SSs-Æ. - r- . R550gC| Digitized by the Internet Archive in 2016 https ://arch i ve . org/detai Is/b28044277_0003 TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE D’ANATOMIE COMPARÉE. LIBRAIRIE DE J. -B. BAIÏ.Ï.IÈïlE. ANATOMIE PATHOLOGIQUE DU CORPS HUMAIN, on Description et figures coloriées des diverses altérations morbides dont le corps humain est susceptible; par J. Cruveiluier , Professeur d’anatomie à la Faculté de médecine de Paris, Cet ouvrage sera publié en 40 livraisons, composée chacune de 5 à 6 feuilles de texte in folio grand raisin vélin, et 5 planches coloriées avec le plus grand soin, et de 6 planches lorsqu’il n’y aura qu’une partie coloriée. Paris, i833. Prix de chaque livraison 11 fr, 30 livraisons sont en l'ente, formant le tome 1er. DICTIONNAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE PRATIQUES, par MM. Andral , Bégin, Blandin, Bouillaiid, Bouvier, Cruveiliiier , Cullerier , Deslandes, Devergie, Dugès, Dupuytren , Foville, Gui- B0URT, J0LLY , LALI.FMAND , LoNDE , MaGENDIE, MaRTIN-SüLON , RaTIEK , Rayer, Roche , Sanson. Paris , i835. i5 vol. in-8. Prix de chaque, 7 fr. DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE MATIÈRE MÉDICALE ET DE THÉRAPEUTIQUE GÉNÉRALE , contenant : l’indication , la description et l’emploi de tous les médicamens connus dans les diverses parties du globe ; par MM. Mérat et Delens , D. M. P. , Membres de l’Académie royale de médecine. Paris , i83o-i834. 6 forts vol. in-8. 5i fr. DICTIONNAIRE DE L’INDUSTRIE manufacturière , commerciale et agricole, ouvrage accompagné d’un grand nombre de figures intercalées dans le texte ; par MM. Baudrimont , Blanqui aîné, Boquillon, Colladon , Coriolis, Despretz.JDarget , Paulin Desormeaux, Ferry, Gaultier de Claubry, Gourlier, Th. olivier, Parent du Châtelet, Sainte-Preuve, Soulange-Bodin, A. Trébuchet, etc. Paris, i835. 10 forts vol. in-8, figures. Prix de chaque , 8 fr> TRAITÉ THÉORIQUE ET PRATIQUE DES MALADIES DE LA PEAU, par P. Rayer , Médecin de l’hôpial de la Charité. Deuxième édition , refondue. Paris , i835 , 3 forts volumes in-8 , accompagnés d’uu atlas de ^pla'ncÇes 4- grand in-^, gravées et coloriées, contenant en 400 fig u resNçî j verj es^^ altérations de la peau: ■CfV V *£gfr.w- — Le texte seul, 3 vol. in-8. ,v^y k aïlfr. fr* - L’atlas seul, grand in-4 avec explication, Cartonné. Sous presse pour pdrailre incessairpujenti -R 1 > TRAITÉ D’ANATOMIE GÉNÉRALE ET DESCRIR^VÈ*', J paék^ .-H. Weber et Hildenbrand, traduit de l’allemand, Paris, i835, 4 voL in-8, fig EXPOSITION ANATOMIQUE DE LA COFFORMATION ET DE LA STRUCTURE DE L’ENCÉPHALE, comparée dans l’homme et les mnmini- fères, avec des applications à l’étude de la phrénologie; par F. Leurktj Docteur en médecine de la Faculté de Paris. 1 vol. grand iu-4, avec 3opl. IMPRIMERIE DE COSSOPf , rue Snint-Germain-des-Piés, g; / TRAITE ELEMENTAIRE D’ANATOMIE COMPARÉE, SUIVI DE RECHERCHES D’ANATOMIE PHILOSOPHIQUE TRANSCENDANTE sur les parties primaires du système nerveux et du squelette intérieur et extérieur , ET ACCOMPAGNÉ ü’UN ATLAS DE 31 PLANCHES IN-4°, GRAVÉES, PAR C.-G. CARUS , CONSEILLER ET MÉDECIN DU ROI DE SAXE , ETC. J TRADUIT DE L’ALLEMAND , SUR LA SECONDE EDITION , p r* £ Ç5 <£, O X5. n M 'KpQsZ “ * le PAR A.-J.-L. JOURDAN , Membre de d’académie royale de médecine. TOME TROISIÈME. PARIS* J.-Î3. BAILLIÈRE, Libraire de l’académie royale de médecine, Rue de l’École-de-Médecine , n° i3 bis ‘ LONDRES, MÊME MAISON, 219 REGENT STREET. 1835 • ■ >? r» v : ' * , -, ■ ... , : i l : ! ' ' M ' , . i > . , . i;: ; J 1 .t i .f*i - ’ii- ^ ■v ' • • ' Y Y v V I * ^ * > V 7 . v ' y r. fV II # v »' H f * : - - 1 < < TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE D'ANATOMIE COMPAREE. W\VWWVW»WVrtlVWVW\.WVVVVWVVWWV'WWVWVVWVW«WrtlVVVWvVWMlWWW«V»UWW»VWVWWV RECHERCHES D’ANATOMIE PHILOSOPHIQUE OU TRANSCENDANTE SUR LES PARTIES PRIMAIRES DU SQUELETTE OSSEUX ET TESTACÉ. INTRODUCTION HISTORIQUE- Ç’est un phénomène curieux que de voir toute idée impor- tante sous le rapport du juste , du vrai ou du beau, s’élever peu à peu , prendre place dans le monde intellectuel, se dé- ployer et finir par porter les plus beaux fruits. Toujours nous trouvons que les idés de ce genre sont saisies d’abord par quelque homme de génie , qui fréquemment les exprime d’une manière obscure encore et inintelligible à ses contem- porains , de sorte qu’ elles sont comme les oracles dont le temps seul peut donner la clef , et qu’il doit souvent s’écouler un grand nombre d’années avant quelles deviennent la pro- priété d’un cercle plus étendu d’intelligences. L histoire des sciences , et notamment des sciences natu- relles , fournit ample matière à de semblables remarques. Pour s’en convaincre , il suffit de reporter sa pensée sur la manière graduelle dont s’est développée l’idée du parallélisme entre le développement des formations animales les plus parfaites , de 1 homme lui-même , et celui des diverses classes et espèces du ni. i $ ositlon de ta té Le osseuse de l'homme et des animaux. Paris I S a 7, in-8, (2) lîull. des sc. de la soc. philo ni. 1821, février, pag, 21. (3) Ccphaloge/icsis, Mnniçli , 18 15, in-fol. (4) ’Voyez les remaries d’Oken à ce sujet, dans Y fris , x8iy, pag. 1 353 . INTRODUCTION HISTORIQUE. 7 esprit. Or, c’est là précisément un talent qui ne s’acquiert qu’à force de contempler les formes naturelles et de les com- parer ensemble. Oken (1) a dit avec raison : « C’est une chose » bien remarquable que ce qu’il en coûte de peine pour tirer » à clair un seul fait d’anatomie philosophique... On ne saurait « s’en former une idée à moins de s’être livré soi-même à ce » genre de recherches. On peut passer , non pas des heures, » ni des jours , mais des semaines entières , devant une » tête de Poisson , et contempler avec surprise cejfo^carrière » de stalactites calcaires , sans arriver à savoir ni quoi, ni où, » ni comment. » L’entreprise de Spix échoua , en outre, parce qu’il s’était proposé de déchiffrer une partie prise isolément , tandis que chaque partie ne peut être expliquée qu’à l’aide du tout , et que d’ailleurs il ne suivit même pas cette seule partie avec une rigoureuse conséquence , depuis ses formes les plus simples jusqu’aux plus complexes. Les considérations isolées , mais empreintes de génie , aux- quelles Oken lui-même se livre encore de temps en temps sur la philosophie du squelette osseux , ont donc une bien plus grande valeur. Au premier rang doit être placé ce qu’il a dit de l’essence du système osseux dans son Manuel de philoso- phie de la nature (2). D’abord il n’hésite point à proclamer que la formation vertébrale est le prototype de toute formation osseuse , et tandis que tous ses prédécesseurs s’étaient pro- noncés avec hésitation à ce sujet , il fonde à tout jamais l’os- téologie philosophique proprement dite , en établissant cette proposition que le système osseux tout entier n’est q>t une ver- tèbre répétée. Parmi ses autres travaux en ce genre , je citerai surtout un mémoire (3) dans lequel les figures fictives , si indispensables en pareille matière , sont pour la première fois employées comme moyen de répandre une plus grande clarté sur les déductions philosophiques. On ne doit pas moins re- marquer ses recherches sur les organes manducatoires des Insectes (4) , qui ont contribué à mieux faire connaître l’unité (1) Jsis, i8x8, pag. 5 12. (2) Lehrbuch der N aturphilosophie. lèna , loiu. III, pag. 61. (3) Isis, , 18x8 , pag. 5iag. (4) Ibid. , 1819, pag, 477. 8 INTRODUCTION HISTORIQUE. et les métamorphoses de ces parties dans les formations sque- lettiques des Insectes , et rectifié sur plusieurs points les obser- vations de Savigny (1) et d’Audoin(2) à leur égard. Le passage suivant atteste d’ailleurs combien ce dernier naturaliste a su apprécier la haute importance de l’idée de la métamorphose dans les formations relatives au squelette chez les animaux articulés (3) : « Toutes les différences qu’offrent les Insectes , » tous les organes anormaux qu’ils présentent , ne sont dus » qu'à un développement moindre ou plus grand de certaines » parties' ôxistant généralement chez tous. » Pour rattacher ici tout ce qu’on a pu entreprendre d’essen- tiel dans la vue de faciliter l’intelligence du squelette des ani- maux articulés , je signalerai encore les travaux de Thon (4) , avec les remarques de Heusinger , la description du squelette intérieur de quelques Insectes par Eschscholtz (5), les opuscules de Dittmarsch (6) et de C.-F. Scharff (7) , enfin le grand mé- moire de Baer (8) sur le squelette interne et externe. Qu’il me soit permis de renvoyer plus loin l’énumération de mes propres recherches. Parmi tout ce qui a été fait depuis pour éclairer la détermi- nation des parties proprement dites du squelette , il ne se trouve plus à la vérité aucun travail d’une certaine étendue ; mais on peut noter surtout diverses tentatives plus ou moins couronnées de succès ayant pour but de déchiffrer les parties du squelette céphalique. En premier lieu se présentent à nous les travaux de Bojanus, qui non seulement a donné , dans des mémoires détachés (9) , (i) Mémoires sur les animaux sans vertèbres. Strasbourg, 1816. (а) Ann. des sc. nat. , 1824, tom. I, pag. 97. (3) Loc. cit., pag. 100. (4) Surle squelette des Coléoptères, dans Meckel’s Archiv , t. VIII, p. 574. (5) Isis , 1822, pag. 52. (б) Sur la formation vertébrale dans le Gryllus verrucivorus , Isis , 1821, pag. 645. (7) De rudimentis sceleti in corpore animalium non vertebratorum. Iéna, 1 824. (8) Meckei.’s Archiv, 1826, pag, 3 2 7. (9) Essai d’tine détermination du crâne des Poissons ; Isis , 1817, n° r5r. — Essai d’une détermination des os de la tète des Poissons; Isis, 1818, INTRODUCTION HISTORIQUE. g d’excellens matériaux propres àfaciliter l’intelligence du sque- lette de la tête , mais encore , dans son grand ouvrage d’ana- tomie descriptive sur la Tortue (4), a représenté, par une suite de figures bien groupées , offrant des têtes de Poisson , de Reptile, d’Oiseau et de Mammifère , lesélémens identiques de ces formations en apparence si différentes , et qui a même fait faire à la science un pas de plus qu’Oken , en démontrant qu’aux trois vertèbres crâniennes déjà connues, on doit en ajouter une quatrième. De même que Cuvier , en France , Meckel , en Allemagne , n’a guère pris de part aux efforts dirigés dans ce sens , et quoiqu’il ait manifesté d’assez bonne heure son adhésion à la doctrine qui reconnaît la formation des vertèbres dans le crâne (2) , cependant il s’en est tenu rigoureusement à l'ana- tomie descriptive , ce qui ne l’a point empêché de contribuer sous plus d’un rapport aux progrès de l’anatomie philosophi- que par ses vastes connaissances sur les formations indivi- duelles et ses belles recherches sur l’histoire du développe- ment , tant en général que dans les os en particulier. Burdach (3) a déclaré qu’il était convaincu que les os du crâne résultent d’un développement de la colonne vertébrale , mais il n’a voulu reconnaître que trois vertèbres crâniennes , et il a ramené assez singulièrement la mâchoire inférieure à n’être qu’un composé de parties de la vertèbre , au lieu de reconnaître en elle un membre de la tête. M. J. Weber (4) a tenté de prouver , d’une manière qu’on a trouvée avec raison peu lucide , que le système osseux est la manifestation , la répétition d’organes déterminés et par con- séquent de l’organisme entier. Il a voulu aussi le démontrer sur les os de l’homme et des animaux supérieurs , mais sans pag. 498. — Nouvelles recherches sur la détermination des os du crâne ; Isis, 1819, pag. i36o. — Sur la détermination des os delà tète; Isis, r8ar, pag. ii45. (i) Parergon ad anatomcn testudinis. Wilna, 1821 , in-4 , fig. . (2) Beitrœge zur -vergleiçhenden Anatomie. , tom. II, pag. 78. (3) f ierter Bericlit von der anatomischen Anstalt zu Kocnigsberg. Léipzick, 1821, in-8, pag. 5o. (4j Handbuck der vergleiçhenden Anatomie. Bonn, 1824, tora. I. ïo introduction historique. pouvoir s’élever jusqu’à l’idée d’un prototype de toutes les formes diverses de ce système. Enfin , il ne pouvait pas manquer d’arriver que plus d’un jeune naturaliste essayât ses forces à résoudre de si importuns problèmes , et de là sont provenus les travaux de Fenncr (1) . d’Ulrich (2) et d’Arendt (3) , sur lesquels je ne dois point in- sister ici y parce qu’en général on n’y trouve que des applica- tions partielles de la nouvelle méthode à certains points parti- culiers. Si l’on cherche à tirer un résultat de toute cette somme de travaux, on trouve qu’ils renferment en quelque sorte le plan et la base d’un édifice qui manquait entièrement à la science , et dont quelques parties sont même déjà élevées jusqu’à une certaine hauteur, mais que , dans d’autres directions, les ma- tériaux sont encore épars sans aucun ordre , et qu’il n’a même pas manqué d’ouvriers qui ont plus nui qu’été utiles par de mauvaises constructions mal calculées. En y regardant de plus près , on trouve que les difficultés infinies du sujet sont un obstacle essentiel à l’exécution d’un pareil plan. Mais ces diffi- cultés tiennent principalement aux qualités qu’on est en droit d’exiger de celui qui se présente pour les vaincre , et qui doit pouvoir, d’un côté, ployer son imagination aux modifications si multipliées dont le tableau va se dérouler sous ses yeux, d’un autre côté , conserver , au milieu de ces scènes mobiles , l’ap- titude mathématique à la construction abstraite des formes , le talent de maintenir la forme primaire dans sa légitimité continuelle , et par conséquent la faculté d’envisager à la fois la conformation organique avec les yeux du corps et avec ceux de l’ intelligence , enfin avoir le courage de consacrer un grand nombre d’années à des recherches qui , comme celles des mathématiques pures , sont plus abstraites que pratiques. On conçoit , d’après cela , que le plus ou moins de lucidité avec laquelle il aperçoit les formes fondamentales dépend du (1 ) De anaconda comparata et philosophia naturali commentatio. Icua , 1820, in-8. (2) Annotadoncs quœdam de sensu ac signijicadone ossium cap dis. Berlin, 1816 , in-4 > avec 2 planches. (3) De capitis esocis htcii structura, Kccnigsbcrg , 1822 , in-4. IJVXRODXICiXON HISTORIQUE. II plus ou moins d’énergie intellectuelle dont il est doué. De même qu’un œil exercé découvre , dans le monde purement phénoménal , des objets qui demeurent cachés à un autre œil moins parfait , de même aussi une épuration plus grande de la lumière intérieure doit nécessairement conduire ici à des ré- sultats qu’on n’aurait jamais pu saisir sans cette condition. Gœtlie a très-bien peint les difficultés de ces sortes de sujets , quand il a dit : « J’irai plus loin , et je soutiendrai que l’ob- » servateur solitaire et tranquille ne demeure pas toujours » semblable à lui-même , et qu’un jour ou l’autre les pro- » blêmes dont il s’occupe lui semblent ou plus clairs ou plus » obscurs , suivant que les facultés intellectuelles qu’il ap- ». plique à leur solution se manifestent d’une manière plus ou » moins pure et plus ou moins parfaite (1). » Ayant reconnu , il y a déjà plus de vingt années ( en 1814 ) , quand je m'occupais de la formation des nerfs et du cerveau , que le besoin de réaliser ce plan se faisait chaque jour sentir de plus en plus vivement , je me fortifiai peu à peu dans la ré- solution d’en faire le couronnement de mes recherches scien- tifiques. Depuis lors, je ne l’ai jamais perdu de vue, et je n’ai rien négligé de ce qui pouvait m’aider à triompher des diffi- cultés de l’exécution. Cinq à six années s’écoulèrent en travaux préparatoires , et ce que j’ai publié , tant en 1814 dans mon Traité du système nerveux et du cerveau , qu’en 1818 dans la première édition de ma Zootomie , sur plusieurs objets qui s’y rattachent , notamment sur ce fait qu’entre les trois vertèbres crâniennes et les trois masses cérébrales relatives aux trois gros nerfs sensoriels, il y a le même rapport qu’entre chaque vertèbre rachidienne et le renflement ganglionnaire de la moelle épinière quelle enveloppe , n’était qu’un premier essai, une sorte de tâtonnement, pour me rapprocher davantage du sujet que je voulais examiner et me préparer à des travaux de plus longue haleine. Je puis dire que les dix dernières années de ma vie ont été consacrées en grande partie à ces travaux, et si l’élude d’une innombrable quantité de formes , un sincère désir de tout faire pour épurer ses facultés intub (i) Zur Morphologie , tom. I, pag. 248. 15 INTRODUCTION HISTORIQUE. ïives intérieures , la discussion fréquemment renouvelée des points les plus importons avec des amis instruits et familia- risés surtout avec les hautes spéculations des mathématiques enfin le som continuel d’examiner et de corriger l’expression écrite de ses idées , peuvent contribuer à rapprocher un peu de la perfection , j’ose espérer que tel sera le cas de l’ouvrage que je livre actuellement au public. Je sciais entraîné trop loin si je voulais rappeler les époques ou les plus importons des résultats que je vais offrir , par exemple la métamorphose de la vertèbre sous trois formes es protovertebres , les deutoverlèbres et les tritovertèbres, la nécessite de distinguer un dermatosquelette , un splanchno- squelette et un névrosquelette , celle de la division primaire dune formation vertébrale supérieure par quatre et par six, etc. , sont devenus évidens pour moi , et retracer la série c es considérations qui m’ont amené à ces résultats. Il me suffit que mes amis connaissent la masse des travaux qui servent de mse a cet ouvrage , et les sacrifices que la retraite nécessaire pour s y livrer m’a imposés au milieu d’une vie agitée par des rapports extérieurs de toute espèce. Malgré tout cela, je sais très-bien qu’un ouvrage de ce genre ne peut jamais être considéré comme achevé , qu’une infinité de déductions ultérieures sont possibles , et qu’en des- cendant aux details , on trouvera que mes déterminations ont encore besoin ça et là d’être rectifiées ; mais je n’en ai pas moins 1 intime conviction que, si l’on continuait à suivre cette direction , elle mènerait avec le temps à faire mieux apprécier harmonie de 1 organisation , et tout ce qu'en dernière ana- yse on peut exiger de nous aujourd’hui , c’est d’avoir frayé la voie , car multiplier les découvertes sur une route nouvelle- ment ouverte est toujours une prérogative réservée aux gé- nérations futures. ‘ u VV\VW VWW\VWVWVWWVWV\ MM/WWVUW WWV’AWVlWl A\lWtWW\ VWVVVWVWVWX VWWV WVWVvW NOTIONS PRELIMINAIRES. 1. Toute naissance , toute génération est, quant à son es- sence , la production d’une chose déterminée par une chose indéterminée , mais déterminable. 2. Tout décès , tout report en arrière de la génération est la résolution d’une chose déterminée en une chose indéter- minée , qui par là devient apte à une nouvelle détermination. 3. Comme tout ce qui a pris naissance dans le temps et l’espace a pris naissance par voie de génération et est sujet à la dissolution , nous sommes obligés de nous figurer la nature entière comme un tout infini , qui roule dans un cercle perpé- tuel de génération et de régénération. 4. Le déploiement spontané d’un être déterminé qui naît d'un être indéterminé , est le signe primordial et en même temps le symbole de la vie. 5. Une fois que nous avons reconnu la nature pour un tout agité d’un éternel travail intérieur de génération, nous devons aussi la considérer comme Y être vivant absolu , dont la vie primaire est la source d’où dérivent les phénomènes vitaux de chaque être vivant individuel , c’est-à-dire toutes les forces particulières de la nature (1). (x) L’idée de la vie n’étant autre chose que l’idée d’une manifestation éter- nelle de l’essence divine par la nature , elle est du nombre de ces intuitions intellectuelles primitives qui, aussi Lien que la plus élevée de toutes, l’idée de l’essence divine elle-même, n’arrivent point à l'homme du dehors, ne peuvent être ni démontrées , ni encore moins expliquées par l’intelligence appliquée au monde phénoménal , et en général ne peuvent être obte- nues par abstraction, mais doivent se révéler dans l’intérieur de l’homme, et se révèlent toujours à lui lorsque son développement organique est parvenu jusqu a un certain degré. Il suit donc nécessairement de là que quand, dans la contemplation de l’être vivant, nous ne partons pas de 1 idée primitive de la vie,1 qui s’est déployée librement et clairement dans notre intérieur, nous ne pouvons jamais arrivera l’intuition de la vie par abstraction, pas plus que quand un homme n’est point doué^ pour eut- 4 NOTIONS TRÊtlMINAlUES.' 6. Puisque la nature est , de son essence , ce qui entendre perpétuellement ( ipdcrt; , de «pu w , natura, de nascor ) , et puis- qu’elle est éternelle, il s’ensuit nécessairement, de là que sa vie est infinie aussi , et qu’on ne peut concevoir en elle une négation complète de la vie , c’est-à-dire une mort absolue. Mais si la vie primaire de la nature est infinie , l’infinité et l'é- ternité doivent être également les attributs de toute manifes- tation spéciale de la vie de la nature comme essentiellement infinie dans son espèce. Cependant la nature étant infinie aussi sous le rapport de la diversité de ses manifestations de force , des forces naturelles agissant dans des directions différentes peuvent et doivent se limiter mutuellement dans leurs effets , et même supprimer ceux-ci pour un certain temps. De là l’idée d’une mort relative , c’est-à-dire de l’état que nous avons cou- tume de désigner sous le nom de mort , de décès (1). 7. La manifestation de la nature dans l'espace étant donc nécessairement limitée et finie sous le rapport de ses inriumé- rables individualités , tandis que nous la trouvons toujours in- finie et illimitée sous celui delà totalité , il en est de même de sa manifestation danslc temps. La vie de la nature, considérée en bloc , doit être envisagée comme infinie , comme éternelle, tandis que chaque phénomène particulier de cette vie , c’est- à-dire chaque force spéciale de la nature dans son œuvre , est limitée , finie ou mortelle (2). ployer les expressions de Jacobi , d’one organisation asse:t supérieure ponr s’élever à la connaissance de Dieu , cette idée, la plus sublime de toutes les idées rationnelles , ne peut lui être communiquée du dehors par démon- stration et abstraction. (î) Si l’on en veut un exemple des plus simples, que l’on se figure un pendule en oscillation. Il est clair, et la physique le démontre, que, dans un vide absolu, en l’absence de tout frottement, etc., la force oscillatrice devra nécessairement entretenir pendant l’éternité le mouvement une fois excité. Mais l’observation nous apprend que , dans la nature, l’effet ou le phéno- mène de celte force est bientôt diminué ou restreint, et qu’il finit par être entièrement détruit parla pression atmosphérique, le frottement, etc. (a) La vie en elle-même, comme manifestation continuelle de l’essence divine par la nature et dans la nature, ayant pour attribut l’éternité, c’est là une preuve de ce qne j’ai dit précédemment (note au §5) sur l’idée de la NOTIONS l’RjkLIMINÀIRESd l5 8. Tout être vivant porte le nom d1 organisme en tant qu’il crée de lui-même les moyens des divers effets qu’il pro- duit , c’est-à-dire des organes. La nature , en tant qu’elle pro- voque sans interruption de nouveaux phénomènes ou signes de sa vie intérieure , est 1 organisme absolu ou macrocosme .. Tout être naturel qui se développe de lui-même ne pouvant subsister que dans l’organisme général de la nature , et sa vie n’étant qu’une émanation de la vie supérieure et primaire, on l’ appelle organisme partiel , fini , individuel , ou microcosme , et son développement n’est possible que sous l’influence delà vie générale de la nature. 9. D’après la loi générale ( § 1 ), tout organisme individuel doit son développement à une chose indéterminée , quant à l’espace , mais déterminable , et qui , dans un certain temps T devient une chose déterminée quant à l’espace. Nous donnons le nom de fluide à une substance dont les limites dans l’espace ne sont pas déterminables d’une manière finie. Le fluide (élas- tique ou liquide) est donc l’élément de tout développement or- ganique , ou de la génération naturelle en général. 10. En tant que tout être vivant particulier se sépare de l’in- finité de la nature par individualisation , il entre nécessaire- ment en antagonisme avec les autres effets naturels , et son existence doit être limitée dans l’espace , comme elle l’est dans le temps , de sorte qu’il apparaît comme être fini, comme être périssable , tandis que la nature , prise dans son ensemble. ,, doit être considérée connue infinie et impérissable. Ce rapport entre un tout et ses parties se répète aussi dans l’organisme individuel lui-même , à l’égard de sa totalité et de ses diverses parties , et la masse organique vivante doit être regardée comme se trouvant à chaque instant dans un état continuel de dissolution et de régénération (1). vie comme idée rationnelle pure; car, provenir de l’éternel est le caractère de Yidce , comme provenir du particulier est celui de V abstraction. (i) Une des principales conditions d’une bonne physiologie est de ne jamais considérer le corps vivant que comme la manifestation de forces vivantes exprimées dans certains élémens terrestres, et de ne jamais oublier qu’en aucun instant il n’est en repos, mais qu’il se régénère continuelle- ment, à peu près comme un point éclairé sur un courant rapide semble 1 6 NOTIONS PRÉLIMINAIRES. 11. Mais si le fluide est l'élément proprement dit de la for- mation organique , il suit de là qu’envisagé d’une manière gé- nérale, il est le vivant primordial, tandis que le solide doit être considéré comme un produit ou un résidu de cette vie , dans lequel l’action vivante a péri , comme un produit qui doit se résoudre en fluide primitif pour pouvoir apparaître vivant de nouveau , et pour pouvoir devenir susceptible d’une nouvelle formation (1). 12. Entre le liquide et le solide se trouve le mou, dans le- quel chaque atome solide est pénétré partout de liquide. Ce fait , comparé à ce que j’ai dit plus haut , permet de concevoir les manifestations de la vie dans les parties molles. En effet , nous voyons bien déjà que la partie molle procure une certaine limite ferme à l’individu , et que sous ce rapport elle se rap- proche de ce qui est complètement solidifié et décédé ; mais, d’un autre côté aussi, elle renferme le liquide , où le vivant primaire n’a point péri dans son produit, elle continue à effectuer la détermination du tout, elle change la forme par persister aussi, pendant quelque temps, sans changement, quoique son intérieur change continuellement. Du resté, j’entends ici par éliimens les forces dont la manifestation est la condition de ce qu’on nomme substance ou matière. Car, pour peu qu’on soit exercé aux discussions philosophiques, on ne peut méconnaître qu’il y a impossibilité absolue d’admettre une différence réelle entre une matière inerte par elle-même et une force pure- ment active. (i) La même chose arrive lorsque la tendance à cristalliser, c’est-à-dire une action vitale qui tend à produire une formation polarisée, se manifeste dans un liquide. Certainement nous devons alors donner le nom de vie à. la cristallisation elle-même, au mouvement delà substance qui naît de prin- cipes internes ; mais cette vie s’éteint au dernier terme de la solidification du cristal, qui est le résidu , le caput mortuum de la vie ; nous ne pouvons donc plus dire que le cristal en lui-même soit vivant , nous devons le considérer comme mort ; au bont d’un laps de temps plus ou moins long, nous le ver- rons se détruire, se résoudre en fluide, et devenir par là susceptible de servir d’élémens à des formations nouvelles. De même aussi les couches de la Terre nous apparaissent comme les résidus de la vie plastique primaiie de notre planète; envisagées en elles-mêmes, elles sont mortes, et ce n’est qu’en se dilatant et se dissolvant peu à peu , qu’elles deviennent aptes à servir d’é- lément à d,q nouvelles formations organiques individuelles. NOTIONS PRÉLIMINAIRES. l7 expansion et contraction, et en conséquence elle est tout aussi positivement l'organe du vivant, que le liquide était son élé- ment (1). 13. La plus s impie et la plus pure expression d’une légitime relation de parties similaires à un centre commun , est la forme sphérique. Un être fini, mais non déterminé dans l’espace, un liquide , doit donc nécessairement prendre la forme sphé- rique dès qu’il existe comme individu, c’est-à-dire quand il est déterminé librement dans sa formation par un principe inté- rieur d’unité , en quelque sorte par un centre interne de gra- vité ; donc aussi la sphère doit être le prototype de tout corps organique , attendu que le premier degré de toute formation organique consiste en ce qu’un être jusqu’alors fini , mais non déterminé dans l’espace , se rapporte enfin à une unité inté- rieure (2).. 14. Puisque toute évolution est la naissance dans un temps donné d’un déterminé , d’un composé , d’une pluralité , qui dérive d’un indéterminé , d’un simple , d’une unité, il résulte aussi delà que les évolutions doivent procéder par antagonisme (d’après la loi de la polarité). Que l’unité soit donnée, et quelle doive devenir pluralité , cet effet ne peut avoir lieu que par division. Mais le plus simple mode de division est la division en deux , qui, en se répétant, produit une multipli- cation toujours croissante. De là l’idée d’opposition ou d’anta- gonisme , qui n’est autre chose que l’expression parfaite de la dualité émanée d’une unité sous des conditions égales. (1) Donc, la mollesse est nécessairement un attribut de tous les individus vivans : les animaux et les plantes ne sont aptes à la vie animale on végétale que par leurs seules parties molles ; plus ils s’endurcissent et se solidifient , plus aussi ils périssent ; plus ils se ramollissent et tombent comme en déli- quescence , plus ils rentrent dans les conditions de simple élément pour d’autres formations organiques. (2) Je citerai pour exemples la formation de la goutte d’eau , du globule de mercure, du globule du sang, des Infusoires globuleux. A l’égard même de la nature , comme nous devons reconnaître en elle l’organisme infini , nous sommes obligés de nous la représenter également sous le type d’une spbere infinie, c est-a-dire d’une spbère dont le centre se trouve à la fois partout, dans laquelle cesse toute distinction d’intérieur et d’extérieur, et dont chaque point soit un point interne, le plus interne même. III. 2 i8 notions Préliminaires. Si l’idée de l'imite primaire vient à se placer entre deux op- positions , il résulte de là une triade essentielle. Et comme cette conjonction des termes opposés ferme parfaitement l’opposi- tion (4) , la répétition de cette proportion explique la manifes- tation réelle de toutes les proportions numériques possibles. Mais celte triade première est représentée, dans toutes les 1 ormes de la pensée , par la thèse , Y antithèse et la synthèse. 15. Maintenant, si la forme organique primaire est la sphère (§13), et si tout déploiement ultérieur par des oppositions a lieu en vertu d’une opposition intérieure (§ 44) , la consé- quence nécessaire en est que , par les progrès de l’évolution , la sphère doit se changer en d’autres formes. Mais ce change- ment est possible de deux manières : comme la sphère a pour condition l’indifférence qui a lieu dans toutes les directions entre les forces centrifuge et centripète , il résulte : 4° d’une prédominance de l’expansion dans une seule ou dans plusieurs directions , de telle sorte que la sphère s’agrandit en dehors de sa forme et devient ovalaire, qu’elle-même se multiplie dans un Ou plusieui s sens , etc. ; 2° ou d une prédominance de la contraction dans une ou plusieurs directions , de manière que la surface de la sphère s affaisse et s aplatit dans un ou plu- sieurs sens , en un mot que cette sphère se convertit en corps terminés par des lignes droites (icosaèdre , dodécaèdre , hexaè- dre , etc.). Le premier cas exprime un accroissement de l’ac- tion vitale individuelle de la sphère avec tout autant de pré- cision que le second exprime 1 affaiblissement, la suspension, la mort de l’action vitale intérieure (2). (i) La division dune ligne infinie fournit un exemple mathématique de la nécessité d’une division en trois pour la production d’un être particulier; car si nous partageons cette ligne sur un point quelconque, il n’en reste pas moins toujours deux lignes infinies d’un côté , c’est-à-dire non encore limitées sous le rapport de l’espace; mais si nous la coupons en deux en- droits, nous voyons apparaître, entre les deux intersections, la ligne dé- terminée, c’est-à-dire finie. (2) Cette proposition est de Ja plus haute importance pour la distinction des formes fondamentales des individualités organisées et non organisées. En effet, toutes les formes vivantes individuelles appartiennent nécessaire- ment a celles VWW\ WVVVA WVVVVWV AMVVWVVWAMW WVVWVWW\VWW\ mnUVWM WUVWVVVWU'v vwvw PREMIÈRE PARTIE. I ‘ 1 » 1 t ’ f ' . CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. CHAPITRE PREMIER. De t Organisme. E' En contemplant la nature et ayant égard à la loi qui veut qu’une chose déterminée dans l’espace naisse d’une autre seu- lement déterminable , mais non encore déterminée ( § 18 ) , nous arrivons à nous convaincre que la sphère doit être consi- dérée comme la forme primaire de tous les organismes (1). II. La masse primaire de tous les organismes est le fluide ( l’indéterminé déterminable quant à ses limites dans l’es- pace ) , d’où procède ce qui a des limites précises. La masse animale primaire est la matière de l’œuf ( albumine ). III. L’individu organique résulte immédiatement de ce qu’il se limite par rapport à ce qu’il y a d’élémentaire hors de lui. La limite elle-même est l’endroit jusqu’où la forme plastique a réalisé l’organisme dans un moment donné , et précisément parce que la force d’accroissement s’éteint sur ce point, attendu qu’il est le plus exposé à l’action du monde extérieur , il doit plus que tout autre tendre à se solidifier , à périr. La masse primaire de cette limile solidifiée de l’organisme animal est le terreux ( spécialement la chaux) (2). IV. Mais la substance élémentaire extérieure peut être de deux manières en rapport avec l’individu. Tantôt elle reste (i) Je citerai , pour exemples, les aéroluhes, les corps célestes, les Infu- soires, l’œuf anima] dans sa forme primitive etc. (a) Déjà l’écorce des arbres périt extérieurement, tandis qu’elle se repro- duit sans cesse à l’intérieur, L épiderme des animaux supérieurs est dans le même cas. 21 DE L’ORGANISEE. absolument extérieure , tantôt elle pénètre dans l’animal ( comme air, ou comme aliment), devient relativement extérieure , et finit par dégénérer partiellement en substance élémentaire in- terne. Si maintenant la masse animale primaire prend la forme d’une sphère, et se limite en se solidifiant à l’extérieur, nousob' tenons une sphère creuse, pleine de liquide , semblable à celle que représentent le test des animaux inférieurs et la coquille de l’œuf. Nous donnerons le nom de dermatosquelette à ce qui , en se solidifiant , sépare l’animal de la substance élémentaire ab- solument extérieure. Cependant, comme la substance élémentaire extérieure pé- nètre aussi dans l’animal , la limitation extérieure pourra se répéter également à l’intérieur, et de là résulte l’idée d’une formation solide à la face interne de la voie intestinale et de la voie aérienne , que nous appellerons splanchnosquelette . V. Plus l’animal est voisin du degré où nous ne pou- vons point encore distinguer , dans sa substance , d’organes consacrés aux fonctions spéciales , et où il représente une masse dans laquelle mouvement, sentiment et nutrition sont confondus ensemble , plus il nous arrive souvent de voir qu’il ne se forme autour de sa surface qu'une limite solidifiée et frappée de mort , un test , un dermatosquelette ( par exemple la cellule polypiaire , le test des Échinides). VI. Mais la génération du test , en tant que ce dernier lui- nieme est un simple produit d’une substance intérieure , est dé- terminée par celle-ci , sous le rapport de la forme. A oilà pourquoi , la forme primaire du corps animal étant sphérique , nous trouvons que la forme primaire du test est celle d une sphère creuse , et la suite nous apprendra comment la forme de cette sphère, soitqu’elle reste simple , soitqu’elle se répète autant de fois qu’il y a d’articles au corps animal , parce qu elle se convertit en anneau lestacé ou osseux ( ver- tèbre ) quand le corps lui-même s’ouvre à ses extrémités anté- rieure et postérieure , peut produire et complètement expli- quer celle de toutes les parties solidifiées , que celles-ci consti- tuent d ailleurs un squelette testacé ou un squelette osseux. V II. Si nous portons maintenant nos regards sur les diverses 22 DE L’ORGANISME. manifestations et directions de la vie animale , nous ne tardons pas à reconnaître que celle-ci est de deux sortes , l’une fixe el l’autre variable , l'une simple et l’autre complexe. Le variable, le complexe , est la manifestation du corps à nos sens , que nous voyons être dans un continuel état de régénération. Le fixe , le simple , au contraire , est l’idée intérieure de l’orga- nisme , insaisissable par les sens , mais accessible à l’intelli- gence, cette unité qui est la condition du développement sen- sible continuel de l’organisme , absolument de même que la série infinie des perceptions dans notre vie intellectuelle a pour condition un principe spirituel qui leur sert de base à toutes , et dont il n’appartient qu’à l’homme intérieur, complètement développé sous le rapport intellectuel , d’apprendre à recon- naître l’unité. VIII. Les fonctions de l’organisme animal nous montrent donc d’un côté une modification continuelle et extrêmement variée de la forme susceptible de frapper nos sens , de l’autre une relation continuelle de toutes les formes ainsi produites avec le principe de l’unité , qui est la condition sans laquelle cette variété continuelle ne saurait subsister comme ensemble ou comme totalité. IX. Il doit y avoir aussi , pour ces deux directions primaires de la vie animale , deux substances animales différentes, mais qui procèdent de la substance animale primaire. Or nous re- connaissons pour telles deux modifications essentielles de l’al- bumine , le sang et la moelle nerveuse , tous deux essentielle- ment granuleux. La moelle nerveuse est le représentant de l’unité , du centre , du repos , ou , comme on dit aussi , de la sphère animale ; le sang est celui de la pluralité, de la périphé- rie , du mouvement , ou , comme on s’exprime aussi , de la sphère végétative. Tous deux sont essentiellement nécessaires l’un à l’autre , de même que la périphérie et le centre le sont à l'idée du cercle. Le système sanguin ou vasculaire , dont la direction est vers le variable , a pour caractère la tendance à la périphérie , la production de cercles , le mouvement circu- laire. Le système nerveux , dont la direction est vers le fixe , a pour caractère la production du filet nerveux rayonnant e(i celle du ganglion nerveux représentant le centre. Nerf de l’organisme. et vaisseau représentent donc un antagonisme qui répète dans les produits naturels eux-mêmes l’antagonisme primaire de l’unité et de la pluralité , de l’idée et de la réalité , ce qu’on peut rendre de la manière suivante , sous la formelle tableau. Organisme. a. Unité ( loi , idée ) b. Pluralité (réalité ) a. Parties animales b. Parties végétatives ( moelle nerveuse et nerf) ( sang et vaisseau ). X. Puisque le système nerveux représente l’unité dans l’a- nimal, et par conséquent l’animal lui-même , le lieu où s’effec- tuent les accumulations centrales de la moelle nerveuse doit être aussi très-significatif , eu égard tant à l’animal qu’au monde extérieur. Mais comme, en général , la vie nerveuse , à son titre de solaire, et la vie plastique, à son titre de planétaire, sont en antagonisme Tune avec l’autre , nous remarquons aussi , dans les parties nerveuses , une tendance à se développer vers la lumière cosmique , qui leur est homogène. Et de même que l’histoire du système nerveux offre la réalisation progressive d’une unité supérieure , de même aussi elle peut démontrer que ce système n’a atteint son plus haut degré de développe- ment que quand la principale masse centrale nerveuse s’est manifestée dans le point du corps de l’animal le plus élevé par rapport à la Terre. XI. Ce qu’il y a d’essentiel dans les propositions précédentes peut être formulé ainsi : La manière dont l’animal en général se comporte à l’égard du monde extérieur doit être celle aussi dont le système nerveux se comporte à l’égard du restant du corps , dès qu’il s’est séparé de la masse totale , et qu’il est devenu ce qu’il y a de proprement animal dans l’animal , c’est- à-dire que son rapport au reste du corps doit être celui de l’u- nité à la pluralité , de l’individualité à la totalité. XII. D’après cela , le système nerveux est limité aussi à l’é gardde son monde extérieur , comme l’animal entier l’est à l’é- gard du sien. Cette limite nous apparaît sous la forme tantôt 2/j. DE L’ORGANISME. de névrilemmc, tantôt de cartilage , quand le système nerveux est parvenu à un plus haut degré d’organisation et mieux sé- paré des autres organes, tantôt enfin d’os, lorsqu’il a acquis son plus grand développement (1). La formation osseuse autour de la moelle nerveuse doit donc être considérée comme une répétition des tests terreux autour du corps entier des animaux inférieurs et comme la plus pure expression de l’antagonisme entre solaire et planétaire , ce qui fait qu’elle ne peut se ren- contrer que dans les classes supérieures du règne animal. Nous arrivons donc ainsi à l’idée d’une troisième limite solide , d’une troisième formation squelettique , que nous ap- pelons névrosquelette , et qui est ce que l’on désigne généra- lement sous le nom de squelette tout court. Ce squelette, propre aux animaux supérieurs, est celui des trois qui arrive au degré le plus parfait de développement. Mais comme l’enveloppe totale du corps , par cela même quelle est le produit d’une substance interne , est déterminée par celte dernière ( § 6 ) , de même aussi la forme de l’enve- loppe membraneuse, cartilagineuse, ou osseuse, des nerfs dé- pend de celle du système nerveux , d’où il résulte qu’on ne peut développer la légitimité dans la génération du squelette osseux qu’autant qu’on s’appuie sur celle qui règne dans la génération du système nerveux (2). (i) Le sang est séparé aussi du reste du corps par des limites, par les parois vasculaires; mais , au lieu d’etre lise et en repos au dedans de ces limites, il s’y trouve toujours en mouvement. (a) La ligure i, pi. ssii, est propre à faciliter l’intelligence des rapports qui existent entre les trois squelettes. Qu’on imagine en a a a a la substance élémentaire absolument extérieure, et en b la substance élémentaire qui a pénétré dans le corps, ou qui n’est que relativement extérieure, cc est la limite au dehors, la peau la plus extérieure, l’épiderme, et, quand cette formation se solidifie, le dermatosqueleUe ; d d est la limite an dedans, la peau la plus intérieure de l’intestin ou de la voie aérienne, l’épitbélion, et, quand cette formation se solidifie, le splanchnosquelette. Qu’ensuite g soit la substance élémentaire interne on mouvement et plastique (sang), et. e la substance élémentaire en repos et détcrminatrice (moelle nerveuse), h h de- vient la limite par rapport à la première , qui ne peut se solidifier, à causa de l’idée de mouvement qui lui est inhérente, et ff le nèvnlemtne , ou, si cç dernier se solidifie. Vos, le iicvrosquelette , par rapport à la seconde, DÉVELOPPEMENT DU REGNE ANIMAL? 0.5 XIII. Puisque la construction des divers squelettes repose toujours sur les caractères particuliers du système nerveux , il convient d’exposer les motifs qui nous autorisent à admettre une série parmi les animaux , et de faire connaître la ma- nière dont cette série doit être disposée pour s’accorder avec la nature. CHAPITRE II. Coup cVœil sur le développement du règne animal. XIV. L’étude philosophique , tant du règne animal que du règne végétal, diffère essentiellement de celle qui n’a trait qu’aux formes susceptibles de frapper les sens. Tandis que celte dernière considère chaque animal ou chaque plante comme un tout à part , l’autre , au contraire , ne voit qu’un membre dans chaque individu , et , se trouvant placée sous le point de vue d’une unité supérieure , n’aperçoit plus comme tout que l’ensemble des individus. Pour celle-ci il n’y a que la plante idéale ou primaire qui soit la totalité du règne végétal , et l’animal idéal ou primaire qui soit celle du règne animal. Mais dire que l’histoire naturelle philosophique envisage les individus , ou plutôt les diverses sortes d'individus, comme des membres ou des parties d’un tout, c’est établir aussi quelle les reconnaît comme classés. Or ils doivent se montrer à nous Veut-on empruntera la nature nn exemple de cette conception abstraite, l’œuf en offre le plus simple de tons. Ainsi, soit aaaa la coupe transversale d’un œuf; cc est la limite au dehors , la coquille-, d d, la limite an dedans , du côté de ce qui devient plus tard la cavité intestinale , c’est-à-dire dn coté du jaune b, ou le splanchnosquelctle ; entre ces deux limites se forme, dans les deux couches extérieures de cc que Dœllinger appelle membrane blastique, en dehors, c’est-à-dire en f , la base du système nerveux et dn vrai squelette, en h, la couche pour l’expansion des courans sanguins et de tous les vaisseaux. D’après cela, l'embryon entier se forme entre la coquille et le jaune, de la même manière absolument que l’embryon de l’os entre la peau et 1 intestin Un antre exemple est fourni par cette même figure consi- dérée comme la coupe transversale d’un animal simple, par exemple d’un Poisson : alors cc est la peau, dd la paroi intestinale, e la moelle épinière ,ff la vertèbre rachidienne (névrosqueletle), h h la paroi de l’aorte. 56 DÉVELOPPEMENT DU KÈGNE ANIMAL. classés d’après leur essence intime, de même que les membres d’un corps, c’est-à-dire que les uns marchent côte à côte, et que d’autres sont au dessus ou au dessous les uns des autres. C’est l’énumération des espèces végétales ou animales , d’a- près ce principe, qui constitue le système à proprement parler scientifique, en botanique et en zoologie. Mais, un être supérieur devant être classé au dessus d’un être inférieur , dans le système , il suit de là qu’en établissant ce dernier , une première question se présente , celle de sa- voir à quels signes on reconnaît qu’une espèce est plus élevée qu’une autre. En jetant un coup d’œil sur les systèmes de bo- tanique et de zoologie, on s’aperçoit bientôt que ce problème a souvent été résolu d’une manière par trop arbitraire. La partie d’un tout organique est incontestablement douée d’une organisation d’autant plus él exée.qu’elle répète plus par- faitement en elle ridée du tout , et le tout lui-même est d’autant plus parfait , qu’il correspond davantage à l’idée de la nature entière , dont nous devons reconnaître que l’essence est 1 «- nitè des lois éternelles révélées dans l’infinie diversité de la ma- oiifcstation . La simplicité et l’enchaînement rigoureux de ces proposi- tions peuvent nous apprendre que tel est le seul point de dé- part qu’on doive choisir pour arriver à la construction d’un système de botanique ou de zoologie absolument philosophique, purement légitime , et par conséquent aussi parfaitemenf'na- turel. L’application de ces principes à la zoologie et à la bota- nique est en réalité fort simple. Si, aux yeux de celui qui étudie la nature en philosophe, le règne animal et le règne végétal ne forment chacun qu’un tout, il est clair que les plantes et les animaux qui expriment le plus .par- faitement le caractère , soit du règne végétal , c’est-à-dire de la végétalité , soit du règne animal , c’est-à-dire de l’animalité, doivent occuper le plus haut rang dans le système botanique et zoologique. XY. Mais le caractère de la vie végétale est la génération , tant la reproduction continuelle de l’organisme propre , par formation de substance, ou ï accroissement, que la reproduction DÉVELOPPEMENT DU REGNE ANIMAL. ^ de l'espèce , par production de nouveaux individus semblables, ou la propagation. Mais chacun de ces deux buts, la repro- duction continuelle de l'individu et la reproduction de l’espèce, est atteint de bien des manières différentes, tantôt simples et immédiates , tantôt complexes et médiates , c’est-à-dire par antagonisme de parties essentiellement différentes , dernier mode qui est toujours le seul qu’on observe dans les organisa- tions supérieures. Donc la plus parfaite de toutes les plantes est celle dans laquelle l’accroissement individuel et la propaga- tion portent le caractère de la plus grande diversité des an- tagonismes relatifs à ses rapports de forme , de substance et de nombre , en dedans des limites de l’unité la plus parfaite, c’est-à-dire de la légitimité (1). (r) On comprendra sans peine combien ii serait simple d’établir snr cette base un système de botanique véritablement philosophique et naturel, si l’on réfléchit que tous les phénomènes de la vie végétale et tous les organes des plantes sont renfermés dans le cercle compris entre la graine, d’où part le germe, et la réapparition de la graine an point culminant de la végétation, de sorte qu’il suffit d’avoir égard à la plus ou moins grande diversité des parties qui se trouvent entre ces deux termes extrêmes , pour fonder là-dessus un classement conforme à la nature. Les plantes, telles que les plus simples (algues et lichens) , ou les plus inférieures (champignons), chez lesquelles une production de graines aussi simple que possible touche presque, sans anneaux intermédiaires, au point de germination, doivent être placées au plus bas de l’échelle, parce que le cycle de leur vie est le plus petit possible. Celles chez lesquelles une série d’organes divers, racines, tiges, feuilles, sortent de la première graine, et qui, sans arriver à manifester l’antago- nisme sexuel , terminent par la reproduction de la graine , comme les mous- ses et les fougères , ont un cycle vital déjà plus étendu, et occupent un rang plus élevé. Mais un échelon supérieur encore appartient à celles qui , se dé- veloppant de la graine, déploient l’antagonisme entre mâle et femelle, comme condition nécessaire de la reproduction de cette graine; ici se ran- gent toutes les plantes dites phanérogames , chez lesquelles il n’y a plus que la simplicité ou la complexité des parties comprises entre la graine germante etla graine reproduite dans la fleur qui puisse indiquer le rang qu’on doit leur accorder. Ainsi , celles dont la fleur se développe immédiatement sur la racine, et sans antagonisme dans la graine elle-même (rnonocotylédones) , sont inférieures à celles qui , outre un antagonisme dans la graine elle-même (dicotylédones), présentent encore un grand nombre d’organes entre la racine et la fleur. s8 DÉVELOPPEMENT DU REGNE ANIMAL. XVI. Mais l’antagonisme le plus élevé à la manifestation du- quel arrive la vie végétale, est celui des sexes, c’est-à-dire des germes de l’ovaire et des grains polléniques de l’anthère. Ces deux substances expriment avec une grande pureté l’antago- nisme entre ce qui anime, ou détermine la formation , et ce qui fournit les matériaux, ou réalise la formation. Mais cet an- tagonisme n’a lieu que sur un seul point, dans la fleur. Le reste de la substance végétale en offre bien des traces , chez les espèces supérieures , dans les vaisseaux aériens , ou tra- chées, qui se rapportent essentiellement aux anthères, et dans les vaisseaux aqueux ou intercellulaires , qui se rapportent essentiellement au germe ; mais il n’est encore là que pure- ment élémentaire , c’est-à dire représenté par des substances élémentaires de la vie terrestre , et non par des substances particulières, propres à la vie végétale. C’est donc à cet anta- gonisme suprême entre les germes et le pollen qu’aboutit le développement individuel de la plante, comme dualité; car V unité de la graine , qui procède de cette dualité, n’appartient plus à l’ancienne plante , et elle est déjà le commencement d’un nouvel individu. Recherchons maintenant quelles particularités l’antagonisme intérieur doit offrir pour qu’un organisme soit essentiellement supérieur à la plante , pour qu’il appartienne au règne animal. L’animalité ne saurait se rapprocher plus purement de la végétalité que quand l’antagonisme entre des substances par- ticulières , les unes plastiques et les autres déterminant la for- mation, qui n’apparaissent qu’au sommet de la vie végétale , pénètre l’organisme entier, comme le fait, dans les plantes, l’antagonisme élémentaire de l’air et de l’eau , et réunit par là sur chaque point les conditions de l’accroissement et de la vie. Or cet antagonisme général s’observe aussi en réalité dans la vie animale , sous la forme des globules du sang ( répétition des ovules de l’ovaire ) et de la masse ponctiforme de la moelle nerveuse ( répétition des grains polléniques ), eu , pour s’expri- mer plus brièvement, SOUS celle de sang et de moelle nerveuse. Comme la nouvelle individualité de la graine procède du pol- len et de l’ovule , de même aussi l’unité de la vie animale ré ; DEVELOPPEMENT DU itÈGNE ANIMAL. Ûÿ suite toujours du sang et de la moelle nerveuse. On peut dire que l’animal subsiste par une génération continuelle entre le sang et la moelle nerveuse , qu’en chaque point de sa sub- stance les antagonismes d’un principe planétaire ou plastique et d’un principe solaire ou animateur se confondent pour pro- duire l’unité de son existence propre , et par cela même sa spontanéité. Mais , pour qu’indépendamment de la repro- duction individuelle , la génération sexuelle de nouveaux in- dividus se manifeste aussi dans l’animal , il faut que l’antago- nisme du pollen et des ovules se répète une seconde fois , de manière qu’il se comporte à l’égard du sang et de la moelle nerveuse comme celui du pollen et des ovules le fait , dans la plante , à l’égard de l’air et de l’eau. Or ce nouvel antago- nisme est celui du sperme et du jaune de l’œuf. Ces divers antagonismes peuvent être présentés sous la forme du tableau suivant : Plante. AIR ( trachée ) GRAINS POLLÈNIQUES ( anthère ) EAU ( conduit intercellulaire) OVULES DE L’OVAIRE ( germe ) Animal . MASSE PONCTIFORME DE LA MOELLE NERVEUSE. ( système nerveux ) SPERME ( testicule ) GLOBULES DU SANG. ( système vasculaire ) JAUNE DE l’oeuf (ovaire). XVII. Si donc la génération ou la formation tout court est le caractère essentiel de la végétalité , une détermination de la génération , au moyen de l’antagonisme entre moelle nerveuse et sang , est celui de l’animalité, et l’animal chez lequel s’ex- primera, eu égard aux rapports de forme, de substance et de nombre , du système nerveux , la détermination la plus pure et la plus libre des systèmes émanés du sang , sera le plus com- plet , celui dans l'intérieur duquel régnera l’unité la plus par- 3o DÉVELOPPEMENT ou fltc,NE ANIMAL. faite , celui enfin ( puisqu’on ne peut concevoir de détermina- tion spontanée sans la perception des rapports que les par- ties sur lesquelles elle doit porter ont entre elles et le monde extérieur ) qui aura la sensibilité la plus exquise , qui possé- dera la raison la plus développée , qui jouira de la plus grande liberté. Mais , SOUS ce rapport , l’homme seul répond à l’idée d’un être animal parfait , de sorte que lui seul est en pur antago- nisme avec le monde végétal , et que seul aussi il peut être considéré comme le représentant du monde animal entier. On peut dire qu'il est la manifestation réelle ou sensible de l'u- nité dans laquelle les antagonismes de la vie animale doivent se confondre , conformément à l'idée de l’animalité. Par la même raison , il est impossible de concevoir plus d’une espèce humaine (1). XVIII. L’animalité diffère donc de l’humanité au même titre que la pluralité diffère de l’unité. Tout ce qu’on peut deman- der , c’est de savoir quelle est , au milieu de la tendance du monde animal à se rapprocher de la perfection humaine , la gradation suivant laquelle il s’avance vers ce but. Mais comme, dans une série organique quelconque ,les membres supérieurs répètent toujours en eux les inférieurs , et comme aussi l’homme est le membre le plus élevé d une série infiniment variée d’êtres animaux, on doit le concevoir, par la pensée , embrassant en lui toute la diversité du règne animal , et il n'y a que le règne animal entier qu’on puisse comparer à l'unique espèce humaine. Étant parvenus à ce point , il nous reste à chercher dans les données de la philosophie quelle est la cause qui fait que la segmentation de l’organisation humaine peut offrir le reflet de (i) Le monde végétal, se terminant, d’après son idée, par une dualité, il est impossible , par la même raison , d’y concevoir une plante plus par- faite qui soit opposée à toutes les antres dans la même proportion que l’homme l’est aux animaux. Le règne végétal semble conduire à plusieurs som- mets, qui eux-mêmes sont moins désignés par des genres particuliers, qne par des familles de genres. Le rapport de la plante la plus parfaite aux an- tres n’est comparable qu’à celui de l’animal le plus parfait aux autres ani- maux, et non à celui de l’homme aux animaux. développement du règne animal. 3l a division du règne animal , tandis que chaque animal se pré- sente à nous comme un tout complet en lui-même à la vérité , mais qui , au lieu du caractère total ou supérieur de l'anima- lité, exprime seulement la prédominance d’un certain côté de telle ou telle partie de cette animalité , avec tantôt plus et tantôt moins de diversité , en sorte , par conséquent , que les diverses classes du règne animal peuvent être dénommées d’après les parties de l’organisme humain qui sont prédomi- nantes en elles. Je vais tracer ici le sommaire des résultats d’une pareille contemplation du règne animal , basé sur le type idéal que la forme humaine nous offre et sur les principes de subordi- nation précédemment exposés. Cet aperçu servira de guide aux recherches dont je m’occuperai plus loin. Le seul principe auquel nous puissions maintenant avoir re- cours pour reconnaître la subordination des classes et des espèces du règne animal , consiste en ce que l’organisme est d’autant plus élevé qu’il répète plus parfaitement en lui le ca- ractère du grand tout auquel il appartient , qu’en conséquence une classe animale devra être placée d'autant plus haut qu’elle offrira la répétition la plus complète et la plus diversifiée de l’idée de l’animalité, c’est à-dire de la détermination péné- trante delà formation , au moyen de l’antagonisme du sang et de la moelle nerveuse. De même , une espèce sera d’autant plus supérieure que le caractère de la classe s’exprimera plus purement en elle. XIX. Si d’abord nous examinons en général la formation du corps humain, nous voyons l’antagonisme primaire entre plas- tique ou végétatif et déterminant ou animal , dont les repré- sentons internes sont le sang et la moelle nerveuse , le système vasculaire et le système sanguin , s’exprimer d’une manière tranchée par celui de la tête (corps animal) et du tronc ( corps végétatif). La source primaire de ces deux corps, et dont tous les autres organes émanent par un développement pro- gressif, est la vésicule vitelline OU ombilicale. Cette vésicule icontient le premier rudiment du tronc , sur lequel se déve- loppe la colonne vertébrale , notamment la partie de celle- ci qu’on nomme la tête. 32 DÉVELOPPEMENT DU RÈGNE ANIMAL. Nous avons donc trouvé déjà trois circonstances primaires de formation qui , par suite des développemens dans lesquels je suis entré plus haut, peuvent déterminer le nom à impo- ser aux divisions principales du règne animal. Ces circon- stances sont l’œuf encore indifférent , le corps végétatif ou tronc , et le corps animal ou tête. Donc , si nous trouvons des animaux chez lesquels X anta- gonisme primaire essentiel du sang et de la moelle nerveuse ne se soit point encore manifesté dans l’espace, ils ne peuvent corres- pondre qu’à l’œuf , dans lequel ne s’est encore développé au- cun antagonisme supérieur. Ce sont des animaux primaires , des animaux-œufs , des Oozoaires. Ils constituent la dernière section du règne animal. Si nous en voyons d’autres chez lesquels X antagonisme pri- maire essentiel du sang et de la moelle nerveuse ne se soit ma- nifesté que par des nerfs mous , et un système de sang blanc , ceux là sont à un degré de développement comparable au tronc humain , dont les parties essentielles sont le système ganglionnaire et celui des vaisseaux chyleux. Ce sont des ani- maux-troncs , des Corpozoaires. Ils forment la seconde section du règne animal. Si enfin nous rencontrons des animaux chez lesquels X anta- gonisme primaire essentiel du sang et de la moelle nerveuse soit porté à une plus haute puissance , c’est-à-dire se mani- feste par un double antagonisme , celui d'un système nerveux mou et d’un système nerveux fibreux ( ganglionnaire et céré- bral) , enfin celui d’un système sanguin à sang blanc et d’un système sanguin à sang rouge (lymphatique et sanguin propre- ment dit) , ceux-là sont à un degré de développement compa- rable à la tête humaine , dans laquelle le cerveau et le sang rouge sont essentiels. Ce sont des animaux-têtes, des ani- maux-cerveaux , des Céphalozoaires , des Encéphalozoaires. Ils constituent la première section du règne animal. Une quatrième section , à laquelle aboutit le centre de toutes les autres , en considérant celles-ci comme des cercles enroulés sur eux-mêmes , est formée par l’être chez lequel l’idée de l’animalité se manifeste par le plus parfait dévelop- pement possible de l’unité intérieure ( conscience de soi-mêçie. DÉVELOPPEMENT DU RÈGNE ANIMAL. 33 raison), et par la plus belle segmentation du système ner- veux , eu égard à la forme , à la substance et aux rapports numériques. Je veux dire l’homme. La division de l’animalité pourrait être représentée sous la forme du petit tableau suivant. Oozoaires. Corpozoaires. Céphalozoaires. Homme. XX. A. Animaux chez lesquels prédo- mine la signification de l’œuf humain , où l’antagonisme de sang et de moelle nerveuse ne s’est pas encore manifesté dans l’espace , où chaque point de la masse molle du corps réunit encore la signification de point nerveux et de point sanguin. Ce sont en quelque sorte des œufs vivons , qui se nourrissent et se meuvent. B. Animaux chez lesquels l’antago- nisme de sang et de moelle nerveuse se manifeste seulement comme système de sang blanc et système ganglionnaire simple, et où il s’est développé de l’œuf, outre les organes génitaux , un système digestif , un système respiratoire et un système vasculaire , c’est à-dire des or- ganes de tronc. Ce sont par conséquent des animaux pourvus d’organes essen- tiellement végétatifs. De même que le tronc humain se divise en poitrine et en tronc , ils se partagent aussi en : a. Animaux chez lesquels prédomi- nent les viscères en général et en par- iu. Ier CERCLE. lrc Classe. OOZOAIRES. (animaux-œufs , ani - maux primaires.) IIe Cercle. CORPOZOAIRES. ( Animaux-troncs. ) L2e Classe. GASTROZOAIRES. 34 DÉVELOPPEMENT DD REGNE ANIMAL. ticnlicr ceux du ventre , c’est-à-dire les organes digestifs. L. Animaux chez lesquels prédomi- minent la peau , les organes respiratoi- res et les membres , et par conséquent la signification delà poitrine. C. Animaux chez lesquels l’antago- nisme de sang et de moelle nerveuse s’est manifesté deux fois , comme sys- tèmes lymphatique et sanguin , et comme systèmes ganglionnaire et cérébral , qui par conséquent se distinguent sur - tout par le développement de la tête et du cerveau. Avant que cette formation soit elle-même parfaitement dévelop- pée , les formations antérieures s’y ré- pètent toutes dans la même série, quoi- qu’avec une signification plus relevée , ce qui fait que nous obtenons les cou- pes suivantes. a. Céphalozoaires qui répètent le pre- mier cercle , et Chez lesquels prédo- mine la formation de l’œuf. b. Céphalozoaires qui répètent le se- cond cercle , et chez lesquels prédo- mine la formation du tronc. Ils se partagent par conséquent en \ . Céphalozoaires avec prédominance de la formation ventrale. 2. Céphalozoaires avec prédominance de la formation cutanée et pectorale. ( Animaux-ventres , animaux-intestins , Mollusques. ) 3e Classe. THORACOZO AIRES. (Animaux-poitrines , Animaux-peaux , animaux articulés. ) IIIe Cercle. CÉPHALOZOAIRES. (Animaux-têtes , ani- maux-cerveaux. ) 4e Classe AEDOIO-CÉPHALO- Z0A1RES. (Poissons.) 5e Classe. CÈPHALO-GASTRO- ZOA1RES. ( Reptiles. ) Gc Classe. CÉPI1ALO-THORACO- ZOAIRES. ( Oiseaux. ) DÉVELOPPEMENT DU SYSTEME NERVEUX. 3*5 c. Céphalozoaires qui sont les repré- 7e Classe, sentans proprement dits du 3e cercle, céphalo-céphalo- et où prédomine le développement de zoaires. Ja tête et de ses sens. (Mammifères. ) C’est ainsi que ces trois parties de l’animalité vont en se déployant d’une manière légitime, et toujours de plus en plus, la première sans se diviser , et les deux autres se partageant, l’une en deux, l’autre en quatre membres. Mais la nature n’arrive à la manifestation parfaitement harmonique de toute la diversité inhérente à l’idée de l’animalité qu’en la résu- mant sous le point de vue d’une seule unité supérieure , ou , en d’autres mots , qu’en confondant l’idée de l’animalité avec celle de la raison. C’est ce qui a lieu dans un quatrième CERCLE, comprenant la huitième classe, I’Homme. CHAPITRE III. Développement du système nerveux. ARTICLE PREMIER. CIRCONSTANCES GÉNÉRALES DE CE DÉVELOPPEMENT. XXI. L’animal vit comme unité, c’est-à-dire comme un tout, et il vit aussi comme pluralité , c’est-à-dire dans ses diverses parties. Les systèmes qui représentent le mieux l’animal dans son unité ont été désignés sousl’épithète d 'animaux proprement dits, et ceux par lesquels se manifestent tantla diversité du corps animal dans l’espace que la diversité de ses métamorphoses dans le temps , l’ont été sous celle de plastiques bu végétatifs. Les plus essentiels de ces systèmes sont, parmi ceux de la sphère animale , le système nerveux , c’est-à-dire la forme de la distribution légitime et fixe de la moelle nerveuse ; parmi ceux de la sphère végétative , le système vasculaire , c’est-à- dire la forme de la distribution légitime et toujours variable de la masse du sang dans le corps. XXII. L’idée de l’unité de l’animal ne peut se représenter , dans le système nerveux, que par suite d’une relation et d’une subordination d’un grand nombre de parties à une seule; car 36 DÉVELOPPEMENT DU SYSTEME NERVEUX. lorsque chaque partie est égale à l’autre, et qu’aucune n’a de rapport aux autres , il y a pluralité , mais il n’y a point unité. Ainsi , pour que les divers systèmes nerveux de l’animalité représentent une série de développemens de bas en haut, il faut que le dernier membre de la série représente la plus grande pluralité , et le premier l’unité absolue. XXIII. Il résulte donc de là que le degré le plus inférieur de répartition de la substance nerveuse doit être celui où une pluralité absolue et une parfaite uniformité président à la distribution de cette substance dans le corps entier , c’est-à- dire OÙ elle n’apparaît point encore comme système parti- culier, et où elle ne se distingue pas de la substance poncti- forme animale primaire ou générale (pl. xvi, fig. i , A). Un système nerveux proprement dit n’apparaît que quand la moelle nerveuse se sépare de la masse commune du corps , et devient une partie distincte. La forme de cette partie peut varier extrêmement , mais ce quelle doit toujours avoir d’es- sentiel , c’est de représenter une unité , précisément parce que le système nerveux doit représenter l’unité dans l’animal. XXIV. Mais la plus simple expression du rapport de la plu- ralité à l’unité est le type de celui qui existe entre les rayons et le point central. Les rayons et le centre , qu’on appelle nerfs et ganglions dans le système nerveux, sont donc les deux pre- miers facteurs de tout système nerveux , quelque forme qu’il puisse affecter. Mais s’il ne se développait qu’un seul ganglion dans le corps animal , ganglions et nerfs rayonnons demeu- reraient les seules formes de la moelle nerveuse. Si , au con- traire , il se développe plusieurs ganglions , avec leurs nerfs rayonnans , il doit survenir encore une troisième partie qui réunisse ces ganglions ensemble , attendu que , d’après sa nature, un système nerveux doit consister en ganglions réunis, et jamais en ganglions séparés. U doit donc se former des filets jointifs , des lignes de moelle nerveuse conductrice , entre les divers ganglions, et ces filets constituent un troisième fac- teur , que l’on désigne sous le nom de commissures. XXV. Un système nerveux qui se compose d’un plus ou moins grand nombre de ganglions réunis par des commissures et pourvus de nerfs rayonnans, est appelé système ganglion- DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 3^ naire. Nous voyons en lui le second degré de développement de la moelle nerveuse, dont le premier est représenté par la dispersion de cette dernière dans une pluralité indéfinie , dans le corps animal tout entier. Un troisième degré , le plus élevé de tous , est celui qui consiste en ce que la pluralité des ganglions se confond telle- ment en une unité , par l’entremise des commissures , qu’une masse ganglionnaire acquiert une prépondérance décidée sur toutes les autres, par son développement. Cette masse cen- trale supérieure , à laquelle le système nerveux entier se rap- porte , comme chacun des premiers nerfs le fait au ganglion le plus simple , porte le nom de cerveau , et le système nerveux tout entier prend alors celui de système cérébral , dont la con- formation particulière peut du reste varier à l’infini, comme celle du système ganglionnaire. XXVI. Les résultats auxquels nous venons d’arriver peuvent être traduits sous forme de tableau, de la manière suivante. FACTEURS DU SYSTÈME NER- VEUX. 4. Ganglion (pl. xxi , fig. i , C,b). 2. Nerf ( pl. xxi,fig. i,C,c). 3. Commissure (pl. xxi,fig. i, C, cl. ) DEGRÉS DES SYSTÈMES NERVEUX. Tissu élémentaire de toutes les formations nerveuses. MOELLE NERVEUSE. Degrés de développement de la moelle nerveuse. 4 . Répartition générale de cette moelle dans la masse ponc- tiforme primaire (pl. XXI , fig. I, A). 2. Système ganglionnaire (pl. xxi, fig. i, B, fig. i, C, fig. n à xi). 3. Système cérébral (pl. XXI, fig. xvi à xxi). 33 DÉVELOPPEMENT DU SYSTEME NERVEUX. ARTICLE IL PRINCIPALES CIRCONSTANCES PARTICULIÈRES, ï. Oozoaires. XXVII. Tous ceux d’entre les Oozoaires quon désigne à pro- prement parler sous le nom de Proto-organismes, occupent en- core le premier ou le plus inférieur échelon sous le rapport de Information de la moelle nerveuse, c’est-à-dire qu’ils n’ont point de système nerveux proprement dit , que la masse médullaire sensible est uniformément répartie dans leur masse poncti- forme générale , et quelle ne s’en est point encore séparée. XXVIII. Les Racliaires sont les premiers animaux chez quel- ques uns desquels on ait jusqu’à présent vu la moelle nerveuse se séparer distinctement du reste de la masse du corps. La forme sous laquelle le système nerveux se manifeste alors mérite donc d’être prise en grande considération. Mais elle doit se réduire à celle que nous avons dit constituer le second degré de dé- veloppement de la moelle nerveuse et le premier du système nerveux , c'est-à-dire être un système ganglionnaire , dont l'infériorité du type est annoncée par la parfaite égalité de tous les ganglions. XXIX. Mais comme la forme sphérique est encore essen- tielle à ces animaux , et que leur intérieur est occupé par la ca- vité stomacale également sphérique , qui est encore ici l’organe le plus essentiel , l’espace compris entre une sphère interne plus petite et une autre externe plus grande ( entre a et a, lig. i , c , pi. xxi) est le seul qui reste pour la masse animale proprement dite et pour la formation de foyers de la masse médullaire. C’est donc dans cet espace (1) qu’on voit naître des ganglions , en nombre légitime , c’est-à-dire déterminé par l’ensemble de l’ organisation , absolument semblables les uns aux autres, et séparés par des distances égales (par consé- quent, dans les Astéries à cinq rayons, cinq ganglions, b b (i) Cet espace rappelle la couche du blastoderme dans l’oeuf d’Oiseau ( [v . § xii , la note), aux dépens de laquelle le système nerveux se forme entre le jaune et la coquille, DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 39 b bb, fig. 1, c, pl. xxii); outre les nerfs rayonnans qu’ils fournissent, ces ganglions s’envoient des commissures, qui, parce qu’eux-mêmes sont situés sur une surface sphérique, les unissent en manière d’anneau ♦ Donc cette forme première et originelle du système ner- veux , non-seulement correspond d’une manière parfaite à ce qu’une construction pure nous apprend être la première forme exigible pour un système nerveux séparé du reste de la masse du corps , mais encore nous offre , dans l’anneau que les commissures produisent autour de la cavité stomacale , et que j’appellerai désormais anneau nerveux primaire , la forme d’un système nerveux que désormais nous reconnaîtrons toujours pour base essentielle , même au milieu des conformations les plus variées. Iï. Corpozoaires. XXX. Si les Radiaires offrent une forme fondamentale du système nerveux qui se rapporte aux organes les plus essentiels de la vie végétative , c’est-à-dire qui entoure la cavité stoma- cale , on se demande comment celte forme peut se développer davantage dans les Corpozoaires. En effet , que Ja forme de l’anneau nerveux primaire, c’est-àdire d’un système ner- veux du tronc , déjà éclose dans les Radiaires , doive demeu- rer comme condition essentielle , c’est ee qui découle de la signification entière de ces Corpozoaires , représentant la vie animale avec prédominance de la vie végétative et le corps animal avec prédominance du tronc. Ce développement de l’anneau nerveux primaire peut avoir lieu de deux manières : 1° parce que l’anneau nerveux primaire se développe da- vantage en lui-même ; 2° parce qu’il se répète plusieurs fois chez l’animal. Dans ce dernier cas , une plus grande diversité est rendue possible par la non-parité du développement qu’acquièrent les divers anneaux nerveux primaires et leurs ganglions. Or , ces deux modes de développement du système nerveux sont tellement répartis , dans la nature , parmi les Corpo- 4o DÉVELOPPEMENT DU SYSTEME NE11VEUX. zoaires, que les Mollusques offrent le premier , tandis que le second appartient aux animaux articulés. A. MOLLUSQUES. XXXI. Comme j’ai déjàfait remarquer, d’une manière géné- rale , que cette classe se distingue surtout par un plus grand développement de l’anneau nerveux primaire , il importe de rechercher d’abord à quoi l’on reconnaît que cet anneau s’est développé davantage. Or, le plus ou moins de volume d’une masse médullaire centrale et son plus ou moins de développement dans l’endroit qui convient le mieux à la moelle nerveuse , c’est-à-dire au côté lumineux ou tergal de l’animal , sont immanquablement les circonstances qui attestent qu’elle se trouve à un degré plus ou moins élevé d’organisation. Sous le premier point de vue , un anneau nerveux primaire est d’autant moins développé , qu’il contient plus dè ganglions , et que ceux-ci sont à la fois plus égaux et plus petits. Il l’est d’autant plus, au contraire, qu’il renferme moins de ganglions , que l’un d’entre eux prédomine davan- tage sur les autres, et que même on n’en compte qu’un seul. Sous le second point de vue , la formation de l'anneau ner- veux primaire est au plus bas degré lorsque ses ganglions se développent sans indiquer encore une distinction entre côté lumineux et côté terrestre, côté droit et côté gauche , et qu’ils apparaissent soit exclusivement, soit du moins plus volumineux, au côté terrestre de l’animal. Elle est au plus haut degré, quand le ganglion du côté lumineux surpasse les autres en volume et en développement, à plus forte raison lorsqu’il est seul. On conçoit du reste que les nerfs rayonnans propres aux ganglions suivent pas à pas ces derniers dans leur développe- ment, car les rayons doivent être déterminés par le centre. Donc, quand les ganglions acquièrent plus de développement, leurs nerfs et surtout les terminaisons périphériques de ces derniers , c’est-à-dire les organes sensoriels , doivent en prendre aussi davantage. Les considérations auxquelles je me livrerai plus loin feront voir comment ces différences se trouvent réalisées dans les DÉVELOPPEMENT DfJ SYSTÈME NERVEUX. ^ £ divers ordres de Mollusques. Elles démontreront en même temps qu’un accord parfait règne entre la perfection de l’or- ganisation générale et le développement du système nerveux , de sorte que celte dernière circonstance suffit pour justifier la place plus ou moins élevée qu’on accorde à telle ou '.elle fa- mille dans le système zoologique. XXXII. En passant aux spécialités du système nerveux dans les Mollusques, il ne faut pas perdre de vue que notre but prin- cipal est de mettre en évidence la conformation légitime de la partie la plus essentielle de ce système , c’est-à-dire de l’an- neau nerveux primaire. D’après cela, nous devons d’une part choisir, parmi les innombrables formes individuelles, celles qu’on peut surtout considérer comme caractéristiques , d’un autre côté faire abstraction de la manière dont les autres nerfs se distribuent dans le corps , où nous trouverions déjà çà et là des vestiges de multiplication de l’anneau primaire et en gé- néral de conforma dons plus compliquées. En effet, on n’ou- bliera point que je me propose ici de faire ressortir la véritable légitimité de l’ organisation animale , et que je manquerais mon but si j’allais me perdre dans le dédale des formes infi- niment variées de la nature , dont l’anatomie philosophique doit toujours supposer que l’anatomie descriptive et compara- tive a déjà indiqué les principales. 1. Mollusques privés de membres. XXXIII. Les Mollusques sont dans le même cas que les autres classes du règne animal , dont chacune représente une série de développemens depuis le plus bas échelon jusqu’au plus élevé , et par là répète jusqu’à un certain point celle de toutes les classes. Les plus inférieurs d’entre eux ,les Apodes, sont donc en- core très-voisins des Zoophytes. Comme chez ces derniers , une multitude d’individus se réunissent ici ( Pyrosoma , Botryllus , Polyclinum ) pour former un tout, et comme chez eux égale- ment, on ne trouve point non plus encore ici de masse médul- laire séparée , constituant un système à part. L’œil exercé de Cuvier n’a même pas pu apercevoir de système nerveux dans les grandes espèces du genre Salpa. On en découvre bien un 42 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. dans les Ascidies, mais il est extrêmement simple, car il ne se rompose que d’un petit ganglion situé entre la bouche et l’anus ( c’est-à-dire à la surface correspondante au côté ventral et terrestre des animaux supérieurs ) , et de filets formant des anneaux qui se dirigent en rayonnant vers ces ouvertures ( pl. xxi , fig. ii ) (1). C’est l’unique exemple que je connaisse d’un système ganglionnaire avec un seul ganglion. XXXIV. Dans le second ordre, les Pélécypodes ou Bivalves, le système nerveux affecte déjà des formes très-variées. Ce- pendantl’anueau entourant l’œsophage , l'anneau nerveux pri- maire , continue d’être la partie principale , et cet anneau ne porte point encore de ganglion au côté lumineux ou tergal ( celui de la charnière ) , tandis qu’on en découvre ordinaire- ment deux sur les côtés et un plus gros au dessous de l’oesophage , dans la masse du pied. L’anneau lui même est mince et large. Presque toujours aussi on trouve une répéti- tion de l'anneau œsophagien autour de l’anus, avec un ganglion au dessous du rectum ( pl. xxi , fig. ni ) (2). XXXY. Les Crépidopodes ont l’œsophage entouré d’un an- neau nerveux primaire plus fort, mais toujours assez large; cet anneau est plus fort au côté lumineux, et y fournit plusieurs nerfs rayonnons. Cependant sa formation ganglionnaire pro- prement dite est rejetée sur les côtés (pl. xxi , fig. iv ) (3). Dans les Gastéropodes , le système nerveux offre de nou- veau des formes extrêmement diversifiées ; mais ces Mollusques ont cependant tous l’œsophage entouré d’un anneau nerveux primaire plus serré , qui envoie des nerfs en rayonnant par tout le corps. Chez tous aussi , cet anneau porte un ganglion au dessus de l’œsophage , quoique ordinairement on trouve encore un bien plus gros ganglion sous ce canal , et même des ganglions latéraux (pl. xxi , fig. iv , A B) (4). (i) Voyez la figure que j’ai donnée du système nerveux de Y Ascidla tnacrocosinus, dans Acl. acad. nal. cur., tom. X, P. II , pl . xxxvii , fig. y. (a) J’ai figuré le système nerveux de VUiiio pictorum dans ma traduction allemande de la Conchyliologie de Brooke, pl.xir,fig. xi, i, 2. (3) Voyez la figure du système nervenx de Y Oscabrion dans Cuvier; Jdéin. sur les Mollusques , pl. ni, fig. r 4 , h d e. (4) Ç’est donc ici que, pour la première fois, nous trouvons au dessus I développement du système nerveux. 43 2. Mollusques pourvus de membres. XXXVI. Les nerfs des Brachiopodes sont encore peu connus. Cependant Cuvier a découvert dans la Lingule , autour de la région œsophagienne , quelques ganglions , qui appartiennent , sans le moindre doute , à un anneau nerveux primaire. Les nerfs sont plus faciles à apercevoir dans les Cirripèdes. L’œsophage est entouré d’un anneau nerveux , mais on ne dé- couvre au dessus de lui aucun ganglion , ni par conséquent de nerfs sensoriels (optiques) libres. Mais, au dessous, se trouve un ganglion , d’où partent deux cordons nerveux qui marchent , le long du ventre , vers l’ extrémité anale , en s’unissant à qua- tre reprises différentes pour former des ganglions , d’où par- tent des nerfs pour les pieds. Cette formation se rapproche donc déjà de celle des nerfs dans les animaux articulés (1). XXXYII. A un plus haut degré sont placés les Ptéropodes, qui non-seulement se détachentdu sol , mais encore ont des organes sensoriels supérieurs , des yeux développés. Ce progrès doit s’exprimer dans le système nerveux. En effet, d’après Cuvier, l’anneau nerveux primaire offre deux ganglions au dessus de l’œsophage , et un de chaque côté. Derrière l’anneau, s’en trouve encore un second , qui est uni au premier par des filets nerveux (2). tle l’œsophage un ganglion correspondant au cerveau humain , sons le point de vue de sa situation , et auquel , par ce motif, on donne le nom de ganglion cérébral on de cerveau. Il doit donc être intéressant d’étndicr les nerfs qui en émanent comme autant de rayons. Mais si nous réfléchissons qu il est la première apparition d un ganglion au colé lumineux, nous re- connaissons aussi que ceux de ses nerfs qui se terminent librement vers le inonde extérieur, comme nerfs sensoriels, ne peuvent être que des nerfs de la lumière, c’est-à-dire des nerfs optiques, et c’est ce qu’ils sont çn effet. Ce ganglion est donc l’analogue de la première masse cérébrale des Céphalo- zoaircs, c’est-à-dire des corps quadrijumeaux , proposition fort importante pouf la construction de la forme du cerveau des animaux supérieurs. — y. d ailleurs la figure du système nerveux du Colimaçon et de la Limace dans Cuvier , loc. cit. , pi. n, fig. 3 , r a , fig. 12 , b , (>. (ï) Voyez la figure dans Cuvier, loc. cit., Mémoire sur les animaux des Anatifcs et Balanes , fig. u. (2) Voyez la figure dans Cuvier, loc. cit., Mémoire sur le Clio, fig. 4, y. 44 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. XXXVIII. Maisc’estchez les Céphalopodes que nous trouvons le système nerveux le plus développé , etoflrant la réunion de tous les traits épars qui ont été décrits jusqu’ici. Ce qu'il y a encore de plus essentiel dans ces animaux ,' c’est l’anneau ner- veux primaire, qui entoure le commencement de l’œsophage , mais le serre étroitement. Cet anneau est large et fort ; il pré- sente surtout à sa partie supérieure une masse médullaire ou cérébrale qui , presque à l’instar des corps quadrijumeaux de l’homme , se partage en renflemens postérieurs et antérieurs. Au dessous de l’œsophage , les ganglions disparaissent si bien, pour faire place à des commissures très-développées , qu’on n’aperçoit plus qu’un simple élargissement de ces fdets jointifs, sorte de résidu des ganglions latéraux qui existent chez un grand nombre de Mollusques (pl. xxt, fig. vi ) (1). Les Céphalopodes sont donc les premiers animaux chez les- quels le ganglion cérébral acquiert décidément la prépondé- rance sur les autres portions de l’anneau médullaire. C’est donc aussi chez eux que , pour la première fois , les nerfs les plus essentiels du ganglion cérébral apparaissent purement déve- loppés, et qu’ils vont gagner sans se diviser l’organe par cela même très-développé de la lumière , ou l’œil. Mais c’est chez eux aussi , pour la première fois , que , par antagonisme par- fait avec ces nerfs lumineux émanés du ganglion cérébral , nous voyons le côté terrestre de l’anneau médullaire fournir des nerfs sensoriels destinés à l’appréciation des rapports de masse et de pesanteur. Mais la masse , c’est-à-dire le mobile dans l’espace , s’ annonce , d’après sa nature propre , par le mouvement intérieur , par l’oscillation , c’est-à-dire par le son. Ainsi , comme les nerfs les plus essentiels du côté cosmique ou lumineux doivent être les optiques , de même les nerfs les plus essentiels du côté terrestre doivent être les auditifs (pl. xxi , fig. vi , a , nerfs optiques , b, nerfs auditifs ) (2). Antagonisme fort important et pur , dont la manifestation à ce degré de 1 échelle animale est un des faits les plus importuns et les (O Voyez la figure de l’anneau médullaire du Poulpe commun, dans Cuvier , lue. cit. , pl. r , fig. 4 } «y, (a) Voyez Cuvije r , lue. cit. , fig. 4, Qç. développement DU SYSTÈME NERVEUX. 45 plus (significatifs de ceux que l’anatomie philosophique nous révèle. Du reste , outre ces nerfs sensoriels purs et indivis, l’an- neau nerveux des Céphalopodes produit encore les nerfs viscéraux et de mouvement que nous trouvons aussi , mais moins développés , chez les autres Mollusques. Le développe- ment plus considérable de ces nerfs , dans les Céphalopodes , s’annonce par les renflemens ganglionnaires réguliers que for- ment les nerfs des bras émanés des renflemens latéraux de l’anneau nerveux , par les beaux ganglions étoilés que forment les nerfs antérieurs de cet anneau , et par les plexus des nerfs viscéraux qui naissent au voisinage des précédens. Ainsi l’anneau nerveux primaire simple paraît avoir atteint le plus grand développement possible chez ces Mollusques, et les animaux compris dans les classes supérieures doivent par conséquent avoir un système nerveux où l’on retrouve ce même anneau devenu multiple. 33. Animaux articulés. XXXIX. Si nous recherchons ce qu’il y a de particulier dans l’ensemble de la structure des animaux articulés , nous trou- vons que leur corps est partagé en un nombre déterminé de segmens , dont chacun doit toujours être considéré comme la répétition d’un autre (1) , mais dont l’antérieur acquiert un plus grand développement , et porte le nom de tête. Ce type laissera aussi son empreinte dans le système nerveux , et la formation nerveuse d’un segment devra répéter celle d’un autre. Mais l’anneau étant la formation nerveuse primaire , chaque segment du corps tendra aussi à le représenter. Cependant , 1° cette tendance se manifestera diversement dans les divers segmens , en raison de leur dignité ; 2° de même cpie , dans la (1) Ainsi, pai- exemple chez les Vers, un segment du corps contient toujours les mêmes organes que celui qui le précède immédiatement. Ainsi l’on trouve dans chaque segment du corps de la Sangsue une dilatation in- testinale, une paire de vésicules respiratoires, unç anse vasculaire, une paire de testicules et un ganglion nerveux. 46 développement du système rmnvÉux. première apparition d’un système nerveux , les masses de sub- stance médullaire devaient se réunir par des commissures , de même aussi on doit trouver des commissures unissant les di- vers anneaux nerveux primaires. XLX. Examinons d’abord , en général , les caractères par lesquels un système composé de plusieurs anneaux primaires unis ensemble peut annoncer qu’il est plus ou moins parfai- tement développé. Ces caractères se rattachent à la formation de chaque anneau nerveux primaire , au nombre et aux rap- ports mutuels de ces anneaux , enfin à la nature des commis- sures qui les unissent ensemble. Quant au premier point , j’ai déjà discuté précédemment ( § XXXI ) les formes fondamentales de l’organisation plus ou moins parfaite de l’anneau nerveux , et , en renvoyant le lec- teur à ce paragraphe , je ne dois m’attacher ici qu’au seul cas dans lequel l’anneau nerveux lui-même n’est plus fermé. Lors- que cet état de choses a lieu ( pl. xxi , fig. ix ou fig. xn) , il indique toujours, 1° que la masse médullaire sensible a gra- vité vers un seul côté , qu'elle s’est accumulée uniquement du côté lumineux ou du côté terrestre ; 2° qu’il règne une unité plus prononcée dans l’anneau. Ces deux conditions font que les filets nerveux formant anneau , qui ne remplissaient d’a- bord que l’office de commissures entre les divers centres sen- sibles au pourtour d’un segment du corps , deviennent des nerfs rayonnons proprement dits. L’anneau nerveux primaire ouvert doit donc être considéré comme une formation supérieure à l’anneau fermé, c’est-à-dire exprimant mieux l’unité ; sa supériorité augmente quand l’ou- verture est située au côté terrestre , l’accumulation centrale de moelle nerveuse au côté lumineux , enfin cette dernière masse volumineuse et développée ; elle diminue, au contraire, quand l’état de choses inverse a lieu. XLI. A l’égard de la seconde circonstance, le rapport numé- rique le plus inférieur qui présidera à la multiplication de 1 an- neau nierveux primaire , sera celui de la pluralité indétermi- née , et le plus élevé celui qui exprimera des répétitions dé- terminées légitimement. Mais le plus beau rapport mutuel a lieu quand les anneaux, nerveux, diffèrent entre eux , qu ils développement DU SYSTÈME NERVEUX. 47 sont subordonnés les uns aux autres , ainsi que leurs masses centrales sensibles , et qu’ enfin on observe un centre suprême et commun à tous. XLII. En ce qui regarde la dernière circonstance, les com- missures qui établissent l'union la plus parfaite et la plus in- time entre les anneaux nerveux sont plus parfaites que celles qui les unissent d’une manière plus faible. Ainsi les commis- sures entre abc fig. xiv , pi. xxi , sont plus parfaites que celles entre b c d , fig. xin. Cependant, comme l’unité de cha- que anneau nerveux ( en quelque sorte son représentant) est le ganglion nerveux , et que quand plusieurs anneaux nerveux doivent s’unir ensemble de manière à produire une unité su- périeure , l’effet doit avoir lieu par une union établie entre ces unités, c’est-à-dire entre les ganglions , là nature des com- missures dépendra toujours de celle des ganglions, quPdéter- minera particulièrement leur situation , ainsi que leur force. Si donc les masses centrales sont placées au côté lumineux , ce sera là aussi que se développeront les commissures ; s'ils oc- cupent le côté terrestre , les commissures apparaîtront égale- ment sur ce point. Si les ganglions sont volumineux et déve- loppés , les commissures serontplus grosses et plus multipliées ( elles auront , par exemple , des fibres croisées , comme dans la fig. xv , a ) ; si les ganglions sont incomplètement développés, les commissures le seront aussi. XLIII. Après ces considérations générales , passons à l’exa- men de la formation nerveuse dans les animaux articulés. Ces animaux étant dés Corpozoaires , l’anneau nerveux pri- maire demeurera la forme la plus essentielle de leur moelle sensible , et il arrivera au plus haut degré de développement dans le segment le plus développé du corps. Mais ce segment est la tête ; c’est donc dans la tête que nous retrouvons l’anneau nerveux , chez les animaux articulés , comme chez les Mollus- ques; mais ii est plus développé chez les plus parfaits de ces animaux que chez les plus parfaits d’entre les Mollusques; le ganglion situé au dessus de l’œsophage , ou le ganglion céré- bral,existe notamment partout, et souvent même il est plus par- fait quedans les Mollusques. Les autres segmens du corps ré- pètent bien cette formation d’anneau , mais d’une manière plus 4 B DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. imparfaite ; la formation ganglionnaire y reste à un degré moins élevé , il ne s’y produit de ganglions qu’au seul côté terrestre, et ces ganglions deviennent les représentans essentiels de leurs anneaux nerveux , qui nulle part ne se ferment plus complète- ment vis-à-vis du ganglion , circonstance d’où résulte , pour ces ganglions ventraux , un degré de dignité un peu plus élevé ( § XL ). Du reste , les .commissures 11e peuvent être non plus qu’imparfaites ; car elles sont situées au côté terrestre , comme les ganglions , elles sont faibles et étendues , et , de même que les ganglions, elles n’arrivent point à un haut degré de développement. Nous obtenons donc de cette manière le type exprimé par la fig. x , a, b, c , pl. xxi , et nous trouvons que ce type, pro- longé d’une manière indéfinie en arrière et diversement mo- difié , est caractéristique pour tous les animaux articulés. i . Animaux articulés privés de membres. XLIV. Les premières formes de cette classe plongent égale- ment leurs racines parmi les Zoophytes. Ainsi les Vers et sur- tout les Entozoaires sont au plus bas degré , relativement à la répartition de leur moelle sensible , c’est-à-dire qu’ils n’ont point encore de système nerveux. Mais , dans les espèces peu nombreuses où l’on aperçoit des vestiges de ce système , on reconnaît déjà en lui la forme qu’il revêt chez les Annélides. Quant à ces derniers, le type que je viens d’assigner au système nerveux des animaux articulés en général , est déjà sensible- ment développé en eux. Autant que permettent de l’établir les recherches faites jusqu’à ce jour, les parties essentielles sont toujours un anneau nerveux entourant l’œsophage , et une chaîne de ganglions occupant le côté ventral des anneaux ner- veux primaires du tronc , qui ne sont point fermés. Un indice général d’organisation inférieure est le faible développement de ganglions à l'anneau œsophagien , l’absence de nerfs sen- soriclslibres, etla prédominance de la chaîne ganglionnaire du tronc sous le rapport du nombre et du volume de ses gan- glions. Cet état de choses est surtout bien prononcé dans le Ver de terre. Le système nerveux de la Sangsue se trouve déjà placé un peu plus haut , car il offre des ganglions plus DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. ^9 développés et en proportion numérique plus pure . On en compte dfecliyement 24, depuis le premier ganglion situé sous le pha- rynx, et dont le volume surpasse encore celui du cerveau, jus- qu’au dernier placé sous la ventouse , à l’extrémité anale (1). 2. Animaux articulés pourvus de membres. XLV. Sans que rien d’essentiel soit changé dans la confor- mation de la chaîne ganglionnaire, ces animaux se distinguent néanmoins par un ganglion cérébral plus développé et par un nombre de plus en plus restreint de ganglions à la chaîne , circonstances qui annoncent l’établissement d’une unité d’ordre supérieur. Ainsi , dans l’Écrevisse, parmi les Crustacés décapodes , l’an- neau nerveux qui entoure l’œsophage est large et allongé (2); il y a un ganglion supérieur et un autre inférieur , le premier conservant la forme ordinaire des ganglions, le second oblong, divisé en deux portions et destiné au segment postérieur de la tête ; enfin deux nerfs , qui partent latéralement de l’anneau œsophagien , annoncent clairement de petites accumulations latérales de masse médullaire centrale dans ces commissures. Toutes ces particularités se voient déjà chez les Mollusques. Mais ce qui caractérise l’Écrevisse , et lui assigne un type su- périeur , c’est que tous les nerfs sensoriels libres se rapportent au seul ganglion cérébral , dans lequel on commence déjà à apercevoir des traces de division en deux moitiés latérales hé- misphériques. Chez les Mollusques supérieurs, le nerf de la lu- mière naissait du ganglion situé au côté lumineux , et le nerf pour la perception du mouvement intérieur de la masse pe- sante , ou le nerf auditif , provenait du ganglion situé au côté terrestre ; ici ces deux fonctions sensorielles supérieures se rapportent uniquement au principal ganglion nerveux , au ganglion cérébral. ' XLYI. Ainsi, outre que les nerfs les plus essentiels du gan- (i) Voyez Boj.vnus, clans Isis , 1817, n° 1 1 1 , pl. 7 , lîg. 1 et 3. (a) Voyez nne très-bonne figure de cette chaîne ganglionnaire dans Succow , Anatomiscli-physiologisahc Untersiicluingen (1er Inseckten and Krusienthïere , i8l8,pl.xt, lig. 7. III. 4 50 DÉVELOPPEMENT DU SYSTEME NERVEUX. glion cérébral restent nécessairement les nerfs de la lumière , ou les nerfs optiques , le sens et le nerf pour la perception de la masse trouvent aussi leur centre dans ce ganglion. Mais , comme des degrés supérieurs d’organisation supposent tou- jours des séparations plus tranchées , ce dernier sens se par- tage aussi en sens pour la perception des émanations chimiques et en sens pour la perception du mouvement intérieur de la masse , c’est-à-dire en sens de l’olfaction et en sens de l'audi- tion. Ces animaux sont donc les premiers chez lesquels on ren- contre des nerfs optiques , olfactifs et auditifs distincts, provenant d’un ganglion cérébral (1). Cependant l’essenlialité du nerf optique continue toujours à être prouvée par son volume et par sa naissance au bord antérieur du ganglion cérébral ; les nerfs olfactif et auditif sont très-petits et naissent , le premier de la partie moyenne inférieure , le second de la région postérieure de ce ganglion ( Y. pi. xxt , fig. x' , représentant le ganglion cérébral vu en dessous }. Quant an système nerveux du tronc , la poitrine étant for- mée de cinq et l’abdomen de sept segmens ou anneaux , nous trouvons dans la poitrine cinq , et dans l’abdomen sept gan- glions nerveux placés au côté ventral , réunis par des com- missures doubles ( comme chez les Vers ) , et fournissant cha- cun une double paire de nerfs , ce qui annoncé la tendance à former un anneau nerveux primaire. Les cinq ganglions delà poitrine sont plus gros ( les deux postérieurs presque confondus en un seul , tant entre eux qu’avec le premier abdominal ) , et les sept de l’abdomen plus petits. Les paires de nerfs se rap- portent déjà essentiellement aux membres , et les anneaux ner- veux primaires du tronc s’effacent par là de plus en plus , ou plutôt il n’en reste guère que leurs masses centrales , les gan- (i) Rosenthal a Lien essayé de démontrer l’existence d’un organe de l’odorat et de nerfs olfactifs chez les Céphalopodes ( Abhandlungen ans dern Gebletc der Anatomie , in-S, 1824, Berlin, p. i3), ruais il me parait avoir été moins henrenx ici qu’à l’égard des Crustacés, chez lesquels nous lui devons la première démonstration de ce sens. Mais, en supposant même que sa con« jeetnre se vérifie , la réunion des trois nerfs sensoriels dans le ganglion cé- rébral n’en aurait pas moins lieu pour la première fois seulement chez les Crustacés. DÉVELOPPEMENT Dû SYSTÈME NERVEUX. 5 I glions. Ces ganglions sont donc au nombre de 14 dans la tête et le tronc, et, comme -trois d’entre eux se fondent en un seul, il en reste précisément 12. XL VII. Dans les Isopodes, le type du système nerveuxse rap- proche davantage encore de celui des Vers , ce qui s’exprime surtout par le nombre plus considérable des ganglions. Ainsi Cuvier (1) a trouvé dans la Scolopendre 24 ganglions nerveux ( comme dans la Sangsue ) , dont chacun fournit deux nerfs , l’un en devant , l’autre en arrière , qui se dirigent de bas en haut , en suivant le segment du corps , et représentent ainsi l’anneau nerveux primaire. Cuvier dit du Monocle (2) que la conformation de son cordon nerveux pourrait presque déterminer à le ranger parmi les Annélides. Dans les Arachnides , au contraire , le type passe davantage à celui des Insectes. Le nombre des ganglions est moindre , mais le ganglion cérébral est moins développé sous le rapport des nerfs sensoriels libres ; les ganglions du tronc , au con- traire , sont tous forts , et leurs nerfs, qui n’ont pour ainsi dire plus de tendance .à former des anneaux nerveux primaires , Se rapportent presque uniquement aux membres. Eu égard au nombre , Treviranus a trouvé , chez le Scorpion , trois gan- glions dans la poitrine et quatre dans les quatre premiers des sept segmens abdominaux. Chez les Araignées , les quatre ganglions de la poitrine sont réunis en une seule masse , et il y a un ganglion dans l’abdomen , de sorte qu’ici la tête , la poitrine et le ventre ne contiennent chacun qu’une seule masse centrale nerveuse , et qu’il n’y a que celle de la tête qui con- serve encore le type de l’anneau nerveux primaire (3). XL VIII. Arrivés aux Insectes, nous trouvons que leur système nerveux varie beaucoup dans les détails , mais qu’envisagé d’une manière générale , il offre un type fondamental très- simple , qui , même sous le point de vue des rapports numé- riques , ne diffère presque pas de celui qu’on rencontre chez les Décapodes. (i) Leçons d’anatomie comparée, Paris, 1800, t. II, p. 35a. (a] Loc. cil. p. 317. (3) Foin innern Baue der Arachnidcn, j8ia. Ô2 DÉVELOPPEMENT DU SYSTEME NERVEUX. L’anneau nerveux primaire de la tête est le meme , quant au fond , que chez les Décapodes ; seulement il paraît serrer davantage l’œsophage, comme si le ganglion du côté lumineux et celui du côté terrestre voulaient se confondre en un seul. Le premier , ou le ganglion cérébral , demeure dominant et fournit les volumineux nerfs optiques. L’existence de nerfs olfactifs et auditifs , quoique vraisemblable, n’est point encore prouvée ; mais , si elle était réelle , ces nerfs ne se rapporte- raient certainement qu’au ganglion cérébral. Le nombre fondamental des ganglions de la chaîne ganglion- naire est encore de douze , comme dans les Crustacés ; mais chez la plupart des Insectes parvenus à l’état parfait, il dimi- nue , de sorte qu’on trouve trois ganglions plus gros pour la poitrine , et six pour l’abdomen , et que le rapport de 1 (masse centrale annulaire de la tête) à 3 et à 6 forme une progression très-régulière. Chez les larves, au contraire, le nombre 12 pré- domine ordinairement , les ganglions sont plus égaux entre eux, l’anneau nerveux primaire de la tête est plus large , et le ganglion cérébral ne rayonne point encore de nerfs senso- riels libres ; en un mot, le type du système nerveux se rap- proche encore de celui des Vers. Ainsi le passage d’une série plus longue de ganglions égaux à une série plus courte de ganglions devenus inégaux et su- bordonnés à un ganglion suprême , confirme admirablement les lois de l’unité qui détermine le système nerveux en par- ticulier. Du reste , la grande diversité qui règne dans le système nerveux d’espèces même très-voisines , témoigne que les In- sectes occupent encore un rang peu élevé sous ce rapport (1). XLIX. Je dois encore parler d’une formation remarquable qu’olfre le système nerveux d’un grand nombre de ces ani- maux. C’est celle d’une petite chaîne ganglionnaire particulière pour le canal intestinal , dont le développement est une suite de l’antagonisme plus prononcé qui , pour la première fois , s’établit , chez les animaux articulés , entre l’intestin et la peau. (i) V. le mode de disposition et de développement du système nerveux citez le Scarabée nasicorne et le Cerf yolant, dans Cuvier , lac. cil , p. 3i8 , 520, 334,336. DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 53 C’est en effet ici que la surface cutanée acquiert son plus haut degré de développement relativement à la segmentation, à la formation de poils et de plumes , à la musculature et à la production de membres. ■ Il résulte de là que , cette surface du corps étant la plus parfaite (1) , le système ner- veux du tronc se rapporte davantage à elle , et qu’à l’in- testin , autour duquel l’anneau nerveux primaire s’était appli- qué d’abord , mais qui maintenant est fort séparé du système nerveux général , le type de ce système nerveux se répète sur une plus petite échelle et en proportion inverse , quoique toujours subordonné au centre général, au ganglion cérébral. Il se forme donc , autour de l’oesophage , quelques demi-an- neaux nerveux particuliers , dont les masses centrales , par antagonisme avec celle des anneaux plus grands , se dévelop- pent au côté lumineux , et ces ganglions sont unis , tant entre eux qu’avec le ganglion cérébral , par des commissures lon- gitudinales (pl. xxi , fig. x , a , p). Jusqu’ici on a désigné celle chaîne remarquable sous le nom de nerf récurrent , sans en apprécier la haute signification. IIÏ. Céphalozoaircs. L. L’anneau nerveux primaire , composé de commissures, a donc paru d’abord autour de la cavité stomacale, remplis- sant l’office de système nerveux du tronc. Puis , devenu masse nerveuse annulaire dans la tête, il est toujours resté à la partie la plus essentielle du système nerveux , chez les Corpozoaires, qu’il fût d’ailleurs plus en rapport, soit avec la peau, soit avec l’intestin. Mais on peut déjà induire de là qu’une section du règne animal qui doit être caractérisée , non plus par la pré- dominance du corps végétatif , le tronc, mais par celle du corps animal , la tête , doit l’être également par une formation ner- veuse autre que cet anneau. Or, quand les commissures for- mant anneau entre deux ou plusieurs ganglions , au pourtour d’un segment du corps , ne sont plus la chose essentielle , il (i) Voilà pourquoi il arrive même quelquefois au dermalosqtieletle d’en- tourer 1rs ganglions ou leurs commissures par des deutoverlrbres dévelop- pées en dedans. 54 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. faut que celle-ci soit un ganglion lui-même et la commissure qui unit les ganglions des divers segmens du corps ou anneaux nerveux primaires. LI. Si donc il apparaît un système nerveux où , dans cha- que segment du corps articulé , il ne se développa qu’un seul ganglion , mais puissant et situé au côté lumineux , c’est-à-dire tergal , et qu ensuite les divers ganglions de tous les segmens du corps soient réunis entre eux , par des commissures , en une grosse masse centrale nerveuse , et ramenés ainsi au type d’une imité supérieure ( pl. xxi , fig. xiv , a — d) ,ce système , par- faitement approprié à l’idée d’un animal que caractérise la pré- dominance du développement de la tête , constituera un sys- tème cérébral. Si , en outre, soit par une répétition du type an- nulaire primitif sur le trajet des nerfs essentiels aux ganglions tergaux, soit par une subordination de plus en plus parfaite entre les ganglions eux-mêmes , offrant d’ailleurs des propor- tions numériques très-variées , un pareil système nerveux de- vient susceptible de subir des modifications infinies et de pré- senter un type tantôt plus et tantôt moins élevé , cette circon- stance, qu'on pourrait désigner sous le nom de perfectibilité illi- mitée, correspond encore davantage à l’idée d’un Cépbalozoaire. Examinons donc comment le développement , soit des gan- glions et de leurs commissures, soit des nerfs rayonnons, peut exprimer un type différent, tantôt plus et tantôt moins parfait. LU. A. Ganglions et leurs commissures. — Si les ganglions, presque toujours largement étalés et réunis par de faibles com- missures, que les animaux des classes précédentes offrent dans les divers segmens de leur corps , sont ici plus concentrés et unis par de fortes commissures , il résulte de ces deux fac- teurs l’idée d’une masse nerveuse centrale déposée au côté lu- mineux ou tergal. Le plus bas type de cette formation est celui où les deux facteurs se trouvent unis de manière à ce qu’aucun ne prédo- mine , les ganglions étant en nombre indéterminé et parfaite- ment égaux entre eux ( pl. xxi , fig. xiv , a , d ). Un type plus élevé est celui où cet état d’indifférence cesse, de manière que la formation ganglionnaire domine d’un côté , et celle des commissures ou des fibres longitudinales de DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 55 l’autre. Comme le ganglion est supérieur à la commissure , et que les Céphalozoaires sont caractérisés par la prédominance du ganglion , le développement ganglionnaire dans la niasse centrale nerveuse se rapporte à la moitié du corps de l’animal qui est le plus élevée en dignité, au corps animal, ou à la tête, et nous l’appelons cerveau; la prédominance du développement des fibres longitudinales a lieu , au contraire , dans le corps végétatif , le tronc , et il en résulte ce qu’on nomme la moelle épinière. Cette division a donc pour résultat que la masse cen- trale nerveuse se concentre au pôle du cerveau , et la forma- tion des commissures à celui de la moelle épinière , que toute formation ganglionnaire disparaisse , que par conséquent la masse nerveuse centrale se termine uniquement à sa partie antérieure par une masse ganglionnaire et à sa partie pos- térieure par des filets longitudinaux ou terminaux (pi. xxi , fig. xvi, a , A , x). Enfin la masse nerveuse arrive au plus haut type quand ses deux portions, primordialement égales, entrent l’une à l’égard de l’autre dans un rapport pur de centricité , et que , non- seulement par son plus grand développement intérieur , mais encore par la prédominance de sa masse , la portion ganglion- naire , c’est-à-dire le cerveau, acquiert une prépondérance dé- cidée (pl. xxi , fig. xxi ). Du reste , il est dans la nature de la moelle nerveuse que toujours elle tende à s’accumuler de préférence au côté de l’organisme qui est le mieux tourné vers la lumière. 11 suit de là que le passage du second type au type suprême ne peut être sans influence sur la direction de la masse nerveuse centrale et sur celle du corps entier. En effet, si la masse nerveuse centrale et le corps entier sont horizontaux , lorsque le cerveau et la moelle épinière conservent encore une sorte d’équilibre (pl. xxi , fig. xvn ) , le développement plus consi- dérable de la masse cérébrale doit déterminer un redressement proportionnel , au moins de la région du corps qui touche au cerveau ( pl. xxi , fig. xx ). Mais quand le cerveau devient centre absolu , comme l’était primordialement la masse de la moelle épinière tout entière , la position respective de la moelle épinièrô et du cerveau doit changer aussi : la 56 développement du système nerveux. première, comme pôle de la pesanteur, doit se tourner vers la terre , et l’autre , comme pôle de la lumière , vers l’u- nivers ( pl. xxi , fig. xxi ). La station droite des êtres chez les- quels la masse nerveuse centrale est arrivée à ce degré de développement , et surtout de l’homme , se trouve donc expli- quée par là (1). LUI. Les divisions et les rapports numériques des ganglions méritent d’être examinés. A l’égard des divisions des ganglions , un ganglion de la masse nerveuse centrale, comme toute autre partie quelconque, exprime son progrès de développement par la division , et cette dernière se dirige dans le sens des divisions du corps animal entier, de sorte que le ganglion pourrait se partager, et se partage réellement, en portion inférieure et supérieure, droite et gauche , même antérieure et postérieure. On conçoit que la signification et la fonction de ces diverses parties ne peu- vent être les mêmes. Si nous prenons , par exemple , un ganglion de la moelle épinière ( pl. xxi , fig xvi , a, 9 ), et que nous en examinions la coupe verticale (fig. xii' , A) , nous voyons qu’il peut se divi- ser en moitié supérieure droite et gauche , et moitié inférieure droite et gauche , et que les parties supérieures , qui sont plus spécialement tournées vers la lumière , auront nécessairement par cela même une signification plus relevée, une nature plus sensible, que les inférieures. Ces divisions, qui, à la moelle épinière, produisent une fente longitudinale en haut eten bas, à droite et à gauche (fig. xii', B), deviennent beaucoup plus fortes encore au cerveau , et y en- traînent surtout un plus grand développement des deux por- tions supérieures situées au côté de la lumière ( pl. xii', C ) , jusqu’à ce qu’enfin , dans la portion antérieure de la masse cé- rébrale, qui doit être la plus supérieure de toutes, et se trouver dans l’antagonisme le plus pur avec le filet terminal de la (1) Le rapport est nécessairement inverse dans le fœtus , puisque le corps de la mère est, en quelque sorte , à l’égard de ce dernier , la terre qui le porte et vers laquelle par conséquent il doit diriger son pôle de la pesanteur. Voilà pourquoi, chez l’homme et les animaux, la tète et le tronc du fœtus sont situés en sens inverse de ceux de là nièro.j développement du SYSTÈME NERVEUX. 5^ moelle épinière , on voie disparaître tont-à-fait,en môme temps que les commissures longitudinales , la moitié inférieure , ou ce qu'on nomme la moelle allongée , d’où résulte que cette masse devient exclusivement un côté lumineux développé. Au reste , d’après les formes fondamentales de la thèse , de l’antithèse et de la synthèse , qui se reproduisent partout , les progrès de la division amènent la nécessité d’une nouvelle réunion , et de là naissent de nouvelles commissures , non plus entre plusieurs ganglions , mais dans l’intérieur même d’une masse ganglionnaire, et entre ses moitiés divisées ( pl. xxi, fig. xn', C , a ). Mais , indépendamment de ces commissures , la division de la substance ganglionnaire donne encore lieu à une particula- rité fort importante dans la conformation de la masse nerveuse centrale, à la formation de ventricules. En effet, cette masse cen- trale, comme tous les organes importans , comme le corps en- tier lui-même , naît d’un liquide , qui se consolide d’abord à la circonférence , qui , par conséquent', est dans le principe creux et rempli de liquide (comme l’œuf). Si le dévelop- pement fait assez de progrès pour que la circonférence sur- tout se développe et se divise , la solidification ne se termi- nera point dans l’intérieur , et il s’y produira des cavités per- manentes. Voilà pourquoi dès que la masse centrale cylin- drique de la moelle nerveuse est divisée par quatre fentes pa- rallèles à son diamètre longitudinal, nous la voyons offrir, dans toute son étendue , une excavation , un canal. Mais ce canal ne se déploie complètement que là où le développement de la périphérie du ganglion et sa division sont arrivés au plus haut point, c’est-à-dire dans le cerveau (pl. xxi, fig. xn' G. (3)(d), tandis qu’à la moelle épinière, où les parties latérales se sépa- rent moins, le canal s’oblitère aussi. L1V. Passons maintenant aux rapports numériques qui s’ob- servent dans la division de la masse nerveuse centrale en gan- glions. (1) C’est par là seulement qu’on parvient à bien ccncevo'r que les ventii- cules du cerveau sont des déploiement du canal de la moelle ép'nière, à peu près comme le cerveau est un développement plus considérable de cette moelle elle-même. 58 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. Chaque ganglion devant être ( d'après la fig. xiv ) le repré- sentant d’un anneau nerveux primaire , et par conséquent le centre de la sensibilité d’un article du corps , le nombre des ganglions doit correspondre à celui des segmens du corps , et il est déterminé par les mêmes causes que celles qui détermi- nent ce dernier. Mais la division essentielle du corps entier, chez les Cépha- lozoaires , celle en corps animal et corps végétatif, en tête et tronc, et Indivision essentielle de la masse centrale du système nerveux en cerveau et moelle épinière , ont déjà été démon- trées. Il ne reste donc plus qu’à examiner s’il peut appartenir un nombre légitimement déterminé de ganglions à chacune de ces deux moitiés , ou si le nombre en peut être indéter- miné dans l’une, et, en second lieu, combien chaque moitié possède légitimement de masses ganglionnaires.- LV. A l’égard du premier point, une proportion numérique indéterminée et variable est toujours un type moins élevé qu’une autre déterminée et invariable. Or le cerveau étant la principale moitié delà masse nerveuse centrale, celle qui carac- térise essentiellement les Géphalozoaires , il est clair que cet or- gane doit avoir aussi des masses ganglionnaires en nombre dé- terminé et invariable , tandis que ce même nombre peut varier diversement à la moelle épinière. Cette loi, évidente déjà en elle-même, est pleinement confirmée par l'observation. Quant au second point , il est naturel que nous nous occu- pions d’abord du nombre légitime des masses cérébrales. Nous avons reconnu précédemment que le premier mode de division, dans toute formation quelconque, est celle en deux , et qu’ immédiatement après vient celle où l’unité primaire se reproduit entre les deux termes provenant de la première , c’est-à-dire la division en trois. Or la division en deux étant celle qu’affecte d’abord la masse nerveuse centrale , on doit s’attendre à ce que la divi- sion en trois deviendra essentielle à la segmentation ultérieure de chaque moitié. Mais les considérations suivantes se réunissent encore pour prouver que la division en trois doit être essentielle au cer- veau. DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. fig Le premier vestige d’un cerveau , chez les Corpozoaires, le ganglion cérébral sensible, provenait d’une accumulation de sub- stance au côté lumineux, c'est-à-dire d’un ganglion lumineux, don ganglion de nerf optique, d’un ganglion optique. Ce ganglion lumineux devant être aussi , par suite du développement pro- gressif du règne animal , le premier rudiment du cerveau dans les Céphalozoaires , et la nécessité étant pour lui de se subdi- viser , mais de telle manière cependant que le ganglion lu- mineux ressorte de nouveau comme membre essentiel et unité première dans cette segmentation, il doit se partager en trois, et de telle sorte que la répétition du ganglion optique oc- cupe le milieu. Cette loi est également évidente par elle-même, et sur elle repose l’axiome suivant , confirmé par l’observa- tion : Tous les Céphalozoaires ont une masse optique ( corps quadrijumeaux ) qui apparaît la première dans l’embryon , et qui occupe toujours le milieu du cerveau. LYI. La division entrois nous procure donc une masse céré- brale postérieure et une antérieure , entre lesquelles s’en trouve une médiane , qui est la répétition du premier gan- glion cérébral simple. La masse cérébrale antérieure ( cerveau, moins les corps quadrijumeaux ) et la postérieure (cervelet) sont donc les centres proprement dits de toute la masse mé- dullaire nerveuse du côté lumineux , dans les Céphalozoaires ; mais l’antérieure , celle qui se trouve le plus en antagonisme avec le filet terminal de la moelle épinière , est, comme je l’ai dit, le ganglion dans lequel cessent les commissures longi- tudinales ( de même que le filet terminal de la moelle épinière n’est qu’un simple filet longitudinal , dans le- quel cesse la formation ganglionnaire ) , et l’on doit la con- sidérer comme un simple développement du côté lumineux de la masse ganglionnaire entière. Ainsi donc , tandis qu’on doit voir dans la masse cérébrale postérieure le centre immé- diat de la moelle épinière , l’antérieure est le foyer du cerveau et de la moelle épinière en même temps , d’où résulte quelle est encore susceptible d’un développement très - considé- rable, lequel a naturellement lieu aussi par d’ultérieures seg- mentations internes. Mais si tout ce qui précède établit que la triade est le 60 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. rapport numérique essentiel du cerveau , il s’ensuit aussi que quand une détermination légitime devient dominante dans le nombre des ganglions des autres masses nerveuses centrales, ce ne peut non plus être que la triade qui, en sa qualité d’ex- pression première de la légitimité , doit d’autant mieux se répéter dans le nombre des autres ganglions médullaires , que la tête et le cerveau sont les parties désignantes et par consé- quent déterminantes du corps chez les Céphalozoaires. Il ne nous reste plus qu’à rechercher combien de fois la répétition du nombre trois est commande , par une loi inté- rieure , dans le reste de la masse nerveuse centrale. La moelle épinière représentant la réunion des ganglions lumineux des divers segmens du tronc , le développement de ces segmens , qui dépend à son tour de celui de certains vis- cères du tronc, doit exercer une influence essentielle sur la détermination du nombre de ses ganglions , et comme la na- ture, en général, tend à réaliser , dans des êtres particuliers , tous les rapports possibles de l’organisation , ce qui est la source de l’innumérable multiplicité des espèces, les rapports numériques qui président à la répétition de la triade des masses cérébrales dans les ganglions de la moelle épinière , doivent être extrêmement variés. LVII. Mais qu'on parte , soit de la propriété arithmétique du nombre six, comme premier nombre parfait ,oude la cons- truction géométrique de la multiplication possible d’une sphère en une colonne de sphères engagées les unes dans les autres (prototype du corps animal articulé), soit du développement dans l’œuf de l’animal , dont le corps ( déterminé par la colonne vertébrale ) se forme au pourtour d’une sphère ( vésicule vi- telline ) , et par conséquent se divise de la manière la plus simple en six parties égales ( comme le plus grand cercle d’une sphère l’est de même par son rayon ) , quelque marche qu’on suive , on arrive toujours à ce résultat que la division du corps animal entier en six régions principales , correspondantes à certaines fonctions fondamentales , est celle qui exprime le plus parfaitement une légitimité déterminée. Ces six régions sont la tête, le cou, la poitrine, l’épigastre, l’hypogaslre et le bassin. DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 6 £ La division primaire du cerveau étant celle par trois, chaque segment de la masse nerveuse centrale située au dessus des cinq régions du tronc , devrait, à proprement parler, se diviser aussi par trois. Mais comme , dans un organisme parfait, l’es- scntialité du tout doit aussi s’exprimer dans la nature des par- ties , ce serait un rapport plus élevé encore si la division gé- nérale par six, qui est la double division par trois , se répétait dans chacun des six segmens du corps. Voilà pourquoi , quoi- que des rapports numériques extrêmement variés puissent et par cela même doivent s’offrir à nous, dans le règne animal , sous le point de vue des ganglions de la moelle épinière , ce- pendant un rapport numérique tel que la masse centrale ner- veuse entière représente une chaîne de G X 6 = 36 ganglions , est le plus légitime et par conséquent le plus élevé en dignité (1). LVIII. Si une première division en six grands segmens et une subdivision de chaque segment en six masses ganglionnaires sont l’état de choses le plus légitime pour l’ensemble de la masse nerveuse centrale , comme le cerveau , d'un côté , est un des plus gros segmens , et d’un autre côté forme la moitié de la masse nerveuse centrale, il devra également avoir une division en six , pour correspondre à un type supé- rieur de formation. Cette condition peut être remplie , et, dans le règne animal , elle l’est réellement de deux manières : tan- tôt les trois masses cérébrales demeurent simples , mais le nombre trois se répète dans trois ganglions pairs situés en avant d’elles (pl. xxi, fig. xviii, e, f, g), tantôt les trois (l)Ces considérations sur les rapports numériques des ganglions sont ap- plicables aussi au nombre des ganglions de la chaîne ganglionnaire des Corpozoaires, chez lesquels également les organisations plus régulières offrent un rapport numérique permanent qui est déterminé par les nombres trois et six (par exemple pour les Vers, 12 pour les larves d’insectes, 1 —J— 3 —J— 6- pour les Insectes parfaits). C est en ayant égard à ces rapports de nombre et de forme que l’on trouve la raison mathématique du placement de certains animaux à un degré plus ou moins élevé, et que l’on exclut l’ar- bitraire de cettu subordination; car il n’est pas nécessaire de prouver qn’une organisation développée d’après des rapports numériques plus purs et plus réguliers, d’après des formes plus pures et plus diversifiées, doit occuper un plus haut rang que celle qui n’est point développée ainsi. 6s DÉVELOPPEMENT DU SYSTEME NERVEUX. masses cérébrales elles-mêmes se subdivisent. Si ce dernier cas arrive , la masse cérébrale antérieure , foyer essentiel de tout le système nerveux , est par cela même plus disposée que les autres à se diviser , et à répéter en elle la triade du tout, ce qui a lieu par les couches optiques;, les corps striés et la masse des hémisphères. Arrive-t-il en outre à la masse cérébrale moyenne de se partager en deux , nous obtenons une progression de 1 + 2+ 3 = 6 (pl. xxi , fig. xxi , 7, p ( 1, 2) a ( 1 , 2 , 3). Du reste , ce dernier mode de division est évidemment supérieur à l’autre , parce qu’il repose sur une segmentation intérieure de parties essentielles , qui annonce toujours un plus haut degré de développement. La division du cerveau en six parties, jointe à celle de la moelle épinière en 5X6 ganglions , ne se réalise que dans la plus parfaite des organisations , chez l’homme (1). LIX. Les nerfs qui se distribuent dans le corps méritent aussi de fixer notre attention. Les nerfs sont primordialement des espèces de commissures entre les diverses parties du corps et les masses centrales du système nerveux. Cependant , plus ils se développent , plus ils deviennent des moyens de connexion entre ces masses et l’u- nivers , plus ils favorisent le conflit avec le monde extérieur, par l’apperception sensorielle et l’excitation du mouvement. Nous devons donc considérer comme les nerfs les plus élevés en dignité ceux qui se dirigent vers le monde extérieur sans se diviser, et qui, mettant l’individu en rapport avec la nature entière , sont les conditions les plus essentielles d’un dévelop- (1) Au reste, quand le nombre six apparaît dans le cerveau par l’effet d’une segmentation interne ultérieure de ses masses, comme le cerveau était primairement divisé en moitié postérieure et moitié antérieure par un segment médian (ganglion optique), la répétition de ce segment médian devient né- cessaire, et d’autant plus, qu’il est lui-même celle du ganglion cérébral primairement simple. Ainsi donc , entre les trois masses postérieures (lig, xxi, 7+1 2 ) et les trois antérieures (*, u 3) doit apparaître une partie simple (+)• Or cette partie est la glande pinéale, qui, par conséquent, a l’importante signification d’être la troisième répétition du ganglion céré- bral primaire, et par conséquent d’annoncer que la formation du cerveau est complète. DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 63 pement intellectuel infini. Ce sont là les nerfs des sens supé- rieurs , dans lesquels seuls aussi les extrémités périphérique et centrale se ressemblent , en ce que chacune est garnie d'un renflement ganglionnaire (1). LX. Nous aurions à rechercher quels nerfs se rattachent aux diverses masses ganglionnaires centrales , et comment ils s’y unissent. Si les ganglions tergaux , unis par les commissures longitudinales, étaient encore simples et égaux entre eux, il ne pourrait non plus émaner d’eux que des nerfs simples et tous égaux. Si, au contraire, tous ces ganglions, et surtout quelques uns d’entre eux , étaient plus développés et divisés , les nerfs qui leur appartiennent devraient nom seulement avoir un carac- tère plus élevé , mais encore se^di viser en eux-mêmes. LXI. Mais les ganglions de la masse nerveuse centrale , outre leur partage en deux moitiés latérales ( qui est la condition de la disposition par paires de tous les nerfs rachidiens ) , offrent encore une division de chaque moitié latérale en une portion supérieure et une autre inférieure. De là vient que ce n’est point une paire simple de nerfs qui appartient à chaque gan- glion , mais que chaque membre de cette paire se compose de deux origines nerveuses , l’une inférieure et l’autre supé- rieure ( pl. xxi , fig. xn/A). Or les portions supérieures des ganglions l’emportant en dignité sur les inférieures , les nerfs qui procèdent des unes et des autres doivent avoir ensemble le même rapport. Examinons d’abord le développement de ces doubles ori- gines nerveuses. LXII. Si le degré le plus bas consiste en ce que d’un gan- glion simple il sorte de chaque côté un nerf simple , dans le- quel les origines supérieure et inférieure ne sont point encore distinctes l'une de l’autre , le plus élevé consiste en ce que les deux origines soient complètement séparées et forment des paires de nerfs différentes (pl. xxi , fig. xn', G). On pourrait (i) Cette manière d’envisager les nerfs est la seule qui puisse faire conce- voir pourquoi ceux des sens supérieurs perdent entièrement l’aptitude à sentir leurs propres états et ne sont plus propres qu’à percevoir les relations de l’organisme avec le monde. Ainsi le nerf optique est insensible ans coups, aux coupures, aux déchirures. 64 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. encore concevoir un degré intermédiaire, où les deux origines seraient distinctes de chaque côté , mais ne larderaient pas à se réunir ensemble ( pl. xxi , fig. xu', B). Si le degré le plus inférieur correspond au ganglion simple, le plus élevé correspondra au cerveau , et l’intermédiaire à la moelle épinière , précisément parce que celle-ci doit être con- sidérée comme tenant le milieu entre le simple ganglion ner- veux et le cerveau. L 'observation prouve que les choses se pas- se?it réellement ainsi. Nous trouvons donc que chaque paire de nerfs est formée, dans la moelle épinière , de deux racines , l’une inférieure , l’autre supérieure, et si des recherches récentesont établi, par la voie de l’observation , que les racines supérieures sont réellement plus sensibles que les inférieures (1), il sera facile de se convaincre , d’après la manière dont j’envisage le cer- veau , que la chose ne pouvait être autrement. Si nous passons au 'cerveau , nous voyons les racines ner- veuses supérieures sortir de la moitié supérieure ou lumineuse des ganglions cérébraux , se séparer entièrement des racines inférieures , et correspondre , quant au nombre , aux trois masses cérébrales. De là résultent les trois principaux nerfs qui , tournés librement et simplement vers le monde extérieur, offrent, à leurs extrémités périphériques , un antagonisme pur avec leur masse centrale, dans les ganglions déployés qu’on y remarque, c’est-à-dire dans les nerfs olfactif, optique et audi- tif se développant en ganglion olfactif, rétine et sac du la- byrinthe de l’oreille. Mais , parmi ces trois nerfs , l’optique , qui est le premier qu’on voie naître du ganglion cérébral , se trouve placé dans le milieu , parce que les tubercules quadri- jumeaux sont une répétition du ganglion cérébral entre le cerveau proprement dit et le cervelet. {i) Magendie regarde les racines supérieures comme consacrées exclusive- xnent au sentiment , et les inférieures au mouvement. Cette opinion a été attaquée, et elle peut être blâmée, en effet, comme trop absolue ; mais qnand on suit avec attention le développement du système nerveux, il est impossi- ble de douter que les libres supérieures ou postérieures doivent avoir une sensibilité plus exquise , une signification plus relevée , que les inférieures ou antérieures. développement du système nerveux. 65 La construction exigerait maintenant, pour correspondre aux trois gros nerfs sensoriels , trois gros nerfs émanant de la moitié inférieure du cerveau , et que j’appellerai accessoires ou complémentaires. Mais, si nous considérons que, des qua- tre segmens essentiels dans lesquels chaque ganglion pour- rait se résoudre ( pl. xxii , fig. xii, B, G ), les inférieurs ont en- tièrement disparu dans la masse cérébrale antérieure , qui ne représente maintenant que le ganglion lumineux absolu , et que tout devient développement de la portion supérieure , de celle qui est en rapport avec la lumière , on conçoit que le nerf complémentaire ou accessoire doive s’oblitérer dans la masse cérébrale antérieure , et qu’en conséquence nous ne puissions plus trouver essentiellement que deux paires de nerfs accessoires. Or l’observation nous atteste aussi l’existence réelle d’un pareil état de choses, et , plus l'organisation ani- male est simple , plus on aperçoit distinctement tant le nerf branchial ou pulmonaire (paire vague) , comme accessoire de la masse cérébrale postérieure et du nerf auditif , que le nerf maxillaire (trifacial ), comme accessoire de la masse cérébrale moyenne et du nerf optique. Du reste, c’est un vestige de développement d’une troisième paire de nerfs accessoires quand, à l’endroit où la masse cérébrale antérieure commence à se déployer, on voit se porter de haut en bas une certaine quantité de moelle médullaire molle et non fibreuse , qui ce- pendant ne tarde pas à se terminer en un bouton médullaire de masse plus grossière. Ce rudiment du troisième nerf acces- soire est communément désigné sous le nom d 'entonnoir et de glande pituitaire. LXIII. La formation essentielle du cerveau et les nerfs céré- braux essentiels pourraient donc être présentés sous la forme du tableau suivant : 5 ni. 66 DEVELOPPEMENT DTI SYSTÈME NEUVETJX. en ej ü — ‘Ü Ü rcullumcns supérieurs. renflemens inferieurs. 1. II. III. O Ckbvei.eï , simple Tubercules quadri- g* Cerveau , partagé longitudinalement jumeaux, partagés eu longitudinalement longitudinalement ^ en trois. en deux. ' S' Moelle allongée. Scission de la moelle Disparition des bras allongée en deux Ç> de la moelle allon- bras. gée dans les gan- glions du cerveau. K 1 3 1 f racines su- i périeurcs. Nerf v ™ i %z I racines in- [ ferieurcs. Paire auditif. Nerf optique, vague. Cinquième paire. Nerf olfactif. Simple rudiment ( entonnoir). Comparez avec ce tableau la pl. xxi, %. xiv, b, ou fig. XXI. Je dois cependant encore faire remarquer que le dévelop- pement supérieur, qui comporte une division plusieurs fois répétée dans l’intérieur du cerveau, exerce aussi de l’influence sur la formation des nerfs , en ce sens que non-seulement les racines supérieures et inférieures, toujours réunies de chaque côté en une paire de nerfs , à la moelle épinière, sont suscepti- bles de former des nerfs particuliers , mais qu’ encore les di- verses racines situées l’une derrière l’autre d’une paire de nerfs simples dans la moelle épinière , peuvent produire des paires de nerfs distinctes , également situées l’une derrière l’autre. Cette séparation , comme tendance à un isolement de plus en plus prononcé, appartient surtout aux paires ner- veuses produites par les nerfs cérébraux qui proviennent des racines inférieures , attendu que , par antagonisme , les supé- rieures expriment toujours une unité d’un ordre plus élevé , et la masse cérébrale moyenne , celle de toutes les parties du cerveau entier qui apparaît la première, est la seule dans laquelle on observe celte division simple , au moins du côté lumineux , tandis quelle se répète deux fois dans les nerfs nés du côté terrestre. Il résultera donc de là le tableau suivant : DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 67 I. II. III. Nerfs du côté Nerf auditif. Nerf optique. Nerf olfactif, lumineux. Nerf optique pro- Nerf accessoire; prement dit. 4e paire. Nerfs du côté Nerf pulmonaire. Nerf maxillaire. terrestre. 9e, 10e, 11e et 3e, 5e, Gc et 12e paires. 7e paires. Nous avons donc en tout 3X4 = 42 paires de nerfs , nom- bre significatif en ce sens qu’il répète deux fois le nombre six qui exerce une influence déterminante dans la formation du cerveau. LXIV. Après avoir passé en revue le nombre et l’origine des nerfs, je dois m’occuper aussi de leur trajet. Il a déjà fallu précédemment distinguer les filets nerveux en ceux qui forment des anneaux et ceux qui sont pure- ment rayonnans , les premiers ayant un type inférieur, parce qu’ils ne constituaient primairement que des commissure s en- tre plusieurs ganglions déposés au pourtour du corps. Une différence de ce genre ne peut manquer non plus de se repro- duire dans le système nerveux parvenu à un plus haut de- gré de développement. Si nous sommes obligés de distinguer, dans ce système ner- veux , des nerfs ayant une dignité supérieure , qui se rappor- tent aux ganglions les plus développés et aux divisions de ganglions , et des nerfs d’une dignité moins élevée , qui se rapportent aux masses centrales moins développées , nous de- vons déjà conclure de là que les premiers constitueront des nerfs rayonnans purs , et que les autres , au contraire , offri- ront encore des traces sensibles du type annulaire. Or c’est ce que l’observation confirme pleinement , en nous apprenant que telle est précisément la raison pour laquelle les nerfs cé- rébraux en général, et en particulier ceux du côté lumineux , ou les nerfs sensoriels , prennent la forme de simples rayons de leurs masses nerveuses centrales , tandis que les nerfs de 63 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NETIVEUX. la moelle épinière se rapprochent encore de la forme annu- laire par leur marche demi circulaire au pourtour de la cavité du corps , avec cette dilférence , néanmoins , que parmi eux , ceux qui se rapportent aux points les plus développés de la moelle épinière , aux points correspondons à l’origine des membres , s’éloignent plus que les autres de la simple marche demi-circulaire. LXV. Si donc le système nerveux de la moelle épinière , chez les Céphalozoaires , ne nous présente nulle part une mani- festation réelle de l’anneau nerveux primaire , comme aussi nous avons déjà vu que nulle part, chez les Corpozoaires , l’an- neau nerveux primaire ne se représente pleinement sur le trajet de la chaîne ganglionnaire proprement dite , le vestige de celte formation annulaire dans la tête , qu’on trouve dans tous les Corpozoaires , ne peut au contraire manquer chez les Céphalozoaires , puisque toute série de formations manifeste la tendance à répéter, à son point culminant, les formes d’où elle est partie. Or, cette exigence est remplie d’une manière extrêmement Remarquable. En effet , la masse moyenne du cerveau , celle des tuber- cules quadrijumeaux, est, comme je l’ai fait voir, celle qui cor- respond au tubercule lumineux de l’anneau nerveux cépha- lique ; mais ses nerfs sont tout simplement rayonnans , et il ne se forme plus d’anneaux nerveux autour de l’œsophage. Or les nerfs les plus élevés en dignité de cette masse , ceux qui , déjà chez les Corpozoaires , rayonnent librement , les nerfs optiques, offrent une disposition qui répète cette formation an- nulaire au plus haut degré de puissance. Les racines prove- nant du côté lumineux entourent ( ce qu’aucun autre nerf ne fait) les cordons médullaires longitudinaux, étendus de la masse cérébrale moyenne à l’antérieure , se pénètrent d’une manière intime au côté terrestre du cerveau , entrecroisent partiellement leurs fibres, et ne se dirigent qu’ensuite de de- dans en dehors , pour aller se terminer à la rétine dans l’œil. Nous voyons donc , dans cette direction demi-circulaire des racines des nerfs optiques , et dans l’occlusion du cercle que les deux nerfs décrivent ensemble, l’anneau médullaire des Corpozoaires se reproduire à une plus haute puissance , et DÉVELOPPEMEiS'T DU SYSTÈME NERVEUX. 6() dès lors nous concevons très-bien le sens qu’il faut attacher à celle disposition insolite. LXYI. Il ne nous reste donc plus à discuter qu’un seul point de l’histoire du système nerveux supérieur, la formation d’un système nerveux spécial pour les viscères. En parcourant les principales formes du système nerveux dans les Corpozoaires , nous avons reconnu qu’à proprement parler ce système se développait primairement comme sys- tème nerveux splanchnique ; que , plus tard , destiné à établir une relation intime entre le monde et l’individu, il se tournait davantage vers la surface cutanée , opposée à la surface vis- cérale , et qu’enfin la première de ces deux circonstances rendait nécessaire , chez les Corpozoaires placés au sommet de l’échelle , que la chaîne ganglionnaire se répétât intérieu- rement pour produire un système nerveux splanchnique spé- cial. Si cet effet a dû avoir lieu déjà chez les Corpozoaires, le système nerveux des Céphalozoaires étant parvenu à un bien plus haut degré de formation , mais aussi se rattachant plus intimement à la sphère animale, pour être l’intermédiaire des relations avec l’univers, une répétition de la première forme de ce système , destinée à la sphère végétative , deve- nait plus impérieusement commandée encore chez ces ani- maux. Dans les Corpozoaires supérieurs , la chaîne ganglionnaire nerveuse essentielle occupait le côté terrestre , et le cordon nerveux splanchnique se trouvait au dessus d’elle , réuni avec le ganglion cérébral. Dans les Céphalozoaires , la chaîne gan- glionnaire nerveuse essentielle est située au côté lumineux; par conséquent, le système nerveux splanchnique devait se trouver au dessous d’elle , et , pour qu’un antagonisme pur pût se manifester, il devait partir du ganglion terminal inférieur de l’anneau nerveux primaire de la tête (pl. 1 , fig. xiv , «, S , 7, S). Mais des causes d’un ordre supérieur s’opposant à la manifestation complète de l’arc nerveux primaire chez les Cé- phalozoaires , et faisant aussi que les ganglions analogues aux ganglions du côté terrestre des Corpozoaires manquent en- tièrement , la réalisation de cet antagonisme pur était par cela même impossible. On explique donc par là : 1° pourquoi le JO DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. système nerveux splanchnique doit être placé au dessous de la chaîne nerveuse centrale ; 2° pourquoi les ganglions de ce système ne pouvant plus se rapporter à un ganglion jointif inférieur d’un anneau nerveux primaire , ils doivent au moins s’accoller aux paires nerveuses demi-circulaires de la moelle épinière, qui répètent à plusieurs reprises cet anneau nerveux primaire; 3° pourquoi la chaîne nerveuse splanchnique , qui est simple chez les Corpozoaires , doit devenir double chez les Céphalozoaires , où elle se rapporte à deux demi-cercles ner- veux latéraux (pl. xxi , fig. xiv , SS, SS)-, 4° pourquoi le sys- tème nerveux splanchnique se développe davantage au tronc, et s’efface dans la tête , puisque c’est au tronc que les paires nerveuses demi-circulaires de la moelle épinière apparaissent le plus développées , et que le tronc est en général le siège proprement dit de la vie végétative ; 5° pourquoi enfin ce sys- tème doit se terminer , dans la tête , à celles des paires ner- veuses qui représentent les nerfs intervertébraux, en parti- culier aux nerfs pulmonaire (vague) et maxillaire (trijumeau). LXVII. Nous connaissons les traits généraux par lesquels le système nerveux des Céphalozoaires diffère de celui des animaux inférieurs , et par cela même toutes les circonstances qui expliquent la possibilité en lui d’un développement de plus en plus élevé. Maintenant nous allons voir comment ce développement marche peu à peu dans les Poissons , les Rep- tiles , les Oiseaux et les Mammifères , jusqu’à ce qu’ enfin il atteigne à son point culminant, chez l’homme. Là aussi nous aurons occasion de remarquer que la méthode dont je propose l’emploi exclut entièrement l’arbitraire du classement des for mations par rapport à la subordination organique qu’on doit établir entre elles , et qu’en jugeant d’après l’appréciation de rapports numériques plus ou moins purs , d’après le dévelop- pement intérieur plus ou moins varié de certaines parties , d’après la manifestation d’antagonismes simples ou devenus multiples , enfin d’après l’apparition de rapports plus ou moins grossiers , plus ou moins beaux, entre les formes, on ne perd jamais de vue des principes mathématiquement démontrés. Quiconque comprend que la forme d’une sphère ou d’un œuf est supérieure à celle d’une grossière motte de terre , et que DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. yi la manifestation de l’unité dans la pluralité est un rapport plus pur que celui d’une pluralité indéterminée de parties égales en dignité, quiconque enfin s’est élevé à l’idée de l’unité dans la nature, ne pourra méconnaître la supériorité de cétte méthode. 1 . Poissons. LXVIIX. La première circonstance, et la plus essentielle, qui annonce que la formation du système nerveux, des Poissons est encore imparfaite , consiste dans X égalité et V horizontalité du cerveau et cle la moelle épinière , ces deux parties princi- pales de la masse nerveuse centrale. Si l’on n’a égard qu’à la masse , la moelle épinière l’emporte encore de beaucoup sous ce rapport. En revanche, cependant , la balance penche un peu en faveur du cerveau , parce que sa structure est plus complexe. Il se trouve néanmoins quelques espèces ( Tetrodon mola , par exemple) ou La moelle épinière et le cerveau sont véritablement presque égaux, la pre- mière , dont la longueur ne dépasse pas celle du second s’éle- vant jusqu’à produire de forts renflemens ganglionnaires au côté lumineux. Quelquefois aussi ces renflemens se montrent au voisinage du cerveau , sur une moelle épinière d’ailleurs beaucoup plus longue, et alors (pl. xxi, fig. xvn , h... a) ils répètent le nombre des masses cérébrales, c’est-àdire le nombre six. C’est le cas de la Trigla lyra , d’après Arsaky. Toujours aussi la cavité est encore développée dans la moelle épinière des Poissons ( à l’exception de celle des Cyclostomes , qui est rubanée) , et le nombre de ses paires de nerfs varie presque dans chaque genre , mais en général il est très-consi- dérable. LXIX. L’infériorité du type du cerveau des Poissons s’exprime par la petitesse extraordinaire du cerveau entier, en pro- portion du corps ; 2° par la simple formation des trois masses cérébrales ; 3° par la prédominance de la masse cérébrale moyenne (comme étant la primaire) (pl. xxi , fig. xvn , b), sous le rapport du volume , de la cavernosité et de la struc- ture , 4° par la tendance à représenter le nombre six essen- tiel au cerveau , et qui n’a point encore été atteint par la seg- 7 3 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. mentation des trois masses cérébrales , en répétant celles-ci en avant du cerveau proprement dit , c’est-à-dire à l’origine du nerf olfactif (pl. xxi , fig. xvii , e, f , g) (1). Voilà pourquoi , chez la plupart des Poissons , on trouve la masse cérébrale antérieure (à proprement parler la plus éle- vée de toutes en dignité) petite encore et dépourvue de ventricule , souvent même tout-à-fait indivise ( Torpille ) , ou divisée et réunie par une commissure simple (commissure antérieure ) ( comme chez tous les Poissons osseux ) , et n’of- frant un plus grand volume , avec des ventricules , que chez les Poissons les plus supérieurs (par exemple les Squales). De même, le développement de l’autre masse essentielle du cerveau, c’est-à-dire de la postérieure ou du cervelet, est encore fort arriéré ici. Dans les Cyclostomes , le cervelet ne consiste guère qu’en une simple commissure entre les deux bords du quatrième ventricule produit par le déploiement du canal de la moelle épinière. Dans les Poissons osseux , où la duplication des trois masses cérébrales tombe encore à la ré- gion de la masse antérieure ( comme chez les Anguilles ) , le cervelet n’est qu’un simple ganglion impair. Là, au contraire, où le cerveau est simple ( par exemple dans les Cyprins ) , le cervelet a de la tendance à se séparer en plusieurs segmens. Les Poissons supérieurs (Squales) sont les seuls chez lesquels il s’élève à un plus haut degré de formation , par suite d’un plissement plusieurs fois répété. La masse cérébrale moyenne , celle des tubercules quadri- jumeaux , est en antagonisme avec le cerveau et le cervelet. Aussi la trouve-t-on grosse chez la plupart des Poissons , et toujours déployée en une belle formation. Il n’y a que les Poissons supérieurs ( Squales ) , chez lesquels elle se rapetisse beaucoup par rapport au cervelet et au cerveau ; mais elle conserve toujours des ventricules. De tout cela il résulte donc qu’on peut assigner au cerveau des Poissons un cinquième caractère , qui atteste également son infériorité , et qui consiste en ce que sa conformation est extrêmement variée dans les diverses espèces. (i) V. aussi le cerveau de la Mureena conger et Aksaky , loc. cit., pi. r, % i. développement DU SYSTÈME NERVEUX.’ 73 Enfin , le volume de la glande pituitaire (troisième paire non développée des nerfs accessoires ) et le non-développement de la glande pinéale ( tenant à ce que le cerveau ne se partage pas encore au point qui exige la présence de cet organe comme point d’intersection ) sont un sixième caractère essentiel de la formation cérébrale chez les Poissons. LXX. Quant aux nerfs cérébraux , d’une part ils sont en- core peu distincts les uns des autres , et d’une autre part ils sont moins subordonnés au cerveau , sous le rapport de la masse. Les nerfs de la masse cérébrale moyenne paraissent être ceux qui sont le plus uniformément développés : de cette masse naissent partout , au côté supérieur , le nerf optique et son accessoire , au côté inférieur , la troisième , la cinquième et la sixième paire. La seule septième paire, souvent non distincte encore, 11’est même point développée, suivant Des- moulins. A la masse cérébrale postérieure, son nerf sensoriel le plus essentiel , l’auditif, n’est point encore aussi libre que l’exigerait sa signification dans les organismes supérieurs. A la vérité, d’après les recherches de Treviranus, Weber et Desmoulins , on ne doit point le considérer comme une simple branche du nerf maxillaire (trifacial ) ; mais il est bien distinct encore de son nerf accessoire (la paire vague) , car des nerfs auditifs accessoires naissent souvent encore près de la paire vague, et le nerf auditif lui-même paraît sinon confondu , du moins réuni par des branches nerveuses avec le nerf acces- soire essentiel de la masse moyenne. A l’égard du nerf olfac- tif , j’ai déjà parlé de plusieurs paires de ganglions qu’on y observe dans quelques espèces , et qui le font apparaître comme une répétition de la moelle épinière , attendu que , quand cette disposition a lieu , il offre le même état de choses que celui qui arrive au commencement de la moelle épinière , par la répétition des ganglions cérébraux. Sa ressemblance avec cette dernière augmente encore lorsqu’il devient creux (comme dans les Squales), en admettant dans son intérieur un prolongement des ventricules du cerveau , qui ne sont eux- mêmes qu’un résultat du déploiement de la cavité de la moelle épinière. - LXXI. J’aurais encore à parler du nerf splanchnique. Mais 74 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. on doit bien penser qu’ici , où le système nerveux central lui- même ne s’est point élevé beaucoup au dessus de l’idée d’un système ganglionnaire , ce nerf ne peut point encore acquérir un grand développement. Les Poissons vermiformes et apodes, comme les Lamproies, paraissent donc en être totalement dépourvus. Chez les autres mêmes , il demeure extrêmement grêle et dépourvu de forts ganglions; cependant il se termine déjà bien distinctement dans la tête , oii il aboutit aux deux paires de nerfs cérébraux dans lesquelles la formation de l’an- neau nerveux primaire est encore le plus reconnaissable , c’est- à-dire aux deux nerfs accessoires ou intervertébraux de la tête. 2. Reptiles. LXXII. L’égalité entre le cerveau et la moelle épinière caractérise encore les Reptiles , comme elle caractérisait déjà les Poissons. 11 est vrai que nulle part ici la moelle épinière n’arrive plus à produire des ganglions aussi prononcés que ceux quelle forme chez quelques Poissons ; mais , soit par sa grande longueur (Ophidiens) , soit par sa largeur et la gran- deur de sa cavité ( Batraciens ) , elle s’élève à un degré de dé- veloppement qui rivalise presque avec celui du cerveau. Le nombre des ganglions et des paires nerveuses de la moelle épinière est encore très-indéterminé chez les Reptiles , puisqu’il varie depuis dix jusqu’à quelques centaines. Cepen- dant , chez les Reptiles supérieurs , il suit déjà des rapports très-purs. Un fait remarquable , c’est qu’on observe déjà dans cette classe , pendant la métamorphose individuelle , un rac- courcissement , une contraction de la moelle épinière , qui semble avoir pour but d’établir la prédominance de la moitié cérébrale. On sait que ce phénomène a lieu chez les Batra- ciens anoures, dont le têtard perd, en passant à 1 état partait, toute la longue portion de moelle épinière qui se trouvait dans sa colonne vertébrale caudale. LXXII1. La formation du cerveau , dans les Reptiles , se rapproche également beaucoup de ce qu elle est chez les Poissons. Les masses cérébrales , très-petites proportion gar- dée , reposent encore sur le même plan horizontal que la développement du système nerveux. ^5 moelle épinière ; il n’y a point encore entre elles de subordi- nation décidée à une seule , et la manière dont les nerfs se comportent ne présente pas non plus de différences bien es- sentielles. Voici quels sont les principaux points à signaler : 1° La masse cérébrale antérieure se divise déjà partout en trois portions , les couches optiques ou ganglions inférieurs , les corps striés ou ganglions moyens , et les hémisphères ou ganglions externes (pl. xxi, fig. xvih , a , p , 7). Mais les hé- misphères eux-mêmes continuent encore à être lisses et indivis, si ce n’est chez les Chéloniens , où quelquefois une échancrure les partage déjà en lobes antérieurs et postérieurs. Cependant ils renferment partout de vastes ventricules. 2° A cause de cette tripartition de la masse antérieure , le point compris entre elle et la moyenne ( fig. xvm * ) devient plus approprié au développement de la glande pinéale , qui existe déjà chez les Reptiles supérieurs , mais dépourvue en- core de commissure médullaire qui l’unisse avec les autres parties cérébrales. 3° La masse du cerveau proprement dit devient déjà très- considérable dans les Chéloniens et les Sauriens supérieurs , cependant les hémisphères divisés n’ont encore qu’une simple commissure qui les unisse ( commissure antérieure). Ils sont moins volumineux et non encore complètement séparés chez les Batraciens. 4° La masse cérébrale moyenne ( fig. xvm , b ) n’a plus le même volume que chez les Poissons. Elle est plus simple , quoique continuant toujours à renfermer une cavité. 5° La masse cérébrale postérieure (fig. xviii,c) n’est, chez les Reptiles inférieurs , qu’une petite bandelette médul- laire transversale (en quelque sorte oblitérée par suite du premier grand développement qu’acquiert le cerveau propre- ment dit). Dans les Reptiles supérieurs elle devient un gan- glion simple. Chez les plus élevés de tous enfin , plusieurs sil- lons transversaux indiquent que déjà elle s’est plissée de dehors en dedans. 6° Le cerveau a donc encore une structure différente dans les divers ordres de Reptiles. A l’égard des nerfs do ces animaux, on doit noter que les ^6 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. trois gros nerfs sensoriels du cerveau naissent et marchent simples et libres dans toute la classe , que les racines in- férieures des deux nerfs sensoriels postérieurs sont encore très-manifestement représentées par les volumineux nerfs pulmonaire et maxillaire , et que le rudiment d’un nerf acces- soire correspondant à l’olfactif (entonnoir et glande pituitaire) a encore un volume proportionnel considérable. Les racines supérieures et inférieures des ganglions de la moelle épinière se réunissent absolument dans les nerfs rachi- diens. Chez les Reptiles privés de pattes (Ophidiens), ces nerfs ont encore , dans leur trajet, une grande tendance à former des anneaux , tandis que , chez les Reptiles pourvus de mem- bres , ils vont toujours en s’irradiant de plus en plus. Le système du grand sympathique ressemble encore beau- coup à celui des Poissons. Il paraît même manquer entière- ment chez les Reptiles sans pattes , comme chez les Poissons apodes, tandis qu’il est, au contraire, très-complètement dé- veloppé chez les Reptiles supérieurs , les Chéloniens surtout. 5. Oiseaux. LXXIY. On ne peut méconnaître non plus dans cette classe un certain équilibre entre les deux principales portions de la masse nerveuse centrale , le cerveau et la moelle épinière ; seulement l’une et l’autre ont acquis un degré de développe- ment intérieur qui était encore refusé aux classes précéden- tes. Le pur antagonisme entre elles s’explique de la manière la plus claire pendant l’évolution de l’Oiseau dans l’œuf. Le pre- mier rudiment du corps animal proprement dit , qui procède du blastoderme du jaune , est à peine un peu plus ample que la colonne vertébrale et la masse nerveuse centrale , et l'on découvre bientôt, dans cette dernière (pl. xxi, fig. xix,b, a,p), un développement complètement polaire des deux extrémités. A la vérité nous apercevons un renflement polaire analogue à chacune des deux extrémités de la colonne vertébrale , dans les premiers temps de la vie embryonnaire de tous les Cépha- lozoaires ; mais les Oiseaux sont les seuls chez lesquels la masse médullaire cylindrique se déploie en formations supérieures , par l’ouverture de sa cavité aux deux bouts. Le déploiement DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 27 inférieur donne le sinus rhomboïdal ( fig. xix , a. f ) , et le dé- ploiement supérieur le quatrième ventricule («’); le premier se referme à l’extrémité de la moelle épinière , et l’autre par le moyen des masses ganglionnaires du cerveau. Les deux déploiemenssont primairement égaux et voisinsl’unde l’autre; mais ensuite la colonne vertébrale et la moelle nerveuse vont toujours en s’allongeant , et comme la moelle épinière propre- ment dite se développe entre les deux pôles , l’inférieur occupe l’inférieure des six parties dans lesquelles j’ai dit plus haut qu’on pouvait idéalement partager la masse nerveuse centrale tout entière , c’esl-à-dire celle qui est opposée à la tête , ou au sixième supérieur , et par cela même décèle , sous un autre rapport, une certaine répétition de la formation de la tête dans la sphère de la vie végétative , le tronc ( fig. xix , a). Entre la troisième et la quatrième partie de la masse nerveuse entière tombe ensuite le point central entre le déploiement supérieur et le déploiement inférieur de la moelle nerveuse , et en attei- gnant à un troisième renflement qu’on aperçoit déjà dans l’em- bryon ( en 7 , fig. xix, b) , mais qui ne s’élève cependant point jusqu’à l’ouverture de la cavité delà moelle épinière , il fonde le renflement médian de cette moelle dans la région tho- racique (fig. xix , a, f ) , qui , de même que l’inférieur , pro- duit un rayonnement de nerfs , par suite du développement plus considérable des ganglions, de sorte que la condition pour l’apparition des nerfs des membres antérieurs et posté- rieurs se trouve donnée par là (1). LXXY. La forme du cerveau des Oiseaux se rapproche encore beaucoup de celle des Reptiles. Elle présente les prin- cipales particularités suivantes : 1° Le cerveau n’est plus situé sur une même ligne horizon- (ï) Cette formation d’mi renflement postérieur et d’un renflement moyen est d’ailleurs déjà propre aux Reptiles supérieurs , de même qu’elle est per- manente pour les Mammifères et l’Homme lui-même , et cela précisément parce qu’elle est la conséquence nécessaire du développement polaire delà masse nerveuse centrale. Je n’ai donc commencé à en parler ici que parce qu’elle se prononce d’une manière plus claire chez les Oiseaux. On observe parfois aussi chez l’Homme, dans l’état pathologique, dans le spina bifida , une tendance à l'ampliation polaire inférieure dn canal de la moelle épinière. 7 8 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX.' taie avec la moelle épinière ( fig. xix , a , i’ ) ; celle-ci s’élève vers l’extrémité de la tête , et les gros ganglions cérébraux se portent seuls vers le côté lumineux. 2° Le cerveau grossit beaucoup en proportion du corps , et déjà même il arrive à la proportion humaine de 4/25 ; il aug- mente aussi , mais moins , eu égard à la masse de la moelle épinière. 3° Les masses antérieure et postérieure ont toujours une prépondérance décidée , de sorte que , quoique les tubercules quadrijumeaux soient encore la plus grosse masse dans l’em- bryon , l’accroissement du cerveau et du cervelet chez l’adulte lesrefoule vers le côté terrestre, et les écarte latéralement l’un de l’autre ( fig. xix , a , b ) ; leur structure n’est point celle d’un simple ganglion , mais cependant ils conservent un ven- tricule dans leur intérieur. 4° Le cerveau proprement dit se partage en trois (a, p,v); ganglions cérébraux inférieurs , ganglions moyens , ou corps striés , qui sont encore les plus volumineux ici, et hémisphères, qui n’offrent point encore de circonvolutions. En général , c’est lui qui prédomine parmi les trois masses cérébrales. Ce- pendant il contient peu de substance fibreuse développée , et les commissures au moyen desquelles s’unissent ses parties la- térales se réduisent encore à la commissure molle pour les couches optiques , la commissure antérieure pour les corps striés , et un vestige (qui est le premier ) du corps calleux pour les hémisphères. 5° Le cervelet, ou la masse cérébrale postérieure , acquiert également un plus grand développement intérieur. Quoiqu’il ne soit encore dans l’embryon qu’une bandelette transversale étalée sur le quatrième ventricule , il s’étend de telle sorte qu’un fort plissement transversal régulier s’y développe , que la substance médullaire se ramifie d’une manière régulière dans son intérieur , et qu’il se partage , non dans le sens de sa longueur à la vérité , mais dans celui de sa largeur, en trois portions qui sont , l’une médiane (ver) et les deux autres la- térales , à droite et à gauche ( touffes ). 6° En général , les Oiseaux sont les premiers Céphalozoaires chez lesquels l’unité de la structure du cerveau règne dans DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. rjg tonte la classe ; les diverses familles ne diffèrent plus considé- rablement les unes des autres sous ce rapport , la division de l’organe par un milieu idéal est encore incomplète , et la glande pinéale , destinée à représenter ce point central , tient encore plus par des vaisseaux que par des fibres médullaires aux autres parties du cerveau. Il me suffit ici de faire remarquer , en ce qui concerne les nerfs et le système nerveux viscéral , que , quant aux dispo- sitions essentielles , ces organes ne diffèrent point de ce qu’on observe chez les Reptiles supérieurs. 4. Mammifères. LXXYI. Les Mammifères sont les Céphalozoaires tout court , c’est-à-dire ceux qui ont pour caractère le plus grand déve- loppement de la tête et la plus parfaite structure du cerveau , car , parmi les autres , on en trouve quelques uns qui répè- tent , soit les Oozoaires , soit les Gastrozoaires ou les Thora- cozoaires, parce que la sphère végétative et la masse nerveuse centrale appartenant à cette sphère (la moelle épinière) doivent encore prédominer chez eux. LXXYII. Çette classe doit donc , sous le point de vue du système nerveux , se distinguer des autres en ce que non-seu? lement la prédominance de la moelle épinière sur le cerveau , mais même l’équilibre entre ces deux masses disparaissent , et qu’il s’établit un rapport inverse , c’est-à-dire que le cerveau l’emporte d’une manière bien prononcée sur la moelle épinière. Ainsi la masse de ce viscère augmente en proportion non-seu- lement du corps entier , mais encore et surtout de la moelle épinière , et celle-ci, outre que sa masse diminue relativement à celle du cerveau , n’arrive plus nulle part , comme chez les Oiseaux, à un déploiement intérieur qui la mette en antago* nisme avec l’encéphale, quoiqu’on retrouve encore ici les deux rcnflemens dont j’ai déjà parlé à l'occasion de la moelle épi- nière des Oiseaux. Mais ce qui mérite surtout d’être noté, c’est que le développement même de la moelle épinière est telle- ment restreint chez les Mammifères , pendant la durée de la vie individuelle , quelle cesse de croître avant la colonne vertébrale , que par cela même elle ne remplit pas à beaucoup 8o DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. près la totalité du canal vertébral , et que le rapprochement de ses origines nerveuses inférieures donne naissance à la queue de cheval , tandis qu’on pourrait presque dire le con- traire du cerveau , c’est-à-dire affirmer que son développement tend à dépasser les limites de l’enveloppe osseuse , et qu’il prend assez d’extension pour refluer en quelque sorte au dehors dès qu’on vient à ouvrir le crâne. LXXVIII. On doit aussi rencontrer, chez les Mammifères , une certaine fixité dans le nombre et la forme des parties ner- veuses, qui est inséparable de tout degré élevé d évolution , quoique d’ailleurs, par cela même que les animaux compris dans cette classe répètent les autres Céphalozoaires, la structure du cerveau doit être moins uniforme qu’elle ne l’est, par exemple, chez les Oiseaux. Cette régularité se manifeste surtout d’une manière sensible dans le nombre des nerfs rachidiens, qui , à cela près de légères oscillations , se rapproche toujours de fi X 6 (savoir 6 nerfs cervicaux, 6 thoraciques, 6 épigastriques, 6 lombaires et 6 pelviens). Elle est moins prononcée toutefois dans les divisions des nerfs splanchniques que dans celles du système nerveux central , et les Mammifères , mais surtout l’homme , ne sont caractérisés , sous ce rapport , que par la réunion des principaux plexus du grand sympathique autour de la région stomacale , réunion qui reproduit en quelque sorte à une puissance plus élevée la formation de l’anneau nerveux primaire. LXXIX. L’antagonisme etla subordination des masses s’éta- blissent , dans le cerveau des Mammifères , aussi complètement qu’il leur est possible de le faire dans la série animale. Un pas de plus, et nous arrivons à la perfection du cerveau humain. On doit surtout remarquer la manière dont se comporte la masse cérébrale antérieure , qui , en sa qualité de pôle ex- trême , opposé aux filets terminaux de la moelle épinière , et par cela même qu’elle acquiert ainsi la signification absolue de cerveau , doit se subordonner toujours de plus en plus les autres , et répéter de plus en plus parfaitement en elle la si- gnification et la structure de la masse cérébrale entière , ce qu’elle s’était bornée à commencer de faire chez les Reptiles et les Oiseaux. DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVELX. St LXXX. La structure plus élevée delà masse cérébrale an- térieure se manifeste d’abord par sa séparation en deux hé- misphères , qu’on observait déjà dans la classe précédente , et par son accroissement considérable , eu égard aux autres par- ties cérébrales et à la moelle épinière , ce qui explique le plis- sement des parois extérieures des hémisphères , c’est-à-dire les circonvolutions. LXXXI. Celle perfection de structure s’exprime en second lieu par la division de chaque hémisphère en trois parties situées à la suite l’une de l’autre (lobes postérieur, moyen et antérieur). Cette division répète , à la troisième puissance , la tripartition primaire du cerveau entier , tandis que la division de la masse cérébrale antérieure en couches optiques , corps striés et hé- misphères , était la répétition de cette triade à la seconde puissance. D’où il résulte que le lobe moyen représente les tubercules quadrijumeaux , et que le postérieur représente le cervelet , dont il couvre la partie supérieure. Cette segmen- tation n’est point encore complète dans les Mammifères infé- rieurs, car, chez les Chéiroptères, les Musaraignes elles Souris, on ne trouve , à proprement parler , que le lobe antérieur qui soit parfaitement développé (1); l’antérieur et le moyen se dé- veloppent seuls chez les autres, et il faut remonter jusqu’aux Singes pour rencontrer un développement complet des lobes antérieur , moyen et postérieur de chaque hémisphère. LXXXII. Le type de la masse cérébrale antérieure est supé- rieur aussi , en raison du grand développement de ses ventri- cules. On trouve bien des ventricules dans quelques Poissons , comme il y en a chez tous les Reptiles et Oiseaux , mais c’est chez les Mammifères seuls qu’ils arrivent à un degré de dé- veloppement tel qu’à chaque lobe corresponde un prolonge ment d’un ventricule latéral , savoir la corne antérieure à l’an- térieur , la corne descendante au moyen , et la corne posté- rieure au postérieur. La troisième corne, la descendante, n’appartient non plus qu’aux hémisphères des Mammifères su- périeurs, les Singes. (i) C’est aussi par le lobe antérieur que la formation des hémisphères com^ mence dans l’einhryon de tous les Mammifères, et même dans celui de l’Homme. III. G 82 DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NEïtVECJX. Le type de celle niasse s’élève encore sous ce point de vue qu’elle se débarrasse entièrement de la signification de gan- glion olfactif, avec laquelle elle avait apparu pour la première lois chez les Poissons. Ceci nous explique l’oblitération com- plète des nerfs olfactifs dans les Cétacés. Nous concevons aussi , d’après cela , pourquoi les Singes n’ont plus ces nerfs olfactifs volumineux et creux qui , pour correspondre au vo- lume et à la cavernosité des hémisphères , existent chez les autres Mammifères , pourquoi enfin on ne les retrouve plus chez eux ( de même que chez l’homme ) que pendant la vie embryonnaire. LX XXIII, Un cinquième caractère consiste dans le rapport des ganglions qui répètent les masses cérébrales à la troisième puissance. Ces ganglions sont au nombre de trois dans chaque hémisphère , un antérieur (couche optique ) , un moyen (corps strié), et un postérieur ( hémisphère proprement dit ). Le pre- mier, déjà indiqué dans quelques Poissons , est développé chez les Reptiles et les Oiseaux. Le second ne commence à se mon- trer que chez les Reptiles et les Oiseaux , et c’est chez ces der- niers qu’il acquiert le plus de volume. Mais le développement du troisième forme le caractère des Mammifères , dont , par cela même , les corps striés se réduisent à de faibles dimen- sions proportionnelles. Enfin , le haut développement du cerveau des Mammifères est attesté par l’imion plus complète des deux hémisphères. Cette union résulte de l’apparition du corps calleux , qui joint ensemble les parois des hémisphères , tandis que , dans les classes précédentes , on ne trouvait que la commissure anté- rieure pour les corps striés et la commissure molle pour les couches optiques. De cette manière, les commissures sont donc aussi au nomlire de trois (Foyez pl. xxi, fig. xxi, la division de chaque hémisphère a en lobes postérieur A , moyen B , et an- térieur C , et en ganglions postérieur 1 , moyen 2 , et anté- rieur 3 , dans le cerveau humain , pris pour prototype de celui des Mammifères supérieurs. Pour la forme extérieure des hémisphères des Mammifères inférieurs , oit il n’y a que les lobes antérieur et moyen qui soient développés , J oyez fig. xx, a', a"). DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 83 LXXXIV. Si la masse cérébrale antérieure est caractérisée par un développement plus considérable, la masse moyenne celle qui est primairement essentielle , et que par conséquent on trouve la plus développée de toutes dans les Poissons de même aussi que dans l’embryon du Mammifère, l’est par Vo- blitération et la disparition de sa cavité ventriculaire. Cette particularité tient à ce que la masse elle-même est subordon- née à la masse cérébrale antérieure. Cependant, comme le perfectionnement de la structure générale exige que la masse ,des tubercules quadrijumeaux s’élève aussi , sous un certain point de vue , au dessus du type des classes inférieures, elle se partage en deux portions , l’une antérieure , l’autre posté- rieure , division qui correspond à celle du nerf optique en nerl visuel proprement dit et en nerf accessoire (pathétique), et qui fait que c’est seulement ici que la masse mérite réelle- ment le nom de tubercules quadrijumeaux ( pl. xxi,fig. xxi, P '1, 2). LXXXV. Tandis que , dans la direction de l’axe longitudi- nal de la masse nerveuse centrale entière, la première masse cérébrale se développe au point d’arriver à la triade , et la seconde de s’élever à la dualité , la postérieure reste simple Ma.s, en revanche, celle-ci offre plus de diversité dans la direction de l’axe transversal de la masse centrale. Chez les Oiseaux , on n’aperçoit , des deux côtés de la portion médiane du cervelet ( ver ) , que de petits appendices latéraux ( touffes ). Chez les Mammifères , un lobe droit et un lobe gauche se dé- tachent en outre de cette portion médiane , de telle sorte ce- pendant que le développement de la masse elle-même demeure toujours impair , puisqu’il a lieu d’après le nombre cinq. Mais cette division poussée plus loin exige, comme dans la masse cérébrale antérieure , une union plus forte , et de là provient par antagonisme avec la commissure de la masse cérébrale an- terieure , le pont de Varole, qui se dirige vers le bas, tandis que le corps calleux se dirige vers le haut. Maintenant , si une plus forte segmentation latérale est le premier caractère du cervelet des Mammifères, et une union plus intime en est le second , l’extension plus considérable de sa masse , son phssement plus multiplié et plus délicat, doivent 84 DEVELOPPEMENT DU SYSTÈME NEUVEÜ#.' eu constituer un troisième , qui témoigne du plus haut degré de développement auquel il est arrivé. LXXXVI. En jetant un coup d'œil général sur cette forme de cerveau dont les traits essentiels viennent d’être esquissés, nous trouvons qu elle se répartit de la manière suivante : I. Masse cérébrale pos- H. Masse cérébrale térieure (cervelet). moyenne (tubercules quadrijumeaux). Simple clans le sens - — de sa longueur, et tU- postérieure antérieure visée seulement dans celui de sa largeur, en ver , parties latérales et touffes. 111. Masse cérébrale antérieure ( hémisphères ). + postérieure moyenne antérieure (couche op- (corps (parois de tique). strié). l'hémi- sphère, se «luisant en lobes). postérieur, moyeu et antérieur. Si nous cherchons le milieu de ce nombre six , ainsi repro- duit d’une autre manière , nous le trouvons en -f- , c’est-à-dire entre les tubercules quadrijumeaux antérieurs et la couche optique. Là se trouve un point central , qui ne peut demeurer sans influence sur la configuration. En effet , nous y aperce- vons une formation ganglionnaire libre , qui , pour la première fois chez les Mammifères , apparaît simple et constituant un tout à part, la glande pinéale ( pl. xxii, +, fig. xx, dans le cer- veau humain ). La glande pinéale est donc la représentation la plus simple du cerveau dans le cerveau , sous la forme pri- maire de la masse nerveuse centrale , c’est-à-dire sous celle du ganglion , et comme la plante ne ferme le cercle de son existence que quand sa forme primaire et la plus inférieure , la graine réapparaît au point culminant de son développe- ment , c’est-à dire dans la fleur , de même aussi la formation du système nerveux n’est fermée que par la répétition à une puissance plus élevée de sa forme primordiale. Cette idée est si vraie que la formation osseuse qui entoure le cerveau en- tier doit se répéter jusque dans la glande pinéale , ce qui explique les concrétions qu’on trouve autour de ce corps et dans sa substance (1). (i) Ce n’est pas sans raison qne d’anciens anatomistes et physiologistes ont élevé la glande pinéale à un rang si haut, qu’ils ont même établi en elle DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX. 85 LXXXVII. Les Mammifères indiquent déjà comment la perfection de la formation cérébrale entière peut être réalisée. Mais c’est le cerveau seul de l’homme qui nous procure la con- naissance d’un développement légitime satisfaisant à toutes les exigences. Cette connaissance est d’autant plus importante , qu’elle nous mène en même temps à entrevoir quel autre es- prit supérieur s’est reflété ici dans un phénomène matériel. Je vais donc indiquer encore les particularités principales qui caractérisent la formation du cerveau chez l’homme (pl. xxi, fîg. XXI). LXXXVIII. Envisagé d’une manière générale , le cerveau humain est le plus volumineux , eu égard non-seulement à la masse du corps , mais encore et surtout à celle de la moelle épinière et des nerfs. Aussi est-il celui qui se dirige le plus complètement en haut , c’est-à-dire vers la lumière , d’où ré- sulte la station droite du corps de l'homme. En même temps il est celui dont la forme et les fibres se sont développées d’a- près les proportions les plus délicates et les plus pures. La moelle épinière lui est subordonnée plus que partout ailleurs ; sa cavité a complètement disparu chez l’adulte , et le nombre de ses paires de nerfs est exactement celui qu’exige la quin- tuple répétition de la division en six qui caractérise le cer- veau, c’est-à-dire qu’il s’élève à 30 (1). LXXXIX. Si nous descendons dans les détails : 1° C’est chez l’homme que la masse cérébrale antérieure a la prépondérance la plus parfaite sur les deux autres , que les le siège del’àme. Infailliblement ils avaient été guidés par nn vague pressen- timent de la haute signification de ce corps. (i) L’anatomie purement descriptive, quia procédé d’une manière si arbi- traire et souvent si grossière dans la considération des formes cérébrales et dans leur désignation par des noms tirés d’analogies accidentelles, ne s’est point écartée non plus de cette marche dans la division des nerfs rachidiens et des vertèbres rachidiennes. Ainsi, par exemple, on compte arbitraire- ment huit nerfs cervicaux , parce qu’on considère, et avec raison, comme étant le premier , celui qui sort entre le crâne et la première vertèbre du cou, mais à tort comme étant un huitième nerf cervical , tandis qu’il est le pre- mier dorsal ou pectoral, celui qui sort entre ce qu’on nomme la première vertèbre dorsale et la dernière cervicale. Je crois donc devoir présenter le développement du système nerveux. hémisphères proprement dits l’emportent le plus décidément sur les ganglions moyens et postérieurs , que leurs parois ac- quièrent le plus d’épaisseur , ctque leurs plis ( circonvolutions ) deviennent le plus nombreux. Du reste , les lobes antérieur , postérieur et moyen , avec les cornes correspondantes du vern tricule latéral , sont uniformément développés ( ce qui répète , à une plus haute puissance , la division primairement égale du cerveau entier ) , la commissure des hémisphères ( corps cal- leux ) est plus large et plus forte que partout ailleurs , et les nerfs olfactifs sortent bien tout développés des hémisphères , mais leur sont complètement subordonnés sous le rapport de la force. tableau de la division de la masse nerveuse centrale , pour faire ressortir la belle régularité de ces formations. Masse centrale nerveuse divisée en six. Portion cépha- lique ( cerveau, es- sentiellement divisé en six parties ). Nerfs céré- braux , répétant deux fois, dans leur ensemble , le nombre pri- maire six. c"- Portions cervicale , thoracique , épigastrique , hypogastrique et pelvienne ( Formant ensemble la moelle épinière , dont chaque segment se divise essentiellement en six parties ). Nerfs rachidiens répétant une seule fois le nombre six dans chaque segment. "N 12 nerfs ce- 6 nerfs cer- 6 nerfs thora- 6 nerfs épi- 6 nerfs lom- 6 nerfs pel- rébraux vicaux, ciques, gastriques, baires, viens, devenant tous dont [\ de- simples nerfs dont 4 de- devenant tous essentielle- viennent des de tronc. viennent es- essenlielîe- mentdes nerfs nerfs de sentiellement ment des démembrés*, membres**. des nerfs de nerfs deniern- membres***. bies *"**. * Voyez à ce sujet Y Anatomie de Meckel, ou l’on trouve un parallèle entre les nerfs des membres inférieurs et ceux des membres supérieurs. ** Savoir , ceux qu’on nomme septième et huitième nerfs cervicaux , premier et second nerfs thoraciques, dont le dernier apparaît comme nerf cutané du membre supérieur. *** Savoir, les quatre supérieurs des nerfs appelés lombaires. **** Savoir, le nerf appelé dernier lombaire et les cinq sacrés, dont le der- nier devrait, à proprement parler, être appelé nerl cocrygien, parce qu il sort entre le coccyx et le sacrum , et qu’à la partie supérieure on nomme nerf cervical celui qui sort entre la première vertèbre cervica'c et le crâne. DÉVELOPPEMENT DU SYSTEME NERVEUX. 87 2° La niasse cérébrale moyenne (tubercules quadrijumeaux) est plus petite que partout ailleurs, comparativement aux hémisphères , et entièrement formée de substance médullaire à son pourtour ; il n’y a plus aucune trace de ventricule en elle. 3° La masse cérébrale postérieure ( cervelet ) est parfaite- ment subordonnée au cerveau proprement dit, ce qui explique l’aplatissement de ses parties latérales ; celles-ci sont plus dis- tinctement séparées que partout ailleurs , et le ver est le plus petit possible ; les deux hémisphères sont complètement unis par le pont de Yarole ; un plissement des plus délicats et des plus compliqués a lieu dans la partie moyenne et dans les parties latérales. 4° La glande pinéale est caractérisée surtout par les noyaux osseux déposés dans son intérieur , qui sont une répétition de l’enveloppe osseuse du cerveau entier (1). (i) En embrassant le développement de la principale partie du système nerveux d’un coup d’ceil très-général, on pourrait encore, pour le mieux concevoir, invoquer le secours de formules, à peu près de la manière sui- vante: soit A., la masse cérébrale antérieure, B, la moyenne, C, la postérieure, si l’on emploie des exposans pour désigner le degré plus ou moins élevé de développement de chacune , on aura par exemple : pour le ganglion cérébral des Corpozoaires — B , pour le cerveau des Poissons — A2 P/ C,^ — — — des Reptiles ~:A4B3C, — — — des Oiseaux ~A6B3C2, — - — — des Mammifères —A8 B2 .CA, — — — de l’Homme p- A24 B2 Cc. Dans l’étal actuel de la science, cc serait nn problème intpot t int que celui de dresser ainsi des formules exactes. , t 88 DES rAKTIES SOLIDES DU CORrS ANIMAL. CHAPITRE IV. Des parties solides du corps animal qui apparais- sent sous la forme de test , d’os et de cartilages viscéraux. ARTICLE PREMIER. \ DIFFICULTÉ DU SUJET. XC. Quelques multipliées que soient les formes sous les- quelles s’offrent les parties solides de l’organisme, elles ont tou- jours cela de commun, quelles sont le signe ou le résidu de certaines actions vitales du corps animal , dont le but est de réaliser (§ 11 ) le pur antagonisme de l’élément proprement dit de toute formation animale , c’est-à-dire de produire des solides qui contrastent avec les liquides. En effet , les parties solidifiées , quoique moins vivantes , par cela même quelles sont solides, ont cependant une signification importante comme antagonisme complet de la substance animale élémentaire. Elles deviennent en quelque sorte le foyer , le centre de la masse, comme les nerfs sont le foyer, le centre de \' activité , et, par cette raison, il y a antagonisme entre elles et les nerfs eux-mêmes (1). XCI. J’ai déjà fait voir ( § 4, 5, 6, 12) comment la solidifica- tion , tantôt était générale et s’opérait ou à l’extérieur ou à la périphérie de l’organisme , dont l’intérieur offrait cependant encore peu d’hétérogénéité , tantôt, par répétition de ce pre- mier travail , s’accomplissait aussi dans l’ intérieur , à la périphérie de la moelle nerveuse. Si maintenant on réfléchit que , dans toutes les parties solides, l’organisme arrive au même but, c’est-à-dire à représenter le pur antagonisme de son élément (le liquide) , et la séparation entre l’individuel et le général (i) Goethe a pris pour épigraphe cette proposition si vraie «le Troxler . n Le squelette est le plus important des signes physiognomoniques annon- » cant qu’un esprit créateur et un monde créé se sont pénétrés rcciproque- » ment dans la vie. » DES PARTIES SOLIDES DU CORPS ANIMAL. 8cj (c’est-à-dire entre l’animal et le monde extérieur, ou entre la moelle nerveuse centrale et le reste du corps ) , il est clair que toutes ces parties appartiennent à une seule et même catégorie. Ce serait donc en vain qu’on se flatterait de comprendre quelques unes d’entre elles en les considérant à part, par exemple , les parties solides des animaux supérieurs séparées de celles des animaux inférieurs , ou le névrosquelette isolé du derma- tosquelette ; toutes ces formations ne font qu 'un en réalité. XCII. Aucun corps de la nature ne pouvant être conçu sans tous les autres , il n’en est aucun non plus que nous parvenions à connaître autrement qu’en étudiant son histoire et en ayant égard aux rapports qui existent entre lui et d'autres forma- tions venues avant et après. L’étude même des tests qu’on ren- contre chez les animaux les plus inférieurs est donc indispen- sable pour se faire une idée exacte de la formation du sque- lette osseux des animaux supérieurs. XCI1I. Mais si la nécessité de prendre en considération tous les fourreaux testacés , et d’avoir une notion précise de la disposition, de l’évolution du système nerveux , hérisse de difficultés la connaissance de la formation légitime du sque- lette osseux , la manière dont on est dans l’usage d’envisager et de diviser ce dernier lui-même contribue encore à les mul- tiplier. Il faut donc débuter par aller à la recherche de ces difficultés , si l’on ne veut point être arrêté à chaque pas qu’on fera dans une carrière si pleine d'intérêt , s’exposer même à croire que le but, qu’on aperçoit vaguement , échappe à nos moyens d'investigation. XGIY. Le premier obstacle à ce que nous apercevions la loi intérieure qui préside à la configuration du squelette os- seux , consiste dans la multiplicité des formes sous lesquelles une seule et même partie se montre à nous, chez les animaux, dans l’infinie variété de ses rapports avec d’autres, enfin dans les changemens qu’elle subit souvent , eu égard à sa si- tuation et à ses connexions. Toutes ces circonstances récla- ment chacune une discussion particulière. XCV . Occupons-nous d’abord des modifications qu’une seule et même partie éprouve dans son volume et sa forme. Sous ce rapport déjà , un coup d’œil exercé et sûr peut seul empêcher qo mi s parties solides nu corps animal. qu’on ne soit induit en erreur par le nombre infini des diver- sités , et faire qu’on reconnaisse chaque partie pour ce qu’elle est réellement , surtout quand il s’agit des os de la tête , où tout est pour ainsi dire confondu, où les changemens sont plus grands que nulle part ailleurs , et où la nature semble s’être le plus éloignée de la simplicité du type primordial. Il importe donc de s’accoutumer d’abord à examiner simultanément plu- sieurs squelettes et surtout plusieurs crânes d’une même classe , afin d’acquérir l’habitude de retrouver de suite les parties homologues (1). XGVI. En se livrant à l’étude de ces diversités , il est néces- saire de bien distinguer l’unc de l’autre deux directions dif- férentes. Ici , nous voyons une partie s’accroître , en quelque sorte outre mesure, et changer de la manière la plus étrange dans toutes ses dimensions , modification qui est celle cepen- dant au milieu de laquelle on a le moins de peine à retrouver la signification primitive. Là , au contraire , cette partie tombe dans un état d’oblitération ou d’atrophie , elle se resserre de plus en plus sur elle-même , à tel point qu’il devient difficile d’en apercevoir encore les vestiges , et qu’elle finit par se dérober entièrement à nos yeux. Le meilleur moyen de se préparer à savoir bien apprécier ces états , est de s’attacher à l’étude des conformations monstrueuses , tant des parties so- lides que des parties molles. XCVII. Au milieu de tous ces changemens de forme , nous ne tardons point à apercevoir qu’une certaine loi , entrevue déjà par le génie de Gœthe (2) , est fidèlement suivie partout. Nous trouvons , en effet , qu’un certain équilibre a toujours lieu en- tre cet accroissement de volume et cette oblitération , de sorte (1) Quand on s’est bien convaincu, par exemple, que l’os jugal filiforme de la Taupe et la puissante arcade zygomatique arquée en avant et en liant du Lion ne sont qu’une seule partie , qu’il en est de même pour les nageoires des Poissons et les ailes des Chéiroptères , pour les osselets plats de la région sacrée de l’Orvet et les os innommés du bassin humain, etc., on est déjà jusqu’à un certain point sur la voie de saisir l’affinité, l’identité meme des formes en apparence les plus hétérogènes. (2) Zltr N alurwissenschaft ucberhaupt und zùr Morphologie i/i's beson • dore , Stuttgarflt 1817-1830 , in-8, tout. I,cab. II, pag. UES PARUES SOLIDES DU CORPS ANIMAL. QI que, quand telle partie grandit , telle autre doit diminuer , et rice ter sa. Une découverte semblable doit nous donner à pen- ser que la nature ne produit pas l’infinie variété de ses formes par la création de nouveaux démens , mais par des répétitions et des modifications continuelles de ceux dont elle dispose , à peu près comme la parole exprime les idées les plus diversi- fiées avec un nombre donné de mots , dont elle varie à l’in- fini l’association et les inflexions. XCVIII. Geolfroy-Saint-Hilaire a parfaitement rendu cette idée : « La nature , dit-il (1) , emploie constamment les mômes » matériaux , et n’est ingénieuse qu’à en varier les formes. « Comme si , en effet , elle était soumise à de premières don- » nées , on la voit tendre toujours à faire paraître les mêmes « élémens en même nombre , dans les mêmes circonstances et » avec les mêmes connexions. S’il arrive qu’un organe prenne un « accroissement extraordinaire , l’influence en devient sensible » sur les parties voisines , qui dès lors ne parviennent plus à » leur développement habituel , mais toutes n’en sont pas » moins conservées , quoique dans un degré de petitesse qui v les laisse souvent sans utilité : elles deviennent comme au- » tant de rudimens qui témoignent en quelque sorte de la per- « manence du plan général (2). » XCIX. Si donc le volume et la forme des os n’ont rien de constant, ce qui rend déjà difficile de bien apprécier l’en- semble du squelette , il reste encore à parler des changemens qu’ils subissent dans leurs connexions. Ici , également , nous retrouvons des variations diverses, quoique moins fréquentes, (r) Philos, anatomique. Paris, 1818 , in-8, tom. I, pag. 18. (2) L’étude analytique des corps naturels offre une foule de cas qui per- mettent ainsi de reconnaître l’nnité dans la diversité. Je rappellerai seulement les pierres météoriques , dont l’aspect diffère de celui de tous les minéraux connus, et où l’on trouve cependant les mêmes principes constituans (silice, soufre, fer, nickel, etc.), combinés seulement d’une manière particulière, dont il n’y a point d’exemple sur notre globe. La vérité de la proposition que je développe ici devient plus évidente encore lorsqu’on réfléchit à la décomposition des corps organiques, phénomène pendant lequel les orga- nismes les plus différons semblent naître des mêmes éléinens, modifiés seule- ment sous le point de vue des circonstances qui président à leur com- binaison. 92 DES PARTIES SOLIDES DU CORPS ANIMAL. mais qu on ne parvient à concevoir , pour la plupart , quen voyant certaines régions principales de l’organisme s’isoler peu à peu de plus en plus chez les animaux des classes supé- rieures , ou considérant ces variations comme la conséquence de l’accroissement et de l’oblitération de certaines pièces os- seuses elles-mêmes (1). C. Enfin , la méthode consacrée pour étudier et diviser le squelette osseux, est un des obstacle qui s’opposent à ce qu’on en saisisse bien l’interprétation , et , sous ce rapport , j’ai en- core les remarques suivantes à faire. On était dans l’usage de prendre pour point de départ le squelette de l’homme , et même celui de l’adulte , c'est-à-dire celui où le type primordial est arrivé au plus haut degré d’é- volution et d’ennoblissement. On le décrivait purement et sim- plement , sans nul égard à son histoire génétique. Cette mé- thode, jointe à l’habitude de ne faire aucune attention aux au- tres parties solides du règne animal, empêcha qu'on pût sai- sir la signification primordiale des pièces de ce squelette. Qui pouvait reconnaître que le crâne est un prolongement de la colonne vertébrale , que les os de la face sont des arcs costaux, etc. , quand on s’attachait de suite à l’étude du squelette de l’homme adulte ? Était-il possible alors de s’apercevoir que , malgré la puissance de leur développement , les os des mem- bres ont le caractère de la colonne vertébrale , ni même de saisir que la simple vertèbre est la forme primaire du sque- lette entier P (i) Ainsi, quand nons trouverons, par exemple, qne dans les Poissons les omoplates s’anissent en grande partie avec l’occiput, et les os du bassin se placent en dessous ou même en avant ]de la ceinture scapulaire, cette con- nexion insolite ne devra pas nous empêcher de les reconnaître pour des omoplates et pour des os pelviens, car nous nous rappellerons que les régions du tronc ne sont point aussi séparés les uns des autres et de la tele dans les Poissons que dans les animaux supérieurs. De même, c’est un résultat neces- saire de l’accroissement d’un os, qu’il contracte des connexions avec des os qui ailleurs n’entrent point en contact avec lui: ainsi, par exemple, dans la Souris, l’os worniien , qui a pris un développement extraordinaire, séparé presque entièrement l’os occipital dn pariétal, et chez les Poissons, l’ab- sence d’os longs aux membres fait que les nageoires, c’est-à-dire les analogues des pattbs , s’articulent d’une manière immédiate avec les os du bassin, etc. DBS PARTIES SOLIDES DU CORPé ÀfttMAL, §3 CL Plusieurs années d’étude peuvent au contraire donner à chacun l’intime conviction que la seule manière d'aperce- voir sûrement le sens attaché à chaque forme particulière , est de suivre la méthode génétique d’une manière rigoureuse et de s’élever des formes les plus simples aux plus complexes, soit en ce qui concerne le squelette , soit en ce qui regarde le déploiement du système nerveux et en général tout ob- jet naturel quelconque. CIL Ce n’est cependant pas cette fausse méthode d’étude qui seule empêche d’envisager les choses d’une manière par- faitement conforme à la nature. Le goût des explications téléo- logiques y contribue aussi pour beaucoup. Souvent en se trouvait satisfait lorsqu’on avait entrevu à peu près dans quel but un os ou tout autre partie existait, à quel usage l’animal employait tel ou tel membre. On se croyait fort avancé , par exemple , quand on savait que le changement des membres antérieurs et le vide des cavités osseuses permettent à l’oiseau de voler , et , admettant que ces deux particularités de struc- ture lui ont été accordées précisément pour qu’il pût voler , on croyait n’avoir pas besoin de chercher une autre explica- tion. CIII. Cependant, en y réfléchissant de sang-froid, nous ne tardons pas à reconnaître que de pareilles vues, bien qn’on ne doive pas les négliger tout-à-fait , sont incapables de dé- voiler l’énigme des formations animales (1) , qu’il faut pour cela rechercher comment telle ou telle formation se réalise en vertu des lois éternelles de la raison et sous l’influence des conditions externes et internes de l’organisme , après quoi il n’est pas difficile de trouver comment l’animal doit s’en ser- vir pour qu’elle corresponde au but de son organisme en- tier. CIY. Enfin la méthode reçue pour diviser et dénommer les (t) On ne remarque point assez à quelles absurdités les explications téléo- logiques conduisent quand on les emploie seules. Ne serait-il pas absurde qu’on crût avoir rendu compte de l’existence des feuilles, en disant qu’elles servent à fournir de l’ombre à la terre qui entoure les racines, ou au mois- sonneur qui se couche sous un arbre ? 94 CES PARTIES SOLIDES DU CORPS AHIMALi parties du squelette , est sous plusieurs rapports contraire à une méthode d observer conforme à la nature et reposant sur 1 évolution de ces parties. Goethe dit avec raison , en parlant de la division du squelettej(i) : « La manière empirique dont on » a procédé pour décrire les os humains , ceux surtout de la » tête , nous frapperait bien davantage si l’habitude ne nous » l’avait pas rendue supportable. On emploie des moyens mé- » caniques pour disloquer la tête , sans s’inquiéter même de » l’age auquel elle était arrivée , et les pièces que l’on obtient » ainsi sont considérées comme autant de parties, qu’on décrit « telles quelles s’offrent à la vue (2). » CY. Les noms donnés aux os ayant été tirés arbitrairement de ressemblances extérieures accidentelles , ils opposent à l’é- tude comparative du squelette dans les animaux un obstacle qui empêche souvent de bien apprécier les formes. Cependant on est obligé de les conserver , en ayant soin de\ rappeler que le hasard seul les a introduits. Il ne sera pourtant pas diffi- cile par la suite de créer une nomenclature fondée sur la si- gnification bien constatée (3). CYI. Qu’on ne s’effaie cependant pas de ces obstacles , et qu’ils ne détournent pas d’étudier l’histoire purement géné- tique du squelette. La satisfaction que fait éprouver l’espoir de substituer au chaos et à l’arbitraire des vues exactes sur l’imité primordiale de toutes les formes , et d’arriver à la con- naissance d’un ordre fondé sur des lois , doit suffire pour sti- (1) Zur Morphologie, tom. I, cala. Il, pag. 175. (2) Nous verrons plus tard combien on aurait de peine a comprendre l’homologie du crâne et de la colonne vertébrale en considérant le sphé- noïde comme un seul os, au lieu d’avoir égard à la séparation qui existe, chez presque tous les animaux et même dans le fœtus humain , entre sa portion antérieure et sa portion postérieure ( corps de la seconde et de la troisième vertèbre crânienne). Si Ion prend 1 occipital et le sphénoïde pour un seul os , sous le nom d’os basilaire, on a sous les yeux une masse informe, à laquelle on ne peut rien comprendre. (3) Si les noms de vomer et d’étrier ne sont pasinconvenans chez l'homme, l’idée de forme qui s’y rattache dans notre esprit rend difficile de recon- naître ces os chez les Reptiles et les Poissons, où ils ne ressemblent plus ni à un soc de charrue ni à un étrier. Beaucoup d’autres pièces sont dans le même cas. ORIGINE ET COMPOSITION DES PARTIES SOLIDES. g5 muler le zèle de tous les observateurs, car les travaux de l’un ne peuvent être considérés ici que comme une sorte d’occa- sion d’en faire naître d’autres. CVII. Avant d’entrer à proprement parler en matière , je vais chercher à donner une idée générale des diverses formes sous lesquelles les parties solides du corps animal se présen- tent, et surtout indiquer la manière dont elles se forment, ainsi que les différences qu’elles offrent sous le point de vue de leur substance ; après quoi je tracerai une construction géométrique à l’aide de laquelle il sera facile d’apercevoir que toutes les formes principales du squelette et de ses parties , tant du der- matosquelette que du spl a nclino squelette et du névrosque- lette, peuvent se déduire de la sphère creuse, qui a déjà été représentée précédemment comme la forme primaire de toute formation relative à un squelette quelconque. ARTICLE II. DIFFÉRENS MOUES D’ORIGINE ET UE COMPOSITION DES PARTIES SOLIDES DU CORPS DES ANIMAUX. CYIII. L'histoire des formes internes et externes du monde animal, mentionnées sous les noms de croûte, tige, pierre, co- quille , test , piquant , plume , soie , poil , corne , ongle , dent , écaille, plaque , cartilage , os , offre une série extrêmement di- versifiée de parties solides , entre lesquelles il devient facile d’établir des divisions , dès qu’on a égard à leur mode d’ori- gine et d’accroissement et à leur composition chimique. CIX. Sous le rapport du mode d’ origine, on trouve entre elles trois différences principales. En effet : 1° Les unes se forment par une véritable pétrification de la substance animale molle. C’est là le mode de formation le plus grossier , le plus in- complet , qui égale l’animal aux derniers des corps terrestres, aux minéraux. On peut le comparer à la coagulation d’une goutte d’eau chargée de sels calcaires en une stalactite , et généralement à la cristallisation. Ce mode ne peut se rencontrer qu’aux plus bas degrés de l’échelle animale, par exemple chez les Coraux , et en particulier chez les Nullipores. Il se J)6 OMGINE ET COMPOSITION DES PARTIES SOLIDES. répète souvent dans les organisations supérieures, mais comme formation pathologique ( ossification accidentelle ). CX. 2° D autres se produisent par la coagulation ou la pé- trification en fibres ou en lamelles (1) de liquides exsudes par des surfaces membraneuses la plupart du temps richement pour- vues de vaisseaux , de sorte qu’après la formation de ce corps solide , il n’y a plus aucune réaction plastique entre lui et le reste de la substance animale , parce qu’aucun vaisseau nour- ricier ne pénètre dans son intérieur. Ce mode de formation est déjà un peu plus relevé que le précédent ; mais le corps solide qui en résulte n’est encore qu’une excrétion absolument privée de vie. Ici se rangentles coquilles des Mollusques, les tests des Crus- tacés, l’émail des dents, les formations cornées, jusqu’à la plus délicate de toutes, l’épiderme, en un mot toutes les parties so- lides qui , une fois formées par cristallisation d’un liquide exsudé à la surface d’une partie molle et ordinairement vascu- laire, cessent de croître. Au reste , on peut encore établir plusieurs coupes dans ce mode de formation ; mais le but que je me propose ici ne me permet pas de les développer en détail. Ainsi , par exemple , la formation de la coquille ou du test chez les Mollusques et les Crustacés , qui sont pourvus d’un système vasculaire , diffère assurément de celle du test corné des Insectes ; ainsi la for- mation cornée , chez les Insectes , ne ressemble point à ce -quelle est chez les Mammifères , où la corne est solidement enracinée dans les parties molles , continue toujours à s’y re- produire , et est repoussée de dedans en dehors. Mais toutes ces formations de coquilles, de cornes , d’éeailles , de soies, de piquans, de plumes et de poils , ont cela de commun qu’une fois complètement développées, elles ne croissent plus, qu’ elles cessent dès lors d’être en conflit avec les autres parties molles vivantes , et que leur accroissement tient à de nouveaux dépôts, sur le point où elles louchent à ces dernières, de liqui- (i) A proprement parler c’est une répétition de la formation décrite dans le paragraphe qui précède; car, ce qui a lieu là pour l’animal entier , arrive jçi au liquide exsudé. OftîGINÊ ET COMPOSITION DES PARTIES SOLIDES. C)'] des coagulables, qui, en s’adjoignant à la masse déjà produite, augmentent ses dimensions. CXI. 3° Enfin certaines parties solides doivent naissance à X accumulation d’une substance terreuse dans l’ intérieur de tissus mous , membraneux et vasculaires , de telle sorte cependant que la masse entière ne se pétrifie pas , comme dans le pre- mier cas , mais que le tissu solidifié demeure pénétré de vais- seaux et en conflit continuel avec les parties molles , circon- stance qui élève également ce mode de formation au dessus du second. C’est de cette manière que se développent le cartilage et l’os , dont aucune partie ne représente une masse privée de vie en elle-même , mais dont , bien au contraire , chaque partie est dans un continuel état de conflit vivant avec les forma- tion molles. CXII. Le mode d’accroissement des parties solides ne joue pas un rôle moins important que celui de leur formation, dans la manière dont on doit les classer. d° Quelques unes d’entre elles, une fois formées, ne s’ accrois- sent plus en elles-mêmes , et ne font que grandir par des ad- ditions extérieures , mais n’en sont pas moins pour cela per- sistantes. Tel est le cas des cellules polypiaires des Coraux, du test des Radiaires, des Bivalves et des Univalves, de l’émail des dents, etc. 2° D’autres , une fois formées , ne croissent plus , quoiqu’il leur arrive quelquefois encore de grandir par des additions extérieures ; mais, à de certaines époques , l’animal s’ en débar- rasse comme de parties complètement mortes , et les reproduit de nouveau. Les tests des Crustacés et la plupart des formations cor- nées, comme le test des Insectes, les piquans , les plu- mes, les soies, l’épiderme, etc., appartiennent à cette ca- tégorie. 3° D’autres encore es montrent soumises , même après leur formation , a la loi du renouvellement continuel de leurs maté- riaux, en sorte qu’elles se détruisent et se reforment sans cesse. Les cartilages et les os proprement dits sont dans ce cas. HT. . H gB ORIGINE EX COMPOSITION DES PARTIES SOLIDES. CXIII. Il nous reste encore à examiner la diversité de la substance dans différentes parties, et les différentes espèces de squelettes. L’organisme individuel a pour destination , quant à sa substance , de répéter en lui les élémens de l’organisme ter- restre. Ainsi, de même que, dans le corps animal, le principe de l’eau est représenté par le système vasculaire et intestinal, le principe de l’air par le système respiratoire , et le principe du feu par le système nerveux , de même aussi le principe terrestre l’est par le système osseux. Mais la substance du squelette se présente à nous sous trois états différens ; car la matière animale primaire , l’albumine , la substance de bœuf, se coagule : 1° En une masse molle, flexible et pénétrée de parties aqueu- ses ; cartilage . 2° En une masse molle analogue , mais qui , s’endurcissant à l’air , prend la forme de corne. 3° En une masse molle , au milieu de laquelle des parties terreuses se déposent de manière à ce que le tout produise un corps plus ou moins cassant. A l’égard de ces parties terreuses elles-mêmes , on voit pré- dominer en elles tantôt le carbonate de chaux , c’est-à-dire la terre grossière , encore saturée d’acide végétal , et tantôt le phosphate de chaux , c’est-à-dire la terre en quelque sorte spiritualisée , pénétrée de phosphore , qui caractérise les for- mations animales supérieures. La substance du squelette est appelée testacèe dans le premier cas , et osseuse dans le se- cond (1). (i) Le tableau suivant fera mieux saisir l’engendrement de ces parties solides : Élément indifférent de toute formation organique, EAU PURE ET LIQUIDE (7 5/10 d’oxigène, 1 d’hydrogène). 11 en haït, par incorporation de carbone et d’aïote, la substance animale primaire , ALBUMINE. (dont 100 parties contiennent, d’après Gny-Lussac et Thénard, i5,yo5 azote, 52,883 carbone , 7,540 hydrogène, 23,872 oxigène). De l’albumine naît, par diminution de la proportion d’eau, par aug- DIVERSES FORMES DE SQUELETTE. qq CXIV. Ayant déjà vu plus haut ( § 4, 12 ) qu’il y a trois sortes de squelettes, savoir : un dermatosquelette, un splanch- nosquelette et un névrosquelette , nous avons intérêt main- tenant à rechercher quels rapports existent entre les différons modes de formation , d’accroissement et de composition de ces trois squelettes. CXY. Mais le commencement de toute formation squelel- mentation de celle du carbone et de l’azote , et par incorporation des premières traces de substance terreuse ( chaux imprégnée de substance animale spiritualisée , le phosphore ), le CARTILAGE , que Hatchett considère comme de l'albumine coagulée, vue d’autant plus exacte que d’autres, suivant lesquelles il contiendrait de la gélatine, reposent sur l’erreur d’admettre au nombre des principes constituans primitifs du corps animal la gélatine , qui est un produit de l’action de la chaleur sur l’albumine. Une tendance encore plus forte à l’endurcissement de la substance animale du cartilage, c’est-à-dire de l’albnmine condensée, se réalise de deux manières : soit par accroissement des parties terreuses, de la chaux , qui peut elle - même être saturée par l’acide carbonique , et l’acide phosphorique, et amenée ainsi à l’état de amenée ainsi à l’état carbonate calcaire, de phosphate calcaire, soit par soustraction plus considérable encore d’eau, par dessiccation, CORNE. SUBSTANCE TESTACÉE. SUBSTANCE OSSEUSE. A l’occasion de cet aperçu , qu’il me soit permis de fixer encore l’atten- tion du lecteur sur trois points : x° Il n’est pas sans importance , pour la nature de la substance du sque- lette, que les parties terreuses qui en opèrent l’endurcissement, soient aci- difiées, En effet, cette circonstance rattache les os ou le test à d’autres substances excrémentitielles (exhalation pulmonaire, urine, sueur), qui sont toutes acidifiées, tandis que les sécrétions relatives à la vie intérieure sont de nature alcaline. Or, il ne faut pas de grands efforts pour concevoir que cette analogie se rallie étroitement à la signification du squelette , qui est destiné à limiter, qui, par conséquent, est devenu extérieur, en un mot, pour apercevoir que la formation de la substance testacée et de la substance osseuse rentre immédiatement dans la classe des excrétions. Celte remarque conduit sans doute à rechercher la cause qui fait que l’acidification en géné- ral est destinée aux excrétions, Mais elle nous jette ainsi dans le champ 10D DtVETiSKS fOEMÈS DÛ SQUELETTE. tique n été la séparation établie entre le corps entier de l'ani- mal et le monde extérieur , d’abord par coagulation de la sub- stance animale morte , sous la forme de peau et de dermato- squelettc. C’est là la première et par conséquent la plus infé- rieure des formes du squelette , qui , dans les degrés les^plus élevés de la forme animale, doit de nouveau se réduire presque à une simple peau. Elle a pour caractères , sous le point de vue de sa formation , de devoir naissance à la pétrification et «l’ane chimie philosophique qni n’est encore aujourd’hui qu’en germe , parce qu’on n’a point eu jusqu’à présent égard aux divers degrés de dignité des substances et des combinaisons chimiques. Tout ce qu’il est donc permis de «lire à cet égard, c’est que, relativement à la réaction de l’individualité organique et de la totalité cosmique , cette organisation nous apparaît comme une subordination de la substance organique à l'atmosphère carac- térisée par l'oxigène, subordination qui, sous l’influence du monde exté- rieur, doit avoir pour conséquence une cessation de la vie individuelle intérieure, l’exhalation ou le rejet de la substance acidifiée. a0 Nous devons avoir égard à la diversité de l’acidification et à la signi- fication de cette diversité. En effet, nous voyons que quand la cbaux, propre à l’animal comme élément alcalin, se trouve rejetée tout entière vers la limite du monde extérieur, sous la forme de dcrmatosquelette terreux, de test, elle est comme soumise et saturée par l’acide carbonique, qui appartient en propre à la nature extérieure , mais surtout an règne végétal , tandis que , quand elle sépare les parties animales les plus supérieures, ou les masses nerveuses centrales, du reste de l’organisme, elle doit apparaître pénétrée et saturée d’acide pbosphorique , attendu que le phosphore étant la partie caracté- ristique des nerfs et notamment de la substance cérébrale , les matières excrémentitielles des masses nerveuses centrales doivent être caractérisées surtout par l’acide pbosphorique. 3° La considération de ces trois substances squelettiques essentiellement différentes, cartilage, corne et masse calcaire testacée ou osseuse, fournit nn résultat intéressant par rapport aux élémens essentiels de la nature en général , car si l’on doit considérer la vie intérieure de l’animal et spéciale- ment sa vie nerveuse comme ayant de l’affinité avec les forces électro- magnétiques , avec le principe du feu, et si cette vie intérieure se sépare, par la formation squelettique, de la vie extérieure, c’est-à-dire des antres élémens, air, eau et terre , il est digne de remarque que, dans ces trois différens moyens de délimitation , qui , comme tels , doivent être en partie aussi subordonnés à l’élément contre lequel ils servent de limite , les trois élémens eux-mêmes se répètent, savoir, l’air dans la corne, l’eau dans le cartilage , la terre dans l’os et le test calcaire. IOI DIVERSES FORMES DU SQUELETTE. à la coagulation (cristallisation) de liquides exhalés (§ CVIII, CIX , CX) ; sous celui de son accroissement , de ne faire que s’agrandir par des additions du dehors , soit qu’elle persiste toujours, soit quelle ne dure qu’un certain laps de temps, au boutduquel elle tombe pour se reproduire de nouveau (§ CXII) ; sous celui de sa substance , de consister en cartilage , en sub; stance terreuse testacée , et tout au plus en substance cornée, attendu que les formations cutanées des animaux supérieurs sont entourées d’air ( § CXIII). CXYI. La seconde forme de squelette est la séparation éta blie entre le corps et les élémens qui pénètrent dans son intés rieur , ou le splanchno squelette. Celui-ci répète en lui-même le type du dermatosquelette. De même que ce dernier , il oc- cupe un rang subordonné à l’égard , tant de sa formation , que de son accroissement et de sa substance. Cependant il est déjà susceptible, chez les animaux supérieurs, de se former par un dépôt terreux dans des parties molles , de croître par un re- nouvellement continuel de ses matériaux , et de développer une véritable substance osseuse. Quoiqu'il en soit, il est ca- ractérisé dans les animaux supérieurs par le cartilage , comme le dermatosquelette l’est également là par la corne , et ce phé- nomène tient à la même cause précisément , c’est-à-dire que les milieux qui entourent le splanchnosquelette sont les li- quides qui pénètrent dans le corps. Enfin le névrosquelette , ou le véritable squelette , étant celui des trois qui a la signification la plus relevée , est aussi celui qui offre le plus haut type dans sa formation, son accrois- sement et sa composition. Il naît par un dépôt terreux dans l’intérieur d’organes cartilagineux et vasculaires (§ cxi), il est assujetti à un renouvellement continuel de ses matériaux ( § CXII ) , et il est absolument formé de véritable substance osseuse (§ CXIII ) (1). (i) Eu voyant ici comment les trois principales formes dn squelette sont caractérisées par la diversité de leur substance, de leur formation, de leur accroissement, de leurs rapports avec d’autres organes, et en remarquant , comme nous le ferons plus tard, que chacun de ces squelettes a un type particulier pour ses formes, nous nous trouvons avoir entre les mains les moyens de distinguer les differens squelettes dans les diverses formes du règne 102 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. ARTICLE III. CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DES FORMES DU SQUELETTE , C’EST- A DIRE DE LA SPHÈRE CREUSE ET DES FORMES QUI EN DÉ- COULENT. CXVII. Les considérations dans lesquelles je suis entré sur la forme primaire du corps animal et la signification originelle de ses parties solides , comme enveloppes propres, soit à l’iso- ler lui-même du monde extérieur , soit à isoler des autres la principale et la plus essentielle de ses parties , ont déjà dé- montré que la sphère creuse est à proprement parler le pro- totype de tout développement de squelette. Maintenant , si nous voulons poursuivre la construction véritablement scientifique de la formation qui a pour résultat de produire un squelette , nous avons d’abord à examiner , dans un esprit purement géo- métrique , et sans avoir encore nul égard au squelette en lui- même -, quelles sont les formes qui émanent immédiatement de cette forme sphérique primaire. CXVIII. C’est une loi fondamentale, pour tous les corps or- ganisés , qu'ils débutent par la forme la plus simple , celle d’une sphère , et que leur développement ou leur évolution ré- sulte de différences occasionées elles-mêmes par la multipli- cation ou la répétition de l’unité primaire. D’où suit aussi cette autre loi , qu une division en plusieurs parties similaires est le second degré d évolution , et que le troisième ou suprême de- gré consiste dans l’ établissement d'une certaine diversité par animal , et de déterminer si telle on telle partie animale solide doit être con- sidérée comme dermatosqaelette , splanchnosquelette on névrosquelette. Mais estte distinction n’est pas toujours facile à établir dans les diverses individualités , attendu que, sons ce point de vue comme sous tous les autres, on rencontre là une foule de transitions. Ainsi, par exemple, nous voyons souvent le dermatosquelette se revêtir d’épaisses couches de parties molles , membraneuses ou charnues, et se retirer dans l’intérieur du corps : ainsi le type du ncvrosquelelte se manifeste dans les formes les plus développées du dermatosquelette , ce qui rapproche par conséquent ce dernier du névro- sqnelette : ainsi , des parties du névrosquelette arrivent quelquefois presque immédiatement à la surface du corps, et se rapprochent par là du dermato- squelette. CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUfetETTE. Io3 l'effet du développement plus ou moins considérable de l’une ou de l’autre de ces parties primairement similaires. CXIX. Si donc nous voulons poursuivre scientifiquement les métamorphoses ultérieures de la forme sphérique , nous avons d’abord à rechercher comment une construction géométrique peut produire d’autres formes avec une sphère, sans altérer l’essence intime de celle-ci. Mais, avant tout, il est nécessaire d’examiner quelles sont les propriétés de la sphère en elle- même. CXX. La sphère est un corps qui essentiellement possède les propriétés suivantes : 1° Sa surface offre une courbure partout uniforme ; 2° Tous les demi-diamètres , et par conséquent aussi tous les diamètres , sont absolument égaux entre eux ; 3° Tous les cercles décrits à la surface de la sphère , et dont le centre coïncide avec celui de cette dernière , ou , en d’autres termes , tous les grands cercles de la sphère , sont parfaitement égaux entre eux. D’après tout ceia on peut juger que la sphère est le symbole de la similitude ou de l’homogénéité parfaite et indifférente, et qu’tt» point qu’une force plastique intérieure sollicite à s’é- tendre d’une manière parfaitement égale dans toutes les direc- tions imaginables , ne peut pas prendre d’autre forme que celle d’une sphère. CXXI. Mais on a déjà vu , dans les Notions préliminaires , que de la sphère , symbole de l’indifférence , partent deux séries de formations , l’une dans laquelle la sphère s’affaisse sur elle-même et produit des formes terminées par des lignes droites (cristallines) , l’autre dans laquelle , soit par multipli- cation de son centre , soit par extension de sa périphérie , elle passe à des formes ovalaires , paraboliques , elliptiques et hy- perboliques (organiques) (1). (i) A ces métamorphoses de la forme correspondent celles de la substance, qnand nne goutte (sphère pure) du plus indifférent de tous les liquides (l’eau) passe, par l’effet du froid, à l’état de cristal (glace), et devient un cristal permanent lorsqu’elle est mêlée de parties terreuses, ou, par l’effet du chaud, à celui de vésicules vaporeuses, et lorsqu’elle est mêlée de divers gaz, devient une forme organique primaire (Infusoire, vésicule végétale priimiirc). Iû4 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. CXXIII. Livrés , comme nous le sommes ici, à l’étude de la conformation organique , nous ne pouvons discuter amplement que la seconde série de formations, et la première ne doit nous occuper qu’en tant quelle sert à expliquer les divisions pri- maires de la surface de la sphère , provenant de son affaisse- ment sur elle-même. Cependant il est encore des formes pri- maires qui méritent de fixer notre attention -, ce sont celles qui naissent d’une première modification de la sphère, et sont li- mitées à la fois par des surfaces courbes et par des surfaces planes , attendu que leurs surfaces courbes n’étant plus circu- laires, ni leurs surfaces planes terminées par des lignes droites, elles tiennent parfaitement le milieu entre les deux séries de formation émanées de la sphère. Or , ces formes sont le dicone et le cylindre. Et si nous ré- fléchissons que les parties solides du plus hautrang, dans le corps animal, c’est-à-dire les os, précisément parce qu’étant contenues dans un corps animal vivant , on doit les concevoir agitées d’un mouvement continuel de génération et de destruction , de solidification et de dissolution ( § CXI , CXII ) , représentent à proprement parler l’état mitoyen entre le cristal solidifié en permanence et la partie organique molle qui s’étend , il ré- sulte aussi de là que la première métamorphose de la sphère en dicone et dit dicone en cylindre , qui tient le milieu entre les formes purement organiques , doit être d’une haute impor- tance pour le système osseux , et nous y trouvons même l’ex- plication philosophique de la cause qui fait que tous les or- ganes dans lesquels l’os doit apparaître comme partie solide pure , et non pas uniquement comme simple enveloppe creuse , doivent aussi reconnaître la forme du dicone pour proto- type. CXXIII. Nos considérations générales sur les métamor- phoses de la sphère qui peuvent se développer par une cons- truction géométrique , devront donc avoir pour but : 1° d’in- diquer les principaux traits de la division primaire de la sur- face sphérique , et de la rétraction de cette surlace en corps cristallins terminés par des lignes droites ; 2° d’exposer la ma- nière dont le dicone et le cylindre se produisent par la division primaire de la masse sphérique ; 3° de poursuivre le dévelop* CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. Iû5 pement des formes organiques fondamentales qui naissent par la multiplication du centre et de la surface de la sphère. i a. Des divisions primaires de lu surface de la sphère et de la forme des corps cristallins. CXXIV. Nous appelons division primaire d’un corps , celle qui procède immédiatement de son essence la plus intime , et nous la distinguons de toutes celles qu’on pratique arbitraire- ment sans avoir égard à celte essence. En examinant quelle est la mesure primaire qui préside à la première division légitime de la sphère , nous arrivons aux ré- sultats suivans : CXXV. La périphérie d’une sphère est déterminée par un de ses grands cercles. Mais la géométrie nous apprend que la sur- face d’un des grands cercles d’une splicre est égale au quart de la surface, de cette sphère. Donc la mesure qui détermine la sphère en général devient en même temps le premier prin- cipe de division pour sa superficie. Or , il est extrêmement re- marquable que l’antagonisme pur (à angles droits) de deux des grands cercles (pl. xxn, fig. n , a, h) d’une sphère (^) divise la surface de celle-ci en quatre segmens (a, a, a , a) , qui, non-seulement sont égaux entre eux , mais encore répètent exactement , quoique sous des délimitations tout-à-fait diffé- rentes, l’étendue superficielle d’un des grands cercles, de sorte que , par la seule opposition de deux unités , nous ob- tenons la quadruple répétition de la même unité , sous une autre forme seulement. CXXVI. Mais si , en prenant pour mesure le plus grand cercle , on divise la surface de la sphère en quatre parties par le pur antagonisme de deux de ces cercles , il suit nécessaire- ment de là que ces derniers eux-mêmes se coupent deux fois , et ces deux points d’intersection ( dont la fig. n ne montre qu’un seul, en c) formeront \'axe de la sphère, en se réunissant l’un à l’autre. CXXVII. Celte première division de la sphère acquiert une grande importance , puisque c’est d’elle qu’émane le premier corps régulièrement terminé par des lignes droites, dans lequel , pour la première fois aussi, on aperçoit avec une pré- 106 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. cision parfaite l'antagonisme entre les trois dimensions , qui ne sont point encore distinctes dans la sphère. En effet , si , d’après ce qui a été dit plus haut , les corps réguliers terminés par des lignes droites (tétraèdre, hexaèdre, octaèdre, dodécaèdre et icosaèdre) naissent d’une contrac- tion de la sphère , toutes les fois que nous concevrons la sphère coupée en quatre contractée soit dans la direction de son axe et des pôles vers le centre , soit du milieu de chaque quart de sa surface vers le centre (dans la direction a , c, fig. il), il résultera de là le premier des corps à surfaces planes paires , ou le cube , dont les six faces sont déterminées par six demi-axes ou trois axes entiers , représentant d’une manière parfaitement pure (c’est-à-dire en antagonisme rec- tangulaire ) les dimensions de la largeur , de la hauteur et de l’épaisseur. Si , au contraire , chacun des quatre segmens de la surface de la sphère est partagé , par le grand cercle [p p) correspondant à l’axe (c), en deux parties, de sorte que la surface entière de la sphère se trouve divisée en huit seg- mens , et si chacun de ces huitièmes de surface de sphère se contracte alors vers le centre, nous obtiendrons le second corps à surfaces paires , X octaèdre , c’est-à-dirè un corps dé- terminé par huit demi-axes ou quatre axes entiers , et par huit faces égales , également délimitées. Afin de rendre plus sensibles les rapports numériques des arêtes , des angles et des faces de ces cinq premiers corps réguliers , je vais les réunir sous la forme de tableau. Arêtes. faces. angles. Le tétraèdre a. . 6 4 4 L’hexaèdre a. . . 12 6 8 • L’octaèdre a. . . 12 8 6 Le dodécaèdre a. 30 12 20 L’icosaèdre a . . 30 20 12 CXXVIII. Ainsi, non-seulement la division en quatre , la formation de l’axe et la production des formes du cube et de l’octaèdre se développent de cette mesure primaire de la sphère , mais encore nous apercevons que tous les cercles pa- rallèles (par exemple p, p, fig. 11) imaginables autour de CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. I07 l’axe (c) une fois formé , sont à leur tour partagés par cette quadrisection en quatre parties égales, nouvelle quadrisection de laquelle naissent ensuite , par une ultérieure division, la sec- tion en huit, puis la section en seize, et par conséquent aussi le carré , l’octaèdre , la figure à seize côtés , etc. Il y a plus encore ; ces divisions deviennent fertiles aussi en nouvelles séries de division; car le côté divisé de l’octaèdre donne également une mesure qui , rapportée aux rayons tirés des quatre premiers points de section du cercle ( par consé- quent 7 (3 transporté comme 7 S à 7 c , qu’on suppose ici le rayon , et S rapporté ensuite à l’extrémité de l'autre rayon o , comme S 0) , donne la division du cercle en cinq , et par con- séquent aussi le pentagone , d’où naissent ensuite la division en dix et en vingt , ou la figure à dix et à vingt côtés (1). CXXIX. La série entière des divisions étant émanée du grand cercle comme mesure primaire et principe primaire de division de la sphère , on se demande maintenant quelle me- sure primaire et quel principe primaire de division peuvent être assignés au grand cercle lui-même. Mais, de même que le grand cercle détermine et divise la sphère , de même aussi il est déterminé et divisé par son demi-diamètre. Or la géomé- trie nous enseigne que le demi-diamètre divise le cercle en six parties égales. Nous trouvons donc ici une nouvelle série de divisions de la sphère déterminées par une mesure inhé- rente à elle-même , et , soit par la simplification de cette divi- sion , soit par sa multiplication , soit enfin par son association avec les autres séries de division précédemment décrites , nous obtenons de nouvelles segmentations du cercle et de nouvelles figures géométriques. Ainsi , soit a h ( fig. ni ) le demi-dia- mètre , a h =z h b. La jonction de ces points de section du (1) La division de la sphère en quatre parties, qui résulte de deux grands cercles se coupant à angle droit dans un point donné , parait devoir être considérée comme le phénomène primaire de la vie organique. Elle déter- mine les phénomènes les plus variés dans les corps terrestres et célestes , les polarisations croisées de la lumière, les effets de la lumière qn’on appelle phases de la lune, le partage de l’horizon en quatre régions, de même que, dans les êtres plus élevés, la division du pourtour de l’individu en dos et ventre, côté droit et côté gauche, etc. lOo CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. cercle donne X hexagone (b bb b b b), e t leur jonction , en les prenant de deux en deux , sans arrêter aux intermédiaires , produit le trigone (cc c). Une seconde division de l’hexagone donnerait une figure à douze côtés , etc. Mais comme précé- demment nous avons vu le pentagone provenir du rapport de la division du cercle en six à celle de ce même cercle en quatre, de même, si nous rapportons la division en seize à la di- vision en dix , nous obtenons une figure à quinze côtés ( h d étant le côté d’un décagone, et b b celui de l’hexagone, (b h ~dh — cb — bf—ff). CXXX. Ayant démontré comments’engendrent les divisions d’un des grands cercles de la sphère en 2 , 3 , 4 , 5 , G , 8 , 10 , 12 , 15 , 16 , etc. , et comment la même division qui partage ce grand cercle doit aussi partager tout autre cercle parallèle ima- ginable , il résulte en même temps de là les divisions de la surface entière de la sphère en 2 , 3 , 4 , 5 , G , 8 , etc. , seg- mens , par de grands cercles qui s’entrecoupent aux pôles ( à la manière des méridiens terrestres). On peut voir , pl. xxii , fig. vi , l’exemple d’une surface sphérique ainsi divisée , sur la sphère médiane a (1). CXXXI. Enfin nous ne pouvons pas non plus nous empêcher de remarquer que , comme la division la plus simple de la surface sphérique forme le cube et l’octaèdre par la rétraction de ses segmens ou pôles , de même les autres divisions de cette surface , même celles en nombre impair , déterminent , par la rétraction d’un certain nombre de segmens de la surface sphé- rique, la formation du tétraèdre ( limité par quatre triangles équilatéraux égaux ) , du dodécaèdre ( limité par douze penta- gones équilatéraux égaux ) , et de l’icosaèdre ( limité par vingt triangles équilatéraux égaux ). Je puis me dispenser de poursuivre plus loin le développe- ment de ces formes; car ces cinq corps limités par des surfaces (i) Lorsqu’il s’agira désormais de division d'un grand cercle dans les parties solides du corps animal , par exemple dans les anneaux du sque- lette ( fig. xvx), suivant l’un ou l’autre de ces rapports, ou de la division d’une sphère squelettique entière ( par exemple pl. xxiv , fig. ni) , d’après l’un ou l’autre nombre de segmens, il faudra toujours se reporter à ce que je dis ici de la construction de ces divisions. CONSTRUCTION G ÉOMETRIQUG OU SQUELETTE. ï OC) rectilignes égales , et toutes leurs modifications ultérieures , appartiennent essentiellement au règne minéral. La seule chose que je ne puisse omettre de dire, c’est que cette série de corps parfaitement réguliers à décrire dans l’intérieur d’un espace sphérique, représente, avec la sphère elle-même, le premier nombre parfait ( provenant également de l’addition et de la multiplication de ses facteurs) , c’est-à-dire le nombre six ( car l + 2+3 = lX2X3 = 6), nombre qui est d’une si grande importance pour toutes les divisions organiques , qui repose sur le nombre fondamental de toute distinction , le nombre trois , et qui exerce ici une influence si puissante que , comme le démontre la géométrie , il y a impossibilité absolue de con- struire dans un espace sphérique plus que ces six corps déli- mités d’une manière absolument régulière. L. De lu maniéré dont le dicune et le cylindre procèdent de la sphère, CXXXII. Pour faire concevoir celte génération , il faut commencer par rappeler les propriétés géométriques du dicône et du cylindre. D’après la grande découverte d’Archimède , un cône qui a pour base le plus grand cercle d’une sphère donnée , et pour hauteur le diamètre de cette sphère , est à elle comme 1 : 2, et un cylindre qui a pour ses deux bases le plus grand cercle de celte même sphère , et pour hauteur son diamètre , est à elle comme 3 : 2, de sorte qu’à égalité de hauteur et de diamètre de labase , il est au cône comme 3 : 1 (1). • (O Comme la sphère, le cylindre et le cène sont (les corps divisibles en une induite de cercles parallèles, comme aussi il est de soi-même évident que , dans le cylindre , tous les cercles parallèles doivent être égaux entre eux et aux deux bases , tandis qu’ils vont en diminuant de la hase au sommet dans le cône, et d’un quelconque des plus grands cercles aux deux pôles dans la sphère, comme endn la diminution doit suivre une certaine progres- sion légitime, il est bon , ne fût-ce que pour être complet, d’indiquer ici cetle progression. Supposons un cône dont la hauteur et le diamètre de la base égalent le diamètre d’une sphère donnée, et dont la hauteur soit divisée par dix cercles parallèles, également distans les uns des autres. Voici quelle est la progres- sion suivant laquelle décroissent les demi-diamètre? de ces dix parallèles IIO CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUÉUETTÈ. CXXXIII. Passons maintenant à la succession ■ géométrique de ces corps , dont on s’est moins occupé , et qui cependant a une haute importance , tant en général qu’en particulier , pour la formation du système testacé et osseux. Prenons la fig. iv, pl. xxii. CXXXIY. Soit a un point qui tende, par un grossissement progressif uniforme, à se développer en un corps régulière- ment terminé. 1° Tantôt cet effet aura lieu d'une manière fixe, indifférente, et de tous les cotés à la fois , d’où il ne pourra absolument ré- sulter d’autre corps que la sphère. Nous avons donc ici la thèse pure , sans nulle différence dans quelque direction que ce soit. Ainsi, b cd étant différens degrés de grossissement du point a, les sphères e e e e représenteront les divers accroissemens du point a fixés chacun à un certain degré. 2° Tantôt il aura lieu d'une manière également fixe , mais avec une différence absolue , avec un antagonisme pur , dans les directions de a f et de a g , et la plus grande simplicité avec laquelle ce développement antagoniste puisse avoir lieu a pour résultat la production d’un dicône[h , i, a , a ,1 , k). Ce corps , considéré comme fixe dans son développement, est à un degré qui correspond à celui de la sphère , et , sous le rapport du contenu , il est encore parfaitement égal ( § CXXXII) à la sphère e e e e, puisque la sphère est au cône = 2:1. Cette formation exprime donc la pure antithèse. CXXXY. Mais cette série de développement exige , comme troisième terme , que ce qui s’est séparé soit de nouveau ra- de la base, dont le diamètre sera supposé io, an sommet : 5 . . 4 I/2 • • 4 . . 3 i/2 . . 3 . . 2 1/2 . . 2 . . i 1/2 . . I . . i/2. La différence des termes est donc 1/2. Supposons en outre que la base de ce cône soit le plus grand cercle d’une spbère, celle-ci se trouvera partagée par là en deux moitiés , chacune égale en contenu au cône donné. Qu’une de ces moitiés de spbère, égale au cône, vienne maintenant a etre divisée par six cercles parallèles également écartés les uns des autres, la progression suivant laquelle le demi-diamètre de ces dix parallèles décroîtra de la base de l’hémisphère au pôle, en supposant toujours le diamètre de cette hase = io ~ j/ roo, sera : \/ ioo . . j/ 99 . . (/ 96 . . (/ 91 • • ^4 . . ✓ 75 64 . . j/ 5i . . 1/ 36 . . 1/ 19 La différence des termes est de 1 , 3 , 5, 7, 9 , ix , t3, 1 5 et 17. construction géométrique DU SQUELETTE. III mené à l’unité. Or cet effet a lieu quand tous les cercles paral- lèles du dicône deviennent égaux entre eux et avec les bases des deux cônes. Nous obtenons de cette manière le cylindre , qui a pour diamètre le diamètre de la sphère développée jusqu’à un certain degré , et pour hauteur le double diamètre de la sphère. De là résulte donc la synthèse pure. Un cylindre de même hauteur et de même diamètre qu’une sphère donnée étant à celle-ci = 3 : 2 , le cylindre l h ik sera donc à la sphère e e e e =6 : 2. Nous aurons donc, au total , la série suivante de dévelop- pement : Sphère 1 ou, en nombres entiers, sphère 2. 1/2 dicône 1/2 1 dicône d. Cylindre 3 Cylindre 2X3 = 6. C’est là un rapport numérique dont l’essenlialité , dans toute la série de développement du squelette testacé et osseux, ressort déjà de ce qu’en raison de ses propriétés mêmes , le dicône correspond à la signification propre de l’os ( § CXXII ) (1). (t) Je ferai remarquer ici que la sphère creuse, avec les formes qui en dérivent (la sphère creuse divisée en plusieurs parties, l’ellipsoïde, l’an- neau, etc. ), est également le vrai prototype des parties solides du corps animal qui enveloppent d’autres organes (viscères, ganglions nerveux, etc.), de meme que la forme du dicône , qui procède de la sphère , et celle du cylindre, qui se rattache au dicône, sont les formes primaires de toutes les parties solides qui, d’après leur nature, n’enveloppent point de parties molles, par conséquent toutes celles qui jouent le rôle de parties consoli- dantes absolues, d’os proprement dits , comme tous les corps de vertèbres et les os des membres qui leur ressemblent parfaitement quant à l’essence. Dutrochet a très-bien reconnu et démontré , quoique d’une manière em- pirique seulement, que le dicône est une forme fondamentale pour le sque- lette de tous les animaux supérieurs. Il a été conduit à cette idée par l’histoire du développement surtout des os de la Salamandre, et il donne l’épithète de dicones aux os qui se présentent sons cette forme primaire. (V, Bull, de la Soc. philom. 182 r, février, p. 9. 1 ). ÏIl CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. c. Développement des formes organiques fondamentales produites par la multi- plication du centre cl de lu surface de la sphère. CXXXVI. Si le point a ( pl. xxii, fig. vi ), dont le développe- ment uniforme et égal de tous côtés produirait la sphère b b , au lieu de se développer en deux directions opposées ( ce qui produirait le dicône, le point a demeurant toujours simple), se partageait en deux nouveaux points o c' , comme centres de développemens particuliers de sphère , de là résulteraient les deux sphères d d et e e enlacées l’une dans l’autre. Deux cas peuventse présenter dans cette division intérieure d'une sphère en plusieurs sphères. 1° Les plusieurs sphères provenant d’une seule peuvent se dé- velopper toutes jusqu à acquérir le même volume que la sphère génératrice, d’où résultent, par une division sans cesse répétée , une série de longueur indéterminée , semblable à celle-ci , a d e f g h i k 1 m n o p, etc. ( voy . pl. xxii , fig. vu", où a se partage en abc et de f) , et une forme dans laquelle il ne reste plus de perceptible à l’ex- térieur que des segmens des sphères enlacées l’une dans l’autre (fig. IX, abedef). CXXXVII. 2° Mais les plusieurs sphères quiproviennent d’une seule peuvent ne pas avoir le même degré de développement que la sphère génératrice , et rester en dessous ou la dépasser . Cet effet peut avoir lieu aussi d’après des rapports uniformes et fixes, ou inégaux et sans fixité , et d’un côté seulement , ou des deux côtés à la fois. Du reste , une pareille série de sphères enlacées les unes dans les autres prendra toujours extérieurement une forme qui sera déterminée par les portions non engagées de la surface des sphères , et l’on conçoit que ces portions non engagées doi- vent être d’autant plus grandes que les centres des diverses CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. Il3 sphères sont plus écartés les uns des autres. {Foy. fig. vm, l’exemple d’une série de sphères qui va en diminuant des deux côtés abc et a d e; et fig. ix, a (3 7 Je ç, l’exemple d’une autre série qui décroît uniformément dans une seule direction. ) CXXXVIII. Mais, de même que la manifestation d'un anta- gonisme dans la sphère , par la production du dicône , rend nécessaire la réunion au moyen du cylindre , comme dernier terme ou clef de cette série de développement , de même aussi les divers membres de la sphère devenue multiple doi- vent , au plus haut degré d’évolution , se refondre en quelque sorte , et repasser de la forme segmentée à une forme simple. En effet , la sphère simple exprime la thèse , et la sphère deve- nue multiple , ou série de sphères enlacées l’une dans l’au- tre , exprime l’ antithèse . Mais comme ces deux termes en exi- gent toujours un troisième , la synthèse , cette exigence se trouve satisfaite par la fusion des articles distincts en un tout simple. Ainsi , par exemple , la série des sphères enlacées l’une dans l’autre et diminuant des deux côtés devient l’el- lipsoïde ( lïg. vm ) , ou la série des sphères uniformément en- lacées l’une dans l’autre devient le cylindre terminé à chaque bout par un hémisphère ( fig. ix ). CXXXIX. De ce qui précède il découle tout naturellement que ces sphères devant être conçues comme des sphères creuses réunies en un tout , de manière que toute trace de séparation entre elles s’efface ou plutôt ne se développe point à l’inté- rieur , il ne reste de toutes les sphères médianes qu’une zone mitoyenne , un anneau seul, visible à l’extérieur , et dont l’em- placement est déterminé par le point où une sphère creuse s’enlace avec l’autre. Ainsi donc si l’on considère la fig. vu comme une série de six sphères creuses ( ahedef ) qui se sont développées à partir d’un point a , les cloisons 1 10 qu'on aperçoit dans l’intérieur de la ligure entière doivent dispa- raître; il ne restera donc plus des sphères h a d e que des an- neaux , dont les limites seront déterminées par les points d’in- tersection a (3 7 3 s ; dès lors la forme deviendra à peu près ce qu’on voit fig. ix , et chaque anneau se présentera comme dans la figure x (1). (1) Se bien inculquer dans 'l’esprit lu manière dont la sphère se comporte III. > 8 I 1 4 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. CXL. Avant de quitter l’histoire delà sphère se multipliant à partir de son centre , je dois encore appeler l’attention sur les points suivans. La résolution de la sphère en plusieurs sphères suppose une certaine direction suivant laquelle les centres sortent les uns des autres (par exemple la ligne c....f dans la fig. vu). Or celte ligne peut être ou droite ou courbe , et l’évolution en- tière n’éprouvera point par là de modification essentielle. Mais en devenant multiple, de simple qu’elle était d’abord, est d’ane haute im- portance pour concevoir la construction des parties solides du corps animal! car autant il est essentiel pour les parties squelettiques qui n’enveloppent point de parties molles d’être déterminées par la forme du dicône , autant il l’est pour celles qui enveloppent des parties molles ( par exemple pour le dermatosquelette ou pour le rachis) de l’être par celle de la sphère ;ou simple, on seulement divisée , ou devenue multiple. Quelques exemples feront mieux ressortir l’importance de cette forme. La grande classe des animaux articulés est essentiellement caractérisée, dans sa forme extérieure, par le type de la sphère creuse devenue multiple. Ainsi le corps des Chenilles se compose de douze sphères creuses, enlacées l’une dans l’autre, dont l’antérieure (la tète) et la postérieure offrent la trace d’une division en trois. Mais ce corps segmenté en douze, d’après le type lig. xi, procède d’un seul point du jaune de l’œuf du Papillon, et tous ses segmens n’apparaissent que comme de simples anneaux , qui vont en dimi- nuant aux deux extrémités du corps. Les sphères creuses se sont encore plus sensiblement dégagées les unes des autres à l’abdomen (vulgairement appelé queue) du Scorpion, qui est seg- menté en six, tout-à-fait d’après le type de la figure xr. Les Céphalozoaires sont segmentés aussi, puisque chaque vertèbre rachi- dienne et chaque anneau costal forment ensemble un segment du corps. Cepen- dant, ces segmens du corps sont réunis en une unité, de sorte qu on n’aperçoit aucune trace d’entaillnre extérieure, dont par cela même la présence carac- térise l’infériorité d’organisation des Insectes. La synthèse a donc lieu ici. Le crâne humain offre encore un exemple très-simple, tiré du plus haut degré d’organisation. On peut admettre comme généralement reconnu qrr’il se compose essentiellement de trois vertèbres; mais on doit concevoir ces trois vertèbres nées , comme segmens de sphère creuse , d’une vésicule simple, par laquelle débute le développement du crâne, ainsi que celui du eerveau ; qu’on se représente le sinciput, le centriciput et 1 occiput s unis- sant ensuite en un ellipsoïde unique, fermé de toutes parts, et 1 on aura l’image pure de la thèse , de l’antithèse et de la synthèse, dans la simplicité f la trisegmentation et la refonte de la forme sphérique creuse. CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. Il5 il peut aussi se manifester en elle un antagonisme parfait, et alors ce mode d’évolution produit de nouvelles formes. En effet , si nous appelons direction en longueur la première di- rection de la multiplication ( c f) , et si ensuite nous supposons que la sphère extrême f , au lieu de continuer à se multiplier dans cette direction, se sépare dans la seconde direction prin- cipale g.... h , il résulte de là une direction en largeur , et les sphères g et h peuvent alors devenir les commencemens de deux nouvelles séries de sphères, qui sont maintenues dans leur direction , tant par la direction primaire cf, que par celle g h, de laquelle dépend immédiatement leur manifestation , et qui par cela même suivront la diagonale entre g k ( parallèle à fl ) et gi, c’est-à-dire se porteront vers g m et h n. Du reste , ceci n’exclut pas que l’évolution primaire dans la direction de f l continue à partir de la sphère f. Donc la division d'une co- lonne simple de sphères en plusieurs doit s’effectuer soit par le nombre deux , soit , quand la direction primaire continue aussi à subsister, par le nombre trois { 1). CXLI. Abandonnons maintenant la multiplication de la sphère qui a lieu quand son milieu se divise en plusieurs centres. Mais deux choses sont déterminantes dans la sphère , savoir la périphérie et le centre , et , comme la multiplication peut partir du centre , elle peut donc aussi procéder de la pé- riphérie. Mais le centre n’est (\uun point , de sorte que la multiplication qui part de là ne procède jamais que par divi- sion en deux , etc. La périphérie, au contraire, contient une (i) Iiîmporte beaucoup d’avoir égard à cette construction, parce qu’elle seule peut faire bien concevoir la manière dont s’effectuent toutes les scis- sions de ces colonnes de sphères en plusieurs, l’un des phénomènes qui se reproduisent le plus fréquemment dans les formations organiques. Elle nous explique la nécessité du renflement dans le milieu qui doit toujours avoir lieu quand la division commence à s’opérer, et qui s’aperçoit si distincte- ment dans les nœuds des plantes, à la scission en plusieurs tiges et feuilles, de même que dans les nœuds des articulations ou des racines de plusieurs membres sortant en rayonnant d’un membre simple. Au reste, comme ces bifurcations et trifurcations vont toujours en se répétant, on conçoit qu’il y a possibilité de ramification à l’infini d’une colonne de sphères priraordia- lement simple. lïG CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. infinité de points ; on peut donc aussi concevoir la production périphérique simultanée d’une infinité de périphéries et par conséquent de sphères (pl. xxii, fig, xii ). CXLIL Mais si le premier degré de ce développement péri- phérique consiste en ce qu’il se forme une pluralité indéfinie de sphères sur toute la périphérie , on doit déjà considérer comme un degré supérieur que ce développement ait lieu dans un certain ordre légitime , que par conséquent il répète en même temps les divisions primaires de la sphère , et que, par exemple, la seconde formation de sphère n’ait lieu qu’en dedans de certains cercles de la sphère primaire. Mais le développement est arrivé à un plus haut degré encore lorsqu’ en dedans de ces cercles il n’a lieu non plus que dans certains espaces déter- minés par une mesure intérieure , par exemple d’après la di- vision du cercle en quatre, en six, etq. ( fig. xm en e f g b c, par rapport à a ) . CXLIII. Mais les motifs supérieurs qui exigent thèse , anti- thèse et synthèse , commandent aussi, pour clore complètement une série de formation , qu’une forme primaire se reproduise trois fois. Donc aussi le développement de sphères dans le squelette ne saurait se terminer par la sphère secondaire , nom sous lequel nous pouvons désigner la première répétition de la sphère à partir de la périphérie , et le développement d’une sphère tertiaire est impérieusement exigé. Or , ce dévelop- pement a lieu lorsqu’entre la sphère développée à la péri- phérie et la sphère primaire , la forme primaire se reproduit pour la troisième fois ( pour ainsi dire à la troisième puissance), et qu’ainsi l’union ( sijnthèse ) se trouve rétablie entre les termes séparés ( antithèse ). Mais précisément parce que la sphère tertiaire exprime la synthèse, elle doit être sollicitée d’abord au point d’union des sphères secondaires ( fig. xm, b ) avec la primaire (a) ( par conséquent d’abprdèn a pour b ), quoique les sphères tertiaires puissent ensuite se multiplier aux sphères secondaires, de même que les sphères secondaires aux primaires ( par exemple fig. xm ,bcfeg:a=:a(37<Σ:b, etc. ). CXLIV. La seule chose qu’il importe encore de remarquer, c’est que, la sphère étant conçue creuse , sa périphérie a deux surfaces, l’une intérieure, l’autre extérieure, ctque par consé- CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. 11^ quent le développement de sphères secondaires à la périphé- rie de la primaire , ou celui de sphères tertiaires à la périphé- rie de la secondaire , peut avoir lieu tout aussi bien en dedans ( 1% xiii, en c' ) qu’en dehors ( en c ). CXLY. Si la multiplication de la sphère à partir tant de son centre que de sa circonférence , nous procure déjà des formes très-compliquées les plus complexes de toutes les formes doi- vent se manifester quand , au troisième et dernier degré de multiplication de la sphère, les deux segmentations précédentes s’unissent ensemble. Examiner les formes qui résultent d’une telle coïncidence , est donc le dernier et le plus important problème des constructions qui nous occupent ici, puisque, pour le dire en passant , ces formes sont le prototype de tout le squelette segmenté des animaux supérieurs. CXLVI. Mettons donc sous nos yeux la planche xxii , figure xiv, et concevons d’abord la sphère primaire a transformée en une série de sphères , d'après la figure précédemment construite vu ou vin ; nous obtenons ainsi une colonne de sphères primaires , dans laquelle il ne nous reste plus à exa- miner que la manière dont les sphères secondaires ou tertiaires possibles à chaque segment se comportent sous le rapport de leur multiplication. Or la direction de la multiplication dans la sphère primaire devra nécessairement exercer une influence déterminante sur celle de la multiplication dans les sphères secondaires, comme aussi cette dernière sur celle de la multiplication dans les sphères tertiaires. Mais il est clair que la direction de la multiplication des sphères secondaires peut se comporter de deux manières à l’égard de celle de la sphère primaire , puisque cette dernière ne renferme , comme lignes déterminantes , que son rayon et son diamètre d’une part , et son axe de l’autre. Cette direction peut donc être ou parallèle ou non parallèle à la direction de la multiplication de la sphère primaire , c’est-à-dire à l’axe de la colonne des sphères primaires. Mais comme, dans le second cas, il n’y a plus d'autre ligne déterminante que le rayon d une sphère primaire , la sphère secondaire sera déterminée par ce rayon , quant a la direction de sa multiplication, et par Il8 construction géométrique du squelette. conséquent la direction de la colonne des sphères secondaires sera perpendiculaire à Taxe de la colonne des sphères primaires. CXLVII. Soit, par exemple (fig\ xiv), a a a l’axe delà colonne de sphères primaires; les axes des sphères secondaires sont parallèles à cet axe a a a ( comme les axes b b h, ou c c c, ou ddd), ou bien ils s’en éloignent, et alors ne peuvent plus être déterminés que par un rayon quelconque de la sphère primaire ( ae ou af) , et par conséquent sont placés perpen- diculairement sur la sphère primaire (a). Compare-t-on maintenant le rapport des colonnes de sphères secondaires à la colonne de sphères primaires , il est clair que les colonnes de sphères secondaires parallèles à l’axe de la colonne de sphères primaires ( par exemple b b b ) fortifient l’ union des premières, tandis qu’au contraire les colonnes de sphères secondaires apposées perpendiculairement sortent li- brement de la colonne de sphères primaires. Du reste , il res- sort positivement de ce qui précède que , dans la sphère pri- maire simple, toutes les colonnes de sphères secondaires ne peuvent avoir que la direction rayonnante , puisqu’il n’ÿ a point de colonne de sphères primaires, ni par conséquent d’axe de cette colonne , et qu’il n’y a possibilité de colonnes de sphères secondaires qu’à la sphère primaire devenue mul- tiple par le centre , c’est-à-dire à la colonne de sphères pri- maires. Mais, comme nous avons vu précédemment que le déve- loppement des sphères secondaires à la sphère primaire peut avoir lieu sur des points très-diflérens , on se demande quel est le point d’une colonne de sphères primaires d’où partent les colonnes de sphères secondaires parallèles à son axe , et quel est celui d’où procèdent celles qui croissent perpendicu- lairement à cet axe. CXLYin. La sphère primaire étant supposée simple, comme dans la planche xxii, fi g. xn , xm, que les sphères secon- daires se développent en nombre indéterminé , ou dans cer- taines proportions numériques qui ressortent de la masse in- térieure de la sphère , toujours est-il que leur développement en colonnes de sphères secondaires ne pourra se faire que dans la direction du rayon de la sphère primaire ( par consé- CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE OU SQUELETTE. T 10 qucnt comme x, fig. xm), puisqu’il n’existe point encore d’autre direction déterminante ( l’axe cl'une colonne de sphères primaires ). Ainsi donc , suivant que , en pareil cas , la sphère primaire simple se partage en un ou plusieurs de ses grands cercles, d’après le rapport du carré, du pentagone, de l’hexa- gone, de l’octogone), etc., il se développera quatre, six, huit , cinq , dix colonnes de sphères secondaires. CXL1X. La sphère primaire étant supposée multiple , l’axe de la colonne de sphères primaires qui résulte de là exercera au plus haut degré l’influence déterminante sur les colonnes de sphères secondaires , et l’axe de ces dernières devra plus constamment être parallèle àcelui de la première, que suivre la direction du rayon de la sphère primaire. Si donc il n’y a ici qu’une des deux directions qui se développe dans les colonnes de sphères secondaires, ce devra être de préférence celle de l’axe de la sphère primaire, tout aussi positivement que, dansla sphère primaire simple, c’était celle du rayon, Si, au contraire, les deux directions des colonnes de sphères secondaires se développent à la sphère primaire devenue multiple , alors on demande quels points d’intersection des sphères primaires seront le plus appropriés au développement dans la direction du rayon, et quels à celui dans la direction de l’axe ? Mais si , pour ré- soudre ce problème , nous comparons les diflerens modestie scission de la sphère et notamment d’un de ses grands cercles, nous trouvons que ses divisions primaires sont celle en quatre, qui procède de la surface de la sphère et d’un de ses grands cercles ( § CXXV ) , et celle en six, empruntée au rayon de la sphère (§CXXIX ). Mais, de ces deux divisions, la seconde , ou celle que nous empruntons au rayon , est aussi appropriée à la direction rayonnante de la colonne de sphères secondaires (1), (x) Plus tard je ferai voir que telle est précisément la raison pour laquelle toute formation supérieure de membres repose essentiellement sur le rayon- nement dans la direction de l’hexagone. Je ne rappellerai ici que les Cristal- lisations les plus simples du premier élément de toute formation organique, la congélation de l’eau, où la division de la périphérie de la goutte , d’a- pres le nombre six , apparaît d une maniéré si purement géométrique, que 1 etude des modifications infiniment variées de l’hexagone dans les flocons de neige devient un des meilleurs moyens de se préparer à une contens- l'IO COJNSTKUCXIOJV GÉOMÉTUIQUE DU SQUELB'XXE. que celle qu on tire de la sphère entière l’est à la direction des colonnes de spheres secondaires parallèles à la colonne de sphères primaires . CL. Quoique l’on puisse concevoir, par les progrès toujours croissons de l’évolution , la production de colonnes de sphères secondaires d’après une division multiple de la sphère pri- maire, cependant celles qui viennent d’être désignées sont donc les plus essentielles de toutes , et l’on voit d’après cela que la manifestation des colonnes rayonnantes de sphères se- condaires d’après le nombre six ( pl. xxn, fig. xiv, ae, « f > a 9 )> et des colonnes parallèles de sphères secondaires d’après le nombre quatre ( ddd, ccc, b b h), ressort d’une construction géométrique pure. Du reste, on doit remarquer encore que , quand la division d’un cercle commence à un point donné , la division par quatre et celle par six doivent nécessairement coïncider en deux points ( fig. xiv ) , de sorte que , non-seulement le développement des sphères secon- daires est plus vivement sollicité sur ces deux points , mais encore il devient possible que deux directions différentes ( la parallèle et la rayonnante ) s’y manifestent simultanément ( fig. xiv, de c vers g et en même temps verse c ). Il faut éga- lement remarquer que , comme nous apercevons ici pour la première fois la distinction entre des colonnes secondaires ou tertiaires rayonnantes et parallèles , et comme aussi , d’après ce qui précède ( § 140 ), toute colonne de sphères a en elle- même la possibilité de se partager en deux ou trois nouvelles, cette aptitude à se ramifier doit appartenir de préférence aux colonnes rayonnantes , précisément parce que les parallèles ne peuvent se partager qu’en même temps que la colonne pri- maire , et parce qu’il est dans la nature même des rayons de s’écarter d’autant plus les uns des autres que la distance entre eux devient plus grande ( ainsi , par exemple , dans la fig. xiv, la colonne secondaire rayonnante offre la ramification ik et l m). CLI. Il reste cependant encore trois points qui doivent être ajoutés aux constructions précédentes. plation véritablement morphologique des cristallisations supérieures ou organiques, c’est-à-dire du coiqfs végétal et animal. 121 C0JNS111UCT10JM GÉOMÉTUIQUE DU SQUELETTE. 1° Tout ce qui a été dit des rapports de la sphère secon- daire à la sphère primaire , et de sa division ultérieure , est ap- plicable aussi au rapport de la sphère tertiaire à la sphère secondaire. Donc le nombre des colonnes de sphères tertiaires qui sont sollicitées le plus particulièrement s’élève aussi à quatre parallèles ( fig. xvi, a aa, (3 (3 (3 , §8§ ) et six rayon- nantes ( 7 77 ). 2° Comme la multiplication de la sphère à partir du centre et celle à partir de la périphérie s’associent ensemble , de même les autres métamorphoses précédemment indiquées de la sphère , en particulier le passage de celle-ci au dicône et au cylindre, peuvent aussi s’associer à ces modes de multipli- cation , et de là résulte la possibilité de formes de plus en plus compliquées ( par exemple , fig. xiv, en e ). 3° Enfin il y a encore les remarques suivantes à faire au sujet de la terminaison des colonnes de sphères émanées d’une sphère primaire , qu’elles soient d’ailleurs primaires , secon- daires ou tertiaires , parallèles ou rayonnantes. a. Tant que la colonne de sphères se compose de sphères parfaitement égales en grosseur , les deux bouts de cette co- lonne se terminent par des surfaces hémisphériques pures ( pl. xxil , fig. ix ). Mais supposons que la force qui produit les diverses sphères diminue vers l’une ou l’autre des deux extrémités de la colonne , les sphères appartenant aux sur- faces sphériques qui terminent cette dernière seront plus petites ( fig. viii ) , et la colonne ne se terminera point par des surfaces pleinement hémisphériques. b. Si , au contraire , vient à s’établir, entre les segmens de la colonne de sphères, cette première différence intérieure qu’au lieu de sphères isolées , il se développe des dicôues , et que de là résulte une colonne de dicônes (1) , cette colonne pourra se terminer de deux manières. a. Ou la force plastique est parfaitement égale pour tous (i) Supposons, par exemple (11g. vin), que la colonne e dbc procède de la sphère primaire a par multiplication du centra a , et qu’en outre toutes ces sphères e cl b c se modifient intérieurement une seconde fois, mais qu'au lieu de se développer en sphères isolées , elles le fassent en dicônes dont le contenu soit égal à celui de la sphère, d’après le type de la figure v. 122 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE OU SQUELETTE. les dicônes de la colonne ; alors ions ces dicônes seront égaux entre eux, et le plus extérieur ( fig. v, a) des deux côtés ( P ? 7 ) pourra être développé au même degré que le plus in- térieur (b). (3. Ou la force plastique de la colonne entière des dicônes va en diminuant , jsoit vers les deux extrémités , soit vers une extrémité seulement, et elle ne déploie toute son énergie que dans le milieu, ou à l’autre extrémité, qui est son point vital ou son foyer; alors, aux deux extrémités, ou à Tune d’elles seu- lement, les dicônes iront en diminuant , et même, comme cha- cun d’eux dépend d’un rayonnement et d’une évolution en deux directions différentes , celle des deux moitiés du plus extérieur , qui est située à l’opposite du point central ou vi- vant de la sphère , s’oblitérera ( fig. v , a « ) , ou même ne se développera pas du tout(c c). Donc une colonne de dicônes dont la force plastique va en diminuant vers l’une des extré- mités , doit nécessairement se terminer toujours , soit par un cône simple , soit par un cône légèrement renflé au sommet , parce qu’à partir du point extrême de formation ( fig. v, 3 ), celle-ci ne peut avoir lieu que sur le côté de la colonne entière de sphères (1). CLII. Maintenant que nous sommes si avancés dans l’étude de la forme sphérique , et que nous avons] appris à connaître les diverses modifications essentielles et géométriques de cette forme , examinons les rapports numériques qui doivent déter- (i) Comme nous verrons plus tard que tous les os proprement dits, les os solides, les tritovertèbres , qu’on rencontre dans les squelettes supé- rieurs, ont la forme du dicône et produisent des colonnes de dicônes, ces dernières considérations seront fort importantes pour nous faire apprécier la cause des formes particulières que ces colonnes de dicônes affectent a leurs extrémités. Nous parviendrons ainsi à comprendre les formes coniques sim- ples par lesquelles ces colonnes ont coutume de se terminer, et qu’on ren- contre, diversifiées à l’infini , dans le dermatosquelette, le splanclmosque- lette et le névrosqnelette ( v. pour exemples de ces formes , dans le névro- squelette, pl. XXII, fig. XV, fig. XVI, zz). Cependant les cônes simples implantés par la base .sont aussi la forme fondamentale des formations rayonnantes du splàncbnosquclette et du dèririatosquelettc, c’est-à-dire des dents, des piquans , des soies, etc. ( pl. xxiv, fig. ni , 9 / P’ et y’). CO-NSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. Ia3 miner pour nous la légitimité de la multiplication centrale de la sphère en colonnes. Précédemment (§ CXXXVI ) , lorsqu’il s’agissait dès formes qui procèdent de la sphère multipliée à partir du centre , j’ai dit qu’en général le progrès toujours croissant de la division des centres de sphères devait faire résoudre la sphère en une série ou colonne de sphères d 'une longueur indéterminée , c’est- à-dire composée d’articles en nombre indéfini. CLIII. Mais un indéfini ou un indéterminé est une chose sans loi , et la manifestation d'une certaine loi pour cette mul- tiplication exige par conséquent qu’un rapport numérique dé- terminé règne aussi dans cette série d’articles. Quel est. donc le rapport numérique qui réglera la pluralité d’une semblable colonne de sphères ? CLÏY. En cherchant à découvrir ce rapport , nous devons toujours avoir égard aux rapports numériques qui , dans les divisions géométriques de la surface de la sphère , s’annoncent comme émanant de l’essence même de cette dernière. CL Y. Or la première mesure qui détermine et divise la sphère elle-même, est son plus grand cercle , lequel en partage la surface en quatre parties égales. La seconde est celle qui partage le plus grand cercle lui-même en six parties égales, ou Son demi-diamètre. CLYI. Ainsi les nombres quatre et six et les facteurs de ces ngmbres, deux et trois, donneraient les nombres fondamen- taux qui doivent être essentiellement déterminans pour la sphère elle-même et pour le nombre des membres d’une co- lonne de sphères , de même que ces facteurs sont les membres fondamentaux pour les cinq corps qui proviennent de la sphère. CLVII. Donc une colonne de sphères régulièrement déve- loppée ne peut nécessairement plus olfrir une pluralité ^dé- terminée dans ses membres, mais seulement une pluralité déterminée par les facteurs deux et trois. Mais quand la sphère primaire s’est simultanément développée en colonnes primaires, colonnes secondaires et colonnes tertiaires , alors il peut réel- lement y avoir une pluralité indéfinie de membres , tenant a ce que l’une de ces colonnes se serait développée d’après 124 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. des rapports numériques essentiellement différens de ceux des autres (4). CLVIII. Donc , sous ce rapport aussi , les développemens supérieurs se classent d’une manière plus précise , puisque , (i) A proprement parler ce serait ici le lien de discuter les différens systèmes numériques, afin de faire Lien ressorlir ce qu’on doit entendre, sous ce rapport, par infériorité ou supériorité. Mais je dois cependant me borner à de simples aperçus, afin de ne pas me perdre dans des digressions étrangères à la longue et difficile route que je me suis tracée. Ainsi je me contenterai de faire les remarques suivantes. io En n’ayant égard d’abord qu’à la seule succession des nombres, nous trouvons que différens systèmes sont possibles, savoir ceux, qui rapportent tous les nombres à 2, à 3, à 6, à 7, àio, à 1 r , à 12, à 16, etc. De ces divers systèmes, le duodécimal est le plus parfait. Sa perfection ressort des rapports nombreux qui s’y rattachent, comme entre autres la résolution du nombre 12 dans les deux nombres complémentaires impairs 7 et 5, dont chacun s’écarta de l’autre, sous le rapport de ses propriétés arithmétiques , et cette circonstance que le même nombre 12 est produit de plusieurs manières, toutes très- pures, par les deux premiers diviseurs essentiels 2 et 3, Voilà pourquoi on s’est vu forcé d’abord , en musique, d’admettre le système duodécimal, des nombres diviseurs impairs duquel, 7 et 5 , procèdent tous les différens tons , et, comme Kepler a trouvé qu’il y avait accord parfait entre les propor- tions de nombre et de mouvement des corps célestes et les rapports primi- tifs des tons , de meme il suffit d’étudier avec un peu de soin la structure segmentaire dans l’animal, pour se convaincre qu'il y domine les mêmes rapports numériques qu’en musique. Nous en avons eu déjà la preuve en ce qui concerne la tendance des organisations supérieures vers le nombre 12, lorsque nous avons passé en revue le développement du système nerveux. Si donc nous considérons l’évolution de certains systèmes organiques, par exemple de l’osseux, dans le règne animal, nous trouvons qu’une grande diversité résulte déjà de ce que les diverses espèces peuvent être formées dans leur intérieur d’après des systèmes numériques différens; mais ce qui atteste toujours la perfection de la segmentation, c’est que celle-ci se base sur un système numérique supérieur, tel précisément que le duodécimal. 2° Les rapports arithmétiques simples ne sont pas les seuls d’après les- quels l’organisation animale se segmente ; car on voit prédominer , dans les organisations supérieures, des rapports numériques plus élevés, qui se pré- sentent comme rapports potentiels ou logarithmiques , absolument de meme que, dans les formes supérieures, les simples formes géométriques fondamen- tales disparaissent pour faire place à des formes limitées par des courbes et des doubles courbes, dont la construction présente plus de difficultés. CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. 1^5 4° il règne un seul et même rapport numérique dans toutes les colonnes de sphères qui font partie d’un même système ; 2° lorsque les produits des rapports numériques fondamentaux diffèrent dans les diverses colonnes de sphères , c’est la dignité de ces rapports qui détermine leur différence (1). CLIX . Quant au changement du rapport numérique dans les diverses colonnes de sphères, il correspond parfaite- ment à la subordination de celles-ci, quand la série des nombres est la plus grande dans la colonne primaire , plus petite dans la secondaire, et la plus petite dans la tertiaire; et lorsque cette subordination elle-même suit un certain rapport mathématique pur , toutes les conditions d’une multiplication parfaitement légitime de la forme sphérique se trouvent remplies (2). CLX. La juste appréciation des différentes formes et des différens rapports numériques qui émanent de la sphère simple, sont, à proprement parler, la clef pour l’intelligence de toute formation squelettique; il importe donc à tous ceux qui veulent étudier le squelette d’après les vues développées ici , de n’aller plus loin qu’après s’être rendu les constructions précédentes bien familières. Cette acquisition une fois faite , je puis leur as- (1) Ainsi , par exemple , la fig. ix , pl. xxii, représente nne sphère pri- maire développée jusqu’à la segmentation en six; la fig. xir représente une sphère primaire développée en colonne primaire, secondaire et tertiaire , où le nombre trois prédomine dans toutes les multiplications, (2) Une pareille subordination légitime aurait lieu , par exemple, si la colonne de sphères primaires se développait en 6 X 6 ~ 36 articles , tan- dis quo les colonnes secondaires , en tant que non parallèles , mais rayon- nantes, n’arriveraient qu’à la division par six , et les colonnes tertiaires rayonnantes qu’à celle par trois ou par deux. Quant à ce qui concerne les colonnes secondaires et tertiaires parallèles , elles doivent nécessairement égaler la piimaire dans leur multiplication, puisqu’elles sont déterminées par elle. Les rapports numériques exercent d’ailleurs de l'influence non pas seule- ment sur la segmentation des colonnes simples, mais encore sur la détermi- nation des colonnes divisées ou ramifiées. J’ai déjà dit précédemment que la scission d'une surface sphérique est toujours déterminée immédiatement par les nombres fondamentaux a et 3 ; mais le progrès ou la répétition de la division a été déclaré indéterminé. Pour que cette répétition se fasse aussi d’une manière légitime, il faut non pas qu’elle s’étende à l’infini, mais ta6 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE DU SQUELETTE. surer qu’ils possèdent un prototype qu’ils verront se reproduire dans toutes les formes spéciales, avec des modifications nou- velles à chaque instant , mais restant néanmoins toujours le même quant au fond. Un coup d’œil jeté sur les planches xxiv et xxv, qui représentent les principales formes idéales du squelette osseux et testacé, suffira déjà pour faire voir avec quelle précision le type indiqué plus haut se représente par- tout. On s’en convaincra surtout en comparant l’animal articulé ( Insecte ) , dont le corps est composé d’anneaux , et dont les membres sortent dans les deux directions latérales de l’hexa- gone ( pl. xxv , fig. 22,24, 27, et 28 ) , ou l’arc costal d’un Cé- phalozoaire , d’un Mammifère, par exemple /avec la répétition de cet anneau dans l’anneau de la vertèbre rachidienne ou sternale , et les colonnes diconiques d’os de membres qui se développent dans la direction des deux rayons latéraux infé-j rieurs de l’hexagone (pl. xxii , fig. xvi ) , le tout en se rappe- lant les constructions précédentes. qu’elle soit déterminée par ses propres nombres fondamentaux 2 et 3. Ainsi des divisions telles que les suivantes a ou a a a a a a a a a a a a a répondraient à ces exigences, et devraient être considérées comme légitimes. Outre les rapports de configuration et dénombré des formes développées de la sphère , ily aurait encore à examiner la légitimité du rapport de grandeur ou de masse, et à déterminer le volume que, à proprement parler, doit avoir une sphère secondaire ou tertiaire, quand la primaire a tel ou tel volume donné; mais j’ai dû m’abstenir d’entrer ici dans de pareilles considérations, afin de pouvoir offrir , dans toute leurpurete, les caractères essentiels de ces constructions. Elles pourraient devenir l’objet d’un travail à part, pour lequel la voie est toute tracée. APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE, IQ.'J ARTICLE IV. APPLICATION DE CETTE CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE AUX FORMATIONS SQUELETTIQUES. CLXI. Les considérations dans lesquelles je suis entré jus- qu’ici ont montré une série de formes très-diversifiées, qui se développent de la sphère . et notamment de la sphère creuse. Maintenant il me reste à examiner quelle est la cause qui fait que telle ou telle précisément de ces formes doit être le pro- totype d’une certaine forme de squelette dans tel ou tel genre d’animaux. CLXII. Je vais envisager celte question sous deux points de vue, et rechercher d’abord jusqu’à quel point nous devons reconnaître en général qu’il y a nécessité que les formes sus- ceptibles d’être produites parla sphère creuse se manifestent réellement, ensuite quelles sont les causes qui font que c’est précisément l’une ou l’autre de ces formes qui se réalisedans un espace donné. CLXIII. Quant au premier point , il n’offre aucune difficulté lorsqu’une fois on a reconnu que la nature est infinie, car l’idée même de l’infini implique nécessairement que tout ce qui est possible se réalise aussi dans un temps ou dans un lieu quel- conque. Donc , si l'idée de l’organisme en général , et de l’or - ganisme animal en particulier, entraîne celle de l’unité se dé- ployant sans cesse en des diversités toujours croissantes , si , d’un autre côté , on reconnaît que la sphère creuse est le pro; totype le plus simple de toute formation de squelette , et que les formes passées précédemment en revue procèdent de cette sphère par l’effet d’une légitimité intérieure , il ne peut pas manquer non plus d’arriver que toutes les formes légiti- mement développées de la sphère creuse se réalisent dans le test ou le squelette d’animaux, ou vivant aujourd’hui, ou exis- tant autrefois, ou destinés à paraître par la suite (1). (i) Quelque étrange que cette proposition puisse sembler au premier aperçu, cependant il n’en est pas moins vrai qu’en continuant à combiner ces formes fondamentales, on arrive à construire des formes de squelette i *>-3 application de la construction géométrique. CLXIY. A l'égard du second point , ou de la cause qui fait que telle ou telle forme de squelette se réalise dans tel ou tel animal , ce problème exige que nous recherchions quelles sont en général, dans le corps animal , les conditions délermi-* nantes de la formation d’un squelette. CLXY. Nous savons déjà , par les considérations qui ont été développées dans l’Introduction , que les formations solides du corps animal sont toujours situées sur les limites de ce dernier, qu’ elles isolent le corps entier du monde extérieur ( derviatosquelette ) , la substance animale intérieure des objets du dehors qui ont pénétré au dedans ( splanchnosquelctte ) , et les parties principales du système nerveux du reste de la substance animale qui leur est devenu extérieur [{névrosque- lette). Si donc les parties molles , en général, sont ce qui dé- termine l’apparition des parties dures , et si , parmi ces parties molles , le tissu nerveux occupe le premier rang , parce qu’il exprime de la manière la plus explicite ce qu’il y a en elles de particulier , il résulte del que ces parties sont la condi- tion qui fait que le squelette testacé et osseux affecte ici telle forme et là telle autre. CLXVI. Cependant , il ne faut point oublier que les condi- tions particulières de chaque organisme et de ses parties , y compris le système nerveux , dépendent de Vidée qui lui sert en général de base , et qui , agissant comme une sorte de se- mence spirituelle, produit une certaine formation avec les élé- mens les plus simples. Or , si cette idée innée renferme en même temps la raison suffisante de toutes les formations parti- culières de l’organisme , on ne peut méconnaître que son ac- tion s’exprime plus tôt dans certaines parties essentielles, et plus tard dans d’autres. C’est donc de cette manière qu’il faut concevoir ce que j’ai dit de la détermination du squelette testacé et osseux par les parties molles en général et par le système nerveux en particulier. extérieur et intérieur qui, par cela même qu’elles portent en elles le cachet de la nécessité, doivent exister quelque part ou à une époque quelconque dans la nature, quand bien même les observations recueillies jusqu’à ce jour ne nous en auraient fourni aucun indice. Application de la construction géométrique. i?.g CLXVII. Par conséquent , si nous considérons en ce sens les parties molles , et spécialement le système nerveux , comme la condition déterminante de la formation du squelette , nous pouvons établir les propositions suivantes , comme découlant de ce qui a été dit plus haut sur le système nerveux et sur la construction des formes dérivées de la sphère creuse , qui , d'ailleurs , doivent être les mêmes pour le splanchnosquelette, le dermatosquelette et le névrosqueletle , puisque la sphère creuse nous a fourni la forme fondamentale commune de ces trois squelettes. CLXVIII. 1° Les animaux qui n’ont point encore de système nerveux ne peuvent point non plus être pourvus d’unnévro squelette. Ils se délimitent d’abord par le dermatosquelette, et comme la forme de l’animal varie d’autant moins quelle reste plus rapprochée de celle d’une sphère , le dermatosquelette , quand il apparaîtra , et le splanchnosquelette , qui n’est que sa répétition , offriront essentiellement le type de la sphère creuse. ( V. pl. xxiy , fig. ni ; tel est le cas de VEchinus, dans la nature. ) CLXIX. 2° Quand le système nerveux commence à se dé- velopper , on le voit paraître sous la forme d’un anneau , qui lient de près à celle d’une sphère , attendu que chaque gan- glion répète la forme sphérique du tout , et que les filets de jonction affectent celle d’un cercle. A cette forme annulaire du système nerveux correspond une modification de la sphère creuse primaire du squelette qui, par l’effet du conflit entre les parties molles internes et le monde extérieur , s’ouvre en devant (pour inhaler) et en arrière (pour exhaler), de sorte qu’il n’en reste plus qu’un anneau médian plus ou moins large (pl. xxn , fig. x). Je donnerai à cet anneau le nom d 'anneau squelettique primaire. CLXX . 3° Lorsqu’au corps sphérique simple de l’animal s’ajoutent des expansions rayonnantes des parties molles et spécialement du système nerveux (pl. xxi , fig. I , C) , il faut aussi, pour correspondre à cette nouvelle forme, que la sphère creuse ou l’anneau squelettique primaire se multiplie à la périphérie et que les colonnes secondaires de sphères prennent une direction rayonnante ( à peu près d’après le l3o APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. type a e , et a g dans pl. xxii , fig. xiv, ou comme pl. xxiv , %. v). Tel est le cas de ÏAsteriœs , dans Ja nature. CLXXI. 4° Si, au contraire , le corps animal sphérique et mou se partage en côtés droit et gauche , supérieur et inférieur ( car précédemment il n’était question que d’une séparation en partie antérieure et partie postérieure ) , et que ce partage s’exprime , dans l’anneau nerveux , par un développement plus considérable , soit des ganglions droits et gauches , soit des supérieurs et inférieurs (pl. xxi, fig. m ou fig. vi), cet état de choses sera représenté par la division de la sphère creuse en deux moitiés latérales ( pl. xxiv, fig. xn , A) , ou en moitiés supérieure et inférieure (pl. xxiv , fig. xiv, a). Le premier cas est celui des deux valves d’une Moule , le second est celui de la coquille et de l’opercule d’un Limaçon. CLXXII. 5° Enfin, si le corps animal , d’abord simplement sphérique , se multiplie de dedans en dehors , et que cette dis- position s’exprime par la multiplication de l’anneau nerveux primaire ( d’après le type de la pl. xxi, fig.x), il faudra que la sphère creuse primaire se multiplie aussi centralement (pl. xxii, fig. vu et ix) , et que de là résulte une série d’anneaux sque- lettiques primaires , attendu que , d’après ce qui précède , il ne reste alors de toutes les sphères qu’un simple anneau mé- dian, comme, par exemple, pl. xxii, fig. xi, et pl. xxv, fig. 23. C’est le cas, dans la nature , des animaux articulés, notamment des Insectes. CLXXIII. 6° C’est seulement lorsqu’il s’est développé un système nerveux parfait, que les anneaux nerveux formés dans chaque segment du corps sont tous ouverts au côté in- férieur et supérieurement réunis en grosses masses nerveuses centrales par leurs ganglions , qu’il existe , entre les parties nerveuses et les autres parties molles , une opposition assez prononcée pour que l’isolement des premières , à l’aide d’un névrosquelette , puisse avoir lieu. CLXXIV. 7° Mais comme j’ai montré que le système ner- veux des Céphalozoaires n’est qu’une répétition modifiée du système nerveux des Corpo/.oaires , le névrosquelette doit être aussi une répétition modifiée du dermalosqueletle , qui , chez les Corpo/.oaires également , est déterminé essentiellement APPLICATION de la CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. i3 I par le système nerveux. Or, de même que, chez ces derniers, à l’anneau nerveux primaire correspond l’anneau squelettique primaire du test , de même aussi , chez les Céphalozoaires , l’anneau squelettique primaire de l’os doit correspondre à l’an- neau nerveux primaire. La seule différence consiste en ce que le caractère essentiel des anneaux nerveux primaires des Cé- phalozoaires étant la réunion de leurs ganglions lergaux en une masse nerveuse centrale située au côté supérieur du corps, les enveloppes protectrices de ces ganglions tergaux doivent essentiellement aussi être des sphères osseuses répétées et secondaires , ou plutôt des anneaux squelettiques secondaires, attendu qu’il ne reste que les anneaux médians dans la colonne secondaire de sphères. CLXXV. 8° Mais 1 anneau squelettique secondaire qui est destiné à envelopper un ganglion de l’anneau nerveux primaire , ne devient une répétition parfaite de l’anneau squelettique primaire qu’à la condition d’offrir aussi de nouveau le développement de ce dernier en anneaux sque- lettiques secondaires, développement qui doit être déter- miné par la division quaternaire et senaire ( Voyez plus haut , § 125 et 129) , et qui fait que la vertèbre secondaire s entoure de germes osseux sphériques, absolument de la meme manière que l'anneau squelettique primaire est entouré de formations sphériques qui deviennent des anneaux sque- lettiques secondaires. Mais ces formations sphériques tertiai- res n étant que des répétitions de la deutovertèbre , elles ne renferment point de parties molles ; ce sont des os proprement dltS , qui , lorsqu ils acquièrent des différences , prennent né- cessairement la forme diconique (voyez § 124 134) c’est donc au troisième degré seulement que nous voyons ap- paraître le système osseux proprement dit, savoir • 1° enve loppement de toutes les parties molles , pour les séparer du monde extérieur; 2° enveloppement du système nerveux pour le séparer du reste de la substance animale ; 3» formai ^ ’ fIui.n’enveloPPc Pa« de parties étrangères. CLXXVI. Nous voici arrivés à un point où il est nécessaire de fixer une terminologie précise des parties primaires du squelette testace et osseux , atiu de pouvoir nous livrer à des l3a APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. considérations claires et intelligibles sur les parties solides des diverses classes du règne animal. CLXXVII. Les détails dans lesquels je suis entré jusqu’ici ont suffisamment démontré que la sphère creuse , et, dès que le corps se segmente , l’anneau restant de chacune des sphères disposées en série à la suite les unes des autres , sont la forme fondamentale de toutes les parties solides, etqu’en ce qui con- cerne le névrosquelette , ce sont les anneaux secondaires en- veloppant le système nerveux qui fournissent le type essentiel de la forme. Mais le nom de vertèbre est généralement appli- qué aux formations annulaires qui enveloppent les segmens de la masse nerveuse centrale. Il me paraît donc simple et convenable de le maintenir pour désigner toutes les parties so- lides , annulaires ou diconiques , qui , d’après leur forme pri- maire , dérivent de la sphère. Ainsi j’appellerai : La formation primairement close des enveloppemens sphériques sim- ples du corps animal : Sphère squelettique PRIMAIRE (pl. XXII, flg. II). Les parties médianes annulaires de la sphère , qui proviennent de la sphère squelettique primaire par multiplication intérieure ( centrale ) ou les divers segmens , pris un à un , d’une colonne de sphères pri- maires : Vertèbres primaires OU PROTO VERTÈBRES (pl. XXII , fîg. IX , b ; OU flg. X , OU fig. XVI , I ). La série entière de ces segmens : Colonne vertébrale PRIMAIRE OU PROTOVER- TÉBRALE (pl. XXII, flg. VII, IX). La première répétition delà sphère primaire comme sphère secondaire, qui provient d’une multiplication extérieure ou périphérique de cette sphère primaire , et qui ; par mul- Application de la construction géométrique, i 33 tiplication intérieure ou centrale de cette dernière , peut dégénérer en une colonne de sphères (colonne de sphères secondaires ) , de cha- cune des sphères de laquelle il ne reste plus que la forme moyenne , sous forme d’anneau : \ ertèbre secondaire, DEUTO VERTÈBRE OU VER- TÈBRE (pl. XXII , fig. XV, et xvi , 2 , 3 , ou xix ). La série formée par ces anneaux: Colonne vertébrale SECONDAIRE OU DEUTOVER- TÉBRALE , COLONNE VER- TÉBRALE ( pl. XXII , fig. xvii , 2 2 2, 3 3 3 ; fig. XVIII ,2222). Mais , 1° tantôt une vertèbre se- condaire est posée en forme de rayon sur la vertèbre primaire; elle peut ensuite se prolonger en une sé- rie d’une longueur indéterminée, et précisément parce quelle est rayon- nante , elle procède de la sphère d’après l’hexagone ( § CLV ) : Deutovertèbre rayon- nante (pl. XXII , fig. xv, F), et colonne deuto- VERTÉBRALE RAYONNANTE ( ihid F" F"' ) , ou plus brièvement colonne verté- brale rayonnante OU de membre (qui peut être su- périeure médiane droite et gauche , ou inférieure médiane droite etgauche) (pl. xxii, fig. xv, FF', G G' ,EE'). 2° Tantôt l’axe de la sphère sque- lettique primaire devenue elle-même 134 application de la construction géométrique. multiple, ou delà colonne protover- tébrale , est parallèle , forme alors une série avec les deutovertèbres homologues des protovertèbres voi- sines,et se développe surtoutd’ après la division par quatre , attendu qu’il est déterminé par la sphère primaire tout entière (§ GXLIX) : Vertèbre parallèle et colonne vertébrale pa- rallèle (pl. XXII , fîg. XV, 2 3 ; fig. xvii, 2 2 2). Cette vertèbre est ou in- férieure (sternale), ou supérieure ( tergale ), ou latérale , ce qui fait que la colonne est appelée aussi , par exemple , ter- gale ou sternale. N. B. Du reste , dans les deuto- vertèbres qui se développent d’après la division par quatre , il peut sur- venir un autre antagonisme ayant pour résultat que la supérieure et l’inférieure seules soient parallèles à la colonne protovertébrale , tan- dis que la droite et la gauche ( sui- vant la direction + -f- + fig. xv ) sont apposées perpendiculairement, comme B B , sur l’axe de la colonne protovertébrale, de manière qu’elles apparaissent sous la forme d’an- neaux latéraux ouverts de la proto- vertèbre. C’est ainsi que naissent les anneaux latéraux dans les arcs costaux du dermatosquelette des In- sectes {stigmates, \A. XXV, fig. XXVII, h b ) , et les trous latéraux des bran- chies dans les arcs costaux des APPLICATION de la CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. 1 35 Lamproies (pl. xxvi , fig. 11 , b). Mais il doit toujours y avoir , entre les vertèbres apposées perpendicu- lairement et les vertèbres à pro- prement parler rayonnantes , un an- tagonisme , qui consiste en ce que les premières n’ont point , comme les secondes , une tendance à se multiplier et à se prolonger en co- lonnes. Si la triple manifestation de la forme de vertèbre s’accomplit par ime répétition de la protovertèbre à la troisième puissance, c’est-à-dire par la formation de sphères tertiai- ç res , il peut aussi résulter de la mul- tiplication de celles-ci une colonne de sphères tertiaires , dont les por- tions tendent à se transformer en os diconiques. Je donne à chacune des sphères tertiaires en général , comme troisième répétition de la forme primaire , le nom de Vertèbre tertiaire ou tritovertèbre (pl. XXII , fig. xv , « p 7 e

" s \ s Si , au contraire , la colonne deu- tovertébrale est elle-même rayon- nante , sa tritovertèbre rayonnante S appelle Apophyse d os de mem- bre (fig. XV , X). 2° Parallèle (surtout dans le nom- bre quatre) , et alors elle peut s’u*» nir en série avec les tritovertè- bres homologues des deulovertèbres voisines. Si alors la colonne deutoverté- brale sur laquelle repose cette for- mation de vertèbres est parallèle , l a tritovertèbre s’appelle Corps de vertèbre ou apophyse articulaire , OU vertèbre articulaire. Ce corps peut être inférieur , supérieur ou latéral (pl. xxii , fig. xv , a p 7 p’). N. B. Relativement aux tritover- tèbres latérales ( (3 (3' ) , on peut voir se répéter pour elles le même rap- port que nous avons remarqué à l’égard des deutovertèbres latérales , c’est-à-dire que , par opposition aux inférieures et aux supérieures , qui sont parallèles aux deutovertèbres, elles peuvent s’apposer perpendicu- lairement sur l’axe de la deutover- APPLICATION de la construction géométrique. i3^ tèbre ( comme (3 p fig. xv) , et alors elles paraissent , de même que les deutovertèbres latérales, sous la forme d’anneaux dans les côtés de la vertèbre secondaire , ainsi que sont , par exemple , les trous desti- nés au passage des nerfs , ou les trous de conjugaison. La différence entre les vertèbres apposées per- pendiculairement et les autres ver- tèbres rayonnantes est la meme que pour les deutovertèbres. Si , au contraire , la colonne deu- tovertébrale est rayonnante , ou co- lonne vertébrale de membre, la tritO- vcrtèbre devient Corps vertébral démem- bre , OU os de membre (pl. xxn , fig.xv, yyy). CLXXVIII. Maintenant ou doit remarquer aussi que, quand il se développe plusieurs deutovertèbres sur une protover- tèbre , ou plusieurs tritovertèbres sur une deutovertèbre , ce phénomène doit toujours être désigné par la fixation, dans la vertèbre , d'un point d’ inter section à chaque endroit où devra s’opérer un développement. Ainsi , autant de fois le dévelop- pement de deutovertèbres est possible à la protovertèbre , ou celui de tritovertèbres à la deutovertèbre , autant de fois aussi la vertèbre doit pouvoir se diviser. Or les constructions géométriques des figures qui procèdent du cercle nous ont appris déjà que , d’abord et au plus bas degré, la division s’ef- fectue sans règle et d’une manière indéterminée , mais qu’ en- suite les mesures puisées dans le cercle lui-même deviennent les conditions déterminantes de Indivision, et que les divi- sions primaires résultant de là sont celles qui ont lieu d’après le carré et d’après l’hexagone. CLXXIX. Ainsi la formation simplement close de l’envelop- pement sphérique du corps animal peut se partager d’abord en plusieurs segmens de cercle, au moyen de plusieurs lignes délimitantes. l38 ArPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. J’appelle ces portions, ou seg- mens , Segmens de la sphère squelettique primaire (pl. XXII , fig. VI , a jj. e..e ). Les portions d’une vertèbre qui restent comprises entre les points d’intersection elles vertèbres à une plus haute puissance qui se sont développées d’elle, porlentlenom de Segmens d’arcs verté- braux, ou arcs vertébraux, ( pl. xxii, fig. xv , i... iv, elles côtés de 2). Par conséquent , dans une proto- vertèbre , Arcsi vertébraux primai- res ou protovertébraux , et pour exprimer toutes ensemble les portions de la moitié d’un arc , arcs costaux OU côtes ( pl. XXII, fig. xviii , a b c d ). El dans une deutoverlèbre, Arcs vertébraux secon- daires ou deutovertébr aux , OU arcs vertébraux tout court ( pl. xxii , fig. xix , CLXXX. Maintenant la division légitime primaire de la ver- tèbre étant celle par le carré et l’hexagone , et le carré et l’hexagone ne pouvant nécessairement coïncider qu’en deux points , de sorte que , par leur réunion , la circonférence du cercle doit être divisée en huit parties, il résulte de là que la division primaire du pourtour de toute vertèbre développée à un degré supérieur doit être celle en huit parties, d’inégales dimensions cependant ( fig. xv ) ; que par conséquent chaque moitié latérale , ou chaque arc costal de la protovertèbre doit avoir primairement quatre parties ( fig. xxiii ,abcd), qu’il doit y en avoir autant dans chaque moitié latérale de l’arc ver- tébral de la deutovertèbre (fig. xxii , a. ..a) , que néanmoins la division du pourtour entier de la vertèbre sollicitée à la fois APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. 1 3g par l’hexagone et le carré ( fig. xv , + et + -f ) doit être la plus durable, et que celle qui repose uniquement sur le carré ( pl. xv , + + + ) , ou sur l’hexagone ( + + + + ), doit dis- paraître plus tôt. CLXXXI. Afin d’avoir aussi des dénominations fixes pour ces portions d’un arc vertébral qui résultent de sa division lé- gitime primaire , j’appelle , A. Dans la protovertèbre , 1° Les deux portions supérieures de chaque moitié latérale, ou de cha- que arc costal , Portions ter gales ( parce qu’elles sont les plus voisines du rachis ) (fig. xv , iv , III). Et la supérieure, Portion ter gale supérieure Oupos térieure ( IV ). L’inférieure , Portion tergale inférieure ou an- térieure ( III ). 2° Les deux portions inférieures de chaque moitié latérale , Portions sternales (parce qu’elles sont les plus voisines du sternum ) (fig. xv, II, 1). Et la supérieure , Portion sternale supérieure ou postérieure (il). L inférieure , Portion sternale inférieure OU an- térieure ( I )'. B. Dans la deutoverlèbre , 1° Les deux portions supérieures , Lames tectrices ( parce quelles couvrent le ganglion par le haut ) , ou portions épineuses (parce qu’elles tiennent immédiatement à l’apo- physe épineuse). La Supérieure , Lame tectrice supérieure ou por- tion épineuse supérieure (fig. xix, II). L’inférieure , Lame tectrice inférieure , ou por- tion épineuse inférieure (fig. xix,3). J/jO APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. 2° Les deux portions inférieures , Lames basilaires ( parce que le ganglion repose sur elles) , ou por- tions de corps (parce qu’elles se rap- prochent le plus de la tritovertèbre ou corps vertébral). La supérieure , Lamehasilaire supérieure , OU por- tion supérieure du corps (fig. xix, 2). L’inférieure , Lame basilaire inférieure , ou por- tion inférieure du corps (fig. xix, 1). CLXXXII. Les parties que je viens d’énumérer étant , à proprement parler , les parties primaires d’où proviennent TOUTES LES FORMES POSSIBLES d’un squelette supérieur, par les modifications les plus variées, l’accroissement des unes et l’o- blitération des autres, il importe de les avoir toujours présentes à l’esprit dans l’histoire que je vais tracer des parties solides de l’animal. Aussi, pour rendre plus facile de concevoir claire- ment la manière dont la loi géométrique de la formation du squelette se réalise dans la nature , ai-je fait graver ( pl. xxiii ) un tableau en lettres, dans lequel 1 désigne la protovertèbre, 2 les deutovertèbres , et 3 les tritovertèbres. Ce tableau , joint à la fig. xv , pl. xxii , suffira pour donner une idée exacte de toutes les parties primaires d’un squelette , et dispensera d’employer un modèle analogue à ceux dont on se sert avec tant d’avantage pour l’étude des formes cristallines. Cepen- dant il serait facile d’obtenir un modèle de ce genre en faisant tourner une grosse boule de bois , détachant la zone médiane de manière à représenter un anneau protovertébral , comme dans le tableau , et fixant ensuite à ce dernier d’autres an- neaux en bois plus petits , pour figurer les deutovertèbres , et des corps diconiques plus petits encore pour correspondre aux tritovertèbres (1). (i) Il ne mi paraît pas hors de propos d’ajouter encore qnelques mots sur les dénominations des parties primaires du squelette qui viennent d’etre passées en revue. J’étais fort éloigné de vouloir introduire des noms nou- veaux créés d’une manière arbitraire ; mais la connaissance d’une certaine forme primaire qui se répète à trois reprises différentes dans le système Application de la Construction géométrique. i\i CLXXXIII. Si maintenant nous jetons encore un coup d’œil général sur la diversité des formations squelettiques qui pro- cèdent d’une protovertèbre , si nous réfléchissons que , par la multiplication centrale de l’animal en un corps articulé , la protovertèbre elle-même devient multiple, qu’elle produit ainsi une colonne protovertébrale , et que toutes les diversités sans exception peuvent se répéter dans chacun des segmens de cette colonne , nous nous formons l'idée d’une multiplicité possible , qui , au premier aperçu , menace d’être une source de confusion par le nombre immense des détails. Si nous son- geons, en outre , que cette forme primaire du squelette peut se reproduire trois fois , savoir comme dermatosquelelte , comme splanchnosquelette et comme névrosquelette , et que celte triple apparition est possible chez un seul et même in- dividu, le nombre des parties élémentaires monte presque jus- qu’à l’infini. Dans un tel état de choses , on doit commencer par bien se pénétrer de cette infinie diversité ; car , pour me servir d’une comparaison , on trouve en elle les diverses cou- leurs dont la nature a employé certaines , suivant un certain ordre , pour produire des tableaux donnés ; elle représente en quelque sorte une gamme , qui ne donne point d’harmonie quand tous les tons se font entendre ù la fois , mais seulement lorsque certains d’entre eux frappent l’oreille dans un certain ordre , avec tantôt plus ou tantôt moins de force , ce qui n’em- pêche pas que nous ne soyons obligés de connaître la gamme entière pour bien saisir les diverses harmonies. CLXXXIV. Avant de quitter ces considérations générales osseux exigeait que cette forme elle-même et ses répétitions fussent désignées par certains mots qui devaient être nouveaux , puisque les idées à exprimer par eux étaient elles-mêmes nouvelles. Or les dénominations de 'vertèbres primaires {protovertèbres ), secondaires ( deutovertèbres ) et tertiaires {trUover- tèbres), m’ont paru être les plus claires, et, quoiqu’il m’eût été facile de forger des mots pour les remplacer, j’ai préféré la clarté à la brièveté. Une fois que ces formes fondamentales simples seront plus généralement connues , on n’aura pas de peine à trouver, soit ponr elles-mêmes, soit pour les parties squelettiques qu’on observe réellement chez les animaux et chez l’homme, des noms qui , puisés, non dans des ressemblances accidentelles de configu- ration, mais dans une notion exaete de l’essence même du sujet, pourront mériter d’être adoptés généralement. l/|2 APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. relatives aux parties primaires du squelette , il importe de jeter un coup d’œil sur leurs divers modes de connexion. Sous ce rapport , il va sans dire que , comme toutes les par- ties du squelette émanent d’une substance animale molle , li- quide même , et que comme le corps animal entier , originel- lement liquide Qt plus tard encore mou , forme une unité , toutes les parties squelettiques d’un corps doivent aussi être en connexion médiate : mais, indépendamment de cette connexion médiate , il peut aussi s’en manifester une immédiate , et celle-là peut être ou fixe ou mobile , c’est-à-dire avoir lieu , dans le premier cas, par coalescence, et dans le second par ar- ticulation. Plus d’une fois déjà j’ai fait remarquer que le squelette n’acquiert sa perfection intérieure qu’en arrivant à son troisième degré de développement ou de puissance. Ainsi on voit se succéder dermalosquelelte , splanchnosquelelte et névrosquelette , coquille calcaire , formation cartilagineuse ou cornée , et véritable os , protovertèbre , deutovertèbre et tritovertèbre. De même, entre la simple connexion médiate des parties squelettiques par la substance animale générale ou la chair , la connexion immédiate par coalescence , et la réu- nion mobile par articulation , ce dernier mode , qui réunit en lui les deux autres, est le plus parfait. Mais nous avons re- connu , en outre , que ces divers degrés de développement du squelette marchent parallèlement les uns aux autres , et que , par exemple , on ne commence à voir paraître les tritovertè- bres et la substance osseuse proprement dite que dans le né- vrosquelette. Il est donc tout simple qu’on ne trouve d’articu- lations qu’entre les tritovertèbres et par conséquent dans le seul névrosquelette. En elfet , une connexion mobile peut bien avoir lieu égale- ment entre d’autres parties primaires , par exemple entre deux anneaux protovertébraux , deux anneaux deutovertébraux , dans le dermatosquelette aussi bien que dans le splanchno- squelette, et même dans le névrosquelette; mais il n’y a qu’aux tritovertèbres qu’on voie se former des capsules articulaires , qui , pleines de liquide animal primaire ( albumineux ) , n’enve- loppent aucune autre partie ( par exemple des nerfs ou des viscères ) , et ne soient uniquement destinées qu’à établir application de la CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. l43 celte connexion mobile. Quant à la condition de celle-ci elle- même , on la trouve déjà réellement dans la forme primaire de la tritovertèbre , c’est-à-dire dans le dicône. Comme le di- cône, originellement creux, s’ouvre en forme de godet à chacun de ses bouts , il résulte de là une cavité pleine de liquide albu- mineux , qui , en s’appliquant à une autre cavité semblable , s’unit à elle par le moyen d’une capsule close , à peu près de même que dans cette figure >- <1 0 i> &*’ remau s opérer dans un temps, dans un lieu quelconque. Mats impossible a la nature d’être opposée à sa propre es- ’Ui «t™***» et les compare.’. »veo forme à .. squelette parfait, „ convaincra bientét J, ]a si * M . « de la, .stem, de te voie que je propose ici pour écrire, S ll(^" pLdoaopL,,,,. UC, structure 4. squeiette. I, «ce forcé de «Jfe état), dans lesquels je .ois entré lui font déjà concevoir p]„, clairement u neceeute du développement dea diverae. (orme, de v célébré, dW, 1 differentes formes et région, .,« sqoelcu,. „ eomil propre, à ,a,i,f,i,c 1„ considération, auxquelles ons’cfli 1° ?" multiplicité de. forme, particulière,!"''"'1'”"11'"* IJI. 10 r46 application de la construction géométrique. sence ? c’est-à-dire d’être et cependant de ne point être. Delà vient aussi quelle est , mais que nulle part elle n’est raison pure y c est-à-dire que nulle part elle ne peut correspondre parfaitement et absolument à la raison , a la loi , à l’idée d’une existence antérieure à toute existence (1). CLXXXIX. Ainsi , sous le rapport du squelette , toutes les formations sont possibles ; mais la manifestation du tableau pur de ses formes primaires légitimes ne l’est point. Ce tableau ne fait pour ainsi dire que marquer les limites en dedans desquelles se concentre l’infinie diversité des formes de sque- lettes teslacés et osseux produits par la nature. Il représente en quelque sorte les asymptotes dont la nature, comme l’hy- perbole , s’approche toujours sans jamais y atteindre. Mais, entre la construction de la forme élémentaire d’une simple sphère et le développement légitime de toutes celles qui peu- vent en procéder, comme autant de points auxquels aboutit en idée une série d’évolution de formes squelettiques , il y a la possibilité de l’apparition infiniment diversifiée des diverses parties primaires du squelette, tant sous le rapport du nombre et de la grandeur, que sous celui de la forme et de la sub- stance. Ceci établi , il s’ensuit : 1° Que toutes les formations squelettiques réelles ou natu- relles tiennent le milieu entre la sphère creuse purement géo- métrique et la complète manifestation simultanée de toutes les vertèbres qui procèdent de la vertèbre primaire (à peu près comme dans la fig. xv, pl. xxii ); 2° Qu’il est aussi impossible à l’une qu’à l’autre de ces deux formes de se présenter à l’état parfait dans la nature elle- même j 3° Que , par conséquent , toute formation squelettique réelle et naturelle doit être pliis que la pure et simple forme sphé- rique , MAIS MOINS QUE LA FORME DE VERTÈBRE DÉVELOPPÉE AU PLUS HAUT DEGRÉ. (i) Par conséquent nulle formation naturelle n’est idéale, en tant que ce mot exprime une légitimité pure, quoique , d’après son essence, elle n’en doive pas moins être parfaite. Les formes géométriques sont le moyen le plus simple de nous en convaincre ; car quiconque sait qu’il ne peut y avoir de point , de ligne , de corps , qui corresponde parfaitement à l’idée expri- mée par ces mots, n’aura pas besoin d’autre preuve. APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. I ^ CXC. On peut aussi exprimer cette importante loi de la ma- meie suivante . J ai joi me teclle oit naturelle du sq It cl etl e est toujours plus complexe que celle absolument simple de la sphère squelettique primaire, et toujours plus simple que ne peut l’être cette même sphère, parvenue à son dernier degré d’ évolu- tion (1). CXCI. Si donc il résulte de là que , dans une formation squelettique réelle , une ou plusieurs des deutovertèbres ou des tritovertèbres qui procèdent en idée de la protovertèbre. doivent toujours manquer nécessairement, on se demande maintenant quelles sont celles de ces parties qui restent le plus rarement sans se développer . CXCII. Quand la sphère squelettique primaire, ou la proto- vertèbre, vient à être divisée par un rapport numérique simple, comme par quatre , ou par six, ou par cinq , seulement, la for- mation de toutes les deutovertèbres qui procèdent des points d intersection et cette division elle-même sont sollicitées au même, degré (par exemple , %. y, A , pl. xxv). Lorsqu’au contraire le rapport numérique d'après lequel se divise la pro- tovertèbre. est double , comme lorsqu’elle est partagée à la fois par quatre et six ( fîg. xv, pl. xxv ) , les divisions qui résultent de ces deux rapports nu mériques réitmis (par exemple , -J- et •j"f- Gg. xv) et les deutovertèbres qui en procèdent (2 , 3 , lig. xv) sont celles qui se trouvent le plus fortenient sollicitées , et qui peuvent le moins souvent manquer. La même chose s’applique aux deutovertèbres , sous le rapport de leur division et de leur développement en tritovertèbres (2). (O Cette loi est d’une application si générale que, par exemple, dans le nombre .mmense des formations organiques globuleuses, nous n’en trouvons aucune qm, parvenue à son plein et entier développement, corresponde à l.dee géométrique pure de la sphère. Leur figure est toujours celle d’un e ipsoi e, d’un oeuf, d’une sphère aplatie, etc. La Terre elle-même n’est ps parfaitement ronde. Il n’y a que les premiers germes d’êtres organiques d' 1 W « <>• '» 8»™ , S»! P-taem .être de, eph&a ÜT""”' P“" qa""’ " >* e— Æ-T-T '* — • «Pi f* S», dam tontes le. VW libre Pt 'TLS U S<ÏUe e,'C ’ 11 y a Prédominance do développement des , !'f Su' procèdent de la colonne protoveclébrale; . ■ s précisément en ces points que coïncident les deux diyisiop pri- l48 application de la construction géométrique. CXCIII. Déplus, comme, en idée, le développement des protovertèbres , des deutovertèbres et des tritovertèbres est sollicité dans le même temps , c’est aux endroits où ces trois sortes de vertèbres coïncident ensemble que la manifesta- tion réelle des parties squelettiques se trouve le plus impé- rieusement sollicitée. Mais il suit des constructions précé- dentes que les points où les tritovertèbres inférieures tom- bent sur les deutovertèbres parallèles coïncident en même temps avec les protovertèbres. Ces points sont donc précisé- ment aussi ceux où la manifestation de parties squelettiques réelles est sollicitée d’une manière plus spéciale (pl. xxii, fig. \\,a,a ) (1). CXCIV. Enfin , comme la protovertèbre est toujours la première partie essentielle, et que , parmi les deutovertèbres et les tritovertèbres , il n’y a jamais que celles qui se trouvent parallèles à cette protovertèbre qui se rapportent immédia- tement à elle , il faut aussi toujours , quand le développement d’ordres entiers de vertèbres vient à manquer, que ce soient les colonnes rayonnantes de tritovertèbres ou de deutovertèbres qui les premières fassent défaut [F. par exemple , fig. XVII OU fi g. xviii ) (2). CXCV. Des idées plus précises encore sur le développement ou le non-développement de certaines parties primaires du maires de la protovertèbre déduites de la périphérie et du rayon. On explique de même pourquoi , parmi les tritovertèbres rayonnantes, ou apo- physes de la deutovertèbre, ce sont les médianes supérieures, ou apophyses épineuses supérieures, qui se développent le plus à la deutovertèbre médiane supérieure (lig.xv, a), et à la deutovertèbre médiane inférieure ( fig. xv, 2) les tritovertèbres médianes inférieures ou apophyses épineuses inférieures (fig. xv, 3) ; en effet c’est parce qu’elles sont sollicitées sous deux rapports , comme rayons de la deutovertèbre et comme rayons de la protovertèbre. (1) Ceci explique pourquoi, dans un squelette supérieur, quoique tontes les autres partiesd’une protovertèbre manquent souvent, le corps delà vertèbre tergalc est cependant encore développé (pl. xxn , fig. xvnr, a/2), eten même temps pourquoi, dans l’histoire de l’évolution du squelette chez l’em- bryon , ce sont toujours précisément les corps des vertèbres qui représentent les premiers germes de la colonne vertébrale entière. (2) Voilà pourquoi, dans les squelettes, nous trouvons si souvent les colonnes protovertébrales sans membres, tandis qu’il 11e peut jamais, meme à titre de monstruosité , apparaître de membres , quand il n’v a aucun vestige de colonne prorôvcrtébrale. APPLICATION de la CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. l4p squelette naissent de l’attention portée à la troisième des circonstances dont j’ai parlé plus haut , et qui embrasse la dé- termination de la formation squelettique parles parties molles, et notamment par les parties les plus essentielles de l’animal , c’est-à-dire par les nerfs. De nos premières considérations sur l’essence du squelette , il est résulté que sa destination proprement dite consiste à éta- blir une limite enlrc le corps animal et le monde extérieur , ainsi qu’entre la masse nerveuse et le reste du corps animal. 11 s’ensuit nécessairement aussi que la manière dont les par- ties molles, et surtout les parties nerveuses, sont configurées, dans un animal quelconque , doit essentiellement déterminer la configuration de son squelette. Déjà plus haut j’ai appelé l’attention sur les points principaux du rapport qui existe entre le squelette et le système nerveux. Il me reste mainte- nant à descendre dans les détails , pour mettre en parallèle les parties primaires du squelette avec les parties primaires du système nerveux , et démontrer la correspondance qui existe entre elles. Or La sphère squelettique primaire correspond du corps animal entier simple et non encore divisé en systèmes organi- ques particuliers . (Ex. La coquille de l’œuf au jau- ne , la cellule polypiaire au corps du polype. ) La protovertèbre , à Vanneau nerveux primaire. Les arcs de la proto- vertèbre, (Ex. le test médian de l’Astérie à l’anneau nerveux (pl. xxiv, fig. Y, a, pl. xxi , fig. i, G) ; chaque anneau du corps d’une Chenille à un anneau de la chaîne ganglionnaire (pl. xxiv, fig. xix , a , b ; pl. xxi , fig. X , a , b)-, chaque anneau costal d’un Cépha- lozoairc à un anneau nerveux ou aune paire de nerfs rachidiens (pl. xxii, fig. XYlll, a ,b ,pl. I,fig. xvil, a, (3). aux arcs de l’anneau nerveux pri- maire. l5o APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. ( Ex. les arcs costaux aux paires de nerfs rachidiens. ) La colonne protoverté- hralo f à la chaînes d’anneaux nerveux pri- maires^ ( Ex. les anneaux d’un animal ar- ticulé à la chaîne des anneaux ner- veux réunis dans les ganglions ven- traux ; les côtes et la colonne verté- brale d’un Céphàlozoaire à la chaîne des nerfs des paires rachidiennes , réunis dans les ganglions rachidiens). La deutovertèhre , aux organes nerveux supérieurs. La deutovertèhre paral- lèle , OU vertèbre , aux ganglions nerveux. ( Ex. chaque vertèbre rachidienne à chaque renflement de la moelle épinière ( pl. xxn , fig. xvm ,22, pl. xxi, fig. xiv, a, h). La colonne deutovertè- hrale, OU colonne vertébra- le parallèle , ou rachis , à la chaîne nerveuse , à la moelle. La colonne vertébrale ter gale , OU rachis tergal , à la chaîne ganglionnaire ter gale , à la moelle épinière. La colonne vertébrale ventrale, ou rachis ventral, à la chaîne ganglionnaire ventrale. La colonne deutoverté- brale rayonnante , OU de membre, à la substance sensible des membres. Les arcs de la deuto- vertèbre , ail renflement des masses nerveuses centrales. Le crâne , provenant d’arcs protovertébraux a- grandis , au cerveau , formé des renflemens grossis delà masse nerveuse centrale. La formation de trito- vertèbres, aux parties du mouvement. La formation de trito- vertèbres sur la deutovertè- hre parallèle , à la faculté motrice inhérente à la Application de la construction géométrique. i5i masse nerveuse centrale et à tes cordons longitudinaux . La formation de la tri- tovertèbro rayonnante , à la détermination du mouvement j par d’autres organes , c’est-à-dire aux muscles. (Voilà pourquoi les premières forment, comme corps de vertèbres , la jonction articulaire des deutovertèbres , les au- tres fournissant , comme apophyses , des points d’attache aux muscles. ) La formation de la tr i- tovertèbre sur la deutover- tèbre rayonnante ou de membre , à \a substance mobile des membres. La formation de la tri- tovertebre parallèle , à la mobilité du nerf du membre , c’est-à-dire à son cordon longitude nul. La formation de la tri- tovertebre rayonnante , a la détermination du mouvement par les muscles des membres. (Voilà pourquoi les premières forment les jonctions articu- laires des os des membres , parce qu’elles sont les os des membres proprement dits eux-mêmes , tandis que les autres fournissent principalement , comme apophyses , des points d’attache à des muscles. ) CXC\ I. Il suffit presque de ce parallèle pour pouvoir , la configuration d’un système nerveux étant donnée , déterminer a\ec précision celle du système osseux qui y correspond. Ce- pendant je vais citer quelques exemples pour plus de clarté. CXCVII. Prenons le crâne et la colonne vertébrale chez l’homme , c’est-à-dire sous leur forme la plus parfaite , afin de reconnaître comment leur forme dérive , par une légitimité intérieure, de celle qu’alfectent la moelle épinière et le cerveau. Si I on se rappelle que la détermination pour le sentiment et celle pour le mouvement sont réunies dans la masse nerveuse centrale , que cette réunion est exprimée par la fusion de la masse ganglionnaire et des cordons longitudinaux , qu’elle eesse aux deux extrémités , de telle sorte qu’en devant et en l5‘2 APrLlCA.TÏON DE là. construction GÉOMÉTRIQUE.' haut la formation ganglionnaire produit le cerveau, tandis qu’en arrière et en bas la formation de cordons nerveux donne naissance à la queue de cheval , enfin que , cette triade se ré- pétant dans les masses cérébrales , le nombre des renflemens médullaires de la moelle épinière se trouve ainsi porté à trente, il sera facile , en suivant le parallèle établi plus haut , de dé-f terminer la formation de la colonne vertébrale dans tous ses points essentiels. CXCVIII. En effet, dans la formation d’une colonne verté * braie correspondante à ces particularités de la masse ner- veuse, celle des deutovertèbres et celle des tritovertèbres doivent se réunir ensemble , et cette union doit cesser vers les extrémités , de telle sorte qu’à l’antérieure et supérieure la deutovertèbre arrive au point de développement, tandis qu’à la postérieure et inférieure la formation de la trito- vertèbre devient prédominante, et donne lieu en quelque sorte à une simple colonne rayonnante de corps vertébraux, comme dans les membres, ou à un membre terminal impair, à une ver- tèbre caudale. Il faut en outre qu’à la triade des masses céré- brales corresponde une triade de deutovertèbres ( vertèbres crâniennes), et ce même nombre trois doit aussi déterminer la proportion numérique de l’ensemble des vertèbres rachidiennes proprement dites ( = 30 ). Il y a plus encore ! Si l’on se rap- pelle que chaque renflement de la moelle épinière se divise en deux parties latérales inférieures et en deux parties laté- rales supérieures ( pl. xxi, fig. xn ), dont les inférieures (2, 3 ) correspondent aumouvement, et les supérieures (1,4) au sen- timent , il suit de là que la formation de la tritovertèbre doit prédominer au côté inférieur de la vertèbre rachidienne , sur le milieu du rachis , et que l’arc simple de la deutovertèbre doit s’offrir d’une manière plus prononcée au côté supérieur ( pl. xxii, fig. xix ). On reconnaît, en outre , que nécessaire- ment plus la tritovertèbre rayonnante ou les apophyses se dé- veloppent à une vertèbre rachidienne ou crânienne, plus aussi celle-ci acquiert le caractère du mouvement et perd celui du sentiment , tandis qu’au contraire plus la deutovertèbre se développe purement et simplement , plus aussi elle porte le caractère de la sensibilité et perd celui du mouvement , de sorte que la mobilité de cette sorte de vertèbre ( par exemple Application de tA construction géométrique, i53 des vertèbres crâniennes ) doit finir par cesser tout- à-fait. On reconnaît également , d’après les autres particularités d’un système nerveux arrivé à un haut degré de développement, pourquoi , dans la forme de squelette qui lui correspond , i! no doit pas se développer de deutovertèbres au côté ventral et dans les membres , où nul développement de masses nerveuses centrales n’a lieu ; pourquoi les deutovertèbres ne sont indi- quées sur ces points que par les tritovertèbres qui leur appar- tiennent; pourquoi c’est dans les membres que les colonnes de tritovertèbres se développent le plus ; pourquoi les deutover- tèbres , qui sont toujours rattachées à la formation de masses centrales nerveuses, se développent constamment en haut, vers le côté tergal ( par conséquent les inférieures dans la protovertèbre et les supérieures hors de cette vertèbre, pl. xxir, fig. xv ) , car la formation ganglionnaire dans l’anneau ner- veux primaire a également toujours de la tendance à se porter vers le côté tergal ( pl. xxi, fig. iv ) ; pourquoi les apophyses tournées en bas, à la deutovertèbre ( pl. xxn, fig. xv, y), et les membres tournés en bas , à la protovertèbre (fig. xv,F), sont les plus développés, car les racines nerveuses qui sortent inférieurement de la masse nerveuse centrale sont des nerfs de mouvement , et celles qui en émanent supérieurement sont des nerfs de sentiment , etc. CXCIX. En un mot, ce sont ces mêmes considérations qui nous apprennent à reconnaître que le squelette des animaux supérieurs est en quelque sorte X empreinte solidifiée du sys- tème nerveux , vue à l'aide de laquelle seule on peut porter la lumière dans l’ostéologie et l’élever au rang de science. Mais j’ai fait remarquer que si le squelette testacé et osseux esL-4étermmé en particulier par le système nerveux , il l’est aussi en général par tout l’ensemble des parties molles. Il devient donc nécessaire d’examiner ici la division et la dis- position des différentes parties molles essentielles. Cependant comme un examen détaillé de cette question m’entraînerait trop loin , je me bornerai à donner le résultat de mes médi- tations assidues sous la forme de tableau , avec la seule at- tention de rappeler que j’ai déjà indiqué la division des fonc- tions de la vie en animales et végétatives, comme étant la plus essentielle et la première de toutes. i54 Application de la construction géométrique. ^ t* ^ SX.. 5 5» 5 ùc'* g SÎ C * » APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. 1 55 tC V .3 O -A Ch fl i- 4) O O " « 'û> * to .2 'U ’Z > CO X oj — — » v. -fl O O c CO -fl O «2 W es H O P* O O U tS3 fl 'ûj .2 > « £■* -3 3 03 C *Ch '• = to tu S '■a S a -2 S ►j s e 3 cr< «fl a a c £ S e s ^ ^ « 2 «y V c o *- M C rt oj S o ^ i r3 O -2 > a o a JS o a, 3 o cr* . d 3 .. v i h- .A co •—■ — • w 4> « 3 S -d g« H O* -fl 4> co ^ C « «, -2 w 50 Ü fl 03 .2 u * «O *■ «3 1L3 *S Dh ^ .2 «A — -O ». G w -> « c» C1 L w fl s -S <« fl *r? 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Nous avons constaté précédemment que la multiplica- tion centrale purement mathématique de la sp hère offre déjà la répétition sextuple du nombre six, comme un rapport légitime pur , que ce nombre est représenté , dans la formation du système nerveux , par la division six fois sextuple de la masse nerveuse centrale , et que la segmentation des systèmes orga- niques essentiels reproduit encore une nouvelle manifestation du nombre six. Maintenant il n’est pas sans importance de rechercher si cette division sénaire n’est point déjà fondée sur le mode de développement du corps animal dans l’œuf. CCI. Or , les organismes supérieurs , dans lesquels seuls on peut démontrer cette division sénaire du corps proprement dit et de la masse nerveuse centrale , se forment constam- ment , comme tous les autres , autour de l’organe essentiel de l’œuf, c’est-à-dire autour de la vésicule vitelline , sous la figure d’une zone entourant celle-ci, et qui, partant d’un point, tend, par les progrès de l’accroissement, à entourer peu à peu la vésicule entière. ( On peut voir la fig. xxrv, a, pl. xii, et se figurer le cercle intérieur comme étant la vésicule ombi- licale et le point a comme le commencement du corps , qui , en grossissant peu à peu , envahit la circonférence entière de la vésicule , de sorte que ses extrémités b c finissent par se toucher en b' c, au point opposé du jaune. ) Maintenant , si la nécessité veut que , par les progrès du développement d’un pareil corps , il s’opère des divisions en lui , puisque toute évolution repose sur une manifestation pro- gressive de nouvelles différences , ces divisions peuvent être déterminées d’après les trois considérations suivantes : 1° D’après la division en deux et trois -, car il résulte des idées fondamentales développées précédemment , que ce sont là les nombres primaires de toutes les divisions organiques ; 2° D’après les principales fonctions originellement diffé- rentes de la vie animale , d’où résulte la division en une moi- tié animale de corps et en une moitié végétative de corps , c’est-à-dire en tête et en tronc ; 3° Enfin , comme ce corps qui arrive à l'existence se rap- porte à la périphérie d’une sphère , un mode de division devra être tiré aussi des propriétés géométriques du cercle lui- Application de lA construction géométrique. i5^ même. Or j’ai fait voir que la plus simple division qui pro- cède immédiatement de la nature du cercle est celle que dé- termine le rayon de ce cercle , c’est-à-dire la division en six. Nous trouvons donc là une nouvelle raison de la nécessité de la division sénaire du corps des animaux supérieurs. CCII. Ainsi du partage en six portions du cercle de la sphère vitelline résulte la division en six de la zone du corps animal ( fig. xxiv, A ). Et attendu que toujours , dans un organisme, la partie vit et agit comme cause déterminante dans le tout , et le tout dans les parties , il s’ensuit aussi que chacun de ces six grands segmens de l’animal doit avoir la tendance à se partager également en six , d’où résulte la division ultérieure en 6 X 6 = 36 ( v. la fig. B , ou la zone animale , précédem- ment courbée en cercle , est représentée étendue en ligne droite ). CCIII. Après avoir reconnu ainsi la cause de cette division du corps de l’animal supérieur en GX 6, déjà démontrée deux fois dans la nature , il faut examiner le mode de division en moitié de corps animale et moitié de corps végétative. Si nous jetons les yeux sur la fig. B , divisée par six , nous pouvons concevoir de plusieurs manières différentes ce partage en deux segmens principaux. Effectivement il peut se faire en deux moitiés parfaitement égales, de sorte que la proportion entre ces moitiés soit = 3 ! 3. Une pareille division est la plus infé- rieure de toutes, puisqu’elle donne un volume égal à deux segmens de l’animal aussi différens l’un de l’autre que la tête et le tronc. Mais, si nous y réfléchissons bien, nous voyons que la sphère végétative a une prééminence réelle , et la sphère animale une prééminence idéale. Or de cela seul doit résulter une disproportion dans le volume , ayant pour effet que l’é- tendue plus considérable appartient à la moitié végétative , et le développement intérieur plus parfait à la moitié animale. Nous aurions donc déjà une proportion d’un ordre supérieur, si, dans la fig. B , le point d’intersection était reporté jusqu’à 2, et que le rapport entre les deux parties fût = 2 ! 4. Mais la proportion la plus élevée est celle où le point d’intersec- tion arrive à 1, et où le rapport devient = '1 1 5; Si mainte- nant le rapport fondamental six fois divisé persiste dans la l58 APPLICATION ue la CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. moitié idéale ou animale 1, et qu’en outre la quintuple division de la moitié végétative depuis 2 jusqu’à 6 s’y répète par de nou- velles divisions, le but de cette série de formation est atteint. GCIV. Des recherches plus approfondies démontrent de la manière la plus explicite que les divisions du squelette os- seux, dans la série animale, obéissent parfaitement à ces lois; que , par exemple chez les Poissons et les Reptiles , on les trouve encore dans le rapport de 3 3 entre la tête et le tronc; que chez d’autres elles sont dans le rapport de 2 ! 4 ; mais que le rapport de 1 ! 5 est propre aux seuls animaux supé- rieurs et en particulier à l’homme. Ces considérations sont d’autant plus importantes , qu’ elles donnent la clef de quelques autres particularités de l’organisation animale et humaine , par exemple de la division des membres du tronc d’après le nom- bre cinq , tandis que les membres céphaliques tendenl à se di- viser d’après le nombre six, de la signification moins relevée de la division quinaire en général , etc. CCV. Après avoir jeté un coup d’œil sur la division du corps animal en général , il reste à déterminer , d’après l’ordre dans lequel les diverses subdivisions se groupent les unes avec les autres, si , dans les deux segmens principaux , les portions subordonnées qui se correspondent réciproquement , forment , à partir du point de départ, une série opposée, par exem- ple 5 4 321 — 12345, ou une série homologue , par exemple 1 2 3 4 5 — 12 3 4 5. CCYI. Pour résoudre cette question, il suffit de jeter un coup d’œil sur l’organisation des animaux chez lesquels c’est un acte essentiel de propagation que l’ animal-mère se partage , par une division intérieurement arrêtée , en deux corps , dont l’un se détache comme animal de nouvelle formation : car , dans le cas précédent aussi , il s’agit, à proprement parler , de la di- vision d’un individu en deux animaux différens. Ces divisions naturelles ne s’observent nulle part plus distinctement que chez les Vers , en particulier les Nais (1). Or , dans ces animaux, on reconnaît bientôt que la série n’est pas opposée à partir du (i) Voyez les belles recherches de Giuithuisen à ce sujet, dans AbhandL fier Léopold, A kad. T. XI , p. 3 33, APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. I 5g point d’intersection , mais que la plus haute moitié ( ici l’ani- mal-mère ) devient la cause déterminante de l’autre ( ici le nouvel animal ) , de sorte que les segmens de celle-ci répètent parfaitement ceux de l’autre , et que l’ordre légitime demeure par conséquent 12345 — 12345, ce qui se confirme mieux en- core quand on arrive à comparer les divisions de la tête et du tronc en particulier (1). CCVII. Tant de circonstances diverses se réunissant pour prouver que la segmentation du corps animal s’opère d’après le nombre six , si nous nous rappelons aussi les propriétés re- marquables de ce nombre comme premier nombre parfait , et si nous réfléchissons ensuite que l’eau , élément de tout ce qui est organique , cristallise d’après les nombres trois et six , toutes ces considérations réunies nous permettent de plonger un long regard scrutateur dans le beau phénomène de la for- mation légitime d’une créature vivante parfaitement dévelop- pée. Nous apercevons une mesure admirable , un ordre su- blime, là où le grossier témoignage des sens donnait à penser que le seul arbitraire règne , et la connaissance cle cette me- sure nous fournit en même temps une échelle précieuse pour bien apprécier diverses formations animales dans lesquelles nous voyons qu’il a été plus ou moins satisfait à cette mesure. CCVIII. En effet , on s’est beaucoup occupé jusqu’à ce jo r de la dignité des divers organismes , de leur développement plus ou moins parfait , et c’est sur cette donnée principalement qu on a fondé les classifications de l’histoire naturelle. Mais il faut avouer que la mesure dont on s’est servi pour apprécier cette dignité était en grande partie fort arbitraire , et qu’en général on se laissait plutôt guider par un vague pressentiment que par des rapports évidens. Dès qu’on se sera bien pénétré de la méthode proposée ici , on pourra , sans le moindre doute, substituer des raisons mathématiques à cet arbitraire. La preuve en est fournie par les détails dans lesquels je suis entré sur les (i) Uu barreau aimanté peut être, d’après la même loi, partagé en plu- sieurs autres plus petits , de la manière suivante : Nord — Sud. N.— S. N. — S, l()0 APPLICATION I)É IA CONSTRUCTION GÉOM&TIUQUÈ. diverses formes de squelettes. Cependant , je ne puis me dis- penser de citer ici quelques exemples : Ayant reconnu que le rapport assigné précédemment est plus parfait par exemple qu’une division en sept ou en neuf, ou que tout autre nombre quelconque de segmens , dont cha- cun à son tour contiendrait tantôt huit, tantôt dix , tantôt trois, tantôt quatre subdivisions ,, nous sommes obligés de regarder comme ayant une base mathématique le jugement en vertu duquel nous considérons comme plus parfaite une organisation dans laquelle règne le premier mode de division , et comme moins parfaite celle dans laquelle domine le second. Ainsi , par exemple , quand nous voyons que le corps de l’Insecte parfait se divise de la manière suivante en protovertèbres , 1 ( tête ) , 3 ( poitrine ) , 6 ( abdomen ) , c’est là évidemment une segmentation qui procède d’après des rapports numériques très-purs ; mais lorsque nous voyons qu’au contraire , dans d’autres Insectes, la division marche comme il suit : 1 (tête), 3 ( poitrine ) , 10 ( abdomen ) , ce n’est point là , mathématique- ment parlant, une segmentation qui procède d’une manière légitime , et l’organisation dans laquelle on l’observe sera dé- clarée moins parfaite. Des cas parfaitement analogues s’offrent à nous dans le nombre des vertèbres rachidiennes , et là sur- tout on peut constater que les organisations inférieures se ca- ractérisent encore par un enjambement des nombres , qui va- rient en dehors de toute proportion , tandis que les organisa- tions supérieures sont toujours astreintes à des rapports numé- riques plus purs. Du reste , l’échelle fournie par les rapports primaires de ces membres s’applique non-seulement aux co- lonnes vertébrales parallèles à la colonne protovertébrale , mais encore aux colonnes vertébrales rayonnantes ou de mem- bres , de sorte qu’un membre qui se partage d’après la pro- portion de 3 à 6 est supérieur , sous le point de vue de la segmentation , à celui qui se divise par 2,4,7, etc. CCIX. De la division du corps animal dont il a été parlé précédemment, nous avons des conclusions à tirer pour la terminologie du système osseux. En effet , la division du corps animal parfaitement développé en six régions, nous servira Application de la construction géométrique. 161 pour assigner des dénominations scientifiques aux diverses ver- tèbres primaires , secondaires et tertiaires. Ainsi , par exemple , les arcs protovertébraux de la région thoracique devraient être appelés ares protovertébraux thora- ciques , OU arcs thoraciques , ou côtes thoraciques ; ceux du COU qui ordinairement se réunissent en un support des membres thoraciques , ou en une ceinture scapulaire , arcs protoverté- braux cervicaux , ou arcs primaires cervicaux , ou côtes cervi- cales ; ceux de la tête ( par exemple les intermaxillaires , les maxillaires supérieurs , les os palatins ) , arcs protovertébraux céphaliques, ou arcs primaires céphaliques, ou côtes céphali- ques , etc. En outre , si nous conservons le nom de vertèbre tout court aux deutovertèbres , afin de ne pas trop nous écarter du lan- gage reçu, les deutovertèbres de la tête doivent être appelées vertèbres céphaliques , et celles de la poitrine vertèbres thoraci- ques, qu’on distingue elles-mêmes en vertèbres thoraciques rachi- diennes et vertèbres thoraciques sternales. On peut également distinguer de la même manière les ti itovertèbres et les parties des arcs protovertébraux et deutovertébraux. Du reste , comme une région du corps comprend ordinai- rement plusieurs protovertèbres, avec ses deutovertèbres et ses tritovertèbres , il est nécessaire de compter , et pour cela nous nous en tenons au principe déjà admis , c’est-à-dire qu’à partir du point d’intersection entre la tête et le tronc , nous comptons en sans inverse , d’avant en arrière au tronc , et d’ar- rière en avant a la tête. Ainsi nous comptons au rachis 1 , 2 3 , 4 vertèbres cervicales , etc. , en allant de la tête en arrière’ et à la tête 1, 2 , 3 , 4 vertèbres céphaliques , etc. , en allant du cou en avant. Cette terminologie est applicable aussi aux membres , dont on détermine les colonnes cérébrales , non-seulement d’après la protovertèbre d’où elles procèdent , mais encore , quant au nombre , d’après leurs segmens , comptés à partir de la deuto- vertèbre. Ici l’on doit admettre de même des divisions princi- pales et des subdivisions, par exemple 1, 2, 3 divisions principales d'un membre, ou l’article supérieur, l’article 1Ô2 APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. inférieur et l’article terminal , puis 1, 2 , 3 , 4 , 5 , 6 subdi- visions d’une division principale , par exemple de l’article terminal. En un mot , cette méthode nous permet d’appliquer une terminologie rigoureusement scientifique aux parties même les plus exiguës d’un squelette quelconque , cutané , splanchnique ou nerval , et d’éviter toutes les dénominations tirées unique- ment des dimensions ou de la configuration individuelle. CCX. Enfin , nous avons encore une conclusion importante à tuer de la division précédemment assignée au corps entier de l’animal , c’est-à-dire qu’il nous faut examiner l’influence que les diverses régions de l'activité végétative doivent exercer sur le développement des parties squelettiques , quant à leur nature. J’ai montré jusqu’à quel point les diverses circonstances de l’activité vitale animale exercent une influence déterminante sur la formation du squelette, comment, par exemple , on doit considérer comme un résultat du mode particulier de déve- loppement du système nerveux que les deutovertèbres cor- respondantes aux masses cérébrales se développent au plus haut degré dans la tête , que , dans toutes les colonnes deulo- vertébrales , les tritovertèbres parallèles aillent en s’effaçant de plus en plus vers la tête et en prédominant de plus en plus vers le bassin , etc. Mais les diverses circonstances de la vie végétative ne peuvent pas demeurer non plus sans influence sur la formation du squelette , et , pour bien apprécier cette influence , il faut rechercher d’abord quels sont les points de la formation squelettique qu’ elles doivent , d’après leur na- ture , favoriser plus ou moins. CCXI. Nous reconnaissons l’activité inhalante et l’activité exhalante pour les deux principaux points de la vie végétative. Elles donnent lieu au développement, la première d’une région digestive, et la seconde d’une région respiratoire. Dans l’organisme le plus simple , celui dont le corps n est point encore partagé en plusieurs régions , la surface respii atoii e est la face externe du corps , et la surface digestive en est la face interne ; la première est la peau, et la seconde 1 intestin. Sur ces deux surfaces se répandent originairement la sensibilité , application de la construction géométrique . ! 63 la motilité et la séparation du monde absolument ou relative- ment extérieur parla production d’un squelette solide. Mais comme la nature qui entoure l’organisme au dehors l’emporte infiniment sur celle qui pénètre dans son intérieur , de même aussi non-seulement le conflit animal avec d’autres activités naturelles , qui se manifeste par le mouvement et le sentiment, mais encore la tendance à la production d’une enveloppe solide sur la surface extérieure de l’animal ( la peau ) , doivent l’em- porter sur ce même conflit et cette même tendance à la surface interne du corps ( l’intestin). CCXII. Ainsi un développement plus considérable des Organes tant sensitifs que locomoteurs , et une tendance particulière h la production d un squelette , se rattachent primordialement d une maniéré parfaite au côté primitivement exhalant res- piratoire, c’est-à-dire extérieur, du corps de V animal, et de là résulte qu’au milieu des infinies modifications dont la configu- ration du corps animal est susceptible , on ne peut jamais mé- connaître un Certain rapport fixe et homologue entre la respi- ration , la sensibilité , le mouvement et la formation du sque- lette. Nous devons même regarder comme une proposition avouée par la raison et par l’observation , qu «» grand déve- loppement de la sensibilité et de la motilité et un développe- ment complet du squelette ne peuvent avoir lieu qu’en concur- rence avec la respiration la plus parfaite , c’est-à-dire avec la respiration aérienne. CCXIII. Cette proposition est extrêmement importante à cause des résultats qui en découlent pour la connaissance de la forma- tion légitime dans les différens corps organisés. Je n’examinerai cependant ici que l’influence qu’elle exerce sur la production du squelette. CCXIY. Or il en découle d’abord, non-seulement un nou- veau motif, différent de celui que j’ai indiqué plus haut , pour que le dermatosquelctte soit de toutes les formes possibles de squelette la première qui se réalise, mais encore la cause qui fait que , dans aucun cas , le splanchnosquelette ne peut arriver à un développement qui égale celui dont le dermatosquelctte est susceptible. De plus , en ce qui concerne le névrosquelette, il découlé de cette connaissance d’une connexion originelle entre I 64 APPLICATION DE LA C0ÙSTKUCT10N GÉOMÉTRIQUE. l’énergie du développement du squelette et de la respiration ; que , la segmentation du névrosquelette se rapportant en gé- néral à la vie végétative , son plus ou moins de développement dans telle ou telle région du corps est déterminé par les rap- ports plus ou moins intimes de cette région avec la respiration. Mais on a vu précédemment que, parmi les parties du névro- squelette , c’est la protovertèbre qui correspond surtout à la vie végétative ; donc/e développement delà protovertèbre d’une région donnée du corps et celui de ses expansions en colonnes deutovertebrales et tritovertébr aies rayonnantes , décèlent surtout l influence d une respiration plus ou moins développée da?is cette région. CCXY. D’après cela , pour trouver les points où , soit dans un squelette quelconque, soit principalement dans un squelette arrivé à un haut degré d’évolution , se développent surtout des arcs protovertébraux , et meme se réalisent les expansions rayonnantes en membres , qui peuvent idéalement survenir à toute protovertèbre , nous devons commencer par examiner quels sont les points où prédomine la fonction respiratoire. . En suivant la même marche , après avoir reconnu le point où la formation ganglionnaire se montre au plus haut degré dans la masse centrale nerveuse , c’est à-dire le cerveau , nous avons déterminé aussi que là devait avoir lieu le plus grand développement des deutovertèbres , d’où résulte le crâne. CGXYI. Mais , en prenant pour base le tableau qui a été tracé précédemment, nous trouvons que, chez l’animal parfait, les régions respiratoires sont celles qu’indique le signe + dans le tableau suivant : APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. l65 KJ Ï25 O fl H c/5 o te "05 > C/5 fl O • ■* O c «2 C/5 O C/5 *fl a O Q- A* fl £-i C* fl A* G. O * y_Q « Ü H « S > fl O a» a, -* -s O CU Ou, C£5 to Ü fl J g «î-»Ü X|5 Cl * y -p 'aj io • Cî .2 es CO U n . O l ^n 1 O a, o- to ,3 >-,••« 5 C3 a o vida 1 y CO 1 ^ x s 3 .2 « «» ao n ^ s »o W) o co U a a è «i8nji|fliîip <3 .S ' d 'CS CD J U 1 1 o CM — CO O i u o tu O ' c r> O £■« il o a Il .5 £ s* s + eu a, 03 U o .i V eu «o V U vr'ü - w - 3 fO egions cale pecto W H H c/5 o; *A> fl "CD c/5 fl .2 « — i O fl a C/5 05 CO a O û. fl* fl f* C o 6 U O '0J a, 0) 'O O a, a. - 3 U2 CT* 'Si •- > a _ ’ü O U J 3 Cf J U '0) • — *- a en £ a P 2 C ü -XJ rf5 O CO en y a» J§ .2" ^ "rt a - > 3- d d • 0 3 ^ O £ 3 g.£ J ? o w '0 12 d .«P '"O o -r > .a- **^r y d •- .2 -2 ‘5b 3 + o -C 3 .- -5 20 2c— < - sicicd np .ojxoA. fl AL o eu a, d o .2 rt to.S •t> eu î; 3 C . y , c — a, ‘Sb« 2 7 *S S = + l66 APPLICATION de la construction géométrique. CCXVII. Nous trouvons donc qu’au tronc les régions cervi- cale , pectorale et sacrée , à la tête , les régions nasale et au- riculaire, sont celles où la formation des arcs protovertébraux et des membres doit arriver au plus haut degré de développe- ment , et l’observation nous apprend qu’il en est réellement ainsi. Seulement il importe encore de remarquer que , comme les régions respiratoires et digestives individuelles du tronc (cou et poitrine, épigastre et hypogastre) , et les régions res- piratoires et digestives de la tête ( régions nasale et orale ) , se partagent de nouveau en deux , qui répètent en elles l’oppo- sition d’inhalation et d’exhalation , il résulte de là des modifi- cations particulières, par suite desquelles la formation de mem- bres procédant d’arcs protovertébraux prédomine dans une moitié de la région respiratoire proprement dite ( au cou ) , tandis que l’autre moitié ( la poitrine ) est caractérisée par le développement pur d’arcs protovertébraux fermés. De là vient aussi que la moitié du corps digestif où prédomine l’exhalation, c’est-à-dire l’épigastre (à la région du foie), offre de la tendance à manifester des arcs protovertébraux , d’ailleurs incomplets , qu’on appelle fausses côtes (1). La même chose doit avoir lieu également à la tête , où la région respiratoire proprement dite tend à former des arcs protovertébraux avec des membres et des arcs protovertébraux fermés, c’est à-dire des côtes, et où l’une des moitiés de la région digestive manifeste aussi la ten- dance à produire des côtes incomplètes. Mais le segment res- piratoire de la région génitale est simple à la tête et au tronc; il ne saurait donc s’y développer qu’une espèce d’arcs proto- vertébraux. Ces divers détails peuvent être retracés sous forme de tableau de la manière suivante : (i) Elles deviennent même des côtes propres au vol chez certains Reptiles, TRONC TifrE APPLICATION DE LA CONSTUCTION GÉOMÉTRIQUE1.:. 167 i6B application de la construction géométrique. CCXVI1I. Je ne dois point omettre de rechercher quelle peut encore être en particulier l’influence du développement des membres sur la respiration. La respiration est un conflit de l’organisme avec ce qui l’entoure , et à cette occasion je ferai remarquer en passant que , précisément à cause de cela , c’est-à-dire parce quelle consiste en un conflit d’une individualité avec une totalité ,elle doit animer spirituellement davantage l’individu , par le rap- port quelle établit entre lui et un tout supérieur , mais en même temps contribuer à le détruire matériellement , tandis que l’inverse a lieu dans la digestion , où l’individualité jouis- sant pleinement de la vie réagit contre une autre individualité mise à mort , d’où il doit résulter pour elle vivification maté- rielle , mais en même temps dégradation spirituelle. Mais , de ce que la respiration est un conflit avec une sub- stance originairement et absolument extérieure , il s’ensuit que les organes respiratoires se forment primordialement à la sur- face extérieure de l’animal. Une grande activité de la fonction respiratoire ne peut donc s’exprimer que par le prolonge- ment de la surface extérieure de l’animal dans le milieu am- biant , c’est-à-dire par la production d’appendices. CCXIX. Les prolongemens qui partent de la surface exté- rieure de l’animal ont donc pour destination primordiale d’être des organes respiratoires, des branchies; et, ce point bien éta- bli , nous sommes fondés à dire aussi que les prolongemens arrivés à un plus haut degré de développement qui émanent de la surface du corps , et qui , en tant qu’ils sont mobiles et articulés , reçoivent le nom de membres , doivent être consi- dérés comme des branchies métamorphosées. L’étude des gra- dations par lesquelles les membres passent , dans la série ani- male , en se développant , confirme pleinement cette proposi- tion; car nous voyons déjà chez les Mollusques (par exemple Clio , Cleodora , etc. ) les lames branchiales apparaître comme premiers membres locomoteurs pinniformes. La chose est plus évidente encore chez les animaux articulés , où les membres naissent des feuillets branchiaux , et où les plus par- APPLICATION de la construction géométrique. 169 faits d’entre eux , les ailes, ne se montrent à nous que comme des lames branchiales desséchées (1). CCXX. Ceux d’entre les Céphalozoaires chez lesquels l’oppo- sition des squelettes cutané, splanchnique et nerval se dessine sont, par cela même, ceux des animaux chez lesquels les prolon- g-emens du dermatosquelette conservent delà manière la plus complète la signification de branchies, et la plume, en sa qualité de plus parfait des prolongemens du squelette cutané, est une branchie complète , d’abord riche en vaisseaux, et qui plus tard se dessèche. Un fait fort remarquable, et parfaitement d’accord avec ce qui précède , c’est que , même dans le névrosquelette, ce sont les colonnes de dcutovertèbres rayonnantes d’après le nombre six qui déterminent la formation des membres , mais que ces memes deutovertebr es proviennent d’une répétition pé- riphérique de la protovertèbre, c’est-à-dire (d’après le § CXLVI) d’une multiplication partant de la surface extérieure de la, sphère primaire. CCXXI. Tous les détails réunis dans lesquels je viens d’en- trer expliquent d’une manière satisfaisante pourquoi les 'mem- bres se développent surtout, d’après une progression astreinte à des lois, dans les régions spécialement consacrées à la res- piration , pourquoi ils acquièrent leur plus haut degré de dé- veloppement au tronc , où toutes les fonctions végétatives et par conséquent aussi la respiration jouissent d’une plus grande énergie, pourquoi enfin ils sont plus petits, et en partie élevés au caractère d’organes sensoriels, à la tête, où la respiration , comme toutes les fonctions végétatives, est faible en elle-même, (1) Vent-on avoir nn exemple Lien sensible de l'identité des ailes et des lames branchiales, il suffit de jeter les yeux sur la figure de la larve de l’Ephémère, dans Swammerdam [Bibel der Natur, pi. xiv). Mais la preuve ta plus pereraptoire de cette proposition, qui jusqu’à présent n’avait été admise que d’une manière pour ainsi dire rationnelle, est fournie par les des Libellules, chez lesquelles j’ai découvert le premier une véritable circulation. Chez ces animaux , le sang circule à travers les branchies des ailes , absolument de même qu’à travers des branchies, tandis que, dans insecte parfait, l’aile parait entièrement désséchée et n’offre plus aucune trace de circulation. l'jo Application de la construction géométrique. mais se montre ennoblie et en quelque sorte spiritualisée par ses rapports avec la fonction sensorielle (odorat et ouïe ). ÇCXXII. Mais ce n’est pas assez que ces diverses considéra- tions fassent concevoir la nécessité de la formation des mem- bres en général , elles rendent encore raison de leurs modifi- cations particulières , sujet à l’égard duquel je n’examinerai ici qu’un point important , les autres devant être traités dans l’histoire spéciale du sqüelette. Le point dont il s’agit concerne : 1° La différence des membres antérieurs et postérieurs du tronc, qui est déterminée par la respiration individuelle et génitale de ce dernier. En effet, si nous examinons les diver- sités que ces respirations du tronc offrent dans les différens animaux , nous trouvons que l’une d’elles , la respiration indi- viduelle ou pectorale , est aérienne ou pulmonaire , et 1 autre, la respiration génitale ou pelvienne, aqueuse ou bran- chiale. La première est essentielle pour 1 état de 1 individu parfait et arrivé à la vie indépendante ; la seconde l’est pour la période d’évolution , pour l’état fœtal. Cette différence doit exercer la plus grande influence sur les membres qui se dé- veloppent à l’un et à l’autre point. Les deux sortes de mem- bres doivent avoir en commun de commencer par être des lames branchiformes , des nageoires, quoique, parles progrès du développement , cette apparence pinniforme s ellace de plus en plus., et qu’en dedans du membre natatoire (auquel on donne plus tard le nom de segment terminal), il s en forme encore d’autres médians ( appelés segment supérieur et seg- ment inférieur). Même dans l’embryon humain , les premiers germes des membres sont ainsi des lamelles pinniformes. Mais ces lamelles doivent être différentes , parce que les unes , les membres thoraciques , auront la tendance à se développer en organes d’un mouvement délicat , en organes de toucher , même en organes aériens proprement dits ( ailes ) , tandis que les autres , les membres pelviens , auront celle à se déployer en organes d’un mouvement grossier , purement locomotif , en membres terrestres , même en membres aquatiques propre- ment dits (nageoires ). CCXX11I. 2° La différence entre les membres qui rayonnent en dessus (vers la lumière) et ceux qui rayonnent en dessous Application de la construction géométrique; ( vers la terre ). On a vu précédemment que les colonnes ver- tébrales des membres rayonnent dans la direction de l’hexa- gone. II peut donc se développer à la circonférence de la co- lonne protovertébrale six membres , savoir , un médian supé- rieur ( pl. xx , fig. xv , G) , deux latéraux supérieurs ( E E') , deux latéraux inférieurs ( F F' ) , et un médian inférieur ( G'). Or , le côté de la lumière se montrant déjà supérieur à l’autre dans le développement du système nerveux , il devra y avoir, entre les membres tournés vers la lumière et les membres tournés vers la terre, un rapport comparable à celui qui existe entre les membres de la tête et ceux du tronc (§ CCXIV) , et entre les membres antérieurs et les membres postérieurs (§ CCXXII). Donc , lorsqu’il se développe simultanément des membres di- rigés vers la lumière et des membres dirigés vers la terre , les premiers doivent l’emporter en dignité sur les seconds. Ainsi , dans les Insectes , les membres latéraux supérieurs de- viennent des ailes , et les inférieurs des pattes. De même, dans la tête des Céphalozoaires , les supérieurs deviennent parties intégrantes d’appareils sensoriels , par exemple cartilages de l’oreille , et les inférieurs, membres locomoteurs, par exemple arcs de la mâchoire inférieure. Mais comme le tronc est plus particulièrement destiné aux organes végétatifs et au déve- loppement vers le côté terrestre , les membres dirigés vers la lumière s’y développeront aussi d’une manière moins constante qu’à la tête (1). CGXXIV. Les preuves de toutes ces assertions doivent être renvoyées à l’examen spécial des formes particulières du sque- lette. Cependant je crois en avoir dit assez pour que le lecteur attentif puisse concevoir comment l’apparition réelle de cer- taines parties primaires du squelette est déterminée essentiel- lement par la disposition spéciale des parties molles de (i) C’est donc une proposition fondée en philosophie, que la forme humaine elle-même s’ennoblit beaucoup par V apposition au tronc de membres dirigés vers la lumière, c’est-à-dire par celle d’ailes au côté tergal de la pour me (pl. xxn , h g. xx), et la science démontre que les prévisions de art étaient parfaitement fondées lorsque, guidé par une sorte d’instinct prophétique , il accordait des ailes aux anges. 172 Application de la construction géométrique.' l’organisme , tant de celles qui appartiennent à la vie animale que de celles qui entrent dans le domaine de la vie végétative. Or tel était précisément le but que je me proposais ici. CGXXV. Nous avons appris à connaître trois circonstances qui exercent une influence essentielle sur la formation du sque- lette réel, la dignité des diverses parties primaires idéales du sque- lette , la nécessité mathématique de telles ou telles d’entre ces parties , enfin le rapport qu elles ont avec les parties molles en général et le système nerveux en particulier . En ayant égard à ces trois circonstances , nous pouvons déjà construire d’une manière assez complète le type d’un squelette normal qui s’accorde assez bien avec celui que la nature nous offre de la forme la plus parfaite du squelette. Mais il en reste encore une, qui ne doit pas jouer un rôle moins important que les pré- cédentes dans la réalisation d’une formation squelettique; c’est celle de X antagonisme. CCXXVI. J’ai déjà dit précédemment que , dans les forma- tions naturelles , nous étions toujours conduits à la considéra- tion d’un plus et d’un moins , et que , par suite des opposi- tions qui régnent dans toute formation naturelle quelconque , le développement plus considérable d’un des membres d’une opposition entraînait toujours un développement plus faible de l’autre membre. Cette loi , qu’on ne peut mieux désigner qu’en l’appelant loi de l’antagonisme , exerce aussi l’influence la plus prononcée sur la production du squelette , dans lequel les parties qui sont en antagonisme les unes avec les autres s’expriment par un plus ou un moins de développement. CCXXVII. Si l’on demande à quoi peut être reconnu , dans un squelette , le plus ou le moins de son développement , nous trouvons surtout les points suivans qu’il me paraît à propos de mettre en regard les uns des autres : Le développement plus con- Le développement le plus sidérable d une partie sque- faible (oblitération) d une par- lettique s’annonce par tie squelettique s annonce par 1° Accroissement suivant une 1° Diminution suivant une ou plusieurs dimensions ; « ou suivant toutes les dimen- sions (disparition ). 2° Division en parties diffé- 2° Non-apparition des divi- APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. 1^3 rentes , et par conséquent mul- sions qui lui appartiennent es- tiplication ; sentiellement. 3° Développement plus par- 3° Développement plus im- fait de sa structure intime ; parfait de sa structure intime. 4° Manifestation pluspure de 4° Manifestation plus gros- rapports potentiels , numéri- sière de nombres arithméti- ques et linéaires supérieurs ques simples et de lignes géo- dans sa forme extérieure. métriques simples dans sa for- me extérieure. 5° Dignité plus élevée des 5° Grossièreté plus grande substances chimiques et des des substances et de leurs mo- combinaisons de ces substances, des de combinaison, qui entrent dans sa composition. CCXXYIII.Si maintenant nous voulons apprendre à connaî- tre l'effet qu’un tel antagonisme produit dans le squelette, nous avons d’abord à nous occuper de résoudre le problème suivant : quelles sont les oppositions les plus essentielles dans le squelette en général P Mais nous trouvons bientôt que nous avons ici quatre sortes d’antagonismes à distinguer : 1° l’antagonisme de la dignité des diverses parties primaires considérées en elles-mêmes; 2° l’an- tagonisme du lieu qu’occupent les diverses parties primaires, du point où elles se développent dans la protovertèbre et à ses dépens ; 3° l’antagonisme des parties primaires, suivant quelles se développent dans telle ou telle région du corps en- tier de 1 animal ; 4° l’antagonisme des diverses parties primai- res, suivant qu’elles se développent dans le dermatosquelette, le splanchnosquelelle ou le névrosquelette. CCXXIX. 1° Antagonisme de la dignité des diverses par- ties primaires. Ici nous devons d abord examiner l’antagonisme primor- dial qui a lieu entre les principales espèces de ces parties pri- maires en général , c’est-à dire entre les vertèbres primaires secondaires et tertiaires. Comme tout produit est nécessaire- ment dans un certain antagonisme avec ce qui le donne et comme, par suite de cet antagonisme primordial, la nature’rat- “che f°rt souvent la mort de l'individu vivant à la génération U une nouvelle individualité , la partie qui se développe d'une Application de la construction géométrique. autre est en antagonisme avec celle-ci , et son développe- ment plus considérable entraînera l’oblitération de la partie primaire (3). CCXXX. J .u suite de cette loi , le degré de développement de la deutovertèbre est en antagonisme avec celui de la proto- vertpbre , et celui de la tritovertèbre avec celui de la deuto- vertèbre. On trouve à chaque instant des applications de cette loi dans les diverses formes évolutives de l’ensemble du squelette os- seux. Ainsi , jamais nous ne voyons le plus haut degré de dé- \eJoppeinent des arcs protovertébraux ( côtes ) coïncider avec un grand développement de la deutovertèbre ( par exemple tergale). Jamais , quand les tri to vertèbres se déve- loppent de la manière la plus complète , les deutovertèbres n acquièrent un développement considérable, ce dont la preuve est foui nie surtout par les membres , dont les colonnes os- seuses , uniquement formées de tritovertèbres (corps verté- b* aux ) > dans le névrosquelette , excluent toute manifestation de deutovertèbres. Jamais non plus on ne rencontre une deutovertèbre bien développée (par exemple, comme ver- tèbre crânienne ) qui offre en même temps un grand déve- loppement de tritovertèbres ( par exemple , comme corps ver- tébraux ou apophyses vertébrales ). CCXXXI. 2° Antagonisme entre les parties primaires } sui- vant le point où elles se développent dans la deutovertèbre } et à ses dépens. Si nous contemplons l’image d’une protovertèbre complète- ment développée dans tous ses membres (pl. xxii, fig. xv), nous voyons que 1 antagonisme le plus essentiel en elle est celui qui a lieu entre les cotes supérieur et inférieur } tergal et ventral , ou plus exactement lumineux et terrestre; car terre et univers , pesanteur et lumière , sont les deux circonstances qui exercent l’influence déterminante la plus puissante sur le développement, c’est-à-dire sur la segmentation de l’orga- / (i) Ainsi les cotylédons meurent lorsque la plante se développe, les corolles et les étamines périssent quand le fruit s’accroît, l’oeuf s’anéantit <[uand 1 animal arrive a pouvoir vivre par lui -même# APPLICATION de LA construction géométrique. 17$ nisme. Mais ce premier antagonisme , dans lequel chaque membre est déterminé par une chose différente , donne l’idée des deux côtés comme étant égaux ; car , droit et gauche , envi- sagés en ce sens , sont soumis à des influences parfaitement égales de la Terre et de l’univers , et doivent par conséquent aussi se former d’une manière égale. En un mot , le premier antagonisme relatif à l’espace nous donne aussi la première symétrie. CCXXXII. Or il résulte delà une loi dont nous trouvons l’ap- plication dans tout squelette complet , savoir : que , dans le dé- veloppement d'une protovertèbre quelconque , toutes les parties qui se déploient avec la même signification et àl a même région , sur la droite et sur la gauche , doivent être , d’après leur nature intime , paires , c’est-à-dire parallèles , tandis que toutes celles qui naissent de la protovertèbre , de manière à laisser aperce- voir un antagonisme entre haut et bas , soit dans la direction verticale , soit dans la direction oblique } doivent également of- frir l antagonisme d’un plus et d’un moins. Ainsi, parmi les diverses parties primaires qui procè- dent d une protovertèbre , un arc protovertébral droit est pareil au gauche , un deuto vertébral droit au gauche , un membre droit au gauche , une apophyse transverse ou articu- laire droite a la gauche correspondante . En outre , les diver- ses parties qui se développent latéralement les unes des autres doivent être les unes avec les autres dans un certain rapport d égalité , et le degré de développement des membres latéraux ou des apophyses latérales doit par conséquent être proportionné à celui des arcs protovertébraux ou deutoverté- braux d ou ces membres ou ces apophyses procèdent (pl. XXII , fig. XV, B = B', P =y, ? 6' j. CCXXXIII. Parmi les parties qui procèdent d’une protover- tèbi e , les suivantes se développent avec antagonisme , c’est-à- dire qu’un plus grand développement de l’une entraîne un moindi e développement de 1 autre : les deutovertèbres supé- rieures et inférieures , les moitiés supérieures et inférieures de la protovertèbre et des arcs deutovertébraux , les tritovertèbres su- périeures et inférieures, les membres et apophyses qui rayonnent vers le haut et vers le bas , les colonnes vertébrales rayonnantes APPLICATION DE LA CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE. en genei al , et celles qui sont parallelesà la protovertèbre (jp\. XXII fiff.XV, 2 : 3, : FF', 7 : a, G' : G, F' =E' : F, e' : © — :’

e l’a Oit « «S™ °teu, ce ..rail là une veot.blc obble.a- , IIp tercale par antagonisme avec l’enroulement en spue de lion de la coquille leiga P t» vraisemblablement dos, mais qu’elle nage le corps îenveise. SQUELETTE des MOLLUSQUES. CCLXXXII. Si les coquilles des Gastéropodes teslacés nous offrent un très-grand développement du squelette testacé nous trouvons d’autres espèces dans le même ordre où ce squelette a entièrement disparu comme coquille extérieure et que , par cette raison, on appelle nues. Pour concevoir cette métamorphose , il faut se rappeler que primordialement toutes les coquilles de Mollusques se déposent sous un épiderme qui enveloppe l’animal entier. Si l’épiderme s’oblitère peu à peu , la coquille devient une partie tout-à-fait extérieure. Si , au contraire , il se développe davantage et se garnit de fibres charnues, la coquille devient intérieure et s’arrête la plupart du temps au degre de la substance cornee ou cartilagineuse. Or , c’est là ce qui arrive à la pièce tergale de la protovertèbre du tronc (fig. xv, a) dans le Limax , les Aplysia et autres. CCXXXLIII. Ainsi toutes les coquilles extérieures ou demi- internes du dermatosquelette des Gastéropodes se laissent ra- mener au type d’une sphère squelettique primaire simple , partagée en moitié supérieure et moitié inférieure , et faisant office de vertèbre du corps ou du tronc. 11 nous reste maintenant à examiner les vestiges d’un splanch- nosquelette. Mais comme les Gastéropodes sont les premiers animaux chez lesquels on aperçoive une distinction bien tranchée entre la tête et le tronc , distinction qui se manifeste chez eux dans les parties molles , cette particularité doit avoir de l’influence sur les parties squelettiques qui.se développent dans l’intérieur des parties molles (1). On peut donc , chez les Gastéropodes , distinguer un splanchnosquelette de la tête et un splanchno- squelette du tronc, quoique l’un et l’autre n’arrivent point partout à l’état de squelette solide, et qu’ils ne soient fréquem- ment indiqués que par lepithélion général du canal intestinal. Cependant , lorsqu’on rencontre des vestiges d’un squelette solide , il est souvent très-facile d’y apercevoir aussi un tvpe annulaire. (i) A proprement parler, le dermatosquelette n’est non plus ici qu’un squelette du tronc; mais, lorsqu’il se développe complètement, il peut aussi admettre en lui la tète de l’animal. 1 III. l\ 2I0 SQUELETTE DES MOLLUSQUES. Ici se rapportent , comme splanchnosquelette de la tête , l’arc maxillaire ou dentaire , corné et dentelé , qu’on trouve au dessus de la cavité orale d’un grand nombre de Gastéro- podes, et qui, semblable aux dents des Echinides , fait saillie dans cette cavité sous la forme de dent (pl. xxiv , fig. xiv,a , xvi, a' ) ; l’armure de la bouche des Aplysies par deux plaques cartilagineuses latérales et par les denticules de ce qu on nomme la langue ; enfin les petites dents côtelées qui garnis- sent le commencement du pharynx dans le genre Builœa. Quant au splanchnosquelette du tronc, nous devons y rappor- ter comme formation qui se rapproche beaucoup du dermato- squeletle, en ce quelle est complètement calcifiée, les trois pla- ques , deux triangulaires et une rhomboïdale , qui revêtent la cavité stomacale des Bullées, etf armure de l’estomac des Aply- sies, qui, semblable au splanchnosquelette de latete, se par tage en deux portions , l’une antérieure , l’autre postérieure , dont la première est une ceinture cutanée garnie de pointes recour- bées en crochet. Dans la plupart des autres Gastéropodes , là surtout où le dermatosquelelte du tronc se développe beau- coup , on ne découvre aucun vestige de dermalosquelette du tronc. 4. Crépidopodes.) CCLXXXIV. Dans les Crépidopodes , il n’y a que la moitié supérieure du dermatosquelette qui se soit développée , à peu près comme dans les Patelles ; mais la coquille tergale elle- même est segmentable , ce qui mérite toute notre attention , comme indice de la résolution d’une protovertèbre , le tronc originairement simple, en une série de protovertèbres. Tel est le type sous lequel s’offre a nous , mais seulement comme co- quille extérieure , la coquille tergale des Oscabrions , où 1 on disline ue huit demi-anneaux, six grands pour le tronc propre- ment dit, et deux autres plus petits , l’unau dessus de la tête, l’autre au dessus de l’anus. Ce nombre de six demi-anneaux médians doit être remarqué ; car , chez les animaux articules, nous trouverons , dans chaque grande portion du corps , les nombres trois et six , comme nombres fondamentaux des pro- tovertèbres. » Ul I SQUELETTE DES MOLLUSQUES. Il n’y a ici aucune trace de splanchnosquelette. 5. Cirripèdes. CCLXXXV. Parmi les Mollusques pourvus de membres, les Cirripèdcs annoncent leur infériorité par le défaut de sépa- ration entre la tête et le corps, l'absence d’organes sensoriels à la tête, et la fixation de leur corps. Ils n’ont également qu’un dermatosquelette simple , portant le type de la sphère sque- lettique primaire , et en général divisé d’une manière géo- métriquement très-régulière. Ainsi, par exemple, dans les Coronules et les Balanes , la coquille se divise d’après les nombres quatre et six, c’est-à-dire quelle se partage autour de la bouche en quatre et autour du corps en six pièces (fig. ix). Cette diversité dans le mode de division des régions antérieure et moyenne du corps pourrait être considérée comme indice d'une séparation du dermato- squelette général en moitié appartenant à la tête, et moitié appartenant au tronc. La formation tout entière se . rattache manifestement eucore à celle des Échinides, ainsi que Goldfuss en a déjà fait la remarque. CCLXXXYI. La formation de la coquille est fort analogue dans les Lrpas ,■ seulement ici , la sphère creuse, qui continue toujours à être la forme fondamentale , se partage essentiel- lement , dans le sens de son axe , déterminé par le canal intes- tinal, en trois segmens , deux latéraux et un tergal (fig. viii), doni les latéraux se subdivisent à leur tour ( surtout dans la Lcpas anatifera) en deux autres, l’un plus grand, l’autre plus petit ( 2 , a, b) , de sorte que , somme totale , on compte cinq pièces a la coquille. Dans la fente longitudinale entre les deux pièces latérales divisées, se trouvent la bouche (a) et l’anus ( p ) ; 1 animal est adhérent à la région de la bouche , comme 1 Oursin vivant porte aussi toujours sa bouche tournée vers le bas , et a partir de là l’enveloppe coriace ( qui , dans l’origine est fixee immédiatement sans pédicule ) se prolonge en un tube par le moyen duquel l'animal adulte lient au rocher comme par une sorte de cordon ombilical. Quant aux six paires de bras cornés de ces animaux > on doit les considérer comme des lames branchiales desséchées et 21% SQUELÈTTE DES MOÏ.LtJSQUEà. fendues; ils font saillie dans lafente longitudinale « p, de même que les lames branchiales des Pélécypodes entre les moitiés latérales delà coquille. Ce phénomène est lort remarquable , parce qu’il nous offre le premier exemple de la metamor pliose des branchies en pieds , que nous retrouverons toujours chez les animaux articulés. Il est très-significatif aussi que la sub- stance cornée se manifeste dans un dermatosquelette calcaire. Du reste , il n’y a encore de véritables branchies qu à la base des premières paires de membres , c’est-à-dire des plus rap- prochées de la tête. Un rudiment do splanchnosquelette est indiqué aussi , pres- que comme dans les Bullées , par de petites dents cornées à l’orifice de la bouche. CCLXXXVII. Si la forme des coquilles de Mollusques dont il a été question jusqu’ici nous offre la scission de la sphère squelettique primaire, tantôt en deux moitiés latérales , tantôt en une moitié tergale et une moitié ventrale , enfin en six seg- mens qui la divisent dans tout son pourtour, les Tubicinelles présentent une antre modification de la sphère creuse primair e qu'on ne concevra bien que quand on connaîtra la manièi e dont l’animal se développe. La partie essentielle du squelette est bien encore , comme dans les Coronules et les Balanes , une sphère creuse devenue conique et partagée longitudina- lement en six pièces; mais la force et l’épaisseur de cette sphère vont en augmentant depuis la base de l’animal jusqu a l’orifice buccal , au lieu d’aller en diminuant comme dans les Balanes , et de plus elle forme , de distance en distance , des renflemens globuleux (qui augmentent peut-être pendant la vie ) , de manière que le tout semble déjà prendi e le h pe un animal articulé (fig. xix). 6. Brachiopodes. CCI XXXVIII. Les Brachiopodes sont très-voisins des Cirri- pèdesJ et se rattachent immédiatement aux Lepas : seulement ici, dans la Lingule, la sphère creuse primaire de la coquille se partage ( comme dans les Gastéropodes) en deux moitiés, l’une ter gale , l’autre ventrale , de telle sorte néanmoins que les moitiés de la coquille ne sont pas tout-a-fait séparées , SQUELETTE DES MOLLUSQUES. 2I3 comme dans les Gastéropodes , mais se réunissent à leur par- tie postérieure , comme les valves des Pélécvpodes le l'ont à leur partie lergale. Du point de réunion part le pédicule qui fixe l’animal , à l’instar des Lepas. 7. Ptéropodes. CCLXXXIX. Dans l’ordre des Ptéropodes, le dermatosque- lette s’amincit peu à peu , et disparaît même; car, en géné- ral , un squelette testacé solide et terreux est en contradic- tion avec une formation animale supérieure. On trouve bien encore , dans les Cleodora } Clio , Hyalea , JÀmacina , etc. , des coquilles qui tantôt [Hyalea) se partagent en deux moi- tiés , l’une tergale , l’autre ventrale , et répètent la division de la sphère squelettique primaire chez les Gastéropodes ; tantôt (Cleodora) ne développent qu'une moitié de la sphère squelet- tique primaire pour le tronc , à peu près comme dans les Pa- telles , avec cette différence , toutefois , que la coquille appar- tient moins au dos qu’à l’extrémité postérieure du corps ; tan- tôt enfin ( Limacina ) offrent cette moitié de sphère squelettique primaire décrivant un tour et demi de spire. Mais toujours ces coquilles sont extrêmement minces et délicates , ou bien elles sont plutôt cartilagineuses et gélatineuses que calcaires, et jamais elles n ont l’apparence massive de celles des ordres précédens. 8. Céphalopodes. CCXC. L’ordre le plus élevé de la classe des Mollusques est celui des Céphalopodes. C’est là aussi que nous trouvons les transformations les plus importantes de la forme du squelette, et avec une variété telle , qu il suffirait de cette circonstance pour justifier l’opinion des naturalistes qui veulent qu’on re- garde les Céphalopodes comme constituant une classe à part. Les travaux d’Orbigny nous ont appris , en effet , que si les Céphalopodes nus sont déjà remarquables par la segmenta- tion de leur squelette intérieur, les Céphalopodes testacés ont atteint , sous le rapport de la diversité des formes de leurs co- quilles , une hauteur d’autant plus surprenante , que la majo- rité de ces coquilles sont microscopiques. Orbigny partage les 2l4 squelette des mollusques. Céphalopodes entrois ordres, qui doivent être disposés delà manière suivante, en admettant le progrès du simple au com- posé pour base du système zoologique. 1° Foraminifères , à coquilles chambrées , n’ayant qu’une très-petite ouverture à leur chambre la plus extérieure , la plupart microscopiques , purement fossiles , et répandus en énorme quantité dans le sable de la mer. 2° Syphonifères, à coquilles chambrées, dont les chambres sont unies par des tubes , et dont la dernière a une grande ou- verture ; animaux qui vivent encore en partie aujourd’hui , et dont les coquilles acquièrent parfois des dimensions énormes. 3° Cryptodibranches , animaux nus, pourvus d’un squelette intérieur. Les Céphalopodes des deux premiers ordres ont donc en- core un dermatosquelette calcaire , qui dérive de la protover- tèbre vésiculaire. Je vais d’abord m’occuper de leurs coquilles. CCXCI. Toutes ces coquilles offrent une série de cellules , dont la plus petite occupe le bout fermé de la formation en- tière , et vont toujours en grandissant vers l’extrémité ouverte. Les cellules elles-mêmes sont séparées les unes des autres par des cloisons , dont la formation a lieu de manières très-diver- ses. Nous savons que l’animal vivant se trouve toujours dans la cellule antérieure et ouverte , et que les chambres posté- rieures sont vides, à cela près d’un prolongement du manteau qui passe à travers les trous des cloisons. L’analogie nous au- torise à penser qu’il en était de même pour les espèces fossiles. Le mode de formation de cette coquille chambrée ne peut être bien conçu que de la manière suivante. D’abord , et sans doute dès l’état embryonnaire , l’animal s’entoure , comme le font beaucoup de Gastéropodes , d’une coquille hémisphérique simple : il se produit la première pro- tovertèbre , ouverte en devant (pl. xxiv, fig. xvii , a). Bien- tôt les progrès de l’accroissement ramènent l’animal vers la partie antérieure de cette coquille. Quand il a quitté sa pre- mière protovertèbre, il s’enveloppe d’une seconde {b), et, tout en conservant l’extrémité de son enveloppe charnue fixée à la base de la première protovertèbre , il se trouve séparé de l’espace qu’il habitait d’abord par une cloison qui représente SQUELETTE DES MOLLUSQUES. 21 5 la paroi tergale de la nouvelle protovertèbre. Le même phé- nomène ne tarde pas à renaître , l’animal se porte encore en avant, il se sépare de' la seconde protovertèbre par une nou- velle cloison ( c ) , et ainsi de suite , ce qui fait que le nombre des chambres ou protovertèbres croît bien manifestement avec lage. CCXCII. Cette série de cellules , ou cette coquille entière , donne donc une image bien simple de ce qu’il faut entendre , lorsqu’on dit que l’animal articulé contient une série de répé- titions d’une forme primaire , puisquïci chaque cellule est évi- demment la répétition de celle qui la précède : seulement la répétition ne s’exprime que dans la coquille , et le corps ani- mal lui-même demeure simple ; mais c’est là aussi un motif pour nous faire considérer cette forme comme une transition à celle des vrais animaux articulés. Au reste la série des chambres peut marcher en ligne droite ( OrthocèratHes ) , ou se contourner en spiral e [Nautile) , comme la coquille simple d’un Limaçon , ce qui n’établit pas de diffé- rence essentielle dans la manière dont nous devons apprécier la loi de sa formation. Veut-on d’ailleurs se faire une juste idée de la manière dont la nature peut produire la plus grande variété de formes avec les plus simples élémens une fois don- nés, on n a qu à étudier les coquilles des Foraminifères, et on trouvera des formes extrêmement compliquées , mais toutes susceptibles d’être ramenées à des constructions géométriques pures. Orbigny en a décrit cinquante-deux genres , dans les- quels la nature semble avoir épuisé toutes les combinaisons géométriques possibles de la fig. xvn , et l’on ne peut douter que 1 étude de ces formes ne soit de la plus haute importance pour 1 anatomie philosophique du squelette. CCXCIII. Quant aux Cryptodipodes , aux Céphalopodes que nous connaissons le mieux connue animaux, leur sque- lette diffère essentiellement de toutes les formes squelettiques dont il a été question jusqu’ici, car nous voyons pour la première fois le dermatosqueletle , en se retirant dans l’inté- rieur du corps , acquérir , avec le système nerveux , des rap- ports qui autorisent à considérer sa portion céphalique au moins comme le premier vestige positif d’un névrosquelette. 21 6 SQUELETTE DES MOLLUSQUES. Mais , afin de se faire une idée claire de la disposition du squelette dans ces animaux remarquables , il faut d’abord considérer , non-seulement que leur corps se partage plus distinctement en tête et en tronc que celui de tous les autres mollusques (pl. xxiv, fig. xvm, A, B), mais qu’encore ces deux segmens principaux se subdivisent eux-mêmes, sa- voir , le tronc en ventre et poitrine ( fig- xvm , 6 et 4 , 5), la tête en crâne et région maxillaire(3 et 1, 2), et de telle sorte que la poitrine et la région maxillaire offrent à leur tour des indices d’une troisième division en deux parties. Or chacun de ces six segmens devrait , comme le corps le plus simple et qui ne consiste qu’en une seule sphère , contenir, en idée , une coquille sphérique creuse , c’est-à-dire une protovertèbre. Nous allons examiner jusqu’à quel point cette possibilité s’est réalisée dans les divers segmens du corps. ' CCXCIY. Mais d’abord on peut admettre par avance que , quand il se développe un squelette particulier pour la tête et un pour le tronc , le premier doit être le plus parfait , eu égard à la forme et à la substance, et que, si l’un des deux doit entrer en rapport intime avec le système nerveux , c’est-à dire s’éle- ver au rang de névrosquelette , ce sera d’abord celui de la tête. Si maintenant nous commençons par examiner le squelette du tronc , nous trouvons qu’en harmonie avec la forme plus ou moins ovale allongée des segmens du tronc , le plus grand de ces segmens , le ventre proprement dit , offre un vestige manifeste de coquille sphérique creuse entière , divisée , pres- que comme dans les Gastéropodes , en portion tergale et por- tion ventrale , si ce n’est toutefois que la portion tergale est incomplète , quelle n’existe pas dans toutes les espèces , et que, quand onia rencontre, elle est divisée en plusieurs piè- ces. La portion tergale ( fig. xvm , a ) est tantôt calcaire , et presque comparable à la coquille des Patelles ( Seiches ) , tan- tôt cartilagineuse, comme la coquille tergale interne des Aplysies et des Limaces ( Calmars ). Les Octopodes n en ont point , et sont privés de tout le squelette du tronc. Quant aux pièces du côté antérieur de la protovertèbre ventrale , elles sont partout simplement cartilagineuses ; très-diveloppées SQUELETTE DES MOLLUSQUES. 2J 7 dans les Seiches, elles le sont peu dans les Calmars (1). Ces pièces ventrales sont paires , et il s’en développe tout au plus deux de chaque côté ( à peu près b et c dans la fig. xviii). Le second segment du tronc est la poitrine, subdivisée elle-même en deux régions. Lorsqu’il s’y développe des se."- mens de protovertèbres ( comme dans les Seiches et les Calmars), ce sont toujours, de même qu’au ventre, les por- tions tergales (d etc) qui apparaissent les premières (2) , et avec elles une paire de cartilages latéraux , qui sont les rudi- mens pairs d un côté antérieur de la protovertèbre thoraci- que (f). De ces neuf cartilages , trois simples et trois pairs , il n’y a que ceux des nageoires ( b ) qui soient développés dans les Oc- topodes , et la circonstance que les parties latérales de la pro- to\ ertèbre thoracique sont seules indiquées chez ces animaux, atteste que ceux-ci doivent occuper un rang inférieur, attendu que nous nous trouvons reportés par là à la division latérale de la protovertèbre dans les Pélécypodes. CCXCV. Nous arrivons maintenant aux parties squelettiques qui se développent dans la tête , où , jusqu’à présent, nous n avons trouvé que des indices de dermatosquelette ou de splanchnosquelette. C’est chez les Céphalopodes que , pour la première fois , il se développe dans la tête une protovertèbre parfaite , ayant des rapports intimes avec l’anneau nerveux dont j’ai donné la description plus haut. Comme cet anneau oilrait deux ganglions , l’un en haut et l’autre en bas , la pro- tovertèbre se divise aussi en deux parties essentiellement dé- veloppées , l’une supérieure, l’autre inférieure. Mais si le gan- (1) Meckel , qui a décrit ces diverses pièces, regarde même les bande- lettes situées aux nageoires comme ayant la signification d’os de membres. Ce rapprochement ne me paraît admissible qu’en tant qu’on les comparerait aux arcs protovertébraux d’où partent les membres, par exemple à une ceinture pelvienne portant des nageoires. (2) Meckel considère déjà les portions tergales de cette protovertèbre comme des arceaux de vertèbres rachidiennes. Seulement il n’existe à coup sur pas de différence essentielle entre elles et la coquille tergale du ventre elles sont pour leur segment de corps ce que celles-ci sont pour le leur! cest-a-dire des portions tergales de protovertèbres. J 2l8 squelette des mollusques. glion cérébral (les Céphalopodes et des animaux inférieurs en général a la signification de masse cérébrale moyenne (masse optique , tubercules quadrijumeaux) , la protovertèbre • crânienne de ces Mollusques doit également correspondre à la vertèbre centricipitale des animaux supérieurs. Cependant , comme il ne reste plus de l’anneau nerveux que la masse gan- glionnaire supérieure , dans les classes élevées du règne animal, de même aussi on n’y retrouve de cette protovertèbre que la deutovertèbre secondaire , constituant la seconde vertèbre crânienne ( composée des os pariétaux et du corps postérieur du sphénoïde). CCXCYÏ. La vertèbre crânienne des Céphalopodes étant encore protovertébrale , il résulte de là que , comme 1 anneau nerveux primaire , elle entoure nécessairement 1 oesophage. Elle offre à l’intérieur un sillon profond recevant 1 anneau ner- veux, dont le ganglion cérébral fournit les gros nerfs optiques, qui percent l’anneau cartilagineux de chaque côté , à l’endroit où il olfre une large plaque sur laquelle repose l’œil. La partie antérieure de cet anneau cartilagineux renferme les cavités auditives. Ainsi une protovertèbre porte les deux organes sen- soriels les plus essentiels , les yeux et les oreilles internes (pl. xxiv , fig. xviii, 3). . Cette protovertèbre est plus développée dans les Seiches et les Calmars que dans les autres Céphalopodes ; mais elle paraît demeurer partout simplement cartilagineuse. CCXCVII. Le tronc des Céphalopodes renfermant, outre le ventre , deux régions thoraciques , leur tête offre de même, indépendamment du crâne , une région faciale divisée en deux. Il doit donc , en idée ,se développer aussi , pour cette région, des protovertèbres particulières , quoique imparfaites. Or nous trouvons effectivement deux rudimens chez la Seiche commune -, tous deux sont développés uniquement au cote ventral ou antérieur ( fig. xv.n .»,»), ,. Brancliiopodes. CCCVII. Les Brancliiopodes se rattachent évidemment aux Isopodes , même aux Annélides , et font le passage à l’ordre supérieur des Décapodes. Leur dermatosquelelte est en grande partie corné encore ; cependant on le trouve calcaire dans quelques uns, par exemple les Limules. 11 a pour type une co- lonne protovertébrale composée de beaucoup d’articles, dont le nombre , et avec lui celui des pattes , croît fréquemment à chaque mue , par exemple dans les Cyclops. Souvent aussi ces animaux sont encore pourvus du rudiment d’un prolongement possible à l’infini des colonnes pro lover lébrales , qui est re- présenté ici par de longues pointes ou soies annelées termi- nales simples. Quelquefois même ces soies caudales sont doubles , comme vestiges de prolongement indéfini d’une colonne protovertébrale divisée. Mais ordinairement les arcs supérieurs , c’est-à-dire les portions tergales de cette colonne vertébrale , se soudent ensemble , surtout à la tête et à la poi- trine , d’où résulte une carapace, tantôt simple ( Limulus ), tantôt fendue ( Apus ), tantôt enfin divisée en deux valves mo- biles l’une sur l’autre ( Daphnia ) (1). (i) Dans ce cas, les valves doivent naissance , dit-on, à ce que l’cenf lui- même se fend en eux et les produit. Ce mode de formation ne me parait guère s’accorder avec la marche ordinaire de la nature, ei je n’y croirai que quand je l’aurai vu de mes propres yeux. Il est bien vrai que , dans la con* SQUELETTE DES ANIMAUX AÎITICULÛS. «j25 Les membres de ces animaux méritent surtout de fixer l’at- tention, parce qu’il serait difficile d’en trouver d’autres où l’on pût constater aussi aisément le passage des lames branchiales à la condition de pattes. Nous avons vu que, dans certains Vers ( l’Arénicole par exemple ) , chaque anneau médian du corps fournit de chaque côté un faisceau supérieur et un faisceau inférieur de branchies. Ici il a été primordialement destiné à chaque protovertèbre mie paire inférieure de branchies , qui, ayant la forme de lames, peuvent servir en même temps de na- geoires. Les branchies persistent ordinairement sous cette forme à l’abdomen; mais , vers l’extrémité céphalique, elles deviennent plus longues, articulées, et en général alors re- présentent des pieds nageurs filiformes. Ainsi , dans XApus cancriformis , le méditrone produit du côté du dos un large bouclier , au dessous duquel chacun des anneaux, qui sont en grand nombre , porte une paire de lames ; les postérieures de ces lames sont les plus nombreuses , et presque incalculables; mais , à la moitié antérieure du méditrone , on en voit paraître douze paires plus grandes, dont l’antérieure a des dimensions plus considérables et se prolonge en quatre soies. Le méditrone (poitrine) porte en arrière l’abdomen , formé de six articles et terminé également par deux soies. En devant, il s’unit à lui une tête formée d’une protovertèbre , dont la portion supé- rieure de l’arc est confondue avec le bouclier tergal. Le rap- port de la segmentation du corps serait donc 1 I 12 : .* 24 • C. Ce type fait le passage à celui des Décapodes , où une pro- portion numérique d’un ordre supérieur se manifeste avec plus de précision encore. c. Décapodes . ^ CCCVIII. Les Décapodes se rallient aux Branchiopodes, par les Squilles surtout. Chez eux le dermatosquelettedevient dé- strnction, ces valves résultent, comme celles d’une Moule, du partage en deux d’une protovertèbre, et que la coquille de l’œuf est la première proto- vertèbre. Mais c’est une question de savoir si cette première protovertèbre qni appartient à l’animal encore dénué de forme intérieure, peut devenir aussi protovertèbre pour l’animal développé tant à l’intérieur qu’à Inté- rieur. 1 x 5 iii. 2^6 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. cidémenl calcaire , quoique toujours situé au dessous d’un épiderme corné , comme l’a très-bien démontré Ileusinger. En outre, il n’est point permanent, comme le test des Mollusques, mais tombe et se renouvelle pendant toute la vie de l’animal. Nous allons d’abord l’étudier dans la Souilla mcintis (pi. xxv, fig. XXII ). Il conserve encore le type d’Annélide chez cet animal , c’est- à-dire que les articles du corps , dont le nombre est déterminé, représentent une colonne protovertébrale simple ; mais la seg- mentation elle-même indique déjà des rapports plus élevés. Une chose fort remarquable surtout, c’est qu’ici, pour la pre- mière fois, nous trouvons entre la tête et le tronc une égalité parfaite sous le rapport du nombre des articles , mais une éga- lité matérielle encore , si l’on peut s’exprimer ainsi ; car le corps et la tête offrent chacun onze anneaux proto vertébraux, soit appareils , soit indiqués par des paires de membres. En effet, la signification du partage du corps animal en tête (corps animal ) et tronc ( corps végétatif )’ implique l’égalité primor- diale des deux segmens. Mais , la signification de ces deux moitiés du corps animal nous apprenant que le propre de l’une est un développement idéal et interne , et celui de l’autre un développement réel et apparent ou externe , nous trouvons que cet antagonisme s’exprime déjà ici , 1° par le resserre- ment et la réunion des onze articles de la tête sous un bou- clier céphalique que les moitiés supérieures des protover- tèbres produisent , au côté tergal , en se soudant ensemble , et par la séparation et le grossissement progressif des articles du tronc , qui sont plus larges et plus longs ; 2° par le caractère des membres , ceux du tronc étant en grande partie des na- geoires, et ne prenant l’aspect de pattes que vers la tête, mais ceux de la tête étant des pinces , des palpes , et enfin des organes sensoriels supérieurs. Cependant tous ces membi es sont de même espèce ; ils ne doivent naissance qu’à des co- lonnes deutovertébralcs rayonnantes latéralement vers le bas. CCCIX. Si nous examinons cette segmentation avec soin, nous la trouvons répartie comme il suit (1) : (i) On verra en même temps que, chez les Crustacés, non seulement la segmentation du tronc et de la tête est la même , mais encore il se manifeste , SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. Les onze articles du tronc sont tous bien distincts s Poitrine Abdomen 227 1 : a , s ( sans pieds), (avec paires de (avec paires de pieds ). branchies )s ( avec des membres laté- raux squami- formes , qui formentleslar- ges nageoires caudales). Les onze articles de la tête réunis sous un bouclier céphalique : Portion sensorielle Portion maxillaire de la tête de la tête 5 ( avec des pieds- mâchoires ). 3 • 1 : 2 ( Avec des or- (avec la paire (avec la paire ganes sensoriels, de de des yeux pédicu- mandibules). maxilles). culés etdcux pai- res d’antennes). CCCX. Après les Squilles viennent les Paguriens, qui se dis- tinguent spécialement par la séparation bien distincte de la poitrine et de l’abdomen, par l’existence d’un splanchnosque- f°Br Pre,Dière. ÏS ’ à *a lête elle-“ême » «ne différence bien tranchée entre la portion essenUellement consacrée à la fonction sensorielle et celle qui rest a la préhension des alunens. Cette différence persiste chez tons les animaux supérieurs; elle y reÇ°u seulement une autre direction • la . „ t11»' ■« «“«»•» «.™ « revient à le A „ J la ire), s eleve par cela même jusqu’à la dignité de crâne. Au reste le ,, des vertèbres céphaliques sensorielles aux vertèbres céphalique. L 7^ dans les Squilles, n’est point encore pur, puisqu’il eft de 3 à 8 • eS' chose remarquable, c’est qu’ici déjà la tête sensorielle ne peut T autrement que sous la condition du nombre fondamental 3 P • ■ PP“ “ stamuicnt le même pour le crâne des animaux sup ” ’ ^ ^ C°n* 228 SQTJELETTÈ DES ANIMAUX AETlCUiéS. lette , que je décrirai en parlant de la famille suivante , et par le non-développement du dcrmatosquelette à l’abdomen. De même que plusieurs Vers nus suppléent le squelette cutané par un fourreau formé de corps étrangers , de même aussi ces Crustacés suppléent la portion qui leur manque du dcrma- tosquelette en introduisant leur abdomen dans l’enveloppe lestacée abandonnée par d’autres animaux , notamment dans une coquille vide d’univalve. C’est le seul exemple de ce genre que je connaisse : on pourrait le regarder comme prototype de l’usage qu’ont les hommes dans l’état primitif de couvrir leur nudité avec des peaux d'animaux. CCCXI. Aux Paguriens succèdent les Astacins , dans les- quels on trouve déjà une segmentation pure et qui peut donner matière à des considérations très-variées. Ici le nombre douze apparaît dans toute son extension ; il est légitimement décom- posé en ses nombres complémentaires inégaux ,5 et 7 , au tronc , qui offre , en effet , cinq protovertèbres très-dévelop- pés et sept autres moins visibles (pl. xxv, fig. xxn ). Les cinq premières forment la poitrine. Chaque protover- tèbre est partagée là en portion tergale et portion ventrale. La portion ventrale b forme une deutovertèbre c , qui entoure un ganglion nerveux ; les arcs costaux tournés vers le haut sont cartilagineux. La portion tergale a a a a a, , commune aux cinq vertèbres thoraciques , constitue un grand bouclier, qui ne fait qu’un non plus avec celui de la tête , et qui n’en est séparé que par une élévation. Les sept vertèbres moins développées du tronc forment l’ab- domen ; elles sont toutes distinctes les unes des autres ; quoi- qu’on y aperçoive des indices de division en partie tergale et en partie ventrale , la séparation n’est cependant point com- plété ( pl. xxv , fig. Xxiv, c ). CCCXII. A l’égard des protoverlèbres de la tête , elles se divisent , comme dans les Squillares , en trois , qui , destinées au ganglion cérébral et aux organes sensoriels , sont situées au dessus du commencement de l’œsophage, et tellement contractées qu’on peut déjà les comparer à celles des deulo- vertèbres qui , chez les animaux supérieurs , n’ont rapport qu’aux seules masses nerveuses centrales ; c’est-à-dire les ver- SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. 229 tèbres crâniennes (pl. xxv, fig. xxv, 1' 2' 3' ). Elles se termi- nent par devant en une pointe , comme le fait aussi la dernière protovertèbre en arrière , et entourent de leurs arcs latéraux trois sortes d’ouvertures , Tune simple pour les yeux , une autre double pour les palpes olfactifs, et une troisième égale- ment double pour les palpes auditifs. Mais , au lieu des huit vertèbres maxillaires indiquées chez les Squillares , on les trouve ici en rapport numérique bien plus pur avec les trois vertèbres du crâne et les douze du tronc , c’est-à-dire au nombre de six. Ces six vertèbres maxil- laires ressemblent assez aux thoraciques, sous le point de vue de leur développement ; comme elles, elles se sont formées en deutovertèbres au côté terrestre ( et en correspondance avec c ganglion inférieur de 1 anneau nerveux œsophagien ) .pl. xxv, %. xxm, 1" G"). Leurs arcs latéraux ou costaux’ tournes vers le haut, sont plus faibles que ceux des prolo- vertebres de la poitrine. Les portions tergales de ces proto- vertebres maxillaires sont complètement séparées des por- tions inferieures contenant les deutovertèbres , et elles sont reunies en un bouclier non divisé, qui est soudé, tant avec re81°n sensorielle de la tête qu’avec celui du tronc. LUjAm- La segmentation entière est donc celle-ci : Tete sensorielle Tête maxillaire Poitrine Abdomen 3 : 6 : 5 7 14 - 2 X 21 Car la tête et la poitrine sont encore réunies par le bouclier . , commun , et c est ce qui rend la proportion numérique si faible, puisqu elle représente une triple répétition du nombre sept, de telle sorte cependant qu’il s’y trouve 3 * 0 : 12. CCCXIV. Les membres , qui ne se développent qu’en direc- tion rayonnante latéralement vers le bas , se font remarquer par leur mode de division. 1 o,^Vê?“e’ ? S°nt lGS yeuX Pédiculés> les palpes “,et cspal|>cs aud tUs ■ Par COnSi;'Oe"t “us «>embres nsoncls. A 1 abdomen, les lames respiratoires des Squillares '23o squelette des animaux articulés. sont devenues des membres relatifs à la fonction génitale; sa- voir^ la première prolovertèbre abdominale, les verges sem- blables à des pattes ( dans le mâle ) , aux quatre suivantes , les rudimens de branchies qui , chez la femelle , servent à la sus- pension des œufs , et aux deux dernières, les nageoires laté- rales qui couvrent les grappes d’œufs. Cet antagonisme de membres sensoriels et de membres génitaux aux deux extré- mités du corps est déjà très-significatif. Restent maintenant les membres de la tête maxillaire et de la poitrine. Les derniers sont au nombre de cinq de chaque tfôté , et ils réunissent au plus haut degré en eux l’idée de membres respiratoires et de membres locomoteurs , puisque ce sont des pieds , à la base desquels reposent les pinceaux des branchies , qui se dirigent de bas en haut (1) et sont cou- vertes par le bouclier tergal. Les pieds eux-mêmes se segmen- tent absolument- d’après le nombre sept , c’est-à-difê qu’ils ont un article radical et six autres libres , ce qui répète le nombre des anneaux de l’abdomen ; de sorte que cette partie de la colonne protovertébrale devient le prototype des colonnes deutovertébrales aux membres , de même que nous verrons , dans le névrosquelette , les vertèbres caudales devenir le type des membres. La paire antérieure de pattes est la plus forte, et , ainsi que les deux suivantes , elle a la forme de pince , par l’opposition des derniers articles. Les membres de la tête se partagent en cinq paires tout-à-fait pédiformes , portant même des pinceaux de branchies , et en une paire mandibulaire ou maxillaire proprement dite. Le rapport des membres s’exprimerait donc par la belle proportion suivante : TÊTE TRONC 3 : i : 5 : 5 : i : g. Membres Mâchoire. Mâchoires Pieds et Membre Membres senso- et bran- bran- sexuel sexuels riels. chies. chies. mâle, femelles. (i) La manière dont les brancliies se dirigent obliquement en haut, fait d’elles des rudimens de membres rayonuans latéraux supérieurs ; nous ver- SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. s3r CCCXV. Chez les Astacins , les Écrevisses surtout , un ves- tige de névrosquelette s’unit au dermatosquelette , précisé- ment dans les deutovertèbres de la tête maxillaire et de la poitrine , qui , en tant qu elles forment l’enveloppement dé la chaîne ganglionnaire , ne sont point rejetées pendant les butes. Mais si nous avons déjà vu , dans les Mollusques supérieurs , un splanclmosquelette venir se joindre au névrosqucletfè et au dermatosquelette , ce troisième chaînon lie peut point manquer non plus dans les Crustacés. Or la tête d’un animal étant celîè des parties où toutes les formations deviennent le plus parfaites, c’est aussi dans la tête seule que, chez les Crustacés, le splàùblu nosquelette arrive à l’état de squelette calcaire ; il s’y déve- loppe, dans sa région la plus inférieure, dans'Ia tête maxillaire ; mais , en outre , le tissu corné s’étend , comme épithélion , sur toute la surface de l’intestin. Mais ce splanclmosquelette (pl. xxiy , fig. xin , i, ir, ni) reparaît, comme dans les Échinides;, sous la fornte d’ùn ap- pareil dentaire ; il consiste en deux larges ares proloverté- braux , ouverts inférieurèment , qui tiennent l’estomac tendu , et en un petit appareil osseux, qui entoure le pylore en manière de troisième protovertèbre. La première protôvértèbre (i) porte en dedans une dent médiane , et la seconde (II) porte en dedans deux grosses dents latérales. Le nombre des dents s’élève donc en tout à cinq , comme dans les Échinides; S’il est une circonstance à l’égard de laquelle cê splanchno- squelette marche d’une manière parfaitement parallèle au dermatosquelette, c’est qu’à l’instar de ce dernier, il se re- nouvelle tout entier, à chaque mue de l’animal (1). CCCXYI. LesCancérides, tant par leur forme générale que par les proportions numériques observées dans la division de leurs membres , méritent d’être regardés comme la première rons quo, dans les Insectes, les ailes naissent) des branchies latéralement rayonnantes. (r) En général l’antagonisme entre le dermatosquelette et le splancbno- squeletlc, tel qu’il se montre ici pendant la vie, est extrêmement remar- quable; car dès que le. squelette extérieur commence à cesser de se former , des dépôts terreux ont lien sur les côtés de l’estomac, et y produisent' ce qu’on nomme les yeux d’Ecrevisse. 232 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. famille, ou la plus élevée, de l’ordre des Décapodes. Les mo- tifs qui peuvent déterminer à leur assigner ce rang sont les suivans : 1° La segmentation du corps entier, 1 : 12 ou 3 : G : 5 : 7, offre, Ja même légitimité que dans la famille précédente. Mais ce qui , chez les Vers , donnait une forme cylindrique au corps , Par une extension illimitée dans le sens de la longueur , et ce qui déterminait encore la forme allongée du corps des Squil- larps et des Astacins , commence ici pour la première fois à se contracter et à se rapprocher de la sphéricité primaire , c’est- à-dire de la forme d’une sphère aplatie de haut en bas. La tête, tres-resserrée sur elle-même , et la poitrine se confondent en une masse disciforme , et 1 abdomen s’engage dans un en- foncement particulier de la face inférieure de la poitrine (pl. xxv , fig. xxv ) , de sorte que la colonne protovertébrale provenue de la sphère primaire revient ici à son point de dé- part , et que le cycle se trouve enfin fermé. 2° La division des membres se fait d’une manière plus ré- gulière encore , et en général d’après le type suivant: TÈTE TRONC ' ■— ^ ■— N , —■ I— . 3 : / : 5 : 5 : i : s : i Membres senso- Paire de Paires île Paires de Paire de Grands membres Paire de riels (les palpes mandi- ma- pattes et mem- branebiformes mem- olfactifs et audi- bulcs. choires. de bran- bres gé- génitaux fe- bres tifs sont très- chies. nitaux melles, pour Pat- analo- peu dévelop- mâles tache des teufs , gués pe's, les yeux (et en- au devant de l’a- aux pre- le sont beau- a - suite nus. cédens coup). plus de derrière mem- bres à l’abdo- l’anus. n i f* ■ i *1 • t f men). N’existent que chez les fe- melles , et manquent chez les mâles. Non-seulement la disposition générale des membres obéit à des rapports plus purs , mais il en est de même pour la seg- mentation de chacun d’eux en particulier ; car chaque patte çc SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. a33 divise d’après le nombre six (fig. xxv), savoir : deux petits ar- ticles, puis un grand , auquel succède l’articulation principale , ensuite un grand article , et enfin un petit , par conséquent a a a 2 : a a 1 a. 3° Le développement très-faible de l’abdomen , eu égard à celui de la poitrine , assigne également un rang supérieur aux Cancérides, qui , sous ce rapport , correspondent à l’ordre le plus élevé des Insectes , c’est-à-dire aux Coléoptères. Ils ont un splanclmosquelette , comme les Astacins. 4. Arachnides. CCCXVII. Enfin , c’est dans les Arachnides que le type de la segmentation générale du corps se rapproche le plus de celui du premier ordre de la classe des animaux articulés , les Insectes. Ici la segmentation commence d’une manière très- simple dans les Acarides ; elle devient déjà mieux déterminée dans les Aranéides ; elle se prononce encore davantage dans les Faucheurs , et se rapporte tout-à-fait à celle des Insectes dans les Scorpionides. Je ne puis indiquer ici que les points les plus essentiels de ces transformations. ^ A l’égard des Acarides , souvent encore leur corps entier n est point articulé ; et , comme l’indique la ligne ponctuée extérieure , fig. xx , pl. xxiv , il représente une simple sphère creuse à test mou. C’est ce qu’on voit, par exemple, dans 1 Hydrachna et 1 Eylais , où il n’y a que le rayonnement de quatre paires de membres qui indique la segmentation du corps. D autres Acarides , tels que les Acarus et les Gamasus , se rapprochent déjà des Arachnides par un commencement de dix ision du corps en tête, poitrine et abdomen; ce dernier continue néanmoins encore à être simplement sphérique. bans les Aranéides , le dermatosquelelte est encore fort mou , et il se divise d’une manière très-simple en une proto- vertèbre céphalique, quatre protoverlèbres thoraciques, étroi- tement unies tant ensemble qu’avec celle de la tête, et une gr ande protovertèbre abdominale sphérique ( pl. xxiv, fig. xx) Cependant cette subdivision du nombre six , 1 : 4 : \ } est en- core un rapport fort peu harmonique. Quant aux membres, c’est ici pour la première fois qu’on 234 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS? voit des membres latéraux partir de la protovertèbre céphali- que en rayonnant vers le haut et vers le bas. Comme la figure 1 indique , et comme en général aussi nous le voyons à la première vertèbre faciale des Insectes, on trouve ici , sur les èôtés, en haut, des mandibules, et en lias, des maxilles, dont les palpes à six articles rappellent encore la conformation des pattes. A la poitrine , il y a quatre paires de membres , dont chacun répète deux fois la proportion numérique des vertèbres thoraciques dans les huit articles qui le constituent. A l’abdo- men, les lames branchiales des Branchiopodes et des Décapo- des se convertissent en deux paires de palpes voisins des filiè- res , dè telle sorte que , par leur nombre et par leur confor- mation , iïs répètent les membres céphaliques. Un fait remarquable , c’est qu’ici, comme chez les Fau- cheurs , la formation pileuse se déploie sous l’apparence de tritovertèbres rayonnantes , simplement coniques, en nombre indéterminé , et d’une ténuité extrême , dont la manifestation paraît se rattacher à la disparition des branchies , puisqu’on n’en apérçôit plus de traces dans lès Scorpionides. CCCXVIII. Chez les Faucheurs , la segmentation se pro- noncé davantage , et l’abdomen Surtout, qui avait été jusque- là d’unè seule pièce , commence à se diviser d’une manière évidente. A la vérité , il n’est point encore segmenté dans les Phalancjiüm ; mais il l’est dans les Galeodes. Ces derniers Arachnides ont, d’après la figuré de Pallas , neuf ou dix ar- ticles à l’abdomen , quatre à la poitrine , et un seul à la tête. La tête et la poitrine continuent toujours à n’être point sépa- rées. Les palpes maxillaires deviennent presque entièrement des pieds , de sorte qii’en comptant les quatre paires de pattes thoràéiqüés^ l’animal semble , au premier aspect, avoir dix paires de membres: Mais les Scorpionides sont, de tous les Arachnides, ceux qui se rapprochent le plus des Insectes , sous Ce point de vue principalement que , chez eux , pour la première fois , le nom- bre des paires de membres du tronc se trouve réduit, comme chez ces dérniers animaux. Si nous examinons d’abord la colonne proto vertébrale du corps , sa plus grande imperfection , et ce qui l’éloigne le plus SQUELETTE UES ANIMAUX ARTICULÉS. 235 dos Insectes , consiste en ce que les anneaux cornés qui en- veloppent la tête et la poitrine , 11e sont point encore séparés , et que, loin de là meme, on ne peut guère jugeh de leur nombre qu’à l’aide de celui des paires de pattes. Ainsi je ne trouve, chez le Phrymtsroniformis, qu’un disque arrondi, dans lequel se réunissent les trois protovertèbres thoraciques et la vertèbre céphalique , où les membres indiquent encore une division en antérieure et postérieure. Il en est de même dans le Scorpio afer, avec cette seule différence que la poitrine et la tête prennent une forme plus cylindrique. Le nombre dès protovertèbres abdominales varie. Dans 1 e Phrynus reniformis j’en compte deux petites , six grandes et une petite ; dans le Scorpio afer (pl. xxv,fig. xxi), sept grandes protovertèbres for- ment l’abdomen proprement dit, et six petites protovertèbres ovalaires (propres surtout à faire apprécier la forme primaire de toutes ces protovertèbres et la répétition de celte formé par celle des membres) constituent ce qu’on appelle la queue, dont le dernier article se termine en une pointe simplement conique, à peu près connnele fait la prolovertèbre céphalicjuè antérieure des Astacins. La segmentation du corps entier est donc représentée par la progression suivante, 2 : 3 : 7 + 6, qui n’est également point pure (d). Si maintenant nous passons aux membres rayonnons sous la forme de colonnes deutovertébrales , nous observons les par- ticularités suivantes : d.0 L’abdomen étant plus Segmenté lui-même, on n’y voit point de membres. Les Scorpions seuls offreht encore, àlaprotoVer- tèbre la plus antérieure , un vestige de la forme branchiale qui appartient primairement à cette région (pl. xxv, iîg. xxi, .?). 2° A la poitrine, il y a trois paires de colonnes deutoverté- brales qui rayonnent latéralement de haut en bas , et consti- tuent autant de membres , composés chacun de sept articles , dont le dernier se divise en deux pointes coniques. Ordinai- rement on compte quatre paires de pattes chez les Scorpions; (1) Il est toujours digne de remarque que ce sont précisément des animaux venimeux, tels que les Scolopendres et les Scorpions, qui se segmentent ainsi en des proportions numériques impaires. SQUELETTE DES ÀJYIMAUX ARTICULÉS. mais les antérieures correspondent évidemment aux palpes maxillaires des Insectes , et appartiennent à la tête ; aussi manquent-elles dans d autres genres de ce groupe, par exemple les Phrynes. 3° A la tête , on peut distinguer des membres antérieurs et postérieurs. Les postci ieurs , situés a la partie de la lele qui correspond à la vertèbre crânienne proprement dite des Insectes, se développent, dans les Phrynes, sous la forme de grands rayonnemens latéraux vers le haut , ou d’antennes , comme chez les Insectes. Ils n existent point dans les Scorpions , où l’on trouve à leur place une paire postérieure de maxilles /qui correspond à la paire postérieure de maxilles des Crustacés, et qu’on peut comparer aussi aux palpes de la lèvre inférieure des Insectes , quoique ceux-ci reposent sur le rudiment de la vertebre céphalique antérieure. Les articles radicaux de cette paire sont situés à côté de l’orifice buccal , et sept autres arti- cles se comportent absolument comme aux pattes proprement dites. Les membres antérieurs existent toujours sous la forme , tant de membres rayonnans vers le haut ( mandibules ) , que de membres rayonnans vers le bas (maxilles). Les supérieurs sont plus petits , mais plus importans pour la préhension des alimens , et du reste fisse terminent en pointes diconiques mo- biles (pinces). Les inférieurs se comportent de même , mais sont beaucoup plus volumineux, et, par leurs six gros articles vésiculeux , ils répètent manifestement les vertèbres caudales ; leurs palpes représentent les grandes pinces. 5. Insectes. CCCXIX. La forme de ver est celle qui , partout, fait la base du corps de l’Insecte ; l’histoire des métamorphoses le démontre d’une manière à la fois claire et instructive. CCCXX. On trouve donc ici , comme dans les Vers , une série d’anneaux tenant les uns aux autres (1) , ayant l’aspect de ( ï) Geoffroy Saint-Hilaire considère les anneanx du corps de l’Insecte comme des vertèbres rachidiennes , et les pattes comme des cotes. Il s’en SQÜELETÎE DÈS ANÎMAutf ARTICULÉS. vésicules ouvertes en devant et en arrière , ou de protovertè- bres extérieures, membraneuses, coriaces, la plupart du temps cornées , mais jamais calcaires. La manière dont ces an- neaux se joignent ensemble, dont plusieurs se confondent pour produire certaines parties du corps , dont parfois aussi ils se: resolvent en plusieurs segmens , et enfin dont les membres se développent, est susceptible d’offrir diverses modifications. Am milieu de la quantité innombrable des espèces , il serait im- possible d’assigner aucun type général sous ce rapport , si la: nature ne s’en tenait pas , avec une grande fixité , à un prin- cpe unique de division. Mais cette circonstance , que la classe' immense des Insectes est déterminée par une seule et même loi numérique dans sa segmentation , lui assigne le premier rang parmi les animaux privés de cerveau et de moelle épi ■ mère , et prouve quelle est le couronnement de la série en- tière des animaux inférieurs , au dessus desquels elle s’élève en outre par sa vie aérienne et par le développement de instinct. En effet , le défaut de précision et la variabilité ca- ractérisent toujours le type inférieur de formation , comme la egitimité et la fixité sont le caractère du type supérieur CCCXXI. L’état dans lequel l’Insecte se rapproche le plus, de la forme du Ver, et où l’on trouve par conséquent l’ex- pression la plus simple de sa forme , est celui de larve Nous, allons donc examiner d’abord quelle est la segmentation qui prédominé dans les larves. Mais , déjà nous voyons apparaître avec la plus grande pré- rZlrTrtnUmériqUe abS<"Ument *“!<» danslte, ; j, ’ C/J7pS 1>J °Premcnt dit est essentiellement corn- T°t d une cha.no * douze < ^ ^ «Z <* maxillaire \ ' ' ? “ ™.f ™ pntovcrtchre sexuelle et anale (î) de sorte qu .1 se développe en tout quatorze vertèbres, savoir’ compte que Jguzo articles. ’ q general on »° squelette des animaux articulés. 1 : 42 : 1 , dont l’antérieure (tête) présente des vestiges de division en trois. Toutes les larves d’insectes se ressemblent donc sous ce rapport ; mais les subdivisions , notamment celles qui ont lieu dans le nombre douze , appartenant au corps , peuvent varier beaucoup (1). CCCXXII. Quelques larves, surtout parmi celles des espè- ces inférieures, par exemple, celles des Charansons et des Abeilles (2) , n’offrent point de divisions essentielles , quoique cependant on aperçoive déjà fort bien , dans les premières, la différence entre les cinq articles antérieurs du corps , qui sont plus larges , et les sept postérieurs , qui sont plus étroits. Dans d autres, au contraire ,les douze anneaux du corps sont divisés d’une manière très-distincte, et en des proportions di- verses , par le développement de membres. De ces divisions , la plus essentielle paraît être celle en 3 : 9, attendu que, dans beaucoup de larves de Coléoptères et d’Hy- ménoptères , ainsi que dans toutes les Chenilles , les trois an- neaux antérieurs du corps portent des pattes. Les autres neuf anneaux se partagent de différentes manières , par exemple , en 7 : 2 , chez les Éphémères , dont les sept premiers portent des lames branchiales doubles , ou en 2 : 4 : 3 chez la plupart des Chenilles (par exemple , Cossus _, Elpenor ), où les quatre anneaux ont des fausses pattes , dont la première paire indi- que en même temps la division en 7 et en 5 , comme nombres complémentaires impairs du nombre total des douze anneaux du corps. CCCXXIII. Si maintenant nous recherchons comment la ré- partition de ces protovertèbres change dans l’Insecte parfait, nous trouvons une tendance bien prononcée à ramener le rap- port numérique impur de 1 ! 12 ! 1 , ou, dans les subdivisions, tantôt 1 1 3 I 2 I 4 I 3 II, tantôt 1 1 3 I 7 1 2 1 1 , à une progres- sion qui marche régulièrement par nombres primitifs jusqu’au premier nombre parfait, c’est-à-dire jusqu’à six. Voilà pour- (1) Il n’est pas sans signification qne le nombre simple 12 prédomine ici , au milieu d’un développement intérieur plus considérable et en quelque sorte plus concentré, puisque la segmentation des Vers réguliers indiquait encore la répétition du nombre 12 , par exemple 24. (2) SwammERDAM, Iiibel dcr Natur, pi. xliv, üg. 9> pl .xxirr, fig. 14, SQUELETTE DES ANIMAUX AllTICULÉS. 23g quoi , chez tous les Insectes , le corps entier se partage d’a- bord en trois segmens principaux , corame chez les Crustacés, mais d’une manière plus distincte , savoir, en tète , thorax et abdomen; voilà aussi pourquoi, chez tous les Insectes supé- rieurs , ces segmens tendent à se répartir ainsi 1 : 3! 6 ( pl. xxv, lig. xxvi). Il disparaît donc, somme totale, quatre articles abdominaux ; mais , en revanche , la tripartition de la tête se prononce davantage , de sorte que le rapport devient : Tête 3 qui se divisent en 2 a (tête ma- (tête sen- xillaire ). sorielle). Thorax 3 qui se divisent en I 2 thorax thorax non ailé ailé(/iec- Ô thorax ). tus ). Abdomen 6 indivis. I CCCXXIV. Telle est donc la manière remarquable dont le nombre douze procède dunomhre quatorze. Mais une conversion si complète d un rapport impur en un autre pur , par resserre- ment de la moitié la moins digne du corps et développement de la plus digne (la tête), ne s’observe point dans tous les groupes d Insectes. Et ici c’est de nouveau la moitié la moins digne du corps (1 abdomen) qui offre la plus grande variété de nombres ; car tantôt le nombre 10, propre aux larves, y persiste pleinement , et même la forme de ver se prononce encore davantage par l’allongement des anneaux , tantôt l’o- blitération est excessive, et la réduction des dix anneaux dé- passe le nombre normal six, en arrivant jusqu’à quatre seule.; ment, cas dans lequel la segmentation du corps devient . 2 . 4. Cependant les insectes supérieurs (Coléoptères) offrent la proportion la plus légitime dans leurs nombres, car leur ab- domen n a que six articles , qui sont même complètement su- bordonnés à ceux du thorax , sous le rapport du volume. La table suivante permettra de mieux saisir tous ces détails : 2^0 SQÜELETÏE DES AlràUTJX ÀETICÜLià. Ordre Genre et espèce Nombre d’articles abdominaux I. Aptères. Pecliculus 7 II. Hémiptères. Cimex ( plusieurs 7, et un appendice espèces) pointu , rudiment d’un huitième. Notonecta glauca 7 Neva plana 0 Ranatra linearis 5 Tettiijonia fasciata 7 , et quelques arti- cles oblitérés. Fulgora cliadema 6 vrais articles , et quelques uns oblité- rés. III. Orthoptères. Phasma giganteum 7 grands et 3 petits articles cylindriques ( avec des appendices foliacés, comme ceux de la queue de l’E- crevisse ). Gryllusmorbillosus id. , seulement les anneaux sont plus courts. Sa larve 7 ; les 3 postérieurs , destinés aux organes génitaux , manquent. Acheta monstrosa 7 Mantis religiosa 7 , et un appendice , comme dans le Ci- mex. Mantis flahellicor‘ nis 4 articles petits, avec un appendice ; l’obli- tération de l’abdomen est compensée par l’extension énorme des articles du tho- rax. SQUELETTE DÈS AL’lkiUX ÀP.Trct'LÉS. IV. Névroplères. Agrion virgo (et 10 , savoir : plusieurs autres) 2 courts fixés à la poitrine , 5 longs , 3 courts, terminaux. V. Diptères. Tabanvs Hirtea Asilus Syrphns Mvsca v Mil p s'a ( La larve du Miles ia lutosa a en tout sept articles ; il en reste donc pour l’abdomen 4 Formica nigra 1 petit article en for- me de pédicule et . •>:. • • : i • 4 grands. Sircx gigas 8 et 1 article appen- diculaire. Ichneumon Id. Scolia bifasciata 6 et l’article appen- diculaire. Sphex larra 6 Pepsis héros 6 P epsis sabulosa Sphinx Noctua 2 articles en forme de pédicule, 4 renflés et 1 appendiculaire. 1 . Bombyx , Papilio 7;\S La Chenille a en tout 13 articles ; il en iri. - veux a trois anneaux s’oblitèrent donc pendant la métamorphose . îG 24 2 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. VIII. Coléoptères. Meloe proscara - hœus Staphylinus Carabus Ditiscus Hydrophiluspiceus 6 (ail côté tergal; Oit li en voit que 5 au côté ventral). Buprestis 6 Ceranihyx longi- manus 6 Scarahæus \ G (en dessous; au côté Çaïosoma ( terSal> on en C0mPtC ' 3 de plus ). Nous voyons donc que le nombre 14 est le plus bas , et le nombre 10 le plus élevé pour les articles de l’abdomen , mais que le nombre légitime 6 ne se retrouve partout que dans l’ordre placé en tête de tous les autres. CCCXXV. Quant à la longueur proportionnelle des diverses régions du corps et de leurs protoverlèbres en particulier , les plus grandes différences régnent à cet égard. Mais, si nous réfléchissons que la respiration prédomine chez l’Insecte par- fait , et que la région thoracique correspond à cette fonction, nous conclurons de 'là que la prédominance de cette dernière, sous le rapport de la capacité , doit caractériser la classe en- tière. GGCXXVI. En passant aux divers ordres en particulier , nous trouvons d’abord que , dans toutes les larves, l’abdomen prédomine beaucoup , sous le rapport tant du nombre des ar- ticles , que de la longueur , et que sa prédominance devient même monstrueuse dans certains genres , par exemple dans les Myrmeleon et Termes. Nous remarquons , en outre , à l’é- gard des Insectes parfaits , que l’abdomen prédomine chez ceux qui occupent le bas de l’échelle , par exemple dans tous les Aptères , et, parmi les Hémiptères , chez les Pucerons , plusieurs Punaises , les Hydromètres. Ce n’est que chez les Insectes placés au sommet de ce dernier ordre, les Fulgores, SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. %[{$ qu’on voit la protovertèbre céphalique acquérir une prépon- dérance extraordinaire. Un petit nombre de genres , qui se rapprochent des Coléoptères ( Coccus , Liyœus ) , ont déjà une grande poitrine. CCCXXVII. C’est aussi l'abdomen qui prédomine en général chez les Orthoptères et les Névroptères , et il le fait même quelquefois à un degré énorme , par exemple dans le Phasma (jiganteum et la plupart des Libellules. Il est rare qu’on ob- serve une prépondérance considérable de la poitrine et une oblitération des articles abdominaux ; quand ce cas a lieu , il constitue une difformité, une monstruosité, comme dans la Mantis flabellicornis et Y Empusa. CCCXXVIII. Les mêmes réflexions s’appliquent assez géné- ralement aux Diptères, aux Hyménoptères et aux Lépido- ptères , chez lesquels l’abdomen prédomine partout ; il n’y a qu un petit nombre d’ Abeilles et de genres voisins où la poi- trine acquière un peu plus de volume. Mais elle a une pré- pondérance bien prononcée dans les Coléoptères. A la vérité, certains genres de cet ordre [Meloe , Staphylinus } Car abus } Ditiscus ) ont l’abdomen proportionnellement très-gros ; mais, chez les plus parfaits d’entre les Coléoptères, lés Pyrrhus ’ les Sphœridium, les Onüii, et surtout les Scarabées, les trois pi otovertèbres thoraciques ont complètement acquis la prédo- minance sur les deux autres régions du corps. Si à cela l’on ajoute la régularité des anneaux de l’abdomen et la forme parfaitement ovalaire du corps entier , on doit considérer cette organisation comme fort ennoblie , et l’on serait presque tenté de ci oii e que les prêtres de 1 Égypte avaient été guidés par les inspirations d une haute science en mettant les Scarabées au nombre des animaux sacrés. CCCXXIX. Avant de passer à l’examen de la protovertèbre céphalique, faisons encore quelques remarques sur la confor- mation intérieure et les connexions mutuelles des protovertè- bres du tronc. A 1 égard de la conformation des protovertèbres abdominales , elle est presque toujours la même que dans les Cancérides ; en effet , ces vertèbres sont des anneaux parfaits , tantôt plus ci tantôt moins larges. Dans les larves et chez les insectes sQueletté des Animaux articulas. aptères, elles sont presque entièrement membraneuses, elcha- cune cl elles ne peut être partagée en plusieurs pièces. Les anneaux de l'abdomen paraissentégalemcnt simples dans beau- coup d’insectes ailés , et en même temps il leur arrive fréquem- ment de s’étendre sous la forme de longs cylindres ; c’est ce qui a lieu dans plusieurs espèces de Mantes et de Libellules. CCGXXX. Cependant on trouve aussi des exemples d’un dé- veloppement plus élevé de ces protovertèbres , qui commen- cent quelquefois à se diviser en diverses portions d’arc , c’est- à-dire en arcs tergaux et ventraux. Cette division s’aperçoit surtout très-bien dans plusieurs Gryllides , par exemple dans la Locusta verrucivora , où les arcs ventraux des proto vertèbres abdominales se trouvent séparés des tergaux , qui sont plus grands , par des pièces intermédiaires moins dures , à peu près comme, chez l’homme , les côtes le sont du sternum par les cartilages costaux , et où ces arcs élastiques supérieurs exé- cutent déjà réellement des mouvemens respiratoires , comme les cotes des animaux placés au sommet de V échelle. CCCXXXI. Mais il est digne de remarque que ce dévelop- pement n’a plus lieu chez les Insectes supérieurs , les Coléo- ptères , où l’abdomen se partage bien, il est vrai, en arc infé- rieur et arc supérieur , mais où il paraît aplati de haut en bas, précisément parce que la respiration, qui , dans les ordres in- férieurs , lui appartient encore en grande partie, se trouve en- tièrement concentrée ici dans la poitrine. Mais ce qu’il y a sur- tout de remarquable , c’est que , chez aucun insecte , il ne se développe de deutovertèbres aux protovertèbres abdominales. CCGXXXII. Mais il en est tout autrement des trois proto- vertèbres thoraciques ( protothorax , mésothorax et métathorax d’Audouin), qui ne diffèrent point de celles de l’abdomen dans la larve, mais qui, chez l’Insecte parfait, acquièrent un degré beaucoup plus élevé de développement , tant sous le rapport de leur connexion , que sous celui de leur segmentation inté- rieure. CCCXXXIII. Leur mode de connexion nous offre d’abord cela de particulier que les protovertèbres thoraciques médiane et postérieure se réunissent en une seule pièce , coalescence qui est surtout bien prononcée dans les Insectes supérieurs SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. 2/{5 (Coléoptères), tandis que , dans les ordres inférieurs, par exemple dans les Phasmes , parmi les Orthoptères , les deux protovertèbres sont encore très-distinctes l’une de l’autre. CCCXXXIY. A l’égard de la segmentation intérieure des protovertèbres thoraciques , des deux divisions primordiales de la protovertèbre en quatre et en six parties (pl. xxii, fig. xv), c est la seconde surtout qui prédomine, précisément parce que la conformation de l’Insecte tout entier a une tendance au rayonnement , au développement vers l’extérieur. Aussi peut- on très-bien distinguer , dans les protovertèbres du thorax , deux lames tergaîes (pl. xxv, fig. xxvii, c c), deux latérales ou costales [b b) et deux basilaires ( a a) , dont les deux premières et les deux dernières se réunissent ordinairement en une seule pièce. Cependant il ne résulte point de là un hexagone à côtés égaux ; car chaque côté, comme la poitrine entière, se divise, d api ès le rapport six , en deux pièces plus grandes et une autre plus petite, suivant le type de la fig. xxvii; de là résulte que la poitrine des Insectes est aplatie de haut en bas. Cependant , outre cette division essentielle par six , on aperçoit encore des traces d’une division non moins essentielle par quatre , qui entraîne le développement de deutoverlèbres parallèles à la protovertèbre , tout aussi formellement que la division par six entraîne celui de colonnes deutovertébrales rayonnantes sur cette protovertèbre. C’est au côté terrestre seulement , mais à la réunion des lames basilaires des trois vertébrés thoraciques , sur lesquelles repose la chaîne gan- glionnaire, que, d’après le type de la fig.xxvn,pl. xxv, x , il se développe unedeutovertèbre relative à cette formation ner- veuse. Cette deutovertèbre, nommée entothorax parAudouin, se forme assez souvent d’une manière complète , et plus fré- quemment encore sa division dichotomique laisse apercevoir tout simplement l’indice du carré qui résulte de la segmenta- tion par quatre (1). CCCXXXY . Les formes particulières de ces parties varient (0 On doit considérer comme vestiges des deuto vertèbres latérales le, anneanx qui forment les stigmates, et qui, par cette raison même , se trouvent ns le milieu des lames latérales (pl. xxv , fig. xs VII ? b by SQUELETTE DES ANIMAUX AktICULÆs. Jusqu’à l’infini clans les divers ordres et genres de la classe des Insectes. Je ne puis en donner ici que quelques exemples. Lès Orthoptères et les Coléoptères surtout sont remarqua- bles à cet égard. Ainsi , par exemple , la Locüsta vcrrucivora a, dans chacune de ses trois vertèbres thoraciques, des pièces basilaires bien distinctes , qui , cherchant à se développer en deutoverlèbres à l’intérieur , représentent par leur réunion une colonne deulovertébrale. On pourrait la comparer au sternum humain , développé non pas uniquement en corps de vertèbres, mais en deutovertèbres complètes. C’est seulement depuis la découverte de Dittmarsch , qu’on sait que la médiane d’entre ces deutovertèbres se développe ici jusqu au point d enve- lopper réellement les cordons longitudinaux de la chaîne gan- glionnaire ; car il se trouve en elle deux trous , à travers les- quels passent ces cordons nerveux. Or , comme les côtes s’at- tachent au rachis humain , de même à ces deutovertèbres soudées avec les lames basilaires, se fixent deux minces arcs latéraux de la protovertèbre , que les lames tectrices , avec lesquelles Us se soudent, ferment en haut et en dehors pour produire la protovertèbre , qui ici est aplatie dans le sens d’un côté à l’autre. CCCXXXYI. D’autres dispositions ont lieu aussi dans la poi- trine aplatie de haut en bas des Coléoptères. Chaque paire de lames basilaires des trois protovertèbres est caractérisée aussi parle développement d’une deutovertèbre ; mais celle-ci , du moins autant que j’ai pu m’en assurer jusqu ici , n enveloppe jamais complètement la chaîne ganglionnaire. C’est dans les anneaux postérieur et médian de la poitrine que ce dévelop- pement est le plus apparent; il y prend le type de la fig. xxvii, pl. xxv , x , de sorte que lbs arcs furculaires s’élèvent beau- coup , presque comme si , dans la protoverlèbrc hexagone t u d'ermatosquelette , il voulait se former une protovertèbre car- rée d’un névrosqueletlc. A la protoverlèbre thoracique ante- rieure , la deutovertèbre manque quelquefois cntieremen , ou n’a pris qu’un faible développement ( Hydrop n >/ s pic eus , Lücanus cervus). Dans quelques genres, notamment es pluies , on trouve en outre un vestige de trilovertebres para - lèles inférieures ou dé corps vertébraux (pl. xxv, hg. xxvii, a), squelette DES ANIMAUX ARTICULÉS. 247 que les entomologistes appellent sternum , et avec raison , puis- que le sternum humain lui-même est une colonne tri'tô verté- bral 6 de cette sorte. On voit alors ce sternum représenter une forte pointe saillante en arrière , sous l’abdomen , et à cet égard je ferai remarquer que le sternum de la vertèbre mé- diane et celui de la vertèbre postérieure se réunissent toujours complètement ensemble , tandis que celui de l’antérieure' de- meure isolé. CCGXXXVII. Passons maintenant aux protovertèbres cépha- liques. , ; En ce qui concerne d’abord les rapports numériques, ils sont simplifiés d’une manière fort remarquable chez les In- sectes , comparativement à ce qu’ils étaient dans les Crustacés. Au lieu que la tête de ces derniers èomprenait quelquefois trois vertèbres sensorielles'" et six vertèbres maxillaires , il rie reste ici que trois vertèbres en tout , et ce sont celles qui ap- partiennent essentiellement à la tête , c’est-à-dire les vertèbres sensorielles. Mais deux de ces vertèbres ont dû réuhir en elles la signification de vertèbre sensorielle et Celle de Vertèbre maxillaire , tandis que l’autre demeure vertèbre sensorielle proprement dite , protovertèbre céphalique ou crânienne , ayant essentiellement la même signification que la protovei1- tèbre céphalique des Céphalopodes, c’est-à-dire celle dé ver- tèbre optique. C’est cette dernière qui séulë forme l'anneau vésiculëüx dont se compose essentiellement la tête dé txM lés Insectes (pl. xxv, fig. xxvi, 1). Sa formation est extrêmement simple , ce n est qü un anneau , dont la configuration exté- rieure varie beaucoup , mais qui la plupart du temps néan- moins est assez globuleux, qui porte des deux côtés les yeux, et qui enveloppe l’anneau nerveux primaire, avec son ganglion cérébral et son ganglionsous-œsopliagien. Les entomologistes appellent front la moitié supérieure de cet anneau , et fugulum sa moitié inférieure. Lés Insectes supérieurs sont lëS' sè'uls chez lesquels il s’y développe encore • au côté terrestre , et correspondante au ganglion inférieur de l’anneau nerveux primaire , unedeutovertèbre , qu’on pourrait nommer vertèbre crânienne interne , et qui est parfaitement analogue' aux deu- tovertèbres que j’ai déjà indiquées dans la poitrine. J’ai décrit *48 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. le premier cette vertèbre crânienne interne (1) ; mais je ne l’ai rencontrée que dans les genres supérieurs d’insectes. Elle est surtout très-prononcée dans le Luoanus ccrvus. Les genres in- férieurs , tels que Curculio , Ceramhyx , Car abus , n’oflrent rien de comparable. CCGXXXVIII. Tandis que la protovertèbre crânienne pro- prement dite est développée en un anneau complet , les deux autres , destinées ensemble aux mâchoires , ne le sont que d’une manière partielle ; mais , au lieu d’être en arrière de la vertèbre sensorielle , comme le sont les vertèbres maxillaires des Crustacés , elles sont au devant, de manière qu’elles ter- minent la tête en avant , et que , par ce transport de la région du point vital de la tête à l’extérieur , elles représentent un rapport plus beau ou plus harmonique. Nous pouvons donc les désigner sous le nom de vertèbres faciales. Il règne , du reste , dans la formation de ces vertèbres fa- ciales , le même type que dans les rudimens des vertèbres fa- ciales delà tête des Céphalopodes, et, comme lui-même dans les protovertèbres abdominales de l’Insecte, chaque protovertèbre se divise ici en deux arcs , l’un supérieur plus grand , ou lame tectrice, l’autre inférieur plus petit, ou lame basilaire. Les entomologistes ont désigné l’arc supérieur de la première prolovertèbre faciale , celle qui suit immédiatement la proto- vertèbre crânienne , sous le nom de chaperon ( clypeus ) (2), et son arc inférieur sous celui de menton ( mentum ) ; ils appel- lent labre l’arc, supérieur de la seconde protovertèbre faciale, ou de l’antérieure, et lèvre son arc inférieur. Dénominations insignifiantes et arbitraires , qu’on ferait bien d’abandonner peu à peu ; car nous avons besoin ici de termes expressifs qui fassent connaître l’homologie primordiale de ces arcs avec d’autres , et qui indiquent avec quelle parfaite légitimité , chez les Insectes supérieurs , les arcs protovertébraux , à partir du point d’intersection entre la poitrine et l’abdomen , vont en se rapetissant peu à peu , et pour ainsi dire en s’oblitérant , (1) Zeitschrift fier Natur-und Heilkun.de , Dresde, i8ax, t. II, cah. III. (2) Fabricius eu>brasse sous le nom de clypeus le chaperon et la lèvre supérieure. 1 ' .iriï SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. tant à la partie antérieure du corps , par les formations plus relevées de la poitrine , du crâne et de la face , qu’à sa partie postérieure , par les formations moins relevées de l’abdomen. On peut comparer ensemble , sous ce point de vue , les proto- vertèbres de la tête , du thorax et de l’abdomen de X Hydrophi- lus piccus , où ces belles proportions se manifestent d’une ma- nière fort simple ; car , comme la nature s’efforce souvent de cacher sous des milliers de formes la loi à laquelle elle obéit , de même aussi elle le fait dans les proportions des vertèbres céphaliques, qui, à la vérité , restent toujours les mêmes es- sentiellement , mais se modifient prodigieusement , infiniment même. CCCXXXIX. Afin de signaler au moins quelques unes des modifications les plus remarquables, je vais rapporter les extrêmes sous le rapport du volume , tant des protovertèbres^ faciales que des protovertèbres crâniennes. Les protovertèbres faciales , celle surtout qui tient imme'- diatement au crâne , s’accroissent d’une manière véritable- ment monstrueuse dans les Charansons , où elles produisent un long cylindre auquel est dû la forme singulière de la tête chez ces Insectes. La protovertèbre crânienne , au contraire , acquiert un développement vésiculaire monstrueux dans les l' ulgores. Son renflement est moins grand chez plusieurs Co- léoptères, le Cerf-volant, par exemple. Du reste , ici comme à 1 égard du névrosquelette des animaux supérieurs , l’accrois- sement du crâne par rapport à la face décèle naturellement toujours un type plus élevé que le cas inverse. CCCXL. 11 ne nous reste plus qu’à parler de la segmentation des colonnes deutovcrtèbralcs rayonnantes , c’est-à-dire des membres. On peut établir , à cet égard , les propositions sui- vantes : 1° Comme tous ces rayonnemens se font dans le sens du rayon , et qu en conséquence ils sont déterminés par l’hexa- gone , la même chose a lieu dans les Insectes. 2° Comme c est dans la direction du milieu supérieur et inférieur du corps , et des points de l’hexagone qui correspon- dent là , parce que ces points marquent en même temps la di- vision en quatre de la protovertèbre , que prédomine la for- 230 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. malion des deutovertèbres parallèles à celte dernière , et comme par cela même le développement de membres rayon- nons s’effectue essentiellement sur les deux points de l’hexa- gone qui tombent de chaque côté de la protovertèbre , il ne se produit non plus , dans les Insectes , que des membres pairs , qui se divisent en latéraux supérieurs et latéraux inférieurs. 3° Comme le premier développement de membres est en- core relatif à la vie végétative , et se dessine sous la forme de branchies , il en est de même aussi chez les Insectes , où celte signification primordiale ne peut être méconnue , soit dans les lames complètement branchiales de certaines larves , soit dans les membres latéraux supérieurs (ailes) des Insectes par- faits (1). CCCXLI. En descendant aux détails, nous examinerons d’a- bord les membres du tronc , parce que ce sont ceux qui pren- nent le plus de développement sous le rapport de l’étendue. Ici se présente une loi applicable à tous les Insectes , quel- que infiniment diversifiées que soient leurs formes. Chez tous , en effet , la poitrine , région du corps principalement destinée à la respiration , et qui par cela même acquiert déjà une pré- pondérance de volume dans les Insectes supérieurs , est la seule rècjioù dhi tronc où se développent de véritables membres pairs de ce même trône. En ce qui concerne les larves , qui , en général , ont des membres au tronc , quoique certaines , par exemple celles de la plupart des Diptères et des Hyménoptères , en soient dé- pourvues , elles offrent trois membres thoraciques inférieurs , c’est-à dire trois paires de pattes. Indépendamment de ces trois paires , quelques làrves ont encore dés membres abdominaux particuliers , mais qui sont ou de simples lamelles branchiales ( comme dans beaucoup de Crustacés ) , ou des espèces de ventouses ( comme dans 'les An- nélidSes'j les Sangsues par exemple ). Le premier cas est celui des larves de certains Névroptëres , et le second celui surtout (i) L’homologie est devenue plus évidente depuis ma decouverte d’une circulation dans les larves d’Ephémères et de Libellules , où. j ai| montré que les germes dès ailes se' comportent comme de vraies branchies. SQUELETTE DES ANIMAUX ALTICULÉS. 25 1 des larves de Lépidoptères. Enfin il arrive quelquefois aussi que certains membres de la première protovertèbre du corps, c’est-à-dire de la tête , se répètent à la dernière protovertèbre abdominale. C’est ce qu’on observe tant chez des larves que même chez des Insectes parfaits appartenant à des espèces in- férieures. On peut citer comme exemples remarquables du pre? mier genre les couronnes de rayons simples ou pinnés qui entourent l’ouverture anale et en même temps respiratoire de plusieurs larves de Diptères , par exemple dans les famille? des Stratiomydes et des Tipulariées : c’est la forme la plus pure de membres rayonnons disposés , en nombre encore in- déterminé , au pourtour entier de la protovertèbre. Des exem- ples du second genre nous sont fournis par les aiguillons d’une multitude d’Hyménoptères , qui , avec leurs lames et leurs gaines , correspondent aux mâchoires , et par les pondoirs, qui garnissent le canal prolongé des voies génitales , comme les mâchoires garnissent le prolongement de l’œsophage. CCCXLII. Les membres du tronc qui prennent le plus de développement sont ceux de la poitrine. Comme la poitrine est formée de trois protovertèbres, et que toute protovertèbre exige à proprement parler une paire de membres latéraux en haut et une en bas , on devrait aussi ren- contrer à la poitrine trois paires de membres supérieurs et trois de membres inférieurs , et , comme les Insectes ne vivent plus dans 1 eau, mais sont des animaux aériens , trois paires de mem- bres aériens ( branchies desséchées, ailes), et trois paires de membresterrestres (filets branchiaux cornés etarticulès, pattes). CCCXLIÏI. Les trois paires de membres terrestres sont dé- veloppées dans tous les Insectes, et môme chez la plupart des larves. Quant aux trois paires dé membres aériens , nulle part elles n’arrivent à un développement complet ; lés derniers genres des Insectes et toutes les larves en sont dépourvus , et même, parmi les genres supérieurs! beaucoup (Diptères) n’ont qu’une seule paire d’ailes , à la prolovcrlèbre thoracique mé- diane ; d’autres ( Hyménoptères , Orthoptères , Névroplëres , Hémiptères , Lépidoptères , Coléoptères ) n’en ont qüe deux, à la protovertèbre médiane et à la protoverlèbré postérieure du thorax. Çà et là seulement on retrouve des rudimens' d’utlc 2Ô2 squelette des animaux articulés. troisième paire d’ailes pour la protovertèbre thoracique anté- rieure ’i par exemple , dans la Muntis flabellicomis , où l’on aperçoit, au dessus de la paire antérieure de pattes, deux la- melles cutanées très -saillantes, qui sont tout aussi bien les vestiges d’une paire antérieure d’ailes, que les balanciers si- tués derrière les ailes de la protovertèbre médiane des Di- ptères sont ceux d’une paire postérieure. CCGXLIV. Il ne saurait entrer dans mon plan de décrire les formes si diversifiées des ailes ; mais je dois faire quelques observations générales sur la formation de ces organes. Ce qu’il y a surtout de remarquable , c’est 1° La manière dont ils se produisent dans la situation de lames branchiales appliquées immédiatement au corps , mais pleines , et dans les trachées desquelles l’air n’a point encore pénétré , c’est-à-dire sous la condition des poumons du fœ- tus des animaux supérieurs à respiration aérienne ; 2° Celle dont, à la sortie de la nymphe , l’action des muscles internes de la poitrine , en rétrécissant cette dernière , chasse l’air que ses trachées contiennent dans les trachées des ailes, qui par là s’étendent , se dessèchent , et deviennent de véri- tables ailes , absolument comme , chez les animaux supérieurs, la distension des poumons , à la sortie de l’œuf ou du corps de la mère , tient à l'afflux de l’air extérieur déterminé par l’am- pliation que les muscles externes de la poitrine font prendre à la cavité de cette dernière ; 3° Celle dont les ailes de plusieurs Insectes se segmentent. Dans plusieurs ordres de tétraptères , en effet , tels que les Hyménoptères , les Névroplères et les Lépidoptères , les ailes sont simples , et les deux paires se ressemblent assez bien. Dans d’autres , au contraire, elles sont dissemblables ; la paire antérieure' devient absolument cornée , c est-à-dirc qu elle devient plutôt opercule que branchie , et l’autre paire, qui demeure membraneuse , se segmente de manière à ce qu on y puisse distinguer déjà plusieurs parties unies ensemble par des articulations. Chez les Coléoptères , ce type est parfaite- ment pur et légitime , puisqu’on retrouve de nouveau une di- vision en trois (pl.xxv , fig. xxvii, «p 7), savoir, un article su- squelette des animaux articulés. a53 périeur, un article inférieur et un article terminal (1), dont chacun esl désigné par des deutovertèbres (nervures desailes) rayonnantes ( simples à l’article supérieur et doubles à l’infé- rieur), qui deviennent en quelque sorte diconiques. C’est entre l’article inférieur et l’article terminal que le mouvement est le plus libre ; c’est là que s’effectue le ploiement, au moyen du- quel l’aile membraneuse se cache sous l’aile cornée anté- rieure ( d’après le type 7', fig. xxvii ). CCCXLY. Passons maintenant aux membres latéraux rayon- nans inférieurs, ou aux pattes. Comme les ailes partent de la protovertèbre , entre ses lames tectrices et ses lames laté- rales , les pattes , conformément à la division de cette proto- vertèbre d’après l’hexagone , doivent sortir entre les lames la- térales et les lames basilaires ( pl. xxv, fig. xxvii ). Cependant l’article supérieur de chaque patte s’applique la plupart du temps à la lame basilaire , de sorte que, non-seulement un examen superficiel peut faire croire que les pattes sortent de la ligne médiane inférieure de la poitrine , mais encore on a été conduit par là à mal apprécier la segmentation propre- ment dite de ces membres, en sorte que les dénominations dont les entomologistes se servent pour les désigner reposent sur des analogies entièrement fausses (2). CCCXLVI. Une patte d’insecte doit être envisagée essentiel- lement et rigoureusement comme une colonne deutovertébrale rayonnante segmentée d’après les mêmes rapports que ceux qui dominent dans toute la colonne vertébrale du tronc , et ont toutes les vertèbres sont primairement représentées par une sérié de vésicules comparables aux articles de l’abdo- men du Scorpion, qui, venant à s’étendre et à croître aux eux extrémités , dégénèrent en dicônes creux. Mais ce à quoi . .f.1'' Chabner C0IUPa‘e déjà avec beaucoup de justesse l’article supérieur a 1 humeras, l’inférieur an radius et au cubitus, et le terminal à la main. (2, De même à peu près, chez les animaux supérieurs ( les Ongulés par exemple), 1 implantation de la cuisse on du bras ( fémur ou humérus) dans les chairs du tronc donne à la jambe l’apparence do la cuisse , et au talon celle du genou, dénominations qui sont même passées dans les écrits des vété lunaires , comme les faux noms des parties de là patte des Insectes dans ceux des enlomqjogjsjes. Oken s’est élevé le premier contre cette erreur. &54 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. il faut surtout avoir égard, et ce qu’on doit expliquer par la tendance du nisus formativus de dedans en dehors , c est que, dans chaque dicône, le cône tourné en dehors est le plus gros (pl. xxv, fig. xxxiii), et que l’article terminal seul apparaît sous la forme d’un cône simple , ordinairement fort allongé , ce qui d’ailleurs résulte déjà de la construction relative à toute co- lonne de dicônes ( § CLII, 3 ). CCCXLVII. Ayant ainsi fait connaître le type des vertèbres secondaires rayonnantes ou des articles de pattes , je vais par- ler maintenant de la segmentation de la patte entière , ou de la colonne deuto vertébrale envisagée dans son ensemble. Je viens de dire quelle est déterminée par le prototype du tronc. Or la colonne vertébrale du tronc se segmentait de la manière suivante : Thorax Pectus Abdomen a ; a» aaaaaa. La patte se segmente donc d’après le même rapport, savoir : Article supérieur Article inférieur Article terminal s a ; aa \ aaaaaa. L’article supérieur ( pl. xxv, fig. xxvii , aa ) est absolument simple : il s’implante dans la lame basilaire de la vertèbre thoracique. Les entomologistes lui donnent le nom de hanche, mais il mérite plutôt celui de fémur. Il est ordinairement le plus épais, et souvent il se renfle en une vésicule. L’article inférieur se partage , comme la poitrine alilere , en deux portions , l’une plus petite; et l’autre plus grande , qui se soudent assez intimement ensemble. Les entomologistes ont coutume de les désigner collectivement sous le nom de fémur ; mais l’ensemble correspond plutôt au tibia soude avec la ro u e ou pour mieux dire à la jambe entière. L’analogie de form entre l’article supérieur et l’inférieur exprime si daireme celte analogie , qu’on conçoit à peine comment les en oin - ont nu la méconnaître. L'article terminal se divise, eommç l'abdomen , en , s^seg- meus , dont les deux plus extérieurs sont a«ts , autres généralement petits , de soi te qu 01 . . cu. raîtrCfici une segmentation d’apres le type • 1 SQUELETTE UES ANIMAUX ARTICULÉS. 255 lement dans un ordre nouveau. Les entomologistes appellent le premier de ces segmens , qui est le plus long , tibia , et les autres articles du tarse. Le premier nom porte à faux et le second ne convient pas non plus à toutes les parties qui le portent , si l’on réfléchit que l’article terminal entier correspond à un orteil de six pièces , représentant , la première et la seconde (pl. xxv,fig.xxvn,77, xxxm, d, 2) , !e tarse; la troisième (fig. xxxm, 3'), le métatarse’; la quatrième , la cinquième et la sixième ( fig. xxxm , 4', 5', C ' ) , les trois phalanges. CCCXLVIII. Mais , de même qn a l’extrémité des six articles abdominaux se développent ordinairement des rudimens de membres qui font office de membres respiratoires ou génitaux ( § CCCXLI) , de même aussi , à l’extrémité de chaque°coIonne vertébrale de patte, il se développe des articles onguéaux, qui cependant, d après cette analogie même, et parce qu’en eux commence une nouvelle série , doivent être placés, non à S «uite les uns des autres, mais à côté les uns des autres Z divises dans une nouvelle direction. Généralement la db ’înn du membre en trois est indiquée : mais presque toujou rs rar_ jC e ™edian se trouve réduit à une simple soie , lundi s CTue les deux latéraux deviennent de plus eros cônes c’est > ongles (pi. xxy, fig, xxy„, Lm, l'2'y) C’esT . .a ,es entomologistes les articles des tarses , maintenu tanCe à compter et mesurer du nombre de ces articles est t*U d'10 ia ia*son Philosophique démontrée , non-sculeqicnt il y i>.56 SQUELETTE DF.Ô ANIMAUX AllTICÜLÉS. aurà nécessité plus grande encore de s’y attacher, mais même on arrivera souvent aux rapports les plus remarquables , en comparant le nombre d’articles du tarse propre à chaque genre avec les autres nombres dominans dans le corps. Je n’en cite- rai ici qu’un seul exemple : en procédant ainsi , on aperce- vra fréquemment un antagonisme bien prononcé entre les rap- ports numériques de la segmentation du tronc et ceux de la segmentation des pattes, antagonisme d’où il résulte que quand la segmentation du tronc outrepasse la proportion légitime de 1 ; 21 3X2, celle des pattes reste en-deçà de sa limite nor- male. On peut s’en convaincre par la comparaison d’une larve avec l’Insecte parfait. Dans la chenille , par exemple , la seg- mentation de ce qui deviendra plus tard l’abdomen , n’est peint 6 , mais 6 + 4 , et par conséquent 10 , tandis que ce qui représente les articles des orteils n’olïre que la segmentation 6. 4, par conséquent 2. Dautres rapports analogues s oflri- * nt en foule à ceux qui font leur étude spéciale des Insectes. 0ua nt à moi, je me bornerai à donner encore un tableau des vertèL 'res digitales, semblable à celui que j’ai déjà tracé pour les verb ^res du tronc. Genre dt espèce. I. Aptères Pedicn ^“s" 1 Iî» Hémiptères Pmicitrci Iinccu'ts Nomltfe total des Remarques sur articles digitaux le noiubro des on- proprement dits , gles et sur la pro-* c’est-à-dire du ti- portion des arti Lia et du tarse des clés du tarse, entomologistes. a 3 ongles , en forme de pince. Les jambes se rap- prochent beau- coup des pattes d’Ecrevisse 'pour la segmentation. 2 a petits ongles. Les articles fili- formes du pied rappellent les pat- tes des Araignées, SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS, Notonecta glauca • Si gara striata lly dromctra la * j cas iris J l 2 ' t • * • • L’ongle est sim- ple. Fulgora îaternaria 4 2 ongles. Tettigonia . 3. 2 ongles. Larve 2 ongle simple. • i i » »»' t Ligœus 4 ongle simple. Nepa plana 3 ongle simple. lllatta orientait s 6 . 2 ongles. Les trois articles mé- dians du tarse très-courts. III. Orthoptères Acheta monstrosa 6. Cependant le 4' et le 5e articles du tarse sont sou- dés en haut. 2 ongles, et dans l’intervalle une la- melle saillante, ru- diment d’un troi- sième ongle. Grillas stiiclulus 6 aux pattes de derrière, trois à celles de devant. id. Phasin a giganteum 6 à toutes les pattes. id. IV. Névrojnèïxs Agrion virgo ( et autres ) 4 2 ongles. Les trois articles du tarse sont fort courts. V. Diptèrcl! Tipula pratetuis 6 2 ongles , avec ( et autres ) q , • , / une soie mé- diane. Les cinq articles des tarses vont en dimi- nuant régulière- ment de longueur. VI, Hÿinèhop'tèfei > Tenthredo fcmo- G 2 ongles. Tout rata{ et autres) le pied se rappro- che déjà de celui des Coléoptères ; seulement la han- che fait une très- • ‘ ?viti;q «i itm: xhsJa grande saillie en dehors. II L, * .... »v *7 ü58 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. VII. Lépidoptères Sphinx Noctua Bombyx î 2 ongles. Les cinq articles da tarse se raccour- cissent réguliè- • u • <’ * v ami Les chenilles n’ont en général , ans vraies pattes tho- raciques, que trois articles courts, en- grenés les uns dans les autres , et un ongle ; si ou en compte un pour la jambe, il en reste , . :iy Dans la chenille du Bombyx fagï , le même nombre règne , mais les articles ont un rap- port inverse. La jambe est courte et suivie de dans la Tipule. i article tarsien court et x ongle simple. Papilio. Cependant les Nymphes , parmi les Papillons, n’ont à la paire anté- o rienre de pattes (pattes antérieures) que longs articles et I court ongle, digitaux (un long tibia , et un long article de tarse , d’après le langage ordinaire ). 6 2 ong les. 3 articles et aux autres pattes 6 Sans ongles. Les deux articles du tarse sont très- courts. a ongles. / SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. VIII, Coléoptères Pselaphus 4 i ongle. Les ar- ticles du tarse sont très-courts. Bostrîchus Scarabœus Carabus, et en gé- néral la plupart des genres 6 i Hydrophilns 6 J 5 le rudiment d’un troisième. a ongles. CCCL. Les membres de la tête nous restent encore à exa- Dejà , dans les Crustacés et les Arachnides , nous avons trouvé deux sortes de membres à la tête , des mâchoires et des organes sensoriels , qui , à proprement parler , ont entre eux le même antagonisme , à une plus haute puissance seule- ment, que les pattes et les branchies au tronc. En effet , l’or- gane olfactif, qui ordinairement conserve de l’analogie avec les branchies , et qui , dans les animaux supérieurs, en a avec les poumons , est en quelque sorte la branchie savourant les propriétés chimiques ou électriques du milieu respiré ; l’or- gane auditif, dans l’essence duquel il entre par conséquent toujours, chez les animaux supérieurs, d’être formé de cellules aei îennes , est la branchie palpant le mouvement intérieur de ce milieu ; enfin l’organe visuel, dans lequel la substance ner- veuse s’étale même en membrane , est la branchie] nerveuse sentant la tension lumineuse qui domine dans ce milieu. CCCLI. Pans les Crustacés, les organes sensoriels et les mâ- choires étaient encore généralement répartis sur des proto- vertèbres différentes de la tête, de même qu’aussi, chez ces animaux, par exemple, dans les Squillares, il arrivait fréquem- ment a des branchies et à des pattes de se développer sur di- verses protovertèbres du tronc. Dans les Insectes, au con- traire, le nombre desprotoverlèbres céphaliques étant simpli- ie , des organes sensoriels se réunissent avec les mâchoires 2^0 SQUELETTE DES ANIMAUX AtlTiCULÉS. Le développement des yeux a lieu principalement (et che2 les Insectes supérieurs seuls ) dans la direction des deux côtés (pl. xxv, fig. xxviii , e ). Quelquefois , cependant , il s’o- père dans le sens de la division perpendiculaire de la proto- vertèbre (7) , ou dans celui de la division ultérieure de cette direction perpendiculaire , mais toujours chez les seules espè- ces inférieures, où proviennent de là les stemmates , les yeux lisses. Or, si l’emplacement des yeux est déterminé par la di- vision en quatre de la protovertèbre , la division en six de cette dernière détermine ( comme à l’ordinaire ) des produc- tions rayonnantes ( lîg. xxviii, S). Mais celles-ci, en leur qualité de membres nerveux ou lumineux , comme les yeux , ne se développent qu’à la partie supérieure. Ce sont les antennes , dont la forme est susceptible d’un si grand nombre de modi- fications et de segmentations (1). CCCLII. Les membres de la vertèbre faciale qui vient immé- diatement après la vertèbre crânienne se trouvent, comme ceux de la poitrine (fig. xxvii), dansla direction de l’expansion rayon- nante supérieure ou inférieure. Ainsi , la première vertèbre faciale , représentée par le chaperon et le menton , porte une paire de membres latéraux supérieurs ou de mâchoires , et une paire inférieure (fig. xxviii, 1,«, (3). La paire supérieure reçoit le nom de mandibules , et l’inférieure celui de maxilles. Dans cette dernière, la formation des pattes se répète, comme nous l’avons vu déjà chez beaucoup de Crustacés , et de là résultent les palpes maxillaires (fig. xxviii, fi', xxix, p'). Cette répétition n’a généralement point lieu à la paire supérieure ; je n’en connais qu’un seul exemple dans le Passalusjavanicus{ 2). CCCLIII. Les membres delà vertèbre faciale antérieure, qui est la plus oblitérée , et représentée par le labre et la lèvre, sont aussi réduits à l’état rudimentaire, et seulement un peudévelop- pés à la partie inférieure (fig. xxviii, 3, 7 et 7'). Mais ici, les ré- pétitions delà formation des pattes sont plus essentielles que des (1) Il est rare que les yeux îles Insectes soient encore pédicules comme cenx des Crustacés; tel est pourtant le cas de ceux du Diopsis, par exemple, (a) Ces mandibules forment un petit rayonnement mobile , indique en,' { fig, XXVIII. SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. o6t indices de mâchoires : car on trouve partout les premières sous la forme de palpes labiaux , tandis cpie le vestige d’une paire de mâchoires , comme prolongemens lamelleux mobiles de la lèvre, n’appartient qu’à quelques genres inférieurs , par exemple , aux Grillons , aux Libellules , aux Capricornes. On doit encore remarquer , comme fait physiologique impor- tant , que la répétition de la formation des pattes à la tête de 1 insecte , qu’elle affecte la forme , soit de palpe maxillaire , soit de palpe labial , se subtilise toujours en quelque sorte , et devient un organe sensoriel , tandis que la patte elle-même n’était qu’un simple organe locomoteur. CCCLIV. Malgré le caractère de généralisation du tableau que j’ai tracé des membres essentiels de la tête des Insectes , on y trouve néanmoins les élémens dont la nature , qui tend toujours à diversifier infiniment les formes, se sert pour pro- duire toutes les modifications individuelles. Les variétés que présentent ces membres , et dont les entomologistes n’ont pas moins profité que de celles des membres du tronc, pour trouver les caractères des genres , pourraient aussi conduire à d importons résultats , si l'on remontait à la loi d’où elles dé- pendent. Mais il n’entre pas dans mon plan de me livrer ici à ces recherches. Je dois seulement parler encore de quelques unes des principales modifications (1). CCCLV. La plus pure manifestation du type normal des membres céphaliques se trouve chez les Insectes , où ils ne s écartent presque pas delà description donnée plus haut , le iScarabœus stercorarius , par exemple. Quant aux modifications prodigieusement multipliées que ces parties présentent dans les divers ordres et genres d’in- sectes , je ne puis mieux faire que de renvoyer Te lecteur à (i) Non* devons à Savigny nn excellent travail sur les membres des ver- tébrés faciales, on, comme disent les entomologistes, snr les parties de la bouche des Insectes et des Crustacés. Quoi qu’il n’ait point reconnu que le type normal de ces membres se rapporte à celui de la vertèbre, Savigny a cependant très-bien démontré que toutes les formes si diverses qu’ils affectent ne sont que des modification, d’une seule et même forme , d’un seul et même DOinbre fondamental. 2&2 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. l’ouvrage de Savigny , en me bornant ici à un petit nombre d’exemples. CCCLVI. Les principales modifications se rapportent égale- ment ici à l’accroissement ou à l’oblitération des parties , effet d’un antagonisme prononcé. Ainsi , chez quelques Coléoptères, le Cerf-volant mâle , par exemple , les mandibules sont extrê- mement grandes , tandis que les maxilles sont presque entiè- rement effacées. De même , dans les Çharànsons , les parties de la première vertèbre faciale prennent un accroissement considérable , et se réunissent en un cylindre simple (pl. xxv, fig. xxx ), tandis que le labre, la lèvre et les mâchoires sont ré- duits à de très-faibles proportions. De même aussi , dans les Abeilles , les mandibules , les maxilles , le labre et la lèvre prennent la forme de longues et minces lamelles ( fig. xxxi), qui renferment la trompe, prolongement tubuleux du pharynx. De même encore , chez les Cousins , les rudimens des mâchoires, au lieu de se développer en organes manducateurs , acquiè- rent la forme de suçoir. Mais les Lépidoptères sont , de tous les Insectes , ceux qui s’éloignent le plus du type normal, dans le développement de leurs membranes céphaliques , dont il ne reste plus chez eux que les maxilles , qui , par cela même, acquièrent des dimensions considérables. Les deux maxilles prennent ici la forme de gouttières , et se réunissent en un long suçoir roulé en spirale , auquel les entomologistes donnent tous le nom de langue : il ne reste que de petits rudi- mens des mandibules. Les palpes maxillaires s oblitèrent en- core davantage ; mais les palpes labiaux se développent beau- coup , et représentent des valves latérales prolongées en haut , qui reçoivent entre elles le suçoir spiral des maxilles (pl. xxv, fig. XXXII). CCCLVII. Avant de quitter l’histoire du dermatosquelette des Insectes , il s’agit d’examiner encore 1° les vestiges de né- vrosquelette qu’on y observe; 2° la signification des rayonne- mens autres que des membres , qui en émanent. CÇCLYIII. Quant aux vestiges du névrosquelctto, ce quia été dit des Crustacés (§cccxvn) s’applique également aux Insectes. Toutes les fois que les deutàvertèhres parallèles se développent , il y a , par cela même , des rudimens de névrosquelelte pro- SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. a63 prement dit ; car le névrosquelettè est tout aussi positivement caractérisé par la formation de deutovertèbres , que le der- matosquelette par celle de prolovertèbres (§clixvii). Mais ce qui prouve que les deutovertèbres céphaliques internes de quelques Insectes et les deutovertèbres thoraciques internes de ces animaux sont réellement des parties d’un névrosque- lette , c’est non-seulement quelles enveloppent des portions essentielles du système nerveux , mais encore qu’elles ne par- ticipent point à la mue du dermatosquelette, pas plus chez les Insectes que chez les Crustacés , et ne commencent à se déve- lopper que quand le cercle des métamorphoses de l’Insecte est terminé. CCCLIX. A l’égard du second point, il nous conduit à dis- cuter la for mation des poils et des plumeç pliez les Insectes et chez les Corpozoaires en général. Les Insectes étant ceux deces der- niers chez lesquels les expansions rayonnantes de la peau se dé- veloppent le plus, c’est en eux aussi qu’il sera le plus facile d’é- tudier le mode de formation et la signification de ces produc- tions , et nous pourrons y rattacher ce que nous aurons à dire des rayonnemens analogues, tant chez certains Mollusques que chez les autres animaux articulés. CCCLX. Pour bien concevoir la signitication de ces expan- sions rayonnantes , il est nécessaire de se rappeler ce que nous avons dit au sujet de la construction générale de la mul- tiplication périphérique d’une sphère ( § CXLII). Nous avons vu que cette multiplication , dans une sphère donnée , peut avoir lieu sur tous les points indistinctement de la périphérie , et avec le caractère d une pluralité indéfinie , ou sur certains points seulement de cette périphérie , et en se conformant à certains rapports numériques normaux. Nous avons déjà trouvé des rayonnemens de ce genre chez les Oozoaires , mais en nombre indéfini , et disséminés sur toute la surface de la sphère animale. C’était le cas des épi- nes des Oursins. Dans les Céphalozoaires , et surtout dans les animaux articulés , le rayonnement d’après des rapports nu- mériques normaux et déterminés prédomine, et les membres, essentiellement formés de colonnes de sphères, ne rayonnent '/64 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. qu’en certaines directions, qui sont celles de l’hexagone, comme l’exige déjà la construction générale. CCCLXI. Mais comme chaque série de formation exige que là où elle se termine , le point par lequel elle débute se trouve indiqué de nouveau (1) , de même aussi le rayonnement d’a- près des rapports numériques normaux doit être accompagné de rayonnemens ayant le caractère d’une pluralité indéter- minée. Si Ton a suivi attentivement la marche de cette construction, on sera convaincu que , parmi les animaux privés de moelle épinière et de cerveau , les articulés , qui occupent le premier rang , et chez lesquels le rayonnement d’après des rapports numériques normaux se développe au plus haut degré de pe fection dans les membres, doivent nécessairement aussi être ceux chez lesquels les rayonnemens ayant le caractère d’une pluralité indéterminée se prononcent de la manière la plus marquée (pl. xxv , fig. xxvii , eriüe graine se développe dans la üeur, etc, SQUELETTE DES ANIMAUX ÀnTICULÈS. 265 pansions ne se séparent point encore de l'épiderme et n’en sont que des prolongemens tubuleux. Tel est le cas des poils qu’on observe sur certaines Bivalves et Univalves, ainsi que sur les Annélides et les Chenilles , mais plus encore des épines qui garnissent le test de divers Mollusques et Crustacés. A un plus haut degré de développement, on voit apparaître d’abord des formations sphériques creuses de l’épiderme (bulbes), et d une autre petite sphère renfermée dans ces bulbes , qui contient ordinairement du pigment , sortent ensuite les poils ou les écailles plumeuses. D’après Heusinger , il n’y a que les poils respiratoires des Cancérides et les écailles des Lépido- ptères qui soient dans ce dernier cas. CCCLXIII. Si maintenant nous comparons ce qu’il y a d’es- sentiel dans toutes ces formations avec les particularités éga- lement essentielles du développement des branchies, des pattes, des ailes, des mâchoires et des membres sensoriels (palpes), nous reconnaissons aisément que ces diverses parties doiventavoir toutesunseul et même type, celui du rayonnement de dedans en dehors, ou , en d’autres termes , un type ter- tiaire ; que, sous le rapport du nombre et de la forme , elles affectent d autant plus sensiblement le type du rayon et de la division du cercle en six , qu’elles se déploient davantage; et que , sous le point de vue de la fonction , elles doivent ré- unir en elles les activités réagissantes sur le monde extérieur, c est-a-dire la respiration, en ce qui concerne la vie végétative, et le mouvement , en ce qui concerne la vie animale. Mais , en même temps , nous reconnaissons que ces parties sont ai i i\ ées à un haut développement dans les Insectes , chez lesquels celles qui rayonnent d’après le type de l’hexagone o Jliennent 1 expansion la plus régulière et la plus variée , de meme que celles qui rayonnent en nombre indéterminé sur toute la périphérie , et qui ne s’élèvent ni à la vraie fonction respiratoire , ni a la vraie fonction locomotrice, offrent la plus grande diversité, tant sous le rapport de la forme que sous celui de la couleur. CCCLXIV. Maintenant il me reste encore à passer en revue le splanchn^uelotto des Insectes , qui, à plusieurs égards , 266 SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. diffère essentiellement de celui qu’on rencontre dans les classes inférieures. En effet , les Insectes sont les premiers animaux qui ne soient pas pénétrés seulement par V élément de Veau et de la terre , sous la forme de nourriture, mais dans lesquels l’ élé- ment de l'air pénètre aussi d’une manière tellement complète, qu’il parcourt leur corps entier. Les deux pénétrations ont lieu par des voies différentes : il faut donc deux sortes d’ap- pareils pour établir la limite entre l’intérieur du corps et les élémens qui s’y introduisent du dehors. Des splanchnosque- lettes de deux sortes sont donc possibles , l’un pour le canal intestinal , l’autre pour les voies aériennes. Nous pouvons donc dès à présent distinguer , dans le splanchnosquelette , le squelette intestinal et le squelette trachéal. CCCLXV. Mais la nutrition animale a deux buts , celui de propager l’individu et celui de propager l’espèce. Donc, dans le canal intestinal , qui est le premier et le plus essentiel des organes consacrés à la nutrition , nous distinguons les deux extrémités , celle de l’inhalation et celle de l’exhalation, et comme la signification de nutrition et de propagation indivi- duelles prédomine dans la première , la propagation de 1 es- pèce , ou la fonction sexuelle , se réunit avec l’autre. De là vient que le squelette intestinal peut s’étendre aussi sur les organes génitaux , et que nous en devons distinguer trois sortes , le squelette oral et pharyngien , le squelette stomacal Ou intestinal proprement dit , et le squelette sexuel . Les Insectes n’offrent que des indices faibles de ces trois squelettes , tandis que le trachéal est très-développé chez eux. CCCLXVI. Le squelette pharyngien est celui dont il existe le moins de traces chez les Insectes. Dans le cas seulement où le pharynx se prolonge en une trompe , entre les mâchoires, comme chez l’Abeille, cette trompe se couvre d’une longue série (plus de 100 ) de petites proto vertèbres ou anneaux pro- toverlébraux cornés , qui se divisent en arcs latéraux plus grands et en pièces médianes plus petites , et qui, en s écartant les uns des autres, rendent la succion possible. On doit considérer comme vestiges d’un squelette stomacal ou intestinal , outre l’épithélion lui-même , les petites dents SQUELETTE DES ANIMAUX ARTICULÉS. 267 cornées qui arment l’estomaç de quelques Libellules et Co- léoptères et les anneaux cornés qui entourent parfois l’intestin grcle , par exemple dans le Hanneton , d'après Succow. Enfin les lames cornées qui entourent le vagin ou la verge de beaucoup d’insectes , qui même se développent dans l’in- térieur de la verge , par exemple chez le Hanneton , où ils offrent le prototype de l’os de la verge appartenant à des ani- maux de classes supérieures, sont des indices d’un squelette sexuel. CCCLXVII. Mais la portion du splanchnosquelette qui se développe spécialement est le squelette trachéal. Celui-là, dans tous les ordres etgenres d’insectes, répète d’une manière bien manifeste le type du dermatosquelette , précisément parce que la peau est l’organe respiratoire primaire, etque, d’après ce motif même, les formations qui s’y rapportent doivent être celles qui se répètent le plus parfaitement dans les tubes respiratoires , c est-à dire dans les trachées. Les trachées sont donc , jusque c ans leurs ramifications les plus déliées , entourées de fibres cornées , représentant tantôt des anneaux entiers , tantôt des moitiés ou des trois quarts d’anneau , mais qui enfin passent le plus souvent de la forme circulaire simple à la forme spi- rale. Ces fibres s’effacent sur quelques points où les trachées se renflent en vésicules et reparaissent d'autant plus serrées c ans d autres; mais toujours elles représentent une multiplica- tion repetee et modifiée à l’infini du type d’un enveloppement annulaire d un cylindre , par conséquent du type de la proto- vertebre. CCCLXVIII. Du reste , il est digne de remarque que , quoi- que la corne soit la substance propre du dermatosquelette , le cartilage celle du splanchnosquelette , et l’os celle du névro- squelette , la prédominance extrême du squelette cutané et de la respiration chez les Insectes fait que non seulement le dermatosquelette lui-même , mais encore tous les vestiges de splanchnosquelette et de névrosquelette, consistenten véritable 268 squelette des céphAlozoAiees. CHAPITRE IY. Squelette des Cèphalozoaires. ARTICLE PREMIER. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE CE SQUELETTE. CCCLXIX. Dans la première partie de cet ouvrage , lors- qu’il a été question des circonstances qui déterminent certaines formes de squelette à se réaliser de telle ou telle autre manière dans certains animaux , j’ai déjà touché beaucoup de points qui expliquent le type et la segmentation des squelettes su- périeurs. Cependant ceux qui caractérisent une formation squelettique d’ordre supérieur n’ont pu être traités qu’à titre d’exemples, et en quelque sorte par fragmens. Mon but ici est de les examiner en détail et d’une manière suivie. Je commencerai par présenter l’ensemble des particularités de la formation du squelette dans les Cèphalozoaires en gé- néral. 1° De même que les espèces inférieures de squelette , le dermatosquelette et le splanchnosquelette, prédominent dans les classes inférieures , de même aussi les classes supérieures doivent être caractérisées par la prédominance et le dévelop- pement essentiel du névrosquelette. 2° Le développement du névrosquelette ayant procuré un isolement plus complet des parties nerveuses essentielles dans l’intérieur de l’animal , celui-ci a moins besoin d’être isolé du monde extérieur , de sorte que le dermatosquelette s’oblitère d’autant plus que les portions principales du système nerveux s’enferment davantage. Voilà pourquoi les animaux supérieurs nous l’offrent réduit presque au seul épiderme , par la forma- tion duquel il avait commencé dans la série animale (1). (i) Les classes inférieures nous ont offert des passages du dermatosque- lette au névrosquelette, comme efforts isolés pour arrivera une formation supérieure. C’est ce que nous avons vu, par exemple, dans le dermatosque- lelte de beaucoup de Crustacés et d’insectes. De même on rencontre aussi, dans les classes supérieures , des passages du névrosqueleltc au deimato- squelette ; mais ils sont alors l’indice d’un type inférieur. SQUELETTE DES CÉPHALOZOAltlÈS. a(jg 3° A mesure que le dermatosquelette s'efface devant les progrès toujours croissans du développement du névrosque- lette , nous trouvons que , par antagonisme avec le squelette cutané , le splanclmosquelelte est proportionnellement déve- loppé davantage dans les. classes supérieures des Céphalo* zoaires. 4° La séparation entre le système nerveux et le reste de la substance animale étant une répétition de celle entre l’animal et le monde extérieur , cette dernière étant désignée par la protovertèbre , et la deutoverlèbre étant une répétition de la protovertèbre , les deutovertèbres , en cette qualité de pre- mières répétitions de la protovertèbre , et après elles les pro- tovertebres, doivent être aussi caractéristiques et aussi essen- tielles pour le névrosquelette que la protovertèbre pour le dermatosquelette (1). 5° L animal supérieur étant toujours une unité , c’est-à-dire une réunion composée de plusieurs parties , et non pas un simple un, le squelette , qui caractérise sa formation en gé- neia oit, de même que son système nerveux, avoir pour caractère d être composé d’une pluralité de parties primaires c est-a-dire , en ce qui concerne le squelette , de colonnes ver- ejra es. s ensuit aussi de là que , comme les deutovertèbres Z nZ 18 ?r animaux suPérieurs > les deutovertèbres n i ! qU1 etabl,SSGntl unité d’une sél>ie de protovertèbres, ™^Tec,sem^ cel,es tiui -t consistaient C°™me nons,lvons trouvé des squelettes de Corpozoaires qui ne cons st „ c„ protover, èbres ( par exemp[e Je co d,una } duneChendte, etc.), nous rencontrons des squelettes de Céphalozoaires qui sont formes presque uniquement de deutovertèbres (de vertèbres ter- £ es et crâniennes ) (par exemple le squelette de la Lamproie, delà Mu- dil'ln ’ qU0T; danS CC dernier oas » il n® puisse pas manquer d'in- s au mo, ns des formations primordiales antécédentes ( c’est-à-dire de prolovcrtebrcs ). v ut (.) C,-,, poo,-,o„l Clph.Iom.lrt. mot t...ml.ll.„,„t c,„0|é. ' ■■"?<«, on voit jelette, où l’on doit re- ouver la formation par coagulation de sucs exhalés , ainsi l'jl NÉVROSQUELEÎTE DÉS CÊPII ALOZOÀ1RES. que par rejet et reproduction périodiques des parties une fois produites. CCCLXX. Après ces considérations sur ia structure des trois squelettes des Céphalozoaires , il est nécessaire que je donne un aperçu général du type du névrosquelette dans les quatre classes de ces animaux , ainsi que je l’ai fait pour le type primitif du système nerveux en général ( § li ). On re- marquera par là combien est parfait le parallélisme existant entre le système nerveux et le névrosquelette. La seule cir- constance à l’égard de laquelle nous le verrons fléchir, con- siste en ce que , des divers degrés parcourus par le système nerveux , dans son développement progressif , les premiers ou les inférieurs se fixent davantage dans le névrosquelette que les derniers ou supérieurs (1). ARTICLE IL formation frimaire du névrosquelette des céphalo- zoaires. CCCLXXI. Comme le système nerveux des Céphalozoaires est essentiellement caractérisé par la chaîne de ganglions si- tuée le long du dos , de même leur névrosquelette l’est égale- ment par une série ou colonne de deutovertebreà developpees le long du dos , et en nombre égal a celui des ganglions . La seule (i) Quelques exemples Useront le sens de cette remarque , dont la zooto- mie descriptive confirme si souvent la justesse. Les nerfs rachidiens, répé- titions incomplètes et non closes au coté ventral des anneaux nerveux pri- maires, correspondent aux arcs protovertébraux ou côtes; et cependant, sur certaines régions du corps des animaux supérieurs , ces côtes se joignent aussi complètement aux vertèbres pectorales, que les anneaux nerveux primaires des animaux inférieurs le font aux ganglions situés à la face ven- trale. De même, dans le crâne des animaux supérieurs, les frontaux cor- respondent à la masse cérébrale antérieure, et les pariétaux à la masse céré- brale moyenne. Or, chez l’embryon humain , la masse cérébrale moyenne est la plus grosse de toutes , comme chez les Poissons ; taudis que , par les progrès du développement des hémisphères, elle devient la plu J ' cependant les pariétaux n’en demeurent pas moins plus giands que frontaux, chez l’adulte, et de cette manière fixent en quelque sorte la con- formation primordiale du cerveau. KÉY ROSQUELETTE DES CÉl’IIÀLOZOArr.ES. 2^3 différence consiste en ce que les ganglions de la moelle épi- mère se réunissent de manière à ne constituer qu’un tout sim- ple , tandis que la colonne vertébrale forme toujours un tout composé de vertèbres distinctes. CCCLXXII, De même que la masse nerveuse centrale du dos se partage en cerveau et en moelle épinière par la prédo- minance , ou des ganglions , ou des cordons longitudinaux , de même aussi la colonne deutovertébrale du dos se partage en crâne et en rachis par la prédominance , ou de ses arcs, ou de ses tritovertèhres parallèles , c’est-à-dire de ses corps. CCCLXXIII. Le crâne correspondant dans ses vertèbres aux masses ganglionnaires du cerveau , le rapport primaire de ces masses doit déterminer le nombre elle rapport primaires des vertebres crâniennes. Or nous avons trouvé trois masses cérébrales essentielles s elevant a la manifestation du nombre six, qui appartient eh) 1 ee a c lacun t es six principaux segmens du corps animal tant par la répétition de cette triade en avant des trois masses cérébrales essentielles, que par une division intérieure de ces donneras elles-mêmes, dont la première se partage en limple01 3 SeC°“de e" d°US’ ta"diS «" la répétition du nu eu i deS,mass“ cérébrales , donnerait par consé- ~ verie^es crâniennes emmielles eu prineipules ( sincipuale, cenlncipitale et occipitale ) et trois vertèbres fa. qu ua canal sim* V ' % premièresne circonscrivent nue les F 6 ’ COmme les vertchres rachidiennes, tandis I e secondes, q„, correspondent à trois répétitions des J^tbc^usumce outodivisio» intérieure teln es crâniennes essentielles , trois nouvelles vertèbres nue nous prions obligés d’appeler internes rrJZsT* i8 2^4 névrosquelette des céphalozoaires. clans lesquelles se manifesterait en même temps un rapport es- sentiel avec les organes sensoriels situés entre ces vertèbres , l’oreille , l'œil et l’organe olfactif. Les deux considérations réunies fourniraient donc le tableau suivant : x r ' f( . > ’ , . t . • , . ^ Vertèbres crâniennes : ’ • « ,"1*1 1 ■ ■■■■ Vjertèbres faciales Vertebres principales et inlervertèbres ante- me'- posté- inter- verte- interver- vertèbre inlerver- vertèbre riourc , diane , rieure vertèbre bre tèbrc centri- tèbre occi- anteV sinci- médiane ci|ùlale posté- pilale. rieure pitale rieure CCCLXXIV. Mais comme il est caractéristique , dans les classes supérieures d’animaux, que les trois masses cérébrales essentielles , avec leur division intérieure , se développent jus- qu’à devenir parties cérébrales dominantes, attendu que les trois paires de ganglions situées en avant du cerveau se retrouvent seulement chez les derniers d’entre les Céphalozoaires, de même aussi les vertèbres principales et les intervertèbres crâ- niennes seront toujours d’autant plus dominantes que l’animal aura acquis plus de développement intérieur. Cependant les trois vertèbres faciales, précisément parce qu’un degré inférieur de formation se trouve fixé en elles ( voy . la note au § CCCLXX), ne disparaissent jamais entièrement , quoiqu’en général elles se développent plutôt comme parties intégrantes de protovertèbres que comme deutovertèbres proprement dites. CCCLXXV. Mais, d’un côté, les vertèbres principales et les intervertèbres étant la partie essentielle et caractéristique du crâne entier, en quelque sorte le crâne tout court, et, d’un autre côté , le crâne et le rachis constituant, comme le cer- veau et la moelle épinière , ou comme la tête et le tronc , deux moitiés essentiellement égales ou symétriques , il résulte de là une tendance à exprimer par des divisions en nombre pair cette égalité qui subsiste en idée. Chaque vertèbre crânienne a donc en elle une tendance à se diviser encore , et à le faire d’après les nombres générateurs primordiaux deux et trois, NÉVROSQUELETTE DES CÉPHÀLOZOAIRES. o^5 Cependant cette séparation ne se réalise point dans les ver- tèbres crâniennes essentielles. Elle ne se manifeste que dans les intervertèbres, et seulement môme dans celles d’entre ces dernières qui sont le plus développées. , CCCLXXVI. Le développement de toute partie organique ayant pour condition un antagonisme quelconque, celui des in- tervertèbres, au crâne, a aussi pour condition leur antagonisme avec les vertèbres crâniennes principales. Donc, plus ces der- nièresse développent , plus aussi les intervertèbres doivent s’o- blitérer, et vice versâ. Mais, parmi les trois masses cérébrales, 1 antérieure, étant la plus essentielle , est destinée à se dévelop- per plus que les autres ; la perfection de la formation crânienne do.t donc s’exprimer aussi par le plus grand développement possible de la vertèbre sineipitale. Par conséquent, l’interver- tebre appartenant au sinciput doit être celle qui reste le plus en arriéré dans son développement , tandis que celle qui est situee entre l’occiput et le centriciput peut se développer plus librement qu aucune autre. Elle est donc aussi la seule qui se subdivise , et elle se partage en deux, avec des indices d’une division de chaque moitié en trois. La formation crânienne n est donc parfaite que quand elle arrive à cette troisième puis- sance c est a- dire quand nous voyons se réaliser la troisième manifestation du nombre six, comme dans le tableau suivant : Sene de nombres première ou fondamentale de la colonne vertébrale céphalique (1). vï v 6. < vertcbre vertèbre | iaciale faciale [ anle'iieure médiane IV III première vertèbre vertèbre sineipitale faciale II I vertèbre vertèbre centricipitale occipitale Seconde série de nombres de la colonne vertébrale cé- p ,a ,fiue ’ ou base de la colonne vertébrale crânienne. (3 , III 2 TT ^antérieure6 sincipS fate^rï,. ce^“ , • vertèbre 1S; s occipUa,e ‘le* vertèbres vertèbres par des chiffres arabes. Je compte aus* les vendes miennes; 9,^6 KÉVROSQL'ÉLEÏÏE DES CEPtfALOZO AIRES. Troisième série de nombres de lu colonnevertébrale cépha- lique, ou nombre fondamental de l’intervertèbre divisée. Première 1" segment antérieur de la première intervertèbre 1 inlervertèbre T segment postérieur de la première inlervertèbre CCCLXXVII. Après avoir étudié la division de la colonne vertébrale céphalique , qui est le résultat dune nécessité in- térieure , passons à la formation et à la division ultérieure des vertèbres crâniennes. , , Quant au premier point, c’est-à-dire àleur formation, le dé- veloppement de la deutovertèbre pure doit prédominer , pré- cisément à cause de la nature sensible de cette portion du corps Les tritovertèbres ne peuvent essentiellement s y ollnr que comme vertèbres parallèles unissantes, comme corps de vertèbres , et doivent même finir par s’oblitérer peu a peu. Des tritovertèbres rayonnantes sous forme d apophyses ne se concilient point avec l’idée d’un développement pur de la tête , et quand on les rencontre ( constituant les cretes des os du crâne , des cornes , des nageoires ou des epines crâ- niennes , etc. ) , elles annoncent toujours une tête a un clegre inférieur de formation. A l’égard de la proportion de développement entre les vei- tèbres crâniennes , pour trouver celle qui correspond au plus liant degré de développement , il faut chercher la masse céré- brale la plus développée. Mais celle qui porte le caractère le plus pur de masse cérébrale est l’antérieure ou la troisième , c’est-à-dire le cerveau proprement dit, dans lequel la forma- tion ganglionnaire se déploie plus librement que partout ail- leurs C’est donc là aussi que doit se trouver le point u£l pour le développement de la colonne vertébrale ^in - vertébré sincipitale est donc le foyer proprement du de la comme les masses cérébrales, a partir du point et le tronc , attendu que là se trouve le point pôlep opposés , OU deux moitiés du corps. d'intersection entre la tête d’indifférence entre deux NÉVROSQUELETTE DES CÉPHÀLOZOAlUES.' 077 mation crânienne. La supériorité de son développement doit annoncer celle du crâne entier. A partir d’elle, les vertèbres crâniennes doivent, par l’effet de l’antagonisme, aller en dimi- nuant de développement vers les deux extrémités de la tête , et au nombre de quatre dans chaque direction. Du côté du rachis, elles deviennent semblables aux vertèbres rachidiennes, en se rapetissant et par l’effet du renforcement de leurs tri- to vertèbres. Vers l’extrémité antérieure de la tête , elles éprou- vent un rapetissement et un ramollissement ( cartilagini- fication), qui les convertissent en simples cavités sensorielles {voy. § CCXXXVIII ) , et la protovertèbre devient dominante. CCCLXXVIII. Quant à la division des vertèbres crâniennes, dans une deutovertèbre , de même que dans une protover- tèbre (§ CLXXXI), il peut se manifester huit parties ou arceaux, dont quatre forment chaque côté latéral de la vertèbre en- tière. Nous avons donné aux deux supérieures de ces parties latérales le nom de parties épineuses ou lames tectrices, et aux deux inférieures le nom de corps ou parties basilaires : comme les vertèbres crâniennesVont ordinairement point de tendance à former des tritovertèbres rayonnantes, et que par conséquent la division d’après le nombre six y prédomine moins que celle d après le nombre quatre , la bisection de chaque portion tec- trice et de chaque portion basilaire, qui repose sur la division par six ou rayonnante , ne s’observe en général point dans les ver- tèbres crâniennes principales, où il ne reste par conséquent que lesparties essentielles de toute vertèbre du crâne, savoir deux lames tectrices , l’une à droite, l’autre à gauche, et deux lames basilaires , également i’ une à droite, l’autre à gauche , auxquelles peuvent se joindre encore des tritovertèbres pa- rallèles ou des corps vertébraux , tantôt plus et tantôt moins développés. Lea intervertèbres, et notamment la postérieure, qui , par les motifs précédemment exposés, se divise et se sub- divise , sont les seules dans lesquelles on observe aussi la divi- sion en lames basilaires ou corps vertébraux inférieurs et su- périeurs ( voy. § CCLXXXI ). Mais les parties épineuses, ou mieux les lames tectrices d une deutovertèbre correspondant principalement aux ren- rlemens ganglionnaires du côté lumineux de la masse ner- 278 névrosquelette des céphAlozoâires. veuse centrale , et ces renllemens étant précisément ceux qui , d’après leur nature, prédominent dans le cerveau , il faut aussi que , dans toute vertèbre crânienne principale , le développe- ment des lames tectrices l’emporte sur celui des lames basi- laires. Du reste , quand le canal vertébral devient double , comme dans les vertèbres faciales , on conçoit qu’une lame mitoyenne de séparation s’ajoute à ces diverses parties. CCCLXXIX. Maintenant , après avoir ainsi retracé en gé- néral la formation des vertèbres crâniennes , il est nécessaire de la présenter dans ses détails , afin de pouvoir en disposer les parties sous la forme de tableau , et mettre en regard de chacune les dénominations que l’usage a consacrées pour elles. On pourra comparer avec ce tableau les ligures des planches xxvi, xxvii, xxviii, xxix et xxx ( surtout pl. xxix, fig. ni et v ) , et l’on remarquera que partout les trilo vertèbres paral- lèles inférieures sont désignées par a, , les lames basilair es ou portions de corps des deutovertèbres secondaires par b, et les lames tectrices ou portions épineuses de ces mêmes vertèbres parc. Les divisions dans les portions lectrices etbasilaiies supérieures et inférieures le sont par a et p. Colonne deutovertébrale de la tête , ou colonne vertébrale crânienne. Dénominations primaires. I. Vertèbre occipitale (1). c. Lames tectrices. b. Lames basilaires. a. Corps ou tritovertèbre parallèle inférieure. Dénominations usuelles. Portions squa- meuses pro- prement dites Portions de l’arc condyloï- dien > de l’os occi- pital. Portion basi- laire b'. Indice de tritovertèbre parallèle latérale. Condyle J (I) Cette vertèbre est partit celle qui offre la division la plus simple et NÉVROSQUELETTE DES CÉ VHALOZOAlRES. 379 I. PREMIÈRE INTERVERTÈBRE, VERTÈBRE AUDITIVE. i*. Segment postérieur de la première intervertèbre. c. Lames tectrices. b. Lames basilaires, a. Lames basilaires supé- rieures. (3. Lames basilaires infé rieures. Elles ne se touchent pas l’une l’autre ( si ce n’est chez quelques Poissons ) , et mani- festent , au contraire , la ten- dance à se diviser de nou- veau en trois , 1", 2", 3", par- ties , qui en ont une aussi à se rouler en cercle. Ces trois parties roulées sont entourées à l’extérieur d'une lame osseuse primordialement distincte , qui est commune aux lames basilaires du seg- Os interoccipital postérieur, ou point d’ossification posté- rieur supérieur à la portion squameuse de l’os occipital. Portions mastoïdiennes de l’os temporal. Portion postérieure du ro- cher, qui contient les trois canaux demi-circulaires. la pins uniforme, et qui ressemble le plus aux verlèbres rachidiennes. Les portions épineuses ne forment ordinairement qn’une seule pièce (par ana- log.e avec la portion moyenne simple du cervelet). Les tritoverlèbres p. al '.les latérales représentent ici, dans les espèces supérieures seulement, 1 articulation avec la vertèbre cervicale supérieure, qui, dans les espèces in eneures, est produite par le corps vertébral inférieur seul. Du reste, cette translation sur les parties latérales correspond à la révision des cordons longitudinaux de la moelle épinière pour former le quatrième ventricule: car les cordons longitudinaux sont =: corps vertébraux. üBo N ÉV110SQUELETTE DES CÉPHÀLOZOAl RES. ment antérieur et du segment postérieur. i**. Segment antérieur de la première intervertèbre. c. Lames tectrices. b. Lames basilaires, a. Lames basilaires supé- rieures. p. Lames basilaires posté- rieures Elles ne se touchent pas l’une l’autre , et manifestent la tendance à se rouler en spirale, avec indice de division en trois lames , qui embrassent deux canaux. a. Corps, qui , par cela même , n’arrive point non plus ici à se développper (2). Enveloppe extérieure, ossi- fiée à part, du rocher (1). Osinlerocccipital antérieur, ou point d’ossification anté- rieur à la portion squameuse de l’os occipital. Portion squameuse des [os temporaux. Portion antérieure du rocher, où se forme le limaçon , avec les deux rampes. (i) Il serait possible qu’il n’y eût que cette seule enveloppe extérieure qui correspondît à l’idée des lames basilaires de la première intervertèbre réunies ensemble chez quelques Poissons, et que les ossifications du laby- rinthe ne fussent que de simples ossifications intérieures de l’organe senso- riel, dont il sera encore question plus tard. (a) La vertèbre auditive ne prend partout qu’un développement fragmen- taire. Close par le haut, ses arcs inférieurs demeurent séparés, dans toutes les espèces supérieures, par les corps des vertèbres occipitale et centncipi- tale. Cet obstacle à leur réunion est ce qui fait qu’ils se roulent snr eux- mêmes d'une manière si remarquable. KÉVROSQUELETTE DES CEP II A.LOZO AIUES^ oSl II. Vertèbre centricipi- TALE (1). o. Lames tectrices. h. Lames basilaires. a. Corps. 2. Seconde intervertébre, VERTÈBRE OPTIQUE (2), c. Lames tectrices. b . Lames basilaires. a. Lames basilaires supé-\ rieures. p. Lames basilaires infé- rieures. a. Corps non développé. III. Vertèbre sincipitale (3). c. Lames tectrices. Os pariétaux. Grandes ailes ou ailes pos- térieures du sphénoïde. Portion postérieure du corps du sphénoïde. I Os interpariétal ( rarement développé ). Points d'ossification médians du corps du sphénoïde, placés entre les antérieurs et les postérieurs. Os frontaux. (0 Le développement primordialement considérable des masses optiques la.t que les lames tectrices de la vertèbre centricipitale demeurent grandes dans la plupart des espèces , et que même , dans quelques unes, elles se con- fondent en une seule pièce impaire. La jonction de ces lames avec les lames basilaires est au contraire plus étroite, et elle est interrompue par les por- «.ons squameuses de l’os temporal qui se glissent entre elles. - C’est entre la vertebre centricipitale et la vertèbre crânienne suivante que se trouve a proprement parler, le milieu du crâne + (comme 3 + 3) : â ce point cor- respond dan, le cerveau, la situation de la glande pinéale. C’est aussi lui qui reste le plus long-temps mou entre les portions ossifiées du crâne et qui constitue alors la grande fontanelle. (a) (.elle intervertèbre, précisément â cause de sa situation entre les ver- tèbres du crâne qui se sont le plu, développées, la centricipitale et la si„ci- P"a e, est celle qui partout arrive le moins à son plein développement. Ses lame, tectrices se développent rarement; le, basilaires s’unissent bien par le, progrès de l’ossifieution , mais elles sont alors englobées dans la for- ^ ^ •Cr?e 8În0ipUaU’ * -naisse, dans par ieur ^ ‘ ’ "" ^ —P^e manifestation d’un corps particulier pour cette intervertébre. 1 (3) C*. *.« ..U. J.„. u li8„i(iclti0„ d, vtt,are 28a NÈVROSQUELETTE DES CÉPHALOZOAIRES. b. Lames basilaires. a. Corps. 3. Troisième intervertébre, VERTÈBRE OLJACTIVE (1). c. Lames tectrices. Petites ailes ou ailes anté- rieures du sphénoïde. Portion antérieure du corps du sphénoïde. Os interfrontal ( rarement développé ). crânienne s’exprime de la manière la plus pure, pins l’animal est parfait, plus aussi la drutovertèbre proprement dite, avec ses arceaux , et notam- ment avec ses lames tectrices, doit se développer sous une forme pure et arrondie, et plus son corps doit, au contraire, s’eflacer. (i) Avec cette vertèbre, qui termine la série des vertèbres crâniennes proprement dites, finit aussi le crâne prpprement dit; il arrive même quel- quefois, dans les espèces inférieures, que les vertèbres faciales sont mobiles sur celles qui viennent d’être décrites et qui toujours sont intimement réunies en une colonne vertébrale unique. Jusque-là anssi la cavité crânienne est un espace indivis ; plus en devant le canal vertébral se partage en deux canaux. Si l’on embrasse d’un seul coup d’œil la colonne vertébrale crânienne décrite jusqu’ici, on remarque qne le développement des intervertèbres est fragmentaire , partiel , que les lames tectrices de leurs arcs sont les parties qui se développent le plus, mais qu’il n’y a aucun développement de corps proprement dits o* de tritovertèbres parallèles. Dans les vertèbres princi- pales , an contraire , on voit prédominer partout le développement des lames tectrices de leurs arcs; mais, en même temps, il se développe dans toutes des corps ou des tritovertèbres parallèles inférieures , qui opèrent entre elles une union solide et une immobilité correspondante à l’unité du cerveau. Le point d’intersection entre la colonne vertébrale céphalique décrite jusqu’ici et la colonne vertébrale faciale qui va suivre, est important encore sous un autre point de vue , sous celui du changement qui s’opère en cet en- droit dans la direction de toute la colonne vertébrale de la tête. En effet, chez les Céphalozoaires inférieurs , le rachis et le crâne , de meme que la moelle épinière et le cerveau, sont parfaitement horizontaux, de sorte que les colonnes vertébrales crânienne et faciale sont également horizontales. Dans les classes supérieures, au contraire, le cerveau s’élève jusqu’à ce que sa base finisse par faire un angle droit avec la direction de la moelle épi- nière, et la même chose arrive par conséquent au crâne eu égard au rachis. Mais comme les nerfs olfactifs correspondent a la moelle épinière, e meme la colonne vertébrale faciale correspond au rachis, de sorte qu’elle tend a se placer au dessous du crâne, en avant, de même que le raclns s’est eleve névrosquelette des cépiialozoaires. 283 h. Lûmes basilaires. Les deux moitiés de la laine crible use. a. Corps non développé. En revanche , la lame mi- toyenne de séparation, qui partage le canal des autres vertèbres céphaliques en deux an dessus de lai en arrière. La direction de la colonne vertébrale doit donc, chez les animaux supérieurs , changer au point d’intersection entre le crâne et la face. Ce changement arrive d’un côté parce que les vertèbres faciales s’abaissent an dessous du crâne, de l’autre, parce que les vertèbres crânien- nes continuant à suivre la direction opposée ou ascendante qui domine en elles, le crâne lui-même tehd à se fermer plus complètement en avant et en haut. Cette divergence explique plusieurs particularités de la formation du crâne. Elle rend raison de la perpendicularité du profil de l’homme, dont, par une prévision du génie, les Grecs avaient fixé l’angle facial à 90 degrés dans leurs statues idéales. Elle explique aussi la cellularité de la substance osseuse, dont on aperçoit déjà des traces, à la vertèbre sincipi.ale, dans les cavités de son corps et de ses lames tectrices (sinus sphénoïdaux et fron- taux), qui proviennent de l’écartement des lames cartilagineuses crâniennes, et sont en quelque sorte un diploé à larges cellules. Enfin la direction as- cendante, qui a pour résultat de clore l’extrémité de la cavité crânienne, explique la tendance au rayonnement de cornes et de bois , qui se déve- loppent sur la troisième vertèbre du crâne et en partie aussi sur les lames tectrices de la quatrième, En effet, ces produits d’un excès de niiiis forma - tivus , qu’on doit considérer en eux-mêmes comme des vertèbres tertiaires rayonnantes (en quelque sorte comme des apophyses épineuses médianes ou latérales de la vertèbre crânienne), se développent essentiellement sous la forme d’une courbe correspondant plus ou moins à la voussure de la sur- face du crâne; ils se contournent en spirale, d'avant en arrière, etc. Cepen- dant ils restent absolument étrangers à la forme humaine, qui est supé- rieure aux autres. Toutes ces parties sont aussi essentiellement des produits d une force plastique, en quelque sorte exubérante , dont l’action se porte dans cette direction, que les prolongemens indéfinis de l'extrémité anté- rieure de la colonne vertébrale faciale en trompe, pointe (dans le poisson Xiphias) , défenses (Eléphant), etc., doivent être considérés comme des pro- dans de la même force surabondante dans l’autre direction, celle de la co- lonne vertébrale faciale , et par cela même demeurent étrangers aussi à la forme humaine. Mais, comme il ne peut, dans la naturq, y avoir pl„, ou «oins que d’un ou d’autre côté, ces deux directions n’arrivent jamais s, mol- lement a se développer d’une manière complète. La coexistence d’une 84 NÉVROSQUELBTTE DES canaux, est déjà indiquée ici par IY. Quatrième vertèbre cé- phalique , OU PREMIÈRE VERTÈBRE FACIALE , VER- TÈBRE NASALE (1). c. Lames tectrices. b. Lames basilaires, a. Corps. d. Lames mitoyennes (parce qu’à partir de ce point le canal vertébral devient double ). Y. Cinquième vertèbre cé- phalique , OU SECONDE VER- TÈBRE FACIALE , VERTÈBRE MAXILLAIRE (2). c. Lames tectrices. CÈPHALOZO AIRES. L’apophyse crista galli. Os nasaux. Lames latérales ou papyra- cées de l’ethmoïde, Yomer. Lame perpendiculaire de l’ethmoïde. Cartilages supérieurs du nez , quelquefois os nasaux antérieurs. trompe et de bois ou de cornes , celle même de dents incisives et de bois , seraient contraires à la nature, aussi ne les observe-t-on jatnars. Goethe a le premier émis de très-belles vues sur ce rapport dans la formation du crâne, et j’avoue avoir puisé, dans un entretien que j’eus avec lui a ce sujet j en i8ai , l’idée première des remarques que je viens de faire sur la double direction de la colonne vertébrale crânienne à la région de la quatrième et de la cinquième vertèbre. (1) C’est aussi dans ses lames tectrices que cette vertèbre se développe essentiellement et le plus; l’imperfection des lames basilaires s’annonce par l’absence complète de leur partie inférieure, qui les empeclie de so rctinir et de se clore. C’est également pour cette raison qu’on observe ici , ans es cornets etbmoïdaux, une tendance à se rouler en spirale de chaque cote. (2) L’ossification va toujours en diminuant; les lames tectuces sont eja généralement cartilagineuses, les lames basilaires sont incomplètement dé- veloppées en haut et en bas, elles ne se joignent point , en se roulant en spirale sur elles-mêmes; ellcssont, en outre, très-minces et poreuses, le corps, comme tritovertèbre , 11c se développe point du tout. NÉVROSQUELETTE DES CÉPHALOZOAIRES. 285 d. Lames basilaires. Cornets du nez. a. Corps non développé. d. Lame mitoyenne . Cloison cartilagineuse du nez. VI. Sixième vertèbre cépha- lique , OU TROISIÈME VER- TÈBRE FACIALE _, VERTÈBRE INTERMAXILLAIRE (1). c. Lames tectrices. i Cartilages des ailes du nez , , et chez quelques animaux os b. Lames basilaires. ) du boutoir. a. Corps non développé. d. Lame mitoyenne. Prolongement de la cloison cartilagineuse du nez en avant. CCCLXXX. Nous arrivons maintenant à la colonne dcuto- vertébrale du rachis , et là nous avons à examiner chaque vertèbre sous trois points de vue , relativement au nombre , à la direction et à la formation. (I; Chez les animaux supérieurs, l’ossification cesse entièrement dans cette rertèbre, qui forme tout entière l’orifice d’un organe sensoriel. Si l’on jette un coup d’œil général sur la formation des trois vertèbres faciales, on remarque sans peine que leur développement est fragmentaire et partiel , en tant qu’on doit les considérer comme des vertèbres secondaires et la nécessité en ressort de ce que d’après leur idée ( § CCCLXXI V ) elles doi- vent se développer plutôt comme parties intégrantes de leur protovertèbre. Mais, dans le nombre de leurs parties, il s est formé une lame mitoyenne qui partage en deux canaux latéraux la deutovertèbre (en tant qu’elle s’est dé- veloppée), et aussi , chez les animaux supérieurs, la protovertèbre qui lui appartient. La condition de cette séparation tient à ce que cette deulover- tebre , d apres celle de sa propre formation , n’est pas tant relative aux masses cérébrales qu aux nerfs olfactifs qui en procèdent. Le canal vertébral doit donc devenir pair et parallèle, comme ces nerfs. Quoique la colonne deuto vertébrale de I, tète se termine par la sixième vertebre céphalique , cependant la possibilité d’un prolongement indéfini de cette terminaison n’est point détruite par lè. Ainsi donc, toutes les fois qu une force plastique exubérante agit dans cettc direction, nous voyons apparaître les prolongemens de la cinquième et de la sixième vertèbre sous ojme de trompe , d’apophyses en sabre ou en scie , etc. , ce qui produit en q elque sorte un membre antérieur impair de toute la colonne deutoverté- m.iic supérieure, 286 NÉVROSQÜELETTE DES CÉPHALOZOAIItES. CCCLXXXI. Quant'au nombre des vertèbres rachidiennes, deux cas sont possibles; ou qu’une pluralité indéfinie prédo- mine encore dans les formes inférieures, ou que , dans les formes plus élevées , ce nombre soit soumis par une nécessité supérieure à certains rapports réguliers. Mais , d’après les principes qui ont été développés précédemment (§ CC à CCIV) , la division de la colonne vertébrale entière d’après le nombre six est un rapport numérique supérieur. Or , six étant le nombre fondamental de la colonne vertébrale céphalique , cinq fois six est celui de la colonne vertébrale rachidienne , ce qui correspond à la segmentation supérieure légitime de la masse centrale du système nerveux. Mais, des cinq portions du rachis, la dernière, qui est le pôle opposé de la colonne vertébrale entière , doit corres- pondre aux vertèbres céphaliques en particulier ; et , comme une semblable relation d’antagonisme détermine en même temps une tendance à un certain équilibre , cette correspon- dance devra , malgré l’infinie diversité de la conformation in- térieure , se manifester cependant par certains rapports. Or , nous trouvons, comme rapports de ce genre, dans les vei- tèbres pelviennes , la tendance à une division intérieure cor- respondante à celle de la colonne vertébrale céphalique, et, dans les vertèbres sacrées , une union intime correspondante à la coalescence des vertèbres crâniennes. CCCLXXXII. Par conséquent, quoiqu’on puisse rencontrer des rapports numériques extrêmement diversifiés , relative- ment aux vertèbres du rachis, cependant on conçoit, d après ce qui vient d’être dit, que le suivant, qui est précisément celui qu’on trouve chez l’homme, doit être considéré comme le plus parfait de tous. Vertèbres ce'phaliques. Vertèbres rachidiennes. Bassin. Cou. Poi- Épi- Hypo- Ver- trinc. gastre. gastre. tèbres tebres ge'ni- coccy- tales. giennes. Face. Tète. NÉVKOSQUELETTE DES CÉPHALOZOAlRES. 287 Du reste , il importe de ne point perdre de vue qu’au plus haut degré de développement qui nous soit connu , c’est-à-dire chez l’homme , l’uoiformUé de ces rapports va beaucoup plus loin encore. En effet : 11 1° Les quatre segmens médians, égaux entre eux, qui pris ensemble, représentent 2X 12, se subdivisent d’après les nombres complémentaires impairs 5 et 7 (1), de manière que les 12, qui forment la poitrine et l’épigastre’, se divisent en 7 et en 5 , par l'union avec les vraies ou fausses côtes , et qu à leur tour les 12 qui forment les régions du cou et de l’hy- pogaslre (ou des lombes) , correspondantes l’une à l’autre , se divisent egalement en 7 et en o par la présence ou l’absence d appendices costaux. „ Le dernier segment , qui , par correspondance avec la lete, contient 9 articles, se divise, d’après les nombres com- plementaires impairs de 9, en 5 et en 4, attendu que 5 se soudent ensemble et que 4 demeurent mobiles , absolument de meme qu à la tête la troisième intervertèbre s'unit davan- tage avec la quatrième vertèbre crânienne qu’avec la troi- sième. De la résulte que le tableau précédent change de forme. et prend celle qui suit : ' Vertèbres cépha- liques. Vertèbres racliidienues. Face. Crâne. Cou. Poitrine. Épigastre. Hyp t wgastre. Bassin. "Vertèbres Vertèbres génitales. coccj- gienuos. i—.5 1....4. 12 12. CCCLXXXIII. Mais le rapport d’antagonisme entre les extrémités antérieure et postérieure, ou supérieure et infé neure, de la colonne vertébrale entière , s’exprime encore (1) Voyez pria sigaificalion de ce» nombres la note an § CLVII, S8B KÉVR.OSQUELETTE DES ÇÊPHALOZOAlRES. par la tendance qu'ont ces extrémités à se prolonger d’une manière indéfinie dans le cas d’exubérance de la force plas- tique. Au crâne , l' unité qui y domine fait que le nombre des vertèbres ne peut s’accroître; aussi n’y observe -ton que des prolongemens des vertèbres faciales. Mais, au bassin, rien ne s’oppose au développement d’une pluralité indéfinie; aussi, chez les espèces inférieures , les vertèbres coccygiennes se multiplient-elles volontiers au point de devenir un membre terminal postérieur impair , une colonne vertébrale caudale. Si donc les rapports numériques des Gorpozoaires , dans le règne animal , sont en général vagues et sans fixité , ceux des vertèbres caudales le sont toujours davantage , quoiqu’on aper- çoive parfois en elles une tendance à répéter les rapports nu- mériques des segmens supérieurs de la colonne vertébrale , par exemple à former 30 , ou 36 ou 39 vertèbres. CCCLXXXIY. La direction des vertèbres rachidiennes doit nécessairement être parallèle à la colonne protovertébrale du tronc. Mais les segmens de protovertèbre du tronc procèdent originairement de la sphère simple de l’œuf proprement dit , c’est-à-dire du jaune , de la vésicule ombilicale. Par consé- quent, à l’époque de sa première apparition, où la colonne vertébrale du tronc repose encore sous la forme de sphère , la colonne deutovertébrale , qui part de la cicatricule du jaune , forme nécessairement une ligne qui suit le contour de la sphère , c’est-à-dire une ligne circulaire incomplète , ou ou- verte à l’une des extrémités. A mesure que la sphère primaire s’étend en colonne prolovertébrale , la colonne deutoverté- brale s’étend aussi de plus en plus en*ligne droite , mais de telle sorte cependant que des traces de sa courbure primor- diale restent visibles tant à sa partie moyenne qu’à ses extré- mités. Voilà donc pourquoi nous trouvons généralement que la partie moyenne du rachis (la région du cœur et de 1 estomac) est courbée encore de dedans en dehors, et pourquoi aussi les extrémités de ce même rachis montrent une tendance a se courber de dehors en dedans , l’une vers 1 autre , et souvent celle de se contourner en spirale (1), à peu près comme le (i) La tendance (l’un cercle ouvert à se rouler en spirale aux deux extré- mités, tendance qu’on observe dans tout anneau élastique qui vient a sou- NÉVROSQUELETTE DES CÉPHÀLOZOAlfiES. 289 font, aux vertèbres crâniennes , ceux des arcs qui ne sont pas clos. C’est ce qui explique pourquoi la colonne vertébrale libre et mobile de la queue tend à se rouler de dehors en dedans , pourquoi aussi la même tendance s’observe dans le prolongement libre de la vertèbre faciale antérieure, par exemple dans la trompe de l’Éléphant (1). CCCLXXXV. Indépendamment des diversités qui viennent d elre signalées dans la direction des vertèbres rachidiennes , il faut également prendre en considération celles qui ont rap- port à cette direction envisagée eu égard à la terre; et, sous ce point de vue, je ne dois pas parler seulement de la direction de la colonne deutovertébrale , mais traiter en même temps de celle de la colonne protovertébrale. Cependant la colonne deutovertébrale est la partie caractéristique pour les Cépha- lozoaires et pour le névrosquelette , de sorte qu’on doit plutôt admettre quelle détermine la direction entière de la colonne protovertébrale , que de penser qu’à celle-ci appartient de déterminer la sienne. Mais ce qu’on pourrait dire, à cet égard , sur la direction tout-à fait parallèle à la terre du rachis chez les animaux inférieurs , sur son élévation graduelle , principalement vers la tête , et enfin sur la verticalité de la colonne entière chez l'homme , ne diffère en rien de ce dont vnr, et qui est la source de formations si variées dans le règne animal et le régné végétal , doit être expliquée par le rapport entre l’essence intime de la ligne circulaire et celle de la ligne spirale ; car la ligne dont, à chaque point, la direction s’écarte uniformément de la droite , donne le cercle, tandis que celle dont la direction s’écarte de la droite d’une quantité uniformément croissante a chaque point, ne peut plus se former en cercle, mais se roule sur elle-même. (.) Une idée claire et précise de cette manière dont se développe la direc- tion du rachis nous explique un grand nombre do phénomènes que non» apercevons chez l’animal vivant, même chez l’homme, par exemple le ploiement en deux du fœtus, dont la tête est inclinée sur la poitrine- ]. tendance a reprendre celte position quand on se tient en repos parfait ’ou quon est las; l’abaissement de la queue chez les Mammifères fatigués ou malades ; son redressement ou son enroulement plus fort en avant dans le cas contraire; le redre.sement et l’abaissement du cou chez les Oiseaux surtout, etc. III. l9 292 WÉVROSQUELETlE des CÉÎ>HA.LÔ20ÀIRES. Par conséquent, plus cet anneau a pris de développement ( comme aux vertèbres supérieures du rachis humain) , et plus la vertèbre est élevée en dignité ; plus il se développe faible- ment , moins il enveloppe complètement le renflement de la moelle épinière (comme par exemple chez les Poissons) , ou quand il est totalement oblitéré (comme dans les vertèbres caudales de l’homme) , et moins la vertèbre a de dignité. CCCLXXXV1II. Parmi les tritovertèbres de la vertèbre ra- chidienne , les parallèles sont également les plus essentielles , et comme ces vertèbres, sur lesquelles repose l’unitéde la co- lonne vertébrale, correspondent aux cordons longitudinaux de la moelle épinière , lesquels se développent de préférence au côté terrestre de la moelle , attendu que le côté lumineux est l’emplacement du renflement ganglionnaire , la prédominance doit appartenir , parmi les tritovertèbres parallèles, aux in- férieures , c’est-à-dire aux corps vertébraux , et ne revenir aux latérales que quand les cordons longitudinaux de la moelle se divisent (comme à la jonction avec le cerveau), ce qui arrive d’autant plus que le développement ganglion- naire de la moelle épinière est moins considérable , et que les cordons longitudinaux prédominent davantage ( comme par exemple dans les vertèbres lombaires et sacrées de l’homme). Par conséquent , lorsque l’extrémité du rachis se prolonge en un membre terminal impair , qui n’est indiqué dans la moelle épinière que par le simple cordon longitu- dinal inférieur du filet terminal impair , ce membre n’est formé que d’une colonne tritovertébrale parallèle inférieure prolongée , c’est-à-dire d’une colonne de corps vertébraux (1). (1) On trouve également occasion de se livrer a des considérations très- variées lorsqu’on compare sous ce rapport , l’une avec 1 autre, les termi- naisons antérieure et postérieure de la colonne deutovertébrale au cote dorsal. En effet, on voit qu’il se développe li un nouvel antagonisme fort remarquable; car, chez les animaux supérieurs, en devant, la deutovertèbre des vertèbres faciales va toujours en se réduisant de plus en plus à son arc , et se transforme en protovertèbre , tandis qu’en arrière celle des vertèbres caudales va toujours en s’oblitérant de plus en plus, de sorte qu il ne reste plus enfin qu’une série de tritovertèbres. Il e3t fort intéressant aussi de voir que la formation de la tetc se reflète K É VKOSQ UELETÎE UES CÉPHALOZOAinES.' a<)3 CCCLXXXIX. Quant aux tritovertcbres rayonnantes , elles sont si peu| appropriées à la haute signification de la deuto- vertèbre , que , toutes les fois qu’elles deviennent prédo- minantes , c est 1 annonce d’une dignité inférieure, comme chez les Poissons , où la force plastique entière se perd en longues apophyses épineuses et arêtes musculaires comme aussi aux vertèbres lombaires de l’homme , où les apophyses épineuses et transverses ont pris un grand déve- loppement. Mais c’est l’effet d’un antagonisme que la trito- vertebre rayonnante médiane supérieure (l’apophyse épi neuse supérieure) soit celle qui se développe le plus cons- tamment, car la tritovertèbre parallèle inférieure ( le corps ) est celle aussi qu’on trouve le plus souvent développée. En revanche , et par antagonisme avec les tritovertcbres supé- rieures médianes, qui sont fortement développées , les trito- vertebres rayonnantes inférieures ( les apophyses transverses ) se développent plus constamment que les autres. Ainsi donc parmi les tritovertèbres rayonnantes , d’ordinaire il en man- que une de deux en deux , en sorte que , du nombre six , il ne reste plus que le nombre trois (1). CCCXC. La répétition de l’enveloppement du corps entier qui dominedans ^ damm- squele te, s offre dans les protovertHres **•»« 1» *. c„ep, Z , • t'1'1 du P' vdommcnt le, corp, ve, .ébr.urr , ne repré. dc t -«*. - supérieur* médiane, ,ui 4 ^ •U comme membre (par exemple comme „„e„irc d„ J o.'Bc I apophyse épineuse par des pièces osseuse, qu'elle y ° ° 294 NEVROSQUELETTE DES CÉPHALOZOAIKES. CCCXCI. Les protovertèbres se divisent d’abord en celles de la, tête (arcs costaux de la tête) , et en celles du tronc (arcs costaux du tronc). De même que les deutovertèbres envelop- pent les organes de la vie animale, de même aussi les proto* vertèbres enveloppent ceux de la vie végétative. Ainsi donc , comme les deutovertèbres se développent d’autant plus puis- samment que les ganglions sont plus prononcés ( par exemple dans les vertèbres crâniennes ) , de même les protovertèbres acquièrent d’autant plus d’ampleur que les viscères enclos par elles ont plus de volume. Aussi est-ce au tronc qu’elles sont le plus grandes , comme c’est à la tête que le sont les deutovertèbres. Aussi sont-elles d’autant plus subordonnées aux deutovertèbres, dans la tête, que l’animal se trouve placé à un degré plus élevé de l’échelle. CCCXCII. Occupons-nous d’abord des protovertèbres de la, tête. Comme le nombre des protovertèbres doit toujours corres- pondre à celui des deutovertèbres , on ne peut pas trouver , à la tête , plus de paires d’arcs protovertébraux qu il n entre de deutovertèbres dans la composition de la colonne vertébrale céphalique. Mais comme les protovertèbres ne se développent pointa toutes les deutovertèbres, on en rencontre souvent moins de neuf. Mais c’est un résultat de l’antagonisme existant entre les protovertèbres et les deutovertèbres qu’il n’y ait aucune ver- tèbre céphalique où les arcs protovertébraux soient, moins développés qu’aux vertèbres sincipitale , centricipitale et occi- pitale, puisque celles-ci sontles principales vertèbres du crâne. Au contraire , nulle part ils ne se développent davantage et plus constamment qu’aux trois vertèbres faciales , c est a ire dans les points où le développement de la deutovertèbre est le moins avancé , et où la protovertèbre prédomine déjà le plus , parce que, comme j’en ai fait la remarque précédemment, les vertèbres céphaliques, obéissant à la loi de 1 antagonisme , minuent à partir du sinciput , attendu que les tritovertebres sont sollicitées à devenir prédominantes en arrière de ce point et lesprotovertèbres en avant. Ces trois protovertèbres de la l ace sont donc aussi les seules qui puissent se dévcloppci comp etc NÉVKOSQUELETTË DES CÉPHÀLOZOÀIRES. 2q5 ment, c’est-à-dire se cloreparle bas , quoiqu’au plus bas degré de formation du névrosquelette ( dans les Petromyzon ) , nous trouvions l’exemple , mais unique, de la protovertèbre anté- rieure de la face enveloppant aussi le commencement du canal intestinal (l’intestin) , tandis que , chez les animaux su- périeurs, les protovertèbres faciales closes par le bas ne cir- conscrivent , dans la règle , que le canal aérien (le canal nasal). Les arcs protovertébraux des inlerverlèbres tiennent le milieu, pour leur développement, entre les plus développées des trois vertèbres faciales et les moins développées des trois vertèbres crâniennes principales. Cependant jamais non plus leurs arcs ne se ferment complètement au côté terrestre , et ordinaire- ment leurs pièces de chaque côté tiennent les unes aux autres en manière de chaîne , à peu près comme les fausses côtes dans le tronc de l’homme. CCCXCIII. Il est nécessaire maintenant aussi de mettre les dénominations usuelles de ces parties primaires du squelette en regard de celles qui découlent de leur significaliotl? On doit se rappeler que, d’après les § CLXXX et ClXXXI, chaque arc protovertébral peut se diviser en quatre parties, sa- voir deux tergales, supérieure et inférieure, et deux sternales, supérieure et inférieure , divisions qui néanmoins s’observent i ai entent dans les arcs protovertébraux peu développés de la tête, et rie s y aperçoivent que chez les animaux des Classes inférieures. Du reste , il faut nécessairement admettre par la pensée 1 existence des quatre parties dans chaque moitié ou chaque côté , là où les deux moitiés latérales de la protover- tebre se ferment complètement par le bas , tandis qu’if peut souvent manquer une ou plusieurs de ces parties lorsque les arcs ne se ferment point. 1 égard de 1 union des côtes ou arcs prolovertébraux de la tête avec les vertèbres crâniennes , l’unité régnante à la région cérébrale influe également ici , et fait que , quoique (foutes ces parties naissent séparées les unes des autres , cepen- dant elles s unissent toutes d une manière intime avec les ver- tèbres crâniennes chez les animaux supérieurs les espèces inférieures sont les seules chez lesquelles les arcs costaux res- 294 NEVROSQUELETTE DES CÉPHALOZO AIRES. CCCXCI. Les protovertèbres se divisent d’abord en celles de la tête (arcs costaux de la tête) , et en celles du tronc (arcs costaux du tronc). De même que les deutovertèbres envelop- pent les organes de la vie animale, de même aussi les proto- vertèbres enveloppent ceux de la vie végétative. Ainsi donc , comme les deutovertèbres se développent d’autant plus puis- samment que les ganglions sont plus prononcés ( par exemple dans les vertèbres crâniennes ) , de même les protovertèbres acquièrent d’autant plus d’ampleur que les viscères enclos par elles ont plus de volume. Aussi est-ce au tronc qu’elles sont le plus grandes , comme c’est à la tête que le sont les deutovertèbres. Aussi sont-elles d’autant plus subordonnées aux deutovertèbres, dans la tête, que l’animal se trouve placé à un degré plus élevé de l’échelle. CCCXCII. Occupons-nous d’abord des protovertèhres de la tête. Comme le nombre des protovertèbres doit toujours corres- pondre à celui des deutovertèbres , on ne peut pas trouver , à la tête , plus de paires d’arcs protovertébraux qu il n entre de deutovertèbres dans la composition de la colonne vertébrale céphalique. Mais comme les protovertèbres ne se développent pointa toutes les deutovertèbres, on en rencontre souvent moins de neuf. Mais c’est un résultat de l’antagonisme existant entre les protovertèbres et les deutovertèbres qu'il n’y ait aucune ver- tèbre céphalique où les arcs protovertébraux soient moins développés qu’aux vertèbres sincipitale , centncipitale et occi- pitale, puisque celles-ci sontles principales vertèbres du crâne. Au contraire , nulle part ils ne se développent davantage et plus constamment qu’aux trois vertèbres faciales , c est-a-cüre dans les points où le développement de la deutovertebre es e moins avancé , et où la protovertèbre prédomine déjà le plus , parce que, comme j’en ai fait la remarque précédemment, l vertèbres céphaliques, obéissant à la loi de ^antagonisme minuent à partir du sincipul, attendu que les tu ov sont sollicitées à devenir prédominantes en ai 1 îei c c ce les proto vertèbres en avant. Ces trois prolove) i< n (S( ( a ‘ sont donc aussi les seules qui puissent se développer comp c NÉVROSQUELETTE DES CÉPHALOZOAirES. 2g5 ment, c’est-à-dire se cloreparle bas , quoiqü’au plus bas degré de formation du névrosquelette ( dans les Petromyson ) , nous trouvions l’exemple , mais unique, de la protovertèbre anté- rieure de la face enveloppant aussi le commencement du canal intestinal ( l’intestin ) , tandis que , chez les animaux su- périeurs, les protoverlèbres faciales closes par le bas ne cir- conscrivent , dans la règle , que le canal aérien (le canal nasal). Les arcs protovertébraux des intervertèbres tiennent le milieu, pour leur développement, entre les plus développées des trois vertèbres faciales et les moins développées des trois vertèbres crâniennes principales. Cependant jamais non plus leurs arcs ne se ferment complètement au côté terrestre , et ordinaire- ment leurs pièces de chaque côté tiennent les unes aux autres en manière de chaîne , à peu près comme les fausses côtes dans le tronc de l'homme. CCCXCIII. Il est nécessaire maintenant aussi de mettre les dénominations usuelles de ces parties primaires du squelette en regard de celles qui découlent de leur signification? On doit se rappeler que, d’après les § CLXXX et CLXXXI, chaque arc protovertébral peut se diviser en quatre parties, sa- voir deux tergales, supérieure et inférieure, et deux sternales, supérieure et inférieure , divisions qui néanmoins s’observent rarement dans les arcs protovertébraux peu développés de la tète , et ne s y aperçoivent que chez les animaux des classes inférieures. Du reste , il faut nécessairement admettre par la pensée 1 existence des quatre parties dans chaque moitié ou chaque côté , là où les deux moitiés latérales de la protover- tebre se ferment complètement par le bas , tandis qu’il peut souvent manquer une ou plusieurs de ces parties lorsque les arcs ne se ferment point. A l égard de 1 union des côtes ou arcs protovertébraüi de la tète avec les vertèbres crâniennes , l’unité régnante à la région cérébrale influe également ici , et fait que , quoique (foutes ces parties naissent séparées les unes des autres , cepen- dant elles s’unissent toutes d’une manière intime avec les ver- tèbres crâniennes chez les animaux supérieurs ; les espèces inférieures sont les seules chez lesquelles les arcs costaux res- 296 NÉVROSQUELETTE DES CEPII ÀLOZOAlRES. tent mobiles en partie ; ils le sont même tous encore chez les Poissons le plus réguliers. CCGXCIV. En parcourant les divers arcs vertébraux ., le mieux sera de conserver l’ordre et les chiffres dont je me suis servi pour les vertèbres du crâne ( comp. les pl. xxvi à xxxi , et surtout pL xxxi, fig. met v), où les côtes céphaliques por- tent toujours la lettre g et le chiffre de la vertèbre à laquelle elles appartiennent. Arcs protovertébraux ou cotes de la tête. Dénominations primaires. Eg. Arcs protovertébraux de l’occi- put OU CÔTES OCCIPITALES. ( En général non développées. ) l.g. Pr entière paire d’intercôtes ou CÔTES DE LA VERTÈBRE AUDITIVE. (Elle se divise, comme la première intervertèbre , en segment posté- rieur et segment antérieur. ) a. Côte postérieure de la vertèbre auditive. (Elle se divise quelquefois en portion tergale supérieure et por- tion tergale inférieure. ) b. Côte antérieure de la vertèbre auditive. Dénominations usuelles. ( L’arc osseux qui en- toure le commencement de l’aorte chez quelques Poissons, appartient ici). Anneau du tympan , ou portion postérieure de l'os carré. Apophyse zygomati- que de l’os temporal , ou portion antérieure de» l’os carré. (Elle se divise quelquefois en deux portions tergales, supérieure et inférieure , et deux sternales , supérieure et inférieure. ) névrosquelétte djFs CÉPHÀLOZO AIRES IL g. Arcs protovertébraux du cen- triciput OU CÔTES CENTRICIPITALES. 297 2. g. Seconde paire d’intercôtes ou CÔTES DE LA VERTÈBRE OPTIQUE. (Elle se divise également quelque- • fois en portions tergales et por- tions sternales. ) IILg. Arcs protovertébraux dusin- Ciput OU CÔTES SINCIPITALÈS. (Faiblement développés aussi , mais déjà sensiblement distincts. ) 3. g. Troisième paire d’intercôles OU CÔTES DE LA VERTÈBRE OLFAC- Apophyses ptérygoï- des du sphénoïde ou os palatins postérieurs (os omoïdes des Oiseaux ). Os zygomatiques. Crochets ptérygoï- diens du sphénoïde , ou os palatins moyens. TIVE. IV . g. Arcs protovertébraux de la quatrième vertèbre céphalique , OU PREMIÈRE PAIRE DE CÔTES FACIALES. ( Dans les animaux inférieurs ils sont complètement clos par le bas , comme de vraies côtes. ) V. g. Arcs protovertébraux de la cinquième vertèbre céphalique , OU SECONDE PAIRE DE CÔTES FA- CIALES. ( Dans les animaux supérieurs , ils sont également toujours fer- més par le bas, et de toutes les côtes céphaliques ce sont celles-là qui acquièrent le plus grand développement. Parfois Os lacrymaux. Os palatins antérieurs ou vrais. Os maxillaires supé- rieurs. '2Ç) 8 WÈVROSQTJELETTE DES CÉEIIALOZOAIRES . aussi ils sc divisent en por- tions tergales et sternales , supé- rieures et inférieures. ) VI. g. Arcs protovertébraux de la sixième vertèbre céphalique , ou TROISIÈME PAIRE DE CÔTES FA- CIALES. Os intermaxillaires. ( Ils sc ferment également par le bas , chez les animaux supé- rieurs , mais cependant prennent un plus faible développement que les précédens. ) (1) CCCXCY. Ici se termine ce que j’ai à dire des arcs protover- tébraux, dont le nombre, approprié à l'unité delà formation de la tête, reste invariablement la même dans toutes les classes de Céphalozoaires. J’ajouterai seulement encore que , quand ces arcs se ferment complètement , comme par exemple a la région faciale , jamais le névrosquelette de la tête n’ollre de colonne deulovertébrale ou tritovertébrale inférieure , c est-à-dire de colonne vertébrale sternale. CGCXGVI. Quant aux arcs protovertéhraux du tronc , à proprement parler, d’après l’idée , leur nombre devrait tou- jours égaler celui des vertèbres rachidiennes ; mais nous re- trouvons une grande variété sous ce rapport , les arcs proto- vertébraux tantôt manquant dans une région , et tantôt se dé- veloppant à un point extraordinaire dans une autre. Ce dci nit i (i) La signification de la protovertèbre prédomine encore à tel point dans les trois paires de côtes faciales , que souvent la deutovertèbre ne se déve- loppe point du tout. Ainsi, dans les Pttromyzon , la troisième vertebre faciale n’est encore qu’un anneau tout simple, sans nul \ estige dun* deutovertèbre qui lui appartienne. De là vient que la saillie du nez général , et surtout de sa terminaison (troisième vertèbre faciale) au devant de la côte interraaxillaire , étant l’indice positif d une ileutoveitèbr loppée au dessus de la protovertèbre, forme un des caractères de la con- formation supérieure , quant a la dignité et à Ja beauté de la V. § CCXVI, pour juger jusqu’à quel point le développement plus pro- noncé île certaines côtes céphaliques coïncide avec celui de la lespirat sur plusieurs points. NÜVROSQÜELETTE DES CÉPIÏALOZOA 1RES. 299 cas a lieu surtout lorsqu’il doit en émaner des expansions rayonnantes (des colonnes vertébrales de membres). On peut donc distinguer au tronc les principales formes sui- vantes d’arcs protovertébraux : a. Le plus grand développement possible des arcs prolovertébraux ordinairement réunis en plu- sieurs paires , et rayonnant des colonnes vertébrales de mem- bres. h. Manifestation pure de l’anneau protovertébral simple , qui alors se ferme ordinairement par le bas en une dé nto vertèbre. c. Manifestation la plus oblitérée de la protovertèbre , quand elle n’enveloppe plus qu’un vaisseau et que ses parties latérales se réunissent par le bas sans deu- tovertèbre. Par exemple la ceinture scapulaire. Paire de vraies côtes. d. Développement le plus incom- plet de tous et seulement par- tiel de la protovertèbre. k. Tantôt il ne se développe que la portion tergale de l’arc protovertébral. p. Tantôt il ne se développe que la portion sternale de l’arc protovertébral (1). Apophyses épineuses in- férieures percées des ver- tèbres rachidiennes posté- rieures des Poissons , qui reçoivent l’aorte. Paire de fausses côtes. Fausse côte tergale , semblable aux fausses cô- tes de l’homme. Fausse éôto sternale , (0 Du reste, plusieurs de ces de développement peuvent se ren- 3oo névrosquelette des cépiiAlozoaires. semblable à certaines fausses côtes inférieures dans les Oiseaux et les Reptiles. CCCXCVII. Les considérations dans lesquelles je suis en- tré précédemment (§ CCXII etsuiv.)surles rapports de la for- mation squelettique avec la respiration, nous ont appris que, là précisément où cette dernière prédomine , la formation costale doit arriver au plus haut degré de développement , soit que 1 anneau protovertébral se développe purement , soit qu’il de- vienne susceptible d’expansions rayonnantes. Mais la vie végé- tative , considérée d’une manière générale , étant double , c’est-à-dire exerçant son activité plastique par rapport à l’indi- vidu et par rapport à l’espèce , ses deux principaux côtés, la production et l’exhalation de substance, doivent, chez l’animal supérieur , se répéter dans chacun des deux segmens princi- paux du corps, dans le tronc et la télé. De là résulte que , dans le tronc en particulier , qui est le siège proprement dit de la végétation , il y a bien manifestement deux régions res- piratoires , la pulmonaire et l’allantoïdienne. La première est supérieure à l’autre et prédominante. La seconde , appartenant à la vie génitale , ne prédomine que dans l’état où l’animal se trouve lorsqu’il commence à se former, c’est-à dire dansl’œuf, et ne doit môme être regardée que comme une partie inté- grante de l’appareil génital. CCCXCVIII. Il est nécessaire actuellement de parcourir l’une après l’autre les cinq régions qui sont susceptibles de se développer au tronc , qui s’y développent même toujours chez les animaux supérieurs , et de signaler , tant dans leur en- semble que dans leurs diverses parties , les arcs protoverté- braux qui prennent un grand développement dans ces régions, à proportion de leur importance particulière. On se rappellera que chaque arc protovertébral se divise primordialement , de contrer ensemble; par exemple, les arcs protovertébraux pour le rayonne- ment de membres peuvent ne se développer rjue partiellement, de meme que les os pelviens des animaux supérieurs ne sont que des portions sternales. NlîVROSQUELETTE PES CÉPHALOZOAIRES. 3oi chaque côté en quatre parties , deux lergales , l’une supé- rieure , l’autre inférieure, et deux sternales , l’une supérieure 1 autre inférieure ( comp. pl. xxvi, xxvii et xxvm). Dénominations primaires. Dénominations usuelles. Arcs protovertèbraux de la région cervicale (1). Côtes cervicales. Parties ter^ales de ces arcs. ÎLes parties tergales Arcs situés aux apophyses sont les seules qui se transverses des vertèbres développent a part cervicales, qui entourent pour chaque vertè- l’artère vertébrale. Parfois bre cervicale du ra- (chez quelques Poissons et eliis avec laquelle Reptiles) ils apparaissent elles se soudent. aussi comme lames appen- ^ . diculaires de l’omoplate. Parties sternales. Ordinairement elles se détachent des parties ternies, et ne restent pas distinctes les unes des autres, mais s unissent ensemble de ma- nière qu on n’aperçoit souvent de division que dans la portion ster- nale inférieure. Masse des portions sternales su- peneures réunies. Omoplate. de réchelle^de/f^103165 lepleS<;ntent > cte2 Ies animaux placés au sommet sont oblitérées iso^ T Avisées; supérieurement elles rement ^«1 ^ " T ^ ^ développement et , , SCU 6 ’ arrive,lt pl«s liant point de Cependant on L ^ ^ '/Méhvl'le3 «Tonnantes de membres, sons la forme d'anTe^T’6 qud',Ucf°'S aaMi' chez ,es «nimanx inférieurs, ties (comme dans qaeljes^ohlorl) Tl ^ T"' ^ ^ ^ dissent comme l ml S 1 “O » alors leurs parties tergales appa- proto vertébraux sont ^ ^ En Sénérab ° es arcs trouve des 7eTn T "* da tronc (cou et noitrinel T ^ ** * rLe‘°n rMP,r?l°tre antérieure premiers. P ^ ^ ^ U cdntUro scaP“'a-e sont toujours les 302 névrosQuelette des CÉPHALOZOAIRES. Masse des portions sternales in- térieures réunies. Clavicule. Cette dernière masse peut se di- viser en portion antérieure et por- tion postérieure. Portion antérieure. Clavicules proprement dites,, ou vraies, ou furcu- laires. Portion postérieure. Clavicules fausses ou a- pophyses coracoïdes. Arcs protovertébraux de la région thoracique. Côtes pectorales. Comme ils correspondent , ainsi que les côtes cervicales, à la région respiratoire supérieure ( poumons ) , ils offrent ordinai- rement l’image la plus simple de la proto vertèbre pure. Aussi les appelle-t-on encore Portions tergales supérieure , inférieure. Portions sternales supérieure , inférieure. Vraies côtes. Tête de la côte. Tubercule de la côte. Corps de la côte. Cartilage de la côte ( les cartilages sont également ossifiés dans quelques Rep- tiles , Oiseaux et Mammi- fères). Arcs protovertébraux de la région épigastrique . Côtes épigastriques. Ils se rapportent à la répéti- tion de la respiration dans la ré- gion digestive (foie) , et la plu- part du temps ne sont qu’incom- plétement développés , ce qui fait qu’on les nomme aussi Fausses côtes. NÉVROSQUELETTE DES CÉPHALOZOAlRES. 3o3 Portions tergales supérieure , inférieure. Tête de la côte. Tubercule de la côte. Portions sternales supérieure , inférieure. Corps de la côte. Cartilage de la côte. ( Cette partie est celle qui s’obli- tère le plus volontiers , quoique les autres deviennent aussi plus petites. ) Arcs protovertébraux de la région hypogastrique. Côtes hypogastriques ou Ces côtes , correspondantes à la région digestive proprement dite , c’est-à-dire à l’intestin grêle, man- quent d’ordinaire entièrement : il est rare qu’on les observe ; quand elles existent , elles ne sont jamais développées que d’une manière partielle , et plus spécialement dans leurs Portions sternales. Cartilages costaux du lombaires. ventre du Crocodile , in- tersections tendineuses du muscle droit du bas- ventre, os marsupiaux. (Ces der- niers ne sont que des por- tions sternales ossifiées de côtes ventrales. ) Arcs protovertébraux de la région pelvienne . Côtes pelviennes. Ils se partagent en «. arcs protovertébraux des vertèbres génitales. Ceinture pelvienne. Ces arcs se rapportent à la se- conde région respiratoire infé- .U>4 isévro&qiielette des céphAlozoaires. rieure ( allantoïde ) ; aussi acquiè- rent-ils un développement plus considérable , quoique seulement partiel , puisque , de la région res- piratoire antérieure supérieure, ils ne répètent que les portions ster- nales relatives à la formation des membres. Portions tergales ÎEllesmanquentor- dinaircment , quoi- que peut-être sont- elles quelquefois in- Idiquées par le pro- longement des Apophyses transverses des vertèbres sacrées. Portions sternales. Ordinairement il n’y a qu elles qui soient développées ; aussi, lors- qu’elles commencent à se former , paraissent-elles toujours libres du rachis ; de même que les portions sternales des côtes cervicales , les côtes correspondantes aux vertè- bres sacrées sont soudées en une seule masse. Masse des portions sternales su- périeures soudées. Iléon. Masse des portions sternales in- férieures soudées. Ici , comme au cou , cette der- nière masse se divise en deux par- ties , l’une antérieure , l’autre pos- térieure. Partie antérieure. Pubis. Partie postérieure. Ischion. b. Arcs protovertébraux des vertèbres coccygiennes. INÉVROSQUELETTE DES CÉPHALOZOAIRES. 3of) En général , ils manquent tout- à-fait ; dans le cas seulement où la colonne vertébrale coccygienne s’étend en une colonne vertébrale caudale susceptible de prolonga- tion indéfinie , on voit quelquefois encore apparaître des protovertè- bres , mais toujours sous la forme la plus oblitérée, comme Arcs autour de l’aorte, entre les branches des apo- physes épineuses inférieu- res, à la colonne vertébrale caudale des Poissons. CCCXQX. Après avoir terminé l’histoire des deutovertèbres du côté supérieur ou lumineux, ainsi que celle des protover- tèbres, il me reste à parler des deutovertèbres du côté inférieur OU terrestre, en tant qu'on les rencontre dans le névrosqueletle des Céphalozoaires. CCCC. Comme le névrosquelette naît du rachis , et que la colonne deutovertébrale du dos en est la partie la plus essen- tielle , il ne peut se développer une colonne vertébrale anté- rieure ou sternale que quand le développement du névrosque- lette sur le contour du tronc , à partir du dos, s’étend jusque vers la ligne médiane antérieure , et qu’un développement trop puissant des deutovertèbres du côté tergal ne met point ob- stacle, par antagonisme, à l’apparition de ces parties sque- lettiques au côté ventral. D’après cela , 1° JSous ne trouvons de vertèbres sternales que quand il y a des arcs protovertèbraus fermés , de sorte qu’un névrosquelette entièrement dépourvu d’arcs protovertébraux n’aura jamais de vertebres sternales. 2 Les vertebres sternales ne se développent jamais quand les vertebres dorsales ont pris un développement très-puissant, et rrrT^t J’amais au «évrosqucletle de la tête. -CCCI. 11 suffit dejad avoir égard au système nerveux pour juger du caractère des vertèbres sternales. Comme les -mi- maux supérieurs n’ont point de masse nerveuse centrale à Uï Lüte terreslre » ces vertèbres ne sauraient jamais s’élever 20 3o6 NÈVROSQUEI.ETTE DES CÉrriALOZOAlRES. au 1 ang de dcutoverlèbres coniplèles. Elles ne peuvent donc à l’instar des colonnes vertébrales rayonnantes sous la forme de membres , se manil ester que comme tritovertèhres ou corps vei tébi aux , ainsi qu il arrive aux vertèbres caudales, qi ne correspondent plus non plus à une masse nerveuse cen- liale. Mais ici il ne faut pas perdre de vue que , d'après les recherches précédentes ( § CXCIII) , les corps vertébraux sont les parties qui doivent arriver; les premières à la réalisation, pré- cisément parce que , d après la construction , elles sont celles dont 1 appai i Lion est sollicitée de la manière la plus impérieuse ( F • § CLXXX\ III ). En tant qu elles naissent par la nécessité d une piece osseuse a la circonférence d'une protovertèbre d’imëâeuto vertèbre et d’une Iritovertèbre , il est rare qu'elles prennent la forme diçonique pure, à proprement parler ca racté- ristique de la Iritovertèbre , et ordinairement elles se manifes- tent, comme parties intégrantes, comme lames plus ou moins larges , en dedans d’une proto vertèbre. Cependant la forma- tion de tritovertèbres rayonnantes ou d’apophyses épineuses n est point impossible ici , et l’on observe surtout assez sou- vent des apophyses épineuses inférieures représentant des crêtes de vertèbres sternales. CCCCII. Comme, d’après les principes précédons, il ne peut se développer de vertèbres sternales qu’au névrosquelette du tronc , et qu’elles ne peuvent non plus s’y produire que sous la forme d’os plus ou moins aplatis , nous n’avons à réunir en tableau que celles des diverses régions du tronc ( comparez pl. XXVI , XXVII , XXVIII ). Dénominations primaires. Dénominations usuelles. Corps de vertèbres sternales cervi- cales. Leur existence et leur nombre sont réglés par la formation des côtes cervicales; comme ordinaire- ment il n’y a qu’une ou deux de ces côtes (les clavicules de la ceinture scapulaire ) qui se ferment par le bas, on ne trouve non plus qu’une vertèbre sternale , simple ou dou- NEVROSQUELETTE DES CÉPHALOZO AIRES. 30y ble,pour la ceinture scapulaire. Elle pourrait être aussi désignée sous le nom de sternum scapulaire. Moitié supérieure de la poignée du sternum , qui correspond à l’insertion des clavicules, et se développe Pfr cIes points particuliers d’ossification. Corps (le vertèbres sternales thora- ciques. Comme les côtes thoraciques sont la plupart du temps complète- ment fermées , il se développe d ordinaire autant de vertèbres sternales thoraciques que l’on compte de paires de vraies côtes. Partie inférieure de la poignée et corps du ster- num. Corps de vertèbres sternales épigas- triques. Les côtes épigastriques ne se fermant plus complètement , les \ ci tebr es sternales épigastriques se réduisent aussi à des°rudimens cartilagineux. Corps de vertèbres sternales hypo- gastriques. Cartilage xyphoïde. Les côtes hypogastriques n’exis- tant ordinairement point , on ne trouve pas non plus de sternum hypogastrique , à l’exception de rudimens cartilagineux , qui ne se rencontrent toutefois que chez les animaux. tendon de la ligne blan- che, sternum ventral du Crocodile. 3o8 NÉVROSQUELETTE DES CÉPHALOZOAIRES. Corps do vertèbres sternales pel- viennes. Les côtes pelviennes ne se déve- loppant non plus que d’une ma- nière partielle, et manquant même quelquefois tout-à-fait , le dével- oppement du sternum pelvien est incomplet et à peine indiqué par du cartilage. Cartilage de la symphyse pubienne ; chez quelques animaux , comme l’Élan et le Vampire , un os parti- culier. CCCCIII. En terminant l’explication de tous les divers degrés d’évolution des protovertèbres et des deutovertèbres , tant supérieures qu’inférieures , qu’on trouve dans le névrosque- lette des animaux supérieurs , nous sommes encore obligés de nous poser le problème suivant : la construction géométrique de la protovertèbre décelant la tendance à une quadruple ma- nifestation de deutovertèbres , savoir en haut , en bas , à droite et à gauche ( voy. § CLXXXII), outre les colonnes deu- tovertébrales supérieure et inférieure qui ont été décrites , ne doit-il pas se trouver encore une colonne vertébrale parallèle à droite et une autre à gauche ? Si l’on se rappelle ce qui a été dit sur la condition de la réa- lisation des parties squelettiques exigées en puissance ^ on apercevra bientôt les motifs qui presque partout empêchent les deutovertèbres parallèles latérales d’apparaître réellement , si ce n’est sous la forme de faibles vestiges. Ces motifs tiennent : 1° A l’antagonisme ( § CCXXXIV ) existant entre les deuto- vertèbres impaires (supérieure et inférieure) et paires ( latéra- les) d’une protovertèbre ; car le développement considérable des colonnes deutovertébrales supérieures et inférieures , des premières surtout , s’oppose à celui des colonnes deutoverté- brales latérales. 2° A l’antagonisme (v. § CCXXXIII) existant entre les colon- nes vertébrales rayonnantes et parallèles; car, chez lesCéphalo- zoaires supérieurs , les colonnes vertébrales rayonnantes do- NÉVnOSQtELETTE DES CÉPHALOZOAlItES. 30f) minant principalement sur les côtés , comme les parallèles dominent sur les lignes médianes, il résulte de là que le déve- loppement de colonnes deutoverlébrales parallèles est à jamais impossible pour le type d’une organisation supérieure et pour le squelette céphalique. CCCCIV. Mais si quelque part on rencontre au moins un vestige de ces colonnes deutoverlébrales latérales , ce ne peut jamais être au degré meme de perfection qui s’observe dans la formation d’une colonne vertébrale sternale. C’est pourquoi des corps vertébraux latéraux parallèles à la colonne proto- vertebrale du tronc ne se trouvent que quelquefois , spécial- ement chez les Oiseaux , indiqués par des apophyses qui s’é- endent en arrière , aux arcs costaux droits et gauches, et re- présentent en quelque sorte un pont étendu d’une côte à celle qui vient immédiatement après elle , sans que cependant il s unisse a cette dernière. En un mot , nous avons ici l’explica- tion des crochets ou apophyses qui émanent du corps des cotes chez certains animaux. Par conséquent : Dénominations primaires. Dénominations usuelles. Corps vertébraux des deutover- tèbres parallèles latérales , aux protovertèbres du tronc. Apophyses des corps des côtes , dirigées en arrière, et faisant un angle plus ou moins droit avec le corps. “CCy- Lhistoire des colonnes protovertébrales , deuto- e irales parallèles et tritovertébrales , étant achevée ie SSe aux anlnnnes ™ />*■{■ Ah*. „ J . ’ J ou tritovertébrales 3lO NÉVROSQUELETTE DES CÉPIlALOZOAiRES. rayonnantes ne peuvent se développer que dans trois circon- stances. 1° Quand la portion de la protovertèbre d’où elles doivent procéder s’est réellement développée. Ainsi , par exemple, lors- qu’il n’y a point de ceinture scapulaire ou de ceinture pel- vienne , il ne saurait naître de membres thoraciques ou pel- viens , et quand les arcs protovertébraux ne sont pas clos par le bas ou par le haut , il ne peut point se développer de mem- bres médians , inférieurs ou supérieurs. 2° Quand la région de la protovertèbre d’où elles procèdent n’est point déjà destinée à produire une deutovertèbre parallèle , qui serait un degré plus élevé de développement . De là vient que les membres médians , supérieur et inférieur , se forment plus rarement et jamais d’une manière aussi complète que les membres pairs. Le plus rare de tous doit être le membre su- périeur au crâne , parce que ce point est celui où la deuto- vertèbre parallèle se développe le plus. Parmi les membres pairs qui rayonnent des côtés de la protovertèbre , les infé- rieurs se développent plus souvent que les supérieurs , parce qu’en haut la formation de la protovertèbre se concentre da- vantage dans la production de la deutovertèbre parallèle. 3° Des membres rayonnans ne peuvent acquérir leur plein et entier développement que dans les régions où prédomine la fonction respiratoire , c’est-à-dire la volatilisation ou 1 exhala- tion de substance animale. De là vient qu’on ne trouve de membres parfaits , c’est-à-dire pairs , qu’aux régions respira- toires primordiales de la tête et du tronc (v. § CCXYI) ; voilà pourquoi les membres les plus volumineux et les plus divisés se développent au tronc , parce que c’est là que la respiration , en sa qualité de fonction végétative , acquiert plus de déve- loppement. CCCCVII. Les membres rayonnans eux-mêmes se présentent sous des formes extrêmement variées. Il est donc nécessaire , avant de les examiner dans les diverses régions du tronc et de la tête , d’indiquer en général les principales formes qu ils peuvent, revêtir. 1° Pour ce qui concerne les parties essentielles des membres, ce sont exclusivement des triiovertèbres. Les deutovertèbres NéVROSQTIELETTE DES CÈPHALOZOAirES. 3ll auxquelles elles appartiennent, d’après l’idée , n’existent pas plus dans les membres que dans la colonne vertébrale caudale d’un Mammifère, parce qu’il n’y a plus là de parties centrales du système nerveux à envelopper. On ne rencontre parfois que des vestiges d’arcs de deutovertèbres , sous la forme d arceaux qui entourent les nerfs principaux du membre. Mais le type de la tritovertèbre , et par conséquent le dicône , pré- domine toujours. 2° En ce qui regarde le point cle départ , on distingue le membre impair médian , supérieur ou inférieur , et les membres pairs latéraux , soit du côté du dos , soit du côté du ventre. a. Membres impairs; Ces membres, qui, en général , ont un dévelop- pement peu prononcé et peu diversifié, sont : «. Mobiles sur lesapo-\ / raYons des nageoires du physes épineuses des deu- J [ dos ou du ventre (na- tovertèbres , par consé- f } aeoire dorsale , qui s’é- quent libres , et sous la \ comme / tend aussi sur le crâne , forme de rayon simple [ *es 1 nageoire anale, et na- ou divisé, (pl. xxn , li/r. I ïgeoire caudale , prove- xxi, pl. xxvi. fig. ivæV); / nant de la réunion des ’ ! \ deux autres ). [3. Soudés aux apo-] physes épineuses des deu- i tovertèbres sans pouvoir ( comme se mouvoir, et par con-[ les séquent oblitérés , ( pl. » xxn , fig. xvi , z' ) • I b. Membres pairs. Ils se partagent en prolongemens des apo J physes épineuses prove- nant de points particu- liers d’ossification { ce que Geoffroy appelle en- épialet pro-épial). ?)I2 JNÉVROSQUELETTE DES CÉPIlALOZOAIBES. a. Latéraux supérieurs Ce sont ceux qui se dé- veloppent le plus rare- ment, et dont la bran- chie desséchée , ou Y aile, est le type dans le derma- tosquelelte des animaux inférieurs. On n’en trou- ve qu’à la tête (1) ; ils se divisent peu , conservent toujours plus ou moins la forme d’ailes, et, dans les ordres supérieurs , sont plus cartilagineux qu’osseux ; (3. Latéraux inférieurs . Ce sont ceux qui se développent le plus souvent et sous les formes les plus diversifiées, qui en même temps occupent le plus d’étendue dans l’es- pace , et offrent les divisions les plus multipliées. La va- riété extrême de leur l’orrna- comme les {opercules des Poissons , ou les conques cartilagi- neuses de l’oreille des animaux supérieurs. tion rend nécessaires encore plusieurs subdivisions : 1. Eu égard au rapport des deux membres d’une paire l’un avec l’autre , ils sont : aa. Soudés ensemble à leurs extrémités ; Comme les deux moitiés de la mâchoire inférieure. bb. Libres à leurs extrémités; Comme tous les autres mem- bres. 2. Eu égard à la division de la colonne vertébrale qui forme les membres , ils sont : ( i , Si nous supposons , par la pcnxee, des ailes au dos du coips de l’homiue ( pl. xxir, lig. xx), il en résulte par cela moine un véritable per- fectionnement de l’organisation. 1NÉVR0SQUELETTE UES CEPHALOZOAlRES. 3l3 an. Divisés dans le sens de leur longueur, et suivant des rapports numériques correspondant à ceux des vertèbres d’où ils proeè- ^ent- Ainsi, les membres libres se divisent ordinairement en 3 et en 6 , parce que ce sont là les nombres fondamentaux de la division dans la colonne vertébrale. Nous appelons ces trois articles longitudinaux principaux d’un membre, ar- ticles supérieur , inférieur et terminal. bb. Divisés dans le sens de leur largeur, et leur divi- sion va en progression crois- sante , d’après les nombres qui représentent les divi- seurs primaires de toute segmentation intérieure dans le corps animal, c’est-à- dire d apres 2 et 3. Ainsi , en général , les mem- bres libres ont leur article supérieur simple , l’inférieur partagé en deux , le terminal o0 C/> , divisé en six ou en cinq. • e raPPort de la mobilité, ces membres sont tou- io„ rbi,eSiS"" '“r prolovertèbre. Mais les diverses por- étre. 1 ' lcsultent de leur segmentation intérieure peuvent aa. Également mobiles toutes les unes sur les autres. ( La mobilité des membres est toujours plus grande à leur Comme , par exemple , tous les os de la cuisse , de la jambe et du pied. . . M KÉVTIOSQTJELETTE DES CÉl’IlALOZOAlRES. origine que partout ailleurs , et c’est là seulement ( par exemple à l’articulation du bras et de la cuisse) qu’on trouve la rotation. ) bb. Mobiles seulement en par- tie les unes sur les autres. Comme les os des membres ce. Entièrement soudées en une seule pièce , et immo- biles les unes sur les autres. Comme, par exemple, les 4° La direction suivant laquelle s’opèrent la jonction et le mouvement des parties des membres varie également. Ce- pendant elle a toujours lieu essentiellement d’une manière telle que les diverses portions des membres ne peuvent être mues qu’en un certain sens (par flexion et extension), tandis qu’à sa naissance de la protovertèbre , le membre est mo- bile en plusieurs sens. Les membres se divisant ordinaire- ment eu trois parties principales , la direction de ces parties peut être Ou celle-ci ou celle-là. d’un grand nombre d’ani- maux, chez lesquels le radius et le cubitus, ou plusieurs doigts , se soudent ensemble , ou les os du carpe et du tarse sont peu mobiles. diverses portions de chaque moitié de la mâchoire infé- rieure. Segment supérieur , Segment inférieur, Segment terminal. D’où résulte un double antagonisme d’abord entre les trois segmens du membre , puisque le supérieur et l’inférieur s’u- nissent en sens contraire avec le terminal , ensuite entre les NÉVROSQUELETTE DES CÉPHALOZOAIRES. 3 1 5 divers membres d’une portion du corps, où les angles se montrent toujours disposes en sens inverse (comme dans la figure précédente) (1). CCCCVIII. Maintenant je dois donner le tableau des divers membres du névrosquelette lui-même, et je commence par les membres cle la tête. CCGCIX. On a vu précédemment ( § CCXVI) qu’il existe, à la tête, deux régions respiratoires, l’une antérieure, l’autre postérieure. Ces deux points seraient donc ceux où devraient se développer des membres pairs. Mais, comme la colonne vertébrale céphalique va toujours en s’oblitérant par devant (à la face) , et que sa région antérieure est d’autant plus sub- ordonnée à la postérieure ( crâne ) , que l’ensemble de l’orga- nisation s élève a un plus haut degré de développement, il résulte delà que les membres antérieurs doivent être imparfaits et même disparaître entièrement chez les animaux supérieurs. A 1 égard des diverses sortes de meiiihres , le grand déve- loppement des deutovertèbres parallèles supérieures de la tete (§ CCCCM) est cause qu ici le névrosquelelte des orga- nismes supérieurs ne saurait offrir de membres impairs supé- rieurs. Cependant on peut considérer comme tels tant les rayons de la nageoire céphalique de certains Poissons, que les apophyses épineuses mobiles de l’occiput du Cormoran. Il est bien moins possible encore que l’on rencontre des membres impairs inférieurs (§ GCGCVI), puisque la tête est entièrement dépourvue de colonne deutovertébrale. Il ne reste donc plus que les membres pairs qui soient susceptibles d’entrer dans la composition de la tête des Céphalozoaires supérieurs. Or ces (i) Il est digne de remarque que quand , par vice de conformation le nombre des membres du tronc monte de deux paires à trois, comme j’en ai sous les yeux un exemple chez un oiseau qui a quatre pattes, la dernière paire accessoire de membres reprend la flexion de la première. Ainsi, dans l’oiseau monstrueux dont je viens de parler, la seconde paire de pattes se ecbit en sens inverse des pattes proprement dites, et absolument de la nteme manière que les ailes. Les membres impairs supérieur et inférieur nom pas coutume d'étre divisés, et en général aussi le mouvement qui s exccute a leur base ne consiste que dans la faculté qu’ils ont de s’abaisser et ue se relever. 3l6 névuosquelette des céphalozoàihes. membres latéraux peuvent être ou supérieurs ou inférieurs: et , comme les supérieurs l’emportent en dignité sur les infé- rieurs^ CCXXIII),ils doivent appartenir plus essentiellement à la construction de la tête que ces derniers , qui correspondent davantage a la vie végétative. CCCCX. Membres postérieurs de la tête, ou membres crâ- niens. D apres le tableau qui accompagne le § CCXYII la région auditive , c’est-à-dire celle de la première interver- tebre divisée en deux segmens, est l’endroit du crâne essentiellement destiné à la formation de membres. Les mem- bres postérieurs de la tête doivent donc se rapporter aux deux arcs costaux étroitement unis ensemble de cette inter- vertèbre, et, d’après l’idée, chaque arc devrait porter un membre latéral supérieur et un inférieur. Mais comme, au crâne , la formation des arcs protovertébraux et des membres est toujours arrêtée , en vertu de la loi de l’antagonisme , par le grand développement de la colonne deutovertébrale , la manifestation des membres postérieurs se trouve limitée en ce sens qu il ne s en forme qu un seul à chaque arc, et ce membi e unique de 1 un des arcs est toujours en antagonisme pur avec celui de 1 autre arc ; car l’arc costal le plus rapproché de la première vertèbre crânienne ( celle qui entoure la masse nerveuse centrale de 1 ouïe ) développe seulement le membre latéral supérieur , qui ne s unit point à celui du côté opposé , tandis que la paire antérieure d’arcs costaux produit unique- ment une paire de membres latéraux inférieurs , qui sont des- tinés aux fonctions végétatives, et s’unissent ensemble de manière à produire un arc. Voici maintenant quelles sont les dénominations primaires mises en regard des noms consacrés par l’usage ( comp. pl. xix, xxx et xxxi). Dénominations primaires. Dénominations usuelles. Membres postérieurs de la tête , OU MEMBRES CRANIENS. Première paire supérieure. Ce membre part de l’arc protovcrtébraldu premier seg- ment de la première interver- Opercule des Poissons ( tan- tôt simple et tantôt divisé en trois). Cartilage de l’oreille des anijnaux supérieurs. ÙVÊVROSQUELETTE J tèbre , comme membre latéral supérieur. II affecte en général la forme de lame ou d’aile, et la plupart du temps il est indivis , sert d’abord à la res- piration , puis au sens respi- ratoire de l’ouïe , et alors l’os- sification cesse en lui. Seconde paire, inférieure. Ce membre part de l’arc protovertébral du second seg- ment de la première inter- vertèbre , comme membre la- téral inférieur. Il est toujours partagé en plusieurs articles , à peu près comme un bras , et s unit avec celui du côté opposé , en manière d’arc. Destiné primitivement à la seule préhension des alimens, il sert à la parole dans les formes supérieures. Les diverses parties de ce membre sont : a. Article supérieur. (Il est simple). Os intercalaires dans l’arti- culation soudée entre l’ar- ticle supérieur et l’inférieur. «. Au côté de l’extension. p. Au côté de la flexion. Article inférieur. (Il est divisé. ) Article inferieur ex- terne. CÉPHALOZQAlRES. 3, Mâchoire inférieure. Apophyse condyloïdienne de la mâchoire inférieure. Angle de la mâchoire infé- i ieui e y analogue à l’olécrane. Apophyse coronoide, ana- logue à la tubérosité du ra- dius. Lame externe de la mâ- choire inférieure. Ol8 NÉVROSQUELETTE DES CÉPDALOZOAlRES. 2. Article inférieur in- Lame interne de la mu- terne> choire inférieure, e. Article terminal. Toutes les parties du mem- bre étant soudées ensemble , cet article n’admet pas de divisions ultérieures. Bord alvéolaire, où lés dents se développent comme les 1 ongles aux doigts. CCCCXI. Membres anterieurs de la tête ou membres faciaux. Les deux arcs protovertébraux de la tête , qui entourent les cavités nasales , devraient , comme appartenant à la seconde région 1 espiratoire essentielle de la tête , développer égale- ment des membres. Mais l’oblitération de toute la colonne vertébrale céphalique en cette région , jusqu’à laquelle ne s’é- tend plus aucune masse nerveuse centrale , fait qu’on n’y voit aucune trace de membres chez les animaux supérieurs. Ce- pendant il est impossible que des membres et du mouvement manquent en ce lieu de respiration céphalique essentielle ; la colonne vertébrale de la tête y devient donc mobile elle-même , et s y meut , tantôt en entier , comme colonne protovertébrale , tantôt en partie seulement , comme colonne deutovertèbrale (vertèbre nasale antérieure cartilagineuse) , sous la forme d un membre céphalique impair (1). Le développement de membres pairs se jette donc davan- tage , en cette région , sur le dermatosquelette ( barbillons ) et sur le splanchnosquelette ( incisives, canines et molaires ana- logues aux ongles). On ne peut considérer comme vestiges de membres pairs libres du névrosquelette sur ce point que les os articulés avec la mâchoire supérieure qui soutiennent les barbillons de certains Poissons. CCCCXII. Entre les membres de la région auditive et la colonne vertébrale céphalique de la région nasale devenant un (r) L'oblitération des membres pairs, proportionnée an développement de la colonne vertébrale en un membre impair, se répète d’une manière bien manifeste à l’extrémité postérieure du tronc , où l’oblitération des membres pelviens pairs, par exemple chez les Poissons et les Cétacés , favorise l’allon- gement et la mobilité de la colonne vertébrale caudale. WÉVROSQUELETTE DES CÉPII ALOZOAlKES. 3jg membre impair, on trouve le grand organe sensoriel de 1 oîil , auquel, chez les animaux supérieurs, se rattachent des sécrétions particulières qui répètent les sécrétions nasales, ab- solument comme au tronc la fonction du poumon est répétée par la sécrétion du foie. De même que cette dernière circon' stance explique pourquoi la région épigastrique ou hépatique a de la tendance à produire des membres , il est vrai fort im- parfaits ( les côtes aliformes des Dragons), de même aussi la première explique pourquoi cette région moyenne de la tête possède une tendance à développer des membres imparfaits , qui , analogues à la paire supérieure des membres crâniens ou postérieurs de la tête (conque de l’oreille ), couvrent l’or- gane scnsoiiel développé en cet endroit , et contiennent même es lames cartilagineuses aussi mobiles dans les paupières , que les cartilages de la conque le sont dans la peau de l’o- icn e externe , les cartilages nasaux ( comme membre impair) ( ans les tegumens cutanés du nez , et les os ou filets des bar- .billons dans la peau des lèvres. ÎVous ayons donc à retracer encore le tableau de ces mem- bi es céphaliques, seulement en tant qu’ils font partie du squelette. Dénominations primaires. Membres moyens de la tête. Première paire supérieure. Partant de l’arc de la troi- sième intervertèbre , en forme de lame , tout au plus divisée en trois et non ossifiée. Seconde paire inférieure. Elle manque tout-à-fait. Membres antérieurs de la tête, ou membres faciaux. Première paire supérieure. Elle manque et elle est rem- placée par la prolongation des Dénominations usitées. Cartilage tarse des paupiè- res : cartilages de la membra- ne nictitante , de la paupière supérieure et de l inférieure. 020 MÊVHOSQÜBLETTE DES CÉPHALOZOAIRES. vertèbres nasales qui , dans les formes inférieures, se meut à 1 instar d une colonne verté- brale caudale (trompe), mais, chez l’homme , n’est que par- tiellement mobile, dans ses portions latérales. Chez l’hom- me donc, ce sont les cartilages latéraux du nez qui rempla- cent celle paire supérieure. Mais, dans quelques Pois- sons , ils constituent encore des os particuliers. Seconde paire inférieure. Elle manque également, ou .bien elle est indiquée par le choire , où les dents incisives se développent comme les ongles aux phalanges on- guéales des doigts. CCCCXI1I. Nous voici arrives aux membres du tronc , dans les- quels ceux de la tête doivent se refléter, tout comme les régions respiratoires de la tête se répètent au tronc ( § CCXVII ) , de sorte que les membres essentiels de ce dernier doivent égale- ment être les pairs, antérieurs et postérieurs, et qu’on ne doit observer que dans des cas isolés la tendance à en pro- duire de médians. Mais il en est autrement des membres im- pairs , supérieurs et inférieurs : le tronc seul pouvait se prêter à leur plus grand développement possible , d’abord parce que les vertèbres rachidiennes ne s’élèvent jamais jusqu’à la di- gnité de vertèbres crâniennes , et ensuite parce qu’on trouve au tronc des deutovertèbres inférieures , qui ne se dé- veloppent jamais à la tête. Cependant, même au tronc, on ne peut rencontrer ces membres que chez les espèces inférieures. CCCCIV. A l’égard des membres impairs , ils sont en antago- nisme décidé avec les membres pairs , et moins ceux-ci se dé- veloppent , plus ceux-là prennent d’accroissement. Il est donc facile, d’après cela, de déterminer d’avance quels sont les Cartilages des ailes du nez. Os des barbillons. Bordai véolaire de l’intermâ- If ÉV'nOSQTJELETTE DES c/iPllALOZOA mES. 32 i points où apparaîtront des membres impairs. En effet, il y a trois régions an tronc où peuvent se former des membres. 1° L’antérieure ou pulmonaire. Les membres pairs se dé- veloppent en cette région plutôt que partout ailleurs. Elle est donc celle où l’on observera les membres impairs, qui n’y sont représentés que par les nageoires dorsales prolongées en devant. 2° La moyenne ou hépatique. Comme il ne s’y forme pas de membres pairs proprement dits , c’est là que les impairs prendront le plus de développement. Les supérieurs sont les nageoires dorsales propres. Les inférieurs ne se développent point, parce qu’ordinairement les protovertèbres de cette région ne sont pas closes. 3° La postérieure ou allantoïdienne. Celte région étant celle où les membres pairs se développent le plus0 tard , est . Cel,e aussi.où les impairs se déploient davantage. Les supé- rieurs constituent la nageoire dorsale prolongée, ou la seconde o,’ et les inférieurs la nageoire anale. De leur réunion resuite la nageoire caudale. CCCCXY. Relativement au type des membres impairs les memes raisons qui empêchent ceux-ci de se développer chez .s ammaux supérieurs en organisation, ne leur permet pas non J X “ ***. pe" élCTé- . d'après ce qui a Zt t h ’ Y0''™1'0" de "aspire, comme forme bran- lale.est la plus inferieure et la première de toutes. Cesmem- 1 mu rpa"r,,e C0nsl,tuent donc tantôt partagé en deux rayons , ï ’,1,7 indéfiniment segmenté dans le sens de sa longueur aussi célt'de'le S.Jme,iation de ces membres annoncé ' m d CUI moblhte- Senrent même ils cessent tout-à- 21 .i22 RfvnosQrn.KTTE des céphAlozoaires. faii d être mobiles , et leurs rudimens se soudent avec les apophyses des deulovertèbres (1). CCCCXV I. L emplacement des membres pairs estdéjàindiqué par celui des arcs protoverlébraux qui se sont développés au tronc ( voy. § CCCXCVIII ). Quant à leur espèce , nous ne connaissons, dans tous les Céphalozoaires , que des membres rayonnans latéraux infé- rieurs. Ils doivent par conséquent partir des points d’inter- section entre les pièces sternales inférieures et supérieures de leur arc protovertébral. S’il y avait au tronc des membres rayonnans latéraux supérieurs, ils naîtraient des points d’in- te* section entie les pièces tergales intérieures et supérieures de ce même arc. Le type des membres pairs varie beaucoup. Leur segmen- tation est tantôt plus et tantôt moins complexe , et ils offrent des degi és lort différens de perfection et de beauté, suivant que leurs rapports numériques et leurs formes sont plus ou moins en harmonie avec le type de l’organisation générale. Cependant la dernière portion , ou l'article terminal , en est toujours la partie la plus essentielle , et ici également elle a toujours pour premier type la nageoire. Voici 1 aperçu des diverses parties qui constituent les mem- bres postérieurs et antérieurs ( compar. pl. xxii , xxvi, xxvir, et xxvm ). Dénominations primaires. Os des membres latéraux inférieurs de la poitrine. Ils se manifestent entre les portions sternales supérieure et inférieure de la ceinture scapulaire. a. Article supérieur. Os interarticulaires, qui se soudent avec le segment in- férieur. Dénominations usitées. Os des extrémités antérieu- res ou supérieures. Humérus. (i) Ce type détermine aussi les membres impairs supérieurs qui se voient quelquefois au crâne. NÉVROSQUELETTE I a. Au côté de l’extension. (3. Au côté de la flexion. 11 est indiqué seulement par la b. Article inférieur. Il se partage en deux os , l’un interne, l’autre externe; mais la tendance existe en lui à une segmentation ulté- rieure , car ces deux os sont inégaux et entre eux dans la proportion de 2 : 1. Os externe de l’article inférieur. 2. Os interne de l’article inférieur. ( 11 offre un indice de par- tage en deux, qui devient ma- nifeste dans la division des masses de l’article terminal. ) c. Article terminal. Il se partage à son tour de la manière suivante. Sa seg- mentation dominante est celle par 3, qui succède à la segmen- tation par 2 de l’article infé- rieur. 2. Articles terminaux de l’os interne de l’article inférieur. Trois colonnes vertébrales digitales qui rayonnent l’une à côté de l’autre. 5 céphalozoaires. 323 Noyau osseux particulier à l’olécrane. Tubérosité du radius. Cubitus. Radius. / 1. Articles terminaux de l’os externe de l’article inférieur. La construction géomé- trique indique également ici trois doigts rayonnant l’un à côté de l’autre ; mais, à cause de la subordination de l’os externe du segment inférieur, le doigt externe s’oblitère. 3 ‘>4 KÉVU0SQUELE1TE DES CÉPIIAlozOAIRES. 3' doigt 2° doigt Ier doigt radial radial radial (Pouce) (Index) (Médius) I" doigt 2e doigt 3e doigt cubilal cubital cubital (Annulaire) (Petit doigt) (Oblitëre(l) Toutes les colonnes vertébrales digitales se subdivisent, dans le sens de leur longueur, en plusieurs articles, et d’abord en trois , savoir : a, articles radicaux ( carpe ) ; h , articles médians ( métacarpe ) ; c, articles terminaux ( doigt ). Le nombre des tritovertèbres de ces trois articles peut varier à son tour ; mais il tend toujours à devenir 3 ( c’est-à-dire 2. 1. 3. ) a. Articles radicaux (carpe). Ier arliclo Ie'' article Ier article l« article I'1' article’ l" article radical radical radical radical radical radical os navictilaire os sémilunaire os cunéiforme os pis forme ] 2* article 2e article 2' article 2e article 2° article 2e article radical radical radical radical radical radical os trapèze os trapézoïde grand os os crochu absent b. Articles médians (métacarpe). article article article article article absent 51 médian médian médiau médian médian os mélacar- os métacar- os métacar- os métacar- os métacar- Ipien du pien de pien du pien de pien du pouce l’index médius V annulaire petit doigt c. Articles terminaux proprement dits (doigts). lrc phalange lre phalange Ire phalange I' fl! phalange lre phalange absente phalange phalange phalange phalange phalange du pouco de l’index du médius de l’annulairedupetitdoigt. 2* phalange 2e phalange 2" phalange 2e phalange phalange absente phalangine phalangine phalangine phalangine phalangine du pouce de l’index du médius de l’annulaire [du'petitdoigt. absente 3e phalange 3e phalange 3e phalange 3e phalange absente phalangette phalangette ' phalangette phalangette de l’index du médius de l’annulaire du petit doigt (2). (i) On le trouve chez les enfans sexdigitaires. De là les os surnuméraires qu’on observe en cet endroit chez certains animaux, par exemple l’os falci- forme à l’os pisiforme de la Taupe. (a) On trouve wssi des os intercalaires (sésamoïdes) dans les articulations KÉVROSQ 0 £ LETTIÎ DES CÉPHALOZOAlHES. 3u5 Os des membres latéraux infé- rieurs du bassin. Us se manifestent entre les portions sternales , supérieure et inférieure , de la ceinture pelvienne. Leur type est le même que celui des précédens, un peu plus grossièrement dé- veloppé seulement, par des motifs qui seront déduits pins loin. a. Article supérieur. Os simple. Os intercalcaires, a. Au côté de l’extension, p. Au côté de la flexion. Il manque. b. Article inférieur. Il se partage également dans la proportion de 2 : 1. Os de l’extrémité posté- rieure ou inférieure. Fémur. Rotule. placées entre les tritovertèbres de l'article terminal , aiusi qu’entre ses arti- cles médian et terminal. D apres cet ordre, il est facile de juger quelles sont les parties à propre- ment parler essentielles de ces colonnes vertébrales si divisées; point qu’il importe surtout de prendre en grande considération , si l’on veut compren- dre en vertu de quelle loi tantôt une et tantôt plusieurs chiaux,avecsa i vertèbre ster- nale. ^Cartilage cricoïde. 2. SPLANCHNOSQUELETTE DU TRONC. a. De la région antérieure du tronc. Colonne protovertébrale de la Anneaux de la trachée- poitrine au canal pulmonaire* artère (et larynx inférieur et ses segmens de jonction jusqu’à des Oiseaux), la tête. En général sans développe- ment de corps deutovertébraux ni de membres. b . De la région postérieure du tronc. Colonne protovertébrale au canal allantoidien. Non développée. Corps deutovertébral , comme indice d’un membre terminal posté- rieur impair dusplanchnosquelette . (Os de la verge des ani- maux.) Indice de membres pairs. ( Denture de la verge , chez quelques animaux, ) Je ne puis terminer l’histoire du splanchnosquelette sans faire encore une remarque importante. Le plus haut développe- ment du névrosquelette s’exprime par la répétition de la masse osseuse périphérique dans l’intérieur même des parties sensi- bles. De là les ossifications qui s’observent, chez les animaux, dans les trois principaux organes sensoriels , et, chez 1 homme, dans la partie la plus intérieure du cerveau, la glande pinta e. Cet état de choses doit se refléter également dans le splanchnOr SQUELETTE DES TOISSOMS. 345 squelette , et y faire naître une tendance à la répétition des ossifications dans l’intérieur de l’organe central de toute vie végétative, c’est-à-dire dans le cœur. Delà, les os cardiaques, qu’on rencontre chez quelques animaux , et la tendance de cet organe à s’ossifier, chez l'homme. CHAPITRE Y. Squelette des Poissons. CCCCXLII. Il est deux points qu’on doit surtout avoir présens à l’esprit , pour bien concevoir le développement particulier du squelette des Poissons. 1° Ces animaux sont les premiers chez lesquels la moelle nerveuse soit organisée de manière à mettre en évidence l’an- tagonisme entre un système nerveux central ( système céré- bral ) et un système ganglionnaire. C’est donc aussi en eux que , pour la première fois , un névrosquelette proprement dit se développe, en antagonisme avec un dermatosquelette- et un Splanchnosquelette. Par cette raison même , nous devons le trouver ici a son premier et plus has degré de développement . 2° La classe des Poissons représente les Oozoaires, les Ædoiozoaires, parmi les Céphalozoaires,ce qui explique, d’un côté , pourquoi , par corresponda nce avec les formes si infini- ment variées , et on pourrait presque dire sans règle , des Oo- zoaires, elle réunit en elle des formes si différentes de squelette, d un autre coté , pourquoi le tronc entier des Poissons a essen- tiellement la signification d’un tronc sexuel , d’un bassin (car il est en grande partie rempli par les ovaires ou les testicules), ce qui explique le défaut de développement des régions supé- rieures de ce tronc , la poitrine et le cou. Mais les traits essentiels qui annoncent l'infériorité de déve- loppement du squelette des Poissons sont les suivans : 1° Imperfection delà substance. Elle est ou cartilagineuse, ou imparfaitement osseuse. Aussi la langue usuelle distingue- t elle lorl bien les os de Poissons des véritables os, en les dé- signant sous le nom d 'arrêtes. Un excès de substance animale (albumine), davantage de carbonate calcaire , et moins de 346 squelette des poissons. phosphate calcaire , établissent la différence entre les arêtes et les os proprement dits. Les trois squelettes , cutané , splanch- nique et nerval , ne diffèrent point encore non plus essentiel- lement l’un de l’autre, sous le rapport de la substance, et sont souvent tous trois , ou simplement cartilagineux ou osseux. 2° Imperfection cle développement. Quoique les os des Pois- sons soient animés par des vaisseaux , et qu’il s’y fasse un re- nouvellement continuel de matériaux , ils n’ont qu’un degré inférieur de vitalité , car la substance osseuse s’y dépose toujours couche par couche , à la surface , comme dans les coquilles , la partie moyenne change peu , et elle persiste , comme dans les coquilles , pendant toute l’existence de l’ani- nimal , ce qui doit même faire naître peu à peu un défaut de proportion entre le système nerveux , dont l’accroissement s’arrête à un certain terme , et le névrosquelette , qui continue toujours à croître , par exemple , entre le cerveau et les ver- tèbres crâniennes. 3° Imper fection de forme et dénombré. Elle S exprime à SOn tour par la dignité moindre de ces rapports, considérés soit en eux-mêmes , soit relativement aux autres systèmes organiques, et par le peu de fixité qu’ils présentent. CCCCXLIII. Quant à la dignité moindre des rapports de forme et de nombre, considérés en eux mêmes, elle s’annonce par la simplicité de la configuration , qui a pour type les formes géo- métriques inférieures et une pluralité établie sur de simples proportions arithmétiques. De là vient que des lignes courbes moins variées , des cercles simples , ou même des formes à lignes parfaitement droites, caractérisent le squelette des Poissons. Il sullit , pour en être convaincu , de se rappeler la forme circulaire des corps vertébraux , l’allongement en ligne droite des apophyses épineuses , et la rareté des lignes bi- courbes. De même , la proportion des divisions dans les membres des vertèbres est plus simple , et la différence des nombres dans les différentes régions offre moins de proportions d’un ordre supérieur. Ainsi, on ne trouve presque aucun exemple de di- vision d’après le nombre douze , ou de subdivision par 5: 7. CCCCXLIV . A l’égard de la dignité moindre de cette contigu- SQUELETTE DES POISSONS. 347 ration , par rapport à la succession dans le système osseux, et relativement aux autres systèmes organiques , elle est dé- montrée 1° Par la manière dont se comportent les différentes classes de Vertèbres. Les protoverlèbres et les tritovertèbres ont en- core une prépondérance décidée, et les deutovertèbres , celles qui précisément caractérisent le Céphalozoaire , sont moins développées. 2° Par la manière dont se comportent les tritovertèbres rayonnantes. Elles ne prennent jamais la forme de colonnes vertébrales divisées en plusieurs articles (comme les membres d’un ordre supérieur) ; elles manquent même quelquefois en- tièrement , et lorsqu’elles sont développées , c’est toujours au tronc , sous la forme seulement de membres locomoteurs bran- déformes (nageoires) ; et, sous le rapport du développement primaire, du moins au tronc, elles n’apparaissent que comme membres impairs inférieurs et supérieurs (nageoires dorsale , anale et caudale). 3° Par les transitions qu’on rencontre du névrosquelette au splanclmosquelette , et qui rendent quelquefois difficile de dé- terminer ce qui fait partie de l’un (écaille) , ou ce qui appar- tient à l’autre (os). 4° Par la constance moindre du rapport de développement des os au système nerveux , ce qui fait que le cerveau et la moelle épinière sont moins exactement enveloppés par l’os , qui , au contraire , entoure quelquefois des organes de la vie végétative , le cœur , l’aorte et la vessie natatoire. 5° Enfin parce que l’os exprime moins la forme totale , in- complètement développée , du corps , qui tantôt ne s’écarte point, quant à son diamètre transversal, de celle du cercle pur , tantôt se rejette soit vers le haut et le bas (compression latérale) , soit à droite et à gauche (dépression horizontale •), CCCCXLV. Je vais maintenant décrire les squelettes de quel- ques genres. Ces descriptions serviront d’exemples à l’ap- pui des considérations qui précèdent , et feront voir comment le type général se modifie pour produire telles ou telles formes. Je choisirai trois Poissons, un sans membres (Lamproie), un autre dont les membres céphaliques sont essentiellement' dé- 348 SQUELETTE DES POISSÛKS. veloppes ( Cyprin) , et un troisième chez lequel le développe- ment porte de préférence sur les membres du tronc. ARTICLE PREMIER. PREMIÈRE FORMATION. POISSONS APODES. PETROMYZON, I. JSévrosquelette. CCCCXLAT. Les caractères de ce névrosqueletle, qui annon- cent aussi son peu d élévation dans l’échelle des formations , sont : 1° Il est entièrement composé d’un cartilage , qui même contient encore quelquefois de l’albumine liquide dans la par- tie du rachis d’où la colonne des corps vertébraux procède chez les animaux supérieurs. 2° Il est encore presque indivis , et par conséquent sans ar- ticulations. caria colonne vertébrale rachidienne et crânienne, bien que flexible , ne forme qu’un tout , et il n’y a que les deux prolovertèbres antérieures de la tête qui soient des pièces à part et distinctes. 3° Il n’y a de complètement développé en lui qu’une seule de ses parties primaires , la protovertèbre , qui l’est à la tête; les deutovertèbres sont extrêmement imparfaites ; une seule d entre elles , à la tête aussi , forme un anneau fermé. Les tritovertèbres n’existent que comme tritovertèbres parallèles ( corps de vertèbres ) ; mais, même comme telles, elles ne sont pas segmentées , et par cela seul n’ont point acquis la forme diconique, qui leur est particulière. A. Squelette du tronc. CCCCXLVII. Le squelette du tronc olfre l’exemple le plus simple de développement incomplet d’un névrosquelette. Ce dernier est même si imparfaitement développé , qu’il lui ar- rive souvent de ne pas plus se distinguer du splanchnosquc- lette , qu’il n’est , chez d’autres Poissons , distinct du derma- losqueletle. La partie la plus essentielle de ce squelette est la série de corps vertébraux ou de tritovertèbres , dont la formation repose tantsurles exigences mathématiques (§CXCI1I ) que sur la pré- squelette des roissoNS.'l 3>{g sence de la moelle épinière , et qui , parce qu’elle correspond aux cordons longitudinaux de celte dernière , comme les arcs répondent à ses renflemens ganglionnaires , se trouve sollicitée d’une manière toute spéciale ici, où la moelle épinière est for- mée uniquement de cordons longitudinaux aplatis. Mais la loi qui veut que tout composé procède du simple, exigeant aussi que, dans tout développement individuel de squelette', la colonne des corps vertébraux débute par faire un tout con- tinu, dans lequel les divers centres des dicônes ne cristallisent que peu à peu , cette colonne reste ici d’une seule pièce pen- dant toute la vie ; elle est même simplement albumineuse et liquide à l’intérieur ; les vertèbres n’y sont indiquées que par des arcs deutovertébraux incomplets, et toutes les parties du rachis , qui représente une ligne horizontale , se ressemblent quant à leur forme, si ce n’est que la colonne va en s’oblité- rant d une manière insensible vers son extrémité postérieure. La longueur de cette colonne et le nombre des indices de ver- tèbres sont très-considérables , proportionnellement à la tête. Quant au nombre , on aurait de la peine à le déterminer , mais il dépassé de beaucoup cent ( pl. xxvi , fig. n ). Le non-développement des arcs deutovertébraux correspond exactement à l’absence des renflemens ganglionnaires dans la moelle epinière , qui explique aussi la grande ténuité de tous les nerfs rachidiens. Les arcs restent ouverts, comme dans le cas de spma bifida chez l’homme. incomplet eI°^Pement ^ protovertilres est également fort cnîilw' li'' 'y. Q”anti> la division delà colonne prolovertébrale cre , elle doit etre déterminée par la répartition des or- ganes que le tronc enveloppe. Mais, sous ce rapport le trône qui renferme au total „„ conduit alimentaire partout uniforme’ qu'en ironc — es respiratoire , et la respiration elle-même ne pouvant être mie branchiale, cette division est équivalente à la seule septal exigeo chez les animaux supérieurs (§ CXCXIX ) de la région « rr; rrpl,que aussi ‘’idée d'u"e respiration bra ncldal" m“ '‘Zi ’’ nDU reS‘e ’ Ù peine est il nécessaire de fair e re! ■ quer combien cotte circonstance fait que les Poissons pla- ô!}0 SQUELETTE DES POISSONS. cés au dernier échelon correspondent à l’idée de la classe , qui a la signification de Céphalo-ædoiozoaircs. D après cette division , il ne pouvait donc y avoir que des arcs protôvertèhrawc , correspondans les uns .à la région respi- ratoire , les autres à la région intestinale et sexuelle propre- mentdile. Mais, comme des motifs d’une haute valeur (§ CCXV) font que la formation des arcs protovertébraux; est particuliè- rement sollicitée à la région respiratoire , il ne se formera d’arcs costaux qu’à cette dernière. C’est aussi ce qui a lieu. L autre grande moitié du tronc est dépourvue de côtes. CCCCXLIX. Mais l’incomplet développement des arcs proto- vertébraux ( pl. xxvt , fig. il, 1:12) s’exprime : 1° Par la manière dont , à l’instar des tritovertèbres du ra- chis , les postérieurs se réunissent en une seule masse. 2° Par celle dont ils passent aux conditions de splanchno- squeletle , non-seulement parce que les côtes postérieures, réunies ensemble rentrent en dedans pour envelopper le cœur, mais encore parce que les organes respiratoires (sacs bran- chiaux ) se soudent à ces côtes elles-mêmes. Le nombre fondamental de ces anneaux protovertébraux paraît reposer sur une double répétition du nombre 6 , et par conséquent être de 12; mais les anneaux sont partagés (fig. n), en trois séries 117)4. Les quatre derniers se réunissent pour produire la capsule cartilagineuse du cœur. Les sept médians et le premier sont libres , et forment une colonne inférieure de corps vertébraux ( l' jusqu’à 8') , qui est aplatie et indivise , comme la supé- rieure. Les sept médianes , dont le nombre indique déjà les sept vraies côtes pectorales de la formation la plus élevée , chez l’homme , ont un type fort remarquable ; car , ce qui est le seul exemple connu parmi les Céphalozoaires,ony voit apparaître la manifestation de deutovertèbres d’après la division de la protovertèbre par le nombre 4 (pl. xxii , fig. xv , 2 3, B B), at- tendu qu’il se forme des deutovertèbres latérales moyennes (pl. xxvi, fig. iii, b b). • Ces anneaux latéraux apposes per- pendiculairement sur l’axe de la protoverlèbre , sont compa- rables aux ouvertures annulaires latérales qu’on aperçoit dans 3 5 1 SQUELETTE DES POISSONS. les protovertèbres des animaux articulés supérieurs (stigmates des Insectes , § CCCCXXXIV ) , et, de même que celles-ci ils ont la signification de trous respiratoires. L’arc costal antérieur n’offre rien de semblable. Tel est le type essentiel de ces arcs. Dans la nature , il va- rie encore en raison de diverses courbures latérales (surtout dans le Petromyson marinus). 3. Squelette de i.a tf.xi;. CCCCL. La forme du squelette céphalique, dans les Poissons apodes, estde la plus haute importance pour l’intelligence du développement de la tête , car il n’en est aucun où la formation élémentaire soit plus simple que dans celui-ci. 11 aurait suffi de contempler un crâne de Lamproie pour arriver à cette vé- rité, si féconde en résultats , que Je crâne n'est qu’un rachis développé , tandis qu il a fallu 1 œil du génie pour l'apercevoir dans les formes de crânes plus compliquées, et quelle y échappe môme au commun des observateurs. GCCCLI. Six protovertèbres, sur trois desquelles doivent se développer les deutovertèbres correspondantes aux trois mas- ses céiébrales , étaient nécessairement indiquées, par le type du système nerveux , comme parties élémentaires de celte forme de tête. On les trouve en effet au crâne, où Se rapporte le développement essentiel de fcmis deutovertèbres ; les arcs pro- tovertébraux y sont incomplets et non fermés par le bas les deux antérieurs sont soudés ensemble (pl xxvr, fig. n ' I!t‘ ng , mg ). Mais les deutovertèbres n’ont acquis non plus qu'un développement très-imparfait encore. En correspondance exacte avec le développement du cerveau , dans lequel la masse cérébrale moyenne, analogue du ganglion cérébral des animaux inférieurs , s’est développée plus que les autres la verlebre centricipitale est celle qui a pris le plus d’accroisse- ment, et la seule qui soit fermée pn haut par un arc simple. Les deux autres sont ouvertes vers le haut , comme toutes les vertébrés rachidiennes (pl. xxi , xxu , xx.v , fig. „ ) , et à peu près comme il arrive dans le cas de monstruosité hémicépha- iique chez 1 homme. Leurs tritovertèbres parallèles , ou corps vertébraux , ne sont que des cartilages cylindriques. Il n’y en 3^2 SQUF.LfeTTE DES POISSOKS. a même qu à la première et à la seconde vertèbre crânienne ; la troisième tritovertèbre manque , et le crâne , en cet en- droit , est ouvert aussi par le bas , où il est percé par le canal nasal , qui conduit à un cul-de-sac situé sous le crâne ; ce vide (pl. xxvi , fig. il , * — ** ) indique de la manière la plus précise la séparation entre la colonne vertébrale crânienne et la co- lonne vertébrale faciale. CCCCLII. Mais, indépendamment des trois vertèbres crânien- niennes correspondantes aux masses cérébrales , la structure de la tête exige encore trois intervertèbres, qui correspondent aux trois principaux nerfs et organes sensoriels. Ces interver- tèbres ne sont encore développées ici qu’au plus faible degré. La première ( vertèbre auditive ) forme un simple anneau, clos de toutes parts , qui reçoit les nerfs et enveloppe le petit sac du labyrinthe , et qui représente une sphère cartilagineuse située , de chaque côté, entre la première et la seconde ver- tèbre crânienne (fîg. n, d). Elle a donc encore réellement la forme primaire de toute formation squelettique. La seconde intervertèbre n’est point développée. La troisième est confon- due avec celle du côté opposé en un seul corps sphérique , moins clos toutefois , le cartilage ethmoïdal (1). CCCCLIII. La structure des vertèbres de la région faciale est surtout remarquable. Il ne s’est point encore développé là de deutovertèbres ; mais l’anneau protovertébral ue s’en déve- loppe que davantage , et la protovertèbre antérieure nous offre même l’exemple unique, dans toute la série des Céphalo- zoaires , d’une formation à la tête d’arcs complètement costi- formes, qui embrassent l’œsophage. Cette protovertèbre an- térieure , fort cartilage intermaxillaire , qui entoure annulai- rement la bouche infundibuliforme (fig. n, vi) , est mobile sur la suivante, àlaquelle elle tient par desligamens. Celle-ci, (i) Comme des motifs d’nne liante valenr font que la têlc doit répéter en elle les régions respiratoires du tronc, et qucle tronc n’est ici qu’une senlo de ces régions, l’antérieure, il ne peut y avoir non plus qu'un seul indice de respiration céphalique , à la partie antérieure de ia tête; ici en effet le cor- net nasal apparaît encore plutôt comme brancliie que connue organe senso- riel , puisqu’il est la voie par laquelle l’eau s’introduit dans le cul-de-sac et en sort. SQUELETTE DES POISSONS. 353 cartilage maxillaire , large , simple et développée seulement en voûte palatine ( fig. il , v ) , n’entoure lia cavité orale qu’en manière de demi-anneau , et s’unit à la vertèbre faciale pos- térieure , ou , en général , à la quatrième protOYertèbre cépha- lique. Cette dernière , cartilage ‘palatin ( fig. h } iy ) est cour- bée en demi anneau , et s’unit au crâne, sur lequel elle n’est point mobile. Que le crâne lui-même soit encore d'une seule pièce dans toutes ses parties, que la distinction entre ces dernières soit encore faiblement prononcée, et que le crâne ne soit même pas séparé du rachis par une articulation , mais que les corps vertébraux crâniens et rachidiens ne fassent qu’un tout continu, ce sont là autant de circonstances très-significatives, qui attes- tent l’imperfection de la structure totale de la tête. Il n y a aucune trace d’arcs costaux des intervertèbres ni de membres. CCCGLIV . Un aperçu général de la formation de ce squelette , en général , nous offre donc comme caractères essentiels : 1° Qu’il se divise seulement en région céphalique et région pelvienne , et que celte dernière se subdivise en région intes- tine branchiale (pl. xxvi , fig. n, C D) et région intestino- sexuelle (DF). 2U Que le nombre des vertèbres est déterminé à la tête mais que celui des vertèbres incomplètement indiquées au tronc est toujours considérable , quoique variant suivant les especes et peut-être aussi dans les divers individus d’une meme espèce. 3 Qu en devant, à 1 extrémité antérieure de la tête, le squelette se termine par une protovertèbre absolument simple formant 1 organe de succion ou d’attache , et qu’en arrière à la queue il se termine sous la forme de la tritovertèbre’la plus simple , de sorte que le rachis lui-même apparaît comme un membre terminal impair. 4° Qu il y a absence totale de membres pairs. II. Splanchnosquelctte. CCCCLV . Comme, au tronc, le névrosquelette lui-même nasse encore a, K confions de splandmosqueleue , on 23 354 SQUELETTE DES POISSONS. l’épithélion excepté , aucune trace d’un squelette splanchnique spécial et dur. Le splanehnosquelette appartient donc à la tête seule , et là même il est très-imparfait , parce qu’il n’y a pas de respiration spécialement développée dans la tête , où cette fonction n’est encore qu’indiquée par la cavité nasale. Nous avons vu précédemment que le splanehnosquelette de la tête doit être divisé en partie appartenant au crâne et partie appartenant à la région faciale ; nous avons vu aussi que les rùdimens de membres dirigés en dedans devaient prédominer dans cette dernière partie , et les arcs protovertébraux dans l’autre. Nous en trouvons une preuve extrêmement simple dans le Petromyzon. Des parties qui appartiennent au crâne, les suivantes seules sont développées : d° Une paire d’arcs antérieurs , correspondant aux cornes de l’hyoïde ( pl. xxvi , fig. n, a), qui s’unissent inférieure- ment en un corps vertébral , correspondant au corps de l’hyoïde (a). 2° Un long cartilage impair ( p ) , qui correspond aux corps vertébraux des arcs branchiaux , tandis qu’on n’aperçoit sous la tête aucune trace d’arcs branchiaux ni de mâchoires pha- ryngiennes. CGCCLYI. A l’égard du splanehnosquelette appartenant aux vertèbres faciales, ici, comme partout, il ne s’élève que jus- qu’à des vestiges d’extrémités de membres , représentées par les dents. Les dents de ces Poissons entourent la cavité orale par rangées annulaires concentriques ( fig. h , vi , g ) , car elles s’étendent en arrière jusque sur l’os hyoïde lui-même, et par cette seule circonstance indiquent déjà qu’elles sont au plus bas degré de développement des splanchnodents. Eu elfet, elles sont coniques , et, de même que des ongles , elles s’im- plantent simplement sur des papilles charnues de la cavité orale : nulle part elles ne contractent union avec les cartilages faciaux, et leur substance est plus cartilagineuse qu’osseuse. III. Dermatosquclette. CCCCLVII.La peau de ces Poissons est encore entièrement dépourvue de formation squelettique proprement dite et SQUELETTE DES POISSONS. 355 dure. Elle est molle , couverte d’un épiderme corné mince et même privée de toute espèce de irayonnemens , si l’on excepte un pli , ou une formation incomplète de nageoires , qui se dirige vers le haut et vers le bas , sur la ligne médiane ’ et qui entoure la terminaison du tronc en arrière. ARTICLE II. SECONDE FORMATION. POISSONS POURVUS DE MEMBRES. I. Poissons dont les membres et la respiration se rapportent essentiellement à la tête{ 1). A. Névros 2 a); mais, aux vertèbres céphaliques , ils deviennent plus forts, pai ant. gonisme avec les côtes, qui sont petites et rentrées en dedans (i «, 2 a, 3 a) ; ils y prennent même quelquefois la forme de vésicules osseuses (fig. v d~) > sur lesquelles je reviendrai plus loin. (2) F o j. Rosentual , Ichthyotoinischc Tafeln . Cah. I, pl* l> ^o- t- SQUELETTE DES POISSONS. 35g sont complètement libres. Chez les Poissons moins réguliers les vertèbres thoraciques ne se distinguent point encore des autres , et le nombre total des vertèbres rachidiennes est si peu déterminé, qu’il dépasse du double, ou même au-delà, ce- lui qui vient d’être assigné (1). CCCCLXIV. Comme la colonne vertébrale est susceptible de se prolonger indéfiniment en arrière, pour produire un mem- bre terminal impair , une colonne vertébrale caudale , et quelle a d’autant plus de prédisposition à cette exubérance ? que son organisation intérieure, comme colonne vertébrale du tronc, est moins avancée , la série des vertèbres rachidiennes n’est point close par celles dont je viens de parler , et qui sont situées au dessus de la cavité du tronc ; il se forme encore un prolongement. Mais l’idée d’un prolongement implique toujours celle de répétition d’une chose déjà existante ; donc le nombre le plus régulier des vertèbres caudales sera celui qui répétera le nombre des vertèbres du tronc ( pl. xxvi , fig. iv ). En effet la Brême a exactement vingt et une ver- tèbres caudales. Mais ce n’est point assez que la colonne ver- tébrale caudale répète le nombre des vertèbres du tronc ; le nombre des vertèbres céphaliques ( six ) doit être répété aussi, mais en vertèbres soudées , où les deutovertèbres se transfor- ment entièrement en corps vertébraux , c’est-à-dire en trito- vei tèbres, dememeque, dans les vertèbres céplialiquçs soudées, les tntovertèbres se transforment en deutovertèbres et en pro- tovertèbres. De là résulte la pièce simplement conique payla- (î) Des exemples de vertèbres thoraciques incomplètement développées se voient dans les genres Esox , Exocœtus , Salmo , Gaclus , où il n’en existe qu une ou deux , qui ne diffèrent pas essentiellement des antres yertèhres rachidiennes et ne s’en écartent que parce que les arcs costaux y sont un peu oblitérés, on manquent tout -à-fait. Dans VÊsox lucius , il n’y a qu’une seme vertebre thoracique, peu forte, et munie d’arêtes costales faibles. L Exocœtus volitans est dans le même cas; mais ici les côtes manquent tout-à- fait.La Lotea deux vertèbres sans côtes, etc. Cuvier donne à ces vertèbres thoraciques le nom de cervicales, et il en attribue quatre an Brochet. Rosenthal , qui les appelle aussi cervicales ou pectorales, n’en compic pas une seule chez ce Poisson , ce qui est plus exact. En général, les tables que Cuvier donne ici sont fausses ; ainsi, par c*emPle, il n’accorde qu’une seule vertèbre thoracique aux Cyprins. ODO SQUELETTE DES POISSONS. quelle la queue se termine, et dont les rayons de nageoire indi- quent manifestement les six vertèbres qui en elle se trouvent fondues ensemble ( pl. xxvi, fig. iv, i ,b ). Du reste, il n’est pas sans importance que cette pièce impaire soit parfaitement di- rigée vers le haut (1). CCCCLXY . Les arcs protovertèbraux se présentent sous qua- tre formes au squelette du tronc des Poissons réguliers : celle de côtes incomplètes (fausses), qui correspondent aux régions hypogastrique et épigastrique ; celle de rudimens de côtes pec- torales plus libres; celle d’anneaux protovertébraux oblitérés, qui ne renferment plus que des vaisseaux sanguins ; celle enfin d’arcs protovertébraux de membres. CCCCLXVI. La première forme appartient aux vertèbres pro- prement dites du tronc ; elle constitue ce qu’on appelle ordi- nairement des côtes, arcs très-simples qui entourent la cavité du tronc sans se fermer par le bas , ni sans manifester aucune division intérieure (2) , et correspondent d’une manière exacte au nombre des vertèbres du tronc , aux apophyses transverses desquelles ils tiennent , sans être mobiles sur elles (pl.xxvi, fig iv ). Dans d’autres genres ( Fistularia , par exemple ) , les côtes s’oblitèrent beaucoup plus, et même tout-à-fait(3). CCCCLXVII. Chez lesJPoissons réguliers , les seuls arcs pro- tovertébraux qui s’écartent de cette formation simple sont ceux qui appartiennent aux rudimens des vertèbres thoraciques, parce que des motifs d’une haute valeur exigent que les côtes pectorales affectent un type plus élevé. De la résulte la se- conde forme. CCCCLXVIII. Ce type supérieur ne s’exprime cependant pas tant par la grandeur et la division multiple , que par la mobilité plus grande , la délicatesse de la conformation, et la relation (i) Le nombre ries vertèbres caudales varie aussi beaucoup dans les genres moins réguliers , mais il ne varie point autant que celui des vertèbres du tronc. (a) Il n’y a qu’un petit nombre de genres ( Perce , par exemple ) ou du milieu de la côte parte une apophyse dirigée en arrière , qu’on doit consi- dérer comme le rudiment d’une tritovertèbre parallèle latérale (pl. xxvr , fig- y,? 9). (3) RosnrruAt., foc. cit. Cab. Il, pl. ix, fig. 8. SQUELETTE DES POISSONS. 3(3! avec la vessie respiratoire et l’oreille. Ces côtes sont, comme les vertèbres thoraciques , au nombre de trois paires ( pl. xxvi , fig. v. 4 7, 2y , 3 7). Une chose remarquable , c’est que la paire postérieure est toujours celle qui présente au plus haut degré le type des côtes postérieures du tronc. Ainsi , dans le Silurus çjlanis et la Carpe , elle se soude intimement avec l’apophyse transverse , et se ferme par le bas , comme le font les arcs protovertébraux oblitérés des vertèbres caudales , pour livrer passage , de même que ces derniers , à l’aorte. L’antérieure , par sa ténuité , et par ses rapports avec un prolongement du labyrinthe membraneux , devient analogue aux côtes cépha- liques. Enfin la médiane , qui es^t plus forte et plus mobile , et qui a des connexions avec la vessie natatoire , apparaît comme une côte thoracique rentrée en dedans. CCCCLXIX. Cetto structure est surtout d’une grande régu- larité dans les Cyprins (4) , les Silures (2), les Cobites (3), les Op'niclium, et probablement aussi plusieurs autres genres. Les Esox, Gadus, Murcena, etc., n’ont, aux vertèbres thoraci- ques, que des côtes ordinaires oblitérées, ou même n’en ont point du tout (4). (i) roj.Bo,AKus, dans Isis, ,8ai, 1. 1, pl. tv,Gg. q. — TV cher, Doaure pî. in , fig. 9. (a) Weber , loc. cil. , pt. v, fig. 3o, 3i. (3) Ici cependant, tes apophyses fransvcrses des denx vertèbres pectorales postérieures se dilatent en nne ampoule osseuse, qui enveloppe ce rudi- ment de côtes. ( Weber , loc. cil., pl. vr, fig. > (4) Weber, a qui nous devons les premières recherches exactes sur les format, ons extrêmement remarquables dont il s'agit ici , a décrit ces rudimens de cotes sous le nom d’osselets de l’ouïe, il a appelé le second maliens (ancora , apres Bojanus), et les parties du premier incus. siapcs , claustra, n ( norma trulla , podium , d'après Bojanus). Si l’on veut dire par là que ces os rem- plissent chez les Cyprins, les Silures et les Cobites, d.s fonctions analogues a celles du marteau , de l’enclume et de letrier chez l’homme, je n’ai rien à objecter ; ma, s si l’on prétendait qu’en se développant dan, la série du règne an, mal,, lsdev.enuent réellement les osselets humains de l’ouïo , ainsi q„’0„ peut suivre et démontrer pasàpas la manière dont le bras se développe de h nageoire pectorale , la jambe de la nageoire ventrale , et le larynx des arcs " "" te,le “P™0" “ *'™> iflitliM. P» rien, e. inadmissible celle ,„i tendrai! à faire considérer le, elle, de. squelette des TOISSONS. CCCCLXX. La fermeture incomplète de tous ces arcsprolo- vertébraux du tronc est déjà cause qu’il ne peut point y avoir de deutovertèbres , ni même seulement de corps vertébraux inférieurs, c’est-à-dire de vertèbres sternales, de même abso- lument qu’on n’en voit pas aux régions épigastrique cl hypo- gastrique chez 1 homme. En effet , les Poissons régulièrement segmentés n’offrent aucune trace de vertèbres sternales ( pl. xxvi , fig. iv, Il ). Il y en a bien un vestige dans le Ha- reng, mais elles y passent déjà aux conditions de dermato- squelette (1). La colonne vertébrale , semblable à un sternum , qui se voit dans le Salmo sürinamensis, appartient encore da- vantage au dermatosquelette , quoique Cuvier la considère comme un sternum (2). CCCCLXXI. La troisième forme des protovertèbres du tronc est celle dans laquelle on les trouve réduites à de petits an- neaux qui ne surpassent point les deutovertèbres. Si l’on excepte l’anneau que les rudimens de côtes sternales posté- rieures forment chez les Cyprins ( pl. xxvi , fig.v, 2>v ), rien de semblable ne se voit, excepté dans la répétition incomplète des vertèbres du tronc à la colonne vertébrale caudale , d’a- près le type pl. xxvi , fig. vi , i' et fig. îv, rv w Il pourrait donc se développer des deutovertèbres inférieures ou des tri- tovertèbres dans ces proto vertèbres , puisqu’elles se ferment complètement. Mais comme les protovertèbres elles-mêmes s’oblitèrent beaucoup , les choses ne vont que jusqu’à la ma- nifestation d’une vertèbre rayonnante médiane inférieure, Oiseaux comme un développement des ailes du Dragon , constitués par les côtes abdominales. Ces côtes pectorales sont bien plutôt des formes propres ; appartenant à un genre seul, dont la manifestation dépend tellement du rapport spécial existant ici entre la colonne vertébrale du tronc et celle de la tête, que celui qui s’est fait une idée nette de ce rapport jugera impossible que, dans les classes supérieures, où il a disparu, on retrouve les parties qui s’y rattachent. Il est, au conti’aire , tout-à-fait dans l’esprit de la méta- morphose organique incessamment progressive, que le type de cette forma- tion puisse être adopté, dans les classes supérieures, par d’autres parties , notamment parles membres du segment postérieur de la première interver- tèbre céphalique. (1) Rosenthae , loc. cit ., pl. iv, Cg. i , e e e. (2) ROSENTHAt, , loc, cit., pl. VI Cg. 12 • * X. SQUELETTE DES POISSONS. 363 d’une apophyse épineuse (pl. xxvi, fig. vi , a, et fig. iv, w' w'). Du reste l’anneau protovertébral , par antagonisme pur avec la deutovertèbre , enveloppe ici l’organe central de la vie vé- gétative , comme cette deutovertèbre enveloppe l’organe central de la vie sensitive (1). CCCCLXXII. La quatrième forme de protovertèbre du tronc est celle de prolovertèbre de membre. Mais, ainsi qu’il ré- sulte des discussions dans lesquelles je suis entré plus haut, le développement des membres n’est sollicité que par une fonc- tion respiratoire énergique , et ici on ne trouve qu’une respi- ration analogue à l’allanloïdienne , dont le siège est la poi- trine incomplètement développée. Voilà pourquoi , dans les Cobites , les apophyses épineuses qui appartiennent aux rudi- mens de côtes de la poitrine enveloppent encore entièrement la vessie natatoire , et pourquoi , dans les genres réguliers , la vessie natatoire , attachée à la côte thoracique moyenne , s’ouvre au dehors dans cette région , par le moyen du canal alimentaire. Cependant, comme la respiration proprement dite, celle qui appartient essentiellement à toutes les espèces , s’o- père encore ici par les branchies , l’endroit essentiellentent favorable au développement d’arcs protovertébranx de mem- bres ne peut être autre que la jonction de la tête avec la poi- trine, et de telle sorte même que ces arcs protovertébraux se rapportent plus encore à la tête qu’à la poitrine , qui est im- parfaite. CCCCLXXIII. Mais deux de ces arcs protovertébraux , les ceintures scapulaire et pelvienne , doivent plus particulière- ment arriver à se développer dans les Céphalozoairés. Chez les Poissons, où toute respiration reste purement allantoïdienne, c est à-dire pelvienne , et où la respiration du tronc , c’est:à- dire la respiration thoracique et pelvienne, est indiquée par la vessie natatoire seule , ces ceintures, en tant qu’elles se' déve- loppent , doivent avoir plutôt le type d’os du bassin que celui de vrais os de l’épaule ; chez un grand nombre même de ces animaux ( tous les Apodes ) , il ne se développe qu 'une seule protovertèbre , et lorsque les deux se développent , elles le (0 Kosentual, loc, eu., pi. 1 , G g. 12, 1 3 , i/J. 3^4 SQUELETTE DES POISSONS. font essentiellement à «« seul endroit, c’est à-dire l’une au dessous de l’autre. CCCCLXXIV. Les arcs protovertébraux des membres thoraci- ques ( os de l’épaule), comme étant les plus élevés en dignité, sont toujours les plus rapprochés de la tête , et toujours aussi ceux qui prennent le plus grand développement. Voici ce qu ils oflreni d’essentiel dans leur division et dans leur forma- tion spéciale. Comme chaque arc de la protovertèbre doit toujours être vir- tuellement divisé en quatre parties (pi. xxii , iig. xv, i-iv ) , chaque moitié latérale de cette ceinture se partage de haut en bas en qunlr e ai licles ; mais il survient aussi des divisions dans le sens de la largeur de la ceinture , ou d’avant en ar- 1 ièi e , pai ce que enaque arc protoverlcbral destiné à une for- mation de membre se rapporte proprement à une région en- tière du tronc , la ceinture scapulaire au cou , la ceinture pel- vienne aux régions lombaire et sacrée. CCCCLXXV. Ainsi chaque arc scapulaire se divise de haut en [bas : 1° En portion ter gale supérieure, qui est petite et appliquée à l’occiput ( pi. XXVI , fig. IV, O ) ; elle correspond à la lame appendiculaire cartilagineuse de l’omoplate de certains Rep- tiles, et aux pièces qui ferment les trous dans les apophyses transverses des vertèbres cervicales de l’homme. Rosenthal donne à tort le nom d’omoplate à cette pièce. Dans le brochet, elle est divisée , d’avant en arrière , en lame externe et lame interne. Arendt l’a le premier décrite avec exactitude, sous le nom bizarre d’os caligœforme. 2° En portion ter gale inférieure , qui est petite et unie plus solidement à la précédente qu’à la portion sternale supérieure ( fig. iv, oo ). Elle correspond aux lames appendiculaires os- seuses de l’omoplate de certains Reptiles , et manque chez l'homme. Rosenthal la nomme à tort clavicule , puisque c’est une loi constante que le point d’intersection entre la clavicule et l’omoplate se trouve toujours là où rayonne le membre thoracique. Geoffroy Saint-Hilaire l’appelle omoplate. CCCCLXXVI. 3° En portion sternale supérieure. 4° En portion sternale inférieure. Ces deux pièces sont soudées ensemble. SQUELETTE DES POISSONS. 36$ La première , longue et simple ( fig. iv, ooo et o4), correspond à l’omoplate de l’homme. La seconde, plus courte et plus large, est divisée, par une ouverture et ordinairement aussi par des sutures très-apparentes, en partie postérieure, clavicule fausse ou apophyse coracoïde ( o 4' ) , et partie antérieure , clavicule vraie ou os furculaire ( o4 ). Elle correspond à la clavicule de l’homme ; seulement ici , comme chez beaucoup de Reptiles et certains Oiseaux, elle ne fait qu’un avec l’omo- plate. Rosenthal appelle à tort humérus ces deux portions réu- nies de la ceinture scapulaire (1). CCCCLXXVII. Les arcs protovertèhraux delà ceinture pel- vienne, qui manquaient tout-à-fait chez les Apodes, n’ont ici qu un développement incomplet et en quelque sorte partiel. i ^es portions ter gales , supérieure et inférieure , ont l’aspect d’une pièce costiforme, souvent très-oblitérée , qui est tou- jours engrenée dans la ceinture scapulaire , et qui adhère spé- cialement à sa portion sternale supérieure , ou à l’omoplate ( ig. iv , u). Il n y a rien , chez l’homme , qui corresponde à cette pièce. Geoffroy la nomme à tort os coracoïde. Rosenthal en a mieux saisi le sens , puisqu’il la considère comme un ru- diment des os du bassin ; seulement ce n’est point à l’ilion (portion sternale supérieure) qu’on doit la rapporter, ainsi qu i sein j e le faire , car alors le membre pelvien devrait être inséré entre elle et l’os de la nageoire ventrale , comme le «ras entre 1 omoplate et la clavicule. . CCLXXVIII. Les portions sternales , supérieure et infé- rieure, ne forment également qu’une seule pièce; mais l’infé- î îeure montre de la tendance à se diviser en deux portions, l’une pos ci leur c (ischion) , l’autre antérieure ( pubis ) , tandis que la supérieure est ordinairement ]a plus oblitérée. Toute cette pièce o j itérée de la ceinture pelvienne correspond donc à os innomme de l’homme (fig. Iv, uu)- et, chez les Poissons Æ?,rPOrf°n’ Sterna,eS inf™S point par le tse; ;r;,tacTnT s’n n’en existe ^ * « u fJueiq„C3 ÎZ t S"; ’ 6 SCOl°Pa*' “ «•" ^nmre m£l fig. ’ ^ PCUt'6tle étl C COnslllé,é tel, lac. oit., cah. 2 , p|. x , 366 S'JTJELETTE DES POISSONS. les plus réguliers , elle se montre éloignée des portions ter- gales à ï’ extrémité postérieure du tronc. (fig. iv, »'■), tandis que , chez d’autres , elle reste au dessous de sa portion ter- gale (fig. rv , u u), et que même, dans les Zeus faber , Chœ- todon striatus et Chntriscus scolopax , elle se soude intimement avec elle. Quelquefois aussi on trouve les portions sternales des deux côtés soudées ensemble ( peut être avec un indice de sternum pelvien) , et alors elles forment un large bouclier , comme dans le Cycïoptenis lumpus (1). CCGCLXXIX. Membres , ou tritovertèbres rayonnantes dit tronc. Par suite de la loi générale qui veut que les membres sor- tent toujours de la protovertèbre dans la direction de l’hexagone, on devrait s’attendre à trouver ici un membre médian supé- rieur impair (pl, xxvi, fig. vi, a) , un médian inférieur im- pair ( d ) , deux latéraux supérieurs ( b ), et deux latéraux infé- rieurs (c), tous encore au plus bas degré de formation des membres, c’est-à-dire réduits à la condition de nageoire. Mais , parmi ces six rayonnemens , la nature ne nous offre point la paire des membres latéraux supérieurs ( b) , pré- cisément à cause de l’antagonisme résultant du grand déve- loppement des tritovertèbres parallèles supérieures, qui, dans une portion encore mal segmentée du corps , ne permettait pas que les tritovertèbres rayonnantes supérieures se produi- sissent. Il ne reste donc plus qu’un membre médian supérieur (nageoire dorsale), un médian inférieur (nageoire anale), qui produit la nageoire caudale par sa réunion avec le précé- dent, et deux paires de membres latéraux inférieurs (nageoires pectorales et ventrales ). CCCCLXXX. 1° Nageoires impaires. Elles consistent en rayons isolés , dont le nombre correspond à celui des protovertèbres d’où ils se développent. Le type essentiel de ces rayons est le cône simple (pl. xxvi , fig. vi , o p) , formant une articulation par sa base , et on doit les considérer comme des moitiés de deux tritovertèbres diconiques qui ne se sont point dévelop- (i) y. Rathke dans Meckel’s Archiv , t. VII , cah. IV, p. 49^ > pL vr» fîg. z. — y. aussi les figures des deux prolovertèbres de membre engrenées l’une dans l’autre , dans mes Tabula: illustrantes , cah. 11 , pl.iv , lig. 7. SQUELETTE DES POISSONS. 3 Qy pées complètement par le liant et par le bas Q »' o' ). Le cône inférieur (p ) , qu on nomme porte-rayon , répète ainsi , seule- ment dans une situation inverse , le type de l’apophyse épi- neuse (7) , et il reste simple ; le supérieur , ou le rayon , n’é- tant point limité par une formation opposée , tend à se diviser , à se segmenter et à se prolonger indéfiniment , ce qui fait qu’il devient, à proprement parler, une petite colonne de corps vertébraux , dont la longueur n’a rien de déterminé (1). CCCCLXXXI. Les nageoires insérées aux apophyses épi- neuses des vertèbres rachidiennes portent l’épithète de dor- sales (pl. xxvi , fig. iv , E). Elles se partagent quelquefois en antérieure et postérieure. Des protovertèbres fermées par le bas, condition nécessaire à la formation d’apophyses épi- neuses inférieures , ne se voient qu’aux vertèbres de la queue • c est donc aussi là seulement qu'on trouve des nageoires im- paires intérieures , qui sont appelées anales (.*"). Lorsque les nageoires impaires supérieure etinférieurese réunissent la der- mere vertebrë caudale étant redressée (fig.V , , il en résulte la nageoire caudale , et le nombre six qu’alTectent ici les rayons chez les Poissons réguliers , atteste de nouveau qu’il y a six vertèbres contenues en puissance dans l’os terminal de la colonne vertébrale (2). CO r.poar les détails de cette formation Rosekthal dans Ws Archîv • » P* , pl. iv, v, vi. ’ (a) Ces nageoires impaires nous redonnent les parties élémentaires du squelette de la classe, avec lesquelles la nature produit les formes les plus diversifiées , en les variant à l’infini. P T rz? ’û ”scoi” . b a vcilte> elle est toujours formée chez 1*» r»lr.c î p|0antrt’lP:,r ‘ “ ‘erminal ilD1UObile et redressé> au Cessons duquel ^'im L- X" ( 7- ** «•. fig. 12 ; Z eus faher , pl ’xm fi q * ’ V1 • S- i î Salmo rhombeus, plusieurs figures de Kosèmhal ’ 7 ^ 4; CepcHdailt geoire; ainsi , dans le Cyprinus brama ^ -Cel'e "’est pas assez distinct des porte-rayons 1 M i -^1 el,ninaI 'mmolile où la nageoire caudale résulte plus des rayonV -T 00851 ^ “f*0" caudales mobiles que de ceux oui I • ' * PPar enant aux vertèbres Partie dans le Broche, ( «o,.lAt ^ ^ pi. VII , Ug. ! ma|s Ijlen 1,|U3 368 squelette des poissons. CCCCLXXXII. 2° Nageoires paires. Les membres pairs , comme étant d’un rang supérieur, sont toujours bornés à certai- nes régions du corps plus spécialement favorables au développe- ment des membres. Les nageoires paires appartiennent donc à la région thoracique. Mais la région thoracique elle-même ne se trouve , sous le rapport de sa respiration , qu’au niveau de la respiration pelvienne. C’est pour cela que les arcs pro- tovertébraux d’où ces membres doivent naître, appartiennent tous deux à la région thoracique , et que , dans la plupart des complètement dans le Thon , où les dernières vertèbres candales , réduites à de faibles proportions et étroitement serrées les unes contre les autres, for- ment la grande nageoire, à moitié du côté dorsal , à moitié du côté ventral, et où l’extrémité proprement dite du rachis 11e prend qu’une faible part à eette nageoire (comp. Schultz, dansMECKEL’s Archiv, t. IV, pl. iv, fig. 12 ). Il arrive mème^aussi quelquefois que la nageoire caudale, devenue en quelque sorte demi-dorsale et demi-anale, est formée uniquement par les côtés supé- rieur et inférieur du rachis , et que la terminaison proprement dite de ce der- nier la traverse sous la forme d’un long filament cartilagineux simple, qni s’étend encore bien au-delà d’elle , comme dans la Fistularia tabacaria (Ro- senthal, pl. ix , fig. 8 ). Les nageoires dorsale et anale varient également beaucoup , tant sous le rapport des dimensions , que sous celui de la formation. Relativement à la grandeur , on aperçoit un certain antagonisme entre elles ; car si , par exemple , dans le Silurus gianis , l’anale est très-grande et la dorsale fort petite (Rosentbal , pl. ix , fig. 8) , dans la Carpe, au contraire , la dorsale est plus grande que l’anale ; dans d autres genres , par exemple la Fistularia tabacaria , elles sont d’égales dimensions (Id.t pl. ix , fig. 8). A l’égard de la formation je dois signaler les modifications suivantes : I* La nageoire dorsale , quand elle s’étend jusque vers le crâne , acquiert, par suite du développement plus considérable des vertèbres thoraciques, des rayons et des porte-rayons plus forts , qni quelquefois deviennent libres , et prennent même la forme d'aiguillons barbelés. C’est ce qu’on voit dans la Carpe et dans le Centriscus scolopax ( Rosenthal , pl. x , fig. 1 1 ). a° De même , les rayons et porte-rayons de la nageoire anale deviennent souvent plus forts du côté de la cavité abdominale, et il n’est pas rare sartout que les porte-rayons se réunissent plusieurs ensemble pour produira un fort os falciforme. C’est ce qui a lieu par exemple dans les Plcuronectes fiesus et mariais ( Rosenthal , pl. xi , fig. 1, q,z), et dans le Zens faber (idem , pl. xiii , fig. 1 ). On doit également rapporter ici le singulier os worrairti aplati qui se trouve dans les Chcetodon. SQUÊLETTE DES POISSONS. 3gq Poissons ( Jugulaires et Thoraciques ) , les deux paires de na- geoires se voient à la poitrine. Les Poissons plus réguliers (abdominaux) sont les seuls chez lesquels l’antagonisme entre la respiration thoracique et la respiration pelvienne s’exprime aussi par la position des nageoires. CCCCLXXXIII. La signification plus relevée des membres pairs doit s’exprimer encore par un type plus élevé dans leur conformation. Par conséquent il y a tendance à ce qu’ils se développent d’après ce type , c'est-à-dire à ce qu’ils se par- tagent en article supérieur , article inférieur et article termi- nal. Mais l’article terminal , qui est le début de toute forma- tion de membre , demeure constamment ce qu’il y a de plus essentiel dans la nageoire proprement dite , et il est même la seule partie qui se développe dans la nageoire ventrale , sans que d ailleurs , sous le rapport de ses rayons , ceux-ci dé- passent le degré d’évolution des rayons de nageoires im- paires , dans leur constitution par des cônes simples. L’article inférieur ne se développe qu’aux nageoires pectorales qui sont les seules où l’on puisse distinguer des articles carpiens et des articles terminaux proprement dits. L’article supérieur manque encore partout. Quant à la division des membres dans le sens de la largeur elle suit ordinairement une proportion numérique très-lWu- here, et procède de 2 (article inférieur) en 2 X 3 (artielp carpien) et 2 X 3 X 2 ou 3 X 2 X 3 (article termina p “ 1 rement dit) ( pl xxvi, Mais , de plus , les rayons de 1 article terminal sont, comme ceux des nageoires impai- ;, Se{înJentes ’ dans le sens de leur longueur , à l’instar de petites colonnes tntovertébrales. Passons encore en revue quelques particularités relatives à la formation spéciale de ces nageoires. CCGÇLXXXI V . 1° Nageoires pectorales. Pour bien annréripp e type de leur formation dans la nature , il est né^e de es examiner d abord dans des genres où elles aient acquis un ^ctorat'tmsT^'' ?“ T"* * lieu - Pour ■<* nageoires enndes queues peuvent servir au *’ us «““"O"» lo fionre oùTartide 24 3yo squelette des poissons. inférieur est très-développé. Dans ce dernier genre , où manque l’article supérieur , c’est-à-dire l’humérus , on aperçoit un ar- ticle inférieur divisé en deux parties , tout-à-fait d’après le type de l’avant-bras. Cet article renferme un os interne, plus fort , le radius , et un os externe , plus faible , le cubitus. Dans d’autres genres, ces deux os se soudent avec les pièces ster- nales supérieure et inférieure de la ceinture scapulaire. Tel est le cas des Cyprinus , Salmo Silurus et autres (pl. xxvi, lig. iv, p , 1, .2). Dans le Brochet, les os de l’avant-bras tiennent à la portion postérieure de la pièce sternale infé- rieure , qui est détachée de la ceinture scapulaire (1). CCCCLXXXY. A la nageoire elle-même , les articles carpiens méritent une mention spéciale. D’après le § CCCCLXXXI1I , leur nombre normal est de six ( pl. xxvi, lig. iv, p , 1,2, 3, 4, 5, 6). Dans la nature , l’interne et l’externe (1 et 6) sont assez in- timement soudés avec les deux voisins , de sorte qu’on n’a- perçoit que quatre grandes pièces , quoique , dans la Carpe , par exemple , on puisse encore très-bien distinguer les têtes articulaires de la pièce interne. Les six pièces sont parfaite- ment développées dans le Cyclopterus lumpus (2). CCCCLXXXYI. Enfin, relativement aux rayons, leur nombre fondamental serait de douze ou dix-huit ( § GCGCLXXXIII) ; mais on trouve beaucoup de modifications à cet égard. Les deux pre- miers rayons, ou les supérieurs (analogues au pouce), sont ordinairement soudés en un fort rayon, en partie encore arti- culé d’une manière immédiate avec le radius , et à leur suite se placent les autres rayons , qui vont toujours en diminuant de dimensions; on compte de ces derniers 10 dans le Brochet (où le nombre normal est 12), et 16 dans la Carpe (où le nombre normal est 18). Chaque ray on est divise en nombreux segmens (3); il se partage, dans le sens de sa longueur, en feuillet (1) Rosknthal, dans Reii.’s Archiv, tom. X,;P1. iv, fig. I. a claviaula spuria, on processus coracouleus , qu’il nomme grande pièce de l’avant- bras ; bb radius et ulna, qu’il nomme petite pièce de l’avant-bras. (2) Voyez-en la figure dans Mecket.’s Archiv (tom. VII , pl. vi, fig. 5, c c) , où Rathke a décrit assez singulièrement ces six os carpiens comme os du bras. (3) RoseNXüai. , dans Reie , tom. X , pl. iv. SQUELETTE DES POISSONS. 3^1 externe et feuillet interne ; mais , de plus , dans le sens de sa largeur , il se divise à l’extrémité en deux branches , souvent elles-mêmes bifurquées. CCCCLXXXYII. 2° Nageoires ventrales. Ni l’article inférieur ( tibia et péroné ) , ni les articles tarsiens ne sont développés ici , et le nombre des rayons , qui sont conformés comme aux nageoires pectorales , ne s’élève généralement qu’à la moitié de celui qu’on trouve à ces dernières; 3 et 6 peuvent donc en être considérés comme le nombre normal , qui cependant s’é- lève quelquefois à 9, et même plus. Dans le Ggclopterus lum- pus , le Ckironectes Commersonii et le Brochet , on compte exactement sixrayons. Il n’y en a que deux dans les Chœtodon striatus et cornutas (1). 2. Squelette de la tête. CCCCLXXXVm. Le squelette céphalique des Poissons montre clairement le passage des deutovertèbres du rachis aux deu- tovertèbres de la te te , c est-a-dire aux vertebres crâniennes { qui sont cependant encore sur le même plan que les premières et ne les dépassent point beaucoup en volume ) , celui des tri- tovertèbres du rachis , ou corps vertébraux , aux tritover- tèbres de la tète , ou portions basilaires des vertèbres crâ- niennes ( dont la première offre même encore la forme dico- nique à un de^é presqu’aussi prononcé que dans un corps de vertèbre rachidienne ) , enfin celui des arcs protovertébraux du tronc aux arcs protovertébraux de la tête (qui ressemblent aux premiers pour la grandeur et la conformation). Les mem- bres même de la tête se rapprochent à beaucoup d’égards de ceux du tronc , car ils sont tantôt encore de véritables na- geoires ( comme les nageoires céphaliques), et tantôt des na- geoires peu modifiées (comme les opercules). Toutes ces cir- t ; Dans ,a CarPe > dont les nageoires pectorales contiennent neuf rayons c’est-a-dire la moitié de ceux qui existent aux nageoires ventrales, on trouvé encore, au bord interne de ces nageoires, un petit os en forme de crochet qui ressemble à un os tarsien ; mais comme il ne s’y attache point de rayons’ je ne vois eu lui qu’un rayon oblitéré. Camp, les figartt.de. nageoires dans mes Tabulcc illustrantes , cab, II, pj. iV , fig, xx. 3^3 SQUELETTE DES POISSONS. constances , jointes à ce que les parties primaires des os céphaliques , qui se soudent ensemble dans les classes supé- rieures, demeurent distinctes ici, rendent le squelette delà tête des Poissons un sujet d’étude fort intéressant , et font que , quand une fois on a bien interprété la nature , il devient beau- coup moins difficile de juger chaque partie qu’on ne serait tenté de le croire au premier aperçu. CCCCLXXXIX. Jrcrtèbres crâniennes . Leur nombre et celui de leurs parties primaires doivent , par suite de l’unité qui règne dans la formation de la tête , être le même , ici comme partout, de sorte qu’il ne reste qu’à examiner les modifica- tions qu’on observe dans la forme des diverses parties. Pour faciliter l’intelligence des détails dans lesquels je vais entrer , je m’en tiendrai aux formes naturelles régulières et les plus simples , celles que nous présentent les Cyprins. CCCCXC. Première vertèbre crânienne ( vertèbre occipitale). C’est presque entièrement encore une vertèbre rachidienne. Comme dans les vertèbres du rachis, la tritovertèbre paral- lèle inférieure est grande et manifestement diconique ( pl. xxix, fig. ni, i a); les arcs sont faibles , et consistent presque unique- ment , de chaque côté , en anneaux à travers lesquels sort le nerf hypoglosse (pl. xxix , fig. iv, i b). En outre, les apo- physes transverses sont grandes , comme dans quelques ver- tèbres thoraciques (pl. xxix, fig. n, m, 1 d). Les anneaux des arcs et les apophyses transverses sont souvent beaucoup moins développés dans d’autres Poissons , et les apophyses manquent déjà dans le Brochet. Les épines oc- cipitales , qu’on rapporte ordinairement à la vertèbre occipi- tale, ne lui appartiennent point, mais bien à la première inter- vertèbre. Seconde vertèbre crânienne ( vertèbre centricipitale ). Celte vertèbre, qui correspond à la masse médiane du cerveau , très-développée dans les Poissons , s’écarte aussi déjà davan- tage du type des vertèbres rachidiennes. Le corps vertébral , corpspostérieur du sphénoïde ( pl. xxix, fig. ni, n a), est plus petit et simplement conique ; il s’étend ordinairement en une longue pointe ( rostrum sphénoïdale), qui se porte jusqu’à l’extrémité antérieure de la tête dans le Brochet. Les arcs SQUELETTE DES I’OISSOJNS. 3^ sont déjà beaucoup plus développés ici , et ils se partagent en lames tectiices et basilaires. Les lames basilaires (ailes posté- rieures du sphénoïde) sont presque toujours des os forts et dis- ciformes (1) , à travers lesquels sortie nerf maxillaire inférieur (pl. xxix, fig. m, h h ). Les lames lectrices ( os pariétaux ) sui passent laiement les basilaires en grandeur; elles sont or- dinairement assez carrées , et chez les Poissons réguliers on les distingue très bien (pl. xxix, lig. ni , n, c); mais, dans d autres , par exemple dans le Brochet, où leur corps verté- bral se prolonge fort loin en avant , elles sont couvertes par les os frontaux , qui , en raison de l’antagonisme , s’étendent beaucoup en arrière. Troisième vertèbre crânienne (vertèbre sincipitale ). Les cor- dons longitudinaux cessant dans la troisième masse cérébrale, à laquelle elle correspond , le corps vertébral n’est plus déve- loppé ici ; la vertèbre ne consiste qu’en lames basilaires ( ailes antérieures du sphénoïde), qui , chez les Poissons réguliers, se réunissent à la base du crâne , au dessus de la sortie du nerf optique (pl. xxix, fig. m, n a ) , mais qui , dans d’autres, le Brochet, par exemple , restent distinctes, et en lames tec- trices ( os frontaux) , qui la plupart du temps s’étendent beau- coup, mais ne se voûtent cependant jamais, et continuent à rester essentiellement dans la même place que les lames tec- trices des vertèbres rachidiennes (pl. xxix, fig. m , m cï Cette colonne protovertébrale crânienne prima’ire ’forme presque a elle seule l’enveloppement du cerveau , chez les I oissons apodes ; mais ici elle est déjà beaucoup plus com- pliquée^ et plus développée , attendu que toutes les vertè- bres crâniennes sont fermées. Elle olTre diverses modifications ans es difierens genres , mais moins que les autres os de la tete car 1 unité et la légitimité doivent toujours prédominer en elle , surtout chez les animaux qui sont plus avancés en organisation. CCCCXCL Intervertèbres. La première et la troisième étaient , crn^Tl T"11 déju trèS'biCn leC0"nU la si&nification ll‘ ces os, lorsqu ’i le Z " T ;neCf d’°pini0n SUr IeUr —P»*- connexions et 1 aSSHfce des nerf» just.fient manifestement ses premières vues, 3j4 SQUELETTE DES POISSONS. les plus développées dans les Poissons apodes , quoi- qu’elles n’arrivassent point encore chez eux à se diviser com- plètement en lames basilaires et lectrices. Elles sont bien plus développées chez les Poissons osseux. Première intervertèbre. Chez les Poissons réguliers , elle offre bien manifestement de chaque côté les quatre arceaux qui appartiennent en puissance à toute vertèbre. Les lames basilaires inférieures ( pl. xxix, fig. ni, iv, ia)se ferment si complètement ( ce qui n’a lieu dans aucune autre classe, et ne se voit non plus ici que dans les Poissons les plus réguliers, de sorte qu’on n’en découvre déjà plus aucune trace par exemple dans le Brochet) , qu'entre elles et le corps ver- tébral de la vertèbre occipitale se forme une cavité qui s’ou- vre,pardeux trous particuliers, dans le grand trou occipital (I). D’après la découverte de Weber, celle cavité loge des parties du labyrinthe membraneux , ce qui paraît très-conséquent lorsqu’on songe que les lames basilaires de l intervertèbre ont la signification du rocher. Les lames basilaires supérieures se partagent d une manière bien évidente , et presque dans tous les genres , en un segment postérieur et un segment antérieur ( pl. xxix, fig. iiï , iv, 1 b, 1 b*) ; elles ressemblent déjà , sous le rapport de la situation et de la forme , aux portions squameuse et mastoïdienne de l’os temporal humain , et ordinairement elles occupent une por- tion considérable des parties latérales de la tête. Les lames tectrices inférieures ( pl. xxix , fig. m , iv, 1 c ) ne sont généralement pas plus que les basilaires inférieures divisées en moitié antérieure et moitié postérieure. 11 est sou- vent arrivé qu’on les a faussement rapportées a 1 occipital , comme l’a fait entre autres Rosenthal (2). Les lames tectrices supérieures (pl. xxix, fig. m , iv , 1 c ) sont également indivises et soudées tant entre elles qu a\ cc une Iritovertèbre rayonnante conique et redressée ( apophyse épi- neuse) (pl. xxix , fig. m , iv, !,/*), d où résulte une pièce ( I ) Bo-iaitus , Parergon ad anatornen Testudinis, Iîg.l9°> (a) IchthyoL Tafeln, cah. I, pl. nr, lig. 5. SQUELETTE DES POISSONS. 0^3 qu’en général les auteurs , Rosenlhal , par exemple , ont rap- portée aussi à l’occipital (1). Ainsi la première intervertèbre , qui prend ici la forme d’un anneau osseux complet , 'a une segmentation très complexe. Mais ce qui mérite encore une attention spéciale, c’est qu’in- térieurement , au centre de l’organe sensoriel qu’elle enve- loppe , l’ossification éprouve une tendance à se répéter , aussi prononcée que celle qui porte , chez l’homme , l’ossification de la sphère crânienne entière à se répéter autour de la for- mation centrale interne du cerveau , la glande pinéale. Cette vue explique les ossifications qu’on rencontre dans l’intérieur du labyrinthe. Ainsi, on trouve, dans la chambre antérieure de ce dernier. ( alveus ) (2), une petite pierre ( lapillus ) , et dans la chambre postérieure ( saccus ) une autre petite pierre divisée en deux moitiés ( scigitta et aster iscus ). CCCCXCII. La seconde et la troisième intervertèbre ont une structure moins développée et moins complexe. Seconde intervertèbre. Aucune partie de cette vertèbre n’est libre et distincte dans les Poissons réguliers ; ce qui prouve seulement qu’on doit l’admettre comme existante en puissance (pl. xxix, fig. m, 26), c’est qu’on voit sensiblement appa- raître les arcs protovertébraux ou costaux qui lui appartiennent. Mais je ne doute pas qu’en examinant avec soin les formes si diversifiées des Poissons osseux , on n’en rencontre quelqu’une où cette partie soit réellement développée et démontrable. Du reste , si la première intervertèbre offre des ossifications inter- nes dans l’oreille , la seconde offre des cartîlagimfications à l’œil, chez beaucoup de Poissons , l’Esturgeon , par exemple. Troisième intervertèbre . Elle est beaucoup plus complète- ment développée dans les Poissons réguliers , tels que ceux du genre Cyprin ; mais elle ne l’est néanmoins que dans ses lames basilaires inférieures et supérieures. Les inférieures , des deux côtés , se soudent , comme celles de la première intervertèbre , en une seule pièce formant un demi-canal , dans lequel sont logés les nerfs olfactifs ( pl. xxix, (1) Rosf.irrnAL , luc.cit., fig. 5. r. (2) Isis , 1821, tom. ï, pl. iv, fig, 6. o. ^ SQUELETTE DES E01SS0KS. f,ff' a) • Celle Pièce, que Rosenthal (1) nomme corps du sphénoïde , manque dans ÏEsox et autres genres. Les lames supérieures , donnant issue aux nerfs olfactifs représentent par cela même, d’une manière déjà plus précise’ les deux moitiés de la lame cribleuse humaine. On peut les dé- montrer dans tous les genres; elles sont surtout très-dévelop- pees dans les Cyprins (pl. xxix, fig. m , 3 à). Rosenthal, qui les rapporte à la mâchoire supérieure , les appelle pièces latérales ou ailes du nez. Les lames tectrices , dont celte intervertèbre est dépourvue sont remplacées par les lames tectrices de la troisième vertè- bre crâmene (os frontaux) , qui se portent fort loin en avant. CCCCXCin. Vertèbres faciales. Elles n’étaient point encore développées dans les Poissons apodes , où il n’y avait que des pi otovertèbres faciales. Chez les Poissons osseux , des rudi~ mens de deutovertèbres de la région faciale commencent à se séparer des arcs protovertébraux. Cet effet n'a lieu cependant que peu à peu, et il n’est complet que chez les Poissons ré- guliers munis de côtes faciales mobiles (ou d’arcs maxillaires), et chez ceux-là même , il n’y a que les plus rapprochées du crâne qui arrivent à un développement un peu parfait. Mais ce qu il y a d essentiel , comme on a pu en juger d’après les considérations précédentes , c’est que les vertèbres faciales , en tant qu elles arrivent à être des deutovertèbres , forment un double canal , qui résulte du surajoutement d’une lame mé- diane ou cloison dans l’espace intercepté par elles. Sous ce rap- port, les Cyprins offrent un état de choses d’une régularité frappante, comme on en pourra juger d'après la description des vertèbres elles-mêmes. CCCCXCIV. Première vertèbre faciale, Ou quatrième céphali- que. Dans les Cyprins , elle est forte , osseuse et développée presque uniquement comme cloison ( lame perpendiculaire de 1 elhmoïde )et lames tectrices ( os propres du nez ). Cependant ceux-ci ne font qu’un, tant ensemble qu’avec la cloisoa ( pi. xxix, fig. ni, iv, c, c ). On est frappé de la manière dont la cessation du canal vertébral simple de la cavité crânienne est (i) Loc. cit„ pi. m, fig. io. a. fig. y3. SQUELETTE DES POISSONS. Ô'J'] indiquée ici par un large' 'cul-de-sac infundibuliforme creusé dans la cloison. Cet enfoncement se retrouve, quoique beau- coup plus petit, chez l’homme lui-même , où il représente le trou borgne , dont la signification devient par là bien évidente. On trouve également ici le rudiment d’une trito vertèbre paral- lèle inférieure, ou d’un corps vertébral ( vomer) ( pl. xxix , fig, iii , îv a ) , qui s’unit avec le corps vertébral Irès-pro- longé en avant de la vertèbre cenlricipilale ( destiné à rem- placer le corps absent de la vertèbre sincipitale) , qui a la même forme que lui , et qui se termine antérieurement par deux surfaces articulaires , auxquelles s’appliquent les arcs costaux qui lui appartiennent ( os palatins ). La seconde vertèbre faciale , OU cinquième céphalique , est déjà beaucoup plus oblitérée. Dans les Cyprins, il n’en subsiste qu’un rudiment osseux delacloisonsi développée à la première vertèbre faciale (pl. xxix, fig. iii , v a), et auquel tiennent les côtes appartenant à la seconde vertèbre ( os maxillaires ). La troisième vertèbre faciale _, ou sixième céphalique , n'est indiquée que par un cartilage oblong , auquel tiennent les côtes de la vertèbre ( intermaxillaires) (pl. xxix , fig. iii, vi a). Ainsi, à mesure qu’on s’éloigne du point vital de la tête ( le milieu du cerveau ) , la deutovertèbre se résout de plus en plus en protovertèbre (d). CCCCXCV. Arcs protovertébraux à la tête , OU côtes cépha- liques. L’antagonisme entre les protovertèbres et les deuto- vertèbres se prononce aussi d’une manière très-sensible dans ces (1) Dans la plupart des autres genres , notamment dans tous ceux dont la mâchoire supérieure est immobile, comme Esox , Salino, Silurus , etc., on n’a- perçoit aucune trace des deux vertèbres faciales antérieures, et même la première n’est encore en partie que cartilagineuse. En effet , le corps de cette première vertèbre faciale (vomer) est osseux dans YEsox ; il s’applique sur les extrémités des os frontaux prolongés jusqu’au bout du museau et sur le corps pos- térieur du sphénoïde; il est même armé de dents ; on trouve ossifiées aussi deux pièces qui doivent être regardées comme moitiés latérales des lames tectrices, qui se terminent par des surfaces articulaires destinées à recevoir les côtes correspondantes, et qui s’allongent beaucoup , de même que les extrémités antérieures des os fiputaujc , a» dessous desquels elles sont situées. ^7^ SQUELETTE DES TOISSOUS. Poissons , et 1 on ne voit de côtes parfaitement formées qu’à celles des vertèbres qui se développent le moins comme deutover- tèbres. Ainsi donc, si nous divisonsles arcs protovertébraux de la tête en côtes crâniennes, intercôtes et côtes faciales, on doit s’attendre à ce que les premières soient les moins développées de toutes. CCCCXCVI. Côtes crâniennes. Si les considérations dans les- quelles je suis entré précédemment ont établi que la vertèbre crânienne postérieure correspond à l’extrémité du rachis, tout comme l’antérieure représente la vertèbre crânienne en géné- ral, cette analogie, d’où résultait la ressemblance de la vertèbre occipitale avec les vertèbres rachidiennes , doit s’exprimer aussi dans les arcs costaux. En effet , les Poissons parfaitement réguliers nous offrent , à la vertèbre crânienne postérieure , un anneau costal parfaite- ment semblable à celui dont j'ai parlé en décrivant les vertè- bres caudales , c’est-à-dire un petit anneau simple et resserré sur lui-même, qui entoure le commencement de l’aorte , comme l’autre enveloppe la fin de cette artère. On trouve même l’indice d’une sorte de tritovertèbre parallèle inférieure ou de corps vertébral ( pl. xxix , fig. m , i y, i a ) , à laquelle tient ordinairement une plaque dentaire du splanchnosque- lette (1). CCCGXCYII. La seconde et la troisième vertèbre crânienne sont celles où il se développe le plus rarement des arcs cos- taux , à cause de la grande extension qu’ont prise ces deuto- vertèbres. On ne peut même considérer leur présence que comme indiquée par deux pièces libres , qui, de chaque côté, tiennent plus à la première intercôte qu’à leurs deutoverlèbres (pl. xxix, fig. m, h g, in g-) (2). (1) La plupart des autres genres , tels que Esox , Sahno , Clupca , Gadus , Siliiru's , etc., n’ont point du tout de côtes occipitales. (2) Le rudiment de la seconde côte crânienne est appelé par Rosentbal pièce moyenne , ou os discoïde , à cause de la forme qu’il affecte dans la plu- part des genres , et celui fle la troisième, pièce palatine, parce qu’il se mon- tre partout uni avec le palais. Bojanus a reconnu que ces deux pièces appartiennent à la seconde et à la troisième vertèbre du crâne ; il nomme la première apophyse pcérygoïde ( à laquelle elle correspond en effet), et 1 au- SQUELETTE DES POISSONS. 3^9 CCCCXCVIII. Intercotes. Par antagonisme avec le développe- ment fragmentaire des intervertèbres , les intercôtes se mani- festent toujours sous la forme d’arcs complets. Les postérieures sont les plus développées , à cause de la grande extension que la région respiratoire a prise là. Les antérieures sont celles qui acquièrent le moins de développement. Les moyennes en ont plus que les antérieures , mais moins que les postérieures, par antagonisme avec l’intervertèbre moyenne, qui est réduite à de très-faibles proportions ; elles deviennent meme , par ce motif, les plus fortes de toutes dans les espèces supérieures. CCGGXCIX. Première incercôte. De même que la première inlervertèbre est simple dans certains points , et déjà manifes- tement divisée , dans d’autres, en portion antérieure et portion postérieure , de même aussi une portion de cette intercôte , la pièce tergale supérieure, est toujours simple ( pl. xxix , fîg. ni , i g , i g* ) , tandis que le reste se divise en partie an- térieure et partie postérieure. Quant à la partie posté- rieure , il n’y a encore que la pièce tergale inférieure qui soit développée ( pl. xxix , fîg. iii ,1g**), mais elle l’est par- tout. A l’égard de la partie antérieure, les trois autres pièces d’un arc costal complet sont développées, et, à ce qu’il paraît, dans tous les genres -, ce sont : 1° La pièce tergale inférieure ( pl. xxix , fîg. m , I g 1 ) , qui est ordinairement petite ; 2° La pièce sternale supérieure , à l'extrémité de laquelle , parce qu elle correspond à une omoplate ou à un iléon, la mâ- choire inférieure s’articule, et qui paraît un peu plus forte (pl. xxix, fîg. m, l g") ■ 3° La pièce sternale inférieure , qui se suspend à la pre- mière côte faciale , et qui par conséquent ne se réunit point avec celle du côté opposé pour former un plein cercle, comme le fait une côte complète du tronc. Cette pièce est ordinaire- ment aussi un peu plus petite ( pl. xxix , fîg. m , i g'" ) (1). tre os palatin (ce qni est juste, si on la considère comme analogne de l’os palatin moyen des Oiseaux et du crochet ptérygoïdien seul des Mammi- fères). (i) Ces quatre pièces delà portion antérieure se distinguent dans la plu- part des genres , quoique à des degrés très-divers d^ développement. Les 1300 SQUELETTE DES POISSONS. D. Seconde intercôte ( os zygomatique). Chez les Poissons réguliers , elle est développée sous la forme d’un arc osseux Pur , qui se partage d’une manière parfaitement normale en ses quatre pièces assez égales entre elles (pl. xxix , fig. ni , %8> s'\ s"')- Dans certains genres, elle comprend moins de pièces , qui alors sont plus inégales. Bojanus et Rosenthal 1 appellent anneau, oculaire. DI. Troisième intercôte {os lacrymal). C’est celle de toutes qui se développe lé moins. Elle n’est jamais indiquée que par une simple lame osseuse , qui , chez les Poissons réguliers , se tourne en avant , sous la fosse nasale , comme une fausse côte courte (pl. xxix , fig. ni , 3g). Bojanus et Rosenthal la rap- portent à l’anneau oculaire. DU Côtes faciales. Chez les Poissons apodes, la colonne ver- tébrale céphalique se terminait en avant par un arc proto- vertébral complet , représentant le premier et le plus simple noms qu’on leur a donnés ont beaucoup varié, parce que, faute d’avoir étudié avec assez de soin les formes de transition , on ne s’apercevait pas que ces pièces ne sont autre chose que ce qu’on appelle chez l’homme apophyse zygomatique de l’os temporal , dont elles ne diffèrent que parce qu’en raison de leur plus grand développement, elles arrivent, séparées de l’os zygoma- tique, jusqu’à la première côte faciale , au lieu que chez l’hoiume, où elles ne sont que des côtes oblitérées, elles s’adossent à la seconde intercôte ( os zygomatique ). Bojanus donne à la pièce tergale supérieure de cette côte (t g) le nom d’os carré (mais c’est l’ensemhle de toutes ses pièces jusqu’à l’ar- ticnlation delà mâchoire, qui correspond réellement à l’os carrédes Oiseaux), à la tergale inférieure (i g’) celui d ’os emoide , à la sternale supérieure (g’’) celui d’of zygomatique moyen , et à la sternale inférieure (g’”) celui d’or zygo- matique interne. (Comment l’articulation de la mâchoire inférieure peut-elle sc concilier avec l’idée d’un os zygomatique?) Rosenthal appelle l’arc cos- tal entier , ossa subocularia , et eu désigne les diverses parties de la manière suivante : i g, os carré, i g’, sans nom , i g”, pièce articulaire triangulaire , i g’”, lamelle d'accession. Las deux portions d’arc de la moitié postérieure de la première intercôte se ressemblent à peu près partout, quant aux points essentiels. La pièce ter- gale supérieure est toujours soudée avec la pièce tergale supérieure de la moitié antérieure , et ne fait qu’un avec elle {os carré de Bojanus et de Rosen- thal ). La pièce tergale inféricuae est toujours libre; Bojanus l’appelle os zygomatique postérieur , et Rosenthal arc de jonction de V opercule. SQUELETTE DES POISSON3. 38 I antagonisme avec la dernière tri to vertèbre de la colonne ver- tébrale caudale. Mais , dans les formations animales supérieu- res, cet organisme se manifeste aussi , porté à une plus haute puissance, c’est-à-dire que, par opposition avec la dernière tri- tovertèbre du tronc , qui est entièrement ossifiée et mobile , la deutovertèbre la plus antérieure de la tête reste entière- ment cartilagineuse et pour ainsi dire convertie en cavité sen- sorielle. Les formes de transition du premier degré au second consistent donc d’abord en ce qu’à la face apparaissent des deutovertèbres , dont le premier résultat est d’amener la di- vision de leurs protovertèbres en paires de côtes faciales. Aussi , à partir des Poissons osseux , chez lesquels on aperçoit des deutovertèbres faciales, à la vérité très-imparfaites encore, devrons-nous toujours trouver la protovertèbre de la face di- visée en paires de côtes , et précisément ici , où les arcs cos; taux , encore peu développés, ne sont que de simples fausses côtes, c’est-à-dire ne sont point fermés par le bas , ils doivent apparaître plus clairement que partout ailleurs sous leur forme de côtes. C est en effet ce qui a lieu dans les Poissons très-ré- guliers , tels que les Cyprins. DIII. Premiers côte faciale (à la quatrième vertèbre cé- phalique). Le développement de cette paire de côtes (os pa- latins) est restreint par celui de la deutovertèbre qui lui ap- partient ( pl. xxiv , fig. iii , ivg ). Elle se divise en deux parties ( tergale etsternale ), toutes deux oblitérées, s’infléchit en avant, et s’unit tant avec la paire suivante de côtes faciales , qu’en arrière avec l’extrémité antérieure de la première intercôte. Chez les Poissons à long museau , sa portion sternale s’allonge, devient plus forte , et porte des dents : c’est ce qui a lieu par exemple dans le Brochet. Bojanus appelle ces côtes os sus- maxillaires , et Roscnthal parties antérieures du palais. DIV. Seconde côte faciale (à la cinquième vertèbre cépha- lique) (mâchoire supérieure). Le faible développement de sa deutovertèbre entraîne un développement plus considérable des pièces de 1 arc. Chez les Poissons les plus réguliers elle est, comme une véritable fausse côte, d’une seule pièce mobile etsans dents (pl.xxix, fig. ni, vg). Dansd’autres genres, elle reste mobile aussi (comme dans le Brochet) et sans dents, et s’al- 38a SQUELETTE DES POISSONS. longe seulement , ainsi qu’il arrive au museau , de sorte qu’on distingue le vestige d’une pièce sternale. Dans d’autres encore, elle est fixée et porte des dents (comme dans le Saumon) , et alors son analogie avec la forme humaine devient des plus évidentes. Bojanus et Rosenthal appellent ces pièces intermâ - choire ( ! ). Pour se convaincre de l’erreur grave dans laquelle ils sont tombés , on n’a qu’à jeter un coup d’œil sur la tête du Saumon , où ces os se comportent absolument de même que dans le Lézard. DY. Troisième côte faciale ( à la sixième vertèbre céphali- que) (inlermâchoire). Ordinairement la deutovertèbre n’est point encore développée ici ; aussi le développement de véri- tables arcs costaux n’est-il limité que par la terminaison de la colonne vertébrale céphalique en cette région. Du reste , ces côtes ressemblent toujours beaucoup aux précédentes. Dans les Cyprins, elles sont libres, non fermées, mobiles, sans dents, et correspondent aussi parfaitement que possible à leur type primordial (pl. xxix, fig. ni , Vig). Dans les Salmo, Esox et autres , elles sont fixées , chargées de dents , et plus rappro- chées de la forme que les os intermaxillaires affectent chez l’homme. DVI. Membres de la tête. C’est ici pour la première fois que nous les rencontrons. En général , les membres sont pairs et impairs. Le développement des membres impairs ( supérieurs et inférieurs ) indique , d’après la loi de 1 antagonisme , i exis- tence . mais faiblement prononcée , d’une colonne deutoverté- brale supérieure ou inférieure. Mais il n’y a point de colonne deutovertébrale inférieure à la tête , et la supérieure , en se développant, produit les vertèbres crâniennes et faciales. Donc il ne peut point y avoir de membres céphaliques inferieurs , et il ne peut y en avoir de supérieurs que là où les vertebres crâniennes et faciales sont peu développées. Voilà pourquoi nous ne rencontrons même pas de membres impairs supérieurs dans les Poissons les plus réguliers, tels que les Cyprins; mais i s’en trouve dans d autres genres. DVII. Membres céphaliques impairs supérieurs de quelques Poissons (pl. xxix , fig. in , )• Leur formation est déjà re- marquable , en ce qu’elle démontre qu’à la tete , qui est le SQUELETTE DES POISSONS. 3g3 corps animal proprement dit , la moitié la plus essentielle de l’animal , toute formation possible en puissance doit aussi se réaliser au moins quelquefois. Il y a plus encore. Précisément parce que la tête est la partie la plus essentielle de l’animal , les membres peuvent y acquérir une organisation plus par- faite qu’au tronc. Ainsi donc , tandis qu’au tronc le membre impair supérieur n’apparaît que comme nageoire dorsale ou portion supérieure de la nageoire caudale , il peut se présenter à la tète ou comme nageoire céphalique , ou comme organe de succion , ou comme barbillon. Le premier cas a lieu dans les Chironectes (1) , les Pleuro- nectes (2) et le JJalistes brasiliensis (3). Le second se voit dans \'£,cheneis{k), dont la singulière ven- touse n est autre chose qu’une nageoire céphalique étalée , ce qui fait que chaque rayon latéral de ce disque est composé de deux parties , savoir un porte-rayon et un rayon. Le troisième enfin nous est offert par les longs fîlamens mo- biles qui partent du milieu de la tête de la Baudroie , et que ce Poisson utilise , dit-on , pour attirer sa proie. DVIIL La tête contenant l’extrémité antérieure de toutes les colonnes vertébrales du corps , comme le tronc en contient 1 extrémité postérieure , la colonne vertébrale céphalique elle- meme doit pouvoir se prologer en un membre terminal impair anterieur, comme la colonne vertébrale caudale du tronc le lait en un membre terminal impair postérieur. Mais comme la grande unité qui règne dans celte moitié du corps nécessite que le nombre des vertèbres céphaliques demeure invariable- ment hxe a trois, un indice de membre terminal impair anté- rieur ne peut dépendre que de l’accroissement et de la mo- , e Plus ou mmos grande des vertèbres et des côtes faciales cl es-memes. On explique donc ainsi la mobilisation des ver- tèbres et cotes faciales antérieures chez les Poissons régu- liers, leur allongement, leur expansion rayonnante en forme (i) Cuvier, Mém. du Muséum, t. III, p!. xvm, (a) Rosenthae , loc. cit. , pi. XI> (3) Id, ibid,, pi. xni, fig, 3, (4) ld, ibid, , pi, xx. 384 SQUELETTE DES E6ISS0NS. de membre et leur immobilité dans d’autres espèces , telles que Y Esox ballonne et le Xiphias glaclius. DIX. Membres céphaliques pairs. La présence d’une région respiratoire antérieure et postérieure ( respiration thoracique et pelvienne ) indique , comme on l’a vu précédemment , la possibilité de membres particuliers , antérieurs et postérieurs, à la tête. Il est difficile que des membres antérieurs se déve- loppent à cause de l’affaiblissement des dernières vertèbres céphaliques en général ; mais les antérieurs acquièrent un grand développement, parce qu’ ici la respiration branchiale est la primitive, comme au tronc l’allantoidienne , et au lieu d’être rayonnans de haut en bas, à l'instar de ceux du tronc , ils le sont de bas en haut et de dehors en dedans, à cause du degré supérieur de dignité de la moitié du corps à laquelle ils ap- partiennent. Qu’on se rappelle que , dans les classes inférieures , les pré- curseurs de membres rayonnans par le bas ( pattes ) étaient les membres rayonnans par le haut , les élytres , les ailes, ou, au plus haut degré , des organes sensoriels , et l’on se fera une juste idée du caractère légitime et normal qu’affecte le développement des membres céphaliques. DX. 1° Membres céphaliques postérieurs. Ils sont donc rayon- nans de haut en bas et de bas en haut , et comme la première intercôle, qui, pour eux représente en quelquesorte lesosdu bassin , ils se divisent en deux portions , de telle sorte que les postérieurs supérieurs rayonnent entre les parties tergales su- périeure et inférieure de la portion postérieure de cet arc costal, et les postérieurs inférieurs entre les parties sternales supé- rieure et inférieure de sa portion antérieure (pl. xxix, fig. iv, I h* I h ). DXI. Membres céphaliques postérieurs supérieurs ( opei cules, analogues des élytres ). Leur rang de membres du côté lumi- neux fait que , dans les Poissons réguliers , ils acquièrent plus de masse , et affectent des rapports numériques plus simples , c’est-à-dire deviennent en quelque sorte des membres respi- ratoires purs , de manière qu’ils rappellent évidemment encor e les élytres des Insectes , même l’opercule des Mollusques , et qu’en qualité de répétition de ce dernier, moitié mobile de la SQUELETTE DES POISSONS. 385 sphère squelettique primaire , ils prennent la forme d’une valve de coquille bivalve , par l’aplatissement de leurs os ; dans les- quels on ne saurait cependant méconnaître la forme diconiquc qui leur appartient primordialement. Le nombre de leurs par- ties est le simple nombre trois, ou 1 + 2 : un grand article radical conchiforme ( pl. xxix , üg. ni , iv, i h* ), dans lequel on reconnaît encore la forme d’une moitié de clicônc, et deux articles terminaux plus petits et squamiformes ( ibid j h*' i /+")(!). DXII. Membres céphaliques postérieurs inférieurs { moitiés de la mâchoire inférieure, analogues des pattes ). Ceux-ci étant des membres du coté terrestre , et se développant comme or- ganes de préhension , ils ont moins de masse et des rapports numériques plus simples que les précédons , chez les Poissons réguliers. A l’égard du nombre , il est déterminé légitimement par la duplication de celui des membres lumineux; par conséquent il est de six. Cependant , ici comme à l'égard des membres pairs du tronc , des trois articles d'un membre complet , il ne s’est développé que l’inférieur et le terminal , de telle sorte même encore que 1 article terminal ( correspondant aux rayons des nageoires ) conserve la prédominance sous le rap- port de la masse. Les six os sont : deux articles inférieurs ( pl. xxix , fig. ni , i h, pp' ), qu’on peut comparer à un ra- dius et un cubitus, deux médians [ih, 7 J), comparables à un olél (i) Meekel a déjà prouvé suffisamment que ces trois pièces de l’opercule ne peuvent être rapportées à la mâchoire inférieure, comme le font Oken et Eojanus (ce dernier appelle la pièce i h », condylus , i h"’ et x h"’, lamina interior s. angttlus et lamina exterior s. lame/la maxillæ infériorisé On ne peut pas non plus ( comme le démontrent les métamorphoses des os de la tète dans les Poissons cartilagineux et les Reptiles) adopter les vues de Geoffroy Saint-Hilaire, qui pense que les pièces de l’opercule deviennent les osselets de l’oreille. Nous trouverons que le cartilage de l’oreille externe „ui part de la même intercôte , et qui, d’abord caché dans les chairs, se sou’lL ensuite comme une sorte d'aile et s’enroule sur lui-même, est la partie qui cor- respond a cet opercule. Sous ce rapport , comme à quelques autres égards le langage usuel mérite attention , car il y a long temps que les opercules des Poissons sont désignés sous le nom éé ouïes. 9.5 III, 386 squelette des poissons. crâne et à une tubérosité radiale , et deux terminaux , beau- coup plus volumineux , cpii reçoivent souvent un nombre con- sidérable de dents ( ih « O , et qu’on peut comparer à des rudimens de doigts. Dans la nature, ces six pièces ne sont pas toujours bien distinctes. Geoffroy Saint-Hilaire les a démon- trées le premier dans le Bicliir , où chaque moitié de la mâ- choire inférieure rappelle déjà, par sa forme, celle dun avant-bras. Cependant on les trouve aussi séparées en grande partie dans le Brochet; elles le sont moins dans les Cy- prins, où le membre entier est en quelque sorte retiré sur lui-même et subordonné au membre du côté lumineux. DXI1I. 2° Membres céphaliques antérieurs. Ils ne peuvent arriver à un développement complet , tant parce que toutes les parties de la tête sont peu développées en devant, où se ter- mine la colonne vertébrale céphalique, que parce qu il n existe point ici de conduits nasaux , la région respiratoire antérieure manquant a la tête, tout aussi bien que la région respiratoire antérieure ou thoracique à la poitrine. Il n en existe donc que des vestiges , qui même apparaissent moins sous la forme d os que sous celle de barbillons mous. Cependant , comme s il de- vait au moins s’en trouver une fois des traces réelles dans e squelette , nous voyons , dans le Silurus glanis ( pl. xxix , fie in v h) les petites et mobiles côtes faciales moyennes fournir aux barbillons mous des traces d’os de membres cé- phaliques antérieurs f qu’avec un peu de soin on retrouvera probablement dans d’autres genres encore. DXIV Avant d’abandonner le névrosquelette des Poissons osseux , dont nous venons de passer en revue les formes pri- maires légitimes , il nous reste encore à parler dune forme qui mérite une attention spéciale, parce qu’elle est unique en son genre parmi les Céphalozoaires. C est la conformation Zn symétrique de certaines parties du squelette , notamment de la tête , qui a lieu chez les Pleuronectes. Quant à ce qui concerne d’abord la signification d une con- formation qui semble être contradictoire avec ton» jdee de légitimité dans le névrosquelette , nous devons nous . cpot tel pa la pensée à ce qui caractérise le développement de ce dernier citer, les Poissons osseus en général. Or, nous avons SQUELETTE DES POISSONS. 387 trouvé(§CCCCLVI, en note) qu’une particularité essentielle était la division du corps en moitiés droite et gauche , par la prédo- minance de la dimension en hauteur. Mais celte division , pous sée à l’extrême, ne peut manquer de modifier le type d’une espèce au point que les individus deviennent complètement unilatéraux, qu'il ne se développe que le côté gauche dans certaines espèces , ou le côté droit dans certaines autres de sorte qu’à proprement parler , et en idée , un individu ainsi dexii e ou sénestre serait un animal parfaitement symétrique (1) DXV. Maintenant la nature s’y prend d’une manière extrê- mement remarquable pour exprimer l’idée de cette unilaté- ralité , sans porter atteinte à celle de la symétrie , expression d une légitimité nécessairement inhérente à toute formation animale supérieure. Comme dans une foule d’autres circon- stances , c est al aide des moyens les plus simples quelle pro dmt ici les plus grands résultats. La cause proprement dite de tout ce développement dextre ou sénestre dans la forma lion du corps , est une petite torsion vers la droite ou vers la gauche que la masse cérébrale subit autour de son axe longitudinal. La symétrie de la moelle épinière et du cervean n en demeure pas moins intacte ; seulement ceux des Plions Cer <îbraux q«e torsion amène davantage vers le côté 'lumi- neux, deviennent un peu plus gros. !■' T® c6rébrale moyenne ( masse optique) aam la plus forte dans les Poissons osseux , comme dans les umlatera'ue en conservant la symétrie essentiel^ de la st™ tore tourne du système nerveux , de même aussi . sa J aU™" (î) On peut dire, son., ce rapport, que la conformation des Pleur tout ans.,, caractéristique pour les Poisson, munis de mem T q-te, e,,enliels> qne Ia formation du Tetrodon mola ( ^ rfï rr'VT significative à 1 Vga, d du rapport entre la ,ê,e et le tronc § } 388 SQUELETTE DES POISSONS. la symétrie essentielle du névrosquelette , elle parvient à dé- terminer extérieurement une très-grande dissemblance entre ses deux côtés. La première vertèbre crânienne (i), la première intervertèbre (4) et la seconde vertèbre crânienne (n) conser- vent leur type ordinaire ( pl. xxix , fig. v ). Mais la seconde intervertèbre , qui est toujours relative à l’œil , n’a pu se dé- velopper que d’un seul côté, et son arc costal ( 2g) ne s’est développé non plus que d'un côté , mais doublement , pour former la cloison entre l’orbite supérieure et l’orbite inférieure. La troisième vertèbre crânienne ( ni) est comme à l’ordinaire ; seulement le frontal du côté oculaire doit s’oblitérer un peu. La troisième intervertèbre (3) est parfaitement symétrique , avec des cornets olfactifs pairs, distribués à droite et à gauche ; cependant celui qui appartient au côté visuel amplifié est plus grand, comme aussi le nerf olfactif de ce côté est plus gros. Les quatrième (iv) , cinquième (v) et sixième (vi) vertèbres cé- phaliques se comportent absolument comme de coutume. Ainsi , malgré la gravité apparente de cette déformation , il n’y a que les deux intervertèbres correspondantes aux nerfs optiques et olfactifs qui aient cessé d’être symétriques. Au tronc, il n’y a non plus que les arcs protovertébraux du côté lumineux qui soient un peu plus voûtés , et les deuto- vertèbres sont parfaitement symétriques. DXVI. Quiconque aura suivi pas à pas ces recherches sur le névrosquelette des Poissons osseux , se sera convaincu que les nombres et les formes de ce squelette sont assujettis primor- dialement à une légitimité parfaite , et que ces diverses parties renferment des élémens à l’aide desquels la nature produit les formes souvent les plus monstrueuses , soit en les étendant et multipliant à l’infini, soit en les contractant et les simpli- fiant. B. Sl'LANCUNOSQUELETTE. DXVIL Si l’on excepte le mince épilhélion de l’intestin , qu’on ne peut môme isoler qu’au voisinage de la tôle , les Pois- sons osseux n’ofirent point non plus , dans leur tronc, de splanch- nosquelelte qui soit distinct du névrosquelette. On rencontre même parmi eux quelques espèces, étrangères néanmoins à cel- SQUELETTE UES POISSONS. 38c) les dont le squelette proprement dit offre les proportions les plus simples et les plus légitimes, qui présentent une disposition déjà fréquente chez les Poissons apodes, c’est-à-dire dontle névro- squelette du tronc prend lui-même , sur certains points , l’ap- parence du splanclmosquelette. C’est ce qu’on voit aux apo- physes transverses des vertèbres thoraciques des Cobiles (1) , qui, se renflant en sphères creuses , entourentla vessie natatoire, comme les rudimens de côtes rentrés en dedans des Apodes circonscrivent le cœur , et par cette disposition rappellent déjà parfaitement le splanclmosquelette dont les voies aériennes sont enveloppées chez les animaux supérieurs. DXYIII. Un splanclmosquelette dur est bien plus formelle- ment développé dans la tête , ou dans la moitié animale du corps; il l’est même à tel point , qu’on aurait peine à trouver d’autres animaux où la colonne proto vertébrale de ce squelette ail ac- quis un plus haut degré de perfection. Les Poissons réguliers à d’autres égards , comme par exemple les Cyprins , sont aussi ceux qui conviennent le mieux pour apprendre à con- naître la structure légitime et primaire du splanchnosque- lette céphalique. Celui-ci doit se composer, ici comme partout, d’arcs protovertébraux et de vestiges de membres rayon- nons en dedans et en dehors. Il est toujours placé entre le névrosquelette et l’épithélion interne qui tapisse le commence- ment du canal alimentaire. DAIX. Les anneaux protovertébraux ou. splanchno côtes cor- respondent partout exactement en nombre aux vertèbres es- sentielles de la tête , c est-à dire qu’il n’y en a que six (pl. xxix, hg. in). Il n’est pas moins général qu’ils se partagent en pi otovertèbres appartenant aux voies digestives et protover- tèbres appartenant aux voies respiratoires , puisque les voies digestives et aériennes, comme étant celles par lesquelles s’effectue la pénétration dans l’intérieur des élémens du de- hors, sont les conditions déterminantes de l’apparition du splanclmosquelette , et qu’ici ces deux voies se confondent encore presque ensemble , la respiration s’accomplissant dans le pharynx lui-même (parles ouvertures des branchies). (i) Voy. Weder , Do mire cl auditu, p!. vi, %, sxvm. 3gO SQUELETTE DES POISSONS. Les prolovertèbres qui appartiennent entièrement à la res- piration (les arcs branchiaux) outrepassent déjà ici, dans la proportion de 2°. 1, celles qui se rapportent à l’ingestion des alimens (branches de l’hyoïde et mâchoires pharyngiennes). Cependant , comme la voie respiratoire est encore entièrement ouverte dans la voie alimentaire , les côtes digestives englo- bent encore les côtes respiratoires , et l’ordre est partout le suivant: côte digestive (branches de l’hyoïde) (pi. xxix, fig. ni, vi, 7), quatre côtes respiratoires (arcs branchiaux , v 7 , 1 v 7 , ni 7 , 117), côte digestive ( mâchoires pharyngien- nes ,17). Il nous faut examiner ces arcs en particulier; mais aupara- vant je dois faire remarquer que , d’après des motifs qui ont été discutés précédemment , la division primaire pour tous les arcs costaux doit s'effectuer d’après le nombre quatre. DXX. Première splanchnocôte (mâchoires pharyngiennes , os pharyngiens). C’est celle de toutes qui a pris le moins de développement. Dans aucun genre que je connaisse , elle n’offre de divisions intérieures. Mais , chez les Cyprins , elle l’emporte sur les autres splanchnocôtes , quant à la force de la substance osseuse (pl. xxix , fig. ni , 1 7). DXXI. Seconde , troisième , quatrième et cinquième splanch- nocôtes. Elles sont partout moins grossières , la plupart du temps formées de la substance cartilagineuse qui appartient en propre au splanchnosquelette , et régulièrement divisées d’après le nombre quatre , de sorte qu’on peut y distinguer des parties sternales inférieures (pl. xxix, fig. ih , 000), qui sont les plus petites dans les Poissons réguliers ; des parties sternales supérieures {00 ) ; des parties tergales inférieures (0), et des parties tergales supérieures (o'), auxquelles il arrive quelquefois de se souder plusieurs ensemble (1). DXXII. Sixième splanchnocôte (cornes de l’hyoide). Ces arcs costaux s’ossifient partout davantage que les arcs bran- (1) Gktn a déjà très-bien éclairci la structure des arcs branchiaux et de l'hyoïde (Lis, 1819 , eah. IX, p. i53i, pl. xvin , fig. xiv et xt). H a re- marque aussi leur métamorphose en larynx et en parties de la trach ‘ • > chez les animaux supérieurs, dont il sera parle plus laid , cl que naissent également lïojanus, Spix et Geoffroy Saint-Hilaire. squelette des poissons. 3g i chiaux , et ne se divisent pas moins régulièrement en quatre , quoique les quatre parties n’arrivent point dans tous les genres à se manifester réellement. On y distingue donc, 1° une partie tergale supérieure (pl. xxix , fig. iv, fff* ) , qui, dans la Carpe , paraît être confondue en une seule pièce avec la suivante ; 2° une partie tergale inférieure [fff'), qui est ordinairement beaucoup plus large et plus forte; 3° une partie sternale supé- rieure ( ff) , qui devient communément plus longue encore , mais cependant se rétrécit quelquefois un peu ; 4° une partie sternale inférieure 2), qui est ordinairement la plus courte , et presque partout divisée en deux pièces , l’une pos- térieure , l’autre antérieure (1). DXXIII. Comme une formation un peu complète de colonnes protovertébrales sollicite toujours la manifestation de deuto- vertèbres ou de tritovertèbres parallèles , par lesquelles seu- les les anneaux protovertébraux peuvent être réunis en une colonne protovertébrale , il se développe aussi , à la série des protovertèbres de ce splanclmosquelette , des corps vertébraux (i) Les parties tergales, supérieure et inférieure, que nous rencontrons aussi dans les classes supérieures, comme chez les Poissons réguliers con- stituant un osa part ( l’apophyse styloïde, le stylhyal de Geoffroy Saint- Hilaire), ne sont considérées, par Geoffroy, comme analogue de l’os styloïde, chez les Poissons, qu’.mtant que la supérieure se trouve libre; quant à la partie tergale inférieure et à la partie sternale supérieure, il voit en elles, par un rapprochement forcé et contraire à la nature, des parties latérales du sternum , appelées par lui liyosternal et hyposternal , ce qui entraînerait que l’apophyse styloïde de l’os hyoïde dût s’insérer aux parties latérales du ster- num. Il regarde aussi les rayons hrancbiostéges qui s’insèrent là, et dont je parlerai bientôt, comme des rnditnens de côtes thoraciques. Les deux por- tions situées 1 une a côté de l autre de la partie sternale inférieure sont en- suite comparées par lui aux deux pièces des cornes hyoïdiennes situées Vunc derrière l’autre , et appelées apohyal et stylhyal. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les figures que Geoffroy Saint-Hilaire a données lui-même, pour se convaincre que ce qu’il nomme apohyal, dans l’hyoïde des Oiseaux et des Mammifères , n est autre chose que la partie sternale inférieure de la sixième splanchnocôte ou delà grande corne hyoïdienne des Poissons, que son ceratohyal est la partie sternale supérieure, et que le stylhyal est la réunion des parties tergales supérieure et inférieure (déjà soudées dans la Carpe) de l’hyoïde des Poissons. ^92 SQUELETTE DES P01SS0JSS. parallèles , à l’aide desquels ces splanchnocôtes sont réunies ensemble , comme les cotes thoraciques le sont avec le rachis et le sternum. Mais , par antagonisme avec le névrosquelette , où les formations de vertèbres parallèles essentielles ont tou- jours lieu au côté tergal , ces corps vertébraux sont essentiel- lement situés ici au côté ventral. L’inverse avait lieu dans le squelette de l’Écrevisse , où les arcs du splanclmosquelette se forment au côté tergal , parce que les arcs fermés du né- vrosquelelle étaient placés au côté ventral. Les six arcs costaux demanderaient , à proprement parler, six corps vertébraux ou six trito vertèbres parallèles ; mais dos anomalies régnent à cet égard , tantôt parce qu’il arrive quel-! qnelois que plusieurs des parties exigées restent rudimentai- res, ou même ne se développent pas, surtout du côté du tronc, où les splanchnocôtes deviennent plus complètes, tantôt parce que la colonne de corps vertébraux se prolonge autant au- delà de la colonne protovertébrale, que la colonne vertébrale caudale le fait au-delà des anneaux costaux , mais toujours aussi par antagonisme avec le névrosquelette , de sorte que ce prolongement en avant apparaît comme membre terminal impair antérieur (os hyoïde) , de même que le prolongement du rachis en arrière apparaît connue membre terminal im- pair postérieur ( vertèbres caudales ) (pl. xxix, fig. vi ,ll....V). DXXIY. De cette colonne de corps vertébraux , la nature offre ordinairement trois ou quatre faisant office de corps vertébraux sternaux des trois splanchnocôtes antérieures , et un autre , quelquefois avec le vestige d’un second, représen- tant un membre terminal impair (os lingual). Dans les Cy- prins , il y a trois vertèbres sternales , un corps vertébral figurant le membre terminal , et le rudiment cartilagineux d’un second. Les choses sont à peu près dans le même état chez l 'Esox , où le corps vertébral terminal est plus faible, mais où l’on aperçoit , en revanche , le vestige d’un quatrième corps vertébral sternal. Geoffroy Saint Hilaire a représenté ces pièces d’après plusieurs autres genres , en leur donnant des noms bizarrement composés (1). Ainsi , il appelle la vertèbre (i) Auat. philos. T. I, pi. ut, (îg. xxv, xxviv , xxxr. SQUELETTE DES POISSONS. Jçp terminale glossohyal , la vertèbre sternale antérieure basihyal , la médiane entohyal, et la postérieure urohyal. DXXY. Le splanchnosquelelte n’olfre en général pas plus que le dermatosquelette de de ulo vertèbres, qui, en leur qualité de formations supérieures , se rapportent toujours essentielle- ment au névrosquelette. Tout au plus en voit-on paraître de faibles indices. Une formation qu'on rencontre précisément chez les Pois- sons les plus réguliers , doit cependant paraître remarquable , comme indice de ce genre, attendu quelle fait de nouveau ressortir l’antagonisme pur qui a lieu entre le névrosquelette et le splanchnosquelelte. En effet , il existe , chez les Cyprins, au corps vertébral sternal médian de ce dernier , deux arcs deutoverlébraux dirigés de haut en bas , c’est-à-dire à l’oppo- site des arcs deutovertébraux du névrosquelette , qui se por- tent de bas en haut au dessus des côtes du névrosquelette , et ces arcs vertébraux (pl. xxix, lig. m, h m) embrassent l’artère branchiale , ainsi que le commencement de l’artère principale du corps (comme les arcs des vertèbres rachidiennes du névro- squelette enveloppent la moelle épinière), de sorte qu’ils sont jusqu’à un certain point analogues aux arcs protoverté- braux oblitérés du névrosquelette qui entourent l’aorte aux vertèbres caudale et occipitale. DXXYI. Rayonnemens des splanchnocotes , OU indices de membres du splanchnosqnelette céphalique. Dans la rèele , le splanchnosquelette ne dirige ses rayonnemens qu’en dedans, c est-à-dif e vers la surface libre tournée du côté des élémens qui pénètrent dans le corps , et les Considérations générales nous ont appris déjà que les dents ont la signification primaire d’épines ainsi dirigées vers l’intérieur. Mais le splanchnosquelelte de ces têtes de Poissons, en tant que, comme le dermatosquelette dans beaucoup de genres, il ne se sépare point encore complètement du névrosquelette (ce qui explique son ossification plus considérable), se trouve libre aussi du côté externe dans une partie de son étendue , c’est-à-dire dans scs cinq arcs costaux anterieurs , et par cela môme sus- ceptible de produire des rayonnemens dirigés vers l’extérieur. Mais la forme primaire de tout rayonnement en dehors des 394 SQUELETTE DES POISSONS. anneaux protovertébraux , est , d’après les motifs qui ont été développes plus haut, celle de la branchie ; c’est ainsi, en effet, qu ils se présentent à nous comme rayons branchiaux , et en pluralité indéfinie , presque au pourtour entier de l’arc protovertébral , ou sous la forme de rayons ossifiés mobiles , dans lesquels on ne saurait méconnaître une métamorphose de rayons branchiaux. Ils nous fournissent donc une nouvelle et palpable preuve de la parfaite légitimité des formations sque- lettiques. DXXVII. Quant à la formation des dents, comme rayonne- mens dirigés en dedans du splanchnosquelette, il est extrême- ment significatif que les Poissons les plus réguliers , ceux du genre Cyprin par exemple , soient précisément ceux chez les- quels la formation des dents demeure bornée uniquement au splanchnosquelette , de sorte qu’il aurait déjà pu suffire de cette seule circonstance pour prouver que la formation den- taire ne procède point primordialement du névrosquelette , ni surtout des mâchoires , mais qu’elle peut seulement se conti- nuer à sa surface ou dans son intérieur. Dans ce genre , comme dans quelques autres , toute la ré- gion antérieure de la cavité orale est dégarnie de dents , c’est- à dire que les membres céphaliques antérieurs manquent au splanchnosquelette , comme au névrosquelette ; la splanchno- côte antérieure n’envoie pas de ces rayonnemens vers l’in- térieur , et les quatre splanchnocôtes moyennes sont cou- vertes en dedans, sur toute la largeur de leurs arcs, de dents coniques extrêmement simples, disposées sur deux sé- ries, qui ressemblent parfaitement à celles des Poissons apodes (pl. xxix, fig. m, y). Mais l’endroit où les dents se déve-] loppent avec le plus de force , mieux formées et plus compli- quées, est la splanchnocôte postérieure (pl. xxix, fig. m , elles ne se bornent même point là, et sont dispersées en outre, comme des villosités ossifiées , sur la membrane voisine du pharynx , de telle sorte qu’indépendannnent de celles qui sont adhérentes à cette membrane et mobiles, on en observe encore (comme une sorte de preuve de la possibilité d une union enli e le splanchnosquelette etle névrosquelettè ) qui tiennent au coi ps vertébral sternal de la côte occipitale (§ GCCGXCXà 1 ), sou sla SQUELETTE DES POISSOKS. 3g5 forme d’une forte plaque triangulaire, rappelant les splanchno- dcnts plates et cartilagineuses des Aplysies ( pl. xxix , fie-, iv, i}/). Cette dent singulière , attachée au rudiment d’une proto- vertehre occipitale, estconnue sous le nom da pierre de ca,rpe(l). DXXVIII. Le tableau suivant , dans lequel sont mises en regard les formes les plus régulières des rayonnemens inter- nes et externes du splanclmosqueletle , fera mieux ressortir l’antagonisme qui existe entre ces deux ordres de formations. Splanclmosqueletle de la tête. Rayons. Protovertèbres. Rayonnemens île la protovertèbre 1 tournés en dedans 1 [ " V petites dents TV petites dents III petites dents ir petites dents I fortes dents Rayonnemens de la protovertebre f tournés en dehors j f rayons de la membrane 1 brauchio- layons bran- chiaux rayons hran- chiaux rayons bran- chiaux rayons bran- chiaux stége. On v oit d après cela que les rayonnemens extérieurs sont le plus développés sur les points où il n’y en a pas d’intérieurs , qu ils manquent sur ceux où ces derniers ont pris le plus de (i) Les dénis des Poissons varient prodigieusement pour la forme, mais elles ont toujours pour type un cône creux, et rarement prennent-elles la forme hémisphérique. Ce qui mérite surtout d’être remarqué , c’est que, dans la majorité des autres genres , tantôt elles se développent à la splanchno cote antérieure et à son membre terminal impair, tout aussi bien qu’aux autres cotes du splanclmosqueletle , tantôt elles se répandent sur la région orale antérieure, comme membres antérieurs dn splanebnosqueletle cépha- lique, derme, e cii constance dans laquelle il leur arrive non seulement de rester adhérentes à la membrane molle de la bouche ( où toujoius elles se Jonnent pn,ncure,ne,n) , mais encore d’adhérer aux parties voisines du né- vrosquelette (votner, maxillaire supérieur , intermédiaire, palatin, mâchoire in et ieure), parties que, dans V Esox , le Salmo et autres, on trouve loutes garnies de dents, ainsi que la langue. Au reste, il est facile de constater que es dents des Porno, ,s naissent de la membrane orale interne (épitbélion) en s attachant surtout aux genres dont les mâchoires sont armées unique! ment de plaques d’émail (d’une sorte d’épi, liélion pétrifié) ; tels sont par exemple, les D.odon. Les dents globuleuses et semblables à des pavés Jsl votent a .es Spares , font manifestement ,e passage de cés simples pUqu dUX dents coniques des autres Poissons. * * 3q6 squelette des poissons. développement , et que , quand ces deux ordres de rayonne- mens coexistent ensemble , tous deux ne sont que faiblement développés. DXXIX. A l’égard des formations rayonnantes en particu- lier , les rayons branchiaux offrent le type le plus simple , puisqu’ils ne sont autre chose que de simples rayons pure- ment cartilagineux , sur lesquels les vaisseaux branchiaux se ramifient. Les rayons delà membrane branchiostége (pl. xxix, fig. in , a a) présentent au contraire un développement plus considérable et plus varié, car ils s’ossifient partout et offrent des rapports numériques divers. ChezlesPoissons les plus réguliers comme les Cyprins et aussi les Cobiles , on n’en compte , de chaque côté , que trois , fixés à la seule pièce sternale supé- rieure. Dans d’autres espèces, le nombre trois se répète pour la pièce sternale supérieure et la pièce tergale inférieure de la corne de l’hyoïde, ce qui donne alors six rayons de chaque côté, comme dans le Synodus; ou bien le nombre trois se répète deux fois à chaque pièce , d’où résultent douze rayons, comme dans l’ Amia. Le nombre de ces rayons peut s’élever ainsi , par l’adjonction de rapports numériques divers . jusqu’à quatorze (Esox) ou trente ( Elops)-, ils peuvent même offrir des rap- ports qui ne soient pas purs , comme lorsqu’on en compte sept ( Scorpœna porcus), ou onze (Salmo salar). Du reste, ils sont ordinairement plus forts lorsque l’hyoïde ne porte point de dents (Cyprinus), et plus faibles dans le cas contraire {Esox){ 1). DXXX. J’ai démontré plus haut que , parmi les rayonne- mens d’une protoverlèbre , outre les latéraux , il tend encore à s’en produire d impairs , supérieurs et inférieurs. Ces for- mations ne peuvent pas non plus manquer ici ; loin de la même, quand on trouve au moins un rayonnement impair inférieur , il fournit une nouvelle preuve de l’antagonisme entre le splanchnosquelette et le névrosquelette , celui-ci n offrant que rarement des rayonnemens impairs supérieurs (nageoires cé- phaliques , § DIV ) , mais n’en portant jamais d’inférieurs. (i) .l’ai déjà fait voir précédemment qu’on ne peut admettre 1 opinion de Geoffroy Saint-Hilaire , qui regarde ces rayons comme correspondant aux cartilages costaux :!u sternum. SQUELETTE DES POISSONS. 397 On doit considérer comme rayonnement impair inférieur de la première splanclmocôte , l’os qu’Oken appelle pédicule de l’hyoïde et Rosenthal sternum. Cet os naît ordinairement, par deux racines , des pièces sternales antérieures des cornes de l’hyoïde ou de leur corps vertébral , et conserve absolument le même type que les rayons de la membrane branchiostége , en sorte que souvent ( par exemple dans les Cyprins) il semble être produit par la soudure de deux rayons de cette mem- brane (pl. xxix , fïg. ni , k*"). Généralement il se dirige for- tement en arrière. Lorsque les rayons de la membrane” bran- clnoslége manquent, par exemple dans XAcipenser, on ne rencontre pas non plus cet os , que nous devons considérer comme le dernier développement du splanchnosquelette. DXXXI. Tous les Poissons ont cela de commun que leur corps est enveloppé d’un épiderme , que recouvre en outre une couche de mucus gluant. Mais sous cet épiderme il se dé veloppe un dermatosquelette qui revêt des formes variées En etlet, il affecte : 4° Celle d anneaux protovertébraux complets. rlrmi in Nous allons examiner rapidement les nrinnrwinc 398 SQUELETTE DES POISSONS. veloppele névrosqueletto exactement d’après le type pl. xxyi, fi g. vu , de sorte qu’une tranche de la queue, correspondante à une deutovertebre rachidienne du squelette nerval, repré- sente un anneau protovertébral du squelette cutané , dont la périphérie se partage en huit arceaux , ce qui est, connue on doit s’en rappeler , ie nombre diviseur primaire de toute pro- tovertèbre . La même chose a lieu aussi dans les Syngnathes , où 'le nombre des anneaux protovertébraux du dermatosqueletle correspond exactement à celui des protovertèbres ou desdeu- tovertèbres du névrosquelette. En examinant la coupe verti- cale de la queue du Syngnathus acné , on voit le squelette cu- tané correspondre, dans la division de ses protovertèbres, à celle des deutovertèbres du squelette nerval ; cependant il se divise dans chaque protovertèbre de cette région d’après le nombre quatre , et à la région épigastrique d’après le nombre six. Le genre Pegasus et le Cottus cataphractus se rangent éga- lement ici , à cause de la disposition analogue des anneaux protovertébraux de leur dermatosquelette. Chez tous ces Poissons la substance du dermatosquelette est plus dure et plus rapprochée de celle des os , parce qu’il s’est déposé plus de molécules terreuses dans son intérieur (1). DXXXIII. La seconde forme, celle dans laquelle il ne reste que des arceaux isolés de chaque protovertèbre du dermato- squelette , et de telle manière que ces arceaux figurent des plaques plus ou moins grandes ou des arcs costaux sur les côtés du corps de l’animal , cette forme semble aussi n’appar- tenir en grande partie qu’à des Poissons pélagiens. On la reu- (1) Il est remarquable, mais d’ailleurs conforme à la loi de 1 antagonisme que j’ai dit précédemment régner dans la formation squelettique, que, chez les Poissons dont le dermatosquelette acquiert un développement si complet, la formation protovertébrale costale du névrosquelette s’efface ordinaire- ment tout-à-fait, ou du moins s’oblitère beaucoup. Il l’est également que cette simple division géométrique delà protovertèbre ne s’étende jamais au même degré dans la moitié animale du corps, c’est-à-dire dans la tete , ou l’on voit plutôt le dermatosquelette se confondre toujours avec le nevro- squclette. SQUELETTE DES POISSONS. 3gg contre surtout dans les genres Calaphracte, Scombre et Trigle. Ainsi le Catapkfactus americanüs a les côtés du corps gar- nis de plaques surmontées de saillies pointues , qui , par leur situation, représentent absolument des arcs costaux , et qui , si l'on en juge d’après les figures , semblent correspondre au nombre des vertèbres rachidiennes. Dans le Cataphractm callichthys, au contraire , les plaques latérales deviennent plus longues, elles se partagent de chaque côté en arceau supérieur et arceau inférieur , et quatre de ces arceaux forment un an- neau proto vertébral assez complet. Les S comher Plumier i et crumenophthalmus ont également sur les deux côtés du corps, des séries de plaques surmontées de saillies pointues. Il en est de môme dans quelques Silures et Trigles. Parmi les Poissons d’eau douce qui offrent cette forme de dermatosquelette, on peut citer l’Épinoche. DXXXIV. La troisième forme , celle dans laquelle les an- neaux protovertébraux se résolvent entièrement en écailles ou plaques isolées , où la forme de la protovertèbre n’est plus indiquée que par la disposition annulaire de ces écailles où meme les séries de ces dernières cessent de se rapporter aux divisions du nevrosquelette par vertèbres , où enfin les écailles ne son la plupart du temps que de simples lames cornées et se condensent rarement en plaques osseuses, cette forme est a plus commune, et ce'le qui varie le plus sous le rappo de la configuration , de la texture , mais surtout de la colora- tion Parmi les Poissons qui Polirent , ceux qui se rapprochent le plus des especes comprises dans la première Catégorie sont ceux dont le dermatosquelette consiste en plaques os seuses res-fortes, attendu que souvent on retrouve en eux non-seulement une division lout-à-fait géométrique de la péri phene du squelette cutané entier, mais encore une conLu du corps figure “tantôt uT ^ /joo SQUELETTE "DES POISSONS. pure de 1 hexagone (quelquefois aussi de 1 octogone) , avec des segmentations stelliformes ou autres , d un cflet foi t agréable à l’œil , et où elles sont parfois ( Ostracion geome- tricus ) années de pointes qui se dirigent en dehois. Les Diodons et Tétrodons sont voisins sous ce rapport des Poissons précédens ; leurs plaques offrent toujours des rayon- nemens simplement coniques , des épines. Lorsque ces épines se couchent sur les plaques sui\ antes, elles représentent le prototype de l’entuilement des écailles cornées. On trouve des plaques osseuses isolées de ce genre dans les Lopliies , les Cycloptères et les Esturgeons. DXXXV. Mais la plus répandue de toutes les formations est celle des écailles cornées ou écailles proprement dites. G est elle qui correspond le mieux à la signification du dermato- squelelte , qui , par antagonisme avec le grand développement du névrosquelette, prend ainsi un rang subordonne. C est elle enfin que l'on rencontre dans les Poissons qui offrent le plus de régularité eu égard à la segmentation du névrosquelette, comme les Cyprins. Ces écailles résultant de couches superposées , leur struc- ture ressemble parfaitement à celle des coquilles. Leur ac- croissement par couches est la cause qui fait qu en grandis- sant, chacune d’elles doit toujours couvrir le commencement d’une autre, à la façon des tuiles d’un toit. Considérées en elles-mêmes , elles sont sujettes , sous le rapport de leur dis- position de leur coloration, de leur grandeur et de leur figure , à des modifications infinies , dont je ne dois point m oc- cuper ici , où mon seul but est de faire connaître e U pe pi i maire. La petitesse extrême des écaille» (dans auilU , mrœnopU.) fait le passage à 1 absence totale dermatosquelette , qui a lieu dans les Poissons apodes Une chose digne de remarque encore , fo nm don. c’est la conversion du dermatosquelette : e» pari' névrosquclctte , qu’on observe surtout a . ’ ’ exemple , l’arc zygomatique ■ “0sscusj?8 (comme raître purement écailleux , et où les SQUELETTE DES POISSONS. ^{>I dans l’Esturgeon) semblent devenir des os de la tête , parce qu’elles s’unissent intimement aux lames tectrices presque cartilagineuses du crâne. Enfin, je dois également signaler la denture de quelques rayons de nageoires du névrosquelelte (par exemple du premier rayon de la dorsale de la Carpe) , comme étant le ré- sultat d’une coalescence entre des ravonnemens osseux co- niques du dermatosquelette et des parties du névrosque- lette (1). » III. Poissons dont les membres et la respiration se rapportent essentiellement an, tronc (2). A. ISÉVROSQUELETTE. DXXX > I. En enumei ant les caractères generaux du névro- squelette des Poissons osseux , j’ai déjà signalé les trois degrés de formation squelettique qu’on rencontre , simple cartilUi- nification (thesis) , multiplicité de points d’ossification dis- tincts ( antithesis ) , et réunion d’un grand nombre de ces points d’ossification ( synthesis ). Ce sont les Raies et les Squales qui occupent le troisième degré , car leur squelette , diversement segmenté , offre partout des traces de coalescence ; seulement il narnve point à une ossification complète; quoique plus blanc et plus solide que celui des Poissons apodes , il demeure toujours essentiellement cartilagineux (3). (r)Dans les genres non symétriques (§ DXIV et DXV) le dermatosquelette prend part anss. a 1 anomalie; le côté oculaire a des couleurs plus foncées et des écaillés plus dures; l’autre côté est incolore et plus mou. !a) Ce 8°nt lES PO,’SSOni carül“g™Hx supérieurs, les Raies et les Squales ^pourrait apptder aussi fa * ,0„c jg* (3) De là vient aussi que la dimension dominante du dévelonnrm, , Ironc pins la mta* C. n'es, p,„s |, dilllensio„ "" dans les Apode*, ni celle en hauteur, comme dan, le, PoUJ, celle en largeur , qui prédomine ici. Et de meme que la conformer T Plenronectes, comme extrême, était caractéristique pour les Poisson ‘ de meme, comme autre extrême, celle du Marteau nar r , oss™x, et des Raies, par rapport au tronc, l’est pour les Pois ’ PP01t ' *éte» supérieurs. P P°'SSons cartilagineux III. aG 402 squeeelte des poissons. DXXXYII. Une seconde particularité de la structure des Poissons cartilagineux supérieurs , c’est le changement qui s’opère chez eux dans la division des moitiés animale et végé- tative du corps. Dans les Poissons osseux, ces moitiés étaient caractérisées par la répartition entre elles deux des organes végétatifs essentiels (branchies et vessie) et par le placement dans le milieu (à la région jugulaire) de l’organe végétatif du corps , le cœur. Chez les Poissons cartilagineux supérieurs , un plus grand développement des organes sensoriels et du cerveau , et la suppression de la respiration branchiale , an- noncent que celle-ci se rapproche déjà davantage de la pré- pondérance idéale , tandis que la prépondérance matérielle est acquise au tronc , par l’apparition d’une double' région respiratoire , la dépression du cœur au dessous de la poitrine, et le développement de membres pairs particuliers. DXXXVIII. Ces changemens généraux doivent influer aussi sur la division de la tête et du tronc en régions spéciales. Le tronc continue toujours à être essentiellement tronc génital , et , comme tel , il se signale par les testicules et les ovaires, qui sont encore placés au voisinage de la tête ; mais sa seg- mentation devient plus complexe. Chez les Poissons osseux , la région respiratoire n’est qu’indiquée par d’imparfaites ver- tèbres thoraciques, et il n’y a qu’une seule vessie respira- toire , qui même n’existe pas partout. Ici le tronc offre partout une région respiratoire supérieure , la poitrine , où la fonction s’est développée sous la forme de respiration branchiale; mais de plus on voit apparaître , à la région pelvienne et sous la forme de fentes anales conduisant dans l’intérieur du sac péritonéal , l’indice d’une seconde respiration du tronc , d’une respiration d’eau dans des cavités vésiculeuses (respiration allantoïdienne ) (1). Tandis que les fonctions végétatives du (i) C’est une question de savoir si des recherches plus approfon- dies sur l’histoire du développement de ces animaux ne démontreront pas mieux encore l’existence d’un organe allantoïdien spécial. Dans un jeune Squalus centrina , long de sept pouces et demi, dont le sac vitellin est encore fort gros, je n’aperçois , il est vrai, aucune trace d’allantoïde proprement dite, mais les ouvertures qui conduisent du dehors dans la cavité périto- néale soin déjà très-distinctes, sous la forme de fentes anales. SQUELETTE DES POISSONS. /J O 3 tronc prennent ainsi un développement plus considérable et plus manifeste , les fonctions sensorielles de la tête se des- sinent également mieux , et l’on voit en même temps cesser la fonction respiratoire spéciale (respiration branchiale ) de cette moitié du corps. L’indice d’une respiration céphalique anté- rieure, élevée à la dignité d'organe sensoriel de l’olfaction, se développe davantage que dans les Poissons osseux , et l’éléva- tion de la respiration céphalique postérieure à celle de cel- lules auditives se trouve au moins préparée ; car , au lieu des branchies céphaliques , il y a de chaque côté un simple canal aquifère , qui , conduisant du dehors dans la cavité pharyn- gienne , n’est , à proprement parler , qu’une trompe de Fal- lope , dépourvue seulement encore de connexion avec l’organe auditif interne. I. Squelette du tronc. DXXXIX. Chez les Poissons apodes et chez ceux à mem- bres céphaliques, par un accord parfait avec les lois de la formation squelettique en général , le développement d’une colonne deutovertébrale , c’est-à-dire d’une colonne de corps vertébraux , caractérisait essentiellement le squelette du tronc envisagé dans son ensemble. Il en est de même chez les Pois- sons qui ont la tête et le tronc munis de membres. Les circon- stances qui établissent la supériorité des Raies et des Squales sur les Poissons osseux , par rapport au rachis , sont les sui- vantes : 1° Les tritovêrtèbres parallèles diconiques ont une forme plus pure , attendu quelle est moins altérée par des tritover- tèbres rayonnantes (apophyses épineuses, obliques et trans- verses). La forme diconique des corps vertébraux est surtout d’une pureté presque géométrique dans les Raies, spéciale- ment chez les jeunes individus (1). 2 La vertèbre rachidienne fournit peu de rayonnemens. De là la disparition des apophyses épineuses , des apophyses transverses, des arêtes musculaires (§ CCCCLXII). 3ü La deutovertèbre se développe d’une manière plus pure. (i) Voy. mes Tabulai illustrantes , cah. II, p]. Vr, lig. 3. 4o4 SQUELETTE DES POISSONS. ce qui s’exprime par le développement plus parfait des corps vertébraux et par l’enveloppement plus complet de la moelle épinière. DXL. Quant à la division des régions du rachis et aux rap- ports numériques des vertèbres , il résulte de ce qui précède que le tronc renferme toujours : 1° Une région génitale, qui englobe encore l’épigastrique et l’hypogastrique , de sorte que les régions épigastrique , hypo- gastrique et pelvienne n’en font qu’une. 2° Une région pectorale , mais sans aucune trace encore de région cervicale. 3° Ici également la colonne vertébrale est susceptible de se prolonger d’une manière indéfinie , ce qui produit un membre terminal impair. Ainsi , l’on doit distinguer, en général , des vertèbres tho- raciques , ventrales ou sexuelles, et caudales. Cependant ces vertèbres diffèrent peu les unes des autres ; seulement , celles de la poitrine des Raies sont plus étroites et plus intimement unies ensemble, ce qui, du reste, avait déjà lieu dans les Poissons osseux (§ CCCCLXIII). La prédominance matérielle du tronc fait que le nombre des vertèbres rachidiennes dépasse de beaucoup les propor- tions simples qui doivent primordialement le déterminer , et d’après lesquelles (§ CCCCLXIII) il devrait y avoir ici 4X6 = 24 vertèbres au tronc proprement dit, et 24 ou 30 à la queue. Au lieu de 48 à 54 , comme nombre total , on en compte sou- vent deux ou trois cents. Les Raies sont encore ceux de ces Poissons qui se rapprochent le plus des nombres fondamen- taux. Ainsi je compte, dans une jeune Raie bouclée, 3X7 vertèbres ventrales et génitales ; mais , au lieu de six thora- ciques, il y en a bien une vingtaine, qu’à la vérité on ne peut guère distinguer les unes des autres , parce qu elles sont soudées; quant aux vertèbres caudales, leur nombre dé- passe 80 (I). (i) Le volume matériel n’étant jamais sans importance pour la dignité d’une espèce, à tel point que de très-gros animaux supposent toujouis une formation déjà fort élevée, il est digne de ramarqne que les Squales sont les plus gros de tous les Poissons, et les seuls chez lesquels on tiouve , entre squelette DES POISSONS. ’j 4o5 DXLI. Les protovertèbres du tronc ne se présentent ici que sous trois formes différentes , et leur développement imparfait doit être considéré comme un phénomène d’antagonisme tenant à ce que les deutovertèbres sont plus développées. La première forme est celle de côtes , qui toujours sont ici d’une seule pièce. Elle n’est exprimée , dans les Raies , que par des rudimens extrêmement courts de côtes abdominales ; de même aussi, dans les Squales, ces côtes abdominales sont très-peu prononcées et réduites à la condition de minces ban- delettes cartilagineuses (pl. xxx, fig. i , g) , qui parcourent les parois latérales de la cavité abdominale , tandis que les côtes thoraciques ( g' j embrassent extérieurement les côtes respira- toires du splanchnosquelette ( arcs branchiaux ) , sous la forme d anneaux cartilagineux, tantôt plus et tantôt moins forts, égalent ces dernières en nombre , et sont par conséquent au nombre de quatre ou cinq , parce qu’il n’y a ordinairement que quatre ou cinq des six splanchnocôtes qui se développent en arcs branchiaux. DXLII. La seconde forme est celle des protovertèbres obli- térées ou contractées qui embrassent seulement des vaisseaux sous les vertèbres caudales , et qui se comportent ici comme chez les Poissons osseux , à cette seule différence près , qu’ayant leui s arcs plus larges , elles enveloppent mieux les vaisseaux et que leurs apophyses épineuses plus courtes , mais plus larges, les rendent plus analogues aux arcs deutoverlébraux correspondans qui enveloppent la moelle épinière. DXLIII. La troisième forme est celle des côtes de membres ou des ceintures scapulaire et pelvienne. La ceinture des membres antérieurs est plus développée que 1 autre , par correspondance avec le rôle plus important de la respiration antérieure du tronc. Elle réunit donc l’idée de plu- sieurs arcs protovertébraux du tronc. Dans les Raies , où il n existe point, de côtes proprement dites , cette réunion de plusieurs arcs protovertébraux en une ceinture scapulaire transversale est plus prononcée que chez les Squales. Du reste, chaque couple de corps vertébraux, une cavité difonîque, pouvant conte- nu plusieurs livres de liquide albumineux. 4 00 SQUELETTE DES POISSONS. la ceinture scapulaire est toute d’une seule pièce ; seulement ses parties latérales se divisent , dans le sens de la largeur (pl. xxvii fig. viii, 12 3), en trois arcs, ce qui me fait penser que déjà ici le concours de trois arcs protovertébraux pour constituer une ceinture scapulaire doit être considéré comme une circonstance légitime et normale. Quant aux divisions pri- maires dans le sens de la longueur de la protovertèbre , il n'y a que les pièces tergales supérieures ( lig. viii, o, o ) qui soient des parties distinctes. Ces parties tergales supérieures man- quent dans les Raies , dont la ceinture scapulaire , plus com- primée dun côté à l’autre , ne tient par conséquent à la co- lonne vertébrale que par des ligamenset des muscles. Elle est plus sensiblement aussi partagée en deux arceaux latéraux chez ces Poissons , où il se développe des côtes thoraciques. DXLIV. La ceinture des membres postérieurs ressemble par- faitement à la précédente; seulement elle est, en général , plus faible, et les portions tergales supérieures manquent tout-à-fait , de sorte quelle n’est attachée au rachis que par des muscles et des ligamens. Au reste , lorsqu’on la trouve développée , elle est indivise , et ne constitue qu’un arc carti- lagineux simple. Il n’y a , dans les Raies et les Squales, aucune trace d une colonne tritovertébrale inférieure ou sternale du tronc. DXLY. Membres du tronc. De même que dans les Poissons osseux, ils se divisent en impairs et pairs. Mais, tandis que , dans les Poissons osseux , les membres impairs , supérieurs et inférieurs , étaient ceux qui se développaient le plus , au point même d’acquérir des dimensions réellement monstrueuses dans le Ptcraclis velifer , par exemple , parce que la dimension en hauteur est caractéristique pour ces animaux , comme ce e en largeur pour les Poissons cartilagineux supérieurs , de même aussi les membres pairs ( par exemple les nageoires pectorales des Raies ) acquièrent un développement énorme dans ces derniers , chez aucun desquels , en revanche , les membres impairs ne deviennent remarquables par leur étendue. . . . DXLVI. A Pénard de la structure des membres impair s ( na- geoires dorsale, anale et caudale), elle ne diffère point essen- SQUELETTE DES POISSONS. 4°7 tiellement de la description que nous en avons donnée dans les Poissons osseux. Ici comme là , on voit quelquefois des rayons isolés acquérir un grand développement. La Chimœra arctica nousen offre un exemple frappant (1). De même, dansle Squalus fiducies , les nageoires dorsales, antérieure et postérieure, portent chacune une forte épine à leur bord antérieur. DXLVII.Les membres pairs n’ont point entre eux les mêmes proportions dans tous les genres. Dans les Raies , où les mem- bres céphaliques sont le moins développés , les nageoires pec- torales ont d’énormes dimensions. Dans les Squales , où les membres céphaliques , surtout l’opercule et la mâchoire infé- rieure , sont plus développés , les membres antérieurs et pos- térieurs du tronc conservent davantage d’égalité entre eux. On peut toujours distinguer, dans ces nageoires , un porte- rayon simple et des rayons articulés et divisés ( pl. xxvii , fig. vm, x , x'). DXLYIII. Les nageoires pectorales des Raies sont surtout remarquables par la lumière qu’elles répandent sur la signifi- cation des parties du squelette osseux. Nous avons déjà vu précédemment , à l’occasion de la structure des membres en général , qu’elle repose sur l’idée d’une colonne vertébrale plusieurs fois divisée. Ce caractère devient saillant ici, où chaque rayon de nageoire représente parfaitement une co- lonne vertébrale composée seulement de corps vertébraux , c’est-à-dire une colonne vertébrale caudale ( pl. xxvii , fig. vm , x 1 ). Du reste , les Squales oflrent aussi , à leurs membres pel- viens , quelques rayons détachés des autres et plus développés qu eux , qui forment une sorte de moignon de pied. 2. Squelette de la tête. DXLIX. Le squelette de la tête est composé , comme dans les Poissons osseux, d’une colonne deutovertébrale , d’arcs protovertébraux et de membres. La colonne deutovertébrale comprend le même nombre de vertèbres que dans les Poissons osseux et daps tous les Cépha- (i) Voy. ScnuLTz, dans Mecket.’s Jrchiv., loin. I , pJ. Iv> 3 4°8 squelette des poissons. lozoaires. Elle se distingue surtout par la non-séparation de ses diverses parties , par la fusion intime des vertèbres crâniennes , des intervertèbres et delà première vertèbre fa- ciale, ou de 1 elhmoïdale, en une simple boîte cartilagineuse, et par 1 implantation dans la substance de la première inter- vertèbre des organes auditifs , qui , par là , deviennent plus distincts de la cavité crânienne (4). DL. D ailleurs, celte boîte cartilagineuse (pl. xxx, fig. vu, î — iv ) enveloppe le cerveau plus étroitement que ne le fait le crâne des Poissons osseux. Elle est tout-à-fait dans le même plan que le rachis , ou bien elle se trouve un peu au dessus , lorsque celui-ci s’abaisse , comme dans les espèces les plus régulières ( Cyprins). Elle s’élève au dessus du crâne des Pois- sons apodes par la clôture complète de ses arcs , attendu que , jusqu’à la troisième vertèbre crânienne , les deutovertèbres du crâne sont fermées. Cependant , en cet endroit, par consé- quent à la région de la troisième intervertèbre ( dont les grands arceaux conchiformes et percés embrassent également ici les nerfs olfactifs ) ( pl. xxx , fig. vi , 3 , b ) , et à celle de la pre- mière vertèbre faciale , la formation des arceaux cesse , et l’on voit apparaître-un grand vide couvert par la peau , une sorte de fontanelle. A cette fontanelle antérieure correspond , dans plusieurs genres ( par exemple dans le Squalus centrina ), une fontanelle postérieure , située au dessus de la première inlervertèbre , dont les arceaux enveloppent le labyrinthe , et qui acquiert une très-grande extension sur le côté. Dans les Poissons qui n’ont point de fontanelle proprement dite sur la première inlervertèbre , comme dans ceux qui en sont pour- vus , nous apercevons en outre , sur ce point , une double ou- verture des organes auditifs , que Weber a bien décrite et fi- gurée (2), et qui , chez les Raies , apparaît même sous la forme d’un double orifice conduisant dans le labyrinthe. Du reste, plusieurs Raies, au lieu de la fontanelle posté- (t) Le crâne cartilagineux simplement fermé de ces Chondroptérygiens est donc au crâne cartilagineux ouvert des Cyeloslomes, ce que leciane ossifié en une seule pièce du vieillard est au crâne encore ouvert et en partie cartilagineux de l’embryon de deux mois. (a) De aure , p. 93 , io3 /pl. ix, fig. 74 J pl* x ®7* SQUELETTE DES POISSONS. 409 rieure ,en ont une grande médiane , qui correspond à la grande fontanelle de l’homme (1). DLI. En outre, toutes les vertèbres crâniennes ressemblent à celles des Poissons osseux , sous ce rapport quelles sont es- sentiellement développées dans les arcs , et que les tritover- tèbres parallèles , ou corps vertébraux , sont oblitérés. La ver- tèbre occipitale seule , ici comme partout , ressemble encore à une vertèbre rachidienne , en ce que le corps y a pris plus de développement. Du reste , la partie, qu’on doit considérer comme première vertèbre faciale , ou vertèbre etlunoïdale , et qui se trouve en avant de la grande fontanelle antérieure , est dépourvue de toute cavité , et se montre sous la forme de lame perpendiculaire de l’ethmoïde. On est cependant frappé du nombre extraordinaire de tubes mucipares qui recouvrent ce cartilage dans les Raies et les Squales. Ces tubes sont les or- ganes excrétoires de la peau ( c’est-à-dire de l’organe respira- toire et perspiratoire primaire ) portés à une plus haute puis- sance , par la seule raison que la région qu’ils occupent est la représentation de la poitrine dans la tête , et parce qu’une manifestation plus prononcée de la région pectorale dans la tête ( comme transition aux Reptiles ) se rattache à l’idée en- tière de 1 ordre, attendu qu’il y a la plus étroite connexion entre elle et le développement plus considérable des membres (2). DLII. A 1 égard des vertèbres céphaliques antérieures , la (ij Tandis que le labyrinthe est mieux enveloppé ici à l'extérieur, il cesse d offrit des ossifications ( § C(.CCXCIJ) dans son intérieur, ou plutôt celles-ci n y sont indiquées que par dos noyaux cartilagineux mous. La plus remarquable de toutes les têtes est cello du Marteau {Squales zygœna) , à cause de l’énorme extension des arceaux de la troisième inter- verlebre , dont on pourrait presque dire qu’ils sont tout-à-fait repoussés en dehors et rejetés de la série des vertèbres crâniennes. V. Rosentuai, , toc. cit., cah. VI, pl. xxii , fig. i. 2. (2) Il suffit d avoir vu une senle fois les remarquables faisceaux de tubes mucipares des Squales, surtout de ceux à long museau , comme le Squales carcharias, et des Raies, pour être convaincu qu’ils sont , à proprement parler, le prototype des cellules ethmoïdales des animaux supérieurs. Ils deviennent cellules de l’etbmoïde chez ces derniers, en devenant accessibles a 1 air qui les traverse. 4io squelêtte des toissons. maxillaire et l’ intermaxillaire , elles sont fort oblitérées ici , de même que dans les Poissons osseux. Le seul rudiment qui en existe , chez les Raies , est un simple cartilage allongé , terminé en pointe et faisant corps avec le crâne. Lorsqu’il se prolonge beaucoup ( comme dans le Squalus pristis ) , il consti- tue une sorte de membre terminal antérieur , de même que la colonne vertébrale caudale immobile de certains animaux re- présente un membre terminal postérieur. Du reste , outre l’épine médiane inférieure , on aperçoit souvent encore , dans les Squale*, deux branches accessoires, qui s’attachent aux arcs de la troisième intervertèbre ( pl. xxx, fig. vu, iv — vi ), et qui doivent être considérées comme des vestiges d’arceaux latéraux. Dans le Squalus centrma , le rudiment des deux ver- tèbres faciales est un cartilage presque en forme de fer à cheval , détaché du crâne , et qui ne tient qu’aux parties molles , dans le voisinage de la fontanelle antérieure. DLIII. Côtes ou arcs protovertébraux céphaliques. Comme la plupart des Poissons osseux , ceux-ci sont dépourvus d’arcs costaux à la vertèbre occipitale. La première intervertèbre, dont les arcs, en enveloppant le labyrinthe , font une saillie considérable des deux côtés, porte pour intercôte un rudiment tout simple de l’os carré , c’est- à-dire un cartilage oblong, et presque horizontal ( pl. xxx, fig. vii , i g ,i g* ) , qui ne ressemble à rien mieux qu’à la por- tion tergale simple de cette intercôte chez les Poissons osseux (pl. xxix, fig. viii, i g*, i g ). La division primaire de cette côte en deux n’est nullement indiquée, et on ne la reconnaît que d'après la manière dont se comportent les membres cé- phaliques. DLIV. La seconde vertèbre crânienne est sans côtes, comme la première ; deux seules lamelles cartilagineuses latérales , qui élargissent la voûte du palais , et que je trouve dans le Requin , mais qui manquent dans les autres espèces , pourraient être comparées à des rudimens de côtes ( c’est-à-dire a des os palatins postérieurs , ou crochets ptérygoïdiens ) ; cependant, elles ne font qu’un avec le crâne , et ne sont point séparées comme l’os carré. La seconde intervertèbre n’ajpour rudiment de côtes qu un SQUELETTE DES POISSONS. ^ • I appendice cartilagineux non distinctement séparé du crâne ( pl. xxx , fig. vu , 2 g), qui (os zygomatique incomplet) entoure l’orbite en arrière , et auquel même il arrive souvent , dans les Raies surtout , de n’être qu’incomplétement développé. C’est dans le Marteau que cet os zygomatique parait avoir acquis le plus de développement (1). DLV. La troisième vertèbre crânienne se comporte parfaite- tement comme la première et la seconde , c’est à-dire qu’elle n'a point de côtes. La troisième inlerverlèbre est dans le même cas. A la vérité , on pourrait regarder comme un rudiment de côte ( os onguis ) une lame cartilagineuse qui n’est cependant point non plus séparée , et qui , dans quelques Squales , fait une légère saillie d avant en arrière , vers l’orbite , derrière les cornets olfac- tifs. Ce cartilage costal s’aperçoit mieux dans les Raies ( par exemple dans la Raie bouclée ) , où il s’écarte de chaque côté, et augmente la largeur de la tête ( pl. xxx , fig. vu ,3g). DLVL Les côtes faciales sont plus développées que les crâniennes, et parmi elles celles surtout de la vertèbre faciale postérieure, c est- à dire les os ou cartilages palatins, ce qui donne à cette partie de la tête une grande ressemblance avec celle des Poissons osseux à mâchoire supérieure immobile , du Brochet, par exemple. L analogie devient plus frappante en- core , en ce qu il n y a non plus ici que les os palatins qui por- tent des rudimens de membres céphaliques antérieurs du splanchnosquelette , c’est-à-dire des dents. DL\ IL Les cartilages palatins, ou côtes de la première ver- tèbre faciale , sont donc simples , fortement arqués , et cour- bés en arrière , ce qui lait qu ils arrivent à se joindre avec le cai tilage carré ( pl. xxx , fig. vii , iv g ), tandis que, dans les Poissons osseux , les premières intercôtes parviennent à s’unir avec la quatrième côte céphalique en s’allongeant elles mêmes. Par la ces cartilages palatins deviennent aussi semblables à la mâchoire inférieure que l’os maxillaire l’est chez les animaux supérieurs , et c est ce qui a souvent conduit à leur donner le nom dos maxillaire , comme l’a fait entre autres Cuvier. Ce- (i) RoHurTHiL, loc. cit., cah. VI, pl. xxu, fig. i , a. 412 SQUELETTE DES POISSONS, pendant leur véritable signification devient évidente dès que 1 on compare ensemble une tête de Brochet et une tête de Ser- pent; elle est même quelquefois dévoilée déjà par la nature des dents qui , dans le Squalus centrina surtout, diffèrent to- talement de celles de la mâchoire inférieure. Au reste , le dé- faut de développement des deutovertèbres faciales fait que ces arcs prolovertébraux se touchent immédiatement par le bas, comme les deux côtés d’une mâchoire inférieure; il n’y a que le Squalus centrina chez lequel on distingue supérieu- rement une lame médiane de jonction , qui doit être considé- rée comme la réunion des deux pièces tergales supérieures de cette prolovertèbre. DLYII1 . Les cartilages maxillaires supérieurs , ou côtes de de la seconde vertèbre faciale , manquent dans les Raies , et ne sont développés, dans les Squales, que sous la forme de faibles arcs sans dents , offrant néanmoins cela de remarquable , qu’on ne peut méconnaître en eux une tendance à représen- ter la prolovertèbre complète , à peu près comme il arrive à la prolovertèbre céphalique antérieure des Lamproies( pl. xxx, fig. vu, vg). La chose est surtout bien sensible dans le Squalus centrina , où le maxillaire supérieur, consistant de chaque côté en deux moitiés , contourne le cartilage palatin et la mâchoire inférieure, absolument comme le ferait une côte, de sorte que ses deux extrémités se louchent presque au dessous de la mâ- choire inférieure. On aperçoit très-distinctement la division de cette protovertèbre en portion tergale et portion sternale. DL1X. Je n’ai non plus trouvé aucune trace des cartilages intermaxillaires, ou des côtes de la troisième vertèbre faciale, dans les Raies. Ces côtes sont même si petites dans les Squales, le Requin par exemple , qu’on peut fort bien ne point y faire attention. Dans le Squalus centrina , elles sont un peu plus fortes , mais toujours petites à proportion , et absolument pri- vées de dents (1). (x) Kulil fat le premier qui démontra, en 1820, que la prétendue mâ- choire supérieure de ces Poissons cartilagineux est un os palatin, et qui Üt connaître les rudiraens du maxillaire supérieur et de l’intei'maxillaire. Une formation très-remarquable , mais dont les détails out besoin d’être SQUELETTE DES POISSONS. DLX. Membres de la, tête. Il y avait des membres cépha- liques impairs et pairs dans les Poissons osseux. Chez les Pois- sons cartilagineux supérieurs on n’aperçoit d’autre membre céphalique impair qu’un prolongement plus ou moins consi- dérable de la colonne vertébrale sous la forme d’un membre terminal conique de la tête (§ DLII). Nous n’avons donc à nous occuper que des membres pairs. Or, comme ici la respiration se rapporte davantage au tronc , dont les membres ont par cela même pris une plus grande extension , ceux-là sont moins développés aussi que dans les Poissons osseux. DLXI. J’ai fait voir précédemment qu’il y avait à propre- ment parler deux régions respiratoires à la tête, et quelles s’y élevaient à la dignité d’organes sensoriels. Dans les Cy- clostomes, la région respiratoire antérieure était seule déve- loppée , sous la forme de cornet nasal analogue à une bran- cliie : dans les Poissons osseux , cette région antérieure a pris complètement le caractère d'une double respiration bran- chiale. Dans les Chondroptérygiens, les fosses nasales se déve- loppent plus que partout ailleurs, et la respiration postérieure se convertit d’une manière extrêmement remarquable en un organe sensoriel, c’est-à-dire en cavités auditives, car elle prend presque la même forme qu’avait l’antérieure chez les Cyclostomes, c’est-à-dire celle d’un canal inspirant et expi- rant l’eau , ouvert à la surface supérieure de la tête , mais qui cependant ici est double et non pas simple. Ce canal ne com- munique point encore avec l’oreille interne , mais il descend immédiatement au devant d’elle , et , en s’ouvrant dans la ca- encore étudiés, est la scie du Squalus prislis. Citez ce Poisson, où, comme dans les autres Squales, les cartilages palatins représentent une mâchoire supérieure, on voit apparaître de plus en dehors une formation dentaire qu’on ne peut concevoir qu’en admettant qu’ici les cartilages maxillaires supérieurs et intermaxillaires, ou peut-être seulement une paire de ces car- tilages, se réunissent avec un très-long bout de museau, qui lui-même no saurait être , comme dans les autres Squales et l’Espadon, qu’une colonne vertébrale faciale prolongée et soudée. Les dents maxillaires supérieures doivent alors se montrer comme dents de la scie (pl. xxix, fig. vi). Si l’on considérait le cartilage palatin comme maxillaire supérieur, de quelle ma- nière expliquerait-on ces dernières dents ? 4*4 SQUELETTE DES POISSONS, vité gutturale , il indique déjà l’organe auquel il donne nais- sance chez les Reptiles , c’est-à-dire la trompe d’Eustache. DLXII. Dano les Poissons osseux, la région respiratoire postérieure avait des membres développés au côté tergal et au côté ventral. Le membre du côté tergal était 1 opercule, qui , plus tard, devient la conque de l’oreille. Dans les Chondroptérygiens ’ l’organe tient le milieu d’une manière remarquable entre ces deux loi mes. Comme opercule, il est oblitéré et caché dans les chaii s; comme conque de 1 oreille, il n’est point encore dé- veloppé. On reconnaît encore en lui un rudiment d’opercule dans les Squales (pl. xxx, fig. vi , ih*). Le membre du coté ventral , ou la mâchoire inférieure , ne diffère de ce qu il est chez les Poissons osseux qu’en ce qu’on n’aperçoit point de pièces distinctes dans les deux moitiés , et que celles-ci , leurs arcs surtout , ont plus de force et de largeur , à cause du grand nombre d’articles onguéaux du splanchnosquelette , ou de dents , qu’ils supportent. B. Splanchnosquelette. DLXIII. Comme dans les Poissons osseux (§ DXVIII et suiv.), le splanchnosquelette n’existe ici qu’à la tête , se partage en anneaux protovertébraux et en rayonnemens de ces anneaux, et se forme entre l’épithélion et le névrosquelette ; ses proto- vertèbres elles-mêmes correspondent, pour le nombre , aux vertèbres essentielles du tronc , et se rapportent les unes da- vantage à la respiration , les autres plus spécialement à la digestion. Il n'y a qu’une seule différence essentielle , c’est que les protovertèbres qui servent à la respiration se retirent en arrière vers le tronc , et représentent ainsi le premier indice d’un splanchnosquelette du tronc , tel que les anneaux de la trachée-artère le figurent chez les Reptiles , etc. Le but de celte formation est évidemment de débarrasser la moitié ani- male du corps des fonctions purement végétatives. Elle ne doit pas plus exercer la respiration , qu’elle n’exerce la di- gestion : aussi verrons-nous peu à peu ceux des anneaux pro- tovertébraux de ce splanchnosquelette qui appartiennent à la digestion et représentent les branches de l’hyoïde et les mà- SQUELETTE DES POISSONS. 41^ choires pharyngiennes , se développer en pièces de support de l’appareil gustatif , tandis que celles qui appartiennent à la respiration, comme arcs branchiaux, deviendront des organes vocaux. Au reste, quant à ce qui concerne les Chondroptérygiens, la formation de leur splanclmosquelette ne peut être consi- dérée que comme une transition à ce type, qu’elle n’a pas en- core atteint. DLXIY. Première splanclmocôte ( mâchoires pharyngiennes des Poissons osseux ). Ici elle diffère peu des autres arcs bran- chiaux ; dans les Raies , elle surpasse même ces derniers en force , et se glisse supérieurement au dessous de la ceinture scapulaire. Mais, dans le Squalus centrina , elle ne lient point en dessus au rachis , comme font les arcs branchiaux propre- ment dits , et n’a de connexions qu’avec le dernier arc bran- chial. DLXV . Seconde , troisième , quatrième et cinquième splanchno- côtes ( arcs branchiaux , ici comme chez les Poissons osseux). Dans les Raies , elles sont encore situées près de la partie postérieure du crâne et faibles ; mais , dans les Squales , elles sont reculées en arrière sous les vertèbres thoraciques du ra- chis , et forment un véritable thorax , de sorte qu’on pourrait aisément les confondre avec de véritables côtes appartenant au névrosquelette , ce qui a lieu en effet. DLXYI. Leur fonction ressemble à celle des arcs bran- chiaux des Poissons osseux. Dans le Squalus centrina , je trouve chaque are branchial composé de quatre parties pri- maires , dont l’inférieure se soude avec le vestige d’une co- lonne vertébrale sternale qui lui appartient (pl. xxx , fie-, vu, f pl pu Ml II „* „ . 1 'U * lit t > O , 0,00, 000 ). DLXV II. Sixième splanchnoctte ( branches de l’hyoïde, ici comme dans les Poissons osseux ). Chez les Squales , ces côtes sont très-fortes , et forment des arcs simples , dans lesquels on ne peut point distinguer de pièces tergales et sternales. Elles se glissent supérieurement au dessous de la première intercôte (os carré). Dans les Raies , elles sont beaucoup plus faibles, mais d’ailleurs conformées de la même manière (pl xxx fiff- vii, F). • i ’ 4*6 SQUKÏ.F.TTE DES POISSONS. DLXVIII. Il n y a point non plus ici le moindre indice de deutovertèbres parallèles du splanchnosquelettc , mais il se développe des tritovertèbres , comme chez les Poissons osseux. Nous distinguons là ( § DXXIV ) le vestige d’un corps vei tebi al de membre terminal anterieur ( os de la langue, ou corps de l’hyoïde ) , qui , dans les Squales , est assez fort et presque semblable à un corps ordinaire de vertèbre , tandis que, dans les Raies, on ne le trouve indiqué que par une large lame cartilagineuse. On aperçoit, en outre, des corps vertébraux d’arcs bran- chiaux , qui se développent également beaucoup dans les Squales , mais plutôt sous la forme de plaques transversales que sous celle de dicônes proprement dits. Or nous verrons plus loin que cette forme aplatie se répète également dans les vertèbres sternales du névrosquelette, chez les Reptiles et les Poissons. Dans le Squalus centrina, je compte autant de corps verté- braux que de splanchnocôtes , c’est-à-dire cinq ; le premier et le second sont simples ; le troisième est divisé en deux moi liés latérales , division que nous retrouverons aussi dans les vertèbres sternales du névrosquelelte des Oiseaux ; le qua- trième est très-grand et en forme de carré oblong ; le cin- quième est plus petit, et termine celte colonne vertébrale (1). Dans la plupart des Raies, une simple plaque rhomboidale paraît remplacer la colonne des corps vertébraux bran- chiaux. DLXIX. Rayonnemens du splanchnosquelette. Déjà, dans les Poissons osseux ( § DXXYI ) , nous avions pu distinguer : 1° Des rayonnemens au pourtour de la cavité céphalo-viscé- rale antérieure, c’est-à-dire de la cavité orale, d’où résultaient les dents des régions maxillaires supérieure et inférieure, mais qui n’avaient point deprotovertèbressplanclmiques spéciales à la région antérieure de la tète , et manquaient aussi chez les Poissons réguliers; 2° Des rayonnemens des splanchnocôtes de la région posté- rieure de la tête , les uns en dehors ( rayons de la membrane (i) V, tues Tabuler illustrantes , calt, II, pl. rir , fig. xv. SQUELETTE DES POISSONS. 4*7 branchiostége et rayons branchiaux ) , les autres en dedans ( dents des arcs branchiaux ). La même division est applicable aussi aux Chondroptéry- giens. LLXX. 1° Rayonnemens du splanclinosquelette de la cavité orale. Comme les Biodon , parmi les Poissons osseux, n’a- vaient qu’un épithélion lisse et en quelque sorte pétrifié aux mâchoires supérieure et inférieure , au lieu de rudimens proprement dits de membres rayonnons , c’est-à-dire au lieu de dents , de même aussi les Raies n’ont point de véritables dents, mais seulement des plaques d’ épithélion pétrifié, qui gar- nissent les côtes palatines et la mâchoire inférieure. Ces plaques sont sillonnées de différentes manières, et font ainsi manifes- tement le passage aux dents squamiformes et sériées des Squales, dont chacune représente un cône, et qui sont de véritables articles onguéaux d’un splanclinosquelette. Au reste, la formation dentaire demeure exclusivement res- treinte icuuix côtes palatines et à la mâchoire inférieure. C’est donc une preuve de soumission à une légitimité plus pré- cise que les dents cessent d’être irrégulièrement répandues sur toute la membrane orale (1). DLXXI 2° Rayonnemens des splanchnocotes de la région postérieure de la tête. Ils peuvent se diriger en dehors et en dedans. Les rayonnemens internes sont, comme chez les Poissons osseux, des dents branchiales plus petites et plus rares , cir- constance dans laquelle on doit voir un phénomène d’antago- nisme , à cause du développement considérable et général des dents de la bouche. Je ne trouve les dents branchiales indi- quées, dans le Squalus glaucus, que par quelques dentelures molles , et dirigées en dedans, des arcs branchiaux. (i) Les dénis de la Scie de mer sont extrêmement remarquables en ce qu’on doit les considérer comme des dents, puisqu’elles s’implantent à la manière de ces productions dans les rudimens des mâchoires supérieures tandis que, d’un autre côté, ne regardant plus la cavité intestinale, mais étant tournées en dehors comme les épines du dermatosquelette, elles sont devenues entièrement des épines cutanées, Heusinger a déjà signalé celte singulière transition. SQUELETTE DES POISSONS. Les rayonnemens externes sont les rayons de la membrane branchiostége aux branches de l’hyoïde; ils manquent généra- lement, parce que l’hyoïde ne se trouve plus placé aussi en dehors que dans les Poissons osseux : cependant Oken les a fi- gurés dans le Squalus ccntrma. Ici se rangent encore les rayons branchiaux, qui ressemblent à ceux des Poissons osseux, mais demeurent dans l’intérieur des trous branchiaux. C. Dermatosquelette. DLXXII. En général, le dermatosquelette des Chondropté- rygiens ressemble au premier aspect à celui des Poissons apodes; car, ordinairement , on n’aperçoit , dans les Raies et les Squales , qu’une peau, tantôt molle et tantôt rude, mais toujours privée d’ écailles. Cependant, si l’on y regarde de plus près , surtout chez les Squales, on reconnaît que la peau est garnie sous l’épiderme de petites écailles osseuses pointues , très-serrées les unes contre les autres , qui la rendent rude au toucher. Les granulations sont moins sensibles dans les Raies, et surtout dans les Torpilles, circonstance remarquable, en raison du plus grand développement de la sensibilité chez ces derniers Poissons. On ne trouve donc plus , dans les Chondroptérygiens , de plaques squelettiques proprement dites ayant la forme de protovertèbres. Leur disparition indique une formation supé- rieure , comme elle le faisait déjà dans les Poissons osseux. Les rayonnemens du dermatosquelette sous la forme d’épines ne se voient également plus que dans quelques régions du corps. Les plus remarquables sont les pointes de certaines grosses écailles osseuses que porte la Raie bouclée , et les es- pèces d’ongles pointus qui garnissent les rudimens isolés de membres aux nageoires dorsales et ventrales de certains Squales. L’une des formations les plus considérables de ce dernier genre est le long dard dentelé en scie qui garnit la queue de la Pastenaque en dessous , et qu’on ne peut consi- dérer que comme un rayon isolé , appartenant au dermato- squelette , de la nageoire anale , ou comme le rudiment d un membre impair inférieur de ce dermatosquelette (1). (i) Il y a nn os dont j’ai négligé de parler, surtout a 1 occasion du sque- SQUELETTE DES REPTILES. 4l9 CHAPITRE VI. Squelette des Reptiles. . . DLXXIII. Pour bien apprécier les particularités du sque- lette des Reptiles, il faut considérer : 1° Que cette classe est la première où l’antagonisme entre le névrosquelette d’une part , le dermatosquelette et le splanchnosquelelte de l’autre , se manifeste positivement , tant sous le rapport de la configuration que sous celui de la èub= stance , et quelle nous offre pour la première fois l’exemple de la réunion chez un seul et même individu d 'un névrosque- lette véritablement osseux , d’un splanchnosquelette véritable- ment cartilagineux , et d’un dermatosquelette véritablement corné. 2° Que les Reptiles , parmi les Céphalozoaires , répètent la première section des Corpozoaires , comprenant ceux chez lesquels la cavité abdominale prédomine , non moins manifes- tement que les Oiseaux répètent la seconde section, composée de ceux chez lesquels prédomine la poitrine. Or, puisqu’ ils sont des Corpozoaires parmi les Céphalozoaires, on conçoit que toutes les régions essentielles du tronc ( COU poitrine , épigastre , hypogastre , bassin ) peuvent être pour la première fois distinctes en eux. Mais cette qualité même expli- que pourquoi la région ventrale en général et les membres abdominaux ont pris tant de développement chez ces animaux. Ainsi les poumons sont contenus dans la cavité abdominale tandis que , chez les Oiseaux , les viscères abdominaux sont situés dans la cavité pectorale , et même dans les poumons , attendu qu'on doit considérer les cellules péritonéales comme des cellules pulmonaires prolongées. Ainsi , également , il est telle céphalique des Poissons osseux., parce que sa signification parait encore un peu douteuse. C’est l 'écaille surcilière (pi. xxix, fig. jrx, 3 g). En effet cet os peut être: i° lame tectrice de la troisième intervertèbre, rejetée sur le côté j 20 vestige de membre à la région oculaire ( § CCCCXII ), et ana- logue du cartilage de la paupière supérieure ; 3° lame appendiculaire de la troisième intercôte (semblable à celle des côtes des Oiseaux). Ce dernier cas est le plus vraisemblable. 4ao squelette des reptiles. presque impossible que les membres acquièrent leur plus haut degré de développement , c’est-à-dire deviennent des ailes , ou , quand ils le lont, c’est toujours d’une manière incomplète, et au ventre seulement (1). DLXXIY . Au reste , la nature ne s’étant point encore éle- vée , dans cette classe , jusqu’à l’idée du Céphalozoaire pro- prement dit , comme le prouvent déjà l’imperfection du cer- veau et sa petitesse comparativement à la moelle épinière , le névrosquelette doit avoir aussi un type dont l’infériorité s’exprime, tant par la nature de sa substance , qui rappelle en- core celle du squelette des Poissons osseux , surtout dans les Protéides , que par une certaine imperfection sous le rapport de la forme et du nombre. On explique en môme temps par là pourquoi la structure du squelette présente tant de diffé- rences dans les divers ordres de la classe des Reptiles , car il a déjà été dit souvent que plus une formation est élevée en dignité , plus la structure est déterminée et régulière , mais que plus cette formation se rapproche des derniers degrés de l’échelle , plus aussi les proportions deviennent incertaines et flottantes. DLXXV. Cette diversité nous oblige d’étudier le type gé- néral du squelette des Reptiles dans chaque ordre , en nous imposant d’ailleurs toujours la loi de ne signaler que le maxi- mum, et le minimum de chaque formation. Or les Reptiles se partagent en deux séries : 1° Ceux qui offrent des rayonnemens extérieurs tant au névrosquelette (membres) qu’au splanchnosquelette (branchies permanentes ou transitoires ) : les Protéides , les Salamandres, les Crapauds et les Grenouilles. 2° Ceux dont le névrosquelette seul présente des rayonne- mens extérieurs ( membres ). On les divise à leur tour en deux groupes, suivant qu’ils n’ont de membres qu'à la tête, le tronc en étant dépourvu ( Ophidiens ) , ou qu’ils en ont au tronc (Sauriens et Chéloniens). Ceux-ci diffèrent encore les uns des ( i) L’antagonisme entre les Reptiles et les Oiseaux s’exprime , presque comme chez les divers Poissons, parla prédominance des différentes direc- tions; dans les Reptiles, c’est la direction en largeur, et dans les Oiseaux, celle en hauteur, qui l’emportent sur les autres. SQUELETTE DES REl'TÏLÏ-S. 431 autres par les rayonnemens intérieurs de leur splanchnosque- lette ; les uns , dont les membres céphaliques sont encore très- développés, ayant des dents (Sauriens), tandis que les autres, chez lesquels les membres de la tête sont oblitérés, n’ont pas non plus de dents ( Chéloniens). Il est donc facile de voir que les Reptiles brancliiés corres- pondent aux Poissons apodes , les Reptiles pourvus de mem- bres céphaliques seulement, aux Poissons osseux , et les Rep- tiles dont le tronc surtout est muni de membres , aux Chon- droptérygiens. ARTICLE PREMIER. REPTILES BRANCHIES. I. Nèvrosquclette. DLXXVI. En général , mais surtout dans les Protéides , il rappelle très-positivement celui des Poissons apodes , tant par le peu de fragilité de ses parties, que par son homogénéité avec le splanchnosquelette . Ce qui caractérise spécialement ce groupe , c’est que les diverses régions essentielles de la co- lonne vertébrale ne sont point encore distinctes , que les deu- tovertèbres du crâne diffèrent encore peu de celles du rachis, et que les tritovertèbres parallèles et rayonnantes ont une lorme manifestement diconique , surtout dans les Protéides. A. Squelette du tronc. DLXXVII. Rachis. Les deutovertèbres et les tritovertèbres parallèles du dos offrent plusieurs particularités remarquables. Occupons-nous d’abord de leur nombre et de leur répartition. A 1 égard du nombre , le rachis des Grenouilles est d’une haute importance , en ce qu il représente le minimum possible du nombre des vertèbres dans tous les animaux pourvus d’un cerveau et d’une moelle épinière. Des motifs d’un ordre supé- rieur faisant que le tronc et la tete doivent toujours être pri- mordialement considérés comme une répétition l’un de l’autre, et par conséquent le tronc , du côté duquel se trouve la pré- dominance matérielle , de même que la prédominance idéale appartient à la tete, devant etre déterminé par les mêmes nombres fondamentaux que ceux qui président a la formation 422 SQUELETTE DES REPTILES. de la tête , le minimum possible du nombre des vertèbres ra- chidiennes a lieu quand il ne s’en forme pas plus qu’on n’en compte à la colonne vertébrale crânienne, c’est-à-dire 64. 3. Or le rachis des Grenouilles et des Crapauds n’olfre en réalité que neuf vertèbres, dont huit libres comme vertèbres rachi- diennes , et l’autre adhérente comme vertèbre sacrée ; à quoi s’ajoute immédiatement une longue tritovertèbre immobile ( rudiment de la colonne vertébrale caudale existant dans la larve ) , qui constitue un membre terminal impair postérieur , à peu près comme l’épée de l’Espadon est un membre ter- minal impair antérieur (1). DLXXVIII. Le nombre des vertèbres du tronc augmente déjà dans les Salamandres, et les diverses régions de la colonne vertébrale , qui , chez les Grenouilles , ne pouvaient être dis- tinguées les unes des autres jusqu’à celle du bassin , cher- chent au moins à se mettre en évidence par la répétition du nombre des vertèbres céphaliques. Je compte exactement seize vertèbres au tronc dans la Salamandre terrestre ; Schultze en indique dix-sept, et Cuvier quinze. En tout cas, il est vraisem- blable que le nombre varie ici d’un individu à l’autre , ce qui est également un indice d’organisation inférieure. Les Protéides ont davantage de vertèbres encore , sans que pour cela les régions du tronc deviennent beaucoup plus distinctes. Ainsi leur nombre s’élève à quarante-cinq dans la Siren lacertma , d’après Cuvier etHumboldt, à trente-un dans le Proteus an- gidnus , selon Rusconi et Schultze. Ce dernier se rapproche donc beaucoup de 5X6 , qui est le nombre primaire des ver- tèbres du tronc. DLXXIX. La forme des vertèbres se rapproche souvent en- core de celle que ces os affectent dans les Poissons. L’analogie est surtout frappante dans les Protéides, dontles tritovertèbres parallèles sont presque aussi purement diconiques que celles des Poissons. Les Salamandres ont également leurs corps ver- (1) On voit même, dans le Pipa , les (leux vertèbres supérieures se con- fondre en une seule, de sorte qu’on n’en trouve plus que sept. Ce qui prouve que celte réduction dépend réellement d’une soudure , comme le dit déjà Schneider , c'est que' les awrphytits transverses sont au nombre de sept, sur chaque côté du corps, comme dans les autres Batraciens, SQUELETTE DES REPTILES. 4^3 tébraux creusés en dessus et en dessous de fossettes infundi- buliformes ; seulement la masse gélatiniforme qui remplit ces cavités dans les Poissons , ainsi que dans la Sirène et le Protée, se convertit en une épiphyse d’abord cartilagineuse , mais qui, avec le temps, s’ossifie au moins en partie, remplit l’entonnoir du corps situé à l’extrémité supérieure de la vertèbre , et lui donne la forme d’une tête reçue par la fossette infundibuliforme de l’extrémité inférieure de la vertèbre suivante. De plus, la dimension en largeur domine ici, comme dans presque tout ce qui tient au squelette des Reptiles , de sorte que , parmi les tritovertèbres rayonnantes ou apophyses vertébrales , il n’y a que les transverses qui acquièrent un certain développement , les apophyses épineuses n’existant pour ainsi dire point. DLXXX. Quant au membre terminal du rachis nu à la co- lonne vertébrale caudale , j’ai déjà parlé plus haut de celle des Crapauds et Grenouilles. L oblitération , chez l’animal parfait, de la colonne vertébrale caudale mobile des Têtards , est du reste un fait extrêmement remarquable , car on voit ici un seul et même individu offrir ce qui , parmi les animaux supé- rieurs, a lieu seulement dans une longue succession d’espèces jusqu’à l’homme , diminution de la colonne vertébrale caudale à mesure que l’organisation s’ennoblit. Dans les Salamandres, cette colonne ressemble presque à ce qu’elle est chez les Pois- sons réguliers , de sorte que sa longueur et le nombre de ses vertèbres répètent à peu près le nombre et la longueur de la colonne vertébrale du tronc et de la tête , c’est-à-dire qu’elle comprend de vingt-sept à trente vertèbres. Du reste , les nom- lires varient considérablement ici. Mais ce qui mérite surtout d être remarqué , c’est que les cavités deutovertébrales qui enveloppent la moelle épinière s’étendent encore ici (comme chez tous les autres Reptiles ) dans la longueur entière de la colonne vertébrale caudale , de sorte que l’antagonisme entre ces vertèbres et les autres vertèbres du tronc , s’exprime en- core d’une manière fort incomplète , de même que chez les Poissons. Le coccyx des Grenouilles et Crapauds est également remarquable en ce qu’il ne se compose que de rudiinens d’une colonne de corps vertébraux. DLXXX I. Arcs protovcrtébran.r. On les trouve au tronc sous [\-2.r\ SQUELETTE UES REPTILES. ]a forme de côtes , de côtes contractées en apophyses épineu- ses inférieures et de protovertèbres de membres. Comme le développement des arcs prctovertébraux est principalement déterminé par la fonction respiratoire, mais que, précisément chez ces Reptiles , la respiration du tronc est subordonnée à celle de la tetc, soit pendant la vie entière, soit au moins pen- dant les premières périodes , il résulte aussi de là que les arcs protovertébraux du tronc , ou les côtes , se développent peu. Ceci est vrai tant des Protéides , que des Salamandres , des Grenouilles et des Crapauds. Le Proteus anguinus n’a qu’un faible vestige des six paires de côtes aux vertèbres sternales , qui d’ailleurs sont à peine indiquées. Douze à quatorze vertèbres offrent de cesrudimens chez la Salamandre terrestre. Dans les Grenouilles, il n’y en a aucune trace , et le Pipa seul offre de petits appendices costi- formes aux apophyses transverses de la seconde et de la troi- sième vertèbres rachidiennes. Des côtes contractées, formant une apophyse épineuse infé- rieure des vertèbres caudales (comme chez les Poissons), ne se voient que dans les arcs protovertébraux qui entourent la continuation de l’aorte, chez les Protéides, le Proteus an ~ guinus par exemple. Ce défaut de développement des côtes entraîne aussi de toute nécessité celui d’une colonne vertébrale ventrale ou ster- nale , dont on ne trouve non plus , chez ces Reptiles , qu un vestige qui se rapporte aux arcs des membres. DLXXXII. Quant aux arcs protovertébraux des membres, ils ne se développent que lorsque la fonction respiratoire se retire davantage dans le tronc. C’est pourquoi on n en voit point dans les larves, où la tête seule encore respire, de même qu’ils sont très-faibles chez les Protéides a branchies perma - nentes. Dans la Salamandre et la Grenouille parfaites , on les rencontre sous la forme de ceintures scapulaire et pelvienne ayant rapport aux poumons et à la respiration allantoidicnnc , qui se manifeste ici. Voilà pourquoi les os du bassin manquent encore entière- ment dans la Sircn lacertina ; mais il leur anhe soment, ainsi qu’à ceux de l’épaule , d’acquérir un développement li ès^ SQUELETTE DES REPTILES. /f25 complet dans les Salamandres etles Grenouilles , attendu qu’ils sollicitent en même temps l’apparition d’indices de corps ver- tébraux ventraux constituant un sternum scapulaire ou pelvien. DLXXXIII. La ceinture scapulaire se divise , de chaque côté, en portion sternale et portion tergale. La pièce sternale supérieure forme le col de l’omoplate ; l'inférieure, développée en une plaque cartilagineuse, repré- sente les clavicules , dans les Protéides et les Salamandres. Cette formation , qui correspond aux pièces sternales infé- rieures simples de l’épaule des Poissons , est très-remarquable. Dans les Grenouilles , la pièce sternale inférieure est bien ma- nifestement divisée en 'clavicule furculaire et en clavicule postérieure , du double plus volumineuse que l’autre ( apo- physe coracoïde ). La portion tergale de la ceinture scapulaire se divise égale- ment en pièces supérieure et inférieure. L’inférieure constitue une plaque , simplement cartilagineuse dans les Salamandres , mais osseuse dans les Grenouilles , qui élargit l’omoplate. La supérieure , au contraire , tantôt est oblitérée , tantôt est ré- duite à un vestige qui augmente la force des appendices cos- taux de la vertèbre rachidienne correspondante , circonstance propie à expliquer, par exemple, la largeur des rudimens de cotes de la première vertèbre thoracique dans les Sala- mandres. DLXXXIY. Les Protéides paraissent n’avoir aucun vestige de sternum scapulaire. Dans les Salamandres, on trouve, entre les plaques cartilagineuses représentant les clavicules moines l’une sur l’autre, une petite pièce cartilagineuse, i îomboide et située au devant du cœur, qui est l’indice d’un sternum de ce genre. Celte pièce , qu’on ne peut jamais consi- ôcrer ( § DXLI ) que comme l’analogue de la portion supérieure de la poignee du sternum humain , a pris plus de développe- ment dans les Grenouilles et dans les Crapauds; elle s’y sé- pare d’une manière bien manifeste en corps vertébral anté- rieur et corps vertébral postérieur , correspondant aux paires antérieures et postérieures de clavicules (pl. xxvii , fig XÏI ou * représente le corps vertébral antérieur , qui correspond clavicule antérieure ou vraie, et é le corps vertébral 4^6 SQUELETTE DES REPTILES. postérieur , qui correspond à la fausse clavicule ). A ce corps vertébral postérieur s’annexe encore une plaque appendicu- laire {x) , qu’il faut considérer comme un vestige de la portion supérieure du sternum pectoral. Les parties du sternum sca- pulaire sont plus développées , mais en même temps plus aplaties que partout ailleurs , dans le Pipa. Celte conforma- tion , au milieu de laquelle les corps vertébraux du sternum scapulaire se divisent en deux moitiés latérales (a?, x), est très-digne de remarque , en ce quelle fait le passage à celle qu’on voit chez les Ghéloniens. DLXXXV. La ceinture pelvienne manque dans la Siren lacer - tina, comme je l’ai déjà dit; mais le bassin est bien développé dans les Salamandres et les Grenouilles, où la grande allantoïde, qui persiste toute la vie, est connue sous le faux nom de vessie urinaire. De ses arcs , dont on ne voyait presque que les pièces sternales inférieures chez les Poissons , on aperçoit ici , non- seulement partout les pièces sternales supérieures, mais mêmé quelquefois les pièces tergales. Ainsi, la Salamandre terrestre offre , de chaque côté, à la vertèbre sacrée , une pièce tergale simple, analogue aux rudimens de côtes des vertèbres rachi- diennes supérieures (pl. xxvii , fig. xi , ç'), puis une petite pièce sternale supérieure ( ilion , e ) , enfin une large pièce sternale inférieure , analogue à la pièce sternale inférieure de la ceinture scapulaire (ischion et pubis), dans laquelle on peut très-bien distinguer une partie antérieure et une partie postérieure (£, §'), mais unies ensemble d’une manière très- intime , à peu près comme le sont également , dans les Sala- mandres , l’os coracoïde et la clavicule. Dans les Grenouilles , ces parties se présentent sous un autre aspect; on ne distingue plus la portion tergale , ou elle se soude avec les apophyses transverses de la vertèbre sacrée. Mais la loi de l’antagonisme fait aussitôt valoir ses droits, car la pièce sternale supérieure (ilion) est énormément allongée , et les pièces sternales inférieures (ischion et pubis), soudées ensemble , s’oblitèrent à tel point , qu’il semblerait que les humérus fussent articulés immédiatement à la symphyse pu- bienne. DLXXXVI. Les Salamandres et les Tritons présentent des SQUELETTE DES REPTILES. 4^7 traces évidentes d’un sternum pelvien, ayant la forme d’un car- tilage, presque toujours en Y, qui se porte en avant, au devant de la symphyse pubienne (pl. xxvii, fig. xi,xx), de même qu’au sternum scapulaire des Grenouilles , la vertèbre postérieure fait saillie en arrière , à partir de l’articulation des clavicules. Meckel a déjà reconnu ce cartilage pour un sternum ; seule- ment il ne s’est point élevé à l’idée d’un sternum pelvien, quoiqu’il y ait nécessité absolue que quand les ceintures scapulaire et pelvienne sont semblables, le sternum se répète aussi. DLXXXVII. Membres Ou tritovertèbres rayonnantes du tronc. Nous avons trouvé, chez les Poissons, des membres impairs et pairs , qui tous s’en tenaient encore à répéter les lames bran- chiales , prototype de toute formation quelconque de membre, c’est à-dire qu'ils avaient la forme de nageoires , dont seule- ment on voyait de temps en temps un rayon se détacher et devenir libre. Dans les Reptiles , les membres sont moins nombreux, mais ils demeurent libres; on n’en voit non plus que de pairs , toujours relatifs uniquement à la respiration an- térieure et postérieure du tronc. Si l’on excepte la colonne vertébrale caudale , il n’v a trace nulle part de membres im- pairs du tronc dans le squelette , quoique les Protéides et les Tritons aient, principalement à la queue , des nageoires mem- braneuses , supérieures et inférieures , qui rappellent la dor- sale et l’anale des Poissons. Du reste , tous les Reptiles branchiés ont des membres thoraciques. Mais les Sirènes sont privées de membres abdo- minaux. Une chose remarquable, c’est l’antagonisme qui existe, chez les Grenouilles et les Crapauds, entre la formation de nageoi- res à la queue , et les membres pelviens , les nageoires com- mençant à s'effacer dès que ces derniers poussent (1). (i) Nous voyons souvent la nature produire, comme monstruosités , cer- taines formes qui ne peuvent plus avoir lien régulièrement à certains degrés d’organisation. I.es Reptiles nous en fournissent des exemples en ce qui concerne la formation des membres. Je citerai entre autres le cas d’une Grenouille , conservée dans le cabinet de Zurich , entre les pattes de derrière 4^S SQUELETTE DES REl'TILES. DLXXXVIII. Membres thoraciques et pelviens en général. Chez les Poissons , ces membres n’étaient encore composés que d’articles inférieurs , imparfaitement développés , et d’articles terminaux. Ici , au contraire , la division en trois articles se piononce pleinement partout , et , au lieu de s’étendre d’une manière indéfinie , comme dans les Poissons , elle suit une marche plus pure ou plus régulière , par exemple , une pro- gression arithmétique, 1 ! 2 : 3 , dans le Protée, et une pro- gression géométrique, 1 ; 2 ! 4, dans les Salamandres. Cepen- dant on rencontre aussi des écarts considérables de ces rap- ports simples , tantôt des oblitérations ( par exemple 1:2:2 dans les membres pelviens du Protée), tantôt des divisions plus fortes , qui tiennent à ce que chaque moitié de l’article inférieur se partage autrement que l’autre, par exemple , i 2 1 : 2 : ! 3 , dans les membres pelviens des Salamandres. Au reste, le type extrêmement simple et purement diconi- que de ces os de membres est fort remarquable , et il ne l’est pas moins qu'ici , où l’on voit paraître pour la première fois des membres proprement dits et s’éloignant du type de la branchie, leur colonnes tritovertébrales affectent exactement celui du dicône , comme il l’était aussi que la colonne trito- vertébrale du rachis des Poissons, première formation de ce genre , le représentât avec une pureté presque géométri- que (1). DLXXXIX. Membres thoraciques en particulier . Comme les modifications du type général des articles supérieur , inférieur et terminal ne nous peuvent intéresser ici que dans leurs ex- trêmes , je me bornerai à un petit nombre de remarques. L 'article supérieur ( humérus ) est partout un os diconique simple. de laquelle, à l’extrémité du rachis, sort une partie médiane impaire, qu’on doit considérer comme l’article terminal du rachis devenu un membre réel. (i) Les os des Salamandres sont précisément ceux sur lesquels Dutrochet a fait ses intéressantes observations relativement aux os diconiqucs considé- rés comme forme fondamentale des os de membres, observation qui seule a pu faire comprendre l’oracle, inintelligible pour le plus grand nombre , qu’Oken a prononcé en disant : « Le sjstème osseux tout entier n est que lèbrc. » SQUELETTE DES KEPT1LES. faq L’ article inférieur , dans les Protéides et les Salamandres , est un os diconique double (radius et cubitus). Ces deux os sont presque égaux entre eux chez les Protéides , tandis que , dans les Salamandres, l’interne devient déjà beaucoup plus fort, d’où résulte une division d’un ordre supérieur dans ce second article , puisqu’on y voit apparaître l’antagonisme d’une portion plus grande et d’une autre plus petite. Dans les Grenouilles , l’article inférieur est simple , mais renferme cependant l’idée des deux os de la Salamandre, en ce sens, que le cône antérieur de son dicône offre une division remarquable (à peu près ainsi : |> ^ , ce qui est une sorte de prélude aux divisions ultérieures de l’article terminal. Les Grenouilles présentent, comme article intermédiaire entre le supérieur et l’inférieur , un noyau osseux sphérique , qu’on a remarqué pour la première fois dans le Pipa , et que Meckel nomme olécrane. DXC. L 'article terminal offre déjà partout la répétition de la division générale du membre en trois, car on y peut toujours distinguer un carpe , un métacarpe et des doigts. Comme l’article supérieur du membre entier est le dernier de tous à se manifester , puisqu’il manque entièrement chez les Poissons , où l’on ne trouve que l’inférieur et le terminal , de même aussi le carpe est celle des trois parties de l’article ter- minal qui se développe le plus tard. Il est encore simplement cartilagineux dans le Protée , où , suivant Meckel , il comprend trois pièces. Les os du carpe , encore assez mal développés dans les Salamandres et les Grenouilles , y sont au nombre de cinq , six ou sept , tantôt en deux et tantôt en trois ran- gées (1). DXCI. Les os métacarpiens sont toujours des dicônes simples et allongés , comme les articles des rayons des nageoires de la Raie , ou comme les corps des vertèbres de la queue d’une Chauve-souris. Leur nombre coïncide naturellement avec celui qui préside à la division de l’article terminal en général, c’est- (O Dan* nne Rana icmporarifl j’ai trouve à gauche cinq et à droite six os du rarpe. 4^0 SQUELETTE DES REPTILES. a-dire qu il est de trois dans le Protée , et de quatre dans les Salamandres et les Grenouilles ; cependant on rencontre, chez les mâles de ces derniers, le rudiment d’un cinquième, qui est l’une des nombreuses formations démontrant la liaison éta- blie entre l’énergie respiratoire , le sexe masculin et le déve- loppement plus considérable des membres. DXCII. Les doigts ne sont que des colonnes vertébrales qui prolongent les os métacarpiens, à l’égard desquels ils se com- portent comme les autres vertèbres caudales envers la pre- mière. Le nombre des corps vertébraux de chaque doigt varie dans les différera genres et aux divers doigts. Un fait surtout remarquable , c’est qu’il va en augmentant depuis le doigt in- terne jusqu’à l’externe , ce qui rappelle d’une manière1 for- melle 1 allongement de dedans en dehors des rayons des na- geoires chez les Poissons. Tel est le cas de la Salamandre ter- restre, dont le doigt interne a une phalange , le second deux , le troisième trois, et l’externe deux. La Rainette offre, dans la même direction , 2, 2 , 3, 3 phalanges , et le Protée , qui manque du doigt interne (notre indicateur), 3,3,2. DXCII. Membres pelviens en particulier. L'article supérieur ressemble à celui des membres thoraciques, par sa simplicité et sa forme diconique allongée. L'article inférieur , qui s’unit au précédent , sans article intermédiaire ou rotule, ressemble également à celui des membres pectoraux , en ce que , dans les Protéides et les Sa- lamandres , il se compose de deux longs os diconiques , mais que , dans les Grenouilles et les Crapauds , il est simple , comme l’article supérieur. L ’ article terminal ressemble assez aussi à celui des mem- bres thoraciques. On y distingue toujours un tarse , un méta- tarse , et des phalanges. Les pièces du tarse sont simplement cartilagineuses dans le Protée et la Salamandre , et leur nombre y correspond assez bien à celui des os du carpe ; mais elles sont, au contraire, fort développées dans les Grenouilles et les Crapauds. La première rangée se compose de deux os diconiques, qui, comme les os de l’article inférieur des Salamandres , sont placés l’un à côté de l’autre; ils correspondent à l’astragale et au calcanéum. Dans le SQUELETTE DES REPTILES. 4^1 Pipa il s’y ajoute encore un article médian intermédiaire (sem- blable pour la forme à un olécrane ( § DLXXXIX ), qui corres- pond parfaitement à la tubérosité du calcanéum. Une seconde rangée d’os beaucoup plus petits fait le passage aux colonnes vertébrales des orteils , qui rayonnent en nombre variable , de deux à cinq. La première rangée de vertèbres diconiques oblongues, unies par des parties molles , constitue les os métacarpiens , dont on compte deux dans le Protée , cinq dans la Salamandre et la Grenouille. Viennent ensuite les colonnes vertébrales libres des orteils , qui tantôt sont égales , comme dans le Protée , et composées de deux vertèbres à chacun des deux doigts , tantôt diffèrent de longueur , et ordinairement alors croissent en nombre et en longueur de dedans en dehors , comme les nageoires des Poissons , ce qui se trouve déjà exprimé par la dimension de l'os métacarpien. Ce dernier cas a lieu dans les Grenouilles, qui ont 2 vertèbres ou phalanges à l’orteil interne , 2 au se- cond , 3 au troisième , 4 au quatrième et 3 à l’externe. B. Squelette de la tète. DCXIII. Si la tête des Reptiles branchies se rapproche déjà de celle des Poissons osseux parce que la région respi- ratoire postérieure s’y manifeste encore sous la forme d’un vé- ritable appareil branchial persistant ou temporaire , cette pré- dominance des fonctions végétatives exerce également ici , comme chez les Poissons , une influence des plus essentielles sur le rapport entre les protovertèbres et les deutovertèbres. En effet , les protovertèbres , qui correspondent en général aux fonctions végétatives , acquièrent ainsi la prépondérance , et, par antagonisme , les deutovertèbres (vertèbres crâniennes et faciales ) se trouvent, dans un état de développementpeu avancé, qui ne dépasse guère celui des vertèbres rachidiennes. DXCIV. Colonne dautovertébrale de la tête. Le degré infé- rieur de son développement s’annonce par les mêmes cir- constances que chez les Poissons , c'est-à-dire par une largeur de vertèbres crâniennes qui ne dépasse point sensiblement 4 3* SQUELETTE DES ItEETILES. celle du rachis , et par la situation horizontale de cette co- lonne , .qui se trouve sur le même plan que le rachis, auquel elle lait suite. On pourra juger du type de celte colonne par la fig. vin, pl. xxix. Décrire les particularités de toutes les ver tèbres du crâne m’entraînerait beaucoup trop loin , et je me bornerai aux remarques suivantes. 1° Les arcs de la vertèbre occipitale sont plus complètement développés. 2° Ceux de la vertèbre auditive manquent. 3° La seconde intervertèbre n’est point développée. 4° On n’aperçoit aucune trace osseuse de la troisième in- tervertèbre, qu’indiquent seulement les cornets cartilagineux, remplaçant la lame cribleuse, sur lesquels le nerf olfactif se termine. 5° La première vertèbre faciale, ou l’olfactive, est plus pro- noncée. Souvent, dans les Grenouilles, elle est large, en forme de demi anneau par le bas, et représentée en haut par deux larges os du nez. Mais comme la colonne vertébrale faciale est extrê- mement courte , on ne découvre nulle part aucune trace os- seuse des vertèbres faciales moyenne et antérieure , quoique les cavités olfactives soient déjà enveloppées ici par leurs ru- dimens, et qu’en conséquence elles forment pour la première fois des conduits nasaux perméables à l’air. Il suit de là que les Reptiles branchies doivent être considérés comme les pre- miers animaux chez lesquels se manifeste réellement et pure- ment l’antagonisme entre les extrémités postérieure et anté- rieure de la colonne deutovertébrale , antagonisme qui con- siste en ce que les cavités de la vertèbre antérieure s’ouvrent pour produire un organe sensoriel , et que , par suite de la disparition totale des corps vertébraux, elle se divise en deux conduits correspondons aux deux nerfs olfactifs , tandis que les postérieures se réunissent en une simple colonne des corps vertébraux , et deviennent seulement un organe de mouve- ment. 6° La manière dont se comportent les Irilovertèbres de la colonne vertébrale céphalique est digne de remarque. J’ai déjà dit qu’au rachis les tritovertèbres rayonnantes ( apophyses épineuses) étaient beaucoup plus faibles dans les Reptiles SQUELETTE DES REPTJLÈS. 4^3 branchies que dans les Poissons osseux. Au crâne aussi , ces rayonnemens disparaissent presque entièrement , et 1 on n’y aperçoit ni fortes épines occipitales , ni crêtes élevées sur le sommet de la tête. Les tritovertèbres parallèles elles-mêmes s’oblitèrent ( en quelque sorte pour relever au moins d une manière négative le type des deutovertèbres, qui est peu élevé encore d’une manière positive), et sous ce rapport la con- nexion de l’occiput avec le rachis mérite de nous arrêter. DXCV. Qu’on se rappelle ce qui a été dit des articulations de deux vertèbres en général, savoir, quelle a toujours lieu par le moyen des tritovertèbres parallèles. Pour le rachis, les tri- tovertèbres inférieures , communément appelées corps verté- braux , sont les formations qui essentiellement opèrent la jonc- tion des vertèbres entre elles. Mais , au crâne, qui est un rachis d’un ordre plus élevé , et où , par des motifs que j’ai dévelop- pés ailleurs , les corps vertébraux se sont oblitérés , l’articula- tion avec les vertèbres cervicales ne peut plus se faire à l’aide du corps vertébral inférieur , et elle doit se borner aux deux tritovertèbres latérales contenues dans les arceaux. Telle est à proprement parler la raison qui fait que , chez les animaux supérieurs et chez l’homme , l’articulation de la tête avec le rachis ne se fait plus par une surface impaire , mais par une paire de condyles ou de corps vertébraux latéraux. Dans les Poissons , qui sont placés plus bas , on trouve encore un condyle simple à l’occiput ; mais , chez les Reptiles, à la hauteur desquels commence une série supérieure , on voit ap- paraître pour la première fois les deux condyles des arceaux de la vertèbre occipitale , sous le type même qu’ils présentent dans le crâne humain , et on les observe chez toutes les es- pèces , depuis les Protéides jusqu’aux Grenouilles (pl. xxx, fig. ix, aa). DXCYI. Arcs protovertébraux cle la tête , OU côtes céphali- ques. Des six vertèbres essentielles de la tête , il n'y a que les quatre antérieures qui soient pourvues d’arcs protoverté- braux distincts dans toutes les espèces de ce groupe ; cepen- dant, chez quelques-unes, les vraies Salamandres principale- ment , on trouve aussi le vestige d’une paire de côtes â la se- conde vertèbre céphalique ou crânienne. Examinons d'abord ni, 28 434 SQUELETTE DES REPTILES* en peu de mots les particularités que présentent ces côtes (1). DXC\1I. Les côtes de la vertèbre céphalique antérieure ou de la sixième ( intermaxillaire ) sont petites, et leur extré- mité interne , tournée vers la sixième vertèbre, qui n’est même point encore sensiblement développée à l’état cartilagineux , offre une bifurcation , dont la portion inférieure s’adosse à celle du côté opposé , tandis que la supérieure monte vers les narines (pl. xxx, fig, vin, vig). Ces côtes ne portent point de splancbnodents , ou n’en ont que de très-petites. DXCVIII. A la troisième vertèbre céphalique , qui n’est pas plus développée que la sixième , appartiennent les arcs cos- taux , déjà beaucoup plus forts et plus larges, qui constituent les os maxillaires supérieurs. Ces arcs se bifurquent également à leur extrémité interne , s’écartent ensuite beaucoup l’un de l’autre , et produisent ainsi la forme élargie de la tête des Sala- mandres. Les Protéides paraissent être les seuls Reptiles de ce groupe chez lesquels ils restent plus rapprochés de la colonne vertébrale céphalique , ce qui donne une forme plus élancée h la tête entière. Ils sont également ou privés ou garnis de splanchnodents. DXCIX. A la quatrième vertèbre céphalique , qui est forte et osseuse, tant dans le point où elle entoure annulairement les net fs olfactifs par le bas , que dans celui où elle couvre la ca- vité nasale sous la forme de larges os propres du nez , le grand développement de la vertèbre entraîne l’oblitération des arcs costaux. Ces derniers , les os palatins } paraissent ne prendre que chez quelques Protéides la forme de côtes couvertes de splanchnodents. Cependant ils conservent sensiblement cette forme dans les Grenouilles , où ils sont encore dirigés en dehors et même garnis de splanchnodents. Mais ce qu’il y a surtout de remarquable , c’est que, dans les larves de Sala- mandres et de Grenouilles , les os palatins se développent avant les maxillaires supérieurs et les intermaxillaires , et représen- tent la première mâchoire supérieure , de sorte que la forme (t) D’après ce que j’ai dit précédemment, la disparition des cotes aux vertèbres crâniennes proprement dites doit être considérée comme un type upérieur. SQUELETTE DES REPTILES. 435 qu’ils affecïent chez les Raies et les Squales se trouve répétée par là de la manière la plus complète (pl. xxix , fig. vii , ivg). DC. Comme la quatrième paire de côtes céphaliques , la troisième ( os palatins moyens , crochets ptérygoïdiens ) n’est que faiblement marquée , à cause du grand développement de la troisième vertèbre crânienne. Cependant , chez les Gre- nouilles elles Crapauds, elle se dirige manifestement en de- hors, à la manière des côtes (pl. xxix, fig. vii, mg), et, dans les Grenouilles surtout, elle s’annexe, avec la quatrième, à la cinquième (maxillaires supérieurs), qui est plus forte : dans les Salamandres , elle se soude de chaque côté en une seule pièce avec la quatrième paire. DCI. Les Salamandres seules offrent un vestige sensible d’une paire de côtes de là seconde vertèbre crânienne ( palcu- tins postérieurs , os omoïdes). Là ces côtes se dirigent en ar- rière vers la première intercôte ( os carré ) ; elles sont faibles et cependant garnies de splanchnodents (pl. xxix, fig. vin , Hg)- Aucun Reptile n’a de côtes à la première vertèbre crânienne. Quant aux paires d 'intercôtes, on ne rencontre généralement ici que la première , celle qui appartient à la vertèbre audi- tive ; encore même est-elle fort oblitérée et réduite à un con- dyle adhérent à la région temporale , chez les Proléides , où les splanchnocôtes (arcs branchiaux) de cette région ont ac- quis un développement si complet. DCII. A l’égard dehpremière paire d’intercôtes , dans les Gre nouilles et les Crapauds, les portions antérieure et postérieure de cette côte sont bien distinctes de chaque côté (pl. xxix fig. viii , ig, ig') -, mais elles offrent cela de remarquable que les deux portions se croisent dans leur direction , de sorte que la première intercôte postérieure ( ig*) est recourbée d’arrière en avant , en dedans de l’antérieure, et que celle-ci ( ig) l’est d avant en arrière, en dehors de la postérieure. Une autre cir- constance également notable, c’est que la portion postérieure qui correspond au cercle tympanique ou au conduit auditif externe de 1 homme , et qui croise l’antérieure , porte encore une apophyse particulière, recourbée d’arrière en avant, qui est tournée vers l’articulation'de la mâchoire inférieure ( ig**)( 436 SQUELETTE DES REPTÎLÉS. Comme cette apophyse se trouve précisément à l’endroit qu’oc- cupe 1 opercule chez les Poissons, elle ne peut être autre chose qu’un membre soudé , et en effet elle a une très-grande res- semblance avec le rudiment d’opercule des Squales. Dans les Salamandres, la première intercôte offre une divi- sion analogue; ici également la portion antérieure, corres- pondante à l’apophyse zygomatique de l’os temporal , se dirige davantage en arrière, quoique d’ailleurs elle soit, comme dans les Gi enouilles et Crapauds , unie avec la paire de vraies côtes céphaliques (maxillaires supérieurs), qui est dirigée d avant én arrière. La portion postérieure de cette première intei cote s adosse meme a la troisième vraie côte dans les Crapauds. DCIII. Je ne trouve nulle trace de la seconde paire d’in- tercôtes dans aucune famille de ce groupe de Reptiles. La troisième paire d' intercôtes ( os lacrymaux ) est bien in- diquée ; elle descend latéralement vers les os maxillaires su- périeurs , derrière les os du nez et au dessous d’eux ( pi. xxix, lîg. vm, î>g). Du îeste, on ne la trouve ossifiée que chez les animaux très-avancés en âge , et là même encore elle ne l’est que laiblement. Chez les Crapauds , elle figure une mince la- melle osseuse dans la masse membraneuse comprise entre la quatrième vertèbre céphalique et la quatrième paire de côtes céphaliques. Elle manque toujours dans les Grenouilles et les Salamandres. DCIV . Membres céphaliques. Les antérieurs n’existent point. Aucun de ces animaux n’a de palpes maxillaires. Les membres crâniens ne sont développés non plus que d’une manière im- parfaite. Le membre crânien antérieur, la mâchoire inférieure, n’a ordinairement que l’apparence d’un arc mince et costiforme, sans article supérieur (pl. xxix , fig. vm, i h ). Cependant cha- cun de ses arceaux est composé de deux articles inférieurs, deux articles intermédiaires et un article terminal , comme nous le verrons chez les Sauriens et les Ophidiens, à l’article desquels ces pièces seront décrites. DCV. A l’égard du membre crânien postérieur ( opercule ), il paraît manquer entièrement chez les Protéides , et j’ai déjà SQUELETTE DES REPTILES. 4^7 dit plus haut ( § DGII) comment il se trouve indiqué dans les Grenouilles et Crapauds. On ne trouve aucun vestige de membres céphaliques im- pairs. Le prolongement même de la colonne vertébrale faciale en un membre terminal impair ne s’observe jamais ici. DCVI. Nous avons vu (§ CCCCXCIet CCCCXCII ) que, sur divers points de la tête des Poissons , le névrosquelette mani- feste une tendance à se refléter en quelque sorte dans l’intérieur de certaines parties sensibles qu’il enveloppe. La même chose a lieu aussi chez les Reptiles branchiés , mais seulement à la ré- gion de l’organe sensoriel que son essence même dispose le plus favorablement à l’ossification , c’est-à-dire l’oreille. En effet, d’un côté , on trouve dans l’intérieur du labyrinthe des carti- lages de consistance amylacée, qui ne s’élèvent plus ici jusqu’à la dignité de substance osseuse proprement dite ; d’un autre côté , il se forme de nouveaux points d’ossification , qui n’exis- taient pas encore chez les Poissons. Ces points se développent dans la portion extérieure de la cavité tympanique , qui appa- raît lorsque les branchies s’effacent , ou plutôt qui représente la cavité branchiale elle-même élevée à la dignité d’organe sensoriel. On les désigne sous le nom d 'osselets de l’ouïe.. Les Protéides (comme aussi les larves de Salamandres et de Grenouilles) , qui portent encore de véritables branchies , ne peuvent point , par cela même , avoir de cavités tympaniques, ni d’osselets de l’ouïe. Les Salamandres, au contraire , dont la cavité tympanique est aussi peu développée que possible, possèdent cependant déjà un osselet lenticulaire à la fenêtre .ovale du vestibule. Dans les Grenouilles et les Crapauds, où la caisse et la membrane du tympan sont bien manifestement développées, l’ossification interne a fait aussi plus de progrès; et , au lieu du simple point d’ossification des Salamandres , on trouve un os sphérique assez volumineux. Aucun Reptile branchié n’offre de cartilaginification inté- rieure notable à l’œil. T3. Spr.AWCIIK03QUEI.ETTE. DC V II. Si l’on fait abstraction de l’épilhélion des voies aériennes et alimentaires , les Reptiles branchiés sont dé- SQUELETTE DES IlEPTILES. pour\ US de splanclmosquelette au tronc. Mais ils en offrent eja au moins 1 indication ; car ici , pour la première fois la voie destmee aux substances élémentaires du dehors Ù pcneuent dans le corps, se partage en deux, dont l’une la vo aerienne, par cela même que sa destination la met en antagonisme parfait avec le dermatosquelette exposé à l’air extérieur , convient plus que l’autre au développement de pro- tovertebres annulaires. Cependant l’organisme ne s’élève point encore jusque-là dans aucun genre. 1 -, J)C(VULt ^f^osquelette de la tête se divise , comme il le faisait déjà chez les Poissons, en portion postérieure et poition anterieure. La première, qui se rapporte à la respira- tion, non-seulement est plus développée, mais même l’est souvent seule , et fréquemment demeure fidèle à son type primaire , qui est de supporter les organes respiratoires es- sentiels de l’animal entier , c’est-à-dire d’affecter la forme d arcs branchiaux. DCIX. Comme celte dernière circonstance est extrême- ment remarquable , et quelle répand surtout un grand jour sur la métamorphose des arcs branchiaux des Poissons en par- ties laryngiennes , je vais m’appesantir sur elle. C est dans les Proléides qu’elle se prononce davantage et que 1 appareil branchial entier des Poissons se trouve répété de la manière la plus évidente. Nous avons vu que ce dernier appareil consiste en six arcs costaux, qui ont été appelés , l’un, hjoide, quatre, arcs branchiaux , et un, mâchoires pharyn- giennes. De ces pièces, la première paire d’arcs ( mâchoires pharyngiennes ) s’oblitère chez tous les Protéides et chez tous les têtards de Batraciens ; il en arrive quelquefois autant à la seconde (paire postérieure d’arcs branchiaux). Ainsi la Sir en Tacertina et le Frôlais mexicanus n’ont (pl. XXIX, fig, vin) que quatre arcs branchiaux de chaque côté, elle Proteus an- (juïnus , trois seulement. Ces arcs ne diffèrent de ceux des Poissons qu’en ce que leurs pièces tergales sont quelquefois séparées , tandis que les sternales se réunissent plusieurs en- semble pour n en former qu’une seule. Du reste , ils portent • es branchies en dehors , et souvent , comme chez les Poissons , iio sont fortement garnis de dents en dedans. En outre , SQUELETTE DES REPTILES. 4^9 l’hyoïde des Protéides est partagé , de même que celui des Poissons, en portion tergale et portion sternale. Dans le Pro- tée , la portion sternale seule est développée , tandis que la tergale l’est également dans la Sirène ( pl. xxix , fig. vin , vi g). Les Protéides se rapprochent d’ailleurs des Poissons cartilagi- neux supérieurs en ce que leurs arcs branchiaux se trouvent reportés un peu plus derrière la tête. DCX. Une chose très-remarquable encore , c’est la manière dont , chez les Salamandres et les Grenouilles , s’opère la mé- tamorphose de l’appareil branchial de la larve en parties du larynx de l’animal parlait. Dans les larves ou têtards, l’hyoïde et les arcs branchiaux se comportent au fond comme chez les Protéides ; seulement on remarque parfois aussi en eux , de même que chez certains d’entre ces derniers, une tendance à l’oblitération de la quatrième paire d’arcs branchiaux. Lorsque la respiration aqueuse fait place à la respiration aérienne , et que les filamens branchiaux se contractent en un corps glan- duleux ,‘ premier indice de la glande thyroïde , l’appareil branchial subit la métamorphose suivante. Les arcs de l’hyoïde sont ceux qui changent le moins ; dans la Salamandre , ils restent divisés en deux moitiés latérales ( pl. xxx , fig. xi , vi 7 ) ; dans la Grenouille , ils sont plus longs et réunis inférieure- ment ensemble par le moyen d’une large plaque cartilagineuse (pl. xxx, fig. x, f). Les deux arcs branchiaux antérieurs perdent presque entièrement, chez les Grenouilles, leurs ar- ceaux latéraux , dont il ne reste plus que deux petits rudi- mens (pl. xxx, fig. x, v 7, iv 7 ); ils se réunissent égale- ment dans la large plaque cartilagineuse (Z) dont je viens de parler , et qu’on doit considérer comme produite par la réunion des trois corps vertébraux sternaux appartenant aux trois splanchnocôles antérieures. A cette occasion , je rappellerai que déjà ces corps vertébraux avaient la forme de plaque dans les Poissons cartilagineux supérieurs. Du reste , il est fort remarquable que , quoique la respiration proprement dite ne s’exécute plus en cet endroit , cependant la plaque cartila- gineuse , avec ses arcs , détermine la déglutition de l’air par la glotte , en se relevant cl s’appliquant contre le palais. Dans les Salamandres , ce sont plutôt les deux arceaux la < 44° SQUELETTE DES UEPTILES. leraux qui restent que la plaque cartilagineuse médiane et leur séparation est encore indiquée, chez l’animal aduùe par une ouverture située entre les deux arcs inférieurs et le supérieur soudes ensemble (pl. xxx,%. xi, iv 7, v 7). DOÜ. Enfin , les deux arcs branchiaux suivans’, dont il n’v a déjà ordinairement que l’antérieur qui soit développé dans le têtard se convertissent en l’anneau du cartilage cricoïde qm est le larynx proprement dit des Salamandres et des Gre’ De là vient que , dans la Salamandre adulte , les arcs b, -an- ci, taux libres (pl. xk , xi) ont disparu entièrement. Dans es Grenouilles , au contraire , il en reste encore deux arceaux iormant des cornes qui s’écartent en dehors (pl. xxx, fig. x ÜGXII, Quant à ce qui concerne la partie antérieure du splanchnosquelette céphalique , j’ai déjà dit précédemment que les articles terminaux de membres qui la constituent d une mamere essentielle , se développent en petite quantité et incomplètement. On n’en voit aucune trace dans les Crapauds et dans les Grenouilles, ainsi que dans les Salamandres ; ils ne sont indiqués que par de petites dents, presque en forme de soies , et dont le nombre est indéterminé. La portion postérieure du splanchnosquelette est donc celle qui prédomine de toutes manières , même sous le rapport de la formation des membres , puisqu’elle produit au dehors des branchies , tantôt permanentes , tantôt temporaires, qui tiennent lieu de nageoires , et qu’en même temps elle est susceptible de développer des articles terminaux de membres dirigés en dedans, c est-à-dire des dents. Du reste, il est extrêmement remarquable de voir que , chez les Salamandres et les Gre- nouilles , ces arcs protovertébraux du splanchnosquelette donnent naissance aux branchies , comme premier membre fourchu des larves, et qu après leur disparition , les arcs pro- tovertébraux thoraciques et pelviens du névrosquelette pro- duisent leurs membres pairs comme des espèces de branchies pei manentes de ces régions et de ce squelette. Voilà précisé- ment pourquoi nous trouvons les membres du névrosquelette SQUELETTE DES REPTILES. 44 1 petits et incomplètement développés chez lesProtéides , où les branchies sont permanentes (i). C. DERMA.TOSQTJELETTE. DCXIII. Le dermatosquelette de ces Reptiles , les plus infé- rieurs de tous , n’est que très-faiblement développé , comme dans les derniers Poissons. Un épiderme corné très-fin enve- loppe le corps , sans former ni anneaux proto vertébraux , ni écailles , ni [aucun rayonnement , comme poils , épines , ou autres semblables. Deux seules circonstances méritent donc d’être signalées à cet égard : 1° De même que , dans les Poissons apodes , la peau seule formait , sans que le névrosquelette y prît part , des plis d’où résultaient les nageoires dorsale , anale et caudale , de même aussi plusieurs Reptiles branchiés , tels que le Protée , les Tritons et en général les têtards , offrent des nageoires qui ne sont que de simples replis cutanés. 2° De même que l’épiderme des Poissons , et surtout des Apodes, se rapprochait déjà beaucoup de l’épithélion du splanclmosquelette , par sa mollesse et son enduit muqueux , de même aussi cette propriété est extrêmement prononcée dans un genre de Reptiles branchiés, dans les Pipa, où la (i) On a essayé d'expliquer la métamorphose des arcs branchiaux ^ par exemple Huschke , dans un mémoire, d’ailleurs fort ingénieux, Jsis , 1826, cah, 6 ) , en disant que les osselets de rouie sont des rndimens de ces ares ; mais, pour se convaincre de l’exactitude du rapprochement établi par moi, il suffit de considérer : » l° Que les osselets de l’ouïe sont peu développés là précisément ou la formation branchiale l’est encore beaucoup; a0 Que la situation des arcs branchiaux, déjà voisins du cou chez les Poissons, ne correspond point à celle des osselets de l’ouie ; 3° Que la glande thyroïde, dans laquelle Huschke voit avec raison un rudiment des branchies, n’est point voisine des osselets de l’ouie , mais des anneanx laryngiens ; 4° Que l’hyoïde est nécessairement toujours place un devant des arcs bran- chiaux, et que les osselets de l’ouïe , spécialement la côte cartilagineuse du marteau, dont je parlerai à l’article des Mammifères, le sont toujours en avant de l’hyoïde. squelette des reptiles. ARTICLE II. REPTILES ABRAJNCHES. '■ Septile‘ abranches 0,'“ '“?“<* 1° formation * memlm pavs ee rapporte uniquement à la tête. A. Nèvkosql'Ecette. 1" Squelette du tronc. - ntc totale , ou 1 existence tout au plus rudimentaire de colons vertébrales rayonnantes au Le des Serpeûs est précisément ce qui fait que, par l'effet d'un pur antaro' .nême’e air!ll'Plral‘0'1 C°,0nne Prot»™rtébrale eUe- “e et le développement de colonnes deutovertébrales et lib«-Iér Donc SàParaUè'eS S’°Pèrent aVeC la lllus C01nP'èle ei le. Donc , a peu près comme chez les Poissons anodes ZZZT ri60"0" P*us Srande , parce qu'iLa^t dtê tèbres^n (,C p US ‘aiIt dans 1 echelle, non seulement les ver- tebies caudales servant de membre terminal impair mais vienne T' ei^emlAe des ^rtèbres du tronc lui-même de- v ennent en quelque sorte, chez les Ophidiens, un membre pan , qui est , pour 1 animal , le principal organe de loco- 0n et meme de préhension, puisque c’est avec lui qu’il enlace les corps. Mais, par cela même que la colonne vené- brale rachidienne se développe au plus haut point de perfec- ion la colonne vertébrale sternale ne se développe pas du out, en raison de la loi d’antagonisme ; ce qui fait aussi que , arcs Protovertébraux acquièrent une grande force dans leurs pièces tergales, et demeurent extrêmement imparfaits dans leurs pièces sternales. DCXV Examinons d abord les ■vertèbres rachidiennes. Leur haut développement s’exprime : SQUELETTE DES RI'PTILES. 44^ 1° Par la solidité et la fragilité de la niasse osseuse , que ces vertèbres ont de communes avec toutes les autres parties du névrosquelette des Serpens , circonstances à l’égard desquelles le squelette des Reptiles abranches déploie une ossification plus complète , quand on le compare à celui des Reptiles bran- chiés. 2° Par le plus grand nombre de ces vertèbres. En effet , celui des vertèbres rachidiennes appartenant au tronc proprement dit dépasse deux à trois cents. 11 ne diminue un peu , par antagonisme , que quand destritovertèbres rayon- nantes tendent à se développer en membres antérieurs et postérieurs ( par exemple chez les Ophisaurus , Amphisbœna , An guis) ; cependant il reste parfois encore très-considérable , quoiqu’il ait déjà apparu des rudimens de membres posté- rieurs, comme dans les Boa. Ainsi je compte, dans l’Orvet, 66 vertèbres du tronc (1), et 175 dans la Couleuvre à collier , où Cuvier en indique 204. Le Boa constrictor a , d’après Cu- vier, 252 de ces vertèbres. Le nombre des vertèbres caudales semble être primor- dialement déterminé par la répétition de celui des ver- tèbres du tronc , presque comme dans les Poissons osseux ; cependant il présente ici de grandes variations, de même qu’en général les rapports numériques ne sont pas moins va- cillons encore , chez les Reptiles , qu’ils le sont dans la classe précédente. De tous les Ophidiens que je connais , l’Orvet est celui chez lequel ce rapport s’exprime de la manière la plus pure , puisque les individus complets (2) ont aussi soixante-six vertèbres caudales. Mais , dans d’autres Serpens , le nombre (l) Scbullze ne compte que 65 vertèbres du lronc, parce qu’il rapporte a la colonne vertébrale caudale la soixante-sixième, qui en effet commence déjà à former une apophyse épineuse inférieure. Cependant il est évident que la cavité du tronc s’étend encore au dessous de cette vertèbre ■ de plus celle- ci porte denx apophyses transverses , ses arcs costaux sont extrêmement dé- lies, et quand onia considère seule, on reconnaît qu’elle diffère si essen- tiellement des vertèbres caudales, qu’on est de toute nécessité obligé de la comprendre parmi les vertèbres sacrées. (?.) Si l’on rapporte une de ces vertèbres à la région sacrée , il eu resta cependant au moins 05. 444 SQUELETTE DES REPTILES. des vertèbres de la queue est bien inférieur à celui des vertè- bres du tronc , et souvent même à peine s’élève-t-il à la moitié de ce dernier ; ainsi je ne compte que soixante-quinze vertè- bres a la queue de la Couleuvre à collier. DCXVI. 3° Par un commencement de division des vertèbres 1 acliidiennes d après les diverses régions du tronc. A la vé- rité , dans les Serpens , comme chez les Reptiles branchiés et •peut-etre meme plus encore , les régions thoracique , épigas- trique hypogastrique et pelvienne sont difficiles à distinguer 1 une de 1 autre ; cependant c’est ici qu’en même temps qu’il apparaît une trachée-artère, dont nous parlerons plus loin en traitant du splanchnosqi>elette , nous voyons aussi se dessiner un nombre déterminé de vertèbres cervicales , et tandis que , dans les Reptiles branchiés, toutes les régions rachidiennes variaient beaucoup sous le rapport du nombre des vertèbres , celui des vertèbres cervicales est fixe et constant chez les Ophidiens, où il s élève à trois. Il répète donc là le nombre des vertèbres essentielles de la tête , comme celui des vertè- bres thoraciques le répétait déjà dans les Poissons osseux , tandis que , dans les ordres supérieurs , ce sera la répétition des six ver tèbres céphaliques qui déterminera le nombre des pièces osseuses de chaque région du rachis. Les vertèbres sa- ci ées ne se séparent sensiblement que dans les espèces de transition , telles que l’Orvet ; mais là également elles appa- raissent au nombre de trois , et par la même raison qui fait qu’on en compte trois au cou (1). DCXVII. 4° Enfin, par la formation des vertèbres rachi- diennes. La deutovertèbre elle-meme est large, et enveloppe complètement la moelle épinière , qui s’étend jusqu’à la der- nière vertèbre caudale (2). Les tritovertèbres rayonnantes ( apophyses épineuses , articulaires et transverses ) sont , au (j) Schultze ne compte que deux vertèbres sacrées, mais on vient de voir qu il est plus exact d’en admettre trois, à la médiane desquelles s’attache la ceinture pelvienne. (2) Dans les Crotales seuls, elle cesse à trois vertèbres au dessus, ce qui parait ctre la cause de la formation des grelots , dont je parlerai en traitant du dermatosquelelte. SQUELETTE DES REPTILES. 44^ contraire, faiblement développées, par antagonisme. Un fait digne de remarque , néanmoins , c’est que , précisément parce que l’apophyse épineuse supérieure s’oblitère , on voit appa- raître au corps d’un grand nombre de vertèbres une apo- physe épineuse inférieure particulière , dirigée vers la cavité du tronc. Parmi les tritovertèbres parallèles , on ne découvre non plus que l’inférieure ; mais elle est très-complètement développée, par correspondance avec la mobilité , analogue à celle d’un membre, que le rachis a acquise. Nous ne trouvons plus ici la forme diconique géométrique- ment pure que les corps des vertèbres affectaient chez les Poissons ; les Cécilies seules , d’après Cuvier , ont encore des cavités diconiques dans leurs articulations. Chez les Ophidiens proprement dits , le corps vertébral est plus resserré , et comme , dans quelques Salamandres , la gelée albumineuse des cavités articulaires des Poissons s’était convertie en épi- physes cartilagineuses sphériques à l’extrémité postérieure de chaque corps de vertèbre , de même ici il s’est formé , à l’extrémité antérieure de chaque corps de vertèbre , des épi- physes osseuses sphériques , qui sont reçues par les cavités infundibuliformes que continue à offrir l’extrémité antérieure de chacun de ces corps. Cette articulation par une tête et une cavité cotyloïde , précisément parce quelle est la plus libre de toutes , quoiqu’elle ne permette ici qu’un mouvement latéral à cause de la forme des apophyses vertébrales , est le prototype de l’amphiarthrose qu'offrent les membres complets des ordres supérieurs. Au reste , la formation des vertèbres caudales continue tou- jours à être parfaitement la môme que celle des vertèbres proprement dites du tronc , et la moelle épinière s’étend tou- jours jusqu’à la dernière ( § DLXXX ). DCXVJII. Les arcs protovertébraux se présentent sous trois formes : celle de côtes , celle de côtes de membres ( ceintures scapulaire et pelvienne ) , et celle de rudimens d’arcs protovertébraux contractés , ou d’arcs aortique*. Les arcs protovertébraux en forme de côtes proprement dites manquent aux vertèbres cervicales ; mais., chez tous les Ser- 446 SQUELETTE DES REPTILES. pens véritables , ils se développent à toutes les vertèbres du ronc , et le font surtout d’une manière très-parfaite dans leurs snntVT°Si ^ GS Gt lGUr pièce sternaIe supérieure qui sont confondues en une seule ; seulement la pièce slernaleln- ferieüre ( cartilage costal) s’oblitère , et nulle part elle ne se reumt avec celle du côté opposé , pour produire un plein arc Telle est précisément la raison qui fait qu’en général on ne trouve aucune trace, comme je l’ai déjà dit, de pièces sternales sécondames ou tertiaires; cependant, comme si une partie sque lettique aussi essentielle que le sternum costal devait être au moins indiquée une fois , même dans ce groupe , l'Orvet pré- sente , derrière le sternum scapulaire , qui n’existe non plus qn en vestige , une plaque transversale médiane nui lors qu on la compare avec le squelette des Lézards, doit être considérée comme un rudiment de sternum costal ( pi xxvil %• XIV, ÿ). 1 ■ “ ’ La portion tergale inférieure de la côt e{tuberculumcostœ) qui , dans les côtes en général , a coutume d’être la portion primaire la plus oblitérée , apparaît ordinairement ici sous la forme d’épine , et , dans la Couleuvre (1) , elle donne aux côtes postérieures , qu’elle prolonge d’une manière toute particulière en dehors , la même apparence que si elles étaient divisées en branche externe et branche interne. Au reste , les côtes vont toujours en s’oblitérant vers 1 extrémité postérieure du tronc ; elles se soudent avec l’apo- physe transverse de la vertèbre rachidienne , et se contrac- tent enfin , sous les vertèbres caudales, en arcs aortiques, qui ne diffèrent de ceux des Poissons que par la brièveté plus grande des apophyses épineuses inférieures (2). (t) t* même chose a lieu , d’après Meckel, dans le Boa et l'Hydropkis. (s) Il est digne surtout de remarque qne les arcs protovertébraux des Serpens , précisément parce que la multiplication et la prolongation de la colonne deutovertébrale et trito vertébrale doivent suppléer les membres, obtiennent eux-mêmes une mobilité extraordinaire, de manière que (s’arti- culant par amphiarthrose avec la vertèbre ) non seulement ils agissent en quelque sorte comme des pieds pendant la reptation , mais encore, dans le Naja, ils se prolongent des deux côtés de la cavité du corps aux vingt pre- mières vertèbres, et répètent ainsi la forme que donnent aux Raies les larges SQUELETTE DES ItEPTILES. DCXIX. Des arcs protovertèbraux ayant la forma de côtes de membres ou de ceintures scapulaire et pelvienne, manquent absolument chez beaucoup de Serpens ( Crotalus , Cœcilia , Trigonoceplialus ) ; mais ils se développent d’une manière bien prononcée surtout dans les espèces transitoires. Ainsi je les trouve développés comme il suit, dans un squelette très- com- plet d’Oryet. Ceinture scapulaire. Elle se compose manifestement d’une pièce antérieure et d’une pièce postérieure , dont on recon- naît de suite la signification en les comparant avec les os de l’épaule du Lézard gris. L’antérieure , plus simple et plus fai- ble, est la vraie clavicule (pl . xxvit, fig. iv , i ). La posté- rieure , plus large , qui est l’os coracoïde et l’omoplate , se divise manifestement en ses quatre parties, et se réunit en bas avec celle du côté opposé ( fig. iv , « , portion sternale infé- rieure , (3 , portion sternale supérieure , y , portion tergale in- férieure , S, portion tergale supérieure ). Une ceinture scapu- laire si parfaite exige , ici comme partout , une fermeture par des tritovertèbres inférieures , et effectivement l’on aperçoit une tritovertèbre ( x ) , figurant un sternum scapulaire , au bord supérieur du rudiment de sternum costal. Cette tritovertèbre' est fortement développée et fortement ossifiée. DCXX. La ceinture pelvienne est moins complètement dé- veloppée. Elle consiste uniquement en deux arcs osseux sim- ples , qui ne se touchent point 1 un 1 autre par le bas ( pl. xxvn fig. x , B ). On ne peut les considérer que comme des rudimens des pièces sternales supérieures de cette protovertèbre ( ilions), et , comme tels , en effet , ils tiennent aux apophyses transverses de la vertèbre sacrée médiane. i Dans les Ophidiens que Meyer appelle CKondropodes , il n existe qu’un rudiment cartilagineux tout-à-fait séparé de' la colonne vertébrale , comme les os du bassin le sont aux na- geoires ventrales. Mais , chez les autres Cryptopodes , et chez les Phénopodes du meme auteur ( Typhlops, Amphisbœna , Boa , Python ), ces os, que Meyer appelle tibia , sont plus forts’ cette nageoires ventrales étroitement unies avec le tronc. Nous retrouverons formatio» dans les ailes ventrales du Dragon. 44® SQUELETTE DES EEPTILES. quoique toujours séparés de la colonne vertébrale, comme dans les Poissons (J). DCXXI. Des colonnes tritovertèbrales rayonnant comme membres manquent d’une manière absolue au tronc des Ser- pens. Quelques espèces transitoires seulement en présentent des rudimens , mais uniquement au bassin , circonstance conforme d’ailleurs au caractère des animaux de cette classe, qui est d’être des Gastrozoaires. Mais, ici comme partout, la formation des membres commence par la manifestation de simples articles terminaux ; les petits osselets qui s’adossent au 1 udiment de bassin correspondent donc parfaitement aux rayons également appliques au bassin dune nageoire ven~ traie de Poisson. Dans 1 Anguis , Y Amphisbœna et le Colubèr, on n’aperçoit, d’après Mayer , qu’un seul osselet ou cartilage arrondi , qui figure cet article terminal , tandis que , dans les Tortrix , Boa et Python, il y a trois rayons , dont les deux la- (i) La manière frappante dont cet te formation répète le type des Poissons, l'analogie complète entre les ceintures scapulaire et pelvienne dans l’Orvet, enfin la connexion de ces os pelviens avec le rachis dans le même animal, ne permettent pas de méconnaître en eux des rudimens d’os du bassin. Je ne puis donc partager l’opinion de Meyer, qui les décrit comme des tibias. Comment un tibia pourrait-il s’attacher aux apophyses transverses du rachis ? Comment serait-il possible que les tibias , ou en général des os de membre , se développassent sans nul indice de l’arc protovertébral qui leur appar- tient , puisque partout le développement de la protovertèbre est la première •condition de la possibilité de colonnes tritovertèbrales rayonnantes? Com- cment enfin concevoir un tibia situé entre le péritoine et des côtes, comme -Schneider le dit déjà du plus gros os de l’éperon des Boa , d’où résulte une -«analogie avec les Chéloniens, dont le bassin est couvert aussi, de même que l’épaule, par des rudimens de côtes? L’opinion de Meyer, dont la belle .Monographie n’en conserve pas moins tout son mérite, tient i° à ce qu’il s'est occupé d’abord des formes les plus complexes (par exemple dans 1 eBoa); 2° à cequ’Oken et autres avaient déjà considéré les os de ces Serpens comme •de simples moignons de pieds, sans bassin; 3° à ce qu’il n’a point comparé ■le bassin et les rudimens de membres avec les parties correspondantes des JPoissons , tandis que, pour les bien concevoir , il faut les mettre en parallèle avec l’extrémité postérieure des Squales, qui est également armée d’éperons •et munie de rudimens d’os du bassin cachés dans les chairs. Toutes les fois que nous abandonnerons la vraie méthode génétique dans les sciences natu- relles, nous serons conduits à l’erreur ! SQÛELETTE DES REPTILES. téraux sont simples, privés d’orteils, et donnent seulement attache .à des muscles ; le médian , au contraire , a deux pha- langes , et porte en dehors l'ongle ou éperon. 2. Squelette de la tête. DCXXII. La colonne deutovertèhralc de la tête ressemble beaucoup à celle des Reptiles branchiés , par sa continuation en ligne horizontale avec celle du rachis , par le peu de lar- geur et l’immobilité des vertèbres crâniennes et de la première vertèbre faciale , enfin par l’oblitération des deux vertèbres faciales antérieures. Son type général étant indiqué par la pl. xxx, lîg. xii , je me contenterai de signaler ce qu’elle présente de plus remar- quable . Une circonstance caractéristique d’abord est la grande étendue de la vertèbre crânienne médiane et surtout de ses pièces tectrices (os pariétaux) , qui, chez les Poissons cartila- gineux , indiquait la prédominance de la masse optique (pl. xxx fig. xii , iii c ) (1). Ordinairement aussi les pariétaux sont sou- dés ensemble. La première et la troisième vertèbre crânienne sont moins développées, quoique leurs parties essentielles continuent à dre osseuses. On n’apercevait point encore , dans les Poissons cartilagineux , le corps de la troisième , qui est fortement dé- veloppé ici, comme épine antérieure du sphénoïde. En général , les intervertèbres ne représentent que des ar- ceaux , et 1 on ne distingue , comme os à part, que celui de la première sous la forme d’un os temporal, qui sépare les or- ganes auditils de la cavité crânienne (pl. xxx, fig. xii, i b, i2>*)(2). Les arceaux de la seconde et de la troisième ( 2 b , 3 h ) sont ans la nature , soudés avec les arcs de la seconde et de la troi- sième vertèbre crânienne (3). JXZï Crp'W'’s" r'' ' ’ Ce ï“' " a- - °“> /“' '**> na . ’ 1,h ‘ " “e- vn • '> *— '<*. «4, pl. xni, eg.x,,, ) U r«.«„bl.„cc d. crâ». d» Serp.113 „ ^ „cc „ "'J/' n h,S s exprifue snriont dans la vertèbre occipitale, qai non seulement “.**• i»KHe„e.oo,„L ““ 0lr"’ l,'"“ I>l“I,*“rs Scrpans «nlmtoi ( p3, fc T 2.9 450 SQUELETTE DES IIEPTILES. DCXXIII. Les vertèbres faciales sont encore fort courtes (pb xxx, fig. x , iv , y , vi). L’antérieure n’est point du tout ossifiée. La moyenne , dont le rudiment existait déjà chez les Poissons , offre au moins ses arceaux , déjà sensiblement dé- veloppés en cornets osseux du nez (fig. xii, v b) (l). Lesparties les plus développées de la postérieure sont les lames tectrices, ou os propres du nez ( iv c) (2). Cependant on découvre aussi un rudiment , cartilagineux il est vrai , de sa lame cloisonnaire, représentant la lame perpendiculaire de l’ethmoïde ( ivd). DCXXIV. Les arcs proto vertébraux de la tête des Serpens ressemblent en général à ceux des Poissons osseux, par leur forme élancée et leur mobilité. Ce qu’on distingue le moins ici , comme dans ces Poissons , ce sont les côtes des vertèbres proprement dites de la tête. Il n’y en a aucune trace à l’occi- put. Les arcs costaux du centriciput et du sinciput se déve- loppent bien , mais ils se détachent tellement de la colonne vertébrale crânienne , qu’on pourrait aisément les méconnaître et les prendre pour des parties de la première intercôte , si l’on. n’examinait pas avec soin la tête du Serpent dans ses pas- sages à celle du Lézard , de la Tortue et même de l’Oiseau. Mais, en suivant c^tte marche, je me suis convaincu qu’on doit considérer comme seconde côte crânienne ( palatin postérieur, os omoïde , apophyse ptérygoïde) la pièce de la voûte palatine qui se dirige vers l’articulation de la mâchoire inférieure (pl. xxx , fig. xii, ng). Oken l’a assez bien interprétée , car il 1 appelle ptérygoïde interne (3); cependanlc’est à proprement parler l’apophyse ptérygoïde externe de l’homme qu’elle repré- sente. Spix la rapporte également à l’apophyse ptérygoïde in- terne (4). J’ai acquis aussi la conviction que la troisième côte crâ- nienne (os palatin moyen, crochet ptérygoïdien) est représentée -par unepièce qui va de la précédente à la mâchoire supérieure nocephalus nexus) , une apophyse épineuse inférieure ( pi. xxx, fig. xr, p), semblable à celle qu’on voit sur un grand nombre de vertèbres rachidiennes. (1) Snx, loc. cit., pl. i. n, fig. vii, ai; pl. ix, fig. xxii, xii,2I. — Oken, loc. cit., pl. xm , fig. 8, 9 , c. (2) Spix, loc. cit., pl. 1 , fig. vit , 22. — Oken, loc. cit., nn. (3) T sis , 1833, cah. VIII, pl. xrn, fig, v. (4) Loc, cit., pl. it, fig, vu. 19. SQUELETTE DES EEPTILES. 1 (mg); Oken la nomme ptèrygoïcle externe , et Spix l’englobe dans la mâchoire supérieure. DCXXY. Les côtes qui appartiennent aux intervertèbres sont toutes développées , mais guère plus toutefois que dans les Squales , par exemple. La première , dans laquelle on peut distinguer une portion antérieure et une portion postérieure , consiste en deux pièces mobiles , dont la supérieure , appliquée à l’intervertèbre , et analogue à la racine de l’apophyse zygomatique , ainsi qu’à l’anneau du tympan , est une pièce tergale simple (pl. xxx , hg. xi , Ig ). Oken la nomme os verruçiforme , et Spix os faciei iliacum s. pars ossis temporalis sqtiamosa. L’autre pièce, à laquelle la mâchoire supérieure s’applique absolument de même que l’humérus à l’omoplate d’un Mammifère non claviculé, et qui , chose fort remarquable , prend complètement aussi 1» forme d’une omoplate, est une pièce sternale supérieure (ig"). Elle correspond donc à l’apophyse zygomatique du temporal de l’homme. Oken la nomme os carré , et Spix os faciei ischiale s. pars ossis temporalis annularis . DCXXYI. La seule portion bien développée de la seconde paire d'intercôtes est la pièce tergale supérieure , constituant un appendice engrené entre les os pariétaux et frontaux (2g). Le reste de la côte ou de l’os jugal est indiqué par une grande écaille qui entoure l’œil. Dans les Poissons osseux aussi les portions squameuses de l’os jugal ne sont souvent presque que de simples écailles cutanées. DCXXVII. La troisième intercôte n’est essentiellement dé- veloppée non plus que dans sa portion tergale , et elle n’est pas distinctement séparée de l’arc de la troisième interver- tèbre (mg). Dans la nature, cette intercôte (os lacrymal) ap- paraît la plupart du temps sous la forme d’un large os, qui ferme l’orbite en devant , et qui même se réunit avec celui du côté opposé pour produire toute une moitié supérieure d’un arc protovertébral qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Spix 1 appelle os thyréoïdéo-facial ou os lacrymal (1) _,et Oken os ol ■ (i) Cepkalog , pl. i , fig. vu , 23, 4° 2 SQUELETTE des REPTILÊS. facti[; Dans quelques espèces, cette côte porte encore un ap- pendice (3 g' ) , qu’Oken appelle écaille surcilière (1). DCXXVIII. A l’égard des côtes faciales , c’est chez les Ser- pens surtout qu’on les reconnaît évidemment pour de vérita- bles cotes. Elles se rapprochent jusqu a un (certain point dans Ieut formation de celle des Poissons osseux à museau prolongé le Brochet par exemple. La postérieure (os palatin) s unit avec la troisième côte crâ- nienne , et eUe est toujours armée de splanclinodents ( pl xxx fig. xii , ivg) (2). La médiane ( maxillaire supérieure ) se partage en portion interne et portion externe. La portion interne , plus petite, et en quelque sorte la tête de la côte , se soude avec l’arc de" la seconde vertèbre faciale ( vgff )(3). L’externe, ou la côte pro- premoni dite, est le bord alvéolaire de la mâchoire supérieure, qui , chez les Serpens non venimeux , s’allonge beaucoup et reçoit un grand nombre de splanclinodents (vg f ) (4). Chez les Serpens venimeux , au contraire , elle est très-petite , et ne s arme essentiellement que d’une seule splanchnodent redres- sée , derrière laquelle s’en trouvent cependant plusieurs autres qui sont couchées (5). DCXXIX. La plus petite de toutes les côtes faciales est l’an- térieure ( intermâchoire). Cependant on peut également y dis- tinguer une portion interne , ou tête de la côte , et une ex- terne, ou côte proprement dite. La portion interne (vigff ) forme une apophyse dirigée en dedans sur la ligne médiane de tête. L’externe (vigff) se soude souvent avec celle du côté opposé ; elle est petite, et porte peu ou même point de splanclinodents. Lu reste, toutes les cotes faciales manquent des portions sternales inférieures , do sorte qu elles ne se réunissent point au côté \ cuti al de la tête. II n y a donc point encore ici , non (i) Oken, fig. 8, 10, O. (a) Srix , pl. n, fig. vu, ao. — Oren, pl. xni.fig. u , p /. (3) Oken , loc. cit., fig. ir. (0 Srrx, pl. i , fig. vu, 1 1, la. — Oken, fig. u, M. (5) Swx , pl. viii, fig. x, la. — Okex, fig, 1 7, M. — Voy. nies Tabulée illustrantes, eah. II, pl. vu, fig, vi. SQUELETTE DES REPTILES. 4^3 plus que chez les Poissons cartilagineux , de voûte palatine osseuse séparant la cavité nasale de l’oreille , et les arrière- narines se trouvent immédiatement derrière les intermâchoires. On n’aperçoit en quelque sorte ici , comme chez les Reptiles branchiés , que des trous naso-palatins , derrière lesquels lu voûte palatine est ouverte. DCXXX. Membres céphaliques. Comme tous les membres s’oblitèrent au tronc des Serpens proprement dits , de même , à la tête , il ne se développe , en fait de membres impairs et pairs , que la seule paire des membres crâniens essentiels , c’est-à-dire les moitiés de la mâchoire inférieure , qui consis- tent toujours uniquement en un article inférieur et un article terminal (pl. xxx,llg. xn).Mais elles sont remarquables en ce qu’ elles ne s’unissent ensemble que par des ligamens et des muscles , de sorte qu’étant par ’à susceptibles de mouve- mens latéraux assez libres , elles correspondent mieux à l'idée de membres céphaliques libres, quelles ne le font dans au- cune autre classe de Céphalozoaires. Il n'y a aucune trace de membres crâniens supérieurs pos- térieurs ( opercule ou conque de l’oreille ). Les membres faciaux manquent également; on ne voit même nul vestige d’un prolongement en forme de trompe ou d’épée des vertèbres faciales , constituant une sorte de membre cé- phalique impair antérieur. DCXXXI. Avant de quitter le névrosqueîette de la tête des Serpens, nous devons encore parler des ossifications intérieures des organes sensoriels , dont l’existence et la signification ont été déjà signalées chez les Poissons et les Reptiles branchies. Ces ossifications se voient également ici, surtout dans l’o- reille , pour y favoriser le mouvement intérieur , et elles s'y comportent à peu près de même que chez les Reptiles bran- chiés. Ici comme là , en effet , tantôt on trouve de petites coa- gulations molles dans le sac du vestibule ; tantôt il se forme, à 1 endroit où sera placée plus tard la caisse du tympan , c'est-à- dire au devant de l’oreille interne , de véritables ossifications, qui , de chaque côté, s’appliquent à l’ouverture du vestibule ( fenêtre ovale ) , sous la forme de ce qu’on nomme une colu- melle, mais cependant sont encore entièrement cachées ici dans SQUELETTE DES REPTILES. les chairs , comme les premiers points d’ossification du même genre l’étaient chez la Salamandre. DCXXXII. Il ne nous reste plus qu’une seule observation a laiie , c est que dans les Serpens qui , par la présence d in- dices de membres antérieurs et internes au tronc , font le pas- sage à d autres ordres , comme l 'Anguis et X Ophisaurus , ou qui , par l’oblitération de leur formation , se rapprochent des Reptiles branchiés , comme les Cécilies , le type dont on vient de lire la description subit diverses modifications , qui , bien que le plan de ces Recherches ne me permette pas de les suivre dans leurs détails , méritent cependant d’être signalées d’une manière générale , parce quelles tendent à diminuer la mobilité tant des côtes que des membres céphaliques, et en par- tie aussi à augmenter la largeur des vertèbres crâniennes (1). 2S. Splanchnosquelette. DCXXXIII. C’est chez les Ophidiens qu’on peut pour la première fois établir une distinction entre le splanchnosque- lette de la tête et celui du tronc. Cependant ici comme partout ce dernier est plus incomplet que l’autre. Il ne nous apparaît à proprement parler que comme une continuation et un pro- longement du splanchnosquelette céphalique , de sorte que nous sommes obligés de débuter par celui-ci. DCXXXIY. Le splanchnosquelette de la tête des Serpens se divise en deux portions , l’une antérieure , l’autre postérieure : la formation des arcs protoverlébraux prédomine également dans celle ci , comme celle des membres terminaux dans celle-là. Quant aux arcs protovertébraux de la portion postérieure , ils n’ont plus de rapport avec la respiration proprement dite qu'en ce qu’ils enveloppent le commencement du conduit aérien; car la respiration branchiale a cessé tout-à-fait, et une séparation complète s’est établie entre la voie de l’air et celle des alimens. Les quatre arcs protovertébraux médians , qui constituaient (i) Voy. la têle de lu Cécilic dans Oken , pl, 1 3 , 13g. 6 et 7. — * et celle de l’Ophisaure dans Srix , pl. ix , lîg, ix. SQUELETTE DES TîEPTILES. 4^5 des arcs branchiaux chez les Poissons , sont ici des anneaux laryngiens. Les pièces sternales réunies des deux antérieurs forment un petit os triangulaire ( pl. xxx, fig. xii, oo ), le carti- lage thyroïde , tandis que leurs pièces tergales , également réunies, représentent les cartilages aryténoïdes (fig. xii, o). Toutes les pièces des deux arcs branchiaux postérieurs se réunissent en un anneau plus large et fermé , le cartilage cricoïde (fig. xii , m 7 , n 7). DCXXXV. A l’égard des arcs protovertébraux antérieur et postérieur de cette portion du splanchnosquelette de la tête , savoir , l’hyoïde et la mâchoire pharyngienne , ils se rapportent tout aussi essentiellement à la fonction végétative fondamen- tale , à l’inhalation des choses du dehors , à l'assimilation, et par conséquent à l’intestin , que les quatre médians à l’autre fonction végétative fondamentale, à l’exhalation de la substance intrinsèque, à la respiration, et par conséquent à la branchie ou au poumon. Yoilà pourquoi, quand les arcs branchiaux deviennent le commencement d’un canal aérien distinct du pharynx, le sixième arc protovertébral (mâchoires pharyn- giennes ) ne peut plus se trouver en arrière de ces quatre arcs branchiaux métamorphosés, qui ne font plus qu’un tout con- tinu avec le canal aérien, et se trouve obligé de se reporter au dessus d’eux , là où le larynx et le pharynx entrent en contact l’un avec l’autre. Chez les Serpens , ces mâchoires pharyn- giennes paraissent être tout-à-fait oblitérées , de même quelles le sont déjà beaucoup dans certains Poissons osseux (1). DCXXXVI. L’arc protovertébral antérieur (hyoïde) n’ac- quiert non plus qu’un très-faible développement. Ses arceaux se réunissent par le bas et sur le devant en une petite pointe cartilagineuse , ayant la forme d’un Y , dont les deux jambes dégénèrent postérieurement , chez les Serpens proprement dits, en minces et longs filets cartilagineux, qui accom- pagnent la trachée-artère dans tout son trajet ( pl. xxx, fig. xii, (t) Je n’ai point ea occasion d’examiner des larynx de grands Serpens. C’est pourquoi je laisse de côté la question de savoir si l’on n’y pourrait pas retrouver aussi des vestiges de mâchoires pharyngiennes, c’cst-à-dire des cartilages de Wrisberg et de Sanlorini. ^ SQUELETTE DES REPTILES. nnffnn?!8 ^ CartUageS man(ïuent ceux des Ophidiens qui lont le passage aux Sauriens (1). J?™ La rti0n antérieure du splanclmosquelette de la tete n est egalement représentée ici que par l’épithélion et par de simples articles onguéaux coniques. Ces dernières productions se rapportent, comme chez la plupart des Pois- sons cartilagineux , aux parties du névrosquelette qui en- tourent la cavité orale , et essentiellement (pi. xxx fie. xin aux os palatins , à la mâchoire supérieure , à la mâchoire in- ferieure et a 1 intermâchoire , moins toutefois à cette dernière. La ou les dents se développent le plus , dans cet ordre , on reconnaît sans peine les connexions qui les unissent à la fonc- tion vegetaUve, et Ion peut même dire que les Serpens sont e tous les animaux, ceux chez lesquels on aperçoit le mieux quel a ete réellement le but de la nature en instituant les dents comme membres du splanchnosquelette. Ceci s’applique surtout aux dents maxillaires supérieures des Serpens veni- meux. Non-seulement ces dents se développent d’une manière parfaitement libre dans les chairs, et se redressent ensuite peu a peu , mais encore elles acquièrent , dans le sens de leur ongueur et à leur côté interne , un plissement qu’on doit considérer comme la prolongation d’un conduit excréteur , de celui de la glande salivaire qui sécrète le venin. Ainsi donc , au lieu d être, comme dans les animaux supérieurs, unique- ment pénétrées et animées par des nerfs, elles enveloppent ici la lormation purement végétative d’un canal excréteur (2). (r) La longueur extraordinaire et la mobilité de ta langue chez les Ser- pens proprement dits, qui tiennent à l'allongement de l’byoide , doivent être considérées comme un phénomène d’antagonisme, résultant de l’oblitération des membres du névrosquelette , à laquelle nous avons vu plus haut que so raltachaient également la longueur et la mobilité du rachis. Voilà pourquoi cette longueni et cette mobilité de la langue diminuent, aussi bien que celles du rachis, dans ceux d’entre les Serpens qui font le passage aux Sauriens. (a) Le plissement en dedans de ces splanchnodents est extrêmement re- marquable en ce qu’il nous fournit le prototype des splanchnodents que s trouverons, chez les animaux supérieurs , soqs la forme de molaires p issees. Cette stiuclurc plissée sç rattache toujours à d’abondantes excré- tions dans le voisinage. Ainsi les molaires des Iluminans sont voisines des conduits excréteurs des parotides. V. mes Tabtd, i(/ns(rh cfdt. U, pl. m, figvr, squelette DES REPTILES. 4^7 DCXXXVIII. Le splanchnosquelelte du tronc, que nous trouvons ici pour la première fois développé , offre les particu- larités suivantes : Dans les classes inférieures , le canal intestinal était la seule voie par laquelle les substances élémentaires du dehors pussent pénétrer dans le corps, et si là il se développait un splanchno- squelette du tronc , c’était toujours uniquement au dessous de l’épitliélion intestinal. Les Insectes seuls faisaient exception par leurs trachées aériennes , auxquelles s’adjoignait par con- séquent aussi une formation squelettique annulaire et fort délicate. Chez les animaux supérieurs , il y a toujours antago- nisme entre la surface cutanée et la voie respiratoire et ali- mentaire , le poumon ou l’allantoïde et l’intestin , pris en- semble. Cependant les organes respiratoires , et surtout les poumons , sont plus spécialement homologues à la peau, puis- que la perspiration et la respiration appartiennent essentielle- ment à l’une et aux autres. C’est ce qui explique pourquôi les voies aériennes ont une tendance spéciale à répéter les formations de la peau , pourquoi aussi nous ne trouvons plus de splanchnosquelelte à l’intestin, et pourquoi, quand un sque- lette se développe sous l’épithélion des voies aériennes , il ré- pète toujours de la manière la plus formelle le type primaire du squelette développé sous l’épiderme. L’antagonisme entre le squelette trachéal et le squelette cutané ne se manifeste donc qu’à l’égard de la substance et dans la direction des anneaux fermés. Le dermatosquelette a pour caractères essen- tiels une substance cornée et un développement plus prononcé des arcs protovertébraux vers le côté lumineux ; ceux du splanchnosquelette sont une substance cartilagineuse et le développement plus complet des arcs protovertébraux vers le coté terrestre. DCXXXIX. Ainsi donc les Serpens sont les premiers ani- maux chez lesquels les protovertèbres du splanchnosquelette du tronc se disposent en série à la trachée-artère , comme celles du splanchnosquelelte céphalique le font au larynx. Et elles le font en nombre différent , mais toujours beaucoup plus considérable (pl. xxx, fig. xit , B*) , jusqu’à ce qu’enfin elles 4^8 SQUELETTE DES EEPTILES. se perdent dans la dilatation de la trachée-artère en un poumon qui est encore entièrement vésiculiformc (1). C. Debmatosquelette. DGXL. Sous le rapport de leur dermatosquelette , les Ser- pens se rattachent de la manière la plus positive à la forma- tion d’un grand nombre de Poissons osseux. Il en est peu parmi eux qui se trouvent réduits au seul épiderme , et qui , à cet égard , ressemblent aux Reptiles branchiés. C’est cepen- dant le cas des Cécilies , et après elles de X Acrochordus java- nicus , quoique ce dernier ait déjà le corps parsemé de petite s verrues dures et squamiformes , et que sa tête offre de vérita- bles séries d’écailles. Au reste , ce développement plus pro- noncé du dermatosquelette à la tête est fort remarquable en lui-même , et nous aurons encore plusieurs fois occasion de le signaler par la suite. DCXLI. Lorsque le dermatosquelette est formellement dé- veloppé en plaques cornées sous l’épiderme, qui se renouvelle d’une manière périodique, on reconnaît d’abord , sur toute la longueur du tronc , une formation égale d’anneaux complets ( protoverlèbres ) , absolument de même que chez les Loricai- res , parmi les Poissons ; seulement les anneaux eux-mêmes sont divisés, à leur périphérie, en plaques carrées distinctes, dont le nombre varie, et leur largeur ne correspond plus, aussi bien qu’elle le faisait chez les Poissons , à la longueur d’une deutovertèbre de rachis , mais à une deutovertèbre et proto- vertèbre du névrosquelelte répondent plusieurs , ordinaire- ment deux, protovertèbres du dermatosquelette. Le genre Amphisbène surtout est remarquable à cet égard. Je trouve la progression dans la division des protovertèbres du (i) On trouve bien déjà, chez les Serpens, l’antagonisme entre une respi- ration anterieure et une respiration postérieure du tronc; mais la seconde, celle de l’allantoïde, n’a lieu essentiellement que pour la vie dans l’œuf , et son oblitération chez l’animal adulte, où il n’en reste même pas nn vestige sons la forme de vessie urinaire , est cause aussi qu’il ne se développe point de squelette au membre terminal postérieur du splancbnosqnelette du tronc, à la verge. SQUELETTE DES REPTILES. 4^9 dermatosquelette , à l’extrémité sphérique de la queue d’une Am phisbœna fuligvnosa , si intéressante, que je crois devoir en donner la figure (pl. xxvii, fig. xvii ). On aperçoit d’abordla di- vision primaire de la surface sphérique en quatre pièces ; mais les anneaux qui viennent immédiatement après se partagent en plusieurs plaques carrées , quoique toujours d’après des nombres divisibles par quatre. Du reste , le dos et le ventre , le côté droit et le côté gauche sont encore parfaite- ment semblables , ce qui annonce partout un type inférieur , et deux protovertèbres du dermatosquelette correspondent à une deutovertèbre du névrosquelelle. DCXLII. Cet état d’indifférence , ou cette similitude , cesse dans d’autres genres ( Coluber , lha , ripera , etc. ) , où l’on voit le côté tergal et le côté ventral se distinguer l’un de l’autre , les simples demi-protovertèbres continuant ordinaire- ment à persister au ventre , tandis qu’au dos , ces arcs proto- vertébraux se résolvent en écailles distinctes , de même que nous avons vu , chez plusieurs Poissons , des arcs proto- vertébraux co exister avec des séries d’écailles. Mais la plus grande diversité naît alors des modifications que les écailles subissent dans leur forme et leur coloration. En général , ce- pendant, elles ont de la tendance à prendre des formes orga- niques arrondies, et nulle part on ne retrouve plus la division régulièrement géométrique en hexagones qui avait lieu dans les Ostracions , etc. DCXL11I. Mais , outre la division du dermatosquelette du tronc en plaques et en écailles , le genre Crotale offre encore une formation extrêmement remarquable. Là, en effet, les trois dernières vertèbres rachidiennes oblitérées (note au § DCXYII ) ne sonl plus entourées de substance musculaire , mais seulement d’un simple dépôt albumineux et graisseux, qu’enveloppent des anneaux cornés constituant autanf.de proto- vertèbres simples , complètes et fermées de toutes parts , d’un dermatosquelette. Périodiquement (et sans doute chaque an- née , à l’époque de la mue ) , ces protovertèbres sont rempla- cées intérieurement par de nouvelles ; les anciens anneaux deviennent libres ; mais , après s’être desséchés , ils demeu- tent suspendus , à cause de l’inflexion panduriforme qu’ils of- 460 SQUELETTE DES REPTILES. frent sur leur contour (pl. xxvn, fig.xvm) (1), et produisent comme un bruit de clochette quand l’animal remue sa queue , ou qu’on l’agite après sa mort. Il peut ainsi se développer sur le névrosquelette , à son extrémité , une colonne protoverté- brale dermatosquelettique , composée de trente à quarante anneaux. Cette formation est d’autant plus remarquable qu’on peut la comparer à ce qui arrive déjà dans les Grenouilles et ensuite dans les Mammifères , où le rachis du névrosquelette se prolonge constamment au-delà de la moelle épinière elle- même. DCXLTV. La portion céphalique du dermatosqueîette des Serpens est ordinairement fortdistincte de celle qui appartient au tronc. Tantôt, en effet, elle offre des rangées d’écailles , lorsque le reste du corps est nu , comme dans YAcrochordus, dont j’ai déjà parlé : tantôt, chez les Serpens écailleux, il se développe à la tête des plaques dans lesquelles la division du névrosquelette , et par conséquent du cerveau , se reflète d’une manière remarquable , ce dont on trouve des exemples frappans en examinant plusieurs têtes d’Ophidiens (2). DCXLV. Quant aux rayonnemens du dermatosqueîette , on n’en voit aucune trace chez les Serpens , dont le squelette eu lané répète manifestement le névrosquelette sous ce rapport. On ne peut y rapporter que les formations suivantes : 1° Les ongles coniques aux vestiges de pieds , dans le Boa : ils sont au même degré de développement que les ongles qui garnissent les moignons de pieds des Squales. 2° Les épines analogues à des ongles dont l’extrémité de la colonne vertébrale est quelquefois armée , par exemple dans Y Hydrus. Elles sont fort remarquables comme exemple unique, parmi les Céphalozoaires , d’un membre terminal impair qui se termine par un ongle , mode de terminaison qu’on n’observe partout ailleurs qu’aux membres pairs. On peut en quelque (i) Voyez mes Tabulœ illustrantes , cah. II, pl. h, fig. xn. (a) Le reflet (le parties profondément situées, et snrtout des nerfs, par des modifications dans la forme ou racine seulement dans la couleur du dermatosqueîette, se représente avec des nuances diverses aux yeux de 1 ob- servateur attentif. Il pourrait fournir matière à tonte une série de recherches intéressantes , sur lesquelles je dois me borner ici à appeler 1 attention. SQUELETTE DES REPTILES. ê[(jl sorte les comparer à l’aiguillon qui garnit la queue des Scor- pions. II. Reptiles abranches chez lesquels lu formation clés membres pairs se rapporte tant au tronc qu’à la tête. A. A VERTEBRES RACHIDIENNES MOBILES (SAURIENS). 1. Nevrosqueîette. a. Sque elle du tronc. DCXLVI. Si les Ophidiens répètent les Sirènes, si les Ché- loniens répètent les Batraciens proprement dits , les Sauriens sont la répétition des Salamandres. Comme chez ces dernières, la formation et l’allongement des colonnes protovertébrales et de uto vertébrales du tronc sont limités par le développement des colonnes vertébrales de membres; mais elles le sont comme elles doivent l'être dans un ordre supérieur , c’est-à-dire dans des rapports et d’après des divisions d’un rang plus élevé. Voilà pourquoi les Sauriens sont les premiers de tous les ani- maux décrits jusqu’ici chez lesquels les principales divisions du tronc en cou , poitrine , épigastre , hypogastre et bassin , s’expriment clairement par les rapports numériques et la con- formation des vertèbres , par la distribution des viscères , et parle lieu où s’opère le développement des membres (1). (i) Il règne un grand vague dans la manière dont on n dénommé les ver- tèbres du rachis et divisé la colonne vertébrale rachidienne en régions, tant chez les Reptiles que dans d’autres classes encore. Ainsi, Schultz appelle vertèbre dorsale, dans les Sauriens, ce que Cuvier regarde encore comme vertèbre cervicale; ainsi cet anatomiste refuse au Lézard gris les vertèbres lombaires, que d’autres lui accordent, etc. Cette confusion tient principale- ment a ce que les dénominations imposées aux diverses régions du rachis ont etc tirées du développement ou du non-développement des côtes, au lieu de 1 cire du rapport numérique légitime ou normal qui est primairement inhérent à la colonne vertébrale. La méthode de répéter le nombre primaire des vertèbres céphaliques, en ayant égard aux viscères enveloppés par le tronc, est philosophiquement et empiriquement la seule qui fournisse une échelle sûre pour diviser le rachis ; car des arcs protovertébraux existent en puissance à toutes les vertèbres rachidiennes , et on les trouve aussi déve- loppés réellement avec plus ou moins d’évidence. Donc , si l’on refusait d’appeler les vertèbres du cou cervicales, dans le Crocodile, parce que chez cet animal, elles portent des côtes cervicales incomplètement dévelop- 4^2 SQUELETTE DES REPTILES. DCXLVII . Deutovertèbres et tritovcrtèbres rachidiennes. Si nous recherchons d’abord leur proportion numérique dans les régions du tronc dont il vient d’être fait mention, nous ti ouvrerons que , comme chaque région du tronc tend pri- mordialement a répéter le nombre des vertèbres céphali- ques , il devrait y en avoir 5 X G = 30 ( pl. xxvn , fie-. ,x ). En réalité , la colonne vertébrale se divise toujours" assez exactement de celte manière. La proportion exige 4X6 — 24 vertèbres entre la tête et le bassin; or tel est le nombre que Cuvier a compté dans le Crocodile du Nil , et Sclmltz dans ce- lui d Amérique. Je n’ai cependant trouvé que 23 vertèbres dans un Crocodile du Nil long de trois pieds. Sclmltz en in- dique également 24 dans le Draco striatm , et Tiedemann 23 dans le Draco viridis. L Iguana delicatissima en a 24 , d’après Sclmltz, tandis qu’il y en a 27 dans le Lézard gris, et 28 dans le Lacerta monitor. Toujours aussi on distingue fort bien les divisions princi- pales en vertèbres cervicales, thoraciques , épigastriques et hypogastriques : seulement, pour cela, il ne faut pas s’en tenir uniquement à la présence ou à l’absence des côtes. A l’égard des vertèbres du bassin , le nombre six domine également ici, quoiqu’avec diverses modifications, et tou- jours de tede manière que la prolovertèbre des membres postérieurs ne tient qu’à deux ou trois de ces vertèbres. Dans le Lézard gris , on reconnaît très-bien deux vertèbres sacrées, auxquelles tiennent les os iliaques, et quatre coccygiennes, au dessus desquelles la cavité du tronc se prolonge encore , ce qui empêche de les regarder comme vertèbres caudales , dont l’idée est déterminée par cette considération quelles sont uni- quement un membre terminal mobile , sous lequel la cavité pees , il est vrai , on serait obligé d’en agir de même chez l’homme , puisque les arcs qui ferment les trous des apophyses transverses ne sont que des m- dimens de côtes sondés aux corps des vertèbres cervicales , c’est-à-dire des pièces tergales de côtes cervicales. Cette remarque était nécessaire pour dé- montrer que la division des vertèbres du tronc suivie dans mon travail n’est pas dénuée de fondement et arbitraire , reproche mérité souvent par celle que l’usage a consacrée. SQUELETTE DES REPTILES. 4t>J du tronc ne s’étend point. On ne trouve non plus que deux ver- tèbres sacrées dans les autres Sauriens, et notamment dans les Crocodiles ; mais toujours les deux 'q quatre premières d’entre les vertèbres que l’on a pour usage de rapporter à la queue, font partie du bassin (1). DCXLVIII. L’allongement de la colonne rachidienne en ver- tèbres caudales proprement dites est un fait commun à tous les Sauriens. Déjà chez les Poissons réguliers , on observe une tendance prononcée à répéter , dans le nombre des vertèbres de ce membre terminal impair , celui des vertèbres du tronc et même celui des vertèbres céphaliques. La même chose ar- rive chez les Sauriens. Si nous fixons le nombre total des ver- tèbres du tronc à 5 x 6 — 30 , et celui des vertèbres de la tête à 6 , nous obtenons pour nombre normal des vertèbres de la queue , 3G( pl. xxvn, fig. ix ). La tendance à représenter ce nombre s’exprime d’une manière assez claire. Schultz a compté 39 vertèbres caudales dans le Crocodile d’Amérique ; mais comme on est obligé d’en retirer trois pour le coccyx , il en reste exactement oG. On en trouve 40 dans le Lézard cris 30 dans le Crocodile du Nil (2) , et 45 dans le Draco striât us] Au reste , ce nombre dépasse souvent de beaucoup le type normal , puisqu'il s’élève à 72 dans l’Iguane , et à 104 dans le Tupinambis. Le Plésiosaure à long cou n’a que 26 vertèbres caudales (3). (i Des modifications remarquables de ces proportions numériques ordi- naires s’observent surtout dans les genres perdus Plcsiosduras et Ichthyo- saurus. Le Plesiosaurus doliehodeims fait le passage aux Oiseaux, par l’énorme allongement de sa colonne vertébrale cervicale , où l’on compte jusqu’à 35 vertebres, comme V Ichthyosaurus commuais mène aux Serpens , par le petit nombre de ses vertèbres cervicales (trois ou cinq). (a) Les prêtres égyptiens savaient déjà que le Crocodile a en tout Go (3o-|- 3o) vertèbres. Ælien nous l’assure. Le fait est remarquable en ce que la con- naissance de ce rapport numérique normal avait pu contribuer, comme pour les Scarabées , à faire ranger les Crocodiles parmi les animaux sacrés. (3) Les colonnes vertébrales caudales qui sc reproduisent souvent chez les Lézards, après la perte de la queue, fournissent des considérations d’un haut intérêt. En effet, de même que la colonne vertébrale des Poissons apodes elles ne forment qu’un type cartilagineux simple et indivis , représentant une’ Squelette des reptiles. DCXLfX. Le type des Ophidiens domine encore assez gé- néralement dans la formation des diverses vertèbres rachi- diennes et caudales. Comme chez les Serpens , mais cepen- dant à un degré un peu moins marqué , nous trouvons encore des têtes et des cavités cotylo'ides entre les corps vertébraux. Le Gecko et plus encore l’Ichthyosaure font exception, en ce qu’ils offrent de nouveau la formation diconique des corps ver- tébraux qui caractérise les Poissons , et la jonction de ces corps par des cavités également diconiques. Les tritovertèbres rayonnantes du rachis , notamment celles qui forment les apophyses épineuses supérieures , sont ordi- nairement plus fortes que celles des Ophidiens , ce qui est en rapport avec la tendance du tronc de ces animaux à manifester des formations rayonnantes. Ces apophyses sont surtout très- prononcées, et presque semblables à celles des Poissons, dans richthyosaure. Les apophyses épineuses inférieures , dirigées vers la cavité du tronc, s’observent aussi en diverses régions , surtout au cou , et sont très-développées dans les Dragons. Les apophyses épineuses inférieures à deux jambages des vertèbres caudales, également très-développées dans l’Ich- thyosaure , appartiennent en partie aux formations costifor- mes , de même que les grandes apophyses transverses , lé- gèrement mobiles , des vertèbres cervicales du Crocodile et du Plésiosaure. DCL. -tires protovertébr aux. Le tronc des Sauriens se rap- proche encore de celui des Ophidiens, en ce que la tendance à produire des arcs protovertébraux entiers existe dans chacun de ses segmens. Voilà pourquoi la colonne verté- brale offre , sur toute sa longueur , des rudimens de ces arcs , qui sont surtout développés en véritables côtes dans l’Ichthyosaure. Fréquemment, au contraire, ils sont oblitérés, et ne se ferment complètement qu’à la région respiratoire es- colonne (le corps vertébraux seulement , sans nulle trace de deuto vertèbres. On reconnaît donc que la nature peut bien répéter une forme organique qui a été détruite, mais qu’elle ne le peut jamais qu’en la ramenant à un type moins élevé, que celte partie offrait dans des formations antérieures. SQUELETTE UES REPTILES. 4G5 sentielle, ainsi qu’aux endroits où des membres se manifestent. DCLI. Considérons d’abord les arcs protovertébraux de la poitrine, ceux qui se développent de la manière la plus régu- lière. Quant au nombre de ces côtes, primairement il y en a six paires qui sont sollicitées. Mais les diverses espèces offrent de nombreuses variations sous ce rapport. Comme à l’égard des vertèbres du tronc , le nombre des arcs protovertébraux de la poitrine est très-régulier dans le Lézard gris(pl. xxvii fig. ix ). La paire de côtes de la première vertèbre pectorale est aussi la première qui s’unisse avec le sternum , et qui ainsi ferme le cercle de la protovertèbre. Les deux autres paires de côtes et les trois premières côtes pectorales se comportent aussi de même ( pl. xxvn , fig. xiv , 1 , 2 , 3 ) , et par conséquent se joignent au sternum. La fermeture de la protovertèbre est moins complète dans les trois paires suivantes de côtes , dont la qualiième seule arrive immédiatement au sternum , que la cinquième atteint seulement d’une manière médiate , et auquel la sixième ne parvient point ( pl. xxvii , fig. xiv). Dans le Crocodile , des six côtes pectorales dont il est pourvu , les cinq postérieures sont complètement unies avec le sternum , et fermées ainsi en cercles protovertébraux purs; la première, au contraire , ne s’étend point jusqu’à cet os. Tiedemann at- tribue six paires de vraies côtes au Draco viridis qui n'en a que trois, d’après Schultz. DCLII. Chez la plupart des Sauriens , les côtes thoraciques ressemblent à celles des Serpens par la simplicité de leur con- nexion avec les vertèbres rachidiennes et par leur forme élan- cée Dans les Crocodiles, leur union avec les vertèbres du rachis offre un type plus élevé , ce qui , joint , à la division de 1 arc costal dans le sens de sa longueur , est d’une haute im portance pour la construction de cette forme de squelette DCLII 1. Quant au commencement de la côte à la vertèbre rachidienne, chez le Crocodile, c’est ici qu’on voit apparaître pour la première fois le type qui se retrouve ensuite partout dans les classes supérieures. Quand nous réfléchissons aie l’are protovertébral ou la côte correspond à l’anneau d’une paire de nerfs rachidiens, et que c’est en quelque sorte la répéti- m* ' 3o 4^6 SQUELETTE DES EEPTILES. lion du nerf dans le système osseux , nous nous trouvons con- duits à conclure de là , en ce qui concerne la formation des cotes, que le nerf rachidien sortant de la moelle épinière par une bifurcation , c est-a-dire par deux racines , l’ une supérieure f l’autre inférieure, cette forme devra se représenter aussi dans la côte parfaite , qui , en conséquence , doit s’unir à la vertèbre rachidienne par deux pièces , l’une supérieure et l’autre infé- rieure , sorte de reflet osseux d’un segment de la moelle épi- nière. De là naît le type pl. XXVII , fig. XIV, aa. Or telle est réellement la manière dont les extrémités supérieures des côtes se comportent déjà dans le Crocodile (1). DCLIV. Une autre circonstance fort importante , relative- ment à la formation des côtes , c'est leur division dans le sens de la longueur. Ici la construction de l’arc protovertébral exige le partage en quatre pièces. Nous avons déjà vu la di- vision des arcs protovertébraux suivre cette loi chez les Pois- sons , par exemple en ce qui concerne l’arc protovertébral des membres inférieurs (pl. xxvi , fig. iv ). Chez les Sauriens, comme l’arc protovertébral arrive à sa complète expression , on aperçoit aussi cette division des côtes , quoiqu’elle n’ait pas lieu d’une manière bien complète. Ordinairement on ne distingue qu’une pièce sternale antérieure et une postérieure (pl. xxvii , fig. ix , 1' 2' ) , tandis que les pièces tergales pos- térieure et antérieure sont soudées ensemble ( 3' 4' ) (2). DCLY. Les arcs protovertébraux des vertèbres cervicales , chez les Sauriens , se montrent développés essentiellement comme os de l’épaule dans leurs pièces sternales supérieures et inférieures , et ce qu’on aperçoit encore sous la forme de côtes cervicales ne peut être constitué que par les portions tergales des arcs protovertébraux de ces régions. Ainsi, quant à ce qui regarde ces rudimens de côtes , il peut y en avoir à toutes les vertèbres du cou ( pl. xxvii, fig. xi, a b). Dans le Lézard gris, les trois vertèbres cervicales antérieures en sont dépourvues; dans les Crocodiles, au contraire, où sept ver- (i) cviER , Annales du Muséum , tom. xn, pl. n, fig. iv, i k, — Xoy. mes Tabula; illustrantes , cab, II, pl. vr, fig. v. (a) Voy. mes Tabula; illustrantes , cab. Il, pl. iv, fig. x. SQUELETTE DES REPTILES. 4^7 tèbres du cou sont remarquables par la manière dont leurs côtes se comportent, elles remontent jusqu’à l’atlas lui-même, où elles forment , ainsi qu’à l’épistrophée , des appendices simples et mobiles (i) , tandis qu’aux cinq vertèbres suivantes elles représentent des appendices fourchus , d’après le type pl. xxviii , fig. xi. a. De là résulte déjà, comme chez l’homme, un canal formé par les apophyses transverses , qui seulement continuent encore ici à être mobiles en partie (2). DGLYI. D’après la construction, les côtes de la région épi- gastrique sont imparfaites et sans parties sternales complètes. C’est ainsi , en effet , qu’on les trouve dans la plupart des Sau- riens ; seulement , dans le Crocodile , au lieu de six côtes épigastriques , ce qui est leur nombre normal, je n’en trouve encore que cinq qui soient fermées par un sternum épigas- trique , lequel est cependant lui-même divisé. Ce qu’il y a de plus remarquable , c’est le très-grand développement de ces six côtes épigastriques chez les Dragons , parce qu’il est le seul exemple connu dans la série animale de réalisation de la tendance à produire des membres qui est inhérente à cette ré gion. En effet , ces côtes sortent du corps et soutiennent la membrane alaire. On voit donc ici s’élever au plus haut de- gré la mobilité qui déjà existait dans les côtes incomplètes des Ophidiens (3). (x) V. Cuvier, loc. cit.t pl. u, fig. i, 2, et mes Tabulée illustrantes, cah. II, pl. iv, fig. x. (2) Ainsi que Huschke ( Isis, i825 , p. no5 ) l’a fort bien fait remar- quer , les côtes cervicales oblitérées des Crocodiles sont très-propres à dé- montrer que les parties auxquelles Weber donne le nom d’osselets de l'ouïe de la Carpe , et spécialement celle qu’il appelle marteau , ne sont autre chose que des côtes oblitérées, car , dans le Crocodilus biporcatus , il a trouvé les troisième, quatrième et cinquième côtes cervicales conformées absolument comme la seconde côte thoracique de la Carpe ( maliens , Weber). (3) Pour saisir complètement la signification des grandes côtes épigastri- ques des Dragons , il faudrait , à la rigueur , connaître l’histoire du dévelop- pement de ces animaux dans l’œuf. De toute manière, elles paraissent résulter d un volume très-considérable de la sphère vitelline, proportionnellement à 1 embryon , sphère autour de laquelle la colonne vertébrale de ce dernier se contourne a l’instar d’une zone, de sorte qu’elle doit nécessairement être em- brassée par les côtes. Qu’on jette les yeux sur uno larve de Salamandre | 4^8 SQUELETTE DES REPTILES. DCLV1I. Côtes de la région lombaire. D’après sa significa- tion , cette région est en antagonisme avec celle du cou. Son nombre primaire des vertèbres est encore de six ; mais il se trouve ordinairement réduit à cinq, quand celui des vertèbres cervicales monte à sept, au lieu de six, qu’il devrait être d’après la 1 ègle. Dans le Crocodile , je vois six vertèbres, que la ma- nière remarquable dont leurs côtes se comportent , en anta- gonisme parfait avec celles de la région cervicale , caracté- rise comme vertèbres lombaires. En effet , de même que les pièces sternales des cotes disparaissent à la région cervicale , et qu il n en reste plus que les pièces tergales , de même aussi, surtout aux quatre vertèbres inférieures , les pièces tergales disparaissent, et les sternales, divisées en portions supérieure et inférieure ( pl. xxvii , fig. ix , yy ), forment les côtes ven- trales , qui correspondent aux intersections tendineuses des muscles droits de l’abdomen , chez les animaux supérieurs. La plus inférieure de ces pièces sternales se soude avec le rudi- ment cartilagineux du sternum pelvien, et, en s’appliquant’au pubis , elle donne le prototype des os marsupiaux, dont nous parlerons à l’article des Mammifères. Dans les autres Sauriens, on observe un état de choses qui ressemble davantage à celui des côtes cervicales , c’est-à-dire que les pièces sternales ont tout-à-fait disparu , et qu’il ne reste que des rudimens de pièces tergales. Dans les Dragons, où la région lombaire est divisée en six vertèbres , les deux supérieures offrent encore, comme celles de l’épigastre , des rudimens de côtes distincts l’un de l’autre , quoique devenus très-petits. Dans le Lézard gris, où l’on compte sept vertèbres à la région lombaire , on trouve de petits rudimens des sept paires de côtes lombaires ( xxvii , fig. ix , E ). DCLVI1I. Pour ce qui est de la colonne vertébrale pelvienne qu’on voie combien est volumineuse la sphère vitelline, formant l’intestin, qui se trouve annexée au ventre, qu’on imagine des côtes développées dans les parois abdominales largement étalées, et l’on trouvera que, de toute né- cessité, il devrait résulter de là une formation parfaitement semblable à celle des Dragons. C’est ainsi qu’en cette occasion , comme dans beaucoup d’antres cas, la contemplation des formes développées mène à des conclusions cer- taines par rapport au mode de développement. SQUELETTE CES REPTILES. ^69 et caudale , les arcs costaux proprement dits sy oblitèrent toujours davantage ; tantôt les pièces sternales des côtes sa- crées sont employées à la formation des os du bassin , tantôt les arcs costaux se contractent , comme chez les Poissons , au dessous des vertèbres coccygiennes et des caudales antérieu- res (pl. xxvii , fig. ix , x'), en apophyses épineuses inférieu- res, dans lesquelles finit même par s’oblitérer le canal qui, chez les Poissons , reçoit la continuation de l’aorte , de sorte qu’ alors elles n’apparaissent plus que comme de simples apo- physes épineuses inférieures tenant aux corps des vertèbres caudales. C’est ce qu’on voit très-manifestement surtout dans le Crocodile. DCLIX. Les arcs protovertébraux des membres antérieurs, ceux qui coi 1 espondent a la respiration pulmonaire , ou les os de la ceinture scapulaire , sont un développement des pièces des arcs protovertébraux du cou , qui n’ont point la forme de côtes , ce qui fait qu ils se montrent au devant et au dessus des côtes pectorales. Par la même raison il doit y avoir antago- nisme entre leur développement et celui des côtes cervicales en sorte que, quand ces dernières sont peu prononcées, comme chez la plupart des Sauriens , les os de l’épaule sont plus com- posés et plus forts , tandis que, quand les côtes cervicales sont fortement développées , comme dans le Crocodile, ces der- nières ont beaucoup plus de simplicité. Voici quelle est la di- vision de ces arcs protovertébraux chez les petits Sauriens. D abord la division en trois domine dans le sens de la lon- gueur, puisque chaque arc est composé d’une pièce sternale inférieure , d une pièce sternale supérieure, et d’une pièce tergal e inférieure ( pl. xxvn, fig. ix, xiv , « , p , 7), tandis que lapiece tergale supérieure est suspendue, comme fausse côte aux vertèbres cervicales (fig. xiv. S). , Dans le scns de sa lai’fieur , la ceinture scapulaire renferme a proprement parler , l’idée d’une division en six ( pl. xxvm ’ (t^ En effet’ c,lez les petits Sauriens, non-seulement la pièce sternale est divisée en deux , la vraie clavicule et la fausse , dont la première est toujours la plus faible , mais en- core chacune de ces deux portions indique . par sa division en deux moitiés meffalcs , que le nombre trois est inhérent en 470 SQUELETTE DES REPTILES. elle (pi. XXVII , fig. XIV , 1' 2' 3', clavicula vcra s. fur cul a ; 4 6 6 , clavicula spùria s. os coracoïdcum). C’est dans cette dernière , l’os coracoïde , que la division en trois se trouve exprimée le plus clairement , de telle sorte que la pièce posté- rieure ( 6' ) est plus longue , se courbe en avant , et reçoit les autres. Dans les grands Sauriens , tels que le Crocodile , où les côtes cervicales ont acquis un grand développement , les os de l’épaule paraissent plus simples. Au lieu de la pièce ster- nale supérieure et de la pièce lergale inférieure , qui , chez le Lézard gris, représentent une omoplate divisée, on trouve, dans le Crocodile, une omoplate simple, composée uniquement de la pièce tergale ; la pièce sternale inférieure n’existe plus que comme simple clavicule (1). Au reste, cette clavicule simple n’est point , ainsi qu’on l’admet ordinairement , l’analogue de la clavicule humaine ; c’est seulement l’os coracoïde , comme le démontre sans réplique la comparaison avec l’épaule des au- tres Sauriens et des Oiseaux. DCLX. Les arcs protovertébraux de membres postérieurs , ceux qui correspondent à la respiration allantoïdienne . ou les membres pelviens , ont cela de particulier , que leurs pièces sternales antérieures et postérieures se réalisent dans les os du bassin , tandis que les portions tergales sont oblitérées , ou indiquées seulement par la largeur plus considérable des apo- physes transverses des vertèbres sacrées. Les os du bassin eux-mêmes se divisent d’après cela dans le sens de la lon- gueur de l’arc protovertébral , comme les os scapulaires du Crocodile , c’est-à-dire, de chaque côté, en une pièce sternale supérieure (pl. xxvm , fig. ix , O , formant Fillon , qui ne se subdivise point dans le sens de sa largeur, et en une pièce ster- nale inférieure {S), qui, de même que celle de la ceinture scapulaire chez la plupart des Sauriens , se partage en deux , à cause des deux vertèbres sacrées. Le segment tourné en devant de cette pièce sternale antérieure est le pubis (pl. xxvii, fig. ix , S'), et celui qui regarde en arrière , l’ischion ( 3). Ces parties se comportent dans le Lézard gris comme la figure le (1) Cuvier, loç. cit. , pl. n, tîg. Q et io. — ■ ïoy. mes Taôulcc illustr., cab. II , pl. iv , fig. x. SQUELETTE DES REPTILES, (\^\ représente. Les Crocodiles s’éloignent du type , en ce que leur pubis est mobile sur la pièce cotyloïdienpe de l’ischion (J). DCLXI. Avant de passer aux os des membres , il faut encore parler de la colonne vertébrale antérieure oustferwaZedutronc, qui , comme les membres eux-mêmes , est plus développée ici que chez les Batraciens. On se rappellera d’abord qu’une colonne vertébrale sternale existe en puissance à toutes' les régions du tronc , et que sa réalisation est en raison directe du grand développement des protovertèbres. De là vient que, chez les Sauriens, où les proto- vertèbres des membres de la poitrine , de l’épigastre et même de l’hypogastre, se sont complètement développées dans leurs portions sternales , on doit pouvoir distinguer un sternum sca- pulaire , un thoracique , un épigastrique , un pelvien , et même un cervical , lorsque les côtes cervicales ont pris un dévelop- pement considérable. 1° Sternum scapulaire. Il est très-manifestement développé dans les Sauriens. Celui du Lézard gris constitue un corps ver- tébral simple et allongé , avec deux branches transversales (pl. xxvii, fig. ix , a?), ce qui donne au tout la forme d’une croix ( fig. ix, x). La même chose a lieu dans les autres Sauriens, par exemple dans le Mpnitor et XAgama , où les branches transversales qui, à proprement parler, se rapportent à la division incomplète de la vraie clavicule en trois, sont seulement situées plus près de l’extrémité antérieure du corps vertébral, et où, chose remarquable, celui-ci s’engrène dans le sternum thoracique. Chez le Crocodile , ce corps vertébral se prolonge fort loin du côté de la tête , d’où résulte un vestige de sternum cervical (2). DCLXII. 2° Sternum thoracique. Il est déjà plus incomplè- tement développé dans les petits Sauriens , ce qui s’exprime , tant par la dépression de ses corps vertébraux , que par le nombre moins grand de ceux d’entre ces derniers qui se sont développés, et par sa division imparfaite (3). Dans le Lézard (1) Cuvier, loc. cil., pl. ix, fig. i5. (2) V . mes Tabulai illustrantes , cah, II , pl. v , fig. x. (3) Les vertèbres rachidiennes ne sont pas non plus encore divisées dans les formes les plus inférieures, par exemple dans la Lamproie, ^ 2 SQUELETTE Des eeptiles. toâcTouesrrVe dG C°?S1 vertébra^ que pour les trois côtes thoraciques anterieures (pb xxvii , fig. xiy v) • i]s sontsm. des en „„ os plat et rltomboïdal. La pièce qui , dans le Monitor fJ/Sama ’ rePrese”le les “tps vertébraux du sternum tho- IfefünePTem<5l,t dit’ éKal[/). Au contraire , dans le Cro- codile, il se forme , entre les os pubis , une large plaque carti- lagineuse , avec laquelle se confondent l’extrémité postérieure du sternum abdominal et la sixième côte hypogastrique. Cette plaque représente un sternum pelvien très-développé , ayant la forme aplatie que j’ai signalée en décrivant le sternum abdominal de certains Sauriens, et qui est d’une haute im- portance , surtout pour l’interprétation exacte de la carapace de plusieurs Chéloniens. DCLXV. Membres du tronc. Chez les Serpens , il n’y avait de membre essentiel au tronc qu’un seul impair ; la colonne vertébrale caudale et les membres pairs se trouvaient réduits à d’imparfaits rudimens. Ce membre terminal impair persiste chez les Sauriens : j’en ai indiqué la construction à l’article de la colonne vertébrale rachidienne. Des membres pairs du tronc se développent complètement , et dans toute la plénitude de leur segmentation ternaire. On voit d’abord paraître , dans le Bipes , ceux de derrière , qui caractérisent spécialement les Reptiles, en leur qualité de Gastrozoaires, qui, par cela même, sont d’ordinaire les plus forts , et dont nous avons déjà trouvé des vestiges dans les Ophidiens. Ensuite se montrent , dans le Bimanus , les antérieurs , qui sont en général plus délicats et construits d’après un type supérieur. Puis on voit à la fois, dans les Seps et Ckaïcis, des membres thoraciques et des membres abdominaux, tous extrêmement petits. Enfin les Sauriens pro- prement dits ont ces deux paires de membres parfaitement développées (1). DCLXV I. La structure des membres est , chez la majorité des Sauriens , conforme en tous points au type que j’ai déjà indiqué dans la construction générale du squelette osseux. Chaque membre représente une colonne de corps vertébraux, composée d’os manifestement diconiques , et qui , en s eloi- (x) Si le singulier Amphiwna rneans appartient à cet ordre, et ne fait pas plutôt partie du précédent, comme tout porte à le croire, il nous fournirait l’exemple de membres sans os, et purement charnus encore, 474 squelette des reptiles. tfnant de l’arc protovertébral , se divisent par deux et par trois Tous les Sauriens , lTchthyosaure excepté , ont donc un article supérieur simple. DCLXVII. Cet article supérieur , aux membres de derrière et de devant , est simple , et déjà semblable à l’humérus et au fémur humains ( pl. xxvii , fig. ix , 00 ). DCLXVIII; Les inter -art ides , entre les articles supérieurs et inférieurs , 1 olécrane et la rotule , ne sont presque point dé- veloppés , surtout aux membres abdominaux. Je trouve seule- ment , chez le Lézard gris , un noyau cartilagineux plat dans le tendon des muscles extenseurs. Mais , aux membres thora- ciques , on observe fréquemment les inter-articles , sous la forme de rotules ou d’olécranes libres (pl. xxvii , fig. ix p). Tel est , d apres Meckel , le cas de l’ Iguana delicatissima , du Polychrus marmoratus, des Lacerta ocellata et viridis. • DCLXIX. L’ article inférieur est ordinairement partagé en deux , radius et cubitus, tibia et péroné (pl. xxvii, fig. ix , qq ). Chez lTchthyosaure, où les membres sont fort oblitérés et pinniformes , cet article , par lequel commence ici le mem- bre , est encore simple , et n’olTre qu’un indice de division. DCLXX. A Y article terminal , tant des membres thoraciques que des membres abdominaux , le nombre cinq est déjà le di- viseur dominant. L Ichthyosaure, qui ne présente point encore de distinction entre les articles carpiens, métacarpiens et phalan- giens, est le seul où 1 article terminal des deux paires de mem- bres se divise tout simplement ( comme la nageoire ventrale , par exemple , des Poissons réguliers ) en six colonnes verté- tébrales , dont les deux externes sont les plus fortes , et dont chacune consiste en des rangées de noyaux diconiques , au nombre de vingt-quatre à trente. Chez la plupart des Sauriens, au contraire , comme , par exemple , dans le Lézard gris , on trouve cinq doigts aux deux paires de membres, et l’on peut distinguer des articles carpiens, métacarpiens etphalangiens. Cependant, on trouve encore des rapports numériques plus imparfaits, par exemple des cas de division par quatre, et où , en conséquence , chaque os de l’article inférieur ne se partage qu’en deux colonnes vertébrales. Ainsi le Crocodile du Nil a bien quatre doigts aux membres caractéristiques de SQUELETTE DES REPTILES. 4? la classe , ceux de l’abdomen ; mais il en a cinq à ceux de la poitrine. Chez les Ophidi-Sauriens même , l'article terminal est tout-à-fait simple, et parfois divisé seulement en deux, trois ou quatre doigts. Enfin je dois faire remarquer que , sous le rapport des mem- bres, richthyosaure fait manifestement le passage aux Pois- sons , comme le non moins remarquable Ptérodactyle le fait aux Oiseaux. Celui-ci paraît être le premier des animaux supé- rieurs chez lequel la nature soit arrivée à métamorphoser les membres pectoraux en ailes ; mais probablement elle n’y était parvenue que d’une manière fort imparfaite ; car un seul doigt a pris l’extension qu’on remarque dans tous les os du bras des Chéiroptères. Au reste, c’est une source abondante de considérations, que précisément les formes transitoires les plus remarquables de la classe des Reptiles aient disparu (1). DCLXXI. Lorsqu’on peut distinguer un article carpien ou tarsien , un article métacarpien ou métatarsien , et des articles phalangiens , Y article carpien ou tarsien se rapproche de ce qu’il est chezles Salamandres. Chaque rangée, au lieu des cinq à six os se rapportant à la division par dix, quelle devrait offrir d’après la construction typique , n’en présente qu’un à quatre , surtout aux membres postérieurs , et même chez les grands Sauriens, dont le squelette a pris d’ailleurs un si grand développement. En général donc , une paire de ces os semble être la continuation du cubitus et du péroné (2). Ainsi le carpe et le tarse sont développés d’une manière incomplète , de même que , chez les Poissons , l’article supé- rieur du membre entier se trouvait encore oblitéré. DCLXXII. Le métacarpe ou le métatarse et les phalanges sont parfaitement développés. Les os de l’article métacarpien ou métatarsien sont partout simples, diconiques , et en même nombre que les doigts. Les doigts consistent en colonnes de corps vertébraux ou de (1) O ken a parfaitement démontré ( /i«,i8i9,p. 1788 ), contre l’opi- nion de Sœmraerring, que le Ptérodactyle était réellement un Reptile. (2) Cuvier, Annal, du Mus,, t. XXI, pl. 11, üg. i3 et 16. SQUELETTE DES EEPTf LES.' petits os diconiques , et aboutissent en (ronde partie aux on gles ou aux griffes du dermatosqueletle Une chose remarquable , c'est la progression régulière sui- me"„t deTè 1 “ff deS PhalanSes »“S»>ente ordinaire- ment de dedans en dehors(pl. xxvn, fig. ix : exemple , dans le Lézard gris, on trouve deux phalan^s a^ dotgt interne ( ponce >, trois au second , quatre au troisième mq au quatrième , et trois au cinquième. Le doigt externe est aussi le p us long et le plus fort dans le Ptérodactyle c’est-à- rZoZ GSt 16 d°ifït alairG- °n nG --ait méconnaître le départ iZl™- wT T allonSement régulier des colonnes 1 article terminal (1) et les rayons des nageoires de Poissons qm , plus longs dans le milieu , deviennent plus courts vers le cote interne On trouve même, chez les plus parfaits d’entre les Saunens, tels que les Crocodiles, des rudimens d’une mem- brane natatoire unissant ensemble ces colonnes. Pour rendre 1 analogie plus parfaite encore , quelques doigts perdent leurs ongles , ce qui les fait ressembler davantage à des rayons mermes de nageoires. Au reste, l’inégalité du nombre des phalanges annonce un ype inferieur ; car, d’après la construction normale il de- vrait y en avoir trois , par répétition des deux rangées du carpe ou du tarse et de l’os métacarpien ou métatarsien. )j. Squelette de lu tête. DCLXXIII. La colonne deutovertèhrale de la tête diffère très- peu dans les Sauriens de ce qu’elle est chez les Serpens. Elle continue à se trouver dans le même plan que celle du rachis , c est-à-dire à suivre une direction horizontale. Les diamètres transversal et vertical ne diffèrent pas non plus beaucoup de ceux du rachis , et , comme chez les Ophidiens , les vertèbres faciales sont ouvertes pour le passage de l’air. DCLXXIV. La vertèbre occipitale ressemble toul-à-fait à une vertèbre rachidienne , comme chez les Serpens. Son corps est également pourvu d’une tête , qui forme une articulation (i) V. mes Tabul. illustr.. cah.IX , pl. ix , fig. 7 SQUELETTE DES KEPTILES. 475 très-complète avec la cavité cotyloïde de la première vertèbre cervicale (pl. xxx , fig. xiv , 1 ) (1). DGLX'XV. La première intervertèbre n’est pas seulement développée complètement en lames basilaires et tectrices , dans les genres supérieurs , le Crocodile par exemple ; mais encore les lames basilaires (rocher) se divisent d’un côté en supérieures et inférieures, de l’autre, en antérieures et posté- rieures ( pl. xxx , fig. xiv, 1, «, «*, p, p *, pour les pièces antérieures et postérieures des lames basilaires ; ib , ib* , pour les pièces supérieures de ces mêmes lames). Il résulte1 de là que la vertèbre auditive entière peut se développer d’une manière très-complète dans cet ordre , ce qui est fort remarquable , à cause de la coïncidence entre le perfectionne- ment de l’organe auditif et celui des membres extérieurs. Du reste, la cavité auditive, formée par la vertèbre audi- tive , renferme encore dans son intérieur une concrétion amylacée ; extérieurement , dans la caisse du tympan , on y remarque un simple osselet de l’ouïe ( columella ) , qui cepen- dant est libre dans une bien plus grande étendue que chez les- Batraciens, et qui se porte depuis la membrane tympanique jusqu’au vestibule. J’ai parlé plus haut de sa signification comme répétition interne de la vertèbre sensorielle. Il est remarquable ici par sa forme diconique , quoique très-allon- gée , qui le fait ressembler à un os métacarpien (pi. xxx fig. XVIII, B). DCLXXVI. Le corps , les lames basilaires et les lames tec- trices de la vertèbre centricipitale sont complètement déve- loppés aussi (pl. xxx , fig. xiv, 11, a, b, c ). Les lames tectrices (os pariétaux) sont grandes et fréquemment soudées en- semble. DCLXXVII. Dans nul des Sauriens que j’ai examinés , je n’ai pu trouver aucune partie de la seconde intervertèbre con- stituant un os distinct. Mais , chez beaucoup de Sauriens , l’idée de cette intervertèbre se répète dans l’œil lui-même , parl’an- ( O Ce que Spix considère, dans le Crocodile, comme pièce épineuse de la vertèbre occipitale, est évidemment l’os wormien ou la pièce épineuse de la première interycrtèbre. SQUELETTE DES REPTILES. neau d écaillés osseuses de la sclérotique ( fig. xvm , A ). DCLXXVIII. Les lames lectrices (os frontal) sont les par- ties de la vertèbre sincipitale qui ont acquis le plus de déve- loppement ( pl. xxx, fig. xiv , ni c). Les pièces basilaires (ailes aniéi ieures du sphénoïde) sont très-oblitérées , et ne constituent des os à part que dans les grandes espèces (pl. xxx, fig. xiv, o c). Le corps (corps antérieur du sphénoïde) est également oblitéré ( fig. vm ,3a). Dans les petites espèces , il ressemble à une simple épine ; il a davantage la forme d’une vertèbre dans le Crocodile. DCLXXIX. Je n’ai trouvé aucun os distinct de la troisième intervertèbre. Nul anatomiste ne décrit non plus de pièces osseuses qu’on puisse y rapporter ; car il n’existe pas de lame cribleuse proprement dite. On pourrait tout au plus ranger ici les cornets nasaux cartilagineux sur lesquels le nerf olfactif se résout en filets. DCLXXX. La première vertèbre faciale (os ethmoïde) est surtout développée dans ses lames lectrices et sa lame mi- toyenne ou cloison. Cette dernière forme la cloison du nez (pl. xxx, fig. xiv, iv c). Les lames tectrices constituent les os propres du nez , qui sont surtout très-longs et forts dans le Crocodile (pl. xxx, fig. xiv, ivc). On rencontre quelquefois un vestige de corps vertébral ( iv a ) , qui représente le vo- mer., mais qui se soude ordinairement avec les lames basi- laires de la vertèbre suivante. DCLXXXI. Par opposition avec la première , qui n’est déve- loppée que comme lame de séparation et lames tectrices , la seconde vertèbre faciale ne l’est que dans ses lames basilaires (pl. xxx , fig. xiv, v b). Ces lames (cornets du nez) se soudent ordinairement avec les côtes qui leur appartiennent , les os maxillaires supérieurs , et quand ces derniers ne se ferment pas en bas , pour produire la voûte palatine , on les voit paraî- tre à nu à la voûte de la bouche. C’est ce qui a lieu dans les petites espèces , par exemple dans le Lézard vert et dans l’I- guane , où Spix les considère à tort comme os palatins. Chez les grandes espèces , le Crocodile , par exemple , on les trouve déjà dans le canal nasal , presque comme chez l’homme. DCLXXXII. La troisième vertèbre faciale (pl. XXX, fig. XIV, SQUELETTE DES BKPTÎLES. 479 vi ) n’est indiquée ici par aucun os distinct, mais seulement par ses côtes (l’intermâchoire). DCLXXXIII. Les côtes céphaliques cessaient déjà de ressem- bler à des côtes , pour la forme , et d’être mobiles dans les espèces d’Ophidiens qui font le passage aux Sauriens. Chez ces derniers , elles sont généralement plus fortes , plus larges et plus immobiles encore. Ce qui caractérise surtout cet ordre , c’est qu’on y voit se prononcer d’un manière bien ma- nifeste les côtes de la seconde et de la troisième vertèbres crâniennes , qui souvent manquaient encore tout-à-fait dans les formations inférieures. DCLXXXIV. La première vertèbre crânienne est sans côtes. La seconde offre un appendice costal pair et bien prononcé (pl. xxx, fig. xiv , ii g). Cependant cet appendice n’est dé- veloppé que comme pièce tergale de la côte (palatin posté- rieur , os omoide ) ; il tient solidement à la seconde vertèbre crânienne , de même qu’en arrière à la côte de la première intervertèbre (os carré), et en devant à la troisième côte crânienne (palatin moyen). Chez les petits Sauriens, ces os sont élancés et ressemblent davantage à des côtes. Dans les grands , le Crocodile par exemple , ils sont soudés en un large os avec les côtes de la troisième vertèbre crânienne. DCLXXXV . Les côtes de la troisième vertèbre crânienne ressemblent, dans leur développement, à celles qui viennent d être décrites. On n’en aperçoit non plus que la portion ter- gale (pl. xxx, fig. xiv , ni g). Quelquefois une pièce osseuse particulière , qu’on peut regarder comme le rudiment d’une pièce sternale supérieure (ni g'), unit cette côte, ainsi que celle de la première intervertèbre , à la mâchoire supérieure. Cette pièce osseuse est donc l’os palatin médian , ou le crochet ptérygoïdien de l’homme. Elle porte parfois encore des splanch nodenls. C’est chez les petits Sauriens qu’on l’aperçoit le plus distinctement. Dans les grandes espèces, le Crocodile par exemple , il n’y a que le rudiment de la pièce sternale qui constitue un os à part , la pièce tergale étant soudée avec la seconde côte crânienne. Cette dernière pièce a cependant ici cela de particulier encore de se réunir au côté ventral , en s appliquant exactement au bord postérieur des véritables os 4Rû squelette des reptiles. palatins , et de contribuer ainsi à prolonger le canal nasal. DCLXXXVI. Comme les précédentes, les quatrièmes côtes céphaliques (véritables os palatins) sont développées seule- ment dans leurs portions tergales, et ouvertes au côté ventral, chez les petits Sauriens (pl. xxx, fig. xiv , iv g). Spix consi- dère à toit comme véritables palatins antérieurs les cornets nasaux, qui s avancent jusque dans la voûte du palais, ce qui 1 oblige de considérer les vrais palatins comme des parties de 1 apophyse ptérygoide interne et les analogues des cornes an- térieures de l’hyoïde. Dans les grands Sauriens , le Crocodile par exemple , les cotes palatines , ou de la quatrième vertèbre céphalique , se ferment complètement au côté ventral, séparent ainsi tout à- fait la cavité orale du canal nasal (cavité respiratoire anté- rieure de la tête) , et offrent pour la première fois le proto- type d’un thorax fermé à la tête. DCLXXXY II. Seconde paire de côtes faciales , ou cinquième de côtes céphaliques. Chez tous les Sauriens , mais principale- ment dans les grandes espèces , les os maxillaires supérieurs sont très-développés , et partout ils portent des dents. Chez les petits Sauriens , ils manquent encore des portions sternales , de sorte qu’ils ne se réunissent point au côté ventral (pl. xxx , fig. xiv, v g). Mais, chez les grandes espèces, le Crocodile par exemple , ils se ferment au côté abdominal , comme le lont les os palatins , et complètent ainsi le thorax respiratoire de la tête. DCLXXXVIII. Les sixièmes côtes céphaliques ( intermâchoi- res) sont faiblement développées , comme dans les formations qui ont été décrites plus haut. La sixième vertèbre cervicale n’ayant pas pris de développement , elles s’adossent d’une ma- nière immédiate l’une à l’autre (pl. xxx, fig. xiv , vig) , et tantôt se prolongent en avant sur la ligne médiane , pour for- mer une cloison des narines , comme dans l’Iguane , tantôt se courbent latéralement en arcs , et représentent ainsi une pleine prolovertèbre , qui , chose également très significative , enve- loppe les narines, comme chez le Crocodile (1). (i) Dans lçs Crocodiles à long museau, les os maxillaires se ferment égale- SQUELETTE DES REPTILES. ^8 t DCLXXXIX. Si l’on jette un coup d’œil général sur le dé- veloppement des côtes céphaliques proprement dites , on re- connaît (pi. xxx, fig. vin) quelles forment une série non interrompue depuis la seconde jusqu’à la sixième vertèbre cé- phalique, et quelles vont en grandissant jusqu’à la cinquième, qui est la plus forte , tandis que la sixième se trouve réduite à de faibles proportions. Il nous reste maintenant à examiner les intercôtes , qui sont également développées , chez les Sauriens , d’une manière assez complète aux trois intervertèbres. DCXC. La première intercôte ( os carré ) conserve absolu- ment le même type que chez les Serpens ; elle ne se distingue ici que par sa connexion plus intime avec le crâne et par sa largeur plus considérable. Une circonstance digne surtout d’être remarquée , c’est que le bord postérieur de l’os carré , qui correspond au cercle tympanique de l'homme, offre déjà une forme annulaire dans les petits Sauriens , et porte également la membrane du tym- pan (pl. xxx , fîg. xiv , ig* ). Le segment antérieur de l’os carré ou de la première inter- côte , qui correspond à l’apophyse zygomatique de l’os tem- poral humain , n’est ordinairement développé que dans sa por- tion tergale , de sorte qu’il se termine par l’apophyse articu= laire pour la mâchoire inférieure ( pl. xxx , fig. xiv , i g" ). Sa portion sternale, qui est destinée à l’articulation avec la se- conde intercôte (jugal), n’est indiquée , dans les petits Sau- riens , que par un simple ligament. Dans l’Iguane et le Croco- dile , au contraire , elle se développe en un os à part , qui établit alors une connexion complète entre la première et la seconde intercôte ( pl. xxx, fîg. xn , ig""). DCXCI. La seconde inter côte (os jugal) se compose , en gé- néral , comme chez les Poissons, de trois pièces, savoir, deux tergales et une sternale. Elle entoure donc complètement l’or- nmu d’une manière immédiate à leur partie supérieure, au devant des os du nez. On voit que Geoffroy Saint-Hilaire s’est souvent trompé dans sa dé- nomination des os delà tête du Crocodile , et j’en citerai pour exemple en- core ce qu’il dit des pariétaux. Ill, 3 1 4^2 SQUELETTE DES REPTILES* bite en arrière et en dehors ( pl. xxx, fig. xiv, 2 g, 2 g' , 2g"). DCXCII. La troisième inter côte (os lacrymal ), moins déve- loppée que les deux autres , s’applique immédiatement à l’in- termâchoire (pl. xxx, fig. xiv ,3g). Elle reçoit l’extrémité de la seconde , de meme que cette dernière reçoit celle de la première. DCXCIII. En étudiant d’une manière générale le dévelop- pement des intercôtes , nous voyons qu’elles augmentent en sens inverse des côtes proprement dites , que l’antérieure est la plus faible , et la postérieure la plus forte (pl. xxx , fig. xiv). Leur rapport avec les organes sensoriels devient aussi de plus en plus prononcé. Le segment postérieur de la première en- toure déjà en grande partie la cavité auditive extérieure (caisse du tympan); la seconde entoure l’œil , et la troisième complète la fermeture latérale de la cavité nasale. DCXCIV. Membres céphaliques. On ne trouve que des mem- bres pairs à la tête des Sauriens. De même que chez les Ophidiens , les membres crâniens seuls sont développés , et comme leur formation diffère peu de ce quelle est dans les Serpens , je puis renvoyer pour ce qui les concerne à ce que j’ai dit de celte dernière. Les membres crâniens postérieurs (opercules) manquent entièrement. Les membres crâniens antérieurs (mâchoire inférieure) ne sont encore développés non plus que comme article inférieur et article terminal. Us se joignent encore par une fosse articu- laire avec leur côte (segment antérieur de l’os carré). On dis- tingue fort bien leur segmentation en cinq pièces principales, dont deux (pl. xxx, fig. xiv, (3 p1 ). représentent les deux os longs de l’article inférieur, deux (ytf) les interarticles ( olé- crane et tubérosité du radius ) , et un (as) l’article terminal , divisé en portion externe et portion interne. Les articles ter- minaux , en se réunissant ensemble solidement , ferment l’arc de la mâchoire inférieure , qui est toujours armé de fortes dents (1). (l) Rien n’est plus propre à faire connaître la signification de ces parties de la tnâcboirç inférieure , que h figure donnée par Spix (pl. v, fig, i) de SQUELETTE DES EEPTILES. 483 2. Splanchnosquelette. DCXCV. Splanchnosquelette de la tête. Les parties tant an- térieure que postérieure de ce squelette ressemblent beau- coup, sous le rapport du développement, aux parties homo- logues des Ophidiens. La portion antérieure qui, développée en articles terminaux, produisait les dents coniques ou crochues de l’intermàchoire , de la mâchoire supérieure , des os palatins et de la mâchoire inférieure , chez les Serpens , se comporte de même , quant au fond, dans les Sauriens. Elle n’offre que les différences sui- vantes : 1° Il n’y a plus de dents aux palatins antérieurs ; mais on en trouve quelquefois à la troisième côte crânienne (crochet ptérygoïdien ). Tel est le cas de l’Iguane ( pl. xxx , fig. xiv , I«g)- 2° Les dents maxillaires supérieures ne sont , chez aucun Saurien , venimeuses et mobiles dans la gencive ; elles s’im- plantent comme des clous dans les os , et lorsqu’elles changent (ce qu’on sait avoir lieu chez le Crocodile), c’est parce que le cône de la nouvelle dent , qui s’élève dans l’intérieur de celui de l’ancienne , soulève et repousse celle-ci. Le nombre de ces splanchnodents paraît également s’assu- jettir à une plus grande précision ; car, suivant Cuvier, le jeune Crocodile, au sortir de l’œuf, a déjà autant de dents que l’a- dulte. Cependant cette circonstance n’est pas la seule à l’é- gard de laquelle une légitimité plus grande se prononce ; elle a lieu aussi en ce qui concerne les rapports numériques. Nous avons vu précédemment que le nombre six est typique pour les dents elles-mêmes; aussi lorsque certains rapports légitimes s’établissent parmi les nombreuses splanchnodents coniques celles da Crocodile, où 5 et 4 représentent les deux articles inférieurs (radins et cubitus), 7 et 6 les deux interarticles ( olécrane et tubérosité du radius), i et 3 les deux articles terminaux (analogues du métacarpe et des phalanges), Spix s’est trompé en considérant comme article supérieur ( fémur ou humé- rus) la partie qui , semblable en tout à un olécrane, formels grande apo- physe postérieure de la mâchoire inférieure des Sauriens. '184 SQUELETTE DES EEPJTLES. qu’on observe chez les Poissons et les Ophidiens , doit-on tou- jours s attendre à trouver ce nombre reproduit plusieurs fois en haut et en bas. C’est d’après ta même loi que le Crocodile du Nil présente de chaque côté six dents pour l’intermâchoire et douze pour la mâchoire supérieure, ce qui fait un total de trente-six dents en haut. Il devrait y en avoir un nombre égal à la mâchoire inférieure ; mais ordinairement l’une des répé- titions du nombre six manque , et l’on ne compte que trente dents. Ces nombres sont astreints à une bien moins grande régularité chez d’autres Sauriens. Du reste, les dents du Crocodile lui-même continuent à être des cônes creux et qui ne se remplissent jamais. Elles rappel- lent donc encore l’enveloppe conique cornée des papilles de la surface interne de la bouche. DCXCVI. La portion postérieure du splanchnosqueletle de la tête ne diffère pas non plus essentiellement de ce qu’ elle est dans les Ophidiens. Les deux arcs branchiaux postérieurs se réunissent pour produire le cartilage cricoïde (pl. xxx , fig. xiv , niy, iiy ). Les deux antérieurs forment , avec leurs pièces sternales , le cartilage thyroïde (o o) , et avec leurs pièces tergales, les cartilages aryténoïdes ( o ). Le plus antérieur, ou l’hyoïde, conserve sa signification ; seulement il se développe plus que chez les Serpens , et presque autant que chez les Poissons. On y distingue sans peine : 1° La portion tergale plus grande et la portion sternale plus petite des arceaux (fig. xiv , viy), qui correspondent aux petites cornes ou cornes antérieures de l’hyoïde humain. 2° Le corps vertébral ou tritovertèbre inférieure de cette protovertèbre, analogue du corps de l’hyoïde (l"'). 3° Une répétition de ce corps en avant, dans la langue elle- même , ou l’os lingual ( Il ). 4° Une répétition des rayonnemens en dehors des cornes hyoïdiennes , chez les Poissons (rayons de la membrane bran- chiostége), dont on trouve , par exemple , deux de chaque côté(I) dans le Lézard gris ( fig. xiv h ; pl. xxix , fig. ni, * )• (i) Le plus grand de ces rayons de la membrane branchioslége est 1 ana- logue des cornes postérieures, ou des grandes cornes de l’hyoide liujnanj. SQUELETTE DES REPTILES. 4^5 DCXCVII. Splanclinosquelette du tronc. C’est seulement aussi à la poitrine qu’on voit se développer , dans cet ordre , une série d’arcs protovertébraux cartilagineux ou osseux, qui produisent la trachée-artère , comme chez les Serpens. Cepen- dant la trachée se divise en deux pour chacune des deux moi- tiés des organes respiratoires thoraciques. Il n’existe aucune trace d’une portion postérieure du splanclinosquelette du tronc à la région pelvienne. 3. Dermatosquelette. DCXCVIII. Nous avons vu que , chez plusieurs Ophidiens , les formations squelettiques cutanées répétaient encore avec une grande précision les anneaux protovertébraux du névro- squelette. La même chose a lieu aussi dans les Sauriens , où les rangées, d’écailles , celles surtout du ventre , correspon- dent très-sensiblement aux arcs protovertébraux , et où les écailles cornées elles-mêmes représentent des parties qui ne sont point développées comme telles au névrosquelette. Tel est le cas , par exemple , des crêtes pectinées qui garnissent le dos et la queue de certains Sauriens , qui ne sont point sou- tenues par des parties osseuses , et qu’on doit considérer en quelque sorte comme des répétitions des membres impairs supérieurs et inférieurs ( nageoires dorsale et anale ). Du reste , dans les Sauriens , comme dans les Ophidiens , le dermatosquelette est recouvert partout d’un épiderme corné , bien plus développé que chez les Reptiles branchiés , et dont l’animal se dépouille aussi d’une manière régulière. DCXCIX. Quant à la structure du dermatosquelette, la forme d écailles prédomine ici, mais avec les plus grandes mo- difications. Dans quelques genres , tels que les Gecko et le Caméléon, les écailles sont à peine visibles, et ressemblent à de petits durillons arrondis, non disposés en anneaux, presque comme dans lesCéciliesou dansl’ Acrocliordus ; dans d’autres, les Stellions par exemple, les écailles s’élèvent en épines diri- gées de dedans en dehors. Mais , chez la plupart des Sauriens, ces écailles sont lortes et cornées , parfois même osseuses , et elles entourent le corps entier de l’animal , par conséquent 486 SQUELETTE DES REPTILES. aussi le névrosquelette , sous la forme d’anneaux réguliers ; qui correspondent aux prolovertèbres de ce dernier. Du reste , leur forme n’est plus aussi rigoureusement géo- métrique que chez les Poissons. Le carré long et l’ovale, ou ces deux formes réunies , comme on le voit surtout très-bien sur les écailles des jeunes Crocodiles , déterminent ordinaire- ment la segmentation des anneaux du dermatosquelette , qui ne se présentent plus nulle part sous l’aspect de grandes plaques demi-circulaires et indivises , comparables aux plaques ven- trales des Ophidiens. Ce qu’il y a de remarquable , c’est qu’ici , comme chez les Serpens , la forme des écailles ou des plaques céphaliques est un reflet de celle des masses cérébrales et des vertèbres crâ- niennes. L’endurcissement du dermatosquelette semble déjà même exercer souvent ici , sur la forme et la largeur de la tête , une influence que nous trouverons plus prononcée en- cire dans les Chéloniens. En effet, dans les points où le der- matosquelette repose immédiatement sur le névrosquelette , et qui sont surtout les os de la tête , l’enveloppement général que le squelette cutané fournit au squelette nerval détermine ce dernier à prendre une extension dans le sens de la largeur qui n’appartient d’ailleurs point au type de l’ordre. C est ainsi qu’on explique les larges recouvremens que les fosses tempo- rales présentent chez plusieurs Sauriens , principalement chez les individus très-avancés en âge , et dont on ne peut sou- vent point se rendre raison par le type seul des vertèbres crâ- niennes. B. Reptiles a vertèbres rachidiennes immobiles (Chéloniens). DCC. Cet ordre termine la classe des Reptiles, si riche en formes diverses. Si l’on réfléchit qu ici la forme totale du corps revient à la simple forme de l’œuf, avec une segmentation intérieure très-développée , et que rion-sculement 1 accroisse- ment extraordinaire du dermatosquelette , mais encore sa soudure avec le névrosquelette établissent une affinité plus prononcée avec la formation de l’œuf, on se trouvera reporté en quelque sorte à l’état de choses existant chez les animaux des classes inférieures , et dont je n ai besoin de rap- SQUELETTE DES REPTILES. 4«7 peler ici que le rapport existant entre la forme des Cancé- rides et celle des Isopodes et des Squillaires. Du reste, on ne pourra méconnaître, en étudiant cette struc- ture squelettique , qu’il est impossible de bien comprendre ce qu’elle offre de particulier quand on ne prend pas pour point de départ la distinction entre le névrosquelette et le derma- tosquelette. C’est ainsi seulement qu’on voit disparaître cette disposition, contradictoire avec toutes les lois de formation du squelette , d’os de l’épaule et du bassin placés en apparence sous les côtes. Je vais examiner d’abord le névrosquelette pur, et abstrac- tion faite du dermatosquelette , qui s’unit étroitement avec lui sur un grand nombre de points. En isolant ainsi ces deux sque- lettes l’un de l’autre , il sera facile d’apercevoir une structure parfaitement harmonique avec celle de toutes les autres formes de squelette. s 1. Névrosquelette. a. Squelette du tronc . DCCI. Puisque la classe des Reptiles , envisagée d’une ma- nière générale, a la signification de Gastrozoaires , la région ventrale doit nécessairement , dans l’ordre le plus élevé de la classe , exprimer ce caractère par sa prédominance sur toutes les autres régions du tronc. En effet, au premier coup d’œil, quand on considère la largeur des côtes , qui ne se ferment point par des pièces sternales, et qui passent comme une voûte par dessus l’épaule et le bassin , le squelette du tronc de ces animaux , dont le milieu est rempli par un foie vo- lumineux , organe caractéristique de la région épigastrique , mais qui embrasse en môme temps les poumons , l’intestin et les Organes génitaux , parait nôtre presque qu’une région épi- gastrique (pl. xxvii, fig. xix), au-delà de laquelle saillent seulement un cou et une queue. Il est remarquable aussi que le nombre normal des vertèbres rachidiennes soudées en- semble paraisse être partout ici de dix ( fig. xix , 1 à 10 ) , c’est-à-dire le minimum connu pour ces vertèbres , et le meme que dans les Grenouilles et Crapauds, dont le tronc n’était en- core qu’un ventre sans cou ni queue. 488 SQUELETTE DES REPTILES. DCCII. La colonne deutovertèhrale du rachis , partie la plus essentielle du squelette du tronc , doit nous occuper d’abord. Les rapports numériques de ses vertèbres paraissent ne plus tant osciller. Presque tous les Chéloniens ont vingt-quatre ver- tèbres rachidiennes. Us offrent en outre une queue , ou un membi e tei minai impair, dont la colonne reproduit ce même nombre, plus celui des vertèbres céphaliques, et comprend par conséquent trente vertèbres caudales. Ces dernières va- rient beaucoup plus que les rachidiennes; car , par exemple , il n’y en a que quinze dans la Chelone Mydas. La division des vertèbres du tronc a lieu évidemment , et dans des rapports très-réguliers , d’après les nombres 3 et 6. Ainsi on compte 6 vertèbres cervicales , 3 thoraciques , 6 épi- gastriques , 3 hypogastriques , et six pelviennes , dont 2 sacrées et 4 coccygiennes. De ces vertèbres , une thoracique , les six épigastriques et les trois hypogastriques se soudent ensemble et sont immobiles , répétant en quelque sorte de cette manière la colonne rachidienne «à dix segmens des Grenouilles. Et de même que les deux vertèbres sacrées , assez intimement unies l’une avec l’autre , s’adjoignent aux vertèbres hypogastriques, de même aussi les deux vertèbres thoraciques supérieures , qui sont mobiles l’une sur l’autre (1) , se rattachent par là aux vertèbres cervicales. DCCIII. Ces vertèbres présentent plusieurs particularités fort remarquables , sous le rapport de leur formation. A l’égard des vertèbres cervicales, c’est ici qu’on voit pour la première fois se prononcer d’une manière formelle le rap- port entre la première et la seconde qui se développe ensuite complètement chez les Mammifères et chez l’homme. La tri- tovertèbre parallèle inférieure se développe faiblement comme partie intégrante de la seconde vertèbre cervicale , parce que l’organisation s’élève à un plus haut degré du côté de la tête , et qu’un grand développement de la tritovertèbre parallèle inférieure est incompatible avec celui de la dcutovertè- bre. En revanche, il apparaît des tritovertèbres parallèles la- (i) Aussi les comprend-on ordinairement parmi les vertèbres cervicales. V. à ce sujet la note au g DCXLVI. SQUELETTE DES REPTILES. 4^9 térales ( pi. xxvn , fig. xxii, ïl>), à la vérité assez petites. Mais comme Je corps de la seconde vertèbre cervicale (2 a) est en- core très-développé , il résulte de là un vide soudain , que la nature ne souffre point , et quelle remplit par une interver- tèbre (2*), développée seulement comme corps vertébral ou trilovertèbre parallèle inférieure. Cette formation correspond alors parfaitement à la vertèbre occipitale ( A ) , où les tnlo- vertèbres parallèles latérales se sont également développées , bien qu’ encore tout auprès de l’inférieure. Chez les animaux supérieurs , comme chez l’homme , la tri- lovertèbre parallèle inférieure disparaît entièrement à la pre- mière vertèbre cervicale et à la vertèbre occipitale. La succession de ces formes et la manière dont l’idée de l’intervertèbre se répète seulement 7comme corps au tronc , tandis quelle n’apparaît que comme arceaux à la tête, sont assurément un des phénomènes les plus remarquables que puisse nous offrir l’histoire du squelette. Bojanus a le premier appelé l’attention sur cette interver- tèbre libre , qu’à la vérité il désigne seulement sous le nom d os odontoïde (1). Les autres vertèbres cervicales se rapprochent beaucoup de celles des Ophidiens. Si ces derniers nous ont offert pour la première fois la plus grande liberté possible du mouvement latéral des vertèbres , nous trouvons aussi pour la première fois, chez lesChélonicns , la plus grande liberté possible de la flexion antéro-postérieure du rachis en forme d’S : toute la por- tion cervicale de la colonne vertébrale se redresse , et par là elle abandonne entièrement la situation horizontale du rachis des Reptiles inférieurs. DCCIV. Les tritovertèbres parallèles présentent aux dix \crtèbres rachidiennes soudées, et surtout aux postérieures, une autre particularité , que je crois être unique dans la série entièi e des Céphalozoaires , et qui consiste , à proprement parler , dans une apparence d’inversion complète de la ver- tèbre. Pour comprendre celte formation , il faut se rappeler que (x) Mat. testud.y fasc. I, pl iX, fig. 28 ; pl, xiv, fig. 5i, j, 49° squelette des reptiles. quatre tritovertebres parallèles peuvent se développer sur une deutovertèbre , en haut , en bas , à droite et à gauche. Engé- nei al , 1 inférieure seule se développe à la vertèbre rachi- dienne , et elle y constitue ce qu’on nomme le corps. Ici la droite et la gauche apparaissent aussi à la première vertèbre cervicale ; mais l’inférieure , la droite et la gauche s’effacent aux vertèbres allongées du dos , où il ne se développe que la supérieure ( pl. xxvii, fig. xxm, c ) ; il résulte de làqu’ici les arcs sont au dessous des corps , et comme les arcs, qui tou- jours empiètent un peu sur les corps , se soudent entre eux , les points de sortie entre les vertèbres apparaissent sous la forme de trous ronds , clos tout autour ( fig. xxm ) , et le ra- chis entier semble réellement retourné , quand on le compare avec celui d’un autre animal. On conçoit , du. reste , que les apophyses épineuses supérieures doivent manquer absolument, de même que les inférieures n’existent pas non plus quand les tritovertèbres parallèles inférieures ou les corps ordinaires de vertèbres sont très-développés. La dernière vertèbre thoracique et la dernière hypogas- trique sont les seules sur lesquelles on aperçoive des corps inférieurs. Les sacrées , les coccygiennes et les caudales se comportent à peu près comme chez les Sauriens (1). DCGY. Les arcs protovertébraux du tronc ne se présentent ici que sous trois formes , celle de côtes non fermées et sans pièces sternales ( fausses côtes ) , celle de ceintures d’os de membre , et celle de rudimens costaux contractés qui envelop- pent le prolongement de l’aorte. DCCYI. Les côtes se développent à la dernière vertèbre thoracique, aux six épigastriques et aux trois hypogastriques. Il y en a donc , dans la règle , dix paires , que le dermato- squelette réunit en bouclier tergal ou carapace ( pl. xxvii , fig. xviii, 1 à 10). Pour les reconnaître comme côtes, il faut les examiner sur de jeunes sujets , où le dermatosquelette (i) Les plaques osseuses qui couvrent les vertèbres tergales , et qui, en s’étendant latéralement sur les côtes, forment la carapace, appartiennent au dermatosquelette : c’est pourquoi je n’en parle point ici. SQUELETTE DES REPTILES. 49 1 n’est point encore ossifié (1). Toutes ces côtes sont entièrement dépourvues de pièces sternales. Elles ne consistent qu’en pièce tergale supérieure et pièce tergale inférieure ( pl. xxvir , fig-. xxi, 3, 4). Elles se bifurquent comme celles du Crocodile, de sorte qu’entre les pièces tergales supérieure et inférieure, on aperçoit une ouverture qui forme, le long du rachis entier, comme une sorte de canal vertébral accessoire , à droite et à gauche (fig. xXi , o o ) , pour le nerf grand sympathique. La branche appartenant à la pièce tergale inférieure qui est unie au corps vertébral supérieur ( analogue du tubercule de la côte) se soude complètement avec le dermatosquelette ( fig. xxi, 3 ) ; l’inférieure , au contraire , est libre partout. DCCVII. Les arcs protovertébraux destinés au développe- ment de membres se partagent en ceinture scapulaire et cein- ture pelvienne. Le type de leur segmentation est très-voisin de celui qu’on observe dans les Salamandres , surtout en ce que la ceinture scapulaire ne se ferme point par un sternum sca- pulaire. La protovertèbre qui forme la ceinture scapulaire se divise ,‘ dans le sens de sa longueur , en trois parties , savoir : un os petit et simple (2) , qui tient au sternum thoracique médian , et qu’on doit considérer comme un rudiment de la portion tergale supérieure oblitérée de cette protovertèbre (pl. xxvii , fig. xrx , 7 ) ; un os plus long , simple et cylindrique , qui se conti- tinue immédiatement avec la branche antérieure de la pièce sternale inférieure , et qui représente la pièce tergale infé- rieure et la pièce sternale supérieure , ou l’omoplate ( fig. xix, P ) ; enfin, la pièce sternale inférieure, ayant pour représentant un os divisé en deux ( à peu près comme dans les Grenouilles ), dont la portion antérieure correspond à la vraie clavicule ( fig. xix, a'), et la postérieure à la fausse clavicule et à l’os coracoïde ( fig. xix, « ) (3). DCCVJII. La ceinture pelviennes st plus exactement fermée (i) Yoy. mes Tabul. illustr ., cah. II, pl. rv, fig. an, — Bojaïojs , Anat. lesiud., fasc. I, pl. nr, fig. 8. (a) Bojawüs, loc. cit., pl. vr, fig. 12 b, pl. xiv, fig. 53 b. (3) La signification des deux clavicule^ comme telles ( ou comme pièce 49^ SQUELETTE DES REPTILES. par le bas que la précédente , mais également divisée en trois parties, dans le sens de sa longueur. Celle de ces parties qui tient aux vertèbres sacrées se par- tage à son tour en deux pièces , l’une antérieure , l’autre pos- térieure ( pl. xxvi , fig. xix etfig. xxiv, >1,»') , indiquant que la vertèbre sacrée résulte de deux protovertèbres soudées en- semble. Ces deux pièces doivent être considérées chacune comme pièce tergale supérieure , de même que le petit os intermédiaire qu’on voit à l’épaule. La partie qui vient après ( analogue de l’omoplate ) est à la fois pièce tergale supérieure et pièce sternale inférieure, et toujours simple. Enfin , la troisième se divise en deux pièces, antérieure et postérieure , à peu près égales en force et en largeur (fig. xix et fig. xxiv-, S, S) . Elle a la signification de pièce sternale in- férieure divisée, etsesdeux pièces sont, l’antérieure le pubis, la postérieure l’ischion , qui , ainsi que le pubis , se réunit avec celui du côté opposé , par le moyen d’une symphyse (1). DCCIX. Les petits arcs entourant l’extrémité de l’aorte figu- rent les rudimens contractés de la protovertèbre, absolument comme chez les Sauriens , mais sous un moins grand nombre de vertèbres caudales , et même plus oblitérés. DCCX. Maintenant, s’il pouvait exister déjà un sternum scapulaire chez les Salamandres et les Grenouilles , malgré l’absence totale du sternum costal , le vestige de cette trifo- vertèbre sternale ne saurait manquer non plus chez les Ché- loniens , dont la protovertèbre des membres a pris un si grand sternale inférieure) est si claire , et saute tellement aux yeux, pour peu qu’on contemple les os de l’épaule d’une Grenouille ou d’un Oiseau, elle devient même si évidente par la comparaison avec les os pelviens des Tortues elles- mêmes, qu’on conçoit à peine comment Bojanus a pu prendre l’os cora- coïde pour la clavicule dans son excellente Anatomie de la Tortue d’Europe. (i) On aurait peine à trouver une autre formation qui fut plus apte à mettre sous les yeux la division légitime (pl. xxu,fig. xv) d’une protover- tèbre d’après le nombre six , que le bassin des Cbélonicns , qui se segmente absolument selon le type pl. xxvii, fig. xxiv. — Voyez les os de 1 épaule et du bassin d’une jeune Tortue dans mes Tabul. illustr., cab. II, pl. iv, fig. sin. SQUELETTE DES REPTILES. développement. En effet , elle est indiquée de la manière que j’ai décrite à l’occasion du sternum scapulaire des Pipa et du sternum pelvien des Crocodiles , quoique son étroite union avec le dermatosquelettc la masque un peu. Le sternum scapulaire du Pipa (1) et lé sternum pelvien du Cro- codile (2) montraient les tritovertèbres étalées en larges plaques. La même chose a lieu pour ces deux sternum chez les Chélo- niens. Tous deux ne sont que des branches osseuses plates et transversales , situées à la région scapulaire et pelvienne (pl. xxvii, fîg. xx , x, xx ) , et leur distinction d’avec le dermato- squelelte qui , en s’ossifiant , ne tarde pas à les fermer com- plètement tous deux , ne peut être reconnue que chez de très jeunes individus (3); car ils s’ossifient bienavantle dermatosque- ^.lelte , qui plus tard produit le plastron de concert avec eux . Mais, comme, chez les autres Reptiles , et en général , le ster- num scapulaire se développe davantage que le sternum pel- vien , de même aussi le sternum scapulaire des Chéloniens , même au milieu de son ossification avec le dermatosquelette , est plus reconnaissable que le pelvien , et lorsqu’on démonte le plastron de l’animal adulte , il forme une pièce impaire , terminée enpointe par le bas (4), qui a exactement le type que nous retrouverons partout dans le sternum scapulaire des Oiseaux. CCXI. Membres. Si l’on excepte le membre terminal im- pair de la colonne vertébrale caudale , le tronc des Chéloniens n offre plus aucune trace de membres impairs. Mais les mem- bres pairs se trouvent partout, et à peu près au même degré de développement ; ce qui , joint à la variabilité moins grande do la formation squelettique générale dans les divers genres de cet ordre , annonce qu’il occupe un rang supérieur à ceux des Ophidiens et des Sauriens. DCCXII. Les modifications individuelles des membres tho- raciques et abdominaux ayant peu d’importance sous le point (i) Voyez pi. xxxn, fig. xut. (a) Voyez mes Tabula; illustrantes , eali. II, pl. iV, f]g. IY. (3 Voyez mes Tabul. illustr., cab. II, pl. Iv, 11g. XVi l i (4) Voy . Bojakus, Anat. lest., fasc. i, pl, iy, lig, u. LV. 4q4 squelette des reptiles. de vue physiologique , je me bornerai à faire les remarques suivantes relativement au type de ces membres. 1° Dans tous les Chéloniens , ils se divisent régulièrement en article supérieur , article inférieur et article terminal. 2° Ordinairement aussi ces articles diminuent par degrés ; le supérieur est le plus long , et le terminal est le plus court. 3° Partout la division dans le sens de la largeur est parfai- tement légitime , l'article supérieur est simple , l’inférieur est double ( mais formé de deux parties inégales ) , le terminal est quintuple ; au membre pelvien seul il est parfois divisé en quatre ( par exemple dans le genre Testudo ). 4° La forme dico nique simple fait encore manifestement la base de chaque os de membre ou de chaque tritovertèbre ; mais une circonstance déjà exprimée chez les Sauriens, et sur- tout chez les Crocodiles , celle de modifications diverses cau- sées par l’introduction de courbures, notamment de doubles courbures , ou de flexions en deux directions différentes, de- vient extrêmement prononcée dans les Tortues. On pourrait meme dire qu’elle y est portée à un point monstrueux , puis- que les os des articles supérieurs ne sauraient être comparés qu’à des os humains distordus par l’effet du rachitisme , ce qui explique aussi la forte torsion des membres en dehors. 5° Les interarticles manquent , et la rotule seule est indi- quée , d’après Bojanus (1). 6° A l’égard de l’article terminal , le type de nageoire n’est plus indiqué dans les Chéloniens que par l’adhérence des doigts. 7» On voit , au contraire , cesser partout la progression semblable à celle des nageoires qui avait régné jusqu’alors dans le nombre des vertèbres digitales , et nulle part on ne trouve dépassé le nombre légitime de ces vertèbres, qui est de trois ; loin de là même, un ou deux doigts n’en ont que deux seulement. ' , . . 8° Les articles carpiens sont toujours forts , disposes légiti- mement sur deux rangs, et développés dans une progres- sion assez régulière ; au membre pelvien , la première ran- (i) Loc. cil, | pl. vx t fig. s» 39. squelette des reptiles. 495 gée conlient un ou deux os , et la seconde cinq ; au membre thoracique , la première rangée est de trois , plus rarement de cinq , et la seconde de quatre ou de sept. 1). Squelette de la tête. DCCXIII. Colonne deutovertèhrale. D’après les détails dans lesquels je suis entré précédemment , c’est dans cette colonne que doit surtout s’exprimer la dignité de la formation entière de la tête , et si nous sommes fondés à considérer les Chélo- niens comme les plus parfaits des Reptiles , les particularités de leur colonne vertébrale crânienne doivent en fournir la preuve. Le développement du cerveau ne donne point encore de conditions suffisantes pour justifier un rapport bien parfait des vertèbres crâniennes proprement dites ; mais les trois grands organes sensoriels de la tête ont acquis un haut degré de perfection , et de là résulte un développement plus avancé des intervertèbres , notamment de la première , la vertèbre auditive , dans les cavités aériennes de laquelle se répète la respiration pelvienne du tronc, et qu’il serait à peine possible de trouver ailleurs aussi bien développée , eu égard à la fer- meture. Or , c’est précisément la permanence des vessies allan- toïdiennes des Tortues qui , en fondant une respiration pel- vienne, justifie le placement des animaux de cet ordre comme représentans des Céphalo-gastrozoaires. Du reste la colonne deutovertébrale continue toujours à être horizontale , et les rapports particuliers des vertèbres res- semblent beaucoup à ceux qu’on observe chez les autres Reptiles. Je ferai encore remarquer que la solidité de la colonne ver- tébrale crânienne correspond parfaitement ici à celle de la colonne vertébrale rachidienne. DCCXIV. La vertèbre occipitale , munie d’un corps inférieur très-fort (pl. xxx, fig. ix, 1 a), n’a que des arcs médiocrement développés ( i£) , dans lesquels on ne distingue pas bien en- core la division en lames tectrices et basilaires , quoiqu’il se soit développé des tritovertèbres parallèles latérales (condyles latéraux, h b), mais si rapprochées de l’inférieure qu’elles constituent avec elle le condyle trifide , approprié à’ la forme 496 SQUELETTE DES REPTILES. de la vertèbre cervicale supérieure ( § DCCIII , pl. xxvir , fig. xxii). On trouve, en outre, des tritovertèbres inférieures rayon- nantes latéralement sous la forme d’apophyses transverses (pl. xxx , fig. xiv , I cl). DCCXV. La vertèbre auditive occupe la plus grande partie de l’occiput. Elle est très-propre à nous donner l’idée de cette deutovertèbre , comme vertèbre complètement fermée , au moins en dessus. On aperçoit d’abord ( pl. xxx , fig. xv , i b , i b* ) les grandes etfortes lames basilaires des portions postérieure et antérieure delà première intervertèbre , qui ne m'ont jamais offert leur pièce inférieure (ia) et leur pièce supérieure (i b ) séparées par des sutures. En bas , les lames basilaires restent séparées par le corps de la vertèbre occipitale. A l’égard des lames tectrices ( i c ) , elles se réunissent inti- mement avec la forte tritovertèbre rayonnante supérieure ou épine (i f), et cette pièce épineuse, tout à-fait simple, couvre les arcs 1 b , ib* , comme on le voit surtout très-bien dans la Chelonia midas. L’organe auditif lui-même est entouré par la vertèbre au- ditive, de la même manière que chez les Sauriens ; entre lui et ses arcs costaux se forme une ossification interne particulière de la caisse du tympan , sous l’apparence d’une columelle ma- nifestement diconique (pl. xxx , fig. xvm , B). Au contraire les points intérieurs d’ossification du labyrinthe n’ont ici qu’une consistance amylacée. DCCXYI. La vertèbre centricipitale ne se distingue pas moins par son grand développement. Déjà donc ici , mais plus encore dans les classes supérieures et surtout chez l’homme , la gran- deur de cette vertèbre représente sous le type osseux une période antérieure de formation où la masse céiébiale coi- respondante au centriciput était la plus volumineuse des trois, quoique plus tard la vertèbre centricipitale ne soit plus 1 em- plie uniquement par cette masse médiane , mais le soit en grande partie par l’antérieure, c’est-à-dire par les hémi- sphères. La tritovertèbre inférieure est surtout très-développée (pl. xxx, fig. xv, lia). Les lames basilaires ( Il à ) et les lames SQUELETTE DES EEPTILES. 4q7 tectrices (nc)sont fortes aussi, quoiqu’elles enveloppent moins complètement le canal de la vertèbre (1). DCCXVII. Les seconde et troisième intervertèbres , de même que la seconde et la troisième vertèbre faciale , ne sont plus développées à l’état d’os ; cependant on les trouve en partie indiquées , ce qui s’applique surtout à la troisième intervertèbre et à la seconde faciale , dans les cartilages de la cavité nasale ; mais la présence seule de leurs côtes, dont je parlerai plus loin , annonce qu’elles existent là en puissance. La vertèbre sincipitale elle-même n’est complètement déve- loppée que dans ses lames tectrices ( pl. xxx, lig. xv , hic) ; les basilaires et le corps manquent , quoique , dans les Cliélo- niens de grande taille , la troncature de la surface articulaire du corps de la vertèbre centricipitale autorise à conclure qu’il existe au moins tendance à produire un corps de vertèbre pour le sinciput. La première vertèbre faciale est plus complètement dévelop- pée. Ses lames tectrices ( os du nez , pl. xxx , fig. xv , iv c) soudées aux lames basilaires fivi ), s’adaptent exactement aux os frontaux. Son corps même est sensiblement prononcé (vomer, iva). Les lames mitoyennes du canal des vertèbres faciales , en tant quelles existent, ne sont également que cartilagineuses. DLL X Mil. Les arcs protovertébraux ou côtes de la tête des Cliélonien^sont aussi remarquables par leur largeur et la so- lidité de leurs connexions , qu’ils l’étaient , chez les Serpens , par leur forme élancée et leur mobilité, circonstance qui , parce quelle est une expression de synthèse , indique également le rang plus élevé auquel l’ordre se trouve placé. Ici, comme presque partout, l’occiput manque d’arcs cos- taux , résultat d’un pur antagonisme avec la vertèbre cépha hque antérieure , ou troisième faciale, qui n’est ordinairement représentée que par des arcs protovertébraux, sans deutover- fi) Le toit osseux qni, de la crête médiane, descend vers les deux parties latérales et les eûtes, et qui forme une voûte au dessus de la fosse tempo' t^^r{raUCh° 8Ur,0Ul’ SCra eXa“iné lorsfJue îe parlerai du lit. 32 4j)0 SQUELETTE DES REPTILES. tèbre ni tritovertèbre. Toutes les autres vertèbres céphaliques, à l’exception de la troisième intervertèbre, ont des côtes très- fortes. Si la troisième intervertèbre (os lacrymal) n’en offre point , c’est encore par un effet d’antagonisme, à cause du grand développement qu’ont acquis les arcs costaux de la ver- tèbre auditive (i). DGGXIX. La pl. xxx , fig. xv, indique la forme et les di- mensions proportionnelles des autres côtes , dont il me restera par conséquent peu de chose à dire. Les côtes centricipitale et sincipitale (ng , mg) sont unies en une seule pièce, solidement fixées aux vertèbres crâniennes, et très-écartées l’une de l’autre par le bas. La première côte faciale (os palatin, ivg) est large. Dans le Chelonia,e lie entoure le canal nasal, en s’appliquant par le bas au vomer. De même que les côtes crâniennes , elle s’écarte à plat en dehors. La troisième côte faciale (intermâchoire, vi g) est petite et réunie avec celle du côté opposé. Quant aux intercôtes , la portion antérieure et la portion postérieure de la première sont très-distinctement dévelop- pées. La postérieure entoure en manière d’arc l’ouverture tympanique par derrière (ig*). L’antérieure, quine fait qu’une pièce , comme la précédente , entoure cette ouverture sur le devant et par le haut, en même temps quelle s’étend vers la seconde intercôte (comme apophyse zygomatique* du tempo- ral , i g1" ) , et qu’ auparavant elle forme , de sa pièce sternale supérieure ( i g" ) , le condyle pour la mâchoire inférieure. Comme les côtes auditives entourent la cavité auditive , de même la seconde intercôte ( côte oculaire ) forme autour de l’orbite un arc complètement fermé et ordinairement large , qui se divise d’une maniéré bien évidente en pièce teigale (2g) et pièce sternale (2g/ ). La pièce tergale est tres-large dans le Chéloniu (2) ; la sternale , ordinairement un peu plus petite , se fixe à la mâchoire supérieure. (i) y. toin. I, § a3r , pour la rectification de quelques passages de ce paragraphe et du précédent. (a) Ulrich la nomme os frontale latérale , tandis queBojanus la rapporte déjà très-justement un jtigal. SQUELETTE DES REPTILES. 4gg Je ne puis décider si la troisième inlercôte manque toujours. Le canal lacrymal existe bien positivement , et, dans une Tortue franche , j’aperçois au bord de la mâchoire supérieure , là où elle s’applique à l’ethmoïde , derrière le canal lacrymal , une pièce assez distinctement séparée , qui ne peutèlre autre chose qu’un os lacrymal. Ulrich a très-bien démontré que l’os au- quel Spix donne ce dernier nom est un os palatin. DCCXX. Parmi les membres céphaliques, les Chéloniens n’ont , comme les Sauriens , que la paire antérieure des mem- bres crâniens proprement dits , c’est-à-dire les deux arcs qui forment la mâchoire inférieure. On ne trouve chez eux aucune trace ni de membres crâniens postérieurs ou supérieurs (opercule ou conqué de l’oreille) , ni de membres faciaux. La mâchoire inférieure elle-même est très-manifestement com- posée, dans chaque moitié , de cinq pièces ( pl. xxx, fig. xv) (1), un article inférieur, interne et externe un interarticle interne et externe (£ , 7 ) , et un article terminal interne et ex- terne (e , «); l'interne de ce dernier est soudé de la manière la plus intime avec celui du côté opposé. 2. Splanchnosquelette. DCCXXI. Splanchnosquelette de la tête. Une chose très-re- marquable , C est qu à sa région antérieure , il est développé comme continuation bien manifeste du dermatosquelette , de meme que la surface cutanée et la surface viscérale se conti- nuent d’une manière immédiate l’une avec L’autre à la bouche et à lanus. Dans d’autres circonstances, nous avons vu des tritovertèbres rayonnantes et tournées en dehors du derma- tosqueletle , c est-à-dire des épines , se continuer, à la partie antérieure de la cavité splanchnique de la tête, sous Informe de tritovertèbres rayonnantes tournées en dedans , ou de dents. Ici , les plaques prolovertébriformes du dermatosquelette , dont je parlerai plus loin , dégénèrent de même en lames pro- tovertébriformes , divisées elles mêmes en arceaux supérieurs (1) Spix les a très-l)ien représentées d’après le Caret ( Cephalo* pl IV T X,ï’ " } Ct d’aPrès ,a Tor,ue ( *«, 1819 , Pl. 16 , fig 5 ).’ Les Pièces fiji sont , dans Spix , 5 et 6 ; cT et y sont 3 ct 7 , et « sont 1 et 4 5r,o squelette des eeptiles. et inférieurs (pl. xxx , fig. xvn, A. ), qui revêtent la mâchoire supérieure et la mâchoire inférieure. Non-seulement ces pla- ques sont intimement unies avec les plaques extérieures voisines du dermatosquelelte , de manière à ne faire qu’un avec elles, mais encore la substance cutanée du dermatosquelelte se con- tinue avec celles de ces plaques tenant lieu de dents , à peu près de même quelesplaquespétrifiéesdel’épithélion,dansles Dioclons , parmi les Poissons, doivent être considérées comme une répétition et une prolongation des plaques osseuses du dermatosquelette. En un mot , l’enduit des plaques cornées , internes et exter- ternes , soudées ensemble , de la mâchoire inférieure , forme un véritable ongle simple ou un sabot sur les articles termi- naux réunis de la paire antérieure des membres crâniens. Si cette disposition se répète sur les côtes maxillaires et inter- maxillaires, et d’une manière exactement semblable, c’est que, aussi , il y a en puissance place pour le développement d’une paire de membres faciaux , qui , bien qu’ils ne se réalisent point dans le névrosquelette , sont positivement indiqués ici par la répétition de la forme que le dermatosquelette et le splanchnosquelette affectent à la mâchoire inférieure, de même qu’ils le sont, dans d’autres circonstances, par des dents. DCLXXII. La portion postérieure du splanchnosquelette de la tête présente également plusieurs particularités dans les Chéloniens. On est surtout frappé de la forme parfaitement semblable à celle d’arcs branchiaux qu’affecte ce qu’on a coutume d’appe- ler l’hyoïde. Nous connaissons encore trop peu l’histoire du développement des Chéloniens pour pouvoir décider la ques- tion de savoir s’il n’y aurait peut-être point là réellement des fentes branchiales à une époque peu avancée de la vie. Mais ce qu’on aperçoit sur-le-champ , c’est qu’indépendamment de ces côtes linguales , la forme des deux premières côtes bran- chiales est répétée telle que nous avons appris à la connaître chez les Poissons; d’où il résulte en même temps que la plaque osseuse , garnie de six cornes, ne doit point cire con- sidérée tout entière comme hyoïde , ainsi que l’a fait Bojanus, SQUELETTE DES REPTILES. 5o l mais qu’il n’y a que sa partie antérieure qui corresponde à cet os , tandis que la postérieure , avec ses cornes, est l’analogue du cartilage thyroïde. C’est ce qui explique pourquoi Bojanus n’a décrit et figuré au larynx que les cartilages cricoïde et aryténoïde. La meilleure manière de concevoir la segmentation des arcs protovertébraux du splanclmosquelette céphalique postérieur, est de l’envisager comme le représente la pl. xxx,fig. xxn, B. Nous y retrouvons , en effet , les cinq paires de côtes , qui déjà représentaient l'hyoïde et les arcs branchiaux chez les Pois- sons, et qui font ici la base du tout. La plus oblitérée est l’an- térieure (vi 7 ), ou la trilovertèbre {II) , et les pièces sternales inférieures des côtes (/) sont soudées entre elles , comme ces dernières le sont avec la tritoverlèbre de la côte suivante {l"'), de sorte qu’entre vi 7 et v 7, il reste un trou. On n’aperçoit plus qu un petit rudiment ( ff) de la pièce sternale supérieure de la côte antérieure. Viennent ensuite deux tritovertèbres soudées {l"' l") avec les deux afcs costaux v 7 , iv 7 , qui ailleurs se développent en cartilage thyroïde , mais ici répètent assez bien la simple lorme costale des Reptiles les plus inférieurs. Peut- être trouverait-on des branchies à ces côtes , chez les embryons de Tortue. Enfin on aperçoit les deux protovertèbres posté- rieures très- oblitérées (ni 7, 11 7), qui produisent le cartilage ciicoïde et les cartilages aryténoïdes , mais qui cependant , comme les premiers anneaux du squelette trachéal , remontent au dessus des tritovertèbres de la quatrième et de la cinquième splanchuocôte. Nulle part on n aperçoit de rayonnemens d’aucune espèce à ces anneaux protovertébraux. DCXXIII. Le splanclmosquelette du tronc n’est développé , comme chez les Sauriens, que dans les anneaux de la trachée- artère et des branchies. 11 n existe aucun vestige de splanclmosquelette à la région pelvienne. C. Derm.vtosquelette. DCCXXI\ . La conformation du dermatosquelette offre les particularités les plus remarquables chez les Chélonicns , et , 502 squelette des reptiles. ce qui la distingue surtout ici, c’est quil se développe , non pas seulement des plaques cornées, mais même des plaques osseuses , comme parties constituantes du squelette cutané. Nous en trouvons la cause dans ce que les Reptiles et les Mol- lusques, de même que les Oiseaux, répètent les animaux arti- culés , en sorte qu’ils doivent représenter aussi les formations particulières à cette classe inférieure. Ainsi , comme le dé- veloppement des plumes était appelé , dans le dermatosque- lette des Oiseaux, par la nécessité de reproduire lesrayonne- mens de la peau des Insectes , de même les Reptiles doivent nécessairement répéter les coquilles calcaires qui entourent le corps des Mollusques. Dès lors , nous concevons très-bien la formation de leur carapace et de leur plastron. DCCXXV. Examinons d’abord le dermatosquelette osseux au tronc , où , par analogie avec les Mollusques , il se développe d’une manière plus complète , et acquiert plus de solidité , afin d’envelopper les viscères abdominaux, quoique d’ailleurs il permette à l’animal de retirer ses membres et même sa tête sous ce test général , absolument comme le fait un Limaçon qui rentre dans sa coquille. Le dermatosquelette du tronc consiste d’abord en une cou- che cartilagineuse commune , qui s’applique immédiatement aux os du névrosquelette , notamment aux vertèbres et aux côtes rachidiennes , ainsi qu’au sternum scapulaire et au ster- num pelvien. Peu à peu , un certain laps de temps après que l’animal a quitté son dermatosquelette primitif ou la coquille de l’œuf , cette couche s’ossifie, et alors elle se divise normale- ment en certains segmens , d’après la segmentation du névro- squelette. La pl. xxvii, fig. xxi, représente la disposition de ce dépôt , qui naturellement rend impossible le développement de tous les muscles rachidiens et pectoraux extérieurs ( & est la couche osseuse du dermatosquelette, et 8 la couche de corne qui recouvre cette couche osseuse en dehors). On voit, lig. xix et xx , comment le lest osseux se divise ordinairement en pla- ques. Ces figures montrent que, dans la plupart des cas, deux deutovertèbres supérieures sont couvertes et unies par une pjaque médiane , tandis que deux arcs proto vertébraux le sont par une plaque latérale. Cependant il est facile de reconnaît! e, SQUELETTE DES REPTILES. 5o3 même à la carapace d'une Tortue adulte , et en pratiquant une coupe transversale à cette dernière , que la substance de la plaque surajoutée du dermalosquelette diffère tout-à-fait de l’os costal (d). DCCXXVI. A l’egard des formations cornées du dermato- squelette au tronc , elles ressemblent beaucoup à celles des autres Reptiles , notamment des Sauriens. Les unes entourent les régions enveloppées par le dermalosquelette osseux , la segmentation de leurs plaques se réglant sur celle des plaques osseuses. Les autres forment des anneaux , c’est-à-dire des protoverlèbres de petites plaques (écailles), la plupart du temps affectant des figures géométriques , autour des autres régions du tronc (le cou et. la queue), ainsi qu’autour des membres , et, la plupart du temps , elles se terminent, à l’ex- trémité de ces dernières, par des productions simplement co- niques, c’est-àTdire par des ongles. Du reste , le dermatosquelette corné n’offre pas plus de for- mations rayonnantes que le dermatosquelette osseux (2). DCCXXVII. Le dermatosquelette de la tête donne lieu aux mêmes considérations que celui du tronc , chez les Chéloniens. En effet, nous le trouvons développé en plaques cornées, qui sont placées , tantôt sur des parties molles (muscles et autres) , tantôt sur des os. Assez souvent aussi il forme , aux os du né- vrosquelette , des prolongemensqui se comportent absolument de même que les plaques osseuses du dermatosquelette osseux (1) Comme on peut s’en convaincre dans mes Tabul illustr., cah. Il, pl. h. V. dans Bojanus, Anat. testud., le dépiécement général de la ca- iapace et du plastron delà Tortue d’Europe, sans mélange toutefois avec aucun os du névrosquelette. (2) Je ne puis passer ici en revue la multitude de modifications diverses que les formations cutanées cornées offrent dans les différentes espèces, et je dois me contenter d’avoir fait connaître en général quelle est leur signifi- cation. Mais certainement l’anatomie philosophique doit se promettre une ample récolte de recherches ayant pour uhjet les angles réguliers que pré- sentent souvent les grandes plaques du tronc, l’absence des écailles dans les tortues coriaces, et la résolution delà substance cornée en formations pileu- ses , par exemple dans la Chelys fimbriata , et plus encore dans la Tortue velue du Japon , que Tilesius a décrite. 5o4 SQUELETTE DES OISEAUX. au tronc , et qu’on doit considérer connue des indices d’un clermatosquelette osseux à la tête. DCCXXV1II. Les plaques cornées ont ordinairement des for- mes géométriques pures , tels que hexagone , pentagone , etc. Souvent elles reflètent , dans leur segmentation , comme chez d’autres Reptiles (§ DCXLI Y) , des parties profondément situées, par exemple les divisions de la masse cérébrale, celles de pièces osseuses , etc. C’est autour de l’ouverture de la bouche qu’ elles s’épaississent le plus ; elles y deviennent en quelque sorte des ongles delà mâchoire supérieure et de la mâchoire inférieure (§DCCXXI), et elles s’y réfléchissent en dedans pour constituer les plaques antérieures du splanchnosquelettc de la tête (pl. xxx, fig. xvn, A). DCCXXIX. On doit considérer comme plaques osseuses du dermatosquelette à la tête , dans les Chelonia surtout , les grandes expansions latérales des pariétaux et les expan- sions latérales des jugaux. Les premières ne recouvrent pas le cerveau , mais bien les fosses temporales ( fig. xvi xx ) , et les dernières ressemblent parfaitement aux côtes élargies par l’adjonction des plaques du dermatosquelette. Il suffit de comparer la fig. xvi , pl. xxx , ou le crâne d’une Tor- tue franche , vu par le côté occipital , avec la fig. xxi , pl. xxn , pour se convaincre que le rapport entre les plaques et les deulovertèbres est le même à la tête qu’au tronc. CHAPITRE VII. Squelette des Oiseaux. DCCXXX. La structure du squelette des Oiseaux est parfai- tement déterminée , quant aux particularités qu’elle présente , par la situation que cette classe occupe dans la série des ani- maux. Les Oiseaux sont des Céphalozoaires chez lesquels pré- domine la région thoracique ; ils répètent la lormation des Insectes, la formation respiratoire se développe en eux au plus haut degré, et les organes centraux de leur système nerveux arrivent aussi à un degré sensiblement plus parlait que dans les classes précédentes. C’est ce qui explique SQUELETTE DES OXSEÀUX. 5ü5 1° Pourquoi le squelette de la surface respiratoire primaire, la peau , a dû acquérir ici un développement des plus consi- dérables et des plus diversifiés , mais seulement toutefois sous la forme de parties cornées, qui appartiennent essentiellement au dermatosquelette ; 2° Pourquoi la respiration s’étend jusque dans les cavités du névrosquelette et du dermatosquelette , comme repiration pul- monaire dans celles du premier , et comme respiration bran- chiale dans celles du second, à cause de sa dignité moinsélevée; 3° Pourquoi les principales régions respiratoires du corps , la poitrine et le cou, ont acquis une si grande prédominance; 4° Pourquoi le névrosquelette , par correspondance avec le grand développement du système nerveux , offre un type su- périeur et particulier , qui , en outre , demeure plus uniforme dans tous les ordres. I. Nêvràsquelette. A. Squelette du tronc. DCCXXXI. Ici , comme partout, c’est la deutovertèbre pa- rallèle du côté tergal , avec ses protovertèbres parallèles et rayonnantes , qui procure le plus de lumière sur les parti- cularités de cette portion du squelette. Examinons donc la division , le nombre et la conformation des vertèbres rachi- diennes. S’il découlait de la signification du squelette des Chéloniens que leur colonne rachidienne entière consistât uniquement en vertèbres tergales , et parût correspondre à la région abdomi- nale (§ DCCII) , il résulte de celle du squelette de l’Oiseau que cette colonne doit sembler correspondre seulement à la région respiratoire. On s’en convaincra par l’examen de tout squelette quelconque d’Oiseau : car on voit la colonne vertébrale se di- viser toujours en deux grandes portions, qui ne sont destinées l’une qu’au cou(l) et à la poitrine ( c’est-à-dire à la région de (i) On conçoit que la région cervicale soit si extraordinairement dévelop- pée ici, lorsqu’on réfléchit que le cou est la région de la trachée-artère, et que les Oiseaux répètent les Insectes, qui n’ont que des trachées , sans poue Wons. * 5o6 SQUELETTE DES OISEAUX. la respiration aérienne ) , l’autre qu’au sacrum et à la queue ( c’est-à-dire à la région de la respiration allantoïdienne). La seule division naturelle , que confirme d’ailleurs la légitimité de ses rapports numériques, est donc celle en vertèbres cervi- cales , thoraciques , sacrées et coccygicnnnes , dont le rapport numérique idéal , diversement varié dans lesdifférens genres , est de 12 I G ! 12 I 0 ( pl. xxvm , fig. i ). La région digestive du tronc ( épigastrique et hypogastrique ) n’est donc point réellement représentée par des segmens’particuliers de la co- lonne vertébrale , et elle paraît englobée d’un côté dans la ré- gion thoracique, de l’autre dans la région sacrée. Du reste , un trait caractéristique , et qui annonce aussi un développement supérieur, consiste dans le petit nombre des vertèbres coccygiennes , qui se réunissent en un membre terminal impair , tandis que, chez les Poissons et les Reptiles , ce membre prenait encore en général une très-grande exten- sion, par antagonisme avec l’oblitération de la région cervi- cale (1). DCCXXXII. Quant à la formation de ces vertèbres, la deuto- vertèbre est partout développée en un fort anneau complète- ment fermé ; elle ne s’oblitère que vers la région delà queue, comme dans les classes précédentes , mais de telle manière néanmoins que, jusqu’à l’avant-dernière vertèbre caudale, elle continue toujours à consister en un anneau complet , qui seu- lement est très-petit. Je ne connais d’exception que chez la Rhea americana , où les premières vertèbres caudales sont extrêmement oblitérées aussi dans leurs deutovertèbres jus- que derrière la soudure avec les ischions , après quoi elles redeviennent parfaites. Ici , de même que partout , il y a antagonisme prononcé entre le développement proportionnellement plus considérable (i) Les rapports Homériques des vertèbres varient sans doute beaucoup dans les divers genres , de sorte que , d’après Meckel et Cuvier, on en trouve 9 à 24 au cou, 7 à ri au thorax, 8 à 24 au sacrum, et 5 A 9 à la queue. Cependant le nombre total demeure toujours flottant entre 36 et (io, de sorte que le type supérieur de l'organisation s’exprime aussi par moins de fluctuation dans les rapports numériques, qui, chez les Reptiles pai exem- ple, variaient encore de 10 à3oo. SQUELETTE DES OISEAUX. OO7 de cette dernière, c’est-à-dire du corps vertébral, vers les ver- tèbres de la queue, et son développement proportionnellement plus faible vers les vertèbres de la poitrine correspond donc au rapport précisément inverse qu’offrent les deulovertèbres, dont la plus antérieure , l’atlas , apparaît presque comme un simple anneau , sans corps vertébral. On trouve toutes les espèces de tritovertèbres rayonnantes ou apophyses épineuses. Les médianes supérieures sont plus souvent développées que toutes les autres. En général, les impaires supérieures et inférieures sont plus fortes que les latérales , ce qui est pré- cisément le contraire de ce qu’on voit chez les Reptiles ( § DLXXIX ). Les médianes inférieures se développent aussi beaucoup aux vertèbres thoraciques , de même que parfois aux vertèbres sacrées ou cervicales. La dernière vertèbre caudale , dont la dsutovertèbre se trouve totalement oblitérée, se borne par là à produire des épines médianes, supérieures et inférieures, ce qui lui donne la forme d’un soc de charrue. Parmi les épines latérales , les inférieures ( apophyses trans- verses ) sont , par antagonisme , celles qu’on voit le plus sou- vent développées ; il est plus rare d’observer les supérieures. Ordinairement aussi ces tritovertèbres rayonnantes sont plus fortes , par opposition avec la deutoverlèbre oblitérée ; de là , par exemple , la grandeur des apophyses transverses des ver- tèbres caudales (pl. xxvm, fig. i ) (l). DCCXXXIII. L’union des vertèbres rachidiennes s’effectue essentiellement par le moyen des tritovertèbres parallèles in- férieures. Cependant on ne trouve pas plus de fossettes dico- niques ici que chez les Reptiles supérieurs ; mais on y voitdes surfaces articulaires, qui ne conservent la forme arrondie qu aux régions oblitérées du rachis ( à la queue ) ; car , aux autres régions, elles sont plutôt carrées que rondes, et au cou elle produisent une sorte de charnière. Ce qu’il y a de plus remarquable , c’est que les vertèbres sacrées sont totalement soudées ensemble , et que les thora- ciques le sont aussi en partie , de la même manière qu’il ar- (1) V. aies Tabul. illustr., cah. Il , pl. Vi, Cg. Ix. 5û8 SQUELETTE UES OISEAUX. rive à celles du crâne. Cet état de choses doit d’autant mieux être considéré comme une répétition de l’adhésion mutuelle constante des vertèbres crâniennes , que la moelle épinière commence à prendre dans ces régions, un développement cé- rébriforme , qui néanmoins ne s’achève point. Au reste , ce qui démontre encore que ces vertèbres rachi- diennes si développées appartiennent aux régions respira- toires , c’est que l’air pénètre réellement dans toutes , et qu’il n’y a que le commencement et la fin du rachis, la dernière vertèbre caudale et la première cervicale, qui fassent réguliè- rement exception à cet égard. Enfin la direction de l’ensemble de la colonne rachidienne présente une particularité importante : car le rachis aban- donne l’horizontalité simple qui régnait encore dans les classes précédentes; on voit apparaître des flexions onduleuses, in- diquées par la disposition des surfaces articulaires , et la ré- gion cervicale en particulier s’élève partout à une direction presque perpendiculaire. DCCXXXIY. Les protovertèbres du tronc apparaissent ici sous la forme tantôt de côtes parfaites , tantôt de côtes incom- plètes , dont il ne s’est point développé soit les pièces tergales, soit les pièces sternales , tantôt enfin d’arcs protovertébraux pour des rayonnemens de membres , c’est-à-dire pour des os de bassin et d’épaule. Les côtes proprement dites ne peuvent , d’après leur signi- fication , se développer que là où la région respiratoire a pris le plus de développement, c’est-à-dire à la poitrine; cependant la prédominance de la région cervicale elle grand développe- ment des protovertèbres du splanchnosquelette à la trachée- artère font qu’il y en a peu. Le nombre normal des côtes thoraciques est de trois ou de six ( pl. xxxiii , fig. i ) , avec diverses variations suivant les genres. Quant à leur formation , elles ressemblent beaucoup à celles des Reptiles supérieurs, particulièrement des Sauriens. On remarque surtout l’ossification constante de leurs pièces ster- nales inférieures, qui se détachent toujours des pièces ster- nales supérieures , et ne sont unies avec elles que par des SQUELETTE DES OISEAUX. 509 membranes , ce qui rend possibles les forts mouvemens respi- ratoires du thorax. La pièce sternale supérieure et les deux pièces tergales ne font qu’un , et l’écartement en forme de fourche des pièces tergales supérieure et inférieure ( tête et tubérosité de la côte ) correspond à celui des racines supé- périeure et inférieure du nerf rachidien ; nous l’avons déjà re- marqué chez les Sauriens ( pl. xxvn, fîg. xvi). Les côtes parfaites sont creuses et pleines d’air ( pl. xxvm, fîg- » ) (4). Du reste, elles offrent une particularité remarquable. Entre la pièce sternale supérieure soudée et la pièce tergale infé- rieure ( pl. xxvm , fig. n , 3, 2 ), c’est-à-dire à l’endroit où peut se développer une deutovertèbre parallèle , on aperçoit constamment un appendice osseux plat , qui ne tient pas tou- jours à la côte, et qui s’étend en arrière jusqu’à la côte sui- vante ( pl. xxxiii , fig. 2, a , et fîg. i , p ). Cet appendice ne peut être considéré autrement que comme le rudiment du corps vertébral d’une deutovertèbre parallèle latérale ( pl. xxii , fig. xv, B ) , qui d ailleurs ne se développe jamais chez les Céphalozoaires , et ce qui le prouve, c’est l’union qu’il établit entre deux côtes. DCCXXXY. Lesarcsp-ofoz?er£éiraîi.'rdeviennent incomplets , d’abord par Y oblitération des pièces sternales. C’est ce qui ar- rive surtout à la région cervicale. Toutes les vertèbres cervi- cales, jusqu a la première, portent des rudimens de côtes ( pl. xxvm, fîg. n , 4, 3 ), qui se soudent avec les corps et les apophyses transverses , et forment ainsi les trous de ces der- nières (fig. n, p ) par lesquels passent les artères vertébrales (2). (i) V. la figure d’une de ces protovertèbres complètes dans mes Tabul. i/lustr., cah. II, pl. iv, lig. Iv. (a) C’est seulement après avoir reconnu que ces trous sont formés de chaque côté, par des rudimens de protovertèbres, qu’on conçoit bien leur signification par rapport aux artères ou aux formations centrées de la vie plastique. De même que les arcs aortiques des vertèbres caudales sont de simples rudimens de protovertèbres qui entourent la principale artère pos- térieure simple, de meme aussi ces doubles rudimens tje protovertèbres em- brassent les deux branches de la principale artère antérieure. L’admission du système ganglionnaire dans ce canal est aussi une répétition de la marche qu’il suit dans la cavité du tronc. 5lO SQUELETTE DES OISEAUX. Du côté de la poitrine , ces rudimens deviennent plus grands (pl. xxviii , fig. i, 77 ), et se détachent mieux des vertèbres; on a coutume alors de les décrire sous le nom de fausses cotes antérieures. Les arcs protovertébraux imparfaits se comportent d’une ma- nière précisément inverse derrière la poitrine. Là c’est ordi- nairement X oblitération des pièces ter gales qui a lieu. De cette disposition , qui rappelle les fausses côtes abdominales du Crocodile, résultent des os ordinairement plats, rudimens des pièces sternales , qui tantôt demeurent perdus dans les chairs ( pl. xxvm , fig. 1,7), tantôt se soudent avec l'extré- mité de la colonne vertébrale sternale ( pl. xxvm , fig. ni g ) , comme les fausses côtes antérieures le font avec les vertèbres cervicales. Les fausses côtes postérieures ne contiennent généralement point d’air, tandis que celles des vertèbres cervicales admet- tent ce fluide dans leur intérieur, circonstance qui n’est pas non plus sans signification. La forme la plus contractée des protovertèbres oblitérées que nous avons si souvent rencontrée , sous les vertèbres cau- dales des Poissons et des Reptiles, constituant des arcs aor tiques , se voit rarement ici , où la colonne vertébrale caudale est oblitérée’( pl. xxvm, fig. 1 , 7" ). Cependant j’ai trouvé ces arcs assez développés dans quelques espèces , par exemple dans le Vautour gris. On aperçoit moins souvent des rudimens de cette espèce sur les côtes des vertèbres caudales ; la chose a lieu toutefois dans la Cresserelle , où ils figurent évidem- ment des rudimens de côtes. DCGXXXVI. Arcs protovertébraux pour le rayonnement de membres. Ici également on aperçoit un antagonisme bien pro- noncé entre les arcs de la région pulmonaire et ceux de la région allantoidicnne. Les premiers , pour correspondre à la prédominance de la respiration aérienne, acquièrent une force extraordinaire , et se ferment d une maniéré complète , par le moyen de la vertèbre sternale inférieure. Les autres se déve- loppent moins , et ne se ferment jamais par une vertèbre slei- nale inférieure ; ils demeurent meme généralement ou\erts par le bas. SQUELETTE DES OISEAUX. 5ll La formation des os de l’épaule dans les Sauriens et les Chéloniens est le prototype le plus exact de celle de ces mêmes os chez les Oiseaux ; seulement ici , les arcs protovertébraux n offrent pas de pièces tergales, dont les rudimens sont sou- dés avec les vertèbres cervicales. Aussi la ceinture scapulaire ne s’unit-elle plus avec le rachis ; elle se compose d’une pièce sternale supérieure simple ( omoplate, pl. xxvm, fig. m et i r), et de deux pièces sternales inférieures (1) , l’une anté- rieure , plus mince , et ordinairement non soudée avec le ster- num ( vraie clavicule,, fi g. m et i s ) , l’autre postérieure, plus forte , et toujours unie de la manière la plus intime avec le sternum ( os coracoïde, fausse clavicule, fig. m et if), que Cuvier , Tiedemann et autres regardent à tort comme l’ana- logue de la clavicule humaine. Une chose digne de remarque, c’est qu’ici , comme chez plusieurs Sauriens , le Crocodile par exemple , les os de l’épaule s’oblitèrent ; on peut s’en con- vaincre chez les Oiseaux qui ne volent pas ( Casoar ,, Rhea , Autruche). Des deux pièces sternales inférieures, c’est tou- jours l’antérieure ( vraie clavicule ) qui s’oblitère ici la pre- mière , tandis que nous verrons l’inverse avoir lieu chez les Mammifères. Du rêste , en pareil cas , la pièce sternale supé- rieure et l’inférieure se soudent toujours aussi en une seule pièce , comme il arrive à l’os de l’épaule des Tortues ou des Raies (2). (1) On doit se rappeler qn’il y a tendance déterminée à la scission de celte protovertebre , puisqu’elle réunit , en idée , les pièces sternales de tonte la région cervicale, unité de laquelle tendent à ressortir de nouvelles divi- sions. (2) La capsule articulaire de l’épaule offre encore, dans plusieurs familles de cet ordre, un os particulier (pl. xxvm, fig. m, D) , dont on doit la pre- mière description à Nitzsch , et sur le compte duquel Mcckel propose plu- sieurs interprétations diverses. Je suis convaincu qu’on ne peut le rapporter à aucune des parties primaires de la ceinture scapulaire, et qu’il est du nom- bre des ns interarliculaires dont j’ai dit précédemment qu’ils peuvent se développer à toute capsule articulaire , et qu’en effet ils se manifestent sou vent sons la forme d’os sésamoïde , d’olécrane ou de rotule. Du reste s’il en apparaît un ici dans une articulation qui, nulle part ailleurs n 'offre m-n de pareil , c’est parce que, dans aucune autre classe non plus cette nr ticulation ne présente un appareil musculaire aussi développé; car l’os 5 11 SQUELETTE DES OISEAUX. DCCXXXVII. La seconde protovertèbre pour le rayonne- ment de membres , ou la ceinture pelvienne , se divise en pièces sternales supérieure et inférieure , attendu que les pièces tergales sont également oblitérées ici , ou représentées par les larges apophyses transverses des vertèbres sacrées. La pièce sternale supérieure ( ilion ) reste simple ; mais , comme elle correspond à la région sacrée , qui est très-longue , elle acquiert une longueur considérable , avec fort peu de lar- geur (pl. xxviii, fig. i , rr). La pièce sternale inférieure se di- vise , comme à l’épaule , en deux portions , l’une postérieure , l’autre antérieure. La supérieure est toujours soudée avec elle ( répétition des os scapulaires oblitérés de l’Autruche ), et l'on n’aperçoit d’autre trace de leur séparation que la non-ossifica- tion du fond de la cavité articulaire. Les pièces sternales infé- rieures ( ischion et pubis , pl. xxviii , fig. i , s s et U ) , qui sont en général moins complètement accessibles à l’air que les su- périeures , s’étendent fortement d’avant en arrière , à partir de leur union avec les supérieures ; elles sont longues, cosliformes, et presque parallèles à ces dernières ; elles se soudent , tant entre elles qu’avec les supérieures , en s’oblitérant vers leurs extrémités, et demeurent d’ordinaire ouvertes par le bas, à l’instar de fausses côtes. Des soudures dont je viens de parler résultent un trou entre l’ilion et l’ischion , et un autre entre l’ischion et le pubis. Cependant , chez l’Autruche , la portion antérieure ( les os pubis ) se soude a 1 arcade pubienne en une protovertèbre close , tandis que les portions postérieures ( ischions ) ne s’unissent ni entre elles ni avec les fiions. L in- verse a lieu dans la Rhea americana , où les ischions sont for- tement dirigés en arrière, et soudés, tant entre eux qu’avec les vertèbres caudales , en une large et longue surface osseuse , tandis que les pubis , unis aux ischions, demeurent tout-à-fait distincts l’un de l’autre (1). manque souvent (par exemple dans les Strnlhioniens, les Palmipèdes et les Échassiers) , lorsque le vol et ses organes s’oblitèrent. fi) Cette dernière disposition des arcs protovertébxaux du bassin est sur- tout remarquable en ce qu’elle explique très-bien une des directions les plus insolites que puissent prendre des os cosliformes , savoir, celle de san- nexer à la colonne deutovertébralc dans le sens de leur longueur , et u SQUELETTÈ DES OISEAUX. 5j3 DCCXXXMII. Après avoir étudié les diverses formes de la protovertebre du tronc, passons a la colonne vertébrale sternale , qui d ordinaire ne se développe que sur les points où la proto vertèbre ne se ferme pas complètement. Chez les Oiseaux , comme partout , la nature ne s'élève pas, sur le côté terrestre ou inférieur de la protovertèbre du tronc , au-delà de la formation de tri to vertèbres , et celles-ci même n acquièrent un développement complet qu’à la région des membres thoraciques , où elles deviennent en effet d’une foi ce extraordinaire. Sous ce rapport même , aucune autre classe ne peut être comparée à celle -des Oiseaux, quoiqu’on voie déjà quelque chose d’analogue dans les Sauriens. Ici la colonne sternale se distingue par la production de tritovertè- bres rayonnantes, indépendamment des tritovertèbres paral- lèles ordinaires. DCCXXXIX. La pièce qui se développe le plus est toujours le sternum scapulaire. Ce sternum prend la forme d’un grand os, simplement conique , qui se termine en pointe par der- rière, précisément parce qu’il n’y a point là d’autre tritover- tebre à laquelle il puisse s’adosser ( pl. xxviii , fig. m , j ). Sa pointe postérieure est enclavée entre les deux clavicules. Il correspond à la partie supérieure de la poignée du sternum humain. Ordinairement , à cette tritovertèbre parallèle il s’en développé une rayonnante inférieure, en forme d’apophyse epmeuse inférieure ( fig. i , u) , qui ne disparaît que quand le rayonnement s’affaiblit à la région pectorale , comme dans 1 Autruche et le Casoar. Le sternum scapulaire est toujours creux et plein d’air. DCCXL Le grand développement d’une partie entraînant partout 1 oblitération d’une autre, celui du sternum scapulaire s unu. ensemble , dans le même temps qu’ils s’adjoignent an rachis, d’où résulté que la symphyse se trouve derrière et au dessus de la cavité viscé- rale, qu. partout adleurs est complètement entourée par la protovertèbre. De pareilles directions , qu^on rencontre surtout aux côtes céphaliques peuvent rendre la protovertèbre tout-à-fait méconnaissable; il faut donc les cuber de préférence là où leur signification se prononce encore d’une ma- ntere assez positive , afin de pouvoir les reconnaître dans des circonstances ou les rapports deviennent plus compliqués. Ht. 33 5 1 4 squelette des oiseaux. oblige le sternum costal à demeurer dans des conditions rudi- mentaires. Ce sternum , qui a toujours de la tendance à se dé- velopper en une colonne tritovertébrale simple , qui répond à la partie inférieure du manche et au corps du sternum hu- main , et qui déjà se composait de larges plaques osseuses dans les Sauriens , n'est représenté ici que par une plaque os- seuse, divisée en portion antérieure et portion postérieure, que le prolongement postérieur du sternum scapulaire oblige à s’écarter en deux moitiés latérales ( pl. xxvm , fig. ni , w). Çette conformation fort remarquable est une nouvelle preuve du développement extraordinaire de la poitrine dans 1 Oiseau. Comme si le volume des vertèbres thoraciques ne permettait point aux arcs protovertébraux de se former, la cavité pectorale demeure fendue en devant , de même que chez les monstres humains dont le cœur se trouve à nu ; des rudimens de co- lonne tritovertébrale se développent à droite et à gauche au sternum costal , et la persistance de la fente fait que le ster- num scapulaire s’allonge et s’étend en arrière. Ce même mode de formation permet qu’il arrive aussi au sternum des Oiseaux ce que les fœtus humains monstrueux offrent assez souvent aux tégumens du bas-ventre , et plus rarement à ceux de la poitrine , c’est-à-dire que les viscères demeurent hors de la cavité du tronc , dans les tégumens abdominaux distendus en manière de sac. Ce n’est qu’en se plaçant sous ce point de vue qu’on parvient à concevoir la formation , autrement inexplicable , du sternum de la Grue , dans lequel on sait que des circonvolutions de la trachée-artère se trouvent renfermées (1) , absolument comme des circonvolutions d’intestin le sont dans une exomphale con- géniale ( pl. xxvm, fig. x,q,w,u). J’ai déjà dit plus haut qu’ordinairement on aperçoit, sur les deux moitiés latérales du sternum costal, en arrière, desrudi- (r) Ces circonvolutions libres de la trachée , précisément parce qu’on doit les considérer comme une sorte de hernie, ne sont pas toujours renfermées dans des os. Lesson et Garnot ont décrit dans la Barita Keraudi enii une longue circonvolution qui descend , hors du sternum ; jusque sur les tegu mens du ventre. SQUELETTE DES OISEAUX. 5l5 mens de pièces sternales inférieures de fausses côtes posté- rieures ( fig. ni , Y). Ces rudimens sont presque toujours unis par la peau avec les apophyses médianes postérieures, et for- ment ainsi les grandes ouvertures qui se voient à la partie pos- térieure du sternum , chez. la plupart des Oiseaux. Le sternum costal est également plein d’air, tant à cause de son ouverture qu’en raison de son union avec le sternum scapulaire. DCCXLI. 11 n existe point de sternum ventral ni de ster- num pelvien chez les Oiseaux ; on en aperçoit seulement des vestiges dans quelques espèces, celles surtout qui se rappro- chent déjà des Mammifères. Ainsi, dans l’Autruche, un appen- dice cartilagineux postérieur du sternum indique le sternum ventral , et un cartilage dirigé en avant de la symphyse pel- vienne annonce le sternum pelvien. Ces cartilages n’admet- tent jamais l’air dans leur intérieur. DCCXLII. A 1 égard des rayonnemens de membres , ils sont exclusivement bornés aux régions respiratoires antérieure et postérieure du tronc. On ne trouve que des colonnes verté- brales paires et rayonnant latéralement vers le bas. Tous les autres membres possibles, le médian supérieur , le médian inférieur et les latéraux supérieurs, manquent; le membre terminal impair du rachis , la colonne vertébrale caudale est lui-même peu développé, Mais l’antagonisme entre les mem- bres antérieurs et postérieurs ne s’en trouve que plus pure- ment exprimé , et ces membres n’en acquièrent aussi que plus de développement , à tel point que, dans nulle autre classe , ils ne sont plus volumineux en proportion du tronc. Comme la région respiratoire antérieure du tronc est destinée à la respin ration de l’air, et la postérieure à celle de l’eau, de même aussi les membres antérieurs se développent en organes loco- moteurs dans l’air ( ailes) , et les postérieurs en organes loco- moteurs sur la terre ou dans l’eau ( pattes ). Dans les uns et les autres , mais surtout dans les premiers , l’os de l’article suné- rieur est accessible à l’air ; ceux de l’article inférieur et de article terminal le sont plus rarement ; cependant ils admet- tent 1 air chez les Calao , suivant Nitzsch. Partout , dans les deux paires , se développent les trois articles d’une colonne 5l(3 SQUELETTE DES OISE VUX. Vertébrale complète de membre ; seulement les divisions de celle colonne dans le sens de sa largeur sont proportionnelle- ment plus faibles , soit parce que l’extension cfu’a prise le membre en général semble entraîner nécessairement à sa suite l’oblitération d’un certain côté de son développement , soit parce que la force des rayonnemens du dermatosquelette, surtout aux membres antérieurs , limite la segmentation du névrosquelette , en vertu de la loi de l’antagonisme. DCCXLHI. Chaque membre antérieur se divise , suivant sa longueur , en articles supérieur , médian et inférieur ; dans le sens de sa largeur, sa division est très-simple, l’article supé- rieur étant unique , le médian double, et l’inférieur triple. Ne pouvant indiquer ici toutes les formes particulières de ces os, je me bornerai à énumérer ce qu’ils offrent de plus général dans leurs rapports. La tritovertèbre de l’article supérieur (humérus) , qui man- quait encore chez les Poissons , devient ici l’os le plus consi- dérable et celui qui est le plus complètement accessible à l’air. Elle perd la forme de dicône , et prend celle d’un cylin- dre , même un peu contourné ( pl. xxvm, fig. i, a ). Je ne puis dire si l’os que Meckel décrit au bras du Puffmus arcti- cus n'est qu’un tendon ossifié , ou s’il offre l’exemple remar- quable , et unique en son genre , d’une tritovertèbre rayon- nante mobile au corps vertébral de ce membre ( d’après le type pl. xxii , fig. xv , x ). L’article supérieur s'unit sans interarticle avec l’inférieur , dont les deux trito vertèbres, peu différentes delà sienne , mais cependant plus faibles ( radius et cubitus , immobiles l’un sur l’autre et réunis par des ligamens ), représentent également des cylindres non courbés ( pl. xxvm , fig. i , y , y‘ )• L’article terminal est remarquable en ce qu’on y voit alter- ner la division et la réunion de ses tritovertèbres. En effet, il se partage en articles carpiens , métacarpiens et digitaux , qui se subdivisent de la manière suivante : d° Le carpe , en rudiincns interne et externe de vertèbres , qui demeurent séparés ( s , 4,2). 2° Le métacarpe , en pièces interne , médiane et externe , qui sont soudées ensemble ( z ' , 1,2, 3 ). SQUELETTE DES OISEAUX. 5l ~j 3° Les doigts, en interne, médian et externe , qui demeu- rent distincts ( tz, 1, 2, 3 ), et dont il n’y a ordinairement que le médian qui se prolonge en une colonne composée de deux vertèbres ( tz , 2'); quelquefois cependant il s’ajoute encore au doigt interne simple un article onguéal conique (4). DCCXLIV. Les membres postérieurs attestent leur dévelop- pement moins avancé par la moins grande régularité qu’ils suivent dans leur division progressive. L’article supérieur ( fémur ) est également gros , un peu con- tourné, cylindrique et accessible à l’air ( w). Il est rare qu’on ne trouve pas un interarticle ( rotule ) , qui même est double, dans l’ Autruche, suivant Meckel. Outre cette ossification à l’extérieur de la capsule articulaire , on aperçoit encore des cartilages semilunaires dans l’intérieur de celle-ci. L’article inférieur, dans lequel l’air ne s’introduit généra- lement pas , non plus que dans le terminal , se partage , comme à la poitrine, en deux os, tibia ( Cette côte auditive embrasse donc l’organe auditif, comme dans les ? 655 ,clenc0I-e ™us retrouvons, au milieu de l’organe sensoriel , des * !S °u répétitions des parties Squelettiques environnantes, dans les ossifications intérieures , qui ressemblent parfaitement à celles des Reptiles et qu. se présentent aussi constamment sous la forme de columelle diconiqué Je la eai.se do tympan ( p,. „„ , ^ sfafaJ ^ (f. an ,»„■ f,„ cification, imi,ie0«,, „{œ, ,0. 00nd,n!a|i()nj amylacées dans 1 intérieur de la vertèbre auditive. (OC.» O. «». également ,,o„ de, dénomination, et d.» i„,„p,é,,ti„„, ti,»-,l,,e,»ti,. La pin, eonnne de ee, detnieee, est oeil, ootol J. Meck„ Ceomo, Saint-liilatre et Sptx le, appelle,,, * ,fhénoUe ' quo.qu ils ne correspondent qu’à la lame externe de celles-ci h 1™ - , ’ ( èamiilus pterjgoideus ) étant la côte sincipitale. ’ • 6 mlerne ^6 SQUELETTE DES OISEAUX. prononcée aussi comme arc protovertébral. Souvent même elle paiait manquer tout- à-fait , par exemple chez les Palmipèdes, les Gallinacés , les Passereaux et les Rapaces (pl. xxxi , fig. i’ ). Cependant, lorsqu on y regarde de près, on trouve, chez les jeunes sujets , les Poulets surtout , un os filiforme , qui se soude avec l’apophyse zygomatique de l’os temporal et du maxillaire supérieur , et qui complète l’arc osseux grêle au- quel on donne ordinairement et à tort le nom de jugal. Je ne connais que le Psittacus bristatns et la Bécasse où , comme chez les Poissons osseux réguliers , il forme au dessous de l’œil un arc osseux complet , qui , par sa séparation d’avec l’arc osseux situé au dessous de lui (ig"'), annonce qu’il con- stitue une formation particulière (1). DÇCL1X. Lescoies sincipitales des Oiseaux ( pl. xxxi, fig. i, m g) sont réunies en une seule pièce avec les premières côtes faciales (îvg) , de même quelles l’étaient avec les côtes cen- tricipitales chez les Chéloniens. Cette paire de côtes réunies , qu’on a coutume d’appeler os palatins tout court', quoiqu’elle représente les palatins antérieurs et médians , dénote manifes- (i) I.e plein arc osseux du Kakatoès et de la Bécasse est rapporté par Meckcl à l’os lacrymal ; mais la force de cet arc autorise à admettre en lui des points spéciaux d’ossification , qu’on retrouvera sans doute chez les jeunes sujets. S’il n’y en avait point, et que les arcs appartinssent réellement à l’os lacrymal , on retrouverait à coup sûr ici , dans l’arc osseux inférieur, les pièces médianes qui seules, chez les autres Oiseaux , peuvent être consi- dérées comme rudimens de l’os jugal. Geoffroy donne au vrai rudiment de l’os jugal le nom de pièce antérieure du jugal. On en trouve une belle figure dans Kpix ( Cephalogenesis , pl. iv, fig. iv, où 8 et 9 désignent la paire des côtes auditives, ao la paire des côtés cenlricipitales , i5 la paire des côtes oculaires, ai les paires de côtes sincipitales et nasales, et 12 la seconde paire de cotes faciales ). Le développement, en général maigre et purement fragmentaire, de cette côte oculaire, parait tenir au développement considérable de l’organe du sens de la vue , dans lequel se manifeste avec la plus grande constance une ossification intérieure, dont on voit la représentation pl. xxxi, fig. ir, b, et qui entoure l’hémisphère antérieur de l’œil sous la forme d’un anneau protovcrtébral divisé en 3 X4> et souvent même davantage. Ce type rap- pelle, comme dans les Reptiles , où on le rencontre, le commencement pri» maire du squelette , par exemple l’anneau des Holothuries, SQUELETTE des OISEAUX. 5ïJ tement sa nature costale , comme le font les côtes'centricipi- tales , par la mobilité de son adhésion au corps de la vertèbre sincipitale et de la première faciale. Du reste , elle est telle- ment tirée en largeur '(ou, par rapport à la colonne vertébrale, en longueur ), quelle entre en contact postérieurement avec la côte centricipitale et antérieurement avec la seconde côte fa- ciale. La forme de cet os varie beaucoup. On est surtout frappé, chez les Perroquets , et èn particulier chez les Kakatoès , de f agrandissement de sa partie postérieure, correspondante au erpehet ptérygoidien. Meckel a déjà signalé, connne'üne anar logie avec les Mammifères , son union solide avec les côtes centricipitales dans l’Autruche et le Casoar. Ces côtes ne sont jamais fermées au coté sternal , et on ne peut les considérer que comme produites par des portions tergales. DCCLX. Troisième intercote (os lacrymal , pl. xxxi , fîg. I , mg). Partout elle est fortement développée , et dans aucune autre classe elle n’a un volume aussi considérable , propor- tion gardée avec les autres os de la tête. Son type costal n’ap- paraît pas toujours avec autant d’évidence. Jamais non plus elle n’est mobile. Cependant elle existe presque constamment comme os à part , et dans bien des cas elle ressemble de la manière la plus parfaite aux rudimens de côtes qui tiennent aux vertèbres cervicales , attendu quelle naît , comme elles par deux branches , l’une supérieure , insérée entre les lames tectrices de la troisième et de la quatrième vertèbre cépha- lique , l’autre inférieure , fixée aux lames basilaires de la qua- trième vertèbre céphalique , branches entre lesquelles reste un espace qui entoure le canal lacrymal. Cette disposition est surtout bien prononcée dans l’Outarde , quand on considère la tête de côté , et dans les Faucons. La côte est petite dans les Gallinacés. Chez les Rapaces, elle est très-forte, et sa branche supérieure se prolonge fort loin au dessus de l’orbite (1). DCCLXL Quelquefois il s’insère à celte côte une lame ap- (i) En dedans de cette côte nasale et de la quatrième vertèbre céphalique se trouve l'organe olfactif , dans l’intérieur duquel on aperçoit aussi des ossi- fica.ions on au moins des cartilaginifications internes, représentées nar les cornets du nez. * 528 SQUELETTE DES OISEAUX. pcndiculairo ( écaille sui’cilière , os orbitaire supérieur ) dont j’ai déjà dit ( § DLXXII , note ) que la signification était dou- teuse jusqu’à un certain point. Cependant si nous réfléchissons aux particularités que les côtes des Oiseaux présentent aux régions du tronc , et si nous considérons que là précisément les lames appendiculaires dirigées en arrière (pl. xxvm, fig. h, a) ont en général la signification de tritovertèbres,nous trouverons peut-être de quoi justifier l’opinion suivant laquelle les os orbitaires supérieurs appartiendraient à la même classe que les appendices costaux. Du reste on les rencontre particu- lièrement chez les Rapaces. Cuvier prétend même qu’on en a trouvé plusieurs dans l’Autruche ; si ce fait venait à être con- staté et surtout à se représenter dans d’autres espèces encore, on pourrait finir par regarder la saillie qui surmonte l’or- bile comme la côte proprement dite elle-même , arquée ici en arrière , de sorte que la plaque appendiculaire simple ou multiple représenterait les pièces sternales supérieure et infé • rieure. Lorsque l’on compare l’os lacrymal du Faucon avec une fausse côte du tronc , cette opinion devient réellement très- vraisemblable , quoique je n’ose encore rien prononcer à cet égard. Dans la Sterna hirundo , on trouve , d’après Nitzsch (1) , un pareil os mince annexé à l’os lacrymal inférieurement ( os or- bitaire inférieur); cet os a certainementla même signification que la plaque appendiculaire supérieure. DCCLX11. Les deux cotes faciales antérieures (mâchoire supérieure et intermâchoire) se réunissent d’assez bonne heure , comme les troisième et quatrième côtes céphaliques , en une seule pièce dont la forme et la grandeur varient prodigieu- sement. En général , la paire la plus antérieure prédomine beaucoup (pl. xxxi,fig. i). Cette côte se soude très-prompte- ment , tant avec celle du côté opposé , dans lç sens de sa lon- gueur , parce que la colonne protôvcrtébrale de la tête finit à elle , qu’avec les rudimens des lames tectrices de sa deu- tovertèbre faciale , qu’on a coutume de comprendre dans l’in- lermâchoire. Pour bien comprendre ce rapport, il faudra la (i) Osteograjih. BeUrcege , p. 70, 77. SQUELETTE DES OISEAUX. 5 2g comparer avec ce que les côtes du tronc offrent d’analogue , et pour cela je renvoie surtout aux derniers arcs costaux du bassin delà Rhea americana , où les côtes ischiales s’étendent tout-à fait en arrière , dans Je même temps qu elles se soudent tant entre elles qu’avec le rachis. L’accroissement considérable de cette paire de côtes, dans certains Échassiers , mais notamment dans le Calao , où , par l’énorme quantité des cellules aériennes , elle augmente beau- coup l’étendue de la région respiratoire de la tête , est très- caractéristique pour une classe dans la signification de laquelle ■ il entre de représenter la respiration thoracique à son plus haut degré de développement ; car ici la région nasale de la tête , qui reflète la région respiratoire thoracique du tronc , fait passer 1 air dans les os creux du sinciput , de même que les cavités auditives, analogues de la région pelvienne du tronc, le fournissent à ceux de l’occiput. DCCLXIII. La cinquième côte céphalique , en particulier (pl. xxxi , lig. i , v g) , est plus petite que la précédente ; ce- pendant elle montre une tendance prononcée à se fermer dans le milieu du côté inférieur ou sternal , ce qui arrive en effet chez plusieurs Palmipèdes et Rapaces , comme nous l’avons vu déjà dans certains Reptiles. DCCLXIV. Si nous passons maintenant aux membres cépha- liques , nous avons d’abord à faire remarquer qu’on doit les distinguer en pairs et impairs. Toute trace de membres céphaliques impairs avait déjà dis- paru chez les Reptiles et même chez les Poissons réguliers. 11 est donc extrêmement remarquable d’en trouver dans la classe des Oiseaux , phénomène dont on ne peut se rendre compte qu’en admettant que ces animaux sont destinésmême à offrir la manifestation la plus complète des membres locomo- teurs , et qu'il serait en contradiction avec leur nature propre qu une espèce tout entière de ces membres vînt à manauer complètement entre eux. 1 DCCLXV. Le seul membre céphalique impair qu’on con- naisse dans la classe des Oiseaux appartient au genre Carbo e tant au Carbo cormoranus qu’au Carbo graculus suivant eckel , qui le compare déjà d’une manière très-convenable I,I# 34 53o SQUELETTE DES OISEAUX. aux nageoires céphaliques mobiles des Poissons. Il est situé à l’occiput , et probablement implanté sur les lames tectrices de la vertèbre auditive soudées avec celles de l’occipital, attendu que cette vertèbre, qui se rapporte à la respiration, favorise par celamêmele développementdemembres(pl. xxxi,fig. i,ih"). Il ressemble parfaitement à un rayon isolé d’une nageoire dor- sale , et, par le moyen desmuscles qui s’y attachent, il aide au mouvement des membres latéraux inférieurs de la côte audi- tive, c’est-à-dire de la mâchoire inférieure (1). DCCLXVI. Comme les Reptiles, les Oiseaux n’ont d’autres membres céphaliques pairs latéraux inférieurs , que les posté- rieurs. L’absence de membres pairs antérieurs est compensée 1° Par la mobilité des rudimens de vertèbres faciales anté- rieures et des côtes qui leur appartiennent , par conséquent de tout le bec supérieur ; .2° Par l’ agrandissement considérable que cette région ac- quiert dans plusieurs genres ; 3° Par la présence de certaines formations mobiles de la peau et du dermatosquelette , qui se développent sur ce point. DCCLXVIL Il peut aussi , virtuellement, se développer aux côtes auditives, outre les membres inférieurs (mâchoire in- férieure) , des membres latéraux supérieurs (opercule , conque de l’oreille ) , qui cependant n’arrivent point à se manifester en réalité , et qui sont tout au plus indiqués, comme chez les Chouettes , par des plaques cutanées un peu plus raides et écartées du corps. DCCLXVIII. Les seuls membres qu’on trouve partout , et puissamment développés , sont les pairs latéraux inférieurs , ou les arcs de la mâchoire inférieure , qui offrent les particu- larités suivantes : 1° Ils continuent à nôtre formés que d’un article inférieur et d’un article terminal , de sorte qu’ils ont tout à-fait le type d’un avant-bras ; ils sont également toujours articulés par le moyen d’une cavité ; (i) Cet os remarquable a été bien figuré et décrit, avec ses muscles ,par Rudolphi , dans Denkschriftcn der Jjci liner Akadcmic dtr fj'tssciischaften. i 8 i G z8i;< SQUELETTE DES OISEAUX. 53 j 2° Chaque moitié de la mâchoire inférieure consiste donc en deux os d’article inférieur (pl. xxxi , fig. i, ih , (3, (3')} deux os intercalaires et deux os d’article terminal qui restent long-temps séparés l’un de l’autre , comme les portions des cotes céphaliques , tandis que les deux arcs de la mâchoire se soudent de très-bonne heure ensemble. DCCLXIX. Certaines formations qui n’appartiennent qu’à cer- taines familles , n’en méritent pas moins d’être signalées , parce qu’ elles jettent un grand jour sur la constitution de la mâ- choire inférieure comme membres. Telles sont les suivantes : 1° L’existence d’une ou de deux ouvertures latérales à chaque moitié de cette mâchoire , par exemple dans l’Outarde, ainsi que dans plusieurs Échassiers , Passereaux et Rapaces diurnes. La fig. T , ** , pl. xxxi , explique très-bien ces vides, qui , étant également remplis ici de tendons et de muscles ’ correspondent à 1 intervalle, garni d’un ligament interosseux, qu’on remarque entre le radius et le cubitus. 2° L accessibilité de la cavité intérieure de ces membres à l’air du dehors, chez la plupart des Oiseaux, ce en quoi ils ressemblent aux membres du tronc ; 3U La séparation des extrémités des membres dans la jeune Autruche , ce qui établit le passage à la formation des Mam mifères. II. Splanchnosquelette. DCCLXX. Chez les Oiseaux, le splanchnosquelette se déve- loppe essentiellement , d’une manière très-symétrique , en squelette postérieur de la tête et squelette antérieur du tronc. Le premier offre des formes remarquables. DCCLXXI. La portion du splanchnosquelette de la tête qui appartient à la région crânienne offre toujours , par antago- nisme avec l’absence de splanclmomembres à la région anté neure, un développement très considérable , qui s’exprime 1 1 ar la foi te ossification des arcs du squelette; 2" Par la tendance à un agrandissement extraordinaire de certains arcs ; L ae 3 Pur ^ manifestation de toutes les paires essentielles de SOXIELÉTTE DES otSEAD^. côtes de ce squelette , et même quelquefois par celle de cer- taines parties qui ne se rencontrent que dans cette classe. DCCLXXIf . Déjà, dans les Poissons, nous avons vu que, des six arcs protovertébraux du splanchnosquelette de la tête , le premier et le dernier se rapportaient à la digestion , le second, le ti oisième , le quatrième et le cinquième à la respiration. Déjà aussi . dans les Reptiles , les voies alimentaire et aérienne se séparaient l’une de l’autre à la région gutturale. Cette sépa- ration , qu’on observe partout chez les Oiseaux , entraîne le rapprochement des cotes qui appartiennent à la voie alimentaire. Les mâchoires pharyngiennes ( cartilages de Santorini et de Wrisberg ), ou la première paire de côtes, qui manquent ordi- nairement chez les Reptiles (pl. xxxi, fig. i, i7) , se trouvent par conséquent reportées ici fort en avant, là où la voie aérienne se sépare de la voie alimentaire , c'est-à-dire des deux côtés de la glotte. L’analogie de celte partie avec les mâchoires pha- ryngiennes et son appartenance à la voie alimentaire ressortent non seulement de ce quelle est fortement ossifiée dans beau- coup d’espèces (l’Oie, par exemple), mais encore de ce qu’elle est garnie de dents (1). DCCLXXIII. La seconde et la troisième splanclmocôtes sont , de même que dans les Reptiles, développées sous la forme parfaite d’arcs protovertébraux, puisqu’elles constituent l’os ou le cartilage cricoïde , assez souvent divisé en arceau antérieur et arceau postérieur, qui cependant se développe ici d une manière moins complète à sa partie supérieure , et n’est point parfaitement fermé en anneau (pl. xxxi, fig. 1,117, 1117) (2). (1) Ces pièces sont ordinairement interprétées d’nne manière fort singulière. Tiedemann ( Zoologie, t. II, p. 646) les appelle cartilages aryténoïdes, et ne parle pas du tout des cartilages aryténoïdes proprement dits. Cuvier ( Anal. coinp., IV, 490) n’en fait aucune mention, et en général il interprète le larynx, des Oiseaux à fanx, lorsqu’il dit qu’on n’y trouve ni cartilage thy- roïde , ni cartilages aryténoïdes. Spix enfin ( Loc. cit. , pl. vru, fig. xir, 3a.) donne à ces os le nom de cartilage cricoïde. En examinant avec soin la pl. lit de mes Tabul. illustr. , on ne tardera pas ù se convaincre de l’exacti- tude de l’interprétation que j’en donne. (a) Cuvier et Spix ont mal saisi la signification de ces cartilages, que Tie- demann indique fort bien. SQUELETTE DES OISEAUX. 533 DCCLXXIV. Les deux splanchnocôtes antérieures, qui se rapportent à la voie aérienne, sont beaucoup plus développées, et Ton y distingue aussi fort bien des pièces tergales et des pièces sternales. Les pièces sternales des deux côtés et des deux côtes (pl. xxxi, fig. , 1V7, v7 ,0) forment une plaque triangulaire, que Tiedemann et Spix ont déjà appelée, avec rai son, cartilage thyroïde. Les pièces tergales se divisent en supé- rieures et inférieures. Les supérieures des deux côtés de- meurent, comme les pièces sternales, un petit cartilage impair, presque cylindrique (iv7, v7, f); les inférieures sont les cartilages aryténoïdes, que Spix seul a bien reconnus (iy7, v7, 00). DCCLXX\ . La sixième et dernière paire de splanchnocôtes (cornes de l’hyoïde) se rapporte de nouveau d’une manière essentielle à la voie alimentaire ; elle devient organe de loco- motion, c’est-à-dire de déglutition; aussi acquiert-elle plus de mobilité. L’arc, composé uniquement de pièces sternales, une inlérieure osseuse et une supérieure cartilagineuse, n'est plus fermé par le haut; mais, par le bas , il est réuni en une colonne tritovertébrale (pl. xxxi , fig. 1, vi7). Le corps trito- vertébral parallèle qui appartient à cette côte ( vi l ) a de la tendance à s’allonger en un membre terminal impair (1) (vi //); aussi voit-on partout une vertèbre terminale simplement [coni- que (os lingual), qui s’articule à son extrémité. Cette forma- tion se répète en grande partie en arrière (v l), où l’on aperçoit également une vertèbre terminale simplement conique (comme si la colonne tritovertébrale devait se prolonger au dessous du cartilage thyroïde) , mais qui se soude d’une manière intime avec la vertèbre proprement dite (2). (1) La langue est le membre terminal impair intéiieur du splanchnosqne- lette, comme la verge est le membre terminal impair postérieur. (2) Cette dernière côte, avec sa vertèbre sternale, varie surtout beaucoup eu egard a sa forme. Quant à ce qui concerne les arcs costaux, de ce qu’ils ne se ferment point en anneau par le haut, il semble résulter une tendance continuelle de leur part à se rapprocher l’un de l’autre, -qui fait qu>Hs grandissent parfois outre mesure. Cet agrandissement, qui rappelle l’hyoïde des Serpens, peut aller au point que les bouts libres des côtes prolongées se contournent autour ,1a crâne, le dépassent mémo en devant , et se terminent 534 SQUELETTE DES OISEAUX. DCCLXXVI. Indépendamment de cet appareil splanchno- squelettique , on ne trouve en général qu’un épithélion plus ou moins ferme et corné , avec lequel se continuent quel- quefois , sur les bords du bec , les plaques cornées dont les formations qui appartiennent au dermatosquelette recouvrent toujours les surfaces extérieures des mâchoires. Il apparaît même parfois des dents bien prononcées à l’endroit de la jonction ; c’est ce qu’on voit , par exemple , dans le Mergus serrator etl ' Anas clypeata. Du reste, cet épithélion s’étend sur toute la longueur du canal intestinal , en s’amincissant beau- coup ; seulement il lui arrive assez souvent de prendre , dans le gésier, une texture cornée, qui rappelle les dents stomacaies des animaux inférieurs. DCCLXXYII. On rencontre , chez quelques Oiseaux , une formation qui , malgré sa petitesse , a tant d’importance qu’elle doit prendre place parmi les particularités les plus remarqua- bles du squelette de ces animaux. Si nous comparons l’un avec l’autre le splanchnosquelette de la tête et celui du tronc, envisagés tous deux d’une manière gé- nérale, nous trouvons que les formes du premier surpassent par- tout celles du second, eu égard à la perfection du développe- ment, et qu’elles répètent en quelque sorte ces dernières aune plus haute puissance . Il n’est qu’un point par rapport auquel ces formations du tronc paraissent avoir la prédominance ; c’est qu’ici, comme déjà chez les Reptiles, la colonne proto vertébrale se partage en deux branches , l’une droite , l’autre gauche ( bronches ) , dans chacune desquelles peuvent se manifester de pleins arcs proto vertébraux. Et , comme si le squelette de la tête devait révéler la supériorité de son type en faisant voir que toute formation quelconque du tronc peut se repro- duire en lui sur une échelle plus réduite , la tête nous offre aux cavités olfactives (narines) , après être partis de la cavité gustative (ré- gion gutturale). Tel est le cas des Pics. Ici également la vertèbre sternale est fort allongée , et la vertèbre terminale tournée en arrière manque. Cette ver- tèbre terminale porte aussi quelquefois des articles terminaux de membres rayonnans en dedans , c’est-à-dire des dents ; ces articles terminaux rayon- rans ressemblent à de petits hameçons dans les Pics, et meme à des soies gar* nissant le bout de la langue dans le Philedon eupogon. I SQUELETTE DES OISEAUX* 535 aussi quelques formations qui correspondent aux anneaux bronchiaux. DGCLXXVIIL Ici se rapportent les remarquables ossicules tubuleux que Nitzsch a décrits le premier. J’ai déjà dit plu- sieurs fois que la cavité auditive , en sa qualité de région res- piratoire céphalique postérieure , exprimait sa signification dans cette classe en fournissant de l’air aux os creux du crâne, absolument de même que la cavité thoracique et scs poumons en donnent aux os environnons du tronc. Le transport de l’air de la cavité auditive à des os plus éloignés suppose par con- séquent des tuyaux aériens , et ceux de ces tuyaux qui gagnent la mâchoire (analogues de ceux qui vont de la poitrine à l’hu- mérus ) s’entourent de chaque côté , chez plusieurs Oiseaux , notamment dans les Passereaux , d’anneaux protovertébraux complets , qui apparaissent sous la forme de petits cylindres très-réguliers (pl. xxxi , fig. i. , fig- 1 ,§) , et dans lesquels on reconnaît encore d’une manière bien positive la division géométrique régulière en six. DCCLXXXVII. Les formations rayonnantes, et par cela même essentiellement coniques , du dermatosquelette , se présentent sous deux formes différentes. Les unes sont ou des parties cornées , solides , simplement coniques, qui garnissent surtout les articles terminaux du névrosquelette , comme les éperons alaires ( par exemple dans les Parra ) , et les ongles des orteils (pl. xxvm , fig. 1 , \ 0 0 ); ou des formations dermatosqueletliques , qui remplacent des membres rayonnans du nevrosquelette comme la crête cornée du becdesifoceros, tenant lieu en quelque sorte des apophyses épineuses des vertèbres faciales , qui ne sont point déve- loppées. Les autres sont des cônes cornés qui rayonnent au pourtour entier du corps de l’animal , correspondent aux branchies cu- tanées , et ont une tendance a se diviser et se subdiviser en formations coniques toujours décroissantes. On les appelle plumes. DCCLXXXVIII. Pour trouver le type le plus simple des plu- mes, il faut remonter jusqu’à l'histoire de leur formation. 1° La plume apparaît d’abord sous la forme d’une sphère , et dans une fossette de la peau ( pl. xxvm , fig. iv , n ). 2° Elle passe de la forme sphérique à la forme conique ( %• IV 5 * ) > qui , par des motifs supérieurs , appartient à toutes les formations secondaires et tertiaires rayonnantes terminées en dehors. 3° La manif estation des barbes , qui sont' elles-mêmes des formations coniques plus petites ( fig. iv , c ) , est une répéti- lion du type pr.milif , ou du simple cône . à une ou plusieurs 5/fa SQUELETTE DES MAMMIFERES. puissances plus élevées. Elle représente la formation plumeuse du dermatosquelette des Insectes à un degré supérieur et avec une plus grande perfection. Elle est en meme temps la copie de la forme branchiale , telle que nous la trouvons , dans les basses classes du règne animal , sous l’aspect d’or- gane respiratoire véritablement plumeux , comme si les plumes devaient annoncer jusque par leur forme même que leur signification primordiale est celle de branchies aé< riennes (1). CHAPITRE VIII. Squelette des Mammifères. DCCLXXXIX. La fonction génitale prédominait chez les Poissons, la digestion chez les Reptiles, et la respiration chez les Oiseaux. Chez les Mammifères , c’est aux fonctions cérébrales qu’appartient pour la première fois la prépondérance. L’in- fluence que cette particularité exerce sur la formation du squelette se décèle par plusieurs traits que je vais faire con- naître d’une manière générale. DCCXC. Le premier résultat est un développement plus considérable du névrosquelette , surtout dans celles de ses parties qui le caractérisent, les deutovertèbres et notamment les vertèbres crâniennes. Nulle part ailleurs toutes les parties du névrosquelette ne se développent dans des rapports aussi purs et aussi appro- priés à leur propre dignité ; nulle part les régions et les mem- bres de ce squelette ne se segmentent d’une manière aussi lé- gitime , suivant des rapports numériques aussi constans et communs à la classe entière , qu'on ne peut cependant appré- cier qu’après les avoir étudiés préalablement en eux-mêmes , (i) J’ai déjà parlé précédemment, à l’occasion da névrosquelelte (§ CCCLXX), de cette particularité remarquable , offerte ici par Je dermatosquelette, qui consiste eu ce qu’une partie squelettique fixe, pour ainsi dire, l’état antérieur de la partie molle qu’elle enveloppe. Les exemples s’en multiplieront telle- ment à mesure qu’on approfondira l’étude du squelette, qu’un jour les formes de ce dernier pourront refléter sur l’histoire de l’organisme la même lumière cjue celles des couches de la Terre répandent sur la géogénie. SQUELETTE DES MAMMIFERES. 54 I et abstraction faite de toute application à aucun organisme quelconque. Nulle part enfin , le névrosquelette , qui , dans les classes inférieures , tantôt servait à la respiration , parce qu'il admettait l’air dans son intérieur , tantôt devenait une sorte de squelette vasculaire , parce qu’il enveloppait de gros vaisseaux, ne se dépouille autant de toute relation immédiate avec les fonctions végétatives, et ne se consacre plus formelle- ment aux fonctions animales proprement dites, à l’activité sen- sorielle et au mouvement. DCCXCI. Le grand développement du névrosquelette en- traîne, par antagonisme, l’oblitération du dermatosquelette , qui peut d’autant moins parvenir à manifester des enveloppe- mens protovertébriformes, osseux ou cornés, du corp,o u des rayonnemens divers et articulés, que le squelette nerval s’é- lève à un plus haut degré de perfection ; il doit même con- tribuer pour sa part au perfectionnement des fonctions ani- males , en se développant moins , mais acquérant une texture plus délicate. DCCXCII. Par la même raison , le splanchnosquelette ne peut plus s’élever au même degré de développement que dans les classes inférieures ; il doit rester constamment renfermé dans les conditions de substance cartilagineuse qui lui appar- tiennent en propre , et même , comme le précédent , il doit se rapporter de plus en plus aux fonctions supérieures , l’acti- vité sensorielle et la production de la voix. I. Névrosquelette. y DCCXCIII. Puisque le névrosquelette est destiné (§CCCLXX) à tendre , dans cette classe , vers son plus haut degré de dé- veloppement, il doit se rapprocher de plus en plus du type in- diqué au chapitre IV, art. n. Je pourrai donc en abréger la description, puisqu’il n’entre pas dans mon plan de donner une ostéographie détaillée. A. Squelette du tronc. LCGXCIV. Colonne deutovertébrale. Si nous examinons d’a bord les rapports numériques des vertèbres qui la constituent nous voyons qu’étant astreinte à une plus grande légitimité, elle ^42 squelette des mammifères. oscille beaucoup moins , sous ce point de vue , que dans toutes les classes piécédentes, et qu elle se rattache plus générale- mentau lype( § CCCLXXXII ) dontj’ai développé les conditions ihtrinsèques. ECCXCV . Le rachis n offre qu’une seule région où l’on aperçoive moins la fixité de ces rapports numériques. C’est celle des vertèbres coccygiennes et caudales , dont le nombre devient souvent encore indéfini , par l’allongement de la co- lonne en un membre terminal impair , et varie depuis 3 jusqu à 50 ou 55. Cependant on reconnaît que, toutes choses égales d ailleurs , le nombre de ces vertèbres diminue con- stamment dans les espèces supérieures , où le rapport domi- nant est d environ 12 à 24 , comme répétition du nombre des vertèbres du tronc. Quant à la multiplication indéfinie des ver- tèbres caudales , elle s’observe surtout chez les Mammifères pisciformes , tandis que la diminution de leur nombre a lieu chez les Singes et chez les Mammifères volans ou ornithoïdes, quoique Cuvier ait refusé à tort les vertèbres coccygiennes à la Roussette , chez laquelle j’en ai trouvé quatre , dont la der- nière est soudée avec les os ischions , ce qui empêche la queue de saillir comme colonne vertébrale libre. DCCXCVI. Quant aux rapports numériques des autres régions du rachis , il est très-significatif que la région la plus voisine de la tête , le cou , soit celle aussi où le nombre des vertèbres varie le moins. Elle en offre sept, en effet, chez tous les Mammifères , quoique ces vertèbres se resserrent beaucoup chez les Mammifères pisciformes, précisément à cause de l'absence du cou dans les Poissons, qu’il y en ait même par- fois une couple qui s’oblitère , et que , dans l’Aï , deux des vertèbres thoraciques supérieures prennent l’apparence de vertèbres cervicales, eu égard aux arcs costaux. Cette fixité dans les nombres est déjà un rapprochement sensible de celle qui a lieu pour le nombre des vertèbres céphaliques, DCCXCVI! . Le nombre des vertèbres thoraciques et épi- gastriques varie déjà davantage. Il est vrai que la plupart des Mammifères offrent assez formellement le rapport de 2X0 ; mais fréquemment on trouve 13 , 14 , et même 20 ( Éléphant, Tapir ) ou 23 ( Unau ) vertèbres , qui , eu égard à la manière SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 54^ dont elles se comportent envers les arcs costaux , présentent l’apparence de vertèbres thoraciques et épigastriques. DCCXGYIII. Les vertèbres hypogastriques s’écartent fré- quemment aussi de leur nombre normal, qui est de cinq. Dans la plupart des cas d’anomalie , on en compte davantage , et jusqu’à sept. Il est plus rare qu’on en trouve moins , et ordi- nairement alors des rudimens de côtes se développent aux an- térieures, qui prennent par là l’aspect de vertèbres épigas- triques. On en peut dire autant des vertèbres de la région génitale , ou du sacrum , qui fréquemment se réduisent de cinq à trois, répétant ainsi avec plus de précision encore le nombre trois des vertèbres crâniennes essentielles. La Roussette en a trois bien distinctes, quoique Cuvier ne lui en accorde qu’une seule. DCCXCIX. Les proportions de développement des vertèbres appartenant aux diverses régions du rachis sont d’une haute importance. Je dois d’abord appeler l’attention sur une cir- constance très-significative , c’est que la différence de déve- loppement établit une démarcation plus tranchée chez les Mammifères que dans les autres classes , entre les vertèbres proprement dites du tronc et les vertèbres caudales repré- sentant un membre terminal impair, car les premières se dé- veloppent complètement comme deulovertèbres , tandis que les arcs vertébraux ( deutovertèbres ) s’oblitèrent dans les autres , qui ne représentent que des corps vertébraux ( trito- vei tèbies ) ; celle particularité démontre en même temps que la queue ri est qu’un membre locomoteur . DCCC. Le rapport entre les deutovertèbres et les tritover- tebres , aux diverses régions du rachis , n’est pas moins im- portant. En effet, plus on approche de la tête , mieux la deu- lovertèbre se dessine , tandis que, plus on s’en éloigne , plus aussi la tritovertèbre parallèle inférieure devient prédomi* nante. Aussi voit-on, chez les Mammifères , les corps verté- braux grossir à la région lombaire , les arcs vertébraux s’o- blitérer à la région sacrée , ces mêmes arcs se développer dans toute pureté à la région du cou , et le corps disparaître entièrement à la vertèbre cervicale supérieure , où se mani- festent, en revanche, les trilovertèbres parallèles latérales, 544 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES, qui correspondent à la scission des cordons, longitudinaux de la moelle épinière pour produire le quatrième ventricule. Voilà pourquoi , ici , comme chez les Reptiles ( pl. xxvn , fig. xxii ), le rudiment du dernier corps de vertèbre propre- ment dit est 1 apophyse odontoïde, annexée en manière de corps d’intervertèbre ( pl. xxxi , fig. iii p ) (1). DCCCI. Quant à ce qui concerne les tritovertèbres rayon- nantes en particulier , elles sont également toujours plus dé- veloppées aux régions postérieures du rachis , et moins aux antérieures. Celles qui se développent le plus constamment sont les impaires supérieures. Elles sont fortes surtout lors- qu’on ne trouve pas d’autres vertèbres rayonnantes , comme on le voit fréquemment à la région thoracique antérieure. Les latérales inférieures ( apophyses transverses ) dominent prin- cipalement à la région hypogastrique ( vertèbres lombaires ). Celles auxquelles il arrive le moins souvent de se développer beaucoup sont les latérales supérieures , qu’on rencontre par exemple dans le Dasypus , ou la médiane inférieure , qu’on observe chez le Lièvre. En général il règne, entre ces diverses formations , le même antagonisme de plus et de moins , sur lequel reposent toutes les diversités des formationsorganiques, et dèsqu’on s’estplacé sous le véritable point de vue pour les envisager, chaque squelette particulier fournit abondamment matière aux ob- servations les plus intéressantes. DCCC1I. La connexion des vertèbres rachidiennes présente aussi beaucoup de particularités remarquables. En général, elle a lieu essentiellement par le moyen des tritovertèbres pa- rallèles inférieures, dont la forme, primordialementdiconique aussi , s’est beaucoup effacée chez l’animal adulte. Ce qui n’é- tait d’abord , chez les Poissons , qu’une albumine à demi- liquide, déposée entre chaque couple de vertèbres, et qui déjà, chez les Reptiles et les Oiseaux , s’était souvent solidifié en saillies articulaires sphériques , donne lieu ici à la manifesta- (i) Dans mes Tabulai illustrantes , cab. II,pl.vr, j’ai explique par des exemples cette remarquable différence des vertèbres, dont on ne parvient a Lien saisie lésons qu’en établissant la distinction entre des deutovertèbres et des tritovertèbres. Squelette des mammifères. 545 tion de formations intermédiaires , qui répètent h proprement parler les intervertèbres du crâne , mais d’une manière fort imparfaite , et seulement dans leurs corps , par antagonisme d’ailleurs avec le crâne , où les intervertèbres ne sont déve- loppées que dans leurs arcs. Ces formations sont les cartilages intervertébraux , les disques osseux étendus sur la surface ar- ticulaire des corps vertébraux. Ces derniers s’isolent et s’os- sifient complètement chez les derniers d’entre les Mammifères les Cétacés; on les retrouve presque partout dans la classe] suivant Meckel , et Weber les a démontrés naguère chez le' Lièvre (1). DCCCIII. L’immobilité ou la mobilité des connexions entre (i) Si quelque chose est propre à éclairer l’histoire des intervertèbres, c’est l’étude du rachis d’une Haleine ou d’un Dauphin. Avec quelle évidence ces fonuaiions intermédiaires s’y offrent entre les corps des vertèbres ! Combien il est intéressant de comparer ces intercorps vertébraux avec les interarcs vertébraux complets, par exemple au crâne des Tortues et de plusieurs Mammifères! Mais ce qui les rend surtout dignes de fixer l’attention , c’est qu’tl s’en développe deux entre chaque couple de vertèbres, et qu’il’s an- noncent par là le rapport existant entre eux et ces vertèbres. Si nous saisissons cette occasion pour éclaircir mieux encore la si-mifica t.on des intervertèbres, nous trouvons que comme toute formation orga- nique cons, ste en manifestation delà pluralité dans l’unité, de même les < .verses vertèbres d’une colonne vertébrale naissent, par une série d’anta- gomsmes , d une masse primordialement. homogène, d’un cylindre cartila- gineux (semblable a celut des Lamproies). Ce cylindre étant la thèse , deux vertebres forment l 'antithèse, et comme tout cycle de formation tend à se fermer par une unité supérieure, la tendance à produire des interarticles umssans doit etre d autant plus forte, qu’il existe un antagonisme plus pro- nonce entre deux vertèbres. Voilà pourquoi il doit nécessairement se former < es inter vertebres, pourquoi c’est à la tète qu’elles apparaissent d’abord et qu elles sont le plus fortes, pourquoi elles y sont plus fortes et même ubles entre les vertebres crâniennes, tandis qu’elles sont simples ou même n existent point entre les vertèbres faciales, pourquoi c’est seulement dans a classe la plus élevee du règne animal qu’elles se développent avec une cer ta.„e constance entre les vertèbres rachidiennes, pourquoi enfin il .. du.t aux membres, sons la forme de rotules, d’olécranes d’os sés-imn'Vt P fc interarlicles , qui doivent être considéré. «mm, dé, :r poi"“ iro"feu<’" «"■* «*. w vc,lÉbl,u/z; m. 35 546 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. les vertèbres réclame aussi toute notre attention. La soudure de plusieurs vertèbres rapproche le rachis du crâne , tandis qu’une mobilité plus grande le ramène vers le type d’un membre. C’est donc toujours aux vertèbres caudales qu’ap- partient la mobilité la plus prononcée. Aussi leur structure ressemble-t-elle déjà parfaitement à celle des autres membres locomoteurs, en ce qu’on n’y aperçoit presque que des tritovertèbres parallèles. Chez les Mammifères, comme déjà chez la plupart des Reptiles et chez tous les Poissons , la mobilité la plus faible ou une soudure complète s’ob- serve à la région sacrée, qui est en antagonisme avec la ré- gion céphalique. La seule exception connue sous ce rap- port est celle des Cétacés , dont la mobilité des vertèbres de la région sacrée rappelle la structure des Poissons. Quelque- fois aussi , par exemple dans les Cétacés et les Pangolins, toutes les vertèbres cervicales , ou du moins les supérieures, se sou- dent ensemble , ce qui fait que le rachis acquiert complète- ment le type de la formation crânienne (1). DCCCIY. Enfin la direction du rachis n’est pas sans impor- tance non plus , et l’on est frappé surtout de retrouver celle de l’épine du dos répétée par le rachis horizontal des Cétacés avec non moins de précision qu’on peut reconnaître , dans le redressement de la colonne cervicale chez les Mammifères supérieurs , le type des Chéloniens et surtout des Oiseaux. Il est remarquable que l’érection de la région rachidienne anté- rieure et de la colonne vertébrale caudale annonce toujours un haut degré d’énergie vitale , et que l’état inverse indique le peu d’énergie de la vitalité. Comme l’étude du système ner- veux nous apprend déjà quel sens réel on doit attacher à ces (i) L’étude de ces vertèbres cervicales soudées est extrêmement instruc- tive; car elle peut conduire à faire mieux connaître la structure du crâne, en tant que celle-ci'repose sur l’idée d’une colonne vertébrale soudée d’une manière intime. En effet, combien les vertèbres cervicales plates et presque oblitérées du Dauphin et de la Baleine ne sont- elles pas propres à nous convaincre que souvent une vertèbre, ou en général une partie élémentaire quelconque, peut existera pciue réellement , quoiqu’on soit oblige d en ad- mettre et reconnaître virtuellement l’existence! SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 5^ deux directions , l’attitude des Mammifères se trouve parfai- tement expliquée sous le point de vue physiologique. DCCCV. La colonne protovertèbrale offre les os annulaires destinés à l’enveloppement du corps sous plusieurs formes di- verses. Comme dans les classes précédentes , nous trouvons des côtes véritables et parfaites, des rudimens de côtes, des arcs oblitérés qui n’entourent que des vaisseaux , et des proto- vertèbres portant des membres. DCCCVI. Il n’y a que la poitrine , quelquefois aussi la région épigastrique, qui offre des côtes parfaites, des arcs protover- tébraux fermés par le bas. Le nombre normal de ces côtes est de 7; cependant il varie de 6 à 10. Ce qu’il y a surtout de très-significatif, c’est qu’elles ne s’articulent plus avec une seule vertèbre rachidienne , mais toujours avec deux à la fois car cette disposition répète pour la première fois d’une manière complète la manière dont les anneaux nerveux correspondons ( les paires de nerfs intervertébraux ) se comportent ce dont on ne pouvaitjuger jusqu’ici qu’en ayant égard au parallélisme entre le névrosquelette et le système nerveux. Cependant les Mammifères pisciformes font encore excep ti°n à cet égard ; car , suivant Meckel , leurs côtes postérieures ne s’attachent qu’à l’extrémité des apophyses transverses et les antérieures sont fixées chacune à un seul corps de ver Dmreste , la pièce sternale inférieure des côtes complètes demeure ordinairement cartilagineuse chez les Mammifères circonstance dans laquelle on doit voir encore un parallélisme avec le système nerveux , attendu que la paire nerveuse à laquelle 1 arc protovertebral appartient se perd peu à peu à cette région. 1 Il n y a que certaines familles chez lesquelles on trouve la pièce sternale inférieure ossifiée ; mais alors l’ossification part toujours plutôt du voisinage de la vertèbre sternale que du cote de la piece sternale supérieure de la côte. C’est ce nu’nn ptères^tc CétaCéS’ Monot,'èmf!s> «rM» chéiro- DCCCVII. Je dois passer sous silence les diverses modifica *ons que la forme des côtes proprement dites présente chez. 548 SQUELETTE DES MAMMIFERES. certains Mammifères. Cependant un élargissement considé- rable de ces os est une circonstance très-significative , parce qu il rappelle la voûte costale solide des Chéloniens chez certains Mammifères qui répètent les Reptiles. Telle est la ma- nière dont se comportent tantôt les pièces sternales supérieures et les pièces tergales des côtes ( Fourmiliers ) , tantôt les pièces sternales inférieures (Ornithorhynque). Chez ce dernier ani- mal , les plaques larges et en grande partie ossifiées rappellent le plastron des Chéloniens. DCCCVIII. Des rudimens de côtes , appelés fausses côte%, s’offrent de préférence à la région épigastrique. Ils se dis- tinguent par l’ oblitération de leurs pièces sternales et par leur propre annexion aux côtes parfaites, dernière circonstance qu’on ne peut expliquer qu’en se représentant le corps animal roulé , dans l’œuf, autour de la vésicule vitelline , c’est-à-dire autour de la région qui doit devenir plus lard l’ombilic ( pl. XXII , fig. XXIY, a, b1, C' ), d’où il résulte nécessairement que les arcs costaux réunis du thorax doivent tendre vers le milieu de la vésicule vitelline , comme les rayons d’un cercle vers son centre. Voilà pourquoi les côtes thoraciques supérieures sont jusqu’à un certain point tournées en bas ou en arrière , comme les côtes épigastriques le sont en haut ou en avant. Voilà aussi pourquoi les pièces sternales de ces côtes elles-mêmes se soudent ensemble quelquefois , comme par exemple dans les Chéiroptères. Du reste , c’est là une particularité qu’on ne voit apparaître que dans la classe des Mammifères avec toute l’évidence né- cessaire pour révéler l’histoire du développement de l’animal. DCCCIX. Il est très-rare qu’on rencontre de pareils rudi- mens de côtes vers la région cervicale. L’Ai est le seul Mam- mifère chez lequel Meckel ait signalé une conformation de ce genre. Il n’est pas moins rare qu’au lieu des pièces sternales, ce soient les pièces tergales qui se trouvent oblitérées , et que de là résultent à la face inférieure ou ventrale des rudimens de côtes semblables à ceux que cette région du corps offre dans les Crocodiles et en partie aussi chez les Oiseaux. Cepen- dant on doit considérer comme ayant cette signification les os marsupiaux des animaux à bourse et des Monotrèmes. Le SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 5^9 squelelle de l’Ornithorhynque convient mieux que tout autre pour démontrer l’exactitude d’un rapprochement auquel per- sonne encore n’avait songé ; car les os marsupiaux de cet animal ont absolument la même forme que les plaques carti- lagineuses des pièces sternales des côtes thoraciques et épi gastriques , et ils s’appliquent au thorax du bassin , c’est-à-dire à l’arcade pubienne ( qui est également une côte complète , un arc protovertébral) de la même manière exactement que les plaques osseuses des côtes épigastriques aux côtes thora- ciques tout-à-fait fermées (pl. xxviii, fig. vi, où 1-5 repré- sentent les pièces sternales inférieures , en partie séparées des supérieures , de la dernière côte pectorale et des quatre pre- mières épigastriques ; 6 , 6 , les pièces sternales inférieures de la dernière et unique côte hypogastrique , dont les autres pièces sont oblitérées , et qui s’annexent à l’arc pubien ou à la pièce sternale inférieure de la côte pelvienne antérieure , comme 2 se joint à 1 , mais seulement en sens inverse ). DCCCX. La troisième forme d’arcs proto vertébraux est celle de rudimens aussi oblitérés que possible et n’embrassant plus que des troncs vasculaires. Les vertèbres cervicales des Mammifères en offrent qui , bien que très-oblitérés et partagés en canaux latéraux, y sont aussi permanens que les simples petits arcs protovertébraux dont les vertèbres caudales se trouvaient toujours pourvues en dessous chez les Poissons. Mais les rudimens d’arcs protover- tébraux qui s’annexent aux apophyses transverses des ver- tèbres cervicales, ne consistent, à proprement parler, qu’en pièces tergales ( tête et tubérosité de la côte ) , tandis que les pièces sternales , qui existent également en puissance ici , piennent la forme d’os de l’épaule. Ces pièces tergales ne peuvent donc pas plus ici que chez les Oiseaux së produire au côté terrestre; loin de là, elles forment, par le vide qui reste entre leurs deux saillies et les corps et apophyses transverses des vertèbres cervicales , une ouverture dans laquelle se loge de chaque côté l’artère vertébrale. Il est rare que de petits anneaux protovertébraux , embras- sant la continuation de l’aorte , se forment sous les vertèbres caudales; cependant on en rencontre quelquefois, surtout JJO SQUELETTE des mammifères. chez les Baleines et les Dauphins ( comme analogie avec les Poissons), ainsi que chez les Monotrèmes et les Fourmiliers (comme analogie avec les Reptiles), et ordinairement on ne les décrit que comme de simples apophyses épineuses infé- rieures. Meckel seul a dit d’une manière formelle qu’on pour- îait les comparer à des coles. En réalité, ils se comportent ordinairement d’une manière qui rappelle fort bien celle de ces os, attendu que , comme les côtes parfaites, ils s’unissent lion pas avec un seul corps vertébral , mais avec deux à la fois (§ DCCCYI). DCCCXI. La quatrième forme des arcs protovertébraux, et* la plus développée de toutes, est celle d’arcs portant des membres. Chez les Poissons , ces arcs avaient l’apparence de simples côtes, et leur nature ressortait parfaitement de ce qu’ils pre- naient attache à la colonne deutovertébrale ( par exemple ceux de la ceinture des nageoires pectorales). Leur signification n’était pas moins claire chez les Reptiles , où il leur arrivait souvent de s’articuler avec le rachis et d’être mobiles sur lui , principalement les ceintures scapulaire et pelvienne des Ché- loniens. La forme costale se reproduisait aussi quelquefois chez les Oiseaux eux-mêmes , par exemple dans les arcs pu- biens. Mais , chez les Mammifères , les os de l’épaule et du bassin ont perdu plus que partout ailleurs la forme ordinaire de côtes , et l’on aurait peine à les reconnaître pour ce qu’ils sont réellement , si l’on n’invoquait le secours des diverses transitions que fournissent les classes précédentes (pl. xxvm , i* g- v ). DCCCXII. Si nous considérons ces arcs d’une manière géné- rale , nous voyons que l’essentialité de la respiration thoracique à l’égard de la classe entière s’exprime sur-le-champ par la plus grande constance des membres pectoraux relativement aux pelviens. Ces derniers manquent tout-à-fait dans une fa- mille entière , les Cétacés , ou ne sont indiqués que par deux gros noyaux osseux enveloppés de cartilage , tandis que les premiers ne restent jamais sans se développer. La prédomi- nance sous le point de vue de la masse appartient également toujours , lorsque les deux paires coexistent ensemble , aux SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 55 I membres abdominaux , et celle sous le point de vue de la dé- licatesse, aux membres pectoraux. Mais les uns et les autres sont des arcs protovertébraux, qui ne se développent jamais que dans leurs pièces sternales , attendu que la protovertèbre du membre pectoral , la ceinture scapulaire , fait , à propre- ment parler , partie de la région cervicale , aux vertèbres de laquelle ses pièces tergales complémentaires servent d’arcs de clôture pour les trous des apophyses transverses, tandis qu’il n’y a aucun vestige de ces pièces tergales à la protovertèbre du membre abdominal, la ceinture pelvienne. * Cette dernière circonstance se rattache à une particularité déjà offerte par les Poissons, qui consiste en une tendance que l’hypogastre et le bassin , où prédomine le côté terrestre du corps animal , ont à manifester les pièces sternales de la protovertèbre dévolues à ce côté terrestre , de préférence aux pièces tergales appartenant au côté lumineux, et qui nous explique non-seulement l’état de choses que le bassin présente sous ce rapport , mais encore les rudimens défaussés côtes postérieures qui se voient à l’hypogastre d’un grand nombre de Reptiles et d’Oiseaux , et même de quelques Mam- mifères. Il est digne de remarque qu’au contraire la tendance à l’o- blitération des pièces sternales inférieures (clavicules) existe bien positivement à la ceinture scapulaire , de sorte que ces pièces manquent en effet très-souvent , tandis que les ster- nales supérieures (omoplates) sont toujours fort développées. DCCCXIII. Ceinture scapulaire , ou arcs protovertébraux pour les membres thoraciques. 0)1 vient de voir que cette cein- ture se compose toujours d’une pièce sternale supérieure et d’une pièce sternale inférieure. Ces deux pièces , encore non séparées en partie l’une de l’autre chez l’Ornithorhynque , qui a tant de rapports avec les Reptiles, sont, au contraire, com- plètement distinctes chez tous les autres Mammifères. La supérieure (omoplate) varie beaucoup quant à la forme; cependant elle a toujours un bord plus large, tourné vers le rachis , et elle va en s’amincissant du côté de l’articu- lation , indiquant par là qu’elle renferme en elle , à propre- ment parler , l’idée de plusieurs côtes. Plus elle se développe, 032 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. et plus le bord rachidien devient large ; aussi l’omoplate i eprésente-t-il le triangle le plus large chez les Chéiroptères qui répètent les Oiseaux. Le 1 efoulement vers la surface tergale du thorax de cette formation osseuse , qui appartient primordialement à la région cervicale , est un fait fort remarquable. Il semblerait que la poitrine , siège principal de la respiration, exerçât une attrac- tion sur toutes les formations protovertébrales , et qu’elle dût laire descendre ainsi les omoplates , pour s’entourer d’une double ceinture d’arcs protovertébraux. L épine de 1 omoplate mérite aussi qu’on remonte à son ori* gine. Sous ce rapport, on doit remarquer quelle ne commence a paraître qu’à l’endroit où la masse osseuse se contracte , c’est à-dire dans la direction de la surface articulaire (pl. xxvm , fig. vi, D) , et qu’elle atteint son plus haut degré de développement au point où cette masse est le plus resserrée. Or cette contraction entraîne le rejet au dehors de la sub- stance exubérante. L’épine est donc en* quelque sorte le ré- sultat du plissement de la large lame scapulaire correspon- dante à plusieurs côtes. Voilà pourquoi sa force croît en raison de la largeur du bord tourné vers le rachis, et vice versa (1). DCGCXIV. Déjà , chez la plupart des Poissons , Reptiles et Oiseaux , la pièce sternale inférieure de la ceinture scapulaire offrait , dans le sens de sa largeur , une séparation des arcs protovertébraux réunis qui la constituent. Les Sauriens nous ont même présenté quelquefois les six pièces sternales inférieures indiquées, comme autant de clavicules. Mais, le plus ordinai- rement, cette région ne se divisait qu’en deux clavicules, l’une antérieure , l’autre postérieure , dont la dernière était celle qui se développait le plus constamment et avec le plus de force chez les Oiseaux. Les choses se passent d’une autre manière chez les Mammifères. L’Or.nithorhynque seul offre encore, par analogie avec les Sauriens , le vestige d’une division en trois (i) L’omoplate et l’ilion donnent occasion aussi de constater le reflet du système net veux dans le système osseux ; car le plexus brachial est le proto- type de la forme de l’omoplate, par sa disposition rayonnante, comme celui des nerfs lombaires et sacrés est le prototype de l'os iliaque. 553 SQUELETTE DES MAMMIFERES. de la pièce sternale antérieure de la ceinture scapulaire ( pl. xxviii , fig. vi , C. ). Partout ailleurs , la clavicule posté- rieure est oblitérée , et l’antérieure elle-même n’appartient qu’à un certain nombre de familles ; car les Cétacés , les Soli- pèdes , les Ruminans , les Pachydermes , et quelques Rongeurs et Carnassiers en sont dépourvus. Si l’on considère, au contraire, les vestiges de ces os, on trouve, fait très-remarquable, que les Mammifères ont un ru- diment de la clavicule postérieure , sous la forme d’une pièce osseuse soudée avec l’omoplate (1) ; que cette pièce , désignée sous le nom d’apopbyse coracoïde (fig. vi , D ), est plus cons- tante que l’autre, et quelle représente la véritable clavicule. Ainsi , plusieurs Cétacés et tous les Ongulés ont une apophyse coracoïde formée par un noyau osseux particulier , tandis qu’ils n’offrent aucune trace de ce qu’on appelle la clavicule. DCCCXY. Ces os prennent , chez les différens Mammifères, des formes très-variées , parmi lesquelles j’indiquerai seule- ment celles qui marquent des transitions. La plus importante , sous ce point de vue , est celle qu’on voit dans l’Ornithorhynque , où la forte clavicule postérieure se soude encore au sternum scapulaire , comme chez les Oi- seaux, tandis que l’antérieure, qui est très-grêle, s’unit avec une apophyse transverse de ce même sternum, et qu’entre les deux on aperçoit une lame triangulaire, rudiment d’une cla- vicule intermédiaire ( pl. xxviii , vi, C ). La clavicule postérieure constitue encore un très-fort rudi- ment chez les Mammifères volans , par exemple dans les Pteropus etles Vcspertilio{ 2). L’antérieure est également très- forte. Chacune de ces pièces osseuses étant fort longue et ar- quée , il résulte de là une nouvelle analogie avec ce qu’on ob- serve chez les Oiseaux. Un fait digne de remarque également, c’est que, quand les clavicules antérieures n’existent qu’à l’état rudimentaire, leurs rudimens sont libres entre l’omoplate et le sternum. ( i ) Ainsi , dans l’Autruche , par exemple, les deux paires d’os claviculaires se soudaient avec l’omoplate. (2) Voy. mes Tabul. ilhutr., cah. II, pl. v, lig. vx. 554 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. DCCCX\ I. Ceinture pelvienne , ou arcs protovertèbraux pour les membres abdominaux . Ce qui n’a lieu , à la ceinture scapu- laire , que pour les pièces sternales inférieures , qui n’apparais- sent quelquefois qu’en forme de simples points d’ossification , arrive parfois à la ceinture pelvienne entière , tantôt et surtout à sa pièce sternale supérieure seule-, tantôt aussi à la supé- rieure et à l’inférieure en même temps. Le premier cas se rencontre dans les Cétace's. Les Dauphins et la Balœna rostrata (1) n’ont de chaque côté qu’un rayon os- seux indiquant la pièce sternale supérieure ( ilion ). L’autre s’observe, d’après Meckel , dans la Baleine franche, la Stellère et le Dugong , où les pièces sternales supérieure ( ilion ) et inférieure ( pubis ) sont représentées chacune par un noyau osseux simple. Le type dominant de la classe consiste en ce que la pièce sternale supérieure ( ilion ) soit simple , quoique large , et l’in- férieure étroite , mais divisée en deux portions , dont l’anté- rieure ( pubis ) seule se soude avec celle du côté opposé , tan- dis que la postérieure ( ischion ) s’annexe à l’antérieure , en quelque sorte comme une fausse côte. Chez quelques Mammifères , les Taupes , les Musaraignes et plusieurs Chéiroptères, par exemple , la portion antérieure des pièces sternales inférieures n’arrive point jusqu’à se join- dre avec celle du côté opposé , ce qu’on peut considérer comme une analogie avec la structure des Oiseaux. Dans beaucoup d’espèces , au contraire , telles que les Chiens , les Chats , les Cochons , les Singes et les Marsupiaux , les ischions se réunissent tant entre eux qu’avec les pubis , ce qui rapproche leur bassin de celui des Chéloniens. C’est encore une autre analogie avec les Oiseaux lorsque l’arc protovertébral tout entier du bassin est très-étroit , al- longé , et tellement rapproché du rachis , que les ischions se trouvent au voisinage des vertèbres caudales , avec lesquelles ils se soudent même, ainsi qu’entre eux , dans la Roussette (2) , comme ils le font dans la Rhea americana. (i) Voy, mes Tabul. illustr ., cah. II, pl. v, lig. x. (i) Voy. mes Tabul. illustr ., cali. II, pl. v, Cg. xi« 555 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. Si un rejet si considérable en arrière du côté terrestre ou inférieur de la protovertèbre pelvienne est une formation extraordinaire , tous les Mammifères sont cependant caracté- risés par une inclinaison fort grande encore du bassin , dans le sens que les accoucheurs donnent à ce terme. Cette inclinaison diminue beaucoup chez l’homme , où il n’y a que les confor- mations sternales qui, sous ce rapport , se rapprochent du type propre aux animaux. DCCCXVII. Après avoir étudié les diverses configurations des protovertèbres , et signalé les nuances de leur type essen tiel , passons à l’examen des vertèbres sternales. Il ne se développe jamais de vertèbres sternales que là où des arcs protovertébraux se forment au côté terrestre. On ne peut donc s’attendre à en trouver , chez les Mammifères , qu’aux régions scapulaire , thoracique et pelvienne. DCCCXVIII. Aux régions scapulaire et thoracique, les corps vertébraux du sternum thoracique s’unissaiect déjà, chez les Reptiles et les Oiseaux , pour produire ce qu’on appelle com- munément le sternum ; mais , tandis que , chez ces animaux , le sternum scapulaire et le sternum pelvien sont si distincte- ment encore séparés l’un de l’autre , qu’on n’aurait pas man- qué de les décrire à part s’ils eussent été étudiés avant les formations correspondantes chez l'homme, il existe entre eux, chez ce dernier et chez les Mammifères , une union si intime qu’on est obligé de recourir aux points d’ossification pour pou- voir distinguer ce qui doit être considéré comme constituant des pièces distinctes. DCCCXIX. Les Monotrèmes sont les seuls chez lesquels, par i épétition du type des Reptiles , le sternum scapulaire demeure lout-à-fait séparé du sternum costal , et acquière des dimen- sions considérables ( pl. xxxvm , fig. vi , q). Dans la Taupe, il est fort grand, mais soudé avec la vertèbre sterno-costale supérieure , en une seule pièce , la poignée du sternum, qui, chez tous les autres Mammifères , et même chez l’homme , résulte de 1 union entre ces deux vertèbres. La composition de la poignée est indiquée d’une manière remarquable , dans la Roussette, par deux apophyses épineuses situées l’une errièrel autre. Elle est moins évidente dans d’autres espèces. 556 squelette des mammifères. Au reste, ce qui vient d’être dit de la Roussette prouve qu’il se développe également ici des tritovertèbres rayonnantes. On en trouve d’autres encore , dans la Taupe et ailleurs , sous la forme d’épines ou de crêtes saillantes. Cependant, jamais elles n’acquièrent un si énorme développement que chez les Oi- seaux , du type desquels les Mammifères s’éloignent aussi par les dimensions moindres du sternum scapulaire lui-même , et par cette circonstance qu’il ne s’enclave jamais entre les deux moitiés fréquemment encore écartées du sternum costal ; par- ticularités qui toutes deux se rattachent au développement moins énergique de la fonction respiratoire dans la classe des Mammifères. Les espèces privées de la pièce sternale inférieure de la protovertèbre scapulaire ( clavicule ) , paraissent n’avoir or- dinairement non plus aucun vestige de sternum scapulaire. Cependant , pour prononcer en toute assurance à cet égard , il faudrait connaître mieux les points d’ossification. DCCCXX. Le sternum costal se compose toujours d’une sé- rie de corps vertébraux situés à la suite les uns des autres , dont le nombre correspond primordialcment à celui des vraies côtes thoraciques ( pl. xxvm , fig. v). La plupart du temps , tous ces corps se soudent de très-bonne heure en une seule pièce , de sorte qu’il n’y a que l’antérieur qui tantôt demeure tout-à-fait distinct, comme dans l’Ornithorhynque , où il est d’une largeur remarquable , tantôt se réunit à la vertèbre sterno-scapulaire pour produire le manche du sternum. On aperçoit encore dans le sternum costal des Mammifères des traces de la tendance à se diviser en largeur , d’où dépen- dait chez les Oiseaux l’enclavement du sternum scapulaire. En effet, 1° Ce sternum s’élargit quelquefois par la présence de deux points d’ossification situés l’un à côté de l’autre , à chaque corps vertébral , mais surtout à l’antérieur. C’est ce qui a lieu principalement dans les Monolrèmcs, le Dasypus et autres. 2° Il offre parfois une ouverture remplie seulement par une membrane tendineuse. Tel est le cas , par exemple , du Dauphin. La division complète du sternum costal dans le sens de sa SQUELETTE DES MAMMIEÈeES. 5 $7 largeur, ne s’observe qu’à titre de monstruosité, chez les fœtus qui viennent au monde avec le cœur à découvert. DCCCXXI. De même que les côtes incomplètes de la région épigastrique se joignent aux côtes complètes de la région thoracique , de même aussi au sternum costal osseux s’annexe généralement un rudiment purement cartilagineux de sternum abdominal , qu’on a coutume de décrire sous le nom d’appen- dice xyphoïde. Meckel a décrit , dans les Manis brevicaudata et longicaudata , un développement très-considérable de cette colonne vertébrale cartilagineuse, qui n’arrive jamais à se di- viser en corps vertébraux distincts. Chez ces deux animaux , elle se rapproche beaucoup du sternum abdominal du Croco; dile. On y aperçoit aussi , comme au sternum costal des Oi- seaux , des divisions latérales, qui sont produites ici par la pré- dominance des organes digestifs , ainsi qu’elles le sont là par celle des organes respiratoires. Du reste , on doit considérer comme un rapprochement de cette scission latérale l’apparition de larges plaques cartilagineuses à l’extrémité du cartilage xyphoïde chez un grand nombre de Mammifères , par exemple les Rats , les Agoutis , le? Chiens et les Chéiroptères. Enfin , un indice purement tendineux du prolongement de ce sternum abdominal est la ligne blanche, dont les branches latérales;, ou les intersections tendineuses du muscle droit du bas-ventre , représentent des rudimens de pièces inférieures de côtes hypogastriques qui n’existent point. DCCCXXII. L’idée ne s’étant jamais présentée qu’il pût y avoir des vertèbres sternales , ou plus exactement des tritover- tèbres parallèles inférieures, au bassin , jamais non plus on n’a saisi la vraie signification des pièces cartilagineuses et osseuses qui s’insinuent, à la symphyse des pubis , entre les os iliaques. Il y a d’autant plus lieu néanmoins de s’en étonner que l’ana- logie entre les os du bassin et de l’épaule avait été fort bien établie, par les travaux de Mcckel surtout, et qu’il va sans dire qu’un os ou cartilage qui s’interpose entre les os pelviens en devant, doit avoir la même signification qu’une vertèbre osseuse ou cartilagineuse engrenée en devant , entre les os de l’épaule. J ai trouvé le sternum pelvien très-manifestement déve- squelette des mammifèkes. loppé dans la Roussette , où , d’une part , le cartilage symphy- séal acquiert un volume considérable , et où , de l’autre , il s ossifie chez les vieux individus en une large et simple pièce occupant le milieu de la symphyse (1). Ce sternum s’observe aussi dans l’Élan et dans le Renard , où l’on aperçoit également une pièce osseuse moyenne à la jonction de l’ischion (2). Mais on doit l’admettre partout en puissance , et il lui arrive souvent d’être indiqué, dans le jeune âge, par une large masse cartilagineuse. DCCCXXIII. Nous avons à distinguer, au tronc, des membres pairs et impairs. Les membres impairs s’étant montrés les premiers de tous , et annonçant une organisation inférieure , on doit s’attendre à ce qu'ils disparaissent tout à-faitdans la classe des Mammifères. Ce sont le membre terminal impair , dû au prolongement de la colonne des corps vertébraux du rachis , sur lequel je ne reviendrai point ici, ayant déjà épuisé (§ DCCXCIX et DCCCIII) tout ce que j’avais à en dire , et les colonnes tritovertébrales rayonnantes médianes , supérieure et inférieure , qui donnent naissance , chez les Poissons , à la nageoire dorsale , à la na- geoire anale , et à la nageoire caudale , produite par la réu- nion des deux autres. Ces membres impairs supérieurs et inférieurs sont fréquem- ment développés comme formations cutanées , par exemple dans les nageoires impaires des Cétacés ; mais rarement ils sont représentés par des os, qui, lorsqu’ils existent, ne dé- passent jamais les conditions rudimentaires. On ne connaît même de pareils rudimens osseux qu’aux apophyses épineuses supérieures, et tantôt ils constituent, d’après Lacépède, des os libres à la base de la nageoire dorsale des Dauphins (3), tantôt ils apparaissent comme points spéciaux d’ossification aux plus grandes apophyses épineuses d’un grand nombre de Mammie (1) Voyez mes Tabulai illustrantes , cab, II, pl, v , fig. xi i <• (2) Ibid., fig. xxi i i. (3) Hist. des Cétacés , p. 270. squelette des Mammifères. 55g fères , notamment à celles des vertèbres thoraciques , chez les Ongulés (1). DCCCXXIV. Jamais les Mammifères ne sont privés démem- bres pairs au tronc ; toujours ceux qui correspondent à la res- piration , tant pectorale qu’allantoïdienne , existent, soit avec un squelette complet , soit au moins sous la forme de rudimens cutanés. Le type de leur squelette se rapproche de plus en plus de celui que j’ai décrit pour les membres pairs , lorsque j’ai exposé la formation primaire du squelette dans les Céphalo- zoaires ( § CCCCYI ). Je puis donc glisser sur les détails. Seule- ment je dois rappeler que l’on trouve ici à faire pleine et en- tière application d’une loi déjà précédemment exposée , celle que les articles terminaux se développent toujours les pre- miers , et que , quand une portion d’un membre vient à rester dans les conditions rudimentaires , c’est constamment sur l’ar- ticle supérieur que porte de préférence l’oblitération. DCCCXXY. Les membres pelviens sont ceux qui le plus vo- lontiers s’oblitèrent , ou , pour mieux dire , ne développent point leurs parties squelettiques , parce que , dans la classe des Mammifères , la respiration thoracique est la plus essen- tielle et permanente , au lieu que la respiration pelvienne est purement transitoire. Chez tous les Mammifères qui répètent la formation des Poissons , ces membres sont réduits à de sim- ples rudimens membraneux , et une circonstance extrêmement remarquable , en ce qu elle démontre 1 homologie primordiale des membres impairs et pairs , c’est que , dans les Cétacés, les (ï) J’ai déjà cité précédemment le travail de Geoffroy Saint-Hilaire sur ce sujet. On y trouve pour la premièrs fois la démonstration que les points d’ossification de ces apophyses épineuses sont les analogues parfaits des os de la nageoire dorsale des Poissons. Je dois ajouter ici qu’on explique en même temps par là pourquoi ces apophyses acquièrent ordinairement, mais surtout chez les Ongulés, une élévation si considérable aux vertèbres thora- ciques. En effet , une région respiratoire sollicite toujours un développement de membres; mais des membres pairs ne peuvent point, par d’autres mo- tifs, apparaître sur ce point ; il y a donc tendance à produire au moins des membres impairs, et cette tendance s’annonce par l’élongation des apophyses épineuses. S6o SQUELET'TË DES MAMMIFÈRES. rudimens des membres impairs postérieurs , réunis avec l’extré- mité du rachis, donnent naissance à une naqaoire caudale horizontale , de même que , chez les Poissons , les rudimens impairs , supérieur et inférieur , réunis avec l’extrémité du rachis , produisent une nageoire caudale verticale. DCGCXXYI. Lorsqu’il se manifeste réellement des parties squelettiques dans ces membres postérieurs, les trois régions essentielles , l’article supérieur , l’article inférieur et l’article terminal , apparaissent sur-le-champ distinctes l’une de l’au- tre ; seulement X article supérieur persiste plus long-temps que les autres dans un état de développement incomplet, qu’il an- nonce par sa brièveté , par des incurvations monstrueuses, et parce qu’il reste engagé dans les chairs. Cet état de choses s’observe surtout uu fémur des Phoques , dont celui des Soli- pèdes et des Ruminans se rapproche jusqu’à un certain point sous ce rapport. Cependant nous ne retrouvons plus jamais réduite à la pure expression géométrique la forme diconique proprement dite , qui appartenait primitivement aussi à cet os (1). DCCCXXVII. Entre l’article supérieur et l’article inférieur se forme , chez la plupart des Mammifères , un interarticle , une intervertèbre , qui porte le nom de rotule , et qui ordinai- rement conserve la forme sphérique d’un simple point d’ossi- fication , avec peu de modifications. L’absence de cet inter- article , chez les Chéiroptères et chez plusieurs Marsupiaux , est un fait digne de remarque. Elle paraît se rattacher , chez les premiers , à l’oblitération considérable du péroné , car le fémur et le tibia , constituant tous deux des os à peu près pa- reils et diconiques, s’annexent immédiatement l’un à l’autre, comme les articles d’une colonne vertébrale caudale. Dans les Marsupiaux, l’absence de la rotule semble tenir à ce que ces animaux se rapprochent des Monotrèmes , où le péroné oifre une sorte d’olécrane ( pièce qui , au coude , tient lieu d’inter- article). (i) La courbure du fémur des Phoques peut très-bien, ainsi quo la confor- mation de leur bassin , être comparée aux résultats que le rachitisme entraîne souvent par rapport aux os pelviens et cruraux, ce qui fournit matièio .1 plusieurs considérations par rapport au rachitisme luj-uicme. SQUELETTE DES MAMMIFERES. 56 ï DCCCXXVIII. L’article inférieur se divise presque partout en deux tritovertèbres, dont cependant l'interne (tibia) paraît toujours être la continuation essentielle et directe de la ver- tèbre fémorale. Dans les Chéiroptères, l’externe (péroné) est presque entièrement oblitérée ; il en est de même , quoique sous d’autres formes, chez les Solipèdes et les Bisulces. Mais les deux os sont fortement développés dans les familles infé- rieures des Monotrèmes et des Rats , dont les premiers se font surtout remarquer par la longueur extraordinaire du péroné qui porte, comme je viens de le dire , une apophyse analogue à l’olécrane. DCCCXXIX. La division de l 'article inferieur est générale- ment plus conforme au type primaire que chez les Oiseaux , car elle commence dès la jonction avec l’article inférieur , quoiqu’elle ait lieu d’après des rapports numériques très-di- versifiés. Le cas le plus symétrique est celui où le rayonnement des colonnes vertébrales terminales offre deux os tarsiens su- périeurs , suivis de deux os tarsiens inférieurs , et de cinq colonnes digitales, qui s’écartent en rayonnant l’une de l’autre, de manière que l’interne et l’externe soient les plus longues, quoique l’interne n’ait que deux phalanges, tandis qu’on en compte trois aux autres. Cette disposition a lieu dans les Phoques. On trouve un rayonnement analogue dans l’Ornithorhynque, où cinq colonnes vertébrales digitales partent de huit os tar- siens , et comme nous avons vu que la division élémentaire pour ces régions a de la tendance au rayonnement sextuple , l’osse- let qui porte l’éperon peut être considéré comme un rudiment du sixième doigt. Or , il n’est pas non plus sans intérêt que ce rudiment soit plus développé dans les mâles que dans les femelles, puisqu’un plus grand développement de la respira- tion et de la formation des membres est un attribut du sexe masculin. L’os qui part du calcanéum , dans les Chéiroptères , paraît avoir aussi la même signification , quoique sa direction soit tout-à-fait différente de celle des autres orteils , et rappelle presque le doigt tourné en arrière des Oiseaux. Je serais entraîné trop loin si je voulais passer en revue les 002 SQUELETTE DES MAMMIFERES. modifications que ces rayonnemens subissent dans les diverses familles , la manière dont ils se réduisent à quatre colonnes digitales dans beaucoup de Pachydermes, à trois dans le Tapir et le Rhinocéros, à une, d abord simple, puis divisée en deux, chez les Ruminans , a une seule interposée entre deux rudi- mens, chez les Solipèdes , les diversités qu’offrent les formes de chaque pièce , l’accord qui règne entre le développement de petites intervertèbres (os sésamoïdes) et les caractères gé- néraux de la structure du membre, etc. DGCCXXX. Les membres pectoraux , qui sont les plus es- sentiels et ne manquent jamais , témoignent leur dignité plus élevée 1° Par une plus grande variété dans la conformation , puis- qu’ils s’élèvent delà simplicité absolue, c’est-à-dire de la forme primordiale de nageoire, jusqu’au plus haut degré de déve- loppement , la représentation de l’aile. 2° Par une délicatesse en général plus grande , comparati- vement au membre pelvien , et enfin par leur élévation au rang d’organe de préhension et de toucher , tandis que les membres pelviens demeurent toujours consacrés ù la locomo- tion. Partout on y distingue un article supérieur , un article in- férieur et un article terminal. DCCCXXXI. L 'article supérieur estencore oblitéré, jusqu’au point d’en être méconnaissable , dans les Mammifères pisci- formes , précisément parce qu’il n’existait point chez les Pois- sons. Il est très-court encore dans les Phoques et les Ongulés. C’est chez les Chéiroptères , les Paresseux et quelques Singes, qu’il s’étend le plus en longueur. Ce qu’il offre de plus remarquable , sans contredit , c’est la formation d’un arc osseux au voisinage du (condyle interne pour l’articulation de l’article inférieur ; car cet arc , qui en- veloppe les nerfs essentiels du membre , comme un arc de vertèbre rachidienne entoure la moelle épinière , est le seul exemple connu , dans le squelette du tronc , d’une deutover- tèbre en partie développée sur une colonne vertébrale de membre ( pl. xxii , fig. xv F , pl. xxviii , fig. v , m). Du reste ce canal vertébral ne se rencontre que dans les familles moyennes de SQUELETTE DES MAMMIFERES. 563 la classe. Il manque encore aux Mammifères pisciformes et aux Ruminans. De même aussi il s’efface peu à peu chez les Singes , et on ne le voit jamais chez l’homme. Souvent aussi l'article supérieur manifeste déjà une tendance à se diviser par le bas , annoncée par la présence entre les condyles d’une ouverture qui , d’après Meckel , se trouve par- ticulièrement chez les Pachydermes , les Rongeurs , les Car- nivores et les Singes. DCCCXXXII. En général on ne trouve pasd 'interarticle en- tre l’article supérieur et l’inférieur , ce qui lient sans doute à ce que la division en deux commence à s’opérer dès la base de l’article supérieur lui-même. Les Chéiroptères sont les seuls Mammifères chez lesquels , l'article inférieur demeurant essen- tiellement simple , on voit quelquefois se développer une sorte de rotule ou d’olécrane (par exemple dans la Roussette). Partout ailleurs cét interarticle n’est indiqué que par l’olécrane qui doit naissance à un point particulier d’ossification. DCCCXXXIII. Une division en deux , mais inégale , rèeuie de nouveau partout dans l’article inférieur. Mais le corps ver- tébral interne (radius) demeure la pièce essentielle. Quand l'article entier acquiert la plus grande élongation dont il soit susceptible , il est même le seul qu’on trouve , comme dans les Chéiroptères , ou du moins l’externe s’oblitère beaucoup et son rudiment se soude à l’interne, comme dans les Solipèdes et lesBisulces. Ces deux os sont très-oblitérés, larges et aplatis dans les Mammifères pisciformes, qui , sous ce rapport, offrent l’inverse de ce qu’on voit chez les Chéiroptères. Mais c’est dans la classe des Mammifères que les deux os de l’article inférieur acquièrent pour la première fois ( chez les Paresseux et les Singes par exemple) une mobilité l’un sur 1 autre , qui devient ensuite si parfaite chez l’homme et dont on n’observait pas la moindre trace dans les classes infé rieures. DCCCXXXJV. L 'article terminal offre une prodigieuse di versité de formes , depuis la plus contractée de toutes celle de nageoire , jusqu’à la plus étalée, celle de l’aile Ainsi nue le pied, la main doit être considérée comme un assemblage de colonnes tritovertébrales , dont le nombre des pièces varie de 664 SQtlELETTE DES MÀMMIEÈTIÈS. une à cinq , même jusqu’à six , et qui s’écartent les unes des autres en rayonnant , de sortes quelle sont plus serrées à leur base que partout ailleurs , d’où résulte pour leurs os une gêne réciproque qui les oblige à s’écarter beaucoup du dicône pur ou modifié , et à devenir souvent un peu difformes. La rangée des corps vertébraux qui viennent immédiate- - ment après l'article inférieur est donc nécessairement la plus resserrée et la plus simple de toutes. Répétant seulement ou re- doublant la proportion numérique de l’avant-bras , elle ren- ferme deux ou quatre os. La seconde rangée , qui succède à la précédente , mani- feste déjà plus de tendance à s’étendre en largeur , dès qu’un rayonnement de plusieurs colonnes vertébrales digitales entre dans l’idée d’une formation animale donnée; et lorsque ce rayonnement s’est développé en entier , c’est-à-dii^ qu’il y a cinq colonnes digitales , le nombre des os de la seconde série s’élève jusqu’à cinq , tandis que, quand le rayonnement se borne à une ou deux colonnes digitales, ces os se réduisent eux-mêmes à deux corps vertébraux ( comme dans les Rumi- nans ). Ces deux séries constituent ce qu’on appelle le carpe. C’est une preuve d’oblitération du rayonnement des colonnes digitales quand le carpe l’emporte en longueur sur le méta- carpe et les doigts , ainsi qu’il arrive , d’après Meckel , chez l’Éléplianl , dont le carpe forme les deux cinquièmes de la main. DCCCXXXV. Les vertèbres de la troisième rangée ( méta- carpe ) s’écartent encore plus les unes des autres et s’allon- gent davantage , quoiqu’en général elles continuent toujours à rester engagées dans les chairs. Le minimum de leur longueur s’observe chez les Cétacés , et le maximum chez les Chéiro- ptères. Leur nombre varie de une à six. Cependant le méta- carpien unique des Bisulees doit être considéré comme résul- tant de deux pièces soudées ensemble. Quant à ce qui con- cerne le nombre six, le sixième os métacarpien n’est jamais qu’un rudiment , qu’on trouve en général sur l’os pisiforme , comme par exemple dans la Roussette , mais qui pui fois aussi s’observe aussi au côté radial , près du pouce , comme dans la Taupe , où il constitue l’os falciforme. Quelque chose d ana- SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 565 logue a lieu dans l’espèce humaine , chez les individus sexdi- gitaires , dont le rudiment de doigt occupe en général le côté cubital, mais parfois aussi , et exceptionnellement, se trouve au côté radial. DCCCXXXYI. Le nombre et la conformation des rangées suivantes ( phalanges ) subissent tant de modifications que je dois me borner à signaler quelques unes des plus saillantes. Telle est d’abord la conformation de la main des Cétacés , dont les cinq doigts ont de deux à onze phalanges , disposition qui, jointe à l’articulation imparfaite des vertèbres digitales , rappelle la structure des nageoires pectorales dans les Pois- sons. Les colonnes vertébrales des doigts sont aussi, à l’instar de celles des nageoires , engagées dans la chair et la peau chez les Phoques , les Taupes et les Chéiroptères , à qui cette or- ganisation permet de nager, de fouiller la terre et de voler. Enfin des colonnes digitales offrent des oblitérations de genres divers. Elle sont réduites à une seule dans les Soli- pèdes. On en compte deux dans les Bisulces et l’Unau, trois dans l’Aï , et quatre chez la plupart des Pachydermes. Par antagonisme avec l’oblitération constante du sixième doigt au côté cubital, le doigt externe du coté radial , ou le pouce , est toujours celui qui s'efface le premier. DCCCXXXYII. Enfin , je ne puis passer sous silence la con- formation si prodigieusement différente des os vertébraux considérés en particulier. Ils varient à l’infini sous le rapport de l’extension. Ainsi, par exemple, dans les Cétacés et les grands Ongulés , comme l’Eléphant , les vertèbres digitales sont extrêmement oblité- rées , épaisses et courtes, tandis que, dans les Chéiroptères , elles sont démesurément longues et grêles. . De petites intervertèbres ( os sésamoïdes ) se développent surtout quand la formation des vertèbres digitales est très- restreinte. Ainsi on en voit chez les Taupes , où elles se trouvent au côté de l’extension , tandis qu’il est plus com mun, partout ailleurs, de les rencontrer au côté de la flexion. Les dernières vertèbres sont coniques. Celles surtout des Mammifères inférieurs , des Monolrcmes, des Paresseux et 566 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. d’un grand nombre de Rongeurs , ont la forme d’un cône presque parfait , qui est celle que la construction primaire ou géométrique leur assigne. Cependant cette forme conique est presque toujours modifiée , même dans les espèces inférieures, en ce sens que le cône offre une légère courbure. Dans les Mammifères supérieurs ( Singes ), un petit bouton arrondi in- dique déjà le commencement d’une moitié extérieure du di- cône , et la vertèbre terminale perd de plus en plus sa sim- plicité rigoureusement géométrique , ce qui ne pouvait être autrement d’après les motifs que j’ai développés ailleurs. S. Squelette de la tête. DCCCXXXVIII. Les Mammifères1, en leur qualité de Cé- phalozoaires proprement dits , sont arrivés au plus haut degré de développement du cerveau qui soit possible chez les ani- maux en général; la conséquence immédiate en doit etie le plus grand développement possible aussi de la structure du crâne et de la tête. Mais un perfectionnement du squelette cé- phalique en harmonie avec le principe qui préside à la forma- tion spéciale de ce dernier , exige : 1° Que la colonne deutovertébrale en général , et les ver- tèbres crâniennes en particulier , prédominent sur la co- lonne protovertébrale de la tête et sur les vertèbres rachi- diennes ; . 2° Que les divers os provenant d’une base cartdagmeuse commune se réunissent plus parfaitement en un tout continu; 3° Que la colonne deutovertébrale céphalique cesse de se continuer en ligne horizontale avec celle du rachis. Examinons comment ces conditions sont remplies dans les diverses familles (1). ) Il n'est pas sans signification que, dans les Cétacés, qui, maigre leur vo- lume, sont cependant, eu égard à l’ensemble de leur organisation , des Mam- mifères embryonnaires, la masse de la tète en général acquiert une etendue qui la rend presque égale au tronc, ou à la moitié végétative du corps, de telle sorte que la supériorité du type du squelette céphalique s’exprime en premier lieu d’une manière pour ainsi dire matérielle , et par la seulep.e- dominance de la masse. On se rappelle que la série ici commençante de Ce- pbalozoaires était déjà indiquée, dans la classe des loissons, pat P‘ SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 56j DCCCXXXIX. Si nous prenons d’abord la colonne deutover- tèbrale de la tête , et que nous l'envisagions , abstraction faite des côtes céphaliques, comme une sorte de racliis céphalique , elle nous présente aussitôt deux particularités remarquables : 1° Le rachis, outre qu’il résulte partout des mêmes parties primaires , est beaucoup plus uniforme , dans les diverses fa- milles , que les arcs costaux et les membres qui s’y rapportent , de sorte qu’on trouve déjà en cela une preuve qu’il constitue la partie la plus essentielle de la tête. 2° La division des vertèbres crâniennes est plus uniforme aussi, dans les diverses familles , que celle des vertèbres fa- ciales, ce qui annonce également que ces dernières sont moins essentielles. DCCGXL. La colonne vertébrale crânienne offre iei , pour la première fois , un développement si pur et si précis , quant à ses vertèbres en particulier , que ce devait être elle aussi qui fît naître la première idée de considérer les os de la tête comme une colonne vertébrale. Parmi les nombreuses parti- cularités quelle offre dans sa formation , je ne puis signaler ici que les suivantes. En général , mais surtout chez les Mammifères inférieurs ou pisciformes , les vertèbres crâniennes , notamment leurs corps , se continuent encore en ligne droite et horizontale avec celles du rachis. Les Singes sont les seuls chez lesquels, le trou oc- cipital se trouvant plus rapproché de la base du crâne , la co lonne crânienne tende à se redresser en arcade vers la ver- tèbre sincipitale , à partir de laquelle la colonne faciale mani- feste de nouveau la tendance à s’abaisser. Dans le même temps , la cavité crânienne perd sa cylindri- cité et sa forme de simple canal. Elle se convertit en un espace plus ou moins ovalaire ou arrondi. Cette tendance de trois par- ties réunies en une à prendre la forme d’une sphère creuse prototype de toute formation vertébrale , exerce déjà une grande influence sur chaque vertèbre en particulier. Elle s’exprime d’une manière en quelque sorte plus grossière chez faite égalité entre les deux moitiés du corps, notamment entre le cerveanet la moelle épinière. 568 SQUELETTE DES MA-MMIFÈllES. les Mammifères pisciformes , parla singulière construction des trois vertèbres crâniennes, qui s’imbriquent l'une sur l’autre pour produire une cavité sphérique , forme à laquelle nous sommes en quelque sorte conduits par l’imbrication de leurs vertèbres cervicales , dont j’ai précédemment parlé. DCCCXLI. On voit se prononcer de plus en plus la division de la colonne vertébrale crânienne en 2 : 1 , qui est parfaite- ment analogue à celle de l’encéphale , puisque l’oblitération de la masse cérébrale moyenne et sa réunion avec l’antérieure pour produire le cerveau proprement dit , déterminent aussi , dans la masse encéphalique , une division en deux portions , le cerveau et le cervelet. Ainsi , la vertèbre occipitale , qui continue toujours à ressembler en quelque sorte à une vertèbre rachidienne , se sépare mieux des vertèbres cenlricipitale et sincipitale unies ensemble , intimement soudées même dans leurs corps. La séparation se complète même encore par l’ap- parition de lames osseuses saillantes en dedans ( tente ossifiée du cervelet des Chats , Ours , etc. ). Et comme , en général , une antithèse plus prononcée exige une synthèse plus forte , l’antagonisme qui résulte de là explique pourquoi la première intervertèbre ( vertèbre auditive ) , située entre les vertèbres occipitale et cenlricipitale , acquiert ici un développement plus parfait que partout ailleurs. Enfin , la colonne vertébrale crânienne arrive a une certaine indépendance dont le rachis ne jouit point , en ce que les corps vertébraux de ce dernier se terminent , du côté de la tête, par le rudiment simplement conique du dernier corps interver- tébral ( apophyse odontoïde ) , et que le corps vertébral de la vertèbre occipitale finit également en cône du côté du cou ( pl. xxxi , fig. ni ). Ce mode de terminaison , auquel on n a eu presque aucun égard jusqu’à présent, est donc celui que la colonne des corps .vertébraux de la tête alfecte, tant en devant, par la pointe du vomer , qu’en arrière , par le bord inféiieur aminci du grand trou occipital , de même que la colonne des corps vertébraux du rachis se termine en avant par 1 apophyse odontoïde de la seconde vertèbre cervicale, et, en arrière, pai la dernière vertèbre caudale. ; Cependant , à mesure que la tritovertèbre parallèle inle- SQUELETTE DES MA UMIFÈEES. 56g rieure de l’occiput s’oblitère du côté du cou , et cette oblité- ration va jusqu’au point que , dans le Castor, ce qui est par- tout ailleurs portion basilaire , ne constitue plus qu’une fosse vide, remplacée même souvent par un véritable trou chez les Phoques , les tritovertèbres parallèles latérales se développent dans la même proportion , comme à la première vertèbre cer- vicale , et , par antagonisme avec ce qui arrive à celle-ci sous ce rapport, ce sont elles alors qui effectuent l’articulation de la tête avec le cou ( condyles de l’occipital ). J’ai donc dû être très-frappé de rencontrer dans le Vautour un corps ver- tébral à l’occiput ; cette tritovertèbre y manifeste en effet une tendance prononcée à se bifurquer en arrière , et elle quitte ainsi son état de simplicité , pour passer en quelque sorte à la dualité des condyles occipitaux (1). DCCCXLII. La vertèbre occipitale a , dans les Cétacés , un développement extraordinaire , et auquel on ne trouve rien de comparable ailleurs. Cette disposition ne peut être expli- quée que parce que l’ordre entier des Cétacés répète la classe des Poissons ( Aedoiozoaires ) , et que , chez ces animaux , le sinciput , le centriciput et l’occiput correspondent aux cavités respiratoire , digestive et génitale du tronc. Cependant cette vertèbre prédomine proportionnellement plus dans tous les Mammifères que chez l’homme , et ce qu’il y a de remarquable , c’est quelle est la seule à laquelle on trouve non-seulement des apophyses épineuses, souvent très- fortes, mais même assez fréquemment des tritovertèbres laté- rales inférieures , ou des apophyses transverses , qu’à la vérité les anatomistes ont coutume de décrire comme apophyses mastoïdes , mais qui ont une tout autre signification , et n’ap- partiennent point à l’os temporal ( pl. xxxi , fig. m , id). On voit de pareilles apophyses transverses dans le Chevreuil. Chez les Cochons, elles sont si volumineuses, qu’on reste dans le (i) J ai déjà lait remarquer précédemment que cette manifestation do tritovertèbres parallèles latérales è l’endroit oir les cordons longitudinaux de la moelle allongée se partagent pour donner naissance au quatrième ventri- cule, repose sur le parallélisme existant entre le système nerveux et le sys- tème osseux. * ^7° SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. doute de savoir si l’on ne doit pas les considérer comme des côtes. DCCCXL1II. La vertèbre auditive acquiert , comme je l’ai déjà dit , un développement considérable , atteste 1° par l’in- dépendance à laquelle ses lames tectrices s’élèvent , chez un grand nombre de Mammifères , les Rongeurs en particulier , sous la forme d’un os wormien ( pl. xxxi , fig. ni, ic ) , que Meckel nomme os inter pariétal . Depuis longtemps on aurait dû reconnaître que çet| os est la lame lectrice de la vertèbre auditive , car il s’unit souvent avec les portions squameuses de l’os temporal , et alors il représente , tant avec ces pièces qu’avec les rochers , une deutovertèbre presque complète. 2° Par la cavernosité de l’apophyse mastoïde ou de la lame basilaire supérieure postérieure de la vertèbre auditive , qui cependant ne commence à s’étendre beaucoup que chez les Singes , mais donne toujours accès dans ses cellules à l'air de l’organe auditif, circonstance qu’on ne peut expliquer non plus qu’en ayant égard à la signification primaire de l’organe auditif ( organe respiratoire postérieur de la tête ). 3° Par l’induration extraordinaire et en quelque sorte la pétrification de ses lames basilaires inférieures, c’est-à-dire du rocher , à laquelle rien ne peut être comparé dans les classes précédentes (1). (i) On ne peut concevoir pourquoi cette ossification extraordinaire se développe autour de l’oreille interne qu’en ayant égard à ce que chacun des trois grands organes sensoriels , l’œil, l’oreille et le nez , exige prhnordiale- ment, comme parties essentielles. Je me suis expliqué ailleurs sur ce sujet ( Grtindzutge der 'vergleichenden Anatomie und Physiologie tT)resile9 1828), et j’ai fait voir que partout on trouve essentiellement, dans 1 œil, une extré- mité étalée et ramollie de nerf, un milieu albumineux transparent, et une substance animale carbonée (pigment); dans le nez, une extrémité ramollie de nerf, un milieu extérieur conducteur , une cavité de réception et du mucus; dans l’oreille, une extrémité ramollie de nerf, de l’albumine qui propage le son, et des os. Si donc l’organe auditif réclame l’os comme l’une de ses parties essentielles, il n’est pas surprenant que l’os qui s’y rapporte soit toujours la portion du névrosquelette qui se développe le plus. 11 serait bon de rechercher si, dans les fœtus des animaux supérieurs, l’ossibcatiou en général ne débute pas par le rocher, comme toute formation de pigment débute par celle du pigment oculaire. SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 5^1 DCCCXLIV. La vertèbre centricipitale , dont le COl’ps se soude si intimement, chez l’homme, avec la vertèbre sincipitale, demeure plus distincte de cette dernière chez les Mammifères. Mais ses lames tectrices se réunissent souvent en un arc sim- N pie , par exemple dans les Solipèdes , les Bisulces , plusieurs Pachydermes , etc. Au total , c’est cette vertèbre qui se développe de la manière la plus pure et la plus indépendante. Son étendue considéra- ble , qui augmente avec le perfectionnement de la voussure du crâne , et qui arrive au plus haut degré chez l’homme, est, comme je l’ai déjà dit, un reflet permanent ou fixe de l’état primaire du cerveau , où la masse cérébrale moyenne a tou- jours primordialement une prédominance si marquée. Il est digne de remarque , et parfaitement d’accord d’ailleurs avec le développement pur de la deutovertèbre , qu’on n’aper- çoit jamais ici de tritoverlèbres rayonnantes , par exemple de cornes. La seconde intervertèbre , qui n’avait point encore acquis jusqu’à présent d’existence indépendante , commence ici pour la première fois à fournir au moins un exemple de développe- ment individuel de ses lames tectrices. Je veux parler des pièces osseuses situées à la suture coronale de la Girafe , et qui portent les cornes postérieures comme tritovertèbres rayon- nantes. Il est probable que les cornes postérieures du Tetra- cerus striaticomis ont la même signification. DCCCXLV . La vertèbre sincipitale , destinée à envelopper la masse cérébrale antérieure , manifeste aussi une tendance à se fermer complètement , et elle y parvient en effet dans les Mammifères pisciformes , les Dauphins , par exemple , où le canal vertébral finit en elle par l’apparition d’une lame cri- bleuse appartenant à la troisième intervertèbre. Cependant la tendance à cette formation existe dans la classe entière. De là vient l’ossification de la troisième intervertèbre en lame cri- bleuse , qui n existait point encore dans les classes précéden- tes , et a travers les trous de laquelle V extrémité antérieure de la rjrande masse nerveuse centrale ( ayant les nerfs olfactifs pour reprèsentans ) se divise en fibrilles médullaires d’un or- gane sensoriel , de la même manière quel’ extrémité postérieure $7 2 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. de cette meme masse centrale {représentée. par la queue de che- val ) se divise , a travers les trous du sacrum , en filets médul- laires d’organes locomoteurs. II est digne de remarque , en outre , que , par suite de son apposition au dessus des cavités nasales , c’est à-dire de l’or- gane respiratoire antérieur de la tête , la vertèbre sincipitale devient en partie accessible à l’air , qui s’insinue effectivement dans les sinus frontaux , si développés chez certains Mammi- fères , et dans les cellules sphénoïdales. II est très significatif aussi que la cavernosité s’étende ici jusqu’à une des grandes vertèbres crâniennes elles-mêmes , tandis que , dans l’organe respiratoire céphalique postérieur , oula cavité auditive, qui ne correspond qu’à la transitoire allan- toïde , elle se borne à la seule intervertèbre. Enfin , il est extrêmement remarquable , comme fait se rat- tachant à la présence sur ce point d’une région respiratoire qui , par son caractère même , favorise et sollicite toujours l’apparition d’expansions rayonnantes ou de membres , qu’a- près les intervertèbres antérieures , la vertèbre sincipitale soit, avec la première faciale , celle qui manifeste la tendance la plus prononcée à produire des tritovertèbres rayonnantes supérieures , des cornes ou des bois. On doit cependant éta- blir une distinction essentielle entre ces tritovertèbres, suivant quelles appartiennent davantage , soit au dermatosquelelte , comme les bois et les cornes des Rhinocéros , soit au névro- squelette, comme les cornes desRuminans. Dans ce dernier cas , une circonstance encore mérite d'être prise en considé- ration , c’est que la cavernosité de la vertèbre s’étend jusque dans leur intérieur. Au reste , les rayonnemens latéraux pairs se voient ordinai- rement à la vertèbre sincipitale , et les impairs supérieurs aux vertèbres faciales (pl. xxxi , fig. iii ). Dans les classes précédentes , la troisième intervertèbre n’arrivait pas plus que la seconde à entrer dans la composition de la voûte du crâne, par le moyen de lames tectrices spé- ciales. Les Mammifères nous en fournissent un exemple égale- mentchezla Girafe (§DCCCXLIV ), dont les cornes antérieures sont de petites lames lectrices appartenant à cette interver' SQUELETTE DÈS MAMMIFÈRES. 5?3 tèbre , qu i, chez les mâles seulement , portent une tritover- tèbrc rayonnante. Il n'est pas hors de vraisemblance que les cornes antérieures du Tetracerus striaticornis reposent aussi sur des lames tectrices de cette interyertèbre. DCCCXLVI. Les vertèbres faciales se dilatent en cavités du sens de l’odorat , et leur développement reste fragmentaire. Elles perdent tout rapport avec le mouvement, la formation de tritovertèbres parallèles s’éteignant dans la dernière d’entre elles , le vomer. On doit comprendre maintenant qu’il y a pa- rallélisme parfait entre cet état de choses et celui de l’extré- mité de la masse nerveuse centrale elle-même ( § DCCCXLY). DCCCXLVII. Dans la direction générale de la colonne ver- tébrale faciale nous apercevons que, plus l’organisation animale se perfectionne , plus aussi cette colonne s’abaisse ^propor- tionnellement au redressement de la vertèbre occipitale ; de là résulte la tendance que l’extrémité de la colonne vertébrale céphalique manifeste à retourner vers celle du rachis. Cet abaissement fait un contraste frappant avec la tendance à se fermer par redressement qui apparaît à l’extrémité de la ver- tèbre sincipitale. J’ai déjà montré comment cette divergence contribue , avec d’autres causes encore , à faire que les os si- tués sur la limite du crâne et de la face s’ouvrent , devien- nent creux et s’éparpillent en quelque sorte (1). Chez les Mammifères, l’abaissement des vertèbres faciales en général est fort peu considérable encore. La direction as- cendante semble même prédominer dans les Baleines et les Dauphins, ainsi qu’on peut s’en convaincre par la fermeture complète de la cavité crânienne et le redressement du canal nasal , ce qui est en même temps une circonstance très-propre à faire' concevoir l’oblitération du centriciput et dusinciput, quand l’occiput offre de si énormes dimensions ( §DCCCXL1I). Mais il est digne de remarque que tout le reste de la colonne vertébrale faciale s’oblitère dans ce cas ; il ne subsiste plus , des deutovertèbres , que les lames tectrices de la première ( os (i) Il reste même qnelquefois (les vides considérables dans la snbslance ossense. Ainsi, dans le genre Cervus, on en aperçoit au dessous des lames tectrices (os du nez) et au devant des côtes nasales (os lacrymaux ). 5 7 4 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES, propres du nez ) , et le corps de celle-ci ( vomer ), qui pré- sente un volume disproportionné , se prolonge fort en avant, dans une direction parfaitement horizontale , de sorte qu’ici , à peu près comme chez les Poissons apodes , le squelette fa- cial n'est réellement formé , à sa partie antérieure , que de protovertèbres, sans nul vestige de deutovertèbres. BCCCXLVIII. A l’égard des vertèbres faciales en particu- lier , ordinairement il n’y a que la première et en partie aussi la seconde qui soient encore ossifiées. Leur conformation offre d’ailleurs , même dans des espèces voisines les unes des autres, beaucoup moins de fixité que celle des vertèbres crâniennes. Ainsi , par rapport à la première , quelle différence , chez les" Pachydermes , entre l’Éléphant , où ses lames tectrices sont si dblilérées (1), et le Rhinocéros, où elles ont une étendue énorme et portent même des apophyses épineuses ! Cependant la règle perce toujours au milieu de ces anoma- lies ; car un plus dans le développement du crâne entraîne constamment un moins dans celui de la face , et la subordi- nation de cette dernière va même jusqu’à s’exprimer, chez les Singes, d’une manière pour ainsi dire grossière ou matérielle , par l’oblitération complète des lames tectrices , qui se soudent toutes deux ensemble en un os nasal simple et petit. Du reste , c’est un sujet fécond en considérations du plus vif intérêt que de voir cette vertèbre , qui déjà s’écarte de l’autre et se confond par le bas avec la cavité de la cage cos- tale qui lui appartient, se remplir intérieurement de substance osseuse disposée en cellules , qui toutes tendent à se fermer , par un enroulement spiral , plus quelles ne le font dans les autres classes (2). Enfin je ne dois point omettre de faire remarquer que, chez tous les Mammifères , les arcs de celte deutovertèbre demeu- rent si incomplets qu’on n’en aperçoit même pas encore, dans (i) Voyez mes Tabul. illustr., cah. II, pl. vnr, fig. iv , iv c. Voici comment se produisent toujours ces spirales. Imaginons un cer- cle formé de substance élastique , et concevons alors que la continuité de cette lame vienne à cesser sur un point, les extrémités séparées se rouleront chacune en spirale, car, dans l’histoire de la génération des lignes , la spirale vient immédiatement après le cercle. SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 5^5 les Singes , les parties essentielles , c’est-à-dire les pièces ba- silaires supérieures , communément désignées sous le nom de lames papyracées. DCCCXLIX. La seconde vertèbre faciale n’est ossifiée ni dans sa lame mitoyenne , ni même en général dans ses lames tectrices. Elle n’existe point chez les Cétacés , par des motifs que j’ai développés précédemment. Du reste, ses lames ba- silaires ( cornets du nez)s ossifient d’une manière très-constante; seulement la substance osseuse y est toujours mince et po- reuse, et ces lamés, parce qu’elles ne peuvent arriver à se fermer 1 une 1 autre , se roulent ordinairement en double spi- rale. Le Bradypus tridactylus fait une exception sous ce rap- port; ses os nasaux antérieurs sont les lames tectrices de la seconde vertèbre faciale ossifiées à part (d). Du reste , on peut se demander si les longs os du nez, surtout chez les Pachy- dermes , ne résultent pas de points d’ossification antérieurs et postérieurs, si par conséquent il ne s’opère pas là de très-bonne heure une soudure entre les lames tectrices de la vertèbre faciale postérieure et celles de la médiane, à peu près comme, chez beaucoup d’animaux et même chez l’homme, les lames tectrices de la vertèbre auditive se soudent avec celles de la vertèbre occipitale. La longueur de ces os et les deux cornes ou apophyses épineuses qu’ils portent l’une derrière autre dans le Rhinocéros bicorne, permettraient au moins de soutenir cette opinion (pl. xxxi , fig. m vc). DCGCL. La troisième vertèbre faciale est la plus oblitérée de toutes, comme à l’ordinaire. En général , elle demeure pure- ment carülagmeuse. On dit même quelle n’existe point chez les Cétacés. Mais comme , de toutes les régions du rachis c est la colonne vertébrale caudale qui varie le plus , de même aussi cette vertèbre est , de toutes celles de la tête , celle nui r'lle. plus d0 va,rbüons- Quelle différence infinie dans la îïnes ! de C6S Car(1 aeeS’ qui Mutiei“»ent les bords des na- Chez l’Éléphant, ils se continuent avec les tubes intérieure- ment cartilagineux de la trompe, organe qui, répétant la queue (0 Voy. mes Tabule illustrâmes, cdh. II, pJ. y;(r, fig# g| 5jG SQUELETTE DES MAMMIFERES. par antagonisme , réunissant en lui les fonctions du toucher et de l'olfaction, et ayant, comme la queue d’autres animaux, une tendance à s’enrouler sur lui même de dehors en dedans, peut fournir matière aux considérations les plus intéressantes. Dans les Cochons, la face antérieure de la cloison nasale de- vient le siège d’une ossification exceptionnelle ( os du bou- toir ), qu’on peut considérer comme résultant de la prolonga- tion enroulée des lames tectrices antérieures ossifiées de la troisième vertèbre faciale ( pl. xxxi , fig. ni , vi c ). Dans l’Ornithorhynque , un petit os en forme de lyre, rudi- ment de la troisième vertèbre faciale , et qu’on rapporte or- dinairement à l’intermûchoire , termine réellement la colonne vertébrale faciale, en manière d'os caudal simple. Cette vertèbre cartilagineuse devient libre dans les Con- dylures.. En faisant ainsi le passage aux formations purement dermatosquelettiques , elle s’entoure de six petits et seize grands rayons cartilagineux, qui émanent d’un centre commun avec une régularité véritablement géométrique (4). Enfin , que de variétés n’observe-t-on pas dans les replis cartilagineux du nez des Chéiroptères, depuis notre Fer de lance jusqu’aux Phyllostomes! DCCCLI. Si nous passons maintenant aux arcs costaux cé- phaliques , nous ne tardons pas à reconnaître que ces produc- tions , destinées à entourer les organes végétatifs de la tête , ont moins d’importance que la colonne vertébrale proprement dite relative aux masses nerveuses centrales, et nous en trouvons la preuve dans l’inconstance plus grande de leurs formes qui se manifeste surtout aux arcs costaux de la 1 egion faciale ’ à l’égard desquels règne en apparence un défaut ab- solu de règle. DCCCLII. La meilleure manière de déterminer le rapport de la formation des côtes céphaliques chez les Mammifères à ce quelle est dans les Oiseaux , consiste à dire que si un certain degré d’isolement et de mobilité , surtout dans les con- nexions avec le rachis céphalique, était le type de ces derniers, celui des premiers est une solidité plus grande des côtes, qui, (x) Voy. la figura de ce cartilage remarquable dans /sis, i8a3, 1. 1, pl. 8. SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 577 d'ailleurs, s’étendent davantage en largeur , et sont immobiles les unes sur les autres. DCCCL1II. A l’égard des paires de côtes en particulier, la meilleure manière de les étudier est de supposer que nous regardons le squelette céphalique par dessous , qu’ensuite nous passons successivement en revue les côtes peu dévelop- pées du crâne et les fortes côtes soudées en voûte palatine de la face , et que nous terminons par l’examen des intercôtes, qui forment une rangée extérieure, comme les précédentes en constituaient une interne. Si alors on se rappelle bien la ma- nière dont ces arcs se comportaient dans l’aperçu général que j’ai donné des parties primaires du système osseux de la tête il sera facile de comprendre les modifications qu’ils présen- tent dans les différens groupes. Ici encore nous retrouverons ce balancement entre plus et moins , entre développement et oblitération , que , plus d’une fois déjà , nous avons vu être la cause principale de toute diversification dans la nature. DGCCLIV. Les côtes occipitales n’existent point , en général. Dans le cas seulement où , en étudiant l’histoire de l’évolu- tion des Mammifères ( § DCCCCXLII ) dont l’os occipital porte de longs appendices si faussement appelés apophyses mas- toides , l’on reconnaîtrait que ces parties doivent naissance à des pièces osseuses particulières , ce qui semble avoir lieu chez les Cochons , par exemple , peut-être serait-on fondé à admettre que là des rudimens de côtes s’unissent avec des apophyses transverses. Les cotes ccntricipitales ne sont pas plus développées que ces rudimens. Quoique indiquées par des points spéciaux d’os- sification , elles se soudent toujours intimement avec la se- conde vertèbre crânienne, de sorte quelles laissent, à propre- ment parler, dans le doute de savoir si l’on ne doit pas les considérer comme de simples apophyses transverses à l’instar des appendices de la vertèbre occipitale. DCCCLV. Les côtes sincipitales , proportionnellement nlus fortes et plus libres, constituent presque toujours des os dis- tincts aux deux côtés de la terminaison postérieure des cavités respiratoires céphaliques, par conséquent derrière lesarrièrp narines ( pl. xxxi , fig. m , ing ). Quoiqu’elles ne se ferment 578 SQUELETTE DES MAMMIFERES. point encore complètement par le bas , et que d’après cela elles représentent seulement ce qu’on nomme des fausses côtes , cependant elles demeurent la plupart du temps bien distinctes, sous la forme de crochets ptérygoïdiens. Dans l’Or- nithorhynque même, elles conservent, comme chez les Oiseaux, une articulation mobile avec le sphénoïde. En général leur forme crochue paraît devoir être, considérée comme une ré- miniscence de la classe des Oiseaux , chez lesquels elle indi- quait leur union avec la seconde côte crânienne. Or les Ron- geurs , qui répètent à tant d’égards les Oiseaux , sont précisé- ment ceux d’entre les Mammifères chez lesquels leur forme de crochet se prononce le plus : ainsi , par exemple , dans le Castor , le crochet s'étend jusque vers la portion postérieure de la première intercôte ( os du tympan ). DCCCLVI. La première paire cle côtes faciales se développe d’une manière plus parfaite encore. Première des vraies côtes de la tête, celle-ci se réunit parle bas avec celle du côté opposé, et contribue ainsi à fermer le thorax céphalique. Elle ne varie point esentiellement ( pl. xxxi , fig. ni , iv g ), si ce n’est dans les proportions relatives de ses parties. Les lames palatines sont quelquefois très-larges , parfois aussi oblitérées. En géné- ral, cette paire de côtes nous offre déjà le caractère disti clif du thorax entier de la tête des Mammifères, c’est-à-dire quelle a plus de largeur et de longueur que de profondeur , plus d’étendue de la surface sternale à la surface tergale. DCCCLVII. La seconde paire de côtes faciales ( maxillaires supérieurs ) est partout la plus développée de toutes, et celle spécialement qui détermine la forme de la face. En elle on voit se manifester pour la première fois dans toute sa plé- nitude cette diversité de forme à l’égard de laquelle j ai dit que le squelette costal l’emportait généralement sur la colonne dèutovertébrale , à la tête. A la vérité elle a partout cela de particulier ( pl. xxxl , fig. m , vg ) qu’elle se réunit à la voûte palatine, ert qu’ainsi elle contribue plus qu aucune autre pièce à la fermeture du thorax céphalique (1) ; mais quelle énorme (i)Les Cétacés, chez lesquels il n’y a plus (le thorax céphalique, sont les seuls Mammifères où ce rapport soit moins prononcé. SQUELETTE DES KAmMIFÈHES. différence de grandeur et de configuration n’offre -t-elle pas quand on compare les mâchoires supérieures prolongées en bec d oiseau des Dauphins avec les maxillaires épais et massifs du Morse et de 1 Eléphant , ou les mâchoires plates et basses de 1 Ormthorhynque avec les larges et fortes mâchoires supé- rieures des Carnivores. 1 DCCCLVIII. Une portion du maxillaire supérieur qu’on voit pour la première fois apparaître distinctement chez les Mammifères mérite de nous arrêter ici , d’autant mieux que je ai omise dans 1 aperçu général des parties primaires du nevrosquelette , où je n’ai pas jugé convenable de m’enfoncer trop avant dans les formations les plus complexes. C’est l’are osseux qui couvre le trou sous-orbitaire , et qui chez plusieurs Rongeurs, les éW, par exemple , comme aussi chez plu- sieurs Mammifères pelagiens, entre autres le Manati, acquiert une ampleur extraordinaire , de telle sorte qu’il ne se borne plus a entourer une branche principale du nerf trijumeau mais enveloppe aussi des muscles. J ’ On se demande quelle peut être la signification d’un tel are osseux , reposant sur le milieu de chaque côté extérieur d’un aie costal , d une protovertèbre. Si nous contemplons la figure xv, pl. m, , nous trouvons que des deutovertebres doivent virtuellement se développer sur toute protovertèbre , dans la direction de la «vision nar quatre (BB). Il ne peut donc plus nous rester aucun doute sur la signification de cet arc osseux , principalement lorsque nous trouvons qu’,1 forme l’enveloppement d’un nerf impor ant absolument comme le fait, à la tri, «vertèbre de l’ardcle s„ f mœxxxi PCCl0ral ’ h deulovertè»™ dont j’ai parlé tèbres céphaliques . et ramené comme , comme dans la planche xxxi fi» „ 5 e> représente la deulovertèbre supérieure’ fra"»mé\ • ° 4 veloppée , v, l’arc costal au Palais par ses pièces sternales etv /lpc i 0 latérales de la vertèbre faciale médiane. aeutovertèbres 5So squelette des mammifères. DCCCLIX. Ainsi donc, au tableau précédemment donné (§ CGCLXCIV) des côtes céphaliques , nous devons encore ajouter : Deutovertèbres latérales de la cinquième protovertèbre cé- phalique. Portions des os maxillaires supérieurs qui forment les arcs des trous sous-orbi- taires. Il est très-remarquable, sous ce rapport: 1° Que ces deutovertèbres latérales fermées n’apparaissent que là où la deutovertèbre supérieure n’a pris qu’un dévelop- pement fragmentaire ; 2° Qu’ici nous voyons se répéter , à la face , entre des pro- lovertèbres et des tritovertèbres , le même rapport qui avait lieu , à l’occiput, entre des deutovertèbres et des tritovertèbres (pl ’XXXI ? fig. ni *. b , avec ni , a). La tritovertèbre inférieure s’oblitérait à l’occiput; de même la deutovertèbre latérale s’o- blitère à la face. Dans l’un et l’autre cas, l’oblitération des vertèbres impaires détermine la manifestation de vertèbres paires. „ . A , , 3° Qu’ici nous trouvons réalisée une fois , aux cotes cépha- liques , une formation qui n’a lieu nulle part au tronc (I). DCCCLX. La troisième paire de cotes faciales (intermâchoi- re) participe aux changemens de forme les plus essentiels de la précédente , quoiqu’elle soit toujours plus faiblement déve- loppée quelle. Je dois laisser au lecteur de rechercher les modifications relatives à la forme , depuis l’intermâchoire co- lossale des Cétacés (où elle s’étend souvent jusqu’à la vertebre sincipitale, par dessus les os du ne/. ) , desMortes, des Eléphans, et l’intermâchoire proportionnellement tres-grande des Ron- (l) De pareils faits, qui ne se sont offerts à moi qa’après des recherches longues et multipliées, sont très-propres à prouver que la structure du sque- lette de la tête a beau être fort compliquée, les parues pr.mord.alement sollicitées s’y manifestent néanmoins d’une manière plus complété qu au squelette du tronc, ce qui dépend du plus haut degre de d.gmte de cette moitié du corps en général. SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 58i geurs, jusqu’aux faibles arcs costaux qu’elle représente clans les Ruminans , et de trouver la liaison nécessaire qui existe entre ces diverses conformations et la disposition générale du névrosquelette de chaque espèce. Je ne puis m’étendre ici que sur les points qui exigent quelques détails pour éclaircir la si- gnification de certains rapports d’un intérêt spécial. Ainsi, je vais examiner 1° Le défaut assez fréquent de fermeture des côtés inter- maxillaires au côté sternal ; 2° Leurs divers modes d’union avec la côte faciale médiane, et les vides qui restent entre ces deux paires de côtes. DCCGLXI. Relativement au premier point , il annonce tou- jours un état d’oblitération de la côte , et ce défaut de ferme- ture ne s’observe que dans les ordres inférieurs , les Mono- trèmes et les Chéiroptères. Chez les Chauve souris , il en ré- sulte une véritable scission antérieure du palais , semblable à celle qu’on rencontre quelquefois chez l’homme , lorsque , par vice de première conformation, les intermaxillaires demeurent séparés l’un de l’autre. Ce défaut d’occlusion réagit d’une ma- nière remarquable sur les partie molles , qui se perdent au milieu des cartilages de la dernière vertèbre faciale , en pro- duisant les formes les plus bizarres , comme chez les Phyllo- stomes. Quant à la réunion avec la mâchoire supérieure , les arcs intermaxillaires ne s’unissent , dans le sens de leur longueur , aux côtes faciales médianes, que chez les Cétacés, les Mono- trèmes et les Chéiroptères, où cette paire de côtes ne se ferme point en une voûte palatine séparant les fosses nasales de la cavité orale. Partout ailleurs il reste toujours entre eux , de chaque côté , à la voûte du palais, un vide qui , parce qu’il permet des connexions nerveuses et vasculaires plus libres entre les cavités respiratoires sensorielles de la tête et le commencement de la voie alimentaire , font mieux ressortir encore la véritable signification du squelette costal ( thorax ) de la tête. Là surtout où , comme dans le Lièvre, la première et la seconde côte faciale ressemblent davantage aux côtes du tronc par 1 étroitesse de leur portion palatine , on aperçoit 1 image complète de lu luec antérieure du thorax, eu égard aux SQUELETTE DES MAMMIFERES. vides que celle-ci présente , le long du sternum , entre les por- tions sternales des côtes. DCCCLXII. Nous arrivons maintenant aux. arcs costaux des intervertèbres . Le premier est représenté par la côte auditive , qui se partage en portion postérieure et portion antérieure. Comme toutes les autres côtes céphaliques , celle-ci se soude avec le rachis de la tête , et il n’y a qu’un petit nombre d’espèces , telles que les Cétacés et le Manati , où la portion postérieure , quoique toujours immobile, soit cependant unie d’une manière très-lâche avec la vertèbre. La différence la plus essentielle entre les Mammifères et les Oiseaux , relativement à cette for- mation costale , consiste en ce que la postérieure prend ici , pour la première fois , la forme de cercle tympanique ( d’a- près la pl. xxxi, fîg. m, i cf). Ce cercle paraît de chaque côté courbé en arrière ; ordinairement il produit l’os du tympan et le conduit auditif externe par son élargissement en dedans et en dehors , et c’est également ici que pour la première fois il fournit un membre rayonnant cartilagineux, la conque de l’oreille , qui est l’analogue de l’opercule des Poissons (1). DCCCLXIII. C’est cette côte auditive postérieure qui entoure la cavité respiratoire céphalique postérieure , la cavité auditive contenant de l’air, et à laquelle s’annexent aussi les osselets de l’ouïe , formation squelettique particulière à l’organe sensoriel, dans laquelle , pour la première fois, ces sortes d’ossifications (i) L’étude des monstruosités présente surtout un grand intérêt en ce sens quelle nous fait souvent apercevoir avec une précision extrême des formes et des rapports qui semblent plus enveloppés dans la conformation normale. Elle peut donc aussi contribuer à répandre du jour sur la signification de ces côtes auditives. Dans l’état normal, nous les trouvons tellement écartées l’une del’autre, par le développement considérable du pharynx, que, semblables à des fausses côtes, elles ne se touchent jamais. Mais, quand le pharynx vient à s’oblitérer, comme chez les monstres privés de mâchoire inférieure, leur forme de côte devient extrêmement évidente, en ce qu’alors elles ar. rivent réellement à se toucher, et entourent le pharynx, de meme qu une vraie protovertèbre enveloppe toujours le canal alimentaire. Voyez un travail de Weber, sur la fusion des deux organes auditifs, dans Tiedemann s ZeU- chrift fue.r Physiologie , t. II/ pag. 3o5, i SQUELETTE DES MAMMIFERES. 583 intérieures , qui répètent le névrosquelette dont elles sont en- tourées , comme les pierres de la glande pinéale répètent la voûte crânienne ( CCCCXIX ) , s’élèvent jusqu’au type d’un membre du névrosquelette. En effet , tandis que les Reptiles et les Oiseaux n’offraient ordinairement dans cet espace qu’un simple os diconique, on voit apparaître ici un arc protovertébral cartilagineux , qui répète la signification de la côte auditive à une plus haute puissance , sous ce rapport que , chez le fœtus , il s’unit réel- lement avec celui du côté opposé , et entoure le commence- ment du canal alimentaire (1). Mais, plus tard, il se développe, dans cette protovertèbre cartilagineuse (pl. xxxi , fig. iv), un membre dirigé vers l’oreille interne , qui consiste en ar- ticle supérieur (marteau ) , article inférieur (enclume) et arti- cle terminal bifide ( enclume ). Les espèces les plus inférieures, par exemple rOrnithorhynque, sont les seules chez lesquelles la segmentation ne soit pas complètement développée. Du reste , cette dernière présente aussi beaucoup de variétés, sur lesquelles je ne puis m’appesantir. DCCCLXIV. Quant à la côte auditive antérieure ( pl. xxxi , fig. m, i g, i g"'), elle se distingue très-bien de la précédente par sa direction en avant. Toujours elle se soude de la manière la plus complète avec la lame basilaire supérieure de la ver- tèbre auditive, c’est-à-dire avec la portion squameuse, pour con- stituer l’apophyse zygomatique de l’os temporal. Le peu d’in- tervalle qui sépare la cavité glénoide ( point d’intersection entre les pièces sternales supérieure et inférieure ) de la ver- tèbre auditive , atteste la grande oblitération des pièces ter- gales de cette côte , circonstance en raison de laquelle on peut par conséquent la comparer aux arcs protovertébraux destinés aux membres thoraciques. La forme et la direction de l’apophyse zygomatique pré- sentent aussi un très-grand nombre de différences , à l’égard desquelles je me contenterai de faire remarquer d’une manière générale quelles sont en raison directe du degré de dévelop- pement qu’acquiert la seconde intercôte. (i) Xoy. Husca&E, dans Isis, t. II, p. n03 , pl. «, fig. v. 584 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. DCCCLXV. La seconde intercôte (OS jugal, pl. XXXI , fig. III, 2 y) admet généralement davantage , chez les Mammifères , un type correspondant à celui qui dominie dans la classe précé- dente. Chez la plupart de ces animaux , elle demeure séparée du crâne, parce que la seconde inlervertèbre n’acquiert point non plus d’existence indépendante , et elle se rattache davan- tage aux vertèbres auditive antérieure et faciale médiane. Elle ne manque tout-à-fait, d’après Meckel, que dans le genre Manis. Cependant elle s’oblitère aussi dans les Fourmi- liers et les Taupes , de même que dans les Cétacés , quand on la compare, chez ces derniers , aux énormes côtes faciales. C’est uniquement chez un petit nombre d’Ongulés, et, d’une manière constante , chez les Singes seuls , qu’au moyen de sa connexion avec la partie de l’os frontal qui avoisine la vertè- bre centricipitale , elle indique la présence d’une intervertè- bre médiane, dans des points d’ossificaton particuliers du sphénoïde. Du reste, sa force et sa direction offrent une infinité de dif- férences , que je ne puis énumérer , quoiqu’il ne me soit pas permis de passer sous silence que la force extrême et la grande courbure de l’arcade zygomatique chez les Carnivores, dont la digestion est si pressante et si rapide , pourrait fournir matière à bien des considérations diverses. DCCCLXVI. La troisième intercôte (os lacrymal) est la plus petite (pl. xxxi , fig. m , 3sr). En général , elle s’applique im- médiatement au bord postérieur d^e la côte faciale médiane. De toutes les intercôtes , c’est elle qui se développe le moins. Elle manque entièrement chez les Phoques, ce dont on n a point encore trouvé la raison physiologique. DCCCLXYII. Il nous reste encore à parler des membres cé- phaliques, à l’égard desquels nous trouvons des perfeclionne- mens essentiels dans cette classe , en les comparant avec cc qu’ils sont dans les précédentes. En effet , 1° Les impairs ont tout-à-fait disparu j 2° Les trois articles des membres crâniens latéraux inté- rieurs sont complètement développés; 3° Il apparaît de nouveau des membres crâniens latéraux supérieurs. SQUELETTE DES MAMMlï'ÈllES. 5B 5 DCCCLXVIII. La disparition des membres impairs du crâne est la suite nécessaire du grand développement des deutover- tèbres impaires supérieures , qui , par antagonisme , rend impossible l’apparition d’un membre à cette région, comme on peut en juger d’après ce que j’ai dit précédemment du rapport entre le plus et le moins de développement des parties élémentaires en général. DCGCLXIX. Quant au perfectionnement des membres pairs , il résulte , par antagonisme aussi, de la disposition des membres impairs, et se rattache en général à la dignité plus élevée de la moitié du corps consacrée à la vie animale, qui exige que toutes les parties compatibles avec son essence soient plus enno- blies et plus délicates. C’est aussi ce dernier motif qui fait que, si jamais le tronc n’offre de membres latéraux supérieurs , on en trouve à la tête une paire, qui sont devenus des mem- bres sensoriels , et dont par cela même le squelette ne dépasse point les conditions du cartilage , ainsi qu’il arrive aux ver- tèbres faciales antérieures, développées également en parties sensibles. DCCCLXX. Examinons d’abord les membres céphaliques latéraux inférieurs , c’est-à-dire la mâchoire inférieure. Jusqu’à présent, ces membres n’avaient encore été com- posés , comme des membres imparfaits du tronc , des nageoi- res , par exemple , que d’un article terminal et d’un article inférieur. Ici nous voyons apparaître pour la première fois l’article supérieur , qui se montre aussi plus tard que les au- tres aux membres du tronc , et c’est lui qui produit l’apophyse articulaire ascendante. La correspondance entre la forme de cette partie de la mâ- choire inférieure et celle d’un humérus, ressort non seule- ment de lu fig. iu, pl. xxxi, ih, mais encore de l’examen des formations naturelles elles-mêmes. On peut s’en convain- cre , principalement sur toutes les têtes où la branche ascen- dante a acquis une longueur considérable , comme , par exemple , dans les Bisulces. Voilà pourquoi elle se développe toujours par un point particulier d’ossification , et pourquoi elle porte toujours le condyle, au lieu que , dans les classes précédentes, la mâchoire inférieure s’articulait toujours par 586 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. une cavité , comme un avant-bras. Il est surtout cligne de re- marque qu on ne la trouve point parfaitement développée dès les dernières espèces de Mammifères, et qu’elle est très oblité- rée dans le groupe répétiteur des Poissons (Cétacés) , où la mâchoire semble ne se composer que des seules branches ho- rizontales. La même chose a lieu dans les Monotrèmes , qui répètent les Reptiles, dans les Fourmiliers , etc. Au reste , je ne puis m’engager ici dans la description de toutes les formes diverses que la mâchoire inférieure présente. Je n’ai à m’occuper que de la formation des interarticles su- périeur et inférieur; car jusqu’ici il n’y en avait eu qu’entre l’article inférieur et l’arc protovertébral. Je dois aussi parler de la formation du canal dentaire et de sa signification. DCCCLXXI. Quant à ce qui concerne les interarticles , qui, dans les membres , se rapportent toujours au mouvement mus- culaire, ils sont représentés par l’apophyse coronoïde et l’angle de la mâchoire inférieure. Plus ce dernier membre est destiné, d’après la nature individuelle de l’organisme entier , à l’exercice d’une force grossière , plus ces interarlicles sont puissamment développés. Voilà pourquoi il est si ordinaire de trouver , non pas seulement l’apophyse coronoïde ( interarticle interne ) fort grand , et souvent même en forme de long cro- chet , comme dans les Ruminans , mais encore l’angle de la mâchoire ( interarticle externe ) très-prolongé , comme dans beaucoup de Rongeurs. DCCCLXXII. A l’égard du canal dentaire , sa signification a été long-temps pour moi enveloppée de ténèbres , et je ne suis parvenu à m’en former une idée nette que depuis qu’il m’est arrivé de comprendre aussi celle du canal par lequel passe le nerf maxillaire supérieur ( § DCCCCLVIII ). La branche ascen- dante de la mâchoire inférieure correspondant à l’humérus, et certains Mammifères nous offrantà l’humérus un canalnerveux qui est un rudiment de deutovertèbre , on ne doit point être surpris de voir une formation analogue se présenter à la bran che ascendante de la mâchoire inférieure. Et même, comme elle y est plus générale qu’à l’humérus , on doit penser que la formation du bras n’est qu’une répétition de celle de la tête, que par conséquent elle appartient primitivement en propre SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 58^ au squelette céphalique ; car la tête , en sa qualité de moitié du corps prépondérante en dignité , doit , lorsqu’elle acquiert un haut degré de perfection , manifester au moins quelque part, d’une manière à la vérité très-contractée , mais en même temps ennoblie , toutes les formations qui sont virtuellement possibles. Or l’idée de deulovertèbres est toujours comprise primordialement dans celle d’une colonne vertébrale de mem- bres ; elle doit donc se réaliser quelque part , et il est donc très-conséquent que la formation d’une deutovertèbre embras- sant un nerf se manifeste constamment à la portion la plus im- portante des membres céphaliques qui ont également une exi- stence constante. De là provient l’anneau osseux qui entoure le nerf maxillaire inférieur ( pl. xxxi, fig. ni , i h ? ) > de telle sorte cependant qu’à 1 instar de toutes les parties primaires du membre auquel il se rapporte , cet anneau o&eux soit absorbé dans l’ossification générale , et que le nerf qui parcourt l’es- pace compris entre les deux feuillets du membre , ne rede- vienne libre qu au côté externe de l’article terminal (1). DCÇGLXXIII. J’ajouterai encore , eu égard au développe- ment général de cette paire de membres crâniens latéraux in- férieurs, que chaque membre est absolument immobile et en quelque sorte enkylosé dans ses divers articles. La, faculté en lui de se mouvoir eût impliqué contradiction avec la prédomi- nance que la sensibilité possède dans la moitié animale du corps, dans la tête. Cependant la soudure des deux membres 1 un avec l’autre n’est point aussi solide que chez les Oiseaux ou elle tient à la prédominance de l’ossification dans la classe en général. DCCCLXXIV . Les membres crâniens pairs inférieurs étaient seuls développes dans les deux classes précédentes. Ici seule- ment la portion postérieure de la côte auditive recommence à porter un membre latéral supérieur. Ce membre est le cartilage de 1 oreille externe. Si le peuple donne déjà le nom d'ouïes (!) L osselet tubuleux de la mâchoire inférieure des Oiseaux , que fai compris dan, le splanchnosquelette , ne serai, -il pas aussi une dentovertèb -e mais qui demeure libre ? Cette question mérite d’être examinée, quoique* sois tente jusqu’à présent d’y répondre par ]a négative, attendu que 1 n enveloppe point de nerfs. ^ c tube 588 SQUELETTE UES mammifères. aux opercules des Poissons osseux , la science démontre avec une évidence parfaite que la conque de l’oreille est une méta- morphose de l’opercule. Cette conséquence résulte nécessaire- ment de ce que j’ai dit en traitant de la côte auditive , à l’occa- sion de laquelle j’ai fait voir que sa portion arquée d’avant en arrière , c’est-à-dire le cercle tympanique , d’où provient le conduit auditif osseux externe , est la même chose que la par- tie postérieure de l’os carré des Poissons. Mais , comme l’oper- cule naît de la partie postérieure de l’os carré , chez les Pois- sons j de même aussi , chez les Mammifères , la conque de l’oreille naît du conduit auditif osseux externe. Pour mieux saisir encore cette analogie , il suffit de se rappeler que quand l’opercule disparaissait dans la classe des Poissons , il prenait également Informe d’une lame cartilagineuse, par exemple dans le Squale (pl. xxx, fig. vu, ih*-, pl. xxxi,fig. m, ih*){i). DCCCLXXV. Mais déjà, chez les Poissons, le membre su- périeur du crâne n apparaissait que comme article terminal , procédant d’une tritovertèbre conique, et étendu sous la forme d’une lame analogue à une nageoire. Ici, où le rudiment en- tier de ce membre ne consiste qu en cartilage , il se montre partout sous l’aspect d’une lame ou feuille (pl. xxxi, fig. m , ih* ) , quoique variant beaucoup dans la manière dont il est plissé et développé. Je me bornerai à faire remarquer que comme l’article supérieur de la mâchoire inférieure , propre à la classe des Mammifères , demeurai^ à un degré extrême- ment faible de développement chez les dernières espèces de la classe , de même aussi le membre supérieur est fort oblitéré dans ces espèces , et presque exclusivement borné a la lame cartilagineuse qui constitue le conduit auditif externe. Je ne puis décrire ici les différentes formes de ce membre , qui parfois ressemble réellement à des lames branchiales , comme par exemple dans les feuillets cartilagineux s. minces mais si démesurément grands de l’Oreillard. Il me suffit d a- voir établi la signification de l’appareil entier , qui t ai cuis (i) J’ai déjà démontré plus haut combien I rompé en admettant que les osselets de 1 oui de l'opercule. Geoffroy Saint-Hilaire s était lésultent d’une métamorphose SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. 58g devient parfaitement évidente lorsqu’on se rappelle qu’à l'instar de l’opercule et de tous les membres extérieurs , la conque de l’oreille est mise en mouvement par des muscles parti- culiers. On verra plus loin que lès autres membres céphaliques vir- tuellement possibles ne sont qu’indiqués , chez certains Mam- mifères, par de simples productions du dermatosquelelte. II. Splanchnosquelette. DCCCLXXYI. De même que dans la classe précédente , le splanchnosquelette se divise en celui de la tête et celui du tronc ; mais il s’y développe ici , dans les deux régions , des parties qu’on ne trouvait point chez les Oiseaux, i Splanchnosquelette de la tête. Comme chez certains Reptiles et Poissons , il offre à sa région antérieure de forts articles on- guéaux , et à la postérieure des arcs costaux diversement dé- veloppés. DCCCLXXVII. Examinons d’abord les articles onguéaux , ou les dents. Un fait remarquable d’abord , c’est que les ongles manquent chez ceux des Mammifères qui répètent clairement des classes inférieures dans lesquelles on n’ en trouve point. Ainsi , chez les Poissons les plus réguliers , la formation dentaire était bor- née aux seuls arcs branchiaux , et chez les plus parfaits d’entre les Reptiles ( Chéloniens ) , les dents se trouvaient remplacées par de simples lames cornées. De même, les dents manquent, et il n’y a qu’une simple formation cornée, dans les Baleines. De même aussi , les Mammifères qui répètent les Reptiles n’ont que des dents cornées. Mais lorsque la formation dentaire proprement dite com- mence à se manifester , les dents apparaissent toujours d’abord sous la forme conique pure , qui est celle que la construction assigne à toute trito vertèbre , comme article terminal. On peut s’en convaincre dans les Cachalots et les Dauphins , qui répè- tent parfaitement la forme des dents des Poissons. La forma- tion dentaire s’étend même , comme chez les Poissons , sur une grande partie des tissus mous de la bouche , et de là ré- sultent les dents linguales , qui ne s’élèvent cependant point ^9° squelette des mammifères. au-delà du caractère corné , en conservant toujours la forme conique , comme , par exemple , dans le genre Felis. DCCCLXXVIII. Lorsque ces articles onguéaux du dermato- squelette prennent une forme plus diversifiée , on remarque surtout la différence existante entre ceux qui , constituant en quelque sorte les véritables ongles des membres céphaliques, apparaissent à l'extrémité antérieure du membre maxillaire inférieur , ainsi qu a la mâchoire supérieure , où ils rempla- cent un membre facial virtuellement exigé dans le névro- squelette , et ceux qui se développent sur les côtés de la ca- vité orale. Les premiers , dents incisives et canines , représentent les ongles des doigts , et les canines peuvent être considérées comme ongles de pouces. Ils ressemblent aux ongles propre- ment dits , par leur tendance à croître d’un^ manière continue ou indéfinie , et il est fort remarquable que cette faculté ne se manifeste , dans les membres du splanchnosquelette , que chez les animaux de la classe la plus élevée , tandis que, chez ceux des classes inférieures, ces dents se bornent à tomber et reparaître périodiquement, comme les écailles et l'épiderme du dermatosquelette. DCCCLXXIX. Quoique certaines familles offrent par consé- quent un nouveau mode de formation, les articles onguéaux, cependant on continue toujours à rencontrer le plus général, qui consiste en ce que l’ancienne dent est repoussée par une autre , qui prend sa place , et qui persiste ensuite , du moins en ce qui concerne sa substance émaillée. Les membres on- guéaux latéraux postérieurs sont les seuls qui subissent plu- sieurs fois ces métamorphoses; tous , à la vérité , ne sont point dans ce cas , mais il a lieu au moins pour quelques uns, par exemple chez l’Éléphant. Au reste, ces modes variés de formation sont très-significa- tifs , le dernier surtout , parce que la dent offre souvent , par exemple chez les Éléphans , les Rongeurs et les Ruminans , une structure intérieure plissée qui, de même que le plisse- ment des crochets à venin chez les Serpens , indique un cer- tain rapport entre elle et une sécrétion. DCCCLXXX, Enfin, le nombre de ces articles onguéaux SQUELETTE DES MAMMIFERES. ' ' 5ç)l n’est jamais non plus sans intérêt. Les Mammifères inférieurs, tels que les Dauphins, portent des dents maxillaires en plura- lité indéfinie , ce qui , chez d’autres espèces , ne se manifeste plus qu a l’égard des dents linguales. Dans les Mammifères su- périeurs , le nombre des dents qui garnissent les mâchoires se rapproche toujours de celui que j’ai indiqué lorsque j’ai traité des parties primaires du splanchnosquelette en général ( § 435 ). DCCCLXXXI. Arcs protovertébraux du splanchnosquelette céphalique. Nous trouvons les vestiges des six paires de côtes métamorphosés en pièces laryngées et en hyoïde, à peu près de la même manière qu’ils le sont déjà dans les deux classes précédentes (1). DCCCLXXXIL On compte également ici six arcs protover- tébraux. L’antérieur est celui qui se développe le plus libre- ment; les quatre suivons sont oblitérés et soudés ; le dernier est à peine indiqué. Quant à l’antérieur, ou à l’hyoïde, nous trouvons qu’il a encore tres-sensiblement la forme costale, et qu’il embrasse la partie supérieure du canal aérien et du canal alimentaire II lui arrive fréquemment encore de se diviser de chaque côté comme une côte du névrosquelette , en quatre parties pri- maires. Cependant , les pièces sternales inférieures ( pl. xxxi v * J R ïï » Ju,Pa P mment dG 13 remarcIaaLIe observation faite par atbke, Huschke etBaer, qui ont trouvé des fentes branchiales à la région aryngee, dans des embryons d’Oiseanx et de Mammifères. Cette observa- t.on jette un grand jour sur la métamorphose des arcs branchiaux en carti- ages laryngiens. Cependant, à part même ce fait, il en existe plusieurs autres qu. démontrent avec non moins d’évidence que cette région du corps eta.t prlmord.alen.ent le siège de la respiration. Tels sont : x» le développe- ment de la glande thyroïde , car, déjà chez les Batraciens, l’emplacement des branch.es d.sparues est indiqué par une glande, et rien n’est plus commun sécréto6 reS"e ‘‘"'T'1 q"e ^ V°ir dCS °rennCS galeux, même réellement sccretoires, tenir lieu d'organes respiratoires ; *• le développement de sacs riens, pulmom formes, souvent très-considérables, qui apparaissent entre ■ Portions du larynx, précisément chez les Mammifères dont l’organisation Z rappr0;he ,'e P,U9 de celle l'homme. Ces considérations poZiênt mener a des résultats d’une hante importance pour la nh-v«i I • w Jav,. 5qi SQUELETTE des mammifères. fi g. in , vi f) sont toujours soudées avec la tritovertèbre ster- nale ( fig. ni , vi l). Mais un fait fort remarquable , c’est que la classe des Mammifères nous offre de nouveau un vestige des rayonnemens qui peuvent virtuellement exister à chaque protovertèbre , et qui sont développés en si grand nombre aux os hyoïdiens des Poissons , où ils constituent les rayons de la membrane branchiostége ( fig. ni;vi *). Ces vestiges sont décrits , chez* l’homme , sous le nom de grandes cornes de l’hyoïde, mais, dans les Mammifères , ils sont toujours beau- coup plus petits que l’arc costal proprement dit. Ce dernier consiste fréquemment , surtout dans ses pièces tergales supé- rieures , en os larges et très-forts ( par exemple , chez les On- gulés ) , et il ne s’oblitère que dans les espèces supérieures , mais principalement chez 1 homme , où 1 on ne trouve qu un rudiment de la pièce sternale supérieure ( petites cornes de l’hyoïde ), plus un rudiment de la pièce tergale supérieure (apophyse styloide), implanté, presque comme une dent, dans le névrosquelette , derrière la côte auditive , devenue le conduit auditif externe. Mais la côte hyoïdienne s’attache déjà, chez les Poissons , à cette même côte (1). DCCCLXXXIII. D’autres particularités de la splanchnocôte antérieure présentent de l’intérêt sous le point de vue physio- logique. Ce sont : 1° Les indices fortement prononcés d’une vertèbre sternale libre (pl. xxxi , fig. ni , II). On les aperçoit surtout très-bien dans le Cheval. On découvre même le rudiment de 1 os lingual, si développé chez les Oiseaux , car on doit considérer comme tel un filet cartilagineux , pointu aux deux bouts, qui se trouve dans la langue des Chiens et d autres Mammifèi es. 2° Le corps de l’hyoïde peut devenir creux , et renfermer un sac vésiculeux du larynx. Du reste , l’origine de cette im- portante production , qu’on rencontre chez certains Singes , par exemple dans le Mycetes ursinus , doit être conçue de la (X) L'apophyse s.yloidc de l’os temporal humain appartenantan splancl.no- squelette, on conçoit pourquoi celte pièce varie plus souvent que d antres, manque, s’allonge , etc. On comprend aussi qn’.l ne peut pom y a popl.yses.ylo-.de chez les animaux où les pièces tergales supérieures de côte se sont développées en pièces constituantes (le côtes et t .yoi «. SQUELETTE DES MAMMIFÈTIES. 5q3 même manière que celle du glissement des circonvolutions de la trachée-artère entre les lames du sternum de la Grue. Ce qu’on appelle communément le corps de l’hyoïde étant un composé d une tritovertèbre et des deux pièces sternales infé- rieures de la protovertèbre , comme le sternum de la Grue résulte des moitiés séparées de la protovertèbre sternale pro- prement dite et du sternum scapulaire , lorsque la membrane hyoïdienne acquiert plus d’ampleur, elle peut également faire saillie au dehors-, à la manière d’une hernie naturelle, autour de laquelle les parties élémentaires , écartées les unes des autres, se réunissent en une vésicule ossifiée, par le moyen d’une masse osseuse qui remplit leurs interstices. DCCCLXXXiy . A l’égard de la cinquième et de la quatrième splanchnocôtes , elles se réunissent également ici pour produire le cartilage thyroïde , dont la forme subit des modifications infimes, parmi lesquelles je signalerai seulement celle qu’on ob- serve dans l’Ornithorhynque , attendu qu’elle est fort importante pour expliquer la manière dont ces parties se développent Non-seulement chaque moitié du cartilage thyroïde de cet animal est partagée en plaque antérieure et plaque postérieure Y1 XXXV m ’ v?’ IV7)’ ce qui répète parfaitement le type des arcs branchiaux , mais encore la plaque antérieure (y7) s allonge a tel point quelle embrasse le pharynx ( fip- m jljl) derrière lequel elle s'adosse à celle in cité opposé , d'où résulte un arc branchial complet. Ici donc, et peut-être toujours, les cartilages aryténoïdes ne peuvent être considérés que comme les pièces tergales de la quatrième splanchnocôte. Ü pcccLXXXv. Aux deux paires de côtes réunies pour nro- d",re le cf,rula«e «hyoïde . s’ajoute , chez les Mamraiftres une nouvelle partie, qui est l’épiglotte. Cette pièce a les mêmes rapports avec la pâtre de côtes du cartilage .hyoïde aue Z prolongement tmpatr de la tritovertèbre hyoïdienne (pl ^ lîg. HMD avec les cotes hyoïdiennes; mais, au lieu'dese porter en avant, comme ce prolongement elle prend 1, r d’un S et se réfléchit en arrière ( fie- \ P d la lo,'me avait été gênée dans son accroissement par h côte hy^d’ ^ située au devant d’elle. “yoidienne m. 3S 5g4 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. Ce rudiment d’une tritovertèbre devient surtout très-grand chez les Singes qui ont le larynx garni de vastes sacs pulmo- niformes , comme l’Alouate (1). DCCCLXXXVI. La formation des troisième et seconde splanchnocôles , réunies en cartilage cricoïde , est des plus simples. Ces côtes se réunissent en une protovertèbre , qui ne varie jamais d’une manière essentielle. Quant à la première splanchnocôte, qui est si fortement dé- veloppée et dentée dans les Oiseaux ( mâchoirés pharyngiennes des Poissons) , elle ne constitue ici que deux petits noyaux car- tilagineux ( cartilages de Santorini) , situés à la limite des voies aérienne et alimentaire. DCCCLXXXVIL S pl cinclino squelette du tronc. Pour la pre- mière fois , chez les animaux supérieurs , nous y pouvons dis- tinguer des régions cervicale , thoracique et pelvienne. Le splanchnosqueiette des régions cervicale et thoracique ne diffère point essentiellement de ce qu’il est dans les classes précédentes ; seulement il offre un type plus parfait à certains égards. 1° Les anneaux de la trachée-artère présentent souvent des divisions , qui rappellent celles des arcs costaux du thorax. Ainsi Rudolphi a vu , dans le Lion , six anneaux (répétant par conséquent les six côtes laryngiennes ) se partager en arcs la- téraux unis par une pièce sternale commune (pl. xxxi , fig. ni , xy) , absolument de même que les côtes le sont par le sternum. ‘2° Les anneaux de la trachée-artère , comme les côtes la- ryngiennes , offrent avec plus de constance la substance cai- lilagineuse qui appartient en propre au splanchnosqueiette. 3° Cette colonne protovertébrale n offre plus ni 1 excessive longueur ni les renflemeris vésiculeux partiels ( comme au la- rynx inférieur de certains Oiseaux) , qui annonçaient un dé- veloppement exagéré de la respiration. DCCCLXXXVI1I. Pour bien saisir la signification de ce qui se développe comme splanchnosqueiette de la région pelvienne, il faut surtout avoir égard au lieu qu’occupe cette formation. (i) "Voy. mus Talith illustr., euh. Ig pl. I«. SQUELETTE DES MAMMIFERES. 5g5 C’est autour du canal excréteur du débris de vessie respira- toire primitive (allantoïde ), autour de l’urètre , qu’elle apparaît sous la forme d’os de la verge. Lorsque j’ai parlé des parties primaires du squelette dés Céphalozoaires en général , j’ai dé- montré que l’os qui se manifeste dans cette région , est essen- tiellement analogue soit aux anneaux supposés réunis de la trachée-artère, soit plus encore au corps vertébral sternal an- térieur de cette colonne , c’est-à-dire à l’hyoïde. Je renvoie à l’anatomie descriptive pour les variétés qu’il présente chez les Cétacés, les Carnivores, les Singes, etc. DCCCLXXXIX. J’ai également dit , dans les Considérations generales , que le splanchnosquelette tend aussi à se repro- duire dans l’intérieur même des organes de la vie végétative et qu on peut expliquer par là les ossifications qui se° rencon- trent dans lé cœur. J’ajouterai ici que ces ossifications normales n ont pas lieu uniquement dans le cœur lui-même, comme chez le Cerf, mais que, d’après Jæger , on en trouve aussi quelquefois immédiatement au dessous de cet organe nar exemple dans le diaphragme du Chameau. II. Dermatosquelette. DCCCXC. La classe des Mammifères répétant toutes les classes anterieures , les parties de la surface du corps offrent f0Urnirmatière aux COnsidérations les Mais ici, comme partout, les parties du dermatosquelette se partagent en formations protovertébriformtes , qu’on ne ren conu-e cependant jamais que très-divisées , et en rayonneml' ‘Wve"ebr'f°rmes ■ T" ont également plus de tendance à en toiim la surface du corps en pluralité indéfinie qu’à se con- centrer en formations analogues à des membres. INous n avons à nous occuper ici nue d’nn noiîi „ i d’entre les plus remarquables de ces formations II se, S e au lecteur de réduire les autres ù leurs parties élément ires et de se convaincre par lui-même aue ni mu. res » limité à laquelle il ne s’attendait point. 1 ^ Iég1' DCCCXCI. Quant aux parties prolovertébrifm-mn -, tnteressant de voir que la classe des Mammifères répète jtt 096 SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. qu’aux tesls composés d’anneaux divisés des Sauriens et des Chéloniens , à la vérité seulement chez les espèces placées au plus bas de l’échelle ( Dasypus , Chlamyphorus ), et que ces ceintures de plaques peuvent même acquérir la dureté osseuse par des dépôts de substance calcaire. Cependant, soit à cet égard , soit en ce qui concerne les plaques cornées squami- formes qui cristallisent sur la peau de certains Pachydermes et autour de la queue de plusieurs Rongeurs , on ne rencontre plus ici la régularité géométrique qui se voyait dans les classes inférieures , car une organisation en général élevée ne se con- cilie point avec la raideur des formes élémentaires. Au lieu de la cristallisation de l’hexagone, c’est fréquemment aussi celle du carré ou du pentagone irrégulier que l’on rencontre. DCCCXCII. Chez les Mammifères supérieurs, ces cristallisa- tions de la substance cornée de l’épiderme s’amincissent de plus en plus à mesure que la sensibilité de la surface cutanée augmente , et les extrémités des membres sont les seules par- ties où l’on continue à trouver de grandes plaques cornées jusque chez les Singes. Tantôt ces plaques , ayant la forme de protovertèbres coniques , s’étendent sur les tritovertèbres coniques du névrosquelette qui terminent les membres , comme font les ergots , les griffes et les sabots. Tantôtelles constituent de simples écailles ou des rudimens de protovertèbres , des lames courbes isolées, qui s’appliquent au côté tergal des extré- mités de membres , comme les ongles proprement dits. Les enduits cornés qui revêtent les tritovertèbres rayonnan- tes d’autres régions du corps , notamment les cornes de la vertèbre sincipitale , ont la même signification que les griffes et sabots qui entourent les articles terminaux des membres (1). (1) La tendance constante du dermatosqnelettc à se développer davantage au côté tergal ou lumineux de l’organisme , est fort remarquable. Déjà dans les Corpozoaires , dès qu’il commence à s’établir une distinction bien tran-r chée entre le côté tergal et le côté ventral, on voit apparaître une propension formelle à une Induration plus considérable de la surface cutanée dorsale. Cette tendance s’exprime aussi parle développement d'écaillcs et de plaques plus fortes et plus solides au côté tergal des Poissons et des Reptiles, par une coloration plus foncée et un plus grand allongement des plumes de la région dorsale des Oiseaux, par un développement plus consistant et plus SQUELETTE DES MAMMIFÈRES. DCCCXCIII. A l’égard des parties tritovertébriformes du dermatosquelette, elles se présentent ici sous des formes bien plus grêles que dans les classes précédentes. Elles constituent les poils , qui entourent plus ou moins le corps entier , en plu- ralité indéterminée , et s’endurcissent assez souvent au point de devenir des soies ou des épines. La formation de ces poils, comme celle des plumes , toutefois à un moindre degré , dé- cèle la fonction respiratoire dont jouit la peau, puisqu’elle con- siste essentiellement en une excrétion de charbon animal , c’est-à-dire en une. production de pigment. L’homologie des poils et des plumes se prononce d’une ma- nière bien évidente dans les épines ou piquans , ceux par exemple du Porc-épic, et en général dans la chute périodique des poils. Du reste, il estdignede remarque qu’assez souvent certaines parties qui n’arrivent point à se développer dans le névro- squelette j ou qui du moins s’y développent fort peu , sont rem- placées par des rayonnemens du dermatosquelette. Ici se ran- gent les formations corhées qui tiennent lieu d’apophyses épineuses aux vertèbres du névrosquelette , comme les cornes sur les vertèbres nasales du Rhinocéros. Les bois , productions rameuses du dermatosquelette , qui consistent en substance coi née melée avec de la masse osseuse , remplacent les trito— vertèbres rayonnantes latérales supérieures de la région fron- tale, qui ne sont point développées. Les crêtes de poils qui garnissent si fréquemment la ligne médiane du côté tergal tiennent en quelque sorte lieu des membres supérieurs impairs non développés du névrosquelette (nageoires dorsales des Poissons ). Les poils d’une force extraordinaire qui garnissent quelquefois 1 ouverture de la bouche , et figurent des espèces c e barbillons , remplacent les membres que la construction énergique des écailles et tests du dos des Mammifères, comme aussi par la plus grande abondance et la coloration plus forte des poils de cette région binons cherchons la cause de ce phénomène , comme le dermatosquelette a pour destination délimiter, d'isoler, nous n'en pouvons pas trouver d'au- tre que la suivante : l' organisme frit nécessairement tendre plus à se limiter 2Z0Cr J A ?:l*Sl,eXP°Sé aUX *nfluenees puissantes de la nature qW ’ (‘UC du C0le 011 ll n entro « conflit qu’avec la nature terrestre 5gS particularités du squelette chez l’homme. exige à la région faciale , comme à la région crânienne , mais qui ne s’y développent point. Enfin les différences dans la densité et la coloration da pe- lage pourraient donner lieu à de longues discussions, qui ne rentrent toutefois point dans le plan de cet ouvrage. Il me suffira défaire remarquer que les taches du pelage ont souvent un rapport manifeste avec des parties du névrosquelelte , comme l’attestent les zones latérales costiformes d’un si grand nombre de Mammifères , la raie foncée qui se voit sur le rachis de plusieurs , etc. CHAPITRE IX. Particularités de la formation squelettique dans l'homme. / DCCCXCIY. Comme je suppose le lecteur au courant de la forme totale delà formation squelettique chez l’homme, et que j’y ai eu égard dans l’indication du type primordial des formations squelettiques chez les animaux supérieurs, je puis me borner ici à signaler les points principaux auxquels il im- porte d’avoir égard pour se livrer avec fruit à des comparai- sons. I. Névrosquelette. DCCCXCV. La formation névrosquelettique de l’homme présente d’abord une particularité fort remarquable , lors- qu’on envisage d’une manière générale les lignes et les sur- faces qui en déterminent les différentes pièces. Quiconque , en effet , sait apprécier les différons degrés de dignité des lignes en général , reconnaîtra qu’il y a des lignes dont la construction est plus simple ( inférieure ) , et d’autres où elle est plus complexe ( supérieure ). La première classe comprend les lignes droites et leurs inflexions sous des angles déterminés , ainsi que les lignes purement circulaires. Le second embrasse les spirales engendrées par les sections du cône , et les autres lignes qui ne peuvent point être ran- gées parmi les courbes calculables , mais surtout les lignes bi- PAltTrcULAKITjÊS DU SQUELETTE CHEZ LHOMME. 5qQ courbes , c’est-à-dire celles qui se recourbent dans deux di- rections à la fois. On reconnaîtra également qu’une surface est déterminée par plusieurs lignes qui sont supposées la circon- scrire. Tantôt ces lignes sont purement droites ou purement circulaires ; tantôt elles sont courbes dans un sens et droites dans l’autre; tantôt enfin elles appartiennent à diverses courbes d’un ordre supérieur. On pourrait exprimer ceci de la manière suivante : Lignes 1. Droites. 2. Circulaires. 3. Spirales. 4. Courbes paraboliques et supérieures. 5. Lignes bicourbes , pro- duites par des cercles de di- mensions égales ou inégales(l ). 6. Lignes bicourbes, pro- duites par la combinaison de courbes supérieures. Surfaces 1. Surfaces planes. 2. Surfaces sphériques. 3. Surfaces terminées par des lignes droites et circulaires (surfaces cylindriques ). 4. Surfaces terminées par des lignes droites et des lignes courbes supérieures ( comme celle d’un cylindre à diamètre ovale ). 3. Surfaces terminées par des lignes circulaires et des lignes courbes supérieures ( comme la surface de l’œuf). 6. Surfaces terminées uni- quement par des courbes su- périeures ( comme celle d’une forme ovalaire aplatie dans le sens de sa largeur ). DCCCXCYI. Dès qu’on a bien dans la tête cette gradation de la dignité des lignes , l’examen de la formation squelet- tique chez l’homme fait apercevoir un phénomène remar- quable, savoir, que tous les os humains normalement dévelop- pés sont terminés par des lignes et des surfaces d’ordre sapé rieur, comme l'exige la symétrie essentielle nécessitée par des (i) Qu’on trace un cercle cette feuille sur elle-même, circulaire. sur une feuille de papier , et qu’ensuite on roule U en résultera une double courbure de la ligne 6oo PARTICULARITÉS du squelette chez l’homme. causes élevées; tandis que , chez les animaux , ces limites sont visiblement formées par des lignes inférieures en dignité. La différence est si prononcée que tout individu qui , meme sans être versé dans l’anatomie , se serait exercé l’œil 5 saisir les rapports de délimitation linéaire dominans chez l’homme , pourrait arriver sans peine à distinguer des os humains et des os d’animaux , uniquement en comparant les principes diiï’é- rens de la conformation des uns et autres (1). (l) L’étude des détails du squelette humain , envisagé sous ce point de vde , conduit aux plus intéressans résultats. Pour me rendre un peu plus clair, je renvoie aux fig. vxr à xix , pl.xxvnr, qui représentent des con- tours exacts, dessinés en appliquant les surfaces osseuses sur le papier ; l’esquisse du corps de la vertèbre de Poissons , 11g. x, représente nn cercle pur, tandis que, dans celles du corps de la vertèbre cervicale du Crocodile, fig. xr, et du Vautour brun, fig. xii, on voit déjà se joindre aux lignes droites des courbes supérieures, qui demeurent dominantes dans les corps de la première vertèbre dorsale du Babouin, fig. xm, jusqu’à ce qu’enfîn la vertèbre lombaire du même animal, fig. xiv, b, offre des courbes supé- rieures réunies avec des segmens de cercle , mais cependant encore d’une manière un peu brusque, tandis que, dans le corps de la vertèbre lombaire humaine, fig. xiv, a, les limites sont uniquement formées par des courbes supérieures qui se fondent ensemble avec harmonie. La même gradation s’observe aussi dans les contours des os des membres , comme on peut s’en convaincre en comparant le diamètre à peu près circulaire encore du fémur d’un Perroquet, fig. iv, avec celui d’un fémur de Phoque, fig. vin , déjà circonscrit par des courbes supérieures , et enfin avec celui du fémur humain, fig. vu, qui offre manifestement une combinaison de courbes supé- rieures. Cette particularité de la formation squelettique humaine se repro- duit jusque dans les parties les plus intérieures et les plus déliées , comme le prouve une observation extrêmement intéressante dA. Meckel , qui a trouvé que les canaux demi-circulaires du rocher de 1 homme différaient d’une manière bien tranchée de ceux des animaux par leur courbure plus complexe et en même temps latérale (double courbure) , tandis que ceux des animaux n’offrent qu’une simple courbure circulaire. Que l’on compare également les belles courbures doubles des os des membres, des côtes, et même du crâne de l’homme , oir les lignes droites sont réservées aux seules divisions exigées sur la ligne médiane par la symétrie, avec les parties cor respondantes des animaux , qui se terminent par des lignes droites , par des lignes circulaires, même par des angles , n’offrant jamais que paiticllcment des courbes supérieures , et l'on se convaincra de plus en plus que la piopo sition émise précédemment est vraie jusque dans les plus petits détails. particularités du squelette chez l’iiomme. 6or DCCCXCVII. Si maintenant nous embrassons d’un seul coup d'œil les rapports des diverses parties du squelette les unes avec les autres , nous arrivons aussi , sous ce point de vue , à reconnaître chez l’homme une conformation beaucoup plus élevée et plus belle que chez les animaux. Pour mieux s’en con- vaincre , on n’a qu’à prendre la colonne deutovertébrale tout entière , qui enveloppe les grandes niasses centrales du sys- tème nerveux , et la contempler depuis la dernière vertèbre caudale jusqu’à la vertèbre faciale antérieure , en la séparant de tous les arcs costaux qui s’y rattachent , tant au tronc qu’à la tête , et lui donnant la direction quelle a chez l’homme placé debout et jouissant pleinement de l'énergie vitale. Cela l ait , qu on me suive dans ce que je vais dire des particularités que celte colonne présente sous le rapport de sa conformation. DCCCXCVIII. Combien n’est-on pas frappé d’abord de l’obli- tération de la colonne vertébrale rachidienne, et du développe- ment des grandes deutoverlèbres du crâne , dont l’enveloppe qu’elles fournissent au cerveau ne se répète qu’ici par un dépôt de phosphate calcaire autour du cerveau dans le cer- veau lui-même , c’est-à-dire autour de la glande pinéale. En oblitérant le rachis et faisant entièrement disparaître son membre terminal impair , la nature ne donne-t-elle point à entendre que le mouvement doit y être subordonné à la sen- sibilité et diminué? Ne s’ensuit-il pas qu’il y a un caractère mimique et moins de dignité dans les mouvemens du rachis , dont la courbure indique la faiblesse et la soumission, puisque les forts mouvemens latéraux et les contorsions du rachis ont été reconnus pour n’être point beaux long-temps avant qu’on soupçonnât la signification physiologique de ce pressentiment ! Combien donne à réfléchir la belle légitimité des proportions numériquesau rachis, où restent libres, pour les quatre régions supérieures du tronc ,4X6 vertèbres rachidiennes , qui à leur tour se divisent en 2 X 12 , et chaque 12 en 5 + 7, nom- bres dont la source élevée a été démontrée précédemment ! 11 n’y a pas jusqu’à l’oblitération des intercorps de vertèbres qui n ait une haute signification, ainsi que la soudure des ver- tèbres sacrées , résultant d’un antagonisme avec les vertèbres crâniennes. 602 tArticulArités du squelette chez l’homme. DCCCXCIX . Si nous portons ensuite nos regards sur la forma- tion des parties de celte colonne vertébrale entière , combien ne sommes-nous pas frappés d’y voir les tritovertèbres paral- lèles inférieures prédominer et les deutovertèbres s’oblitérer tout-à-fait vers l’extrémité inférieure ( pôle du mouvement ) , par antagonisme avec le développement exclusif des deuto- vertèbres de la face ( pôle du sentiment ) , où les corps de vertèbres ont disparu tout-à-fait , et avec le développement extraordinaire des deutovertèbres au crâne ( pl. xxxi , fig. v, i, h, ni ) , où l’on ne trouve plus aucune trace de tritover- tèbres rayonnantes , qui ont pris au contraire tant d’extension à la région inférieure de la colonne vertébrale (1). DCCCCII. On ne doit pas moins avoir égard à la direction de toute cette colonne vertébrale, qui ne peut également point être celle de la ligne droite , de sorte que , comme la flexion latérale ne s’accorde point avec la symétrie, on voit apparaître celle d’avant en arrière et d’arrière en avant, et finalement celle de haut en bas, d’après des courbes d’une beauté parti- culière et d’une grande diversité. A l’égard des courbures en avant qu’affectent les extrémités supérieure et inférieure de la colonne vertébrale , on doit les considérer comme des restes de la courbure primordiale de la colonne entière sur le jaune ( voy. pl. xxii , fig. xxiv , ou , pour la juger d’après ce qu’elle est dans la nature , la figure qu’en a donnée Baer , Le ovi mammalïum et hominis genesi , fig. 7 et VIIb ). Ce sont aussi des choses très-significatives , que la courbure supérieure soit la plus forte , que son point de culmination devienne la vertèbre centricipitale ( correspondante à la masse céré- brale moyenne , qui est à proprement parler la première dans l’ordre d’apparition), enfin que le nombre des flexions (i) La connaissance des parties élémentaires du squelette étant fort utile pour l’intelligence des diverses gesticulations et contorsions mimiques et artistiques de la forme humaine, il me suffit de faire remarquer que, dès les temps les plus reculés, un pressentiment du rapport dont je traite ici a fait regarder la parure de la tête par des crêtes ou des pointes saillantes sur la ligne médiane comme l’expression figurée de la force physique, et l'implantation, au contraire, de cornes sur les côtés de la tête elle-même, comme celle de la prédominance d’une nature animale, ou même de la bestialité. rARTICULATUTÉS DU SQUELETTE CHEZ l’hOMME. 6o3 compi ises entre les courbures supérieure et inférieure cor- responde à celui des régions principales du tronc ; car une flexion plus courte d’arrière en avant correspond à la région cervicale , une autre plus longue d’avant en arrière aux ré gions thoracique et épigastrique , et une troisième plus courte d’arrière en avant à la région hypogastrique. Un calcul exact du rapport normal de ces flexions serait un problème extrê- mement intéressant (1). t DCCCCI. Une autre circonstance , fort remarquable en- core , consiste en ce que les parties de cette colonne verté- brale, notamment celles qui sont le plus développées, c’est- a-dire les vertèbres céphaliques, offrent, dans les limites d une forme normale propre à l'espèce humaine, des variétés mdiMduelles de conformation, qui peuvent également con- duire aux recherches les plus importantes. Ainsi , quelle di- versité dans la formation de la vertèbre, spécialement de la tete et dans les courbes des inflexions de la colonne verté- brale, pour peu même que nous nous bornions à comparer les conformations d homme et de femme qui méritent , à propre- ment parler , l’épithète de belles ! Il ne faut pas perdre de vue qu une juste appréciation de la signification des parties élé- mentaires du crâne peut seule frayer la voie à une crânioscopie scientifique. Car, reconnaître qu 'originairement chacune des rois grandes vertèbres crâniennes correspond h une masse ceie ra e , que chaque masse cérébrale est primordialement parallèle a l un des côtés des perceptions sensorielles (ouïe 'ue, Odorat), elemens de notre développement intellectuel, (i) La perfection de la courbure de la colonne vertébrale chez l’homme est cause que les vertèbres nasales s’infléchissent de haat en bas, suivant la meme dtrecPon que celle d’après laquelle les vertèbres cervicales se courbent “ ,0,m're la .T De * ««* condition de la beauté particulière du profil humain , et l’enorme distance qui le sépare de celui des animaux chez lesquels , arr.ve souvent encore que la colonne vertébrale soit étendue’ SDr 18 P'3" ’ 61 P- conséquent en ligne droite. Le calcul du rapport normal des courbes de la colotmè vertébrale dorsale résoudrait plusieurs autres questions, et par exemple ferait connaît.- Il est, à proprement parler, l’inclinaison normale du bassin qui d-‘ ! rement de la flexion d’avant en arrière des vert^Z^ " ^ 6o4 l’ARTICUL Ali ITÉS DU SQUELETTE CHEZ LBOMME. que l’un ou Vautre coté peut prédominer dans telle ou telle in- dividualité, et que sa prédominance s’exprimera au dehors par un développement plus considérable de la vertèbre crâ- nienne correspondante , c’est choisir lin tout autre point de vue, et s’ouvrir de tout autres vues, que quand on prétend fonder la crûnioscopie sur la doctrine arbitraire et véritable- ment absurde en saine philosophie , qui place , avec Gall , les organes de l’âme à la surface du cerveau (î). DCCCCII. Nous trouvons matière à des considérations non moins importantes lorsque nous contemplons la série entière des arcs prolovertébraux du squelette humain , en remontant depuis les arcs destinés aux membres pelviens jusqu’aux arcs costaux de la face. D’abord on est frappé du haut degré de légitimité pure , c’est à-dire de correspondance parfaite avec la signification primordiale , qui s’observe dans la puissante prédominance des grandes protovertèbres du tronc sur les petites protovertèbres de la tête , des proportions exactement inverses qu’offrent les deutovertèbres , et de la manière dont cette subordination des côtes faciales est la condition de la beauté particulière de la face humaine (2). DCCCC1II. Je serais entraîné beaucoup trop loin si je VOU- C'i) Gall a bien reeonnu, avec le coup d’œil du génie , qu’une certaine forme de crâne se rattache à certaines particularités intellectuelles; mais, en voulant appliquer sa découverte , il a commis l’erreur d’assigner pour siège à ces particularités intellectuelles tels ou tels points isolés de la surface du cerveau, ce qni lui a fait perdre de vue les rapports et la signification du tout. Sa conclusion n’était pas moins absurde que ne le serait celle d’un homme qui, ayant observé que les fous aiment à se couvrir de vêtemens bizarres, assignerait ces vêtemens pour siège à leur folie. Apprécier exacte- ment des faits authentiques recueillis jusqu’à ce jour sur la crânéioscopie ,et les rapporter à la doctrine des parties primaires du squelette delà lete, serait également un problème digne de l’avenir. (2) Dans la conformation humaine ordinaire, la côte faciale antérieure fait un peu saillie en avant de la voûte de la vertèbre crânienne antérieure; aussi l’angle facial de Camper ne s’élève-t-il pas tout-à-fait à 90 degrés. On n’en est que plus frappé du profond sentiment qu’avaient de la significa- tion physiologique des formes, les artistes de 1 antiquité, qui, lorsqu ils avaient à représenter l'idéal de la forme humaine, portaient cet angle facial jusqu’à 90 degrés. PARTICULAF.TTÉS DU SQUELETTE CHEZ l’hOMME. 6o5 lais poursuivre" la forme particulière des divers arcs costaux ; mais du moins ne puis-je me dispenser de signaler les points suivans : 1° La délicatesse des rapports par lesquels la différence sexuelle s’exprime , précisément chez l’homme , dans les pro- tovertèbres qui correspondent à la sphère végétative. Il suffit de rappeler , à cet égard , la conformation , si différente dans les deux sexes , des os pelviens , des côtes , des clavicules et des côtes céphaliques. 2° La perfection avec laquelle .les trois paires de côtes fa- ciales répètent le thorax du tronc dans la tête , et le répètent également avec plus d’étendue en largeur que chez les ani- . maux. 3° On voit manquer ici , parce quelles se rapprochent trop de celles des deutovertèbres , les formes des rudimcns des protovertèbres auxquels il arrive si souvent de constituer sous le rachis des anneaux qui enveloppent les organes cen- traux de la vie végétative ; mais , en revanche , les arcs enve- loppant les artères vertébrales , qui sont formés des pièces tergales supérieures et inférieures des protovertèbres de la région cervicale, se reproduisent en quelque sorte à une puissance supérieure , et se répètent deux fois. DCCCCIY . Si maintenant nous passons aux membres , quelle énorme différence ne trouvons-nous point à leur égard ! Com- bien est remarquable la disparition totale des membres im- pairs , qui primordialement avaient é'té les premiers à paraître ! Quels perfeclionnemens et quelles modifications offre , dans sa configuration, la tritoverlèbre diconique , qui, chez l’homme aussi , fait la base de tout squelette de membre ! Le puissant développement des membres , surtout au tronc , n’cst-il pas en harmonie avec la signification du mouvement qui réside en eux? Le peu de développement des membres céphaliques, comparé à celui des vertèbres crâniennes , ne correspond-il point à la prédominance de la sensibilité dans la tête , qui finit même par abolir presque entièrement la mobilité dans les membres céphaliques du côté lumineux, c’est-à-dire dans les cartilages auriculaires , et par là s'oppose aussi à ce qu’il se développé en eux des trilovertèbres ossifiées? 6o6 PARTICULARITÉS DU SQÜELETTE CHEZ l’hOMME. DCCCCY . Enfin , à quel point n’est-il pas significatif que 1 homme soit le seul chez qui 1 importante différence entre une paire de membres affectés à la région pelvienne , à celle de la respii a lion aqueuse pendant la vie foetale , et une autre paire appai tenant a la région thoracique , à celle de la respiration aérienne parfaite , se prononce d’une manière à la fois si belle et si convenable , et où les premiers de ces membres soient affectés à la fonction inférieure de la locomotion , tandis que les autres le sont à celle bien supérieure d’un mouvement sensible , c’est-à-dire de la palpation ! Sans parler d’une foule d’autres questions, qui devraient être examinées dans un ou- vrage spécial , mais que je suis forcé ici d’abandonner à la sa- gacité du lecteur. II. Splanchnosquelette. DCCCCAI. La perfection de l’organisation humaine ne s’ex- prime pas aussi explicitement dans les organes de la vie vé- gétative que dans ceux de la vie animale. Cependant le cachet de la spécialité humaine ne manque pas non plus à ces der- niers , et l’observateur attentif doit par conséquent le re- trouver aussi dans les parties squelettiques qui se rapportent à cette sphère. Je ne ferai qu’indiquer en peu de mots les particularités suivantes du splanchnosquelette de l’homme. 1° Il n’existe qu’à la tête et à la poitrine. 2° A la tête, il se partage en deux moitiés, l’une antérieure, uniquement composée de membres, c’est-à-dire de dents, l’autre postérieure , exclusivement formée d’arcs protoverté- braux, dans les parties de l’hyoïde et du larynx. 3° La formation dentaire est remarquable par son unifor- mité , sa fermeture et sa situation. 4° Les arcs protovertébraux du larynx sont plus segmentés, ce qui fait que, servant à des fonctions sensibles, ils de- viennent organes de parole , développement dont la consé- quence est l’oblitération des côtes hyoïdiennes , qui ne sont plus indiquées que par les petites cornes de l’hyoïde et les apophyses styloides de l’os temporal. ü° Lu différence sexuelle s’exprime également ici par des PARTICULARITÉS du squelette chez l’homme. 607 nuances délicates dans la conformation des arcs protoverté- braux du larynx et de la trachée-artère. 6° L’épithélion de toutes les surfaces viscérales est extrême- ment mince. III. Dermatosquelette. DCCCCVII. Si une grande solidification du dermatosquelette caractérise les organismes inférieurs , son peu d’épaisseur et de consistance doit être le caractère des organismes supé- rieurs. C est ainsi , en effet , que nous le trouvons chez l’homme. Ce qui , aux derniers échelons du règne animal , s’ofTrait sous la forme de plaques dures et cristallines à la surface du corps, est remplacé ici par les feuillets cornés extrêmement minces de l’épiderme. Et une chose fort remarquable , c’est que malgré cèt amincissement , les feuillets épidermiques portent encore des traces de la division géométrique propre aux der- matosquelettes osseux , comme on peut s’en convaincre lors- qu on examine 1 épiderme humain à la loupe sur le dos de la main. La disposition stellaire des écailles cornées rappelle , mais très en petit, le dermatosquelette d’un Ostracion par exemple, tandis qu’au côté interne des membres, elles forment des lignes rappelant les anneaux protovertébraux par exemple ceux qui se voient au côté ventral d’un grand nombre d’Ophi- diens. Il en est de même aux extrémités des membres : chez les animaux, le dermatosquelette y avait de la tendance à pro- duire des sabots et des ergots , c’est-à-dire à prendre la forme conique, qui caractérise toujours la terminaison d’une série de vertébrés; mais, chez l’homme , il ne reste plus, représen- tant les ongles des doigts et des orteils , qu’un segment de la superficie d un de ces cônes cornés , nouvelle répétition d’une Formation inférieure portée à une plus haute puissance. DCCCCYIII. Les portions rayonnantes et tritoverlébrifor- mos du dermatosquelette ne sont pas moins atténuées chez tomme que les parties enveloppantes et protovertébri- formes. Tandis qu il arrive si souvent à ces productions chez les animaux, d acquérir un grand degré de solidité’ ce qui est le cas , par exemple , des piquans , des soies des plumes, elles ne se présentent chez l’homme que sous 6o8 PARTICULARITÉS du squelette chez l’homme. la forme la plus raffinée , celle de poils et si , de plus , celte formation rayonnante n’est plus répandue d'une manière to- talement indifférente sur toute la surface du corps , mais se concentre exclusivement sur des régions déterminées par cer- taines considérations , elle acquiert du moins là son maximum de développement. Mais, si l’on recherche avec soin les lois qui président à cette répartition , les circonstances suivantes semblent devoir être prises plus particulièrement en considé- ration. 1° Le côté lumineux de l’organisme , celui qui s’éloigne le plus du côté terrestre et qui regarde l’univers, est, dans l’homme , comme chez l’animal , celui qui a le plus de ten- dance à un rayonnement multiplié. 2° On ne peut méconnaître , dans ces rayonnemens sque- lettiques , une tendance , en antagonisme parfait avec celle du névrosquelette , à produire précisément les parties qui ne sont point développées dans ce dernier. 3° Enfin , le dermatosquelette a aussi de la tendance à indi- quer de nouveau , par ses rayonnemens déliés , les points où , dans les organisations inférieures, les rayonnemens apparte- nant à la surface se présentaient sous la forme de membres et de branchies. DCCGCIX. Sous le premier point de vue , on explique pour- quoi , même chez l’homme , la surface crânienne supérieure de la tête est la plus velue , et pourquoi aussi , bien que la surface tergale ne soit plus , à proprement parler , le côté lumineux , le côté tergal , tant du tronc que des membres , est cependant le plus chargé de poils , car c est la une répétition atténuée de l’état de choses qui prédominait chez les animaux. Sous le second point de vue , on explique pourquoi la formation des poils s’effectue principalement dans les régions où certaines parties élémentaires du névrosquelette , possibles d’après la construction géométrique , ou en puis- sance, n’ont cependant pas d’existence réelle ou actuelle. Ainsi nous trouvons en cela une seconde cause de la cheve- lure, et en même temps une condition de son développement plus considérable , puisque des apophyses épineuses et meme des membres supérieurs impairs ( comme les nageoncs cia PARTICULARITÉS DÛ SQUELETTE CHEZ l’ho.MME. Goq niennes des Poissons) peuvent naître sur la surface du crâne. Les considérations précédentes nous ont appris, en outre, qu’à proprement parler, la formation de membres faciaux est sollicitée aux côtes faciales absolument de même que celle des membres crâniens (dont on trouve des vestiges osseux chez les Poissons) l’est aux côtes crâniennes; et ceci nous explique aussi pourquoi , en l’absence des membres faciaux , que des motifs supérieurs empêchent de se développer au né- vrosquelelte , les poils se développent à la région maxillaire supérieure , mais , chose extrêmement remarquable à son tour, chez le sexe masculin seulement, dont la nature sollicite plus vivement la formation des membres en général. Sous le troisième point de vue, enfin, si l’on n’a pas oublié que , déjà chez les animaux les plus inférieurs , des membres tactiles se développent autour de la bouche , des faisceaux de branchies autour de l’anus , des membres de toute espèce , supports d œufs, lames branchiales incubatrices, etc. autour de la région génitale , et qu’il est très-commun de rencontrer des faisceaux branchiaux unis à des membres ( principale- ment chez les Crustacés ) , on ne pourra point non plus mé- connaître que les formations pileuses autour de la bouche de l’anus et des parties génitales , ainsi qu’à la base des mem- bres , sous les aisselles , aux aines et à l’articulation de la mâchoire inférieure , chez l’homme , sont des répétitions ma- nifestes, quoique extrêmement atténuées et plus significatives auxquelles la différence des sexes imprime souvent les plus* grandes modifications. 1 DCCCCX. Si déjà la contemplation des parties'du derma- tosquelelte , envisagé sous ces divers points de vue , nous a paru un problème aussi compliqué qu’intéressant et cm’il n était possible non plus que de signaler ici , le champ s’aeran d,t encore Iprsquà chacune des punies qui le constituent nous portons aussi nos regards sur les diversités de leur coin" ration , c’est-à-dire sur les dépôts de pigment qu’elles effec- tuent. Mais n ayant pas la possibilité d’entrer dans aucun dé très^iûnificatif ’ a T C°nteDlerai dc faire re™«’quer qu’il est es significatif que la principale race humaine, c’est-à-dire 1 caucasKIue » a« les parties enveloppantes de l’épiderme in- 39 6io développement progressif nu SQUELETTE. colores et translucides , tandis que les poils rayonnans à la manière des branchies rappellent les véritables organes respi- ratoires par le dépôt de pigment , cest-à-dire de charbon ani- mal, qui a lieu dans leur intérieur. CHAPITRE X. Développement progressif du système osseux dans un même organisme. DCCCCXT. Les considérations dans lesquelles je me suis engagé, sur les parties élémentaires du squelette, m’ont fourni, relativement à la manifestation des formations dérivées de la sphère , et connue^ sous le nom de vertèbres , des résultats qui , en tant que l'histoire du développement de tout orga- nisme parfait doit de toute nécessité répéter la succession des formations antécédentes , conduisent à la connaissance des lois suivantes : 1° Comme j dans le règne animal , les protovertèhres précè- dent les deutovertèhres , lorsque les parties primaires du sque- lette se développent dans un individu , celles qui sont nécessai- res les premières doivent aussi apparaître les premières. 2° Comme , dans le règne animal , les parties molles précé- dent les parties dures , et qu’en ce qui concerne le squelette , les cartilages marchent avant les os , quand les parties primai- res du squelette se développent , la formation cartilagineuse doit précéder la formation osseuse , en sorte que tout véritable os doit se développer d’un cartilage. 3° Comme , dans le règne animal , manifestation de certai- nes formes animales fondamentales , qui doivent naissance a des combinaisons et modifications infiniment diversifiées , les formations primaires et inférieures se distinguent par la sim- plicité des proportions et de la forme [d ou les formes purement géométriques des animaux inférieurs ) , lorsque les parties pri- maires du squelette se développent , la forme et les proportions doivent offrir la plus grande simplicité pendant les premières périodes , tandis que les périodes subséquentes se signalent pat line diversité beaucoup plus grande des formations. DÉVELOPPEMENT PROGRESSIF DU SQUELETTE. 6ll DCCCCXII. Pour appuyer ces trois propositions de faits puisés dans la nature , je suis obligé de passer en revue le développement , surtout dans le squelette humain , d’un côté parce qu’il n’y a point d’animal chez lequel le développe- ment ait été étudié avec autant de soin , d’un autre côté parce que c est la réalisation complète de ces lois qui amène l’organisation animale au plus haut degré de perfection Cependant, je ne dois pas omettre de dire qu a juger d’après ce que nous savons de l’évolution du squelette dans les Poissons les Keptiles , les Oiseaux et les Mammifères , elle ne diffère pas essentiellement de ce qui a lieu dans les divers individus de chacune de ces classes. I. Succession de l’ossification des parties primaires du névro- squelette. DCCCCXIII. La protovertèbre étant la première de toutes les formations squelettiques , il s’ensuit quelle doit précéder aussi toutes les autres dans le développement de l’individu Cependant , comme , parmi les formations du névrosquelette ’ le squelette cartilagineux marche avant le squelette osseux’ dans le régné animal , il résulte delà , en second lieu , que les parties de la protovertèbre qui apparaissent les premières 01 'ent commencer par être cartilagineuses, avant de devenir osseuses. DCCCCXIV. La question , maintenant , est de savoir quelle est la région de la protovertèbre qui se développe la première a 1 état cartilagineux. ! °n se raPPelle la discussion précédente , au sujet de la soincitation plus ou moins vive de certaines parties du sque- lette ( § CXCII , CXCïII ) , il s’ensuit que les portions de l’arc protovertebral qui doivent apparaître les premières, sont celles ou les corps de vertèbres se développent , attendu que sur ce pomt coïncident, non-seulement les divisions de la protovertè- me par hexagone et le carré , mais encore les causes sollici- tantes des protovertèbres, des de ulo vertèbres et des Mm libres. Mais l'observation nous apprend nUe £L ,! T embryons des animaux supérieurs , tels qu'ils 5ê développent" I 612 CÉVELOPPEMEftT PROGRESSIF OU SQUELETTE. collés sur la sphère vitelline , comme le méridien sur un globe terrestre , la portion de la périphérie de cette sphère qui cor- respond au futur corps de vertèbre , est celle qui s’annonce la première par un noyau cartilagineux ; de sorte qu’une série de noyaux cartilagineux située le long du côté tergal est aussi , dans l’embryon , la première formation évidemment squelettique qui , chez les Poissons dépourvus de membres , persiste pendant toute la vie sous la forme d'une colonne de corps vertébraux simplement cartilagineux. DCCCCXV. Lés gradations par lesquelles passe ensuite le cartilage , pour devenir véritable os , sont un phénomène non moins remarquable , et tout aussi légitime , dans ses pro- grès, que la première apparition des formations cartilagineuses elles-mêmes. DCCCCXVI. Ce qu’il y a surtout de très-significatif, c’est la manière dont chaque formation osseuse apparaît, dans ce cartilage , sous une forme non moins sphérique que l’est la forme primitive de toute substance organique. Chaque point d' ossification est une petite sphère. Mais l’accroissement de cette sphère s’effectue par des adjonctions rayonnantes de cristaux calcaires ( pl. xxii , fig, xxv , E ) , et en cela se répète encore la condition du squelette entier , dont le pourtour s'a- grandit par des colonnes vertébrales rayonnantes. DCCCCXVII. Mais le dépôt de substance osseuse dans la masse cartilagineuse homogène établissant une différence, et toute différence, dans l’organisme, procédant par voie d’antagonisme , il faut aussi que le principe de la division pré- domine dans l’acte de l’ossification , pour ne faire place à ce- lui de la réunion que quand cette dernière est parvenue à une puissance supérieure (1). (i) Pour rendre ceci plus sensible, supposons qne , dans la pl. xxii , 11g. xxv, ARC représentent ce qui a lieu dans l’ossification d’une colonne de corps vertébraux rachidiens. A représente , en a a , la bandelette cartila- gineuse simple; B, en bbbh , les points d’ossification formés; C, les sphères osseuses ou les petits rudimens do vertèbres accrus par des couches superposées, d’où résulte nécessairent la forme du dicône D , jusqu a ce que ces rudimens se joignent et peut-être finissent par -se (onfonche ensem (comme en E). DÉVELOPPEMENT PROGRESSIF DU SQUELETTE. 6l3 DCCCCXVIII. Les points d’ossification sont donc, en réalité, les véritables os primaires , tels que les divisions du sque- lette , trouvées par construction géométrique , nous repré- sentent les parties primaires idéales. Cette circonstance en rend d’autant plus remarquable une autre mise hors de doute par l’étude approfondie de l’histoire du squelette, savoir, que c’est uniquement dans ces points d’ossification qu’on aperçoit distinctement les parties primaires du squelette ; car ce que l’on considère vulgairement comme os distincts , n’est presque jamais , dans les organismes supérieurs, qu’une réu- nion de plusieurs points d’ossification soudés ensemble. C’est de cette manière que , chez tous les animaux supérieurs , et môme chez 1 homme , chaque vertèbre rachidienne apparaît d abord sous la forme d un anneau cartilagineux homogène , mais qu’ensuite il se développe généralement , dans cet an- neau, quatre points d’ossification, savoir, deux pour les deux moitiés latérales de la seconde vertèbre proprement dite , un pour la tritovertèbre parallèle inférieure , et un pour la tritovertèbre rayonnante impaire supérieure , d’où résulte la division de la vertèbre en plusieurs pièces, qui finissent par se souder en un seul anneau vertébral. Ainsi, dans tous les os qui ont plusieurs points d’ossification, chacun de ces points doit être considéré comme un os particulier , né en vertu de lois déterminées , quoique chacun des os appelés à 1 existence par ces lois se soude intérieurement en pièces osseuses plus grandes, circonstance qui rend l’étude des points d ossification un sujet de la plus haute importance pour 1 histoire des parties primaires du squelette osseux. DCCCCXIX. Mais l’ossification étant le résultat de différen- ces survenues par antagonisme dans un tout primordiale- menl homogène , la même chose doit être désignée aussi par 1 antagonisme des régions où l’ossification commence et con- tinue , soit dans la protovertèbre , soit dans la deutovertèbre. DCCCCXX. Or, dans l’organisme des animaux supérieurs nous avons surtout : 1° L’antagonisme de haut et de bas, ou d’avant et d’arrière • 2° L’antagonisme d’un côté et d’autre, ou de droite et de gauche ; 6l4 DÉVELOPPEMENT PEOGÏIESSIF DU SQUELETTE. ■ 3° L’antagonisme croisé du coin supérieur droit à l’infé- rieur gauche , et du supérieur gauche à l’inférieur droit. Ces antagonismes doivent agir aussi comme causes détermi- nantes sur l’ossification dans la protovertèbre et dans la trito- vertèbre. DCCCCXXI. Mais nous devons considérer que le premier et le plus essentiel des antagonismes , dans la protovertèbre des squelettes supérieurs, est déterminé par la formation d’une deutovertèbre dans la direction du côté tergal au côté ventral (pl. xxii , fig. xv, 2-3). Or nous avons déjà remarqué que le premier dépôt de cartilage a lieu dans cette direction, c’est-à-dire au milieu du côté tergal. Il reste donc pour second antagonisme principal la direction de droite à gauche (Zoc. cit, BB), et c’est là, en effet , que toujours s’effectue le premier dépôt de matière osseuse. Cette loi s’applique aussi bien à la formation de la deuto- vertèbre qu’à celle de la protovertèbre , et il en résulte que , comme chaque moitié latérale d’une vertèbre se divise égale- ment , d’une manière virtuelle, en quatre parties , tout au plus peut-il y avoir de chaque côté quatre points d’ossification , qui tantôt, comme certains arcs costaux et vertèbres crâ- niennes , restent partagés en plusieurs parties latérales , ou qui , comme dans les vertèbres rachidiennes et la vertèbre oc- cipitale, se soudent en un seul anneau. Du reste , quant à ce qui concerne la priorité du dépôt de sub- stance osseuse entre les protovertèbres et les deutovertèbres, son apparition en premier lieu dans la protovertèbre s’ac- corderait certainement avec le fait que les protovertèbres osseuses précèdent les deutovertèbres dans la série animale , et avec cette autre circonstance que c’est dans la partie où le cartilage se manifeste d’abord qu’on doit s’attendre aussi à rencontrer pour la première fois un dépôt de substance osseuse. DCCCCXXII. On peut donc , de ce qui précède , déduire trois lois fort importantes pour le développement des squelettes supérieurs. 1° Que l’ ossification se vianifcsta d’abord dans la partie du DÉVELOPPEMENT PROGRESSIF DU SQUELETTE. 6l5 squelette osseux dont l essentialité marche en première ligne , c’est-à-dire dans la proloverlèbre ; 2° Que V ossification apparaît toujours en premier lieu, dans les parties la térales , tant de la protovertèbre que des deutover- tèbres; 3° Que V achèvement de V ossification sur la ligne médiane du corps annonce toujours la fin du développement individuel du squelette osseux. DCCCCXXIII. Consultons les'lablesdeSenlT sur l’ossification dans l’embryon (J) , le mémoire deBeclardsur l’ostéose (2), l’histoire du développement des vertèbres et des os du crâne , par Meckel (3) , ou d’autres observations , et partout nous trouverons des faits qui viendront confirmer ces lois. Quel- ques uns d’entre eux méritent d’être signalés ici. DCCCCXXIV. En ce qui concerne d’abord l’ossification pri- mordiale dans les protovertèbres et dans leurs parties laté- rales , nous voyons que les premiers arcs protovertébraux à s ossifier sont , dans la lete , la mâchoire supérieure (4) , et dans le tionc ( c est-a-dire à la poitrine , qui correspond aux côtes faciales ) , la clavicule , dont l’ossification a lieu pendant la septième semaine de la vie embryonnaire. Les autres arcs protovertébraux du tronc, les côtes, s’ossifient même (dans la onzièma semaine ) de meilleure heure que les vertèbres rachi- diennes ( dont l’ossification ne commence que dans le cours de la treizième semaine ). DCCCCXXY. A l’égard du commencement de l’ossification, qui débute toujours dans les parties latérales des protovertè- bres et des deutovertèbres , les exemples précédemment cités (i) Nonnulla de incremento ossium embryonum in prirnis graviditatis tem- poribus,W aile, 1802. (a) Nouv. Journ. de méd., t. V et VIII. (3) Archiv , tom. I, pag. 5g8, (4) De même , à la première interverlèbrc de la tête (os temporal), les arcs protovertebraux, c’est-à-dire l’apopbyse zygomatique du temporal et le cadre du tympan, s’ossifient beancoup pins tôt qne les autres parties, dans la onzième et la quatorzième semaine. La même chose arrive aux arcs protoverté- braux de là seconde intervertèbre céphalique (os jugal), qui se forment éga- lement dès la onzième semaine. (il 6 DÉVELOPPEMENT PROGRESSIF DU SQUELETTE. suffisent pour les protovertèbres. J’ajouterai cependant encore que la loi s’applique même aux membres procédant des arcs protovertébraux , qu’il faut considérer comme des tritovertè- bres parallèles de deutovertèbres secondaires parallèles , et qui par cela même doivent s’ossifier de meilleure heure que les deutovertèbres médianes ( rachidiennes et pectorales). DCGCCXXYI. Ainsi , sous ce dernier rapport , l’ossifica- tion des os essentiels des membres apparaît presque dans le même temps que celle des arcs proto vertébraux. On voit d’a- bord s'ossifier le membre essentiel de la tête , la mâchoire in- férieure ( dès la septième semaine de la vie embryonnaire ) , et bientôt après les membres du tronc qui lui correspondent, c’est-à-dire les pelviens , et en particulier les os fémurs ( dans le cours de la huitième semaine de la grossesse ) ; vient en- suite , toujours avant celle des côtes et des vertèbres rachi- diennes, mais simultanément avec les premières traces de celle des os du crâne , l’ossification des os fémurs (durant la neuvième semaine ) , de la jambe et de l’avant-bras. DCCCCXXVII..La seconde loi sur la priorité des parties latérales trouve une confirmation éclatante dans les deuto- vertèbres , c’est-à-dire dans les vertèbres crâniennes et ra- chidiennes , dont l’ossification commence par les masses laté- rales. Ainsi Béclard dit que , du trente-cinquième au quaran- tième jour , les cartilages d’ossification des vertèbres sont opa- ques et solides à la partie supérieure de leurs faces latérales et vers le milieu de la face antérieure de la colonne verté- brale , mais qu’entre les quarantième et quarante-cinquième jours , l’ossification commence dans les parties apophysaires ( arcs vertébraux , dont chacun consiste en deux moitiés laté- rales qui s’ossifient à part ) quelques jours plus tôt que dans le corps. Vers le quarante-cinquième jour , les parties latérales des dix-huit à dix-neuf premières vertèbres contiennent des noyaux osseux , dont les premiers sont les plus gros , et dont les derniers sont à peine visibles ; on observe en même temps les dix à douze premiers noyaux de corps vertébraux. DCCCCXXVÏII. Toutes les vertèbres crâniennes obéissent également à cette loi ; il devient donc évident que 1 oblitéra- tion des corps de ces vertèbres et la disparition complète de développement progressif du squelette. 617 ceux des vertèbres faciales, quoique dépendantes aussi des conditions que j’ai fait connaître précédemment, s’accordent parfaitement avec les lois de la formation de chaque vertèbre en particulier. DCGCCXXIX. Prenons , par exemple , l’os occipital , qui est la vertèbre crânienne la plus sensible. On sait que , dans le fœtus à terme , il offre encore quatre parties : une portion basilaire ( corps ) , deux portions articulaires ( segmens d’arcs vertébraux), et une portion occipitale ou squameuse ( apo- physe épineuse ). Meckel dit à cet égard : « De toutes les par- » lies de l’os occipital , c’est la portion inférieure de la squa- » meuse qui se développe la première, vers la dixième semaine, «sous la forme d’une bandelette mince , peu élevée , et com- « posée de deux moitiés latérales. Après que cette bandelette «s’est accrue vers le haut , et que ses deux moitiés se sontsou- «dées ensemble , on voit paraître , pendant la seconde moitié » du troisième mois , et à peu près en même temps , les parties «articulaires; puis, au dessus de celles-ci, une seconde pièce, «qui d’abord est composée de deux moitiés latérales , comme «la première , «lais qui ne fait plus qu'un vers la fin du troi- «sième mois En même temps , les pièces qui existaient «déjà s’épaississent et s’agrandissent beaucoup , lesapophyses » des parties articulaires se développent , et la portion basilaire «apparaît. Celle-ci est donc la dernière des quatre parties dont «l’os occipital se compose encore chez le fœtus à terme. «J’a- jouterai qu’il est manifeste que la partie supérieure de la por- tion écailleuse , qui naît également par deux moitiés latérales, n'appartient point, à proprement parler , à la première vertè- bre crânienne , mais quelle est la portion d’arc du segment postérieur de la première intervertèbre. Voilà pourquoi, au dessus de ce second arc de la portion squameuse de l’os occi- pital, il peut s’en former encore un troisième , celui du segment antérieur de la première inlerverlèbre ; voilà pourquoi aussi, outre les arcs du segment postérieur de la première interver- tèbre , on trouve encore deux appendices latéraux , quoique Béclard considère la formation des deux dernières paires comme un phénomène qui sonde la règle ordinaire. DCCCCXXX. Ces exemples étant suflisans pour démontrer (Ùb DÉVELOPPEMENT PKOGPESSIF DU SQUELETTE. l’exactitude de la seconde loi, relative au début latéral de l’os- sification , il reste encore à prouver , par des faits empruntés à la nature , celle de la troisième loi , qui veut que le squelette osseux s’acllève par Y ossification sur la ligne médiane. Cette loi découle déjà de la précédente , car si les parties latérales sont celles qui s’ossifient les premières , la portion moyenne est nécessairement la dernière à le faire. Cependant nous avons à nous occuper de la gradation que suit l’ossification de cette portion moyenne. DCCCCXXXI. En ce qui concerne d’abord la colonne ver- tébrale , il résulte de ce que j’ai dit sur le développement de la moelle épinière et du rachis , que les corps prédominent à la région pelvienne et les arcs à la région céphalique. Or l’os- sification médiane dans le corps ( au côté ventral du rachis) est aussi accélérée aux vertèbres inférieures , que le sont aux vertèbres supérieures la formation des arcs vertébraux et leur tendance à se répéter sur la ligne médiane , pour produire les apophyses épineuses. DCCCCXXXII. La même chose arrive au crâne lui-même, où la réunion sur la ligne médiane est manifestement le dernier acte de l’ossification. Ainsi la vertèbre occipitale se ferme bien d’assez bonne heure déjà, par la réunion des moitiés latérales de sa portion squameuse ; mais , en revanche , chez l’honune , les arcs de la vertèbre centricipitale restent souvent séparés pendant toute la vie ( suture sagittale ) ; ainsi les arcs de la vertèbre sincipitale ne se ferment ordinairement ( à la suture frontale ) qu’au temps de la puberté; ainsi les rudimens des parties latérales et des parties basilaires de la quatrième ver- tèbre céphalique ( c’est-à-dire l’os ethmoïde ) s’ossifient très- tard ( la lame cribleuse et la lame perpendiculaire six mois à un an seulement après la naissance ), et les portions supérieures de ses arcs ( os nasaux) restent distinctes pendant toute la vie. J’ai déjà dit que les intervertèbres ne s’unissent pas du tout sur la ligne médiane , à l’exception des portions d’arc de la postérieure. DÉVELOPPEMENT PB.OGUESS1F DU squelette. 619 IL Simplicité dans la forme et les proportions du squelette os- seux , pendant la première période de développement . DCCCCXXXIII. Si noiis considérons , dans l’embryon , le passage des formes simples , depuis la première forme sphé- rique de l’œuf, à d’autres formes de plus en plus complexes, de plus en plus élevées, de plus en plus belles, et si , en gé- néral , un progrès continuel du simple au composé est le ca- ractère de tout développement organique , on doit bien s’at- tendre aussi à ce que le squelette osseux offre les formes et les proportions les plus simples dans les premiers temps de son apparition. DCCCCXXXIV. A l’égard des rapports de forme entre les différons os, rien n’est plus propre à démontrer le progrès des formes inférieures à d’autres plus élevées, d’après la succession indiquée § DGCCXLYII , que l’étude et la comparaison des os du fœtus aux diverses époques de la grossesse. Non seulement, comme j'en ai déjà fait la remarque précédemment , la forme première des dépôts de matière osseuse est celle de la sphère elle-même , mais encore les premiers grossissemens de ces petites sphères sont toujours des formes plus ou moins régu- lièrement géométriques, c’est à-dire inférieures sous le point de vue organique. On peut surtout s’en convaincre dans les parties du squelette où les os acquièrent le plus souvent de la solidité , c’est-à-dire dans les vertèbres tertiaires , et , ce qui est également très.-signifîcatif , le phénomène est plus sensible dans les os du tronc ( moitié du corps inférieure à l’autre en dignité ) que dans ceux de la tête. DCCCCXXXV. Si l’on examine, par exemple, les trito- vertèbres des membres chez un embryon humain de quatre mois , on voit qu’elles représentent toutes un petit corps cy- lindrique, renflé aux deux bouts ( par conséquent encore di- conique en partie ) , dont le diamètre est circulaire , et dont les contours n offrent aucun vestige de bicourbures. Une chose remarquable , c’est que la forme du dicône-, qui est à propre- ment parler primaire, passe ici de très-bonne heure à celle du lindi e , phénomène qui tient à ce que le renouvellement de substance marche avec une grande rapidité dès le principe de 620 DÉVELOPPEMENT PROGRESSIF DU SQUELETTE. la formation. En effet , si le dépôt de substance osseuse per- sistait après s’être une fois effectué , et que l’accroissement eût lieu par juxtaposition , la manifestation de différences dans la sphère primitive ferait ( d’après la pl. h, fig. xxv, D ) que le dicône apparaîtrait aussi pur qu’on le voit être, par exemple, dans les tri to vertèbres parallèles inférieures des Poissons os- seux. Mais le rapport mutuel du cône , du dicône et du cylin- dre étant celui de thèse , antithèse et synthèse , toute organisa- tion supérieure tendant à reproduire la synthèse , et la con- truction géométrique des formes primaires nous apprenant qu’il doit y avoir une tendance à convertir le dicône en cy- lindre , nous trouvons qu’il est parfaitement légitime que , chez l’homme , on observe de très bonne heure un cylindre qui ne fait plus , pour ainsi dire, que rappeler encore le dicône. La manière dont les formes particulières et à contours flat- teurs pour l’œil des os de membres arrivés à leur entier dé- veloppement procèdent de ces cylindres simples , courts et droits , pourrait aussi fournir matière à une série de considé- rations fort intéressantes , mais auxquelles il m’est interdit de me livrer ici. Une circonstance mérite cependant d’être signalée , c’est que les extrémités des os de membres proviennent ordinaire- ment de germes osseux particuliers( épiphyses) , qui s’unissent plus tard avec le dicône proprement dit du corps. Ces épiphy- ses ont en grande partie la signification de corps d’intervertè- bres , et , de même qu’au rachis les corps d’interverlèbres se soudent ordinairement de chaque côté avec un corps de ver- tèbre , de même aussi , aux membres , les épiphyses se sou- dent de chaque côté avec un os. Cependant les épiphyses la- térales peuvent aussi avoir la signification de vertèbres ter- tiaires rayonnantes de membres. DCCCCXXXVI. Quant à ce qui concerne les protovertè- bres et les deutoverlèbres , elles ne s’ossifient jamais tout d’une pièce ; mais , ainsi que j’en ai déjà fait la remarque plushaut, leur ossification commence toujours dans les moitiés latérales ou les arcs. Mais comme chaque partie d un tel arc a nécessairement un rapport intime avec le tout , qui déter- DÉVELOPPEMENT rttOGnESSÎF DU squelette. G2 1 mine un rayonnement de la première sphère osseuse vers les deux côtés situés dans la direction de la périphérie de l’an- neau , de là doit résulter une forme diconique , très-aplatie néanmoins , et qui tend d’autant plus à dégénérer en une sur- face circulaire rayonnante de tous côtés , que les portions d’arcs vertébraux sont plus larges , que par conséquent aussi elles ont une tendance plus prononcée à se réunir avec les arcs vertébraux voisins. DCCCCXXXV11. A l’égard des rapports de grandeur des diverses portions élémentaires du squelette , on aperçoit éga- lement une simplicité fort digne de remarque dans le type des différentes régions , et , sous ce point de vue , rien ne frappe davantage que la proportion entre la tête et le tronc. Les con- sidérations précédentes ont déjà démontré que ces deux moi- tiés du corps, consacrées l’une à la vie animale, l’autre à la vie végétative , sont originellement égales , et que l’une doit tou- jours être considérée comme une répétition de l’autre. On trouve même , chez les animaux , des exemples d’égalité par- faite de volume entre elles. Or l’on est autorisé à conclure de là que celte égalité doit avoir lieu aussi chez les ani- maux supérieurs, lorsqu’ils sont encore réduits à leurs formes primitives et les plus simples. C’est ce que l’observation con- firme pleinement ;car , dans les premiers temps de la vie em- bryonnaire, chez l’homme précisément, nous voyons le tronc et la tête constituer, sous le rapport de la masse, deux moitiés égales du corps entier. DCCCCXXXVII1. On pourrait donc exprimer de la manière suivante le rapport de la tête et du tronc dans l’embryon , où même , par suite de cet équilibre , les dernières vertèbres caudales ne sont point encore développées : Tête = Tronc VI. V. | IV. 3. 1 III. a. | II. 1. | I. x. H | | | ..V. | | D’où il résulte encore une fois très-clairement que chaque vertèbre céphalique représente primordialement et en puis- sance trois vertèbres rachidiennes; de sorte que nous obtien- drions 30 vertèbres du tronc , et 3x40 = 30 vertèbres de la tête , par conséquent en tout GO vertèbres. 02 2 DÉVELOPPEMENT PROGRESSIF DU SQUELETTE. DCCCCXXXIX. Cette trialitéqui réside primordialement dans chaque vertèbre céphalique, explique certains développemens importans de parties primaires , par exemple la division en trois du segment postérieur de la première intervertèbre , qui s annonce par les trois canaux demi-circulaires de l’organe auditif. Cependant on peut aller plus loin encore, et soutenir que chaque vertèbre céphalique, précisément parce quelle lait partie d une formation supérieure , doit avoir en elle 1 aptitude à se diviser en trois ; de sorte que nous devrions avoir en puissance 6x10-60 vertèbres céphaliques. Or plusieurs faits démontrent que ce nombre six influe réellement quelquefois sur des formations naturelles ; telles sont, par exem- ple , la présence de six arcs vertébraux internes ou splanchno- vertébraux sous la première intervertèbre , et les six dents de chaque arc costal de la seconde vertèbre faciale ( mâchoire supérieure). DCCCCXL. Mais la simplicité des [rapports dans les pre- mières formes du squelette osseux • se manifeste encore par cette circonstance que les formations plus particulièrement essentielles à chaque segment du corps doivent être le résultat d’un développement qui a lieu de très-bonne heure et avec une grande énergie. Ainsi ce motif fait que , dans l’origine , à la tête , les deutovertèbres les plus développées , c’est-à-dire les arcs vertébraux crâniens, ont un volume égal à celui que présentent , au tronc , les arcs protovertébraux le plus déve- loppés , c’est-à-dire les côtes. DCCCCXLI. Enfin la simplicité des formations squeletti- ques à leur début s’exprime aussi par l’isolement de parties essentiellement différentes, parle développement uniforme de parties essentiellement semblables. Quant au premier point , V isolement de parties matérielle- ment différentes , j’ai déjà dit que c’était précisément la fusion de parties squèlettiques distinctes dans l’origine qui rendait si difficile de bien saisir la construction de l’ensemble du sque- lette. Mais , dans l’embryon , toutes les vertèbres , tant pri- maires que secondaires , sont manifestement séparées les unes des autres , tandis que, plus tard , par exemple les corps des trois vertèbres crâniennes se soudent ensemble , ainsi qu’avec DÉVELOPPEMENT PROGRESSIF DU SQUELETTE. 6î3 l’arc de la première vertèbre crânienne , d’où résulte la masse si difficile à concevoir à laquelle on donne le nom d’os basi- laire, et qui se compose de l’occipital et du sphénoïde. De même, en ce qui concerne les arcs proto vertébraux primaires, la mâchoire supérieure et l'intermâchoire ( les côtes de la se- conde et de la troisième vertèbre faciale ) sont soudées en- semble chez l’homme adulte. La même chose arrive aux pièces de l’arc protovertébral pour l’extrémité postérieure, les os du bassin , etc. , tandis que toutes ces pièces sont séparées , par conséquent aussi plus simples et plus faciles à comprendre, dans les premiers momens de leur formation. DCCCCXLII. Quant au second point , le développement d’aborcl uniforme de parties essentiellement semblables , il faut ranger ici jusqu’à l’égalité primitive du volume de la tête et du tronc. On y doit rapporter encore le développement d’a- bord uniforme des vertèbres et des membres. A l’égard de la colonne vertébrale rachidienne, sa division primitivement uni- forme en 33 vertèbres ( ou plutôt en 30 , attendu que les trois dernières caudales doivent être considérées comme n’existant point encore dans le principe ) , est à proprement parler l’échelle qui sert à déterminer l’étendue des diverses parties de l’organisme (1). Il faut également ranger ici la ressemblance des deux paires de membres du tronc , quant au temps de l’ap- (0 A differentes époques on a cherché à tronver dans le corps lui-roême une échelle propre à déterminer la grandeur légitime de chaque partie, et l’on a considéré comme telle tantôt la longueur du pied, tantôt celle de la tète, tantôt aussi les parties de la face. Je suis persuadé,- pour mon propre compte, quon ne peut emprunter cette échelle qu!à la colonne vertébrale. Mais la manière dont on doit s’y prendre pour y arriver, est un point qui reclame encore de nouvelles recherches ; car l’égalité primaire des vertèbres disparaît par les progrès du développement , de sorte qu’on pourrait ici com- parer le nature à un architecte qui , après avoir terminé sa construction, dé- truirait la mesure dont il s’est servi. Peut-être ce qu’il y aurait de mieux, serait-il de prendre la longueur totale du rachis, composé de 33 vertèbres ’ et de partager cette longueur en 33. parties égales; car c’est une loi que la nature n accroît jamais une partie qu’au détriment d’autres, quelle oblitère. Or, en procédant de cette manière, on obtiendrait la grandeur moyenne de’ chaque vertèbre. 62/|. OSSIFICATION PATHOLOGIQUE. parition et à la forme ; car la plus grande analogie règne en tre eux à la première époque de leur développement. CHAPITRE XI. Importance de plusieurs formations squelettiques morbides pour V histoire des parties primaires du squelette osseux. DCCCCXLIII. Si quelque chose pouvait être propre à me faire apercevoir l’importance des connaissances que de longues an- nées d’observation assidue et comparative m’avaient procurées sur les parties élémentaires du squelette , leurs rapports mu- tuels et la diversité de leur développement en raison de leur valeur intrinsèque , c’était l’application de ces données aux formations pathologiques si nombreuses qu’011 rencontre dans le squelette. Combien n’est-il pas digne de remarque que des rapports et des significations à peine saisissables dans la forme normale, ressortent souvent tout à coup avec plus d’évidence dans une forme pathologique ; que des parties qui , dans l’état normal, acquièrent le plus grand développement , s’arrêtent , dans l’état pathologique, au même degré que d’autres d’un rang inférieur, qui sont essentiellement homologues avec elles ; et que d’autres, peu développées dans l’état normal, s’élèvent par des influences morbides à un degré considérable de dé- veloppement ! DCCCCXLIY. Je ne puis offrir ici que des fragmens à cet égard , mais on ne saurait nier qu’une anatomie pathologique complète du squelette, exécutée d’après de pareilles vues, et d’une manière plus conséquente que Geoffroy Saint Hilaire ne l’a fait dans le second volume de sa Philosophie anato- mique , est un des plus intéressans problèmes qui restent en- core à résoudre. Dans les remarques qui vont suivre, je parlerai d abord des cliangemens pathologiques relatifs aux rapports de masse et de nombre du système osseux ; puis j’examinerai quelques anomalies dignes surtout d’être prises en considération , tant à la colonne deutovertébrale du côté tergal , qu a la colonne OSSIFICATION PATHOLOGIQUE. tnto vertébrale du côté ventral , et aux arcs prolovertébraux, et je terminerai par celles qui ont trait aux membres. I. Ossification pathologique en général . DCCCCXLV. La substance des parties squelettiques doit fixei d aboi d notre attention. Si nous voyons certaines parties primaires du névrosquelette des animaux supérieurs et surtout de l’homme demeurer cartilagineuses dans l’étal normal , tan- dis que d’autres s’ossifient, la formation pathologique est propre à nous démontrer qu’aucune de ces différences n’est assez essentielle pour ne pouvoir pas changer complètement sans même que les parties subissent d’autres changeme^' C’est ce qui arrive , en effet , dans les ramollissemens des os lorsque ceux-ci repassent à l’état de cartilage mou , et dans les ossifications anormales, quand le cartilage devient os. LCCCCXLVI. On rencontre aussi des formations osseuses pathologiques dans lesquelles le squelette entier offre un type inférieur à celui qu’il devrait avoir. Tel est le gonflement des os longs à leurs deux extrémités, chez les sujets rachitiques d où résulte une forme diconique plus prononcée qu’elle ne doit l’être dans le squelette développé. Je dois citer encore ici la formation du cal entre les fragmens d un os cassé , qui est remarquable comme manifestation in- termediaire ( intervertèbre) , dont la signification est toujours celle de la synthèse entre les portions d’os mises en antithèse par la fracture. , dccccXLVII. Quant aux rapports numériques, c’est-à-dire a la question de savoir jusqu’à quel point les parties primaires du squelette osseux, par exemple les protovertèbres ou les deutovenebres, peuvent se multiplier ou diminuer de nombre ce problème n est pas non plus d’un faible intérêt. Car comme * de ce que certaines parties du système osseux sont ounontrès-’ v ariables dans leurs nombres, on peut très-bien conclure cru’elles onl tel ou tel degré de dignité, de même aussi les variations de ces nombres par l'influence des causes pathologiques sont très significatives. Ainsi , par exemple , dans le corps de n,„mme les vertèbres caudales sont les parties qui s'écartent le plus III* * 4o 6^6 OSSIFICATION PATHOLOGIQUE. fréquemment de leur nombre normal quatre ; les vertèbres sacrées sont dans le même cas ; les lombaires et les thoraciques s’y trouvent déjà moins , et les cervicales sont celles dont le nombre varie le moins souvent ; on ne cennaît pas un seul exemple d’excès ou de diminution du nombre des vertèbres céphaliques chez des individus aptes à vivre , même parmi les animaux, quoiqu’il arrive parfois que quelques unes de leurs parties prennent un développement exagéré , ou que d’autres se réduisent à une petitesse extraordinaire. On peut donc très- bien déjà , d’après ces différences -, juger du degré de dignité des diverses régions de la colonne vertébrale. De même la fré- quence avec laquelle varient les arcs protovertébraux et les colonnes tritovertébrales deâ membres annonce très-positive- ment que ces parties sont d’un rang inférieur aux deutover- tèbres, dont lemombre est moins sujet à varier. II. Formations pathologiques de la colonne deutovertébrale ter- gale et de la colonne tritovertèbrale ventrale. DCCCCXLYIII. Les anomalies qu’il importe d’abord d’exa- miner sous ce rapport , sont les scissions qu’on observe quel- quefois à la colonne vertébrale dorsale, tant en haut, où elle se divise en deux colonnes vertébrales céphaliques, qu’en bas, où elle se divise en deux colonnes vertébrales sacrées. En effet , la colonne deutovertébrale se comporte alors d’une manière telle que , par suite d’une exubérance excessive , elle retombe dans les conditions des colonnes vertébrales de membres. DCCCCXLIX. Un autre cas très-remarquable est la multi- plication de colonnes deulovertébrales à la circonférence d une seule et même protovertèbre, qui seulement s’ est parfois agran- die davantage. Si l’on jette les yeux sur la pl. xxn , fig. xv, et qu’on se rappelle les motifs pour lesquels la formation de colonnes deulovertébrales est possible sur quatre points au pourtour de la protovertèbre, il devient évident aussi que des deutovertèbres parfaites peuvent se développer en deux points situés vis-à-vis l’un de l’autre de la protovertèbre ; que par conséquent un rachis postérieur et un rachis antérieur peu- vent se former sur toute la longueur de la colonne piotou i OSSIFICATION pathologique. 627 tébrale. Ainsi la doctrine des parties solides du squelette vient à l’appui de l’opinion déjà admise par Meckel , que ces sortes de monstres doubles proviennent d’un germe primor- dialement simple. Je renvoie à d’autres temps le développe- ment de cette grande vue , qui permet qu’à l’aide d’un sys- tème complet de combinaisons, toutes les multiplications pos- sibles de vertèbres et de formations costales soient dé- duites des parties élémentaires simples une fois données (1). DCCCCL. Les difformités de la colonne vertébrale rachi dienne et crânienne de l’homme, qui rapprochent de nouveau 1 me de l’autre les formations de ces deux moitiés du coros n offrent pas moins d’intérêt. Ici se rapportent les cas de ^iss^des deutover^bres, où ces parties persistent dans 1 antithèse de leurs moitiés latérales, sans arriver à la synthèse et ou la division anormale s’étend uniformément sur la répion rachidienne et la région crânienne. C’est ce qu’on voit nar exemple, dans le spina bifida avec hémicrânie où’ sou vent les vertebres crâniennes ne paraissent guère’ plus dé veloppees que ne le sont d’ordinaire les vertèbres sacrées. Un fait tres-sigmficatif , c’est que, quoique l’on voie ainsi iusoue chez 1 homme lui-même la vertèbre crânienne se rabaisser a la formation de la vertèbre rachidienne , jamais on n’a observe de cas pathologique dans lequel les vertèbres rachi- diennes se fussent élevées à produire un crâne DCCCCLI. Les courbures anormales de la colonne verté- brale mer, lent une attention spéciale , en ce quelles fournis- sent egalement de nouveaux et inléressans points de vue dès qu on les examine par rapport à la colonne vertébrale rachi chenue entière depuis la vertèbre nasale antérieure juS la vertebre caudale postérieure. En effet, l'étude de l'état nor mal nous montre quà proprement parler il ne doit y avoir «— — 0b.qne vol. MM lon,M, fan „„ twf , “J 'l"1 dc M3tc en deux montes appartenant à deux crânes différent; ^ ^ mémoire sur les monstres doubles, dans mes Klein* Abh * “ “ Sn,et Ie Uhr* 'von SchmnScrschaf( md Geburt, 1. 1 p 222 a,‘dl“»ge" *«r, 6^8 OSSIFICATION PATHOLOGIQUE. dans cette ligne que des inflexions d’arrière en avant et d’a- vant en arrière ; mais d’un côté ces courbures peuvent deve- nir exagérées, et de l’autre une inégalité dans la nutrition des deux moitiés latérales du corps peut donner lieu à des défor- mations morbides. Les inflexions latérales peuvent également contribuer à rendre la connaissance de la colonne vertébrale entière plus facile. C’est aux extrémités de cette colonne qu’ elles ont le plus de tendance à survenir et qu’elles trou- blent le moins la vie. Elles se manifestent 1° A la colonne vertébrale faciale , par l’obliquité du nez vers la droite ou vers la gauche , anomalie qu’on observe dans les contrées et les familles où les difformités du rachis sont fréquentes , mais qui se rencontre fréquemment aussi chez des individus exempts d’autres difformités ; 2° A la colonne vertébrale caudale , par l’obliquité de la vertèbre caudale. Ces difformités sont plus rares que partout ailleurs au crâne, et je n’en connais d’exemple que sur un crâne de Poulain , conservé dans le cabinet de l’école vétérinaire de Iéna , qui m’a offert une scoliose complète des corps des vertèbres crâ- niennes, qu’on ne rencontre d’ailleurs jamais qu’à la colonne des corps vertébraux rachidiens. DCCCCLII. Les dimensions et les connexions des vertèbres rachidiennes et crâniennes subissent aussi diverses modifica- tions très-significatives. Telles sont les ankylosés de plusieurs vertèbres , qui doivent être regardées comme des imitations de la manière dont le crâne et le sacrum se comportent ; telles sont aussi les divisions insolites, qui laissent souvent apercevoir des parties primaires entre lesquelles il n’existe pas de sépara- tion dans les premiers temps de l’organisation normale, comme la scission, d’ailleurs fort rare, des pariétaux en deux moitiés, supérieure et inférieure , qui fait paraître distinctes les unes des autres les lames tectrices supérieures et inférieures de la vertèbre centricipitale. DCCCCLIII. Enfin , pour ce qui concerne les colonnes tnto- vertébrales du côté ventral , on doit surtout attacher de 1 un- port nce à celles des difformités humaines qui marquent le passage aux caractères particuliers des colonnes vertébrales OSSIFICATION pathologique. 629 sternales des animaux. Elles servent d’ailleurs à mettre dans tout son jour la signification du sternum comme c lionne ver- tébrale , attendu qu’il se rencontre des cas où des prolonge- mens du sternum se rendent jusqu’à l’arcade pubienne, de même que chez le Crocodile , qu’il y en a d’autres où les ver- tèbres se séparent plus distinctement les unes des autres, enfin qu’on en rencontre où cette colonne vertébrale est divisée en deux moitiés latérales semblables à celles entre lesquelles le sternum scapulaire se trouve ordinairement engagé chez les Reptiles et les Oiseaux. III. Formation pathologique des arcs protovertébraux du sque~ lette. DCCCCIV. On doit surtout signaler ici les difformités des arcs costaux de la tête , parce qu’elles permettent d’assigner avec plus de facilité qu’on ne le peut dans l’état normal , la signification primordialement propre à telle ou telle partie. Ainsi le bec de lièvre nous offre évidemment la séparation des côtes faciales antérieure et médiane , qu’on a si long-temps considérées , chez l'homme , comme ne constituant qu’un seul os II est même remarquable que la scission ne s’opère jamais qu’à l’endroit où les deux côtes sont distinctes l’une de 1 autre , même lorsqu’elle ne porte que sur les parties molles extérieures. Du moins ne connais-je pas un seul cas , chez 1 homme , où elle ait été observée sur la ligne médiane , ce qui annonce, dans l’organisation la plus élevée de toutes , une certaine tendance à se fermer autant que possible vers ses li- mites extrêmes , même dans l’état pathologique. DCCCCLV. La scission de la voûte palatine , ordinaire- ment accompagnée de la séparation des côtes faciales anté- rieures, est très-propre aussi à mettre dans tout son jour l’a- nalogie du thorax de la tête et de celui du tronc, puisque cette meme scission s’observe également au tronc chez les monstres qui ont seulement le coeur à nu. fai déjà dit plus haut combien les faits de monstruosité sont propres a mettre en évidence la nature des côtes de la vertebre auditive ; car , lorsque la mâchoire inférieure manque 63û OSSIFICATION PATHOLOGIQUE, ces côtes se réunissent ensemble et embrassent souvent ainsi le rudiment du pharynx , absolument de même que l’anneau produit par les premières côtes circonscrit l’œsophage . DCCCCLYI. Quant aux arcs costaux du tronc , leurs mon- struosités ont surtout cela de remarquable que , d’un côté , l’adhérence et l’immobilisation de plusieurs d’entre eux pro- duisent un type rapproché de celui des côtes céphaliques , et que , d’un autre côté , la persistance de la scission en deux moitiés latérales , dans ces arcs qui sont normalement soudés en une seule pièce , annonce une dégradation et un retour de la forme qui leur est propre dans les organisations supérieures à celle qu’ils affectent chez les organismes inférieurs. Le pre- mier cas se voit assez souvent aux côtes de la poitrine , dont plusieurs se soudent ensemble , à peu près comme le font l’intermaxillaire et la maxillaire supérieure ; le second s’ob- serve surtout aux vraies côtes , dont la destination normale est de se fermer complètement (dans les monstres à cœur dé- couvert), et aux os du bassin (dans la scission de l’arcade pubienne). Du reste , il résulte de ce que j’ai dit en parlant des co- lonnes deutovertébrales , que la colonne protovertébrale tout entière peut également se diviser et devenir multiple. IV. Formations ‘pathologiques des colonnes vertébrales de membres. DCCCCLVII. Les difformités qui se rangent ici sont la plupart du temps simples et d’une interprétation si claire , que je n’ai pas lieu de m’étendre beaucoup sur leur compte. Ordinaire- ment elles ont le caractère d oblitérations ; et alors , pour ce qui concerne les membres du tronc , on voit presque toujours l’oblitération porter sur les articles supérieurs (par analogie avec ce qui a lieu dans leur développement), et les articles terminaux s’appliquer d’une manière immédiate au tronc. Je n’ai à signaler que quelques cas importans pour la connais- sance des analogies des parties élémentaires. DCCCGLVIU. Parmi ces cas , je range : 1° une monstruosité qui n’est pas très-rare chez les Oiseaux; car je lai trouvée OSSIFICATION pathologique. 63 I sur un Moineau et Otto dans une Poule ; elle consiste en ce que chacun des deux membres crâniens inférieurs ( chaque moitié de la mâchoire inférieure ) demeure complètement séparé de l’autre. Non-seulement elle fait très-bien ressortir la significa- tion de membres latéraux en général, mais encore elle est remarquable par sa fréquence plus grande dans la classe des Oiseaux, qui répète celle des Insectes; car la présence de membres latéraux mobiles à la tête , chez les premiers de ces animaux , rappelle ce qu’on observe , à cet égard , chez les seconds. DCCCCLIX. On doit rapprocher de cette difformité : 2° une autre monstruosité des membres du corps qui est importante en ce quelle offre une élévation de ceux-ci au type des mem- bres céphaliques , de même que celle dont je viens de parler indiquait le passage d’un membre céphalique au type des membres du tronc. C’est le cas où les deux membres pelviens se soudent et se confondent en un seul , de sorte que les mem- bres supérieurs sont encore séparés comme parties de membres latéraux, mais que les inférieurs se trouvent réduits à un. De là résulte que les deux membres pelviens acquièrent, rela- tivement à la partie inférieure du tronc , la même conforma- tion que les membres crâniens inférieurs à l’égard de la tête. Ce qu’il y a encore de très-significatif ici, c’est que cette monstruosité ne se présente qu’aux membres pelviens , qui , en raison de leur situation, correspondent exactement aux membres inférieurs du crâne , d’après le parallélisme entre la tête et le tronc. DCCCCLX. Enfin , je dois parler aussi de l’augmentation ou de la diminution du rayonnement des colonnes trilover- tébrales des membres. J’ai fait voir plus haut que primor- dialement ces articles terminaux ont une tendance à se diviser par six en proportion croissante des rapports entre l’article supérieur et l’article inférieur, comme 112 3X2, et que cette tendance ne peut être convertie en 3 x 2 que par l’ap-* parition de nouveaux antagonismes. Il est donc très-significatif que celte division en six se manifeste réellement dans le cas de formation exubérante , et que le côté externe du membre , où j’ai démontré qu’existe la disposition à produire un sixième OSSIFICATION ï'A.TÏÏOLOGIQTIE. doigt, soit précisément celui oùil s’en déyeloppeleplus sou- vent un. Cependant la scission en deux d’une colonne verté- brale originairement simple est possible encore sur tout autre point , par conséquent aussi au côté interne , et de là vient qu’il n’est pas rare non plus d’observer la division dichoto- mique du pouce. DCCCCLXI. Je termine ici ce que j’avais à dire des for- mations pathologiques du squelette, et en même temps la série des recherches par lesquelles je me suis efforcé d’arriver à la connaissance de l’unité qui fait la base de toute formation squelettique. Une époque viendra où, poursuivant avec ardeur la voie dans laquelle je me suis engagé, on sera généralement convaincu que l’esprit humain n’éprouve de véritable satis- faction dans la science qu’ après s’être bien assuré qu’il y a conformité entre la loi simple de la raison et la nature. FIN. lU\\VU\vUVVVv\U\\^VVvVilU/VVVV\Vli%V\\VM(VUV^aV AVUV .UVUWUUVMiVWIVVWV AWW 1 ■ • ; I TABLE DES MATIÈRES DU TROISIÈME VOLUME. Recherches d’anatomie philosophique ou transcendante sur les parties primaires du squelette osseux et testacé. i Introduction historique. lb» Notions préliminaires. ï3 PREMIÈRE PARTIE. Considérations générales, 20 Chap. Ier. De l’organisme. lb. Chap. II. Coup d’œil sur le développement du règne animal. ' a5 Chap. III. Développement du système nerveux. 35 Art. I. Circonstances générales de ce développement. lb. Art. II. Principales circonstances particulières. 38 I. Oozoaires. lb. II. Corpozoaircs. 3g A. Mollusques. ‘ /Jo ». Mollusques privés de membres. 2. Mollusques pourvus de membres." £3 634 table B. Animaux articules. 45 1. Animaux articules privés de membres. 48 2. Animaux articules pourvus de membres. 49 III. Céphalozoaires. 53 A. Poissons. pjj B. Reptiles. ^4 C. Oiseaux. ^g D. Mammifères. Chap. IY. Des parties solides du corps animal qui appa- raisseüt sous la forme de test, d’os et de cartilages viscéraux. gg Art. I. Difficulté du sujet. /4, Art. II. Différens modes d’organisation et de composi- tion des parties solides du corps des animaux. g5 1 Art. III. Construction géométrique des formes du squelette , c’est-à-dire de la sphère creuse et des formes qui en découlent. 102 a. Des divisions primaires de la surface de la sphère et de la forme des corps cristallins. io5 b. De la manière dont le dicône et le cylindre pro- cèdent de la sphère 109 c. Développement des formes organiques fonda- damentales produites par la multiplication du centre et de la surface de la sphère. 1 12 Art. IV. Application de cette construction géométri- que aux formations squelettiques. 127 DES MATIÈRES, 635 : . i. . ; . ii;.. i.’i :•!/. SECONDE PARTIE. Considérations spéciales. i83 Chap. Ier. L’œuf et sa coquille. 184 Chap. 11. Squelette des Oozoaires. i85 Art. I. Squelette des Protozoaires. 187 Art. II. Squelette des Radiaires. i93 Chap. III. Squelette des Corpozoaires. 2o3 Art. I. Squelette des Mollusques. 204 i. Apodes. Ib. 2. Pélécjpodes. lb. 3. Gastéropodes. 206 4- Crépidopodes. 210 5. Cirripèdes. 21 I 6. Branchiopodes. 212 7. Ptéropodes. 213 8. Céphalopodes. Ib. Art. II. Squelette des animaux articulés. 220 1. Enthelmiuthes. Ib. 2. Annélides. 221 3. Crustacés, a. Isopodes. 222 223 h. Brachiopodes. • 224 c. Décapodes. T 225 4. Arachnides. 233 5. Insectes. 236 Chap. IV. Squelette des Céphalozoaires. 268 Art. I. Caractères généraux de ce squelette. Ib. 636 TABLE Art. II. Formation primaire du névrosqueletle des Céphalozoaires. Art. III. Formation primaire du dermatosquelette des Céphalozoaires. 32g Art. IV. Formation primaire du splanchnosquelette des Céphalozoaires. 333 Chap. V. Squelette des Poissons. 345 Art. I. Première formation. Poissons apodes. Petro- mjzon. 348 I. Névrosquelette. Ib. A. Squelette du tronc. lb. B. Squelette de la tête. 35i II. Splanchnosquelette. 353 III. Dermatosquelette. 354 Art. II. Seconde formation. Poissons pourvus de membres. 355 I. Poissons dont les membres et la respiration se rapportent essentiellement à la tête. Ib. A. Névrosquelette. Ib. 1. Squelette du tronc. 357 2. Squelette delà tête. 3^1 B. Splanchnosquelette. 388 C. Dermatosquelette. 397 II. Poissons dont les membres et la respiration se rapportent essentiellement au tronc. l\oi A. Névrosquelette. H>. 1. Squelette du tronc. 4°3 2. Squelette de la tête. 4°7 B. Splanchnosquelette. 4>4 DES MATIÈRES. 63^ C. Dermalosquelelte. i 41® Cüap. YI. Squelette des Reptiles. 4*9 Art. I. Reptiles branchies. 421 I. Névrosquelette. Ib. A. Squelette du tronc. Ib. B. Squelette de la tête. 43* II. Splanchnosquelette. 43? III. Dermatosqueletle. 44* Art. II. Reptiles abranches. 442 I. Reptiles abranches chez lesquels la formation des membres se rapporte uniquement à la tête. Ib , A. Névrosquelette. Ib. 1 . Squelette du tronc. Ib. 2. Squelette de la tête. 44g B. Splanchnosquelette. 454 C. Dermalosquelette. 458 II. Reptiles abranches chez lesquels la formation des membres pairs se rapporte tant au tronc qu’à la tête. 46 1 A. Reptiles à vertèbres rachidiennes mobiles (Sau- riens). Ih. 1. Névrosquelette, a. Squelette du tronc. b. Squelette de la tête. 2. Splanchnosquelette. ^gg 3. Dermatosquelelte. ^gg B. Reptiles à vertèbres rachidiennes immobiles (Chéloniens). . ^gg 638 TABLE 1. Névrosquelette. 87 a. Squelette du tronc. II. b. Squelette de la tête. 2. Splanchnosquelette. 499 3. Dermatosqueletle. 5oi Chap. VII. Squelette des Oiseaux. 5o4 I. Névrosquelette. 5o5 A. Squelette du tronc. 1b. B. Squelette de la tête. 5i8 II. Splauchnosquelette. 53 1 III. Derraatosquelette. 537 Chap. VIII. Squelette des Mammifères. 54o I. Névrosquelette. 54 1 A. Squelette du tronc. Ib. B. Squelette de la tête. 566 II. Splanchnosquelette. 589 III. Dermatosquelette. 5g5 Chap. IX. Particularités de la formation squelettique dans l’homme. ^g8 I. Névrosquelette. lb. II. Splanchnosquelette. 606 III. Dermatosquelette. 607 Chap. X. Développement progressif du système osseux dans un même organisme. 610 I. Succession de l’ossification des parties primaires du névrosquelette. G*1 II. Simplicité dans la forme et les proportions du squelette osseux pendant la première période du développement. 619 DES MATIÈRES. 639 Chap. XI. Importance de plusieurs formations squelet- tiques morbides pour l’histoire des parties primaires du squelette osseux. 624 I. Ossification pathologique en général. 625 II. Formations pathologiques de la colonne deulo- vertébrale tergale et de la colonne tritoverlébrale ventrales. 626 III. Formations pathologiques des arcs protoverté— braux du squelette. 629 IV. Formations pathologiques des colonnes verté- brales de membres. 63o FIN DE LA TABLE DU TROISIEME ET DERNIER VOLUME. .. .tu i • • h. '■ !• i ’ 1 ■ V. d.:’> ■ fi i Ji tiui. • i •* - * • ■ 1 ’* • il ulr.ii! jh'JVOlrii ■ < > 1 - • ' ■ ' ■ i* . !‘i i / .► ilj.iliriv — , : .vu! • . j , ;'«• i .• 1 ; : • • i ri : •) aufiid !t; f ' :.l , I 1 . 't ■ . ,1 : . ■ t : >' • 1 • ' «