne des auteurs (fig. 331). Fig. 330. Fig. 331. 3° Copcpodes. — Représentés par les Cyclops dont plusieurs espèces sont très communes partout; ils mesurent environ un millimètre de longueur et sont pourvus de deux paires de pattes- mâchoires, deux idem antennes multiarticulées et portant des pin- ceaux de poils figurant souvent de très délicates et fines plumules de toute beauté. Corps aplati, cuirassé par imbrication et formé de cinq articles; les ovaires, très gros, sont appendus à la partie inférieure du corps et donnent aux femelles un aspect tout à fait caractéristique; la queue est longue, assez large, inférieurement bifide et terminée par de belles plumules. Un seul œil, sombre, presque noir même, situé au milieu du front. Dans certaines es- pèces, les antennes ou cornes supérieures sont beaucoup plus longues que les inférieures; dans d’autres, c’est tout à fait le con- traire, mais, somme toute, ils sont aussi... cornus les uns que les autres. Plusieurs espèces ont été rencontrées dans les eaux stagnantes de surface ou de profondeur; M. Moniez dit qu’il suffit, pour s’en procurer une abondante moisson à Lille, de filtrer pendant quel- ques heures l’eau qui s’échappe d’un robinet de la distribution d’eau de cette ville ( loc . cit. p. 31). Nous constatons à regret, comme micrographe bien entendu, que nous sommes moins bien loti sous ce rapport à Bruxelles qu’à Lille. Presque tous les Cijclops sont grisâtres, mais il en est cependant de richement colorés. C’est ainsi que nous avons recueilli dans une mare, quelques heures après un violent orage (juillet 1890), un superbe quadricornis à corps jaune verdâtre tacheté de vert et rayé de rouge, avec œufs couleur sang, branchies, antennes et ANALYSE MICROGRAPHIQUE 2()2 plumules caudales bleu verdâtre (pl. II, 2) ; malheureusement, dame nature avait sans doute oublié le mordançage, carl’animal- culc s’est décoloré peu à peu et si bien qu’un jour j’ai été véhé- mentement soupçonné d’avoir voulu monter une Tarasque à quelques naturalistes invités à venir admirer ma trouvaille ! Nous représentons, fig. 327 et 330, les formes adultes des Cy- clops coronatus et minutus , fig. 323, page 199, la forme la plus jeune du C.crassicornus ( C . fimbriatus , Fisch.) et fig. 332, la forme Fig. 332. larvaire du C. serrulcitus (C. agïlis, Koch) d’après Claus. Ajoutons que les espèces bicuspidatus et brevicaudatus Claus ont été égale- ment signalées comme étant fréquentes dans les eaux de puits à Prague et à Lille. 5° Ainpliipodes. — Corps très allongé, comprimé latérale- ment et présentant des branchies sur les pattes thoraciques; chez les Gnmmarus — les seuls qui nous intéressent - — les antennes supérieures sont longues, grêles, filiformes, multiarticulées, por- tant, outre le fouet principal un petit fouet accessoire. Les Gammarus (vulgo chevrettes ou crevettes d’eau douce) habi- tent les étangs, les mares, les ruisseaux, etc., limpides; ils s’y trouvent parfois en quantités si considérables, que les eaux en sont comme troublées et colorées en rouge ou en jaune suivant les circonstances. Les espèces les plus fréquentes sont G. puiez (fig. 328) et G. fluvialilis. M. Moniez signale en outre comme très commune dans les eaux de puits des départements du Nord et du Pas-de-Calais, où il l’a parfois trouvé en quantité considérable le G. puteanus Koch; chez cette espèce, la forme des mains est ovale (fig. 333 A) ou triangulaire (id. B), cette dernière dans la proportion de 95 p. c. environ. Les figures 333 A et B ci-contre, que le savant profes- LoriioroDES 203 seur lillois a eu la grande amabilité de faire dessiner pour notre ouvrage et d’après ses préparations, sont très caractéristiques sous ce rapport (on voit en a une main plus fortement grossie). Les Gammarus sont grisâtres, mais quelques-uns sont mou- chetés ou rayés de rouge ou de jaune; le canal alimentaire est noir grisâtre, les yeux noir de jais et à facettes (pl. I, 1). 6° Isopodcs. — Le seul genre Asellus a été signalé jusqu’ici dans les eaux douces : l’espèce aquaticus (fîg. 329) dans les ruis- seaux et l’espèce cavaticus dans les puits. Bryozoaires d’eau douce à lophophore en forme de fer à cheval et munis d’un épistome mobile (Claus). Outre ce dernier appen- dice, ils sont encore caractérisés par la disposition bilatérale de nombreux tentacules formant une couronne ciliaire au lophophore , (anus) dont l’orifice émerge au dehors. Les espèces les plus communes sont le Plumatélla repens (fig. 334), le Lophopus Tremb. (fig. 336), la Plumatélla lucifuga Jullien (fig. 335), Y Alcyonella et Y Urnatella Leidy; cette dernière (fig. 337) vit en colonies d’aspect campanulé à test chitineux et lophophore interne. Fig. 333. XII. — Lophopodes. 204 ANALYSE MICROGRAPHIQUE Nous avons signalé pp. 170 et 172 la présence, dans certains sédiments aqueux, des statoblastes ou germes vivaces ou caducs Fig. 331. >ig. 335. Fig. 336. Fig. 337. des espèces du genre Cristatella qui vivent également en colonies de grandes dimensions. TROISIEME PARTIE ANALYSE MICROBIOLOGIQUE CHAPITRE PREMIER I. — Appareils. 1° Microscopes et accessoires. — Ne diffèrent en rien de ceux mentionnés page 147. 2° Éiuve à air. — Celle du laboratoire (fig. 338) suffit ample- ment pour toutes les stérilisations (voir, pour sa description, p. 34). 20G ANALYSE MICROBIOLOGIQUE 3° Étuves à eau. — Il est nécessaire d’en avoir deux, mais elles peuvent être quelconques et construites par le premier fer- blantier-zingueur venu. Nous conseillons de leur donner une forme cylindrique et des dimensions telles quel’on puisse exécuter au moins deux analyses à la fois : elles ne coûtent pas plus cher et ne tiennent guère plus de place que si elles ne devaient servir que pour une seule analyse. Celle qui est destinée aux cultures sur plaques pour le dosage des bactéries, doit mesurer intérieure- ment 27 centimètres de diamètre et 8 à 9 centimètres de hauteur au plus; la seconde, usitée pour la recherche des bacilles du typhus ou du choléra, aura un diamètre de 24 centimètres et une hauteur de 16 à 18 centimètres, c’est-à-dire en rapport avec la hauteur des ballons (de 300 cc.) que l’on emploie pour cette re- cherche. La forme est identique : c’est celle d’une marmite cylin- drique en zinc (ou fer blanc) ouverte par en haut (fig. 339 B) et munie d’un couvercle C pourvu d’une tubulure t' dans laquelle on fixe un thermomètre. On soude cette marmite sous le rebord, assez large, d’une seconde A de même forme et de même métal, mais de 34 à 35 centimètres de diamètre et munie de deux tubu- lures t et f, l’une destinée au thermorégulateur (le plus simple, est celui de Chancel (fig. 340) plus connu sous le nom de Reichert) et l’autre à l’introduction de l’eau; il suffît de la remplir presque complètement d’eau distillée ou d’eau ordinaire préalablement bouillie et filtrée et de chauffer au moyen d’un bec Bunsen a robinet d’air, que l’on ferme presque complètement dès que la température atteint 34 à 35° pour les plaques ou 40° pour les ballons. Le thermorégulateur est alors réglé par tâtonnements et APPAREILS 207 en serrant ou ouvrant plus ou moins la vis V, de telle sorte que le mercure vienne obturer la pointe p lorsque le thermomètre est à 37° dans le premier cas et 43° dans le second. En fermant aux 2/3 ou aux 3/4 le robinet de la canalisation du gaz et évitant les variations brusques de la température du local, on peut très facilement maintenir celle des étuves constante à moins de 1/2° G. près, ce qui est absolument suffisant dans tous les cas. Deux étuves de l’espèce coûtent bien, thermomètres, thermo- régulateurs, brûleurs et tubes en caoutchouc compris, 40 à 50 francs au maximum; or ce sont, abstraction faite du micros- cope naturellement, les deux principales pièces d’un cabinet d’analyse microbiologique des eaux potables. Avec la glacière dont nous allons parler ci-après et qui revient bien à une dizaine de francs, l’étuve à air nécessaire aux analyses chimiques, un bain de sable, quelques fioles, ballons, pipettes, etc., on a tout ce qu’il faut, et ce tout coûte au maximum une bonne centaine de francs (mettons même 150 pour être très large) ainsi du reste que nous l’avons dit ailleurs (voir Introduction). Maintenant si l’on veut se procurer des étuves spéciales, plus luxueuses mais aussi autrement coûteuses, nous conseillons de préférence à toutes autres, soit celle de M. d’Arsonval, dernier 208 ANALYSE MICROBIOLOGIQUE modèle, ou bien et mieux encore — pour plusieurs raisons — celle que nous avons fait construire il y a environ deux ans à Genève ( Société de construction d’instruments de physique). Cette étuve, qui est représentée figures 344 et 342, est divisée intérieu- rement et transversalement en deux compartiments inégaux, dont le supérieur M sert pour les dessiccations, les évaporations et les cultures ordinaires, tandis que l’inférieur M' divisé en deux parties égales par une cloison verticale (c) est destiné à toutes les opérations qui doivent être exécutées dans le vide, celui-ci pouvant être obtenu soit au moyen d’une trompe à eau, soit par une pompe à air ou une machine pneumatique, et maintenu dans les deux compartiments à la fois ou dans chacun d’eux isolément et à volonté, par le jeu du robinet R. L’appareil, construit en cuivre jaune très épais, est absolument parfait et ne coûte que 200 francs, support compris. 4° Thermomètres. — Deux pour les étuves et un pour prendre la température de l’eau, etc. ; ils doivent être vérifiés avec soin. 5° Cuvettes pour cultures. — Nous employons pour les cultures sur plaques de gélatine simple , des lames de verre rec- tangulaires sur les quatre bords desquelles sont lutées des baguettes en verre plates, épaisses de -3 millimètres environ et rodées sur la face supérieure; la lame est ainsi transformée en une cuvette mesurant 87 millimètres de long et 37 de large, soit en surface 32 centimètres carrés. Elle est recouverte par une lame de verre de mêmes dimensions que la lame de fond et dont les bords sont rodés, de manière qu’en les vaselinant légèrement on obtient une fermeture absolument hermétique. Ces cuvettes sont excessivement commodes et mettent à l’abri de toute infection extérieure pendant toute la durée de la cul- ture, des examens, etc.; de plus elles permettent de réduire les altérations de préparation au strict minimum: il suffit, pour cela, de les remplir comme nous le dirons ci-après (§ VII, 5°). Mais elles ne conservent tous leurs avantages que pour autant que le milieu de culture ne se solidifie pas trop rapidement à la température ambiante, comme la gélatine, par exemple; avec l’agar ou la gélatine agar, elles ne valent guère mieux que les plaques ordinaires; de plus, il faut éviter de les traiter à l’eau APPAREILS 209 très chaude, autrement les bords se décollent. Si l’on pouvait les faire construire d’une seule pièce et à bas prix, elles seraient absolument parfaites. 0° Fioles coniques. — Comme nous n’employons, pour les numérations des bactéries, que la gélatine agar indéfiniment solide à 38-39° C., nous avons dû abandonner les plaques pro- prement dites et faire usage de fioles coniques d’Erlenmayer, que nous avons fait modifier dans le sens des indications don- nées par Miquel. Ces fioles mesurent GO millimètres de diamètre à la base et 65 à 70 de hauteur, avec une ouverture de 19 à 20 millimètres environ, que l’on ferme au moyen d’un simple tampon de ouate et dans lesquelles on introduit 10 cc. environ de gélatine agar nutritive. La figure 343 ci-contre représente, en demi-grandeur, une de ces fioles toute préparée et prête à être mise en culture. Il en faut de 3 à 6 (maximum) pour une ana- lyse, mais comme elles coûtent très peu de chose ( 1.50 à 2 fr. la douzaine), nous conseillons à ceux qui veulent se livrer à des recherches ou à des analyses suivies, d’en prendre une cinquan- taine que l’on prépare et stérilise en bloc, ce qui est, comme on pourra s’en assurer par la pratique, un très grand avantage sous bien des rapports et surtout en ce qui concerne les altéra- tions du milieu pendant la préparation des plaques, altérations ainsi réduites au strict minimum, c’est-à-dire 8 fois sur 10 au moins, à zéro. 7° Vases jauges. — Les suivants sont indispensables mais suffisent pour une analyse à la fois; pour 2 ou plusieurs analyses Fig. 343. 14 210 ANALYSE MICROBIOLOGIQUE simultanées, leur nombre devrait nécessairement être augmenté en proportion. A) Un ballon en verre pas trop mince, d’une con- tenance de 1000 cc. limitée par un trait de jauge placé à la naissance du col, lequel doit être assez large et assez long pour permettre d’agiter et de mélanger aisément le contenu du bal- lon; B) 2 idem, mais jaugeant 300 ccr. seulement : ils sont néces- saires pour la recherche du bacille typhique; C) 2 idem, de 100 cc., dont un jaugé comme en A et B, pour les dilutions d’eau, et l’autre, ordinaire, pour la recherche du bacille du cho- léra; D) 2 pipettes cylindriques, portant 2 traits de jauge limi- tant une capacité de 5 à 10 cc. (on peut les faire soi-même). 8° Vases cl lubcs divers. — 2 fioles d’Erlenmayer ou 2 ballons de 500 à 600 ou 1000 cc. pour conserver le bouillon et la gélatine simple, et 3 de 200 à 250 cc., pour divers; si l’on ne faisait pas une collection de fioles coniques (6°), il faudrait un troisième ballon de 500 à 600 cc. pour la gélatine agar. Deux ou trois douzaines de tubes à essai ordinaires et quelques tubes pipettes que l’on prépare au moment du besoin, et 3 enton- noirs assez grands pour la filtration du bouillon, de la géla- tine, etc., complètent, avec quelques autres ci-après mentionnés, le matériel, excessivement simple comme on voit, nécessaire aux expériences et aux recherches dont nous allons bientôt parler. 9° Fils de platine. — On doit en avoir 3 montés sur manche de verre ou de métal. Nous en avons fait faire en platine iridié à 25 p. c. et les avons fait monter sur manche en nickel: la figure 344 les représente en demi-grandeur. Ils mesurent environ esm — «s— -ag— C ^ — — ■ ■■ ■- -TiT.i— -■ Fig. 344. 15 centimètres de longueur, manche non compris, et 0,uml de diamètre, sont très flexibles et en même temps assez rigides pour ne point se déformer à l'usage comme ceux en platine pur. Leur seul inconvénient est de coûter un peu cher : fr. 2.50 à 3 francs le gramme. REACTIFS 211 10° Objet» divers. — Un récipient pour eau stérilisée (§ Il ci-après) et quelques objets accessoires que l’on prend parmi ceux du laboratoire: si toutefois on voulait se livrer à des recher- ches plus précises ou plus longues, il faudrait se procurer au moins un autoclave, un entonnoir à filtrations chaudes, une ou deux grandes étuves d’Arsonval ou Zune, etc., mais comme nous n’écrivons pas pour les bactériologues de profession, nous n’en dirons pas davantage. 1° Eau pure stérile. — Après de nombreux essais nous nous sommes arrêtés, pour obtenir de l’eau pure en grande quantité et sans frais, au procédé que voici : On fait fabriquer chez le premier ferblantier venu, une sorte de grande bouteille en fer blanc bien étamé, d’une contenance cle 10 à 12 litres et de la forme indiquée par la ligure 345; on la remplit presque com- plètement d’eau distillée, on fait bouillir sur un bon feu pendant 15 à 20 minutes, on ferme avec un bouchon en liège ou en caout- chouc stérilisé et muni d’un tube en verre coudé, dont l’extrémité libre est obturée par un tampon de coton, on laisse refroidir et on met de côté pendant 24 heures. Au bout de ce temps, on fait bouillir à nouveau en procédant identiquement de la même ma- II. — Réactifs et produits divers. 21 2 ANALYSE MICROBIOLOGIQUE nière que la première fois et on répète cette opération une troi- sième fois : l’eau ainsi obtenue est absolument pure de tout germe et se conserve telle aussi longtemps qu’on le veut. La pointe p du robinet R est flambée au moyen d’un brûleur Bunsen ou d’une lampe à alcool, puis coiffée, aussitôt refroidisse- ment suffisant, d’un petit tube en caoutchouc fermé à un bout. Lorsque l’on a besoin d’eau, on enlève ce tube, on ouvre le ro- binet, on laisse couler la quantité de liquide nécessaire, on ferme et on remet immédiatement le caoutchouc en place, en ayant soin pourtant de flamber de temps en temps la pointe p. 2° 50 grammes gélatine Nelson ou autre, mais de toute pre- mière qualité; 25 grammes de peptone sèche; 50 grammes de glycérine blanche redistillée pure, à 28° B°; 10 grammes agar- agar, acide phénique cristallisé pur et chlorure sodique; 100 à 200 grammes ouate hydrophile et, au moment du besoin, 250 à .500 grammes viande et 3 ou 4 œufs; 5 grammes de chacun des produits suivants : tannin à l’éther, fuchsine, violet G B, sulfate ferreux, bleu de méthylène, carbonate d’ammoniaque, nitrite po- tassique et acide sulfurique concentré; solution de baume de Canada dans le xylol et solution iodo-iodurée de Gram : la plu- part de ces réactifs étant du reste nécessaires pour l’analyse micrographique font double emploi ici mais nous avons cepen- dant préféré les rappeler que de les passer sous silence. III. — Stérilisation des verreries, bouchons, ouate, etc. 1° Colon, bouchon cf tubes ci» caoutchouc. — On les chauffe à l’étuve à air pendant 30 à 40 minutes vers 150 à 1G0° G. Le coton ne doit pas roussir ou seulement très peu, sinon il de- vient poussiéreux et doit être jeté. On le stérilise du reste très fréquemment en même temps que les vases : tubes à essai, fioles, etc., qu’il sert à obturer. 2° Bouchons liège et licgc-etain. — On a recommandé de les passer dans la flamme, mais il est difficile de ne pas les charbonner et alors ils sont sales et salissent tout; il est préfé- rable de procéder comme en 1°, sauf pourtant en ce qui con- cerne les bouchons que nous nommons liége-étciin et qui ne sont autre chose que des bouchons en liège fin et souple entourés STÉRILISATION 213 d'une mince fouille d’étain disposée en capuchon renversé : ceux- là peuvent être passés au feu. On les tient par le gros bout entre l’extrémité des doigts de la main gauche (ou droite) et on plonge l’autre bout, complètement recouvert par la feuille d’étain, dans la flamme. 3° Verreries — Tout ce qui peut être placé à l’étuve ou chauffé dans la flamme (tubes à essai et autres) est flambé ou chauffé comme le coton par exemple, mais un peu plus long- temps : 1 à 2 heures suivant les dimensions des vases et l’épais- seur du verre. Les grands ballons peuvent être stérilisés à l’eau bouillante; on y verse 40 ou 50 cc. d’eau distillée et on fait bouil- lir fortement jusque réduction à 4 ou 5 cc.; on éteint le feu et on ferme ensuite immédiatement, au moyen d’un bouchon armé d’un petit tube obturé à la ouate ou même avec un bouchon plein si l’on veut conserver le vide dans le ballon, qui alors doit être na- turellement assez épais pour résister à la pression extérieure On peut aussi, et nous le faisons fréquemment, les laver à l’acide sulfurique dilué (10 p. c.), bouillant ou au moins très chaud en prenant les précautions nécessaires pour éviter la casse; on rince fortement à l’eau stérile, puis on ferme comme ci-dessus. 4” Thermomètres — M. Miquel conseille de les plonger pendant quelques instants dans de l’acide azotique nitreux, puis dans un grand flacon contenant un peu d’ammoniaque dont les vapeurs saturent l’acide resté sur la tige, et de rincer ensuite fortement à l’eau stérile. C’est parfait et nous n’avons rien à ajouter à cette recommandation. 5° Plaques-cuvettes. — La stérilisation exige quelques précautions. Le mieux est de les placer, l’ouverture en bas, dans une petite boîte en zinc de forme rectangulaire, de recouvrir exac- tement avec une bonne couche d’ouate et de chauffer celle-ci à l'étuve vers 150-100” C., pendant au moins une heure; on laisse refroidir, puis on enlève la ouate et on saisit chaque plaque entre le pouce et les autres doigts de la main gauche, on la retire et on la pose, l’ouverture toujours tournée en bas, sur son couvercle stérilisé en même temps et dont les bords ont été, au moment même, légèrement mais nettement vaselinés. 11 est bon de se faire aider pour aller plus vite Une fois fermées, les cuvettes peuvent 214 ANALYSE MICnOBIOLOGIQUE être conservées sans aucune précaution ; cependant si elles ne servent que rarement, il est prudent de les envelopper dans un papier de soie et de les replacer dans la boîte en les recouvrant avec la ouate. On ne peut songer à fermer les cuvettes à chaud parce que le refroidissement y produirait un vide relatif, de telle sorte qu’en les ouvrant ultérieurement, l’air extérieur s’y préci- piterait avec toutes ses impuretés. 6° Objets eu uietül. — On les flambe. 7° Conservation aseptique «les objets stérilisés. Tout ce qui présente une ouverture est obturé à la ouate; le reste est plongé, un ou plusieurs objets à la fois, dans des éprou- vettes ou flacons à large goulot stérilisés et dans le fond desquels on a placé une couche de ouate, de verre filé ou d’amiante sté- rilisés; les vides de l’ouverture sont remplis avec de la ouate. Du reste quelques heures de pratique, surtout suivie d’insuccès, en apprendront plus, sous ce rapport, que les plus minutieuses et les plus longues descriptions. IV. — Milieux de culture. Nous n’indiquerons que ceux indispensables pour la numéra- tion des microbes et la recherche des bacilles du typhus et du choléra; pour les autres, nous renverrons aux ouvrages spé- ciaux. Disons tout d’abord que celui qui n’a qu’une analyse à faire de temps à autre, aurait tort de s’astreindre à préparer lui-même les milieux de culture dont il s’agit : il peut parfaitement les prendre dans le commerce, où il les trouvera à un prix raisonna- ble et dans tous les cas inférieur à ce qu’ils lui coûteraient s’il les préparait lui-même ; mais ceux qui veulent se livrer sérieusement aux analyses bactériologiques d’eaux, doivent absolument se charger du soin delà préparation des gelées, bouillons, etc., dont ils pourront avoir besoin. C’est pour eux que nous allons décrire les procédés, du reste très simples bien qu’un peu longs, à em- ployer dans ce but. 1" isoaiii i»bb nutritif. — On prend 500 grammes par exem- ple de belle viande de bœuf (faux-filet) fraîchement tué, on les dépouille le plus complètement possible de toute matière grasse, MILIEUX DE CULTURE 215 membrane, nerfs, etc., on les hache grossièrement, on les intro- duit avec 5 à 6 grammes de sel de cuisine dans une grande mar- mite contenant environ un litre et demi d’eau ordinaire et on fait bouillir à grand feu d’abord, doucement ensuite, pendant au moins trois quarts d’heure à une heure, en ayant soin d’écume^ c’est-à-dire d’enlever l’albumine au fur et à mesure qu’elle vient se coaguler à la surface. On éteint ensuite le feu et on verse chaud sur une étamine ou blanc-het des pharmacies préalable- ment trempé dans l’eau et légèrement exprimé, et on recueille dans une seconde marmite ou une capsule d’une capacité de 14 à 1500 cc. Lorsque la filtration est complète, on ajoute au bouil- lon 20 grammes de peptone sèche (1) et 20 grammes de glycérine (p. 212), on mélange bien, puis on verse un blanc d’œuf préala- blement délayé et battu avec soin dans 20 à 25 cc. d’eau distillée, on agite, on chauffe sur un feu doux de manière à porter lente- ment le liquide à une ébullition très modérée, que l’on maintient jusqu’à ce que l’albumine de l’œuf soit bien rassemblée à la sur- face, on enlève le coagulum avec une écumoire, on filtre chaud sur bon papier préalablement mouillé et on reçoit le filtratum dans un ballon d’un litre que l’on achève de remplir, s’il y a lieu, avec de l’eau stérile. Si l’on a bien opéré, le liquide est clair et reste tel après refroidissement; dans le cas contraire, on devrait chauffer, clarifier, puis filtrer à nouveau. Lorsque la viande est fraîche, l’alcalinité du blanc d’œuf suffit amplement à la saturation de l’acidité du bouillon, mais dans le cas contraire, on doit le sursaturer légèrement par le carbonate de soude. Le ballon est fermé de la manière indiquée par la figure 346 ci-contre, les tubes en verre et en caoutchouc, ainsi que le bou- chon étant préalablement stérilisés avec soin avant cl’être mis en place. Le mieux est de les chauffer à l’étuve et de les y maintenir jusqu’au moment même où ils doivent être utilisés; on peut, si c’est nécessaire, c’est-à-dire si l’étuve était trop petite, stériliser 1 armature complète en deux parties : le bouchon en caoutchouc et les tubes en verre d’un côté, la pince de Mohr, la petite pi- pette et les deux tubes en caoutchouc d’un autre. (l)Tous les produits de bonne marque peuvent servir, mais nous recomman- dons cependant de préférence la peptone stérilisée De Naeyer (de Bruxelles)! ou celle de Witte (do Rostock). ANALYSE MICROBIOLOGIQUE 2 16 Au bout de 24 heures, on chauffe de nouveau le bouillon au bain de sel pendant 25 à 30 minutes et on répète cette opération le jour suivant, absolument comme pour l’eau (p. 211), en ayant soin d’enlever la bourre de coton A et d’ouvrir la pince P un peu avant l’ébullition. Fig. m. Pour retirer le bouillon au fur et à mesure des besoins, il suffit d’amorcer le tube siphon de la manière indiquée pour les liqueurs alcalines et de prendre toutes les précautions nécessaires pour conserver la pointe p aseptique. 2‘ Gélatine nutritive. — On met 50 grammes de gélatine en morceaux pas trop grands dans un gobelet en verre, on les humecte avec 100 grammes d’eau distillée, on couvre et on met de côté pendant quelques heures (du soir au matin, par exemple). On chauffe alors à l’ébullition dans une capsule en porcelaine ou en métal émaillé d’une capacité de 700 à 800 cc., un mélange à parties égales de bouillon nutritif (250 cc.) et d’eau distillée (idem); on éteint le feu, on introduit la gélatine — quelquefois un peu collée au verre — dans le liquide où elle se dissout pour ainsi dire instantanément ou tout au moins très rapidement, on laisse refroidir vers 40-50° G., on ajoute un blanc d’œuf comme pour le bouillon et on procède à la clarification de la même manière, avec cette différence, très sensible par exemple, qu’il faut chauffer au bain-marie et jamais à feu nu, la gélatine brû- lant très facilement au fond du vase. Lorsque l’albumine est bien coagulée et rassemblée à la surface, ce qui exige souvent 4-0 à 50 minutes cl même plus, on l'enlève MILIEUX DE CULTURE 217 avec l’écumoire et on filtre sur papier blanc mouillé à l’eau chaude. En été, ou lorsque la température du laboratoire n’est pas inférieure à 25-26° C., la filtration est assez rapide : 10 à 15 environ, surtout si l’on a soin de laisser la capsule au bain-marie et de remplir l’entonnoir dès qu’il est à moitié vide ou à peu près. En hiver, il est nécessaire de filtrer à l’étuve ou tout au moins à côté d’un bon feu. La gélatine est recueillie dans une fiole d’Erlenmayer stérilisée que l’on ferme avec un tampon de ouate; on met de côté pen- dant 24 heures, puis on procède, comme pour le bouillon, à deux stérilisations successives et espacées de 24 heures. Si la solution n’était pas limpide après la première filtration, il faudrait déféquer puis filtrer une seconde fois; cependant on réussit presque toujours à obtenir un liquide ambré absolument limpide, en chauffant à l’étuve à air pendant deux ou trois heures vers 105-110° G , puis filtrant une seconde fois dans une autre fiole stérilisée où l’on conservera la gelée. Nous en avons préparé ainsi il y a un an et elle est toujours de toute beauté. On a recommandé de neutraliser la gélatine avant de la filtrer. C’est évidemment aussi nécessaire que pour le bouillon si l’on se sert de produits de mauvaise qualité, mais si l’on prend les pré- cautions indiquées, c’est absolument inutile. 3° Gélose ou -- 5 grammes du produit commer- cial coupés en morceaux de 4 à 5 centimètres de longueur, sont mis à digérer pendant 16 à 21- heures (suivant température) dans 250 à 300 cc. d’acide chlorhydrique pur dilué (10 à 15 grammes HCl concentré pour 250 à 300 d’eau distillée); on lave.on exprime dans de l’eau distillée ou ordinaire filtrée, puis on fait digérer à nouveau dans 200 à 300 cc. d’eau ammoniacale ( 15 à 20 cc. d’AzfP concentrée pure) pendant le même laps de temps que ci-dessus et en agitant de temps à autre. Le liquide alcalin, alors brun clair, est jeté et l’agar est lavé avec le plus grand soin jusque disparition d’ammoniaque (le mieux est de le renfermer dans un linge fin et de le presser doucement après chaque lavage, autre- ment il faut un temps énorme pour aboutir). La gélose ainsi préparée est dissoute dans environ 500 grammes d’eau bouillante ordinaire, ce qui se fait très rapidement en agi- 218 ANALYSE MICROBIOLOGIQUE tant un peu; on laisse refroidir jusque vers 50-60° G., on ajoute deux blancs d’œufs dissous dans 30 à 40 cc. d’eau distillée et on fait bouillir au bain de sable pendant au moins une heure; on enlève l’albumine et on filtre sur papier mouillé et à Y étuve. Si l’alcalinité était trop forte, on ajouterait quelques gouttes d’acide acétique dilué de manière à neutraliser incomplètement l’excès d’alcali, on ferait bouillir une seconde fois puis on filtrerait de nouveau. Pour le surplus, on procède absolument comme pour la gélatine, le bouillon, etc. La gelée ainsi obtenue est rarement tout à fait limpide : nous n’avons encore réussi qu’une seule fois à l’obtenir telle, mais elle est notablement moins opaline que celle qui a été préparée de la manière ordinaire. La double macération que nous venons d’in- diquer a été préconisée par Macé dès 1887. {Ann. Pasteur, p. 189.) 4° Gélatinc-agnr nutritive. — On peut mélanger les gelées 2° et 3° en proportions telles que le produit obtenu soit et reste solide à 38-33° C. et liquide entre 42-45° G. au plus : 40 à 50 par- ties cl’agar avec 60 à 50 parties gélatine. Mais on ne réussit pas toujours, nous ne savons trop pourquoi, à obtenir un bon pro- duit; c’est ainsi que nous venons encore de rater, pour la deu- xième fois, une fournée d’une vingtaine de cultures par suite de la liquéfaction de nos plaques à basse température : 34 à 35ü G., alors que, généralement, nous pouvons les maintenir à 40 sans craindre cet accident; aussi conseillons-nous de préparer la géla- tine-agar directement, en faisant dissoudre 50 grammes de géla- tine et 2g,'5 agar macéré, dans 600 à 700 cc. de bouillon nutritif simplement filtré après une première défécation et opérant la défécation et la filtration comme ci-dessus. On fait chauffer à 105-110° C. pendant une heure au moins, on filtre si c’eO néces- saiie, puis on distribue dans les fioles coniques préalablement stérilisées (10 cc. environ par fiole), on ferme à la ouate, on chauffe toutes les fioles à 100" au moins, 105 au plus, pendant 10 à 15' et on conserve pour l’usage. 11 est excessivement rare que l’on ait des pertes, toutes les fioles restant indéfiniment stériles. 5° Pommes de terre cuites — On prend deux ou trois grosses pommes de terre blanches, grasses, on lave à grande eau pour les débarrasser de la terre, etc., dont elles pourraient être MILIEUX DE CULTURE 219 souillées, puis on les pèle très épais (2 à 3 millimètres environ) et on les découpe en rectangle de 13 à 14 millimètres de côté et de 4 centimètres environ de longueur; chaque morceau est introduit avec quelques centimètres cubes d’eau distillée dans un tube à essai étranglé vers le bas (fig. 352, p. 231), que l’on plonge dans un bain-marie saturé de chlorure de sodium. Après 15 à 20' d’ébullition on retire le tube, on le ferme à la ouate et on le met de côté sur un support vertical quelconque, jusqu’au moment du besoin. Il va sans dire que l’on doit préparer ainsi un certain nombre de tubes à la fois : 10, 20 ou plus, suivant les prévisions. 6° Suc Rtibrum nulle rose pâle / Rugnla pou rapide jaunâtre 252 ANALYSE MICROBIOLOGIQUE adopté pour le tableau ci-contre et, au point de vue secondaire, l’ordre alphabétique. A. — Goccus. 1° Micrococciis aquatilis Bolton. — Colonies circulaires, aplaties, porcelainées à contours nets; le centre présente l’aspect spécial, bien connu, d’un acinus ou lobule hépatique, avec cette différence toutefois que la zone périphérique au lieu d’être dif- fuse, mal limitée ou même pas limitée du tout, est assez dense, homogène et à contours foncés (fig. 363 c .) Il est très fréquent dans les eaux, même dans les plus pures, mais surtout dans les eaux stagnantes. Nous avons fait dessiner les figures 362 et 363 d’après une culture provenant d’eau de la ville de Bruxelles. 2° M. candicans Flügge. — Moins fréquent dans l’eau que le précédent, mais très répandu dans l’air. Colonies sous forme de disques aplatis, à contours sinueux, d’un blanc laiteux pur et lisses comme .des gouttes de laque. Celles qui se développent au fond de la gélatine sont d’un brun noir foncé (G. Roux). 3° M. roscus Flügge. — Surtout commun dans l’air. Les co- lonies apparaissent sous forme de petits boutons rosés, souvent mamelonnés au centre, pouvant atteindre de 1 à 3 millimètres de large (fig. 363 5, p. 2$8). 4° M. pyogènes aurons (fig. 369 à 371). — Se présente sous tous les aspects figurés ci-contre et même en zooglées. Sur plaques, colonies discoïdes, à contenu granuleux et contours très nets, dégageant une odeur aigre, très pénétrante et fort désagréa- ble. Au bout du quatrième ou cinquième jour, la gélatine se liquéfie tout autour de la colonie sous forme d’un large creux grisâtre ou jaunâtre. Les figures 378 à 379 représentent l’aspect des cultures en tube. Le M. procligiosus est un habitant acciden- tel de l’eau, mais on le trouve souvent dans l’air. 5” M. flavus liquei'acieus Flügge. — Les colonies ont un centre opaque et une zone annulaire extérieure formés de mi- crocoques; des tractus déliés relient l’anneau au centre et donnent à la colonie l’aspect d’une roue de voiture. Commun dans l'air et dans l’eau. BAGILLUS 253 C° M. ppodlgiosns Ehr. — Colonies discoïdes s’enfonçant dans le substratum en se colorant en rose puis en rouge (fig. 3G3 a) et s’entourant bientôt d’un anneau de gélatine liquéfiée. En piqûre sur gélatine en tube, entonnoir rose déjà très pro- noncé au bout de 2 jours. 7° M. tetra gc n us Gaffky. — N’a pas encore été, que nous sachions du moins, signalé dans l’eau où nous croyons l’avoir rencontré cet été (fig. 373). Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de faire des cultures en tubes, mais son aspect assez caractéristique nous permet d’autant mieux de le rapporter à l’espèce trouvée par Gaffky, Koch, Biondi, etc., dans les crachats des phtisiques, que ses colonies sur plaque de gélatine étaient tout à fait semblables : aspect porcelainé, blanc brillant, convexe et contours très nets (fig. 362 d). 8°M. urcœ Van Tieg'h. — Colonies discoïdes, plates, ressem- blant à des gouttes de stéarine tombées sur la gelée. B. — Bacillus. 1° Bacillus autliracis Dav. — Miquel dit l’avoir vainement cherché dans les eaux de Paris, même dans celle de la Bièvre, ' infect ruisseau dans lequel se déversent les eaux et les détritus de plusieurs tanneries situées dans le quartier du Jardin des Plantes à Paris; cependant M. Poincarré dit l’avoir rencontré dans l’eau de certaines prairies (G. R. de l’Ac. des Sc., 1880, t.91,p,179), ét le Dr Diatroptoff, directeur de lastation bactériolo- gique d’Odessa, a signalé sa présence dans l’eau d’une mare qui avait provoqué une épidémie de fièvre charbonneuse dans un troupeau de moutons auquel elle servait d’abreuvoir. L’eau n’en contenait pas, mais comme la mare était peu profonde il arrivait que les derniers individus du troupeau remuaient la vase en bu- vant et étaient atteints par le virus. MM. Miquel et Roux recom- mandent de prendre de très minutieuses précautions pour culti- ver ce bacille à l’abri de l’air, l’oxygène le tuant rapidement. Nous reproduisons ci-après (fig. 380-382), l’aspect des cultures en tubes, les seules que l’on puisse employer paraît-il (ne l’ayant pas encore rencontré, nous sommes obligé d’en parler par ouï- dire); la première est jeune, la deuxième plus âgée et la troisième • 254 ANALYSE MICROBIOLOGIQUE en partie liquéfiée (d’après Macé). Nous figurons à côté (fig. 383) l’aspect d’une colonie du bacille B, trouvé par M. de Malpert- Neuville, au fond d’un réservoir d’eau de Wiesbaden. Le B. an- thracis ne semble pas être un anaérobie aussi parfait que sem- blent le dire certains auteurs, car les colonies sur plaques (fig. 368 et 385) sont des mieux caractérisées. l-ig. 378. Fig. 379. Fig. 380. Fig. 381. Fig 382. Fig. 383. Fig. 384. 2° B. arborescent Frankl. — Les colonies ont l’aspect d’une gerbe de blé qui, vue au microscope, montre un faisceau irisé, étranglé dans son milieu et radiairement strié aux extrémités. 3° B. asiaiieus Sakh. — Découvert récemment par M. Sa- kharoff, de Tiflis, dans les selles d’un malade atteint de choléra asiatique (Ann. Pasteur , 25 juillet 1893, p. 550). C’est un grand bacille de 4 ^ et plus de long sur 1 /* de large, à bouts arrondis, formant quelquefois de longs fils et des chaînes. Les cultures sur plaques donnent des colonies circulaires ou ovales, jaunâtres, à contour granuleux, d’ou sortent plusieurs jets minces, irréguliè- rement disposés sur gélose et pomme de terre, colonies membra- neuses, parfois jaunâtres et abords ondulés. En tube de gélatine, liquéfaction rapide sous forme d’entonnoir couvert par une mem- brane blanchâtre et présentant souvent, autour du fond, des jets minces qui rappellent ceux des cultures du B. anthracis. Des spores grandes, ovales, à teinte verdâtre, ont été observées dans la membrane développée à la surface du bouillon, au-dessus de 20° C. 4° B. lluoresc eus liqud'ueiciis Flügge. — Très fréquent BACILLUS 255 dans l’eau et même dans la glace. Colonies rondes, à centre brun déprimé et finement granulé, à bords festonnés et contour net. 5° B. fluorés, putidus. - Les cultures, qui ressemblent beau- coup à celles du bacille typhique, dégagent une odeur forte, uri- neuse. Il a été trouvé dans la glace et dans la neige par Bujwid. 6° B. lineola Warming. — Cellules de 3,«S à 5*2 de longueur sur 1,«5 de large, isolées ou accolées deux à deux, à contenu gra- nuleux, douées d’un mouvement oscillatoire et se réunissant souvent en zooglées (fig. 394 et 395). On le trouve exclusivement dans les eaux stagnantes, polluées par des matières organiques décomposées. 7° B. iUctrlinikovi Gamaleïa. — Ressemble énormément à celui du choléra. Pousse abondamment sur la gélose où il forme déjà au bout de quelques heures, à 37-38° C. des colonies épaisses et de couleur jaune. Réaction intense de l’indol au bout de 24 heures. En tubes de gélatine, liquéfaction 2 fois plus rapide que celle du B. Koch, mais il y a aussi des cas où la réaction est bien plus lente. Les colonies sur plaques qui poussent en pro- fondeur, apparaissent d’une couleur jaune clair, à contours ronds ou légèrement onduleux ; celles de la surface sont d’un blanc clair et se disposent en couches fines à contours entaillés (R. Pfeiffer). 8° B. mcscntericus vulgatu* Flügge. — Extrêmement ré- pandu dans l’air et dans l’eau; M. Vignal l’a trouvé en assez grande abondance dans des eaux de tleuve, rivière, ruisseau, puits, etc. Ses colonies sont assez caractéristiques pour rendre toute description inutile (fig. 385 d’après Vignal). 9° B. mycoïdcs Flügge. — A été trouvé à plusieurs reprises par Fortin, G. Roux, etc., dans les eaux, la grêle. Ces colonies ressemblent à une moisissure (G. Roux). Fig. 385. Fig. 386. Fig 387. Fig. 388. Fig. 389. Fig. 390. 256 ANALYSE MICROBIOLOGIQUE 10° B. subtllis Ehr. — Très fréquent partout, surtout dans les eaux stagnantes (fig. 409et410).Le développement est rapide : 12 heures à la température ordinaire. 11 est très avide d’oxygène Fig. 391. Fig. 392. Fig. 393. Fig. 394. Fig. 393. Fig. 396. Fig. 397. Fig. 398. Fig. 399. et se trouve surtout à la surface des eaux. Ses colonies sont étoi- lées, radiolées et à contenu très clair. Chose curieuse, si l’on fait bouillir l’eau pendant 5 minutes et que l’on refroidisse lentement, le développement devient beaucoup plus rapide encore : en 3 heures et même moins en été. 11° B. termo Macé (fig. 408 et 409). — Cette espèce, sous- traite par Macé de l’ancien genre Bacterium termo de Dujardin, est excessivement commune partout, mais surtout dans les eaux stagnantes où il vit côte à côte avec le précédent, les infusoires, etc. Tant que les liquides renferment de l’oxygène dissous, il reste disséminé dans toute la masse, mais lorsque ce gaz disparaît, les bacilles viennent se rassembler à la surface où ils forment par- fois de véritables pellicules membraneuses. La figure 389, page 255 représente l’aspect d’une colonie sur plaque grossie environ vingt- cinq fois; les figures 404 à 406, celui des colonies en tubes de gélatine après 12 heures, 48 heures et 5 jours. 12° B. violaccn» Schr. — Assez commun dans l’eau : puits, citernes, rivières, et même dans la glace et la neige; Bujwid fa trouvé dans des grêlons. Il se développe rapidement sous forme de petites taches hyalines, à bords sinueux, à surface ondulée et dont le centre, surbaissé, est opalescent. Liquéfaction rapide, peau épaisse, très visqueuse et cohérente, surnageant le liquide. 13° b. virûiis. — La figure 363 &, page 238, représente 1 as- pect de colonies verdâtres que nous avons rencontrées à plusieurs reprises déjà sur nos plaques, le bacille est quelconque et se ren- contre aussi bien dans les eaux impures que dans les eaux pures. SPIRILLES 257 Si quelqu’un l’a décrit ou vu, nous lui restituerons avec d’autant plus d’empressement la paternité de la découverte, que nous n’en avons fait aucune étude. Fig. 400. Fig. 401. Fig. 402. Fig. 403. Fig. 404. Fig. 405. Fig. 40G. 14° B. vulçaris ( Proteus ) Hauser. — Ce bacille aussi vulgaire que l’indique son nom, forme sur plaque des cultures tout à fait caractéristiques (fig.388) et qui renferment des filaments pouvant attendre jusqu’à 70 à 90 ^ dé longueur et peut être même plus. 15° B. zogifii Colin. — A été rencontré plusieurs fois dans l’eau par Macé. Les figures 407 et 408 le représentent d’après les dessins de cet auteur. G. — Spirilles. On trouve dans les eaux renfermant des matières organiques végétales en voie de décomposition, plusieurs espèces de Spirilles ( Vibrio Müll) dont la longueur, la largeur et la forme sont' très Figures : 407. 40S. 400. 410. 411. 412. 413. 414. I variables. On peut les réunir en deux groupes dont l’un com- prendra toutes les espèces de diamètre inférieur à 1 u et l’autre, toutes celles d’un diamètre supérieur. n 258 ANALYSE MICROBIOLOGIQUE Au premier groupe appartiennent le S. ternie long de 4 à 15 « (flg. 401), le S. serpens mesurant de 11 à 28 ^ (fig. 4-02), le S. pli- catile dont la longueur peut atteindre 200 (fig. 403) et dont la mobilité est très grande. Dans le second, prennent place : le S. vndtila (fig. 404) fréquent dans les eaux corrompues et dont les filaments mesurent de 8 à 16 «; le S. volutans Ehr. dont l’endoplasme renferme de nom- breuses granulations sombres et qui peut atteindre de 25 à 30 /* de longueur; le S. ou V. rvgulci Müll. (fig. 358) dont les spores en battant de cloche ou massue sont très connues et dont les fila- ments, larges de 2 à 3 p, mesurent de 5 à 15 .« de longueur. Tous sont également très mobiles. D. - Varia. Rappelons ici les noms des divers bacilles que nous avons mentionnés au cours du chapitre III (pp. 237 et süiv.), savoir : 1° Les trois bacilles de Cassedebat, trouvés par cet auteur dans les eaux du vieux port de Marseille {Ann. Pasteur, 1890, p. 638) ; 2° Les trois bacilles de Thoinot (eau du Havre) et les trois de Zimmermann (eaux de Chemnitz), très mobiles, à longs cils, donnant des colonies en forme de petites boules blanc jaunâtre ou verdâtre; 3" Les cinq bacilles que Weichselbaum a découverts dans les eaux de Vienne et qu’il a décrits sous la dénomination de B. aquatilis sulcatus I à V {Das Oster. Sanitatsv., 1889 et G. Roux); 4" Le B. butyricus Pasteur, commun dans les eaux stagnantes et surtout dans celles qui sont souillées par les routoirs; il vit surtout au fond et dans la vase, côte à côte avec tous les microbes anaérobies, tels que YAnthracis, le B. de Nicolaïer qui abonde dans les vases des galeries filtrantes des eaux de la ville de Lyon, dans la Seine, la Marne, les eaux d’égout, etc., le Y. septique Pasteur, etc.; 5" Les six bacilles pseudo-typhiques de Ivitasato (Zets. f. Hyg., 27 décembre 1889); 6° La Sarcina paludosa Sclirot., fréquente dans les eaux-vannes BACILLES DIVERS 259 des sucreries et que nous avons rencontrée dans certaines eaux souillées par les résidus de cette industrie; 7° Les nombreux bacilles des selles humaines ou des excré- ments des animaux, dont la description et l’étude commencées par Corail et Babès est encore presque complètement à. l’état d’ébauche ; 83 Les trente-deux vibrions découverts par Sanarelli dans les eanx delà Seine (Ann. Inst. Pasteur , octobre 1893); 9" Enfin, signalons encore pour terminer le fameux Spirille de Finkler et Prior , si bien décrit par tant d’auteurs et dont Koch vient de décréter la non existence, ajoutant qu’il avait trop long- temps servi d’épouvantail aux bactériologues novices. De fait, personne, pas môme les auteurs de sa découverte, n’a pu le ren- contrer une seconde fois. Nous représentons par curiosité et à titre historique page 257, figure 402, l’aspect des cultures sur gélatine en tube d’après Macé. QUATRIEME PARTIE HYGIÈNE C II A P I T R E P R E M I E R CARACTÈRE!» ET COMPOSITION 9» ES EAUX Ali POINT IîE VUE PIIYSBOEOGIOUE I. — Généralités. Les qualités physiologiques des eaux potables étant corréla- tives des propriétés de même ordre que possède l’eau considérée au point de vue le plus général, il est nécessaire pour fixer les premières de préciser exactement la nature des secondes. Or celles-ci peuvent être résumées comme suit : 1° Quel que soit l’état sous lequel elle est ingérée : pure, c’est- à-dire telle qu’elle ou sous forme de boissons spiritueuses ou au- tres, d’aliments solides ou liquides, etc., l’eau est surtout et avant tout destinée ci réparer les pertes liquides incessantes que subit V organisme animal sous l’influence du mécanisme vital. Nous croyons nécessaire d’insister tout particulièrement sur ce point : pertes liquides de l’organisme, parce que nous ne pou- vons considérer l’eau que comme une boisson et non comme un aliment, dans le sens ordinaire du mot. En d’autres termes, le rôle physiologique de l’eau est et doit être celui d’un liquide et non d’une dissolution plus ou moins concentrée ou diluée de sub- stances salines ou autres. 2G2 HYGIÈNE Nous nous bornerons ici ù énoncer le principe, renvoyant, pour la démonstration, au § III ci-après. 2° L’eau doit étancher la soif. Normalement, cette propriété se confond avec la précédente, la soif pouvant être considérée comme une sensation particulière provoquée par les besoins de l’organisme, lesquels sont évidem- ment une conséquence des pertes dont il vient d’être parlé. Nous conservons cependant cet énoncé, d’abord parce qu’il frappe davantage l’esprit, qu’il est plus clair pour le public, et ensuite parce qu’il existe de nombreuses circonstances au cours ou sous l’influence desquelles on peut avoir soif, et très soif même, sans que l’ensemble des secrétions et excrétions aqueuses soit propor- tionnel, à beaucoup près même, au volume des liquides que l’on absorbe alors. 3° L’eau doit aider à la déglutition, à la digestion et à V absorp- tion des aliments et servir à leur cuisson, aux soins de propreté et aux divers usages domestiques. De la connaissance de ces diverses propriétés nous allons pou- voir déduire, sans trop de difficultés, quelles sont les qualités que doivent présenter les eaux douces pour être considérées comme physiologiquement pures. Nous aurons ensuite à examiner quelles sont les limites de la tolérance que l’on peut montrer à l’égard de celles qui ne réuniraient point la totalité de ces qua- lités ou qui ne les posséderaient point toutes au même degré ; toutefois, cette dernière étude nous paraissant devoir être malai- sément séparée de celle qui a pour objet la discussion et l’inter- prétation des résultats analytiques au point de vue hygiénique, nous en renvoyons le développement au chapitre V. II. — Caractères physiques et organoleptiques. Que l’on considère l’ensemble des propriétés physiologiques de l’eau ou l’une quelconque d'entre elles, les résultats sont absolument les mêmes au point de vue de la détermination de ses caractères : il serait aussi désagréable, aussi peu ragoûtant — que l’on me passe l’expression — de faire cuire ses légumes ou de prendre un bain dans une eau trouble, de mauvaise odeur, plus ou moins jaunâtre, verdâtre, etc., que de s’en servir pour la boisson. ÉLÉMENTS NORMAUX 2G3 Nous dirons donc, et en ceci nous sommes absolument d’ac- cord avec tous les auteurs, que les eaux potables doivent être limpides, fraîches , incolores , inodores , d'une saveur agréable, légères à V estomac et inaltérables. Mais il y a lieu de remarquer que la réciproque n’est pas tou- jours vraie et que les eaux ne sont pas nécessairement pures, parce qu’elles présentent toutes les qualités que nous venons d’énumérer. Ainsi, par exemple, elles pourraient parfaitement, sans cesser d’être limpides, incolores, etc., tenir en dissolution de très violents poisons, et ce à des doses suffisantes pour pro- voquer une intoxication qui, pour n’être pas aigue, n’en devien- drait pas moins plus ou moins rapidement mortelle. Nous nous bornerons ici à cette observation, nous réservant de la développer ailleurs (chapitre V). III. - Eléments normaux. Nous comprenons sous cette dénomination toutes les sub- stances qui font partie de nos tissus et dont la présence dans l’eau peut être utile ou, et à tout le moins acceptable, pourvu qu’elles ne s’y trouvent pas en proportion telle qu’il puisse en résulter un inconvénient ou un danger pour le consommateur. C’est en nous appuyant sur ce principe que nous allons passer en revue les divers sels minéraux que l’on rencontre habituelle- ment dans les eaux douces et dont la nature ainsi que la propor- tion dépendent de diverses circonstances, parmi lesquelles se placent en première ligne les terrains sur ou à travers lesquels coulent, reposent ou filtrent les eaux potables. 1° Résidu lixe. — N’a qu’une valeur physiologique excessi- vement restreinte et toute relative. En effet, ce n’est pas la quan- tité de sels minéraux stables au rouge qu'il faut envisager, mais bien la qualité ou Y espèce, une eau pouvant être excessivement dangereuse avec 5 à 10 centigrammes de substances fixes par litre, et inoffensive avec dix fois plus; cependant on peut dire qu'en ce qui concerne les éléments normaux seuls, le résidu dont nous parlons ne devra pas être supérieur à 0*r25 ou 0gr30 au maximum, dont la moitié au moins formée de carbonate de chaux et le reste de chlorure sodique, de sulfates alcalins et alca- 264 ’ HYGIENE lins-terreux, de traces ou de quantités insignifiantes de magnésie, de fer et d’acide phosphorique. Encore les meilleures eaux ne devront-elles laisser à la calcination que CFI à (F2 des dits sels. Ce sont, en effet, celles qui sont le plus digestibles, le plus agréables à boire et qui remplissent le mieux, sous tous les rap- ports, le rôle physiologique qui leur incombe. Celles qui contiennent moins de CFI de sels se rapprochent plus, il est vrai, des eaux chimiquement pures, c’est-à-dire les plus convenables pour la réparation des pertes organiques, la cuisson des aliments, le lavage, etc., mais nous croyons qu’elles sont moins propres, par contre, à calmer la soif et à favoriser la digestion gastrique que celles qui contiennent quelques centi- grammes : 10 à 15, par exemple, de bicarbonate de chaux; et comme cette proportion d’éléments salins ne peut nuire en au- cune manière et dans aucun cas, il est donc préférable qu’elle s’y trouve. 2° Carbonate de chaux. — Dissous à la faveur de TCO'2 libre, ce sel existe dans les eaux douces sous forme de bicar- bonate. La plupart, sinon même la totalité des physiologistes, sont d’accord pour reconnaître l’utilité d’une dose modérée de bicar- bonate de chaux dans les eaux potables, mais on n’est pas fixé sur la quantité maximum qu’elles en peuvent contenir. Pour M. Boussingault, les eaux les plus carbonatées sont les plus utiles pour l’alimentation et les plus hygiéniques (Ac. des Sc. de Paris, 1846). ■ “ Le carbonate de chaux en dissolution dans l’eau est favo- rable à la santé et communique à la boisson une saveur agréable, pourvu que la quantité n’en soit pas trop considérable n (Par- mentier : Docum. des eaux de Paris , p. 23). Selon Dupasquier, le bicarbonate de chaux est l’élément le plus utile, parce qu’il agit comme excitant dans l’acte de la digestion par son acide carbonique et ensuite parce qu’en se décomposant, il fixe son élément calcaire dans le système os- seux. C’est également l’opinion de Bouchardat. “ Je suis d’avis, avec Dupasquier, que non seulement le bicarbonate de chaux, dans la proportion de 1/2 millième, n’est pas défavorable, mais encore CARBONATE DE CHAUX 265 qu’il constitue un élément utile des bonnes eaux „ ( Traité d’hy- giène, p. 159). Nous pourrions prolonger ces citations, mais ce serait nous répéter inutilement; cependant nous ne pouvons passer sous silence l’argumentation très serrée et d’apparence absolument convaincante de M. le professeur A. Gautier qui établit, en se fondant à la fois sur le calcul de la ration d’entretien et clos pertes et gains de l’organisme, et sur l’expérimentation directe, que la présence de la chaux dans les eaux potables est non seu- lement utile mais encore absolument indispensable. C’est la théorie de l’eau “ aliment „, les sels “ plastiques „ qu’elle contient étant nécessaires à la constitution de nos tissus, puisque, dit-on, la ration alimentaire moyenne est insuffisante sous ce rapport. Pour le prouver, M. Gautier rapporte tout d’abord les expé- riences classiques de Chossat et de Boussingault. Le premier, nourrit des pigeons avec des grains de blé ne con- tenant pas la quantité de chaux nécessaire à l’ossification. Ces oiseaux commencent par s’engraisser, puis on les voit, peu à peu, “ augmenter instinctivement leur boisson et absorber deux fois, trois fois, puis cinq et huit fois la quantité d’eau ordinaire, poussés ainsi par une sorte d’appétit spécial qui leur fait rechercher dans l’eau la quantité de sels calcaires restée insuffisante dans leur alimen- tation solide; puis, sous l’influence de cet excès de liquides dé- layants, une diarrhée s’établit, d’abord modérée, puis énorme et l’animal finit par succomber „. Le second engraisse un porc pendant 93 jours avec des pommes de terre dans lesquelles il a eu soin de doser la chaux. La quan- tité de cette dernière substance assimilée par l’animal fut trouvée égale à 140 grammes alors que la nourriture solide ne contenait que 9S grammes; le reste, soit 42 grammes, avait été pris dans l’eau de boisson. Et M. Gautier ajoute : “ L’expérience de Boussingault est donc concluante: elle prouve, la balance à la main, qu’un animal bien nourri, qui ne reçoit que 98 grammes de chaux par son alimentation solide, en assimile 14-0 grammes en 93 jours et que c’est de l’eau de boisson que lui vient l’excès de cette chaux indispensable à son accroissement. „ ( Loc . cit., p. 346.) HYGIÈNE 266 L’auteur établit ensuite les calculs suivants que nous résu- mons très succinctement. Un homme, depuis sa naissance jusqu’à 22 ans, a besoin pour construire son squelette, de 0*’271 CaO par jour. De plus, il perd, en 24 heures, 0V 243 par les urines, la salive, etc. (non compris les fèces), soit donc un total de 0b"513 CaO nécessaire au mou- vement régulier d’assimilation et de désassimilation. Or, le total de la chaux contenu dans la ration normale jour- nalière n’est que de CF470, soit donc une différence de O'r043 que l’on doit rencontrer dans l’eau potable. Mais ce n’est pas tout : “ Que de populations, s’écrie M. Gautier, où chaque individu ne dispose pas chaque jour de ces quantités de viande et même de légumes secs ! „ Or, ce n’est plus alors (F043, mais bien de 0?r18 à 0sr20 que l’on doit extraire des boissons pour compléter ce qui manque. Enfin, l’auteur démontre également la nécessité de la chaux dans les eaux potables d’après le calcul suivant, rapporté à l’adulte ; L’excrétion journalière parles urines, est de . . . 0sr221 CaO „ „ „ fèces, „ . . . (F 603 „ Total. . . CF824 CaO Le contenu de la ration journalière moyenne assez riche est de 0?r650 „ Il manque donc. . . 0;r174 CaO que nous devons emprunter à un supplément d’alimentation ou à l’eau potable. Voyons si la démonstration est réellement évidente. Que prouvent les expériences de Chossat et de Bouchardat? Tout au plus que les sels calcaires ou tout au moins le bicar- bonate en dissolution dans l’eau sont assimilables — on a même soutenu le contraire et avec de très sérieux arguments et preuves à l’appui — et peuvent à la rigueur remplacer ceux qui manquent dans les aliments. On ne peut donc en conclure que ceci : toutes les fois que la ration alimentaire sera insuffisante, l’organisme puisera ailleurs — s’il le peut — le supplément de sels minéraux qui lui est né- cessaire. CARBONATE DE CHAUX 207 Il reste donc à démontrer que la ration moyenne sur la com- position de laquelle s’appuie l’éminent physiologiste français pour ses calculs, est insuffisante. Afin de permettre à chacun de vérifier les calculs, nous allons reproduire ici ceux de M. Gautier : Viande fraîche 175 gr. contenant 0"147 CaO Pain ou autres aliments analogues 500 „ 0tfr179 „ Légumes secs 80 „ 0?,144 „ Total. . . Kr470 CaO Nous ne discuterons pas l’exactitude des dosages : on ne met pas en doute une analyse de M. Gautier; mais nous ferons obser- ver que la ration journalière qui a servi de base à son argumen- tation est singulièrement pauvre au lieu d’être normale et même riche. Certes, il y a malheureusement de nombreux individus et même des populations tout entières qui ne mangent pas 175 grammes de viande fraîche par jour, mais celle-ci est large- ment remplacée par le pain, les féculents, les potages, etc., tandis que ceux qui se nourrissent de viande ne se contentent certes pas de 175 grammes. Ce ne sont pas seulement les Anglais et les Allemands qui, comme le dit M. Gautier, mangent beaucoup : les Belges, les Hol- landais, les Français des régions Nord et Nord-Est ne leur cèdent guère sous ce rapport et n’ont nul besoin de chercher de la chaux dans leur eau de boisson. Au besoin, du reste, ils la trouveraient dans la bière, le vin, le lait et autres liquides dont il n’est tenu aucun compte ci-dessus. Aussi peut-on citer de nombreux exemples à l’appui de ce que nous avançons : Dans un grand nombre de localités des Ardennes belges — que nous connaissons bien - on ne mange de la viandé fraîche qu’une fois ou deux par an et de la viande sèche (bœuf ou porc) qu’une fois par semaine et seulement dans les familles riches ou très aisées, c’est-à-dire dans la proportion de 10 à 20 p. c. au maximum; or, les eaux sont d’une pureté chimique admirable, - pas une seule de celles que nous avons analysées ne contenait plus de 4 à 5 centigrammes de résidu fixe par litre. Eli bien! que l'on consulte d’une part les médecins militaires sur la vigueur et la constitution des miliciens de cette région et, d’autre part, les 2GS HYGIENE médecins civils sur l’importance de leur clientèle! Nous en con- naissons qui végéteraient absolument s’ils ne vivaient de leur patrimoine, alors pourtant qu’ils n’ont aucun concurrent à plus de deux lieues à la ronde. La sage-femme met l’enfant au monde, le médecin signe l’acte de décès du vieillard et c’est à peu près tout. A Belfort où l’on boit des eaux granitiques qui se rapprochent de l’eau distillée aérée, à Saint-Etienne où les eaux ont une pureté telle que les pharmaciens sont obligés de les souiller pour pré- parer leur eau blanche, à Constantinople, Venise, Cadix, sur tout le littoral de la mer du Nord en Belgique, où l’on ne boit guère que des eaux de citerne, dans les hautes régions terrestres habi- tées par les populations qui s’abreuvent aux eaux des glaciers, etc., les épidémies ne sont certes pas plus nombreuses, la mor- talité plus élevée, l’affaissement de la race, etc., plus prononcé que partout ailleurs. Une autre objection peut être faite au sujet des chiffres de M. Gautier : c’est que la chaux est en excès dans nos aliments puisqu’elle se rencontre dans les fèces. C’est du reste ce que l’au- teur a prévu, car il ajoute que la chaux qui traverse ainsi le tube digestif sans être absorbée, se trouve dans un état de combinaison qui ne permet que très difficilement son assimilation. “ Tous les sels de chaux sont bien loin d’être assimilables; pour être utilisés, il doivent être pris tels qu’ils existent dans le lait, les céréales, les légumineuses, le tissu nerveux et les bicarbonates des eaux potables „. Mais c’est précisément comme cela que tout le monde ou à peu près les ingère et cependant on les rencontre, malgré cela, dans les excréments. D’autre part, la quantité de chaux éliminée par les urines phy- siologiques n’est pas constante et varie même notablement sui- vant le mode d’alimentation, de telle sorte que si l’on prend moins de sels calcaires, on en élimine aussi moins : il y a donc compensation au moins approchée. En résumé, nous ne voyons pas, pour notre part, que la néces- sité absolue du bicarbonate de chaux dans les eaux potables ait été démontrée. Elle nous apparaît comme contingente, condition- nelle et, en somme, tout à fait exceptionnelle. CARBONATE DE CHAUX 26!) Reste donc son utilité. Celle-ci est incontestable, mais elle ne doit s’exercer que dans des limites restreintes. Certes, le dégagement de l’CO2 des bicar- bonates dans l’estomac est favorable à l’action digestive et il peut même se faire, ainsi que le veulent certains auteurs, que la satu- ration par la chaux d’un excès d’acidité gastrique soit désirable ; c’est ainsi, par exemple, qu’un de nos collègues de la Société chimique belge, professeur à l’Université de Gand, nous déclarait se trouver très bien des eaux de distribution de la ville de Bruxelles, très riches en carbonate de chaux. Mais peut-on, de quelques faits isolés, et, tout au moins jusqu’à un certain point, antiphysiologiques, déduire une règle générale? Evidemment non. Aussi doit-on, au contraire, poser en principe que l’eau ne peut, en aucun cas, entraver les phénomènes de la digestion, saturer les sucs digestifs, paralyser peu ou prou leurs effets. Utile, oui; nuisible, non. Or, nous ne pouvons admettre qu’une eau contenant de 250 à 300 milligrammes carbonate calcique par litre ne soit point nui- sible. Eu effet, puisque l’on justifie son utilité par la formation d’CO2 au sein de l’estomac, on ne peut pas ne pas se demander si le remplacement de cet acide par les acides normaux que secrète la muqueuse gastrique pendant les digestions, ne paralyse pas celle-ci. Voyons donc ce qui se passe à cette occasion dans l’estomac d’un Bruxellois. Le volume d’eau qui lui est nécessaire tant pour la cuisson et la préparation de ses aliments : viande, légumes, potages, etc., que pour sa boisson n’est certes pas inférieur à 3 litres par jour, correspondant à 600 ou 700 milligrammes de carbonate de chaux réellement ingéré, c’est-à-dire en moyenne à 0îr47 HCl. Peut-on affirmer qu’une diminution aussi considérable dans l’acidité gastrique n’est pas accompagnée ou suivie d’une dimi- nution correspondante dans l’énergie des actes digestifs, alors que la quantité d’PICl libre ne s’élève pas à plus de 0.7 à 0.9 pour 1000 pendant l’acmé d’une digestion normale, physiologique? Certes, on ne fait pas qu’un seul repas par jour et, pour chaque repas, le volume d’acide chlorhydrique est évidemment 270 HYGIÈNE supérieur à celui que nous venons d’indiquer puisqu’il y a lieu de tenir compte des diverses combinaisons qui se produisent, mais il n’en est pas moins vrai que la spoliation est manifeste et que si elle ne constitue pas un danger immédiat, elle peut oc- casionner à la longue des troubles gastriques très sérieux. Pour une hypersécrétion soulagée, combien de sécrétions normales et surtout d’hyposécrétions atteintes ou aggravées! Et nous ne parlons pas des inconvénients qui résultent, pour l’organisme, de l’obligation dans laquelle il est journellement placé de se débarrasser, par le concours de ses divers émonc- toires, du trop plein de calcaire qu’on lui a fait ingérer, inconvé- nients qui, quoi qu’on en ait dit, se traduisent souvent par des irritations rénales ou autres dont les conséquences peuvent être la gravelle, les incrustations calcaires, les dépôts tophacés de même nature, les gastrites, etc. On a dit, pour justifier l’innocuité des eaux potables fortement calcaires, que l’on pouvait boire indéfiniment et impunément des eaux minérales telles que celles de Saint- Galmier par exemple, qui contiennent plus cl’un gramme de carbonate de chaux et de magnésie par litre. “ Impunément „ est bientôt dit, mais s’est-on préoccupé de ce que deviennent tôt ou tard les buveurs d’eaux minérales? Et en admettant même qu’il y en ait d’indemnes, s’ensuivrait-il que l’on puisse soumettre la muqueuse gastrique à l’excitation conti- nue et violente résultant de l’absorption de quantités aussi consi- dérables d’CO'2 que celles qui sont nécessaires pour maintenir le carbonate calcique en dissolution? De ce qu’un buveur d’alcool, absorbant journellement 1/4, 1/3, 1/2 litre de genièvre, par exemple, se porte comme un charme et vit jusque 90 à 100 ans, en conclura-t-on que l’alcool est inoffensif? Et les consommateurs atteints de gravelle phosphatique, oxa- lique, etc., peuvent-ils également absorber journellement et im- punément 50 à 60 centigrammes ou plus de carbonate de chaux? 3U Chlorures alcalins. — Des traces de chlorures alcalins : 5 à 10, 15 et même 20 milligrammes paraissent contribuer à la sapidité de l’eau; aussi peut-on admettre leur présence, aux pro- portions indiquées, dans les eaux physiologiquement pures. Mais il ne faut pas oublier qu’ils sont inutiles, les aliments contenant SELS MINERAUX DIVERS 271 des quantités beaucoup trop considérables déjà de chlorure so- dique et de chlorure potassique. Ce sont cependant ceux dont on peut le mieux tolérer un excès pourvu qu’il ne soit pas trop con- sidérable, car alors ils rendent l’eau saumâtre, désagréable à boire et par suite peu propre à désaltérer. 4° Sulfates terreux et alcalins. — Ils sont tout aussi inutiles que les chlorures et leur présence moins justifiée encore ; cependant on peut les admettre dans les mêmes proportions, presque toutes les eaux, même les plus pures, en contenant des traces ou des petites quantités. 5° Phosphates terreux. — Jadis on considérait l’acide phosphorique comme un élément nuisible, anormal, mais le Congrès d’hygiène de 1885 a admis qu’il pouvait se rencontrer dans les meilleures eaux et ne présentait aucun inconvénient, le phosphate de chaux étant un élément normal de nos tissus; ce- pendant comme il est absolument inutile, on peut dire qu’une eau sera d’autant plus pure qu’elle en contiendra moins ou qu’elle n’en contiendra pas. 6‘° Sels de magnésie. — Sont inutiles et peuvent aisément devenir nuisibles. Une eau pure ne doit pas en contenir du tout ou n’en contenir que des traces. 7" Sels de fer. — On ne doit pas déclasser une eau dans la- quelle on rencontre quelques milligrammes de fer par litre, mais des eaux pures ne doivent pas en contenir, nos aliments étant assez riches sous ce rapport comme sous tous les autres du reste. 8° Gaz. — Une bonne eau potable doit être aérée et tenir en dissolution de 25 à 40 cc. de gaz formés d’oxygène, d’azote et d’acide carbonique dans la proportion moyenne de G à 7 du pre- mier, de 14 à 15 du second et de 15 à 18 du troisième, étant en- tendu qu’une dizaine de centimètres cubes en plus ou en moins ne modifient pas la valeur de l’eau. On connaît peu de chose au sujet des gaz de l’eau considérés au point de vue physiologique. On sait seulement que l’eau aérée est généralement légère et qu’elle plaît au goût, tandis que celle qui ne l’est pas paraît lourde Qïfade, mais sans que l’on puisse positivement dire si ce n’est pas plutôt à la présence de matières organiques provoquant la désaération de l’eau, qu’à l’absence de 272 HYGIENE l’air qu’il faut attribuer les inconvénients indiqués. Les uns disent oui, les autres non et chacun invoque des arguments plausibles en faveur de son opinion. Il est incontestable cependant que la présence de l’GO2 est favorable à la digestion et que l’oxygène est également un excitant de la muqueuse gastrique. IV. — Éléments anormaux. Nous ne pouvons que les signaler ici où nous n’avons à nous occuper que des eaux pures. L’organisme ne pouvant assimiler que les substances dont il a besoin pour son développement et son existence, il est incontestable que tout ce qui lui est étranger est anormal et ne doit pas se rencontrer dans les eaux pures. Mais il arrive assez souvent, trop même, que l’on est obligé de faire usage comme boisson, d’eaux contenant des éléments autres que ceux dont nous venons de parler au paragraphe précédent et c’est pourquoi leuç étude s’impose à l’attention du physiolo- giste comme de l’hygiéniste; cependant pour éviter des répéti- tions inutiles, nous renverrons ce qu'il convient d’en dire au chapitre V. CHAPITRE II ORIGINE, NATURE ET CONTAMINATION DES EAEX POTABLES. Lacs ou fleuves, étangs ou rivières, mares ou ruisseaux, puits, citernes, fontaines, tous et toutes ont une même origine : la va- peur d’eau atmosphérique condensée et retombant à la surface du globe sous forme de pluie ou de neige, celle-ci fondant immé- diatement ou rapidement, ou bien s’accumulant en glaciers au sommet des hautes montagnes ou dans les régions polaires. C’est donc à l’atmosphère que l’eau emprunte tout d’aborcl une partie des matières qu’elle tient en dissolution ou en sus- pension, matières qualitativement et quantitativement variables suivant les saisons, les régions et les localités. C'est ainsi, par exemple, que les eaux de pluie contiennent plus d’acide nitrique et moins d’ammoniaque dans les campagnes que dans les villes et que les eaux d’orage sont notablement plus impures que les précédentes. C’est ainsi encore que les premières portions d’eaux de pluie sont considérablement plus chargées d’impuretés que les dernières et ce d’autant plus que l’intervalle entre deux pluies consécutives a été plus long, l’air plus chaud, etc. On trouve dans toutes ces eaux des traces parfois très pro- noncées de nitrates et de carbonates d’ammoniaque, de soude ou de potasse, des chlorures et particulièrement du chlorure so- dique plus abondant vers la mer, des sulfates de chaux, de soude, des gaz, des poussières diverses en suspension, notam- ment des parcelles de charbon ou de suie, des débris de tissus, de l’amidon, etc., etc. Après leur chute à la surface de la terre, les eaux de pluie sont ou bien recueillies dans des citernes ou bien elles pénètrent dans le sol ou coulent à la surface en suivant les lignes de plus grande pente. 18 274 HYGIÈNE Dans le premier cas, elles entraînent avec elles tout ou partie des poussières qui recouvrent les toits, les gouttières, etc., em- pruntent des matériaux aux parois des citernes dans lesquelles elles sont recueillies et conservées, de telle sorte que leur com- position est éminemment variable. (Test ainsi que nous avons trouvé de 0’r005 à 0?r089 de matières minérales solubles dans les eaux de citernes recueillies pendant l’été dernier sur divers points du littoral belge. Les eaux qui pénètrent dans le sol, de. même que celles qui coulent à la surface, s’y enrichissent peu à peu en chlorures, sul- fates, phosphates, nitrates, carbonates, silicates, etc., alcalins, alcalino-terreux et même métalliques ; elles dissolvent en outre, les dernières surtout, de l’oxygène, de l’azote et de l’acide carbo- nique, ce dernier maintenant dissous certains sels : carbonates, phosphates, silicates, etc., alcalino-terreux dont la proportion peut ainsi augmenter considérablement suivant les circonstances et les terrains. Si l’on fait abstraction des eaux de citernes ou eaux de pluie recueillies directement, toutes les eaux potables peuvent être divisées en deux catégories, savoir : eaux de surface et eaux pro- fondes, les premières étant, en outre, stagnantes ou courantes. Celles-ci comprennent les eaux de fleuves, de rivières, de tor- rents et de ruisseaux, celles-là les eaux de lacs, étangs, viviers, mares, fossés, etc.; enfin quelques-unes, comme celles de canaux, par exemple, peuvent être considérées comme étant à la fois stagnantes et courantes. Quant aux eaux profondes, elles sont représentées par les nappes souterraines et donnent naissance aux eaux de source, de puits ordinaires et de puits artésiens. Mais quelle que soit leur nature, elles empruntent toutes au sol, ainsi que nous venons de le dire, la plus grande partie des matériaux salins ou autres qu’elles tiennent en dissolution. Le facteur terrain joue donc un rôle très important, capital même sous ce rapport, et il importe d’en dire brièvement quelques mots. Si les eaux coulent ou stagnent sur ou sous des terrains peu attaquables : quartz, granit, grès, etc., elles sont très peu minéra- lisées et ne contiennent guère, outre ce qu'elles ont emprunté à MINÉRALISATION NATURELLE DES EAUX 275 l’atmosphère, que des traces de silice, de chlore, d’acide sulfuri- rique, combinés aux alcalis et aux terres et dissous à la faveur de l'CO2 ; enfin, leur teneur en matières organiques est également très faible ou même nulle. Si les terrains sont calcaires ou légèrement siliceux et pauvres en terre végétale, en humus, les eaux s’enrichiront fortement en carbonate, sulfate et silicate de chaux, mais surtout en car- bonate, et elles en contiendront d’autant plus qu’elles dissou- dront davantage d’acide carbonique et que leur action se fera sentir sous une pression plus élevée. Les eaux qui tombent, coulent ou filtrent sur ou à travers des terrains chargés d’engrais naturels ou artificiels, des produits de décomposition des matières végétales, etc., dissolvent et entraî- nent des nombreux matériaux salins et organiques, tels que sul- fates, phosphates, nitrates, chlorures, crénates, etc., par l’inter- médiaire desquels et avec le concours de l’CO2 qu’elles contiennent elles dissolvent ou peuvent dissoudre de la chaux, de la magné- sie, du fer, de l’alumine, du manganèse, de la silice, etc., ou s’en- richir en substances de l’espèce. Si elles traversent ou longent des terrains gypseux, anthraciteux, tourbeux, etc., elles se char- geront des divers éléments solubles qu’elles leur emprunteront et seront par suite très riches en sulfates, crénates, phosphates, etc. Enfin les eaux qui passent sur des terrains maritimes ou au- tres imprégnés de chlorures alcalins, celles qui rencontrent sur leur passage des bancs de sel gemme, seront fortement chloru- rées, sulfatées, etc. Les eaux chargées de matières organiques qui se trouveront en contact avec des pyrites, ou qui contiendront des sulfates, pour- ront dissoudre du fer, de l’arsenic, des sulfures, des carbonates alcalins fixes, etc,, soit directement, soit et surtout par suite de doubles décompositions entre les sels alcalins et les sulfures, sili- cates, carbonates métalliques. C’est ainsi notamment que l’on peut expliquer la présence de l’hydrogène sulfuré libre ou com- biné, du carbonate de potasse, des hyposulfites, etc. Exemples : l’CO2 décompose les feldspaths, l’eau dissout des silicates alcalins qui, par double décomposition avec les sels calcaires donnent des carbonates de potasse ou de soude ; les sels sodiques et les sulfures de fer réagissant entre eux, forment des sulfures alcalins 27G HYGIÈNE qui, au contact de l’oxygène, se transforment en hyposulfites d’ou, entre parenthèses, le trouble blanchâtre que bon observe dans certaines eaux après leur exposition à l’air libre. A ces diverses causes de contamination des eaux potables, que l’on pourrait appeler naturelles et constantes, viennent s’ajouter les suivantes, que l’on peut qualifier d’artificielles et d’acciden- telles et distinguer en générales et spéciales. Les chaleurs prolongées, surtout intenses, sont une cause à la fois directe et indirecte de contamination. Le volume de l’eau diminuant par évaporation, les matières nuisibles s’y accumulent en proportion plus considérable; d’autre part, les végétaux et les animaux peuvent être laissés à nu, périr et se putréfier plus ou moins rapidement, ajoutant ainsi de nouveaux détritus à ceux qui existaient déjà et ce en quantité d’autant plus élevée que les eaux se renouvellent moins facilement, moins rapidement ou qu’elles sont plus superficielles. Enfin, la grande sécheresse tuant les végétaux des terrains environnants, il y a là une nouvelle source de matières organiques que les premières pluies feront fermenter avec la plus grande énergie et entraîneront, si elles sont assez abondantes, dans les eaux déjà souillées au maximum. Les grands froids agissent jusqu'à un certain point comme les chaleurs, mais les putréfactions étant considérablement ralen- ties, les conséquences en sont moins fâcheuses. Les pluies prolongées , les orages , la neige favorisent la contami- nation des eaux par l'entraînement des débris organiques men- tionnés plus haut, mais elles sont moins nuisibles que les grandes chaleurs et les gelées parce qu’elles augmentent parfois énormé- ment le volume des eaux. Ici, la contamination passe rapidement par un maximum, lequel décroît non moins rapidement lorsqu’il s’agit cl’eaux à cours rapide qui, ainsi que nous le disons plus loin (chapitre IV), se purifient promptement. Par contre les eaux stagnantes sauf lorsqu’il s’agit de grands lacs peu influencés par les pluies, restent longtemps surchargées de principes nuisibles ou dangereux. Si le niveau du liquide est très bas, le terrain plus ou moins marécageux et si les pluies sont violentes et succèdent à une longue période de sécheresse pen- dant laquelle quelques averses auront apporté au sol l’humidité CONTAMINATIONS ORGANIQUES 277 nécessaire à la fermentation des débris végétaux et animaux y accumulés, les eaux stagnantes atteignent un haut degré de pol- lution. Aussi est-il fréquent de voir éclater, dans ces conditions, des maladies nombreuses, t elles que la fièvre typhoïde, le choléra, la peste, les dysenteries, etc., et d’autant plus graves que l’organisme est affaibli, débilité par les chaleurs et une alimentation presque toujours insuffisante, et que la brusquerie de l’attaque le laisse sans aucune défense; le poison, le virus, les germes si l’on veut, sont partout à la fois : dans l’eau que l’on boit, dans l’air que l’on respire, dans et sur la terre que l’on foule. Quoi d’étonnant si, dans de semblables circonstances, une épidémie meurtrière éclate tout à coup et sur un très grand nombre de points à la fois? Il n’est pas un médecin, pas un hygiéniste, pas même un homme intelligent qui ne sache à quels dangers les alternatives de séche- resse prolongée et de pluies abondantes exposent les populations et surtout celles qui vivent dans de mauvaises conditions hygié- niques. Pas n’est besoin de recourir à l’action de quelques germes pathogènes ou supposés tels venant on ne sait d’où et disséminés dans des masses considérables de liquide, pour expli- quer la genèse ou l’étiologie des épidémies ou des endémies dont nous parlons. Mais il y a plus. Les animaux ne sont pas plus que l’homme à l’abri des dangers qui résultent de l’absorption des eaux conta- minées; or l’alimentation carnée est trop générale parmi les populations des villes et même des campagnes, pour no pas constituer par elle-même un danger ou tout au moins pour ne pas y contribuer dans une certaine mesure. Tout le monde sait avec quelle rapidité les poissons, les viandes rouges, le gibier, etc., se décomposent, s’altèrent pendant la saison chaude, même lors- qu’ils sont conservés dans des glacières. La température ambiante joue certainement un très grand rôle, mais il n’est pas téméraire de supposer que les aliments et surtout les boissons altérées absorbés avant la mort n’interviennent également dans les phé- nomènes signalés. Une dernière cause de pollution permanente des eaux, et sur- tout des eaux profondes, est l’imprégnation du sol par des ma- tières azotées ou autres, répandues à la surface de la terre pcn- 278 HYGIÈNE clant la suite des siècles par les populations. On connaît, dans tous les pays du monde et surtout de l’ancien continent, des villes dont le sol et le sous-sol sont de véritables réservoirs de détritus de toute nature à travers lesquels les eaux de pluie doi- vent filtrer (!) pour aboutir à la nappe aquifère la plus rap- prochée. La contamination atteint surtout un très haut degré lorsque le sol est peu perméable, peu accessible à l’air, c’est-à-dire dans tous les cas où l’oxydation est lente, incomplète. Les eaux de puits notamment sont alors chargées de chlorures, nitrates, sul- fates, phosphates, matières animales, hydrogène sulfuré libre, sulfure d’ammonium, nitrites, etc. Parmi les causes accidentelles de nature spéciale, il faut citer comme étant la plus importante sous tous les rapports, le tout à l’égout des grandes agglomérations humaines, et les résidus in- dustriels de toute nature dont les grands cours d’eau sont les réceptacles. La masse des matières putrescibles ainsi accumulées dans cer- tains fleuves ou rivières est énorme. Voici comment s’exprime à ce sujet M. le professeur Gautier : “ D’observations poursuivies à Paris pendant vingt années, les ingénieurs ont pu conclure que le volume moyen d’eau d’égouts versées journellement à la Seine par les collecteurs est d’environ 260,000 mètres cubes, soit 125 litres par habitant, ou le trentième de la totalité de l’eau que débite le fleuve. A Londres on rejette à la Tamise 110 litres d’eaux- vannes par tête. Les égouts débitent ainsi, d’une part environ 70 p. c. de la totalité de l’eau reçue par la ville à l’état de pluie, de l’autre celle qui est distribuée chaque jour pour l’arrosage des rues et le service intérieur des habita- tions, 30 p. c. de cette quantité d’eau de pluie ou de lavages se perdent dans le sol ou par évaporation, et il n’est pas douteux qu’une bonne partie ne revienne à la rivière par les infiltrations ou drains souterrains après s’ètre imprégnée des détritus ména- gers du sous-sol. „ „ Les villes très industrielles déversent aux égouts des quan- tités d’eau plus grandes encore et chargées des produits spéciaux de leur industrie : à Birmingham 223 litres par tête, à Glas- CONTAMINATIONS ORGANIQUES 279 cow 363, à Reims, où les industries de la laine et d’autres sont très prospères, 406 litres par habitant. „ Les mares ou fosses à fumier et à purin, les latrines, les pui- sards ou bétoires, les écuries, les eaux ménagères, celles des ba- teaux-lavoirs, les déjections provenant de la vie journalière à bord des navires, bateaux, etc., qui circulent ou séjournent sur les canaux, rivières, lacs ; l’épandage à la surface de sols fissurés ou crevassés, d’eaux cl’égout, de gadoues, d’engrais de toute nature, le lessivage de matériaux de bâtisse ou de démolition, tels que vieux plâtras, murs salpétrés ; les marchés publics, les cimetières, les abattoirs, les boucheries, les poissonneries, les salines, les tanneries, les blanchisseries, les routoirs de lin et de chanvre, les féculeries, les sucreries, les brasseries, les distilleries, les clos d’équarrissage, les boyau cleries; les fabriques de produits chimi- ques, de savon, de margarine, de poudreries, d’engrais, de gaz d’éclairage, etc., etc., sont autant de causes occasionnelles de pol- lution. Ce sont surtout les eaux stagnantes et principalement celles qui sembleraient le plus à l’abri, comme par exemple les eaux de puits et de citernes, qui sont le plus exposées. Plusieurs raisons peuvent être invoquées pour expliquer cette apparente anomalie. Tout d’abord la position de ces réservoirs, presque toujours creusés à proximité ou même au centre des ha- bitations qu’ils sont destinés à alimenter, et entourés de tout ce qui peut polluer leur contenu : lieux d’aisance, étables, fosses à purin, tas de fumier, etc., etc. En second lieu, il est rare qu’ils soient parfaitement étanches, c’est-à-dire que leurs parois ne soient point fissurées, crevassées, laissant suinter toutes les eaux sales provenant de l’extérieur. La plupart sont même très souvent découvertes ou simplement obstruées par une grande pierre mal jointe; d’autres munis de pompe et paraissant bien fermés sont entourés d’une rigole dans laquelle sont versées toutes espèces d’eaux sales qui s’y putré- fient rapidement, pénètrent dans le sol et de là dans le puits pâl- ies crevasses des parois dont il vient d’être fait mention. Enfin, il n’est pas jusqu’aux mares ou marais environnants qui, bien que parfois assez éloignés, n’en sont pas moins dangereux 280 HYGIÈNE si le terrain est Assuré, accident souvent caché et qu’il est parfois malaisé de découvrir. ' Ajoutons encore que la nature et l’intensité des cultures, des défrichements, des drainages, des déboisements, la profondeur des nappes souterraines, leur stagnation, le relief du sol, etc., peuvent contribuer à la contamination (ainsi du reste qu’à la puriAcation : chapitre IV), les eaux courantes ou stagnantes qui peuvent en outre se corrompre par la mort subite et la putréfac- tion des nombreux organismes végétaux ou animaux qu’elles renferment. Plus accidentelles, plus accessoires sont les altérations des eaux potables par les sels métalliques, notamment ceux à base de fer, de plomb, de zinc et d’arsenic provenant généralement des tuyaux adducteurs et abducteurs et, parfois aussi, des réser- voirs et du sol. Le fer présente peu d’inconvénients, sauf lorsqu’il est dissous par des acides organiques et notamment par les acides crénique et apocrénique, parce qu’alors il ne se sépare ou ne se précipite pas ou seulement avec une lenteur telle qu’il est impossible d’en tenir pratiquement compte. Nous conservons en vase ouvert depuis le mois d’août dernier, une eau ferrugineuse de cette nature, que nous devons à l’obligeance de M. le Dr Crispo, direc- teur du laboratoire agricole de l’Etat à Anvers, et tout le fer qu’elle contenait est bien loin d’être déposé, malgré l’épaisse couche de rouille qui tapisse le fond et les parois du flacon. Mais lorsque le métal est dissous à l’état de bicarbonate et même de sulfate, il est rapidement précipité à l’air sous forme de sesquioxyde, qu’il sufïït de séparer par le Altre pour obtenir de l’eau absolument limpide et incolore : telle est, par exemple, l’eau de distribution de la ville d’Arcachon, qui emprunte des quan- tités si considérables de fer aux conduites dans lesquelles elle circule, qu’elle sort presque rougeâtre des robinets. D’après M. le professeur Gautier, les réservoirs et les tuyaux de zinc seraient sans inconvénients. Les habitants de Neubourg boi- vent depuis longtemps, dit-il, des eaux qui proviennent de pluies tombées sur des toits de zinc et qui s’écoulent par des tuyaux de zinc dans des citernes où elles séjournent souvent sur une épaisse couche d’oxyde zincique. D’autre part, après de longues CONTAMINATION PAR CERTAINS SELS MÉTALLIQUES 281 enquêtes, l’amirauté anglaise et le gouvernement français se sont décidés à conserver l’eau distillée à bord dans des réservoirs en tôle galvanisée, c’est-à-dire recouverts d’une couche de zinc; depuis longtemps on suit cette pratique sans avoir eu d’accidents à déplorer. Nous rapportons cette opinion sans commentaires, mais nous ne la faisons point nôtre. Quant au plomb, son action toxique est incontestable, mais comme elle ne se manifeste pas dans tous les cas où le métal est en cause, c’est-à-dire chaque fois que l’on fait usage de tuyaux en plomb, nous allons indiquer brièvement les conditions dans lesquelles le métal est attaqué par les eaux douces. L’eau distillée oxygénée, mais privée d’CO2, ne possède qu’une action très lente et très faible. Il en est de même de l’eau conte- nant de l’CO2 mais privée d’O, et de celle qui ne contient aucun de ces deux gaz (Millier, Monit. Scient ., février 1888). L’eau agit le plus énergiquement lorsqu’elle contient en solu- tion 2 volumes CO2 pour 1 volume O ; avec des proportions au- tres, l’attaque du métal est plus lente. La rapidité de la dissolu- tion augmentant avec la quantité d’CO2 et la durée du contact, on comprend qu’il doit être rare de pouvoir constater la présence des sels plombiques dans une eau qui ne fait que couler dans les tuyaux sans y séjourner. Si l’on ajoute que la présence des bicarbonates alcalins ou alcalino-terreux est un obstacle à peu près absolu à la dissolution du plomb, on ne sera pas étonné que des tuyaux de ce métal puissent être impunément employés dans les canalisations les plus importantes. C’est ainsi, par exem- ple, que toutes les conduites intérieures de la ville de Bruxelles sont en plomb, et qu’aucun accident, que nous sachions du moins, n’a jamais été constaté de ce chef. Cependant nous préfé- rerions certainement l’usage des tuyaux doublés en étain. En effet, les eaux ne contiennent pas toujours des bicarbonates et renferment souvent des nitrates qui peuvent former des sels solubles; de plus, l’insolubilité de l’hydrocarbonate plombique n’est pas aussi absolue qu’on le croit généralement. Voici au surplus, sur ce sujet, les conclusions d’un important travail de M. le professeur Gautier. En séjournant quelques jours ou quelques heures au contact 282 HYGIENE de tuyaux ou réservoirs de plomb neuf, les eaux de sources ou de rivières se chargent d’environ 1/2 milligramme de plomb par litre. „ Les eaux potables, par leur séjour dans des tuyaux de plomb vieux, même incrustés de la croûte calcaire qui s’y forme peu à peu, peuvent dissoudre ou tenir en suspension une certaine dose de ce métal. Dans mes expériences, elle s’est élevée, par litre, à 1/2 milligramme de carbonate de plomb pour les eaux de la Vanne. Il faut remarquer, en effet, que ces incrustations, dites calcaires , des tuyaux de plomb, contiennent de 50 à 75 p. c. de sels de plomb et se détachent sous la moindre influence, sur- tout par les coups de béliers qui résultent de la fermeture des robinets. Leurs plus menues parcelles se détachent alors et restent en suspension dans les eaux. La quantité de plomb dissoute augmente encore si ces eaux sont très aérées ou si elles ont séjourné dans les tubes de plomb en présence de l’air, comme il arrive si souvent. „ Les eaux potables dissolvent une quantité de plomb qui paraît très variable lorsqu’elles restent longtemps enfermées et stagnantes dans des tuyaux de plomb ; mais leur simple écoule- ment à travers des branchements de 30 à 50 mètres, conditions habituelles de leur distribution dans nos villes (la canalisation principale étant généralement en fonte ou en fer), n’introduit dans ces boissons aucune quantité appréciable de métal toxique. Toutefois, comme le plomb n’est pas seulement en dissolution dans les eaux potables, mais surtout en suspension, comme d’autre part nous ne connaissons pas toutes les conditions acci- dentelles de ce problème dont la solution varie avec chaque eau de source, sa température, son admission avec l'air et le temps de séjour dans les tuyaux, il serait téméraire d’afiBrmer que les branchements en plomb qui conduisent l’eau de la rue à nos demeures doivent nous inspirer une confiance absolue v.(Loc.cit., p. 431.) Le plomb peut encore se rencontrer dans les eaux qui ont tra- versé des terrains à filons plombifères, et comme elles le tiennent alors presque toujours en dissolution, leur toxicité est très pro- noncée; aussi les poissons y meurent-ils rapidement et des acci- CONTAMINATION PAR L’ARSENIC 283 dents graves ont-ils été constatés, soit chez les animaux, soit chez des personnes qui en avaient bu. Signalons également, pour terminer, la contamination des eaux par l’arsenic. Les accidents survenus à l’hospice des vieillards de Court-Saint-Etienne (Belgique), où les pensionnaires buvaient de l’eau arsénicale, ont appelé l’attention sur ce sujet. Des eaux de pluie, qui avaient traversé des terrains à pyrites arsénicales ont également produit des intoxications en Suisse, en Allemagne, en Angleterre, etc. M. Gautier signale, en outre, comme causes occa- sionnelles de pollution arsénicale, les fabriques de papiers peints, de couleurs d’aniline, les teintureries et imprimeries sur toiles, laines, papiers, etc. Il dit avoir connu, aux environs de Paris, une fabrique de fuchsine où les résidus des opérations de certains jours entraînaient à la Seine plus de 100 kilogrammes d’acide arsénieux! CHAPITRE III ROLE ÉTIOLOGIQUE DES EAUX POTABLES Parmi les faits qui ont été signalés comme permettant d’attri- buer expressément l’action des eaux à des microorganismes déterminés ingérés avec la boisson, les plus importants datent d’hier à peine et ont été présentés au public scientifique et extra- médical sous la haute autorité du célèbre bactériologue allemand Koch, au sujet de la récente et grave épidémie de choléra asia- tique dont la ville de Hambourg, notamment, a tout particulière- ment souffert. “ Personne, dit Koch (l),ne pourrait nier sérieusement que l’eau ait joué un rôle considérable dans la dernière épidémie cholé- rique. Il suffit, pour s’en convaincre, d’examiner ce qui s’est passé à Hambourg, Altona et Wandsbeek. Ces trois villes qui, étant juxtaposées, ne forment pour ainsi dire qu’une seule et même cité, se trouvent à peu près dans les mêmes conditions pour tout, excepté par rapport à l’eau. En effet, chacune est ali- mentée par une eau différente, distribuée d’après un système différent. Wandsbeek reçoit de l’eau filtrée provenant d’un lac qui n’est guère exposé à la pollution par les matières fécales. Hambourg s’alimente d’eau d’Elbe non filtrée prise en amont de la ville. Altona emploie de l’eau d’Elbe prise en aval de la ville et filtrée. Eh bien, tandis que le choléra a, comme on sait, sévi effroyablement à Hambourg, Wandsbeek et Altona ont été presque épargnés par le fléau, abstraction faite des cas qui y furent importés de Hambourg. Ce contraste a été particulière- ment frappant dans la région limitrophe entre Hambourg et Altona. A Hambourg, le choléra s’est étendu jusqu’à la frontière d’ Altona et s’est arrêté en ce point, bien que des deux côtés de (1) Sem. médicale de Paris, d'après Zeits f. Hgg. u Infect. (Traduction avant la lettre.) DANGERS DES EAUX POLLUEES 285 cette ligne limitrophe toutes les conditions d’existence de la popu- lation, du sol, des habitations et de la canalisation fussent iden- tiques. Près d’un groupe de maisons situées place de Hambourg, le choléra s’est même montré mieux renseigné sur la ligne frontière qui sépare Hambourg d’Altona que ne le serait l’homme muni des meilleures cartes. Il a su trouver ici non seulement la frontière politique, mais encore — et cela avec la plus grande précision — la limite des systèmes de conduites d’eau des deux villes. Ce groupe de maisons, habitées par une population dense de familles d’ouvriers, appartient à la ville de Hambourg, mais reçoit son eau d’Altona. Il est resté complètement épargné par le fléau, tandis que tout autour, sur le territoire hambour- geois, sont survenus de nombreux cas de choléra et de décès cholériques. Nous avons donc eu ici une sorte d’expérience insti- tuée sur plus de 100,000 êtres humains et qui, malgré ses dimen- sions considérables, a rempli toutes les conditions de précision qu’on puisse exiger d’une expérience de laboratoire. Aussi est- elle absolument concluante : „ Dans deux grandes agglomérations humaines, toutes les condi- tions ont été les mêmes, sauf une, le système d’alimentation d’eau. Le groupe approvisionné d’eau d’Elbe non filtrée fut gravement atteint par le choléra; le groupe qui reçoit de l’eau fitrée ne l’a été que très légèrement. Ce fait est d’autant plus significatif que l'eau de la ville de Hambourg est puisée à un endroit ou l’Elbe est encore relativement peu souillée, tandis qu’Altona s’alimente d’eau d’Elbe polluée déjà par les matières fécales et par les excrétions liquides d’une population d’environ 800,000 âmes. Pour un expert scientifique, quelle autre explication du fait pourrait-il donner que celle-ci, à savoir que la différence consta- tée entre les deux groupes d’habitants à l’égard du choléra est due à la différence des systèmes d’alimentation d’eau et qu’Altona a été préservée du choléra parce qu’elle employait de l’eau d’Elbe filtrée? Nier simplement cette explication serait impos- sible. On peut seulement essayer de la concilier avec les idées que chacun se fait sur la nature du choléra. Il s’agit là d’un fait épidémiologique de la plus haute importance, clair et préeis, qui peut être contrôlé et complété même postérieurement, d’un fait vraiment unique en son genre, à l’égard duquel celui qui étudie 2SG HYGIÈNE le choléra et qui désire que son opinion soit prise en considéra- tion est tenu de se prononcer. „ M. le Dr Renvers, de Berlin, a signalé à V Académie de médecine de cette ville le cas d’un jeune homme qui, ayant fait une chute dans la Sprée et bu beaucoup d’eau de cette rivière, succomba 48 heures après à une attaque de choléra asiatique, en même temps qu’un homme d’âge mûr qui avait également bu de la même eau en prenant un bain dans la rivière. MM. Biouardel, Loir, Thoinot, Regnier, Ollivier, Schneider, Vincent, Chantemesse et Widal, Mosny, Wolffhügel, Dionis des Carrières, Fryde, Letzerich, Maragliano et quelques autres encore ont signalé des cas ou des épidémies de fièvre thyphoïde dus à l’ingestion d’eaux de boissons contenant le bacille d’Ebertli. Dans un très remarquable mémoire sur la distribution géogra- phique des Ténias , lu en 1892 à Y Académie de médecine de Paris, M.leDrBérenger-Feraud signale de nombreux exemples d’affec- tions vermineuses ' dus à l’ingestion des eaux de boisson ou à Yichtyophagie des habitants qui vivent au bord des lacs, à l’em- bouchure ou sur les rives des grands fleuves, etc. Le fait suivant, communiqué à la Société médicale d'Amiens en septembre 1892, par M. le D1' Bax, de Corbie, est particulièrement intéressant sous ce rapport. Il existe dans cette petite ville, une cité ouvrière alimentée presque exclusivement par un puits : or, tous les habitants qui boivent de cette eau ont des ascarides, tandis que les autres en sont exempts. Nous-même avons eu l’occasion, pendant notre séjour à Arca- chon,de constater un cas non moins remarquable d’helminthiase aquigène. Un de nos voisins habitant régulièrement Marmande mais faisant chaque année plusieurs séjours de quelques semaines à Arcachon, était père d’un petit garçon de 8 à 9 ans, dont la santé lui inspirait d’assez sérieuses inquiétudes. Nous vîmes cet enfant dont le faciès était à ce point frappant, que nous n’hési- tâmes pas à diagnostiquer sans plus une affection vermineuse, qui nous fut confirmée dans les 48 heures par la présence dans les selles de plusieurs ascarides, expulsés sous l’action d’un trai- tement approprié : immédiatement tous les symptômes fâcheux cessèrent et un mois après l’enfant quittait Arcachon en parfaite santé. Nous n’y pensions plus, le fait étant très commun, en somme, DANGERS DES EAUX POLLUEES 287 lorsque deux ou trois mois après nous vîmes revenir notre petit ami dans le même état que la première fois. Intrigué, nous inter- rogeâmes les parents et apprîmes que le petit malade ne buvait que de l’eau ou du lait, tandis que les autres personnes de la famille faisaient exclusivement usage de vin; nous soupçonnâmes alors une infection par l’eau et priâmes la famille de nous en faire parvenir un échantillon. Or l’analyse microscopique nous fit aisément reconnaître la présence de plusieurs œufs dont quel- ques-uns déjà en partie développés. Nous conseillâmes aux parents de ne plus donner à l’avenir que de l’eau filtrée comme boisson et depuis, l’enfant se porte à merveille. On sait, depuis des siècles, que l 'impaludisme sévit endémique- ment dans les régions marécageuses, mais ce n’est que depuis quelques lustres que l’attention a été appelée du côté des eaux; M. le D1' Maurel, de Toulouse, a publié, chez Doin, à Paris, un très intéressant ouvrage sur cette question; on y trouve signalées plusieurs observations très caractéristiques, notamment celle de Boudin relative au navire ÏArgo qui, parti de Bône pour Mar- seille en juillet 1834 avec 120 militaires, en laissa treize dans la mer et en débarqua à l’arrivée 08 atteints de fièvres intermit- tentes de tout genre, alors que deux autres navires partis en même temps et pour la même destination avec 700 hommes de troupe s’étant trouvés identiquement dans les mêmes conditions que les précédents, n’eurent pas un seul malade à bord. Or il fut établi que le premier navire avait embarqué plusieurs tonneaux d’eau puisée dans un endroit marécageux et que ceux-là seuls qui, parmi les passagers, en avaient bu furent malades ou suc- combèrent. Aucun microorganisme ne fut incriminé — on n’y songeait pas alors — mais depuis, plusieurs observateurs ont attribué la malaria , soit à des bacilles (Ivlebs, Guboni, Marchia- fava, Crudelli), soit à des flagellés (Maurel, Laveran) ou même à des Beggiatoacées. Enfin, les recherches d’un grand nombre de médecins anglais, français, américains, allemands, italiens, belges, etc., ont mis hors de doute l’action de l’eau dans la Filariose , la Bilharziose et l’ Ankylostomasie, affections dues, comme on le sait, à la présence dans le sang — pour les premières — et dans l’intestin pour la troisième, de parasites dont les embryons ou les œufs se trouvent 288 HYGIÈNE clans les eaux cle boisson et sont introduits avec elles dans l’or- ganisme. Bien que les observations ci-après s’adaptent tout autant du moins pour la plupart, à la théorie du contage inanimé qu’à la théorie précédente, nous les réunirons néanmoins sous le même paragraphe. Dans une communication faite en 1887 au Congrès d’hygiène et de démographie , à Vienne, M. le professeur Brouarclel a signalé plusieurs exemples démontrant nettement l’action de l’eau dans la genèse et la propagation de la fièvre typhoïde; nous citons le plus caractéristique, celui que tous les médecins de Paris et sur- tout ceux des hôpitaux peuvent vérifier chaque année, l’admi- nistration étant obligée, pendant l’été, de suppléer à l’insuffisance des eaux de source par la distribution de l’eau de Seine. Du 18 au 24 juillet 1886, 40 typhiques entrent dans les hôpi- taux; le 24 fonctionne dans certains quartiers, suivant l’expres- sion si pittoresque de M. Duclaux, l’arrosoir aux maladies conta- gieuses; du 1er au 7 août, le chiffre des entrées s’élève à 150 du chef de fièvre typhoïde. La distribution d’eau de Seine cesse le 7 août et l’épidémie baisse aussitôt pour reprendre de même et dans les mêmes proportions chaque fois que l’eau de source est remplacée par celle du fleuve. La capitale de l’Autriche était alimentée avant 1874 par l’eau du Danube : la dysenterie et surtout la fièvre typhoïde y sévis- saient à l’état endémique et y faisaient chaque année de nom- breuses victimes : jusque 4 à 5 décès par 1,000 habitants. Actuel- lement, les eaux de la distribution sont des eaux de source très pures : ces deux affections sont pour ainsi dire disparues : 0.1 p.c. seulement de décès par an, soit 40 à 50 fois moins. Mêmes résultats à Auxerre, Tarare, Chaumont, Calais, Remis, Saint-Etienne, Saint-Chamond, etc., etc. En 1867, la fièvre typhoïde fit plus de 500 victimes dans une partie de la ville de Cueldford dont le réservoir d’eau potable avait été pollué, onze jours auparavant, par des eaux d’égout; l’autre partie de la ville resta indemne. Le Dr Murchison, de Londres, rapporte que tous les habitants d’un groupe de maisons tirant leur eau d’un puits commun con- FIÈVRE TYPHOÏDE, CHOLÉRA, ETC. taminé par des vidanges, furent atteints de fièvre typhoïde, alors que les maisons voisines, s’alimentant ailleurs, furent toutes épargnées. Tout récemment, M. le Dr Evrard signalait au conseil de salu- brité de l’Oise un cas analogue mais plus intéressant encore pour nous : 9 personnes sur 11 d’une même famille avaient été atteintes de fièvre typhoïde par suite de l’usage de l’eau d’un puits au-dessus duquel les volailles de la ferme avaient l’habitude de percher. En 1883, le choléra éclate à Hué parmi les troupes coloniales françaises; le médecin principal, M. le Dr Reynaud, obtint du commandant que les approvisionnements d’eau fussent faits en amont des villages annamites situés sur les bords du fleuve : immédiatement le choléra devint stationnaire, puis disparait. Quelque temps après, les soldats chargés d’aller quérir l’eau se remettent, pour éviter une trop longue corvée, à la puiser en aval : le choléra reparaît, puis disparaît de nouveau aussitôt que le lieu du puisage est reporté à l’amont. Avant 1870, les eaux blanches qui alimentaient Versailles étaient d’une grande pureté et la ville ne souffrit jamais d’épidé- mies. En 1870-71, l’armée allemande ayant campé sur l’immense plateau qui domine la ville et où se trouvent les rigoles et les aqueducs dans lesquels sont récoltées les dites eaux, y laissa d’immenses quantités de matières organiques et de nombreux cadavres y furent enterrés : depuis cette époque, les eaux blan- ches sont devenues impropres à la consommation et ont occa- sionné une grave épidémie en 1872-73. Les diarrhées qui atteignent tous les étrangers en Cochinchine sont également attribuées à la mauvaise qualité des eaux pota- bles, tout comme le choléra aux Indes. La fièvre jaune a été également attribuée à l’action des eaux potables. C’est ainsi qu’elle aurait disparu de la Vera-Gruz, où elle était endémique, depuis que de l’eau de source est distribuée dans toutes les maisons (Dr A. Gavino). Dans sa brochure sur les eaux de Reims, M. le D1' IL Lajoux, directeur du laboratoire municipal, rapporte que les engorge- ments glandulaires étaient si fréquents dans cette ville avant 1 introduction des eaux de la Vesle, que les médecins déclaraient 19 290 HYGIÈNE qu’il n’y avait pas de ville en France où l’on put trouver autant de goitres, de squirrhes, de cancers, d’écrouelles, de loupes, etc.; il n’y avait pas moins d’un goitreux ou d’un cancéreux sur trois personnes, dit Thouvenel! M. Gautier a consacre à l’étude étiologique du goitre et du cré- tinisme plusieurs pages de son travail sur les eaux potables inséré dans Y Encyclopédie d'hygiène du Dr Richard (pp. 452 à 457). Il rapporte qu’il existe des sources, en Savoie, où le principe toxique paraît s’être tellement accumulé, que les jeunes gens viennent en quelques mois y acquérir cette hideuse difformité dont ils attendent l’exemption du service militaire. Il y a quelques années dans un régiment de jeunes hommes bien portants en garnison à Genève, tous les soldats furent pris en peu de temps d’hypertrophie du corps thyroïde pour avoir bu exclusi- vement l’eau malsaine d’une pompe de leur caserne : cet accident disparut quand ils recoururent à une autre boisson (Goindet). D’autre part, il existe, au dire de Boussingault, dans les Andes de l’Amérique du Sud des familles entières qui se préservent du goitre, au milieu des pays infectés , en buvant exclusivement de l’eau qu’elles envoient recueillir dans des lieux qui ne sont pas atteints par l’endémie. Il semble donc évident que l’eau joue un rôle prépondérant dans la genèse et la propagation de l’affection, mais les diverses hypothèses émises jusqu’ici sur la nature du contage ne semblent pas résister à l’examen attentif des faits. C’est ainsi que M. Gautier démontre successivement que le goitre n’est dû ni à la pureté ou à la fraîcheur des eaux de mon- tagne, ni à la désaération, ni à la présence du sulfate de chaux, ni aux sels magnésiens, ni au manque d'iode, ni enfin aux matières organiques, mais bien “à un microbe spécifique (lequel?) préexis- tant dans le sol qui le transmet aux eaux „. Voici, du reste, en leur entier, les conclusions de son article sur ce sujet : “ Quand on étudie le développement de cette endémie, on la voit suivre certains terrains et paraître incompatible avec cer- tains autres. Ainsi, les gneiss, les granits, semblent ne point se prêter au développement du miasme spécifique. Les formations calcaires et surtout dolomitiques, les terrains d’alluvion, favori- GOÎTRE 201 sent au contraire sa production. Si dans un même pays la nature du sol vient à varier, on voit paraître ou disparaître le goitre chez des populations qui boivent les mêmes eaux, vivent sous le même ciel et sont soumises aux mêmes conditions hygiéniques. C’est ce qui arrive pour les rives gauches dolomitiques du Pô et de l’Isère couvertes de goitreux, comparées aux rives droites appartenant à une autre formation géologique et préservées de cette affection. Il paraît même que certains sols s’imprégnent si fortement du poison qu’ils peuvent le transporter ensuite avec eux. Ainsi, l'on voit apparaître le goitre là où les débordements des torrents ont amené les terres et les détritus des pays envahis par la maladie. Bien plus, il semble que les miasmes peuvent être enfouis sous des terres neuves non infectées et y disparaître : témoin ce fait bien remarquable du village de Martigny, dans le Valais, l’un des plus ravagés par l’endémie jusqu’au commence- ment de ce siècle, aujourd’hui presque absolument à l’abri depuis qu’une grande avalanche a roulé des montagnes une quantité énorme de terres vierges et de cailloux qui ont rehaussé de plus d’un pied le sol de toute la commune. Tous ces faits tendent à prouver que c’est dans les terres des pays goitreux que se pro- crée (1), sous l’influence sans cloute d’une fermentation putride spéciale, un agent toxique, un microbe spécifique, dont les eaux deviennent accidentellement le véhicule après s’en être chargées au contact du sol infecté „. Terminons cet exposé par deux faits d’un haut intérêt pour tous ceux qui se préoccupent de la question du contage par l’eau. Avant 1853, la ville de Chaumont était alimentée par un réser- voir situé en contre-bas et dans lequel s’infiltraient une partie des eaux résiduelles de la population. La fièvre typhoïde y sévis- sait violemment et endémiquement. Après bien des efforts, M. le Dr Michel parvint à faire supprimer l’usage des eaux de ce réser- voir et à les faire remplacer par des eaux de source très pures : aussitôt la maladie s’atténua puis disparût. Vingt ans après, la municipalité ayant repris la distribution des anciennes eaux, la fièvre typhoïde reparut avec une intensité telle que le réservoir fut de nouveau et définitivement condamné. (1) I’ar génération spontanée alors ?! A. Z. 292 HYGIÈNE En 1870, deux régiments en garnison à Metz furent décimés par une grande épidémie de nature cholérigène. Les puits, con- taminés par les latrines, ayant été fermés, la maladie s’arrêta net. En 1881, d’autres troupes se servirent de nouveau de ces mêmes puits : immédiatement, les diarrhées sévirent avec une si grande intensité, que les puits furent aussitôt condamnés. Cette mesure suffit pour rétablir la santé des hommes (Dr Read, in Tiemann et Gartner, loc. cit., t. II). Faisant abstraction des éléments figurés ou vivants, tels que les œufs et larves d’entozoaires ou d’hématozoaires au sujet des- quels toute discussion est inutile, nous avons à examiner si le contage est ou microbien ou toxique, c’est-à-dire en d’autres termes, à voir si l’eau corrompue prédispose l’organisme à la maladie, le met en imminence de péril, ou si elle agit directement par des bactéries pathogènes ou réputées telles, qu’elle contient. Si la présence constante de ces bactéries dans les eaux incri- minées avait été mise hors de doute à l’origine et même au cours des épidémies ou des endémies qui leur sont attribuées et si en outre elle était toujours suivie de l’éclosion de l’une ou l’autre affection correspondante, ce problème serait résolu et les hygié- nistes les plus réfractaires à la théorie microbienne devraient for- cément en reconnaître le bien fondé; mais les observations rela- tives à la découverte des bacilles d’Eberth et de Koch sont non seulement très peu nombreuses comparativement au nombre de cas de choléra ou de fièvre typhoïde signalés, mais encore très douteuses. Telle est par exemple l’observation de MM. Brouardel et Thoinot, relative à la violente épidémie de fièvre typhoïde qui a sévi au Havre en 1887-1888 : M. Thoinot n’a pas découvert le bacille d’Eberth dans les eaux, ses recherches n’ayant été entre- prises qu’après la disparition de l’affection, mais il a constaté que celles-ci contenaient quantité d’autres bacilles et il en a con- clu que le premier avait dû ou pu s’y trouver à l’origine et qu’il y avait été introduit à la suite de l’épandage, sur le plateau de Gainneville, en 1886 et 1887, des tinettes venues du Havre (voir chapitre IV, § I ci-après). Telle également celle de M. Dionis des Carrières, où l'on a HYPOTHÈSE MICROBIENNE : SA VALEUR 293 conclu à la présence du bacille dans l’eau du puits d’une maison où la fièvre typhoïde sévissait, parce que ce puits était en com- munication avec un second dans lequel le bacille a été découvert mais dont les eaux sont restées inoffensives. Nous avons vu, d’autre part (pp. 236 et suiv.) combien diffi- cile était et surtout devenait la diagnose du bacille d’Eberth dans les eaux, eu égard à la présence de nombreuses espèces pseudo typhiques ; c’est ainsi que M. Cassedebat, qui a vainement cherché le premier dans les eaux de Marseille, où l’affection est pourtant endémique, mais en a par contre rencontré trois autres qui lui ressemblaient sous presque tous les rapports, termine son étude en reproduisant et faisant sienne l’opinion de AVeichsel- baum — à qui l’on doit également la découverte de plusieurs bacilles pseudo-typhiques — “ qu’il est prudent de se méfier des assertions de tous ceux qui ont découvert le microbe d’Eberth dans les eaux sans avoir étudié profondément, et comparative- ment avec lui, tous ceux qui présentent des caractères que l’on donne comme distinctifs de ce bacille Mais admettons un instant comme réellement démontrée, l’existence des bacilles coupables dans les eaux incriminées. S’ensuit-il nécessairement que leur caractère ou leur action pa- thogénique ne puisse être contesté? Le choléra et la fièvre typhoïde sont des affections qui éclatent généralement d’une manière brusque et atteignent rapidement un très grand développement; or, d’où proviennent les premiers germes? Deux hypothèses principales ont été émises à ce sujet. Suivant l’une, ils peuvent séjourner vivants et virulents pendant plusieurs années dans le sol et amener ultérieurement des foyers cholériques. C’est ainsi que le choléra qui a sévi cette année à Paris et surtout dans la banlieue, serait dû à des germes conser- vés depuis la dernière épidémie de 1884. Cette hypothèse, expo- sée et défendue avec talent par M. le Dr Daremberg dans son récent ouvrage sur le Choléra , l’illustre Pasteur l’a faite sienne dans une récente communication à Y Académie des Sciences. La seconde, dont le célèbre bactériologue allemand Koch est fauteur et qui compte parmi ses protagonistes des savants comme l’éminent doyen de la Faculté de médecine de Paris, M. Brouardel, est basée sur la contamination des eaux par les 294 HYGIÈNE déjections de cholériques ou de typhiques venus du dehors. C’est la théorie de Y importat ion opposée à celle de la reviviscence, théories que les éclectiques réunissent suivant les circonstances, de telle sorte que le choléra par exemple — nous entendons le choléra asiatique — peut être ou autochtone ou exotique. Toutes deux supposent la préexistence des germes dont il s’agit et ne résolvent, ni l’une ni l’autre, le problème de leur origine. Mais passons sur ce point et examinons-les dans leur ensemble. Que des germes quelconques, pathogènes ou non, puissent rester dans le sol à l’état vivant, c’est un fait que notre éminent maître et ami, M. le professeur Béchamp, a mis depuis longtemps en lumière et hors de toute contestation par la découverte des mycrozymas de la craie de Senlis : les infiniments petits dont nous parlons, vivent de peu et la perpétuation indéfinie de l’es- pèce n’a rien qui doive nous surprendre; mais il importe, croyons-nous, de tenir soigneusement compte des conditions spéciales et de la lutte pour l’existence qui existe aussi bien pour eux que pour tout ce qui a vie. Or, il a été prouvé par des re- cherches variées et déjà assez nombreuses que certains microbes parmi lesquels se place en première ligne le bacille de Koch, ré- sistent peu aux intempéries et surtout à l’armée des saprophytes vulgaires qui ont tôt fait de les détruire aussi bien dans la terre que dans l’eau. Citons quelques documents, le sujet en vaut la peine. En ensemençant des eaux de diverses natures : stérilisées, plus ou moins polluées, stagnantes ou courantes, les unes à 8 ou 10°, les autres à 1-6, 20, 25° C, Meade Bolton,Hochstetter, Hueppe, Strauss et Dubarry, Kraus, Karlinski, di Mattéi, Emmerich, Pinto, etc., ont vu que le bacille typhique disparaissait plus ou moins rapidement suivant les circonstances : 2 à 5 jours ici, 15 à 30 là, 80 à 100 ailleurs, mais jamais plus. Exemple : J. Karlinski fait curef complètement une citerne dans laquelle il introduit ensuite 300 litres d’eau de puits, relati- vement pure et pauvre en germes. Tous les quatre jours, on ajoute à cette eau 150 cc. de selles typhiques renfermant de grandes quantités de bacilles d’Ebertli et des analyses quoti- diennes sont effectuées. Or on cesse, à partir du 12e jour, cfavoir des colonies typhiques; par contre le nombre de bacté- HYPOTHÈSE MICROBIENNE : SA VALEUR 20 5 ries banales avaient prodigieusement augmenté, étouffant, tuant sans aucun doute les autres. Le bacille du choléra se comporte de même, mais paraît cepen- dant, dans certains cas du moins, résister un peu mieux : ainsi Wolfhugel et Riedel en ont trouvé au bout de 7 à 12 mois, Hochstetter et Pfeiffer, après 12 et même 13 mois, tandis que Nicati et Rietsch, Strauss etDubarry, Kanlinsky, l’ont vu périr au bout de 3 à 14 et 20 jours. Si l’on remarque que les cas de survie supérieure à 3 mois sont excessivement rares tant pour le bacille d’Eberth que pour le bacille de Koch, et si, d’autre part, on se rappelle que des épidémies de fièvre typhoïde, de diarrhée cholériforme, etc., ont éclaté presque subitement 10 et 20 ans (cas des Drs Read et Mi- chel) après la réouverture de puits et de réservoirs contaminés, n’est-on pas en droit d'affirmer que si l’infection peut être de na- ture microbienne déterminée, elle est aussi et incontestablement toute autre? A moins pourtant de soutenir que tous les microbes peuvent devenir pathogènes ! Les expériences, peu nombreuses du reste, relatives à la con- servation des bacilles dans le sol ne sont pas plus favorables que les précédentes à la théorie microbienne. On peut supposer une reviviscence à longue échéance, mais jusqu’ici, il n’a pas été prouvé que les bacilles pathogènes fussent restés vivaces — je ne dis même pas virulents — plus de 6 mois à 1 an. Aussi doit-on, avant d’admettre la reviviscence de ces orga- nismes au bout de plusieurs années d’enfouissement dans le sol ou de végétation à la surface, s’entourer de tous les documents et de toutes les preuves capables de ne laisser planer aucun doute dans l’esprit du lecteur. Le fameux Magister dixit de l’école scolastique ne peut convaincre, de nos jours, que ceux qui ont intérêt à être convaincu ou ceux, encore très nombreux il est vrai, qui trouvent plus facile, plus commode de croire que de vérifier. La théorie de Y importation prend son origine dans l’histoire des épidémies qui nous sont venues de l’Orient et dont la marche a pu être suivie à travers les siècles comme à travers l’espace ; toute la différence — il est vrai qu’elle est énorme — c’est qu’ici 29G HYGIÈNE l’on substitue l’eau à l’air : un navire ou un bateau quelconque, fût-ce même une simple barque non pontée, arrive dans un port: Hambourg, le Havre, Anvers par exemple, ayant à bord un ou plusieurs cholériques et immédiatement le fléau éclate et fait souvent, en quelques jours ou en quelques semaines, des cen- taines, des milliers de victimes : les déjections du ou des premiers atteints ont été, dit-on, jetées dans le fleuve et en ont contaminé les eaux. On s’est souvent moqué de l’homœpathie et de l’infmitésima- lité de ses doses, mais franchement n’aurait-on point le droit d’agir de même dans l’espèce? Peut-on admettre, en effet, que quelques milliers, mettons même quelques millions ou encore quelques milliards si l’on veut, de microbes répandus disséminés, dans des millions ou des milliards de mètres cubes de liquide puissent atteindre toute une population? Puis combien de cas isolés, sporadiques ne constate-t-on pas annuellement et même pour ainsi dire journellement, ici ou là, sans qu’une épidémie s’en suive? Et lorsque celle-ci sévit est-on toujours certain de découvrir le navire importateur? On peut objecter et on l’a fait du reste, notamment M. Koch, que nos grandes villes ne sont jamais indemnes de fièvre ty- phoïde (1) et que leurs eaux d’égout contiennent toujours des ma- tières fécales provenant de typhiques, autrement dit le virus infectieux de la dothiénenthérie. Nous retombons alors dans le cas que nous venons d’examiner, d’une infection d’une masse considérable de liquide par de petites quantités de virus, avec cette seule différence que celui-ci est produit sur place au lieu d’être amené du dehors. Serrons donc la question de plus près encore et admettons la possibilité de la contamination, c’est-à-dire une virulence telle des bacilles en cause qu’il suffise, ô terreur ! d’avaler un seul germe dans une gorgée d’eau pour tomber malade et même s’en aller ad patres. Mais alors comment expliquer des faits comme ceux que voici? (1) C’est peut-être exact pour la fièvre typhoïde, mais ce u’est certes pas le cas pour le choléra asiatique. HYPOTHÈSE MICROBIENNE : SA VALEUR 297 a) Le 21 septembre 1892, neuf cas suspects cle choléra sont signalés au np 4 de la rue des Ecoles à Anvers; immédiatement la commission médicale locale intervient et fait évacuer et désinfec- ter la maison do fond en comble, ainsi que le puits dans l’eau duquel un bactériologue de la ville déclare avoir rencontré le bacille virgule. Une enquête immédiate établit que le choléra avait été apporté dans la maison par un ouvrier du port habitant au deuxième ou troisième étage et que parmi les personnes frap- pées on n’en trouvait aucune du rez-de-chaussée, où était installé un débit de liqueurs, ni du premier étage. On constata en outre que le contenu d’un vase de nuit avait été jeté dans la cour par les fenêtres et que des matières fécales avaient pu s’introduire dans le puits par la rigole qui entourait l’ouverture, celle-ci étant incomplètement fermée. En poursuivant les recherches, on s’aperçut en outre et non sans une vive appréhension, que le puits était commun à un groupe de quatre maisons : les nos 4, 6 et 8 de la rue des Ecoles et 3 de la rue Franck-Decort, habitées par 21 ménages d’un ensemble de 70 personnes et qu’aucune, absolument aucune, en dehors des neuf déjà citées, n’avait été même un seul instant indisposée ; cependant toutes avaient bu de l’eau pendant plusieurs jours après l’évacuation du n° 4. Or l’enquête établit que le premier malade avait été pris, en mon- tant l’escalier et à hauteur du deuxième étage, de vomissements assez abondants et que les matières rejetées étaient restées sur les marches pendant deux ou trois jours et s’y étaient desséchées, de telle sorte que les locataires du deuxième et du troisième avaient dû les entraîner et les avaler ou tout au moins les respi- rer, tandis que ceux du premier et du rez-de-chaussée n’y avaient pas touché. L’analyse chimique de l’eau du puits n’ayant pas été faite, que nous sachions du moins, il nous est impossible de nous prononcer sur le degré de contamination organique de cette eau, mais il est évident qu’il n’a pas dû être très prononcé. Ce fait, qui n’est certainement pas isolé, n’est évidemment pas tout à fait péremptoire, attendu qu’il se peut fort bien que le microbe découvert dans le puits et considéré comme étant le ba- cille de Koch, ne fut qu’un vulgaire saprophyte et que le fait, possible mais non cependant démontré, de la contamination par les matières vomies réduites en poussière, n’exclut pas l’idée de 298 HYGIÈNE virulence microbienne; mais ies observations suivantes sont à l’abri de ces objections. b) M. Bochefontaine a avalé impunément des pilules conte- nant des déjections cholériques et M. von Pettenkofer, bien qu’âgé de 75 ans, n’a pas craint d’absorber 1 cc. de culture pure de bacille-virgule venant de Hambourg et contenant à peu près un milliard d’individus ; en même temps et pour éviter l'action de l’acidité du suc gastrique, très préjudiciable au bacille, il prit une solution de bicarbonate de soude. Or, il eut seulement un peu de diarrhée pendant un jour, bien qu’il rendît des milliards de bacilles dans ses selles en plusieurs jours. MM. Klein, Balfour, Emmerich, Hasterlick, Gatchkowky, Klemperer, Sawtchenko, Zabolotny et d’autres encore, se sont soumis à semblable épreuve et ne s’en portent pas plus mal. Enfin, tout récemment encore, M. Metch et M. Latapie, son aide de laboratoire à l’Institut Pas- teur, ont avalé une première puis une seconde fois, à six jours d’intervalle, 1/2 cc. de culture du même bacille de Hambourg sans autre inconvénient qu’un peu de diarrhée! A cela on objecte que les cultures sont fortement atténuées et que le danger est autrement grand lorsqu’il s’agit de bacilles ayant séjourné dans l’eau ou dans le sol! Nous prions instam- ment le lecteur de croire que nous ne plaisantons pas; voici, en effet, comment s’est exprimé sur ce sujet M. le Dr R.euvens, dans une des dernières séances (décembre 1893) de Y Académie de Médecine de Berlin : “ Le vibrion cholérique d’origine humaine est bien moins dan- gereux pour l’homme que le vibrion saprophytique du choléra qui se trouve soit dans l’eau, soit dans le sol. n (In. Sem. Médicale de Paris.) Nous signalons, nous ne discutons pas. Et maintenant, concluons avec l’un des plus grands cliniciens de notre époque, feu le professeur Peter, que les maladies infec- tieuses comme le choléra, la fièvre typhoïde, la malaria, etc., sont la résultante de deux facteurs au moins, avec ou sans ba- cilles, savoir : l’altération du milieu interne, de l’organisme, puis celle du milieu ambiant, c’est-à-dire de l’atmosphère, du sol et de l’eau. “ Le germe, disait ce regretté maître dans l’une de ses HYPOTHÈSE MICROBIENNE : SA VALEUR 299 dernières leçons à l’hôpital Necker, c’est nous qui le douons de ses propriétés malfaisantes, c’est notre milieu interne, devenu malade, qui l’imprègne d’une humeur virulente fabriquée en nous et par nous : la preuve en est fournie par le bactérium coli, de saprogènc rendu pathogène et devenant colporteur de dissé- mination, charriant la dothiénentérie, la dysenterie ou le cho- léra, suivant le milieu morbide d’où il sort. „ (In. Sein. Médicale, février 93, p. 102). C’est peut-être beaucoup pour un seul microbe, mais en fait, il a été rencontré seul dans bien des cas de fièvre typhoïde (Rodet, G. Roux et Vallet), de choléra (Lesage et Macaigne), tout comme dans les diarrhées les plus simples et dans les selles les plus nor- males. Aussi croyons-nous, jusqu’à preuve absolue du contraire, que si la contamination d’un puits, d’une citerne ou d’une mare par des matières fécales de provenance suspecte peut, de même que toutes autres matières animales en putréfaction, provoquer des accidents isolés, celle d’une rivière, d’un fleuve, d’un lac, etc., est absolument insuffisante pour déterminer, au moins dans nos contrées, des affections épidémiques telles que celles dont nous venons de parler à de si nombreuses reprises, et qu’il y a lieu de se préoccuper surtout des causes d’altérations mentionnées au chapitre précédent et des mesures à prendre pour les supprimer ou pour en atténuer les conséquences. La bactériologie y perdra certes de l’importance considérablement exagérée que beaucoup ont voulu lui accorder ou faire accorder, mais l’analyste devra toujours y recourir de même qu’aux recherches et aux dosages chimiques et micrographiques pour pouvoir se prononcer sur la valeur d’une eau, la nature ou l’origine de ses impuretés, etc. CHAPITRE IV. 5HVI KS MOUES OE PURIFICATION UES EAUX. I. — Naturels. L’aération et surtout l’oxygénation, le mouvement, la lumière, certaines plantes, telles que les algues vertes par exemple, con- stituent d’importants facteurs de la purification naturelle des eaux de surface, mais le plus important est bien certainement encore, si l’on se place au seul point de vue microbiologique, la filtration à travers le sol. Il résulte, en effet, des recherches et des expériences de nombreux savants, qu’une épaisseur de ter- rain de 6 à 8 mètres suffit pour arrêter tous les éléments en sus- pension dans une eau, y compris les microbes les plus ténus. Il importe toutefois de ne pas perdre de vue qu’il y a terrains et terrains; ainsi le crétacé, par exemple, ne doit inspirer qu’une confiance très médiocre et absolument relative, et ce en raison des nombreuses fissures, fentes, crevasses, etc., dont il est sillonné, ou des bétoires naturels ou artificiels qui s’y rencontrent fré- quemment. Un fait assez récent et pris entre cent autres le prouve à toute évidence. M. le Dr Thoinot, de Paris, bactériologiste très distingué, ayant été chargé, avec M. le professeur Brouardel, d’une enquête rela- tive à l’épidémie de fièvre typhoïde dont nous avons parlé page 292, a reconnu que les eaux de la nappe aquifère de Catillon, située sous le plateau de Gaineville à environ 48 mètres de pro- fondeur, plateau à la surface duquel on répandait les tinettes du Havre, ne contenaient pas moins de 470,000 microbes par litre, et que la source de Sanvic, recouverte par plus de 25 mètres de ce même terrain, se trouvait à peu près dans des conditions aussi peu satisfaisantes. Mais la filtration au travers du sol et du sous-sol n’a pas pour PURIFICATION NATURELLE DES EAUX 301 unique conséquence de séparer les matières en suspension; elle peut en outre, si les circonstances sont favorables, améliorer l’eau par oxydation lente des nitrates, des matières organiques, etc., qu’elle avait dissous dans l’atmosphère ou dans son passage, sur les terrains pollués, oxydation qui s’effectue soit par le con- cours de l’oxygène, soit par certains microorganismes qualifiés, à tort du reste, de microbes réducteurs. La purification naturelle des eaux est d’autant plus rapide qu’elles sont plus oxygénées, qu’elles se renouvellent plus promp- teriient et sont soumises à l’influence d’une plus grande quantité de lumière et de mouvement. C’est ainsi que les eaux des fleuves, rivières, etc., à courant rapide, à lit rocailleux, à rives acciden- tées, sont rarement impures, sauf à proximité des lieux où se produit la contamination. Par contre celles qui s’écoulent lentement ou dont la stagna- tion est plus ou moins complète, restent beaucoup plus longtemps impures ; même lorsqu’elles sont exposées à l’air et sur une large surface et à fortiori lorsqu’elles sont souterraines, les eaux sta- gnantes se purifient avec une très grande lenteur. Il y a cependant lieu de faire quelques exceptions. Ainsi, lors- que ces eaux sont agitées par des courants intérieurs non sus- ceptibles de soulever des vases, c’est-à-dire d’augmenter et d’en- tretenir la pollution, elles s’améliorent beaucoup plus rapidement que si elles restaient en repos. Il en est encore et surtout de même pour celles qui contiennent de grandes quantités de plantes vertes, génératrices ou productrices comme on voudra, d'oxygène naissant dont l’action destructive est très puissante. Un dernier mode de purification, au moins indirecte, des eaux profondes est basé sur le voisinage d’eaux superficielles de plus grande pureté que celles de la nappe souterraine avec lesquelles elles peuvent, si les circonstances sont favorables, se mélanger. L’action purificatrice est d’autant plus profonde alors que les eaux superficielles sont plus pures, qu’elles filtrent plus aisément à travers la couche de terrain qui les sépare des eaux profon- des et, enfin, que celles-ci s’épuisent plus rapidement. Par exem- ple les eaux de puits d’une grande ville, dont la consommation journalière est considérable, pourraient être profondément amé- liorées par celles d’une rivière coulant à proximité et communi- 302 HYGIÈNE quant avec la nappe souterraine qui alimente ces puits. (11 va de soi que la proposition inverse est tout aussi exacte, c’est-à-dire qu'il pourrait se produire de même une pollution plus ou moins prononcée, surtout dans le cas de terrains crétacés ou encore de terrains quelconques fissurés.) Les eaux chargées de matières hu- miques, telles que celles qui proviennent des terrains tourbeux, anthraciteux, etc., sont purifiées par leur mélange avec des eaux fortement calcaires, soit que la chaux précipite les matières orga- niques dissoutes, soit qu’elle les détruise ou les décompose. II. — Artificiels. L’épuration artificielle des eaux est basée sur le repos, la fil- tration simple ou composée, diverses réactions chimiques suivies ou non de filtration et, enfin, l’ébullition. 1° Purification par le repos. — Elle est tout à fait excep- tionnelle et ne peut guère servir qu’à la séparation des sédiments relativement volumineux ou denses, mais elle peut rendre des services lorsqu’elle est combinée à la filtration, parce qu’alors les filtres s’encrassent moins vite et fonctionnent plus régulièrement- Il est pourtant un cas où elle doit être forcément employée et où elle réussit du reste généralement bien. C’est lorsqu’il s’agit d’eaux de citernes. Toutefois il est indispensable, si Ton veut obtenir des résultats satisfaisants, de ne faire usage que de réser- voirs assez grands pour qu’il reste toujours au fond, quelle que soit l’importance de la consommation, un tiers au moins du vo- lume total du liquide, sinon les sédiments déposés peuvent être, à un moment donné, remis en suspension et rendre l’eau plus trouble qu’àuparavant (voir litt. 3° ci-après). 2° Filtration simple. — A pour but exclusif la séparation des matières en suspension et spécialement des microbes. Comme moyens, on a préconisé et employé, dans ces derniers temps sur- tout, les filtres de sable à base de cailloux, gros et fin graviers, sable fin en couches d’épaisseur et de dimensions variables. Les résultats ne sont pas précisément des plus satisfaisants : on par- vient bien, il est vrai, à séparer la plus grande partie des micro- organismes, mais il en reste toujours un certain nombre, de telle sorte qu’une des plus hautes autorités scientifiques en la matière, PURIFICATION ARTIFICIELLE DES EAUX 303 M. Koch, considère ces filtres comme parfaits, ou tout au moins comme fonctionnant dans les meilleures conditions, lorsqu’ils ne laissent point passer plus de IOO microbes par centimètre cube; en général, on peut admettre cependant que ce chiffre n’est pas atteint, mais le moindre dérangement survenant, et Dieu sait avec quelle facilité cela arrive, la sécurité, déjà toute relative qu’ils inspirent, devient tout à fait illusoire. Les galeries filtrantes naturelles, combinées ou non avec les filtres de sable, sont également employées à la purification des eaux. C’est ainsi, par exemple, que la ville de Lyon ne boit guère d’autre eau que celle du Rhône, sur les bords et à quelque distance duquel on a creusé des galeries filtrantes dans le sous- sol. Il paraît que les actionnaires de la Compagnie des eaux ne s’en plaignent pas, — peut-être du reste n’en boivent-ils jamais — mais les consommateurs à qui nous avons eu l’occasion d’en parler il y a deux ans, étaient loin d’être satisfaits. Un fait, bien typique, nous a été du reste signalé à ce sujet : les restaurants de Lyon qui sont assez favorisés du sort pour posséder de bons puits, font tous fortune ! Dans les ménages ou dans les établissements publics ou privés : hôpitaux, casernes, écoles, etc., on peut employer des filtres en grès, en pierre, en porcelaine ou biscuit, en amiante, etc. Tous sont bons et tous sont mauvais, suivant les conditions de con- struction, de fonctionnement et d’entretien. Ainsi les fameux filtres Chamberland par exemple, qui, à l’origine, étaient consi- dérés comme le non plus ultra de tous les systèmes de filtres do- mestiques, n’ont pas résisté à un examen quelque peu sérieux : ils s’encrassent facilement et avec une rapidité proportionnelle à la pression à laquelle ils sont soumis pendant le fonctionnement, n’apportent une barrière absolue au passage des germes que pendant un temps variable et parfois très court, et peuvent en outre, chose plus grave, présenter des fissures, des solutions de continuité invisibles à l’œil nu et qui rendent leur efficacité abso- lument fictive. Bref, une bougie Chamberland peut rendre de précieux services au biologiste qui sait la surveiller, mais quant à prétendre à l’idéalité comme filtre ordinaire, c’est une toute autre affaire. 3° Filtration composée. — Elle est basée sur l’emploi de 301 HYGIÈNE filtres contenant des substances que les inventeurs affirment être d’une efficacité absolue pour la purification de l’eau, non seule- ment au point de vue microbique, mais encore au point de vue chimique. Parmi les diverses substances employées dans la con- struction des filtres domestiques, deux ou trois seulement méri- tent de retenir un instant l’attention du lecteur : ce sont le fer spongieux et le charbon végétal, seul ou mélangé au calcaire. Ils peuvent, comme tous les autres, rendre de sérieux services en passant et à défaut d’autre chose, mais ils doivent être surveillés avec soin, et d’autant plus fréquemment renouvelés que les eaux à filtrer sont plus impures. Nous avons pu tout récemment encore, pendant notre séjour estival à Ostende, nous convaincre des graves dangers qu’ils peuvent présenter lorsqu’ils ont fonc- tionné pendant quelque temps. Un grand nombre de maisons de cette cité balnéaire sont exclusivement alimentées d’eaux de pluie recueillies dans des citernes ad hoc; ces eaux, pour la plu- part du moins, sont remplies de poussières de charbon, de suie, etc., et doivent être filtrées pour pouvoir être utilisées à la consommation. Pendant neuf ou dix mois de l’année cette situa- tion ne présente, que nous ne sachions du moins, aucun incon- vénient; mais pendant les mois de juillet et d’août, alors que les pluies sont souvent très rares et qu’une affluence considérable de visiteurs centuple la consommation courante, les réserves sont tôt épuisées et les filtres d’autant plus rapidement surchargés que le niveau d’eau baisse davantage dans les réservoirs, dont le contenu, fréquemment agité par le jeu des pompes, sort de plus en plus trouble, souvent même absolument boueux. Les proprié- taires qui possèdent plusieurs filtres peuvent encore fournir, en les rationnant il est vrai, de l’eau convenable à leurs locataires, mais les autres, et ils sont plus nombreux qu’on ne croit, sont obligés de remuer le contenu des filtres en vue d’activer la filtra- tion, et alors il en sort quelque chose d’absolument inénarrable, surtout au point de vue microbique. Un second exemple des difficultés et des dangers de la filtra- tion nous a été fourni l’été dernier également, cette fois sur une grande échelle par la ville d’Anvers, dont l’eau de distribution, puisée dans la Nêthe, est filtrée et purifiée par un système de fil- tres basé sur l’emploi du fer métallique et d’appareils rotatifs les FILTRATION DES EAUX POTABLES 305 plus puissants et les plus perfectionnés (nous parlons d’après les rapports et les journaux). C’est ainsi qu’on peut lire dans une brochure descriptive, datée de 1889, que “ grâce au purificateur rotatif, Veau des rivières , fleuves et lacs , dont la pollution excluait l’emploi, est rendue utilisable comme source d'eau potable et “ qu’il suffît de 3 1/2 minutes de contact avec le fer dans le puri- ficateur rotatif et d’un filtrage rapide au sable, pour transformer ces sources cV approvisionnement si commodes en eau potable riva- lisant avec les eaux de source les plus pures et les plus hygié- niques. „ Hélas! trois fois hélas! que sont devenus ces éloges dithyrambi- ques, dont les échos allaient en se répercutant dans les journaux et les sociétés scientifiques jusque dans les premiers jours de 1893, en présence du toile qui s’est élevé au sein de la popula- tion et de la presse anversoises dans le courant du mois de juillet dernier, toile si formidable que l’administration dut laisser rou- vrir dare dare des puits qu’elle avait condamnés comme insalu- bres ou dangereux, tant l’eau filtrée et purifiée de la distribution était devenue... soyons modéré : imbuvable. Juste retour des choses d’ici bas, eussent pu s’écrier les Naïades des puits anversois, et qui prouve une fois de plus com- bien près du Capitole se trouve toujours la roche Tarpéienne! En résumé la filtration naturelle, peut, seule, donner des résul- tats sérieux au point de vue microbiologique, mais il ne suffit pas que la nappe aquifère soit pure ; il faut encore et surtout que ses eaux soient amenées telles à portée du consommateur, c’est-à- dire que les galeries, les réservoirs et les tuyaux de la canalisa- tion soient parfaitement étanches et disposés en outre à une profondeur suffisante pour éviter l’action des perturbations atmosphériques. Mais ceci est évidemment du ressort de l’ingénieur. Quant aux puits, les seuls qui puissent être recommandés sont ceux qui consistent en un seul tuyau en fonte ou en grès, dans lequel l’eau est puisée au moyen d’une pompe. Les puits ordi- naires doivent être condamnés. “ Alors même qu’ils sont clos à leur partie supérieure, alors même qu’ils sont voûtés, la maçon- nerie, à laquelle on ne peut donner de bases solides, et qui re- 20 30G HYGIENE pose nécessairement sur un sol imprégné d’eau, finit par jouer dans toute sa hauteur, et par faire du puits un appareil de drai- nage pour toute la région du sol avoisinante. Comme c’est près du puits qu’on lave le linge, comme le puits est toujours voisin des bâtiments d’habitation ou d’exploitation, son fond finit par se couvrir d’une couche de boue chargée de matières organiques. A plus forte raison s’il est découvert, et s’il peut recevoir ainsi des cadavres d'insectes ou d’animaux, ou des feuilles mortes. Tout puits si hermétiquement clos qu’il soit, est d’ailleurs envahi par la végétation, et le résultat de toute végétation est nécessai- rement un fumier „ (Duclaux). C/est également l’avis que vient d’émettre Kôch au cours d’un long article sur la filtration des eaux potables, et c’est aussi le nôtre. Nous avons surtout examiné jusqu’ici la question au seul point de vue des éléments en suspension, sans nous préoccuper autre- ment qu’en passant des substances dissoutes, mais si l’on admet — et il nous paraît difficile qu’il puisse ne pas en être ainsi, — la nocuité des matières organiques, animales ou végétales, en voie de décomposition ou en pleine putréfaction, ainsi que des toxines : leucomaïnes, ptomaïnes, etc., qu’elles produisent ou peuvent produire, il est incontestable que la filtration est impuis- sante à supprimer le danger. Voyons si l’on peut y parvenir par d’autres moyens. 4° Epuration chimique. — Réussit bien en petit, mais n’a donné jusqu’ici que des résultats médiocres ou même fâcheux, lorsque l’on a tenté de l’appliquer sur une grande échelle. Parmi les agents chimiques utilisables, le choix est du reste très limité. En effet, il faut que le réactif précipitant soit inoffensif et qu’il n’en reste que des traces en dissolution après précipitation. Le fer n’a guère réussi, nous l’avons vu; quant à la chaux et au car- bonate de soude, ils sont moins favorables encore et exigent en outre, pour leur emploi, des précautions très minutieuses afin d’éviter un excès qui deviendrait promptement nuisible. Le charbon de bois, la braise de boulanger par exemple, vaut mieux lorsqu’il ne s’agit que de défécations passagères ou por- tant sur des volumes de liquide peu considérables. ÉBULLITION : SES AVANTAGES 307 Dans ces derniers temps, on a recommandé l’emploi simultané du permanganate de potasse (ou de soude) et du charbon de bois. Le procédé est attribué à Mllc C. Chipilow (de Genève) et a fait le tour de la presse politique et scientifique. Le permanga- nate détruit les matières organiques et les microbes et rend déli- cieuse l’eau la plus infecte; il suffit de la traiter ensuite par de la braise bien propre et broyée dans un mortier également très propre pour absorber le permanganate en excès, après quoi on filtre et on peut boire. Dans les mains d’un chimiste opérant dans son laboratoire et sur des quantités exactement pesées et mesurées de produits et de liquides, cela peut quelquefois réussir, par exemple lorsque l’eau ne contient que des matières organiques très facilement décomposables ; mais pour qui sait combien il est parfois diffi- cile de décomposer, même à 100° G., les matières organiques par le permanganate fortement acide ou alcalin, c’est une autre affaire. 5° Ebullition. — Portée aux nues par les uns, traînée aux gémonies par les autres, l’ébullition présente, comme la filtration, certains avantages mais aussi quelques inconvénients. Résumons brièvement les uns et les autres. a ) Avantages. — La chaleur détruit tous les microbes — dit-on — et précipite les sels calcaires en excès. Ajoutons encore qu’elle fait disparaître les toxines volatiles, les gaz anormaux, tels les hydrogènes carboné, phosphore et sulfuré, et, enfin, qu’elle peut coaguler certaines substances albuminoïdes dange- reuses et en supprimer ainsi les très sérieux inconvénients. Mais il est indispensable pour tout cela qu'elle soit suffisamment pro- longée, bon nombre de microbes, surtout les sporulés, résistant parfaitement à l’action d’une température de 100° C. maintenue pendant 5,10,15 minutes et même 1 et 2 heures. Nous avons même vupage256queleR.s»607js se développait plus rapidement et plus énergiquement dans l’eau préalablement bouillie pendant 5 mi- nutes ! Or il est extrêmement rare que le public, à qui l’on conseille de faire bouillir son eau de boisson, s’astreigne à conti- nuer l’ébullition pendant plus de 2 à 5 minutes et encore. On voit que si, théoriquement, la destruction des infini ments petits est possible, pratiquement, elle ne le devient que très exceptionnel- lement. 308 HYGIÈNE Même observation en ce qui concerne les gaz anormaux; cependant, il est juste d’ajouter qu’une quantité à peine appré- ciable de ces gaz suffit le plus souvent pour donner aux eaux une odeur ou un goût assez désagréables pour les rendre suspectes et éviter leur usage comme eau de boisson. La destruction des toxines volatiles et la coagulation de cer- tains produits albuminoïdiques fixes ont une très sérieuse impor- tance; aussi sommes-nous porté à croire que le principal avantage de l’ébullition est précisément là où on ne le voit généralement pas. Il explique, à notre avis, la pratique immémoriale des Chinois et de bon nombre d’autres peuples, qui consiste à ne boire que de l’eau bouillie dans laquelle ils font infuser du thé ou d’autres plantes aromatiques et tanniques dont l’action vient s’ajouter à celle de la chaleur. Que cette pratique soit empirique ou raisonnée, que son but soit même tout autre, peu importe : le fait de son existence en dit plus long que toutes les discussions auxquelles il pourrait donner lieu. La disparition des sels calcaires en excès est considérée comme un avantage par tous les hygiénistes et surtout par les médecins. C’est là un grand argument en sa faveur, mais il ne doit cependant pas nous imposer au point d’opiner quand même et de passer outre. Examinons donc jusqu’à quel point on peut avoir raison et rappelons tout d’abord, pour excuser notre audace, que rien ne peut prévaloir contre les faits. Certes, une eau qui contient des bicarbonates de chaux et de magnésie en quantité considérable sera améliorée par la précipita- tion de ces éléments; mais combien en trouve-t-on de semblables? D’autre part, croit-on qu’une eau contenant des nitrates, sulfa- tes, chlorures, etc., calcaires en excès, et c’est le plus souvent le cas, sera rendue meilleure par ébullition? Poser la question, c’est évidemment la résoudre... pour un chimiste, mais comme nous écrivons aussi pour le médecin et l’hygiéniste et que nous savons, de science certaine , — nous pourrions donner des noms, des dates, des faits — que bon nombre sont disposés à croire à une améliora- tion même dans ces conditions, nous tenons à les désabuser en leur déclarant nettement que l’ébullition ne présente, dans des cas semblables, que des inconvénients et pus un seul avantage , ainsi du reste que nous allons le montrer. ÉBULLITION I SES INCONVÉNIENTS 309 h) Inconvénients. — Sont bien certainement égaux aux avan- tages. En effet, l’ébullition désaère l’eau, en chasse l’acide carbo- nique et les bicarbonates dont le rôle, abstraction faite des cas exceptionnels où la proportion en est trop considérable, est si utile à la digestion; le liquide devient lourd, indigeste, déplaît au goût, ne calme plus la soif, etc. Je sais bien que l’on a tenté, et même tout récemment encore, de réfuter ces critiques. Voici, notamment, les conclusions aux- quelles aboutit M. Guinard, de Lyon, à la suite d’un travail entrepris spécialement en vue de démontrer que l’on a tort de reprocher quoi que ce soit à l’ébullition. 1° Contrairement aux préjugés existants, la richesse en sels d’une eau bouillie est toujours suffisante et diffère peu de celle de la même eau prise avant l’ébullition; 2° L’eau ne perd jamais la totalité des gaz qu’elle tient en dissolution, même après une ébullition prolongée, et il suffit de la refroidir au contact de l’air dans un endroit frais pour que la majeure partie des gaz chassés par la chaleur entre de nouveau en dissolution. {Gaz. lieb . de méd. et de chir ., 10 septembre 1892, p. 434.) Nous n’insisterons pas sur ce fait, de considérer comme un pré- jugé des faits physiologiquement démontrés par des savants comme Boussingault et A. Gautier; nous ne partageons pas entièrement, il est vrai, l’opinion de ces maîtres éminents, mais si l’on peut être en désaccord sur les chiffres, on doit s’incliner devant les principes Dire ensuite que l’eau bouillie n’est guère appauvrie en sels par l’ébullition, c’est émettre une affirmation dont la valeur est absolument relative, une eau contenant 0? 366 résidu fixe par litre avant l’ébullition et n’en retenant plus que 0îP134 après (eau de la ville de Bruxelles). C’est, par conséquent, conclure du parti- culier au général, ce qui n’est pas logiquement permis. M. Guinard a analysé une eau dont la teneur en matières fixes était égale à 0,r15 et qui, après avoir été bouillie, en retenait encore 0’1 12, soit une perte de 8 p. c., alors que, dans mon cas, la proportion des matières précipitées s’élève à 63 p. c. environ. Ajouter enfin qu’il suffit de refroidir l’eau au contact de l’air et dans un endroit frais pour lui restituer en majeure partie les gaz 310 HYGIÈNE disparus, c’est répéter un fait connu mais c’est aussi perdre de vue qu’ après avoir tué ainsi une partie des microbes, on lui en restitue d’autres. On peut se demander ce que l’on y a gagné ou... perdu. Comme conclusions à cette discussion, peut-être un peu longue, disons que les eaux de source seules, recueillies dans des condi- tions qui les mettent à l’abri de toutes souillures extérieures ou autres, devraient être exclusivement employées comme eaux de boissons et d’alimentation générale des populations, et ce par- tout où il est possible de s’en procurer de bonnes, quelles que puissent être les dépenses qui en résulteraient : la santé ne se paie pas. Si la chose est impossible , il y aura lieu de se montrer très scru- puleux sur le choix des moyens à employer pour améliorer les eaux de surface ou les eaux de puits, et de tenir compte de toutes les observations qui précèdent ainsi que des faits que nous avons rapportés, faits qui démontrent, croyons-nous, que si le microbe est ou peut être quelque chose dans le contage, il est loin d’être tout. CHAPITRE V l>IMI**IOA ET L\TEHPKÉTATHE\ UES RÉSULTAT» UC L’ANALYSE. I. — Caractères physiques. 1° Aspect. — Une eau potable doit être limpide, mais une eau limpide n’est pas toujours potable. En effet, la limpidité telle qu’elle peut être pratiquement constatée, n’exclut pas toujours la présence d’un petit nombre d’éléments nuisibles en suspension ; d’autre part, elle peut tenir en dissolution des substances salines ou autres plus ou moins dangereuses ou toxiques et ce tout en étant d’une limpidité parfaite, absolue même. Enfin, une eau con- tenant des matières en suspension n’est pas non plus nécessaire- ment impropre à la boisson : cela dépend tout d’abord de la nature et de la quantité des dites matières et surtout du plus ou moins de facilité avec laquelle elles peuvent être séparées par filtration. Les eaux de citernes, de fleuves, de rivières, de glaciers, etc., tiennent fréquemment en suspension des matières minérales ou organiques empruntées soit à l’atmosphère, soit aux terrains ou aux surfaces sur lesquels elles tombent ou elles coulent, mais il suffit le plus souvent de les conserver au repos pendant très peu de temps ou bien de les filtrer même grossièrement pour le.s rendre limpides et excellentes à boire. Il importe donc d’établir une distinction entre les eaux troubles et de ne considérer comme étant impropres à la boisson ou aux divers usages domestiques, que celles qui ne se clarifieraient pas aisément, complètement ou qui contiendraient des éléments figurés vivants ou aptes à se développer dans l’organisme et à y provoquer des troubles plus ou moins intenses. Ainsi par exemple, la présence de nombreuses et fines parti- cules d’argile, de marne, de sulfure ou de sesquioxyde de fer, etc., devra faire considérer l’eau sinon comme étant absolument mau- 312 HYGIÈNE vaise, du moins comme très suspecte et ce en raison des difficul- tés et des lenteurs de la filtration. Les eaux dans lesquelles on aurait constaté la présence de certains infusoires, algues et champignons incolores, œufs ou larves vennifo raies, débris végétaux ou animaux paraissant pro- venir des égouts, fosses d’aisance, etc., seraient impitoyablement condamnées soit provisoirement, soit définitivement suivant que la contamination serait passagère, accidentelle, continue ou ré- gulière. Une grande quantité de microbes, la présence de certaines espèces considérées, à tort ou à raison peu importe, comme dan- gereuses, pathogènes, conduiront aux mêmes conclusions, et ce en raison des dangers qu’ils peuvent faire courir aux consom- mateurs, soit par eux-mêmes, soit par ce que leur présence im- plique une contamination antérieure ou actuelle de nature ou d’origine suspecte. Il arrive parfois que des eaux absolument limpides au moment du puisage, se troublent plus ou moins fortement après leur ex- position à l’air : c’est le’ cas, par exemple, pour certaines eaux sulfureuses et ferrugineuses recueillies au moyen de pompes ou puisées aux robinets de canalisation aux griffons, etc. Ici encore, la nature du trouble et son intensité devront entrer comme fac- teurs dans l’appréciation des résultats : ainsi on proscrira les premières même s’il s’agit de sulfures de fer, tandis que les se- condes trouveront grâce devant l’hygiéniste si la quantité de fer n’est pas trop considérable. Nousne mentionnerons que pour mémoire le trouble blanchâtre dû à la présence de l’air dans les tuyaux de la canalisation des eaux recueillies sous pression, trouble qui disparaît du reste après quelques instants de repos. Ajoutons encore, pour être complet, que le trouble d’une eau qui ne s’éclaircit pas par le repos serait l’indice, d’après le Dr Kubel ( Apot . Zeit. 1892) d’une forte proportion de matières organiques. 2° Coloration. — L’eau doit être incolore, mais il en est de ce caractère comme du précédent : une eau n’est pas nécessaire- ment mauvaise parce que colorée, ou potable parce que incolore. Les eaux jaunâtres ou d’un jaune brunâtre plus ou moins pro- COLORATION 313 noncé que l’on consomme dans les pays à tourbières sont consi- dérées comme excellentes par tous ceux qui en font usage; celles qui descendent des hauts plateaux granitiques des Andes et tra- versent les immenses forêts de l’Amérique du Sud, comme l’Amazone, l’Orénoque, etc., sont parfois presque noires, brunes oud’unbrun jaunâtre très prononcé et constitueraient cependant, d’après certains auteurs, d’aussi bonnes eaux potables que celles dont la teinte jaunâtre est due à des quantités sensibles de fer. Il importe cependant d’ajouter que leur qualité est toute rela- tive : elles ne sont pas dangereuses ni même mauvaises, soit, mais on ne peut dire non plus qu’elles soient bonnes, les matières ulmiques ou humiques auxquelles elles doivent leur coloration n’étant nullement nécessaires à l’organisme (Voir § III, litt. 101 ci-après). Nous avons parlé plus haut du trouble blanchâtre, grisâtre ou gris-jaunâtre dû à la présence de fines bulles d’air, de soufre, fer, etc. ; nous n’y reviendrons plus ici. Quelques eaux présentent une teinte verdâtre, rougeâtre ou même franchement verte ou rouge. Ces colorations peuvent être dues soit à la présence de matières organiques en suspension ou en dissolution, soit à un grand excès d’oxyde de fer, soit enfin et surtout à des organismes microscopiques d’origine végétale ou animale (Voir§ IV, pages, 344et suivantes). Dans le premier cas, la teinte verte serait due, d’après H. Davy, au mélange de la teinte bleue des eaux pures vues en grandes masses et de la teinte jaune des matières organiques dissoutes et le phénomène serait fréquent dans les grands lacs alimentés par les eaux tor- rentueuses provenant de la fonte des neiges éternelles et des glaciers; cependant nous avons pu constater à Genève et ce à plusieurs reprises, que les eaux du lac Léman doivent la teinte verte ou verdâtre qu’elles prennent par endroits, non à des ma- nières organiques dissoutes, mais à la couleur du sol qui consti- tue le lit du lac. Dans les régions polaires, les bandes vertes si étendues et si tranchées des eaux proviennent, d’après Arago, de myriades de Méduses dont la couleur jaunâtre mêlée à la couleur bleue de l’eau, engendre le vert. Dans le sud-ouest de la France, sur toute la partie du littoral 314 HYGIENE plantée de pins maritimes, toutes les eaux environnantes de- viennent, pendant la période de la floraison, d’un vert pur ou d’un vert jaunâtre plus ou moins intense grâce à la présence d’innombrables pollens répandus à la surface : le fait nous frappa surtout vivement la première fois que nous longeâmes en barquette les rives de l'immense étang de Cazau, situé à quel- ques lieues d’Arcachon et presque entièrement entouré de vas- tes sapinières. Dans la plupart des cas, une filtration convenable et même grossière suffit pour enlever les matières colorantes et restituer à l’eau toutes ses qualités hygiéniques, mais il ne faudra cepen- dant pas oublier que la présence d’une grande quantité d’orga- nismes ou autres peut constituer, à un moment donné, un danger d’autant plus sérieux qu’ils seront plus aisément altérables, que l’eau sera plus stagnante et la température plus élevée. Une eau qui reste fortement colorée après filtration et dans la- quelle on ne décèle point ou peu de fer ou de matières humiques, doit être tenue pour fortement suspecte, car la matière colorante provient généralement alors d’infiltrations de fosses d’aisance, à purin, à fumier, etc. 3° Odeur. — L’eau potable doit être inodore et rester telle, même après avoir été conservée pendant quinze jours et plus en vase fermé exposé à la lumière et à une température de 25 à 27 0 G. Au point de vue de l’appréciation de ce caractère, il importe de faire une distinction entre les eaux immédiatement odorantes soit à froid, soit à chaud et celles qui ne le deviennent qu’après un temps plus ou moins considérable. Les premières doivent être considérées comme mauvaises lorsque l’odeur est prononcée et surtout lorsqu’elle persiste pen- dant toute, la durée du chauffage et laisse un résidu odorant; lorsqu’elle est nulle à froid, peu prononcée à chaud, c’est-à-dire à peine perceptible et très fugitive, il y a lieu de procéder à des recherches ultérieures avant de se prononcer. Les secondes peuvent être également divisées en plusieurs ca- tégories suivant qu’elles deviennent plus ou moins rapidement et plus ou moins fortement odorantes, selon qu’elles se troublent ou non et enfin qu’elles redeviennent ou non inodores après un temps plus ou moins prolongé. ODEUR, SAVEUR ET TEMPÉRATURE 315 Mais il importe d’ajouter qu’il ne peut être question ici que de certaines eaux recueillies dans des conditions déterminées, telles par exemple que les eaux de pluie conservées dans des citernes où elles arrivent après avoir lavé la surface des toits exposés au soleil et chargés des poussières de la rue, de l’inté- rieur, etc. Dans des cas semblables, il arrive fréquemment, sur- tout si les réservoirs sont mal construits, qu’une sorte de fer- mentation se produise au sein de l’eau, les organismes et les matières organiques y entraînés finissant bientôt par mourir et se décomposer, avec production de substances odorantes, les unes volatiles et disparaissant peu à peu, les autres fixes restant dis- soutes ou se précipitant à l’état de combinaisons insolubles. De telles eaux peuvent, comme cela a été fréquemment ob- servé, s’améliorer avec le temps et doivent, avant d’être con- damnées, faire l’objet d’une étude attentive et suivie. Mais ce qui peut être admis sous la pression des événements et des circonstances, doit être rejeté lorsque les unes ou les autres font défaut. Ainsi toute eau de source, de puits, de ri- vière, etc., qui sera ou deviendra promptement odorante, devra être impitoyablement condamnée au point de vue alimentaire. 4° Saveur — L’eau doit être fraîche, agréable, rendue légère- ment sapide par l’CO2 libre ou bicombinée; une eau qui ne présente point ces caractères apaise mal la soif, est prise avec répugnance, dégoût et doit, par cela même et pour cela seul, être tenue pour suspecte ou réputée mauvaise suivant les cas. La saveur anormale des eaux peut s’expliquer de diverses manières. Due ici à la présence de matières organiques, là à un excès de sels normaux, ailleurs à sa teneur en sels anormaux. Ainsi l’eau qui contient des quantités élevées de chlorure sodique est saumâtre ou salée; les sels de potassium, de magnésie, d’alu- mine lui donnent un goût amer, douceâtre ou terreux plus ou moins prononcé suivant les proportions absolues et relatives de ces éléments; une saveur séléniteuse implique un excès de sulfate de chaux et de carbonate de magnésie. Mais il ne faut pas perdre de vue que le goût varie considérablement d’individus à individus et que l’appréciation de la saveur de l’eau est d’autant plus dé- licate que l’on est moins habitué à en boire. 5° Température. — On admet généralement que l’eau doit 316 HYGIÈNE être fraîche , c’est-à-dire plus chaude en hiver et plus froide en été que l’air ambiant. Trop chaude, elle paraît fade, désaltère mal ou même pas du tout; trop froide, elle peut déterminer des congestions intestinales, pulmonaires, etc. Tout le monde sait que la pleurésie a frigore n’a pas de cause plus fréquente que l’absorption des boissons glacées lorsque le corps a été soumis à de fortes réactions calorifiques : température ambiante élevée, marche forcée, travail physique excessif, etc. Les diarrhées cho- lériformes, la dysenterie proprement dite, etc., peuvent et sont souvent provoquées par la même cause. Mais si l’eau tiède est mauvaise et l’eau glacée dangereuse, ce n’est cependant pas une raison pour déclarer non potables des eaux dont la température serait sensiblement inférieure ou même légèrement supérieure à celle que nous avons admise pour l’eau physiologiquement pure, soit 13 à 15° G. Ainsi les meilleures eaux de source marquent généralement de 9 à 12 ou 13° G. au plus suivant les climats, l’attitude, la profon- deur de la nappe souterraine, le mode d’émergence, la nature du sol, etc., tandis que les eaux de fleuves, de lacs, de rivières, d’étangs, etc., possèdent une température généralement un peu inférieure ou supérieure à celle de l’air ambiant et n’en sont pas moins, en bien des cas, de bonnes eaux de boisson. Les meilleures sous le rapport de la température sont encore celles de puits bien établis; viennent ensuite les eaux amenées sous pression dans les réservoirs et dans des canalisations souter- rains bien construits, mais il faut distinguer ici entre les tuyaux enfoncés sous le sol à une profondeur déterminée et ceux qui par- tent du compteur pour amener l’eau dans les appartements situés aux étages': parmi les derniers, il en est souvent qui donnent une eau tiède ou glacée alors qu’elle se trouve, dans les premiers, à une température normale et constante en toutes saisons. 6° Sensation gastrique — Toute eau “ lourde „à l’estomac, c’est-à-dire qui produit une sensation de pesanteur gastrique, doit être tenue pour suspecte et même rejetée tout au moins comme boisson. Gette impression ne provient pas toujours, ainsi qu’on pourrait le croire, d’un excès de substances salines ou autres en dissolution, ni même de l’absence d’air ou d’oxygène : l’eau de St-Galmier, très riche en éléments salins et spécialement RÉACTION ET CONSERVATION DES EAUX 317 en chaux, est une eau de table excellente et facilement digestible; l’eau de distribution do la ville de Bruxelles, relativement riche en carbonate calcique, jouit des mêmes propriétés; l’eau tout récemment distillée en présence d’un peu de permanganate de potasse et d’acide phosphorique, se digère parfaitement bien. Par contre certaines eaux très aérées, peu minéralisées, etc., se sup- portent mal ou même pas du tout. 7° Réaction. — Les bonnes eaux potables sont neutres ou présentent une légère réaction acide due à la présence de l’CO2 libre; une très légère alcalinité, seulement sensible aux réactifs après un contact prolongé, ne présente aucun inconvénient et serait même, d’après certains auteurs, un caractère des eaux de choix attendu qu’elle serait due à la présence du bicarbonate de chaux. Mais si l’alcalinité est prononcée, c’est-à-dire si le papier rouge de tournesol bleuit immédiatement ou si celui de curcuma brunit fortement, l’eau doit être rejetée ou fortement suspectée suivant la rapidité et le degré de la réaction, celle-ci étant généralement due à des carbonates alcalins et notamment au carbonate d’am- moniaque et indiquant une pollution probable par des matières fécales, de l’urine, des eaux d'égouts, de blanchisseries, de savon- neries, etc. Une acidité prononcée est également une cause de rejet ou de forte suspicion, car elle implique une contamination par les eaux- vannes de brasseries, de distilleries, de vinaigreries, de tanneries, de routoirs, etc., et aussi par les eaux ménagères, l’urine récente, le contenu des fosses à purin non putréfié, etc., etc. 8° Conservation. — Une bonne eau potable ne s’altère pas lorsqu’on la conserve, en vase ouvert ou en vase fermé, pendant plusieurs semaines. C’est là un fait qui a ôté constaté par tous ceux qui se sont livrés à quelques recherches sur ce point et que tout le monde peut aisément contrôler. Un chimiste français, M. L’Hote, a fait plus encore : il a embouteillé de l’eau de la Vanne en juin 1890 et l’a conservée jusqu’en juin 1892. Elle pré- sentait alors tous les caractères organoleptiques de l’eau fraî- chement puisée : limpidité parfaite, odeur nulle, saveur nor- male, etc. Mais si l’eau contient des matières organiques en voie de dé- 318 HYGIENE composition, elle deviendra plus ou moins trouble, plus ou moins odorante et si l’on en porte alors une goutte sous le microscope, on y constatera la présence de nombreux organismes inférieurs» végétaux ou animaux, le plus souvent incolores ou blanchâtres, mais parfois aussi cependant colorés en jaune ou en vert. Ces derniers sont généralement représentés par des spores d’algues vertes, des proto ou chlamydococcus pluvialis, etc. : ils sont sans signification précise au point de vue hygiénique; mais il n’en est pas de même des organismes incolores ou blanchâ- tres, des bactéries, infusoires, etc., qui, eux, indiquent certaine- ment la présence de matières organiques en voie de décomposition plus ou moins rapide. II. — Éléments normaux. 1° Résidu fixe. — Quelle est la quantité maximum de sub- stances salines fixes et normales que peut contenir une eau sans cesser d’être potable? Bien que cette question ait fait verser des flots d’encre et pro- voqué de longues, ardentes et interminables discussions, le pro- blème qu’elle soulève est bien loin encore d’être résolu, les par- tisans des deux théories en présence, celle des maxima généraux et celle des maxima locaux, accumulant arguments sur argu- ments pour démontrer qu’ils sont, seuls, en possession de la vérité. Les premiers, estiment qu’une eau ne peut être saine, agréable à boire, facile à digérer et propre à tous les usages domestiques, si elle contient des proportions trop considérables de sels miné- raux, c’est-à-dire un poids supérieur à 0'r5 par litre. De nom- breuses analyses d’eaux de sources, de rivières, de lacs, de fleuves même, leur ayant prouvé que la teneur en sels minéraux fixes de la presque totalité des eaux douces varie entre 0'rl et (Lr4 par litre, que l’état de santé des populations qui les boivent est satis- faisant et, qu’cnfm, elles répondent à toutes les exigences d’une saine physiologie, ils ont la conviction d’être dans le vrai et n’en- tendent faire aucune concession. Les seconds ne nient pas le bien fondé des arguments de leurs adversaires et leur accordent même volontiers qu’ils ont absolu- RÉSIDU FIXE 319 ment raison... en principe , mais ils s’empressent d’ajouter qu’en fait il est indispensable d’apporter certains tempéraments à leurs justes exigences et ce pour diverses raisons, dont voici les princi- pales. L’eau n’est pas un produit industriel dont on puisse fixer exac- tement la composition, mais bien un produit naturel que l’on est forcé de prendre comme on le trouve et non comme on le voudrait. Or il arrive souvent qu’elle contient des quantités relativement considérables de sels minéraux : sulfates, chlorures, phosphates, carbonates, silicates, etc., qu’elle emprunte aux terrains sur les- quels elle coule ou à travers lesquels elle filtre, sols dont on ne peut éviter la présence et dont l’absorption ne présenterait d’in- convénients que si leur proportion était très élevée : plusieurs grammes par exemple. Et comme il semble prouvé, tant par l’expérimentation phy- siologique que par l’état de santé des populations intéressées, que l’on peut ingérer journellement et impunément % 3, 4 et même 5 grammes d’un mélange de chlorures, sulfates, carbonates, etc., alcalins et alcalino-terreux, on ne voit pas pourquoi l’on consi- dérerait de telles eaux comme impropres à la boisson et aux usages domestiques. Car en le faisant, il adviendrait, ajoute-t-on, que l'on devrait condamner les eaux de toute une ville, de toute une région, de tout un pays même, chose absolument impossible. La seule concession que les partisans de cette théorie fassent à l’hygiène, est relative à Y origine des sels dissous. Si elle est suspecte, c’est-à-dire si la présence de ces éléments peut être attribuée à la contamination du sol par des matières organiques en voie de putréfaction ou si elle est due à des infiltrations d’urine, de matières fécales, etc., etc., l’eau doit être rejetée. Mais lorsque la nature géologique du sol vierge, c’est-à-dire soustrait à toutes les causes de pollution artificielles, justifie et explique la pro- portion des éléments susmentionnés, il n’y a plus rien à objecter. On pourra donc boire impunément des eaux saumâtres pourvu que le sol soit fortement imprégné de chlorures; des eaux sélé- niteuseslà où se trouvent des bancs de gypse; des eaux phos- phatées, nitreuses, magnésiennes, silicatées, ferrugineuses, ulmi- 3:20 HYGIENE ques, etc., partout où l’on rencontrera de la tourbe, des lignites, du salpêtre, des dolomies, des feldspaths, des pyrites, etc., etc. On ne s’est du reste pas fait faute de soutenir que l’on pouvait boire indéfiniment et impunément des eaux minérales, oubliant ou ignorant que la grande valeur thérapeutique de ces eaux ne per- met pas de les considérer connue inoffensives et qu’une dose même modérée d’un sel inutile à l’organisme n’est jamais sans danger. Nous ne sommes certes pas un apôtre de la théorie des maxima généraux et nous ne faisons aucune difficulté de convenir que certaines limites admises par le Congrès de 1885 et par ceux qui l’ont précédé, peuvent être considérablement dépassées et ce sans le moindre inconvénient : nous l’avons dit et prouvé au lende- main même du vote des décisions qui ont été adoptées et nous le répétons encore ici et plus loin. Nous n’ignorons pas, d’autre part, que l’on est souvent forcé de boire ce que l’on a et non pas ce que l’on voudrait avoir. Beaucoup de gens, et je suis de ce nombre, adorent par exemple le Chambertin et le Château-Lafitte, mais se contentent parfaite- ment à l’occasion — et pour cause — d’un modeste verre de... bière ou de petit bleu. De même est-il évident que dans un pays où il n’y a pas d’eaux physiologiquement pures, il serait malaisé d’en boire d’autres. Mais ce qui ne semble pas admissible, c’est que l’on déclare bonnes ou même potables faute de mieux, des eaux dont on ne ferait certes pas usage, et ce sous prétexte que toutes celles de la localité ont une composition analogue et que si l’on en condam- nait une on devrait les proscrire toutes, alors qu’il suffirait sou- vent de quelques centaines de milliers de francs ou de quelques millions pour s’en procurer d’excellentes. Dans des cas semblables, les rôles ne peuvent être intervertis et les hygiénistes ne doivent pas subordonner leurs décisions aux convenances des administrateurs qui, généralement, recu- lent devant la nécessité d’assumer la responsabilité des dépenses nécessaires à des travaux de cette nature. Chose curieuse du reste, la plupart des cas de l’espèce se ren- contrent dans les villes ou dans les pays industriels à population dense, où le sol est imprégné de matières minérales et autres, BICARBONATE DE CHAUX 321 dont l’origine est précisément de nature suspecte et dont la pré- sence dans les eaux de puits ne peut être justifiée par la nature géologique du sol vierge. Il suffît, pour s’en convaincre, de pro- céder à l’analyse des eaux en pleine campagne, c’est-à-dire loin des habitations : on constate immédiatement que leur composi- tion est très différente de celle des eaux incriminées. Nous pour- rions citer des faits personnels et autres à l’appui de ce que nous avançons, mais ce serait absolument inutile, tant ils abondent partout. Or, nous le demandons à tous, aux médecins, aux hy- giénistes, aux chimistes et aux consommateurs eux-mêmes : est- il admissible que l’on déclare potables des eaux contenant 1, 2, 3 grammes résidu salin fixe par litre, alors qu’à 10, 20, 30 minutes de là on en trouve dont la teneur en sels n’est pas supérieure à 0'r25 ou CF30 environ? Montrons-nous très accommodants lorsqu’il nous est démontré qu’il est impossible de modifier la situation, soit en procédant à l’adduction d’eaux de source, soit en allant à la recherche d’eaux profondes plus pures ou en forant des puits mieux conditionnés, mais déclarons toujours que les eaux soumises à notre examen sont de qualité douteuse dès que la proportion des sels miné- raux normaux dont nous allons parler, est supérieure à ou 0”r6 au maximum. On pourra en autoriser l’usage parce qu’il est absolument im- possible de s’en procurer d’autres, mais on ne devra pas céler les inconvénients qu’elles peuvent présenter. Lorsque le résidu fixe est supérieur et surtout lorsqu’il s’élève à un gramme ou plus par litre, on doit considérer l’eau comme suspecte ou im- propre à la consommation suivant les cas. 2° Bicarbonate de chaux. — Il nous reste peu de chose à dire au sujet de ce sel que nous avons étudié en détail au cha- pitre Ier, pages 264 et suivantes. Ajoutons cependant que les eaux contenant des proportions de carbonate de chaux supérieures à celles que nous avons admises, soit (F'20 à 0gr25 au plus, ne sont supportées par l’estomac que si elles contiennent beaucoup d’CO2 ; dans le cas contraire, elles sont dures, lourdes et entra- vent les digestions. Quelle que soit la quantité d’CO2 qu’elles puissent contenir, les eaux très calcaires cuisent jnal les légumes et même la viande 21 322 HYGIÈNE le carbonate de chaux se précipitant à l’ébullition et incrustant pour ainsi dire les aliments en cuisson, ou bien encore se com- binant à la caséine végétale avec laquelle il forme une combinai- son insoluble (Gautier). 3° Sulfate de chaux. — Si un léger excès de carbonate peut à la rigueur être admis, il n’en est pas de même du sulfate qui, même à des doses inférieures à 0?r2 par litre, rend les eaux crues, dures, indigestes, peu agréables à boire, impropres à la cuisson des aliments et aux divers usages domestiques et par suite inaptes à remplir le rôle physiologique qui leur incombe. De plus, une eau riche en sulfate peut aisément, sous l’in- fluence de certains organismes inférieurs ou même des matières organiques en voie de décomposition, donner lieu à la formation de sulfures ou d’hydrogène sulfuré libre. 4° Sulfates alcalius fixes. — Quelques milligrammes de sulfate de potasse ou de sulfate de soude ne présentent aucun inconvénient, mais leur présence étant inutile, il y a lieu de ne pas tolérer plus de 20 à 25 milligrammes par litre d’eau. 5° Chlorures alcalius et alcalino-terreux Le chlorure sodique est le plus important et souvent même le seul. Le Con- grès de Bruxelles a limité à 10 milligrammes par litre la quantité de chlore que peut contenir une eau potable, mais il importe de remarquer que cette décision a été prise sous l’influence de cette idée que le chlore est un indice de contamination urinaire, féca- loïcle, etc. Or, si cela peut être et est parfois vrai, il existe cepen- dant de nombreuses eaux absolument indemnes de toute trace de pollution organique et dont la teneur en chlorure sodique est notablement supérieure à celle que nous venons d’indiquer. Et comme la quantité du dit sel que nous absorbons journel- lement avec nos aliments peut s’élever à plusieurs grammes, il importe peu que l’eau en contienne même quelques centi- grammes, du moment que son origine est exclusivement géolo- gique et que sa proportion n’altère pas les caractères physiolo- giques de l’eau. Il vaut évidemment mieux qu’il y ait peu de chlorure sodique que beaucoup, mais l’eau qui en contien- drait 50 à 60 milligrammes par exemple et même plus, serait toujours parfaitement potable; c’est ainsi qu’en Hollande et dans les basses plaines de Belgique, où le sol est fortement imprégné PHOSPHATES 323 de chlorures, les eaux en dissolvent presque 100 et même 200 milligrammes et sont, malgré cela, parfaitement buvables ou tout au moins consommées sans récrimination aucune de la part des intéressés. M. Crispo a même signalé dans des eaux de puits situés le long de l’Escaut à Anvers plus d’un gramme NaCl par litre : il est vrai qu’il ne peut plus être question ici de potabilité! Dans tous ces cas, il importe surtout de se renseigner sur 1 ori- gine du chlore et de tenir pour fortement suspectes toutes les eaux dont la composition diffère sensiblement de celle de la nappe souterraine maintenue à l’abri de toute pollution exté- rieure. Si les écarts sont manifestes, il faudra songer à des infiltra- tions ou à des écoulements directs d’eaux ménagères, d’eaux d’égouts, de fosses d’aisance, etc., ou bien rechercher s’il n’existe, à proximité, aucune saline, aucun banc de sel gemme, etc. Enfin, l’on n’oubliera pas non plus que certaines personnes possèdent la singulière habitude de jeter du sel dans les puits sous prétexte d’en améliorer le contenu! Le chlorure cle potasse , ainsi que les chlorures de chaux et de magnésie étant inutiles ne peuvent se trouver dans les eaux po- tables qu’en très minimes quantités : 15 à 20 ou 25 milligrammes par litre au maximum. Il importe donc de ne pas s’en tenir au dosage du chlore seul lorsque la quantité de cet élément est supérieure à 20 milligrammes, mais de doser en outre les bases auxquelles il est combiné. 6° Phosphates. — Il y a une dizaine d’années, l’acide plios- phorique était considéré comme un élément anormal dont la présence devait faire soupçonner fortement la pureté de l’eau et même la faire rejeter. Le rapporteur de la question des eaux potables au Congrès d’hygiène de 1885, M. Van de Vyvere, s’était fait l’écho de l’opi- nion prédominante en proposant de dire que l’eau ne pouvait contenir ni sulfures, ni nitrites.... ni phosphates. M. le professeur Depaire, de l’Université de Bruxelles, ayant bien voulu appuyer de sa haute autorité les observations que nous avions présentées au sujet de cette proscription que nous ne comprenions point, l’assemblée décida d’admettre la présence de l’acide phosphori- 324 HYGIÈNE que, mais dans des limites beaucoup trop restreintes, soit 1/2 mil- ligramme par litre. Il en est de cet élément comme du chlore et de l’acide sulfu- rique : sa présence est inutile et elle peut en outre provenir d’une contamination par des matières animales ou végétales; mais son origine n’est pas toujours telle, les eaux pouvant em- prunter au sol des quantités de phosphates calciques et magné- siens d’autant plus sensibles qu’elles sont plus riches en chlorures et surtout en CO'2 libre : les minerais phosphatés, tels qu^ copro- lithes, apatites, etc., ne sont pas rares et le grès vert, certains terrains crétacés, etc., abondent parfois en phosphate de chaux; enfin les terrains tourbeux, l’humus, etc., contiennent souvent aussi des quantités appréciables d’acide phosphorique. Dans tous ces cas, sa présence est tout aussi inoffensive que celle des carbonates et plus que celle des sulfates terreux dont l’introduction dans l’organisme se justifie en outre moins aisé- ment. Cependant comme nos aliments contiennent suffisamment de phosphates, la présence de ces sels dans les eaux potables est inutile et ne doit pas être recherchée. 7° Acide carbonique — Nous avons vu que la présence de l’CO2 dans les eaux potables est désirable et qu’elles peuvent en contenir des quantités assez considérables, non-seulement sans inconvénients, mais encore très avantageusement. L’origine de ce gaz est généralement atmosphérique. En cou- lant sur le sol et même en le traversant, les eaux s’enrichissent rapidement en CO2 et peuvent en contenir de 15 à 30 cc. et plus par litre sous forme gazeuse, c’est-à-dire libre; mais il peut aussi provenir de la décomposition des matières organiques et, en ce cas, l’on constate une diminution correspondante de l’oxygène. C’est ainsi que les eaux des fleuves ou des rivières qui traversent des grandes cités : Londres, Paris, Berlin, etc. sont d’autant plus riches en CO: et plus pauvres en oxygène qu’elles ont effectué un plus long trajet à travers ces villes. D’autre part, les plantes vertes immergées dégagent, la nuit, des quantités considérables d’CO2 qu’elles décomposent, du reste, pendant le jour, sous l’in- fluence de la lumière solaire. 11 est donc nécessaire, pour émettre OXYGENE 325 une appréciation raisonnée sur la valeur d’une eau contenant beaucoup d’CO1 2, d’être fixé sur l’origine de cet acide. 8° Oxygène. — Comme le précédent, ce gaz est surtout d’ori- gine atmosphérique, mais il peut également provenir de la décomposition de l’acide carbonique dissous par les plantes vertes sous l’influence de la lumière. C’est ainsi que M. A. Morren (1) a noté, à plusieurs reprises, des variations considérables dans les proportions d’oxygène en dissolution, non-seulement la nuit et le jour, mais encore suivant le plus ou moins d’intensité d’action des rayons solaires. Le volume total des gaz dissous s’élevant de 1 icl'2 à 19ct'2 par litre, la proportion d’O variait de 18.01 à 60.43 p.c. de ce volume. Il en a dosé, par une belle journée de juillet, 4 cc. par litre d’eau le matin, près de 8 cc. vers midi et 9CC8 à 5 heures du soir, tandis que l’CO2, qui s’élevait à 2 cc. le matin, était descendu à 0^9 à 5 heures du soir. Mais ce qu’il importe surtout de constater, c’est la diminution de l’oxygène. Car, sans vouloir soutenir avec Gérardin qu’il suffit de doser ce gaz pour avoir la cote exacte des qualités hygiéniques d’une eau et de l’influence bonne ou mauvaise qu’elle peut exer- cer sur les êtres vivants, on doit reconnaître qu’une diminution sensible d’oxygène présente des inconvénients très sérieux et même parfois très graves. En effet, M. Morren a constaté que les poissons meurent rapi- dement dans une eau contenant moins de 3 cc. d’O. dissous et peuvent, si les conditions extérieures s’y prêtent, y accumuler des nombreuses toxines provenant de leur putréfaction. D’autre part, nous avons vu que les matières organiques, certaines tout au moins, consomment rapidement l’oxygène dissous, de telle sorte qu’une diminution ou l’absence plus ou moins complète de ce gaz constitue un indice de la présence de ces matières. Tou- tefois, comme cette action s’exerce aussi bien en vase clos, c'est-à-dire dans les échantillons d’eau soumis à l’examen, qu’à l’air libre, et qu’elle est liée à une série de facteurs assez nom- breux : température, pression, lumière, mouvement, sol, etc., il est nécessaire, pour pouvoir se prononcer, de procéder au dosage (1) Mémoires de l'Ac. royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, année 1841. 32G HYGIÈNE sur les lieux mêmes et cle tenir compte de toutes les circonstances que nous venons de mentionner. III. — Éléments anormaux en dissolution. Nous considérons comme anormaux non-seulement tous les éléments qui peuvent provoquer une altération plus ou moins prononcée et plus ou moins rapide de la santé des consomma- teurs, mais encore ceux qui, n’étant pas toxiques ou n’exerçant d’action nuisible qu’à des doses relativement élevées, impliquent, par leur présence, une contamination organique considérée comme dangereuse. Tous les hygiénistes et tous les physiologistes étant d’accord pour prohiber les premiers et condamner sans restriction ni réserve aucunes l’eau qui en contient, si peu soit-il, il nous suffira de les citer sans plus. Ce sont : 1° Les sels arsénicaux, plombiques, mercuriques, cupriques, stannifères, barytiques et zinciques ; 2° Les sulfures, sulfocyanures et hyposulfites alcalins, auxquels on peut ajouter les carbonates de potasse et de soude; 3° Enfin, les carbures, sulfures et phospliures d’hydrogène, ainsi que le gaz d’éclairage qui, outre les carbures d’hydrogène (éthylène, butylène, acétylène et gaz des marais), contient ou peut encore contenir de l’oxyde de carbone, de l’hydrogène sulfuré, de l’hydrogène, etc. Quant aux seconds, nous allons examiner dans quelles limites ils pourront être tolérés, lorsque les circonstances ne permettront point de se procurer des eaux pures. 1° Sels ammoniacaux. — La présence de fammoniaque inorganique dans une eau potable est généralement un indice de pollution récente ou peu éloignée de cette eau par des matières fécales, de l’urine ou des liquides qui en contiennent, connue les eaux d’égout par exemple, les fosses à purin, à fumier, les eaux- vannes de certaines industries et notamment des fabriques de gaz d’éclairage, d’engrais ammoniacaux, etc., etc. La fermentation ou la putréfaction des matières organiques azotées constitue également une source importante d’ammo- niaque; aussi les eaux recouvertes par des terrains fortement SELS AMMONIACAUX 327 imprégnés de telles substances, sont-elles généralement riches en sels ammoniacaux, surtout à la suite de fortes pluies et lorsque le sol et le sous-sol sont peu perméables, l’oxydation y étant incomplète. Cependant, il importe de ne pas perdre de vue que les eaux de pluie, de neige, etc. contiennent fréquemment, surtout dans les villes et les grandes agglomérations humaines ou animales, des traces plus ou moins fortes d’ammoniaque, de telle sorte que certaines eaux, comme celles qui sont recueillies dans les citernes par exemple, ou encore les eaux de source employées à la consommation des grandes villes et dont le renouvellement est fréquent, pourraient en contenir accidentellement des traces sen- sibles sans que leur valeur hygiénique pût en souffrir. On admet généralement qu’une eau ne pourrait être considérée connue potable si elle contenait plus de 1 à 2 milligrammes AzH3 par litre et beaucoup d’auteurs trouvent même cette pro- portion trop élevée ; ainsi le Congrès international d’hygiène de Bruxelles n’aclmet pas plus de 1/2 milligramme au maximum, limite que nous avons adoptée dans notre édition de 1889, où nous condamnions sans aucune restriction toute eau contenant une quantité d’ammoniaque suffisante pour que le réactif de Nessler y produise une coloration immédiate, le liquide étant examiné de haut en bas. Nous serions actuellement moins sévère, c’est-à-dire que nous ne proscririons plus de telles eaux que si, elles contenaient en même temps de l’acide nitreux ou encore de l’acide nitrique et des matières albuminoïdes, mais nous n’hésiterions pas à boire et par suite à tolérer l’usage d’une eau contenant 1 et même 2 milligrammes d’AzH3 par litre si elle était absolument exempte des produits que nous venons de mentionner; tout au plus la ferions-nous surveiller et l’examinerions-nous à plusieurs reprises afin de constater si l’anomalité persiste, auquel cas seulement nous la rejetterions non comme immédiatement mauvaise, mais comme se trouvant dans les conditions nécessaires pour le devenir. Pour le surplus, nous ne pouvons que reproduire ce que nous écrivions en 1889 au sujet de l’appréciation à émettre après examen rapide d’une eau au point de vue ammoniacal: m HYGIENE “ Lorsque la coloration produite par le réactif de Nessler n’apparaît qu’au bout de quelques secondes, l’eau pourra être considérée comme bonne et elle le sera d’autant plus, toutes choses égales d’ailleurs, que la réaction sera plus lente à se manifester. „ 2° Acide nitreux. — On a constaté la présence de cet acide dans les eaux de pluie après de violents orages et sous forme de nitrite ammonique, mais ce sont là des exceptions etl’on doit dire qu’en règle générale une eau potable ne peut en contenir, attendu qu’il est caractéristique soit d’une pollution par des matières organiques incomplètement oxydées, soit de la réduction des nitrates par des microorganismes proliférant au sein de matières organiques en voie de décomposition prononcée. De toute manière, sa présence implique un danger possible et doit suffire pour faire rejeter l’eau, surtout si elle est en même temps ammoniacale ou nitrique; donc toute eau dans laquelle mie coloration bleue se manifeste instantanément ou au bout de 2 ou 3 secondes sous l’action du réactif de Tromsdorff ou de Boettgersera classée parmi les mauvaises ou parmi les suspectes suivant qu’elle contiendra ou non des sels ammoniacaux, des nitrates ou des matières organiques azotées. 3° Nitrates. — Le Congrès de Bruxelles ne veut pas d’une quantité d’acide nitrique supérieure à 2 milligrammes par litre, mais presque tous les auteurs et, à leur suite, tous les chimistes aussi bien officiels que particuliers, ont laissé tomber cette déci- sion en désuétude, de telle sorte que l’anarchisme — pardon, cela sent la bombe, mais le mot est devenu à la mode — règne en maître sur ce point, les uns et ce sont les modérés, reculant la limite jusque 20 milligrammes, tandis que les autres ne craignent pas d’affirmer que des eaux contenant 300 à 400 milligrammes de nitrates alcalins ou alcalino-terreux par litre sont toujours potables ! On veut bien convenir qu’à de semblables doses les nitrates peuvent ne pas rester inoffensifs à la longue, mais du moment qu’ils ne tuent pas immédiatement le... patient, que veut-on de plus ? ! Nous l’avons dit au Congrès do Bruxelles et l’avons répété à plu- sieurs reprises depuis : l’acide nitrique ne doit pas se rencontrer ACIDE NITRIQUE 329 dans les bonnes eaux potables ou s’y trouver à peine à l’état de traces, mais comme il n’est pas toujours possible de se procurer de telles eaux, nous estimons que l’on peut tolérer l’usage de celles qui en contiennent des proportions notablement supérieures à 2 mil- ligrammes par litre, sous réserve qu'il s'y trouve seul comme com- posé azoté. En effet, si l’origine de l’acide nitrique peut être généralement attribuée à la contamination de i’eau ou du sol par des matières organiques azotées, ce qui le rapproche des produits azotés dont il est fait mention aux littera 1" et 2° ci-dessus, sa présence implique par contre, une destruction, une oxydation complètes de ces matières devenues ainsi inoffensives. D'autre part, ce composé se trouve également et en quantité sensible dans les eaux de pluie et il peut provenir, en outre, de la nitrification naturelle qui s’opère incessamment à la surface des prairies et autres terrains gazonnés, soit du lessivage de nitrières artificielles ou de matériaux salpêtrés quelconques. Or, dans tous ces cas, il doit être considéré, au point de vue hygié- nique, comme un élément quelconque dont la nocuité doit être appréciée physiologiquement, c’est-à-dire d’une manière absolue et non relative. Mais il ne faut jamais perdre de vue, nous ne pourrions trop le répéter, que les eaux contenant de l’acide nitrique l’ont em- prunté le plus souvent aux terrains qu’elles ont traversés, ou aux matières organiques azotées qui y ont été introduites antérieure- ment de l’une ou l’autre manière, de telle sorte qu’elles doivent toujours être tenues en suspicion, les circonstances favorables à l’oxydation complète de ces matières, soit dans le sol soit dans . l’eau même, pouvant disparaître ou cesser d’agir avec une éner- gie destructive suffisante. Dans ce cas il sera toujours accom- pagné de sels ammoniacaux, de nitrites ou de matières organi- ques en voie de décomposition et souvent même de tous ces produits réunis, dénotant ainsi la continuité de la pollution et l’inefficacité de la purification naturelle. Nous avons vu chapitre II, page 275, que parmi les sources d’acide nitrique on doit compter le lessivage des terrains chargés d’engrais naturels ou artificiels et nous venons de rappeler en outre que l’action de l’oxygène peut être insuffisante soit abso- 330 HYGIÈNE lument, soit relativement, par suite d’un excès d’apport à un moment donné, de matériaux nuisibles. Il en résulte nécessaire- ment, et c’est en effet ce qui a été constaté pratiquement, que la teneur en acide azotique d’une eau donnée, pourra varier très sensiblement d’un jour ou d’une saison à un autre jour ou à une autre saison, ce qui oblige une fois de plus à surveiller attentive- ment les eaux dans lesquelles on a rencontré des nitrates. Mais il y a plus : si le dosage n’a pas été effectué immédiatement ou tout au moins peu de temps après le puisage, on pourra fort bien ne plus trouver d’acide nitrique du tout, alors pourtant que l’eau en contenait des quantités sensibles, la destruction de cet élé- ment continuant à s’effectuer en vase clos sous l’influence de cer- tains micro-organismes dits ferments nitriques. On peut donc dire que l’appréciation d’une eau au point de vue de sa teneur en azote nitrique, exige quelque attention et ne peut être basée exclusivement sur une question de quantité- celle-ci pouvant être très petite et provoquer le rejet de l’eau, ou relativement élevée et n’impliquer aucun danger même lointain, mais simplement la nécessité d’un examen fréquemment renou- velé. Si maintenant l’on nous demandait de préciser quand même un chiffre au-delà duquel une eau ne pourrait plus être tolérée, nous répondrions en... nous récusant, mais nous n’hésitons cependant pas à dire que nous n’admettrons jamais que l’on puisse, comme l’a fait M. le professeur Blas, de Louvain, porter ce chiffre à ÎOO milligrammes et considérer en outre comme pas- sables les eaux qui contiennent moins de 200 milligrammes d’acide azotique. Il nous est impossible d’accorder que l’on puisse justifier cette manière de voir, sous prétexte que l’on serait obligé de condam- ner à peu près toutes les eaux d’une ville si l’on ne reculait pas aussi fortement les limites maxima généralement admises : de tels arguments peuvent être employés par des administrateurs accu- lés devant la nécessité |d’ augmenter les impôts ou de céder la place à d’autres, mais il ne nous semble pas qu’ils puissent rece- voir l’approbation des physiologistes et des hygiénistes. Du reste M. Blas lui-même l’a parfaitement compris, car il déclare en ter- minant son important et si hautement intéressant travail qu’“ au- SELS D’ALUMINE 331 cune eau de puits de Louvain ne peut être déclarée absolument bonne celles qu’il classe dans la première catégorie n’étant “ que les moins mauvaises ou celles qui sont relativement bonnes La ville de Louvain n’est du reste pas la seule, à beaucoup près même, qui soit aussi mal lotie sous le rapport des eaux de puits en Belgique : celles d’Anvers, de Bruxelles, de Liège, etc., etc., peuvent être placées sur la même ligne ou à peu près, et si nous parlons de celle-là plutôt que de celles-ci, c’est en raison de la valeur du travail de M. Blas et de l’autorité scientifique dont jouit, à si juste titre, ce savant professeur; or, plus l’opinion d’un homme a de poids et plus la critique a le droit et le devoir d’être sévère et de montrer les défauts de la cuirasse. 4° Sels d'alumine. — Ne doivent pas se rencontrer dans les eaux potables, auxquelles ils communiquent une saveur désa- gréable et dont l’introduction dans l'organisme ne peut être que nuisible. Cependant, comme il est presque impossible qu’en tra- versant des terrains feldspathiques, les eaux ne dissolvent pas une petite quantité de sels d’alumine et que ceux-ci ne sont pas toxiques, on ne devra rejeter de la consommation que celles dans lesquelles les dits sels se rencontreraient en proportion assez forte : 10 à 20 milligrammes par litre, par exemple. Nous avons vu que l’argile se rencontre assez fréquemment parmi les matières en suspension dans certaines eaux de fleuves, de rivières, etc., et qu’elle se dépose avec une grande lenteur, passant même à travers les meilleurs filtres, dont elle obstrue promptement les pores. Des eaux de l’espèce ne peuvent être considérées comme potables sans une filtration préalable par- faite, et doivent être rejetées, même pour les usages domestiques et industriels; c’est ainsi que l’on a constaté que les plantes, les arbustes, etc., arrosés par des eaux tenant en suspension du sili- cate basique d’alumine hydraté, dépérissaient promptement, tous les stomates étant rapidement obstrués. Il ne semble pas douteux que l’usage continu, prolongé de semblables eaux prises comme boisson, ne puisse provoquer des accidents de même ordre, absolument comme ces gourmands du goudron, mourant pour ainsi dire d’inanition et à l’autopsie desquels on trouve la muqueuse gastrique tapissée d’une magnifique et épaisse couche- 332 HYGIÈNE de cette substance, ainsi que nous avons pu le constater person- nellement. 5° Sels «le manganèse. - On a constaté leur présence dans certaines eaux de puits, de rivières, de fleuves, etc., mais nous croyons qu’ils doivent être assez rares ou en quantité très mi- nime, car nous n’avons jamais rencontré jusqu’ici d’eaux qui en continssent. Il est juste d’ajouter cependant que nous n'avons jamais non plus porté particulièrement notre attention sur ce point, de telle sorte que nous n’en parlons ici que par ouï-dire et sur la foi d’auteurs plus heureux ou mieux renseignés. On a rencontré le manganèse dans les tissus animaux et no- tamment dans le sang, mais si irrégulièrement et en quantités tel- lement infinitésimales, que l’on est en droit de se demander s’il fait ou non partie intégrante de l’organisme, et de conclure à son inutilité absolue dans les eaux potables. D’autre part, l’action de ceux de ses composés que l’on pour- rait trouver en dissolution dans les dites eaux, étant nulle ou insignifiante, on ne devra s’en préoccuper, au point de vue hygié- nique, que si leur proportion était égale ou supérieure à quel- ques milligrammes par litre. 6° Sels de magnésie. — Ce sont des éléments normaux mais comme ils sont absolument inutiles dans les eaux potables, nous les placerons ici. M. Gautier les condamne, cependant il admet qu’ils ne peuvent rendre les eaux suspectes que si leur proportion s’élève à plus de O'GOO par litre. A notre avis, on doit considérer comme impropre à l’alimen- tation toute eau contenant plus de 50 milligrammes, et connue étant de très médiocre qualité celle qui en contient plus de 20 à 25 milligrammes. Il ne peut pas être indifférent, en effet, d’absor- ber journellement des quantités de sulfate ou de chlorure de ma- gnésie pouvant atteindre de 0sr25 à 1 gramme et même plus, sui- vant le volume de liquide ingéré. Je ne laisserais ni moi ni les miens mourir de soif à côté d’un verre d’eau contenant 200 à 300 milligrammes de sels magnésiens par litre, mais j’éviterais soigneusement d’en faire un usage habituel. Il est incontestable du reste que de semblables eaux ne sont pas agréables à boire et qu’elles peuvent à la longue débiliter l’organisme, surtout pendant les chaleurs. SILICE, FER, MATIÈRES GRASSES 333 “ Absorbés dans l'intestin et introduits dans le sang en sura- bondance, les sels magnésiens tenden^ à se précipiter à l’état de phosphate ammoniaco-magnésien, et à former des dépôts dans les divers organes, les reins et la vessie, pour peu que l'économie soit disposée à l’affection calculeuse et dès que les urines devien- nent neutres ou alcalines „ (A. Gautier). Enfin, elles ne conviennent pas aux usages domestiques. 7° Silice et silicates. — Etant inutiles, ces substances ne peuvent être que nuisibles; aussi doit-on considérer les eaux dans lesquelles on les rencontre, comme étant de qualité plus ou moins douteuse, suivant les proportions. Le Dr Guilbert attribue à la quantité considérable de silice que contiennent les eaux du Noyonnais : CT010 à 0S''030 par litre, les caries et pertes de dents excessivement fréquentes dans la région. Même observation dans les Pyrénées où les eaux sont également très siliceuses. Ces eaux ne peuvent du reste que fatiguer l’estomac et donner lieu, par doubles décompositions, à la formation d’éléments plus nuisibles encore ; enfin, elles sont généralement impropres aux usages domestiques. 8° Sels de fer. — Se rencontrent en dissolution dans cer- taines eaux sous forme de carbonates, de sulfates, de crénates ou d’apocrénates et, en suspension, à l’état d’oxyde. On peut assez facilement s’en débarrasser par exposition à l’air libre et filtra- tion, sauf lorsqu’il s’agit des combinaisons humiques, qui sont généralement très stables. Lorsque la proportion de fer n’est pas supérieure à quelques milligrammes par litre : 1 à 5, par exem- ple, elle ne présente guère d’inconvénients, mais à une dose plus considérable, les eaux doivent être tenues en suspicion, leur usage constant ne pouvant être que nuisible à l’organisme. 9° Matières grasses. — Leur présence implique une pollu- tion par des eaux ménagères, d’égouts, etc., ou par les eaux- vannes de certaines industries : fabriques de savon, de marga- rine, huileries, blanchisseries, etc. Quelle que puisse être leur innocuité, on doit considérer comme étant impropres à la con- sommation toutes eaux contenant des matières grasses. Même remarque en ce qui concerne les matières goudron- 334 HYGIÈNE neuses que l’on rencontre parfois dans les eaux contaminées par les résidus de certaines industries. 10° Matières organiques. — Une eau potable physiologi- quement pure ne doit pas contenir la moindre trace de matières organiques, mais il en est de ces éléments comme de bien d’au- tres : en fait, les meilleures eaux en empruntent des traces soit à l’atmosphère, soit aux terrains qu’elles ont traversés; cependant comme ces matières sont presque toujours très rapidement dé- truites soit par l’oxygène, soit par les microorganismes, on peut dire que, pratiquement, les eaux de source non contaminées en sont absolument exemptes. Cela étant, examinons brièvement quelles peuvent être les limites de la tolérance que l’on peut accorder à celles qui en contiennent. Pour ce faire, nous devons tenir compte de la nature, de l’état, de la forme, de l’origine et de la proportion des matières orga- niques dont nous aurons reconnu la présence et effectué le dosage. Au point de vue de leur nature, nous les distinguons en végé- tales et animales ; de leur état, en inaltérées ou décomposées et de leur forme, en amorphes ou organisées; leur origine et leur quantité pouvant être très diverses et très variables. Les matières végétales sont constituées soit par des débris de feuilles, de bois, d’herbes, de tissus divers, etc., soit par des or- ganismes inférieurs, tels que champignons, algues, etc., pour l'étude desquels nous renvoyons au § IV ci-après, soit par des matières humiques ou autres en dissolution. Les matières humiques , ulmiques ou géiques provenant de la décomposition ou de la putréfaction lente des matières cellulo- siques dans les terrains ligneux, tourbeux, etc., sous l’action de la chaleur, de l’humidité, probablement même de certains micro- organismes spéciaux et que l’on rencontre en dissolution dans l’eau sous forme d’ulmates, crénates etapocrénates alcalins, ferru- gineux, etc., ou encore d’ulmine ou d’humine, etc., paraissent être sinon complètement inoffensives, tout au moins peu dangereuses. Ainsi dans les pays recouverts de tourbières, de vastes bruyères ou d’immenses forêts comme la Hollande, certaines régions de la Belgique et de la France, l’Amérique du Sud, etc., on boirait MATIÈRES ORGANIQUES VÉGÉTALES 335 impunément des eaux jaunâtres, brunâtres, presque noires même et contenant ou peuvant contenir de 0Brl à 0sr3 et même plus de matières humiques. En admettant qu’il en soit réellement ainsi, cela ne prouverait pas absolument que ces eaux sont inoffensives; mais si nous nous en rapportons à ce que nous avons vu et appris sur les lieux mêmes, nous avons le droit d’émettre un doute sérieux sur les appréciations favorables que nous venons indiquer. Ainsi on peut lire dans Y Encyclopédie d’hygiène et de médecine publique du Dr Rochard, t. II, p. 435, que “ la petite ville d’Arcachon, boit sans inconvénients sensibles des eaux jaunâtres colorées par la matière humique empruntée au sous-sol environnant Or, nous avons habité cette localité pendant un an (1891) et nous savons, de science certaine, que l’état sanitaire de la population s’est considérablement amélioré depuis que l’édilité a fait établir une distribution d’eau potable puisée au lac de Gazau et amenée non sans grands frais, dans toutes les parties de la ville. Les ar- guments employés par le corps médical de cette cité balnéaire enchanteresse, pour démontrer à qui de droit la nécessité de supprimer l’usage des eaux de puits déclarées hautement insa- lubres, etc., etc., sont encore présents à l’esprit de tous les habi- tants et ont du reste été publiés dans des brochures, opuscules, journaux, etc., dont plusieurs nous ont été communiqués. L’expérience suivante, rapportée dans le même ouvrage, p. 436, serait plus caractéristique si elle était accompagnée des documents analytiques nécessaires pour apprécier le degré d’impureté de l’eau et si en outre elle avait été continuée pen- dant un temps suffisant. Telle quelle, elle prouve simplement que les eaux peuvent être très chargées de matières végétales sans être toxiques ou immédiatement dangereuses; encore faut- il faire remarquer qu’il s’agit d’un cours d’eau à ciel ouvert, rece- vant les liquides de macération d’une plante exposée à l’air libre, liquides dont le principal inconvénient est d’absorber assez rapidement l’oxygène dissout pour tuer les poissons, mais qui ne sont, en somme, que des macérations végétales récentes diluées dans une grande masse d’eau et continuellement, incessamment renouvelées. Ceci dit, voici l’expérience dont il s’agit. M. Parent-Duchatel désirant s’assurer si réellement les eaux 33G HYGIÈNE jaunâtres, cl’une odeur repoussante et d’un goût nauséabond, de ces petites rivières ou ruisseaux bordés de routoirs, sont réellement aussi dangereuses que le public le dit, en fit recueillir une certaine quantité qu’il filtra soigneusement et qu’il but et fit boire pendant plusieurs jours à une partie de sa famille et à plusieurs malades de la clinique d’Andral, sans le moindre acci- dent. “ Il n’y a donc pas de danger réel à avaler ainsi quelques gor- gées d’eau filtrée, salie de matières humiques ou même en état de se décomposer „ (A. Gautier). Pas plus évidemment, ajoute- rons-nous, que d’avaler quelques gouttes de liqueur de Fowler ou tout autre toxique analogue, mais nous nous permettrons de faire remarquer qu’il ne s’agit pas ici d’expériences de courte durée, mais bien de la potabilité journalière, de l’usage indéfiniment prolongé d’eaux contaminées, ce qui change la question du tout au tout. Il ne viendra, en effet; à l’idée de personne de faire son ordinaire d’une eau de routoir et si cela arrivait, nous doutons fort que l’expérimentateur pût continuer à la boire pendant bien longtemps. Quoi qu’il en soit du reste des observations pour ou contre la nocuité des matières humiques, il paraît évident qu’elles peu- vent se rencontrer dans les eaux en quantité assez élevée : de- puis quelques milligrammes jusque quelques centigrammes, sans altérer sensiblement leur pureté; cependant nous ne considére- rions pas, à beaucoup près même, comme potables des eaux en contenant jusque 0?r100 (Blas), 0sr120 (Almen), 0gr150 (La- joux). Mais il importe de faire une distinction au sujet de l’origine de ces matières et de ne pas confondre les eaux circulant sur des terrains semblables à ceux dont il est question plus haut et les eatix stagnantes marécageuses dont l’action délétère a été mise en évidence pages 287 et suivantes. Il est vrai que l’analyse chimique ne permet point semblable distinction, mais si Y analyste ne connaissait pas l’origine de l’eau soumise à son examen — ce qui arrive parfois, certaines per- sonnes se faisant un malin plaisir d’embarrasser le chimiste en lui cachant la nature de l’eau qu’elles lui envoient ou même, EAUX MARECAGEUSES 337 comme le rapporte Miquel, en la salissant expressément! comme si les difficultés n’étaient déjà pas assez grandes naturellement — il lui suffirait de recourir à l’examen microscopique; celui-ci lui révélerait certainement la présence d’organismes inférieurs : algues blanches, infusoires, etc., qui ne se rencontrent que dans les eaux stagnantes altérées. En effet, les eaux de tourbières, de bruyères, de forêts, etc., non stagnantes ni croupissantes, c’est-à-dire non marécageuses , peuvent tenir en suspension des débris végétaux plus ou moins nombreux, des grains de pollen, des débris d’insectes, des par- ticules terreuses, ferrugineuses, etc., mais en fait d’organismes, il est rare d’y trouver autre chose que des diatomées et quelques algues vertes ou brunes. Il ne peut être sans intérêt de rapporter ici en soulignant cer- tains passages ou certains termes sur lesquels nous aurons l’occa- sion de revenir sur les dangers des eaux marécageuses, l’opinion de deux savants français, MM. A. Gautier et Marchand, qui se sont tout particulièrement occupés de l’étude des dites eaux au point de vue hygiénique. Le premier attribue, il est vrai, l’ac- tion délétère de ces eaux non aux matières organiques elles- mêmes, mais bien aux microorganismes de toute nature qui peuvent s’y développer abondamment, grâce à la présence des nombreux produits de décomposition de ces matières; cependant il ne peut se défendre, malgré ses convictions microbiopathogé- niques nettement caractérisées — pour s’en convaincre mieu^ encore, voir ci-après — de reconnaître incidemment que le mi- crobe n’est pas tout. “ Les eaux cl’étangs ou de mares sont malheureusement, faute de toute espèce d’eau, quelquefois grâce à l’incurie des habitants, la boisson habituelle de plusieurs contrées. „ “ Sur les bords de notre Méditerranée, toutes les populations chétives de pêcheurs, de chasseurs et de laboureurs de la Camar- gue et des basses plaines en bordure des étangs et de la mer ne s’abreuvent guère que de ces eaux marécageuses. „ Dans la saison d’hiver, alors que la plupart des êtres infé- rieurs restent ensevelis dans leurs germes, et que la rigueur de la température empêche la pullulation des microorganismes, ces 22 338 HYGIÈNE eaux, quoique stagnantes et chargées de débris fermentescibles, n’ont souvent à être bues de désavantage que leur fadeur, leur peu d’aération et l’excès de leurs sels terreux ou de leurs matières organiques. Mais, dès les premières chaleurs de l’été et plus encore au moment des pluies d’automne, se développent dans ces eaux dormantes les innombrables germes d’infusoires et de microbes que l’air, le sol et les ensemencements des précédentes années y ont accumulés. Les produits de la vie normale , et plus tard de la décomposition de tous ces êtres microscopiques, se dis- solvent dans les eaux et s 'en exhalent même quelquefois à l’état de gaz miasmatiques délétères. Leurs émanations peuvent devenir si denses que l’approche seule de certains marais et des lacs sacrés des solitudes et pèlerinages célèbres de l’Inde est quelque- fois dangereuse pour le voyageur. A plus forte raison, la boisson de ces eaux devient-elle pour l’homme et les animaux une cause active d’accidents de toute sorte et quelquefois d’épidémies meur- trières. On ne saurait douter que l’emploi de tels breuvages, plus encore que le séjour au bord de ces marais ou de ces lacs méphi- tiques, ne soit le mode le plus habituel par lequel se transmettent et se répandent la fièvre intermittente, la dysenterie et le cho- léra. ,, “ En résumé, que ces eaux baignent ou non des végétaux, dès qu’elles deviennent croupissantes et soumises à l’action de la chaleur et de la lumière, elles constituent un terrain de culture où se développent non seulement les gaz et les miasmes les plus délétères, mais où pullulent en quantité innombrable les êtres les plus variés et les plus dangereux. Tout au plus pourra-t-on, si l’on vit dans des pays dénués d’autres eaux de boisson, détru ire ces organismes et ces miasmes par Y éb ullition préalable de ces eaux dangereuses. „ (A. Gautier, loc. cit., pp. 400 à 402). Marchand, qui a surtout étudié le développement de la matière organique dans les eaux de marais ou d’étangs du pays de Caux a fait à ce sujet les remarques suivantes : Si les eaux stagnantes sont exposées à la lumière et ne bai- gnent pas de grands végétaux (c’est le cas des étangs), elles se recouvrent d’abord de productions cryptogamiques vertes ou rouges qui envahissent peu à peu la surface; puis quand cette EAUX MARÉCAGEUSES 339 végétation est arrivée à intercepter en partie la lumière clans les couches inférieures du liquide, il se développe au-dessous d’elles une infinité d’animalcules microscopiques. Ceux-ci ne vivent que d’une existence éphémère: ils meurent bientôt; de nouvelles gé- nérations se produisent, se succédant ainsi à bref délai, tandis que leurs restes se déposent au fond de l’eau et s’y putréfient. En même temps que se passent ces transformations, si l’eau contient des sulfates, et c’est le cas le plus général, ces sels se décomposent à leur tour, grâce aux matières organiques et aux bactéries ré- ductrices, et deviennent une nouvelle cause de production de gaz fétides; il se dégage bientôt de l’hydrogène sulfuré et jusqu’à des hydrures de phosphore, tandis que le liquide devient alcalin. „ Si au contraire les eaux baignent des végétaux aquatiques (tel est le cas des marais), un grand nombre d’infusoires naissent au-dessous des feuilles des plantes, meurent et se déposent’comme précédemment au fond de l’eau. Parmi les productions crypto- gamiques apparaissent surtout des mucédinées, la Conferva cris- pata si envahissante, la C. bombyeina, la C. vesicata, le Melosira varians, Y Orchalccea de Morren; les animaux sont représentés par de nombreux infusoires de diverses espèces, des insectes, des œufs et des germes. En même temps, ces eaux fourmillent de bactéries de toute nature. „ Dans le cas des marais où les typhci, les carex, les roseaux abondent, sous l’influence de la disparition continue des gaz putrides que les végétaux absorbent ou détruisent, grâce à leur oxygène, les eaux ne développent aucune ou presque aucune odeur. Elles se colorent seulement un peu par l’humus. Elles dis- solvent une matière acide , jaunâtre, non azotée , et tiennent comme en suspension une sorte d’albumine qui leur communique une légère viscosité. Elles acquièrent ainsi cegoûtfade caractéristique, dit goût marécageux. L’été surtout , ces eaux sont difficilement supportées et fatiguent V estomac. Elles produisent de l’embarras gastrique, des flatulences, du dévoiement, lors même qu’elles ne transmettent pas à l’homme ou aux animaux les germes de maladies plus graves : fièvres intermittentes, rémittentes ou per- nicieuses. „ ( Loc . cit., pp. 401 et 402.) Nous pourrions multiplier ces exemples en les empruntant à divers auteurs anglais, allemands, etc., mais ce serait nous répéter 340 HYGIÈNE inutilement, ceux que nous venons de citer les résumant tous et suffisant du reste à la démonstration du principe de la différen- ciation des eaux de marais, stagnantes ou croupissantes, char- gées de matières organiques végétales et même animales en dé- composition et les eaux courantes des terrains tourbeux et autres, contenant simplement des matières humiques, sortes de sels végé- taux relativement inoffensifs, en dissolution. Il en résulte que si l'on peut admettre ces dernières à concurrence de 30, 40, 50 milligr. par litre, on devra se montrer beaucoup plus sévère au sujet des premières et ne pas en tolérer plus de 10 à 20 milligr. au maximum par litre. Rappelons que la proportion des matières organiques varie avec les circonstances, la saison, etc., et même du matin au soir dans les eaux tranquilles. Ferrand (de Lyon) explique le fait comme suit : “ La matière organique, plus légère que toutes les autres sub- stances en suspension dans l’eau, se précipite naturellement la dernière pendant la nuit, quand le liquide est au repos dans les tuyaux. Le matin, au contraire, quand les ménagères ouvrent en masse les robinets d’alimentation, une secousse est donnée à la masse aqueuse et la matière organique est appelée la première. „ (In Prothière, loc. cit.) Si certaines matières organiques d’origine végétale peuvent être tolérées occasionnellement, l’on ne pourrait par contre se mon- trer trop sévère en ce qui concerne les matières animales; aussi tous les hygiénistes sont-ils d’accord pour les proscrire énergi- quement et rejeter toute eau qui en contient des traces sen- sibles. Les raisons de cet ostracisme sont diverses. Pour quelques- uns, ces matières sont nuisibles parce que azotées et décomposa- bles en produits ammoniacaux, nitreux, suif hydriques, etc., dont l’ingestion peut être suivie d’accidents; pour d’autres, il y a lieu d’ajouter à ces produits ceux bien autrement nocifs connus sous la dénomination de ptomaïnes de la putréfaction ; pour d’autres encore, les eaux contenant des matières animales ne sont mau- vaises que par le nombre et surtout la nature des germes (lisez microbes) qu’elles contiennent ou peuvent contenir; enfin, pour MATIÈRES ORGANIQUES AZOTÉES 341 tous ou tout au moins pour le plus grand nombre, elles doivent être suspectées en raison de l’origine, la plupart du temps féca- loïde, des matières dont il s’agit. Les partisans du contage inanimé jugent de la valeur hygiéni- que d’une eau par sa teneur en azote ; ceux qui professent les opinions de M. Pasteur et de M. Koch se basent sur les résultats de l’analyse microbiologique pour prendre une décision. Pour les premiers, toute eau qui contient plus de 0”lgrl à 0“,gr2 d’azote albuminoïde par litre, doit être rejetée ou fortement suspectée suivant les cas et ne peut jamais servir à la consommation jour- nalière. La conséquence nécessaire de cette manière de voir est la condamnation formelle, absolue de toutes les eaux de puits, de rivières, de fleuves, de canaux, etc., polluées par les eaux d’égout, de fosses d’aisance, de fosses à purin, etc., etc., ainsi que par tous les détritus de même nature. Cette manière de voir n’a pas été sans soulever des objections. On a dit que toutes les matières animales ne sont pas égale- ment dangereuses et qu’il en est même d’inoffensives : telles sont par exemple la leucine, la tyrosine, certaines matières protéiques très lentement et surtout très difficilement décomposables, etc. On a en outre soutenu que les eaux courantes rapides, large- ment exposées à l’air et au soleil, peuvent être salies, sans in- convénients sensibles, par des produits en voie de putréfaction même s’ils sont azotés, la lumière, l’oxygène, les plantes vertes, certains microorganismes, etc., brûlant rapidement ces matières. Enfin, on a ajouté que si l’ on devait condamner toutes les eaux qui contiennent plus de 0'"gr2 d’azote albuminoïde, on ris- querait d’assoiffer des populations entières qui pourtant usent, depuis toujours et sans aucun inconvénient, d’eaux bien moins pures. C’est ainsi par exemple qu’un chimiste français, M. Petit) de Paris, a affirmé au Congrès d’hygiène de 1885, avoir trouvé dans les eaux de la Vanne qui alimentent Paris et sont recon- nues excellentes, de lmgr2 à lulgr4 azote albuminoïde et que d’au- tres ont rencontré dans certaines eaux de tourbières qu’ils déclarent délicieuses, (F8 à 1 milligramme d’azote de même nature. Que certaines matières animales soient inoffensives ou peu dangereuses, c’est là un fait incontestable; il ne viendra, en effet, 34 2 HYGIÈNE à l’esprit de personne de soutenir que le bouillon et la viande sont nuisibles à l’état frais, mais les exemples d’empoisonnement souvent mortels par ces mêmes substances altérées sont trop nombreux pour qu’il soit permis de mettre leur nocuité en doute. Cependant, la quantité de produits toxiques joue ici un grand rôle : c’est ce que M. Gautier a prouvé en injectant à de petits oiseaux (moineaux et serins) 10 centigrammes de jus de viande en putréfaction depuis trois semaines sans les tuer. Il est vrai que ce savant ajoute que ce résultat favorable est dû à la pré- caution qu’il avait prise de séparer les microbes par une filtra- tion parfaite ou par ébullition. D’après lui, ce ne serait que tout à fait exceptionnellement que les matières putrides “ s’accumu- leraient dans les eaux en quantité suffisante pour les rendre sen- siblement et directement nuisibles. „ ( Loc . cit., p. 437.) Mais on oublie trop, dans des expériences de cette nature, le rôle que joue le “ temps „ et dont l’importance est capitale. Certes, on peut quelquefois boire de temps à autre une gorgée d’eau détestable, polluée au plus haut point, sans courir grands risques, mais que l’on essaie donc de s’alimenter journellement avec semblable liquide et l’on nous en dira des nouvelles ! Et pourtant nous savons avec quellefacilité l’organisme s’accommode des substances qui lui sont le plus nuisibles. D’autre part, les déjections animales, c’est-à-dire celles que l’on rencontre le plus fréquemment dans les eaux potables, sont constituées par des matières organiques ayant subi une décom- position profonde et se présentant, par conséquent, dans les con- ditions les plus favorables à une putréfaction rapide et intense. C’est ainsi que M. Gautier a pu dire avec infiniment de raison qu’à “ cause de son activité extrême et des transformations qu’elle peut subir, la matière organique des déjections humaines et des résidus de la vie journalière doit être, en effet, plutôt ap- préciée par sa qualité que par son poids. „ Il est incontestable, et nous avons insisté sur ce point page 301, que certaines eaux se purifient promptement, mais il importe de ne pas perdre de vue que la destruction de la matière organique n’est jamais, à beaucoup près même, instantanée et que si la pol- lution est continue elle fera toujours sentir ses effets sur une étendue plus ou moins considérable à partir du lieu même où elle se produit. MATIÈRES ORGANIQUES AZOTÉES 343 Nous avons dit également et nous ne pourrions trop le répéter, que l’état de santé des populations n’est pas et ne peut pas être un critérium absolu de la valeur hygiénique d’une eau. Tout d’abord rien n’est moins précis, plus élastique, que les statisti- ques médicales; en second lieu, l’accoutumance joue un rôle con- sidérable; enfin, on a constaté que les maladies épidémiques frappaient avec le plus de rigueur là où les conditions hygiéni- ques étaient le moins satisfaisantes: or, parmi ces conditions, nul ne conteste le rôle considérable des eaux de boisson. Les microbiologistes n’envisagent la question qu’au point de vue du contage animé ; pour eux, les matières animales, même les plus fortement putréfiées, n’ont d’autre inconvénient que d’in- troduire dans l’eau des bactéries pathogènes ou bien de consti- tuer un milieu favorable à leur pullulation. Il suffirait de filtrer avec soin ou de faire bouillir pour éloigner tout danger. “ Sans doute, dit M. Gautier, le croupissement des eaux, leur désaération, la putréfaction des substances organiques altérables qui les charge de matériaux à odeurs infectes, d’acides gras or- ganiques, de gaz délétères, de substances humiques, etc., consti- stuent des conditions on ne peut plus défavorables au point de vue de l’aspect et du goût, aussi bien que de la digestibilité de ces eaux : ce ne sont plus là certainement de bonnes eaux pota- bles. Mais, sauf quelques cas, comme dans les pays chauds de l’Afrique et de l’Orient, et ces lacs sacrés de l’Inde où se sont accumulées, durant des siècles, des matières animales de toute sorte, les accidents attribuables aux substances organiques dis- soutes ne sauraient être bien graves, et ces eaux pourraient même dans bien des cas servir de boisson, à la condition qu’on p rît la précaution de les faire bouillir , ou de séparer par un bon filtre les microbes qui sont bien autrement dangereux que les pro- duits définis non vivants qu’elles contiennent, lors même qu’ils se- raient putrescibles. „ “ Ce qui fait le danger de ces boissons, c’est surtout la pré- sence des microorganismes qu’elles tiennent en suspension et qui grâce aux sels, aux azotates et aux substances d’origine animale ou végétale, s’y organisent et pullulent rapidement. Comme l’a surtout démontré Pettenkoffer à Munich, lorsque par les temps 344 HYGIENE de sécheresse la nappe d’eau souterraine s’abaisse, elle laisse à sec ou plutôt dans un état d’humidité et de température très favorable à la reproduction des microorganismes, non seulement une partie des parois des puits, mais aussi les canaux souterrains qui mettent ces réservoirs en rapport avec la nappe d'eau du sous-sol. Dès que sous l'influence des pluies de la contrée cette nappe se relève, les eaux qui affluent de toute part entraînent dans le puits toutes les bactéries ou moisissures qui s’étaient produites et accumulées dans les canaux et fissures du sous-sol, aussi bien que les résidus organiques imparfaitement oxydés et souvent chargés de germes venus de la surface et qui avaient imprégné le terrain ambiant. L’eau des puits constitue alors un vrai cloaque; elle prend une odeur sensible, une saveur nau- séeuse et devient un des agents de propagation les plus dange- reux de la scrofulose, des dysenteries et surtout de la fièvre typhoïde. „ . Ce que nous avons dit jusqu’ici delà théorie microbienne, no- tamment pages 292 et suivantes, nous dispense de réfuter ici ce qu’elle a de manifestement exagéré, pour ne pas dire plus. IV. — Éléments en suspension. A. — D’ordre micrographique. a) Favorables. — Les belles et intéressantes recherches de Ch. et A. Morren ont démontré que certains organismes : animal- cules ou plantes verts, devaient être considérés comme des agents de purification des eaux potables. Depuis, divers auteurs et notamment M. A. Gèrardin (1), ont montré tout le parti que l’on pouvait tirer d’une observation microscopique bien faite, en ce qui concerne l’appréciation de la valeur hygiénique d’une eau potable. Voici notamment comment s’exprime sur ce sujet le savant professeur français : “ Si les eaux sont saines, les algues sont plus ou moins volu- mineuses, chargées de chlorophylle; leur structure est complexe, les articulations sont bien marquées et souvent les cellules fruc- tifères sont distinctes des cellules végétatives. „ (1) Arch, (1rs missions scientif. ut litt., 1S73, pp. 4G1 et suiv. b APPRÉCIATION D’ORDRE MICROGRAPHIQUE 345 Cependant on doit, ici comme partout, éviter les extrêmes; aussi ne considérera-t-on pas comme de premier choix une eau qui contiendrait des quantités considérables d’algues vertes et l’on devra même au contraire la tenir en suspicion ou tout au moins comme pouvant devenir ultérieurement mauvaise par suite de la mort et de la corruption de ces plantules sous l’influence de diverses causes imprévues. b) Résultats douteux: ou saus signification précise — La présence d’un très petit nombre de débris végétaux ou animaux autres que ceux dont il sera fait mention aux littera suivants, est sans importance au point de vue hygiénique. Certes, il est pré- férable qu’une eau soit micrographiquement pure, mais c’est là un idéal auquel il ne faut jamais songer, même pour des eaux aussi bien filtrées et aussi bien abritées que faire se peut. c) Éléments dont la présence est suspecte. — On ne connaît jusqu’ici qu’un très petit nombre d’éléments nuisibles par eux-mêmes, mais il en est beaucoup dont la présence doit rendre l’eau très suspecte parce qu’ils sont les indices manifestes d’une contamination ou d’une pollution plus ou moins considé- rable directe ou indirecte, ancienne, récente ou même future. Ainsi de nombreux débris minéraux : argile, marne, craie, sable, charbon, etc., végétaux ou animaux, tels que fibres textiles, poils, herbes, plantes diverses, insectes ; de petites quantités d’algues inférieures colorées ou non, de champignons, d’infusoires, de rotifères, d’arthropodes, etc., doivent faire suspecter la pureté de l’eau. Peu importe du reste qu’ils s’y trouvent tous ou seulement quelques-uns à la fois ou même qu’il n’y en ait qu’un seul : les résultats sont les mêmes et ne varient qu’au point de vue de l’intensité, de la nature et de l’origine. Ainsi, par exemple, si l’eau est habituellement limpide, les matières terreuses indiqueront qu’elle a été salie par des lavages de terrains plus ou moins éloignés ou rapprochés, par le soulèvement des vases du fond, l’érosion des rives, l’afflux de neiges ou de glaciers brusquement fondus, etc. La présence de débris de tissus, de poils, fibres, etc., en grand nombre indiquera que les eaux sont mal abritées ou même qu’elles ont reçu ou reçoivent des eaux ménagères, cl’égouts, de buande- ries, etc. Dans les eaux de surface, qui coulent à travers de grandes HYGIENE agglomérations humaines ou qui stagnent aux environs, la con- statation de ces débris n’a pas une valeur diagnostique et pro- nostique aussi sérieuse que lorsqu’il s’agit d’eaux profondes, puits, citernes, réservoirs de grande canalisation, etc. Dans ce cas, ils constituent des signes évidents de pollution extérieure et mon- trent que des communications anormales : rigoles, fissures, etc., existent entre ces eaux et le sol environnant. Enfin, des algues ou des champignons incolores, des infusoires, des microbes, etc., en petit nombre doivent toujours, à quelques* catégories qu’ils appartiennent, faire soupçonner la pureté du liquide, mais non le condamner, surtout si l’on constate en même temps la présence d’algues vertes supérieures, de diatomées brunes, etc., et si l'analyse chimique n’a pas fourni de résul- tats défavorables au point de vue des matières organiques en dissolution. d ) Eaux impures, non potables. — Doivent être considé- rées comme étant impropres à la consommation, toutes les eaux au sein desquelles les éléments ou organismes ci-après mention- nés seraient rencontrés. 1° Œufs ou larves de ténia, d’ascaride, d’oxyure, d’ankylo- stome cluodénale cl’anguillula intestinalis, de distome, de filaire^ de bilharzie, l’hirudo vorax, etc. 2° Débris ou fragments de fibres musculaires striées ou lisses, de nerfs, de fibres élastiques ou connectives des cristaux ou gouttelettes graisseuses, des grains d’amidon, des pigments ster- coraux, etc., surtout lorsqu’il est démontré qu’ils proviennent de matières fécales, c’est-à-dire qu’ils ont traversé le tube intestinal. Cette démonstration n’est pas toujours des plus faciles, il est vrai, mais en s’aidant des commémoratifs et en tenant compte des renseignements que nous avons donnés pp. 158 à 160 ainsi que de la présence simultanée de plusieurs de ces éléments, on peut fréquemment se prononcer avec certitude sur l’origine de la con- tamination. Au surplus, connue ils indiquent toujours une pollu- tion sinon directement fécaloïde tout au moins due aux eaux sales du ménage, eaux d’égout, d’écurie, de buanderie, etc., pol- lution qui ne peut pas plus être tolérée que celle dont l’origine est attribuable aux fosses d’aisance, etc., des eaux ainsi contami- nées ne peuvent, sous aucun prétexte, être considérées comme APPRÉCIATION D’ORDRE MICROGRAPHIQUE 347 propres à la boisson, aux usages domestiques, ni même au la- vage des mes, planchers, etc. Nous avons déjà vu que les fleuves, canaux, bassins, etc., peuvent être et sont fréquemment pollués par les déjections des bateliers et les résidus de la vie journalière des personnes qui naviguent ou stationnent sur ou dans ces eaux ; lorsque celles-ci ont un cours rapide, c’est-à-dire lorsqu’elles sont fréquemment renouvelées, fortement aérées, etc., et que la contamination n’est ni trop abondante ni trop fréquente, on peut se montrer plus tolé- rant, l’oxydation des matières dont nous parlons étant assez prompte et leur proportion du reste minime. Mais lorsqu’il s’agit de bassins, de canaux à cours lents, cl’étangs, etc., il faut se mon- trer d’une sévérité excessive, même outrée, et ce quand bien même l’on ne croirait pas aux dangers de nature microbienne. C’est ainsi que notre regretté collaborateur et ami , feu le D1' Lermuseau de Leflinghe-lez-Ostende, a signalé depuis et pen- dant plusieurs années, une épidémie de fièvre typhoïde éclatant régulièrement pendant la période sucrière en aval de la grande fabriquede sucre l’ Espérance, de Snaeskerke, fabrique située sur les bords du canal de Plasschendaele àNieuport où les centaines de bateliers qui y conduisent les betteraves jettent toutes leurs or- dures, de telle sorte que l’analyse microscopique y révèle aisé- ment la présence des divers débris d’origine intestinale. 3° Des débris d’ épithélium intestinal, vésical ou vaginal pour- ront être parfois rencontrés dans les eaux de puits, de citernes ou de mares fortement et récemment contaminées par les ma- tières fécales, les urines, etc., de certains malades : dysentériques, typhiques, cholériques, néphritiques, etc. Par contre, il sera ex- ceptionnel de les trouver dans des eaux courantes, surtout rapides. 4° Organismes vivants. — Des quantités plus ou moins consi- dérables de saccharomyces, de monades, d’infusoires, cl’algues inférieures ou de champignons, de vers ou d’arthropodes devront également faire rejeter l’eau; cependant il y a lieu d’établir une distinction entre ceux de ces organismes qui ne peuvent vivre que dans les matières en putréfaction : champignons, microbes, monades, etc., et ceux dont l’organisation, relativement supé- rieure, permet une nutrition directe. 348 HYGIENE Pour le surplus, on devra se, reporter au chapitre II, où nous avons indiqué brièvement les rapports qui existent ou peuvent exister entre certains organismes ou groupes d’organismes, et le degré de corruption des eaux où ils seront trouvés. B. — D’ordre microbiologique. a) Quantitatifs. Théoriquement, on connaît des eaux amicrohiques : la plupart des nappes souterraines, les eaux filtrées par une bonne bougie Chamberlain! et recueillies avec toutes les précautions néces- saires ne contiennent aucun germe. Pratiquement, il n’existe pas une seule eau qui soit absolument pure, de telle sorte qu’un dosage étant terminé on peut et l’on doit se demander quelle est la signification hygiénique des résultats obtenus. A l’origine, on a tenté de fixer un chiffre en deçà duquel toute eau pouvait être réputée bonne, tandis qu’au delà elle devenait suspecte ou mauvaise suivant les cas. Miquel, à qui l’on doit tant et de si précieux documents, tra- vaux et recherches sur l’analyse microbiologique de l’air et des eaux, a établi une sorte d’échelle décimale dans laquelle chaque échelon ou facteur est 10 fois plus élevé que celui qui le précède, de telle sorte que les nombres qu’elle comprend sont aisés à rete- nir. Ainsi une eau qui contient moins de 10 germes par centimètre cube est excessivement pure et plus de 10, mais moins de 100, très pure; de 100 à 1,000, elle est encore pure, tandis que de 1,000 à 10,000 elle est médiocre, impure au delà et jusque 100,000. enfin très impure au-dessus de ce dernier chiffre. 10, 50, 100 millions de microbes par litre d’eau, c’est évidemment énorme et l’on comprend qu’un bactériologue et, à fortiori , le vulgurn pec»s, dont nous faisons tous plus ou moins partie, recu- lent effrayés devant une semblable invasion; aussi nombre de spécialistes estiment-ils que leur aîné s’est montré trop bon prince et conseillent-ils de ne considérer comme potables que les eaux dans lesquelles on ne découvre pas plus de 500 ou même 300 microbes — ce dernier chiffre semble même détenir le “ re- cord „ — par centimètre cube. Il est juste d’ajouter, cependant, que APPRÉCIATION D’ORDRE MICROBIOLOGIQUE 349 bon nombre de savants sont d’avis qu’il est puéril de vouloir fixer un chiffre et que c’est se leurrer et leurrer le public que d’agir de la sorte. “ Une eau est pure quand elle est pure, dit M. Duclaux, c’est- à-dire quand elle ne contient pas de germes du tout. Si dans les laboratoires nous faisons parfois des numérations, ce n’est pas pour faire des fétiches des chiffres trouvés, c’est pour recueillir des faits et y puiser des idées, suivant la formule de Buffon. Mais nous n’avons jamais songé à considérer comme inoffensifs les germes qui sont au-dessous de 300, comme dangereux ceux qui dépassent ce chiffre. Nous nous défierons davantage d’une eau qui reçoit une minime quantité de matières excrémentielles que d’une eau chargée de germes pour avoir lavé une région déserte. „ Hippocrate dit oui, Gallien clit non. Comme consommateur, j’avoue franchement que tout cela me laisse absolument froid et qu’il m’est totalement indifférent de savoir que le verre d’eau claire que je vais boire contient 300 ou 3,000, 500 ou 50,000 microbes par centimètre cube, lorsqu’il m’est permis de constater que l’épiderme velouté d'une pêche de Montreuil-sous-Bois, par exemple, donne asile à près d’une cen- taine de millions de microbes; les eaux de Vichy (Grande grille et l’Hôpital notamment), que des milliers et des milliers de gens atteints de diabète, d’hépatites, de gastrites, etc., etc., boivent journellement et pendant des mois et des mois, 572,000 à 694,000 bactéries par centimètre cube (1) — vous avez bien lu, n’est-ce pas? plus d’un demi à deux tiers de milliard par litre!! — l’eau de Saint-Galmier, recommandée comme eau de table par toutes les sommités médicales du monde entier au lieu et place des eaux ordinaires, en héberge 410,000 par centimètre cube (analyse personnelle) ! Mais comme auteur, je reconnais, sans fausse honte aucune, me trouver ici dans un embarras d’autant plus grand qu’il ne m’est même pas permis de tabler sur la qualité des germes, deux dou- zaines d’expérimentateurs au moins, dont un vieillard de 75 ans, (1) Roman et Collin, Ann. de m fr. 0.75. Blas (C.), Les eaux alimentaires (contribution à leur étude), spécialement en ce qui concerne les eaux de la ville de Lou- vain, 1884, in-8°, fr. 2.50. Boudin. — Etude sur l’eau en général et sur les eaux potables en particulier, 1854, 52 pages, 2 fr. Burlureaux. — Epuration de l’eau de boisson, 1892, in-8°, 26, fr. 1.50. Cahen (L.), - Etude comparative des divers procédés d’analyse microbiologique des eaux potables. Thèse de Nancy, 1886. Cassedebat. — Le bacille typhique et les B. pseudo-typhiques dans les eaux de rivière. Ann. Pasteur , 25 octobre 1890. Certes (A.). — Analyse micrographique des eaux, 1883, bro- chure in-8°, fr. 2.50. Despeignes. — Etudes expérimentales sur les microbes des eaux 1890, in-8° de 126 pv 3fr. Dubarry (A.). — Contribution à l’étude des microbes pathogènes dans l’eau. Thèse de Paris, 1889. Farlow. — Paper on Some Impurities of drinking-water, Lon- don 1880, 2 pl. coloriées. Fauré. — Analyse chimique des eaux du département cfe la Gi- ronde, 1863, in-8°, 3 fr. Garrigou. — Etude sur les filtres et sur l’eau des fontaines de Toulouse, 1873, in-8° de 124 p.; fr. 3.50. Gautier (A.). — Les eaux au point de vue hygiénique. Encyclo- pédie d’hygiène , etc., t. II, 3e fascicule, 1890- Harral. — Examen microscopique des eaux de Londres, Lon- dres, 1850, brochure in-8°, avec planches (en anglais). BIBLIOGRAPHIE 359 Hericourt. — Les bacilles courbes des eaux, 1885, in-S°, fr. 0.75. Lajoux (IL). — L’eau potable et le lait, 1889, in-S". Lefort (J.). - Traité de chimie hydrologique, 2e édit., 1873, in-8° de 788 p. et fig., 12 fr. Lesieur. — La stérilisation des eaux par la chaleur, 1892, in-4° de 88 p., fr. 2.50. Lustig (A.). — Diagnostic des bactéries des eaux (en italien), Tu- rin. 1890, brochure in-8". Malpert-Neuville (de). - Examen bactériologique des eaux naturelles, 1887, brochure in-8n, 2 fr. Marchand (E.). — Des eaux potables en général, 1855, in-4°, 6 fr. Maurel (E.). — Recherches microscopiques sur l’étiologie du paludisme, in-8° et figures, 6 fr. Miquel. — Manuel pratique d’analyse bactériologique des eaux, 1891, in-12. Moniez (R.). — Faune des eaux souterraines du département du Nord, etc., 1889, in-S1. Neuville (G.). — Essai d’analyse micrographique des eaux de Paris. Thèse, 1880, brochure in-4°, avec planches lithogra- phiées. Poncet. — Les microbes de l’éau de Vichy, 1891, in-8° de 60 pages avec 4 pi.- coloriées, 5 fr. Prothière (E.). — Les eaux potables, 1891, in-8°, 3 fr. Pouchet (G.). — - Etude critique des procédés d’épuration et de stérilisation des eaux de boisson, 1891, in-8", 19 p. Reichardt (E.). — Guide pour l’analyse de l’eau, traduit par G. E. Stroiil, 1870, in-8°. Robert. — Etude sur l’origine, la nature et les divers emplois des eaux, 1865, in-8° de 194 p., 3 fr. Robinet. — Eaux de Paris, 1862, in-8°. 255 p., 3 fr. Rodet, G. Roux et Vallet. — Rapports du colibacille avec le B. d’Eberth et l’étiologie de la fièvre typhoïde. Lyon Médical , 8 novembre 1891. Roman et Colin. — Bactériologie des eaux minérales, 1892, in-8" de 34 p., 3 fr. Roux (G.). — Précis d’analyse microbiologique des eaux, 1892, in-12 cart., 5 fr. 360 BIBLIOGRAPHIE Sainte-Claire Deville. — Nature et composition des eaux pota- bles de Besançon, 1846, in-4°, 25 p., 1 fr. Sedgwick (W. T.). — Report on Water Supplv and Sewerage. Boston, 1890. Tiemann et Gartner. — Die chemische und mikrosk.-Bakter. Untersucliung des wassers. Braunschweig, 1889, 2 vol. in-8° 30 fr. Thoinot (L.). — Note sur l’examen microbiologique d’une eau de source de la région calcaire du Havre. Ann. Pasteur , avril 1889. Verstraeten (T.). — Les eaux alimentaires de Belgique, 1883, 2 fasc., in-8’. Vincent (H.). — Présence du bacille typhique dans l’eau de Seine en juillet 1890. Ann. Pasteur , 25 décembre 1890. FIGURES. PAGES. 1. — Balance de précision 31 2. — Etuve à air 34 3. — Brûleur Bunsen avec support , 35 4. — — tête de bec 35 5 et 6. — Chalumeau articulé ; bain de sable .... 35 7. — Burettes de Mohr avec support 37 S à 10. — Eprouvettes cylindriques graduées .... 38 11 à 13. — Pipettes graduées et jaugées 38 14. — Tube-pipette 38 15. — Ballon jaugé 39 16. — Flacon compte-gouttes 40 17. — Capsule en platine . . . 41 18. — Trompe à eau, aspirante et soufflante .... 42 19. — Brosse cylindrique 42 20. — Baromètre tronqué 43 21. — Colorimètre Zune 44 22. — Tube du dit 45 23 à 26. — Divers spectres avec et sans bandes d’ab- sorption 46 27. — Gonio-spectro-réfractomètre Zune 47 28. — Oculaire micromètre à réticule 48 29. — Tube de raccord pour cet oculaire 48 30 et 31. — Cuve et étuve réfractométrique Zune. . . 48 32 et 33. — Support et cuvette photographique pour spectroscope Zune 49 34. — Flacon pour solutions alcalines 59 . 35. — Support pour tubes coniques 75 36. — Appareil pour le dosage de l’azote nitrique. . . 83 i TABLE DES FIGUR 362 TABLE DES FIGURES FIGURES. PAGES. 37. — Appareil Crispo pour la recherche de l’ammo- niaque 88 38. — Spirale-ponce 90 39. — Appareil pour le dosage de l’azote ammoniacal et albuminoïde 90 40. — Spectres d’absorption de la chlorophylle en solu- tion alcoolique alcaline 100 41 et 42. — Spectres d’absorption d’une solution aqueuse de sels biliaires traités par le réactif Pettenkofer 100 43. — Spectres d’absorption de la solution alcoolique du résidu d’une eau contaminée par l’urine. . . 100 44 et 45. — Spectres d’absorption d’une solution alcoo- lique de fèces de diverses origines 100 46. — Spectres d’absorption d’une solution aqueuse d’acides biliaires traités par le réactif Pettenkofer. 100 47. — Spectres d’absorption d’une solution alcoolique de pigments stercoraux 100 48. — Spectres d’absorption de la solution aqueuse du résidu D (p. 98) traité par la potasse et l’am- moniaque 100 49. — Appareil Houzeau pour le dosage de l’GOî . . . 117 50. — — Zune pour le dosage des gaz de l’eau. . 136 51. — — — de l’oxygène. . . 140 52. — Flacon Zune pour l’acide osmique 148 53. — Tube scellé pour conserver l’acide osmique . . 148 54. — a) Grains quartzeux; b) argile et fer; c ) charbon . 157 55. — a) Poil épidermique du blé; b) trachée végétale déroulée; c) non déroulée; d) cellule rectangulaire de l’épiderme du blé; c) débris cellulaire; p) cel- lule pierreuse ou scléreuse 157 56. — à) Débris de feuille de bois, débris de paille, etc. 157 57. — Divers fragments de tissus végétaux . . , . . 157 58. — Fibres de coton : en A, traitées par la soude . . 157 59. — — de diverses origines 157 60. — A) Chanvre ordinaire; B) coton; C) jute; D) chan- vre de Manille 157 TABLE DES FIGURES 363 FIGURES. PAGES. 61. — A) Soie; B) china-grass; G) lin 157 G2 à 65. — Amidons de blé, de seigle, d’orge et de riz . 158 66. — Amidon de maïs 158 67. — Fécule de pomme de terre : a) crue; b) cuite; c ) crue et polarisée 158 68 et 69. — Poils de bœuf et de cheval 159 70 et 71. — — chien et de chat 159 72 et 73. — Laine et soie de diverses origines . . . . 159 74. — Fragment de duvet 160 75. — Fragments d’antennes, de pattes, d’ailes, etc. d’in- sectes; œufs idem 160 76 et 77. • — Poils de diverses parties du corps humain . 160 78. — Débris de fibres musculaires ayant traversé le tube digestif et séjourné pendant un mois dans un ballon de quatre litres rempli d’eau ordinaire, renouvelée tous les jours 161 Une cellule pierreuse et un fragment de vaisseau spiralé se voient à gauche, en bas. 79. — A) Monère d’LIœckel; B) Myxamibe de Didynium. 161 80 et 81. — — : Monobia confluens Schnei- der 161 82. — Amœba difïluens Duj. En A, étendue; en B, con- tractée , 161 83 et 84. — Monobia brachiata et Amœba radiosa . . 161 85, 86 et 87. — Difïlugia oblonga; Proteus tenax sous divers aspects; Trichamœba 161 88. — Trichamœba pilosa 162 89. — Arcella vulgaris. En A, vue de face ; en B, de côté. 162 90. — Amœba coli Duj. sous divers aspects 162 91. 92 et 93. — Quadrula symetrica; Hyalosphena lata; Euglypha globosa 162 94 et 95. — Œufs de ténia medioeanellata et de ténia solium 164 96. — Spores végétales diverses. 164 97 et 98. — Saccharomyces de diverses espèces . . . 164 99. — Œufs d’oxyure après un séjour de plusieurs jours dans l’eau 164 3G4 TABLE DES FIGURES FIGURES. PAGES. 100. — Œuf d’ascaris mystax 164 101. — Balbiani investiens en juillet-août 165 102. — Monas et Rhabdomonas rosea 165 103. — Beggiatoa roseo persicina à divers âges, d’après les dessins de Ray Lankester 165 104. — Spores de zygnémées et de spirogyracées . . . 165 105. — Glatrocystis œruginosa sous divers aspects . . . 165 106. — Pollen de pin maritime 185 107 et 108. — Id. du dahlia et du lis d’eau 166 109, 110 et 111. — Œuf du Botriocephalus latus à divers états 112 et 113. — Œufs des Distomes lancéolé et hépatique. . 166 114. — Œufs de Tricocephalus hominis 166 115. — Œufs d’ascaride lombricoïde 166 116 à 118. — Œufs d’ankylostome duodénale à divers stades 166 119. — Œuf d’anguillula stercoralis ou intestinale . . . 166 120. — Palmella calcarea de forme phytoïde . . , . . 168 121 et 122. — Leuconostoc mesenteroïdes 168 123 et 124. — Ascococcus Billroth 168 125 et 126. — Nostoc commune 169 127 à 130. — Glœocapsa; Pandorina morum; sporange de champignon; sorédies de lichen 169 131 et 132. — Zooglée de B. roseo persicina; Palmella cruenta 169 133. — Sphœrozosma ovoïda . . 169 134 et 135. — Actinophrys paradoxal; Acanthocystis acu- leata 169 136 à 140. — Actinophrys soleil; Podophrya gem.; Acineta myst.; Acineta ferrum.; Acineta patula .... 170 141. — Statoblaste de cristatella 172 142. — Spores végétales : Eudonia elegans, Physarum al- bum, Cystopus canddius, etc 172 143. — Gercomonas hominis; Spores végétales: a) zygo- cliytrium, mortiellera, monoblepharis, nostocacée 172 144. — Tetrabroma Duj. vu de face et de côté .... 172 TABLE DES FIGURES 3G5 FIGURES. PAGES. 145 à 147. — Trepomonas agilis; Trachelomonas aurea et pheophy 172 148 à 150. — Euglena piriformis, longicauda et viriclis . . 172 151. — Astasia cylindrica (A) etechinata (B) 173 152 et 153. — Cyathomonas turb.et Salpingœca amphord 173 154 et 155. — Chilomonas lobata et Godosiga echinata . 173 156 et 157, — Chilomonas obliqua et Godosiga umbellata. 173 158 et 159. — Astasia pyriformis ; zoospores végétales diverses . . . . , 173 160. — Trichomonas intestinalis (A) et Anisonema elon- gata (B) . . . , 173 161. — Anisonema cyclina (A) et Gercomonasfusitormis (B) 173 161. - Plœotia vitrœa (A) et Bicosœca socialis (B) . . . 173 163. — Stephanosphœra pluvialis et Anthophysa laxa (B). 173 164 et 165. — Diverses zoospores végétales multiflagellées 174 166 et 167. — Monocercomonas hominis Grassi et Uvella disjuncta Duj 174 168 et 169. — Tetramitus variabilis et T. Van Heurckia . 174 170 et 171. — Monas globosa et Trichomonas intestinalis Zuncker . . 174 172. — Spores ciliées de Vaucheria Ungeri . ' . . . 176 173. — Larve d’Eucope polystyla, d’après Kowalewsky . 176 174 et 175. — Larves de Botriocephaluslatus et de Distome hépatique 176 176 et 177. — Amphileptus cygnus Ehr.et Nassula viridis Duj. 178 178 et 179.— Dileptus folium Duj. et Enclielys farcimen Ehr. 178 180. — Golpoda crinata (A) et reniformis (B) 178 181 à 183. — Holophrya vesiculosa ; Claucoma scintillans : vu de face (A) et de côté (B) ; Metopus sym. Clap. et Lachm 184. — Lacrimaria olor et L. cygnus 179 185 et 186. - Stentor elegans et Panoplirys chrysalis . . 179 187 et 188. — Paramecium aurelia et Stentor polymorphus 179 189 et 190. — Paramecium coli et P. cordata ..... 180 191 à 195. — Prorodon ; Leucophrys patula ; Stentor ele- gans contracté; Pleuronema crassa; Coleps liirtus 180 3GG TABLE DES FIGURES FIGURES. FAGES. 19G à 198. — Colpidimn ovata; Trichoda labialis ; Aspi- disca ovata , . 181 199 et 200. — Chlamydodon mnemosyne et Campylopus paradoxus .... 181 201 à 203. — Stylonychia monostylis ; Schizopus gallus; Iverona mam illata 181 204 à 206. Balantidium coli ; Stylonychia ovalis; Kerona patella 182 207 et 208. — Oxytricha ovalis ; Kerona triangularis. . . 182 209 à 211. — Oxytricha labiata; Euplotes grandis; E.Charon 182 212 à 214. — Freia elegans ; Vorticella nutans et margari- tifera 184 215 à 217. — Vorticella elongatus,procumbens etpatellina 184 218 et 219. — Gerda vernalis ; Carchesium polypinum. . 184 220 à 222. — Cothurnia cristata ; Oxytricha caudata; Epis- tylis anastica 184 223 à 226. — Scyphydia inclinans; Pyxidium; Gerda glans; Spirocliona tint 185 227 à 230. — Scyphidia rugosa; Strombidium sulcatum; Di- dinium nassatum; Vaginicola decumbens . • . 185 231 à 233.— Strombidium caudatum ; Halteria grandinella et lobata . . 185 234 à 236 — Strombidium ovatum ; Halteria ovata ; Strom- bidium turbo .... 185 237 à 240. — Zygochytrium aurant.; Mortiellera poly. ; As- pergillus glaucus ; Hygrocrocis arsenicum , . . 186 241 à 243. — Torula sacchari ; Aspergillus repens; Selonos- * * porium aqued . . . ... • . 186 244 à 246. — Coprinus stercorarius ; Pénicillium nigrescens; Rhizopus nigricans . 186 247 à 249 — Myconsotoc gregarium ; Hypliœa; Rhipidium interrupt .... ... 187 250 et 251- — Mucor mucedo: Sporange isolé (A) et Spores conjuguées 'B); Mycélium . . , . . 187 252 à 254. — Sterigmatocystis niger; Lcptomitus albus ; Crenotbrix lvülm, sous deux grossissements diffé- rents : ICO et 500 D 187 TABLE DES FIGURES 367 FIGURES. PAGES 255 à 257 - Saprolegnia ferax; Zygnema en conjugaison; Penicilium capitata 187 258. — Batrachospermum pulvinatum : sommet d’un ra- meau à verticelles composés . ... 190 259 à 261. — Hyalotheca dissiliens; Stysanus cap ut Me- sœ ; Conferva aéra .... 190 262. — Batrachospermum monoliforme: fragment de ra- meau et un utricule composé 190 263. — Rivularia bullata (A) et lobata 'B) 192 264. — Calothrix cirrhosa (A) et tomasiniana (B) . . . 192 265. — Cladothrix dichotoma à ramification (A) et fausses dichotomisations (B); en B et G, des éléments isolés et ramifiés moins grossis . 192 266. - Beggiatoa alba : A d’après Zopf; B d’après War- * ming; G d’après nos préparations 192 267 et 268. — StreptothrixFœsteri; Mesoglœavermicularis. 192 269 et 270. — Hydrodictyon Morr. et Pénicillium brevipes Payer , 192 271 et 272. — Closterium striolatum et Choetophora . . 192 273 et 274. — Nostoc verrueosum;Hydrogastrumou Botry- dium granulatum 193 275 et 276. — Valonia intricata, d’après Payer; Vau cheria Ungerii : filaments sporulifères fortement grossis. 193 277 et 278- — Botrydium minutum; Bangia velutina Payer. 193 279 à 288. — Diverses espèces de Diatomées 193 289 à 295. - Id. id. 194 296 à 298. — Planaria polychroa, lugubïis et torva, d’après O. Schmidt 196 299. — Diverses formes d’Anguillula intestinalis trouvées dans l’eau de canalisation de la ville d’Ostende . 196 300 à 302. — Hydatina senta; Lacinularia alba, vue laté- rale; Pterodina 196 303, 305 et 306; 304. -- Rotifer vulgaire : semi étendu, en rotation et allongé, contracté; Euchlanis (304) . 196 307 à 310. — Brachionus; Noteus; Rotifer vulgaire; No- tona 197 368 TABLE DES FIGURES FIGURES. PAGES. 311 à 313. — Megalotrochealbo flavicansEhr;Scaridium; Lacinularia socialis 197 314 et 315. — Melicerta ringens; Calliclina vaga : vue latéro-dorsale 198 316 à 318. — Eosphora najas; Floscularia campanulata et inclinata. • 198 319 et 320. — Philodina; Calladina vaga : vue ventrale . . 321 et 322. — Brachionus urceolus : vue ventrale; Calla- dina vaga contractée 198 323 à 325. — Cyclopscrassicornus; Daphniapulex; Cypris fusco 199 326 et 327. — Deux espèces de Lyncée ; Cyclops coronatus. 200 328 et 329. — Gammarus pulex ; Asellus aquaticus . . . 200 330 et 331. — Cyclops minutus; larve Nauplius de Cypris. 201 332. — Larve Nauplius de Cyclops serr ulatus,d’ après Claus, 202 333. — Gammarus puteanus Kocli, d’après les dessins ori- ginaux deMoniez : en A, forme à mains ovales (a), en B, forme à main triangulaire (a). 334 et 335. — Plumatella repens; Lophopus Tremblay. . 204 336 et 337. — — lucifuga; Urnatella Leidy. . . 204 338. — Etuve à air pour stérilisations diverses .... 205 339 et 340. — Etuve bactériologique ordinaire de A. Zune; thermorégulateur 206 341 et 342. — Etuve bactériologique et à vide du même : vue de face et latéralement . , 207 343. — Fiole conique pour cultures sur plaques .... 209 344. — Fils de platine iridié, à manches; en B, l’ôse des allemands 210 345. — Récipient pour préparer et conserver l’eau stéri- lisée 211 346. — Ballon pour conserver le bouillon nutritif stéri- lisé. . . , 216 347. — Glacière Zune pour transport d’échantillons . . 223 348. — Plaque cuvette ouverte pour introduire la gélatine. 22S 349. — Rectangle pour plaques de gélatine. , . . . . 229 350 à 353. — Tubes pour montrer les ensemencements par piqûres et scarifications 231 TABLE DES FIGURES 369 FIGURES. PAGES. 354. — Cils du bacille typhique, d’après une photographie de M. E. Roux 237 355. — Cils du bacille typhique, d’après une photographie de M. Van Heurck 237 356. — Cils du bacille coli commune, d’après nos prépa- rations , . . . . 237 357. — Cils de diverses variétés du bacille du choléra asia- tique (a, b, c) et du B. Sanarelli (d) 237 358. — Cils du Vibrio rugula (a), du B. termo (b) et du B. subtilis (c) . , 237 359 et 360 (1) — Colonies du bacile d’Eberth, d’après Van Heurck (159) et Macé (360) 238 361 (1). — Colonies du colibacille, d'après une photogra- phie de M. Van Heurck 238 362 (1). — Quelques colonies de l’eau minérale de Bruxelles. 238 363 (1). — Quelques colonies de l’eau minérale de Saint- Galmier 238 364 à 367. — Cultures d’âges divers du B. du choléra, d’après Cornil et Babès 243 368. — Culture du bacillus anthracis 369 à 371. — Micrococcus pyogènes aureus : isolés, en streptocoque et en staphylocoque 248 372 et 373. — Bacterium termo Macé; Micrococcus tetra- genus 248 374 et 375. — Zooglée du Micrococcus ureæ; culture du B. vulgaris, d’après Cornil et Babès 248 376 et 377. — Bacille du choléra 248 378 et 379. — Cultures en tubes du M. pyogène aureus . 254 380 5 382. — Cultures en tubes du B anthracis. • • . 254 383 et 384 — Cultures en tubes du B. de Malpert Neuville et du B. du choléra 354 385 à 387. — Cultures sur plaques du B. mesent. vulgatus, du B. anthracis et du M. pyogène aureus . • 255 388 à 390- — Cultures en tubes du B. vulgaris, du B. termo et du B. de Malpert Neuville 255 p) Ce cliché est horriblement mal réussi ; si le temps ne nous avait lait délaut, nous l’eussions fait recommencer et graver sur bois (A. Z.). 24 370 TABLE UES FIGURES FIGURES. PAGES. 391 et 392. — Bacille du choléra asiatique sous divers aspects • 256 393 et 394. — Bacille du charbon sous divers aspects . . 395 et 396. — Bacille lineola Warm. isolé (395) et en zoo- glée (396) 256 397 à 399. — Bacille typhique sous divers aspects • . . 256 400 et 401- — Cultures en tubes du B. du choléra au bout de 24 heures et de 2 jours 257 402. — Culture d’un B trouvé dans une eau contaminée par des matières fécales 257 403. — Culture du B. de Finkler et Prior, d’après Macé . 257 404. — Culture du B. termo au bout de 12 heures, de 2 et de 5 jours, d’après Macé 257 407 et 408. — Bacillus Zopfii isolé et en zooglée. . . . 257 409 et 410. — Bacillus subtilis sous diverses formes . . 257 411 à 414. — Spirillum tenue, serpens, plicatile et undula. 257 . - . . • ' ERRATA. Page 55, ligne 9, au lieu de Az2 03 lire Az2 0=. — 67, — 28, — eaux cle pluie lire eaux de puits. — 68, — 8, — eaux de pluie lire eaux de puits. — 162, — 20, — d eHyanosphena lire Hyalospheua. — 170, — 12, au lieu de fig. 136 lire fig. 134. ' 170, — 14, — au lieu de A. paradoxal, qui lire A, paradoxal (fig. 134) qui. — 183, — 1, au lieu de fig. 171 lire fig. 221. — 185, — 2, — - au lieu de V. rugosa lire Scyphi- dia rugosa. • 249, — 10, au lieu de B. rugula lire V. rugula. — 249, — 21, au lieu de S. typh et S. coli lire B. typh et B. coli. — 295, — 7, — au lieu de Kanlinsky , lire Kar- lin ski. L NOMS D’AUTEURS PAGES. Almen 336 Arago 313 Balfour ^!)S Bas 286 Bécliamp 294 B é renger-F é rau d 28G Bioiuli 253 Blachstein 249 Blanchard 1!), 176 Blas 330,331, 336 Bochefontaine 298 Bontivogna 188 Bouchardat . 264 Boussingault . . .264,265, 309 Boutron etBoudet 144 Brouardel . . 288, 292, 293, 300 Buchner 237 Bujwid 245, 256 Cassedebat . . 236, 237, 258, 293 Certes 151 Chantemesse et Widâl . 239, 286 Chipilow ... ... 307 Chossat 265 Cienkowski 19 Claparède et Lachmann. . 19, 178 Claus . . . . 19, 199,200, 202 Corail et Babès. 243 à 245, 248. 259 Crispo . . . 87, 108, 280, 323 Crudelli 287 Cuboni 287 Cunningham 171 Daremberg 293 Davaine 167 Davy .313 DeCandolle. ...... 191 De Fromentel 19 De Hericourt .... 236, 244 De Malpert-Neuville .... 254 Denecke 244. 249 Depaire 323 De Vogler 244 Diatroptoff 253 Di Mattéi 294 Dionis des Carrières . . 286, 292 Duclaux 288,306 , 349 Dujardin .... 19, 177. 179 Dupasquier . 264 Eberth . 236 Ehrenberg ....... 19 Emmerich 294. 298 Evrard 289 Ferrand 340 Finkler et Prior 259 Fortin 255 Frankland 222 Frésénius . . 52,104,111, 144 Fryde 286 Gaffky 236 , 253 Gamaleïa 236, 244 Gatchkowsky 298 Gautier (A) 76, 265 à 268, 278, 280 à 283, 290, 309, 322, 333, 336 à 338, 342 et 343 Gavino . . 289 Gerardin . . 139, 172, 344 Giard . . . 188 Goindet . Gombert. . . . . 191 Guinard . . . Guilbert . . . Ilasterlick . . Hochstetter . . . . 294, 295 Hoppe Seyler . Houzeau. . . . • • 117 Hueppe . . 232, 242. 294 Karlinski . 295 Kitasato . . . . 232, 258 lvlebs . . . . . 175, 287 372 NOMS D’AUTEURS 1» IVOÏ2S. PAGES. Klein 298 Poincarré . . Klemperer 298 Fritchard . . . 253 Koch 21, 23, 222, 240 à 2l2, Ray Lankester . 105 253, 259, 285, 293, 290, Ilead .... 9JJ2 303, 300 Renvers . . . . , 280 Kowalewsky 170 Reuvens. . . Reynaud . . . 289 Kubel et Tiemann. . 100, 312 Richard . . . Lajoux . . . 07. 107,289, 330 Riedel . . . Laveran 287 Risler . . . 139 Leone • 322 Rodet . 299. 351 Lermuseau . . . 108, 199, 347 Roman et Colin Lesage 209 Roux 222, 237, 239, 243, 247, Letzerich .... • 280 253 , 255. 299, 351 Levy 144 Sachs . . . L’Hôte 317 Sakharoff . 253 Loir 286 Sanarelli. . . 241, 242. 249. 259 Macaigne 299 Santori . . . Macé 218, 238, 239, 247, 254, Sawtchenko 256. 257, 2.59 Schauinsland . 100 Maragliano .... . . 280 Schlesing . . 83 Marchand 337, 338 Schülze . . . 106" Marchiafava 287 Schutzenberger • • . 139 Masselin 245 Sclavo . . . . . 188 Maurel 287 Smith . . . 222 Meade Bolton .... 222, 294 Stein . . . . 19 Metcli et Latapie 298 Metchnikoff. 244 Michel 291 Morren . . . 109, 192, 325, 344 Miquel 209, 213, 220, 222 à 225, 247,253,337, 348 Moniez 17, 103, 178, 199, 200 à 202 Mosny 280 Müller 19, 281 Murchison 288 Musculus . : 101 Nelson 242 Neuville 195, 190 Nicati et Rietsck 295 Nicolle et Morax . .23,232, 243 Parmentier 258 Parent-Duchatel 335 Pasteur 258, 293 Payer 10 Petit 341 PfeilTer ...... 255, 295 Pinto 294 Strauss et Dubarry. . . 294, 295 Tkoinot 236, 239, 245, 258, 236, 292, Tlioms . . . Thouvenel . . Tiemann et Gartner. 104, ISS, Uffelmann . . Vallet . . . Van de Vyvere. Van Ermengen Van Heurck . 174, 194, 237, Van Melckebeke Van Tieghem Vejdowsky . Vignal . . Von Pettenkofer. Weichselbaum. Winogradsky . Wolffhugel . . AVolle . . . Zabolotny . . . . 19, 102. 199. 300 104 289 189 235 299 323 244 238 54 117 2ü0 298, 343, 230, 258, . . 189, . . 286, ?.>■> 350 293 190 295 19 298 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES PAGES. Acuntihocystis acul .... 170 Acide apocrénique 111 — carbonique . 115 à 121, 324 chlorhydriquedécinormal 64 — chromo-acétosmique . . 140 crénique 111 — nitreux . . . 78 à 80, 328 — nitrique . . . 81 à 83, 328 — osmique 148 — pkosphorique . . 127, 323 - silicique 110 — sulfurique au demi. . . 52 — titré . . 56, 60 — — (analyse) . . 122 Acineta ferrum, myst et patula . 170 Actinoplirys paradoxal . . . 170 — soleil et viridis . . 170 Adorale (couronne ou zone). . 180 Agar-agar 217 Ailes d’insectes 159 Alcyonella 203 Algues 187, 344 Alumine (sels d’) . . . 103, 331 Amibes 161, 162 Amidons divers . . . 157, 158 Ammoniaque 326 Aiuœba coli 163 Amteba diffluens et radiosa . . 161 Amphilejptus cygnus .... 177 meleag. et viridis . 177 Amphipodes ....... 202 Analyse approximative ... 74 — microbiologique. . . 205 — micrograpkique . . . 147 Anguillula intestinale . . . . 196 stercoralis . . . . 196 Anguillulides 195 Anisonema cyclina .... 173 elongata .... 173 Ankistrodesnius 192 Ankylostomasie 287 PAGES. Antennes 159 Anthophysa laxa 173 Appareil Crispo 88 — Houzeau 123 Arcella pileum et vulgaris . . 162 Arsenic te GO CO Arthrodesmus viridis .... 171 Arthropodes Aseococcus Billr 168 Asellus aquaticus 203 — cavaticus 203 Aspect 75, 311 Aspergilus 187 Aspidisca ovata 182 Astasia cylindrica 172 — ■ ecbinata 172 Astasia pyriformis 172 Azotates alcalins fixes. . . . 86 — d’argent déeinormal 61 — potassique titré . . . 58 Azote albuminoïde. . . 91, 92 - — ammouicacal . . 87 à 90 — gazeux 136 Bacilles 248 Bà'cillus antkracis . 251, 253, 258 — aquatilis sulcatus 251, 255 citreus . . 251 — — viridis . . 251 — arboreseens .... 254 — asiaticus . 249, 251, 254 — butyricus 258 — Cassedebat . . 237, 258 — choiera; Ivoch . 240 à 244 — Finkler etPrior 249, 259 — culicommune 236, 249, 251, 350, 351 — coprogènes viridis . 251 — Denecke — erytkrosporus . . . 251 — llavus 251 374 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES PAGES. Bacillus fluorés. Iiquefacieiis251 . 254 — putidus . 251. 255 Kitasato . . . . . 258 — du lait bleu . . . . 249 — lineola. . — liquidus . . . . . 251 — megaterium . . . . 249 — mesentericus vulgatus 237 ,249,251, 255 ruber . . 251 — Metchik . . . 237, 255 mycoïdes . . . 251, 255 Nicolaïer . . . . . 258 — Sanarelli . . . 249, 259 — Santorini . . . . . 237 — subtilis 237, 251, 250 — termo . 249. 251, 256 — Thoinot . . .237, 258 — typhique 234 à 240. 249. 251 — violaceus . . . 251. 250 — viridis . . .251, 256 vulgaris . 249,251. 257 Weichselbaum . 237. 25S — Zimmerman . . 237, 258 — Zoplïi . . . . 251, 257 Bain-marie . — de sable . . Balance de précision . . . . 30 — Roberval . . . . . 30 Balantidium coli . . . . . 180 Balbiaui investiens. . . . . 105 Ballon pour conserver le bouil- Ion nutritif . . . . . 210 Ballons jaugés . . . . 39, 210 — ordinaires. . . 40, 210 Bangia .... Baromètre . . . . . . 40 Batrachospermum . . . 165, 195 Beggiatoa alba . . . . 189 à 191 — mirabilis . . . 189 — roseo persicina 105. 169. 189 Beggiatoacées . . . . . . 189 Bicarbonate de chaux. 1 18 . 120. 204. 321 Bicosoeca socialis . . . . . 173 Bilharziose , . . V/ LGES. Blastula 175 Blé (Amidon du) . . . 158 Botrydium .... Botriocephalus latus (larve). 175 — (œuf) . • 166 Bouchons en caoutchouc. 42, 212 liège. . . 42, 212 — liège-étain . . 212 Bouillon nutritif . . . . 214 — phéniqué 219 Brosses cylindriques . . 42 Brûleurs. Burettes à gaz .... 37 — de Mohr . . . • • 36 Calladina vaga .... Calothrix Campylopus parodoxus . 182 Capsules diverses . . . 41 Caractères physiques et organo- leptiques 75, 263, 311 — généraux des mi- crobes. . . . 247 — spéciaux . . . 250 Carbonates alcalins . . 273 Carbonate de chaux 121, 261, 321 Carchesium polypinum . . 184 Carbures d’hydrogène . 95 Carex Cellules sléreuses . . 158 Cenobiées 192 Ce>'caria mutabilis . . 171 Cercomonas fusiformis . 173 — hominis . . 172 Chaleur (cause de contamination) 270 Champignons .... . 180 Chanvre (fibres de) . 157 Ghara 195 Charbon. . . . 157, 273, 308 Chalumeau 35 Chilomonas lobata et obliqua . 172 Chilodon aureus . . 182 Chinagrass (fibres de) . 157 Chlamidomonas pulvisculus. . 173 Chlmnydococcus pluvialis . 109 Chlamydodon innemos. . . 182 Chlore 129. 130 Chloroiodure de zinc . , , 149 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES :>75 Chlorure barytique titré . . ■ — île calcium . . 13*, — magnésie . . 130, — potassium . . 131, — sodium . 131, 273, Chlorures alcalino-terreux . . — alcalins . 270, 274, Chœtophora Choléra . . 284, 289, 293 à Chromatophores . Ciliés Cilio-cirreux Cirres ou Girrhes . . . . 182 Cirro-sphœriacés . . . . . 185 Cladothrix dichotoma. . . . 187 Clathrocystis eruginosa . . . 1G5 Closterium lunula . . • . . 192 — striatum . . . . 193 Coagulation du lait . . . . 250 Coccus 248, 252 Codosiga echinata . . . . . 173 — umbellata . . . . 173 Cœlentérés 175, 195 Coleps hirlus .... . . 180 Colonies (dosage) . . . 229 — (Examen) . . 230 Coloration Col o ri mètre Colpidium . . 18 ) Colpoila crinata . . . . . 178 — cucullus . . . . 178 — reniformis . . 178 Conferva area . . . . . . 193 — bombycina . . . 339 — crispata . . . 339 — - tloccosa . . . . . 193 vesicata . . . . . 339 Confervacées . . . . . . 193 Conjuguées . . 194 Conservation des eaux . . 317 Contage (nature de) . . . . 292 Contaminations diverses 273 à 283 Copepoiles .... . . 201 PAGES. GO 323 323 323 322 322 322 195 299 194 175 181 232, 249 Coprinus stercorarius . . PAGES. . . 1&7 Corycia stercorea . . . . . 1G3 Cosmarium botrytis . . . . 105 Cosses de légumineuses. . . 158 Cothurnia cristata . . . 185 Couleur Craie en suspension . . . . 150 Crenothrix Kühniana . . . . 188 Creuset en platine . . . . . 41 Crevettes d’eau douce. . . 202 Cristatella . . 204 Cristaux gras . . . . . . 159 Cuivre 102, 104 Cultures (durée des) . . . 228 — (caractères généraux) . 249 Cuves réfractométriques . . . 48 Cuvette photographique pour spectroseope. . . . . 49 Cuvette Zune pour cultures 208, 228 Cyathomonas turbinata . . . 172 Cyclops . . 201 — agilis, bicuspidatus . . 202 — brevicaudatus coron atus 202 — crassicornus, fimbriatus 202 - — minutus et serrulatus . 202 Cypris fusco .... . . 200 Daphnie puce .... 174, 199 Débris animaux Débris végétaux . . . . . 157 Degré hydrotimétrique . . . 142 Desmidiées . . 192 Desmidium sphœr. . . . . 193 Swart . . . . 193 Diarrhées 289, 292 Diatoma vulgare . . . . . 193 Diatomées 193, 195 Didinium nassatum . . . . 185 Diflagellés Ditlugia oblonga . . . . . 162 Dileptus fcdium . . . . 177 Dinobryon sertularia . . . 171 Discœrea purpurea . . 1G5, 173 Distome hépatique (larve) • . 170 — (œuf) . . IGG — lancéolé et sinensis . . IGG Dysenteries 289 37G TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES PAGES. E au : analyse chimique ... 29 — — microbiologique . 205 — micrographique . 147 — caractères et propriétés physiologiques . . . 202 — caractères physiques et orga- noleptiques . 75, 202. 311 — 'composition chimique 78, 318 — échantillons nécessaires à l’analyse. 07 à 71, 150. 220 à 225 — stérilisée 211 Eaux courantes 274 — excessivement pures . . 354 — idéalement pures . . . 353 — impures . .... 353 — marécageuses . . 287, 330 — mauvaises . . . 340, 355 — médiocres 355 — ordinaires 354 — profondes 274 — pures 354 — (rôle étiologique des) . . 284 — de Saint-Galmier . . . 349 — stagnantes 274 — de surface 274 — suspectes. . . . . . 355 — très pures 354 — - de Vichy 349 Ebullition : avantages et incon- vénients 307 Eléments anormaux . . 272, 320 — normaux . . 203, 318 — - en suspension . . . 344 — suspects . . . . . 345 Empois iodo-cadmique ... 54 Euchelys farcimen .... 178 Engorgements glandulaires . . 289 Ensemencements divers . . . 231 Entonnoirs 41 Epistylis anastica 184 Epithéliums divers . ... . 347 Eprouvettes graduées .... 37 Epuration chimique .... 300 Essai rapide 72 Etuve à air 34, 205 — bactériologique d’Arson- _ val 207 I'AGKS Etude bactériologique Z une . . 207 — à eau ordinaire .... 200 — pour rél'ractornètre . . 48 Euglena longic. et piriformis . 172 — sanguinea .... 173 — viridis 172 Euglènes 171 Euglypha dentata' 103 — globosa 102 Euplotes Charron et grandis. . 1S2 Fausse mousse . . . . . 144 Fer : recherche et dosage 102. 104 — dans l’épuration des eaux . .'104 — (sels de) 333 — en suspension 157 Fibres musculaires .... 1G0 — nerveuses, connectives, etc 100 — textiles 157 Fièvre jaune 289 — typhoïde . . . 280 à 292 Fil en platine .... 41, 210 Filariose. . . .... 287 Filtration 300 à 303 Fioles coniques. . . . 209, 210 Flacon compte-goutte ... 40 — pour les échantillons 66 à 69 — solutions alcalines . . 59 — pour spectroscope ' . . 49 . — Zune pour acide osmique 1 47 Flagella 170, 249 Flagellés 170 Flotteur d’Erdmaun .... 36 Freia elegans 132 Froid : cause de pollution . . 276 Fuchsine de Ziehl 233 Gamma rus fluviatilis et pulex . 202 — puteauus . Gaz de l’eau. . . . Gelatine-agar nutritive — simple — Gelose Glacière Zune . Glaucoma scintillans . Glœocapsa .... Goitre Gomplionema . . . 202 273 218 216 2 17 223 178 16S 290 105 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 377 PAGES. Gonium pectorale 174 Halisarcines 195 Halteria ...... .185 Helminthiase 286 Hétérotriches .... 175, 180 Ilœmatococcus mucosus . . . 169 — vesiculosus . . 169 Holoplirya vesiculosa . . . . 178 — viridis 178 Holotriches 175. 176 Hyalosphena lata 162 Hyalotheca 191 Hydre 195 Hydrodietyon 192 Hydrogastrum 194 Hydrogène sulfuré. ... 96 Ilydroïdecampanulaire (larved’) 1 75 Hygrocrocis arsen 187 Ilyphœa 191 Impaludisme 287 Imputreseibilité de l’eau ... 77 Infusoires 153, 175 Isopodes 203 Jute 157 Kerona mamillata et patella . 182 — triangularis .... 182 Ivomma bacillus 240 Lacrymaria cygnus et olor . . 179 Lait pour cultures ..... 219 Larve de Botriocephalus latus . 175 — Distome hépatique. . 176 — d’Hydroïde .... 176 Larves vermiculaires . . . . 175 Leptomitus 186 Leptothrix oeracea .... 187 Leuconostoc mesenteroïdes 168, 248 Leucophrys patula 180 sanguinea . . . 180 Limes diverses 42 Limnées 174, 176 Liqueur barytique sodée . . . 118 — hydrotimétrique. . . 142 — normale de chlorure calcique .... 142 Lobopodes 160 Lophophore . j . . . . 203 PAGES. Lophopodes 203 Lophopus Tremblay .... 203 Lyncée rond 199 Lyngbœa 191 Magnésie (sels de) 332 Maïs (amidon de) 158 Machine pneumatique ... 43 Manganèse 103 . 332 Matières fécales 96 — grasses 333 — humiques . ... 334 — organiques dissoutes (dosage) . . . . 105 — organiques en suspen- sion (dosage) . . 111 — organiques animales . 340 végétales . 334 Maxima généraux 318 — locaux 318 Médium Zune 150 Megastoma intestinale . . . 175 Melicerta ringens 199 Melosira varians . . . 193, 339 Meridium circulaire .... 193 Merismopœdia virescens. . . 169 Mesoglœa 195 Méthode Kuhne 230 — Weigei't-Gram . . . 231 Metopus 178 Meule en grès 42 Microbes : caractères généraux " 248 à 251 (teneur des eaux en) 348 Micrococcus,aquatilis . 251, 252 — candicans . 251 , 252 cinnabareus . . 251 flavus liquef. 251, 252 lutea 251 prodigiosus 251, 253 — pyogenes aureus . 251, 252 roseus .... 252 tetragenus . . . 253 — ureæ 253 Microscope . 1 17 Milieux de culture 214 Mixture magnésienne. ... 60 378 TABLE ALPHABÉTIQUE UES MATIÈRES PAGES. Monadines 171 Mo nas bicolor 171 — globosa 174 — grandis 171 — Okenii . . 169, 171 — rosea . . 163, 169. 171 Monères 161. 162 Monolua brachiata .... 161 — confluens . . 160. 161 Monocercomonas hominis . . 174 Monottagellés 171 Mucor 186 Myconostoc gregarium . 187. 191 Myxamibes 161 Nais 199 Nassula viridis 177 Nature des eaux douces . . . 273 Nauplienne (forme) .... 201 Navicula viridis 193 Neige : cause de pollution . . 276 Nettoyage des flacons. ... 66 Nitrates 273, 328 Nostoc commune 168 — verrucosum .... 191 Nostocaeées 191 Oculaire micromètre réticulé . 48 Odeur 76, 314 Œdogouium .... 174, 193 Œlosomq 199 Œuf d’anguiliula intestinale. . 168 — ankylostome duodenale . 167 — ascarides lombricoides . . 167 — ascaris mystax . . . , 164 — Botriocephalus latus . . 166 — de distome hépatique . . 166 lancéolé . . 166 sinensis. . . 166 — d'oxyure vermiculaire . . 164 — ténia médiocanellata . . 163 — solium 164 — tricocephalus hominis . . 167 Œufs alécithes 173 — d’insectes 159 Oligochœtes limnicoles . . . 199 Orages : causes de pollution . 276 Orehalcœa Mon* 339 Organismes vivants .... 347 PAGES. Orge (amidon d’) . . . 158 Origine des eaux potables 273 Oscillaria rubescens . . 191 Oseillariées 191 Ose en platine .... 231 Ostracodes 200 Oxyde de calcium . . . 132; 133 — magnésium . . 133, 134 — potassium . . 135 — sodium . . . 135 Oxygène. . . . 136 à 141, 325 Oxytricha caudata. . . 183 — labiata et ovalis 182 Pachydrilus .... 199 Palmella calcarea . . . 168 — cruenta et virese 169 Palmellacées .... 168 Pandorina morum . . 169 Panophrys chrysalis . . 179 Papier à filtrer. . . . 51 Paramecium aurelia . . 179 — coli et cordata . . 179 Pénicillium 165. 187 Peptone 215 Peridinium cinctum . . 175 — tabulatum 175 Pesées 32 Phosphates terreux 271, 274, 323 Phréatothrix .... 199 Physarum album . . . 186 Pinces diverses. . . 41 42, 220 Pipettes 38 Planaria lugubris . . . . 195 — polychroa . . • 195 — torva .... 195 Plaques (préparation des) • 227 Plaques-cuvettes Zune . . • 213 Pleuronema crassa . . • • ISO Plœotia vitrea .... 173 Plomb .... 102, 104, 280 Pluies : causes de contamination 276 Plumatella lucifuga .... 203 — repens 203 Plumes d’oiseaux (débris) . . 159 Poids : essai 32 — atomiques 53 Poils divers 139, 160 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES 371) PAGES. Pollens divers 165 Pomme de terre (amidon) . . 158 (suc de) . . 219 — cuite . . . 218 Prélèvement des échantillons d’eau 68. loO. 220 Préparations microscopiques . 152 Procédé Crispo 87 — Houzeau H~ — Kubel-Tieman . . . 106 — Schülze Tromsdorff . 107 Prorodon . . 179 Proteus tenax .... 161, 162 — vulgaris . . . . . 257 Pseudopodes . . . - . . 160 Purification des eaux . . 300 à 312 Quadrula symetrica . . . . 162 R ayonnés . . 169 Réactifs de Greiss . . . . . 54 — liquides simples. . . 50 — Nessler . . . . . 55 — solides. . . . . 51 Réaction de Peau . . 77, 317 — de Bujwîd . . . 245 — de l’indol . . . 232 Récipient pour eau distillée . . 211 Résidu fixe . . . 114. 263. 318 — sec .... . . 112 R,habdomonas rosea . . . 165 Rhiphidium lunula . . . 192 Rhizopodes .... . . 160 Rhizopus . . . ' . . . 187 Rivularia .... . . . 192 Riz (Amidon de) . . . . . 158 Rotateurs .... . . . 196 Rotifer vulgaire . . 174, 198 Saccharomyces . . . . . 163 Salpingœca Amph. . . . . 172 Saprolégniées . . . . . 186 Sarcina paludosa . . . . . 258 Sarcine (forme). . . . . . 248 Saveur . 76. 315 Scenedesmus acuta . . . . 192 — quadr. . . . . 169 PAGES. Schizopus gallus . . . 183 Scyphydia rugosa . . . . 185 Sédiment (formata >n (lll) . 1 50 Seigle (amidon de). • . . 158 Selonosporium . 186, 187 Sels d’alumine . . . . 331 — ammoniacaux. . . 326 — de fer . . . 271, 333 — magnésie . . 271, 332 — manganèse . . 332 — métalliques . 101 à 104 Sensation gastrique . . 316 Silicates .... . . 333 Silice Siphonées . . . . . . 192 Soies diverses (fragment de). . 159 Soies saltatrices 181 Sol (influence du) 278 Solution alcaline barytique titrée 118 — ammonique titrée . . 55 ■ — de brucine .... 55 — de carbonate sodique alcaline .... 59 - chlorure ferrique . . 84 — sodique décinormale . 62 — éosine — ferroso - ammonique 149 titrée 52 • — Gram 149 — nitrite alcalin titrée. 52 oxalique N/100 . — oxalo - ammonique 63 titrée 64 — permanganique 60, 63, 64 — picrocarmin . 149 — vert de' méthyle acide 149 — violet Dahlia. 149 Sorédies de lichen 168 Soude caustique titrée 57 , 59, 65, 83 Spatule en platine 41 Spectres divers 101 Spectroscope Zune 46 Sphœriacés colorés . . . . 164 — isolés 163 — sociaux 168 Sphœroplea annulina . . . . 193 Sphcerozosma ovoïda . . . . 169 table alphabétique des matières 880 Spiculé d’éponge . Spirales ponce . . Spirilles 151 , Spirillum Cholerœ. . . 240, — Finkler et Prior . . — plicatile. . . 249, — rubrum ~ rugula . . .251, — serpens et tenue — tyrogenum . . — undula . — volutans. . Spirogyra Spongiaires Sporanges de champignon Spores diverses 164. 165, 172. Staphylocoque . . . 1‘AfiKS. 170, 212, Statoblastes . Stentor ceruleus . . — élegans . . — polymorphus . Stentors . Stephanosphœra pluvial Stérigmatocystis . Stérilisation des apparei Streptocoque . aquatilis. Streptothrix Foerst. Strombidium Stylonychia monostylis — ovalis . . Substances minérales en sion . . Suie . . Sulfates alcalins tixes . et alcalino-ter- , reux ••••.. 271, Sulfate de chaux. 125, 273, — magnésie .... — de soude . . Sull'obactéries . Sulfocyanures alcalins. Sulfuraires . Support pour spectroscope . Tannin à l’éther Température . suspen- 156, 159 90 257 251 259 258 251 258 258 245 258 258 194 196 168 173 248 204 181 181 181 180 174 187 214 248 237 191 185 183 183 156 273 127 322 322 125 273 189 105 189 233 , , . PAGES. Terrains : leur influence sur la composition des eaux . . . 274 Tessararthra fasc 105 Tetramitus Van Heurckia . . 174 — variabilis . . . . 174 Thallomorphiacées .... 185 colorées 191 à 194 — incolores . . 186 Thermomètres . . 40, 208. 213 Thermorégulateur 34 Toile métallique ... .42 Torula sacchari Trachelomonas aurea. . . . 171 — pheophysa . . 171 volvocina . . 171 Trichamœba From . . . . j <3 j — pdosa . . . 161 Trichoda. ... Trichomonas intestinalis 173 à 170 Trompe à eau 40 Tubes en caoutchouc . . 42. 212 — à cultures ... . 032 — d’essai — à gaz — en U 42 TJ'Pha 339 Ulvalactuca 293 Urine 96, 220 Urnatella Leidy 2133 Uvella disjuncta 274 — virescens 271 Vaginicola decumbens . . . 1S4 Valets en jonc ou paille ... 42 Valonia 95 Vaucheria Ungeri . . . 275. 195 Verreries (stérilisation des). . . 213 Vel's 195 Vibrio 257 et 258 Volvor globator 274 Vorticella flav. et margarita . . 184 — Tugosa 1S5 Vorticellidœ 183, I84 Zinc 203, 280 Zoophytes amœbiformes . . . 160 Zoospores végétales. 171, '73, 174 Zyguema 194 Zygochytrium . 186 PLANCHE I. FIGURES. 1. — Gammarus elongatus Lacli. 2. — Chlamydococcus pluvialis. 3. — Discœrea purpurea Morren formes jeunes. 4. — Cosmarium botrytis 500 D. 5. — Monas bicolor. 6. — Trachelomonas à trompe Ehr. 7. — Monas grandis. 8. — Uvella. 9. — Merismopedia. 10. — Tessararthra (spores accolées). 11. — 12. — HoematococcusmucosusMorr. 13. — Hœmatococcus yesiculosus Morren. 14. — Hœmatococcus (groupés). 15. — Chlamydomonas pulvisculus. 16. — Cosmarium botrytis 500 D. 17. — Hœmatococcus mucosusMorr. 18. — Diselmis angusta. 19. — Chlamvdodon mnemos. 20. — - Paramecium aurelia. 21. — Ulva lactuca. 22. — Arcel'a pileum. 23. — Cosmarium botrytis (conju- guées) 24. — Trachelomonas volvocina à trompe rétractée. 25. — Trachelomonas volvocina à trompe libre. 26. — Protococcus pluvialis. 27. — Scenedesmus quadrieans 250D 28. — — ovalis. 29. — Cosmarium margaritiferum en conjugaison. 30. — Dinobryon sertularia 300 D. 31. — Cyathomonas emarginata. 32 — Chilodon aureus. 33. — Gonium pectorale. FIGURES. 34. — Actinopkrys iridis. 35. — Holophrya viridis300 D. 36. — Chlamidomonas pulvisculus (flagellum replié en fer à cheval). 37. — Discœrea purpurea adulte. 38. — Anthérozoïde (?) de characées 250 D. 39. — Sporocarpe (?) de characées 250. 40. — Balbiani investiens (Chantran- sia) en mai. 41. — Hydre d’eau douce avalant une Daphnée 42. — Epistylis flavicans 200 D. 43. — AstasiahœmatodesEhr500D. 44. — Cyathomonas elongata. 45. — Diselmisviridis Duj. 500 D. 46. — Asteria viridis. 47. — — hœmatodes. 48. — Diselmis acutum. 49. — Desmidium sphœrozosma. 50. — Closterium lunula. 51. — Spirogvra fusiforma. 52. — Englena geniculata. 53. — Ankistrodesmus. 54. — Scenedesmus acutum. 55 — Rhiphidium. 56 — Vortice'la margarita. 57. — Ophidomonas rosea. 58. — Calot lirix. 59 — Monas Okenii. 60. — — acuta. 61. — Spirogvra en conjugaison. 62. — Contenu floccosa. 63. — Spirogvra pellucida. 64. — Peridi ilium cinctum. 'hromotu/i. A. Lefèvre, r. S.-Pierre, n, Unix. PLANCHE II. FIGURES. FIGURES. 1. — Pediastnim . 18. — Spirogyra nitida. *■» — Cyclops qùadricornis. 19. — Peridinium delitiense Ehr. ;î. — Meridium circulaire. 20. — Chœtomonas globulus. 4 — Arthrodesmus. 21. — Yolvox globator isolés. 5. — Œdogonium vesicatum. 22. — Nebella collaris Leidy . d'après . G. — V Certes (Rhizopode). 7. — Oscillaria . 23. — Xanthidiumiasiculatum Y'olle •S. — Euglena safrguinea. 24. — Pantotrichum enchelys. 9. — Gomphonema. 25. — (Euf mur de cosmarium bo- 10. — Oladophora glomerata. trytis. 11. — Spores de Pénicillium et d'Ily- 2G. — Peridinium tabidatum . droetyon . 27. — Vaucheria sessilis. 12. — Trachelomonas volvocina : a) 28. — Œdogonium ciliatum. arthrodesmus, os oscillaria. 29. — Hydre contractée. 13. — Sphœroplea annulina. 30. — Euglena coni. 14. — Chœtoglena volvocina. 31. — Œuf mur de Staurastrum de- 15. — Péridiniuni acuminatuin. jectum. IG. — Desmidium Svartzii. 32. — Lyncée sphérique de Muller. 17. Yolvox globator en colonies. A. J. ZUNE EAUX POTABLES PL. II Chi uinol yp. A. I.efivre, r . S.-Pim re, P, Hrux. * V 2 £c 1S99- *<<«■»